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Peut-on ajouter à la Bible ?
par Jean leDuc
Gravure de l'apôtre Paul dessinée en l'an 1700
Absorbés par tout ce qui se passe de nos jours dans les groupes à tendances extatiques, plusieurs ont parfois du mal à voir la différence entre ce que Dieu dit et fait aujourd'hui et ce qu'il a dit et fait à l'époque où l'Écriture était en train d'être rédigée. Existe-t-il une différence entre la Parole donnée par Dieu à cette époque et celle qu'il communique à, et par des croyants aujourd'hui, surtout dans cette nouvelle vague de prophètes modernes qui se réclament tous parler pour Dieu et amener des messages qui plus que souvent sortent en dehors du contexte des Écritures ? Les évidences indiquent qu'il existe une différence majeure, et nous devons nous en souvenir, sous peine de porter atteinte à l'autorité et à l'infaillibilité de la Bible.
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La réponse des auteurs de l'Écriture
Si vous aviez été l'auteur d'un livre de la Bible, comment auriez-vous considéré votre travail? Comme le produit de votre propre intelligence, ou comme une révélation de la part de Dieu? Le meilleur moyen de répondre à cette question est d'examiner ce que les auteurs de l'Écriture déclarent à ce sujet.
Comme nous le savons, plus de quarante auteurs ont rédigé la Bible sur une durée d'environ 1500 ans. Vivant à des époques différentes et dans des lieux différents, ils n'ont guère pu collaborer entre eux. Néanmoins un trait étonnant caractérise chacun, de Moïse (auteur des cinq premiers livres de la Bible) à l'apôtre Jean (auteur de l'Apocalypse qui clôt le canon du Nouveau Testament). Tous ces auteurs présentent ce que l'on pourrait appeler un air d'infaillibilité. Pourtant beaucoup d'entre eux étaient des hommes simples ayant bénéficié de peu d'instruction. Certes, quelques-uns étaient instruits et cultivés (dans l'Ancien Testament: Moïse et Salomon; dans le Nouveau Testament: Paul, Jacques et Luc, un médecin). Mais, les autres étaient de simples agriculteurs, bergers, soldats et pêcheurs. Cependant, tous - instruits ou pas - affirment avec une certitude absolue que ce qu'ils écrivent est la Parole de Dieu!
A maintes reprises, avec assurance et sans la moindre gêne, les auteurs bibliques affirment écrire la Parole de Dieu. Selon un spécialiste, l'Ancien Testament compte à lui seul plus de 2 600 affirmations de ce type, dont 682 dans le Pentateuque, 1307 dans les livres prophétiques, 418 dans les livres historiques et 195 dans les livres poétiques (1).
Moïse en est un bon exemple. Lorsqu'au buisson ardent il refuse catégoriquement de retourner en Égypte pour s'adresser à Pharaon, Dieu répond: «Qui a fait la bouche de l'homme? Et qui rend muet ou sourd, voyant ou aveugle? N'est-ce pas moi, l'Eternel? Va donc, je serai avec ta bouche, et je t'enseignerai ce que tu auras à dire. » (Exode 4:11 - 12)
Les autres prophètes et auteurs des Écritures étaient également convaincus du caractère unique de leur message. 1 Sam. 3:19 rapporte la façon dont Dieu a appelé le jeune Samuel et lui a révélé sa parole, puis ajoute: « L'Eternel était avec lui, et il ne laissa tomber à terre aucune de ses paroles. »
Jérémie commence sa prophétie en affirmant: « Et l'Eternel me dit...» (Jér. 1:14)
En décrivant la mission dont Dieu l'a chargé, Ézéchiel rapporte que Dieu lui a ordonné d'écouter avec soin toutes les paroles qu'il lui adressait et de les prendre à cœur. Il devait se rendre auprès de ses compatriotes en exil et annoncer: «Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel». (Ezéch. 3:11)
Aucun prophète de l'Ancien Testament n'exprime le caractère particulier de sa mission plus clairement qu'Amos qui avoue n'être ni un prophète de métier, ni un membre d'une confrérie de prophètes, mais un simple berger et cultivateur de sycomores: « L'Eternel m'a pris derrière le troupeau, et l'Eternel m'a dit, va, prophétise à mon peuple d'Israël. » Amos 7:15
Qu'en est-il des auteurs du Nouveau Testament? Croient-ils que les auteurs de l'Ancien Testament ont écrit la Parole de Dieu? Croient-ils écrire eux-mêmes la Parole de Dieu?
