Pour l'amour de la vérité

 

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU

 

par Arthur Pink

 

mise en page et annotations

par Jean leDuc

 

 


 

 

INTRODUCTION

 

CHAPITRE 1

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU À L'ÉPOQUE ACTUELLE

 

CHAPITRE 2

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU DÉFINIE

 

CHAPITRE 3

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU DANS LA CRÉATION

 

CHAPITRE 4

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU DANS L'ADMINISTRATION DES AFFAIRES DE CE MONDE

1. Dieu gouverne la matière inanimée

2. Dieu gouverne ses créatures irrationnelles

3. Dieu gouverne les êtres humains

4. Dieu gouverne les anges: à la fois les bons et les mauvais

 

CHAPITRE 5

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU DANS LE SALUT

a) - La souveraineté de Dieu comme Père dans le salut de ses élus

b) - La souveraineté de Dieu comme Fils dans le salut de ses élus

c) - La souveraineté de Dieu comme Saint-Esprit dans le salut de ses élus

 

CHAPITRE 6

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU EN ACTION

L'action de Dieu à l'égard des justes

L'action de Dieu à l'égard des méchants

 

CHAPITRE 7

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU ET LA VOLONTÉ DE L'HOMME

1. La nature de la volonté humaine

2. L'esclavage de la volonté humaine

3. L'impotence de la volonté humaine

Note sur la responsabilité

 

CHAPITRE 8

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU ET LA PRIÈRE

 

CHAPITRE 9

NOTRE ATTITUDE FACE À LA SOUVERAINETÉ DE DIEU

1. Une attitude de crainte respectueuse

2. Une attitude d'obéissance implicite

3. Une attitude d'acceptation totale

4. Une attitude de reconnaissance et de joie profondes

5. Une attitude d'adoration

 

CHAPITRE 10

LA VALEUR DE CETTE DOCTRINE

1. Elle approfondit notre respect pour la personne divine

2. Elle constitue le fondement de toute véritable spiritualité

3. Elle réfute l'hérésie du salut par les œuvres

4. Elle est profondément humiliante pour la créature

5. Elle confère un sentiment de sécurité absolue

6. Elle fournit le réconfort dans le chagrin

7. Elle engendre un esprit de soumission paisible

8. Elle suscite un chant de louange

9. Elle garantit le triomphe final du bien sur le mal

10. Elle fournit un havre de repos pour le cœur

 

CHAPITRE 11

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU ET LA CROISSANCE DU CROYANT DANS LA GRÂCE

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU ET L'ÉVANGÉLISATION

1. L'élection souveraine de Dieu de certains au salut constitue une provision miséricordieuse

2. Dieu a prédestiné tout ce qui arrive

3. La sagesse de Dieu dans le gouvernement de notre monde sera un jour démontrée devant toute créature

 


 

INTRODUCTION

Arthur Walkington Pink était un pasteur et écrivain calviniste né à Nottingham le 1er avril 1886. Il devint chrétien au début du XXe siècle. L'influence de son père joue un rôle important dans sa conversion. Le verset 12 du chapitre 14 du livre des Proverbes provoque sa conversion et l'amène à s'éloigner de la théosophie. Le Dieu Souverain était à l'œuvre pour le délivrer de ce système philosophique et le former pour un ministère spécifique.

 

Le terme théosophie fait référence à un système philosophique ésotérique à travers lequel l'homme tente de connaître «le Divin» et les mystères de la Vérité. La théosophie (theosophia - en grec: theos, divin et sophia, sagesse) a été fondée par des auteurs de l'Antiquité. L'origine du terme se trouve chez les philosophes d'Alexandrie, les philalèthes (en grec: phil, qui aime et aletheia, la vérité). Le terme en tant que tel date du IIIe siècle de l'ère chrétienne et fait son apparition avec Ammonios Saccas et ses disciples, qui fondèrent le système théosophique éclectique. La méthode consiste, d'une part, à raisonner en termes d'analogies — on appelait les disciples d'Ammonios Saccas les «analogistes» en raison de leur habitude d'interpréter les légendes, mythes et contes sacrés selon une logique d'analogie et de correspondance — et d'autre part, à connaître l'expérience du divin par l'extase spirituelle et l'intuition directe. Avec la théosophie, que l’on peut nommé aussi «l’humanisme théiste», l'homme s'élève vers Dieu, tandis que selon les Saintes Écritures c'est Dieu qui s'abaisse vers l'homme. Le Seigneur, notre Dieu, appela A.W. Pink à sortir de ce système purement humain pour le mettre en son service afin de manifester la gloire de son NOM.

 

Pour augmenter sa connaissance de la Parole de Dieu, Arthur Pink émigre aux États-Unis et étudie à la Moody Bible Institute. En 1916, il se maria avec Vera E. Russell, une américaine venant du Kentucky. À partir de 1925, il occupa différents postes pastoraux en Australie, en Angleterre et aux États-Unis. En 1922, il débuta un magazine mensuel intitulé "Études sur les Écritures". En 1934, Arthur Pink retourna en Angleterre et se mit à écrire des ouvrages et des pamphlets chrétiens. Arthur Pink meurt d'anémie le 15 juillet 1952 à Stornoway en Écosse.

 

Arthur Pink fut, ce qui est nommé, un Ultra-Calviniste, c'est-à-dire un Hyper-Calviniste, terme souvent utilisé dans un sens péjoratif par les ennemis de la vérité dans la mouvance évangélique moderne. Considéré comme un Puritain né hors de son temps, il était un adversaire farouche de la doctrine du libre-arbitre (libre-choix), et un ardent défenseur de la Double Prédestination, de la prédestination de la chute et du péché, et de la doctrine de la Rédemption Particulière ou Rachat Limité. Au début de son ministère, Arthur Pink supporta les fausses doctrines du prémillénarisme et du dispensationalisme, mais il rejeta par après tout l'enseignement erroné de Scofield sur ces choses.

 

Après des années de parler, d'enseigner et de prêcher, Arthur Pink renonça finalement à essayer de trouver une église où il pouvait adorer en tant que membre. Il est parvenu à la réalisation qu'il n'y avait pas d'églises où il pouvait participer ou exercer un ministère dans un support complet et en bonne conscience. Il estimait, comme le font tous ceux qui reconnaissent la vérité, qu'il était demandé par la plupart des églises d'adorer un Dieu différent, un Dieu sans souveraineté ou sans salut souverain. Donc, il resta à la maison, avec sa femme, et écrivait son magazine. Il a renoncé à l'église en tant qu'institution mais sans la définir convenablement, et quoique son don d'enseigner était magnifique, il n'y avait aucun pasteur ni aucune église qui le soutenait. Il se retira et resta chez-eux, passant son temps à écrire des livres comme celui que vous lisez présentement. La plupart de ses œuvres parurent d'abord sous la forme d'articles dans «Studies in Scriptures», un magazine mensuel ayant uniquement pour objet l'exposition de la Bible.

 

Ses articles sont nombreux et touchent toute une gamme de sujets variés retrouvés dans les Saintes-Écritures. Quoique j'apprécie grandement tout son, je ne peux donner un accord parfait à tout son enseignement, particulièrement celui sur la loi, où je considère qu'il s'est écarté légèrement de la voie en prônant une notion ambigüe et contradictoire. Toutefois son cheminement ressemble beaucoup à celui que j'ai traversé et sa pensée est identique à la mienne, et malgré que parfois je trouve son interprétation de certains passages un peu trop simpliste, souvent traditionnelle et même insatisfaisante, je suis d'accord en gros avec lui sur la Souveraineté de Dieu, sur la Double Prédestination, sur la prédestination de la Chute et du péché, sur la dépravation totale de la nature humaine, sur la Rédemption Particulière, et sur le salut par grâce. Je désire aussi signaler que l'expression «Souveraineté de Dieu» correspond précisément à celle de «Royauté de Christ» actuelle, tellement que les deux ne peuvent être séparée l'une de l'autre. Souveraineté implique un domaine et Royauté implique un royaume, les deux sont identiques. Cela se voit davantage en ce que le Seigneur Jésus est Dieu lui-même manifesté dans la chair comme Fils unique, pour le rachat de ses élus et la gloire de son Royaume éternel.

 

Je désire aussi souligner certains éléments importants par rapport au mot «Dieu». Dans le Nouveau Testament, le mot «Dieu» se rapporte directement à celui «d’Élohim» dans l’Hébreu de l’Ancien Testament, et ce terme signifie littéralement «l’Esprit des vivants». De même nous trouvons que le mot YHWH qui correspond au mot «Seigneur» détient aussi le sens de «Admirable». Avec ces deux mots nous obtenons toute la dimension de leurs significations dans l’expression «L’ADMIRABLE ESPRIT DES VIVANTS», à savoir JÉSUS notre Sauveur et notre ROI. 

Jean leDuc

2018

 


 

CHAPITRE 1

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU

À L'ÉPOQUE ACTUELLE

Qui dirige les affaires du monde aujourd'hui - Dieu, ou le diable ? En général, chacun admettra que Dieu règne dans les cieux mais, le plus souvent, de façon directe ou indirecte, niera qu'il en est de même ici bas. Dans leurs raisonnements et théories philosophiques, les hommes relèguent Dieu de plus en plus à l'arrière-plan. Prenons le domaine matériel. Selon la plupart, non seulement Dieu n'est pas le Créateur de toutes choses, mais il ne cherche pas non plus à gouverner les œuvres de sa main. Tout, semble-t-il, suit les impersonnelles et abstraites «lois de la Nature». Ainsi le Créateur se trouve banni de sa propre création. Aussi ne nous étonnons plus si les hommes, en raison de leurs conceptions erronées, ont exclu Dieu du domaine des affaires humaines.

 

Partout dans la chrétienté, à peu d'exceptions près, chacun est convaincu que tout homme décide de son destin grâce à son «Libre arbitre». Ceux qui soutiennent farouchement la «responsabilité de l'homme» n'en blâment pas moins Satan pour une grande partie du mal que l'on rencontre dans le monde. En cela ils nient leur propre responsabilité en attribuant au diable, ce qui en réalité, provient de leur propre cœur mauvais (Marc 7:21-23).

 

Mais qui dirige les affaires du monde aujourd'hui - Dieu, ou le diable ? Essayons de jeter sur le monde un regard sérieux et global. Nous rencontrons partout la confusion et le chaos, le péché s'étale et le désordre abonde; les hommes mauvais et les imposteurs se multiplient et avancent «toujours plus dans le mal» (2 Tim 3:13). Aujourd'hui tout paraît disloqué. Les monarchies craquent et chancellent, les anciennes dynasties sont renversées, les nations se révoltent, la civilisation connaît un échec flagrant. Récemment encore, la moitié de la planète se trouvait aux prises dans une lutte à mort. Maintenant que ce gigantesque combat a cessé, a-t-il rendu le monde un endroit propice à la démocratie ? Nous commençons au contraire à découvrir que celle-ci produit l'insécurité même pour la civilisation. L'agitation, le mécontentement et le désordre règnent partout. Nul ne peut dire dans combien de temps une autre guerre mondiale éclatera. Les hommes d'État sont perplexes et consternés. «Les hommes rendent l'âme de terreur dans l'attente de ce qui surviendra pour la terre» (Luc 21:26). A la lumière de ces évènements, Dieu a-t-il l'aire de contrôler parfaitement le monde ?

 

Mais concentrons notre attention sur le domaine religieux. Après dix-neuf siècles de prédication de l'Évangile, Christ est toujours «méprisé et abandonné des hommes». Pire encore, seule une minorité proclame et glorifie le Christ des Écritures. Dans la plupart des églises actuelles il est déshonoré et renié. En dépit d'efforts effrénés pour attirer les foules, la majorité des églises se sont vidées au lieu de se remplir. Et que dire de la multitude des non-pratiquants ? A la lumière de l'Écriture, force nous est de reconnaître, que la plupart des hommes cheminent sur la route large menant à la perdition, et que seule une minorité suit le chemin étroit conduisant à la vie. Un grand nombre affirment l'échec du christianisme et le désespoir se lit sur beaucoup de visages. De nombreux chrétiens sont déconcertés et leur foi sévèrement mise à l'épreuve. Que fait Dieu ? Ne voit-il pas, n'entend-il pas ? Est-il impuissant ou indifférent ? Certains parmi les chefs de file de la pensée chrétienne ont affirmé l'incapacité de Dieu d'empêcher la dernière guerre mondiale, et d'y mettre un terme. Les circonstances, déclaraient-ils ouvertement, échappent à Dieu. A la lumière de cette situation, Dieu a-t-il l'air de gouverner le monde ?

 

Mais qui dirige les affaires du monde aujourd'hui - Dieu, ou le diable ? Évidemment que les réprouvés diront le diable, puisque telle est leur mentalité de dépravés. Quelle l'impression produite sur l'esprit des hommes de ce monde qui viennent de temps à autre assister à une réunion d'évangélisation ? Que retirent-ils de l'écoute de prédicateurs considérés comme «bibliques» ? Les chrétiens, leur semblent-ils, croient en un Dieu frustré et déçu. L'évangéliste moyen d'aujourd'hui ne force-t-il pas tout auditeur sérieux à conclure qu'il représente un Dieu rempli d'intentions bienveillantes mais incapable de les réaliser, un Dieu désireux en toute bonne foi de bénir les hommes mais tenu en échec par leur refus ? Aussi l'auditeur moyen n'en est-il pas amené à conclure au triomphe de Satan (l’esprit charnel de la nature humaine déchue) et à ressentir envers Dieu un sentiment de compassion plutôt que d'adoration !

 

Mais Satan ne paraît-il pas s'occuper beaucoup plus que Dieu des affaires d'ici bas ? Tout dépend si nous marchons par la foi ou par la vue. Vos pensées concernant le rôle de Dieu dans le monde reposent-elles sur ce que vous voyez ? Considérez cette question avec sérieux et honnêteté. Si vous êtes chrétien, vous aurez probablement des motifs de baisser la tête, honteux et peiné, et de reconnaître ce fait. Hélas, dans la réalité nous marchons très peu «par la foi». Mais que signifie «marcher par la foi»? Si nous marchons par la foi, la Bible elle-même formera nos pensées, dirigera nos actes et façonnera notre vie. En effet, «la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ» (Romains 10:17), ou comme le dit une traduction du Grec original: «La certitude vient donc de ce qu'on entend; et de ce qu'on rapporte de la déclaration de L’ESPRIT DES VIVANTS.» Seule la Parole de vérité nous révèle le rôle de Dieu dans ce monde.

 

Qui dirige les affaires de ce monde aujourd'hui - Dieu, ou le diable ? Que dit l'Écriture ? Avant de considérer la réponse précise à cette question, regardons la prédication de l'Écriture concernant la situation de notre monde actuel. La prophétie de Jude est en cours d'accomplissement. Développer cette affirmation nous éloignerait trop de notre sujet, mais nous voulons souligner particulièrement le verset 8: «Ces hommes aussi, entraînés par leurs rêveries... méprisent l'autorité et injurient les gloires.», ou encore: «Mais aussi, de la même façon,  plongés dans leurs délires grossiers, ils souillent assurément en plus leur état premier, méprisent l'autorité de Christ et blasphèment contre sa gloire.» Oui, ils injurient les gloires de la Dignité Suprême, «seul Souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs». Notre époque se caractérise surtout par un manque de respect et par un esprit d'anarchie sans frein qui rejette tout obstacle propre à entraver le libre exercice de la volonté des hommes. Cet esprit engloutit notre monde comme un gigantesque raz de marré. La jeune génération en donne un exemple flagrant. Le déclin et la disparition de l'autorité parentale sont les précurseurs certains de la désagrégation de l'ordre public. Par suite, en raison du manque de respect vis-à-vis des lois humaines et du refus «de rendre honneur à qui nous devons honneur», ne soyons pas surpris du recul incessant dans l'esprit de tout un chacun de la majesté, de l'autorité, de la souveraineté du Législateur tout-puissant, et de l'impatience croissante face aux rappels des attributs divins.

 

Qui aujourd'hui dirige les affaires du monde - Dieu ou le diable ? Que dit l'Écriture ? Si nous croyons ces affirmations claires et catégoriques, aucune place n'est laissée à l'incertitude. Elle affirme à maintes reprises la présence de Dieu sur le trône de l'univers, sceptre en main, dirigeant toutes choses «d'après le conseil de sa volonté». Dieu n'a pas seulement créé toutes choses, déclare l'Écriture, mais il règne sur toute l'œuvre de ses mains et les gouverne. Dieu est le «Tout-Puissant», affirme-t-elle, sa volonté irréversible et sa souveraineté absolue dans tous les domaines de son vaste univers. Cela ne peut-être assurément, qu'ainsi. Seules deux alternatives sont possibles: Dieu doit diriger ou être dirigé, gouverner ou être gouverné, accomplir sa propre volonté ou en être empêché par ses créatures. Accepter le fait qu'il est le «Très-Haut», le seul Souverain et le Roi des rois, revêtu d'une sagesse parfaite et d'une puissance infinie, conduit à la conclusion inéluctable: il est Dieu en réalité et pas seulement en nom.

 

A lumière des propos ci-dessus, l'état de notre époque actuelle exige de façon absolue une considération et une présentation nouvelles de la toute-puissance, de la toute-suffisance et de la souveraineté de Dieu. Dieu est vivant, il observe les actions des hommes et règne toujours: tout prédicateur doit annoncer avec force ces vérités ! Maintenant la foi passe au creuset, elle est soumise à l'épreuve du feu et aucun repos n'existe pour le cœur et l'esprit à l'exception du trône de Dieu. Nous avons besoin aujourd'hui comme jamais auparavant, d'une présentation complète, positive et constructive du caractère de Dieu, notre Admirable Esprit des vivants. Une maladie grave exige des remèdes draconiens. Notre génération est lasse de platitudes et de simples généralisations. Un sirop calmant est tout indiqué pour des enfants grognons, mais un fortifiant à base de fer convient mieux aux adultes. Or rien n'est à même de nous communiquer une vigueur spirituelle nouvelle sinon la révélation pleine et entière de la personne de Dieu à savoir notre Admirable Esprit des vivants manifesté dans la chair, JÉSUS, notre Roi et Sauveur. Il est écrit: «Mais ceux du peuple qui connaîtront leur Dieu agiront avec fermeté» (Daniel 11:32).

 

Sans aucun doute une crise mondiale menace d'éclater et les hommes sont partout en proie à la peur. Dieu ne l'est pas ! Il n'est jamais pris au dépourvu. Il ne se trouve pas aujourd'hui confronté par un événement imprévu, car il est Celui qui «opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté» (Éphésiens 1:11). Ainsi le monde peut être envahi par la terreur, la Parole s'adresse au croyant: «Ne crains point !» "Toutes choses" sont soumises à son contrôle immédiat. «Toutes choses» se déroulent en accord avec son but éternel. Ainsi, «Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein». Il doit en être ainsi, car «C'est de lui, par lui et pour lui que sont toutes choses» (Romains 11:36). Toutefois combien peu, même parmi le peuple de Dieu, le reconnaissent aujourd'hui ! Pour beaucoup, il est un spectateur lointain sans plus, ne jouant aucun rôle immédiat dans les affaires de ce monde. Or, l'homme possède certes une volonté, mais Dieu aussi. Le premier jouit d'une certaine puissance, mais Dieu est Tout-puissant. Les lois de la nature, il est vrai, dirigent en général le monde matériel, mais derrière celle-ci réside le grand Législateur et Administrateur. L'homme est réduit au rôle de créature. Dieu, lui, est le Créateur. Avant que le temps n'existât et que l'être humain ne fasse son apparition sur la terre, le «Dieu puissant» (Ésaïe 9:5) existait et il avait conçu ses plans avant la fondation du monde. Comme Dieu possède une puissance infinie et l'homme une puissance limitée, aucune de ses créatures ne peut entraver ou frustrer son dessein et ses plans.

 

Nous reconnaissons volontiers que la vie constitue un problème profond. Le mystère nous environne de tous côtés. Mais nous ne ressemblons pourtant pas aux animaux des champs, ignorants de leur origine et inconscients de l'avenir. Au contraire, «Nous tenons pour d'autant plus certaine la prophétie, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscure, jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du matin se lève dans vos cœurs» (2 Pierre 1:19). Nous faisons bien, en effet de prêter attention à cette parole prophétique issue non de l'esprit de l'homme mais de celui de Dieu, car «Ce n'est pas par une volonté d'homme qu'une prophétie a jamais été apportée, mais c'est poussés par le Saint-Esprit que des hommes saints ont parlé de la part de Dieu». Nous faisons bien, nous insistons, de prêter attention à cette «Parole». Quand nous nous tournons vers elle et en tirons instruction, nous découvrons un principe fondamental applicable de façon absolue à toute situation. Au lieu de commencer avec l'homme et son univers pour remonter jusqu'à Dieu, il nous faut commencer avec Dieu et descendre vers l'homme. «Au commencement Dieu...» Appliquons ce principe à la situation présente. Si nous commençons avec le monde actuel et essayons de remonter jusqu'à Dieu, tout semblera nier le rôle de Dieu ici-bas. Mais parlons de Dieu et descendons vers le monde, alors le problème apparaîtra au grand jour. Parce que Dieu est saint, sa colère s'enflamme contre le péché. Parce qu'il est juste, ses jugements s'abattent sur quiconque se révolte contre lui. Parce qu'il est fidèle, les menaces solennelles de sa Parole s'accomplissent. Parce qu'il est Tout-puissant, nul ne peut lui résister avec succès, encore moins anéantir ses desseins. Parce qu'il est omniscient, aucun problème ni aucune difficulté ne peuvent le surprendre ou dérouter sa sagesse. La nature et le caractère de Dieu expliquent la situation que nous constatons dans notre monde; les jugements ont commencé. Étant donné l'inflexibilité de sa justice et la pureté de sa sainteté, la situation actuelle du monde ne doit pas nous surprendre.

 

Mais seule la foi, nous l'affirmons de façon solennelle, permettra à notre cœur de mettre sa confiance et de prendre plaisir en cette vérité de la souveraineté absolue de Dieu. La foi se tourne toujours vers Dieu: c'est sa caractéristique principale, celle qui la différencie d'une théologie purement intellectuelle. La foi se montre ferme «comme voyant celui qui est invisible» (Hébreux 11:27). Elle supporte les déceptions, les épreuves et les peines de la vie, car elle réalise que tout cela vient de la main de Dieu, trop sage pour se tromper et trop bon pour être cruel. Tant que Dieu ne fera pas l'objet de nos pensées et de nos désirs, nous ne connaîtrons ni le repos ni la paix. Mais nous recevons tout comme venant de sa main, alors peu importe la nature de nos circonstances ou de notre environnement - nous pourrons être dans un taudis ou dans un cachot, ou même sur le bûcher - nous trouverons la force d'affirmer, «Un héritage délicieux m'est échu» (Psaume 16:6). Voilà le langage de la foi et non pas celui de la vue. Spécifions que la foi est elle-même l’assurance de Christ d’accomplir son ministère en faveur de ses élus. Cette assurance inébranlable ils la reçoivent gratuitement et inconditionnellement dans les mérites du sacrifice de la croix qui leurs sont attribués comme étant les leurs.

 

Toutefois si, au lieu de nous incliner devant les déclarations des Saintes Écritures, nous marchons non par la foi mais par la vue et en tirons des conclusions, nous risquons de tomber dans le bourbier de l'athéisme. Si nous nous laissons diriger par les opinions et les façons de voir d'autrui, la paix nous abandonnera. Beaucoup d'événements de ce monde, il faut le reconnaître, sont propres à nous épouvanter et à nous attrister. Un grand nombre parmi les actes providentiels de Dieu, il est vrai, nous surprennent et nous étonnent. Ce n'est cependant pas une raison pour nous joindre aux incroyants pour déclarer, «Si j'étais Dieu, je ne permettrai pas ceci, je ne tolérerais pas cela». Il est préférable, en présence d'un événement mystérieux et déroutant, d'affirmer avec le psalmiste: «Je reste muet, je n'ouvre pas la bouche, car c'est toi qui agis» (Psaumes 39:10). Les jugements de Dieu, l'Écriture nous révèle, sont «insondables», et ses voies «incompréhensibles" (Romains 11:33). Il doit en être ainsi, car la foi doit être mise à l'épreuve, la confiance en sa sagesse et sa justice fortifiée et la soumission à sa sainte volonté entretenue.

 

Voici la différence fondamentale entre le croyant et l'incroyant. Ce dernier est «du monde»: il juge tout d'après des critères humains et envisage la vie d'un point de vue terrestre; il pèse toutes choses sur la balance de son intelligence charnelle. En revanche le croyant s'en réfère à Dieu et considère toutes choses d'après l'optique de Dieu; il fonde ses valeurs sur des critères spirituels et considère la vie à la lumière de l'éternité. Ainsi il reçoit tout de la main de Dieu; son cœur demeure calme au sein de la tempête et il se réjouit dans l'espérance de la gloire de Dieu.

 

Toutes ces vérités, nous en sommes pleinement conscients, vont à l'encontre de nombreux enseignements courants dans la littérature religieuse et la prédication de notre époque. Le postulat de la souveraineté de Dieu et toutes ses implications, nous l'admettons bien volontiers, sont en opposition complète avec les opinions et les pensées de l'homme naturel. Ce dernier est totalement incapable de réfléchir par lui-même à ces vérités. Il lui est impossible de parvenir à une estimation valable de la personne et des voies de Dieu. C'est pourquoi Dieu nous a donné la révélation inspirée où il déclare clairement: «Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l'Eternel. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées» (Ésaïe 55:8,9). D'après ce passage de l'Écriture, la majeure partie des affirmations bibliques sont en conflit avec les sentiments de l'esprit charnel. Nous ne devons pas nous en étonner car «l'affection de la chair est inimitié contre Dieu» (Romains 8:7). Ne nous fondons ni sur les croyances à la mode aujourd'hui, ni sur les convictions des Églises, mais sur la loi et le témoignage de l'Éternel, notre Admirable Esprit des vivants ! Que chacun se livre à un examen attentif et sans préjugés de ce livre, dans la prière et sous le seul éclairage de la Parole de Dieu ! Puisse le lecteur prêter attention à l'exhortation divine: «Examinez toutes choses; retenez ce qui est bon» ! (1 Thessaloniciens 5:21).

 

CHAPITRE 2

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU DÉFINIE

«A toi, Éternel, la grandeur, la force et la magnificence, l'éternité et la gloire, car tout ce qui est au ciel et sur la terre t'appartient; à toi, Éternel, le règne, car tu t'élèves souverainement au-dessus de tout !» (1 Chroniques 29:11)

 

Jadis, la «souveraineté de Dieu» était une expression comprise par tout un chacun. Il s'agissait d'un terme couramment utilisé dans la littérature religieuse, d'un thème fréquemment traité en chaire, d'une vérité capable d'apporter un réconfort à de nombreux cœurs et de conférer au chrétien force et stabilité. Mais aujourd'hui, faire allusion à la souveraineté de Dieu revient, dans beaucoup de milieux, à parler une langue inconnue. Si nous annoncions en chair un sermon sur la souveraineté de Dieu, ce serait comme si nous empruntions une phrase à une langue morte. Cette constatation est profondément regrettable ! La doctrine de la souveraineté de Dieu est la clé de l'histoire; l'interprète de la Providence, la trame de l'Écriture et le fondement de la théologie chrétienne. Pourtant elle est tristement négligée et peu comprise.

 

La souveraineté de Dieu ! Que veut dire cette expression ? Elle signifie la «divinité de Dieu». Proclamer un Dieu souverain revient à déclarer qu'il est réellement Dieu, à reconnaître le Très-Haut et sa capacité d'accomplir tous ses desseins à l'égard de l'armée des cieux et des habitants de la terre, sans que nul ne résiste à sa main ou lui demande: «Que fais-tu ?» (Daniel 4:35). Dieu est le Tout-Puissant, le détenteur de tout pouvoir au ciel et sur la terre. Aussi, nul ne saurait entraver ses plans et ses projets ou faire obstacle à sa volonté (Psaume 115:3). Dieu «domine sur les nations» (Psaume 22:29), il établit des royaumes, renverse des empires et décide de l'histoire des dynasties selon son bon plaisir. Dieu, notre Admirable Esprit des vivants, est «le seul souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs» (1 Timothée 6:15).

 

Combien le Dieu de la Bible est différent de celui de la chrétienté moderne ! La conception de la divinité très en vogue aujourd'hui, même parmi ceux professant leur attachement à l'Écriture, est une caricature misérable, une parodie pathétique de la vérité. Le «Dieu» du vingtième siècle est un être impuissant, efféminé, ne méritant aucun respect de la part de quiconque réfléchit réellement, un «bon Dieu», le fruit d'une sentimentalité larmoyante. Le Dieu de beaucoup de prédicateurs aujourd'hui suscite la pitié et non un respect mêlé de crainte. Selon eux, et d’après leur doctrine absurde et hérésiarque de trois personnes distinctes en Dieu, Dieu le Père a décidé le salut de toute l'humanité, Dieu le Fils est mort dans le but précis de sauver l'ensemble de la race humaine, et Dieu le Saint-Esprit cherche à gagner le monde à Christ. Pourtant nous voyons la grande majorité de nos semblables mourir dans leurs péchés et passer dans l'éternité sans Dieu. Aussi, devons-nous conclure à la déception de Dieu le Père, à l'insatisfaction de Dieu le Fils, et à la défaite de Dieu le Saint-Esprit ? Nous avons présenté le problème sans détour, mais il est impossible d'échapper à cette conclusion. Affirmer: «Dieu fait de son mieux pour sauver l'humanité, mais les hommes dans leur immense majorité ne lui permettent de les sauver» implique l'impotence de la volonté du Créateur et la toute-puissance de celle de la créature ! Blâmer le diable, comme beaucoup le font, n'enlève pas la difficulté car, si Satan renverse les desseins de Dieu, alors il est tout-puissant et Dieu n'est plus Être suprême.

 

Affirmer l'échec à cause du péché du plan initial du Créateur revient à détrôner Dieu. Déclarer: «Dans le jardin d'Éden Dieu a été pris par surprise et maintenant il essaie de remédier à une calamité imprévue» abaisse le Très-Haut au niveau d'un mortel limité et faillible. Présenter l'homme comme l'artisan unique de son destin et lui prêter le pouvoir de résister aux plans de son Créateur revient à dépouiller Dieu de sa toute-puissance. Conclure au dépassement par la créature des limites fixées par son Créateur et présenter Dieu comme le spectateur impuissant du péché et de la souffrance entraînés par la chute d'Adam équivaut à renier la déclaration même de l'Écriture Sainte: «L'homme te célèbre même dans sa fureur» (Psaume 76:11). En un mot, nier la souveraineté de Dieu conduit de façon logique à l'athéisme total et à la perdition éternelle.

 

Selon l'Écriture, la souveraineté de Dieu est absolue, irrésistible, infinie. La proclamer revient à affirmer son droit de gouverner l'univers, créé par lui et pour sa gloire, selon son bon plaisir. Son droit est semblable à celui du potier sur l'argile: il peut le mouler comme il lui plaît, «et avec la même masse faire un vase d'honneur et un vase d'un usage vil» (Romains 9:21). Il ne se soumet à aucune règle ou loi en dehors de sa volonté et de sa nature propre. Dieu est une loi pour lui-même, et il n'est tenu aucunement de fournir à quiconque la justification de ses actes.

 

La souveraineté caractérise la personne de Dieu dans sa totalité. Il est souverain dans tous ses attributs. Il est souverain premièrement dans l'exercice de sa puissance. Cette dernière s'exerce selon son bon plaisir, au moment et à l'endroit choisis par lui. Ce fait est présent à chaque page de l'Écriture. Pendant une longue période cette puissance paraît être en veilleuse, puis, soudain, elle éclate avec une force irrésistible. Pharaon osa empêcher Israël de se rendre dans le désert pour adorer Dieu. Qu'arriva-t-il ? Dieu exerça sa puissance ! Son peuple fut délivré et ses maîtres cruels exterminés. Un peu plus tard les Amalécites osèrent attaquer ces mêmes Israélites dans le désert. Que se produisit-il ? A cette occasion Dieu déploya-t-il sa puissance et étendit-il sa main comme il le fit à la Mer Rouge ? Les ennemis de son peuple furent-ils promptement renversés et détruits ? Non, au contraire, le Seigneur jura de déclarer la guerre «contre Amalek de génération en génération» (Exode 17:16). De nouveau, quand Israël entra dans le pays de Canaan, la puissance de Dieu se manifesta de façon éclatante. La ville de Jéricho entravait leur progression. Qu'en résulta-t-il ? Israël ne tira pas une flèche ni ne donna un coup: le Seigneur étendit sa main et les murs tombèrent. Mais ce miracle ne se répéta pas ! Aucune autre ville ne tomba de cette manière. Toutes les autres durent être acquises au fil de l'épée !

 

Beaucoup d'autres exemples pourraient être cités pour illustrer l'exercice souverain de la puissance de Dieu. Il manifesta sa puissance et David fut vainqueur de Goliath le géant. La gueule des lions fut fermée et Daniel échappa à la mort. Les trois Hébreux furent jetés dans la fournaise ardente mais sortirent indemnes. Toutefois la puissance n'intervient pas toujours pour délivrer son peuple, car nous lisons: «D'autres subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison; ils furent lapidés, sciés, torturés, ils moururent tués par l'épée, ils allèrent ça et là vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités» (Hébreux 11:36,37). Pourquoi ces hommes de foi ne furent-ils pas délivrés comme les autres ? Ou pourquoi les autres ne furent-ils pas tués comme ceux-ci ? Pourquoi Dieu laissa-t-il Étienne être lapidé à mort, et délivra-t-il Pierre de prison ? Pourquoi la puissance de Dieu se manifesta-t-elle pour sauver certains et non d'autres ?

 

Dieu est souverain également dans la délégation de sa puissance à autrui. Pourquoi dota-t-il Métuschélah d'une vitalité lui permettant de survivre à tous ses contemporains ? Pourquoi donna-t-il à Samson une force physique unique dans l'histoire de l'humanité ? Il est écrit, «Souviens-toi de l'Eternel, ton Dieu, car c'est lui qui te donnera de la force pour acquérir [les richesses]» (Deutéronome 8:18). Or Dieu n'accorde pas cette force à tous également. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il communiqué cette force à certains hommes plutôt qu'à d'autres ? La réponse à toutes ces questions réside dans la souveraineté de Dieu: il est souverain et agis comme il lui plaît. Il «opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté» (Éphésiens 1:11).

 

Dieu est souverain aussi dans l'exercice de sa miséricorde. Il l'exerce selon sa propre volonté car elle ne représente pas un droit pour le bénéficiaire. La miséricorde est cet attribut merveilleux qui incite à avoir pitié du misérable et à alléger ses souffrances. Mais sous le gouvernement juste de Dieu nul n'est misérable sans le mériter. Les bénéficiaires de la miséricorde sont des misérables et leur misère est la conséquence du péché; aussi les malheureux méritent-ils un châtiment et non la miséricorde. Parler de miséricorde méritée présente une contradiction dans les termes.

 

L'exercice souverain de la miséricorde divine (sa compassion envers des misérables) s'est révélée quand l'Éternel est venu en chair et a habité parmi les hommes. Prenons une illustration. Pendant l'une des fêtes juives, le Seigneur Jésus monta à Jérusalem et se rendit à la piscine de Béthesda, où «étaient couchés en grand nombre des malades, des aveugles, des boiteux, des paralytiques qui attendaient le mouvement de l'eau». Parmi cette multitude «se trouvait un homme malade depuis trente-huit ans». Que se produisit-il ? «Jésus, l'ayant vu couché, et sachant qu'il était déjà malade depuis longtemps, lui dit: Veux-tu être guéri ? Le malade lui répondit: Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine quand l'eau est agitée, et, pendant que j'y vais, un autre descend avant moi. Lève-toi, lui dit Jésus, prends ton lit, et marche. Aussitôt cet homme fut guéri; il prit son lit, et marcha» (Jean 5:1-9). Pourquoi cet homme en particulier fut-il choisi ? Il ne s'est pas écrié: «Seigneur, aie pitié de moi !» Le récit n'indique aucun titre l'autorisant à recevoir une faveur spéciale. Il s'agit seulement d'un cas illustrant l'exercice souverain de la miséricorde divine. Pour Christ, il aurait été facile d'agir ainsi envers tout le grand nombre de malades, mais il ne le fit pas. Il déploya sa puissance et délivra cet homme de son infirmité. Pour des raisons connues de lui seul, il s'abstint d'agir de même envers les autres.

 

Dieu est souverain surtout dans l'exercice de sa grâce. Il le faut, car la grâce s'exerce envers des personnes ne méritant rien sinon l'enfer. La grâce est l'antithèse de la justice. Cette dernière exige l'application impartiale de la loi. Selon la justice, chacun doit recevoir sa juste punition, ni plus ni moins. La justice n'octroie aucune faveur et ne fait point acception de personnes. Elle ne témoigne aucune compassion et ne connaît aucune miséricorde. La grâce divine, cependant, ne s'exerce pas au dépens de la justice, car «La grâce règne par la justice» (Romains 5:21). Donc, si la grâce règne, elle est souveraine.

 

La grâce a été définie comme la faveur imméritée de Dieu. Or si elle est imméritée, nul ne peut la réclamer comme un dû; si elle ne peut être gagnée, nul ne peut y prétendre par droit; si elle est un don, nul ne peut l'exiger. Comme le salut est par grâce, don gratuit de Dieu, il l'accorde à qui il veut. Par conséquent, le pire des pécheurs n'est pas hors d'atteinte de la miséricorde divine. S'en glorifier est exclu, car toute la gloire revient à Dieu.

 

L'exercice souverain de la grâce se retrouve pratiquement à chaque page de l'Écriture. Les païens sont livrés à leurs propres voies alors qu'Israël devient le peuple élu. Ismaël, premier-né, ne reçoit pas la bénédiction, alors qu'Isaac, fils de la vieillesse de ses parents, devient l'enfant de la promesse. Ésaü, l'aîné, est privé de la bénédiction, alors que Jacob (le méprisable) reçoit l'héritage et est façonné en un vase d'honneur. Il en est de même dans le Nouveau Testament. La vérité divine est cachée aux sages et aux intelligents, mais révélées aux enfants. Les pharisiens et les sadducéens sont livrés à leurs propres voies, mais les publicains et les prostituées sont attirés par les liens de l'amour divin.

 

A l'époque de la naissance du Sauveur, la grâce divine s'exerça de façon remarquable. L'incarnation du Fils de Dieu ou plus précisément Dieu comme Fils, fut l'un des plus grands événements de l'histoire du monde. Pourtant elle ne fut pas divulguée à toute l'humanité, mais seulement à des bergers à Béthléhem et à des sages en Orient. Cette particularité représente et caractérise le déroulement de cette dispensation car, même aujourd'hui Christ ne se révèle pas à tous. Il aurait été facile à Dieu d'envoyer une délégation d'anges à chaque pays pour lui annoncer la naissance de son Fils. Mais il ne le fit pas. Dieu aurait pu aisément attirer l'attention de toute l'humanité sur l'étoile, mais il n'en fit rien. Pourquoi ? Parce que Dieu est souverain et dispense ses faveurs selon son bon plaisir.

 

Remarquons les deux catégories auxquelles la naissance du Sauveur fut révélée. Ce sont les plus invraisemblables: des bergers et des païens venus d'un pays lointain. Aucun ange ne se tint devant le sanhédrin pour annoncer la venue du Messie d'Israël ! Aucune étoile n'apparut aux scribes et aux docteurs de la loi alors qu'ils s'occupaient à sonder l'Écriture, empreints d'un sentiment d'orgueil et de leur propre justice ! Ils cherchèrent à savoir où l'enfant devait naître, toutefois il ne le leur fut pas révélé qu'il était là. Quel déploiement de la souveraineté divine - d'humbles bergers furent choisis pour cet honneur particulier et les érudits et les personnages éminents laissés de côté ! Et pourquoi la naissance du Sauveur fut-elle révélée à ces lointains étrangers et non pas à ceux parmi lesquels il naquit ? Il s'agit d'un présage merveilleux des agissements de Dieu envers l'humanité tout au long de notre ère. Il est souverain dans l'exercice de sa grâce. Il accorde ses faveurs selon son bon plaisir, souvent aux personnes les plus indignes et les plus invraisemblables !

 

CHAPITRE 3

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU

DANS LA CRÉATION

«Tu es digne, notre Seigneur, et notre Dieu, de recevoir la gloire et l'honneur et la puissance; car tu as créé toutes choses, et c'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles ont été créées» (Apocalypse 4:11).

 

La souveraineté, nous l'avons vu, caractérise tous les attributs de Dieu. Étudions maintenant comment elle imprègne toutes ses voies et tous ses actes.

