LE PARLER EN LANGUES

 

par Philip Mauro

«Traduction par Alexandre Grondin»

 

Mise en page par Jean leDuc

 



Préface du traducteur

Philip Mauro (1859-1952), un brillant avocat américain converti par la grâce de Jésus-Christ à l’âge de 45 ans, expose ici de manière concise, raisonnable, saine, simple et lucide les faits relatifs au parler en langues tels que retrouvés dans la Sainte Bible, à la lumière de la saine doctrine biblique. Il l’a fait pour dissiper la confusion à ce sujet qui commençait à se répandre à son époque en raison de l’expansion d’un nouveau mouvement religieux populaire : le Mouvement pentecôtiste. Le Mouvement pentecôtiste n’ayant pris naissance qu’au début du 20 ème siècle, aux États-Unis, Philip Mauro, contemporain de la naissance du Pentecôtisme, apporte ici un témoignage et une analyse biblique précieux et encore d’actualité aujourd’hui; car, à l’époque où il a écrit cet article, le Mouvement pentecôtiste n’était encore qu’à la première phase de sa croissance et de son expansion. Cela ne fait que démontrer que plusieurs hommes de Dieu ont discerné, dès le début, les dangers et la fausseté des nouvelles doctrines et des expériences sensationnelles répandues par le Pentecôtisme naissant, principalement en ce qui concerne le parler en langues.

 

Les passages bibliques cités dans cette traduction sont tirés de la Sainte Bible, version d’Ostervald révisée, édition de 1996.

Alexandre Grondin



  

TABLE DES MATIÈRES

 

L'origine du miracle des langues

 

Les langues après la Pentecôte

 

Le don des langues dans l’église

 

L’Esprit est donné à ceux qui croient

 

Les miracles qui accompagnent

 

Une contrefaçon dangereuse

 


 

L'origine du miracle des langues

 

Le don des langues, qui a été accordé aux hommes pour la première fois au jour de la Pentecôte, était un don miraculeux qui permettait à ceux qui le recevaient de parler en des langages qui leur étaient inconnus, des langages qu’ils n’avaient jamais appris. Ils recevaient donc la capacité d’annoncer la bonne nouvelle à ceux avec lesquels ils n’ont normalement aucun autre moyen de communiquer.


     Le récit d’Actes 2 nous donne une description détaillée de la nature de ce don. On peut y voir qu’il y avait à Jérusalem, à cette saison de l’année, des hommes pieux « de toutes les nations qui sont sous le ciel, » et quand une multitude de gens s’est assemblée, elle « fut confondue de ce que chacun les entendait parler dans sa propre langue » (Actes 2. 5-6). La caractéristique proéminente et essentielle du don des langues de la Pentecôte était donc qu’il permettait aux disciples de s’adresser aux étrangers, de sorte que « chacun les entendait parler dans sa propre langue. »


     De plus, il est écrit, pour notre plus grande instruction, qu’ils « en étaient tous hors d'eux-mêmes et dans l'admiration, se disant les uns aux autres: Ces gens-là qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens? Comment donc les entendons-nous chacun dans la propre langue du pays où nous sommes nés? Parthes, Mèdes, Élamites »
seize pays sont nommés—« nous les entendons parler en nos langues des merveilles de Dieu » (vv. 7-11).


Donc, dans cette petite description des faits, il est écrit trois fois que le don des langues à la Pentecôte était un don miraculeux qui permettait à ceux qui le recevaient de parler aux étrangers dans leur propre langage. Donc, lorsque l’on fait face, de nos jours, à un prétendu don des langues apostolique et pentecôtiste, on doit premièrement vérifier si son supposé possesseur a la capacité surnaturelle de parler aux étrangers dans leur propre langage. Si le supposé don échoue ce test, on peut le considérer avec certitude comme faux et ne pas s’en enquérir davantage.


La venue du Saint-Esprit était le commencement de la nouvelle ère merveilleuse qui avait été annoncée par Jean-Baptiste (Matthieu 3. 11). Le Seigneur avait auparavant enseigné à Ses disciples que leur mission spéciale serait de prêcher la repentance et la rémission des péchés en Son Nom à toutes les nations, en commençant par Jérusalem; mais ils devaient attendre dans cette ville jusqu’à ce qu’ils soient revêtus de la puissance d’en haut (Luc 24. 47-49); car l’Évangile devait être prêché, non par la simple puissance de l’homme, mais « par le Saint-Esprit envoyé du ciel » (I Pierre 1. 12). C’est donc un fait impressionnant que la manière qu’a choisi le Saint-Esprit de manifester Sa présence a été par l’apparition de langues de feu, qui se sont déposées sur chaque disciple, et par le don de puissance qu’ils ont reçue pour prêcher à tous les hommes qui étaient assemblés à Jérusalem pour observer la fête de la Pentecôte, chacun dans son propre langage. C’était un miracle extrêmement significatif. Cela annonçait avec éclat, premièrement que la grande œuvre de cette ère, pour laquelle le Saint-Esprit était venu, était de prêcher ce Jésus de Nazareth ressuscité en tant que Seigneur et Christ (Actes 2. 32- 36); deuxièmement, que ce glorieux Évangile devait être annoncé à « toutes les nations qui sont sous le ciel, » afin que tous les hommes l’entendent dans leur langue maternelle.


