LITTÉRATURE BIBLIQUE.

PARTIE III, suite.

XVIE SIÈCLE A CONTINUÉ.

CHAPITRE VIII.

XVIE SIÈCLE A CONTINUÉ.

Faculté de théologie de Paris. — Édits inhibiteurs. — Traducteurs français. — Claude d’Espence. — Version rhénane. — Canons des synodes de l’Église réformée. — Version genevoise. — Traduction de Castalio. — Nombre d’éditions des Bibles et des Testaments français. — Nouveau Testament grisonnant. — Progrès des connaissances bibliques en Angleterre. — Versions anglaises. — Paul Fagius. — Martin Bucer. — Destruction des livres à la dissolution des monastères. — Sir John Cheke. — Psaumes de Sternhold et Hopkins. — Versions métriques de Tye. — Concordance de Marbecke. — Jeanne Bocher. — Édouard VI. — Lady Jane Grey. — L’intolérance de la reine Marie. — La version anglaise de Genève. — La promotion de la Réforme par la reine Elisabeth. — La version galloise. — La Bible des évêques. — Les prophéties. — La version irlandaise. — La Réforme en Écosse.

La célébrité des universités de France, le caractère élevé de plusieurs de ses théologiens, et la renommée de ses imprimeurs, nous auraient fait espérer qu’à l’époque dont nous parlons, les recherches bibliques seraient très généralement adoptées, et que les Écritures seraient largement diffusées ; mais malheureusement cette attente fut déçue par le zèle et l’influence croissants de la faculté de théologie de l’université de Paris. qui s’efforçait de réprimer toute tentative de communiquer les Saintes Écritures au peuple en langue vernaculaire ; et par les différents synodes et conciles ecclésiastiques tenus sous la sanction de l’autorité pontificale. Vers l’année 1535, un procès fut intenté par la faculté de théologie de Paris, contre les professeurs royaux de grec et d’hébreu de cette université, pour avoir donné des conférences sur l’Ancien et le Nouveau Testament à leurs auditeurs. La requête présentée à la cour demandait « qu’il ne fût permis à personne de lire publiquement, de donner des conférences et d’interpréter les Saintes Écritures sans avoir d’abord obtenu la permission de ladite faculté ». Le tribunal ayant convoqué une audience des quatre professeurs, et le syndic de l’université, avec le procureur général, Noël Beda, le syndic de la faculté déclara « qu’il avait été amené à déplacer le tribunal, non par le désir d’empêcher la lecture des langues grecque et hébraïque, dont il louait la science et la doctrine ; mais principalement de peur que les professeurs de ces langues, qui ne comprendraient pas la divinité, ne censurent ou ne déprécient la traduction (Vulgate) des Saintes Écritures, que l’Église romaine et occidentale avait continué à utiliser, et ainsi approuvée pendant environ mille cent ans, et que des personnes savantes en sciences humaines, et prétendant corriger ladite traduction, comme l’avaient fait Érasme, Le Fèvre d’Estaples et d’autres, devait infliger de grandes blessures au christianisme lui-même. Car les curieux suivent la diversité de ces traductions selon leurs fantaisies respectives, et ceux qui s’en fieraient n’auraient pas de règle certaine des Saintes Écritures. Item, dans les lieux où ils feraient des conférences sur les Saintes Écritures, ils pourraient faire douter leurs auditeurs de notre traduction dont on se sert dans l’église, parce qu’en traduisant, ils diraient : c’est ainsi en hébreu, ou en grec. « Item, Que la plus grande partie des livres de l’Ecriture Sainte, qui sont en grec ou en hébreu, sont imprimés par des Germains, qui peuvent les avoir altérés. Et qu’en ce qui concerne les Hébreux, beaucoup de Juifs qui sont employés à l’impression de leurs livres hébreux sont luthériens, et c’est pourquoi nous craignons qu’ils n’aient corrompu leurs livres. Par conséquent, il ne suffit pas de dis-le est ainsi dans l’hébreu. Et ceux qui ont fait des traductions, tous diffèrent les uns des autres. Pour ces raisons, il pria le tribunal que, s’il était permis auxdits professeurs de grec et d’hébreu de continuer leurs conférences sur les Saintes Écritures, il leur fût défendu de censurer, d’altérer ou de déprécier la traduction en usage dans l’église ; et il lui est enjoint de se garder de dire ou de diffuser quoi que ce soit de favorable au luthéranisme. Marillaï défendit les professeurs, montra que les soumettre à la faculté serait déroger au prince qui les nommait ; a produit des raisons contre elle d’après les lois civiles et canoniques ; a fait appel au résultat de l’expérience de quatre ans des cours des professeurs ; et démontra l’impossibilité d’apprendre l’hébreu sans lire la Bible, sur laquelle il insistait principalement. Mais ses arguments furent inutiles, car Monathon, au nom du procureur général, se prononça en faveur de la faculté de théologie. Cette décision ayant été contestée, l’affaire fut renvoyée au roi, François Ier ; Et bien que nous ne soyons pas certains de la décision finale, il n’est pas improbable qu’il soutienne ses professeurs dans leurs privilèges.

 Simon, Lettres Choisies, tom. ii, let. 5, pp. 32-38.

Henri II, qui succéda à François Ier, se soumit à l’influence de la faculté de théologie, jusqu’à publier divers édits contre la publication de Bibles et d’écrits ecclésiastiques. Les décrets inhibiteurs contre les éditions de la Bible par Robert Stephens ont déjà été remarqués ; auxquels on peut ajouter les extraits suivants des édits de Chasteau-Briant, passés en 1551.

C. 15, art. 10. « Nous défendons aux imprimeurs d’imprimer, ou de vendre des livres de l’Ancien ou du Nouveau Testament, nouvellement traduits, ou une partie de ceux-ci ; ou aucun des anciens docteurs de l’Église, sans avoir été d’abord vu par la faculté de théologie.

C. 16, art. 12. « Nous défendons à toutes nos cours du parlement, aux maîtres des requêtes et aux autres gardiens des sceaux des chancelleries, aux juges présidiaux, et à autres nos officiers et magistrats, de donner aucune licence pour imprimer des livres, jusqu’à ce que ceux qui en ont besoin aient obtenu des certificats de la faculté de théologie, attestant que les livres ont été vus et approuvés. lesquels certificats seront placés, avec les licences, au début des livres.

C. 17, art. 13. « Les députés conserveront l’exemplaire des livres ainsi approuvés par eux, signé par le libraire requérant, à qui la licence sera accordée par les députés sans aucun frais. »

C. 18, art. 14. « Nous défendons [aux exécuteurs testamentaires] de procéder à la vente des livres qui concernent les Saintes Écritures, jusqu’à ce qu’ils aient été d’abord visités par les députés. »

C. 22, art. 21. « Il ne sera permis à aucun colporteur de vendre des livres, grands ou petits, venant de Genève ; ou tous autres livres de mauvaise réputation, sous peine de leur confiscation, et de toutes les autres marchandises emportées avec eux par les colporteurs, qui seront punis selon leur qualité, et que les juges veilleront à faire.

Le même édit ordonne « que partout où il y a une université, la faculté de théologie visitera, deux fois par an au moins, les boutiques des libraires et les imprimeries ; et là où il n’y a pas d’université, les boutiques des libraires et les imprimeries seront visitées par des députés. — « Qu’à Lyon, la visite sera faite trois fois dans l’année, par deux personnes déléguées à cet effet, l’une par l’archevêque, l’autre par le chapitre et le sénat, et qu’à Lyon, les libraires tiendront des catalogues de tous les livres qu’ils auront en vente. »

Les conciles provinciaux gallicans, tenus vers la fin du seizième siècle, découvrent la même disposition à restreindre la liberté de la presse et à arrêter les progrès de la vérité. Le concile de Bourges se tint en 1584, et promulgua, entre autres, les décrets suivants :

C. 10. « Toutes les Bibles et autres livres de foi et de religion écrits en langue vernaculaire sont rejetés, à l’exception de ceux qui ont été approuvés par l’autorité de l’Église catholique et de l’ordinaire. »

C. 11. « Qu’un index des livres prohibés soit tenu par le scribe et l’actuaire de chaque diocèse, qui pourra le montrer annuellement aux libraires et aux imprimeurs, de peur que, par erreur, ils ne répandent des livres inconvenants ; et de peur que la population catholique, par ignorance, ne retienne des livres prohibés.

Le même concile a sanctionné les traditions et l’édition de la Vulgate de la Bible, et a anathématisé tous ceux qui s’y opposaient.+

+ Ibid., tit. 10, p. 94 ; et tit. 11, p. 104.

En 1585, un concile fut tenu à Aix, en Provence, par Alexandre Canigianus, archevêque de cette ville, qui fut approuvé l’année suivante par un bref du pape. De nombreux règlements étaient semblables à ceux adoptés par le concile de Bourges, et n’ont donc pas besoin d’être cités. Un concile fut également tenu en 1590 à Toulouse par le cardinal Joyeuse, dans lequel les décrets inhibiteurs du concile de Trente furent ordonnés d’être strictement appliqués, sous les peines les plus sévères ; et des exemplaires de l’Index des livres prohibés seront mis entre les mains des confesseurs, afin qu’ils puissent plus facilement satisfaire aux demandes des pénitents.++

++ Ibid., p. 1340. Dictionnaire Portatif des Conciles, pp. 16, 482.

Ces tentatives inquisitoriales d’empêcher la diffusion des Écritures en général s’accompagnaient d’autres mesures destinées à freiner la circulation des versions protestantes en particulier. Dans ce but, une traduction française de la Bible, corrigée d’après la Vulgate, a été publiée par les théologiens de l’université de Louvain, sous le patronage de l’empereur Charles Quint. La première édition de cette traduction corrigée a été imprimée à Louvain par Barthélemy de Grave, en 1550, in-folio. Le rédacteur en chef était Nicolas de I’Euze, surnommé Fraxinis, originaire des Pays-Bas. Il était licencié en théologie et visiteur de livres à l’université de Louvain. Il est l’auteur du Pèlerinage spirituel en Terre Sainte et dans la ville de Jérusalem, imprimé à Paris, 1576, in-8°. Il traduisit aussi du latin en français les Heures de Notre-Dame, par ordre du pape Pie V, et y ajouta divers hymnes pieux, prières, contemplations, etc., imprimés à Douay, 1577, in-8°. Il fut aidé à corriger la traduction par François de Larben, moine célestin.

L’édition de la Bible française choisie comme base de cette version serait celle imprimée à Anvers par Martin L’Empereur en 1530.+

+Le Long, tom. t. I, p. 329.

La Bible française de Louvain a été fréquemment réimprimée. Il fut révisé par les théologiens de l’université de Louvain, et imprimé par Christophe Plantin à Anvers en 1578, in-folio, avec une préface de Jacques de Bay, datée de 1572, dans laquelle il dit que leur dessein était de mettre entre les mains du peuple une traduction qui serait autorisée par les évêques ou les inquisiteurs ; et que, comme aucune traduction antérieure ne répondait exactement à la Vulgate, ils s’étaient donné beaucoup de peine pour la rendre si conforme au latin qu’elle pût être lue avec sûreté. « Nous voyons par là, dit F. Simon, que le but principal de cette version était de débarrasser le peuple des Bibles protestantes françaises, et d’en substituer une autre plus conforme à l’ancien interprète de l’Église. »++

++ Simon’s Crit. Hist, of the Versions of N. T., ch. xxx, pp. 224, 225.

Après toutes les précautions prises par les autorités romaines pour supprimer tout ce qui était hostile à leur régime ecclésiastique, quelques esprits audacieux de leur propre communion se hasardèrent à faire du Nouveau Testament vernaculaire le véhicule de la satire contre les ordres monastiques. Une édition du Nouveau Testament français a été publiée à Lyon par Jean Frellon, en 1553, avec des planches, dans l’une desquelles un diable est représenté portant un capuchon de moine. La pratique de l’invective par des caricatures n’était pas rare à cette époque ; nous voyons Érasme lui-même se plaindre de ce que, dans l’un des livres publiés contre lui, sous prétexte de donner un portrait des prêtres de Baal, ils les avaient dessinés comme autant de prêtres de l’Église de Rome, et avaient ajouté son portrait vêtu de l’habit qu’il portait habituellement.

↑ Jortin, Vie d’Érasme, t. I, p. 321.

En 1566, Renatus Benoist, théologien catholique, membre de la faculté de théologie de Paris, publia une traduction française de toute la Bible, avec des notes marginales, imprimée à Paris, in-folio, par Sebast. Nivelle, Gabr. Buon, et Nic. Chesneau. Il a été réimprimé avec la version de la Vulgate en 1568, en 2 vol. in-4to. « Aucune version, dit Clément, n’a jamais coûté moins de peine à son auteur ; et aucune version n’a jamais fait plus de bruit. Il se contenta de prendre la version de Genève, d’effacer quelques mots et d’en substituer d’autres synonymes. Cependant, la publication de cette édition entraîna le rédacteur en chef dans de violentes disputes avec la faculté de théologie, qui ne se terminèrent que par sa soumission et ses excuses.

 Clément, Bibliothèque Curieuse, t. IV, p. 9-12. Simon’s Crit. Hist, of the Versions of N. T., part ii, ch. xxx, pp. 226-228.

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RENATUS BENEDICTUS, OU RENÉ BENOIST, naquit à Seveniers, près d’Angers, en 1521. Après avoir reçu les premiers rudiments de l’instruction dans son pays natal, il poursuivit ses études à Angers, où il fut reçu docteur en théologie et ordonné prêtre. Par la suite, il devint curé ou recteur de l’église de Saint-Moulle, à Pont-de-Cé, ville de la province d’Anjou. En 1548, il s’installa à Paris, et reprit ses études de théologie et de philosophie à l’université de cette ville, et en 1559 fut admis au grade de docteur en théologie du collège de Navarre. En 1561, il accompagna en Écosse l’infortunée Marie, reine d’Écosse (veuve de François Ier, roi de France), comme confesseur et prédicateur ordinaire. Après un séjour de deux ans seulement, il revint à Paris, et en 1566 il obtint l’église de Saint-Pierre d’Arcis, d’où il fut promu à celle de Saint-Eustathe en 1569. En 1587, le roi Henri III. l’a nommé lecteur et professeur de théologie au collège de Navarre, à Paris. Quand Henri IV. avait résolu d’embrasser la religion catholique romaine, il écrivit au docteur Benoist, l’invitant à venir à lui, et à amener avec lui deux autres d’un esprit doux et modéré pour l’instruire ; ce qui eut pour conséquence que le roi abjura la religion réformée, et assista à la messe, le 24 juillet 1593. Le docteur Benoist fut ensuite nommé confesseur du roi, qui le nomma à l’évêché de Troyçs, en Champagne ; mais comme il n’a jamais pu obtenir l’installation des bulles du pape, ayant offensé la cour de Rome, tant par la publication de sa Bible que par l’assistance à l’absolution du roi sans y être autorisé par le pape, il ne put jouir que du temporel de la dignité, qu’il résigna en 1604, avec la permission du roi, à Renatus de Breslay, archidiacre d’Angers. Il mourut à Paris, le 7 mars 1608, âgé de quatre-vingt-sept ans ; et fut enterré près du grand autel, dans l’église paroissiale de Saint-Eustache. Il est l’auteur de plusieurs autres ouvrages, outre sa Traduction de la Bible, en particulier d’une histoire du couronnement du roi Henri III, intitulée Le Sacre et Couronnement du Roi Henri III. Van 1575, Reims, 1575, 8 vol., et inséré dans le Cérémonie de France de Godefrey, Paris, 1619, in-4°.

