DICTIONNAIRE DE LA
BIBLE
ou
CONCORDANCE
RAISONNÉE DES SAINTES ÉCRITURES
JEAN-AUGUSTIN BOST 1849
corrigé, rénové, et augmenté de plusieurs notes
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annotations en
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CONTENANT, EN PLUS DE 4,000 ARTICLES:
1. La
Biographie sacrée;
2. L'Histoire
sainte;
3. L'Archéologie
biblique;
4. La
Géographie biblique;
5. L'Histoire
naturelle biblique, la Botanique, la Zoologie et la Géologie;
6. L'Esprit
de la législation mosaïque;
7. Des
Introductions spéciales aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament;
8. Des
Essais sur diverses portions des Écritures;
9. L'Interprétation
et l'explication d'un grand nombre de passages obscurs ou mal traduits;
10. Des
Directions pour l'étude de la prophétie, etc.
________________________________________
DICTIONNAIRE DE LA BIBLE
MM.
Howeker, libraire à Amsterdam.
L.
Van Bakkenes, libraire à Amsterdam.
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et Comp., libraires à Amsterdam.
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et Comp., libraires, Soho-Square, à Londres.
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et Oakey, 34, Paternoster Row, à Londres.
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Veuve
Duret-Corbaz, libraire à Lausanne.
Michaud,
libraire à Neuchâtel.
Ch. Twietmeyer, libraire à Leipzig.
Si la destructivité est peut-être le caractère
dominant de notre siècle, si la destructibilité est le caractère de toutes les
puissances qui cherchent sur la terre un point d'appui; s'il n'y a plus rien
ici-bas qui soit aujourd'hui respecté, si tout est ébranlé, si les royaumes se
dissolvent, si la propriété est menacée d'une transformation, si par
quelques-uns la famille est niée au point de vue humanitaire; si la tiare
pontificale, vulgairement appelée religion, est elle-même compromise, si les
États de l'Église sont menacés dans leur existence comme les Églises de l'État,
si les puissances les mieux établies semblent être à la merci du premier vent qui
souffle, il reste encore une puissance que rien n'a jamais pu renverser, ni
ébranler: une puissance qui n'a pu être détruite ni par les révolutionnaires
français du dix-huitième siècle, ni par les révolutionnaires romains du
douzième et du seizième; une puissance contre laquelle ont échoué les
dragonnades de Louis XIV, et les flammes du clergé; une puissance qui a résisté
à la force plus délétère encore de l'oubli, de l'indifférence, de l'ignorance,
du mépris; une puissance que n'ont pu compromettre ni les moines oisifs des
couvents, ni les moines furieux de l'inquisition, ni ceux qui élevaient leurs
bâtards sur le trône des papes, ni ceux qui brûlaient Jean Huss; une puissance
qui s'est montrée plus forte que les supplices, plus forte aussi que la corruption;
une puissance enfin qui depuis dix-huit siècles toujours la même, toujours
sereine et pure, préside à la chute de tous ses ennemis, offre à tous les
malheureux d'ineffables consolations, et reste seule debout, seule forte, au
milieu des débris nombreux qui jonchent la terre autour d'elle.
Cette puissance, c'est la Parole de Dieu.
Sa force, c'est de ne renfermer aucun alliage humain.
Elle est esprit et vie. Insensible à toute action terrestre, elle grandit par
ses revers comme par ses succès, à l'inverse de tous les pouvoirs matériels,
ecclésiastiques ou civils, qui, souillés de terre, tombent par leurs succès non
moins que par leurs revers.
Il semble que la société moderne commence à le
comprendre; elle se détache toujours plus, et surtout en religion, de ces
autorités sans force morale qui pendant longtemps ont voulu s'imposer à elle.
Assez longtemps on lui a dit: Occupez-vous du matériel, je m'occuperai du
spirituel. Et maintenant ce matériel lui pèse; elle s'en effraye; elle veut,
elle aussi, s'occuper du spirituel; elle le cherche, mais où le
trouvera-t-elle? Dans l'énervante et fade lecture des romans et des livres
d'imagination? elle l'a essayé, et n'en veut plus. Dans les préoccupations
politiques? elle l'a essayé, elle a espéré, elle n'a trouvé que déceptions.
Dans la religion? mais laquelle? À laquelle donnera-t-on ce nom? Dieu a permis
que celle que Voltaire appelait l'infâme, et que la main des hommes ne saurait
détruire, se détruisît elle-même, qu'elle tombât de son propre poids, qu'elle
arrachât elle-même le bandeau à ses prétendus sectateurs, et qu'elle leur dît:
Je ne suis pas une puissance spirituelle, je ne suis qu'une puissance
matérielle; je ne succomberai point; j'ai 300,000 baïonnettes pour me soutenir.
Il a fallu (Dieu l'a permis) qu'elle se montrât non point la colonne et l'appui
de la vérité, mais la fille des armes et du mensonge. Depuis longtemps on le
soupçonnait, on le sait aujourd'hui. Qui recueillera son héritage?
Il n'y a plus que deux prétendants en présence, la
Parole de Dieu, et l'incrédulité. Le grand nombre sans doute se rangeront dans
les rangs de ce dernier, l'incrédulité, qui peut s'accommoder de toutes les
formes religieuses, parce qu'elle a la conscience qu'elle les détruira toutes
dès qu'elle le voudra. Le petit nombre se grouperont autour de la Parole de
Dieu, et ils s'y grouperont tous, parce que l'idole que quelques-uns adoraient
encore par habitude ou par préjugé, se décompose de jour en jour, et perd
jusqu'à son prestige extérieur. Les âmes pieuses de toutes les communions
sentent le besoin impérieux de s'unir entre elles et de se séparer du monde.
L'unité factice, dont le pesant niveau a si longtemps écrasé les peuples et
l'Église, ne suffit plus aujourd'hui, pas plus en religion qu'en politique; le
temps des fictions est passé, parce que l'âge de majorité est venu. Une lutte
sourde, un travail souterrain s'accomplit au sein de toutes les sectes de la
chrétienté: le protestantisme n'est pas moins divisé que le catholicisme,
quoique par sa nature plus spirituelle, il ait moins à souffrir à l'extérieur:
dans aucun pays protestant on n'aurait songé à faire venir de la troupe pour
imposer un pasteur à ses paroissiens. Mais si, chez nous, la lutte est plus
théologique, plus ecclésiastique, moins mondaine, elle n'en existe pas moins;
si le principe de la liberté, qui est la base de notre constitution comme
Église, est lui-même notre sauvegarde contre les excès de la liberté, et ne
nous protège pas contre l'incrédulité; sous ce rapport même, parce qu'on n'a
pas l'habitude de se repaître de chimères, de se payer de mots, les
déchirements intérieurs sont plus visibles, plus sensibles, plus apparents, et
l'on peut compter et classer nos diverses Églises. Mais ce travail de
décomposition, ce travail qui se fait partout, n'est que le prélude nécessaire
de la recomposition: la déformation annonce non seulement une réformation, mais
une transformation. L'énigme est posée, mais elle n'est pas encore résolue, le
mot n'en est pas encore trouvé. Ce que l'on peut affirmer seulement, c'est que
c'est autour de la Parole de Dieu que l'Église chrétienne se constituera, des
fragments de tous ces corps qui auront été brisés entre les deux écueils de la
superstition et de l'irréligion, du fanatisme et de l'incrédulité: la Parole de
Dieu sera la seule autorité de l'Église nouvelle, parce que seule elle est
infaillible et spirituelle, parce que son autorité a déjà subi toutes les
épreuves sans ployer et sans rompre sous aucune. C'est même une chose assez
remarquable déjà, quoiqu'on ne puisse pas en conclure tout ce que les prémices
feraient attendre, que la Bible se soit créé un public en dehors du monde
religieux qui fait reposer sur elle ses espérances et sa foi. Les sciences
profanes, la philosophie, la philologie, l'histoire naturelle, étudient cet
antique document d'un vieux monde passé, et viennent tour à tour lui rendre
hommage; nos grands historiens cherchent dans la divinité la clef, le secret de
l'histoire; c'est dans la religion que les littérateurs vont puiser leurs plus
belles inspirations; les politiques, les économistes en appellent à la Bible,
et les journalistes même, dans l'examen des questions sociales, empruntent à la
législation hébraïque, aux discours de Jésus, aux enseignements des apôtres des
arguments dont le point de départ, du moins, aurait bien étonné les
encyclopédistes, et les désorienterait tout à fait s'ils n'avaient pas, pour se
retrouver en chemin, le point commun d'arrivée et de but. La Bible a rompu les
digues que les hommes avaient élevées pour la contenir, elle est entrée dans le
domaine public, le principe de la réforme a triomphé comme triomphe toujours
tout principe véritable; il reste maintenant à le développer, à l'appliquer.
C'est le moment de la crise. Tous les partis ont fait cette expérience qu'il
est plus aisé de remporter une victoire que d'en profiter, et que
l'organisation définitive est bien rarement accomplie par les mêmes mains qui
ont fait la conquête.
Quels que soient les hommes nouveaux de cette œuvre
nouvelle, et quels que soient leurs devoirs, ce n'est que dans la Bible qu'ils
pourront trouver et leur raison d'être et leurs moyens d'action. Ils ne seront
pas appelés à créer ou à inventer; leur but peut être immense, mais leur tâche
continuera d'être modeste; ils auront à comprendre la théologie, à l'appliquer,
mais ils ne pourront pas en faire une nouvelle. Ils devront autant se garder de
faire quelque chose de moderne, que d'évoquer les traditions de l'ancienne
scolastique. La simple, mais consciencieuse et savante étude de la Bible doit
toujours plus devenir à cet égard le grand juge des controverses, la règle de
la foi, le mobile de la vie; et cette étude n'est autre que la théologie. Qu'il
y ait encore bien des choses à comprendre, et même à apprendre, c'est ce qui
est évident pour tous ceux qui n'auront pas un parti pris d'avance de ne rien
apprendre, et de ne rien oublier. L'étude des prophéties et plusieurs points de
la dogmatique renferment des obscurités qui ne doivent point être éternelles,
et l'on ne saurait avoir tout dit, quand on a dit: C'est un mystère. Dans la
pratique le degré du renoncement à soi-même, le degré de l'amour que l'on doit
avoir pour son prochain (degré est un triste mot pour des choses qu'on aime à
se représenter comme devant être sans limites), les rapports des hommes les uns
avec les autres, des riches avec les pauvres, les droits et les devoirs d'un
État chrétien, le point où la désobéissance à l'État devient un devoir pour le
chrétien (dans la question du service militaire par exemple), les
divertissements légitimes, etc., sont autant de sujets sur lesquels il faut
réfléchir encore, autant de points sur lesquels la théologie prononcera plus
sûrement encore quand elle sera débarrassée des préoccupations personnelles,
des langes du passé, et de l'ignorance accidentelle ou systématique de ceux que
l'on pourrait quelquefois croire ses représentants.
La théologie! ce mot ne sera guère bien vu de tout le
monde. On l'a condamné pour l'abus qu'on en a fait. Aux uns il rappelle la
scolastique du moyen âge; pour les autres il est le synonyme d'idéologie; c'est
pour plusieurs une vaine théorie, une science faussement ainsi nommée, la foi
sans les œuvres, ou une pédantesque érudition. C'est une chose assez ordinaire
de faire porter aux systèmes la peine des fautes de leurs partisans; le
christianisme a été attaqué souvent à cause de la conduite des chrétiens; la
théologie, au même titre, a dû pâtir des fautes des théologiens; mais
l'imputation n'est pas plus juste dans un cas que dans l'autre. La théologie ne
diffère pas plus du christianisme que la foi ne diffère des œuvres; la
théologie c'est le christianisme acquérant la conscience de lui-même; la
théologie c'est l'étude des saintes lettres, la contemplation de Dieu en
Jésus-Christ.
Sans doute on pourra dire encore qu'en définitive la
théologie n'est que de la théorie; mais ce que l'on ne dira pas, c'est le mal
qu'un semblable indifférentisme a fait à l'Église. Ce dédain pour la science
théologique est tout aussi légitime que le serait le mépris du voyageur pour
celui dont les rêves ont imaginé l'application de la vapeur à la mécanique. On
peut se passer de la science théologique comme on peut se passer des
élucubrations astronomiques de tous ceux qui ont tracé et calculé la marche des
astres; ils ont travaillé dans le ciel, et les praticiens sont sur la terre.
Comme science, la théologie n'est sans doute pas le christianisme, mais elle en
est à la fois l'avant-garde, et la sauvegarde. La théologie a souvent fait
fausse route, mais qui nous dira combien de fois l'ignorance s'est jetée dans
les travers du mysticisme ou de l'incrédulité? Qui nous dira les écueils contre
lesquels sont venues se heurter des âmes simples et sérieuses naviguant sans la
connaissance des eaux? Qui nous dira combien de fois, en marchant sur cette
terre inconnue, à tâtons au milieu de précipices dont rien n'indiquait la
présence, des âmes pieuses et des Églises entières ont versé pour ne se relever
qu'avec peine, ou ne point se relever, et compromis ainsi une cause qu'elles
voulaient servir avec zèle, mais sans connaissance? Qui nous dira jusqu'à quel
point cette ignorance n'a pas, de nos jours encore, fatalement influé sur la
durée, la profondeur et la réalité du réveil religieux, dont on avait pu
concevoir tant et de si belles espérances! Pourquoi si peu de fruits après tant
de fleurs? Ah! sans doute, lorsque la foi est ce qu'elle doit être, vive,
enfantine et pure, elle peut suppléer à la connaissance, parce qu'elle est
elle-même la démonstration des choses qu'on ne voit point. Mais elle ne le peut
qu'à la condition d'être entière et sans tache ni défaut. Elle ne le peut aussi
que parce qu'il est dans sa nature même de ne point rester incomplète, mais de
s'agréger la connaissance, de s'approprier la science, de croître en
s'assimilant tous les éléments de la révélation. Elle ne veut perdre aucune des
paroles qui lui ont été données comme «propres à enseigner, à instruire, à
convaincre, pour que l'homme de Dieu soit accompli, et parfaitement instruit
pour toute bonne œuvre.» Elle ne se contente pas de connaître en partie, elle
aspire à connaître parfaitement. Du jour où l'ignorance cesse de lui peser,
c'est que l'indifférence a commencé; c'est que la foi languit; alors cette
plénitude de vie et de force qui la soutenait au milieu des difficultés de la
route l'abandonne; alors aussi cette connaissance qui était pour elle un besoin
intérieur, devient pour elle, bon gré mal gré, un besoin extérieur. La force
qui lui manque au-dedans, il faut qu'elle la retrouve au dehors; après comme
avant, à la foi il faut ajouter la science. C'est une nécessité pour l'individu
comme pour l'Église.
Il suffirait d'ailleurs pour s'en convaincre de
consulter l'état de nos paroisses, ou de lire quelques-uns de ces pâles
sermons, maigres, étiques, sans substance, dont on les repaît si habituellement
en tant de lieux. De la morale, de la dogmatique, délayée en trois points
filandreux, de bons vœux, sans doute, parfois des descriptions pathétiques, de
touchants tableaux, mais le retour invincible aux lieux communs, au cadre tout
fait, au moule convenu, enfin l'horreur des questions élevées et précises,
scientifiques et complètes; voilà ce qui leur a valu depuis un certain nombre
d'années cette réputation de somnolence dont ils auront de la peine à se
débarrasser. Et pour peu que cela continue quelque temps encore, nous n'aurons
bientôt plus grand chose à envier sous ce rapport aux prônes des curés de
village; nous aurons même le pittoresque de moins. Les paroisses de leur côté,
ou plutôt les paroissiens, ne cessant d'entendre les mêmes choses sous toutes
les formes, et ne distinguant plus les sermons que par les textes, ne tardent
pas à s'imaginer qu'ils en savent aussi long que leurs conducteurs, et partant
ils cessent d'étudier l'Écriture; bientôt ils cessent même de la lire; ils ne
fréquentent plus le culte, ou s'ils le fréquentent encore, ce n'est que par
accident. On a des anciens qui ne connaissent plus, même les éléments de la
vérité religieuse, et des catéchumènes dont l'unique préoccupation, puisqu'ils
en savent autant que leurs pères, est d'avoir vite expédié la formalité de
l'instruction religieuse. Il en est sans doute autrement dans les grands
centres, où, sur le nombre, il s'est conservé un noyau vivant de ces chrétiens
de la vieille roche qui veulent encore que la Bible soit étudiée comme elle
doit l'être, sérieusement et à fond; et ce qui prouve le mieux en faveur de
l'idée sur laquelle nous croyons devoir insister, c'est ce double fait que,
partout, ceux qui ont la foi cherchent à la nourrir et à la fortifier par
l'étude de l'Écriture, partout aussi, ceux qui n'ont pas la foi négligent
jusqu'à la simple lecture de la Parole de Dieu.
Et qu'on ne dise pas que cette étude suffise à elle
seule et sans aucune espèce de secours. L'Écriture a beau être simple et claire
comme le jour, pour tout ce qui concerne les points essentiels de la morale et
de la foi, elle n'en renferme pas moins des difficultés de fait, matérielles,
résultant pour nous des temps et des lieux où elle a été écrite. On dira sans
doute, pour pouvoir continuer de dormir, que les détails importent peu
lorsqu'on est sûr de l'ensemble, et que, pourvu que les points fondamentaux
soient solidement acquis, et clairs à entendre, on peut se passer de
l'intelligence de tout ce qui n'est que matériel, lettre, et non esprit. Avec
ce faux spiritualisme, invoqué déjà par les docètes, avec cette spirituelle
paresse, avec ce dédain pour les faits et pour les détails, on ira, et l'on a
été déjà plus loin qu'on ne voulait. Le Verbe éternel du Père a été mis dan un
corps humain: les Juifs n'ont crucifié que la matière. La Parole divine a été
incarnée dans un livre: ceux qui le brûlent ne brûlent que la matière, du
papier. On reconnaît la divinité du Saint-Esprit, mais on nie sa personnalité;
on garde l'esprit, on ne repousse que la forme: on n'a plus qu'un pas à faire
pour prétendre, avec Strauss, conserver l'esprit du christianisme et rejeter le
Christ historique, le mythe, la forme, la matière. Mais, comme en général on
est trop faible, trop inconséquent pour pousser jusqu'au bout les principes, on
taxera d'exagération ces déductions, car la pratique habituelle ne les justifie
pas. Eh bien! l'on aura autre chose. Vous aurez un bon frère du Béarn qui lira,
dans une assemblée chrétienne, la parole de Jacques: «L'homme est justifié par
les œuvres et non par la foi seulement», et qui, pour tout commentaire de la
doctrine de l'apôtre, vous dira simplement «qu'il y a là sans doute une faute
d'impression.» Vous aurez tel autre bon frère de la Suisse française, qui fera
un commentaire de dix minutes sur la chrétienne naïveté de saint Paul qui nous
dit: «Il vaut mieux se marier que de se brûler.» Vous aurez surtout cette foule
de petits docteurs qui ont le bonheur de ne douter de rien, qui, non seulement,
ne diront pas avec Socrate: Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien;
mais qui ne diront pas même avec saint Paul: Je ne veux savoir autre chose que
Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié. Docteurs irréfragables, mais non pas
angéliques, ils savent tout, affirment tout, et n'admettent pas même qu'on
puisse avoir un autre sentiment que le leur. Si vous leur faites quelque
objection, ils vous citeront, avec plus de mémoire et de piété que
d'intelligence et de sens, une foule de passages qu'ils comprendront peu, mais
dont ils refuseront de discuter la signification réelle; genre de controverse
facile, et dont on trouve des exemples ailleurs que chez ceux qui sont simples
de langage, de fortune, de titres ou de position. Et si c'est à l'orthodoxie
qu'on peut surtout adresser ce reproche, c'est que, seule aussi, elle risque de
tomber dans cet excès: l'indifférence religieuse a tout l'aplomb de la sagesse
et les plus parfaits dehors de la langueur et du marasme. Les uns ont un zèle
sans connaissance, on le leur reproche souvent; les autres n'ont ni zèle ni
connaissance, et c'est ainsi qu'ils se maintiennent en équilibre. Les premiers
lisent la Bible, mais ils ne l'étudient pas; les autres ne lisent rien, ou bien
ils lisent des romans ou des journaux. Il serait instructif, sous ce rapport,
de comparer le nombre des protestants de langue française, avec l'écoulement
moyen des publications qui leur sont adressées, en ne prenant même que les
publications hors ligne par le talent, et qui s'adressent à toutes les
intelligences, à toutes les consciences, à toutes les convictions. Quoi qu'il
en soit, on lit peu; on ne se nourrit pas, il semble que chacun tienne à ne se
plus nourrir que de sa propre substance, et l'on aura beau dire, ce ne sera
jamais une nourriture fort substantielle; les individus languissent, et l'Église!
l'Église elle-même, elle a fait ses preuves, et le moins qu'on puisse dire
c'est qu'elle languit aussi, c'est qu'elle est affaiblie, c'est que ces temps
généreux et forts des Dubosc, des Jurieu, des Basnage, des Dumoulin, des
Drelincourt, des Duplessis-Mornay, sont passés et n'ont laissé aux siècles qui
devaient suivre qu'un souvenir toujours vénéré, mais qu'on n'a ni le courage,
ni parfois même le désir d'imiter.
Nous possédons d'excellents ouvrages de controverse,
de dogmatique, d'histoire, d'excellents recueils de sermons; notre littérature
religieuse a des richesses de circonstance: elle possède aussi quelque travaux
d'un intérêt général, mais il y en a peu dans le nombre qu aient directement
pour objet l'étude et l'explication de l'Écriture sainte.
Cette lacune, j'ai essayé de la combler, du moins en
partie. L'empressement avec lequel l'annonce de cette publication a été reçue
presque généralement, prouve qu'un travail de ce genre était désiré, et que le
Dictionnaire de la Bible répond à un besoin réel et senti. L'ouvrage est
maintenant entre les mains du public; je n'ai plus à en expliquer la nature, et
chacun pourra voir si j'ai réalisé les promesses de mon prospectus. «Le
Dictionnaire, disais-je, traite de tout ce qui est matériellement et naturellement
obscur dans la Bible, des mœurs, des lieux, des hommes, des noms de plantes,
d'animaux, de minéraux, etc. J'explique par un mot la signification des noms
hébreux conservés dans les traductions, je rapporte les étymologies, les
divisions, les opinions diverses; j'ai cherché à donner des définitions claires
et précises, et à éviter tout ensemble les répétitions inutiles et la confusion
qui résulterait d'une trop grande concision. — J'ai conservé la chronologie
d'Ussérius. — J'ai cherché à mettre à profit la plupart des ouvrages de notre
littérature religieuse, et comme mon travail a pour but l'instruction plus que
l'édification proprement dite, ou plutôt, comme il se propose l'édification de
l'Église par son développement intellectuel, je suis sobre de réflexions, mais
je cite habituellement les ouvrages, dissertations, sermons, commentaires,
etc., qui peuvent suppléer à ce que je suis forcé d'omettre ou d'abréger.» — Je
n'ai pas consacré d'articles spéciaux aux noms de villes ou d'hommes qui ne se rencontrent
que dans les listes généalogiques ou dans les tables géographiques, sans aucun
détail qui les caractérise, parce qu'il n'y avait rien à en dire.
Le Dictionnaire de la Bible de dora Calmet, le
Realvœrterbuch de Winer, la Biographie sacrée de M. Coquerel, ont été mis à
profit pour la composition du présent travail, ainsi que les ouvrages spéciaux
de l'Allemagne et de l'Angleterre, Harris, Horne, Hævernick, Hengstenberg,
Tholuck, Olshausen, Schrœder, Harless, Steiger, etc. Quelques amis, MM. le comte
de Saint-Georges, A. Bost, Fr. Chavannes, Arm, de Mestral, Chatelanat,
Woringer, Golliez, etc., m'ont fourni des articles ou des renseignements
utiles. Je dois en particulier à M. de Saint-Georges les deux importants
articles Déluge et Création. Élève de l'École de Théologie de Genève, j'ai cru
pouvoir aussi me servir sans indiscrétion des notes de mes anciens maîtres,
auxquels je suis d'autant plus heureux de restituer publiquement une partie de
ce qui leur est dû, que vu le caractère privé de ces emprunts, je n'ai pu citer
chaque fois mes autorités, comme je l'ai fait lorsqu'il s'agissait de livres
tombés dans le domaine public.
Sans doute ce travail, le premier de ce genre qui ait
été entrepris dans notre Église, présentera des imperfections; je suis bien
loin de me le dissimuler, mais je ne veux pas anticiper sur la critique, et
surtout je ne veux pas me critiquer moi-même. Assez d'autres se chargeront de
ce soin; et je ne doute pas qu'ils ne soient plus indulgents que je ne pourrais
l'être et que je ne le suis réellement. Ils trouveront peut-être aussi que
malgré ses imperfections, ce livre occupera une place utile dans toutes les
maisons chrétiennes, et qu'il est de nature à rendre de vrais services aux
familles et aux Églises.
Quoique j'aie évité les articles de dogmatique
proprement dits, on s'apercevra aisément, et je ne m'en suis point caché, que
mes convictions sont celles qu'on connaît généralement sous le nom
d'orthodoxes, ou évangéliques. J'en bénis Dieu. Mais je ne le bénirais pas si,
sous un rapport quelconque, j'étais un homme de parti; c'est là une première
réserve. Je n'aime pas les partis, et je n'ai jamais su m'affilier à aucun; ils
sont presque toujours faux, et les partisans risquent d'aliéner, entre les
mains de leurs chefs, leurs doctrines, leur responsabilité, et leur
spontanéité. Les partis creusent la tombe de l'Église, parce que l'Église ne
vit que d'amour, les partis que de haine. — Je suis orthodoxe, mais je ne le
suis que sous bénéfice d'inventaire; c'est ma seconde réserve; on la trouvera
très simple, parce qu'elle ressort de l'idée même du protestantisme, mais
aujourd'hui ce qui est simple et logique n'est guère à l'ordre du jour. Toutes
les fois donc que, dans les 1200 pages de ce livre, je suivrai la route
(d'autres diraient la routine) orthodoxe, je le ferai non point par devoir, ou
comme un parti pris d'avance, mais par conviction personnelle et réfléchie,
qu'il s'agisse d'une question d'authenticité, d'un miracle, ou d'une
interprétation. — Enfin, et c'est ma troisième réserve, si pour moi
l'orthodoxie est essentielle à la vie, elle n'est cependant point la vie. C'est
sur ce point surtout que J'abonde dans le sens de cette vieille et vraie
brochure de mon père: Christianisme et Théologie, dont l'apparition a fait tant
de bruit et suscité tant de clameurs.
J'ai eu le temps de contracter bien des obligations
depuis que j'ai mis la main à l'œuvre, et je saisis avec joie l'occasion de
remercier ici collectivement les nombreux amis, connus et inconnus, qui m'ont
aidé, les uns de leur collaboration, les autres par l'appui chaleureux et
sympathique de lettres affectueuses auxquelles je n'ai pu répondre toujours,
mais que je conserve comme un des plus doux souvenirs qui me restent de mon
travail. Je dois en particulier des remerciements à mon collègue et ami M. le
pasteur Bastie, qui a bien voulu se charger de revoir la plus grande partie de
mon manuscrit; à M. Marc Ducloux dont le désintéressement a assuré la
publication de cet ouvrage, et dont l'intelligente activité a su tenir plus
encore qu'il n'avait promis; à M. Juste Olivier, enfin, l'ancien professeur de
l'académie de Lausanne, le poète populaire qui, lorsqu'il chantait:
Il est doux, il est doux d'avoir une patrie,
Des montagnes, des bois, un lac, un fleuve à soi,
Vignes, vergers, champs d'or, fraîche et verte
prairie,
Un cimetière en fleur, un autel pour sa foi!
O qu'il est donc amer d'errer à l'aventure,
Privé de tous ces biens!...
ne se doutait pas et ne pouvait guère se douter, qu'un
jour ces paroles de l'exilé seraient les siennes, et qu'il ne pourrait plus
chanter que de loin cette belle patrie où Dieu l'avait fait naître, et où ses
compatriotes s'étaient habitués à voir en lui le chantre et l'historien naturel
de leur nationalité.
