Page 95 - LES DEUX BABYLONES

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volontairement pour le bien de l'humanité. Or c'est ce qui arriva. D'après la
version Chaldéenne de l'histoire du grand Zoroastre, celui-ci supplia le Dieu
suprême du ciel de lui prendre sa vie ; sa prière fut exaucée, et il expira en
assurant à ses disciples que s'ils vénéraient convenablement sa mémoire, l'empire
ne sortirait jamais de la main des Babyloniens
Ce que dit Berosus, l'historien
de Babylone, sur la décapitation du grand dieu Belus, tend à là même conclusion.
Belus, nous dit Berosus, ordonna à l'un des dieux de lui couper la tête, afin
qu'avec le sang qui se répandrait ainsi par son ordre et avec son consentement on
pût former de nouvelles créatures quand ce sang se mêlerait à la terre, la
première création étant représentée comme une sorte d'échec
Ainsi la mort
de Belus ou Nemrod, comme celle qu'on attribue à Zoroastre, était représentée
comme entièrement volontaire, et comme subie pour le bien du monde.
Il semble que les Mystères secrets ne furent établis qu'à la déification du héros.
La forme antérieure de l'apostasie pendant la vie de Nemrod paraît avoir été
ouverte et publique. Or, on sentait que la publicité était hors de question. La mort
du grand chef de l'apostasie n'était pas celle d'un guerrier mort dans la bataille,
mais l'acte d'une rigueur judiciaire, solennellement infligée. C'est là un fait bien
établi par la mort de Tammuz et d'Osiris.
Voici sur Tammuz un récit qui nous est fourni par le célèbre Maimonide, homme
versé profondément dans toute la science des Chaldéens :
"Le faux prophète
nommé Tammuz ayant prêché à un certain roi, pour lui faire adorer les sept
étoiles et les douze signes du Zodiaque, ce roi ordonna qu'il fût livré à une mort
horrible. La nuit de sa mort, toutes les statues se réunirent des bouts de la terre
dans le temple de Babylone devant la grande statue dorée du soleil qui était
suspendue entre le ciel et la terre. Cette statue se prosterna elle-même au milieu
du temple, et toutes celles qui l'entouraient en firent de même, tandis qu'elle leur
racontait tout ce qui venait d'arriver à Tammuz. Les statues pleurèrent et se
lamentèrent toute la nuit et le matin, s'enfuirent chacune dans son temple
jusqu'aux extrémités du monde. De là vint la coutume de pleurer et de se
lamenter sur Tammuz le premier jour du mois Tammuz
"
Il y a là
évidemment toute l'extravagance de l'idolâtrie, telle qu'on la trouve dans les
livres sacrés des Chaldéens que Maimonide avait consultés ; mais il n'y a aucune
raison de douter du fait établi, soit quant à la cause, soit quant à la manière dont
Tammuz mourut. Dans cette légende Chaldéenne, il est dit que ce fut par l'ordre
d'un certain roi que le chef de l'apostasie fut tué. Qui pouvait être ce roi qui
s'opposait si catégoriquement au culte du Dieu des cieux ? D'après ce qu'on nous