Un autre théologien célèbre, qui florissait au seizième siècle, et qui, par ses Commentaires sur les épîtres de saint Paul à Timothée et à Tite, et son opposition résolue aux mesures de violence dans la religion, réclame notre attention, était CLAUDE D’ESPENCE, OU DE SPENCE, qui, avec tout son attachement au papisme, paraît avoir été l’un des docteurs les plus modérés et les plus judicieux de l’époque où il vivait. Il est originaire de Châlons-sur-Marne, où il est né de parents nobles en 1511. Il devient docteur de la Sorbonne et recteur de l’université de Paris. Son aversion pour les histoires légendaires entremêlées à l’histoire des saints de l’Église romaine était publiquement avouée. Prêchant le dimanche 21 juillet 1543, à l’église de Saint-Merri, il appela avec mépris la fameuse Légende Dorée La Légende Ferréepour laquelle il fut ordonné par la faculté de théologie de faire des excuses publiques, par lesquelles la tempête soulevée contre lui fut réduite au silence. Il fut ensuite employé dans plusieurs affaires importantes par le cardinal de Lorraine. Il accompagna son éminence à Rome en 1555 ; mais préférant Paris à Rome, il retourna en France, et assista à l’assemblée des États d’Orléans en 1560, et à la conférence de Poissy en 1561, où il s’attacha aux calvinistes, par lesquels il offensa beaucoup ses frères papistes. Il mourut à Paris, le 5 octobre 1571, dans la soixantième année de son âge. Ses œuvres les plus remarquables sont son Traité sur les mariages clandestins et ses Commentaires, dans lesquels il défend avec succès la lecture des Écritures. Dans son Commentaire sur l’épître de saint Paul à Tite, chap. II, il répond à ceux qui disent qu’ils ne peuvent pas comprendre les Écritures, en les rapportant à l’exemple rapporté dans les Actes des Apôtres de Philippe et de l’eunuque ; puis il ajoute : « Je lis, dis-tu, mais je lis en vain, car je n’ai personne pour me prendre par la main, Philippe n’est pas là. Mais l’Esprit qui l’a influencé est présent. Comment peux-tu comprendre, toi qui ne veux pas même regarder un peu les Écritures ? Prenez le livre dans votre main, lisez toute l’histoire, mémorisez les choses les plus remarquables, et passez souvent sur ce qui est obscur et moins clair ; et si tu n’es pas capable, par une lecture assidue, d’en découvrir le sens, applique-toi à ceux qui sont plus sages ; Allez chez un divin, et consultez ce qui a été écrit ; soyez sérieux ; car Dieu, qui voit combien ton esprit est prêt à recevoir l’instruction, ne la dédaignera pas ; mais si personne ne peut t’enseigner ce que tu cherches, il te le révélera sans doute lui-même. Car il n’est pas possible que quelqu’un puisse s’en aller sans profit s’il se plaît dans la lecture diligente et attentive des Écritures.

Le désir des catholiques romains d’empêcher la circulation des traductions protestantes des Écritures a incité les savants professeurs anglais du collège de Reims à publier une version anglaise du Nouveau Testament, faite à partir de la Vulgate. En effet, faisant la traduction du latin plutôt que du grec, ils donnent cette raison singulière dans la préface : que « le latin était très ancien, il a été corrigé par S. Hiérôme, recommandé par S. Austin, et employé et exposé par les Pères : le saint concile de Trente l’avait déclaré authentique ; c’était la plus grave, la plus sincère, la plus majestueuse, et la moins partiale : elle était exacte et précise selon le grec ; préférée par Bèze lui-même à toutes les autres traductions ; et était plus vrai que le texte grec vulgaire lui-même +

+ Lewis’s Hist, of English Translations, p. 278.

Ant. Possevin, savant écrivain de l’Église catholique, dit que les auteurs de cette traduction furent Guillaume Alan, créé cardinal dans la suite ; Grégory Martin ; et Richard Bristoo, de Bristow.++

++ Ant. Possevini Apparatus Sacer., tom. t. I, p. 225. Côlon. Agrip., 1608, fo*.

2

Le Dr WILLIAM ALAN, OU ALLYN, qui fut par la suite élevé à la pourpre, a déjà été mentionné comme employé avec d’autres à l’édition papale de la Vulgate.

GREGORY MARTIN était un Anglais de naissance, natif de Maxfield, près de Winchelsea, dans le Sussex. Il a été admis parmi les premiers boursiers du St. John’s College d’Oxford en 1557 par Sir Thomas White, le fondateur. En 1564, il obtint une maîtrise ès arts et entra ensuite dans la famille de Thomas, duc de Norfolk, comme précepteur de ses enfants, et particulièrement de Philippe, comte de Surry, étant considéré comme le meilleur érudit hébreu et grec du collège auquel il appartenait. Ayant embrassé le papisme, il se rendit, en 1570, au collège anglais de Douay, où il fut ordonné prêtre en 1573, et licencié en théologie en 1575. Après un séjour à Rome l’année suivante, il retourna à Douay, où il enseigna l’hébreu et donna des conférences sur les Écritures. Il fut l’un de ceux qui entreprirent la traduction des Écritures en anglais rhénan. Dodd, dans son Histoire de l’Église, est d’avis qu’elle doit être entièrement attribuée à Martin. Il mourut à Reims, le 28 octobre 1582. Il est l’auteur de, 1. Un traité sur le schisme, imprimé en 1579, dans lequel il tente de montrer qu’il est illégal pour les catholiques d’assister aux prières ou aux sermons des hérétiques. 2. Un ouvrage contre les traductions anglaises protestantes de la Bible, intitulé, « A Discovery of the multiple corruptions of the holie Scriptures, by the hereticks of our daies, speciallie the English sectaries, &c. Rheims, 1582. » Le Dr William Fulke, maître de Pembroke-Hall, Cambridge, répondit par la suite à cet ouvrage dans sa « Défense de la traduction sincère et vraie des saintes Écritures en anglais tong, contre les querelles multiples, les querelles friuolouses et les calomnies impudentes de Gregorie Martin, &c. Lond., 1583. »

 Chalmers’s Gen. Biog. Diet., vol. xxi, p. 368. Possevini Appareil, tom. t. I, p. 666. Lewis’s Hist, of English Translations, p. 291, 292.

RICHARD BRISTOO, BRISTOW, OU BRISTOL, naquit à Worcester, en 1538. Il entra à l’Exeter College d’Oxford, où il obtint son baccalauréat ès arts en 1559 et sa maîtrise ès arts en 1562, date à laquelle il fut également admis membre de Christ Church. Lui et Edmund Campian (qui devint plus tard un célèbre jésuite) étaient si estimés pour leurs talents qu’ils furent choisis pour divertir la reine Élisabeth avec une dispute publique en 1566. En 1567, il fut nommé fellow du collège d’Exeter, et aurait obtenu une nouvelle promotion, s’il n’avait pas été soupçonné de soutenir secrètement les principes du papisme, qu’il finit par avouer ouvertement, en acceptant l’invitation du cardinal Alan à entrer au collège de Douay, où il fut admis à son doctorat en 1579. Il était préfet des études, donnait des conférences sur les Écritures et, en l’absence du cardinal Alan, agissait comme régent du collège. Sa constitution, naturellement délicate, étant affaiblie par une étude intense, on lui conseilla d’essayer son air natal, à la suite de quoi il retourna en Angleterre, mais mourut peu de temps après, le 18 octobre 1581, à Harrow-on-the-Hill. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages controversés, principalement pour défendre les principes du papisme et contre le Dr William Fulke.♦♦

♦♦ Chalmers’s Gen. Biog. Diet., vol. VII, p. 25.

La première édition de cette traduction du Nouveau Testament a été imprimée à Reims en 1582, in-4°. Il a été réimprimé à Londres, avec la traduction des évêques dans une colonne parallèle ; et une « Réfutation de tous les arguments, gloses et annotations comme une impiété manifeste ou une hérésie, une trahison et une calomnie contre l’Église catholique de Dieu et ses vrais docteurs, ou les traductions utilisées dans l’Église d’Angleterre par le Dr William Fulke, et dédiées à la reine Elizabeth. Des éditions du Nouveau Testament rhéna furent imprimées à Anvers en 1600 et en 1630 ; et à Paris en 1633. George Withere répondit également aux notes marginales en 1588, avec le titre suivant : « Une vue des notes marginales du Testament papiste, traduites en anglais, par les papistes fugitifs anglais, résidant à Reims, en France, par Geo. Withers. » En 1618, cette traduction fut de nouveau imprimée par des amis à la mémoire du savant Thomas Cartwright, alors décédé, avec une réfutation de la traduction.

 Lewis’s Hist, of English Translations, p. 294, 295.

L’Église réformée de France était, entre-temps, assidue dans ses efforts pour promouvoir la diffusion de la vérité sacrée. La Sainte Bible était lue dans les réunions solennelles des réformés et dans leurs congrégations publiques : elle était lue et étudiée par les nobles et les paysans, les marchands et les mécaniciens, les femmes et les enfants, les savants et les illettrés partiels, dans leurs maisons et leurs familles, et en privé dans leurs cabinets. Les Psaumes, traduits par Marot et Bèze, étaient chantés par des courtisans et des roturiers. Aucun gentilhomme professant la religion réformée ne s’asseyait à sa table sans louer Dieu en chantant ; et chanter les louanges de Dieu formait une partie spéciale de leur culte du matin et du soir. La sainte parole de Dieu était dûment et puissamment prêchée dans les églises et les champs, dans les navires et les maisons, dans les caveaux et les caves, et dans tous les lieux où les ministres de l’Évangile pouvaient être admis et obtenir la commodité. Des multitudes ont été convaincues et converties, établies et édifiées ; et les sermons simples et zélés des réformateurs eurent un succès singulier. Les enfants et les personnes d’un âge mûr étaient catéchisés dans les rudiments et les principaux articles de la foi chrétienne, et mis à même de rendre raison de l’espérance qui était en eux. Les progrès des principes de la Réforme enragèrent les partisans du papisme et les excitèrent à de terribles persécutions. Le cardinal de Lorraine essaya de mettre un frein à l’influence des psaumes de Marot par des traductions françaises d’Horace, de Tibulle et de Catulle, qui devaient être chantées à leur place par les courtisans profanes de France, et par tous ceux qui préféreraient la raillerie à la piété. Les réformés étaient traduits devant des juges impitoyables, condamnés aux flammes, ou massacrés de sang-froid, sans même l’ombre d’un procès judiciaire. Mais les vues chrétiennes des réformateurs les rendirent intrépides, de sorte qu’en 1559, ils se hasardèrent à célébrer le premier synode national dans la ville de Paris, et rédigeèrent la confession de foi, qu’ils présentèrent d’abord à François Ier à Amboise, puis à Charles IX. à la conférence de Poissy en 1561, qui fut suivie d’un édit de janvier 1562, accordant l’exercice public de la religion protestante. Le parlement refusa d’abord d’enregistrer l’édit, en se servant des expressions Nec possumus, nec debemus, « Nous ne pouvons ni ne devons le faire ; » mais il céda après deux ordres exprès du roi. Il contenait un article remarquable sur la manière dont les réformés devaient se conduire, et qui déclarait qu’ils ne devaient rien avancer de contraire au concile de Nicée, au symbole des apôtres et aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Mais ce calme fut de courte durée ; car une partie de la suite du duc de Guise ayant insulté des protestants (ou des huguenots, comme on les appelait), qui étaient à leurs dévotions dans une grange de la petite ville de Vassy, en Champagne, une mêlée commença : dans laquelle une soixantaine de pauvres huguenots furent tués, et prouva le commencement d’une malheureuse guerre civile et d’une persécution sanglante, pendant laquelle plus de deux cent mille protestants furent sacrifiés à la fureur de leurs ennemis en moins de vingt ans. Le terrible massacre des protestants, le jour de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, occasionna au chancelier de l’hôpital de dire : « La mort est désirable quand on estIl n’y a pas d’autre moyen d’empêcher que de tels maux ne soient plus possibles En 1598, le célèbre édit de Nantes fut voté, et enregistré par le parlement l’année suivante, permettant aux réformés « d’exercer leur propre culte partout où il avait été établi jusqu’à la fin du mois d’août 1597 ; et d’employer tous les moyens habituels pour maintenir leur culte. Cet édit, qui devait être fondamental et irrévocable, fut enfin, après d’innombrables violations, annulé par l’infâme Révocation de l’édit de Nantes, signée par Louis XIV. à Fontainebleau en 1685.■

Quick’s Synodicon.in Gallia Reformata, ou Actes, etc., des Églises réformées en France, t. I, p. v-xv, lix. Lond., 1692, fol. Abrégé de l’Histoire de France d’Hénault, A. D. 1562, p. 413.

 Synodicon de Quick, Introd., pp. lx-cli. Voir aussi un excellent Mémoire historique de l’état ecclésiastique des protestants français, depuis le temps de François Ier à Louis XVIII, par Martin Rollin, pasteur de l’église réformée de Caen, traduit du français par W. Toase. Lond., 1818, 8 vol.