Les circonstances, en le portant ailleurs, m'ont
favorisé d'une collaboration qui m'a été d'autant plus précieuse qu'elle avait
pour objet un travail minutieux et pénible, la surveillance et la vérification
de détails que l'auteur est, moins que personne, à même de faire d'une manière
convenable, et qui n'en exige pas moins tous les efforts d'une intelligence
attentive et clairvoyante. M. Olivier a ainsi contrôlé, la Bible sous les yeux,
toute cette multitude de chiffres qui y renvoient, afin de s'assurer que sur ce
point capital, où, avec mon système de notation abrégée, le moindre faux trait
de lettre ou de plume pouvait entraîner aisément et bientôt multiplier de
graves erreurs, les épreuves n'en laisseraient pas subsister. Le lecteur peut
donc avoir à cet égard une sécurité qui, surtout dans les ouvrages du genre du
mien, est une chose assez rare en typographie, pour qu'il soit juste de la
mentionner ici. — Deux ou trois passages, sur lesquels il y avait eu un
malentendu, ont été rétablis dans le supplément.
Je m'arrête. Cependant encore un mot, un mot pour moi
plus que pour le lecteur. Après dix années d'un travail pénible que
n'encourageait pas même la perspective d'un heureux dénouement, il m'est permis
d'être ému lorsque je vois enfin tous les obstacles aplanis, et cette
entreprise, peu considérable pour d'autres, mais très importante pour moi, bien
grande en comparaison de mes faibles forces, se réaliser au gré de mes désirs
et au-delà de tout ce que j'eusse pu espérer. Pour la première fois depuis dix
ans, je puis respirer à pleins poumons l'air pur de la campagne, et voir une
amie dans cette reine des nuits qui s'incline à l'horizon, saluer avec joie ces
premiers feux du jour qui tant de fois m'ont surpris dans un travail angoissé,
qui me trouvent aujourd'hui traçant ces dernières lignes, le cœur plein de joie
et de reconnaissance pour ce Dieu fidèle et bon qui seul m'a soutenu et
conduit. J'ai fait une fois de plus la douce expérience de sa fidélité; j'ai
compris une fois de plus qu'il vaut mieux se reposer sur l'Éternel que sur les
principaux d'entre les hommes. C'est pour Lui que j'ai travaillé; c'est entre
ses mains aussi que je remets avec confiance l'avenir de ce travail, le
suppliant de le bénir pour l'Église comme il l'a béni pour moi-même.
Templeux-le-Guérard, le 3 juillet 1849, au matin.
J.-Aug. Bost.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-A
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AARON,
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Lévite, fils ou descendant de Hamram et de Jokébed,
frère aîné de Moïse et cadet de Marie, Exode 6:20 Nombres 26:59, naquit en
Égypte l'an du monde 2430, une année avant la loi cruelle qui ordonnait la
destruction des enfants mâles des Hébreux. Il épousa Élisébah, qui lui enfanta
quatre fils, Nadab, Abihu, Éléazar et Ithamar. On a fort peu de détails sur ses
premières années, et c'est à l'âge de 83 ans seulement que commence pour nous
son histoire. Doué d'une grande éloquence naturelle, il fut donné à Moïse pour
porter la parole soit devant Pharaon, soit devant le peuple d'Israël, Exode
4:14-16. Il annonce à ses malheureux compatriotes les desseins de Dieu à leur
égard; il leur promet une prompte délivrance, et dénonce au roi d'Égypte les
châtiments qui l'attendent s'il refuse de se soumettre à la volonté de
l'Éternel. Bientôt les deux frères accomplissent leurs menaces, et le peuple,
délivré de la servitude, traverse la mer Rouge et s'avance dans le désert. Là,
deux mois après, les Hébreux sont attaqués par les Hamalécites; Moïse monte sur
une colline et prie: la victoire est au peuple qu'il conduit, aussi longtemps
qu'il étend les mains vers le ciel. Mais Moïse est vieux, ses mains sont
devenues pesantes, et Aaron son frère, ainsi qu'un autre ami, le soutiennent
dans l'attitude de la prière, pendant que Josué combat dans la plaine, Exode
17:12. Après la promulgation de la loi, Aaron, suivi de ses deux fils aînés et
de soixante-dix anciens d'Israël, accompagne Moïse sur le Sinaï. Il s'arrête en
chemin avec ses amis; mais il peut voir de près et sans en éprouver aucun
dommage, les signes glorieux par lesquels l'Éternel manifeste sa présence à
Moïse 24:1-2,9-11. Peu après, Aaron est choisi pour exercer, lui et sa
postérité, la sacrificature jusqu'à la venue du Messie promis, 29:1 et
suivants. À peine est-il revêtu de cet honneur insigne, qu'il fait la chute la
plus grave. Sollicité par le peuple de lui faire des dieux pour le conduire à
la place de ce Moïse qui ne revient pas, il rassemble tous les bijoux d'or et
d'argent qu'il peut trouver (peut-être pour détourner Israël de l'idolâtrie, en
lui demandant d'immenses sacrifices), et en fait un veau d'or, à l'imitation du
bœuf Apis, que les Égyptiens adoraient; il fait placer l'idole sur un piédestal
et proclame une fête à l'Éternel. Triste mélange de judaïsme et de paganisme,
condescendance d'autant plus dangereuse qu'elle semblait vouloir conserver le
vrai culte avec les cérémonies païennes! Moïse revient, qui censure avec force
son coupable frère. Aaron cherche d'abord à s'excuser; mais bientôt il
s'humilie, et Dieu lui pardonne. Environ deux mois après, il est revêtu des
ornements sacerdotaux, ainsi que ses quatre fils, et Moïse les consacre par des
purifications, par l'onction sainte et par des sacrifices, Lévitique 8.
Aussitôt Aaron offre un holocauste pour la congrégation d'Israël, et pendant
qu'il bénit l'assemblée, le feu du ciel descend et consume le sacrifice
(chapitre 9). Après cela, au mépris de l'ordonnance divine, les deux fils aînés
d'Aaron, Nadab et Abihu, voulant offrir le parfum, prennent ailleurs que sur
l'autel d'airain le feu dont ils remplissent leurs encensoirs et sont consumés
par l'Éternel. Aaron supporte avec résignation ce coup terrible, mais juste; ni
lui ni ses fils ne prennent le deuil de ces rebelles: cependant ils ne mangent
point les restes de la victime qui avait été offerte en propitiation pour les
péchés du peuple, et comme Moïse, irrité, leur reproche d'avoir ainsi violé la
loi de l'Éternel, Aaron justifie ses enfants, rappelle la brèche qui a été faite
dans sa famille, et demande si dans cette circonstance douloureuse ils auraient
pu se réjouir par un festin (chapitre 10). Une année s'était à peine écoulée,
que Aaron et Marie, jaloux de l'autorité qu'exerçait Moïse, lui reprochèrent
durement son mariage avec une Éthiopienne. Aaron, dont la présence au
tabernacle était journellement nécessaire (et qui peut-être était moins
coupable), ne reçut aucun châtiment de son insubordination; mais Marie fut
frappée de la lèpre. Le souverain sacrificateur reconnut aussitôt la faute
qu'il avait commise, il demanda son pardon et celui de sa sœur, implorant avec
instance la guérison de cette dernière, Nombres 12. Quelque temps après, Coré
et ses complices portant à leur tour envie au souverain sacrificateur, voulurent
s'ingérer dans les fonctions du sacerdoce. Le Seigneur ayant détruit
miraculeusement ces rebelles, le peuple s'éleva contre les deux frères comme
s'ils eussent été les meurtriers de Coré et des siens; mais le châtiment ne se
fit pas attendre, et l'Éternel envoya sur eux un fléau qui menaça de détruire
la congrégation toute entière. Aaron, dont les prières avaient déjà arrêté le
bras de Dieu lorsqu'il frappait les premiers coupables, sauva encore, au péril
de sa vie, ses frères si ingrats et si injustes envers lui. Il court entre les
vivants et les morts, l'encensoir à la main; il fait propitiation pour leurs
péchés, et le fléau s'arrête. En récompense de sa charité, et pour couper court
à toute contestation future sur les fonctions sacerdotales, Dieu confirme Aaron
dans son office, en faisant fleurir la branche d'amandier qu'il avait déposée
dans le tabernacle, tandis que celles qu'y avaient placées les onze autres
tribus demeurèrent sèches et stériles, Nombres 16 et 17.
Il n'est plus reparlé d'Aaron jusqu'à la journée de
Méribah, en laquelle lui et Moïse péchèrent par un manque de confiance en
l'Éternel. Pour punir cette offense et pour montrer que la sacrificature
lévitique n'était pas capable d'introduire les hommes dans l'héritage céleste,
Dieu déclara qu'Aaron n'entrerait pas dans la terre promise. Aussi, bientôt,
pendant le campement de Motséra, Aaron, sur l'ordre de Dieu, monta sur le mont
Hor, où Moïse le dépouilla de ses vêtements sacerdotaux, dont il revêtit son
fils Éléazar; puis il mourut âgé de cent vingt-trois ans. Son fils et son frère
l'ensevelirent dans une grotte, et le peuple mena deuil pendant trente jours;
Nombres 10. Deutéronome 10:6. Sa postérité reçut le nom de Aaronites, et devint
si nombreuse que treize villes lui furent données en héritage dans les tribus
de Juda et de Benjamin. 1 Chroniques 12:27; 6:54-60; Josué 21:13-19. Le nom
d'Aaron accompagne presque toujours les mentions qui sont faites de sa race
dans l'Écriture; il se trouve encore cité Josué 24:5; 1 Samuel 12:6; Psaumes
77:21; 99:6; 105:26; 118:3; 133:2; Michée 6:4; Actes 7:40; Hébreux 5:4; 7:11;
9:4.
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AB,
un des mois de l'année juive; il ne se trouve pas dans
la Bible,
— Voir: Mois.
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ABADDON
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(destruction), nom hébreu de celui qui est aussi
appelé Apollyon (grec, destructeur). C'est l'ange de l'abîme, le roi des
sauterelles, Apocalypse 9:11. Il semblerait que son nom nous soit donné en
hébreu et en grec pour indiquer qu'il étendra ses ravages sur les Juifs et sur
les Gentils.
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ABANA et Parpar,
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deux rivières ou fleuves de Syrie, que Naaman le
lépreux estimait plus propres à le guérir que toutes les eaux d'Israël, 2 Rois
5:12. Abana est probablement le Barrady ou Chrysorrhoas qui, venant du Liban,
coule doucement vers le sud, et après un cours de quelques lieues, se divise en
trois branches; la plus considérable, celle du milieu, traverse la ville de
Damas, les deux autres l'entourent et en fertilisent les magnifiques jardins.
Ces trois rivières se réunissent de nouveau vers le sud et vont, après un cours
d'environ 22 kilomètres, se perdre dans les sables du désert. Maundrel et Benjamin
de Tudéla pensent que le bras du fleuve qui traverse la ville est l'Abana, et
que les deux bras qui parcourent les jardins portaient l'un et l'autre le nom
de Parpar; cependant il est plus probable qu'il faut entendre par ce dernier
l'Orontes, la plus considérable des rivières de Syrie, qui, prenant sa source
un peu au nord ou nord-est de Damas, coule à travers une plaine délicieuse,
passe à Antioche, et après un cours nord-ouest d'environ 300 kilomètres, va se
jeter dans la Méditerranée.
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ABARIM
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(les passages), nom d'une chaîne de montagnes
rocailleuses qui s'étendent à l'est de la mer Morte, au sud et au nord de
l'Arnon, entre le grand désert et le plateau habité par les Moabites. Elles
portent aujourd'hui les noms de Orokarayeh, Tarfouyeh et Ghoweytheh. Les
Israélites, en venant du sud, sous la conduite de Moïse, longèrent d'abord la
partie méridionale de cette chaîne de montagnes, qu'ils laissèrent à gauche,
passèrent le Zéred et l'Arnon, qui partagent ces montagnes dans la direction de
l'est à l'ouest, et vinrent camper dans la partie septentrionale de ces monts,
au pied du Nébo. Cf. Nombres 21:11-13; 33:44-47; Deutéronome 2:18,24; Juges
11:18, et articles Nébo, Pisga et Péhor.
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ABBA
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(syr., père). Plusieurs mots hébreux ont été conservés
par les auteurs du Nouveau Testament, quoiqu'ils écrivissent en grec; tels sont
Abba, Hosanna, Jéhovah, Sabbat, Alléluia, etc.: d'où l'on peut conclure que ces
mots exprimaient des idées difficiles à rendre dans une autre langue. C'est
ainsi que le mot Abba ne répond pas simplement à l'idée de père, mais il
renferme encore ce quelque chose de tendre et de familier qui se trouve dans
l'expression d'amour et de confiance d'un petit enfant envers ses parents. Au
plus fort de ses souffrances en Gethsémané, notre Sauveur s'adresse au Père en
l'appelant Abba, Père, Marc 14:36. Et saint Paul voulant faire comprendre aux Romains
les glorieux privilèges qui sont attachés à leur nouvelle qualité de membres de
l'Église chrétienne, leur dit qu'ils ont reçu l'esprit d'adoption par lequel
ils crient «Abba, Père», c'est-à-dire qu'ils sont avec lui dans les relations
les plus intimes; Romains 8:15; cf. Galates 4:6.
— On a fait la remarque bien juste que dans toutes les
langues les premiers bégaiements des enfants ont une étonnante ressemblance
avec l'Abba des Hébreux.
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ABDIAS
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(serviteur de l'Éternel) (avant J.-C. 904).
1. Intendant
d'Achab roi d'Israël, au temps d'Élie. Pendant que la méchante Jézabel
exterminait les prophètes, cet homme pieux préserva de la mort cent d'entre
eux, qu'il cacha dans deux cavernes et qu'il nourrit secrètement aussi
longtemps que dura la persécution. Plus tard, il entra comme serviteur dans la
maison d'Achab, qui lui accorda, sinon son affection, du moins sa confiance.
Pendant que la famine prédite par Élie désolait le pays, Abdias fut envoyé par
son maître pour chercher auprès des sources et des fontaines un peu d'herbe
pour les chevaux du roi. Dans une de ses courses il rencontra Élie, qui voulut
l'envoyer auprès d'Achab pour lui annoncer son arrivée. Abdias craignant que, pendant
qu'il ferait son message, Élie ne fût transporté ailleurs, et lui-même mis à
mort pour avoir trompé ce roi cruel, hésita d'abord à se charger d'une mission
aussi dangereuse; mais le prophète l'ayant rassuré, Abdias se rendit auprès
d'Achab et lui raconta son entrevue. Cet homme fut sans doute un des 7,000 qui
ne fléchirent point le genou devant Bahal; mais on n'a pas d'autres détails sur
sa vie. Quelques-uns l'identifient avec celui des petits prophètes qui porte ce
nom; d'autres ajoutent qu'il était l'époux de la Sunamite chez laquelle logeait
Élisée, et que c'est lui qui fut le troisième centenier envoyé par Achazia pour
se saisir d'Élie au mont Carmel; mais ces traditions ne reposent sur aucun
fondement solide.
2. Abdias,
le quatrième des petits prophètes, et l'auteur du livre le plus court de
l'Ancien Testament. Son nom revient fréquemment dans les Chroniques, mais avec
des détails trop vagues pour que l'on puisse y reconnaître le prophète. On ne
sait rien de sa famille ni de son histoire; l'époque même à laquelle il vécut
est incertaine. On s'accorde généralement à penser qu'il prophétisa entre la
prise de Jérusalem (587 avant J.-C.) et la destruction des Iduméens par
Nébucadnetsar (583). Il aurait donc été contemporain de Jérémie, qui semble avoir
répété et reproduit une partie de ses prophéties; cf. Jérémie 49:14-16,7-10; et
Abdias 1-9.
— Les seize premiers versets annoncent la destruction
des Édomites, à cause de leur orgueil, de la joie maligne qu'ils témoignèrent
lors de la chute de Jérusalem, et de leur lâcheté à augmenter les malheurs des
vaincus en cherchant à en faire leur profit. Depuis le verset 17, le prophète
annonce le rétablissement d'Israël et le relèvement de Jacob. Luther fait
remarquer que ce livre est particulièrement consolant pour ceux qui ont, comme
les Israélites, à gémir de la haine ou des insultes de leurs proches. Les
oracles d'Abdias s'accomplirent probablement en partie sous Nébucadnetsar qui,
cinq ans environ après la prise de Jérusalem, se leva contre les nations limitrophes
de la Judée; en partie sous les Maccabées.
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ABED-NÉGO ou Habed-Négo,
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(606 avant J.-C.) ou Habed-Négo, nom chaldéen que
l'officier du roi de Babylone donna à Hazaria, l'un des trois compagnons de
Daniel, Daniel 1:7. Ce nom signifie serviteur de Négo, le soleil, ou l'étoile
du matin, ainsi nommée à cause de son éclat (hébreu nagah, briller). Négo
(négro): signifie: celui qui est brûlé, le noir, le brillant, un des noms de Nimrod,
fondateur de Babylone. Jeune encore il fut transporté à Babylone avec Daniel,
Hanania et Misaël, et tous les quatre, à la cour du grand roi, préférèrent
l'abstinence et le jeûne aux repas somptueux qu'on leur destinait. Ils vécurent
ainsi trois ans, et crûrent en beauté extérieure et en sagesse; leur science
fit leur renommée, et sur la recommandation de Daniel, ses trois jeunes
compagnons furent établis gouverneurs de Babylone, Daniel 2:49. De pareils
succès firent des jaloux, et lorsque Nébucadnetsar eut élevé dans la plaine de
Dura la haute statue que tous les grands seigneurs devaient adorer, Daniel 3,
on accusa Sadrac, Mésac, et Abed-Négo de ne s'être point prosternés. Sur leur
refus réitéré de le faire, ils furent jetés dans une fournaise si ardente que
leurs bourreaux en furent consumés; mais eux n'en reçurent aucun mal, selon
qu'ils l'avaient annoncé au roi idolâtre: «Voici, notre Dieu peut nous
délivrer, et il nous délivrera de ta main.» Nébucadnetsar, confondu en voyant
les trois condamnés se promener au milieu des flammes avec un quatrième
personnage semblable à un fils de Dieu, les appela hors de la fournaise: pas un
de leurs cheveux n'était brûlé, leurs vêtements n'étaient point changés, et
l'odeur du feu n'avait pas même passé sur eux. Une si éclatante délivrance
augmenta le crédit dont ils jouissaient, et confondit leurs ennemis.
Le mot de Nébucadnetsar: «La forme du quatrième est
semblable à un fils de Dieu», (la bonne traduction est: «semblable au Fils de
Dieu»), prouve que les nations païennes d'alors, surtout celles qui se
trouvaient en rapport avec les Juifs, n'ignoraient pas les promesses relatives
au Messie. Quelle vive représentation n'avons-nous pas d'ailleurs ici, de ce
salut accompli par le Fils de Dieu! Il a pris la forme d'un serviteur, il a
marché dans la fournaise ardente de la colère de Dieu, et il en délivre les
membres de son Église, sans que même une étincelle puisse les atteindre.
— Le commencement du verset Hébreux 11:34 est très
probablement une allusion à la conservation miraculeuse de ces trois jeunes
fidèles.
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ABEILLES.
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Elles ont toujours été et sont encore très nombreuses
en Orient. On en élève beaucoup dans des ruches; les forêts et les campagnes
sont remplies d'abeilles sauvages. Le pays de Canaan était particulièrement
riche sous ce rapport, de sorte que la dénomination de pays découlant de miel,
serait presque littéralement exacte; car les abeilles sauvages s'établissent
dans les fentes des rochers, sur les buissons, sur les arbres, dans tous les
trous ou ouvertures qui leur conviennent, pour y construire leurs rayons, et la
grande chaleur de ces contrées fait fondre et répand tout à l'entour le miel
renfermé dans leurs cellules.
— Voir: Miel.
Juges 14:8, nos traductions parlent d'abeilles
établies dans la charogne d'un lion: il faut lire «dans la carcasse», car les
abeilles fuient toute odeur forte, et notamment toute odeur de putréfaction;
mais elles se plaisent à bâtir leurs rayons dans les carcasses desséchées et
décharnées des animaux, qui sont pour elles des ruches commodes et toutes
faites.
Il suit de Ésaïe 7:18 et suivant qu'on avait alors
déjà des abeilles en ruches; car ce passage contient une allusion à la coutume
de faire sortir les abeilles pour les envoyer dans les champs, et de les
rappeler à l'approche d'un orage ou à la chute du jour, ce qu'on faisait en
sifflant. C'est ainsi que l'Éternel menace de réunir les ennemis de Juda de
tous les côtés, quelque éloignés qu'ils puissent être, et d'en composer une
armée formidable, acharnée, irrésistible. Les abeilles, en Orient, surtout les
abeilles sauvages, sont beaucoup plus irascibles que chez nous; leur piqûre est
plus brûlante et plus dangereuse, et l'Écriture sainte tire souvent ses
comparaisons des abeilles pour désigner des armées ennemies. Moïse, Deutéronome
1:44, compare aux abeilles les Amorrhéens, le plus acharné de tous les peuples
cananéens contre les Israélites, qu'il attaquait avec fureur et sans relâche,
— Voir: aussi Psaumes 118:12.
L'abeille était au nombre des animaux déclarés impurs
par la loi cérémonielle. Lévitique 11:20,23.
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ABEL,
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Genèse 4, le second fils du premier couple humain,
naquit probablement la 2e ou 3e année du monde; d'autres disent la 15e et même
la 30e année; on ne possède aucune donnée sur ces dates. Certains commentateurs
ont examiné la question de savoir si Caïn et Abel étaient frères jumeaux (c'est
entre autres l'opinion de Calvin), ou si étant nés en des années différentes,
ils ont eu chacun une sœur jumelle, questions qui n'ont évidemment aucune
importance.
— Ses parents le nommèrent Abel (hébreu habél),
c'est-à-dire vanité, peut-être pour marquer leur conviction que depuis la chute
toutes les jouissances terrestres n'étaient que passagères. Entre «les diverses
manières dont Dieu a parlé à nos pères par les prophètes», Hébreux 1:1, les
noms prophétiques donnés à certains hommes par inspiration ne sont pas une des moins
remarquables. (Abel: littéralement Abba-El ou Dieu le Père, avec la notion
d'être insignifiant.)
— Abel fut le premier sur lequel s'exécuta cette
sentence de malédiction: «Tu es poudre, et tu retourneras en poudre»; il est
aussi le premier que l'on puisse citer à l'appui de la déclaration du
Psalmiste: «Certainement l'homme se promène parmi ce qui n'a que l'apparence;
ce n'est que pure vanité de tout homme, quoiqu'il soit debout» Psaumes 39:5-6.
— Abel était berger et Caïn laboureur; c'était
l'accomplissement de cette autre partie de la malédiction: «Tu mangeras ton
pain à la sueur de ton visage.» Bien qu'héritiers de l'empire du monde, ils
devaient gagner leur subsistance par le travail. (Ëtre berger signifie aussi
«être pasteur» et prendre soin des brebis du Seigneur. Il est fort possible que
cela était le rôle primordial d'Abel dans cette période obscure de la
pré-histoire.)
— L'auteur inspiré décrit en peu de mots, mais d'une
manière bien propre à fixer l'attention, le culte qu'ils rendaient à l'Éternel.
«Or, il arriva qu'au bout de quelque temps... Abel offrit des premiers-nés de
son troupeau et de leur graisse. «Ce passage, rapproché de Hébreux 11:4, montre
en quoi consistait l'adoration des premiers temps. Plein de foi dans le Messie
promis, dans cette postérité de la femme qui devait détruire les œuvres du
diable, Abel offrit son oblation. Ces deux circonstances, le choix qu'il fit
dans son troupeau (les premiers-nés), et la partie de l'animal dont il composa
surtout son offrande, montrent l'idée relevée qu'il se faisait de celui auquel
il regardait par la foi; ce sacrifice offert à Dieu était l'ombre ou la
représentation des souffrances et de la mort de Christ pour les coupables. Dieu
eut égard à Abel et à son oblation. Pourquoi? Quelques commentateurs ont mis en
avant diverses conjectures, et ont vu soit dans la composition, soit dans la
nature même des sacrifices, le motif de la différence que Dieu fit entre celui
d'Abel et celui de Caïn. La meilleure réponse à cette question se trouve dans
le passage déjà cité, Hébreux 11:4. L'offrande d'Abel fut plus agréable que
celle de Caïn, parce qu'il l'offrit avec foi. La manière dont Dieu manifesta sa
préférence pour Abel n'est pas indiquée; on ne sait pas si le feu du ciel
consuma son offrande, s'il y eut vision ou simple révélation intérieure. Quoi
qu'il en soit, Caïn, jaloux et irrité, fut rempli de cette haine que l'Apôtre
décrit avec tant de force, Jean 8:44 et 1 Jean 3:12. Abel fut le premier martyr
de sa foi, et cette histoire des premiers frères ennemis est demeurée dans tous
les âges comme un exemple terrible des résultats auxquels peuvent conduire
l'envie et la colère.
Abel, quoique mort, parle encore; il est mis au nombre
de ceux qui obtinrent un bon témoignage par la foi, de ceux dont nous devons
imiter la foi et la patience. Il est mort victime du malin, et type de celui
qui a souffert par excellence. Le sang de l'aspersion prononce de meilleures
choses que celui d'Abel, Hébreux 12:24; celui-ci criait vengeance, celui de
Christ apporte la paix; mais si le sang d'Abel fut vengé jusqu'à sept fois sur
Caïn, combien le sang de Christ ne pèsera-t-il pas avec plus de force sur ceux
qui le crucifièrent? Et si le sang d'Abel le juste a été redemandé à la
génération qui rejeta le Seigneur, Matthieu 23:34-38, quels terribles
châtiments ne sont pas réservés à ceux qui ont immolé tant de martyrs à leur
haine pour le Juste, Jacques 5:6. Jésus, l'anti-type d'Abel, le chef et le
sauveur des martyrs. Cf. Apocalypse 1:5, etc.
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ABEL
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(prairie, plaine, et deuil), nom propre de plusieurs
villes ou places de la Palestine, ordinairement accompagnées d'une épithète.
— Abel-Beth-Mahaca (ou Abel-Majim, plaine des eaux, 2
Chroniques 16:4) ville forte et assez considérable, située vers la partie
méridionale du mont Liban, au nord du lac Mérom, aux environs de Dan, de Hatsor
et de Kédès; elle appartenait probablement à la tribu de Nephthali. Sébah, fils
de Bicri, s'y réfugia, lorsqu'il était poursuivi par les troupes de David.
D'après les conseils d'une femme prudente, et pour échapper au siège terrible
dont Joab les menaçait, les habitants firent périr le rebelle et jetèrent sa
tête hors de la ville par-dessus la muraille, 2 Samuel 20:14-18.
— Environ 80 ans après, Ben-Hadad, roi de Syrie, prit
cette place et la dévasta, 1 Rois 15:20. Deux siècles plus tard Tiglath-Piléser
s'en empara de même, et en transporta les habitants captifs en Assyrie, 2 Rois
15:29. Cette ville fut rebâtie par la suite, et devint le chef-lieu de
l'Abilène.
— Voir: Mahaca.
— Abel-Kéramim (plaine des vignes), bourg situé à
l'est du Jourdain, à 10 kilomètres de Rabbath, capitale des Ammonites. C'est
jusque-là que Jephthé poursuivit ses ennemis vaincus, Juges 11:33.
— Abel-Méholah (plaine de la danse), ville de la tribu
d'Issachar, à 25 kilomètres environ au sud de Beth-Séan, 1 Rois 4:12; ce fut
près de là que Gédéon défit miraculeusement les Madianites, Juges 7:22. La
principale gloire de cette localité est d'avoir été la patrie du prophète
Élisée, 1 Rois 19:16.
