Page 248 - LES DEUX BABYLONES

Version HTML de base

248
Mais c'était là seulement des faits occasionnels, n'ayant absolument rien de
commun avec les processions romaines qui forment une partie ordinaire du
cérémonial papal. Si l'Écriture ne dit rien des processions religieuses dans le
culte approuvé de Dieu, elle parle plusieurs fois des processions païennes
accompagnées de statues, et elle dépeint énergiquement la folie de ceux qui
attendent du bien de ces dieux qui ne peuvent se mouvoir d'un lieu dans un autre
à moins qu'on ne les y transporte. Parlant des dieux de Babylone, le prophète
Ésaïe s'exprime ainsi :
"Ils tirent l'or de la bourse, pèsent l'argent à la balance et
louent un orfèvre pour en faire un dieu ; ils l'adorent et se prosternent devant
lui ; ils le portent sur leurs épaules, ils s'en chargent, ils le mettent à sa place, il
s'y tient immobile, il n'en remuera jamais."
. Dans les sculptures
de Ninive, ces processions d'idoles qu'on portait sur les épaules sont représentées
avec éclat
et illustrent d'une manière frappante le langage du prophète sur la
véritable origine des processions romaines. En Égypte, on observait la même
pratique. Dans la procession des reliquaires, dit Wilkinson, on portait d'ordinaire
la statue de la principale déesse en l'honneur de laquelle se faisait la procession,
avec celle du roi et les statues de ses ancêtres qu'on portait aussi sur les épaules
Mais ce n'est pas seulement à ce point de vue qu'on peut identifier les
processions en général avec le système Babylonien. Nous avons la preuve
qu'elles remontent à cet événement désastreux de l'histoire de Nemrod dont nous
nous sommes déjà tant occupés. Wilkinson dit que Diodore parle d'une fête
Éthiopienne de Jupiter où la statue de ce dieu était portée en procession,
probablement pour rappeler que les dieux se réfugièrent dans ce pays, selon la
légende ; peut-être était-ce là, dit-il, un mémorial de la fuite des Égyptiens avec
leur dieu
Le passage de Diodore, auquel Wilkinson fait allusion, n'est pas très décisif sur
le motif du transfert annuel en Éthiopie des statues de Jupiter et de Junon (car
Diodore mentionne la statue de Junon comme celle de Jupiter), qui après y avoir
séjourné pendant quelque temps, étaient ramenées en Égypte
Mais si l'on
compare ce passage à d'autres passages d'auteurs anciens, tout s'explique
aisément. Eustathius dit qu'à cette fête-là, les Éthiopiens allaient chercher les
statues de Jupiter et d'autres dieux qui étaient dans le temple de Jupiter à Thèbes.