Remarquez que, dans Actes 2 et partout où le mot « langue » est utilisé par rapport à cela dans les Écritures, cela veut tout simplement dire un langage, tout comme nous disons couramment « la langue anglaise », « la langue française », etc. Dans 1 Corinthiens 14, où l’expression « langue inconnue » est utilisée, on peut constater que le mot “inconnue” est imprimé en italiques dans la Bible, ce qui indique que ce mot ne se retrouve pas dans le texte original. Ce mot complémentaire en a égaré quelques-uns. Cette expression signifie simplement un langage étranger.


Cette capacité surnaturelle de s’adresser à un étranger dans son propre langage servait aussi (avec les autres miracles qui abondaient en ce temps) à certifier que cette nouvelle ère et que ce nouveau message (l’Évangile) était bien de Dieu. Privé de telles manifestations de la présence et de la puissance de Dieu travaillant en ces obscurs Galiléens et avec eux, ce n’aurait pas pu être clair pour les Juifs et les Gentils que Dieu débutait vraiment un nouvel ordre des choses. Plusieurs passages des Écritures déclarent que le but principal des miracles était d’authentifier la prédication d’un « si grand salut, qui, ayant été premièrement annoncé par le Seigneur, » comme dans Hébreux 2. 3, 4, où nous lisons que Dieu a aussi témoigné (avec ses prédicateurs) par le moyen « des prodiges et des miracles, par divers actes de sa puissance, et par les dons du Saint-Esprit, selon sa volonté. »


Le besoin d’avoir des miracles si extraordinaires au début de cette nouvelle ère est évident. Dans ce domaine, nous pouvons faire le parallèle avec le début de l’ère de la loi, lorsque Dieu a effectué des signes et des miracles merveilleux en Égypte et au désert. Ces manifestations ont cessé après avoir accompli leur but.


Les langues après la Pentecôte


Le parler en langues miraculeux est mentionné pour la seconde fois en rapport avec la prédication de l’Évangile par Pierre à un groupe de Gentils réunis dans la maison de Corneille, le centenier romain, à Césarée (qui était vraiment une ville romaine, quoique se trouvant en Judée). Ici encore « le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les Gentils; Car ils les entendaient parler diverses langues, et glorifier Dieu. » (Actes 10. 45, 46). C’était un signe convaincant pour Pierre et les six Juifs convertis qui l’accompagnaient que Dieu avait effectivement sauvé ces Gentils. En conséquence, ils (les Juifs) n’ont pas osé « refuser l'eau du baptême, » ou refuser de les recevoir en tant que frères en Christ.


De plus, lorsque ceux de la circoncision, qui étaient à Jérusalem, ont contesté Pierre à ce sujet, l’apôtre s’est justifié en recourant au fait que (pour citer ses propres mots) « le Saint-Esprit descendit sur eux, ainsi qu'il était aussi descendu sur nous au commencement. » (Actes 11. 15). Il nous est donc fourni dans la Bible une raison très précise et très forte pour la manifestation du don des langues à ce moment; autrement, les Gentils convertis n’auraient pas été reçus.


On doit remarquer tout spécialement que, pour trouver un autre événement semblable, Pierre a dû retourner en arrière jusqu’au jour de la Pentecôte. Nous pouvons facilement en déduire que, dans toutes les années qui se sont écoulées entre les deux évènements, il n’y a pas eu d’autre manifestation semblable que Pierre pouvait invoquer. C’est donc très éloigné de la vérité que d’affirmer ou de supposer que tous ceux qui étaient sauvés à l’époque apostolique avaient reçu la puissance de parler en langues. Bien au contraire, il est clair que la distribution du don des langues était réservée à des occasions d’importance inhabituelle.


