TROISIÈME PÉRIODE.

L’ÂGE DE LA THÉOLOGIE SYSTÉMATIQUE

(SUITE).

TROISIÈME DIVISION.

ANTHROPOLOGIE.

§ 173.

DÉFINITIONS GÉNÉRALES.

L’Église grecque adhéra aux opinions des Pères antérieurs, qui furent rassemblées et développées plus complètement par John Damascenus1 Celui-ci, ainsi que la plupart des théologiens occidentaux, adopta la double division actuelle en corps et en âme. Tandis que John Scotus Erigena considérait la constitution corporelle de l’homme, et même sa condition de créature, comme le résultat du péché2John Damascenus et les disciples de l’école de St-Victor, reconnaissaient dans l’union de l’âme avec le corps un dessein supérieur de Dieu, et une leçon morale pour l’homme3. qui avait disputé la victoire au traducianisme dans la période précédente, était maintenant défini plus précisément.4 Les vues psychologiques des mystiques étaient en rapport étroit avec tout leur système, fondé sur l’expérience subjective ; Et en tout cas, elle avait plus de tendance à conduire dans les profondeurs de la contemplation religieuse que les subtilités des scolastiques, qui avaient plutôt à voir avec ce qui est extérieur.5

1 D’une part, la cosmologie a été introduite dans la doctrine de la création, d’autre part, la psychologie et la physiologie ont été introduites dans l’anthropologie. En ce qui concerne les deux derniers, les théologiens fondaient leurs notions surtout sur la physique d’Aristote. C’est ainsi que John DamascenusDe fide Orthod., II, 12-28, traite des quatre tempéraments (humoribus χυμοΐς) de l’homme, comme correspondant aux quatre éléments du monde, des diverses facultés de l’âme, etc. Il a conservé partout les principales définitions des théologiens antérieurs concernant la liberté humaine, etc. (Comparez en particulier c. 25-28.)

2 De Divis. Naturae, iv. 10 : Non enim homo, si non peccaret, inter partes inundi administrera,tur, sed univeraitatem omnino sibi subditam administraret, nec corporeis his sensibus mortalis corporis ad ilium regendum uteretnr, verum sine ullo sensibili motu vel locali vel temporali, sola rationabili con* tuiter naturalium et interiorum ejus causarum facillimo rectæ voluntatis usu secundum leges divines seternaliter ac sine errore gubernaret [Pour un exposé complet des vues d’Erigena sur le corps et l’âme, voir l’ouvrage de Christlieb, Leben u. Lehre der Job. Scot. Erigena, 1860, p. 248, sq. Il s’appuie sur le point de vue aristotélicien, selon lequel la matière informe est incorporelle et ne peut être connue que par la raison. Le corps par rapport à l’homme est un accident. Omnis ουσία in-corruptibilis est. Omne incorruptibile corpus materiale non est. Omnis igitur ουσία corpus materiale non est (De Div. Nat. i. 49). Le corps, dit-il, est composé de points, de lignes, de surfaces et de solidité, qui sont tous incorporels, etc.]

3 John Damascenus, 1. c . c. 12. Selon Hugo of St-Victor (cité par Liebner, p. 395), l’union de l’âme avec le corps est un type de l’union mystique de Dieu avec l’homme. Richard of St-Victor adopta la même opinion (voir Engelhardt, p. 181), qui était également soutenue par Peter Lombard (Sent. Lib. i. Diet 3. 9., et Lib. ii. Dist. 17). Thomas Aquinas  a donné un système de psychologie plus développé. (Summa, p. i. 9. 75-90. Cramer vii. à la p. 473.) [Comp. Plassmann, Psychologie d. Schale des Aquin., 1860.

4 Anselm défendit négativement le créatianisme en s’opposant au traducianisme, De Conceptu Virginali, c. 7 : Quod autem mox ab ipsa conceptione rationalem animam habeat (homo), nnllus humanus suscipit sensus. Hugo St-Victor se prononça positivement en faveur du créatianisme ; de Sacram. Lib. i. P. vii. c. 30 : marées catholiques magie credendum elegit animae quotidie corporibus vivificandis sociandas de nihilo fieri, quarn secundum corporis naturam et carnis humanœ proprietatem de traduce propagari. Comp. Liebner, p. 416. [Toujours dans De Anima, attribué à Hugo (voir note 5) : Dicimus autem rationales animas pro essentia fieri quotidie de nihilo novas, sed pro consimili nature ex institutione divina non utique novas. Quales enim in exordio Deus die sexto masculo et feminæ dédit, tales quotidie inspirât singulis, nova de nihilo creatione, non nova institutione.] Robert Pulleyn a avancé des arguments très singuliers et très abstrus contre le traducianisme, voir Cramer, vi. p. 474. Peter Lombard a également épousé le créatianisme en termes décidés, Sent lib. ii. Dist. 17. C. : De aliis (i. e., les âmes postérieures à Adam et Eve), certissime sentïendum est, quod in corpora creentur. Creando enim infundit eas Deus, et iufundendo créât — Thomas AquinasSumma P. i. Qu. 118, Art 1, a fait une distinction entre l’anima sensitiva et l’anima intellective (qui était semblable à la distinction faite autrefois entre ■ψυχή et πνεύμα, ou νους). La première se propage d’une manière physique, en tant qu’elle est alliée à la physique ; la seconde est créée par Dieu. [Comp. Aquinas, Contra Gentes, ii. 89 : Anima igitur vegetabilis, quœ primo inest, cum embryo vivit vita plantæ, corrumpitur, et succedit anima perfectior, quœ est nutritive et sensitiva simul ; et tunc embryo vivit vita animalis ; hac autem corrupta, succedit anima rationales ab extrinseco immissa, licet præcedentes fuerint virtute seminis. L’argument principal d’Aquinas (dans la Somme théol., L qa. 118, art. 2, est qu’une substance immatérielle ne peut être produite que par la création.] Des définitions plus précises ont été données par Odo of Cambray (a. p ]113), De Peccato Originali, Lib. ii. (dans Maxima Biblioth. PP. Lûdg. T. xxi. p. 280-34). Comp. Schröckh, xxviii. p. 436. Il désignait le créatianisme comme l’opinion orthodoxe Frère Berthold a illustré cette théorie d’une manière populaire dans ses sermons, cités par Klingp. 209 (Grimm, p. 206) : « De même que la vie est donnée à l’enfant dans le sein de sa mère, ainsi l’ange répand l’âme en lui, et Dieu tout-puissant verse en lui l’âme avec l’ange. » La préexistence de l’âme avait encore un défenseur dans Fredegis of Toursau IXe siècle ; voir RitterGesch. d. Phil. vii. 190, sq.

5 En ce qui concerne les vues psychologiques mystiques des disciples de l’école de St-Victor, voir Liebnerp. 334, ss. Les trois puissances fondamentales par lesquelles l’âme connaît sont l’imaginatio, la ratio (plutôt l’entendement que la raison) et l’intelligentia. La cogitatio correspond à la première, la meditatio à la seconde et la contemplatio à la troisième. [Hugo dans sa Comm, dans Joelem (Schöpff’s Aurora, iv. 38) : Tria quoque sunt genera visionum ; prima est materialis, secunda spiritualis, tertia intellectual is. Prima concipit elemen-tata, secunda imaginata, tertia ab omni circumscriptione est aliéna, utcunque Deum concipiens, virtutes quoque et vitia.] Le traité De Anima, Lib. iv., reproduit dans Opp. Hugonis Ed. Rothomag. T. ii. p. 132, ss., qui servait de compendium aux premiers scolastiques non moins qu’aux mystiques, est quelquefois attribué à Hugo of St-Victor, mais il est probable qu’Alcherus , abbé de Stella (ap. J.-C. 1147), pour son auteur. Voir Liebner, p. 493, ss. et Engelhardt, Dogmengeschichte ii. p. 119. — Bonaventura et Gerson adoptèrent les mêmes notions psychologiques. Selon le premier, la vision spirituelle est l’idée principale. Nous voyons toutes choses en Dieu par l’intermédiaire d’une lumière surnaturelle (comp., ci-dessus, vol. 1, § 161). Lui aussi distinguait entre la sensation, l’imagination, la raison (l’entendement), l’intellectus, la plus haute faculté de l’esprit , et la synteresis, ou conscience. — Gerson De Theol. Mon saint consid. x. — xxv) divisait l’essence de l’âme en deux puissances fondamentales (vis cognitiva et vis affectiva). À partir de ses fonctions supérieures, il divisa ensuite les premières comme suit : intelligentia simplex (la faculté pure de la vision intellectuelle), ratio (compréhension) et sensualitas (la faculté de perception par les sens). Ils sont liés les uns aux autres, comme la contemplatio, la meditatio et la cogitatio. Le degré le plus élevé de la vis affectiva est la Synteresis, le suivant est l’appetitus rationalis, et le plus bas est l’animal appetitus ; voir Hundeshagen, p. 87, ss., Ch. Schmidt, p. 76,  88. [John Gerson de Schwab, 1859.]

♦ Synteresis est vis animae appetitiva, suscipiens immediate a Deo naturalem quandam inclinationem ad bonum, per quam trahitur insequi motionem boni ex apprehensione simplicis intelligentiae présenté, cité par Liebner, p. 340. Camp. Bonavent. Compendre. JL51.

 

§ 174.

L’IMMORTALITÉ DE L’ÂME.

L’affirmation de quelques-uns des premiers théologiens grecs, que le tel n’est pas immortel, mais n’obtient l’immortalité que par sa connexion avec le πνεύμα, a été répétée dans l’église grecque par Nicolas of Methone1 En Occident, les scolastiques enseignaient généralement l’immortalité de l’âme comme une vérité théologique ; mais les principaux chefs des sectes scolastiques Thomas Aquinas et Duns Scotus, étaient en désaccord sur la question de savoir si La raison fournit des preuves satisfaisantes de cette doctrine2Raimund of Sabunde fondait la croyance en Dieu, aussi bien que la croyance en l’immortalité, sur l’idée de la liberté et sur la nécessité des sanctions morales3. Mais les partisans du platonisme, en particulier, vers la fin de la présente période, se sont donné beaucoup de mal pour prouver l’immortalité de l’âme, en opposition aux aristotéliciens4. Finalement, le Concile du Latran, tenu en 1513, sous le pape Leo X, a déclaré l’immortalité naturelle de l’âme comme un article de foi, et a écarté la distinction entre théologiques et philosophiques comme insoutenables.5

1 John Damascenus a enseigné (De Fide Orthod., II, 12, p. 179), que l’âme est álávaτoç. Nicolas of Methone, au contraire, s’exprimait ainsi (Réfut., p. 207 et 208, cité par Ullmann, p. 89, 90) : « Ce n’est pas toute âme qui ne périt ni ne meurt, mais seulement l’âme raisonnable, vraiment spirituelle et divine, qui se perfectionne par la vertu, en participant à la grâce de Dieu. Car les âmes des êtres irrationnels, et plus encore des plantes, peuvent périr avec les choses qu’elles habitent, parce qu’elles ne peuvent être séparées des corps qui sont composés de parties et peuvent être dissoutes dans leurs éléments. Comparez avec ce passage ce qu’il a dit : Réfutez. p.120 : « Si un être créé est éternel, il ne l’est pas par et pour lui-même, ni par lui-même, mais par la bonté de Dieu ; car tout ce qui est fait et créé a un commencement, et ne conserve son existence que par la bonté du Créateur.

2 Les scolastiques, en s’attachant de près à Aristotefurent naturellement amenés à rechercher en quel sens leur maître lui-même avait enseigné l’immortalité de l’âme, dans la définition qu’il en donnait de l’essence, à savoir qu’elle est έντλεχεχα ή πρώτη σώματος φυσικόν όργανικον (De Anim. ii. 1) ; Comp. Münscher, édité par Von Colin ii. , p. 90. Mais le christianisme a exposé l’immortalité de l’âme d’une manière si convaincante, qu’il est devenu nécessaire, ou de revenir à l’ancienne distinction faite entre l’immortalité naturelle et l’immortalité qui se communique par la grâce, ce qui n’était cependant possible qu’en relation avec la triple division (c’est-à-dire le corps, l’âme et l’esprit), ou d’admettre une collision entre les vérités théologiques et philosophiques. La distinction que Thomas Aquinas établissait entre l’anima sensitive et l’anima intellective (§ 173, note 3), lui permettait d’attribuer l’immortalité à cette dernière seule. Comp. Summa p. 1. Qu. 76, art 6^ où il se contentait en effet de dire : Animam humanam, quam dicimus intellectivumprincipium, esse incorruptibilem. Mais il soutenait aussi que l’intellectus seul est au-dessus de l’espace et du temps (hic et nunc), tandis que le sensus se meut dans ces catégories et se limite dans sa connaissance aux images (idées, phantasmes) empruntées à cette sphère (intelligere cum phantasmate). De même qu’Anselm of Canterbury avait déduit l’existence de Dieu lui-même de l’idée de Dieu, de même Thomas Aquinas a prouvé l’immortalité de l’âme, de la même manière, par un argument ontologique : Intellectus apprehendit esse absolute et secundum omne tempus. Unde omne habens intellectum naturaliter desiderat esse semper. Naturale autem desiderium non potest esse inane. Omnis igitur intellectualis substantia est incorruptibilis. Com EngelhardtDogmengeschichte ii. p. 123. — D’un autre côté, Scot, dont les vues étaient plus voisines de celles des nominalistes, soutenait : Non posse demonstrari, quod anima sit immortalis (Comm, in M. Sent, L. II. Dist. 17. Qu. 1. Comp. Lib. iv. Dist. 43. Qu. 2). Bonaventuraau contraire, affirmait : De Nat. D. ii. 55 : Animam esse immortalem, auctoritate ostenditur et ratione. En ce qui concerne les tentatives ultérieures de Moneta of Cremona (qui vécut entre les années 1220 et 1250), William of Auvergne (évêque de Paris de 1228 à 1249) et Raimund Martini (dans son Pugio Fidei adv. Maur. P. i. c. 4), pour prouver l’immortalité de l’âme, comp. Münscher, édité par Von Cölln, p. 91, 92.

3 Theol. Naturalis Tit 92 : Quoniam ex operibus hominis, in quantum homo est, nascitur mentum vel culpa, quibus debetur punitio vel præmium, et cum homo, quamdiu vivat, acquirit meritum vel culpam, ct de ill is non recipit retributiones nec puniones dum vivit, et ordo universi non patitur, quod aliquid quantumeunque modicum remaneat irremuneratum neque impunitum : ideo necesse est, Quod remaneat liberum arbitrium, quo fiat radix meritorum et culparum, ut recipiat debitum et rectam retributionem sive punionem : quod fieri non posset, nisi remaneret liberum arbitrium. Unde culpa vel meritum remanct post mortem, necesse est etiam quod maneat liberum arbitrium, in quo est culpa vel meritum, et cui debetur punitio sive retributio, ct in quo est capacitas præmii vel punitionis.

4 Marsilius Ficinus, De Immortalitate Animæ Libri xviii. (Opp. § 641. fol.) dont un extrait est donné par Buhle (Geschichte der neuern Philosophie, t. II, p. 171-341.) " Cet ouvrage, dit Gieseler, Dogmengesch, est celui d’entre tous ceux qui existent, qui contient la plus grande variété de preuves de la spiritualité et de l’immortalité de l’âme."

5 Acta Concil. Reg. T. xxxiv. (Par. 1644. fol.) p. 333, cité par Münscher, éd. par Von Cölln, p. 92, 93.

 

§ 175.

L’HOMME DANS SON ÉTAT D’INNOCENCE AVANT LA CHUTE.

C’était un des traits caractéristiques de la scolastique, de gaspiller la plus grande perspicacité sur les parties de la théologie doctrinale qui n’appartiennent ni à l’expérience psychologique, ni à l’histoire proprement dite, et sur lesquelles les Saintes Écritures nous donnent plutôt des indications que des informations distinctes. Parmi ces sujets figuraient la doctrine des anges et celle de l’état du premier homme dans le paradis. Bien que les scolastiques et les mystiques aient fréquemment appliqué l’interprétation allégorique au récit biblique de l’état primitif1, les premiers l’ont utilisée de manière à représenter le premier homme avec une exactitude historique et à le décrire tel qu’il est sorti des mains de son Créateur2. Dans l’opinion de certains théologiens, la justitia originalis a été ajoutée à la pura naturalia, comme donum superadditum ; tandis que d’autres, par ex. Thomas Aquinas, distinguait entre le purement humain et le divin qui n’est ajouté, que dans l’abstrait, mais les faisait coïncider dans le concret. Selon cette dernière notion, l’homme a été créé en pleine possession de la justice divine, et n’en a été privé qu’après la chute.3 La plupart des théologiens faisaient encore une distinction entre l’image de Dieu et la ressemblance avec Dieu,4 et hasardé beaucoup de conjectures sur les premiers, ainsi que sur l’état d’innocence de l’homme en général.5 — Les définitions concernant la liberté de l’homme étaient en proie aux plus grandes difficultés. La chute de l’homme n’aurait pas été possible sans la liberté de choix. Mais, selon Augustine, il fallait quelque chose de plus pour constituer la justice parfaite que la liberté de choix à laquelle il était fait allusion, en tant que l’homme continuait à la posséder après sa chute, c’est-à-dire comme une liberté de faire le mal. Mais si nos premiers parents, parce qu’ils avaient la vraie liberté, étaient au-dessus des tentations du péché, comment pourraient-ils être séduits et tomber ? Anselm se sert ici de la distinction entre la volonté en général et la volonté confirmée ou inébranlable (velle et pervelle)6. Selon Hugo of St-Victor, la liberté dont il s’agit consistait bien dans la possibilité de pécher ou de ne pas pécher, mais la disposition au bien était plus forte que la propension au mal. D’autres ont adopté des points de vue similaires.7

John Damascenus (De fide orthodox », 11. c. 10. p. 175.) rattachait l’interprétation allégorique à l’interprétation historique. De même que l’homme lui-même est composé d’un corps et d’une âme, de même sa première demeure fut αΙσθητός aussi bien que νοητός. D’après lui, le plaisir sensuel dans le jardin et la communion spirituelle avec Dieu sont des idées corrélatives. — Peter Lombard a théoriquement adopté l’interprétation littérale du récit mosaïque, Sent ii. Diète. 17. E., bien qu’il la considérât aussi comme un type de l’église ; mais beaucoup de ses exposés pratiques étaient allégoriques ; p. ex. Dist. 24. H., cité par Münscher, éd. par Von Cölln, p. 94־. Selon lui, le serpent représente cette sensualité qui suggère encore à l’homme des pensées pécheresses ; La femme est la partie inférieure de la raison, qui est d’abord séduite, et qui ensuite conduit l’homme (la raison supérieure) à la tentation. Thomas Aquinas a également enseigné, P. i. Qu. 102. 1. : Ea enim, quœ de Paradiso in Scripture dicuntur, per modum narrationis historicæ proponuntur (conformément à son principe herméneutique, voir vol. 1. § 164, note 4). D’autre part, Scotus Erigena a hardiment soulevé des doutes quant à l’interprétation littérale du récit (De Divis. La nature iv. 15, p. 196.), et le considérait comme une description idéale du bonheur qui aurait été le sort de l’humanité, si nos premiers parents avaient résisté à la tentation : Fuisse Adam temporaliter in Paradiso, priusquam de costa ejus mulier fabricaretur, dicat quis potest... Nec unquam steterat, nam si saltern vel parvo spatio stetisset, necessario ad aliquam perfectionem perveniret...... p. 197 : Non enim credibile est, eundem hominem et in contemplations retenue pacis stetisse et suadente femina, serpentis veneno corrupta, corruisse. Voir Baur, Versohnungslehre, p. 127 ; Lehre d. Dreieinigkeit, ii. 306, et la remarquable interprétation de Luc, x. 30, citée ici. [Non ait ; homo quidam erat in Jerusalem et incidit in latrones. Nam si in Jerusalem, hoc est in paradiso, humana nature permaneret, profecto in latrones, diabolum scilicet sateliitesque ejus, non inebrreret. Prius ergo descendebat de paradiso, suæ voluntatis irrationabili motu impulsus, et in Jericho præcipitabatur, hoc est, in defectum instabilitatemque rerum temporalium. De Divis. Naturæ, iv. 15.]

2 Cela a conduit à une multitude de questions absurdes concernant la nature et la durabilité de leur corps, par ex.pourquoi l’homme avait été créé avant la femme Î et pourquoi celle-ci avait été faite de la côte du premier ! si, et de quelle manière, la propagation de la race aurait eu lieu, si nos premiers parents avaient continué dans leur état d’innocence ? leurs enfants auraient-ils hérité de leur justice originelle ? si plus de mâles ou plus de femelles seraient nés Π« Que de rêves ! Comment des hommes aussi calmes et aussi graves que des moines l’étaient, ou auraient dû l’être, perdaient-ils tant de temps à examiner, à discuter et à défendre de telles questions ? Dans la Summa d’Alexander Hales, ce sujet remplit cinq pages en folio ! Cramer, vii. p. 493.

3 La première opinion a été adoptée par Scotus Erigena, Sent. Lib. ii. Dist. 39. ; Bonaventura, Sent. Lib. ii. Dist. 29. L’art. ii. Qu. 2 ; comp. Brev. iii. 25. Cent ii. § 2 ; Hugo of St-Victor, de Sacram. Lib. i. p. 6 ; Alexander HalesP. ii. Qu. 96 : comp. Cramer, vii. p. 494 8s. Marheineke, Symbolik iii. p. 13 ss. Au contraire, la position de Thomas Aquinas (p. 1. Qu. 95. 9.), que l’homme avant la chute, n’avait jamais été dans l’état de pura naturalia, mais, dès le moment de sa création, qu’il avait possédé le donum superadditumqui appartenait donc proprement à sa nature même, était plus voisin de l’opinion des théologiens protestants ultérieurs. Voir Cramer et Marheineke 1. c., et de l’autre côté Baur Symbolik, p. 34. [Le La doctrine d’Anselm sur l’image divine, voir F. R. Hassedans Zeitschrift £ d. hist Théologie, 1835. Sur toute cette distinction de naturalia pure et de dona gratiæ, voir Neander, Hist. Dogm. 576.]

4 John Damascenus s’en tint à la distinction faite par les Pères grecs, De Fide Orthod. ii. c. 12. — Hugo of St-Victor, De Sacram. Lib. i. P. c. 2. distingué :.... Imago secundum rationem, similitude secundum dilectionem, imago secundum cognitionem veritatis, similitudo secundum amorem virtutis, vel imago secundum scientiam, similitudo secundum substantiam... ... Imago pertinct ad figuram similitudo ad naturametc. Hugo, cependant, restreignait l’image de Dieu à l’âme, et excluait décidément le corps ; pour les passages, voir Münscheréd. par von Cölln, p. 94, 95. fait une distinction quelque peu différente (Sent Lib. ii. Dist. 16. D.). en comptant la dilectio parmi les qualités qui forment l’image (memoria, intelligentia et dilectio) ; il concevait que la ressemblance avec Dieu consistait dans l’innocentia et justitia, quæ in mente rationali naturaliter sunt Il s’exprimait aussi plus brièvement ainsi : Imago considcratur in cognitione ven-tatis, similitude in amore virtutis. D’accord avec Hugo of St-Victor, il affirma : Imago pertinet ad formam, similitudo ad naturam. [Sur les vues du Lombardvoir NeanderHist Dogm. 509 : il distinguait entre la dona naturalia et la dona gratiæ ; la première consiste dans la pureté et la vigueur de toutes les puissances de l’âme ; laissé à lui-même, cependant, l’homme ne pouvait faire que le mal. L’aide primitivement donnée à l’homme, il la définit ainsi : Illud utique foit libertas arbitrii ab omni labe et corruptela immunis atque voluntatis rec-titudo et omnium natnralium potentiarum animæ sinceritas atque vivacitas. Sur Aquinas et Alexander of Halesvoir Neander, p. 574, sq.]

Les mystiques et les prédicateurs du moyen âge qui avaient des vues similaires, s’efforçaient de montrer l’image de Dieu à l’extérieur par les illustrations les plus singulières. Dieu, dit Berthold (cité par Kling, p. 100). 305, 306., Wackernagel Lesebuch, p. 678.), a écrit sous les yeux de l’homme, qu’il l’a créé, « avec des lettres florissantes ». Ses deux yeux correspondent à les deux lettres o du mot homo. Les sourcils incurvés au-dessus, et le nez entre les yeux, former la lettre m ; h n’est qu’une lettre accessoire. L’oreille est la lettre d, « magnifiquement cerclée et fleurie » ; les narines forment un ε grec, magnifiquement cerclée et fleurie ; « La bouche forme un I, " magnifiquement encerclé et fleuri », tous ensemble forment l’expression « homo Dei ». 

5 Tout d’abord, il y avait la domination de l’homme sur la terre, et sur le règne animal : Thomas Aquinas, P. i. Q. 96 ; Cramervii. p. 499, 500. Des questions ont été soulevées, telles que : Adam aurait-il possédé toutes les vertus, et de quelle manière, s’il n’avait pas péché ? En quoi peut-on dire qu’il possédait par exemplela pudeur, puisqu’elle n’existait pas avant que le péché n’entre dans le monde ? Il ne la possédait pas réellement, mais habituellement (t. 10). e., il en possédait la disposition). L’homme, dans son état d’innocence, possédait-il des passions et des affections ? Oui, c’est-à-dire ceux qui se rapportent à ce qui est bon ; ils étaient cependant modérés et harmonieux. Un homme aurait-il pu régner sur les autres ? Non; néanmoins une supériorité de sagesse et de droiture aurait pu exister, etc. Les définitions des premiers scolastiques, comme Anselm of Canterbury (Cur Deus Homo II. 1., rationalis natura justa est facta, ut summo bono, t. e., Deo fruendo beata esset), ainsi que des mystiques, tant avant qu’après l’époque de Thomas Aquinas, étaient plus simples, ou du moins avaient plutôt égard à ce qui est religieux et moral. C’est ainsi que Hugo of St-Victor concevait l’excellence originelle de l’homme, au point de vue de la connaissance, comme consistant : 1. In cognitione perfecta omnium visibilium ; 2. In cognitione creatoris per præsentiam contemplationis seu per internam inspirationem ; 3. In cognitione sui ipsius qua conditionem et ordinem et debitum suum sive supra se, sive in se, sive sub se non ignoraret ; voir Liebnerp. 410, note 61. En ce qui concerne la volonté de l’homme, il y avait, avant sa chute, deux bénédictions, l’une terrestre, c’est-à-dire le monde ; et l’autre céleste, c’est-à-dire Dieu. Le premier était donné gratuitement à l’homme, le second devait être obtenu par sa propre mérita. Afin que l’homme puisse conserver la bénédiction terrestre et acquérir la bénédiction céleste, la nature de préceptum lui a été donnée pour l’un, les disciplines du préceptum (c’est-à-dire le commandement de ne pas manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal) pour l’autre. Il possédait le premier par nature, mais recevait le second du dehors. En conséquence, l’homme pouvait se prémunir contre la négligence (contra negligentiam), à l’égard du commandement extérieur, en usant de prudence et par sa propre raison ; mais Dieu l’a protégé contre la violence (contra violentiam). Comparez (rerson, De Meditatione, Cons. 2, p. 449, ss. (cité par Hundeshagenp. 42) : Fuit ab initio bene conditæ rationalis créât une talis ordo ordinisque tranquillitas, quod ad nutum et merum imperium sensualitas ration ! inferior ! et inferior ratio superior ! serviebat. Et erat ab inferioribus ad superiors pronus et facilis ascensus, faciente hoc levitate originalis justitiæ subvehentis sursum corda. — Dans les écrits de John Wesselnous ne rencontrons que des déclarations occasionnelles et décousues concernantla condition originelle de l’homme ; le plus profond et le plus important se trouve dans De Orat. xi. 3, p. 184 (cité par Ullmann, p. 239) ; Dans l’état d’innocence, il y avait la nécessité de respirer, de manger et de dormir ; et, pour contrecarrer la dissolution qui menaçait l’homme, il lui fut permis de manger du fruit de l’arbre de vie ; c’est-à-dire que, bien que l’homme fût soumis à certaines restrictions naturelles, il était néanmoins exempt de besoins pressants, de la nécessité de la souffrance, de la maladie et de la mort ; car le fait de manger du fruit de l’arbre de vie assurait son immortalité.

6 Les déclarations d’Anselm se réfèrent plus directement à la nature du diable, mais s’appliquent aussi à la volonté des êtres créés en général (Hasseii. 441), De Casu Diaboli, c. 2-6. Hasseii. 399 sq,

7 Hugo of St-Victor a supposé l’existence de trois sortes de liberté : 1. L’homme, dans son état originel, possédait le pouvoir de pécher, et le pouvoir de ne pas pécher (posse peccare et posse non peccare) ; en cela est incluse l’assistance à faire le bien (adjutorium in bono), mais l’infirmité de faire le mal (in-t firmitas in malo), mais de manière à ne pas le contraindre à faire le bien, ni à le retenir par la force du mal. 2. Dans l’état intermédiaire de l’homme après la chute, le cas est le suivant : a, avant sa restauration (ante repara-tionem), l’homme manque de la grâce divine (assistance) pour faire le bien, et l’infirmité au mal dégénère en une propension au mal, t. 1. e., posse peccare et non posse non peccare. (Bien que l’idée de liberté ne soit pas pour autant entièrement mise de côté, elle est au moins grandement affaiblie.) Après sa restauration (rédemption), mais avant d’être établi dans le bien, l’homme possède la grâce de faire le bien, et l’infirmité de faire le mal, c’est-à-dire posse peccare et posse non peccare (le premier à cause de sa liberté et de son infirmité, le second à cause de sa liberté et au moyen de la grâce qui l’assiste). 3. Dans le plus haut état de perfection, il y a à la fois la possibilité de ne pas pécher, et l’impossibilité de pécher (posse non peccare et non posse peccare), non parce que la liberté de la volonté, ou l’abaissement de la nature, est abolie, mais parce que l’homme ne sera jamais privé de la grâce qui confirme, qui n’admet point de péché ; Cap. 16 (voir Liebner, p. 403).—Dans la première condition, Dieu partage avec l’homme, dans la seconde, l’homme partage avec le diable, dans la troisième, Dieu reçoit la voile : Cap. 10, ibid. — Chez Raimund of Sabunde aussi, la notion abstraite de liberté (ou de destination de) la liberté est distinguée de son usage réel (lié à la distinction entre l’image de Dieu et la ressemblance avec Dieu, comp, note 4), Tit. 239 : Item quia homo debuit ita formari, ut posset acquirere aliquid bonum, quod nondum sibi datum fuerat. Quamvis enim perfectus esset in natura, tamen nondum erat totaliter consummatus, quia aliquod majus adhuc habere poterat, sed non nisi voluntarie et non per violentiam... . Si enim homo fuisset totaliter complétas et transmutatus et consummatus in gloria, ut amplius nihil posset ei dari, jam per ipsum liberum arbitrium non posset aliquid lucrari nec merer ! sibi. Et sic in natura hom-inis pcrfecta duo status sunt considerandi ; scilicet status, in quo posset merer ! et lucrari per ipsum liberum arbitrium, et status, in quo esset com-pletus et consummatus in gloria ; et sic est status meriti et status prœmii. .... Et ideo convenientissimum fuit, quod Deus dedit homini occasionem merendi, nec in vanum esset creatus in statu mercndi. Et quia nihil est magis efficax ad mercndum, quam pura obedientia seu opus factum ex pura obedientia et mera... . convenientissimum fuit, quod Deus daret præceptuin homini, in quo pura obedientia appareret et exerceretur... . Et quia magis apparet obedientia in præcepto negative, quam affirmative, ideo debuit esse illud mandatum prohibitivum magis quam affirmativum... . Et ut homo maxime esset attentas ad servandum obedientiam et fugiendum inobedientiam, et firmiter constaret ei de voluntate Dei mandatis, conveniens fuit, ut Deus apponeret pœnam cum præcepto, et talem pœnam, qua non posset cogitari major, scilicet pœnam mortis. Comp. Matzke, Theol. des Raim. von Sabunde, 79. — John Wessel a défini la liberté que l’homme possédait dans son état primitif, de manière à lui attribuer le pouvoir illimité d’atteindre et d’accomplir, sans l’aide d’autrui ou l’influence de l’éducation, ce que l’idée d’humanité implique, c’est-à-dire une perfection telle qu’elle l’élève à la communion avec Dieu : voir Ullmannp. 240, 41.

♦Nous anticipons ici (pour les besoins de la connexion, et pour donner tout ce qu’il dit à la fois) les points considérés dans le sections suivantes, qui doivent être comparées.

 

§ 176.

La chute de L'HOMME, et le péché en général.

L’une des questions principales, la plus débattue, était : en quoi consistait la chute de nos premiers parents ? et en quoi consiste la nature du péché en général ? Des questions d’importance secondaire, telles que : le péché d’Adam ou celui d’Ève était-il le plus grand ? n’ont fait l’objet de discussions1 qu’occasionnellement. Déjà pendant cette période, il y en avait quelques-uns, et vers la fin Agrippa of Nettersheim en particulier, qui affirmaient que le péché du premier homme consistait dans l’éveil de ses penchants charnels, et qui s’efforçaient d’établir leur opinion à l’aide d’une interprétation allégorique2. que le péché ne doit pas être recherché dans un seul acte, mais dans la désobéissance de l’homme à Dieu, qui a pris naissance principalement dans l’orgueil.3 Après l’exemple d’Augustine, les définitions concernant la nature du péché étaient pour la la plupart sont négatifs.4 Hugo of St-Victor s’est efforcé d’expliquer la nature du péché à partir du conflit de deux tendances dans l’homme, dont l’une (appetitus justi) conduit à Dieu, l’autre (appetitus commodi) au monde. Cette dernière propension n’est pas mauvaise en elle-même, mais l’abandon du juste milieu est la cause du péché.5 Les mystiques supposaient que le péché consistait en ceci que l’homme, en tant que créature, s’efforce d’obtenir l’indépendance ; et l’auteur de l’ouvrage intitulé Deutsche Théologie a poussé cette notion jusqu’à dire qu’à cet égard la chute de l’homme est semblable à celle du diable.6 L’énumération et la classification ultérieures des péchés particuliers, leur division en péchés mortels et véniels, appartiennent plutôt à l’histoire de l’éthique qu’à celle des doctrines.7

1 Anselm, De Peccato Orig. c. 9. Bien qu’Ève ait d’abord désobéi au commandement divin, Adam, en tant que véritable père de la race humaine, est aussi le père du péché. Beaucoup des raisons invoquées de part et d’autre se trouvent dans les ouvrages de Peter Lombard (Lib. Disque 22), et Thomas AquinasP. ii. Qu. 163, art. 4. Bonaventura (Brevil. III. 3, 4) partage la culpabilité entre les deux, mais dit que la peine était double dans le cas de la femme. Au contraire, selon Agrippa of NettersheimAdam a péché sciemment, Ève n’a été que trompée (Opp. T. ii. p. 528) ; voir Meiners Biographie, p. 233. D’après Tauler (Predigten, i. p. 61), les théologiens affirment que nous n’aurions souffert aucun mal, si Ève seule avait mangé du fruit. En ce qui concerne la question plus éloignée des scolastiques, à savoir si le péché aurait été communiqué à Ève si Adam avait transgressé le commandement divin avant la création de sa femme, comparez CramerVII, p. 534, 8 s. Sur les opinions singulières de Pulleynvoir ib., t. VI, p. 481, art.

2 Disputatio de Orig. Pecc. in Opp. T. ii. p. 553, 8% cité par Meiners L c. p. 254, note 3 (il considérait le serpent comme le membrum serpens, lubri-cum.) L’opinion selon laquelle le péché consiste d’abord dans la sensualité a été combattue de la manière la plus décidée par AnselmDe Pecc. Orig. c. 4.: Nec isti appetitus, quos Ap. carnem vocat (Gal. v.) ... . justi vel injusti sunt per se considerandi. Non enim justum faciunt vel injustum sentientem, 8ed injustum tantum voluntate, cum non debet, consentientem. Non eos sentire, sed eis consentire peccatum est.

3 John Damascenus De Fide Orth. ii. 30. (in calce) : δθεν καϊ θεδτητος ίλπίδι b ψεύστης δελεάζει τδν άθλιον, καί πρδς τδ Ιδιον τής έπάρσεως ζτψος άναγαγών, πρδς τδ δμοιον καταφέρει τής ·πτώσεως βάραθρον ;— D’après Anselm, toute volonté propre de la créature est une injure à la majesté de Dieu (trahison) ; De Fide Trin. casquette. 5 (Hasseii. 306) : Quicunque propria voluntate utitur, ad similitudinem Dei per rapinam nititur, et Deum propria dignitate et singulari excellentia privare, quantum in ipso est, convinritan—« Peter Lombard ; Lib. ii. Régime alimentaire 22. Thomas Aquinas, P. ii. Qu. 163. Néanmoins, la sensualité (c’est-à-dire le désir du fruit défendu) était également mentionnée comme un principe subordonné ; voir Tauler9 s Predigten i. p. 51, 79> Cramer, vii. p. 524.

4 John DamascenusLib. ii. c. 30 : Ή γάρ κακία ονδδν. έτερόν ἐστιν, εἰ μή άναχώρησις του αγαθού. — John Scotus Erigena considérait le gin d’un point de vue négatif, en le comparant à une lèpre qui infecte l’humanité, mais qui doit être éliminée par la grâce divine (De Div. Nat v. 5, p. 230), et continue ensuite comme suit : Magisque dicendum, quod ipsa natura quæ ad imaginera Dei facta est, suæ pulchritudinis vigorem intcgrita-temque essentiæ nequaquam perdidit, neque perdere potest. Divina siqui-dem forma semper incommutabilis permanet ; capax tamen comiptibilium pœna peccati facta est... .quicquid vero naturel ! Corpori ex concretionibus elemontorum et anirnœ ex sordibus irrationabilium motuum superadditum est, in fluxu et corruptione semper est. Selon lui, « le péché n’est qu’un élément qui s’évanouit et s’abolit lui-même, et n’a donc pas la signification d’un acte moral ; BaurVersôhnungslehre, p. 136 ; Comp, aussi Baur, Trinitätslehre, ii. 305 : « Le péché n’est pas pour lui quelque chose d’accidentel, d’originel dans le temps, mais d’originel dans la création et dans la nature humaine » (Un point de vue allié au panthéisme). D’autre part, Abelard (dans son traité Scito Teipsum), attachant une importance particulière à l’acte tel qu’il est accompli avec l’approbation consciente de la personne qui agit, fait dépendre le péché (formellement) de l’intention avec laquelle quelque chose est fait ; voir les extraits donnés par De Wette Sittenlehre iii. p. 124, 8s. — Anselm Les définitions du péché ont aussi un caractère négatif ; Cur Deus Homo i. 11 : Nou est itaque aliud peccare, quam Deo non reddere debitum ; De Concept !! Virginal! c. 27 : justitiæ debitæ nuditas ; aussi dans De Casu Diaboli, c. 1. Voir Hasseii. 394 sq. Münscher éd. par Von Cölln, i. p. 121, 6s. [Sur Abelardvoir Neander, Hist. Dogm. 511.]

5 D’après Hugo of St-Victor (Lib. i. P. vi. c. 1-22, cité par Liebner, p. 412, 68.), le premier péché fut la double désobéissance à la loi de nature et à la loi de discipline. Après avoir posé cette base, il procède à un examen scientifique plus approfondi de la nature du péché. Il supposait qu’elle consistait dans la discorde existant entre l’appetitus justi et l’appetitus commodi, qui sont tous deux innés. L’homme abandonnant le juste milieu, désirant le bien supérieur, s’élevant au-dessus de lui-même, et s’efforçant, dans l’orgueil et la présomption de son cœur, d’être égal à Dieu et de le posséder avant le temps fixé, tomba de son état d’innocence. C’est ainsi qu’il arriva qu’il perdit aussi le juste milieu dans ses désirs après le bien inférieur ; En effet, comme l’esprit de l’homme, qui tenait également les rênes de la chair, n’a pas réussi dans ses efforts supérieurs, et est tombé, pour ainsi dire, hors du juste milieu, il a aussi abandonné les rênes de la chair, et l’a laissée aller sans mesure et sans précaution, en conséquence de quoi tous les maux extérieurs ont éclaté sur lui (transgressio superioris et inférions appetitus). La première perte était donc culpa , la seconde culpa et pœna ; l’une était une perte pour l’esprit, l’autre pour la chair, puisque l’homme conservait l’appetitus commodi irrégulier sans obtenir le commodum lui-même. En abandonnant l’appetitus justi, l’homme a perdu en même temps la justitia, qui non seulement est inséparable de lui, mais qui consiste aussi en lui ; Il ne lui restait plus que l’insatisfait appetitus Commodi, qui est ici-bas un avant-goût de l’enfer, a necessitas concupiscendi, etc., c. 11-22. « De ce qui est dit ci-dessus, il s’ensuit que le mal ne consiste ni dans l’objet désiré (car l’homme désire toujours un bien, même dans la concupiscentia), ni dans l’acte de désirer, dans l’exercice de la faculté de désirer (car c’est un don de Dieu), mais seulement dans le fait de ne pas garder le juste milieu dans nos désirs. » 1. c. Hugo of St-Victor s’est également efforcé de donner une réponse à la question : comment le premier péché a-t-il pu être commis par quelqu’un qui a été créé bon ? Adam n’aurait pu pécher, ni nolens ni volens. Il a seulement cessé de désirer le bien (justum velle desiit), vers 121. C’est à cela que s’conforment ses définitions négatives, c. 10 : Et ideo malum nihil est, cum id, quod esse debcret, non est ; et Lib. i. P. v. c. 26 : Peccatum nee substantia est, ncc do substantia, sed privatio boni (Voir Liebner, p. 415).—Sur les vues de Wessel sur la nature du péché (manque d’amour), voir Ullmann, 1. e. p. 241.

6 Deutsche Théologie, cap. 2. « Les Écritures, la foi et la vérité, disent que le péché n’est que le détournement de la créature du bien immuable au changeant, i. e., du parfait à l’imparfait et à l’incomplet, et prin-cipidement à lui-même. Remarquez maintenant quand l’homme se met en possession de quelque chose de bon, ou qu’il se l’approprie comme un être réel (c’est-à-dire lorsqu’il s’imagine qu’il tient son être de lui-même, et lorsqu’il veut être quelque chose, tandis qu’il n’est rien), ou comme vie ( i. e., quand il s’imagine qu’il a la vie en lui-même) ; ou comme connaissance (i. En un mot, lorsqu’il s’efforce d’obtenir tout ce qu’on appelle le bien, s’imaginant qu’il est le même, ou que cela lui appartient, il est dans tous ces cas des rebelles contre sa nature. Car qu’est-ce que le diable a fait d’autre, ou quelle était sa rébellion ou sa chute, sinon qu’il se croyait quelque chose, et qu’il prétendait être quelque chose, et qu’il prétendait que quelque chose lui appartenait Î Cette présomption d’être quelque chose, son individualité [Ich], (c’est-à-dire son amour-propre), son moi [Mich], (i. e., sa propre volonté), la sienne envers moi [Mir], (i. e., son amour-propre), et sa mienne [Mein], (c’est-à-dire son propre bien)ont été, et sont encore, sa rébellion et sa chute. » Cap. 3 : " Qu’est-ce qu’Adam a fait d’autre que ce que Lucifer fait Î On dit qu’Adam est tombé et qu’il s’est perdu, parce qu’il a mangé la pomme. Je dis : Il est tombé en acceptant, en assumant ou en s’appropriant ce qui désirait ardemment Dieu, c’est-à-dire par son ego (c’est-à-dire son amour-propre), par son moi (i. e. sa propre volonté), par sa mine (i. e., à cause du bien qu’il avait usurpé), et par le sien à moi ( ». « ., pour son propre honneur, sa sagesse, etc.) Quoiqu’il eût mangé sept pommes, s’il n’y avait pas eu d’appropriation ou de supposition, il ne serait pas tombé ; dès qu’il s’est approprié la pomme comme sienne, il est tombé, bien qu’il ne l’ait jamais mordue.

7 De WetteDoctrine morale chrétienne iii. p. 147, ss. (après Thomas Aquinas.)

 

§ 177

CONSÉQUENCES DU PREMIER PÉCHÉ. PÉCHÉ ORIGINEL. LIBERTÉ DE LA VOLONTÉ.

Plus le lien supposé entre l’état primitif de l’homme et la justitia originis était intime, plus grande était la chute. Les théologiens de l’Église grecque se contentèrent de croire à une détérioration de la puissance morale de l’homme, et conservèrent les notions antérieures sur sa liberté1. Dans l’Église d’Occident, presque tous les scolastiques suivaient Augustine,2 bien que quelques-uns d’entre eux adoptassent des opinions qui, sur beaucoup de points essentiels, différaient de ses principes fondamentaux. C’est ainsi qu’Abelardparmi les premiers scolastiques, entendait par héréditaire le premier péché, non pas le péché lui-même, mais sa punition.3 Plusieurs des derniers scolastiques, en particulier Duns Scotus et ses disciples, ont également manifesté un penchant pour le semi-pélagianisme, tandis que Thomas Aquinas et son école ont adhéré plus strictement aux définitions d’Augustin.4 Les mystiques en général se plaignaient de l’entière dépravation du vieil homme (Adam), mais évitaient de se livrer à des définitions subtiles.5 Enfin, les théologiens évangéliques, avant l’âge de la Réforme, tels que John Wesselconsidéraient également les non-régénérés comme les enfants de la colère, bien qu’ils aient fait une distinction entre la responsabilité du péché originel et celle de la transgression réelle.6

1 John of Damascus, De Fide Orth. ii. c. 12, p. 178 : Ἐποίησε δὲ αὐτὸν φύσει ἀναμάρτητον καὶ θελήσει αὐτεξούσιον· ἀναμάρτητον δέ φημι, οὐχ ὡς μὴ ἐπιδεχόμενον ἁμαρτίαν (μόνον γὰρ τὸ θεῖον ἁμαρτίας ἐστὶν ἀνεπίδεκτον), ἀλλ' οὐχ ὡς ἐν τῇ φύσει τὸ ἁμαρτάνειν ἔχοντα, ἐν τῇ προαιρέσει δὲ μᾶλ λον· ἤτοι ἐξουσίαν ἔχοντα μένειν καὶ προκόπτειν ἐν τῷ ἀγαθῷ, τῇ θείᾳ συνεργούμενον χάριτι, ώσαύτως καὶ τρέπεσθαι ἐκ τοῦ καλοῦ, καὶ ἐν τῷ κακῷ γίνεσθαι, τοῦ θεοῦ παραχωροῦντος διὰ τὸ αὐτεξούσιον . Οὐκ ἀρετὴ γὰρ τὸ βίᾳ γινόμενον.  Comp. c. 22 , p 187-88 , c . 24, 27 ...... Plus loin, c. 27, 194-95 : Εἰ δὲ τοῦτο, ἐξ ἀνάγκης παρυφίσταται τῷ λογικῷ τὸ αὐτεξού σιον· ἢ γὰρ οὐκ ἔσται λογικὸν, ἢ λογικὸν ὂν κύριον ἔσται πράξεων καὶ αὐτεξούσιον . "Οθεν καὶ τὰ ἄλογα οὐκ εἰσιν αὐτεξούσια· ἄγονται γὰρ μᾶλλον ὑπὸ τῆς φύσεως, ἤπερ ἄγουσι· διὸ οὐδὲ ἀντιλέγουσι τῇ φυσικῇ ὀρέξει, ἀλλ' ἅμα ἐρεχθῶσί τινος, ὁρμῶσι πρὸς τὴν πρᾶξιν. Ὁ δὲ ἄνθρωπος, λογικὸς ὤν, ἄγει μᾶλλον τὴν φύσιν ἤπερ ἄγεται· διὸ καὶ ὀρεγόμενος, εἴπερ ἐθέλοι, ἐξου σίαν ἔχει ἀναχαιτίσαι τὴν ὄρεξιν, ἢ ἀκολουθῆσαι αὐτῇ. "Οθεν τὰ μὲν ἄλογα οὐδὲ ἐπαινεῖται, οὐδὲ ψέγεται· ὁ δὲ ἄνθρωπος καὶ ἐπαινεῖται καὶ ψέγεται. C. 30 , p . 198 : : ( ὁ θεὸς) οὐ γὰρ θέλει τὴν κακίαν γίνεσθαι, οὐδὲ βιάζεται τὴν ἀρετήν.  Remarquez l'usage de παρὰ φύσιν, et κατὰ φύσιν, ibid. p. 100, et comparez-le avec l'usage qu'Augustin fait de natura. -Selon lui, les effets de la chute consistent en ceci que l'homme est θανάτῳ ὑπεύθυνος καὶ φθορᾷ καὶ πόνῳ καθυποβληθήσεται καὶ ταλαίπωρον ἕλκων βίον (ibid.), et que l'homme est κατὰ φύσιν. Sous l'aspect moral, l'homme est γυμνωθεὶς τῆς χάριτος καὶ τὴν πρὸς θεὸν παῤῥησίαν ἀπεκδυσάμενος (Lib. iii . c. 1.) Comp. iv. 20.— John of Damascus était également suivi par le reste des théologiens grecs, Theodore Studita, Theophylactus, Euthymius Zigabenus, Nicetas Choniates et Nicolas of Methone. Les opinions de ce dernier (tirées de sa Refut. ) sont données par Ullmann, 1. c . p. 86, ss. Il insistait aussi beaucoup sur la liberté de la volonté et soutenait que l'image divine n'avait été obscurcie que par la chute.

♦ Le passage en question se réfère, en premier lieu, au premier homme, mais, comme on peut le voir d’après le contexte, il admet encore une application générale dans le cas de tous les hommes.

2 Anselm s’exprimait en termes très stricts au sujet de l’imputation du péché originel, à l’exclusion de toutes les opinions plus douces, De orig. Pecc. c. 3 : Si vero dicitur originale peccatum non esse absolute dicendum peccatum, sed cum additamento originale peccatum , sicut pictus homo non vere homo est, sed vere est homo pictus, profecto sequitur : quia infans, qui nullum habet peccatum nisi originale, mundus est e peccato : nec fuit solus inter homines filius Virginia in utero matris et nascens de matre sine peccato : et ant non damnatur infans, qui moritur sine baptismo, nullum habcns peccatum præter originale, ant sine peccato damnatur. Sed nihil horum accipimus. Quare omne peccatum est injustitia, et originale peccatum est absolute peccatum, unde sequitur, quod est injustitia. Item si Deus non damnat nisi propter injustitiam, damnat autem aliquem propter originale peccatum : ergo non est aliud originale peccatum, quam injustitia. Quod si ita est, originale peccatum non est aliud quam injustitia, i. e., absentia debitæ justitiæ, etc.— Cependant ce n’est pas le péché d’Adam en tant que tel, mais le péché même de l’homme qui lui est imputé, c. 25 : Quapropter cum damnatur infans pro peccato originali, damnatur non pro peccato Adœ, sed pro suo ; nam si ipse non haberet snum peccatum, non damnaretur. — Il s’opposa à la théorie de la matière propagation du péché (par le traducianisme) dans ce qui suit, c. 7. (voir ci-dessus, § 173, note 4) : Sicut in Adam omnes peccavimus, quando ille peccavit : non quia tunc peccavimus ipsi, qui nondum eramus, sed quia de illo futuri eramus, et tunc facta est illi nécessitas, ut cum essemus, peccaremus (Rom. 5). Simili modo de immundo semine, « in iniquitatibus et in peccatis concipi » potest homo intelligi, non quod in semine sit immunditia peccati, aut peccatum sive ini-quitas ; sed quia ab ipso semine et ipsa conccptione, ex qua incipit homo esse, accipit nccessitatem, ut cum habebit animam rationalem, habeat peccati immunditiam, quæ non est aliud quam peccatum et iniquités. Nam etsi ex vitiosa concupiscentia semine generetur infans, non tamen magis est in semine culpa, quam est in sputo vel in sanguine, si quis mala voluntate exspuit aut de sanguine suo aliquid emittit, non enim sputum aut sanguis, sed mala voluntas arguitur.) — Sur la question de savoir jusqu’à quel point tous les hommes ont péché en Adam ? Comparez les ch. 1 et 2, et les ch. 21 et 22. Anselm pensait aussi qu’il y avait une sorte d’action mutuelle entre le péché originel et le péché personnel, c. 26 : Sicut persona propter naturam peccatrix nascitur : ita natura propter personam magis peccatrix redditur. — Sur le mode de propagation du péché c’est-à-dire s’il est communiqué en premier lieu à l’âme ou au corps, etc., les scolastiques différaient d’opinions. Comp. Münscheréd. par von Cölln, p. 132 ; en particulier l’opinion de Peter Lombard, Lib. ii. Dist. 31 : [In concupiscentia et libidine concipitur caro form an da in corpus piolis. Unde caro ipsa quæ concipitur in vitiosa concupiscentia polluitur et corrumpitur : ex cujus contacta anima cum infunditur maculam trahit qua polluitur ct fit rea, id est vitium concupiscentiæ, quod est originale peccatum Pet Lomb. Sent. lib. ii. Dist. 31, Litt C.] — Quelques-uns des théologiens postérieurs, adhérant à Augustine et à Anselm, ont enseigné des vues similaires, par exemple, Savonarola · Quid autem est peccatum originale, nisi privatio justitiæ originalis ? Ideo homo, conceptus ct natus in hujusmodi peccato, totus obliquus est, totus cur vus... . Peccatum itaque originale radix est omnium peccatorum, foines cnim omnium iniquitatuin : Medit. in Psalm, p. 17, cité par MeierSavonarola, p. 260. Anselm a écrit un traité De libero Arbitrio, en partant du principe que la liberté ne consiste pas dans la liberté de choix, car cela ne s’appliquera pas à Dieu et aux esprits bienheureux : à mesure que nous avançons dans la vertu, la possibilité de pécher diminue. Cette définition est la suivante : Arbitrium potens servare rectitudinem voluntatis propter ipsam rectitudinem. Pourtant, Anselm n’affirme pas la perte totale de la liberté par la chute : De lib. Chap. de l’arbitre. 3 : Licet peccato se subdidissent, libertatem tamen arbitrii naturalem in se interimere nequiverunt. Il en va de même pour Bernard, Gratia et lib. Arbitrium, c. 8 : Manet post peccatum liberum arbitrium ; CTSI miscrum, tamen integrum. Et quod se per se homo non sufiicit cxcutere a peccato sive miseria, non liberi arbitrii signât dcstructionem sed duaruiu rcliquarum privationem. Ainsi le Lombard, II. Dist 25 : Cor-rupta est ergo libertas arbitrii per peccatum ct ex parte perdita.... Ecco liberum arbitrium dicit [sol. Augustinus] hominem amisisse : non quia post peccatum non habuerit liberum arbitrium sed quia libertatem arbitrii perdidit : non quid cm oinnem sed libertatem a miseria ct a peccato. — Abelard dit que la liberté est le pouvoir de faire ce que nous décidons d’être selon la raison. Comp. Neander, !liste. Dogme. 525, De la relation de la grâce et de la liberté.]

♦ Anselm n’aurait pas admis la force de l’argument fréquemment avancé en faveur de la doctrine du péché originel, à savoir que certaines dispositions morales, que l’on peut appeler péchés héréditaires, se propagent comme certains désordres physiques, en ce sens qu’il enseignait, c. 23 (en relation avec ce qui a été dit ci-dessus), que seules les dispositions morales se propagent le péché d’Adam est transmis à sa postérité, mais pas celui des parents à leurs enfants. Son raisonnement était tout à fait logique, parce qu’autrement l’idée du péché originel deviendrait trop relative I Con· Sur la relation de la théorie d’Anselm avec la théorie luthérienne ultérieure (Flacian?), voir Möhler Kleine Schriften, i. p. 167.

3 Puisqu’Abélard soutenait que le libre consentement de l’homme était nécessaire pour constituer le péché (§ 176, note 4), il ne pouvait pas parler de péché, dans le sens propre du mot, dans le cas des nouveau-nés ; cependant il ne se sentait pas disposé à nier complètement le péché originel. Il a donc pris le mot péché dans un double sens, l’appliquant au châtiment, aussi bien qu’au péché lui-même. Les nourrissons n’ont un rôle que dans le premier, mais pas dans le second. Abélard ne voyait pas non plus comment l’incrédulité au Christ pouvait être imputée aux enfants, ou à ceux à qui l’Évangile n’est pas annoncé : Scito te ipsum, c. 14 (cité par De WetteSittenlehre, iii. p. 131). Il louait aussi les vertus de la meilleure partie des Grecs, surtout des philosophes, en particulier des platoniciens ; Théol. Christ. ii. p. 1211 ; Voir ci-dessus § 158, note 2. Neanderder heilige Bernhard, p. 125.

4 Cette différence est liée à celle à laquelle nous avons fait allusion plus haut au sujet de l’état originel de l’homme (§ 175). Comme la justitia originalis, d’après Duns Scotusn’était pas aussi intimement unie à la nature de l’homme, comme le supposait Thomas Aquinas, la perte des dons surnaturels était moins grande, et pouvait avoir lieu sans une rupture aussi douloureuse que la nature humaine doit subir, dans la stricte opinion augustinienne : voir Sent. Lib. ii. Dist. 29. D’autre part Thomas Aquinas s’exprimait ainsi : Summ. P. ii. 1, Qu, 85, Ait. 3 (cité par Münscheréd. par von Cölln, p. 134) ; Per justitiam originalera perfecte ratio continebat inferiores animæ vires, et ipsa ratio per-ficiebatur a Deo et subjecta. Hæc autem originalis justitia subtracta est per peccatum primi parentis........ et ideo omnes vires animæ remanent quodammodo destitutæ proprio ordine, quo naturaliter ordinantur ad virtutem, et ipsa destitutio vulneratio naturæ dicitur. Comp. Bonaventura Brevil. iii. 6, ss.

5 Deutsche Théologie, c. 14 : « Celui qui mène une vie égoïste, et selon le vieil homme, est, et peut à juste titre être appelé, l’enfant d’Adam ; même si le mensonge s’est enfoncé si profondément, qu’il est l’enfant et le frère du diable... Tous ceux qui suivent Adam dans sa désobéissance sont morts, et ne peuvent être rendus < en Christ que par l’obéissance. Tant qu’un homme est Adam, et l’enfant d’Adam, il est lui-même, et vit sans Dieu. D’où il suit que tous les les enfants d’Adam sont morts par rapport à Dieu..... Nous ne nous repentirons jamais de nos péchés, ni ne commencerons une vie meilleure, jusqu’à ce que nous retournions à l’obéissance. La désobéissance est le péché lui-même », etc.

6 WesselDe Magnit. Pass. c. 59, et autres passages cités par Ullmannp. 244. — Savonarola enseignait de la même manière au sujet de la postérité d’Adam : rationem culpæ non habent, reatu non carent. (Triomphe. Cruc. Lib. iii. c. 9. p. 280, ss. cité par Meier, p. 261.) Outre le péché originel, il y avait encore d’autres effets de la chute (tels que la mort et d’autres maux), qui avaient été mis en évidence auparavant par l’Église primitive, et auxquels une importance encore plus grande était attachée, à cause de leur rapport avec l’imputation du péché. La mort elle-même n’est entrée dans le monde que plus tard, mais la mortalité est venue en même temps que le péché. Sur la question de savoir jusqu’à quel point on peut dire que Dieu a été l’auteur de la mort, etc., voir Cramervii, p. 528. Selon Scotus Erigena, la distinction des sexes est l’effet du péché ; De Div. Nat. ii. 5, p. 49 : Reatu suæ prævaricationis obrutus, naturæ suæ divisionem in masculum et fœminam est passus et........ In pecorinam corruptibilemque ex masculo et fœmina numerositatem justo judicio redactus est.

 

§ 178.

EXCEPTION À LA CORRUPTION UNIVERSELLE DE L’HUMANITÉ. L’IMMACULÉE CONCEPTION DE LA VIERGE.

Labonlayedie Frage der unbefleckten Empfangniss, Bert, 1854. Jul. Müller, dans le Deutsche Zeitschrift f. christ ! Wissenschaft, vi. 1 * Passaglia, De Immaculato Deiparæ semper Virginis Conceptu. 3 Tom. Rom., 1854-5. [J PerroneDe Im-macut B. V. Mariæ Conceptu, Rom., 1848. Jo. Lannoii, Opera Omnia Prescriptiones de Concept. né en Virginie en 1676, dans Opera L 1. Lambruschini, sur Imm. Conc, transl. New York, 1855. Abbé Laborde, Impossibilité d’Imm. Conc, trad. Phil., 1855. Passaglia(comme ci-dessus) dans la version française, 4 Tom., 1855. Π. Denzinger, Dio Lehre d. unbefleckt Emp., 2e éd., 1855. Monument de Sylloge. ad Mysterium Conc. Immac. Virg., cura Ant Ballerini, Rom., 1855. Mgr. J. B. Malon (Bruges) L’immaculée Conc, de la bienheureuse Vièrge. 2, 8vo, Bruxelles, 1857. Articles sur le dogme, Christ Remembrancer, 1852 et 1858 ; Methodist Quarterly (New York), 1855 f Church of Eng. Quarterly, 1855 ; Brownson’s Quarterly, 1859.]

L’idée antérieure, avancée non seulement par l’hérétique Pelagius, mais aussi par l’orthodoxe Athanasius, selon laquelle certains individus étaient restés à l’abri de la corruption générale, n’était pas susceptible de recevoir plus longtemps son soutien.1 Seule la Vierge, qui ayant été longtemps élevée au-dessus du sort de l’humanité par une adoration excessive (l'Hyperdulia), devait partager le privilège de son fils Jésus, c’est-à-dire apparaître comme sans péché sur la page de l’histoire ; bien que des théologiens de renom, élevèrent la voix contre une telle doctrine.2 Au cours du XIIe siècle, le dogme de l’immaculée conception de la Vierge acquit une grande autorité, d’abord en France. Mais lorsque les canons de Lyon institua (1140 apr. J.-C.) une fête particulière en l’honneur de cette doctrine, par lequel un nouveau jour de la Dame s’ajouta à ceux qui existaient déjà, Bernard of Clairval, percevant clairement qu’ainsi la différence spécifique entre notre Sauveur et le reste de l’humanité risquaient d’être mis de côté, s’opposait à la fois à la nouvelle doctrine et à la fête3. Albert the Great, Bonaventura, Thomas Aquinas, et avec lui l’ordre des Dominicains en général, étaient aussi zélé dans l’opposition.4 D’autre part, le moine franciscain Duns Scotus, ils s’efforçaient de réfuter leurs objections, et de démontrer, par des raisonnements subtils, que la supériorité du Rédempteur, loin d’être diminuée, s’augmentait, en supposant qu’il était lui-même la cause de cette justice dans la nature de Marie ; mais Scotus lui-même soutenait seulement que l’immaculée conception était la plus probable parmi les différentes opinions.5 L’Église hésita longtemps sans prendre de décision.6 Le pape Sextus IV. Enfin il se tira de la difficulté en confirmant la fête de l’Immaculée Conception, tandis qu’il déclarait que la doctrine elle-même ne devait pas être appelée hérétique, et permettait à ceux qui différaient de conserver leurs propres opinions7. Bien sûr, la controverse n’a pas pris fin, d’autant plus que la tendance de l’époque était plutôt favorable au dogme.

1 C’est ainsi qu’AnselmDe Pecc. Orig. a tracé une ligne de démarcation nette entre la naissance de Jean-Baptiste (qui était relativement miraculeuse, mais ne le rendait pas pour autant sans péché) et l’incarnation du Rédempteur (qui excluait le péché originel). Sanctification (i. e., l’être sanctifié) dans le sein de la mère, n’exclut pas le péché originel ; Et ceci est spécialement noté pour éviter toute confusion en la matière. C’est ainsi qu’on pouvait supposer, et c’était le cas, que Marie était exempte du péché actuel, sans être délivrée du péché originel. Voir Gieseler, Dogmengesch. 558 sq. Julius Müller, 10c. cit., p. 6. [Meth. Qu. Review, ubi supra.]

2 Sur le culte de la Vierge en général, voir § 188 sur le culte des saints. — La controverse sur l’Immaculée Conception a été précédée par celle qui a eu lieu entre Paschasius Radbert et Ratramnau sujet de la virginité de Marie. Comp. § 179, vers la fin (sur la christologie). Radbert avait déjà soutenu que Marie était sanctificata in utero matris (in d’Achery Spic. Tom. t. I, p. 46) ; mais il est difficile de définir précisément ce qu’il entendait par cette expression (comparer la note suivante). Cependant, ce n’était pas seulement le culte de la Vierge en tant que tel, qui conduisait à la supposition de son immaculée conception, mais cela semblait une inférence nécessaire à partir d’autres prémisses doctrinales. Les théologiens aussi compétents que les scolastiques ne pouvaient s’empêcher de savoir que, pour expliquer le miracle de l’impeccabilité du Christ par des raisons physiques, il ne suffisait pas d’affirmer que l’homme n’avait aucune part dans sa génération ; car tant que sa mère était censée être souillée du péché originel, il était impossible de nier qu’elle n’y eût part, à moins qu’on n’eût recours (à la manière des Docètes et des Valentiniens, en particulier), à une simple naissance dià σωλήνος (comp. t. I, § 65). Anselm s’est efforcé d’éviter cette difficulté, en laissant plus ou moins hors de question l’aspect physique du péché originel (comp., le § précédent), De Pecc. Orig. c. 8 et c. 11. Il concède aussi sans réserve que même une mère pécheresse aurait pu concevoir un Rédempteur sans péché. Cependant, il considère qu’il convient (decens erat) que Marie soit purifiée du péché, avant que le Sauveur du monde ne soit conçu en elle : De Concep. Virg. casquette. 18, et Cur Deus Homo, ii. 16 : Boso se prononce ici résolument contre l’immaculée conception ; Virgo tamen ipsa, unde assumtus est, est in iniquitatibus concepts, et in peccatis concepit earn mater ejus, et cum originali peccato nata est, quoniam et ipsa in Adam peccavit, in quo omnes peccaverunt. À cela Anselm répond : Virgo autem ilia, de quo ille homo (Christus) assumtus est, fuit de illis, qui ante nativitatem ejus per eum mundati sunt a peccatis , et in ejus ipsa munditia de ilia assumta est. Comp, la conclusion du chap. 16 : Quoniam matris munditia, per quam mundus est, non fuit nisi ab illo, ipse quoque per se ipsum et a se mundus fuit. Et chap. 17.....per quam (scil. mortem Jesu Christi) et ilia virgo, de qua natus est, et alii multi mundati sunt a pec-cato. Hasseii. 461, 556. Müller ubi supra, 12 (en référence à l’interprétation du passage par Gabriel Biel, Sent. lib. iii. Dist. 3, qu.1).

3 BernardiEp. 174, ad Canonicos Lugdunenses, cité par Gieseler ii. 499 ; Münscherédité par Von Cölln, p. 136 ; Laboulaye, 1. c. p. 16. Lui aussi admettait que Marie était sanctifiée dans le sein maternel (comme l’enseignait Paschase), mais il ne tirait pas de cette doctrine l’inférence qu’elle était exempte du péché originel (quatenus adversus originale peccatum hæc ipsa sanctificatio valuerit, non temere dixerim), et il continue comme suit : Etsi quibus vel pau-cis filiorum hominum datum est cum sanctitate nascij non tamen et concipi, ut uni sane servaretur sancti prærogativa conceptus, qui omnes sanctificaret solusque absque peccato veniens purgationem faceret peccatorum, etc. [Peter Lombard, Liber Sent. iii. Dist 3, sq., dit de la chair de Marie, que Notre-Seigneur a assumée, qu'elle était auparavant odieuse au péché, comme l’autre chair de la Vierge, mais purifiée par l’opération du Saint-Esprit. « Le Saint-Esprit, entrant en Marie, l’a purifiée du péché. » Alexander of Hales Summa, Pars iii. qu. 2, membr. 2, Art 1, 4 : « Il fallait que la sainte Vierge de sa génération contractât le péché de ses parents » ; « Elle a été sanctifiée dans le sein maternel. » Perrone tente de mettre de côté ces opinions, ainsi que celles d’Aquinas et d’autres (ci-dessous), par la position selon laquelle ces docteurs médiévaux se réfèrent à la première, ou conception active (l’acte matrimonial), et non à la seconde conception (l’infusion de l’âme). Mais Thomas Aquinas dit que l’infusion de la grâce est « après l’infusion de l’âme et qu’avant l’infusion de l’âme la Vierge n’a pas été sanctifiée et Alexander of Hales et Bonaventura ont des déclarations similaires. Sur les vues de Peter de la Celle évêque de Chartres, voir NeanderHist. Dogmas, 512.]

4 Albert Mag. Sent. Lib. iii. Dist. 3. Thomas AquinasSumm. P. iii. Qu. 27 art. 2, affirme une sanctification dans le sein maternel [sanctificata, et non sancta], mais seulement après la fructification de l’embryon. Mais la convoitise du péché n’est pas pour autant entièrement détruite — secundum cssentiam, ce qui n’était le cas que dans la conception du Christ lui-même, mais la concupiscence est contenue — quoad excrcitiam et operationem. Ce n’est que plus tard, lorsque le Christ a été conçu, que la sainteté de ce qu’elle a porté a également agi sur la mère, annulant entièrement le préjugé de pécher. Comp. Gieseler, Dogmengesch. 560 ; Jul. Müller, 1. c. — Bonaventura aussi, avec toute sa vénération enthousiaste pour Marie, ne la considérait pas comme exempte du péché originel : Sent. lib. iii. Dist. 3. Art. 1, qu. 2 : Teneamus secundum quod communis opinio tenet, Virginis sanctificationem fuisse post originalis peccati contractionem (Münscher, Von Cölln, ii. 136 sq.)

5 In Sent. Lib. iii. Dist. 3. Qu. 1. et Dist. 18. Qu. 1. (cité par Gieseler} ; voir Schröckh, Kirchengesch. xxxiii. p. 362, art. Cramervii. p. 567, par. Scotus s’écarte des différentes possibilités : Deus potuit facere quod ipsa nunquam fuisset in peccato original ! ; potuit etiam fecisse, ut tantum in uno instant ! esset in peccato ; Potuit etiam facere ut per tempus aliquod esset in peccato et in ultimo illius temporis purgaretur. Et alors il trouve probable de lui attribuer la plus excellente de ces possibilités, selon l’argumentum congruentiæ seu decentiæ. Voir Laboulaye, 1. c. 22. Scotus, en tout cas, s’exprima avec réserve, et les franciscains eux-mêmes ne reçurent pas d’abord la doctrine inconditionnellement. — Alvarus Pelagius (vers 1330) l’appelle nova et phantastica. Mais bientôt la jalousie des Ordres se mêla à la controverse, et même des visions de part et d’autre furent amenées à soutenir et à réfuter le dogme. C’est ainsi que sainte Brigitte (vers 1370) témoigna en faveur de cette doctrine, et que sainte Catherine of Siena, en tant que membre de l’ordre de Saint-Dominique, eut des visions contre elle.

6 Voir Gieseler 1. c. p. 501. La fête s’étendit, bien que le concile d’Oxford (1222) se prononçât contre sa nécessité. Au XIIIe siècle, il était largement observé, mais seulement comme le festum conceptionis en général, et non comme le festum conceptionis immaculatœ ; voir l’explication dans Durantis Rationale Div. Offic. libr. vii. c. 7, dans Gieseler, Dogmengcsch. 559. [Durant dit qu’elle n’a pas été célébrée à cause de l’Immaculée Conception, car ce n’était pas le cas ; mais parce que la mère du Seigneur avait conçu. Aquinascependant, justifie la fête comme incluant une référence à la sainteté de Marie, mais au motif que le moment de sa sanctification ne pouvait pas être assigné avec précision ; et il s’oppose à l’immaculée conception elle-même, comme dérogatoire à la dignité du Christ.] Au concile de Paris (1387), le dominicain espagnol John de Montesano soutint qu’il était contraire à la foi de supposer que le péché originel n’embrassait pas tous les hommes, y compris Marie. Mais l’Université a condamné cette position, ainsi que d’autres de ce divin. Plus précis encore que le synode de Paris fut celui de Bâle, en faveur du dogme, Sess. (mort en 1439, le 17 septembre) dans le Concc de Harduini. T. viii. Col. 1266 : Nos...... doctrinam illam disscrentem gloriosam virginem Dei genitricem Mariam, præveniente et opérante divini numinis gratia singulari, nunquam actualiter subjacuisse originali peccato, sed immunem semper fuisse ab omni originali et actuali culpa sanctamque et immaculatam, tamquam piam et consonam cultui ecclesiastico, fidei catholicæ, recta rationi et sacræ scripturæ, ab omnibus catholicis approbandum fore, teneudam et amplectendam diffinimus et declaramus, nullique de cætero licitum esse in coatrarium predicate seu docere. (La célébration de la fête a été fixée au 8 décembre.) Les Dominicains, cependant, s’en tinrent à leur opposition ; ainsi particulièrement le Torquemada dominicain (Turrecremata). Les décrets de Bâle ne pouvaient être considérés comme obligatoires, parce que ce conseil était considéré comme schismatique ; et ce sont les hommes mêmes qui ont dirigé ce concile, comme d’Ailly et Gerson, qui ont maintenu le nouveau dogme. Même au concile de Constance, Gerson proposa d’introduire aussi une fête en l’honneur de l’immaculée conception de saint Joseph ! (Mailer, ubi supra, p. 8). [Sur l’introduction de la fête et le décret de Paris, voir Meth. Trimestriel, comme ci-dessus, p. 280-82.]

7 Voyez les bulles du pape Sixtus IV, datées du 27 février 1474, et du 4 septembre 1483 (Grave moins) dans Extravagant Comm. Lib. iii. Mésange 12. Chapitre 1. et 2. (cité par Münscherédit, par Von Cöllnpp. 168, 169.) Comp. Gieselert. III, p. 387.

8 Quelques-uns de ceux qui, par la suite, épousèrent la cause de la Réforme, furent de zélés défenseurs de la doctrine en question, comme Manuel, poète de Berne, qui écrivit à l’occasion de l’affaire scandaleuse de Jetzer : comparez bis " Lied von der reinen unbefleckten Empfangniss " dans l’ouvrage de Grüneisen, Nic. Manuel, p. 297, ssn où il cite aussi les Pères comme autorités, même Anselm et Thomas Aquinas*, puis poursuit ainsi :

Aussi miltigklich, et certainement l’homme chrétien, qui croit, que Dieu le Seigneur, sur nu, sa mère a bedawet (doué)

Avec la sainteté, la miséricorde libère, et celui qui pose les yeux et met sa colère dans la culture du diable, afin qu’il ne puisse pas nettoyer les lis,
 

° Anselmus mer, dans son vide, de toi Il n’a pas l’assise d’un amant, qui méprise ses pieds hauts, Das dich gantz clor eert preisst furwor, réceptif à tout péché. etc.

Thomas Aquin pense à vous. Tu es le pur sur la terre, sur la culpabilité et la faute, pour Adams Enfant, gefreyet billich, dans le quotidien, même pas fatal, keyn péché originel peut être liben. De la même manière, Scot a également subtilement écrit, d’lerer vil, l’école Paris, avec beaucoup de fluidité, a décidé de Bâle ista. Le kilch kristlich, avec l’évêché ressemblant, garde l’ensemble imperturbable.

von Dorn Behüt, Hellischer Flat. Dans l’éternité, tu seras un évêque d’allcin, un évêque chrétien, tu le garderas du tout. Le soleil brille offt leytet ein in foul kote, mais belibt keck sur la masse et moucheté dans son schbn sur note.

Aussi l’or sur l’air, dans la fissure de la terre, change nnverseret glantze. De même, toute Marie reste élevée sur l’héritage et le boch (le bruit sourd – mais) dans le sel et le corps, devant le diable streyt Et la colère de Dieu a été libérée. Gôttlicher gwalt in ihr heym stalt, und sye vor unfal weyhet, etc.

 

QUATRIÈME DIVISION.

CHRISTOLOGIE ET SOTÉRIOLOGIE.

 

§ 179.

L’ÉGLISE GRECQUE SUR LA CHRISTOLOGIE. LA CONTROVERSE SUR L’ADOPTION EN OCCIDENT. NIHILIANISME.

♦ Dorner, Entwickelungsgeschichte der Christologie, p. 106, 88., WalcA Ch. G. E, Historia Adoptianorum. Gott 1755-58. Frobenii Dissertatio Historica de Hæresi Elipandi et Felicia (dans son édition des Œuvres d’Alcuin, T. L p. 923, 88.) [ChristlierJohn Scotus Erigena, 330-361.]

Après la controverse monothélite avait été interrompue en Orient, aucune autre objection n’a été soulevée contre la doctrine de l’Église de deux natures et de deux volontés en une seule et même personne. Mais, au cours de la controverse sur les images, la question de savoir s’il était juste de représenter le Christ sous une forme corporelle a donné lieu à une discussion renouvelée sur la relation de la nature divine à la nature humaine. Jean Damas, en particulier, s’est efforcé de concilier la doctrine des deux natures et des deux volontés, avec l’unité de la personne, en considérant la nature divine comme ce qui constitue la personne, et en illustrant le rapport mutuel dans lequel les deux natures se trouvent l’une par rapport à l’autre, par l’emploi des expressions τρόπος άντώόσεως et περιχώρησις .1 Les théologiens grecs en général ont adopté ses vues.2 — La doctrine orthodoxe était de nouveau menacé par l’interprétation de l’adoption de la filiation du Christ, avancée par plusieurs évêques espagnols, en particulier Elipandus de Tolède et Félix d’Urgella, qu’Alcuin et d’autres ont été combattus avec succès. La théorie de l’adoption, en faisant une distinction entre un fils adoptif et un fils naturel, penchait vers le nestorianisme, bien que ses modifications particulières admettaient une interprétation plus douce.3 Le point de vue de Pierre Lombard, selon lequel le Fils de Dieu n’est rien devenu par l’assomption de la nature humaine (parce qu’aucun changement ne peut avoir lieu dans la nature divine), a été qualifié d’hérésie du nihilianisme. bien qu’il l’ait avancée sans aucune mauvaise intention, et qu’il ait été faussement interprété comme s’il voulait dire que le Christ n’était plus rien.4 Albert le Grand et Thomas d’Aquin s’efforçaient de développer les doctrines christologiques de l’Église selon une méthode dialectique.5 Mais, à côté de cette scolastique dialectiqueon trouvait constamment, comme son une tendance mystique et morale d’un caractère pratique. Quelques-uns de cette classe méprisaient tous les raisonnements subtils des écoles, tandis que d’autres, en partie les adoptant, considérait le Christ, pour ainsi dire, comme le représentant divin, ou le prototype restauré de l’humanité6. Au contraire, les faux mystiques ont transformé le Christ historique en un plus idéal.7

1 Jean Damascène, De Fide Orth. iii. c. 2, ss. p. 205 : Ov yàр проï posture dans la chair elle-même était la parole de Dieu, mais Cette Parole, devenant chair dans l’apostasie, vous êtes une seule chair, un seul Dieu du Verbe de chair, Mais vous êtes émouvant, rationnel et mental ; Car nous disons au peuple qui a été déifié : Mais Dieu s’est fait homme. « S’il est un dieu parfait par nature, il est parfait par nature Cet homme, M. T. l. En ce qui concerne les conditions de livraison ( communicatio idiomatum), et la périchorèse (immeatio), voir ch. 3 et 4, p. 210 : Et c’est la manière de donner, d’une nature descendante de donner à l’autre Il en est de même à cause de l’identité de la distance, et de cette autre circonstance. Par cette puissance, nous avons dit au-delà de Christ, que Dieu est venu à nous de la terre et d’hommes associés ; et l’homme créé et passionné, et Indescriptible. Comparez aussi les chapitres suivants et Dorner, p. 106, ss. [et 259, sq. Baur, Dogmengesch. 211 , dit de Jean Damascène, que dans son la nature humaine du Christ n’est pas une hypostase en soi, et pourtant elle est non sans hypostase dans la mesure où elle existe dans l’hypostase du Logos ; il n’est la nature humaine que telle qu’elle existe avant l’être individuel et personnel. ]

2 Ainsi Nicétas Choniatès (Thesaurus, c. 16, cité par Ullmann, p. 46), et Nicolas de Méthone (Réfut. p. 155, cité par Ullmann, p. 84.) Celle-ci, conformément à la communicatio idiomatum, appelé le corps du Christ, oupa Ociov, parce que, au moyen de la l’âme spirituelle, elle était unie au Dieu Logos, de manière à former une seule personne, et a donc été déifié (0ɛ ovpyn@ev.) Comparez Refut. p. 166 ( Ullmann, 1. c) .— Parmi les théologiens occidentaux Anselme ont adopté ces définitions dans son Cur Deus Homo ii. c. 7.

3 Sur l’état d’avancement de l’adoption controverse, voir Walch, 1. c. Ketzerhistorie, vol. ix. p. 667, par. ; Gieseler, Hist. de l’Église, ii. 75, par. ; Neander (trad. de Torrey) iii . 156, art. -Sur le questions : l’adoptionnisme a-t-il été proposé par des théologiens antérieurs ? si la lecture correcte d’Hilaire de Trin. ii. 29, est adoptatur ou adoratur ? et sur la Liturgia Mozarabica, voir Gieseler, 1. c. D’un autre côté, controverse d’Elipandus avec l’évêque espagnol, Megetius, voir Baur, Lehre d. Dreieinigkt. ii. 131, sq. [Neander, Hist. Dogm. 442, sq., fait remonter l’adoptionnisme à l’influence des écrits de Théodore de Mopsueste, dont Félix était l’un des étudiant assidu. Ceci est confirmé, ajoute Jacobi (dans une note à Neander, p. 443), par les Commentaires sur l’épître de Paul, publiés par Pitra, dans son Spicileg. Solesmense, i . 170, sq. , comme une œuvre d’Hilaire, mais réellement écrite par Théodore. Rabanus Maurus semble s’être servi de ces Commentaires. Baur, Dogmengesch. 213, dit que l’adoptionnisme était le résultat logique de la maxime christologique, à laquelle Alcuin s’opposa : c’est-à-dire que dans l’assomption de la chair par la divinité, « persona perit hominis non natura."] La notion elle-même est exposée très distinctement dans l’Epist. Episcop. Hispan. ad Episc. Galliæ (dans Alcuini Opp. T. ii p. 568), cité par Münscheréd. par von Cölln, p. 81, et Gieseler. Nos...... confitemur et credimus, Deum Dei filium ante omnia tempora sine initio ex Patre genitam—non adoptione sed genere, neque gratia sed natura—pro salute vero humani generis in fine temporis ex ilia intima et ineffabili Patris substantia egrediens, et a Patre non recedens, hujus mundi infima petens, ad publicum humani generis apparens, învisibilis visibile corpus adsumens de virgine, ineffabiliter per integra virginalia matris enixus : secundum traditionem patrum confitemur et credimus, eum factum ex muliere, factum sub legenon genere esse filium Dei sed adoptions, neque natura sed gratiaid ipsum eodem Domino attestante, qui ait : « Pater major me est », etc. — Félix (apud Alcuin, contra Felic. lib. iv. c. 2) : Secundo autem modo nuncupative Deus dicitur, etc. « Cette union de la nature humaine, qui est méchante en elle-même, avec le divin, par l’élévation de la première à la suite d’un jugement divin, peut être appelée l’unio forensis, ou l’union légale » Dorner, p. 112. Sur la comparaison que l’on peut faire entre ladite élévation et le νΐοθεσία des rachetés, voir Baumgarten-Crusius, p. 381. Même en Espagne, le prêtre Beatus, de la province de Libana, et l’évêque Etheriusd’Othma, se prononcèrent contre la théorie de l’adoption. Félix fut obligé de se rétracter, d’abord à Ratisbonne (792), puis à Rome ; le synode de Francfort (794 apr. J.-C.), également prononcé contre l’adoptionnisme. — Respect d’Alcuini Libellus adversus Hæresin Felicia, ad Abbates et Monachos Gothiæ missus (T. i. p. 759, 8s.), et son Epistola ad Felicem, comparez Giesefer, p. 77. L’argument principal d’Alcuin était que la doctrine en question détruirait l’unité du Fils de Dieu, p. 763 : Si igitur Dominus Christus secundum carnem, sicut quidam improba fide garriunt, adoptivus est Filius, nequaquam unus est Filius, quia nullatenus proprius Filius et adoptivus Filius unus esse potest Filius, quia unus verus et alter non verus esse dignoscitur. Quid Dei omnipotentiam sub nostrum necessitatem prava temeritate constringere nitimur ? Non est nostræ mortalitatis lego ligatus ; omnia enim quæcumque vult, Dominus facit in cœlo et in terra. Si autem voluit ex virginal ! utero proprium sib ! creare filium, quis ausus est dicere, cum non posse ? etc. Comp. p. 813. Au synode d’Aix-la-Chapelle (799 apr. J.-C.), Félix fut incité à céder par Alcuin, tandis qu’Elipandus persistait. Félix mourut en 818, mais il semble qu’avant sa mort il soit revenu à ses anciennes opinions ; voir Agobardi Liber adversus Dogma Felicia Episc. Urgellensis ad Ludov. Pium Imp. : comp. Baur, ii. 133. — Folmarchanoine à Traufenstein, qui vivait au XIIe siècle, fut accusé (1160) d’erreurs d’adoption (nestoriennes ?) semblables ; voir Cramer, vii. p. 43. Et Duns Scot et Durandus a. S. Porciano ont admis l’utilisation de l’expression filius adoptivus sous certaines restrictions. Walch, 1. c. p. 253 ; Gieseler, ii. 80 ; Baur, ii. Débloquer le niveau 838.

♦ Aucun fils, dit Félix (ubi supra), ne peut avoir deux pères naturels. Christ, maintenant, dans sa nature humaine, est le fils de David, aussi bien que le Fils de Dieu. Par conséquent, il ne peut être le second que par adoption, puisqu’il est le premier par nature. — Une question subordonnée était celle-ci : Quand cette adoption a-t-elle eu lieu dès la naissance, ou pour la première fois au baptême ? D’après Watch (Ketzerhistorie, ix. 574 8q.\ Félix soutenait ce dernier point : voir en réponse Neanderubi supra, et comparer Bow, Trinit ii. 139. D’après la représentation de ce dernier, la relation d’adoption ne s’est réalisée que dans la résurrection du Christ.

4 Sur l’hérésie du nihilianisme (Lombardi Sent Lib. iii Dist 5-7, son langage n’est pas très défini), voir Cramer, vol. VII. au commencement ; Domerp. 121, 8s. ; Münscheréd. par von Côlln , p. 86, 87 ; et GieselerDogmengcsch. 506,sqConformément à un ordre du pape Alexandre HL, la phrase u Deus non factus est aliquid״ a été examinée par le synode de Tours (a. d. 1163), et rejetée : Mansi, Tom. xxii. à la p. 239. Jean Comubiensis s’y opposa également, vers l’an 1175 (Martène Thesaurus, T. v. p. 1658, ss.) Mais c’est surtout Walter de Saint-Victor qui a fait croire que la langue de Pierre Lombard impliquait la notion hérétique : Deus est nihil secundum quod homo. L’accusation de nihil-ianisme est au moins injuste dans la mesure où elle représente la négation de l’existence sous une certaine forme individuelle, comme une négation absolue de l’existence. Quoi qu’il en soit, les attaques lancées contre Pierre Lombard furent l’une des raisons pour lesquelles les théologiens étaient désormais plus soucieux d’éviter la négation de l’existence séparée de la nature humaine du Christ : Nous rencontrons, du moins, dans les écrits de presque tous les scolastiques ultérieurs, un passage ou un autre, dans lequel ils insistent, en opposition à l’expression « non aliquide » utilisée par Pierre Lombard, que la nature humaine du Christ est quelque chose de défini et de distinct de tous les autres, mais qui ne subsiste cependant que dans la personne divine ; c’est pourquoi ils ne l’appelleraient ni individu, ni personne », Domer, pp. 122, 123. Baur, ii. Débloquer le niveau 563.

♦ Jean de Cornouailles fait appel, entre autres, à l’usage de la langue. Quand nous disons, e. g., Tous les hommes ont péché—· Christ en est expressément excepté. Ou encore, nous disons que le Christ était le plus saint des hommes ; ou bien, nous comptons ensemble les douze apôtres et leur Maître, et nous disons qu’il y a treize personnes. Tout cela ne pourrait pas être, si le Christ n’était pas aliquis homo. Voiren outre, dans Baur, ubi précité.

5 Albertus MagnCompend. Theol. Lib. iv. do Incamatione Christi, c. 14, et lib. iii. sur les Sentences, dist. xiii. (cité par Domer, p. 124 et 125). Thomas d’Aquin P. iii. Qu. 8, 1, etc., cité par Domerp. 126, ss. Comp. Cramer, ynp. 571, ss. : Baur, ii. 787 [BaurDogmengcsch. 259, dit que la théorie christologique de Thomas d’Aquin s’est répandue dialectiquement dans les deux positions négatives, que Dieu n’est rien devenu à l’incarnation, et que l’homme en tant que sujet réel de l’incarnation ne pouvait rien dire, parce que le sujet (la personne) de l’union n’est que le Fils de Dieu. L’humanité du Christ n’est qu’une nature humaine, et non une personnalité humaine ; L’union a empêché la nature de devenir une personne, sinon la personnalité de la nature humaine aurait dû être détruite par l’union. Sur les vues christologiques d’Anselme et d’Abélard, en particulier en ce qui concerne la possibilité du péché du Christ, voir NeanderHist. Dogmas, 513 , sq. Anselme dit « que le Christ aurait pu pécher s’il l’avait voulu, mais cette possibilité n’est qu’hypothétique Cur Deus Homo, ii. 10. Abélardà propos de l’épître aux Romains, affirme « que si le Christ est considéré comme un simple homme, il est douteux que nous puissions dire de lui nullo modo peccare posse ; mais en parlant de lui comme Dieu et homme, seul un non posse peccare doit être admis.

6 Sur le mode d’interprétation mystique adopté par Jean Damas et d’autres, en particulier par son disciple supposé Théodore Abukara, Domerp. 115, ss. Sur le rapport entre les définitions scolastiques et les définitions mystiques, comp., ibid. Jean Scot Erigène considère le Christ historique comme celui en qui le genre humain est idéalement représenté, et en même temps il s’efforce toujours de préserver la dignité spécifique du Christ. Ainsi dans De divis. Nat. ii. 13 : Humano intellectui, quern Christus assumsit, omnes intellectuales essentiœ inseparabiliter adhærent Nonne plane vides, omnem creaturam, intelligibiles dico sensibilesque mediasque natures, in Christo adunatam. Comp. v. 25, p. 252 : Quanquam enim totam humanam naturam, quam totam accepit, totam in se ipso et in toto humano genere totam sal-vavit, quosdam quidem in pristinum naturæ statum restituent, quosdam vero per excellentiam ultra naturam deificans ; in nullo tamen nisi in ipso 8010 humanitas deitati in unitatem substantiæ adunata est, et in ipsam deitatem mutata omnia transcendit Hoc enim proprium caput Ecclesiæ sibi ipsi reservavit, ut non solum ejus humanitas particeps deitatis, verum etiam ipsa deitas, postquam ascendit ad Patrem, fieret ; in quam altitudinem nullus præter ipsum ascendit nec ascensurus est [Comp. Christlieb’s John Scotus Erigena, 1860, pp. 330360־. Erigène, sur l’exinanitioa épousé l’opinion que les calvinistes ont adoptée par la suite en se distinguant des luthériens, p. 335. Il fait de l’incarnation une nécessité, v. 25 : Si Dei sapientia in effectua causarum, quæ in ea œternaliter vivunt , non descendent, causarum · ratio periret : pereuntibus enim causarum effectibus nulla causa remaneret, etc. Malgré la forte affirmation d’Erigène sur le Christ historique, la dérive de sa doctrine est de donner à l’incarnation un caractère purement idéal, ou symbolique. Il. anticipe Schelling et Hegel d’une manière frappante ; voir ChristUerp. 354, sg.] — Les scolastiques en général reconnaissaient dans le Christ quelque chose d’universel, comme le prototype de la race, sans toutefois porter atteinte à son individualité historique ; voir Domer, p. 141. — C’était encore plus le cas des mystiques. Quelques-uns d’entre eux, par exemple Gérotchprébendier de Reichersbergprotestèrent dès l’époque de l’avènement de la scolastique, contre la tendance à l’affinage et à la coupe des cheveux en quatre qui s’était répandue en ce qui concerne la christologie (surtout en opposition à Folmar) ; voir Cramer, 1. c. p. 4378־. Les disciples de l’école de Saint-Victor regardaient d’un œil indifférent le développement plus subtil de ce dogme (Domerp. 142, note). Tous les mystiques ont insisté pour que le Christ soit vivifié pour nous. C’est ainsi que Ruysbroek a dit : « Le Christ a eu sa divinité et son humanité par nature ; mais nous l’avons quand nous sommes unis à lui dans l’amour par la grâce Comp. La Monographie d’Engelhardtp. 157, et l’entire section, p. 177-179. TaulerPredigten, t. I, p. 55, s’exprimait ainsi : « Nous tenons pour susceptibles de béatitude de la même manière qu’il est susceptible, et que nous recevons ici-bas un avant-goût de cette béatitude éternelle dont nous jouirons dans l’au-delà. Puisque même les puissances les plus mesquines et les sens corporels de notre Seigneur Jésus-Christ étaient tellement unis à sa nature divine, que nous pouvons dire : Dieu a vu , Dieu a entendu Dieu a souffert, de même nous jouissons nous aussi de l’avantage, en conséquence de notre union avec lui, que tous nos Les œuvres peuvent devenir divines. De plus, la nature humaine étant unie à la personne divine et aux anges, tous les hommes ont plus de communion avec lui que les autres créatures, en ce sens qu’ils sont les membres de son corps, et qu’ils sont influencés par lui comme par leur tête, etc. Il n’y a pas beaucoup de fils ! Vous pouvez et vous devez différer selon votre naissance naturelle, mais dans la naissance éternelle il ne peut y avoir qu’un seul Fils, puisqu’en Dieu il n’y a qu’une seule origine naturelle, c’est pourquoi il ne peut y avoir qu’une seule émanation naturelle du Fils, et non deux. Par conséquent, si vous voulez être un seul fils avec Christ, vous devez être un éternel écoulement avec la parole éternelle.De même que Dieu s’est fait homme, de même l’homme s’est fait Dieu par grâce, et ainsi la nature humaine est changée en ce qu’elle est devenue, c’est-à-dire en l’image divine, qui est par conséquent une image du Père, etc. Comparez aussi le sermon du jour de Noël, t. I, p. 89, et d’autres passages. — Deutsche Théologie, ch. 22 : " Là où Dieu et l’homme sont tellement unis, que nous pouvons dire en vérité, et la vérité elle-même doit confesser, qu’il y en a un qui est vraiment un Dieu parfait, et un homme vraiment parfait, et où l’homme est néanmoins si dévoué à Dieu, que Dieu est là l’homme lui-même, et qu’il agit et souffre entièrement sans aucune individualité, ou pour soi, ou pour avoir soi-même [Germ, ohne ailes Ich, Mir und Mein], (i. e., sans aucune volonté propre, sans amour-propre et sans égoïsme) : voici il y a vraiment le Christ, et nulle part ailleurs.Comp. ch. 24 et ch. 43 : « Là où est la vie du Christ, là est le Christ lui-même, et là où sa vie n’est pas, là il n’est pas »  — Le langage de Wessel est simple et digne ; De Causa Incarnat, c. 7, p. 427 (cité par Ullmann, p. 267) : u Toute âme noble a en elle-même quelque chose de divin qu’elle aime à communiquer. Plus elle est excellente, plus elle s’efforce d’imiter l’Être divin. En conséquence, cette âme sainte et divinement aimée (c’est-à-dire le Christ), ressemblant à Dieu plus qu’à toute autre créature, s’est livrée entièrement pour les frères, comme elle a vu Dieu faire de même à l’égard d’elle-même.omp. casquette. 16, p. 450, et De Magnit. Passionis c. 82, p. 627 : Qui non ab hoc exemplari trahitur, non est. Sur le développement humain du Rédempteur, voir ibid., c. 17, p. 486, cité par Ullmann, p. 259.

♦De peur que ce passage ne soit mal interprété, de manière à se référer à un Christ purement idéal, comp ce qui est dit c. 52 : « Tout ce qui a été écrit jusqu’à présent, Christ instruit par une longue vie, qui a duré trente-trois ans et six mois » etc.

7 Ainsi les Beghards : Dicunt, se credere, quod quilibet homo perfectus sit Christus per naturam. (Mosheimp. 256, d’après la lettre de l’évêque de Strasbourg.) D’après Baur (Gesch. d. Trinit. ii. 810, comp. cependant, note ci-dessus), la doctrine de l’Église, telle qu’elle a été exposée par Jean Scot Erigène, n’était rien d’autre que celle de l’immanence de Dieu dans le monde, qui apparaissait dans l’homme sous la forme d’une conscience de soi réelle et concrète. [Comp, aussi Christlier, ubi, précité.]

Le partus virgineus était un de ces sujets qui occupaient beaucoup l’ingéniosité des scolastiques. C’est à la base de la controverse entre Paschasius Radbert et Ratramnvers l’an 850, sur la question de savoir si Marie avait donné naissance au Christ utéro clause Îà laquelle le premier (après Jérôme) répondit par l’affirmative, le second (comme l’avait fait Helvidius) par la négative. Pour plus de détails, voir Münscheréd. par von Cölln, p. 85 et 86 ; et Watch, 0. G. F. Historia Controverse sæculi IX. de Partu B. Virginis. Gott. 1758. 4°. Anselme chercha à prouver d’une manière très ingénieuse, que la naissance de la Vierge était nécessaire dans le cercle des possibilités divines, Cur Deus Homo, ii 8 : Quatuor modis potest Deus facere hominem ; videlicet put de viro et do femina, sicut assiduus usas monstrat ; aut nec de viro nec de femina, sicut creavit Adam ; aut de viro sine femina, sicut fecit Evam ; aut de femina sine viro, quod nondum fecit Ut igitur bunc quoque modum probet sum subjacere potestati, et ad hoc ipsum opus dilatum esse, nihil convenientius, quam ut do femina sine viro assumât ilium hominem, quern quærimus. Utrum autem de virgine aut de non virgine dignius hoc flat, non est opus disputare, sed sine omni dubitatione asaerendam est, quia de virgine hominem naaci oportet—Dans les écrits de Robert Pulleyn, nous rencontrons des questions absurdes sur le moment exact de l’événement et la manière dont l’union de la nature divine du Fils avec la nature humaine assumée dans le sein de Marie avait eu lieu (Propriétaire, νί μ 484, 8s.)

La prédilection des scolastiques pour toutes sortes de questions les amena aussi à rechercher si l’union entre la nature divine et la nature humaine du Christ continuait d’exister après sa mort (la séparation du corps et de l’âme). Il supposait que seul le corps du Christ était mort, mais non le Christ tout entier ; voir Cramervi, p. 487, 488. Une controverse s’est également déroulée entre les Franciscains et Dominicains à propos de la question de savoir si le sang versé sur la croix était aussi séparé de la nature divine du Christ ? Une violente discussion eut lieu à Rome à Noël 1462. Les Dominicains prirent l’affirmative, les Franciscains le côté négatif de la question. Enfin, le pape Pie II interdit le progrès de la controverse par un buU, publié ▲. mort en 1464 ; voir Gobellin) Commentaire Pii IL Rom. 1584, p. 511...... Fleury, Hist eccleeiast xxiii. p. 167, 8a.

LA RÉDEMPTION ET L’EXPIATION.

♦ Baur, Geschichte der Versonungslehre, p. 118, 88. SeisenNicolaus Methonensis, Anselmus Cantuarienas, Hugo Grotius, quod ad Satisfactionis Doctrinam a singulis ex-cogitatum inter se compared. Heidelberg, 1838-40. [Th0masiusChristologie, iii. 1. Comp. § 134. Cur Deus Homo d’Anselme, trad. par Vose, dans Bib. Sacra, 1854-5.]

La notion mythique, développée au cours de la période précédente, d’une transaction légale avec le diable, et de la tromperie pratiquée sur lui de la part de Dieu et du Christ, a également été adoptée par certains théologiens de la période actuelle, par exemple Jean Damascenus.1 Mais elle céda bientôt, ou du moins devint subordonnée à une autre manière théologique d’énoncer la doctrine, à savoir que le fait de la rédemption pouvait être déduit avec une nécessité logique de certaines relations divines et humaines. Nous trouvons la transition vers cela dans l’Église grecque dans les écrits de Nicolas de Méthone2 qui est arrivé à des conclusions similaires avec Anselme, bien qu’indépendamment de lui. Dans l’Église d’Occident, Anselme de Canterbury a établi sa théorie avec une quantité d’ingéniosité et une complétude de raisonnement jusque-là jamais atteintes. Elle est en substance ainsi conçue : Pour rétablir l’honneur dont Dieu a été privé par le péché, il a fallu que Dieu se fît homme ; afin que, par une soumission volontaire à la peine de mort, il pût ainsi, en tant qu’homme-Dieu, annuler la dette qu’aucun autre être, céleste ou terrestre, n’aurait pu payer en dehors de lui. Et non seulement il satisfaisait aux exigences de la justice divine, mais, ce faisant, de son plein gré, il faisait plus qu’il n’était nécessaire, et il était récompensé en obtenant la délivrance de l’homme du châtiment qui lui était imposé. C’est ainsi que s’ajusta l’apparente contradiction entre l’amour divin, d’une part, et la justice et la bienveillance divines, d’autre part.

1 De Fide Orth. iii. 1. : Hull Gar, le créateur et le maître de l’existence de la créature concernée, accepte la lutte et travaille comme enseignant. Et parce que la divinité de Dieu attire l’homme, les problèmes charnels sont tentés et montrés si le bien « est la sagesse, le juste et le fort de Dieu ; le seul bien, qu’il a renoncé à la maladie de la créature concernée, mais qu’il a ressenti de la compassion pour le 9 C’est ce qui est tombé, et la Terre Sainte, qu’un homme qui a été vaincu ne conquiert pas le tygannon, et qu’il n’arrache pas à la mort de l’homme,mais 9 si la mort est une fois asservie par les péchés, ce vainqueur bon et juste a de nouveau été convaincu, et la ressemblance de celui-ci est confortable, au-delà du nécessiteux ; Le Tribunal Démocratique du Monde des Sages, la Conclusion de la Solution Indigente est très digne. Il s’opposait, en effet, à l’idée (de Grégoire de Nysse) que le diable avait reçu La Rançon, III. 27 : M7 ? Le tyran du despote se méfiait du sang, mais il a utilisé un langage très étrange dans la partie suivante du chapitre : La mort et l’ingestion du corps de la divinité sont touchées, et le goût sans péché et vivifiant du corps est corrompu et toujours enflammé, avalé dans le passé

2 Anecd. i p. 25, ms. fol. 148 b., (cité par Seisen, p. i.) ; ibîdM p. 30, ss. fol. 150 b., (cité par Seisçn, p. 2) : Ou gar thanatf responsable de toute notre race ; tous les gar ont péché, centre de la mort dstin ou péché (1 Cor. xn. 56), qui nous mangela mort était payée, et dans tous les autres cas, les liens de l’esclavage étaient libérés des lances prises, ou par la mort (Rom. v. 14.) La rançon est levée par les possesseurs. Ils ne sont pas capables de souffrir des drames et de racheter la race, pas même ceux de la race libre ; La même culpabilité sera libérée d’eux, même ceux qui meurent ensemble pour en être libérés. Jamais , autant que possible, le monde entier ne sera exempt de l’esclavage pour l’amour et digne de sa propre liberté ; mais 9 ne sont pas convenables, toujours en train de mourir, pas en face de la mort. N’est-ce pas l’accomplissement ? C’est-à-dire celle de la personne sans péché. Les dons de toutes choses, sans péché ou seuls ? Dieu; Parce que Dieu était l’agent et sans la mort, et que les passions causées par la mort pouvaient ou ne pouvaient pas s’accomplir, le Dieu de la souffrance et de la mort, ce qui était inacceptable, a assumé une nature de souffrance et de mort qui était réceptive, qu’elles existaient en toutes choses et étaient invariablement devant nous, qu’elles ont reçu de moi la mort dans la chair, et dans 9 de ce sujet, ce sujet, descendant de lui, n’est ni cette terre bien sûr, pour ainsi dire, ni de l’homme, mais de Dieu vaincu, et nous ne sommes pas adoucis devant les luttes du temps, appelant, ayant pour exemple la chair de la même chair, si le péché a été condamné, sans qu’aucune tromperie ne le trouve............ Je ne suis pas au courant des événements de cette passion honnête, mais à cause de la crédibilité et de la puissance nécessaire, pour toutes les raisons, au-delà de l’environnement. Comp. Réfut., p. 155, Ss., cité par Seisen, p. , et Ullmannp. 90, 8s. Il était d’accord (avec Anselme) principalement pour essayer de démontrer que le Rédempteur devait nécessairement être Dieu et Homme, mais différait de lui en ce qu’Anselme rapportait la nécessité de la mort de Jésus à la sainteté divine, tandis que Nicolas l’apportait en relation avec la domination de Satan sur les hommes pécheurs. Ullmann, p. 94.

Le rapport entre la théorie de la satisfaction d’Anselme et les opinions que Jiad a généralement obtenues avant son temps, s’exprime principalement dans son opposition décidée au principe sur lequel ces vues étaient fondées, à l’égard du diable ; BaurVersohnungslehre, p. 155. Cur Deus Homo i. 7. et ii. 19 : Diabolo nec Deus aliquid debebat nisi pœnam, nec homo, nisi vicem, ut ab illo victus ilium revinceret ; sed quidquid ab illo exigebatur, hoc Deo debebat, non diabolo. Comp. Dial, de Verit c. 8 (in Hasse ii. 86) : Dominus Jesus, quia solus innocens erat, non debuit mortem pati, quia ipse sapienter et benigne et utiliter voluit earn sufferre. La théorie d’Anselme est plutôt fondée sur l’idée du péché (comp. § 176, note 4). C’est le devoir de l’homme d’honorer Dieu ; Par le péché, il l’a privé de l’honneur qui lui est dû, et il est obligé de le rétribuer d’une manière frappante. Ainsi en i. 11 : Hune honorem debitum qui Deo non reddit, aufert Deo quod suum est, et Deum exhonorat, et hoc est peccare. Quamdiu autem non 801-vit, quod rapuit, manet in culpa ; nec suffîcit solummodo reddere, quod ab-latum est sed pro contumelia illata plus debet reddere, quam abstulit. Com. aussi c. 13 : Necesse est ergo, ut aut ablatus honor solvatur, aut poena aequatur, alioquin aut sibi ipsi Deus justus non erit, aut ad utrumque impotens erit, quod nefas est vel cogitare. Il est peut-être vrai que Dieu ne peut pas, à proprement parler (i. e,objectivement), être privé de son honneur, mais il doit insister sur ses exigences, pour le bien de ses créatures ; l’ordre et la barbarie de l’univers l’exigent. i. c. 14 : Deum impossibile est honorem suum perdere... . Cap. 15 : Dei honori nequit aliquid, quantum ad ilium pertinet, addi vel minui. Idem namque ipse sibi honor est incomiptibilis et nullo modo mutabilis. Verum quando unaquæque citatura suum et quasi sibi præceptujp ordinem sive natural iter sive rationabiliter servat, Deo obedire et eum dicitur honorare ; et hoc maxime rationales natura, cui datum est intelligere quid debeat Quæ cum vult quod debet, Deum honorât ; non quia illi aliquid confert, sed quia sponte se ejus voluntati et dispositioni subdit, et in rerum universitate ordinem suum ct ejusdem universitatis pulchritudinem, quantum in ipsa est, servat Cum vero non vult quod debet, Deum, quantum ad illam pertinet, inhonorat, qûoniam non subdit se sponte illius dispositioni, et universitatis ordinem et pulchritudinem, quantum in se est, perturbât, licet potestatem aut dignitatem Dei nullatenus lædat aut decoloret (Avec cela l’idée est liée, que l’insuffisance de la hiérarchie cœlestis, occasionnée par la chute des anges, a été compensée par la création de l’homme.

♦ Il est intéressant de noter que, à mesure que les doctrines de l’Église se développaient graduellement au cours des âges, le royaume de Satan était de plus en plus relégué à l’arrière-plan, comme les ombres disparaissent devant la lumière. ainsi qu’en anthropologie, jusqu’à ce qu’Augustin (dans la deuxième période) montre que l’origine du péché se trouve dans une vision plus profonde de la nature humaine. Et enfin, au cours de la période actuelle, le lien entre les doctrines de la christologie et de la sotériologie, d’une part, et la doctrine de l’agent démoniaque, d’autre part, étant dissous, cette dernière est repoussée à l’eschatologie, où le diable trouve sa place dans l’enfer. qu’Abélard fut accusé d’hérésie pour avoir contesté le droit du diable à l’homme ; voir Bern-bard. Epist cxc. 5, dans Mattllon, Tom. i. p. 650 sq. (Comp. Anselme de Hasse, ii. 493).

c. 16. (Comp, ci-dessus § 172, note 6.) D’après les raisons que nous venons de citer, il serait indigne de Dieu de pardonner au pécheur, par la seule user de son autorité suprême, dans la voie de la miséricorde ; (i. 0. 6) et 0. 12 : Non decet Deum peccatum sic inpunitum dimittere...... Dans ce cas, l’injustice serait plus privilégiée que la justice. (Liberior est mjustitia, si sola misericordia dimittitur, quam justitia.) Comp. c. 19. Mais l’homme ne peut pas donner satisfaction, en tant qu’il est corrompu par le péché originel (i. a 23 : quia peccator peo-catorem justificare nequit) : néanmoins il était nécessaire que la satisfaction fût donnée par un être humaini. c. 3 : Oportebat namque nt sicut per hominis inobedientiam mors in humanum genus intraverat, ita per hominis obedientiam vita restitueretur, et quemadmodum peccatum, quod fait causa nostre damnationis, initium habuit a femina, sic nostras jnstHiss et salutis auctor nasceretur de femina, et ut diabolos, qui per gustum ligni^ quern per-suasit, hominem vicerat, ita per passionem ligni, quam intulit, ab homine vinceretun Mais Dieu n’aurait-il pas pu créer un homme sans péché | Qu’il en soit ainsi ; mais alors les rachetés seraient tombés sous la domination de celui qui les avait rachetés, c’est-à-dire sous la domination d’un homme, qui ne serait lui-même qu’un serviteur de Dieu, auquel les anges ne rendraient pas obéissance^ (I. c. 5.) Et d’ailleurs, l’homme lui-même doit obéissance à Dieu, i. c. 20 : In obedientia vero quid das Deo, quod non debes, cui jubenti totum, quod ea et quod habes et quod potes, debes ?...... Si me ipsum et quidquid possum, etiam quando non pecco, illi debeo, ne peccem, nihil habeo, quod pro peccato □Hi reddam. gun ange) prendre sur lui l’œuvre de la rédemption, car tant de choses sont sûres : Ilium, qui de suo poterit Deo dare aliquid, quod superet omne quod sub Deo est, majorera esse necesse est, quam omne quod non est Deus..... Nihil autem est supra omne quod Deus non est, nisi Deus...... Non ergo potest banc satisfactionem facere nisi Deus, (ii. c. 6.) Si donc nul ne peut faire satisfaction que Dieu lui-même, et s’il est néanmoins nécessaire qu’un homme la fasse, il ne reste plus que cela : que l’homme de Dieu l’entreprenne ; Ibid. : Si ergo, sicut constat, necesse est, ut de hominibus perficiatur ilia superna civitas, nec hoc esse valet nisi fiat predicts satisfactio, quam nec potest facere nisi Deus, nec debet nisi homo : necesse est, ut earn faciat J)eu9 homo. Il est d’ailleurs nécessaire que l’Homme-Dieu soit de la race d’Adam, et qu’il soit né d’une vierge (c. 8. comp. § 179) ; et parmi les trois personnes de la Trinité, il semble le plus convenable que le Fils assume l’humanité (c. 9. comp. § 170, note 6). Pour satisfaire l’homme, il devait donner à Dieu quelque chose qu’il ne lui devait pas, mais qui, en même temps, avait plus de valeur que tout ce qui est sous Dieu. Quant à l’obéissance, il la devait à Dieu, comme toute autre créature raisonnable ; mais il n’était pas obligé de mourir (c. 10, 11.) Néanmoins, il était prêt à donner sa vie de son plein gré, ibid. : Video, hominem ilium plane, quem quœrimus, talem esse oportere, qui nec ex necessitate moriatur, quoniam erit omnipotens, nec ex dcbito, quia nunqnam peccator erit ; et mori possit ex libera voluntate quia necessarium erit ; car la mort est la plus grande sacrifice que l’homme peut offrir, ibid. : Nihil asperius, ant difficilius potest homo ad honorem Dei sponte et non ex debito pati, quam mortem ; et nullatenua se ipsum potest homo magis dare Deo, quam cum 88 morti tradit ad honorera illius. Mais c’est parce qu’il était volontaire, que l’acte avait une valeur infinie, car sa mort l’emporte sur tous les péchés, si nombreux et si grands soient-ils, c. 14. A : Cogita etiam, quia peccata tantum sunt odibilia, quantum sunt mala, et vita ista tantum amabi-lis est, quantum est bona. Unde sequitur, quia vita ista plus est amabilis, quam sint peccata odibilia. B. Non possum hoc non intelligere. A. Pa-tasne tantum bonum tarn amabile posse suffioere ad solvendum, quod debetur pro peccatis totius mundi ? B. Imo plus potest à l’infini. (C’est pourquoi l’expiation du Christ a aussi une influence réactionnelle sur nos premiers parents, c. 16, et sur Marie elle-même, ibid., et c. 17, comp. § 178, note 2.) Mais l’offrande, ainsi faite volontairement, ne pouvait qu’être récompensée. Mais comme le Fils possédait déjà ce que le Père possède, la récompense qui lui est due doit s’accumuler à l’avantage des autres, c’est-à-dire des hommes (19). Ainsi l’amour et la justice de Dieu peuvent être réconciliés l’un avec l’autre, c. 20 : Misericordiam vero Dei, quœ tibi perire videbatur, cum justitiam Dei et peccatum hominis considerabamus, tarn magnam tamque concordera justitiœ invenimus, ut nec major nec justior cogitari posait Nempe quid misericordius intelligi valet, quam cum peccatori tormentis œternis damnato, et unde ae redimat non habenti, Deus pater dicit : Accipe Unigeniturn meum, et da pro te ; et ipse Filius : Tolle me, et redime te ..... Quid etiam justius, quam ut ille, cui datur pretium majus omni débite, si débite datur affecta, dirai ttat omne debitum Î Et enfin, il ne faut pas passer sous silence sa prudence à la fin de son traité (c. 22.) : Si quid diximus, quod corrigendum sit, non renue correctionem, 8i rationabiliter sit. Si autem testimonio veritatis roboratur, quod nos rationabiliter invenisse existimamus, Deo, non nobis attribuere debe· mus, qui est benedictus in sœcula. Amen. [Du point de vue d’Anselme, comparez Neander, Hist Dogra. 614 sq., c’est-à-dire qu’il affîrmâ la nécessité d’un sacrifice actif (plutôt que passif) par procuration.]

♦Comp, aussi L chap. 9 : Non coëgit Deus Christum mori, in quo nullum fait pocca-tarn, sed ipee sponte sustinuit mortem, nan per obedientiam deserendi vitam, sed propter otedientiam aervandi justitiam, in qua tarn fortiter perseveravit, ut inde mortem incurreret.

En dépit de toutes ses apparences de conséquence logique, la théorie d’Anselme, comme on l’a remarqué, est sujette à l’accusation d’une contradiction interne. Car, bien qu’Anselme lui-même admît que Dieu ne pouvait être privé de son honneur objectivement, il n’a jamais · Il n’en fondait pas moins son argumentation sur ce fait objectif, et rendait nécessaire qu’après aD, l’amour et la compassion de Dieu se présentent, qu’ils acceptent la satisfaction volontairement faite par un être innocent et qu’ils remettent le châtiment dû aux transgresseurs réels, qui, de leur côté, ne pourraient pas réparer leur perte. Comp. Baur, p. 168-179. Schweizer dit aussi, dans son GlaubensL d. reformirten Kirchè, 391, que la théorie d’Anselme oscille entre le fœdus operum et le fcedus gratiæ. A cela, il a été répondu qu’Anselme distingue clairement entre l’honneur immanent et l’honneur transeunt (déclaratif) de Dieu, et que son argumentation commence par cela ; voir Hasstts Anselme, ii. 676. — Mais, plus loin, l’aspect subjectif (moral) est trop relégué à l’arrière-plan par l’aspect objectif (juridique) ; et le reste de l’œuvre rédemptrice de Christ, tel qu’on le voit dans la vie, disparaît presque hors de vue (comp. cependant, ii. c. 18). On ne peut pas non plus croire que la réconciliation dont il est question soit plutôt une réconciliation de Dieu avec les hommes, qu’une réconciliation des hommes avec Dieu ; voir Baur, p. 181. Ullmann (Nicolas de Méthone, p. 93.) Nous devons cependant nous garder de confondre la théorie d’Anselme avec son développement par les théologiens protestants ultérieurs. Sur la question de savoir si la satisfaction dont parle Anselme n’est pas, à proprement parler, une souffrance de punition, comme une simple obéissance active dans la mesure où il fait une différence entre la punition et la satisfaction (i. 15. necesse est, ut omne peccatum satisfactio out paana sequatur) voir Baur, p. 183-88. Néanmoins, il est certain que la satisfaction du Christ, aux yeux d’Anselme, consistait, sinon exclusivement, du moins principalement, à se soumettre aux souffrances et à la mort ; on ne peut donc pas dire, avec Baur que l’idée d’un châtiment par lequel on fait satisfaction, et qui est souffert dans la chambre d’un autre, ne se rencontre pas dans le plan d’Anselme.1' [Baur, Dogmengesch. 26061־, trouve le nerf de la théorie d’Anselme dans Cur Deus Homo, i. 23 .* Nullatenus debet aut potest accipere homo a Deo, quod Deus illi dare proposuit, si non reddit Deo totum, quod illi abstulit, ut sicut per ש urn Deus perdidit, ita per ilium Deus recuperet.—L’honneur de Dieu doit être rétabli, non pas seulement négativement par la punition, mais positivement par la satisfaction : la satisfaction, en tant que telle, est un acte moral et un désert. D’autre part, il faut admettre qu’Anselme se contente de l’idée de la souffrance de la mort : dans ses écrits, il n’y a pas deon dit que le Rédempteur est sous le poids de la colère divine, qu’il prend sur lui les tourments de l’enfer, ou ce qu’on appelle l’angoisse de l’âme, etc. Le style chaste et noble, tragique, dans lequel le sujet est discuté, forme un contraste frappant avec la « théologie du sang » faible et pleurnicharde, voire sensuelle, des âges ultérieurs. — Sur le rapport entre la théorie d’Anselme et la doctrine des temps anciens, voir Baur, p. 186-88. Neander, Church Hist (Torrey’s transi), iv. 500-7. [Sur la théorie d’Anselme, voir British and Foreign Quarterly Review, Edinb. 1859. Le meilleur et le plus complet récit se trouve dans l’Anselme de Hasse. Comp., aussi ThomasiusChristi Person und Werk, iii 217223־ : « Nous ne pouvons pas dire qu’ici l’amour de Dieu est sacrifié à sa justice, ni que l’amour du Père s’efface derrière l’amour du Fils, ni que le rapport entre la culpabilité et la satisfaction ne soit considéré que quantitativement ; mais il est cependant vrai que l’amour de Dieu n’est pas suffisamment mis en évidence, et que l’obéissance passive de Christ ne vient pas à elle toute reconnaissance, puisque la mort de Christ n’est pas considérée comme la souffrance d’un jugement divin, mais comme un don à l’honneur de Dieu, d’où elle n’est pas strictement vicariante. mais plutôt un supplémentement. Pourtant, « l’idée de satisfaction a été faite par Anselme la possession inaliénable de l’église ». — NeanderHist Dogmas, p. 521 : « Depuis l’époque d’Anselme, deux conceptions opposées de la rédemption se développèrent : l’une considérait sa méthode comme objectivement nécessaire, et tirait son efficacité de cette nécessité ; l’autre attribuait plutôt un lien subjectif aux deux, comme s’il n’avait plu à Dieu de rattacher le prix de la rédemption qu’aux souffrances du Christ, parce que celles-ci étaient les mieux adaptées pour opérer la transformation morale de l’homme. £ deutsche Théologie, 1860, p. 584, sq.]

 

§ 181.

DÉVELOPPEMENT ULTÉRIEUR DE LA DOCTRINE DE LA RÉDEMPTION ET DE L’EXPIATION.

Les contemporains et les successeurs immédiats d’Anselme se sont abstenus d’adopter sa théorie dans toute sa rigueur.1 Au contraire Abélardprenant dans ce cas, comme dans beaucoup d’autres, le côté opposé de la question, attachait une importance primordiale à l’aspect moral de la doctrine, et déclarait que l’amour du Christ était le principe rédempteur, en tant qu’il appelle l’amour de notre part.2 Bernard de Clairval, d’autre part, insistait sur l’idée mystique de la mort par procuration de Christ3Hugo de Saint-Victor adhérait davantage à la doctrine d’Anselme, mais la modifiait jusqu’à revenir à la notion antérieure d’une transaction légale et d’une lutte avec le diable ; en même temps, il affirmait (avec Abélard) la signification morale de la mort du Christ.4 Les opinions de Robert Pulleyn et de Pierre Lombard étaient encore plus étroitement liées à celles d’Abélard, bien que ce dernier y combinât d’autres aspects de l’expiation.5 Les scolastiques ultérieurs revinrent à la doctrine d’Anselme et la développèrent plus complètement.6 C’est ainsi que Thomas d’Aquin mit en avant la fonction sacerdotale du Christ et insista beaucoup sur le mérite surabondant de sa mort.7 Duns Scot est allé à l’autre extrême, niant qu’elle suffise8; mais il a supposé une acceptation volontaire de la part de Dieu. Wycliffe et Wessel attachèrent de l’importance à la théorie de la satifaction dans son rapport pratique avec la piété évangélique, et introduisirent ainsi la période de la Réforme9. pensaient trouver le vrai principe de la rédemption dans la répétition en eux-mêmes du sacrifice autrefois fait par le Christ, c’est-à-dire dans la crucifixion littérale de leur propre chair10. Ceux qui étaient de tendance panthéiste annulaient tout ce qu’il y avait de particulier dans les mérites du Christ.11 L’interprétation externe et mythique de la doctrine, en tant qu’opération juridique, a conduit à des exagérations poétiques offensantes et à des distorsions de la vérité.12

1 « S’il faut, d’une part, reconnaître que la théorie d’Anselme de la sat· L’irfaction est un brillant spécimen de l’acuité dialectique et spéculative des scolastiques, il doit nous sembler étrange d’un autre côté qu’il soit seul et qu’il ne semble avoir convaincu aucun de ses successeurs de la nécessité du point de vue qu’il a adopté : BaurVersohnungslehre, p. 189.

