La Bible authentique, quelle version ? - Texte Reçu et Texte d'Alexandrie - La Septante Mythique - Nos bibles modernes falsifiées - Les manuscrits du Nouveau Testament 

 

 

SECTION V. - Des variantes. Règles pour déterminer le texte.

 

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§ 41. Des variantes. Leur origine. - Il y a plus de treize cents manuscrits hébreux et de six cents manuscrits grecs connus qui ont été collationnés pour la fixation du texte sacré. Ils ne représentent pas tous les Ecritures tout entières, mais seulement des portions plus ou moins considérables. Chacune des trois divisions de l'Ancien-Testament formait un rouleau ou volume distinct, comme chacune des divisions du Nouveau-Testament forme, en général, un manuscrit a part (voyez §§ 4 et 27).

Ces manuscrits, copiés à la main par exemplaires isolés, ont été exposés à de nombreuses sources d'erreurs, volontaires ou involontaires, plus ou moins importantes; on ne saurait guère s'en étonner si l'on fait attention que même aujourd'hui les livres imprimés avec le plus de soin, renferment souvent de nombreuses et grosses fautes typographiques. Les chances d'erreur étaient bien plus nombreuses pour l'écriture; la possibilité de corriger à la main était également une facilité pour altérer le texte ; la lenteur du travail rendait faciles l'addition, l'omission , le changement, la transposition d'une lettre, d'une syllabe, d'un mot , même d'une portion de phrase.

Quelquefois l’écrivain copiait un manuscrit placé devant lui ; d’autres fois, il écrivait sous dictée. Dans le premier cas, son œil pouvait le tromper; dans le second, son oreille. Des mots différents ayant une même syllabe finale, des phrases différentes se terminant par un même mot, pouvaient induire en erreur. On pouvait ne déchiffrer qu’avec peine le manuscrit, mal comprendre ses abréviations, mal diviser les mots et les phrases, s’ils étaient écrits sans pause ni ponctuation d’aucun genre, comme c’était le cas pour les raanus-crits les plus anciens; le manuscrit enfin pouvait être en partie effacé. Ainsi, différentes causes concouraient à altérer progressivement le texte, sans parler même des falsifications auxquelles certains faussaires avaient recours dans un intérêt personnel ou dogmatique. Mais ces erreurs, toujours locales, trouvaient un contrepoids constant dans le texte des autres manuscrits. Elles n’avaient, d’ailleurs, presque jamais une bien grande signification et se réduisent de fait à des erreurs du genre de celles que l’on peut trouver dans des Bibles imprimées aujourd’hui. On peut dire plus encore; les variantes des anciens manuscrits n’altèrent pas le texte aussi grossièrement ni aussi constamment que le font deux éditions de la Bible qui ont été imprimées « par autorité » des papes Sixte et Clément. Hody a fait le relevé de leurs erreurs ou omissions. L’édition sixtinea omis les passages Prov., XXV, 24. Matth., XXVII, 35. Juges, XVII, 2, 3, etc. L’édition de Clément a omis 1 Sam., XXIV, 8. 2 Sam., VIII, 8. Elles se contredisent l’une l’autre en Josué, II, 18; IX, 19. Exode, XXXII, 28. Gen., XXIV, 24. 1 Rois, II, 28, etc.

Examinons avec quelques détails quelques-unes des sources d’erreur les plus ordinaires.

Quelquefois, lorsqu’on dictait, la similitude du son, ou, quand on copiait, la similitude de la forme, amenait une fausse leçon. — EXEMPLES.    45

Ainsi, Juges, VIII, 16, « il les enseigna, » d’après quelques manuscrits; mais plutôt, d’après d’autres, ainsi que d’après les Septante, le caldéen, l’arabe, la Peshito et la Vulgate, « il les froissa ו*ךע) מ au lieu de ידען qui est la vraie leçon).

Nomb., XXII, 5. Des enfants de « son peuple; » quelques-uns lisent à tort : « de Hammon » (עפרון au lieu de עמו qui est la vraie leçon ).

Jonas, I, 9. «Je suis hébreu. מ Les Septante et quelques manuscrits portent: « Je suis le serviteur de l’Elernel עבןיי) מ au lieu de עברי, la seule différence d’un et d’un ף).

Deux mots hébreux, לא et לו , qui se prononcent exactement de la même manière, mais dont le premier signifie pas, non, et le second à lui, sont souvent mis l’un pour l’autre dans les manuscrits; ainsi, ϊύ est mis quinze fois pour לו, et l’inverse deux fois dans divers manuscrits. Le texte hébreu dont nous nous servons a, du reste, été déjà rectifié par les massorètes en ces différents endroits, sauf peut-être 2 Rois, VIII, 10, où l’on devrait lire : « Vas, dis : Tu ne vivras pas, mais, etc. »

Ephés., IV, 19. Quelques manuscrits portent « ayant perdu toute espérance, » ά7η5λ7Γ«ότ*£ au lieu de άτηιλγηκότις.