À Éphèse—La troisième et dernière fois qu’on mentionne la manifestation du don des langues dans les Actes est au chapitre 19. Cela c’est passé complètement en dehors de la Palestine. Paul, alors qu’il était en route vers Éphèse, a rencontré certains disciples qui n’avaient reçu que la vérité reliée au baptême de Jean. Ils n’avaient pas reçu le Saint-Esprit parce qu’ils n’avaient pas cru en Jésus-Christ ressuscité. Cependant, lorsqu’ils ont été baptisés au nom du Seigneur Jésus, et que Paul leur a imposé les mains, alors « le Saint-Esprit descendit sur eux, et ils parlaient diverses langues, et prophétisaient. » (Actes 19. 1-6). Dans ce cas, comme dans les deux cas précédents, la vérité proclamée par Paul avait manifestement besoin d’être authentifiée par des signes et des miracles. De plus, Éphèse était l’endroit où il y avait le grand temple de Diane, et où des « sorcelleries » (c.-à-d., nécromancie, magie noire, etc.) étaient pratiquées (v. 19). Conséquemment, « Dieu faisait des miracles extraordinaires [c.-à-d., inhabituels] par les mains de Paul » à cet endroit (vv. 11, 12).


Dans tous ces cas, pas une fois on ne recherche le don des langues ou le Saint-Esprit de la même façon que quelques-uns les recherchent de nos jours. Le Saint-Esprit distribuait tout simplement le don quand et comme Il le déterminait bon selon les besoins.


Le don des langues dans l’église


Dans 1 Corinthiens, chapitres 12 et 14, nous lisons à propos du don des langues « dans l’église. » Il est mentionné parmi les opérations de l’Esprit, l’Esprit « distribuant à chacun ses dons, comme il lui plaît » (12. 7-11). Donc, de donner ou de ne pas donner ce (ou tout autre) don ne concerne entièrement que la volonté de Dieu, qui est exercée selon la Sagesse divine.


Ce don est mentionné en dernier dans l’énumération de dons que « Dieu a établi dans l'Église » (12. 28-29). De plus, les questions de l’apôtre « Tous ont-ils le don de guérir? Tous parlent-ils des langues? » rendent certain hors de tout doute que seulement quelques saints possédaient ces dons. En effet, il pose ces questions dans le but d’établir l’argument selon lequel, comme il y a plusieurs membres dans un corps humain, chacun ayant sa propre fonction spécifique qui doit être exercée pour le bien-être de tous les membres, ainsi dans l’église il y a différents dons et différentes charges donnés à tous les membres; néanmoins, tout autant qu’ils appartiennent tous au seul et même corps, les dons appartiennent tous à ce seul corps, peu importe les membres qui les possèdent. Selon l’argument inspiré présenté par ce chapitre, il serait aussi ridicule de s’attendre à ce que chaque membre de l’église ait le don des langues que de s’attendre à ce que chaque membre du corps humain soit une langue possédant le pouvoir de parler (v.17).


Au chapitre 14, Paul démontre que le don de prophétie est beaucoup plus désirable que celui des langues, parce que prophétiser—c.-à-d., transmettre la Parole de Dieu—édifie l’église; et ceci est l’œuvre de l’Amour (la Charité), parce que « la charité édifie » (8. 1), tandis que parler en langues pourrait n’être que la démonstration vaine d’un don. Paul établit le contraste très fortement en disant « je parle plus de langues que vous tous; Mais j'aime mieux prononcer dans l'Église cinq paroles par mon intelligence, afin d'instruire aussi les autres, que dix mille paroles dans une langue inconnue. » (14. 18, 19). Leur valeur relative est donc comparée à cinq sur dix mille.


Il pousse ensuite ces Corinthiens à ne pas devenir « des enfants quant au jugement, » et leur explique que le don des langues était un accomplissement d’Ésaïe 28. 11, 12, où Dieu, en prédisant les jugements qui tomberont sur Israël en raison de leur rejet de Sa Parole (qui leur avait toujours été adressée en hébreu), dit, « Aussi c'est par des lèvres qui balbutient et par une langue étrangère qu'il parlera à ce peuple [les Juifs].» Ainsi donc, à la Pentecôte, Dieu a commencé à parler aux Juifs dans une « langue étrangère. » C’était un « signe » pour ce peuple incrédule. C’est précisément ce que Paul déclare dans le prochain verset, où il dit : « Ainsi donc les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les incrédules; au lieu que la prophétie est un signe, non pour les incrédules, mais pour les croyants. » (I Corinthiens 14. 21). Ainsi, le don de prophétie est incomparablement supérieur à celui du don des langues. On peut en déduire que d’affirmer que le don des langues est un signe aux croyants indiquant que celui qui l’a, a reçu le Saint-Esprit, revient à tourner sens dessus dessous les Écritures.


