Introduction
Manquement complet du peuple d’Israël, rejeté par Dieu
Les événements que nous avons considérés à la fin des Rois et des Chroniques
avaient une portée immense. Le trône de Dieu n’était plus à Jérusalem. Dieu
avait accompli sa menace de rejeter la ville qu’il avait choisie. Il avait
conféré aux Gentils le trône du monde (Dan. 2:37). Non seulement Israël avait
manqué sous l’ancienne alliance et rejeté Dieu (1 Sam. 8:7), de sorte que Dieu
n’était plus son roi, mais, même après que la grâce eut élevé la famille de
David, comme soutien des relations du peuple avec Dieu, sous la domination de
cette maison, tout avait été entièrement corrompu par le péché ; de sorte qu’il
n’y avait plus de remède, et que Lo-Ammi (pas mon peuple) avait été écrit sur le
front d’un peuple qui avait abandonné Dieu [(Os. 1:9)]. Les conseils de Dieu ne
peuvent manquer ; mais tel était le triste état des relations de ce peuple avec
Dieu, si l’on peut dire qu’un tel jugement laissait encore subsister des
relations. En tant que cela tenait à Israël, à l’homme, tout était perdu. Les
conséquences de cela, quant aux voies de Dieu, étaient d’une haute importance ;
elles n’étaient rien moins qu’ôter son trône de la terre, que rejeter
actuellement Son peuple, quant à Son gouvernement terrestre et transférer la
puissance aux Gentils. Mis à l’épreuve sous la loi, l’homme avait manqué, et il
était condamné. Il avait reçu l’appui de la grâce par des moyens que Dieu lui
avait accordés dans la famille de David, pour le mettre à même de continuer à
jouir des bénédictions qui lui étaient accordées, et il avait encore manqué. La
royauté était entre les mains des Gentils, et le peuple était sous la
condamnation selon l’ancienne alliance.
Résidu ramené dans le
pays, pour que le Messie lui soit présenté
Mais, maintenant, Dieu ramène un petit Résidu, afin que le vrai Roi pût lui être
présenté, et fait rebâtir le temple dans son lieu, selon les promesses faites
par la bouche de Jérémie [(Jér. 29:10)], et à la requête de son serviteur Daniel
[(Dan. 9)]. Celui-ci, encore à Babylone, était plus pénétré du véritable état du
peuple que ceux qui relevaient le temple, et reçoit des communications d’une
bien plus grande étendue, à l’égard de la destinée future d’Israël et des
intentions de Dieu à son sujet. Une juste appréciation du retour de la captivité
ne manque donc pas d’importance, parce qu’il est évident que l’intelligence des
voies de Dieu à l’égard du rétablissement d’Israël, et l’arrivée au milieu d’eux
sur la terre du Messie lui-même, se rattachent à cet événement. Dieu a voulu
qu’il y eût quelque relâche ; mais le courant de Ses conseils, concernant les
temps des Gentils et la position de son peuple, n’a pas été changé. Ils étaient
toujours assujettis aux Gentils1.
1 La venue de Christ n’a pas changé cela. Le rétablissement du Résidu a fourni l’occasion de cette présentation de Christ au peuple suivant les promesses ; mais sa réjection laissait leur maison désolée, et ils ne devaient plus le revoir jusqu’à ce qu’ils se repentissent aux derniers jours [(Matt. 23:38-39)]. En attendant, pendant sa vie sur la terre, nous avons non seulement en Luc l’époque indiquée d’une manière divine par les règnes des gouverneurs gentils [[Luc 1:5 ; 3:1)], mais, lorsqu’on le presse sur ce point, le Seigneur fait allusion à leur position et confond leur hypocrisie (qui aurait voulu profiter de ce qui était le fruit et les gages de leur propre péché pour Le placer dans une difficulté inextricable) en leur disant de donner à César ce qui était à César et à Dieu ce qui était à Dieu [(Luc 20:25)]. Pendant ce temps, des conseils plus profonds et plus précieux s’accomplissaient.