 

Dans la grande étendue de l'éternité avant Genèse 1:1, l'univers n'existait pas encore, sinon dans l'Esprit du grand Créateur. Dieu demeurait seul dans sa majesté souveraine. Nos faisons allusion ici à la période lointaine antérieure à la création des cieux et de la terre. Mais, même à cette époque, (si ce terme peut être employé), Dieu était souverain. Selon son bon plaisir il pouvait créer ou ne pas créer. Il pouvait créer le monde à son gré, en créer un seul ou des millions, et nul n'aurait pu s'opposer à sa volonté. Il pouvait appeler à la vie un million de créatures différentes, jouissant toutes d'un même statut, dotées des mêmes facultés et placées dans le même environnement. Ou alors, il aurait pu créer un million de créatures, toutes différentes les unes des autres et ne possédant rien en commun sinon le fait d'avoir été créées. Qui aurait pu lui contester ce droit ? S'il l'avait voulu, il aurait pu créer un monde tellement immense que ses dimensions dépasseraient totalement tout calcul humain. Ou au contraire, il aurait pu créer un organisme si infime que même le microscope le plus puissant ne pourrait déceler. C'était son droit souverain de créer, d'une part, les séraphins au rang élevé présents autour de son trône et, d'autre part, l'insecte minuscule qui meurt dans l'heure suivant sa naissance. Si le Dieu tout-puissant choisit de créer des êtres selon une graduation continue dans son univers, des séraphins les plus élevés aux reptiles rampants, des corps célestes aux atomes terrestres, de l'infiniment grand à l'infiniment petit, au lieu de les créer selon une conformité parfaite, qui peut s'opposer à son souverain plaisir ?

 

Observons donc l'exercice de la souveraineté divine avant la venue de l'homme sur la terre. Auprès de qui Dieu prit-il conseil pour la création de créatures si diverses ? Qui a créé les oiseaux pour voler dans le ciel, les bêtes sauvages pour parcourir la terre et les poissons pour nager dans l'eau ? N'est-ce pas leur Créateur qui leur a souverainement assigné leurs différents habitats et les a créés en conséquence ?

 

Regardons les cieux et contemplons les mystères de la souveraineté divine visibles pour tout observateur attentif: «Autre est l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune, et autre l'éclat des étoiles; même une étoile diffère en éclat d'une autre étoile» (1 Corinthiens 15:41). Mais pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi le soleil est-il plus brillant que les autres planètes ? Pourquoi certaines étoiles appartiennent à la première magnitude et d'autres à la dixième ? Comment expliquer ces inégalités étonnantes ? Pourquoi existe-t-il des "étoiles filantes", des "étoiles tombantes", des «astres errants» (Jude 13), en un mot, des étoiles vouées à la destruction ? La seule réponse possible est la suivante: «Car tu as créé toutes choses, et c'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles ont été créées». (Apocalypse 4:11).

 

Considérons maintenant notre planète. Pourquoi les deux tiers de sa surface sont-ils recouverts d'eau, et une partie importante du dernier tiers impropre à la culture et à l'habitation ? Pourquoi existe-t-il d'immenses étendues marécageuses, désertiques et glaciaires ? Pourquoi la topographie d'un pays peut-il être si inférieure à celle d'un autre ? Pourquoi tel pays est-il fertile et tel autre presque aride ? Pourquoi l'un possède-t-il des richesses minérales et l'autre en est-il dénué ? Pourquoi le climat de l'un est-il agréable et sain et celui de l'autre à l'opposé ? Pourquoi l'un abonde-t-il en fleuves et en lacs et l'autre en est-il presque entièrement dépourvu ? Pourquoi l'un est-il sans cesse ébranlé par des tremblements de terre et l'autre n'en connaît presque jamais ? Pourquoi ? Car le Créateur et le Sustentateur de toutes choses en a décidé ainsi.

 

Étudions maintenant le domaine animal et arrêtons-nous sur son étonnante variété. Où est la rapport entre le lion et l'agneau, l'ours et le chevreau, l'éléphant et la souris ? Certains, comme le cheval et le chien sont doués d'une intelligence développée; d'autres, comme le mouton et le porc, en sont presque dépourvus. Pourquoi ? Certains sont destinés à être des bêtes de somme, d'autres à mener une vie de liberté. Mais pourquoi la mule et l'âne sont-ils contraints à une vie pénible, alors que le lion et le tigre peuvent parcourir la jungle à leur gré ? Certains sont comestibles, d'autres pas; certains sont beaux, d'autres laids; certains sont doués d'une grande force, d'autres en paraissent dépourvus; certains peuvent se déplacer très vite, d'autres à peine se traîner (le lièvre et la tortue); certains sont utiles à l'homme, d'autres paraissent complètement inutiles; certains vivent très longtemps, d'autres quelques heures tout au plus; certains sont domestiqués, d'autres féroces. Pourquoi toutes ces variétés et toutes ces différences ?

 

Ce qui est vrai des animaux l'est également des oiseaux et des poissons. Mais considérons maintenant le domaine végétal. Pourquoi les roses possèdent-elles des épines et les lys en sont-ils dépourvus ? Pourquoi certaines fleures émettent-elles un parfum odorant et d'autres pas ? pourquoi certains arbres portent-ils des fruits comestibles et d'autres des fruits vénéneux ? Pourquoi certains légumes résistent-ils à la gelée et d'autres pas ? Pourquoi tel pommier est-il chargé de fruits et tel autre situé dans le même verger et ayant le même âge demeure-t-il stérile ? Pourquoi telle plante fleurit-elle une douzaine de fois par an et elle autre seulement une fois par siècle ? L'Écriture répond: «Tout ce que l'Eternel veut, il le fait, dans les cieux et sur la terre, dans les mers et dans les abîmes» (Psaume 135:6).

 

Considérons maintenant les armées célestes. Nous trouverons sans doute l'uniformité dans ce domaine. Bien au contraire ! Ici, comme ailleurs, le même plaisir souverain du Créateur se manifeste. Certaines créatures célestes jouissent d'un rang plus élevé, sont plus puissantes, ou plus proches de Dieu. L'Écriture révèle une hiérarchie précise parmi les anges. Depuis les archanges, en passant par les séraphins et les chérubins, nous arrivons aux «dominations et autorités» (Éphésiens 3:10) et de là aux «princes de ce monde» (Éphésiens 6:12), puis aux anges eux-mêmes. Même parmi ceux-ci nous découvrons les «anges élus» (1 Timothée 5:21). Nous nous demandons à nouveau: pourquoi cette inégalité, cette différence de rang et de classe ? Nous ne pouvons que répondre: «Notre Dieu est au ciel, il fait tout ce qu'il veut» (Psaume 115:3).

 

Aussi, si nous sommes conscients de la souveraineté de Dieu manifestée dans toute la création. Pourquoi trouverions-nous étrange son exercice au sein de la famille humaine ? Pourquoi s'étonner si Dieu se plaît à donner cinq talents à l'un et un seul à l'autre ? Pourquoi étrange que l'un soit doté d'une constitution robuste et l'autre, ayant les mêmes parents, d'une nature fragile et maladive ? Que penser si Abel à été tué dans la fleur de l'âge et Caïn autorisé à vivre très longtemps; si les uns naissent noirs et d'autres blancs; certains débiles et d'autres doués d'une capacité intellectuelle élevée; certains léthargiques, d'autres pleins d'énergie; certains dotés d'un tempérament égoïste colérique et égocentrique, d'autres au contraire, magnanimes, soumis et doux ? Comment rendre compte de ce que certains sont doués pour diriger et commander, d'autres pour suivre et servir ? L'hérédité et l'environnement ne peuvent justifier toutes ces inégalités et variations. C'est Dieu qui rend l'un différent de l'autre. Pourquoi ? «Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi» (Matthieu 11:26) doit être notre réponse.

 

Apprenons cette vérité fondamentale: le Créateur jouit d'une souveraineté absolue. Il met sa propre volonté à exécution et réalise son bon plaisir, considérant seulement sa propre gloire. Dieu «opère toutes choses selon le conseil de sa volonté» (Éphésiens 1:11). N'en avait-il pas le droit ? Murmurer contre lui revient à adopter une attitude de rébellion flagrante, contester ses voies équivaut à incriminer sa sagesse, et le critiquer à commettre le pire des péchés ! Avons-nous oublié qui il est ? «Toutes les nations sont devant lui comme un rien, elles ne sont pour lui que néant et vanité. A qui voulez-vous comparer Dieu ? Et quelle image ferez-vous son égale ?» (Ésaïe 40:17,18).

 

CHAPITRE 4

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU DANS L'ADMINISTRATION DES AFFAIRES

DE CE MONDE

«L'Eternel a établi son trône dans les cieux, et son règne domine sur toutes choses» (Psaume 103:19).

 

Tout d'abord, Dieu doit gouverner le monde matériel de façon absolue. Supposons un instant le contraire. Dieu (imaginons-le pour le plaisir de discuter), créa le monde, établit et fixa certaines lois (qualifiées par les hommes de "lois de la Nature"), puis se retira et l'abandonna à son destin et aux conséquences de ces lois. Dans ce cas, le monde serait livré à lui-même et contrôlé seulement par des lois impersonnelles - concept digne d'un matérialisme outrancier et d'un athéisme flagrant. Mais poursuivons nos suppositions, et, à cette lumière, examinons bien les questions suivantes: pourquoi le monde ne serait-il pas détruit dans un avenir proche ? Quelle garantie avons-nous du contraire ? «le vent souffle où il veut», aussi nul ne peut le maîtriser, ni entraver son action. Parfois il souffle avec violence et un jour, peut-être, sa force et sa vitesse s'accroîtront au point de le transformer en ouragan capable de balayer le monde entier. Si seules les lois de la Nature règlent le vent, alors, demain peut-être, une tornade épouvantable se produira, détruisant tout sur la surface du globe. Rien ne nous met à l'abri d'une catastrophe semblable. Ces dernières années il a souvent été question de la venue soudaine de trombes d'eau, inondant des régions entières et causant d'énormes dégâts sur le plan matériel et humain. L'homme est sans défense face à ces phénomènes, car la science ne peut concevoir aucun moyen de les empêcher. Ces inondations peuvent très bien se reproduire à l'infini et recouvrir toute la terre: rien ne nous assure du contraire. Ce ne serait pas nouveau: pourquoi le déluge survenu à l'époque de Noé ne se répéterait-il pas ? Et que dire des tremblements de terre ? De temps à autre, l'un d'entre eux raye une île ou une ville de la carte - que peut faire l'homme ? Quelle garantie avons-nous que dans un avenir prochain un tremblement de terre gigantesque ne détruira pas le monde entier ? Sans aucun doute le lecteur voit-il où nous voulons en venir: si Dieu ne gouverne pas le monde matériel, s'il ne soutient «toutes choses par sa Parole puissante» (Hébreux 1:3), plus aucune sécurité n'existe !

 

Continuons le même raisonnement en ce qui concerne la race humaine. Dieu gouverne-t-il donc notre monde. Détermine-t-il la destinée des nations ? Contrôle-t-il l'évolution des empires ? Décide-t-il de la durée des dynasties ? A-t-il prescrit un terme aux actions mauvaises des hommes, en déclarant, «Tu iras jusque-là et pas plus loin» Supposons un instant le contraire. Imaginons que Dieu ait remis la direction du monde entre les mains de ses créatures et voyons où cette hypothèse nous conduit. Chaque homme vient alors au monde doté d'une volonté totalement libre et exempte de tout contrôle susceptible de détruire sa liberté. S'il en était ainsi, la race humaine dans sa totalité pourrait se livrer à un suicide moral collectif. Si toutes les restrictions divines étaient levées et si l'homme était absolument libre de ses actes, alors toutes les distinctions éthiques disparaîtraient très vite, un esprit de cruauté prévaudrait de façon universelle et un désordre indescriptible règnerait. Pourquoi pas ? Si une nation peut déposer ses dirigeants et répudier sa constitution, qui empêchera toutes les autres d'agir de même ? Si, lors de la révolution française, les rues de Paris ruisselaient du sang des émeutiers, toutes les villes du monde pourraient offrir le même spectacle avant la fin de ce siècle. Nul ne peut affirmer le contraire de façon certaine. Qui peut arrêter un désordre à l'échelle mondiale et une anarchie universelle ? Ainsi nous avons tenté de montrer le besoin impératif que Dieu occupe son trône, prenne en charge la direction du monde et contrôle les activités et les destinées de ses créatures.

 

Étudions maintenant comment Dieu effectivement gouverne le monde et exerce son contrôle sur toutes choses et sur toutes ses créatures.

 

1. Dieu gouverne la matière inanimée

La réalité de l'obéissance de la matière inanimée aux commandements de Dieu et du fait qu'elle accomplit ses décrets figure en page de garde de la révélation divine. Dieu dit: «Que la lumière soit et la lumière fut». Dieu dit: «Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemble en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi.» Comme le déclare le psalmiste, «Car il dit, et la chose arrive; il ordonne, et elle existe» (Psaumes 33:9).

 

L'affirmation présente au premier chapitre de la Genèse est illustrée ensuite dans toute le Bible. Quand les iniquités des peuples antédiluviens furent à leur comble, Dieu dit alors, «Et moi, je vais faire venir le déluge d'eaux sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle de vie sous le ciel; tout ce qui est sur la terre périra.» Et voici l'accomplissement de cette parole, «L'an six cent de la vie de Noé, le second mois, le dix septième jour du mois, en ce jour-là toutes les sources du grand abîme jaillirent, et les écluses des cieux s'ouvrirent. La pluie tomba sur la terre quarante jours et quarante nuits» (Genèse 6:17; 7:11,12).

 

De même les plaies d'Égypte témoignent du contrôle absolu (et souverain) de Dieu sur la matière inanimée. A son commandement la lumière se transforma en ténèbres et le fleuve en sang; la grêle tomba et la mort s'abattit sur la contrée païenne du Nil, même son monarque arrogant fut obligé d'implorer la délivrance. Remarquons surtout comment le récit inspiré souligne le contrôle absolu de Dieu sur les éléments. «Moïse étendit sa verge vers le ciel; et l'Eternel envoya des coups de tonnerre et de la grêle, et le feu se promenait sur la terre. L'Eternel fit pleuvoir de la grêle sur le pays d'Égypte. Il tomba de la grêle, et le feu se mêlait avec la grêle; elle était tellement forte qu'il n'y en avait point eu de semblable dans tout le pays d'Égypte depuis qu'il existe comme nation. La grêle frappa, dans tout le pays d'Égypte, tout ce qui était dans les champs, depuis les hommes jusqu'aux animaux; la grêle frappa aussi les herbes des champs, et brisa tous les arbres des champs. Ce fut seulement dans le pays de Gosen, où étaient les enfants d'Israël, qu'il n'y eu point de grêle» (Exode 9: 23-26). La même distinction s'observe au sujet de la neuvième plaie: «L'Eternel dit à Moïse: étend ta main vers le ciel, et qu'il y ait des ténèbres sur le pays d'Égypte, et que l'on puisse les toucher. Moïse étendit sa main vers le ciel; et il y eut d'épaisses ténèbres dans tout le pays d'Égypte, pendant trois jours. On ne se voyait pas les uns les autres, et personne ne se leva de sa place pendant ces trois jours. Mais il y avait de la lumière dans les lieux où habitaient tous les enfants d'Israël» (Exode 10: 21-23).

 

Les exemples ci-dessus ne constituent nullement des cas isolés. Au commandement de Dieu le feu et le souffre descendirent des cieux pour détruire les villes de la plaine, et une vallée fertile fut transformée en un charnier nauséabond. A son commandement les eaux de la Mer Rouge se séparèrent. pour permettre aux Israélites de passer à sec, et à sa parole elles se refermèrent et détruisirent les Égyptiens. Un mot de lui, la terre «ouvrit la bouche» pour engloutir Koré et les autres rebelles. La chaleur de la fournaise de Nabucadnetsar fut portée à une température sept fois à la normale et trois des enfants de Dieu y furent jetés. Or le feu ne brûla pas même leurs vêtements mais tua les hommes responsables de les y avoir jetés.

 

Quelle démonstration magistrale du contrôle gouvernemental du Créateur sur les éléments l'incarnation de Dieu parmi les hommes ne nous fournit-elle pas ! Contemplons le Seigneur endormi dans la barque. Une tempête éclate, les vents rugissent et les vagues se déchaînent. Les disciples à ses côtés, craignant le naufrage de la petite embarcation, le réveillent par ces mots: «Maître, ne t'inquiètes-tu pas de ce que nous périssons ?» Puis nous lisons, «S'étant réveillé, il menaça le vent, et dit à la mer: Silence ! tais-toi ! Et le vent cessa, et il y eut un grand calme» (Marc 4: 39). Puis la mer, à la volonté de son Créateur, le porte sur ses eaux; à sa parole le figuier se fane et à son toucher, la maladie disparaît aussitôt.

 

Les corps célestes sont aussi gouvernés par leur Créateur et accomplisse sa volonté souveraine. Prenons deux illustrations. Au commandement de Dieu, le soleil recula de dix degrés sur le cadran d'Achaz pour encourager la faible foi d'Ezéchias. A l'époque du Nouveau Testament Dieu suscita une étoile pour annoncer l'incarnation de son Fils - celle qui apparut aux mages venant de l'Orient. Cette étoile, lisons-nous, alla devant eux jusqu'au moment où «arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s'arrêta» (Matthieu 2: 9).

 

Les mutations des éléments sont soumises au contrôle de la souveraineté divine. «Il envoie ses ordres sur la terre: sa parole court avec vitesse. Il donne la neige comme de la laine, il répand la gelée blanche comme de la cendre; il lance sa glace par morceaux; qui peut résister devant son froid ? Il envoie sa parole, et il les fond; il fait souffler son vent, et les eaux coulent» (Psaumes 147: 15-18). Dieu retient ou envoie la pluie quand il veut, où il veut, comme il veut et sur qui il veut. Les météorologistes peuvent tenter de donner des prévisions du temps, mais combien de fois Dieu se moque de leurs calculs ! Les taches sur le soleil, les activités diverses des planètes, les apparitions et les disparitions des comètes (auxquels on attribue parfois un temps anormal pour la saison), les perturbations atmosphériques, sont simplement des causes secondaires car derrières elles se tient Dieu lui-même. Citons à nouveau la Parole de Dieu: «Et moi, je vous ai refusé la pluie lorsqu'il y avait encore trois mois jusqu'à la moisson; j'ai fait pleuvoir sur une ville, et je n'ai pas fait pleuvoir sur une autre ville; un champ a reçu la pluie, et un autre qui ne l'a pas reçue s'est desséché. Deux, trois villes sont allées vers un autre pour boire de l'eau, et elles n'ont point apaisé leur soif.. Malgré cela, vous n'êtes pas revenus à moi, dit l'Eternel. Je vous ai frappés par la rouille et par la nielle; vos nombreux jardins, vos vignes, vos figuiers et vos oliviers, ont été dévorés par les sauterelles. Malgré cela, vous n'êtes pas revenus à moi, dit l'Eternel. J'ai envoyé parmi vous la peste, comme en Égypte; j'ai tué vos jeunes gens par l'épée, et laissé prendre vos chevaux; j'ai fait monter à vos narines l'infection de votre camp. Malgré cela, vous n'êtes pas revenus à moi, dit l'Eternel» (Amos 4: 7-10).

 

Dieu gouverne sans nul doute la matière inanimée. La terre et l'air, le feu et l'eau, la grêle et la neige, les vents orageux et les mers déchaînées, tous exécutent sa Parole puissante et accomplisse sa volonté souveraine. Par conséquent, quand nous nous plaignons du temps, nous murmurons en réalité contre Dieu.

 

2. Dieu gouverne ses créatures irrationnelles

Le passage de Genèse 2:19 nous fournit une illustration remarquable du gouvernement de Dieu sur le monde animal. «L'Eternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l'homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme.» Ces événements, diront certains, se produisirent en Éden, avant la chute d'Adam et la malédiction prononcée sur toutes créatures. Alors considérons avec attention le passage suivant qui répond pleinement à cette objection: le contrôle de Dieu sur les animaux se manifesta pleinement à nouveau lors du déluge. Remarquons comment Dieu amène à Noé toute créature vivante: «deux de chaque espèce, pour les conserver en vie avec toi: il y aura un mâle et une femelle. Des oiseaux selon leur espèce, du bétail selon son espèce, et de tous les reptiles de la terre selon leur espèce, deux de chaque espèce viendront vers toi» (Genèse 6:19,20). Tous étaient sous le contrôle souverain de Dieu: le lion de la jungle, l'éléphant de la forêt, l'ours de la région polaire; la panthère féroce, le loup indomptable, le tigre sauvage, l'aigle au vol majestueux et le crocodile rampant - imaginons-les tous dans leur férocité, mais se soumettant toutefois docilement à la volonté de leur Créateur, montant dans l'arche deux par deux.

 

Nous nous sommes référés aux plaies d'Égypte pour illustrer le contrôle de Dieu sur la matière inanimée; considérons-les à nouveau pour voir comment elles démontrent sa parfaite autorité sur les créatures irrationnelles. A sa parole le fleuve produit un nombre impressionnant de grenouilles. Ces dernières pénétrèrent dans le palais du pharaon, dans les maisons de ses serviteurs et, contrairement à leur instinct naturel, s'introduisent dans les lits, les fours et les pétrins (Exode 7:28). Des multitudes de mouches envahissent le pays d'Égypte, mais aucune ne pénètre dans le pays de Gosen ! (Exode 8:18). Ensuite le bétail est atteint et nous lisons, «Voici, la main de l'Eternel sera sur les troupeaux qui sera dans les champs, sur les chevaux, sur les ânes, sur les chameaux, sur les bœufs et sur les brebis; il y aura une mortalité très grande. L'Eternel distinguera entre les troupeaux d'Israël et les troupeaux des Égyptiens, et il ne périra rien de ce qui est aux enfants d'Israël. L'Eternel fixa le temps, et dit: Demain l'Eternel fera cela dans le pays. Et l'Eternel fit ainsi, dès le lendemain. Tous les troupeaux des Égyptiens périrent, et il ne périt pas une bête des troupeaux des enfants d'Israël» Exode 9:3-6). De la même manière Dieu envoie des nuages de sauterelles pour frapper Pharaon et son pays, fixant l'heure de leur arrivée, déterminant leur itinéraire et fixant les limites de leur déprédation.

 

Ainsi les anges ne sont pas les seuls à se soumettre aux commandements de Dieu: les bêtes sauvages accomplissent aussi sa volonté. L'arche sacrée, l'arche de l'alliance, se trouve dans la contrée des Philistins. Comment est-elle ramenée dans son pays d'origine ? Dieu, remarquons-le, avait lui-même choisi ses instruments et ils étaient totalement soumis à son contrôle: «Et les Philistins appelèrent les prêtres et les devins, et ils dirent: Que ferons-nous de l'arche de l'Eternel ? Faites-nous connaître de quelle manière nous devons la renvoyer en son lieu. Ils répondirent... Maintenant, faites un char tout neuf, et prenez deux vaches qui allaitent et qui n'aient point porté le joug; attelez les vaches au char, et ramenez à la maison leurs petits qui sont derrière elles. Vous prendrez l'arche de l'Eternel, et vous la mettrez sur le char; vous placerez à côté d'elle, dans un coffre, les objets d'or que vous donnez à l'Eternel en offrande pour le péché; puis vous la renverrez, et elle partira. Suivez-la du regard: si elle monte par le chemin de sa frontière vers Beth-Schémesch, c'est l'Eternel qui nous a fait ce grand mal; sinon, nous saurons que ce n'est pas sa main qui nous a frappés, mais que cela nous est arrivé par hasard.» Et que se produisit-il ? Les conséquences furent surprenantes! «Les vaches prirent directement le chemin de Beth-Schémesch; elles suivirent toujours la même route en mugissant, et elles ne se détournèrent ni à droite ni à gauche» (1 Sam 6). Le cas d'Elie est également remarquable: «Et la parole de l'Éternel fut adressée à Elie, en ces mots: Pars d'ici, dirige-toi vers l'orient, et cache-toi près du torrent de Kérith, qui est en face du Jourdain. Tu boiras de l'eau du torrent, et j'ai ordonné aux corbeaux de te nourrir là» (1 Rois 17:2-4). L'instinct naturel de ces oiseaux de proie fut réprimé et au lieu de dévorer eux-mêmes la nourriture, ils l'apportèrent au serviteur de l'Éternel dans sa retraite solitaire.

 

Voulez-vous davantage de preuves ? Elles abondent. Dieu suscite un âne muet pour s'opposer à la folie du prophète. Il fait sortir des bois deux ours femelles pour dévorer quarante-deux des persécuteurs d'Élisée. Pour accomplir sa Parole, il pousse les chiens à manger la chair de la cruelle Jézabel. Il ferme la gueule des lions de Babylone quand Daniel est jeté dans la fosse et, plus tard, il leur permet de dévorer les accusateurs du prophète. Il suscite un grand poisson pour avaler Jonas, le prophète désobéissant, puis, quand son heure retentit, il l'oblige à le vomir sur la terre sèche. A son commandement un poisson remet une pièce de monnaie à Pierre pour payer l'impôt afin d'accomplir sa Parole. Ainsi Dieu, nous le voyons, règne sur ses créatures irrationnelles: les animaux des champs, les oiseaux, les poissons, tous obéissent à son commandement souverain.

 

3. Dieu gouverne les êtres humains

Cette section, nous l'admettons volontiers, est la plus difficile de notre sujet et nous la traiterons donc plus à fond dans les pages suivantes; mais nous étudierons à présent la souveraineté de Dieu sur les hommes en général, avant d'examiner le problème en détail.

 

Deux alternatives s'offrent à nous et nous devons choisir entre elles. Dieu gouverne ou il est gouverné; Dieu dirige ou il est dirigé; Dieu arrive à ses fins ou les hommes aux leurs. S'agit-t-il d'un choix difficile à opérer? L'homme est-il un être si rebelle qu'il se situe au-delà du contrôle de Dieu? Le péché a-t-il éloigné le pécheur du Dieu trois fois saint de façon à le placer hors des limites de sa juridiction? Ou l'homme a-t-il été doté d'une responsabilité morale empêchant Dieu de le contrôler entièrement pendant la période de sa mise à l'épreuve? L'homme naturel étant un hors-la-loi face au ciel, un rebelle face au gouvernement divin, Dieu est-il donc incapable d'accomplir son dessein au travers de lui? Nous ne voulons pas seulement dire par cela que Dieu peut anéantir les effets des actions mauvaises de l'homme, ou l'amener devant son trône au jour de jugement pour recevoir sa sentence - un très grand nombre de non-chrétiens croient cela - mais que toute action de la part du plus rebelle de ses sujets est entièrement soumise au contrôle divin et que son auteur même accomplit à son insu les décrets secrets du Très-Haut. N'en fut-il pas ainsi avec Judas? Est-il possible de trouver un cas plus extrême? Alors si le plus rebelle de tous accomplissait le dessein de Dieu, il n'est pas plus difficile de l'affirmer pour tous les rebelles.

 

Nous ne voulons pas verser dans la philosophie, mais rechercher l'enseignement de l'Écriture sur ce sujet important. A la loi et au témoignage, car c'est le seul moyen d'apprendre la nature, le but, la manière et l'étendue du gouvernement divin. Qu'est-ce que Dieu a voulu nous révéler dans sa Parole concernant sa souveraineté sur ses créatures, surtout sur celles créées à l'origine selon sa propre image?

 

«Car en lui nous avons la vie, le mouvement, et l'être» (Actes 17:28). Quelle affirmation catégorique! Ces paroles, remarquons-le, furent adressées non pas à l'une des Églises de Dieu, ni à un groupe de chrétiens ayant atteint un niveau élevé de spiritualité, mais à un auditoire païen, aux adorateurs d'un «dieu inconnu» qui ridiculisaient la résurrection des morts. Cependant l'apôtre Paul n'hésita pas à affirmer aux philosophes athéniens, aux Épicuriens, aux Stoïciens, «qu'ils avaient en lui la vie, le mouvement et l'être», autrement dit qu'ils devaient au Créateur du monde et de toutes choses non seulement leur existence et leur protection mais que leurs actions même étaient soumises au contrôle du Seigneur du ciel et de la terre (voir la fin de Dan 5:23).

 

«Les projets que forme le cœur dépendent de l'homme, mais la réponse que donne la bouche vient de l'Éternel» (Prov 16:1). Cette déclaration est d'ordre général - il s'agit de "l'homme" en général et pas seulement des croyants - «le cœur de l'homme médite sa voie, mais c'est l'Eternel qui dirige ses pas» (Prov 16:9). Si le Seigneur dirige les pas de l'homme, n'avons-nous pas la preuve que Dieu le contrôle et le gouverne? De nouveau: «II y a dans le cœur de l'homme beaucoup de projets, mais c'est le dessein de l'Eternel qui s'accomplit» (Prov 19:21). En d'autres termes, peu importe les désirs et les plans d'un homme, seule la volonté du Créateur s'accomplit. Pour illustrer ce fait, prenons le cas du riche insensé. Nous connaissons les "desseins" de son cœur. «Les terres d'un homme riche avaient beaucoup rapporté. Et il raisonnait en lui-même, disant: Que ferai-je? car je n'ai pas de place pour serrer ma récolte. Voici, dit-il, ce que je ferai: J'abattrai mes greniers, j'en bâtirai de plus grands, j'y amasserai toute ma récolte et tous mes biens; et je dirai à mon âme: Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années; repose-toi, mange, bois et réjouis-toi.» Néanmoins les projets de l'homme insensé furent réduits à néant et «le dessein de l'Eternel» se réalisa: «Mais Dieu lui dit: Insensé! cette nuit même ton âme te sera redemandée» (Luc 12:16-21). «Le cœur du roi est un courant d'eau dans la main de l'Éternel; il l'incline partout où il veut» (Prov 21:1). Rien ne pourrait être plus clair. Dans le cœur se trouvent «les sources de la vie» (Prov 4:23), car un homme est comme «les pensées dans son âme» (Prov 23:7). Alors si le cœur est dans la main du Seigneur et s'il «l'incline partout où il veut», de toute évidence, les hommes, les gouverneurs et les dirigeants même, tous sont sous le contrôle gouvernemental du Tout-Puissant !

 

Aucune limite ne doit être fixée à la déclaration ci-dessus car celui qui soutient que certains hommes, au moins, s'opposent avec une réelle efficacité au dessein de Dieu et font obstacle à son conseil, en viendra à répudier d'autres passages de l'Écriture tout aussi explicites. Lisez avec grande attention les versets suivants: «Mais sa résolution est arrêtée; qui s'y opposera ? Ce que son âme désire, il l'exécute» (Job 23:13). «Les desseins de l'Éternel subsistent à toujours, et les projets de son cœur de génération en génération» (Ps 33:11). «Il n'y a ni sagesse, ni intelligence, ni conseil, en face de l'Eternel» (Prov 21:30). «L'Eternel des armées a pris cette résolution: qui s'y opposera ? Sa main est étendue: qui la détournera ?» (Esa 14:27) «Souvenez-vous de ce qui s'est passé dès les temps anciens; car je suis Dieu, et il n'y en a point d'autre, je suis Dieu, et nul n'est semblable à moi. J'annonce dès le commencement ce qui doit arriver, et longtemps d'avance ce qui n'est pas encore accompli; je dis: Mes arrêts subsisteront, et j'exécuterai toute ma volonté» (Esa 46:9,10). Ces passages ne présentent aucune ambiguïté. Il est impossible, affirment-ils sans équivoque, d'anéantir les desseins de l'Eternel.

 

Nous lisons l'Écriture en vain si nous manquons d'y découvrir la main de Dieu dans les actions des hommes, qu'ils soient bons ou mauvais. Nimrod et ses compagnons décidèrent d'ériger la Tour de Babel, mais avant la réalisation de leur plan Dieu entrava leur projet. Jacob devait recevoir l'héritage et, bien qu'Isaac cherchât à renverser les décrets de l'Eternel et à accorder la bénédiction à Ésaü, ses efforts furent réduits à néant. Ésaü jura de se venger de Jacob, mais lorsqu'ils se rencontrèrent, ils pleurèrent de joie au lieu de se combattre avec haine. Les frères de Joseph avaient décidé de le détruire, mais leurs projets malveillants furent renversés. Pharaon refusa de laisser Israël suivre les instructions de l'Éternel et périt dans la Mer Rouge. Balak embaucha Balaam afin de maudire les Israélites, mais Dieu l'obligea à les bénir. Haman érigea un échafaud à l'intention de Mardochée, mais fut pendu à sa place. Jonas s'opposa à la volonté révélée de Dieu mais, qu'advint-il de ses efforts ?

 

Les nations peuvent soulever un «tumulte» et les peuples concevoir «de vaines pensées»; les rois et les princes de la terre peuvent «se soulever» et «se liguer» contre le Seigneur et contre son Christ en disant: «Brisons leurs liens, délivrons-nous de leurs chaînes !» (Ps 2:3) Le Dieu tout-puissant est-il perturbé ou troublé par la rébellion de ses créatures mesquines ? Pas du tout: «Celui qui siège dans les cieux rit, le Seigneur se moque d'eux» (v.4). Il occupe une place infiniment plus élevée au-dessus d'eux et même la plus grande confédération de ces pions sur la terre, leurs manigances les plus sophistiquées et les plus vigoureuses destinées à faire échouer ses plans, apparaissent puériles à ses yeux. Il considère leurs efforts mesquins, non seulement sans aucune crainte, mais il «se rit» de leur folie. Il traite leur impuissance avec «dérision». Il sait qu'il peut les écraser comme des mouches quand il le veut, ou les consumer en un instant du souffle de sa bouche. C'est une «vaine tentative» pour les pots de terre de lutter contre le Roi des cieux. Voici notre Dieu; adorons-le.

 

4. Dieu gouverne les anges: à la fois les bons et les mauvais

Les anges sont les serviteurs de Dieu, ses messagers, ses chars de guerre. Ils écoutent toujours la Parole de sa bouche et obéissent sans cesse à ses commandements. «Dieu envoya un ange à Jérusalem pour la détruire; et comme il la détruisait, l'Éternel regarda et se repentit de ce mal, et il dit à l'ange qui détruisait: Assez ! Retire maintenant ta main... Alors l'Éternel parla à l'ange, qui remit son épée dans le fourreau» (1 Chron 21:15,27). Beaucoup d'autres passages de l'Écriture pourraient être cités pour montrer la soumission des anges à la volonté de leur Créateur et leur obéissance à ses commandements. «Revenu à lui-même, Pierre dit: Je vois maintenant d'une manière certaine que le Seigneur a envoyé son ange, et qu'il m'a délivré de la main d'Hérode et de tout ce que le peuple juif attendait» (Actes 12:11). «Ces paroles sont certaines et véritables; et le Seigneur, le Dieu des saints prophètes, a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt» (Apoc 22:6). Il en sera ainsi au retour du Seigneur: «Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité» (Mat 13:41). Nous lisons à nouveau, «Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu'à l'autre» (Mat 24:31).

 

Il en est de même pour les mauvais esprits: ils accomplissent aussi les décrets souverains de Dieu. Ce dernier envoie un mauvais esprit pour fomenter la rébellion dans le camp d'Abimélec (Jug 9:23). Un autre est envoyé pour susciter un esprit de mensonge chez les prophètes d'Achab: «Et maintenant, voici, l'Eternel a mis un esprit de mensonge dans la bouche de tous tes prophètes qui sont là. Et l'Eternel a prononcé du mal contre toi» (1 Rois 22:23). Un autre encore est envoyé par le Seigneur pour troubler Saül: «L'esprit de l'Eternel se retira de Saül, qui fut agité par un mauvais esprit venant de l'Éternel" (1 Sam 16:14). De même dans le Nouveau Testament: toute la légion de démons ne sort pas de la victime avant que le Seigneur lui donne la permission d'entrer dans un troupeau de pourceaux. Il est très clair, d'après l'Écriture, que les anges, bons ou mauvais, se trouvent sous le contrôle de Dieu, et exécutent, bon gré mal gré, le plan de Dieu. Satan lui-même est soumis de façon absolue au contrôle de Dieu. Quand il fut accusé en Éden, il écouta la sentence terrifiante sans mot dire. Il fut incapable de toucher à Job sans la permission de Dieu. De même, il dut attendre le consentement du Seigneur avant de pouvoir «cribler» Pierre. Quand Christ lui ordonna de se retirer, «alors le diable le laissa» (Mat 4:11). A la fin, il sera jeté dans l'étang de feu, préparé pour lui et ses anges.

 

Le Seigneur Dieu tout-puissant règne. Son gouvernement s'exerce sur le monde inanimé, sur les bêtes sauvages, sur les hommes, sur les bons et les mauvais anges et sur Satan lui-même. Aucune révolution planétaire, aucun rayonnement stellaire, aucun orage, aucun mouvement d'une créature, aucune action des hommes, aucun déplacement des anges, aucune action du diable - rien dans tout le vaste univers ne se réalise en dehors du plan de Dieu conçu de toute éternité. Ces affirmations constituent un fondement pour notre foi, un havre de repos pour notre intelligence, une ancre à la fois sûre et solide pour notre âme. Il ne s'agit pas d'un destin aveugle, d'un mal débridé, d'un homme ou de Satan, mais du Seigneur Tout-puissant qui gouverne le monde selon sa propre volonté et pour sa gloire éternelle.

 

«Dix mille siècles avant la création des cieux; Toutes les années et les mondes à venir existaient déjà dans sa pensée: Pas un moineau ou un ver n'était exclu de ses décrets, II établit les monarques et les anéantit à son gré.» (Isaac Watts)

 

CHAPITRE 5

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU DANS LE SALUT

«Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles!» (Rom 11:33).

 

«Le salut vient de l'Éternel» (Jon 2:10); mais le Seigneur ne sauve pas tous les hommes. Pourquoi? Il en sauve certains et, dans ce cas, pourquoi pas les autres? Cela vient-il de leur état de péché ou de dépravation? Non, car l'apôtre écrit, «C'est une parole certaine et entièrement digne d'être reçue, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier» (1 Tim 1:15). Par suite, si Dieu a sauvé «le premier (ou le pire) des pécheurs, nul n'est exclu en raison de sa dépravation. Pourquoi alors Dieu ne sauve-t-il pas tout le monde? Certains sont-ils dotés d'un cœur trop dur pour être atteints? Non, car il est écrit à l'égard de ceux dont le cœur était le plus dur, «Je leur donnerai un même cœur, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de leur corps le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair» (Ézéc 11:19). Alors, leur entêtement, leur caractère intraitable, leur attitude de défi, empêchent-ils Dieu de les attirer à lui? Avant de répondre à cette question, posons-nous en une autre. Considérons l'expérience de certains, au moins, des enfants de Dieu.

 

Il fut un temps, vous devez l'admettre, où vous marchiez selon le conseil des méchants, où vous avanciez sur la voie des pécheurs, où vous vous asseyiez en compagnie des moqueurs, et avec eux affirmiez, «Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous» (Luc 19:14). Vous ne vouliez pas «venir à [lui] pour avoir la vie» (Jean 5:40), vous joigniez votre voix à celles de ceux qui disaient: «Retire-toi de nous; nous ne voulons pas connaître tes voies. Qu'est-ce que le Tout-Puissant pour que nous le servions? Que gagnerons-nous à lui adresser nos prières?» (Job 21:14,15) A votre honte vous devez reconnaître l'exactitude de ces affirmations. Mais comment se fait-il que tout cela soit changé? Qu'est-ce qui vous a fait passer d'une attitude d'indépendance hautaine à celle d'humble suppliant; d'une attitude d'inimitié, de haine et de révolte à celle de paix, d'amour et de soumission envers Dieu? Comme quiconque «né de l'Esprit», vous répondrez aussitôt, «Par la grâce, de Dieu je suis ce que je suis» (1 Cor 15:10). Ne voyez-vous donc pas que le fait que d'autres rebelles ne sont pas sauvés ne vient pas d'une impuissance ou d'un refus divin à contraindre l'homme? Si Dieu a été capable de vaincre votre volonté et de gagner votre cœur, sans entraver votre responsabilité morale, n'est-il pas alors capable d'agir de même avec autrui? Bien sûr que si. Aussi, quel illogisme, incohérence et ridicule de votre part, en cherchant à expliquer l'état actuel des incroyants et leur destinée ultime, que de soutenir l'incapacité de Dieu à les sauver parce qu'ils ne le lui permettent pas. «Mais le moment est venu, direz-vous, où j'ai voulu recevoir Christ comme mon Sauveur»? Oui, et c'est Dieu qui a produit en vous ce désir (Phil 2:13). Pourquoi, alors, ne dispose-t-il pas favorablement tous les pécheurs? Pourquoi, sinon le fait qu'il est souverain et qu'il agit à son gré! Mais revenons à notre toute première question.