On peut ranger dans la même catégorie certaines transpositions de lettres ou de mots qui se rencontrent quelquefois : Salmaï (Néh., VII, 48, pour Samlaï (Esdras, IV, 46); Almugghim pour Algum-mim (4 Rois, X, 11, cf. 2 Chron., IX, 10). — La différence d'une seule lettre principale et la transposition d’une autre amènent les traductions suivantes dans les passages parallèles. 2 Sam., VI, 5 : ־< Toutes sortes d’instruments faits de bois de sapin, » et 1 Chron.,

XIII, 8 : « de toute leur force. » Cf. encore en hébreu 2 Sam., VI, 2. 1 Chron., X1I1, 6.

Comme les Juifs ne prononçaient jamais le nom de Jéhovah, mais le remplaçaient toujours dans la lecture par Adonaï et Elohim, ces derniers noms étaient souvent placés dans les manuscrits à la place du premier.

Enfin, les lettres servant en même temps de chiffres chez les Hébreux, il en résultait d’autant plus facilement des erreurs que dans l’origine, comme on l’a vu, les mots n’étaient pas séparés les uns des autres, et que les lettres étaient moins distinctes qu’elles ne le sont aujourd’hui.

Des répétitions dans le texte, des mots ou des phrases se terminant de la même manière (ce qu’on appelle un homoyoteleuton) étaient l’occasion de fréquentes erreurs.

On peut en trouver des exemples dans 1 Chron., IX, 5. 4 Rois, XIV, 25, cf. 2 Chron., XII, 2, 9. Voyez aussi Nomb., XXVI, 3, et comparez Ps. XXXVU, 28, avec les Septante.

Les mots de Matth., XXVIII, 9, « comme elles allaient pour l’annoncer à ses disciples, » qui se retrouvent pour le sens et pour l’assonnance a la fin du verset 8, sont omis dans B, D, ainsi que dans la Vulgate, le Syriaque, Arabe, Copte, Arménien, Persan, et dans les Pères Chrysostôme, Jérôme, Augustin, etc., mais ils se trouvent dans la plupart des manuscrits. — La fin de 4 Cor., X, 28 (car la terre, etc.), vient du verset 26 par une erreur de copiste, et manque dans A, B, D, dans les plus anciennes versions et dans les meilleures autorités.

Beaucoup de variantes ne sont que l’emploi de mots synonymes pris les uns pour les autres. — 4 Rois, I, 10. Il dit, au lieu de : il parla. — Matth., II, 14. Ils virent, pour : ils trouvèrent (βΐίον pour cupov ). — Matth., XII, 32. Dans ce siècle-ci, pour: dans ce présent siècle. — Luc, VII, 24. Les messagers de Jean, pour : ies disciples de Jean.

Des copistes pouvaient avoir la connaissance de langues orien-taies ou de dialectes autres que ceux des manuscrits qu’ils copiaient, et leur travail pouvait s’en ressentir, soit par la substitution de mots plus connus, soit simplement dans l’orthographe même des mots.

L’absence de ponctuation et la réunion des mots, sans aucune espèce de séparation, a amené quelques variantes, moins cependant qu’on n’aurait pu le prévoir. — Ps. XLV11I, 44. jusqu’à la mort (על־מיות ) ; quelques manuscrits, en réunissant ces deux mots, lisent: à toujours, ce qui n’altère même pas le sens. — Par une erreur semblable, on pourrait lire, Ps. XXV, 17 : Augmente les détresses de mon cœur, tire-moi, etc. Cf. encore Ps. IV, 3, et les Septante.

Quelques abréviations pouvaient être mal comprises. Le (1) des Hébreux est une abréviation du nom de Jéhovah; c'est aussi le Pronom mon. De là , Jér., VI, 11, dans la traduction des Septante, une erreur de traduction; ils ont mis ma fureur au lieu de : la fureur de l'Eternel. De même encore les lettres ΧΣ (4 Pierre, II, 3) ; elles peuvent signifier χρηστός, gracieux ; quelques Pères, Clément d’Alexandrie, Grégoire de Nazianze, Théophile, les ont traduites par χριστός, Christ. (Il pourrait cependant y avoir eu aussi, dans ce cas, confusion de lettres par suite de l’itacisme, prononciation des Grecs postérieurs qui est encore celle des Grecs modernes et celle des Anglais ; les deux lettres מ et 1 se prononçant de la même manière, les deux mots pouvaient être pris l’un pour l’autre. )

C’est de la même manière encore que s’expliquent les variantes nombreuses de 4 Tim., III, 46. Le mot Dieu, ( «oc, s’écrivait par abréviation ΘΣ ; quelques copistes peuvent avoir lu 02 simplement, et d'autres en auront fait O pour l’accorder avec le mot neutre ρυσ-Ttiptov qui précède. Le contraire a pu arriver également.

Comme il n’y avait aucune séparation des mots hébreux è la fin d’une ligne et que, d’un autre cêté, les copistes n’aimaient pas à laisser des espaces blancs, ils remplissaient volontiers la fin d’une ligne, soit par quelque lettre favorite , soit par un signe quelconque, soit par la lettre initiale du mot suivant qui n’en était pas moins reproduit tout entier à la ligne suivante. Ces lettres supplémentaires, qu’on appelait custodes Itnearum, passaient quelquefois dans le texte par l’inadvertance d’un copiste; ainsi Esaïe, XXXV, 4. D’autres fois, au contraire, le copiste prenait pour une lettre supplémentaire une lettre qui ne l’était pas et l’omettait.

