Page 1063 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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aimé à voir tomber. La principale erreur théologique que les Juifs leur reprochaient, c'était le rejet de tous
les livres canoniques de l'Ancien Testament, à l'exception de la loi. Les Samaritains ne recevaient, en effet,
que le Pentateuque; ils rejetaient tout le reste, et surtout, ce que les pharisiens ne pouvaient leur
pardonner, ils rejetaient les traditions rabbiniques. En tout cas, ils s'attachaient avec conscience à
l'observation de ce qu'ils connaissaient de la loi divine, et ce qu'ils y ajoutèrent quelquefois ne peut être
considéré que comme une interprétation spirituelle des passages de leur livre. Ils furent les premiers,
après les Juifs, à recevoir l'Évangile, et l'on reconnaît en eux, à l'époque de Jésus, un peuple qui, dans le
sentiment de sa misère, éprouvant le besoin d'un réparateur, cherche le remède à ses maux auprès des
magiciens et des faux prophètes, avant que de le trouver auprès de celui qui est la vraie puissance de
Dieu, Actes 8, et 9.
Les Samaritains prirent les armes avec les Juifs contre Vespasien. Sous Justinien, ils persécutèrent les
chrétiens de la manière la plus cruelle. Plus tard, ils furent dispersés dans plusieurs villes de la Palestine.
De nos jours, ils sont fort peu nombreux; leur secte compte environ cent cinquante adhérents à Sichem,
quelques familles à Jaffa, qui se distinguent par une vie paisible et exemplaire. Ils observent la loi
mosaïque plus fidèlement même que les Juifs, célèbrent annuellement le sacrifice de la pâque dans leur
temple ou sur le mont Guérizim, et ont un souverain pontife qui descend, à ce qu'ils assurent, de
Manassé. Leur physionomie n'est pas juive. Autour d'eux, des mahométans sont établis comme maîtres
du territoire; protégés par leurs montagnes escarpées et leurs étroits défilés, vivant dans des bourgs situés
comme des forteresses sur le sommet des collines, ils sont plus à l'abri des incursions des Arabes que les
habitants d'aucune autre partie de la Palestine, et ils jouissent, ainsi que les Druzes et les Maronites dans
les hautes vallées du Liban, d'une grande liberté politique. Ils se distinguent par leur amour de
l'indépendance, sont toujours armés dans les campagnes, n'obéissent qu'à la force, et sont constamment
prêts à se révolter contre les pachas. Sichem, en particulier, forme, avec une centaine de villages voisins,
un petit état qui est gouverné par ses propres chefs, et qui peut mettre sur pied une armée de 6,000
hommes. Leur riante et fertile contrée est trois fois plus peuplée que la Judée; elle possède 900 habitants
par lieue carrée, autant que le Liban. Enfin, ils sont aussi intolérants que l'étaient leurs prédécesseurs au
temps de Jésus-Christ, et ils ne souffrent pas aisément des Juifs et des chrétiens parmi eux (Bræm,
traduction Rougemont). On trouve dans les Juifs d'Europe et de Palestine, par Keith, Black, etc., pag. 197-
214, d'intéressants détails sur la Samarie et ses habitants; la visite des pieux voyageurs à la synagogue de
Sichem, et quelques détails sur le Pentateuque samaritain qui leur fut montré, et qu'on leur dit avoir été
écrit, il y a 3,600 ans, par Abisuah, fils de Phinées, méritent particulièrement d'être lus. La langue dans
laquelle est écrit ce vieux monument de leur foi, est un dialecte qui tient le milieu entre l'hébreu et
l'araméen, et qui trahit par la présence de mots assyriens que les grammairiens désignent sous le nom de
cuthéens, une origine moins ancienne que celle qu'on se plaît à leur assigner. Ce Pentateuque, quelle que
soit son antiquité, ne saurait être plus ancien que les Samaritains eux-mêmes, et remonte tout au plus au
retour de l'exil.
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SAMBALLAT,
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Néhémie 2, 4, 6, 13; païen moabite, natif d'Horonajim, un des chefs des colonies samaritaines. II s'est fait
connaître des Juifs par tout le mal qu'il a cherché à leur faire sans y réussir, et par le courage qu'il a eu de
contracter une alliance de famille avec ceux qu'il avait essayé de persécuter. Il a joué, sous Néhémie, le
même rôle que Réhum sous Zorobabel. Il a voulu s'opposer à la reconstruction des murailles de
Jérusalem; menaces, ruses, diplomatie, tentative de meurtre sur la personne de Néhémie, rodomontades,
conseils, levée de troupes, il a tout essayé, mais il a toujours échoué contre la sagesse, la fermeté, la
prudence, et la vigilance du prophète-gouverneur. Pour en finir, il donna sa fille en mariage à un petit-fils
du grand prêtre Éliasib, ne doutant pas qu'une union aussi mal assortie ne causât de la peine à son
triomphant ennemi. La ressemblance du nom, et quelques détails de son histoire, ont fait croire que ce
Samballat est le même qui obtint d'Alexandre le droit de faire bâtir un temple pour les Samaritains; il n'y
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