 

Pourquoi tous ne sont-ils pas sauvés, en particulier tous ceux qui entendent l'Évangile? Répondez-vous toujours, parce que la majorité refuse de croire? C'est vrai, mais il s'agit seulement d'une partie (l'aspect humain) de la vérité. Mais il existe aussi un aspect divin, qui doit être mis en évidence ou Dieu sera dépouillé de sa gloire. Les inconvertis sont perdus car ils refusent de croire; les autres sont sauvés car ils croient. Mais pourquoi ces derniers croient-ils? Qu'est-ce qui les pousse à mettre leur confiance en Christ? Est-ce dû à une intelligence plus grande, ou à une compréhension plus rapide de leur besoin du salut? Loin de nous cette pensée, «Car qui est-ce qui te distingue? Qu'as-tu que tu n'aies reçu? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu?» (1 Cor 4:7) Dieu lui-même fait la différence entre les élus et les non-élus, car il est écrit des siens, «Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu'il nous a donné l'intelligence pour connaître le Véritable» (1 Jean 5:20).

 

La foi est un don de Dieu, pourtant «Tous n'ont pas la foi» (2 Thés 3:2); Dieu, nous le voyons, n'accorde pas ce don à tous. A qui l'accorde-t-il donc? Nous répondons, à ses élus: «Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent» (Actes 13:48). La Bible parle de «la foi des élus de Dieu» (Tite 1:1). Mais Dieu est-il souverain dans la distribution de ses faveurs? N'en a-t-il pas le droit? Certains «murmurent-ils contre le Maître de la maison»? Alors, ses propres paroles constituent une réponse suffisante, «Ne m'est-il pas permis de faire de mon bien ce que je veux?» (Mat 20:15) Dieu est souverain dans l'attribution de ses dons, tant dans le domaine naturel que spirituel. Après ces affirmations générales de la souveraineté de Dieu dans le salut, examinons maintenant le rôle de chacune de sa triple révélation dans les Saintes Écritures*.

* Nous avons adapté légèrement cette section du texte d’Arthur Pink, particulièrement les entêtes, car nous ne souscrivons pas à la fausse notion anti-biblique qu'il y aurait trois personnes distinctes en Dieu. Nous reconnaissons toutefois une triple révélation de sa Personne unique et divine dans les pages du Texte Sacré.

 

a) - La souveraineté de Dieu comme Père dans le salut de ses élus

Le chapitre 9 de l'épître aux Romains, plus que tout autre passage de l'Écriture, affirme de la façon la plus nette la souveraineté absolue de Dieu dans sa décision concernant le destin de ses créatures. Nous ne tenterons pas ici d'étudier ce chapitre en entier, mais nous nous arrêterons sur les versets 21 à 23. «Le potier n'est-il pas maître de l'argile, pour faire avec la même masse un vase d'honneur et un vase d'un usage vil? Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, et s'il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu'il a d'avance préparés pour la gloire?» Ce passage représente l'humanité déchue, inerte et impotente, telle une masse d'argile inanimée. Aucune différence n'existe, d'après ces versets, entre les élus et les non-élus: ils sont issus «de la même masse» d'argile, et cette pensée s'accorde avec Éphésiens 2:3, «Nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres.» Selon ce passage la volonté de Dieu décide heureusement de la destinée ultime de tout individu, car si cela reposait sur notre propre volonté, nous irions tous dans l'étang de feu. Dieu lui-même, selon ce passage, établit véritablement la différence dans la destination respective attribuée à ses créatures, car il destine l'un à être «un vase d'honneur», un autre «d'un usage vil»; certains sont «des vases de colère, formés pour la perdition», d'autres sont «des vases de miséricorde qu'il a d'avance préparés pour la gloire».

 

Pour le cœur orgueilleux de la créature il est certes très humiliant de se représenter toute l'humanité dans la main de Dieu comme l'argile dans la main du potier. Toutefois, la Parole de Vérité l'affirme, et il nous faut insister sur ce point à une époque caractérisée par la glorification de l'homme, l'orgueil intellectuel et la vanité humaine. L'homme a beau lutter contre son Créateur, il est de l'argile sans plus dans la main du Potier céleste. Bien que nous sachions que Dieu traitera ses créatures avec justice et que le Juge de toute la terre exercera la justice, nous comprenons néanmoins qu'il forme ses vases en vue de l'accomplissement de son propre dessein et selon son bon plaisir. Dieu s'arroge le droit indiscutable d'agir comme il veut avec ce qui lui appartient.

 

Dieu non seulement possède le droit d'agir comme il veut avec les créatures formées de ses mains, mais il exerce ce droit. Cette vérité est nulle part plus évidente que dans sa grâce souveraine. Avant la fondation du monde, Dieu procéda à un choix, à une sélection, à une élection, ce qui implique aussi par nécessité l’exclusion. La double prédestination est donc l’évidence de la grâce et de la justice de Dieu. Face à son regard omniscient se tenait toute la descendance d'Adam et parmi elle il se choisit un peuple et le prédestina à être «ses enfants d'adoption», à «être conforme à l'image de son Fils», le destina à la vie éternelle. De nombreux passages de l'Écriture affirment cette vérité précieuse. Nous porterons maintenant notre attention sur sept d'entre eux.

 

1. «Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent» (Actes 13:48). Rien ne pourra réconcilier ce texte et d'autres semblables avec la pensée de l'homme naturel. Aussi toutes les subtilités de l'intelligence humaine ont été employées pour émousser le tranchant de ce passage et pour essayer d'atténuer la signification évidente de ces paroles, mais en vain. Ce passage nous apprend quatre vérités: 1.La foi est la conséquence et non la cause du décret de Dieu. 2.Seul un nombre précis est destiné à la vie éternelle car si tous les hommes sans exception étaient ainsi destinés par Dieu, les mots «tous ceux» seraient dénués de sens. 3.Cet «appel» de Dieu ne vise pas seulement l'acquisition de privilèges extérieurs, mais «la vie éternelle»; non pas le service mais le salut lui-même. 4.«Tous ceux» - pas un de moins - que Dieu appelle à la vie éternelle croiront assurément. Le commentaire du célèbre pasteur anglais C.H. Spurgeon sur ce texte mérite notre attention. «On a maintes fois essayé de prouver que ce passage n'enseigne pas la prédestination, mais ces tentatives font violence au texte de façon si évidente que je ne perdrai pas mon temps à les réfuter. Je lis: «Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent», et je ne fausserai pas le sens de ce verset mais glorifierai plutôt la grâce de Dieu en lui attribuant la foi de tout homme... Le désir de croire ne vient-il pas de Dieu? Si les hommes sont disposés à recevoir la vie éternelle, Dieu n'en est-il pas dans chaque cas responsable? Dieu a-t-il tort de conférer cette grâce? S'il est juste pour lui de l'accorder, a-t-il tort d'avoir l'intention de la donner? Voudriez-vous qu'il la donnât par accident? S'il est juste d'avoir l'intention d'accorder sa grâce aujourd'hui, il avait le droit d'en avoir l'intention auparavant, et -puisqu'il ne change pas - de toute éternité.»

 

2. «De même aussi dans le temps présent il y a un reste, selon l'élection de la grâce. Or, si c'est par grâce, ce n'est plus par les œuvres; autrement la grâce n'est plus une grâce. Et si c'est par les œuvres, ce n'est plus une grâce; autrement l'œuvre n'est plus une œuvre» (Rom 11:5,6). Les mots «de même» au début de cette citation nous ramènent au verset précédent où il est écrit, «Je me suis réservé sept mille hommes, qui n'ont point fléchi le genou devant Baal.» Remarquons tout particulièrement les mots «je me suis réservé». A l'époque d'Élie, sept mille hommes - un petit nombre - furent gardés de façon divine de l'idolâtrie et amenés à la connaissance du vrai Dieu. Cette protection et cette révélation ne venaient pas d'eux-mêmes mais seulement de l'influence et de l'action particulières de Dieu. Ces personnes étaient hautement favorisées en étant ainsi «réservées» par Dieu! Or, affirme l'apôtre, tout comme il y avait «un reste» réservé par Dieu à l'époque d'Élie, il en va de même à l'époque actuelle.

 

«Un reste selon l'élection de la grâce.» Ici la cause de l'élection est ramenée à ses origines. Dieu n'a pas élu ce «reste» en prévision de leur foi car un tel choix reviendrait à rendre le salut dépendant de leur œuvre et alors, ce ne serait plus une grâce. En effet l'apôtre dit, «Si c'est par grâce, ce n'est plus par les œuvres; autrement la grâce n'est plus une grâce.» Ce qui revient à dire que la grâce et les œuvres s'opposent, qu'elles n'ont rien en commun et, comme l'eau et l'huile, ne se mélangeront jamais. Ainsi l'idée de la prévision d'une qualité présente chez les élus, ou d'une action méritoire quelconque accomplie par eux, est totalement exclue. «Un reste selon l'élection de la grâce» signifie un choix inconditionnel provenant de la faveur souveraine de Dieu; en un mot, il s'agit d'une élection absolument gratuite en faveur de ses élus seuls. Aucun choix ou décision personnelle de l’homme ne peut contribuer à son salut, puisque faire un choix est une œuvre de la volonté et celle-ci est esclave de la chair et du péché.

 

3. «Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n'y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu'on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire au néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu» (1 Cor 1:26-29). A trois reprises ce passage fait mention du choix de Dieu et tout choix exige nécessairement une sélection et une exclusion; certains sont pris, d'autres laissés. Dieu lui-même procède à ce choix. Le nombre des élus est défini - «il n'y a [pas] beaucoup de sages».

 

Les objets de son choix sont les choses faibles de ce monde, les choses viles du monde et celles qu'on méprise. Mais pourquoi? Pour démontrer et glorifier sa grâce. De même que ses pensées, les voies de Dieu diffèrent totalement de celles de l'homme. Pour l'esprit charnel de la nature humaine déchue, une sélection aurait dû s'opérer parmi les rangs des personnes riches et influentes, aimables et cultivées, pour permettre au christianisme d'être approuvé et acclamé par le monde en raison de sa splendeur et de sa gloire humaine. Pourtant «Ce qui est élevé parmi les hommes est une abomination devant Dieu» (Luc 16:15). Dieu choisit les «choses viles». Il en fut de même à l'époque de l'Ancien Testament. La nation choisie pour être le dépositaire de ses saints oracles et les ancêtres du Messie promis ne furent pas l'ancienne Égypte, la puissante Babylone, ni la Grèce si civilisée et cultivée. Le peuple choisi par l'Eternel et considéré comme la prunelle de son œil fut le peuple méprisé des Hébreux. Il en fut ainsi quand le Seigneur séjourna parmi les hommes. Des pécheurs, pour la plupart non-éduqués, furent choisis pour entrer avec lui dans une relation d'intimité et devenir ses ambassadeurs. Ainsi en a-t-il toujours été depuis. Le choix de Dieu, cette sélection, a pour but, pour raison d'être, que «nulle chair ne se glorifie devant Dieu». Puisque rien en eux-mêmes ne permet aux objets de son choix de se glorifier de sa faveur spéciale, toute la gloire doit revenir aux richesses infiniment variées de sa grâce. Ainsi nous pouvons dire: A Christ seul soit la Gloire.

 

4. «Béni soit Dieu, le Père, notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ! En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d'adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté... En lui nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté» (Éph 1:3-5,11). Ici à nouveau il nous est révélé à quel moment - si l'on peut parler de moment - Dieu a choisi ceux qui devaient devenir ses enfants par Jésus-Christ. Dieu nous a choisis en Christ non pas après la chute d'Adam et l'enlisement de sa race dans le péché et le malheur, mais longtemps avant la venue d'Adam sur terre, avant même la fondation du monde. Nous apprenons le dessein de Dieu concernant ses élus: il les destinait à être «saints et irrépréhensibles devant lui»; à être «ses enfants d'adoption»; à devenir «héritiers». Dans ce passage nous découvrons aussi le motif de sa décision. Il nous a prédestinés «à être ses enfants d'adoption par Jésus-Christ» dans son amour. Cette affirmation réfute l'accusation méchante et si souvent reprise selon laquelle la décision de Dieu concernant la destinée éternelle de ses créatures, avant même leur venue au monde, est tyrannique et injuste. Enfin, ce passage nous informe, nul ne le conseilla car nous sommes prédestinés «selon le bon plaisir de sa volonté».

 

5. «Pour nous, frères bien-aimés du Seigneur, nous devons à votre sujet rendre continuellement grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l'Esprit et par la foi en la vérité» (2 Thés 2:13). Trois faits méritent ici une attention particulière. Tout d'abord, affirme ce passage, les élus de Dieu sont «choisis... pour le salut». Rien ne saurait être plus clair. Comme ces versets réduisent au silence les sophismes et les faux-fuyants de tous ceux qui désirent limiter le but de l'élection aux privilèges extérieurs ou à un service particulier! Dieu nous a choisis pour le «salut» lui-même. En second lieu, l'élection en vue du salut n'exclut pas l'emploi de moyens appropriés: le salut s'obtient par «la sanctification de l'Esprit et par la foi en la vérité». Si Dieu a choisi une personne pour le salut, cette dernière ne sera pas sauvée bon gré mal gré, avec ou sans la foi: l'Écriture ne soutient nulle part cette optique. Dieu a prédestiné non seulement la fin mais aussi les moyens; le Dieu qui nous a «choisis... pour le salut» a aussi déterminé la méthode d'y parvenir: l'œuvre du Saint-Esprit et la foi en la vérité. Considérons aussi que la foi est elle-même l’assurance de Christ attribuée à ses élus et que celle-ci est la certitude d’être dans la vérité, puisque Christ lui-même est la Vérité. L’assurance de la vérité vient donc de Dieu et non de l’homme. Enfin, être choisis par Dieu pour le salut doit nous pousser à le louer avec ferveur. Remarquez avec quelle force l'apôtre l'exprime: «Nous devons à votre sujet rendre continuellement grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut.» Au lieu de fuir avec horreur la doctrine de la prédestination, le croyant, quand il comprend cette vérité précieuse telle que la révèle la Parole, découvre une raison supérieure à toute autre - si ce n'est l'inexprimable don-même du Sauveur - de rendre grâces à Dieu. En d’autres mots, la vérité est la révélation de Christ en nous, l’espérance de la gloire.

 

6. Il «nous a sauvés, et nous a adressé une sainte vocation, non à cause de nos œuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels» (2 Tim 1:9). Comme le langage des Saintes Écritures est clair et incisif! La pensée de Dieu est souvent obscurcie par les explications «humaines». Il est impossible de présenter les faits de façon plus claire ou avec plus de force. Notre salut ne dépend pas de nos œuvres ou de notre choix ou décision personnelle; autrement dit, il n'est pas dû à un mérite spécial en nous, ni la réponse à aucun acte que nous aurions accompli. Nous voyons cela dans une traduction littérale d’Éphésiens 2:8 à partir du Grec original: «Car par grâce vous êtes sauvés en raison de cette assurance  de Christ; et cela est l'offrande de L’ESPRIT DES VIVANTS et donc pas de vous-même.» (Bible de Machaira 2016). Au contraire, c'est le résultat du dessein et de la grâce de Dieu; grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant la fondation du monde (1 Pierre 1:17-21). Nous sommes sauvés par grâce et pour Dieu cette grâce nous a été accordée non seulement avant notre naissance ou avant la chute d'Adam, mais avant même le très lointain «commencement» de Genèse chapitre 1:1. En cela réside la consolation du peuple de Dieu. Si son choix a été décidé dans l'éternité, il durera l'éternité!

 

7. «Élus selon la prescience de Dieu le Père, par la sanctification de l'Esprit, afin qu'ils deviennent obéissants, et qu'ils participent à l'aspersion du sang de Jésus-Christ» (1 Pi 1:2). Ici, de nouveau, l'élection par l’Admirable Esprit des vivants précède l'œuvre de sa Sainte Présence, l'obéissance et la foi de ceux qui sont sauvés. Ainsi elle ne repose nullement sur la créature mais sur la volonté souveraine du Tout-Puissant. La «prescience de Dieu le Père» ne se réfère pas ici à sa connaissance par avance de toutes choses mais signifie la présence des élus en Christ dans la pensée de Dieu de toute éternité. Il ne vit pas d'avance que certains, en entendant l'Évangile, le croiraient sans qu'il les ait déjà destinés à la vie éternelle. La prescience de Dieu lui montrait en tout homme un amour du péché et une haine envers la divinité. La «prescience» divine, repose sur les décrets de Dieu comme nous l'affirme avec clarté le passage d'Actes 2:23: «Cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l'avez crucifié, vous l'avez fait mourir par la main des impies.» Remarquons l'ordre des faits: tout d'abord, «le dessein arrêté... de Dieu» (son décret), puis sa «prescience». Il en est de même dans Romains 8:29: «Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils.» Le premier mot ici, «car», se rapporte au verset précédent, dont voici la dernière partie: «de ceux qui sont appelés selon son dessein» - ce sont eux qu'il a connus d'avance et prédestinés. Enfin, quand nous lisons dans l'Écriture qu'il a «connu» certains, ce mot est utilisé dans le sens de «connaître avec approbation et amour»: «Mais si quelqu'un aime Dieu, celui-là est connu de lui» (1 Cor 8:3). Aux hypocrites Christ dira, «Je ne vous ai jamais connus.» Il ne les a jamais reconnus comme les siens. Alors «élus selon la prescience de Dieu le Père» signifie être choisis par lui comme les objets spéciaux de son approbation et de son amour.

 

En résumant l'enseignement de ces sept passages nous apprenons que: 1.Dieu a destiné certains à la vie éternelle et par suite de son élection, au temps prévu, ils croiront; 2.l'élection de Dieu au salut n'est pas due à une qualité ou à un mérite présent en ces élus, mais seulement à la grâce divine; 3.Dieu a élu à dessein les êtres les plus invraisemblables pour être les bénéficiaires de ses faveurs spéciales, «afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu»; 4.Dieu a choisi son peuple en Christ avant la fondation du monde, non en raison de sa sainteté mais pour qu'il soit «saint et irrépréhensible devant lui»; 5.ayant choisi certains pour le salut, il a aussi décidé des moyens de réaliser son dessein éternel; 6.la grâce même, source de salut pour nous, nous fut dans le dessein de Dieu, «donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels» 7.très longtemps avant leur venue au monde, les élus de Dieu étaient présents devant ses yeux, «connus d'avance» par lui, et étaient les objets précis de son amour éternel. Avant de passer à la suite de ce chapitre, nous voudrions ajouter quelques mots concernant les sujets de la grâce souveraine de Dieu. Nous désirons y revenir, car la doctrine de la souveraineté de Dieu, source de l'élection au salut de certains, est très souvent attaquée sur ce point. Quiconque veut affaiblir cette vérité s'efforce de façon invariable de trouver une cause en dehors de la volonté divine, susceptible de pousser Dieu à accorder le salut aux pécheurs; une qualité présente dans la créature qui lui donnerait droit d'obtenir miséricorde auprès du Créateur. Aussi revenons-nous à la question, pourquoi Dieu a-t-il choisi les élus?

 

Qu'y avait-il chez eux pour attirer le cœur de Dieu? Était-ce à cause de certaines de leurs vertus, de la générosité de leur cœur, de la douceur de leur tempérament, de leur honnêteté? En un mot, furent-ils choisis à cause de leur bonté? Non; car le Seigneur a dit, «Un seul est bon» (Mat 19:17). Était-ce en raison de l'accomplissement de quelque bonne œuvre? Non; car il est écrit, «Il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul» (Rom 3:12). Était-ce en raison de leur recherche sérieuse et zélée de Dieu? Non; car, de nouveau, il est écrit, «Nul ne cherche Dieu» (Rom 3:11). Était-ce en raison de leur foi, connue d'avance par Dieu? Non; car comment ceux «morts dans leurs fautes et leurs péchés» croiraient-ils en Christ? Comment Dieu pouvait-il reconnaître par avance certains hommes comme croyants alors que le péché les empêche de croire? L'Écriture déclare: «Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu» (Éph 2:8). La foi est le don de Dieu sans lequel personne ne peut croire. La cause de son choix réside en lui et non dans les objets de ce choix. Il a choisi ceux-là simplement parce qu'il le voulait.

 

b) - La souveraineté de Dieu comme Fils dans le salut de ses élus

Pour qui Christ est-il mort ? Le Père avait sans aucun doute un but précis en [se] donnant [comme] Fils pour mourir à la croix, et Dieu [comme] Fils avait un dessein défini pour livrer sa vie. «Le Seigneur… fait ses choses [qui lui sont] connues de toute éternité» (Actes 15:18). En quoi consistait alors [le dessein du Père qui demeurait dans le Fils, son enveloppe corporelle] ? Christ est mort pour «les élus de Dieu».

 

Le dessein limité de la mort de Christ, nous ne l’ignorons pas, a fait l’objet de beaucoup de controverses. Quelle grande vérité révélée de l’Écriture ne l’a pas été ? Tout sujet touchant à la personne et à l’œuvre de notre Seigneur bien-aimé, nous en sommes conscients, exige d’être traité avec le plus grand respect, et toutes nos affirmations doivent s’appuyer sur des paroles explicites de l’Écriture. Nous ferons donc appel «à la loi et au témoignage».

 

Pour qui Christ est-il mort ? Qui avait-il l’intention de racheter par son sang ? De toute évidence le Seigneur Jésus avait un but défini quand il se rendit à la croix. Dans ce cas l’étendue de son dessein est limitée, car une intention ou un but défini de Dieu doit s’accomplir. Si le but précis de Christ comprenait toute l’humanité, alors cette dernière serait sans nul doute sauvée. Pour échapper à cette conclusion inéluctable, certains nient la réalité du but précis de Christ et attribuent à sa mort l’accomplissement d’un salut conditionnel pour toute l’humanité. La réfutation de cette affirmation se trouve dans la promesse faite par le Père [qui demeurait dans] le Fils avant la croix, et même avant son incarnation [comme Fils]. L’Ancien Testament représente le Père comme promettant au Fils une certaine récompense suite aux souffrances endurées pour des pécheurs. A ce stade nous nous limiterons à une ou deux déclarations tirées du célèbre chapitre 53 d’Ésaïe: «Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, il verra une postérité»; «A cause du travail de son âme, il rassasiera ses regards» et «mon serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes» (v. 10,11). Or comment pouvait-il être certain que Christ verrait «sa postérité», et «à cause du travail de son âme… rassasiera ses regards», à moins que le salut de certains membres de la race humaine fût divinement décrétée et donc certain ? Comment Christ pouvait-il, de façon certaine, en justifier beaucoup, si aucune provision n’était assurée pour amener quiconque, de façon efficace, à le recevoir comme Sauveur ? Par ailleurs, affirmer que le Seigneur Jésus visait expressément à sauver toute l’humanité revient à le rendre responsable, en vertu de son omniscience, d’une folie: c’est-à-dire, se donner un but, tout en le sachant d’avance irréalisable. Une seule alternative demeure: Christ est mort seulement pour les élus. Résumons cette pensée en une seule phrase accessible à tout lecteur: Christ n’est pas mort pour rendre possible le salut de toute l’humanité, mais pour rendre certain celui de tous ceux lui ayant été donnés par le Père. Christ n’est pas mort simplement pour permettre le pardon de nos péchés, mais «pour abolir le péché par son sacrifice» (Hébreux 9:26).

 

1. Le dessein défini de l’expiation provient nécessairement de l’élection au salut de certains déterminée par le Père de toute éternité. L’Écriture nos révèle qu’avant son incarnation le Seigneur dit, «Voici, je viens, pour faire, ô Dieu, ta volonté» (Hébreux 10:7), et après cette incarnation [du Père comme Fils], il déclare, «Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé» (Jean 6:38). Puisque dès le commencement Dieu a choisi certains pour le salut, et comme la volonté de Christ s’accorde parfaitement avec celle du Père, [car les deux sont identiques sauf que le Père est Esprit et que son incarnation comme Fils est corporelle], il n’a pas cherché à élargir le nombre des élus. Cette dernière affirmation n’est pas seulement notre déduction mais s’accorde avec l’enseignement explicite de la Parole. A maintes reprises le Seigneur a affirmé avoir particulièrement en vue ceux que le Père lui avait «donnés». Il a déclaré, «Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi… Or, la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour» (Jean 6: 37,39). Et à nouveau, «Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel, et dit: Père, l’heure est venue ! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, selon que tu lui as donné pour voir sur toute chair, afin qu’il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés… J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés; et ils ont gardé ta parole… C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi… Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde» (Jean 17: 1,2,6,9,24). Avant la fondation du monde le Père a prédestiné un peuple à être conforme à l’image de son Fils; la mort et la résurrection du Seigneur Jésus serviront à la réalisation du dessein divin.

 

2. La nature même de l’expiation met en évidence, dans son application aux pécheurs, son caractère défini dans le dessein de Dieu. L’expiation de Christ peut-être considérée sous deux aspects différents. Vis-à-vis de Dieu, l’œuvre de Christ à la croix fut une propitiation destinée à apaiser la colère de Dieu, une satisfaction accordée à la justice et à la sainteté divine. Vis-à-vis de l’homme, cette œuvre fut une substitution, l’innocent prenant la place du coupable, le juste mourant pour les injustes. Or, la substitution stricte d’une personne à d’autres et l’infliction sur elle de souffrances volontaires, implique de la part du substitut et de celui dont il apaise la colère, une reconnaissance définie des personnes qu’il représente et qu’il décharge de leurs obligations légales en portant leurs péchés. De plus, si le législateur accepte la «satisfaction» opérée par le substitut, ceux qu’il représente et dont il prend la place, doivent obligatoirement être acquittés. Si je suis incapable de payer mes dettes mais que quelqu’un les paie entièrement à ma place et reçoive en échange un reçu, mon créancier n’a plus alors, aux yeux de la loi, de réclamation à m’adresser.

 

Sur la croix le Seigneur Jésus s'est donné lui-même en rançon et le tombeau vide trois jours plus tard atteste son acceptation par Dieu. Toutefois une question se pose: pour qui cette rançon fut-elle offerte? Si elle l'a été pour toute l'humanité, alors la dette de tout homme est annulée [et tous sont sauvés]. Si Christ a porté dans son propre corps sur le bois les péchés de tous les hommes sans exception, alors aucun d'entre eux ne périra. Si Christ «est devenu malédiction» pour toute la race d'Adam, alors nul ne sera condamné aux derniers jours. Dieu ne peut réclamer deux fois le paiement tout d'abord à celui qui a versé son sang pour mon salut puis à moi-même. Mais Christ n'a pas réglé la dette de tous les hommes sans exception, car certains seront «mis en prison» (Mat 5:25; cf.l Pi 3:19 où figure le même mot grec pour «prison»), et «ils ne sortiront pas de là qu'ils n'aient payé le dernier quadrant», c'est-à-dire, jamais. Christ n'a pas porté les péchés de toute l'humanité, car certains mourront dans leur péché (Jean 8:21), et leur péché subsiste (Jean 9:41). Christ n'est pas «devenu malédiction» pour toute la race d'Adam, car à certains il dira, «Retirez-vous de moi, maudits» (Mat 25:41). Affirmer que Christ est mort pour tous sans exception, qu'il est devenu le substitut et le garant de toute la race humaine, qu'il a souffert comme représentant et à la place de toute l'humanité revient à prétendre qu'il a porté la malédiction pour un grand nombre qui la portent à leur tour pour eux-mêmes, qu'il a enduré le châtiment pour un grand nombre qui maintenant, en enfer, lèvent les yeux en proie aux tourments, qu'il a payé le prix de la rédemption pour tous ceux obligés de payer à leur tour par une angoisse éternelle le salaire du péché qui est la mort. Par contre, affirmer avec l'Écriture que Christ a été frappé pour le péché de son peuple, qu'il a donné sa vie pour ses brebis, qu'il l'a donnée en rançon pour beaucoup, revient à reconnaître qu'il effectua une expiation parfaite, que sa mort fut une rançon effective, qu'il accomplit lui-même sa destinée en tant que victime propitiatoire réelle, et qu'il est un Sauveur qui sauve véritablement.

 

3. L'enseignement de l'Écriture concernant le sacerdoce du Seigneur confirme nos propos ci-dessus. Christ intercède pour nous comme souverain sacrificateur. Mais pour qui intercède-t-il? Pour toute la race humaine ou seulement pour son peuple? La réponse du Nouveau Testament est d'une très grande clarté. Notre Sauveur est entré lui-même dans les cieux, «afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu» (Héb 9:24), pour nous qui avons «part à la vocation céleste» (Héb 3:1). Et plus loin il est écrit, «C'est aussi pour cela qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur» (Héb 7:25). Cette affirmation s'accorde parfaitement avec l'image tirée de l'Ancien Testament. Après avoir tué un animal destiné à être offert en sacrifice, Aaron pénétrait dans le lieu très-saint comme représentant et substitut du peuple de Dieu: sur son pectoral étaient gravés les noms des tribus d'Israël et, pour eux, il se tenait dans la présence de Dieu. Il en est de même des paroles de notre Seigneur dans Jean 17:9: «C'est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as, donnés, parce qu'ils sont à toi.» A cet égard le texte de Romains 8 mérite une attention particulière. Au verset 33 la question est posée, «Qui accusera les élus de Dieu?» La réponse inspirée suit: «C'est Dieu qui justifie! Qui les condamnera? Christ est mort; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous!» La mort et l'intercession de Christ, remarquons-le, ont un même et unique but. Dans l'image de l'Ancien Testament comme en son accomplissement dans le Nouveau Testament, l'expiation et l'intercession se rapportent aux mêmes personnes. Si Christ intercède pour les élus seulement et «non pour le monde», il est alors mort pour eux seulement.

 

4. Le nombre de ceux qui bénéficient de l'œuvre de Christ est déterminé non seulement par la nature de l'expiation et du sacerdoce de Christ, mais aussi par sa puissance. Puisque le crucifié était Dieu manifesté dans la chair, il suit de façon inéluctable qu'il accomplira le dessein qu'il a arrêté; qu'il prendra possession de ceux qu'il a rachetés; qu'il gardera en toute sécurité ceux en qui il a mis son affection. Si le Seigneur Jésus possède tout pouvoir au ciel et sur la terre, nul ne peut alors résister avec succès à sa volonté. Cette pensée, direz-vous, est peut-être vraie en théorie, néanmoins Christ refuse d'exercer sa puissance puisqu'il n'obligera jamais personne à le recevoir comme Sauveur. Cette objection n'est vraie qu'en partie. Le salut de tout pécheur est une question de puissance divine. Par nature tout pécheur est un ennemi de Dieu, et seule la puissance divine agissant en lui surmontera cette inimitié. C'est pourquoi il est écrit, «Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire» (Jean 6:44). La puissance de Dieu surmonte l'inimitié innée du pécheur et le rend désireux de venir à Christ afin d'avoir la vie. Mais cette «inimitié» n'est pas vaincue chez tous - pourquoi? Est-ce en raison d'une inimitié insurmontable? Certains cœurs sont-ils si durs au point d'empêcher Christ de pénétrer? Répondre à cette question de façon affirmative revient à nier sa toute-puissance. Mentionnons qu’un mort ne peut venir à Christ, il faut qu’il soit recréé et attiré d’une manière irrésistible à Celui qui est la Vie. Lazare, l’ami de Jésus en est l’exemple parfait. En fin de compte, il ne s'agit ni du désir du pécheur ni de son manque de désir puisque, par nature, tous refusent le salut, puisque tous sont mort spirituellement. Le désir de venir à Christ provient de la puissance divine à l'œuvre dans le cœur et la volonté de l'homme, surmontant «l'inimitié» inhérente et constante, comme il est écrit, «Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde» (Rom 9:16). Nier le pouvoir de Christ de gagner le cœur de ses ennemis revient à nier sa toute-puissance au ciel et sur la terre. Affirmer l'incapacité de Christ d'exercer sa puissance sans détruire la responsabilité de l'homme revient à nier un fait incontestable: il fait grâce à tous ceux qui viennent à lui sans détruire leur responsabilité (Cette notion est fausse et dangereuse, l’homme ne détient aucune responsabilité dans la grâce du salut, il lui est impossible de venir à Christ. Le Seigneur Jésus prend toute la responsabilité de ses élus sur lui-même afin d’expier leurs transgressions. Si l’homme demeure responsable, le sacrifice de la croix devient vain et sans efficacité. La plus grande des hérésies est que l’homme se déclare lui-même responsable de son salut et même de sa perdition, s’opposant ainsi à la souveraineté absolue de Dieu. La notion de responsabilité de l’homme est une fausse doctrine qui provient de son illusion d’un libre-choix par lequel il se dit indépendant et maître de son destin depuis sa chute en Éden. Pour les réprouvés ou exclus de la grâce qui se disent responsables de leur destin, la justice est un principe philosophique fondamental, juridique et moral, en vertu duquel les actions humaines doivent être sanctionnées ou récompensées en fonction de leur mérite au regard du droit, de la morale et autres sources prescriptives de comportements. Ils ont inversé la justice de Dieu pour la justice de l'homme, un croyant ne serait donc plus justifié en Christ, innocenté et purifié par son sang versé; mais il serait justifié plutôt par l'obéissance aux principes de la morale, sanctionné ou récompensé en fonction de sa persévérance dans cette voie subversive qui est celle de la loi et de la justification par les œuvres. En d'autres mots, les disciples du libre-choix sont tous des faux chrétiens, sans exception. S'ils ne se retirent de leurs voies pernicieuses pour se tourner à Christ en reconnaissant la souveraineté absolue du Dieu Tout-Puissant pour obtenir le pardon de leurs péchés, la repentance et la foi, la justification et l'adoption, ils périront tous. Sous-entendu que ce changement de direction primordial et essentiel se fait uniquement par la puissance du Saint-Esprit selon le décret d'élection et sans aucune contribution de l'homme, car l'Esprit est celui qui retire le pécheur de ses voies tortueuses et l'attire ou le traîne à la croix par une force irrésistible qui l'abaisse dans la poussière de l'humilité et le fait mourir en Christ, afin qu'il renaisse dans une nouvelle vie.) Or, dans ce cas pourquoi n'en serait-il pas de même pour d'autres? S'il est capable de gagner le cœur d'un pécheur, pourquoi pas celui d'un autre? Affirmer, comme certains, que les autres ne le lui permettent pas revient à nier sa puissance. Tout dépend de sa volonté. Si le Seigneur Jésus a décrété, désiré et visé le salut de toute l'humanité, toute la race humaine sera alors sauvée sinon la puissance de réaliser ses intentions lui fait défaut. Dans ce cas les versets d'Ésaïe 53:10-11 ne seraient pas exacts: «II verra une postérité...A cause du travail de son âme, il rassasiera ses regards.» La question soulevée touche à la divinité de Christ, car un Sauveur vaincu ne peut être Dieu, il ne serait autre qu’un imposteur.

 

Ayant exposé quelques principes généraux impliquant notre foi dans le dessein défini de la mort de Christ, nous considérerons maintenant quelques déclarations claires de l'Écriture qui en affirment la vérité. Dans le merveilleux et incomparable chapitre 53 d'Ésaïe, Dieu précise en ce qui concerne son Fils, «II a été enlevé par l'angoisse et le châtiment; et parmi ceux de sa génération, qui a cru qu'il était retranché de la terre des vivants et frappé pour les péchés de mon peuple?» (Esa 53:8) Le passage ci-dessus s'accorde à la perfection avec la déclaration de l'ange à Joseph: «Tu lui donneras le nom de Jésus; c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés» (Mat 1:21), c'est-à-dire, pas simplement Israël, mais tous ceux «donnés» à Jésus par le Père car choisis de Lui de toute éternité. Le Seigneur lui-même a déclaré, «Le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs» (Mat 20:28). Pourquoi est-il écrit «de plusieurs», si tous sans exception sont inclus? Il a visité et racheté «son peuple» (Luc 1:68). Le bon berger n'a pas donné sa vie pour les «boucs», mais pour les «brebis» (Jean 10:11). C'est «l'Église du Seigneur», ses appelés à renaître en une nouvelle vie qui est celle de la Sainte Présence de Christ qui vient habiter en eux, ceux qu'il s'est acquis par son propre sang (Actes 20:28). Le seul texte de Jean 11:49-52 suffirait à étayer cette vérité: «L'un d'eux, Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là, leur dit: Vous n'y entendez rien; vous ne réfléchissez pas qu'il est de votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas. Or, il ne dit pas cela de lui-même; mais étant souverain sacrificateur cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation. Et ce n'était pas pour la nation seulement; c'était aussi afin de réunir en un seul corps les enfants de Dieu dispersés.» Caïphe «ne dit pas cela de lui-même»: comme les prophètes de Dieu à l'époque de l'Ancien Testament (2 Pi 1:21), sa prophétie ne provenait pas de lui-même mais il parla sous l'action du Saint-Esprit. Ainsi la valeur de son affirmation a été conservée avec soin et la source divine de cette révélation exprimée de façon explicite. Or, il déclara de façon très claire: Christ est mort pour «la nation», c'est-à-dire, Israël, et aussi pour son corps, l'Église des élus, au sein de laquelle les enfants de Dieu - «dispersés» parmi les nations - sont maintenant rassemblés «en un seul corps» spirituel. Les membres de l'Église, remarquons-le, sont ici appelés «enfants de Dieu» même avant la mort de Christ, et par conséquent avant la création de son Église! La vaste majorité d'entre eux n'était pas encore née, cependant ils étaient déjà considérés comme «enfants de Dieu»; cela car ils avaient été choisis en Christ avant la fondation du monde et par conséquent «prédestinés dans son amour à être ses enfants d'adoption par Jésus-Christ» (Eph 1:5). De même Christ a dit: «J'ai [et non «j'aurai»] encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie» (Jean 10:16).

 

Plus que d'habitude, si possible, le vrai dessein de la croix fut présent à l'Esprit de Christ pendant la dernière semaine de son ministère terrestre. Qu'enseigne l'Écriture sur cette question dans les passages se rapportant à cette époque de son ministère? Tout d'abord le texte de Jean 13:1: «Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux.» Celui de Jean 17:19 rapporte ses paroles: «Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité.» En d'autres termes, il s'est consacré à la mort de la croix pour les siens, pour ceux que le Père lui avait «donnés». Une question s'impose: pourquoi cette précision, si Christ est mort pour tous les hommes sans exception?

 

Enfin considérons brièvement certains des passages qui semblent enseigner très fortement un dessein universel dans la mort de Christ.

 

5 - a) Dans 2 Corinthiens 5:14 nous lisons: «Un seul est mort pour tous», mais ce passage ne s'arrête pas là. Si nous examinons avec soin tout le verset et le contexte d'où ces mots sont tirés, nous découvrirons en fait qu'il enseigne des plus clairement que la mort de Christ avait un dessein défini. Voici le verset complet: «Car l'amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts.» Dans le grec un article défini se situe avant le dernier «tous» et le verbe est au passé, par conséquent la phrase devrait se lire, «Si un seul est mort pour tous, donc les tous sont morts.» L'apôtre tire ici une conclusion, comme ses paroles le prouvent, «Nous estimons que si... tous donc...» Autrement dit, ceux pour lesquels un seul est mort sont considérés juridiquement comme étant morts. Le verset suivant poursuit: «Et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux.» «Un seul» est non seulement mort, mais «ressuscité», et il en est de même de tous ceux pour lesquels il est mort car, selon ce texte, ils «vivent». Quand un substitut agit pour d'autres, ces derniers sont considérés comme ayant agi eux-mêmes. Le substitut et ceux qu'il représente ne sont qu'un aux yeux de la loi. Il en est de même pour Dieu - Christ a été identifié à son peuple et son peuple à lui - aussi, quand il mourut, ils moururent juridiquement et quand il ressuscita, ils ressuscitèrent. Mais plus loin ce passage affirme, «Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature» (v. 17). Il a véritablement reçu une vie nouvelle et non seulement juridiquement. C'est pourquoi «tous» ceux pour qui Christ mourut sont ici exhortés à vivre non plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. En d'autres termes, ceux compris dans ce «tous» pour lesquels Christ est mort, reçoivent ici l'exhortation à manifester pratiquement dans leur vie quotidienne leur statut juridique; ils sont appelés à vivre pour Christ qui est mort pour eux. Ainsi quand il est écrit: «Un seul est mort pour tous», «tous» signifie «ceux qui vivent et sont exhortés à vivre pour lui». Ce passage enseigne donc trois vérités importantes et le meilleur moyen d'en montrer la portée est de présenter ces vérités dans l'ordre inverse: (1) certains sont ici exhortés à vivre non plus pour eux-mêmes mais pour Christ; (2) ces derniers sont «ceux qui vivent» spirituellement, c'est-à-dire, les enfants de Dieu car eux seuls parmi toute l'humanité possèdent la vie spirituelle, tous les autres étant morts dans leurs transgressions et leurs péchés; (3) ceux qui vivent ainsi sont tous ceux pour qui Christ est mort et ressuscité. D'après ce passage Christ est donc mort pour tous ceux de son peuple, les élus, ceux que le Père lui a donnés, et grâce à sa mort et à sa résurrection «pour eux», ils «vivent». Les élus sont les seuls à «vivre» ainsi. La vie qu'ils ont reçue par Christ, ils doivent la vivre «pour lui»; l'amour de Christ doit maintenant les «presser».