— Abel-Mitsraïm (deuil des Égyptiens), aussi nommé
l'Aire-d'Atad, Genèse 50:10-11. Ce fut là que les Égyptiens firent le deuil de
Jacob, lorsqu'on transporta son corps à Macpélah. Selon saint Jérôme, c'est le
même endroit près de Jérico, à 3 ou 4 kilomètres du Jourdain, qui, plus tard,
reçut le nom de Beth-Agla.
— Abel-Sittim (plaine des acacias), à 14 kilomètres
est du Jourdain, vis-à-vis de Jérico, dans le pays de Moab et près du mont
Péhor. Cette ville s'appelle quelquefois simplement Sittim, Nombres 25:1; Josué
3:1. C'est là que les Hébreux campèrent peu avant la mort de Moïse; ils y
tombèrent dans l'idolâtrie et dans la souillure par la séduction des Moabites,
et surtout par celle des femmes madianites. Punis par la mort de 24,000 d'entre
eux en un seul jour, leurs lamentations firent peut-être donner à cet endroit
le nom d'Abel, qui signifierait alors deuil de Sittim, Nombres 33:48-49.
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ABI
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(mon père).
1. Fille
de Zacharie, épouse d'Achaz, et mère d'Ézéchias, 2 Rois 18:2; elle s'appelle
Abija, 2 Chroniques 29:1.
2. Surnom
de Hiram, q. y.
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ABIA,
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— Voir: Abija.
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ABIASAPH
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(un père consumant), fils ou petit-fils de Coré, Exode
6,24; 1 Chroniques 6:23.
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ABIATHAR
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(père excellent), le dixième des souverains
sacrificateurs depuis Aaron, et le quatrième depuis Héli. Quand Saül, à Nob,
fit mourir Ahimélec son père et les autres sacrificateurs, Abiathar échappa
seul et s'enfuit au désert auprès de David, 1 Samuel 22. Il emporta l'Éphod
avec lui dans sa fuite, et put servir de sacrificateur à l'armée de David; nous
le voyons en effet consulter l'Éternel à Kéhila et à Tsiklag, 1 Samuel 23:9;
30:7. Pendant ce temps Saül, en haine d'Ahimélec qu'il croyait avoir trahi ses
intérêts, avait conféré le sacerdoce à Tsadoc, de la branche d'Éléazar; lorsque
David monta sur le trône il ne renversa point Tsadoc, mais il lui adjoignit
Abiathar qu'il voulait récompenser de sa fidélité, 2 Samuel 20:25: il y eut
donc deux sacrificateurs tout le temps de son règne. Abiathar présida aux
cérémonies qui accompagnèrent le retour de l'arche, demeurée jusqu'alors chez
Hobed-Édom, 15:24; il resta fidèle à David pendant la révolte d'Absalon, 15:35;
17:15, calma les esprits après que les troubles eurent cessé, 19:11; puis, par
une triste et inconcevable contradiction, se joignit au parti du conspirateur
Adonija, 1 Rois 1:7, et trahit dans sa vieillesse son vieil ami, son vieux roi.
David ne le punit point lui-même, mais Salomon, tout en lui taisant grâce de la
vie, le priva de son office et le relégua à Hanathoth, 2:26-27. C'est ainsi que
la famille d'Héli se vit à jamais exclue du souverain sacerdoce, comme Dieu le
lui avait annoncé, 1 Samuel 2:30-31,36. La sacrificature rentra dès-lors dans
la famille d'Éléazar, fils aîné d'Aaron, dont elle était sortie pour passer par
Héli dans la branche d'Ithamar.
Le nom d'Abimélec, 1 Chroniques 18:16, et celui
d'Ahimélec, 2 Samuel 8:17, désignent dans ces deux passages le fils d'Abiathar,
et non son père. Cela peut s'expliquer ou par une transposition du copiste, ou
par le fait assez probable que le père et le fils auraient eu l'un et l'autre
le double nom d'Abiathar et d'Ahimélec. (Dans le passage des Chroniques, il est
possible encore qu'il faille lire Ahimélec au lieu de Abimélec.) Le nom
d'Abiathar, Marc 2:26; cf. 1 Samuel 21:1, désignerait alors son père; mais il
pourrait cependant aussi se rapporter au fils, car il est certain qu'il vivait
alors, et son nom se trouverait là comme indication de l'époque (au temps
d'Abiathar), parce qu'il était plus connu que son père.
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ABIB ou Nisan,
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(ou Nisan, Néhémie 2:1; Esther 3:7), premier mois de
l'année religieuse, et 7e de l'année civile des Juifs; il était de trente jours
et correspondait à notre mois de mars (fin de mars et commencement d'avril). Ce
mot signifie «fruit mûr ou mûrissant»; nos versions le traduisent par «au mois
que les épis mûrissent», Exode 13:4; 23:15; Deutéronome 16:1. C'est dans ce
mois que les Juifs commençaient leurs moissons: le 10e jour on mettait à part
l'agneau de Pâque, le 14e on le mangeait; pendant les sept jours suivants on
observait les pains sans levain, et le dernier de ces sept jours avait lieu une
convocation solennelle, Exode 12 et 13. Le 15 du mois ils cueillaient la gerbe
des prémices de l'orge, et ils l'offraient le lendemain, après quoi ils
pouvaient commencer la moisson, Lévitique 23:14. Le 29, ils demandaient, par
des prières publiques, les pluies de l'arrière-saison.
— Les Juifs modernes observent encore plusieurs jeûnes
pendant ce mois: le 1er pour la mort de Nadab et d'Abihu, le 10 pour la mort de
Marie, sœur de Moïse, et le 27 pour la mort de Josué.
— Voir: Année, Mois, etc.
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ABIDAN,
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chef de la tribu de Benjamin dans le désert, Nombres
1:11.
— Voir: Tribu.
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ABIEL
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(mon père est Dieu), 1 Samuel 9:1, appelé aussi
Jéhiel, 1 Chroniques 9:35-36; père de Kis et de Ner, grand-père de Saül.
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ABIGAÏL
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(joie de mon père), femme de bon sens et belle de
visage, 1 Samuel 25:3, ayant appris la manière dont le riche Nabal, son époux,
avait traité les serviteurs de David en fuite qui, à l'époque de la tonte des
brebis, étaient venus lui demander quelques provisions pour leur maître, se
hâta de réparer le mal que Nabal avait fait. Elle se rappelait que David avait
protégé dans le désert de Paran et sur le Carmel de Juda les troupeaux de son
mari; elle savait d'ailleurs que David était assez fort pour châtier
l'insolence de Nabal: sans consulter personne elle fait une ample provision de
vivres, qu'elle met sur des ânes, et descend, accompagnée de quelques
serviteurs, à la rencontre de David qui s'approchait. Ses présents et ses
paroles pleines de sagesse lui gagnèrent l'estime de David, qui consentit à
pardonner à Nabal. Heureuse de ce qu'elle avait fait, Abigaïl retourna sur la
montagne auprès de son mari, et lui raconta le lendemain le danger dont elle
l'avait préservé. Peu de jours après Nabal étant mort, elle épousa David, le
suivit à Gath, 27:3, fut prise à Tsiklag, resta prisonnière jusqu'après la
victoire de David sur les Hamalécites, 30:5,18; et le suivit à Hébron, 2 Samuel
2:2. Elle n'eut de David qu'un seul fils, nommé Kiléab, 2 Samuel 2:3, et Daniel
1 Chroniques 3:1.
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ABIHAÏL
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(la force de mon père).
1. Fils
de Huri et père de Micaël, Messulam et quelques autres, 1 Chroniques 5:14.
2. Père
de Zariel de la famille de Mérari. Nombres 3:35.
3. Père
d'Ester et oncle de Mardochée, Esther 2:15; 9:29.
4. Fille
d'Éliab, frère de David, et femme de Roboam roi de Juda, 2 Chroniques 11:18.
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ABIHALBON
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(père d'intelligence), natif d'Arbath, un des
vaillants guerriers de David, 2 Samuel 23:31.
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ABIHU
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(mon père lui-même) fils d'Aaron le souverain
sacrificateur, et d'Élisébah, Exode 6:23, fut consumé avec son frère Nadab par
le feu de l'Éternel (la foudre ou une flamme sortie de l'autel?), parce qu'ils
avaient offert l'encens avec du feu pris ailleurs que sur l'autel des
holocaustes (1490 avant J.-C.);
— Voir: l'article Autel.
Cet événement terrible et souvent rappelé, Lévitique
10:1; 16:1. Nombres 3:4; 26:61; 1 Chroniques 24:2, eut lieu peu de jours après
la dédicace du tabernacle et la consécration d'Aaron et de ses fils, peu de
jours après qu'ils eurent été admis à l'insigne faveur de voir le Dieu
d'Israël, Exode 24:9-10. De la défense qui est faite immédiatement après aux
sacrificateurs de boire du vin, l'on peut supposer que les deux frères étaient
dans un état d'ivresse lorsqu'ils se présentèrent devant l'Éternel pour
officier. Quelques commentateurs prétendent qu'il n'y avait au fond rien de
très criminel dans la conduite des deux fils d'Aaron, mais qu'ils furent punis
avec cette sévérité pour apprendre aux ministres du Seigneur l'exactitude et la
fidélité qu'ils doivent mettre dans l'exercice de leurs fonctions. On peut y
voir cependant une instruction plus grande encore: c'est un exemple éclatant de
la colère divine contre ceux qui prétendent servir Dieu autrement qu'il ne l'a
commandé, et qui vont allumer leur encens ailleurs que sur l'autel sur lequel
s'est offerte la victime qui sauve les pécheurs et sanctifie leur culte.
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ABIJA ou Abia,
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(l'Éternel est mon père).
1. Second
fils de Samuel et frère de Joël ou Vasni, 1 Samuel 8:2; 1 Chroniques 6;28.
Samuel leur ayant confié l'administration de la justice et le gouvernement du
peuple, ils s'acquittèrent si mal de leurs fonctions, se détournant après le
gain déshonnête et recevant des présents, que les Israélites y trouvèrent un
prétexte pour demander un roi (1095 avant J.-C.).
2. Abija
ou Abia, 1 Chroniques 24:10; Luc 1:5, descendant d'Ithamar, se trouva le chef
du huitième ordre de sacrificateurs, lorsque David en fit la distribution en
vingt-quatre classes (1016 avant J.-C.).
3. Abija,
fils de Jéroboam le premier roi des dix tribus, étant tombé dangereusement
malade, sa mère se rendit auprès du prophète Ahija pour l'interroger. Ahija
l'ayant reconnue à travers son déguisement lui annonça la mort de son enfant;
il ajouta que seul de sa famille il recevrait les honneurs de la sépulture et
serait pleuré d'Israël, mais que tous les autres seraient mangés des chiens ou
dévorés par les oiseaux, en punition de l'ingratitude et de l'impiété de
Jéroboam. La parole du prophète fut accomplie; Abija mourut au moment où sa mère,
de retour, franchissait le seuil du palais. (954 avant J.-C.) Il fut retiré de
devant le mal, et sa mort ne fut un châtiment que pour son père.
4. Abija,
1 Chroniques 3:10; 2 Chroniques 13:1; ou Abijam, 1 Rois 15:1, fils de Roboam et
de Mahaca, succéda à son père sur le trône de Juda, dont il fut le second roi
depuis la séparation des dix tribus. Abija n'était sans doute pas l'aîné des
nombreux enfants de Roboam; mais il était le fils de l'épouse préférée, et ce
fut cette raison qui l'éleva au-dessus de ses frères, 2 Chroniques 11:21-22. Il
descendait de David par son père et par sa mère, mais dans les trois années de
son règne (957-955) il suivit le mauvais train de son père, et mourut en paix
au milieu de ses 18 femmes et de ses 60 concubines. Hiddo le prophète a
recueilli non seulement ses actions, mais plusieurs de ses paroles, 2
Chroniques 13:22, ce qui permet de croire qu'il avait des talents et de
l'esprit; d'ailleurs son discours, 2 Chroniques 13, montre une grande finesse
et beaucoup d'habileté. Il fut en guerre pendant sa vie avec Jéroboam roi
d'Israël; ce dernier vint avec 800,000 hommes contre Abija, qui n'en avait que
400,000. Abija s'était campé dans les montagnes d'Éphraïm, à peu près là où fut
bâtie depuis la ville de Samarie. Pendant qu'il haranguait ses troupes et qu'il
les engageait au nom de l'Éternel à monter hardiment contre leur ennemi
adorateur des faux dieux, Jéroboam, joignant la ruse à la force, dressait des
embûches à ceux de Juda et envoyait ses troupes pour les cerner de toutes
parts. Mais l'Éternel combattit avec le descendant de David, ceux de Juda
poussèrent un cri de joie, les trompettes sacrées se firent entendre, et Abija
fut vainqueur. Jéroboam fut humilié pour tout le temps que le fils de Roboam
fut sur le trône.
— Quant à l'énormité des chiffres indiquant le nombre
des hommes d'armes.
— Voir: articles Armées et Nombres.
5. Abija,
fille de Zacharie, femme d'Achas, et mère d'Ézéchias, 2 Chroniques 29:1.
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ABIJAM,
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— Voir: l'article précédant.
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ABILÈNE,
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beau défilé et petit canton de la Syrie, situé au
Nord-Ouest de Damas, entre le Liban et l'Anti-Liban, ainsi nommé de sa capitale
Abila dont parlent Ptolémée, Polybe et Flavius Josèphe, et qu'il ne faut pas
confondre avec une autre Abila dont les ruines se trouvent encore aujourd'hui
en Décapolis. Ni l'une ni l'autre de ces deux villes n'est mentionnée dans la
Bible; mais Luc 3:1, nous parle de la province d'Abilène, comme étant une des
quatre tétrarchies, gouvernées par des princes indigènes, mais sous la tutelle
des Romains. Lysanias en était le gouverneur dans la quinzième année de Tibère,
lorsque Jean-Baptiste commença l'exercice de son ministère. L'histoire de cette
petite province est peu connue, parce que ce n'est qu'en passant que les
auteurs la mentionnent.
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ABIMAËL,
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fils de Joktan et patriarche d'une tribu arabe, Genèse
10:28. Les savants ont fait beaucoup de recherches pour trouver les traces
d'une ville ou d'une province de ce nom. Ptolémée et Abulféda parlent d'un
endroit nommé Mani près de la Mecque. Théophraste mentionne une tribu Mali (ou
Mani) dans les mêmes contrées; peut-être ces noms pourront-ils nous diriger
dans la recherche des descendants d'Abimaël.
— Voir: Sem.
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ABÎME.
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L'Écriture donne ce nom à l'enfer, Luc 8:31; Romains
10:7; Apocalypse 9:1; 11:7, etc.; aux profondeurs de la mer, Genèse 7:11; Exode
15:5, etc., et au chaos sur lequel l'Esprit de Dieu se mouvait à l'origine du
monde, au milieu des ténèbres, Genèse 1:2. C'est dans l'abîme que l'Écriture
nous montre les trépassés, Proverbes 15:24; Psaumes 71:20; et notamment les
rois orgueilleux et cruels qui se sont élevés contre le peuple de Dieu: ceux de
Babylone, Ésaïe 14:9, ceux de Tyr, Ézéchiel 26:19, ceux d'Égypte, ib. 31:18;
32:19.
L'Apocalypse appelle abîme la demeure des impies, des
démons et de Satan. Dans l'opinion des Hébreux, Ecclésiaste 1:7, les sources et
les rivières venaient de l'abîme ou de la mer; elles en jaillissaient par des
canaux invisibles et y retournaient en suivant les lits qu'elles s'étaient
creusés. Au moment du déluge les fontaines du grand abîme furent rompues et
franchirent les limites qui leur étaient assignées, Proverbes 8:28-29; les
sources forcèrent leurs digues et se répandirent sur la terre, en même temps
que les bondes du ciel éclataient pour inonder le monde pécheur, Genèse 7:11.
— Voir: Déluge.
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ABIMÉLEC
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(mon père est roi).
1. Roi
des Philistins. Ayant été frappé de la beauté de Sara femme d'Abraham qui était
venu se fixer à Guérar, et croyant d'après ce qu'Abraham lui avait dit qu'elle
n'était que sa sœur, il l'enleva et la prit chez lui dans l'intention d'en
faire sa femme. Dieu ne permit pas que ce mariage s'accomplît; il apparut en
songe à Abimélec et le menaça d'une mort soudaine s'il ne renvoyait cette femme
à son mari: déjà même, en châtiment de ce péché d'ignorance, la famille et la
maison de ce prince toute entière avait été frappée de stérilité. Abimélec,
dont rien ne prouve qu'il fût idolâtre, s'excusa auprès de l'Éternel sur ce
qu'il avait été induit en erreur par Abraham, rendit à ce dernier sa femme en
le censurant à cause de son mensonge, lui fit un présent considérable, et lui
demanda de prier pour sa famille malade. Abimélec donna entre autres à Sara
mille pièces d'argent (environ 2600 fr.) pour acheter un voile dont elle pût
couvrir son visage encore éclatant de beauté malgré ses quatre-vingt-dix ans.
C'était à la fois reconnaître publiquement Sara comme l'épouse du patriarche,
et blâmer ce dernier pour la dissimulation dont il avait usé à son égard.
Abraham continua de demeurer à Guérar, et environ quatorze ans après, lors de
la naissance d'Isaac, Abimélec craignant la puissance toujours croissante de
son riche voisin, vint avec Picol, le général de ses troupes, lui proposer un
traité qui atteste le rang éminent du patriarche au milieu des nations, et
qu'Abraham s'empressa d'accepter (1897 avant J.-C.).
2. Abimélec,
fils et successeur du précédent à ce que l'on croit (1804 avant J.-C.), fut
trompé par Isaac comme son père l'avait été par Abraham: mais ayant aperçu de
sa fenêtre" quelques familiarités entre Isaac et Rébecca, il en conclut
qu'ils étaient dans des rapports plus intimes qu'ils ne le lui avaient avoué.
Il fit donc venir Isaac et lui reprocha la gravité de son mensonge. Isaac
n'allégua d'autre excuse que la beauté de sa femme et la crainte qu'il avait
eue qu'on ne le fît mourir afin de pouvoir s'emparer d'elle. Abimélec défendit
en conséquence à tous ses sujets, sous peine de mort, de faire aucun mal aux
deux époux. Mais comme Isaac s'enrichissait, et que sa prospérité excitait la
jalousie des Philistins, Abimélec l'engagea poliment à quitter son territoire;
Isaac se rendit d'abord dans la vallée de Guérar, puis à Béer-Sébah, où les
bénédictions divines continuèrent de s'attachera sa maison; ce qu'ayant vu
Abimélec, il se repentit de ce qu'il avait fait, et voulut renouveler avec
Isaac l'alliance qui avait existé entre leurs pères; il vint donc auprès de lui
avec Ahuzat son ami et Picol chef de son armée, et confirma solennellement
cette alliance à Béer-Sébah, où Isaac lui donna un grand festin, Genèse 26.
3. Le
nom d'Abimélec paraît avoir été celui des rois Philistins en général, comme
Pharaon celui des rois d'Égypte, et le Psaume 34, qui donne le nom d'Abimélec
au roi Akis, cf. 1 Samuel 21:10, en est une preuve convaincante.
— Voir: Akis.
4. Fils
illégitime de Gédéon; méchant, ambitieux et sanguinaire, il réussit, à force
d'énergie et d'habileté, dans les plans de destruction qu'il conçut contre ses
frères et contre les Sichémites. Il finit par trouver la mort sous les murs de
Tébets, qu'il assiégeait, et périt par la main d'une femme (1235 avant J.-C.).
5. —
Voir: Abiathar et Ahimélec.
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ABINADAD
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(mon père est prince, ou père d'un noble).
1. Lévite
de Kiriath-Jéharim dans la maison duquel l'arche rendue par les Philistins fut
déposée, et où elle resta pendant soixante-dix ans sous la garde de son fils
Éléazar (1116 avant J.-C.) 1 Samuel 7:1.
2. Fils
aîné d'Isaï et frère de David, 1 Samuel 16:8.
3. Fils
de Saül tué en Guilboah, 1 Samuel 31:2; 1 Chroniques 8:33; 10:2.
4. Inconnu,
dont le fils, un des douze commissaires d'Israël, épousa Taphath, fille de
Salomon, 1 Rois 4:11.
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ABIRAM
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(mon père est haut élevé).
1. Dathan
et Abiram, fils d'Éliab, conspirèrent avec Coré contre Moïse et Aaron: Coré,
par jalousie de famille peut-être; Dathan et Abiram, comme chefs de la tribu de
Ruben, qui aurait voulu voir tout le gouvernement d'Israël entre les mains du
premier-né de Jacob. Moïse ayant engagé le peuple à se retirer dans leurs
tentes, car un cas tout nouveau devait atteindre les rebelles, Abiram et Dathan
restèrent debout avec les leurs, dehors, pour braver l'Éternel; mais la terre
s'entr'ouvrit sous eux et les engloutit, eux, leurs familles, leurs adhérents
et leurs biens, Nombres 16, etc. Cet événement est rappelé Psaumes 106:17.
— Voir: Coré.
2. L'aîné
des fils de Hiel, de Béthel.
Il perdit la vie lorsque son père voulut rebâtir les
murs de Jérico, 1 Rois 16:34. Sa mort fut l'accomplissement d'une prophétie de
Josué 6:26.
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ABISAG
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(l'erreur de mon père)
jeune femme de Sunam, dans la tribu d'Issachar,
remarquable par sa grande beauté, et que les serviteurs de David donnèrent à
leur maître pour femme, lorsque, l'âge ayant diminué la chaleur vitale, le
vieux roi ne put plus trouver dans l'abondance des vêtements la chaleur dont il
avait besoin. Abisag s'attacha tendrement à lui et lui donna tous les soins
qu'une fille donnerait à son père. Après la mort de David, Adonija la demanda
en mariage, moins par amour sans doute que par ambition; mais Salomon ayant
démêlé les motifs qui le faisaient agir, et pensant avec raison qu'Adonija
voulait se frayer le chemin du trône en épousant la veuve du défunt roi, le fit
mettre à mort. (1013 avant J.-C.) 1 Rois 1:3; et suivant.
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ABISAÏ
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(récompense de mon père)
fils de Tséruia, soeur de David, 1 Chroniques 2:16,
vaillant guerrier qui fut des premiers à embrasser le parti de son oncle et qui
ne cessa jamais de lui être fidèle. Étant entré avec David dans la tente de
Saül, il sollicita la permission de tuer le tyran; mais David n'y voulut point
consentir, 1 Samuel 26:7,11. Il fit la guerre contre Is-Boseth, et poursuivit
vigoureusement l'ennemi dans sa fuite, 2 Samuel 2:18-24. Dans la guerre contre
les Iduméens il tailla en pièces 18,000 hommes, 1 Chroniques 18:12. Dans la
campagne contre les Syriens et les Hammonites, ce fut lui qui engagea le combat
avec ces derniers et qui les mit en déroute, 2 Samuel 10:10-14, et dans la
guerre des Philistins, il tua de sa propre main Jisbi-Bénob, géant fameux qui
était près de faire tomber David sous ses coups, 21:16-17. Une autre fois il
attaqua seul un corps de 300 hommes et les détruisit tous jusqu'au dernier,
23:18-19; 1 Chroniques 11:20-21. Irrité des insolences de Simhi, il l'aurait
frappé de son épée si David ne s'y fût opposé, 2 Samuel 16:9-11. Enfin il
commanda le tiers des troupes qui défirent Absalon, 18:2, et fut mis à la tête
des soldats de la maison du roi, qui poursuivirent Sébah, fils de Bicri,
20:6-7. On ignore l'époque et le genre de sa mort. Sa bravoure et sa force le
placèrent dans l'armée de David immédiatement après les trois plus grands
guerriers de ce prince. Le premier ordre ou la première liste était composée de
Jasobham, Éléazar et Samma; Abisaï forma avec Bénaja et Hazaël la seconde; on
sait que la troisième se composait de trente hommes, du moins d'après les
indications de 2 Samuel 23:23, car dans 1 Chroniques 11, le nombre de ces
guerriers est plus considérable, différence qui tient soit à ce que la première
de ces listes fut formée au commencement du règne de David, et la seconde à la
fin, soit peut-être à ce que la première fut plus tard complétée ensuite de
diverses réclamations. Ces catégories de guerriers étaient apparemment des
espèces d'ordres honorifiques semblables à ceux de la chevalerie.
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ABISUAH,
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Prêtres.
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ABIUD,
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Matthieu 1:13. Un des ancêtres de Jésus-Christ selon
la chair, et fils de Zorobabel, q.v.; on a cru le reconnaître dans le Hodaïvahu
de 1 Chroniques 3:24; d'autres n'y ont vu qu'un surnom signifiant père de Jude.
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ABLUTIONS,
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— Voir: Baptême.
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ABNER
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(lampe de mon père)
fils de Ner, cousin de Saül, 1 Samuel 14:50, et
général de ses troupes. Comme il était habituellement à l'armée et qu'il y
occupait une place importante, il n'est pas étonnant qu'il ne connût pas David
lorsque celui-ci vint à Soco et combattit Goliath, 1 Samuel 17:53-58; mais il
est plus difficile de concevoir qu'il gardât assez mal son maître pour que
David et Abisaï aient pu pénétrer dans le camp sans être aperçus, 26:5-14.
Après la mort de Saül, Is-Boseth son fils lui succéda et fut couronné par
Aimer, qui pendant sept ans soutint les prétentions de la famille déchue; mais
dans presque toutes les batailles il dut se retirer avec perte. Les troupes de
David et celles d'Is-Boseth s'étant rencontrées près de Gabaon, Abner eut la
barbarie de proposer, soit comme simple prélude, soit pour gagner du temps, un
combat singulier entre douze hommes de chaque parti. Les vingt-quatre
combattants se furent bientôt égorgés les uns les autres, une affreuse mêlée
s'ensuivit, et les troupes d'Abner furent mises en pleine déroute. Vivement
poursuivi par Hazaël, Abner frappa ce guerrier et retendit sur le carreau après
l'avoir d'abord vainement sollicité de s'éloigner; mais Joab et Abisaï, frères
d'Hazaël, n'en furent que plus acharnés à poursuivre l'armée ennemie; enfin, au
coucher du soleil, Abner demanda que le combat fût suspendu, et profita des
ténèbres pour se retirer avec les siens. Cependant Abner avait noué une
intrigue avec Ritspa, concubine de Saül; Is-Boseth, soit qu'il y vît une tache
pour sa famille, soit qu'il crût y voir plutôt les prétentions de son général
au trône, lui en fit des reproches. Abner, piqué au vif, répondit avec aigreur,
rappela à Is-Boseth les services qu'il lui avait rendus, et jura de livrer tout
le royaume entre les mains de son adversaire. Aussitôt il entre en effet en
correspondance avec David, lui fait rendre sa femme Mical que Saül avait donnée
à un autre, et se rend auprès de lui à Hébron. À peine est-il sorti du festin
auquel David l'avait invité, que Joab, informé de ce qui se passait, tâche de
persuader au roi son oncle qu'Abner est venu dans de perfides intentions. Puis,
sans s'ouvrir davantage sur ses desseins, il envoie à Abner un messager qui Je
ramène à Hébron; là, il le tire à l'écart et lui donne la mort, poussé à ce
crime par le souvenir du meurtre de son frère Hazaël, mais sans doute aussi par
la crainte de voir Abner prendre rang sur lui dans les armées et dans la faveur
du roi. David détesta cette coupable action de son neveu, qui avait répandu
durant la paix le sang qu'on répand en temps de guerre, 1 Rois 2:5; il rendit
de grands honneurs à la dépouille mortelle du général, il composa un hymne sur
sa mort, et près de sa fin rappela à Salomon ce crime qui ne devait pas rester
impuni. 1 Rois 2:5,32-34.
— Voir: encore 2 Samuel 2 et 3.
(Le capitaine Abner, qui joue un si beau rôle dans
l'Athalie de Racine, est un personnage purement fictif qui n'a pas de
correspondant dans l'histoire sainte.)