Tout d'abord, voyons ce que les auteurs du Nouveau Testament affirment au sujet des auteurs de l'Ancien Testament. Le Nouveau Testament contient au moins 320 citations de l'Ancien Testament (2) et y fait allusion environ 1000 fois. Sans conteste, les auteurs du Nouveau Testament considèrent l'Ancien Testament comme une révélation divine, la Parole inspirée de Dieu.
Par exemple, l'apôtre Paul écrit: «Or, tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l'espérance.» (Rom. 15:4). Il va jusqu'à attribuer les paroles de Dieu lui-même aux Écritures de l'Ancien Testament: «Aussi l'Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d'avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham. Toutes les nations seront bénies en toi!» (Gal. 3:8)
Ensuite, voyons si un auteur du Nouveau Testament affirme qu'un autre auteur du Nouveau Testament est inspiré. Comme nous l'avons vu au chapitre 4, c'est le cas de l'apôtre Pierre qui parle de Paul: «C'est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, appliquez-vous à être trouvés par lui sans tache et irréprochables dans la paix. Croyez que la patience de notre Seigneur est votre salut, comme notre bien-aimé frère Paul vous l'a aussi écrit selon la sagesse qui lui a été donnée. C'est ce qu'il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Écritures, pour leur propre ruine. » (2 Pierre 3:14-16).
Que dit Pierre? Premièrement, que Paul a écrit d'une certaine manière dans toutes ses épîtres, et deuxièmement, que ses écrits font partie des Écritures. Ainsi Pierre déclare que les épîtres de Paul sont inspirées et, par conséquent, la Parole de Dieu.
A maintes reprises, l'apôtre Paul affirme communiquer par inspiration une révélation reçue directement de la part de Dieu.
Voici un premier exemple: «Je vous déclare, frères, que l'Évangile qui a été annoncé par moi n'est pas de l'homme: car je ne l'ai ni reçu ni appris d'un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ.» (Gal. 1 :11-12)
Voici une autre affirmation du caractère inspiré de son message: -C'est pourquoi nous rendons continuellement grâces à Dieu de ce qu'en recevant la parole de Dieu, que nous vous avons fait entendre, vous l'avez reçue, non comme la parole des hommes, mais, ainsi qu'elle l'est véritablement, comme la parole de Dieu, qui agit en vous qui croyez. » (1 Thess. 2:13). Paul n'aurait pu déclarer plus clairement qu'il croyait enseigner et écrire la Parole de Dieu même. Par conséquent, ou bien Paul faisait preuve d'un orgueil monstrueux, ou bien il déclarait tout simplement la vérité.
Du début de la Bible à la fin, ses auteurs sont totalement convaincus de communiquer les paroles mêmes de Dieu. Leurs écrits revendiquent une inspiration et une autorité divines qui ne sont propres à aucun autre écrit antérieur ou ultérieur.
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Le Canon est clos définitivement
Revenons à la question posée au début de ce chapitre: existe-t-il une nette différence entre la façon dont Dieu a parlé autrefois par les prophètes et les apôtres et sa manière de nous parler aujourd'hui? Dieu accomplit certes des merveilles à notre époque: par son Saint-Esprit, il guide et fortifie ses enfants afin qu'ils témoignent, écrivent et agissent avec un impact et une puissance extraordinaires. En revanche, Dieu n'inspire aucune nouvelle révélation destinée à être ajoutée à l'Écriture. En un mot, le Canon de l'Écriture est clos.
Le mot «Canon» exige un peu d'explications. En effet, lorsque l'on mentionne le « Canon » de l'Écriture, la perplexité se lit sur le visage de certains croyants, Ils savent que la Parole de Dieu est comparée à une épée à deux tranchants (Héb. 4:12), mais ils ne se souviennent d'aucun passage qui la compare à une arme à feu!