2 Abélard s’opposait, comme Anselmemais plus nettement encore, à l’introduction du diable dans le plan de la rédemption : Comment, in Epist ad Rom. Lib. (Opp. p. δδΟ), cité par Münscherédité par von Côlln, p. 163 ; Baur, p. 191. Le véritable fondement de la réconciliation a été exposé par lui comme suit (p. 553, cité par Baurp. 194) : Nobis autem videtur, quod in hoc justi· ficati sumus in sanguine Christi et Deo réconciliât !, quod per hanc singularem gratiam nobis exhibitam, quod filins suns nostrum susceperit naturam, et in ipso nos tarn verbo, quam exemplo instituendo usque ad mortem perstitit, Nos sibi implique per amorem astrixit, ut tanto divin » gratae accensi bénéficié, nil jam tolère propter ipsum vera reformidet caritas...... Redemtio itaque nostra est illa summa in nobis per passionem Christi dilectio, quæ nos (leg, non ) solum a servitute peccati libérât, sed veram nobis filiorum Dei libertatem, acquirit, ut amore ejus potius quam timoré cuncta impleamus, qui nobis tantam exhibuit, gratiam, qua major inveniri, ipso attestante, non potest « Ainsi les deux représentant· Les tentatives de la scolastique, dans sa première période, lorsqu’elle se développa dans toute sa vigueur juvénile, Anselme et Abélard, étaient directement opposés l’un à l’autre, en ce qui concerne les doctrines de la rédemption et de l’expiation. L’un considérait que le dernier motif de celle-ci était la justice divine, exigeant un équivalent infini pour la culpabilité infinie du péché, c’est-à-dire une nécessité fondée sur la nature de Dieu ; l’autre considérait que c’était la grâce gratuite de Dieu, qui, en allumant l’amour dans le sein de l’homme, efface le péché et avec le péché sa culpabilité BaurVersohnungslehre, p. 195. Sur les efforts d’Abélard, nonobstant ses autres vues, pour représenter la rédemption dans son aspect juridique, voir ibidem. [Abtelardi Opera, 1606, p. 590 : Sed et hoc, ni fallor, contuendo nobis Apostolus reliquit (Rom. v. 12, sq.), Deum in incarnatione filii 8ui id quoque sibi machinatum fuisse, ut non solum misericord !^ verum et justitia pereum subveniret peccantibus, et ipsius justitia suppleretur, quod delictis nostris prœpediebatur......Homo itaque factus lege ipsa dilectionis proximi constringitur, ut eos, qui sub lege erant, nec per legem poterant salvari, redimeret, et quod in nostris non erat mentis, ex suis suppleret, et sicut sancitate singularis extitit, singularis fieret utilitate in aliorum etiam salute.]

3 Bernard s’est opposé à Abélard, en premier lieu, sur le point que le diable n’a aucun droit légal sur l’homme, voir Epist. 190, de Erroribus Abas- * lardi ad Innocentent HL, cité par Munscherédité par von Côlln, p. 164 Baur, VersohnungsL p. 202· Il a fait une distinction entre le jus acquisitum et le jus nequiter nsurpatum, juste tamen permissum. Il attribue ce dernier au diable : Sic itaque homo juste captivus tenebatur : ut tamen nec in homine, nec in diabolo ilia esset justitia, sed in Deo. Bernard, en outre, insistait particulièrement sur le fait que le Christ, en tant que chef, avait fait une satisfaction pour les membres. {Homo siquidem, qui debuit, homo qui sal vit. Nam si unus ,inquit (2 Cor. v. 16) pro omnibus mortuus est, ergo omnes mortui sunt, ut videlicet satisfactio unius hominis imputetur, sicut omnium peccata unus ille portavit, nec alter jam inveniatur, qui fbrefecit (i. e. peccavit), alter, qui satis־ fecit, quia caput et corpus unus est Christus.] — Satisfecit caput pro membris, Christus pro visceribua suis (voir Baurp. 202, 203.) Les vues de Bernard étaient très proches de celles d’Augustin et de Grégoire le Grand.

4 Dans le système de Hugo, Dieu apparaissait comme le patronus de l’homme et l’adversaire du diable. Mais, avant tout, il fallait se concilier sa faveur. Cette idée est largement développée dans son Dialogue de Sacramentis legis oatnralis et script ». De Sacram. c. 4 : Dédit Deus gratis homini, quod homo ex débite Deo redderet. Dédit igitur homini hominem, quern homo pro homine redderet, qui, ut digna recompensatio fieret, priori non sohim œqualis, sed major esset. Ut ergo pro homine redderetur homo major homme, factus est Deus homo pro homine—Christus ergo nascendo debdtum hominis patri solvit et moriendo reatum hominis expiavit, ut, cum ipse pro homine mortem, quam non debebat, sustineret, juste homo propter ipsam mortem, quam debebat, evaderet, et jam locum calumniandi diabolos non inveniret, quia et ipse homini dominari non debuit, et homo liberari dig-nus fuit.—Ce qui suit est écrit plutôt dans l’esprit d’Abélard, c. 10 : .....,Ut in Deo humanitaa glorificata exemplum esset glorificationis homi* nibus ; nt in eo, qui, passus est, videant, quid ei retribuere debeant, in co autem, qui glorificatus est, considèrent, quid ab co debeant exspcctaro ; ut et ipse sit via in exemplo et veritas in promisso et vita in præmio. Comp. BiebnerHugo von St. Victor, p. 417, par. BaurVersohnungsL 206, 206.

5 Sur Pulleyn, qui, à d’autres égards, fut loué par Bernard à cause de son orthodoxie, voir Cramert. VI, p. 490, 8 s., Baur, p. 205. [Pulleyn dit que le Rédempteur doit souffrir, en partie parce que cela était nécessaire à notre rédemption (bien que nous ayons pu être rachetés d’une autre manière), en partie, comme exemple pour nous dans l’endurance de la souffrance. Mais le prix de la rédemption n’a pas été payé, non au diable, ce qui est impossible ; mais à Dieu.] Pierre Lombardplus qu’aucun autre scolastique, considérait le sujet en question au point de vue psychologico-moral (voir Baur, p. 209), Sent Lib. iii. Dist 19 : A Quomodo a peccatis per ejus mortem soluti sumus ? Quia per ejus mortem, ut ait Apostolus, commendatur nobis caritas Dei, . e., apparet eximia et commendabilis caritas Dei eiga nos in hoc, ♦ quod filium suum tradidit in mortem pro nobis peccatoribus. Exhibits autem tantæ erga nos dilectionis arrha et nos movemur accendimurque ad diligen-dum Deum, qui pro nobis tanta fecit, et per hoc justificamur, i. e^ soluti a peccatis justi effidmur. Mors ergo Christi nos justifient, dum per earn caritas excitatur in cordibus nostris. — Pierre Lombard s’opposait résolument à l’idée que Dieu avait, pour ainsi dire, changé ses vues sur le pécheur, à la suite de la mort du Christ, ibid., F : Réconciliât ! sumus Deo, ut ait apostolus, per mortem Christi. Quod non 81c intclligendum est, quasi nos ei sic reconciliaverat Christus, ut inciperet amare quos oderat, sicut réconciliatur inimicqs inimico, ut deinde sint amici, qui ante se oderant, sed jam nos diligent ! Deo réconciliati Sumus. Non enim, ex quo ei réconciliati sumus per sanguinem filii, nos cœpit diligere, sed ante mundum priusquam nos aliquid essemus.—Néanmoins il admettait aussi la doctrine de la substitution, bien qu’il s’exprimât à son sujet en termes très généraux (comme le fit Bernard de Clairval) ; loc. cit D. \Thomasius Christi Person, iii. 232, citations du Lombard : Peccata nostra i. e., pœnam peccatorum nostrorum in corpore suo super lignum portasse, quia per ipsius pœnam, quam in cruce tulit, omnis pœna temporalis, quæ pro peccato con versis debetur, in baptismo penitus re-laxatur, nt nulla a baptizato exigatur et in pœnitentia minoratur. Non enim sufficeret fila pœna, qua pœnitentes ligat ecclesia, nisi pœna coôperaretur, qui pro nobis solvit] (Baur, p. 213.) Et enfin, le diable occupait une position très étrange dans le système de Pierre Lombard. (Quid fecit redemp-tor captivatori nostro ? tetendit ei muscipulum crucem suam : posuit ibi quasi escam sanguinem suum.) Baur, p. 211, comp., aussi p. 79. [Sur le point de vue de Raymund Lulli, voir Neander, Hist Dogm. 581 D’Innocent III, Neander dit (p. 583) qu’il était " le premier qui représentait la satisfaction du Christ comme une réconciliation entre les attributs divins de la miséricorde et de la justice:" Modum invenit, per quem utrique satisfaceret tam misericordiæ quam jus-titiæ : judicavit igitur, ut assumeret in se pœnam pro omnibus et donaret per se gloriam universis. Sermo i. fol. 6, éd. Colon. 1575. « Ceci, ajoute Néandre, fut la première affirmation de la satisfactio vicaria passiva parmi les scolastiques. » Neander cite aussi de Guillaume de Paris : Quid mi rum est, Deum esse factum hominem, participatione humanæ naturæ, ut homo etiam fieret Deus, congruent ! sibi participatione deitatis. L’amour de Dieu doit être révélé, afin que l’homme puisse aimer Dieu : Quia amor amore convenientius accenditur, sicut ignis igne, decuit Deum amorem nostrum amore suo accendere.] ·

6 Ainsi Alanus ab Insultes iii. (cité par Pez, T. i. p. 493-97) ; Albertus Magnus (Sent. Lib. iii. Dist. 20, Art 7) ; Alexander Halesdans Summæ P. iii. Qu. 1, Membr. 4, ss., voir Cramer, vii. p. 574, ss. Baurp. 215, note. [Alexandre, Somma, Pars iii. qu. 1. membrum 5, que l’homme ne peut faire de sat-isfhction sans le don de la grâce : Membr. 6, qu’aucune créature ne pourrait le faire, étant fini : Membr. 7, que seul l’homme-Dieu pouvait le faire : Ergo necesse est, quod satisficiat Deus, qui potest, et homo, qui debet, ergo debet aatisfacere Deus homo, et non solus Deus nec solus homo.] Bonaventura (Opp. T. v. p. 191, 8s., ibid. p. 218, De plus, il n’y a pas d

7 Summæ Pars, iii. Qu. 22, (de Sacerdotio Christi), cité par Münscher édité par Von Cölln, p. 166. On trouvera sa théorie de la satisfaction ibid., p. 46-49. BaurVeraôhnungsl. p. 230, 8s. Il discuta surtout de la nécessité de la souffrance, et de la question : Dieu aurait-il pu racheter l’homme d’une autre manière ? et il y répondit par l’affirmative et par la négative, selon l’idée formée de la nécessité. (Art. 2. Baur, p. 232.) Quoi qu’il en soit, les souffrances du Christ étaient le chemin le plus convenable et le plus conforme au but. Il est également significatif que Christ ait souffert sur la croix, ce qui nous rappelle non seulement l’arbre du Paradis, mais aussi le fait que la croix est un symbole de diverses vertus, ainsi que de cette largeur, de cette longueur, de cette profondeur et de cette hauteur dont l’apôtre a parlé (Eph. iii. 18), de notre élévation au ciel, etc. Tandis qu’Anselme n’est pas allé au-delà du fait de la mort du Christ, Thomas d’Aquin s’est efforcé de démontrer que le Christ a enduré dans sa tête, ses mains et ses pieds, toutes les souffrances que les hommes doivent endurer dans leur réputation, leurs biens terrestres, leur corps et leur âme, dans la tête, les mains et les pieds ; par conséquent, la douleur des souffrances du Christ est de loin la plus grande ce qui peut être supporté dans la vie présente (à l’appui de laquelle il a présenté plusieurs arguments). Néanmoins son âme possédait la jouissance ininterrompue de la béatitudeart. 8, (mais Thomas Aquinas lui-même n’a pas encore parlé de l’endurance de l’âme aux tourments de l’enfer, ou de la malédiction éternelle, laissant ainsi les souffrances incomplètes.) con-eiders ce cas de châtiment éternel, aussi ; et soutient que le Christ n’a pas besoin et ne peut pas souffrir ainsi ; la dignité de sa personne et son sacrifice volontaire suffisaient ; voir Thomasiusubi supra, 236 8q. Christ a souffert tout ce que l’homme méritait, « secundum genus », et non « secundum speciem ».] Il a en outre proposé (comme Bernard de Clairval) l’idée mystique, selon laquelle la tête souffre pour les membres (Quœst. 48, art 1.) : Christas per suam passionem non solum sibi, sed etiam omnibus membris suis meruit salutem. Passio non est meritbria, inquantum habet principium ab exteriori, sed secundum quod earn aliquis voluntarie sustinet, sic habet principium ab interiori, et hoc modo est meritoria.—Thomas s’est servi de la même idée mystique pour réfuter l’objection qu’un être ne peut satisfaire à un autre ; car, dans la mesure où deux ne font qu’un par l’amour, l’un peut satisfaire l’autre. En ce qui concerne le meritum surabondant Qu. 48, art 2 : Cbristus autem ex charitate et obedientia patiendo majus aliquid Deo exhibait, quam exigeret recompensatio totius offeusæ humani .generis : primo quidem propter magnitudinem charitatis, ex qua patiebar tur ; secundo propter dignitatem vitce sum, quam pro satisfactione ponebat, quæ erat vita Dei et hominis ; tertio Provert Generalitatem Passionis et Magnitudinem Doloris Assumti.......... et ideo passio Christi non solum suffisant, 8ed etiam surabondant satisfactio fuit pro peccatis humani generis (1 Jean ii 2.) En ce qui concerne ses déclarations ultérieures, voir BaurVer-sohnungslehre et Mûuscher, édité par Von Colin, p. 167. \Thoma8ius ubi supra, 236 sq., et Ritschl, dans Jahrb. L deutsche Théologie, I860, p. 097 sq.]

♦ Chez Thomas d’Aquinnous trouvons également (comme l’indique le titre) les premières allusions à la triple fonction du Christ, puisqu’il le considère comme législateur, sacerdos et rex. Cependant, il n’utilise pas l’expression munus officium, et ne développe que le sacerdotiwn, montrant comment le Christ était à la fois sacerdos et hostia perfecta. Voir Gieseler, Dog-meqgesch. 513 [EusèbeHist. Eccl. I. 3, reconnaît déjà les trois offices, en disant que les grands prêtres, les rois et les prophètes ont été oints comme types, en se référant au vrai Christ, le Logos, qui est le seul grand prêtre de tous, le seul roi de toute la création, et le seul archiprophète des prophètes du Père. Comp. Ebrard dans la Realencyclop de Herzog. ]

8 Duns Scotus dans Sent L. iii. Dist 19 : . . . Quantum vero attinet ad meriti sufficientiam, fait profecto illud finitum, quia causa ejus finita fait, videlicet voluntas naturæ assumptæ, et summa gloria illi collata. Non eniqx Christas quatenus Deus meruit, sed in quantum homo. Proinde si exquiras, quantum valuerit Christi meritum secundum sufficientiam, valait procul da-bio quantum fait a Deo acceptatum. Siquidem divina acceptatio est potis-sima causa et ratio omnis meriti...... Tantum valait Christi meritum sufficienter, quantum potuit et voluit ipsum Tri ni tas acceptare, etc. — C’est ainsi qu’il détruisit l’argument principal de la théorie d’Anselme dans son Cur Deus Homo Car, puisque le Christ n’a souffert que dans sa nature humaine, un ange, ou tout autre homme, aurait pu souffrir tout aussi bien, comme Duns Scot était tout disposé à admettre Comp. Baur, p. 256. C’est pourquoi les souffrances du Christ semblaient encore moins nécessaires à Scot qu’elles ne l’étaient à Thomas d’Aquin. Leurs deux systèmes sont comparés par BaurVersohnungal, pp. 257, 258.־* Bonaventura occupait une position intermédiaire entre les deux premiers, en enseignant a perfectio et plenitudo meriti Christi. Brev. iv. c. 7, Cent iii. Secte 80. [La théorie de Scot a été favorisée par le nominalisme. Clément VI a sanctionné la théorie thomiste dans sa bulle jubilaire de 1343. Baur. William Occam, le grand rénovateur du nominalisme, passe entièrement sur le sujet dans son commentaire sur le Lombard, et y fait simplement allusion dans son Quodlibeta. Le nominaliste espagnol Michel de Plaçois (au XVIe siècle), dit : Mortem Christi non explevisse justitiam, sed solum explevisse ex magna con-dignitate—quod ad justitiæ æqualitatem attinet, tantum valorem habere oportuisse opera pari hominis, quantum habuerunt opera Christi, quia per se neutra sufficiebant. Cité dans Thomasiusubi supra, p. 245. Sur Gabriel JBiel, voir ibid., p. 251 sq. Sur Duns Scot, voir Ritschl, dans Jahrb. f. deutsche Theol. I860, p. 565 sq.]

9 Wycliffe. Trialogus iii. c. 25 (De Incarnatione et Morte Christi), cité par Baur, p. 273. [Dialog, lib. iii. cap. 25 : Salvari enim oportet ilium homi-nem (Adam),' cum tarn fructuose pœnituit, et Deus non potest negare suam misericordiam taliter pœnitenti. Et cum, juxta*8uppositionem tertiam, opor-tet, quod satisfactio pro peccato fiat, ideo oportet, quod idem illud genus hominis tantum satisfaciat, quantum in protboplasto deliquerat, quod nullus homo facere poterat » nisi aimul faerat Deus et homo. «.. .. Et fuit necessanum, ipsam acceptnm fuisse in ligno, ut sicut ex fructo ligni vetito periit homo, sic ex fructo ligni passo salvetur homo. Et sunt ali æ mult æ congruenti æ utrobique.] Cependant, il insistait autant sur le repentir que sur la théorie de la satisfaction. — D’après Wessel, le Christ était le Rédempteur, même en représentant en lui-même la vie divine (idée qui avait presque entièrement sombré dans l’oubli depuis l’époque d’Anselme). Néanmoins, il était aussi Médiateur ; Oui, il était Dieu, sacrificateur et sacrifice en même temps. Nous voyons en lui à la fois le Dieu qui a été réconcilié et celui qui a opéré cette réconciliation. Comp. De Magnitod. Passionis, c. 17, et Exemple Seal » Meditationis, Ex. iii. p. 391 ; cité par Ullmann, p. 261 Saur, p. 277. Wessel, lui aussi, considérait que les souffrances de Notre-Seigneur étaient faites par un substitut ; mais allant au-delà de la simple transaction extérieure et juridique, il affirmait la nécessité d’une foi vivante et de l’appropriation de l’Esprit du Christ Ullmann, p. 264. Il attachait donc (comme Abélard et Pierre Lombard) une grande importance au principe de l’amour. Celui qui veut se faire une juste idée des souffrances du Christ, doit venir à elles, avant tout, avec un œil exercé dans l’amour ; De Magnit Passionis, p. 19. D’autres passages peuvent être vus dans les œuvres d’Ullmann et de Saur.

10 La contemplation émotionnelle des souffrances du Christ, et des expressions telles que « le sang de Jésus, plein d’amour, et rouge comme une rose » (p. ex. dans les écrits de Suso), peut, en effet, être attribuée au mysticisme. Mais les vrais mystères ne se sont pas contentés de cela. C’est ainsi que l’auteur de la Deutsche Théologie, c. 3, après avoir prouvé que Dieu avait assumé l’humanité pour effacer les effets de la chute, continue ainsi : « Quand même Dieu prendrait avec lui tous les hommes qui existent, et qu’il prendrait leur nature, et qu’il s’incarnerait en eux, et les rendrait divins en lui, cependant, S’il n’en était pas de même à mon égard, ma chute et ma rébellion ne seraient jamais détruites. — Se référant plus distinctement au dessein des souffrances du Christ Tauler a dit (dans un sermon sur Luc x. 23, cité par Wackernagel Lesebuch i. sp. 868) : « Puisque votre grand Dieu a été ainsi réduit à néant, et condamné par ses créatures, et qu’il a été cAïcifié et est mort, vous devriez, avec une endurance patiente et avec toute l’humilité souffrante, Contemplez-vous dans ses souffrances, et ayez ainsi vos pensées imprimées. Comparez aussi ses Sermons, t. I, p. 289 (Sermon du Vendredi Saint.) — L’évêque Maître Albrecht a dit : « Vingt-quatre heures composent jour et nuit ; prenez une de ces heures, divisez-la en deux, et passez-la à contempler les souffrances de Notre-Seigneur, ce qui est meilleur et plus utile à l’homme que si tous les hommes, tous les saints, tous les anges de Dieu et Marie, la mère de Dieu, se souvenaient de lui. De même que l’homme meurt d’une mort corporelle, de même il meurt à tout péché, par une méditation sérieuse sur les souffrances de notre Seigneur Jésus-Christ » (Sprtiche deutscher Mystiker, in Wackemagert Lesebuch, sp. 889). Mais non seulement les mystiques insistaient sur la nécessité de rappeler les souffrances du Christ par la contemplation intérieure, mais la même idée était aussi représentée extérieurement par les tourments auto-infligés par les ascètes, en particulier par les Flagellantes du moyen âge. Dans ce dernier cas, il faut cependant admettre qu’à mesure que l’esprit de justice était appelé, les mérites de Christ étaient jetés dans l’ombre. C’est ainsi qu’il est dit, dans l’un des hymnes de la Flagellante ( a d. 1349) : « Par Dieu nous avons « versé notre sang, en compte duquel nos péchés seront pardonnés ». (Hoffmann, Geechichte dee deutechen Kirchenliedee, p. 94.)

11 Les Beghards enseignaient : Christus non est passns pro nobis, sed pro se ipeo. (Mosheim, p. 256.) Almarich de Bena soutenait que, par le fait que tous les Christiens étaient membres du Christ, nous devons comprendre que, en tant que snch, ils ont participé aux souffrances du Christ sur la croix. (Engelhardt, p. 253.) C’est ainsi qu’il renversa la doctrine selon laquelle la tête mourait pour les membres (celle de Bernard de Clairval et de Thomaé d’Aquin).

12 Jacob de Theramo, qui vécut au XIVe siècle (1382) traita la transaction entre le Christ et Bélial (le diable) sous la forme d’un procès judiciaire ; elle a été traduite en allemand au XVe siècle, sous le titre : « Hie hept sich an ein Rechtsbuoch » ; W. Wackernagel Die altdeutschen Handschriften der Baseler Universitàtsbibliothek, 1835, in-4°, p. 62 éq. Baur(s’appuyant sur la Diss. Inauguralis, 1774-5, de Doderlein, dans son Opusc. Academ. Iéna, 1789), l’appelle une pièce de carnaval ; mais il n’en est rien, le sujet est destiné à être traité avec sérieux Comparez un drame semblable : Extracti0 Animarum ab Inferno, tn the English Miracle-Plays or Mysteries, par W. Marriott. Bas. 1838, p. 161. [Comp. Karl Hasedas geistliche Schauspiel, 1858.]

 

§ 182.

LE LIEN ENTRE LA SOTÉRIOLOGIE ET LA CHRISTOLOGIE.

Julius Müller dans la Deutsche Zeitschrift F. Christl. Science. Octobre 1850.

Dans la théorie d’Anselme, on attachait tant d’importance à l’incarnation et à la mort de Jésus, comme fondement de l’œuvre de la rédemption, qu’il y avait danger que la vie merveilleuse du Rédempteur, qui se trouve entre les deux, ne perde sa signification religieuse. Il y avait, cependant, ceux qui attiraient à nouveau l’attention sur la vie de l’Homme-Dieu, comme ayant elle-même un pouvoir rédempteur.Quelques-uns, en effet, ont fait croire que le Christ n’est venu dans le monde que pour mourir, et que, par conséquent, il n’aurait pas été envoyé du tout s’il n’y avait pas eu de péché à expier. D’autre part, d’autres, par exemple. g. Wessela souligné de diverses manières la signification que doit avoir la manifestation de Dieu dans la chair, indépendamment du péché et de ses effets, en tant que clé de voûte de la création et couronne de l’humanité.2

1 Voir Wessel dans le § précédent, note 9.

2 Comp., t. I, § 64. La question de savoir si le Christ aurait assumé la nature de l’homme s’il n’y avait pas eu de péché n’a pas été discutée avant le milieu des âges, étant commencée, semble-t-il, pour la première fois par Rupertus, abbé de Duitz, au XIIe siècle. Domerp. 134 ; comp, hie ouvrage, De Glorificatione Trinitatis, et Processione Sp. Sanct. lib. iii.c. 21 ; iv. 2, et Comm, dans Matth. de Gloria et Honore Filii homin. lib. xiii. (Opéra, Tom. ii. 164) ; Gieseler, Dogmengesch. 514. [Rupert dit que les hommes et les anges ont été créés pour l’amour d’un seul homme, Jésus-Christ ; lui, le chef et le roi de tous les anges et de tous les hommes élus, n’avait pas besoin du péché pour s’incarner. Alexandre de Hales adopta le même point de vue : Summa Theol. P. iii. Qn. 2, Membr. 13. Bonaventura, d’accord avec Thomas d’Aquin.] — Le langage de Thomas d’Aquin montre suffisamment qu’il se sentait lui aussi disposé à considérer l’incarnation du Christ comme l’achèvement de la création. Dans son Commentaire sur les Sentences, Lib. Dist. 1. Qu. 1, art. 3, il a dit que l’incarnation n’a pas seulement opéré la délivrance du péché, mais aussi la naturæ exaltationem et totius universi consummationem. Comp. Summa, P. iii. Qu. 1, art. 3 ; Ad omnipotentiam divin » virtutis pertinet, nt opera sua perficiat et Se manifestet per aliquem infinitum effectum, cum sit finita per suam essentiam. Néanmoins, il pensait qu’il était plus probable (selon la P. III, quest. 1, 3) que le Christ ne se serait pas fait homme s’il n’y avait pas eu de péché. Cette notion s’est généralement acquise, et les théologiens ont préféré louer (à l’exemple d’Augustin) le péché lui-même comme felix culpa (ainsi Richard de Saint-Victor, De Incarnat. Verbi, c. 8), plutôt que d’admettre la possibilité de la manifestation du Fils de Dieu en dehors de tout lien avec le péché. Duns Scotcependant, se sentait enclin à adopter ce dernier point de vue, qui était plus conforme à toute sa tendance pélagienne ; Lib. iii. Sent. Dist vii. Qu. 3, et Dist. xix. D’autre part , Wesseldont les sentiments n’étaient nullement semblables à ceux de Pélage, était du même avis (De Incarn. c. ׳Z et c. 11, cité par Ullmann, p. 254). Selon lui, la cause finale de l’incarnation du Fils de Dieu ne se trouve pas dans le genre humain, mais dans le Fils de Dieu lui-même. Il s’est fait homme pour lui-même ; ce n’est pas l’entrée du péché dans le monde qui a provoqué cette détermination de la volonté divine ; Le Christ aurait assumé l’humanité même si Adam n’avait jamais péché : Si incarnatio facta est principaliter propter peccati expiationem, sequeretur ! quod anima Christi facta sit non principal ! intent !one, sed quadam quasi oc-casione. Sed inconveniens est, nobilissimam creaturam occasionaliter esse introductam (cité par Domer, p. 140.)

♦ C’est ce qu’ont fait plus tard les Sociniens. Néanmoins, la théorie en question peut être si tendue, « que le péché est pris à la légère, et l’humanité exaltée, plutôt que la dig· nité du Christ dugmetdée.^ (Domer, p. 137.) Mais si la notion de felix culpa ! par quoi le péché est fait apparaître comme Θεοτόκοςne pourrait pas conduire les hommes jusqu’à l’adorer pour des raisons panthéistes, et en même temps à le prendre à la légère au point de vue moral, c’est une autre question. Et, d’autre part , si nous considérons le péché sous un jour sérieux, si nous considérons l’incarnation du Christ simplement comme quelque chose qui est devenu nécessaire pour réparer les dégâts, son aspect heureux sera perdu de vue et la joie que nous pourrions éprouver à Noël se changera trop tôt en pleurs et en gémissements de la semaine de la Passion. C’est là le principal défaut de la théorie d’Anselme. Mais en ce qui concerne l’exaltation de l’humanité aux dépens de la dignité du Christ, le lattef, loin d’être menacé par la théorie de Wessel, est soulevé par l’idée que le Christ a assumé l’humanité non pas à cause de l’homme, mais pour lui-même, idée par laquelle l’orgueil de l’homme est humbkxh [Cette note est omise dans la 5e édition de Hagenbach.]

[Comp., au sujet de cette section W. Flörkedans Zeitschrift t. d. Lutherische Théologie, 1854, p. 209-249 ; Liebner, dans sa Christologie ; Dorner, Lehre von der Person Christi ; ThomasiusChristi Person und Werk, i. 169. Thomas d’Aquin a nié la position selon laquelle le Christ se serait incarné même s’il y avait eu pas de péché, non seulement parce que l’Écriture ne relie l’incarnation qu’au péché, mais aussi parce que la perfection de l’univers ne l’exigeait pas : Ad perfectionem universi sufficit, quod natural ! modo creators ordinetur in Deum sicut finem. Hoc autem ezcedit limites perfectionis natoræ, ut creators uniatur Deo in persona : SummaPars iii. qu. 1, art. I. Raymund Lullicité dans NeanderHist Dogm. 582, dit que l’incarnation est bien une œuvre d’amour libre ; et qu’on ne peut pas dire qu’elle n’ait été provoquée que par le péché, mais que Dieu se l’ait dû à lui-même : Alias Deus non solveret debitum sibi ipsi et suis dignitatibus.

 

CINQUIÈME DIVISION.

L’ORDO 8ALUTI8.

 

§ 183.

prédestination.

(La controverse de Gottschalk.)

Cellot, L., Historia Gotteschalci. 1655, f. |StaudenmaierScot Erigène, p. 170, ß. Gfrörersur le Pseudo-Isidore dans le Tübingen Theol. Zeitschrift, xviil 274 , s q. WïggersSchicksale d. Augustinischen Anthropologie, dans Niedner’s Zeitschrift £ hist. Theol., 1857-8. [Weizsäcker, Das Dogma von der gottlichen Vorherbestimmung im neunten Jahr. in Jahrb. f. deutsche Theol., 1859. Archb. Ussher, Gottschalcus et Prædest Controvers. ab eo mota, Dublin, 1631, et dans Ussher’e Works, 16 vole., Dublin, 1837-40. La controverse sur la prédestination dans la neuvième Century, Princeton Review, 1840. F.Monnier, De Gottschalci et Joan. Scoti Erigenæ Controverse, Paris, 1853.]

GRANDE comme l’était l’autorité d’Augustin dans l’Occident, les notions dominantes concernant la doctrine de la prédestination contenait plus ou moins de l’élément semi-pélagien1. C'est pourquoi, lorsque, dans le courant du IXe siècle, Gottschalkmoine du monastère franciscain d’Orbais, se hasarda à faire revivre la rigide doctrine augustinienne, et alla même jusqu’à affirmer une double prédestination, non seulement au salut, mais aussi à la damnation2, il s’exposa à la persécution. Il fut d’abord combattu par Rabanus Maurus3puis condamné par les synodes de Mayence (A. D. 848), et de Quiercy (Cressy, Carisiacum, A. D. 849)4L’archevêque de Reims, Heinmar, prit part aux travaux de ce dernier synode. Bien que Prudentius de Troyes5, Ratramn,6 Servatus Lupus7 et plusieurs autres, se soient prononcés en faveur de Gottschalk, bien que sous certaines modifications Jean Scot Erigenapar une argumentation ingénieuse, ait réussi à conserver l’apparence de l’orthodoxie augustinienne, en soutenant, sur la base de la position empruntée à Augustin, que le mal était quelque chose de négatif, et par conséquent, en tant que tel, ne pouvait pas être prédestiné par Dieu.8 Les objections avancées par Prudentius et Florus (Magister) furent aussi peu prises en compte que les démarches faites par Remigiusarchevêque de Lyon, en faveur de Gottschalk9. Au contraire, le second synode de Quiercy (Cressy, A D, 853) posa quatre articles, conformément aux vues d’Hincmar, puis plusieurs évêques au synode de Valence rédigèrent six autres articles d’une tendance contraire, qui furent confirmés par le synode de Langres (A.D.859)11, mais auxquels Hincmar12 s’opposa encore avec zèle. Gottschalk, victime des passions d’autrui, supporta son sort avec cette force d’âme et cette résignation qui ont toujours caractérisé les individus ou les groupes d’hommes qui ont adopté la doctrine de la prédestination.

1 Les théologiens de l’Église grecque ont conservé les définitions antérieures comme allant de soi. Jean Damasc. De Fide Orthod. ii. c. 30 : Χρη γινώσκειν, ώς πάντα μεν προγινώσκει ό Θεός, ου πάντα âè προορίζει' προγινώσκει γάρ τά έφ9 ήμιν, ου προορίζει dè αυτά(Comp. § 177, note 1)...— Sur les opinions des théologiens de l’Église d’Occident ; voir t. L § 114. Le vénérable Bède (Expositio Allegories in Canticum Cantic.) et Alcuin (de Trinit, c. 8) adoptèrent, pour l’essentiel, les vues d’Augustin, mais rejetèrent la predestinatio duplex. Comp. Münscheréd. par von Colin, pp. 121, 122. Ils n’avaient cependant pas conscience de la différence qu’il y avait entre eux et Augustin ; voir Neander, Church History, iv. p. 472 8q. Wiggers, ubi précité.

2 Sur l’histoire de sa vie, et sur le rapport possible qu’elle a avec sa doctrine, voir Néandre, 1. c. p. 414, 88 ; Staudenmaier, 1. c. p. 175, [et Gieseler, ii. § 16.] Ses propres opinions, ainsi que celles de ses adversaires, peuvent être recueillies auprès de Guilb. MauginVett Auctorum, qui s»c. IX. de Predestinatione et Gratia scripserunt, Opera et Fragmenta. Paris, 1650, Tomi. ii. 4to (in T. ii. : Gotteschalcanœ Controversi » Historica et Chronica Dissertatio.) Dans le Libellus Fidei que Gottschalk présenta au synode de Mayence, il affirmait : Sicut electos omnes (Deus) predestinavit ad vitam per gratuitum solius gratiæ suæ beneficium... sic omnino et reprobos quosque ad æ tern æ mortis predestinavit supplicium, per justissimum videlicet justitiæ su æ judicium (d’après Hincmar, de Pred. c. 5). Dans sa confession de foi (donnée par Münscheréd. par von Cölln, p. 122), il s’exprime ainsi : Credo et confiteor, quod gemina est prædestinatio, sive electorum ad requiem, sive reproborum ad mortem. Mais il ne s’adressait pas tant au mal lui-même qu’au méchant. Comparez le passage cité par Néandreiii. 475 Credo atque confiteor, prescisse te ante sœcula quœcunque ernnt futura sive bona sive mala, prædestinasse veto tantummodo bona. Sur le rapport qui subsiste entre ses vues et celles d’Augustin, voir Néandre, 1. c. p. 474. [L’idée fondamentale de Gottschalk était celle de l’immutabilité divine... Il ne parle pas d’une prédestination au mal, mais à la mort. Voir Baur, Dogmengesch. 215. Comp· NéandreHist. Dogm. 448, sq1.]

3 Epist synodalis Rabani ad Hincmar. donné dans Mansi T. xiv. p. 914 , et Staudenmaierp. 179 : Notum sit dilectioni vestræquod quidem gyrovagus monachus, nomine Gothescalc, qui se asserit sacerdotem in nostra parochia ordinatnm, de Italia venit ad nos Moguntiam, novas superstitiones et noxiam doctrinam de predestinatione Dei introducens et populos dans les mitaines errorem ; dicens, quod prædestinatio Dei, sicut in bono, sic ita et in malo, et tales sint in hoc mundo quidam, qui propter predestinationem Dei, quæ eos cogat in mortem ire, non possint ab errore et peccato se corrigera, quasi Deus eos fecisset ab initio incorrigibiles esse, et pœnss obnoxios in interfam ira. — Quant à la doctrine de Rabanus Maurus lui-même, il fit dépendre de sa prescience le décret de Dieu sur les méchants, voir Neander, L e. p. 470.

4 Mansi, T. xiv. — Sur le traitement scandaleux de Gottschalk, voir Neander, 1. c. p. 478.

5 Prudentii Trecassini (de Troyes) Epistola ad Hincmarum Rhemig. et Pardulum Laudunensem (écrit vers l’an 840, et imprimé pour la première fois dans Lud. Cellotii Historié Gotteschalci. § 1055). Il affirmait une double prédestination, mais faisait dépendre la prédestination des méchants (la réprobation) de la prescience de Dieu. Il soutenait en outre que Christ n’était mort que pour les élus (Matthieu xx. 28), et interprétait 1 Tim. ii. 4, au sens : vel omnes ex omni genera hominum [comp. Augustine Enchirid* c. 103], vel omnes velle fieri salvos, quia nos facit veils fieri omnes homines salves. Comparez Neander, 1. e. p. 481-89.

6 À la demande de l’empereur Charles le Chauve, il composa l’ouvrage De Prædestinatione Dei libri ii. dans lequel il s’exprimait comme compagnon (cité par Mauguin T. i. p. 94 Staudenmaier, p. 192) : Verum quemad-înodum æterna fuit illorum scelerum scientia, ita et definita in secretis cœles-tibus pœnœ sententla ; et sieut pmscientia veritatis non eos impnlit ad ne* quitiam, ita neo pnedestinatio eoëgit ad pœnam. Comp. Neander, L c. p. 482.

7 Servatus Lupus était abbé de Ferrières. Sur son caractère et l’histoire de sa vie, voir Sigebert Gemblacde Scriptt Eccles, a 94. Staudenmaier, p. 188. Il excella comme érudit classique, et écrivit vers l’an 850 : De Tribus Questionibus (1. de libero arbitrio ; 2. de prædestinatione bonorum et malorum ; 3. de sanguinis Domini impôts). Voir Ifaa· t. i. P. ii. p. 9, 88. — Lui aussi a interprété les passages qui sont favorables à la doctrine de la rédemption universelle, conformément au schéma du particularisme (Neander, 1. e. p. 482, ss.) ; mais ses princi· plus doux. pies l’amenèrent à laisser beaucoup de points indécis, car il était loin de prétendre à l’infaillibilité (Neander, à la p. 484.)

8 Vers l’an 851, il adressa probablement à Hincmar et à Pardulus un traité intitulé : Liber de divina Pnedestinationo ; voir Maugmn, T. i. P. i. p. 103, 88. Lui aussi l’a fait à la demande de l’empereur Charles le Chauve. — L’idée d’une pnedestinatio proprement dite ne peut s’appliquer à Dieu, mais avec lui il n’y a ni avenir ni pasf. Comme d’ailleurs le péché porte toujours avec lui sa propre peine (do Prsed. c. 0 : Null ûm peccatum est, quod non se ipsum puniat, occulte tamen in hac vita, aperte vero in altera)^ il n’y a pas besoin d’un châtiment prédestiné Le mal lui-même n’existe pas du tout pour Dieu ; par conséquent, la prescience, aussi bien que la prédestination du mal, de la part de Dieu, est tout à fait hors de question. Comp. Néandre, pi 485. Il faut cependant dire qu’Erigène nie seulement que la prédestination soit double, et l’idée qu’elle soit divine. En harmonie avec toute sa tendance spéculative, il ne pouvait renoncer à l’idée que, de même que Dieu est le fondement de toutes choses, de même de toute éternité tout est embrassé dans son dessein : c’est pourquoi il dit dans De Pr æ dest. 18, 7 : Prædestinavit Deus impios ad pœnam vel ad interitum ; et en 18 : 8, il parle même d’un nombre déterminé de bons et de méchants. Le mal lui-même lui semble être adopté dans le dessein de Dieu sur le monde (supralapsaire !) ; voir Ritter, Gesch. d. Phil. vii. 270, sq. Comp. la doctrine d’Erigena sur le péché et la chute, au § 176, note 4, ci-dessus ; et De Di vis. Nat. v. 36, p. 283. [Comparez aussi les passages cités par Jacobi dans l’Hist. Dogm. de Neander, p. 462 ; et l’exposé long et complet dans Jean Scot Erigène de Christlieb, pp. 861-390. Les points de sa théorie sont que Dieu lui-même est prédestination ; puisque Dieu est essentiellement libre arbitre, il n’y a dans sa prédestination aucune nécessité ; comme Dieu est un, de même sa prédestination est une. (Prædestinatio essentialiter de Deo prædicari non est dubium. Essentia autem unitas. Prædestinatio igitur unitas. Unites duple non est. Prædestinatio igitur dupla non est, ac per hoc nec gemina : De Divis. Nat. iii. § 5.) Il nie la prescience de Dieu à l’égard du mal, car le mal est nuhil, il n’est nulle part substantiellement présent. La grâce est universelle. Christliebubi supra, donne une comparaison instructive de ses vues avec celles d’Origène, de Spinoza et de Schleiermacher.

9 Prudentii Ep. Trecassini De Prædestin. contra Joann. Scotum liber, donné par Mauguin T. i . Pars. i. p. 197, ss.—Fiori Magistri et ecclesiæ Lug-dunensis Liber adversus Jo. Scoti erroneas Definitiones ; ibid. T. i. P. i. p. 685. Néandre, p. 489. Sur Rémi de Lyon, comparez Néandre, 1. c. p. 491. Staudenmaier, p. 194, Ss »

10 Synodi Carisiacœ Capitula 4. (donné par Mauguin T. i. P. ii. p. 178 Münscher, édité par Von Cölln, p. 125.) Chap. i. ; Deus omnipotent hominem sine peccato rectum libero arbitrio condidit et in Paradiso posuit, quern in sanctitate jnstitiæ permanere voluit Homo libero arbitrio male utena peccavit et cecidit, et factus est massa perditionis totius humani generis. Deus autem bonus et justns elegit ex eadem massa perditionis secundum præscientiam suam, quos per gratiam prædestinavit ad vitam , et vitam illis prædestinavit æternam. Cæteros autem, quos jnstitiæ judicio in massa perditionis reliquit perituros præsdvit, sed non ut périrent prædestinavit ; pœnam autem illis, quia justns est, prædestinavit æternam. Ac per hoc unam Dei prædestinationem tantummodo didmus, quæ ad donum pertinet gratiœ aut ad retri butionem justitiæ. Chap. ii. Libertatem arbitrii in primo homine per-didimus, quam per Christum Dominnm nostrum recepimus. £t habemus liberum arbitrium ad bonum, præventum et adjutum gratia, et' habemus liberum arbitrium ad mdlum, desertum gratia. Liberum autem habemus arbitrium, quia gratis liberatum, et gratia de corrupto sanatum. Chapitre iii. Deus omnipotent omnes homines sine exceptions vuU salvos fieri, licet non omnes salventur. Quod autem quidam salvantur, salvantis est donum : quod autem quidam pereunt, pereuntiam est meritum. Chapitre iv. Christus Jesus Dominus noster, sicut nullus homo est, fuit vel erit, cujua natura in illo as-sumta non fuerit : ita nullus est, fuit vel erit homo, pro quo passus non fuerit ; licet non omnes passionis ejus mysterio redimantur. Quod vero omnes pas-sionis ejus mysterio non redimuntur, non respicit ad magnitudinem et pretii copiositatem, sed ad infidelium et ad non credentium ea fide, quæ per dilec-tionem operator, respicit partem : quia poculnm human æ salutisquod confectum est infirmitate nostra et virtute divina, habet quidem in se ut omnibus prosit, sed si non bibitur, non medetur.

11 Concilii Valentini III. Can. i.-vi. donné par Mauguinl. c. p. 231, ss. Can. iii. ; Fidenter fatemur prædeetinationem electorum ad vitam et pr cedes· tinationcm impiorum ad mortem : in electione tamen salvaudorum misericordiam Dei præcedere mentum bonum, in damnatione autem periturorum meritum malum præcedere justum Dei judicium. Prædestinatione autem Deum ea tantum statuisse, quæ ipse vel gratuite misericordia, vel justo judicio facturas erat...... in malis vero ipsorum malitiam præscisse, quia ex ipsis est, non prœdestinasse, quia ex illo non est Pœnam sane malum meritum eoram sequentem, uti Deum, qui omnia prospicit, præscivisse et præ-destinasse, quia justus est......Verum aliquot ad malum prcedestinatos esse divina potestate, videlicet ut quasi aliud esse non possint, non solum non credimussed etiam si sunt qui tantum mali credere velint, cum omni detestatione sicut Arausica synodus (t. I, § 114), illis Anathema dicimus.— D’après le can. iv., le Christ n’a versé son sang que pour les croyants. — La signification générale des canons a été exprimée dans les termes suivants : Quatuor capi-tula, quæ a Concilie fratrum nostrorum minus prospecte suscepta sunt, propter inutilitatem vel etiam noxietatem et errorem contrarium veritati...... a pio auditu fîdelium penitus explodimus et ut talia et similia caveantur per omnia auctoritate Spiritus S. intcrdicimus. — Les doctrines de Scot Erigène ont été condamnées comme ineptæ quæstiunculæ et aniles pæne fabulæ (voir Neander, 1. c. p. 493.) Les six Canones Lingonenses (donnés par Mauguin, 1. c. p. 235, ss.) n’étaient qu’une répétition des quatre premiers. Des tentatives d’union ont été faites au synode de Savonieres (apud Saponarias), un faubourg de Toul, mais il s’est avéré impossible de parvenir à une entente. Voir Néandre, p. 493.

12 Il composa (859 apr. J.-C.) une défense des Capitules, adressée à l’empereur Charles le Chauve, sous le titre : De Prædestina-tione et libero Arbitrio contra Gothescalcum et cæteros Prædestinatianoe (in Hincmari Opp. ed. Sismondi, T. L, p. 1-410.)

 

§ 184.

DÉVELOPPEMENT ULTÉRIEUR DE LA DOCTRINE DE LA PRÉDESTINATION.

[J B. MozleyDoctrine augustinienne de la prédestination, Lond., 1855. Chapitres ix, x, p. 250-314 sur les théories scolastiques. Hampden’s Bampton Lectures, 3e éd., 1848 ; Leet iv. p. 153 à 207. NeanderHist. Dogm. 448, sq.]

Parmi les scolastiques Anselme1, Pierre Lombard2 et Thomas d’Aquin,3 en particulier, s’efforcèrent de conserver la doctrine d’Augustin d’une élection inconditionnelle, bien qu’avec de nombreuses limitations. La tendance religieuse intime de Bonaventura l’empêchait également de restreindre la grâce de Dieu, même lorsqu’il soutenait, pour des intérêts pratiques, que le fondement de sa miséricorde se trouvait dans la mesure de la susceptibilité de l’homme à ce qui est bon4. Mais cette idée a également été reprise par certains, qui ont su s’en servir en faveur d’une théorie triviale de la méritance des œuvres, et le nianisme auguste a ainsi été perverti en un nouveau semi-pélagianisme par Scot et ses disciples5. En conséquence, Thomas de Bradwardine (un second Gottschalk, vivant au le XIVe siècle) jugea nécessaire d’entamer une nouvelle lutte pour la défense de Augustin et son système6. Les précurseurs de la Réforme, WycliffeSavonarole et Wessel, étaient également guidés par une conviction vivante de la dépendance de l’homme à l’égard de Dieu, pour revenir aux principes fondamentaux les plus profonds de l’augustinisme, bien que le dernier de ces trois ait insisté sur la nécessité d’une l’appropriation de la grâce divine par l’homme, comme condition sine qua non7.

1 Anselme composa un traité séparé sur ce sujet, intitulé : De Concordia Præscientiæ et Prædestinationis nec non Gratiæ Dei c. libero Arbitrio. in Opp. p. 123-34. (150-164.) Il partait de l’hypothèse qu’il n’y a pas de différence entre la prescience et la prédestination. P. ii. c. 10 : Dubitari non debet, quia ejus prædestinatio et præscientia non discordant, sed sicut præscit, ita quoque prædestinat ; il se référait cependant à l’un aussi bien qu’à l’autre, en premier lieu, à ce qui est bon, c. 9 : Bona specia-lias præscire et prœdestinare dicitur, quia in illis facit, quod sunt et quod bona sunt, in malis autem non nisi quod sunt essentialiter, non quod mala sunt. Comp. P. 1. c. 7. Mais lui aussi différait d’Augustin sur certains points. C’est ainsi qu’il appela absurde la proposition : non esse liberum arbitrium nisi ad mala (II, c. 8), et qu’il s’efforça de tenir la doctrine de la liberté de la volonté en même temps que celle de la prédestination. Mais la liberté de la volonté, selon lui, ne consiste pas dans une simple liberté de choix, car dans ce cas les vertueux seraient moins libres que les vicieux. Au contraire, les créatures raisonnables l’ont reçue ad servandam acceptam a Deo rcctitudincm. Anselme a également montré que l’Écriture est favorable aux deux systèmes (celui de la grâce, et celui de la liberté de la volonté), puis il a poursuivi comme suit : Quoniam ergo in sacra Scriptura quædam invenimus, quæ soli gratiæ favere videntur , et quædam, que solum liberum arbitrium statuere sine gratia pntantur : fucrunt quidam superbi, qui totam virtutem et efficaciam in sola libertate arbitrii consistera sunt arbitrati, et sunt nostro tempore multi [ ?], qui liberum arbitrium esse aliquid penitus desperant—Therefore, cap. 14 : Nemo servat rectitudinem acceptam nisi volendo, velle autem illarn aliquis nequit nisi habendo. Habere vero illam nullatenus valet nisi per gratiam. Sicut ergo illam ntillus accipit nisi gratia prævcniente, ita nullus earn servat nisi cadem gratia subséquente. Comparez aussi son traité De libero Arbitrio, et MohlerKleine Schriften, i. p. 170, ss. MeanderHist. Dogm. 507 : Chez Anselme, la liberté de la contingence apparaît comme une étape de transition nécessaire du développement : Hoc propositum, secundum 'Quod vocati sunt sancti, in æteritate in qna non est præteritum vel futurum, sed tantum præsens, im-mutabile est, sed in ipsis hominibus ex libertate arbitrii aliquando est mutabile.]

2 Sent. Lib. i. Dist 40. A : Prædestinatio est gratiæ præparatio, quæ sine præscientia esse non potest. Poteet autem eine preedeetinatione eeee proe-ecientia.Prædestinatione quippe Deus ea præscivit, quæ fuerat ipse facturus, sed præscivit Deus etiam quæ non esset ipse facturas, C’est-à-dire., Mala omnia. Predestinavit eos quos elegit, reliquos vero reprobavit, t. ad mortem æternam præscivit peccaturos. Sur l’élection des individus, voir dist. 46, 8s., et comparer 47.

3 Summæ P. i., Qu. 23, art. 1, 88 (cité par Münscher, édité par Von Cölln, p. 151-154.) Il y distingua entre electio et dilectio.— Dieu veut que tous les hommes soient sauvés avant l’entrée, mais non pas conséquent (Θέλημα προηγούμενο » et έπόμενσν .)— Respect de la causa meritoria, art. 5. [Thomas d’Aquin fait Prœdestinatio, être—pars providentiæ respecta eorum qui divinitns ordinantur in æ ternam salutem ; et Reprobatio, pars providenti æ respectu illorum qui ab hoc fine decidunt (art. 2). Dans l’article 4 : Dilectio prœsupponitur electioni secundum rationem, et electio prédestina' tioni. Sur la question de savoir si la prévoyance du mérite est la cause de la prédestination (art. 5), il distingue entre l’effet de la prédestination, en particulier, et in com· muni ; et de ce dernier dit : impossibile est quod totus prædestinationis effectua in communi habeat aliquam causam ex parte nostra : quia quidquid est in homine ordinans ipsum in salutem, comprehenditur totum sub effectu prædestinationis, etiam ipsa prœparatio ad gratiam.

4 Comment, dans Sent. Lib. i. Dist 40, Art 2, Qu. 1, (cité par Münscher édité par Von Côllnp. 154). — Le libre arbitre, en tant que causa contingens, est exclu de la prescience. [Bonaventura pose la question : An predestine-tio inférât salutis necessitatem ?- et répond : quod predestinatio non infert necessitatem saluti, nec infert necessitatem libero arbitrio. Quoniam proe-destinatio non est causa salutis, nise includendo mérita, et ita salvando liberum arbitrium. Münscher, ubi, précité.]

5 Duns Scot dans Sent L. i. Dist 40. in Resol. (cité par Münscherédité par Van Colinp. 155) : Divina autem voluntas circa ipsae creaturas libere et contingenter se habet Quocirca contingenter salvandos predestinat, et posset eosdem non predestinarc. Dist 17. Qu. 1. à Resol......... Actus meritorius est in potestate hominis, supposita general ! infiuentia, si habuerit liberi arbitrii usum et gratiam, sed completio in ratione menti non est in potestate hominis nisi dispositif, sic tamen dispositif, quod ex dispositione divina nobis revelata. [Duns Scot considère la prédestination sous un double aspect, comme un acte de la volonté divine et de l’intellect divin : dans ce dernier sens, c’est la prœcognitio, quam habet Deus salutis electorum ; quæ quidem præcognitio concomitatur et consequitur electionem.]

6 Thomas de Bradwardinesurnommé Doctor profundus, naquit à Hartfield, dans le comté de Sussex (vers l’an 1290), très instruit dans les ouvrages de Platon et d’Aristote, fut maître de Merton College, confesseur du roi Édouard IIL, archevêque de Cantorbéry, et mourut après J.-C. 1349. Dans son ouvrage intitulé : De Causa Dei contra Pelagium et de Virtute Causarum, ad suos Mertonenses, lib. iii. (édité par SaviL Lond. 1618, fol.), dont des extraits sont donnés par Schröckh, Kirchengeschichte xxxiv. p. 227 8s. il se plaignait que presque le monde entier était tombé dans les erreurs du pélagianisme. Dans ses principes, il était d’accord, dans l’ensemble, avec Augustin et Anselme, bien que certaines de ses notions paraissent plus rigides que celles d’Augustin lui-même. Entre autres choses, il a tellement abaissé le libre arbitre de l’homme qu’il l’a représenté comme un serviteur qui suit sa maîtresse (i. e., la volonté divine), une idée qu’on ne peut qu’appeler mécanique. Comp. Schröckh, 1. c. Münscherédit, par Von Cöllnpp. 156, 157.) Que ces positions répugnantes aient été si inaperçues et sans opposition, ne peut s’expliquer que par le fait que les théologiens de l’Église Le XIVe siècle était tellement absorbé par des subtilités stériles, qu’il ne leur restait guère d’intérêt pour les parties de la théologie qui sont d’une importance pratique primordiale. 14. {Voir Neander, Hist. Dogm. 524.]

7 Wycliffe, Trialog. Lib. Ü. e. 14 : Videtnr mihi probabile... . quod Deus nécessitât creataras singulae activas ad quemlibet actum suum. Et sic sunt aliqui pradestinati, h. e. Post laborem ordinati ad gloriam, aliqui prcesciti, S. E. Post vitam miseram ad pœnam perpetuam ordinati. Comparez aussi ce qui suit où cette idée est discutée plus en détail d’une manière scolastico-spéculative. [Le Wycliffe, comp. NeanderChurch Hist, et Hist. Dogm. 610 Jibhringer, p. 139. Néandre dit : « Sa doctrine des idées est développée en opposition à la conception nominaliste de la relation de la pensée à l’être, et d’une série infinie de possibilités, et le conduit, selon sa propre logique stricte, à une prédestination inconditionnelle. La toute-puissance de Dieu et la création même sont des contreparties : Sicut Deus ad intra nihil potest producere, nisi absolute necessario illud producat, sic nihil ad extra potest producere, nisi pro suo tempore producat..... Deus nihil intelligit nisi quod existit, dum potest existere, et sic omne quod existera potest existit.] Wessel considère l’expiation, tantôt comme générale, tantôt comme limitée. Christ a souffert pour tous, mais ses souffrances ne serviront à aucun homme que dans la mesure où il se montrera susceptible à leur égard ; la susceptibilité elle-même est proportionnée à la quantité de sa pureté intérieure, et au degré dans lequel sa vie est conforme à celle du Christ : De Magnit. Pass., c. 10, cité par Ullmann, p. 271, 272.—Sur les vues plus libérales de Savonarole sur la doctrine de la prédestination, voir Rudslbach, p. 361 ss. et Meier, p. 269 ß.

 

§ 185.

APPROPRIATION DE LA GRÂCE.

Rettberg, Scholasticorum Placita de Gratia et Merito. Göttingen, 1836.

Bien qu’Augustin ait démontré, avec une rigueur logique, la la corruption de l’humanité, l’élection inconditionnelle par la grâce gratuite de Dieu, et la l’efficacité de cette grâce, il n’a pas encore fait de déclarations précises sur la l’appropriation de la grâce de Dieu de la part de l’homme, la justification, sanctification, etc.1 C’est à la suite de cette déficience même que Le semi-pélagianisme a de nouveau trouvé son chemin dans l’Église. Thomas d’Aquin entendait par justification, non seulement l’acquittement du pécheur mais aussi la communication de la vie divine (infusio gratiæ) à partir de la la main de Dieu, qui a lieu en même temps.2 Il était également possible d’avancer définitions très différentes de l’idée de grâce ; d’aucuns l’ont considéré (d’après le d’un point de vue théologique) comme un attribut, ou un acte de Dieu, tandis que d’autres l’a considérée (dans son rapport avec l’anthropologie) comme une l’énergie, agissant dans l’homme, et faisant partie de l’essence de la régénération. C’est pourquoi Pierre Lombard et Thomas d’Aquin ont fait la distinction entre gratia gratis dans, gratia gratis data et gratia gratum faciens, dont la dernière a été divisée en gratia operans, et gratia coopérans (præveniens et comitans. )3. En ce qui concerne la certitude de la grâce, non seulement Thomas d’Aquin, mais aussi Tauler, nourrissaient encore des doutes4. Tandis que les mystiques, d’une manière générale, s’efforçaient d’indiquer plus nettement les divers degrés et degrés de la vie supérieure opérés par le Saint-Esprit dans régénérer, et de décrire en détail les processus intérieurs de l’illumination, l’éveil, etc.5 D’autre part, les sectes fanatiques du moyen âge, penchant au panthéisme, perdait de vue le caractère sérieux de la sanctification l’ivresse fantastique du sentiment.6

1 Voir t. I, § 114.

2 Thomas, Summ. P. ii. 1. Qu. 100. 12 (cité par Münscher, édit, par Von Cölln, p. 147.) : Justificatio primo ac proprie dicitur factio justitia , secundario vero et quasi improprie potest dici justificatio significatio justitiæ, vel dispositio ad justitiam. Sed si loquamur de justificatione propria dicta, justitia potest accipi prout est in habitu, vel prout est in actu. Et secundum hoc justificatio dupliciter dicitur, uno quidem modo, secundum quod homo fit justus adipiscens habitum justitiæ, alio vero modo , secundum quod opera justitia operatur, ut secundum hoc justificatio nihil aliud sit quam justitia ' executio. Justitia autem, sicut et aliæ vir tûtespotest accipi et acquisita, et infusa......Acquisita quidem causatur ex operibus, sed infusa causatur ab ipso Deo per ejus gratiam. Comp. Qu. 113. Art. 1, cité par Münscher, édité par Von Cölln1. c. [Comp. Neander, Hist Dogm. 574.]

3 Pierre Lombard, Envoyé ii. Dist. 27. D. [Le Lombard dit (ii. d. 26) : Operans gratia est, quœ prœvenit voluntatem bonam, ea enim liberatur et præparatur hominis voluntas, ut sit bona, bonamque efficaciter velit Co-operans vero gratia voluntatem jam bonam sequitur adjuvando.] Thomas d’Aquin, Summ. P. iii. Qu. 2. Art 10 (cité par Münscherédit, par Von Cölln, p. 140 ss.) Selon Thomas d’AquinDieu opère le bien en nous sans notre coopération, mais pas sans notre consentement : Summa P. i. qu. 55, Art 4 : Virtue infusa causatur in nobis a Deo sine nobis agentibus, non tamen sine nobis consentientibus. Comp. Ritter, viii. 341 [Thomas d’AquinP. Π, 1. qu. 109, Art 6 : Conversio hominis ad Deum fit quidem per liberum arbitrium, et secundum hoc homini prascipitur quod se ad Deum convertat. Sed liberum arbitrium ad Deum converti non potest, nisi Deo ipsum ad se convertente.— Hominis est prepare animam, quia hoc facit per liberum arbitrium ; sed tamen hoc non facit sine auxilio Dei moventis et ad se attrahentis.] La coopération de l’homme est beaucoup plus insistante chez Duns Scot que chez Thomas, Sentez, lib. iii. dist 34, 35 : Deus dedit habitum voluntatis, semper assistit voluntati et habitui ad actus sibi convenientes. Nous ne devons pas concevoir la grâce comme infusé dans l’homme, comme le feu dans un bâton de bois : voyez Ritter, ubi Précité, p. 372. Baur, Lehrb. 189 Gieseler, Dogmengcsch. 523. [Scot ne pouvait admettre une prédestination inconditionnelle. Les différences de ces docteurs se perpétuèrent chez les franciscains et les dominicains . — La gratia gratis dans est le principe efficace ; la gratia gratis data est la grâce communiquée. — La vertu dans l’homme. — Sur les vues de Robert Pulleynvoir Neander, Hist Dogm. 525. Sur Hugo de Saint-Victor, voir Sch6pff*s Aurora, iv. 44.]

4 Thomas d’Aquin supposait (Summa P. ii. 1, Qu. 112, art. 5) une triple manière par laquelle l’homme pouvait s’assurer s’il était ou non sujet de la grâce divine ; 1. Par révélation directe de la part de Dieu ; 2. Par lui-même (certitudinaliter) ; 3. Par certaines indications (conjecturalitur per aligna signa.) Mais les deux derniers étaient, à son avis, incertains ; quant à la première, Dieu n’en fait que très rarement usage, et seulement dans des cas particuliers (revelat Deus hoc aliquando aliquibus ex speciali privilegio). [Alexandre de Hales soutenait une connaissance spéciale sur ce point : Scientia affcctus per experientiam rei in affectu. Voir Neander, Hist Dogm. Luther dénonça cette notion de l’incertain·e de l’homme en état de grâce (dans son Commentaire sur Gal., iv, 586), comme une doctrine dangereuse et sophistique. NéanmoinsTauter avait la même opinion, Predigten, vol. I, p. 6 : Aucun homme sur la terre n’est ni bon, ni assez béni, ni assez bien informé dans la sainte doctrine, pour savoir s’il est fait sujet de la grâce de Dieu ou non, à moins qu’elle ne lui soit révélée par une révélation spéciale de Dieu. Si un homme veut seulement s’examiner lui-même, il sera assez évident pour lui qu’il ne le sait pas ; Ainsi le désir de connaître procède de l’ignorance, comme si un enfant savait ce qu’une plaie a dans son cœur. Par conséquent, de même que celui qui est malade de corps doit croire bis médecin, qui connaît la nature de sa maladie mieux que lui, de même l’homme doit se fier à quelque modeste confesseur.

5 Selon Bonaventura, la grâce de Dieu se manifeste de trois manières. 1. In habitus virtutum ; 2. In habitus donorum ; 3. In habitas beatitudinum (Breviloquium v. 4, ss., comp. Richard de Saint-Victorcité par Engelhardtp. 30, 88.). L’auteur de l’ouvrage, Bflchlein von der Deutschen Théologie, donne un tableau vivant de la doctrine mystique de la sabration, où il montre comment Adam doit mourir et comment le Christ doit vivre en nous. Selon lui, la purification, l’illumination et l’union sont les trois degrés principaux. Le dernier en particulier (unio mystica) doit être mis en avant comme le but et le couronnement de l’ensemble. D’après le ch. 25 de cet ouvrage, il (nnion) consiste en ceci : * que nous sommes purs, résolus, et, dans la poursuite de la vérité, nous ne faisons qu’un avec l’unique volonté éternelle de Dieu ; ou que nous n’avons pas du tout de volonté propre ; ou que la volonté de la créature s’écoule dans la volonté du Créateur éternel, et qu’elle est tellement mêlée avec elle, et anéantie par elle, que l’éternel seul veut, agit et souffre en nous » Comp. ch. 30. TtÊtre· L’homme, dans cet état, ne veut ou ne désire que le bien en tant que tel, et pour aucune autre raison que parce qu’il est bon, et non parce qu’il est ceci ou cela, ni parce qu’il plaît à l’un ou déplaît à l’autre, ni parce qu’il est agréable ou désagréable, doux ou amer, etc. car tout égoïsme, tout égoïsme et tout intérêt de l’homme ont cessé et sont tombés dans l’oubli ; il n’est plus dit : Je m’aime, ou je t’aime, ou telle ou telle chose. Et si tu demandais à la Charité, qu’est-ce que tu aimes, elle te dirait : J’aime le bien. Et pourquoi Î dirait-elle, parce que c’est bon. Et parce qu’elle est bonne, elle est aussi bonne, et juste, et bien faite, afin qu’elle soit bien désirée et aimée. Et si moi-même était meilleur que Dieu, alors je devrais l’aimer au-dessus de Dieu. C’est pourquoi Dieu ne s’aime pas lui-même comme Dieu, mais comme le bien suprême. Car si Dieu savait quelque chose de mieux que Dieu, etc. (comp. t. I, § 168, note 3)... Voici, il doit en être ainsi, et il en est réellement, dans une personne pieuse, ou dans un homme vraiment sanctifié, car autrement il ne pourrait être ni pieux ni sanctifié. Maintenant, pourrait-on demander, quel homme est pieux ou sanctifié ? La réponse est que celui qui est illuminé et éclairé de la lumière éternelle ou divine, et allumé de l’amour éternel ou divin, est une personne pieuse ou sanctifiée. Nous devons savoir que la lumière et la connaissance ne sont rien, et ne sont bonnes à rien, sans la charité. (Il distingue cependant entre la vraie lumière et la fausse, entre le véritable amour et le faux amour), ej-c. Tauler s’exprimait en termes analogues (Predigten, I, p. 117) : « Celui qui s’est dévoué à Dieu, et qui s’est livré prisonnier à lui pour toujours, peut s’attendre à ce que Dieu, à son tour, se livre prisonnier à lui ; et, surmontant tous les obstacles, et ouvrant toutes les prisons, Dieu conduira l’homme à la liberté divine, c’est-à-dire à lui-même. Alors, à certains égards, l’homme sera plutôt un être divin qu’un homme naturel. Et si vous touchez l’homme, vous touchez Dieu ; celui qui veut voir et confesser le premier, doit le voir et le confesser en Dieu. Ici toutes les blessures sont guéries, et tous les gages sont remis ; ici se fait la transition de la créature à Dieu, de l’être naturel, à un certain égard, à un être divin. Cette réciprocité amoureuse est au-dessus de notre appréhension, elle est au-dessus de toutes les voies sensibles ou sensibles, et au-dessus des méthodes naturelles. Ceux qui sont à l’intérieur, et qui sont ce que nous avons décrit, sont de beaucoup la manière la plus proche et la meilleure, et sur le chemin de la plus grande béatitude, où ils jouiront toujours de Dieu au plus haut degré possible. Il vaut mieux garder le silence sur ces points que d’en parler, mieux vaut les percevoir, les sentir que les comprendre. — Susoparlant de l’unio mystica, dans son traité intitulé Büchlein von der ewigen Weisheit, Lib. ii. c. 7, s’exprimait poétiquement comme suit (cité par Diepenbrock, p. 275) : « Ô toi, douce et belle fleur des champs, épouse bien-aimée dans les étreintes de l’âme, aimant d’un amour pur,  qu’il est heureux celui qui a jamais vraiment senti ce que c’est que de posséder toi; mais qu’il est étrange d’entendre un homme qui ne te connaît pas, et dont le cœur et l’esprit sont encore charnels 1 Ô toi précieux, bien incompréhensible, cette heure est heureuse, ce temps présent est doux, dans lequel je dois t’ouvrir une blessure secrète que ton doux amour a infligée à mon cœur, Seigneur, tu sais que la participation à l’amour est comme l’eau dans le feu ; Tu sais que l’amour vrai et sincère ne peut pas supporter une dualité. Ô toi ! l’unique Seigneur de mon cœur et de mon âme, c’est pourquoi mon cœur désire que tu m’aimes d’un amour particulier, et que tes yeux divins prennent en moi un plaisir spécial. 0 Seigneur 1 tu as tant de cœurs qui t’aiment d’un amour sincère, et qui l’emportent beaucoup sur toi ; hélas! toi, tendre et cher Seigneur ! Salut donc avec moi ! Ruysbroek a traité de manière très approfondie de la doctrine mystique du salut (cité par . Engelhardtp. 190, ss.) À son avis, l’homme parvient à Dieu par une vie active, intérieure et contemplative. La première a plutôt égard à l’extérieur (exercices de pénitence). Ce n’est que lorsque l’homme aime que ses désirs prennent une direction opposée. Quand notre esprit se tournera entièrement vers la lumière, c’est-à-dire vers Dieu, tout sera rendu parfait en nous, et sera rétabli dans son état primitif. Nous sommes unis à la lumière et, par la grâce de Dieu, nous sommes nés de nouveau, de la grâce, au-dessus de la nature. La lumière éternelle elle-même produit en nous quatre lumières : 1. La lumière naturelle du ciel, que nous avons en commun avec les animaux ; 2. La lumière du plus haut des cieux, par laquelle nous contemplons, pour ainsi dire, avec nos sens corporels, le corps glorifié du Christ et des saints ; 3. La lumière spirituelle (l’intelligence naturelle des anges et des hommes) ; 4. La lumière de la grâce de Dieu. — Sur les trois unités dans l’homme, les trois avènements du Christ, les quatre processions, les trois rencontres, les dons du Saint-Esprit, etc., ainsi que les divers degrés de la vie contemplative, les degrés de l’amour, voir Engel· hardt, 1. c. — Savonarole descDans ses sermons, il a décrit l’état de grâce comme un acte de scellement de la part du Seigneur ; Jésus-Christ, le crucifié, est le sceau dont le pécheur est scellé après qu’il a fait pénitence et reçu un cœur nouveau. Néanmoins, la grâce n’agit pas irrésistiblement, l’homme peut résister, aussi bien que la perdre. Sur les vues de Savonarole sur la doctrine de l’incertitude de l’état de grâce, voir Rudelbach, p. 364, et Meier, p. 272.

♦ Sur les vues ultérieures de Suso quant à la méthode du salut et à ses trois degrés (purgatio, illuminatio, perfectio), voir Schmidtubi supra, 48. Flotter dans la divinité, comme le eagle.in l’air, c’est la fin de ses aspirations, p. 50.

6 Voir la lettre épiscopale citée par Mosheim, p. 256 : Item dicunt, quod homo posait sic uniri Deo, quod ipsius sit idem posse ac velle et operari quodcunque, quod est ipsius Dei. Item credunt, se esse Denin per naturam sine distinctione. Item, quod sint in eis omnes perfectiones d ;vinæ, ita quod dicunt, se esse ætemos, et in œternitate. Item dicunt, se omnia créasse, et plus créasse, quam Deus. Item, quod nullo indigent nec Deo nec Deitate. Item, quod sunt impeccabiles, unde quemeunque actum peccati faciunt sine peccato (comparez t. I. § 165, note 2.) — Les opinions de Maître Eckert sur cette question étaient aussi panthéistes : Nos transformamur totaliter in Deum et convertimur in eum simili modo, sicut in sacràmento convertitur panis in Corpus Christi : sic ego convertor in eum, quod ipse operator in me suum esse. Unum non simile per viventem Deum verum est, quod nulla ibi est distinctio. (Ct RaynaldAnnal, ad a. 1829.) Il s’est heurté à l’opposition de Gerson ; voir Hundeshagen, p. 66.

 

§ 186.

LA FOI ET LES BONNES ŒUVRES. LE CARACTÈRE MÉRITOIRE DE CE DERNIER.

Bien que beaucoup de scolastiques fussent enclins au pélagianisme, la doctrine de la justification par la foi devait cependant être conservée comme Paulinienne. Mais ensuite, le difficile La question était de savoir ce que nous devons comprendre par la foi. Jean Damascène avait déjà représenté la foi comme consistant en deux choses, à savoir la croyance en la vérité des doctrines, et une ferme confiance dans la vérité. promesses de Dieu.1 Hugo de Saint-Victor définissait aussi la foi, d’une part, comme cognitioet d’autre part, comme affectus2. Enfin, la distinction faite par Pierre Lombard entre credere Deum, credere Deo et credere in Deum3 montre qu’il reconnaissait lui aussi une différence dans l’usage du terme « foi ». Seule la dernière forme de foi était considérée par les scolastiques comme fides justificans, fides formata.4 Les théologiens les plus éminents ont à la fois perçu et enseigné que ce genre de foi doit par lui-même produire de bonnes œuvres.5 Néanmoins, la théorie du mérite des bonnes œuvres a été développée, en relation avec la pratique ecclésiastique. Bien que la distinction faite par Thomas d’Aquin entre meritum ex condigno et meritum ex congruo ait semblé limiter les prétentions humaines, elle n’a fait que donner l’apparence de l’humilité.6 Mais le mal s’aggrava encore, lorsque l’idée d’œuvres surérogatoires, qu’on peut imputer à ceux qui n’en ont pas, devint l’un des plus dangereux que l’on supporte de la vente des indulgences.7 Cependant, même à cette époque, certains s’opposaient vigoureusement à de tels abus.8

1 De Fide Orth. iv. 10 : Ou les mentors de la foi double estin estin esti gar la foi par l’ouïe (Rom. x. 11). Conformément aux Écritures divines, nous croyons à l’enseignement de l’esprit saint. Les solveurs ne sont pas perfectionnés par tous les théismes législatifs De Christon, je crois à l’œuvre de la foi, à la révérence et à toutes les choses qui font notre rénovation........ Et puis encore la foi de l’existence pleine d’espérance (Hébr. xi. 1), le contrôle réel de ce qui est vu, ou l’espérance sans scrupules et sans discernement de ceux à qui Dieu a été promis, et des exigences^ du succès. Ou bien le premier de la seconde opinion l’est, ou bien l’autre des dons de l’esprit.

2 Sur la différence entre ces deux termes, voir Liebner, p. 435. [Hugo St. Victor : De Sacramentis, liber 1, part x. ch. 3 : Duo sunt, in quibus fides constat : cognitio et affectus, c’est-à-dire Constantia vel firmitas credendt In altero constat quia ipsa illud est ; in altero constat, quia ipsa in ilia est. In affectu enim substantia fidci invenitur ; en matière de cognition. Aliud enim est fides, qua creditur, et aliud, quod creditur. In affectu invenitur fides, in cognitione id, quod fide creditur.]

3 Envoyé L. iii. Diète 23, D : Aliud est enim credere in Deum, aliud credere Deo, aliud credere Deum. Credere Deo, est credere vers essa qu » loquitur, quod et mali faciunt Et nos credimus homini, sed non in hominem. Credere Deum, est credere quod ipse sit Deus, quod etiam mali faciunt [cette sorte de foi était parfois appelée la foi des démons, selon Jacques it 19]. Credere in Deum est credendo amare, credendo in eum ire, credendo ei adhærere et ejus membris incorporari. Per hanc fidem justificatur impies, ut deinde ipsa fides incipiat per dilectionem operari. — Il en est de même de l’expression credere Christum, etc. Comp. Lit C.

4 D’une manière générale, les scolastiques faisaient une différence entre la foi subjective et la foi objective , fides qua et fides quce creditur {Pierre Lombard, 1. c.) En tant que subdivision, nous trouvons mentionné fides formata, qui fonctionne par l’amour. La foi sans l’amour reste informis, voir Lombard1. c. : Thomas d’Aquin Sumin. P. it 2, Qu. 4, Art 3 (cité par Münscheréd. par von Cölln, p. 175.) De même, une distinction a été faite entre la foi développée et la foi non développée (tides explicita et implicite) ; ce dernier est suffisant, voir Summa, ii. Qu. 1, Art 7 : Qu. 2, Art 6 et 7.

5 C’est ainsi que Pierre Lombard a dit, L c. : Sola bona opera dicenda sunt, que fiunt per dilectionem Dei. Ipsa enim dilectio opus fidei dicitur. — La foi serait donc encore la source des bonnes œuvres ; comp. Lib. ii. Diet 41, A. où tout ce qui ne procède pas de la foi (selon Rom. xiv. 23) ia représenté comme péché. — Les opinions de Thomas d’Aquin n’étaient pas tout à fait aussi scripturaires ; Summ. P. ii. 2, Qu. 4, art 7, il a parlé de la foi elle-même comme d’une vertu, bien qu’il lui ait assigné la première et la plus haute place parmi toutes les vertus. De telles notions, cependant, conduisirent de plus en plus à la renaissance des sentiments pélagiens, jusqu’à ce que les précurseurs de la Réforme revinssent aux simples vérités de l’Évangile. C’est ce qu’ont fait par exempleWeeeel (voir Ullmann, p. 272, ss.) et Savonarole (voir Rudelbachp. 351, ss.) D’un autre côté, même les Vaudois mettaient beaucoup l’accent sur les œuvres de repentance. « Thomas à Kempis n’est pas parti du point central de la doctrine de la justification une telle mesure et une telle manière, comme l’a fait ce qui précède : voir Ullmann ubi supra. [Comp. Chalmers, Essai préfixé à l’Imitation.]

6 Alanus ab Insulis s’est également opposé à la notion de la méritance des œuvres en termes décidés, il 18 (cité par Pezi. p. 492) : Bene merer ! proprie dicitur, qui sponte alicui benefacit, quod facere non tenetur. Sed nihil Deo facimus, quod non teneamur facere...... Ergo meritum nostrum apud Deum non est proprie meritum, sed solutio debiti. Sed non est merces nisi merit ! vel debiti prsecedentis. Sed non meremur proprie, ergo quod dabitur a Deo, non erit proprie merces, sed gratia. — Certains théologiens considéraient la foi elle-même comme méritoire (en ce sens qu’ils la considéraient comme une œuvre, une vertu, l’obéissance à l’Église). Thomae Aq.P. ii. 2, Qu. 2, art 9. — Sur la distinction faite entre les différentes sortes de mérita, voir P. ii. 1, Qu. 114, art 4, cité par Münscherédité par von Cölln, p. 145. Les hommes n’ont qu’un meritum ex congruo, mais pas ex condigno. Seul le Christ possédait ce dernier. [L' Le meritum de condignole mérite strict, ne peut être atteint par une créature ; c’est pour cette raison que l’homme ne pourrait pas se rendre digne de la grâce. Le meritum de congruoou imputativum, présuppose que la grâce est liée à certaines conditions, dans lesquelles l’homme peut avoir une part à remplir, par laquelle il peut gagner cette grâce.

7 Le développement de la doctrine d’un thésaurus meritorum, thesaurus supererogationis, appartient à Alexandre de Hales (Summa, Pars. iv. Quest 23, art. 2, memb. 5). A cela s’ajoute la distinction faite par Thomas d’Aquin entre consilium et pneceptum, voir Summ. P. ii. Qu. 108, art. 4, cité par Munecherédit, par von Colin, p. 177. [Præceptum importât necessitatem : consilium autem in optione ponitur ejus cui datur.... Supra pracepta eunt addita concilia.... Consilia vero oportet esse de illis per que melius et expeditius potest homo consequi finem pnedictum.] Sur l’histor· développement de l’indulgence,8ee f (Eue.) Amort, Historia.... de Origine, Progressu, Valore et Fructu Indulgentiarum, Venet, 1738, fol. Gieeeler Church Hist. (éd. de New York), ii. 196, 518, iii. 162, 393. UllmannReformat, vord. Réf. i. 203. \ Hirecher, Die Lehre vom Ablass, Tüb., 1844. [G. E. Steitz, d. rômische Busssacrament, Frankf., 1853.—Clément VI. dans le Constitutio Unigenitus1343, pour le jubilé de 1350, accorda de grandes indulgences, fondées sur ce trésor de grâce, et énonça toute la doctrine explicitement.— Innocent III, en 1213, délivra des indulgences pour les croisés, en termes très généraux, disant à tous ceux qui y prenaient part : plenam suorum peccaminum de quibua veraciter fuerint corde contriti et ore confess !, veniam indulgemus, et in retributione justorum salutis æternæ pollicemur augmentum. — Albertus Mag. Sent. iv. d. 20, 16, définit : Indulgentia sive relaxatio est remissio pœnæ in-junctæ ex vi clavium et thesauro supererogationis perfectorum procedens.... In hoc enim thesauro habet ecclesia divitias meritorum et passionis Christi et gloriosæ Virginis Mariæ et omnium apostolorum et martyrum et sanctorum Dei vivorum et mortuorum. Thomas d’AquinΠΙ. dans Suppl. 25, a. 1, donne la raison de la question : Ratio autem, quare valere posai nt, est imitas corporis mystici, in qua multi in operibus pœnitentiæ supererogaverunt ad mensuram debitorum suorum, et multi etiam tribulationes injustas sue-tinuerunt patienter, per quas multitude pœnarum poterat expiari, si eis de-beretur ; quorum meritorum tanta est copia quod omnem pœnam debitam nunc viventibus excedunt ; et præcipue propter meritum Christi.... Sic prædicta mérita communia sunt totius ecclesiæ. Comp. Schmid, Lehrb. d. Dogmengesch. 122.]

8 C’est ainsi que le moine franciscain Bertholdau XIIIe siècle, s’opposa avec zèle aux prédicateurs qui séduisaient l’âme des hommes (voir Klingp. 149, 150, 235, 289, 384, 395 ; Grimm, p. 210 ; Wackemagel, deutsches Lesebuch i. Sp. 664). Sur les luttes de Wycliffe, de Hus et d’autres, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique. Sur le traité de Hus : De In-dulgentiis, comparez Schrôckh, xxxiv. p. 599 et 88. D’ailleurs, les exercices de pénitence proprement dits des Flagellantes et de ceux qui se tourmentaient formaient une opposition pratique au relâchement des principes. Voir Gieseler, L c.

 

SIXIÈME DIVISION.

LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE ET LA SACREMENTS.

§ 187.

L’ÉGLISE.

MÊME au cours de la période précédente, l’idée de l’Église s’était confondue avec sa manifestation extérieure, et ainsi la voie fut préparée pour tous les abus de la hiérarchie romaine, et le développement de la papauté. Le rapport dans lequel le pouvoir ecclésiastique l’Église à l’égard du séculier (ou l’Église à l’égard de l’État), a souvent été illustrée par la comparaison des deux épées, que les uns supposaient séparées, tandis que les autres les croyaient unis dans la main de Pierre.Il appartient, comme il se doit s’adressant à la province du droit canonique, pour développer et définir ces relations ; mais, dans la mesure où l’adhésion aux décisions des autorités ecclésiastiques de telles questions étaient censées faire partie de l’orthodoxie, et comme toute espèce de dissidence apparaissait non seulement comme hérétique, mais comme la plus dangereuse de toutes les hérésies, Il est évident qu’il ne faut pas les passer sous silence dans l’histoire des Doctrines. Ce qui a exercé la plus grande influence sur la tendance doctrinale de l’époque actuelle, était le dogme du pouvoir papal et de l’infaillibilité, l’opposition à la position selon laquelle le concile est supérieur au pape.2 Le mystique de l’Église, et la notion d’un sacerdoce universel, qui était intimement lié, a été proposée, avec plus ou moins de précision, par Hugo de Saint-Victor, ainsi que par les précurseurs de la Réforme WycliffMatthias de Janow, Hus, Jean de Wesel, Wessel et Savonarole.3 L’élément antihiérarchique auquel il est fait référence, et avec lui l’élément antiecclésiastique, ne s’est manifestée nulle part aussi fortement que dans la sectes du moyen âge, dont les principes les portaient aussi quelquefois à s’opposer seulement le christianisme, mais aussi les gouvernements politiques existants.4 Activé d’autre part, les Vaudois et les frères de Bohême s’efforçaient, d’une manière simple, et sans fanatisme, pour revenir aux fondements posés par les apôtres : sans tenir compte, cependant, du développement historique de l’Église.5

1 C’est ce que montre plus amplement l’ouvrage intitulé : Vridankes Bescheidenheitédit., par GrimmGött 1834,  p. Ivii. de Clairval interprétait déjà les paroles de Luc xxii. 36-38, au sens figuré ; Epist. ad Eugen. 256 (écrit en 1146) ; d’accord avec lui Jean de Salisbury (Polie, iv. 3) affirma que les deux épées sont entre les mains du Pape, mais le Pape doit manier l’épée séculière par le bras de l’Empereur. D’autre part, l’empereur Frédéric Ier a fait référence à l’une des deux épées au pouvoir du pape, l’autre à celle de l’empereur (voir les lettres écrites en 1157, 1160, 1167, dans le œuvre de Grimm). L’empereur Otton maintint la même chose en opposition au pape Innocent III. Depuis c’est Pierre (selon Jean, XVIII, 10) qui tira l’épée, les avocats de la Papauté Il en déduisit que les deux épées devaient être dans une seule main, et que le pape n’avait qu’à les prêter à l’empereur. Telle était la raisonnement, p. ex., du moine franciscain Berthold. Au contraire, d’autres, comme Freidank, Reinmar de Zweiteret l’auteur de l’ouvrage intitulé : Der Sachsenspiegel, ont insisté sur le partage du pouvoir ; dans une note au Sachsenspiegel, il a été suppose que le Christ n’a donné qu’une seule des deux épées à l’apôtre Pierre, mais l’autre, laïque, à l’apôtre Jean. Le point de vue opposé a été défendu dans l’ouvrage intitulé u der Schwabenspiegel. » , D’autres détails sont donné par Grimm, L c. [Conn pare aussi Gieseler ii. § 55, note 13.] – Il y avait des ne voulant pas non plus que ceux qui prônaient la liberté de l’Église la domination laïque aussi bien que la domination spirituelle. Ainsi Jean de Salisbury maintenait le principe : Ecclésiastiques debent esse liberrima : voir son 95e L’épître et le recueil de Masson (dans RitterGesh. d. Phil. viii. 50, Note).

♦ Le passage de Vridank se lit comme suit (p. 152) :

Deux embardées dans une gaine

Ruiné l’un et l’autre ;

Quand le båbest rîches gert,

Sô verderbent beidin swert.

2 Comparez par ex. la bulle du pape Boniface VIII, a. d. 1302 (in Extravag. Commun. Lib. i. Tit. VIII. casquette. 1.), et la décision du synode de Bâle, Sess. i. le 19. En juillet 1431, la doctrine opposée fut exposée. (Mansi, T. xxix. Morue. 21 : tous deux dans Munscherédit, par Von Colin, p. 316-18.)

3 D’après Hugo de saint Victor (de Sacram. Lib. ii. P. iii. cité par Liebner, p. 445, ss.), le Christ est le chef invisible de l’Église, et le tnultitudo fidelium est son corps. Le L’Église, dans son ensemble, est divisée en deux moitiés (murs), les laïcs et le clergé (le côté gauche et le côté droit). Autant l’esprit est au-dessus du corps, autant Le pouvoir ecclésiastique est bien au-dessus du pouvoir séculier. De ce fait, le premier a le droit non seulement d’instituer celle-ci, mais encore de la juger lorsqu’elle est Mais puisque le pouvoir ecclésiastique lui-même est institué par Dieu, il peut qu’il ne sera jugé par Dieu que lorsqu’il se détournera du droit chemin (1 Corinthiens VI). Hugo aussi reconnut le Pape comme le vicarius Petri. Il lui concéda le privilège de tous les ecclésiastiques, et le pouvoir illimité de lier et de perdant toutes choses sur la terre. — Wycliffe a fait une distinction beaucoup plus précise entre l’idée de l’Église et l’idée de l’Église. pouvoir ecclésiastique externe, que Hugo (voir les extraits du Trialogus donné par Schrockhxxxiv. p. 510, 88., et ses autres écrits de tendance anti-hiérarchique, Ibid.· à la p. 547.) Neander, Histoire de l’Église (Torrey) v. 178 sq. : Hist Dogmas, 613· Bohringer, 409. FaupAaw’s Life of W. — Lechler in Zeitschrift, f. d. hist. Theol., 1853.) Matthias de Janow (De Regulis Vet. Novique Test) dit encore plus clairement que les chrétiens apparents ne peuvent plus être regardé comme chrétiens, qu’un homme peint peut être appelé un homme : comp. Neanderי ubi précité. Husdans son traité De Ecclesia, distingue trois formes de manifestation de l’Église : 1. Ecclesia triumphant, c’est-à-dire beati in patria quiescentes, qui adversus Satanam militiam Christi tenantes, finaliter triumpharunt ; 2. Ecclesia dormiens, c’est-à-dire numéros prædestinatorum in purgatorio patiens ; 3. Ecclesia militons, c’est-à-dire e^ ecclesia prædestinatorum, dum hie viat ad patriam. De cette véritable église, à présent représenté sous ces trois formes, il distingue, à nouveau, l’ecclesia nuncupative dicta (l’ecclesia des prcesciti) ; Quidam sunt in ecclesia noifiine et re, ut prœdestinatiobedientes Christo catholic ! ; quidam nec re nec nomine, ut præsciti pagani : quidam nomine tantum, ut præsciti hypocritæ ; et quidam re, licet videantur nomine esse fori s, ut prædestinati Christian !, quos Antichrist ! Satrapæ videntur in facie ecclesiæ condamnent (parmi lesquels Hus a probablement compté lui-même). Comp., plus loin dans Münchmeierubi supra, p. 16. HaseKirch engcschichtc, p. 387, dit de lui : de l’idée de l’Église romaine à l’idée de la véritable Église, qui était à son avis la communauté de tous ceux qui ont d’EterniEt il n’y a pas d prédestinés à la béatitude, et dont le chef ne peut être que Christ lui-même, et pas le Pape. Comme Hus, cependant, re· toutes les affirmations concernant la église faite par les cath~ oliques romaines, et les appliqua à la dite communauté de les élus, qui seuls peuvent administrer les sacrements d’une manière efficace, l’Église a nécessairement pris le caractère d’une association de séparatistes. Sur la relation des vues de Hus avec celles de Gersonvoir Münchmeier, u. 8. 18 Note. L’ami de Hue Nicolas de Clemangisd’accord avec Hus, considérait la foi vitale de l’individu comme le principe vivant réel, par lequel l’Église morte devait être ranimée ; D’où son déclaration : In sola potest muliercula per gratiam manere ecclesia, sicut in sola Virgine tempore passionis mansisse creditor (Disputatio de Concil. Généralités). Comp. Mùnz, Nie. Clé-manges, sa vie et ses écrits, Strasb. 1846. [Comp, sur Clemangis, et Hus et Wycliffe, Presb. Quarterly, 1856-1858.] John von Wesel (Disp. adv. Indulgent.), à partir des différentes définitions du mot ecclesia, montre, qu’on peut aussi bien dire, ecclesia universalis non errat, et, ecclesia universalis errat Seule l’Église fondée sur le roc est pour lui, sancta et im-maculata ; Et il distingue de cela, l’Église, Peccatrix et adultéra. John Wessel soutenait que l’Église consiste dans la communauté des saints, à laquelle tous Les chrétiens pieux appartiennent, c’est-à-dire ceux qui sont unis au Christ par une seule foi, une seule espérance et un seul amour (il n’a pas exclu les chrétiens grecs). L’unité extérieure de l’Église sous le Pape n’est qu’accidentelle ; L’unité dont il est question n’est pas non plus établie par les décrets des conciles. (Hyperbo reana, Indiana, et les Scythes » qui savent rien des conciles de Constance ou de Bâle !) Bat qu’il considérait comme l’amour encore plus excellente que l’unité de la foi· Dans le strict respect de la principe d’Augustin (Evangelio non crederem, etc.) qu’il considérait comme un concession subjective, il croyait avec l’Église, et selon l’Église, mais pas dans l’Église . En ce qui concerne le sacerdoce, il a conservé la distinction entre les laïcs et du clergé, mais en même temps il admettait la doctrine d’une sacerdoce, ainsi que le sacerdoce particulier du clergé. Pas plus que le L’Église existe pour le clergé, mais, au contraire, le clergé existe pour l’amour de l’Église. Comp. Ullmannp. 296, ss. (après les divers essais, Be dignitate et potestate ecclesiastics, De Sacramento pœnitentiæ, De communione Sanctorum et thesauro ecclesiæ, recueilli dans le Farrago Rerum Theologicarum), et Münchmeierp. 19. — D’après Savonarole, l’Église est composé de tous ceux qui sont unis par les liens de l’amour et de la la vérité chrétienne, par la grâce de l’Esprit Saint ; et l’Église n’est pas là, où cette grâce n’existe pas ; voir les passages recueillis dans ses sermons dans Rudelbach, p. 354, 88 et Meierp. 282, ss. Respectant l’interprétation mystique de l’arche d’alliance comme en ce qui concerne l’Église, voir ibid.

4 Voir Mosheimp. 257 : Dicunt, se credere, ecclesiam cathoHcam sive christianitatem fatuam Esse vel fatuitatem. Item, quod homo perfectus sit liber in totum, quod tenetur ad servandum præcepta data ecclesiæ a Deo, sicut est præceptum de honoratione parentum in necessitate. Item, quod rationc hujus libertatis homo non tenetur ad servandum præcepta Prælato-rum et statutorum ecclesiæ, et hominem fortem, etsi non religiosum, non obligari ad labores manuals pro necessitatibus suis, sed Eum libere posse recipere eleemosynam panperum. Item dicunt, se credere omnia esse com-munia, unde dicunt, furtum eis licitnm esse.

5 Comp. GieselerHistoire de l’Église, II, § 86. HerzogWaldenser, 194 sq.

 

§ 188.

LE CULTE DES SAINTS.

[Rev. J. B. MorrisJésus, Fils de Marie ; sur la révérence manifestée par les catholiques à son bienheureux Mère. Lond. 2 vol. 1851 : comp. Brownaon’s Review, juillet 185S et 1853. Kitto’s Journal, avril 1852. J. H. HorneMariolatry of Rome, édité par Jarvis, 1850. Dublin Review, sur le culte des saints, Avril 1853. Puseysur la règle de foi, pp. 55-60. Newmansur le développement, p. 123-80. Une critique des Gloires de Marie de Liguori’e, témoignage patristique, dans Christian Remembrancer, Land. octobre 1855.]

Le système hiérarchique de la papauté, qui s’élevait comme une haute pyramide sur la terre, était censée correspondre à une prétendue hiérarchie dans le ciel, dont le chef était Marie, la mère de Dieu.1 L’objection de la la tendance polythéiste de cette doctrine, qui se suggérerait naturellement de les scolastiques de l’Église grecque ont répondu à la réflexion des esprits en distinction entre λατρεία et προσκύνησις ; par ceux de l’Église latine, en distinguant Latrie , Dulia et Hyperdulia.2 Mais de telles distinctions n’étaient nullement des garde-fous contre les abus pratiques ; dans conséquence de ceux-ci, les précurseurs de la Réforme ont été amenés à s’opposer, avec toute l’énergie, l’adoration des saints.3

1 L’adoration de la Vierge (Mariolâtrie) a été approuvée par Jean J)ama8cenu8 chez les Grecs, et par Pierre Damianiet Bernard de Clair-vol, Bonaventura et d’autres théologiens de l’Église d’Occident ; voir Gieseler, 1. c. ii. § 78, (où sont cités des passages des chants des Minnesingers) ; Mùnscherédit, par Von Côlln, p. 180-82 ; et De Gratiis et Virtutibus beatæ Mariæ Virg., à Pez, Thés. Anecdd. T. i. p. 509 ss. À ceux-ci, nous pouvons ajouter un passage de TaulerPredigt. auf unser licbcn Frauen Verkündigung (Predigten, t. III, p. 57). Tauler appelle Marie, « la fille du Père, la mère du Fils, l’épouse de l’Esprit Saint, la reine du ciel, la dame du monde et de tous créatures, la mère et l’intercesseur de tous ceux qui implorent son aide, temple de Dieu, dans lequel Dieu s’est reposé, comme un époux dans sa chambre, grand plaisir et délice ; comme dans un jardin plein de toutes sortes d’odeurs herbes, il a trouvé dans la vierge toutes sortes de vertus et de dons. À l’aide de ces Elle a fait répandre du miel sur le ciel de la Sainte Trinité misérables pécheurs comme nous, et nous a apporté le Soleil de justice, et abolit la malédiction d’Ève, et écrasa la tête du serpent diabolique Cette seconde Ève a restitué, par son enfant, tout ce que la première Ève avait perdu et gâché, et a fourni beaucoup plus de grâce et de richesses. C’est l’étoile qui devait sortir de Jacob (dont l’Ecriture a prédit : Engourdi. xxiv. 17), dont L’éclat éclaire le monde entier, et c’est ainsi que, dans toute détresse (dit Bernard) fixe tes yeux sur cette étoile, invoque Marie, et tu ne désespéreras pas ; suis Marie, et tu ne peux pas te tromper de chemin. Elle te gardera par la puissance de son enfant, de peur que tu ne tombes sur le chemin ; elle te protégera, de peur que tu ne désespoir; elle te conduira à son enfant ; elle est capable de l’accomplir, car Dieu Tout-Puissant est son enfant ; Elle est prête à le faire, car elle est miséricordieuse. Qui pourrait douter un seul instant que L’enfant n’honorerait pas sa mère, ou qu’elle ne déborde pas d’amour, en qui l’amour parfait (I. Dieu lui-même s’est-il reposé ? —D’ailleurs Marie, c’étaient surtout les apôtres du Christ, les martyrs, ceux qui avaient pris partie active à la diffusion du christianisme, les fondateurs d’églises nationales, les plus grandes lumières de l’Église, et les ascètes, et enfin, les moines et les moniales en particulier, qui ont été canonisés. L’imagination elle-même a créé de nouveaux (mythiques) saints par exemple, saint Longin, et enfin quelques-uns des hommes et des femmes mentionnés dans l’Ancien Testament est venu pour leur part dans l’adoration générale. Le droit de canonisation possédée auparavant par les évêques était de plus en plus revendiquée par les Papes; pour plus de détails, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique.

Comp le Psalterium beat » Mari » Virginis, du XIIIe siècle. [Ce n’est pas par Bonaventure, comp. Gieseler. Sur ce Psautier, voir Southern Presb. Review, janv. 13.]

♦♦Le mère de Jésus apparaît comme intercesseur auprès de son Fils, qui est pour la plupart partie représentée comme un juge sévère. Ainsi dans le tableau de Rubens à Lyon, Le Christ est représenté avec la foudre, tandis que Marie, avec saint Dominique et saint François, fait des supplications à ses pieds : voir QuandtReise ins mittagliche Frenkreich, Leips. 1846, p. 99. [Voir Mme, Légendes de la Madone de Jameson, 1852.]

2 Dans l’Église grecque, il s’agissait d’abord de l’adoration d’images, que cette distinction a été faite par le second synode de Nice (dans Mansi Concil. T. xiii. Col. 377), ainsi que par Théodore Studita Ep. 167, App. 621. Le λατρεία n’est dû qu’au Dieu trinitaire , le τιμητικά ! προσκύνησις nous le devons aussi aux images. — Dans l’Église latine Pierre Lombard, Sent. Lib. iii. Diète. 9, A., attribuait la latrie à Dieu seul. Il affirma encore qu’il y a deux espèces de Puliadont l’une appartient à toute créature, tandis que l’autre n’est due qu’à la nature humaine du Christ. Thomas Thomas d’Aquin ajouta (Lib. it P. i. Qu. 103, art. 4) l’Hyperdulia, qu’il attribua à personne d’autre qu’à Marie. Comparez les passages cités par Münscheréd. par von Colin, pp. 182, 183.

3 C’est ce qui a été fait , par ex. par Hus, dans son traité De Mysterio Antichrist !, c. 23· Voir SchrochJcxxxiv. pp. 614, 615.

L’adoration des saints était liée à l’adoration des images et au culte des images. La prise en compte de l’histoire extérieure de la controverse sur les images appartient à la province de l’histoire ecclésiastique. L’adoration des images était défendu pour des raisons doctrinales par Jean LamascenusOrationes IL pro Imaginibus. Opp. T. i. p. 305, ss.— Le Synud de Constantinople (A. D. 754) décida de ne pas adorer les images superstitieuses, la seconde Le synode de Nice (787 apr. J.-C.) se prononça en sa faveur. entre le λατρεία, qui est dû à Dieu seul, et le προσκύνησις τιμητική (ασπασμός), qui pourrait être payé aussi bien aux images ou images de saints, qu’au signe de la croix et des saints Évangiles. — On eut d’abord une opinion intermédiaire dans l’Église d’Occident (imagines non ad adorandum, sed ad memoriam rerum gestarum et parietum venustatem habere permittimus), par ex. par l’empereur Charlemagne dans le traité De impio Im agi num Cultu, Lib. iv. (écrit vers l’an 790), et le synode de Francfort (794 apr. J.-C.) ; le doctrine du Synode de Nice a été défendue par le pape Hadrien (il a composé un réfutation des livres de Charlemagne ; dans MansiT. xiii. Col. 759,8s.). Théodulphe d’Orléans. — Thomas Thomas d’Aquin affirma plus tard (Summ. P. iii. Qu. 25, art. 8), à propos de la croix de Christ : Cum ergo Christus adoretur adora-tione latriœ, consequens est, quod ejus imago sit adoratîone latriæ adorauda (nous avons donc ici un spécimen de real l’idolâtrie ?). Comp. Art. 4, et Jean Damas De Fide Orthod. Lib. iv. c. 11·

 

§ 189.

LES SACREMENTS.

La doctrine des sacrements est le point principal sur lequel les scolastiques ont été productifs dans l’aspect formel, aussi bien que dans l’aspect matériel.1״ Non seulement plusieurs théologiens, tels que Hugo de Saint-Victor,2 Pierre Lombard3 et d’autres, ont tenté d’établir une définition plus précise du terme « sacrement », sur la base posée par Augustin ; mais, en ce qui concerne le nombre des sacrements, le nombre sacré sept a été déterminé en particulier grâce à l’influence de Pierre Lombard.4 Sur ce dernier point, cependant, rien n’avait été décidé avant l’époque de Bonaventure et de Thomas d’Aquin.5 Mais une fois que le nombre avait été déterminé, il était relativement facile pour les théologiens, aussi perspicaces que les scolastiques, d’en6 trouver des raisons profondes. Comme, d’ailleurs, l’Église grecque, dès le IXe siècle, manifestait une disposition à augmenter le nombre des sacrements7, lorsqu’on essaya alors d’unir les deux Églises, le calcul occidental fut confirmé par le concile de Florence.8 et les plus rigides parmi les Husites, soit retournaient au nombre primitif deux, soit étaient plus ou moins en désaccord avec les sept de l’Église catholique et avec son idée du sacrement.9

1 UllmannWessel, p. 821, 322.

2 Hugo de Saint-Victor n’était pas satisfait de la définition d’Augustin : sacramentum est, sacræ rei signum (comp. t. I. § 136), et l’appelait une simple définition nominale. Les lettres et les images, ajouta-t-il, pourraient également être des signes de choses sacrées. Sa propre définition est donnée Lib. i, P. ix. c. 2 : Sacra״ mentum est corporals vel materiale elementum foris sensibiliter propositom, ex similitudine repnesentans, ex institutione significans, et ex sanctificatione eontinens, aliquam invisibilem et spiritalem gratiam. La définition donnée dans Summ. Tr. ii. c. 1, est plus court : sacramentnm est visibilis forma invisibilis gratiæ in eo collatæ. Comp. De Sacr. Lib. ii. P. vi. c. 3 ; Liebner, p. 426. [Hugo utilise aussi sacramentum dans un « sens plus large – e. g., c. 0, De Sacramento Fidei et Virtute : Sacramentum enim fidei vel ipsa Fides intelligitur, quœ sacramentum est, vel sacramenta fidei intelliguntur, quœ cum fide percipienda sunt et ad sanctificationem fidelium præparata sunt.]

3 Sent. L. iv. Dist 13 : Sacramentum enim proprie dicitur, quod ita signum est gratiæ dei et invisibilis gratiæ forma, ut ipsius imaginera gérât et causa existât On ne peut pas en dire autant de tous les signes... (omne sacramentum est signum, sed non e converao). Comp. BonaventuraBre-viloqu. vi. c. 1, ss. :

4 Jusqu’à la période actuelle, les opinions des théologiens sur ce point ont été pendant un temps considérable divisées. Rabanue Maurus et Pas ch a-8iut Radbert ne reconnaissaient que quatre sacrements, ou, pour mieux dire, seulement les deux sacrements du baptême et de la Cène du Seigneur ; mais à propos du baptême, ils mentionnaient la Chrisme (confirmation), et divisaient le sacrement de la Cène du Seigneur selon ses deux éléments, le corps et le sang du Christ Éabanus de Inst Cler. i. 24 : Sunt autem sacramenta Baptisants et Chrisma, Corpus et Sanguis, quœ ob id sacramenta dicuntur, quia sub tegumento corporalium rerum virtue divina secretins salutem eorundem sacramentorum operator, unde et a secretis vir-tatibus vel sacris eaerwnenta dicuntur. Comp. Paschasius de Corp, et Sang. Domini, c. 3. — Bérenger de Tours s’exprimait en termes analogues (de S. Cœna. Berolini, 1834, p. 153) : Duo sunt enim prœcipne ecclesiæ sacramenta sibi assentanea, sibi comparabilia, regenerationis fidelium et refectionis (bap· tisme et la Cène du Seigneur).Gottfriedabbé de Vendôme, vers 1120, appelle sacramenta ecclesiœ l’anneau et le bâton avec lesquels les évêques ont été institués .—Bernard de Clairval parlait du lavement des pieds comme d’un sacra״ ment (Sermo in Cœnam Domini, § 4, cité par Münscherédité par von Colin, p. 188.) — Hugo de Saint-Victor (Lib. i. P. viii. c. 7), a assumé trois qlasses de sacrements : 1° Les sacrements sur lesquels le salut est suprêmement fondé, et par la participation desquels les plus hautes bénédictions sont données (le baptême et la Cène du Seigneur, avec la confirmation, qui est placée, P. vii^ entre les deux autres.) 2. Les sacrements qui favorisent la sanctification, bien qu’ils ne soient pas nécessaires au salut, en tant que, par leur usage, les bons sentiments des chrétiens sont conservés dans la pratique, et qu’un degré plus élevé de grâce peut être obtenu : tels sont l’usage de l’eau bénite, l’aspersion de cendres, etc. 3. Les sacrements qui semblent n’avoir été institués que pour servir de préparation et de sanctification aux autres sacrements, tels que les saints ordres, la consécration des robes du clergé, etc. — Outre lesdits trois sacrements de la première classe, il a fait une mention particulière des sacrements de mariage (Lib. II. p. ix). de pénitence (P. xiv.), et d’extrême-onction (P. xv.) ; Mais il n’a pas dit, à propos d’aucun de ces sacrements, comme il l’a fait à l’égard du baptême et de la Cène du Seigneur, qu’il était nécessaire de le compter parmi les sacrements de la première classe. On ne sait donc pas s’il n’en a pas mis quelques-uns parmi ceux de la seconde classe ? Liebner, p. 429. Münscherédit., par von Cölln, pp. 188, 189.—[Hugo résume ainsi : Prima ergo ad salutem, secunda ad exercitationem, tertia ad præparationem con-stituta sunt Cap. 7.] Peter Bamiani a mentionné jusqu’à douze sacra״ ments (Opp. T. it, p. 167-169). — Soit Otton évêque de Bamberg (qui vécut entre les années 1139 et 1189, et qui, d’après la Vita Othonis, dans Canisius Lectt. Antiqu., éd. Basnage.T. iii. P. ii. p. 62) introduisit les sept sacrements parmi les Poméraniens qu’il avait convertis au christianisme, est un point qui reste à étudier (voir Engelhardt, Dogmengeschichte ii. p. 196· Münscherédit, par von Colin, pp. 189, 190.) [Gieseler, Histoire de l’Église, doute de la tradition sur Otton de Bamberg ; le Discours dans lequel elle se trouve, il considère qu’il n’est pas authentique.] — Les vues de Pierre Lombard sur le sujet en question étaient plus arrêtées : voir Sent. Lib. iv. Dist. 2, A : Jam ad sacramenta novæ legis accedamus, quæ sunt Baptismus, Confirmatio, Panis benedictio, ». e., Ëucharistia, Pœnitentia, Unctio extrema, Ordo, Conjugium. Quorum alia remedium contra pecca-turn præbent, et gratiam adj utricem conférant, ut Baptismus ; alia in remedium tantum sunt, ut Conjugium ; alia gratia et virtute nos fulciunt, ut Ëucharistia et Ordo.

5 Ainsi Alanus ab Insulis, Lib. iv. (cité par Pezp. 497) énumérait les sacrements suivants : Baptismus, Eucharistie, Matrimonium, Pœnitentia, Dedicatio basilicarum, Chrismatis et Olei inunctio, et leur assignait leur place comme moyen de grâce entre la prœdicatio et l’ecclesia . Il ne parlait que d’une pluralité de sacrements, mais n’indiquait pas le nombre exact de sept. Comp. iii. 6 Alexander Halesbien qu’il ait adopté le nombre sept, a admis que le baptême et la Cène du Seigneur seuls avaient été institués par Notre-Seigneur lui-même, et que les autres sacrements avaient été institués par ses apôtres et les ministres de l’Église. (Summa P. iv. Qu. 8, Membr. 2, art. 1, cité par Münscherédité par von Cölln, pp. 196, 197.)

6 D’après Thomas d’Aquin, p. iii. Qu. 66. 1. Les cinq premiers sacrements servent : ad spiritualem uniuscujusque hominis in se ipso perfectionem, mais les deux derniers, ad totius ecclesiæ regimen multiplicationemque. lie continue ensuite : Per Baptismum spiritualiter renascimur, per Confirmationem augemur in gratia et roboramur in fide ; renati autem et roborati nutrimur divine Eucharistiæ alimonia. Quod si per peccatum œgritudinem incurrimus animæ, per Pœnitentiam spiritualiter sanamur ; spiritualiter etiam et corpora-liter, prout animæ expedit, per extremam Unctionem. Per Ordinem vero ecclesia gubernatur et multiplicatur spiritualiter, per Matrimonium corpora-liter augetur. — Thomas, cependant, était d’accord avec d’autres théologiens, Summ. P. iii. Qu. 62. L’art. 6. en considérant le baptême et la Cène du Seigneur comme potis-sima sacramenta. — Bonaventura apporta (Brevil. vi. Cent. iii. sect 47. c. 3.) les sept sacrements en rapport avec les sept maladies de l’homme. Le péché originel est combattu par le baptême, le péché mortel par la pénitence, le péché véniel par l’extrême-onction ; l’ignorance est guérie par l’ordination, la malice par le Supp-per du Seigneur, l’infirmité par la confirmation, la mauvaise concupiscence par le mariage). Il a également établi un lien correspondant entre les sacrements et les sept vertus car-dinales : le baptême conduit à la foi, la confirmation à l’espérance, la Cène du Seigneur à l’amour, la pénitence à la justice, l’extrême-onction à la persévérance, l’ordination à la sagesse, le mariage à la modération (pour plus de détails, voir, ibidem). — Comp., aussi les Sermons de Bertholdédités par Klingp. 439, ss. Les « sept choses sacrées » sont, selon lui, un remède préparé par Jésus, divisé en sept parties, etc.♦♦ Voir aussi Raimund de SabundeTit. 282, dans Matzke, p. 91. [Et ideo Christus ordinavit ad significandum et repræsentandum omnia ista quæ sunt invisibilia et debent fieri occulte in anima, ut scilicet exterius in corpore fieret ablutio et lavacrum per aquam elementalem cum verbis expresse signifîcantibus ablutionem et lavacrum. Et ideo ista ablutio, quæ fit in aqua eo modo quo Christus ordinavit, vocatur sacramentum seu signum regenerationis et renovationis, quia hoc est regenerare hominem et innovare, quia anima recipit novnm esse spirituale. Et ideo in isto sacramento recipit homo nomen novum, quia vocatur Christianus, etc.]

 Ainsi les pauvres laïcs n’ont pas de sacrement pour l’ignorance, et le pauvre clergé n’a pas de sacrement. Pour contrecarrer les convoitises, il n’y a pas d’autre moyen de Schleiermacher, Kirchengesch. p. 614.

♦♦ « Les sacrements ont également été référés par certains aux sept sortes de sacrifices d’animaux dans le Testament de l’OU et à l’aspersion de leur sang. » Gieseler, Dogmengesch. Débloquer le niveau 631.

§ 190.

LE MÊME SUJET A CONTINUÉ.

De nombreuses discussions eurent lieu parmi les scolastiques sur l’ancienneté des sacrements1, leur nécessité, leur conception et leur signification, ainsi que sur le respect de leur vertu et de leurs effets spécifiques.2 Dans l’esprit de la classe supérieure des mystiques, Hugo de Saint-Victor fit remonter le dessein des sacrements aux besoins religieux intérieurs de l’homme.3 Mais Thomas d’Aquin s’efforçait particulièrement, avec un grand savoir, de définir encore plus précisément l’idée du sacrement, et de s’éclairer lui-même, ainsi que les autres, sur ses effets.4 À la suite de la mort de Jésus, les sacrements institués dans le Nouveau Testament ont obtenu ce qu’on appelle la vertu instrumentonsou effectiva, que ceux de l’Ancien Testament ne possédaient pas5. C’est pourquoi, en prenant part aux sacrements, l’homme acquiert un certain caractère qui, dans le cas de certains sacrements, tels que le baptême, la confirmation et l’ordination sacerdotale, est un caractère indélébilis, et, par conséquent, rend impossible la répétition de ces sacrements.6 Les effets produits par les sacrements naissent non seulement ex opere operantis, mais aussi ex opere operato.7 Par conséquent, elles ne dépendent ni de la valeur extérieure ou intérieure de celui qui administre le sacrement, ni de sa foi et de son caractère moral, mais de son intention d’administrer le sacrement en tant que tel. Cette intention doit au moins être habituelle ; mais il n’est pas absolument nécessaire qu’elle soit actuelle.8 En opposition à la doctrine de Thomas, qui a reçu la sanction de l’Église catholique, Duns Scot a nié que la puissance effective de la grâce fût contenue dans les sacrements eux-mêmes.9 Les précurseurs de la Réforme par exemple Wessel et Wycliffe, combattirent encore plus résolument la doctrine selon laquelle les effets du sacrement se produisent ex opere operato. tandis qu’ils manifestaient le plus grand respect pour les sacrements eux-mêmes en tant qu’institutions divines10. C’est ainsi qu’ils conservèrent le milieu entre cette vision superstitieuse et purement extérieure, par laquelle le sacrement était changé, pour ainsi dire, en charme, et la théorie fanatique et subjective adoptée par les sectes panthéistes, qui idéalisaient et rejetaient fièrement tout gage visible et tout sceau de bénédictions surnaturelles.11

1 Sur la question de savoir en quel sens on peut dire que l’Ancien Testament a eu ses sacrements ? voir Pierre LombardieSent, lib. iv. Dist. 1, E........ Veteris Testament ! Sacrements Promittebant tantum et significabant, hæc autem (Novi Testament !) dant salutem (comp, les opinions d’Augustin, ibidem.) Dans la mesure où les sacrements ont été rendus nécessaires par suite du péché, mais que Dieu avait institué le mariage dans le paradis, ce sacrement a été considéré comme le plus ancien appartenant même à l’état d’innocence. Voir Cramer, vii. p. 103. Comp. Thomas d’Aquin (dans les notes 4 et 5).

2 " La tradition commune de l’Église n’enseignait que la notion d’une efficacité magique des sacrements, et attribuait ainsi une trop grande influence à la forme purement extérieure et non spirituelle. Au contraire, les scolastiques ont clairement perçu que la justification et la sanctification sont quelque chose d’essentiellement libre, intérieur et spirituel, et dépendent de la foi. Ces deux notiens étant contradictoires l’un avec l’autre, il fallut les réconcilier, ce qui se fit en grande partie par des raisonnements ingénieux ; n LiebnerHugo von St. Victor, p. 1.

3 Selon Hugo de Saint-Victorle dessein des sacrements est triple : Propter humiliationem (il faut se soumettre au visible, pour y parvenir , à l’invisible) ; 2. Propter eruditionem (le visible mène à l’invisible. Bien qu’un malade ne voie pas le médicament qu’il doit prendre, il voit le flacon, qui lui donne une indication du pouvoir de guérison qu’il contient, et lui inspire confiance et espérance ; 3. Propter exercita-tionem (la vie intérieure et spirituelle de l’homme en est renforcée). Les trois personnes de la Trinité prennent une part active à l’administration des sacrements. Le Père (en tant que Créateur) crée les éléments ; le Fils (en tant que Rédempteur, Dieu-homme) les institue ; et le Saint-Esprit les sanctifie (par la grâce). L’homme, en tant qu’instrument de Dieu, les distribue. Dieu est le médecin, l’homme est le malade, le prêtre est le serviteur ou le messager de Dieu, la grâce de Dieu (et non le sacrement) est le remède, et le sacrement est le vase dans lequel il est contenu. — Dieu aurait pu sauver l’homme sans sacrements, s’il l’avait voulu ; mais puisqu’il lui a plu de les instituer, c’est le devoir de l’homme de se soumettre à son arrangement ; néanmoins, Dieu peut encore sauver sans sacrements. Si le temps ou le lieu empêchent de recevoir les sacrements, la res (virtus) sacramenti suffit ; car la chose elle-même a plus d’importance que le signe, la foi est plus que l’eau, etc. ; De Sacram. Lib. i. P. ix., c. 3-5. Liebner p. 430, 88.

4 Thomas d’Aquin Summ. P. iii., Qu. 60-65. (Des extraits en sont donnés par Münscherédit, par Von Cölln, p. 192, ss.) [Qu. 60, art. 2. Sacramentum est signum rei sacræ, inquantum est sanctificans homines. L’art. 3. In qua sanctification© tria possunt considérai״ ! : videlicet, ipsa causa sanctifie»־ tionis nostræ, quæ est passio Christi : et forma nostræ sanctification is, quæ consistit in gratia et virtutibus ; et ultimus finis sanctification is nostræ, quæ est vita æterna. Et hæc omnia per sacramenta meaningur. — Qu. 61, art. 1 : elles sont nécessaires au salut de l’homme d’une triple manière : 1° Parce que l’homme est conduit par des objets sensibles. 2. Par le péché, il est sous l’emprise de ce qui est corporel. 3. L’action humaine se fait principalement à travers et à propos des choses corporelles, etc.]

5 Qu. 62., Art. 1 : Neccsse est dicere sacramenta novæ legis per aliquem modum gratiam causare...... Et dicendum est, quod duplex est causa agens, principalis et instrumentalis. Principalis quidem operatur per virtutem suæ formæ, cui assimilatur effectua, sicut ignis suo calore calefacit. Et hoc modo nihil potest causa gratiam nisi Deus, quia gratia nihil est aliud, quam quædam participât » similitudo divinæ naturœ. Causa vero instrument talis non agit per virtutem suæ formæ, sed solum per motum, quo movetur a principal ! agent. Unde effectue non assimilatur instrumente, sed princi-pâli agenti. Et hoc modo sacramenta novæ legis gratiam causant. — Art 5 : Undo manifestum est, quod sacramenta ecclesiæ specialiter habent virtutem ex passione Christi, cujus virtue quodammodo nobie copulatur per susceptio-nem sacramentorum. — Art 6 : Per fidem paseionis Christi justificabantur antiqui patres, sicut et nos. Sacramenta autem veteris legis erant quædam illius fidei protestationes, inquantum significabant passionem Christi et effee-tus ejus. Sic ergo patet, quod sacramenta veteris legis non habebant in se aliquam virtutem, qua operarentur ad conferendam gratiam justificantem ; sed solum significabant fidem per quam justificabantur.

6 Innocent III. à Decret. Greg. IX. L. iii. T. 42, c. 3 : Et is, qui ficte ad baptismum accedit, characterem suscipit christianitatis impressum. Thomas, P. iii. Qu. 63, art. 2 : Sacramenta novæ logis characterem imprimunt. — Le Concilium Florentinum, tenu sous le pape Eugène IV, a établi le canon suivant (in Mansi T. xxxi. Col. 1054, ss.) : Inter hæc Sacramenta tria sunt, Baptismus, Confirmatio et Ordo, quæ characterem, i. Espirituale quoddam signum a cæteris distinctivum imprimunt in anima indélébile. Unde in eadem persona non reiterantur. Reliqua vero quatuor characterem non im-primunt et reitcrationem admittunt. (Néanmoins, une divergence d’opinion sur la répétition de l’extrême-onction eut lieu à l’occasion de la mort du pape Pie II. Sur la discussion qui s’éleva entre le pape mourant et Laurentius Roverella, évêque de Ferrare, voir Platina in Vita Pii II. Voir ci-dessous, § 199, note 3.)