Le synode des Églises réformées, tenu en 1559, commença un plan de discipline ecclésiastique qui fut complété par les synodes suivants, dans lequel il était prévu l’examen des personnes admises à la charge ministérielle et la prédication régulière et constante des doctrines de l’Écriture. Par chap, i, can. v, il est ordonné : « Que le ministre présenté sera examiné, d’abord par des propositions tirées de la parole de Dieu, en français et en latin ; puis un chapitre du Nouveau Testament grec sera lu par lui ; et il pourra, au moins, se servir de livres pour comprendre l’Écriture dans l’hébreu original. À quoi s’ajoutera un examen des parties les plus utiles de la philosophie. » Can. XII dit : « Que les ministres auront garde qu’il n’y ait dans leurs sermons rien qui porte préjudice à l’autorité de l’Écriture sainte ; et qu’ils ne prêcheront jamais sans avoir pour fondement de leur discours un texte de l’Ecriture Sainte, qu’ils suivront ordinairement ; et qu’ils traiteront et expliqueront autant de texte qu’il leur plaira, s’abstenant de tous les agrandissements inutiles, de toutes les digressions fastidieuses et intempestives, de tous les amoncellements superflus de citations de l’Écriture, et de vains récitals d’exposés divers et différents.

En 1562, le synode d’Orléans décréta : « Que les imprimeurs, les libraires, les peintres, et en général tous les fidèles, en particulier ceux qui occupaient des fonctions dans l’église, devaient être avertis de ne pas exercer leurs arts, leurs fonctions ou leurs vocations dans ou à propos des superstitions de l’Église romaine et les églises ayant des imprimeurs et des libraires leur enjoignaient de ne pas imprimer de livres concernant la religion. ou la discipline de l’Église, avant qu’ils ne les eussent communiqués à leurs consistoires et « il était défendu aux libraires ou aux colporteurs de vendre des livres scandaleux, ou de prendre des gains démesurés ». Le synode de Vertueil, en 1567, décréta « qu’aucun autre écrit que les Saintes Écritures ne serait lu dans les assemblées publiques ». Le synode de Nismes, en 1572, déclara qu’il était « illégal pour les fidèles d’assister à des pièces de théâtre, comédies, tragédies ou farces, qu’elles soient jouées en public ou en privé ; parce qu’ils ont toujours été condamnés par les anciennes églises de Dieu, pour avoir corrompu les bonnes mœurs, surtout quand l’Écriture sainte est profanée par elles ; » et le synode de Figeac, en 1579, a ordonné « que ni les livres canoniques ni les livres apocryphes de la sainte Bible ne soient transformés en comédies ou en tragédies ». Le synode de La Rochelle, en 1581, enjoignit « aux personnes d’apporter leurs livres de psaumes avec elles à l’église et conseilla « à tous les imprimeurs protestants de ne pas séparer, dans leurs impressions, les prières et le catéchisme des livres de psaumes ». Le même synode défendit « aux ministres, ou à tout autre, d’imprimer ou de publier aucun de leurs écrits, ou ouvrages privés, sans avoir obtenu au préalable la permission expresse et l’approbation de leurs colloques respectifs ». Le synode de Montauban, en 1594, conseilla « aux Églises de veiller à ce que leurs diacres, ou lecteurs, ne lisent pas publiquement les apocryphes, mais les livres canoniques de l’Écriture sainte ». Le même synode recommandait aussi aux Églises la traduction genevoise de la Bible, en ces termes : « Réservant à l’Église la liberté d’une traduction plus exacte de la Sainte Bible, nos Églises, imitant l’Église primitive, sont exhortées à recevoir et à utiliser dans leurs assemblées publiques la dernière traduction révisée par les pasteurs et professeurs de l’Église de Genève. Et des actions de grâces seront rendues à M. Rotan, et par lettres à nos frères de Genève, qui, au désir de nos églises, ont si heureusement entrepris et accompli cette grande et bonne œuvre ; et ils sont en outre priés d’amplifier leurs notes, pour une compréhension plus claire et meilleure des endroits sombres qui subsistent dans le texte sacré : et les ministres des provinces respectives sont ordonnés de recueillir ces différents passages, et d’en faire rapport au prochain synode national, qui examinera ceux qui ont le plus besoin d’explications. Au synode suivant, tenu à Saumur, en 1596, M. Adam d’Orival, ministre de l’église de Sancerre, reçut l’ordre « d’écrire de l’assemblée à l’église de Genève, pour lui faire connaître les fraudes commises par ses libraires, qui vendaient dans ces contrées un certain nombre de livres de psaumes et de Nouveaux Testaments de l’ancienne traduction, ne fait que préfixer un nouveau titre, comme s’il s’agissait d’une nouvelle impression et d’une nouvelle traduction. Le même synode donna à M. Hautyn, de la Rochelle, la permission d’imprimer leurs Bibles françaises : « La province de Xaintonge désire, disent-ils, la permission à M. Hautyn, de la Rochelle, d’imprimer nos Bibles françaises, il s’engage à les faire sur un meilleur papier, d’un caractère plus juste, et à meilleur marché que celles de Genève, qui sont aujourd’hui plus belles.moi très rare et cher. Ce synode permet au dit Hautyn d’imprimer la Bible, et lui conseille d’avoir un soin particulier à ce qu’elles soient faites de la manière la plus exacte et la plus correcte. Le Long appelle cet imprimeur Jérôme Haultin, et remarque plusieurs impressions du Nouveau Testament par lui, et deux de la Bible entière par ses héritiers. Le même synode de Saumur défend « à tout ministre d’exposer l’Apocalypse sans l’avis et le consentement du colloque ou du synode provincial ». Cela a été fait à la demande de la province du Bas-Languedoc. Le synode suivant, tenu à Montpellier, en 1598, conseilla « aux villes et églises ayant des imprimeurs de ne souffrir qu’aucun livre ne fût mis sous presse avant d’avoir été d’abord vu et approuvé par l’Église ; diverses provinces s’étant plaintes de la licence des imprimeurs dans l’édition de toutes sortes de livres. Le synode a également ordonné : « Que M. de Bèze, à la demande de plusieurs de nos derniers synodes, ait traduit les Cantiques de l’Écriture, ils soient reçus et chantés en famille, afin de disposer et de rendre le peuple apte à l’usage public jusqu’au prochain synode national. »

 Synodicon de Quick, vol. I, pp. 1-196.

Les Bibles et les Nouveaux Testaments lus par les membres des Églises réformées de France étaient principalement des traductions et des éditions telles qu’elles avaient été faites et imprimées à Genève. Le travail de base de la traduction genevoise a été celui fait par Olivetan, oncle de Calvin, et ensuite révisé par Calvin lui-même en 1545, dont une deuxième révision par Calvin a été achevée en 1551. Dans cette édition fut insérée une nouvelle traduction des Psaumes, exécutée par Lewis Budé, professeur d’hébreu à Genève, fils de Guillaume Budé, ou Budæus, bibliothécaire du roi de France, et célèbre auteur d’un traité De Asse, destiné à écarter les difficultés relatives aux monnaies et aux mesures des anciens. Lewis Budé meurt en 1552. Une traduction des livres apocryphes a été ajoutée par Théodore de Bèze. Une autre édition par les pasteurs de Genève fut publiée en 1560, avec une révision du Nouveau Testament par Calvin et Bèze, ce dernier préfixant une préface, au nom des ministres de Genève. La dernière et la plus exacte révision de cette traduction, par l’autorité des pasteurs de Genève, a été faite par Cornélius Bonaventure Bertram, avec l’aide de Théodore de Bèze, Antoine Faye ou Fayus, Jean Jaquemotus, Simon Goulart et Jean-Baptiste Rotan, qui l’ont comparée avec les textes hébreux et grecs, et l’ont soigneusement corrigée.+

+ Le Long, tom. t. I, p. 341, 345, 348.

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CORNÉLIUS BONAVENTURE BERTRAM, ministre et professeur d’hébreu à Genève, à Frankenthal et à Lausanne, naquit en 1531, à Thouars, dans le Poitou, d’une famille honorable, alliée à la maison de Trimouille. Il poursuivit ses études à Paris, sous la direction d’Adrien Turnebus et de Jean Stratelius, et acquit la connaissance de l’hébreu auprès de l’éminent orientaliste Angelus Caninius. Il se rendit ensuite à l’université de Cahors, où il poursuivit l’étude du droit civil, et échappa au massacre de la Saint-Barthélemy, en s’enfuyant pour Genève. Il mourut à Lausanne, en 1594. Outre qu’il dirigea et assista à la révision de la traduction française genevoise de la Bible, Le Long le suppose être l’auteur d’une Bible triglotte anonyme, publiée à Heidelberg, en 1586, en deux volumes in-folio, contenant les textes hébreux et grecs, avec les versions latines de la Vulgate et de Pagninus, et les notes de Vatablus. Il est également l’auteur de plusieurs autres ouvrages importants : 1. Dissertation sur la réédition des Hébreux, écrite avec précision et méthode, Genève1580, et fréquemment réimprimée. 2. Une nouvelle édition du Thesaurus linguæ sanctæ de Pagninus, avec des additions de Mercer, de Cevalerias, ou de Chevalier, et de lui-même. 3 Comparatio Grammaticæ Hebraicæ et Arabicæou Comparaison de la grammaire hébraïque et arabe, Genève, 1574, in-4°, et Amstel., 1612. 4. Lucubrationes Frankentalenses ; ou, « Un spécimen d’explications sur des passages difficiles de l’Ancien et du Nouveau Testament ainsi appelé parce qu’il a été écrit à Frankendal en Allemagne. Flèches, 1588, 8 vol. Cet ouvrage, avec la Dissertation sur la République des Hébreux, fut inséré par la suite parmi les Critici Sacri.

THÉODORE DE BÈZE, l’un des plus éminents des réformateurs, naquit à Vézelai, petite ville du Nivernois, en France, le 24 juin 1519. Son père, Pierre de Bèze, ou De Bèze, était bailli de la ville. Il passa ses premières années à Paris, sous la garde de son oncle De Bèze, conseiller au parlement, qui l’envoya à l’âge de six ans à Orléans, pour y être instruit sous la direction de Melchior Wolmar, connu pour son habileté dans le grec, et l’un des premiers qui introduisirent en France les principes de la Réforme. qu’il accompagna à Bourges, et avec qui il resta jusqu’en 1535. À l’origine, il se destinait au barreau, mais l’étude du droit ne convenant pas à ses dispositions, il s’adonna avec ardeur à la littérature classique et se consacra principalement à la lecture d’auteurs grecs et romains et à la composition de vers. En 1539, il obtint sa licence à Orléans. Il revint bientôt après à Paris, et fut présenté à deux bénéfices, auxquels se joignait l’espérance de la riche abbaye de Frigidimontanus, que l’abbé, son oncle, avait dessein de résigner en sa faveur. L’abondance des revenus de Bèze et la perspective d’une fortune croissante produisirent sur son esprit une influence funeste, et il se laissa aller à la dissipation et à la licence, non sans de fréquentes résolutions d’amendement, occasionnées par les remontrances de ses amis et le souvenir des instructions de Melchior Wolmar. À cette époque, il épousa secrètement une jeune femme, mais garda son mariage secret, de peur de perdre ses faveurs. Jusque-là, il n’avait pas avoué son attachement à la cause de la Réforme, mais, alarmé d’un accès de maladie dont il désespérait la vie, il résolut, une fois guéri, de consacrer sa vie au service de la religion et à la préparation d’un état futur. Aussi, dès que la santé fut rétablie, il renonça à ses bénéfices et se retira à Genève, où il célébra publiquement son mariage et abjura les principes du papisme, en 1548.

L’année suivante, il fut nommé professeur de grec à Lausanne, où il demeura dix ans, et publia non seulement plusieurs ouvrages qui augmentèrent sa réputation, mais lut aussi des conférences sur le Nouveau Testament aux réfugiés français dans cette ville. Parmi les ouvrages qu’il publia pendant cette période, il faut énumérer sa traduction poétique française de ceux des psaumes qui n’avaient pas été traduits par Clément Marot ; et sa traduction latine du Nouveau Testament, avec des notes, imprimée pour la première fois par Robert Stephens, en 1556, in-folio, puis révisée et publiée avec le texte grec. En 1559, il quitta Lausanne pour s’établir à Genève, où il fut reçu citoyen à la demande de Calvin, dont il devint l’associé dans l’Église, et par l’intérêt duquel il fut placé dans la charge de recteur de l’académie. Vers le même temps, il fut délégué par le sénat de Genève pour conférer avec le roi de Navarre au sujet de la Réforme, et réussit si complètement dans sa mission, que la religion réformée fut prêchée publiquement à Nérac, résidence du roi et de la reine de Navarre, une église fut construite, et, dans le courant de l’année suivante, La reine ordonna la destruction des monastères. En 1561, il assista à la conférence de Poissy, puis prêcha fréquemment devant le roi de Navarre et le prince de Condé, à Paris. Il ne revint à Genève qu’après la paix de 1563, lorsqu’il reprit sa place dans l’académie ou collège que Calvin avait fondé. Par la suite, il participa activement à plusieurs synodes sur les affaires ecclésiastiques, comme défenseur zélé et actif. En 1588 mourut sa femme, Claudia Denosa, avec qui il avait vécu dans la félicité conjugale pendant une quarantaine d’années, et qui avait un excellent caractère, aussi diligent, frugal et affectueux. Quelques mois plus tard, il assista à un synode à Berne, avec Antoine la Faye et Jean Rotan, comme députés genevois. Enfin, sur le conseil de ses amis, il entra une seconde fois dans l’état marital, et prit pour femme Catharine Plania, veuve de Francis Taruff, de Gênes, qui lui prodigua tous les soins dans ses infirmités croissantes. Ses forces déclinantes l’obligèrent, en 1600, à cesser ses conférences publiques. Il mourut en paix, le 13 octobre 1605, dans la quatre-vingt-septième année de son âge.

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En 1581, Bèze présenta à l’université de Cambridge un manuscrit grec et latin ancien, contenant les quatre Évangiles et les Actes des Apôtres, écrit sur vélin, in-4°, en onciales ou majuscules, sans accents et sans espaces entre les mots. Soixante-six feuillets en sont très déchirés et mutilés, et dix d’entre eux ont été fournis par un transcripteur postérieur ; on suppose qu’il a été écrit au cinquième siècle. Un splendide fac-similé en a été publié par le révérend Dr Kipling, à Cambridge, sous le patronage et aux frais de l’université, en deux volumes d’atlas in-folio, en 1793. Ce manuscrit est généralement appelé Codex Bezæ, et parfois Codex Cantabrigiensis. Il a été trouvé à Lyon, dans le monastère de Saint-Irénée, en l’an 1562, au début de la guerre civile en France.