Chapitres 1 et 2
Ch. 1 — Retour partiel d’Israël sous Cyrus, pendant le temps des Gentils
Accomplissement des paroles de l’Éternel pour Son peuple par Cyrus
[1:1] C’est Cyrus, roi de Perse, [1:3] qui ordonne que le peuple retourne à
Jérusalem, et que le temple soit rebâti. [1:2] Figure, lui-même, sous quelques
rapports, d’un libérateur bien autrement glorieux, il reconnaît Jéhova, le Dieu
d’Israël, pour le vrai Dieu. Il est l’homme qui invoque le nom de l’Éternel,
suscité de l’Orient, et qui marche « sur les princes comme sur de la boue » [(És.
41:25)]. Appelé par son nom par l’Éternel dans ce but [(És. 45:4)], il favorise
Israël et honore Dieu. Distingué et béni par la faveur du Dieu fort, homme dont
la conduite a certainement été sous la direction de Dieu, son caractère
personnel n’empêche pas que ce soit le temps des Gentils, bien que Dieu ait mis
au cœur de l’un de ces Gentils de favoriser son peuple. Les paroles de Dieu,
prononcées par Jérémie, sont accomplies [(Jér. 29:10)]. Babylone est jugée,
événement caractéristique de toute importance. Mais, de fait, ce qui subsiste
encore, c’est une prolongation de sa puissance. Le siège de l’autorité royale
que Dieu confère à l’homme est une ville qui n’est pas celle de Dieu, qui n’est
ni la Jérusalem terrestre, ni la céleste. La famille de David ne tient plus le
sceptre qui lui a été confié.
Présentation du Messie
à Juda, mais toujours sous la puissance gentile
La verge de la tribu de Juda est gardée, il est vrai, pour que la branche des
racines d’Isaï (És. 11:1) soit présentée à cette tribu. Mais la puissance des
Gentils subsistait toujours, même dans le temps où le Messie était sur la terre,
où il lui fallait recommander aux Juifs de rendre à César ce qui était à César
[(Luc 20:25)]. La présentation de Jésus, le vrai Messie, n’a été que l’occasion
de mettre cela au grand jour par leur cri : « Nous n’avons pas d’autre roi que
César » [(Jean 19:15)].
Ch. 2 — Exercice de la
foi dans le peuple revenu de captivité
La foi s’exerce par l’énergie du Saint Esprit, dans la situation du peuple
Cependant Dieu donne encore au peuple, coupable sous la loi, l’occasion
d’exercer la foi. Examinons les principes qui caractérisent l’énergie du Saint
Esprit dans le peuple, lors du retour de la captivité.
Séparation d’avec les
Gentils par la généalogie, et fidélité dans la faiblesse
La première chose à remarquer, c’est que, ayant senti ce que c’est que d’avoir
affaire aux Gentils, et ayant éprouvé la force et la méchanceté de ceux dont ils
avaient autrefois recherché le secours (et, sous ce rapport, l’esprit immonde
les avait quittés [(Matt. 12:43-44)]), les fils de la captivité décident
qu’Israël sera vraiment un Israël sans mélange et démontré tel. [2:59] Ils
apportent un grand soin à vérifier la généalogie du peuple et des
sacrificateurs, afin que personne, sauf Israël, ne soit engagé dans l’œuvre
[(4:3)]. Auparavant, un sacrificateur succédait à un autre sans examen préalable
; la généalogie n’était pas vérifiée, et les enfants prenaient la place de leur
père dans la jouissance des privilèges que Dieu leur avait accordés. Maintenant
il s’agit pour Israël, par la grande grâce de Dieu, de recouvrer sa position. Ce
n’était ni le commencement de son histoire, ni la puissance qui se déployait au
commencement ; c’était un retour, et désormais le désordre que le péché avait
introduit ne devait pas être toléré. Ils échappaient, du moins partiellement,
aux fruits du péché. Nul autre n’avait affaire là, sauf Israël. Désigner ceux
qui faisaient partie de la famille de Dieu, cela était maintenant la chose
essentielle. Être délivrés de Babylone était leur délivrance. C’était cette
famille, ou un petit Résidu, que Dieu en avait fait ou en faisait sortir. [2:62]
Ainsi, d’entre ceux-là mêmes qui étaient revenus en Judée, quiconque ne pouvait
produire sa généalogie était mis de côté, et tout sacrificateur qui se trouvait
dans le même cas était exclu de la sacrificature, comme profane, quelle que fût,
paraît-il, la réalité de sa qualification. [2:63] Peut-être le discernement
divin les reconnaîtrait-il plus tard, ainsi que leurs droits ; mais le peuple
revenu de la captivité ne le pouvait pas. C’était un peuple dénombré et reconnu.