7 La distinction entre ces deux termes a été mieux définie par Gabriel Bieldans Sent Lib. iv., Dist. 1, Qu. 3. Münscherédité par von Cölln, p. 199) : Sacramentum dicitur conferre gratiam ex opere operate, ita quod ex eo ipso, quod opus illud, puta sacramentum, exhibecur, nisi impediat obex peccati mortal is, gratia confertur utentibus, sic quod præter exhibitionem sign ! foris exhibit ! non requiritur bonus motus interior in suscipiente. Ex opere operante vero dicuntur Sacramenta conferre gratiam per modum meritiquod scilicet sacramentum foris exhibitum non sufficit ad gratiœ collationem, sed ultra hoc requiritur bonus motus seu devotio interior in suscipiente, secundum cujus intentionem confertur gratia, tanquam merit ! condign ! vel con-grui, præcise, et non major propter exhibitionem sacramenti. (Ce dernier point de vue était aussi celui de Scot.)

« L’idée que les sacrements de l’Ancien Testament n’avaient fait que figurer la grâce divine, mais ne l’avaient pas communiquée, a été rejetée par Jean Bonaventure et Scot, après que la doctrine opposée ait été précédemment proposée par Bède le Vénérable ; elle fut cependant confirmée par le pape Eugène IV. au concile de Florence. Munscherédité par Von Colin, p. 187 (les preuves sont données ibid. pp. 198, 199). La doctrine fut alors établie, que les sacrements de l’Ancien Testament produisaient des effets ex opere operantis, ceux de la Nouvelle Bascule ex opere opérateur Comp. EngelhardtDogmengeschichte, p. 197, 198, note.

8 Thomas1. c. Qu. 64, Art. 5 :.... Min is tri ecclesiæ possunt sacramenta conferre, etiamsi sint mali.—Art 9 : Sicut non requiritur ad perfectionem sacramenti, quod minister sit in charitate, sed possiint etiam peccatores sacra* men ta conferre, ita non requiritur ad perfectionem sacramenti tides ejus, sed infidelis potest verum sacramentum prœbere, dummodo cœtere adsint, quæ sunt de necessitate sacramenti En ce qui concerne l’intentio comparer ibidem et l’art. 10. Munscher, édit., par Von Colin, p. 196. Cramer, vii. p. 712 et 713. [Thomas d’Aquin s’opposait à cette opinion : quod requiritur mentalis intentio in mi-nistro, quæ si desit, non perficitur sacramentum ; et soutenait quod minister sacramenti agit in persona totius ecclesiæ cujus est minister. In verbis autem quæ profert exprimitur intentio ecclesiæ ; quæ sufficit ad perfectionem sacramentinisi contrarium extends exprimatur ex parte ministri, vel reci-pientis sacramentum. Comp, aussi l’art. 10.]

9 Comparez la note 7.

10 Wycliffie critiqua la doctrine des sacrements avec beaucoup d’acuité. Trialogas Lib. iv. c. L ss. À son avis, mille autres choses (en leur qualité de rerum sacrarum signa) pourraient être appelées sacrements, avec autant de convenance que les sept sacrements. Muita dicta in ista materia habent nimis debile fundamentum, et propter aggregationem ac institutionem in terminis difficile est loquentibus habere viam impugnabilem veritatis... . Non enim video, quin quælibet creatura sen si bi lis sit realiter sacramentum, quia signum a Deo institutum ut rem sacram insensibilem significet, cujusmodi sunt creator et creatio et gratia creatoris. Comp. c. 25, où il désignait les cérémonies qui avaient été ajoutées aux sacrements, des inventions de l’Antéchrist, par lesquelles il avait imposé un lourd fardeau à l’Église. — Wessel s’exprimait en termes plus modérés sur ce point ; il ne désapprouvait pas tout à fait certaines additions extérieures (Chrisma), puisque, par respect, l’Église a entouré les sacrements avec plus de pompe ; mais, En ce qui concerne leurs effets, il s’est opposé à la doctrine qui les représenterait comme étant produits ex opere op, et il a fait dépendre le salut de la disposition de celui qui reçoit le sacrement ; De Commun. SancL, p. 817. Ullmann, p. 322 et 333.

11 Mosheim1. c. p. 257 : Dicunt, se credere, quod quidlibet Laicus bonus potest conflcere corpus Christi, sicut sacerdos peccator. Item, quod saccrdos, postquam exuit se sacris vestibus, est sicut saccus evacuatus frumento. Item, quod corpus Christi æqualiter est in quolibet pane, sicut in pane sacramentali. Item, quod confiteri sacerdoti non est necessarium ad salutem. Item, quod corpus Christi vel sacramentum Eucharistiæ sumere per Laicum, tanturn valet pro liberatione animæ defuncti, sicut celebratio Missæ a sacerdotc. Item, quod omnis concubitue matrimonial ! » præter ilium, in quo speratur bonum prolis, sit peocatum. Berthold’s Sermonsédité par Kling , pp. 808 , 809.

 

§ 191.

BAPTÊME.

Les scolastiques montraient plus d’originalité dans leurs discussions sur la Cène du Seigneur, que dans leurs recherches sur la doctrine du baptême, où ils se bornaient plutôt à des points particuliers. En adhérant au système allégorique de Cyprien, ils adoptèrent l’interprétation mystique de l’eau, en tant qu’élément liquide, mais exacerbés, leur ingéniosité et leur penchant pour les distinctions subtiles dans les définitions pédantes concernant les fluides à utiliser dans l’accomplissement du rite du baptême.1 Le baptême de sang était aussi connu dans la période actuelle que dans les siècles précédents, avec cette seule différence qu’il était pratiqué par ceux qui s’infligeaient des tortures (Flagellantes) au lieu de par des martyrs.2 Le baptême d’eau ne pouvait être administré que par des prêtres, sauf en cas de nécessité.3 La doctrine du baptême des enfants avait longtemps été considérée par l’Église comme un point établi ; Pierre de Bruiscependant, et certaines sectes mystiques, en parlaient d’une manière méprisante.4 En tant qu’enfants, les sujets du baptême ne pouvaient pas s’engager eux-mêmes ; un engagement a été pris pour eux par leurs parrains et marraines, selon le principe d’Angustine : credit in altero, qui peccavit in altero.5 Le baptême des enfants était censé supprimer le péché originel, mais il n’enlevait pas la concupiscentia (lex fomitis), bien qu’il l’atténuât au moyen de la grâce donnée dans le baptême.6 Le baptême n’opère pas seulement le pardon des péchés commis autrefois, mais il donne aussi, selon Pierre Lombardl’assistance de la grâce pour accomplir des actions vertueuses.7 — L’assertion de Thomas d’Aquinque les enfants obtenaient aussi cette grâce8, a été confirmée par le pape Clément V au synode de Vienne (1311).9

1 Comparez Cramer, vii. p. 715. par. Pierre Lombard a enseigné, Sent Lib. iv. Dist.'3, G : non in alio liquore potest consecrari baptismus nisi in aqua ; D’autres, cependant, pensaient que le rite du baptême pouvait également être accompli avec de l’air, du sable ou de la terre. (Schmid, J. An de Baptismo per Arenam. HelmsL 1697. 4.) Diverses opinions obtenues sur la question de savoir si la bière, le bouillon, la sauce de poisson, l’hydromel ou l’eau de miel, la lessive ou l’eau de rose, pourraient être employés à la place de l’eau pure. Voir Meiiwrs and Spittiers Neu es Göttingen, his* torisches Magazin, Vol. iii.part 2, 1793, 8, (réimprimé de Holder ! dubie״ tatibus circa Baptismum) : Augustitheologische Blatter, Vol. i. p. 170ss, et son Archæologie VII. p. 206, comme. Les scolastiques poussèrent leurs absurdités jusqu’à ouvrir la question : Quid faciendum, si puer urinaret (stercorixaret) in fontem Î On distinguait aussi entre aqua artificiel, naturel, et habituel. — Beaucoup d’autres disputes inutiles et inutiles eurent lieu au sujet des formules baptismales ; voir Holder, L c. — L’aspersion a également donné lieu à de nombreuses discussions (au lieu de trempage). Thomas d’Aquin préférait la coutume la plus ancienne (Summa P. iii. Qu. 66, art. 6), parce que l’immersion rappelait aux chrétiens la sépulture du Christ : mais il ne la croyait pas absolument nécessaire. À partir du XIIIe siècle, l’aspersion se généralise en Occident L’Église grecque, cependant, et l’Église de Milan, conservent encore la pratique de l’immersion ; voir AuguttiArchæologie, vii, p. 229, 88. —Activé la question de savoir s’il était nécessaire de tremper une fois, ou trois fois, as Holder, L c. (Il a recueilli beaucoup d’autres exemples de l’ingéniosité et de la perspicacité des casuistes en ce qui concerne toutes les difficultés possibles.)

Diverses règles concernant l’accomplissement correct du baptême peuvent également être trouvées dans les Sermons de Bertholda, pp. 442, 443. C’est ainsi qu’il est dit : « Les jeunes gens ne doivent pas baptiser les enfants pour s’amuser ou se moquer ; et les gens insensés ne doivent pas non plus pousser un Juif dans l’eau contre sa volonté. De tels actes ne sont pas valides.

2 Thomas d’AquinQu. 66, Art 11......præter baptismum aquœ potest aliquis consequi sacrament ! effectuai ex passione Christi, inquantam quia ei conformatur pro Christo patiendo.—Sur les Flagellantes, voir Fbrtte· manndie christlichen Geisslergesellschaften, Halle, 1828.

3 Pierre Lombard, Envoyé iv. Dist. 6, A (d’après Isidore d’Espagne) : Constat baptismum solis sacerdotibus esse traditum, ej usque ministerium nec ipsis diaconie implere est licitum absque episcopo vel presbytero, nisi his procul absentibus, ultima languoris cogat nécessitas : quod etiam lalcia fidelibus permittitur.—Comparez Gratien, dans Decret, de Consecrat Dist 4, c. 19.— Thoma » Aquina », Summ. P. iii. Qu. 67, art 1-6. (Les autres définitions appartiennent à la compétence du droit canonique.)

4 Comp. Petr. Ven. Cluniacensis adv. Petrobrusianos, dans Bibl. PP. Max. Lugd. T. xxii. p. 1033. — Les Pauliciens, les Bogomiles, les Catbaris, etc., s’opposaient au baptême des enfants ; Plusieurs de ces sectes (« . g., les Cathares) rejetaient complètement le baptême par l’eau. Comp. Moneta, ad vers. Catharos et Waldenses, Lib. v. c. l·, p. 277, 88. Müngcherédité par von Côlln, pp. 209, 210.

5 Comp. V0L i. § 137, note 6, p. 390Pierre Lombard, Sent L. iv. Régime 6, G. Thoma » Aquina », Qu. 68, Art 9 : Regeneratio spiritualia, quœ fit per baptismum, est quodammodo similis nativitati carnali, quantum ad hoc, quod, aicut pueri in materais uteris conetituti non per se ipsos nutrimentum ac-cipiunt, sed ex nutrimento matris sustentantur, ita etiam pueri nondum habentes usum rationis, quasi in utero matris ecclesia constitue, non per se ipsos, sed per actum ecclesia salutem suscipiunt. — Les règlements concernant le droit ecclésiastique relation dans laquelle les parrains et les marraines se tiennent l’un à l’autre, appartiennent au droit canonique. Comp. Peter Lamb. L. iv. Diète. 42Thoma d’Aquinp. iii, dans Supplem. Qu. 56, art. 3. — Decretalia Greg. IX L· iv. T. 11. Sexti Décrétal· L. iv. T. 3.

6 LombardL. ii. Dist. 82, A. (selon Augustin) : Licet remaneat concupiscentia post baptismum, non tamcn dominatur et regnat aient ante : imo per gratiam baptism ! mitigatur et minuitur, ut post dominari non valent, nisi quis reddat vires host ! eundo post concupiscentias. Nec post baptismum remanet ad reatum, quia non imputatur in peccatum, sed tantum pœna peccati est ; ante baptismum vero pœna est et culpa. Comparez ce qui suit. Thomas d’Aquin, Summ. P. ii. Qu. 81, art. 3 : Peccatum originale per baptismum aufertur reatuinquantum anima récupérât gratiam quantum ad mentem : remanet tamen peccatum originale actuquantum ad fomitem qui est inordinatio partium inferiorum animæ et ipsius corporis. Comp. P. iii. Qu. 27, art. 8.

7 Lombard Lib. iv. Dist. 4, H : De adultis enim, qui digne recipiunt sacramentum, non ambigitur, quin gratiam operantem et cooperantem perceperint. ...... De parvulis vero, qui nondum ratione utuntur, quæstio est, an in bap-tismo receperint gratiam, qua ad majorem venientes ætatem possint velle et operari bonum. Videtur quod non receperint : quia gratia ilia chantas est et fides, quæ voluntatem præparat et adjuvat. Sed quis duxerit eos accepisse fîdem et charitatem î Si vero gratiam non receperint, qua bene operari possint fuerint adulti, non ergo sufiîcit eis in hoc statu gratia in baptismo data, nec per illam possunt modo boni esse, nisi alia addatur : quæ si non additur, non est ex eorum culpa, quia justificati [al. non] sunt a peccato. Quidam putant gratiam operantem et cooperantem cunctis parvulis in baptismo dari in munere, non in usu, ut, ad majorem venerint ætatem, ex munere sortiantur usum, nisi per liberum arbitrium usum muneris extinguant pecinando : et ita ex culpa eorum est, non ex defectu gratiæ, quod mali fîunL

8 Thomas d’AquinQu. 69, Art. 6 : Quia ptieri, sicut et adulti, in bap-tismo efficiuntur membra Christi, unde necesse est, quod a capita recipiant inflnxum gratiæ et virtutis.

9 In MansiTom. xxv. Col. 411 Münscheréd. par von Cölln, p. 203. [ Mansi, Col. 411 : Baptisma unicum... . celebratum in aqua, in nomine Patrie, ct Filii, et Spiritus Sancti, credimus esse tam adultis quam parvulis communiter perfectum remedium ad salutem. Verum quantum ad eflectum theologi varias opiniones habeant ; videlicet dicentibus quibusdam, par-vulis culpam remitti, sed gratiam non conferri ; aliis e contra assientibus quod et culpa eisdem in baptismo remittitur, et virtutés ac informans gratia infunduntur quoad habitumetsi non pro illo tempore quoad usum : nos attendentes generalein efficacim mortis Christi, quæ per baptisma applicatur pariter omnibus baptizatis, opinionem secundam, quæ dicit tam parvulis quam adultis conferri in baptismo, gratiam informantem et virtutés, tanquam pro-babiliorem et dictis Sanctorum et doctorum modernorum theologiœ magia consonant et concordent, sacro approbante Concilio, duximus eligendam.]

La répétition du rite du baptême n’était pas conforme à la nature de ce sacrement. Mais les théologiens différaient d’opinion sur la question de savoir si ceux qui sont empêchés par les circonstances d’être baptisés peuvent être sauvés. À l’opposé des théologiens antérieurs (tels que Rabanus Maurus), des théologiens ultérieurs, p. ex. Bernard de Clairval, Pierre Lombard et Thomas d’Aquin soutenaient que, dans de tels cas, la volonté seule suffisait. Comparez les passages cités par Münscherédit, par von Cölln, pp. 205, 206. [Thomas d’Aquin, Qu. 68, Art 2 : Alio modo potest sacramentum baptême ! alicui deesse re, sed non veto : sicut cum aliquis bpptizari desiderat, sed aliquo casu prævenitur morte, antequam baptismum suscipiat Et tali » sine baptismo actuals salutem consequi potest propter desideritsm baptismiquod procedit ex fide per düectionem opérante, per quam Deus interius hominem sanctiflcat, cujus potentia sacramentis visibiiibua non alligatur.]

 

§ 192.

CONFIRMATION.

KleeDogmengeschichte, t. II, p. 160-170. J. F. Bachmann, Geschichte der Einführang der Confirmation innerhalb cL Evangel. Kirche. Berlin, 1852. [Jo. Dallœus de duabus Latinorum ex Unctione Sacramentis, Confirmatione et extrema Unctione, Genev., 1669. IbidDe Cultibus religios. Latinorum, L. ix., 1671. En réponse, Natal. Alexandre, Hist Eccles. Sæc. II. Diss. x. N. WisemanConférences sur les offices et les cérémonies, etc. H. HepwoodL’ordre et l’histoire de la confirmation, 2e éd., 1850. Revue de l’Église (New Haven), Différence de protestation. Episc. et Rom. Catb. Vue de la confirmation, avril 1852. T. SmythLe Rite de la Confirmation, 1845.]

La confirmation (χρίσμα, confirmatio), qui se rattachait à l’origine au baptême, en fut séparée au fil du temps, comme un rite particulier, puis fut considérée comme un sacrement que seul l’évêque pouvait administrer1. De même que le premier mouvement vers la vie spirituelle est l’effet du baptême, de même sa croissance est favorisée par le rite de la confirmation. Sa caractéristique est la revigoration2; Et ainsi, ceux qui sont faits membres de cette chevalerie spirituelle ont été frappés sur la joue3. De plus, le baptême doit précéder la confirmation.4 Ce dernier rite ne doit pas non plus être accompli sans parrains et marraines.5 Toutes ces règles ont été confirmées par le pape Eugène IV.6 Mais Wycliffe et Hus ont déclaré que la confirmation était un abus.7

1 Comparez AugustiArchæologie, vii. p. 401, 88. Sur l’origine de ce sacrement, et sa référence à un concile de Meaux (Concilium Meldense), comme l’allègue Alexandre de Hales, voir Gieseler, Dogmengesch. 527. [Alexandre tire cette notion du Decretum Gratiani, où un déclaration sur la confirmation est intitulé—Ex Concil. Meldens. Mais le passage est d’un concile de Paris, a. d. 829. Mais Alexandre, quoique dans l’erreur, ne semble pas con^ De plus, il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher qu’un sacrement puisse être directement institué par le . église ; ce que Thomas d’Aquin nie, disant que les sacrements doivent être établis ou promis par le Christ.]

2 Melchiades dans Epist ad Hisp. Episcopos (dans Pierre Lombard, Sent. Lib » iv. Dist. 7) ; Thomas d’Aquin, Art 6, et 7 (cité par Münscherédité par von Cölln, pp. 211, 212). [Melchiade (dans le Pseudo-Isidor.) dit : Sp. S . in fonte plenitudinem tribuit ad innocentiam : in confirmatione augmentum pnestat ad gratiam. Et quia in hoe mundo tota. estate victoria inter invisi-biles hostes et pericula gradiendum est : in baptismo regeneramur ad vitam, post baptismum confirmamur ad pugnam.... Thomas d’AquinArt 6 : Character confirmationis ex necessitate proesupponit characterem baptismalem .י ita scilicet quod, si aliquis non baptizatus confirmaretur, nihil reciperot, sed oporteret iterate ipsum confirmait post baptismum (contre les catbaristes.)] Bonaventura Brevil. P. vi. c. 8, cité par KleeDogmengeechichte, ii. p. 165. [Bonaventura dit : Primo ergo, quoniam confessio hæc debet esse integra, et integritas confessionis non est, nisi quis confiteatur Christum . verum hominem pro hominibus crucifixum, eundemque verum Dei filium incarnatum in Trinitate Patri et Spiritui Sancto per omnia æqualem, bine est, quod in forma vocali non tautam fit expressio actus confirmandi, verum etiam ipsius sign ! crucis, et nominis beatissimæ Trinitatis. il faut, en second lieu, être agréable et agréable à Dieu, on y emploie de l’huile d’olive, du baume, etc. Postremo, quia talis confessio debet esse intrepida, ut nec pudore, nec timoré dimittat quis dicere veritatem, et tempore persecution’s ignominioeam mortem Christi in cruco confiteri publice formidat quis et erubescit... . et bujus modi timor et pudor potissime apparet in fronte, ideo ad omnem verecuudiam et formidiuem propulsandam et manus potestativa imponitur, quæ confirm et et crux front ! imprimitur. Kleeubi supra, pp. 165-6, note.]

3 D’après Augusti (1. c. p. 450, 451), cet usage étrange n’était pas connu avant le XIIIe siècle ; mais Klee affirme (Dogmengcsch. ii. p. 165) qu’il existait dès le XIe siècle. Quoi qu’il en soit, il semble plus probable qu’il ait eu son origine dans les coutumes des chevaliers (comme le suppose Klee), que dans certains rites qui étaient observés lorsque les apprentis avaient fait leur temps (selon Augusti). Mais le clément propre de ce sacrement était le Chrisma, confectum ex oleo olivarum. Comparez la jurisprudence citée dans les notes 2 et 6. [L' La forme était dans l’imposition des mains par l’évêque, en oignant le front du signe de la croix, en utilisant la formule : Consigna te signa crucis, et confirma te chrismate salutisin nomine Patrie, et Filii et Spiritus Sancti. Amen.

4 Thomas d’Aquin1. e. : La confirmation du caractère ex necessitate præsupponit characterem baptismalem, etc. La confirmation, elle aussi, a un caractère in-delebilis ; c’est pourquoi elle est un point à répéter.

5 Sur les parrains et marraines, voir Augusti, 1. c. p. 434. Thomas d’Aquin, art. 10 ; Münscherédit, par von Cölln, p. 214. La relation des parrains et marraines dans la confirmation est aussi une base de la relation ecclésiastique. [Cette relation spirituelle est également considérée comme un obstacle au mariage. Boniface VIII. (1295) in serto Decretal. L. iv^ Tit. 3, cap. 1 ; Ex confirmatione quoque, front de mer ch r ism at ion e spiritual ! » cog-Datio eisdem modis (comme dans baptême) contrahitur, matrimonia similiter impede eus contrahenda, et dirimens post contracta.]

6 Conc. Florent. Cob 105$, cité par Münscheréd. par von Cölln, , p. 215.♦ [Le concile de Florence déclara que la question du sacrement était : Chrisma oonfectum ex oleo : la forme (comme ci-dessus, note 3) ; l’évêque devant être l’administrateur ordonné. L’effet était – robur. Ideoque in fronteubi verecundi » sedes est confirmandus inungiturne Christi nomen confiteri erubescat, et jweipue crucem ejus.. .propter quod signo crucis signatur.]

♦ L’Église grecque a le sacrement de confirmation aussi bien que le sacrement latin ; seulement (selon l’ancienne tradition de l’Église) il est accompli immédiatement après le baptême, le prêtre est habilité à le faire : voir Art. Église grecque, dans le Realencyclop de Herzog.

7 Trialog. Lib. iv. c. 14. SchrbckhKircheng. XXXIV. , p. 508. Il doutait que la confirmation puisse être prouvée à partir des Actes VIII. 17 (comme on l’admettait généralement), et l’appelait blasphème, pour soutenir que les évêques pouvaient de nouveau communiquer le Saint-Esprit, qui avait déjà été communiqué par le baptême. apud Trithem. .Chron. Hirsaug. Ann. 1402. Klee1. c. p. 164. pjheéCauncil de Trente est contre Hus, etc. dans plusieurs canons. Sessio vii. De Conf. Can. i. ii.]

 

§ 193.

LA CÈNE DU SEIGNEUR.

La controverse sur l’Eucharistie avant l’avènement de la scolastique. Paschasius Radbert et Ratramn. Bérenger.

Marheineke (comp. t. L § 73), p. 66, se. Ebrard, i. 385. Gfröreruber pseudo-isidor, dans le Freib. Kath. Zeitschrift, 1847, p. 237, q.

Bien qu’au début de cette période, on emploie parfois des formes d’affirmation qui peuvent être interprétées de la Cène du Seigneur dans un sens symbolique1, cependant l’usage2, fixé par les liturgies, a été constamment façonné en faveur de la doctrine de la transsubstantiation. La violente controverse entre les moines Paschasius Radbert et Ratramn3qui dégénéra en discussions des plus obscènes, et donna lieu à des appellations non moins injurieuses, devint le signal de nouvelles luttes. Les théologiens les plus éminents de l’époque, tels que Rabanus Maurus 4 Scotus Erigena5prirent une part active à la dispute. Gerbertdont la réputation était grande à cette époque, s’efforça d’illustrer la doctrine proposée par Paschasius, d’un changement réel du pain dans le corps du Christ, à l’aide de diagrammes géométriques.6 Vers le milieu du XIe siècle Bérengerchanoine de Tours, et plus tard archidiacre à Angers, qui osa émettre des doutes sur son exactitude dans une lettre adressée à Lanfranc , osa émettre des doutes sur son exactitude : fut condamné et obligé par plusieurs synodes (à Verceil et à Rome, 1050-1079) de se rétracter. Il aurait souffert encore davantage, si le pape Grégoire VII. n’avait pas réussi enfin à le protéger contre la fureur de ses ennemis.7 Bérenger, cependant, était loin de rejeter toute conception plus spirituelle que celle d’un simple signe. Il ne s’offusqua pas non plus de l’emploi de l’expression « prendre part au corps et au sang du Christ », mais il l’expliqua d’une manière plus ou moins idéale.8 D'un autre côté, le cardinal Humbert fut porté si loin par son zèle violent, qu’il interpréta la phrase en question de la manière la plus grossière (capharnaïtique).9 Il devint alors impossible d’adopter un point de vue modéré ; et les théologiens ultérieurs n’ont pas trouvé grand-chose d’autre à faire que de dissimuler l’aspect le plus répréhensible de la doctrine par une plus grande subtilité d’argumentation, et d’entourer le mystère impénétrable, pour ainsi dire, d’une haie épineuse de syllogismes, comme l’illustre la distinction scolastique faite par Lanfranc entre le sujet et les accidents.10

1 C’est ainsi que dans le Vénérable Bède (in Marci Evangel. Opéra, Tom. v. p. 192, et ailleurs), le passage de Münscherédité par von Cölln, p. 223, éq.

[Il dit qu’il est institué, in su » redemptionis memoriam : et, panem certi quoque gratia sacramentipriusquam frangeret, benedixit dans son homil. Hiemalis (Tom. VII, col. 320), il dit que le pain et le vin, in sacramentum carnis ct sanguinis ejus ineffabili Spiritus sanctificatione transfertur.] Il en est de même chez Walafried Strabon (Ebrard366), Alcuin, etc. Dès l’époque de Charlemagne, cependant, les théologiens semblaient d’accord pour dire que, dans le pain et le vin de la Cène du Seigneur, nous devons adorer plus que de simples signes, De impio Imaginum Cultu, Lib. vi. c. 14, p. 461) ; voir Münschervon Cölln, 224, eq. Amalariue de Metz s’exprime avec une emphase particulière (vers 820) ; dans le Spicileg. T. vii. (voir Ebrard, 368 :) Ecclesiæ sacrificium presens mandendum esse ab humano ore ; credit namque corpus et sanguinem Domini esse, et hoc morsu benedictione cœlesti impleri animas sumentium. De plus, il ne décidera pas, titrum invisibiliter assumatur in cœlum an reservetur in corpora nostro usque in diem sepulture, an exhaletur in auras, aut exeat de corpora cum sanguine, an per poros emittatur. .

2 Comparez Ebrardubi supra, p. 370, éq.

3 Paschasius Radbert (monachius Corbeiensis) dans son Liber de Corpora et Sanguine Domini (adressé à l’empereur Charles le Chauve, entre les années 830 et 832.) Voir Martène et Durandt. ix, col. 367-470, et des extraits dans Rösselerx. p. 616, ss. Il est parti de la toute-puissance de Dieu, à qui tout est possible, et par conséquent il l’a maintenu ii. 2 : sensibilis res intelligibiliter virtute Dei per verbum Christi in carnem ipsius ac sanguinem divinitus transfertur. Il ne regardait les éléments que comme un voile (d’une manière docétique) qui trompe nos sens, et nous cache le corps du Christ : Figura videtur esse dum frangitur, dum in specie visibili aliud intelligitur quam quod visu carnis et gustu sen־ titur. C’est le même corps qui est né de Marie. — Parfois le vrai corps du Christ est apparu à ceux qui doutaient (pour les encourager), ainsi qu’à ceux qui étaient forts dans la foi (pour les récompenser), au lieu du pain (la plupart du temps sous la forme d’un agneau). ou des taches de sang ont été perçues, etc. — Il a été combattu par Ratramn (Bertramn) dans son traité : De Corpora et Sanguine Domini ad Carolum Calvum (il a été écrit à la demande du roi ; des extraits sont donnés par Schröckh, xxiii. p. 445 ; Néandreiv. ; et Münscherédité par von Cölln, p. 230-235.) [Extraits dans Gieseler (éd. de New York) ii. 80, éq Une traduction anglaise de Ratramn a été publiée en 1548, 1549. Sir Humphrey Lynde en fit un autre, 1623, réimprimé, 1686. Le Dr Hopkins, chanoine de Worcester, publia le texte et une version anglaise, en 1686, exposant les corruptions de la version de Boileau ; une autre édition, 1688. Il a été réédité plusieurs fois à Oxford. Une édition américaine a été publiée à Baltimore (avec l’Homélie saxonne d’Ælfric), en 1843.] Ratramn distinguait correctement entre le signe et la chose qu’il représente (figura et veritas), l’intérieur et l’extérieur, et indiquait la véritable signification des mystèresqui consiste en ceci que, par leur intermédiaire, l’esprit de l’homme s’élève du visible à l’invisible. S’il était possible de manger le corps du Christ, au sens propre du mot, la foi ne serait plus requise, et le mystère, en tant que tel, perdrait toute sa signification. La réalité grossière détruirait l’idée, et il ne resterait plus qu’un simple matérialisme. Ratramn supposait aussi une conversion du pain et du vin en corps du Christ, mais seulement dans le sens idéal du mot, car l’ancienne Église s’en tenait à une transition du profane au pur (sub velamento corporei panis corpo-reique vini spirituale corpus Christi spiritualisque sanguis existit). Le caractère mnémotechnique est mis en avant ; et il a également fait appel à l’autorité d’écrivains antérieurs. En ce qui concerne l’appellation plus tardive Stercoranistes (allusion à Matthieu xv. 17), qui a son origine dans ces discussions (Paschasius, c. 20, 2), voir Schrodchxxiii. p. 493, ss., et Pfaff. C. M. ; Tractatns de Stercoranistis medii ævi. Baquet. 1750, 4'.♦♦ [Comp. NeanderHist. Dogm. 457, sg.]

♦ Sur ces apparitions miraculeuses, comparez aussi Bossuet, édité par Cramer, v. 2. , p. 105.

♦♦ Une controverse tout aussi inutile s’engagea entre le susnommé Amalarius (qui composa un ouvrage liturgique vers l’an 820) et le prêtre Guntradau sujet des crachats pendant la célébration de la messe ; voir d’AcherySpicil. T. iii. à Schröckh, Kirehengesch. XXIII, p. 496. Gerbert (De Corpora et Sanguine Christi) remarque contre les inférences sterooranlstiques : Et nos stepe vidimus non modo infirmas, sed etiam sanos, quod per se intromittunt, per vomitum dejecisse..... subtilior tamen succus per membra usque ad ungues diffimdebatur. « C’était sûrement médicinal » ; Ebrard, p.439.

4 Le traité de Rabanus adressé à Egilo, abbé de Prum, a été édité avec beaucoup de soin par Mabillon (Acta SS. T. vi.) ; mais Münscheréd. par von Côlln, p. 229, et NeanderChurch Hist iii. 457, sq., nient l’authenticité de cette édition. La véritable opinion de Rabanus peut être déduite du passage suivant (De justit. Clerc, i. c. 31, et iii. 13, cité par Gieseler ii. p. 80, § 14, note , et Münscheréd. par von Côlln, 1. c.) : Maluit enim Dominus corporis et sanguinis sui sacramenta fidelium ore percipi, et in pas-turn eorum redigi, ut per visibile opus invisibilis ostenderetur effectue. Sicut enim cibus materialis forinsecus nutrit corpus et vegetat, ita etiam verbum Dei intus animam nutrit et roborat.... Sacramentum orc percipitur, virtute sacrament ! interior homo satiatur. Sacramentum in alimentum corporis redigitur, virtute autem sacrament ! Æterna vita adipiscitur.

5 C’était du moins l’opinion commune (comparez la lettre de Bérenger à Lanfranc). Il n’est toutefois pas certain que le traité (de Eucharistie) communément attribué à Scot, qui a été condamné par le Synode de Ver-cell ! (A. D. 1050), est la même chose que le traité attribué à Ratramn ( comme le dit De Marcaqui l’attribue à Scot), ou si nous avons ici deux traités distincts ; voir Gieseler, comme ci-dessus. F. W־. Lauf (Studien und Kriti-ken, 1828, 4e partie, p. 755, ss.), en attribue la paternité à Ratramn, et la nie à Scot. Comparez aussi Néandrecomme ci-dessus ; il pense qu’il est probable que Scot ait donné son opinion sur le sujet en question, bien que l’idée d’un traité perdu écrit par lui ait pu naître d’une erreur. À en juger par certains passages de son traité De Div. Nat. (cité par Nean-der, 1. c.), il n’aurait pas donné son aval à la doctrine proposée par Paschasius. [NeanderHist. Dogm. 459, dit que la doctrine de Scot était la suivante : il enseignait, comme quelques-uns des Pères grecs, que le corps glorifié du Christ, par son union avec la divinité, était affranchi des défauts d’une nature sensible. Il a attaqué ceux qui disaient que le corps de Christ, après la résurrection, occupait un espace limité et s’en tenait à son ubiquité. Il nie la doctrine de la transsubstantiation, et admet « une présence spirituelle à la Cène : la présence du Christ ici est un symbole de sa présence partout. »

6 De Corpore et Sanguine Domini, édité par Pez, dans Thesaur. Anecdd. Noviss. T. i. P. ii. f. 133. Schrôckh, xxiii. p. 493.· Gerbert s’efforçait aussi de rendre clair le rapport entre le Christ, la Cène et l’Église, d’une manière logique, par les trois termes du syllogisme, ou les trois parties d’une proportion arithmétique ; voir Ritter, vii. 304 ; Ebrard, 438.

7 Sur l’histoire extérieure de la controverse, voir Mabillon, J. Dissert, de multipl ici Berengarii Damnatione, Fidei Professione et Relapsu, deque ejus Pœnitentia, in J Vogtii Biblioth. Hœresiolog. Hamb., 1723. Tom. 1. Fasc. L p. 99, par. ; Schröckhxxiii. p. 607, 8s. ; Néandreiv. et Gieseler, ii. § 29. — Les sources d’où l’on peut se faire une idée sont : les épîtres de son camarade d’école AdelmannDe Veritate Corp, ct Sang. Domini, ad Beren-garium (qui a été écrit avant sa nomination comme évêque de Brixen dans le Tyrol, a. d. 1049), édité par CosterLovan, 1551, dans Biblioth, Patrum T. xviii., et par Schmidt, Brunsv, 1770. 8 ; Hugonis Lingonensis Lib. de Cor־ pore ct Sanguine Dom. (d’Achery in Opp. Lanfranci. Annexe, p. 68, 88· Biblioth. Patrum T. xviii. p. 417, 8s.) ; Lanfrancusde Corp, et Sang. Dom► adversus Berengar. Turonens. qui a été composé entre les années 1063 et 70), dans Opp. ed. L. d’Achery, Lntct. 1648, et Biblioth. Patrum T. xviii. p. 763 à 777. Cet ouvrage contient aussi le premier traité que Bérenger écrivit en opposition à Lanfranc, dont il faut distinguer son second : Liber de sacra Cœna advers. Lanfrancum (édité par Staudlin en 6 émissions. Gott. 1820-29, 4.) —Comp. Lessing, Gotth. Ephr., Berengarius Turonensis, Braunschweig, 1770, 4 (dans l’édition de ses œuvres complètes publ. Berlin, 1825, ss., t. XII, p. 143, ss.) ; Stäudlins et Tzschirners Archiv fttr Kirchengeschichte, vol. ii.part. i. p. 1-98. Berengarii Turonensis quæ supersunt tam édita quam inedita, typis expressa, modérants A. Ncandro T. i. Berol. 1834. (Berengarii de Sacra Cœna adv. Lanfrancum, liber posterior, e codice Guelferbytano primum ediderunt A. E. et F. Th. Vischer, ibid. 1834.) Un compte rendu plus détaillé de la littérature est donné par Gieseler, 1. c Faits historiques marquants : La première condamnation de Bérenger, en 1050, à Rome sous le pape Léon IX, sans possibilité de défense. — Répétition de la sentence prononcée contre lui à Verceil la même année. — Sur le prétendu concile de Paris, voir Néandre, 1. c. — Concile de Tours (1054). — Justification de Bérenger avec l’aide de Hilde-brand. — Autre concile à Rome (1059.) — La conduite violente d’Humbert. — L’inconstance manifestée par Bérenger dans cette affaire. — Correspondance avec Lanfranc. — Autres synodes à Rome (1078 et 1079. — Bérenger se soumit de nouveau à signer la confession de foi rédigée par ses ennemis, mais se rétracta ensuite. — La litière » Commendatitiæ du pape Grégoire VIL. — La mort de Bérenger dans l’île de Saint-Pétersbourg. Côme, près de Tours, a. d. Débloquer le niveau 1088.

♦ La méthode de Gerbert pour illustrer ces vérités surnaturelles par la démonstration oculaire a été imitée même par les théologiens ultérieurs. Tbps Meianetbon nous apprend que son précepteur Lempiisà Tübingen, a dessiné une représentation de la transnaabétantiation sur un tableau (Ep. de suis studiis, écrit a d. 1541. Voir GaUeMélancthon, p. 6.)

8 Bérenger combattit la doctrine du changement complet, de manière à faire en sorte que le pain fût du pain, et qu’il ne restât plus rien de l’accidenta, car alors en réalité on mangeait une portiuncula carnis au lieu de pain. Conformément aux Pères précédents, il a conservé la doctrine d’un passage d’une forme inférieure à une forme supérieure, et d’une participation mystique au corps du Christ sous la figure du pain, p. 67 (édit. Vischer) : Dam enim dicitur : paw et rinum sacramenta sunt, minime panis aufertur et ▼«ram, et nominibus rerum ita natarum significativis aptator nomen, quod non nata sunt, nt est sacramentom ; simul etiam esse aliad aliquid minime ,prohibentor, sunt enim , sicut secundum religionem sacramenta, ita secundum aliud alimenta, sustentamenia. Le sujet, dont tout est prédit reste le même, sinon ce qui est prédiqué n’a pas de signification. Pag. 71 : Dun dicitur : panis in altari consecrator, vel panis eanctus, panis sacrosanctaa est Christi corpus, omni veritate panis superesse conceditur. Verbi gratia, si enuntias : Socrates justus est, aliquid earn esse eonstitoisti, nec potest justus esse, si contingat, Socratem non esse. Pag. 76 : Sicut enim, qai dicit : Christas est lapis angalaris, non revera Christum lapi-dem esse construit, sed propter aliqnam similitodinem, quam ad se inyicem gérant, tale nomen ei imponit, codera modo, cum divina pagina corpus domini panem vocat, saemta ac mystica locutione id agit Pag. 86 : Qaando ·stem afieruntor ad altare vel ponuntor in altari, adhuc sunt, ut ait beatus Augustinus contra Faastom, alimenta refection is, nondum sacramenta reli-gionis, (h)ac per hoc, nonduta corpus Christi et sanguis existentia, non tropica, wed propria sunt locutione pendenda. Dicens ergo Hambertus ille tuns, panem, qui ponitur m altari, post consecrationem esse corpus Christi, panem propria locutione, corpus Christi tropica accipiendum esse constituit, et illud qaidem recte, quia ex auctoritate scnpturarum. 90 : Dicitur autem in scriptoria panis altarie de pane fieri corpus Christi, sicut servos malas dicitur fieri de malo servo bonus filins, non quia amiserit animæ propriæ natoram sat corporis. 91 : Unde insanissimum dictu erat et Christianæ religioni contumeliosissimum, corpus Christi de pane vel de quocunque confici per generationem subjecti...... ut pane absumto per corruptionem subjecti corpas Christi esse incipiat per generationem subjecti, quia nec pro parte, nec pro toto potest incipere nunc esse corpus Christi. 95 : Novit autem revera secundum camera Christum, qui Christi corpus asserit adhuc esse couruptioni vel generationi obnoxium, vel quaramcanque qualitatum vel colineationum, quas prius non habaerit, susceptivum. 98 : De verbura caro factum assumait quod non erat, non amittens quod erat, et panis consecratos in altari amisit vilitatem, amisit inefficaciara, non amisit natorœ proprietatem, cui naturae quasi loco, quasi fundamento dignitas divinitas aageretor et efficacia. (Une comparaison est faite entre le changement en question et le changement lors de la conversion de Saul en Paul, p. 144.) — Pag. 161 : Est ergo vera procal dubio panis et vini per consecrationem altaris conversio in corpus Christi et sanguinem, sed attendendum, quod dicitur : per consecrationemquia hic est hujus conversionis modus, etc...... Pag. 163 : Per consecrationem, inquam, quod nemo interprétai* ! poterit : par sujet ! corruptionem. — Pag. 167 : Sed quomodo manducandus est Christosf Quomodo ipse dicit : qui manducat camera meam et bibit sanguinem meum, in me manet et ego in eo ; si in me manet, et ego in ,1110 » tunc manducat, tunc bibit ; qui autem non in me manet, nec ego in illo, etsi accipit sacra-mentum, adquirit magnum tormentum. 171 : Apud erudites enim constat, et eis, qui vecordes non pint, omnino est perceptibile, nulla ratione colorem videri, nisi contingat etiam coloratum videri. Ita enim scribit Lan-francus, colorem et qualitates portiunculœ carnis Christi, quam sensualiter esse in al tari desipit, videri oculis corporis, ut tamen caro ilia, cujus color videtur, omnino sit invisibilis, cum constet, omne quod in subjecto est, sicut, ut sit, ita etiam, ut videatur, non a se habere, sed a subjecto, in quo sit, nec visu vel sensuo aliquo corporeo comprehend ! colorem vel qualitatem, nisi comprehenso quali et colorato. — Pag. 188 : Rerum exteriorum est, panis et vini est, confie !, consecrari ; hæc incipere possunt esse, quod non erant, cor-pus Christi et sanguis, sed per consecrationem, nod per corruptionem panis et vini et generationem corporis Christi et sanguinis, quæ constat semel potuisse generari. — Pag. 191 :...... Verissimum est nec ulla tergiversatione dissimulari potest, aliud esse totum corpus Christi, quod ante mille annos sibi fabricavit in utero Virginis sapientia Dei, aliud portiunculam carnis, quam tu tibi facis do pane per corruptionem panis ipsius hodie factam in al tari per generationem ipsius carnis. comme ci-dessus, p. 172, 8 g., par. Münscheréd. par von Cölln, p. 242, ss. Comp, en particulier sa confession de foi faite (bien qu’avec des réserves) au synode de Rome (a. d. 1078), dans Mansi, xix. p. 761. Gieselerii. § 29 : Profiteer, panem altaris post consecrationem esse verum corpus Christi, quod natum est de virgine, quod passum est in cruce, quod sedet ad dexteram Patris, et vinum altaris, postquam consecratum est, esse verum sanguinem, qui manavit de latere Christi. Et sicut ore pronuncio, ita me corde habere confirme. Sic me adj uvet Deus et hæc sacra.

♦ Ce n’est qu’en 80 qu’on peut dire que le pain de la Cène du Seigneur n’est pas du pain ; comme le dit le Christ : Ma doctrine n’est pas la mienne, mais celle de celui qui m’a envoyé ; ou Paul : je vis, mais ce n’est pas moi, c’est Christ qui vit en moi. Comp. p. 178.

9 Selon la confession de foi imposée par Humbert à Bérenger au synode de Rome (▲. 1059), il devait prêter serment, au nom de la Sainte Trinité, qu’il croyait : Panem et vinum, quæ in altari ponun-tur, post consecrationem non solum sacramentum, sed etiam verum corpus et sanguinem Domini nostri Jesu Christi esse, et sensualiter, non solum sacra-mento, sed in veritate manibus sacerdotum tractari, frangi et fidelium denti-bus at ter i ; Il se rétracta cependant dès qu’il eut obtenu sa liberté. [Comp. NeanderHist Dogm. 460, sg.]

10 La doctrine de Lanfrancbien qu’elle fût exposée en termes moins rigides que celle d’Humbert, n’en était pas moins opposée à l’opinion adoptée par Bérenger et rendait impossible toute tentative ultérieure de revenir à une interprétation symbolisante et spiritualisante. Il enseigna (10. c. c. 1, p. 18, cité par Münscher, édit, par von Cölln, p. 772) : Credimus terrenas substantias, quæ in mensa dominica per sacerdotale ministerium divinitus sanctificantur, ineffabiliter, incomprehensibiliter, mirabiliter, opérante superna potentia, converti in essentiam dominici corporis, rcservatis ipsarum rerum speciebus et quibusdam aliis qualitatibus, ne percipientes cruda et cruenta horrerent, et ut credentes fidei præmia ampliora perciperent : ipso tamen dommico corpore existante in cœlestibus ad dexteram Patris, immortal !, inviolate, integro, incontaminato, illæso : nt vere dici posait, et ipsum corpus quod de Virgine sumtum est nos sumere, et tamen non ipsum. Ipsum quidem, quantum ad essentiam veræque naturæ proprietatem atque naturam ; Non ipsum autem, si spectes panis vinique speciem cœteraque superius com-prehensa. Hanc fidem tenait a priscis temporibus et nunc tenet ecclesia, quœ per totum efiusa orbem catholica nominatur. (À ce dernier point de vue, Berengar opposa des preuves tirées des écrits d’Ambroise et d’Augustin, dans le traité mentionné ci-dessus. Comp, note 244.)

 

§ 194.

Le développement scolastique de la doctrine. Transsubstantiation. Le sacrifice de la messe.

Un mot est souvent d’une grande importance ! Hildebert de Tours fut le premier à employer le terme à consonance complète de « transsubstantiatio » (1), bien que des expressions similaires, telles que transitio, eussent été employées auparavant.2 La plupart des scolastiques antérieurs, et les disciples de Lanfranc en particulier, avaient défendu la doctrine de la transformation du pain en corps du Christ, et la doctrine de l’accidentia sine subjecto ; ceux-ci furent alors solennellement confirmés, en étant insérés avec le terme de transsubstantiatio dans le Decretum Gratiani, et furent érigés en article de foi immuable par le pape Innocent III. 5 Il ne restait donc plus aux scolastiques ultérieurs qu’à répondre à des questions encore plus subtiles, telles que : En quoi peut-on dire que le corps du Christ est réellement rompu avec le pain ? 6 Les animaux participent-ils au corps du Christ, lorsqu’il leur arrive d’avaler une hostie consacrée ? 7 Le pain de la Cène du Seigneur est-il changé seulement en chair de notre Seigneur, ou aussi en son sang ? (la doctrine de ce qu’on appelle concomitance. 8 Le pain, dans le premier cas, n’est-il changé qu’en la chair du Christ, ou encore en son corps et en son âme, ou en sa divinité elle-même, ou même en la Sainte Trinité? 9 Le changement se produit-il graduellement ou brusquement ? 10 N’y a-t-il qu’un seul corps dans la multitude des hosties, de sorte que le même Christ soit immolé en même temps sur tous les autels, ce qui constitue le mystère de la messe ? 11 — Par l’institution du jour du Corpus-Christi par le pape Urbain IV. (A. d. 1264), et le pape Clément V (a. D. 1311), au synode de Vienne, la doctrine en question a été exprimée sous une forme liturgique, et sa popularité assurée ? 12 Dès lors, le sacrifice de la messe forma plus que jamais le centre du rituel catholique, 13 et refléta une gloire nouvelle sur le sacerdoce. Cependant beaucoup d’esprits pieux trouvèrent de l’élévation et des motifs puissants, dans l’idée d’une présence spéciale du Rédempteur et de la répétition quotidienne de son sacrifice, ainsi que dans celle de l’union mystique avec lui dans l’acte de communion. C’est ainsi qu’il revint aux mystiques idéalisateurs, par l’esprit de contemplation intérieure, de transformer en une manne céleste ce que les scolastiques avaient fait descendre dans la sphère de l’extérieur et du terrestre. 14

1 In Sermo VI. Opp. Col. 689 ; comp. Sermo V. dans Cœna Domini, Opp. Col. 422 ; et De Sacram. Altaris, Opp. Col. 1106, cité par Münscher édité par von Cölln, pp. 249, 250. [Dans son Sermo VI. Opera, 689 : eum profero verba Canonis (sc. Missæ), et verbum Transsubstantiationis. Dans son Sermo V., il définit : — ita ut panis substantia non remaneat... et sub ilia specie veram corporis substantiam latere : ne, si in ea qualitate in qua revera est appareret, verum hominis sumere abhorreret.]

2 Ainsi par Hugo de Saint-Victorvoir Liebnerp. 455, ß.

3 Anselmedisciple de Lanfranc, suivit l’exemple de son maître dans son Tractatus bipartitus de Corporo et Sanguine Domini, sive de Sacramento Altaris. (Disputatio dialectics de grammatico, p. ii.) P. i....... Sicut in mensa nuptiali aqua in vinum mutata solum adfuit vinnm, in quod aqua mutata erat : sic in mensa altaris solum corpus Domini, in quod vere mutata est vera panis substantia ; Nisi, quod de aqua nihil remansit in mutatione illa, de pane vero mutato, ad peragendum sacri institutum mysterii, sola remanet species visibilis. (Il condamne expressément la doctrine hérétique de Bérenger.) Cependant, il ne faut pas considérer la transaction comme quelque chose de magique : Nihil enim falsum factum putandum est in sacrificio veritatis, sicut fit in magorum præstigiis, ubi delusione quadam falluntur oculi, ut videatur illis esse, quod non est omnino. Sed vera species visibilis panis, quæ fuit in pane, ipsa facta pæter substantiam suam quodammodo in aliena peregrinatur, continente eum, qui fecit eam et ad suum transferente corpus. Quæ tamen translata ad corpus Domini, non eo modo se habet ad illud, quomodo accidens ad substantiam : quia corpus Domini in substantia sua, nec album efficit albedo ilia, nec rotundum rotunditas, sicque de reliquis. — Nous ne devons pas non plus nous contenter de la simple participation charnelle. P. ii. c. 12 : Et cum do altari sumimus carnem Jesu, curemus solicite, ne cogitatione remaneamus in carne, et a spiritu non vivificemur ; Quodsi non vivificamur a spiritu, caro non prodest quicquam, etc. (Comp, note 12.) Les principes de Lanfranc furent aussi partiellement adoptés par DurandusAbbas Troarnensis (il mourut EN 1088), De Corp, et Sang. Domini, c. Bereng. (dans Bibl. PP. Max. T. xviii. p. 419 ; Galland, T. xiv. p. 245) et Guitmundus Archiepisc. Aversanus, de Corporis et Sanguinis Christi Veritate in Eucharistie, libr. iii. (dans Bibl. PP. Max., T. xviii. p. 441). Eusèbe Bruno (évêque d’Anjou), que Durandus comptait parmi les disciples de Bérenger, voulait que l’on mette fin à toutes les discussions concernant ce sacrement (voir Münscherédité par von Cölln, p. 247, 248). — Mais en vain ! La théorie de Paschasius et de Lanfranc remporta la victoire. — Hugo de Saint-Victor lui-même appela les quelques partisans de la doctrine de Bérenger des « pervertisseurs de l’Écriture », et s’opposa nettement à une interprétation purement symbolique, bien qu’il l’eût conservée avec la réelle (voir Liebnerp. 453, De plus, il n’y a pas d — Pierre Lombard a interjeté appel, Sent lib. iv. Dist 10. D. à (Pseudo-) Ambroise, De initiand. mysteriis (Vol. I. § 138, note 3) : Ex his (continue-t-il) aliisque pluribus constat, verum corpus Christi et sanguinem in altari esse, immo integrum Christum ibi sub utraque specie et substantiain panis in corpus, vinique substantiam in sanguinem converti. — Mais il avoue son incapacité à expliquer le mode de ce changement, Dist xi. R. : Si autem quæritur, qualis sit illa conversio, an formalis, an substantialis, vel alterius generis, pour définir non suffisi. Formalem tamen non esse cognosco, quia species rerum, quæ ante fuerant, remanent, et sapor et pondus. Quibusdam esse videtur substantialis, dicentibus sic substantiam converti in substantiam, ut hæc essentialiter fiat illa, si aensui præmissæ auctoritates consentire videntur.—B. : Sed huic sententiœ sic opponitur ab aliis : Si substantia panis, inquiunt, vel vini convertitur substantialiter in corpus vel sanguinem Christi, quotidie fit aliqua substantia corpus vel sanguis Christi, quæ ante non erat corpus, et hodie est aliquid corpus Christi, quod heri non erat, et quotidie augetur corpus Christi atque formatur de materia, de qua in conceptione non fuit factum. Quibus hoc modo responderi potest, quia non ea ratione dicitur corpus Christi confici verbo cœlesti, quod ipsum corpus in conceptu virginis formatum deinceps formetur : sed quia substantia panis vel vini, quæ ante non fuerunt corpus Christi vel sanguis, verbo cœlesti fit corpus et sanguis. Et ideo sacerdotes dicuntur conficere corpus Christi et sanguinem, quia eorum ministerio substantia panis fit caro, et substantia vini fit sanguis Christi, nec tamen aliquid additur corpori vel sanguini, nec augetur corpus Christi vel sanguis.—C. : Si vero quæris modum, quo id fieri possit, breviter respondeo : Mysterium fidei credi salubriter potest, investigari salubriter non potest Comp. Dist. xii. A : Si autem quæritur de accidentibus, quæ remanent, i. e. De speciebus et sapore et pondere, in quo subjecto fundentur, potius mihi videtur fatendum existere sine subjecto quam esse in subjecto, quia ibi non est substantia, nisi corporis et sanguinis dominici, quæ non afficitur illis accidentibus. Non enim corpus Christi talem habit in se formam, sed qualis in judicio apparebit. Remanent ergo illa accidentia per se subsistentia ad mysterii ritum, ad gustus fideique suffragium : quibus corpus Christi, habens formam et naturam suam, tegitur.

4 Le Decretum Gratiani était un « Concordia discordantium Canonum in Lib. iii » composé vers l’an 1150, par Gratianusmoine bénédictin ; il était aussi appelé Codex decretorum, Decreta Gratiani, et plus fréquemment Decretum Grat. Voir Gieselerl. c. ii., § 60, note 5. Le Moyen Âge de Hallam, ii. p. 2, 8e édit. Thomas GreenwoodCathedra Petri, vol. iii. Lond., 1859. Livre VI, chap. VIII.]

5 Conc. Lat. IV. c. i. (cité par Münscherédit, par von Cölln, p. 251) : Una est fidelium universalis ecclesia, extra quam nullus omnino salvatur. In qua idem ipse sacerdos est sacrificium Jesus Christus, cujus corpus et sanguis in sacramento altaris sub speciebus panis ct vini veracitcr continentur, transubstantiatis pane in corpus et vino in sanguinem potestate divina, ut ad perficiendum mysterium unitatis accipiamus ipsi de suo, quod accepit ipse de nostro. Et hoc utique sacramentum nemo potest conficere nisi sacerdos, qui rite fuerit ordinatus, secundum claves ecclesiæ, quae ipse concessit Apostolis eorumque successoribus Jesus Christus. Pape Innocent III. lui-même, de Mysteriis Missæ. l. iv. c. 7 : Non solum accidentales, sed etiam naturales proprietates remanere : paneitatem, quæ satiando famem expellit et tnnettatem, quæ satiando sitim expellit.

6 Thomas d’Aquin (Summ. P. iii. Qu. 75, art. 6, et 7, Qu. 76, art. 3) a affirmé que le corps n’est brisé que secundum speciem sacramentalem, mais qu’il est lui-même incorruptible et impassibile : voir les passages cités par Münscherédité par von Cölln, pp. 253, 254. [Thomas d’Aquin argumente, à l’article 6, contre ceux qui soutenaient que le forma substantialis du pain demeuré ; car, 1° si la forme substantielle subsiste, c’est la matière seule qui est changée, et non la forme, tandis que les paroles de l’institution disent : Ceci est mon corps. 2. Parce que cette forme substantielle est demeurée, il faut qu’elle soit dans la matière, ou qu’elle en soit séparée ; l’un et l’autre sont dans le cas impossibles, etc. Qu. 77, art. 1 : Relinquitur quod accidentia in hoc Sacramento maneat sine subjecto, quod quidem virtute divina fieri potest. Baur, p. 267 : Thomas d’Aquin dit que la transsubstantiation n’est ni un anéantissement ni une continuation de la substance ; Si les accidents demeurent sans la substance, c’est comme le cas de tous les miracles, l’action de la cause première sans les causes secondes. Le Christ tout entier a été conçu comme étant dans chaque partie de l’espèce ; Et pour expliquer comment cela pourrait être, comment un corps d’une plus grande quantité pourrait être dans une quantité plus petite, non pas dimensivemais en quantité substantielleles scolastiques ont fait une distinction, qui a fini par aboutir à ceci : que l’existence dans l’espace n’appartient pas à l’essence des choses qui apparaissent dans l’espace. Thomas d’AquinDist 76, art. 4.] Christ est entier et indivis dans chaque particule de l’armée. De même, le vin consacré, bien qu’on puisse y ajouter d’autres liquides, reste le sang du Christ tant qu’il ne cesse pas d’être vin. Heureusement, ces définitions subtiles n’ont nécessité qu’un fides implicita, mais non explicita ; voir Cramervii. pp. 728, 729. La théorie de Thomas est développée plus complètement par EngelhardtDogmengeschichte, ii. p. 214, ss., note ; Ebrard, i. 487. [Hampden’s Bampton Lectures, Lect, vii.]

Pierre Lombard, a commencé cette question, Sent Lib. iv. Dist. 13, A., et a décidé : Illud sane dici potest, quod a brutis animalibus corpus Christi non sumitur, etsi videatur. Quid ergo sumit mus vel quid manducat ! Deus novit hoc. — Alexandre Halescependant, qui vivait environ un siècle plus tard, prétendait avoir une meilleure connaissance de ce point (Summa P. iv. Qu. 45, Membr. 1, Art 1 et 2). Il prit le parti affirmatif de la question, à l’appui duquel il affirma que, si un pécheur pouvait recevoir le corps de Christ, on pourrait supposer la même chose, avec beaucoup plus de convenance, dans le cas d’un animal innocent : d’autre part, il professait être conscient que Dieu n’abhorre que le péché du pécheur. mais non sa nature humaine, qui seule est susceptible des effets bénéfiques du sacrement. Néanmoins, il était forcé d’admettre que si un chien ou un porc avalait l’hostie intacte, le corps de Notre-Seigneur entrait dans le ventre de l’animal. Qu. 80, Art 3 : Etiamsi mus vel canis hostiam consecratam manducet, substantia corporis Christi non desinit esse sub speciebus, quamdiu species illæ manent, hoc est quamdiu substantia panis maneret ; sicut etiam si projiceretur in lutum. — D’un autre côté, Bonaventura s’est exprimé avec plus de justesse (après avoir dit tout ce qu’il y avait à dire pour et contre la doctrine) dans le commentaire ad. Sent iv. Dist 13, Art 2, Qu. 1 ; Quantumcunque hæc opinio muniatur, nunquam tamen ita munitur, quamquam aures piæ hoc abhorreant audirequod in ventre muris vel in cloaca sit corpus Christi, quamdiu species ibi subsistant. Propter hæc est alia opinio, quod corpus Christi nullo modo descendit in ventrem muris........ Et hæc opinio communior est, et certe honestior et rationabilior. Néanmoins, ce point de vue plus approprié et plus rationnel fut déterminé par le synode de Paris, en 1300, comme étant l’un de ces articles, in quibus Magister Sententiarum non tenetur (Münscherédit, par von Cölln, p. 255). — Thomas d’Aquin, cependant, soutenait qu’un animal ne peut participer au corps du Christ qu’accidentellement, mais non sacramentaliter ; et le pape Innocent III s’est efforcé (De Myst Missæ, iv. 21, ) de se débarrasser de toutes les difficultés en supposant que le corps de Notre-Seigneur est sorti de l’hostie de la même manière miraculeuse qu’il y était entré (reconversio). Comparez la satire de Wilhelm Holder : Mus exenteratus, etc., publiée au XVIe siècle, dans Heiners and Splitters Neues Götting. historisches Magazin. Vol. ii. p. 716-734, où l’on trouve d’autres curiosités.

8 Voir la section suivante.

9 Les éléments ne sont, à proprement parler, changés qu’en corps et en sang du Christ, mais son âme est unie à son corps, et sa nature divine à son âme ; voir Thomas d’AquinP. iii. Qu. 76, art. 1. Sur la controverse qui eut lieu dans le royaume de Valence, EN 1382 (au sujet de la transsubstantiation du pain dans toute la Trinité), voir BaluzeNotæ ad Vitas Paparum Avenionensis, T. i. p. 1368, ss. (d’après un ancien manuscrit) ; et Schröckh, xxxiii. p. 325.

10 La transsubstantiation a lieu in instanti, et non successivement. Comp. Alex, HalesP. iv. Qu. 10, Memb. 5, art. 4. Thom, Thomas d’AquinP. iii. Qu. 75, art. 7. Albertus MagnusSentent, iv. Dist. 10, art. 3. (KleeDogmengeschichte, t. II, p. 204.)

11 Ainsi Anselme dit : l. c. P. ii. c. 4 : Sic ergo constat, in diversis locis uno horæ momenta esse posse corpus Christi, sed lege creatricis naturæ, non creatæ. Les autres scolastiques adoptèrent le même avis. Des points de vue similaires ont également été entretenus par les mystiques. Comparez RuysbroekSpecul. æternæ Salutis, c. 8, et la monographie d’Engelhardtp. 261 : « Tout le pain que Notre-Seigneur lui-même a consacré pour son corps (lors de l’institution de la Cène du Seigneur),  ainsi que le pain que les prêtres consacrent maintenant partout, n’est, selon sa vraie nature, qu’un seul pain (un seul pain dans sa nature.) Dans l’acte de consécration, toutes les hosties, au moyen de l’intention secrète du prêtre et de l’énonciation des paroles de la consécration, sont unies en une seule matière et en une seule substance, et ce qui était autrefois le pain devient maintenant entièrement le corps du Christ. Chaque morceau de pain, chaque goutte de vin, contient le Christ tout entier, qui est dans le ciel, mais qui n’est pas confiné à un lieu particulier, car l’âme unique et indivise est également répandue dans tout le corps. Le corps du Christ est présent dans tous les pays, tous les lieux et toutes les églises ; c’est pourquoi nous pouvons le conserver de diverses manières, et le conserver en divers lieux ; Nous pouvons l’avoir, le recevoir et le donner dans le cercueil. Mais comme il existe dans le ciel, ayant ses mains, ses pieds et tous ses membres, et qu’il est vu par les anges et les rachetés dans toute sa gloire, il ne change pas de demeure, et il est toujours présent. — Pour illustrer de telles choses, on a cité l’exemple d’un miroir composé de plusieurs pièces dans lesquelles une seule image se reflète diversement ; voir Klee, ii. , p. 211.♦♦

♦ On pensait que le Christ lui-même participait, par accommodement, à son propre corps, à l’institution du sacrement en question ; voir Thomas d’Aquin , 1. c. Qu. 81Schröckh, mix. p. 163. Sur un calice à Hildesheim est inscrit : Rex sedet in cœna, turba cinctus duodena, se tenet in manibus, se cibat ipse cibus. Comp. RiemerMittheilungen über Göthe, ii 704.

Puisque chaque hostie contient le corps du Christ, et qu’un prêtre peut soulever une hostie en même temps qu’un autre prêtre en abaisse une autre, il s’ensuit, selon W. Occam, qu’un corps peut se mouvoir en même temps dans deux directions différentes : Aristote fait en effet l’affirmation contraire, mais c’est parce qu’il n’a regardé la question que du point de vue naturel : ♦♦ voir Centiloq. conclut. 27Rettberg dans les Studien und Kritiken, 1839, 1re partie, p. 76.

12 Sur l’institution de cette fête (est-ce à la suite d’une révélation faite à Julienne de Liège ?), voir GieselerII. § 77, notes 15 et 16.

13 L’idée d’un sacrifice est intimement liée à celle de transsubstantiation. Pierre Lombard, Envoyé lib. iv. Dist 12, g. : Breviter dici potest, illud quod offertur et consecratur a sacerdote vocari sacrificium et oblationem, quia memoria est et repræsentatio veri sacrificii et sanctæ immolationis factæ in ara crucis. Et semel Christus mortuus in cruce est ibique immolatus est in semetipso (Héb. VII. 27), quotidie autem immolatur in sacramento, quia in sacramento recordatio fit illius quod factum est semel. Thomas d’Aquin entra dans des discussions plus longues, Summ. P. iii. Qu. 83, Art 1, ss. cité par Münscherédité par von Cölln, pp. 270, 271. [Thomas d’Aquinaprès avoir donné les aspects sous lesquels on ne peut l’appeler immolation, dit : duplici ratione celebratio hujus sacramenti dicitur immolatio Christi. Primo quidem quia... .imago quœdam est reprœsentativa passionis Christi, quœ est vera ejus immolatio.... Alio modo quantum ad effectum passionis Christi, quia scilicet per hoc sacramentum participes efficimur fructus Dominicæ passionis.] La théorie mystique était que le Christ est à la fois prêtre et sacrificiel ; voir Conv. Latran. IV. can. 1, note 4. En ce qui concerne le canon usuel de la messe, les diverses sortes de messes (missæ solitaræ), etc., comp., les ouvrages archéologiques et liturgiques de Calixte (Dissert. de Pontificio Missæ Sacrificio Francof. 1644, et de Missis Solitariis. Helmst. 1647-8) ; Buddeus (Dissert. de Origine Missæ Pontificiæ, in Miscell. Sacra, Jen., 1727, T. i. p. 1-63) ; et Augusti (Archéologie, t. IV et VIII). — De l’adoration de l’hostie pendant la messe, ainsi qu’en d’autres temps (e. g. quand on le portait aux malades, etc.), qui datait peut-être du XIIIe siècle, voir Césaire de HeisterbachDe Miraculis et Visionibus sui Temporis Dialog, lib. ix. c. 51, cité par Gieselerii. p. 485, § 77, note 14 ; et C. de Lith., de Adoratione Panis consecrati et Prohibitione sacri Calicis in Eucharistia. 1753-8. Decret. Gregorii IX. Lib. iii. Tit. 41, c. 10, (cité par Münscherédité par von Cölln, p. 262) : Sacerdos vero quilibet frequenter doceat plebem suam, ut, cum in celebratione missarum elevatur hostia salutaris, quilibet se reverenter inclinet, idem faciens cum earn defert presbyter ad infirmum.

14 C’est là l’aspect le plus réjouissant de l’histoire de la doctrine en question, qui a été trop souvent négligé dans les ouvrages sur l’histoire des doctrines. C’est ainsi qu’Anselme dit : De Sacram. Altaris P. ii. c. 8 (p. 75) : Cum ergo de carne sua amandi se tantam ingerit materiam, magnum et mirificam animabus noetris vitæ alimoniam ministrat, quam tunc avidis faucibus sumimus, cum dulciter recolligimus et in ventre memorise recondimus, quæcunque pro nobis fecit et passas est Christus. Hoc est convivium de carne Jesu et sanguine, qui cum communicat, habet vitam in se manentem. Tunc enim communicamus, cum fide ardente, quæ per dilectionem operator, reposuimus in mensa Domini, qualia ipsi sumsimus, videlicet, ut, sicut ille totum se præbuit pro salute nostra nulla sua necessitate, sic nos totos fidei ejus et charitati exhibeamus necessitate salutis nostræ. In hoc convivio quiconque saginatur, nescit panem suum otiosus comedere, sed solicite cum muliere ejus ardet de nocte hujus seculi consurgere ad lucernam verbi Dei, ut labores man num suarum manducet, et bene sit ei. Sique in Christo manet bonus conviva Christi propriæ dilectionis affectu, habetque Christum in se manentum per sanctæ operationis eflectum. Quod cum utrumque donum Dei sit, totum accrescit magis ac magis ad cumulum amoris in illum, quem perfecte amare est perfecte bonum esse. Hunc autem cibum plus manducat, qui amplius amat, et plus amando rursus qui plus et plus manducat, et plus et plus amat. Licet hujus amoris in hac vita non nisi pignus quoddam accipiamus, plenitudinem ejus, in præmium, in future seculo expectantes. Et ecce hoc est manducare illam carnem, de qua dicit Jésus [Jean, vi.] : Qui manducat carnem meam, in me manet et ego in eo. — Hugo de Saint-Victor employa un langage semblable qui, là encore, « combinait la prudence dialectique des scolastiques avec la chaleur et la profondeur des mystiques » Il s’exprime ainsi (Lib. i. p. viii. c. 5) : « Celui qui mange sans être uni au Christ, a le sacrement, il est vrai, mais il n’a pas l’essence du sacrement. Au contraire, celui qui mange et qui est uni à Notre-Seigneur a l’essence du sacrement, parce qu’il a la foi et l’amour. Même s’il ne pouvait ni prendre ni manger, il serait cependant beaucoup plus estimé de notre Seigneur que celui qui prend et mange, mais ne croit ni n’aime, ou celui qui croit, mais n’aime pas. (Liebner, p. 435.) Comp. BonaventuraSent. iv. Dist. x. P. 1, Qu. 1, art. 1, cité par Klee, Dogmengesch. ii. à la p. 190. [B. dit : « En tant que nombreux, nous avons besoin d’union, en tant que pèlerins, nous avons besoin de nourriture, en tant que pécheurs, d’un sacrifice quotidien : ce qui unit, nourrit et purifie, ne peut être que Dieu, ou ce qui est uni à Dieu, c’est-à-dire le corps du Christ » Il montre encore comment la foi, l’espérance, l’amour et l’humilité ont été nourris par ce sacrement. vi. 9, Centiloq. iii. 50. — Tauler, 4 Predigten auf unsers Herrn Frohnleichnamstag (t. II, p. 178, ss.) ; 2 Predigten von dem heiligen Sacrement (Ibid., p. 294, par., comp. p. 333, art.) Ruysbroekl. c. — Gerson, Sermo de Eucharistia in Festo Corporis Domini ; Opp. P. i. p. 1284-92. Ses illustrations sont toutes imprégnées de l’esprit du mysticisme ; c’est ainsi qu’il dit, p. 1219 : Est panis angelorum, qui factus fuit et formatus in pretioso ventre Virginis gloriosæ et decoctus in fornace ardente dilectionis, in arbore crucis, qui manducari debet cum baculo spei, cum boni exempli califactorio, cum acetosis lachrymis bonæ patienti æ, velociter recordando finem nostrum, in una domo per unitatem integre, per veram credulitatem, tostus per ignem charitatis, etc. — Suso appelle la Cène du Seigneur le sacrement de l’amour, et y célèbre le mystique union de l’âme avec Dieu ; 8ee son Ewige Weisheit, fol. (in Schmidt, loc. cit. 61 ; Dieperibroek350).—De la même manière Thomas à KempisDe Imit. Christi Lib. iv. 4 : Ecce, unde dilectio procedit, qualis dignatio illucescit ! quam magnæ gratiarum actiones et laudes tibi pro sa debentur ! O quam salutare et utile consilium tuum, cum istud instituisti ! Quam suave et jucundum convivium, cum te ipsum in cibum donasti ! O quam admirabilis operatio tua, Domine ! quam potens virtus tua, quam ineffabilis veritas Tua! Dixisti enim, et facta sunt omnia ; et hoc factum est, quod ipse jussisti. 5 : Mira res et fide digna, ac humanum vincens intellectum, quod tu, Domine Deus meus, verus Deus et homo, sub modica specie panis et vini integer contineris, et sine consumtione a sumente manducaris. Tu Domine universorum, qui nullius babes indigentiam, voluisti per Sacramentum tuum habitare in nobis : conserva cor meum et corpus immaculatum, ut læta et pura conscientia sæpius tua valeam celebrare mysteria, et ad meam perpetuam accipere salutem, quæ ad tuum præcique honorera et memoriale perenne sanxisti et instituisti.—6 : Lætare, anima mea, et gratias age Deo pro tarn nobili munere et solatio singulari in hac lacrymarum valle tibi relicto. Nam quoties hoc mysterium recolis et Christi corpus accipis, toties turn redemtionis opus agis, et particeps omnium meritorum Christi efficeris. Charitas enim Christi nunquam minuitur et magnitudo propitiationis ejus nunquam exhauritur. Ideo nova semper mentis renovatione ad hoc disponere te debes, et magnum salutis mysterium attenta consideratione pensare. Ita magnum, novum et jucundum tibi videri debet, cum celebras aut Missam audis, ac si eodem die Christus primura in uterum Virginis descendons homo factus esset, aut si in cruce pendens pro salute hominum pateretur et moretur.— Wessel avait des vues analogues (bien qu’il différât quelque peu de la doctrine ecclésiastique, voir § 196, note 7), comp. De Orat. VIII. 6, p. 148 ; de Sacrement. Eucharistie. C. 26, p. 699, cité par Ullmannp. 329 : « Le pain mis devant les croyants est le miroir le plus pur et le plus parfait de l’amour, élevé sur les collines, afin que tous puissent le voir, et que personne ne se cache de ses rayons réchauffants », etc.

 

§ 195.

LA PRIVATION DE LA COUPE AUX LAÏCS. CONCOMITANCE.

* SpiltlerGeschichte des Ketches im AbendmahL Lemgo, 1780.

Dans l’Église d’Occident, la coutume fut peu à peu adoptée de n’administrer aux laïcs que l’hostie consacrée, tandis que les prêtres seuls prenaient part à la coupe. 1 Pour défendre une telle pratique, les théologiens ont avancé la doctrine de la concomitancedéveloppée à peu près à la même époque, selon laquelle le Christ existe tout entier dans chacun des éléments, de sorte que ceux qui reçoivent les consacrés l’hôte, ne participent pas moins de son sang que de son corps. 2 Robert Pulleyn aurait été le premier à revendiquer la participation à la coupe comme étant l’apanage du clergé. 3 Alexandre Hales, Bonaventura et Thomas d’Aquin le suivirent. Mais Albertus Magnus, tout en concédant que le sang du Christ était aussi présent dans le corps, a dit que c’était ex unione naturali, et non ex virtute sacramentali. 5 Au XVe siècle, la coupe fut de nouveau violemment réclamée en Bohême. Ce ne fut pas d’abord Husmais son collègue Jacobellus de Misaqui demanda, en l’absence du premier, que les laïcs fussent réadmis à participer à la Cène du Seigneur sub utraque forma. Hus approuva ensuite ce qu’il avait fait. 6 On sait que cette revendication, qui s’opposait au synode de Constance 7, donna lieu aux guerres des Husites. Il en résulta que le concile de Bâle confirma la doctrine de l’Église, selon laquelle il suffit de prendre part à la Cène du Seigneur sub una forma ; mais il permit des exceptions lorsque l’Église le jugea désirable.8

1 Cette coutume avait-elle son origine dans la crainte qu’une partie du vin ne fût renversée ? Sur le trempage du pain, l’introduction de la Fistulæ (cann æ eucharistique æ), etc., voir Spittler, 1. c. et les ouvrages d’histoire et d’archéologie ecclésiastiques : AugustiArchæologie viii. p. 392, ss., comp. p. 485. (Comp. § 194, note 12.)

2 Pierre Lombard a enseigné, Sent Lib. iv. Dist. 10, D (in calce) : Integrum Christum esse in altari sub utraque specie, et substantiam panis in corpus, vinique substantiam in sanguinem converti. Thomas d’Aquin fut le premier qui utilisa le terme concomitantia dans la Somme, p. iii, qu. 76. Art. 1. : Sciendum, quod aliquid Christi est in hoc sacramenta dupliciter : uno modo quasi ex vi sacramenti, alio modo ex naturali concomitantia. Ex vi quidem sacramenti est sub speciebus hujus sacramenti id, in quod directe convertitur substantia panis et vini præexistens, prout significatur per verba formæ, quæ sunt effectiva in hoc sacramento...... Ex naturali autem concomitantia est in hoc sacramento illud, quod realiter est conjunctum ei, in quod prædicta conversio terminatur. Si enim aliqua duo sunt realiter conjuncta, ubicunque est unum realiter, oportet et aliud esse. Sol enim operatione animæ discernuntur, quæ realiter sunt conjuncta. (Il s’est servi de la même concomitance pour expliquer l’union de l’âme et la nature divine du Christ avec son corps. Voir ci-dessus § 194, note 9.) [Le Folmarde Traufenstein, en Franconie, qui s’est opposé à la Concomitance, voir Neander, Hist. Dogm. 535.]

3 Sent. P. viii. c. 3 (il a parlé du danger auquel il a été fait allusion plus haut). Le commandement du Christ : « Buvez-en tout », s’appliquait aux prêtres, en tant que successeurs des apôtres. Voir Cramer, vi. pp. 515 et 516.

4 Alexander Hales, Summa, p. iv. Qu. 53, Membr. 1, cité par Münscher, édit, par von Cölln, p. 263. [Alexandre dit ici : l’Église donne le sacrement – sub specie panis tantum, turn propter periculum effusionis, quod forte accideret si sub specie vini dispensaretur ; turn propter vitii infidelitatis amotionem, quod se non immerito simplicium mentibus ingereret, si semper sub speciebus panis et vini daretur ; quia si ita fieret, possent simpliciores credere, quod Christus non contineretur integre sub altera specie, sicut contingit quandoque. Bonaventura invoque les mêmes motifs.] Bonaventura in Sent Lib. iv. Dist. 11, p. 2, Art 1, Qu. 2 (ibidem.) Thomas d’Aquinvoir ci-dessus, note 2.

6 Æneœ Sylvii Historia Bohemica c. 35. Hermann von der Hardt Acta Conc. Constant. T. iii. p. 338, ss. Gieseler, Histoire de l’Église, ii. p. 82, § 151. L’approbation de Hus a été donnée plus tard. Comp. De Sanguine Christi sub Specie vini a Laicis sumendo, quæstio M. Joannis Hus, quam Constantiæ conscripsit priusquam in carcerem conjiceretur, in Joannis Hus Historia et Monument. Norimb. 1558, T. i. fol. xlii. ss., loc. cit. III. 431, artQ.

7 Sess. xiii. (mort en 1415, le 15 juin) voir dans Herm. von der HardtTom. iii. Col. 646, ss., cité par Gieseler, l. c. p. 382, note 6, et Münscherédit, par von Cölln, p. 266 : Firmissime credendum et nullatenus dubitandum, integrum corpus Christi et sanguinem tam sub specie panis quam sub specie vini veraciter contineri.

8 Mansi T. xxx. Col. 695 : Sancta vero mater ecclesia, suadentibus causis rationabilibus, facultatem communicandi populum sub utraque specie potest concedere et elargiri. — Néanmoins, le concile s’en tint au canon antérieur : Nullatenus ambigendum est, quod non sub specie panis caro tantum, nec sub specie vini sanguis tantum, sed sub qualibet specie est integer totus Christus, etc. Comparez aussi Sess. xxx. (A. D. 1437, 23d déc.) dans Mansi xxix. Col. 158. Gieseler, l. c. p. 441. Münscheréd. par von Cölln, pp. 267, 268.

§ 196.

OPINIONS DISSIDENTES.

Après que la doctrine de la transsubstantiation eut été ainsi établie, ce n’était que de temps en temps que quelques individus osaient s’en écarter, ou, du moins, modifier l’idée communément reçue. C’est ainsi qu’au XIIe siècle , Rupert de Duytz (Rupertus Tuitiensis), à en juger par quelques passages de ses ouvrages, supposait que le corps du Christ est uni d’une manière merveilleuse au pain, sans aucune perturbation des éléments sensibles. 1 Jean de Paris (Johannes Pungens-asinum) réduisit la notion de Rupert à l’idée scolastique de l’impanation, selon lequel la Corporeitas Panis (paneitas) forme une union avec la corporeitas Christi, idée qui agirait facilement sur l’imagination d’une manière plus répugnante que la doctrine plus audacieuse de la transsubstantiation. 2 William Occam également déduit la coexistence du corps du Christ avec les accidents, à partir de la théorie nominaliste sur la quantité de choses, et a ainsi en partie préparé la voie à la vision luthérienne ultérieure. 3 Des opinions similaires ont été exprimées par Durandus de Sancto Porciano. D’autre part Wycliffe combattit la doctrine de la transsubstantiation, ainsi que celle de l’impanation, par des polémiques aiguës. 5 Ses vues ont probablement été adoptées par Jérôme de Prague, tandis que Hus s’exprimait en accord avec la doctrine orthodoxe de l’Église. John Wessel attachait une importance particulière à la participation spirituelle à la Cène du Seigneur et affirmait que seuls les croyants peuvent participer au corps du Christ. Bien qu’il ait conservé l’idée d’un sacrifice, alliée à la vision catholique, il l’a appliquée mystiquement au sacerdoce spirituel. 7

1 « En ce qui concerne Rupert de Duytz, il est difficile d’exprimer son opinion en termes précis, dans la mesure où il s’est exprimé à différentes époques et de différentes manières. » KleeDogmengeschichte, p. 202. Mais comparez son Commentaire dans l’Exode. Lib. ii. c. 10 : Sicut naturam humanam non destruxit, cum illam operatione sua ex utero Virginis Deus Verbo in unitatem personæ conjunxit, sic substantiam panis et vini, secundum exteriorem speciem quinque sensibus subactam, non mutat aut destruit, cum eidem Verbo in unitatem corporis ejusdem quod in cruce pependit, et sanguinis ejusdem quem de latere suo fudit, ista conjungit. Item quomodo Verbum a summo demissum caro factum est, non mutatum in carnem, sed assumendo camera, sic panis et vinum, utrumque ab imo sublevatum, fit corpus Christi et sanguis, non mutatum in carnis saporem sive in sanguinis horrorem, sed assumendo invisibiliter utriusque, divinæ scilicet et humanæ, quæ in Christo est, immortalis substantiæ veritatem. 2 : Unus idemque Deus sursum est in came, hie in pane. Il appela le pain, Deifer panis. — Panem cum sua carne, vinum cum suo jungebat sanguine. Mais il a aussi parlé de la conversion du pain et du vin en corps et en sang du Christ. Comparez les passages cités par Klee, l. c. [Panis et vinum in verum corpus et sanguinem Domini transferuntur ; Div. Offic. ii. 2. Cum igitur vino verbum crucis et passionis accedit, quæ ratio vetat, ut non idem sanguis, qui pro multis in remissionem peccatorum fusus est, debeat credi ?.... Non percipiens ea, quæ sunt Dei, videlicet, quia nec panis, nec vinum, aliquid de exteriori specie mutavit, idcirco sapere non potes, nec vis, quod vere factum sit corpus et sanguis Domini : in Johan, vi. Sur Rupert, comp. Neander, Hist Dogm. 531. Sur Malachieabbé d’Armagh, voir ibid., p. 532.]

2 Il mourut en 1306. Il a écrit ; Determinatio de Modo existendi Corpus Christi in Sacramento Altaris alio quam sit ille quern tenet Ecclesia ; cet ouvrage a été publié Lond. 1686, 8. Comp. Cas. OudinusDissertatio de Doctrina et Scriptis Jo. Parisiensis, in Comment de Scriptt. Eccles. T. iii. Col. 634, ss. SchrockhKirchengesch. xxviii. p. 70, art. Münscheréd. par von Côlln, p. 256-58.

♦ Dès le milieu du XIIIe siècle, plusieurs professeurs de l’Université de Paris avaient été accusés d’avoir des opinions erronées sur la Cène du Seigneur ; voir la lettre adressée au pape Clément IV. dans Bulæus, t. III. p. 372 et 373 . . Esse Parisiis oelebrem opinionem tunc temporis de mysterio Eucharistiæ, qua contendebatur, corpus Christi non esse vere in altari, sed sicut signatum sub signis.

3 Il est particulièrement important qu’il ait reconnu l’impossibilité de prouver la doctrine de la transsubstantiation à partir de l’Écriture (Quodl. iv. Qu. 35). Il développa ses propres vues dans son Tractatus de Sacramento Altaris, et ailleurs ; les passages sont rassemblés par Rettberg (Occam und Luther, dans le Studien und Kritiken, 1839, partie 1). Bien qu’Occam ait conservé la doctrine orthodoxe des accidents (§ 193, note 6), il ne pouvait pas attacher de sens distinct à l’idée que la substance des éléments avait disparu, parce qu’il était encore obligé de concevoir le corps du Christ et le pain comme étant dans un seul et même lieu. Ainsi, nous pouvons supposer que la véritable théorie d’Occam ait été celle-ci, que le corps du Christ est contenu dans l’hostie de la même manière que l’âme et le corps occupent ensemble un seul et même espace ; et de même que l’âme existe entièrement dans chaque membre, de même Christ existe entièrement dans chaque hôte (Rettberg, p. 93). Occam a mis en pratique sa notion de l’ubiquité du corps du Christ de la manière la plus paradoxale. La pierre jetée en l’air est, dans son passage, à l’endroit même où se trouve le corps du Christ, etc. Cette ubiquité, cependant, n’est pas le fondement, mais la conséquence de sa doctrine. Voir Rettberg, p. 96. — Les systèmes d’Occam et de Luther sont comparés l’un à l’autre, ibid., p. 123, art.

4 Voir Cramervii. pp. 804, 805, qui dit : « Aucun des scolastiques n’avait des vues plus proches de celles de Luther que Durandus » Il ne s’opposait pas directement à la transsubstantiation, mais il concédait qu’il y avait d’autres moyens possibles par lesquels le Christ pouvait être présent, et particulièrement celui-ci, que la substance du pain pouvait rester. et que la substance du corps de Christ lui soit unie. Le hoc est pourrait signifier la même chose que contentum sub hoc est. Il distinguait entre la matière et la forme ; la matière du pain, dit-il, existe sous la forme du corps du Christ.

5 Trialogus Lib. iv. c. 2-10, par ex.c. 6, p. 127 (alias, p. cix.) : Inter omnes hæreses, quæ unquam pullularunt in ecclesia sancta Dei, non fuit nefandior, quam hæresis ponens accidens sine subjecto esse hoc venerabile sacramentum. Il s’opposa aussi à la doctrine de l’impanation, c. 8 : Sum certus quod sententia ista impanationis est impossibilis atque hæretica. Il ne pouvait supporter l’idée que, dans ce cas, le boulanger préparerait le corps du Christ, à la place du prêtre ! — D’après Wycliffe, le Christ n’est pas présent dans le pain realiter, sed habitudinaliter, secundum similitudinem. Pour illustrer ses vues, il a également fait référence aux miroirs, dans lesquels l’unique visage du Christ se reflète de diverses manières aux yeux des dévots. La conversio qui a lieu est un changement de l’inférieur au supérieur (c’était l’ancienne opinion, qui a également été adoptée par Bérenger). Il distingua (dans sa confession en présence du duc de Lancastre) un triplex modus essendi corpus Christi in hostia consecrata : 1. Modus virtualis, quo benefacit per totum suum dominium secundum bona natur æ vel gratiæ ; 2. Modus spiritualis, quo corpus Christi est in eucharistia et sanctis per Spiritum Sanctum ; 3. Modus sacramentalis, quo corpus Christi singulariter est in hostia consecrata. D’autre part, le Christ n’est qu’au ciel, substantionaliter, corporaliter, dimensionaliter. Les trois suivantes, sur les 10 Conclusiones Hæreticæ, qui ont été condamnées par le concile de Londres de 1382, sont de même importance (Mansi, xxvii. 691) : 1. Quod substantia panis materialis et vini maneat post consecrationem ; 2. Quod accidentia non maneant sine subjecto ; 3. Quod Christus non sit in sacramento altaris identice, vere et realiter. Comp. Ebrard, i. 501. Schröckhxxxiv. 501, sq. [Vie de Wycliffe par Vaughan.]

6 Jérôme de Prague au moins fut chargé par le concile de Constance d’avoir des opinions telles que celles-ci : Quod panis non transubstantiabatur in corpus Christi, nec est corpus Christi in sacramento præsentialiter et corporaliter, sed ut signatum in signo. Item, quod in hostia sive sacramento altaris non est vere Christus.—Christus passus est in cruce, sed hostia altaris nunquam est passa neque patitur ; ergo in hostia in sacramento altaris non est Christus.—Mures non possunt comedere Christum ; sed mures possunt hostiam consecratam comedere : ergo hostia in sacramento altaris non est Christus ; voir Hermann von der HardtT. iv. P. viii. p. 646. — D’autre part Poggi (Ep. ad Aretin.) donne la relation suivante : Cum rogaretur, quid sentiret de sacramento, inquit : Antea panem, postea vero Christi corpus, et reliqua secundum fidem. Turn quidam : Ajunt te dixisse, post consecrationem rem an ere panem. Turn ille : Apud pistorem, inquit, panis remanet ; voir KleeDogmengesch. ii. p. 205, note 7.—Hus ne s’est pas opposé à la doctrine de l’Église en termes décidés ; il s’efforçait seulement de se justifier sur ce point, qu’il croyait à la présence réelle du corps du Christ, sans entrer dans aucune autre explication du modus ; voir son Tractatus de Corpore Christi dans l’Histor ci-dessus. et Monum. fol. cxxiii. 88 Münscher édité par von Cölln, p. 260.

7 Voir Ullmann, p. 328-340 (où l’on trouve des extraits des traités de Wessel : De Oratione VIII., de Sacram. Eucharistiæ, surtout c. 10, 24, 26, 27 ; Phoque. Medit. Exonéré i. ii. iii.) Selon lui, la Cène du Seigneur est la réalisation et l’appropriation de l’amour du Christ ; mais il n’a pas conscience d’une différence essentielle entre la présence et l’appropriation du Christ dans la Cène du Seigneur et celle dont les croyants sont conscients sans le sacrement La participation spirituelle du corps du Christ est la chose principale, et non le sacramentel. L’acte sacramentel (le sacrifice de la messe) ne peut être accompli que par le prêtre ; la communion intérieure avec le Christ peut être renouvelée par chaque chrétien.

 

§ 197.

L’ÉGLISE GRECQUE.

L’usage des pains sans levain à la commémoration de la mort du Christ, introduit dans l’Église latine dès le IXe siècledonna lieu à une controverse avec l’Église grecque, au cours de laquelle celle-ci alla jusqu’à accuser la première de corruption de la religion pure.2 En ce qui concerne la doctrine du sacrement lui-même, les théologiens grecs étaient d’accord pour l’essentiel avec les théologiens de l’Église d’Occident, en ce qui concerne le fait que les uns d’entre eux proposaient la doctrine de la consubstantiation, tandis que d’autres enseignaient celle de la transsubstantiation. mais sans en déduire toutes les conséquences que nous trouvons dans les écrits des scolastiques. L’Église grecque a également conservé l’ancienne coutume d’administrer la Cène du Seigneur aux laïcs sub utraque forma.5

1 Sur ce point, voir Neander, Church Hist. iii. 584. Les hosties, proprement dites (i. e., les hosties consacrées), n’est entré en usage que plus tard, et, selon certains auteurs, pas avant la seconde moitié du XIIe siècle. Comparez JA. Schmidtde Oblatis Eucharisticis, quæ Hostiæ vocari solent Ed. 2. Helmst 1733-4. Auguste VIII, p. 375, 88.

C’est ce que firent avec lui Michel Cérulairepatriarche de Constantinople, et Léon d’Acrida, dans une lettre adressée à Jean, évêque de Trani, dans les Pouilles (dans Baronius Annals, ad ann. 1053, n° 22, et Canisius Lect. Antt. éd. Basnage, t. iii. p. 1, p. 281). Il a fait dériver, assez étrangement, le substantif ἄ ρτος du verbe ι ρω, et a fait appel, à l’appui de sa théorie, à Matth, xxvi. 17, 18, 20, 26-28, ainsi qu’à Matthieu v. 13, et xiii. 33 (les trois mesures de farine sont, à son avis, une image de la Trinité !) — Division en Azymites et Prozymites (Fermentarii). Vaines tentatives de l’empereur Constantin Monomaque et du pape Léon IX. pour faire la paix.— La réponse d’Humbert (éd. prim. Baronius, dans Append. T. xi. ; Canisius, l. c. T. iii. P. 1, p. 283, par.) est donnée par Gieselerii. § 42, note 5. Après la controverse, la controverse s’est poursuivie pendant un certain temps (p. ex. Par exemple, par Nicétas Pectoratus et d’autres, le concile de Florence accorda enfin aux Grecs la permission de conserver leur propre rite : voir Mansi, T. xxxi. Col. 1029 et 1031. Comp. Schröckhxxiv. p. 210, ß. Neander et Gieseler, l. c.

3 Jean, Damas citait (De fide orthodoxa, iv, 13) les passages qui lui semblaient avoir le plus de poids, dans les écrits de Cyrille, de Jérôme et de Grégoire de Nazianze. Il rejette résolument l’interprétation symbolique, p. 271 : Οκ στη typo  ἄρτοςkai  ῖνος du corps et du corps du Christ ;Mais ce n’était pas la divinité du Seigneur, la parole de ce Seigneur ; Mon corps est mon type, mon type de corps, mon corps et mon type de corps Mais le sang. (Voir Jean VI.) Il a également utilisé dans l’illustration (appliqué de la même manière en christologie) le charbon dont parle Ésaïe vi. 6 : * Charbon de bois liton oïk estin,autres 9 de feu uni. Il en est de même du pain La communion n’est pas austère, mais9 la divinité unie, le corps de la divinité unie, laUne nature est estin, mais l’autre est le corps, le</B20> ήνωμένης αύτ  θεότητος έτέρα· ώστε τ  συναμφότερον, ο ὐ μία φύσις, άλλα δύο. Voir p. 273, où il montre dans quel sens les éléments peuvent être appelés άντίτυπα (d’après l’exemple de Basilide). Dans l’Église grecque, le développement de la doctrine atteignit chez Jean Damascène le point où se résume l’ancienne théologie. Il déclare expressément que le corps de la Cène du Seigneur est le corps du Christ né de la Vierge Marie : seulement avec cette différence, que le corps élevé au ciel ne descend pas réellement ; mais c’est son corps, parce que le pain et le vin sont changés en corps et en sang de Christ. Sur Zacharie de Chrysopolis, voir Néandre, Hist Dogm. Les opinions que les théologiens grecs avaient sur la Cène du Seigneur se rattachaient aussi à la part qu’ils prenaient à la controverse sur les images ; ceux qui s’opposaient à l’adoration des images faisaient appel au fait que nous avons une image de notre Sauveur dans la Cène du Seigneur, ce que les défenseurs de cette doctrine ont nié. D’où les décisions du Synode de Constantinople (a. d. 754), et du deuxième concile de Nice (a. d. 787), se contredisent : voir MansiT. iii., col. 261, 265, et Münscheréd. par von Cölln, p. 222. Dans les décrets du concile de Nice, il est clairement dit que ni le Christ ni ses apôtres n’avaient appelé les éléments utilisés à la Cène du Seigneur des images. Comp. RückertDas Abendmahl, 441sq, Gieseler, Dogmengesch. 533. [Constantinople déclara que le pain et le vin étaient τ  ν άληΘῆ το ῦ Χρ ιστο εικόνα ; Nice a dit que ce n’était pas un εικών, mais le corps et le sang lui-même αύ τό σ μα κα ὶ αύτό αίμα.]

4 Ainsi, les expressions μεταποιε  σθαι et μεταβάλλεσθαι ont été employées par Théophylacte dans son commentaire sur Matt. XXVI. 28. Comparez aussi ce qu’Euthymius Zigabenus a dit sur ce passage, dans Münscheréd. par von Cölln, p. 223. Nicolas de Méthone a fait usage de la même expression dans son traité cité par Ullmann, p. 97 (Biblioth. PP. T. ii. Græco Latinos ; Auctuar. Biblioth. Ducæan. § 1624, p. 274) ; il y parle aussi d’un changement de l’eau ajoutée, en sang de Christ. Il entretenait en outre l’idée scolastique que le pain et le vin ne changent pas d’aspect extérieur, de peur que les hommes ne soient terrifiés à la vue de la chair et du sang véritables. Le véritable dessein de la Cène du Seigneur, il le concevait comme consistant dans le μετουσία Χριστο« Les débuts de la spéculation théologique peuvent être retracés dans la théorie de Nicolas, mais il s’est reposé sur les théologiens grecs de l’époque actuelle en général] avec de simples suggestions, tandis que les scolastiques de l’Église d’Occident a complètement épuisé de tels sujets. Ullmann.

5 Voir AugustiArchéologie, t. VIII, p. 398. Sur la question de savoir s’il suffisait de n’administrer que du vin à la communion des enfants, voir ibidem.3

3De la communion des enfants, qui a cessé d’être pratiquée à partir de au XIIe siècle, voir Zorn, Historia Eucharistiæ Infantium. Bérol. 1736, 8. Gieseler, Dogmengesch. 542. [La coutume fut abolie par crainte de la profanation. Il avait été administré aux enfants, suivant l’interprétation d’Augustin de Jean VI. 54, parce que la pensée de la communion était nécessaire au salut. Mais Fulgentius de Ruspe a suggéré que, dans le baptême, les enfants étaient incorporés au Christ, et qu’ils participaient ainsi à sa chair et à son sang.

 

§ 198.

LE SACREMENT DE PÉNITENCE.

La doctrine de la pénitence, qui est à proprement parler impliquée dans l’ordo salutis, présuppose le sacrement du baptême. Dans le système scolastique, il a trouvé sa place parmi les sacrements.1 Bien que ce ne soit que par une interprétation contre nature que l’on puisse prouver que ce sacrement possède un signe visible, Pierre Lombard et Thomas d’Aquin se sont efforcés de montrer qu’il avait la matière aussi bien que la forme d’un sacrement, et, autant que possible, de distinguer l’un de l’autre.2 Les scolastiques enseignaient que la pénitence est composée de trois parties : contritio cordis (à distinguer de l’attritio), confessio oris et satisfactio operis.3 Les esprits pieux s’offusquaient, non pas tant de l’erreur formelle de considérer la pénitence comme un sacrement, que de la théorie relâchée et purement extérieure de la pénitence en général. Ainsi, les Vaudois, tout en adoptant formellement la triple division de la pénitence, rejetaient la pratique ecclésiastique mécanique en la matière. 4 John Wessel a trouvé à redire, non seulement à la triple division de la pénitence, mais aussi à la définition de celle-ci pièces constitutives. 5 Gerson et d’autres s’opposaient à la vente d’indulgences.6 Wycliffe s’attaqua à la confession auriculaire.7 Mais la discussion de ces pointes appartient plus proprement à l’histoire de l’Église et à l’éthique qu’à celle des doctrines. 8

1 La coutume antérieure d’associer la pénitence au baptême (en faisant une distinction entre les péchés commis avant et après le baptême — par la notion d’un baptême de larmes — en l’appelant la deuxième planche après un naufrage, etc.) a conduit les scolastiques à énumérer la pénitence parmi les sacrements. Comp. Pierre Lombard, Sent. iv. Dist 14. Un. Thomas d’AquinP. iii Qu. 86, art. 4. KleeDogmengesch. ii. p. 326, 88.

2 Pierre Lombard a observé (Dist 22, C.) que certains théologiens considéraient l’accomplissement extérieur des œuvres de pénitence, qui est perceptible par nos sens corporels, comme le signum. Les œuvres extérieures de pénitence sont les signes de la pénitence intérieure, comme le pain et le vin utilisés dans la Cène du Seigneur sont les signes du corps et du sang du Christ qui sont contenus dans les accidents. Thomas d’Aquin concevait aussi (quest. 84, art. 1) que la res sacramenti consistait dans la pénitence intérieure, dont l’extérieur n’est que le signe. (Tout acte extérieur pourrait en ce sens être appelé sacrement !) Dans le deuxième article, il fait une distinction entre materia et forma. Les materia de pénitence sont les péchés qui doivent être enlevés, la forme consiste dans les paroles du prêtre : Absolve te. Comparez les passages cités par Münscherédit, par von Cölln, pp. 276, 277. [L' La matière immédiate du sacrement consiste dans les actes du pénitent, la matière lointaine consiste dans les péchésnon acceptanda, sed detestenda et destruanda. La forme consiste dans ce qui est fait par le prêtre. Cum autem sacramenta novæ legis cfficiunt quod figurant.... oportet quod forma sacramenti significet id quod in sacramento agitur proporlionaliter materice sacramenti... . Mais comme le sacrement n’est pas dans la consécration ou l’usage de quoi que ce soit, mais dans l’élimination du péché, la forme consiste dans la formule de l’absolution.

3 Cette distinction a été faite par Hildebert de Tours (qui l’a rapportée à Chrysostome et à Augustin), voir son Sermo iv. dans Quadrag. (Opp. col. 324) ; Sermo xv. col. 733 ; cité par Münscherédit, par von Cöllnp. 274 ; et Peter LombardSent Lib. iv. Dist. 16, Litt. A. : In perfectione autem pee-nitentiæ tria observanda sunt, scilicet compunctio cordis, confessio, oris, satis-factio operis......Hæc est fructifère pœnitentia, ut, sicut tribus modis deum offendimus, scilicet corde, ore et opere, ita tribus modis satisfaciamus...... Huic ergo triplici morti triplici remedio occurriturcontritions, confessions, satisfactione. Conc. Florent 1439 (sous le pape Eugène IV) dans Mansi xxxi. Col. 1057 ; Münscherédité par von Colin, p. 284 : Quartum Sacramentum est pœnitentiœ, cujus quasi materia sunt actus pœnitentis, qui in tres distingunnter partes. Quarum prima est cordis contritio, ad quam pertinet nt doleat de peccato commisso cum proposito non peccandi de cætero. Secunda est oris confessio, ad quam pertinet ut peccator omnia peccata, quorum memoriam habet, suo sacerdoti confiteatnr integraliter. Tertia est satisfactio pro peccatis secundum arbitrium sacerdotis, quæ quidem præcique fit per orationem, jejunium et eleemosynam. Forma hujus Sacramenti sunt verba absolutionis, quæ sacerdos profert cum dicit : Ego te absolve, etc. Ministre Hujus sacramenti est sacerdos, habeas auctoritatem absolvendi vel ordinariam, vel ex commissione superioris. Effectue hujus sacramenti est absolutio a peccatis. — Sur la différence entre contritio et attritio, voir Alexandre de Halesp. 4, Qu. 74, membr. 1 : Timor servilis principium est attritionis, timor initialis (t. 1). e, ce par quoi commence la vie de sanctification)  principium est contritionis...... Item, contritio est a gratia gratum faciente, attritio a gratia gratis data. Comp. Thom, Thomas d’AquinQu. 1, art. 2 ; Bona· ventura in Lib. iv. Dist. 17, p. 1, art. 2, Qu. 3. — [L’attritio procède de la crainte, et non de l’amour de Dieu : contritio est la véritable tristesse du péché, procédant de l’amour ; attritio est le terminus a quo, contritio est le terminus ad quern. La contritio est nécessaire au pardon. Mais une satisfaction spéciale à la justice est requise pour les péchés passés ; C’est pourquoi la pénitence implique l’opera poenalia. L’Église les prescrit, et ils délivrent des peines plus sévères du feu du purgatoire.] La nécessité de la confessio oris (c’est-à-dire qu’il était nécessaire de confesser nos péchés non seulement à Dieu, mais aussi au prêtre) a été affirmée par Thomas d’Aquindans Supplem. tertiæ Part. Quæst 8, art. 1 ; Pierre Lombard, s’est exprimé plus indéfiniment oSur ce point, Sent. iv. Dist. 17, Litt. B. — L’institution ecclésiastique de la confession auriculaire a été établie par le quatrième concile du Latran (sous le pape Innocent III). Can. xxi. dans Deeretis Greg. L. c. Tit 38, c. 12 : Omnis utriusque sexus fidelis, postquam ad annos discretionis pervenerit, omnia sua solus peccata confiteatur fideliter, saltern semel in anno, proprio sacerdoti, ♦♦ et injunctam sibi pœni-tentiam studeat pro viribus adimplere, etc. Gieselerii. § 81, note 5 ; Munscheréd. par von Cblln, p. 282. La satisfactio operis consistait en des jeûnes, des prières, des aumônes, des pèlerinages, des mortifications, etc. Thomas d’Aquin1. c. Qu. 15, art. 3 (cité par Münscher, éd. par von Colin, p. 279.) La pratique d’imposer des amendes au lieu de châtiments corporels a donné lieu à la vente d’indulgences.

♦Pour cette raison, d’autres (tels que Thomas et Bonaventura) ont également appelé la contritio, timor filialis, par opposition au timor servilis.

♦♦ En l’absence d’un prêtre, il était permis de se confesser à un laïc ; mais cela a conduit à la question de savoir jusqu’à quel point le sacrement était complet dans un tel cas ? Voir fiiom. Thomas d’Aquindans Suppl. Qu. 8, Art. 2 : de l’autre côtéBonaventura P. iii ad Expos, texte dub. L p. 229. Puns Scot, in lib. iv. Dist. 17, Qu. 1. — Les sectes du moyen âge, même les Flagellantes, préféraient la confession à un laïque. Comp. Münscheréd. par von Colin, pp. 283, 284. Gieseler, ii. 197KleeDogmengesch. ii. p. 26 2, 88.

Voir GieselerChurch Hist., vol. II, passim.

 

§ 199.

LE SACREMENT DE L’EXTRÊME-ONCTION.

(Sacramentum Unctionis Extremæ, Unctionis Infirmorum.)

L’injonction apostolique concernant les malades, Jacques v. 14 (comp. Marc vi. 13), qui avait probablement une signification symbolique et religieuse, ainsi qu’une signification médicinale et thérapeutique (3), a donné lieu à l’institution d’un nouveau sacrement, qui est devenu d’un usage général à partir du IXe siècle, et ne pouvait être administré qu’à l’heure mourante.2 Mais diverses opinions recueillies sur la question, s’il y avait lieu de répéter les l’administration du sacrement dans le cas d’un mourant qui l’avait reçu dans une autre occasion, mais qui s’était rétabli et avait été ramené à la vie ; ou s’il suffisait de l’avoir administré une seule fois ? L’Église n’a pas attribué un caractère indelebilis à ce sacrement.3 Son signe est l’huile consacrée, son essence consiste dans le pardon des péchés, et en partie aussi dans le soulagement des souffrances corporelles.4

3Voir les commentateurs de ce passage ; le Bède le Vénérable, Opp. T. v. Col. 693 ; et sur Marc vi. 13, ibid. Col. 132 (cité par Münscherédit, par Von Colin, p. 297. [Bède sur Marc vi. 13 : Unde patet ab ipsis Apostolis hunc sanctum Ecclesise morem esse traditum, ut encrgumeni, vel alii quilibet ægroti, nnguantur oleo pontifical ! benedictione *consec.] Innocent I. Ep. 21, ad Decentium Ep. Eugubinum (écrit vers l’an 416) Cap. 8 ; ibid., p. 298. [Innocent III. : Quod non est dubium de fidelibus ægrotantibus accipi vel intelligî debere, qui sancto oleo chrismatis perungi possunt : quod ab Episcopo confectum, non solum sacerdotibus, sed omnibus uti Christiania licet in sua, aut in suorum necessitate ungendum.]

2 Concil. Regiaticinum (λ. d. 850) Canon 8 : in Münscheréd. par von Colin, p. 298. [Ce concile dit à ce sujet : Magnum sane ac valde appetendum mysterium, per quod, si fideliter poscitur, et remittuntur [peccata], et conse-quenter corporalis salus restituitur.] — Parmi les scolastiquesHugo de Saint-Victor fut le premier qui parla de l’extrême-onction comme d’un sacrement ; de Sacram. ii. P. xv. ; comp. Summa Sent. Tract, vi. c. 15 (Liebner, p. 481). La doctrine de l’extrême-onction formait, dans son système, la transition vers l’eschatologie. Dist. 23, mentionne trois sortes différentes d’huile consacrée (χρίσματα.) 1. Ce dont les prêtres et les rois sont oints (sur la tête), ou ceux qui sont confirmés (sur le front). 2. Celle dont les catéchumènes et les nouveaux baptisés sont oints (sur la poitrine et entre les épaules). 3. L’onctio infirmorum (qui peut être pratiquée sur diverses parties du corps. Comparez la note 4.) Il a également fait la distinction entre le sacramentum et la res sacramenti. B : Sacramentum est ipsa unctio exterior, res sacramenti unctio interior, quæ peccatorum remissione et virtutum ampliatione perficitur. Et si ex contemtu vel negligentia hoc prætermittitur, periculosum est et damnabile.

♦ Sur la signification plus lointaine de l’huile consacrée, voir Thom. Thomas d’Aquin, Supplem. Quœet xxiv. IV. — Kleeil, p. 268, 269.

3 Ivo de Chartres (Ep. 225) ad Radulfum, et Geoffroy de Vendôme (qui vécut vers l’an 1110), Opusculum de Iteratione Sacramenti (in Ser-mondi Opp. T. iii.), s’opposèrent à la répétition de l’extrême-onction (Comp. JfürucÀer, éd. par von Colin, p. 299) : Pierre Lombard prononcé dans en faveur, 1. c. Lit. C. [Lombard suit ici Hugo Saint-Victor presque verbalement : Sacramentum unctionis spiritualis est quædam medicina, corporis et animœ languores mitigans ' et sanans : nam oleum membra dolentia sanat. Itaque oleum ad utrumque curandum prodest Si morbus non revertitur, medicina non iteretur ; si' autem morbus non potest cohiberi, quare deberet medicina prohiber ! ?.... Quare ergo negatur quod unctionis sacramentum super infir-mum iterari possit ad reparandam sæpius sanitatem, et ad impetrandam sæpius peccatorum remissionem.] — Sur la controverse qui s’éleva sur ce point à l’occasion de la mort du pape Pie H., voir ci-dessus § 190, note 6. — L’opinion également répandue au moyen âge, que l’extrême-onction supprime tous les rapports de l’homme avec le monde présent ; La personne qui avait reçu l’extrême-onction renonçait immédiatement à toute espèce de viande et à la continuation du mariage. Les évêques, cependant, ainsi que les conciles, par ex. le Condi, de Worcester (1240 apr. J.-C.), combattit cette notion. Voir Klee, ii. , p. 272.

4 Comp, l’opinion de Pierre Lombard, note 2, et Hugo de Saint-Victor, De Sacram. Fid. Lib. ii. P. xv. c. 2 :. Duplici ex causa sacramentum hoc institutum, et ad peccatorum scilicet remissionem, et ad corporalis infirmitatis allevationem. Comp. Thomas d’AquinP. iii. in Supplem. Qu. 30, art. 1. — Decret. Eugénie IV. dans Cone. Florent, a. 1439 {Mansi, T. xxxi. Col. 1058) : Qaintum Sacramentum est extrema unctio. Cujus materia est oleum olivæ per episcopum benedictum. Hoc sacramentum nisi infirmo, de cujus morte timetur, dari non debet. Qui in his locis ungendus est : in oculis propter visum, in auribus propter auditum, in naribus propter oderatum, in ore propter gustum vel locutionem, in manibus propter tactum, in pedibus propter gressum, in renibus propter delectationem ibidem vigentem. Forma hujus sacramenti est hæc : per istam unctionem et suam piissimam misericordiam, quicquid peccasti per visum, etc...... et similiter in aliis membris. Minister hujus sacramenti est sacerdos. Effectua vero est mentis sanatio, et, in quantum autem expedit, ipsius etiam corporis (il en appelle à Jam. v. 14).

 

§ 200.

LE SACREMENT DE L’ORDRE.

(Sacramentum Ordinis.)

Ce sacrement est intimement lié à la doctrine de l’Église et à la distinction faite entre les laïcs et le clergé. C’est le sacrement par lequel les hommes sont aptes à administrer les autres sacrements. 1 Son essence réside donc dans le pouvoir ecclésiastique qu’elle communique.2 Il n’y a que les évêques qui puissent ordonner,3 et seuls les hommes baptisés et adultes peuvent recevoir l’ordination.4 Les théologiens divergeaient d’opinion sur la validité de l’ordination par les évêques hérétiques.5 D’autres règles (concernant les ordines majores et minores, etc.) appartiennent au droit canonique. 6 Ce sacrement a un caractère indelebilis. 7

1 Thomas d’AquinPars III, Supplem. Qu. 34, art. 3 : Propter Ordinem fit homo dispensator aliorum sacramentorum, ergo Ordo’habet magis rationem, quod sit sacramentum, quam alia. — Raimund de Sabunde dit que les administrateurs des sacrements sont dans le même rapport avec les actes sacrés que les parents avec l’acte de la génération. Ils dispensent les signes extérieurs, Dieu opère la grâce intérieure ; comme les parents engendrent le corps, mais Dieu crée l’âme (le point de vue créatianiste) ; voir MatzkeRaimund von Sa-bunde, p. 101.

2 Les affirmations sont très vacillantes quant à ce qui constitue réellement la partie matérielle (par opposition à la partie formelle) de l’ordination. En ce qui concerne le signe extérieur de l’ordination, il y a eu une divergence d’opinion considérable. L’Église primitive considérait l’imposition des mains (χειροτονία) comme ayant une vertu supérieure, magique, tandis que les théologiens postérieurs n’y attachaient pas une grande importance ; comp. Kleet. II, p. 280 et 281. L’ancienne Église, selon les Écritures, a fait de l’imposition des mains la matière de l’ordination ; c’est par là que s’effectue l’élévation et la consécration à l’épiscopat, au presbyterium et au diaconat. L’onction est également mentionnée très tôt dans l’investiture des évêques et des prêtres (Eusèbe, Hist. Eccl. x. 4 ; Greg. Naz. Orat. IV. ; Greg. Nyss. Virg. Chapitre xxiv. ; Lion, souvent) ; et la mise en place des Évangiles sur la tête, lors de l’ordination des évêques (Hippolyte, De Chrism, cap. 1 : Chrysost. Homil. quod Veteris Test. Unus Legislator, dans Photii Cod. cclxxvii.)] L’huile consacrée n’est également mentionnée qu’occasionnellement. Thomas d’Aquin1. c. Art. Ô, avouait candidement que, si l’efficacité des autres sacrements consistait en la matière, quod divinam virtutem et signifîcat et continet, elle dépendait, dans le cas présent, de la personne qui administrait le sacrement, et qu’il était transmis par elle à la personne à ordonner. Par conséquent, à son avisl’acte d’ordination est le matériau, et non les symboles, qui sont utilisés pour son administration. Néanmoins, il est dit dans le Decret. Eugénie IV. dans. Cône. Florent· a. 1439, 1. c. col. 1058 : Sextum Sacramentum est Ordinis, cujus materia est illud, per cujus traditionem confertur Ordo : sicut Preshj teratus traditur per calicis cum vino et patenæ cum pane porrec tiouem ; Diaconatus vero per libri Evangeliorum dationem ; Subdiaconatus vero per calicis vacui cum patena vacua superposita traditionem, et similiter de aliis per rerum ad ministeria sua pertinentium assignationem. Forma sacerdotii talis est : Accipe potestatem offerendi sacrificium in ecclesia pro vivis et mortuis, in nomine Patrie et Filii et Spiritus Sancti. Et sic de aliorum ordinum formis, prout in pontifical ! Reinano fin Continetur. Voir aussi Pierre Lombard, Lib. iv. Dist. 24. Il appelle (Litt. B.) la tonsure (corona) le signaculum, quo signantur in partem sortis ministerii divini... Denudatio capitis est revelatio mentis [Dieu l’accorde !]. Clericus enim secre-torum Dei non ignarus esse debet. Tondentur etiam capilli usque ad reve-lationem sensuum, scilicet oculorum et aurium, ut vitia in corde et opere pullulantia doceantur præcidenda, ne ad audiendum et intelligendum verbum Dei præpediatur mens, pro quo servato reddetur in excelsis corona.

3 Décret de l’Eug. IV. 10c. cit. : Ordinarius minister hujus sacramenti est Episcopus. Comp. Thom. Aqu., Qu. 38, art. 1.

4 Cela va de soi En ce qui concerne l’âge auquel les personnes peuvent être ordonnés, les règlements suivants ont été faits : ut Subdiaconus non ordinetur ante quatuordecim annos, nec Diaconus ante viginti quinque, nec Presbyter ante triginta. Deinde, si dignus fuerit, ad episcopatum eligi potest ; voir Pierre Lombard, 10c. cit lit I. Les prêtres devaient avoir trente ans, parce que le Christ (selon Luc, III) commença son ministère public à l’âge de trente ans.

5 Les vues de Pierre Lombard sur ce point n’étaient pas encore arrêtées, Sent iv. Dist 25, De ordinatis ab hæreticis. ,Thomas d’Aquin P. iii., dans Supplem. Dist. 38, Art 2, lui a donné comme son fini ! opinion, quod (hæretici) vera sacramenta conferunt, sed cum eis gratiam non dant, non propter inefficaciam sacramen-torum, sed propter peccata recipientium ab eis sacramenta contra probibi-tionem ecclesiæ. Comme la question actuelle était analogue à celle qui concernait le baptême des hérétiques, elle devait être décidée d’après les mêmes principes ; voir Auxiliuscité par Kleet. II, p. 282. [Si enim non perdit baptizatus baptismum, etiam eliminatus ab ecclesia, quo facto perdit sacratus licet ex-communicatue sacramentum suæ impositionis posse nisi ad tempus obtem-perando priori, ut paulo post absolutus itcrum fungatur officio, sicut et baptizatus ecclesiæ ingressum ? Est igitur posse, sed non in actu. Auxilius, Libell. super Caus. et Negot. Formosi Papæ.]

6 Pierre Lombard, 10c. cit. Les sept classes d’ordres sacrés sont énumérées dans l’ordre suivant, en commençant par les plus basses : Ostiarii, Lectores, Exorcistæ, Acoluthi, Subdiaconi, Diaconi, Presbyteri.

7 Thomas d’Aquin, Qu. 25, ■Art. 2, Qu. 37, Art. 5, cité par Afunscherédité par von Colin, p. 303. [À l’objection que le caractère conféré n’était pas indélébile, parce que la personne pouvait retourner aux laïcs, Thomas d’Aquin re-plied : Quantumcunque homo ad laicatnm se transférât, semper tamen manet in eo character. Quod patet ex hoc quod, si ad clericatum revertatur, non iterum Ordinem quem habuerat suscipit.]

 

§ 201.

LE SACREMENT DU MARIAGE.

(Sacramentum matrimonii conjugii.)

Une des étranges contradictions que l’on trouve dans les vues générales des catholiques l’Église au moyen âge, c’était que, tandis que, d’une part, la vie de célibataire était considéré comme une vertu spéciale, d’autre part, le mariage était compté parmi les les sacrements.1 Il fallait en effet beaucoup d’ingéniosité pour montrer les vrais signes d’un sacrement mariage dans le concret, tels qu’ils ont été spécifiés par l’Église elle-même dans la abstrait. En l’absence d’un élément matériel visible, le mariage lui-même était considéré comme un type de l’union du Christ avec l’Église (selon Éph. v. 32), et le mot μυστήριον, traduit sacramentum, comme le dit la Vulgate.2 Qu’il s’agissait d’une institution divine, il était plus facile de le démontrer ; en effet, en ce qui concerne l’antiquité, le mariage occupait la première place parmi les sacrements, puisqu’il était institué au Paradis.3 Bien qu’elle n’ait pas un caractère indélébilis, elle est indissoluble en tant que sacrement, même là où la séparation corporelle a pu avoir lieu.4 Autres règlements concernant les devoirs conjugaux, les relations interdites, etc., appartiennent en partie au droit canonique, en partie à l’éthique.5 Selon les lois de l’Église d’Occident, les deux sacrements du mariage et de la des ordres sacrés s’excluent tellement les uns les autres, que celui qui reçoit l’un doit, comme un règle générale, renoncer à l’autre.6

1Pierre Lombard, 10c. cit Dist xxvi. F. Thomas d’AquinQu. S3, art. 8. — Certains scolastiques, cependant, ont restreint l’idée de sacrement ; c’est ainsi que Duran-dus, Sent. iv. Dist. 26, Qu. 3. N° 8, cité par Klee, Dogmcngesch. ii. à la p. 302. (Cramer, vii. p. 807) : Quod matrimonium non est sacramentum stricte et proprie dictum, sicut alia sacramenta novæ legis. Sur les opinions d’Abélard et de Pierre Jean Olivavoir ibidem. — [AbélardThéol. Christ cap. xxxi. : Quod (conjugium) quidem sacramentum est, sed non confert aliquod donum, sicut cætera faciunt, sed tamen mali remedium est, Datur enim propter incontinentiam refrænandam, unde magis ad indulgentiam. Peter Oliva était du même avis, mais s’est rétracté.] — Ce qui constitue le sacrement de mariage n’est pas l’accomplissement de la cérémonie par le prêtre, mais le consensus du mari et de la femme. Pierre LombardDist xxvii. C. Sur les décrets particuliers des papes et des conciles, voir Klee, ii. p. 305. [Les scolastiques considéraient généralement que la volonté des les parties contractantes constituent le mariage ; ils complètent le sacrement ; Les mariages secrets, bien qu’interdits, sont valides. Dans aucun des anciens Y a-t-il une forme sacramentelle de mariage qui doit être prononcée par les prêtres.]

2 Peter Lombard, 10c. cit.... Ut enim inter conjuges conjunctio est secundum consensum animorum, et secundum permixtionem corporum : sic Ecclesia Christo copulatur voluntate et natura, qua idem vult cum eo et ipse formam sumsit de natura hominis. Copulate est ergo sponsa sponso spiritualiter et corporaliter, i. e. charitate ac conformitate naturæ. Hujua utriusque copulæ figura est in conjugio. Consensus enim conjugum copulam spiri-tualem Christi et ecelesiæ, quæ fit per charitatem, signifient. Commixtio vero sexuum illam significat, quæ fit per naturæ conformitatem.—Eugen. IV. in Cone. Florent, loc. cit. col. 1058, 8. : Septimum est sacramentum Matrimonii, quod est signum conjunctionis Christi et Ecelesiæ secundum Apos-tolum dicentem (Eph. v. 31) : Sacramentum hoc, etc.

3 Voir ci-dessus, § 190, note 1. Il convient toutefois de faire une distinction, à savoir. avant l’automne, le mariage fut institué, ad officiumpostérieur à celui-ci, ad remedium (propter illicitum motum devitandum) ; voir Pierre Lombard, loc. cit. Dist. xvi. B. Thomas d’AquinQu. 42, art. 2, conclut.