En réalité, le mot « canon» est à la fois une métaphore et un jeu de mots. Il vient du mot grec, kanon, qui signifie « une baguette ou une barre... une règle (pour mesurer), un critère, une limite ».(3) La racine du mot kanon provenait à l'origine d'un mot qui signifiait «un roseau» (cf. notre « canne »). A l'époque de la Bible, les Israélites utilisaient un roseau comme une unité de mesure. Ainsi, ce mot a fini par signifier au sens figuré «étalon » ou « norme».
Ce terme était employé dans de nombreux domaines: en grammaire, pour une règle; en chronologie, pour un tableau de dates; en littérature, pour une liste de livres attribués à un auteur donné.' Enfin, le mot Canon a été utilisé pour désigner la liste complète des livres inspirés et reçus de Dieu. En 250 après J.C., Athanase, évêque d'Alexandrie, appellera «Canon» l'ensemble du Nouveau Testament. (5) Par ce terme, il indique que les vingt-sept livres employés dans les Églises sont l'achèvement de la révélation que Dieu avait commencé à donner dans les livres de l'Ancien Testament.
Quelques livres du Nouveau Testament ont certes été contestés pendant un temps par certains, néanmoins la liste de livres retenus par Athanase et par d'autres Pères de l'Église des premiers siècles a été universellement approuvée ensuite. Cela ne signifie pas qu'ils ont décidé eux-mêmes quels livres feraient partis du Nouveau Testament mais qu'ils reconnurent les livres généralement utilisés dans les églises depuis le temps des apôtres. La majorité des livres du Nouveau Testament formaient déjà un ensemble dans les manuscrits en provenance d'Antioche qui furent traduits pour la première fois dans la Peshitta Syriaque vers l'an 150 et dans la Vestus Itala vers l'an 160. Ces textes furent recopiés dans l'original comme dans les traductions et distribués dans les différentes églises de cette période, chaque église les recopiait puis les envoya à une autre église qui fit de même. Il faut réaliser que cela était un long procédé car la photocopieuse n'existait pas en ce temps et tout était fait à la main sous la direction de la providence de Dieu. Ce sont ces copies qui forment la masse des manuscrits que nous avons de nos jours et dont le nombre est au-dessus de six mille en grec, huit mille en latin, et un grand nombre en autres langues. Même que certaines églises y ajoutèrent des livres reconnus aujourd'hui comme des pseudopigraphes ou faux écrits. Les auteurs de ces livres tentaient de les faire accepter au sein de la communauté chrétienne en y signant le nom d'un apôtre quelconque. Ceux-ci sont assez nombreux. Pour en mentionner quelques uns, nous y trouvons l'Évangile de Pierre, l'Apocalypse de Pierre, les Actes des Apôtres, les Actes d'André, l'Apocalypse de Paul, etc. Quelques-uns toutefois furent reconnus comme étant inspirés par certaines églises, de ceux-là nous avons la Didaché des Apôtres, l'Épître de Barnabé, le livre d'Énoch, et le Berger d'Hermas. La purge des livres du Nouveau Testament se fit que graduellement, certaines régions gardant le Canon d'Antioche intact, et d'autres étant plus hésitantes. Mais jamais aucun concile ne décida quel livres était pour faire parti de la Bible, cela était sous la direction de l'Esprit qui agissait pas sa divine providence dans la préservation de sa Parole écrite. Tout ce que les Conciles purent faire étaient de reconnaître un Canon déjà existant et y donner leur approbation. Qu'ils aient décidé de l'accepter ou non ne change rien au Canon déjà établit par l'Esprit, car nous le voyons au cours de l'histoire s'affermir davantage pour finalement prendre forme finale au temps de la Réforme et de là dans nos versions de la Bible. Aujourd'hui, l'expression de «Canon de l'Écriture» implique que la Bible est complète. Dieu nous a communique sa révélation une fois pour toutes. Désormais la Bible - Parole de Dieu irrévocable, efficace, suffisante, infaillible, inerrante et revêtue de l'autorité divine - est l'unique étalon qui nous permet de jauger la valeur de toute idée et de tout autre écrit. L'accomplissement ou perfectionnement de la révélation écrite est ce que l'apôtre Paul mentionne dans 1 Cor. 13:9,10: «Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie. Mais quand la perfection sera venue, alors ce qui est en partie sera aboli.» Dans ce passage, le mot perfection est «TÉLÉIOS» et signifie «accomplir», et cela s'applique à l'accomplissement des écrits du Nouveau Testament dans lequel nous avons la parfaite révélation de l'amour de Dieu et où nous «contemplons, comme en un miroir, la gloire du Seigneur à face découverte» (2 Cor. 3:18). Le Canon du Nouveau Testament avait été scellé par l'Esprit de Dieu depuis l'église d'Antioche. Aucune autre révélation écrite ne pouvait y être ajoutée. Quoique certains écrits puissent nous inspirer comme les trois allégories de John Bunyan «Le Voyage du Pèlerin, Le Voyage de Christine, et La Guerre Sainte», et même si nous considérions Bunyan comme le dernier des prophètes, ces écrits ne peuvent trouver place dans le Canon des Écritures.
