Page 1037 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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Le sabbat devait être consacré à la méditation de la loi, et c'est en ce jour que le culte se célébrait presque
généralement dans les synagogues, par la prière, la lecture, et l'explication des saints livres, 2 Rois 4:23;
Marc 1:21; 6:2; Luc 4:31; 6:6; 13:10; Actes 13:27,44; 16:13; 17:2; 18:4. On célébrait de joyeux festins, Luc 14:1;
on revêtait ses plus beaux habits; on ne jeûnait jamais, Judith 8:6.
À l'exception d'Antiochus Épiphanes, toutes les puissances étrangères qui dominèrent sur Israël
laissèrent aux Juifs la liberté de fêter le jour du sabbat à leur manière, 1 Maccabées 1:45,48; 10:34; 2
Maccabées 6:6, et dans leurs institutions judiciaires elles surent tenir compte des us et coutumes des
Hébreux, mais sans les respecter ni les observer pour leur propre usage: les Romains en particulier se
moquaient des Juifs comme de paresseux, Juvén. 14, 105, et ailleurs.
Il paraît, d'après Genèse 2:2-3, que le sabbat fut observé sous toutes les dispensations, et même avant la
promulgation de la loi: nous ne pouvons examiner ici cette question qui ressort des commentaires et des
ouvrages spéciaux auxquels nous renvoyons (sept Sermons de Wilson, Haldane, Comment, de Schrœder,
Victor Mellet, le Narrateur, etc.); mais il ressort évidemment de l'histoire de la création elle-même, que la
célébration du septième jour était dans l'ordre naturel des choses, de telle sorte que le sabbat n'eût-il été
imposé aux Juifs que sur le Sinaï, il n'en existait pas moins pour les hommes depuis qu'Adam l'avait vu
solenniser par le repos de l'Éternel. Ce jour appartient en quelque sorte à la loi naturelle, et si les lois ne
furent articulées et déclarées telles que par Moïse, elles n'en subsistaient pas moins avant lui, écrites dans
les cœurs, et elles subsistent encore après l'écroulement de l'échafaudage judaïque, non plus sur des
tables de pierre, mais sur les tables du cœur des chrétiens, 2 Corinthiens 3:3. Il est arrivé de ce
commandement comme des autres, que lorsque les prophètes le rappellent, ils ne peuvent le rattacher
qu'au jour de sa promulgation, Ézéchiel 20:12; Néhémie 9:14; cf. Deutéronome 5:14, quoiqu'il existât
auparavant déjà, cf. Exode 16:23; c'est à un texte positif, à la lettre bien connue, qu'ils en appellent, et cette
lettre ne date que de Moïse.
— Il est évident que cette fête religieuse si caractéristique ne pouvait être empruntée ni à des religions
étrangères, ni par des religions étrangères, et qu'entre les Juifs et leurs voisins païens à qui ils étaient en
horreur, il ne pouvait se trouver aucun lien commun à cet égard, aucune communication religieuse. Or le
cycle hebdomadaire, parfaitement connu des Égyptiens et commençant au jour de Chronus (le temps), le
septième jour consacré à Saturne par les Romains (samedi), et les saturnales qui, rappelant l'âge d'or,
rendaient pour un jour la liberté aux esclaves, démontrent que la tradition d'un septième jour était
connue des païens dès l'antiquité la plus reculée. Prétendre que les Juifs auraient emprunté cette coutume
aux Égyptiens, serait un simple non sens théologique et historique, qui n'aurait pas même l'avantage de
résoudre la question, car il faudrait toujours se demander comment les habitants de l'Asie, de l'Afrique et
de l'Europe, se seraient trouvés d'accord à mettre à part un des jours de la semaine, et partout le même:
l'universalité, ou la presque généralité de cette observance, ne peut s'expliquer que par l'unité et
l'antiquité de son origine. Il serait difficile de comprendre d'ailleurs que Dieu, en imposant à l'homme le
travail rude et la fatigue, n'eût pas dès le commencement annoncé qu'il levait cette malédiction à des
intervalles déterminés; l'homme n'eût pu la supportera la longue, et neuf cents années d'un travail non
interrompu ne se peuvent concevoir; d'un autre côté, le travail interrompu sans autorisation divine fût
devenu un péché nécessaire, et nulle part, même dans les plus sévères de ses lois, Dieu n'a demandé à
l'homme des choses impossibles à ses forces physiques. De même que le repos, la sanctification et la mise
à part d'un jour sur sept appartient aux lois éternelles, et la phase juive qui a été la manifestation la plus
éclatante de la volonté divine se traduisant en paroles humaines, n'a été qu'une des phases de l'histoire
du septième jour. Les chrétiens, en substituant le dimanche au samedi, l'ont fait à l'imitation des apôtres,
qui n'ont pu être amenés à ce changement que sous l'influence de l'inspiration du Saint-Esprit: cette
substitution qui consacrait pour eux le souvenir de la résurrection du Sauveur, avait aussi l'avantage de
les séparer d'une manière plus complète, dogmatiquement, historiquement, et politiquement, des Juifs
avec lesquels les ennemis du peuple de Dieu pouvaient être tentés de les confondre.
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