 

5 - b) «Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes [non «l'homme», terme générique signifiant toute l'humanité: comme l'Écriture est précise!], Jésus-Christ homme, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous. «C'est là le témoignage rendu en son propre temps» (1 Tim 2:5,6). Nous nous arrêterons maintenant sur les mots «qui s'est donné lui-même en rançon pour tous».

 

L'Écriture utilise le mot «tous» (appliqué à l'humanité) de façon soit absolue soit relative. Dans certains passages il signifie tous sans exception, dans d'autres tous sans distinction. Le sens qu'il prend dans chaque texte doit être établi d'après le contexte et les passages parallèles. L'utilisation du mot «tous» de façon relative et limitée, signifiant tous sans distinction et non pas sans exception, apparaît très clairement dans un certain nombre de passages. Parmi ces derniers nous en choisirons trois. «Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain» (Marc 1:5). D'après ce texte tout homme, femme et enfant de «tout le pays de Judée» et de Jérusalem furent-ils baptisés par Jean dans le Jourdain? Certainement pas. Le texte de Luc 7:30 déclare très nettement: «Mais les pharisiens et les docteurs de la loi, en ne se faisant pas baptiser par lui, ont rendu nul à leur égard le dessein de Dieu.» Alors quelle est la signification de «tous... se faisaient baptiser par lui»? Ces mots ne signifient pas tous sans exception, mais tous sans distinction de rang ou de condition. La même explication s'applique au passage de Luc 3:21. Le passage de Jean 8:2 nous apprend: «Mais, dès le matin, il alla de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. S'étant assis, il les enseignait.» L'expression «tout le peuple» doit-elle se comprendre de façon absolue ou relative? Signifie-t-elle tous sans exception, ou tous sans distinction de classe et de condition? La dernière interprétation est de toute évidence la seule juste car le temple ne pouvait contenir tous les habitants de Jérusalem à l'époque de la Fête des Tabernacles. Considérons maintenant le passage d'Actes 22:15: «Car tu [Paul] lui serviras de témoin, auprès de tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues.» Ici «tous les hommes» ne veut certes pas dire tous les membres de la race humaine.

 

A nos yeux, les paroles «il s'est donné lui-même en rançon pour tous» dans le passage de 1 Timothée 2:6 signifient tous sans distinction et non pas tous sans exception. Il s'est donné en rançon pour des hommes de toute nationalité, de toute génération et de toute race; en un mot, pour tous les élus comme nous le lisons dans Apocalypse 5:9: «Tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation.» Cette interprétation ne constitue pas une définition arbitraire du «tous» de notre passage comme le texte de Matthieu 20:28 le confirme: «C'est ainsi que le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs.» Cette limitation n'aurait aucun sens s'il s'était donné en rançon pour tous sans exception. De plus, la précision «le témoignage rendu en son propre temps» doit être prise en considération. Si Christ s'est donné lui-même en rançon pour toute la race humaine, dans quel sens ce témoignage sera-t-il «rendu en son propre temps», puisque des multitudes seront, sans nul doute, perdues pour l'éternité? Mais si Christ s'est donné en rançon pour tous les élus de Dieu sans distinction de nationalité, de prestige social, de moralité, d'âge et de sexe, alors la signification de cette précision est parfaitement claire car, «en son propre temps», le témoignage sera rendu grâce à l'accomplissement du salut effectif de chacun d'eux.

 

«Celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, il souffrît la mort pour tous» (Héb 2:9). Ce passage ne doit pas retenir notre attention trop longtemps. Il n'y a aucun mot grec défini qui corresponde au «tous» de la version française. Il s'agit d'un mot abstrait que certains proposent de traduire: «il souffrit la mort pour toutes choses», ce qui nous paraît être aussi une erreur. Le reste du passage explique notre texte: «II convenait, en effet, que celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui voulait conduire à la gloire beaucoup de fils, élevât à la perfection par les souffrances le Prince de leur salut.» L'apôtre parle ici des «fils», aussi nous pouvons comprendre «il est mort pour tous [les fils]». Ainsi, au lieu d'enseigner le dessein non-limité de la mort de Christ, le passage de Hébreux 2:9 et 10 s'accorde parfaitement avec les autres passages de l'Écriture cités, présentant le dessein défini de l'expiation: le Seigneur «souffrit la mort» pour les «fils» et non pour la race humaine en général.

 

En conclusion, affirmons-le encore une fois, nous ne limitons aucunement la valeur de l'expiation, mais nous soutenons son dessein précis et son application définie.

 

c) - La souveraineté de Dieu comme Saint-Esprit dans le salut de ses élus

Puisque le Saint-Esprit est [la Sainte Présence de Dieu], il est forcément en accord avec la volonté et le dessein [du Seigneur Jésus qui est sa manifestation corporelle]. Le dessein éternel du Père dans l'élection, le but défini dans [sa] mort [comme] Fils, et la portée restreinte des actes de [son] Saint-Esprit sont en parfaite harmonie. Si le Père a choisi certains avant la fondation du monde et les a donnés à son Fils, et si Christ s'est offert en rançon pour eux, alors le Saint-Esprit ne s'efforce pas maintenant d'amener tout le monde à Christ. Le Saint-Esprit a pour mission aujourd'hui dans le monde de communiquer les bienfaits du sacrifice rédempteur de Christ. La question primordiale n'est pas l'étendue de la puissance du Saint-Esprit - aucun doute ne demeure à cet égard car elle est infinie - mais nous chercherons à établir que la sagesse et la souveraineté divines dirigent sa puissance et ses actes, [puisqu'il n'y a aucune distinction entre le Fils et l'Esprit sauf la chair qui lui sert d'enveloppe physique].

 

Cette vérité se trouve confirmée par les paroles du Seigneur à Nicodème dans le passage de Jean 3:8: «Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit.» Une double comparaison est tirée entre le vent et l'Esprit: d'abord, tous deux sont souverains dans leurs actions, et, en second lieu, ils agissent de façon mystérieuse. La comparaison est indiquée par le mot «ainsi». Le premier élément d'analogie réside dans les mots «où il veut»; le second dans les mots «tu ne sais». Nous ne traiterons pas maintenant de ce second élément d'analogie, mais nous nous arrêterons plus à fond sur le premier.

 

«Le vent souffle où il veut... il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit.» L'homme ne peut maîtriser ni arrêter le vent. Ce dernier ne consulte pas la volonté de l'homme, et n'obéit pas à ses plans. Il en est de même du Saint-Esprit. Le vent souffle quand il veut, où il veut et comme il veut. Il en est de même du Saint-Esprit. Le vent est dirigé par la sagesse divine et, cependant, par rapport à l'homme, est totalement souverain dans ses manifestations. Il en est de même du Saint-Esprit. Parfois le vent souffle tellement doucement qu'aucune feuille ne bouge; à d'autres moments, il souffle avec une telle violence que l'on peut l'entendre à des kilomètres. Il en est de même de la nouvelle naissance: avec certains le Saint-Esprit agit avec douceur, et son œuvre semble imperceptible aux spectateurs humains; avec d'autres il agit avec puissance, de façon radicale et révolutionnaire, et ses actes sont visibles aux yeux de tous. Parfois le vent agit localement; à d'autres occasions sa portée est beaucoup plus grande. Il en est de même du Saint-Esprit: aujourd'hui il œuvre en une ou deux âmes; demain il peut, comme à la Pentecôte, [phénomène unique dans l'histoire du christianisme], «toucher le cœur» d'une multitude. Qu'il œuvre en un petit nombre ou en un grand, il ne consulte pas l'homme; il agit comme il lui plaît. La nouvelle naissance est due à la volonté souveraine de l'Esprit [et non au choix de croire de l'homme].

 

Chacune des trois [révélations de Dieu à travers les pages des Saintes Écritures], est concernée par notre salut: le Père par la prédestination, le Fils par la propitiation, le Saint-Esprit par la régénération. Le Père nous a choisis, le Fils est mort pour nous, le Saint-Esprit nous vivifie. Le Père s'est soucié de nous, le Fils a versé son sang pour nous, l'Esprit œuvre en nous. Nous nous occuperons maintenant de l'œuvre de l'Esprit, en particulier de ses actes souverains dans la nouvelle naissance. Le Père a décidé de notre nouvelle naissance, le Fils l'a rendue possible (par ses «douleurs»), mais le Saint-Esprit l'applique - le chrétien est «né de l'Esprit» (Jean 3:6).

 

La nouvelle naissance est uniquement l'œuvre de Dieu [comme] Saint-Esprit et l'homme n'y contribue en rien. L'idée même de la naissance exclut tout effort ou toute œuvre de la part de celui qui naît. Nous n'avons pas davantage à accomplir pour notre naissance spirituelle que dans notre naissance physique. Elle est une résurrection spirituelle, un passage «de la mort à la vie» (Jean 5:24). Or, de toute évidence, la résurrection n'est pas du ressort de l'homme: aucun cadavre ne peut se réanimer par ses propres moyens. Aussi est-il écrit: «C'est l'esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien» (Jean 6:63). Mais l'Esprit ne «vivifie» pas tout le monde. Pourquoi? La réponse courante à cette question est: «Tout le monde ne croit pas en Christ, et le Saint-Esprit vivifie seulement les croyants.» Mais c'est mettre la charrue devant les bœufs car la foi n'est pas la cause de nouvelle naissance, mais la conséquence. Cette vérité est incontestable. La foi (en Dieu) n'est pas naturelle au cœur de l'homme. Si elle était un produit naturel du cœur humain, la mise en pratique d'un principe commun à la nature humaine, l'apôtre n'aurait jamais écrit: «Tous n'ont pas la foi» (2 Thés 3:2). La foi est une grâce spirituelle, le fruit de la nature spirituelle, et comme les irrégénérés sont morts spirituellement, «morts dans leurs transgressions et leurs péchés», la foi pour eux est impossible, car un mort ne peut croire en rien. «Or, ceux qui vivent selon la chair ne sauraient plaire à Dieu» (Rom 8:8). Ils le pourraient cependant s'il était possible à la chair de croire. Comparez ce dernier passage à celui de Hébreux 11:6: «Or, sans la foi il est impossible de lui être agréable.» Dieu peut-il être satisfait par ce qui ne provient pas de lui?

 

Le passage de 2 Thessaloniciens 2:13 établit sans aucune équivoque que l'œuvre du Saint-Esprit précède notre foi: «Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l'Esprit et par la foi en la vérité.» «La sanctification de l'Esprit», remarquons-le, vient d'abord et rend possible notre «foi en la vérité». Qu'est-ce alors que la «sanctification de l'Esprit», sinon la nouvelle naissance? Dans l'Écriture «la sanctification» signifie toujours une séparation de quelque chose pour quelque chose ou quelqu'un. Étayons maintenant notre affirmation en montrant comment la «sanctification de l'Esprit» correspond à la nouvelle naissance et indique le changement de position consécutif à cette expérience.

 

Prenons l'exemple d'un serviteur de Dieu prêchant l'Évangile à une assemblée où se trouve une centaine d'inconvertis. Il leur présente l'enseignement de l'Écriture concernant la condition des perdus; il parle de Dieu, de sa personne et de ses justes exigences; il expose l'œuvre parfaite de Christ, sa mort, lui juste pour des injustes, et «par cet homme, affirme-t-il, nous pouvons obtenir le pardon de nos péchés»; il termine en appelant les perdus à croire aux déclarations de la Parole et à recevoir le Fils de Dieu comme leur Sauveur personnel. La réunion est finie; l'assemblée se disperse; 99% des inconvertis ont refusé de venir à Christ pour avoir la vie et s'éloignent dans la nuit sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais l'un d'eux entend la Parole de vie; la semence jetée tombe dans un terrain préparé par Dieu; il croit à la bonne nouvelle, et retourne chez lui, heureux d'avoir son nom inscrit dans les cieux. Il est «né de nouveau». Tout comme un nouveau-né commence sa vie dans le monde naturel en s'agrippant dans son impuissance de façon instinctive à sa mère, cette âme, née de nouveau, va s'agripper à Christ. Nous lisons de Lydie, «Le Seigneur lui ouvrit le cœur, pour qu'elle fût attentive à ce que disait Paul» (Actes 16:14). Il en est de même de l'exemple cité ci-dessus: le Saint-Esprit a vivifié cette personne, puis elle a cru au message de l'Évangile.

 

1 Voici «la sanctification de l'Esprit»: l'âme, née de nouveau, a été séparée des quatre-vingt-dix-neuf autres en vertu de sa nouvelle naissance. Par l'Esprit les nouveau-nés sont séparés de ceux morts dans leurs transgressions et leurs péchés.

 

Revenons au passage de 2 Thessaloniciens 2:13: «Pour nous, frères bien-aimés du Seigneur, nous devons à votre sujet rendre continuellement grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l'Esprit et par la foi en la vérité.» L'ordre des pensées est ici très important et très instructif. Tout d'abord, le choix éternel de Dieu; en second lieu, la sanctification de l'Esprit, puis la croyance en la vérité. Le même ordre se retrouve dans 1 Pierre 1:2: «Élus selon la prescience de Dieu le Père, par la sanctification de l'Esprit, afin qu'ils deviennent obéissants, et qu'ils participent à l'aspersion du sang de Jésus-Christ.» L'obéissance mentionnée ici est celle de la foi (Rom 1:5), s'appropriant les vertus du sang versé par le Seigneur Jésus-Christ. Ainsi avant «l'obéissance» (de la foi, cl Héb 5:9), le Saint-Esprit nous met à part en raison de l'élection de Dieu le Père. Ceux «sanctifiés par l'Esprit», sont aussi ceux que «Dieu a choisis dès le commencement pour le salut» (2 Thés 2:13), les «élus selon la prescience de Dieu le Père» (1 Pi 1:2).

 

Le Saint-Esprit est souverain dans ses actes et sa mission salvatrice se limite aux élus de Dieu: il les «réconforte», les «scelle», les guide dans toute la vérité et leur révèle les choses à venir.

 

2 L'œuvre du Saint-Esprit est nécessaire à l'accomplissement total du dessein éternel du Père. Pour parler de façon hypothétique, mais avec respect, si Dieu s'était seulement contenté d'offrir son Fils sur la croix en sacrifice pour nos péchés, pas un seul pécheur n'aurait jamais été sauvé. Le Saint-Esprit doit œuvrer de façon impérative chez tout pécheur car sans cette action aucun d'eux ne sera conscient de son besoin d'un Sauveur et ne voudra le recevoir. Si Dieu avait seulement offert son Fils en sacrifice pour les pécheurs et envoyé ses serviteurs pour proclamer le salut par Jésus-Christ, laissant les pécheurs l'accepter ou le rejeter à leur guise, tous l'auraient alors rejeté car, par nature, tout homme déteste Dieu et lui est opposé (Rom 8:7). Ainsi l'œuvre du Saint-Esprit est nécessaire pour amener le pécheur à Christ, pour vaincre son opposition innée, et l'amener à accepter la provision de Dieu. Par nature, les élus de Dieu sont des enfants de colère comme les autres (Eph 2:3), et leur cœur est inimitié contre Dieu. Mais celle-ci est surmontée grâce à l'œuvre régénératrice de l'Esprit, qui leur permet de croire en Christ. Pourquoi les autres sont-ils exclus du royaume de Dieu? Ils le sont de toute évidence non seulement en raison de leur refus d'y entrer, mais aussi en vertu de l'absence d'une action semblable du Saint-Esprit à leur égard. Le Saint-Esprit est souverain dans l'exercice de sa puissance, et comme le vent «souffle où il veut», le Saint-Esprit opère où il veut.

 

Nous avons essayé de montrer la parfaite cohérence des voies de Dieu: chacune des trois [révélations de Dieu dans les Saintes Écritures] agit en accord total avec les autres. Dieu le Père a élu certains au salut, Dieu le Fils est mort pour les élus, et Dieu le Saint-Esprit les vivifie. Nous pouvons chanter:

«Gloire à Dieu notre Créateur! Gloire à Christ notre Rédempteur! Gloire à l'Esprit Consolateur! Louange et gloire au Dieu Sauveur!»

Références

 

1. Cette priorité est davantage logique que temporelle, tout comme une cause précède toujours un effet. Les yeux d'un aveugle doivent s'ouvrir avant qu'il voie, et pourtant aucun laps de temps ne s'écoule entre ces deux actions. Aussitôt la guérison opérée, il voit. Ainsi un homme doit naître de nouveau avant de «voir le royaume de Dieu» (Jean 3:3). Voir le Fils est nécessaire pour croire en lui. L'incrédulité est attribuée à la cécité spirituelle. Pour ceux qui n'ont pas cru ce qui était annoncé le «visage [de Christ] n'avait rien pour leur plaire». L'œuvre vivifiante du Saint-Esprit chez le pécheur mort dans ses transgressions précède la foi en Christ, tout comme la cause précède toujours l'effet. Mais aussitôt que le cœur se tourne vers Christ par l'Esprit, le pécheur reçoit alors le Sauveur.

2. Le Saint-Esprit, il est vrai, travaille aussi chez les incrédules voués à la perdition. Il peut «lutter» avec les impénitents (Gen 6:3) et les hommes réprouvés peuvent lui résister (Actes 7:51,52). Une œuvre générale du Saint- Esprit accompagne l'annonce de l'Évangile et peut parfois sembler produire le salut, mais en raison de l'inimitié naturelle non-extirpée du cœur humain, cette œuvre est inefficace. Comme tous les hommes sont ennemis de Dieu, cette œuvre du Saint-Esprit serait nulle chez tous s'il n'opérait de plus une œuvre de régénération chez les «élus», leur permettant de croire à l'Évangile de salut que «l'homme naturel ne peut recevoir» (1 Cor 2:14).

3. Sur les Ailes de la Foi, N° 5.

 

CHAPITRE 6

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU EN ACTION

«C'est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les siècles! Amen!» (Rom 11:36).

 

Dieu a-t-il prédestiné toutes choses? Les événements présents sont-ils inéluctables en raison d'un décret divin? Voici une autre manière de poser la question; Dieu gouverne-t-il maintenant tout être humain et toutes choses dans ce monde? Et s'il en est ainsi, les gouverne-t-il selon un dessein précis, ou, au contraire, sans aucun but et au hasard? S'il les gouverne selon un plan, quand ce dernier a-t-il été conçu? Dieu change-t-il sans cesse son plan, le remet-il à jour de façon quotidienne, ou celui-ci a-t-il été établi dès le commencement? Les actes de Dieu, évoluent-ils, comme les nôtres, d'après les circonstances, ou sont-ils l'accomplissement de son dessein éternel? Si Dieu a établi un plan avant la création de l'homme, va-t-il l'exécuter selon ses desseins originels et œuvre-t-il maintenant en vue de cette fin? Que dit l'Écriture? Dieu est «celui qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté» (Eph 1:11).

 

Peu de lecteurs contesteront le fait que Dieu connaît toutes choses par avance, mais beaucoup hésiteront à affirmer davantage. Cependant si Dieu connaît toutes choses par avance, il a aussi prédestiné toutes choses. Cette vérité n'est-elle pas évidente? Dieu connaît par avance les choses à venir, parce qu'il a décrété ce qui sera. La prescience de Dieu n'est pas la cause des événements, mais ces derniers représentent au contraire les effets de ses desseins éternels. Quand Dieu a décrété qu'un événement aura lieu, il sait qu'il s'accomplira. En toute logique nul ne peut rien savoir de l'avenir à moins que ce ne soit certain, et rien ne l'est si Dieu n'a pas décrété que cela arrivera.

 

Prenons la crucifixion comme illustration. L'enseignement de l'Écriture à cet égard est très clair. Christ, agneau dont le sang devait être versé, fut «prédestiné avant la fondation du monde» (1 Pi 1:20). Ayant alors «prédestiné» l'immolation de l'agneau, ce dernier, Dieu le savait, serait «mené à la boucherie», et par suite il le révéla au prophète Ésaïe. Le Seigneur Jésus ne fut pas «livré» seulement selon la prescience de Dieu, mais selon le dessein qu'il avait arrêté avant le commencement (Actes 2:23). La prescience des événements futurs repose donc sur les décrets de Dieu, c'est-à-dire que si Dieu connaît toutes choses par avance, c'est parce qu'il a déterminé l'avenir de toute éternité: «...le Seigneur, qui fait ces choses, et à qui elles sont connues de toute éternité» (Actes 15:18). Dieu a un plan, il n'a pas commencé son œuvre par hasard ni sans avoir la certitude de la réussite de ce plan.

 

Dieu est le Créateur de toutes choses. Nul, respectueux du témoignage des Saintes Écritures, ne mettra cette vérité en doute. De même, nul n'oserait qualifier d'accidentelle l'œuvre de la création. Tout d'abord Dieu décida de créer, puis passa à l'action de façon à accomplir ce dessein. Tout chrétien véritable fera siennes les paroles du psalmiste et s'exclamera, «Que tes œuvres sont en grand nombre, ô Eternel! Tu les a toutes faites avec sagesse.» Qui, en accord avec les propos ci-dessus, pourrait nier l'intention de Dieu de gouverner le monde créé de ses mains? La création du monde ne fut certes pas la fin du plan de Dieu. De toute évidence, il ne décida pas simplement de créer le monde, d'y placer l'homme et de les abandonner tous deux à leur sort. Dieu, c'est évident, a un ou plusieurs grands desseins en vue, dignes de ses perfections infinies et il gouverne maintenant le monde de façon à les accomplir. «Les desseins de l'Eternel subsistent à toujours, et les projets de son cœur, de génération en génération» (Ps 33:11).

 

«Souvenez-vous de ce qui s'est passé dès les temps anciens; car je suis Dieu, et il n'y en a point d'autre, je suis Dieu, et nul n'est semblable à moi. J'annonce dès le commencement ce qui doit arriver, et longtemps d'avance ce qui n'est pas encore accompli; je dis: Mes arrêts subsisteront, et j'exécuterai toute ma volonté» (Esa 46:9,10). Beaucoup d'autres passages indiquent la multiplicité des desseins de Dieu concernant ce monde, l'homme et la certitude de leur réalisation. A la seule lumière de ces vérités pouvons-nous comprendre de façon réelle les prophéties de l'Écriture. Par ces dernières, le Dieu puissant a condescendu à nous faire pénétrer dans le lieu secret de ses desseins éternels, et à nous révéler ses intentions futures. Les centaines de prophéties de l'Ancien et du Nouveau Testaments ne sont pas tant les prédictions concernant l'avenir que les révélations de ce que Dieu a décrété qu'il arrivera. D'après les prophéties notre époque présente, comme toutes les autres, se terminera par la démonstration flagrante de l'échec de l'être humain. Tous les hommes se détourneront de la vérité et nous assisterons à une apostasie générale*. L'Antichrist apparaîtra et réussira à tromper le monde entier. Son action sera alors interrompue de façon soudaine par le retour du Fils de Dieu et ce sera la fin des tentatives lamentables de l'homme à se gouverner lui-même. Comment connaissons-nous ces vérités? Parce que celles-ci, et beaucoup d'autres inclues dans les décrets éternels de Dieu, nous sont révélées maintenant avec certitude dans la Parole prophétique. Parce que nous avons la certitude infaillible que tout ce que Dieu a décidé s'accomplira de façon inéluctable.

* Les termes «apostasie» et «antichrist» signifient une seule et même chose, il s'agit d'une fausse doctrine et non d'un homme, la doctrine du «choix de la foi» nommée aussi «arminianisme» est celle qui trompe le monde entier. Elle est «antichrist» en ce qu'elle s'oppose à la souveraineté de Dieu en déformant le sens de la foi et du salut par grâce, pour élever l'homme à la stature de Dieu avec son libre-choix illusoire.

 

Pour quel grand dessein ce monde et la race humaine furent-ils donc créés? Voici la réponse de l'Écriture: «L'Eternel a tout fait pour un but» (Prov 16:4). Et encore: «Tu as créé toutes choses, et c'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles ont été créées» (Apoc 4:11). Le grand dessein de la création fut la manifestation de la gloire de Dieu. «Les cieux proclament la gloire de Dieu et l'étendue manifeste l'œuvre de ses mains», mais Dieu décida avant tout de manifester sa gloire par l'homme, créé à l'origine à «son image et selon sa ressemblance». De quelle manière le grand Créateur devait-il être glorifié par l'homme? Avant sa création, Dieu avait prévu la chute d'Adam et par suite la ruine de sa race; aussi Dieu n'a-t-il pas destiné l'homme à le glorifier en continuant dans son état d'innocence. En conséquence, la Bible nous enseigne que Christ a été «prédestiné avant la fondation du monde» à être le Sauveur d'hommes déchus. Le rachat de pécheurs par Christ ne fut pas une simple réflexion après-coup de la part de Dieu: il ne s'agit nullement d'un expédient destiné à résoudre une calamité imprévue. Ce fut au contraire une «pro-vision» alliant la justice et la miséricorde divines face à la chute de l'homme.

 

De toute éternité Dieu avait destiné notre monde à devenir le théâtre de sa grâce et de sa sagesse infiniment variée par la rédemption de pécheurs perdus: «afin que les dominations et les autorités dans les lieux célestes connaissent aujourd'hui par l'Église la sagesse infiniment variée de Dieu, selon le dessein éternel qu'il a mis à exécution par Jésus-Christ notre Seigneur» (Eph 3:10,11). Pour accomplir ce glorieux dessein Dieu a gouverné le monde depuis le commencement, et continuera ainsi jusqu'à la fin. On a dit à juste titre, «Nous ne pourrons jamais comprendre la providence de Dieu dans notre monde, à moins de la considérer comme une machine compliquée composée de dix-mille rouages, et dirigée dans toutes ses opérations vers une fin merveilleuse - la révélation de la sagesse infiniment variée de Dieu dans le salut de l'Église», c'est-à-dire, «de ceux qui sont appelés». Toute autre chose ici-bas est subordonnée à ce but central. Conscient de cette vérité fondamentale, l'apôtre, poussé par le Saint-Esprit, écrivit, «C'est pourquoi je supporte tout à cause des élus, afin qu'eux aussi obtiennent le salut qui est en Jésus-Christ, avec la gloire éternelle» (2 Tim 2:10). Nous allons maintenant étudier la souveraineté de Dieu en action dans le gouvernement de ce monde.

 

Nous n'ajouterons rien concernant la souveraineté de Dieu en action dans le monde matériel. Le monde inanimé et toutes les créatures irrationnelles, nous l'avons vu dans les chapitres précédents, sont soumis de façon absolue à la volonté de leur Créateur. Le monde matériel, nous l'admettrons volontiers, paraît être gouverné par des lois stables et plus ou moins uniformes dans leur application. Toutefois l'Écriture, l'histoire et l'expérience nous obligent à reconnaître le contrôle de Dieu sur ces lois: il les suspend et agit en dehors de leurs limites quand il le désire. En envoyant ses bénédictions ou ses jugements sur ses créatures il peut faire arrêter le soleil (Jos 10:12-13) et les étoiles dans leurs courses pour combattre pour son peuple (Jug 5:20); il peut envoyer ou retenir «la pluie de la première et de l'arrière saison» selon les exigences de sa sagesse infinie; il peut frapper de la peste ou au contraire bénir par la santé; en bref, comme Dieu et Souverain absolu, il n'est lié par aucune loi de la Nature, mais gouverne le monde matériel comme il lui semble bon.

 

Mais qu'en est-il du gouvernement de Dieu sur le genre humain? Que révèle l'Écriture sur la manière divine de gouverner l'humanité? A quel point et par quelles influences Dieu contrôle-t-il les hommes? La réponse à cette question comportera deux volets; d'abord l'action de Dieu à l'égard des justes, de ses élus (ses enfants); puis cette même action à l'égard des méchants (ses ennemis).

 

L'action de Dieu à l'égard des justes

1. Dieu exerce sur ses élus une influence ou une puissance vivifiante.

Ils sont par nature morts spirituellement, morts dans leurs transgressions et leurs péchés; leur besoin primordial est la vie spirituelle, car «si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu» (Jean 3:3). Par la nouvelle naissance Dieu nous fait passer de la mort à la vie (Jean 5:24). Il nous communique sa propre nature (2 Pi 1:4). Il nous délivre de la puissance des ténèbres et nous transporte dans le royaume de son amour (Col 1:13). De toute évidence nous ne pourrions y parvenir de nous-mêmes, car nous sommes «sans force» (Rom 5:6); c'est pourquoi il est écrit, «nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ» (Eph 2:10).

 

La nouvelle naissance (c'est-à-dire la différente origine de laquelle sont les élus depuis avant la fondation du monde) nous rend «participants de la nature divine» en Christ; une «semence» de vie nous est communiquée, «Ce qui est né de l'Esprit est esprit»; étant nés du Saint-Esprit ou plus précisément par l’habitation de sa Sainte Présence en nous qui est Lui-même notre nouvelle vie, nous sommes saints, car Lui-même est Saint. En dehors de cette nature divine et sainte transmise à la nouvelle naissance, il est totalement impossible à tout homme de produire une impulsion spirituelle, de concevoir une pensée spirituelle, de comprendre les vérités spirituelles, encore moins de s'engager dans des œuvres spirituelles. «Sans la sanctification, nul ne verra le Seigneur» mais l'homme naturel n'a aucun désir de sainteté et il refuse la provision de Dieu. Il faut prendre en considération toutefois qu'il existe un grand nombre d'imposteurs qui prétendent être nés de nouveau par le choix d'une décision personnelle. Pour un très grand nombre de ces réprouvés, la sanctification consiste en l’obéissance des principes de la loi, affirmant que la grâce leur donne la capacité d’observer les commandements de Dieu. Une telle sanctification est plutôt une rébellion. contre la vérité et une attaque sérieuse aux mérites du sacrifice de la croix. Il s’agit donc d’une doctrine antichrist qui séduit de grandes multitudes en cette fin des temps. Un homme va-t-il prier, rechercher, lutter pour obtenir ce qu'il déteste? Certainement pas. Si, par contre, un homme «recherche» ce que par nature il déteste franchement, s'il aime maintenant celui qu'il haïssait, c'est en raison d'un changement miraculeux opéré en lui; une puissance extérieure à lui-même a œuvré en lui, une nature totalement différente de l'ancienne lui a été communiquée. C'est pourquoi il est écrit, «Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles» (2 Cor 5:17). Il est passé de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à celle de Dieu (Actes 26:18). Ce changement fondamental ne peut s'expliquer autrement.

 

Naître de nouveau ne consiste pas seulement à verser quelques larmes en éprouvant de façon temporaire un sentiment de remords sur notre péché. Changer le cours de notre vie, remplacer nos mauvaises habitudes par des bonnes, représente seulement un aspect infime de la nouvelle naissance. Il ne s'agit pas de chérir et de pratiquer de nobles idéaux, ou de s'avancer pour serrer la main d'un évangéliste de renom, de signer une carte de décision ou encore de «s'associer à une Église». La nouvelle naissance ne consiste pas simplement à tourner la page, mais à recevoir et commencer une vie nouvelle. Il ne s'agit pas d'un simple changement de conduite, mais d'une transformation totale. En bref, la nouvelle naissance est un miracle, le résultat d'un acte surnaturel de Dieu. Elle est radicale, révolutionnaire, et durable.

 

Voici le tout premier acte de Dieu chez ses élus. Il s'empare de morts spirituels et leur communique une vie nouvelle. Il prend l'une de ses créatures conçue dans le péché et née dans l'iniquité, et la rend conforme à l'image de son Fils. Il saisit un captif de Satan et l'introduit dans la famille de Dieu. Il choisit un mendiant et le transforme en cohéritier de Christ. Il se révèle à l'un de ses ennemis et lui donne un cœur nouveau plein d'amour pour lui. Il s'abaisse vers l'une de ses créatures, rebelle par nature, et produit en elle «le vouloir et le faire selon son bon plaisir». Par sa puissance irrésistible il transforme le pécheur en saint, l'ennemi en ami, l'esclave de Satan en enfant de Dieu. Nous pouvons sans nul doute affirmer, «Quand mon âme contemple Toutes tes grâces, ô mon Dieu, L'amour, l'émerveillement Et la louange m'inondent.»

 

2. Dieu exerce sur ses élus une influence fortifiante.

L'apôtre priait pour les chrétiens d'Éphèse que Dieu illumine les yeux de leur cœur, afin qu'ils sachent «quelle est envers nous qui croyons l'infinie grandeur de sa puissance» (Eph 1:18,19), et qu'ils puissent être «puissamment fortifiés par son Esprit dans l'homme intérieur» (Eph 3:16). Les enfants de Dieu sont ainsi capables de combattre le bon combat de la foi, et de lutter contre les forces adverses sans cesse en guerre contre eux. En eux-mêmes ils ne possèdent aucune force: ils sont seulement des «brebis». Or, la brebis se classe parmi les animaux sans défense; mais la promesse est certaine: «II donne de la force à celui qui est fatigué, et il augmente la vigueur de celui qui tombe en défaillance» (Esa 40:29).

 

Dieu exerce cette influence fortifiante sur les justes pour les rendre capables de le servir d'une manière acceptable. Le prophète Michée affirmait, «Mais moi, je suis rempli de force, de l'Esprit de l'Eternel» (Mich 3:8). Le Seigneur déclarait à ses apôtres, «Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous» (Actes 1:8), ce qui arriva car, de ces mêmes hommes, nous lisons plus tard, «Les apôtres rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Et une grande grâce reposait sur eux tous» (Actes 4:33). Il en fut de même pour l'apôtre Paul: «Ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance» (1 Cor 2:4). La portée de cette puissance ne se limite pourtant pas au service, car nous lisons dans 2 Pierre 1:3: «Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu». Ainsi les grâces diverses du caractère chrétien habité par la Sainte Présence de Christ, «l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance», sont attribuées directement à Dieu lui-même, étant appelées «le fruit de l'Esprit» (Gai 5:22; cf 2 Cor 8:16).

 

 3. Dieu exerce sur ses élus une influence directrice.

Jadis, il a conduit son peuple dans le désert, dirigeant ses pas par une colonne de fumée pendant la journée et une colonne de feu pendant la nuit. Aujourd'hui, il dirige toujours ses saints, mais maintenant de l'intérieur plutôt que de l'extérieur. «Voilà le Dieu qui est notre Dieu éternellement et à jamais! Il sera notre guide jusqu'à la mort» (Ps 48:15). Or, il nous «guide» en produisant en nous «le vouloir et le faire selon sa volonté». La certitude de sa direction apparaît clairement dans le passage d'Ephésiens 2:10: «Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions.» Ainsi toute occasion de nous enorgueillir est exclue, et à Dieu revient toute la gloire. Avec le prophète nous devons affirmer, «Eternel, tu nous donnes la paix; car tout ce que nous faisons, c'est toi qui l'accomplis pour nous» (Esa 26:12). Comme le verset suivant est vrai! «Le cœur de l'homme médite sa voie, mais c'est l'Eternel qui dirige ses pas» (Prov 16:9; cf Jer 10:23; Ezec 36:27).

 

4. Dieu exerce sur ses élus une influence protectrice.

Un grand nombre de passages bibliques met cette merveilleuse vérité en valeur. «Il garde les âmes de ses fidèles, il les délivre de la main des méchants» (Ps 97:10). «Car l'Eternel aime la justice, et il n'abandonne pas ses fidèles; ils sont toujours sous sa garde, mais la postérité des méchants est retranchée» (Ps 37:28). «L'Eternel garde tous ceux qui l'aiment, et il détruit tous les méchants» (Ps 145:20). Il est inutile de multiplier les citations ou de soulever une discussion à ce stade sur la position et la fidélité du croyant: il nous est tout aussi impossible de «persévérer» si Dieu ne nous préserve pas, que de respirer lorsque Dieu nous retire le souffle. Nous sommes «par la puissance de Dieu, gardés par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps» (1 Pi 1:5; cf 1 Chron 18:6).

 

Il nous reste maintenant à considérer l'action de Dieu à l'égard des méchants.

 

L'action de Dieu à l'égard des méchants

Il apparaît que le gouvernement divin des hommes en général se présente sous quatre aspects que nous nous proposons d'examiner maintenant tour à tour.

 

1. Dieu exerce parfois sur les méchants une influence restrictive propre à les empêcher d'agir selon leur penchant naturel.

Abimélec, roi de Guérar, en procure un exemple frappant. Abraham descendit à Guérar, et, de peur d'être tué à cause de son épouse, il lui proposa de se faire passer pour sa sœur. La considérant comme célibataire, Abimélec prit Sara dans son harem. Voyons comment Dieu déploya sa puissance pour protéger son honneur: «Dieu lui [Abimélec] dit en songe: Je sais que tu as agi avec un cœur pur: aussi t'ai-je empêché de pécher contre moi. C'est pourquoi je n'ai pas permis que tu la touchasses» (Gen 20:6). Si Dieu n'était pas intervenu, Abimélec aurait causé à Sara un tort considérable, mais le Seigneur le retint et ne lui permit pas de réaliser les intentions de son cœur. Un exemple semblable nous est offert par les frères de Joseph. En raison de la partialité de Jacob envers Joseph, ses frères «le haïrent», et quand ils pensèrent l'avoir en leur pouvoir, «ils complotèrent de le faire mourir» (Gen 37:18). Mais Dieu ne leur permit pas de réaliser leur mauvais dessein. Tout d'abord il poussa Ruben à le délivrer de leurs mains, puis Juda à proposer la vente de Joseph à des Ismaélites de passage qui l'emmenèrent en Égypte. Quand, après quelques années, Joseph se fit connaître à ses frères, il dit, «Ce n'est donc pas vous qui m'avez envoyé ici, mais c'est Dieu» (Gen 45:8). Ces paroles sont très claires: Dieu lui-même les avait retenus.

 

L'influence restrictive exercée par Dieu sur les méchants a été illustrée de façon magistrale en la personne de Balaam, le prophète employé par Balak pour maudire les Israélites. Nul ne peut lire le récit inspiré sans réaliser que, livré à lui-même, Balaam aurait aussitôt et sans aucun doute accepté l'offre de Balak. Il reconnaît lui-même l'évidence que Dieu a retenu les désirs de son cœur. «Comment maudirais-je celui que Dieu n'a point maudit? Comment serais-je irrité quand l'Eternel n'est point irrité? Voici, j'ai reçu l'ordre de bénir: il a béni, je ne le révoquerai point» (Nom 23:8,20).

 

Dieu n'exerce pas cette influence restrictive seulement sur les individus, mais aussi sur des peuples entiers. Exode 34:24 nous donne un exemple remarquable de cette façon d'agir: «Car je chasserai les nations devant toi, et j'étendrai tes frontières; et personne ne convoitera ton pays, pendant que tu monteras pour te présenter devant l'Eternel, ton Dieu, trois fois par an.» Trois fois l'an, tout mâle israélite, sur l'ordre de Dieu, quittait sa demeure et ses biens pour se rendre à Jérusalem et célébrer les fêtes de l'Eternel. Selon ce texte, Dieu avait promis de protéger leurs maisons, pendant leur absence, en restreignant la convoitise de leurs voisins païens.

 

2. Parfois Dieu exerce sur les méchants une influence apaisante pour les disposer, contrairement à leur inclination naturelle, à accomplir des actes propres à promouvoir sa cause.

 

Ci-dessus, nous nous sommes référés à l'histoire de Joseph comme illustration de l'influence restrictive exercée par Dieu sur les méchants; considérons maintenant ses expériences comme illustration de l'influence apaisante de Dieu sur eux. Quand il était dans la maison de Poiiphar, «L'Éternel était avec Joseph.» Son maître en fut conscient et par suite «Joseph trouva grâce aux yeux de son maître, qui l'employa à son service, l'établit sur sa maison, et lui confia tout ce qu'il possédait» (Gen 39:4). Plus tard, quand Joseph fut injustement jeté en prison, la Bible nous dit, «L'Eternel fut avec Joseph, et il étendit sur lui sa bonté. Il le mit en faveur aux yeux du chef de la prison» (Gen 39:21), en conséquence de quoi le geôlier lui montra beaucoup de gentillesse et de considération. Enfin, après sa sortie de prison, le passage d'Actes 7:10 nous apprend que l'Éternel «lui donna de la sagesse et lui fit trouver grâce devant Pharaon, roi d'Égypte, qui l'établit gouverneur d'Égypte et de toute sa maison».

 

Une preuve tout aussi frappante du pouvoir de Dieu de fondre le cœur de ses ennemis nous est fournie par la manière dont la fille de Pharaon traita le petit Moïse. Il s'agit d'un incident très connu. Pharaon avait établi un édit exigeant la mort de tout enfant mâle israélite. Un Lévite eut un fils et pendant trois mois la mère de l'enfant réussit à le cacher. Incapable de garder l'enfant plus longtemps, elle le mit dans un panier de jonc qu'elle plaça dans l'eau au bord du fleuve. Le panier fut découvert par la fille-même du roi, descendue au fleuve pour se baigner, mais au lieu de respecter le décret de son père et de jeter l'enfant dans le fleuve, «elle en eut pitié» (Ex 2:6). Par suite, l'enfant fui épargné et plus tard Moïse devint le fils adoptif de cette princesse!