La formation du Canon de l'Ancien Testament
Le mot « Canon» n'a pas été employé pour les Écritures à l'époque de l'Ancien Testament. En revanche, les trente-neuf livres de notre Ancien Testament étaient reconnus comme formant un recueil unique d'écrits sacrés.
Deux critères ont servi pour reconnaître un livre comme faisant partie de ce recueil: (1) il devait être écrit par un prophète ou par quelqu'un ayant le don de prophétie et donc inspiré par Dieu; (2) il devait être reçu, conservé et lu par les Israélites, le peuple de Dieu.
Certains auteurs de l'Ancien Testament n'étaient pas connus officiellement comme des prophètes. Par exemple, Daniel était en fait un Juif devenu haut fonctionnaire pendant la captivité à Babylone. David et Salomon étaient deux des rois d'Israël. Néhémie était l'échanson du roi Artaxerxès lorsqu'il était en exil à Babylone avant de devenir gouverneur de la ville restaurée de Jérusalem. Cependant, tous ces hommes étaient considérés comme ayant des dons prophétiques et ont été employés par Dieu pour écrire et parler de sa part.
Le dernier livre de l'Ancien Testament à être reconnu comme la Parole de Dieu a été rédigé vers 425 avant J.C. par le prophète Malachie. Savoir quels livres étaient inspirés par Dieu ne posait aucun problème. D'une part, leurs auteurs affirmaient être inspirés (comme nous l'avons vu plus haut); d'autre part, quand le peuple de Dieu a vérifié ces écrits, ils n'y ont décelé aucune erreur, d'ordre historique, géographique ou théologique qui puisse mettre en doute leur inspiration.
La tradition juive soutient que les derniers compilateurs du Canon de l'Ancien Testament appartenaient à la Grande Synagogue, cette école de scribes fondée par Esdras après le retour des Juifs de la captivité à Babylone. Fait intéressant, tout comme à cette époque, à plusieurs reprises on a essayé d'ajouter aux Écritures de l'Ancien Testament une quinzaine de livres non canoniques appelés aujourd'hui les Apocryphes (du grec apokrupha, caché). Ils comprennent 1 et 2 Esdras, Tobie, Judith, des Additions au livre d'Esther, la Sagesse de Salomon, l'Ecclésiastique, Baruch (avec la Lettre de Jérémie), des Additions au livre de Daniel (le Cantique des Trois Jeunes Gens, la Prière d'Azarias, l'histoire de Suzanne, Bel et le Dragon), la Prière de Manassé et 1 et 2 Maccabées.
Les Juifs n'ont jamais ajouté les livres apocryphes au Canon de l'Ancien Testament car: (1) rédigés fort longtemps après l'achèvement du Canon vers 400 avant J.C., ils ne possèdent aucun souffle prophétique propre aux Écritures inspirées. (6) (2) Aucun de leurs auteurs n'affirme être divinement inspiré, et certains même le nient. (3) Ils contiennent des erreurs de fait et des enseignements éthiques et doctrinaux en contradiction avec le Canon hébraïque. Par exemple, ils justifient le suicide et l'assassinat, et enseignent aussi la prière pour les morts. (Fait intéressant, au Concile de Trente (1546) l'Église catholique a accepté les livres apocryphes, décision confirmée par le Concile du Vatican (1870). Toutefois, la Bible de Jérusalem reconnaît ces livres comme «deutérocanoniques» car absents de la Bible hébraïque.)
