Ces « preuves » sont basées sur deux types de probabilités, intrinsèques et transcriptionnelles. La probabilité intrinsèque est orientée vers l’auteur : quelle lecture a le plus de sens, correspond le mieux au contexte et se conforme au style et à l’objectif de l’auteur ? La probabilité transcriptionnelle est orientée vers le scribe ou le copiste – quelle lecture peut être attribuée à la négligence ou à l’officiosité de la part du copiste ? Mis à part les erreurs commises par inadvertance, les changements délibérés présumés ont donné lieu à deux canons importants de la critique : la brevior lectio potior, la lecture plus courte est à préférer (sur la propension supposée des scribes à ajouter de la matière au texte), et proclivi lectioni praestat ardua, La lecture la plus difficile est à privilégier (sur la propension supposée des scribes à tenter de simplifier le texte lorsqu’ils sont confrontés à une difficulté supposée).
Sur la base de ces considérations, Hort a déclaré que le texte « syrien » se caractérisait par « la lucidité et l’exhaustivité », « l’apparente simplicité », « l’assimilation harmoniste » et qu’il était « manifestement un texte complet ». 1 Il ajouta :
1 Westcott et Hort, p. 134-135.
En elles-mêmes, les lectures syriennes n’offensent presque jamais au début. À de rares exceptions près, ils fonctionnent de manière fluide et simple dans la forme, et donnent d’emblée, même à un lecteur insouciant, un sens passable, exempt de surprises et apparemment transparent. Mais lorsque les lectures distinctement syriennes sont minutieusement comparées l’une après l’autre avec les variantes rivales, leur prétention à être considérées comme les lectures originales diminue graduellement, et finit par disparaître. 2
2 Ibid., p. 115 et 116.
La caractérisation du texte « syrien » par Hort a été généralement acceptée par les érudits ultérieurs.3
3 Voir, par exemple, Kenyon, Recent Developments, p. 66, Metzger, The Text, p. 131, et Greenlee, p. 91.
Même après avoir démontré, pensait-il, que le texte « syrien » était éclectique et tardif, Hort avait un obstacle majeur à surmonter. Il a dû expliquer comment ce « texte » a vu le jour, et surtout comment il en est venu à dominer le domaine à partir du Ve siècle. Une révision organisée du texte, exécutée et imposée aux églises par l’autorité ecclésiastique, était sa solution au problème.