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ABRAM ou ABRAHAM,
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Genèse 11:26-25:10, fils de Taré, naquit à Ur, ville
des Chaldéens, l'an du monde 2008, avant J.-C. 1996. Il passa les premières
années de sa vie dans la maison de son père, qui était idolâtre; peut-être
adora-t-il lui-même les idoles pendant quelque temps, mais Dieu lui ouvrit les
yeux, et l'on prétend qu'Abraham fut, à cause de sa conversion, exposé à toutes
sortes de persécutions de la part de ses compatriotes. Il paraît assez probable
que Taré fut aussi convaincu de la vanité des faux dieux, puisqu'il partit d'Ur
avec son fils et qu'il l'accompagna dans le lieu que l'Éternel leur avait
désigné. Ils se rendirent d'abord à Caran en Mésopotamie, où Abraham eut la
douleur de perdre son père: de là, il vint en Palestine avec Saraï sa femme,
Lot son neveu, leurs serviteurs et leurs troupeaux, et ils se fixèrent
momentanément dans cette contrée habitée parles Cananéens, mais dont Dieu
promit à Abraham que sa postérité la posséderait. Toutefois, Abraham n'y
posséda jamais lui-même un pouce de terrain (sauf la caverne qu'il acheta pour
y ensevelir son épouse), mais il y demeura toujours comme étranger. Peu de
temps après son établissement dans ce pays, il survint une grande famine qui le
contraignit de descendre en Égypte, et, dans la crainte que les Égyptiens
frappés de la beauté de sa femme ne voulussent la lui ravir et ne lui ôtassent
la vie à lui-même, peut-être aussi pour se soustraire à l'opprobre que lui
aurait causé la stérilité de Saraï, il la fit passer pour sa sœur. Pharaon la
fit en conséquence enlever et voulut la mettre au nombre de ses femmes; mais
averti par une vision et par les châtiments divins, il se hâta de la rendre à
son mari avec de grands présents. La famine ayant cessé, Abraham retourna en
Canaan avec Lot qui l'avait toujours accompagné jusqu'alors, et dressa ses
tentes entre Béthel et Haï, où précédemment il avait élevé un autel. De
fréquentes contestations entre les bergers de l'oncle et du neveu au sujet des
citernes et des pâturages dont ils voulaient jouir exclusivement les uns et les
autres, leur montrèrent que «la terre ne les pouvait porter pour demeurer
ensemble.» Abraham laissa généreusement à Lot la liberté de choisir le premier
l'endroit où il se fixerait; et Lot ayant choisi l'Orient et le Midi, toute la
plaine du Jourdain, Abraham se rendit dans les plaines de l'Amorrhéen Mamré
près d'Hébron (1920, avant J.-C.) Quelques années après, Lot ayant été fait
prisonnier par Kédor-Lahomer et ses alliés, Abraham avec 318 de ses serviteurs
et quelques Cananéens de son voisinage, part, poursuit les vainqueurs, les
joint à Dan, près des sources du Jourdain, délivre son neveu, lui fait rendre
tout ce qui lui avait été enlevé et reprend le chemin du retour. Les rois de la
plaine voulaient abandonner à Abraham tout le butin qu'il avait fait, et ils le
supplièrent de leur rendre au moins les prisonniers, mais Abraham leur rendit
le tout ne voulant rien garder pour lui-même et réservant seulement une faible
part pour les Cananéens qui l'avaient secondé dans son expédition. Comme il
passait devant Salem (plus tard Jérusalem), Melchisédec, roi de cette ville et
sacrificateur du Dieu fort souverain, vint à sa rencontre, le bénit, et lui
offrit du pain et du vin pour le restaurer lui et ses gens. Quelques-uns
pensent que ce fut plutôt à Dieu qu'il offrit ce pain et ce vin en sacrifice
d'actions de grâce; Abraham lui donna la dîme du butin, Hébreux 7:4. À cette
occasion, l'Éternel renouvela les promesses qu'il avait faites à son serviteur,
lui réitérant l'assurance qu'il posséderait le pays de Canaan; un fils lui fut
promis, et Dieu, le conduisant hors de sa tente, lui annonça que sa postérité
serait aussi nombreuse que ces étoiles qui brillaient au firmament. Abraham
offre alors un sacrifice d'après l'ordre que Dieu lui en donne, une génisse de trois
ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et un
pigeon; puis, quand le soir est venu, il voit en vision le feu du ciel passer
entre les victimes, et Dieu lui dévoile l'avenir, lui annonce la captivité
d'Égypte, sa fin glorieuse, et les biens qui seraient le partage de sa
descendance.
Cependant ces promesses ne se réalisaient pas; le
patriarche avançait en âge, et tout semblait annoncer qu'Élihézer son intendant
serait aussi l'héritier de ses richesses. Saraï, pensant que peut-être ce
n'était pas à elle qu'était destiné l'honneur de donner un fils à Abraham,
engagea son mari à prendre pour femme Agar sa servante égyptienne, espérant que
Dieu accomplirait ses promesses dans les enfants qu'il aurait d'elle; Saraï de
son côté les aurait adoptés et pris pour siens, suivant la coutume de ces
temps. Mais quand Agar se vit sur le point de devenir mère, elle méprisa sa
maîtresse et voulut s'élever au-dessus d'elle. Abraham maintint Sara dans ses
droits; Agar maltraitée dut s'enfuir, mais l'ange de l'Éternel lui apparut au
désert et lui ordonna de retourner chez Abraham et de se soumettre à sa
maîtresse; elle obéit et donna le jour à Ismaël. (1910, avant J.-C.)
Treize ans après, le Seigneur renouvela son alliance
avec le patriarche, et changea son nom d'Abram (père illustre) en celui
d'Abraham (père d'une multitude), et celui de Saraï (ma princesse) en celui de
Sara (princesse). Comme signe et pour confirmation de l'alliance, il lui
ordonna de se circoncire lui et tous les mâles de sa famille et de sa maison,
et il lui promit positivement qu'avant le terme d'une année, il lui naîtrait un
fils de Sara.
Mais les énormités qui se commettaient dans la contrée
où Lot s'était retiré, à Sodome, à Gomorrhe, et dans les villes voisines,
avaient décidé l'Éternel à les détruire toutes avec le sol même sur lequel
elles reposaient. Un jour qu'Abraham était assis a la porte de sa tente, il vit
s'approcher trois personnages, Genèse 18. Sans les attendre, il court à eux,
les invite à entrer pour se rafraîchir, leur lave les pieds, et prépare avec
Sara de quoi leur servir à manger. Quand ils eurent achevé leur repas, ils se
firent connaître pour ce qu'ils étaient, et répétèrent au patriarche la
promesse que l'Éternel lui avait faite peu de jours auparavant. Mais Sara
n'ayant pu retenir un sourire d'incrédulité, l'Éternel dit à Abraham: «Pourquoi
Sara a-t-elle ri? Y a-t-il quelque chose qui soit difficile à l'Éternel?» Puis
les messagers célestes reprirent leur voyage, marchant vers Sodome, et Abraham
les accompagnait. C'est ici que se place une des scènes les plus touchantes
dont il soit fait mention dans l'Écriture, une scène qu'on ne peut lire sans la
plus vive émotion, l'intercession d'Abraham auprès de l'Éternel en faveur des
villes de la plaine. Pendant que les deux anges marchaient en avant, l'Éternel
communiquait à Abraham ce qu'il allait faire à l'égard de ces villes, et
Abraham ne cessa de plaider pour leur conservation que lorsque les réponses
pleines de grâce et de miséricorde du Seigneur l'eurent persuadé que ces
malheureuses cités étaient tombées en effet dans la plus affreuse dégradation.
Les dix justes ne se trouvaient pas dans toute cette contrée. Au jour suivant,
Abraham, se levant de bon matin, vint à l'endroit où la veille encore il s'était
tenu devant l'Éternel; une fumée comme celle d'une fournaise s'élevait à la
place qu'avaient occupée les villes maudites.
Quelque temps après, Abraham quitta les plaines de
Mamré et, se dirigeant vers le sud, alla demeurer à Guérar où régnait Abimélec.
Éprouvant en ce lieu les mêmes craintes qu'il avait déjà eues en Égypte, il
employa le même moyen pour échapper au danger qu'il redoutait et, pour la
seconde fois, fit passer Sara pour sa sœur (— Voir: Abimélec); mais sa ruse, de
nouveau découverte, eut pour Abimélec les mêmes suites qu'elle avait eues pour
Pharaon, et attira au patriarche des reproches plus vifs encore. C'était la
dernière fois que ce subterfuge était possible, car bientôt après, la même
année, Sara donna à Abraham un fils qui rendit leur union manifeste et plus
intime. L'enfant fut nommé Isaac, et lorsqu'on le sevra, Abraham fit un grand
festin: ce fut alors, à ce qu'il paraît, que Sara vit Ismaël tourmenter son
petit frère, et qu'elle supplia son mari de chasser le fils de l'Égyptienne, afin
qu'il ne partageât pas l'héritage avec Isaac. Abraham, connaissant les
promesses relatives à Ismaël, refusa d'abord de complaire à sa femme; mais, sur
un avertissement de l'Éternel qui lui confirmait ce qu'il lui avait annoncé au
sujet de cet enfant, il n'hésita plus à le renvoyer, ainsi que sa mère.
Vers le même temps à peu près, Abimélec se rendit en
visite auprès du patriarche et fit alliance avec lui. Il s'agissait d'un puits
que les serviteurs du prince avaient enlevé par violence aux bergers du patriarche.
Abraham le racheta en offrant volontairement sept jeunes brebis en échange; ils
appelèrent ce lieu Béer-Sébah (puits du serment), parce que leur traité fut
ratifié par un serment solennel. Abraham y planta un bois de chêne et y demeura
quelque temps.
Vingt années environ se passèrent sans qu'il arrivât
rien de remarquable dans la vie ou dans la famille du patriarche; le fils sur
lequel reposaient tant d'espérances et de promesses précieuses grandissait et
semblait réaliser déjà tout ce que ses parents en attendaient, lorsqu'il
faillit être enlevé à leur tendresse par l'ordre de ce même Dieu qui l'avait
accordé à leurs prières et à leur foi. Abraham dut offrir son Isaac en
holocauste à l'Éternel, épreuve terrible, mais nécessaire, et qui devait faire
d'Abraham le père des croyants: il prit donc son fils et deux de ses
serviteurs, et se mit en chemin pour se rendre à la montagne que Dieu devait
lui indiquer. Deux jours de voyage furent pour Abraham un exercice de foi dans
lequel il put se demander bien souvent ce qu'allaient devenir ces promesses qui
lui avaient été faites d'une innombrable postérité; mais il connaissait
l'Éternel et savait qu'il n'est pas homme pour mentir ni fils de l'homme pour
se repentir, et il estimait que Dieu le pourrait même ressusciter d'entre les
morts. Au troisième jour la montagne funèbre apparut: c'est là que devait se
consommer un sanglant sacrifice. Isaac cherche où est la victime pour
l'holocauste; son père lui répond: «Mon fils, l'Éternel y pourvoira.» Déjà les
deux patriarches ont atteint seuls le sommet de la colline; le bois est prêt,
l'autel est dressé, la victime est liée, le bras du père est levé sur son fils
comme le couteau du sacrificateur sur sa victime. Abraham n'hésite pas; mais du
haut des cieux une voix se fait entendre, la voix de celui qui n'a permis qu'un
seul sacrifice humain, celui de l'homme-Dieu son fils. L'épreuve avait été
suffisante, et un bélier remplaça sur l'autel le fils unique de l'ami de Dieu.
Ils rejoignirent donc leurs serviteurs et retournèrent à Béer-Sébah.
— Douze ans après, Sara mourut à Hébron. Abraham,
étranger dans le pays et n'y possédant aucun fonds de terre, acheta de Héphron
le Héthien, pour le prix de 400 sicles d'argent (environ 1300 francs), le champ
de Macpélah où se trouvait une caverne propre à servir de lieu de sépulture, et
il y ensevelit sa femme après en avoir fait le deuil suivant l'usage du pays.
Se sentant vieillir, Abraham envoya Élihézer, son
intendant, en Mésopotamie, pour y chercher une jeune fille de sa parenté qu'il
pût donner en mariage à Isaac. C'était trois ans après la mort de Sara. Le
fidèle serviteur s'acquitta de sa mission avec zèle, sagesse et promptitude, et
obtint pour son maître la main de Rébecca fille de Béthuel, petite-fille de
Nacor et petite-nièce d'Abraham. Le patriarche vécut encore 35 ans depuis le
mariage de son fils, et il eut de Kéturah, sa seconde femme, six fils qui
furent pères de divers peuples ou peuplades de l'Arabie et des environs. Il
mourut âgé de 175 ans, un siècle après son arrivée dans le pays de Canaan. Il
ne paraît pas que, durant les 33 dernières années de sa vie, il ait eu ni
d'éclatantes révélations ni de grandes épreuves. Les jours des fidèles, même
les plus éminents, ne sont pas tous marqués par des interventions signalées du
Seigneur, et il est beaucoup de ses serviteurs qui s'en vont tout doucement et
sans éclat dans le lieu du repos. Telle fut la fin de la carrière d'Abraham; il
mourut rassasié de jours et fut recueilli vers ses peuples. Son corps retourna
dans la terre comme celui de ses ancêtres, et son âme rejoignit celle des
hommes qui avant lui avaient appartenu au peuple de Dieu, Hébreux 11,13-16. Il
fut enseveli dans la grotte de Macpélah par ses fils Isaac et Ismaël (avant
J.-C. 1821); ce dernier avait alors 89 ans, et Isaac 75.
L'antique figure du patriarche est une des plus belles
que nous présente l'Ancien Testament; elle est noble, vivante et prophétique;
elle n'a rien de plastique, comme celle de Noé; elle est davantage la
représentation d'une vie réelle: Abraham n'est pas le dieu des abîmes et du
déluge, il est le père des croyants.
Parmi les observations nombreuses auxquelles son
histoire pourrait donner lieu, nous nous bornerons aux suivantes:
1. L'auteur
sacré introduit Abraham d'une manière très abrupte, en quelque sorte sans
préparation: «Et Dieu dit à Abraham, etc.» Genèse 12:1. Mais pour qu'un homme
entreprenne un voyage lointain, fatigant, et sans terme à lui connu, il faut
nécessairement qu'il ait confiance en celui par qui l'ordre et le signal du
départ est donné. L'Éternel avait donc fait entendre sa voix à Abraham
auparavant, et peut-être même à plus d'une reprise, quoique nous ne sachions
pas de quelle manière. Or, indépendamment de ce que l'Écriture nous atteste
Josué 24:2,14.
— Voir: Taré,
nous apprenons par d'autres sources que l'idolâtrie
régnait en Caldée à cette époque, et tout porte à croire que ce fut un des
principaux motifs du déplacement d'Abraham.
2. Abraham
n'était point dépourvu de moyens de subsistance lorsqu'il se mit en route pour
le pays de Canaan: «il prit avec lui Saraï et Lot, et tout leur bien qu'ils
avaient acquis et les personnes qu'ils avaient eues à Caran.» Ce ne fut donc
pas dans un intérêt terrestre, et comme ferait un aventurier qui cherche
fortune, qu'il quitta sa famille et sa parenté pour se rendre en d'autres
lieux.
3. La
première épreuve de la foi d'Abraham fut dans la famine qui le contraignit à
quitter momentanément cette terre de Canaan que l'Éternel avait promise à sa
postérité. L'épreuve fut plus forte qu'on ne le suppose au premier moment, et
il est impossible de ne pas voir que la foi du patriarche en souffrit d'abord
quelque peu; car, se méfiant de l'Éternel pendant qu'il est en Égypte, il
s'abandonne à des craintes excessives qui le font tomber dans le péché. Son
mensonge n'est sans doute pas des plus grossiers et des plus révoltants;
néanmoins, en donnant à entendre autre chose que la stricte vérité, il
induisait son prochain en erreur et pouvait devenir l'occasion d'un grand
crime; en sorte que les reproches de Pharaon, parfaitement fondés, durent
humilier le patriarche plus que ne le réjouirent les grands présents qui lui
furent offerts.
4. On
apprécierait bien mal la valeur morale des actions humaines, si l'on en jugeait
toujours par leurs résultats les pires prochains. Abraham semble récompensé de
son mensonge par les grands biens qu'il emporta d'Égypte, mais cet
accroissement de fortune fut la cause d'un de ses plus grands chagrins
domestiques: il dut se séparer de Lot, son neveu, qu'il aimait tendrement et
qui était pour lui comme son fils adoptif.
5. Si
la foi des enfants de Dieu a ses éclipses, comme le soleil les siennes, elle ne
reparaît ensuite que plus brillante. Il n'est personne qui n'ait remarqué la
débonnaireté, la douceur et la confiance en Dieu qu'Abraham manifesta dans sa
conduite avec Lot lorsqu'ils durent se séparer, Genèse 13. C'est ainsi que le
père des croyants fut relevé de sa chute par la grâce du Seigneur.
6. Le
salut du fidèle est fondé sur les promesses et sur la véracité de l'Éternel:
«Ce n'est point par les œuvres, afin que nul ne se glorifie.» Cependant le
fidèle ne fait jamais une œuvre, n'accomplit jamais quelque devoir difficile,
ne remporte jamais quelque victoire sur le péché, sans que Dieu ne lui donne un
sentiment plus vif de sa miséricorde; c'est-à-dire que la grâce qui sauve
sanctifie l'âme qu'elle veut sauver, et console celle qu'elle sanctifie.
— Après qu'Abraham eut montré sa foi par ses œuvres
dans sa conduite avec Lot, l'Éternel lui renouvela ses promesses, les lui
rendit plus claires et même les agrandit, car il ne lui avait pas encore
annoncé que sa postérité serait innombrable, Genèse 13:14-17. La même chose lui
arriva plus tard en de semblables occasions, particulièrement après la défaite
des rois de la plaine, 15:1; et après le sacrifice d'Isaac 22:16.
7. Nous
avons une preuve de la grandeur et de la puissance d'Abraham dans l'histoire de
la délivrance de Lot. Il fallait qu'il eût de grands biens, celui qui pouvait
armer 318 esclaves nés dans sa maison, car cela suppose naturellement qu'il en
avait d'autres qui n'étaient pas nés chez lui, en qui il avait peut-être moins
de confiance, et qu'il laissa pour la garde de ses troupeaux. Si l'on y ajoute
encore les femmes et les petits enfants, on comprendra que les Héthiens aient
pu lui dire: «Tu es un prince excellent parmi nous», 23:6. Ainsi
s'accomplissait déjà une partie des promesses qui lui avaient été faites. Ce
qui n'est pas moins à remarquer, c'est le désintéressement et l'esprit de
justice qui le portèrent à refuser la propriété du butin, tout en réservant la
part des Cananéens qui lui avaient donné du secours, 14:21,24.
8. Quanta
l'union d'Abraham et d'Agar, on s'exposerait à porter un faux jugement si l'on
voulait juger cette action d'après nos mœurs et en se mettant uniquement au
point de vue de l'Évangile. D'abord, il est évident que le patriarche ne
contracta pas ce mariage, ou plutôt cette union passagère, pour satisfaire les
inclinations de la chair; de plus, il le fit non pas malgré Saraï, ni avec le simple
consentement de son épouse légitime, mais sur sa demande expresse; enfin, la
polygamie était déjà généralement adoptée par les mœurs dégénérées de l'Orient.
On peut ajouter que l'Éternel n'avait pas encore dit à Abraham que c'était de
Sara que naîtrait la postérité promise: il pouvait donc s'abandonner à la
pensée qu'une autre femme devait accomplir pour lui la parole de l'Éternel.
Tout cela peut expliquer sa conduite, et diminuer ce qu'elle eut de blâmable
sans toutefois la justifier pleinement. Cependant, quand on réfléchit
qu'Abraham est le premier des descendants de Sera qui se soit écarté de
l'institution primitive du mariage, que cet écart fut le résultat d'une
faiblesse dans sa foi, l'on ne peut s'empêcher d'y voir une chute. Comme Adam,
Abraham eut tort d'obéir à la parole de sa femme, Genèse 3:47; il eut tort de
penser un seul instant qu'il dût amener la réalisation des promesses divines
par une voie de péché; et certes, cette fois comme toujours, la peine du péché
fut à la porte. Dès ce moment Abraham eut de grands chagrins domestiques, la
division se mit dans sa famille, et plus tard il dut renvoyer de chez lui cet
Ismaël qu'il aimait tendrement, et cette Agar qui, selon toute apparence, était
redevenue simplement son esclave, puisqu'il n'en eut pas d'autres enfants,
Genèse 25:1-2, mais qui n'en était pas moins la mère de son premier-né.
— Voir: Gaussen (Abraham épousant Agar); Grandpierre,
sur le Pentateuque.
9. L'alliance
de l'Éternel avec Abraham était à la fois temporelle et spirituelle; elle
reposait d'ailleurs tout entière sur des promesses. Abraham sera grand, il aura
une nombreuse postérité, plusieurs nations sortiront de lui, et le pays de
Canaan sera son héritage. D'autre part il lui est annoncé que toutes les
familles de la terre seront bénies en sa postérité.
— Abraham est grand, même à ne parler que selon la
manière de voir des hommes; son nom est vénéré non seulement des juifs et des
chrétiens, mais encore des musulmans, c'est-à-dire par la moitié de la race
humaine; il n'y a pas d'homme qui ait eu une gloire pareille, et tous les
détails de sa vie occupent une grande place dans les traditions des Orientaux.
De lui sont sortis divers peuples: par Ismaël, les Arabes; par les fils de
Kéturah, les Madianites et d'autres encore; par Ésaü, les Iduméens, et par
Jacob, les Israélites, qui demeurent une grande nation au milieu des peuples de
la terre. Enfin, lorsque le temps marqué fut accompli, la famille d'Abraham
prit possession de ce pays de Canaan promis depuis plusieurs siècles. Voilà pour
le temporel.
— Quant au spirituel, un Rédempteur est venu, qui
selon la chair, est fils d'Abraham sa vraie postérité, et par qui le salut a
été acquis aux pécheurs de toute langue, de toute tribu, peuple et nation.
Abraham lui-même, et tous les fidèles qui l'avaient précédé, ainsi que ceux qui
l'ont suivi, ont été bénis en ce Rédempteur promis dès les premiers jours du
monde aux deux premiers pécheurs. Cette grande bénédiction spirituelle, qui
était la partie essentielle de l'alliance faite avec Abraham, donne à toutes
les parties de cette alliance une signification spirituelle. Abraham est grand
par sa foi et parce qu'il est le père des croyants; de lui sortent
spirituellement tous les vrais fidèles qui sont sa postérité, et une postérité
aussi nombreuse que les étoiles du firmament; enfin il possède avec eux, pour
l'éternité, la Canaan céleste, dont la terrestre n'était que le type.
10. Il
importe de remarquer ici, quoique ce ne soit pas le lieu d'entrer dans des
détails sur ce point, que l'ange qui apparut au patriarche sous les chênes de
Mamré, qui lui annonça la naissance d'un fils et la destruction de Sodome,
Genèse 18, qui lui retint plus tard le bras lorsqu'il allait sacrifier son
unique, 22:15, etc., etc., est constamment appelé du nom de l'Éternel, et qu'il
ne cesse de parler lui-même comme le Dieu tout-puissant.
— Voir: l'article Ange.
11. L'Ancien
et le Nouveau Testament sont remplis de la gloire d'Abraham, de son nom, de sa
mémoire, de son alliance, de ses épreuves, de sa foi. Sans entrer dans l'examen
des divers passages où il est parlé de lui, nous nous bornerons à en indiquer
ici rapidement les principaux:
Ancien Testament.
Genèse, passim. Exode 2:24; 3:6,15-16. 6:3; 32:13;
33:1; Lévitique 26:42; Nombres 32:11; Deutéronome 1:8; 6:10; 9:5; 29:13; 30:20;
34:4; Josué 24:3; 1 Rois 18:36; 2 Rois 13:23; 1 Chroniques 16:16; 29:18; 2
Chroniques 20:7; 30:6; Néhémie 9:7; Psaumes 47:9; 105:6,9,42; Ésaïe 29:22;
51:2; 63:16; Jérémie 33:26; Ézéchiel 33:24; Michée 7:20.
Nouveau Testament.
Matthieu 3:9; 8:11; Luc 1:55; 3:8; 13:16,28; 16:22;
19:9; Jean 8:33, etc., Actes 3:13; 7:2; 13:26. Romains 4:1; 9:7; 11:1; 2
Corinthiens 11:22; Galates 3:6, etc., 4:22; Hébreux 2:16; 7:1; etc. 11:8,17-19.
Le sein d'Abraham, Luc 16:22, désigne le ciel ou le
lieu du repos. Les Juifs avaient trois manières d'exprimer le bonheur des
justes à leur mort: ils allaient au jardin d'Éden, sous le trône de gloire, ou
dans le sein d'Abraham. Ce patriarche étant le père des croyants, leur semblait
devoir être naturellement chargé de les recueillir dans la félicité céleste.
Cette même expression se retrouve dans ce que dit notre Seigneur, que les
fidèles seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob; car on sait que les
anciens se plaçaient à table de telle manière que chacun se trouvait comme
couché sur le sein de son plus proche voisin.
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ABSALON
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(père de paix)
troisième fils du roi David, eut pour mère Mahaca,
fille de Talmaï, roi de Guésur. Ce qui le distinguait entre les fils de David,
c'était sa grande beauté et surtout sa longue chevelure; il la coupait chaque
année, ou plutôt, comme on peut aussi traduire, à de certaines époques, et elle
pesait jusqu'à 200 siècles, c'est-à-dire environ deux kilogrammes et demi. Il
eut trois fils, qui moururent en bas âge, et une fille remarquablement belle,
nommée Tamar, 2 Samuel 14:27, du nom d'une des sœurs d'Absalon, qui fut victime
de l'amour incestueux d'Amnon, un autre fils de David. Absalon, résolu de
venger l'insulte faite à sa sœur, attendit l'occasion de le faire. Au bout de
deux ans, lors de la tonte des moutons, il fit un festin auquel il convia son
frère, et lorsque celui-ci fut ivre, il le fit égorger par ses serviteurs, et
s'enfuit à Guésur, auprès de son grand-père. Il y était depuis deux ans,
lorsque Joab, voyant que David ne serait pas éloigné de pardonner à son fils,
imagina, pour le faire rappeler, une ruse qui lui réussit comme il l'espérait.
Une femme de Tékoah 2 Samuel 14, se présenta devant David pour solliciter sa
protection; elle se disait veuve et n'avait que deux fils, l'un desquels avait
tué l'autre dans une querelle, et sa famille voulait venger le mort par la mort
du meurtrier, de telle sorte qu'elle serait privée des deux à la fois, et elle
suppliait le roi d'intercéder en faveur du coupable. David comprit ce qu'on
voulait, et devina même l'auteur de la ruse; il consentit à ce qu'Absalon fût
rappelé de son exil; mais il refusa de le voir, et deux nouvelles années se
passèrent. Cependant Absalon, fatigué de cette longue disgrâce, cherchait à en
sortir, et comme il ne pouvait pas même obtenir une entrevue avec Joab, il le
contraignit à venir, en faisant mettre le feu à un champ d'orge que Joab
possédait près d'une propriété appartenant à Absalon. Ils entrèrent en
pourparlers; Joab intervint auprès du roi, et Absalon ayant reçu de David
l'assurance d'un entier pardon, profita de sa liberté et de l'influence qui lui
était rendue, pour conspirer presqu'aussitôt contre son père. Il trompa le
peuple par sa popularité, se concilia sa faveur par des intrigues et des
promesses, employa toutes sortes d'artifices pour parvenir à ses fins, se
procura des chevaux et des chariots, et s'entoura d'une garde permanente de 50
archers. Enfin, la quatrième année depuis son retour de Syrie, il se rendit à
Hébron, sous prétexte d'y accomplir un vœu: deux cents personnes de distinction
l'y attendaient, mais sans suspecter ses desseins. Aussitôt il s'ouvre à ceux
qui étaient là, et fait proclamer dans toutes les villes d'Israël qu'il a fixé
le siège de son empire à Hébron, là même où David, son père, avait été sacré
roi quarante ans auparavant, 2 Samuel 2:1-11. Achithophel est des premiers à
joindre l'usurpateur; la masse du peuple suit cet exemple, et David s'enfuit de
Jérusalem avec une poignée d'amis sûrs et fidèles. Absalon s'y rend aussitôt,
et le vengeur d'un inceste devient lui-même incestueux, d'après l'avis de son
principal conseiller, en se faisant livrer les femmes de son père, pour rendre
toute réconciliation impossible. Achithophel voulait encore qu'Absalon lui
remît le soin de poursuivre immédiatement David, avec 12,000 hommes de troupes
choisies; mais cet avis ne fut pas écouté, grâces à Cusaï, qui, feignant
d'entrer dans la révolte, afin de mieux servir son maître légitime, et flattant
l'amour-propre d'Absalon, lui conseilla d'attendre, de réunir d'abord tout le
peuple en une formidable armée, et de marcher ensuite lui-même à la tête de ses
troupes. Une victoire brillante lui était assurée. Pendant qu'Absalon rassemblait
ainsi le peuple, il donnait à David le temps de réunir ses vieux soldats, et ce
furent eux qui le délivrèrent de ses ennemis dans la bataille qu'ils livrèrent
au milieu des forêts d'Éphraïm. Vingt mille hommes restèrent parmi les morts,
et Absalon lui-même, en traversant l'épaisseur de la forêt, demeura suspendu
aux branches d'un arbre, entre lesquelles sa tête ou sa chevelure s'embarrassa.