4 Pierre Lombardloc. cit. Dist. xxxi. lit. B. : Separatio autem gemina est, corporalis scilicet et sacramentalis. Corporaliter possunt separari causa for· nicationis, vel ex communi consensu causa religionis, sive ad tempus sive usque in finem. Sacramentaliter vero separari non possunt dum vivunt, si legitimœ personœ sint Manet enim vinculum conjugale inter eos, etiamsi aliis a se discedentes adhæserint.—Eugen. IV. dans le cône. Florent 1. c. : Quamvis autem ex causa fornicationis liceat tori divisionem facere, non tamen aliud matrimonium contrahere fas est, cum matrimonii vinculum legitime contract ! perpetuum sit — Les notions des Grecs sur l’indissolubilité de la le mariage était moins rigide ; les nestoriens seuls font exception ; voir Kleeii. pp. 297, 298. [Assemanus, Diss, de Nestorian, dans Bib. Orient Tom. iii. Par. iii. p ? Débloquer le niveau 326.

5 Les théologiens de l’époque ont traité de toutes ces règles dans leurs ouvrages sur la théologie dogmatique. Pierre Lombard leur avait donné l’exemple, Comp. Dist. xxiv.-xliii.—Plusieurs définitions de Pierre Lombard, Bonaventura, et d’autres, n’impliquent pas du tout l’idée de sacrement ; par exemple, que le mariage est conjonctio légitima maris et fœminæ, individuam vitæ consuetudinem rétinens, etc. On peut dire la même chose de leur que le dessein du mariage est la propagation de l’être humain race, pour être une sauvegarde contre le péché, etc.

6 Thomas d’AquinQu. 53, Art 3 : Ordo sacer de sui ratione habet ex quadam congruentia, quod matrimonium impediri debeat, quia in sacris Ordinibus constituti sacra vasa et sacramenta tractant, et ideo decens est ut munditiam corporalem per Continentiam servent. Sed quod impediat matri-monium ex constitutione ecelesiæ habet Tamen aliter apud Latinos, quam apud Græcos. Quia apud Græcos impedit matrimonium contrahendum solum ex vi Ordinis, sed apud Latinos impedit ex vi Ordinis et ulterius ex voto continentiæ, quod est Ordinibus sacris annexum : quod etiamsi quis verbotenus non emittat, ex hoc ipso tamen, quod Ordinem suscipit secundum ritum occidentalis ecclo-siæ, intelligitur Emisisse. Et ideo apud Græcos et alios Orientales sacer Ordo impedit Matrimonium Contrahendum, non Tamen Matrimonii Prius Contract ! Usum : possunt enim matrimonio prius contracte uti, quamvis non possunt matrimonium Denuo Contrahere. Sed apud occidentalem ecclesiam impedit matrimonium et matrimonii usum, nisi forte ignorante aut contradicento uxore vir Ordinem sacrum susceperit, quia ex hoc non potest ei aliquod prajudicium generari. Les prêtres, d’une part, sont exclus du sacrement de mariage, Les laïcs, d’autre part, ne sont pas non plus dans la nécessité de l’observer Le mariage n’est donc ni un sacramentum necessitatis, ni un baptême, pénitence, et la Cène du Seigneur, ni un sacramentum dignitatis, comme les Saints Ordres, mais un sacramentum consilii. Alanus ab Insultu dans son Expositio (cité par Kle^ ii. p. 304, note.)

Écrivains protestants sur l’histoire de On ne peut pas s’attendre à ce que les doctrines étudient pleinement l’histoire de chaque sacrement. Mais ce qui paraît certain, c’est que c’est extrêmement difficile, dans le cas de la plupart des soi-disant sacrements, pour prouver qu’ils sont fondés sur une idée précise du sacrement, selon le canon établi par la l’Église elle-même. Dans le cas de certains (comme la pénitence, l’ordination des prêtres, et le mariage), nous n’avons pas d’élément visible, à proprement parler, qui pourrait être considéré comme sacræ rei signum (comme le pain et le vin dans la Cène du Seigneur, ou le l’eau du baptême, ou le χρίσμα à moins que nous ne transposer le tout, et convertir en symbole ce qui est proprement la res sacramenti, Dans le cas où d’autres, la divina institutio est soit tout à fait défaillante (e. g., dans le cas d’une confirmation), ou elle ne peut être démontrée que par ce genre de interprétation par laquelle nous pouvons prouver quoi que ce soit (ainsi, dans le cas d’une onction). Mais comme ces théologiens avaient l’habitude de considérer l’extérieur de la Cène du Seigneur comme de simples accidents, et détruisaient ainsi son caractère symbolique originel , ils n’ont pas jugé nécessaire d’être très précis dans le cas de d’autres sacrements. Et quant à la divina institutio, elle ne devait pas seulement faire appel à l’Écriture, mais aussi à la tradition.

 

SEPTIÈME DIVISION.

ESCHATOLOGIE.

§ 202.

MILLÉNARISME. L’APPROCHE DE LA FIN DU MONDE. ANTÉCHRIST.

BIEN QUE le millennariamsme (chiliasme) ait été supprimé par l’Église antérieure, il a néanmoins été de temps en temps ravivé par les sectes hérétiques de l’époque actuelle. Les notions millénariennes ont été proposées dans les prophéties de Joachimabbé de Flore, et dans l’Evangelium œternum des Fratricelli, qui était basé sur ses œuvres.1 La dynastie du Père et du Fils devait être suivie de l’âge d’or, c’est-à-dire de la dynastie du Saint-Esprit.2 D’autre part, l’attente presque universelle de l’approche de la fin du monde, qui devait avoir lieu vers l’an 1000, était fondée sur une interprétation trop littérale de l’Écriture, plutôt que sur l’enthousiasme millénariste. Une attente similaire s’est manifestée à plusieurs reprises à d’autres époques importantes du Moyen Âge.3 Était-elle liée à l’attente de l’Antéchrist, au sujet duquel plusieurs théologiens ont hasardé diverses suggestions, tandis que beaucoup de ceux qui étaient ennemis de la hiérarchie romaine, pensaient qu’il n’était autre que le pape lui-même. Ce point de vue a été transmis à l’époque de la Réforme.

1 Admiranda Expositio venerabilis Abbatis Joachimi in librum Apocalypsis b. Joannis Apostoli et Evangelistas.—Liber Concordiœ Novi ac Veteris Tes-tamenti—Psalterium decern Chordarum—Interprété© dans Jeremiam Pro-phetam. Comp. AnyeMardf, kirchenhistor. Abhandlungen, p. 1 150· LuckeEinleitun’g in die Offenbarung Johannis, p. 519.—Gieselerii. § 70, p. 433. — Sur les Fatricelli qui appartenaient à l’origine à l’ordre des moines franciscains, mais qui furent excommuniés au XIVe siècle, comp. Gieselerii. 439, iii. 119, 173. [Friederich sur Joachim, et les commentaires sur Isaïe et Jérémie, dans Zeitschrift £ Wiss. Le01., 1859. Communiqué par Jtaur.]

2 Comparez Engelhardt et Lücke, comme ci-dessus. Le premier état dure 5000 ans (d’Adam à Christ), le second dure 1000 ans, de Christ au commencement du dernier âge du monde. Ce dernier âge est la septième période sabbatique de mille ansJoachim a encore divisé les âges du monde en quarante-deux générations (ætates) après les quarante-deux périodes de la généalogie du Christ, etc.

C’était une tradition dominante parmi les commentateurs, que la période de mille ans, dont il est question dans Apocalypsecommençait avec la manifestation ou la passion du Christ, et que l’établissement de l’Église chrétienne devait être considéré comme la première résurrection et la première époque du royaume de mille ans. Cette interprétation, qui avait été adoptée en Occident, surtout depuis l’époque d’Augustin, avait l’avantage d’écarter les fantaisies des millénaristes enthousiastes, et d’habituer l’esprit des chrétiens à une appréhension plus spirituelle de l’Apocalypse. Mais la tradition de l’Église n’avait pas décidé si le calcul des mille ans devait être fondé sur le système commun de la chronologie, ou si ce nombre devait être considéré comme un symbole apocalyptique. Dans la mesure où l’interprétation littérale des nombres était généralement adoptée par l’esprit commun, en dépit de toutes les prétentions allégoriques, l’idée commença à se répandre dans le monde chrétien à l’approche de l’an 1000que, conformément à l’Écriture, le royaume millénaire prendrait fin à l’achèvement de la première période d’une ère chrétienne.mille ans après Jésus-Christ : qu’en outre l’Antéchrist apparaîtrait, et que la fin du monde aurait lieu ? Lückeloc. cit., p. 614, 615. Sur les troubles qui se produisirent à cette époque dans l’Église, comp. Trithemii Chronic. Hirsaug. Ad Ann. 960. Glaber RadulphusHist, sui Temp. Lib. iv. c. 6 (dans DuchesneScriptt Francorum T. iv. p. 22, 88.) SchmidGeschichte des Mysticismus im Mittellalter, p. 89. Gieselert. II, p. 159. Les croisades étaient aussi liées aux espérances millénaristes, voir Corrodiii. p. 522, 68., Schmid1. c. — Quand, dans le cours du XIVe siècle, la peste, la famine et les autres châtiments divins, rappelèrent aux hommes l’incertitude de tout ce qui est terrestre, et que des signes furent vus dans les cieux, ce furent surtout les Flagellantes qui annoncèrent que la fin du monde était proche ; la même chose fut faite par Martin Loquisnatif de Moravie, et prêtre des Taboritcs, voir Schrockh, xxxiv. p. 687. [Comp. Hecker, Épidémies du Moyen Âge, Lond., 1846, et R. D. Hitchcockdans Am. Th col. Review, i. 241, sq.]

4 Comp. Jean Damas De Fide Orthod. iv. 26. Elucidarium c. 68. C’était, une opinion courante au moyen âge, que l’Antéchrist serait soit engendré par une vierge, soit serait la progéniture d’un évêque et d’une religieuse. Vers l’an 950Adsomoine dans un monastère de Franconie occidentale, écrivit un traité sur l’Antéchrist, dans lequel il assignait une époque ultérieure à sa venue, et aussi à la fin du monde (voir Schrockh, Kirchengesch. xxi. p. 243). Il n’a pas dit clairement qui il entendait par Antéchrist. Pendant un certain temps, on a pensé que Mahomet était l’Antéchrist. Il fut ainsi désigné par le pape Innocent III. (A. d. 1213.) Le chiffre 666 indiquait la période de sa domination, qui était donc sur le point de prendre fin. — Les prophètes antichrétiens dont il est question dans le livre de l’Apocalypse désignaient l’hérésie qui se répandit avec une rapidité croissante à partir de la fin du douzième siècle. D’autre part, pendant les luttes des empereurs d’Allemagne avec les papes, il arriva plus d’une fois que les premiers appliquèrent le titre d’Antéchrist aux seconds ; nous en trouvons des exemples dès l’époque des Hohenstaufen. L’empereur Lewis, surnommé le Bavarois, appelé aussi le pape Jean XXII. l’Antéchrist mystique (Schrôckh, xxxi, p. 108). Les sièges fanatiques du moyen âge étaient d’accord, pour la plupart, à donner ce nom aux papes. C’est ainsi qu’Amalrich de Bena enseignait : Quia Papa esset Antichristus et Roma Babylon et ipse sedet in monte Oliveti, ». ein pinguedine potestatis (d’après Césarius d’Ileis-terbach ), comp. Engelhardtkirchenhistorische Abhandlungen, p. 250. La même chose a été faite par les Spirituels, etc., voir Engelhardt1. c. pp. 4, 50, 78, 88 ; Lücke1. c. p. 520, 521. Wycliffe lui-même était d’accord avec eux (Trialogus, cité par Schrôckh, xxxiv. p. 509), ainsi que ses disciples, Lewis Cobham (ibid. p. 557), et Janow : Liber de Antichristo et membrornm eius anato· mia (in Historia et Monumento Job. Huss. P. i. p. 423-404, cité par Schrôckh1. c. p. 572).— La plupart des théologiens orthodoxespar exemple Thomae d’Aquin, étaient opposés à toute interprétation littérale de l’Apocalypse. D’un autre côté, il y en avait certains, comme Roger Baconqui se complaisaient dans les interprétations apocalyptiques, et les calculs de l’époque de l’Antéchrist ; voir son Opus Majus éd. Jebb. , p. 169. Lucke, 1. c. p. 522.

♦ Sur cette œuvre, qui était autrefois attribuée à Anselme, voir Schrockh, xxviii. p. 427.

 

§ 203.

L’INFLUENCE DES TENDANCES MÉDIÉVALES ET DE L’ART CHRÉTIEN SUR L’ESCHATOLOGIE.

La tendance de l’époque se manifesta dans les œuvres de l’art chrétien, où l’on préférait les sujets qui se rapportaient à la doctrine des choses dernières. Tandis que l’hymne Dies iras, 2 faisait retentir les terreurs du jugement général dans les oreilles et dans le cœur de la chrétienté, les peintres étaient employés à entretenir le souvenir de la fin de toutes choses, par leurs représentations des danses macabres et du jugement général ;3 et Dante révéla dans sa Divina Commedia les mondes de l’enfer, du purgatoire et du paradis. Il y avait une action et une réaction évidentes entre ces œuvres d’imagination, d’une part, et les raisonnements subtils et les définitions des scolastiques, d’autre part, afin que l’une puisse être expliqué par l’autre.

C’est ainsi que la plupart des magnifiques cathédrales du continent ont été bâties à cette époque même, où l’on croyait que la fin de toutes choses était proche ; voir GieselerII. § 27, note 8.

2 L’auteur en est Thomas de Cellano ; voir LiscoDies Iræ, Hymnua auf das Weltgericht, Berlin, 1840. 4. [Voir Gieselerii. 416, notes 4, 5 ; 506, note 3. Recueil de différentes versions par le Dr Coles, publié à New-York, I860. Mohnike, kirchen-und literarhist Studien. Stralsund. 1834.]

 

§ 204.

LA RÉSURRECTION DU CORPS.

La résurrection du corps humain, avec toutes ses composantes, a été, dès l’époque de Jérôme et d’Augustin, considérée comme la doctrine orthodoxe de l’Église catholique. Jean Scot Erigène adopta les notions antérieures d’Origène, mais ses vues n’obtinrent pas l’approbation de l’Église catholique. D’autre part, les Bogomiles, les Cathares et d’autres sectes hérétiques ont ravivé la notion erronée des Gnostiques, qui, regardant la matière comme le siège du péché, ont rejeté la résurrection de l’Église. le corps. 2 Monetamoine dominicain, défendit la doctrine ecclésiastique contre les cathares.3 Il a ensuite été développé en détails par les scolastiques, en particulier par Thomas d’Aquin, avec beaucoup de conjectures étranges concernant la nature du corps de résurrection.5 Les théologiens de l’Église grecque s’en tenaient davantage à l’Écriture et à la tradition reçue de l’Église.

1De Div. Nat. iv. 12,13, p. 193 : Omne siquidem quod in mundo ex mundo compositum incipit esse, necesse est resolvi et mundo interire. Necessarin ! erat exterius ac materiale corpus solvi in ea elements, ex quibus assumtum est : non autem necessarium perire, quoniam ex Deo erat, manente semper interiori illo et incommutabiliter stante in suis rationibus, secundum quas anima et in anima et per animam et propter animam constitutum est. Quoniam vero illius corporis materialis atque solubilis manet in anima speues, non solum illo vivente, verum etiam post ejus solutionem et in ele-menta mundi reditum...... Est enim exterius et materiale corpus signaculum interioris, in quo forma animæ exprimitur, et per hoc forma ejus rationabiliter appellator. Et ne me existimes duo corpora naturalia in uno homine docere : verum enim est corpus, quo connaturaliter et consubstan-tialiter animæ compacte homo conficitur. Illud siquidem materiale quod est superadditum, recti us vestimentum quoddam mutabile et corruptibile veri ac naturalis corporis accipitur, quam verum corpus : non enim verum est, quod semper non manet (Aug.)...... Inde fit, quod semper non simpliciter, sed additamento aliquo ponitur corpus mortale vel corruptibile vel ter-renum vel animale, ad discretionem ipsius simplicis corporis, quod primitus in homine editum est, et quod foturum est. 23, p. 71 : Semel enim et simul animas nostras et corpora in Paradiso conditor creavit, corpora dico cœlestia, spiritualiaqualia post resurrectionem futura sunt, Tumida namque corpora, mortalia, corruptibilia, quibus nunc opprimimur, non ex natura, sed ex delicto occasionm ducere, non est dubitandum. Quod ergo naturæ ex peccato adolevit, eo profecto renovata in Christo, et in pristinum statum restituta, carebit Non enim potest naturæ esse coæternum, quod ei adhæret propter peccatum.

4 Pierre Lombard, Sent. Lib. iv. Dist 43, ss. (il suit pour la plupart l’Enchiridion d’Augustin), et Hugo de Saint-Victor de Sacram. 1,19. Le premier s’exprime encore modestement en ces termes : Omnibus quœstionibus, quæ de hac re moveri soient, satisfacere non valeo.

5 Ces définitions sont aussi pour la plupart fondées sur Augustin (comp. t. I, § 140). Tous les hommes mourront avant la résurrection générale (à cause du péché originel). La résurrection aura probablement lieu vers soir, car les corps célestes qui règnent sur toute la matière terrestre doivent Cessez d’abord de bouger. Le soleil et la lune se rencontreront alors à nouveau à ce point où ils ont probablement été créés. La résurrection aura lieu à l’infini en relation avec les effets produits par la puissance divine ; elle sera graduelle par rapport à la part que les anges y joueront. Thomas d’Aquin niait que la poussière et les cendres aient une tendance naturelle à se réunir aux âmes auxquelles elles étaient unies dans ce monde (une sorte d’harmonie préétablie), mais supposait qu’aucune autre matière ne sortirait de la tombe que celle qui existait au moment de la mort. Si cette substance qui a été consommée pendant la vie présente ressuscitait, elle formerait une masse des plus informes. — D’après la quest. 81, ceux qui sont ressuscités d’entre les morts seront dans la vie. ætas juvenilis, quæ inter decrementum et incrementum constituitur. Le La différence des sexes continuera d’exister, mais sans appétits sensuels. Tous les organes des sens seront encore actifs, à l’exception du sens du goût. Il est cependant possible que même ces derniers puissent être rendus plus parfaits et adaptés à des fonctions et à des jouissancesadéquates. Les cheveux et les ongles sont l’un des ornements de l’homme, et sont donc tout aussi nécessaires que le sang et les autres fluides. Les corps ressuscités seront extrêmement beaux, et seront délivrés de la corpulence et du poids qui leur sont maintenant si pesants ; néanmoins, ils seront tangibles, comme le corps du Christ a pu être touché après sa résurrection. Leur taille n’augmentera pas après la résurrection, et ils ne deviendront ni plus épais ni plus minces. Dans une certaine mesure, ils seront encore dépendants de l’espace et du temps ; mais les corps de résurrection se déplaceront beaucoup plus vite, et plus facilement, d’un lieu à un autre, que nos corps actuels ; Ils seront libres de suivre les tendances et les impulsions de l’âme. Ils sont glorifiés, brillants et brillants, et peuvent être perçus avec des yeux glorifiés seulement. Mais cela n’est vrai qu’en ce qui concerne les corps des bienheureux. Les corps des damnés doivent être laids et difformes, incorruptibles, mais capables de souffrir, ce qui n’est pas le cas des corps des saints. Thom, Thomas d’AquinSumm. P. iii. dans Supplem. Qu. 75, ss. Cramervii. p. 777, ss. Comp, aussi Elucidar. vers 69. Sur les opinions de Duns Scotvoir RitterGesch. der Philos, viii. 459, sq.

6 Jean Damasccne, iv. 27, p. 303 : Mais qu’est-ce que 01 mort ressuscité ? *Ô d’infidélité * ou de folie ; qui n’ont fait qu’un corps de changement, la petite goutte de sperme dans le sein d’un commandement inexorable, et le S’agit-il d’un organe du corps aux multiples facettes et aux multiples facettes, mais plutôt des événements et de la résurrection à nouveau, seulement volontaires ? Est-ce que je me pose comme un corps qui vient ? * Sagesse, à cause des paroles de Dieu tu crois ou guéris ce que tu sais, et si tu y crois, tu le sèmeras, tu le rendras vivant, si tu ne meurs pas, etc. t.l. (1 Cor. xn.) d’entre eux, comme dans les tombes les graines enterrées^ Pour la racine des roseaux et des feuilles, et les épis et les plus belles fleurs ; le créateur de toutes choses ; l’être de toutes choses conquis par les commandements ; Ainsi Il a cru en lui, et la résurrection des morts, tu seras vu, et le signe de tête du syndrome du gar a mis en avant la puissance.

 

§ 205.

LE JUGEMENT GÉNÉRAL.

Le second avènement du Seigneur pour juger le monde a été interprété aussi littéralement que possible. Après qu’il aura été précédé par les signes dont parle l’Écriture, le Christ apparaîtra sous la même forme humaine qu’il avait lorsqu’il était sur la terre, mais dans son corps glorifié, et comme vainqueur, accompagné des armées célestes. Les méchants, eux aussi, verront son visage, mais avec horreur.Le jugement devait avoir lieu dans la vallée de Josaphat, à laquelle quelques-uns, cependant, appliquaient aussi une interprétation allégorique.Mais à mesure que les théologiens étaient disposés à donner libre cours à leur imagination et à représenter les procédés du jugement général par rapport au temps et d’une manière sensible, plus il était difficile de réunir ces diverses images en une seule scène.3 Thomas d’Aquin leur rappela donc que le jugement aurait lieu mentaliter, parce que le procès oral et la défense de chacun exigeraient trop de temps.4 D’après Matthieu, xix. 28, et 1 Corinthiens vi. 2, les saints doivent siéger avec Christ en jugement ; Et dans la mesure où les moines étaient censés atteindre le plus haut degré de perfection même dans ce monde, le pouvoir qui leur était confié par l’institution de l’inquisition familiariserait facilement les hommes avec l’idée d’être également jugés par eux dans le monde à venir. Il était naturel que les hérétiques demandassent à être dispensés d’un tel jugement ; d’ailleurs, conformément à toute leur tendance idéaliste, ils préféraient résoudre l’idée du jugement dernier dans la notion plus générale d’un châtiment immédiatement après la mort.6

1 Thomas d’Aquin, loc. cit. Qu. 73, art. 1 : Christus.. .in forma gloriosa apparebit propter auctoritatem, quæ judici debetur. Ad dignitatem autem judiciariæ potestatis pertinet habere aliqua indicia, quæ ad reverentiam et subjectionem inducant, et ideo adventum Christi ad judicium venientis multa. signa precedent, ut corda hominum in subjcctionem venturi judicis addu-cantur et ad judicium præparentur, hujusmodi signis premoniti. Comp. Élucide. vers 70. Disc. Qualiter veniet Dominus ad judicium ? MagSicut Imperator ingressurus civitatcm, corona ejus et alia insignia præferuntur, per quæ adventus ejus cognoscitur : ita Christus in ea forma, qua ascendit, Ordinibus omnibus Angelorum ad judicium veniens. Angeli crucem ejus ferentes præibunt : mortuos tuba et voce in occursum ejus excitabunt. Omnia elementa turbabuntur, tempestate ignis et frigoris mixtim undique furente. (P8. xcvi. Wisd. v.)—À l’égard des damnés, il est dit, c. 75 : Videbunt (Christum), sed ad sui perniciem. Comp. Thomas d’AquinQu. 90, art. 3.

2 Élucide. 10c. cit. Q : Erit judicium dans la vallée de Josaphat ? MVallis Josaphat dicitur vallis judicii. Vallis est semper juxta montem. Vallis est hic mnndus, mons est cœlum. In valle ergo fit judicium, 1. e. in isto mundo, scilicet in isto aëre, ubi justi ad dexteram Christi nt oves statuentur, impii autem ut hœdi ad sinistram ponentur. Comp. Thomas d’AquinQu. 88, Art 4.

3 Ainsi Thomas d’Aquin ne s’est pas rendu compte de ce qui est dit au sujet de l’obscurcissement du soleil et de la lune (Mt XXIV, 29), dans la mesure où la venue du Christ sera accompagnée de l’effusion la plus complète de la lumière, loc. cit. 73, Art 2 : Dicendum, quod, si loquamur de sole et luna, quantum ad ipsum momentum adventus Christi, sic non est credibile quod obscurabuntur sui luminis privatione, quia totus mundus innovabitur Christo veniente..... Si autem loquamur de eis secundum tempus propinquum ante judicium, sic esse poterit, quod sol et luna et alia cœli luminaria, sui luminis privatione obscurabuntur, vel diversis temporibus, vel simul, divina virtute faciente ad hominum terrorem.

5 Dans l’ouvrage intitulé Elucidarium, on distingue quatre classes (au lieu de deux comme c’était l’usage, à savoir les bienheureux et les damnés), c. 71 : Unus ordo est perfectorum, cum Deo judicantium ;alter justorum, qui per judicium sal-vantur ; tertius impiorum sine judicio pereuntium ; quartos malorum, qui per judicium damnantur... .Disque. Qui sunt qui judicantî Mag* Apostoli, Mar-tyres, Confessores, Monarchi, Virgines. D. Quomodo judicabunt justes ? MMonstrabunt eos suam doctrinam et sua exempla fuisse imitates, et ideo regno dignos. Pierre Lombardie Lib. iv. Dist. xlvii. B. : Non autem solus Christas judicabit, sed et sancti cum eo judicabunt nationes... . Judicabunt vero non modo coôperatione, sed etiam àuctoritate et potestate. Comparez Thomas d’Aquin, qu. 89, où il examine la question de savoir si les justes prendront part au jugement du monde simplement comme ayant des places d’honneur (assessorie), ou dans la réalité. Comme les premiers seraient trop peu nombreux, nous pouvons supposer qu’ils jugeront en réalité, pourvu qu’ils le fassent en accord avec la volonté divine, mais non pas propria auctoritate. Sur la question de savoir si les anges prendront aussi part au jugement, voir Pierre Lombardie 1. c. Litt. C. Thomas d’Aquin, art. 8.

6 Voir Mosheimp. 157 : Dicunt se credere, quod judicium extremum non sit futurum, sed quod tunc est judicium hominis solum, moritur.

 

§ 206.

PURGATOIRE.

Depuis l’époque de Grégoire le Grand, la doctrine d’un feu purificateur, que les âmes doivent passer après la mort, a été plus généralement adoptée. La croyance elle a été renforcée par des faits fournis par des légendes.1 Les missionnaires portèrent cette notion, déjà développée et complète, aux nations nouvellement converties ;2 Et les écrivains de notre siècle, les scolastiques aussi bien que les poètes et les orateurs, en ont donné la description la plus complète. Beaucoup croyaient à l’existence réelle du purgatoire en tant que feu matériel, qui, cependant, en l’absence d’un corps susceptible de souffrances physiques, tourmente les âmes perdues d’une manière idéale (au moyen de la conception de la souffrance) ? Même ceux qui penchaient vers le mysticisme, comme Bonaventura et Gerson, ont maintenu la réalité de ce feu. Mais les conséquences pratiques de la doctrine en question étaient très pernicieuses, puisqu’elle a donné naissance à la notion, afin que les âmes puissent être soulagées de leurs douleurs, ou même libérées de leur état de souffrance, plus tôt qu’il ne l’aurait été autrement, au moyen de la les prières d’intercession et les bonnes œuvres des vivants, et surtout par le moyen des messes pour les morts (missæ pro requie defunctorum).6 Dans la mesure où ces messes et ces indulgences ecclésiastiques étaient payées, On se demanda si les riches n’étaient pas, à cet égard, plus privilégiés que les pauvres ; ce à quoi Peter Lombard a répondu par l’affirmative.7 Il n’est donc pas surprenant que l’avarice et l’injustice croissantes du clergé8 aient incité les Cathares et les Vaudois9ainsi que Wycliffe, 10 de combattre la doctrine en question comme étant des plus dangereuses. Il n’a jamais rencontré la pleine approbation de l’Église grecque. D’autre part John Wessel s’efforçait de le dépouiller de ses conséquences pernicieuses, en considérant le feu comme un feu spirituel d’amour, qui purifie l’âme de ses scories restantes, et consiste dans le désir ardent de l’union avec Dieu. Ce n’est donc pas tant un châtiment que le commencement de cette béatitude que Dieu seul a le pouvoir d’amener à la perfection.12

1 BèdeHist Eccles. Gent Anglor. L. iii. c. 19, v. c. 13. Schrôckh, xx. p. 185.

2 BonifaciusEp. xxi. c. 29. ad Serrar, cité par Schrôckh, 10c. cit. Sur la doctrine du purgatoire telle qu’elle a été proposée par saint Patrick, l’apôtre de l’Irlande (d’après le récit de Matthieu Paris), voir Schrôckh, xvi, p. 229.

3 L’auteur de l’ouvrage intitulé Elucidarium, s’exprime encore plus indéfiniment : c. 61 : Post mortem vero purgatio erit aut nimius calor ignis, aut magnus rigor frigorisaut aliud quodlibet genus pœnarum, de quibus tamen minimum majus est, quam maximum quod in hac vita ex-cogitari potest—Hugo de Saint-Victor, De Sacram. L. ii. P. xvi. 0. 4 : Est autem alia pœna post mortem, quae purgatoria dicitur. In qua qui ab hac vita cum quibusdam culpis, justi tamen et ad vitam prædestinati exierunt, ad tempus cruciantur, ut purgentur. Le langage de Thomas d’Aquinest plus décidé, Qu. 70, art. 3, Concl. : Respondeo : Dicendum, quod ignis inferni2 non sit metaphorice dictus, nec ignis imaginarius, sed verus ignis corporeus, etc. Il pensait cependant que tous les hommes ne vont pas au purgatoire, mais seulement ceux qui en ont besoin : les vrais pieux vont tout de suite au ciel, les décidément méchants vont aussitôt en enfer ; voir Qu. 69, AA. deux.

2C’est par là que nous devons comprendre le feu du purgatoire, comme le montre le contexte.

4 Comparez Thomas d’Aquin1. c. : Alii dixerunt, quod quamvis ignis corporeus non possit an imam exurere, tamen anima apprehendit ipsum ut nocivum sibi, et ad talem apprehensionem afficitur timoré et dolore. Mais cette idée ne le satisfaisait pas pleinement. Comp. Cramer, vii. p. 773-75.

5 Bonav. Comp. Theol. Verit. vii. 2. (cité par Klee, t. II, p. 333.) comp. Schrôckhxxix. p. 219. — Sur les vues de Gerson (d’après Sermo, II. De Defunctis, T. iii. p. 1558), voir Schrôckh, xxxiv. p. 293.

6 Elucidar. c. 61 : Dum ibi sunt positi, apparent eis Angeli vel alii Sancti, in quorum honore aliquid egerunt in hac vita, et aut auram aut suavem odorem aut aliquod 801amen eis impendunt, usque dum liberati introibunt in illam aulam, quæ non recipit ullam maculam. Pierre Lombard, Lib. iv. Dist. xlv. B. Thomas d’Aquin71, art. 1. À son avis, les prières d’intercession (opera suffragii) ne sont pas per viam meriti, mais per viam ora-tionis. : Respondeo : Dicendum, quod charitas, quæ est vinculum ecclesiqp membra uniens, non solum ad vivos se extendit, sed etiam ad mortuos, qui in charitate decedunt. ... . Similiter etiam mortui in memoriis honiinum viventium vivunt, et ideo intentio viventium ad eosdirigi potest, et sic suffragia vivorum mortuis dupliciter prosunt, sicut et vivis, et propter charitatis unionem, et propter intentionem in eos directam : non tatnen sic eis valere credenda sunt vivorum suffragia, ut status eorum mutetur de miseria ad felicitatem vel e converso : sed valent ad diminutionem poena vel aliquid hujusmodi, quod statum morlui non transmutât. Comp. Art 6 : Respondeo : Dicendum, quod pœna purgatorii est in supple-mentum satisfactionis, quæ non fuerat plene in corpore consummata, et ideo, quia opera unius possunt valere alteri ad satisfactionem, sive vivus sive mor-tuus fuerit, non est dubium, quin suffragia per vivos facta, existentibus in purgatorio prosint Comparez l’art 10 concernant les indulgences. Ils sont utiles aux âmes du purgatoire indirecte, mais non directes. Sur la fête fondée sur cette doctrine, qui fut instituée pour la première fois à Chigny, en 993, et qui fut ensuite adoptée par toute l’Église d’Occident (All-Souls, 2 nov.), voir Sigebert Gemblacens. ad annum 998. Gieselerii. § 33, note 15.

7 Lib. iv. Dist. xlv. D. : Solet moveri quæstio de duobus, uno divite, altcro paupere, pariter sed mediocriter bonis, qui prædictis suffragiis indigent, et meruerunt pariter post mortem juvari : pro altero vero, i. e. pro divite, spéciales et communes fiunt orationes, multæque eleemosynarum largitiones ; pro paupere vero non fiunt nisi communes largitiones et orationes. Quæri-tur ergo, an tantum juvetur pauper paucioribus subsidiis, quantum dives amplionbus ! Si non pariter juvatur, non ei redditur secundum mérita. Meruit enim pariter juvari, quia pariter boni extiterunt. Si vero tantum suflragii consequitur pauper, plongées quantiques ; Quid contulerunt diviti ilia specialiter pro eo facta ? Sane dici potest, non ei magis valuisse gencralia et specialia, quam pauperi sola generalia suffragia. Et tarnen profuerunt diviti specialia, non quidem ad aliud vel majus aliquid, sed ad idem, ad quod gen-eralia, ut ex pluribus et diversis causis nnum perciperetur emolumentum. Potest tamen dici aliter, ilia plura subsidia contulisse diviti celeriorem ab-solutionrm, non pleniorem. [Comp. Neander, Dist Dogm. 594.]

10 Schrockh Kirchengesch. zxxiv. p. 444. Les Husites (Frères de Bohême) s’interrogent aussi sur la réalité du purgatoire ; Ibid., p. 753 et 754.

11 Néanmoins, l’Église grecque fut obligée, par le concile de Florence (1439), de faire quelques concessions. Voir Mansi, T. xxxi. Col. 1029. Münscheréd. par von Colin, pp. 313, 314. [Le Synode a déclaré : Eàv 01 αληθώς μετανοησαντες άποθάνουσιν ίν τή τον θεού άγάτη, τρίν τοΐς άξίοις τής μετάνοιας καρποΐς Ικανόποιήσαα�αι περί των ήμαρτημενων 6μον καϊ ήμελημενων (dans la copie latine — de commissis et omissis), τας τούτων ψνχάς καθαρτικαΐς τιμωρίαις καθαίρεσθαι (pœnis purgatoriis Pungari) μετά θάνατον, etc. Les suffrages des fidèles, des masses, etc., peuvent leur être profitables.] C’est pourquoi Léon Allatius a affirmé que les Églises d’Orient et d’Occident étaient d’accord sur ce point, dans son De Ecclesiæ Occidentalis et Orientalis perpétua in Dogmate de Purgatorio Concessione. Rom. 1655. 4°.

12 De Purgatorio, quis et qualis sit ignis purgatorius dans l’édition de Groningue, p. 826, ss., cité par Ullmann, Job. Wessel, p. 363, par.

Sur la localité du Purgatoire, voir § 208.

 

§ 207.

LE SOMMEIL DE L’ÂME.

La doctrine du purgatoire avait son origine dans la nécessité qu’éprouvaient les hommes de supposer l’existence d’un lieu où l’âme, séparée du corps, pût habiter, jusqu’à sa réunion avec lui. La supposition de la possibilité de la délivrance de l’âme de cet état intermédiaire, avant la résurrection générale, a donné lieu à de nouvelles difficultés, en ce sens qu’il est devenu nécessaire de remplir l’intervalle entre ces deux moments de temps. Cela a conduit à une renaissance de la notion antérieure d’une mort de l’âme (qui avait été proposée par les faux docteurs d’Arabie qu’Origène combattait), bien que sous la forme plus douce d’un sommeil de l’âme (Psychopannychy).Il n’est pas certain cependant que le pape Jean XXII, comme on l’affirme, ait réellement adopté cette opinion.Quoi qu’il en soit, ses vues furent combattues par les professeurs de l’université de Paris (3et désapprouvées par le pape Benoît XII.4

1 Sur les Thnetopsychites, voir Vol. I. § 76, note 8. En ce qui concerne la notion de sommeil de l’âme (qui a été rejetée par Tertullien), voir ibid., p. 217.

L’idée d’un sommeil de l’âme n’était nullement exprimée distinctement dans les paroles qu’il jugeait répréhensibles (elles se produisent dans un sermon prêché le premier dimanche de l’Avent 1331) ; au contraire, tout ce qui y est dit est quod animæ decedentium in gratia non videant Deum per essentiam, nec sint perfecte beatæ, nisi post resumptionem corporis. Comp. Vol. i. § 77. Mais à partir du Ve siècle, elle est abandonnée et condamné, A. D. 1240, par l’Université de Paris. D’ArgenlreCollectio Judiciorum de novis Erroribus, i. 186. Gieseleriii. p. 54, par.

3 Voir d’Argentrée Collectio Judic. T. i. p. 316, ss. Luloeus, T. iv, p. 235. Gieseler, loc. cit. Münscheréd. par von Cölln, p. 312.

4 A. D. 1366, 29 janv. Voir Raynald, ad hunc annum, n° 3.—Gieseler et Münscher, éd. par von Cölln, 1. Sur la prétendue rétractation du pape Jean XXII. voir Gieseler, 1. c. Sur une image, représentant l’état du défunt, voir Quandt, Reise ins mittâgliche Frankreich, 149.

 

§ 208.

LES LOCALITÉS DU MONDE FUTUR.

(Le Paradis, l’Enfer et l’État Intermédiaire.)

Les scolastiques s’efforçaient d’attirer dans la sphère de leurs recherches, non seulement les régions lumineuses du ciel, mais aussi les sombres demeures de l’enfer. Ainsi, le ciel était divisé en trois parties : les cieux visibles (le firmament), le ciel spirituel, où habitent les saints et les anges, et le ciel intellectuel, où les bienheureux jouissent de la vision immédiate du Dieu trinitaire.1 Différents départements (réceptacles) ont également été attribués à l’enfer. 2 Ceux-ci étaient, 1. L’enfer proprement dit, où les démons et les damnés sont enfermés ;· 2° Les régions souterraines qui peuvent être considérées comme les états intermédiaires entre le ciel et l’enfer, et qui sont encore subdivisées en (a) Purgatoire, qui est le plus proche de l’enfer ; 4 (b), Le Limbus Infantum (puerorum), où restent les enfants qui meurent sans être baptisés ;5 (c), Le Limbus Patrum, la demeure des saints de l’Ancien Testament, l’endroit où le Christ est allé prêcher la rédemption aux âmes en prison. La Limbe dont il est question en dernier lieu était aussi appelée le sein d’Abraham ; différentes opinions obtenues sur sa relation de proximité avec le ciel et l’enfer.Ces positions furent rejetées par les mystiques, qui étaient enclins à des vues plus spirituelles, et assignèrent aux états subjectifs ce que les scolastiques fixaient dans les localités extérieures.7

1 Elucidarium c. — Le Paradis » était également censé être là. Comp. c. 50, et note 7.

2 Pierre Lombard, Lib. iv. Dist xlv. Un. Thomas d’AquinQu. 69, art. 1, par. Cramer, vii. p. 771-73.

3 Elucidar. c. 62, D. : Quid est infernus ? vel ubi ? MDuo sunt inferni, superior et inferior. Superior intima pars hujus mundi, quæ plena est pœnis, nam hic exundat nimius æstus, magnum frigus, etc. Inferior vero est locus spiritualis, ubi ignis inextinguibilis...... qui sub terra dicitur esse, ut, sicut corpora peccantium terra cooperiuntur, ita animæ peccantium sub terra in inferno sepeliantur.

Le terme « Hoile, » (cloche) avait principalement le sens plus complet de l’au-delà (d’où l’expression dans le Credo des Apôtres, « il descendit aux enfers »). Ce n’est que plus tard (à partir du XIIIe siècle) que le mot a été utilisé pour désigner le lieu du tourment. Comp. Grimm’s deutsche Mythologie, p. 462. — « Les chrétiens substituèrent, à la notion païenne de un enfer pâle et lugubre, celui d’un bassin rempli de flammes et de soufre, d’une obscurité totale, et en même temps brillant comme le feu, dans lequel brûlent toujours les âmes des damnés. Grimm. Giron. 464. Sur le mélange des notions chrétiennes et païennes, ibid., p. 465.

4 Voir ci-dessus § 206.

D’après Thomas d’Aquinquest. 69, art. 6, le limbus puerorum se distingue du limbus patrum, secundum qualitatem præmii vol pœnæ, parce que les enfants qui meurent sans baptême n’ont pas cette espérance du salut éternel que les pères avaient avant la manifestation du Christ. En ce qui concerne le site (situs), il est probable que le limbus puerorum se trouve plus près de l’enfer que le limbus patrum. D’autres, cependant, ont identifié l’un à l’autre. C’est ainsi que frère Berthold dit (cité par Kling, p. 443) : « Si vos enfants meurent sans baptême, ou s’ils sont baptisés de mauvaise manière, ils ne pourront jamais entrer dans les joies célestes. Ils vont, avec les enfants juifs et païens, qui sont encore incroyants, dans les limbes où les anciens sont allés. Là, ils ne souffrent aucune douleur, si ce n’est celle-ci qu’ils n’iront pas au ciel. » Comp. p. 210. Ces enfants qui sont baptisés, montent dans le petit carrosse (la constellation de la Petite Ourse) directement au ciel (le paradis). Mais s’il arrive que l’enfant ait été mal baptisé, l’une des roues se brise et l’enfant est perdu Voir ibid. pp. 169, 170.

6 Thomas d’Aquin a traité ce point de manière très complète, 1. c. Art. 4. Il a fait une distinction entre l’état antérieur à la venue du Christ et celui postérieur à cet événement. Quia ante Christi adventum Sanctorum requies habebat defectum requiei adjunctum, dicebatur idem infernus et sinus Abrahæ, unde ibi non vijebatur Deus. Sed quia post Christi adventum Sanctorum requies est compléta, cum Deum videant, talis requies dicitur sinus Abrahæ, et nullo modo infernus. Et ad hune sinum Abrahæ ecclesia orat fideles perduci. Comp. Elucidar. 64, D. : In quo inferno erant justi ante adventum Christi ? M. In superior !, in quodam loco juncto inferior !, in quo poterant alterutrum conspicere. Qui erant wibi, quamvis carerent supplicio, videbatur eis esse in inferno, cum essent separati a regno. Illis autem, qui erant in inferior ! inferno, videbatur, quod illi, qui erant in illo inferno juncto inferior !, erant in refrigerio paradisi, unde et dives rogabat a Lazaro, guttam super se stillari. D. Quam pœnam habebant illi, qui erant in illo inferno juncto inferior ! ? M. Quasdam tenebras tantum, unde dicitur : « Habitantibus in regions umbree mortis, lux or ta est eis. » Quidam ex eis erant in quibusdam pœnis. Venit ergo Dominus ad infernum superiorem nascendo, ut redimeret captivos a tyranno, ut dicitur : " Dices his, qui vincti sunt : Exite, et his qui in tenebris sunt : Relevamini " Vinctos vocat, qui erant in pœnis, alios vero in tenebris, quos omnes absolvit et in gloriam duxit res gloriæ. Comp. Dante, Divina CommediaHell, 4, comp. 31, ss.

7 L’auteur de l’ouvrage intitulé Elucidarium s’exprime ainsi, vers 59 : Paradisus non est locus corporalis, quia spiritus non habitant in locis ; sed est spiritualis mansio beatorum, quam æterna sapientia perfecit in initio, et est intellectual ! cœlo [comp, note 1], ubi ipsa divinitas, qualis est, ab eis facie ad faciein contuetur. Le langage de Tauler (Predigten, i. pp. 291, 292) était encore plus spiritualisant : Le Christ a accordé au larron sur la croix « de se contempler lui-même, son visage divin et sa nature, qui est le vrai et vivant paradis de tous les plaisirs. Contempler la gloire de Dieu  c’est ce qui constitue le paradis.

Sur la relation entre les notions chrétiennes du paradis communément entretenues et les idées antérieures des nations païennes (le Walhalla), voir Grimn^ deutsche Mythologie, p. 475.

 

§ 209.

L’ÉTAT DES BIENHEUREUX ET DES DAMNÉS.

L’esprit de l’époque et son degré de culture se reflétaient dans les représentations et les descriptions du paradis et de l’enfer. Selon Jean Scot Erigènel’esprit personnel de l’homme est résolu en Dieu, notion qu’il croyait conciliable avec l’idée de la continuation consciente de soi.Les sectes panthéistes du moyen âge allèrent jusqu’à détruire toute individualité et à nier la vie future.Les scolastiques, dont le principal bonheur, même en ce monde, consistait à faire les distinctions les plus subtiles, supposaient que la plus grande acuité des facultés intellectuelles constituerait la béatitude spéciale du ciel ; Duns Scot a commencé à se demander si les bienheureux percevraient les quidditats des choses, etc.Les jouissances paradisiaques des sens raffinés n’étaient pas tout à fait exclues, bien qu’il fût admis que les plaisirs les plus élevés et les plus réels consisteraient principalement dans la communion avec Dieu et dans la communion mutuelle des saints. 4 Thomas d’Aquin supposait différents dons (dotes) de béatitude. En plus de la corona aurea, qui est donnée à tous les bienheureux, il y a des aureolœ particuliers pour les martyrs et les saints, pour les moines et les moniales. 5 Les mystiques représentaient aussi le monde à venir sous des couleurs vives.6 Mais l’époque était particulièrement inventive dans l’invention de toutes sortes de châtiments ingénieux que les méchants auraient à subir en enfer, après la cruauté raffinée des procédés criminels de l’Inquisition.7 Selon Thomas d’Aquin, les tourments des damnés consistent en des repentir.8 Ils ne peuvent changer ni pour le meilleur ni pour le pire.9 Ils haïssent Dieu et maudissent l’état des bienheureux.10 Mais ceux-ci ne sont troublés dans la jouissance de leur bonheur par aucun sentiment de compassion. Les vues de Jean Scot Érigène différaient de la notion populaire en ce qu’elles faisaient de la conscience du péché lui-même, et de son impuissance, la principale misère des damnés.12 Maître Eckart déclara qu’il s’agissait d’une non-entité spirituelle,13 expression d’où les Beghards tirèrent hâtivement la conclusion que l’enfer n’avait pas d’existence.14

1 De Div. Nat v. 8, p. 232 : Prima igitur human » naturæ reversio est, quaixlo corpus solvitur, et in quatuor elementa sensibilis mundi, ex quibus com· positum est, revocatur. Secunda in resurrectioûe implebitur, quando unusquisque suum proprium corpus ex communione quatuor elementornm recipiet Tertia, quando corpus in spiritum mutabitur. Quarta, quando spiritus et, ut apertius dicam, tota hominis natura in primordiales jcausas revertetur, quæ sunt semper et incommutabiliter in Deo. Quinta, quando ipsa natura cum suis causis movebitur in Deum, sicut aër movetur in lucem. Erit enim Deus omnia in omnibus : quando nihil erit nisi solus Deus...... Mutatio itaque humanæ naturæ in Deum, non in substantiæ interitu æstimanda est, sed in pristinum statum, quern prævaricando perdiderat, mirabilis atque in-effabilis revereio. Pag. 234 :...... Inferiora vero a superioribus naturaliter attrahuntur ct absorbentur, non ut non sint, sed ut in eis plus salventur et subsistant et unum sint Nam heque aër suam perdit substantiam, cum totus in solare lumen convertitur : in tantum, ut nihil in eo apparent nisi lux, cum aliud sit lux, aliud aër : lux tamen prævalet in aëre, ut sola videatur esse. Ferrum aut aliud aliquod metallum in igne liquefactum, in ignem converti videtur, ut ignis purus videatur esse, salva metalli substantia per-mancDte. Eadem ratione existimo corporalem substantiam in animam esse transiturum : non ut pereat quod sit, sed ut in meliori essentia salva sit Similiter de ipsa anima intelligendum, quod ita in intellectum movebitur, ut in eo pulchrior Deoque similior conservetur. Nie aliter dixerim de transitu, ut non adhuc dicam omnium, sed rationabilium substantiarum in Deum, in quo cuncta finem positura sunt, et unum erunt. — Comme les nombreuses lumières séparées (par exemple dans une église) forment ensemble une seule mer de lumière, bien que chaque lumière puisse être enlevée, comme une partie peut être retirée du tout ; et de même que plusieurs voix forment ensemble un chœur, sans perdre leur individualité dans une masse confuse de sons, de même les âmes sont liées à Dieu. Comp. cap. 12 et 13, p. 236.

2 C’est ainsi qu’Amalrich de Bena enseignait : Celui qui possède la connaissance de Dieu a le paradis en lui-même ; mais celui qui commet un péché mortel a l’enfer dans son cœur, comme un homme a une mauvaise dent dans la bouche. Voir Engelhardt, p. 255. Au sujet de ses disciples, il est dit : Item semetipsos jam resuscitates asserebant, fidem et spem ab eorum cordibus excludebant, se soli scientiæ mentientes subjacere ; Ibid., p. 259. Comp. p. 260 : Dixit etiam (Amalricus), quod Deus ideo dicitur finis omnium, quia omnia reversura sunt in ipsum, ut in Deo immutabiliter quiescent, et unum in-dividuum atque incommutabile in eo permanebunt ; et sicut alterius naturæ non est Abraham, alterius Isaak, sed unius atque ejusdem, sic dixit omnia esse unum et omnia esse Deum. Les béguines ont fait la même affirmation ». Comp. § 204, note 2.

3 Jean Scot Erigènev. c. 31, ss. :—Pierre LombardLib. iv. Dist. 49, A. : Habere ergo vitam, est videre vitam cognoscere Deum in species (d’après Jean XVII). — Élucide. 79 : Sa (beatis) Salomonis sapientia esset magna insipientia. Porro ipsi omni sapientia affluunt, omnem scientiam de ipso fonte sapientiœ Dei hauriunt Omnia quippe præterita, præsentia, et si qua future sunt, perfecte sciunt. Omnium omnino hominum, sive in cœlo, sive in inferno, nomina, genera, opera bona vel mala unquam ab eis gesta norunt, ct nihil est quod eos latent, in sole justitiæ pariter videant omnia. Aquin., Qu. 92, art. 1, 2, 3.—Duns Scotcité par Cramer, vii. pp. 786 , 787.

4 Élucide. 77 : Salomonis deliciæ essent eis miseriæ. O qualis estjusto-rum voluptas, quibus ipse Deus fons omnium bonorum est insatiabilis satians satietas. Duæ sunt beatitudines, una minor Paradisi, altera major cœlestis regni. (Nous n’en avons aucune idée, et nous ne pouvons déduire la notion de bonheur que d’une manière négative de celle de malheur.) ...... Sicut ferrum alicujus capiti si esset infixum et sic can dens per omnia membra transiret, sieut ille dolorem haberet, ita ipsi per contrarium modum in omnibus membris suis interius et exterius voluptatem habent...... O qualem voluptatem visus ipsi habebunt, qui ita clausis sicut apertis oculis videbunt...... O qualis voluptas anditus illoruro, quibus incessanter sonent harmonise cœlorum et con-centus Angelorum, dulcisona organa omnium Sanctorum. Olfactio qualis, ubi suavissimum odoremde ipso suavitatis fonte haurient, et odorem de Angelis et omnibus Sanctis percipient. Eia qualis voluptas gustus, ubi epulantur et exultant in conspectu Dei, et, cum apparuerit gloria Dei, saturabuntur et ab ubertate domus ejus inebriabuntur (P8. Ixxvi. Ps. xvi. Psaume xxxv). Voluptas tactus qualis, ubi omnia aspera et dura aberunt, et omnia blanda et suavia arridebunt. — Le souvenir des péchés commis autrefois, mais maintenant expiés, ne troublera pas non plus la jouissance de la félicité céleste. Chap. 79. Sur la béatitude qui naît de la communion des saints, voir ibidem : Nihil plus cupient, quam babebunt, et nihil plus potest adjici gaudio eorum. Quod enim quisque in se non habuerit, in altero habebit, ut v. g. Petrus dans Joanne, gloriam habebit virginitatis, Joannes dans Petro gloriam passionis. Et ita gloria uniuscujusque erit omnium, et gloria omnium uniuscujusque erit ...... 0 Deus, quale gaudium habebunt, qui Patrem in Filio, et Verbum in Pâtre, et Spiritus Sancti charitatem in utroque, sicuti est, facie ad faciem semper videbunt. Gaudium habebunt de consortio Angelorum, gaudium de contubernio omnium Sanctorum.

5 D’après Thomas d’AquinQu. 95, art. 2, on peut faire la distinction suivante entre la béatitude et le dos : Dos datur sine meritis, sed beatitudo non datur, sed redditur pro meritis. Præterea : beatitudo est una tantum, dotes vero sunt plures. Præterea : beatitudo inest homini secundum id quod est potissimum in eo, sed dos etiam in corpore ponitur. — D’après l’art. 5, il y a trois dotes : visio, quæ fidei, comprehensio, quæ spei, fruitio, quæ charitati respondet Sur le rapport dans lequel se trouvent les auréoles particulières à la couronne (aurea), voir Qu. 96. Art 1 : Præmium essentiale horninis, quod est ejus beatitudo, consistit in perfecta conjunctione animæ ad Deum, in quantum eo perfecte fruitur, ut viso et amato perfecte : hoc autem præmium metaphorice corona dicitur vel aurea ; turn ex parte meriti, quod cum quadam pugna agitur, turn etiam ex parte prœmii,per quod homo eflici-tur quodammodo divinitatis particeps, et per consequens regiœ potestatis. ...... Significat etiam corona perfectionem quandam ratione figuræ circu-laris, ut ex hoc etiam competat perfection ! Beatorum. Sed quia nihil potest superaddi essential !, quin sit eo minus : ideo superadditum præmium aureola nominatur. Huie autem essentiel ! præmio, quod aurea dicitur, aliquid superadditur dupliciter : uno modo ex conditione naturæ ejus, qui præmiatur, sicut supra beatitudinem animæ gloria corporis adjungitur, unde et ipsa gloria corporis interdum aureola nominatur...... ; Alio Modo ex ratione operis meritorii, etc. Dans l’art. 2. L’auréole se distingue encore du fructus : Fructus consistit in gaudio hsbito de depositions ipsius ope : a ! tis, au* reola in gaudio perfectionis operum (l’un est la récompense subjective, l’autre est la récompense objective). Comparez les notes suivantes.

6 Suso, Von der unmässigen Freude des Himmelreichs (cité par Diepenbrock1 p. 293, ss. W ackernagels Lesebuch, i. Sp. 881, ss.) : *״ Maintenant, lève-toi avec moi, je te conduirai à la contemplation, et je te ferai jeter un regard sur une parabole. Voici ! Au-dessus du neuvième ciel, qui est beaucoup plus de cent mille fois plus grand que notre globe entier, il y a encore un autre ciel, qui s’appelle Cœlum empyreum, et qui tire son nom, non de ce qu’il est une substance ardente, mais de l’éclat intense et brillant qu’il possède par nature. Elle est immuable et immuable, et c’est la cour glorieuse où habitent les armées célestes, et où l’étoile du soir, et tous les enfants de Dieu, chantent une louange et une adoration incessantes. Il y a les trônes éternels, entourés de la lumière incompréhensible, d’où les mauvais esprits ont été chassés, et qui sont maintenant occupés par les élus. Voyez la ville merveilleuse resplendissante d’or pur, scintillante de perles précieuses, incrustée de joyaux précieux, transparente comme un cristal, resplendissante de roses rouges, de lys blancs et de toutes sortes de fleurs vivantes. Maintenant, jette tes propres yeux sur les beaux champs célestes. Oui! contemplez les délices de l’été, les prairies du mois de mai lumineux, la vraie vallée des délices ; contemplez des moments heureux passés dans l’amour mutuel, des harpes, des violes, des chants, des bonds, des danses et des plaisirs sans fin ; Contemplez l’accomplissement de tous les désirs, et aimez sans chagrin, dans une sécurité éternelle. Et voici, autour de toi, la multitude innombrable des rachetés, buvant à la fontaine d’eau vive selon le désir de leur cœur, et regardant dans le miroir pur et clair de la Divinité non voilée, dans laquelle toutes choses leur sont manifestées. Procéder De plus, voici la douce reine de la patrie céleste, que tu aimes avec tant d’intensité, occupant son trône avec dignité et joie, élevée au-dessus de toutes les armées célestes, entourée de fleurs roses et de muguets. Voici sa merveilleuse beauté qui répand la joie, les délices et la gloire à toutes les armées célestes, etc. Voici les chérubins brillants et leur compagnie, recevant une émanation brillante de la lumière éternelle et incompréhensible, et les principautés et puissances célestes jouissant d’un doux repos en moi, et moi en elles... Voici mes disciples élus, et mes meilleurs amis, occupant les vénérables trônes du jugement dans une grande paix et un grand honneur ; Voyez les martyrs resplendissants dans leurs robes rouges comme des roses, les confesseurs resplendissants de leur splendide beauté, les tendres vierges resplendissantes d’une pureté angélique, et toute l’armée céleste jouissant de la douceur divine ! Oui, quelle compagnie, et quel pays heureux ! Mais Suso considère tout cela comme une simple image. À son avis, le vrai bonheur, « la récompense essentielle », par opposition à celle qui est « accidentelle », consiste dans l’union avec Dieu. — P. 296 : La récompense essentielle consiste dans l’union de l’âme avec la pure Divinité dans la vision béatifique. Car jamais plus l’âme ne peut être en repos jusqu’à ce qu’elle soit élevée au-dessus de toutes ses puissances et de toutes ses possibilités, et amenée dans l’essence même de la personne, dans la simplicité naturelle de son essence. Et dans ce cas, l’union et la réaction, elle trouve sa satisfaction et sa béatitude éternelle ; Plus l’extraverti est entier et simple, plus l’ascendant est libre, plus l’entrée est sûre.l’ancre dans le désert sauvage et l’abîme profond de la divinité essentielle, avec laquelle elle sormais, se tourmentait et s’unissait ; de sorte qu’il ne veut rien d’autre que ce que Dieu veut et devient le même que Dieu est ; il devient béni par la grâce, comme il est béni par la nature. Cependant, tout en exaltant cette « engloutissement » de l’esprit humain dans le divin, Suso insiste sur la perpétuité de la conscience individuelle. « Dans cette absorption de l’âme dans la divinité, elle s’évanouit, mais pas entièrement ;elle acquiert quelque propriété de la divinité, mais elle ne devient pas Dieu essentiel ; tout ce qui lui arrive vient par la grâce, car l’âme est une existence, créée à partir de rien, éternellement aimée et favorisée. Schmidt) ubi supra, 50 (Diepenbrock, 227). Comparez les dialogues de Suso « avec les dialogues sauvages » qui montrent que les disciples d’Eckart étaient divisés en deux classes, dont l’une adoptait les conséquences panthéistes de son système, et l’autre non ; Suso appartenait à cette dernière classe.

7 Elucidarium v. 80 : Ecce, sicut isti amici Dei decore maximo illustran-tur, ita illi maximo horrore deturpantur. Sicut isti summa agilitate sunt alleviati, ita illi summa pigrititia prægravati. Sicut isti præcipuo robore solidatij ita illi sunt præcipua invaletudine débilitât !. Sicut isti auguste libertate potiuntur, ita illi aiïxia servitute deprimuntur. Sicut isti immensa voluptate deliciantur, ita illi immensa miseria amaricantur. Sicut isti egregia sanitate vigcnt, ita illi infinita infirmitate deficient. Sicut isti de beata immortalitate triumphantes lætantur, ita illi de dolenda sua diuturni-tate lamcntantur. Sicut isti politi sunt splendore sapientiæ, ita illi obscurati sunt horrore insipientiæ. Si quid enim sciunt, ad augmentum doloris sciunt. Sicut istos dulcis amicita copulat, ita illos a !nara inimicitia excruciat Sicut isti concordera concordiam cum omni creatura habentcs, ab omni creatura glorificantnr, ita illi, cum omni creatura discordiam habentes, ab omni créa-tura execrantur. Sicut isti summa potentia sublimantur, ita illi summa im-potentia augustiantur...... Sicut isti ineffabili gaudio jubilantes, ita illi mœrorc sine fine ejulantes, etc... . D’après Thomas d’Aquin, quest. 97, art. 4, les ténèbres extérieures règnent dans l’enfer, et l’on n’admet que la quantité de lumière qui est suffisante pour voir ce qui doit tourmenter les âmes. Le feu est (selon les art. 5 et 6) un feu réel, matériel, qui ne diffère que sur quelques points (mais pas spécifiquement) du feu terrestre. Il est sous la surface de la terre, etc. — Gilbert de Nogent) mais nia que le feu fût matériel (il mourut en 1124). Voir Gieseler) Dogmengesch. 564. [Gilbert, dans son De Pignoribus Sane-torum, lib. iv. ca4, dit que les peines de l’enfer consistent dans les douleurs d’une mauvaise conscience.] Une description complète des tourments de l’enfer est donnée par Dante. Les descriptions de Dante sont peut-être tirées de l’Elucidarium, qui est imprimé parmi les œuvres d’Anselme, mais qui n’est pas le sien ; on l’a aussi attribué à Gilbert de Nogent, L’Elucidarium a été librement utilisé par Thomas d’Aquin.]

8 Thomas d’Aquin) Qu. 98, Art 2 : Pœnitere de peccato, contingit <lupliciter. Uno moào per se, alio modo per accidens. Per se quidem de peccato pœnitet, qui peccatum, in quantuip est peccatum, abominatur. For I accidens vero, qui illud odit, ratione alicujus adjunct !, utpote pœnæ vel alicujus hujusmodi. Mali igitur non pœnitebunt, per se loquendo, de pec-catis, quia voluntas malitiæ peccati in eis remanet : pœnitebunt autem per ! Accidens, in quantum affligentur de pœna, quam pro peccato sustinent. (Il • ׳.. aeems pour impliquer d’une attritio, sine contritione.)

9 Loco cité, art. 6 : Post dicm judicii erit ultima consummatio bo norum et malorum, ita quod nihil erit addendum ulterius de bono vel de malo. Comp. Pierre Lombard, Lib. iv. Dist 50, A.

10 Elucidarium, 80 : Odium enim Dei habent...... Odium habent Angelorum...... odium habent omnium Sanctorum...... Odium a novo cœlo et a nova terra et ab omni creatura habent. Comp. Thomae d’Aquin1. c. Ait. 4 : Tanta erit invidia in damnatis, quod etiam propinquorum gloriæ in-videbunt, cum ipsi sint in summa miseria...... Sed tamen minus invident propinquis quam aliis, et major esset eorum pœna, si omnes propinqui dam-narcntur et alii salvarentur, quam si aliqui de suis propinquis salvarentur. (Il cite ensuite l’exemple de Lazare.) — De la haine que les perdus éprouvent pour Dieu, comp. art. 5. Dieu en tant que tel ne peut pas être haï, mais ratione effectuum.

11 Pierre LombardLib. iv. Dist. 50, G. Thomas d’AquinQu. 94, art· 2, 3. Ils sont témoins des souffrances des damnés, sans être vus de ces derniers. Pierre Lombard, 1. c. Litt. E. Thomas d’Aquin* Qu. 98, art. 9.

12 De Div. Nat v. 29, p. 265 : diversas suppliciorum formas non localiter in quadam parte, veluti toto hujus visibilis creaturæ, et ut simpliciter dicam, neque intra diversitatem totius naturae a Deo conditæ futures esse crediinus, et neque nunc esse, et nusquam et nunquam, sed in malarum voluntatum corruptarumque conscientiarum perversis motibus, tafdaque pœnitentia et infructuosa, inque perversæ potestatis omnimoda subversione, sive humana sive angelica creatura. Comp. c. 36, p. 288, c. 37, p. 294, et quelques autres passages. Frommüller (Tübinger Zeitschrift, 1830, partie 1, p. 84, ss. Guibert de Nogent avait des vues analogues, De Pignoribus Sanctorum (in Opp. ed. d’Achery. Par. 1651, fol.), Lib. c. 14, p. 3G3. Münscherédit, par von Colin, p. 96-98.

 Dans d’autres passages, cependant, Erigène parle d’un feu matériel, et illustre la possibilité d’une perpétuité par l’amiante et la salamandre ; De Præd. 17, 7. 19, 1. 4RiiierGesch. der Philosophie, vii. Débloquer le niveau 282.

13 La question a été posée, qu’est-ce que c’est que ce qui brûle dans l’enfer ? Les maîtres disent généralement que c’est de la volonté propre. Mais je dis, en vérité, que ce n’est pas le fait d’avoir [Nicht] qui constitue l’incendie de l’enfer. Apprenez cela à partir d’une parabole. Si vous preniez un charbon ardent et que vous le mettiez sur ma main, et que j’affirmais que le charbon me brûle la main, je me tromperais. Mais si l’on me demande ce qui me brûle, je réponds que c’est le fait de ne pas avoir, Je. Le charbon a quelque chose que ma main n’a pas. Vous voyez donc que c’est le non-avoir qui me brûle. Mais si ma main avait tout ce que possède le charbon, elle aurait la nature du feu. Dans ce cas, tu pourrais prendre tout le feu qui brûle, et le mettre sur ma main, sans me tourmenter. De la même manière, je dis : si Dieu, et ceux qui se tiennent devant sa face, jouissent de cela Le bonheur parfait, que ne possèdent pas ceux qui sont séparés de Lui, c’est le « non-avoir » qui tourmente les âmes en enfer plus que la volonté propre ou le feu. Predigt auf den ersten Sonntag nach Trinitatis, cité par Schmidt (Studien und Kritiken, 1839, p. 722.)

14 Schmidtcependant, pense qu’il est probable (1. c.) que l’affirmation de l’évêque de Strasbourg (citée par Mosheimp. 257), que les Beghards enseignaient, quod non est infernus, nec purgatorium (§ 206, note 9), était fondée sur une erreur. On dit en outre qu’ils ont soutenu : quod nullus dam-nabitur nec Judæus, nec Sarazenus, quia mortuo corpore spiritus redibit ad Dominum.

 

§ 210.

L’ÉTERNITÉ DU CHÂTIMENT DE L’ENFER. RESTITUTION DE TOUTES CHOSES.

Jean Scot Érigènesur la base de l’universalité de la rédemption, s’est aventuré à faire revivre la notion d’Origène, concernant la restitution de toutes choses, sans nier l’éternité des peines de l’enfer.1 Cette idée rencontra l’approbation des sectes mystiques. 2 L’Église catholique, cependant, a simplement conservé la doctrine de l’éternité des peines de l’enfer ; 3 comme l’illustre la suscription concise de l’enfer de Dante. L’imagination des mystiques orthodoxes, enflammée par la vision d’un malheur infini, s’y attardait péniblement pour toujours et à jamais. 5

1 Érigène soutint, avec Augustin, l’éternité des peines de l’enfer, De Div. Nat., v. 31, p. 270. Néanmoins il dit, p. 72 : Aliud est omnem malitiam general iter in omni humana natura penitus aboleri, aliud phantasias ejus, malitiæ dico, in propria conscientia eorum, quos in hac vita vitiaverat, semper servari, eoque modo semper puniri. Comp. v. 26, p. 255,66, v. 27, p. ' 260 : Divina siquidem bonitas consumet malitiam, æternavita absorbet mortem, beatitudo miseriam...... nisi forte adhuc ambigis dominum Jesum humanæ naturæ acceptorem et salvatorem non totam ipsam, sed quantulam-cunque partem ejus accepisse et salvasse. Frommüller1. c. pp. 86, 87.

4 Chant III. v. 9 : « Fe qui entre ici, laisse toute espérance derrière lui »

5 Suso (Bttchlein von der Weisheit, cap. xi. Von immerw&hrendem Weh der Hoile, cité par Diepenbrockp. 289, 290, par Wackernagel, Sp. 879), s’exprimait ainsi : ! la misère et la douleur, elles doivent durer éternellement. O ! Éternité, qu’es-tu ? O ! fin sans fin ! Ô mort qui est au-dessus de toute mort, mourir à chaque heure et pourtant ne pas pouvoir jamais à mourir ! O ! Père et mère et tous ceux que nous aimons ! Que Dieu soit miséricordieux envers toi pour toujours ; car nous ne te verrons plus pour t’aimer ; nous doivent être séparés pour toujours ! Ô séparation, séparation éternelle, que tu es douloureuse ! O ! l’essorage des mains ! O ! des sanglots, des soupirs et des pleurs, des hurlements et des lamentations incessants, et pourtant on ne les entend jamais .... Donnez-nous une meule, disent les damnés, aussi grande que la terre entière, et si large de circonférence qu’elle touche le ciel tout autour, et qu’un petit oiseau vienne une fois tous les cent mille ans, et qu’il enlève une petite particule de la pierre, pas plus grosse que la dixième partie d’un grain de millet, et après cent mille ans encore, qu’il revienne, afin qu’en dix cent mille ans il cueille autant qu’un grain de millet, nous misérables pécheurs, nous ne demanderions rien d’autre que que lorsque cette pierre aura fini, nos peines cesseront aussi ; Pourtant, même cela ne peut pas être !

 

QUATRIÈME PÉRIODE.

DE LA RÉFORME À L’ESSOR DE LA PHILOSOPHIE DE LEIBNITZ ET WOLF EN ALLEMAGNE : DE L’ANNÉE 1517 À 1720 ENVIRON.

L’ÂGE DU SYMBOLISME POLÉMIQUE-ECCLÉSIASTIQUE ; LE CONFLIT DES CONFESSIONS DE FOI.

A. HISTOIRE GÉNÉRALE DES DOCTRINES AU COURS DE LA QUATRIÈME PÉRIODE.,

§ 211.

INTRODUCTION.

Sur les sources, et les ouvrages sur l’histoire de la Réforme, comparez Hase, Church History, édition de New York, p. 358, sq., et Gieseler, Church History, édition de New York, V0L IV. à la p. 9, SQ.

La Réforme du XVIe siècle n’était ni une simple réforme scientifique de la doctrine, ni une révolution qui n’affectait que les relations extérieures de la vie (la politique ecclésiastique et la forme du culte), sans toucher aux questions doctrinales. Il s’agissait plutôt d’une réforme globale de l’Église sur la base de la foi évangélique nouvellement éveillée, telle qu’elle se manifestait dans ses aspects pratiques et moraux. De même que le christianisme primitif n’a pas présenté à ses adhérents un schéma complet de théologie systématique, de même ceux qui ont restauré une religion pure et scripturaire n’ont pas fait de leur premier objectif d’établir un système parfait et définitif de doctrines. Le cœur et les actions du cœur ont précédé, les formes scientifiques de l’énoncé ont suivi une lente progression. C’est ainsi que la publication des 95 thèses (31 octobre 1517), dans lesquelles Luther se prononça contre Tetzel pour des raisons morales élevées, et le zèle déployé par Zwingle à peu près à la même époque pour combattre les abus de l’Église et les corruptions de son époque, devinrent le signal de nouvelles luttes. L’attaque contre la vente des indulgences ébranla la scolastique jusque dans ses fondements. À partir de là, l’opposition à tout ce qui n’était pas scripturaire dans la constitution de l’Église, aussi bien que dans ses doctrines, s’étendit bientôt davantage, bien que son succès ne fût pas partout le même.

« Les questions concernant les principes philosophiques ultimes n’étaient, dans l’ensemble, pas dans l’esprit et les pensées de cette époque » : Baumgarten-CrusiusCompendium der Dogmengeschichte, L p. 326. Ce n’est ni la jalousie vulgaire des ordres monastiques les uns contre les autres, ni même un simple intérêt théorique, si noble qu’il ait pu être, qui a conduit Luther dans la voie de la réforme. Luther est devenu un réformateur parce qu’il a mal appris au confessionnal les besoins spirituels du peuple. C’était par sympathie sincère pour les âmes simples et honnêtes, qu’il voyait abandonnées à la volonté arbitraire du sacerdoce, et trompées à l’égard du plus grand bien de la vie Der heutige Protestantismus, seine Vergangenheit und seine heutige Lebensfragen, Frankf, 1847, p. 15. Voir aussi Gass, Gescb. d. Protestation. Dogmatik, i. p. 7, sq. [BeuterEigen thtanlichkeit d. sittlichen Leadens des Protest, im Verhâltnisse zum ! Catholicisme, à Jahrb. £ d. TheoL, 1860. Brownson’s Qu. Rev., janvier 1855. WhatelyErreurs du romanisme attribuées à la nature humaine, 1849.]

 

§ 212.

LES PRINCIPES DU PROTESTANTISME.

* Gôbel, M., La particularité religieuse des Églises luthériennes et réformées. Bonn, 1837. DomerLe principe de notre Église selon la relation intérieure de ses deux scientifiques., Kiel, 1842. * SchenkdL’essence du protestantisme aux sources, 3 vol., Schailli. 1846-52Ibid., Le principe du protestantisme avec une considération spéciale des négociations récentes, Scbaffh. 1852J. H. Merle d’Aubigné, Luther et Calvin, ou le luth, il réforme. L’Église dans sa diversité et son essentiel. Unité; German von P. E. GottheüBaireuth, 1849. [Anglais, dans D’Aubigne and his Writings, New York, 1846, pp. 245-273 ; comp. Christ and Protest., ibid. pp. 125-145.] F. BaurÉtudes critiques sur l’essence de la protestation dans le Jahrb de Zeller, 1847, p. 8. 506sq. H. HeppeDogmatique du protestantisme allemand, dans le 16e Jahrb. [3 vol. Gotha, 1857-1859.] Voir les œuvres mentionnées dans les sections suivantes. [Pour Compte-rendu de l’œuvre de Schenkep par Hagenbach, voir Studien und Kritiken, janv. 1853 ; De Wette sur SchenketibicL, 1848. C. BeckD. Princip des Protest in Stud. u. Krit., 1851. F. A. Holzhausen, Der Protestantism. 3 Bde. 1846, 8q. Hundeshagend. deutche Protestantism..3d ed., 1849 . Thiersch, Protest il KathoL DietleinProtest and KathoL Halle, 1854. Twesten, sur Cathol. et Protestation in bis Dogmatik d. Luth. Église, L 8. 96-217 ; et Princip ds. Protestation, ibid., a 273-282. Baur, D. Princip d. Protestation dans TheoL Jahrb. (Tübingen), 1855. De RemusatProtestation et réforme, dans la Revue des deux Mondes, juin 1854. RotheZur Dogmatik, dans Stud, und Kritik., 1855, a 779sq., sur les deux princi-pies protestantes, comme des aspects différents d’une même vérité. J. E. CoxProtestation et papisme contrastés, 2 vol., Ox£, 1851. Oxford Tracts for Times, passim.]

Le principe commun sur lequel les réformateurs se sont implantés n’était que le principe du christianisme lui-même, tel qu’il est révélé dans les Écritures canoniques. La seule différence résidait dans la manière dont ils atteignaient et appliquaient respectivement ce principe, qui était en fonction de leurs caractéristiques personnelles et de circonstances extérieures. Luther, par l’expérience profonde de son cœur et de sa vie, a été conduit au principe matériel du protestantisme, c’est-à-dire à la justification par la foi, qui est le point central pour la juste compréhension du développement de tout le système théologique protestant. C’est à cela que se rattache la rupture avec l’autorité de l’Église et la soumission à l’autorité de l’Écriture, ou principe formel de la Réforme. Les deux principes vont de pair. Bien qu’il y ait une vérité relative dans cette remarque, que la Réforme, telle qu’elle a été suscitée et dirigée par Luther en Allemagne, a mis le plus l’accent sur le principe matériel, et que le mouvement zwinglien (plus tard, calviniste ou réformé) en Suisse a prépondéré en faveur du principe formel . mais la différence de ces deux tendances principales, qui ont surgi dans le sein du protestantisme, ne s’explique pas pleinement et d’une manière satisfaisante par leur différence sur ce point. 3

1 Voir A. SchweizerGlaubenslehre der evang. Réf. Kirche, Zürich, 1844, Bd. i. 8. 3Baur, Lehrbuch d. Dogmengesch. [8. 272-284, 2e éd. Baur dit que la différence la plus générale entre le catholicisme et le protestantisme se trouve dans la relation différente, dans laquelle ce qui est extérieur et ce qui est intérieur dans la religion, sont mis l’un à l’autre. Aussi extérieur que soit le catholicisme, autant le protestantisme est intérieur. En opposition à l’extériorité du catholicisme, l’idée fondamentale du protestantisme est celle de la valeur absolue du sentiment religieux, par opposition à tout ce qui est purement extérieur. Tout ce qui est extérieur n’a de valeur que par rapport à cette expérience et à cette conviction intérieures. Sous cet aspect, le principe de subjectivité est le principe du protestantisme ; Mais ce n’est qu’un aspect de sa nature. L’autre, tout aussi essentiel, est l’élément objectif, c’est-à-dire que, dans tout ce qui concerne son salut, l’homme dépend entièrement de Dieu et de la grâce divine. La liberté et la dépendance, l’auto-activité et la dépendance absolue, constituent ensemble l’essence du protestantisme ; comme cela se manifeste de la manière la plus frappante dans la première époque de son histoire. Et c’est là aussi que se trouvent les éléments du problème, qu’elle n’a cessé de discuter depuis.]

2 m. Goebel, ubi précité. Comparez Ullmanndans les Études et critiques, 1843, 8. 756, sq.

3 SchweizerGlaubenslehre, i. 35, 38, 40. Schenkel, Wesen des Protest i. 11. EbrardAbendmahlslehre, ii. 25, sq. La différence des deux a aussi été ainsi énoncée : l’un (le luthérien) était principalement voué à s’opposer au judaïsme, et l’autre (le réformé) à s’opposer au paganisme de l’ancienne Église ; c’est ainsi que Herzog dans Tholuck’s lit. Anzeiger, 1838, n° 54sq. * Schweizer, ubi supra, 8. 15. Mais même cela ne peut se faire sans réserves. Schweizer dit que la particularité de la théologie réformée (calviniste) consistait à s’en tenir à l’idée absolue de Dieu en opposition à toute idolâtrie de la créature, tandis que le centre de gravité du système luthérien doit être recherché dans le domaine de l’anthropologie. La position d’Ebrard (ubi supra, 27) est que le principe matériel de la justification par la foi est commun aux deux, et que la différence consiste en ceci que Luther a mis l’accent sur cette justification (subjectivement) en opposition aux œuvres, tandis que Zwingle a insisté sur elle (objectivement) en contraste avec la médiation et la réconciliation humaines. On dit qu’il existe entre les principes de la réforme luthérienne et celle de la Réforme zwinglienne, mais une différence simplement dans le mode de combinaison des conditions extérieures et intérieures, sous lesquelles les principes communs ont été établis et modifiés. Comp, ci-dessous § 219, note 3. [Voir aussi . Zfaur, Dogmengesch., ubi supraqui dit que le véritable antagonisme protestant contre le catholicisme se trouve dans le calvinisme, et là aussi dans la doctrine même, qui fut d’abord commune à tous les réformateurs, mais qui n’atteignit son développement systématique que dans le calvinisme, c’est-à-dire dans le décret absolu. À l’absolutisme catholique de l’Église extérieure s’opposait l’absolutisme calviniste du dessein divin : il est immanent à Dieu. La théologie de type mélanctonien, avec son principe de liberté morale, est ici, du côté protestant, l’antagonisme du calvinisme. Le luthéranisme strict n’est qu’intermédiaire entre les deux, historique, plutôt qu’idéal ou matériel. Voyez aussi, pour le point de vue réforméSchneckenburger, dans Orthodoxe Lehre von dem doppelten Stande Christi nach luth. u. réf. Fassung, 1848, et ses dissertations au Stud. u. Krit, 1847, et dans le Theol. JahrK (Tübingen), 1848 ; également dans son œuvre posthume Vergleichende Darstellung, d. ref. u. luth. Lehrbegriffs, 1865, et la recension de Schweizer de ce dernier ouvrage dans le Theol. Jahrb., 1856.]

 

§ 213.

RAPPORT DE L’HISTOIRE DES DOCTRINES DE LA PÉRIODE ACTUELLE À CELLE DES PÉRIODES ANTÉRIEURES. (SYMBOLISME.)

Comparez Vol. I. § 4,13,16. Remarque 9.

Les événements importants qui se sont produits à l’époque actuelle, l’introduction de nouvelles relations affectant tout le développement de l’Église, la division de la chrétienté en deux grandes sections, à savoir les protestants et les catholiques de Rhoman, la séparation entre les luthériens et les calvinistes (l’Église réformée), qui ont eu lieu à une époque précoce, et le schisme persistant entre les Églises catholiques romaines et les Églises orthodoxes grecques, rendent nécessaire l’adoption d’une autre méthode dans le traitement de l’histoire des doctrines. Nous aurons à considérer séparément le développement dogmatique de chacune de ces grandes sections de l’Église, ainsi que la relation dans laquelle elles se trouvent les unes par rapport aux autres. Nous ne devons pas non plus passer sous silence ces partis religieux qui firent leur apparition dans l’agitation de ces temps-là, et qui ne se joignirent à aucun des grands corps, mais s’opposèrent à chacun d’eux et furent considérés par eux comme hérétiques. Et c’est là aussi que se trouve l’élément déterminant, qui donne une nouvelle forme à l’histoire des doctrines, de sorte que, dans son flux, elle s’élargit sous la forme du symbolisme.

 

I. L’ÉGLISE LUTHÉRIENNE.

§ 214.

LUTHER ET MELANCTHON.

Pfizer, G, Leben Luthera. Stuttg., 1846 (avec les autres ouvrages biographiques, anciens et modernes, de Spieker, Meurer, Jurgens, Gelzer, etc. Voir les Histoires de l’Église de Hase et de Gieseler.) J. G. PlanckGesch. d. Entstehung, Veranderung u. Bildung des Prot Lehrbegriffs. Lpz., 1791-1800, vii. Bde. Ph. MarheinekeGesch. d. deutschen Reformation bis 1555, iv. Bde., Berlin, 18318q. L. Rankedeutsche Gesch. im Zeitalter d. Reform., v. Bde., BerL, 183943־. [Version anglaise, par Sarah Austin, rééditée dans Phil, 1844 ; VI. Livres.] DieckhoffLuther’s evang. Lehrgedanken, dans Deutsche Zeitschrift, BerL, Mai, 1852. [Weisse, Die Christologie Luther’s, 1858. C. F. G. HeldDe Opere Jesu Christi salutari quid M. Lutherus senserit demonstratur, Gôtting. 1860Hare’s Mission of the Comforter, Appendice, sur les vues de Luther contre Sir Wm. Hamilton, 1855 : voir Brit, and For. Trimestriel, 1856. Lehre von d. de Luther Gnade, dans TheoL Zeitschrift, 1860. H VorreiterLuther’s Ringen mit d. antichristL Princip d. Révolution, 1860. Autres biographies de Luther par Audin (Rom. Cath.) 2. Paris, 1841, (six éditions), trad., Phil., 1841 : par Michelet, Paris, 1845, trad ., New York, 1846 : Esquisse de Dellinger, 1851, trad., Lond., 1851 : J . E. RiddleLond., 1837 : J. Scott, N. Y. ed., 1853 : Henry Worsley, 2. 8 vol., Lond., 18567־. Rosseeuw St. HüaireVie et travaux de Luther, trad. de l’abbé Chrétienne, dans Brit et For. Ev. Rev., janv. 1841. Ohs. de Rémusatdans la Revue des deux Mondes, 1854. Bunsen, dans l’Edinburgh EncycL, 8e éd. Kostlin dans Herzog’s RealencycL Comp. Merle d’AùbignéHist Reform., 5 vol., Paris, 18358q., Edinb. et New-York, en diverses éditions. Dans le projet Leben und Schriften der Vater der lutherischen Kirche, Luther de Schneider, 2 Bde.]

Melancthon.—F. Galle, Versuch einer Charakteristik Melancthons, 1840. [A. H. NiemeyerMel. als Præceptor Germaniæ, Halæ, 1817 MatthesAltenb., 1841 C. E. Led· derhose, Life of MeL, transi, par KrotelNew York, 1854 : Life, par CoxLond. et Bost, 1835. Nttzschdans Deutsche Zeitschrift, 1855. J. E. VolbedingMeL wie er leibte und lebte., 1860. J. F. T. Wohlfarth, Zum Secular-Andenken, 1858. Planck, MeL Præceptor Germ., 1860. Scfdottman, De PhiL MeL reipubl. litt. Réforme., Bonn, 1860. Oraisons de Domer, Saupp et Gündert à Jahrb. f. deutsche TheoL 1860. Discours de Richard Rothe, trad. par E. N. White, dans Am. TheoL Rev., 1861. vie de MeL par C. Schmidtdans l’ouvrage proposé, Leben d. Vàter d. luth. Kirche.]

On peut dire , d’une part, que le Dr Martin Luther est devenu le réformateur de l’Église allemande, et donc le réformateur d’une grande partie de l’Église universelle, par son grand caractère personnel et sa carrière héroïque, par la publication de ses thèses, par des sermons et des exposés de l’Écriture, par ses sermons et ses exposés de l’Écriture. par des disputes et des écrits audacieux et polémiques, par de nombreuses lettres et épîtres circulaires, par des mémoires et des jugements sur des points controversés, par des relations avec des personnes de toutes les classes de la société, par des maximes et des hymnes pointus, mais surtout par sa traduction des Saintes Écritures en langue allemande. 7 D’un autre côté, c’était l’œuvre de Philippe Mélancthon, plus calme et plus érudit, de conduire le puissant courant de la vie de foi nouvellement éveillée dans un canal circonscrit. En plus de nombreux autres ouvrages théologiques précieux, il a composé le premier recueil des doctrines de l’Église protestante (Loci Communes sive Theologici), qui a servi de base à d’autres traités. 8

1 Il naquit à Eisleben le 10 novembre 1483. — En l’an 1507, il entra au monastère des Augustins à Erfurt, se retira l’année suivante à Wittenberg, où il enseigna d’abord la philosophie, puis la théologie, fit un voyage à Rome en 1510, et obtint son grade de docteur en théologie en 1512. — Publication des thèses en 1517. 31 octobre.— Luther est convoqué devant le pape.— Entrevue avec Cajetan à Augsbourg, octobre 1518.—Entrevue avec Miltitz.—Controverse avec Eck, Wimpina et d’autres.—Dispute de Leipzig, juin 1519.—Excommunication de . Luther, 1520. — Il brûle la bulle et les décrets pontificaux 1520, déc. — Diète de Worms sous l’empereur Charles-Quint. — Défense de Luther à cette occasion (avril 1521). — Il est mis hors la loi et contraint de s’établir dans la Wartburg (de mai 1521 à mars 1522). — Il quitte sa cachette pour s’opposer aux prophètes de Zwickau. — Propagation de la Réforme en Allemagne, à partir de Wittenberg. — Guerre des paysans, controverse sur les sacrements, mariage de Luther (1524-1525). — Visite des églises, 1527. — Diète d’Augsbourg, 1530. — Résidence de Luther à Cobourg. — Une période de souffrances et de vexations multiples. — Sa mort en 1546, février. 18. — Les éditions complètes de ses œuvres sont : celle de Wittenberg, douze volumes en allemand (1539-59), et sept volumes en latin (1545-58 ) ; celle d’Iéna, huit volumes en allemand (1555-58), et quatre en latin (1556-58), en plus de deux volumes supplémentaires ont été publiés par Aurifaber. Eisleben 1564, 65 ; celui d’Altenbourg, en dix volumes en allemand (1661-64) ; celui de Leipzig, en vingt-deux volumes (1729-40) ; et enfin, celui de Halle, édité par Walch, en vingt-quatre volumes (1740-50). Voir Gieseleriv. p. 9, et Rotcrmund, H. P., Verzeichniss der verschiedenen Ausgaben der sammtlichen Schriften Luthers. Brême, 1813. 8. [Luther’s Siimmtliche (Deutsche) Werke, herausg. J. K. Irmischer, 67 Bde., Frankf. a. m., achevé, 1856 ; L.'s Exegetica Opera Latina, curavitH. Schmidt, 22 vol., jusqu’en 1860, Francof.] Luther n’a pas composé un système de théologie doctrinale, mais d’autres l’ont compilé à partir de ses écrits. C’est ce qui a été fait , par ex. par Heinrich Majusprofesseur à Giessen, qui a écrit : Lutheri Theologia pura et sincera, ex Viri divini Scriptis universis, maxime tamen Latinis, per omnes fidei Articulos digesta et concinnata, (Francof. ad. M. 1709, avec un supplément.) Des œuvres similaires ont été composées par Timoth. Kirchner, Andr. Mus· cuius, Théodos. Fabricius, Michael Neander (Theologia Megalandri Lutheri. Eisl. 1587. 12), Elias Veiel. Voir Sender, Einleitung zu Baumgarten’s Glau-benslehre ii. p. 146. HeinrichGeschichte der Lehrarten, etc., p. 248.

2 On les trouve dans la Reformationsacten de Löscher, i. p. 438, ss., et Herm. von der Hardt, Historia Reformat. Litt. P. iv. p. 16. Comparez aussi GieselerChurch Hist. iv. p. 19, note, où l’on peut trouver les thèses les plus importantes. Toute la vie des croyants sur la terre doit être une vie de repentance incessante ; c’est la somme et le noyau de ces thèses, et du protestantisme évangélique Schenkel, Die Reformatoren. 6. Chapitre 24.

3 Pour un compte rendu des différents recueils de sermons, homélies, etc. (Kirchen- und Hauspostill, etc.), voir Lentz, Geschichte der christlichen Homiletik, ii. pp. 22, 23. — Ses œuvres exégétiques (e. gson commentaire de l’épître aux Galates, 1535-1538), sont utiles dans l’histoire des doctrines.

Les divers écrits controversés qu’il composa en opposition, tant aux partisans de l’ancien système qu’aux corrupteurs réels ou supposés des nouvelles doctrines, ainsi qu’aux rapports des disputes publiques, seront spécifiés dans leurs rapports propres dans l’histoire spéciale des doctrines.

5 Briefe, Sendschreiben und Bedenken, édité par de Wette, cinq volumes, Berlin, 1825-28 ; Vol. vi., éd. Seidemann, 1856. (Comp., la table chronologique de de Wette, préfixée à ces épîtres, avec celle de la note 1 ci-dessus.)

6 Gebauer, Luther als Kirchenliederdichter. Leipzig, 1828. La dernière édition parut sous les soins de Winterfield, 1840. Les maximes de Luther sont pour la plupart rassemblées dans le « Tischreden » (t. e. Table-talk), publié par Anrifaber. Une édition du Tischreden, par Forstemann et Bindseil, 1844-48. [Une traduction, avec Life, par A. Chalmersdans le vol. 127 de la Bohn’s Standard Library, Londres.]

7 La traduction de la Bible fut commencée pendant son séjour à la Wartburg, et celle du Nouveau Testament fut achevée en 1522. La première traduction allemande de toute la Bible a été publiée par Hans Lufft à Wittenberg, en 1534 (comparez les éditions de 1541.45). On trouvera de plus amples détails dans Panzer, G, W, Entwurf einer vollstând. Geschichte der Bibelûbersetzung Dr. M. Luthers. Nürnb. 1783. 8, et les autres ouvrages sur ce sujet écrits par Marheineke, Weidemann, Lucke, Schott, Grotefend et Mann (Stuttgart, 1835.) Comparez Gieseleriv. 65, note. Hopfsur cette traduction, 1847.

8 Son nom primitif était Schwarzerd ; il naquit à Bretten, dans le Palatinat, le 16 février 1497 ; et a donné des conférences à l’université de Wittenberg. Il fut surnommé Prœceptor Germaniæ. Ses conférences sur l’épître de Paul aux Romains ont donné lieu à son célèbre ouvrage : Loci Communes Rerum Theologicarnm sen Hypotyposcs Theologi ». 1521 en 4to. La même année, il fut également publié en in-8 ; Il a connu plus d’une centaine d’éditions, dont plus de soixante sont parues de son vivant. ,Les Loci ont été plusieurs fois améliorés, et à partir de l’année 1550 publiés sous le titre : Loci Prœcipui Theologici. Comp. Herm. von der Hardt, Hist. Réforme. Litière. P. iv. p. 30 et 88. L’une des meilleures éditions tardives est celle d’Augusti , Lips. 1821H. Balthasar, Historia Locorum Phil. Melanc. Gryphisw. 1761. — Luther (De servo Arbitrio) a appelé l’ouvrage : in-victum libellum, non solum immortalitate, sed canone etiam ecclesiastico dignum· Comparez le passage cité de son « Tischreden » par Galle, p. 20. Strobel, Litterargeschichte von Phil. Melancthon’s Locis Ibeologicis Altdorf und Nürnberg 1776. 8. Sur d’autres écrits doctrinaux et polémiques de Mélancthon, voir Heinrich) L c. p. 268, ae. Cuisine L c. Bret-schneider, Corpus Reformatorum T. i.—xxviii. Schwarz, Melancthon’s Loci nach ihrer weiteren Entwicklung (Stud. u. Kritik., 1867, 8. 297 : cf. ibid., 1866. GassGesch. d. Prot. Dogmatik, 28. HeppsDogmatik des dents-chen Protestation 8· 9éq. Bretschneider, Corpus Reformat, xzi. et xxii. (une collection critique des différentes éditions par Bindseil.) L’édition des œuvres de Mélancthon, projetée par Bretschneider dans son Corpus Reformat, fut achevée en I860, par la publication du 28e vol., édité par H. E. Bindseil.Une édition des Locid’après celle de 1669, Berlin, 1866 ; une réimpression de l’édition de 1621, éditée par Μ. I. E. Volbeding, Leipz., I860.]

Sur la signification du mot Locus, voir Heppe, Dogmatik des deutschen Protes-tant. 8. β. Par les Locion entend le δόγματα propre, le sedes doctrinæ. [Le sens classique de τόποςlocus, est un principe : Cicéron parle de loci« quasi sedes, e quibus ar-gumenta promuntur ». Les Loci Communes sont les idées ou vérités fondamentales de la théologie. Mélancthon dit que ses Hypotypées sont tout à fait différentes des Seutentiæ de Pierre Lombard : ce n’est pas un système, mais plutôt une introduction à l’étude des Écritures. Seppe, u. 8.]

 

§ 215.

LES LIVRES SYMBOLIQUES DE L’ÉGLISE LUTHÉRIENNE.

Sur la littérature, voir tome I, § 13, p. 30, et § 16, p. 42. [H. HeppsDie Bekenntuisechriften der altprotestantischen Kirche Deutschlands, Cassel, 1855.]

Mélancthon fut choisi par l’Église protestante nouvellement formée pour rédiger une confession de foi sous une forme concise, claire et pacifique, sur la base des doctrines qu’il accepta, avec Luther et d’autres théologiens, de recevoir. De sa présentation solennelle à la diète d’Augsbourg (1530), elle reçut le nom de Confession d’Augsbourg (Confessio Augustana).1 La Confutatio, publiée par le Les catholiques romains, en opposition à la Confession d’Augsbourgdonnèrent naissance, peu de temps après, à un nouveau livre symbolique de l’Église luthérienne l’Apologie de la Confession, dont Mélancthon en était l’unique auteur.3 Les Articles de Smalcald (1536-1537), composés par Luther, en des termes beaucoup plus audacieux, suivirent un peu plus tard.4 Ceux-ci complétaient la série de documents officiels et d’excuses qui portaient sur les relations extérieures de la nouvelle Église.5 Mais afin d’établir les relations internes de l’Église protestante sur une base doctrinale solide, les deux Catéchismes de Luther ont été ajoutés à la collection des livres symboliques en tant que compendiums normaux. Et enfin, à la suite de nombreuses et violentes controverses sur les principes fondamentaux du protestantisme, qui s’élevèrent au sein même de l’Église luthérienneil fut jugé nécessaire, après diverses tentatives infructueuses pour rétablir la paix, de rédiger la formule Concordiœ (Germ. Concordienformel A. D. 1577), dans lequel les points litigieux ont été examinés et, dans la mesure du possible, déterminés.8 Tous ces livres sont désormais rassemblés dans un canon symbolique (1580 apr. J.-C.), le Liber Concordiœ (Germ. Concordienbuch). Avec le temps, ce canon acquit une si haute autorité, que le clergé dut le souscrire aussi solennellement que l’Écriture elle-même.9

1 Confessio Augustana, d’après les dix-sept articles de Torgau (Schwabach), composée par ordre du prince-électeur de Saxe par Luther, Jonas, Bugenhagen et Mélancthon. L’édition originale a été publiée en allemand et en latin, en 1530 par G, Rhaw (à l’époque moderne, elle a été éditée par Winer, 1825Tittmann, 1830, Twesten, 1840, 1850, Francke, 1846 ), nouvelle édition par Heppe, Kassel , 1855 . [Müller, 1848.] Il se compose de vingt-huit articles ; dans les vingt et un premiers, les principales doctrines (Articuli fidei prœcipui) sont discutées en référence aux doctrines catholiques romaines, mais en termes modérés ; Les sept derniers traitent de l’abusus mutatos. Plus loin des détails (de son histoire littéraire) sont donnés par WinerComparative Darstellang, p. 13. GieselerHistoire de l’Église, iv. p. 139, 243, 88. On trouvera beaucoup de détails sur son origine et sur l’élévation d’esprit de ses confesseurs dans l’ouvrage de Rotermund, Geschichte des Reichstages à Augsbourg. Hanovre, 1829. Sur la partie critique, voir Weber, Geschichte der Augsburgischen Confession. Frankf., 1783 ! 84, ii. ForstemannUrkundenbach, Halle, 1833., 35. Rudelbach, A. G., historisch-kritische Einleitung in die Augsburgische Confession. Dresde, 1841. Sur la relation entre l’édition Variata de 1540 (considérée comme l’édition (locupletirte) la plus complète et la plus enrichie) et l’invariatavoir HeppeDie confessionelle Ent-wicklung der altprotestantischen Kirche Deutschlands, Marb., 1854, 8· 110, sq. [Traduction anglaise de l’Augsb. Confession, RevW. H. TealeLoncL, 1842. Ses articles sont également traduits dans P. HallHarmony of Confessions, Lond., 1842. Sur la Variatavoir GieselerChurch Hist., iv. § 36, note 33. La Confession d’Augsbourg, dans sa forme originale et révisée dans HeppeDie Bekenntuisschriften, 8. 7-107, 337-407.]

2 Il a été composé par un certain nombre de théologiens catholiques romains (parmi lesquels Eck et Faber), et lu à haute voix (en allemand) dans la Diète, août .3d 1530, mais aucune copie n’en a été communiquée aux États protestants. Ce n’est qu’après que Mélancthon en obtint une copie. Il est reproduit dans HaseLibri Symbolici, p. 55, ss. (éd. 5e.)

La première esquisse de l’Apologie a été composée de mémoire de ce qui était contenu dans la Confutatiocar l’auteur n’avait pas de copie de l’écriture de ses adversaires, et présentée à l’empereur Charles-Quint, mort en 1530, le 22 septembre. Il fut ensuite révisé, après que Mélancthon eut vu la Confutatio, et publié en 1531, à la fois en latin et en allemand, avec la Confession d’Augsbourg. La même disposition est adoptée dans l’Apologie que dans la Confession, mais le nombre d’articles est réduit à 16. « En ce qui concerne sa valeur intrinsèque, cet ouvrage, sans aucun doute, occupe la première place parmi les symboles de l’Église luthérienne. » Winer, p. 16. Même Emesti l’a qualifié de « chef-d’œuvre dans l’argument ex dictis Scripturœ, ex natura rerum, et consensu patrum », etc. Voir Emestineue theologische Bib-liothek, t. II, p. 413. Il a été édité par Lücke, en latin et en allemand, Berl., 1818. [Heppeubi supra, 107-307.]

4 Celles-ci ont été rédigées en allemand, afin d’être présentées au concile convoqué par le pape Paul III. (mort en 1536), et signé par l’assemblée de Smalcald (1537, fév.) La première édition allemande parut à Wittenberg. 1538. Ils ont été réédités d’après un manuscrit de la bibliothèque de Heidelberg par le Dr Phil, MarheinekeBerl. 1817, 4'.—L’ouvrage se compose de trois parties : 1. de summis articulis divin » majestatis ; 2. de summis articulis, qui officium et opus Jesu Christi 8. redemtionem nostrum concernant ; 3. articuli, de qaibus agere potuerimus cum doctis et prudentibus viris vel etiam inter nos ipsos. (On ajouta plus tard un appendice au traité de Mélancthon, De Potestate et Primatu Pap ».) — Le rapport de l’élément polémique à l’irénique est ici différent de ce qu’il est dans la Confession d’Augsbourg. Ici, la polémique prédomine. Sur la question de savoir si ces articles avaient dès la première autorité symbolique, voir HeppeDogmatik des deutschen Pro-testantimus, art. 106. [HeppeBekenntuisschriften, 317-337.]

5 Sur la distinction entre les écrits symboliques qui se rapportent aux relations extérieures et ceux qui se rapportent aux relations intérieures, voir Schleiermacherûber den eigenthümlichen Werth und das Ansehen symbolischer Bûcher, in the Reform* Almanach. Vol. ii. 1819, p. 235, 88. [Pour la Confessio Saxonica, la Confessio Würtembergica, la Francfort Recess, et la Répétition de Naumburg de la Confession d’Augsbourg, voir Heppe, ubi précité.]

6 En l’an 1529, Luther écrivit à la fois le Catéchisme majeur (à l’usage du clergé et des maîtres d’école) et le Catéchisme mineur (à l’usage du peuple et des enfants), non pas pour imposer un système de doctrines à l’Église, mais pour combler une lacune pratique. Les deux ont été divisés en cinq parties principales. Sur les différentes éditions, appendices, etc., voir Winer, 1. c. p. 16. * Augusti Einleitung in die beiden Hauptkatechismen der evangeli-schen Kirche. Elberfeld, 1824. Hlgen, C, F,, Memoria utriusque Catech. Lutheri. Lèvres., 1828-30. 4 Programmes 4to.

un. La controverse antinomienne ; elle trouve son origine chez Jean Agricola d’Eisleben (à partir de l’année 1536, il était professeur à l’université de Wittenberg), du vivant de Luther. Comp. Elwert, de Antinomia J. Agricolæ Islebii. Tur., 1836.

bLa controverse adiaphoristique, qui a son origine dans l’Intérim de Leipzig (à partir de l’année 1548), et a donné lieu à une différence durable entre les vues plus modérées de Philippe Mélancthon et les doctrines plus rigides des luthériens orthodoxes. Le premier point de vue était représenté par l’université de Wittenberg, le second par celui d’Iéna. [Gieseleriv. 457, sg.] Cette différence s’est manifestée surtout dans les

c. La controverse entre George Major et Nicolas Amsdorfsur la question de savoir si les bonnes œuvres sont nécessaires au salut, ou si elles ont plutôt une tendance dangereuse (vers l’année 1559, 88.) Cette controverse était liée aux deux ci-dessous, c’est-à-dire.

dLa controverse synergique sur le rapport de la liberté humaine à la grâce divine ; elle a été provoquée (1555) par le traité de Jean Pfeffinger : De libero Arbitrio, qui a été combattu par Amsdorf. [Gieseler, iv. 444, 445.]

e. La controverse sur la nature du péché originel, entre Victorin Strigel (à Iéna) et Matthias Flacius. Elle commença en 1560 et aboutit à la dispute de Weimar en 1561. Twesten, Matthias Flacius Illyricus, Berlin, 1844. [ W. Preger, Matth. Flac. Illyricus und seine Zeit Erlang., 1859. GassProt. Dogm. i. 56, sq.] Vers le même temps, une controverse s’engagea en Prusse, à savoir :

fLa controverse entre André Osiamder (à Königsberg) et Joachim Morlin, François Stancarus, etc. ; Elle portait sur le rapport entre la justification et la sanctification, et sur le point principal de l’œuvre de la rédemption. Comp. Tholuck, literarischer Anzeiger, 1833, n° 54, 88. [Comp. Gieseler, iv. 469A. RitschlDie Rechtfertigungs-lehre Osianders, dans Jahrb. f. deutsche Théologie, 1857. Baur, Brevis Disquisitio de Andr. Osiandr., 1831· Heberledans Stud. u. Kritik, 1844. WilkenOsianders Leben, i. 1844. F. H. R. Frank, De satisf. Christi. ·. .ex lite Osiandr. Erlang., 1858· B. F. Grau, De Andr. Osiandri Doctrina, 1860. Vie d’Osiander, par Lehnerdt, dans le projet Leben d. Vàter der lutherischen Kirche, Bd. v.]

gLa controverse (cryptocalviniste) concernant la Cène du Seigneur : Premièrement, dans le Palatinat entre W. Klebitz et Tileman Hesshus (A. D. 1559.) En conséquence, non seulement ces deux pasteurs furent renvoyés, mais Frédéric III., prince-électeur du Palatinat, passa aussi à l’Église réformée. [Gieseler, iv. 447-457.] Deuxièmement, la controverse qui eut lieu à Brême entre Albrecht Hardenberg et ledit Hesshus (a. d. 1561), ainsi que ses conséquences. Troisièmement, la controverse s’est poursuivie en Saxe même. LàCasper Peucergendre de Mélancthon, réussit à gagner le prince-électeur Auguste, ainsi que Crell et d’autres, à la doctrine calviniste (Consensus Dresdensis), jusqu’à ce que le premier, ayant obtenu une meilleure connaissance de l’état réel des choses par l’Exégèse perspicale des controverses de Cœna Domini, dans laquelle les vues du parti de Peucer étaient exposées plus distinctement, commença une persécution sanglante contre les cryptocalvinistes et adopta des mesures pour la restauration de l’orthodoxie luthérienne.

Sur toutes ces controverses, comparez les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique et l’histoire de la Réforme, ainsi que les ouvrages bien connus de Walch, Planck, etc. Elles seront examinées dans l’histoire spéciale des doctrines. GassGesch. d. Prot Dogmatik, i. 56. [GieselerHistoire de l’Église, vol. iv, § 37-42.]

8 La Formule Concordiæ était basée sur les articles rédigés à Torgau (1576, Torgauisches Buch), et composés au monastère de Bergen, près de Magdebourg (1577), par Jacob Andrece (Schmidlin), chancelier de Wirtemberg, d’une part, et les théologiens saxonsMartin Chemnitz, Nicolas Selnecker, David Chytraeus, Andrew Musculus et Christopher Homer, de l’autre. On l’appelait le « Bergisches Buch », et acquit une autorité symbolique, non seulement en Saxe, mais aussi dans d’autres villes et pays, tandis qu’il rencontrait de l’opposition en Hesse, en Anhalt, en Poméranie et dans plusieurs villes libres. Dans le Brandebourg et le Haut-Palatinat, il a d’abord été adopté, mais a ensuite perdu sa réputation. [Voir Gieseler, iv. 487.]—La formule se compose de deux parties : 1° La plus courte, Epitome ; 2. L’enregistreur. Solida Declaratio. Il a été publié à l’origine en allemand et traduit en latin par L. Osiander. Comp. Nicholas Anton, Geschichte der Concordienformel. Leipzig, 1779, ii. 8Planck, vi. [J5f. F. GoschelDie Concordienformel, Gesch., Lehre, etc., Leipsic, 1858. H. Heppe, Gesch. d. Cône. Form., 1857. F. H. R. FrankDie Theologie der Concordienformel, 1858. J, G. Martens, (Rojn. Cath.) Forme de matrice. Concord., 1860. Symbolik de Ko liner . Hist. de l’Église de GieselePs, iv. § 40.]

9 Le titre allemand de ce livre est : « Concordia, confession chrétienne, répétée et résolue des Churfhrsten, princes et officiers suivants de la Confession d’Augsbourg et des mêmes théologiens de la doctrine et de la foi signés à la fin du livre, avec ci-joint, dans la parole de Dieu, comme ligne directrice unifiée, l’explication bien fondée de plusieurs articles, dans lesquels des disputes et des controverses ont eu lieu après la mort bénie du Dr Martin Luther. Aus emhelliger Vergleichung und befehler obgedachter Churftlrsten, Fürsten und StRnde deren Landen, Kirchen, Schulen und Nachkommen zum Lehr und Warnung in Druck.* Dresde 1580, foL [Transi, par A, Henkel^ New Market, Va., 1854.]

 

§ 216.

LA THÉOLOGIE SYSTÉMATIQUE DE L’ÉGLISE LUTHÉRIENNE.

BuddeiIsagoge (Lips. 1727), i. p. 387, 8a Walchii Bibliotheca Theologies select », L p. 33, 88. Sender, Introduction à la doctrine dogmatique de Dieu (l’introduction à la doctrine de la foi de Baumgarten, vol. II. iii.) HenryHistoire des doctrines de l’Église protectrice, pp. 271, 88. [Heinr. Schmid, Dogmatik der evang. Luther, Church 4e éd., 1858.] De WetteDogmatique de l’Église protéatante édit 3d, p. 17, 88. HaseHutterus Redivivue, ou Dogmatique de l’Église évangélique luthérienne [8e éd., 1865]. A. TholstckDer Geist der lutheriachen Theologen Wittenbergs im Yerlaufe des 17. JahrhunderU, Hamb^ 1852. [Thoiuck, Dae akadenische Leben ben d. 17, Jahrhund. 2e division, 1854 : Lebenszeugen, 1856.] * W. Gass, Gesch. d. Protestation. Dogmatique, 2 vol., Bert., 1854-7. Comp. § 212. [HeppeGesch. d. deutschen Protest. 4 vol., 1853-9. GieselerHist. de l’Église, iv, § 48. A. SchweizerDie Protest Centraldogmen, 2 vol., Zurich, 1854. EbrardDogmatics, 1 6, sq., traduit dans Mercersburg Review, avril 1857. Twesten Dogmatik, 1 228-273.]

De nombreux ouvrages de théologie systématique ont été publiés par différents auteurs, dont certains, tels que Martin Chemnitz (1), Victorin Strigel (2et Nicholas Selnecker (3), ont suivi Mélancthon, tandis que d’autres, par exemple, ont suivi Melancthon. g. Leonhard Hutter4John Gerhard5Jacob Heerbrand6Matthias Haffenreffer7, et d’autres, adoptèrent le point de vue luthérien strict et adhérèrent étroitement à la Formule Concordiæ. Ces travaux étaient, pour la plupart, appelés Loci Theologici, et arrangés d’après la méthode synthétique.8 Mais après que George Calixt eut séparé l’éthique de la théologie systématique et appliqué la méthode analytique d’investigation à cette dernière,10 John Hülsemann, 11 John Conrad Dannhauer,12 Abraham Calov 13 John Fr. König,14 John Andrew Quenstedt,15 John William Baier,16 [David Hollaz,17] et d’autres, suivirent plus ou moins la ligne de conduite qu’il avait suivie. Ces théologiens peuvent, à bien des égards, être comparés aux scolastiques de la période précédente ; Bien que dans les deux cas, nous puissions montrer une variété de modifications et de transitions. 18

1 Chemnitz, né à Treuenbriezen, le 9 novembre 1522, fut le plus savant des disciples de Mélancthon, sur les lieux duquel il donna des conférences à l’université de Wittenberg. Il participa à la composition de la Formule Concordiæ (comp. § 213), ainsi qu’à la réforme de Brunswick. Il mourut en 1586.—Il écrivit ; Loci Theologici, édit. Op. et Stud. Poly carpe. Lyseri (Leyser.) Francof. 1591, 4 to., ibid. 1599, 1604, iii. 8 vo., Viteb. 1615, 23, 90, fol. — « Ces commentaires sont écrits avec beaucoup d’érudition... L’exactitude et la clarté dans la définition des doctrines, la maturité du jugement, le choix prudent de la matière et des preuves, et l’ordre dans l’arrangement, sont partout apparents ; Heinrichp. 274.—Examen Concilii Tridentini, Frankof, 1615, 1707. Sur les autres ouvrages dogmatiques de Chemnitz, voir Heinrich, p. 276. [Heppe, p. 119. Gass51, 70.]

2 Strigel naquit à Kaufbeuren, en 1524, et obtint une chaire de théologie à l’université d’Iéna, en 1548. Sur la controverse entre lui et Flacius, voir le § précédent. Il mourut en 1569, exilé à Heidelberg. Ses Loci Theologici ont été édités, Lab. et Studio Christ. Pezelii, Neap. Nemet (Neustadt sur la Hardt), 1582-85, ii. 4· « Sur beaucoup de points, il est si profond et si édifiant, que je ne suis pas sûr qu’aucun autre théologien de cette époque l’ait surpassé ; » Semlerdans son édition des Glaubenslehre de Baumgarten, ii. p. 158. — L’ouvrage lui-même est rare. Comp. Otto, De Victorino Strigelio, liberioris Mentis in Eccl. Luth. Vindice, JemL, 1843.

3 Selnecker naquit en 1530 à Hersbrück en Franconie, étudia la théologie à l’université de Wittenberg, fut aumônier du prince-électeur de Saxe, professeur de théologie aux universités d’Iéna et de Leipzig, surintendant à Wolfenbüttel, etc., et mourut en 1592. Il participe également à la composition de la Formule Concordiæ. Voici ce qu’il a écrit : Institutiones Christianæ Religionis. Partie iii. Frankof., 1573, 79, 8. Cet ouvrage fut le premier système de théologie dogmatique de l’Église luthérienne qui contenait ce qu’on appelle les Prolégomènes (sur les Écritures, la révélation, etc.). Gaz, 51. Heppe, 96 ans.

4 Hutter naquit en 1563 à Nellingen, dans le district d’Ulm. Ho fut somamé Lutherus redivivus, et défendu la Formule Concordiæ (Concordia Conçois. Witeb., 1614, fol.) en opposition à Hospinian (Concordia Discors. Tig., 1607, fol.) Par ordre de Christian II, prince électeur de Saxe, il écrivit : Compendium Locorum Theol. ex Sacra Script, et Libro Concord, collât. Vit., 1610 ; nouvelle édition par TwestenBerl., 1855.—Loci Communes Theol. ex. Sabris Litteris diligenter eruti, Veterum Patrum Testi-moniis passim roborati, et conformât ! ad meth. loco. Mel, Viteb., 1619, 53,. 61, comme. Tandis qu’il parle de Mélancthon avec beaucoup d’estime, il l’accuse encore de défection d’une doctrine purite cœlestis. Uomp. Gass, 251. Heppe155, sq.

— Outre ces théologiens, on peut aussi citer Nicolas Hemming, Abdias Prcetorius, John Wigand ; et plus tard (au XVIIe siècle), Erasmus Brachmand (Univers » Theologiæ Systems, etc., Hafniæ, 1633, 2 Tom. 4to), Bircherod, Friedlieb, etc. Voir Expéditeurp. 71, 80. Heinrichp. 283, 328. Gass et Heppeubi supra. — Sur la relation de cette postcroissance ('Επίγονο«) avec Mélancthon, voir Heinrichcomme ci-dessus, p. 310sq. Gass, 80.

La méthode synthétique part du principe le plus élevé, Dieu, et il va à l’Homme, à Christ, à la Rédemption, jusqu’à ce qu’il descende jusqu’à la fin de toutes choses.

9 Parmi ses écrits, les suivants ont un caractère doctrinal : Apparatus in Theol. Stud., éd. F. V. Calixt. Hclmst., 1656, 1661. Epitome Theol. Gosl., 1619, éd. Gerh. Titius, 66 ans. Epit Theol. Mor. Helmst, 1634. Pour plus de détails, voir ci-dessous, § 218. Sur sa méthode analytique comparer Heinrich, pp. 330, 331. Gaz303, sq1

1 Sousl’influence de Calixte, il y avait les théologiens Joachim Hildebrand et John Heinick (mort en 1671) : voir Gass, 311. [Sur Calixte, voir GieselerHist. de l’Église, iv, § 52, gfs & M0593. HmhsCalixt u. seine Zeit 2, 8va, 1853-60 ; Hundeshagendans Stud. u. KriL, 1856 ; Christ. Remembrancer, Loud., 1855.)

10 La méthode analytique commence par la fin ou la cause finale (la « méthode finale ») de toute théologie, la béatitude, et prend donc le cours inverse de la méthode synthétique. Sur d’autres méthodes compliquées, voir HaseHuttcrue Redivivus , p. 41, sq. Gass, p. 47.

11 Hülsemann naquit en 1602 à Esens, en Frise orientale ; occupa plusieurs postes en Saxe, fut surintendant à Meissen, et mourut en 1661, — Ho écrivit : Breviarium Thologicum. Viteb., 1640, 8. Extensio Breviarii Theol. Lips., 1648, 55.— Valent Alberti, Brev. Theol Hülsemann. Enucl. et Auct. Lèvres, 1687, 4. Ses adversaires appelaient son style ; Stilum barbarum, Scholasticum, Holcoticum, Scoticum ac tenebrosum. Voir Scherzeri Prolegomena, cité par Heinrich, p. 333. Tholuck, Theolog. Wittenb. 164 sq. Gass, 316.

12 Dannhauer, né en 1603 à Kondringen, dans le comté de Bade-Hochberg, fut professeur de théologie à l’université de Strasbourg, instruisit Spener, et mourut en 1666. u Il a eu une influence considérable, principalement par ses conférences exégétiques profondes, prononcées dans un style populaire » Hossbach (Spener. i. p. 17.) Il a écrit : Hodosophia Christiana 8. Theol. Posit, dans Methodum redards. Argent, 1649, 66, 8, Lips., 1713, 4. Spener a arrangé cet ouvrage sous forme de tableaux, Franc., 1690, 4. Sur la méthode dite phénoménale adoptée par Dannhauer (c’est-à-dire la représentation symbolico-allégorique de l’homme sous la figure d’un pèlerin, etc.), voir Hossbach, Lap. 23 Expéditeur, p. 85. Heinrichp. 331. — Outre l’ouvrage ci-dessus, il composa : Christosophia, 1638, et Mysteriosophia, 1646. Voir Gass, p. 318.

13 Calov naquit en 1612 à Morungen, remplit les fonctions de surintendant à Wittenberg et mourut en 1686. Il avait l’habitude de faire chaque jour cette prière : Impie me, Deus, odio hæreticorum ! Il a écrit : Systems Locorum Theol. e Sacra potiss. Script, et Antiquitate ; nec non Adversariorum Confessione Doctrinam, Praxin et Con troversari um Fidei cum veterum turn imprimis recentiorum Pertractationem luculentam exhibens. Vit 1655-77, 12 Voit 4. Theol. Positiva per Definitiones, Causas, Adfectiones et Dis-tinctiones Locos Theol. universes...... promoteurs, seu Compendium System. Theol. Viteb. 1682, 8. Voir Tholuckubi supra, p. 185, et surtout Gass p. 332, sq.

14 König naquit en 1619 à Dresde et mourut en 1664 à Rostock, où il était professeur de théologie. Il a écrit : Theologia Positiva Acroamatica synoptice tractata. Rost, 1664. Une édition améliorée de ce livre est parue dans JCasp, Haferungi Colleg. Thet. Viteb., 1737, 8. D’après . Buddeus (Isagoge, p. 399), ce n’est qu’un squelette d’un système de théologie doctrinale, sans sève ni force. Mais comparez Gassp. 321, qui le compte parmi les « virtuoses dogmatiques ».

15 Quenstedt, né à Quedlinberg en 1617, professeur de théologie à l’université de Wittenberg, et mort en 1688. Il a écrit : Theologia Didactico-polemica 8. Systèmes Theol. in duas sectionné...... divisum. Viteb., 1685, et 96, Lips., 1702, 15, fol. Comp. Expéditeurp. 103, par. Tholuck 214 , m² Gass, 357, m².

16 Baier naquit en 1647 à Nuremberg et mourut en 1695 à Weimar, où il était surintendant. Il a composé un Compendium Theol. Positivæ. Jen., 1686, 8. Une édition améliorée de celui-ci a été éditée par Reusch, 1757. Voir Gass, p. 353. Elle a été fondée sur l’Einleitung in die Glaubens-lehre et quelques traités doctrinaux plus courts, composés par Jean Husceus (qui mourut en 1681 à Iéna). — Sur la méthode analytique adoptée par son auteur, voir Heinrichp. 348, 8s. Gass, ubi précité.

17 [David Hollazpasteur à Jacobshagen : mort en 1730 : il écrivit Examen Theologicum acroamaticum Uni versa m Theologiam thetico-polemicam compiectena, 1707 ; édité par Teller1750, avec des additions.]

18 De même que par exemple^ les théologiens de l’école de Saint-Victtr manifestaient un penchant pour le mysticisme, de même John Gerhard, Dannhauer et d’autres, s’efforçaient de combiner la science stricte avec la piété pratique. Sur la scolastique des théologiens luthériens au XVIIe siècle , voir TholuckDer Geist d. lutherischen Theologen, etc., p. 246 éqSur la limitation nécessaire de la notion de « scolastique protestante », ibid., p. 65 sq. Sur la grandeur du système dogmatique protestant, voir Gass, Gesch. d. Prot. Dogmatik, p. 6 sq., qui dit qu’elle était « plus profonde que la théologie des Pères de l’Église, plus vraie et plus cohérente que celle des scolastiques, et plus scientifiquement développée et honnêtement franche que les théories de l’Église catholique romaine »,

 

§ 217.

MYSTICISME LUTHÉRIEN, THÉOSOPHIE ET ASCÉTISME.

Baur, Zur Geachichte der Protest Mystik, dans Zeller’s Jahrbdcher, 1848,1849. Roack, Le Premier· Le mysticisme depuis l’âge de la Réforme (voir § 153). BambergerVoix du sanctuaire de la mystique chrétienne et des théosophies, Stuttg^ 1857. [Æ A. VaughanHours with the Mystics, 2e éd. 2 vol., 1860. GieselerHistoire de l’Église, iv. § 50. Erbkam, Gesch. la protestation. Secten., Hamb., 1848.]