 

Dieu a accès aux cœurs de tous les hommes et il a le pouvoir de les adoucir selon son dessein souverain. Ésaü le profane jura de se venger de son frère en raison de sa tromperie à l'égard de leur père, toutefois quand il se trouva en présence de Jacob, au lieu de le tuer, Ésaü «l'embrassa, se jeta à son cou, et le baisa»! (Gen 33:4). Achab, l'époux faible et méchant de Jézabel, éprouvait une très grande colère contre Élie le prophète, dont les paroles avaient fermé les cieux pendant trois ans et demi: il était si en colère contre son ennemi qu'il le fit rechercher dans toutes les nations et dans tous les royaumes et, comme il ne parvenait pas à le trouver, «il faisait jurer le royaume et la nation» (1 Rois 18:10). Toutefois quand ils se rencontrèrent, au lieu de tuer le prophète, Achab se conforma à l'ordre d'Elie et «envoya des messagers vers tous les enfants d'Israël, et il rassembla les prophètes à la montagne du Carmel» (v. 20). De même, Esther, reine juive, sur le point de pénétrer dans la chambre de l'auguste monarque des Mèdes et des Perses «malgré la loi» (Est 4:16), s'attendait à «périr»; toutefois, «elle trouva grâce à ses yeux; et le roi tendit à Esther le sceptre d'or» (5:2). Il en fut de même pour Daniel, prisonnier dans une cour étrangère, où le roi avait assigné une quantité journalière de viande et de boisson pour lui et ses compagnons. Or, Daniel décida dans son cœur de ne pas se souiller en absorbant sa portion et, par suite, en informa son maître, le prince des eunuques. Qu'en résulta-t-il? Son maître païen craignait le roi. Se retourna-t-il contre Daniel et en exigea-t-il en colère l'exécution immédiate de ses ordres? Non, car «Dieu fit trouver à Daniel faveur et grâce devant le chef des eunuques»! (Dan 1:9).

 

«Le cœur du roi est un courant d'eau dans la main de l'Eternel; il l'incline partout où il veut» (Prov 21:1). Une illustration remarquable de ce verset nous est donnée par Cyrus, roi païen de l'empire Perse. Le peuple de Dieu se trouvait en exil, mais sa captivité touchait presque à son terme. Pendant ce temps, le temple à Jérusalem gisait en ruine et les Juifs étaient dans une terre lointaine. La maison du Seigneur avait ainsi peu de chance d'être reconstruite. Remarquons maintenant comment Dieu agit: «La première année de Cyrus, roi de Perse, afin que s'accomplît la parole de l'Eternel prononcée par la bouche de Jérémie, l'Éternel réveilla l'esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit faire de vive voix et par écrit cette publication dans tout son royaume: Ainsi parle Cyrus, roi de Perse: L'Éternel, le Dieu des cieux, m'a donné tous les royaumes de la terre, et il m'a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda» (Esd 1:1,2). Cyrus, nous ne devons pas l'oublier, était païen, et comme l'histoire profane en rend témoignage, un homme très méchant. Cependant le Seigneur le poussa à publier cet édit, afin d'accomplir sa promesse faite à Jérémie, soixante-dix ans auparavant. Nous trouvons une illustration semblable dans Esdras 7:27, où nous voyons Esdras remerciant Dieu pour avoir poussé le roi Artaxerxès à terminer et à embellir la maison commandée par Cyrus: «Béni soit l'Éternel, le Dieu de nos pères, qui a disposé le cœur du roi à glorifier ainsi la maison de l'Éternel à Jérusalem» (Esd 7:27).

 

3. Parfois Dieu exerce sur les méchants une influence directrice afin que même leurs intentions mauvaises produisent le bien.

Une fois de plus nous reviendrons à l'histoire de Joseph. En le vendant aux Ismaélites, ses frères étaient animés par des mobiles cruels et méchants. Ils désiraient se débarrasser de lui et le passage de ces commerçants nomades leur fournit un bon moyen de réaliser leur plan. A leurs yeux, il s'agissait seulement de réduire un jeune homme innocent à la condition d'esclave pour un gain sordide. Or, considérons la façon secrète dont Dieu agissait et conduisait leurs actions mauvaises. La providence fit arriver ces Ismaélites à l'instant même où Joseph allait être tué, car ses frères s'étaient déjà concertés pour le faire mourir. De plus, cette caravane se rendait en Égypte, le pays même où Dieu avait décidé d'envoyer Joseph, et il avait décrété l'instant môme de cette transaction. La main de Dieu avait guidé cet incident et il ne s'agissait nullement d'un heureux hasard. Plus tard, les paroles de Joseph à ses frères nous le confirment: «Dieu m'a envoyé devant vous pour vous faire subsister dans le pays, et pour vous faire vivre par une grande délivrance» (Gen 45:7).

 

Une autre illustration frappante de la façon dont Dieu dirige les méchants se trouve dans Ésaïe 10:5-7: «Malheur à l'Assyrien, verge de ma colère! La verge dans sa main, c'est l'instrument de ma fureur. Je l'ai lâché contre une nation impie. Je l'ai fait marcher contre le peuple de mon courroux, pour qu'il se livre au pillage et fasse du butin, pour qu'il le foule aux pieds comme la boue des rues. Mais il n'en juge pas ainsi, et ce n'est pas là la pensée de son cœur; il ne songe qu'à détruire, qu'à exterminer les nations en foule.» Le roi d'Assyrie avait décidé de conquérir le monde, d'exterminer les nations en foule, mais Dieu dirigeait et contrôlait sa soif militaire et son ambition, le forçant à concentrer son attention à cette époque sur la conquête de l'insignifiante nation d'Israël. Ce projet ne figurait pas dans le cœur orgueilleux du roi - «il n'en juge pas ainsi» - mais Dieu le chargea de cette tâche et il dut l'accomplir (cf. Jug 7:22).

 

L'exemple par excellence de l'influence directrice suprême exercée par Dieu sur les méchants est la croix de Christ et toutes les circonstances qui s'y associent. Lors de cet événement capital la providence directrice de Dieu se manifeste au comble de sa puissance. De toute éternité Dieu avait prédestiné chaque détail de cet événement central de l'histoire. Il ne laissa rien au hasard ou à la fantaisie de l'homme. Dieu avait décrété le moment, le lieu et les circonstances de la mort de son Fils bien-aimé. Une grande partie de son plan concernant la crucifixion avait été révélée par les prophètes de l'Ancien Testament et dans l'accomplissement fidèle et littéral de ces prophéties, nous avons la preuve flagrante, la démonstration parfaite de l'influence directrice suprême que Dieu exerce sur les méchants. Rien ne se produisit en dehors de sa volonté et toutes ses exigences se réalisèrent exactement comme il en avait décidé. La trahison du Sauveur par l'un de ses disciples - par un ami intime - (cf. ps 41:10 et Mat 26:50) avait-elle été décrétée? Alors Judas, l'apôtre, est celui qui le vend. Dieu avait-il arrêté que le traître recevrait trente pièces d'argent pour son œuvre perfide? Les principaux sacrificateurs lui offrent exactement cette somme. L'emploi précis de cet argent destiné à acheter le champ du potier, avait-il été décrété? La main de Dieu pousse Judas à rendre l'argent aux principaux sacrificateurs et guide leurs «délibérations» (Mat 27:7) afin qu'ils fassent précisément cela. L'existence des «faux témoins» avait-elle été décrétée? (Ps 35:11) Tel est ce qui arrive. Dieu avait-il décrété que le Seigneur de gloire serait soumis «aux ignominies et aux crachats»? (Esa 50:6) Aussi se trouve-t-il des hommes assez vils pour agir de cette manière. Le décret divin voulait-il que le Sauveur fût «mis au nombre des malfaiteurs»? Alors Pilate, dirigé par Dieu à son insu, donne des ordres pour crucifier Jésus en compagnie de deux brigands. L'Écriture annonça-t-elle que du vinaigre et du fiel lui seraient donnés à boire sur la croix? Tout se passe exactement comme Dieu l'avait décidé. Les soldats cruels tirent au sort ses vêtements, tout comme Dieu l'a ordonné. Dieu avait-il dit qu'aucun de ses os ne serait brisé? (Ex 12:46; Nom 9:12) La main divine qui permet aux soldats romains de briser les jambes des brigands, les empêche d'agir ainsi avec le Seigneur. Tous les soldats romains et tous les démons des hordes de Satan n'étaient pas assez nombreux pour briser un seul os du corps de Christ. Pourquoi cela? Parce que le Souverain tout-puissant en avait décrété ainsi. Est-il nécessaire de prolonger ce paragraphe? L'accomplissement fidèle et littéral de toutes les prédictions de l'Écriture concernant la crucifixion démontre au-delà de toute controverse la présence d'un pouvoir tout-puissant capable de diriger et de dominer tous les événements de ce jour capital.

 

4. Dieu endurcit aussi le cœur des hommes méchants et aveugle leur intelligence. «Dieu endurcit le cœur des hommes. Dieu aveugle leur intelligence!» En effet, l'Écriture l'affirme. En développant le thème de la souveraineté de Dieu en action, nous en arrivons ici à son aspect le plus solennel. Nous devons à ce stade suivre les paroles de l'Écriture avec la plus grande fidélité. Dieu nous garde d'aller au-delà de sa Parole, mais qu'il nous accorde la grâce d'aller aussi loin qu'elle. Les choses secrètes, il est vrai, appartiennent au Seigneur, mais celles révélées nous appartiennent à nous et à nos enfants.

 

«Il changea leur cœur, au point qu'ils haïrent son peuple et qu'ils traitèrent ses serviteurs avec perfidie» (Ps 105:25). Ce passage se rapporte au séjour des descendants de Jacob dans le pays d'Égypte, quand, après la mort du Pharaon qui avait accueilli le vieux patriarche et sa famille, il s'éleva sur l'Égypte un nouveau roi qui n'avait pas connu Joseph. A cette époque les enfants d'Israël «se multiplièrent de façon considérable», et leur nombre finit par dépasser celui des Égyptiens; alors, Dieu «changea leur cœur, au point qu'ils haïrent son peuple».

 

La conséquence de la haine des Égyptiens est bien connue: ils les réduisirent à l'esclavage de façon cruelle et les placèrent entre les mains de contremaîtres impitoyables et leur situation devint rapidement intolérable. Désespérés et malheureux, les Israélites crièrent à l'Eternel, qui, en réponse à leur prière, désigna Moïse pour être leur libérateur. Dieu se révéla au serviteur choisi par lui, lui donna un certain nombre de signes miraculeux destinés à être employés à la cour d'Égypte, puis lui ordonna de se rendre auprès de Pharaon pour lui demander de laisser aller les Israélites à trois jours de marche dans le désert pour adorer le Seigneur. Mais avant le départ de Moïse, Dieu l'avertit concernant Pharaon: «Et moi, j'endurcirai son cœur, et il ne laissera point aller le peuple» (Ex 4:21). Si l'on demande pourquoi Dieu a-t-il endurci le cœur de Pharaon, la réponse de l'Écriture est la suivante: afin de manifester sa puissance en lui (Rom 9:17). En d'autres termes, c'était pour permettre au Seigneur de manifester sa gloire par la chute de ce monarque hautain et puissant. Si l'on demande pourquoi Dieu a-t-il choisi cette méthode particulière pour manifester sa puissance, il nous faut répondre que, Dieu étant souverain, il se réserve le droit d'agir comme il lui plaît.

 

Pharaon, le cœur endurci par Dieu, empêcha les Israélites de partir. Puis, après que les plaies aient frappé son pays de façon si sévère, il finit par accepter à contrecœur de les laisser aller. Enfin, après la mise à mort des premiers nés de tous les Égyptiens, Israël quitta le pays de l'esclavage. Cependant Dieu dit à Moïse, «Les enfants d'Israël entreront au milieu de la mer à sec. Et moi, je vais endurcir le cœur des Égyptiens, pour qu'ils y entrent après eux; et Pharaon et toute son armée, ses chars et ses cavaliers, feront éclater ma gloire. Et les Égyptiens sauront que je suis l'Éternel, quand Pharaon, ses chars et ses cavaliers, auront fait éclater ma gloire» (Ex 14:17,18).

 

Ce même événement se produisit par la suite en rapport avec Sihon, roi de Hesbon, où Israël devait passer en se rendant en terre promise. En se remémorant leur histoire, Moïse déclara au peuple: «Mais Sihon, roi de Hesbon, ne voulut point nous laisser passer chez lui; car l'Eternel, ton Dieu, rendit son esprit inflexible et endurcit son cœur, afin de le livrer entre tes mains»! (Deut 2:30)

 

II en fut de même quand Israël pénétra dans le pays de Canaan. Nous lisons: «II n'y eut aucune ville qui fît la paix avec les enfants d'Israël, excepté Gabaon, habitée par les Héviens; ils les prirent toutes en combattant. Car l'Eternel permit que ces peuples s'obstinassent à faire la guerre contre Israël, afin qu'Israël les dévouât par interdit, sans qu'il y eût pour eux de miséricorde, et qu'il les détruisît, comme l'Éternel l'avait ordonné à Moïse» (Jos 11:19,20). D'après d'autres passages de l'Écriture nous apprenons le motif de la décision divine de détruire totalement les Cananéens: à cause de leur méchanceté et de leur corruption effroyables.

 

La révélation de cette vérité solennelle ne se limite pas à l'Ancien Testament. Dans Jean 12:37-40 nous lisons: «Malgré tant de miracles qu'il avait faits en leur présence, ils ne croyaient pas en lui, afin que s'accomplît la parole qu'Ésaïe, le prophète, a prononcée: Seigneur, qui a cru à notre prédication? Et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé? Aussi ne pouvaient-ils croire, parce qu'Ésaïe a dit encore: II a aveuglé leurs yeux; et il a endurci leur cœur, de peur qu'ils ne voient des yeux, qu'ils ne comprennent du cœur, qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.» Ceux dont Dieu «aveugla» la vue et «endurcit» le cœur, marquons-le avec grand soin, étaient des hommes coupables d'avoir méprisé de façon délibérée la lumière et rejeté le témoignage du Fils de Dieu.

 

De même nous lisons dans 2 Thessaloniciens 2:11,12, «Aussi Dieu leur enverra une puissance d'égarement, pour qu'ils croient au mensonge, afin que tous ceux qui n'ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice, soient condamnés.» L'accomplissement de ce passage appartient encore au futur. Dieu agira à l'égard de la chrétienté future comme il a agi à l'égard des Juifs de jadis. Tout comme les Juifs de l'époque de Christ méprisèrent son témoignage et par suite, furent aveuglés, de même une chrétienté coupable de rejeter la vérité se verra frappée d'une «puissance d'égarement» pour qu'elle croie au mensonge. Prophétie réalisée dans les mouvements pentecôtistes et charismatiques.

 

Dieu gouverne-t-il réellement le monde? Règne-t-il sur la famille humaine? De quelle manière dirige-t-il l'humanité? A quel point et par quel moyen contrôle-t-il les hommes? Comment Dieu exerce-t-il une influence sur les méchants dont les cœurs lui sont hostiles? Nous avons essayé de répondre à ces questions à la lumière de l'Écriture dans ce chapitre. Dieu exerce sur ses élus une puissance vivifiante, fortifiante, directrice et protectrice. Sur les méchants il exerce une puissance restrictive, apaisante, directrice; il les endurcit et les aveugle selon les ordres de sa sagesse et de sa justice infinies en vue de la réalisation de son dessein éternel. Les décrets de Dieu sont exécutés. Ce qu'il a prédestiné s'accomplit. La méchanceté de l'homme est entourée de limites que Dieu lui-même a établies et qui ne peuvent être dépassées. Tous les hommes, bons ou mauvais, sont, à leur insu-même, sous la juridiction du Souverain suprême et sujets, de façon absolue, à son administration. «Alléluia! Car le Seigneur notre Dieu tout-puissant est entré dans son règne» (Apoc 19:6). Il règne sur tous.

 

CHAPITRE 7

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU

ET LA VOLONTÉ DE L'HOMME

«Car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir» (PhiI2:13).

 

Aujourd'hui, une très grande confusion règne et les opinions les plus erronées sont avancées - même par un grand nombre de chrétiens - concernant la nature et le pouvoir de la volonté de l'homme déchu. L'idée la plus répandue, enseignée dans maintes Églises, est l’hérésie suivante: «l'homme possède un «libre arbitre» (une volonté libre) et le pécheur est sauvé lorsque cette volonté collabore avec le Saint-Esprit». La négation du «libre arbitre» de l'homme, c'est-à-dire de son pouvoir de choisir ce qui est bon, sa capacité naturelle d'accepter Christ, entraîne la désapprobation quasi-générale même de la pan de ceux qui tiennent une position évangélique. Cependant l'Écriture déclare avec force: «Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde» (Rom 9:16). A nouveau la Parole affirme expressément: «Nul ne cherche Dieu» (Rom 3:11). Christ n'a-t-il pas dit aux hommes de sa génération, «Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie»? (Jean 5:40) Pourtant certains sont réellement «venus» à lui et l'ont reçu. Qui étaient-ils? Jean 1:12 et 13 répond: «Mais à tous ceux qui l'ont reçue [la lumière du monde], à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu»!

 

Mais l'Écriture ne dit-elle pas, «Que celui qui veut vienne»? En effet, mais cette phrase signifie-t-elle que tout homme a la volonté de venir? Que dire de ceux qui ne veulent pas venir? De même que l'expression «Étend ta main» n'implique pas la présence, en l'homme à la main desséchée, de la capacité d'obéir à cet ordre, l'invitation «Que celui qui veut vienne» n'implique pas en l'homme déchu la présence de la capacité de venir. En lui-même l'homme naturel a le pouvoir de rejeter Christ et non celui de le recevoir. Pourquoi? Parce que son esprit est «inimitié» contre lui (Rom 8:7); parce que son cœur le hait (Jean 15:18). L'homme choisit selon sa nature. Par conséquent, il ne peut choisir ou préférer le divin et le spirituel, si une nouvelle nature ne lui a été d'abord communiquée; en d'autres termes, il doit naître de nouveau.

 

Mais, vous demanderez-vous peut-être, le Saint-Esprit ne triomphe-t-il pas de l'inimitié et de la haine de l'homme quand il convainc le pécheur de ses péchés et de son besoin de Christ? Le Saint-Esprit de Dieu ne produit-il pas cette conviction chez beaucoup de ceux qui périssent? Ce langage trahit une confusion. Si l'inimitié de ces personnes avait réellement été vaincue, alors elles se tourneraient aussitôt vers Christ. Quiconque ne vient pas au Sauveur démontre la persistance de son inimitié. Beaucoup, il est terriblement vrai, au travers de la prédication de l'Évangile, sont convaincus par le Saint-Esprit et néanmoins meurent sans la foi. Le Saint-Esprit, ne perdons pas ce fait de vue, accomplit quelque chose de plus chez les élus de Dieu: il «produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir» (Phil2:13).

 

Cependant, l'arminien ou disciple du libre-choix répondra à ce que nous venons de dire en affirmant que l'œuvre de conviction de l'Esprit est la même chez les convertis et les inconvertis: les premiers cèdent à ses efforts, alors que les derniers y résistent, ce qui crée la distinction entre ces deux catégories de personnes. Mais, selon cette affirmation, le chrétien serait à l'origine de cette différence, or l'Écriture l'attribue à un don de Dieu (1 Cor 4:7). De plus, cette affirmation donnerait au chrétien un motif de s'enorgueillir et de se glorifier de sa collaboration avec l'Esprit. Mais cette optique contredit de façon catégorique le texte d'Éphésiens 2:8: «Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu

 

Venons-en maintenant à l'expérience véritable de tout chrétien. N'y eut-il pas une époque (dont le souvenir ne manquera pas de nous humilier!) où nous ne voulions pas venir à Christ? Sans aucun doute. Depuis lors nous sommes venus à lui. Sommes-nous prêts à lui en attribuer toute la gloire? (cf ps 115:1) Il nous faut reconnaître que le Saint-Esprit a surmonté notre refus et nous a disposés à venir. Par contre, il n'a manifestement pas agi en tous comme il l'a fait en nous. Un grand nombre ont entendu l'Évangile et compris leur besoin de Christ, sans toutefois vouloir encore venir à lui. Il a donc accompli une œuvre plus puissante en nous qu'en eux. Disons-nous: «Je me souviens pourtant très bien de l'époque où le salut me fut présenté, et ma conscience témoigne du rôle de ma volonté en cédant à Jésus-Christ»? Certes. Mais avant que nous «cédions», le Saint-Esprit a dû vaincre l'inimitié naturelle de notre esprit contre Dieu. Or, il ne vainc pas cette «inimitié» chez tous. Cela ne vient pas de ce qu'ils refusent de laisser vaincre leur inimitié, car tous agissent ainsi avant qu'un miracle de grâce divine toute-puissante ne transforme leur cœur.

 

Demandons-nous maintenant en quoi consiste la volonté humaine? S'agit-il d'une faculté autonome et souveraine, ou est-elle dirigée par autre chose? La volonté surpasse-t-elle toutes les autres facultés de notre être au point de les gouverner, ou est-elle affectée par leurs impulsions et sujette à leurs caprices? La volonté dirige-t-elle l'esprit, ou celui-ci la contrôle-t-il? La volonté est-elle libre d'agir comme bon lui semble, ou une autorité extérieure à elle-même la force-t-elle à lui obéir? Il a été écrit: «La volonté occupe-t-elle une place à part parmi les grandes facultés ou pouvoirs de l'âme, homme dans l'homme, capable de le renverser, de s'opposer à lui? Ou est-elle reliée aux autres facultés, comme la queue s'attache au corps et ce dernier à la tête? Ainsi, quand la tête se déplace tout le corps suit. De même l'homme est tel que sont les pensées dans son âme». Tout d'abord la pensée, puis le cœur (désir ou aversion) et enfin l'acte. Le chien remue la queue, et non celle-ci le chien. La volonté n'est pas chez l'homme la faculté première, mais elle est soumise aux autres. La vraie philosophie de l'action morale correspond au processus de Genèse 3:6: «La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue» (perception des sens, intelligence), «et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence» (les émotions, sentiments), «elle prit de son fruit, et en mangea» (volonté, action). Ces questions ne revêtent pas seulement un intérêt académique, mais possèdent une importance pratique capitale. Nous ne pensons pas exagérer en affirmant que la réponse à ces questions constitue un critère essentiel de la saine doctrine.

 

1. La nature de la volonté humaine

Qu'est-ce que la volonté? C'est la faculté de choisir, la cause immédiate de toute action. Choisir implique nécessairement un refus et une acceptation. Avant tout choix, les éléments positifs et négatifs doivent être tous deux présents à l'esprit. Tout acte de volonté comprend une préférence, le désir d'une chose plutôt qu'une autre, car aucun acte de volonté ne peut avoir lieu dans l'indifférence. Vouloir c'est choisir, et choisir revient à décider entre des alternatives. Mais quelque chose influence le choix et détermine la décision. Par conséquent la volonté ne peut pas être souveraine puisqu'elle dépend de ce «quelque chose». Elle ne peut être en même temps la cause et l'effet. Elle n'est pas causale car, comme nous l'avons dit, quelque chose est à l'origine de son choix; par suite cet élément en constitue la cause. Le choix lui-même est affecté par certaines considérations, déterminé par des influences diverses subies par l'individu lui-même. Ainsi la volition dépend de ces considérations et de ces influences; auquel cas elle doit leur être soumise. Ainsi elle n'est pas souveraine et nous ne pouvons pas en revendiquer la «liberté» absolue, puisqu’elle est esclave de la chair et du péché. Les actes de la volonté n'ont pas leur source en eux-mêmes - affirmer le contraire revient à poser le postulat d'un effet sans cause. «Ex nihilo nihil fit» - rien ne vient de rien.

 

A toutes les époques, toutefois, des partisans de la liberté ou souveraineté absolue de la volonté humaine ont existé. La volonté, soutiendront certains, possède un pouvoir autodéterminant. Ainsi, je peux regarder vers le haut ou vers le bas: mon esprit demeure indifférent, ma volonté doit décider. Il s'agit d'une contradiction dans les termes. D'après cet exemple, je choisis en raison d'une préférence tout en restant parfaitement indifférent. De toute évidence les deux ne peuvent être vrais. L'esprit, pourrait-on répliquer, était tout à fait indifférent avant de manifester sa préférence. Certes, mais jusqu'à ce moment-là la volonté aussi demeurait inactive! Mais à l'instant où l'indifférence disparut, le choix s'opéra, et l'indifférence céda la place à la préférence. Ce dernier fait renverse l'argument reconnaissant à la volonté la capacité de choisir entre deux éléments désirés de façon égale. Comme nous l'avons déjà dit, un choix implique l'acceptation d'une alternative et le rejet d'une ou de plusieurs autres. Ce qui veut dire que le choix d’accepter Christ par une décision personnelle est le rejet de sa Souveraineté absolue. L'élément déterminant de la volonté est celui qui la pousse à choisir. Qu'est-ce qui détermine la volonté? Le mobile le plus puissant. La nature de ce mobile varie selon les cas. Il s'agit parfois de la logique de la raison, ou la voix de la conscience, ou l'impulsion des émotions, le chuchotement du tentateur, ou encore la puissance du Saint-Esprit. La volonté est poussée à agir par le mobile exerçant l'influence la plus puissante sur l'individu. En d'autres termes, l'action de la volonté est déterminée par cette condition de l'esprit (qui à son tour est influencée par le monde, la chair et le diable, ou bien par Dieu) dotée de la plus grande capacité pour susciter la volition. Pour illustrer nos propos, analysons un exemple simple. Un certain dimanche après-midi, l'un de mes amis souffrait d'un mal-de-tête sévère. Il désirait rendre visite à des malades, mais dans ce cas sa condition, il le craignait, empirerait et par suite il serait incapable d'assister à la prédication de l'Évangile le soir même. Deux alternatives se présentaient à lui: rendre visite aux malades l'après-midi et risquer d'être malade lui-même, ou se reposer pendant l'après-midi (et rendre visite aux malades le lendemain), et sans nul doute être en meilleure forme pour la réunion d'évangélisation du soir. Qu'est-ce qui poussa mon ami à choisir entre ces deux alternatives? La volonté? Pas du tout. A la fin, il est vrai, la volonté procéda à un choix, mais elle y fut poussée. Dans l'exemple ci-dessus certaines considérations comportaient des motifs de poids propres à sélectionner l'une ou l'autre alternative; ces motifs furent pesés par l'individu lui-même, par son cœur et son esprit, et l'alternative reposant sur les motifs les plus puissants obtint la préférence; la décision suivit, puis la volonté agit. D'une part, mon ami se sentait poussé par le sens du devoir à rendre visite aux malades; il était ému de compassion à cette pensée, et ainsi un motif de poids se présentait à son esprit. D'autre part, son jugement lui rappela son indisposition, son besoin urgent de repos, et l'aggravation probable de son état qui l'empêcherait d'assister le soir à la prédication de l'Évangile. De plus, il savait qu'il pourrait le lendemain, Dieu voulant, rendre visite aux malades. Ainsi décida-t-il de se reposer pendant l'après-midi. Deux alternatives se présentaient à ce chrétien: d'un coté le sens du devoir et sa propre compassion, de l'autre le sentiment de son propre besoin et un réel souci de la gloire de Dieu, car il avait la conviction qu'il devait assister le soir à la prédication de l'Évangile. La dernière alternative triompha. Les considérations spirituelles pesèrent plus lourd que son sens du devoir. Sa volonté agit selon la décision qu'il avait prise et il se retira pour se reposer. L'analyse prouve que, dans le cas présent, des considérations spirituelles dirigèrent l'esprit ou la faculté de raisonnement et que celui-ci régla et contrôla la volonté. Si par conséquent l'esprit contrôle la volonté, elle n'est ni souveraine, ni libre. En d'autres mots, la volonté est sous le contrôle de la nature humaine déchue qui est esclave de la chair et du péché, elle est dictée par la loi de la conscience pour répondre à ses besoins. L’homme détient la faculté de faire des choix, mais ceci est l’évidence de sa chute en Éden lorsqu’il prit la décision de se rebeller contre Dieu, déclarant son indépendance, se faisant ainsi maître de son destin.

La volonté, enseigne-t-on souvent, gouverne l'homme. Mais, selon la Parole de Dieu, le centre dominant de notre être est «le cœur». De nombreux passages bibliques pourraient être cités pour soutenir cette affirmation; «Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie» (Prov 4:23). «Car c'est du dedans, c'est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres...» (Marc 7:21). Ici, le Seigneur fait remonter ces actes répréhensibles à leur source, le «cœur» et non la volonté, c'est à dire «la conscience» de notre existence qui est l'essence même de notre nature. De nouveau, «Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi» (Mat 15:8). Si davantage de preuves s'avéraient nécessaires, nous pourrions attirer l'attention sur le fait suivant: la Bible cite le mot «cœur» trois fois plus que le mot «volonté» et, de plus, presque la moitié de ces références se rapportant à la volonté concerne celle de Dieu!

 

Quand nous affirmons, «Le cœur et non la volonté gouverne l'homme», nous ne désirons pas couper les cheveux en quatre, mais mettre l'accent sur une distinction d'importance vitale. Prenons le cœur d'une personne confrontée à deux alternatives; laquelle va-t-elle choisir? La plus agréable pour elle, c'est-à-dire, pour son «cœur» - partie la plus profonde de son être. Le pécheur se trouve confronté d'une part à une vie de vertu et de piété, d'autre part à une vie d'abandon au péché. Laquelle des deux suivra-t-il? La seconde. Pourquoi? Parce qu'il en a fait le choix. Mais ce fait prouve-t-il le caractère souverain de la volonté? Nullement. Remontons de l'effet à la cause. Pourquoi choisit-il une vie d'abandon au péché? Parce qu'il la préfère. Il la préfère vraiment envers et contre tout, même s'il ne jouit aucunement des effets d'un pareil choix. Et pourquoi la préfère-t-il? Parce que son cœur est pécheur, la conscience de son existence est dépravée et tortueuse, et ne peut que produire les fruits de sa corruption. La même alternative s'offre au chrétien mais il choisit et s'efforce de mener une vie de piété et de vertu. Pourquoi? Parce que Dieu lui a donné un cœur nouveau, une nature nouvelle. Néanmoins sa vieille nature demeurera jusqu’à la fin de ses jours, et il devra en combattre les influences jusqu’à son dernier respire en se reposant sur sa délivrance déjà accomplie en Christ. En résumé, la volonté du pécheur ne le rend pas insensible à tout appel «d'abandonner sa voie», mais la responsabilité en incombe à son cœur corrompu et méchant puisqu’il se veut maître de son destin. Il ne viendra pas à Christ car il ne le veut pas, et cela parce que son cœur hait Dieu et aime le péché! (cf: Jer 17:9)

 

2. L'esclavage de la volonté humaine

Tout exposé sur la volonté humaine, sa nature et sa fonction, doit distinguer entre trois hommes différents: Adam avant la chute, le pécheur et le Seigneur Jésus-Christ. La volonté d'Adam avant la chute était libre*, à la fois envers le bien et le mal. Il n'en est pas de même pour le pécheur. Ce dernier naît avec une volonté moralement déséquilibrée car en lui se trouve un cœur «tortueux par-dessus tout et incurable», et cette réalité lui confère un penchant pour le mal. Le Seigneur Jésus, lui, diffère radicalement à la fois du pécheur et d'Adam avant la chute. Il ne pouvait pas pécher, car il est «le saint de Dieu». Avant sa venue ici-bas, Marie reçut ces paroles: «Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu» (Luc 1:35). La volonté du Fils de l'Homme, nous le disons avec un très grand respect, n'était pas dans une position neutre, capable de se tourner soit vers le bien soit vers le mal. La volonté du Seigneur Jésus était tournée vers le bien, car son humanité parfaite, sainte et sans péché, va sans cesse de pair avec sa divinité éternelle. Or, à l'opposé de la volonté du Seigneur Jésus, toujours dirigée vers le bien, de celle d'Adam, en condition neutre avant la chute - capable de se tourner vers le bien ou vers le mal - la volonté du pécheur a un penchant vers le mal et, par suite, n'est «libre» que dans une seule direction: celle du mal. La volonté du pécheur est enchaînée car, comme nous l'avons déjà dit, elle est esclave d'un cœur corrompu.

* Le principe que la volonté de l'homme était libre avant la chute, s'écarte du fait que l'homme a été créé comme serviteur (esclave) de Dieu et donc soumit à toutes les grâces bienfaisantes de sa Sainte Présence, ce qu'on nomme figurativement «le Jardin d'Éden». Ce fut la tentation même qui engendra sa capacité de choisir et une fois le choix posé l'homme devint esclave de son choix et séparé de Dieu. Il déclara son indépendance de Dieu en raisonnant subtilement et à tort qu'il pouvait être le maître de son destin et choisir pour lui-même ce qui est bien ou ce qui est mal pour sa propre existence. En d'autres mots, l'homme se déclara Dieu. Depuis ce moment précis, la volonté de l'homme est devenue esclave de la chair et du péché. Ce fait nous indique que la volonté de l'homme est libre d'agir uniquement à l'intérieur de lois préalablement établies, l'homme ne peut échapper à la loi de sa conscience que Dieu a écrite dans son cœur et l'Écriture affirme clairement que la loi est la puissance du péché. Donc tous les choix de la volonté de l'homme, qu'ils soient pour le bien ou pour le mal, sont hostiles à l'Esprit de Dieu.

 

En quoi consiste la liberté du pécheur? Cette question découle naturellement des propos ci-dessus. Le pécheur est libre au sens où il n'est pas contraint de l'extérieur. Personne ne l'oblige jamais à pécher. Il n'est cependant pas libre d'accomplir soit le bien, soit le mal, car son cœur mauvais le pousse toujours à pécher. Prenons une illustration. Je tiens un livre à la main. Je le lâche. Qu'arrive-t-il? Il tombe. Dans quelle direction? Vers le bas; toujours vers le bas. Pourquoi? Parce que, d'après la loi de la gravité, son poids l'entraîne dans cette direction. Si je désire que le livre soit à un mètre plus haut, que dois-je faire? Je dois le soulever, exercer une force extérieure au livre qui le soulève. Il en est de même avec la relation de l'homme déchu et de Dieu. Quand la puissance divine le soutient, il ne s'enfonce pas plus profondément dans le péché. Elle se retire et il tombe - son propre poids (de péché) l'entraîne. Dieu ne le tire pas vers le bas, plus que moi le livre. Si la puissance divine se retirait entièrement, tout homme serait capable de devenir, et deviendrait en réalité, un Caïn, un Pharaon, un Judas. Comment le pécheur peut-il s'élever vers le ciel? Par un acte de sa propre volonté? Impossible. Une puissance extérieure à lui-même doit le saisir et le soulever. Le pécheur est libre, mais seulement dans une direction - libre de tomber, de pécher. Comme la Parole l'exprime: «Lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l'égard de la justice» (Rom 6:20). Le pécheur est libre d'agir toujours comme il lui plaît (sauf quand Dieu le retient), mais il se plaît dans le péché.

 

3. L'impotence de la volonté humaine

Au début de ce chapitre, nous avons insisté sur l'importance pratique d'avoir une conception juste de la nature et de la fonction de la volonté, critères fondamentaux de la saine doctrine. Nous souhaitons amplifier cette affirmation et essayer de démontrer son exactitude. La liberté ou l'esclavage de la volonté constituaient la frontière entre l'augustinianisme et le pélagianisme et, plus récemment, entre le calvinisme et l'arminianisme. En termes simples, fallait-il affirmer ou nier la corruption totale de l'homme?

 

La volonté humaine est-elle capable d'accepter ou de rejeter le Seigneur Jésus comme Sauveur? Si l'Évangile est prêché au pécheur et que le Saint-Esprit le convainc de sa condition de perdu, l'homme peut-il s'abandonner à Dieu par la seule puissance de sa propre volonté? Notre réponse à cette question définit notre conception de la corruption de l'homme. Pour tous les chrétiens l'homme est un être déchu, mais leur définition du mot «déchu» est souvent difficile à déterminer. Pour beaucoup l'homme est maintenant mortel et non plus dans son état originel lors de la création; il peut être malade et avoir hérité des penchants mauvais mais, s'il utilise ses pouvoirs au mieux, il deviendra enfin heureux. Comme cette conception est bien en-dessous de la triste réalité! Nos infirmités, nos maladies, même la mort physique, ne sont rien comparées aux effets spirituels et moraux de la chute! Seulement en nous référant aux Saintes Écritures, pouvons-nous avoir une idée juste de cette terrible catastrophe.

 

Lorsque nous parlons de la corruption totale de l'homme, nous voulons dire que le péché, ayant pénétré dans la constitution humaine, en a affecté toutes les facultés. La corruption totale signifie que l'homme, dans son esprit, dans son âme et dans son corps, est l'esclave du péché et le captif de Satan - marchant «selon le prince de la puissance de l'air, de l'esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion» (Éph 2:2). Cette affirmation ne devrait pas avoir besoin de preuve, car il s'agit d'un fait courant de l'expérience humaine. L'homme est incapable de réaliser ses propres aspirations et de matérialiser ses propres idéaux. Il ne peut accomplir ses désirs. Une incapacité morale le paralyse. C'est la preuve flagrante de son absence de liberté et de sa condition d'esclave du péché et de Satan. «Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père» (Jean 8:44). Le péché, plus qu'un acte ou une série d'actes, est un état ou une condition. C'est la source et la cause de toute action. Le péché a pénétré et s'est répandu dans l'homme en son entier. Il a aveuglé son intelligence, corrompu son cœur et séparé son esprit de Dieu. La volonté n'a pas échappé à son emprise. Elle est sous la domination du péché et de Satan. Par conséquent, elle n'est pas libre. Bref, les préférences et les choix de la volonté résultent de l'état du cœur, «tortueux par-dessus tout et incurable». «Nul ne cherche Dieu» (Rom 3:11).

 

Nous répétons notre question: la volonté humaine est-elle capable de s'offrir à Dieu? Essayons de donner une réponse en nous posant plusieurs autres questions: l'eau peut-elle (par elle-même) s'élever au-dessus de son propre niveau? La pureté peut-elle provenir de l'impureté? La volonté peut-elle renverser la tendance et le penchant de la nature humaine? Ce qui est sous la domination du péché peut-il produire la pureté et la sainteté? De toute évidence, non. Si la volonté d'un être déchu et corrompu se tourne vers Dieu, une puissance doit renverser les influences contraires du péché qui l'en éloignent. C'est une autre manière d'affirmer, «Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire» (Jean 6:44). En d'autres termes, «Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde» (Rom 9:16). Comme l’a déclaré un certain théologien: «Si Christ est venu sauver les perdus, le libre arbitre n'a aucune place. Dieu n'empêche certes pas les hommes de recevoir Christ, loin de là. Mais, même quand Dieu utilise toutes les persuasions possibles, et toutes les influences capables de convaincre le cœur de l'homme, ce dernier montre clairement son hostilité. Son cœur est si corrompu et sa volonté si décidée à ne pas se soumettre à Dieu (peu importe que ce soit Satan qui l'encourage à pécher), que rien ne peut l'inciter à recevoir le Seigneur et à abandonner le péché. Si par «liberté de l'homme», on veut dire que personne ne le force à rejeter le Seigneur, c'est vrai. Par contre, si en raison de la: domination du péché, dont il est l'esclave, et par sa volonté, il ne peut échapper à sa condition et choisir le bien, alors il n'a aucune liberté.»

 

La volonté n'est pas souveraine mais dépendante, car les autres facultés de l'être humain l'influencent et la contrôlent. Elle n'est pas libre, car l'homme est l'esclave du péché, ce qui apparaît très clairement dans les paroles du Seigneur: «Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres» (Jean 8:36). L'homme est un être rationnel et par suite responsable envers Dieu, mais lui reconnaître la capacité de choisir le bien dans le domaine spirituel revient à nier la corruption totale de sa nature, la corruption de la volonté comme de toutes ses autres facultés. La volonté de l'homme est gouvernée par son esprit et son cœur. Or le péché a corrompu et perverti ceux-ci. Ainsi pour que l'homme se tourne vers Dieu, Dieu lui-même doit œuvrer en lui; «car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir» (Phil 2:13). La liberté tant vantée de l'homme est, en vérité, «l'esclavage de la corruption». Il «est asservi à toute espèce de désirs et de passions». Un serviteur de Dieu fondé dans les Écritures, a écrit: «L'homme est impuissant quant à sa volonté. Cette dernière est opposée à Dieu. Je crois à la libre volonté, mais alors il s'agit d'une volonté libre seulement pour agir selon sa nature. Une colombe ne saurait vouloir manger de la charogne ni un corbeau manger la nourriture délicate de la colombe. Mais si vous donnez au corbeau la nature de la colombe, il mangera alors la nourriture de celle-ci. Satan est incapable de vouloir la sainteté. Dieu, nous le disons avec respect, est incapable de vouloir le mal. Le pécheur dans sa nature pécheresse ne peut jamais vouloir agir selon Dieu. Pour y parvenir, il doit naître de nouveau.» Telle est précisément la conception exposée tout au long de ce chapitre: la volonté est dirigée par la nature.

