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dispersées des Oustachi, ordonnant aux prêtres et aux moines
d'agir en liaison avec eux. Ces hommes saints ont voyagé partout
dans le pays, en gardant les groupes illégaux de croisés en
communication les uns avec les autres. Ils ont présenté avec zèle
leur position, leur force et leur équipement à Stepinac à Zagreb.
Le siège archiépiscopal a veillé à ce que de tels rapports
parviennent au Vatican, qui, en tant que véritable champion de
toutes les démocraties, les a transmis aux États-Unis.[3]
La chaîne Oustachi, Stepinac, Vatican, Etats-Unis n'était pas
simplement une agence de presse clandestine. C'était quelque
chose de plus: un appât pour inciter certaines forces alliées à
promouvoir une intervention militaire opportune contre la
Yougoslavie. En effet, Stepinac et ses groupes illégaux ont fondé
leur espoir de succès final sur ce point. Le Vatican, loin de
conseiller la modération, encouragea la résistance oustachie et
ajouta continuellement du carburant à leurs ardentes espérances
avec des assurances répétées d'intervention militaire à venir. Les
Alliés viendraient à leur aide. Ils doivent tenir le coup, car la
situation internationale devait changer en leur faveur. Les
puissances occidentales allaient se retourner contre leur allié
récent, la Russie soviétique. Une guerre de libération était en
préparation. Une fois que cela aurait commencé, la Yougoslavie
serait éliminée et la Croatie d'Oustachi serait de nouveau mise en
évidence. Les guérillas oustachi ne parlaient de rien d'autre.
Stepinac veillait à ce que leurs attentes soient maintenues au plus
haut niveau, de peur que leur enthousiasme ne se transforme en
désespoir et n'entraîne ainsi l'effondrement total de la résistance
militaire organisée.