Son cousin Joab l'ayant appris, il courut en hâte, et, de sa propre main, lui
arracha la vie, malgré la défense expresse du roi, qui voulait qu'on
l'épargnât. (1021, avant J.-C.) Ce fut donc un neveu de David qui le priva d'un
fils, bien coupable sans doute et peu digne d'intérêt, mais auquel son père
n'avait pas retiré son affection. Absalon, pour éterniser sa mémoire, s'était
fait ériger un monument, près duquel il désirait peut-être qu'on l'ensevelît.
L'historien Flavius Josèphe dit que c'était une colonne de marbre, et qu'elle
était à 300 pas de Jérusalem, dans la vallée de Josaphat. Mais son corps fut
jeté dans une fosse immédiatement après le combat, et recouvert d'un monceau de
pierres. Quand David apprit la mort de son malheureux fils, il versa sur lui
d'abondantes larmes, dont l'amertume était bien justifiée par une si triste vie
suivie d'une si triste fin, 2 Samuel 18:33.
— Le nom d'Absalon ne se trouve, en dehors des livres
historiques, que dans l'épigraphe du Psaumes 3.
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ABSINTHE.
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Cette plante, bien connue chez nous, contient un jus
amer. Les Hébreux, qui regardaient les plantes amères comme nuisibles, et comme
vénéneuses (— Voir: Apocalypse 8:10 et 11), se servent souvent du nom de cette
plante pour désigner ce qui est généralement désagréable, nuisible et
pernicieux; et le paraphraste caldéen appelle cette plante «absinthe de mort.»
Les versions orientales et les rabbins traduisent l'hébreu Lahenah par
absinthe, tandis que les versions grecques d'Alexandrie lui substituent le nom
des choses représentées. Ainsi, Deutéronome 29:18, elles traduisent absinthe
par amertume; Jérémie 9:15, par nécessite; 23:15, par douleur. Les idolâtres
sont représentés, Deutéronome 29:18, sous l'image même d'une racine qui produit
de l'absinthe, cf. Hébreux 12:15. La Bible lui compare aussi les attraits d'une
femme de mauvaise vie, Proverbes 5:4; les juges iniques, Amos 5:7. 6:12;
Jérémie 9:15; 23:15, les souffrances et les tribulations, Lamentations 3:15,19.
Quelques savants pensent, mais sans raison, que la plante mentionnée dans la
Bible n'est pas l'absinthe ordinaire, mais l'absinthium santonicum, ou chiha
des Arabes, qui croît librement et sans culture dans les plaines de la
Palestine.
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ACACIA,
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— Voir: Sittim (bois de).
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ACCAD,
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ville bâtie par Nimrod au pays de Sinhar, Genèse
10:10. Il faut la chercher en Babylonie ou en Assyrie. Les Septante lisent
Arcad, ce qui a fait penser à Bochart qu'elle était située aux environs du
fleuve Argade, dans la Sittacène.
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ACCOUPLEMENTS
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hétérogènes. Il était défendu aux Hébreux d'allier,
dans le cours de leur vie et dans les affaires les plus ordinaires, les choses
qui ne devaient pas naturellement aller ensemble, Lévitique 19:19; Deutéronome
22:9 et suivant. Ils ne pouvaient pas, en particulier:
1. porter
des habits faits d'étoffes différentes, de laine et de lin ensemble (demi-laine);
2. semer
dans un même champ deux sortes de graines différentes;
3. atteler
à la charrue deux animaux différents, un âne et un bœuf;
4. accoupler
pour la propagation des bêtes d'espèces différentes qui auraient produit des
animaux neutres et bâtards, des mulets.
L'Écriture n'explique nulle part la cause de cette
défense, et les Juifs eux-mêmes ne paraissent pas l'avoir comprise d'une
manière plus claire. Mais l'idée qui se présente le plus naturellement à
l'esprit, et qui est le plus conforme à l'ensemble des dispositions mosaïques,
c'est que le législateur voulait, en défendant l'union de choses étrangères,
inculquer toujours plus fortement au peuple à part l'horreur des alliances
étrangères, soit avec les Égyptiens qu'ils venaient de quitter, soit avec les
Cananéens qu'ils allaient rencontrer, et avec lesquels ils ne devaient se
rencontrer que pour les déposséder et les extirper. La semence sainte allait se
trouver sur le même sol que la semence maudite: ils devaient avoir horreur de
cet alliage, de ce mélange qui les souillerait; ils devaient l'empêcher par
l'extermination du mal.
La défense d'accoupler des animaux d'espèces
différentes se comprend mieux que les autres. Pervertir en effet le cours de la
nature pour essayer de produire ce que Dieu n'a pas créé, forcer ou favoriser
une marche différente de celle qui est établie, et faire des monstres, était
une pensée qui devait répugner déjà au simple sens moral et religieux, et
provoquer des mesures préventives; en outre, et a fortiori, cette interdiction
disait le dernier mot sur le crime de la bestialité si fréquent parmi les
anciens païens, et que le législateur n'a pas même osé nommer; ce crime, la
plus grande des monstruosités morales, était banni même de la loi, comme le
parricide l'était des lois de Solon.
— Du reste il n'était pas défendu d'acheter et de
nourrir des mulets, et les Israélites en faisaient venir pour leur usage des
pays étrangers.
Quant à la défense d'atteler à une même charrue des
animaux différents, Flavius Josèphe et Philon la regardent comme une loi
d'humanité en faveur des animaux laboureurs; on sait, en effet, que de
semblables attelages sont pour l'un et l'autre animal une charge pénible et
difficile, à cause de la différence de pas, de forces et d'allure.
Les rabbins ont donné encore beaucoup d'autres
explications, toutes plus ou moins satisfaisantes: ils ont dit, par exemple,
qu'il était défendu au peuple de porter des vêtements mi-laine, parce que ce
devait être le costume des seuls sacrificateurs, ce qui n'est pas prouvé. Ils
ont dit encore que par laine la loi n'entendait absolument que la laine de
moutons, et qu'elle permettait celle de chameaux et d'autres animaux; que cette
défense ne s'appliquait qu'aux vêtements, et point à tous les autres tissus que
l'on pouvait faire, tapis, linges, couvertures, essuie-mains, etc. Ces
explications de détail ne mènent guère loin.
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ACHAB
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1. (918,
avant J.-C.), 1 Rois 16:28-22:40, fils et successeur de Homri, monta sur le
trône d'Israël lorsque Asa régnait à Jérusalem; il fut le plus impie de sa
race, et ne fut surpassé peut-être que par sa digne compagne Jésabel ou Izebel,
fille d'Ethbahal, roi de Sidon. Son idolâtrie fut punie par une famine qui
désola le pays pendant trois ans et six mois, et qui lui fut annoncée parle
prophète Élie. À la fin de ce temps, une épreuve solennelle fut proposée par
Élie: les ministres de Banal se réunirent au Carmel, offrirent des sacrifices
et prièrent leur dieu qu'il voulût bien faire tomber la pluie sur la terre;
mais ils prièrent en vain pendant une demi-journée. Élie, s'approchant à son
tour, bâtit un autel et pria le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, de se
manifester comme le seul et vrai Dieu: le feu du ciel consuma l'holocauste, un
petit nuage parut à l'horizon, comme la paume de la main, et Achab, montant sur
son char, s'enfuit en hâte à Jizréhel avant que l'orage l'atteignît. Quelques
années après commença la guerre avec Ben-Hadad, roi de Syrie, et trente-deux
autres rois, 1 Rois 20; mais quelque nombreux que fussent les ennemis d'Israël,
l'Éternel n'était point avec eux, et leur déroute fut complète; ils furent
vaincus par deux fois sur la montagne et dans la plaine. Achab pouvait et
devait exterminer Ben-Hadad, mais par orgueil, ou par une générosité hors de
saison et que Dieu réprouvait, il préféra faire alliance avec lui. Cette
désobéissance lui devint fatale: un prophète, 20:35 (probablement le même
Michée que 22:8), lui annonça que puisqu'il avait laissé échapper l'homme que
Dieu lui avait donné à détruire, sa vie répondrait pour celle de Ben-Hadad, et
son peuple pour le sien. Irrité de ces paroles prophétiques, de
l'accomplissement desquelles il ne pouvait douter, Achab revint à Samarie et ne
fit que pécher davantage au lieu de chercher à apaiser l'Éternel. Sa femme fit
lapider Naboth dont la vigne plaisait à Achab; mais pendant que le malheureux
roi parcourait sa nouvelle possession, Élie se présenta devant lui, et l'âme
coupable et bourrelée s'écria comme le démoniaque du Nouveau Testament:
«Pourquoi viens-tu me tourmenter? Me chercheras-tu toujours? Suis-je ton
ennemi?» Tu l'es, lui répondit le prophète, et en même temps il lui annonça les
maux qui devaient l'accabler lui-même et fondre sur sa coupable famille.
Épouvanté de tant de malheurs, Achab déchira ses vêtements dans cette vigne
même dont un crime l'avait rendu l'infortuné propriétaire, il se couvrit d'un
sac et se traînait en marchant. L'Éternel eut égard à cette humiliation,
sincère peut-être, mais passagère, et renvoya d'une génération
l'accomplissement de ses menaces. «Tant il est vrai, ajoute Saurin, ce que nous
disons, que Dieu aime tant la repentance qu'il en couronne quelquefois les
dehors, et qu'il en récompense quelquefois jusqu'aux apparences.» (Sermon sur
les dévot. passag.) Trois années après, 2 Chroniques 18, Achab s'unit à
Josaphat, roi de Juda, pour reprendre la ville de Ramoth de Galaad, et fit
mettre en prison le prophète Michée, qui lui prédisait sa mort et la défaite de
son armée. Cette mesure séculière n'empêcha pas l'accomplissement de la parole
divine: Achab fut blessé malgré son déguisement et mourut malgré son armure;
une flèche tirée presque au hasard le frappa au défaut de la cuirasse, il tomba
au fond de son chariot et mourut vers le soir, baigné dans son sang, après un
triste règne de 22 ans (897 avant J.-C.). On lava son char et ses armes dans le
vivier de Samarie, et les chiens léchèrent son sang, ainsi que l'Éternel
l'avait annoncé. L'auteur sacré nous trace en deux mots le caractère de ce
méchant prince. «Achab fît ce qui déplaît à l'Éternel, plus que tous ceux qui
avaient été avant lui. Et il arriva que, comme si ce lui eût été peu de chose
de marcher dans les péchés de Jéroboam, fils de Hébat, il prit pour femme Izebel;
puis il alla et servit Bahal et se prosterna devant lui; et il lui dressa un
autel, et fit un bocage», 1 Rois 16:30-33. Son histoire est la plus triste
peut-être de toutes celles des rois d'Israël et de Juda, et l'Écriture sainte
s'en sert comme d'un terme de comparaison pour juger l'impiété de ses
successeurs,
— Voir: 2 Rois 8:18; 9:7; 10:1; 21:3; 2 Chroniques
21:6; 22:3; Michée 6:16.
2. Achab,
fils de Kolaja, et Sédécias, faux prophètes qui séduisaient le peuple juif
captif à Babylone, et qui joignaient à des paroles de mensonge des mœurs
impures, Jérémie 29:21-22. Leur mort passera en proverbe et deviendra un
formulaire de malédiction, dit Jérémie, et l'on dira: «Que l'Éternel te mette
en tel état qu'il a mis Achab et Sédécias, lesquels le roi de Babylone a
grillés au feu.» On ne sait rien de plus sur leur compte; quelques-uns ont
voulu les confondre avec les deux anciens de l'histoire de Suzanne; mais, même
en admettant cette histoire comme vraie, l'identité serait plus que douteuse,
car il est dit que les deux vieillards furent lapidés et non point brûlés.
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ACHAÏE.
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Actes 18:1-12; 2 Corinthiens 1:1. Originairement ce
nom ne désignait que la côte septentrionale du Péloponèse, mais du temps des
apôtres il comprenait toute la province romaine, c'est-à-dire l'ancienne Hellas
(Livadie) et le Péloponèse (Morée). Elle fat successivement régie par des
proconsuls et des procurateurs. Elle avait pour capitale Corinthe, la seule ville
un peu considérable de son territoire; Gallion y résidait lorsque Paul y prêcha
l'Évangile et qu'il y fonda plusieurs congrégations chrétiennes.
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ACHAIQUE,
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disciple de saint Paul, dont le nom semble indiquer la
patrie. On ne sait rien de particulier sur sa vie, et son nom ne se trouve que
1 Corinthiens 16:17, où nous voyons saint Paul le recommander avec force aux
Corinthiens. Envoyé de Corinthe vers l'apôtre, avec Stéphanas et Fortunat, ce
fut peut-être encore lui qui fut chargé de remettre aux fidèles de sa patrie la
1re épître qui leur est adressée.
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ACHAZ,
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2 Rois 15:38; 16:20; 23:12; 2 Chroniques 28; fils de
Jotham, roi de Juda, épousa, fort jeune encore, Abija dont il eut Ézéchias. Il
monta sur le trône à l'âge de 20 ans, 742 avant J.-C., et régna 16 ans. Il
s'adonna tout entier à l'idolâtrie, fit passer ses enfants par le feu en
l'honneur de Moloch, et sacrifia aux idoles dans le temple même de Jérusalem.
Bientôt il vit réunis contre lui Retsin, roi de Syrie, et Pékach, roi d'Israël,
avec une armée formidable; vaincu dans une sanglante bataille, il s'enferma
dans sa capitale où ses ennemis l'assiégèrent, pendant que d'un autre côté les
Iduméens et les Philistins ravageaient ses états, s'emparaient de ses
forteresses et dépouillaient tous ceux qu'ils rencontraient. Achaz fit alors
alliance avec le roi d'Assyrie Tiglath-Piléser, dont le secours ne lui fut pas
fort avantageux. Dans ces tristes circonstances, Dieu restait encore à la
postérité de David; il envoya vers le malheureux monarque le prophète Ésaïe,
pour lui annoncer une prochaine délivrance, Ésaïe 7 et 8. Ésaïe offrit même au
prince, en garantie de cette promesse, de lui donner tel signe qu'il voudrait;
mais Achaz, sous prétexte de ne pas tenter Dieu, Deutéronome 6:16, refusa; sa
véritable crainte était justement de recevoir ce signe, qui l'aurait alors
obligé de Suivre la voie indiquée par le prophète, et d'abandonner l'alliance
assyrienne. Toutefois ce signe lui fut donné: une vierge enfanterait un fils,
et avant que l'enfant pût prononcer les noms de père et de mère, Achaz serait
délivré. Cette prophétie eut son accomplissement: le roi d'Assyrie, pour des
raisons peut-être personnelles, fondit sur les ennemis de Juda, prit Damas dont
il transporta les habitants, et fit mourir Retsin. Achaz alla rendre visite au
vainqueur et lui fit hommage des trésors du temple et du palais de Jérusalem.
Frappé de la beauté d'un autel d'idoles qu'il vit à Damas, il en envoya le
modèle au grand prêtre Urie, et lui enjoignit d'en faire construire un
semblable pouf le mettre à la place de celui de Salomon dans le temple de
l'Éternel, auquel il fit encore plusieurs autres changements également
coupables et impies. Pendant ce temps, Ésaïe et le prophète Michée, 3:3-12, ne
cessaient de prononcer contre Jérusalem de redoutables menaces. Elles
demeuraient inutiles: d'autres prophètes, plus nombreux et plus agréables,
flattaient les goûts du roi et de la multitude, et Achaz, se plaisant en leurs
voix séductrices, mourut au milieu de ses iniquités, 726 avant J.-C. On
l'ensevelit à Jérusalem, maison ne lui donna pas de place dans le sépulcre à
côté des rois ses ancêtres.
— Son nom ne se retrouve plus que pour servir de date
aux oracles des prophètes, Ésaïe 1:1. Osée 1:1, etc.
— Cadran d'Achaz,
— Voir: Cadran.
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ACHAZIA.
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1. Fils
d'Achab, d'abord son associé pendant un an, puis son successeur au trône
d'Israël, 1 Rois 22:40; 2 Rois 1; 2 Chroniques 20:35-37, marcha dans
l'idolâtrie comme son père et comme sa mère Jésabel, fut malheureux dans une
alliance qu'il contracta avec Josaphat pour l'équipement de vaisseaux de
commerce, et laissa les Moabites se soustraire à son pouvoir. Il tomba de son
palais de Samarie «par le treillis de sa chambre haute», qui donnait à la fois
sur la cour intérieure du palais par une trappe, et sur la rue ou sur les
parvis extérieurs par la balustrade dont le toit était environné,
— Voir: Maison;
comme il était fort malade de sa chute, il envoya
consulter Bahal-Zébub, dieu de Hébron; ses serviteurs ne purent remplir leur
message et revinrent annoncer à leur maître qu'un prophète les ayant rencontrés
leur avait annoncé la mort prochaine et sûre d'Achazia. Le roi, sur la
description qui lui en fut faite, reconnut le prophète Élie, et, pensant tuer
la prophétie en tuant le prophète, il envoya l'une après l'autre deux compagnies
de cinquante hommes au Carmel pour le saisir. Une troisième troupe fut encore
envoyée, dont le chef (— Voir: Abdias), au lieu de prendre le ton impérieux qui
avait attiré le feu du ciel sur les deux premiers, s'agenouilla devant le
prophète et le supplia de le suivre auprès du roi. Élie descendit, alla vers le
roi et lui répéta ce qu'il avait déjà dit à ses serviteurs: «Tu ne descendras
pas du lit sur lequel tu es monté, mais certainement tu mourras.» Il mourut en
effet, suivant la parole du Seigneur, et sans postérité, un an après la mort de
son père, 896 avant J.-C.; Joram, son frère, lui succéda.
2. Achazia,
2 Rois 8:25; 9:29, ou Jehoachaz, 2 Chroniques 21:17; 22:1, appelé aussi Hazaria
22:6 (à moins que ce ne soit une faute de copiste), fils de Joram et d'Hatalie,
monta sur le trône à l'âge de 22 ans, 885 avant J.-C., et ne régna qu'un an. Il
combattit avec Joram contre les Syriens, et lorsque celui-ci, blessé, eut dû
s'enfuir à Jizréhel, Achazia vint lui faire visite. Cependant Jéhu, simple capitaine,
que son maître avait laissé au siège de Ramoth de Galaad, ayant été oint roi
par Élisée, se souleva, tua Joram et poursuivit Achazia qui, bien que blessé
mortellement à la montée de Gur, put encore s'enfuir dans la contrée de
Samarie, à Méguiddo, où Jéhu l'ayant découvert le fit mettre à mort. Ses
serviteurs l'emmenèrent à Jérusalem, et il fut enseveli avec ses pères, 2 Rois
8:25; 9:29.
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ACHIM,
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fils de Sadoc, père d'Éliud, de la tribu de Juda,
nommé dans la généalogie du Sauveur, Matthieu 1:14, mais du reste, inconnu.
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ACHITHOPHEL
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(frère de ruine ou de folie), 2 Samuel 15:16 et 17,
natif de Guilo, père d'Éliham, 2 Samuel 23:34, et grand-père de Bathsébah, cf.
11:3, courtisan fort habile dont les avis étaient reçus comme des conseils de
Dieu, 16:23, fut des premiers à embrasser le parti d'Absalon révolté contre son
père, et l'on suppose que ce fut pour venger l'affront fait par ce prince à la
personne de sa petite-fille. Du moins on ne voit pas quel intérêt aurait pu
porter ce vieillard à trahir son premier maître; et toute sa conduite, ses
paroles, ses conseils, ses actions respirent la haine personnelle la plus
violente contre David. Il veut une rupture complète et conseille à son nouveau
roi d'abuser en public des femmes de son père, afin que tout le peuple, en
voyant ce crime, comprenne qu'Absalon ne reculera pas devant tous les autres; puis
il demande qu'on lui donne 12,000 hommes, avec lesquels il partira la nuit même
et poursuivra le roi sans lui donner de repos; il se jettera sur lui et ne
frappera que lui. Ce féroce conseil était bon et digne d'un homme d'État
consommé, mais Dieu le dissipa. Cusaï, ami secret de David, conseilla des
lenteurs qui furent approuvées et qui perdirent Absalon. Achithophel, prévoyant
que David serait vainqueur, et sachant bien qu'il ne pouvait en espérer aucun
pardon, fit seller son âne, revint à Guilo, mit en ordre ses affaires et
s'étrangla, 1021 avant J.-C.
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ACHMÉTHA,
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— Voir: Ecbatane.
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ACIER,
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— Voir: Fer.
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ACSAPH
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(un prisonnier), ville cananéenne dont le roi fut
vaincu par Josué, Josué 11:1; 12:20, et qui fit plus tard partie de la tribu
d'Aser, 19:25. Elle était près du mont Thabor. M. Buckingham, qui a visité ces
lieux en 1816, dit que c'est actuellement une petite ville nommé Idippa ou
Ecdippa, près de la Méditerranée, entre Tyr et Ptolémaïs. Au temps de saint
Jérôme, environ quatre siècles après Christ, c'était, à ce qu'il paraît, un
petit village nommé Chassalus.
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ACTES DES APÔTRES.
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Actes (actions ou faits) des Apôtres. Ce livre est le
5e et dernier des livres historiques du Nouveau Testament Il fait suite aux
Évangiles et sert d'introduction préparatoire aux apôtres. Il contient
l'histoire inspirée de ce que les apôtres ont fait et souffert depuis
l'ascension du Seigneur; il est plein de récits d'un haut intérêt et fournit
une foule de preuves éclatantes du pouvoir et de la grâce de Dieu. Pierre,
Jean, Paul et Barnabas en sont les principaux personnages. Après avoir raconté
l'ascension de Jésus-Christ, les Actes parlent du choix qui fut fait de
Matthias en remplacement de Judas, puis de l'effusion du Saint-Esprit à la
Pentecôte, de la prédication miraculeuse des apôtres, de leurs succès, des
persécutions qu'ils eurent à éprouver. On voit ensuite l'élection des diacres,
le martyre d'Étienne, la dispersion des fidèles en Samarie, la honteuse
conduite de Simon le magicien, le baptême de l'eunuque d'Éthiopie. Les
chapitres 9-15 nous montrent Pierre ressuscitant Dorcas, baptisant Corneille,
annonçant l'Évangile aux païens et s'en justifiant auprès des Juifs convertis.
Partout on recueille des aumônes pour les fidèles de Jérusalem qui souffrent de
la famine; Jacques est décapité; Pierre emprisonné est délivré par un ange,
Hérode est rongé des vers. L'assemblée de Jérusalem condamne ceux qui veulent
faire de l'observance des cérémonies lévitiques une condition de salut, mais
elle ordonne de s'abstenir des choses consacrées aux idoles, de la fornication,
des viandes étouffées et du sang.
— Le reste du livre (et déjà les chapitres 11 et 13,
et une portion du 9e), raconte la conversion, les travaux et les souffrances de
Paul, et fait l'histoire abrégée de la fondation et du gouvernement de l'Église
chrétienne pendant environ trente années.
L'évangéliste Luc est l'écrivain dont Dieu s'est servi
pour nous transmettre ces faits, et le livre des Actes est la suite immédiate
de l'Évangile du même disciple. L'usage fréquent de la première personne du
pluriel montre que l'auteur a été souvent le témoin des choses qu'il raconte.
On croit que son principal dessein, en entreprenant ce travail, a été d'opposer
une véritable histoire des apôtres aux faux actes et aux contes absurdes que
l'on commençait à répandre en grand nombre. Le premier et le dernier verset de
ce livre déterminent tout ce que l'on peut savoir quant à l'époque à laquelle
il fut composé: ce fut après l'Évangile, et après le séjour de deux ans que
saint Paul fit à Rome. Saint Luc l'écrivit en grec et dans un style plus
élégant que celui des autres écrivains sacrés du Nouveau Testament
— L'authenticité de ce livre n'a jamais été contestée;
quelques hérétiques seuls, dont les doctrines s'y trouvaient trop fortement
condamnées, les marcionites et les manichéens, l'ont rejeté. Les ébionites le
traduisirent en hébreu et le défigurèrent grossièrement. D'autres essayèrent,
mais en vain, de faire admettre par l'Église plusieurs imitations de ce livre,
sous les titres mensongers d'Actes des apôtres par Abdias, Actes de Pierre, de
Paul, de sainte Thècle (qui nous raconte le baptême d'un lion), de Jean,
d'André, de Thomas, de Philippe, de Matthias, etc.
— Voir: Paul et Luc.
La plus grande difficulté du livre des Actes est
certainement la partie chronologique: on a déjà fait beaucoup de travaux à cet
égard sans arriver à des résultats bien satisfaisants et bien concluants; mais,
comme en pareille matière il vaut mieux avoir une idée fixe et arrêtée,
fût-elle même fausse, que de n'en avoir point, et puisqu'il faut choisir entre
plusieurs systèmes peu sûrs celui qui présente le plus de garanties, nous
renvoyons nos lecteurs français aux Deux dissertations de M. Bost sur le droit
des Papes, suivies d'une table chronologique des Actes des apôtres,
— et à l'Histoire de l'établissement du Christianisme,
par le même, 1er vol., p. 5-53;
— Voir: encore l'ouvrage de Néander, traduit par M.
Fontanès (Établ. et direction de l'Égl. chr. parles ap.); quelques pages de
Sardinoux (sur les Galates), et de Rilliet (Philippiens); Concordance de
Mackenzie, Introduction, etc.
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ACZIB
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(menteur),
1. ville
de la tribu d'Aser, Josué 19:25,29, peut-être la même que Acsaph.
2. Autre
ville du même nom dans la tribu de Juda, Josué 15:44. Michée, jouant sur la
signification du nom de cette ville, dit (1:14): «Les maisons d'Aczib mentiront
aux rois d'Israël», c'est-à-dire que les gens d'Aczib et leurs forces ne leur
seront d'aucun secours pendant l'invasion des Assyriens.
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ADAM.
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Dieu dit au commencement: «Faisons l'homme à notre image»,
et l'homme fut tiré de la poudre; Dieu les créa maie et femelle, Genèse
1:26-27. Le mot Adam signifie terre; c'est un nom qui aurait pu, dans sa
généralité, s'appliquer à tous les individus de la race humaine, mais qui est
demeuré le nom propre de notre premier père. (Le nom Adam, terme désignant
l'humanité, incluant mâles et femelles Gen. 5:2, provient d'adamah et porte
aussi les notions de «l'intelligent, l'astucieux, le brillant, le clairvoyant,
l'éclairé, le lucide, le raisonnable, le sage, le spirituel, le subtil, le
vif.)