[2:70] Chacun demeurait dans sa propre ville. C’était de la faiblesse, car ils
n’avaient pas de sacrificateur avec les Urim et les Thummim (2:63), mais c’était
de la fidélité.
Chapitre 3
Ch. 3 v. 1-6 — Refuge du peuple en Dieu et foi obéissant à la Parole
[3:1] Au septième mois1, les enfants d’Israël se réunissent à Jérusalem, chacun
y montant du lieu qu’il habitait. [3:2] La première chose qu’ils y font, sous la
direction de Jéshua et de Zorobabel, c’est de bâtir l’autel, de se placer sous
l’aile du Dieu d’Israël, seul Secours et seul Protecteur de son peuple, [3:3]
car ils avaient peur du peuple du pays. Leur refuge est en Dieu : beau
témoignage de la foi ! précieux effet de l’épreuve et de l’abaissement dans
lesquels ils se trouvaient ! Environnée d’ennemis, Jérusalem sans murailles est
protégée par l’autel de son Dieu érigé par la foi du peuple de Dieu ; et la
ville est dans une sûreté plus grande que lorsque ses rois et ses murailles
étaient encore debout. La foi, exacte à suivre la Parole, se confie en la bonté
de son Dieu. Cette exactitude à suivre la Parole caractérisait alors les Juifs
de ce temps-là sous plusieurs rapports. Nous l’avons vue au chapitre 2:59-63, où
quelques-uns ne pouvaient pas faire preuve de leur généalogie ; nous la
retrouvons ici, au chap. 3:2, et encore au verset 4, à l’occasion de la fête des
tabernacles. Habitudes, traditions, tout cela était perdu. Ils se gardaient bien
de suivre les coutumes de Babylone. Que leur restait-il, sinon la Parole ? Un
tel état lui donnait toute sa force. [3:6] Tout ceci a lieu avant que la maison
soit bâtie. C’était la foi cherchant la volonté de Dieu, quoiqu’elle fût loin
d’avoir mis les choses en ordre. Nous trouvons donc l’absence de la prétention
de faire, sans Dieu, les choses qui exigeaient un discernement dont on manquait.
Mais avec une foi touchante, ces Juifs exercent la piété envers Dieu, adorent
Dieu, et le placent, pour ainsi dire, au milieu d’eux, en lui rendant ce que le
devoir exigeait. Ils reconnaissaient Dieu par la foi ; mais, jusqu’à ce que
l’Urim et le Thummim fussent là, ils ne placent personne, de la part de Dieu,
dans le but de lui donner quelque compétence pour agir de Sa part, dans une
position qui exigeait l’exercice de l’autorité divine [(2:63)].
1 C’était le mois de la fête des trompettes : figure de la restauration d’Israël dans les derniers jours.
Ch. 3 v. 7-13 —
Sentiments du peuple quand les fondements sont posés
Joie et louange envers Dieu aidant Son peuple, et pleurs en pensant à l’ancienne
maison
[3:7] Ayant enfin réuni les matériaux que le roi de Perse leur avait accordés,
[3:10] les Juifs commencent à bâtir le temple et en posent les fondements.
[3:11] La joie du peuple, en général, était grande. Cela était naturel et juste.
[3:10] Ils louent l’Éternel selon l’ordonnance de David, [3:11] et chantent
(combien il était à propos de le faire en ce moment-là !) : « Sa bonté demeure à
toujours ». [3:12] Toutefois, les vieillards pleuraient, eux qui avaient vu la
première maison, cette maison bâtie sous la direction inspirée de Dieu. Hélas !
cela se comprend. Celui qui pense aujourd’hui à ce que l’Assemblée de Dieu était
au commencement, comprendra les pleurs de ces anciens (voyez Actes 2:4). Cela
convenait à la proximité de Dieu. [3:13] Dans une position plus éloignée, il
était juste que la joie, ou du moins les cris confus qui proclamaient seulement
l’événement public, fussent entendus ; car, en effet, Dieu était intervenu en
faveur de son peuple.