En même temps, il présenta au lord trésorier, chancelier de cette université, un Pentateuque polyglotte, pour être déposé dans la nouvelle bibliothèque établie sous sa sanction. Elle fut apportée par le neveu du chancelier, Antoine Bacon, qui avait rendu visite à Bèze à Genève. Bèze, dans sa lettre au chancelier, l’appelle un hexaglotte, et dit qu’il contient « l’arabe, le persan, le grec barbare et l’ancien espagnol, destinés à l’usage des synagogues juives ; outre l’hébreu et le chaldéen ; » imprimé soit à Constantin en Afrique, soit à Constantinople. Dans une autre lettre adressée au chancelier, l’année suivante, il lui conseille d’en faire imprimer ; ou « au moins les versions persane, arabe et grecque vulgaire, avec l’hébreu ; ce qui, disait-il, pourrait être fait à peu de frais par Plantin, à Anvers ; et qu’une telle édition serait très profitable à tout le monde chrétien, et se procurerait un nom immortel.+ Ce Pentateuque polyglotte était probablement composé des deux Pentateuques imprimés à Constantinople, en 1546 et 1547, au fol.

ANTOINE FAYUS, OU LA FAYE, autre des savants pasteurs employés à la révision de la Bible genevoise, naquit à Château-Dun, en France. Il devint professeur de théologie et ministre à Genève, et accompagna Théodore de Bèze et Jean-Baptiste Rotan comme député au synode de Berne. Il meurt en 1616. Il est l’auteur de divers ouvrages, notamment, 1. Commentaires sur les Psaumes, l’Ecclésiaste, l’Épître aux Romains et la première Épître à Timothée ; 2 Disputatio de Vernaculis Bibliorum Interpretationibus&c. ; ou Défense des traductions vernaculaires de la Bible Genev., 1572, 4to. 3. Une vie de Théod. Bèze, en latin ; à la mémoire de qui il fit ériger avec d’autres un monument dont il écrivit l’inscription.||

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JEAN JAQUEMOT, l’un des ministres de Genève, était natif de Bar, en France. Il publia une traduction lyrique des Lamentations de Jérémie, Genève, 1591, in-8°.

 Le Long, t. II, p. 792.

SIMON GOULART, ministre de Genève, naquit à Senlis, près de Paris, en 1543. Il étudia à Genève et y mourut en 1628. C’était un homme d’un caractère irréprochable, tant dans la vie privée que dans la vie publique, et infatigable comme auteur. Parmi ses œuvres, on peut citer, 1. Traductions de Sénèque ; et de Cyprien De Lapsis. 2 Morum Philosophia Historica. 3 Histoires admirables de nostre temps. 4. Le Notes sur les Œuvres de Plutarque, traduites par Amyot : et plusieurs traités de dévotion.+

JEAN-BAPTISTE ROTAN est né à Genève. Il était député de Genève avec Théod. Bèze, et Ant. Fayus, au synode de Berne, assemblé en 1588, pour décider d’une controverse entre Samuel Huber et les autres ministres de Berne ; et une autre créée à Lausanne par Claudius Alberius, concernant la justification. Il devint ensuite ministre de la Rochelle, et au synode de Montauban, en 1594, il fut délégué par les églises de Xaintonges ou de Saintonge, d’Aulnis et d’Angoulmois, et fut élu assesseur du synode. Il fut par la suite ministre de Castres, et y mourut.++

++ Synodicon de Quick, t. I, p. 174. Décomposition de Melchior Adami. Duse, p. 229.

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Outre les traductions de la Bible déjà remarquées et publiées à Genève, celles de Sébastien Castalio retiennent notre attention. Ce théologien érudit, mais excentrique, fut pendant quelques années régent au collège de Genève, ayant obtenu cette situation grâce à l’intérêt de Calvin, qui lui était particulièrement attaché depuis quelque temps. Pendant son séjour à Genève, il projeta et commença une traduction latine de la Bible, à partir du grec hébreu, qu’il acheva ensuite à Basile ou Bâle, où elle fut imprimée en 1551, in-fol., avec des notes de Jean Oporinus. La traduction occupa Castalio près de neuf ans, commençant en 1542 et se terminant en 1550. Elle est dédiée à Édouard VI. roi d’Angleterre. Les opinions formées de cette traduction par les critiques les plus éminents sont étonnamment différentes et contradictoires ; car, tandis que son élégance, sa perspicacité et sa fidélité sont vantées dans les termes les plus élogieux par les uns, elle est regardée par les autres comme affectée, impie, imprudente et efféminée. Ses principales erreurs semblent provenir d’une tentative imprudente d’un style cicéronien, et du rejet et de la traduction indélicate du Cantique des Cantiques. Aux livres canoniques, il ajouta les Apocryphes ; et pour relier l’Ancien Testament au Nouveau, inséré deux Suppléments, abrégés de Josèphe ; l’un après le quatrième livre d’Esdras, et l’autre à la fin des Maccabées. La meilleure édition serait celle de 1573.

Castalio est aussi l’auteur d’une traduction française de la Bible, imprimée à Basile en 1555, fol. Cette version, qui était dédiée à Henri II. roi de France, est, dit-on, une traduction littérale de son latin, et a par conséquent les mêmes défauts, la même affectation et le même usage d’expressions peu communes. Il est accompagné de courtes notes critiques, qui « sont placées à la fin, et sont destinées à expliquer les obscurités du texte.+

+ Le Long, tom. i, p. 346. Simon, Hist. Crit. du V. T.—liv. 2, ch. xxv, p. 390.

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SÉBASTIEN CASTALIO, ou, selon les Français, CHASTILLON, naquit en 1515, en Dauphiné, selon certains auteurs, mais selon d’autres en Savoie. De sa jeunesse, nous n’avons que peu d’informations. Pendant le séjour de Calvin à Strasbourg, il se lia d’amitié pour Castalio qui l’engagea ensuite à l’inviter à Genève, où il obtint pour lui une place de régent au collège. Après que Castalio eut continué à exercer cette charge pendant près de trois ans, il en fut destitué, en 1544, par suite, selon quelques-uns, des opinions particulières qu’il avait sur le Cantique des Cantiques de Salomon et sur la descente du Christ aux enfers ; mais, selon Mosheim, principalement parce qu’il n’approuvait pas la doctrine de la prédestination absolue et inconditionnelle. Les magistrats de Basile reçurent l’ingénieux exil, et lui donnèrent la chaire de grec dans leur université. La virulence de ses adversaires le poursuivit jusqu’à sa retraite, par des accusations calomnieuses et déraisonnables. L’une d’elles, répandue par ses anciens associés, était celle d’avoir cédé à des pratiques malhonnêtes ; et l’accusait notamment d’avoir volé du bois. De cette attaque, il se défendit par la simple relation d’un fait qui doit intéresser tout cœur sensible. Quand les fleuves débordent, ils emportent souvent des morceaux de bois que chacun peut légitimement se procurer et garder pour son usage personnel : dans une de ces occasions, Castalio, qui était extrêmement pauvre, et qui avait une femme et huit enfants, prit une partie du bois qui flottait ainsi sur le Rhin, et qui était le seul motif de la calomnie peu généreuse de ses ennemis !

L’apprentissage de Castalio a été très apprécié. Ses grandes acquisitions en tant qu’érudit de l’hébreu, du grec et du latin ont été reconnues même par ses adversaires. En 1546, il publia une traduction des vers sibyllins en vers héroïques latins ; et en 1548 il imprima un poème grec sur la vie de Jean-Baptiste, et une paraphrase sur la prophétie de Jonas, en vers latins. Il traduisit aussi quelques passages d’Homère, et quelques livres de Xénophon, et de saint Cyrille ; et traduisit en latin plusieurs traités du célèbre Ochinus. Dans ses Notes sur les livres de Moïse, il a avancé quelques notions singulières, comme par exemple, que les corps des malfaiteurs ne doivent pas être laissés sur les gibets ; et qu’ils ne doivent pas être punis de mort, mais de l’esclavage ; offrant comme raison de ses opinions, que les lois politiques de Moïse lient toutes les nations. Ses Notes sur l’épître aux Romains ont été condamnées par l’église de Basile, parce qu’elles s’opposaient à la doctrine de la prédestination et de la grâce efficace. Il mourut de la peste à Basile, dans une grande pauvreté, le 29 décembre 1563.

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L’attention extraordinaire portée à la diffusion des Écritures en langue vernaculaire, par les protestants de Genève, peut être vue par l’état suivant des éditions des Saintes Écritures, publiées en langue française, de 1550 à 1600 inclusivement, tiré de la Bibliotheca Sacra de Le Long : Tom. i, savoir : quatre-vingt-dix-huit éditions de toute la Bible en français ; dont soixante-dix-neuf étaient des éditions de la traduction genevoise, ou imprimées à Genève ; les dix-neuf autres ont été imprimées en différents endroits, et comprenaient les versions de Benoist, de Le Fèvre, des médecins de Louvain, etc. Cinquante-neuf éditions du Nouveau Testament, dont trente-cinq étaient soit des impressions de la traduction genevoise, soit imprimées à Genève ; et il n’en reste que vingt-quatre pour les différentes versions imprimées en d’autres endroits. Vingt éditions des Psaumes, dont certaines avec des versions latines ; dont huit ont été imprimés à Genève, ou étaient de la version genevoise ; et douze imprimés en différents endroits, et par divers auteurs. Douze éditions de livres particuliers d’Écritures canoniques ou apocryphes ; dont trois ont été imprimés à Genève, et neuf en d’autres lieux ; s’élevant en tout à cent quatre-vingt-neuf éditions de tout ou partie des Saintes Écritures.

Ainsi, sur cent cinquante-sept éditions de la Bible entière ou du Nouveau Testament, imprimées en langue française en cinquante ans, cent quatre éditions ont été imprimées à Genève, ou la version genevoise, ne laissant que quarante-trois éditions pour toutes les autres impressions protestantes et catholiques ; et sur trente-deux éditions des Psaumes, et d’autres parties choisies des Écritures et des Apocryphes, onze ont été imprimées à Genève, ou étaient de la traduction genevoise.

Les principes de la Réforme ayant été adoptés de bonne heure par les cantons helvétiques et les pays voisins, les montagnards des montagnes alpines comprises dans la république des Grisons ou de la Rhétasie, furent favorisés par le Nouveau Testament dans leur langue maternelle, en 1560, sous forme d’in-octavo, par Jacobus Biffrun, citoyen protestant de la vallée de l’Engadine. avec des préfaces du traducteur, et de Philippe Gallicius ; et l’épître d’Érasme, en dialecte romanais ou grison.

Le Long, tom. i, p. 369, et Index Auctor., p. 546.

Une précieuse traduction anglaise du Nouveau Testament fut également publiée à Genève en 1557, par les savants ministres qui s’enfuirent d’Angleterre sous le règne de la bigote et impitoyable Marie ; mais avant d’entrer dans l’examen particulier de leur version, il convient de s’occuper des progrès de la connaissance biblique en Angleterre, avant leur exil de leur pays natal.

En janvier 1547, Édouard VI. succéda au trône d’Angleterre à la mort de son père, Henri VIII. La piété, l’érudition et les talents du jeune prince offraient toutes les promesses de l’établissement complet de la Réforme en Angleterre, mais bien que les espoirs des réformateurs fussent grandement déçus par sa mort prématurée, cependant, pendant le peu de temps où il agita le sceptre, divers actes et événements importants et intéressants se produisirent. Peu après son avènement, il abrogea les statuts qui interdisaient la traduction et la lecture des Écritures. Des injonctions furent également émises et envoyées dans toutes les parties du royaume, enjoignant « que dans les trois mois, une Bible du plus grand volume, en anglais ; et dans les douze mois, la Paraphrase des Évangiles d’Érasme devrait être fournie et installée dans un endroit commode de chaque église où les paroissiens pourraient se rendre le plus commodément, dont les livres devraient être supportés, une moitié par le pasteur ou l’appropriateur, et l’autre moitié par les paroissiens. Il semble aussi, d’après les injonctions, qu’il y avait des lecteurs qui étaient « autorisés et autorisés à lire n’importe quelle partie de la Bible ainsi établie dans les églises, soit en latin, soit en anglais, qui ne devaient pas être découragés par le clergé, et que le peuple devait être exhorté à écouter tranquillement, sans raisonnement ni dispute ». Il était également ordonné par ces injonctions, que « tout pasteur, vicaire, vicaire, prêtre chantre et stipendiaire, étant au-dessous du degré de bachelier en théologie, aurait de son propre chef le Nouveau Testament, tant en latin qu’en anglais, avec la paraphrase d’Érasme dessus ; et que les évêques, etc., dans leurs synodes ou visites, les examineraient comment ils avaient profité de l’étude des Saintes Écritures. Il fut en outre ordonné que « l’épître et l’évangile de la messe seraient lus en anglais ; et que tous les dimanches et jours fériés, un chapitre du Nouveau Testament soit lu clairement et distinctement à matines, et un chapitre de l’Ancien Testament à la soirée de chant. Mais plus tard, en l’an 1549, lorsque le Livre de la prière commune fut terminé, ce qui ressemble presque à notre coutume actuelle, fut ordonné qu'« après avoir lu les Psaumes dans l’ordre, à la prière du matin et du soir, deux leçons, la première de l’Ancien Testament et la seconde du Nouveau, soient lues distinctement à haute voix ». Dans la préface du même Livre de la Prière Commune, il est observé que « les curés n’auront pas besoin d’autres livres pour leur service public que ce livre et la Bible, par ce moyen le peuple n’aura pas à payer des livres aussi chers que dans le passé et par l’acte d’uniformité, 2, 3, Édouard VI, il fut décrété « que les livres concernant lesdits services seraient obtenus aux frais et à la charge des paroissiens », tandis qu’auparavant, le curé, ou l’impropriateur, devait être à la moitié de la dépense.

Il semble également que des textes de l’Écriture aient été écrits sur les murs des églises, en anglais, en particulier les phrases qui étaient les plus opposées aux principes de l’Église romaine. Gregory Martin, l’un des traducteurs du Testament rhémandique, nous dit qu’en haut de chaque porte des églises, ce texte était placé : « Enfants, gardez-vous des images », 1 Jean v.

 Lewis’s Hist, of Eng. Translations of the Bible, ch. iii, pp. 155-158, 174, 175. Newcome’s Historical View of Eng. Biblical Translations, sec. 5, pp. 60-62.