— Quand l'organisation matérielle de ce vaste univers
fut achevée, le Créateur compléta son œuvre en créant l'homme à son image et
selon sa ressemblance. Dieu lit l'homme droit, non pas impeccable, non pas doué
de la toute puissance, ni de la toute-science, mais pur de cœur et sain
d'entendement comme de corps. En connaissance, en justice et en vraie sainteté,
il réfléchissait l'image sans tache de son puissant Créateur, et il était
pourvu de ce qu'il lui fallait pour exercer l'empire sur les œuvres de la
création. Celles-ci étaient alors» très bonnes» à tous égards. Ce vaste
ensemble n'était qu'harmonie et bénédiction; le gouverneur suprême en remit la
domination à Adam, et lit passer devant lui toutes les créatures afin qu'il les
nommât et qu'il décidât ainsi de leur rang et de leur qualité, car c'est ce
qu'emportait chez les Hébreux le droit de donner le nom à quelqu'un ou à
quelque chose. Mais tout ce monde et ces milliers d'êtres ne présentaient pas à
l'homme le secours et la communion de sympathie dont il avait besoin; Adam
était seul; nul être ne pouvait partager son bonheur et répondre à ses
sentiments. C'est pourquoi l'Éternel le plongea dans un profond sommeil, et
d'une de ses côtes lui forma une compagne: la femme est créée, le mariage est
institué, et l'homme exprime, en ternies pleins d'énergie, ses nouvelles
affections et le sentiment qu'il a de l'intimité qui doit régner entre lui et
celle qui est un autre lui-même: le nom qu'il lui donne d'abord (Adamah,
Hommesse, 2:23), est destiné à rappeler constamment ce fait. Comme les saisons
n'avaient point encore leurs intempéries, et que le sentiment de la honte et de
la pudeur, premier fruit du péché, était inconnu à nos premiers parents, ils
marchaient dans l'innocence des petits enfants, sans songer à voiler leur corps
par des vêtements. (— Voir: Création, Ève, Femme.)
Plus l'homme était haut placé, plus l'autorité que
l'Éternel lui avait donnée sur les œuvres de la création était grande, plus il
importait aussi que quelque chose vînt sans cesse lui rappeler qu'il avait un
maître au-dessus de lui, un Seigneur qui l'avait créé pour sa gloire et auquel
il devait hommage et obéissance. Peu importait en soi quel que fut le signe de
cette dépendance. Dieu défendit sévèrement à l'homme le fruit d'un des arbres
du jardin qui, pour cela, fut nommé l'Arbre de la connaissance du bien et du
mal. Le bonheur d'Adam était ainsi entre ses mains et dépendait de ses œuvres:
s'il obéissait au commandement, lui et les siens, il jouirait avec eux et à
toujours d'un bonheur sans mélange, dans la communion de Dieu. Vie éternelle,
vie spirituelle, voilà ce qui lui avait été donné avec la vie naturelle, et ce
que son obéissance devait lui conserver. L'arbre de vie qui est au milieu du
jardin sert de signe à ces promesses. Mais s'il manque à la loi qui lui est
imposée, alors tout le contraire lui arrivera: la mort naturelle, la mort
spirituelle, la mort éternelle seront son partage, à moins que la miséricorde
divine n'intervienne; mais Dieu ne lui fait encore aucune promesse à cet égaré,
parce qu'il ne veut pas préjuger sa chute.
Le grand adversaire que nos versions appelle Satan et
le Diable, celui qui est menteur dès le commencement, et père du mensonge, se
sert du serpent pour séduire la femme, il parvient à glisser la tentation dans
son cœur. La convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l'orgueil de la
vie, 1 Jean 2:16, suffirent à faire succomber Ève: quand elle vit que le fruit
de l'arbre était bon à manger, et qu'il était agréable à la vue, et que cet
arbre était désirable pour donner de la science, elle en prit du fruit et
entraîna son mari dans sa chute; (— Voir: un Sermon de Hor. Monod sur les trois
Convoitises.) Dès lors l'image de Dieu dans l'homme fut effacée; Adam et Ève
sont morts spirituellement, et leur communion avec Dieu se trouvant rompue, ils
apprennent ce que c'est que le trouble et la honte; ils cousent ensemble des
feuilles de figuier et s'en font une ceinture autour des reins; puis, lorsque
la voix, la parole de l'Éternel, se fait entendre dans le jardin, ils se
cachent au milieu des arbres et pensent pouvoir celer à Dieu ce qu'ils ont
fait. Bien plus, quand Adam voit que tout est découvert aux yeux de celui à qui
nous devons tous rendre compte, il essaye de rejeter toute la faute sur celle
qu'il devait aimer comme lui-même, et indirectement, par un horrible blasphème,
sur l'Éternel qui lui avait donné cette compagne. Toutefois, avant de frapper,
l'Éternel fait entendre aux coupables l'Évangile, la bonne nouvelle du salut, c'est
que la postérité de la femme brisera la tête du serpent: puis il leur annonce
la malédiction qui reposera sur Adam et sur toute sa race, même sur les élus
qui auront part à la grande délivrance finale. Infirmités, douleurs de
l'enfantement et sujétion à son mari, telle sera la part spéciale de la femme;
travail et fatigues, récoltes précaires et arrosées de sueurs, toutes sortes de
peines et d'infortunes, et la mort après tout, voilà ce qui attend Adam et le
genre humain tout entier dont il est le représentant et le père. «Tu es poudre
et tu retourneras dans la poudre», sentence pleine de miséricorde pour le
fidèle quand on la compare à l'éternelle mort qu'il a méritée, et quand on
pense à l'éternelle félicité que la grâce de Dieu lui assure.
(Le mot serpent ou
NACHASH porte aussi le sens «le raisonnement, l'intellect», c'est à dire «être
brillant, être éblouissant, être flamboyant, être illustre, être magnifique,
être séduisant, être trompeur. Tout porte à penser que le serpent n'est qu'un
terme figuratif qui représente l'esprit de la chair en l'homme, un esprit de
contrariété humaine qui veut son indépendance de Dieu et s'oppose à toutes ses
voies.)
Adam nomma sa femme Ève, c'est-à-dire vivante, parce
qu'elle devait être la mère des vivants: l'immortalité de l'individu fut
remplacée sur la terre par celle de la race, mais ce fut toujours
l'immortalité. Puis l'Éternel, les ayant revêtus de robes de peaux, les chassa
du paradis, dont il fit garder l'entrée par un ange armé d'une épée
flamboyante. Bientôt après naquirent Caïn et Abel portant l'un et l'autre
l'image de leur père terrestre, c'est-à-dire pécheurs et mortels comme lui.
D'autres enfants en grand nombre, des fils et des filles, furent donnés à Adam;
Seth est le seul dont le nom soit conservé; il naquit la 130e année de son
père. Adam mourut huit siècles après, à l'âge de 930 ans. Lémec, père de Noé,
en avait alors 56.
Observations détachées.
1. On
a pensé, mais sans fondement, que le mot Adam signifiait premier créé; d'autres
ont cru y reconnaître le mot sanscrit Adim, qui signifie le premier; enfin,
l'on a prétendu qu'il dérivait d'un mot hébreu signifiant ressemblance. Ce qui
est plus probable, c'est qu'il vient de Adamah, terre: le corps d'Adam fut
formé de terre, et c'est encore à présent la terre végétale, ou terreau, qui,
varié de mille manières, est le principe constitutif, non seulement des
végétaux, mais encore des animaux.
2. La
création de l'homme est racontée de manière à nous montrer combien d'importance
l'esprit de Dieu donne à la formation de ce chef-d'œuvre sorti des mains du
Créateur. Le récit ne nous dit pas simplement que l'homme a été formé, mais il
nous fait part des pensées divines qui précédèrent ce grand et dernier acte de
la création; l'Éternel tient conseil et veut que nous sachions l'idée
essentielle que sa puissance va réaliser. «Faisons l'homme à notre image et à
notre ressemblance.»
3. «Dieu
souffla en l'homme une respiration de vie, et l'homme fut fait en âme vivante,
ce qui veut dire, non seulement que Dieu donna la vie à l'homme comme il
l'avait déjà donnée aux animaux, mais encore qu'il lui donna une âme, siège de
l'intelligence et du sentiment, et qu'il le doua d'un sens moral qui était la
vie de son âme et son privilège essentiel. Par ses sens, dont rien ne troublait
le libre et droit exercice, l'homme était en rapport avec la nature matérielle,
et les facultés de son entendement dans leur force originelle le mettaient en
état de saisir tous ces rapports et de les combiner, en sorte qu'il avait, hors
de lui et en lui, la source de toutes les connaissances naturelles qu'il devait
progressivement acquérir. D'un autre côté, il pouvait s'élever par le sens
moral aux relations qui l'unissaient à Dieu, et les pieuses affections de son
cœur devaient tendre à se développer par la contemplation et par l'exercice.
Tel nous parait avoir dû être le premier homme quand il sortit des mains de son
Créateur, sans toutefois que nous croyions possible d'arriver à quelque chose
de bien certain sur sa nature, vierge encore de toutes impressions, que les uns
croient avoir été extrêmement développée, et que d'autres comparent à celle
d'un enfant admirablement doué de la puissance d'acquérir, mais qui n'a encore
rien acquis.
4. La
dégradation dans laquelle tombe le premier homme, et les rapides progrès qu'il
fait dans la voie du mal, sont vraiment effrayants. On peut remarquer trois
faits dans cette chute: la faiblesse singulière du pécheur, qui cède à la voix
de sa femme; sa lâcheté à vouloir s'excuser en l'accusant; enfin, et surtout,
l'endurcissement qu'il manifeste au point de n'exprimer aucune repentance de
son péché. C'est que le repentir est impossible là où il n'y a point
d'espérance, et nulle promesse de pardon n'était encore sortie de la bouche de
l'Éternel. Mais, dès que la promesse d'un libérateur eut été prononcée, il y
eut pour Adam une voie de retour à Dieu, et le nom même qu'il donna à sa femme
semble indiquer qu'il entra aussitôt dans cette voie. Il l'appela Vivante et
Mère des vivants, au moment que la sentence de mort contre elle et contre sa
postérité venait d'être portée; ce qui rend probable qu'il lui donna ce nom en
vue de la promesse, c'est-à-dire par la foi.
5. Si
le Seigneur afflige quelqu'un, il en a aussi compassion selon la grandeur de
ses gratuités, a dit Jérémie, Lamentations 3:32; et non seulement, après la
chute, Dieu donne la promesse d'un Rédempteur, mais même plusieurs parties de
la malédiction sont de réelles bénédictions, un bonheur dans le malheur, de
tristes remèdes, mais pourtant salutaires à l'homme. Que fussions-nous en effet
devenus si, le mal étant entré dans le monde, nous n'eussions pas été
assujettis à travailler pour vivre, et que de maux l'oisiveté n'eût-elle pas
amoncelés sur le genre humain! Quel avenir de bonheur n'y a-t-il donc pas dans
ces paroles: «Tu mangeras le pain à la sueur de ton visage»!
— Et si l'homme, après s'être maudit lui-même par sa
chute, eût continué d'être immortel, combien son sort n'aurait-il pas été
déplorable! L'immortalité dans la misère! Mais Dieu prend soin qu'il ne puisse
plus toucher à l'arbre de la vie, et cette privation, ce châtiment apparent
tourne encore au meilleur bien de la créature.
6. On
suppose, et non sans raison, que les robes dont l'Éternel recouvrit Adam et
Ève, furent faites avec la peau d'animaux qu'ils durent offrir en sacrifice par
l'ordre de Dieu, quoique cet ordre ne soit pas mentionné par Moïse. Ces robes
seraient alors une figure de la justice de Christ, dont le Seigneur revêt ses
élus.
7. L'Éternel
ayant chassé Adam et Ève du paradis, prit des mesures pour qu'ils n'y pussent
rentrer. C'est ainsi que les fidèles eux-mêmes, aussi longtemps qu'ils sont
ici-bas, ne peuvent être pleinement rétablis dans la pureté et la félicité
originelles; et c'est dans ce sens qu'ils ne sont «sauvés qu'en espérance.»
8. La
longévité d'Adam et des premiers hommes a eu pour but, évidemment, d'augmenter
plus promptement la famille humaine, et de suppléer en même temps, par la
tradition, au défaut de la parole écrite. Quand la population n'aurait alors
doublé que tous les cinquante ans, il y aurait eu sur la terre, à la mort
d'Adam, près d'un million et cinq cent mille individus issus de lui; et Lémec,
qui mourut cinq ans seulement avant le déluge, avait pu recevoir de la bouche
d'Adam lui-même le récit des premières révélations de l'Éternel.
9. La
Parole de Dieu nous montre en Adam un type de notre Seigneur Jésus-Christ,
Romains 5:12-19; 1 Corinthiens 15:45. Comme le corps d'Adam fut formé par la
puissance de Dieu et pris de la terre, de même Jésus-Christ homme a été formé par
cette puissance dans le sein de Marie. Christ est l'image du Dieu invisible, sa
parfaite ressemblance. Jésus, en sa qualité de Messie, de Christ, a reçu la
domination sur toutes choses. Il est le premier-né d'entre ses frères, le chef
et la tige de tous les élus. Enfin, de même que le péché d'Adam est devenu le
péché de toute sa race, la justice de Christ appartient à tous ceux qui sont
spirituellement sa postérité.
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ADAM,
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Josué 3:16, peut-être la même qui est appelée Adama et
Adaminébek, 19:33,36; ville de la tribu de Nephthali, située près de
l'extrémité sud de la mer de Tibériade. Ce fut près de là que les eaux du
Jourdain s'amoncelèrent lors de l'entrée des Hébreux en Canaan.
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ADAMA et Adaminébek,
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— Voir: l'article précédent.
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ADAR
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(haut, éminent)
le douzième mois de l'année religieuse des Juifs, et
le sixième de leur année civile. Il n'avait que vingt-neuf jours et
correspondait à notre mois de février et aux premiers jours de mars. Ce fut le
troisième jour de ce mois que l'on acheva et que l'on dédia le second temple,
Esdras 6:15. Le septième jour, les Juifs célèbrent un jeûne pour la mort de
Moïse. Le treizième, ils font la commémoration du jeûne d'Ester et de
Mardochée. Le quatorzième, a lieu le jeûne de Purim, Esther 3:12; 4:1, etc.,
9:17. Le vingt-cinquième enfin, célébration de la délivrance de Jéhojachin,
Jérémie 52:31. Tous les trois ans on ajoutait après ce mois, à l'année, un mois
supplémentaire de vingt-neuf ou trente jours, qu'on appelait Be-Adar ou second
Adar.
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ADDI,
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fils de Cosam et père de Melchi, un des ancêtres de
notre Seigneur, d'après Luc, 3:28; du reste, inconnu.
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ADMA
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(terrestre)
la plus occidentale des quatre villes détruites par le
feu du ciel lors de l'embrasement de Sodome, Genèse 14:2. Deutéronome 29:23. La
version de Martin porte Adama en Osée, 11:8; il faut lire Adma.
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ADMINISTRATION,
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— Voir: Gouvernement.
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ADONI-BÉZEK
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(seigneur de Bézek)
Immédiatement avant que Josué entrât en Canaan, Adoni
avait fait aux rois de son voisinage une guerre sanglante; soixante et dix
d'entre eux étaient tombés en son pouvoir; il leur avait fait couper les pouces
des mains et des pieds, sans doute afin de leur ôter la possibilité de manier
les armes, et il les nourrissait des débris de sa table, comme des chiens.
Après la mort de Josué, les tribus de Juda et de Siméon, continuant la guerre
d'extermination contre les peuplades maudites, battirent Adoni-Bézek, le firent
prisonnier et le traitèrent comme il avait traité lui-même ses captifs; il
reconnut la justice de ce châtiment, et mourut à Jérusalem. Juges 1:4-7.
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ADONIJA
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(le Seigneur est mon maître)
quatrième fils de David, par Hagguith, 2 Samuel 3:4; 1
Chroniques 3:2, naquit à Héglon. Après la mort de ses deux frères aînés, Amnon
et Absalon (et peut-être aussi Kiléab, dont on ne sait autre chose que le nom),
son père étant affaibli par l'âge et les infirmités, il tenta de s'assurer le
trône auquel il pensait avoir des droits par le privilège de sa naissance,
quoique son frère cadet, Salomon, fût désigné comme l'héritier légitime. Il se
procura un magnifique train de chevaux et de chariots, et s'entoura d'une garde
de cinquante cavaliers, comme précédemment son frère Absalon. Son père, qui
l'aimait, le laissa faire d'abord sans en manifester son déplaisir. Cependant
son influence augmentait rapidement à la cour; il avait dans son parti Joab, le
général des troupes royales, et Abiathar, le souverain sacrificateur. Mais
Bénaja, Tsadok et le prophète Nathan ne s'étaient point laissés entraîner. Au
jour fixé pour faire éclater la conjuration, Adonija fit un grand festin près
de la fontaine de Roguel, et il y invita tousses frères (à l'exception de
Salomon), et avec eux ses principaux adhérents.
— Pendant qu'ils se livraient aux excès de la table et
qu'ils saluaient leur nouveau roi, Nathan et Bathsébah vinrent informer David
de ce qui se passait, et reçurent de lui l'ordre de faire couronner
immédiatement son fils Salomon, que l'Éternel lui-même avait désigné comme son
successeur. Adonija et les siens, instruits de la chose par les acclamations du
peuple et par le rapport que vient leur en faire Jonathan, fils d'Abiathar,
sont saisis de terreur et se dispersent; Adonija se réfugie aux cornes de
l'autel, probablement dans l'aire d'Arauna; Salomon lui tend une main de paix,
à condition qu'il ne lui donnera plus, à l'avenir, aucun sujet de plainte, et
Adonija rentre dans sa maison, après avoir reconnu Salomon pour son roi, 1 Rois
1.
— Mais à peine David a-t-il rendu le dernier soupir, 1
Rois 2:13, etc., qu'Adonija, laissant percer de nouveau l'ambition qui le
dévore, fait demander pour lui la main d'Abisag la Sunamite, dernière épouse du
roi son père. C'est Bathsébah, mère de Salomon, qui se charge de ce message et
qui demande à son fils d'exaucer la prière d'Adonija. Une si haute intercession
fut cependant inutile, et comme, dans les mœurs du temps, c'était afficher des
prétentions au trône, Salomon dut ordonner à Bénaja de faire mourir Adonija.
Cela arriva une année environ après sa première révolte, 1013 avant J.-C.
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ADONIRAM
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(seigneur haut élevé)
1 Rois 5:14, le principal receveur de l'impôt ordonné
par Salomon, et le directeur en chef des 30,000 hommes qui furent envoyés au
Liban pour couper le bois nécessaire à la construction du Temple et de ses
magnifiques dépendances.
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ADONITSÉDEC
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(seigneur de justice), roi de Jérusalem, 1451 avant
J.-C. Quand il eut appris que Josué s'était emparé de Jérico et de Haï, et que
les Gabaonites avaient fait leur soumission, il se coalisa avec quatre rois ses
voisins pour châtier les Gabaonites, et pour empêcher ainsi que les autres
Cananéens ne suivissent leur exemple. Les Gabaonites recoururent à la
protection des Israélites, qu'ils obtinrent sans peine. Josué marche alors à la
rencontre des cinq rois, les attaque et les met en déroute. Une pluie de
pierres, envoyée par l'Éternel, détruit un grand nombre d'ennemis, et le soleil
s'arrête pour donner aux Israélites le temps d'achever leur œuvre de
destruction. Les rois s'étant réfugiés dans une caverne, on les y tint renfermés
jusqu'à l'arrivée de Josué, puis on les en tira et on les pendit à cinq
potences; leurs cadavres furent ensuite jetés dans la caverne, dont on referma
l'entrée au moyen de gros blocs de pierres qu'on y laissa en mémorial. Le
résultat de cette victoire fut la prise et le sac des villes appartenant à ces
Cananéens, à l'exception toutefois de Jérusalem. Josué 10.
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ADORAM
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(leur louange).
1. Receveur
général du roi David, 2 Samuel 20:24, peut-être le même qu'Adoniram (?),
2. Trésorier
en chef de Roboam et l'intendant de ses travaux. Il fut envoyé aux dix tribus
pour essayer de les ramener à l'obéissance du fils de Salomon; mais les
Israélites, le soupçonnant peut-être d'avoir conseillé la levée des impôts
oppressifs qui avaient causé leur révolte, le lapidèrent sur place, 1 Rois
12:18; 2 Chroniques 10:18; dans ce dernier passage on lit Hadoram.
3. Genèse
10:27.
— Voir: Hadoram.
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ADORATION,
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hommage religieux que l'on rend à la divinité, soit
intérieurement, soit extérieurement; ce terme, pris dans son sens étymologique,
signifie proprement l'acte de baiser quelque chose en le portant à sa bouche.
L'adoration était différente suivant la nature des cultes eux-mêmes. Chez les
païens elle consistait à se couvrir d'un voile, à mettre la main sur la bouche
et à faire plusieurs fois le tour de l'autel. On trouve, Job 31:26-27, une
allusion à ce mode de culte rendu au soleil et à la lune;
— Voir: encore 1 Rois 19:18:
«Je me suis réservé 7,000 hommes de reste en Israël,
savoir, tous ceux qui n'ont point fléchi leurs genoux devant Bahal et dont la
bouche ne l'a point baisé;»
— et Psaumes 2:12: «Baisez le Fils, de peur qu'il ne
s'irrite.» Le passage Genèse 41:40; peut de même se traduire «tout mon peuple
baisera sa main en ta présence.» On adorait encore de diverses manières: Jésus
est à genoux, Luc 22:41; Salomon a les mains étendues vers les cieux, 1 Rois 8:22;
David paraît debout, 2 Samuel 7:18, etc. Mais l'adoration la plus fréquente
était la prostration: l'on s'inclinait profondément, ou même on se prosternait
jusqu'à terre, pour témoigner un grand respect soit à Dieu, soit à des
personnages de distinction qu'on voulait honorer. C'est de cette manière
qu'Abraham reçoit, dans les plaines de Mamré, les trois messagers célestes
qu'il prend pour des voyageurs, Genèse 18:2. Lot également se prosterne devant
eux le visage contre terre à la porte de Sodome, 19:1. Et lorsqu'Abraham veut
obtenir des Héthiens un champ pour la sépulture de Sara, nous le voyons se
prosterner devant le peuple du pays, 23:7.
— Voir: encore Exode 4:31, et ailleurs.
— L'adoration intérieure est la plus pure et le plus
digne du vrai Dieu, mais elle aime à se manifester quelquefois par des actes
extérieurs: les deux peuvent être unies, mais, par leur nature, elles sont
indépendantes. C'est par cette sainte action que nous élevons nos cœurs vers
l'Éternel pour magnifier sa grandeur, ou pour célébrer ses gratuités et ses
merveilles envers les fils des hommes; c'est un culte qui ne cessera jamais, et
que nous rendrons à Dieu dans les joies même de l'éternité, Apocalypse 5:14;
7:11, etc. L'Écriture sainte nous apprend à n'adorer que Dieu, c'est à lui seul
que nous devons un culte, Exode 20:5, et tout hommage rendu à la créature est
une transgression.
— Voir: Idolâtrie.
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ADRAMMÉLEC.
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1. C'était
avec Hanammélec l'idole des colons de Sépharvajim, transportés en Samarie, 2
Rois 17:31, à la place des Israélites emmenés au-delà de l'Euphrate. On rendait
à ces deux fausses divinités le même culte qu'à Moloch, c'est-à-dire qu'on
faisait passer des enfants par le feu en leur honneur.
Adrammélech, selon quelques-uns, était représentée
sous la forme d'un mulet: d'autres disent qu'elle avait la figure d'un paon.
Mais le nom de ces deux divinités qui signifie, en hébreu et en assyrien, l'un
un roi magnifique, l'autre (Hanammélec) un roi débonnaire, peut nous porter à
voir, avec Jurieu, dans le premier le soleil, et dans le second la lune qui,
chez plusieurs Orientaux (comme encore chez les Allemands), n'était pas féminin
mais masculin, et était adoré comme un dieu. Adrammélec veut dire en persan roi
des troupeaux, et Hanammélec présente également une signification analogue, qui
pourrait nous faire supposer qu'on regardait ces divinités comme protectrices
du bétail.
2. 2
Rois 19:37; Ésaïe 37:38, Adrammélec et Saréetser, fils de Sanchérib, trempèrent
leurs mains dans le sang de leur père pendant qu'il adorait, dans la maison de
Nisroc, son dieu. Peut-être furent-ils poussés à ce crime par la crainte que
leur père ne les offrît en sacrifice à l'idole. Après ce parricide ils
s'enfuirent en Arménie et laissèrent le trône à Ésar-Haddon, leur frère. Encore
une révolution qui n'a profité en rien à ses auteurs!
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ADRAMITE.
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1. ville
sur la côte septentrionale de l'Afrique, à l'ouest de l'Égypte;
2. ville
sur la côte occidentale de la Mysie dans l'Asie Mineure, vis-à-vis de l'île de
Lesbos. Ce fut sur un vaisseau de cet endroit que saint Paul fit le voyage de
Césarée à Myra, Actes 27:2.
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ADRIATIQUE,
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Actes 27:27, ne signifie pas seulement le golfe de
Venise, mais se prend pour tout l'espace maritime compris entre la Grèce et
l'Italie, jusque sur les côtes de la Sicile. Hésychius a même appelé Adriatique
la mer Ionienne; mais les plus anciens auteurs, Pline 3, 16, 29, distinguent
l'une et l'autre, et font commencer la différence des noms là où le golfe
Adriatique commence à s'élargir, près des îles Ioniennes.
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ADULTÈRE.
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Ce mot dans son sens littéral désigne les relations
charnelles de deux personnes dont l'une ou l'autre, ou toutes les deux, sont
unies à une autre par les liens du mariage. Il faut observer seulement que la
polygamie étant admise chez les Hébreux, l'homme ne pouvait commettre adultère
qu'en s'unissant avec une femme mariée. La loi de Moïse punissait de mort
l'adultère, Lévitique 20:10, et l'on suppose, d'après Jean 8:5, que la
lapidation était le supplice ordinaire en pareil cas. Anciennement c'était
peut-être le supplice du feu, d'après Genèse 38:24. Mais s'il importait dans
ces climats brûlants du Midi, que le législateur accordât une satisfaction à
l'époux offensé, il n'était pas moins nécessaire qu'il protégeât une femme
innocente contre la jalouse et terrible passion d'un époux soupçonneux. C'est
dans ce but, pour condamner la coupable et pour absoudre celle qui ne l'était
pas, que Moïse avait institué la loi des jalousies, l'épreuve des eaux amères
que l'on trouve Nombres 5:12, et suivants. Le mari conduisait sa femme au
sacrificateur; et là, devant l'autel et tenant dans ses mains le gâteau de
jalousie sans huile ni encens, elle devait repousser avec serment l'accusation
portée contre elle. La formule du serment, accompagnée d'exécrations, était
ensuite mise par écrit, puis effacée avec l'eau sainte d'amertume mélangée avec
quelques herbes amères et quelque peu de poussière prise sur le sol du
tabernacle. L'accusée prenait ce breuvage, et aussitôt qu'elle l'avait bu, la
sentence était prononcée: elle était déclarée innocente et fidèle, si elle n'en
était pas incommodée; mais elle enflait aussitôt par tout le corps, elle
pâlissait et périssait dans d'affreux tourments, si elle avait manqué à la foi
conjugale. La fiancée adultère était punie aussi sévèrement que si elle eût été
mariée, à l'exception des fiancées esclaves, Lévitique 19:20, qui, étant moins
libres de leurs actions, en étaient aussi moins responsables.
Job 31:9-12, et le livre des Proverbes expriment en
plusieurs endroits l'horreur profonde que ce crime doit inspirer, et l'Écriture
sainte en général met tous ces genres de souillures au nombre des plus grandes
iniquités, au point d'appeler adultère et prostitution spirituelle l'abandon du
vrai Dieu, l'idolâtrie et l'apostasie; cf. Jérémie 3:9; Ézéchiel 23:43, etc..
