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non pas afin que la femme eût par là aucun pouvoir par elle-même de créer les
enfants de Dieu, mais seulement afin qu'elle pût remplir entièrement le rôle d'une
mère envers une race spirituellement vivante, envers ceux que Dieu réveillerait
par sa grâce, et qu'il ferait passer de la mort à la vie.
Or, le paganisme méprisa ouvertement tout ceci ; il enseigna, dès que ses
sectateurs furent préparés à l'entendre, que cette habitation nouvelle de l'Esprit de
Dieu dans la femme, était une identification, et ainsi il la déifia. Dès lors Rhéa,
celle qui contemple, la mère de l'humanité, fut identifiée avec Cybèle, celle qui
lie avec des cordes, ou Junon la colombe, c'est-à-dire l'Esprit-Saint. Alors, dans
un sens païen et impie, elle devint Athor, l'habitation de Dieu, ou Sacca, ou
Sacta, le Tabernacle, ou le temple, dans lequel habitait corporellement toute la
plénitude de la Divinité. Ainsi elle devint Heva, la vivante, non dans le sens
qu'Adam donna à sa femme après la chute, alors que l'espoir de la vie au milieu
de la mort leur fut offert à tous les deux d'une manière si inattendue ; mais dans
le sens de celle qui communique aux hommes la vie spirituelle et éternelle, car
Rhéa était appelée la fontaine des bienheureux
L'action de cette femme
déifiée était, disait-on, indispensable pour l'enfantement des enfants spirituels de
Dieu, dans ce monde considéré comme perdu. On comprend bien vite alors le
sens du nom donné à la déesse Babylonienne dans le livre des Rois
. Le nom de Succoth-benoth a été souvent regardé comme un nom
pluriel, et l'on a cru qu'il se rapportait à des tentes ou des tabernacles employés à
Babylone pour des desseins infâmes. Mais comme le remarque Clericus (liv. I,
De
Chaldoeis
, ch. 37, art. 2) qui s'appuie sur l'opinion des rabbins, le contexte
montre clairement que ce nom doit être celui d'une idole (v. 29-30) :
"Mais les
nations firent chacune leurs dieux dans les villes qu'elles habitaient : les gens de
Babylone firent Succoth-benoth."
Il s'agit évidemment d'une idole et comme le
nom est féminin, cette idole doit avoir été celle d'une déesse. Si on la prend dans
ce sens et à la lumière du système chaldéen, le sens de Succoth-benoth appliqué à
la déesse babylonienne, est
"le Tabernacle de celle qui porte l'enfant
. Quand
le système Babylonien se fut développé, Ève fut représentée comme la première
qui occupait cette place, et le nom même de Benoth qui signifie portant l'enfant,
explique aussi comment il se fait que la femme qui comme Hestia ou Vesta était