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La traduction de la Bible, qui fut admise dans les églises sous le règne d’Édouard VI, est censée avoir fixé notre langue. « Je n’ai jamais vu remarquer, dit Warton, que cette traduction ait contribué à enrichir de bonne heure notre langue maternelle anglaise, en important et en familiarisant beaucoup de mots latins : [...] plus particulièrement les substantifs dérivés latins, tels que divination, perdition, adoption, manifestation, consolation, contribution, administration, consommation, réconciliation, opération, communication, rétribution, préparation, immortalité, principauté, etc., et en d’autres termes, frustrer, inexcusable, transfigurer, concupiscence, etc. Ceux-ci ont été suggérés par la Vulgate latine, qui a été utilisée comme support par les traducteurs, et à laquelle ils avaient été habitués dans les services de l’église. Cependant, certains de ces mots, qui sont maintenant entrelacés dans notre langage courant, n’auraient pas pu être bien compris par de nombreux lecteurs lorsque la Bible est apparue pour la première fois en anglais. L’évêque Gardiner n’avait donc que très peu de raisons de se plaindre de la trop grande clarté de la traduction, lorsque, dans le but insidieux de maintenir le peuple dans l’ignorance, il proposa qu’au lieu d’employer toujours des termes anglais, on conservât beaucoup de mots latins, parce qu’aucune langue commune n’offrait d’expressions correspondantes d’une énergie et d’une dignité suffisantes.

 Hist. de Warton, de la poésie anglaise, vol. II, sec. 29, p. 205.

Les opinions discordantes du clergé sur la Réforme, et les disputes virulentes accassées par les harangues déclamatoires de la partie catholique des ministres paroissiaux, firent publier en 1547 une proclamation interdisant la prédication comme un expédient temporaire pour promouvoir la paix, et pour prévenir les tentatives des catholiques d’aliéner l’esprit du peuple des doctrines et des rites de culte de la Réforme. Mais les défenseurs du papisme ont déplacé leurs polémiques de la chaire à la scène, où leurs farces sont devenues populaires et ont eu du succès. L’archevêque Cranmer et le protecteur Somerset furent les principaux objets de ces invectives dramatiques. Les ballades populaires ont également été transformées en véhicules de controverse, et Warton en mentionne une, écrite vers l’année 1550, qui était une satire vivante de la Bible anglaise, de la liturgie vernaculaire et du livre des homélies. Enfin, la même autorité qui avait réprimé les prédicateurs fut obligée de contrôler les joueurs, et une proclamation fut promulguée dans la troisième année du règne du roi dans les termes suivants : « Car autant qu’un grand nombre de ceux qui sont des joueurs ordinaires d’enterludes et de playes, jouent pour la plupart de tels enterludes, comme contiennent des matières tendant à la sédition, et méprisant divers bons ordres et lois ; sur quoi grandissent et sont susceptibles de croître chaque jour et d’ensuivre beaucoup d’inquiétude, de division, de tumultes et d’upres dans ce royaume : la majesté du roi, par l’avis et le consentement de son très cher oncle Édouard, duc de Somerset, et du reste du conseil privé de Son Altesse, charge et commande directement tous les sujets de Sa Majesté, de quelque état qu’il soit, qu’à partir du neuvième jour de ce présent mois d’août, jusqu’à la prochaine fête de la Toussaint, ni eux, ni aucun d’entre eux, ne jouent ouvertement ou secrètement en langue anglaise, aucune sorte d’enterlude, de jeu, de dialogue, ou autre matière présentée sous forme de jeu, dans n’importe quel lieu, public ou privé, dans ce royaume, sous peine que quiconque jouera en anglais, une telle pièce, Enterlude, Dialogue ou autre matière, subira l’emprisonnement ou toute autre punition, selon le bon plaisir de Sa Majesté. Mais dès que la courte date de cette proclamation fut expirée, quelques-uns des défenseurs mal avisés de la Réforme attaquèrent les papistes de la même manière, et les imprudents des deux partis soumirent ainsi fréquemment les solennités de la religion au ridicule et au mépris par une représentation théâtrale, dans laquelle non seulement les parties historiques, mais doctrinales et morales de l’Écriture, ont tenté d’être délimités, défendus, expliqués ou burlesqués, par des intermèdes et des pièces de théâtre scéniques et personnifiés.

 Warton’s Hist, of English Poetry, vol. II, pp. 198-200.

En 1549, le deuxième volume de la Paraphrase du Nouveau Testament d’Érasme, traduit en anglais, fut imprimé par Edward Whitchurch, avec le droit exclusif de l’imprimer, Cum privilegio ad imprimendum solum. Il contenait la Paraphase d’Érasme sur les épîtres de saint Paul et des autres apôtres, à laquelle s’ajoutait une traduction de l’allemand de la Paraphrase de l’Apocalypse de Léon Judé. Le premier volume de la Paraphrase d’Érasme en anglais avait déjà été imprimé par le même imprimeur avec un privilège similaire, l’année précédente, 1548. La traduction a été entreprise à l’origine sur ordre et aux frais de la reine douairière, Katherine Parr. À cette fin, elle employa Nicholas Udall, maître de l’école d’Eton, puis chanoine de Windsor et directeur de l’école de Westminster. Il commença par la Paraphrase sur l’Évangile de saint Luc, qu’il termina en 1545 et dédia à la reine. Dans cette dédicace, Udall observe qu'« à ses frais et à ses frais exorbitants, elle engagea des ouvriers pour travailler à la vigne de l’Évangile du Christ, et fit traduire diligemment en anglais toute la paraphrase d’Érasme sur tout le Nouveau Testament par plusieurs hommes qu’elle employa à ce travail. » Les quatre Évangiles et les Actes ayant tous été achevés par ceux que la reine avait nommés pour les traduire, ils furent confiés par son ordre aux soins d’Udall pour qu’ils les publient. Le premier volume, qui semble être l’ensemble de ce qui a été publié sous son inspection, est accompagné d’une dédicace du volume au roi Édouard VI et d’une préface au lecteur chrétien. À la paraphrase sur saint Marc, la préface du traducteur, Thomas Key, est préfixée, portant l’inscription de la reine Catherine. À la paraphrase sur saint Jean, une préface est préfixée, dédicacée aussi à la reine douairière, par Nich. Udall, dans lequel il parle de la manière la plus honorable des études et des acquisitions de lady Mary, plus tard reine, et d’autres dames de cette époque. « Ce n’est plus une nouvelle en Angleterre, dit-il, de voir de jeunes damysels dans les maisons nobles et dans les cours des princes instede de cardes et d’autres instruments de vains bagatelles, d’avoir continuellement entre leurs mains, soit des psaumes, des omelies et d’autres méditacions pieuses, soit les épîtres de Paule, soit quelque livre de l’écriture sainte matiers, et aussi familièrement à lire ou à raisonner en grec, en latin, en français ou en italien, comme en anglais. Il attribue aussi cette traduction de la Paraphrase de l’Évangile de saint Jean à Lady Mary : « Il n’y a jamais assez de louange et de magnifier sa grâce, pour avoir fait une grande étude, peine et travail en traduisant cette Paraphrase d’Érasme, sur le Ghospel de Jhon. Qu’y a-t-il de plus amusant à déclarer de son dessein le plus résolu de promouvoir la parole de Dieu et la grâce libre de son Ghospell, que de poursuivre si efficacement le travail de traduction qu’elle avait commencé, qu’elle avait, à force d’études et de travaux d’écriture, jeté son corps faible dans une grave et longue maladie, cependant, dans l’intention que le diligent peuple d’Angleterre ne soit pas escroqué du bénéfice qu’on leur accordait, elle confia le même travail à la Frauncisee Malet, doctour en la faculté de théologie, avec tout le célérité et l’expédition à terminer et à compléter. On sait à quel point elle a agi différemment lorsqu’elle a accédé à la couronne ! À la traduction de la Paraphrase sur les Actes, Nicholas Udall a également fait précéder une préface dédicacée à la reine Katherine ; mais sans dire qui étaient les traducteurs, soit des Actes, soit de l’Évangile de saint Matthieu.

La totalité ou une partie de la traduction du second volume de la Paraphrase d’Érasme, imprimée en 1549, a été obtenue par l’imprimeur Whitchurch. Elle était dédiée au roi Édouard VI. par Myles Coverdale, qui a préfixé à l’épître aux Romains le prologue qui lui a été fait par William Tyndall. Sept autres épîtres, à savoir aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Thessaloniciens, à Timothée et à Philémon, ont été traduites par John Olde, qui semble avoir été correcteur de l’imprimerie à Whitchurch, et a ensuite été présenté au presbytère de Cobington, dans le Warwickshire, par Anne, duchesse de Somerset, à la demande du Dr Hugh Latimer. À ces épîtres, le traducteur a ajouté une « Préface au lecteur chrétien ». Il traduisit ensuite la paraphrase des sept épîtres catholiques, ou épîtres générales, qu’il dédia à la duchesse de Somerset ; et Bale lui attribue la traduction des paraphrases des épîtres à Tite et aux Hébreux ; mais en ce qui concerne le premier, la traduction a été corrigée, sinon faite, par Leonard Cox, un savant maître d’école, et l’ami d’Érasme, dont la préface y est préfixée, et dédicacée au « très vénérable maître John Hales ». La paraphrase de l’Apocalypse, par Leo Judæ, a été traduite par Edmund Allen, plus tard aumônier de la reine Elizabeth.

* Lewis, p. 158-170.

Cette franche et fidèle exposition du digne prélat ne servit qu’à irriter la reine, dont l’orgueil ne pouvait souffrir ni résistance ni reproche. Elle séquestra donc l’archevêque et ordonna péremptoirement que les « prophéties » fussent partout interrompues. Quelques faibles tentatives furent ensuite faites pour les faire revivre dans le diocèse de Chester, par l’évêque Chadderton, mais sans effet : et dans le diocèse de Londres, l’évêque Aylmer essaya de promouvoir la connaissance religieuse parmi le clergé, en enjoignant dans sa visite, en 1586 : 1. Que chaque pasteur ait une Bible, en latin et en anglais. 2. Qu’il devrait avoir les décades de Bullinger. 3. Qu’il ait un livre de papier, et qu’il y écrive la quantité d’un sermon chaque semaine. 4. Que ceux qui ne pourraient pas prêcher eux-mêmes, seraient taxés à raison de quatre sermons achetés par an. Mais, après tout, il y avait à cette époque près de huit mille paroisses sans ministres prêcheurs, cette malheureuse insuffisance étant occasionnée, en partie, par les idées erronées de la reine Elisabeth, qui supposait que la connaissance et l’instruction des laïques ne feraient que mettre en danger leur paisible soumission à sa volonté et à son bon plaisir absolus ; et en partie par l’exclusion des théologiens puritains des différentes églises ; auxquels s’ajoutent les restrictions imposées à la presse et la destruction des écoles et des bibliothèques monastiques.

 Neal’s Hist, of the Puritains, vol. i, ch. vi, pp. 309-315 ; ch. tii, pp. 404,417, 418.

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Vers cette époque, plusieurs versions métriques étaient composées de livres séparés des Écritures, en particulier des Psaumes, du Cantique des Cantiques et de l’Ecclésiaste, bien qu’ils ne fussent pas d’une excellence ou d’une importance suffisantes pour mériter une attention particulière. L’une de ces traductions versifiées, de l’Ecclésiaste, par Henry Lok, présente, dans le titre de celle-ci, une opinion singulière sur le dessein originel de Salomon en composant ce livre : « L’Ecclésiaste, autrement appelé le Prédicateur. Contenant les sermons ou commentaires de Salomon (comme on peut probablement le recueillir) sur le psaume quarante-neuf de David, son père. Abrégé de manière concise, et aussi paraphrastiquement dilaté dans la poésie anglaise, selon l’analogie de l’Écriture, et le consentement des écrivains les plus estimés. Composé par Henri Lok, gentilhomme. Auquel sont annexés les articles divers Sonnets des Passions chrétiennes publiés ci-dessus, et aujourd’hui corrigés, avec d’autres Sonnets affectueux d’une conscience sensible, des mêmes auteurs. Londres, imprimé par Richard Field, 1597, in-4°. La versification du Notre Père par Lok, incluse parmi ses « Sonnets », a été considérée comme l’une des versions les plus proches qui aient été faites : nous la copions donc pour la satisfaction du lecteur.

« Notre Père, qui es dans les cieux, !

Seigneur! Que ton nom soit sanctifié :

Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite,

dans le ciel et sur la terre.

Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ;

nos offenses pardonnent,

Comme nous le faisons pour l’offense d’autrui, nous pardonnons librement.

Ne nous conduis pas à la tentation

mais 'foie nous de malade :

Car tout royaume, gloire, puissance

est maintenant, et le sera toujours.

Longman et Cc.'s Bibliotheca Anglo-Poetiea. Lond., 1815. Sir E. Brydges' Restitute, n° xxii, pp. 44-54.

Un exemplaire de cette œuvre rare a été évalué à £28 par Longman and Co. dans leur catalogue of English Poetry, intitulé Bibliotheca Anglo-Poetica 1815.