Le choix des livres du Nouveau-Testament
Les critères employés par l'Église primitive pour reconnaître les Écritures du Nouveau Testament étaient à peu près les mêmes que ceux utilisés par les Juifs pour les livres de l'Ancien Testament.
Le livre a-t-il été écrit par un apôtre ou par quelqu'un étroitement associé à un apôtre ? Une fois encore, la question-clé était l'inspiration du livre, mais pour être reconnu comme inspiré un livre devait avoir été écrit par un apôtre ou par un proche collaborateur d'un apôtre, ou encore par quelqu'un ayant connu personnellement le Seigneur. Par exemple, Marc n'était pas un apôtre, mais il était un intime de Pierre. Luc, le seul auteur non-juif du Nouveau Testament, n'était pas non plus un apôtre, mais il a collaboré étroitement avec Paul, devenu apôtre suite à son expérience particulière sur le chemin de Damas. Ceci ne signifie pas que les apôtres étaient eux-mêmes inspirés car la Bible déclare que ce sont les Écrits, les lettres mêmes qui composent le Texte Sacré, qui sont inspirées et non les rédacteurs (2 Tim. 3:16). Tant qu'aux rédacteurs on ne peut leur attribué l'inspiration mais l'illumination, c'est à dire la révélation directe de Dieu des mots et concepts qui font partie des Écritures.
Jésus a promis de rendre les apôtres capables de rédiger l'Écriture inspirée quand il leur a annoncé dans la Chambre Haute: «... le consolateur, l'Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit» (Jean 14:26). Le Seigneur n'a pas fait cette promesse aux croyants de tous les siècles mais spécifiquement à ses apôtres et ils le savaient. En effet, comme nous l'avons déjà vu dans ce chapitre, ils affirment eux-mêmes être appelés d'une manière irrésistible à ce travail (2 Pi. 1:19-21) et ils confirment l'inspiration des écrits des autres apôtres (2 Pi. 3:15). Sans conteste, le critère essentiel de l'inspiration des écrits du Nouveau Testament est l'autorité apostolique.
Un autre critère appliqué par l'Église primitive concerne le contenu des livres. Les écrits en question s'accordent-ils avec la doctrine des apôtres? Dans les premières années de l'Église, les Gnostiques et d'autres hérétiques ont tenté d'introduire de faux livres, mais en vain: s'ils ne s'accordaient pas avec la doctrine apostolique, ils n'avaient aucune chance d'être acceptés. Or, les aberrations doctrinales étaient faciles à reconnaître.
Un troisième critère consistait à demander si le livre était lu et utilisé dans les Églises. Le peuple de Dieu l'acceptait-il, le lisait-il dans les cultes publics, et mettait-il son enseignement en pratique?
Le critère final concerne la reconnaissance et l'emploi des livres par les générations immédiatement postérieures aux apôtres et surtout par les Pères apostoliques. Les Pères de l'Église (comme Polycarpe. Justin Martyr, Tertullien, Origène, Eusèbe, Athanase, Jérôme et Augustin) utilisaient et approuvaient les écrits apostoliques. Fait important, ces Pères n'ont pas imposé à l'Église des livres choisis par eux. Aucun homme ni aucun groupe d'hommes n'a déclaré canonique un seul livre.
C'est Dieu qui a décidé du Canon en inspirant certains livres et pas d'autres. Ensuite, les hommes ont reconnu leur inspiration en les lisant régulièrement pendant une longue période. Le Canon a finalement fait l'objet d'un consensus tant chez les dirigeants de l'Eglise que chez les fidèles, les uns et les autres étant guidés par le Saint-Esprit.
Comme avec l'Ancien Testament, un nombre impressionnant de livres apocryphes du Nouveau Testament ont également surgi. Ils comprennent l'épître de Barnabé, l'Apocalypse de Pierre, l'Évangile de Nicodème, le Berger d'Hermas et aussi les «Évangiles» d'André, de Bartolomé, de Thomas et de Philippe. Mais tous ces livres ont été écartés du Canon du Nouveau Testament car leur caractère apostolique n'a pu être démontré à l'aide des critères d'authenticité déjà mentionnés.