C'est dans ce sens que Jésus appelle les Juifs une nation adultère et
pécheresse, Marc 8:38, etc.
L'histoire de la femme adultère, Jean 8, renferme une
bien grande leçon d'humilité, lorsqu'elle nous montre Jésus en appeler à la
conscience de tous, et tous se retirer convaincus en eux-mêmes du même crime.
Dieu, d'ailleurs, va plus loin que les hommes, et la nouvelle économie va plus
loin que l'ancienne en appelant adultère ce que la loi de Moïse nommait
simplement convoitise; cf. Matthieu 5:27-28; avec Exode 20:14.
— Voir: Divorce.
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ADUMMIM,
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montagne et ville du lot échu à la tribu de Benjamin,
entre Jérusalem et Jérico; ce passage fut souvent infesté de voleurs, et c'est
peut-être à cette circonstance qu'il fut redevable de son nom qui signifie
rouge de sang. Josué 15:7. 18:17. Jésus y a placé l'histoire ou la parabole du
bon Samaritain. Luc 10:30-36.
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AGABUS,
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prophète, et peut-être l'un des soixante-dix disciples
envoyés par Jésus, annonça, Actes 11:28, l'approche d'une grande famine qui eut
lieu en effet la 4e année de Claude César, 44 après J.-C., et qui, au dire de
l'historien Flavius Josèphe, fut particulièrement violente en Palestine. Plus
tard, vers l'an 60, Agabus alla voir Paul à Césarée et lui prédit par une
action symbolique qu'il serait mis dans les chaînes à Jérusalem, Actes 21:10.
C'est tout ce que l'on sait de la vie de ce prophète; les Grecs assurent qu'il
fut martyrisé à Antioche.
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AGAG
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paraît avoir été un nom commun à tous les rois
d'Hamalek. Ils étaient déjà puissants au temps de Moïse, et Balaam les nomme
comme tels dans une de ses prophéties, Nombres 24:7. (c'est par erreur que
quelques éditions de Martin lisent Agar), La défaite et la mort d'un de ces
rois nous est racontée 1 Samuel 15. Saül reçut la nouvelle de sa déchéance,
parce que au lieu de détruire Agag et ses troupeaux à la façon de l'interdit,
ainsi qu'il en avait reçu l'ordre, il les avait épargnés.
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AGAR,
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Genèse 16 et 21, servante égyptienne que Sara donna
pour femme à Abraham. Sur le point de devenir mère, elle dut fuir pour avoir
méprisé sa maîtresse; mais l'ange de l'Éternel qui lui apparut, lui rappela son
devoir en la nommant «servante de Saraï; «lui montra ses torts en lui
demandant: «D'où viens-tu?» et l'avertit des dangers qu'elle courait au désert,
par cette seule parole: «Où vas-tu?» C'est qu'en effet elle fuyait loin de son
devoir, et l'on ne rencontre que dangers et malheurs hors des sentiers du
devoir. Plus tard, lorsqu'Ismaël eut atteint l'âge de 17 ou 18 ans, il se moqua
de son jeune frère Isaac que l'on sevrait, et la servante dut s'enfuir pour
toujours avec son fils. L'ange de l'Éternel lui apparut de nouveau dans sa
détresse, lui fit voir une source d'eau, 21:19, et lui annonça les glorieuses
destinées réservées à Ismaël.
Les mahométans font d'Agar une épouse légitime
d'Abraham, et, légitimant ainsi la naissance d'Ismaël, ils prétendent qu'il
jouit des privilèges du droit d'aînesse; ils en voient même une preuve dans le
fait qu'Isaac n'a obtenu en héritage que la Palestine, tandis qu'Ismaël possède
les contrées beaucoup plus étendues et plus riches de l'Arabie.
Saint Paul, Galates 4:22-31, représente la synagogue et
la loi sous la figure d'Agar qui ne produit que des esclaves, fils selon la
chair mais non selon la promesse, et il distingue les deux alliances et les
deux Jérusalem, et les rattache ainsi, en les comparant, à la double postérité
du père des croyants. Le nom d'Agar, signifiant en arabe rocher, pierre,
pouvait d'autant mieux être employé par l'apôtre pour marquer la dure montagne
sur laquelle la loi avait été promulguée.
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AGATHE,
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Exode 28:19; 39:12, pierre précieuse qui est
proprement une composition de quartz, de pyrite, de jaspe et d'autres minéraux,
ce qui fait qu'on la trouve tantôt plus, tantôt moins transparente, et de
différentes couleurs souvent mélangées d'une manière fort curieuse, de noir et
de blanc, d'or et d'améthyste. Elle est peu rare; on la trouve ordinairement
dans les rivières près des montagnes de roche primitive, et selon quelques
auteurs, elle tirerait son nom d'un fleuve de Sicile où elle se rencontrait en
assez grande abondance. Anciennement elle était fort estimée, mais déjà du
temps de Pline le naturaliste, elle avait beaucoup perdu de sa valeur; on s'en
servait comme de nos jours pour ornements. L'agathe était la 8e pierre du
pectoral d'Aaron, mais elle n'est pas nommée comme faisant partie des
fondements de la nouvelle Jérusalem de l'Apocalypse.
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ÂGE.
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L'âge a toujours été, chez tous les peuples et dans
tous les temps, la mesure de l'honneur que l'on devait rendre à chacun. Partout
un âge avancé a trouvé chez des hommes plus jeunes la vénération qui lui était
due, et que tous lui accordent soit involontairement, soit par un simple
mouvement naturel, soit par la considération de la longue expérience attachée à
une longue carrière. Cette coutume instinctive, à laquelle tous les auteurs
profanes rendent témoignage, est également consacrée dans le plus ancien livre
des Hébreux, Job 12:12; 15:10; 29:8. Ce dernier passage nous montre même les
jeunes gens se cachant ou se retirant par respect à l'approche d'un vieillard,
et la loi de Moïse ordonne au jeune homme de se lever devant les cheveux
blancs, Lévitique 19:32. Le livre des Lamentations 5:42, met au nombre des plus
grands crimes le manque de respect pour le vieillard.
— Et ce respect chez les Hébreux était si loin de
n'être qu'une formalité, que nous voyons au contraire les chefs des villes, des
tribus, ou du gouvernement, toujours choisis parmi les anciens et toutes les
choses importantes ou honorables données à des hommes âgés.
— Voir: Anciens.
Le respect pour l'âge a beaucoup diminué dans la
société moderne. Ce qu'on vénérait chez un vieillard, c'est moins son âge que
les qualités de son âge; or la civilisation prétend, pour bien des choses,
remplacer ces qualités; on acquiert, on apprend, on vieillit vite, et l'on
mûrit de bonne heure, mais on mûrit mal; dans le bouleversement de notre
système social, à une époque où toute autorité est remise en question, celle de
l'âge devait se voir aussi contestée; c'est un signe fâcheux; nous signalons le
fait, l'explication qu'on en pourrait donner ne le justifie pas.
Le mot âge a encore dans l'Écriture sainte différents
sens:
1. le
moment où les facultés d'un homme sont à leur maturité, sans indiquer cependant
la vieillesse, Jean 9:21,23;
2. une
période de temps passé, présent ou à venir, Éphésiens 3:5; 2:7;
3. les
hommes qui vivent ou qui ont vécu en quelqu'une de ces périodes, Colossiens
1:26.
On divise ordinairement en âges ou périodes l'histoire
de la théocratie; c'est commode, mais arbitraire, et chacun peut choisir la
division qu'il aime le mieux. Un premier âge trouvera cependant ses limites
naturelles dans la formation de l'ancien monde et son bouleversement sous Noé.
L'époque suivante, dans laquelle Dieu se manifeste à ses enfants sans avoir
encore choisi un peuple dépositaire de ses oracles, formerait le second âge
allant depuis Noé jusqu'à Abraham; un troisième, d'Abraham à Moïse; un
quatrième, jusqu'à la mort de Samuel, comprendrait la conquête du pays de
Canaan et le gouvernement des Juges; cinquièmement enfin, la royauté jusqu'au
retour de la captivité sous Esdras. C'est ici que finissent les livres
historiques de l'Ancien Testament. Un sixième âge renfermerait le temps écoulé
depuis cette époque jusqu'aux jours de Christ.
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AGGÉE,
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prophète hébreu qui vivait au commencement du règne de
Darius fils d'Hystaspe, 522 avant J.-C. On ne sait rien de particulier sur sa
vie.
— Sa mission était d'activer la construction du second
temple; pour cela il fallait agir sur les dispositions morales du peuple en
général; il fallait l'amener à se repentir de son ingratitude envers Dieu et de
son manque de zèle; mais il fallait aussi relever son courage qui pouvait
facilement être abattu par la vue d'un état de choses qui correspondait si peu
aux espérances magnifiques qu'on avait cru pouvoir concevoir d'après des
prophéties précédentes: c'est pourquoi Aggée annonce que la gloire du second
temple surpassera celle du premier (2:6-9), et c'est ce qui fut accompli par la
venue du Messie,
— Voir: Temple.
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AGNEAU,
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— Voir: Brebis.
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AGRAFE.
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Ésaïe 3:18; Les versets 16 à 24 de ce chapitre d'Ésaü
renferment des difficultés philologiques presque insurmontables, et dont
l'examen dépasserait les bornes de notre travail. Ceux qui voudraient entrer
plus avant dans l'explication de ce passage, pourront consulter l'ouvrage de
Schrœder «Commentarius philologicocriticus de vestitu mulierum hebræarum, ad
intelligentiam Ésaïe 3:16-24. Leyde 1745.» Ce livre sert de guide à tous les
interprètes modernes.
— Quant au sens du mot hébreu traduit par agrafe, il y
a deux explications: selon les uns, ce seraient quelques ornements en forme de
filet destinés à garnir la tête; selon d'autres, ce seraient de petits soleils;
il y aurait alors parallèle ou opposition avec le mot suivant, boucles, ou
plutôt petites lunes. On ne peut décider entre ces deux opinions.
— Nous traduirions ainsi les versets d'Ésaïe
susmentionnés:
18. En
ce temps-là le Seigneur ôtera l'ornement des bracelets (pour les pieds), des
coiffes, et des croissants;
19. et
les perles, et les bracelets, et les longs voiles;
20. et
les bonnets, et les chaînettes (qui lient les bracelets des pieds), et les
rubans, et les flacons odoriférants, et les oreillettes (servant d'amulettes);
21. et
les boucles d'oreilles, et les bagues du nez;
22. et
les habits de fête, et les longs habits à manches, et les manteaux, et les
poches;
23. et
les miroirs, et les chemises (ou crêpes), et les turbans, et les voiles de
gaze;
24. (les
punitions sont rattachées au luxe) et il arrivera au lieu de senteurs
aromatiques, de la puanteur; et au lieu de ceinture, une corde; et au lieu de
boucles poudrées d'or (Vitringa), une tête chauve; et au lieu d'habits larges
et somptueux, des ceintures de cordes de sac; et des stigmates au lieu de
beauté.
Cette traduction, trop littérale pour aspirer à un
autre mérite, n'a pour but que d'indiquer avec précision, et une fois pour
toutes, le sens des modifications qui devraient être introduites dans une
nouvelle version de ce passage; la plupart des changements adoptés sont
empruntés à l'ouvrage de Schrœder cité plus haut.
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AGRIPPA.
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1. Hérode
Agrippa, Actes 12:1,23,
— Voir: Hérode.
2. Agrippa,
fils de celui-ci, était à Rome auprès de l'empereur Claude lorsque son père
mourut, l'an 44 de Jésus-Christ. L'empereur penchait à lui transférer toute
l'autorité dont son père avait joui, mais ses courtisans l'en détournèrent, en
considération de la jeunesse du prince, à peine âgé de 17 ans. L'année
suivante, le gouverneur de la Syrie voulut un instant contraindre les Juifs à
lui remettre les ornements de leur souverain sacrificateur pour les placer dans
la tour Antonia, sous la garde des Romains; mais Agrippa obtint la révocation
de cet ordre.
— Hérode, oncle d'Agrippa, roi de Chalcide, étant
mort, l'an 49, sa succession fut donnée à son neveu, mais lui fut de nouveau
retirée au bout de quatre ans: l'empereur l'en dédommagea, du reste, en lui
conférant le gouvernement de cinq provinces, notamment de l'Abilène et de la
Trachonite, auxquelles Néron ajouta bientôt Julia dans la Pérée, et une partie
de la Galilée, à l'occident de la mer de Tibériade. Il s'occupa avec zèle
d'embellir les villes de son ressort, et surtout Jérusalem; mais malgré cela il
ne fut jamais aimé des Juifs, à cause de l'arbitraire avec lequel il déposait
des souverains sacrificateurs et en établissait de nouveaux. Lorsque Festus fut
nommé gouverneur de la Judée, l'an 60. Agrippa et sa soeur Bérénice se
rendirent à Césarée pour le complimenter. L'apôtre Paul y était alors détenu et
venait d'en appeler à César. Festus ayant entretenu Agrippa de cette affaire,
celui-ci désira vivement d'entendre le prisonnier; il fut tellement charmé du
sens droit et de la majesté qui régnait dans le discours de Paul, qu'il se
sentit à moitié convaincu de la vérité de l'Évangile. «Tu me persuades à peu
près d'être chrétien!» s'écria-t-il un moment, comme s'il oubliait son
caractère déjuge et de roi; mais ce ne fut, hélas! qu'une émotion passagère:
homme juste, doux, et bon Juif du reste, Agrippa ne voulait de la religion que
ce qui ne gênait pas sa morale particulière, et il ne considéra les paroles de
Paul qu'en juge chargé d'en examiner la culpabilité, sans penser qu'elles
pussent le concerner lui-même. Après la ruine de Jérusalem, il se retira à Rome
avec sa sœur, et mourut âgé de 70 ans. (90 après J.-C.).
— Voir: Actes 25 et 26.
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AGUR,
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fils de Jaké, auteur du chapitre 30 des Proverbes, du
reste inconnu. Quelques-uns pensent que c'est Salomon lui-même qui aurait voulu
se cacher sous ce pseudonyme; opinion qui ne se peut guère soutenir. En effet,
pour quelle raison aurait-il changé de nom? Pourquoi se serait-il caché;
pourquoi d'ailleurs Salomon qui s'appelle encore fils de David alors même qu'il
change de nom, Ecclésiaste 1:1, se serait-il appelé ici fils de Jaké sans aucun
motif plausible? Le style de ce chapitre n'est point non plus celui de Salomon
dans le reste des Proverbes; ce n'est pas l'homme qui a reçu de Dieu une
sagesse extraordinaire qui peut venir dire: «Certainement je suis le plus
hébété de tous les hommes, et il n'y a point en moi de prudence humaine», verset
2; ce n'est pas non plus l'homme et le roi le plus riche du monde qui peut dire
à Dieu: «Ne me donne ni pauvreté ni richesse», verset 8, et la lecture de ce
chapitre tout entier trahit évidemment une personnalité différente.
Agur parle à ses deux amis ou disciples, Ithiel et
Ucal, de sa grande ignorance dans les mystères des profondeurs divines; il
exprime sa vénération pour la parole de Dieu, et semble répondre à des
questions qui lui auraient été adressées.
— Composé peut-être par un des sages dont il est parlé
24:23, ce fragment aura sans doute été recueilli par les gens d'Ézéchias, de
même que les cinq chapitres qui précèdent. Cf. 25:1.
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AHA!
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Psaumes 35:21,25; 40:16; Ézéchiel 25:3, interjection
qui exprime le mépris, la dérision, l'insulte; à l'exception peut-être d'Ésaïe
44:16, où elle marquerait la satisfaction.
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AHAVA,
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Esdras 8:15,21,31, petite rivière de la Caldée ou de
l'Assyrie, sur les bords de laquelle Esdras rassembla les captifs qu'il devait
ramener en Judée, et où il publia un jeûne, «afin, dit-il, de nous humilier
devant notre Dieu, le priant de nous donner un heureux voyage pour nous et pour
nos familles.» Selon quelques-uns, ce serait le fleuve connu sous le nom
d'Adiava qui coulait dans l'Adiabène; d'autres, à cause de Esdras 8:15,
prennent Ahava pour une ville ou un district et le comparent avec le pays de
Hava nommé, 2 Rois 17:24.
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AHIHÉSER.
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1. Chef
des enfants de Dan, Nombres 2:25; 7:66-71.
2. Benjamite
et parent de Saül, 1 Chroniques 12:2-3, etc., chef d'archers et de frondeurs,
et vaillant homme, vint au secours de David, lorsque, fuyant devant Saül, ce
malheureux roi était enfermé dans Tsiklag.
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AHIJA
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(frère de l'Éternel).
1. Fils
d'Ahitub et arrière-petit-fils d'Héli, souverain sacrificateur du temps de
Saül, 1 Samuel 14:3, probablement le même que Ahimélec 22:9.
— Voir: Ahimélec.
2. Prophète
du Seigneur, qui habitait à Silo. Ce fut lui, selon toute apparence, qui
encouragea Salomon à construire le temple, 1 Rois 6:11, et qui le menaça
ensuite du démembrement de son royaume, 11:9,29; 12:15. Ayant rencontré
Jéroboam dans un champ, il déchira sa robe en douze pièces, et lui en donna
dix, comme signe de la domination qu'il exercerait sur dix tribus d'Israël.
Plus tard, et dans sa vieillesse avancée, le même prophète fit entendre au même
roi des paroles bien différentes, lorsqu'il annonça à son épouse déguisée la
mort de leur fils Abija et la ruine de toute leur maison, 14:2, lia écrit des
mémoires sur les temps de Salomon et de Jéroboam, mais ces prophéties, comme
tant d'autres, se sont perdues, 2 Chroniques 9:29.
3. De
la tribu d'Issacar, père de Bahasa, le meurtrier et le successeur de Nadab, 1
Rois 15:27.
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AHIKAM,
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fils de Saphan et père de Guédalia, 2 Rois 22:12;
25:22; 2 Chroniques 34:20; Jérémie 26:17-24; 40:6. Il fut envoyé par Josias,
roi de Juda, auprès de Hulda la prophétesse, pour la consulter sur le livre de
la loi qui avait été trouvé dans le temple. Sous Jéhojakim, il prit le parti de
Jérémie et empêcha qu'il ne fût livré au peuple, et qu'on ne le fît mourir.
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AHIMAHATS.
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1. Beau-père
de Saül, 1 Samuel 14:50.
2. Fils
et successeur de Tsadok, souverain sacrificateur, 2 Samuel 15:36; 17 et 18,
rendit à David d'importants services pendant la rébellion d'Absalon. Chargé de
faire passer au monarque les précieux avis de Cusaï, il se tenait avec
Jonathan, caché derrière la fontaine de Roguel. Une servante vint leur annoncer
les résolutions qui venaient d'être prises par Absalon, et ils partirent; mais,
dénoncés par un garçon qui les avait découverts, ils furent poursuivis et
durent se cacher à Bahurim, dans la maison d'un partisan de David, qui avait au
milieu de sa cour un puits au fond duquel ils descendirent. La femme de la
maison étendit un grand drap sur l'ouverture de la citerne et y répandit du
grain pilé; puis, lorsque les émissaires furent arrivés, elle les éloigna par
de faux renseignements et rendit la liberté à ses hôtes.
— Ce fut encore Ahimahats qui annonça le premier à
David la défaite d'Absalon, mais il remit à un autre le soin de lui répondre
sur le triste sort de son fils, sachant bien qu'une pareille nouvelle serait
peu favorable à celui qui l'apporterait.
— Hazaria, son fils, lui succéda dans l'exercice de la
sacrificature. 1 Chroniques 6:8.
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AHIMAN,
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Josué 15:14. Juges 1:10, un des fils de Hanak, fut
chassé de Hébron après que Caleb eut pris cette ville.
— Voir: Hanak.
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AHIMÉLEC
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(mon frère est roi).
1. Fils
d'Ahitub. Au milieu des difficultés qui mettent tant de confusion dans
l'histoire de la succession des grands prêtres, on ne sait pas encore si Ahitub
a eu deux fils souverains sacrificateurs, ou s'il n'en a eu qu'un seul portant
à la fois les deux noms d'Ahija et d'Ahimélec (à ce dernier il faut en tout cas
joindre encore celui d'Abiathar, — Voir: ce mot). D'après 1 Samuel 22:14,
Ahimélec paraît avoir rempli pendant longtemps les fonctions de son ministère,
ce qui rend assez difficile la supposition qu'un frère les aurait exercées
avant lui. Il est donc probable que Ahija et Ahimélec ne sont qu'un seul et
même individu. Ce fut lui qui, pendant l'expédition de Migron contre les
Philistins, consulta l'Éternel et qui, ne recevant point de réponse, fit
connaître au peuple que Jonathan avait, sans le vouloir, violé le serment de
Saül qu'il ne connaissait pas. Il avait sa résidence à Nob avec le tabernacle
et un certain nombre de sacrificateurs. David, fuyant la cour et Saül, se
réfugia auprès d'Ahimélec, qui lui donna à manger des pains de proposition. Il
remit de plus à David l'épée de Goliath, que l'on conservait dans le tabernacle
comme le trophée d'une grande et glorieuse victoire. Ahimélec fit cela, ne
connaissant rien des discussions qui régnaient entre David et Saül; il vivait trop
loin de la cour, et n'avait eu aucun moyen d'apprendre ces querelles intestines
et domestiques entre le gendre et le beau-père; mais l'ombrageux et jaloux
monarque n'en eut pas été plus tôt informé par Doëg, qu'il fit massacrer le
grand pontife et tous les prêtres de Nob.
2. Ahimélec
ou Abimélec, fils d'Abiathar (ou Ahimélec), exerça la souveraine sacrificature
de concert avec Tsadok que Saül avait mis à la place du premier Ahimélec son
père. Ce serait alors le même qu'Abiathar q.v. En tous cas ce fut sous son
ministère que David distribua les sacrificateurs en 24 ordres ou séries, 1
Chroniques 24:3,6; 18:16; 2 Samuel 8:17; 20:25.
3. Héthien
à qui David proposa, de même qu'à Abisaï, de l'accompagner au camp de Saül, 1
Samuel 26:6.
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AHINOHAM.
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1. Fille
d'Ahimahats et femme de Saül, 1 Samuel 14:50. On ne voit pas que Saül ait eu
d'autre femme (sauf Ritspa, 2 Samuel 3:7) et l'on peut croire que ce premier
roi d'Israël s'est écarté des mœurs orientales soit par respect pour la loi de
Dieu, Deutéronome 17:17, soit pour ne pas effrayer le peuple déjà prévenu, 1
Samuel 8,13.
2. Ahinoham
de Jizréhel, 1 Samuel 25:43, seconde femme de David, mère d'Amnon, 1 Chroniques
3:1, suivit son mari à Gath, 1 Samuel 27:3, fut faite prisonnière par les
Hamalécites lors du pillage de Tsiklag, 30:1-5, fut délivrée par David, verset
18, et l'accompagna à Hébron, 2 Samuel 2:2; 3.
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AHIO ou Ahjo,
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2 Samuel 6:3; 1 Chroniques 13:7, allait devant l'arche
pendant que son frère Huza marchait à côté, lorsqu'on ta reconduisait de la
maison d'Abinadab à Jérusalem. S'il eût été à la place de son frère, il eût eu
sans doute la même tentation si naturelle de retenir l'arche chancelante, et il
eût péri comme lui. Pourquoi Dieu a-t-il assigné à deux frères des emplois qui
devaient amener pour l'un et pour l'autre un résultat final si différent? C'est
le mystère qui se retrouve dans toute vie d'homme.
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AHITUB
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(père de bonté).
1. Fils
de Planées et frère d'Icabod. Son père étant mort dans cette fameuse journée où
l'arche tomba entre les mains des Philistins, il succéda à son grand-père Héli
et remplit ainsi les fonctions de souverain sacrificateur sous Samuel. Il fut
remplacé par son fils Ahija ou Ahimélec, 1 Samuel 14:3.
2. Fils
d'Amaria, descendant d'Éléazar, fils d'Aaron, ne paraît pas avoir exercé la
sacrificature; il eut pour fils Tsadok, 1 Chroniques 6:8.
3. Fils
d'un autre Amaria, et père d'un autre Tsadok, 1 Chroniques 6:11.
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AHOLA et Aholiba,
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Ézéchiel 23, deux noms supposés, le premier signifiant
sa tente (de l'Éternel), le second, ma tente est là. Ces deux femmes, filles
d'une même mère, et qui se sont prostituées aux Égyptiens et aux Assyriens,
représentent, l'une, le royaume d'Israël ou de Samarie, et l'autre, le royaume de
Juda, qui ont imité les abominations idolâtres de l'Égypte et de l'Assyrie:
aussi l'Éternel a réduit ces épouses adultères à la plus dure servitude, et
elles ont été menées en captivité.
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AHOLIAB,
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— Voir: Betsaléel.
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AHOLIBAMA.
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Genèse 36:2; sq., femme d'Ésaü et mère de Jéhus,
Jahlam et Korah. Un de ses descendants fut le chef d'une tribu du même nom,
verset 41.
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AHUZAT,
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ami du second Abimélec qu'il accompagna, de même que
Picol, lorsqu'il vint pour traiter alliance avec Isaac, Genèse 26:26. (Quelques
versions traduisent «une compagnie d'amis», au lieu de Ahuzat et son ami.)
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AIGLE.
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Exode 19:4; Lévitique 11:13; Deutéronome 32:11; et
ailleurs. L'aigle a toujours été regardé, dans le langage populaire, comme le
roi des oiseaux à cause de sa force, de sa férocité, de la rapidité et de
l'élévation de son vol, et de la terreur qu'il inspire aux autres habitants de
l'air. C'est un oiseau solitaire, parce qu'il lui faut une grande étendue de pays
pour se procurer sa nourriture: deux paires d'aigles ne se trouvent jamais dans
le même voisinage. Il n'attaque l'homme que rarement, et les petits animaux
jamais. S'il ne peut dévorer sa proie en entier, il n'y revient pas une seconde
fois, car il méprise la chair qui sent. Il niche seulement sur les rochers les
plus élevés et les plus inaccessibles à l'homme; et Balaam, dans sa prophétie,
Nombres 24:21, lui compare sous ce rapport les Kéniens.
— Voir: encore Habacuc 2:9; Abdias, 4.
— Job 39:30 sq. nous donne l'histoire naturelle de cet
oiseau. Deutéronome 32:11, nous parle des soins tout particuliers de l'aigle
pour apprendre à voler à ses jeunes aiglons. Exode 19:4, est une allusion à
l'ancienne croyance que l'aigle emporte ses petits sur ses ailes, ou qu'il les
aide à voler en planant au-dessous d'eux pour les soutenir s'ils venaient à
tomber. Job 39:33, est littéralement vrai de certaines espèces d'aigles qui
mangent les corps morts, à moins qu'ils n'exhalent une odeur de putréfaction
trop forte. Notre Sauveur fait une espèce d'allusion à ce passage lorsqu'il
dit: «Où sera le corps mort, là s'assembleront les aigles.» Dans Matthieu
24:28, cette parole semble avoir le sens plus général: partout où la corruption
se montre on trouve de faux Christs tout prêts à en profiter; mais Luc 17:37,
doit s'entendre particulièrement des aigles romaines qui fondirent sur le
peuple juif pour s'en emparer, après qu'il eut perdu toute vie religieuse et
nationale et qu'il ne fut plus qu'un corps mort.
— Du reste, dans le passage de Job, quelques-uns
pensent que l'aigle serait ici confondu avec le vautour, comme cela se fait
souvent dans le langage ordinaire.
— Voir: encore Proverbes 30:17.