De même que la scolastique du moyen âge avait été contrebalancée par le mysticisme, de même la nouvelle tendance scolastique de l’Église luthérienne, au cours de la période actuelle, s’accompagnait d’une tendance mystique, représentant les intérêts plus profonds de la religion pratique. De plus, de même qu’il nous a fallu distinguer entre le mysticisme des sectes et le mysticisme orthodoxe (bien que ses défenseurs aient spiritualisé, et parfois idéalisé, les doctrines de l’Église, par interprétation interne), de même ici encore nous devons séparer distinctement ces deux tendances l’une de l’autre. Même du vivant de Luther, Andreas Carlstadt, Sebastian Frank2 et John Casper Schwenkfeldf3 s’efforçaient (d’une manière similaire à celle adoptée par les prophètes de Zwickau et les anabaptistes) 4 rompre l’adhésion rigide à la lettre de l’Écriture, par un idéalisme fantastique, et une théologie spiritualisante qui bascule dans le panthéisme. Plus tard, les écrits mystico-théosophiques de Théophraste Paracelse5Valentin Weigel6 et Jacob Böhme7 d’une part, ils exerçaient une influence vivifiante, mais de l’autre, ils rendaient les esprits perplexes et menaçaient de détruire l’unité de l’Église. Au contraireJohn Arnd,8 plus prévenant, et ses disciples,9 cherchèrent à introduire le « vrai christianisme » dans toutes les relations de la vie et à ranimer, au moyen de sentiments pieux et d’exercices spirituels, l’esprit de la vraie religion, qui avait été enterré sous un tas de définitions scolastiques. J. G. Arnold fut amené, par sa préférence pour le mysticisme, à prendre la défense des sectes hérétiques contre la sentence que les orthodoxes leur prononçaient.10

1 Sur Carlstadt, voir GobelAndreas Bodenstein von Carlstadt nach seinem Charakter und Verhâltniss zu Luther, dans le Studien und Kritiken, 1841, a. 44, sq. ErbkamGeschichte der Protestantischen Secten im Zeitalter der Reformation, Hamb., 1848, 8. 174sq. *C. F. Jager, Andreas Bodenstein von Carlstadt, Stutt, 1856. Baur, ubi supra (Zeller’s Jahrb., 1848.) Carlstadt n’appartient ici qu’en partie, car il s’en tenait plus strictement que le reste des mystiques à la lettre de l’Écriture.

2 Sébastien Frank naquit à DonauwSrth, au commencement du XVIe siècle, et mourut en 1545. Ses principaux ouvrages sont : Weltbuch — Zeitbuch — Encomium Moriæ — Sprûchwôrter — Paradoxe. Comparez Wackernagel, Proben deutscher Prosa , i. 8. 319, sq. K. HagenGeist der Reformation und seiner Gegensâtze, ii. 314, sq, SchenkelWesen des Protest i. 136, sq. Erbkam, loc. cit 286sq. Baurloc. cit p. 490, Ce n’est que dans les temps les plus récents que l’originalité de Sébastien Frank a été particulièrement reconnue, et qu’une place lui a été assignée parmi ces hommes, dans les diverses tendances desquels se trouvent les éléments qui déterminent le caractère de la période de la Réforme.

3 Schwenkfeld naquit en 1490 à Ossing, en Silésie, et mourut en 1561. (Luther l’appelait Stenkfeld.) Sur Schwenkfeld et son ami Valentin Krautwalkvoir Planckt. I, p. 89, ss., et comparez l’histoire spéciale des doctrines. Voir aussi*G. L. Hahn, Schwenckfeldii Sententia de Christi Persona et Opere Exposita. Vratislav., 1847. Erbkam357, sq. Baur, 502, sq. « Avec Schwenkfeld, nous entrons d’abord dans la sphère réelle du mysticisme protésé-tant ; il est, s’il y en a un de l’ancien, le représentant du mysticisme protestant, et surtout du mysticisme protestant luthérien. Baur’s Dreieinigkeit, iii. 219, 244. DomerPerson Christi, ii. 573, 624. Niedne^s Gesch. d. Kirche, 673-677.]

4 Voir ci-dessous § 231. Erbkamloc. cit. 479, sq.

5 Son nom propre était Philippus Aureolus Theophrastus Bombastus Paracelsus ab Hohenheim ; il était originaire de Suisse et mourut en 1541. Ses ouvrages furent publiés à Bâle, 1585, ss., xi. 4. Comparez H. A. PreuThéologie des Théophrastes Paracelse, Berlin, 1837, p. 8. M. CarrièrePhilosophische Weltanschauung der Reformationszeit, Stnttg., 1847. [Gieseler, Hist. de l’Église, iv. 566Tennemann’s, Gesch. d. Phil. ix. 205Ritters Gesch. d. Phil. v. 517 ; Christi. Phil. ii. 155sq. HagenbachVorlesungen Über die Reformation, iii. 337, sy.]

6 Weigel naquit en 1533 à Hayn, dans la Misnie, et mourut en 1588 à Tschoppau, où il était pasteur. Ses écrits ne furent publiés qu’après sa mort, c’est-à-dire gflldener Griff, c’est-à-dire allé les choses sans erreur à crken-nan, 1616. Connais-toi toi-même, 1618. Kirchen und Hauspostill, 1618... Comp. Les églises d’Arnold et les hérétiques, t. II, vol. XVII, ch. 17. WalchEinlei-tang dans Die Religions Streiten, iv. p. 1024-1065. PlanckHistoire de la théologie protestante, p. 72, comme. HagenbachConférences sur la Réforme, t. III, p. 337, très bien. [Voir aussi GieselerHist. de l’Église, iv. 567. La personne du Christ de Domer, ii. 224. BaurDoctrine de la réconciliation, 463 ; Triune· III. Chapitre 257. RitterGesch. d. Philos, vi. 77. Niedner.Gesch. d. Kirche, 737xq. L. PerteDer Weigelianismus, dans la Zeitschrift £ d. hist Theol., 1867]

7 Bohme naquit en 1675 à Altseidenburg, en Haute-Lausace, et vécut à Gôrlitz, où il exerçait la profession de cordonnier ; mort en 1620. Ses écrits ont été édités par GichtelAmstel., 1682, 1730, 6 vol. 8. SchieblerLeips., 1831 ; 6 Bde. et Stuttg., 1835 8q.,*b Bde^ avec un récit de sa vie par Albert Von Franckenberg. Comp. Wullen. Leben und Lehre de J. Bohme, Stutt-gard, 1836, p. 8. Du même : Blüthen aus J. Bohmes Mystik. Stuttg., 1838. A. E. UmbreitJacob BOhme, Hiedelberg, 1835. BaurGnose, p. 558, 88. Hagenbach, Vorlesung. ûber die Reform. 1. C. p. 345, art. Baur, Zeller’s Jahrb., 1850. HambergerDie Lehre des deutschen Philosophen J. Bôhme, Munich, 1844. Carrière, ubi supra, p. 609. Tholuck, dans Zeitschrift £ Christi., Wissenschaft, 1852, n° 25, sq. Auberlendans Herzog’s Realency-clop. ii. 265, sq[ΖΓ. A. Fechner, Bohipe’s Leben und Schriften (essai primé), 1857. Hegel, Gesch. d. Phil. iii. 296 Ritter, Christi. Philos, ii. 165 sq. A. Peip, Jac. Bohme, der Vorlaufer christlicher Wissenschaft, I860. Life par Bialloblotzky, dans la Penny Cyclopedia. SchafFs Kirchen-freund, 1853. Christian Review, juillet 1854. Œuvres transi., 4 vol., fol., Lond., 1764-81. Ellistone en était le traducteur en chef, et Law proposa une autre édition ; voir Law’s Animadversions on Dr. Trapp.]

Le mysticisme luthérien a dégénéré, surtout dans le cas de Quirinus Kuhlmann (1651-1689), John George Gichtel (1638-1710) et son Breckling, Ueberfeldtetc. Comparez Hagenbach Vorlesungen, iv. p. 328, Ush Ces enthousiastes n’ont aucune importance dans l’histoire des doctrines. [HaseHistoire de l’Église, p. 508.]

 

§ 218.

TENDANCES À LA RÉFORME. JEAN VALENTIN ANDREÆ, CALIXT, SPENER, THOMASIUS.

Non seulement les mystiques, mais aussi les théologiens de bon sens et de bon jugement, ayant secoué le joug de la théologie des écoles, unis à ceux d’une tendance plus pieuse, dans le but de réformer l’Église. Jean-Valentin Andr霠combattit avec les armes de la satire, et pourtant avec le sérieux qui lui était dû, à la fois les corruptions des écoles et le mysticisme de son temps. George Calixtguidé par un esprit de modération chrétienne, s’efforça de réduire les doctrines nécessaires au salut au Credo des Apôtres, et ainsi, peu à peu, d’opérer l’union des différentes confessions, mais il s’exposa, en conséquence, à l’accusation de syncrétisme. L’influence qu’il exerça sur son époque fut moins positive que celle de Philip Jacob Spenerdont les sermons, les écrits et la vie furent à cet égard d’une grande importance importance.3 Partant du point central de l’expérience chrétienne et s’appuyant sur la vérité scripturaire qu’il avait pratiquement étudiée, il évita également la subtilité scolastique et les fantaisies théosophiques, et n’était animé que par le mysticisme pur et lumineux du cœur. Lui, ainsi que ses disciples (les piétistes), furent d’abord attaqués de rage et de mépris, mais donnèrent néanmoins une impulsion des plus bénéfiques à leur époque. Il a été soutenu par le juriste Christian Thomasiusqui a participé à la préparation de la culture plus éclairée d’un nouveau siècle, plutôt par ses réalisations scientifiques et politiques, que par des vues théologiques profondes et originales.4

1Valentin Andréœ était le neveu de Jacob Andréœ (qui fut l’un des auteurs de la Formule Concordiœ), et mourut en 1654. Sur sa vie, ainsi que sur la secte des Rosicruciens, qui se rattachent étroitement à l’histoire du mysticisme, voir HossbachVal. Andreœ und sein Zeitalter, Berlin, 1819 ; Aussi, Vita ab ipso conscrits, BeroU 1849 [éd. F. H. Rheinwald. Niedner*8 Gesch. d. Kirche, 740sq. Pabst, Andrew’s entlarvter Apapn 1827. Gieseler* s Church History, iv. 569, sq^ où l’on trouve un compte rendu complet du « Mariage chymique de Christian Rosenkreutz » et de la « Fama Fraternitatis ». Voir aussi Guhrauer dans Niedner’s Zeitschrift, £ d. hist. Theologie, 1852, TJeber den Verfasser, Sinn und Zweck der Fama Fraternitatis. La Fama et la Confessio ont été rééditées à Francfort en 1827. Sur les Rosicruciens, voir FiguierL’Alchimie, Paris, 1854, chap. V, p. 247-266 ; Notes et requêtes, vol. VIII.

2 Calixt naquit en 1586, dans le duché de Holstein, et fut professeur de théologie à l’université de Helmstädt. Ses œuvres sont mentionnées § 214, note 7. Comparez *Henke, Calixts Briefe. Halle, 1833. Du même nom : die Univ. Helmstadt im 16, Jahrh., Halle, 1833. PlanckGeschichte der protestantischen Théologie, p. 90, 88. G. W. GassGeorg Calixt und der Synkretismus, Brest, 1846. Schmid Heinr., Geschichte der synkretis-tischen Streitigkeiten in der Zeit des Georg Calixt, Erlang, 1846. Gass dit : « Calixt, dans une certaine mesure, souhaitait maintenir un protestantisme luthérien, mais pas un luthéranisme protestant ; il cherchait le protestanisme dans le luthéranisme, mais pas l’inverse ; Gesch. d. Prot Dogmatik, 8. 308. [Comp. GieselerHist. de l’Église, iv, § 52, p. 584-593. Raur, d. Calixtin. Synkretismus, dans le TheoL Jahrb. (Tubulure.) Bd. vii· HenkeCalixtus und seine Zeit i. ii. 1, 2, Halle, 1858-60 : comp, le Souvenir du Christ, Lond., 1855. Schweizer, protestation. Hommes-Chiens Centraux. I. 171, il 532. HiednorGeschichte d. Christi i ch en Kirche, 743-7.]

3 Spener est né apr. J.-C. 1635, à Rappddsweiler, en Alsace. Strasbourg, Francfort, Dresde, Berlin, furent successivement le théâtre de ses travaux. Il fut prébendier à Cologne sur la Spree, et mourut en 1705. Il a écrit : Das geistliche Priesterthum., Francfort, 1677, 12, et autres éditions.—Pia Desidei^ Franco/., 1678, 12.—Theol. Bedenken., Halle, 1700, 88., 4 volt— Consilia et Judicia Theol. Frankof., 1709, iit 4.—Letzte Theot Bedenken., Halle, 1721, iii. 4Hoesbach, Spener und seine Zeit. Berlin, 1827, ii. 8. — En même tempsAug. Herm. Francke exerça une influence considérable plutôt sur la vie des chrétiens que sur la théologie systématique. Néanmoins, la tendance piétiste est importante dans l’histoire des doctrines, d’une part, parce qu’elle était indifférente à toutes les définitions scolastiques ; d’autre part, parce qu’elle mettait l’accent sur les doctrines concernant le péché, le repentir, etc. enfin, à cause de la coloration particulière qu’elle donnait à la théologie de l’Église évangélique. L’étude assidue de la Bible, sur laquelle il insistait, ne pouvait que produire de bons fruits. Voir Illgen, C. F., Historié Collegii philobiblic., Lips., 1836-40, 8 Progr. [Voir Rose et Puseysur le rationalisme allemand, 1835. L. Woods, dans la préface de sa traduction de la théologie chrétienne de Knapp. Tholuckdans Princeton Essaya, vot i. p. 530, sg.]

4 Il mourut l’an de suite. 1728. Comp. LudenThomasius nach seine Schicksalen und Schriften, Berlin, 1805·

 

II. L’ÉGLISE RÉFORMÉE.

§219.

ZWINGLE ET CALVIN.

HundeshagenDie Oonflicte dee Zumglisnismus, Lutheraniemus und Calviniamus in 1er Berniechen Landeeknvhe, BeriL, 1842. AL Schweizer, La doctrine de la réforme. Kirche daigeetellt, 2, 8 vol., Zurich, 1844-7 ; Ibid., Épilogue à la doctrine de la foi, Ha Zeller’s Jahrb., 1848 ; [75ûl, Protestant Centraldogmen, 2 vol., Zurich, 1854.] Baur, Princip und Charakter, dans Zeller’s Jahrb., 1847. Schneckenburger, Réforme. Dogmatik mit Rücksicht suf Schweizer’s Glaubensl, in the Stud, und Kritiken, 1848, 1er et 3d, Heft ; Ibid., Die neucren Verhandlungen à propos du Princip dee Ret Lehrbegrifih, dans Zeller’s Jahrb., 1848 ; [7b*d. Zur kirchlichen Christologie, Neue Bearbeitung, Pforzheim, 1848.] Ebrard, Vindicte TheoL Réforme. Erlangen, 1848. AL Schweizer, La synthèse du détenninisme et de la liberté dans la réforme. Dogmatik (contre Ebrard, dans Zeller’s Jahrb., 1849). EbrardLa relation de la dogmatique Ret au détenninisme, Zurich, 1849. Zel· 1er, Le système théologique de Zwingli (Tflbing. Jahrb., 1853). Ch. SigwariUlrich Zwingli, Stuttg., 1835. J. G. ScholtenLa doctrine de l’Église de Ret selon ses principes tirés des sources, 3e éd. Lpz., 1855. Comp. § 223. [Zefler, Caractère du ZwingL Lehrbegriffl, dans TheoL Jahrb^ 1857. Jägerin Studien und Kritiken, 1856. J. W. Roder, Der Schweizer. Réforme. Zwingli. Saint-Gall, 1855. Acier, dans Luther. Kirche und Union, BerL, 1859, compte rendu par Stier et Baxmann dans la Deutsche Zeitschrift, Berlin, 1859. GieselerHistoire de l’Église, iv. § 35. Heinrich Heppe, La dogmatique de la réforme évangélique. Church, d’après les sources Elberfeld, 1861.]

Dans les villes suisses de Glaris, Einsiedeln et Zurich Ulric Zwingle prêcha la pure doctrine évangélique et combattit les abus de la papauté, indépendamment de Luther.1 À la suite d’une divergence d’opinion sur la doctrine de la Cène du Seigneur,2 qui se manifesta dès que les vues de Luther furent connues en Suisse, Zwingle et les autres réformateurs suisses furent contraints d’adopter leur propre voie, et une nouvelle Église fut formée, à côté de la Église luthérienne, basée sur des particularités qui lui étaient propres. en ce qui concerne les questions doctrinales, ainsi que dans sa constitution et son mode de culte, appelé, par distinction, l’Église réformée, bien qu’elle n’ait reçu cette appellation qu’à une époque ultérieure.3 Zwingle lui-même a proposé les principes de la foi évangélique pure dans plusieurs écrits, qui peuvent être considérés comme le début d’une théologie systématique de l’Église réformée.4 Mais il fut réservé au réformateur français Jean Calvin,5 après la mort de Zwingle, de composer l’ouvrage intitulé : Institutio Religionis Christianœ, dans lequel ces principes étaient disposés dans un système plus complet, mieux arrangé et plus lié que les Loci de Mélancthon.6

Il naquit le 1er janvier 1484 à Wildhaus, dans le Toggenbourg. Sur sa vie, comparez les biographies composées par Oswald Myconias, Nuschcler, Hess, Schuler, Hottinger [transi, par F, C. Porter, Harrisb^ 185U] ; Roder [der Schweizer Ref. Huldr. Zwingl. Saint-Gall, 1850] ; Chris-tojfel, Ulr. Zwing. Leben und ausgew&hlte Schriften, Elberfeld, 1857 [trad. par John Cochrane, Edinb., 1858. Life, par le professeur Robbins, dans Bibl. Sacra, Andov., vol. viii. xiLa Vie de Hess transi.״ par Lucy Aiken, Lond., 1812.] Ses œuvres ont été éditées par GualtherTig., 1545, ss., 1581, Tom. iv. fol., et par Schuler et SchulthessZwingli’s Werke, vol. i. et ii. en allemand, vol. iii. v. vi. vii. en latin. — Principaux points historiques de la Réforme suisse pendant sa première période : 1. Dispute à Zurich (a. d. 1523, 29 janv. à confirmer.) — . L’interprétation des articles par Zwingle et ses raisons. Dispute (26-28 octobre) Traité de Zwingle intitulé : christenliche Ynleitung.— Décret de la magistrature sur les images, la messe, etc.—Établissement définitif de la Réforme · à Zurich. Disputes à Bade (1526) et à Berne (1528). — La Réforme de Berne (Bernard Haller, Sebastian Meier et autres.) — La Réforme de Bâle (1529Oecolampadius,) La guerre de Cappel. — La mort de Zwingle, 1531, 11 octobre.—Pour plus de détails, voir Bullinger, Reformationsgeschichte herausgeg. von Hottinger et Vôgeli. Frauenf., 1838. J. J. Hottingerevangelische Kirchengeschichte, Zurich, 1708, iv. (Une nouvelle édition de Wirz-Kirchofer a été publiée, Zurich, 1813-19.) Johannes von MullerGeschichte der schweizerischen Eidgenos-senschaft, fortgesetzt von J. J. Hottinger, Vol. 6 et 7. Comp. Gieseler, iv. pp. 12 et 13. Les écrits les plus récents sur cette période, par Gôbel, Lange, Goupp, Herzog, Meyercompte rendu par Ullmanndans le Studien und Kritiken, 1843.

2 Voir l’histoire spéciale des doctrines (sur la doctrine de la Cène du Seigneur).

3 Les théologiens sont encore divisés sur la question de savoir ce qui constitue la particularité de l’Église réformée (voir § 212, note 3, et les ouvrages qui y sont mentionnés). Selon Schweizer, le principe de la théologie réformée, qui traverse toutes ses déclarations doctrinales, doit être recherché dans la tentative de tirer tout le salut et tout ce qui le conduit, absolument de Dieu seul (et non de rien de créé) ; avec lequel se rattache aussi l’accent plus urgent mis sur l’Écriture seule, et la relation plus étroite établie entre la loi et l’Évangile. dans le système calviniste (opposition à toute paganisation, voir ci-dessus § 213). Baur a cherché cette particularité dans l’absoluité de Dieu. Schneckenburger insiste particulièrement sur l’élément christologique, car la théologie réformée met l’accent sur l’aspect historique et la théologie luthérienne sur les aspects spéculatifs de la christologie (voir sa Christologie, p. 190, note). Quoi qu’il en soit de ces assertions, il est du moins certain que les différences, qu’il appartient à la science dogmatique de rechercher, sont entièrement subordonnées en comparaison de l’opposition essentielle et profonde qui existe entre le catholicisme et le protestantisme ; et cela ne ferait qu’entraver le développement salutaire du protestantisme, si les différences indéniables étaient exagérées au point de faire apparaître un antagonisme irréconciliable entre les protestants eux-mêmes. — Alors qu’autrefois la distinction exacte entre les systèmes luthérien et réformé était à peine énoncée, la perspicacité dogmatique risque maintenant de se transformer en raffinements subtils. Le Times recommande de s’en tenir à ce sur quoi ils sont d’accord. Sur la formation de la théologie réformée en distinction avec la théologie luthérienne, voir Gasss. 82, sq.

4 Luther et les luthériens les appelaient sacramentaires, enthousiastes, etc. (plus tard calvinistes). C’est en France que l’appellation « religion prétendue réformée » a pris son essor. [HeppeUrsprung und Geschichte der Bezeichnungen, Reformirte » und u Lutherische » Kirche, 1859.]

5 Outre les écrits polémiques, les sermons, les lettres, etc., de Zwingle, on peut citer comme se rapportant à la théologie systématique : Commentarius de Vera et Falsa Religione (il était adressé à François Ier). Tigur., 1520.—Fidei Ratio, ad Carol. Imp. Tig. 1530, 4. Christian » Fidei brevis et clara Exposi-• tio, ad Regem christ, (éd. Bullinger.) Tig., 1536. Sur l’importance de Zwingle en tant que théologien systématique, voir les travaux de Zeller et de Sigwart ; aussi Gass, i. 91.

6 Il naquit à Noyon, en Picardie, le 10 juillet 1519, et mourut à Genève, le 27 mai 1564. Sur sa vie, voir HenryLeben Calvins, Hamb., 1835-45, 4 vol. BretschneiderBild un g und Geist Calvins und der Genferkirche (Almanach des Réformes, 1821). [Biographies of Calvin : Henry’s Life, trad. par Stebbing, 2 vols^ Lond. et N. Y., 1854 ; Beza’s Life of C. trad. par Gibson, Phil.. 1836 ; Teinturier; T, Smyth, 1835 ; Audin, (Rom. Cath.) from the French (3e éd. 1845), Louisville ; M. Haag, dans La France protestante ; Robbinsdans Bib. Sacra, ii., iii. ; Journal de Kittovol, iii, vii. ; Deutscher Kirchenfreund, Phil., 1857 ; Examinateur chrétien, I860 ; Nouvelle encyclopédie américaine. Correspondance, éd. par Bonner, transi., 3 vol., Edinb. et Phil. ; Vie et Selecti&ns d’après ses écrits de Stahelin1861, dans Leben und Schriften der V&ter der Reformirten Kirche de Hagenbach. British and Foreign Quarterly Review, Édimbourg, I860.]

7 Christianæ Religionis Institutio, totam fere pietatis ·ummam, et quic-quid est in doctrina salutis cognitu necessarium, complectens : omnibus pietatis studiosis lectu dignissimum opus (la préface était adressée à François Ier). Il fut composé à Bâle, en 1535. Seule l’édition de 1586 (publiée à Bâle par Thomas Plater) existe aujourd’hui comme la première : mais elle a sans doute été précédée d’une édition anonyme écrite en français (voir Henry, i. p. 102, 88). — L’édition de Bâle fut suivie de celles de Strasbourg (publiées par Rihélius), 1539 (quelques exemplaires sous le nom d’Al· cuinus), 1543, 45, et de Genève, 1550, 53, 54. — Une édition entièrement nouvelle parut en 1559 à Genève (publiée par Robert Stephanus), d’où furent réimprimées les éditions ultérieures. Comp. Henry, 1. c. p. 286, s&, et les opipions de Bretschneider et Krummacher, qu’il cite. La traduction allemande de Bretschneider parut en 1823, chez Elberfeld.—Outre son Institutio, Calvin composa beaucoup d’autres ouvrages doctrinaux et exégétiques, dont il sera question dans l’histoire spéciale des doctrines.—Les œuvres complètes de Calvin ont été publiées, Genève, 1617, xii. fol. Amst, 1671, (1677), ix. fol. Comp, aussi l’Anecdota édité par Bretschneider, Lips^ 1835 (de la bibliothèque de Gotha). Voir Gass, i. 99. [Œuvres entières, trad., Edbg., 51 vol., achevée, 1855. Ses Institutes, fréquentes éditions anglaises (Allen) ; Phil. Presb. Board, en 2 vol. New Test. Comm., and Institutes, éd. Tholuck, Halle. Une trad. française des Institutes, réimprimée à Paris, 1859 ; nouvelle édition de son Comm, sur le Nouveau Test, en français·]

11

§ 220.

Les livres symboliques de l’Église réformée.

Comparez les collections mentionnées, vol. I, § 13. [Les collections de Augusti, 1828 ; lient, 1830 ; Niemeyer, 1840 ; Sylloge Confess., Oxon., 1827. Harmonie de la confession, 1586, 1846. Ε. G. A. Bockell, Bekenntnisschriften, Leipz., 1847. Heppe, Die Bekenn· twisschriften d. réforme. Kirche Deutschlands, 1860. Confesse helvétique, par Trechsel, dans la Realencyclopâdie de Herzog.]

Le mode différent de développement de l’Église réformée d’une part, et de la Réforme luthérienne en Allemagne, d’autre part,1 explique la différence dans le caractère de leurs écrits symboliques. Dans le cas de l’Église réformée, elles étaient moins complètes en elles-mêmes, étant d’abord limitées à des confessions de foi rédigées par des individus, ou dans des localités séparées, et n’entrant que par degrés dans l’usage général comme représentations des doctrines tenues par l’Église. Il ne faut pas non plus négliger la différence évidente entre les personnages de Zwingle et de Calvin.2 C'est pourquoi, pour se faire une idée plus précise des doctrines, il est important de faire une distinction entre les écrits symboliques qui ont été composés avant et après que l'influence de Calvin se soit fait sentir.3 D’après ce qui a déjà été dit, il s’ensuit qu’il ne faut pas s’attendre à un nombre nettement limité d’écrits symboliques calvinistes, dans la mesure où quelques-uns seulement d’entre eux ont acquis une autorité générale dans l’Église réformée, mais pas tous au même degré, tandis que l’importance des autres était limitée à certaines localités4 ou à des individus. 5 ou à certaines périodes à l’expiration desquelles ils perdaient leur autorité.6

1Comparez HagenbachLectures on the Nature and History of the Reforme, II, p. 98, p. 103, par. Schweizerubi supra, 8. 7, sq. [Heppe, Dogmatique de l’Église.]

2 En ce qui concerne son caractère personnel, Zwingle avait probablement beaucoup plus de Luther en lui que de Calvin, tandis que ce dernier est plutôt à comparer à Melancthon (du moins en ce qui concerne ses réalisations et ses écrits scientifiques). Cependant, il ne faut pas exagérer les différences doctrinales entre Calvin et Zwingle (voir l’histoire spéciale des doctrines). [Voir les œuvres de Zeller, Stahl et Sigwart, ubi, précité.]

3 Comparez Winer, p. 18 et 19 de son Comp. Darstellung.

4 Par exemple, la première confession de Bâle. Les confessions de différents pays (tels que la Gallicana, l’Anglicane, l’Ecostique, la Belgique, la Marchique, etc.) n’ont pas non plus été adoptées par d’autres que les protestants des pays respectifs, bien que les principes qu’elles contiennent aient été tacitement reconnus dans d’autres pays protestants, et parfois signés par leurs représentants.

5 C’est ce qui s’est passé avec ledit Fidci Ratio de Zwingle, ainsi qu’avec sa Clara et Brevis Expositio ; comp. Winer, p. 18. D’autre part, la confession privée de Bullinger acquit une telle autorité qu’elle devint la seconde Confessio Helvetica ; la confession privée de Guido de Bree se trouvait dans le même rapport que la Confessio Belgica. Voir § 222, notes 4 et 9. [Comp. Niemeyer, Collectio Confess.]

6 Ainsi la Confessio Tetrapolitana, tombée dans l’oubli, la seconde Confessio de Bâle (la première Confessio Helvetica 1536), la Formule Consensus, et plusieurs autres ; voir les sections suivantes.

 

§ 221.

Escherdans l’Eucyolopmdia publié par Erect et Gruber, 2e section, V0L v. p. 223, ss. [Memeyer, ubi supra. Beppe, ubi précité. L’harmonie des confessions de Bail ; Présentation.]

Dès la diète d’Augsbourg, les quatre villes de Strasbourg, Constance, Memmingen et Lindaudans la Haute-Allemagne, qui étaient favorablement disposées aux doctrines de Zwingle, présentèrent une confession de foi séparée, qui est pour cette raison appelée Confessio Tetrapolitana (ou parfois Conf. Argentinensis, Suevica) ; 1 et Zwingle présenta également une déclaration de foi à l’empereur Charles-Quint.L’Église de Bâle donna (1534 apr. J.-C.) le premier témoignage public de sa foi évangélique par la publication d’un credo, qui fut également adopté à Mülhausen (Confessio Basiliensis I., Mülhausana).3 La persistance de la controverse au sujet de la Cène du Seigneur et les efforts faits par Bucer et d’autres pour rétablir la paix donnèrent naissance à la Seconde Confession de Bâleou Première Confessio Helvetica, qui fut rédigé en 1536, signé par diverses villes suisses, et transmis aux théologiens luthériens alors assemblés à Smalcald.4

(1Il a été rédigé par M. Buceret publié a. d., 1531, in-4^ tant en allemand qu’en latin. Des éditions allemandes en parurent également, Neustadt, sur la Hardt, 1580, et Zweibrücken (Deux Ponts), 1604, in-4°. Il se compose de 28 articles. L’article 18, concernant la Cène du Seigneur, ne diffère que peu de la Confessio Augustana (voir l’histoire spéciale des doctrines). Planck, iii. 1, p. 83, ss. — Le texte latin est donné dans le Corpus et Synt., i. p. (215, ss.), 173, ss., et par Augustip. 327. Comp. Winer, 1. c, et Wernedorf, His-toria Confess. Tétrapol. Vite., 1721, 4. [Aussi dans HalCe Harmony et Niemeyer, p. 740-770.] Les quatre villes signèrent par la suite, lors de la Convention de Schweinfurt, la Confession d’Augsbourg. Voir HeppeConfessionclle Entwicklung, p. 72.

2 Comp. § 219, note 4. Vigneron, 1. c[Niemeyerdans son recueil, donne des Conclusions articuli sives LXVII. H. Zwinglii, avec les Thèses Ber-nenses en annexe, pp. 3-15 ; Z., Fidei Ratio, p. 17-35 ; et son Exposi-tio, pp. 36-77.]

" Bekannthnuss vnsres heyligen Christenlichen Gloubens wie es die kylch zu Basel haldt » (avec la devise : Corde creditur ad justitiam, ore autem fit confessio ad salutem. Rom. x. ) , en 12 articles ; elle a été fondée sur une esquisse dressée par Œcolampadius (voir Hagenbach, Geschichte der Basler. Confession. Bâle, 1827. Annexe A. ) ; la copie allemande en est donnée, ibid. p. 37, ss. , le latin dans Corpus et Synt. i. (93), 72, par. Augusti, p. 103, art.

4  Il fut composé dans un synode tenu à Bâle, en 1536, par des théologiens délégués par les villes de Zurich, Berne, Bâle, Schafhausen, Saint-Gall, Mülhausen et Bienne (rédigé par H. Bullinger, Oswald Myconius, Simon Gryneaus, Léon Judœ et Casper Grosmann), avec l’assistance de Bucer et de Capita, délégués de Strasbourg. voir *KirchoferOswald Myconius, Zurich, 1813, p. 271-316. HessLebens-geschichte Heinrich Bullingers, t. I, p. 199, 88, 217, 18. Escher, L c. Sur le rapport qu’elle entretenait avec la première confession de Bâle, voir HagenbachGeschichte der Basler Confession, p. 67. [Niemeyer, p. 78 à 122.]

 

§ 222.

L’Église de Genève, d’abord fondée sur la doctrine calviniste, indépendamment de l’Église de Zurich, s’en rapprocha plus étroitement (1549) par le Consensus Tigurinus (qui se référait à la doctrine de la Cène du Seigneur) ;1 tandis que la doctrine de la prédestination, développée plus complètement par Calvin, a été établie dans le Consensus Genevensis (1552).(2Mais ce ne fut qu’après l’adhésion de Frédéric III, prince électeur du Palatinat l’Église réformée, que des symboles ont été adoptés qui ont lié les Églises étroitement ensemble. Il s’agit, d’une part, du Catéchisme de Heidelberg (1562), rédigé par Caspar Olevianus et Zacharias Ursinus ;3 de l’autre, la Deuxième Confessio Helvetica, composée par Bullinger, et publié à la demande du prince électeur, A. D. 1564.4 Les principes qu’elles contiennent sont également énoncés plus ou moins distinctement dans les autres croyances réformées, par exemple dans la Confessio Gallicana5, l’Anglicana6, la Scoticana7, la Hungarica8 (Czengerina), la Belgiquea,9 le Confessio Sigismundi (Brandenburgica, Marchica)10, le Catéchisme généensis (11), la Declaratio Thorunensis, etc. Enfin, les controverses qui s’entretiennent entre les différentes sections de l’Église réformée (notamment à propos de la doctrine de la prédestination)12 montrent la nécessité de définitions symboliques analogues à celles contenues dans la Formule Concordiœ de l’Église luthérienne. Tels étaient les décrets du synode de Dort (1618) et la formule de consensus rédigée en Suisse.15 ·

1 Consensio Mutua in re sacramentaria ministror. Tigur. et J. Calvini, composé de 36 articles » dans Calvini Opp. viii p. 648 » 88., et dans son Tract Theolog. (Genève, 1611, Amst, 1667, fol) Il a été imprimé séparément, en 1554, par Robert Stephan. Winer, p. 19. Comp. HessLebensgeschkhte Heinrich Bullingers, ii. p. 15-20. HenryLeben Calvins, ii. 478, note et appendice 181. L’esprit de Calvin s’est montré d’une telle manière par rapport au type suisse de la théologie et à la forme allemande^luthérienne, qu’il a pu développer la première, en la libérant de ce qui était grossier et immature, sans la fondre dans la seconde.־ » GassGesch. d. Prot Dogmatik, i, 126[Niemeyer, 10c. cit. 190-217.]

2 Do æterna Dei Prædestinatione, qua in salutem alios ex hominibus elegit, alios suo exitio reliquit, it de providentia, qua res humanas gubernat, Consensus paatorum Genevensis ecclesiæ, a J. Calvino expositus. Genev«, 1552, 8. (dans l’op. vii. 688, ss., et dans le vol. viii de l’édition hollandaise, p. 593, 8s. ; Tract Theol., p. 688.) Sur l’affirmation (erronée) de Planck et Marheinekeselon laquelle ce consensus avait également été adopté par les citoyens de Zurich, voir Escher, 1. c. HagenbachGeschichte der Basler Confess, p. 83, et Winer, p. 83. 19Henri, ii. 42[Niemeyer, p. 218-310.]

3 Son titre allemand est : Christlicher Underricbt, wie der in Kirchen und Schulen der churf Pfalz getrieben wirdt (c’est-à-dire l’instruction chrétienne, telle qu’elle est dispensée dans les églises et les écoles du Palatinat). On l’appelait aussi Catech. Palatinus, le Catéchisme Palatin. Joshua Lagus et Lambert Ludolph Pithopceus l’ont traduit en latin. Une édition, qui contenait à la fois le latin et l’allemand, parut, Heidelberg, 1563, 8· Plus tard, il a été traduit dans presque toutes les langues modernes^ et très fréquemment commenté : par exemple^ par H. Alting ; voir l’édition de E. A. Lewaid, Heidelb., 1841· Il se compose de trois parties principales : 1° De la misère de l’homme à cause du péché ; 2. De la rédemption de cet état ; et, 3. En ce qui concerne la gratitude de l’homme pour cette rédemption. Il est divisé en 129 questions. (La 80e question concernant la messe a été omise dans de nombreuses éditions.) Comp· Simon von AlpenGeschichte und Literatur des Heidelberg Katechismus Frankf. a. M., 1810, 8. Reinacker (dans l’Encyclopédie Allgemeine, 2e sect., 4e partie.) Beckhaus dans Hlgens historische Zeitschrift, viii. 2, p. 39, et Augusti (voir p. 10.) Seisen, Gesch· der Reformation in Heidelb. bis zur Abfassung des Heidelb. Katechismus, Berne, 1848. Sudhoff, der Heidelb« Kat. Creuznach, 1851 ; ibid., Fester Grund christ Lehre, ein Hülfsbuch zum Heidelb. Kat (rédigé d’après les écrits allemands de Caspar Olevianus, avec* des dissertations de l’auteur), Frankf. a. M., 1854. [Niemeyer donne à la fois la forme allemande et la forme latine, pp. 390-461. Version anglaise dans la Constitution de l’Église réformée néerlandaise d’Amérique du Nord, Appendice, pp. 3-40. La littérature de la Heidelb. Catéchisme, Mercersb. Trimestriel, oct. 1860 ; on English Versions, ibid., janv. 1861. En Angleterre, une édition, 1850, avec des notices bibliographiques par le révérend A· S. Thelwall.—J. W. NevinHistory and Genius of the Heidelberg Catéchisme, Chambersburg, 1847. Le Catéchisme a été introduit dans diverses parties de la Suisse (Saint-Gall, Zurich) ; en Hongrie et en Pologne ; dans la plupart des Églises réformées allemandes ; aux Pays-Bas, par le synode de Wesel, 1688, de Dort, 1574 et 1618 ; dans les Églises réformées néerlandaises et réformées allemandes d’Amérique, de cette dernière c’est le seul livre symbolique. Sur Olevianus et votre sinusvoir Sudhoffdans Leben und Schriften d. Vater der reformirten Kirche de Hagenbach, Bd. viii. 1857 ; il montre que ce Catéchisme était basé sur ceux de Calvin et de Lasco. Sur les différentes premières éditions du Catéchisme, sur la Qu. 80, etc., voir NiemeyerPræfatio, Ivii., « ף.]

4 Confessio Helvetica Posterior (elle s’appelait aussi : Confessio et Expositio brevis et simplex sinceræ Religionis Christian »). À la demande de Frédéric III, prince électeur du Palatinat (1564), il fut édité par Bui· linger, d’abord en latin (1566), puis dans une traduction allemande faite par l’auteur lui-même. Il a été souvent réédité : par Kindler1825, 8, et par O. F. Fritzsche, Tur., 1839 (avec Prolégomènes.) Comparez Escher, 1. c. Il comporte 30 chapitres. Elle fut sanctionnée non seulement en Suisse, mais aussi en Allemagne (dans le Palatinat) et en Écosse, ainsi que par les Églises réformées polonaise, hongroise et française. Il a été traduit en français par Théodore BetaGenève, 1566, 8, et par Cellêrieribid., 1819, 8. [Niemeyer, p. 466 à 536.]

5 Il se composait de 40 articles. Elle fut énoncée et sanctionnée, sous l’influence du prédicateur Chaudieu, par le synode de Paris, en 1559, présentée d’abord à François en 1560, puis à Charles IX, à Poissy, par Bèze, en 1561, et confirmée par Henri IV. et sa mère, au synode de La Rochelle, 1571. Une traduction latine en parut en 1566. Comp. Corp, et Synt. t. I. p. (99) 77, 88. ; Augusti, p. 110, par. Une Confession plus courte en 18 articles fut remise à Henri IV. ; voir HenryLeben CalVins, iii. 469, note. Il s’agit d’un ouvrage différent de celui qui a été publié à Heidelberg, 1566, 8, sous le titre : Confession und Kurze Bekanntnuss des Glaubens der reformirten Kifchen in Frankreich (c’est-à-dire un Credo et une courte Confession de foi adoptés par les Églises réformées françaises), qui devait être donné à Maximilien II, et aux États de l’Empire allemand le jour de l’élection. Pour plus de détails, voir Winer, p. 19. [Voir aussi, De FeliceHistoire des protestants de la France ; transi, par Lobdell, N. ¥1851 ד ; Merle d’Aubigné ; Puaux, Hist de la Ref. Franç., Tom. iv. 1860 ; SoldanGesch. des Protest, dans Frankreich, 2, Leips., 1855.]

6 Communément appelé le XXXIX. (d’abord XLII.) Articles, rédigés par Cranmer et Ridley sous le règne du roi Édouard VI. (mort en 1551), révisé sous le règne de la reine Élisabeth, et confirmé en 1562 par un synode à Londres. Ils ont été publiés à l’origine sous le titre : Articuli, de quibus convenit inter Archiepiscopos et Episcopos utriusque Provinciæ^ et Clerum universum in Synodo, Londini anno 1562, secundum computationem Ecclesise Anglican », ad tollendam opinionum dissensionem, et consensum in vera rel. firmandum ; éditer! auctoritate serenissimæ Régi næ, 1571. L’édition anglaise est donnée dans le Book of Common Prayerle Latin in Corp, et Synt. i. p. (125) 99, 88. Augusti, p. 126, par. Un Catéchisme ecclésiastique a été composé par Jean Poinet (1553) en quatre sections, sur ordre du roi Édouard VL Comp. Winer, p. 22. [Vue comparative des Églises d’Angleterre et de Rome, 1814, 1841.] Germ, transi, par F. EichelGrimma, 1848. [€%«. HardwickHist, of Articles of Religion (documents de 1636 à 1615) ; nouv. éd., 1859. Burnet) Welchman, 1692, et Broione sur le XXXIX. Des articles. Strype'8 Annales. E. Cardwell)Hist, of Conferences on Book of Prayer (1558-1690), 3e éd., 1849 ; ibid., Documentary Annals of Church of England, 1546-1716, 2 vol., 1843 ; Formules de la foi, publiées sous le règne de Henri VI il, et trois abécédaires, publiés sous le même règne ; Collection d’articles, etc. Bean NoweWs Catéchisme, 1572, nouvelle éd. par W. Jacobson. Sparrow’s Hist, of Articles, Injunction, etc., 4to., 1684, 1846 ; Ibid.) Justification sur le Livre de la prière commune, 1724 ; F. BulleyVue tabulaire des variations dans les offices de communion et de baptême de l’Église d’Angleterre, 1540 à 1662, Oxf., 1842. Le Livre de la Prière Commune doit être pris avec le XXXIX. Articles, dans l’estimation de la position doctrinale de l’Église d’Angleterre. Outre les travaux ci-dessus, voir Wheatley) Rational Illustration of Book of Common Prayer, 1720, 1846 ; Berger) 2 vol., 1801 ; Thos. Lathbury, Hist, of Book of Common Prayer, 2e éd., 1859 ; Procter) !857. — Homélies de l’Église d’Angleterre, 1er livre, 1547 ; 2e livre, 1563 ; édité par le professeur Come, Camb., 1850.— GibsonCodex Juris. Ecclesiastici Anglican !, 2 fol., 1761.—Premier livre de prières, 1549 ; révisé en 1552 ; XLH. Articles, 1552-3, par Cranmer, non adoptés par le Convocation — plusieurs des articles d’Augsb. Confession ; XXXIX. Articles, 1552, par Alp. Parker, se servant de la Confession de Wurtemberg ; modifié en XXXVHI. en 1563 ; en 1571 restauré à XXXIX. et rendu contraignant. Le XXXIX. Les articles ont été ratifiés par la Protestation. Église épiscopale aux États-Unis ; le Livre de la prière commune, révisé sous la direction de la première convocation générale, Phila., 1786 (omettant les credo nicéens et athanasiens, l’absolution, la régénération baptismale, etc.), mais presque tous restaurés (à l’exception du credo d’Athanase et de l’absolution dans la visite des malades), à la suite des objections des évêques anglais.

7 Il a été publié en 1560 et se composait de 25 articles. Son auteur principal était le réformateur écossais John Knox (ses vues sur la doctrine de la prédestination étaient moins calvinistes que celles sur la Cène du Seigneur). Corpus et Syntagma i. (137) p. 109,88. Augustip. 143,88. Une autre confession de l’année 1581 est annexée. La Confession de foi de Westminster, 1643, est différente. (Cantabr., 1659, 8 ; Edinbn° 1671, 12). Comp. Gemberg* schottische National Kirche, p. 11. Vigneron, 1. c. Voir la remarque ci-dessous. [Niemeyer* 340-359, donne les deux Confessions écossaises.]

8 Il a été rédigé lors d’un synode des Églises réformées hongroises, en 1557 ou 1558, et se composait de 11 articles. SchrockhKirchengee-chichte nach der Reformation, t. II, p. 737. Corp, et Synt. i. (186,) p. 148, ss., d’après l’édition Debreczin, 1570. Winer, p. 20. Augustip. 241, 88.

9 Il s’agissait à l’origine d’une confession privée de Guido de Breset a été publié pour la première fois en 1562, en langue wallonne (il se composait de 37 articles). Peu de temps après, il fut traduit en hollandais, approuvé par les églises hollandaises, et même signé par plusieurs princes. Elle a été solennellement confirmée par le synode de Dort. Il a été édité par Festus Hommius, Lugd. Bat., 1618, 4, et plusieurs fois par la suite. Voir Augusti, p. 170, ss. [Voir Brandt’s History of Ref, Loud., 1720, vol. t, p. 1438q. Niemeyerloc. cit., p. 36G-389 ; aussi Præfatio, p. lii-lvii. VenemaInst. Hist Eccl. vii. p. 252 sq. Il s’agit d’abord d’un document privé de de Bres ; révisé par Saravia, Modetus et Wingen ; publié en 1563 ; abrégé par le synode d’Anvers, 1566. La forme longue fut adoptée par le synode de Wesel, en 1568, et d’Embden, en 1571. Le synode de Middleburg, en 1581, ordonna que la forme abrégée soit abrégée et traduite en belge. L’édition de Hommius, 1618, a été publiée à l’usage du synode de Dort ; mais la formule telle qu’elle a été adoptée à Dort diffère considérablement de celle donnée par Hommius. Niemeyer, réimprime l’édition de Hommius. Version anglaise dans l’appendice à la Constitution de l’Église réformée néerlandaise, pp. 40-60.]

10 Son titre original était : Des hochgebornen Fürsten Johann Siegmund, etc., Bekanndniss von jetzigen unter den Evangelischen schwebenden und in Streit gezogenen Punkten, etc. ( ». e. la Confession de l’illustre prince Jean Sigismond, etc., sur les points sur lesquels les protestants sont en litige aujourd’hui). Il se composait de 16 articles. Elle ne doit pas être confondue avec la confession de foi adoptée par les églises évangéliques réformées d’Allemagne, qui fut publiée à Francfort-sur-l’Oder, en 1614, par ordre du même prince. Pour plus de détails, voir Winer, p. 21. Il est réimprimé par Augustip. 369, ss.

12 Adoptée par un synode général en Pologne, convoqué pour la pacification, sous Vladislas IVà Thorn, en 1645, elle fut très généralement accueillie dans une partie importante de l’Église réformée d’Europe orientale. [Voir aussi le Consensus Poloniœ in Niemeyer, 560-591.]

13 Voir l’histoire spéciale des doctrines (les chapitres sur la prédestination).

14 Elle dura du 13 novembre 1618 au 9 mai 1619, et tint 145 séances. Ses décrets, etc., ont été publiés dans les Acta Synodi Nationalis, etc. Dort, 1620, 4. [Dans Niemeyer, p. 690-728. En anglais, dans Appendice à la Constitution de l’Église réformée néerlandaise, 60-75. Actes du synode de Dort, Lond., 1620, fol. Voir aussiVinke, Libri Symbolic ! Eccles. Reform. Nederlandicæ, Traj. ad Rhenum, 1846, qui contient aussi la Première Confession, adressée à Philippe II, la Confession Ancienne de 1566, etc. Les Articles du Synode de Dort, et son rejet des erreurs, transi, par Thomas Scott12mon Utica, 1831. Comp. Schweizer, protestation. Hommes-Chiens Centraux, ii. 31-201Hales (John) Restes d’or ; et, Hist. Concil. Dordrech. éd. Moshemius, Harnb., 1728. GrafBeitràge sur Gesch. d. Synode von Dordrecht, Bâle, 1825.]

15 Elle était dirigée, en premier lieu, contre la théorie de l’universalité de la grâce, défendue à l’académie de Saumur (comp. § 225, note 3), et défendue principalement par Heinrich Heidegger, de ZurichFrancis Tur-retin, de Genève, et Lucas Gemler, de Bâle. Le projet a été rédigé par Heideager sous le titre : Formula Consensus Ecclesiarum Helvetiearum Refonnatarum circa doctrinam de gratia universal·', et connexa, aliaque non nulla capita. Il se compose de 26 articles. Sur son histoire et les controverses auxquelles elle a donné lieu, ainsi que sur son abolition définitive (par l’intervention de la Prusse et de l’Angleterre, en 1723), voir Pfaff, C. Schediasma de Form. Consens. Helvet. Baquet. 1723, 4.—Hottingcr* J. J., Succincta ac Genuina Formnlæ Consensus Helv. Historia (dans la Bibl. Brem. vii. p. 669, 88. Il a été publié séparément, Zur. 1723). Mémoires pour servir à l’histoire des troubles arrivées en Suisse à l’occasion du Consensus. Amst 1726 (par Bamaudcuré à La Tour, près de Vevay). Léonh. Meister* helvet. Scenen der neuern Schwirmeri und Intoleranz. Zurich, 1786, p. 8, 88. Escher* dans l’Encyclopédie Allgemeine, 1. c. p. 243, ss. Alex. Schweizer* Die theologisch-ethischen Zustânde (§ 223, note 21), 8. 35sq, [Crass* Gesch. d. Protest. Dogmatik, ii. (1857), 8. 328-374. Syntagma Thesium Theologicarum in Acad. Salmur., éd. 2, Salm., 1664. Aymon,* Tous les Synodes Nationales des Eglises Reform, ii. 604sq, Ballaeus* Apologia pro duabus Sy nodis, Amst, 1685. Opéra de Rlveti, iii. Tom : Synopsis Doctrinæ de Natura et Gratia (Tom. III. p. 830sq.) Schweizer* Protest Centraldogmen, i !\ Die Amyraldischen Streitigkeiten, 8. 225-439 ; der Hel- \ vetische Consensusformel, 8. 439-564, et s. 663-748 ; et dans Theol. Jahrb· (Tûbing.), 1852, i. 41, ii. 155.]

Parmi les symboles de l’Église réformée, on peut citer : les Confessiones Polonicæ, (1. Consensus Sendomiriensia, 1570. 2. Thoruniensis Synodi general«, A. D. 1595, d. 21, Aug. celebratæ Canones). Confessio Bohemica, 1535 (1558, 4.) Colloquium Lipeiacum, 1631. Declaratio Thoruniensis, 1645. (Ils sont tous réimprimés dans les ouvrages de Augusti [et Viemeyer], qui donnent aussi toutes les informations historiques désirables.) — Sur les symboles des puritains, voir Niemeyer* G. A.* Collectionis Confessionum in Ecclesiis Re· formatis pubheatarum. Appendice., Lips., 1840. Conf. Westmonasteriensis (1659, 60, 64), et le · deux Catéchismes (1647). Hallische Literatur Zeitung, janvier 1841.

[L’Assemblée de Westminsterconvoquée par ordre du Parlement, 1643, composée de 151 membres. La Confession fut présentée aux Communes, le 11 décembre 1646 : Shorter Cat·-chiem, 5 nov. 1647 : Grand Catéchisme, 5 avril 1648. L’Assemblée générale d’Écosse ratifia la Confession, le 27 août 1647, et le Catéchisme, en juillet 1648. Le synode de Cambridge, en Nouvelle-Angleterre, adopta la Confession en 1648. La Confession de Savoierédigée par les Indépendants, en 1658, est, dans ses parties doctrinales, presque identique à celle de Westminster ; un synode de Boston, en 1680, adopta cette confession ; en 1708, elle fut adoptée à Saybrook, pour les Burches du Connecticut. L’Occident. Confess, a été adopté par le· Église presbytérale en Amérique, 1729 (loi d’adoption) ; il est également reçu par les diverses branches des presbytériens d’Écosse, d’Irlande et des États-Unis. Les baptistes d’Angleterre adoptèrent une confession de foi, Lond., 1643. Conf des Sept Églises, publiée, 1646, tn 52 articles ; et la Confession de l’Assemblée en 1688 (Londres), en 35 chapitres (appelée aux États-Unis la Confession de Philadelphie). Comp. S. S. Cutting* HistL Vindication, Bost, 1859. Quelques baptistes anglais d’Amsterdam, publièrent un Oon-feanon en 1611 ; une autre Confession de Londres, 1640 ; Confession de Somerset, 1656. Voir £d. Dean Underhill* Cont of Faith of Baptists, pour la Hansard Knottys Society, prêt, 1854.]

 

§ 223.

LA THÉOLOGIE SYSTÉMATIQUE DE L’ÉGLISE RÉFORMÉE.

Sur la littérature, voir § 216. Al SchweizerReformirte Glaubenslehre (Introduction^ et hie Protestant Oentraldogmon, Zürich, 1864—6. EbrardDogmatics i. 62éd., [transi, dans Mercersburg Qu. Rev., 1857. Gate, ubi précité. HeppeDogmatik des Deutschen Protest. Bd. L a. 139-204, Entstehung und Ausbildung der german-rerormirt Dog-matik. Twesten, Dogmatique. L (1884), A 226-273. La vie et l’aua de Hagenbach > Écrits choisis du père et fondateur de l’Église réformée, IX.

Dans l’ensemble, la théologie systématique était moins cultivée dans l’Église réformée que l’exégèse, bien qu’elle ne fût pas tenue à l’arrière-plan. En plus des travaux de Zwingle et de Calvin (§ 219), beaucoup de leurs disciples,  tels que Heinr. Bullinger,1 Andr. Gerh. Hypéris,2 Wolfgang Musculus [Dusanus],3 Ben. Arctius,4 Wilh. Bucanue,5 Théodore de Bèze,6 Petrus Ramus,7 Daniel Chamier,8 et d’autres, ont écrit des recueils de théologie dogmatique. La méthode scolastique, elle aussi, ne tarda pas à trouver sa place dans l’Église réformée, dont les représentants peuvent être mentionnés Bartholomew Keckermann,Amandus Polanus a Polansdorf,10 J. H. Alsted,11 John Sharp,12 John Wollebius,13 Henry Alting,14 John Maccovius,15 Gisbert Voetius ,16 Marc Frédéric Wendelin,17 John Hornbeck,18 Samuel Maresius,19 André Rivetus (20et, surtout John Henry Heidegger (21), un système théologique particulier, dans la méthode dite fédérale, a été inauguré par J. Cocceius (22). et plus pleinement développé par ses disciples, dont les plus éminents étaient Francis Burrmann,23 Abraham Heidanus,24 Hermann Witsius.25 Melchior Leydecker, d’autre part, a traité l’ensemble du système théologique dans l’ordre des trois personnes de la Trinité,26 D’autres, encore, adoptèrent d’autres méthodes,27

 [Pierre Martyr Vermilius, Sucer, Capita, Oecolampadius, Pictet et Myconius sont également mentionnés comme ayant contribué à donner forme au système réformé. Pierre Martyrun Italien, enseigna à Strasbourg, Oxford et Zurich, mort en 1562. Son système théologique a d’abord été publié en Angleterre, par Massoniuspuis plus complètement sous le titre de Loci Communes (éd. Gualter), Zürich, 1580, 1626, Heidelb., 1622. Comp. C. Schmidt, dans Leben der Vater der Ref. K. de HagenbachLa réforme de McCrie, en Italie. Bucer (Butzer, Mart.) né en 1491, enseigna à Strasbourg, en Angleterre, en 1549, mourut en 1551. Pas d’édition complète de ses œuvres ; un projet en 10 vol. Voir Schenkel, dans l’Encych Baum de Herzog, dans le Leben d. Vâter de Hagenbach. — Capita (Kôpfel), né en 1478, également à Strasbourg, mort en 1541. Voyez Hagenbach dans l’Encyclopédie de Herzog, et Baum dans le Leben der Vater. — D’Oecolampadius et de Myconius, Hagenbach a écrit les vies dans son Leben d. Vâter d. réforme. Kirche.]

1 Bullinger naquit en 1504 et mourut en 1575. Voir Hess, Lebensge-schichte Heinrich Bullingers, 2 vol., 1828, p. 29. — Il a écrit : Compend. Rel. Christ, e puro Dei Verbo deprointum, Basil., 1556. Sur la part qu’il prit à la composition des diverses confessions de foi, voir le § précédent. [Sur Bullinger, voir Schenkel dans l’Encyclopédie de Herzog et Schweizer, loc. cit. Son jugement en certaines matières sur la religion, transi., 1566 ; 50 Sermons dans le vol. 5 de Parker Soc. Publications ; A hyndred Sermons, 1561 ; ses Décades, par Parker Soc., 4 vol., 1849-52 ; pour une liste de ses autres ouvrages, voir Lowndes' Bibliog. Manual, Bohn’s ed., 1858, i. pp. 309, 10. B’s Leben und Schriften, par C. Pestalozzidans Leben und Schriften der Vâter de Hagenbach, etc.]

2 Hypérius naquit à Ypres en 1511 et mourut en 1564, comme professeur de théologie à l’université de Marbourg. Ses ouvrages théologiques sont : Methodi Theologiæ sive præcipuorum Christ Rel. Locorum Communium Lib. iii. Basile, 1568, 8. Varia Opnscula Theol. ibid., 1570, 71. Comp. Glaubenslehre s_ Semler , p. 46, ss. Heinrichp. 293, ss. [Sur Hypériscomparez Manggold dans la Deutsche Zeitschrift, 1855, et dans la Realencyclop de Herzog. HeppeDogmatik derdeutschen Protest i. 145sq. Gass, i. 131.]

Son nom propre était Müslin, ou Moselle. Il naquit en 1497 à Lothringe et mourut en 1563, comme professeur de théologie à l’université de Berne. Il est l’auteur de : Loci Commîmes Theol., Berne., 1573, 8. Opp. Bas. IX. fol. Semler1. c. p. 56, note 28. Gass, 131.

4 Aretius mourut en 1574, comme professeur de théologie à l’université de Berne ; était auparavant professeur à Marbourg. Il a écrit : Théologies Pro-blemata sive Loci Communes, Berne, 1604. Semler1. c. p. 54, note 26. Heinrich, 296. Gass, 131.

5 Bucanus fut professeur de théologie à l’université de Lausanne, vers le commencement du XVIIe siècle, et écrivit : Institut. Theol., etc., Brem., 1604. Genev., 1612.

6 Bèze naquit en 1519 à Vecelay et mourut en 1605. (Comparez sa biographie par Schlosser, Heidelb., 1809.) Quæstionum et Responsionum Christ. Libellus dans son Tractt Theol., t. I, p. 654. Baum’s Beza, 2 Bde., 1843-52, et Beilagen. [Brève déclaration de Bèze sur la table de la prédestination, transi., Londres (sans date) ; Sermons, 1687 ; d’autres ouvrages traduits, voir dans Lowndesubi supra, p. 169. Herzog dans son Encyclopédie. La Vie de Bèze de Heppe doit former le tome VI des Leben der VRter der reform de Hagenbach. Kirche.]

7 Pierre Ramus (de la Ramée) naquit à Cuth, en Picardie, et mourut martyr, la nuit de la Saint-Barthélemy, le 25 août 1572. Voici ce qu’il a écrit : Commentariorum de Religione Christ, lib. iv., Francof., 1576. De Fide, de Lege, de Precatione, de Sacramentis.) [Cta. WaddingtonRamus, sa Vie, ses Ecrits, Paris, 1855. Ritter, Gesch. der Christi., Phil. v. 471. Tennemann, ix. 420. Eclectic (Lond.), sept. 1856. Hallam’s Lit. Europe, i. 205.]

Chamier naquit en Dauphiné ; mort le 16 octobre 1621, professeur à Montauban, pendant le siège de cette ville. Il a écrit : Panstratia Catholica, 8. Corpus Controversiarum ad versus Pontificios, Genev., 1606, v. vol. fol. Corpus Theologicum, s. Loci Communes Theologici, ib., 1653, fol. (opus pos-thumum.) [Mémoire de Charnieravec les notices de ses descendants, Lond., 1852. Haagdans La France protestante, iii. 316C. Schmidt, dans l’Encyclopédie de Herzog.]

D’autres théologiens réformés du XVIe siècle sont François Juniusmort en 1602, professeur à Leyde ; Anton Sardel (Chardieu) ; Hieronymus Zanchius, mort en 1590 ; Boquin, mort en 1582. Voir Gass, p. 139. Heppe, 148.

9 Keckermannné à Dantzic, fut professeur à l’université de Heidelberg, et mort en 1609,. 25 août (Adami Vite Philos, p. 232, ss. BayleDiet. : « son œuvre » abonde en plagiats, et ont eux-mêmes été plagiés par beaucoup d’autres ». ») Il a écrit : Systems Theol. tribus libris adornat Hanovia, 1607. Opp. Genev., 1614, 4. Gats, 408 .

10 Polanus naquit à Troppau, en Silésie, en 1561, donna des conférences à l’université de Bâle et mourut en 1610 (comp. Athenæ Raur. p. 37.) Il composa un Syntagma Theol. Christ Han., 1610. Voir Gats, i. 396. [Gau dit que Polanus a donné le premier exemple d’une élaboration du système doctrinal, exposant et faisant des distinctions, dans la méthode causale.]

11 Alsted est né apr. J.-C. 1588, à Herborn, et mourut à Weissenbourg, a. d. 1638, où il est professeur de théologie. Ses ouvrages sont très nombreux : Theologia Naturalia Francof, 1615, 22, 4.—Theologia Catechetica, ib, 1622, 4, Han., 1722, 4.—,Theologia Scholastics, ib, 1618, 4.—TbeoL Didactica, 1627, 4.—Theologia Polemica, ibid., eod.—Theologia Prophetica. ib., 1622, 4. — Theol. Casuum, Banov, 1630, 4. Gass, 411.

12 Sharp (J. Scoto-Brittanus), fut professeur à Die on the Drôme, en Dauphiné. Il a écrit : Cursus Théologiens, in quo Controversies omnes do Fidei Dogmatibus inter nos et Pontificios pertractuntur, et ad Bellarmini Argumenta respondetur, éd. 2, Genev., 1620. Voir Schweizer, 8. xxi. [Il a également écrit Symphonia Prophetarum et Apostolorum, Genev., 1670.]

13 Jean Wollebsné en 1586, mort en 1629, professeur de théologie à Bâle. Il a écrit : Compendium Christ Theolog, Bâle, 1626 ; aussi trans-latcu en anglais, Christian Divinity [Abrégé de Christ Divinitie, par Roseavec l’anatomie de tout le corps de la divinité, 12mo, 1650.] Il se distingue par sa simplicité. Ebrard (Dogmatik), l’appelle « l’un des plus grands théologiens qui aient jamais vécu ? Comp* Gassi. 397 [et Schweizerii. 26, qui contestent ce jugement]

14 John H. Altingné à Emden, fut professeur à Heidelberg à partir de 1613, mort en 1644, professeur à Grôningen. Ouvrages : Problemata turn theoretics, turn practica, Amst, 1662, 4to.—Theologia Elenchtica, Bas., 1670, Amst, 1664.—Méthode. Theol. Didact, Amst, 1650. Tiguri, 1673. Son filsJacob Alting, s’est également distingué dans la théologie et la polémique ; Methodus Theol. dans son Opéra, Amst, 1687. Voir Gass, i. 434. [2ΓAlting a aussi écrit : Theologia Histories, Amst, 1664. Exégèse Augustienne. Confesser, 1652. Voir Schweizer, dans Herzog' » Realencyclop.]

15 Son nom propre était Makowsky ; il naquit à Lobzenik, en Pologne, après J.-C. 1508, professeur de théologie à Franecker, et mort après J.-C. 1644. Il adopta la méthode aristotélicienne d’investigation, et composa : Loci Com* mun. Theol. Fran, 1639, 8, éd. auct Nic. Arnold, 1650, 4. Une édition améliorée de cet ouvrage parut en 1685. En outre, il a écrit : Quœstiones Theolog. Frankcof, 1626, 8. Distinctions et Régula Theolog. Amst, 1656, 12. Heinrich, p. 355. Gass, 441.

16 Voetius naquit après J.-C. En 1589, à Heusden, en Hollande, il est professeur de théologie à l’université d’Utrecht et meurt en 1676. (Il s’opposa à Cartesiue.) Ouvrages : TheoL Natnralis Reformata^ Londn 1656, 4. Insti-tutiones Theol. Traj., 1642, 4.—Disputationes Select®, ibid. 1684, Amst., 1669, 5 vol. 4. — Voir Buddceust. I, p. 417 (875). Heinrich, p. 855, 856. Porte, i. 460. [Schweizer, ii. 802.]

17 Wendelin naquit en 1584 à Sandhagen, près de Heidelberg, et mourut en 1652 à Zerbet, où il était recteur gymnasii. Il a écrit : Christ. Theol. Libri. ii methodice dispoeiti, Han., 1684,41, Amst., 46, Christ. Theol. Systems Majus^ Cassel., 1656, 4. Buddceus, p. 416. Heinrich, p. 356. Gaz !, 416. [Schweizer, ii. 522.]

18 Hornbeck, né a. d. 1617, à Haarlem, et mourut 1666, comme professeur à l’université de Leyde. Il a composé : Institutt Theol. Ultraj, 1658, Lugd. Chauve-souris. 58, 8. Voir Buddceus, p. 417. Heinrich, p. 357. [Gassii. 287, 293. Schweizer, i. 379. Il a également écrit Socinianismi Confatatio, 8 Tom., Amst, 1664.]

19 Son vrai nom était des Marets, il était né a. d. 1598, à Oisemont, dans la province de Picardie, et mort en 1678, à Groningue. Ouvrages : Collegium Theologicum sive Systema Universale. Gron., 1658, 4.—lheologiæ Elenchticæ nova Synopsis sive Index Controversiarum, etc., ibid., 1648, ii. 4, et plusieurs autres. Gass, ii 442. [Il a aussi écrit contre Cocceius et Descartes : voir Schweizer, ii., passim.]

20 Rivetus naquit après J.-C. 1573, et mort en 1651. La plupart de ses œuvres sont exégétiques. Celui-ci a un caractère polémico-dogmatique : Catholicus Orthodoiue sive Summa Controversiarum inter Orthodoxes et Pontiflcios, Lugd. Bat, 1630, ii. 4. Il a également composé plusieurs écrits controversés et d’autres traités. Opp. Rotterd., 1651, 60, iii. fol. Rivetus fut particulièrement actif contre Amyrant et l’école de Saumur. Ses écrits contre A. se trouvent dans le 3e vol. de son Opéra, p. 828-878. Comp. Schweizerubi précité, p. 8. 342-354Gass, ii. 339-349. Son recueil de témoignages sur la doctrine du péché originel dans Theol. Essays, from the Princeton Rev. (Vol. L, 1846), pp. 196, par exemple.]

21 Heidegger naquit en 1633 et mourut en 1698 à Zurich. Il est l’auteur de la Formule Consensus [VSchweizerii. 482, »</.] Il a aussi écrit : Medulla Theologi » Christian. Tur., 1696, 1702, 1713 ; Corpus Theol. Christ. 8. Théol. didactique », moralis et historic » Sys-tema, 2 fol. Tur., 1700, 1732. Medulla Medull », 1701. Aussi, beaucoup de diseer-tarions. Voir Alex. Schweizer, Die theologisch-ethischen Zust&nde der 2. Hâlfte des 17, Jahrh. dans d. Zorich. Kirche Ziir., 1857, e. 12, sq. [Saw, ii. 353sqHerzog’s Encycl. article Helvetic Confessions, par Trechsel^

22 Le nom d’origine de Cocceiuétait Koch. Il naquit à Brême en 1603 et mourut en 1669. Ce système doctrinal était fondé sur l’idée d’une alliance entre Dieu et l’homme. Il a fait la distinction entre (1.) l’alliance avant la chute (l’alliance des œuvres) et (2) l’alliance après la chute (l’alliance de la grâce). Cette dernière alliance embrasse une triple économie : 1. L’économie avant la loi. 2. L’économie sous l’angle de la loi. 8. L’économie de l’Évangile. Ses principes sont développés dans la Somme Doo-trinœ de Fœdere et Testamentie Dei, 1648. Voir Buddceus, p. 417. Hein-richp. 358, 88. Heppe8. 204sq. : « Le fruit de son influence sur la théologie systématique réformée fut de ramener les théologiens à la liberté de la Parole de Dieu, en la délivrant de l’esclavage d’un scolast^ cisme traditionnel, et d’une manière de traiter le sujet qui servait les intérêts de la culture des écoles. » [Comparez en particulier EbrardDogmatick, L74-78, et dans l’Encyclopédie de HerzogSchweizerii. 665, 802.

23 Burmannné à Leyde en 1628, professeur de théologie à Utrecht à partir de 1662, mort en 1679. Il a écrit : Synopsis Theologiæ et ()economise Fœderum Dei, Amst, 1671, 1691, 2 Tom. [Gass, ii. 310.]

24 Heidanusné à Frankenthal, dans le Palatinat, en 1648, professeur de théologie à Leyde, déposé à cause des controverses sur la philosophie cartexienne, mort en 1678 ; écrivit le Corpus TheoL Christ., 2 Tom., 1687. [( ?ass, ii. 300-307Schweizer, ii. 677.]

25 Witsius naquit en Frise occidentale en 1626, professeur de théologie à Franecker, Utrecht et Leyde, mort en 1708. Œuvres : Miscellanea Sacra, 2 Tom., Amst, 1692. Oeconomia Fœderum, Traj, 1694 Meletemat, Leidensia, Lugd, 1703. Œuvres complètes, vi. Tom., Herborn, 1712-1717. Bâle, 1739, in-4°. [Economy of the Covenants, transi, par Crookehank, 2 vol., Edinb, 1803. Ibid., a new transi., 3 vole, New York, 1798. Récit de sa vie, tiré de l’Oraison latine de Marckius, dans ToploAy’s Works, vol. IV. Schweizer, ii. 804Gass, ii. 316Ebrard, i. 79.] — Sur les autres disciples de Cocceius, Wilh. Momma[morte en 1677 ; écrivit De Varia Conditione et Statu Ecclesiæ Dei sub triplici Oeconomia Fœderum Dei, etc. Utrecht, 1671.] Joh. Braun [mort en 1709 : Doctrine Fœderum, sive Syst. Theol. Amst, 1688 ; Van der Waeijenprofesseur à Franecker, Summa ,Theol., 1689], et Nic. Gürtlervoir Walch222sq. Heinrich, 362. [(7ats et Ebrard.]

26 Visa de Leydecker né x. décédé en 1642 à Middleburg, dans la province néerlandaise de Zélande, et mort en 1721, comme professeur de théologie à l’université d’Utrecht. (Ses vues étaient opposées à celles de Cocceius.) Il a écrit : De Œconomia trium Personarum in Negotio Salutis Humanæ libri vi. Traj, 1682, 12.

27 Par exemple, Heinr, Hulsius, Le Blanc, Markius et Turretin. Comp. Walchp. 225, par. Heinrichp. 373, 88. [Stephen Szegeden (Seegedin) un Hongrois, publié à Bâle, 1585, Theologiæ einceræ Loci Communes, rep. 1593 ; voir EbrardDogmatik, i. 65. Son ami Grynœusle maître d’Arminius, dans son Opusc. Theol., s’opposa à la doctrine de la prédestination.— William Amesné en 1576, étudia la théologie à Cambridge, aumônier à La Haye, où il s’opposa à Arminius. Profes-sor à Franeker, 1622, mort en 1633. Il a écrit : De Arminii Sentent, 1616 : Medulla Theologiæ, 1628 ; De Conscientia et ejus Jure ; strictement puritain ; œuvres complètes, 5 vol., Amst, 1628. Voir Schweizerdans Herzog — Antoine la Fayeprofesseur à Genève, mort en 1616 ; Enchiridion Theologicum Docto-rum et Professorum in Acad. Leydens. 1605Joh. Polyandri, Andr. Riveti, Ant. Walaei et Anton. Thysii Synopsis purioris Theologiæ, Lugd. Batav, 1652.—·Τόλ. Heinr. HottingerCursus Theolog. in Methodo Altingiana, Hei-delb, 1660.]

 

§ 223. a.

[LA THÉOLOGIE RÉFORMÉE ALLEMANDE.]

[La théologie réformée allemandea pris une type, intermédiaire entre le calvinisme suisse et le luthéranisme allemand ; entre la stricte prédestination de l’un et les théories sacramentelles de l’autre. Il perpétua l’esprit de Mélancthon et favorisa l’union avec les calvinistes. Elle prit son origine dans le Palatinat, et reçut son expression dans le Catéchisme de Heidelberg2, rédigé par Olevianus3 et Ursinu;4 bien que son esprit général se manifeste dans les travaux d’Andreas Hyperius5professeur à Marbourg. Parmi ses autres représentants, on compte Peter Boquin6 Hemming7 Christopher Pezel8 George Sohnius.9 Dans les écrits de ce dernier, de Hiéron. Zanchius,10 de Raph. Egling,11 de Matthias Martinius,12 de Bartholomew Keckermann,13 de Marcus Fried. Wendelin14de Ludwig Crocius15 et de John Piscator16 elle devint plus scolastique dans son caractère et se fondit dans la tendance calviniste plus stricte. Elle a également été encouragée dans le gymnase théologique de Brême17 ainsi qu’à Heidelberg ; et c’est de cette école que sortit Jean Cocceiusqui donna une nouvelle forme à la théologie de la Hollande, en insistant sur les Alliances comme idée centrale.

1 [Voir Ebrard, Dogmatik i ., § 35 ; et surtout Heppe, dans son Gesch. des deutschen Protest, et son Dogmatik des deutschen Protestantismus, i. 139-204. Le Dr Heppe fait consister les particularités de cette théologie en trois points : 1. Faire de l’idée centrale celle de l’alliance (fœdus Dei), particulièrement telle qu’on la voit dans le royaume du Christ : 2. L’idée d’une union essentielle avec le Christ (insitio in Christum) : 3. Déduit de ces deux-là, la doctrine de la persévérance des saints. Comp. Heppe sur l’église de réf. allemande, transi, dans le Mercersb. Rev., de Stud. u. Kritiken, 1853.]

2 [Sur le Catéchisme de Heidelberg, voir § 222, note 3, et l’ouvrage de Nevin, Hist, and Genius of Heidelberg Catéchisme, 1847. Revue de Princeton, 1852. Nevin, à Mercersb. Rev., en réponse, 1852.]

3 [Caspar Olevianus naquit à Trèves, en 1536, étudia le droit à Paris, puis la théologie à Genève, prêcha et enseigna à Heidelberg, de 1560 à 1576 ; mort à Herborn, en 1587. Il a écrit : Expositio Symboli ApostoL, 1576 ; De Substantia Fœderis gratuiti inter Deum et electos, Genev., 1585 (bis ouvrage principal). Comp. Sudhoff, dans Leben de Vater d. Ref K ; Heppeubi supra, i. 149-158 ; J. Marx, Caspar Olevian. odèr der Calvinismus in Trèves. Mayence^ 1846.]

Zachary Ursinus (Beer) naquit à Breslau, en 1584, étudia sous Melancthon, à Wittenberg, enseigna à Heidelberg, 156178־, mourut à Neustadt sur la Hardt, en 1583. Loci Theologici, 1562. Ses conférences sur le Heidelb. Le Catéchisme fut publié sous une forme imparfaite à Genève (Doctrinæ Christ Compendium), 1584 : édité par son successeur à Heidelberg, David Pareus (f 1622), en 1591, sous le titre d’Explicationum Catechet. Partes IV. ; 1598, sous le titre de Corpus Doctrines Christ Opera, 3 fol. Heidelb., 1613. Voir Heppe, u. 8. i. 158-160. Une version anglaise par Henrie Parrie, Summe of Christ Religion, 1587, 1589 (abrégé), 1617, 1645 ( » conféré avec le dernier latin de Parée « , et y compris sa médullaire théologique). Une édition américaine par G. W. WillardColumbus, Ohio, 1851. Comp. Sudhoffin Leben d. V&ter der Ref. Kirche, Bd. viii.]

5 Hypéris, voir § 223, note 2.

6 [Boquin fut professeur à Heidelb., mort en 1582. Il a écrit : Exégèse divin » atque human » κοινωνίας, Heidelb., 1561. Voir Heppe, i. 148.]

7 [Nicolas Hemmingdu Danemark, professeur à Copenhague. Il a écrit : Ethnologie 1557 ; Syntagma Institutionnel !! Christ 1574, également réimprimé à Genève. Voir Heppei. 85, 161.]

8 [Pezelné en 1539, exilé de Wittenberg pour son philippisme, 1574, mort à Brême, 1604· Voir Heppe, i. 161. Son but principal était d’introduire Mélancthon dans l’église réformée, pour laquelle il recueillit, de 1580 à 1589, en 8 vol., les Argumenta et Objectiones de Mélancthon sur les articles de la foi ; édita les Loci Theologici de Victorin Strigel (ami de Mélancthon, né en 1524, professeur à Iéna en 1548, et après 1562 à Heidelberg, où il mourut en 1569. Heppea. 8.) ; et en 1587, l’Examen Theologicum Phil. Mel.]

[Sohnius, né en 1551, professeur à Marbourg et à Heidelberg, mort en 1589. Synopsis Corporis Doctr. Phil. Mel. Heidelb., 1588. Ses ouvrages recueillis, 4 vol., 1591, 8e éd., 1609. Voir Heppe, i. 175.]

10 [Zanchius, né en Italie en 1516, professeur à Strasbourg, Heidelberg ; mort en 1591. Voir Heppe, i. 178. De Relig. Christ Fide, 1585.]

11 [Raph. EglinDiexodus Theologica de magno illo Insitionis nostr » in Christum Mysterio, et, De Fœdere Grati », Marpurgi, 1613. Voir HeppeDogmatik derEv. Ref. Kirche, 1861.]

12 [Martini, professeur à Herborn et à Brême ; mort en 1630. Il a écrit : Christ. Doctr. Summa Capita, 1603. Summula Theol. Brem., 1610. Voir Heppei. 185, sg׳.]

13 [Voir § 223, note 9. Heppe dit de lui (i. 187), que le comble des religions et de la spéculation philosophique, et de l’habileté dialectique, de la dogmrftique allemande se trouve dans son système.

14 Voir § 223, note 17.

15 [Crocius était député de Brême au synode de Dort : mort en 1655. Il a écrit : De Perseverantia Sanctorum, Brem., 1616 ; Syntagma Sacr » Theologiæ, 1636. Voir Heppe, i. 199, sq. TholuckVorgesch. des Ration^ alismus, i. 297.]

16 [John Piscator (Fisher), né à Strasbourg, le 27 mars 1546, professeur à Strasbourg, Heidelb., 1574-77, Herborn, 1584-1625, où il fut le principal ornement de l’Académie. Sa traduction de la Bible, 1602-3, 3e éd., 1624. En philosophie, il suivit Ramus. Aphorisme. Doctr. Christ., 1594, et de nombreux traités doctrinaux (aussi bien qu’exégétiques). Sur sa doctrine que l’obéissance active du Christ n’est pas imputée, voir l’Histoire spéciale. Comp. Bled bi ng, dans Zeitschrift fd. hist. Theol. 1841. Schrbckk, Kir chengesch. seit Réf. v. 358. Tholuck, Akad. Leben, 2, 304. Henog, dans hi » Encyclop.]

17 [Sur l’école de Brême, voir Heppe, i. 185.]

 

§ 224.

LE MYSTICISME DANS L’ÉGLISE RÉFORMÉE.

M. Goebel, Geschichte des cbristi. La vie dans l’évangile rhénan-weetphalique. Église, ii. Coblence, 1852. BambergerStimmen aus dem Heüigthum, Stuttg., 1857. Noack, Mystik. Comp. § 217. Goebel, Gesch. d. Inspirations-Gemeinden, 1688, sq., dans Niedner’s Zeitschrift f. d. hist. TheoL, 1853-4.]

Le mysticisme de l’Église catholique romaine a été introduit dans l’Église réformée, d’abord par Jean Labadie et ses disciples,1 puis par Pierre Poiret2disciple d’Antoinette Bourignon.3 En Angleterre, Joanna (Jane) Leade4 fut suivie par John Pordage5 Thomas Bromley, et d’autres. Mais ce genre de mysticisme, qui était en partie fantastique, en partie indifférent à toutes les formes systématiques, n’a exercé que peu ou pas d’influence sur le développement de la théologie. 6

1 Labadie est né ▲. décédé en 1610 à Bourg, dans la province de Guyenne, entra dans l’Église réformée sans en accepter les principes fondamentaux, et mourut en 1674 à Altona. Sur de nombreux points, il était d’accord avec les anabaptistes. Parmi ses admirateurs figuraient Anna Maria von Schürmann, Peter Yvon, Peter du Lignon, Henry et Peter Schluter. Comp. ArnoldKirchen- und Ketzergeschichte, vol. II, p. 680. HagenbachVorlesungen Uber die Ges-chichte der Reformation, iv. p. 307. [WeismannHist. Eccles, p. 927. Mosheim, iii. [479] Gobelubi supra, ii. 181 : et sur Anna Schürmann, ibid., 278. Le jugement de l’orthodoxie réformée sur ces phénomènes était souvent très sévère ; Comp. J. C. Schweizer, cité par Al. Schweizerubi supra, p. 8. 19[HaseChurch Hist, éd. de New York, p. 508. Barthold dans Baumer*8 Hist. Taschenbuch, 1852-3.]

2 Poiret est né ▲. décédé en 1646 à Mentz et mort en 1719 à Rheinsberg. Ses écrits sont d’une plus grande importance pour l’histoire des doo-trigones que ceux des autres mystiques (bien que seulement sous un aspect négatif). Sur sa vie et ses œuvres, voir Arnold, 1. c. p. 163 ; Biographie universelle, sub voce ; et Hagenbach, Vorlesungen iv. p. 325· [Il a écrit : L’Economie Divine, 7 vol., Amst., 1686, puis pnbl. en latin. The Divine Oeconomy, 6 vol., Londres, 1713. Le Chrétien réel, ou la Vie du Marquis de Rentz, etc., 2 vol., Col., 1701-2. Cogitationes Ration, de Deo, etc., 2e éd., Amst, 1685.]

Jane Leade est née ▲. mort en 1633 et mort en 1714 [1704 ?] ; C’était une passionnée. Comp. CorrodiGeschichte des Chiliasmus iii. p. 403, ss. ArnoldKirchen- und Ketzergesch. p. 199-298, 88. HagenbachVorlesungen, iv. p. 345. [Liste de ses œuvres dans Notes and Queries, 1856, p. 93. Parmi eux (voir Lowndes' Bibl. Manual) se trouvent The Enochian Walks ; Fontaine des Jardins, 1678-86, 3 vol. ; Les Lois du Paradis ; Merveilles de la création de Dieu dans huit mondes, 1695. Elle fonda la Société de Philadelphie en 1697.]

5 Corrodi, 1. c. [Pordage mort en 1688. Ouvrages : Divine et vraie métaphysique, 3 vols^ et Theologia Mystics.]

6 Le mysticisme de l’Église luthérienne était d’une plus grande importance spéculative que celui des réformés. Le premier exerçait également une plus grande influence sur la vie de la nation allemande (culte domestique, etc.) que le second, qui était plus confiné aux particuliers et aux schismatiques.

 

§ 225.

INFLUENCE DE LA PHILOSOPHIE CARTÉSIENNE. PLUS LIBÉRAL. TENDANCES.

Le mysticisme exerça moins d’influence sur la transformation graduelle des vues doctrinales de l’Église réformée que le système philosophique de Descartes, surtout aux Pays-Bas.1 Les théologiens cartésiens, d’une manière spéciale, ont essayé de concilier les principes de la théologie naturelle et de la théologie révélée.2 L’influence du système est visible dans les œuvres d’Abraham Heidanus,3 Peter van Mastricht,4 Solomon van Til Campejus Vitringa,6 and J. Marck,8] Balthazzar Bekkerqui, en combattant le « monde enchanté », ébranla aussi les doctrines orthodoxes de l’Église, appartenait à cette école.9 Maisen dehors de l’influence d’un système philosophique déterminé, une tendance plus libérale, qui s’efforçait de secouer le joug des écrits symboliques, se manifestait dans différents milieux. C’était le cas à l’université de Saumur, où cette tendance se rattachait aux vues arminiennes, et chez les latitudinaires d’Angleterre.10 Parmi les théologiens suisses , John Alph. Turretin,11 Ben. Pictet,12 et Samuel Werenfels,13 se distinguaient par leurs opinions modérées, tout en restant orthodoxes ; c’est ainsi qu’ils formèrent, par leurs principes, aussi bien que par l’époque où ils vécurent, la transition vers le XVIIIe siècle.

1 Renatus Cartesius (René Descartes), né en 1596 et mort en 1650 à Stockholm. Sa maxime : « Cogito, ergo sum » est bien connue. Sa philosophie provoqua des remous en Hollande. Gisbert Voetiusle principal adversaire de Cartésius, l’accusa d’athéisme en 1639. La philosophie de Carsésius fut condamnée en 1647 (et de nouveau en 1676) par le sénat de l’université de Leyde, ainsi qu’en 1657 par le synode de Delft. Plusieurs des mystiques dont nous venons de parler appartenaient à l’origine à l’école de Carsésius. Mais certains théologiens orthodoxes ont également épousé le système. Voir Tho-luck, Das akademische Leben des 17 Jahrb., 2te. Abtheilung, 1854, et dans Herzog’s Realencycl. ii. Chapitre 391. Gass, i. 454. [EbrardDogmatik, i. 61-86. Sur Descartesvoir BouillierDe la Révolution cartésienne, Paris, 1842, 2e éd., 2 vol., Paris, 1854 ; Cousin, Leçons ; les dissertations de Dugald Stewart ; MorelVs Hist, de Philos. ; Ritter’s Gesch. d. Phil. ; Edinb. Revue, 1852 ; SimonŒuvres de Descartes, Introduction, 1844. — Francis Burmanngendre d’Heidanus, adopta le système cartésien ; voir § 223, note 29. Clauburgà Duisbourg, 1653-65, et Heinr. Hulsius, 1684-1729, l’enseigna ; celui-ci alla jusqu’à représenter la théologie comme l’ancilla de la philosophie. Le travail luthérien . WagnerTübing., a écrit contre elle : Examen elenchticum Atheism ! speculativi, 1677. Tholuckdans Herzog, p. 8. sur la philosophie cartésienne.]

2 [Sur l’influence du cartésianisme, voir EbrardDogmatik, i. § 42. L’opposition entre les scolastiques et les fédéralistes portait sur le rapport de la Bible à la doctrine de l’Église ; le contraste entre les théologiens scolastiques et les cartésiens portait sur le rapport de la révélation à la raison.

3 est Heidan. Voir § 223, note 24.

4 [Peter van Mastrichtprofesseur à Utrecht, mort en 1806. Il s’opposa au cartésianisme dans sa Theologia theoretico-practica, Amst., 1682, et surtout quotidiennement dans ses Novitiatum Cartes. Gangræna, 1675.]

5 [ Fan Tilprofesseur à Dort et à Leyde, mort en 1713. Il se montra l’un des plus habiles des théologiens réformés, dans son Theologiæ utriusque Compendium turn Natural is turn Revelatæ, Leyd., 1704, servant de médiateur entre les théologiens scolastiques et les cartésiens, et distinguant entre les articuli puri et les mixti de la théologie, ces derniers étant ceux qui ont une base dans l’âme, bien que la révélation leur jette la lumière la plus claire. Voir Ebrard, i. 84.]

6 [ Vitringa était professeur à Franeker, mort en 1722 ; a écrit Doctrina Christ Rel. per. Aphorismos summatim descripta, Franeker, 1690.]

7 [Marckprofesseur à Leyde, mort en 1731 ; comp. Theol. Christ didactico-elenchticum, Gron. 1686.]

Bekker naquit en 1634 en Frise occidentale, adopta les principes de Cartésius, fut démis de ses fonctions à cause de ses opinions et mourut en 1698. (Comparez le chapitre sur la démonologie dans l’histoire spéciale des doctrines.) Son œuvre principaleDie bezauberte WeltFraneker, 1692, in-4^ contient les germes du rationalisme des temps récents·

9 Les représentants de la tendance la plus libérale étaient, entre autresMoïse* Amyraldus (Amyraud), Joshua de la Place (Placœus), Lewis Capellus, etc. C’est surtout en opposition à leurs vues que la Formule Consensus a été élaborée. Sur Amyrautvoir Schweizer dans Zeller’s Jahrb., 1852, et Edmond Sagey, Strasb., 1840. Herzog’s Realencycl. sous-marin Amyraut. Sur la doctrine de Pajou, voir Schweizer dans Theol. Jahrb., 1853. [Voir le § 225 a. suivant.]

10 Parmi eux se trouvaient William Chillingworth (1802-1644), Ralph Cudworth (mort en 1688), Tillotson, Stillingfleet et d’autres. [Voir § 225 5.]

11 Alphonse Turretin était le fils du très orthodoxe François Turretin, né en 1671 et mort à Genève . 1737. Il écrit :· Opuscula Brunsv., 1726, ii. 8. — Dilucidationes phil. theol. et dogmatico-morales, quibus prœcjpua Capita Theologiœ et natnrahs et revelatæ demonstrantur. Lugd. Bal., 1748, iii. 4, et plusieurs autres ouvrages.

12 Pictet est né apr. J.-C. 1655, et mourut a. d. 1724, à Genève. Il composa une Theologia Christiana, Gen., 1696, ii. 8. — Medulla Theologiæ, ibid., 1711, 12, et plusieurs autres ouvrages. [Théologie, transi, par Reyroux, Loud., 1847.]

13 Werenfels naquit en 1657 et mourut en 1740. (Athenœ rauricœ, p. Ç7, Hanhart, R. dans la Wissenscbaftliche Zeitschrift. Bâle, 1824, partie 1, p. 22, partie 2, p. 53, ss.) Il a écrit : Opuscula Theologies. Basile., 1782, iii. 8. Le

 

§ 225 a.

[L’ÉCOLE FRANÇAISE DE SAUMUR.]

[A. SchweizerCentraldogmen, ii. 225-430. 564-663 ; et l’article Amyraut ia Hsnwfe Encycl EbrardDogmatik, i. § 43.]

Sous l’influence de John Cameron,1 qui succéda à Gomarus à Saumur, en 1618, une modification du système calviniste fut introduite dans la théologie réformée française, représentée par les noms d’Amyraut,2 de Placæus2, et de Pajon.4 Cameron lui-même enseigna, après Piscator, l’imputation de l’obéissance passive du Christ seul, et défendit la théorie de l’universalisme hypothétique de la grâce divine, qui fut développée plus complètement par Amyraut. « La particularité de l’amyraldisme, dit Schweizer, réside dans la combinaison d’un particularisme réel et d’un universalisme purement idéal. » 5 Placée (De la Place), préconisait la médiation, au lieu de l’imputation immédiate du péché d’Adam à sa postérité. 6 Louis Cappel a représenté cette école dans son exégèse services. 7 Quoique Dallœus8 et David Blondel9  aient défendu l’amyraldisme, et qu’André Rivetus, et même Du Moulin,10 finit par reconnaître qu’un tel universalisme hypothétique de la grâce (qua actu nemo salvatur) était au moins inoffensif, mais Heidegger fut délégué en Suisse pour rédiger contre lui la Formule Consensus, 1675, qui, cependant, n’obtint jamais d’autorité générale.11]

 

1 [John Cameron naquit à Glasgow vers 1580 ; prof, à Sedan, curé à Bordeaux, 1608-1618 ; prof, à Saumur, 1618-24 ; mort à Montau· ban, 1625. Son Arnica Collatio cum Tileno, 1621, est contre l’arminisme ; ainsi que son Defensio de Gratia et libero Afbitrio. Ses principaux ouvrages (Proelect, Theol. et Myrotheticum Evangel.) ont été publiés par le Synode national de France après sa mort. Voir Schweiger, dans l’Encyclopédie de HerzogGats, p. 331.]

2 [Moïse Amyraldus (Amyraut), naquit à Bourgeuil, en Tourraine, en 1596 ; succéda à Daillé à Saumur, en 1626 ; y devint prof, en 1632. Ses vues ont été publiées pour la première fois dans un traité sur la prédestination, en 1634, et exposées par Du Moulin et Andr. Rivetus. Il fut acquitté par le synode de France de 1637, et à Charenton, en 1644 ; la charge renouvelée à Loudun, 1659, mais non exécutée. Il meurt en 1664. Outre de nombreux ouvrages d’exégèse, il a écrit des Thèses Salmurienses, La Morale Chrétienne, 1652-60, etc. Voir Schweizer, ubi, précité. Walch, Relig. Streitigkeiten, 1733, i. 454, iii. 736Gass, ii. 328.]

3 Josué de la Place (Placæus), né en 1596, prof, à Saumur, 1632, mort en 1655. La théorie du péché originel, comme consistant uniquement dans la corruption native, fut condamnée par le synode français de 1645, bien que Placée lui-même ne fût pas nommé. Il a accepté la déclaration du Synode, en distinguant entre l’imputation immédiate et l’imputation médiate. Il fut opposé par Anton Garissol, prof, à Montauban, et défendu par Chs. Prêlincourt, curé à Charenton. Sa défense, De Imputatione primi Peccati, comprenant un examen du décret de Charenton, fut publiée en 1655, l’année de sa mort. Opéra, Franeker, 1699 ; Aubencit, 1702, 2, 4to. Comp. A. Schweizer, dans Herzofis Encycl., et dans Centraldogmen, ii. 319Aymar, Synodes Nat. ii. 778Gass, ii. 347.]

[Claude Pajonné en 1626, fit ses études à Saumur ; professeur de théologie à cette ville, après la mort d’Amyraut, en 1666 ; mort en 1685. Il niait le concours immédiat de la providence et l’influence immédiate du Saint-Esprit dans la conversion. Voir Schweizerubi supra, ii. 564-663. Gassii. 359, par exemple.]

5 Schweizerdans Herzog (Am. transi, i. 132), dit que la différence entre l’arminianisme et l’amyraldisme est « essentielle. L’arminienne a une gratia universalis sub conditions fidei, par opposition à la doc* trigone réformée d’une gratia particularis absoluta ; l’Amyraldien, au contraire, suppose a gratia universalis hypothetica (c’est-à-dire e^ sub conditions fidei), afin de mieux défendre le particularisme rigide de l’élection selon l’opinion formée de Rfr■."]

6 [Blondelcité par HaagLa France protestante, iv. p. 308 (Schweizer, ii. 319), dit que Placée, en opposition à l’opinion de Pighius et de Catha-rini (Rom. Cath.), que le péché ne vient à nous que par l’imputation du péché d’Adam, défendit les thèses que la corruption ne pouvait pas provenir de l’imputation, et que le péché originel passa d’Adam à tous ses descendants.]

7 [Cappel naquit en 1585, prof, à Saumur, en 1632, mort 1658. La formule consensuelle maintenait, contre lui, l’inspiration de la voyelle hébraïque pointe. Voir Bertheau dans Herzog]

8 [Jean Paillé (Dallæus), né en 1594, de 1626 à 1670, prêcha à Paris. De Usu Patrum, 1656, et souvent ; Version anglaise par Thos. Smith, 1651 (à partir du français de cette année-là) : éd. révisée Phihu, 1842. Sur son rôle dans la controverse amyraldienne, voir Schweizer, ii. 387-439. Gaz, ii. 345.]

[David Blondel, né en 1591, mort en 1655. Sa primauté de l’Église parut en 1641. Sur ses rapports avec l’école de Saumur, voir Schweizer, II, 304 , 305.

10 [Du Moulin (Pierre Molinæus), né en 1568, prof, à Sedan, 1626, mort en 1658. Voir C. Schmidtdans Herzog et Schweizer, ubi, précité.]

11 [Sur la Formule Consensus, et sa fête, voir Schweizer, ii. 439-542, 663sq. Gass, ii. 853-6.]

 

§ 225 b.

[LA THÉOLOGIE EN ANGLETERRE ET EN ÉCOSSE.]

La théologie anglicane, comme son régime politique, s’est graduellement formée et a occupé une position intermédiaire entre les systèmes catholique romain et réformé. Les controverses doctrinales étaient subordonnées aux questions ecclésiastiques. Les premiers réformateurs Cranmer, Latimer, Hooper, Ridley, s’opposèrent surtout aux abus pratiques de la papauté. Les exilés sous Marie revinrent (1559) de Francfort, Zurich et Genève, imprégnés des principes du système réformé (calviniste). Mais la politique et la foi de l’Angleterre, telles qu’elles ont été façonnées sous Élisabeth, contenaient des éléments contradictoires, représentés respectivement par le Livre de la prière commune et les Trente-neuf articles (ces derniers étant calvinistes). 2 Une position intermédiaire était occupée par Jewel,3 Grindal, Pilkington et Abp. Parker. 4 Les principes puritains ont été défendus par Hooper,5 Thos. Cartwright,6 WmPerkins.7 Pas plus tard qu’en 1578, le Catéchisme de Calvin fut ordonné pour être utilisé à l’Université de Cambridge. Les articles de Lambeth de 1595,8 enseignaient le plan le plus strict de la prédestination. L’Irlande était représentée par le et l’orthodoxie de l’archevêque Usher.L’Écosse, avec le système presbytérien, reçut aussi de John Knox les principes de l’école de Genève, préconisés par Andrew Melville, Henderson et d’autres.10 À la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe, le système anglican était représenté par Richard Hooker11 et d’autres ;12 le système épiscopal était défendu par Donne, Field, Andrews et Jackson.13 Abp. Laud,14 poussa les tendances de la Haute Église et des Sacramentaires, en conjonction avec les vues arminiennes {Montagu et Mainwaring,)15 à leurs conséquences extrêmes, auxquelles s’opposèrent en vain les puritains modérés16Davenant, Bp. Reynolds, Bp. Hall, Williams, Carleton et Barlow. Le conflit des systèmes a abouti au triomphe temporaire du presbytérianisme et le calvinisme à l’Assemblée de Westminster17, suivi de la réaction sous la Restauration (Charles II). Le système Anglican fut ensuite développé et exposé dans une littérature théologique prolifique et savante, qui avait pour idéal la théologie de l’Église des quatre ou cinq premiers siècles (Bp. Bull,18 Jeremy Taylor,19 Isaac Barrow,20 Bp. Cosin,21 Abp. Bramhall,22 Stillingfleet, Waterland, Sherlock, Abps. King et Wakeet a été habilement défendu dans sa position doctrinale principale par les non-jureurs, Hickes, Leslie, Kettlewell, Johnson, Brett et d’autres). 23 Il atteignit le terme de son développement vers la fin de cette période (1720). Il a été exposé sous sa forme la plus systématique dans les œuvres de Beveridge24Pearson25 et Burnet.26 Pourtant, il ne manquait pas de membres de l’Église établie qui défendaient encore les grands principes de la théologie réformée (Abp. Leighton,27 Sud,28 Ez. Hopkins, Manton, Barlow et d’autres.)29 La théologie puritaine la plus distinctive a été défendue principalement par les non-conformistes, dans des traités approfondis et des travaux pratiques de Charnock,30 Thomas Watson,31 W. Bates,32 William Twisse, 33 par Flavel et Bunyan34par Thos. Goodwin, et beaucoup d’autres ;35 et dans une méthode plus stricte et plus complète par Richard Baxter,36 John Owen37, John Howe,38 Theoph. Gale,39 Thos. Ridgeley,40 Matthew Henry et Calamy.41 La tendance antinomienne était représentée par Crisp42. Les théologiens écossais,43 et les colons de la Nouvelle-Angleterre44 en provenance de Grande-Bretagne sont restés fidèles à la stricte tradition calviniste.]

Il y avait aussi d’autres phases de l’opinion théologique, d’une influence moins permanente. Une tendance platonicienne était représentée par Cudworth,45 More et Norris,46 John Smith, de Cambridge, Gale, Culverwell et d’autres.47 Sous le latitudinarisme, il y avait une classe quelque peu indéfinie, comme John Milton,48 Chillingworth,49 l’archevêque Tillotson,50 Samuel Clark,51 Patrick, Whitby, Sykes, Whiston et d’autres.52 (La controverse doctrinale la plus importante fut celle des Trinitaires, à laquelle Bull, Waterland, Samuel Clarke, Whiston, Sherlock, Watts, South, Stillingfleet et Allix prirent part. Voir § 234, 262.)]

1 [Les œuvres des premiers réformateurs anglais sont publiées de la manière la plus complète par la Parker Society, 1840-1855, en 55 vols. Lcgh Richmond’s Fathers of the English Church, 8 vols., 1807-1812, contient les œuvres de Frith, Barnes, Lancelot, Ridley et d’autres confesseurs sous Henry VII Thomas Cranmer né en 1589, abbé Canterb., 1532, brûlé sur le bûcher, Oxford, le 25 mars 1556. Il joua un rôle prépondérant dans la rédaction des Livres de prières (1549, 1552), du Catéchisme de 1548 et des XLIL Articles de 1553. Bible de Cranmer, 1539. Œuvres, Divers. Writings and Letters, éd. J. E. Coxe, pour Parker Soc., 2 vol., 1844. Défense du sacrement, 1550 ; et Réponse à Stephen Gard« ner, sur l’Eucharistie, 1580, 4to. (Lat transi, de la Défense par Sir John Cheke, 1557). Ouvrages de Jenkyas, 4, 8vo^ 1834. La vie par Strype, Le Bas, H. J. Todd et d’autres. Comparez le révérend J. J. Blunt, dans la Quarterly Review, rep. dans ses Essais, I860. Sur Cranmer et sa position théologique, voir Correa-pondence between the Bp. of Exeter and T. B. Macaulay, Lond., 1861Hugh Latimer, b. 1470 ; bp. Worcester, 1535 ; brûlé à Oxford en 1555, Works by G. E. Corriefor Parker Soc., 2 vol., 1845 (avec Life by Watkins, 2 vol., 1824.)| Vie de G. L. Duyckink, N. Y., 1861.—Nicholas Ridley, évêque de Rochester, 1548, de Londres, 1550 , brûlé, 1555. Œuvres, pour la Parker Soc., par H. Christmas, 1841.]

2 [Voir ci-dessus § 222, note 6. Voir également la note 15 ci-dessous. Dans la controverse sur les Ariens, le Dr Waterland, dans son « Cas de la souscription arienne », a pris le terrain contre Clarke, qu’un arien ne pouvait pas souscrire, ce à quoi Sykes a répondu, qu’un arien pouvait, aussi bien qu’un Arminien, puisque les articles étaient calvinistes. Waterland a publié un supplément. Voir aussi Toplady1769, et de nouveau, 1774, « Historic Proof of the Doctrinal Calvinism of the Church of England », 2 vol. OvertonTrue Churchman Ascertained, 1801, du même côté ; en réponse, Archb. DaubenyVindiciæ Ecclesiæ Anglican », et Dean Kipling, Articles of the Church of Eng. se sont avérés n’être pas calvinistes. Dr. Richard LaurenceReg. Prof, in Oxfi, the Bampton Leet., 1844, 4e éd., 1853, c’est-à-dire An Attempt to illustrated those Articles* of the Church of England, incorrectement considered Calvinistic. TomlineRéfutation du calvinisme, 1811. SI. jB. Matthias, de Dublin, Enquête sur la doctrine de la Réforme, du côté calviniste ; et aussi Ed. Williams (né en 1730, mort en 1813), Défense du calvinisme moderne contre Bp. Tomline, 18J2. W. Goode (doyen de Ripon), la doctrine de l’Église d’Angleterre quant aux effets du baptême dans le cas des enfants, entre en grande partie dans le même sujet. Voir aussi Thos. Scott, Evang. Doctrine défendue contre Bp. Tomlinedans ses œuvres, vol. 7 et 8. Comp. Brit, et For. Ev. Rev., janv., 1861, sur la théologie de l’Église d’Angleterre.]

3 [John Jewel, né en 1522, né à Salisbury en 1560, mort en 1571. L’Église d’Angleterre peut être mieux étudiée dans les écrits de Jewel Warburton. On peut dire de son nom de famille, nomen omen Fuller. Son Apologie ecclésiastique anglic., 1522. (Eng. transi, par lady Ann Bacon, 1562, et plusieurs autres, le dernier par RussellOxf., 1840), et Defence of the same against Hardinge1567, ont été souvent réimprimés. Travaux, 1609, 1611, etc. ; éd. par Jelf, 8 vol., 1847-8, et pour Parker Soc., par Ayre, 4, 1845-50 . Life par Le Bas1835, et dans Wordsworth’s Eccles. Biog.]

4 [Edmund Grindel (Gryndall), né en 1517, né à Londres en 1559, abp. York, 1570, de Canterb., 1575, mort en 1583. Remains, pour Parker Soc., par Nicholson, 1843. Life, par Strype, 1710.—James Pilkington, né en 1520, né à Durham, en 1561, mort en 1575. Works, for Parker Soc., par Scholefield, 1842.—Matthew Parkerné en 1504, abb. Canterb., 1559, mort en 1575 ; Bible de l’évêque révisée, 1568 ; De Antiq. Brit Eccl., 1605.]

5 [John Hooper, né en 1495, né à Worcester et Gloucester, en 1550 ; martyr, en 1554. Works, for Parker Soc., par Carr et Nevinson, 2 vol., 1843-52. 41 ansLe premier puritain. Hopkins' Hist, of Puritains, Bost., 1858, vol. I.]

6 [Thos. Cartwright, né en 1535, Prof. Canbr., 1570-1, mort en 1603. Lutte avec Whitgift sur l’Admonition au Parlement, 1638, impliquant la reine· L’épiscopat et la liturgie. — John Whitgift, né en 1530, Prof. Div. Camb., 1663, abbé Cant, 1583, mort en 1603. Œuvres, par Parker Soc., éd. John Ayre3, Camb., 1851-4. La Vie, par Stryke ; par Sir E. Paul ; Bobine de WordsworthBiog. Cooper’s Athenæ Cantabrig., vol. II. (1586-1609) décrit 92 œuvres écrites par ou attribuées à Whitgift.] ·

7 [ William Perkins, né en 1558 , décédé en 1558 1602. Œuvres, 3 fol., Lond., 1616. Ethique Christ., Basile, 1609. Son Anatomie de la conscience, la première mtthodi· De plus, il n’y a pas d’autre moyen d’obtenir des informations que William Whitaker, né en 1547, professeur à Cam-bridge, 1579, mort en 1595, également calviniste. Sur Bellarmin, Parker Soc., 1849. Works, Genev., 1610, 2, fol.—John Prestonné en 1587, mort en 1628. Voir les travaux dans Darling, Cycl. Bibl. Ralph Brownrig, né à Exeter, né en 1592, mort en 1659.]

8 Les Neuf Articles de Lambeth ont été créés par Peter Baroe (français), professeur à Cambridge, et Barret, du Cains College, qui enseignaient la réemption universelle ; ils ont inculqué la prédestination et la réprobation. Ils n’avaient pas de sanction formelle de l’Église en Angleterre, mais ont été adoptés par la Convocation de Dublin, en Irlande, en 1615. La Réforme en Angleterre s’est terminée par se montrant un mouvement résolument calviniste, le Christ. Remembrancer, Lond., 1845. Les professeurs de théologie de Cambridge et d’Oxford furent calvinistes pendant cinquante ans depuis l’avènement d’Élisabeth. Bucer et Peter Martyr ont été appelés par Cranmer à la chaîne de la divinité à Cambridge et à Oxford, sous le règne d’Édouard. En 1552, Cranmer invita Calvin, Bullinger et Melancthon en Angleterre pour aider à la rédaction d’une confession de foi pour les Églises protestantes. Le Consensus Genevensis de Calvin (sur la Prédestination) a également eu une influence sur les rédacteurs des Articles ; voir Zurich Letters (by Parker Soc.) vol. 3, p. 325, où l’on trouve une lettre de Traheren, doyen de Chichester, à Bullinger, dans laquelle il dit : « Le plus grand nombre d’entre nous, dont je reconnais que je fais partie, embrasse l’opinion de Jean Calvin, comme étant perspicace et agréable à l’Écriture Sainte. » Voir sur l’ensemble du sujet, Brit and For. Evang. Rev., juin 1861, sur Melancthon et la théologie de l’Église d’Angleterre. Le même article, p. 214, cite bp. Lettre de Jewel à Peter Martyr, 1562, après l’adoption des articles : « En ce qui concerne les questions de doctrine, nous avons tout réduit à la plus grande discrétion, et nous ne différons pas de votre doctrine d’un clou. » Lettres de Zurich, 2e série, p. 59. Voir Princeton Review, juillet 1855, sur les lettres zurichoises et le caractère de la Réforme anglaise,]

9 [James Usher, né en 1580, né à Meath, en 1620 ; abbé Armagh., 1624, mort en 1655· Œuvres entières, par Elrington16 vols^ in-8°, Dubl^ 1847sq. (vol. 3, sur Rom· Cath. Controverse ; vdh 4, Gottscbaleus de Predest. ; vol. 7, De Symbol ; Un postal. ; vol. 8-10, Annales, etc.). Il proposa un épiscopat modifié^ Body of Divinity, 3e éd. fol., 1648 (qu’il « autorisa, bien qu’il n’aimât pas l’ensemble voir Nôtes et Qu. iv.)]

10 [John Knoxné à Gifford, East Lothian, 1505 ; Genève, 1552-5 ; mort en 1572. Conf, de la foi, 1560. Livre de discipline, 1560. Hist, de Réf., 1584, 1732. Œuvres de Laing, 4 vol., 1846, sq. Life, par Thos, McCrieEdinb., 1840.—Andrew Melvillené en 1545, directeur du St. Mary’s College, St. Andrews , 1580 ; Prof, à Sedan ; décédé en 1622. Life, par McCrie, 2 vol., 1824· – Alex. Hendersonné en 1583, Prof. St Andrews ; chef des presbytériens ; décédé en 1646. Life, par McCrie et par John Aiton1836.—George Gib· lespie, à l’Assemblée de Westminster, mort en 1648 ; ouvrage principal, Aaron’s Rod Blossoming, Lond., 1646 (défense du presbytérianisme).—Robert Bailliené en 1599, directeur de l’Univ, de Glasgow, mort en 1662. Letters and Journals (2 vols^ 1775), 3 vol., par Laing1841-3.—Samuel ReUherfitrd, né en 1600 ( ?), Prof. St Andrews, 1639, mort en 1665. Plaidoyer pour le presbytère, 1642 ; Christ mourant, 1647 ; Lettres, 1638 (1824.)]

12 Hooker n’a pas été autorisé à occuper seul le champ de la controverseBilson, Bancroft, Bridges, Cosin et le Dr Adrian Saraviaun Allemand, bénéficiaire en Angleterre, ont comparu du même côté. Bradshaw défendit la cause des puritains contre Bilson, Fenner contre Bridges, Morrice contre Cosin et Bèze contre Saravia, bien que la presse leur fût fermée par la loi et que leurs livres ne pussent être publiés qu’à la dérobée. Bogue, cité par Alliboneu. 8.—Thos. Bilsonné en 1536, mort en 1616 ; bp. Worcester, 1596, de Winchester, 1597 : Le gouvernement perpétuel de l’Église du Christ, 15J3, et souvent ; nouvelle édpar EdenOxfn 1842.—Rd. Bancroft, né en 1544, abbé Can-terb., 1604, mort en 1610. Son sermon, le 12 janvier 1588, à la croix de Saint-Paul, relança les prétentions de la haute église et suscita une longue controverse ; John Bridgesbp. Oxford, mort en 1618. Défense du gouverneur de l’Église d’Angleterre, 1587.—Cosin (voir ci-dessous).—Adrien Saraviané à Artois, 1531, professeur Leyden, 1582, prébendier de Canterb., etc., mort en 1613 ; Plongeurs. Appareil. Theol., 1611, etc. — Du même côtéJohn Overallné en 1559, bp. Norwich, mort en 1619 : Convocation Book, 1606 ; repr. Oxf., 1844. Rd. Crakanthorpné en 1567, chapelain de Charles Ier, mort en 1624 ; Défend. Eccl. Angl., 1625, nouv. éd. dans Lib. Angl. Cath. Theol., 1844. Henry Hammond, 1605-1660. Œuvres, 4 fol., 1774.—Henry Thorndike, prébendier de Westminster, mort en 1672. TheoL Works in Lib. of Angl. Cath. Theol., 5 vol., 1844, sq. Sur le gouvernement des Églises ; des assemblées religieuses ; Principes de la vérité du Christ, etc.— Wil· liam Bradshaw, puritain, né en 1571, mort en 1618 ; sur le puritanisme anglais, 1605 (trad. latin, par Ames) ; sur la justification, 1615 (lat 1618).— William Fenner, né en 1600, mort en 1640 ( !) Œuvres, fol., Lond., 1658. Antiquités de Jos. Bingham (1708-1722, 1726, latin par Grischovius, Hal., 1724-29, 1751 ;) Ed. Pitman. 9 vol., 1840 ; nouvelle éd. par RdBingham, appartiennent en partie à la même controverse. Wm. Forbes, né en 1585, né en 1585, mort en 1634 ; con-considerrationes modestæ ; également traduit en anglais.]

13 [John Donnené en 1573, ordonné à l’âge de 42 ans, mort en 1631, prédicateur et poète éloquent ; Dryden dit de lui qu’il était « le plus grand esprit de notre nation ». Œuvres, fol. 1640, 1644, 1660 ; nouv. éd. 6 vol., 8 vol., par Alford, Oxf., 1839. (Comp. Allibone, États-Unis) — Rd. Fielddoyen de Gloucester, né en 1561, mort en 1610 ; De l’Église, cinq livres, 1606, 3e éd. 1635 ; pour Eccl. Hist. Soc., 4 vol., 1847-1852. Lancelot Andrews, né en 1555, né à Winchester en 1618, mort en 1626. Quatre-vingt-seize sermons, 5, 8vo^ Oxf. Lib., 1841-3 ; Tortura Torti, ibid., 1851 ; Responsio ad Apolog. Card. Bellarmini, ibid., 1852.—Tho*. Jacksondoyen de Peterborough, né en 1579, mort en 1640 ; calviniste à l’origine, il devint arminien. Œuvres, 3 fol., 1673 ; nouv. éd., Oxf. 12 vol., 1844 ; 12 Livres sur l’Apost. Credo; Traité sur l’Église, édité par Goode, 1843. Tableau synoptique de ses œuvresJ. H. Todd, 1838. Thos. Fullerné en 1608, prébend. Sarum, mort en 1661, Church Hist. Britain, Nichols' ed., 3 vol., 1837. Dignes d’Angleterre ; Guerre sainte; État Saint, etc.]

14 [William Laudné en 1573, abbé Cantej־b., 1633, décapité en 1645. Remains, par Henry Wharton, 2 fol., 1695-1700. Œuvres, in Lib. Angl. Cath. Theol., Oxf., 5 vol., 18478qVie, par C. Webfy Le Bas1836 ; par J. P. Lawson1829 ; aussi par Heylin1668, et Prynne. Conférence entre Laud et Fisher (vol. 2 des œuvres). Sur son Corresp. avec Vossius, voir Church Rev., janv. 1854. Comp. Brit. Critic, vi. xix. New■ York, Rev., x.]

15 [Richard Montagu (Mountague), né en 1578, évêque de Chichester et de Norwich en 1638, mort en 1641. Analect Eccles. Exercitat., fol., 1622. Sur Baronius, Orig. Eccl. i., 1636. Actes et Monum. de l’Église, 1642. Montagu était l’agent de Laud dans l’introduction des vues arminiennes. Il publia, en 1625, son Appello-Cæsarem, pour montrer que les formules de l’Église admettaient le calvinisme ; Réponse de BP. Carleton, de Chichester, voir la note suivante. En 1630, le juriste Prynne publia son Anti-Arminianism, or the Church of England’s old antithesis to new arminianism ; dans lequel il disait que, jusqu’à cette époque, cinq hommes seulement en Angleterre avaient publiquement défendu les vues arminiennes, à savoir Barret et Baroe (note 8). Thompson, qui écrivit contre la Persévérance des Saints, à quoi le professeur Abbot, évêque de Salisbury, répondit ; Montagu et le Dr Thos. Jackson, qui était à l’origine calviniste – l’Historia Quinqu-Articularis de Peter Heylin, 1659, est un ouvrage plein de préjugés et indigne de confiance du côté arminienne : Henry Hickmandans ses Animadversiones, 1673, y répond. Comp. Brit et For. £v. Rev., janv., 1861.· Un ouvrage anonyme de Samuel Hoardrecteur de Morton, ou Moreton, dans l’Essex, a été publié en 1633, intitulé, L’amour de Dieu pour l’humanité, manifesté en réfutant son décret absolu pour leur damnation. Mgr Devenant y répondit dans son Animadversione, 1641. Le Dr William Twisse y répondit aussi, 1653. Et Amyraut, de Saumur, l’a réfuté dans son traité élaboré, Doctrinœ Joannie Calvin ! de absolute Reprobationis Decreto Defensio ad versus Scrip-torem anonymum, 4to., Salmurii, 1641. John Halesné en 1584 ; au synode de Dort, 1618 ; décédé en 1656. Vestiges dorés, 1678. Lettres de Dort, eto. Œuvres, par lord Hailes, 3 vols^ 1765. On dit que Hales devint arminienne au synode de Dort sur Jackson, voir note 13 ci-dessus.—Sur l’injonction du roi Jacques aux évêques, au sujet de Dort, voir NeaPs Hist Puritans, vol. 2 ; Peter Heylin'8 Hist des cinq articles.]

16 [John Davenantné en 1576, évêque de Salisbury en 1621, mort en 1641. Traité de la justification, 1681 (en latin), transi., 2, 8vo^ Lond, 1844-6. Exposition de C0los. 1627, trad. avec la Vie, par Josiah Allport, 2 vol., 1831. De Morte Christi et de Prædest., fol., Cantab., 1630. Pralect. de Justitia habitual !, 1631, ete. Joseph Hall, né en 1574, au synode de Dort, né à Exeter en 1627, de Norwich en 1641, mort en 1656. Nouvelle éd. des œuvres, par Pratt, 1808,10 vol. ; par Peter Hall, 12 vol., 1837-1839.—George Carletonévêque de Llandaflj 1618, au synode de Dort, mort en 1628. Examen de Montagu sur le pélagianisme et l’armiuianisme, 1626. — Ed. Reynolds, né en 1599, né à Norwich, 1660, mort en 1676. Œuvres, fo., 1658, 1679 ; 6 vol., in-8° 1826, par Rivelay (nouvelle éd. proposée par Nichol, Edinb.) Dégueuler. Browning, né en 1592, né à Exeter, mort en 1659. Serm., fol* Lend., 1645 ; un divin très capable. John Pride aux, né en 1578, né à Worcester en 1641, mort en 1650. XXII. Lectiones de totidem Religionis Capitibus, fol., Oxon., 1648. Fasciculus Controvers. Theolog* etc·, 1664.]

17 [Voir § 224, dernier paragraphe des notes.]

18 [George Bull, né en 1634, né à St David’s, 1705, mort en 1710 ; Harmonie Apostol. (Paul et Jacques sur la justification), 1670, trad., par Wilkinson, 1801. Oxf., 1842. Defensio Fidei Nicena, 1685 ; Nouveau Transi. Oxf., 2 vol., 1851-2. Judicium Eccles. Cathol... . De necessitate credendi qnod... . Jesus Christus sit verus Deus, trad. York, 1825 (pour lequel Bossuet a transmis u le con· félicitations de tout le clergé de France »). Œuvres latines, éd. Saisies, 1703. Sermons et disque* avec la vie, par Rob. Nelson, 4 vol., 1713 ; 8 vol., 1816, 1840. Œuvres, éd. Burton8 vola, 1827, 1846. Œuvres latines, trad. en angl. Cath. Lib.]

19 [Jeremy Taylor, né en 1613, séquestré en 1642, décédé en 1667. Ouvrages rassemblés par Heber15 vol., 1822, 3e éd., 1839 ; par Eden, 10 vol. : Liberté de prophétiser ; Unnm Neeessarium — sur le repentir ; Deus justificatus—-sur le péché originel ; Présence réelle ; Dissuasif du papisme ; Règle de conscience, etc. Biographie, par R. A. Wilmott, 1847.]

20 [Isaac Barrow, né en 1630, maître de la Trinity Coll., Cambr* 1672, mort en 1677. Œuvres théol. de Tillotson, 3 vols* fol* 1683, vol. 4* 1687 ; 1741 : en 8 vol., Oxi, 1830. Eng. works, New-York, 3 vols* 1847. Sermons sur le Credo. La suprématie du pape. Comp. Allibone^

21 [John Cosin, né en 1590, né à Durham, en 1663, mort en 1672. Œuvres dans Lib. Angl. Cath. Theol., Oxf, 5 vol., 1843-53. Scolastiques! Hist· Chanoine, 1683 ; de la Transsubstantiation, 1676 (à Latia, 1675), etc.

22 [John Bramhallné en 1593, abbé Armagh, 1662, mort en 1663· Œuvres, 5 vol. dans Lib. Angl Cath. Theol* Oxf., 1842־r5.]