Aucun écrivain biblique anglais, cependant, n’attira autant l’attention vers la fin du XVIe siècle et le commencement du XVIIe siècle que le célèbre HUGH BROUGHTON, dont l’habileté peu commune dans la langue hébraïque fit naître un Juif érudit pour lui dire : « Oh si tu mettais tout ton Nouveau Testament dans l’hébreu que tu me parles, tu rendrais toute notre nation. » Il caressa ce dessein, et traduisit l’Apocalypse dans cette langue, mais ne rencontrant pas les encouragements appropriés, il n’acheva jamais l’œuvre. Il est né à Oldbury, dans le Shropshire, en 1549. Il fut redevable de son éducation à l’excellent Bernard Gilpin, qui l’envoya à Cambridge, où il fut choisi fellow du Christ’s College et élu l’un des taxateurs de l’université. Il fut ensuite prébendier de Durham et lecteur de théologie. De l’université, il s’installa à Londres et se distingua par l’intensité de ses études et ses talents de prédicateur. En 1588, il publia un ouvrage intitulé Le consentement de l’Écriture. C’était le fruit d’un immense labeur, et c’est une sorte de système de chronologie et de généalogie de l’Écriture, conçu pour montrer à partir des Écritures l’ordre chronologique des événements depuis Adam jusqu’au Christ. Il a été dédié à la reine Elisabeth, à qui il a été présenté, par lui-même, le jour de son inauguration, le 17 novembre 1589. M. Dibdin mentionne une copie sur vélin, qui était autrefois en la possession de M. Tutel, et qui pourrait avoir été l’exemplaire de présentation. L’impression de cet ouvrage a été supervisée par M. John Speed, l’auteur de Généalogies de l’Écriture, etc., préfixé aux anciennes Bibles, pour lequel il a été aidé par M. Broughton. Le « Consentement de l’Écriture » ne parut pas plus tôt qu’il rencontra une violente opposition et obligea l’auteur à s’enfuir en Allemagne, pour éviter le haut-commissariat. Avant son départ pour l’Allemagne, il résidait surtout dans la maison de M. William Cotton ; dont le fils, plus tard sir Rowland Cotton, fut instruit dans la langue hébraïque ; et qui en acquit si tôt une connaissance exacte, qu’à l’âge de sept ou huit ans, il pouvait traduire presque n’importe quel chapitre de la Bible en anglais, et converser avec la plus grande facilité en hébreu. La méthode d’instruction suivie par M. Broughton était singulière. Il avait constamment son jeune élève avec lui, et exigeait invariablement qu’il parle en hébreu. Il rédigea également un vocabulaire que le jeune Cotton utilisait constamment. Dans ce vocabulaire, il fixait un lieu, ou une chose, puis nommait tous les détails qui lui appartenaient ; comme le ciel, les anges, le soleil, la lune, les étoiles, les nuages, etc. ; ou, une maison, une porte, une fenêtre, un salon, etc. ; un champ, de l’herbe, des fleurs, des arbres, etc. M. William Cooper, plus tard évêque de Galloway, fut un autre de ses élèves. Pendant qu’il était à l’étranger, il eut une dispute publique avec R. Elias, à Francfort, sur la vérité de la religion chrétienne ; et qu’une certaine impression avait été faite sur l’esprit du rabbin, cela semblait être dû à son désir d’être instruit davantage. Le récit de cette conférence fut porté à Constantinople, où il excita une attention considérable parmi les Juifs. M. Broughton mentionne trois Juifs qui avaient embrassé l’Évangile, d’après la lecture de ses écrits ; mais il faut reconnaître que ses disputes n’étaient pas toujours conduites avec prudence et politesse. En 1591, il retourna en Angleterre et rencontra à Londres le docteur Rainolds, ou Reynolds, qui avait fait des recherches sur le fait qu’il n’y avait pas d’autre choix que d’utiliser le docteur Rainolds.Il s’opposa publiquement à son « Consentement de l’Écriture ». La controverse fut renvoyée à l’archevêque Whitgift et à Mgr Aylmer ; et, bien qu’il ne fût pas définitivement réglé, l’archevêque, par ailleurs hostile, fit un grand éloge de l’œuvre chronologique de Broughton. L’année suivante, notre auteur retourna en Allemagne. Parmi les divers articles qu’il publia, « Explication de l’article de la descente du Christ dans l’enfer » mérite d’être signalé, parce que c’est le premier traité dans lequel l’un de nos compatriotes ait donné l’opinion, aujourd’hui généralement reçue, du mot hadès, qu’il ne signifie pas enfer. ou le lieu des damnés, mais seulement l’état des morts, ou le monde invisible. Pendant son séjour sur le continent, il cultiva la connaissance d’un grand nombre des savants les plus éminents ; et il était si estimé même par les catholiques romains, dont il s’opposait aux doctrines, qu’on lui offrit un chapeau de cardinal s’il acceptait leurs opinions. Sa renommée pour toutes sortes d’études hébraïques était telle, qu’il fut invité à Constantinople, dans le but d’instruire les Juifs dans la religion chrétienne ; et le roi Jacques d’Écosse l’invita à devenir professeur d’hébreu dans l’une des universités écossaises. Après son second retour en Angleterre, il s’efforça d’obtenir une nouvelle traduction de la Bible ; et, en vue de l’accomplissement de ce but, il adressa une lettre, en 1595, à sir William Cecil, lord grand trésorier, dans laquelle il proposait que six étudiants les plus versés dans les langues originales fussent employés à la révision de la traduction, et que la dépense fût défrayée par les contributions de particuliers libéraux ; et que de courtes notes, des cartes géographiques et des tableaux de chronologie accompagneraient la nouvelle traduction. Mais le projet échoua, dit Lewis, parce qu’il avait exprimé un si grand mépris pour la « Bible des évêques », comme on l’appelait, que l’archevêque de Cantorbéry craignait de lui faire confiance ; et semblait jaloux de tout ce qu’il écrivait. Cependant, il n’abandonna pas complètement son projet, mais publia de nouvelles traductions de Daniel, de l’Ecclésiaste, de Jérémie et des Lamentations, et de Job. Le livre de Daniel fut imprimé à Londres, en 1596, in-4°, et de nouveau en 1607, in-4°. Le livre de l’Ecclésiaste fut imprimé à Londres, en 1605, après qu’il fut retourné sur le continent une troisième fois, et fut dédié au « prince Henri, notre espérance ». La prophétie de Jérémie, avec les Lamentations, fut imprimée à Genève, en 1606, in-4°, et aussi dédiée « Au très noble Henri, prince de la Grande-Bretagne. » Une traduction de Jude a ensuite été publiée avec ses œuvres.

 M. Roger Cotton, frère de cette personne, était l’un des vrais scolastiques de M. Broughton. Il a lu toute la Bible douze fois en un an

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En 1597, notre savant auteur imprima, à Middleburgh, « une épître à la savant noblesse d’Angleterre, touchant la traduction de la Bible de l’original, avec l’ancienne garantie pour chaque mot, à la pleine satisfaction de tous ceux qui sont de cœur, dans laquelle il établit certaines excellentes règles pour la conduite d’un traducteur. Lewis, dans son Histoire des traductions de la Bible, a donné des spécimens de la traduction ; et les règles de traduction. Le désir de M. Broughton d’obtenir une traduction nouvelle et correcte des Écritures, bien qu’il s’y opposât fermement, ne fut pas détruit par les répulsions qu’il rencontra, car lorsque, sous le règne suivant, une nouvelle traduction fut effectivement commencée, il offrit ses services au roi, et se hasarda même à donner des conseils à ce sujet. Il proposa d’employer soixante-douze personnes à la traduction ; et qu’une personne compétente et qualifiée soit nommée pour examiner l’ensemble et donner des conférences publiques sur les endroits difficiles du collège de Gresham ; et que des personnes de différentes professions devraient être engagées pour aider en termes d’art, etc. ; par exemple, les brodeuses devraient aider pour les termes relatifs à l’éphod d’Aaron, les géomètres, les charpentiers, les maçons, le temple de Salomon et d’Ézéchiel, et les jardiniers pour toutes les branches et les branches de l’arbre d’Ézéchiel, afin qu’ils correspondent à la variété des termes hébreux. Mais comme Bancroft, évêque de Londres, qui lui était hostile, avait le soin et la direction de l’affaire, on ne s’occupa pas de lui autrement que d’envoyer une copie de sa présente lettre, ou de la précédente, à la noblesse, aux traducteurs, l’évêque ayant conseillé au roi de ne pas le nommer pour l’un des traducteurs. Pendant son séjour à Middleburgh, il fut pendant quelque temps prédicateur de la congrégation anglaise de cette ville ; mais, voyant sa santé décliner, il retourna dans son pays natal, et débarqua à Gravesend, en novembre 1611. Il passa l’hiver suivant à Londres, et au printemps se retira dans une situation convenable dans les environs, où il rendit son dernier soupir, le 4 août 1612, à l’âge de soixante-trois ans. Ses œuvres ont été rassemblées et imprimées à Londres en 1662, avec sa vie préfixée par le Dr Lightfoot, dans un grand volume in-folio. Plusieurs de ses manuscrits sont encore conservés au British Museum, reliés en un vol. in-quarto ; en plus de son manuscrit « Harmonie de la Bible ».

Pendant le long règne de la reine Elisabeth, les études bibliques furent trop généralement négligées, et tel était le relâchement des mœurs, surtout en ce qui concernait le sabbat, qu’une stricte attention à la solennité de ce jour était considérée comme le stigmate d’un puritain. Dans le manuscrit de Hearne. Collectanea, il y a une licence de la reine, datée de 1571, adressée aux officiers de Middlesex, permettant à un certain John Swinton Powlter, « d’avoir et d’utiliser des jeux et des jeux à ou sur neuf sundaies », dans ledit comté. Et parce qu’il y a « un grand nombre de gens qui s’y rendent », il est tenu, pour le maintien de la paix et pour le bon ordre, d’emmener avec lui quatre ou cinq hommes avisés et substantiels des lieux « où les jeux seront mis en pratique », pour surveiller « pendant la durée des jeux ou des jeux ». Quelques-unes des expositions sont ensuite spécifiées, telles que « le tir à la flèche brode, le lepping pour les hommes, le pytch-yng de la barre », etc. après quoi suit cette clause très générale : « Avec tous les autres jeux, qui ont été utilisés ou joués à tout moment jusqu’à présent, ou qui sont maintenant lycensés, utilisés ou joués. » + La reine refusa aussi d’adopter un projet de loi « pour la meilleure et plus révérende observance du sabbat », bien que recommandé par le président de la Chambre des Communes, dans un discours élégant ; et le révérend M. Smith, M. A., fut cité devant le vice-chancelier pour avoir soutenu, dans un sermon prêché devant l’université d’Oxford : l’illégalité des jeux et des passe-temps le jour du sabbat.++

++ Neal’s Hist, of the Puritains, vol. i, ch. vii, p. 405.

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Ces grands défauts dans la politique et le gouvernement de la reine Élisabeth doivent être sérieusement regrettés par tout personnage pieux, tandis qu’il ne peut s’empêcher de la considérer comme une princesse dont la défense de la Réforme protestante dans le pays et à l’étranger, et la délivrance réussie de ce royaume des difficultés dans lesquelles elle l’a trouvé, lui donnent droit à la vénération et à l’estime de la postérité. et la placer parmi les souverains les plus sages et les plus politiques. Avant son avènement à la couronne, et surtout alors qu’elle vivait dans la crainte constante d’être sacrifiée à la jalousie de sa sœur bigote, Marie, elle passait son temps dans des engagements studieux et pieux. Parmi les manuscrits de la bibliothèque de la Bodléienne, il y a les Épîtres de saint Paul, etc., imprimées dans une vieille lettre noire, en in-12, qui était autrefois le livre de la reine Elisabeth, lorsqu’elle était princesse, avec une couverture faite en travaux d’aiguille, par elle-même, probablement pendant qu’elle était prisonnière à Woodstock. Son écriture apparaît au début, à savoir : « August. Je me promène plusieurs fois dans les champs agréables des Saintes Écritures, où je cueille les bonnes herbes des phrases en les taillant : je les mange en les lisant : je les chais en les méditant : et je les laie longuement dans le siège de la mémoire en les rassemblant : afin qu’ayant goûté leur douceur je puisse moins percevoir l’amertume de cette vie misérable. Dans la seizième année de son règne, nous trouvons qu’elle était en possession d’un livre d’évangile couvert de tissus, et garni sur le côté du crucifix, et des insignes de culpabilité de la reine d’argent, poiz avec wodde, feuilles, et tout, cxij. once. (Archæologiat. xiii, p. 221.) Son Manuel de prières, composition de la reine Catherine Parr et de lady Tirwit, relié en or massif, et qu’elle portait ordinairement, suspendu par une chaîne d’or à son côté, existe encore ; et a été évalué par un possesseur tardif à 150 £.||

|| Bibliomania de Dibdin, p. 158, 330-333. Introduction de Horne à l’étude de Bibliographie, t. I, p. 303.

Cette grande et politique reine, mais hautaine et despotique, sombra dans les dernières années de sa vie, dans un état de grande dépression, et, après avoir langui quelque temps, mourut à Richmond, le 24 mars 1602, dans la soixante-dixième année de son âge et la quatorzième de son règne.

La dépendance de L’IRLANDE vis-à-vis du gouvernement de l’Angleterre pour ses règlements civils et ecclésiastiques, nous amène ensuite à examiner l’état des connaissances et de la littérature bibliques dans ce pays, depuis l’époque où Henri VIII abandonna la suprématie du pape jusqu’à la mort d’Élisabeth. L’un des premiers pas vers la promotion de la Réforme en Irlande fut la nomination du Dr George Browne à l’archevêché de Dublin. Cet éminent prélat avait été provincial des frères d’Austin en Angleterre ; mais, après avoir lu quelques-uns des écrits de Luther, il embrassa ses doctrines et les inculqua au peuple, et insista particulièrement sur le devoir de prier « uniquement le Christ, et non la Vierge Marie, ou les saints ». Le roi, informé de cela, le reçut en sa faveur, et l’éleva à l’archevêché, où il fut consacré, le 19 mars 1534-5, par l’archevêque Cranmer, assisté des évêques de Rochester et de Salisbury. Quelques mois après son arrivée en Irlande, lord Cromwell lui signifia le plaisir de Sa Majesté que ses sujets irlandais renonçaient à la suprématie du pape, à l’exemple des Anglais ; et le nomma l’un des commissaires chargés de l’exécution du mandat royal. C’est ce qu’il s’efforça fidèlement d’accomplir ; et dans le parlement qui s’est réuni à Dublin, le 1er mai 1536, a joué un rôle très important dans l’obtention de l’acte qui a été passé, que le roi Henri VIII. devrait être reconnu comme « chef suprême de l’Église d’Irlande sur la terre ». Dans le même parlement, qui se tint sous la direction de Léonard lord Grey, en qualité de lord-lieutenant d’Irlande, l’autorité du pape dans cette île fut abrogée ; plusieurs abbayes et un prieuré furent supprimés et accordés au roi ; et tous ceux qui se reconnaissaient sujets du roi reçurent l’ordre de parler anglais et d’être vêtus à la mode anglaise. + Une autre loi fut votée l’année suivante, 1537, par laquelle il fut établi que des écoles paroissiales anglaises seraient établies dans le pays, qui devaient être obligatoires, tant pour le peuple que pour le clergé, dans le but d’introduire la connaissance et la pratique de la langue anglaise, alors inconnue des Irlandais de souche. Il était enjoint à toute personne « d’utiliser et de parler couramment la langue et la langue anglaises » pour amener et procurer à ses enfants et à ses enfants » de le faire ; et il fut en outre décrété que « les promotions spirituelles ne devraient être accordées qu’aux personnes qui pouvaient parler anglais, à moins que, après quatre proclamations, faites dans la ville voisine, elles ne puissent être empêchées d’empêcher également le retour à la langue irlandaise, à la suite de mariages mixtes, par ceux qui avaient acquis l’anglais, il est mentionné comme nécessaire à tous ceux qui se reconnaîtront vrais et fidèles sujets. qu’ils continuent d’utiliser la langue anglaise, « sans cesse, ni retour à aucun moment ». Mais rien dans ces actes ne semble s’opposer à l’impression de livres en irlandais vernaculaire, ou à la prédication dans cette langue.++

+ Annales d’Irlande de Ware, ut sup.

++Mémorial d’Anderson au nom des Irlandais indigènes, pp. 14, 15. Londres, 1815, in-8°.