Le Canon des livres inspirés du Nouveau Testament s'est constitué de façon lente et graduelle sans qu'aucun concile l'ait jamais décrété officiellement. En revanche, plusieurs conciles ont reconnu le consensus existant déjà parmi les croyants concernant les livres considérés comme inspirés. A la fin du quatrième siècle l'unanimité sur le Canon était totale: les 27 livres de notre Nouveau Testament étaient reconnus partout. (7)
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Peut-on ajouter « une nouvelle révélation » ?
Les faux livres apocryphes de l'Ancien et du Nouveau Testaments (appelés aussi les pseudepigrapha) constituaient seulement les premières tentatives à ajouter « de nouvelles révélations» à l'Écriture. (8) Au cours des siècles, et encore à notre époque, divers individus ou groupes ont revendiqué pour leurs écrits une inspiration et une autorité égales à celles de la Bible, avec toujours la même conséquence, l'erreur et le chaos spirituel. Pour preuve, il suffit de considérer les affirmations des principales sectes en marge du vrai christianisme.
Les Mormons ont mis sur le même plan que l'Écriture trois œuvres: La Doctrine et les Alliances, la Perle de grand prix, et le Livre de Mormon. Par exemple, le Livre de l'Alma (5:45-46) déclare: «Ne supposez-vous pas que je connais moi-même ces choses? Écoutez, je peux vous affirmer que je sais que ce que j'écris est vrai. Comment croyez-vous que je le sache avec certitude? Parce que le Saint-Esprit de Dieu me l'a révélé... c'est l'esprit de révélation qui est en moi. » (9)
La Science chrétienne a élevé La Science et la Santé, et Clé des Écritures au même niveau que l'Écriture. L'un de leurs documents affirme: « Parce qu'il ne s'agit pas d'une philosophie humaine, mais d'une révélation divine, la raison et la logique divines de la Science Chrétienne la met à part de tout autre système. » (10) Mary Baker Eddy, prétendue « révélatrice de vérité pour cette génération», (11) a écrit: « Je rougirais de me croire le seul auteur, sans Dieu, de La Science et la Santé, et Clé des Écritures. Je n'ai été qu'un scribe.» (12)
Les Témoins de Jéhovah commettent la même erreur quand ils prétendent: «La Tour de Garde est une revue sans égal sur terre, car Dieu en est l'auteur. » (13)
David Berg, le leader des Enfants de Dieu pense lui aussi avoir reçu de nouvelles révélations de la part de Dieu. Se prenant à la fois pour Moïse, pour un prophète des derniers jours et pour David, le roi d'Israël, Berg a écrit environ cinq cents lettres en cinq ans. Selon un rapport paru dans Christianirv Today, Berg (à qui l'on attribue plusieurs concubines) affirme que ses lettres sont «la Parole de Dieu pour aujourd'hui» qui remplace la Bible, <la Parole de Dieu pour hier.» (14)
Et qu'en est-il des églises dites chrétiennes qui ajoutent leur Confession de Foi ou des Symboles comme ceux des Apôtres, de Nicée et d'Athanase, ou de celles qui ajoutent des pratiques extatiques comme le parler en langues et la Prophétie comme ayant autorité au même niveau que les Écritures. Toutes ces choses renverse l'autorité des Écritures pour la remettre entre les mains de personnes astucieuses qui ne demandent mieux que de dominer sur la foi et sur les consciences individuelles.
Ce ne sont que quelques exemples parmi un grand nombre. Néanmoins, ils illustrent un fait essentiel tout aussi vrai aujourd'hui que lors de la formation du Canon: quiconque critique et conteste, retranche ou ajoute à la Parole inspirée de Dieu finit par rejeter l'autorité divine du Seigneur Jésus-Christ lui-même et par transférer son autorité suprême à l'homme. En un mot, il substitue la créature au Créateur.