 L’Esprit est donné à ceux qui croient


Le Seigneur Jésus-Christ a parlé du Saint-Esprit « que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui » (Jean 7. 39). Pierre a dit, le jour de la Pentecôte, que tous ceux qui se repentiraient et qui seraient baptisés recevraient « le don du Saint-Esprit » (Actes 2. 38). Il a encore dit, à propos du Saint-Esprit, « que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent » (Actes 5. 32), c’est-à-dire, qui obéissent à l’Évangile en croyant en Jésus-Christ. Dans Galates 3. 1-3, Paul fonde son argumentation au complet sur le fait que les Galates avaient reçu l’Esprit « par la prédication de la foi. »


Cela n’est jamais arrivé que quelqu’un soit un croyant en Christ sans toutefois avoir reçu le Saint-Esprit, ou qu’il l’ait reçu autrement qu’en croyant en l’Évangile.


Concernant l’étrange idée moderne que l’on doit rechercher le parler en langues comme « Signe biblique » de la réception du Saint-Esprit, nous remarquerons que la foi ne recherche pas de signe, mais se repose sur la simple Parole de Dieu. Paul dit, « Tandis que les Juifs demandent des miracles »; et c’était tout naturel pour eux de le demander; mais pas pour ceux qui sont « justifiés par la foi. »


Le Seigneur Jésus a dit : « Une race méchante et adultère demande un miracle » (Matthieu 16. 4) et encore, « Si vous ne voyiez point de signes et de miracles, vous ne croiriez point » (Jean 4. 48). L’esprit des Juifs s’est manifesté dans la question, « Quel miracle fais-tu donc, que nous le voyions et que nous croyions en toi? » (Jean 6. 30). Ces Écritures n’encouragent certainement pas les saints de Dieu à rechercher un signe. De plus, le Seigneur n’a pas dit au sujet de son peuple que « Vous les connaîtrez donc à leurs signes, » mais expressément « Vous les connaîtrez donc à leurs fruits. » (Matthieu 7. 20). Et encore, « C'est à ceci que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. » (Jean 13. 35). Si l’on voit ceux qui ont reçu l’Esprit marcher par l’Esprit, manifestant l’amour de l’Esprit, et portant le Fruit de l’Esprit, il n’y aura nul besoin d’aucun « signes » par lesquels ils puissent être reconnus.


Les miracles qui accompagnent


On invoque souvent les paroles de Marc 16. 17,18 comme si elles incluaient la promesse que tous ceux qui croiraient recevraient le don des langues. Mais ces paroles ne se prêtent pas à ce genre d’interprétation. Elles déclarent que certains signes, parmi lesquels figure parler en de nouvelles langues, accompagneraient ceux qui croient. Le Seigneur n’a pas plus promis que tous les croyants parleraient en langues qu’Il a promis que tous chasseraient les démons, saisiraient les serpents et boiraient du poison sans n’en recevoir de dommage. Parler en langues n’est donc pas plus le « Signe biblique » de la réception du Saint-Esprit que l’est de chasser les démons ou de saisir les serpents.


De plus, nous n’avons qu’à lire le verset 20 du chapitre pour y trouver l’accomplissement total de la promesse des versets 17 et 18 : « Et eux, étant partis, prêchèrent partout; le Seigneur opérant avec eux, et confirmant la Parole par les miracles qui l'accompagnaient. »


Cette Écriture réfute la doctrine « pentecôtiste, » car elle parle de « ceux qui auront cru »; alors que, selon cette doctrine, parler en langues n’est pas un signe de ceux qui croient, mais de ceux qui ont reçu l’Esprit, ce que les « pentecôtistes » considèrent être une chose distincte.


Une contrefaçon dangereuse


Nous croyons que l’erreur moderne concernant les langues, telle qu’avancée par ceux qui s’appellent eux-mêmes « pentecôtistes, » est une des plus dangereuses qui soit en ces derniers jours. Plusieurs enfants de Dieu véritables, bouillants et zélés en ont été séduits. Son charme est très attrayant pour les saints qui gémissent et soupirent pour quelque chose de différent de la comédie et des formalités mortifiantes de la Chrétienté religieuse. Nous l’observons depuis le commencement. Ses phénomènes—extases, transports, prostrations, abandon à « la puissance, » personnalité déplacée, etc.—sont absolument les mêmes que nous avons déjà observées dans nos enquêtes précédentes sur l’hypnotisme, le spiritisme, et d’autres phénomènes psychiques et occultes. Nous connaissons, par observation personnelle, une partie des ravages effroyables
moraux et spirituels—qu’elle a produit. C’est avez zèle que nous avertissons donc le peuple bien-aimé de Dieu contre elle.

 

A Christ seul soit la Gloire