Des notes marginales, destinées à expliquer le texte, passaient quelquefois dans le texte même. Ainsi (Esaïe, XL, 7), les mots * vraiment le peuple est comme l’herbe » sont, selon toute apparence, une glose; ils ne se trouvent pas dans les Septante. Jahn pense qu’il en est de même du chiffre 50,000 indiqué dans 4 Sam., VI, 49, lequel devrait être placé ailleurs. — Marc, 1,46. Plusieurs copistes, pour éviter l’équivoque du pronom , ont écrit, d’après une marginale, « frère de ce même Simon. מ Rom., VIII, 28, Un copiste, pour éviter toute ambiguité, a ajouté en marge, Dieu dirige tout pour le bien ; une autre a fait passer la glose dans le texte. Dans 4 Cor., XVI, 2, nous lisons f«av σαββάτων, le premier jour de de la semaine; quelqu'un ajoute en marge, le jour du Seigneur, pour mieux préciser le sens du texte, et cette addition passe elle-même dans le texte. Dans d’autres cas, on écrivait même la glose à la place du mot véritable; ainsi (4 Pierre, II, 43), 11 y a χτίσιι, expression difficile à comprendre: un copiste l'a remplacée par yûtfi.

Toutes ces variantes et causes d’erreur se présentent avec un caractère accidentel. D’autres, au contraire, n’ont gu avoir lieu que volontairement, dans une intention bonne ou mauvaise, soit que l’on crût rectifier et rétablir le texte primitif, soit qu’on voulût le falsifier ainsi:

Par un respect exagéré de la lettre et pour ne pas nuire à l'apparence extérieure du manuscrit, on reproduisait jusqu'aux erreurs du manuscrit que l'on copiait; ou bien encore, si une faute était faite, on la reproduisait aussi souvent que le même mot se présentait, pour ne pas avoir deux orthographes différentes. C'est de cette manière que quelques-uns expliquent l'emploi presque constant du masculin au lieu du féminin pour désigner une jeune fille dans le Pentateuque, naar pour naara; ainsi que la faute trente-quatre fois répétée dans le chap. XL d'Ezéchiel d'un pluriel mal formé par l'omission de la lettre caractéristique . Ajoutons cependant que ces bizarreries grammaticales peuvent encore s'expliquer autrement.

10° D'autres fois, les copistes pouvaient avoir la tentation d'altérer légèrement le texte pour le rendre plus clair et plus facile à entendre. Ainsi , plusieurs passages du premier livre des Chroniques ( X, 12 ; XVII , 21 ; XV, 29 ) , comparés avec les passages parallèles des livres de Samuel (1 Sam., XXXI , 12. 2 Sam., VII, 23 ;VI, 16 dans l'hébreu) nous montrent le mot ancien remplacé par le nom moderne plus connu. - Les mots fut déliée (Luc, I, 64), qui ne se trouvent pas dans le texte , sont ajoutés dans quelques manuscrits et dans quelques versions. - Exode, XV, 3. Les mots, un vaillant guerrier, sont remplacés dans le texte samaritain par : puissant en batailles. - Gen., Il , 2. Le samaritain et le syriaque lisent : Dieu eut achevé au sixième jour, au lieu de septième qui pouvait, selon eux, entraîner des conséquences dangereuses.

On peut observer, d'une manière générale, que les manuscrits de la famille alexandrine s'attachent de préférence aux leçons que recommande la grammaire , et que la recension occidentale choisit plutôt parmi les variantes celles qui donnent le sens le plus clair.

11° Quelques rectifications étaient faites d'après d'autres passages parallèles ou pour faire concorder une citation avec le texte cité.

Sous ce rapport , les Septante ont exercé une grande influence sur le texte du Nouveau-Testament ( voir Griesbach, édition de Schulz , 4827, et Tholuck, appendice à son Commentaire sur l'épître aux Hébreux). - Ainsi (Luc, IV, 18) les mots « pour guérir ceux qui ont le coeur froissé, » manquent dans plusieurs manuscrits, ils ont été pris probablement dans Esaïe, LXI, 1 , traduction des Septante. - Les mots « de son coeur (Matth., XII, 35), » sont venus probablement de Luc, VI, 45, et manquent dans beaucoup de manuscrits, ainsi que dans la Vulg., Syr., Copt., Pers., Arab. - Les mots « être baptisés du baptême dont je dois être baptisé (Matth., XX, 22 , 23) » manquent également dans plusieurs manuscrits et versions , et ont été ajoutés d'après Marc, X, 38, 39. - La citation (Matth., XXVII , 35) « afin que fût accompli, etc., » est venue de Jean, XIX, 24, et manque dans A, B, D, E, F, G, H, K, L , M , dans beaucoup d'autres manuscrits et dans les versions syriaque, copte, éthiopienne et arabe. - 1 Cor., XV, 5. Le mot douze n'étant pas tout-à-fait exact, puisque Thomas était absent, quelques manuscrits lisent les onze; on eût pu également lire les dix en admettant que Judas aussi fût absent. - Marc, VIII, 31. Quelques manuscrits lisent après trois jours; d'autres, le troisième jour.