23 [Edward Stillingfleet, né en 1635, doyen de St Paul’s, 1678, né à Worcester en 1689, mort en 1690. Œuvres, 6 fol., Charge* 1710. Origines sacrées (1701, 1837). Orig. Britan* repr., 1842. Caractère déraisonnable de la séparation. Doctrine de la satisfaction du Christ (1697-1700). Vind. de la Trinité. Lettres à Locke, 1697. Grounds of Prot Religion, 2e éd. 1681, réimpr. 2 vol. 1844. Contre In· faillibilité de Rome, 1673, etc.— William Sherlockdoyen de Saint-Paul, né en 1641, mort en 1707. Connaissance de Jésus-Christ, 1674. L’unité de l’Église, 1681. Résumé des controverses avec l’Église de Rome. Conservateur contre le papisme, 1688 (dans Gibson’s Preserv. xi* 104.) Assemblées religieuses, etc. י — Daniel Waterlandné en 1683, archevêque de Middlesex, 1730, mort en 1740. Œuvres^ 11 vol., en 12, Oxf., 1823-28 ; 6 vols* 1843 ; La vie, par bp. Van Mildert. Justification de la divinité du Christ en réponse à Clarke. Conférences Moyer. Hist du Credo d’Athanase. Importance de la doctrine de la Trinité. Régénération. Eucharistie, etc. — Abp. Χϊιψ, b. 1660, bp. Derry, 1691, abp. Dublin, 1702, mort en 1729. De Origine Mali, 1702 ; L’origine du mal, éd. par Edm. Law, 4e éd., 1758. Divine Predest, 1710, 1815, par Whately, 1821. Clef de la Divinité, 1re partie, 1715.—Peter Heylinné en 1600, prébend. Westminst, 1631, mort en 1662. Theologia Veterum, sur le Credo des Apôtres, fol., Lond., 1673. Hist, de la Réf. de Chh. d’Angl., 1674 ; 2 vol., 1849 ; par Robertson, pour EccL Hist. Soc., etc. — George Hickes, né en 1642, évêque non-jureur de Thetford, 1694, mort en 1715. Sur le Christ. Prêtrise, 4e éd.n 2 vols^ Lib. AngL Cath. Theol., Oxf, 1847. Ordre de la Cène du Seigneur. Discours polémiques, 1705, 3e éd., 1727, etc. — Chs. Leslie (non-juré), mort en 1722. Theol. Works, 2 fol., 1721, 7 vol., Oxf, 1832. John Kettlewell (non-juré), né en 1653, mort en 1695. Œuvres, 2 fol., 1719.

— Matthew ScrivenerCours of Divinity, fol., 1674.—John Johnsonvicaire de Cranbrook, né en 1662, mort en 1725 (non juré). Le Sacrifice non sanglant, 2 vol., dans Oxf. Lib., 1847. Collecte, des lois ecclésiastiques, 2, 1720, oxf 1850-1 ; Discours, etc.— William Wake, né en 1657, né à Lincoln, 1705, abbé Canterb., 1716, mort en 1737. Expos, de Doct de l’Église d’Angleterre, et de la Défense, 1686. L’autorité des princes chrétiens, et l’appel, 1697-8. Comm., sur le catéchisme. Sur la collation des grades, 1703 (le plus important des ouvrages sur ce sujet). Transi, des épîtres des Pères. Sermons et Disque. — Th os. Brettnon-juré, né en 1667, mort en 1743. An Account of Church Government, meilleure éd., 1710. De la Tradition, 1718 ; Liturgies, 1720 ; Episcopat, 2e éd., 1728.]

24 [William Beveridge, né en 1636, né à St Asaph en 1704, mort en 1708. WdTks, par T. H. Horne, 9 vol., 1824. Eng. TheoL Works, 10 vol., Oxf, 1844-8 (le vol. 7 contient le ms. perdu Exposition of Art. 31-39, découvert par Routh). sur trente-neuf articles ; Catéchisme de l’Église ; Thesaurus Théologiens (vol. 9, 10) ; Codex Canonum, 2 vols^ Oxf, 1848. Synodicon : Pandect® Ca-nonum ab Eccles. Græc. recept, 2 foL, Oxf, 1672-82 ; Justification de la même chose, 1679.]

25 [John Pearson, né le 19 décembre 1944]. 1612, Margaret Prof. Camb., 1661, bp. Chester, 1673, d. 1686. Exposition du Credo, 3e éd. (corrigée en dernier lieu par l’auteur), fol., 1669 ; 12e éd. 1741 ; Dobson’s ed., 1840 (réimpr. New York) ; éd. de Burton , 1847 ; Chevalliers, 1849. Minor Theol. Works, éd. Churton2 vol., Oxf, 1844. Vind. Epist S. Ignat, dans Cotelerius, et en 2 vol. éd. ChurtonLib. Angl. Cath. Theol., Oxf, 1852. Annales St Paul, Camb., 1825.]

26 [Gilbert Burnet, né en 1643, professeur à Glasgow en 1669, né à Salisbury en 1689, mort en 1714-1715. Expositions, de XXXIX. Articles, 1699, foL^ éd. révisée. J. R. Page1843, réimpr. New York. Vind. des ordinations d’Angleterre, 1677 (dans Gibson’s Preservation, 2, 109.) Hist Ref. Ch. Engl., t. I. 1679, t. II. 1681, vol. III. 1715 (Le seul ouvrage pour lequel le Parlement anglais vota des remerciements publics, avec une demande de continuation. Bossuet fut employé sur une réponse) ; 7 vol., Oxf, 1829 ; 2 in-8 royal, par Narès, 4 vol., (rétablissant les passages supprimés). Hist, of his Own Times, posthume, 1724-34. Pour ses autres ouvrages, voir Allibone, Lowndes, Darling.]

27 [Robert Leighton, né en 1613, principal Univ. Edinburg, abbé Glasgow, · 1670-4, mort en 1684. Exposition du Credo. Théolog. Conférences (Prælect Theol., Lond., 1808.) Comm, sur 1er Pierre. Œuvres de Pearson, 4 vol., 830 י ; aussi en 2 vol.]

28 [Robert South, né en 1633, prébende, de Westminster, 1663, mort en 1716. Sermons, 7 vol., Oxf, 1823 ; 5 vol., 1842 ; Lond. 4 vol. 1843 ; 2 vol., 1850. Animadversions sur la Trinité de Sherlock, 1693.]

29 [Ezekiel Hopkins, né en 1633, né à Derry, en 1681, mort en 1690. Œuvres fol., ' 1710 ; 4 8vo^ 1809 ; 2 8 vol., 1841, avec la vie de Pratt. Doctrines of Two Covenants, 1712. — Thomas Manton, né en 1620 , mort en 1677 : « Le meilleur collecteur de sens de l’époque », Charnock. Œuvres, 5 fol. (voir dans DarlingCycl. Bibl., incomplet ; nouvelle éd. projetée par Nichol, Edinb.) — John Edwardsné en 1637, mort en 1716. Theologia Reformata, 2 fol., Lond., 1713 ; Réf. théol. (partie pratique), fol., 1726. Réponses à Whitby, Clarke, Abp. King (sur le pré-bureau) — Anthony Tuckneyné en 1599, Reg. Propat., Cambr., 1661, mort en 1670. Quarante sermons, 1776, etc. — Thomas Barlow, né en 1607, né en 1677, mort en 1691, théologien calviniste. Le papisme, 1679. Brutum Fnlmen (bulle de Pie V contre Elisabeth), 1681. Droits des évêques, 1680. Cas divers et restes authentiques (posthume, vœu de Sir Peter Pett, 1690-1, etc.)

30 [Stephen Charnock, né en 1628, mort en 1680. Œuvres (posthumes) 2 fol., Lond., 1682-3 ; 9 vol., 8 vol., 1815, par Ed. Parsons, avec Mémoire. Disc, on the Attributes, 2 vol., 1834, New York, avec la vie, par Symington, 1856. « Perspicuité et profondeur ; subtilité métaphysique et simplicité évangélique » ; Toplady. Une nouvelle édition de ses œuvres sera publiée par Nichol, Edinb.]

31 [Thos. Watsonéduqué à Cambridge, ministre en Lond., 1646-62, mort en 1689. A Body of Divinity, sur le Catéchisme de l’Assemblée, fbl., 16921741, New York, 1856.]

32 [William Bates, né en 1625, mort en 1699. L’harmonie des attributs divins dans la rédemption de l’homme, 1697. Les Quatre Dernières Choses, 1691. Œuvres, 4 in-8°, par Farmer, Lond., 1815. Vita Select Virorum (anonyme), Lond., 1681.]

33 [William Twissené en 1575, prolocuteur de l’Assemblée de Westminster, en 1643. Opéra, 3 fol., Amst., 1652 (De Vindiciis Gratte, agst Arminius ; De Scientia Media)· Édité (avec Savile) le De Causa Dei de Bradwardine, 1618.]

34 [John Flavelné en 1627, non conforme, mort en 1691. Œuvres entières, 2 fol., 1701, 1740 ; 6 vol., Lond., 1820. Fontaine de Vie. Méthode de grâce, 1698. Pneumatologia, 1698. Expos, du Catéchisme, 1692.—Jean . Bunyanné en 1628, décédé en 1628 1688. Il écrivit autant d’ouvrages qu’il vécut d’années (60). Pilgrim’s Progress (« la meilleure Summa Theol. Evangelic » jamais produite par un écrivain qui n’a pas été miraculeusement inspiré », Coleridge), éd. originale repr. par Offer, 1849. Œuvres, 2 fol., 1692, et souvent ; 6 vol., par Mason1684 ; meilleure éd. par Offer, 3 vol., 1853. (Doctrines de la Loi et de la Grâce. Défense de Justif. par la Foi. La Vie de Southey, Offer, Philippe, 1839), etc. Sur l’édition de Pilg. Prog., voir Princeton Rev., 1859. Bunyan n’est pas l’auteur de Vision du Ciel et de l’Enfer ; voir Notes et Qu., 1re série, iii. iv. CKeever'8 Leet sur le Pilgrim’s Progress.]

35 [Thos. Goodwinné en 1600, membre de l’Assemblée de l’Ouest, prêtre de Magdalen Colt, Oxf, 1649, mort en 1679. Œuvres, 5 fol., 1681.—Anthony Burgess, (Indp.) aussi de l’Assemblée ; Vindicte Legis, 1646. Vraie doctrine de Justif, 1655. — Jérémie. Burroughs*, (Indp.), né en 1599, mort en 1646 ; voir Darling, u 8.—Tho*. Doolittel1630-1707, Corps complet de la divinité, 1723, etc.— Geo. Walker, 1581-1651 :^ocinian ism et Justif, 1641. Les œuvres de Sibbs1577-1635Thos. Adams, Brooks, d. 1680, D. Clarkson(co-pasteur avec Owen), 1622-86, Puritan Divines, à rééditer par Nichol, Edinb., 1861, sg.]

36 [Richard Baxter, né en 1615, ministre à Kidderminster, 1640, mort en 1691. Il a publié 168 traités. Travaux pratiques, 4, fol., 1707 ; 23, 8 vol., 1830, et 4, imp. 8 vo. La vie par Orme. Éthique chrétienne, ecclésiastique et politique. Gildas Salvianus, le pasteur réformé. Liturgie réformée. Aphorismes sur le Justif, 1649, et Conf, de la foi, 1655 ; de Justif, 1658. Methodus Theol. Christianas, 1681. Théologie catholique, 1675. (Voir la liste des œuvres dans la Bibl. Cycl. de Darling.) — Son système théologique a été appelé baxtérien, intermédiaire entre le calvinisme et l’arminianisme.

37 [John Owenle plus éminent des théologiens indépendants, né en 1616, mort en 1683. Œuvres de Russell21 vol., 1826 ; et Comm., sur héb., 7 vol. ; nouv. éd., par Goold, Edinb., 16 vol Life by Orme. Disque, concernant le Saint-Esprit. Manifestation de l’arminianisme. La persévérance des saints. Vindiciæ Evan-gelicæ (agst Socinians). La justification par la foi. Christologia—la puissance du Christ, θεολογούμενα παντοπο5α, sive de Nature, Orta.... veræ Theol., Brem, 1684.]

38 [John Howe, né en 1630, ministre à Londres, mort en 1675. Œuvres, 2 fol., 1724, avec la vie, par Calamy ; 3 vol., 1848, éd. par Hewlett ; par Hunt, 8 vol., 1810-20. Nouvelle éd., Edinb., 1856sqLife by Rogers, 1836. Ster-pie vivante (« un chef-d’œuvre d’argumentation profonde » ; Williams. La partie 2 contient les Animadversions sur Spinoaa). Bénédiction des justes. Œuvre de l’Esprit Saint Possibilité d’une Trinité en Dieu. La prescience de Dieu (« le plus profond, le plus philosophique et le plus précieux de ses écrits ») ; Robert Hall). La domination du Rédempteur sur le monde invisible.]

39 [Theophilus Gale, né en 1628, mort en 1678. La Cour des Gentils, 1672 (l’original de la littérature humaine à partir des Écritures) ; Le livre 2 porte sur la prédétermination divine, une justification du calvinisme. Un discours sur la venue du Christ. Philosophia Generalis, 1676. L’Ars Sciendi, attribué à Gale par Wood, est nié par Calamy comme étant le sien.]

40 [TAm. Ridgeley, né en 1667, fonda une académie de théologie en 1712 et mourut en 1734. Corps de la Divinité. Conférences sur le Grand Catéchisme de l’Assemblée, 2, fol, Lonû, 1731-33 ; 4, 8 vol., 1844 ; 2 vol., 1844 ; New York, 1855. Doctrine du péché originel, in-8°, Lond., 1725.]

41 [Matthew Henry, né en 1662, ministre à Chester et à Hackney, mort en 1714. Exposition de l’Ancien et du Nouveau Test, (depuis l’épître aux Romains jusqu’à la fin par d’autres mains). Divers. Œuvres, avec un appendice sur ce que Christ est fait aux croyants, par P. Henry, Lond., 1830. Édouard Calamy, 1571-1732. Exercit. Philos, 1688. Défense de non-conformité, 3 vol., 1703-5. Inspiration, 1700. Sur Trin. (1 J. v. 7), 1722. Non conforme. Mémorial, 3 vol., 1802. Autobiog., éd. Rutt, 1830.]

42 [Tobias Crisp, né en 1600, recteur de Brinkworth, mort en 1642. Le Christ seul exalté, 1643 ; avec Notes de Gill4e éd., 2 vol., Lond, 1791. Crisp avait « 52 adversaires », parmi lesquels Williams, Edwards, Lorimer, Baxter (1690). Voir Nelson’s Life of Bull. Son filsSamuel Crisppubl. Christ made Sin, 1691 ; nouv. éd., 2 vol., 1832.]

43 [David Calderwood, né en 1575, privé pour s’être opposé à l’épiscopat ; à Hol-.'and, 1617-23 ; mort en 1650. Hist, de Kirk of S., 1678 ; par Wodrow Soc., 8 vol., 1842-9. Autel de Damas, 1621 ; agrandissement de l’Altare Damascen., 1708, contre l’épiscopat. Robert Wodrow1679-1734, Hist, des souffrances de Ch. of S., 4 vol., 1838 ; Correspondence, McCrie, édit., Edinb., 3 vol., 1842–1843. Voir aussi Wodrow Soc. Miscellany, par D. Laingvol. I. 1844.—Thomas Halyburtonné en 1674, Prof. St. Andrews, mort en 1712. Works, Lond., 1835. Sur la foi. La religion nationale est insuffisante. Sur la justification, etc. Thos. Bostond’Ettrick, 1676-1732. Œuvres, fol., 1767 ; 12, 8vo^ 1852, éd. par *S'. Mcmillan. Corps complet de la Divinité, (vol. 1, 2). Quest, dans Div. (vol. 6). La nature humaine dans son quadruple état (vol. 8). Robert Flemingné en 1630, ministre à Cambuslang, mort en 1694. Accomplissement de l’Écriture, 1726 ; son fils, Rob. Fleming, décédé en 1716 ; Christologie, 3 vol., Lond., 1703-8 ; Disc., 1701 ; L’ascension et la chute de la papauté.]

44 Les premiers colons de la Nouvelle-Angleterre apportèrent au Nouveau Monde la forme puritaine du calvinisme. Beaucoup de ses premiers pasteurs et enseignants étaient des hommes formés dans les universités d’Angleterre. La Confession et le Catéchisme de l’Assemblée de Westminster furent adoptés par le synode de Cambridge de 1648 (sauf en ce qui concerne le gouvernement de l’Église) ; la Confédération de Savoie, par le synode de Boston de 1680. À Saybrook, Connecticut, en 1708, la Conférence de Westminster et de Savoie et la XXXIX. Des articles furent sanctionnés. — Antinomian Controversy (1636-1637) à Boston (Mrs. Ann Hutchinson), ses opinions confirmées par le synode de Newtown, 1637. Contre-tract de l’alliance à mi-chemin. 1657-62. — John Robinsonné en 1575, vers 1606 à Scrooby, 1609 à Leyden, Hollande, décédé en 1625 (6) — jamais en Nouvelle-Angleterre, mais son église (Brewster) émigra à Plymouth. Œuvres, 3 vol., 1851, par Cong. Bd. : Controverse avec Episcopius, 1613 ; Défense de la doctrine de Dort, 1624.—John Cottonné en 1585, mort en 1682, maître de conférences au Trinity College, Camb., à Boston en 1633, façonna la politique des églises, s’opposa à l’antinomisme ; Clés du Royaume des Cieux, 1644 ; Vindiciæ Clavium ; Way of the Churches against Baylie and Rutherford, 1648, etc. — Thos. Hookerné en 1586, à Cambridge en 1633, à Hartford, Connecticut, en 1636, mort en 1647 ; Enquête sur la somme de la discipline ecclésiastique, 1648.—John Norton, né en 1606 à Ipswich en 1638, à Boston en 1655, mort en 1663 ; Lettre à Dury : Responsio ad totum Quæst. Syllogen a.... Guil. Apollonio propos., etc., Lond., 1648 (premier livre latin écrit en Nouvelle-Angleterre, à la demande d’Apollonius et des théologiens de Zélande, sur les controverses ecclésiastiques en Angleterre) ; Disque, des Souffrances du Christ, 1653 (par ordre de la Cour générale) ; L’Évangéliste orthodoxe, 4to., 1654, etc. La vie par Mather. — Thos. Shepard, né en 1605, ministre Camb., (N. E.) 1635, mort en 1649 ; sur les Lit* urgies, le Pouvoir des clefs, etc., 1653 ; Parabole des dix vierges, 1660,1663, Aberd. 1838. Le Croyant sain, 1671. Méditât, 1791. Travaux, Cong. Bd. Voir Allen et Sprague.—Richard Matherné en 1596 à Dorchester en 1636, mort en 1669 ; sur Justif., 1662 ; Réponse à Rutherford, 1646, etc. ; voir Wood’s Athcn. Oxon. ii. 427. Son filsIncrease Mather, né en 1639, Prest Harvard, 1681, mort en 1723. Nombreux ouvrages : voir Aileds BiogDiet Cotton Matherfils de ce dernier, né en 1663, ministre Bost. 1684, mort en 1728. Il a publié 382 ouvrages ; voir Allen, u. 8. Magnalia Christi Americana, en 7 livres, goussot, 1702, repr. Hartford, 2, 8vo. Christ. Philosophe, 1721. John Davenport, de New Haven, né en 1597, mort en 1672. — John Eliotsapôtre des Indiens, né en 1604, mort en 1690 ; Christ. République, 1650 ; Bible indienne1661-4, première Bible imprimée en Amérique. Life par C. Francis.—Samuel Willardné le 31 janvier 1639-1640, ministre à Boston en 1678, mort en 1707 ; Corps de Divinité en 250 Leet, sur le Catéchisme de l’Assemblée, fol. Bost 9 1726. Comp. J. F. Steams, dans Am. Theol. Rev., août I860.]

45 Ralph Cudworth, né en 1617, éduqué à Cambridge, professeur d’hébreu en 1645, mort en 1688. Le véritable système intellectuel de l’univers, fol., 1678 ; 2, 4to, 1742, et la vie de Birch \ réimpr. 2, 8 vol., à Andover (New Eng.), 1837, avec Treatise on Immuable Morality, 1731 ; 3, 8 vol., 1845, avec trad. des notes de Mosheim ; Véritable notion de la Cène du Seigneur, 1670, et souvent ; Sermon sur 1 Jean ii. 3, 4, contre les Antinomiens. Systema Intellectuale, éd. Mosheim, 2, fol., Jen., 1733 ; 2, 4to., L. Bat, 1773. * La traduction latine est de beaucoup à préférer : Warburton . Sur le libre arbitre, avec des notes de John Allen, 1838. Un certain nombre de manuscrits inédits de Cudworth sont conservés au British Museum ; e. g., De la liberté et de la nécessité ; la notion de Hobbes concernant Dieu et l’Esprit. Paul JanetEssai sur le médiateur plastique de Cudwortb, Paris, I860.]

46 [Henry More, né en 1614, mort en 1687. Œuvres théologiques, fol., Lond., 1708. (Mystère de la piété. Mystère de l’iniquité. Motifs de certitude de la foi. Antidote contre l’idolâtrie). Recueil de Philosoph. Écrits, fol., Lond., 1712. (De l’athéisme ; Enthousiasme; Immortalité; Epistol, ad R. Des Cartes ; Conjectura Cabbalistica). Discours, Lond., 1692. Enchiridion Ethicum, Amst, 1695. Dialogues divins, Glasg., 1743. Opéra, 3 fol., Lond., 1675-9. Vie par R. Ward, Lond., 1710. Comp. Vaughavts Hours with Mystics. — John Norris, de Bemerton, 1657, mort en 1711 : platonicien de Cambridge. Miscellanies, 2e éd., Lond., 1690. Théorie et réglementation de l’amour, 1680. Disque, sur les Béatitudes, 4 vol., 1699sqRaison et Foi, 1697. Theory of Ideal World, 2 vol., 1701-4 (son œuvre principale, sur la base de Male-branche). Lettres à Dodwell, etc.]

47 [John Smith, de Cambridge, né en 1618, mort en 1652. Select Discourses, 4to., 1660, 1673, 8 vol.^ 1821 ( par Worthington), 4e éd. par H. G. Williamsavec bp. Patrick’s Sermon, Camb., 1859.—Le Disque, sur la prophétie a été traduit par Le Clerc pour son Commentaire sur les prophètes. Les autres Discours portent sur la Vraie Voie pour atteindre la Connaissance Divine ; Superstition; Athéisme; Immortalité; Existence et nature de Dieu ; Droiture légale et évangélique ; Excellence et noblesse de la vraie religion, etc. — Voir Theophilus Galenote 39. — Rd. Cumberlandné en 1632, bp. Peterlx>rough, 1691, mort en 1718. De Legibus Naturæ, 1672, trad. par Maxwell, 1727, par Towers, Dubl. 1750, en français par Barbeyrac, Amst., 1744. Sur Sanchoniathon, 1729. Origines gentium, 1724. Benjamin Whichcote, né en 1610 au King’s College, décédé en 1683. Discours, 4 vol. Aphorismes, en 1703, par Jefferyrep. par Salter, 1753. Select Sermons (publié à l’origine par Lord Shaftesbury), 1792, 1798.—Nathaniel Culverwel, (Culverel), mort en 1650 ou 1651. Un élégant et savant Discours de la lumière de la nature (écrit en 1646) avec plusieurs autres traités (׳Le Schisme ; L’Acte de l’Oubli ; La Pierre Blanche ; Optique spirituelle, imprimée pour la première fois en 1651), etc., 1652, in-4°. ; 1654; 1661; 1669. The Light of Nature, éd. par J. Brown, avec Essay by Cairns, Edinb., 1857. Cet ouvrage remarquable anticipe la théorie de Cumberland (1672) sur la moralité indépendante ; elle n’est pas remarquée par Stewart, ni par Mackintosh, ni par Hallam.— Francis LeeM. D., 1660, mort en 1719. A écrit des ouvrages teintés de mysticisme : Apoleipomena : ou Diss. Theol. Mathem at ד etc* 2, Lond., 1752. Histoire du montanisme. Sur les livres d’Esdras et d’Esdras, 1722. Prolégomènes à la partie historique de la Septante de Grabe Samuel Shawné en 1635, mort en 1691, recteur de Long-Whatton, un théologien de la même classe : Emmanuel, or Discovery of True Religion, 1667, 4e éd. 1804. Joseph Truman, né en 1631 , mort en 1672. un disque, d’impuissance naturelle et morale ; Ed. H. Rogers, Lond., 1834 ; La Grande Propitiation, Lond., 1669. Voir la préface de Brown à Cuiverwell, ubi supra, p. xxii.—Robert Fludd (Re Fluctibus), M. D., né en 1547, mort en 1637, philosophe mystique (rosicrucien, cabalistique). Œuvres, Oppenheim, 1617-38, 6 vol., fol. Mosaical Philos., transi. Lond., 1659. Voyez Bois ?* Athènes. Oxon.]

48 [John Miltonné en 1608, secrétaire latin de Cromwell, mort en 1674. Œuvres en prose, par Toland, 3, fol., Amst, 1697-8 ; 2, fol., 1738 ; 2, 4ton Vie de bouleau, 1735 ; Symmond, 7 vol., 1806 ; 1848-53, 5 vol. ; œuvres entières, 8 vol., 1851, Lond. et Boston. Réf. en Angleterre ; Épiscopat; Raison du gouvernement de l’Église (vol. 2) ; sur Smectymnus (vol. 3). De Doctrina Christ curav. C. R. Sumner1825, également traduit. La Vie de Keightly, 1855 ; Masson, vol. 1, 1859. Sur sa vie religieuse et ses opinions, Bib. Sac., 1859-60, par Barber ; la question de l’époque à laquelle la Doctrine chrétienne a été écrite, dans sa vie antérieure, vers 1640 ? sur la base d’Ames et Wpllebs.]

49 [William Chillingworthné en 1602, devint Rom. Cath. sous l’influence de John Fisher, alias Jchn Perse, mais fut ramené par Laud, 1631, mort en 1644. Religion des protestants, 1638 ; 6e éd. avec d’autres ouvrages, 1704 ; 10e, fol., 1742 ; 3, 8 vol., Oxf., 1838. Vie de M. Des Maizcaux, Lond., 1725. Sa Religion des protestants a été écrite en réponse à celle d’Edward Knott (de son vrai nom Matthias Wilson, un jésuite), Charity Mistaken. Tillotson appelle C. « la gloire de l’époque et de la nation ». Il écrivit aussi Neuf sermons, 1634 ; L’Apostol. Institution de l’épiscopat, 1644. Son grand travail prend également une position en contraste avec la théorie de Hooker sur l’autorité légitime de l’église nationale.]

50 [John Tillotsonné en 1630, doyen de Saint-Paul en 1689, abbé Canterb., 1691, mort en 1694. Œuvres (254 Discours), 3, foL, 1752. 12 vol., 1757 (Life by Birch, publ^ 1753 ; vol. xiii. Règle de foi, 3e éd., 1688.]

51 [Samuel Clarkené en 1673, recteur de St. James', Westminster, 1709, mort en 1729. Été aidé à remplacer le cartésien par le système newtonien (ed. Rohaulf* Physique). Conférences Boyle, Démonstr. de l’Être et de l’Attrib, de Dieu, et des Obligations de Nat Rel^ 2 vol., 1705-6. Doctrine de la Trinité, 1712 (provoqua une longue controverse : Waterland, Whitby, Nelson, Jackson, etc.) Recueil de papiers de C. et Leibnitz, 1717 ; sur Collins on Liberty, 1717 (en français par Des Maizeaux, 1720). Lettre à Dodwell sur l’immortalité, etc. Œuvres, vie de Hoadly, 4, fol., 1738.]

52 [Symon Patrickbp. Ely, né en 1626, mort en 1707. Sur la communion, 1685, la Tradition, 1683, l’Eucharistie, etc., Comm., sur l’O. et le N. Test et Apoc. (Lowth, Arnold, Whitby et Lowman, ajoutés), nouv. éd., 4 vol., 1853— Daniel Whitby1638, prébende. Salisbury, 1688, mort en 1726 ; Arminienne et enfin Araire. Protestant Reconciler, 1683 (rétracté). Sur Dodwell, 1707. Sur les cinq points, 1710. De imput peccati adami, 1711 ; transi, par Hey· bois, 1739. Comp. d’éthique, 1713. Disquis. Modestæ (sur Bull, réponse de Waterland et réplique de Whitby), 1720, etc. — Arthur Ashley Sykesné en 1684, prébende. Salisbury et Winchester, décédé en 1756. Controverses avec Collins, S. Clarke, Warburton, Middleton. Script. Doctr. de la Rédemption, 1756. Résurrection. Sur le sacrifice. Mémoires de Disney, 1785.— William Whiston, né en 1667, professeur Math. Cambr., expulsé pour arianisme, 1710, mort en 1752. Prophétie de Boyle Leeton, 1708. Compassé. Le christianisme ravivé, 5 vol., 1711-12. Texte de l’ancien test., 1722. Hist. O. et N. Test, 6 vol., 1745. Compassé. Nouvelle épreuve, 1745. Liturgie de l’Église d’Angleterre réduite, 1750. Mémoires, 3 vol., 1749-50, etc.]

 

III. L’ÉGLISE CATHOLIQUE ROMAINE.

§ 226.

LE CONCILE DE TRENTE ET LE CATÉCHISME ROMAIN

Sarpi [P. Soave Pol], Istoria del Concilio di Trento, Londres, 1619. [Bp. Burnet dit de Sarpi « qu’il était généralement considéré comme le morceau d’histoire le plus rare que le monde ait jamais vu.״ Il a été traduit en anglais par Sir N. Brent, avec son History of the Inquisition (une trad. précédente, 1655), Lond., 1696 ; son traité des Choses bénéficiaires, Westm., 1727 ; sa Vie, 1651. Le Lond. de 1619 a été édité par De Dominis. Transi français par Cowray er2 Tom., Amst, 1736.] ]PaUavicini, Istoria del Cone, di Trento. Rom., 1636, ii. fol, Milan, 1717 ; latin par Guttini, Ant, 1673 ; en français, 3 vola, 1844 ; traduit en allemand par \KUtscheAugsbourg, 1835. Chemnitii Examen Concilii Tridentini, Franco !, 1707. SdRgvollstandige Historic des Tridentinischen Conciliums, Halle, 1741, fol iii 4. f Goschl, Hr. J. M., geechichtliche Darstellung des grossen allgemeinen Concile zu Trient ii, Regensb., 1840. BanzGesch. des Trident Concile nach der Darstellung eines Katholischen Schrifts-tellers, Iéna, 1846. MarheinekeSystem des Katholicismus (voir tome I, § 16). J. P. LangeDie gesetzlich-katholische Kirche, als Sinnbild der freien evang-kathol Kirche, Heidelberg, 1850. [Fon WessenbergDie grossen Kirehen-versammlungen, 4 Bde., Constanz., 1840 (Bde., 3 et 4), comp. Hefele’s Beurtheilung, 1842. KoUner’s Symbolik, L, Hamb., 1844, sur Sarpi, p. 48, sur Pallavicino, p. 55. Comp. Ranke’s Hist. of Popes, Phil ed., sur Sarpi, p. 437 ; sur Pallavicino, 437 ; sur Trente, 71-74, 108-114, et passim. Voir la littérature dans Gieselefs Chiych Hist (N. Y. édition), vol. V, § 55. G, J. Planck, Anecdote ad Hist Cone. Trid. pertinentia, 26 Programmes de Göttingen, 1791-1818. « 7. MendhamMémoires du concile de Trente, Lond., 1834 ; et Acta Cone. Trident a Paleotto, éd. MendhamLoni, 1842, et Suppl., 1840. J. N. Bris-charBeurtheilung Sarpi’s u. Pallavic., Tub., 1843, 2 Bde. Ellies du PinHist, du Concile de Trente, 2, 4to. Bruxelles, 1721. BungenerHist Council Trent, from the French, Lond., 1842, N. Y., 1855. T. A. BuckleyHist of Council of Trent, Lond., 1832. Buchotès Ferdinand L, 1850. L’Histoire d’Espagne de Rosseewo St. Hilairetome VIII, 1861, contient des recherches nouvelles et savantes sur le Concile, en lui, comme dans Ranke, il y a des matériaux nouveaux. Parmi les personnes âgées,ks, la Vindica-* tion de Fra Paolo par Heidegger, dans son Tumulus Condi. Trident, 2, 4to., Zurich, 1690, mérite encore d’être consulté. JewelApologie et Lettres à Scipion sur le concile de Trente, dans ses œuvres, et publié séparément, 1854. On Trent, comp. Christ Rev., janv. 1856 ; Brownson’s Quarterly, octobre 1856. jJas. WaterworthEssaya on Hist ot Council, préfixé à sa traduction de ses Décrets et Canons, Lond, 1848. f Che. BeurreHistorical and Literary Account rf Formularies, etc., Lond, 1816, réimprimé dans son ouvrage^ vol. iv, 1811.]

Confrontés au protestantisme, les catholiques romains se sont vus contraints d’examiner l’état de leur propre Église. Ils avaient à accomplir une double tâche : premièrement, protéger les doctrines qu’ils soutenaient contre les fausses déclarations et les fausses déductions, et deuxièmementmaintenir fermement, avec une vigueur renouvelée, ce que leurs principes les obligeaient à maintenir. Le Concile de Trente (1545-1593) dut donc éclairer l’Église catholique romaine sur sa propre position, et sanctionner solennellement son système (développé dans une large mesure par les scolastiques de la période précédente) en opposition directe avec les exigences des réformateurs. Les déclarations de ce concile,1 ainsi que celles du Catéchisme romain, qui était basé sur le premier,2 doivent donc être considérées comme les véritables symboles de l’Église romaine, et toute doctrine divergente doit, à ses yeux, renoncer à toute prétention à la catholicité.

1 Canones et Décréta Concilii Tridentini Rom., 1564, 4. La même année, plusieurs éditions parurent à Rome, Venise, Anvers, Louvain, Cologne, et beaucoup d’autres ; Lyon, 1580 (avec l’Index Librorum Pro-hibitorum). Plus tard, des éditions ont été publiées par J. Gallemart, Col., 1618, 20, Antw., 1644, Lyon, 1712 ; par Phil. Chiffelet, Antw., 1640, et *Jodoe, le Plat., Antw., 17794 (Comp. Walch, Bibl. Theol., Tom. i. p. 407, ss.), réimprimé par Danz et Streitwolf (comp. Vol. I. p. 31). En ce qui concerne l’histoire des doctrines et du symbolisme, les sessions 4-7, 13, 14, 21-25, sont d’une importance particulière. [ W. Smets, Sacros. Cône. Trid. Canones et Décréta, éd. 4, 1854. Canones et Décréta, ex Bullario Roman., éd. Richteret Schultze, Lips., 1853. Canons and Decrees, transi, par T. A. Buckley, Lond., 1851 : et par James Waterworth, Lond., 1848 ». The Doctrinal De-créés and Canons, transi, par W. C. Brownlee, N. YM 1845.] — La Professio Fidei Tridentinabasée sur les canons du concile, a été rédigée ad. 1564, par ordre du pape Pie IV, et nul ne pouvait obtenir ni une charge ecclésiastique, ni une dignité académique, etc., sans y souscrire. C’est dans le Bullar. Romain. Tom. II. p. 127 et 88. (et sous la forme d’une annexe dans l’édition antérieure de Winer.) Comp. G. Ch. F. MohnickeUrkundliche Gesch i ch te der sogenannten Professio fidei Trident., etc., Greifswalde, 1822, 8. Winer, p. 9. [Bunyener’s Hist, du Concile de Trente, ubi supra. FleuretSymbolik, ii. 161 à 165.]

2 Le Catéchisme romain a été composé (conformément à une résolution du concile de Trente, voir 25), par l’archevêque Leon Marinol’évêque Eyidius Foscarari et le père Fureiroun érudit portugais, sous la surdirection de trois cardinaux, et publié après 1000. 1566, par l’autorité du pape Pins IV. (la version latine par Paul Manuce.) Plusieurs éditions et traductions en langues vivantes ont été publiées ; e. y., celui de Mayence, 1835,12mo. pour l’usage général. Dans les éditions précédentes, on ne donnait que le texte, sans aucune division ; dans l’édition de Cologne, 1572, elle fut pour la première fois divisée en livres et en chapitres ; celle d’Anvers, 1574, contenait des questions et des réponses. Le Catéchisme se compose de quatre parties : de Symbolo Apostolico, de Sacramentis, de Decalogo et de Ora-tione Dominica. Sur le rapport du catéchisme avec les canons du concile de Trente, et sur l’importance inférieure attribuée à . par les Jésuites et d’autres théologiens catholiques romains, voir Winer1. c. [Le Catéchisme pour les vicaires, composé par le décret du concile >de Trente fidèlement traduit, permissu super iorum, Lond., 1687. Une traduction de T. A. Buckley, Lond., 1852. Comp. KollnerSymbolik, it, 166-190.]

Les catéchismes composés par le jésuite P. Canisius (dont le plus grand parut en 1554, le plus petit en 1566), qui acquit une plus grande popularité que le Gatechismus Romanus, n’ont pas reçu la sanction pontificale, et pour cette raison ne peuvent être considérés comme des livres symboliques ; mais ils ont excité plus d’attention et ont donné lieu à de nouvelles controverses. ΛΑ WigandWarnung vor dem Catechismus des Dr. Canlsii. des grossen Jeeuwidders,( !) Iéna, 1510, A La Conâitatio (comp. § 215, note 2,) peut aussi être considérée comme un document qui expose les principes du romanisme, en opposition avec le protestantisme ; mais elle n’a pas été formellement sanctionnée par l’Église.

Parmi les sources secondaires, on trouve le Missel romain et le Bréviaire. Voir Kollnerit. 190sqLe concile de Trente ordonna la révision du Missel, publié en 1570, de nouveau en 1604, qui est suivie dans toutes les réimpressions. Sur le Breviarium, voir Kocher Bibl. Symbol i. 755eq. ; il est ainsi appelé, parce qu’on y abrégeait les offices antérieurs (sous Grégoire VII). Le concile de Trente ordonna une révision ; imprimé en 1568, et souvent. Traduction anglaise de Missal, Lond. RobertsonRom. Liturgie, Edb., 1792. Geo. Lewis, The Bible, Missel and Breviary, 2 vol&, Edinb, 1853, contient les premiers transi anglais complets de la liturgie. Outre le Catéchisme de Canisius, celui de BeUarminepréparé par Clément VIII, 1603, et de Bossuetpour le diocèse de Meaux, 1687. ont eu beaucoup d’autorité].

 

§ 227.

LES THÉOLOGIENS DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ROMAINE.

[Kuhn, KathoL Dogmatik, 2e éd. 1 (1859) 8. 463519־. Hugo LaemmerLe catholique pré-tridentin, Théologie. D’après les sources, Bert, 1858. Gieseler63 § ,.ד.]

Parmi les théologiens qui ont défendu les doctrines de l’Église catholique romaine, à l’époque de la Réforme1, avec Eck, Faber, Cochlœus et d’autres Desiderius Erasmus occupait la place la plus éminente, bien qu’il n’ait pas transmis à la postérité un système de théologie dogmatique.2 C’est aussi à cette époque qu’appartient Albert Pighius,3 auquel Calvin s’opposa. Après le Concile de Trente, les membres de l’Ordre de Jésus, en particulier4, firent de la défense du romanisme moderne (à la fois théoriquement et pratiquement) la tâche de leur vie. Les plus visibles l’écrivain doctrinal et polémique parmi eux était Robert Bellarmin ;5 tandis que Denys Petavius, s’efforçait de prouver historiquement l’antiquité de la foi catholique.6 Les auteurs suivants sur la théologie dogmatique (et l’éthique) appartenaient à cette société religieuse ; Peter Canisius,7 Alphonse Salmeron,8 John Maldonat,9 Francis Suarez,10 Gabriel Vasquez,11 Francis C0ster,12 Martin Becanus,13 et d’autres. Parmi les adversaires des jésuites et de leur méthode scolastique Melchor Canusmoine dominicain, était le plus distingué.14 Jacques Bénigne Bossuetl’évêque de Meaux, en idéalisant autant qu’il était possible le catholicisme, s’efforçait de le rendre plus agréable aux protestants, tandis que, d’autre part, il montrait les changements que les doctrines protestantes avaient subis dans un court espace de temps.15

1 Sur Thomas Cajetan (qui a écrit un commentaire sur Thomas d’Aquin), Eek, Faber, Cochloeus, Wimpina, Ambroise Catharinus, et d’autres ; voir les ouvrages sur l’histoire de la Réforme, et BouginéLiteratnrgeschichte, p. 70, 88מ et Laemmer, 1. c. Cajetanvoir Gieselerv, § 63. Opera Ommia5fol-, Lugd., 1639. Sa traduction de la Bible était littérale. Pour ses opinions libérales, il fut attaqué par le dominicain Catharinus. C. F. JagerCajetan’s Kampf gegen die lutherische Lehrreform, dans Zeitschrift f. d. hist. Theol., 1858.] À propos de George Wicelqui retourna à l’Église romaine (il naquit en 1501 et mourut en 1573, il écrivit : Via Regia, Helmet., 1650, De sacris nostri Temporis Controversiis, ibid., 1659), comp. * Neanderde Georgio Vicelio, Berol., 1839, 4, et par le même : das Eine und Mannigfache des christlichen Lebens, Berlin, 1840, p. 167, ss. [Gieseleriv., § 51, note 6.]

2 Érasme mourut à Bâle en 1536. Les plus importants de ses écrits controversés, dans lesquels il s’opposait aux notions de Luther sur la volonté de l’homme, sont mentionnés dans l’histoire spéciale des doctrines. Comp. * Ad. MüllerLeben des Erasmus von Rotterdam, Hamb., 1828, 8. [Jortin’s Life of E., 2, 4to., 1758-60 ; Vie de chevalier, Çambr., 1760 ; Hess, 2, Zürich, 1770 ; Chs. Butler, Lond., 1825. Der theol. Standpunkt des Erasm., par Kerkerdans Theol. Quartalschrift, 1859, s. 531-567. Articles sur Érasme dans Eclectic (Lond.), sept. 1854 ; Christ. Examindr (par C. T. Brooks), vol. 49 ; Rev. du Sud, vol. 8 ; Christ. Rev. (par W. C. Wilkinson), avril 1858. Voir alco NisardEtudes sur la Renaissance, 1855.]

4 Sur la fondation de cet ordre par Ignace de Loyola (1534-1540), voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique. En ce qui concerne les vues doctrinales des jésuites (mariolâtrie), voir Baumgarten Crusius, Compendium der Dogmengesch. t. I, p. 394 et 395. [RankeHist. Popes (Phil.) 56-71, 77-81, et passim. App. 520. La littérature de Gieseler, v., § 54. Abbé GuettéeHist. des Jésuites, Paris, 2 vol., 1859.]

5 "En ce qui concerne les controverses, c’était le meilleur écrivain de son temps "  - Bayle. Bellarmin naquit en 1542 à Monte-Pulciano, en Toscaneentra dans l’ordre des Jésuites en 1560, fut nommé cardinal en 1599, archevêque de Capoue en 1602 et mort en 1621. Il a écrit : Disputationes de Controversies Fidei adv. hujus Temporis Hæreticos, Ingolst., 1581, 82, ii. f. P. iii. 1592, fol., Venet, 1596, iii. fol. Cette œuvre a été combattue non seulement par les protestants, mais aussi par certains catholiques romains. Voir SchrockhKirchengesch. nach der Reforma-tion, iv. p. 260, ss. Le meilleur ouvrage protestant écrit contre Bellarmin est celui de NcÀerzer, J. A. (il mourut en 1683), Antibellarminus, Lips., 1681, 4. En 1607, Bellarmin publia un volume de corrections des éditions précédentes de son ouvrage, sous le titre de Recognitio Librorum, incorporé dans les éditions de 1615, 1620, Paris, 1635 ; Prague1721 ; réimpriméRome 4, 4to., 1832-40, avec un Appendice, Monument. Eccles. La meilleure édition est celle de 1620 ; celui de Venise, 1721-27, omet plusieurs œuvres de B. Ses Notes de l’Église, réfutées par les écrivains anglicans, plusieurs éditions ; Comp. Kuhnubi supra, p. 490.]

6 Petavius, né à Orléans, mort en 1583, et mort à Paris en 1652. Il a écrit l’Opus de Theologicis Dogmatibus. Par., 1644-50, iv., Antw., 1700, vi. ; Heinrichp. 377, par. Sa méthode a été adoptée par Ludw. Thomassin dans son Dogmata Theologica, 1680-84. Voir Heinrich, p. 582. Petavius était professeur de théologie à Paris à partir de 1621. Muratori le représente comme le rénovateur de la théologie dogmatique. L’édition d’Anvers (en réalité d’Amsterdam) de 1700, en 6 tom., a été éditée par Johannes ClericuS’sous le pseudonyme de Theo-philus Alèttinus, qui dans sa préface le défend contre Sandius et BulluS’à l’égard de la Trinité, etc. L’édition de Zacharie} Venise, 1757, est la meilleure Une nouvelle édition est en cours à Rome, vol. I, 1858, édité par Passaglia et Schrader. Il écrivit aussi De Doctrina Temporum, 3 fol., Antw., 1705. Gibbon dit de Petav. (Déclin et chute, chap. xlvii. note 1 : « Son dogme. Théolog. est un ouvrage d’un travail et d’une boussole incroyables, les volumes qui se rapportent uniquement à l’Incarnation (2, fol.) sont divisés en xvi. Livres.... L’érudition du jésuite est abondante et correcte ; sa latinité est pure, sa méthode claire, son argumentation profonde et bien liée ; mais il est l’esclave des pères, le fléau des hérétiques, et l’ennemi de la vérité et de la franchise aussi souvent qu’elles sont hostiles à la cause catholique. Comp, aussi Kuh^ Dogmatik, i. 5058q.' qui le représente comme introduisant une nouvelle méthode, ni scolastique ni spéculative, mais positive, dans le traitement de la théologie. Il fut suivi par l’Oratorien de Thomasson3 Tom., Paris, 1680-4 ; FeuardentiuS’Tractatus Theol., Paris, 1692-4 ; Du Hamel' Theo-logia Speculatrix, Paris, 1691 ; Natalis Alexander (l’historienne de l’Église), Theolog. Dogmat., Paris, 1693. — La plupart des théologiens de la R. C., jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, ont adhéré à la méthode scolastique (thomiste) ; quelques-uns suivirent Scot. Les Scotistes étaient FrassenScotus Académique, Paris, 1672 ; et L’Herminier' Summa Theol. Scholast, Paris, 1771. Gomet^ Clypeus Théol. Thomiste ; Burdigal, né en 1659, était thomiste ; de même que Co»· tensonTheologia Mentis et Cordis, Colon., 1722 ; TFitasse, Tract. Théol., Paris, 1722 ; BoucatTheol. Patrum., Paris, 1718 ; Hilluart' Cursus theol. juxta Mentem S. Thom., 1745. D’autres, un peu plus tard, — Tournely* Prælect Theol, Venet, 1739 ; Gotti' Theol. Scholast. dogm., Venet., 1750 ; Berti, De Theol. Discipl., Venet, 1776 ; Habert) Theol. Dogm. et Moral., Vindel., 1751. Kuhn, ubi supra.]

7 Le nom primitif de Canisius était de Hondt ; Il naquit en 1511 et mourut en 1597. Il est l’auteur d’une Somme doctrinale chrétienne (In. stitutiones Christian), Par., 1628, £, et des deux catéchismes mentionnés § 226.

8 Salmeron naquit à Tolède et mourut en 1585. Ses œuvres ont été publiées à Madrid, 1597-1602. Cologne, 1612, xvi. fol.

9 Maldonatus naquit en 1534, enseigna dans les universités de Salamanque et de Paris, et mourut en 1583. Ses œuvres parurent à Paris, 1643, 77, iii. fol. Heinrich) p. 302 et 88. Schrockh, iv. p. 83. Il s’opposait à la vision jésuite de l’Immaculée Conception de Marie comme nécessaire à la foi. Il est appelé à Rome par Grégoire ΧΙΠ. pour superviser la publication de la Septante]

10 Suarez mourut en 1617 à Lisbonne. Il a écrit : Commentatio in Thom® Summam., Mogunt., 1619-29, xix. fol.

11 Vasguez mourut en 1604 à Alcala. Il a écrit : Commentarii in Thomam. Ingolstad., 1606. Vén., 1608. Antw., 1621.

12 Coster était professeur de théologie et de philosophie à l’université de Cologne, provincial de son ordre dans les provinces rhénanes, et mourut en 1619. Il a écrit : Enchridion præcipuarum Controvers. dans Religione ; Méditations. — Schrockh, iv. p. 280.

13 Bécan fut successivement professeur dans les universités de Wurtzbourg, de Mayence et de Vienne, et mourut en 1624, comme confesseur de l’empereur Ferdinand II ; il avait déjà enseigné à Wurtzbourg, à Mayence et à Vienne. — Il écrivit : Summa Theol. — Manuale Coutroversiarum hujus Temporis. — Opp. Mogunt., 1639, 1640, ii. £

14 Canus était natif de Taracon, [né en 1523], et mourut en 1560, en tant que provincial de son ordre en Castille. Il a écrit : Locorum ״Theol. Libr. xii. Salam., 1563, f. Padoue, 1714, 4, Venet., 1759, 4, et Vienne, 1764, (édité par Hyacinthe Serry.) Comp. Heinrich) p. 298 et 88. Schrockh)iv. p. 66, 8s. [VKuhn) ubi supra, p. 486, et Laemmer^

15 Bossuet naquit à Dijon, mort en 1627, fut nommé évêque de Meaux en 1681 et mort en 1704. Parmi ses ouvrages, on peut citer : Exposition de la Doctrine de l’Église Catholique, 1671, édité par Fleury) Antw., 1678, 12.—Histoire des Variations des églises Protestantes, Par. (et Amst), 1688, ii. 8. Il fut opposé par : Basnage (Hist, de la Rel. des églises réformées, Rot, 1721), et Pfaff (Disputait Anti-Bossuet Tub., 1720,) auxquels Bossuet répondit, Défense, etc., Paris, 1701. Plusieurs catholiques romains se prononcèrent aussi contre l’interprétation de leurs doctrines par Bossnetpar exemple Maimbourgle jésuite Voir Schrockh) vii. p. 280, 88. Comp. C. Schmidt) dans Herzog’s Realencycl. ii, 317sq[Œuvres, 20, 4to^ Paris, 1743-1753. Dépréf êdi-tion, 27 vol., incomplet. Versailleséd. par Bausset46 vol. Œuvres complètes de B., 59 vol., Paris, 1825 ; 12 vol., 1836. Une traduction anglaise de son Exposition, par WJalter] M[ontague], Paris, 1672 ; un autre Londres. Hist des variations, transi., 2 vol., Dubl., 1836, 1845. Sur l’Exposition, voir Nouv. de la RépubL de Lettres, x. 931, 1252. Histoire de Bossuet par M. le Cardinal de Bausset) nouv.ed. Paris, 8, 1855. Mémoires et Journ. sur une Vie et les Ouvrages de Bossuet, par l’Abbé Guettée, 2, Paris, 1856, qui publia aussi en 1854, Essai sur !' Ouvrage de B. **Avertissement sur les Réflex. morales » (de Quesnel), la présentant comme l’œuvre de Bossuet, et montrant que B. s’opposait aux Jésuites. A. FloquetEtudes sur Bossuet, t. I, 1855. Voir aussi BouillierHist, de la Philos, Cartésienne, Tom. ii. A. CaillotVie de Bossuet, Paris, 1836.]

 

§ 228.

JANSÉNISME.

*ReuchlinGeschichte von Port-Royal, derKampf desrefbrmirtenund Jeeuitiscben Katho)· idsmus unter Ludwig XIII. XIV., 2 vola, Hamb, 1839-1844. Voir aussi l’article dans Henog. [Sainte-Beuve, Hist de Port-Royal, 4 vol., Paris, 1840-1858. Ch. BeardPort-Royal, 3 vola, Lond., 1860. SchimmelpemufidcMémoires de Port-Royal, Lond, 1855. Sur l’œuvre de ReucUinvoir Sir Jas. StephenEssaya, vol. L C. A. WiA ken·, Port-Royal, oder der Jansenismus in Frankreich, in Zeitschrift f. d. Wissen-schaftlicbe Théologie, 1859. Méthamphétamine. Quarterly, N. Y., 1855. Anciennes Histoires de Port-Royal, par fbnlaine2 vola, 1198 ; Racius2 vola, 1164 ; QuesnelLa Paix de Charles IX, 2 vola, 1101.— Ouvrages sur les jansénistes ; LegdeckerHist Jana Traj. ad Rhenum, 1095. (Gerberon), Hist Générale de Jana, Rom., 8 vola, 1111. Dorn, de ColoniaDiction, de Livres Jansen, 4 vola, Lyon ; 1152, Histoires de Tregelles, 1851 Bellegrade, 1851 (voir Christ Rembr, janv. 1852) ; et particulièrement J. M. NealeHist of the soi-disant Jansenist Church in Holland, Lond., 1851 ; comp. Dublin Rev, 1858. — La véritable idée du jansénisme, à la fois historique et dogmatique, par ![ heophilus] <7[ale], Lond, 1699.—Articles dans Irish Eociea Journal, 1852 ; Bavette! Repos, 1841 ; Rev de l’église, janvier 1858 ; Dublin Rev, 1854 (qui fait remonter la révolution française au janv. eenisme ; et le même point de vue dans Brownaon’s Quarterly) ; Princeton Rev, janv. 1856 ; Ohrfet Rev, avril 1856 ; Am. Theol. Rev(L. Whiting), 1860 ; Kitto’s Journal of Sacred Lit, vol. vii.—Specimen Hist Theol exhibons Historism EccL Ultraject Rom. Cath, mala Jansenistioœ dictas, scripait J. A. Gertie van Wÿk, Traj. ad Rhen., 1859.)

En opposition à la théologie dogmatique et à l’éthique jésuitique et pélagienne, le jansénisme a pris son essor, suivant quelques précédents antérieurs,1 et s’est répandu des Pays-Bas en France, gagnant un centre puissant et un soutien dans la congrégation de Port-Royal.2 D’une part (en ce qui concerne la doctrine de l’élection, etc.), les jansénistes manifestaient un penchant pour le protestantisme, et maintenaient ainsi le principe protestant de la foi dans le sein de l’Église catholique romaine ; d’autre part (en ce qui concerne les sacrements et la doctrine sur l’Église), ils ont conservé les vues de celle-ci. Sous ces deux rapports, leurs vues étaient conformes à l’augustinisme antérieur, qu’ils désiraient restituer dans toute sa pureté.3 Les théologiens de Port-Royal, tels qu’Antoine Arnauld,4 Pierre Nicole,5 et d’autres, exerçaient une plus grande influence sur la croyance de leurs contemporains, par leurs écrits pratiques et ascétiques, ou par des ouvrages scientifiques d’un caractère plus général. que par des œuvres strictement dogmatiques. Le profond Pascalen particulier, Il fit avancer la bonne cause, tant par son opposition à la casuistique des jésuites, que par son ingénieuse défense du christianisme.6 Paschasius Quesnelprêtre de l’Oratoire, propagea parmi le peuple les principes jansénistes, ainsi que le Nouveau Testament, et exposa ainsi les jansénistes à de nouvelles persécutions, et provoqua de nouvelles controverses.7

1Sur la manifestation antérieure de la tendance augustinienne dans l’Église cathodique , voir HankeHistory of the Popes (Philad.), p. 73, et l’histoire spéciale des doctrines. — Sur les doctrines de Bajus à Louvain, et la controverse à laquelle elles ont donné lieu, à propos de Lewis Molina et d’autres, voir ibidem. [Voir NiednerKirchengesch., 649, 706-' ! 10. Opéra Michi Baji, Colon., 1696. Pu ChesneHist, du Bajanisme, Douay, 1791. Molina, Liberi Arbitrii cum Gratiæ Donis... · Concordia, Lisb., 1588, Antw., 1595, — Pie V condamné sous une forme douce, 79 thèses de Baïusen 1667, dans la Bulle Ex omnibus Afflictionibus. Voir Gieseler, 8. § 69.]

2 Cornelius Jansen naquit en 1685 et mourut en 1638 comme évêque d’Ypern. Son œuvre principale a été éditée après sa mort : Augustinus sen Doctrine S. Augustin ! de human » Naturæ Sanitate, Ægritudine, Medicina adversus Pelagianos et Maasilienses, Low, 1640, iii. f. En ce qui concerne l’histoire extérieure du jansénisme (la bulle In Eminenti publiée par le pape Urbain VHI, mort en 1642), ainsi que de Jean du Vergierabbé de Saint-Cyran, et de Port-Royal des Champs, comparez les ouvrages de JReuchlin, Neale, etc., et les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique en général ; sur l’importance scientifique de la Société de Port-Royal, dans ses rapports sur la France, voir les ouvrages sur l’histoire de la littérature, notamment : Sainte-MeuvePort-Royal, 4 vol., Paris, 1840-58. [Histoire des cinq Proposition© de Jansen, Liège, 1699, 2 vol., Pumas.)]

3 Comp. Vol. I, § 84, 114. Le jansénisme peut être appelé protestantisme au sein de l’Église catholique romaine, dans la mesure où le jésuitisme, qui en est l’antithèse, représente le catholicisme moderne. Mais nous devons garder à l’esprit que cela ne peut être dit qu’en référence aux doctrines de la grâce et des bonnes œuvres. En ce qui concerne les sacrements (et en particulier la Cène du Seigneur), les jansénistes ont strictement conservé les vues de l’Église catholique romaine et sont tout aussi nettement opposés aux doctrines protestantes que le concile de Trente ou les jésuites.

4 Arnauld naquit en 1612 et mourut en 1694. Ses œuvres complètes parurent après sa mort, Lausanne, 1680, 4. Comp. Heuchlinp. 132, 88. Kirchenhistorisches Archiv., 1824, p. 101, 88. [Les principaux ouvrages de ArnauldDe la fréquente Communion, 1643 ; La Théologie morale des Jésuites, 1643 ; Apologie de Jansen, 1644 ; Œuvres, 48, in-4°. Il écrit contre les Grotes-tants (Jurien et Aubertin), les jésuites (Maimbourg, Annat) et les philosophes (Descartes et Malebranche). Causa Arnaldina, 2 vol., Leod. Eb., 1699. Vavin, La Vérité sur Arnauld, 2 fol., Paris, 1847.]

5 Nicole, née en 1625 et morte en 1696. Il s’opposa aussi bien aux jésuites qu’aux protestants. Kirchen. Archiv. 1. 0. p. 121, 88· [Nicole et Jansénistes, Princeton Rev., janvier 1856. Ses essais jouissent d’une grande réputation ; 25 vol., Paris, 1733, sg.]

6 Pascal est né en 1623 à Clermont en Auvergne et mort en 1662. Il a écrit : Les Provinciales (Lettres écrites par Louis Montalte à un Provincial de ses amis.) Col., 1667.—Pensées sur la Religion, 1669. Ils ont été traduits en allemand par K. A. Rlechavec une préface de Neander, Berlin, 1840. Œuvres, Paris, 1816. Comp, la biographie composée par sa sœur (mademoiselle Périer), et préfixée à ses Pensées ; Thérémine (Adalberts Bekenntnisse^ Berlin, 1831), p. 222, 88. J. Rustde Blasio Pascale, Erlang., 1833, 4, et *ReuchlinPascals Leben und der Geist seiner Schriften, Stuttg, 1840. [Paa-cals Pensées, publiées pour la première fois par Périer, imparfaites et mutilées ; aussi par Condorcet, 1776 ; Voltaire, 1778 ; révisé par Faugèresd’après l’original, 2 vol., 1844, et Havet, 1862, et Astié, 2 vol., Lausanne, 1857. Des Pensées de Pascal, par V. Cousin, 1843 (comp. Rev. de deux Mondes, 16 nov. 1863, article de Planche, revenant sur toute la controverse, et Discours de Villemain, 1866)· A. VinetEtudes sur Blaise Pascal, Paris, 1848. Feander, geschichtliche Bedentung d. Pensées in his wissenschaftliche Abhandlungen. Abbé May· nardLes Provinciales et leur Réfutation, 2 vol., Paris, 1861 ; comp. Christ. Remembr, juillet 1852, une justification de Pascal. — An English transi, of the Provincial Letters, 2e éd., 1658, Lond. ; aussi, 1816. Pensées, nouvellement trans !· éd. par Bickersteth, 1833. McCrie’s transi, of Letters, Edinb. Pensées et lettres, etc., 3 voles, Lond., 1847-50 par Geo. PearceNew York, 2 voles, 1858. Pensées, trad., par O. W. Wightet Priv. Letters ; 2 vols. New׳ York, 1861. Articles sur Pascal ; Journal de Kitto , vol. 3 ; Eclectic (Lond.), novembre 1852 ; Princeton Rev, janv. 1854 ; Rogers, dans ses Miscellanies ; Amérique du Nord (jBowen) vol. 60 ; Néandre sur Pascal, transi, dans Kitto, vol. 3 ; sur les éditions récentes et Transi, Meth. Trimestriel, xii.J

7 Quesnel mourut en 1719. Il publia Le Nouveau Testament en français avec de réflexions morales, etc. Par, 1687. Sur les controverses relatives à la constitution de l’Église, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique. [Les 101 propositions de Quesnelcondamné, voir dans Church Review, janvier 1858. The New Test, de Quesnel, avec des réflexions morales, Lond, 4 vol., 1719-25 : ses Quatre Évangiles, 2 vol. Balt, 1790 : réédition, édité par bp. Wilson en 8 vol. ; Philadelphie, éd., 2 voles, 1855. Acta Publica Constitutionis Unigenitus, éd. PfaffTûb, 1721 ; Collectio Nova Actorum, éd. Dubois, 1725 ; Anecdotes, sur Mém. secretes de la Const Unig, 3 vol., Utrecht, 1732.]

 

§ 229.

LE MYSTICISME DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ROMAINE.

Hamberger, Stimmen aus dem Hefligthum d. Christi Mystik u. Thesophie. Stuttg. 1857· [Vaughan, loc. cit.]

Malgré tous les efforts faits par les catholiques romains pour obtenir l’ascendant dans la science, l’art et la politique (tentative dans laquelle les jésuites ont déployé la plus grande activité), ils n’ont jamais entièrement perdu cette tendance spirituelle qui caractérisait les mystiques orthodoxes du moyen âge. Les représentants les plus distingués de cette tendance furent les nouveaux saints Charles Borromée,1 François de Sales,2 et d’autres, ainsi que le cardinal Jean Bona.3 Néanmoins, là encore, le mysticisme a montré une tendance au panthéisme, comme on le voit dans le cas du mystique allemand Angelus Silesius4 Le quiétisme mystique de Michel Molinos,5 prêtre séculier espagnol, formait un contraste frappant avec l’intrigante mondanité des jésuites, et a donné naissance à la Controverse quiétiste en France.6 Que des hommes d’un caractère aussi pur que Fénélon,7 dont la vie fut une communion constante avec Dieu, qui pussent tenir une telle doctrine sous son aspect idéal, sans s’exposer au danger du fanatisme, dont la seule possibilité effrayait les hommes d’une intelligence sobre, tels que Bossuet.8

1 Borromée naquit en 1538 à Arona, et mourut en 1584, archevêque de Milan. Il fut canonisé en 1610. Comparer : 1Sailer, der heil. Karl Borromeus, août 1823. Pour ses écrits, qui sont principalement ascétiques, voir ibid., p. 146, et 225, ss. (où l’on trouve des extraits de ses homélies). [GodeauLa Vie de Chs. Borrom., Paris, 1147. GiussanoLeben des B. (de l’italien), par Klitsche, 3 vol., Angsb., 1836. Dieringer, der heil. Bor· rom. d. Kirchen-Verbees, seiner Zeit Koln., 1846.]

2 François de Sales naquit en 1567, en Savoie, et mourut en 1622, évêque de Genève. Il fut canonisé en 1665. — Une nouvelle édition de ses œuvres parut, Paris, 1834, en seize vol. — Introduction à la vie dévote. Un mémoire sur sa vie a été publié par MarsollierParis, 1747, ii. 8. Comp. SailerBriefe ans allen Jahrhunderten, Vol. iii. p. 127, 88. BaudrySupplément aux Œuvres de Franç. de Sales, Lyon, 1836. Réutilisation de Leben d. heil. Fr. v. Sales, Paderb, 1818. L. ClarusLeben von Fr. ▼. Ventes, ii. Schaffh., I860. Introduction à une vie dévote, traduit par W. NichollsLond, 1701. Philotheca, ou un. Introduction à une vie dévote, Dubl, 1844.]

3 Le cardinal Bona naquit en 1609, à Mondori, dans le Piémont, entra dans l’ordre des Bénédictins, fut fait cardinal en 1669 et mourut en 1674. Col., 1671, 12.—Manuductio ad Cœlum. Par, 1664,12. Ses œuvres parurent Par. (Antw.), 1677, et Antw, 1739, fol. [Bona’s Guide to Eternity, trad. par Sir R. L’Estrange6e éd., Lond, 1712 ; Essai moral sur l’amitié, Lond., 1702.]

4 Son nom propre était Scheffler,1 né en 1624 à Breslau , renonça au protestantisme pour l’Église catholique romaine en 1653 et mourut en 1677 au monastère des Jésuites à Breslau. Il a écrit : Heilige Seelenlust—Cberubinischer Wandersmann, etc. Des extraits de ses œuvres sont donnés par WackernagelDeutsches Lesebuch, ii. col. 427,83.— Vamhagen von EnseDenkwûrdigkeiten und vermischte Schriften, 1837, i. p. 307, ss. * Goscheldans le Jahrbtlcher für wissenschaftliche Kritik, 1834, Ν', 41,88. WittmannAngelas Silesius, als Convertit, Myst Dichter, und Polemiker, Augsb, 1842. KahlertAngelas Silesius, Brest, 1853. [Comp. Schusterdans Zeitschrift f. d. (ÿst Théologie, 1857. Westminst. Rev., octobre 1853.]

1Schrader s’oppose à l’identité de Siluius et de Scheffler, dans son ouvrage Angelus Ail*. sius in seiner Mystik, Halle, 1853, 4to,, mais sur des motifs insuffisants.

5 Molinos meurt après a. d. 1696, après plusieurs années d’emprisonnement à Rome. Sur la question de savoir s’il était en relation avec les Alombrados, voir Baumgarten-Crusius, Compend. d. Dogme. Gesch. t. I, p. 407. Il composa une Gaida spirituale, Rom., 1675. (Il a été traduit en latin par A. Π. FrancheLips., 1687, 12. C. E. ScharlingMichael de Molinos (du danois) [dans Niedner’s Zeitschrift, 1854], Gotha, 1855. [Recueil de diverses Pièces concernant le Quiétisme ; sur Molinos, ses sentiments, etc., Amst., 1688. Guide spirituel de Molinos, trad., Lond., 1688. Lettres écrites de Rome touchant l’affaire de Molin. AmsL, 1696. Voyez Notes and Queries, juin 1855, p. 424, dans Trois lettres sur l’Italie, 1687, par Burnet ! Compte rendu des œuvres mystiques anglaises, notes et requêtes, 20 décembre 1856 (Willis, Tryon, Bromley, etc.)] — D’autres mystiques espagnols avant lui furent : Thérèse a Jesu (morte après 100 apr. J.-C.). 1582) et Johannes a Cruet (mort en 1591 et canonisé en 1726). Lope de Vega, mort en 1635. Comp. Baumgarten-Crusius, 1. c. p. 410. Hornberger, p. 189. '

6 La controverse est déclenchée par Antoinette Marie Bouvières de la Mothe-Guyon (morte le 10 décembre 2011). 1717) ; voir son autobiographie, CoJ, 1720, iii et le récit de sa vie donné par son confesseur, François la Combe. Sur la controverse elle-même, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique, et la biographie de Fénelon mentionnée dans la note suivante. [Der Quietismus in Frankreich, Ruckgaberdans Theol. Quartalschrift, 1856, 2, 4. Vaughan, Helfferich, Noack, dans leurs ouvrages sur le mysticisme. Vie de Madame Guyon, par le ProfT. C. Upham, 2 vol., 1824 ; comp. Brit. Qu. Rev., mai 1853.—Les œuvres complètes de Mme Guion forment 49 volumes. La Vie de lady Guion, écrite par elle-même en français, abrégée, Bristol, 1772.—■*· Vie par T. Digby BrookesLond, 1806. Poèmes trad. par W. Cowper, 1801.]

7 Fénélon est né A.  en 1651 et mort en 1715, évêque de Cambray. Il a écrit : Explication des maximes des Saints sur la vie intérieure, Par, 1697, Amst, 1698,12. Œnvres Spirituelles, Amst, 1725, v. 12. Ils ont été traduits en allemand par ClaudiusHamb, 1823, iii. Un mémoire très complet de sa vie (dans lequel on donne un compte rendu de toute la controverse) se trouve dans l’ouvrage de BaussetHistoire de J. B. Bossuet, 4 vol., vers., 1814, et d’IferderAdrastea (Werke zur Philosophie, vol. ix, p. 43). Voyez Lechlerdans l’Encyclopédie de Herzog, et comp. § 228, note 7. [BonnelDe la Contra-verse de Bossuet et Fénelon, Paris, 1850. FénelonŒuvres, 10 vol., Par., 1851. Transi, des Directions pour la vie sainte, 1747 ; Démonstration de l’Être de Dieu, 1715 ; Lettre pastorale sur l’amour de Dieu, 1715 ; Extrait de ses Œuvres spirituelles, par R. Houghton, 2 vol., Dabi., 1771 ; De Bausset’s Life of F. transi, par W. Mudford, 2 vol., Lond., 1810. La vie de Fénélon, par Ch. Butler, 1810. Extraits des écrits de F., avec mémoires, par Mme Fol· len, Bost., 1851. Progrès spirituel, ou Instructions dans la vie divine, du français de Fénélon et de Madame Guyon, éd. T. W. MetcalfBost, 1854.]

8 See his Relation sur le Quiétisme, 1693.

Sur les différents traits que présente le mysticisme de l’Église catholique de Boman (« mysticisme aréopagitique, ascétique, spéculatif et vraiment religieux »), voir Baumgarten-Crusius L p. 409.

 

§ 230.

TENDANCES LIBÉRALES DANS LA CRITIQUE ET LA THÉOLOGIE SYSTÉMATIQUE. TRANSITION VERS LA PÉRIODE SUIVANTE.

Bien qu’un système de critique libérale en général ait été restreint par le principe même du romanisme, cependant, en ce qui concerne la littérature biblique, l’esprit critique a pu se développer plus librement chez les catholiques romains que chez les protestants. C’est ainsi que Richard Simon jeta les bases de la critique biblique,1 et contribua aussi, par ses écrits doctrinaux, à préparer la voie à ce nouvel état de choses qui devait naître des conflits des éléments les plus hétérogènes. Vers la même époque , Jean-Baptiste du Hamel,2 et Natalis Alexander,3 se distinguèrent comme théologiens d’un courant plus libéral, qui s’efforçaient de secouer le joug de la scolastique. [Comp. § 228, note 6.]

1 Simon naquit a. d. 1638, et mort en 1712. Son ouvrage s’intitule : Histoire Critique du Vieux Test. Rot, 1685, 4, du N. T., 1689.

2 Du Hamel était né a. d. 1624, officia comme curé de l’Oratoire, et mourut en 1706. Il a écrit : Theol. Speculativa et Practica, Par., 1691. Heinrich, p. 382. Schrockh, vii. p. 208.

3 Noel Alexander est né a. d. 1639, et mort en 1724 ; il appartenait à l’ordre des Dominicains, et était un moine érudit. [Il fut condamné pour son gallicanisme par le pape Innocent XI, 1684.] Outre sa célèbre Hist Eccles., meilleure éd. 20, in-4°>, par Romaglia et Mansi, 1785-90 ; il a écrit : Theologia Dogmatica et Moralis, Par., 1693, X. 8, 1699, 1703. Disserta-tiones Historico-ecclesiasticœ, ii. foh Heinrich, p. 384. Schrockh, 1. c.

 

IV. — L’ÉGLISE GRECQUE.

§ 231.

L’ÉGLISE GRECQUE.

Tandis que les fondements mêmes de l’Église catholique romaine étaient ébranlés par la Réforme, qui exerçait néanmoins, à certains égards, sur elle une influence vivifiante et régénératrice, l’Église grecque présentait l’aspect lugubre d’une ruine au milieu des nations mahométanes environnantes. Il est entré en contact avec le protestantisme, mais seulement à l’extérieur, et pour une très courte période. 1 Cyrille Lucarispatriarche de Constantinople, perdit la vie (1638) pour avoir trahi un penchant pour le calvinisme.2 Peu de temps après (1642), Petrus Mogilasmétropolite de Kiew, avec quelques autres théologiens grecs, rédigea une confession de foi pour les Russes, qui rencontra l’approbation des patriarches d’Orient, et reçut (1672) la sanction du synode de Jérusalem. Bien que Léon Allatius (1669) se soit efforcé de prouver l’accord entre les doctrines de l’Église grecque et de l’Église romaine, la première a continué à maintenir son indépendance.3

1 A. D.  1559 Mélancthon transmet une traduction grecque de la Confessio Augustana au patriarche Joseph II, mais sans résultat. Pas plus que les négociations entre le patriarche Jérémie IL (1574) d’une part, et Jac. AndreA, et les théologiens de Tübingen d’autre part, conduisent à un résultat plus favorable La correspondance à laquelle ils ont donné lieu a été rompue vers 1581 ; voir Schnurrer, De Actis inter Tub. Theoll. et Patri-archas Const (Oratt Acad. ed. Paulus, Tub., 1828.)

2 (Αεύκαρις.) *Ανατολική όμολογία τής χριστιανικής πίστεωςlat. Genev., 1629, grec, 1633, latin et grec, 1645. Il est donné par Aymon, Monu-mens Authentiques de la Rel. des Grecs, etc. à la Haye, 1708, 4 ; et par KimmelLibri Symbol. Eccl. Orient, p. 24, sqVoir ses Prolégomènes, p. xxiii. [Le Cyril Lucarvoir Neale* s Holy Eastern Church, 4 vol., 1848–1850. British Magazine, sept. 1842, déc. 1843, janv. et juin 1844. Mohnikedans Studien n. Kritiken, 1832. une. Twestendans Deutsche Zeitschrift, septembre et octobre 1850. Edinburgh Rev., avril 1858, Spectateur de ! ,Orient, 1855. 'Κνριλλος Αούκαρις, b όικομενικός πατριάρχης. ,Ύπο Μάρκον Ύεντερη, Athènes, 1859. Comp. Gersdorfs Repert, septembre 1860. Princeton Review, vol. 5.]

3 *Έκθεσις τής τών Ύωσών πίστεως, 1642 ; plus tard sous le titre : *Ορθόδοξος όμολογία τής καθολικής καϊ άποστολικής Εκκλησίας ανατολικής . Kimmel, p. 45, et Prolégomènes p. 1. Comp. Synodus Qierosolymitana advers. Calvinistas anno MDCLXXII. sub Patriarch a Hierosolymorum celebrata, dans Kimmel, p. 325sq,, et Prolegomena, p. Ixxv. [Æwe, Glau-benszeugnisse der griechischen Kirche : dans l’Appendice de la 5e éd. de son Dog-matik, I860. MacaireThéologie dogm. orthodoxe, traduite par un Russe. 2 vol., Paris, I860. R, W. BlackmoreDoctrine de l’Église russe, traduit, Lond. N. MonravieffHist de l’usage de l’Église de Russie, trad.

Blackmore. John CovelCompte de l’Église grecque, Lond. 1722. Antiquit Eccl. Orient., Lond. 1682, (voir Notes et Requêtes, x., p. 60.) L’Église grecque en Russie, ses rites, ses doctrines, etc., par John G. King, 4to., Lond. 1772. La doctrine orthodoxe de l’apothéose orientale, transi., G. Petassaco, Lond. 1858BeveridgeSynodikon, sive Pandectae Cano-num, etc., ab Eccl. Græca recept, 2 vol., Oxon. 1672-82. M. J. SchmittKrit Gesch. d. neu-griech und Russ. Kirche, 1850 (4). Gass dans la Re-alencycl. de Herzog. Palmer sur l’Église, i, 176-206, et dans ses Dissertations. Pit· üpios, L’Eglise Orientale. Articles dans la New York Rev., oct. 1853 ; Souvenir du Christ, juillet 1853 ; Church of Eng. Quarterly, juillet 1854 ; Christ. Rev., 1855 ; Christ. Examinateur, 1855 ; Bibliotheca Sacra, (Manning), 1858 ;

Encyclop Britan. (8e éd.), par Hetherington. Dean WaddingtonHistof Greek Church, nouv. éd., 1854. StanleyLeet, sur l’église East, Lond., 1861.]

 

V. — PETITS PARTIS RELIGIEUX (SECTES).

§ 232.

PETITS PARTIS RELIGIEUX (SECTES).

Château de la Clé. ConradCatalogue hæreticorum Francoff., 1696. 88. xiii. 8. 8. ErbkamGesch. d, Protestation. Les sectes à l’époque de la Réforme, Hamb. En 1848.

Tandis que la réforme poursuivait sa grande œuvre, diverses tendances se manifestèrent également en opposition à l’Église catholique existante, que nous pouvons considérer en partie comme une continuation d’un esprit d’antagonisme antérieur et non ecclésiastique, et en partie comme les efforts négatifs unilatéraux d’une critique à l’esprit étroit. Les protestants ne pouvaient pas faire cause commune avec eux sans se désintégrer. De ce fait, l’anabaptisme et l’unitarisme, qui avaient déjà été rejetés par l’Église catholique (bien que sous des formes différentes), rencontrèrent une opposition tout aussi décisive de la part des luthériens et des calvinistes, et furent, par conséquent, stigmatisés comme sectes. Et, encore, à une époque ultérieure, plusieurs sectes firent leur apparition, dont quelques-unes seulement, par exemple. gla Société des Amis, ont prolongé leur existence jusqu’à nos jours. D’autre part, le dogmatisme rigide du l’opposition légitime et contraindre les plus modérés à construire leur chapelle à côté de l’église. C’est ce qui s’est passé avec le Les Arminiens (Remontrants), qui ne formaient pas tant une secte, qu’une fraction des Église réformée.

 

§ 233.

A. LES ANABAPTISTES (MENNONITES.)

Schyn, Historia Christianorum, qui in Belgio Foederato, Mennonitæ appellantur. Amstel. 1723. 8, Hunzinger, das religiöse Kirchen-und Schulwesen der Mennonites. Speier 181. 8. Göbel, Geschichte des Christl. Lebens en d. Rhein. Westph. Kirche, ii. 290 m² Pour le reste de la littérature, voir les ouvrages sur l’histoire de l’Église.- [ Hase, 431, 610, et son Reich d. Wiedertäufer dans ses Neue Propheten, et séparément, 1860. Hohmuth, dans Zeitschrift f. hist. Theol. 1858-9. Gieseler’s Church Hist. , (N. Y.) Vol. IV, § 30, 32. J. J. Van Osterzee dans la Realencyclop de Herzog. Héberle, Die Anfänge des Anabapst. in der Schweiz, Jahrb. f. deutsche Theologie, 1858. Supplément à l’Hist. des puritains de Neal. J. Ivimey, Hist. de l’Angl. Baptistes. G. H. Orchard, Hist. of Foreign Baptists, 1855. Publications du Hansard Knollys Soc. Angleterre. Martyrologe des Églises baptistes, de le hollandais de P. J. Van Beaght, 2, Lond. 1850-3. Backus, Hist. of English et les baptistes américains ; 2, 1772-1784, et souvent réimprimé. T. F. Curtis, Progrès des principes baptistes, N. Y., 1855. S. S. Cutting, Hist. Justifications, Bost. 1859. C. A. Cornelius, Die Wiedertäufer, 1860, -deuxième partie de son Gesch. d. münsterischen Aufruhrs.]

Le baptême des enfants fut d’abord combattu par des enthousiastes grossiers et les promoteurs de la révolution.1 Mais, plus tard, vers le milieu du seizième siècle Menno Simonis,2 originaire de Hollande, parvint à rassembler ceux qui avaient ces opinions sur le baptême, et à constituer une dénomination régulière, qui prit le nom de mennonites. et, au fil du temps, s’est divisé en plusieurs corps plus petits.3 La plus ancienne confession de foi adoptée par les mennonites est celle rédigée par John Ries et Lübbert Gerardi, vers l’année 1580.4 Les autres confessions de foi ne jouissent pas d’une telle autorité générale parmi les adhérents de cette secte.5

1 Sur les premiers mouvements des prophètes de Zwickau (Nickolas Storch, Martin Cellarius [Borhaus], Mark Stübner et Thomas Münzer) et de Carlstadtainsi que sur les anabaptistes de Suisse, et les négociations avec eux (Grebel, Manz, Hochrûtener, Hubmeier,et d’autres) ; et aussi, concernant les troubles causés par les anabaptistes de Münster (Rottman, Rochold, Knipperdolling), voir les ouvrages sur l’histoire de la Réforme. Sur leurs doctrines (bien que du point de vue polémique), voir Melancthon'8 Vorlegung etlicher unchristlicher Artikel, welche die Wiedertaufer vorgeben, dans les œuvres allemandes de Luther, t. II. de l’édition de Wittenberg, p. 282-88.....Justus Menius, de WeidertAufer, Lehre und Geheimniss aus heil. Schrift widerlegt ibid^p. 299 ss.—Bull· ingervon der Wiedetfaufe Ursprung, Secten und Wesen. Zür. 1561. 4 Ott, Annales anabaptistici. Bas. 1624. [ C. A. CorneliusGesch. des miinsteris-chen Aufruhs, in 3 Buchern, i. 1855 ; ii. Die Widertaufe I860.] Hast, Gesch. WidertAufer, Münster, 1836. Le mélange remarquable de fanatisme (montaniste), transgressant les limites de l’Écriture, avec une adhésion étroite à la lettre de l’Écriture, a déjà été remarqué par Zuingle ; voir ses œuvres (éditées par Schuler et Schulthess) ii. 1. p. 298 : « Quelquefois ils s’obstinent à prendre la lettre dans son sens strict, sans la comprendre et sans aucune interprétation ; parfois, ils refusent complètement de l’admettre.

2 Menno était né en 1505 et mort en 1561. Les principes fondamentaux du mennonitisme sont : le rejet du baptême des enfants, le refus de prêter serment et de servir dans l’armée, et enfin, le rite du lavement des pieds.

3 Waterlandiens et Flamingiens, les plus raffinés et les plus grossiers. Sur leurs gradations ultérieures, et sur toute l’histoire de cette secte et de sa propagation, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique.

4 Il parut sous le titre : Korde Belydenisse des Geloofs, etc. : Pr-cipuorum® Christian® Fidei Articulorum brevis Confessio. 1580. L’édition latine qui est donnée par Schyn 1. c . c. 7, p. 172 83. se compose de 40 articles. [Sur les confessions des baptistes anglais, voir Cuttingubi supra, et l’œuvre d’Underhillpour Hansard Knollys Soc. renvoyée au § 222, dernière note.]

5 Comp. Schyn 1. c. Kocher, Bibl. Symb. p. 467 88· Winerp. 24, 25· (Sur leurs catéchismes, voir ibid.)

 

§ 234.

B. UNITARIENS (SOCINIENS.)

Sandii, C. C. Bibliotheca Antitrinitarioram. Freist. (Amet) 168A 8. Bock, F. S., Historia Antitrinitariorum, maxime Socinianiemi et Sociniacorum. Régiomont. De 1774 à 1784. * Trechsel, Les antitrinitaires protestants avant Faustus Socinus. Livre 1. Michaël Servet et ses prédécesseurs. Heidelb. 1839. 8 ; 2ème livre. Lelio Socino et l’Antitrinit de son temps, 1844. 0. fbck, Le socinianisme selon sa position dans le développement marginal du Christ. Lebens, nach sein VerlauÇ und nach seinem Lehrbegriffe, Kiel, 1847. HilgenfeldCritiscbe Studien über den Socinianismus, dans Zeller’s Jahrbiicher, 1848, 8. 371, sq. [Jbci, dans Zeitschrift f. d. Hist Theol, 1845. Literaturdes Socin. ibid., 1853. J. P. Bauermeister, de Syst Socin. Dogmat. Arborescence des commentaires. Rostock, 1830-3. L. Lange, Gesch. des Lehrbegriffe des Socinian. Leips. 1831BaurDoctrine de la Trinité, III, 46, sq. BornerDoctrine de la personne du Christ, II, 751, sq. Th. LindseyHist View of Unit from the Reformation, Lond. 1783, et Mem. of L, par Belsham, Lond. 1812Thos. ReezCatéchisme racovien, avec Hist Introd. Lond. 1818Wallace, Biographie anti-trinitaire. J. R. BeardIllustrations historiques de Trinity, Lond. 1846.]

Alors que le baptême des enfants et d’autres doctrines étaient combattus pour des raisons pratiques, le dogme orthodoxe de la Trinité fut, à peu près à la même époque, attaqué du point de vue théorique, de sorte que l’histoire des premiers unitariens, depuis la période de la Réforme, apparaît sous de nombreux aspects enchevêtrée avec celle des anabaptistes.1 Les violentes persécutions, par lesquelles les catholiques romains et les protestants s’efforçaient de supprimer l’unitarisme,2 surtout dans l’exécution de Michel Servet,3 ne purent empêcher la formation d’une secte4 qui soutenait qu’une pluralité de personnes dans la Divinité ne pouvait être prouvée par l’Écriture, bien qu’ils en reconnaissaient l’origine divine et professaient tout le respect pour la personne humaine du Christ. Grâce aux travaux de Lœlius Socinus,5 et plus encore de son neveu Faustus Socinus,6 le parti unitarien dispersé fut uni en une organisation ecclésiastique distincte et adopta le nom de sociniens. La tendance rationaliste unilatérale du socinianisme incluait les germes à la fois du rationalisme ultérieur (négativement) et d’un surnaturalisme biblique simplement extérieur (positivement), et contribua ainsi à la transition d’une période à l’autre.7 L’appellation Racoviensesqui s’applique aussi aux Sociniens, ainsi que le nom de leur catéchisme, Catechismus Racoviensis, sont dérivés de la ville de Racow.8 Outre les auteurs de ce catéchisme, les théologiens suivants ont développé plus complètement la doctrine socinienne, à savoir : Jonas Schlichting, J Vülkel, John et Samuel Crell, Christian Ostorodt, Valentine Schmalz, Lewis Wolzogen, Andrew Wissowatius, et d’autres.9 La controverse passa en Angleterre, où elle fut continuée par l’évêque Bull,10 et surtout par Clarke et Waterland au début du XVIIIe siècle. 11]

1 "Ce que l’anabaptiste a tenté d’accomplir à propos de l’Église et de la religion pratique, d’autres théologiens, d’une tendance étroitement liée à elle, et largement imprégnés d’éléments anabaptistes, ont cherché à l’accomplir à propos de la théologie. Cette dernière tendance n’était, à proprement parler, qu’une branche distincte de la première, et une forme et une expression particulières du même mouvement général » Trechsel, 1. c. p. 8. Ce qui a été dit au § 232, concernant le système rationaliste unilatéral de la critique (qui forme apparemment un contraste avec le fanatisme des anabaptistes) se réfère principalement au développement ultérieur de l’unitarisme par Socinus. Comp, note 7, et Trechsel, p. 3 et 4. Baumgarten-CrusiusCompend. i. pp. 332, 333, considère aussi les antitrinitaires comme l’opposition spéculative, les anabaptistes comme l’opposition pratique.

2 Parmi les antitrinitaires antérieurs, on peut citer : Lewis Hetzer, de Bischofszell en Thurgovie (Suisse) ; il fut exécuté à Constance en 1529 ; John Bench, originaire du Haut-Palatinat. [Le Bench et Hetzervoir Gieseler, iv. 351 ; Keim, dans Zeitschrift f. d. Hist Theol., 1856, et dans Herzog’s Realencyclop. sub voce ; Hefeledans Stud. u. Kritiken, 1855.] Jacob Kautz, de Bockenheim ; Conrad in Gassen, natif de Wir-temberg (il fut exécuté à Bâle en 1559) ; John Campanusoriginaire de Hollande, qui fut professeur à l’université de Wittenberg ; Melchior Hofmann, à Strasbourg ; Adam Pistoris et Rudolph Martini, tous deux originaires de Westphalie ; Bavid Jorisde Bruges, anabaptiste [comp. Gieseleriv. 353, note 9], et Claude de Savoie.Sur leurs doctrines, sur lesquelles ils différaient beaucoup, en ce sens que les uns adoptaient les notions d’Arius, les autres celles de Sabellius ou de Paul de Samosate, comparez Trechsel, 1. c. (Section I), et l’histoire spéciale des doctrines. Jean Valdezoriginaire d’Espagne, mort en 1540 à Naples, est aussi compté par quelques auteurs, non seulement parmi les promoteurs de la Réforme, mais aussi parmi les précurseurs de l’unitarisme ; de l’autre côté, comp. Sandiusloc. cit 2-6, et C. Schmiddans Hlgens Zeitschrift ftlr historische Théologie, i. 4. p. 837.

3 Servetsumamed Revesnaquit en 1509 ou 1511, à Villaneuva, dans le royaume d’Arragon, accompagna l’empereur Charles-Quint dans son expédition en Italie (1529), s’installa à Bâle en 1530 (avec Œcolampadius), et écrivit (1531) son ouvrage intitulé : De Trinitatis Errori-bus, libri VII. Par la suite, il a résidé plusieurs fois en France, etc. Son procès et son exécution eurent lieu à Genève, en 1553. Sur l’histoire de sa vie, voir Mosheim, neue Nachrichten von dem beriihmten span. Arzte, Michael Serveto, Helmst., 1756, 4, et Trechsel1. c. [Sur Servetvoir HenryLeben Calvin, iii. 95 ; Baur’s Dreieinigkeit, iii. 54 ; Heberledans Tubing, theol. Zeitschrift, 1840 ; A. RillietRelation du Procès criminel contre M. Servet, Genève, 1844 ; SchadeEtude sur le Procès, Strasb., 1853 ; Saissetdans la Revue des deux Mondes, févr., mars 1848 ; Calvin et Servet, par T. K. Tweedie, Edinb. ; Calv. et Serv., par T. S. Porter, Lond., 1854 ; Bulletin de la Société pour l’Hist. du Protest Français, 1858.]

4 C’est à cette secte qu’appartenait aussi Jean Valentin Gentilis (il fut exécuté à Berne en 1566) ; Paul Alciat (mort à Dantzic en 1565), Matthœus Gribaldi (mort en 1564 en Savoie), George Blandrata (qui vécut en Pologne et Transylvanie, et mort en 1590), et dans une certaine mesure ( ?) Bernard Ochino (mort en 1564 en Moravie), Célius Sec. Curion (mort en 1569), Paul Vergerius (mort en 1565 ) et plusieurs autres. À partir du milieu du XVIe siècle, les principes antitrinitaires se répandirent principalement en Pologne. Les sociniens se constituèrent en un corps ecclésiastique distinct aux synodes de Pinczow et de Petrikow (1563-1565). [Voir F. MeyerDie evang. Gemeinde io Locarno, 2 Bde., Zurich, 1836. Heberle, sur Blandrata en Tubing. Zeitschrift £ Theol., 1840. Bock, dans Hist. Antitrinit.]

5 Lœlius Socinus naquit à Sienne en 1525 et mourut en 1562. — Voir C. F. Illgen, Vita Lœlii Socini. Lips., 1814, 8. J. C. OrelliLælius Soci-nus, dans le Basler Wissenschaftliche Zeitschrift, 1824, 3e partie, p. 28. 88., et les documents requis, ibid., p. 138, art. [Gieseler, t. IV, p. 358.]

6 Faustus Socinus naquit en 1539 et mourut en 1604. Comp, le mémoire de sa vie par Pizipcovius dans Bibliotheca Fratrum Polonorum (note 9), p. i. Il a principalement travaillé en Pologne et en Transylvanie. Baumgarten-Crusius désigne à juste titre Lælius Socinus comme « le père spirituel du socinianisme » et Faustus Socinns M comme le fondateur de la secte. Compend., t. I, p. 334. [Gieseler, iv. 365.]

7 « Nous pouvons appeler le socinianisme le berceau commun à la fois du supranaturalisme et du nationalisme de la théologie protestante moderne. » Strausschristliche Glaubenslehre, i. p. 56.

8 Un ancien Catéchisme socinien a été composé par George Schomannministre socinien à Cracovie, mort en 1591. Elle fut suivie de celle de F. Socinus, qui parut sous le titre : Christianas Religionis bre-vissima Institutio per interrogationes et responsiones, quam Catechismum vulgo vocant. Racov., 1618, 8. (Il était incomplet, dans la mesure où il ne comprend que la théologie et la christologie.) Il a formé la base du catéchisme socinien plus vaste, qui a été composé par Hieronymus Moscorovius, un noble polonais, mort en 1625, et Valentin Schmalz, un ministre socinien, et publié en 160512, en langue polonaise. Il a été traduit en latin sous le titre : Catechesis Ecclesiarum, quæ in regno Polon. et magno ducatu Lithuaniæ et aliis ad istud regnum pertinentibus provinciis affirmant, neminem alium præter patrem domini nostri J. C. esse ilium unum Deum Israelis, hominem autem ilium, Jesum Naz., qui ex virgine natus est, nec alium præter aut ante ipsum, Dei filium unigenitum et agnoscunt et confi-tentur. Racov., 1609, 12. — Une nouvelle édition, accompagnée d’une réfutation, a été publiée par G. L. OederFrancf. et Leips., 1739, 8 ; Ici, les questions sont numérotées pour la première fois. Ce catéchisme fut ordonné par le Parlement d’Angleterre, en 1652. Il a été traduit, avec des notes et des illustrations, et une esquisse de l’histoire de l’unitarisme, par Thos. Rees, Lond., 1818. Extraits dans Gieseleriv. 367, îç.] En ce qui concerne d’autres éditions, qui contiennent aussi d’autres confessions de foi adoptées par les sociniens (la Confessio Fidei rédigée par Joh. Schlichting, 1646, 8,) comp. Winer, p. 25 et 26.

9 Leurs écrits sont rassemblés à la Bibliotheca Fratrum Polonorum, quos Unitarios vocant Irenop. [Amst], 1626, 6 vol., fol. Pour plus de ^détails, voir Winer, p. 27. [Sur la division en Non-Adorantes (Davidis) et Adorantes, voir Gieseleriv. 569sqLa doctrine de l’Ador antes dans la Somme Universelle du Christ, 1787, d’après les papiers de Michel Lombard Sz. Abrahami, mort en 1658, éd. par George Markos.] L

10 [Bp. Bull's (voir § 225, b^ Note 18) Defensio Fidei Nicœn., a été publié en 1685, (écrit plusieurs années auparavant, mais n’a pu trouver d’éditeur), et était dirigé contre Sandius (un socinien, mort à Amst., 1680), auteur de Nucleus Hist. Eccles, exhibitus in Hist. Arian., et collecteur de la Bibliotheca Anti-Trinitar.) ; Zuicker, né en 1612, médecin de Dantzic, auteur de Irenicum Irenicorum, 1658, également socinien ; et en fait contre la position de Petavius quant aux vues et à l’autorité des Pères. Le Judi-cum Ecclesiæ Catholic de Bull, 1694, est en partie contre les vues d’Episcopius et de Curcellæus (successeur d’Episcopius à Amsterdam, mort en 1658), qui avait également été attaqué par Maresius, 1650, dans sa Defensio Fidei CathoL Sa tradition primitive et apostolique, 1708, dans la suite de la controverse, est contre l’interprétation socirtienne des vues des premiers pères. — Parmi les écrivains sociniens anglais de cette époque, on peut citer le Dr Arthur BuryThe Naked Gospel, 1690 (une justification historique du même est attribuée à Le Clerc) : John Biddled. 1662, Tracts, 3 vol., réimpression, 1691-5 ; Thos. Firmin, mort en 1697, Life, Lond., 1698, avec un compte rendu de l’Unité, controverse ; et Gilbert Clerke, qui, dans son Ante-Nicenismus, 1695, et dans d’autres ouvrages, a répondu à la Defensio de Bull.]

11 [L’ouvrage de Samuel Clarke (voir § 225, b. Note 51) Scripture Doctrine of the Trinity a été publié en 1712 (voir le quatrième volume de ses Œuvres, contenant ses autres écrits controversés sur le sujet), défendant le point de vue élevé de l’Ariane. Il a été répondu par le Dr Welle1713Nelson, Jas. Knight, Bp. Le Dr John Edwards (qui s’opposa aussi au projet de subordination de Bull), Welchman, Ewd. Potter, Richard Mayo et d’autres. — En 1719le Dr Daniel Waterland publia sa Vindication of Christ’s Divinity, a Defence of some Queries (1726), en relation avec le plan de Clarke, dans Answer to Jackson, (né en 1686, mort en 1763), et une seconde Vindication en 1732 ; et une autre Vindication, 1734 (Works, vol. I. ii. iÿ.) Daniel Whitby (né en 1638, mort en 1726), lorsqu’il publia ses Commentaires, était orthodoxe, mais en 1715 il écrivit Dis-quisitiones Modest » in Clariss. Taureau! Défend. Fid. Nic., pour montrer que la controverse entre Clarke et Waterland n’a pas été tranchée par l’antiquité chrétienne. Waterland répondit (Œuvres, ii. 232-279) ; la réplique de Whitby, 1720, et la réponse de Waterland, 1720 ; Les dernières pensées de Whitby. Jackson écrivit aussi (avec l’aide de Clarke), une réponse à Waterland, 1722, et des remarques sur la seconde défense de W. par Philalethes Cantabrig. Sermons de Calamy sur la Trinité, 1722. Webster, en 1735, à la demande de Waterland, traduisit l’Hist of Arianism de Mainbourg.— William Whiston, né en 1667, mort en 1732, dans son Prim. Christ Revived, 5 vol., 1711-1712, et sur les liturgies primitives, 2e éd., Lond., 1730.—A. A. Sykes, Modest Plea and Modest Plea continued (thia dernier, 1720, par Clarke).—Thomas Emlyn était aussi un des principaux défenseurs de l’arianisme (né en 1663, mort en 1743), Works, 3 vols., Lond., 1746 — les deux premiers volumes principalement sur cette controverse en réponse à Stillingfleet, Bennet, Willis, Leslie , etc., The Rom. Cath. divine Hawardenont également écrit une réponse aiguë au Dr Clarke, et à M. Whiston, etc., par S. E., Lond., 1729.— Pour l’histoire de cette controverse, voir Van Milder ΐ 8 Life of Waterland (préfixé aux œuvres de W.) ; vie de Clarke ; Whiston’s Memoirs, 3 vol., 1749-1750 ; Whinton’s Mem. de Clarke, 1730 : Disney’s Life of Sykes ; La Vie de taureau de Nelson ; Toulmin’e Vie de Biddle ; L’Unitarisme de l’Hist. de Lindsey. Sur la question de l’unitarisme de Milton, Locke et Newton, voir sur la Trinité de Hales ; Vie de Locke par le roi ; Unité. Tracts, Bost., n° 77 ; Smythe, dans Southern Presb. Rev., 1854. Sur le Christ de Milton. Doctrines, voir Bib. Sacra, 1860. Pour une liste complète des works.in la controverse trinitaire ci-dessus, voir la Bibliotheca Britannica de Watt, 4 vol., Edinb., 1824, et la Biographie Britan., 7 vol., fol., 1747.]

 

§ 235.

C. ARMINIENS (REMONTRANTS.)

Regenboog, Geschichte der Remonstranten. Transi, du néerlandais. Lemgo, 1781. *Abr. des Amorie van der Hceven, het tweede Eeuwfest van het Seminarium der Remon-stranten, Leeuwarden. 1830. 8. [Pour la littérature de la controverse, voir Gieseler (N. Y. edition) iv., § 43, p. 505. Uytenbogœrt, Triglandius, Brandt, Re* genboog, Mosche, G. S. Franckius, De Hist. Dogm. Armin., Killiae, 1813. Brandt’s History transi, 4 vol., Lond. 1720-23, 1770. SchweizerProtest Centraldogmen, ii., 31-201. Gass, Gesch. d. Protest Dogmatik, ii GrafBeitrage zur Gesch. d. Synode von Dordrecht, Bâle, 1825. John Haled, cône d’hist. Dord, éd. Mosheimius, Hamb. 1724 : et dans Haled Golden Remains, 1673, 1690. Thos. ScottArticles du synode de Dort, Œuvres, vol. 8 ; Utica, 1821, et souvent. Article Arminius, par Pell dans l’Encyclopédie Royale de Herzog.]

Exclus de l’Église réformée, à cause de leurs vues plus modérées sur la prédestination , les arminiens se virent contraints de former une communauté religieuse distincte,1 dont les principes sont contenus à la fois dans les Cinq Articles des Remontrants (1610),2 et dans la confession de foi rédigée par Simon Épiscopius.3 L’arminianisme se caractérise non seulement par le fait qu’il s’en tient à l’universalité de la disposition de la rédemption, mais aussi par une sorte d’orthodoxie modérée, presque imperceptiblement mêlée d’éléments hétérodoxes, et a un respect principal pour l’élément moral plutôt que pour l’élément dogmatique rigide. En ce qui concerne sa tendance, elle est, à certains égards, alliée au bon sens sobre du socinianisme, mais elle a, en même temps, conservé une quantité suffisante de religion positive pour s’opposer aux doctrines négatives spéciales de cette croyance. Après Arminius lui-même Simon Episcopius, Hugo Grotius4 et Philippe Limborch,5 se distinguaient les plus distingués des théologiens arminiens, le premier dans ses écrits philosophiques-apologétiques et exégétiques, le second dans ses œuvres doctrinales. L’Église arminienne comptait aussi parmi ses membres de nombreux des hommes6 éminents qui exerçaient une influence bénéfique sur le protestantisme par leurs connaissances scientifiques approfondies non moins que par la douceur de leurs sentiments.7 [Sur les arminiens anglais, voir § 225, b., note 15, etc.]

1 Arminius (Harmsen, ou Hermann,) naquit en 1560 à Oudcwater, enseigna la théologie à partir de l’année 1603 à l’université de Leyde, et mourut en 1609. Ses œuvres théologiques ont été publiées, Lugd. Chauve-souris 1629, 4. Sur la controverse qui l’opposa à son collègueFranciscus Gomaruset ses conséquences, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique. [Vie et mort d’Arminius et d’Episcopius, Lond., 1672 ; Life of A. par Brandttransi, par John GuthrieLond., 1855 ; par N. BangsNew York, 1844. Works of Arminius, transi, 3 vol., Auburn, New York, 1852 (une éd. plus complète que celle de Jas. NicholsLond, 3 vol., 1825-1828). Moïse StuartLe Credo d’Arminius (pour montrer qu’il n’était pas un Arminien), Bibl. Repos, 1831. Articles sur Arminius par Warren, dans Meth. Qu. (N. Y.), 1857, aussi dans le vol. iv ; Christ. examinateur, 1860 ; Lit. et Theol. Rev, t. VI. — François Gomarusle principal adversaire d’Arminius, né en 1563, professeur de Leyde, en 1594, à Saumur, en 1614, à Groningue, en 1618, mort en 1641 ; Opera Theol., 2e cd, Amst., 1664.]

2 Elles furent présentées aux États de Hollande et de Frise occidentale sous le titre : Remonstrantia, Libellus Supplex exhibitus Holland ! » et Wcstfrisiæ Ordinibus ; elles sont reproduites dans WalchReligionsstreitigkeiten ausser der lutherischen Kirche, iii. p. 540, ss. [In Gieseler, iv. (éd. de New York), p. 508, note.]

3 Simon Episcopius (évêque) naquit en 1583 et mourut en 1643. Con-fessio seu Declaratio Sentent ! » Pastorum, qui in fœderato Belgio Remon-strantes vocantur, super præcipuis Articulis Relig. Christ, Harderov, 1622,4 (dans Sim. Episc. Opp. ii. 2, p. 69, ss.) Il se compose de 25 chapitres. Sur les différentes éditions et traductions de cette confession, voir ClarisseEncycl. Theol., p. 443, et Winer, p . 23. — Episcopius écrivit son Apologia pro Confessione, etc., 1629 (1630 ?) 4, Opp. p. 95, ss, en réponse à la Censura in Confess. Remontrance. (Lugd. Bat., 1626), composé par J. Polyander, André Rivetus, Anton Walceus et Ant. Thysius, tous profes-sors à l’université de Leyde. En ce qui concerne plusieurs autres mattérs controversés, comp. Episcopii Verus Theologns Remonstrans. Ibid., p. 208 et 88. En outre, Episcopius a écrit Institutiones Theologicæ, libri iv. (incotn-plete ; Opp. [Amst., 1650, 65, Tom. ii. fol.] Tom. i.) Sur les catéchismes composés par Jean T. Tenbogard et Barthélemy Prcevostiusvoir Winer, 1. c. Heppe dans l’Encyclopédie de Herzog, iv. 100. [Une autre éd. d’Episcopius, Opera, 2 fol, Lond, 1678 ; sa Conf. Fidei, and Apologia, ii. 69-284. Lim· borchVita Episcopii, Amst, 1701.]

4 Grotius naquit en 1583 et mourut en 1645. Pour se disculper de l’accusation de socinianisme, il écrivit sa Defensio Fidei Catholicæ de Satis-factione Christi, 1617, 8. Lugd. Bat, 1627, 12.— Opp. Theol. Amst, 1679, iii. F, 1697, IV. fol. Bas, 1731, iv. f. (les trois premiers volumes contiennent des écrits à caractère exégétique). Voir LudenHugo Grotiue nach seinen Schicksalen und Schriften, Berlin, 1806. [Opéra, Lond, 3 vol, en 4 fol, 1679. Vérité du Christ. Relig, transi, par John Clarke, Lond, 1793, I860. La vie par Ohs, SutlerLond, 1826. La Vie de M. de Burigny, transi. Lond, 1754. Théorie grotienne de l’expiation, d’après Baurpar SwainBib. Sacra, ix. Articles sur G, par OsgoodChrist Exam, 42 ; dans Southern Rev., vol. i. Grotius et les sources du droit international dans Edinb. Rev., oct. 1860 — pour montrer qu’il a introduit le principe protestant dans l’exposé du droit des gens.]

5 Limborch naquit en 1633, professeur au Gymnase des Remontrants d’Amsterdam, et mourut en 1712. Sa Theologia Christiana parut Amst., 1686, Basile, 1735, fol. « L’exposé le plus complet tion de la doctrine arminienne est l’ouvrage célèbre de Philippe a Limborch, ... . un homme distingué par son génie, son érudition et sa modestie, dont les travaux littéraires sont d’une grande valeur. L’agencement même de son système fait preuve d’originalité. Une perspicacité admirable et une sélection judicieuse des matériaux caractérisent l’ensemble de l’œuvre ; יי StâudlinGeschichte der theologischen Wis-senschaften, i. p. 319. [Limborch’s Complete System or Body of Divinity, traduit avec les améliorations de Wilkins, Tillotson, Scott, et d’autres, par Wm. Jones2, 8 vol., Lond., 1702. Son Hist, de l’Inquisition, trad. par SamL Chandler, fol., Lond., 1731.]

6 Sont d’éminents écrivains de théologie dogmatique : Étienne Curcellcée, successeur d’Episcopius ; Il naquit en 1586 et mourut en 1659. Il a écrit Institutio Relig. Christ. Libb. 7, dans Opp. Theol. Amst., 1675, f. (incomplet.) — Andr. a Cattenburgh naquit en 1664 et mourut en 1743. Il a écrit : Spicilegium Theol. Christ. Philippi a Limborch, Amst., 1726, f.' — Bibl. Scriptor. Remontrances. [«TbAn le Clercné à Genève en 1657, mort en 1736, érudit universel. Récit de sa vie et de ses écrits, Lond., 1712. Vetus Test., 4 fol., Amst, 1710 ; Nouveau test., 1799 ; De l’incrédulité, trad. Lond., 1697 ; Bibliothèque Universelle et Test., 26 vol., Amst., 1686-93. Bibl. choisie, 28 vol., 1703-13 ; Bibl. Ancienne et Moderne, 29 vol., 1714-27.]

7 Le principe arminien, qui renonçait à l’autorité des livres symboliques, donna une telle impulsion aux recherches exégétiques, aux travaux méneutiques indépendants et au traitement spéculatif de la théologie, qu’en conséquence de l’influence exercée par les œuvres d’Episcopius et d’Hugo Grotius, il fut introduit dans toute l’Église évangélique. C’est ainsi qu’un désir général s’est manifesté dans l’Église protestante d’Allemagne, de supprimer l’autorité des livres symboliques." Schleiermacher, Kirch en geschichte, p. 620. Comp. Gass, loc. cit., 435 : " Les théologiens arminiens font constamment de l’escompte sur les dogmes, et introduisent des lignes fluides parmi leurs contours nets, et maintiennent ainsi une orthodoxie modérée ou abrégée, qui n’est plus confinée aux livres symboliques, et qui doit, par contraste, être soutenue par la piété pratique et le zèle moral.

 

§ 236.

D. QUAKERS.

H. Crœsii Historia Quakeriana. Amstel. 1695. éd. 2. 1703. 8. Quaker historic, Berlin. W. Sewd Geschichte von dem Ursprunge des christlichen Volkes, 00 Quaker gen-annt werden, [de l’anglais, pubL fol., Lond. 1722]. H. Take, die Religions-grundsâtze, su welchen die Geselschaft der Quaker sich bekennt Transl. from the , English [1805], Leipz. 1828J. J. GurneyObservations sur les particularités de la Société des Amis, Lond. 1824[PennRésumé de l’histoire, des doctrines et de la discipline de la Société des Amis, Load. 1694, éd. 6, 1707. GoughHistoire des gens appelés Quakers, 4 vol., Duhl. 1789Thos. ClarksonPortrait du quakerisme, 3 vol., Lond. 1806W. R. Wagstaff, Hist Soc. of Friends, Lond. 1856Thos. ElwoodSacred Hist 3, 8 vol., 1778. NeoTs Hist. Puritains, Supplément au vol 3. SM. JanneyHist Soc. Friends, 4 vol., 1828 (1859). EbthergiU, Ejx, Slirppard, Rowntree(essai de prix), Hancocksur les causes du déclin du quakerisme, 1859-60. Comp. Westminst Rev. 1852, et North Brit Rev. 1860. Résumé de l’Hist. Doctrine and Discipline of Friends, écrit à la demande de la réunion pour les souffrances à Londres, 3e éd. Lond. 1844. Épîtres des assemblées annuelles, 1675-1759, fol., Lond. 1760 : de 1681 à 1817, Lond. 1818.]

Les principes des Quakers sont en certains points alliés à ceux des Anabaptistes (en ce qui concerne par exemple. g. la relation entre le mot interne et le mot externe, etc.). Après que le feu de l’enthousiasme allumé par George Fox,1 le fondateur de cette secte, se fut peu à peu apaisé, la Société des Amis, sous la direction de William Penn,2 obtint (1689) la confiance du gouvernement anglais. Mais c’était le cas c’est surtout aux États-Unis (Pennsylvanie) que cette secte a gagné de nombreux adhérents, bien qu’elle se soit également répandue dans d’autres pays. Robert Barclayun Écossais, exposa leurs doctrines, si l’on peut les appeler ainsi, sous une forme systématique, et rédigea une confession de foi.4

1 Fox était cordonnier, né dans le comté de Leicester, avait des idées fanatiques et mourut en 1691. Il fonda la Société des Amis (à qui l’on donna le surnom de Quaker) en 1649, au milieu des troubles de la révolution anglaise. [Vie de Fox, par J. S. Watson, Lond. 1860. Rev. rétrospective, août 1854. Une liste de ses publications dans Bibl. Britann. Œuvres, 8 fol., 1694-8. Nouvelle éd. 8 vol., Philadelphie. S. M. JanneyVie de Fox, Phil. 1853.]

2 Penn était le fils du célèbre amiral du même nom, avait des opinions plus modérées que Fox, et mourut en 1718. Voir les mémoires de sa vie par Marsillac, Par. 1791, 8, transi, en allemand, Strasb. 1793, 8. Th. ClarksonMémoires de la vie privée et publique de W. Penn, Lond. 1813, ii. 8. Morgenblatt, 1816, févr. n°, 43-47. Penn lui-même a écrit : Un résumé de l’histoire, de la doctrine et de la discipline des Amis. Ed. 6, Lond. 1707, 8, (trad., en allemand par SeebohmPyrmont, 1792. [Œuvres, 2 fol., 1726. Pas de croix, pas de couronne, 13e éd. Lond. 1789W. H. DixonWilliam Penn, une biographie historique, avec un chapitre sur les accusations de Macaulay, Lond. 1851, nouvelle éd., 1856. A. J. PayetEnquête sur les accusations de Macaulay, Lond, 1859. AT. L. VullieminGuillaume Penn, Paris, 1856. Geo. BancroftHist United States, vol. II, chap. xvi.]

3 Leur premier établissement aux États-Unis a eu lieu en 1681. À partir de 1686, ils jouirent de la tolérance en Angleterre. Mais ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’ils gagnèrent des adhérents sur le continent (la communauté existant à Pyrmont fut fondée en 1791). Voir Ludto. SeebohmKurze Nachr. von dem Entstehn und dem Forgang der christlichen Gesell-׳,chaft der Freunde. Pyrmont, 1792.

4 1. Theologiæ vere Christian® Apologia. Amsterdam 1676, 4°. Des traductions allemandes en parurent en 1648, 1740, 8. 2. Catéchisme et Fidei Confessio approbata et confirmata communi Consensu et Consilio Patriarcharum, Prophetarum et Apostolorum, Christo ipso inter eos præsi-dente et prosequente. Pourrir. 1676, 8. Il a été écrit à l’origine en anglais (tous composés de textes bibliques). Édition collective des œuvres de Barclay, par W. Penn, 1692. [Robert Barclay, né en 1648, mort en 1690. Voir l’article dans Alli-bone’s Diet, of Authors. Son premier ouvrage, 1670, La Vérité débarrassée des calomnies (contre William Mitchell) ; deux autres traités, jusqu’en 1671. en 1675, Catéchisme et confession, de la foi ; Anarchie de Ranters, 1676 ; Amour universel, 1677 ; sur l’Apocalypse immédiate, 1679. Son œuvre principale, An Apology for the true Christ Divinity, 1678, sur la base de Theses Theologicae, précédemment proposée et envoyée à toutes les parties. Celui-ci a été fréquemment réimprimé et traduit dans la plupart des langues d’Europe. Contre elle, la Confutation de Thos. Bennet1705, et d’autres théologiens anglais aussi bien étrangers ; Arnold, de Franeker, Baier d’Iéna, Anton Reiser, Barthold Holzfuss, Ben. Figken, etc.]

 

§ 237.

TENTATIVES D’UNION (SYNCRÉTISME.)

C. W. HeringHistoire des tentatives d’union ecclésiastique, de la Réforme à nos jours, Leipz. 1836-38, ii. [Comp, aussi § 218, note 2.] H. SchmidGesch. d Syncrétistes Disputes, Erlang, 1846. W. GassGeo. Calixt u. der Synkretismus, Breslau, 1846 [et dans son Gesch. d. Dogmatik, il, 67-216.] Heppe, L’Union de la Vieille Protestation (Développement de la Confession), p. 252 sq. [Gieseler, iv., § 51, 52. G. G. Neu-decker, Les principales expériences sur la pacification de l’Evang. Église de protestation d’Allemagne Leipz. 1846HenkeGeo. Calixtus et son temps, ii., Halle, 1853-60 ; comp. Hundeshagen dans Stud. u. Kritik., 1856. SchweiserCentraldogmen, ii., 532 sq. NiednerGesch. d. Kirche, 743-7. Souvenir du Christ, Lond. 1855, sur Calixt et les artisans de paix.]

Bien que les différents partis religieux fussent alors fortement opposés les uns aux autres, il y eut néanmoins des tentatives pour réaliser une union entre les Luthériens et les Calvinistes1 d’une part, et entre les protestants et les catholiques romains de l’autre.2 Ces efforts tendaient à relâcher la raideur des dogmes, mais aussi à émasculer ce qui les caractérisait. Les sectes, elles aussi, exerçaient une influence réactionnelle sur les grands corps ecclésiastiques, puisque les mystiques, qui adhéraient encore à l’Église, étaient d’accord sur des points essentiels avec les anabaptistes et les Quakers.3 L’arminianisme et même le socinianisme influençaient tellement les théologiens sobres de bon sens, qu’ils devinrent favorables à de plus grandes concessions.4

1 Dès l’époque des conflits auxquels la Réforme donna lieu, Martin Bucer et Philippe Landgrave de Hesse s’efforcèrent d’apaiser le démon de la dissension. [Le Cassandrevoir Gieseler, iv. 577 ; sur Be Bominis, p. 579 ; Junius, p. 580. En 1614, le calviniste Bavid Paréemort en 1622, prit des mesures en vue de l’établissement effectif d’une telle union. Son ouvrage, Irenicum, dans lequel il utilise le mot syncrétisme, peut être considéré comme le précurseur des écrits de Calixte sur le même sujet. Comp. Gassdans l’ouvrage cité, § 218, note 2, p. 8.] Chez les luthériensCalixt s’efforça, dans le courant du XVIIe siècle, de réconcilier les différents partis, et donna ainsi lieu à ce qu’on appelle la controverse syncrétiste ; chez les calvinistesJohn Duramsun Écossais, travailla dès l’année 1630 au même but . mort en 1680, à Cassel ; à partir de 1626, il fut prédicateur de la colonie puritaine d’Elbing, en Prusse ; il voyagea beaucoup pour son projet, et écrivit Consultatio Theologica super Negotio Pacis Eccles., Lond., 1641 ; commenté par Hunnius, 1641. Pour les autres ouvrages de Dury, voir Gieseleriv., § 51, note 28. Voir BerzeliusComm. Hist Theol. de J. Duræo, cum Prœf. « 7. L. Moshemii, Helmst. 1744. L’évêque Hall a été influencé par Dury pour écrire sa Pax Terris, dans Duræi Irenicorum Tractat. Prodromus : et Mgr DavenantDe Pace inter Evange-licos, Lond. 1638.] La Conférence de Leipzig, a. d. 1631. La Conférence de Thorn, 1648. (Colloquium charitativum.) [Le Consensus Sando-miriensis ; voir le u Récit historique du Consensus Sandomiriensis, ou Accord de Sandomir, formé entre les trois corps orthodoxes des protestants en Pologne, en l’an 1570 », dans l’Echo continental, pour.1846, p. 84 88. 110 8s. 139 ss. Hugo GrotiusVotum pro Pace Ecclesiastica, 1642. Nicolas Hunniusprojet d’un Collegium Ireuicum de dix ou douze théologiens, 1632 ; voir Niedner, 779.]

§ 238.

INFLUENCE DE LA PHILOSOPHIE. DÉISME. APOLOGÉTIQUE.

John LelandA View of the principaux écrivains déistes qui ont paru en Angleterre dans le siècle dernier et le siècle présent, 1754, ii. volt., [5e éd. 1766 ; nouv. ecL, appendice par W. L. Brownet introduction par C. B. Edmonds, Lond. 1837.] Thorschmid, Frei-denkerbiblothek. Halle, 1765-67. HerderAdrastea (Werke Zur Philosophie und Gescbicte, ix.) *Gotth. Viet. LechlerGeschichte des englischen Deismus, Stuttg. 1841Carrière, Die philos. Weltanshaaung der Reformationsseit Stuttg. 1847. (X HagenDer Geist der Reformation und seine Gegensatze, ii. Erlang, 1843-4. [Jfanb PattisonTendances de la pensée religieuse en Angleterre, dans Essais et critiques, I860, pp. 279-362.]

Enfin, les partis religieux, quoique divisés sur tant de points, pouvaient faire cause commune dans la lutte pour le christianisme en général, contre une tendance qui renonçait à l’autorité positive de la révélation ou la menaçait dans des rapports essentiels. Dès le siècle de la Réforme, une théorie de l’univers a été adoptée, tantôt sous une forme déiste, tantôt sous une forme panthéiste, surtout en Italie, qui menaçait de devenir dangereuse pour la foi chrétienne dans une révélation, comme le soutiennent également les catholiques romains en tant que protestants.1 La science théologique, cependant, n’était pour la plupart pas affectée par ces tendances, et même les systèmes des écoles du XVIIe siècle, qui atteignirent une forme plus déterminée, n’eurent, à l’exception de la philosophie cartésienne, aucune influence particulière sur la formation du dogme chrétien, à l’égard duquel ils adoptaient autant que possible l’attitude de neutralité.2 Vers la fin de la période (faisant la transition vers la suivante), une forme populaire de philosophie, la soi-disant philosophie du sens commun, fit une guerre ouverte au système chrétien. Ses défenseurs sont généralement connus sous le nom de Libres Penseurs, Déistes ou Naturalistes. Visant des résultats pratiques, avec des jugements hardis et hâtifs, ils osèrent faire la guerre à la croyance en la révélation adoptée par toutes les confessions,3 et appelèrent ainsi les apologistes endormis de l’Église chrétienne à rentrer sur les listes.4

1 « Dans l’histoire du monde, il y a quatre périodes successives, dans lesquelles l’incrédulité ouverte, et inimitié non dissimulée à l’égard du christianisme, a fait le tour (pour ainsi dire) principales nations de l’Europe. Ces tendances ont pris naissance dans les sphères supérieures de la société, et pressés dans la classe moyenne, et étaient chéris et vanté dans les deux comme le summum de la culture. L’Italie a donné le coup d’envoi dans le XVe et XVIe siècles ; L’Angleterre et la France ont suivi dans la même veine dix-septième et dix-huitième ; la série se termine en Allemagne au dix-neuvième. Der deutsche Protestantismus, s. 53.-Parmi les philosophes d’Italie, le les plus connus étaient, Girolamo Cerdano, né en 1501 , mort en 1576 ; Bernardino Telesio, né en 1508, mort en 1588, « le précurseur du sensualisme français ; ״ Giordano Bruno, brûlé à Rome, le 17 février 1600. Julius Ccesar Vanininé en 1585, exécuté « comme athée et blasphémateur », à Toulouse, le 9 février 1619 ; Tomaso Campanellané en 1508, mort en 1639. La position prise par ces hommes vis-à-vis du christianisme était cependant différente selon les cas ; certains d’entre eux en ont conservé les éléments positifs, en particulier mystiques ; d’autres, Vanini en particulier, étaient sceptiques jusqu’au blasphème. Voir Carrière, ubi supra. [Comp. H, Ritter, Die ChristL Philos. Bd. ii. 8. 119-146. Bruno, dans Ecl. Mag., vol. 17.]