En avril 1538, l’archevêque Browne adressa une lettre à Lord Cromwell, dans laquelle ce premier prélat protestant d’Irlande expose ainsi le cas des Irlandais : « Le peuple de cette nation est zélé, mais aveugle et ignorant ; la plupart des membres du clergé étant ignorants et incapables de prononcer des paroles justes dans la messe ou dans la liturgie, comme n’étant pas habiles dans la grammaire latine, de sorte qu’on peut apprendre à un oiseau à parler avec autant de bon sens, que plusieurs d’entre eux le font dans ce pays. Peu de temps après que l’archevêque eut écrit cette lettre, le pape envoya une bulle d’excommunication de ceux qui avaient reconnu, ou devaient reconnaître, la suprématie du roi. Une forme de confession a également été transmise de Rome, dans laquelle se produit une déclaration, qui place l’influence exclusive et contre nature du papisme sous un point de vue fort : « Je le déclare en outre ; le père ou la mère ; frère, ou soeur ; fils, ou fille ; mari, ou femme ; oncle, ou tante ; neveu, ou nièce ; parent, ou parente ; maître, ou maîtresse ; et tous les autres, parents les plus proches ou les plus chers, amis ou connaissances quelconques, maudits, qui ont ou détiendront pour le temps à venir une autorité ecclésiastique ou civile au-dessus de l’autorité de l’Église mère ; ou qui obéissent ou obéiront, pour le temps à venir, à l’un quelconque d’entre eux, aux adversaires ou aux ennemis de l’Église Mère ; ou contraire à la même chose.||

|| Annales d’Irlande de Ware Vie et mort de George Browne, pp. 150-155.

L’archevêque Browne, cependant, continua ses efforts pour la diffusion de la vérité, et, dans les cinq années qui suivirent son avancement au siège épiscopal de Dublin, il fit enlever toutes les reliques et images superstitieuses des deux cathédrales de Dublin et du reste des églises de son diocèse ; et au lieu d’eux, il a fait les Dix Commandements, le Notre Père et le Credo, écrits en lettres d’or, seront placés dans des cadres autour de l’autel. En 1541, un parlement se tint à Dublin, sous la direction de sir Anthony St. Leger, gouverneur, lorsque Henri VIII fut déclaré roi d’Irlande, et que l’Irlande fut érigée en royaume ; les souverains avant cette époque ne s’intitulaient que seigneurs d’Irlande, sans le titre de roi.

§ Annales de Ware, p. 148.

À cette occasion, il y eut de grandes réjouissances, et « des fêtes, des comédies et des jeux » suivirent l’adoption de la loi. Dans le même parlement, « la pleine et libre disposition de toutes les abbayes d’Irlande, dans le statut exprès, a été confirmée au roi ».

Annales de Ware, ch. xxxiii, p. 104, 105.

Après l’avènement d’Édouard VI. au trône, et la publication de la liturgie en anglais, des mesures ont été adoptées pour son utilisation en Irlande. En conséquence, le roi envoya un ordre à Sir Anthony St. Leger, le gouverneur, daté de Greenwich, le 6 février 1550-1, pour aviser tout le clergé qu’ils devaient utiliser la liturgie et la Bible anglaises dans toutes leurs églises. En communiquant cet ordre au clergé, par Sir Anthony, le 1er mars suivant, George Dowdall, primat d’Armagh, s’y opposa avec véhémence ; mais l’archevêque Browne exprima sa satisfaction de le recevoir. Le jour de Pâques, la liturgie fut lue, pour la première fois en Irlande, à Christ-Church, à Dublin, en présence du maire et des baillis de cette ville, du lord-député saint Léger, de l’archevêque Browne et d’autres personnages officiels. L’archevêque, à cette occasion, prêcha un sermon contre l’observation des Écritures en latin et le culte des images, qui est imprimé à la fin de sa vie par Sir J. Ware. Peu de temps après, Dowdall fut privé de son titre de « primat de toute l’Irlande », qui fut conféré à l’archevêque Browne et à ses successeurs sur le siège de Dublin pour toujours, par lettres patentes datées du 20 octobre 1551 ; mais l’archevêque ne jouit pas longtemps de sa nouvelle dignité, car en 1554 il en fut privé et de son archevêché par la reine Marie, sous prétexte qu’il était marié ; et l’archevêque Dowdall fut rétabli dans le titre de primat, ainsi que dans l’évêché d’Armagh, qui avait été donné à Hugh Goodacre. L’archevêque Browne mourut vers l’an 1556 ; « Paré », dit l’archevêque Usher, « de toutes les qualités bonnes et précieuses. »+

+Annales d’Irlande de Ware, p. 154. Chalmers’s Gen. Biog. Diet., vol. VII, pp. 123-124.

Lorsque Marie monta sur le trône d’Angleterre, de nombreuses familles protestantes partirent pour d’autres pays, afin d’éviter la tempête qui s’annonçait ; parmi celles-ci, plusieurs s’enfuirent en Irlande. Sir James Ware a conservé les noms de certaines personnes qui, avec leurs familles, quittèrent le Cheshire, leur comté natal, et se rendirent à Dublin, avec « leurs biens et leurs biens », et s’établirent dans cette ville en 1554. Il s’agit de John Harvey, Abel Ellis, John Edmonds et Henry Haugh. « Ces familles ayant un certain Thomas Jones, un Gallois, un prêtre protestant, en privé parmi elles, qui leur lisait l’office et l’Écriture le dimanche et les autres jours en secret ; tout cela n’a été découvert qu’à la mort de la reine Marie. Alors lord Fitz-Walters, comte de Sussex, le prit, ledit Thomas Jones, pour l’un de ses aumôniers, afin de le lire à ses domestiques.

Annales d’Irlande de Ware, p. 135.

Pendant le règne de Marie, la liturgie et les Bibles anglaises ont été bannies des églises, mais ont été restaurées à l’avènement d’Élisabeth. En 1559, le docteur Heath, archevêque d’York, envoya, aux frais de la reine, aux doyens et aux chapitres des cathédrales de Christ-Church et de Saint-Patrick, à Dublin, deux grandes Bibles, pour être placées au milieu des chœurs pour être lues par le public ; qui, « lors de leur première mise à la vue du public, ont provoqué un grand recours de personnes là-bas, exprès pour y lire, car les petites Bibles n’étaient pas communes alors comme aujourd’hui ; et il appert par le récit de John Dale, libraire, qu’il vendit sept mille Bibles en deux ans, pour les libraires de Londres, lorsqu’elles furent imprimées pour la première fois, et apportées en Irlande, en ... Mais si ce changement plaisait beaucoup aux protestants et aux Anglais, il ne satisfaisait pas les papistes et les Irlandais de souche ; et ceux-ci, en particulier, exprimèrent leur mécontentement de ce que le culte public ne leur était pas plus intelligible qu’il ne l’était auparavant. Pourtant, telle était la détermination absurde d’introduire la langue anglaise en Irlande en tant que Plutôt que d’utiliser la langue irlandaise à l’église, quand on ne pouvait pas trouver d’Anglais, ou quand les ecclésiastiques irlandais ne savaient pas lire l’anglais, ce qu’une bonne partie d’entre eux ne pouvait pas, alors les prières devaient être lues en latin par l’ecclésiastique irlandais ! L’établissement général de la religion protestante en Irlande eut lieu en 1560 à la suite d’un ordre à cet effet de la reine Élisabeth au comte de Sussex, le lord-lieutenant.+

+ Mémorial d’Anderson, p. 16. Annales de WareRègne d’Élisabeth, p. 4.

Dans le parlement qui siégea au commencement de l’année 1570, il fut ordonné que « le gouverneur en chef de l’île aurait la nomination de tous les doyens, archidiacres, chantres, chanceliers et trésoriers de toutes les cathédrales, dans le Munster et le Connaught, pour dix ans à venir ; ceux de Waterford, de Cork, de Limerick et de Cashel, exceptés ; et qu’aucun homme ne soit présenté, à moins qu’il ne soit majeur, et dans les ordres ; et savait lire et parler l’anglais ; et résiderait. Dans le même parlement, on passa une loi pour diviser le royaume en comtés ; et dans la session suivante du parlement, qui eut lieu en mai de la même année, il fut décrété « que des écoles seraient érigées dans le chef-lieu de chaque diocèse, dont le maître d’école serait anglais. » Mais comme il était désirable que ceux des habitants de l’Irlande qui ne comprenaient pas l’anglais fussent néanmoins favorisés par des occasions d’information religieuse, une presse à imprimer, avec une source de caractères irlandais, fut fournie par la reine, à ses propres frais, « dans l’espoir que Dieu, dans sa miséricorde, en susciterait quelques-uns pour traduire le Nouveau Testament dans leur langue maternelle et les enverrait à M. Nicholas Walsh ». chancelier, et M. John Kemey, trésorier de St. Patrick’s, Dublin. Il fut alors ordonné que les prières de l’Église seraient imprimées en langue et en caractères irlandais ; et qu’une église serait mise à part dans le chef-lieu de chaque diocèse, dans laquelle ils seraient lus, et un sermon serait prêché au peuple dans leur langue vernaculaire ; « Ce qui contribua, dit Sir J. Ware, à convertir beaucoup d’ignorants à cette époque. »

M. Kerney commença ses travaux en composant un catéchisme en irlandais, qui fut le premier livre imprimé en Irlande sous ce caractère, et qui fut imprimé vers l’an 1577. Par la suite, lui et le chancelier Walsh, assisté de Nehemiah Donellan, traduisirent la totalité ou une partie considérable du Nouveau Testament en irlandais, probablement à partir de l’anglais, puisque Sir J. Ware distingue cela d’une traduction ultérieure, qui a été « faite en grecpar W. Daniel, archevêque de Tuam », et dit que leur traduction existait dans le manuscrit.+

+ Commentaire des prélats d’Irlande de Ware, p. 35. Dublin, 1704, fol. Anderson’s Memorial, p. 17.

John Kerney, ou Kearneytrésorier de l’église Saint-Patrick de Dublin, fit ses études à Cambridge, tout comme son ami et contemporain Nicholas Walsh. Il mourut vers l’an 1600 ; et fut enterré dans la cathédrale dont il était trésorier.++

++ Ware’s Two Books of the Writers of Ireland, t. I, p. 25, 26.

Nicholas Walsh, chancelier de Saint-Patrick à Dublin, fils de Patrick Walsh, quelque temps évêque de Waterford et de Lismore, fut sacré évêque d’Ossory, au commencement de février 1577. Il a été empêché d’achever la traduction du Nouveau Testament en étant assassiné de manière inhumaine. L’assassin était un certain James Dullard, un méchant homme, que l’évêque avait cité pour adultère. Il le poignarda dans sa propre maison, avec un écheveau, ou épée courte ; mais il fut peu après traduit en justice. L’évêque fut tué le 14 décembre 1585 ; et son corps transporté à Kilkenny, et enterré dans la cathédrale.§

§ Commentaire de Ware sur les prélats d’Irlande, p. 35.

2

Nehemiah Donellan est né dans le comté de Galway, en Irlande, et a fait ses études à Cambridge, en Angleterre. À son retour chez lui, il fut nommé coadjuteur, pendant un certain temps, de W. Laly, archevêque de Tuam, et ensuite, sur la recommandation de Thomas, comte d’Ormond, il fut nommé son successeur par la reine Élisabeth, en 1595. Il démissionna en 1609 et mourut peu après à Tuam, où il fut enterré dans l’église cathédrale.

Le dernier acte important du règne de la reine Élisabeth, pour la promotion de la Réforme et de la littérature sacrée en Irlande, fut l’érection de l’université de Dublin. La charte de fondation est datée du 30 mars 1592. Sir William Cecil, baron Burleigh, lord grand trésorier d’Angleterre, en fut le premier chancelier ; Adam Loftus, archevêque de Dublin, premier prévôt ; Lucas Chailoner, William Daniel, James Fullerton et James Hamilton, les premiers boursiers ; et Abel Walsh, James Usher et James Lee, les premiers boursiers de l’université.+

+ Annales de Ware, ch. xxxv, pp. 45, 46.

Dans le royaume frère de l’Ecosse, les progrès de la Réforme furent pendant de nombreuses années lents et incertains ; mais le caractère décidé et persévérant des défenseurs de la Bible finit par triompher de toute opposition et rendit ce royaume éminent par sa connaissance biblique. La loi passée en 1542-3, en faveur de la lecture de la Bible, avant l’abjuration du comte d’Arran, a déjà été mentionnée++mais comme ce fut le premier acte public du gouvernement en faveur de la circulation des Écritures, le lecteur ne sera pas fâché d’en avoir l’exemplaire suivant.

++ Voir p. 122 de ce volume.

2

« EN CE qui concerne l’écriture de Robert Lord Maxwell, en présens de mon seigneur gouverneur et seigneur d’Articklis, pour être visités par leur gim gin si le samin soit résonnable ou non, du quhilk le ténor suivis : Il est statutaire et ordonné, qu’il soit lefull à toutes nos dames souveraines de haif le salut bref, c’est-à-dire le NOUVEAU TESTAMENT et l’Auld, dans le vulgaire toung, en INGLIS ou SCOTTIS, d’ane gude et de trew traduction, et que les thaïlandais encourent na crimes pour le hefing et le reding du samin, pourvu qu’alwayis que nae man dispute ou HALD oppinzeonis sous le painis contenit dans l’actis du parlement. Les seigneurs d’articklis beand avisited avec ledit écrit, trouve le samin résonable, et par conséquent pense que le samin peut être usit amangis tous les leiges de ce royaume, en oure vulgaire toung, d’ane gude, trew, et juste translatioun, parce qu’il n’y avoit pas de loi shewin, ni produit dans le contrair ; Et que nane de nos dames souveraines encourent ony crimes pour haifing ou reding du samin, en forme comme dit, ni voile ne sera accusit par conséquent dans le temps à venir ; et que na personis dispute, argon, ou hald oppinionis du samin, sous le dit painis contenit dans ledit actis du parlement.

Cette loi a été proposée par lord Maxwell, le le 15e jour de mars 1542-3, et passé dans le premier parlement tenu après la mort de Jacques V par Jacques, comte d’Arran, précepteur de la reine et gouverneur de son royaume.

