Chapitres 1 et 2
Ch. 1 à 2 v. 10 — Circonstances du peuple d’Israël et providence divine
Direction divine dans toutes les circonstances
[1:11] En premier lieu, nous sont présentées les circonstances qui se rattachent
à la captivité d’Israël [1:16, 22] et aux persécutions que ce peuple eut à subir
; [2:6] ainsi que les soins providentiels de Dieu, [2:3] répondant à la foi des
parents de Moïse [(Héb. 11:23)] et accomplissant les conseils de sa grâce,
[2:10] qui ont pour résultat non seulement de conserver la vie de cet enfant,
mais encore de le placer dans une position élevée à la cour du Pharaon. Les
choses qui arrivent sur la terre, c’est Dieu lui-même qui les opère. Il prépare
tout d’avance, lorsque rien n’existe encore aux yeux de l’homme.
Providence et guide
divin de la foi
Mais, bien que la Providence réponde à la foi et agisse pour accomplir les
desseins de Dieu et contrôler la marche de ses enfants, elle n’est pas le guide
de la foi, quoiqu’elle le soit parfois des croyants qui sont privés d’une vue
claire de la volonté de Dieu.
La foi, manifestée en
Moïse
Dons de la providence et renoncement de la foi
La foi de Moïse se montre en ce qu’il renonce à tous les avantages de la
position où Dieu l’avait placé par sa Providence [(Héb. 11:24)]. La Providence
peut donner, et de fait donne souvent, ce qui rend, sous divers rapports, les
serviteurs de Dieu propres pour leur œuvre comme vases d’élection ; mais cela ne
saurait être leur force pour l’œuvre. Il ne faut pas confondre ces deux choses.
Elle donne aussi des avantages secondaires, afin que, en y renonçant, le
témoignage soit rendu à la réalité de la foi, et à la puissance de Dieu qui
opère dans l’âme. L’avantage est alors accordé afin qu’on y renonce. Cela fait
partie de la préparation de l’ouvrier.
Attachement et
identification de la foi au peuple que Dieu aime
[2:11] La foi de Moïse agissant par des affections qui l’attachaient à Dieu et
par conséquent au peuple de Dieu qui était dans la détresse, ne se manifeste pas
par des secours et des soulagements que sa position l’aurait mis à même de
procurer à ce peuple ; [2:12] elle fait mieux, elle l’engage à s’identifier avec
lui, par le motif que c’est le peuple de Dieu [(Héb. 11:25)]. La foi s’attache à
Dieu et au lien établi entre Lui et son peuple et elle veut y avoir sa part.
Elle ne songe donc pas à patronner d’en haut, comme si le monde avait quelque
autorité sur le peuple de Dieu, ou comme s’il était capable de lui être en
bénédiction ; mais elle reconnaît toute la force du lien qui l’unit à Dieu. Elle
sent, et c’est là ce qui lui appartient en propre, que Dieu aime son peuple ;
par affection elle veut partager la position de ce peuple qui est précieux à
Dieu sur la terre, et se place dans la même position dans laquelle lui se trouve
[(Héb 11:26)]. C’est ce que Christ a fait. La loi des fidèles consiste à le
suivre dans sa carrière de charité, quelle que soit d’ailleurs la distance entre
eux et lui.
Dangers de s’appuyer
sur le monde, même pour aider le peuple de Dieu
Que de raisons Moïse aurait eues pour rester où la Providence l’avait placé, et
même que de prétextes pour servir plus utilement les enfants d’Israël ; mais
c’eût été s’appuyer sur la puissance du Pharaon, au lieu de reconnaître le lien
qui unissait Dieu à son peuple. Il en serait résulté pour celui-ci un
soulagement accordé par le monde, mais non une délivrance accomplie par l’amour
et la puissance de Dieu. Moïse eût été épargné, mais eût perdu sa vraie gloire ;
le Pharaon eût été flatté et son autorité sur le peuple de Dieu eût été reconnue
; Israël serait demeuré en captivité, s’appuyant sur le Pharaon, au lieu de
reconnaître Dieu dans les relations glorieuses attachées à son adoption comme
peuple. En outre, Dieu lui-même n’aurait pas été glorifié. C’est là ce qui
aurait eu lieu, si Moïse fût resté dans sa position providentielle. Le
raisonnement humain et les considérations puisées dans les voies de la
Providence, s’unissaient pour lui donner ce conseil. La foi lui fit quitter
cette position. Tout aurait été réellement gâté s’il y fût demeuré.