2 Le cartésianismepresque seul, a exercé une influence plus directe sur la théologie de l’époque actuelleet, en premier lieu, seulement sur celle de l’Église réformée (voir § 225, note 1) ; Malebranche, cependant, introduisit également cette philosophie dans la théologie de l’Église romaine. [Comp. BouillierLa Philos. Cartésienne, 2 tom., Paris, 1854. Kuno FischerGesch. d. neueren Philos, i. 1855.] Spinoza (né en 1632, mort en 1617), homme d’un caractère élevé, se tenait à l’écart de toutes les relations ecclésiastiques, ce qui n’a pas fait attention aux théologiens de son époque. Ce n’est qu’après sa mort que les écrivains spéculatifs sur la théologie chrétienne ont tourné leur attention vers son système. [Le Spinozavoir les histoires de la philosophie de Ritter, Hegel, K. Fischer, Erdmann, Feuerbach et d’autres. SaintesHistorié de la Vie et des Ouvrages de Spinoza, 2 vol., Paris, 1842. OrelliLeben und Lehre des Spinoza, 1848, 2e éd., 1850. Œuvres, traduites par E. Saissetnouvelle éd., Paris, 1861.—La discussion entre Schelling et Jacobi (1785) a ravivé l’intérêt pour son système.— TrendelenburgSpinoza’s Grundgedanken, 1850. Bouillierdans son Hist de la Philos., Cartésienne, 1854, t. I, 300-409.— KellerSpinoza und Leibnitz, Erlang., 1847. HelfferichSpinoza et Leibnitz, 1846. Un traité attribué à Leibnitz, Réfutation de Spinoza, a été publié par Foucher de Careil, 1854, d’après un manuscrit de la bibliothèque de Hanovre, traduit en anglais, Lond., 1855. Articles dans Westminster Review, vol. 39 (par Lewes)*, et juillet 1855 ; dans / Southern Qu. Rev., vol. xii. Voir aussi les lettres entre Ripley et Norton, sur la dernière forme d’infidélité, Bost., 1840 ; Deuxième lettre, sur Spinoza.] — Locke, né en 1632 et mort en 1704, défendit les intérêts du système empirique, qui fut établi pour la première fois par Francis Bacon de Verulam (mort en 1626), et contribua à son tour au développement du déisme (bien que contraire aux intentions de son auteur). La vie et les écrits de Locke, considérés historiquement et justifiés de l’accusation d’avoir contribué au scepticisme de Hume Lond., 1855. Thos. E. WebbL’intellectualisme de Locke, Lond., 1857. B. H. SmartPensées et langage, un renouveau de la philosophie de Locke, Lond., 1855. E, SchàrerJohn Locke, seine Vers-tandestheorie, etc., Leipz., 1860. Cousin, Psychologie, trad. par C. S. Henry (Cousin’s Criticism of Locke, in his Lecture on Hist Philos.), 1848. 1859 ; CompPresident Day in Christ Quart Spect, vol. vii. Autres arti-des dans British Quart., v. ; Christ. Examen. (Bowen), xxiii ; Edinb. Rev., 1854. Essais philosophiques de Dugald Stuart1 et 8, dans Œuvres, vol. iv.] — Leibnitz (né en 1646, mort en 1716) s’intéressait beaucoup à la théologie, comme on peut le voir par son ouvrage sur la Théodicée (comp. § 261, note 7), et par la part qu’il prit aux tentatives d’union (voir § 237, note 2). \GuhrauerLeben Leibnitz, 2te., Ausg., 1846 ; trad. abrégée. Boston, 1840. ZimmermannL., Monadologie, 1847. La Philosophie de Leibnitz, par NourrissonParis, 1860. Kuno FischerLeibnitz u. seine Schule, 2e vol. de Gesch. d. neueren Philos^ Mannheim, 1855. Articles sur Leibnitz dans North British, vol. 5 ; Édimbourg Rev., vol. 84 ; Gent Mag. (Harwell), 1852.] Mais ce n’est que lorsque Wolf remania sa philosophie (dans la période suivante) qu’elle attira l’attention des théologiens et fut introduite dans leurs écrits.

3 Sur l’imprécision de ces appellations, voir Herder, 1. c. pp. 174 , 175. Lechlerp. 452, 88. Les soi-disant déistes différaient beaucoup entre eux par le caractère, l’esprit et les sentiments, et l’on peut observer une différence égale dans la relation dans laquelle se trouvent leurs systèmes, ♦♦ à la fois les uns avec les autres et avec le christianisme. Le déisme de l’Angleterre ne peut s’expliquer qu’en relation avec l’histoire de la Réforme anglaise et les conflits qu’elle a engendrés. Parmi ses promoteurs, outre la secte des Chercheurs et des Rationalistes (Lechlerp. 61, note), on trouve les écrivains suivants : Herbert de Cherbury (mort en 1648), Thomas Hobbes (né en 1588, mort en 1679, à l’âge de 91 ans ), Charles Blount (mort en 1693), John Toland (mort en 1722), Anthony Collins (mort en 1729), Anthony Ashley Cooper (comte de Shaftesbury, mort en 1713) ; Thomas Woolston (mort en 1733), Matthew Tindal (mort en 1733), Thomas Chubb (illettré, glover et chandler, mort en 1747) et plusieurs autres qui vécurent à la période suivante. [Voir § 238, a.] — En FranceJean Bodin (mort en 1596, auteur des Heptaplomeres, réédité par Guhrauer, 1841). Michel de Montaigne [mort en 1592 ; ses Essais, publiés par L’AngelierParis, 1595 ; meilleure édition par Pierre Coste, 3, 4to., Lond., 1724 ; œuvres complètes, transi, par Hazlitt, Lond., 1840] ; et Pierre Charron [son ouvrage de la Sagesse, transi, par Geo. Stanhope, éd., 2 vol., Lond., 1707] (mort en 1603), manifestait une tendance sceptique ; plus tardPierre Bayle (mort en 1706) a préparé la voie au naturalisme français ; à son sujet, voir Z. FeuerbachPierre Bayle, Anspach, 1838. [Bayle’s Diet transi, en anglais, 1710, 4 vol., fol., 1710 ; 5 fol., 1734-7 ; amélioré dans le General Dictionary, 10 fol., 1741.] En Allemagne, Matthias Knutsen (qui vécut vers l’an 1674) fonda la secte des « Gewis-sener », les Conscientiarii. [F. W. Storch, mort en 1704, De Concordia Rat et Fidei. J. K. Dippelmort en 1734, Christ Démocrite. J. L. Schmidtmort en 1740, traduit Toland en allemand.]

♦ Le terme « déisme », en particulier, ne doit pas être confondu avec le même terme que celui employé par les philosophes pour le distinguer du théisme ; car le panthéisme lui-même pouvait s’allier à cette tendance dans sa négation de la Révélation.

♦♦ L’auteur de l’ouvrage Der Deutsche Protestantismua, attire à juste titre l’attention sur la prépondérance d’une philosophie idéaliste et spiritualisante, comme caractéristique du déisme anglais, et sur son honorable sérieux moral : en contraste avec la frivolité du matérialisme français ultérieur.

4 Grotius composa son œuvre apologétique (§ 235, note 4) sans référence au déisme. Robert Boyle (1638) a doté une série de conférences dans le but spécial de s’opposer aux déistes anglais. Parmi les apologistes anglais, les plus distingués étaient Richard Baxter (mort en 1691), William Sherlock (mort en 1707) et d’autres. Sur leurs écrits polémiques, pour réfuter les déistes, voir Lechler, 1. c. ; [voir la section suivante]. Parmi les apologistes français, on peut citer Pascal (voir § 228, note 6), et Abbadie, membre de l’Église réformée (mort en 1727), qui a écrit : Traité de la Vê-rite de la Religion Chrétienne. Rotterd. 1684·

 

 

§ 238, a.

[LE DÉISME ANGLAIS.]

[Bp. W. Van Mildert, Essor et progrès de l’infidélité ; Conférences de Boyle, 1802018▼ 2 ,4־., Ox£, 1888.]

[Le rationalisme, sous la forme du déisme, a d’abord été systématiquement mis en avant en Angleterre. Son principe fondamental était que la raison est la source et la mesure de la vérité. Du christianisme, il n’a adopté que les vérités qui pouvaient être considérées comme un produit ou une réédition de la lumière de la nature ; rejetant tout ce qui était miraculeux, surnaturel ou mystérieux. Reconnaissant un Dieu, il niait une révélation spécifique. Cette tendance a été évoquée et stimulée en Angleterre non seulement par les conflits des partis religieux et par la liberté de pensée et d’investigation qui y régnait, mais aussi par la force de la réaction contre les prétentions de la haute église à la suprématie d’une autorité purement extérieure, et par les progrès de la philosophie empirique, telle qu’elle a été représentée par certains des interprètes de Bacon1 et de Locke.2 et dans les écrits de Hobbes.3 Le premier des déistes déclarés fut Edward Herbert, Lord Cherbury,4 qui réduisit la religion aux vérités les plus générales d’un système d’éthique naturelle. Charles Blount,5 était un disciple de Hobbes. La thèse de Locke sur le caractère raisonnable du christianisme a été pervertie par John Toland6 en position que le christianisme n’est pas mystérieux, n’admettant dans le Nouveau Testament que ce qui est compréhensible par la raison. Anthony Collins,7 continua la guerre dans son Discours sur la libre pensée (1713), et son Discours sur les fondements et les raisons de la religion chrétienne (1725), auxquels trente-cinq réponses furent publiées. Thomas Woolston8 attaqua les miracles de l’Écriture (1727-1730). À la fin de cette période Matthieu Tindal9 a donné un résumé des principes du déisme, dans son Christianisme aussi vieux que la Création ; ou, l’Évangile une réédition de la religion de la nature. Un peu plus tard , Thomas Chubb et Thomas Morgan continuèrent la succession d’écrivains déistes,10 qui se termina avec Lord Bolingbroke (voir § 275). Le déisme passa au scepticisme, les principes moraux de l’école furent représentés sous une forme plus raffinée par Anthony Ashley Cooper 11 comte de Shaftsbury, et d’une manière plus grossière par Mandeville,12 dans sa Fable de l’abeille, présentée comme une nuisance par le grand jury en 1723.

Parmi les plus habiles défenseurs du système chrétien contre ces assauts, on peut citer Richard Bentley dans ses Boyle Lectures, et dans sa réponse à Collins ; Richard Baxter, S. Clarke, Sherlocken réponse à Woolston ; le dissident James Foster, et l’évêque Stillingfleet ; L’évêque Butler dans son admirable analogie, et bien d’autres.14]

1 [Francis Baconbaron de Verulam, né en 1561, mort en 1626. Œuvres de Basil Montagu, 16 vol., Lond., 1825-34 ; nouvelle édition par Speddi ng et Ellis, Lond., 1857, sq ., réimprimée, Boston, I860sq. (The Advancement of Learning, 1605 ; Essais, 1597-1624 ; Novum Organum, 1620 ; De Aug-mentis Scient., 1623). Comp. Chs. de Remusat, Bacon, sa Vie, sa Philoso-phie, etc., Paris, 1857. Kuno FischerFranz B. von Verulam ; die Real-philosophie, Leipz., 1856, trad. par Oxenford, Lond., 1857 G. L. CraikBacon et ses écrits, nouv. éd., I860. W. H. DixonHist. personnelle de Lord B., Lond. et Bost, 1860. De MaistreBacon, 2 vol., Paris. — La philosophie de Bacon a été exposée par l’école française, dans un esprit étranger à celui de son auteur, appliquant ses principes d’induction à la sphère surnaturelle aussi bien qu’à la sphère naturelle. Bacon faisait une large distinction entre les deux, et il croyait lui-même aux principes fondamentaux de la foi chrétienne ; voir ses Œuvres littéraires et professionnelles, vol. 2. Son véritable esprit s’exprime dans la requête contenue dans la préface de l’Instauratio Magna : u Nous supplions avec supplication que les choses humaines ne nuisent pas aux choses divines ; et que rien de l’obscurité et de l’incrédulité, en ce qui concerne les mystères divins, ne puisse surgir dans nos esprits de l’ouverture de la route pour les sens, et de l’allumage plus grand de la lumière naturelle.

2 [John Lockené en 1632, mort en 1704. Œuvres, 3, fol., 1714, et souvent ; 10e éd., Lond., 10 vol., 1801. Life, par lord King, 2e éd., 2 vol., Lond., 1830. Les principes de son Essai sur l’entendement humain ont été combattus par Bp. Stillingfleet, 1697-99. Son caractère raisonnable du christianisme a donné le ton à la littérature apologétique de l’époque. Comp. § 237, note 2.]

3 Thomas Hobbesde Malmsbury, né en 1588, mort en 1679. Œuvres de Sir Wm. Molesworth, 16. vol., Lond., 1839-55. (Léviathan, 1651 ; Tripos ; sur la libéralité et la nécessité, 1654). Cudworth dans son Intel, s’opposa à lui. Système; par Cumberland, De Legibus Naturæ ; par Parker, De Deo ; par bp. BramhallDe la nécessité et de la capture du Léviathan, 1658 ; par l’abb. Tenison1670 ; par lord Clarendon, dans son Survey of the Leviathan. Bien qu’il fût considéré parmi les déistes, ses principes subvertissaient les bases de la moralité aussi bien que de la religion, substituant l’autorité extérieure à l’obligation morale. Pour la littérature de ses controverses, etc., voir AlliboneDiet, of Authors. HobbesLehre Uber Staat u. Kirche, par Elsterdans Deutsche Zeitschrift, août 1855.]

4 [Edward HerbertLord Cherbury, né en 1851, mort en 1648. De Veritate, Paris, 1624, Lond., 1633. De Religione Gentilium, Amst., 1663, en anglais, Lond., 1704. Vie, écrite par lui-même, 1764. Il réduisit les vérités de la religion naturelle en cinq points : 1° Être de Dieu ; 2. Devoir d’adoration ; 3. Vertu et piété ; 4. Le repentir ; 5. Le châtiment dans ce monde et dans l’autre Il a été répondu par Locke, Baxter, Gassendi, Halyburton, Leland ; et par KortholtDe tribus impostoribus (Herbert, Hobbes et Spinoza), Hamb^ 1701.]

5 [Charles Blount, né en 1654, s’est suicidé en 1693. Anima Mundi, 1679 ; Religio Laici ; Oracles de la raison, 1695. Vie d’Apollonius de Tyane, fol., Lond., 1680 ; une version française, 1775, 4 vol., Berlin. Réponses de NichollsConférence avec un théiste, 2 vol., 3e éd., 1723 ; Conférences de Van Milder à Boyle.]

6 John Tolandd’Irlande, né en 1669, mort en 1722. Le Christ n’est pas mystérieux, Lond., 1696 ; une Apologie de M. T. par lui-même, écrite la veille du jour où son livre fut résolu à être brûlé par le Comité de Religion, 1697 ; Naza-renus, ou Juif, Gentil et Mohamed. Christianisme, 2e éd., 1718 ; Recueil de pièces, 2 vol., Lond., 1726. Son Amyntor, or Defence of Milton’s Life, 1699, avait aussi pour but de montrer que le canon du New Test est incertain ; Samuel Clarke1699, dans le canon de Richardson de New Test, et dans la nouvelle et complète méthode de règlement de l’autorité canonique de Jones, 1726, 2, 8 vol.^ a 3e vol., 1727. John Norrisabbé, répondit à son Christ non mystérieux. Syngede Tuam, et bp. Browne, de Cork. Son Adeisidæmon sive Titus Livius, et ses Origines Judaicœ, ont été publiés à La Haye, en 1709, et répondus par La Faved’Utrecht, dans sa Defensio Religionis, 1709, et Benoit, de Delft, dans ses Mélanges de Remarques critiques, etc., 1712.

7 [Anthony Collinsné en 1676, mort en 1729 : Essai sur l’usage de la raison, 1707 ; De l’immortalité, dans la controverse Dodwell, 1707-1708 ; Sacerdoce dans la perfection, 1710 ; Histoire de XXXIX. Articles, 1724 (Bennett’s Essay in reply to the previous book, 1815) ; Justification des attributs divins, 1710 ; Discours sur la libre pensée, 1713, version française, très modifiée, à La Haye, 1714. Son travail a été répondu de la manière la plus concluante par le Dr Bentley, dans ses Remarques sur un discours tardif sur la libre pensée, par Philaleutherus Lipsiensis, 1713, 1719, 1743, transi, en plusieurs langues. Collins' Inquiry Concerning Liberty and Necessity, 1715-17 (en français, par Des Maizeaux, 2 vol., 1720). Son discours sur le Fondement et la Raison du Christ. Religion, 1724. Ce travail a été occasionné par le travail de Whiston sur la prophétie, et Collins prend le terrain que la prophétie est la principale preuve, mais qu’aucune prophétie ne peut être prouvée que par des interprétations allégoriques. Son Schéma de la prophétie littérale, pour sa défense, a été publié en 1727. Cette attaque contre la prophétie a fait beaucoup de bruit. En réponse, l’évêque Chandler1725, A Defence of Christ from the Prophecies ; Samuel ChandlerJustification, 1725 ; Sykessur la vérité de la religion du Christ, 1725 ; WhistonSupplément à l’accomplissement littéral, 1725 ; Thos, Sherlock, Utilisation et intention de la prophétie ; Moses LowmanArgument tiré de la prophétie, 1733 ; Revue de la controverse, par Thos, Jeffrey, 1726, qui a également écrit Christ la perfection de toute religion, 1728.]

8 Thomas Woolston, né en 1669, mort en 1733, attaqua ensuite les miracles, dans ses Discourses on the Miracles, 1727, pour lesquels il fut condamné à un an d’emprisonnement et à une amende de cent livres ; l’ouvrage atteignit une 6e éd., 1729 ; Défense, 2 parties, 1729-30. Il prônait avec zèle l’interprétation allégorique, en opposition à M au ministère de la lettre. Une vingtaine de réponses ont été publiées : Mgr Pearce, évêque de Rochester, Miracles Vind., 1729 ; bp. SmalbrookVindication, 2 vol. ; Lardner’s Vind. de Three Mira-des, 1729 ; particulièrement bp. SherlockProcès des témoins de la résurrection, 1729, 14 éditions publiées (l’auteur français, Peter Annet, l’attaqua 15 ans plus tard) ; StackhouseÉtat de la controverse, 1730.]

9 [Matthew Tindalné en 1657, mort en 1733 ; Droits du Christ. Église et Défense, 1706-1709 ; son Christ vieux comme la création a été publié à l’âge de 73 ans, en 1730, l’ouvrage le plus habile pour justifier la perfection de la religion naturelle. En réponse, bp. J. ConybeareDéfense de la religion révélée, 1732 ; Thos. Burnet, Conférences ; Waterland, Script Confirmé ; Law’s Case of Natural Religion ; aussi Stebbing, Balguy, Foster (voir ci-dessous), et d’autres. L’un des plus habiles d’entre eux était John Leland’s Answer, 2 vol., Dublin, 1733, Lond., 1740.]

10 [Thos. Morganmort en 1743 ; son principal ouvrage fut The Moral Philosopher, 3 vol., Lond., 1737, 2e éd., 1738, et Defence, in professed opposition to " Judaistic Christianity " ; en réponseJ. ChapmanEusebius, the True Christian’s Defence, 1739 ; Leland, L’autorité divine de l’ancien et du nouveau test., 1739 ; Lowmansur le gouvernement civil des Hébreux, 1740. La controverse s’est poursuivie par le traité déiste Christianisme qui n’a pas été fondé sur Argument, réponses de Benson et Randolph ; nnà par un autre traité sur la résurrection de Jésus, auquel répondent West et Idttleton (voir Leland’s Deistic Writers, i. Letters, xi. xii.) — Thomas Chubbné en 1679, mort en 1747 ; la question précédente sur la religion, 1725 ; Trois faits, 1727 ; Raison et religion, 1731 ; Œuvres posthumes, 6 vol., 1754, etc.]

11 [Le comte de Shaftesburyné en 1671, mort en 1713. Le Moraliste, 1709 ; Sensus communis, 1710. Ses Caractéristiques, 3 vol., 1711-1723, ont pour but d’exalter la vertu aux dépens de la religion révélée, en faisant de la vertu sa propre récompense, n’ayant pas besoin de sanctions religieuses. John BrownEssais sur les caractéristiques, 1750 ; voir aussi MackintoshProgress of Ethical Science, Memoirs of Shaftesbury, 2 vol., Lond., I860.]

12 [Bernard Mandevillené en Hollande en 1670, retiré en Angleterre, mort en 1733. La Fable des Abeilles ; ou, Private Vices Public Benefits, 2 vol., Lon<L, , 1714. Remarques de William Law sur la fable des abeilles, avec une introduction, par F. D. Maurice, Cambr., 1844. Le Minute Philosopher de l’évêque Berkeley, écrit à Newport, dans le Rhode Island, et publié en 1732, était destiné à être une réponse à Mandeville, dont les opinions y sont représentées par Lysiclesi.

13 [HonRobert Boylefils du comte de Cork, né en 1626, décédé IQpl. Œuvres, 6 vol., in-4°. Lond., 1772, avec Life de T. Bird. Les sermons de la conférence de Boyle ont été fondés « pour prouver la vérité de la religion chrétienne contre les infidèles, sans descendre à aucune controverse parmi les chrétiens ». Un recueil, de 1691 à 1732, a été publié en 1739, en 3 vol., in-folio. Richard Bent·ley (né en 1661, Regius Prof. Divin., Cambridge, 1716, mort en 1742), a donné le premier cours, une Réfutation de l’athéisme ; pour son travail contre Collins, voir la note 7 ci-dessus ; Œuvres de Bentley, par A. Dy ce3 vol., 1856 ; vie de l’évêque Monk, Lond., 1830 ; Correspondance, 2 vol., 1842. Le Demonstra-tian of Being and Attributes of God de Samuel Clarke, et ses Sermons on Natural Religion ont été les Boyle Lectures de 1704-1705 ; il écrivit aussi en réponse à Dodwell sur l’Immortalité, et à l’Amyntor de Toland.— W. Whistonécrit dans la même série, 1707, sur la prophétie de l’Écriture. écrit sur le caractère déraisonnable de l’infidélité, et sur les raisons de la religion chrétienne, contre Her· Bertetc. (Œuvres, vol. 20, 21).—James Fosterné en 1697, mort en 1753, publia une habile Défense de la religion chrétienne, contre Tindal ; 3e éd., 1734.— Sur Clarkevoir § 225, b., note 51 ; sur Sherlock, ib., note 24 ; sur Whiston, ib., note 52.]

14 [On Stillingfleetcomp. g 225, bM Note 24 ; ses Origines Sacræ, ou Rational Account of the Grounds of the Christian Religion, ont été publ. fol., Cambr., 1701 ; 2, 8 vol., Oxf., 1837.—Joseph Butler, bp. de Durham, né à Wantage, Berkshire, 1692, prédicateur aux Rolls, 1718, bp. de Bristol, 1738, et de Durham, 1746, d. 1752. Works, nouv. éd., Oxford, 2 vol., 1837,1849, New York, 1844 ; avec Life par Samuel Halifax, Bp. de Gloucester. Son Analogie de la religion, naturelle et révélée, à la constitution et au cours de la nature, a été publiée en 1733, réfutant les arguments déistes contre la religion révélée par leurs propres concessions sur la religion naturelle. Sa correspondance, à l’âge de dix-neuf ans, avec le Dr Clarke, sur certains des arguments de Clarke en faveur de l’Être de Dieu, témoigna d’une grande acuité. Ses Sermons sur la nature humaine ont été dits par le Dr Chalmers comme étant « le dépôt le plus précieux. principes éthiques sains existant dans n’importe quelle langue. L’Analogie a été fréquemment éditée ; en Angleterre par bp. IFtfam, 7e éd. 1846, Wilkin· fils, 1847, Angus, .1855, Steere, 1857 ; en Amérique par bp. Hobart, Tefft, Albert Barnes, Emory et Crooks, MalcolmParmi les autres écrivains de cette controverse, citons Whitby, Necessity of the Christian Religion (against Herbert), Lond., 1705 ; Thos. Halyburton(né en 1674, Prof. Div. St. Andrews, 1710, mort en 1712), Natural Religion Insufficient, 1714, contre Herbert et Blount ; William Law (né en 1686, non-juré, mort en 1711), The Case of Reason, or Natural Religion fair and fully stated, en réponse à Tindal ; A. A. Sykes (né en 1684, prébend. Salisbury, 1723, mort en 1736), Essai sur la vérité de la religion du Christ, contre Collins, 1725 ; Richard Smalbroke (né en 1672, né à Lichfield, en 1730, mort en 1749), A Vindication of the Miracles of our blessed Saviour, in response to Mr. Whiston, 2 vol., Lond., 1729-31 — un ouvrage compétent ; Thos. Broughton (né en 1704, mort en 1774), Christianisme distinct de la Religion de la Nature, en réponse à Tindal3 parties, 1732 ; John NorrisRaison et foi en relation avec les mystères, Lond., 1697 ; Chs. Leslie (comp. § 225, 5.), Méthode courte et facile avec les déistes (ouvrages, 7 vol., 8 vol.^ Oxf., 1832) ; Peter Browne (évêque de Cork et Rosse, mort en 1735), Réponse à Toland’s Christ not Mysterious, 1697 ; Procédure et limites de l’entendement humain (supplément à ce qui précède), 2e éd., 1729 ; Simon Browne (dissident, né en 1680, mort en 1732), Défense de la religion de la nature, etc., contre Tindal, Lond., 1732 ; Remarques sur Woolston, 1732 ; John Leland (né en 1691, mort en 1766), Remarques sur le christianisme non fondé sur l’argumentation, 1744 ; L’autorité divine de l’Ancien et du Nouveau Testament ; Défense du christianisme, en réponse à Tindal ; Avantage et nécessité de la religion chrétienne ; Point de vue des principaux auteurs déistes.]

 

§ 239.

DIVISION DU MATÉRIEL.

Pour faciliter l’examen de l’histoire des doctrines au cours de la période actuelle, il sera nécessaire de commencer, dans la partie spéciale de celle-ci, par les doctrines qui représentent le plus nettement les différences doctrinales entre les deux grands corps ecclésiastiques, c’est-à-dire l’opposition entre les catholiques romains et les protestants,1 et de passer ensuite à celles qui le sont. dans laquelle ces sections de l’Église étaient plus ou moins d’accord (par opposition aux sectes mineures), et où l’antithèse entre les sectes Le romanisme et le protestantisme deviennent d’une importance mineure ou disparaissent complètement. À la première classe appartiennent la doctrine concernant les sources de la connaissance religieuse (dont on peut dire qu’elle constitue le principe formel du romanisme et du protestantisme) ; la doctrine relative à l’homme, au péché, à la justification et à la rédemption (dans laquelle la doctrine dite matérielle principe du protestantisme et du romanisme, respectivement, est mis en évidence) ; et enfin, les doctrines qui montrent le plus clairement les conséquences logiques de ces deux principes, à savoir les doctrines de l’Église,2 des sacrements (à l’exception du baptême) et du purgatoire (qui fait partie de l’eschatologie).3 À la seconde classe appartiennent la théologie proprement dite, la christologie, la doctrine du baptême et l’eschatologie (à l’exception du purgatoire).

1 Ici aussi, nous devons constamment tenir compte de l’antagonisme subordonné entre les luthériens et les réformés (calvinistes), qui s’est manifesté d’abord dans la doctrine de la Cène du Seigneur, puis dans la doctrine de la prédestination, et qui s’est également manifesté sur d’autres points, sans toutefois impliquer de part et d’autre l’abandon du terrain commun du protestantisme évangélique dans ses principes fondamentaux. Ici aussi, on peut considérer les vues divergentes des partis religieux inférieurs, qui s’éloignent quelque peu des principes généraux protestants, dans la mesure où ils se rapportent à ces points doctrinaux.

2 La doctrine concernant l’église appartient aussi, sous un certain aspect, aux points fondamentaux controversés, en particulier au point de vue romain de la Catholie ; voir le traité de Baur en réponse au Symbolik de Mohlerp. 60, ss. Mais les vues des protestants sur l’Église résultaient plutôt de leurs principes sur d’autres points.

3 Il y a, en effet, ses inconvénients, à séparer ainsi les différents points embrassés dans le lieu des sacrements et dans l’eschatologie ; mais l’avantage se trouve dans la présentation du symbolisme dans sa relation vraie et naturelle avec toute l’histoire des doctrines. facilitant ainsi une vue d’ensemble des positions antagonistes. Dans les doctrines qui ont trait à la théologie et à la christologie, et dans la doctrine concernant le baptême, se trouve le principal point d’opposition entre les grandes églises et les sectes (unitariens, anabaptistes).

 

B. HISTOIRE SPÉCIALE DES DOCTRINES PENDANT LA QUATRIÈME PÉRIODE.

PREMIÈRE CLASSE.

LES DOCTRINES CARACTÉRISTIQUES DU ROMANISME ET DU PROTESTANTISME.

(y compris l’opposition entre luthériens et calvinistes, et les opinions des petits partis religieux et des sectes.)

PREMIÈRE DIVISION.

LES DOCTRINES CONCERNANT LES SOURCES DE LA CONNAISSANCE.

(LE PRINCIPE FORMEL).

PRINCIPE FORMEL.

 

§ 240.

LE ROMANISME ET LE PROTESTANTISME.

Heppe, Die Dogmatik des deutschen Protestantismus. [Comp, les ouvrages cités, t. I, p. 100). 41 W. 0. DietkinVortrage über Protest und Katholidsmus, Halle, 1854. SchenkelDas Prindp. des Protestantiemus, 1852. TweetenProtest und KathoL in his Dogmatik, i. Bp. Edmond GibsonPreservative against Popery, 18 vol., Lond. 1848-9, et Supplement, 8 vole, 1849, contient plusieurs des principaux traités anglais sur la pointe de la différence. D. SchenkelUrsprüngliches Verbâltnisa der Kirche zum Kanon, Bâle, 1838. William GoodeDivine Rule, repr. Phil, 2 vol., 1848. Richard BaxterClé pour la catbolique, 1659 ; Examen de la tradition romaine, 1676. X B. Pusey, La règle de foi telle qu’elle est maintenue par les Pères de l’Église d’Angleterre.]

Dès le début de la Réforme, il devint évident au cours de la lutte, que ses adhérents procédaient sur un principe formel différent (quant à la source de la connaissance et à la règle de la réforme). de celle de l’Église romaine de l’époque. En effet, tandis que les défenseurs de l’Église romaine faisaient continuellement appel à l’autorité de la tradition, les protestants refusaient de céder à d’autres arguments que ceux qui étaient clairement tirés de l’Écriture.1 Cette différence primitive a été mise en évidence dans les livres symboliques en général, et dans ceux de l’Église réformée en particulier.2 Elle peut être précisée dans les quatre mentions suivantes ; 1. Alors que l’Église protestante affirme que les écrits sacrés de l’Ancien et du Nouveau Testament sont la seule source sûre de connaissance religieuse et constituent la seule règle de foi,3 l’Église catholique romaine suppose l’existence d’une autre source avec la Bible, à savoir : la tradition.4 2. Selon les protestants, la Sainte Bible n’est composée que des écrits canoniques de l’Ancien et du Nouveau Testament,5 tandis que les catholiques romains attribuent également l’autorité canonique aux soi-disant apocryphes de l’Ancien Testament. L’Église catholique romaine revendique le droit exclusif d’interpréter l’Écriture, tandis que l’Église protestante concède ce droit dans un sens plus strict, à quiconque possède les dons et les réalisations requis, mais dans un sens plus complet à tout chrétien qui cherche le salut ; elle part du principe que l’Écriture est son propre interprète, selon l’analogia fidei.6 C’est à cela que se rattache, en quatrième lieu, la supposition de l’Église catholique romaine, que la version de la Vulgate, qu’elle sanctionne, doit être préférée à toutes les autres versions, comme la version authentique, et qu’elle est donc, dans une certaine mesure, d’une importance égale avec l’original, tandis que les protestants ne considèrent l’original que comme authentique. 10

1 Luther a été conduit à son point de vue sur les Écritures, comme seule règle de foi, à partir de ses vues sur la justification ; il est venu au formel au moyen du principe matériel. Luttant contre la fausse doctrine de la justification, telle qu’on la voit à propos de la vente des indulgences, il en appela d’abord au pape ; puis du Pape mal instruit, au Pape mieux instruit ; puis à un concile ; jusqu’à ce qu’enfin il reconnaisse l’autorité de l’Écriture comme seule décisive ; et l’éleva au rang de principe formel. Même dans sa protestation à la fin de ses thèses, il dit qu’il n’est pas assez présomptueux pour préférer son opinion à l’opinion de tous ; mais aussi, qu’il n’est pas assez irréfléchi pour le dire. le Verbe divin au-dessous des fables de l’invention humaine (Werke, édition de Walch, xviii, 254 sq.). Il est plus catégorique à la Dispute de Leipzig (ibid., p. 1160), disant qu’aucun chrétien ne peut être forcé de se lier à autre chose qu’aux Saintes Écritures, qui seules ont un droit divin. Dans ses Résolutions, il s’élève nettement au-dessus de l’autorité des conseils. Comparez ses autres ouvrages polémiques, et sa position à la diète de Worms ; voir, plus loinSchenfcel, Das Wesen des Protest., i., 20 sq. [GieselerChurch Hist., éd. de New York, vol. V, § 34.] Ce à quoi Luther parvint ainsi fut développé par Melancthon : Loci Theol., éd. Augustip. 4 sq. Imo nihil perinde optarim, atque si fieri posait, Christianos, omnes in 80118 divinis litteris liberrime versari et in illarum indolem plane transformari. Nam cum in illis absolutissimum sui imaginem expresserit divinitas, non poterit aliunde neque certius neque purius cognosci. Fallitur quisquis aliunde Christianismi form am petit, quam e Scripture canonica. Comp., ainsi que les passages des éditions ultérieures, dans BretschseiderCorpus Reform., xxi, p. 453, 685 sq., 732. Sur la distinction qu’il fait entre l’Écriture et la parole de Dieu, voir Heppet. 8, p. 216. — Zwingle arriva plus rapidement que Luther à une vision claire des Écritures comme règle de foi, bien qu’il n’ait pas d’abord mis l’accent sur l’Écriture, mais sur la Parole de Dieu en contraste avec les doctrines de l’homme. Ainsi, dans son traité « Von der Klarheit und Gwüsse des gottlichen Wortes » (Werke, i, 81), il dit : « Enfin, afin que nous puissions cesser d’avoir à répondre à tout le monde sur toutes sortes d’objections, voici notre point de vue, que la Parole de Dieu doit être tenue par nous dans le plus grand honneur (par Parole de Dieu signifiant seulement ce qui vient de l’Esprit de Dieu), et qu’à aucune parole on ne donne une telle foi à cela. Car cette parole est certaine, elle ne peut manquer ; elle est claire, et ne nous laissera pas errer dans les ténèbres ; il s’instruit lui-même, s’expose et fait resplendir l’âme humaine de tout salut et de toute grâce/' etc. Voir aussi ses déclarations aux deux Disputes de Zurich. Il parle d’abord de l’Écriture elle-même dans ses Architèles (Opera, III, voir EbrardAbend-mahlslehre, II, 46, par exemple). Ainsi à la p. 32 : Scripturam sacram duceui et mag-istram esse oportet, qua si quis recte usus sit, impunem esse oportet, etiamsi doctorculis maxime displiceat. Et ici la règle la plus élevée est ce que le Christ enseigne, ibid., P· 30 ; Cunctis post habitis hue tandem veni, ut nulla re, nullo sermone tarn fiderem, atque eo, qui ex ore Domini prodiit Pag. 31 : Dum lapidem inquire, non invenio alium, quam lapidem offensionis et petram scandali, ad quam offendunt, quotquot Pharisæorum more irritum faciunt præceptum Dei propter traditionem suam. Son itaque in hunc modum com-paratis, cœpi omnem doctrinam ad hunc lapidem explorare, et si vidissem lapidem eundem reddere colorem vel potius doctrinam ferre posse lapidis claritatem, recipi earn ; péché moins, rejet... · Ad hunc thesaurum, puta ad certitudinem verbi Dei, dirigendum est cor nostrum. — Et dans son Expositio Simplex (Opera, iv. p. 67) : Non vel jota unum docemus, quod non ex divinis oraculis didicerimus, neque sententiam ullam, cujus non primaries ecelesiæ doctores, proph etas, apostolos, evangelistas, episcopos, interprètes, sed priscos illos, qui purius ex fonte hauserunt, auctores habeamus. (C’est-à-dire qu’il insiste, à propos de l’Écriture, sur l’idée de son autorité originelle et primitive.) De plus, selon Zwingle, « l’Écriture ne peut être comprise que par et par la foi, et la foi ne peut être confirmée, quant à sa justesse, que par l’Écriture, qui est correctement comprise par la foi ». (L’Analogia fidei. Il donne comme exemple, le cas de quelqu’un, qui devrait essayer de mettre un cheval à une charrette sans harnais ni cordes, ou de tirer la charrette avec des cordes sans le cheval ; l’un et l’autre vont de pair — Œuvres allemandes, ii. 2, p. 3).—Le principe de l’Écriture est présenté d’une manière plus abstraite par CalvinInstit. L c. 6, § 2 : Sic autem habendum est, ut nobis affulgeat vera religio, exordium a cœlesti. doctrine fieri debere, nec quemquam posse vel minimum gustum rectæ sanœque doctrines percipere, nisi qui Scriptures Fuerit discipulus. Unde etiam emergit verse intelligent ! ® principium, ubi reverenter amplectimur, quod de se illic testari Deus voluit (Comparez ce qu’il dit dans le contexte de ce chapitre et dans les chapitres suivants.)

2 Les symboles luthériens ne contiennent pas d’article séparé de Sacra Scriptura, mais s’opposent parfois à la tradition. Comp. Confesser. Août, p. 13, 28 ss. Apolog., p. 205 8s. Articles de Smalcald, p. 337. Le formulaire. Concord, est plus précis, p. 570. D’autre part, les symboles de l’Église réformée, pour la plupart, commencent par l’article de Sacra Scriptura, ou ont un article spécial ailleurs (voir la note suivante). La seule exception est la première Confession de Bâle, qui, néanmoins, se termine par la soumission de tous ses articles à l’autorité de l’Écriture. Comparez la note 3.

3 Articles de Smalcald, 1. c. : Regulam autem aliam habemus, ut videlicet verbum Dei condat articulos fidei et præterea nemo, ne angélus quidem. Forme. Cône., 1. c. : Credimus... unicam regulam et normam, secundum quam omnia dogmata omnesque doctores æstimari et judicari oporteat, nul-lam omnino aliam esse, quam prophetica et apostolica scripta cum V. turn N. T. Reliqua vero sive patrum sive neotericorum scripta, quocunque veni-ant nomine, sacris litteris nequaquam sunt æquiparanda. Comp. Sol. Decl., p. 632.—Conf. Helv., I. (Bas. II.) : Scriptura canonica verbum Dei, Spiritu S. tradita, omnium perfectissima et antiquissima philosophic !pietatem omnem, omnem vitæ rationem, sola perfecte continet.—Helv., IL, 1 : In ״Scriptura sancta habet universalis Christiana ecclesia plcnissime exposita, quæcunque pertinent cum ad salvificam fidem turn ad vitam Deo placentem recte informandam ... Sentimus ergo ex hisce scripturis petendam esse veram sapientiam et pietatem, ecclesiarum quoque reformationem et gubernationem omniumque officiorum pietatis institutionem, probationem denique dogmaturn reprobationemque aut errorum confutationem omnium, sed admonitiones omnes. Cap. 2 : Non alium sustinemus in causa fidei judicem, quam ipsum Deum per Script. S. pronunciantern, quid verum sit, quid falsum, quid sequendum sit, quidve fugiendum. — Repud i am us traditiones hum anas, quæ tametsi insigniantur speciosis titulis, quasi diviuæ apostolicæque si nt, viva voce apostolorem et ceu per manus virorum apostolicorum succedentibus episcopis ecclesiæ traditæ, compositæ tamen cum scripturis ab his discrepant, discrepantiaque ilia sua ostendunt, se minime esse apostolicas. Siçut enim Apostoli inter se diversa non docuerunt, ita et apostolici non contraria apostolis ediderunt. Quinimo impium esset asseverare, apostolos vive voce contraria scriptis suis tradidisse.—Comp., Conf. Gall., art. 5 ; Belg. 7 ; Angl. 6 ; Scot. 18, etc., cité par Winerpp. 30, 31. Les remontrants et les sociniens étaient d’accord avec les protestants sur ce principe formel général. Voir Coni Remonstr., i. 10 ss., i. 13 ; Cat Racov., Qu. 31 et 33, cité par Winerpp. 31, 32. Sur le sens dans lequel les protestants prennent la tradition, voir ci-dessous (§ 241).♦♦ Qu’on attribuât ensuite aux écrits symboliques des Églises protestantes la même importance qu’on attribuait autrefois à la tradition (Form. Cons., Helv. 26), ce n’était pas l’intention de leurs auteurs primitifs ; voir la conclusion de la première Confession de Bâle ; « Et enfin, nous soumettons cette confession à l’autorité de l’Écriture Sainte, et nous sommes disposés à rendre une obéissance reconnaissante à Dieu et à sa Sainte Parole, chaque fois que nous en serons mieux instruits. » Helv. H., et confesser. Scot, à la fin de la préface.

Le La confession, cependant, accorde que Dieu peut éclairer l’homme sur des cas extraordinaires, même sans la prédication de l’Église. mot : Agnoscimus interim, Deum illuminare posse homines, etiam sine extemo ministerio, quos et quando velit ; id quod ejus potentiœ est. Nos autem loquimur de usitata ratione institaendi homines, et præcepto et exemple tradits nobis a Deo.

♦♦ En ce qui concerne les rites extérieurs (qui nous sont transmis par la tradition), la Conf AngL dit : Art. 34 : Traditiones atque ceremonies easdem, non omnino necessarium est Λββθ ubique, aut promus oonsimiles. Nam ut variœ semper fuerunt, et mutari possunt, pro jogionum, temporum et morum diversitate, modo nihil contra ver bum Dei iastituatur. Traditiones et ceremonies ecclesiasticas quæ cum verbo Dei non pugnant, et sunt auctoritate public » institut » atque probatæ, quisquis private oonsilio volons, et data opera, publice violaverit, is, ut qui peocat in publicum ordinem ecdeeiæ, quique lædit auctoritatem magis-tratus, et qui infinnorum fratrum conscientias vulnerat, publiée, ut cæteri timeant, arguen-dus est. Quælibet ecclesia particular ! », sive national«, auctoritatem habet instituendi, mutandi, aut abrogandi ceremonies, aut ritua ecclesiasticos humana tantum auctoritate institutes, modo omnia ad ædificationem fiant.

4 Conc. Trid., sess. IV., (de Canon. Scripturis) : Synode........ hoc sibi perpetuo ante oculos proponens, ut sublatis erroribus puritas ipsa evangelii in ecclesia conservetur.... perspiciensque veritatem et disciplinam contineri in libris scriptis et sine scripte traditionibus, quæ ex ipsius Christi ore ab apostolis acceptæ, aut ab ipsius apostolis Spiritu Sancte dictante, quasi per manus traditœad nos usque pervenerunt : orthodoxorum patrum exemple secuta, omnes libros tam V. quam N. T. cum utriusque unus Deus sit auctor, necnon traditiones ipsas, turn ad fidem, turn ad mores pertinentes, tamquam ▼el oretenus a Christo, vel a Spiritu Sancto dictatas et continua successione in ecclesia catholica conservâtes, pari pietatis affectu ac reverentia suscipit et veneratur...... Si quis autem...... traditiones prædictas sciens et prudena contemserit, anathema sit. Comp. Cat. Rom. præf. 12 ; et sur la nature de la tradition, voir les passages de BellarminDe Verbo Dei, iv. 3, cités par Winer, p. 30 et 31. [Voir aussi KôllnerSymbolik, ii. 342354־.] Can· Loci Theolog. 3. La doctrine de l’Église grecque est semblable, Confess, orthod. p. 18 : Φανερόν πως τά άρθρα τής πίστεως έχονσι τδ κύρος « al τήν δοκιμασίαν, μέρος άπδ τήν άγίαν γραφήν, μέρος από τήν εκκλησίαν-τικήν παράδοσιν.

5 Comparez le passage de la note 3, et ce qui est dit de la quam prophetica et apostolica scripta cum V. turn N. T. — Les apocryphes ont été plus nettement rejetés dans les symboles des Églises réformées, aussi bien que dans ceux des Arminiens, des Mennonites et des Sociniens. Avouer. Helv. IL 1. Gall. 3, 4. Avouer. Belg. 6. Avouer. Remontrance. i. 6. ( Winer, p. 41). Certaines conférences de foi contiennent même des listes d’écrits canoniques, par exemple Conf. Angl. β ; Belg. Art. 4. (Mais le libre examen du canon était ainsi empêché ou limité.)

6 Conc. Trid. sess. IV. Decret. !. — Sur les raisons par lesquelles l’Église catholique romaine a pu être amenée à attribuer tant d’importance aux apocryphes (qui contenaient bien des preuves de quelques-unes de ses doctrines, mais dont elle pouvait se dispenser en conséquence de l’autorité attribuée à la tradition), voir Àfarheine&eSy mb., vol. II, p. 234, art. 234. Winer, p. 41. [Kôllner, Symbolik, ii. 346-8.]

7 Conc. T. Trid. sess. IV., decret, de Edit, et Usu S. S. : Ad coërcenda petu-lantia ingenia decernit (Synodus), ut nemo suæ prudentiæ innixus, in rebus fidei et morntn ad ædificationem doctrinæ christianæ pertinentium, sacram scripturam ad suos sensus contorquens contra eum sensum, quem tenuit et tenet sancta mater ecclesiacujus estjudicare de vero sensu et interpretations Scripturarum Sanctorum, aut etiam contra unanimem consensum patrnm ipsam scripturam sacram interpretari tfudeat, etiamsi hujusmodi interpréta-tiones nullo unquam tempore in lucem edendæ forent. Qui contravenerint, per ordinarios declarentur et pœnis a jure statutis puniantur. Le commentaire particulier est donné par BellarminDe Verbo Dei, iii. 3. La question principale est de savoir où se trouve l’Esprit, à laquelle il répond bien sûr dans l’Église. Quand des différends surgissent (qui ont été prévus par Dieu), il doit y avoir une certaine autorité pour décider. Mais il ne peut s’agir ni de l’Ecriture Sainte, ni d’une révélation faite à un individu, ni du pouvoir séculier. En conséquence, il ne reste plus d’autre autorité que le princeps ecclesiasticusc’est-à-dire le pape, soit seul, soit en relation avec les évêques. L’Écriture, comme une loi, admet plusieurs interprétations. Dans tout État bien ordonné, le pouvoir de légiférer et le pouvoir de juridiction sont deux choses différentes. La loi commande, le juge interprète la loi, donc l’Écriture ne peut pas être son propre interprète. Pourtant, ni le pape ni le concile n’interprètent arbitrairement, mais selon l’inspiration divine. Comp. J. Gretseri Tractat. Unde Seis, hunc vel ilium esse sincerum et legitimum Scripturæ Sensum. — Cani Loci Theolog. lib. iv. ]decani Les Grecs sont d’accord avec les catholiques romains sur le principe général de l’autorité de l’Église, mais ils le limitent aux conciles œcuméniques. Voir les passages dans Winerp. 35, 36. Klau-senHermeneutik, p. 286, par.

8 Dès l’époque où les diverses disputes avec les catholiques romains ont eu lieu, les réformateurs ont revendiqué le droit à la libre interprétation de l’Écriture, t. 11. e^ une interprétation indépendante des conseils. Comp. Zwingle, Von der Klarheit des Wortes Gottes (deutsche Schriften, i. p. 76, ss.) ; aussi son Antwort an Vai. Compar. (ibid. i. 2, p. 9, sq.) CalvinInstit. i. 7, 8. Ici encore, les symboles des Églises réformées s’expriment dans un langage plus précis que ceux de l’Église luthérienne ( Winer, 1. c.) Avouer. Helv. I. (II. Confess, de Bâle) Art. 2 : Scripturæ Sacræ in-terpretatio ex ipsa sola petenda eat, ut ipsa interpres sit sui, caritatis fideique régula modérante. II. c. 2 : Écritures sanctus dixit Ap. Petrus (2 Petr. i. 20), l’interprétation non esse est privât®. Proinde non probamus interpretationes quaslibet : unde nec pro vera aut genuina scripturarum in-terpretatione agnoscimus eum, quem vocant sensum romanœ ecclesiæ, quem scilicet simpliciter roman® ecclesiæ defensores omnibus obtrudere conten-dunt recipiendum. Sed illam duntaxat scripturarum interpretationem pro orthodoxa et genuine agnoscimus, quæ ex ipsis est petite scripturis (ex ingenio utique ejus linquoe, in qua sunt scriptoe, secundum circumstantias item expensæ et pro ratione locorum vel similium vel dissimilium plurium quoque et clariorum expositæ) cum régula fidei et caritatis congruit et ad gloriam Dei hominumque salutem eximie facit Comp. Conf. Scot 18. Conf. Remonstr. i. 14. — Le Les sociniens ont nettement avoué le même principe en accord avec les protestants orthodoxes. Chat. Racov. Qu. 36 : Etsi diffi-cultes quædem en 8. S. occurrunt, tamen multa alia, turn ea, qu® sunt ad salutem necessaria, ita perspicue aliis in locis S. S. sunt tradita, ut ab unoquoquemaxime vero pietatis ac veritatis studioso et divinam opem implorantepossint intelligi. — Il faut aussi observer que les protestants reconnaissaient pleinement la distinction, d’une part, entre l’interprétation savante et la compréhension générale de l’Écriture par le sens commun. et de l’autre, entre une telle compréhension générale et la compréhension plus profonde du sens de l’Écriture, qui n’est accordée qu’aux régénérés. Comp, les extraits des œuvres de Luther donnés par Walch, ix. , p. 857. « L’analogia fidei et l’aide de l’esprit Holg ont été reconnues comme les guides dans l’interprétation des Écritures » Winer, p. 37. Sur les principes d’interprétation adoptés par les réformateurs, voir Schenkelubi supra, i. 67sq. — À propos des passages obscurs de l’Écriture, Luther dit (Walch, xviii.) : « Laissez-le aller là où il fait sombre ; Tenez-vous-y là où c’est clair. Interpréter et illustrer l’Écriture par l’Écriture », tel était son canon herméneutique et celui des Réformateurs, qu’ils exécutaient d’une manière pratique. Comp. Zwingle, dans la note 1 ci-dessus.

9 Conc. Trid. sess. 4 : Synodus, considérons non parnm utilitatis accedere posse ecclesiæ Dei, si ex omnibus latinis editionibus, quæ circumferunter, sacrorum librorum, quænam pro authentica habenda sit, innotescat, statuit et déclarât, ut hæc ipsa vêtus et vulgata editio, quæ longo tot sæculorum usa in ipsa ecclesia probata est, in publicis lectionibus, disputationibus, prædica-tionibus et expositionibus pro authentica habeatur et ut nemo earn rejicere quovis prætextu audeat vel præsumat En ce qui concerne le sens du passage, voir Winerp. 39, et les passages qu’il cite de Bellarmin, et des auteurs doctrinaux de l’Église catholique romaine ; SchrockhKir-chengeschichte seit der Reformation, IV. p. 132, ss. ; MarheinekeSymb. ii. p. 241, 83. — Ce canon montre que ses auteurs n’attribuaient pas seulement une importance mineure à l’original, mais qu’ils étaient aussi virtuellement opposés aux traductions dans les langues modernes (dans la mesure où même les textes des sermons doivent être choisis dans la Vulgate), et aussi à leur circulation parmi les laïcs. Comp. Winer, p. 40. [Kôllner, ubi précité.] .

10 L’Avoué. Helv. II. 2, se réfère à l’original (comp, note 8). Conformément à leurs principes d’interprétation, les protestants affirmaient qu’une étude scientifique plus précise des Saintes Écritures est impossible, sans la connaissance des langues originales ; aussi l’exégèsefondée sur de solides études philologiques, forme-t-elle chez les protestants la base de l’étude de la théologie. D’autre part, ils ont déterminé avec certitude qu’une version, aussi fidèle que possible à l’original, était suffisante à des fins pratiques. Mais il ne leur serait jamais venu à l’esprit d’en choisir une parmi ces traductions (e. gcelle de Luther), et la désignent comme la seule authentique ; bien que beaucoup aient hésité, jusqu’à nos jours, à éclairer le peuple sur les différences qui existent parfois entre la traduction et l’original. Mais est-ce protestant !

 

§ 241.

DIVERGENCES DE VUES DE CERTAINES SECTES.

A. Le principe mystique.

Les protestants maintenaient l’autorité de l’Écriture, non seulement en opposition à la La doctrine catholique romaine de la tradition, mais aussi au principe mystique, qui insiste sur la parole interne, aux dépens de la parole extérieure. Parmi les partisans de cette dernière, il y avait non seulement les anabaptistes, qui, outre qu’ils s’en tenaient fermement à la lettre de l’Écriture,1 en appelaient aussi, à la manière des montanistes, à de nouvelles révélations ;2 mais aussi d’autres, qui insistaient sur l’insuffisance de la parole extérieure, plus ou moins d’accord avec les anabaptistes. Parmi eux se trouvaient Sebastian Frank,3 Caspar Schwenckfeld,4 Theobald Thamer,5 et Michael Servetus.6 Les Quakers7 et les disciples de Labadie,8 étaient essentiellement d’accord avec eux car ils attachaient une grande importance à la révélation interne, en tant que celle par laquelle la révélation extérieure est rendue intelligible et dont elle reçoit son autorité. D’un point de vue négatif, ces sectes supposaient, comme les catholiques romains, l’existence d’une autre autorité en plus de celle de l’Écriture, ou plutôt au-dessus d’elle ; positivement, ils différaient plus largement de Le romanisme que ne l’ont fait les protestants, en rejetant toute autorité objective et en ne faisant appel qu’à l’expérience subjective, au simple sentiment intérieur. Ainsi, la doctrine protestante de l’autorité de l’Écriture occupe une position intermédiaire entre l’objectivité ecclésiastique de l’Écriture. Le romanisme et la subjectivité mystique du séparatisme.

1Carlstadt lui-même était raide sur la lettre de l’Écriture ; voir Schenkeli. 40sqSur son point de vue antérieur et plus prudent, voir l’ouvrage De Canonic^ Scripturis Libellus D. Andreæ Bodenstein Carolstadii, etc., Witenb., 1529 ; et Erbkam, Prot. Secten, 189. L’opposition des Zwickau au baptême des enfants doit également s’expliquer en partie par une exagération du principe formel du protestantisme. Sur la littéralité des anabaptistes suisses, en particulier Hubmeieret sur les polémiques de Zwingle contre eux, voir Bui· lingerin Schenkel, i. 47, sqZwingle a écrit son Elenchus contre eux (Opera, iii. p. 367).

2 Planckubi supra, p. 44. Ils étaient, d’une part, extrêmement littéraux, et cependant ils insistaient fortement, d’autre part, sur la différence de la lettre et de l’esprit (selon 2 Cor. III, 6). Comp. Calvin dans ses Institutes, I. 9. On sait comment Luther et les réformateurs considéraient leurs visions et leurs nouvelles révélations ; voir par exemple la lettre de Luther à Melancthon dans les Briefe Luther de Wette, II. n° 358 ; comparez les vues de John Denck et de Hetzercitées dans Schenkel, i. 143. HagenGeist der Reform, ii. 282. Les mennonites les plus tardifs et les plus prudents retournèrent à l’Écriture.

3 Sebastian Frank, dans son ouvrage « Das verbütschirte, mît sieben Siegein verschlossene Buch », s’efforce de montrer que l’interprétation littérale de l’Écriture nous entraîne dans des contradictions inextricables ; Dieu veut se servir de l’Écriture pour nous conduire à l’Écriture, et nous rendre anxieux et effrayés par là, afin que nous puissions être forcés de sortir de l’Écriture pour retourner en lui et en lui, et nous hâter de demander conseil à sa bouche et à son Esprit, » etc. L’Écriture, dit-il, est à la fois bonne et mauvaise, claire et obscure, selon la manière dont nous la prenons en main ; Pour le pervers, c’est le mal et l’obscurité. C’est pourquoi le Saint-Esprit ne nous permettra pas de nous contenter de l’Écriture, ni d’en faire une idole, comme si nous en avions toujours besoin ; mais nous envoie l’interroger pour qu’il la comprenne et l’interprète correctement. Voyez son opuscule, Wie allé Ding vor in der Natur sind (in Schenkeli. 140). — Le diable lui-même peut être très scripturaire, oui, même se mettre au milieu des lettres de l’Écriture, comme il l’a déjà fait par tant de sectes, qui n’ont de leur côté que de vaines Écritures. (Préface à son Zeitbuch). « Le diable qui a appris les Écritures fait tout et n’importe quoi à partir de Scrip-tare. » Voir Paradoxa, p. 134 (dans Schenkel, ubi supra. Hagenp. 436eq. Erbkam295, eq\ . '

4 Il a écrit : De Cursu Verbi Dei, éditJ. ŒcolampadiusBas., 152V. Schwenkfeld soutenait dans cet ouvrage que la foi ne procède pas des choses extérieures, telles que la révélation extérieure de l’ouïe, mais de la révélation intérieure, qui doit être antérieure au ministère de l’extérieur. Abraham crut sans qprmon et sans entendre. La lettre n’est que le vase de l’Esprit : il ne faut pas les confondre les uns avec les autres. Schwenkfeld a également fait un parallèle entre la Bible et la nature (comp. Raimund de Sabunde). Le monde entier est pour lui « un grand livre, tout glorieux avec des peintures et des descriptions, en toutes sortes de lettres, des œuvres de Dieu ». Ces œuvres sont des « lettres vivantes » que les hommes ont toujours sous les yeux ; c’est le véritable calendrier des paysans, la véritable « Bible laïque » dans laquelle peuvent lire ceux qui ne comprennent pas d’autres types d’écrits. C’est pourquoi le Christ montre les oiseaux de h’eaven et les muguet de la vallée. Voir Schenkelubi supra, p. 150. Pourtant, Schwenkfeld n’a pas pris une position hostile à la Bible ; C’était pour lui l’épreuve par laquelle il devait éprouver toute révélation divine. Comp. Erbkam425, éq.

5 Voir sur lui le tract de Neander, Theobald Thamer, le représentant et le précurseur des tendances spiritualistes modernes à l’époque de la Réforme, Berlin, 1842. — Thamer avait l’habitude de ne pas lire le texte de l’Évangile en chaire, mais de le réciter sans livre, parce qu’un vrai prédicateur évangélique ne doit pas seulement apprendre la lettre morte, mais d’être une Bible dans ses œuvres, ses prières et sa vie. Neanderי p. 21. Il accuse Luther et ses disciples de déifier la lettre de la Bible : « Quand quelqu’un te demande comment tu sais que ces textes sont l’évangile, tu réponds en présentant un témoin perverti, l’Écriture et la lettre, écrites sur du papier avec de l’encre, ce qui en soi est aussi bon que muet, et te répond dans une langue morte, que tu ne comprends pas. Le sens humain, oui juif et perverti, non seulement tu as l’audace d’être au-dessus de la conscience, qui est la divinité révélée elle-même, et de toutes les créatures et de toutes les œuvres de Dieu, mais tu en fais aussi la reine de tous les saints et de tous les anges dans le ciel. « Tout n’est pas vrai parce qu’il est dans la Bible, mais il est dans la Bible parce qu’il est vrai de lui-même voir Néandre, 24 ; Schenkeli. 144sqComme Schwenkfeld, il fait aussi appel aux révélations de la nature, et accuse ses adversaires de manichéisme ; comp. Neanderp. 31. — [Sur Thamer, comparez aussi Theobald Thamer und Landgraf Philip, par KIF. H, Hochhuthdans Zeitschrift £ d. hist. Theol., 1861, 8. 165-280 : ses divers ouvrages, p. 166-8. Comp. NéandreHist. des dogmes, p. 631 ; Ifiedner, 678 ; Pestalozzi'8 Bullinger, 8. 461sqThamer étudia à Wittenberg en 1535, fut prof, à Marbourg, en 1543, mort en 1569.]

 Dans un autre passage, Thamer appelle la conscience le véritable trône vivant de la grâce, où nous demandons à Dieu comment et ce que nous devons faire ou ne pas faire. On peut entendre l’Écriture extérieure pendant mille ans, et si l’on n’a pas en lui la parole vivante, la divinité du Christ ou la conscience, ce n’est pas du tout une parole pour lui. Néandre] à la p. 28. Thamer essaya de ridiculiser l’idée orthodoxe de l’inspiration : « Ils s’imaginent que c’était comme ça, que Dieu s’est assis là avec une grande barbe, comme les peintres le représentent sur le mur, et a pris un mot de sa main, c’est-à-dire un son, et l’a mis sur la langue de Jérémie, » etc. Néon* der, 26.

6 Servet distingue aussi dans l’Écriture le mot extérieur du verbe intérieur, et en ce sens, c’est pour lui une épée à deux tranchants. Il montre aussi comment le christianisme est plus ancien que l’Écriture (la Nouvelle Épreuve). Voir son Chris-tianismi Restitutio, p. 627 ; Iliad verum est quod sine Scripturis stare potest ecclesia Christi vera, et erat ecclesia Christi, antequam apostoli scriberent. Ecclesiæ prophetia, interpretatio et vox viva præfertur Scripturæ mortuæ. Schenkel, ubi, précité.

7 Barclaii Apol. thes. 2........Divin » revelationes intern », quas ad fundendam veram fidem absolute necessaris esse adstruimus, externo scripturarum testimonio aut sanœ ratione ut nec contradicunt, ita nec unquam contradicere possunt. Non tamen inde sequitur, quod hæ revelationes divin » ad externum scriptararum testimonium aut etiam ad rationem naturalem sen humanam, tamquam ad nobiliorem aut certiorem normam et amussim, ♦♦ examinari debeant. Nam divina revelatio et illuminatio interna est quiddam per se evidens et clarum, intellect am bene dispositum propria evidentia et claritate cogens ad assentieudum, atque insuperabiliter movens et flectens non minus, quam principia communia veritatum naturalium (cnjusmodrsunt : totum est majus sa part ; duo contradictoria non pos-sunt esse simul vera aut falsa) movent flectuntque animum ad assensum naturalem. Comp, le commentaire de cette thèse dans Winer, p. 53. Sur le principe de l’interprétation, voir Apol. x. 19, p. 198 : Quidquid homo sua indus tria in linguis et eruditione in scripturis inveniere potest, totum nihil est sine spiritu, absque quo nihil certum, semper fallibile judicatum est. Sed vir rusticus, huj usque eruditionis ignarus, qui ne vel elementum norit, quando scripturam lectam audit, eodem spiritu hoc esse verum dicere potest et eodem spiritu intelligere, et 8i necesse sit, interpretari potest. 4, p. 44. ...... Nullus adeo illitteratus, surdus aut tam remoto loco positus est, quern non attingat et recte instruat ; Cujus etiam spiritus evidentia et revelatio ea sola est, qua difficultatibus illis, quæ de scripturis occurrunt, liberamur.

♦♦ Son principe n’est donc pas à confondre avec celui des rationalistes. Bar-day place la révélation intérieure au-dessus de la raison et de l’Écriture (supranaturalisme mystique).

8 Bien que les Saintes Écritures contiennent la vérité, elles ne sont pas elles-mêmes la vérité, mais Dieu et Jésus-Christ sont cette vérité. À proprement parler, la Bible elle-même ne donne pas la vie éternelle, mais Dieu, qui est la vie, l’opère en nous. Il faut en croire la bouche, ». e., le Saint-Esprit, qui nous parle encore, plutôt que la plume des écrivains qu’il a employés. La vérité divine est infinie, et elle ne peut se borner à aucune lettre ; c’est pourquoi il peut y avoir beaucoup de vérités qui sont des vérités divines, sans être strictement contenues dans l’Écriture, et que rejeter simplement parce qu’elles ne se trouvent pas dans l’Écriture, serait un péché. Nous ne devons pas croire une doctrine parce qu’elle est écrite, mais parce qu’elle vient de Dieu. (Contrairement à l’adhésion dégénérée à la lettre dans les temps ultérieurs, de tels points de vue méritent d’être remarqués.) Voir ArnoldKirchen-und Ketzerhistorie, t. II, p. 687. (Édition Frankf., 1700.)

En commun avec l’Église catholique romaine, et en opposition au principe adopté par les Quakers, les protestants affirment la nécessité d’avoir quelque chose de positifqui est objectivement donné, mais le trouvent dans l’Écriture seule et non dans l’autorité de l’Église. Comme les Quakers, et en opposition aux catholiques romains, ils sont anti-catholiques, rejetant l’autorité de l’Église. Ainsi, les quakers considéreront la tendance historico-positive du protestantisme comme un élément catholique, tandis que les catholiques romains accuseront ce principe de fomenter des divisions, en raison de son caractère interne et subjectif.

 

§ 242.

B. LE PRINCIPE RATIONALISTE. (SOCINIENS.)

Les protestants ont non seulement rejeté ces notions mystiques, mais aussi le principe rationaliste, selon lequel l’autorité de l’Écriture est subordonnée à celle de la raison, et son interprétation est faite dépendre des prétendues vérités de la raison.1 Une telle doctrine a été proposée par les sociniens, qui ont reconnu la nécessité d’une révélation extérieure,2 et l’autorité de la Bible, bien qu’en premier lieu seulement du Nouveau Testament,3 mais, procédant sur le principe fondamental, que l’Écriture ne peut rien contenir d’incompréhensible ou de contraire à la raison (c’est-à-dire à la raison des sociniens).4 ont été, dans de nombreux cas, amenés à adopter les interprétations les plus arbitraires.5

1 Luther s’est exprimé dans plusieurs passages contre la raison, la considérant comme aveugle dans les choses spirituelles.

2 Faustus Socinus alla jusqu’à affirmer l’impossibilité d’une simple religion de la raison sans une révélation supérieure. Opp. ii. p. 454, a. : Homo ipse per se nec se ipsum nec Deum ejusque voluntatem cognoscere potest, sed necesse est, ut hæc illi Deus aliqua ratione patefaciat Comp. Prælectt. Théol. c. 2. OstorodtUnterr. p. 10 : « Les hommes, cependant, ne tirent pas leur connaissance de Dieu, ou des choses divines, ni de la nature, ni de la contemplation des œuvres de la création, mais de la tradition, puisque Dieu s’est révélé dès le commencement à eux. Ceux qui n’ont pas du tout entendu parler de lui ne sont pas susceptibles d’avoir une opinion sur une divinité en particulier. Les derniers Sociniens s’écartèrent plus ou moins de ces vues surnaturelles strictes.

 L’idée de révélation n’est pas du tout définie dans les livres symboliques, et les premiers théologiens étaient soit totalement silencieux sur le sujet, soit donnaient des définitions très indistinctes.11 D WetteDogmatik, p. 32. On en discuta de nouveau dans la controverse avec les déistes.

3 En ce qui concerne les vues de Socinus et de ses disciples sur les Saintes Écritures, voir le §§ suivant, et le Socianismus de Fock. Les Sociniens, cependant, ne reçurent que le Nouveau Test comme canonique ; voir Catech. Racov. p. 1, et Socinus, De Auctor. S. S. c. 1, p. 271, cité par Winerp. 32, 33. À son avis, l’Ancien Test n’a qu’une valeur historique, mais son importance dogmatique et religieuse n’est pas plus grande que celle que d’autres protestants attribuent aux Apocryphes. Il est utile, mais pas nécessaire pour être lu.

4 Schlichting, Diss. de. Trin. p. 70 : Mysteria divina non idcirco mysteria dicuntur, quod etiam revelata omnem nostrum intellectum captumve tran-scendunt, sed quod nonnisi ex revelatione div. cognosci possunt Comp. C. Zerrenner, Nouvelle tentative de déterminer les doctrines dogmatiques de base de la révélation et du salut. Script selon la socin. Unitariens, Iéna, 1820, p. 8. Winer, p. 39.

5 Comparer ci-dessous le §§ sur la christologie. De même que la doctrine protestante des Écritures occupe une position intermédiaire entre le principe catholique romain et celui des quakers (§ 241, note 5), de même elle tient le milieu entre le quakerisme et le socinianisme, 1. e·, entre un surnaturalisme purement interne du sentiment et un surnaturalisme purement extérieur de l’entendement, qui tend au rationalisme. Le principe des protestants est de les amener à combiner la profondeur avec la clarté, la ferveur avec la sobriété. Il faut cependant admettre que ce principe n’a pas toujours été appliqué dans sa pureté.

 

§ 243.

DÉVELOPPEMENT ULTÉRIEUR DE LA DOCTRINE CONCERNANT LES SAINTES ÉCRITURES.

Inspiration et interprétation.

Bien que les réformateurs se soient soumis avec foi à l’autorité de l’Écriture en tant que révélation divine, ils avaient aussi un regard sans préjugés sur son côté humainadoptant une vision globale de l’inspiration, en particulier dans sa portée pratique.1 Mais les théologiens protestants des temps postérieurs manifestèrent souvent une adhésion si étroite à la lettre de l’Écriture, qu’en opposition aux vues moins rigides des arminiens2 et des sociniens,3 ils furent amenés à hasarder les assertions les plus hardies.4 Les théologiens orthodoxes ont également développé l’aspect formel du locus de Scriptura,5 tandis que les mystiques ont rappelé aux hommes que « La lettre tue, mais l’esprit donne la vie."6 Speneren particulier, s’efforça de faire revivre le principe protestant de l’Écriture dans ses aspects pratiques, et de réconcilier ainsi l’esprit avec la lettre, dans le sens du vrai protestantisme.7 L’Église catholique, en général, s’en tenait fermement à l’inspiration, bien que les vues des jansénistes sur ce point fussent plus strictes que celles des jésuites.8 — En ce qui concerne l’interprétation de l’Écriture, les théologiens de toutes les confessions employaient (consciemment ou inconsciemment) le système allégorique, en même temps que le système grammatico-historique ; mais celle-ci était souvent dominée par le dogmatisme des doctrines de l'église.9 — Tandis que Coccéjus enseignait que chaque passage de l’Écriture était plein de sens, l’exemple des Arminiens et des Sociniens, qui étaient les plus désireux d’une interprétation modérée,10 fut suivi par d’autres.11 Même le principe socinien selon lequel la révélation ne peut contredire la raison, a été approuvé par certains, en particulier à l’égard de à la fin de la présente période.

1 Luther avait fait l’expérience, dans son propre cas, des bénédictions pratiques de l’Écriture, et montre partout le respect le plus profond pour la Bible et le sentiment le plus vif de sa bénédiction divine et de sa valeur particulière par rapport aux autres écrits. De sorte qu’il ne se fait pas scrupule de dire qu’il faut regarder l’Écriture, « comme si Dieu lui-même y avait parlé » (contre Latone, dans Watch xviii, p. 1456) ; et il appelle le Saint-Esprit « l’écrivain le plus clair et le plus simple qu’il y ait dans le ciel et sur la terre » ( Watchxviii, 1602). Une fois qu’il appelle la sainte parole de l’Écriture « Dieu lui-même » (Walch, ix, 688)......« Pour tout résumer, la Sainte Bible est le livre de Dieu le plus excellent et le meilleur, plein de consolation dans toutes les tentations ; En ce qui concerne la foi, l’espérance et l’amour, elle enseigne des choses très différentes de celles que la raison peut voir et sentir, comprendre et éprouver ; et dans l’adversité, il enseigne comment les vertus chrétiennes doivent resplendir, et qu’il y a une autre vie éternelle au-delà de cette pauvre et misérable vie. Tischreden (Francf, 157G), fol. 1. Parallèlement à ce profond respect pour l’Écriture, il s’exprimait aussi très librement sur les écrivains individuels ; ainsi, dans la Préface de son Nouveau Test sur les Épîtres de Jacques (epistola strain inea) et de Jude, sur l’Apocalypse, etc. Comp, la préface de W. LinkensAnnotât, über die fünf Bücher Moïse : « Et sans doute les prophètes ont étudié Moïse, et les prophètes ultérieurs ont étudié les premiers, et ont écrit dans un livre leurs bonnes pensées, inspirées par le Saint-Esprit, Et bien que ces bons et vrais maîtres et chercheurs soient parfois tombés sur le foin, la paille et le bois, et qu’ils n’aient pas bâti uniquement d’argent pur, d’or et de pierres précieuses, le fondement demeure cependant ; le reste sera consumé par le feu du grand jour, comme le dit saint Paul (1 Cor., III, 13). Dans un autre endroit, il dit (Walch, vii. 2044) : « Moïse et les prophètes ont prêché, mais en eux nous n’entendons pas Dieu lui-même ; car Moïse reçut la loi des anges, et eut ainsi un ordre moins élevé. Quand j’entends Moïse ordonner de bonnes œuvres, je l’entends comme quelqu’un qui exécute les ordres d’un empereur ou d’un prince. Mais il ne s’agit pas d’entendre Dieu lui-même. Car quand Dieu lui-même parle aux hommes, ils ne peuvent rien entendre d’autre que la grâce pure, la pitié et tout ce qui est bon. gentre le Pentateuque et le discours d’Étienne), est montré par Schenkelubi supra, i. 56.♦♦ Comparez les passages dans lesquels il déclare distinctement que le Christ est au-dessus de l’Écriture, et que lorsque les adversaires insistent sur l’Écriture contre le Christ, il « insiste sur le Christ contre les Écritures » (Walchviii. 2140, et xix. 1749, dans Schenkel226, sq,),—Mélancthonaussi ; ne prétend à l’erreur que dans les apôtres quant à la doctrine, mais non dans l’application de la doctrine (comme dans la différence entre Paul et Barnabas, et la relation de Pierre à Paul à Antioche) ; voir son Postil. Partie II, p. 985. Heppe (p. 222), dit « qu’il n’y a aucune trace dans Melancthon d’une théorie correcte de l’inspiration !יי Zuingle jugeait aussi de l’Écriture sans idées préconçues, et considérait que la principale preuve de son origine divine consistait dans les effets pratiques qu’elle produit... « Prenez du bon vin fort ; celui qui est en bonne santé en jouit, car elle le rend joyeux, le fortifie et réchauffe son sang ; mais celui qui souffre de la peste ou de la fièvre peut même ne pas en goûter, et encore moins le boire, et il se demande comment les gens en bonne santé peuvent le boire. Mais ce n’est pas à cause du vin, mais à cause de sa maladie. De la même manière, la Parole de Dieu est parfaite en elle-même, et révélée pour le bien de l’homme ; mais celui qui ne l’aime pas, qui ne le comprend pas, qui ne veut pas le recevoir, est malade. Voilà pour répondre à ceux qui affirment avec audace que Dieu n’a pas voulu que sa Parole soit comprise, comme s’il voulait nous exclure de sa lumière » (Deutsche Schriften, i. p. 68). — Chez Calvinau contraire, on trouve des idées très strictes sur l’inspiration ; Instit. I. c. 7, 4 : Tenendum, non ante stabiliri doctrinæ fidem, quam nobis indubie persuasum sitauctorem ejus esse DeumIl en appelle au — testimonium Spiritus SanctL Idem ergo Spiritus, qui per 08 prophetarum loquutus est, in corda nostra penetret necesse est, ut persuadent fideliter protulisse, quod divinitus erat mandatum...... Illius (Spiritus Sancti) virtute illuminati, jam non aut nostro, aut aliorum judicio credimus, a Deo esse Scripturam ; sed supra humanum judicium, ccrto certius constituimus (non secus ac si ipsius Dei numen illic intueremur), hominum ministerio ab ipsissimo Dei ore ad nos f inisse. Autres passages de Schenkeli. 62sqMais avec tout cela, Calvin accorde une différence dans l’Écriture, en ce qui concerne la forme. Instit. I. 8, 1 : Lege Demosthenem aut Ciceronem, lege Platonem, Aristotelem, aut alios quosvis ex ilia cohorte ; mirum in modum, fateor, te allicient, oblectabunt, movebunt, rapient : verum inde si ad sacram istam lectionem te conféras, velis nolis ita vivide te afficiet, ita cor tuum penetrabit, ita medullis insidebit, ut præ istius sensus efficacia vis ilia rhetorum ac philosophorum prope evanescatut promtum sit perspicere, divinum quiddam spirare sacras scripturasquæ omnes humanæ industries dotes ac gratias tan to intervallo superent 2 : Fateor quidem Prophétie nonnullis elegans et nitidum, imo etiam splendidum esse dicendi genus, ut profanis scriptoribus non cedat facundia, ac talibus exemplis voluit ostendere Spir. S. non sibi defuisse eloquentiam, dum rudi et crasso stilo alibi usus est. À titre d’exemples, il cite David et Ésaïe d’une part, Amos, Jérémie et Zacharie (quorum asperior sermo rusticitatem sapit) de l’autre.

♦ L’ouvrage de CMstadtDe Canonicis Scriptoria, écrit en 1520, édité par Credner dans son Zur Geschichte dee Kanona, Halle, 1847, revêt une importance particulière pour l’histoire de la critique à cette époqueCarlstadt trouvait répréhensible l’opinion de Luther au sujet de Jacques. D’autre part, il défendit avec ferveur l’exclusion de l’Apocbrypa de l’Ancien Testament du canon ; voir Jagels Carlstadt, p. 92 sq. Brenz était d’accord avec Luther sur les épîtres catholiques et l’Apocalypse ; mais, comme Carlstadt, il rejetait résolument les apocryphes de l’Ancien Testament ; voir Heppe, p. 224. Parmi les théologiens luthériensHaffenrefferle dernier qui marche dans cette voie, il appelle l’αντιλεγόμενα du Nouveau Testament, le Libri Nov. TetL Apocryphes ; voir Heppe, p. 244. Sur les vues de la division réformée, voir Heppe, p. 254. [Musculus, Zancbius et Hypérius mentionnent ces livres comme ayant moins de corroboration extérieure que les autres, mais assez pour les rendre canoniques.]

♦♦ Bretschneidcr a recueilli les déclarations plus libres de Luther sur l’inspiration, dans son ouvrage, Luther und seine Zeit, 1817, pp. 97-99.

 

2 Limborch. Théol. Christ, i. 4, 10 : De inspiratione Script. S. concludi-mus hinc, libros hosce a viris divinis scriptos, qui non tantum non errarunt, sed et, quia spiritu Dei regebantur, in tradenda voluntate divina errare non potuerunt ; qui, sicut non propria voluntate, sed instinctu Spiritus S. ad scribendum 8e accinxerunt (2 Petr. i. 21), ita etiam in scribendo a Spir. S. directi fiierunt (2 Tim. III. 6), adeo ut errorem nullum committere potuerint, nec in sensu ipso exprimendo, nec in verbis sensum continentibus divinum conscribendis aut dictandis. Si quœdam non exacte definiverint,fuere ea non res fidei aut præcepta morum, sed rerum majorum parvæ circumstanti », ad fidem fulciendam nullum habentes momentum, circa quas tamen non erra-runt aut memoria lapsi suntsolummodo eas, quia necesse non erat, accurate et prœcise non determinarunt.—Grotius, en effet, il a fait des affirmations beaucoup plus hardies dans son Votum pro Pace ecclesiastica (De canonicis scripturis. — Opp. Theol. Amst., 1679, t. III, p. 672) : Non omnes libros, qui sunt in hebræo Canone, dictates a Spir. S.... scriptos esse cum pio animi motu non nego.... sed a Spiritu Sancto dictari historias nihil fuit opus... . Vox quoque Spiritus Sancti ambigus est ; nam aut signifient.... afflatum divinum, qualem habuere turn Prophet » ordinarii, turn interdum David et Daniel, aut significat pium motumsive facultatem impellentem ad loquendum salutaria vivendi præcepta, vel res politicas et civiles, etc. (comparer les chapitres suivants sur les différentes lectures, etc.) Episcopius a aussi rendu un jugement avec beaucoup de liberté sur le canon (Institut. iv. 1, 4) : In hoc volumine continentur varii libelli, non qui singuli singulas religionis Christian » particulas in 8e habent, et conjunct ! totam religionem christianam complectuntur ac constituunt ; sen veluti partes essentiales totum, adeo ut si unus tantum deficeret aut deesset, religio Christi tota destruenda et plane desitura aut defiitura esset ; sen veluti partes into-grales, ita ut librorum istorum uno aut pluribus deficientibus religio Christi mutila et trunca esset futura. Nihil minus : plures enim sunt libelli, qui nihil continent, quod non in aliis et 8»pius et luculentius reperitur ; et sunt, qui nihil ad religionem christianam magnopere faciens continent Deniqne certum est, libellos hos in codicem sen volumen unum digestoe fuisse non divino jussu aut impulsu, sed consilio studioque humano, licet sancto pioque, etc. — Il insista beaucoup sur les marées Humana — via., que les plumes sacrées diraient et pourraient dire la vérité, etc. Comp. c. 2.

3 "Le socinianisme, conformément à son point de vue dualiste et mécanique, ne pouvait considérer le mode spécial de l’influence du Saint-Esprit sous un autre aspect que celui d’une interposition sans médiation de la causalité divine au milieu même de l’individualité humaine ; à cet égard, le socinianisme se trouve sur la même position que le protestantisme et le catholicisme plus anciens ; " PockSocinianismus, p. 329. Ainsi Socinus dit, d’une manière très orthodoxe, que les écrivains sacrés ont écrit ab ipso divino Spiritu impulsieoque dictante (Lectiones Sacrœ, p. 287 ; in Fock, ubi supra). Cependant il restreint l’inspiration à ce qui est essentiel, et concède de légères erreurs dans ce qui n’est pas essentiel (leviter errare) ; voir les passages de Fock, p. 332 ; et Socinus De Auctoritate Scriptures, Racov., 1611 (Opera, i. p. 263, sq.) '

4 Le Consensus Repetitus Fidei ver » luthérien » (éd. Henkep. 5), affirme contre Calixte, Punct 6 : Profitemur et docemus, omnia scripta prophetica et apostolica dici divina, quia a Deo ceu fonte sunt et divinities tradita veritas, nihilque in illis inveniri, quod Deum non habeat auctorem, vel Deo inspirante, suggerente et dictante non sit scriptum, testibus Paulo, 1 Cor. iii. 13 ; 2 Tim. iii. 16 ; et Petro, 2 Pet. 1, 20. Rejicimus eos, qui docent, scripturam dici divinam, non quod singula, qu » in ea continentur, divin » peculiar ! révélation! imputari oporteat, sed qûod prœcipua, sive qu » primario et per se respicit ac intendit scriptura, nempe quœ redemptionem et salutem generis human ! concernunt, nonnisi divin » illi peculiar ! revela-tioni debeantur. (Même des passages comme 2 Tim. iv. 13, sans exception.) Cette adhésion rigide à la lettre même de l’Écriture (grammatalâtrie) s’est manifestée surtout dans la Formule Consensus, 1 : Deus Ο. M. verbum suum, quod est potentia ad salutem omni credent ! (Rom. i. 16), non tantum per Mosen, Prophetas et Apostolos scripto mandari curavit, sed etiam pro eo scripto paterne vigilavit hactenus et excubavit, ne Satan » astu vel fraude ulla humana vitiari posset Proinde merito singular ! ejus grati » et bonitati Ecclesia acceptum refert, quod habet habebitque ad finem mundi sermonem propheticum firmissimum ; nec non Ιερά γράμματα, sacras litteras, ex quibus, pereunte cœlo et terra, ne apex quidem vel iota unicum peribit (2 Pi v. 19, 2 Tim. iii. 15, Matth. v. 18). 2 : In specie autem hebraïcusV. T. codex, quern traditions Ecclesiæ judaïcœ, cui olim oracula Dei commissa sunt (Rom. iii. 2), accepimus hodieque retinemus, turn quoad consonas, turn quoad vocalia sive puncta ipsa sive punctorum saltern potestatem, et turn quoad res, turn.quoad verba θεόπνευστος, ut fidei et vit » nostræ, una cum Codice N. T. sit Canon unions et illibatus, ad cujus normam ceu Lydium lapidcm univers » quæ extant versiones, sive orientales sive occidentales, exigendœ, et sicubi deflectunt, revocand » sunt (Mais comparez SchweizerDie theol. ethischen Zustânde, p. 37).—Les théologiens luthériens soutenaient aussi que les voyelles hébraïques étaient originales ; Travail. Gerh. Loci ״Theol. i. c. 14, 15 ; Quenst i. 272, 88ד et Hollas. Prol. iii. Quæst. XLIII. et autres. — Les controverses sur la pureté du grec du Nouveau Test appartiennent à la même classe (puristes et hébraïsants) ; voir WinerGrammatik des neutesta-mentlichen Sprachidioms, Einleitung, et ( ?ass, ubi supra, 159. En l’an 1714 G. Nitsch (mort en 1729, surintendant à Gotha), souleva même la question de savoir si l’Écriture Sainte était Dieu lui-même ou une créature ΠVoir Walch, Relig. Streitigkeiten innerhalb d. evang. Kirche, iii. p. 145, et I. p. 966. Tholuckubi supra, p. 253, sq.

Combien cette simple observation et garde d’un trésor mort est en accord avec leurs notions sans vie de Dieu, et la relation dans laquelle il se trouve avec le monde, c’est évident Rien de créatif, ni dans l’un ni dans l’autre cas !

5 Ainsi l’idée d’inspiration a été définie plus précisément ; elle a d’abord été identifiée avec la révélation, mais ensuite traitée par elle-même (voir Heppep. 250). Comp. Gerhard, Loci i. c. 12. § 12 : causa efficiens Scripturæ Sacr » principalis est Deus. § 18 : Causa instrumentalis fuerunt sancti homines. Scripserunt non ut homines, sed ut Dei homines h. e. ut Dei servi et peculi-aria Dei organa. HollasProl. iii., Qu. vi., p. 75.... : Sicut scriptura, quam homo alteri in calamum dictât, recte dicitur verbum humanum in litteras relatum, ita Scripture a Deo inspirata verissime dicitur verbum Dei litteris consignatum. Quæst. xvi. : Conceptus omnium rerum, quæ in sacris litteris habentur, prophétie et apostolis a Spir. S. inspiration immédiate ! Sunt. Qu. xviit : Omnia et singula verba, quæ iü sacro codice leguntur, a Spir. S. prophétie et apostolis inspirata et in calamum dictate sunt. Comparez d’autres passages cités par De Wette, Dogmatik et Hase, Hutterus Redivivus. — La divinité de l’Écriture était fondée en partie sur la fides divina (le témoignage du Saint-Esprit), et en partie sur la fides humana (αύθεντία et άξιο-πιστία) ; elle servit alors à son tour de source d’où dérivèrent les affectiones Sacra Scripturæ. Il s’agit de : I. Affect, prima-riæ : 1· divina auctoritas, 2. Veritas, 3. perfectio, 4. Perspicuitas (Semetip-8AM Interpretandi Facultas), 5. efficacia divina ; Π. secundaria : 1. nécessitas, 2. integritas et perennitas, 3. puritas et sinceritas fontium, 4. authentica dignitas. L’attention a également été attirée sur les simplicitas et majestas stili, etc. Comp. Gerhard, Loci 1. c^ Calov. Systema T. i., p. 528 88^ et les autres recueils de théologie systématique. (Voir HaseHutterus Redivivus, p. 99 88., De Wette, p. 39.) Comparez GassGescbicte d. Théologie, p. 235 8q. Heppe, Dogmatik des deutephen Protest, i. 240 SQ.

6 Luther n’était pas étranger à la pensée que la parole extérieure seule n’est pas suffisante, mais que le Saint-Esprit, agissant intérieurement dans le cœur des lecteurs (auditeurs), est nécessaire pour produire une juste compréhension des Écritures : voir ses Lettres dans l’édition de De Wettet. V, p. 85, n° 1784 ; et les passages cités par Heppe, , p. 285. La théologie orthodoxe ultérieure, elle aussi, était familière avec l’idée du témoignage du Saint-Esprit ; voir Klaiber, Die Lehre der altprotestant. Dogmatiker von dem Testimonium Spiritus Sancti, und ihre dogmatische Bedentung, dans le Jahrbficher fdr deutsche Théologie, 1857. Mais les mystiques de l’église protestante étaient les principaux adversaires de l’orthodoxie littérale. C’est ainsi que Jacob Bohme a dit : « Bien que la raison puisse crier : Donnez-moi seulement la lettre de l’Écriture, cependant la lettre extérieure ne donne pas une connaissance suffisante, bien qu’elle puisse nous guider dans nos recherches ; la lettre vivante aussi, qui est la parole indépendante et révélée, et la nature de Dieu, doit, par l’intermédiaire de la parole révélée, être ouverte et lue dans l’homme, qui est enseigné et instruit par le Saint-Esprit lui-même ; dans la préface de son ouvrage : Von der Geburt und Bezeichnu.ig aller Wesen, cité par Umbreit, dans son Jakob Bohm, p. 66. — Avant l’époque de BohmeSébastien Frank de Wôrd (qui vivait au seizième siècle) avait soutenu que « le diable lui-même peut être bien versé dans l’écriture, et même adhérer à sa lettre même, comme il le fait maintenant dans le cas de tant de sectes qui n’ont rien d’autre en leur faveur que de simples Écritures, « etc., cité par Umbreit, 1. 0, p. 60 ; Voir § 241. Weigel, Postille, t. II, p. 62, 63 ; III, p. 84, dit : « L’Écriture, en tant que telle, est une lettre morte, et une parole vide, qui retentit dans l’air ; » et dans un autre ouvrage, intitulé Gulden Griff, c. 19 : « Il ne suffit pas de dire : voici un tel écrivain, et il a le Saint-Esprit, il ne peut pas se tromper. Mon cher ami ! Tout d’abord, prouve la vérité de ce que tu dis ; tu trouveras difficile de le prouver et de le démontrer Qui est Céphas ? qui est Paul ? dit l’apôtre ; Qui est cet homme ou celui-là ? Ce sont tous des hommes. C’est Dieu, Dieu, Dieu seul, qui agit par la foi, et qui donne le jugement pour éprouver les esprits et discerner les écrits. WalchEinleitung in die Religionsstreitigkeiten, t. IV, p. 1044, 45. De la même manièreChristian Hoburg (cité par Hollaz, éd. Teller, p. 75) s’exprimait ainsi : « L’Écriture est une chose ancienne, froide et morte, qui fait des hommes de simples pharisiens. » — ArndWahfes Christenthum, p. 28, a utilisé un langage plus modéré, mais plus précis : « Dieu n’a pas révélé sa Sainte Parole pour qu’elle reste lettre morte, mais pour qu’elle devienne une force vivante en nous, et crée en nous une nature entièrement nouvelle et spirituelle, sinon elle ne sert à rien. Tout ce que l’Ecriture enseigne extérieurement doit être mis en œuvre dans l’homme par Christ, dans l’esprit et dans la foi*Ibid., p. 89 ; « Le Christ vivant est le livre que nous devons lire et dont nous devons tirer des leçons. » Sur la controverse Rothmann sur l’efficacité de la parole de la Bible, voir CottaPræf. in Gerhard, p. 24 ; WalchEinleitung in die Religionstreitigkeiten der Lutherischen Kirche, i., p. 524 sq ; Gassubi supra, p. 265.

7 Spener était d’accord avec les mystiques sur ce point, que la lettre morte ne sert à rien. Mais il s’opposait tout aussi nettement à la prééminence attribuée à l’Esprit sans l’Écriture. C’est ainsi qu’il disait, en opposition aux idées des Quakers : « Nos sentiments ne sont pas la norme de la vérité, mais la vérité divine est la norme de nos sentiments. Cette règle de vérité existe dans le Verbe divin en dehors de nous-mêmes ; » voir les passages cités par Hennicke, p. 6 et 7. — Parlant du droit des laïcs de lire et de sonder les Saintes Écritures, il s’exprimait ainsi (Geistliches Priesterthum, Francfort, 1677, p. 29) : « Puisque l’épître de notre Père céleste est adressée à tous ses enfants, aucun enfant de Dieu ne doit être exclu de sa lecture ; Tous ont non seulement ce droit, mais il leur est aussi ordonné de le lire. « Ils doivent aussi sonder les Écritures afin d’être rendus capables d’examiner la doctrine de leur ministre, afin que leur foi ne soit pas fondée sur l’autorité et le témoignage des hommes, mais sur la vérité divine. » Mais Spener s’efforça particulièrement de rendre la Bible pratique,  à la fois parmi le peuple (par une interprétation plus populaire de l’Écriture) et parmi les théologiens par sa Collegia Biblica. Voyez son Bia Desideria (Francf. 1712,) p. 94 ss.

♦ Spener pensait même qu’il était souhaitable (p. 38) que les laïcs étudient le grec et le breuvage, « afin d’être en mesure de comprendre les révélations du Saint-Esprit dans le sien. Propre réseau local· Néanmoins, « le manque de connaissance des langues étrangères n’exclut pas les chrétiens pieux d’une vraie connaissance de ce que Dieu a jugé nécessaire à l’édification de leurs âmes. »

8 Les universités de Louvain et de Douay condamnèrent (1588) la position des Jésuites, qu’il n’était pas nécessaire de supposer que toutes les paroles de l’Écriture sont inspirées par le Saint-Esprit. Une controverse au sujet de l’inspiration s’engagea (1622) entre les jansénistes et le jésuite Jean Adam. À son avis, les plumes sacrées ont parfois fait des déclarations exagérées ; dans l’ensemble, il n’est nullement nécessaire de prendre tout ce qui se trouve dans l’Écriture dans son sens le plus littéral. Les jansénistes montraient la tendance dangereuse de telles assertions. ReuchlinGeschichte von PortRoyal, t. I, p. 613. — En opposition à la doctrine protestante sur l’ÉcritureBellarmin soutenait (De Verbo Dei, iv, 4) : Apostolos non de scrïbendo, sed de prœdicando Evangelio primaria intentione cogitasse. Præterea, si doctrinam suam litteris consignare ex proffesso voluissent, certe catecbismum aut similem librum confecissent At ipsi vel historiam scrip-serunt, ut Evangelist®, vel epistolas ex occasione aliqua, ut Petrus, Paulus, Jacobus etc., et in iis nonnisi obiter [ ? ] disputationes de dogmatibus tractavcrunt. — Il a rejeté le témoignage de l’Écriture en faveur de l’inspiration, comme un témoignage pour sa propre cause ; non seulement la Bible, mais aussi le Coran, revendiquent l’inspiration ! Il a en outre soutenu qu’il n’y a pas de critère sûr pour la canonicité des livres séparés dans l’Écriture elle-même, etc. Les recherches critiques de Richard Simon n’étaient pas non plus conciliables avec l’idée d’inspiration verbale. Comparez son Traité de l’inspiration des Livres sacrés. Rotterd. Année 1687.

♦ Pour faire référence à CWvm (Institt, VII, 12), à qui les Saintes Écritures sont séparées des écrits profanes, comme la lumière des ténèbres, et le doux de l’aigreur, il a invoqué l’opinion de Luther, qui a appelé l’épître de Jacques une épître de paille.

9 Sur la différence entre les principes herméneutiques des protestants et ceux des catholiques romains, voir ci-dessus, § 240, notes 6 et 7. Pour plus de détails, voir ClausenHermcneutik, p. 277 ss.

10 Liber de potentiæ S. S. — Comp. Aphorismi contra Pontificios. Animadversiones in Bellarmini controversias. Son principe principal était « que les mots de l’Écriture doivent être partout supposés signifier autant qu’ils peuvent signifier » En opposition essentielle au principe des Arminiens et des Sociniens, selon lequel chaque passage doit être considéré séparément et dans ses limites historiques (de sorte que les passages ne doivent pas être invoqués dans le parai-lelisme, par l’analogie de la foi), Coccejus s’est efforcé de traiter les divers livres de la Bible comme des parties reliées entre elles d’un ensemble plus vaste, de sorte que l’un soit reflété par l’autre. Comp. ClausenHermeneutik, p. 282, ss. C’est un dicton bien connu : Grotium nusquam in sacris litteris (V. T.) invenire Christum, Coccejum ubique. — Quelques théologiens orthodoxes, comme Calov, se sont élevés avec toute l’ardeur contre l’émancipation de l’exégèse de la dogmatique ; voir Gass, p. 164sq. Hypéris, parmi les théologiens réformés, fit quelques concessions au mode d’interprétation allégorique ; voir Heppe, p. 253.

11 par exemple Turretine, Werenfels et d’autres. La phrase sceptique de Werenfels est bien connue :

Hie liber est, in quo sua quærit dogmata quisque, Invenit, et iterum dogmata quisque sua.

12 C’est ainsi que Becker (Die bezauberte Welt, préface, p. 11, 88), a représenté la réalité comme antérieure à l’Écriture, mais a soutenu qu’elles ne se contredisaient pas. « Pour dire la vérité, la raison doit précéder l’Écriture, parce que l’Écriture présuppose la raison ; Je veux parler de la saine raison, à laquelle l’Écriture doit prouver son origine divine. La raison existe avec l’Écriture, parlant de choses sur lesquelles celle-ci est silencieuse. L’Écriture existe avec la raison, parce qu’elle nous enseigne quelque chose de très différent, qui n’appartient pas à la raison. Et, enfin, l’Écriture est néanmoins au-dessus de la raison, non pas comme seigneur et maître (car chacun a son office respectif), mais parce qu’elle possède une plus grande dignité et de plus grands moyens. Mais il arrive parfois qu’ils se rencontrent en chemin, ou qu’ils se réunissent dans quelque maison, et qu’ils s’assistent ainsi mutuellement ; l’un et l’autre restent cependant libres, avec cette seule différence que la raison, reconnaissant son infériorité, rend toujours hommage à l’Écriture. '

Bien que les protestants fussent habitués à considérer à la fois l’Ancien et le Nouveau Testament comme constituant la norme de la foi, il était naturel que le principe matériel de la foi, tel qu’on le voit dans la doctrine évangélique de la justification par la foi, exerçât une réaction sur le formel et rendît nécessaire une sorte de subordination de l’Ancien Testament au Nouveau (de la loi au Testament). le cérémonial et la loi morale. La première avait une signification typique, et est déjà accomplie ; Ce dernier nous montre en partie la nature du péché (comme dans un miroir), et en partie est encore important en tant que règle de vie. Comp. Articles de Smalcald, art. 2, p. 319 ; Apol. p. 83 ; Avouer. Gaulois. L’article 23 ; Belg. 25 ; Helv. II, c. 12, 13. — A propos de la controverse antinomienne (§ 217, note 7), commencée par Jean Agricolad’Eisleben, voyez la Formule Concordiæ, art 5 et 6 (de tertio usu legis). — Mais on ne peut pas bien dire que la loi et l’Évangile soient identiques, l’un avec l’Ancien, l’autre avec le Nouveau Tes-lament ; car les prophéties de l’Ancien Testament participent de la nature de l’Évangile, tandis que le Nouveau Testament contient des préceptes moraux. Voir la préface de Luther à sa traduction du Nouveau Testament, 1522. Sur l’ensemble de cette section, voir SchenkelL, 165 sq.

 

§ 244.

RELATION DE L’ÉCRITURE À LA TRADITION.

Comparez le travaux de Schmid et Gass, sur Calixt, mentionnés au § 237. [Heinrich Julius Holtzmann, Canon et tradition, une contribution à la Histoire récente du dogme et du symbolisme, Ludwigsburg, 1859. Jacobi, Lehre von der Tradition, i. , Berl. 1847.]

Avec toute son adhésion à l’autorité de l’Écriture, Le protestantisme ne pouvait pas se soustraire absolument à la puissance de la tradition. Car même l’autorité de l’Écriture reposait sur la croyance de l’Église. Tout le développement historique ne pouvait être ignoré ; et les réformateurs n’hésitaient pas, en ce qui concerne les usages ecclésiastiques en particulier, à concéder à la tradition une certaine autorité normale, quoique seulement humaine.2 Mais même en ce qui concerne les doctrines fondamentales du christianisme, le protestantisme déclarait son accord avec les plus anciens credo de l’Église, parce qu’il croyait que la pure doctrine de l’Écriture y était contenue ; mais sans penser qu’il soit nécessaire, ni même souhaitable, de donner à ces symboles une autorité spéciale en tant que coordination avec les Écritures.3 En conséquence, lorsque George Calixt au XVIIe siècle, a défendu la position selon laquelle le consensus de l’ancienne Église devrait être considéré comme une autorité à côté des Écritures,4 il a suscité une vive opposition.5 Mais avec toute son opposition théorique à toute autre autorité que celle de l’Écriture, le protestantisme en vint bientôt à dépendre de sa propre tradition ; car les paroles de Luther et les déclarations des confessions de foi devinrent (comme il n’était pas prévu qu’elles le soient) une norme et une contrainte dans le développement exégétique et doctrinal ultérieur.6

1 Comp. Vigneron ; Comparai Présentation, p. 33. MarheineieSymbolisme, ii 191, sq. SchenkelEssence de la protestation., i. 40, sq.

2 Comme dans le cas du baptême des enfants, et de plusieurs autres observances, comme la célébration du dimanche et les fêtes de l’église. En conséquence, le XXXIX. Les articles de l’Église d’Angleterre déclarent (à l’article XXXIV) : « Il n’est pas nécessaire que les traditions et les cérémonies soient en tous lieux une seule et même chose ; car ils ont toujours été divers, et peuvent être changés selon la diversité des pays, des temps et des mœurs des hommes, de sorte que rien n’est ordonné contre la parole de Dieu. Quiconque, par son jugement privé, volontairement et délibérément, enfreint ouvertement les traditions et les cérémonies de l’Église, qui ne répugnent pas à la Parole de Dieu, et qui sont ordonnées et approuvées par l’autorité commune, doit être réprimandé ouvertement (afin que les autres craignent de faire de même), comme celui qui offense l’ordre commun de l’Église. et blesse l’autorité du magistrat, et blesse la conscience des frères faibles. — Toute Église particulière ou nationale a le pouvoir d’ordonner, de changer et d’abolir les cérémonies ou les rites de l’Église, ordonnés seulement par l’autorité de l’homme, afin que toutes choses soient faites pour l’édification. Dans le même sens, Luther dans ses Lettres (édition de De Wette , III. 294) ; Nullas ceremonies damno, nisi quæ pugnent cum evan-gelio ; Cetcras omnes in ecclesia nostra servo intégras...... Nullos magis odi quam eos, qui ceremonias libéras et innoxias exturbant, et necessitate !! ex libertate faciunt.

3 C’est ainsi que les trois symboles œcuméniques, le Symbole des Apôtres, le Symbole de Nicée et le Symbole d’Athanase, ont été adoptés par les protestants et introduits par les luthériens dans leur Livre de la Concorde. Mélancthon appelle ces credo (dans son Enarr. Symb.) — Breves repetitiones doctrinæ, in scriptis propheticis et apostolicis traditœ. La deuxième confession helvétique fait référence à la confession de foi de l’évêque romain Damase (à Jérôme) ; qui est imprimé dans les anciennes éditions de la Confession helvétique, et dans l’éd. de Fritzsche, p. 9, 10.

4 Calixte se défend contre l’accusation de ne pas considérer l’Écriture comme suffisante, de soutenir qu’elle n’est pas unum, primum et summum principium. Il ne trouve dans la tradition que le témoignage de l’Église à la doctrine des Écritures. Cependant il parle encore de deux principes ; par exempledans son De Arte Nova, p. 49 : Duo vero sunt principia, quæ tamquam certissima et extra omnem dubitationis aleam posita utrimque admittimus, quæ etiam sufficere credimus—divinœ legis auctoritas, turn deinde ecclesiæ catholicos traditio. Par tradition, il entend le consensus primævæ vel priscæ an-tiquitatis ; voir sa lettre au landgrave Ernest, p. 22 : Nos principium primum ponimus : quidquid Sacra Scriptura docet, est verum ; proximum ad hoc : quidquid primorum quinque seculorum ecclesia unanimiter pro-fessus est, est verum. Pag. 23 : Quæ autem nisce symbolis, confessionibus et declarationibus comprehenduntur, e sacra Scriptura hausta sunt Voir d’autres passages de Schmid, Dogmatik d. luth. Kirche, p. 124. Gass, p. 46 sq[Voir aussi GieselerChurch Hist, New York ed. iv., § 62.]

5 Calov fut son principal adversaire, dans son ouvrage Syncretismus Calixtinus, et dans d’autres écrits ; voir Schmid, p. 240sq., Gass, p. 87. [SchweizerCentral Dogmen. ii. 632, $g׳.] Le cinquième point du Consensus Repetitus Fidei Veræ Luth, (dans l’éd. de Henke, p. 6), était dirigé contre lui : Rejicimus eos, qui docent, testimonium ecclesiæ necessarium esse ad cognoscendum Dei verbum, ita nit sine illo per alia κριτήρια cognosci nequeat ; auctoritatem sacr. litterarum aliunde non constate, nisi e testificatione ecclesiæ etc. Comp· Ponctuation. 6 à 8.

6 Il est bien connu que Luther a fortement protesté contre toute importance accordée à son nom et à tout appel à son autorité. Il était également opposé à l’esprit de la confession de foi de l’imposer comme un joug à la conscience. La Première Confession de Bâle met solennellement en garde contre cela, à la conclusion : « Enfin, nous soumettons cette confession au jugement des divines écritures de l’Écriture, suppliant que si nous sommes mieux instruits par l’Écriture Sainte, nous puissions en tout temps obéir à Dieu et à sa parole avec une grande reconnaissance. Comp. Conf. Helv. IL et Confesser. Scotica, à la fin de la préface. La formule luthérienne Concordias dit aussi distinctement, p. 372 : Cæterum autem Symbola et alia scripta...... non obtinent auctoritatem judicis ; hæc enim dignitas solis sacris litteris debetur ; sed duntaxat pro religione nostra testimonium dicunt earoque explicant, ac ostendunt, quomodo singulis temporibus sacrœ litterœ in articulis controverses in ecclesia Dei a doctoribns, qui turn vixerunt, intellect« et explicates fuerint, et quibus ra-tionibus dogmata cum sacra Scriptura pugnantia rejecta et condemnata sint. — D’autre part, la formule de consensus, art. 26, met l’Écriture Sainte (la Parole de Dieu) en rapport avec les Confessions, qu’elles semblent mettre sur une seule et même ligne. Voir aussi les Conclusions des Canons de Dort [Mais ces Conclusions disent simplement : « Cette doctrine, le synode juge qu’elle est tirée de la Parole de Dieu, et qu’elle est conforme aux Confessions des Églises réformées, et qu’elle avertit les gens de : « Abstenez-vous de toutes les phrases qui dépassent les limites qu’il est nécessaire d’observer pour déterminer le sens authentique des Saintes Écritures. » Sur l’histoire de la question, voir J, C, G, JohannsenDie Au&nge des Symbol-xwanges unter den Protestanten, Lpz^ 1847·

 

DEUXIÈME DIVISION.

ANTHROPOLOGIE, JUSTIFICATION ET ÉCONOMIE DE LA RÉDEMPTION.

(PRINCIPE MATÉRIEL.)

A. ANTHROPOLOGIE.

§ 245.

L’HOMME AVANT LA CHUTE.

[L’évêque George Bull, À propos de la première alliance et de l’état de l’homme avant le fait des œuvres, p. 32-237.]

Pendant cette période, l’opinion a généralement prévalu, parmi les chrétiens de toutes les confessions, que l’état de nos premiers parents était plus excellent, tant au point de vue du corps que de l’âme avant la chute, qu’après celle-ci.1 Mais alors que les théologiens de l’Église catholique romaine étaient d’accord avec la majorité des scolastiques pour considérer la justice originelle de l’homme comme un donum superadditum,2 les protestants (luthériens aussi bien que calvinistes) soutenaient que Dieu créa l’homme en possession de la justice et de la sainteté parfaites,3 qualités qui, avec l’immortalité, appartenaient à sa nature originelle. Les arminiens4 et les sociniens5 avaient des opinions moins élevées sur l’état originel de l’homme. Celui-ci affirmait que l’image de Dieu, d’après laquelle l’homme a été créé, ne se rapportait qu’à sa domination sur les animaux, ou à la création irrationnelle en général, et niait que l’immortalité appartînt aux dons originels de la nature humaine.6

1 Conc. Trid. mers. 5 : Si quia non confitetur, primum hominem.... sanetitatem et justitiam, in qua constitutus fuerat, amisisse incurrisseque mortem, quam antea illi comminatus fuerat Deus, anathema sit (Ceci était en accord avec les définitions des symboles protestants, voir note 3.) Comp· l’Avouer. Orthod. de l’Église grecque, p. 100. 50, cité par Winer, p. 51.

2 Cat. Rom. i. 2, 19 :.... Originalis justitice admirdbile donum addiditac deinde cæteris animantibus præesse voluit Ceci est développé plus en détail par BellarminTom. iv., De Gratia primi horn., c. 2 Propos. 4 : Integritas ilia, cum qua primus homo conditus fuit et sine qua post ejus lapsum hominis omnes nascunter, non fuit nataralis ejus conditio, sed supernaturalis evectio. Comp. c. 5 : .... Quare non magis differt status hominis post lapsum Adœ a statu ejusdem in puris naturalibus, quam differt spoliatus a nudo. Dans le chapitre suivant, la justitia originalis est comparée aux cheveux de Samson, à un vêtement et à un ornement de fête, etc. c. 6 : Virtutes non erant însitæ et hnpressæ ipsi nature, ut sunt dona naturalia, sed extrinsecus assute et superadditœ, ut sunt dona supernaturalia. c. 7 : La dot du Paradis était splendide, tandis que celle de la nature, dans son état actuel, est comme la dot d’une marâtre (appel à Augustin). Comp. MarheinekeSymbolik, Vol. III, vers le commencement ; JfoAZer, Symbolik, § 1 ; . Baur, Katholicismus und Protestantismus, p. 60-88.

Autres comparaisons, a. gqu’avec la couronne d’une vierge, une bride d’or, eta, sont cités par MarheinekeSymbolik, iii. p. 12.

3 Luther lui-même en a donné l’opinion (dans Gen. c. 3 — Opp. ed. Jen. T. i., p. 83, cité par Mohler, p. 35.) ; Justitiam non fuisse quoddam donum, quod ab extra accederet, separatum a natura hominis sed fuisse vere natura-lem, ut natura Ad » esset diligere Deum, credere Deo, cognoscere Deum, etc. Sur les descriptions poétiques et fantaisistes de l’état paradisiaque de Luther, voir Schenkelii. 14, 8q. (L’homme est fait pour le ciel ; c’est ce qui le distingue des « vaches et des porcs ». L’œil du premier homme surpassait en finesse le lynx et l’aigle ; son bras était plus fort que celui du lion et de l’ours ; Il allait parmi les animaux les plus forts comme s’ils étaient des chiens.) — Zwingle est beaucoup plus sobre, répugnant à tout ce qui est fantastique, peut-être même trop spiritualisant dans ses vues sur l’état primitif ; comme dans son ouvrage, Von der Klarheit des Wortes Gottes (Œuvres allemandes, L 56) : « Si nous avons été faits à la ressemblance de Dieu dans nos corps, Dieu doit aussi avoir un corps composé de membres, d’après lequel les nôtres ont été façonnés ; d’où il s’ensuivrait que Dieu est un composé, et que les parties pourraient être séparées, ce qui est contraire à l’immutabilité de la nature divine. D’où il suit que nous sommes façonnés à l’image de Dieu dans nos esprits ou nos âmes. Mais nous ne savons pas ce qu’est cette image, si ce n’est que l’âme est la substance sur laquelle l’image de Dieu est spécialement imprimée. Et comme nous n’avons jamais vu Dieu en lui-même, sous sa propre forme, nous ne pouvons pas savoir en quoi les souk lui ressemblent en substance et en nature ; car l’âme ne connaît même pas sa propre substance et sa propre nature. Et tout finit par arriver à ceci, que les opérations ou puissances de l’âme, c’est-à-dire la volonté, l’entendement et la mémoire, ne sont rien d’autre que des signes de l’image essentielle, que nous verrons réellement, quand nous verrons Dieu tel qu’il est en lui-même, et nous-mêmes en lui (1 Cor. xiii. 12). Or, nous voyons en nous-mêmes que l’image de Dieu est beaucoup plus apparentée à certaines choses qu’aux trois puissances, la volonté, l’entendement et la mémoire.♦♦ ...... Je veux dire, qu’il y a d’autres parties de nous dans lesquelles nous pouvons discerner l’image de Dieu... comme la vision de Lui et de sa Parole ; ce sont des choses qui montrent que l’amitié, la ressemblance et la conformité à Dieu peuvent être en ns... · Car l’inquiétude que l’homme peut lever les yeux vers Dieu et sa Parole montre clairement, que dans sa nature il est né un peu semblable à Dieu, qu’il peut le suivre, qu’il peut être attiré à lui, de quoi il s’ensuit sans aucun doute, qu’il est créé à l’image de Dieu. en représentant le premier comme le faire-valoir du second : Institutes, I. 15, § 3 : Quamvis imago Dei in homme externo refulgent, proprium tamen i in agin is semen in anima esse, dubium non est (c’est contre Osiandre, qui cherchait l’image de Dieu dans le corps). § 4. Il parle de l’image de Dieu, comme—integra human » natur » præstantia, quæ refulsit in Adam ante defectionem... . nunc aliqua ex parte conspicitur in electis, quatenus spiritu regeniti sunt ; plenum vero fulgorem obtinebit in cœlo. (Il est d’accord avec Zwingle pour s’opposer à la vision d’Augustin sur l’image de la Trinité). § 8 :.... His præclaris dotibus excelluit prima hominis conditio, ut ratio, intelligentia, prudentia, judicium non modo ad terrenæ vit » gubernationem suppeterent, sed quibus transcenderont usque ad Deum et æternam felicitatem... . In hac integritate libero arbitrio pollebat homo, quo, si vellet, adipisci posset æter-nam vitam. Comp. Schenkel, ii. p. 11éq— Parmi les symboles luthériens, la Confession d’Augsbourg passe par l’état primitif de l’homme ; mais la doctrine est contenue dans l’Apol. Conf. Aug. p. 53, 88. : Justitia originalis habitura erat non solum æquale temperamentum qualitatum corporis, sed etiam hæc dona, notitiam Dei certiorem, timorem Dei, fiduciam Dei aut certe rectitu-dinem et vim ista efficiendi. Idque testatur Scripture, cum inquit, hominem ad imaginem et similitudinem Dei conditum esse (Gènes, i. 27). Quod quid est aliud, nisi in homine hanc sapientiam et justitiam effigiatam esse, quæ Deum apprehenderet et in qua reluceret Deus, h. e. homini dona esse data notitiam Dei, timorem Dei, fiduciam erga Deum et similia I Comp. p. 52 : Propriis viribus posse diligere Deum super omnia, facere præcepta Dei, quid aliud est quem habere justitiam originis ? Comp. Forme. Concorde, p. 640.— Confessez. Basilic. L Art 2 : u En ce qui concerne l’homme, nous confessons qu’il a d’abord été créé par Dieu à l’image de la sainteté et de la justice de Dieu. (Gen. i. Eph. iv. 24. Genèse iii.) Conf Helv. Π. 8 : Fuit homo ab initio a Deo con-ditus ad imaginem Dei, in justitia et sanctitate veritatis, bonus et rectus. Comp. Conf. Belg. Art. 14. Scotica 2. Gaulois. 9. N° de cat. Heidelb. 6. Chanoine Dordrac. 3, 1 (où sont peut-être les affirmations les plus fortes), et la forme. Concorde. 7. — Comparez les définitions des théologiens luthériens et réformés postérieurs citées par De WetteDogmatik, p. 91 ; par exemple, Calov, iv. 392... . Eminebat cognitio primæva præ moderns quorumvis, sive Theologorum sive Philosophorum aliorumve sapientum, peritia et sapientia. Polanusp. 2122 : Homo integer recte cognoscebat Deum et opera Dei atque se ipsum, et sapienter intelligebat omnia simplicia, singularia et universalis eaque recte componebat aut dividebat et ex compositis absque errore ratiocinabatur.— Les théologiens qui ont adopté la théorie des alliances, ont supposé que le statut operum avait eu place dans cet état originel de l’homme. Comp. De WetteDogmatik, p. 91. — Zwingle a aussi inclus la possibilité de pécher parmi les dons de la nature morale de l’homme dans son état primitif. De Provid. Dei (Opera, iv. p. 139) : Quanto magis omnium operum rarissimum homo non est miser, quantum ad genus attinet : hie enim quum intellects præditus sit, supra omnia sensibilia dignitate evehitur. Ea enim, prater hominem, universa intellect( ! carent, qui ex primis dotibus numinis præcipuus est. Ipsum igitur dum cum numine communem, quantum vis mutuo, habet ; jam tantum est nobilior homo reliquis sensibilibus, quanto lux tenebris, volu-cres reptilibus, et anima corpore. Non est ergo vel imprudent ! » vel indigna-tionis Dei opus homo sic factus, ut labi posait, quemadmodum et de aiigelo scntiendum est : quum enim soli cum numine intellectum habent, dotem divinissimam, et nihil tarn infirmum ac humile est, quod non sit in suo genere et optimum et utilissimum : jam et homo erit in sua classe absolutissime divina providentia factus. Quæ ergo imprudentes misseries dam us, felicitatis sunt. Labi potuisse a numine est inditum ; fuit ergo insignis alicujus boni causa. Il en va de même pour Calvin, ubi supra. Bucanus, iii. (dans Schweizeri. 188) : Adamum. fiexibilem fecit, non talem, qui non posset nec vellet unquam pec-care. Immutabilem esse solius Dei est. Keckermannp. 141 et autres, cités par Schweizer, ubi précité. Comp. Heppe884, sq ., 354, sq.

♦♦ Se référant à Augustin, qui y trouve une image de la Trinité.

4 Les symboles arminiens (Confess. Remontrant 5. 5. et Apol. Confess, p. 60, cité par Winerp. 52), sont d’accord avec Calvin pour insister sur la liberté originelle de la volonté, mais rejettent pour cette raison même la notion d’un état primitif de sainteté parfaite, parce que s’il y en avait eu, l’homme n’aurait pas pu pécher. Ainsi Limborch, Theolog. Le Christ ii. 24,5, montre que cet état d’innocence de nos premiers parents, auquel on attache tant d’importance, a dû être uni à l’ignorance (nesciebant nnditatem esse indecoram) ; autrement ils auraient su que les serpents ne peuvent pas parler, et auraient été amenés à soupçonner quelque chose de mal ! Limborch admettait que l’homme ne serait pas mort s’il n’avait pas péché, mais il s’opposait à la conclusion que les théologiens orthodoxes en tiraient, à savoir que l’immortalité appartenait à l’origine à la nature de l’homme ; il pensait que Dieu l’aurait protégé contre la mort.

Sur la question de savoir jusqu’à quel point les autres protestants ont enseigné cet hommeposse non mori, voir Wiser, p. 52.

5 Cat Racov. p. 18 (cité par Winer, p. 52). Socinus, Præl. c. 3 : Si justitiæ originalis nomine earn conditionem intelligunt, ut non posset peccare, earn certe non habuit Adamus, cum eum peccasse constet ; neque enim peccasset, nisi prius peccare potnisset...... Concludamus igitur, Adamum etiam antequam mandatum illud Dei transgredereturrevera justum non fuisse, cum nec impeccabilis esset nec ullam peccandi occasionem habuisset, vel certe justum eum fiiisse affirmari non posse, cum nullo modo constet, eum ulla ratione a peccatis abstinuisse. Comparez aussi Cat Racov. Qu. 22 (la dernière révision, telle que citée par Winer, 1. c.) FockSocinianismus, p. 472, sq.

6 Catéchisme romain. Qu. 40......ut homo nihil habet commune cum immortalitate. Qu. 41 : Cur nihil habet commune homo cum immortalitate ? Idcirco quod ab initio de humo formatas proptereaque mortalis creatua fuerit SocinusDe Statu primi Hominis ante Lapsum (en opposition à François Pucci de Florence), 1578, dans la Bibl. Fratr. Polon. ii. p. 253, 88., p. 258 : Nego, hominem a Deo immortalem fuisse creatum. — Mais il n’a pas voulu dire : eum ab ipso creationis initio morti penitus fiiisse obnoxium, adeo ut omnino ei moriendum esset, sed tantammodo sua nature morti fuisse subjectum, et nonnisi divina gratia, qua in ipsa creations donatus non fuerat, a morte immunem perpetuo esse potuisse. À l’appui de son opinion, il s’est appuyé sur 1 Cor. xv. 22, et 2 Tim. i. 10. En considérant ainsi le Christ comme le véritable auteur de la vie, il prônait les principes du surnaturalisme. Sur des opinions analogues entretenues par des théologiens antérieurs, voir Vol. I. § 58, pp. 158-9, et FockSocinianismus, p. 4838qCelui-ci dit (p. 490) : « L’idée que l’homme est devenu mortel à un moment donné, étant d’abord immortel, était tellement opposée à toutes les vues saines de la nature, qu’un système qui déclarait que la raison en était le guide, ne pouvait pas s’en satisfaire. D’un autre côté, cependant, nous ne devons pas négliger le fait que la doctrine orthodoxe de l’immortalité de l’homme dans son état primitif a un noyau spéculatif essentiel, à savoir que l’immortalité appartient à l’idée même de la nature humaine.

En ce qui concerne les opinions des mennonites, des quakers et des théologiens de l’Église grecque, qui sont de moindre importance, voir Winer, L c.

Dans quelle mesure Cdlixte reconnut la justitia originalis comme un donum surnaturel, et à ce titre fut-il accusé de papitrie par ses adversaires, voir dans le Consensus Repet., Pune-turn 17 (Henke’s edition, p. 17). Si) ; et Schmidu. &, 363.

 

§ 246.

LA CHUTE ET SES CONSÉQUENCES. (Péché originel.)

(Définitions des symboles.)

C’est en relation avec ces opinions sur l’état originel de l’homme que s’est développée la doctrine protestante de la chute, telle qu’elle est exposée dans la plupart des ouvrages des réformateurs,1 ainsi que dans les livres symboliques des Églises.2 Cette doctrine représentait la chute de l’homme comme un fait par lequel sa nature la plus profonde a été corrompue, sa justice originelle changée en dépravation absolue, et dont les conséquences ont tellement affecté ses descendants, qu’ils les exposent, dans leur condition naturelle, à la condamnation et les rendent incapables de faire quoi que ce soit de vraiment bon. Les vues des catholiques romains étaient moins rigides : à leur avis, la chute de l’homme n’a causé que la la perte des dons de la grâce divine, dont les conséquences naturelles sont ses imperfections et ses infirmités.3 Les arminiens avaient des vues encore plus modérées,4 tandis que les sociniens se rapprochaient plus qu’aucune autre secte du pélagianisme.5 D’après quelques théologiens antérieurs, ils déclaraient que la mort corporelle était la principale conséquence du premier péché, et qu’ils tiraient l’existence de l’infirmité morale simplement de l’habitude de pécher, mais non du péché d’Adam.