Joie agréable à Dieu et
pleurs qu’Il comprend, selon l’état des choses
[3:11] La joie était en sa présence et lui était agréable. [3:12] Les pleurs
confessaient la vérité et exprimaient un juste sentiment de ce que Dieu avait
été pour son peuple, et des bénédictions dont il avait joui sous Sa main. Les
pleurs reconnaissaient, hélas ! ce que le peuple de Dieu avait été pour Dieu, et
ces pleurs lui étaient agréables. [3:13] On ne pouvait distinguer les pleurs des
cris de joie ; résultat vrai, naturel et triste, mais convenable devant Dieu.
Car il se réjouit de la joie de son peuple et il comprend ses pleurs. C’était,
en effet, l’expression vraie de l’état des choses.
Chapitre 4
Ch. 4 v. 1-3 — Difficulté par la proposition d’aide des étrangers au peuple
Faiblesse d’Israël selon son état moral et ses relations avec Dieu
Mais, en pareil cas, les difficultés ne proviennent pas seulement de la
faiblesse du Résidu ; elles proviennent aussi d’éléments avec lesquels il se
trouve extérieurement en rapport, et qui, en même temps, sont étrangers aux
relations du peuple avec Dieu. Dans le cas d’Israël, la faiblesse était réelle,
parce que, tout en étant fidèle à son peuple selon ses besoins, Dieu, de fait,
n’intervient pas pour l’établir sur l’ancien pied. Agir ainsi n’aurait pas été
moralement convenable, ni à l’égard de la position dans laquelle le peuple était
avec Dieu, ni à l’égard du pouvoir que Dieu avait établi au milieu des Gentils,
en mettant Israël de côté, ni, non plus, en vue de l’instruction des siens, dans
tous les temps, quant au gouvernement de Dieu. On ne méprise jamais impunément
ses relations avec Dieu.
Ch. 4 v. 1-2 —
Proposition d’aide des étrangers présents dans le pays au peuple
Mais, en outre, dans un tel état de choses, la puissance du monde s’étant déjà
si fort insinuée dans le pays de la promesse, et même parmi le peuple de la
promesse, [4:2] des difficultés surgissent du fait que des hommes qui se
trouvaient, à la suite de l’intervention de l’autorité civile, dans l’enceinte
du pays de la promesse, désiraient participer avec les Juifs à la construction
du temple. Ils alléguaient, à l’appui de leur prétention, qu’ils invoquaient
Dieu comme les Juifs, et qu’ils Lui avaient sacrifié depuis qu’Ésar-Haddon les
avait amenés dans le pays. Ce n’était pas de l’inimitié. Pourquoi repousser un
tel désir ? [4:1] Mais l’Esprit de Dieu les appelle les ennemis de Juda et de
Benjamin. Le peuple de Dieu, l’Église de Dieu, doit avoir conscience des
privilèges qui lui appartiennent en propre, et qu’elle est l’Église du Seigneur.
L’Éternel aimait Juda et Benjamin. C’était sa grâce envers ce peuple qui était
la source de toute la bénédiction dont il était l’objet, et le peuple était tenu
de reconnaître pleinement cette grâce envers lui. Ne pas la reconnaître, c’était
la mépriser. Or cette grâce était la souveraine bonté de Dieu. Admettre des
étrangers aurait été se montrer insensible à cette grâce comme la seule source
du bien ; ç’aurait été la perdre et dire qu’ils n’en étaient pas plus les
objets, selon la souveraine bonté de Dieu, que d’autres personnes du monde.
Ch. 4 v. 3 — La
fidélité à Dieu reconnaît ses privilèges et écarte le danger
[4:3] Mais la fidélité et l’intelligence des chefs d’Israël écartent ce piège. «
Nous seuls, disent-ils, nous bâtirons à l’Éternel, le Dieu d’Israël ». « Vous
n’avez pas affaire avec nous pour bâtir une maison à notre Dieu ».