12° Il y a quelques exemples de falsifications plus coupables, faites dans un intérêt de parti - Marcion est, à cet égard, le faussaire le plus renommé; mais son entreprise n'était pas dangereuse , puisqu'il l'avouait hautement. - Deut., XXVII, 4. Le Samaritain a substitué au mot d'Hébal celui de Guérizim , montagne située sur le territoire de la Samarie, et le passage ainsi falsifié fut invoqué à l'appui de la construction du temple. - Juges, XVIII , 30. Au lieu de Moïse, quelques manuscrits ont mis Manassé pour sauver l'honneur de la famille de Moïse : le rabbin Salomon Jarchi le reconnaît. Cependant de pareilles altérations sont rares dans l'Ancien-Testament; elles sont plus fréquentes dans le Nouveau. Ainsi, pour accréditer le dogme de la perpétuelle virginité de Marie, quelques manuscrits ont effacé les mots « avant qu'ils fussent ensemble » et « premier-né (Matth. , I, 18 , 25). » Quelques manuscrits et quelques Pères ont effacé « ni même le Fils (Marc, XIII, 32) » qui paraissaient favoriser l'arianisme; c'est peut-être avec la même préoccupation que les manuscrits A, B et quelques autres ont omis Luc, XXII, 43; de même encore Luc, XIX, 41.

13° Il y a enfin des variantes qui, ne rentrant dans aucune des catégories précédentes, ne peuvent guère s'expliquer que par des négligences de copistes. Ainsi l'omission du nom de Joël, fils de Samuel (1 Chron., VI, 28, cf. verset 33 et 1 Sam., VIII, 2). L'évêque Lowth a compté, dans Esaïe, cinquante omissions de ce genre, fort légères , du reste, quant au sens de la phrase. On peut trouver une altération assez grave en 2 Sam., XXI, 19, dont le texte doit être rétabli comme il se trouve 1 Chron., XX, 5 (voyez Bost, Dict. de la Bible, 1 , p. 321). Les quatre cent trente années mentionnées (Exode, XII, 40) comme temps du séjour des Israélites en Egypte sont une incorrection; ce séjour ne fut que de deux cent quinze ans, et le texte, tel qu'il existe, est en contradiction manifeste avec Gal., III, 17. Ce chiffre, trop élevé, doit comprendre encore la vie des patriarches depuis Abraham et leur séjour dans le désert, ainsi que l'indiquent les Septante, le Samaritain et quelques manuscrits qui ajoutent : « et de leurs pères qui vécurent dans le pays d'Egypte et en Canaan.»

Le nombre des variantes produites par ces différentes causes, on l'a déjà vu, s'élève à plusieurs milliers ; mais elles ont si peu d'importance qu'en adoptant même la version lit plus défectueuse, les vérités de l'Ecriture demeurent sans la moindre altération.

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§ 42. Principes à suivre pour la détermination du texte véritable.

Quoique l'ensemble des variantes n'affecte pas le sens général des Ecritures, il n'en est pas moins intéressant , dans la plupart des cas, de rechercher, au milieu des leçons diverses qui se présentent, celle qui paraît devoir être acceptée comme la leçon primitive et authentique. Les savants se sont occupés de déterminer les règles qui doivent présider à ce travail, et nous indiquerons ici , en substance, les résultats auxquels ils sont parvenus (Griesbach , Prolégom.; Wettstein, Introd. au Nouveau-Testament grec; Eichhorn, de Wette, Introd., I, 349 ; Haevernick).

Remarquons d'abord qu'on distingue les preuves en internes et externes. Quand tous les manuscrits, les versions et les citations sont d'accord sur une leçon , il y a une preuve externe de son authenticité. Quand une leçon est conforme au sens, au contexte, aux faits historiques , aux passages parallèles, il y a preuve interne. Quand ces deux preuves sont réunies, il y a évidence complète.

C'est ce qui a lieu pour l'ensemble des saintes Ecritures, telles qu'elles se trouvent dans nos éditions vulgaires.

Ajoutons que la valeur d'une variante est en proportion de l'antiquité du manuscrit qui la donne , parce que, plus il est ancien , moins il y a de chances qu'il ait été dénaturé en passant par diverses mains. Cependant un manuscrit, relativement moderne, dont on sait qu'il a été copié, d'après un manuscrit fort ancien, peut avoir plus de valeur qu'un manuscrit plus ancien qui n'offrirait pas cette garantie. Il faut tenir compte aussi du nombre des manuscrits qui renferment une variante, de la famille à laquelle ils appartiennent et du soin avec lequel ils ont été écrits.

Quand on parle des manuscrits hébreux, ce n'est pas de la famille ou de la recension , mais du pays dont ils proviennent qu'il faut tenir compte, l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne représentant leurs diverses origines dans l'ordre de leur valeur critique.

Voici maintenant les règles générales qui peuvent servir de guides pour la fixation du texte : A remarquer que la science de la Critique Textuelle est la science de critiquer la Parole de Dieu avec la faculté illusoire du libre-choix, de reprocher Dieu pour son manque de fidélité à garder sa Parole pure et intacte des caprices de l'homme corrompu qui se veut maître sur le contenu de sa révélation pour en déterminer la foi.

Quand il y a désaccord entre les preuves externes et les preuves internes, les premières doivent l'emporter; car elles sont une autorité, tandis que les secondes ne sont que des présomptions; or, une question d'authenticité ou de texte est une question de fait qui ne se détermine que par une autorité.