 

Parmi les décrets du Concile de Trente (1563) qui font autorité dans le catholicisme, nous trouvons (dans les Canons sur la Justification) les affirmations suivantes: «Si quiconque affirme que la libre volonté, mue et stimulée par Dieu, ne coopère pas, d'un commun accord, avec Dieu, source de la stimulation, dans le but de le disposer et de le préparer pour l'obtention de la justification, si de plus quiconque dit que la volonté ne peut refuser de se soumettre, si elle le désire, mais qu'elle est inactive et simplement passive, qu'il soit anathème!» «Si quiconque affirme que, depuis la chute d'Adam, la libre volonté de l'homme est déchue et anéantie; ou qu'elle existe seulement de nom, qu'elle est une fiction introduite par Satan dans l'Église, qu'il soit anathème!» Ainsi, quiconque insiste sur la libre volonté de l'homme naturel croit en réalité à l'enseignement catholique romain sur le sujet!

 

Trois choses sont indispensables pour le salut du pécheur: Dieu [comme] Père doit décider son salut, Dieu [comme] Fils l'acquérir et Dieu [comme] Saint-Esprit l'appliquer. Dieu ne se contente pas de nous inviter sinon nous serions tous perdus. L'Ancien Testament nous en donne une illustration frappante. Dans Esdras 1:1-3 nous lisons: «La première année de Cyrus, roi de Perse, afin que s'accomplît la parole de l'Éternel prononcée par la bouche de Jérémie, l'Éternel réveilla l'esprit, de Cyrus, roi de Perse, qui fit faire de vive voix et par écrit cette publication dans tout son royaume: Ainsi parle Cyrus, roi de Perse: L'Éternel, le Dieu des cieux, m'a donné tous les royaumes de la terre, et il m'a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda. Qui d'entre vous est de son peuple? Que son Dieu soit avec lui, et qu'il monte à Jérusalem en Juda et bâtisse la maison de l'Éternel, le Dieu d'Israël!» Nous avons ici une offre proposée à un peuple en captivité, lui donnant l'occasion de partir et de retourner à Jérusalem, la ville sainte. Tout le peuple d'Israël répondit-il à cette offre? Pas du tout! La grande majorité se contenta de rester dans le pays de leurs ennemis. Seul un petit nombre (un reste) tira parti de cette offre de miséricorde! Pourquoi? Écoutons la réponse de l'Écriture: «Les chefs de famille de Juda et de Benjamin, les sacrificateurs et les Lévites, tous ceux dont Dieu réveilla l'esprit, se levèrent pour aller bâtir la maison de l'Éternel à Jérusalem»! (Esd 1:5) De même, Dieu «réveille l'esprit» de ses élus quand il les appelle puissamment au salut et, avant cet instant, ils ne possèdent aucune volonté à répondre à la proclamation divine.

L'œuvre superficielle d'un grand nombre d'évangélistes professionnels de ces cinquante dernières années est largement responsable de l'optique erronée et maintenant courante sur l'esclavage de l'homme naturel, encouragée par la paresse de l'auditoire à «examiner toutes choses» (1 Thés 5:21). Beaucoup d'enseignement évangélique nous donne l'impression que le salut du pécheur repose entièrement en son pouvoir. On entend dire souvent: «Dieu a fait sa part, maintenant l'homme doit faire la sienne.» Hélas, par nature l'homme est mort par ses offenses et par ses péchés (Éph 2:1). Or, que peut faire un homme privé de la vie? Si les chrétiens croyaient vraiment à la vérité, ils compteraient davantage sur le Saint-Esprit et sa puissance miraculeuse, et moins sur leur tentative de «gagner des hommes à Christ» lorsqu’ils sont eux-mêmes esclave du péché et de la duplicité.

 

Quand ils s'adressent aux non-convertis, les prédicateurs dressent souvent une analogie entre le don de l'Évangile que Dieu offre aux pécheurs et un homme malade dans un lit, avec le médicament miracle sur sa table de nuit: il n'a qu'à étendre la main et saisir ce médicament. Mais cette affirmation devrait être en tous points conformes à l'image de l'homme déchu et corrompu donnée par l'Écriture. Par conséquent le malade doit être aveugle (Éph 4:18), incapable de voir le médicament, avoir la main paralysée (Rom 5:6) et être incapable de le saisir, et son cœur dénué de toute confiance dans le remède et rempli de haine envers le docteur lui-même (Jean 15:18). Que cette optique de la condition désespérée de l'homme, soutenue aujourd'hui, est superficielle! Christ est venu ici-bas non pas pour aider ceux disposés à s'aider eux-mêmes, mais pour accomplir pour son peuple ce que ce dernier est incapable de réaliser: «Pour ouvrir les yeux des aveugles, pour faire sortir de prison le captif, et de leur cachot ceux qui habitent dans les ténèbres» (Esa 42:7).

 

Pour conclure, permettons-nous d'anticiper et de répondre à l'objection habituelle et inévitable. Pourquoi prêcher l'Évangile, si l'homme n'a pas la force d'y répondre? Pourquoi inviter le pécheur à venir à Christ, si, esclave du péché, il ne peut par lui-même venir? Nous ne prêchons pas l'Évangile parce que nous croyons que le libre arbitre de l'homme lui permet de recevoir Christ, mais parce que la Bible nous l'ordonne (Marc 16:15). «Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés elle est une puissance de Dieu» (1 Cor 1:18). «Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes» (1 Cor 1:25). Le pécheur est mort dans ses transgressions et ses péchés (cf Éph 2:1), et un homme mort est totalement incapable de vouloir quoi que ce soit; c'est pourquoi «ceux qui vivent selon la chair ne sauraient plaire à Dieu» (Rom 8:8). Mais il y a aussi le fait que les prédicateurs modernes proclament un faux évangile, celui du libre-choix qui s’oppose à l’Évangile de la souveraineté de Dieu.

 

La prédication de l'Évangile aux morts, à ceux incapables d'agir, apparaît, pour la sagesse humaine, comme une folie à nulle autre pareille. Cependant les voies de Dieu ne sont pas les nôtres. Il plaît à Dieu «de sauver les croyants par la folie de la prédication» (1 Cor 1:21), mais comprenons qu’il donne aussi la foi à ceux qu’il a désigné d’avance au salut de toute éternité (Actes 13 :48). Prêcher à des «ossements» et leur dire: «Ossements desséchés, écoutez la parole de l'Eternel! » (Ézec 37:4) peut paraître une folie pour l'homme. Mais il s'agit de la Parole du Seigneur, et ces mots «sont esprit et vie» (Jean 6:63). Des hommes sages debout à coté de la tombe de Lazare auraient pu déclarer le Seigneur fou quand il adressa à un mort ces paroles: «Lazare, lève-toi!» Mais celui qui parlait alors est lui-même la résurrection et la vie; à sa parole même les morts vivent! Nous continuons à prêcher l'Évangile non pas en raison de notre foi en la puissance des pécheurs pour recevoir le Sauveur, mais parce que l'Évangile lui-même est la puissance de Dieu pour salut de quiconque croit, et parce que nous savons que «tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle» (Actes 13:48) croiront (cf Jean 6:37; 10:16) - remarquez le caractère de certitude de ces versets! - au temps fixé par Dieu.

 

Les thèses soutenues dans ce chapitre ne sont pas un produit de la «pensée moderne», car elles lui sont totalement opposées. Les hommes, depuis quelques générations, ont abandonné l'enseignement de leurs pères fondé dans les Écritures. Dans les trente-neuf articles de l'Église anglicane nous lisons: «La condition de l'homme après la chute d'Adam est telle qu'il ne peut pas, de lui-même, exercer une foi au salut par sa force naturelle, ses bonnes œuvres et en invoquant Dieu. Par conséquent, nous n'avons aucune puissance pour accomplir de bonnes œuvres agréables et acceptables aux yeux de Dieu, sans la grâce prévenante de Dieu en Christ agissant en nous afin de nous accorder une bonne volonté qui puisse entrer en action» (Article 10). Dans le grand Catéchisme de Westminster (faisant autorité autrefois dans toutes les Églises presbytériennes) nous lisons en réponse à la question 25: «L'état de péché dans lequel l'homme est tombé, consiste dans la culpabilité du péché originel d'Adam, dans l'absence de la justice qu'il possédait lors de sa création, et en la corruption de sa nature par laquelle il est totalement incapable, inapte, opposé à tout ce qui est spirituellement bon, et entièrement enclin au mal et ceci continuellement.» Dans la Confession de Foi des Baptistes de Philadelphie (1742) au chapitre 9 nous lisons: «L'homme, par sa chute dans un état de péché, a entièrement perdu toute capacité de vouloir le bien spirituel faisant partie du salut. Aussi, comme un homme naturel, opposé au bien, est mort dans ses péchés, il est incapable par sa propre force de se convertir ou de s'y préparer.»

Triste de voir que ce qu’ils disent et ce qu’ils font sont deux différentes choses.

 

Références

1. Dans un article intitulé «Le prétendu libre arbitre de l'homme», un théologien a écrit: «La résurgence de la doctrine du libre arbitre sert à étayer la prétention que possède l'homme naturel de ne pas être déchu de façon irrémédiable, car c'est l'aboutissement logique de cette doctrine. Quiconque n'est pas passé par une profonde conviction du péché, ou chez qui cette conviction concerne seulement des péchés flagrants, croit dans une certaine mesure au libre arbitre.»

2. Si telle est la vraie condition de l'homme, pourquoi l'Écriture s'adresse-t-elle à la volonté de l'homme? N'est-il pas écrit, «Que celui qui veut prenne de l'eau de la vie, gratuitement»? (Apoc 22:17) Tout à fait et ces exhortations montrent que l'homme est responsable de se repentir, de croire et de recevoir Christ, devoirs qu’il ne peut accomplir dû à la corruption totale de sa nature pécheresse, tous, impliquent une réponse de sa volonté qui est esclave de la chair et du péché. Mais, comme d'autres passages de l'Écriture le prouvent, si les hommes répondent ainsi, c'est en raison de l'état de leur nature dont la volonté constitue l'expression. La volonté est la cause immédiate des actions de l'homme, et non la cause première. L'homme ne peut être tenu responsable, affirment certains, de sa réponse face à l'Évangile, à moins d'être capable de choisir Christ; ainsi, pour beaucoup, le libre arbitre et la responsabilité humaine sont synonymes et il est impossible de nier l'une sans nier l'autre. Cette confusion conduit à accuser la foi réformée de ne pas faire justice à la responsabilité de l'homme en niant sa «libre volonté» (cf. note supplémentaire ci-dessous). L'optique biblique et réformée de la responsabilité de l'homme est en réalité beaucoup plus profonde que la conception arminienne populaire. L'homme est non seulement responsable de sa volonté, mais de l'ensemble de sa nature, et, aussi longtemps que celle-ci demeure fidèle à ce que le péché (non pas Dieu) en a fait, il «ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu» (1 Cor 2:14), et il ne veut pas venir à Christ pour avoir la vie (Jean 5:40). Par conséquent, si c'est le devoir de tout homme de recevoir Christ, seule la volonté d'un homme renouvelé dans sa nature par le Saint-Esprit répondra à l'Évangile. - Les éditeurs

3. N'oublions pas que la théologie réformée ne nie pas, comme on le suppose trop souvent, la libre capacité de l'homme d'agir selon sa volonté. Cette question n'a rien à voir avec le libre arbitre (tel que ce mot est généralement utilisé) et les deux ne doivent pas être confondus. Spécifions que l’homme est libre d’agir seulement dans le contexte de lois préalablement établies dans sa conscience, dans la nature, ou dans une société. En d’autres mots il n’est pas libre de faire tout ce qu’il désire sans en subir des conséquences, ce qui nous indique clairement que la notion de libre-choix n’est qu’une illusion hypothétique de la philosophie humaniste, qui cherche à préserver la dignité de l’être humain dans son indépendance de Dieu.

 

Charles Hodge écrit: «La doctrine de l'incapacité de l'homme ne signifie pas que l'homme a cessé d'être un individu moral libre. Il est libre car il décide de ses propres actions. Tout acte de la volonté est un acte d'autodétermination libre. Il est un agent moral car il a conscience de son obligation morale et, quand il pèche, il agit librement contre les convictions de sa conscience ou les préceptes de la loi morale. Si l'homme préfère, comme les anges déchus, choisir le mal, il n'en est pas moins un agent moral libre que s'il préfère et choisit le bien comme les saints anges.» - Les éditeurs

4. Dans son livre sur la théologie historique, William Cunningham écrivit: «Le seul fondement pour offrir le pardon et le salut aux hommes est l'ordre et l'autorité de Dieu contenus dans sa Parole.» - Les éditeurs

 

Note sur la responsabilité

L'affirmation selon laquelle la responsabilité implique la capacité est un argument philosophique et non biblique. Elle fut popularisée au cours du siècle dernier par des évangélistes réprouvés comme C G Finney et est acceptée maintenant de façon presque universelle par tous les ennemis de la croix. Après avoir étudié la position de Finney, Charles Hodge écrivait: «D'après Finney, - la liberté de la volonté est essentielle à l'obligation morale, et nul n'est forcé d'accomplir l'impossible. - Ces deux affirmations constituent pour lui une vérité première. Son erreur est évidente. Il transfère une maxime, qui est un axiome, d'un domaine dans un autre où elle n'a aucun pouvoir légitime. Un aveugle, c'est flagrant, ne peut être dans l'obligation de voir, ou un sourd d'entendre. Par suite, dans le domaine des impossibilités physiques, la maxime selon laquelle l'obligation est limitée par la capacité, est sans aucun doute exacte. Mais une incapacité dont l'origine provient du péché, qui consiste en ce qui est péché et se rapporte aux actions morales n'anéantit pas la continuation d'une obligation. Il s'agit de l'un des faits les plus familiers de la conscience, un sentiment d'obligation demeure en présence de la conviction d'une totale incapacité. C'est un dicton des philosophes: «Je devrais, donc je peux.» A quoi tout cœur chargé par le péché répond: «Je devrais en être capable, mais je ne le peux.» Voici le témoignage de la conscience et la doctrine simple de la Bible... C'était, a dit Neander, le principe radical du système de Pelage: la liberté morale consiste dans la capacité de choisir entre le bien et le mal

 

CHAPITRE 8

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU ET LA PRIÈRE

«Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute» (1 Jean 5:14).

 

D'un bout à l'autre de ce livre notre but principal a été d'exalter le Créateur et d'abaisser la créature. La tendance actuelle, quasi-universelle, consiste à exalter l'homme tout en déshonorant et abaissant Dieu. Dans les discussions d'ordre spirituel, le côté humain est souvent mis en relief alors que le côté divin, sinon ignoré, est, du moins, relégué au second plan. La majeure partie de l'enseignement moderne sur la prière reflète cette vérité. Dans la plupart des livres et dans les sermons prêches sur ce sujet, l'élément humain remplit presque entièrement la scène: l'accent est mis sur les conditions que nous avons à remplir, les promesses que nous devons revendiquer, les actes qu'il nous faut accomplir, dans le seul but d'obtenir l'exaucement de nos requêtes; par contre les exigences de Dieu, ses droits, sa gloire, se trouvent souvent négligés.

 

Un bref éditorial intitulé «Prière ou destin?», paru dans l'un des principaux hebdomadaires religieux, donne un bon exemple des croyances actuelles sur la prière: «Dieu, dans sa souveraineté, a décrété le changement et le façonnement des destinées humaines par la volonté de l'homme. Voici pourquoi en vérité la prière peut changer le cours de l'histoire, car Dieu modifie les événements quand nous prions. Quelqu'un l'a exprimé de façon frappante en ces mots: «Certains événements se produiront dans la vie d'un homme qu'il prie ou non, d'autres seulement s'il prie.» Un employé chrétien fut frappé par ces deux phrases en pénétrant dans son bureau et il pria afin d'obtenir du Seigneur l'occasion de témoigner auprès de quelqu'un, certain, grâce à sa prière, du changement des événements. Puis son esprit se concentra sur d'autres sujets et il en oublia sa prière. L'occasion de parler à un homme d'affaires se présenta, mais il ne la saisit pas et, sur le point de partir, il se souvint de sa prière formulée une demi-heure plus tôt et de la réponse de Dieu. Il retourna en toute hâte auprès de l'homme d'affaires et lui parla; ce dernier était membre d'une Église, néanmoins jamais personne ne lui avait demandé s'il était sauvé. Consacrons-nous à la prière, et donnons l'occasion à Dieu de changer les événements. Veillons à ne pas devenir en pratique des fatalistes, en négligeant d'exercer noire volonté, don de Dieu, dans la prière.»

 

Le passage ci-dessus illustre l'enseignement actuel sur la prière et, pire encore, presque personne ne le conteste. Affirmer «le changement des destinées humaines par la volonté de l'homme» relève d'une incrédulité la plus grossière, il n'y a pas d'autre mot pour cela, sauf d’ajouter que c’est un blasphème et une abomination que nous retrouvons généralement parmi les sectes évangéliques modernes. Nous demandons à quiconque le contestera, s'il peut trouver un incroyant susceptible d'être en désaccord avec cette affirmation, étant persuadé qu'il ne le pourra pas. Déclarer: «Dieu a décrété le changement et le façonnement des destinées humaines par la volonté de l'homme», est absolument faux. «La destinée des hommes» est fixée non pas par «la volonté humaine», mais par celle de Dieu. La nouvelle naissance seule détermine la destinée humaine, car il est écrit: «Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu» (Jean 3:3). Quant à la question de quelle volonté est responsable pour la nouvelle naissance, le texte de Jean 1:13 ne permet aucune équivoque: «Lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu.» Affirmer que «la destinée humaine» peut être changée par la volonté de l'homme, revient à rendre suprême la volonté de la créature et, par suite, à détrôner Dieu. Mais que dit l'Écriture? «L'Éternel fait mourir et il fait vivre, il fait descendre au séjour des morts et il en fait remonter. L'Éternel appauvrit et il enrichit, il abaisse et il élève. De la poussière il retire le pauvre, du fumier il relève l'indigent, pour les faire asseoir avec les grands. Et il leur donne en partage un trône de gloire» (1 Sam 2:6-8).

 

Revenons à l'éditorial en question. Plus loin, nous trouvons cette phrase: «Voici pourquoi en vérité la prière peut changer le cours de l'histoire, car Dieu modifie les événements quand nous prions.» Aujourd'hui nous nous trouvons constamment confrontés à l'inscription: «La prière change les circonstances.» La signification de ces mots est évidente d'après la littérature courante sur la prière. Nous devons convaincre Dieu de changer son dessein.

 

A nouveau, le rédacteur en chef écrit, «Quelqu'un l'a exprimé de façon frappante en ces termes: «Certains événements se produiront dans la vie d'un homme qu'il prie ou pas, d'autres seulement s'il prie.» Cette vérité est évidente chez les inconvertis dont la plupart ne recourent jamais à la prière. La phrase: «Certains événements se produiront s'il prie» a besoin d'être nuancée. Si un croyant prie avec foi et demande un exaucement de prière selon la volonté de Dieu, il l'obtiendra sans aucun doute. Une fois encore, s'il prie, d'autres événements liés aux bienfaits subjectifs dérivés de la prière, se produiront: Dieu lui deviendra plus réel et ses promesses plus précieuses. Ces deux derniers faits, il est vrai, «n'arriveront pas s'il ne prie pas» - une vie dénuée de prière est une vie vécue sans communion avec Dieu et tout ce que cela implique. Mais déclarer: «Dieu ne peut ni ne veut accomplir son dessein si nous ne prions pas,» est totalement erroné, car Dieu a non seulement décrété le but, mais aussi ses propres moyens d'y parvenir, dont la prière fait partie. Si Dieu a décidé d'accorder une bénédiction, il donnera aussi à son enfant un esprit de supplication pour la rechercher. En bref, la vraie prière est le respire normal du chrétien authentique dans ses aspirations de tous les jours.

 

L'exemple (de l'employé chrétien et de l'homme d'affaires) cité dans le passage ci-dessus, est très mal choisi. Selon les termes de l'illustration, la prière de l'employé n'a pas été exaucée par Dieu car, de toute évidence, l'occasion de parler de son âme à l'homme d'affaires ne se présentait pas. Mais en quittant le bureau et en se rappelant sa prière, le chrétien décida (peut-être charnellement) d'y répondre par ses propres moyens au lieu de laisser le Seigneur «ouvrir lui-même le chemin».

 

Nous citerons un passage tiré d'un livre récent sur la prière; «Les possibilités et la nécessité de la prière, sa puissance et ses résultats, se manifestent dans l'arrêt et le changement des desseins de Dieu en l'amenant à retenir ses jugements.» Cette affirmation est extrêmement désobligeante à l'égard du caractère du Dieu Très-Haut, qui «agit comme il lui plaît avec l'armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n'y a personne qui résiste à sa main et qui lui dise: Que fais-tu?» (Dan 4:35.) Dieu n'a aucun besoin de changer ses desseins ni de modifier son plan, car ils furent établis sous l'influence d'une bonté et d'une sagesse infaillibles. Les hommes ont l'occasion de changer leurs plans car, en raison de leur imprévoyance, ils ne peuvent, très souvent, anticiper les conséquences à long terme de leurs projets. Il n'en est pas ainsi avec Dieu, car il connaît toutes choses du début à la fin. Affirmer que Dieu change ses plans revient à attaquer sa bonté ou à nier sa sagesse éternelle.

 

Dans le même livre nous lisons, «Les prières du peuple de Dieu constituent un capital dans les cieux, permettant à Christ de réaliser sa grande œuvre ici-bas. Les puissants bouleversements de l'histoire sont le résultat de ces prières. La terre est transformée, les anges se déplacent plus rapidement, et la stratégie de Dieu est dictée selon le nombre et l'efficacité des prières.» Cette deuxième affirmation est pire encore et nous n'hésitons pas un instant à la qualifier de fausse, face à l'enseignement de l'Écriture. Tout d'abord, elle nie catégoriquement le passage d'Éphésiens 3:11, mentionnant le «dessein éternel» de Dieu. Si le dessein de Dieu est éternel, alors sa stratégie n'est pas dictée» aujourd'hui. De plus, elle contredit le passage d'Éphésiens 1:11, déclarant expressément que Dieu «opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté». Par conséquent «la stratégie de Dieu» n'est pas «dictée» par les prières des hommes. Enfin, cette affirmation rend suprême la volonté de la créature, car si nos prières «dictent» la stratégie divine, alors le Très-Haut est dépendant de nous, simples vers de terre. Le Saint-Esprit pouvait bien demander par l'intermédiaire de l'apôtre, «Qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller?» (Rom 11:34)

 

Ces pensées sur la prière sont dues à une conception inférieure et insuffisante de Dieu lui-même. Prier un Dieu semblable à un caméléon, capable de changer à chaque instant, ne procure aucun réconfort, aucune paix ni aucun salut. Quel encouragement pourrions-nous retirer en élevant notre cœur vers un Dieu à même de changer de pensée d'un jour à l'autre? A quoi servirait-il de s'adresser à un monarque changeant, capable d'accorder une demande aujourd'hui et de la refuser demain? Le caractère immuable de Dieu n'est-il pas notre plus grand encouragement à prier? Parce qu'il est «le Père des lumières, chez lequel il n'y a ni changement, ni ombre de variation» (Jac 1:17) nous avons la certitude, si nous lui adressons une requête selon sa volonté, qu'il nous écoutera. Luther remarqua à juste titre: «La prière ne triomphe pas du refus de Dieu, mais saisit sa volonté.»

 

Cette affirmation nous conduit à évoquer quelques remarques concernant le but de la prière. Pourquoi Dieu nous a-t-il demandé de prier? La grande majorité répondrait: «Afin d'obtenir de Dieu ce dont nous avons besoin.» Il s'agit certes de l'un des buts de la prière, mais non du principal. De plus cette optique revient à considérer la prière seulement d'un point de vue humain, mais il faut également l'envisager du point de vue divin. Examinons donc pourquoi Dieu nous demande de prier.

 

En premier lieu, la prière a été établie pour honorer le Seigneur Dieu. Dieu nous demande de reconnaître qu'il est en vérité «le Très-Haut, dont la demeure est éternelle» (Esa 57:15). De même il nous faut admettre sa souveraineté universelle: en lui demandant la pluie, Élie proclama son contrôle sur les éléments; en le priant pour la délivrance d'un pauvre pécheur de la colère à venir, nous reconnaissons que «le salut vient de l'Éternel» (Jon 2:10); en le suppliant de répandre son Évangile dans les régions les plus éloignées de la terre, nous proclamons son règne sur le monde entier.

 

Dieu réclame de nous l'adoration, et la véritable prière constitue un acte d'adoration. Dans la prière, l'âme se prosterne devant Dieu, invoque son nom grand et saint, reconnaît sa bonté, sa puissance, son caractère immuable, sa grâce, sa souveraineté et se soumet à sa volonté. Il est très significatif de remarquer que Christ n'appelait pas le temple une maison de sacrifice, mais la maison de prière.

 

La prière contribue à la gloire de Dieu, car par elle nous proclamons notre dépendance de lui. Quand nous supplions Dieu avec humilité, nous nous en remettons à sa puissance et à sa miséricorde. En recherchant ses bénédictions, nous le reconnaissons comme l'auteur et la source «de toute grâce excellente et de tout don parfait». La prière rend gloire à Dieu, car elle fait appel à la foi et rien, sinon la confiance de notre cœur, ne peut davantage honorer Dieu et lui plaire.

 

En second lieu, la prière est voulue par Dieu comme un moyen d'obtenir des bénédictions spirituelles et de croître dans la grâce. Quand nous cherchons à comprendre le but de la prière, nous devons penser à ceci avant de la considérer comme un moyen d'obtenir ce dont nous avons besoin. Elle a été instituée par Dieu pour nous rendre humbles. La prière véritable revient à entrer dans la présence de Dieu et la réalisation de sa majesté redoutable nous conduira à voir notre petitesse et notre indignité. Dieu a institué la prière pour exercer notre foi. La Parole engendre la foi (Rom 10:17), mais celle-ci s'exerce par la prière. C'est pourquoi il est question de «la prière de la foi». La prière stimule l'amour pour Dieu. La Parole pose au sujet des hypocrites la question suivante: «Fait-il du Tout-Puissant ses délices? Adresse-t-il en tout temps ses prières à Dieu?» (Job 27:10) Quiconque aime le Seigneur, par contre, ne peut demeurer loin de lui très longtemps, car il se réjouit de lui remettre ses fardeaux. La prière ne suscite pas seulement l'amour pour Dieu mais, grâce aux réponses accordées à nos requêtes, celui-ci s'accroît: «J'aime l'Eternel, car il entend ma voix, mes supplications» (Ps 116:1). La prière a été instituée par Dieu pour nous enseigner la valeur de ses bénédictions, recherchées auprès de lui: nous nous réjouissons davantage quand il nous accorde un exaucement précis suite à nos supplications.

 

En troisième lieu, la prière a été voulue par Dieu pour nous apprendre à lui demander ce dont nous avons besoin. Mais ici une difficulté peut se présenter au lecteur attentif des chapitres précédents de ce livre. Si Dieu a prédestiné tout événement avant la fondation du monde, quelle est l'utilité de la prière? Si ce verset est vrai: «C'est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses» (Rom 11:36), alors pourquoi prier? Avant de répondre directement à ces questions, il faudrait en poser d'autres tout aussi plausibles. A quoi sert de venir raconter à Dieu ce qu'il sait déjà? A quoi sert de répandre nos besoins devant lui, puisqu'il les connaît? Or, la prière ne sert pas à informer Dieu, comme s'il était ignorant, mais à reconnaître son omniscience conformément à la déclaration explicite de Jésus: «Car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez» (Mat 6:8). La prière n'est pas destinée à renseigner Dieu sur nos besoins, mais à reconnaître devant lui le sentiment de notre besoin. Dans ce domaine, comme dans tous, les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres. Dieu exige de notre part la recherche de ses dons. Il désire être honoré par notre demande, tout comme il doit être remercié après nous avoir accordé ses bénédictions.

 

Toutefois, la question revient: si Dieu a prédestiné toutes choses, et s'il règle tous les événements, la prière n'est-elle pas alors un exercice inutile? Le fait que Dieu nous ordonne de prier fournit une réponse suffisante à ces questions: «Priez sans cesse» (1 Thés 5:17). Et de nouveau, «Il faut toujours prier» (Luc 18:1). Plus loin l'Écriture déclare, «La prière de la foi sauvera le malade» et «La prière fervente du juste a une grande efficace» (Jac 5:15,16). Le Seigneur Jésus-Christ - notre exemple parfait en toutes choses - était avant tout un homme de prière. Ainsi la prière, de toute évidence, n'est dénuée ni de signification, ni de valeur. Mais cette affirmation n'enlève pas la difficulté, ni ne répond à la question posée précédemment. Quelle est donc la relation entre la souveraineté de Dieu et la prière du chrétien?

 

Tout d'abord, nous l'affirmons avec force, la prière n'est pas destinée à changer les plans de Dieu, ni à le pousser à en établir de nouveaux. Il a décrété l'accomplissement de certains événements ainsi que le moyen par lequel ils doivent s'accomplir. Il a élu certains au salut, mais il a aussi décrété que leur salut s'opérerait par la prédication de l'Évangile. Ainsi l'Évangile est l'un des moyens désignés pour l'accomplissement du dessein éternel du Seigneur. La prière en représente un autre. Dieu a décrété non seulement la fin, mais aussi les moyens et, parmi ces derniers, se trouve la prière. Même les prières de son peuple sont inclues dans ces décrets éternels. Par conséquent, la prière, loin d'être vaine, apparaît parmi les moyens utilisés par Dieu pour l'exécution de ses décrets. En effet, «Si tout arrive par hasard ou par nécessité, les prières ne sauraient revêtir la moindre efficacité ou utilité; mais comme elles sont suscitées et dirigées par la sagesse divine, elles occupent une place dans l'ordre des événements» (Haldane).

 

L'Écriture enseigne clairement la valeur du rôle de la prière dans l'accomplissement des événements décrétés par Dieu. Élie savait que Dieu était sur le point d'accorder la pluie, mais ce fait ne l'empêcha pas de recourir aussitôt à la prière (Jac 5:17,18). Daniel «comprit» par les écrits des prophètes que la captivité ne devait durer que soixante-dix ans, toutefois quand ces soixante-dix années furent presque terminées, la Bible déclare, «Je [Daniel] tournai ma face vers le Seigneur Dieu, afin de recourir à la prière et aux supplications, en jeûnant et en prenant le sac et la cendre» (Dan 9:3). Dieu dit au prophète Jérémie: «Car je connais les projets que j'ai formés sur vous, dit l'Éternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l'espérance.» Mais au lieu d'ajouter, «Il est inutile de me supplier pour l'obtention de ces choses», il dit: «Vous m'invoquerez, et vous partirez; vous me prierez et je vous exaucerai» (Jer 29:11,12).

 

Dans Ézéchiel 36 nous découvrons les promesses inconditionnelles, explicites et positives faites par Dieu concernant la restauration future d'Israël au temps de Néhémie, toutefois au verset 37 de ce même chapitre nous trouvons ce passage, «Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel: Voici encore sur quoi je me laisserai fléchir par la maison d'Israël, voici ce que je ferai pour eux»! Voici le but de la prière: non pas de changer la volonté de Dieu, mais qu'elle s'accomplisse en son temps et à sa manière. Dieu a promis certaines choses, c'est pourquoi nous pouvons les demander avec la pleine assurance de la foi. La volonté de Dieu doit se réaliser d'après des moyens choisis par lui et il doit faire du bien à son peuple selon des conditions établies par lui, c'est-à-dire à l'aide de prières et de supplications. Le Fils de Dieu ne savait-il pas de façon certaine qu'il serait glorifié par le Père après sa mort et sa résurrection? Bien sûr que si. Cependant il le demande: «Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût»! (Jean 17:5) Ne savait-il pas qu'aucun parmi son peuple ne pouvait périr? Toutefois il supplia le Père en Lui de les garder! (Jean 17:11) Enfin la volonté de Dieu est immuable et nos pleurs ne peuvent la modifier. Quand l'Esprit de Dieu a décidé de ne pas faire de bien à un peuple, la prière la plus fervente et la plus insistante de la part de ceux prenant ses intérêts au sérieux ne peut changer sa volonté. «L'Éternel me dit: Quand Moïse et Samuel se présenteraient devant moi, je ne serais pas favorable à ce peuple. Chasse-le loin de ma face; qu'il s'en aille!» (Jer 15:1) Les prières de Moïse en vue d'entrer en terre promise constituent un cas identique.

 

Notre optique de la prière a besoin d'être révisée et rendue conforme à l'enseignement de l'Écriture à cet égard. Aujourd'hui, l'idée courante paraît être: «je viens en la présence de Dieu et lui demande ce que je désire, m'attendant à recevoir ce que je lui ai demandé». Cette façon de voir est extrêmement déshonorante et dégradante: elle réduit Dieu à un serviteur, le nôtre, accomplissant nos ordres, faisant notre bon plaisir, cédant à nos désirs. Tout au contraire, par la prière nous venons à Dieu, lui faisant part de nos besoins, lui remettant nos voies, et nous le laissons agir comme il lui semble bon. Cette attitude assujettit ma volonté à la sienne, au lieu, comme dans le premier cas, de chercher à soumettre sa volonté à la mienne. Aucune prière n'est agréable à Dieu si l'esprit n'en est: «Non pas ma volonté, mais la tienne.» Quand Dieu accorde ses bénédictions sur son peuple en prière, ce n'est pas en raison de leurs prières, comme s'il se laissait influencer et fléchir par elles, mais c'est pour lui et selon sa volonté et son plaisir souverain. Dirons-nous: «A quoi alors sert la prière?» C'est la manière et le moyen choisis par Dieu pour communiquer à son peuple les bénédictions de sa bonté. Car bien qu'il ait prévu, pourvu et promis ces bénédictions, il désire toutefois les accorder en réponse à la prière et c'est à la fois un devoir et un privilège que de les demander. Quand Dieu donne un esprit de prière, cela indique qu'il désire accorder les bénédictions demandées. Ces dernières doivent toujours être sollicitées dans la soumission à la volonté de Dieu «Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.»

 

Cette distinction contient une très grande importance pratique pour la paix du cœur. La prière non-exaucée éprouve le chrétien peut-être plus que toute autre chose. Demander à plusieurs reprises sincèrement et, autant qu'on puisse en juger, avec foi, croire en l'exaucement d'une requête précise et pourtant ne recevoir aucune réponse, représente une réelle difficulté. Dans beaucoup de cas la foi en l'efficacité de la prière s'affaiblit, puis l'espoir cède la place au désespoir et le trône de la grâce s'en trouve complètement négligé. N'est-ce pas exact?

 

Cependant, nous affirmons sans hésitation: toute véritable prière de foi a toujours été exaucée. Peut-être en serez-vous surpris? En disant cela, nous devons revenir à notre définition de la prière. Répétons-la. La prière consiste à entrer dans la présence de Dieu, à lui faire part de nos besoins (ou de ceux d'autrui), à lui remettre notre situation, puis à le laisser agir comme il le juge bon. Cette attitude permet à Dieu de répondre à la prière comme il le veut, et souvent sa réponse peut être l'opposé-même de nos pensées charnelles. Toutefois, si nous avons réellement laissé nos besoins entre ses mains, sa réponse nous parviendra. Prenons deux exemples.

 

Dans Jean 11 nous apprenons la maladie de Lazare. Le Seigneur «l'aimait», mais il était absent de Béthanie. Ses sœurs lui envoyèrent un message pour l'informer de l'état de leur frère. Remarquons particulièrement la façon dont leur appel était formulé: «Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade.» Ce fut tout. Elles ne lui demandèrent pas de guérir Lazare, ni de venir aussitôt à Béthanie. Elles se contentèrent de répandre devant lui leur besoin, remirent la situation entre ses mains et le laissèrent agir pour le mieux! Que fut la réponse du Seigneur? Répondit-il à leur appel et à leur requête silencieuse? Sans aucun doute, mais peut-être pas comme elles l'espéraient. Il répondit en demeurant «deux jours encore dans le lieu où il était» (Jean 11:6), et en permettant la mort de Lazare! Mais ce ne fut pas tout. Plus tard il se rendit à Béthanie et ressuscita Lazare d'entre les morts. En nous référant à cet exemple, nous cherchons à illustrer l'attitude appropriée du croyant en présence de Dieu à l'heure du besoin.

 

L'exemple suivant mettra plutôt l'accent sur la façon dont Dieu répond à son enfant dans le besoin. Prenons le passage de 2 Corinthiens 12. L'apôtre Paul a reçu un privilège à nul autre pareil. Il a été transporté dans les lieux célestes. Aucun autre homme n'avait connu cette expérience dans cette vie. Cette révélation merveilleuse dépassait ce que l'apôtre pouvait endurer et il courait le danger de «s'enorgueillir» de sa vision extraordinaire. Par suite une écharde dans la chair, messager de Satan, lui est envoyée pour le souffleter et l'empêcher ainsi de se glorifier outre mesure. L'apôtre répand son besoin devant le Seigneur; à trois reprises il le supplie de lui enlever cette écharde. Sa prière fut-elle exaucée? Sans aucun doute, mais non pas de la manière désirée. Il n'enleva pas «l'écharde», mais lui conféra la grâce de la supporter. Le fardeau ne lui fut pas ôté, mais la force de le porter lui fut accordée.

 

Notre privilège, objectera-t-on, ne va-t-il pas au-delà de la simple reconnaissance de nos besoins devant Dieu? Dieu ne nous a-t-il pas donné un chèque en blanc à remplir? Les promesses de Dieu ne sont-elles pas sans restriction: «Demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé»? (Jean 15:7) Si nous pensons ainsi, il est nécessaire de comparer différents passages de l'Écriture pour connaître toute la pensée de Dieu sur ce sujet. En fait, Dieu a restreint les promesses accordées à ses enfants: «Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute» (1 Jean 5:14). Prier véritablement, c'est entrer en communion avec Dieu, et créer une unité de pensée entre son esprit et le notre. Il doit remplir notre cœur de ses pensées et alors ses desseins deviendront les nôtres et retourneront à lui. Voici le lieu de rencontre entre la souveraineté de Dieu et la prière chrétienne: «Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute», et s'il n'en est pas ainsi, il ne nous écoute pas. Comme l'a dit l'apôtre Jacques, «Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions» (Jac 4:3).

 

Mais le Seigneur Jésus n'a-t-il pas dit à ses disciples, «En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera»? (Jean 16:23) Certes; mais cette promesse ne donne pas carte blanche aux chrétiens. Ces paroles du Seigneur s'accordent tout à fait avec celles de l'apôtre Jean: «Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute.» Que signifie demander «au nom de Christ»? De toute évidence il ne s'agit pas d'une simple formule de prière, ni de la conclusion de nos supplications par les mots «au nom de Christ». Il nous faut adresser à Dieu au nom de Christ des requêtes en accord avec son caractère. Prier au nom de Christ signifie prier comme si Christ lui-même était demandeur. Nous pouvons seulement demander à Dieu ce que Christ demanderait. Demander au nom de Christ revient donc à mettre notre volonté de côté et à accepter celle de Dieu!

 

Élargissons maintenant notre définition de la prière. Qu'est-ce que la prière? C'est moins un acte qu'une attitude de dépendance envers Dieu. La prière est la confession de la part de la créature de sa faiblesse et de son impuissance. La prière est la reconnaissance de nos besoins devant Dieu. Ce n'est certes pas tout, mais de loin l'élément essentiel et primordial. Nous sommes tout à fait incapables, nous le reconnaissons volontiers, de donner une définition complète de la prière en une ou plusieurs phrases. Elle consiste à la fois en une attitude et un acte, un acte humain, et pourtant l'élément divin s'y trouve aussi présent. Cette réalité rend impossible une analyse complète et même impie toute tentative d'y parvenir. Tout en admettant ceci, nous voulons cependant insister que la prière représente fondamentalement une attitude de dépendance envers Dieu. Par conséquent, prier ne consiste nullement à imposer sa propre volonté à Dieu. La prière étant une attitude de dépendance, quiconque prie véritablement se soumet à la volonté divine. Cette soumission revient à laisser le Seigneur pourvoir à nos besoins selon sa volonté souveraine. C'est pourquoi toute prière offerte à Dieu dans cet esprit, nous l'affirmons, recevra sans nul doute une réponse de sa part.

 

Voici la solution biblique à la difficulté soulevée au début. La prière ne consiste pas à demander à Dieu la modification de son plan ou l'établissement d'un nouveau. Elle est l'expression d'une attitude de dépendance envers Dieu, la reconnaissance de nos besoins devant lui, la demande de bénédictions en accord avec sa volonté. Par suite aucune contradiction ne subsiste entre la souveraineté de Dieu et la prière du chrétien.