Effectivement, c’eût été nier qu’il était leur Dieu, le Dieu d’Israël. C’est le
cas de l’Église particulièrement, lorsqu’elle est appelée à reconnaître ses
privilèges après un long oubli et un pénible châtiment.
Ch. 4 v. 4-24 — Dieu
permet l’épreuve pour la foi par la puissance terrestre
Si Dieu permet cela pour mettre son peuple à l’épreuve ou pour le châtier,
[4:23] il est possible que l’œuvre soit arrêtée par les menées et la malice de
ceux [4:10] qui loueront le grand et glorieux Osnappar, [4:11] auprès des
puissances de la terre, [4:14] et prendront auprès d’elles leur vrai caractère
terrestre, [4:2] de même qu’ils avaient revêtu l’apparence de la piété en
cherchant à s’insinuer au milieu du Résidu d’Israël. [4:20] La puissance qui
appartenait au peuple de Dieu, au temps de son indépendance de jadis, effraie
celui qui, ne se confiant pas en Dieu, redoute pour sa propre autorité l’effet
de l’énergie que produit l’Esprit de Dieu dans Son peuple, énergie indépendante
de cette autorité, quelque soumis que le peuple y soit. Israël agissait ici
selon le décret même du roi Cyrus [(1:3)] ; mais cela n’entre pas en
considération. Ce qui dépend de Dieu est absolu, ce qui ne dépend pas de lui est
arbitraire ; mais les fidèles n’ont rien à faire avec tout cela. Dieu peut voir
que l’épreuve et le châtiment leur sont nécessaires. Dans tous les cas, ils ont
à traverser ce qui met la foi à l’épreuve ; mais leur voie est réglée par la
volonté de Dieu, et leur foi s’attend à Lui. [4:24] Ils ont dû attendre ici ;
mais le temps voulu de Dieu devait arriver, et cela n’a pas lieu par une simple
ordonnance du roi des Gentils.
Chapitres 5 et 6
Ch. 5 à 6 v. 12 — Réveil de la foi des Juifs effrayés par la Parole de Dieu
Prix de la parole de Dieu pour encourager Son peuple, auquel Il s’intéresse
Dieu leur suscite, d’une autre part, un encouragement d’un bien plus grand prix.
Si le peuple était asservi aux Gentils, Dieu restait toujours souverain ; sa
parole est toujours d’une autorité absolue pour son peuple lorsqu’il daigne la
lui adresser. Si cela est nécessaire, il saura disposer les cœurs des rois pour
la maintenir. Dans tous les cas, c’est à son peuple à la suivre sans chercher un
autre motif, ou un autre appui. [5:1] Aggée et Zacharie sont envoyés de Dieu et
prophétisent au milieu du peuple. Ces communications directes de Dieu étaient
infiniment précieuses, comme l’est toujours Sa Parole ; et quoiqu’elles ne
changeassent pas la position du peuple vis-à-vis des Gentils, elles étaient une
preuve touchante que Dieu s’intéressait à son peuple, et que, quelles que
fussent leurs afflictions, le Dieu d’Israël était au-dessus de tout ce qui avait
le pouvoir de les opprimer.