1 La vision strictement augustinienne de Luther était en rapport intime avec tout son ton d’esprit, ainsi qu’avec l’expérience de sa vie. Elle fut confirmée par les luttes qu’il soutint contre la doctrine pélagienne superficielle de ses adversaires, au sujet de la méritance des œuvres. Il développa ses principes surtout dans sa controverse avec Érasme, dont il combattit les vues exposées dans son traité De libero Arbitrio (1524) dans son ouvrage De servo Arbitrio (1525), contre lequel Érasme composa les Hyperaspistes (1526). Dans d’autres passagesLuther utilise aussi un langage très fort sur le péché originel, qu’il appelle, entre autres choses, le levain du diable, avec lequel notre nature est empoisonnée ; voir Walch., ii. 2146 sq., vi. 396, xi. 2605 ; et Schenkel, ii. 16 sq. Heppe, 388. Le péché originel est le péché réel et principal ; s’il ne l’était pas, il n’y avait pas de péchés réels. Ce péché 18 n’a pas été commis comme les autres péchés ; mais il est, il vit, et il commet tous les autres péchés, et c’est le péché essentiel ; celui qui ne pèche pas seulement une heure ou un moment donné, mais où et aussi longtemps que la personne vit, là aussi est le péché. Werke, xi. 396. Voir aussi Lehre von der Gnade de Luther, dans la Theologi-sche Zeitschrift, I860.] Mélancthondans la première édition de ses Loci, adopta la doctrine de la corruption totale de l’humanité, et de l’absence de libre arbitre (Edit. August !, p. 18 88), p. 19 : Jam posteaquam deliquit Adam, aversatus* est Deus hominem, ut non adsit ei gubernator Dei çpiritus. Ita fit, ut anima, luce vitaque cœlesti carens, excœcetur et sese ardentissime amet, sua quærat, non cupiat, non velit, nisi carnalia, etc. Ibid. : Sicut in igni est genuina vis, qua sursum fertur, sicut in magnete est genuina vis, qua ad se ferrum trahit, ita est in homine nativa vis ad peccandum.  les vertus des païens ne sont que virtutum umbrae. Ainsi Socrate, Caton et d’autres, n’étaient vertueux que par ambition. Pag. 23 : Ut rem omnem velut in compendium cogam, omnes homines per vires na-turæ vere semperque peccatores sunt et peccant Comp. Guile’s Melancthon, p. 237, ss. [Mélancthon sur la nature du péché, dans Theological Essays from the Princeton Review, New York, 1846, pp, 218-228.] Sur les modifications qui se produisent dans les éditions ultérieures de son ouvrage, voir Galle, p. 266, 88., et Heppe, 386. — Les vues de Zwingle étaient plus modérées que celles de tous les autres réformateurs au sujet du péché originel ; il considérait que c’était un péché réel seulement dans un certain sens. Ainsi dans sa Fidei Ratio, adressée à Charles-Quint (Opéra, iv. p. 6) : De original ! peccato sic sentio : Peccatum vere dicitur, cum contra legem itum est ; ubi enim non lex est, ibi non est prævaricatio, et ubi non est prævaricatio, ibi non est peccatum proprie capturn, quatenus scilicet peccatum, scelus, crimen, facinus aut reatus est. Patrem igitur nostrum peccavisse fateor peccatum, quod vere peccatum est, scelus scilicet, crimen ac nefas. At qui ex isto prognati sunt, non hoc modo peccarunt ; Quis enim nostrum in paradiso pomum vetitum depopulates est dentibus ? Velimus igitur nolimus, admittere cogimur, peccatum originale, ut est in filiis Adm, non proprium peccatum esse, quomodo jam expositum est ; non enim est facinus contra legem. Morbus igitur est proprie et con-ditto : morbus, quia, sicut ille ex amore sui lapsus est, ita et nos labimur ; conditio, quia, sicut ille servus est factus et mort ! obnoxius, sic et nos servi et filii iræ nascimur et morti obnoxii. (Illustration d’un serviteur, qui est fait prisonnier de guerre avec son maître, mais sans culpabilité de sa part.)Comp. ZwingleDe Peccato original !, ad Urbanum Rhegium, Opera, iii. p. 627, sq. Pag. 628 : Quid enim brevius aut clarius dici potuit quam origi-nale peccatum non esse peccatum, sed morbum, et Christianorum liberos propter morbum istum non addict ! æterno supplicio ? Contra vero, quid imbecillius dici potuit et a canonica scriptura alienius, quam... . non tantum esse morbum, sed etiam reatum ? Pag. 629 : Morti autem vocabulo hie.. Utimur. .quatenus cum vitio conjunctus est, eoque perpetuo, ut gent ! Alicui translatitium est balbutire, cœcutire, podagra laborare. Quod malum na-turale defectum solemus germanice ein natürlichen Bresten appellare, quo nemo vel pejor vel sceleratior existimatur : non enim possunt in crimen aut culpam rapi, quæ natura adsunt Si ergo diximus originalem contagionem morbum esse, non peccatum, quod peccatum cum culpa conjunctum est ; culpa vero ex commisse vel admisse ejus nascitur, qui facinus désignant. (Exemple d’une personne née en esclavage.) Comparez son ouvrage, Vom Kindertouf (Pædobaptism), Werke, ii. 1, p. 287, sq. : « Le péché originel n’est rien d’autre qu’un défaut naturel dérivé d’Adam... un tel défaut (Bresten) que l’on a par naissance, ou que l’on acquiert par accident. » « La différence, dit Schweizeri. 46, entre le point de vue de Zwingle et le vulgaire n’est pas un fait d’une grande importance » ( ?). L’une des principales différences, c’est que Zwingle ne considère pas le péché originel comme imputé à l’homme ; que le péché originelen tant que tel, n’est pas condamné. Comparez les passages ultérieurs et la défense de Zwingle par les théologiens réformés (e. g. Pictet),dans Schweizerubi supra, et dans Schenkelii. 29, sq. Quant à savoir dans quelle mesure Zwingle a mis l’essence du péché dans la constitution corporelle (la chair), voir ibid. 34. Quoi qu’il en soit, avec tous les réformateurs, il s’en tenait au péché absolu et à la condamnation de l’homme aux yeux de Dieu ; voir son traité sur la justice divine et humaine (Werke, i. 435) : « Nous sommes tous criminels devant Dieu... et comme nos crimes sont connus de Dieu seul, ainsi Lui seul les juge... 1 Appelez justice humaine, une pauvre droiture défectueuse, parce qu’un homme peut bien être juste et estimé devant les hommes, s’il n’est pas juste aux yeux de Dieu, car aucun homme n’est juste devant Dieu. Il n’est pas possible à un homme d’être intérieurement pieux, pur et pur, selon la justice divine. Il n’est donc pas pélagien ! Calvin est ici intermédiaire entre Luther et Zwingle. Inst II. 1, § 6 (éd. Gen. 1550, f.) : Non aliter interpreter ! licet quod dicitur, nos in Adam mortuos esse, quam quod ipse peccando non sibi tantum cladem ac ruinam ascivit, sed naturam quoque nostram in simile præcipitavit exitium. Neque id suo unius vitio, quod nihil ad nos pertineat, sed quoniam universum suum semen ea, in quam lapsus erat vitiositate, infecit... . Sic ergo se corrupit Adam, ut ab eo tran-sierit in totam sobolem contagio, etc. § 8 : Videtur ergo peccatum originale hereditaria naturæ nostræ pravitas et corruptio in omnes animæ partes dif-fusa.... Quare qui peccatum originale definierunt carentiam justitiæ origi-nalis, quam inesse nobis oportebat, quamquam id totum complectuntur, quod in re est, non tamen satis signifier vim atque energiam ipsius expresse-runt. Non enim natura nostra boni tantum inops et vacua est, sed malorum omnium adeo fertilis et ferax, ut otiosa esse non possit. Qui dixerunt, esse concupiscentiam, non nimis alieno verbo usi sunt, si modo adderetur (quod minimi conceditur a plerisque), quidquid in homine est, ab intellect !! ad voluntatem, ab anima ad carnem usque, hac concupiscentia inquinatum refertumque esse, aut, ut brevius absolvatur, totum hominem non aliud ex se ipso esse quam concupiscentiam. ׳Cela sonne comme du flacianisme ; mais voir aussi § 11 : A natura fluxisse (peccatum) n egam us, ut significemus adventitiam magie esse qualitatem, quæ homini accideritquam substantialem proprietatem, quam ab initio induerit Vocamus tamen naturalem, ne quis ab unoquoque prava consuetudine comparai· ! putet, quam hæreditario jure universos comprehensos teneat §9 : Neque enim appetitus tantum eum (Adamum) ill exit, sed arcem ipsam mentis occupies vit nefanda impietas et ad cor intimum pénétra vit superbia, ut frigidum sit ac stultum, corruptelam, quæ inde manavit, ad sen-suales tantum, ut vocant, motus restringere. Comp. Schenkelii. 37sq.,

♦ Dans cette vue, Luther va même au-delà d’Augustin ; voir Schenkel, p. 17.

2 En ce qui concerne les livres symboliques de l’Église luthérienne, voir Confessio August. Art. 2 : Docent, quod post lapsum Adæ omnes homines, secundum naturam propagati, nascantur cum peccato, h. e. sine metu Dei, sine fiducia erga Deum et cum concupiscent !a, quodque hie morbus seu vitium originis vere sit peccatum, damnans et afferens nunc quoque æ tern am mortem his, qui non renascuntur per baptismum et Spir. S. Damnant Pelagianos et alios, qui vitium originis negant esse peccatum, et, ut extensif gloriam merit ! et beneficiorum Christi, disputant hominem propriis viribus rationis coram Deo justificari posse. Comp. Apol. 1er, 5, art. Smalcald. p. 317 : Peccatum hœreditarium tam profunda et tetra est corruptio naturæ, ut nullius hominis ratione intelligî possit, sed ex Scripturæ patefactione agnoscenda et credenda sit. Cône de formule. p. 674 : Credimus peccatum originis non esse levem, sed tam profundam humanæ naturæ corruptionem, quæ nihil sanum, nihil incorruptum in corpore et anima hominis, atque adeo in interioribus et exterioribus viribus ejus, reliquit. — D’après p. 640, il ne reste à l’homme que l’impotentia et ineptitudo, άάυναμία et stupidités, qua homo ad omnia divina seu spiritualia sit prorsus ineptus... . In aliis enim externis hujus mundi rebus, quæ ration ! subjectæ sunt, relictum est homini adhuc aliquid intellectus, virium et facultatum, etsi hæ etiam miseræ reliquiæ valde sunt debiles, et quidem hæc ipsa quantulacunque per morbum ilium hæredi-tarium veneno infecta sunt atque contaminate, ut coram Deo nullius moment ! sint. Concernant les livres symboliques de l’Église réformée, comp. Confess. Basilic. I. Article 2 : L’homme a volontairement commis le péché, et par sa chute il a apporté la corruption sur tout le genre humain, l’a exposé à la condamnation, a affaibli notre nature, et a introduit une telle tendance au péché, que si le Saint-Esprit ne la rétablit pas, l’homme par lui-même ne veut ni ne peut faire le bien. Conf. Helv. II. 8 : Peccatum autem intelligimus esse nativam illam hominis corruptionem ex primis nostris parentibus in nos omnes derivatam vel propa-gatam, qua concupiscentiis pravis immersi et a bono aversi, ad omne vero malum propensi, pleni omni nequitia, diffidentia, contemtu et odio Dei, nihil boni ex nobis ipsis facere, imo ne cogitare quidem possumus. Chapitre 9 :.... Non sublatus est quidem homini intellectus, non erepta ei voluntas et prorsus in lapidera vel truncum est commutatus. Ceterum ilia ita sunt immutata et imminuta in homine, ut non possint amplius, quod potuerunt ante lapsum. lutellectus enim obscuretus est, voluntas vero ex libera facta est voluntas servaNam servit peccato, non nolens sed volens. Etenim voluntas, non noluntas dicitur. Ergo quoad malum sive peccatam homo non coactus vel a JDco, vel a Diabolo, sed sua sponte malum facit et hoc parte liberrimi est irbitrii... Quantum vero ad bonum et ad virtutes, intellects bominis non recte judicat de divinis ex semet ipso. Catéchisme de Heidelberg, Qu. Ί : Par la chute et la désobéissance de nos premiers parents notre nature a été tellement corrompu que nous sommes tous conçus et nés dans les péchés. Quête. 8. Mais sommes-nous corrompus au point d’être incapables de faire le bien, et enclins à faire tout ce qui est mal ? Oui, à moins que nous ne soyons régénérés par le Saint Esprit.♦♦ Comp. Conf. Gall. c. 9, Belg. 16 : (Peccatum orig.) est totius na-tnræ corruptio et vitium hæreditarium, quo et ipsi infantes in matris suœ utero polluti sunt, quodque veluti radix omne peccatorum genus in homine producit ideoque ita fœdum et exsecrabile est coram Deo, ut ad generis human ! condemnationem sufficiat. Chanoine. Dord. c. 8, art. 1, Forme. Cons. 10 : Censemus igitur, peccatum Adami omnibus ejus posteris, judicio Dei arcano et juste, imputari. 11 : Duplici igitur nomine post peccatum homo natura, indeque ab ortu suo, antequam ullum actuale peccatum in se admittat, iræ ac malediction ! divinæ obnoxius est : primum quidem ob παρά· πτώμα et inobedientiam, quam in Adami lumbis commisit ; deinde ob con-sequentem in ipso conceptu hæreditariam corruptionem insitam, qua tota ejus natura depravata et spiritualiter mortua est, adeo quidem, ut recte peccatum originale statuatur duplex, imputatum videlicet et hæreditarium inhærens. [Le XXXIX. Articles de l’Église d’Angleterre, art. 0 : Du péché originel ou du péché de naissance : Le péché originel ne réside pas dans la suite d’Adam (comme le disent vainement les Pélagiens) ; mais dans la faute et la corruption de la nature de chaque homme, qui est naturellement engendrée de la descendance d’Adam ; par laquelle l’homme est très éloigné de la justice originelle, et est de sa propre nature enclin au mal, de sorte que la chair convoite toujours contrairement à l’esprit ; et par conséquent en toute personne née dans ce monde, elle mérite la colère et la damnation de Dieu. Et cette infection de la nature demeure, oui, dans ceux qui sont régénérés ; par lequel la convoitise de la chair, appelée en grec phronema sarkosdont les uns exposent la sagesse, les autres la sensualité, les autres l’affection, les autres le désir de la chair, n’est pas soumise à la loi de Dieu. Et bien qu’il n’y ait pas de condamnation pour ceux qui croient et sont baptisés, l’apôtre confesse cependant que la concupiscence et la convoitise ont par elles-mêmes la nature du péché. — Confession de Westminster, chapitre VI. 3 : Ils [nos premiers parents] étant la racine de toute l’humanité, la culpabilité de ce péché [leur premier] a été imputée, et la même mort dans le péché et la nature corrompue a transporté toute leur postérité, descendant d’eux par génération ordinaire. Catéchisme plus vaste, Qu. 22 : L’alliance ayant été conclue avec Adamnon seulement pour lui-même, mais pour sa postérité, toute l’humanité descendant de lui par génération ordinaire, a péché en lui et est tombée avec lui dans sa première transgression. Qu. 25. Le péché de cet état dans lequel l’homme est tombé, consiste dans la culpabilité du premier péché d’Adam, dans le manque de la justice dans laquelle il a été créé, et dans la corruption de sa nature, par laquelle il est complètement indisposé, infirme et rendu opposé à tout ce qui est spirituellement bon, et entièrement enclin à tout mal, et cela continuellement, ce qui est communEt c’est de là que procèdent toutes les transgressions actuelles.

♦♦ Sur les controverses auxquelles cette proposition donna lieu par la suite, voir Beck bans, Lap. 57, (a. d. En 1583, le théologien hollandais Coornhert s’y opposa

3 Les catholiques romains ont également rejeté le pélagianisme pur, Cone. Trid. Sess. v.1, 2.... Si quis Adœ prævaricationem sibi soli et non ejus propagini assent nocuisse, et accepta a Deo sanctitatem et justitiam, quam perdidit, sibi soli et non nobis etiam eum perdidisse, aut inquinatum ilium per inobedienti© peccatum mortem et pœnas corporis tantum in omne genus humanum trans-fiidisse, non autem et peccatum, quod mors est anim© : anathema© sit Sees, vi. c. 1, il est affirmé que le libre arbitre de l’homme est, par la chute, affaibli et détourné (attenuatum et inclinatum) ; d’autre part, il est maintenu, dans des termes tout à fait aussi décidés, Can. 6 : bi quis liberum hominis arbitrium post Ad© peccatum amiesum et extinctum esse dixerit... . anathèmes, asseyez-vous. Comp. Cat Rom. 3, 10, 6, et surtout Bellarmin, De Amiss. Grati©.

4 Apol. Conf. Remonstr., p. 84, b. (cité par Winer, p . 59) : Peccatum originale nec habent (Remonstrantes) pro peccato propria dicto, quod posteros Adami odio Dei dignos feciat, nec pro malo, quod per modum propria diet© pœnæ ab Adamo in posteros dimanet, sed pro mfelo, infirmitate, vitio aut quocunque tandem alio nomine vocetur, quod ab Adamo justitia origin-ali private in posteros ejus propagatur : unde fit, ut posteri omnes Adami eadem justitia destituti, prorsus inepti et inidonei si nt ad vitam ætérnam con-sequendum, aut in gratiam Deo redeant, nisi Deus nova gratia sua eos prœveniat, et vires novas iis restituât ac sufficiat, quibus ad earn possint pervenire... . Peccatum autem originis non esse malum culpæ propria diet®, quod vocant, ratio manifesta argnit : malum culpæ non est, quia nasci plane involuntarium est, ergo et nasci hac aut ilia labe, infirmitate, vitio vel malo. Si malum culp© non est, non potest esse malum pœnæ, quia culpa et pœna sunt relata. Comp. Limborch, Theol. Le Christ., 3. 4. 4, et autres passages cités par Winerpp. 60, 61.

5 N° de cat. Racov. (Winer, p. 57), p. 100. 21 : Homo morti est obnoxius, quod primus homo apertum Dei mandatum, cui adjuncts fuit mortis comminatio, trangressus fuit. Unde porro factum est, ut universam suam posteritatem secum in eadem mortis jura traxerit, accedente tamen cujusvis in adultiori-bus proprio delicto, cujus deinde vis per apertam Dei legem, quam homines transgress ! fuerant, aucta est.—Cat. Rac., qu. 423 ( Winer, p. 59) : Pecca-turn originis nullum prorsus est. Nec enim e Scriptura id peccatum originis doceri potest, et lapsus Adæ, unus actus fiierit, vin earn, quæ depravare ipsam naturam Adami, multo minus .vero posterorum ejua posset, habere non potuit. — Faust. SocinusDe Christo Serv., 4,6. (Opp., ii. p. 226) : Falluntur egregie, qui peccatum illud originis imputatione aliqua pro ea parte, qu ad reatum spectat, contineri autumant, omnis reatus ex sola generis propagation© fluat Gravius autem multo labuntur, qui pro ea parte, quæ© ad corruptionem pertin et, ex pœna ipsius delicti Adami illud fluxisse affirmant... . Corruptio nostra ei ad peccandum proclivitas non ex uno illo delicto in nos propagate est, sed continuatis actibus habitus modo bujus modo illius vitii est comparâtes, quo naturam nostram corrumpente ea corruptio deinde per generis propagationem in nos estderivata. Neque vero si Adamus non deliquisset, propterea vel nos a peccatis immunes fuissemusi vel in hanc naturæ corruptionem incurrere non potuissemus, dummodo, ut ille habuit, sic nos quoque voluntatem ad malum liberam habuissemus.—״ Prælect. Theol., c. 4 : Cæterum cupiditas ista mala, quæ plerisque ho-minibus nosci dici potest, non ex peccato illo primi parentis manat, sed ex eo, quod humanum genus, frequentibus peccatorum actibus, habitum pcccandi contraxit et seipsum corrupit : quæ corruptio per propagationem in posteras transfunditur. Etenim unum illud peccatum per se, non modo universes posteras, sed ne ipsum quidem Adamum corrumpendi vim habere potuit Dei vero consilio, in peccati illius pœnam id factum esse, nec usquam legitur, et plane incredibile eat, imo impium id cogitare, Deum videlicit omnis recti-tudinis auctorem, ulla ratione pravitatis causam esse : quœ tamen pravitas, quatenus, ut dictum est, per propagationem in hominem derivator, peccatum propria appellari nequit.... Concludimus igitur, nullum, improper etiam 10-quendo, peccatum originale esse, c’est-à-dire ex peccato illo primi parentis nullam labem aut pravitatem universo humano genera necessario ingenitam esse sive inflictam quodammodo fuisse, nec aliud malum ex primo illo delicto ad posteros omnes necessario manasse, quam moriendi omnimodam necessitate!, non quidem ex ipsius delicti vi, sed quia, jam homo nature mortalis esset, ob delictum illud suæ naturali mortalitati a Deo relictus est, quodque natutale erat, id in delinquents pœnam prorsus necessarium est factum. Quare qui ex ipso nascuntor, eadem conditions omnes nasci oportet : nihil enim illi ademtum fuit, quod naturaliter haberet, vel habiturus esset—Comp. Opp. i. p. 334 b : Vita œterna donum Dei est singulars st excellentissimum, quod nihil nature hominis commune habet (comp. § 245, note 6), aut certe ei nulla ratione naturalitur debetur. Ipsius autem hominis perpétua dissolu-tio ei naturalia est, ut mitissimus existimandus sit Deus, si homini delinquent earn pœnæ loco constituit Nam quid illi vel boni aufert, vel mali infert, si eum naturœ ipsius propriœ relinquit, et a se ex terra creatum atque compac-tom, in terram rursus reverti ac dissolvi sinit Hoc adeo rationi per se consentaneum est, ut pœna quodammodo dici non possit. Comp. Fockt u. 8., 498, 654 pi²

 

§ 247.

ANTAGONISMES À L’INTÉRIEUR DES CONFESSIONS ELLES-MÊMES.

Mais des divergences d’opinion se manifestent aussi entre théologiens appartenant à la même confession. Dans l’Église luthérienne Matthias Flacius poussa la doctrine protestante à l’extrême, avançant des notions qui confinaient à l’hérésie ; il soutenait que le péché originel était de la substance de l’homme, tandis que Victorin Strigel ne le considérait que comme un accident.1 Parmi les théologiens de l’époque de la Réforme, il ne manquait pas, d’autre part, ceux qui s’en tenaient à des vues qui volatilisaient l’essence du péché;2 et en ce qui concerne la doctrine du péché originel, certains des théologiens ultérieurs de l’Église réformée, comme ceux de l’école de Saumuren particulier Josué de la Place, manifesta une disposition à adopter les vues plus douces des arminiens.3 D’autre part, dans l’Église catholique romaine, les jansénistes sont revenus aux doctrines plus strictes d’Augustin.4

1 Sur la controverse, voir PlanckGeschichte des protestantischen - Lehrbegriffs, v. 1, p. 285 ss. ; le Dissert d’Otto et de Tœcsten (ci-dessus § 215 7, 5,) ; et Schmid dans Illgens Zeitschrift, 1843, 2. Les vues de Flacius sont principalement mises en évidence dans l’ouvrage M Claris Scripturæ et dans le traité suivant, De Peccato Originali ; puis dans le livre, De Peccati Origi-nalis Essentia, Basile, 1568. Voir p. 655 : Hoc igitur modo sentio et assero, primarium peccatum originale esse substantiam, quia anima rationalis et præ-sertim ejus nobilissimæ substantiates potentiæ—nempe intcllectus et volun-tas—quæ ante erant ita præclare formatæ, ut essent vera imago Dei fonsque omnis justitiæ, honestatis ac pietatis, et plane essentialiter veluti aurcæ et gemmeæ, nunc sunt fraude Satanæ adeo prorsus inversæ, ut sint vera ac viva imngo Satanæ, et sint veluti stercoreæ, aut potius ex gehennali flarnma con-stantcs. Voir plus loin dans Schenkel, ii. 44 ; et HeppeGesch. d. deutschen Protestantismus, ii. 395 sq. Sur ce point, les auteurs de la Formule Con-cordiæ se sont exprimés comme suit, p. 285 : Etsi peccatum originale to tarn hominis naturam, ut spirituale quoddam venenum et horribilis lepra... infecit et corrupit... . Tamen non unum et idem est comipta natura seu sub-stantia corrupt ! hominis, corpus et anima, aut homo ipse a Deo creatus, in quo originate peccatum habitat.... et ipsum originate peccatum, quod in hominis natura aut essentia habitat eamque corrompit. De la même manière, le corps d’une personne infectée par la lèpre et la maladie elle-même sont deux choses différentes. Les théologiens de l’Église réformée ont également rejeté les vues de Flacius ; voir « 7. H. HeideggerCorpus Theol. Christ, x. 40, (Ed. Tig. 1700, p. 346). Cette opinion, dans son opposition au pélagianisme, peut être appelée manichéisme, en ce sens qu’elle convertit l’élément moral dans l’idée du péché en un élément purement physique ; c’est pourquoi Heidegger l’appelle mani-chæismus incrustatus.

2 C’est ainsi que Sébastien Frank trouve l’essence du péché dans l’ignorance et la folie, et qu’en général, il la considère sous un aspect négatif ; voir Schenkelii. 60 sq. Des vues similaires ont été soutenues par Ochino, Thamer, Münzer et d’autres ; ib., p. 70 sq.

3 Josué PlacæusTheses Theologicæ de Statu Hom. lapsi ante Gratiam. 1640, et Disput. de Imputatione primi peccati Adami, Salmur, 1655. Il n’admettait qu’une imputation médiane du péché d’Adam, mais non une imputation immédiate ; le point de vue opposé a été défendu dans le Consensus de la Formule. [Voir ci-dessus, § 225 a, note 3. J. BairdLes Elohim révélés, Phil., 1860, p. 45. Theological Essays from Princeton Review (New York, 1846), pp. 195 sq. SchweizerCentral Dogmen, ii. 234 et passim.]

4 Voir ReuchlinPort-Royal, p. 342 ss. Appendice, vii. p. 753 88.

En ce qui concerne les péchés individuels, le protestantisme a rejeté leur classification arbitraire, selon le style scolastique. Le vrai péché mortel, dans la vision protestante, est l’incrédulité que Luther appelle « les multi-têtes et les multi-pieds Roi des rats parmi les péchés. (Walch, iv. 1075) : Schenkel, ii. Débloquer le niveau 73.

En rapport avec leurs vues rigides sur la nature et l’origine du péché, les protestants ne pouvaient que rejeter la notion de l’immaculée conception de la Vierge ; qu’ils ont conservé pendant quelque temps les prédicats pura et intemerata virgo (Conf. Bas. L), et d’autres, ne prouve nullement qu’ils aient admis la doctrine elle-même : comp. Deels-ratio Thoruniens. (cité par Augusti, p. 415 et 416) : Omnes homines, 8010 Christo ex-cepto, in peccato originali concept ! et nati sunt, etiam ipsa sanctissima Virgo Maria. — Mais la doctrine en question continua à rencontrer de l’opposition de la part des écrivains catholiques romains eux-mêmes, et ni du concile de Trente, ni de Bellarmin, ni de quelques-uns des papes ultérieurs (e. gGrégoire XV. et Alexandre VU.) se sont aventurés à trancher le point litigieux. Comp. Wwr, p. 57, note 2. AugustiArchéologie III, p. 100. Voir, cependant, la période suivante.

 

§ 248.

DÉVELOPPEMENT ULTÉRIEUR DE LA DOCTRINE CONCERNANT L’HOMME, EN THÉORIE COMME EN PRATIQUE.

L’anthropologie de l’Église protestante a été plus complètement développée à la fois dans son fonctionnement pratique et par les adhérents des écoles. Dans l’esprit de la scolastique antérieure, les théologiens luthériens et réformés entrèrent dans des recherches concernant la création de l’homme,1 la propagation de la race humaine (créationnisme et traducianisme),2 la nature de la chute,3 du péché originel4 et du péché actuel.5 Le sentiment conscient du péché et de l’incapacité morale, ainsi que la conscience de la liberté, continuaient à se manifester dans la vie pratique ; mais, en ce qui concerne les premiers, les définitions des écoles et le zèle fanatique que Calov déploya dans sa controverse avec Calixte et ses disciples,6 l’ont durci en une lettre morte. D’autre part , les piétistes insistaient de nouveau sur l’importance de la portée pratique de la doctrine concernant la corruption de l’humanité, tout en insistant sur les injonctions les plus strictes de la morale.7 C’était aussi le cas des jansénistes de l’Église catholique romaine,8 tandis que les principes pélagianisants des jésuites étaient favorables à une morale plus relâchée.9

1 L’affirmation qu’il y avait eu des êtres humains avant la création d’Adam (Préadamites) a donné lieu à une brève controverse dans l’Église réformée. Isaac Peyrerius (de la Peyrère), huguenot, converti au romanisme, et mort en 1676, comme l’un des prêtres de l’Oratoire, publia en 1665 un ouvrage intitulé : De Præadamitis. Comp. BayleDictionnaire, III, p. 637, 638. Son idée fut combattue par Calov, III, p. 1049, qui l’appela « monstrosa opinio Quenstedt », i. p. 733, 88., et Hollaz, p. 406. [Voir Isaac la Peyrère, et son livre, The Præadamites, dans l’American Theological Review, janvier 1861.] La définition commune de l’homme, donnée dans les ouvrages de théologie systématique, était qu’il est une raison animale. La plupart des auteurs ont adopté le principe dichotomique, selon lequel l’homme se compose d’un corps et d’une âme. C’est ainsi que Hollaz dit, P. i. c. 5, Qu. 6 (p. 410) : Homo constat e duabus partibus, anima rationali et corpora organico ; d’autres définitions sont données par HaseHutterus Redivivus, p. 192. — John Gerhard pensait que l’homme était une image de la Trinité ; voir ses Loci Theol. Tom. iv. 10c. ix. § 6. Comp. § 245, note 3, sur l’image de Dieu. Sur le fait que Dieu insuffle le souffle de vie dans les narines de l’homme, comp. Gerhardibid., § 12 (cité par De WetteDogmatik, p. 89) ; Non ex intimo ore ■u® essenti® epirat Deus animam hominii, aient Spiritum S. ab omni æternitate intra divinam essentiam Pater cam Filio epirat, sed animant in tempore extra 811am essentiam creatam homini inspiravit.

2 Luther a enseigné le traducianisme, suivi par la plupart des théologiens luthériens, à l’exception de Calixt, De Animæ Creatione. Gerhard laissa très justement aux philosophes (ix. 8, § 118) le soin de définir le modus propagationis ; mais il enseigna lui-même le § 116. Animas eorum, qui ex Adamo et Eva progeniti fuissent, non creatas, neque etiam generatas, sed propagatas fuisse. Des vues analogues ont été exprimées par CWor, i ?i. 1081, et Hollazi. 5, qu. 9 (pp. 414, 415) ; Anima humana hodie non immediate creatur, sed mediante semine fœcundo a parentibus generatur ct in liberos traducitur... . Non generatur anima ex traduce, sine semine fœcundo, tamquam principio material !, sed per traducem, seu mediante semine prolifico tamquam vehiculo, propagatur.—Comp, the Consensus Rcpetitus Fidei vcræ Luth., Punct. 22 (in Henke, p. 18) : Profi-temur et docemus, hominem generare hominem, idque non tantum quoad corpus, sod etiam animam. Rejicimuseos, qir docent, in hominibus singulis animas singnlasnon ex propagine oriri, sed ex nihilo tunc primum creari atque infundi, cum in uteris matrum fœtus concept ! Au contraireBellarmin, Calvin et les théologiens de l’Église réformée en général ont défendu la théorie du créationnisme, tout en conservant la doctrine du péché originel. Calvin, en effet, n’attachait pas autant d’importance à de telles affirmations que les scolastiques antérieurs (Instit. IL 1, 7) : Neque ad ejus rei intelligentiam necessaria est anxia di8putatio, qu » veteres non parum torait ; mais il continua ainsi : Neque in substantia carnis aut animæ causam habet contagio ; sed quia a Deo ita fuit ordinatum. Bèze rejette le traducianisme de la manière la plus décidée, Qu. 47 : Doctrine de animæ traduce mibi perabsurda videtur, quoniam aut totam animam aut partem ejus traduci oporteret. Pierre MartyrThèse 705 : Anim » non sunt omnes simul creatæ ab initio, sed creantur quotidie a Deo corporis bus inserendæ.—Polanus, p. 2183 : Eodem momento Deus créât animam simul et unit corpori infecto.—Bucanusp. 92 : Quod totum genus humanam ab Adamo corruptum est, non tam ex genitura provenit... . quam ex justa Dei vindicta. D’autres passages sont cités par De WetteDogmatik, p. 89. Schweizeri. 452, sq.

3 La chute de nos premiers parents a été appelée peccatum originans, par distinction avec le péché originel (peccatum originale, originatum). La causa externa, prima et principalis, était Satan, la causa ipstrumentalis était le serpent, par lequel nous devons entendre un vrai serpent possédé du diable. GerhardLoc. x. § 8, p. 295, s’efforce de concilier l’interprétation trop littérale de Josèphe (Antiq. 8 [1]), avec l’exposé allégorisant de Philon (De Mundi Opif f. 46) en disant : Nos nec nudum, nec mere allegoricum, sed diabolo obsessum ac stipatum serpentera hic describi statuimus. (Il le prouve assez longuement par la double nature du serpent, et la malédiction prononcée sur le diable non moins que sur le serpent.) Comparez les passages d’autres théologiens dans De Wette, p. 94, et dans HaseHutterus Redivivus, p. 202. — Les théologiens réformés entrèrent dans des recherches analogues. C’était le cas, par exemple. gavec Heidegger, x. 10. Au ch. 14, il décrit la Ἴεθοδεία tentationis satanicæ, puis procède (dans les chapitres suivants, en particulier au ch. 18) à la mesure de la culpabilité de l’homme. La chute d’Adam n’était pas particulière, mais generalis... . Non simplex, sed concatenatura pec-catum fuit, et univers » legis, amoris Dei et proximi violationem involvit Il a transgressé les lois de la première et de la seconde table. Sa culpabilité s’accrut considérablement, en partie parce que, ayant reçu tant de bénédictions de la main de Dieu, il ne pouvait avoir aucune incitation à pécher, en partie parce que le commandement « était en lui-même facile à accomplir. D’autres circonstances aussi, telles que le temps et le lieu (c’est-à-dire sa création récente et sa demeure au paradis), ajoutaient à sa culpabilité, ainsi que sa haute fonction en sa qualité de père de la race humaine. Accedit, quod (peccatum Adæ) radix fuit omnium peccatorum et velut equus Trojanus, ex cujus utero et iliis innuraera peccata omniumque malorum I lias prodierunt, ut gravissimum hoc peccatum et apos-tasiam a Deo vivente fuisse, dubitari nullo modo possit Au ch. 19, il examine (à l’exemple des scolastiques) la question de savoir si Adam avait la plus grande culpabilité, ou Eve ? qu’il décide ainsi : Nobis Scripture utcunque innuere videtur, gravius peccasse Adamum, cum non Um Εν », quam Adami peccatum accuset (Rom. v. 12 ; 1 Cor. xv. 22). Au ch. 20, il traite de la part que Dieu eut dans la chute : Nec Deus spectator otiosua fuit Nam ante peccatum turn lege illud vetuit, turn comminatione ab eo hominem deterruit In peccato et explorationis causa hominem sibi reli-quit, et patrato jam ab Eva peccato, oculos ejusdem ad agnoscendam midi-tatem prius non aperuit, quam Adam etiam peccasset. Post illud immediate judicium in peccatores exercuit... . et in remedium peccati Christum προ-κεχειροτονημένον revelavit. Néanmoins, il ajoute modestement : In modo, quem divina providentia circa peccatum adhibuit explicando cogitationes et lingnœ nostr » ita frænandæ sunt, ut cogitemus semper Deum in Cœlo esse, nos in terra, eum fabricatorem esse, nos ejus plasma. Cumque intelligere, quomodo creato simus, non valeamus, multo equidem minus intelligere pos-sumus, quomodo facti ad imaginera Dei mutari potuerimusut tamen non independenter homo egerit, et Deus malum non fecerit. Comp. Gerhard* § 14, ff., § 25 : M^neat ergo firmum fixum, Deum non decrevisse nec voluiseo istum protoplastorum lapsura, nec impulisse eos ad peccatum, nec eo delec-tatem fuisse, etc. ־

4 Gerhard, Loci, x. c. 3, ss. § 51 : Per hominem victum tota natura cor-rupta est et quasi fermentata peccato.—§ 52 : Peccatum illud (Adami) non est modis omnibus a nobis alienura, quia Adam non ut privatus homo, sed ut caput totius humani generis peccavit ; atque ut natura humana per ipsum cominunicata fit propria cuique person » ex ipso genitæ, sic et naturæ cor-ruptio per propagationem communicatur. Ac proinde quemadmodum tribus Levitica inclusa lumbis Abrah » docimas obtulisse Melchiisedecho dicitur (Hebr. vii. 9), ita et nos, qui in lumbis Adæ peccantis delituimus, in et cum ipso non modo corrupt !', sed et rei iræ Dei facti sumus. Ses vues sont plus développées, c. 5. — D’après Heideggerx. 44, ss., non seulement les potentice natueales (superiores : mens et voluntas ; inferiores : sensitiva et vegetativa) sont sujettes à la corruption, mais aussi les qualitates : la conscience elle-même s’est égarée, et les organes corporels sont affectés par la corruption générale (Matt. v. 29, 30). De la nature du péché originel, il est dit, vers 50 : Neque peccatum originale merus reatus peccati alien !, neque concupiscentia sola proprie, neque uuda justitiæ carentia est. Sed late ac· ceptum peccati alieni imputatione, et labe omnibus facultatibus inhærente, easque turn a bono avertente, turn ad malum convertente, quam utramque distinctus reatus sequitur ; stride vero pro 8010 eo, quod nascentibus seu orientibus inest, labe ea facultatibus insita, quam etiam proprius reatus sequitur, constat. Cum enim peccatum pertineat ad fecultates hominis, ab iisenon est disced endum. Itaque cum peccatum originis non pertin’eat ad opera, quæ a facultatibus illis procedunt, neque est in ipsis illis, ceu spiri-tualis quædam lepra hæreat Pour les opinions d’autres théologiens réformés, voir Schweizerp. 54, sq.

5 Le péché a été défini comme — illegalitas seu difiormitas a lege divina, ou comme— defectus vel inclinatio vel actio pugnans cum lege Dei, offeudens Deum, damnata a Deo, et faciens reos æternæ iræ et æternarum pœnarum, nisi si facta remise !o. Par contingence du péché, on entendait la possibilité (abstraite) d’être ou de ne pas être, par opposition à la nécessité (physique). Une distinction a été faite entre peccatum originale (habituelle) et actuale ; et les péchés réels ont été divisés en peccata volantaria et involuntaria, peccata commissionis et omissionis, peccata interiors et exteriora, ou, peccata cordis, oris et operis,  etc. Comp. GerhardLoci, Tom. v. ab. initio. Heu degger, c. 52, ss., et autres passages cités par De Wette, I. c.

6 Les opinions de Calixt, qu’il a eues au début de sa vie, ont été exposées sous une forme recueillie dans son Dissertât, de Peccato (écrit a. d. ״ 1611) ; voir G. Calixti de prœcipuis christianæ Religionis Capitibus Disputa׳-tiones XV., éd. a F. U. Calixto, Helmst., 1658, 4, Dispute V. Il combattit le traducianisme (comp., note 2), et en déduisit les positions suivantes : Thess. 33 : Quare peccatum originis in nobis non est ipsa culpa a parentibus commissa, et quia culpa non est, nec est reatus, quum aperte quoque scriptum sit (Ezech. xviii. 20) : Filius non portabit iniquitatem patris, si videlicet ipsa earn non adprobet aut imitetur. 56 : Vera et sincere est sententia, quam proposuimus, quod scilicet pecqptum originis non sit ipsa culpa Adæ, nec sit reatus consequens culpam, verum pravitas nature, non tamen sine relatione ad primam culppm, cujus est tamquam effectua . conséquences immédiates... . Hæret itaque in nobis aliquid, et peccatum originale dicitur, quod non est ipsa ilia prima Adæ prævaricatio, sed aliquid aliud ab ipsa manans. Thes. 57 : Optime autem cognoscitur ex opposite integritate, quæ sicuti in intellectua erat cognitio, in voluntate amor et pronitas ad benefaciendum, in adpetitu obsequium et concordia cum superioribus facul-tatibus, ita pravitas hæc in intellectu est ignorantia, in voluntate pronitas ad malefaciendum, in adpetitu rebellio. Thes. 58 : Et sicuti in integritate sive ad imaginem Dei conditus erat homo, ita nunc in pravitate sive ad imaginem Adæ gignitur. Thes. 59 : Et sicuti homo si non peccasset, integritas natu-ram humanam semper et inseparabiliter consequuta fuisset, et una cum ilia ad posteros propagate, ita, postquam homo peccavit, pravitas earn concomi-tatur et propagatur. Thes. 60 : Et sicuti integritas fuisset tamquam actus primus, actus autem secundus ex illo primo natus, studium et exercitium in-tegritatis, ita nunc pravitas ista connata est actus primus, actus autem secundus est pravitas pravum actum producens. Thes. 93, (dans lequel il s’oppose à Flacius) il dit : Pejor autem hære/is quam Manichæorum, adserere substantiam humanam esse peccatum, et hanc nihilominus a Deo propagari et conservari. Ita enim peccatum a Deo propagabitur et con-servabitur, et Deus Ο. M. auctor peccati constituetur. Dans Thes. 88, et dans d’autres endroits, Calixt soutenait (comme Strigel) que le péché originel est un accidens. — Lakermann (qui vécut à Kônigsberg de 1644 à 1646), disciple de Calixt, affirmait dans une de ses thèses : quod gratia Dei ita offertur, ut, ea ob· lata, in hominis potestate sit, per illam ea, quæ ad conversionem et salutem necessaria sint, præstàre ; dans un autre : Omnes, si vel int, possunt se conver-tere ; Plus loin : Solum peccatum originale post lapsum adæquata causa dam-nationis esse non potest De tels sentiments étaient, de l’avis du professeur Mislenta, grossièrement et dangereusement erronés. C’est ainsi que fut donné le signal d’une controverse générale, à laquelle Calixt lui-même et son collègue Conrad Homejus prirent part. À la suite des efforts de Calov, les vues de Calixt et de ses partisans furent condamnées (a. d. 1655) dans le Consensus Repetitus Fidei veræ Lutheran®, dans lequel la doctrine luthérienne du péché originel était exposée dans les termes les plus rigides. Ainsi, en particulier, Punct 23-29 (in Henke, p. 18 8q.). Pour les passages, voir Neudecker (Fortsetzung von JfüTMcÀer, éd. par Von Colin) p. 440. Sur la controverse en général, comp. PlanckGeschichte der protestantischen Théologie, p. 107-88. GassGeorg Calixt und der Synkretismus, 1846, p. 68 8s., p. 98. [SchmidGesch. der Synkret Streitigkeiten, 1846. Baur, d. Calixt. Synkretismus, dans Theol. Jahrbficher, vii. HenkeCalixte und seine Zeit, 1853-60. Gieseler, Church Hist (éd. de New York), v.§ 52.]

7 Dans le cas de Spenercomme dans celui de Luther, l’expérience personnelle l’a conduit à la connaissance du péché et a façonné ses vues sur sa nature ; c’est ainsi que dans son système le péché et le repentir sont étroitement liés les uns aux autres. Il n’attend pas que ses vues sur le péché deviennent froides et indifférentes, mais il frappe, pour ainsi dire, le fer chauffé au rouge dans la fournaise de l’expérience intérieure pendant qu’il conserve sa chaleur Comparez sa Theologische Beden-ken (édit, par Hennicke), p. 33 88.—Ni lorsqu’il publia (1687) son premier traité, en Saxe, sous le titre de Natur und Gnade, « Avait-il l’intention de présenter un contraste théorique entre la nature et la grâce d’une manière scientifique ; mais son but étant pratique, il adopta des formes populaires d’affirmation, et ne présenta pas l’antagonisme dans toute sa netteté. Voir Hossbach, i. 257. Mais même son zèle pour la sanctification était représenté et combattu par les orthodoxes comme une perversion de la saine doctrine.

8 Le piétisme et le jansénisme prouvent tous deux que le système d’Augustin, souvent accusé d’affaiblir la puissance morale de l’homme, produit néanmoins des effets plus profonds et plus durables que le pélagianisme ; et que l’accusation de saper la moralité et de paralyser la volonté ne peut être admise, du moins dans l’universalité d’application dans laquelle elle est communément avancée. La devise du jansénisme est ici valable : Dei servîtes, vera libertas.

9 Compare Pascal’s Lettres Provinciales. Beuchlin, Port-Royal, p. 33, 88. 631 ss.

 

B. LA DOCTRINE DE LA RÉDEMPTION.

§ 249.

LIBERTÉ ET GRÂCE. PRÉDESTINATION. (SELON LES DIFFÉRENTES CONFESSIONS.)

[Schweizer Glaubenslehre der Reform. Kirche, 1844, et Central Dogmen, 1864* Ebrard, Das Verbal tnisa d. réforme. Dogmatik zum Detorminiamua, 1849, et Schweizeren réponse, dans le Tübinger Zeitschrift, 1851. HeppeDogmatik der evangel. Réf. Kirche, 1861. J. B. MotleyDoctrine de la prédestination, 1855 ; comp. Christian Rcmembran-cer, et Dublin Review, 1856. Moïse Stuartsur Calvin et Arminius, dans Biblical Repository, I, 1834. DavcnantDe Prædestinatione, 1630, folOwen’s works., vols, x, xl Julius Muhler in Studien u. Kritiken, 1856 ; que la doctrine de Calvin avait une base religieuse et non spéculative. Calvin’s Pradestinationslehre, dans Schaff’s Kirchen freund, 1853. BartellDie Pradestinationslehre in Ostfriesland (John a Lasco), dans Zeitschrift £ deutsche Théologie, 1860. J. A. L, HebartDie Pr&dest. lehre d. Concordienformel, in Zeitschrift £ d. Luth. Théologie, 1861. PhilippesLuther’s Lehre von d. Prédestination, dans Theol Zeitschrift, I860.]

Malgré les nombreux conflits religieux auxquels la Réforme a donné lieu, les chrétiens de toutes les confessions étaient d’accord dans la croyance générale que le salut de l’homme dépend du dessein miséricordieux de Dieu.1 Mais ils différaient sur la question de savoir si le décret divin, qui a référence à ce point, est inconditionnelle, ou dépend de la conduite de l’homme, qu’elle soit générale ou particulière. Plus les points de vue des théologiens sur la doctrine du péché originel et de l’incapacité morale de l’homme, ils soutiendraient que les décrets de Dieu sont inconditionnels. Il n’est donc pas surprenant que les catholiques romains,2 les arminiens,3 et surtout les sociniens,4 se soient efforcés, d’une manière plus ou moins pélagienne, de satisfaire aux prétentions de la liberté humaine. D’autre part, les luthériens et les réformés, à la suite d’Augustin, ont rejeté la notion de la liberté de la volonté et nié toute coopération de la part de l’homme.5 Néanmoins, c’est un fait frappant que les luthériens ont évité les conséquences strictes du système augustinien, et ont affirmé que les décrets de Dieu sont conditionnels ;6 tandis que les théologiens réformés non seulement admettaient la nécessité de ces conséquences,7 mais, ayant une fois déterminé l’idée de la prédestination, ils allaient au-delà des prémisses jusqu’à soutenir que la chute de l’homme lui-même était prédestinée par Dieu (supralapsarianisme).8 Mais cette opinion, loin de rencontrer l’approbation générale, a finalement été presque entièrement abandonnée pour faire place à son contraire (l’infralapsarianisme).9 Quant à l’étendue de la grâce offerte, toutes les confessions, à l’exception des réformés, s’en tenaient à l’universalisme,10 par opposition au particularisme ; mais tous les calvinistes eux-mêmes n’allaient pas jusqu’au même point de vue 11; quelques-uns adoptaient le point de vue de l’universalité des dispositions de la grâce. [L’Assemblée de Westminster exposa les doctrines du péché et de la rédemption, afin d’harmoniser les vues contradictoires sur la liberté et la grâce ; le schéma de la prédestination absolue fut ici modifié par la théorie des alliances.]12

1 Comparez les passages cités par ! Fin, p. 80, 81.

2 Conc. Trid. Sess. vin can. 4 : Sicut quis dixerit, liberum arbitrium a Deo motum et excitatum nihil cooperari assentiendo Deo excitant ! atque vocanti, quo ad obtinendam justificationis gratiam se disponat ac preparet, neque posse dissentire, si velit, sed velut inanime quoddam nihil omnino agere, mere-que passive .se habere : anathema sit.—Can. 17 : Si quis justificationis gra-tiam nonnisi prædestinatis ad vitam contingere dixerit, reliquos vero omnes, qui vocantur, vocari quidem, sed gratiam non accipere, utpote divina potestate predestinates ad malum : anathema sit. La doctrine des Symboles catholiques romains était en ce point nettement opposée à celle des Pélagiens, comme les premiers soutenaient (Sess. 6, can. 8) que c’est Dieu qui commence l’œuvre de conversion sans aucune coopération de la part de l’homme ; mais ils affirmaient aussi qu’ensuite le libre arbitre doit être ajouté, et que l’homme doit coopérer à l’œuvre de sanctification. voir Winer, p. 84. Be liarmine avance la proposition suivante (par opposition aux Pélagiens, etc.), dès le début de son traité : De Gratia et lib. Arbitrage. : Auxi-lium gratiæ Dei non ita offertur omnibus hominibus, ut Deus expectet homines, * qui illud desiderent vel postulent, sed prevenit omnia desideria et omnem invocationem. Au ch. 2, il poursuit en affirmant : Auxilium· gratiæ Dei non æqualiter omnibus adest Jusqu’à présent, il est d’accord avec les protestants. Il ajoute même, au ch. 3 : Nulla esset in Deo iniquitas, si non solum aliquibus, sed etiam omnibus hominibus auxilium sufficiens ad salutem negaret De même, au ch. 4, il donne l’avertissement pratique (à l’exemple d’Augustin), de ne pas douter d’avance du salut de qui que ce soit, mais de persévérer dans l’admonestation, etc. Mais au ch. 5, il convertit ce conseil pratique en théorie doctrinale : Auxilium sufficiens ad salutem pro loco et tempore, meditate vel immediate omnibus datur (proposition quelque peu limitée et discutée plus en détail dans les chapitres suivants). Et puis, dans la suite (dans les livres II et III), il s’efforce de sauver la doctrine du libre arbitre. Selon lui, le libre arbitre n’est pas la condition d’être libre, mais le pouvoir de choisir et de former des desseins. Ce n’est ni actus ni habitus, mais po-tentia, et, en espèce, potentia activa. Sur la coopération du libre arbitre avec la grâce de Dieu, il dit : iv. c. 15 : Hine sequitur, ut neque Deus de-terminet sive necessitet voluntatem, neque voluntas Deum. Nam et uterqùe concursum suum libéré adhibet, et si alter nolit concurrere, opus non fiet. Simile est, cum duo feront ingentem lapidem, quern unus ferre non posset ; Neuter enim alteri vires addit, aut eum impel lit, et utrique liberum est onus relinquere. Quamquam Deus, nisi extrordinarie miraculnm operari velit, semper concurrit, quando voluntas nostra concurrit, quoniam ad hoc se libere quodam modo obligavit, quando liberam voluntatem creavit. Ex quo etiam sequitur, ut, licet in eodem prorsus momento temporis et nature Deus et voluntas operari incipient, tamen Deus operetur, quia voluntas operator, non contra. Et hoc est, quod aliqui dicunt, voluntatem prius natura operari quam Deum, non prioritate instantis in quo , sed a quo.elf as follows, ibid., p. 657 : Deus ab æterno determi· navit omnes effectua, sed non ante prævisionem determinationis causarum secundarum, præsertim contingentium et liberarum, et rursus detenninavit omnes effectue, sed non eodem modo : alios enim detenninavit futures se opérante vel coopérante, alios 8e pennittente, vel non impediente, etc.—Ib., p. 659 : Deus, qui perfecte cognoscit omnes propensiones et totum ingenium animi nostri, et rursum non ignorât omnia, quæ illi possunt occurrere in sin-gulis deliberationibus, et denique perspectum habet, quid majus congruum et aptum sit, moveat talem animum tali propensione et ingenio præditum, infal-libiliter colligit, quam in partem animus sit inclinaturus.

3 " Les Arméniens supposent une coopération constante de la volonté humaine, éveillée par la grâce divine, avec cette grâce ; mais, à leur avis, l’influence de celle-ci n’est nullement seulement d’ordre moral ; c’est la puissance de l’Esprit Saint accompagnant la Parole de Dieu (Confess. Remonstr., 17, 2, 5), qui exerce une influence sur l’esprit, et qui est surnaturelle quant à sa nature, mais analogue à la puissance naturelle de toute vérité, quant au mode de son opération. Winerp. 86, où des passages sont cités de la Confess., et d’Apol. Avouer. Remontrance. [Comp. Stuart, dans Bibl. Repos., i., cité ci-dessus.] Comp, aussi Episcopii Institutt, v., p. 5 ss. LimborchTheol. Christ., Lib. iv., ab init, cap. 12, § 15 : Concludimus itaque, quod gratia divina, per Evangelium nobis revelata, sit principiam, progressus et comple-mentum omnis salutaris boni, sine cujus cooperatione nullum salutare bonum ne cogitare quidem, multo minus perficere, possimus. — Cap. 14, § 21 ;...... Gratia Dei primaria est fidei causa, sine qua non posset homo recte libero arbitrio uti. Perinde est, ac si duobus captivis carrière ! inclusis, et vinculis et compedibus arte constrectis, quidam superveniat, qui carcerem aperiat, vincula demat, et egrediendi facultatem largiatur, quin et manu apprehensa eos sua-viter trahat et hortetur ut exeant : un us autem occasione hac commoda uta-tur, libertatemque oblatam appréhendât et e carcere egrediatur ; alter vero beneficium istud liberationis contemnat et in carcere manere velit ; nemo dicet ilium libertatis suæ esse causam, non vero eum qui carcerem aperuit, eo quod aperto carcere, perinde uti alter, non egredi et in captivitate remanere potuit Dés : Ergo liberum arbitriumcooperatur cum gratia Î Resp. : Fa· temur, alias nulla obedientia aut inobedientia hominis locum habet Dés : An cooperatio liberi arbitrii non est bonum salutare ? Adm. : Omnino. Dés : Ergo gratia non est primaria causa salutis ? Adm. : Non est solitaria, sed tamen primaria ;ipsa enim liberi arbitrii cooperatio est a gratia tarnquam primaria causa : nisi enim a prœveniente gratia liberum arbitrium excitatum esset, gratiæ cooperari non posset Dices : Qui potestatem habet credendi, non salvatur, sed qui actu credit : cum itaque prius tantum sit a Deo, posted us a nobis, sequitur, nos nostri salvatores esse. Respondeo 1. Quonium sine po-testate credendi actu credere non possumus, sequitur eum, qui credendi potes* tatem largitus est, etiam actus fidei primariam esse causam. Unde et in Scriptura uni gratiæ plerumque fides et conversio nostra adscribi solet : quia .... Solenne est, opera magna et eximia adscribi causæ principal !, minus principalium nulla sæpe mentione facta. Quod et hic usu venit, ut homo semper beneficii divini memor agnosceret se nullas ex seipso ad tantum bo-sum consequendum vires habere. Non tantum enim quod possimus velle, sed et quod actu velimus, gratiæ debetur, quœ nos prævenit, excitât et im-pellit ad volendum et agendum, ita tamen, ut possimus non velle. 2. Certo sensu concedi potest, hominem sui ipsius servatorem esse, Écriture ipsa ab ejusmodi loquendi ratione non abhorrente. Phil. ii. Débloquer le niveau 12.

4 Sébastien Frank, Servet et d’autres furent les précurseurs de cette tendance ; voir SchenkelWesen des Protest, ii. 96, sqMais ce sont les Sociniens dont les vues avaient surtout le goût du pélagianisme. Comp. Cat. Racov. qu. 422 : Estne liberum arbitrium situm in nostra potestate, ut Deo obtem-peremus î Prorsus. Etenim certum est, primum hominem ita a Deo con-ditpm fuisse, ut libero arbitrio præditus esset. Nec vero ulla causa subest, cur Deus post ejus lapsum ilium eo privaret D’autres passages sont donnés par Winer. Comp, aussi F. SocinusPrælect. Theol. c. 5, et De libero Hom. Arbitrio deque æterna Dei Prædestinatione, scriptum J. J. Grynœo oblatum (Opp. i. pp. 780, 781). Jbh. Crellii Ethica Christ. (Bibl. Fratr. Pol.) , p. 262. Les Sociniens, comme les Pélagiens, supposaient que la grâce divine consistait surtout dans les institutions extérieures de Dieu, n’excluant pas ses effets internes sur l’esprit. Chat Rac. qu. 428-30 : Auxilium divinum duplex est, in-terius et exterius. (Div. auxiliaire extérieure) Sunt promissa et minæ, quorum tamen promisse vim habent longe majorera. Unde etiam, quod sint sub novo fœdere longe præstantiora promisse, quam sub vetere fuerint, facilius est sub novo, quam sub vetere fœdere voluntatem Dei facere. (Interius auxil. div.) est id, cum Deus in cordibus eorum, qui îpsi obediunt, quod promisit (vitam æternam) obsignat. 251 (dans l’édition révisée) : Spir. S. ejusmodi Dei afflatus est, quo animi nostri vel uberiore rerum divin arum notitia vel spe vitiæ œternæ certiore atque adeo gaudio ac gustu quodam futuræ felici-tatis aut singular ! adore complentur. Pour d’autres passages, voir Winer. Socinus pensait que la grâce assistante était nécessaire, parce que la volonté de la plupart des hommes est affaiblie (non pas à cause d’Adam, mais à cause de leurs propres transgressions fréquentes) ; comp., le traité mentionné ci-dessus. Il rejeta la doctrine de la prédestination, comme destructrice de toute vraie religion ; comp. Prælect Theol., c. 6, ss. Focku. 8. 662, sq.

5 Dès la dispute de Leipzig, Luther comparait l’homme à une scie, qui est un instrument passif dans la main du charpentier ; voir MohlerSymbolik, p. 106. Comp. Commentaire dans Genes, c. 19 : In spiritualibus et divinis rebus, quæ ad animæ salutem spectant, homo est instar statuæ salis, in quam uxor Patriarch » Loth est conversa ; imo est similis trunco et lapidi, statuæ vita carenti, quæ neque oculorum, oris aut ullorum sensuum cordisque usum habet. — Mais c’est surtout dans son traité : De Servo Arbitrio, contre Érasme, qu’il s’exprima dans les termes les plus forts ; les nombreux cas où Dieu exhorte l’homme à garder ses commandements, lui semblaient ironiques, comme si un père disait à son enfant : 44 Viens/ tant qu’il sait qu’il ne peut pas venir (voir GalleMélancthon, p. 270, note ; Schenkelii. 81sq.) En ce qui concerne la prédestination, voir sa lettre à une personne anonyme (n° 2622 dans De Wette) (Seidemann), vi. p. 427 : Per Chris-turn certi fact ! sumus, omnem credentem a Pâtre esse prædestinatum. Omnem enim pnedestinavit, etiam vocavit per evangelium, ut credat et per fidem jus-tificetar... . Nam verum est, Deum aliquos ex hominibus aliis rejectis ad æternam vitam elegisse et destinasse antequam jacerentur fundamenta mundi. Sed quia Deus in abscondito habitat et judicia ejus occulta sunt, non licet nobis tantam profunditatem assequi. — Mélancthon a également avancé des vues plus rigides dans la première édition de ses Loci que dans les suivantes. Comp. (raZZe, p. 247-326.—C’est dans ce sens que la Confession d’Augsbourg affirme, c. 18 : De libero arbitrio docent, quod humana voluntas habeat aliquam libertatem ad efiiciendam civilem justitiam et deligendas res ration ! sujets. Sed non habet vim sine Spiritu Sancto efliciendæ justitiæ Dei seu justitiæ spiritualis, quia animalis homo non percipit ea, quæ sunt Spiritus Dei (1 Cor. ii. 14), sed hæc fit in cordibus, cum per verbum Spir. S. concipitur. — Des principes analogues ont été énoncés dans les symboles des églises réformées ; comp. Conf. Helv. I. Art. 9, ii. 9 : Proinde nullum est ad bonum homini arbitrium liberum, nondum renato, vires null » ad perficiendum bonum, etc. (pour les autres symboles, voir Winerp. 81, 82.) — Le changement ל qui s’est opéré dans les opinions de Mélancthon a donné lieu à la controverse synergique, voir Planck, iv. p. 584, ss., Gallep. 326, ss . GieselerHist. de l’Église, iv. pp. 444, par exemple.] Il est déclaré dans la Réfutation qui a été publiée, Iéna, 1557, p. 36, b. (cité par Planckp. 598) : Fugiamus ac ״ detestemur dogma eorum, qui argute philosophantur, mentem et voluntatem hominis in conversione seu renovatione, esse σύνεργον 8eu causam concur-rentum, cum et Deo debitum honorem eripiat, et suos defefisores, ut Angus-tinus Inquit, magis præcipitet ac temeraria confidentia labefactet, quam sta-biliat. La même doctrine est exposée dans la Formule Concordiæ, p. 662 : Antequam homo per Spir. S. illuminatur, convertitur, regenerator et trahitur, ex sese et propriis naturalibus suis viribus in rebus spiritualibus et ad con-versionem aut regenerationem suam, nihil inchoare, operari aut cooperari potest, nec plus quam lapis, truncus aut limus. Sur les autres affirmations dogmatiques, voir Heppe, p. 426.

6 La Formule Concordiæ, p. 617-619, s’efforce d’éviter cette difficulté, en établissant une distinction entre prædestinatio et præscientia : Præscientia enim Dei nihil aliud est, quam quod Deus omnia noverit, antequam fiant.... Hæc præscientia Dei simul ad bonos et malos pertinet, sed interim non est causa mali, neque est causa peccati, quæ hominem ad scelus impellat.... Neque hæc Dei præscientia causa est, quod homines pereant ; hoc enim sibi ipsis imputare debent. Sed præscientia Dei disponit malum, et metas illi constituit, quousque progredi et quamdiu durare debeat, idque eo dirigit, ut, licet per se malum sit, nihilominus electis Dei ad salutem cédât... . Prædes-tinatio vero seu æterna Dei electio tantum ad bonos et dilectos filios Dei pertinet, et hæc est causa ipsorum salutis. Etenim eorum salutem procurât et ea, quæ ad ipsam pertinent, disponit. Super hanc Dei prædestinationem salue nostra ita fundata est, ut inferorum port » eam evertere nequeant Hæc Dei prædestinatio non in arcano Dei consilio est scrutanda, sed in verbo Dei, in quo revelator, quærenda est. — Telles définitions furent les conséquences de la controverse avec les calvinistes. Elle fut provoquée par la controverse de deux théologiens de StrasbourgJean Marbach et Jérôme Zanchius, dont le premier appartenait à l’Église luthérienne, le second à l’Église réformée ; voir Planck, vi. à la p. 809. [Comp., la doctrine sur la prédestination, de Zanchius, etc., dans Toplady’s Letter to Wesley, réimprimée, New York, 1811.]

7 Parmi les confessions de foi composées avant l’époque de Calvin, la première Confession de Bâle déclare, art. 1 : « C’est pourquoi nous confessons que Dieu, avant la création du monde, a élu tous ceux à qui il donnera l’héritage de la béatitude éternelle, mais il est remarquable que cette déclaration ne soit pas faite en relation avec la doctrine du péché originel : mais dans le tout premier article, celui qui concerne Dieu. Il en est de même de Zwinglequi se prononça résolument en faveur de la prédestination, Ad Carolum Imp. Fidei Ratio (Opp. ii. p. 539) : Constat autem et firma manet Dei elec״ tio : quos enim ille elegit ante mundi constitutionem, sic elegit, ut per filium suum sibi cooptaret : ut enim benignus et misericors, ita sanctus et justus est, etc. Il déploie ses vues dans l’ordre dans son ouvrage De Providentia Dei (Opera, iv. p. 79, sq.). Le péché d’Adam, dit-il, était inclus dans la destination pré״, mais aussi dans la rédemption. Comp. p. 109, sqPag. 118 : Est electio libera divin® voluntatis de beandis constitutio.... Quemadmodum legislator !-bus ac principibus integrum est constituer© ex »qui bonique ratione, sic divin » majestatis integrum est ex natura sua, quæ ipsa bonitas est, consti tuere. Pag. 115 : In destinandis ad salutem hominibus voluntas divina prima vis est : ancillantur autem sapien tia, bonitas, justitia et ccteræ dotes, quo fit, ut voluntati referatur, non sapientiæ... . non justitiæ, non liberalitati divin »... . Est igitur electio libera, sed non cœca, divin » voluntatis, sed non solius quantumvis præcipuæ cans », constitutio eum majestate et *auctoritate, de beandis, non de damnandis. Pag. 140 : Stat electio Dei firma et immota, etiamsi per filium suum prœcepit, electos ad se transferre... . Firma manet electio, etiamsi electus in tarn immania scelera prolabatur, qualia impii et répudiât ! désignant... . Testes sunt David, Paulus, Magdalena, latro, alii.— Contre l’inférence pratique que les élus ne seront pas lésés, aussi péché que possible, Zwingle répond (ibid.) : Qui sic loquuntur, testimonium dant, aut se electos non esse, aut fidem ac Dei cognitionem nondum habere. Omnia cooperantur electis ad bonum ; omnia quoqne circum 11109 divina providentia fiunt, neque quicquam tarn frivolum fit, quod in Dei ordinatione ac opere frivolum sit. Pag. 143 : Hoc omnino irrefragabile est, aut provi-dentiam omnia curare, nuspiam cessare aut torpere, aut omnino nullam esse. Pour plus de détails, voir Hahn dans les Studien und Kritiken, 1837, 4e partie, p. 765, ss. ; et de l’autre côté J. J. Herzog, dans le Studien und Kritiken, 1839, 4e partie, p. 778, 8s. — Schweizer, ii. 192 ; Schenlcel, ii. D’après une comparaison établie entre la doctrine de Zwingle sur la prédestination et ses vues générales sur le péché originel et le salut des païens (qui différaient de l’augustinisme rigide), il est évident qu’il a déduit la doctrine de la prédestination plutôt de sa doctrine sur Dieu que de son anthropologie, et qu’il a procédé de principes spéculatifs plutôt que d’éthiques. Mais cela n’implique nullement qu’il faille être à la limite de la vie panthéisteCalvin a rapproché la doctrine de la prédestination de celle du péché originel, Instit III, c. 21-24. C’est ainsi qu’il dit, c. 23 : Iterum quœro : Unde factum est, ut tot gentes una cum liberie eorum inf antibus cetemce morti involveret lapsus Ados absque remedio, nisi quia Deo ita visum est ! Hic obmutescere oportet tarn dicaces alioqui linguae. Decretum quidem horribile fateor ; inficiari tamen nemo potent, quin præsciverit Dens, quern exitum esset habitunis homo, antequam ipsum conderet, et ideo pres-civerit, quia decreto suo sic ordinarat. Et dans le second Confessez-vous. Les articles relatifs à la chute de l’homme (8) et à la liberté de la volonté (9) précèdent, dans l’ordre des sujets, celui concernant la prédestination (10). Comp, aussi Conf. Gall. Art. 12. Belg. Art. 16. Chanoine. Dordr. i. 1, etc., cité par Winer ; Voir note 11.

8 Inst. III, c. 23, § 7, il appelle l’exclusion de la chute du premier homme de la prédestination divine, a frigidum commentum. Comp. § 4 : Coran ergo in sua corruptione pereunt (homines), nihil aliud quam pœnas luunt ej usd era calamitatis, in quam ipsius prœdestinatione lapsus est Adam ac posteros snos precipites secum traxit. — C’est sur ce point particulier que Calvin (et son disciple Bèze) est allé plus loin qu’Augustin, qui n’a pas inclus la chute d’Adam dans les décrets divins. Calvin déduit la doctrine de la prédestination à la fois à partir de prémisses éthico-anthropologiques et théologico-spéculatives ; à son avis, elle a un aspect pratique aussi bien que théorique. [Mais comparez Julius Müller dans son essai dans les Studien und Kritiken, mentionné dans l’introduction de cette section.] Le nom SupraJapsarianscependant, n’apparaît pas avant le Synode de Dort. Ce sont surtout les gomaristes qui étaient favorables au supralapsaire schéma.♦♦ « Bien que le synode de Dort ait hésité à se prononcer en faveur du supralapsarianisme, c’était, en tout cas, le sens le plus profond de l’orthodoxie » ; Schweizert. II, p. 124. [Baur, Dog-mengeschichte, p. 280 : Le véritable antagonisme protestant avec le catholicisme est le calvinisme, et cela aussi sur cette doctrine, qui était d’abord commune à tous les réformateurs, > n’a été appliquée systématiquement que dans le calvinisme. Tout le système de la dépendance de l’individu à l’égard d’un pouvoir, déterminant absolument sa volonté et ses actes, que le catholicisme présente dans sa doctrine de l’Église, le calvinisme l’attache à son décret absolu. Pag. 315 : « Les affirmations contradictoires de Calvin sur le péché ont reçu leur expression la plus paradoxale dans sa formule bien connue : Cadit homo, divina providentia sic ordinante, sed suo vitio cadit. De quelque côté que l’on puisse considérer la question, cette position ne peut avoir qu’un sens rationnel, lorsqu’elle est comprise comme affirmant qu’Adam n’était pas un homme tel que Dieu voudrait qu’il soit, à moins que, outre la perfection de sa nature, il n’y ait aussi quelque chose dans sa nature qui répugne à Dieu, ou une nature déchue.

♦ Sur la question de savoir jusqu’à quel point Luther était enclin à adopter une telle notion ? voir Baur, dans son ouvrage contre JfoWer, p. 38. [Bèze'8 Brève déclaration de la table de la prédestination, 12mo, traduit, Londres, s. d.]

♦♦ Episcopius Instit, v. 5, définit ainsi la différence entre les deux schémas : Duplex est eorum sententia, qui absolutam hujusmodi prædestinationis gratiam asserunt Una est eorum, qui statuant, decretam prædestinationis absolute a Deo ab seterno factum esse, ante omnem hominis aut condendi aut oonditi aut lapsi (nedum resipiscentis et credent !«) considerationem vel prævisionem. Salut Supralapsarii vocantur. Altera est eorum, qui prædestinationis istius objectum statuunt, homines definite præscitos, creatoe ao lapsos. Definite, inquam, præscitos, etc., ut a prima sententia distinguatur, quæ statuit, objectum prædestinationis homines indefinite præscitos, seu (ut D. Gomarus loquitur) creabiles, labiles, reparabiles, salvabiles, hoc est, qui creari ao prædestinari poterant, Kt hi SMapsarii (Infralapsarii) vocantur... . Discrepat posterior sententia a priore in eo tantum, quod prior prœdestinationem præordioet lapsui, posterior earn lapsui subordinet. Illa præordinat earn lapsui, ne Deum insipientem faciat : hæc subordinat, ne Deum injustum faoiat, c’est-à-dire lapsus anctorem. <Comp. lÀmborch, TbeoL Christ., iv. deux.

9 C’était le cas, par exemple. g^ avec les prédicateurs de Delft. Comp. SchrockhKirchengesch. nach der Reformation, v. p. 224. Le synode de Dort était également satisfait du projet infralapsaire ; du moins ses décrets ne mentionnaient pas expressément le Snpralapsarianisme. et la forme. L’article 5 dit seulement que la chute d’Adam a été permise.

10 Sur le lien nécessaire entre l’universalité de la grâce et l’élection conditionnelle d’une part, et entre le particularisme (rédemption limitée) et l’élection inconditionnelle d’autre part, voir Planck, 1. c. C’est ainsi que l’on trouve dans la Formule Concordiæ, p. 618 : Christus vero omnes peccatores ad se vocat et promittit illis levationem, et serio vu It, ut omnes homines ad se veniant et sibi consul ! et subvenir ! sinant P. 619 : Quod vero scriptum est, multos quidem vocatos, paucos vero electoe esse, non ita accipiendum est, quasi Deus nolit, ut omnes salventur, sed damnationis impiorum causa est, quod verbum Dei aut prorsus non audiant, sed contumaciter contemnant, aures obdurent et cor indurent et hoc modo Spiritui Sancto viam ordinariam præcludant, ut opus suum in his efficere nequeat, aut certe quod verbum auditum flocci pendant atque abjiciant. Quod igitur pereunt, neque Deus, neque ipsius electio, sed malitia eorum in culpa est. — La même doctrine a été enseignée par les remontrants, art. 2 : J esum Christum, mundi servatorem, pro omnibus et singulis mortuum esse, atque ita' quidem, ut omnibus per mortem Christi reconciliationem et peccatorum remissionem impetraverit, ea tamen conditione, ut nemo ilia remissione peccatorum re ipsa fruatur præter hominem fidelem, et hoc quoqne secundum evangeliuqi. Pour d’autres passages, voir Winer, p. 92.

11 Ainsi, la première Confession de Bâle (comp., note 7) n’exclut pas la possibilité que Dieu ait élu tous les hommes, ou du moins tous ceux qui croient. Les auteurs de la Confession. Les Helvetica étaient également prudentes dans leurs expressions, c. 10 : Deus ab æterno prædestinavit vel elegit libéré et mera sua gratia, nullo hominis respecta, sanctos, quos vult salvos facere in Christo... . Et quamvis Deus norit, qui sint sui, et alicubi mentio fiat paucitatis electorumbene sperandum est tamen de omnibus, neque temere reprobis quisquam est adnumerandus. Comp, aussi, Conf. Angl. Art. 17. Ecosse Art. 8. Dans le Catech. Heidelberg aussi, Qu. 20, la prédestination est faite pour dépendre de la foi. Les calvinistes des temps postérieurs n’étaient pas d’accord entre eux sur la question de savoir si le Qu. 37 implique ou non l’universalité des mérites du Christ ; voir Peckhaus1. c. pp. 70, 71. [La 37e question du Catéchisme de Heidelberg est : « Qu’entends-tu par ces mots Il a souffert f » Réponse : u Tout le temps qu’il a vécu sur la terre, mais surtout à la fin de sa vie, il a poursuivi en corps et en âme la colère de Dieu contre les péchés de toute l’humanité ; afin que, par sa passion, comme seul sacrifice propitiatoire, il puisse racheter notre corps et notre âme de la damnation éternelle, et nous obtenir la faveur de Dieu, la justice et la vie éternelle. L’Avouer. Marchica soutient naïvement, Art 14 (après une affirmation précédente), que Dieu n’est pas la cause de la ruine de l’homme, qu’il ne prend aucun plaisir à la mort des méchants, qu’il n’a ni introduit le péché dans le monde, ni poussé les hommes au péché, non qu’il ne veut pas que tous les hommes soient sauvéscar c’est tout le contraire qui est affirmé dans l’Écriture, mais que l’origine du péché et de la perdition se trouve dans Satap et les méchants, que Dieu, à cause de leur incrédulité et de leur désobéissance, a jetés en jugement. Item, il ne faut pas désespérer du salut de qui que ce soit, 80 long 08 les moyens propres pour obtenir le salut sont utiliséscar personne ne sait quand Dieu appellera effectivement son peuple, ni qui peut encore croire ou non, parce que Dieu n’est lié à aucun temps, et ordonne toutes choses selon son bon plaisir. C’est pourquoi Sa Grâce Electorale rejette toutes les opinions et tous les discours en partie blasphématoires, en partie dangereux, tels que le fait que nous devons monter au ciel au moyen de notre raison, et y examiner un registre spécial, ou la chancellerie secrète ou la chambre du conseil de Dieu, quant à la question de savoir qui est ordonné à la vie éternelle ou non, bien que Dieu ait scellé le livre de vie. afin qu’aucune créature ne puisse y jeter un coup d’œil. Cependant la même Confession condamne expressément, comme une erreur pélagienne, l’idée que Dieu a élu les saints : propter fidem provisam. — La doctrine de la rédemption particulière n’est pas seulement exposée dans la Confession. Gall. Art 12, Belg. Art 6 (cité par Winer, p. 88), mais certainement dans les décrets du synode de Dort (cité par Winer, p. 89), et le Form. Cons. Art 4 : Deus ante jacta mundi fundamenta in Christo fecit propositum seculorum (Eph. III. 11), in quo ex mero voluntatis sub beneplacito sine ulla meriti, operum vel fidei prævisione ad laudem gloriosm gratiæ suæ elegit certum ac definitum in eadem corruptionis massa et communi sanguine jacentium adeoque peccato corruptorum numerumin tempore per Christum sponsorem etmediatorem unicum ad salutem perduêendum, etc.

12 [Confession de Westminster : Chap. iii. : Dieu de toute éternité a fait, par le conseil le plus sage et le plus saint de sa propre volonté, librement et immuablement ordonné tout ce qui arrive : mais de telle sorte que Dieu n’est pas l’auteur du péché ; ni la violence n’est offerte à la volonté de la créature ; ni la liberté ou la contingence des causes secondes n’est enlevée, mais plutôt établie. 2. Bien que Dieu sache tout ce qui peut arriver ou peut arriver, dans toutes les conditions supposées, cependant il n’a rien décrété parce qu’il l’a prévu comme futur, ou ce qui arriverait, dans de telles conditions. Voir aussi chap. ix. sur le libre arbitre. Catéchisme abrégéQu. 18 : Nos premiers parents, abandonnés à la liberté de leur volonté, sont déchus de l’état où ils avaient été créés, en péchant contre Dieu. — Sur la Rédemption, voir chap. vii. 81 L’homme, par sa chute, s’étant rendu incapable de vivre par cette alliance [c’est-à-dire des œuvres], il a plu au Seigneur d’en faire une seconde, communément appelée l’alliance de grâce ; en quoi il offre gratuitement aux pécheurs la vie et le salut par Jésus-Christ, exigeant d’eux la foi en lui, afin qu’ils soient sauvés, et promettant de donner à tous ceux qui sont ordonnés à la vie, son Saint-Esprit, pour les rendre disposés et capables de croire. Catéchisme plus vasteQu. 31 : L’alliance de grâce a été faite avec Christ comme second Adam, et en lui avec tous les élus comme sa postérité. La Confession de Westminster ne fait pas de distinction entre l’alliance de grâce et l’alliance de rédemption ; Il n’utilise pas non plus le mot expiation pour le distinguer de la rédemption. Les théologiens anglicans se tenaient généralement à l’écart de la définition du calvinisme ; voir le Deus Justificatus de Jeremy Taylor, ou une justification de la gloire des attributs divins, dans la question du péché originel, contre la façon presbytérienne de le comprendre ; Œuvres, ix. p. 815 à 421.]

C’est à ces vues que se rattachaient les questions de la doctrine de la grâce résistible, et de la question de savoir si la grâce peut être perdue D’après les réformés, la grâce agit irrésistiblement, et l’homme ne peut pas non plus la perdre une fois qu’il est en possession. Calvin Instit, iii. 2, 12. Chanoine. Dord., v. 3. Les luthériens sont d’un avis opposé, confessez-le. 12 août (p. 13, contre les anabaptistes). Forme. Concord., p. 706 : [Et quidem imprimis falsa et Epicures ilia opinio graviter redar-guenda atque rejicienda est, quod quidam fingunt, fidem et acceptam justitiam atque salutem non posse ullis peccatis aut sceleribus amitti, sed etiamsi homo absque Dei timoré et pudore pravis suis concupiscentiis indulgent Spiritus S. repugnet, et atrocia flagitia contra con« scientiam suam (et quidem malo proposito) designet, nihilominus tamen fldem, gratiam Dei, justitiam atque salutem retineri posse. Contra hqnc pestilentisnmam persuasionem singular ! diligentia hae verissimæ, immotæ, divinæ comminationee, pœnæ, et admonitiones christiania, per fidem justiflcatis sæpe repetendæ atque inculcandœ sunt] Comp, ainsi que les credo Arminiau et Sociniau cités par Winer, p. 112. De même, la doctrine de la certitude du salut (oertitudo salutis) faisait partie de la théologie de l’Église réformée : voir CalvinInstitutes, III, c. 24, § 4. Mais Luther et même Mélancthon ont fait des déclarations tout aussi fortes sur ce point ; l’assurance de la foi est enseignée dans la Confession d’Augsbourg, dans l’Apologie et dans les Conférences de Saxe et de Wirtemberg. Parmi les confessions réformées, on ne la trouve pas dans les deux confessions de Bâle, la gallicane, la belge, la seconde helvétique, la d’Écosse, ni dans les canons de Dort. La Confession de l’Assemblée de Westminster nie expressément que l’assurance soit de l’essence de la foi qui sauve. Louis le Blancprofesseur à Sedan, dans ses Thèses théologiques, 1683, soutient, contre Arnauld, que la doctrine n’était pas généralement soutenue par les réformés. Voir la British and Foreign Evangelical Review, octobre 1856, en réponse à Sir William Hamiltonqui, dans ses Dissertations, pp. 486-7 (éd. am.), affirmait que, sur ce point, les protestants avaient complètement abandonné leur terrain d’origine. En ce qui concerne les vertus et le salut des païens, les partisans du système augustinien adoptèrent les vues de son fondateur. Cela a donné plus d’importance à l’opinion différente de Zwingleavancée dans son Christ Fidei brevis et clara ^xpositio, § 10.

 

§ 250.

CONTROVERSES CONCERNANT LA PRÉDESTINATION AU SEIN DES DÉNOMINATIONS ELLES-MÊMES.

Dès le vivant de Calvin lui-même Sébastien Castellio et Jérôme Bolsectous deux de Genève, élevèrent la voix contre la doctrine calviniste, mais ne produisirent aucune impression.1 Les vues les plus modérées d’Arminius et de ses partisans eurent toujours des adhérents secrets dans l’Église réformée elle-même. Mosee Amyraldusdisciple de Cameron, et professeur de théologie à l’académie de Saumur, se prononça ouvertement en faveur de ce qu’on appelle l’Universalismus hypotheticus,2 synthèse de l’universalisme et du particularisme. et a été suivi par d’autres théologiens français.3 Claude Pajon, son disciple, représentait l’influence bienveillante du Saint-Esprit comme si intimement unie à l’efficacité de la parole, qu’il niait une influence immédiate de l’Esprit sur le cœur ; mais cependant il se proposait de n’avoir aucune controverse avec la doctrine calviniste de la prédestination.4 Samuel Huberqui avait fait sécession de l’Église réformée pour se tourner vers l’Église luthérienne, étendit l’universalité du salut plus loin que ne le permettaient les théologiens luthériens, et fut donc persécuté par les deux partis.5 Dans l'Église catholique romaine, les défenseurs du système strict d'Augustin se sont efforcés, à différentes occasions, de rétablir son ancienne autorité. Les controverses qui se déroulèrent à l’Université de Louvain,6 et la tentative de Lewis Molina de concilier la doctrine de la prédestination avec celle de la liberté de la volonté,7 donnèrent naissance aux congrégations pontificales de Auxiliis (gratiæ divinæ), qui cependant n’aboutirent à aucun résultat important,8 jusqu’à ce qu’enfin le jansénisme établit une opposition permanente à la tendance pélagienne de l’Église romaine.9 Les jansénistes adoptèrent aussi les vues de leur maître sur la prédestination. Dans l’Église d’Angleterre, la prédestination était enseignée dans les trente-neuf articles, mais elle fut graduellement supplantée par le système arminien en conjonction avec les tendances épiscopales et sacramentelles. Les presbytériens écossais et les non-conformistes anglais s’en tenaient au point de vue calviniste, essentiellement tel qu’il est énoncé dans la Confession de foi et les Catéchismes de l’Assemblée des théologiens de Westminster.10

1 Peu de temps après que Castellio eut quitté Genève pour Bâle (1544), il publia un exposé du neuvième chapitre de l’épître de Paul aux Roms, dans lequel il attaquait violemment la doctrine calviniste. Dans une brochure anonyme publiée à Paris sous le titre : Auszüge ans den lateinischen und franzôsischen Schriften Calvins, la doctrine de l’élection par la grâce a été combattue « avec les armes de la satire la plus vive et de la dialectique la plus aiguë d’une manière digne de Voltaire » HenryLeben Calvins, i. p. 389. Après sa mort ont été publiés : Sebast, Castellionis Dialog ! IV. de predestinatione, de elec-tione, de libero arbitrio, de fide. Aresdorffii [Basile.] 1578. 12 mois. Sur les écrits controversés de Bolsecvoir Bretschneider, dans Reformatoren-Al-Manach 1821, p. 117. Henri, iii. 48 ; Schenkel, ii. Débloquer le niveau 174.

 Avec une préface de Felix Turpio Urbevetanus (Faustus Socinus) : voir Athènes. Baur., p. 360.

2 Sur son histoire (il mourut en 1664), voir BayleDictionnaire, sub voce : Amyraut ; JablonskiInstitutt. Hist. Christ récent, p. 313. SchrbckhKirchcngesch. nach der Reformation, viii. p. 660 83. Voir aussi ci-dessus, § 225 a, p. 181. C’est surtout contre les affirmations d’Amyraut, ainsi que de Lewis Cappellus et de Joshua de la Placeque la doctrine rigide du consensus de la formule a été dirigée (oomp. § 249, note 11). Les vues d’Amyraut sont développées dans son Traité de la Prédestination. Saumur, 1634. 12. Comp. <. gp. 89 : Si vous considériez le soin que Dieu a eu de procurer le salut au genre humain par !' envoyé de son fils au monde, et les choses qu’il y a faites et souffertes à ceste fin, la grâce est universelle et présentée à tous les hommes. Mais si vous regardés à la condition qu’il y à nécessairement apposée, de croire en son fils, vous trouve-rés qu’encore que ce soin de donner aux hommes un Rédempteur procède d’une merveilleuse charité envers le genre humain, néantmoins ceste charité ne passe pas ceste mesure, de donner le salut aux hommes, pourveu qu’ils ne le refusent pas : s’ils le refusent, il leur en oste l’espérance, et eux par leur incrédulité aggravent leur condamnation. Comp. Specimen Animadversionum in Exercitationes de Gratia Universal !, Salmnr, 1784, 4.— Sur la suite de cette controverse, voir WalchBiblioth. Theol. sei., t. II, p. 1023, ss. Sur Amyraut en particulier, voir SchweizerMoses Amyraldus, Versuch einer Synthèse des Universalism us und des Particularismus (in Zel-leris Jahrb., 1852 – principalement contre les représentations d’Ebrard) : « L’Amyral-disme a été désigné, l’universalisme hypothétique. Mais cela est susceptible d’être mal compris, et de favoriser une représentation erronée du système, comme s’il franchissait les limites du particularisme calviniste, et comme le pense Ebrard, ne conservait cette caractéristique qu’en apparence ; tandis que le fait est qu’Amyraut était sincère en sa faveur, et l’a même rendue plus tranchante, chaque fois qu’elle le pouvait.Pourtant, il y a encore dans l’amyraldisme une atténuation importante du dogme de ce point de vue, à savoir qu’il a ajouté un universalisme idéal au plan du monde particularisant.

3 Tessard, Daillé, Blondel, Claude, Du Bose, Le Faucheur, Mestrezat, Tronchin. [Sur Daillé et Blondel, voir ci-dessus, § 225a, notes 8 et 9. A. VinetHistoire de la prédication parmi les réformés de France au XVIIe siècle, Paris, 1860. Il compte Du Bose à côté de Clande en capacité.] En opposition se trouvaient Bu Moulin (Molinæus de Sedan), et surtout Friedr. Spanheim dans ses Exercitationes de Gratia Universal !, Lugd. Batav., 1646, à quoi Amyraut répondit dans son Exercitatio de Gratia Universal !, Salm., 1647. Voir Schweizer, p. 61. [Comp. § 225, a : Vinet, ubi précité. Da Moulin a publié 10 décennies de sermons, et 60 traités controversés : son Anatomie de l’arminianisme, trad. Lond., 1635.]

4 Les vues de Pajon furent surtout contestées du côté réformé, par Claude et Jurieu : Traité de la Nature et de la Grâce, ou de Concours général de la Providence, et du Concours particulier de Grace efficace, contre les nouvelles hypothèses de Mr. P. [ajon] et de ses disciples, Utrecht, 1687 : aussi par Leydecker et Spanheim : du côté luthérien par Vai. Ernest Loscher (Exercitatio Theol. de Claudii Pajonii ejnsque Sectatoribus quos Pajonistas vocant Doctrina et Fatis, Lips. 1692). Sur le rapport entre son opinion individuelle et le système dogmatique général de l’Église réformée, et sur sa signification dans la théologie réformée, voir Al. Schweizer, dans le traité mentionné, § 225, note 3 [dans le Theol. Jahrb. de Zeller, 1852, 1853, et dans le Realencyclop de Herzog.]

5 Il était originaire de Berthoud dans le canton de Berne, en Suisse, mais a été contraint de quitter son pays en raison de ses opinions. Après avoir adhéré à l’Église luthérienne, il devint d’abord pasteur dans les environs de Tübingen, puis professeur à l’université de Wittenburg. Son affirmation selon laquelle Dieu a élu tous les hommes de toute éternité pour le salut (sans égard pour leur foi future) a offensé les luthériens. Il est opposé à Polycarpe Lyser anàÆgidius Hunnius (1593), qu’il accuse à son tour de calvinisme. Pour les détails de la controverse et les explications de Hubervoir Schrockhiv. p. 661, et Andr. Schmidii Dissert, de Sam. Huberi Vita, Fatis et Doctrina, Helmst., 1708, 4. Jul. Niggers, Beitr&ge zur Lebensgesch Sam. Hubers, dans la Zeitschrift d’Illgen, 1844. Treckstldans le Berner Taschenbuch, 1844. SchweizerCentraldogmen, i. 501 sq.

6 La vieille controverse entre les thomistes et les scotistes (dominicains et franciscains) a été ravivée à l’époque de la Réforme. Alors que le concile de Trente est encore réuni, une controverse éclate entre Michel Ba jus (de Bay, né en 1513, mort en 1589) et ses collègues, disciples de Scot. Le pape Pie V publia une bulle (1567) dans laquelle il condamnait 76 propositions de Bajus (dont plusieurs étaient littéralement tirées des écrits d’Augustin) ; Mais cela n’a été fait que dans un certain sens. Grégoire XHL confirma cette sentence en 1579. Mais lorsque les jésuitesLéonard Less et John !boiteux proposèrent trop hardiment le système pélagien, les professeurs de l’Université de Louvain élevèrent la voix contre 34 propositions tirées de leurs conférences, et les condamnèrent publiquement. Pour plus de détails, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique. Baji Opp. Col., 1696, 4. [Comp. KuhnDogmatik, i. 490 sq. La doctrine de Less fut condamnée par la faculté de JDouayen 1588Estius étant le chef, tandis que Mayence, Trèves et Ingolstadt se prononçaient pour les Jésuites. Le dominicain espagnolBannezétait le plus habile thomiste et augustin : contre luiPruden-tius de Monte-Mayor défendit la scientia media, 1581. Le même point de vue a été adopté par Petrus de Fonsecaen 1566, et défendu par Suarez à CoimbraVasques à Compluta, Grégoire de Valentia à Ingolstadt.

7 Il était également jésuite, né en 1540, et mort en 1600 (en tant que professeur de théologie à l’Université d’Evora au Portugal). Il a écrit : Liberi arbitrii cum gratiæ donis, divina præscientia, prædestinatione et reprobatione concordia. Il s’efforça d’amener ladite réconciliation en distinguant entre præscientia et prædeterminatio ; Il a appelé l’ancienne scientia media.

8 Ils ont été rédigés en 1597 par ordre du pape Clément VII, et publiés en 1607 par le pape Paul V. Le pape imposa (1611) le silence aux deux parties. Aug. Le Blanc (Serry), Historia Congreg. de Auxiliis Gra-the, Antw. 1700, fol.

9 Voir l’histoire générale des doctrines. Le pape Urbain VIII a condamné l’Augustin de Jansen dans la bulle In Eminenti. (Bullar, M. Tom. V.), et le pape Innocent X, condamnèrent (1653) cinq propositions en particulier. Pour plus de détails, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique. Sur les principes des jansénistes, voir Reuchlin, Port-Royal. (Voir aussi § 228.)

10 [Voir ci-dessus, § 225bnotes 2, 6, 8, 15, 16, etc. Le 17e des articles du XXXIX est celui de la prédestination et de l’élection : La prédestination à la vie est le dessein éternel de Dieu, par lequel (avant que les fondements du monde ne soient posés) il a constamment décrété par son conseil secret pour nous, de délivrer de la malédiction et de la damnation ceux qu’il a choisis en Christ parmi les hommes, et de les amener par Christ au salut éternel, comme des vases faits pour l’honneur. C’est pourquoi, ceux qui sont revêtus d’un si excellent bienfait de Dieu soient appelés, selon le dessein de Dieu, par son esprit agissant au temps convenable ; ils obéissent à l’appel par la grâce de Dieu ; qu’elles soient justifiées librement ; qu’ils soient faits fils de Dieu par adoption ; qu’ils soient rendus semblables à l’image de son Fils unique, Jésus-Christ ; ils marchent religieusement dans les bonnes œuvres ; et enfin, par la miséricorde de Dieu, ils parviennent à la félicité éternelle. — Suivent ensuite des mises en garde sur l’usage de la doctrine : « Pour les personnes curieuses et charnelles, dépourvues de l’Esprit de Christ, avoir continuellement devant les yeux la sentence de la prédestination, c’est une chute des plus dangereuses, » etc. Les articles des Neuf Lambeth (voir § 225 δ, note 8) enseignaient la réprobation. Sur la controverse relative à la position doctrinale de l’Église d’Angleterre, voir les ouvrages de Laurence, Tomline, Goode, Scott, etc., mentionnés dans la note 2 du § 225 bAbp. William King (de Dublin), Prédestination divine et prescience, Lond. 1710 ; Kd, CoplestonBp. de Llandaff, Enquête sur les doctrines de la nécessité et de la prédestination, Lond., 1821. Confession de foi de Westminster, chap. III, 3. Par le décret de Dieu, pour la manifestation de sa gloire, certains hommes et anges sont prédestinés à la vie éternelle, et d’autres prédestinés à la mort éternelle. 5. Ceux d’entre les hommes qui sont prédestinés à la vie, Dieu, avant que la fondation du monde ait été posée, selon son dessein éternel et immuable, et le conseil secret et le bon plaisir de sa volonté, les a choisis en Christ pour la gloire éternelle ; par sa seule grâce et son amour gratuits, sans aucune prévoyance de la foi ou des bonnes œuvres, ou de la persévérance dans l’une ou l’autre de ces œuvres, ou de toute autre chose dans la créature comme conditions, ou causes qui l’y poussent ; et tout cela à la louange de sa grâce glorieuse. 6. Dieu a destiné les élus à la gloire, 80 il a, par le dessein éternel et très libre de sa volonté, ordonné d’avance tous les moyens d’y parvenir, etc. 7. Les autres sont passés et ordonnés au déshonneur et à la colère pour leur péché, à la louange de sa glorieuse justice. 8. La doctrine de ce haut mystère doit être traitée avec une prudence et un soin particulier, etc.]

 

§ 251.

JUSTIFICATION ET SANCTIFICATION. LA FOI ET LES ŒUVRES.

MöhlerSymbolisme, p. 134 ß. Baur, p. 100. 215 images ß.

Les catholiques romains et les protestants étaient d’accord pour attribuer à Dieu la justification du pécheur, mais différaient en ceci, que les premiers confondaient l’acte de justification avec celui de sanctification, de manière à représenter l’un et l’autre comme un seul acte de rendre juste,1 tandis que les protestants se séparaient l’un de l’autre, affirmant que la justification du pécheur devant Dieu (qui est décrite comme un acte médico-légal de la part de Dieu), est antérieure à sa sanctification, qui est physique (c’est-à-dire affectant la nature) et thérapeutique).2 Les catholiques romains et les protestants attribuaient à la foi un pouvoir de justification, dans le cas du pécheur : mais il y avait cette grande différence entre eux, que les premiers soutenaient qu’en plus de la foi, les bonnes œuvres sont une condition nécessaire du salut, et leur attribuaient un certain degré de mérite,3 tandis que les seconds s’en tenaient rigoureusement à la proposition « Sola fides justificat ».4 Cependant, quelques sectes opposées,5 qui avaient leur origine dans le protestantisme, formaient ici encore une exception. Alors que les arminiens et les sociniens étaient d’accord avec d’autres protestants pour limiter la justification en premier lieu à l’acte d’accorder le pardon,6 les mennonites et les quakers le considéraient comme un acte thérapeutique.7 En ce qui concerne la relation entre la foi et les œuvres, les arminiens et les sociniens, aussi bien que les mennonites, adoptèrent des vues plus étroitement voisines de celles des catholiques romains, mais avec cette différence importante,8 qu’ils niaient le mérite des œuvres,9 tout en les tenant pour nécessaires. [De nombreux théologiens de l’Église anglicane occupaient une position intermédiaire.]10

1 Conc. Trid., Sees. VI, cap. 7 : Justificatio non est sola peccatoram remissio, sed et sanctificatio et renovatio interioris hominis per voluntarism susceptionem gratiæ et donorum, unde homo ex injusto fit Justus et ex ini-mico amicus, ut sit hæres secundum spem vitæ ætcrnæ, etc. Comp. Can. 11, et BellarminDe Justif, ii. 2 :... . Sicut aër, cum illustratur a sole per idem lumen, quod recipit, desinit esse tenebrosus et incipit esse lucidus, sic etiam homo per eandem justitiam sibi a sole justitiæ donatam atque infusam desinit esse injustus, delente videlicet lumine gratiæ tenebras peccatoram, etc.

2 Apol. Augustanœ Conf. p. 125 : Justificare hoc loco (Rom. v. 1), forensi consuetudine significat reum absolvere et pronuntiare justum, sed propter aliénant justitiam, videlicet Christi, quæ aliéna justitia communicatur nobis per fidem. Comp. p. 73 ; , p. 109. Forme. Cône, p. 785. Helv. II, c. 15 : Justificare significat Apostolo in disputatione de justificatione : peccata remittere, a culpa et pœna absolvere, in gratiam recipere et justum pronuntiare.— « Selon la doctrine catholique romaine, le Christ, par l’acte de justification, est réellement incarné dans le croyant, de sorte que celui-ci devient un reflet vivant du prototype ; selon la doctrine protestante, il ne projette que son ombre sur le croyant, qui l’abrite tellement, que Dieu ne voit pas son état de pécheur. De l’autre côté, voir Baur, p. 229, ss., et le passage cité par Mohler, p. 136, de l’Antidote de Calvindans Conc. Trid., p. 702 : Neque tamen negandum est, quin perpetuo conjuncta sint ac cohæreant duæ ista res, sanctificatio et justificatio. Les protestants ne le nient pas La justification et la sanctification sont étroitement liées, mais elles nient qu’elles soient une seule et même chose ; quand la Formule Conc. (Solida Declar. III. p. 695) dit : Totam justitiam nostram extra nos quæ-rendam, elle l’explique immédiatement après en ajoutant : extra omnium horn»· num mérita, opera, etc. [Dans la doctrine de la justification par la foi, tout l’antagonisme entre le romanisme et le protestantisme est le plus clairement vu. Les protestants font de la réception subjective et individuelle du salut l’expérience la plus intime de l’individu, d’une part, tandis que, d’autre part, elle le représente aussi médiatisé que possible par l’intermédiaire de la personne elle-même. Le catholicisme ne permet pas seulement à l’individu d’y participer, mais il introduit aussi toute une série d’actes intermédiaires entre Dieu et l’homme, dans lesquels se manifeste la tendance extériorisée de tout son système. Baur, p. 331.]

3 Conc. Trid. Mers. vi. c. 6-c. 8 : Per fidem ideo justificari dicimnr, quia fides est humanæ salutis initium, fundamentum et radix omnia justificationis. •—D’autre part, c. 9 : Si quis dixeritsola fide impium justificari, ita nt intelligat nihil aliud requiri, quod ad justificationis gratiam consequendam cooperetur...... anathèmes, asseyez-vous. Comp. c. 12. Ceci est lié à l’idée morale et extérieure (historique) de la foi. Chat. Rom. I. i., 1 : Nos de ea fide loquimur, cujus vi omnino assentimur iis, quæ tradita sunt divinitus. La foi prise dans ce sens (comme soumission à l’autorité de l’Église) peut être considérée comme méritoire. Le mérite des œuvres consiste en ceci que la justitia est augmentée par l’accomplissement des bonnes œuvres. Comp. Concil. Trident. Voit. vi. (cité par ! Plus fine, p. 104) ; Catech. Rom. ii. 5, 71. DellarmineJustifier, v. 1, iv. 7. Cependant (selon Bellarmin), les mérites des hommes ne jetteront pas dans l’ombre les mérites du Christ ; ils sont plutôt eux-mêmes l’effet des mérites du Christ, et servent à manifester sa gloire parmi les hommes. Bellarminv. δ (cité par Winer, p. 105.)

4 Confessio Augustana, art. 4 : Docent, quod homines non possunt justi-ficari coram Deo propriis viribus, meritis aut operibus, sed gratis justificentur propter Christum per fldem, cum credunt se in gratiam recipi, et peccata remitti propter Christum, qui sua morte pro nostris peccatis satisfecit Hanc fidem imputât Deus pro justitia coram ipso. — Mais les protestants n’entendaient pas par foi une simple feinte historique (comme le faisaient les catholiques romains),  voir Art 20 (p. 18) : Admonentur etiam homines, quod hie nomen fidei non significet tantum historiæ notitiam, qualis est in impiis et diabolo, sed significet fidem, quæ credit non tantum historian !, sed etiam effectum histories, videlicet hunc articulum, remissionem peccatorum, quod videlicet per Christum habeamus gratiam, justitiam et remissionem peccatorum. Comp. Apologia, p. 68.— En ce qui concerne Les bonnes œuvres, et le rapport qu’elles ont avec la foi, Luther attacha d’abord une grande valeur aux véritables œuvres de miséricorde, les distinguant des œuvres mortes de la loi et des cérémonies ; mais il niait aussi le mérite des meilleures œuvres, et les regardait avec suspicion, toutes les fois qu’elles ne procédaient pas de la foi ; comp. Schenkelii. 193, 8q. — La Confession. 20, p. 16 : Falso aceusantur nostri, quod bona opera prohibeant... . Docent nostri, quod necesse sit bona opera fhcere, non ut confidamus per ea gratiam mereri, sed propter voluntatem Dei. — Apol. p. 81 : Nos quoque dicimus, quod delectio fidem sequi debeat. Neque tamen ideo sentiendum est, quod fiducia hujus dilectionis aut propter hanc dilectionem accipiamus remissionem peccatorum et reconciliationem. Ibid. p. 85 : Falso calumniantur nos adversarii, quod nostri non doceant bona opera, cum ea non solum requirent, sed etiam ostcndant, quomodo fieri possint, etc. Comp. Winerp. 99 et 105, où d’autres passages des symboles luthériens sont cités. — Les credo de l’Église réformée s’expriment en termes analogues. Ainsi la Confession de Bâle, art. 9, concernant la foi et les bonnes œuvres : Nous reconnaissons le pardon des péchés par la foi en Jésus-Christ, le crucifié ; bien que cette foi s’exerce continuellement, se manifeste et soit conservée par des œuvres d’amour, nous n’attribuons pas la justice et la satisfaction de nos péchés aux œuvres comme fruit de la foi, mais uniquement à la vraie confiance et à la foi dans le sang de l’Agneau de Dieu, qui a été versé pour la rémission de nos péchés ; car nous confessons librement que toutes choses nous sont données dans le Christ. C’est pourquoi les croyants ne doivent pas faire de bonnes œuvres pour satisfaire leurs péchés, mais seulement pour manifester leur reconnaissance pour la grande miséricorde que le Seigneur Dieu nous a montrée dans le Christ. Conf. Helv. II. c. 15 : Docemus cum Apostola, hominem peccatorem justifie ! sola fide in Christum, etc. La définition suivante est donnée au ch. 16 : Fides humana non est opinio ac humana persuasio, sed firmis-sima fîducia et evidens ac constans animi assensus, denique certissima com pre-hensio veritatis Dei.... atque adeo Dei ipsius, summi boni, et præcipue promissionis divinæ et Christi, qui omnium promissionum est colophon.— Heidelberg Catéch., Qu. 21 : Qu’est-ce que la vraie foi î Answ. Ce n’est pas seulement une certaine connaissance par laquelle je tiens pour la vérité tout ce que Dieu nous a révélé dans sa Parole, mais aussi une confiance assurée, que le Saint-Esprit opère par l’Évangile dans mon cœur, que non seulement aux autres, mais à moi aussi, la rémission des péchés, la justice éternelle et le salut sont donnés gratuitement par Dieu. seulement par grâce, seulement pour les mérites du Christ.

Les parties en conflit connaissaient bien les différentes significations attachées au terme « foi ». Voir Bellarmin, De justifie. § 4. Ils n’étaient pas engagés dans une simple logomachie. Il y a seulement ce qu’il faut déplorer, c’est que les protestants (même Luther) ne s’en tenaient pas à l’idée interne et dynamique de l’humanité, mais qu’ils ne s’en tenaient pas souvent à l’idée de l’indécis. l’a confondue (comme les catholiques) avec les histoires de Fides. Cela a donné lieu à une justice-foi, pire même que la justification par les œuvres, puisqu’elle n’a coûté aucun effort, et a donné lieu à l’orgueil et à la dureté envers ceux qui avaient des opinions différentes ; voir Schenkel, ii 200 sq. Zwingled’autre part, insistait sur la nature morale de la foi ; ibid., p. 299. Mélancthon et Calvin ont essayé d’harmoniser les éléments dogmatiques et éthiques de l’idée ; ibicL, 322 sq. La différence entre le système réformé et le système luthérien est frappante dans leur doctrine concernant la foi. Dans le schéma calviniste, la foi est l’un des éléments de la série de la prédestination absolue ; le système luthérien s’efforce sur ce point d’écarter le décret absolu, mais d’une manière fluctuante, faisant de la foi d’une part un don de Dieu, et d’autre part, n’osant pas prendre le terrain pélagien, qu’une réserve fides conditionnait l’élection. Baur, p. 334.]

5 Par exempleThomas Munzer, David <7brw, Seb. Frank, Thamer, Schwenkfeld, etc. Voir Schenkel, ii. 251Hagen., ii. Débloquer le niveau 374.

6 Confess. Remonstrant 18, 3 et Apolog. Conf Rem. p. 112, a. (cité par Winer, p. 97) : Justificatio est actio Dei, quam Deus pure in sua ipsius mente efficit, quia nihil aliud est, quam volitio aut decretum, quo pec-cata remittete et justitiam imputare aliquando vult iis, qui credunt, t. 1. e., quo vult pœnas peccatis eorum promeritas iis non infligere eosque tamquam jus-tos tractare et præmio afficere. — Les Sociniens considéraient aussi la justification comme un acte médico-légal Catéchèse. Racov. Qu. 433 (ibid.) : Justificatio est, cum nos Deus pro justis habet, quod ea ratione facit, cum nobis et peccata remittit et nos vita æterna donat Comp. Socinus, de Justif. (Opp. ii. p. 603) Duplid autem ratione amovetur peccatum : vel quia non imputatur ac perinde habetur ac si nunquam fuisset, vel quia peccathm ipsum revera aufertur, nec amplius peccatur.... Ce qu’il dit plus loin Utraque hac amovendi peccati ratio iajustificatione coram Deo nostra conspicitur, pourrait nous faire penser qu’il a identifié la sanctification et la justification, mais dans la suite il les sépare nettement : Ut autem cavendum est, ne, ut hodie plerique faciunt, vîtes sanctitatem atque innocentiam effectum justificationis nostræ coram Deo esse dicamus, sic diligenter cavere debcm us, ne ipsam san cti tatem atque innocen-tiam justificationem nostram coram Deo esse credamus, neve illam nostra coram Deo justificationis causam efficientem aut impulsivam esse affirmemue, 8ed tan turn modo causam, sine qua' earn justificationem non contingere de-crevit, Deus. La différence entre justificatio et obedientia est définie de telle sorte que par la première nous devons entendre la remissio peccatorum, et par obedientia une simple condition sous laquelle la justification se produit.

7 RiesConf. Art. 21 : Per vivam fidem acquirimus veram justitiam, ». condonationem seu remissionem omnium tam præteritorum quam præsentium peccatorum, ut et veram justitiam, quæ per Jesum coopérante Spir. Sancto abundanter in nos effunditur vel infunditur, adeo ut ex malis... . fiamus boni atque ita ex injustis revera justi. — BarclayApol. 7, 3, p. 128, ne comprend pas sous la justification les bonnes œuvres en tant que telles, pas même considérées comme les effets de l’Esprit Saint en nous, mais la formatio Christi in nobisla nouvelle naissance, qui comprend en même temps la sanctification ; car c’est realis interna animce renovatio ; pour ceux-là, qui Christum in ipsis formatum habent, integrum eum et indivisum possident.

8 Limborch Theol. Christ, vi. 4, 22 :... . Sine operibus tides mortua et ad justificationem inefficax est. 4, 31. Comp. Conf. Remonstr. xi. 1 88מ et Apol. Confess, p. 113 (cité par Winer, p. 102). D’après Jo Socinus (De justif. dans la Biblioth. Fratr. Pol. Tom. II. p. 601 et 88.) Il y a la foi dans l’obéissance aux commandements divins. « Quand ils avancent quoi que ce soit d’autre concernant la justification de la foi... ils l’empruntent aux théologiens catholiques romains » [Î] Mohler, p. 634. Pour les points de vue des mennonites sur la justification, voir Ries, Confess. Art 29 : Fides. ·. .debet comitata esse amore Dei et firma confident ! » in unum Deum.

9 Schyn, Plen. Déduire p. 232 (cité par Winerp. 107) : Non ere-dimus bona opera nos salvare, sed agnoscimus bona opera pro débita obedientia et fructibus fidei. Socinus affirmait aussi que les bonnes œuvres, quoique nécessaires, ne sont pas méritoires (non sunt meritoria) : de Justif. p. 603.

10 [L’article sur la justification dans le Livre des Homélies, 1547, a été rédigé par Cranmer. Bp. George BullHarmonia Apostolic », deux dissertations sur la doctrine de Jacques sur la justification, et son accord avec Paul (Œuvres, vol. III). John Davenantévêque de Salisbury, Traité sur la justification, 1631, nouvelle éd., 1844, défend la doctrine réformée. William Forbes (de · Édimbourg, né en 1585, mort en 1634), Considerationes Modestœ (contre Bellarmin sur la justification), Lond., 1658 (posthume), réimprimé, Lib. Angl. Cath. Theol. i. 1850. L’article XI. (du XXXIX. Nous sommes considérés comme justes devant Dieu, uniquement pour le mérite de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ par la foi, et non pour nos propres œuvres ou services. c’est pourquoi, que nous ne sommes justifiés que par la foi, c’est une doctrine très salutaire et très consolante, comme l’exprime plus largement l’Homélie de la justification. L’article XIL ne représente les bonnes œuvres que comme les « fruits de la foi ». Les vues des théologiens anglais platoniciens sont exposées plus clairement dans les Select Discourses de John Smith (de Cambridge) ; De la justice évangélique légale , le 7e discours.]

 

§ 252.

FLUCTUATIONS À L’INTÉRIEUR DES DÉNOMINATIONS ELLES-MÊMES.

Des divergences d’opinions, cependant, se sont manifestées parmi les théologiens protestants eux-mêmes. Ainsi, André Osiander représentait la justification et la sanctification comme ne formant qu’un seul acte ;1 et quant au rapport entre les bonnes œuvres et la foi, les vues de Nicolas Amsdorf étaient diamétralement opposées à celles de George Major. Celui-ci affirmait que les bonnes œuvres ont contribué au salut, tandis que les premiers soutenaient qu’ils étaient productifs plutôt du mal que du bien.2 Calixteun peu plus tard, a mis l’accent sur l’élément éthique, et bien qu’il ait conservé la formule sola fides , il s’est opposé à la fides solitaria.3 Les mystiques luthériens et calvinistes attachaient (comme les Quakers) une grande importance à la sanctification, et étaient fortement opposés à cette théologie qui représente la justification comme une transaction externe et légale.4

1 Sur la doctrine de la calomnie dans sa forme la plus ancienne (après 1524), voir Heberls dans les Études u. Kritiken, 1844· Elle est développée dans les deux disputa-tione qu’il a tenues, en 1049 et 1550, dans son traité : De unico Media-tore, 1551, et dans divers sermons. Il soutenait que ce que les théologiens orthodoxes appelaient la justification devrait être plus proprement désigné comme rédemption (illustré par le cas d’un Maure racheté de l’esclavage). À son avis, la signification de όικαιονν est de « rendre juste ce n’est que par métonymie qu’il peut signifier « prononcer une personne juste ». Planckiv. p. 249, 88. Tkoluck'8 Anzeiger, 1833, n° 54, 55. Schenkel, ii. 855· Il fut opposé à Francis Staphylus, Merlin et d’autres. [Baur in Dogmengesch. 332 : La justification, selon Oeiander, est l’union mystique de l’homme avec le Christ, en tant que principe absolu de la justice... Le croyant est tellement incarné dans le Christ que, dans cette unité concrète vivante, il est chair de sa chair et os de ses os. · . . La formule Concordia est incorrecte parce qu’elle représente sa doctrine, comme excluant la nature humaine de Christ de l’œuvre de la rédemption.

2 Comparez le traité d’Arnsdorf 8 : Dass die Propositio, gude Werke si nd sch&dlich zur Seligkeit, eine rechte sei, réimprimé dans & BaumgartenGe-schichte der Religionsparteien, p. 1172-78. Arnsdorf parle, dans la première in-stânce, de ces œuvres par lesquelles les hommes espèrent mériter le salut ; mais même les œuvres qui sont le fruit de la foi sont imparfaites, à cause du péché, et nous condamneraient devant le tribunal de Christ, si Dieu ne daignait pas les accepter à cause de la foi en Christ. À son avis, il n’y avait pas de milieu entre ce qui est nécessaire au salut et ce qui fait du mal. « Bien que la preuve dialectique de cette inférence, ou de cette conséquence, soit loin d’être complète, ce qui n’est cependant pas le cas, elle peut être établie de manière satisfaisante sur des bases théologiques. » Mais c’est surtout « à cause des moines et des hypocrites qu’il est nécessaire d’adhérer à cette proposition, bien qu’elle puisse offenser la raison et la philosophie ». Amsdorf admet que les œuvres peuvent être les « manifestations et les preuves de la foi ? « Car tant que la foi existe, les bonnes œuvres s’ensuivent aussi, et quand nous commettons le péché, nous ne perdons pas le salut, parce que nous l’avons perdu auparavant par l’incrédulité ? Comp. Planckiv. p. 69, il. Calvin est aussi résolument opposé à l’osiandrisme, qu’il qualifie de calomnie. Comp. Institutes ΠΙ. c. 11, § 10, sq., et c. 13, § 5 : Quicunque garriunt, nos fide justificari, quia regeniti spiritualiter vivendo justi sumus, nunquam gustarunt gratis dulcedinem, ut Deum sibi propitium fore confiderent [Voir ci-dessus, p. 149. RitschlDie Recbtfertigungslehre Osianders, dans Jahrb. f. deutsche Theologia, 1857. farce, de satisf. Christi ex Lite Osiandr. Erlang., 1858. Gran, De Andr. Osiand. Doctrina, I860. BaurLehre d. Versohnung, 1838, p. 326, « < ?.]

3 Voir Disputatio Theologica de gratuits Justificatione, présidé par J. Calixto exponit G. Titius, Helmst., 1650. Contre cela, le Consensus Repetitus, Punct., 42-57 (dans l’éd. de Henkep. 32, sq,). Gass, i. 74. [GieselerChurch Hist, éd. de New York, iv. § 52.]

4 Schwenkfeld avait déjà soutenu que la tendance du doo trigone de Luther était de séduire les gens ordinaires dans l’erreur et la liberté charnelle. Il admettait que la doctrine (concernant la foi et les bonnes œuvres) était vraie dans un certain sens, et sous certaines limites, mais il pensait qu’elle pourrait facilement être pervertie de manière à conduire à la croyance en la seule lettre de l’Écriture, et à l’indifférence morale. Comp. Planckv. 1, p. 83, 88. Schenkelu. 8. §251, note. La foi, selon Schwenkfeld, est essentiellement dynamique, « un don gracieux de l’essence divine, une goutte de la fontaine céleste, un scintillement du soleil éternel, une étincelle du feu éternel, qui est Dieu, et en un mot, une communion et une participation de la nature et de l’essence divines » (ύπόσ-raoiç, Hébr. 1) ; voir son ouvrage, Vom Worte Gottes, 110, b. et ErbkamProt. Secten, 4318q. — [La signification fondamentale qu’Osiander attribuait à la justice essentielle du Christ, en matière de justification, est attribuée par Schwenkfeld à la chair glorifiée du Christ Baur, p. 333.] J. Bohme (von der Menschwerdung Chrieti, t. II, ch. 7, § 15, cité par Umbreitp. 51) 8ay8 : « L’hypocrite Babylone enseigne maintenant : Nos œuvres ne méritent rien, le Christ nous a rachetés de la mort et de l’enfer, nous devons Croyez-le seulement , afin d’être sauvé. Ne sais-tu pas, Babylone, que le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, ne l’accomplit pas, sera frappé de toutes sortes de coups ? La connaissance sans action est comme un feu qui brille, mais qui ne peut pas brûler, parce que le combustible est humide. Si tu veux que brûle le feu de ta foi, tu souffleras sur lui et le délivrerai de l’humidité du diable et de l’enfer ; il faut que tu entres dans la vie du Christ, et que tu fasses les commandements », etc. — Bien qu’Arnd ait adhéré plus fermement que Bohme aux principes fondamentaux du luthéranisme, il a toujours insisté sur la nécessité de cet amour qui procède de la foi (voir les passages cités de son Wahres Christenthum, dans Hagenbach’s Vorlesungen, t. III, p. 377-379). Poiret appelait foi militaire cette foi qui se manifeste surtout comme un esprit d’opposition peu charitable . (Ibid., iv, p. 327.)
 

§ 253.

L’ÉCONOMIE DE LA RÉDEMPTION.

[SchroederL’Ordo Salutis, dans Études et critiques, 1857.]

Les principes fondamentaux énoncés dans les livres symboliques ont été développés plus complètement par les théologiens, en particulier par ceux de l’Église protestante. afin de former une économie définie de la rédemption. Après que Dieu a appelé le pécheur (vocatio) et que l’homme a entendu cet appel (auditio), les opérations de l’Esprit divin (operationes Spiritus) se succèdent dans une succession définie, c’est-à-dire 1. Illuminatio ; 2. Conversio (pœnitentia) ; 3. Sanctificatio (renovatio) ; 4. Persévérance ; 5. Unio mystica cum Deo. Les théologiens, cependant, n’étaient pas tout à fait d’accord sur l’ordre précis de ces opérations.2 Les mystiques et les soi-disant piétistes ont négligé toutes ces définitions scolastiques et ont eu un système et une terminologie qui leur étaient propres.2

1 Comparez les travaux des théologiens protestants orthodoxes, cités dans De WetteDogmatik, p. 161, ss. HateHutter us Redivivus, p. 287, ss., où l’on cite aussi des passages des écrits d’autres théologiens ; Gassi. 362sq., et les ouvrages de Hiilsemannet d’Afusdus, auxquels il fait allusion.

2 La théorie de l’économie du salut a été établie à cause des piétistes et en opposition à eux. Voir De Wette, p. 151. Pour leurs vues sur ce qu’on appelle la Theologia Irregenitorum et sur l’économie du salut, voir PlanckGeschichte der protestantischen Théologie, p. 223 ss. Les piétistes affirmaient que la régénération de l’homme commence par un changement dans sa volonté ; Leurs adversaires soutenaient que l’illumination de la compréhension était la première étape. L’expérience consciente de l’unio mystica a élevé certains mystiques au sommet de l’extase ; chez d’autres, elle s’est transformée en quiétisme. Voir la Guida Spirituale de Molina (extraits dans Scharling, ubi supra, p. 55 sq.), et l’appendice, p. 236. [Ce guide spirituel a été publié en Espagne, 1675 ; une traduction anglaise est parue en 1688.] Comme il n’était pas fait mention de l’unio mystica dans les livres symboliques, les théologiens avaient des opinions différentes. — Sur la controverse entre les théologiens de Leipzig et de Wittenberg d’une part, et ceux de Tübingen et de Helmstadt d’autre part (qui avait son origine dans l’affirmation de Justus Feuerbom, qu’il y a une approximatio de la substance divine à l’humain), Comp. Walch, Religionsstrieitigkeiten der evangelisch—luther. Kirche, iii. p. 130 88. [Dans la Confession d’Augsbourg, la justification est le fruit de la conversion et précède la sanctification. CalvinInst. Ill, cap. 5, met la foi en premier, puis la Pœnitentia, avec ses deux divisions de mortificatio et vivificatio. L’ordre de Gerhard est : Pœnitentia, Justificatio, Bona Opera. Hollas est le plus minutieux : Vocatio, Illuminatio, Conversio, Regeneratio, Justificatio, Unio mystica, Re-novatio, Conservatio, Gratia glorificans, etc. Comp. Schroder, ubi, précité. Sur les différentes positions assignées dans les systèmes luthérien et réformé aux décrets, à l’imputation, à la satisfaction, à la foi, etc., voir Schneckenburger, dans Theol. Jahrb., 1844.