 

Avant de clore ce chapitre nous aimerions éviter au lecteur de tirer une fausse conclusion de nos propos. Nous n'avons pas cherché ici à résumer l'ensemble de l'enseignement de l'Écriture sur le sujet de la prière, ni même de discuter en général du problème de la prière. Au contraire, nous nous sommes limités à considérer la relation entre la souveraineté de Dieu et la prière du chrétien. Notre démonstration est destinée principalement à contester la plupart de l'enseignement moderne, si prompt à mettre en valeur dans la prière l'élément humain au détriment du divin.

 

Dans Jérémie 10:23 nous lisons: «Ce n'est pas à l'homme, quand il marche, à diriger ses pas» (cf Prov 16:9); et pourtant, dans beaucoup de ses prières, l'homme prétend de façon impie diriger les intentions du Seigneur et lui dicter sa conduite. Il va même jusqu'à prétendre que, si seulement il avait la direction des affaires de ce monde et de l'Église, les choses seraient très vite différentes! Ce fait ne peut être nié: quiconque doué d'un peu de discernement spirituel ne peut manquer de déceler cet esprit dans un grand nombre de nos réunions de prière où les pensées charnelles dominent. Comme nous sommes longs à apprendre la nécessité pour la créature arrogante de s'humilier dans la poussière. C'est l'endroit précis où nous place l'acte même de la prière. Mais l'homme (avec sa perversité habituelle), transforme le marchepied en trône, d'où il voudrait dicter au Tout-Puissant sa conduite! Il donne l'impression que si Dieu possédait la moitié de la compassion de ses «suppliants», tout se réglerait sur le champ! Nous reconnaissons ici l'arrogance de la vieille nature même chez un enfant de Dieu.

 

Nous avons cherché principalement, dans ce chapitre, à mettre l'accent sur la nécessité de soumettre dans la prière notre volonté à celle de Dieu. Mais la prière est beaucoup plus qu'un exercice de piété ou qu'un acte machinal. Elle est en fait le moyen institué par Dieu pour recevoir de sa part les bénédictions demandées, mais à condition de demander celles qui s'accordent avec sa volonté. Ces pages auront été écrites en vain si elles ne conduisent pas à la fois l'auteur et le lecteur à réclamer avec une plus grande sincérité: «Seigneur, enseigne-nous à prier» (Luc 11:1).

 

CHAPITRE 9

NOTRE ATTITUDE FACE À LA SOUVERAINETÉ DE DIEU

«Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi» (Mat 11:26)

 

Dans ce chapitre nous considérerons assez brièvement l'application pratique à notre vie quotidienne de la grande vérité que nous venons d'étudier en détail dans les pages précédentes. Dans le prochain chapitre nous traiterons plus à fond de la valeur de cette doctrine, mais ici nous nous limiterons à une définition de l'attitude à adopter vis-à-vis de la souveraineté de Dieu.

 

Toute vérité révélée dans la Parole de Dieu ne l'est pas seulement pour notre information, mais aussi pour notre édification. La Bible ne nous a pas été donnée pour satisfaire une vaine curiosité, mais pour élever notre âme. La souveraineté de Dieu est plus qu'un principe abstrait expliquant le fonctionnement du gouvernement de Dieu: elle est destinée à engendrer la crainte de Dieu, et nous est révélée pour nous pousser à mener une vie juste et à soumettre à Dieu notre cœur rebelle. La véritable acceptation de la souveraineté divine est avant tout une source d'humilité: elle amène le cœur à se soumettre devant Dieu, nous poussant à abandonner notre volonté propre et à nous réjouir dans la compréhension et l'accomplissement de sa volonté.

 

Quand nous parlons de la souveraineté de Dieu, nous n'avons pas seulement à l'esprit l'exercice de la puissance gouvernementale de Dieu, bien qu'elle soit inclue dans l'expression elle-même. Comme nous l'avons remarqué dans un chapitre précédent la souveraineté est inhérente à la divinité même de Dieu. Il est avant tout celui dont le plaisir s'accomplit et dont s'exécute la volonté. Reconnaître, la souveraineté de Dieu revient effectivement à contempler le Souverain lui-même. C'est venir en la présence de «la majesté divine dans les lieux très-hauts». C'est avoir un aperçu du Dieu trois fois saint dans sa gloire merveilleuse. Nous pouvons examiner les effets d'un tel aperçu dans les divers passages de l'Écriture qui retracent l'expérience d'hommes ayant eu une révélation de Dieu.

 

Remarquons l'expérience de Job, celui dont le Seigneur lui-même a dit, «II n'y a personne comme lui sur la terre; c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal» (Job 1:8). A la fin du livre portant son nom, nous voyons Job dans la présence divine. Comment se conduit-il lors de son face à face avec l'Eternel? Voici ses paroles: «Mon oreille avait entendu parler de toi; mais maintenant mon œil t'a vu. C'est pourquoi je me condamne et je me repens, sur la poussière et sur la cendre» (Job 42:5,6). Ainsi, un aperçu de Dieu, révélé dans sa majesté redoutable, poussa Job à se haïr et, plus encore, à s'humilier devant le Tout-Puissant.

 

Examinons avec attention l'exemple d'Ésaïe. Au sixième chapitre de sa prophétie, une scène à nulle autre pareille dans l'Écriture nous est présentée. Le prophète contemple le Seigneur, «sur un trône très élevé». Au-dessus de ce trône se tiennent les séraphins au visage voilé, s'écriant, «Saint, saint, saint est l'Éternel des armées.» Quel est l'effet de cette vision sur le prophète? Nous lisons, «Alors je dis: Malheur à moi! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l'Éternel des armées» (Esa 6:5). La vision du Roi divin poussa Ésaïe à s'humilier dans la poussière, et l'amena à réaliser sa propre insignifiance.

 

Enfin considérons le prophète Daniel. Vers la fin de sa vie, cet homme de Dieu contempla le Seigneur lors d'une théophanie. Il apparut à son serviteur sous une forme humaine, «vêtu de lin, et ayant sur les reins une ceinture d'or» - symbole de sainteté et de gloire divine. Nous lisons: «Son corps était comme de chrysolithe, son visage brillait comme l'éclair, ses yeux étaient comme des flammes de feu, ses bras et ses pieds ressemblaient à de l'airain poli, et le son de sa voix était comme le bruit d'une multitude.» Daniel parle ensuite de l'effet produit par cette vision sur lui et ses compagnons. «Moi, Daniel, je vis seul la vision, et les hommes qui étaient avec moi ne la virent point, mais ils furent saisis d'une grande frayeur, et ils prirent la fuite pour se cacher. Je restai seul, et je vis cette grande vision; les forces me manquèrent, mon visage changea de couleur et fut décomposé, et je perdis toute vigueur. J'entendis le son de ses paroles; et comme j'entendais le son de ses paroles, je tombai frappé d'étourdissement, la face contre terre» (Dan 10:6-9). Une fois de plus, la vision du Dieu souverain anéantit la force de la créature, et amène l'homme à s'humilier dans la poussière devant son Créateur. Quelle devrait donc être notre attitude envers le suprême Souverain?

 

1. Une attitude de crainte respectueuse

Pourquoi aujourd'hui les foules sont-elles si profondément indifférentes face aux réalités éternelles et spirituelles et aiment-elles les plaisirs plus que Dieu? Pourquoi même sur le champ de bataille tant de soldats affichent-ils une si grande indifférence vis-à-vis du sort de leur âme? Pourquoi le mépris du ciel devient-il de plus en plus visible, flagrant et audacieux? La réponse est, «La crainte de Dieu n'est pas devant leurs yeux» (Rom 3:18). Pourquoi l'autorité de l'Écriture a-t-elle été bafouée récemment de façon si triste? Pourquoi, même parmi ceux professant être le peuple de Dieu, la soumission à sa Parole est-elle si rare, et ses préceptes sont-ils si peu estimés et si rapidement écartés? Combien la crainte de Dieu a besoin d'être soulignée aujourd'hui!

 

«La crainte de l'Eternel est le commencement de la science» (Prov 1:7). Heureuse l'âme ayant reçu cette crainte par un aperçu de la majesté de Dieu, par une vision de sa grandeur redoutable, de sa sainteté ineffable, de sa justice parfaite, de sa puissance irrésistible, et de sa grâce souveraine! Quelqu'un dira-t-il, «Mais seuls les inconvertis ont besoin de craindre Dieu»? Il nous suffira de répondre que l'Écriture exhorte les chrétiens, ceux qui sont en Christ, à mettre en œuvre leur salut avec «crainte et tremblement». Il fut un temps où il était courant de parler d'un croyant comme «d'un homme craignant Dieu». Cette expression a presque disparu et ce fait démontre combien cette vérité est tombée dans l'oubli. Néanmoins ce verset demeure, «Comme un père a compassion de ses enfants, l'Éternel a compassion de ceux qui le craignent»! (Ps 103:13)

 

Par crainte respectueuse nous n'entendons pas, bien sûr, une crainte servile, comparable à celle des païens vis-à-vis de leurs dieux. Il s'agit de l'esprit que l'Eternel a promis de bénir, auquel se réfère le prophète quand il écrit, «Voici sur qui je porterai mes regards: sur celui qui souffre et qui a l'esprit abattu, sur celui qui craint ma parole» (Esa 66:2). L'apôtre avait ce type de crainte à l'esprit quand il écrit, «Honorez tout le monde; aimez les frères; craignez Dieu; honorez le roi» (1 Pi 2:17). Et rien n'entretient cette crainte mieux que la reconnaissance de la majesté souveraine de Dieu.

 

2. Une attitude d'obéissance implicite

Un aperçu de Dieu conduit à la découverte de notre petitesse et de notre insignifiance; il nous pousse à devenir dépendants et à nous abandonner à Dieu. Un aperçu de la majesté divine suscite un esprit de crainte respectueuse envers Dieu et cette dernière engendre à son tour une vie d'obéissance. Voici l'antidote divin destiné à traiter le mal naturel de notre cœur. Par nature, l'homme est empreint du sentiment de sa propre importance, de sa grandeur et de son autosuffisance; en un mot, il est rempli d'orgueil et de révolte. Mais, comme nous l'avons remarqué, le grand remède réside dans la contemplation du Dieu puissant, car c'est l'unique moyen de rendre l'homme humble. Il se glorifiera soit en lui-même, soit en Dieu. Il vivra pour lui-même ou cherchera à plaire au Seigneur. «Nul ne peut servir deux maîtres.»

 

Le manque de respect envers Dieu engendre la désobéissance. Le monarque arrogant d'Égypte s'exclama, «Qui est l'Éternel, pour que j'obéisse à sa voix, en laissant aller Israël? Je ne connais point l'Éternel, et je ne laisserai point aller Israël» (Ex 5:2). Pour Pharaon le Dieu des Hébreux était seulement un dieu parmi d'autres, une entité impuissante ne méritant nullement d'être craint ou servi. Comme il se trompait et comme il dut payer amèrement son erreur, il le découvrit très vite. Nous cherchons ici à souligner que l'esprit méprisant de Pharaon était le fruit d'un manque de respect, lui-même conséquence de son ignorance de la majesté et de l'autorité de l'Être divin.

 

Au contraire, le véritable respect produira et suscitera l'obéissance. Prendre conscience que les Saintes Écritures sont une révélation du Très-Haut, nous communiquant son Esprit et nous définissant sa volonté, constitue le premier pas vers une sainteté vécue. Reconnaître que la Bible est la Parole de Dieu et que ses préceptes sont ceux du Tout-Puissant nous conduira à voir combien il est terrible de les dédaigner et de les ignorer. Recevoir la Bible comme un message personnel destiné à notre âme, provenant du Créateur, nous forcera à nous écrier avec le psalmiste, «Incline mon cœur vers tes préceptes... Affermis mes pas dans ta parole» (Ps 119:36,133). Une fois la souveraineté de l'Auteur de la Parole reconnue, il ne s'agit plus de choisir parmi les préceptes et les statuts de cette Parole, en sélectionnant ceux qui s'accordent à notre point de vue. Nous verrons que seule une soumission entière et sans réserve convient à la créature.

 

3. Une attitude d'acceptation totale

La véritable reconnaissance de la souveraineté de Dieu exclura toute plainte. Bien qu'il s'agisse d'une réalité évidente cette pensée mérite notre attention. Il est naturel de murmurer face à l'affliction et le deuil. Il nous est naturel de nous plaindre quand nous sommes privés des choses que nous aimons. Nous sommes enclins à considérer nos biens comme nous appartenant de façon inconditionnelle. Nous pensons que comme nous avons établi nos plans avec prudence, le succès doit nous être assuré. Quand, à force de travail, nous avons acquis une situation enviable, nous estimons que nous méritons de la conserver et d'en jouir. Quand nous sommes entourés d'une famille heureuse, nous ne reconnaissons à personne le droit d'en rompre le charme en frappant un être cher. Si, dans l'un ou l'autre de ces cas la déception, la faillite ou la mort survient, le cœur humain perverti se révoltera instinctivement contre Dieu. Mais chez celui qui par grâce, a reconnu la souveraineté de Dieu, ces murmures cèdent la place à une humble soumission à la volonté divine et à l'acceptation d'une affliction reconnue comme en deçà de celle qu'il mérite (Esd 9:13).

 

La compréhension véritable de la souveraineté de Dieu permettra de reconnaître à Dieu le droit d'agir avec nous comme il l'entend. Quiconque s'incline devant la volonté du Tout-Puissant reconnaîtra son droit absolu d'agir avec nous comme il lui semble bon. S'il choisit de nous envoyer la pauvreté, la maladie, le deuil, quand bien même une profonde tristesse nous envahira, nous dirons: «Celui qui juge toute la terre n'exactera-t-il pas la justice?»

Souvent, nous aurons à lutter, car les tendances de la chair demeurent avec le croyant jusqu'à la fin de son pèlerinage terrestre. Quand bien même dans son cœur la tempête fait rage, une voix se fera entendre chez celui qui a véritablement accepté cette merveilleuse vérité disant, comme jadis au turbulent lac de Galilée, «Silence! tais-toi!» Le flot tempestueux se calmera et l'âme soumise tournera un regard plein de larmes mais confiant vers le ciel et dira, «Que ta volonté soit faite!»

 

Une illustration frappante d'une âme s'inclinant devant la volonté souveraine de Dieu nous est donnée par l'histoire d'Éli, souverain sacrificateur en Israël. Dans 1 Samuel 3 nous apprenons comment Dieu révéla au petit Samuel sa décision de faire mourir les deux fils d'Éli en raison de leur méchanceté, et le lendemain Samuel communiqua son message au vieux prêtre. Il est difficile de concevoir une nouvelle plus effroyable pour le cœur d'un père croyant. L'annonce de la mort soudaine de son enfant est de toute évidence une très grande épreuve pour un père. Mais quelle nouvelle accablante que d'apprendre la mort de ses deux fils, dans la fleur de l'âge, mais sous la colère divine! Cependant quel fut l'effet produit sur Éli quand Samuel lui apprit la tragique nouvelle? Quelle fut sa réponse? «Et Eli dit; C'est l'Éternel, qu'il fasse ce qui lui semblera bon!» (1 Sam 3:18) Aucune autre parole ne sortit de sa bouche. Quelle soumission merveilleuse! Quelle résignation sublime! Il s'agit d'un exemple admirable de la puissance de la grâce divine, capable de contrôler les affections les plus fortes du cœur humain et de maîtriser la volonté rebelle, l'amenant à une soumission sans murmure à la volonté souveraine de l'Éternel.

 

Un autre exemple aussi frappant nous est fourni par la vie de Job. Comme chacun le sait, Job craignait Dieu et se détournait du mal. Si quelqu'un pouvait s'attendre à la faveur de la providence divine - nous parlons ici à la manière des hommes - c'était Job. Toutefois, que se passa-t-il? Pour un temps tout alla bien. Le Seigneur remplit son carquois en lui donnant sept fils et trois filles. Il lui accorda le succès et multiplia ses biens matériels. Mais soudain tout s'assombrit. En un seul jour, Job perdit non seulement ses troupeaux, mais ses fils et ses filles. Son bétail lui fut volé et ses enfants furent tués par une tempête. Comment reçut-il la nouvelle? Écoutez ses paroles admirables: «L'Eternel a donné, et l'Eternel a ôté». Il s'inclina devant la volonté souveraine de l'Eternel. Il considéra la cause première de ses afflictions. Il regarda derrière les Sabéens et au-delà de la tempête, responsables respectivement de la disparition de ses troupeaux et de la mort de ses enfants, et il vit la main de Dieu. Mais Job ne reconnut pas seulement la souveraineté de Dieu, il s'en réjouit. Aux paroles, «L'Eternel a donné, et l'Eternel a Ôté», il ajouta, «Que le nom de l'Eternel soit béni!» (Job 1:21) Quelle soumission exemplaire! Quelle résignation admirable! La reconnaissance véritable de la souveraineté de Dieu nous pousse à soumettre tous nos projets à la volonté de Dieu. Nous nous rappelons un incident survenu en Angleterre au début de ce siècle. La reine Victoria était décédée et la date du couronnement de son fils aîné, Edward, avait été fixée pour le mois d'avril, 1902. Sur tous les faire-parts envoyés, deux petites lettres avaient été omises - DV - Dieu voulant. Les préparatifs suivirent leur cours et tout fut prêt pour les célébrations impressionnantes propres à ce grand événement. Les rois et les empereurs du monde entier avaient été invités à assister à la cérémonie royale. Les faire-parts du prince furent imprimés et envoyés, mais à notre connaissance les deux lettres DV ne figuraient sur aucun d'eux. Un programme très impressionnant était établi et le fils de la reine devait être couronné sous le titre d'Edward VII à l'Abbaye de Westminster à une heure et à un jour précis. Mais Dieu intervint et tous les plans humains furent anéantis. Une petite voix se fit entendre, «Vous n'avez pas compté avec moi»: le prince Edward fut pris d'une crise d'appendicite, et son couronnement fut remis à des mois plus tard!

 

En effet, la reconnaissance véritable de la souveraineté de Dieu nous force à soumettre nos plans à sa volonté. Cela nous amène à reconnaître que le divin Potier a un pouvoir absolu sur l'argile et qu'il la forme selon sa propre volonté. Nous sommes ainsi amenés à considérer avec attention le passage de Jacques - «A vous maintenant, qui dites: Aujourd'hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous trafiquerons, et nous gagnerons! Vous qui ne savez pas ce qui arrivera demain! car, qu'est-ce que votre vie? Vous êtes une vapeur qui paraît pour un peu de temps, et qui ensuite disparaît. Vous devriez dire, au contraire: Si Dieu le veut, nous vivrons, et nous ferons ceci ou cela» (Jac 4:13-15). Nous devons en effet nous en remettre à la volonté du Seigneur. C'est à lui de décider de l'endroit où je vivrai (Actes 17:26). C'est à lui de déterminer les circonstances de ma vie - la richesse ou la pauvreté, la santé ou la maladie. C'est à lui de fixer la durée de ma vie - si je serai retranché dans la fleur de l'âge ou si je vivrai jusqu'à soixante-dix ans. Apprendre réellement cette leçon revient, par grâce, à atteindre un niveau très élevé dans l'école divine. Même quand nous croyons l'avoir saisie, nous découvrons à maintes reprises notre besoin de la réapprendre.

 

4. Une attitude de reconnaissance et de joie profondes

La compréhension dans le cœur de cette merveilleuse vérité de la souveraineté de Dieu n'engendre nullement l'acceptation morose de l'inévitable - La philosophie de ce monde en perdition ne connaît rien de mieux que de «tirer le meilleur parti d'une mauvaise situation». Mais pour le chrétien il devrait en être bien autrement. La reconnaissance de la suprématie divine devrait non seulement engendrer en nous une crainte respectueuse, une obéissance implicite envers Dieu et l'acceptation totale de sa volonté, mais nous pousser à proclamer avec le psalmiste, «Mon âme, bénis l'Eternel! Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom!» L'apôtre n'a-t-il pas écrit, «Rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ»? (Éph 5:20) C'est là que notre attitude est un test de notre condition spirituelle. Malheureusement, notre volonté propre est si tenace en chacun de nous. Quand tout se passe comme nous le voulons, nous paraissons très reconnaissants envers Dieu; mais, qu'en est-il quand nos plans et nos désirs ne se réalisent pas?

 

Quand un chrétien véritable entreprend un voyage en train, par exemple, et arrive à destination sain et sauf, il rend grâces à Dieu, lui attribuant ainsi le contrôle de toutes choses; sinon il lui faudrait seulement remercier le conducteur et les employés des chemins de fer. Dans le domaine des affaires, à la fin d'une bonne semaine, un commerçant chrétien exprime sa gratitude au Dispensateur de toute grâce excellente et de tout don parfait, responsable de l'entrée de chaque client dans son magasin. Bien sûr, tout chrétien n'aura aucune peine à voir la main de Dieu dans ces bénédictions. Mais imaginons des situations très différentes. Supposons que mon train ait été retardé de plusieurs heures, qu'un autre soit entré en collision avec lui, et que je sois blessé! Ou j'ai eu une mauvaise semaine dans mes affaires, la foudre a mis le feu à mon magasin ou des cambrioleurs s'y sont introduits et l'ont pillé. Qu'en sera-t-il? Verrai-je la main de Dieu dans ces événements-là?

 

Prenons encore le cas de Job. Lorsque des épreuves répétées traversèrent sa route, que fit-il? Pleura-t-il sur son «infortune»? Maudit-il les voleurs? Murmura-t-il contre Dieu? Non; il s'inclina devant lui et l'adora. Cher lecteur, votre pauvre cœur ne connaîtra aucun réel repos tant que vous n'aurez pas appris à voir la main de Dieu en toutes choses. Mais, pour y parvenir, votre foi doit s'exercer sans cesse. Qu'est-ce que la foi? Une croyance aveugle? Une acceptation fataliste? Non, loin de là! Elle consiste à s'appuyer sur la Parole certaine du Dieu vivant, à dire: «Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein» (Rom 8:28). En conséquence, la foi saura rendre grâces «sans cesse et pour toutes choses». La foi en action se réjouira toujours dans le Seigneur (Phil 4:4).

 

Considérons maintenant comment cette reconnaissance de la souveraineté de Dieu, (source en nous d'une crainte respectueuse, d'une obéissance implicite, d'une totale acceptation, d'une gratitude et d'une joie profondes), se révéla de façon suprême et parfaite chez le Seigneur Jésus-Christ. Il nous a laissé en toutes choses un exemple à suivre. Mais cette constatation est-elle valable en rapport avec la première attitude mentionnée? Les mots «une crainte respectueuse» peuvent-ils se référer à la personne unique de Jésus? «La crainte respectueuse», ne l'oublions pas, ne signifie pas une terreur servile, mais plutôt la soumission et le respect d'un fils envers son père. Rappelons-nous également que «La crainte de l'Eternel est le commencement de la science.» Ne serait-il pas alors étrange si aucune mention d'une telle «crainte respectueuse» ne figurait en rapport avec celui qui incarne la sagesse? Hébreux 5:7 est un passage merveilleux et précieux: «C'est lui qui, dans les jours de sa chair, ayant présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété...» («piété» signifie «crainte respectueuse»). «La crainte respectueuse», elle seule, amena le Seigneur Jésus à «se soumettre» à Marie et Joseph dans son enfance. Dans le passage de Luc 4:16, «II se rendit à Nazareth, où il avait été élevé, et, selon sa coutume, il entra dans le synagogue le jour du sabbat», Jésus ne manifeste-t-il pas une crainte respectueuse - soumission filiale et respect envers Dieu? Cette «crainte respectueuse» ne poussa-t-elle pas le Fils incarné à déclarer au moment de la tentation, «II est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul»? Cette «crainte respectueuse» ne ramena-t-elle pas à dire au lépreux, «Va te montrer au sacrificateur, et présente l'offrande que Moïse a prescrite»? (Mat 8:4) Mais pourquoi multiplier les illustrations?

 

Quelle obéissance parfaite le Seigneur Jésus offrit à Dieu le Père! En y réfléchissant, ne perdons pas de vue la grâce merveilleuse qui le poussa, lui «existant en forme de Dieu», à s'abaisser et à prendre «une forme de serviteur» et ainsi à être amené à l'endroit où l'obéissance devenait nécessaire. Comme un serviteur parfait il obéit totalement à son Père. Le caractère absolu et entier de son obéissance nous est révélé par les paroles: «II s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix» (Phil 2:8). Cette obéissance était consciente et intelligente comme le démontre le passage suivant: «Le Père m'aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l'ôte, mais je la donne de moi-même; j'ai le pouvoir de la donner, et j'ai le pouvoir de la reprendre: tel est l'ordre que j'ai reçu de mon Père» (Jean 10:17,18).

 

Et que dirons-nous de l'acceptation absolue par le Fils de la volonté du Père sinon qu'il existait entre eux une unité et un accord parfaits? Il déclara, «Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé» (Jean 6:38), et quiconque l'a suivi avec attention dans l'Écriture connaît la perfection de son engagement. Contemplons-le à Gethsémané! La coupe arrière lui est tendue par les mains du Père. Notons bien son attitude. Apprenons de lui, doux et humble de cœur. Là, dans le jardin, n'oublions pas, nous voyons la Parole faite chair - un homme parfait. Son corps entier tremble à la pensée de ses souffrances physiques qui l'attendent. Sa nature pure et sensible appréhende l'ignominie horrible. Son cœur se brise en raison de l'opprobre épouvantable à venir; son esprit se trouble profondément à la pensée du conflit terrible qu'il va livrer contre les puissances des ténèbres. Mais avant tout, son âme se remplit d'horreur à la pensée d'être séparé de Dieu lui-même (Cette notion traditionnelle est complètement fausse, car Jésus est Lui-même Dieu, il ne peut donc être séparé de Dieu. Un Dieu séparé de Lui-même ne peut être Dieu. Dans sa forme corporelle, e Père en tant que Fils se soumit Lui-même au plan de Rédemption qu’il avait désigné de toute éternité pour le rachat de ses élus en payant pour leurs transgressions dans son sacrifice sur la croix. Dans son décret éternel il était destiné à mourir sur la croix et il accepta son destin en toute humilité, étant pleinement conscient des souffrances qu’il était pour subir en faveur de ses élus.). Là, dans le jardin, il répand son âme devant le Père qui était en Lui et dont il était la forme visible du Dieu invisible, «avec de grands cris et avec larmes». Maintenant écoutons avec une attention respectueuse ses paroles en cette heure d'angoisse: «Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne» (Luc 22:42). Il s'agit du comble de la soumission, la résignation à la volonté d'un Dieu souverain démontrée de façon suprême, car l’amour de Dieu est un amour sacrificiel, un renoncement, une résignation totale, et non un sentiment d’affection et de tendresse comme chez les humains. Il nous a laissé un exemple à suivre. Lui, Dieu devenu homme, tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché afin de nous montrer comment nous comporter en tant que créatures. La prophétie de l'Ancien Testament a aussi déclaré: «L'Esprit de l'Éternel reposera sur lui: Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Éternel» (Esa 11:2).

 

Ci-dessus, nous avons posé la question: que dirons-nous de l'acceptation absolue de la volonté du Père par Christ ? Ici, comme partout, il fut unique, incomparable. En toutes choses, il a la prééminence. Chez le Seigneur Jésus aucune volonté rebelle ne devait être brisée, rien ne devait être dompté dans son cœur. C'est pourquoi il déclare dans le langage de la prophétie, «Je suis un ver et non un homme» (Ps 22:7) - un ver ne possède aucune puissance de résistance! C'est pourquoi il pouvait affirmer, «Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé» (Jean 4:34). Parce qu'il était en parfait accord avec le Père en Lui, puisqu’il était Lui-même le Père manifesté dans la chair comme Fils, il pouvait dire, «Je veux faire ta volonté, mon Dieu! Et ta loi est au fond de mon cœur» (Ps 40:9). Remarquons cette dernière phrase et admirons son excellence sans pareille. Dieu doit mettre ses lois dans notre esprit et les écrire dans notre cœur (cf Héb 8:10), mais sa loi était déjà dans le cœur de Christ! En fait, l’œuvre de la loi est écrit dans le cœur de tous les hommes (Romains 2:15). Cette loi fut codifiée par Moïse sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu et donnée au peuple Hébreu afin d’ouvrir le chemin vers le Messie promit depuis le début des temps (Genèse 3:15) pour le rachat des enfants de la promesse, les élus. Les principes de cette loi divine, qui furent fixés sur la conscience du peuple Hébreu, devinrent la base de l’Ancienne Alliance qui devait faire place à la Nouvelle Alliance dans le sang de Christ.

 

Quelle illustration admirable et frappante de la gratitude et de la joie de Christ trouvons-nous dans le passage de Matthieu 11 ! Nous y contemplons d'abord, la faiblesse de la foi de son précurseur (v.12 et 13), puis, le mécontentement du peuple, insatisfait du joyeux message de Christ comme du message solennel de Jean (v 16-20). En troisième lieu, l'impénitence des villes favorisées où les œuvres les plus extraordinaires avaient eu lieu (v 21-24). Enfin nous lisons, «En ce temps-là, Jésus prit la parole, et dit: Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants»! (v. 25) Le passage parallèle dans Luc 10 commence par ces mots, «En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint-Esprit et il dit: Je te loue, Père...» Voici la soumission la plus absolue. Créateur du monde, certes, mais, au jour de son humiliation, et face à son rejet, il se soumet avec reconnaissance et avec joie à la volonté du «Seigneur du ciel et de la terre».

 

5. Une attitude d'adoration

II a été écrit à juste raison: «La véritable adoration se fonde sur une grandeur reconnue et celle-ci se voit de façon suprême dans la souveraineté. Les hommes n'adoreront jamais vraiment devant un autre trône.» Dans la présence du Roi divin sur son trône, même les séraphins «se voilent la face». La souveraineté divine n'est pas la domination d'un despote tyrannique, mais l'activité de la volonté de celui qui est doué d'une sagesse et d'une bonté infinies! En raison de sa sagesse infinie, il ne peut se tromper, et en raison de sa sainteté infinie, il ne peut mal agir. Là se trouve la grande valeur de cette vérité. La réalisation du caractère irrésistible et irréversible de la volonté de Dieu me remplit de crainte; mais quand je réalise que Dieu désire seulement mon bien, mon cœur se réjouit.

 

Voici l'ultime réponse à la question de ce chapitre. Quelle devrait être notre attitude face à la souveraineté de Dieu? Une attitude de crainte respectueuse, d'obéissance implicite, de soumission et d'acceptation sans réserve. Mais ce n'est pas tout: reconnaître la souveraineté de Dieu et réaliser que ce souverain est mon Père, mon Créateur et mon Sauveur, devrait me bouleverser et me pousser à m'incliner devant lui et à l'adorer. En tout temps je dois dire: «Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi» (Mat 11:26).

 

CHAPITRE 10

LA VALEUR DE CETTE DOCTRINE

«Toute l'Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre» (2 Timothée 3:16,17)

 

"Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner..." Par ses doctrines et enseignements, l'Écriture nous révèle les grandes réalités concernant Dieu, notre relation avec lui, le salut, la grâce et la gloire. Par la doctrine (avec la puissance du Saint-Esprit ou Sainte Présence de Christ) les croyants sont nourris et édifiés. Partout où elle négligée, la croissance dans la grâce et l'efficacité du témoignage pour Christ en souffrent obligatoirement. De nos jours la doctrine, il est triste de le constater, est décriée comme étant "théorique". En réalité elle constitue le fondement de la vie pratique. Il existe un lien inséparable entre le contenu de la foi et le vécu: "Car il est tel que sont les pensées de son âme" (Proverbes 23:7). Entre la vérité divine et le caractère chrétien réside une relation de cause à effet: "Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira" (Jean 8:32). La vérité nous affranchit de l'ignorance, des préjugés, de l'erreur, des ruses de Satan et de la puissance du mal. Si la vérité n'est pas "connue", cette liberté n'existe pas. Remarquons l'ordre des mots dans le passage cité en exergue. L'Écriture est utile, tout d'abord, pour enseigner (pour la doctrine). Le même ordre apparaît dans toutes les épîtres, surtout dans les grands traités doctrinaux de l'apôtre Paul. Dans l'Épître aux Romains, pas une seule exhortation pratique ne figure dans les cinq premiers chapitres. Dans l'Épître aux Éphésiens, aucune n'est présente avant le quatrième chapitre. L'ordre est toujours le même: d'abord l'exposé de la doctrine, puis les exhortations destinées à la marche chrétienne quotidienne.

 

La substitution d'une soi-disante "prédication pratique" à l'enseignement doctrinal est à l'origine d'un grand nombre de maux affligeant l'Église aujourd'hui. La superficialité, le manque de discernement et le peu de compréhension des vérités fondamentales du christianisme, proviennent du si petit nombre de croyants affermis dans la foi par l'enseignement et l'étude personnelle des études de la grâce. Sans une conviction profonde concernant la doctrine de l'inspiration divine des Écritures - leur inspiration plénière et verbale - aucun fondement solide de la justification n'a aucune assurance véritable et ne comprend pas la base de son acceptation en Christ. Celui qui n'est pas familier avec la doctrine biblique de la sanctification est vulnérable à toutes les erreurs du "perfectionnisme" ou à d'autres enseignements erronés. Nous pourrions continuer ainsi en citant toutes les doctrines chrétiennes. L'incapacité de l'Église à surmonter la marée sans cesse croissante de l'infidélité provient de son ignorance de la doctrine. Des milliers de chrétiens sont captivés par les nombreuses fausses doctrines à la mode, en grande partie à cause l'ignorance de la vraie doctrine. Le temps est maintenant arrivé où beaucoup d'Églises "ne supporteront la saine doctrine" (2 Timothée 4:3), mais accepteront volontiers de faux enseignements. La doctrine, il est vrai, comme tout dans l'Écriture, peut être étudiée d'un point de vue froidement intellectuel. Elle laissera alors le cœur insensible, et paraîtra sèche et inutile. Mais convenablement reçu et méditée en vue de son application pratique, elle conduira toujours à une connaissance plus profonde de Dieu et des richesses insondables de Christ.

 

La doctrine de la souveraineté de Dieu ne consiste pas en un simple dogme métaphysique dénué de valeur pratique. Elle est, au contraire, destinée à produire un effet puissant sur le caractère et la marche quotidienne du chrétien. Cette doctrine constitue le fondement de la théologie chrétienne. Son importance la situe immédiatement après celle de l'inspiration divine de l'Écriture. Il s'agit du centre de gravité de la vérité chrétienne; la terre fixe et immobile autour duquel gravitent le soleil et les planètes secondaires; le fil qui tient en place comme autant de perles toutes les autres doctrines, leur conférant leur unité. C'est le fil à plomb par lequel toute croyance doit être éprouvée; la balance avec laquelle tout dogme doit être pesé. Elle sert d'ancre à notre âme au sein des tempêtes de la vie. La doctrine de la souveraineté de Dieu est une consolation divine propre à rafraîchir notre esprit. Elle influence à la fois les sentiments de notre cœur et la conduite de notre vie. Elle suscite la reconnaissance dans la prospérité et la patience dans l'adversité. Elle offre le réconfort pour le temps présent et un sentiment de sécurité concernant l'avenir inconnu. Elle représente et accomplit tout ceci et plus encore, car elle attribue à Dieu, notre Admirable Esprit des vivants la gloire qui lui revient, et met la créature à sa place devant lui, c'est-à-dire, prostrée dans la poussière.

 

Considérons maintenant la valeur de cette doctrine en détail:

1. Elle approfondit notre respect pour la personne divine

La doctrine de la souveraineté de Dieu exposée dans l'Écriture offre une vision élevée de toutes les perfections divines. Elle maintient ses droits comme Créateur. Elle affirme avec force: «Pour nous il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et en qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et pour qui nous sommes» (1 Corinthiens 8:6). Ses droits, déclare-t-elle, sont ceux du potier façonnant l'argile et formant de vases de quelque type et pour quelque utilisation qu'il décide. Elle atteste: «Tu as créé toutes choses, et c'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles ont été créées» (Apocalypse 4:11). Nul, insiste-t-elle, n'est accrédité à contester avec Dieu. Au contraire, la seule attitude convenable pour la créature est de se soumettre respectueusement devant lui. Ainsi la compréhension de la suprématie absolue de Dieu est d'une très grande importance pratique. En effet, si nous n'avons une juste conception de sa souveraineté suprême, il ne sera jamais honoré par nos pensées, ni ne recevra sa juste place dans notre cœur et dans notre vie.

Cette doctrine présente le caractère insondable de la sagesse divine. Dieu, possédant une sainteté infinie, a permis toutefois au mal de pénétrer dans la merveilleuse création en établissant la loi d’interdiction (Genèse 2:17). Détenteur de toute puissance, il a, cependant, laissé Satan, l’esprit de la nature humaine, lui livrer bataille depuis déjà des millénaires. Il est l'incarnation parfaite de l'amour; mais il n'a pas épargné son propre Fils. Il est le Dieu de toute grâce; mais tous ne participent pas au bénéfice de celle-ci. Nous rencontrons ici de profonds mystères ! L'Écriture ne le nie pas, mais reconnaît leur existence: «Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu !Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles !» (Romains 11:33).

 

Cette doctrine révèle le caractère irréversible de sa volonté: ces choses «sont connues (par le Seigneur) de toute éternité» (Actes 15:18). Depuis le commencement, Dieu a décidé de se glorifier «dans l'Église et en Jésus-Christ, dans toutes les générations, aux siècles des siècles !» (Éphésiens 3:21) Il créa le monde et forma l'homme à cette fin. Son plan plein de sagesse ne fut pas réduit à néant quand l'homme pécha: nous voyons que la chute fut prévue en ce que l'Agneau fut «immolé dès la fondation du monde» (Apocalypse 13:8). Le dessein de Dieu ne sera pas anéanti non plus par la méchanceté des hommes depuis la chute. Les paroles du psalmiste le confirment: «L'homme te célèbre même dans sa fureur» (Psaumes 76:11). Dieu est tout-puissant et, par suite, nul ne peut s'opposer à sa volonté. Ses desseins ont été décidés de toute éternité, et se réaliseront sans aucun changement jusque dans l'éternité future. Ils incluent toutes ses œuvres et contrôlent tous les événements. «Il opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté». Ni homme ni diable ne peut lui résister avec succès. C'est pourquoi il est écrit: «L'Éternel règne: les peuples tremblent» (Psaumes 99:1).

 

Cette doctrine exalte sa grâce. La grâce est une faveur imméritée, destinée à ceux qui ne méritent rien, sinon l'enfer et qui n'ont aucun droit. A cause de cela, elle est gratuite et peut se manifester envers le pire des pécheurs. Comme la grâce s'exerce envers ceux dépourvus de tout mérite, elle est souveraine. En d'autres termes, Dieu accorde sa grâce à qui il veut. Certains seront condamnés pour leurs péchés, a décrété la souveraineté divine, pour montrer la fin méritée par tous. Mais la grâce intervient et soustrait d'une humanité perdue «un peuple pour son nom», qui sera pour l'éternité un monument à la gloire de sa faveur insondable. La grâce souveraine révèle la puissance de Dieu capable de briser l'opposition du cœur humain, de dompter l'inimitié de «l'affection de la chair», et de nous amener à l'aimer car il nous a aimés le premier.

 

2. Elle constitue le fondement de toute véritable spiritualité

Cette affirmation découle naturellement du raisonnement tenu ci-dessus. Si seule la doctrine de la souveraineté divine donne à Dieu sa juste place, elle seule peut aussi fournir une base solide à l'exercice de la piété. Aucun progrès n'est possible dans la vie chrétienne avant d'éprouver envers lui une crainte respectueuse et le désir de le servir comme Seigneur. Nous lisons l'Écriture en vain si nous ne nous en approchons dans le but véritable de mieux connaître la volonté de Dieu à notre égard. Tout autre mobile est égoïste, totalement inadéquat et indigne. Toute prière présentée à Dieu n'est qu'une présomption charnelle si elle n'est pas «soumise à sa volonté». Toute prière formulée sur une autre base revient à «demander mal», dans le but de satisfaire nos passions. Notre service ne sera qu'une «œuvre morte» si nous ne l'accomplissons pour la gloire de Dieu. La vraie spiritualité consiste principalement à saisir, à accepter et à accomplir la volonté de Dieu, et cela consiste à soumettre notre volonté à sa Volonté Suprême en toutes choses. Nous sommes destinés à être «semblables à l'image de son Fils», dont la nourriture fut toujours d'accomplir la volonté de celui qui l'avait envoyé. Tout chrétien est rendu «conforme» en pratique, dans sa vie quotidienne, selon la mesure où il obéit à la Parole du Seigneur: «Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur» (Matthieu 11:29).