Le manque de foi était
le véritable empêchement du peuple, comme le montre Aggée
J’ai dit que le peuple devait attendre ; et ce fut le cas, lorsque le décret qui
lui interdisait de continuer à bâtir fut rendu [(4:24)]. Mais bien des années
s’étaient écoulées avant que cette défense arrivât ; et en examinant les
prophéties qui jettent tant de lumière sur l’histoire contemporaine, et en
comparant les dates, il me semble évident que le manque de foi dans le Résidu
était le véritable empêchement. [4:4] Il y avait des adversaires dans le pays
même qui les effrayaient, et qui ainsi les empêchaient de bâtir. Il paraît que
les Juifs n’osaient pas continuer. [4:5] Les ennemis gagnent des conseillers à
la cour de Perse, pour mettre des entraves à l’œuvre des Juifs, [4:4] mais la
première chose est qu’ils affaiblissent les mains du peuple. [4:23] La défense
de bâtir ne fut obtenue que deux règnes plus tard, mais les Juifs avaient cessé
de bâtir par la frayeur que leur inspiraient leurs adversaires (comp. 4:4 et 24
; et 5:1, avec Aggée 1:1, 2, 4 ; 2:15). [5:2] Ce ne fut pas non plus parce que
le décret d’Artaxerxès fut rapporté, qu’ils recommencèrent à bâtir, mais parce
qu’ils craignirent l’Éternel et ne craignirent pas le commandement du roi, «
comme voyant celui qui est invisible » (Aggée 1:12, 13) [(cf. Héb. 11:27)]. Dieu
n’était pas plus à craindre sous le règne de Darius que sous celui de Cyrus ou
d’Artaxerxès ; mais la source de leur faiblesse était qu’ils avaient oublié
Dieu. Cela fait ressortir la grande grâce de Dieu qui les réveille par la bouche
d’Aggée. Jusque-là, les châtiments de Dieu avaient aussi visité le peuple (Aggée
1:10, 11).
Importance de la foi
qui se confie en Dieu, et faute d’avoir arrêté de bâtir
Tout cela fait voir qu’Israël était en faute en abandonnant la construction du
temple. Il paraît, en Aggée (2:15), qu’aucun progrès n’avait eu lieu. La terreur
que les adversaires leur inspiraient les avait arrêtés. Ils étaient en cela sans
excuse, ayant même pour eux l’ordonnance du roi. Ce qui leur manquait, c’était
la foi en Dieu. [5:5] Nous avons vu que lorsque la foi existait ils ont osé
bâtir, quoiqu’il y eût une ordonnance contraire. L’effet de cette foi, et cela,
[5:6] par l’intervention même de leurs adversaires, [6:12] est de donner lieu à
un décret en leur faveur. Il est bon de se confier en Dieu : que son Nom en soit
béni !
Ch. 6 v. 13-22 —
Circonstances de l’achèvement de la maison
Ch. 6 v. 13-15 — Achèvement sous l’influence des prophéties
[6:14] Sous l’influence des prophéties d’Aggée et de Zacharie la maison est
achevée (6:15).
Ch. 6 v. 16-22 — Joie
de la dédicace, mais changement par rapport à avant
[6:16] Cette grande grâce de l’Éternel est une vraie occasion de joie. [6:18]
Les sacrificateurs sont établis dans leurs rangs, et les Lévites dans leurs
départements, selon la loi de Moïse, et nous trouvons plus de fidélité que dans
les meilleurs jours des rois (comp. 6:20, avec 2 Chron. 29:34). Mais nous
n’entendons pas parler des ordonnances de David, et une lacune encore plus
grande se trouve dans la célébration de la fête de la Dédicace. [6:19] Ils
mangent la Pâque, preuve que l’on pouvait se souvenir du rachat du peuple dans
le pays, doux privilège du Résidu restauré. [6:21] Plusieurs aussi viennent à
eux, se retirant des souillures des nations du pays. [6:22] L’Éternel leur avait
donné des sujets de joie ; [6:17] mais le feu ne descend plus du ciel pour
manifester l’acceptation divine du sacrifice offert pour la dédicace de la
maison [(comp. 2 Chron. 7:1)]. C’était une différence négative, il est vrai,
mais d’une portée immense. [6:22] Et même ce qui faisait le sujet de leur joie
trahissait l’état dans lequel ils étaient : « L’Éternel… avait tourné vers eux
le cœur du roi d’Assyrie, pour fortifier leurs mains dans l’œuvre de la maison
de Dieu, du Dieu d’Israël ». C’était une grande bonté et une touchante grâce de
sa part ; mais quel changement !
Chapitres 7 à 10
Ch. 7-8 — Intervention de Dieu pour Son peuple en envoyant Esdras
Hélas ! ce n’était pas la fin de cette histoire. La bonté de Dieu doit encore
veiller sur l’infidélité et sur les chutes de son peuple, lors même que c’est un
petit Résidu qui, par sa grâce, a échappé à la ruine. [7:6] Il met dans le cœur
d’Esdras, scribe versé dans la loi de Moïse, de penser au résidu à Jérusalem,
[7:10] de rechercher la loi de l’Éternel, de la suivre et de l’enseigner.