Quelquefois cependant, et c'est le cas pour la plupart des variantes massorétiques, l'évidence interne est si forte qu'elle contrebalance les preuves et indices extérieurs ; cela arrive quand la leçon est décidément fausse, mal orthographiée ou quand l'introduction d'une glose étrangère s'explique aisément et sans laisser aucun doute.

Une variante doit être admise quand elle est appuyée par la plupart des anciens manuscrits et des anciennes versions, par les citations, les parallèles et le sens, alors même qu'elle ne se trouverait pas dans tous les anciens manuscrits ou dans la version vulgaire (ainsi , Esaïe, LX, 21, mes plantes ; quelques manuscrits portent sa plante).

Une leçon est probable quand elle a pour elle quelques anciens manuscrits et versions, les citations, les parallèles et le sens, lors même qu'elle n'aurait pas en sa faveur le plus grand nombre des manuscrits. (Ainsi, les manuscrits les plus nombreux portent, 2 Chron., XI, 18, que Roboam épousa Mahalath, fils de Jérimoth; le sens indique clairement qu'il faut lire fille. )

Les leçons du Pentateuque appuyées par le Samaritain, par quelques manuscrits hébreux, par les anciennes versions , le parallélisme et le sens doivent être admises, quoique ne se trouvant pas dans la plupart des manuscrits (Gen., XLVII , 3 : Tes serviteurs sont un berger ; il faut évidemment lire bergers au pluriel , quoiqu'il n'y ait que trente manuscrits pour cette leçon. - Gen., II, 24 : Ils seront; lisez : les deux seront une même chair ; c'est le texte du Samar., des Septante, de l'Ital., Arab., Vulgate et de Matth., XIX, 5. - voyez aussi Exode, XII, 40.)

L'accord du sens avec les plus anciens manuscrits peut suffire à montrer qu'une leçon est véritable, quoique non généralement reçue (Esaïe, LVII, 13, « que ceux que tu assembles te délivrent ; » la plupart des manuscrits mettent le verbe au singulier, dix seulement ont le pluriel). Cette règle est surtout applicable au Nouveau-Testament.

L’accord des anciennes versions, du sens et du parallélisme suffira souvent pour établir la valeur d’une variante, surtout pour l’Ancien-Testa ment (Ps. LXV1I1, 18 : « Tu as pris des dons entre les hommes; » d’après Ephés., IV, 8, Targum, Syr., Ethiop., Arab. et quelques Pères, il faudrait lire: « Tu as donné des dons, b Whiston et quelques Anglais ont proposé dans le texte hébreu l’interversion de deux lettres, חל?ת au lieu de לקחת; cependant l’exégèse a d’autres moyens d’expliquer les rapports de la citation de saint Paul avec l’original. —On peut en dire autant d’Esaïe, LIX, 20, comparé avec Rom., XI, 26).

Quand un texte est décidément corrompu, un passage parallèle peut indiquer la vraie leçon. (Ainsi, le mot quatrième que nos versions ont ajouté en italiques (2 Rois, XXV, 3) manquait au sens de la phrase; il a été ajouté d'après Jér., LII, 6. - 1 Chron., I, 17, doit évidemment être corrigé par Gen., X, 23. - Esaïe, XXX, 17, doit l'être probablement par Lév., XXVI, 8.)

A ces règles générales nous en ajouterons d'autres pour les cas douteux, pour ceux où les critères extérieurs semblent appuyer également deux leçons différentes. Le travail critique est alors plus difficile, et les restes ne peuvent être appliquées d'une manière rigoureuse.

De deux leçons également appuyées par l'autorité des manuscrits, celle-là est la plus probable qui offre le sens le plus naturel , et dont le texte ne peut avoir été écrit par mégarde ou par erreur - 2 Cor., V, 14. On comprend que ait été omis devant par quelques copistes; on ne comprendrait pas qu'il eût été ajouté; le sens l'exige, et, quoiqu'il soit omis dans un grand nombre de manuscrits, il est généralement reconnu comme authentique. Si un est mort , etc. - Actes, XI , 20. Le texte reçu porte hellénistes , c'est-à-dire Juifs parlant grec. Mais les manuscrits A, D, plusieurs versions et plusieurs Pères portent Hellènes, c'est-à-dire Grecs (une nuance qui ne se fait pas bien sentir dans le texte français) ; le sens est en faveur de cette dernière leçon; c'est le second cas de païens évangélisés, cf. Actes, X, 44 , 45. L'historien sacré n'aurait pas indiqué comme un fait remarquable l'évangélisation de Juifs étrangers, surtout après ce qu'il a dit au verset précédent.

De deux leçons également probables, la plus complète est aussi la plus vraisemblable, à moins qu'il n'y ait lieu de soupçonner nue interpolation, ou que le texte lui-même trahisse une addition, auquel cas la règle doit être renversée. 1 Chron., XI, 32 : Abiel ; il vaut mieux lire, d'après 2 Sam. , XXIII , 31 , Abi-Halbon , la dernière syllabe pouvant plutôt être omise qu'ajoutée. - Matth., Il , 1. « Au temps du roi Hérode » est authentique, quoiqu'il manque dans plusieurs manuscrits. - Actes, VIII, 37, qui manque dans A. et dans soixante autres manuscrits, ainsi que dans Syr. , Ethiop. et Copht., doit au contraire être regardé comme inauthentique; il a été peut-être ajouté d'après Rom. , X, 9.