Ch. 2 v. 11-15 —
Soumission de l’activité à Dieu seul, et mise à l’écart du serviteur
[2:11] Moïse s’identifie donc avec le peuple de Dieu. [2:12] Les premiers actes
par lesquels il se rapproche de son peuple, sont empreints peut-être d’une
certaine activité naturelle, et de la conscience d’une force qui n’était pas
purement d’en haut ; toutefois, c’est ce premier dévouement qui est considéré
par le Saint Esprit, comme un beau et acceptable fruit de la foi (Hébr. 11:24,
26). Mais il fallait que l’activité de Moïse fût plus entièrement soumise à Dieu,
et qu’elle n’eût d’autre point de départ que Dieu lui-même et l’obéissance à sa
volonté expresse. Nous avons là, dans le cas de Moïse, un exemple de la manière
dont le Seigneur procède souvent. Le zèle et l’énergie de la fidélité se
manifestent, [2:15] mais Dieu met l’instrument momentanément de côté, pour nous
enseigner à faire dépendre notre service directement et entièrement de Lui.
L’histoire de Jésus lui-même nous présente quelque chose d’analogue, par rapport
au temps d’inaction qui s’est écoulé depuis sa première apparition dans le
temple [(Luc 2:46)], jusqu’à son ministère public [(Luc 3:23)], sauf qu’il n’y a
eu pour lui ni mécompte, ni méprise, et par conséquent nulle direction
providentielle extérieure qui eût pour but de l’en ramener. [Luc 2:49] Chez Lui,
la perfection du mouvement intérieur dont il était animé, lui donnait
constamment conscience de qui il était le Fils, et en même temps le soumettait à
la volonté de son Père dans les circonstances où il était moralement placé. [Luc
2:46] Mais le Seigneur se montra comme Fils, lorsqu’il se trouva avec les
docteurs dans le temple ; [Luc 2:51] et cependant, il était alors soumis à
Joseph et à Marie jusqu’au temps et à la saison fixés par Dieu, également
parfait dans ces deux positions. [2:14] Moïse, craintif encore dans sa fidélité,
[2:15] redoutant, d’un côté, la puissance qui, à son insu peut-être, lui prêtait
une certaine habitude d’énergie (car on craint ce dont on tire sa force), [2:14]
et, de l’autre, repoussé par l’incrédulité de ceux vers lesquels le portaient
son amour et sa fidélité (car « ils ne le comprirent point » [(Act. 7:25)]),
[2:15] s’enfuit dans le désert, type (quant au fait lui-même) du Seigneur Jésus
rejeté du peuple qu’il aimait.
Préparation du
libérateur rejeté, image de Christ
Ch. 2 v. 16-22 — Moïse, type de Christ, en contraste avec Joseph]
Ce type diffère de celui de Joseph. [Gen. 39:20] Joseph, en sortant de la prison
où il a été comme mis à mort, [Gen. 41:40] prend la position de Jésus élevé à la
droite du trône suprême parmi les Gentils, [Gen. 45:4] et à la fin il reçoit ses
frères, dont il avait été séparé. [Gen. 41:50] Ses enfants lui sont un
témoignage de la bénédiction qui lui a été accordée pendant cette séparation.
[Gen. 41:51] Il les appelle Manassé, parce que, dit-il, « Dieu m’a fait oublier
toute ma peine, et toute la maison de mon père » ; [Gen. 41:52] et Éphraïm, «
car Dieu m’a fait fructifier dans le pays de mon affliction ». [2:21] Mais Moïse
représente Christ séparé de ses frères ; et quoique Séphora puisse être
considérée comme un type de l’Église (aussi bien que la femme de Joseph [(Gen.
41:45)]), en tant qu’épouse du Libérateur rejeté, pendant la séparation de
celui-ci d’avec Israël, [2:22] toujours est-il que le cœur et les sentiments de
Moïse, s’exprimant dans les noms qu’il donne à ses enfants, sont entièrement
dominés par la pensée qu’il est éloigné d’Israël. Ses affections fraternelles,
ses pensées, son repos, sa patrie, sont avec ce peuple ; il est étranger partout
ailleurs. Moïse est le type de Jésus, considéré comme libérateur d’Israël. Il
appelle son fils Guershom, c’est-à-dire « étranger là », « car », dit-il, « j’ai
séjourné dans un pays étranger ». [2:21] Jéthro nous représente les Gentils,
parmi lesquels Christ s’est réfugié avec sa gloire lorsque les Juifs l’ont
rejeté.
Ch. 2 v. 23-25 — Dieu
veut faire de Moïse le libérateur de Son peuple opprimé
[2:25] Mais, enfin, Dieu porte ses regards sur Israël, et il veut qu’il y ait en
Moïse non seulement la foi qui s’identifie avec son peuple, mais encore la
puissance qui le délivre. [Act. 7:35] Ce Moïse, qui avait été rejeté comme
prince et juge, doit paraître au milieu d’Israël et du monde, comme prince et
libérateur.
Joseph et Moïse, images
de Christ rejeté
[Act. 7:9-35] Étienne cite ces deux exemples au Sanhédrin qui a rejeté le
Christ, pour convaincre la conscience de ses juges d’un péché semblable, mais
plus grand encore que celui commis au sujet de Joseph et de Moïse.