[7:12-14] Ici c’est encore le roi Gentil qui l’envoie dans ce but à Jérusalem.
Toute bénédiction est de Dieu, mais rien (sauf la prophétie, dans laquelle Dieu
était souverain, ainsi que nous l’avons déjà vu en Samuel lors de la chute du
peuple), rien en fait d’autorité ne vient immédiatement de Dieu. Il ne pouvait
pas méconnaître le trône qu’il avait lui-même établi parmi les Gentils sur la
terre, et Israël était un peuple terrestre.
Ch. 9-10 — Jugement du
péché et séparation du peuple
Esdras s’humilie de la loi violée, et Dieu agit dans le peuple pour tout régler
Le caractère de cette intervention de Dieu dans la mission d’Esdras me semble
être une touchante preuve de sa bonté. Elle convenait parfaitement aux besoins
du peuple. Ce n’était pas la puissance ; elle avait été transportée ailleurs.
C’était la connaissance de la volonté et des ordonnances de Dieu — de ses
pensées dans la Parole. Le roi lui-même reconnaît cela (7:25). [8:31] Gardé par
la bonne main de son Dieu, cet homme pieux et dévoué monte avec plusieurs autres
à Jérusalem. [9:1] Aussitôt qu’il peut s’en occuper, il trouve, hélas ! la loi
déjà violée, le mal déjà entré ! Israël ne s’était pas tenu séparé des peuples
du pays, [9:2] et les principaux même avaient été les premiers à commettre ce
péché. [9:3] Esdras en est confondu ; [9:4] il reste désolé toute la journée. Se
peut-il que ce Résidu que Dieu avait comme arraché du feu, ait si tôt oublié la
main de Celui qui l’avait délivré, et épousé les filles d’un dieu étranger !
Ceux qui tremblaient à la parole de l’Éternel s’étant assemblés avec lui, Esdras
s’humilie de ce péché. [9:5] Au temps de l’oblation du soir, [9:6] il exprime
avec effusion la profonde affliction de son cœur devant Dieu. [10:1] Les cœurs
d’une grande multitude sont touchés par la grâce. Il n’y a pas de réponse d’un
prophète, comme en pareil cas cela était arrivé si souvent ; mais il y a réponse
de Dieu dans le cœur des coupables. [10:2] Nous avons péché, dit l’un d’entre
eux ; « mais maintenant, il y a espérance pour Israël à cet égard » (10:2). Ils
se mettent à l’œuvre de bon cœur. [10:7-8] Israël est sommé, chacun sous peine
d’exclusion, de monter à Jérusalem, et ils s’assemblent au temps des pluies, car
la chose était urgente ; [10:12] et l’assemblée reconnaît qu’il est de son
devoir de se conformer à la loi. [10:16-17] Sous la main d’Esdras, et par les
soins de ceux qui étaient établis pour cela, la chose fut faite en deux mois.
[10:19] Quant à ceux qui avaient pris des femmes étrangères, ils s’accordèrent à
renvoyer leurs femmes, reconnurent leur péché et offrirent un bélier pour le
délit.
Dieu intervient pour
séparer Son peuple, caractère de la fidélité du résidu
Encore une fois, nous trouvons que ce qui caractérise l’œuvre de l’Esprit de
Dieu, et l’intervention de Dieu au milieu de son peuple, quant à sa marche et à
son état moral, c’est la séparation de tout ce qui n’était pas comme eux le
peuple de Dieu. [2:62] Ceux de la race sacerdotale qui n’avaient pu produire
leur généalogie avaient été exclus de la sacrificature comme souillés, [2:59] et
ceux du peuple qui étaient dans le même cas n’avaient pas été reconnus. [4:3]
Ils refusent absolument d’admettre à participer à l’œuvre ceux du pays qui
voulaient bâtir le temple avec eux ; [10:44] et enfin, lorsqu’il s’agit de leurs
propres femmes, dont plusieurs avaient eu des enfants, [10:19] ils ont à les
renvoyer, et à se séparer, coûte que coûte, de ce qui n’était pas Israël. C’est
cela qui caractérise la fidélité dans une position comme la leur, c’est-à-dire
comme un Résidu sorti de Babylone, et occupé à relever le temple et le service
de Dieu selon les moyens qui leur restaient.