De deux leçons , l'une classique , l'autre orientale, la dernière est la plus probable.

De deux leçons, l'une facile, l'autre plus difficile, celle-ci doit en général être préférée; on comprend, en effet, qu'un copiste ait pu se laisser tenter d'altérer le texte pour le rendre plus clair ; l'inverse ne se comprendrait pas. Wettstein, Griesbach, Bengel et les meilleurs critiques attachent beaucoup d'importance à cette règle.

Si deux variantes sont appuyées par des autorités de même valeur , il faut choisir celle qui s'accorde le mieux avec le style de l'écrivain avec l'objet qu'il se propose, et avec le contexte. - Jude, 1 Sanctifiés doit être préféré à la leçon aimés, à , parce que c'est une formule plus usitée au commencement des épîtres. - Actes, XVII, 26 : D'un seul sang. Cette leçon est plus probable que celle qui supprime le mot sang; elle est plus conforme à l'idée hébraïque. L'autre leçon d'un seul vient peut-être de Rom. , IX, 10. - Jean , VI , 69 : Le Fils du Dieu vivant; doit être préféré à , le saint , qui n'est appliqué à Christ que dans la confession du démoniaque. - Marc, I, 2 : Dans les prophètes; Griesbach et Mill lisent : Dans le prophète Esaïe. La première leçon est meilleure, parce qu'il y a ici la citation de deux prophètes.

Des variantes hypothétiques, recommandées par le sens ou par l'analogie de textes parallèles , peuvent être considérées comme probables, mais ne doivent être reçues que si elles sont confirmées par l'évidence. - Les mots Dieu vit que cela était bon manquent à la fin du second jour de la création (Gen., 1, 8); mais ils se trouvent au verset 10, au milieu de l'histoire du troisième jour. Il est évident qu'il y a en là une transposition, une erreur des copistes postérieurs, d'autant plus (lue les Septante ont mis ces mots à leur place naturelle. - Ce genre de variantes De peut pas être admis pour le Nouveau-Testament, dont les manuscrits sont fort nombreux; il ne peut même l'être que très-rarement pour l'Ancien. Voyez encore Josué , XXIV, 19 , où il faut lire : « Ne cessez pas de servir l'Eternel. - Esaïe, LII, 15; XVII , 2, etc. »

Notons encore quelques cas assez rares où plusieurs variantes différentes ont pour elles le sens, quelques manuscrits, quelques versions et quelques citations; il est difficile alors de prononcer , et l'on ne doit se décider qu'avec beaucoup de prudence et de circonspection.

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§ 43. Le passage des trois témoins. - Comme exemple à l'appui et pour l'intelligence des principes qui viennent d'être énoncés, citons celui des passages de l'Ecriture qui a fourni matière aux controverses critiques les plus importantes (1 Jean, V , 7). Ce passage se trouve dans le texte imprimé de l'édition de la Vulgate par Clément, dans l'édition grecque de Complutum, dans la troisième édition d'Erasme; il a passé de là dans le texte vulgaire d'Etienne, de Bèze et d'Elzevir.

On fait valoir contre son authenticité

Qu'il ne se trouve dans aucun manuscrit grec antérieur au quinzième siècle; il manque dans cent soixante-quatorze manuscrits en lettres cursives , et dans A , B, G , H.

Il manque dans toutes les anciennes versions, sauf le latin; dans le plus ancien manuscrit de la Vulgate, le C. Amiatinus, et dans tous ceux qui sont antérieurs au neuvième siècle. Il manque dans les deux versions syriaques, le cophte , l'éthiopien, l'arménien, le slavon , quoiqu'il se trouve dans les éditions imprimées des deux dernières versions et de la Peshito.

Les Pères grecs les plus anciens, qui citent fort souvent les versets 6 , 8, 9, ne citent jamais le verset 7.

Les meilleures éditions critiques du Nouveau-Testament l'omettent; ainsi, la première et la deuxième édition d'Erasme, Aldus, Harwood, Matthaei, , Griesbach, Lachmann, Scholz, Tischendorf, Hahn. - Cependant Mill et Bengel le conservent.

En faveur de son authenticité, on peut dire :

Qu'il se trouve dans quelques manuscrits grecs, le Codex Ravianus de Berlin, le Guelph. et trois autres; il faut ajouter cependant que le premier n'a aucune valeur; que , pour le second , ce verset n'est pas dans le texte, mais en marge seulement; et, quant aux trois autres, qu'ils appartiennent tous au quinzième siècle, et ne sont par conséquent que de très-modernes autorités.

Il se trouve dans les anciennes versions latines, excepté dans les manuscrits faits en Afrique. C'est ce qu'on a déjà dit ci-dessus.

Quelques Pères latins, Tertullien, Cyprien, Fulgence, semblent y faire allusion. Il n'est cependant pas sûr que leurs citations se rapportent au verset 7 plutôt qu'aux versets 6 et 8.