L’état instable du royaume après l’apostasie du comte d’Arran, et l’opposition des évêques et du clergé papistes à la diffusion générale des Écritures, en particulier dans la langue vulgaire, retardèrent considérablement la diffusion de la connaissance sacrée qui aurait autrement été occasionnée par l’acte susmentionné. Mais les amis de la Réforme, bien qu’opposés par des difficultés, n’ont jamais renoncé à leur but ; une assemblée des nobles et des barons attachés à cette cause se tint donc à Édimbourg, en décembre 1557, au cours de laquelle deux résolutions furent adoptées pour régler leur conduite dans leur situation critique. En premier lieu, il fut convenu « qu’ils se contenteraient, pour le moment, d’exiger que les prières et les leçons de l’Ancien et du Nouveau Testament fussent lues en anglais, dans chaque paroisse, les dimanches et jours de fête, par les curés des paroisses respectives, ou, s’ils ne le pouvaient ou ne le voulaient pas, par les personnes les plus qualifiées dans les limites et en second lieu : « que les prédicateurs réformés n’enseigneraient que dans des maisons privées, jusqu’à ce que le gouvernement permette la prédication en public. »+ Ces résolutions furent donc mises en pratique dans plusieurs paroisses où résidaient les barons protestants, et où le peuple était disposé à suivre leur exemple. Le lien formel d’accord dans lequel ces éminents personnages entrèrent alors, pour défendre et promouvoir les principes qu’ils avaient embrassés, obtint le nom de « Première Alliance » : les réformés eux-mêmes furent distingués sous le nom de « Congrégation du Christ » et la noblesse qui avait conclu l’alliance fut appelée les « Seigneurs de la Congrégation ». Conformément aux résolutions formulées par les défenseurs de l’Alliance une pétition fut présentée à la reine douairière, au nom des protestants, par Sir James Sandilands, qui contenait les articles suivants : « 1. Il sera permis aux réformés de lire les Écritures en langue vulgaire ; et d’employer aussi leur langue maternelle dans la prière, en public et en privé. 2. « Il sera permis à toute personne qualifiée par la connaissance, d’interpréter et d’expliquer les passages difficiles des Écritures. » Mais la pétition fut dédaignée et le royaume jeté dans des troubles civils, qui, cependant, à la mort de la reine régente, en 1560, se terminèrent heureusement par la reconnaissance de la Réforme par le gouvernement, bien que des obstacles continuassent à être présentés à la diffusion générale de la vérité de l’Écriture, par la reine Marie, dont l’esprit et la beauté, L’imprudence, les malheurs et la mort créeront toujours un intérêt dans l’esprit sensible et susciteront des expressions de sympathie et de regret.

+ Vie de John Knox par M’Crie, vol. I, pp. 230, 231.

 Keith’s History of the Affairs of Church and State of Scotland, vol. I, p. 80. Encyc. Perth., t. XX, p. 172.

2

Pendant l’état instable de l’Église écossaise, un synode provincial du clergé se tint à Édimbourg, en janvier 1551-1552, dans lequel une ordonnance fut prise pour la publication d’un catéchisme dans la langue maternelle ; dont il sera enjoint aux curés d’en lire une partie, tous les dimanches et jours fériés, au peuple. John Hamilton, archevêque de St. Andrews, entreprit les travaux ; et semble avoir incité quelques-uns des membres les plus habiles de son clergé à le compiler. Il a certainement transplanté John Scott, l’imprimeur, de Londres à St. Andrews, dans le but exprès de multiplier un nombre suffisant d’exemplaires, au moyen de l’art typographique, pour l’usage commun du clergé écossais. C’est un bel in-quarto de plus de quatre cents pages. « C’est, dit l’évêque Keith, un commentaire judicieux sur les commandements, la croyance, le Notre Père, le Magnificat et l’Ave Maria : et l’auteur montre à la fois sa sagesse et sa modération, en évitant d’entrer dans les points controversés. » Feu lord Hailes n’était cependant pas d’accord avec l’évêque Keith dans le caractère de ce catéchisme ; et il contesta même qu’il fût imprimé « sur l’ordre et les dépenses » de l’archevêque Hamilton.++

++ Anecdotes de littérature de Beloe, vol. II, pp· 308-310.

Un livre de psaumes a également été publié à Édimbourg, en 1568, par Thomas Bassandyne. Au début de ce « Psaume-Buik », comme on l’appelait, il y avait un traité, intitulé « La chute de l’Église de Romain, nommant notre roi et souverain chef suprême de l’Église primitive » et à la fin un « chant obscène, appelé Bienvenue Fortunis ». Ce livre offensa beaucoup l’assemblée générale, qui se réunit la même année dans cette ville, et qui ordonna fort justement à l’imprimeur d’effacer le chant injurieux ; et lui enjoignit de soumettre le traité à l’inspection d’Alexander Arbuthnot, plus tard directeur du King’s College d’Aberdeen. L’imprimeur ne se laissa pas décourager, cependant, d’imprimer un livre de psaumes d’un autre genre, car, en 1575, il publia : « The CL. Psalms of David, in English meter. Avec la forme des prières, et le ministère des sacrements, etc., en usage dans l’église d’Écosse. À quoi s’ajoutent d’autres prières, avec un nouveau et exact kalender, pour xvi yeres à venir. Imprimé à Édimbourg, par Thomas Bassandyne, demeurant à l’arc du Nether, 1575, cum privilegio. Le même imprimeur eut aussi l’honneur d’être l’imprimeur de la première édition des Écritures, dont on sait qu’elle a été imprimée en Écosse. Il comprenait l’Ancien Testament, les Apocryphes et le Nouveau Testament ; et a été imprimé à Édimbourg, par Thomas Bassandyne, M.D.LXXVI. cum priuelegio, in-folio ; avec une lettre romaine pointue. Il est dédié, en dialecte écossais, au roi Jacques ; et est accompagnée, d’une brève « Table de l’interprétation des noms propres, qui sont principalement fondés dans l’Ancien Testament « Le calendrier romain, comparé au calendrier hébreu », et des « Règles pour comprendre ce double calendrier », par R. Pont, ecclésiastique scientifique, qui, avec la permission de l’église, a été nommé lord de session, et mourut le 8 mai 1608, âgé de quatre-vingt-un ans. Aux Calendriers sont annexés quelques versets « Sur l’incomparable trésor des Saintes Écritures, auxquels sont joints une Prière pour le véritable usage des Saintes Écritures », et une Table chronologique des rois de Juda et de Jérusalem, et des principaux événements de leurs règnes, « traduits de l’hébreu ». La page de titre est ornée des armoiries royales et de la mention « God save the King, nonobstant la récente réprimande de l’assemblée générale, pour avoir considéré le souverain comme « le chef de l’église ». La traduction est une transcription de celle de Genève.+

 Anecdotes de la littérature de Beloe, vol. II, pp. 328, 329. Irvine’s Lives of the Scottish Poets, vol. II, p. 171. Edinb., 1810, 8 vol.

+ Anecdotes de littérature de Beloe, vol. II, pp. 329-331.

Thomas Bassandyne, ou Bassendenl’imprimeur, était originaire d’Écosse, mais fit ses études à Anvers. Il apprit l’art de l’imprimerie à Paris et à Leyde, et rentra chez lui en 1558. Il se joignit aux réformateurs et publia plusieurs livres précieux. Il meurt en 1591.++

++ Biographie universelle de Lempriere, art. Bassandyne.

Une autre édition de la Bible, in-folio, aurait été imprimée en 1579, par Alexander Arbuthnott, l’imprimeur du roi, à l’église de Édimbourg, à l’usage de l’Écosse, par les commissaires de l’église.

§ Anecdotes de littérature de Beloe, t. II, p. 331.

2

Les réformateurs eurent cependant à repousser les attaques les plus virulentes des adhérents de l’Église de Rome, qui s’efforçaient de mépriser le culte plus pur des réformés ; ils devinrent aussi de mettre un frein à l’influence funeste des représentations dramatiques, des spectacles et des spectacles superstitieux. Dans une lettre de Randolph, le résident anglais, à Sir William Cecil, datée du 20 mars 1564-1565, il l’informe qu'« un maître d’école à Haddington a joué un jeu pour exercer ses élèves contre les ministres ; et baptisa un chat, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et que, « Un de la chapelle de la reine, un chanteur, » dont le nom était Alexandre Stephan, « dit qu’il croyait aussi bien à un conte de Robin des Bois qu’à n’importe quel mot (qui) est écrit dans l’Ancien Testament, ou le Nouveau. »

Keith’s History of the Church and State of Scotland, vol. 1, p. 271.

En opposition aux représentations dramatiques superstitieuses, l’assemblée générale constituée à Édimbourg, le 7 mars 1575, décréta qu'« aucune comédie, ni tragédie, ni aucune pièce de ce genre, ne sera jouée sur aucune histoire des Écritures canoniques, ni le jour du sabbat. Si un ministre est l’auteur d’une telle pièce, il sera privé de son ministère. Quant aux pièces d’un autre genre, elles seront également examinées avant d’être présentées publiquement. En 1576, l’assemblée refusa au bailli de Dunfermline la permission de représenter le dimanche après-midi une certaine pièce qui n’était pas fondée sur la partie canonique des Écritures. Et, en 1577, il fut ordonné par l’assemblée « que les pièces de Robin des Bois, roi de May, et d’autres le jour du sabbat, soient exécutées ». Deux ans plus tard, il fut décidé que « les individus qui, après avoir été dûment avertis, persisteraient à fréquenter les pièces de mai, ne seraient pas admis à la communion de l’église, sans donner satisfaction pour l’offense spécifiée ». Le parlement tenu à Édimbourg, le 20 octobre 1579, défendit « que tous les marchés et foires soient tenus le jour du sabboth, ou dans aucune église, ou église : de sorte que tous les travaux manuels le jour du sabboth, tous les jeux, les jeux, les passages dans les tavernes et les maisons d’ailes, et les restes volontaires de leur église parisienne, au temps des sermons ou des prières ; et un mulct pécunial imposé aux transgresseurs respectifs, à payer pour l’usage des pauvres de la paroisse.

+ Irvine’s Lives of the Scottish Poets, vol. IDissert, sur le drame écossais primitif, pp. 213, 214. Petrie’s Compendious History of the Catholick Church, p. iii, p. 401. La Haye, J 662, fol.

Vol. II.—22

Les amis de la Réforme, convaincus de l’importance de la connaissance de l’Écriture pour la diffusion générale de la religion pure, s’efforçaient aussi de promouvoir la connaissance des écrits sacrés parmi le peuple. Dans cette optique, des « lecteurs » ont été établis dans les églises, dont l’office était de lire des chapitres de la Bible et des prières du « Livre de l’ordre commun », tous les matins et tous les soirs, dans l’église paroissiale. Quelquefois aussi, ils étaient autorisés à exhorter, surtout là où il n’y avait pas de ministre. Beaucoup de paroisses, pendant de nombreuses années après l’établissement de la religion réformée, n’eurent d’autres maîtres que les lecteurs, à cause de la difficulté de trouver des ministres convenables ; et comme très peu de gens de ce temps-là avaient appris à lire, la lecture publiée des Écritures était d’un service singulier. D’autres méthodes ont été employées, et ont été jugées utiles, pour inciter les gens à être diligents dans l’apprentissage des principes de la religion. Aucun parent ne pouvait faire baptiser son enfant s’il ne pouvait pas répéter le Credo, le Notre Père et les Dix Commandements : et personne ne devait être contracté pour le mariage, ou voir ses bans proclamés, avant d’avoir été préalablement assez bien instruit par le « lecteur » pour être capable de déclarer aux ministres et aux anciens les saints desseins de l’institution. Le parlement décréta aussi, en 1579, que « tout maître de maison ayant des terres ou des biens d’une valeur de cinq cents livres, serait obligé d’avoir une Bible » (qui à cette époque était imprimée en in-folio) « et un livre de psaumes, dans sa maison, pour mieux s’instruire et instruire sa famille dans la connaissance de Dieu ».+

♦ Scott, Vies des réformateurs protestants en Écosse, p. 183.

+ Petrie’s Compendious History of the Catholick Church, t. III, p. 401.

2                       22*

Le 8 février 1587, Marie Stuart, reine d’Ecosse, fut décapitée au château de Fotheringay, dans le Northamptonshire, par ordre d’Elisabeth, reine d’Angleterre, auprès de laquelle elle s’était réfugiée pour se protéger, en 1568, après avoir été obligée par les nobles de renoncer à sa couronne, le 15 juillet 1567, en faveur de son fils en bas âge. Jacques VI. d’Ecosse ; qui, à la mort d’Élisabeth, monta sur le trône d’Angleterre, sous le titre de Jacques Ier. On a conservé un catalogue de la bibliothèque royale d’Écosse, ou plutôt des restes de celle-ci ; remis avec les autres biens de la reine Marie, par le régent Morton, à Jacques VI. Nous n’y trouvons que très peu de parties de la Bible, et beaucoup d’articles qu’elle contient ne sont que des volumes impairs. L’extrait suivant montrera la nature de cette collection :

<♦

Le troisième volume de Tite-Live.

L’ellevint buik de Saint-Augustin.

Le premier buik du saint Augustin.

Ane parte de Plutarque en français.

La légende aurie.

Esaias en grec et Hebreu be Munster.

Le combat singulier de David et Golias.

Les histoires de la bible en chiffres.

La secte de l’hérésie dans ce tyme.

Clément Marot.

L’épître d’Ignace.

Quatre homoleis concernant les images en France.

Le traité du sacrement soit Petir Martir.

L’épître de l’ansuer à Johnne Calvynis.

Sangis de la bible en français be Lancelote de la Carle. »

La plainte de l’université de Pareis contre les jésuites. ♦

Il n’est pas improbable que la bibliothèque royale ait souffert en partie de la dévastation qui avait eu lieu pendant les violentes commotions du royaume, et de la rage contre les institutions monastiques, qui est ainsi décrite par un vieil historien : « Bibliothecks destroied, les volumes des pères, des conseils, et autres livres d’érudition humaine, avec les registres de l’église, jetés dans les rues, puis rassemblés en tas, et consumés par le feu.+

+ Spotiswoode’s MS.—Voir M’Crie’s Life of John Knox, vol. Inotes, p. 438.

Un nouveau collège ayant été érigé dans l’université de Saint-Andrews, pendant ce siècle, on s’aperçut qu’après quelque temps, des désordres avaient été subis par M. Andrews, qui en avait la charge, en 1597. Le roi, donc, pour corriger les abus, prescrivait à chaque professeur son sujet d’instruction, « nommant le premier maître pour lire les lieux communs aux élèves, avec la Loi et l’Histoire de la Bible : le second pour lire le Nouveau Testament ; le troisième les Prophètes, avec le livre de l’Ecclésiaste et des Cantiques ; et le quatrième, la grammaire hébraïque, avec les psaumes, les proverbes et le livre de Job.++

++ Histoire de l’Église et de l’État d’Écosse de Spotiswoode, vol. I, b. vi, p. 449. Lend., 1677, fol.

Après avoir ainsi mené nos recherches sur les progrès de la littérature biblique dans les îles britanniques jusqu’à la fin du siècle, nous pouvons retourner sur le continent européen, pour continuer nos recherches sur l’Allemagne, où nous nous étions arrêtés à la mort de Luther, l’intrépide défenseur de la vérité.