Consolations de Dieu
pour le résidu, même sous les conséquences de l’infidélité
L’autorité reste aux Gentils, mais la grâce de Dieu agit en faveur de Son peuple
Au reste, nous voyons que Dieu n’a pas manqué de les consoler par son témoignage
— douce et précieuse consolation ! Mais la puissance des Gentils était là. Ce
qui tenait à l’autorité et au trône à Jérusalem, et à la capacité d’ordonner qui
s’y rattachait, n’était pas rétabli. La sanction publique de Dieu n’était pas
accordée. Dieu, toutefois, bénit le Résidu de son peuple quand il est fidèle.
Mais la chose qui ressort le plus de tout cela et qui devrait encourager nos
cœurs, c’est la grâce qui, au milieu d’une telle ruine et en présence du trône
des Gentils, établi à cause du péché d’Israël, pouvait encore bénir le peuple,
tout en reconnaissant ce trône érigé sur eux en jugement. Leur position est
décrite d’une manière claire et touchante au chap. 9:8, 9 : « Nous sommes
serviteurs ».
Dieu reconnaît et
soutient le résidu de Son peuple, même dans la ruine
C’est un temps solennel que celui où, dans ses compassions, Dieu encourage et
soutient le petit Résidu de son peuple à travers leurs difficultés, et les
reconnaît, autant que possible, après la ruine que leur infidélité avait amenée
sur eux, à un tel point que Dieu avait été forcé de dire : Lo-Ammi [(Os. 1:9)].
Malgré la grâce, le
peuple redevient infidèle
Il est affligeant de voir le peuple, après une telle grâce, se plonger de
nouveau dans l’infidélité et s’éloigner de Dieu. Mais tel est Dieu, et tel est
l’homme.
Instructions du livre
d’Esdras pour un résidu au milieu des difficultés, Dieu y intervenant pour lui
Souvenons-nous toujours qu’Israël était un peuple terrestre et que leur vraie
place en bénédiction maintenant1 est celle du siège de la puissance de Dieu en
justice sur la terre, en sorte que leurs relations avec une autre puissance,
établie maintenant au milieu des Gentils, avait un caractère particulier. Mais
si l’on se souvient de cela, dans l’application du contenu de ce livre à
d’autres circonstances, les instructions qu’il nous offre sont extrêmement
intéressantes, parce qu’elles nous présentent : 1° les principes de conduite
dans lesquels la foi est manifestée, au milieu de difficultés qui se rattachent
à une restauration partielle d’un état de ruine ; 2° la dépendance de Dieu par
laquelle l’homme est soutenu au milieu de ces difficultés ; 3° les voies de Dieu
à l’égard de ses serviteurs ; et 4° l’absence de toute prétention à rétablir ce
qui ne pouvait être rétabli en puissance. À côté de cela nous pouvons envisager
le livre d’Esdras comme la manifestation de la miséricorde et des voies de Dieu
qui laissait subsister le sceptre de Juda jusqu’à ce que « Shilo » vînt. Il n’y
avait ni Shéchina dans le temple, ni Urim et Thummim avec le sacrificateur
[(2:63)], mais il y avait une intervention souveraine de Dieu dans cette bonté
qui demeure à jamais, en sorte que la porte était ouverte pour la venue du
Messie selon les promesses faites aux pères. Le jugement de la puissance Gentile
de Babylone apportait avec lui le témoignage d’une meilleure délivrance, mais
pour cela il fallait attendre le temps que Dieu avait fixé pour le plein
accomplissement de ses desseins.
1 Je dis maintenant, parce que jusqu’au temps de Samuel Israël était appelé à être béni dans l’obéissance sous la sacrificature, Dieu étant son roi [(1 Sam. 12:12)]. Mais après les jours de David, Christ étant devant les yeux, la nation devint le siège de la puissance de Dieu en justice, pour autant qu’elle jouissait de la bénédiction.
Commentaire entier
John Nelson Darby