 

3. Elle réfute l'hérésie du salut par les œuvres

«Telle voie paraît droite à un homme, mais son issue, c'est la voie de la mort» (Proverbes 14:12). Cette voie qui conduit à la mort éternelle équivaut au salut par l'effort et le mérite humains. On peut la nommer aussi le salut par le choix ou décision personnelle puisque faire un choix est une œuvre de la volonté. La foi dans le salut par les œuvres s'accorde bien à la nature humaine. Elle ne prend pas nécessairement une forme évidente telle la "pénitence" catholique, ou même les "remords" protestants, c'est-à-dire une tristesse vis-à-vis du péché. Cela ne représente jamais la signification complète de la repentance dans l'Écriture puisque celle-ci est une reconsidération de l’importance que l’homme se donne à lui-même, face à l’importance que Christ détient de toute éternité. Mais toute tentative d'attribuer à l'homme une rôle décisif dans son salut provient de la même erreur fondamentale.

 

Affirmer, comme malheureusement le font beaucoup de prédicateurs, «Dieu est prêt à faire sa part si vous faites la vôtre», revient à nier l'Évangile de la grâce de façon lamentable et inexcusable ! Déclarer «Aide-toi, le ciel t'aidera», consiste à rejeter l'une des vérités les plus précieuses enseignées dans la Bible, et dans la Bible seule. En réalité, Dieu aide ceux qui, ayant essayé et échoué à maintes reprises, sont dans l'incapacité de s'aider eux-mêmes. Reconnaître le rôle décisif dans le salut de la propre volonté du pécheur est une variante du dogme, déshonorant pour Dieu, du salut par les efforts humains. En dernier lieu, toute décision de la volonté représente une œuvre: je l'accomplis, elle provient donc de moi. Mais la doctrine de la souveraineté de Dieu met la cognée à la racine de ce mauvais arbre en déclarant: «Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde» (Romains 9:16). Quelqu'un dira-t-il, «Cette doctrine conduira le pécheur au désespoir»? Certes, mais nous désirons précisément susciter ce désespoir car c'est seulement quand le pécheur désespère de tout effort venant de lui, qu'il s'abandonnera dans les bras de la grâce souveraine. Si le Saint-Esprit le convainc de sa propre impuissance, alors il reconnaîtra son état de perdition et criera à Dieu: «Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur», et son cri sera entendu. Je me permets un témoignage personnel. Au cours de mon ministère, les messages portant sur la corruption humaine et l'incapacité du pécheur d'accomplir tant soi peu par lui-même, et sur le rôle indispensable de la grâce souveraine de Dieu furent, je l'ai découvert, les plus bénis pour le salut des âmes. Nous le répétons encore, le sentiment de notre totale incapacité constitue la première condition à une véritable conversion. Aucun salut n'est possible si l'homme continue à compter sur lui-même au lieu de se tourner vers Dieu seul !

 

4. Elle est profondément humiliante pour la créature

Cette doctrine de la souveraineté de Dieu constitue un véritable bélier pour battre en brèche l'orgueil humain. A cet égard elle établit un contraste marqué avec «les doctrines de hommes». L'esprit de notre époque consiste essentiellement à s'enorgueillir et à se glorifier dans la chair. Cela se voit même dans les prétendues églises dites chrétiennes. Les réalisation de l'homme, son développement et ses progrès, sa grandeur et son autosuffisance représentent le sanctuaire où le monde adore aujourd'hui. Mais la vérité de la vérité de la souveraineté de Dieu, avec tous ses corollaires, ne laisse aucune place à l'orgueil humain. Elle inculque au contraire un esprit d'humilité. Le salut, déclare-t-elle, vient de l'Éternel du début jusqu'à la fin. Il est «de lui, par lui et pour lui». Le Seigneur, insiste-t-elle, doit non seulement y pourvoir, mais l'appliquer; non seulement commencer, mais achever son œuvre de salut dans notre âme; non seulement nous délivrer, mais nous garder jusqu' à la fin. Le salut, enseigne-t-elle, est «par grâce, par le moyen de la foi». Ainsi toutes nos œuvres antérieures à la conversion, bonnes ou mauvaises, ne servent à rien pour nous l'acquérir. Cette doctrine déclare: nous sommes «nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme mais de Dieu» (Jean 1:13). Toutes ces constatations sont très humiliantes pour le cœur de l'homme toujours désireux de contribuer au prix de son rachat et d'accomplir des œuvres propres à satisfaire son orgueil et son amour-propre ! En fait, le christianisme contrefait moderne a même changé la justification par la foi en une justification par le choix afin de glorifier la dignité humaine.

 

Mais si cette doctrine nous rend humbles, elle nous conduit à louer Dieu. Si, à la lumière de cette souveraineté divine, nous avons vu notre propre indignité et incapacité, nous nous écrierons sans nul doute avec le psalmiste: «Toutes mes sources sont en toi» (Psaumes 87:7). Par nature nous sommes des «enfants de colère». Par nos actes rebelles au gouvernement de Dieu nous étions exposés à juste titre à la «malédiction de la loi». Dieu n'était nullement obligé de nous sauver de son ardente colère. Néanmoins, il a livré son Fils bien-aimé pour nous tous. Comme cette grâce et cet amour doivent fondre notre cœur ! Combien la compréhension de cette vérité nous poussera à nous écrier dans l'adoration et la gratitude: «Non pas à nous, Éternel, non pas à nous, mais à ton nom donne gloire, à cause de ta bonté, à cause de ta fidélité !» (Psaumes 115:1). Combien chacun de nous reconnaîtra volontiers: «Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis !» (1 Corinthiens 15:10). Et nous nous exclamerons dans la louange et l'émerveillement: - «Pourquoi ai-je été amené à entendre sa voix, Et à entrer quand encore il était temps, Quand des milliers font le mauvais choix (?) Et préféreraient mourir que de venir ? Le même amour à l'origine du festin nous a doucement contraints à entrer; Sinon nous aurions refusé d'y prendre part et aurions péri dans notre péché.» (Isaac Watts)

 

5. Elle confère un sentiment de sécurité absolue

La puissance de Dieu est infinie, donc il est impossible de résister à sa volonté ou de s'opposer à la réalisation de ses décrets. Une pareille information est bien calculée pour remplir le pécheur de peur, mais susciter chez le croyant la louange. Ajoutons un mot et voyons le résultat produit: la puissance de mon Dieu est infinie ! Aussi «je ne craindrai rien; que peut me faire un homme ?» (Hébreux 13:6). La puissance de mon Dieu est infinie, aussi «je me couche et je m'endors en paix, car toi seul, Ô Eternel ! tu me donnes la sécurité dans ma demeure» (Psaumes 4:9). Au travers des siècles, cette affirmation a été à l'origine de la confiance des croyants. N'était-ce pas l'assurance de Moïse quand, dans ses dernières paroles à Israël il déclara: «Nul n'est semblable au Dieu d'Israël. Il est porté sur les cieux pour venir à ton aide, il est avec majesté porté sur les nuées. Le Dieu d'éternité est un refuge, et sous ses bras éternels est une retraite» ? (Deutéronome 33:26,27). Le psalmiste, poussé par le Saint-Esprit, n'a-t-il pas écrit en raison de ce sentiment de sécurité: «Celui qui demeure à l'abri du Très-Haut repose à l'ombre du Tout-Puissant. Je dis à l'Eternel: Mon refuge et ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie ! Car c'est lui qui te délivre du filet de l'oiseleur, de la peste et de ses ravages. Il te couvrira de ses plumes, et tu trouveras un refuge sous se ailes; sa fidélité est un bouclier et une cuirasse. Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole de jour, ni la peste qui marche dans les ténèbres, ni la contagion qui frappe en plein midi. Que mille tombent à ton côté, et dix mille à ta droite, tu ne seras atteint... Car tu es mon refuge, Ô Eternel ! Tu fais du Très-Haut ta retraite. Aucun malheur ne t'arrivera (au contraire, toutes choses concourent à notre bien), aucun fléau n'approchera de ta tente?» (Psaumes 91). La peste et la mort m'environnent, mais je ne peux mourir car il ordonne; aucune flèche ne peux m'atteindre, sans le consentement du Dieu d'amour.

 

Comme cette vérité est précieuse ! Me voilà, pauvre brebis, vulnérable et sans intelligence; toutefois je suis en sécurité dans la main de Christ. Et pourquoi en est-il ainsi ? Nul ne peut me saisir car la main qui me tient est celle du Fils de Dieu, et tout pouvoir, sur la terre et dans les cieux, lui appartient ! Je ne possède aucune force; le monde, la chair et le diable sont ligués contre moi. Aussi je m'en remets au soin et à la garde du Seigneur et affirme avec l'apôtre: «Je sais en qui j'ai cru, et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder mon dépôt jusqu'à ce jour-là» (2 Timothée 1:12). Et quelle est la base de ma confiance ? Comment suis-je certain de sa capacité de garder ce que je lui ai confié ? Je le sais, car Dieu est tout-puissant, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs.

 

6. Elle fournit le réconfort dans le chagrin

La doctrine de la souveraineté de Dieu confère une consolation et une paix immense au chrétien. Elle constitue un fondement inébranlable, plus solide que les cieux et la terre. Aucun recoin de l'univers ne lui échappe, comme il est bon de le savoir ! Comme dit le psalmiste: «Où irais-je loin de ton Esprit, et où fuirais-je loin de ta face ? Si je monte aux cieux, tu y es; si me couche au séjour des morts, t'y voilà. Si je prends les ailes de l'aurore, et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer, là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira. Si je dis: Au moins les ténèbres me couvriront - la nuit devient lumière autour de moi; même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi, la nuit brille comme le jour, et les ténèbres comme la lumière» (Psaumes 139:7-12). Comme il est précieux de savoir que la puissante main de Dieu repose sur tout être humain et sur toute chose ! Comme il est réconfortant de savoir qu'aucun moineau ne tombe à terre à son insu ! Nos afflictions ne surviennent pas au hasard, ni seulement par le diable, mais sont décrétées et ordonnées par Dieu: «afin que personne ne fut ébranlé au milieu des tribulations présentes; car vous savez vous-mêmes que nous sommes destinés à cela !» (1 Thessalonniciens 3:3).

 

Non seulement la puissance de notre Dieu est-elle infinie, mais sa sagesse et sa bonté aussi. Quelle vérité précieuse ! Dieu désire seulement ce qui est bon, et sa volonté est irréversible ! Il est trop sage pour se tromper et trop bon pour causer à son enfant une seule larme inutile. Par conséquent, si Dieu est doué d'une sagesse et d'une bonté infinies, comme il est précieux de savoir avec certitude que tout est dans sa main et façonné par sa volonté selon son dessein éternel ! «S'il enlève, qui s'y opposera ? Qui lui dira: Que fais-tu ?» (Job 9:12). C'est "lui" et non le diable qui a "enlevé" nos bien-aimés, comme cette découverte est réconfortante ! il fixe la durée de notre vie (Job 7:1; 14:5); la maladie et la mort sont ses messagers et ne marchent que sous ses ordres; l'Éternel donne et l'Éternel ôte: quelle paix pour notre cœur si fragile !

 

7. Elle engendre un esprit de soumission paisible

S'incliner devant la souveraineté de Dieu est l'un des grands secrets de la paix et du bonheur. Il ne peut exister aucune soumission avec contentement, si nous ne sommes brisés en esprit, c'est-à-dire prêts à reconnaître avec joie au Seigneur le droit d'accomplir sa volonté en nous. Certes, nous n'inculquons pas ici une attitude de résignation fataliste. Loin de là ! Le croyant est exhorté à discerner «quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait» (Romains 12:2).

Nous avons évoqué l'acceptation de la volonté de Dieu dans le chapitre précédent, où, en plus du modèle suprême, nous avons cité l'exemple d'Éli et de Job. Nous ajouterons d'autres exemples à leurs cas. Le passage de Lévitique 10:3: «Aaron garda le silence», doit retenir notre attention. Considérons les circonstances. «Les fils d'Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun un brasier, y mirent du feu, et posèrent du parfum dessus; ils apportèrent devant l'Eternel du feu étranger, ce qu'il ne leur avait point ordonné. Alors le feu sorti de devant l'Eternel, et les consuma: ils moururent devant l'Eternel... Aaron garda le silence.» Deux fils du grand sacrificateur, probablement enivrés à l'époque, furent tués par un jugement divin. De plus, cette épreuve fondit sur Aaron de façon soudaine et à l'improviste. Toutefois «il garda le silence». Quel exemple précieux de la puissance de la grâce toute-suffisante de Dieu !

 

Considérons maintenant les paroles de David: «Le roi dit à Tsadok: Reporte l'arche de Dieu dans la ville. Si je trouve grâce aux yeux de l'Eternel, il me ramènera, et il me fera voir l'arche et sa demeure. Mais s'il dit: Je ne prends point plaisir en toi ! me voici, qu'il me fasse ce qui lui semblera bon» (2 Samuel 15:25,26). Ici aussi, les circonstances dans lesquelles il se trouvait étaient excessivement éprouvantes pour le cœur humain. David était écrasé de chagrin. Son propre fils le chassait du trône et cherchait à le tuer. Il ignorait totalement s'il reverrait Jérusalem et le tabernacle. Mais il était tellement soumis à Dieu, si certain de la perfection de sa volonté, que la perte du trône, ou même de sa vie, lui était égale si seulement la volonté de Dieu pouvait s'accomplir.

 

Multiplier les exemples ne servira à rien, mais méditer sur ce dernier cas nous instruira. Parmi les ombres de l'ancienne alliance, David était heureux de voir la volonté du Seigneur se réaliser. Maintenant, après que le cœur de Dieu se soit révélé à la lumière de la croix, nous devrions nous réjouir d'autant plus de l'accomplissement de sa volonté ! Nous affirmons certes sans aucune hésitation: «Le mal qu'il bénit devient notre bien, Et le bien non béni est un mal. Et le plus grand mal est en fait un bien S'il provient de sa volonté parfaite.»

 

8. Elle suscite un chant de louange

Il ne pourrait pas en être autrement. Pourquoi moi, semblable par nature aux multitudes insouciantes et sans Dieu, ai-je été choisi en Christ avant la fondation du monde et suis-je maintenant béni en lui de toutes les bénédictions spirituelles dans le lieux célestes ? Pourquoi moi, autrefois païen et rebelle, ai-je été mis à part pour recevoir ses faveurs si merveilleuses ? C'est une réalité insondable ! Pareille grâce, pareil amour, «dépassent l'entendement». Mais si mon esprit est incapable d'en discerner la raison, mon cœur, lui, peut exprimer sa gratitude dans la louange et l'adoration. De plus, non seulement devrais-je être reconnaissant à Dieu de sa grâce envers moi dans le passé mais ses agissements présents envers moi me rempliront d'actions de grâces. Quelle la force de cette force, «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ?» (Philippiens 4:4).

 

 Il n'est pas écrit, remarquons-le, «Réjouissez-vous dans le Sauveur». Nous sommes invités à nous réjouir «dans le Seigneur», car le Seigneur est le maître de toute circonstance. Quand l'apôtre rédigea ces lignes, est-il nécessaire de le rappeler, il se trouvait lui-même prisonnier du gouvernement romain. Un long cortège d'afflictions et de souffrances avaient été son lot. En danger sur la terre, en danger sur la mer, il avait connu la faim et la soif, avait été battu de verges et lapidé. Il avait été persécuté par les croyants comme par les incroyants: ceux qui auraient dû demeurer à ses côtés l'avaient abandonné. Pourtant il écrit, «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur !»

 

Quel était le secret de sa paix et de son bonheur ? Ce même apôtre Paul n'avait-il pas affirmé: «Nous savons du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein ?» (Romains 8:28). Mais comment «savoir» que toutes choses concourent à notre bien ? Parce que toutes choses sont dirigées par le souverain suprême. Il a seulement des pensées d'amour envers les siens, aussi il ordonne «toutes choses» dans le but de concourir à notre bien final. C'est pourquoi nous devons rendre «continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ» (Éphésiens 5:20). Rendons grâce pour «toutes choses», car, comme on a dit à juste raison, «nos déceptions reflètent ses conceptions.» Quiconque se réjouit dans la souveraineté de Dieu ne dira pas, «Après la pluie le beau temps», mais verra que la pluie elle-même est bénie et qu'elle sert à mettre en relief les bénédictions. «Ô, croyant craintif, reprend courage; le nuage que tu redoutes tant est rempli de miséricorde et se répand en bénédictions sur ton visage.» (William Cowper)

 

9. Elle garantit le triomphe final du bien sur le mal

Depuis le jour où Caïn tua Abel, le conflit sur terre entre le bien et le mal a constitué un problème douloureux pour les croyants. De tout temps, les justes ont été détestés et persécutés alors que les injustes ont paru défier Dieu impunément. Le peuple de Dieu, pour la plupart, a connu la pauvreté matérielle. Les méchants, par contre, dans leur prospérité temporelle «s'étendaient comme un arbre verdoyant». En regardant autour de nous, nous observons l'adversité des chrétiens et le succès terrestre des incroyants. Combien les premiers sont rares et les derniers nombreux ! Quand nous constatons la défaite apparente du bien et le triomphe et la puissance du mal; quand nous constatons le grondement des canons, les cris des blessés, et les lamentations des familles en deuil; quand presque tout ici-bas est confusion, chaos et ruine, Satan semble gagner la partie. Mais si nous levons la tête vers le ciel, au lieu de regarder autour de nous, le regard de la foi aperçoit clairement un trône inaccessible aux tempêtes de la terre, un trône «établi», stable et sûr. Le Tout-Puissant y est assis, celui qui «opère toutes choses, d'après le conseil de sa volonté» (Éphésiens 1:11). Notre confiance repose sur cette réalité: Dieu est sur le trône. Il tient le gouvernail dans sa main toute-puissante. Son dessein ne peut échouer, car «sa résolution est arrêtée; qui s'y opposera ? Ce que son âme désire, il l'exécute» (Job 23:13). La main dirigeante de Dieu est certes invisible à l'œil naturel, mais combien réelle à celui de la foi, une foi fondée avec assurance sur sa Parole et, par suite, certaine de son succès.

 

Un auteur contemporain a écrit: «Avec Dieu l'échec n'existe pas». «Dieu n'est point un homme pour mentir, ni fils d'un homme pour se repentir. Ce qu'il a dit, ne le fera-t-il pas . Ce qu'il a déclaré, ne l'exécutera-t-il pas ?» (Nombres 23:19). Tout sera accompli. La promesse de sa venue, faite à ses bien-aimés, et de leur enlèvement dans la gloire, se réalisera. Il viendra sûrement pour les rassembler en sa présence. Les paroles solennelles adressées aux nations de la terre par ses nombreux prophètes se réaliseront aussi. «Approchez, nations, pour entendre ! Peuples, soyez attentifs ! Que la terre écoute, elle et ce qui la remplit, le monde et tout ce qu'il produit ! Car la colère de l'Eternel va fondre sur toutes les nations, et sa fureur sur toute leur armée: il les voue à l'extermination, il les livre au carnage» (Esaïe 34:1,2). Le jour arrivera où «l'homme au regard hautain sera abaissé, et l'orgueilleux sera humilié; l'Éternel seul sera élevé ce jour-là» (Ésaïe 2:11).Le jour où il sera manifesté, où sa gloire couvrira les cieux, et où ses pieds reposeront de nouveau sur cette terre, arrivera de façon certaine. Son royaume s'établira, et tous les événements promis en rapport avec la fin du monde se réaliseront.

 

Dans ces temps d'obscurité et d'erreur, comme il est bon de nous rappeler sa présence, son trône inébranlable et la fidélité de toutes ses promesses. «Consultez le livre de l'Éternel, et lisez ! Aucun d'eux ne fera défaut» (Ésaïe 34:16). Dans la joyeuse anticipation de la foi, nous pouvons regarder à l'époque glorieuse où sa Parole et sa volonté s'accompliront, où, par la venue du Prince de la paix, la justice et la paix enfin s'établiront en un  nouveau monde dans lequel nous formerons une nouvelle race, céleste et éternelle. En attendant cet instant suprême et béni où sa promesse à notre égard s'accomplira, nous lui faisons confiance, et marchons en communion avec lui. Jour après jour nous découvrons tout à nouveau son soutien et sa protection en toute circonstance.

 

10. Elle fournit un havre de repos pour le cœur

Celui assis sur le trône des cieux, gouverneur des nations, ordonnateur de tous les événements, est infini non seulement en puissance mais aussi en sagesse et en bonté. Le Dieu de toute la création est celui «qui a été manifesté en chair» (1 Timothée 3:16). Voici un thème auquel aucune plume humaine ne peut rendre justice. La gloire de Dieu ne consiste pas simplement dans sa grandeur, mais dans le fait d'avoir quitté cette grandeur et de s'être abaissé par amour pour venir porter le fardeau de ses propres créatures pécheresses. «Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même» (2 Corinthiens 5:19). L'Église de Dieu fut acquise par «son propre sang» (Actes 20:58). Son royaume fut établi par l'humiliation et la bonté du roi lui-même - Ô merveille de la croix ! Par elle, celui qui a souffert n'est devenu seulement le Seigneur de notre destinée (il l'était avant), mais celui de notre cœur. Par conséquent, nous ne nous inclinons pas devant le Souverain suprême dans une attitude d'effroi servile, mais dans l'adoration et dans la louange. Nous nous écrions: «L'Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire, et la louange» (Apocalypse 5:12).

 

Cette doctrine, clament certains, «constitue une horrible calomnie envers Dieu et un danger envers son peuple». Or, cette accusation impie est maintenant réfutée. Cette doctrine retire à la créature toute occasion de s'enorgueillir. Elle donne à Dieu sa place réelle, maintient ses droits, glorifie sa grâce, et lui attribue toute la gloire du salut. Comment peut-elle être «horrible et dangereuse» ? Ceux qui maintiennent cette notion indique par ce fait qu’ils sont des réprouvés ou exclus de la grâce, des ennemis de la croix de Christ. Cette doctrine offre au croyant un sentiment de sécurité dans le danger, le réconfort dans le chagrin, la patience dans l'adversité, et la louange en tout temps. Comment peut-elle être «horrible et dangereuse» ? Cette doctrine nous assure du triomphe certain du bien sur le mal, et de l'existence d'un havre de repos pour notre cœur par les perfections du Dieu souverain lui-même. Comment peut-elle être «horrible et dangereuse» ? Mille fois non ! Au lieu d'être «horrible et dangereuse», cette doctrine de la souveraineté de Dieu est glorieuse et édifiante ! Sa compréhension véritable nous poussera à nous exclamer avec Moïse: «Qui est comme toi parmi les dieux, Ô Éternel ? Qui est comme magnifique en sainteté, digne de louanges, opérant des prodiges» ? (Exodes 15:11).

 

«Alléluia ! Car le Seigneur notre Dieu tout-puissant est entré dans son règne» (Apocalypse 19:6) Nous examinerons, pour conclure, une ou deux difficultés souvent rencontrées en rapport avec la souveraineté de Dieu. Si Dieu a non seulement prédestiné le salut des siens, mais aussi préordonné les bonnes œuvres à accomplir dans leur marche chrétienne (cf Éphésiens 2:10). Quelle motivation y a-t-il alors à poursuivre la pratique de la sainteté ? Si Dieu a fixé le nombre des pécheurs devant être sauvés, et si tous les autres sont «des vases de colère formés pour la perdition», à quoi sert-il alors de prêcher l'Évangile aux perdus ?

 

CHAPITRE 11

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU ET LA CROISSANCE DU CROYANT DANS LA GRÂCE

Si Dieu a prédestiné tout événement, à quoi sert-il de nous «exercer à la piété» ? (1 Timothée 4:8). Si Dieu a déterminé par avance les bonnes œuvres à accomplir (Éphésiens 2:10), alors pourquoi devrions-nous nous appliquer «à pratiquer de bonnes œuvres» ? (Tite 3:8). Mentionnons que les bonnes œuvres sont des œuvres de la foi, c'est-à-dire des réalisations de la grâce dans l’assurance du sacrifice de Christ en notre faveur, afin de lui faire confiance pour toutes choses en notre vie. Une fois de plus, cette question soulève le problème de la responsabilité humaine. En vérité, la réponse suivante devrait nous suffire: Dieu nous a ordonné d'agir ainsi. Nulle part l'Écriture enseigne ni encourage un esprit d'indifférence fataliste. Elle désapprouve explicitement et avec vigueur toute attitude d'autosatisfaction concernant nos efforts. Le but de Paul devrait être le nôtre: «Je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ» (Philippiens 3:14). Au lieu d'entraver la croissance du chrétien une compréhension et une appréciation justes de la souveraineté de Dieu la stimuleront. Le désespoir du pécheur face à son incapacité de se sauver lui-même, nous l'avons vu, est la première condition à une conversion véritable engendrée par l’Esprit de Dieu. De même, la perte de toute confiance en lui-même est la condition essentielle à la croissance en grâce du croyant. Comme le pécheur désespérant de se sauver par lui-même s'abandonnera dans les bras de la miséricorde souveraine, de même, le chrétien, conscient de sa propre faiblesse se tournera vers le Seigneur pour y puiser sa puissance. «Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort» (2 Corinthiens 2:10). En d'autres termes, nous devons être conscients de notre faiblesse avant de rechercher l'aide du Seigneur. Quand le chrétien entretien la pensée de son autosuffisance, quand il s'imagine pouvoir résister à la tentation par la seule force de sa volonté, quand il fait confiance à la chair, alors (comme Pierre qui se targua de ne jamais abandonner la Seigneur) il échoue et tombe sans nul doute. En dehors de Christ nous ne pouvons rien faire (cf Jean 15:5). La promesse de Dieu est: «Il donne de la force à celui qui est fatigué, et il augmente la vigueur de celui qui tombe en défaillance» (Ésaïe 40:29).

 

La question devant nous maintenant est d'une très grande importance pratique. Aussi nous sommes profondément soucieux de nous exprimer avec clarté et simplicité. Le secret de la croissance du chrétien réside dans la compréhension et la reconnaissance de sa propre impuissance et, par suite, dans sa recherche de l'aide du Seigneur. Par nous-mêmes, nous sommes totalement incapables de mettre en pratique un seul précepte ou d'obéir à un seul commandement contenu dans l'Écriture. Il est écrit, par exemple: «Aimez vos ennemis». Mais nous ne pouvons agir ainsi par nous-mêmes, ni nous forcer à y parvenir. Il est aussi écrit: «Ne vous inquiétez de rien». Mais qui peut éviter ou empêcher l'anxiété face à des circonstances difficiles ? Ces deux passages sont de simples exemples choisis au hasard par mi beaucoup d'autres. Dieu se moque-t-il de nous en nous ordonnant ce dont il nous sait incapables ? La réponse de saint Augustin à cette question semble la meilleure: «Dieu nous donne des commandements impossibles à mettre en pratique par nous-mêmes pour nous inciter à puiser auprès de lui la force d'y parvenir». La reconnaissance de notre impuissance devrait nous pousser à nous remettre pleinement à celui qui peut tout. La vision et la compréhension de la souveraineté de Dieu nous motivent, car elles révèlent notre impuissance et sa toute-puissance.

 

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU ET L'ÉVANGÉLISATION

Si avant la fondation du monde, Dieu a déterminé le nombre exact des élus, pourquoi devrions-nous alors nous préoccuper de la destinée éternelle de nos semblables ? Quelle place occupe le zèle dans le service chrétien ? La doctrine de la souveraineté de Dieu, et la prédestination, son corollaire, ne découragent-elles pas les serviteurs du Seigneur en les poussant à l'infidélité dans l'évangélisation ? Pas du tout, au lieu de cela, la reconnaissance de la souveraineté de Dieu constitue pour eux un profond encouragement. Tel chrétien, par exemple, est appelé à exercer le ministère d'évangéliste et il va de l'avant «convaincu de la liberté et de la capacité naturelle du pécheur de venir à Christ». Il prêche l'Évangile le plus fidèlement possible et avec beaucoup de zèle, mais il s’agit du faux évangile du libre-choix. Cependant, la grande majorité de ses auditeurs, il en est conscient, est totalement indifférente et n'a aucun désir d'ouvrir leur cœur à Christ. Les hommes, pour la plupart, sont entièrement absorbés par les affaires de ce monde, et ils ne s'inquiètent pas de l'éternité. Notre évangéliste supplie ses auditeurs de se réconcilier avec Dieu. Il plaide avec eux concernant le salut de leur âme. Mais en vain. Alors le découragement l'envahit et il s'interroge: «Quelle est l'utilité de l'évangélisation ?» Devrait-il abandonner son ministère ou changer son message ? Si les hommes ne répondent pas à l'Évangile, ne ferait-il pas mieux de s'engager dans une occupation plus populaire et plus acceptable pour le monde ? Pourquoi ne se lancerait-il pas dans une œuvre sociale et humanitaire ? Où dans une campagne à promouvoir la moralité publique ? Malheureusement tant de prédicateurs de l'Évangile en sont venus en effet à s'engager exclusivement dans ces activités ! Pourquoi ! Parce qu’ils sont des disciples du libre-choix et qu’ils prêchent un faux évangile dans le but de remplir les bancs de leurs églises, afin de gonfler leurs comptes de banque, tout en se faisant une renommée parmi les crédules et les ignorants. Il ne faut jamais, au grand jamais, faire confiance en un pasteur. Ils sont tous des faux, sans exception, des imposteurs, des manipulateurs et des escrocs qui dérobent la gloire du ministère de Christ. Un seul est digne de notre confiance, à savoir le Seigneur Jésus qui est le Pasteur de nos âmes (1 Pierre 2:25).

 

Quel est alors le moyen de Dieu pour relever son serviteur découragé ? Tout d'abord, il lui rappelle par l'Écriture que son but n'est pas de convertir les nations, mais pour sortir d’elles un peuple qui portera son nom (Actes 15:14), comme il l’a décrété depuis avant la fondation du monde. Il lui donne donc en premier lieu une compréhension correcte de son plan dans cette dispensation. Le deuxième remède divin contre le découragement face à l'échec apparent de nos efforts est l'assurance de l'accomplissement inéluctable du dessein de Dieu: Ce dernier ne peut échouer, et la volonté de Dieu doit et va se réaliser infailliblement. Nos efforts ne sont pas destinés à provoquer ce que Dieu n'a pas décrété, puisqu’un mort, et nous sommes tous morts, ne peut faire aucun effort pour obtenir la vie. Une fois encore: quelle la parole divine d'encouragement à l'intention de ceux que gagne le découragement face à l'indifférence des perdus et à l'absence de fruits de leurs proclamations du message de la grâce souveraine ? Évidemment nous ne sommes pas responsables des résultats: ces derniers sont l'affaire de Dieu. Paul «plante» et Apollos «arrose», mais Dieu «fait croître» (1 Corinthiens 3:6). Notre rôle est d'obéir à Christ et de proclamer l'Évangile à toute créature, de mettre l'accent sur le «quiconque croît», c'est-à-dire de celui qui est donné d’avoir l’assurance des mérites su sacrifice de la croix en sa faveur, puis de laisser le Saint-Esprit appliquer la Parole avec une puissance vivifiante à qui il veut. Nous devons nous reposer sur la promesse certaine de l'Eternel: «Comme la pluie et la neige descendent des cieux, et n'y retournent pas sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche: elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté (pas forcément la nôtre) et accompli mes desseins» (Ésaïe 55:10,11). Cette assurance ne soutenait-elle pas l'apôtre Paul quand il déclarait: «C'est pourquoi je supporte tout à cause des élus» ? (2 Timothée 2:10). Ne pouvons-nous pas apprendre cette même leçon grâce à l'exemple précieux du Seigneur Jésus ? Après avoir dit à son peuple: «Vous m'avez vu et vous ne me croyez point», il se référa à la volonté souveraine de celui qui l'avait envoyé: «Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi» (Jean 6:37), puisque ceux qui viennent ont été prédestinés à venir de toute éternité. Ceux-là sont ses brebis qui entendent sa voix et le suivent dans les vert pâturages de sa grâce merveilleuse (Jean 10:3,4). Son travail, il le savait, ne serait pas en vain. La Parole de Dieu ne retournerait pas à lui «sans effet». Les élus de Dieu, il en était certain, viendraient à lui et croiraient en lui (Actes 13:48). Cette même assurance remplit le cœur de tout serviteur se reposant consciemment sur la vérité merveilleuse de la souveraineté de Dieu.

 

Dieu ne nous a pas envoyés pour «tirer des flèches au hasard»* (voir la Note sur ce sujet). Le succès du ministère qu'il nous a confié n'est pas dépendant du caprice de la volonté de nos auditeurs. Comme ces paroles de notre Seigneur sont glorieuses, encourageantes et réconfortantes pour notre âme (si du moins nous leur accordons simplement notre confiance): «J'ai encore d'autres brebis ("j'ai", non "j'aurai"; "j'ai" car le Père les lui a données avant la création du monde), qui ne sont pas de cette bergerie (le judaïsme de l'époque); celles-là, il faut que je les amène; elles entendront ma voix» (Jean 10:16). Non pas «elles devraient entendre ma voix», non pas «elles peuvent entendre ma voix», non pas «elles l'entendront si elles le veulent». Aucun «si» ou «peut-être» ne figure, et aucune place n'est laissée à l'incertitude. «Elles entendront ma voix» constitue une promesse absolue et sans restriction. Voici un appui pour notre foi ! Continuons à chercher les «autres brebis» de Christ. Ne nous décourageons pas si les «boucs» n'entendent pas sa voix quand nous proclamons le message de la grâce souveraine, soit par vive voix soit par écrit. Soyons fidèles, donnons un enseignement fondé sur l'Écriture; soyons persévérants et Christ pourra nous utiliser comme porte-parole dans le but d'appeler à lui certaines de ses brebis perdues. «Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l'œuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur» (1 Corinthiens 15:58).

*NOTE : Un mot sur «le hasard»: Le hasard est un terme contradictoire à la souveraineté de Dieu. Il n'existe pas en Dieu, car le hasard est l'incertitude de circonstances ou d'événements inattendus ou inexplicables qui se présentent accidentellement par l'effet de l'imprévu. Or en Dieu tout est certitude, rien n'est accidentelle, Dieu est le Maître souverain sur toutes choses. Dans son essence le hasard est un égarement de l'esprit humain qui ne peut saisir les facteurs variés des causes et effets qui régissent l'existence de toutes choses, elles échappent à sa connaissance limité qui est bafouée par toutes les combinaisons possibles des éléments qui composent l'univers et tout ce qu'il contient. Pourquoi ? La raison est simple, l'homme n'est pas Dieu, il se prend pour un dieu (Gen. 3:5). En d'autres mots, le hasard est le fruit du péché, il existe seulement pour l'homme pécheur, car le péché est «un égarement», «une déviation» par rapport à la vérité de la souveraineté de Dieu. Pour le chrétien authentique, il ne s'agit pas de hasard mais de Dieucidence, car Dieu est au contrôle de toutes choses dans sa vie comme dans tout l'univers.

 Avant de terminer, examinons maintenant ensemble quelques réflexions.

 

1. L'élection souveraine de Dieu de certains au salut constitue une provision miséricordieuse

Si Dieu n'avait pas choisi certains pour le salut, nul n'aurait été sauvé, car «nul ne cherche Dieu» (Romains 3:11). Cette affirmation est une réponse suffisante aux accusations perverses lancées contre la doctrine de la prédestination, la qualifiant de cruelle, d'horrible et d'injuste. Cette réponse, loin d'être une invention de notre part, constitue l'enseignement explicite des Saintes Écritures. Écoutons avec soin les paroles de l'apôtre dans Romains 9, où il traite ce thème en profondeur: «Quand le nombre des fils d'Israël serait comme le sable de la mer, un reste seulement sera sauvé... Et, comme Ésaïe l'avait dit auparavant: Si le Seigneur des armées ne nous eût laissé une postérité, nous serions devenus comme Sodome, nous aurions été comme Gomorrhe» (Romains 9:27,29). L'enseignement de ce passage est extrêmement clair; si Dieu n'était pas intervenu, Israël serait devenu comme Sodome et Gomorrhe. Si Dieu avait abandonné Israël, la corruption humaine aurait suivi son cours tragique. Mais Dieu laissa à Israël «un reste» ou «une postérité». Jadis, les villes de la plaine avaient été anéanties en raison de leur péché et nul n'avait survécu. Il en aurait été de même en Israël si Dieu n'avait pas épargné «un reste». Il en est ainsi avec la race humaine, car tous les descendants d'Adam auraient péri dans leur péché, si la grâce souveraine de Dieu n'avait épargné «un reste». Par suite, l'élection souveraine de certains au salut est une provision miséricordieuse. Et, notons-le, en choisissons les élus, Dieu ne commet aucune injustice vis-à-vis des autres, car nul n'a droit au salut. Le salut est par grâce, et l'exercice de la grâce est une pure question de souveraineté. Dieu peut nous sauver tous ou n'en sauver aucun, beaucoup ou peu, un ou dix-mille, selon ce qu'il juge être le mieux. Devrions-nous rétorquer: «Mais de toute évidence le mieux aurait été de sauver tout le monde !» La réponse est: nous sommes incapables de juger. Selon nous sans doute, tout aurait été mieux si Dieu n'avait jamais créé Satan, ni permis au péché d'entrer dans le monde, ou le péché étant entré, s'il avait mis un terme depuis longtemps au conflit entre le bien et le mal. Cependant ses pensées ne sont pas nos pensées et ses voies sont incompréhensibles (cf Ésaïe 55:8; Romains 11:33).

 

2. Dieu a prédestiné tout ce qui arrive

Son règne souverain s'étend à tout l'univers et domine toute créature. «C'est de lui, par lui et pour lui que sont toutes choses» Romains 11:36). Dieu commence toutes choses, règle toutes choses, et toutes choses concourent à sa gloire éternelle. «Il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes» (1 Corinthiens 8:6). Ou encore, «...suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté» (Éphésiens 1:11). De toute évidence, le lancement des dés est le type-même de l'action du hasard, et pourtant la Parole de Dieu déclare expressément, «on jette le sort dans le pan de la robe, mais toute décision vient de l'Eternel» ! (Proverbes 16:33). On ne peut dire qu’un grand AMEN devant une telle revelation.

 

3. La sagesse de Dieu dans le gouvernement de notre monde sera un jour démontrée devant toute créature

Dieu n'est pas un spectateur éloigné, regardant de son observatoire élevé les événements de notre terre. Il conduit lui-même toutes choses en vue de sa propre gloire. En ce moment même, il réalise son dessein éternel, pas seulement en dépit de l'opposition humaine et satanique, mais en se servant d'elle. Que les efforts déployés dans le but de résister à sa volonté apparaitront un jour comme impies et vains, tout comme autrefois quand le Pharaon rebelle et ses armées furent noyés dans la Mer Rouge !

 

Il a été écrit à juste titre: «La fin et le but de tout est la gloire de Dieu. Il a ordonné tout événement pour sa propre gloire». Cette affirmation est parfaitement vraie. Mais, afin d'éviter tout malentendu, nous devons nous rappeler qui est ce Dieu, et quel type de gloire il recherche. Il est le Dieu et Père. notre Seigneur Jésus-Christ, en qui l'amour divin «est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie» (Marc 10:45). Il se suffit parfaitement à lui-même et ses créatures ne peuvent lui apporter un supplément de gloire. «Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d'en haut, du Père des lumières, chez lequel il n'y a ni changement ni ombre de variation» (Jacques 1:17). Ses créatures ne peuvent que lui rendre ce qu'il leur a donné.

 

Dieu manifeste sa gloire en révélant sa bonté, sa justice, sa sainteté et en se révélant une fois pour toutes et pour toujours en Christ. Toutes choses - y compris ses adversaires et le mal - doivent nécessairement servir la gloire de Dieu. Il l'a décidé ainsi; sa puissance le garantit; et quand tous les obstacles apparents sont enlevés, il se reposera à jamais dans son amour. Mais seule l'éternité suffira pour comprendre cette révélation. «Afin que Dieu soit tout en tous» (1 Corinthiens 15:28), exprime en sept mots ce résultat ineffable.

 

La révélation de sa Sainte Présence se produira aux yeux du monde entier en une fraction de seconde, en un clin d’œil, lors de sa dernière apparition en ce monde de ténèbres. Tous les élus qui forment le Corps de Christ seront transformés en son image dans la lumière d’une gloire indescriptible, et tout œil le verra dans leur union qui formera une nouvelle race céleste et éternelle dans le Nouvel Homme. Dans ce court temps sera le jugement dernier, puis la destruction de l’univers et de la terre avec tout ce qu’elle contient, puis apparaîtra un nouveau monde d’une perfection inouïe et d’une joie éternelle inexplicable.

 

Nous reconnaissons avec regret que ce livre n'offre qu'une présentation bien incomplète et imparfaite de ce sujet si important. Néanmoins, s'il en résulte une compréhension plus claire de la majesté de Dieu et de sa miséricorde souveraine, nous serons amplement récompensés de nos efforts. Si vous, lecteur, vous avez été béni en lisant ces pages, n'oubliez pas de rendre grâces au dispensateur de toute grâce excellente et de tout don parfait, en attribuant la louange à sa grâce inimitable et souveraine.

 

«Alléluia ! Car le Seigneur notre Dieu tout-puissant est entré dans son règne» (Apocalypse 19:6).

 

A Christ seul soit la Gloire