Il est cité dans une confession de foi publiquement présentée au roi des Vandales par une assemblée de quatre cents évêques, en l'an 181. Ce fait , d'ailleurs douteux , ne suffirait pas cependant à affaiblir la force de témoignages contraires.

Ce texte enfin serait exigé par le contexte , par la construction et l'ensemble du passage. C'est un argument intérieur dont l'appréciation dépend de chacun.

Quoi qu'il en soit, il vaut mieux ne pas s'appuyer sur ce passage pour établir la doctrine de l'Ecriture à l'égard de la trinité (1).

 

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LES TROIS TÉMOINS CÉLESTES

Le passage de 1 Jean 5:7 qui constitue l’ajout des trois témoins célestes, est la lecture la plus célèbre de la Vulgate Latine insérée dans le Texte Reçu. Cette insertion particulière, qui engendra une grande controverse, doit être reçue par la foi comme étant authentique et légitime. Comme il fut mentionné précédemment, la compilation du Texte Reçu contient un aspect divin et un aspect humain, tout comme la Réforme Protestante ou n’importe quelle œuvre de la providence de Dieu. Lorsque nous considérons l’insertion des trois témoins célestes, nous voyons ces deux aspects à l’œuvre. Dans l’aspect divin, Dieu dirigea Érasme sous sa divine providence à sélectionner cette lecture de la Vulgate Latine et à l’insérer dans le Texte Reçu. Dans l’aspect humain, nous voyons qu’Érasme n’ajouta pas les trois témoins célestes dans la première édition de son Nouveau Testament Grec de 1516, sous la base que cette lecture se trouvait uniquement dans la Vulgate Latine et non dans aucun manuscrits grecs connus de ce temps. Mais pour réconforter les cris d’indignations qui s’élevèrent, il déclara qu’il était pour ajouter ce passage si on pouvait lui présenter un seul manuscrit Grec qui la contenait. Lorsqu’un tel manuscrit fut découvert peu après, il inséra ce passage controversé dans sa troisième édition de 1522, et ainsi cette lecture trouva une place permanente dans le Texte Reçu.

Le manuscrit utilisé pour renverser sa position semble être le numéro «61», un manuscrit du 15ie ou 16ie siècle qui se trouve maintenant au «Trinity College» dans la ville de Dublin en Irlande. Plusieurs critiques croient que ce manuscrit fut écrit à Oxford vers 1520 dans le but spécifique de renverser la décision d’Érasme, ce qu’Érasme lui-même suggéra dans ses notes. Mais la lecture des trois témoins célestes ne se trouve pas uniquement dans ce manuscrit suspect de ce temps, il se trouve aussi dans le Codex Ravianus, dans la marge du manuscrit «88», et dans celui du manuscrit «629». Même si l’évidence de ces trois manuscrits n’est pas regardé comme suffisante par les critiques sceptiques, six autres manuscrits furent découverts qui contiennent le passage des trois témoins célestes, le «61», le «88mg», le «429mg», le «629», le «636mg», et le «918». En plus, il fut confirmé par après que ce passage se retrouve aussi dans le «634mg», dans «omega 110, 221, et 2318», dans les lectionnaires «-60» et «173», ainsi que dans les écrits de quatre Père de l’Église: Tertullien, Cyprien, Augustin, et Jérôme. Ceci est amplement d’évidences pour démontrer que le passage des trois témoins célestes est authentique. Plusieurs passages furent reconnus comme authentiques sur la base de moins de preuves que ceci. Plus les recherches se poursuivent dans l’étude des anciens manuscrits, plus il se trouve d’évidences que ce passage controversé des trois témoins célestes dans 1 Jean 5:7 provient des Autographes. Ainsi, quoique fut la cause de son insertion dans le Texte Reçu, en dernière analyse nous pouvons être complètement assurés que ce ne fut pas une duperie conçue dans le but de tromper les enfants de Dieu, mais que ce passage fut ajouté sous la direction infaillible de la providence de Dieu et qu’il doit être retenu et reçu comme faisant partie du Texte Original des Autographes. La providence et les évidences témoignent de son authenticité.