Les auteurs de l'Écriture s'expriment avec une conviction et une autorité uniques qui ne peuvent venir que de Dieu lui-même. Ils n'emploient jamais des expressions comme: «Je crois avoir raison» ou: «Vous ne serez sans doute pas d'accord, mais moi, je pense... » Au contraire, ils répètent à maintes reprises et de diverses manières: «Ainsi parle l'Eternel» ou encore: «Dieu a mis ses paroles dans ma bouche ». Ils ne supposent pas que leurs écrits sont inspirés de Dieu, ils le savent.
Tout chrétien devrait connaître et bien comprendre l'expression « le Canon de l'Écriture ». Le Canon désigne les soixante-six livres reconnus comme règle infaillible de foi et de pratique pour l'Église de tous les temps. Depuis l'achèvement du Canon du Nouveau Testament au quatrième siècle, certains se sont demandé si l'on ne devrait pas y ajouter d'autres livres; après tout, affirment-ils, Dieu a continué à agir et à parler par le Saint-Esprit tout au long des siècles. Cependant, Apocalypse 22:18 insiste sans ambiguïté: «Je le déclare a quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre, si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre. »
Vous pouvez toujours prétendre que cet avertissement ne s'applique pas à la Bible tout entière mais au seul livre de l'Apocalypse. Cependant, avant de vous féliciter de cette trouvaille, souvenez-vous que l'Apocalypse, à la fois par son contenu et par la décision de ceux qui ont arrêté le Canon, constitue le dernier livre de la Bible. Par conséquent, ajouter à l'Apocalypse revient à ajouter à la Bible et expose celui qui agit ainsi à subir la malédiction prononcée dans Apoc. 22: 18.
Certes, on doit admettre que des plaies littérales ne se sont pas forcément abattues sur ceux qui ont ajouté à l'Écriture. Cependant certains d'entre eux ont connu un destin tragique, voire terrible. Par ailleurs, il se peut que Dieu retienne parfois la plénitude de la malédiction d'Apocalypse 22:18 jusqu'au jour du Jugement dernier. Une chose est certaine: Christ a mis le sceau de sa propre autorité sur l'Écriture, et l'Église, guidée par le Saint-Esprit, a discerné quels livres ont été inspirés par Dieu. Par conséquent, admettre que quiconque puisse annoncer une révélation de la part de Dieu revient à payer un prix beaucoup trop élevé. En effet, nier, voire simplement négliger, le fait que les Saintes Écritures constituent l'unique Parole de Dieu inspirée ouvre la porte à n'importe quelle innovation et déviation.
A Christ seul soit la Gloire
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1 Henry M. Morris, Many Infaillible Proofs (San Diego, Creation-Life Publishers, 1974), p. 157.
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2 ibid, p. 159.
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3 G. Abbot-Smith, Manuel Greek Lexicon of the
New Testament (Edinburgh: T. and T. Clark, 1921), p. 230.
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4 Merril C. Tenney, The New Testament (Grand Rapids, WM. Eedrmans Publishing Co.,1953), p. 47
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5 B. F. Westcott, A General Survey of the History of the Canon of the New Testament (Londres: Macmillan Publishing Co., 1875), p. 516.
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6 La formation du Canon de l'Ancien-Testament est traitée de façon très complète par Norman L. Geisler et William E. Nix dans: From God to Us: How We Got Our Bible (Chicago: Moody Press, 1974).
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7 Voir l'article « The Canon of Scripture» par Donald Guthrie dans The New International Dictionary of the Christian Church (Grand Rapids: Zondervan Publishing House, 19-74), pp. 189-190.
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8 Les livres apocryphes sont bien traités par Norman L. Geisler et William E. Nix dans A General Introduction to the Bible (Chicago, Moody Press, 1968), op. 162-207,
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9 Alma 5: 45-46. The Book of Mormon, (Salt Lake City: The Church of Jesus-Christ of Latter-Day Saints, 1950), p. 208.
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10 The Christian Science journal 3:7 (juillet 1975), p. 362.
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11 ibid p. 361..
12 The First Church of Christ Scientist and Miscellany (Boston, 1941), p. 115.
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13 The Watchtower (avril 15.1943), p. 127.
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14 Christianity Today 21 :10 (18 février, 1977), p. 18.
A Christ seul soit la Gloire
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