Au niveau des manuscrits en Latin, l’évidence pour l’existence primitive du passage des trois témoins célestes se trouve dans une multitude de versions latines, et dans les écrits des Pères de l’Église Latine. Il fut confirmé par Scrivener en l’an 1883, que ce passage fut cité par Cyprien en l’an 250. Aussi, incontestablement, ce passage se retrouve dans les écrits de deux évêques espagnols du 4ie siècle, Priscillien et Idacius Clarus, qui eurent la tête tranchée par l’empereur Maximus. Au 5ie siècle, ce passage fut cité par plusieurs écrivains orthodoxes de l’Afrique qui montèrent une défensive pour la doctrine de la Trinité. Vers la même période, il fut cité par Cassiodorus en Italie. Ce passage se trouve aussi dans le manuscrit «r», un manuscrit en vieux latin du 5ie siècle, et dans le Speculum, un traité qui contient le texte en vieux latin. Toutefois il ne fut pas inclus dans l’édition originale de la Vulgate Latine de Jérôme, mais fut ajouté dans son texte vers l’an 800 à partir des manuscrits en vieux latin qui datent d'avant la Vulgate. Il se trouva par après dans la grande masse des manuscrits de la Vulgate Latine. Donc, sur la base des évidences externes, nous voyons que ce passage disparu d’une manière mystérieuse du texte des manuscrits en Grec pour être préservé dans le Latin. Les érudits réprouvés de la Critique Textuelle Néologique qui refusent l’authenticité de ce passage, déclarent qu’il est une interprétation trinitaire de 1 Jean 5:8. Mais leur point de vue est invalide par le fait que la formule populaire de la Trinité est «le Père, le Fils, et le Saint-Esprit», et non «le Père, la Parole, et le Saint-Esprit» comme l’atteste 1 Jean 5:7 qui, par son unité des trois témoins célestes contredit la division de Dieu en trois personnes. Ceci est un fait remarquable qu’il ne faille point oublier, car pourquoi un tel passage serait-il inclus dans les manuscrits en Latin de l’Église Latine s’il n’était pas authentique, car il défait sa théologie trinitaire ontologique et sûrement il aurait été enlevé des manuscrits de la Vulgate Latine à cause de cela. Nous réalisons ainsi pourquoi Érasme hésita un instant avant d’ajouter ce passage qui contredit la foi trinitaire dans laquelle il fut éduqué depuis sa jeunesse, et pourquoi ce passage engendra une si grande controverse non seulement au niveau du Catholicisme qui le retrancha de ses versions modernes, mais aussi du Protestantisme qui fait de même. En fait, de nos jours, presque tout le Protestantisme s’est prostitué au Catholicisme par le truchement de l’œcuménisme qui supporte fortement le Texte Critique, et dont le pire ennemi est le Texte Reçu qu’ils ont en aversion.

La raison principale pour laquelle 1 Jean 5:7 se trouve dans peu de manuscrits en Grec, quoiqu’il s’en découvre de plus en plus, se rapporte à l’hérésie du Sabellianisme entre les années 200-270. Sabellius avait repris le Modalisme Patripacien de Noët et Praexas en y ajoutant le Saint-Esprit. Le Modalisme enseignait que le Père et le Fils étaient identique, une seule Personne, mais selon Sabellius ces modes d’existences étaient consécutifs et intérimaires. Selon ce concept, Dieu existait en tant que Père, mais lorsqu’il devint Fils, il cessa d’être Père; de même le Fils, lorsqu’il devint le Saint-Esprit, cessa d’être Fils. Ceci avait pour effet d’annuler l’existence éternelle du Fils de Dieu comme deuxième personne de la Trinité Ontologique, et de renier ainsi sa divinité aux yeux de ceux qui défendaient la position orthodoxe. Cette attaque qu'ils considéraient dangereuse à la divinité éternelle du Seigneur Jésus-Christ, fit que le passage des trois témoins célestes de 1 Jean 5:7, de par son unité des caractéristiques personnels de Dieu qui ne mentionne aucunement trois personnes distinctes en Dieu, ne fut plus favorisé par les chrétiens dits orthodoxes qui divisaient Dieu en trois personnes. Ainsi on remplaça une hérésie par une autre. Puisque l’orthodoxie avait la suprématie dans l’Église Grecque de l’empire Byzantin, le passage de 1 Jean 5:7 fut considéré comme un ajout hérétique du Sabellianisme et supprimé des manuscrits grecs alors existants. Il en advient que ces manuscrits mutilés furent recopiés graduellement pour former la masse des manuscrits Byzantins, mais que la lecture authentique fut préservée dans la lignée des manuscrits latins. Cette succession latine débuta avec la Vestus Itala à la Vulgate Latine, jusqu’à la version latine utilisée par Érasme. Même que nous retrouvons 1 Jean 5:7 dans la version Knox de la Vulgate Latine de 1963, qui contient une note de bas de page disant: «Ce verset ne se trouve point dans aucun bon manuscrit Grec, mais les manuscrits latins ont probablement préservé le bon texte». Or comme nous avons vu, il est hors de tout doute que les manuscrits latins ont préservé le texte authentique. Plusieurs attribuent le manque de ce passage à une omission malheureuse due à l’indiscrétion des copistes, mais une crise théologique semble plutôt à l’origine de son exclusion, car seulement un conflit majeur comme celui engendré par le Sabellianisme, aurait pu être la cause que des scribes orthodoxes sans scrupules l’auraient retranché pour protéger leur doctrine de la Trinité Ontologique. C’est la raison pour laquelle ce passage fut préservé dans les textes latins de l’Afrique du Nord et de l’Espagne, où l’influence du Sabellianisme se faisait moins ressentir. Quoique la vaste majorité des manuscrits grecs représentent fidèlement le Texte Original inspiré, le texte des manuscrits latins préserva sous la providence de Dieu plusieurs lectures des Originaux dont le passage de 1 Jean 5:7 en fait partie. Nous sommes donc assuré que ce passage est authentique et entièrement inspiré de Dieu qui l’a protégé et gardé pour nous sous sa divine providence.


Table des matières

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(1) Ce paragraphe est traduit littéralement du livre du docteur Angus. On eût pu développer davantage les raisons pour et contre. M. Gaussen indique, d'après l'évêque Middleton, deux considérations grammaticales qui ont beaucoup de poids en faveur de la conservation de l'ancien texte (Théopneustie , chap. IV. Des variantes). Trad.