— Michée 1:16, ne peut s'appliquer qu'au vautour; les
mots qui mue ne se trouvent pas dans l'original, et le prophète veut parler
d'un oiseau qui a naturellement la tête nue; or aucune espèce d'aigle n'est
dans ce cas. Il est souvent fait allusion dans l'Écriture à la rapidité du vol
de l'aigle, Deutéronome 28:49; 2 Samuel 1:23; Jérémie 4:13, etc.; à la distance
extraordinaire de laquelle il découvre sa proie, Deutéronome 28:49; Habacuc
1:8; à l'impétuosité avec laquelle il se précipite pour s'en emparer, Job 9:26;
Proverbes 30:19. Le vol de l'aigle est aussi grandiose qu'il est impétueux et
rapide; aucun autre oiseau ne s'élève aussi avant dans les airs; il laisse
derrière lui les nuages et les régions du tonnerre et de l'éclair; son nid
s'élève sur les sommets des rochers, et «entre les étoiles», Abdias 4; Jérémie
49:16; Job 39:30-31. Cette immense élévation, jointe à une vue rapide et si
perçante qu'il passait pour regarder le soleil en face, l'ont fait prendre
comme symbole du prophète.
L'aigle est un des quatre animaux qui entrent dans la
composition des chérubins, Ézéchiel 1:10; Apocalypse 4:7.
— Psaumes 103:5; Ésaïe 40:31, se rapportent à
l'opinion anciennement très répandue que par la mue l'aigle, chaque printemps,
renouvelle son plumage et rajeunit ses forces, ou selon d'autres, qu'il atteint
un âge très avancé, et que dans sa vieillesse il mue et acquiert une nouvelle
jeunesse avec de nouvelles plumes. Cyrus, qu'Ésaïe 46:11, compare
prophétiquement à un aigle, avait en effet cet oiseau pour ses armes. Les
Perses, d'après les anciens auteurs, avaient pour enseignes un aigle d'or aux
ailes déployées: il est probable qu'ils tenaient ce symbole des Assyriens qui
le portaient déjà sur leurs bannières, circonstance qui nous fait comprendre
pourquoi les écrivains sacrés font si souvent allusion à l'aigle et à ses ailes
quand ils décrivent la marche victorieuse des armées assyriennes, Osée 8:1;
Jérémie 48:40; Ésaïe 8:8, et ailleurs.
— Voir: Animaux impurs, et Vautour.
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AIRAIN.
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L'hébreu Nechosheth, dans la Bible, désigne le cuivre,
et non pas le métal que nous appelons communément airain ou bronze, lequel est
d'une invention plus moderne. Anciennement les outils, instruments, etc., qui
dans la suite se firent en fer, étaient surtout en cuivre. Déjà dans la septième
génération après Adam, Tubal-Caïn travaillait ce métal, Genèse 4:22. Chez les
anciens Hébreux les armes étaient de cuivre, même les arcs, 1 Samuel 17:5;
6:38; 2 Samuel 22:35; 1 Rois 14:27; Job 20:24. Les Philistins lièrent Samson
avec des chaînes de cuivre, Juges 16:21. Beaucoup de meubles et ustensiles du
tabernacle, les colonnes du temple de Salomon, 1 Rois 7:13-21, le grand bassin
appelé la mer d'airain, 2 Rois 25:13, et d'autres objets qui servaient aux
sacrifices étaient pareillement de cuivre, 2 Chroniques 4:16, de même que les
miroirs de femmes, Exode 38:8; cf. Job 37:18. Les marchands de Mésec et de
Tubal apportaient des vases de cuivre au marché de Tyr, Ézéchiel 27:13.
Il est aussi parlé ailleurs de cuivre poli et
brillant, et l'on croit que c'était le métal connu des Grecs et des Romains
sous le nom d'aurichalcum. Il y en avait de naturel et d'artificiel; ce
dernier, appelé œs pyropum, ou
χαλκός
χρυτοείδης par Aristote, était une sorte de cuivre jaune ou de
laiton. L'aurichalcum naturel est peu connu: les anciens ne nous ont laissé que
des renseignements incomplets à cet égard; il paraît qu'il avait l'éclat et la
couleur de l'or, et la dureté du cuivre, et comme on le tirait des Indes,
quelques savants pensent que c'était notre platine; mais la chose est peu
probable. Le trésor de Darius renfermait plusieurs vases de ce métal.
— Voir: encore Esdras 8:27.
De nos jours il y a des savants qui croient que
l'aurichalcum est un métal dont parle le voyageur Chardin et dont il dit qu'il
se trouve dans l'île de Sumatra, qu'il y est plus estimé que l'or, et que les
rois seuls ont le droit de le posséder: il tient le milieu entre l'or et le
cuivre. Sa couleur est un rose pâle très fin; il se laisse facilement polir et
surpasse l'or en lustre et en éclat. Bochart et d'autres encore supposent que
ce métal est désigné, Ézéchiel 1:4,27; 8,2, par le mot chaldéen Hasmal (qui
signifie composition d'or et de cuivre), auquel le prophète compare la clarté
lumineuse et brillante qu'il voyait dans sa vision céleste. Les versions
grecque et latine traduisent ce dernier mot par Electrum, qui désigne non
seulement l'ambre jaune, mais encore un métal composé d'or et d'argent, très
estimé des anciens à cause de son éclat. L'apôtre Jean, dans l'Apocalypse 1:15;
2:18, rend ce mot par
Χαλκολίδανον, cuivre ardent, ou cuivre qui brille comme s'il était
ardent; Luther le rend par laiton, Bochart y voit une composition d'or et d'argent;
mais ces traductions ne sont que des hypothèses plus ou moins probables, et
toutes les savantes recherches que l'on a pu faire jusqu'à nos jours n'ont
encore amené aucun résultat clair et satisfaisant sur ce point.
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AJALON.
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1. Ville
de la tribu de Dan, assignée aux lévites descendants de Kéhath, Josué 21:24,
près de Timnah et non loin de Bethsémès, 2 Chroniques 28:18. Il paraît qu'elle
demeura au pouvoir des Amorrhéens jusqu'au temps de Hozias ou de quelque autre
puissant roi de Juda. Les Philistins la reprirent sous Achaz. Ce fut là
peut-être que Saül cessa de poursuivre l'armée des Philistins, battue à Micmas;
cf. Josué 19:42; 21:24; 1 Samuel 14:31. On pense que c'est au-dessus de cette
ville que Josué commanda à la lune de s'arrêter; elle devait être non loin de
Haï et de Gabaon. Josué 10:12.
2. Ville
de Benjamin, à 5 ou 6 kilomètres environ à l'est de Béthel (Eusèbe); elle fut
fortifiée par Roboam. 2 Chroniques 11:10.
3. Dans
Zabulon, sépulture d'Élon, juge d'Israël. Juges 12:12.
Quelques-uns comptent une quatrième ville de ce nom en
Éphraïm près de Sichem; mais nous pensons que cette ville n'est autre que la
première qui serait tombée entre les mains des Éphraïmites, cf. Josué 21:24,
avec 1 Chroniques 6:69.
— Vallée d'Ajalon, espèce d'enfoncement dans le
plateau d'Éphraïm, se dirigeant de l'est à l'ouest, long d'environ 18
kilomètres et large de 9. Cette vallée, près de Gabaon, est celle sur laquelle
la lune s'arrêta au commandement de Josué.
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AKIS.
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1. Roi
de Gath, auprès de qui David se réfugia par deux fois. La première fois, il
contrefit l'insensé afin de donner le change aux officiers philistins qui
paraissaient avoir reconnu en lui le vainqueur de Goliath et le héros d'Israël,
1 Samuel 21:10-15; la seconde fois, toujours en fuite, il revint avec 600
hommes, et Akis, sur sa demande, lui donna Tsiklag pour demeure. David y passa
seize mois en paix avec les Philistins, mais faisant des excursions
continuelles sur les terres de leurs amis. Il devait même servir dans les
troupes d'Akis contre Saül; mais la méfiance des principaux officiers l'éloigna
de l'armée, au regret d'Akis lui-même.
2. Autre
roi de Gath du temps de Salomon, 1 Rois 2:39-40.
Akis est appelé Abimélec au Psaumes 34:1, ce qui
s'explique par le fait que ce dernier nom était une désignation générale
s'appliquant à tous les rois des Philistins, comme Padischa aux rois de Perse,
Pharaon aux Égyptiens, etc.
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ALBÂTRE.
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Matthieu 26:7; Marc 14:3; Luc 7:37. Espèce de
carbonate ou de sulfate de chaux, pierre gypseuse assez semblable au marbre,
mais moins dure et plus difficile à polir; ordinairement blanche comme la
neige, quoiqu'on en trouve aussi qui tire sur le gris, le rouge ou le brun.
C'est en Égypte, en Syrie, en Grèce qu'elle est en plus grande abondance.
Quelques savants croient que l'albâtre est aussi désigné sous le nom d'onyx.
L'albâtre blanc était autrefois très estimé: on le travaille facilement pour en
faire des ornements de sculpture, des meubles, des pieds de lits, des chaises,
des vases, des écuelles, des boîtes de senteur, etc. Comme on préférait les
flacons d'albâtre pour garder les parfums, parce qu'on pensait qu'ils s'y
conservaient mieux que dans d'autres (Pline 13, 2; Hérodote 3, 20), le mot
albâtre désignait par extension un vase ou flacon d'albâtre: ces derniers
avaient pour l'ordinaire un long col, et l'ouverture en était cachetée, de
sorte que pour en faire sortir les parfums il fallait briser le cachet: c'est
ce qui est indiqué Marc 14:3, où nous voyons la femme pécheresse répandre sur
la tête du Sauveur le nard du vase précieux: elle ne rompit pas le vase
lui-même, ce qui n'eût pas été facile en tous cas aux faibles mains d'une
femme, mais elle en rompit le cachet, ou, comme on peut aussi traduire, elle
l'entama sur sa tête, elle commença à le verser sur la tête de Jésus (Matthieu
et Marc), et répandit le reste sur ses pieds (Jean 12:3).
— Dans le passage 2 Rois 21:13, les Septante
(probablement pour la raison indiquée plus haut) traduisent par albâtre le mot
hébreu qui signifie proprement une écuelle.
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ALEPH,
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première lettre de l'alphabet hébreu. On trouve
quelques psaumes (25, 34, 37, 111, 112, 119 et 145) dont le premier verset
commence par un Aleph et les autres versets par chacune des lettres suivantes
de l'alphabet. Quoi qu'en pensent les Juifs, il n'y faut pas chercher de
mystère; c'est une forme de vers acrostiches que le poète sacré a préférée, et
voilà tout. Ces psaumes étaient plus faciles à retenir parce que, pour chaque
verset, la mémoire était aidée de l'ordre alphabétique. Le roi Lémuel,
Proverbes 31, a suivi une marche semblable dans les paroles d'instruction qu'il
nous a conservées; et Jérémie a de même écrit en vers abécédaires ses quatre
premières élégies sur la ruine de Jérusalem. Les chapitres 1, 2 et 4 ont 22
versets suivant le nombre des lettres de l'alphabet; le chapitre 3 en a 66,
parce que trois versets de suite commencent par la même lettre.
— Voir: l'article Lamentations.
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ALEXANDRE.
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1. Fils
de Simon de Cyrène, Marc 15:21. Son frère Rufus, leur mère et lui semblent
avoir été bien connus des premiers chrétiens: ils étaient eux-mêmes, selon
toute apparence, membres de l'Église.
2. Alexandre
Lysimaque d'Alexandrie, frère du célèbre Philon, et le plus riche des Juifs de
son temps, fit au temple de magnifiques présents, il fut jeté en prison par
l'ordre de Caligula, qu'il avait sans doute refusé d'adorer, et ne fut rendu à
la liberté que par l'empereur Claude. Quelques auteurs pensent que c'est lui
que nous voyons, Actes 4:6, dans la compagnie des souverains sacrificateurs et
des anciens, lorsqu'on fit emprisonner les apôtres après la guérison de
l'impotent. Cependant l'identité est peu probable, car le frère de Philon
remplissait à Alexandrie les fonctions d'alabarque (premier magistrat, chef des
Juifs en Égypte), et ne pouvait par conséquent pas faire partie du sanhédrin à
Jérusalem. On ne saurait alors autre chose de cet Alexandre sinon qu'il était de
la race sacerdotale.
3. Le
forgeron, 2 Timothée 4:14-15; cf. Actes 19:33; 1 Timothée 1:20. S'agit-il d'une
seule personne, ou de deux, ou de trois dans ces différents passages? Dans les
Actes, pendant l'émeute d'Éphèse, un Juif, nommé Alexandre, veut parler au
peuple; c'est un ouvrier en argenterie, et le nom de forgeron peut s'appliquer
à lui dans ce sens; mais on ne sait pas s'il veut parler pour sauver Paul, ou
si c'est pour rejeter sur les chrétiens toute la faute en déchargeant les
Juifs. Luc a écrit, selon toute apparence, à Rome et pour quelqu'un qui ne
connaissait pas en détail les affaires de l'Asie, et cependant il parle
d'Alexandre comme d'un personnage connu, d'où l'on peut conclure que cet
Alexandre avait fait plus tard un voyage à Rome. Paul, écrivant à Timothée (2e
épître), semble bien avoir en vue ce même individu, d'autant plus qu'il ne lui
donne pas d'autre désignation que celle de son métier, la croyant suffisante
pour le faire reconnaître. Celui de la 1re épître est plus difficile à déterminer;
il paraît que c'était un Juif qui cherchait à faire du mal à Paul en attaquant
publiquement sa doctrine. Saint Paul le livre à Satan pour qu'il apprenne à ne
plus blasphémer, et l'on peut croire qu'il est différent d'Alexandre le
forgeron, puisque dans la 2e à Timothée, écrite plus tard, l'apôtre parle de ce
dernier comme d'un homme qui n'a pas encore reçu la récompense de son impiété.
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ALEXANDRIE,
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ville célèbre de la Basse Égypte. Elle était située
entre le lac Maréotis et le Canopique ou bras le plus occidental du Nil, à peu
de distance de la Méditerranée. Alexandre le Grand en fut le fondateur et ne
tarda pas à y être enseveli dans un cercueil d'or.
— Le célèbre Dinocrate avait fait le plan de cette
ville et en avait donné les dimensions; elle occupait un espace d'environ 25
kilomètres. Le palais, qui faisait à lui seul la cinquième partie de la ville,
était du côté de la mer, et renfermait la résidence royale, le musée et les
tombeaux des princes. La principale rue avait 35 mètres de largeur et
traversait toute la ville. Les Ptolémées, qui succédèrent à Alexandre, en
tirent pendant deux siècles la capitale de l'Égypte. Sa proximité de la mer
Rouge et de la Méditerranée, y attirait le commerce du monde entier, de sorte
qu'après Rome il n'y avait pas de cité plus florissante. Elle possédait une
bibliothèque fameuse, recueillie par les ordres de Ptolémée-Philadelphe; c'est
le même prince sous les auspices duquel fut commencée la première traduction
des livres saints, 280-222 avant J.-C. Quoique ce travail soit connu sous le
nom de version des Septante, le nombre de ceux qui y coopérèrent est fort
incertain: les auteurs le font varier de cinq à soixante et douze, et le chiffre
le plus faible semble approcher davantage de la vérité.
— La bibliothèque d'Alexandrie fut brûlée par les
Arabes ou Sarrasins l'an 642 de l'ère chrétienne. Lorsqu'ils s'emparèrent de
cette ville, elle comptait 4,000 palais, 400 places, 4,000 maisons de bain, et
12,000 personnes uniquement employées à la vente des légumes et des fruits. Ce
n'est plus guère maintenant qu'un immense village qui n'a rien de remarquable
que ses ruines, et un commerce assez étendu.
Cette capitale de l'Égypte a toujours eu pour
habitants, depuis l'époque d'Alexandre, un grand nombre de Juifs, quelquefois
jusqu'à cent mille et au-delà. Une partie d'entre eux étant revenus à
Jérusalem, concoururent à la persécution dont Étienne fut le premier martyr,
Actes 6:9. Apollos était natif d'Alexandrie, 18:24, et le vaisseau qui
transporta saint Paul à Rome venait de cette ville, (27:6) dont les navires,
chargés de blé, faisaient assez ordinairement le trajet d'Égypte en Italie et
débarquaient à Pouzzoles, 28:13.
— 50,000 Juifs y furent massacrés par l'ordre de
Néron; et quand les Arabes en tirent la conquête, ils y trouvèrent 40,000 Juifs
qui leur payèrent le tribut.
Le christianisme s'introduisit de bonne heure à
Alexandrie, par le ministère, à ce que l'on croit, de saint Marc l'évangéliste,
vers l'an 59 ou 60: après sa mort il fut remplacé par Anien qu'il avait
converti dès ses premières prédications. Clément, Origène, le grand Athanase et
beaucoup d'autres illustres serviteurs de Dieu furent successivement la gloire
de cette Église. Pendant plusieurs siècles, l'évêque d'Alexandrie partagea avec
ceux d'Antioche, de Constantinople et de Rome, la direction souveraine de
l'Église chrétienne; il avait sous sa juridiction les églises de la partie
orientale de l'Afrique. L'école d'Alexandrie jouit longtemps d'une fort grande
vogue, l'école juive d'abord, puis l'école chrétienne. Outre d'éloquents
prédicateurs, elle a produit d'habiles copistes des saintes Écritures, et sous
ce dernier rapport nous avons un échantillon de leurs travaux dans le célèbre
manuscrit d'Alexandrie, qui se trouve maintenant au Musée britannique de
Londres, et qui fut écrit par Thécla, jeune fille noble de cette cité.
— Voir: Steiger, Introduction aux livres du Nouveau
Testament, p. 87 et 88.
— La Vulgate a traduit à tort par Alexandrie la ville
de No qui se trouve Nahum 3:8; Jérémie 46:25; Ézéchiel 30:14-15, et ailleurs.
— Voir: No.
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ALGUES,
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— Voir: Roseaux.
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ALGUMMIM,
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— Voir: Almugghim.
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ALLIANCE.
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On appelle ainsi la relation qui s'établit entre des
parties qui, séparées antérieurement, se rapprochent l'une de l'autre sous
diverses conditions et dans divers buts, et qui consolident ce rapprochement
par certains rites et par certaines promesses qui le rendent sacré. Ce
rapprochement est donc opéré par un lien, et comme ce lien introduit souvent
entre ceux qu'il rattache un genre d'unité ou de communauté, alliance désigne
quelquefois non pas le lien seulement, mais encore ce qui fut lié ou plutôt
l'état d'union qui en dérive. Dans ce cas, alliance et communion ont un même sens,
Matthieu 26:28; 1 Corinthiens 10:16. Or, une même communauté ou un même corps
ne pouvant être animés que d'une seule et même vie, on comprendra facilement
pourquoi toute participation à une même nourriture (comme principe de cette
même vie) constatait une alliance déjà consommée ou acceptée, tout comme ce qui
déterminait un droit à cette participation commune, constatait la consommation
elle-même de l'alliance; cf. Exode 24, les versets 4, 5, 6, avec 9, 10, 11.
Quant à l'alliance, c'est-à-dire quant aux liens proprement dits, ils
ressortaient nécessairement de la qualité et des circonstances des personnes
qui entraient dans de pareils rapports, car de cette qualité ou de ces
circonstances se tiraient les considérations qui fixaient, non seulement la
nature et le caractère du traité que l'on voulait former, mais celles surtout
par lesquelles se spécifiaient encore les intérêts et les avantages des
personnes qui y voulaient entrer, Exode 19:4; 20:2; Genèse 31:43; 15:7; Josué
9:9; 1 Samuel 20:15. Du reste, une alliance ne se faisait point sans qu'elle
imposât des obligations qui lui étaient particulières, et qui, le plus souvent,
se trouvaient réciproques pour chacune des parties. Genèse 26:28; Exode 19:5;
Genèse 31:50,52,54. Observer ces obligations devenait indispensable,
puisqu'elles étaient autant de conditions sans l'accomplissement desquelles le
contrat formé ne pouvait obtenir la réalisation de sa fin. On devait, par
conséquent, envisager de pareilles obligations ou de pareilles conditions comme
si étroitement unies aux alliances, que si, de part et d'autre, elles n'étaient
pas fidèlement remplies, les liens du traité lui-même se rompaient
inévitablement. Toute la valeur de l'alliance dépendait ainsi de l'engagement
que prenait chaque partie de respecter les nouveaux devoirs qu'elle venait de
contracter et de ne se rien permettre qui pût détruire ou troubler les nouveaux
rapports dans lesquels elle venait d'entrer. Or cet engagement consistait en
une promesse solennelle, c'est-à-dire accompagnée de serments et de
témoignages, et comme le traité tirait d'elle toute sa force, faire cette
promesse et la garder se disaient l'un et l'autre: confirmer l'alliance,
Galates 3:15 et 17; Daniel 9:27. Cette confirmation étant une promesse
d'observer une alliance faite, suivait naturellement l'alliance elle-même.
Pour qu'une alliance fût consommée, il fallait que
cette alliance et que la promesse de la garder fussent consacrées par certains
actes religieux. Ces actes avaient deux buts:
1. de
réclamer une intervention et par conséquent une sanction divine;
2. de
consommer le traité, en d'autres termes, de le mettre en activité par une
démonstration solennelle qui exprimait à la fois son caractère et sa réalité.
L'acte qui réclamait l'intervention et la sanction de
la Divinité, consistait dans une reconnaissance formelle d'un Dieu, et comme
témoin de la vérité des traités, et comme exécuteur du bien et du mal que leur
observation ou que leur transgression méritait.
Ces fonctions de témoin et d'exécuteur des contrats,
quoiqu'elles appartinssent à Dieu proprement, pouvaient cependant, par une
autorisation légale ou spéciale de sa part, être transmises à d'autres. Mais
ces deux fonctions étant réunies en Dieu, le devaient être également dans ceux
qui les recevaient de lui, Deutéronome 17:7. Du reste, l'une et l'autre avaient
un même office; elles exigeaient un témoignage rendu à l'inviolabilité des
traités, par conséquent leur exécution, en tant qu'elle dépendait de Dieu et
non plus des hommes seulement. Ce témoignage ou cette exécution n'étaient donc
qu'un jugement de Dieu direct ou indirect, c'est-à-dire sa bénédiction ou sa
malédiction, imposées en vertu de l'alliance elle-même, et suivant la fidélité
des contractants.
L'acte religieux qui, dans une alliance quelconque,
consacrait une sanction pareille était d'une double espèce: c'était d'abord un
signe qui, comme symbole, constatait quelle était cette intervention dont
chacune des parties reconnaissait la validité, et qui, comme témoignage
quelquefois monumental, constatait en même temps la réquisition que l'on en
avait faite; c'était ensuite un serment par lequel on déclarait se soumettre et
s'attendre à être jugé par le tiers intervenant (appelé témoin), selon les
termes de l'alliance et selon la manière dont on l'aurait gardée. Quant au
serment lui-même, la nature du traité le pouvait aussi modifier, c'est-à-dire
qu'il appelait séparément la bénédiction ou la malédiction, ou qu'il certifiait
la possibilité de l'une et de l'autre. Dans certains cas, il était accompagné
d'un symbole qui montrait que la sentence méritée était immédiatement imposée,
symbole dont le sens devenait alors sacramentel.
L'acte qui servait à consommer une alliance, ou plutôt
à la mettre en vigueur par une démonstration solennelle, laquelle devait exprimer
à la fois et la réalité et la nature du lien qu'elle établissait entre les
contractants, cet acte précédait le serment et variait d'après la nature du
contrat. Il paraît, du moins, s'être distingué de certains rites païens par ce
côté essentiel, que jamais, dans ses formes, il ne confondait une alliance
profane avec une alliance dont le but était proprement religieux. Enfin, il
était lui-même réclamé comme témoignage; et indépendamment d'un rapport
quelconque avec la religion, certains symboles lui donnaient, par leur
signification, le caractère sacré qu'il devait toujours posséder. Quant aux
rites qui accompagnaient de semblables contrats, ils offrent des modifications
que la variété des circonstances sert à expliquer. Ces explications sont donc
renvoyées à l'article qui traite le sujet particulier auquel elles se
rapportent. Nous nous bornons ici à indiquer les formes les plus indispensables
et les plus inhérentes au cérémonial des alliances contractées.
Ce qui figurait l'alliance comme lien et communauté,
c'est-à-dire ce qui figurait l'alliance elle-même, c'était ordinairement un
repas pris en commun, Genèse 26:30; 31:46; Josué 9:14. Quand la communauté
fondée était une communauté religieuse, alors seulement le repas se faisait
avec les victimes du sacrifice, Deutéronome 27:7. Le pain et le vin, mais
surtout le sel, paraissent avoir été habituellement employés. Le sel
particulièrement tirait des qualités qui lui appartiennent, un sens symbolique
correspondant à l'idée même d'alliance. Par cette puissance qu'il a d'attaquer
dans un corps certaines parties, en même temps qu'il en conserve d'autres, par
cette action amie et ennemie qu'il exerce à la fois sur tout aliment, il était
le symbole le plus naturel d'un contrat dont la vertu propre est justement de
vous rendre et l'ami de ceux qui sont les amis de votre allié, et l'ennemi de
ceux qui en seraient les ennemis, Genèse 12:3. Mais une alliance faite en ces
ternies: «Je bénirai ceux qui te bénissent, et je maudirai ceux qui te
maudissent», étant considérée comme l'alliance la plus sacrée et la plus
indestructible que l'on pût former, le sel, dont la propriété est de conserver,
exprimait doublement le caractère de semblables alliances, de ces alliances
éternelles que, dans certains endroits, l'Écriture nomme également, à cause de
cela, des alliances de sel, Nombres 18:19; 2 Chroniques 13:5. Enfin, l'épithète
d'alliance accompagne le mot sel là où il est ordonné de le faire entrer dans
la composition de tout ce que l'on devait offrir à Dieu d'après son alliance,
Lévitique 2:13.
Un autre rite non moins solennel et non moins répandu
dans toute l'antiquité (il a donné son nom au mot hébreu qui signifie alliance,
Berith, de Barah, disséquer, tailler, partager), consistait à partager un ou
plusieurs animaux en des parts qui se plaçaient de manière à se correspondre,
Genèse 15:10; les parties contractantes passaient entre ces moitiés, et
donnaient ainsi à entendre qu'elles entraient dans les mêmes rapports qui
avaient précédemment uni les membres de la victime. Cette interprétation sera
peut-être contestée, mais toutes les autres se fondent sur des points de vue
qui semblent inconciliables avec le seul exemple que l'Écriture nous fournisse
d'une alliance faite de cette manière, l'alliance de Dieu avec Abraham.
— Jérémie 34:18, n'est point en opposition avec ce que
nous venons de dire; car rien ne prouve que les deux parts représentassent les
deux parties contractantes.
Un dernier usage que nous consignerons sur ce point,
et dont il est parlé Genèse 21:28, fut de donner à celui avec lequel on voulait
contracter, une portion de son propre bien.
Les parties contractantes, leur sincérité dans les
engagements qu'elles avaient pris, sont également figurés dans le rituel des
alliances par des signes matériels et visibles, destinés à servir quelquefois
de témoignages permanents, Genèse 31:46. Les symboles employés dans ce but
étaient habituellement des pierres; on les érigeait en un monceau, suivant le
nombre des parties contractantes, et si l'alliance où elles entraient était une
alliance religieuse, on en faisait un autel, Exode 24:4. À l'égard de ces
autels, il est constamment ordonné de les construire de pierres non taillées,
Exode 20:25; Deutéronome 27:5; Josué 8:31. Cet ordre fut donné, d'abord afin
que ces autels ne fussent point une occasion de révolte contre le commandement
exprès de n'offrir des sacrifices qu'au lieu que l'Éternel aurait désigné
lui-même (pour cette même raison ils se faisaient de terre dans les autres
cas), mais surtout afin qu'ils marquassent plus expressément leur genre de
destination et qu'ils représentassent par leur propre intégrité la vie, la
plénitude, la sainteté du témoignage dont ils faisaient foi, Deutéronome 27:8;
1 Pierre 2:5; 1 Rois 6:7; Éphésiens 2:22; Jean 19:36; Exode 12:46. La consécration
des alliances, en tant que ces alliances sont une promesse à garder, trouve
dans le rituel des symboles correspondants. Cette consécration consiste,
avons-nous dit, dans l'invocation d'un témoignage divin, invocation qui
imposait au lien établi, et surtout à la promesse donnée, un caractère
inviolable et sacré; néanmoins elle ne les convertissait jamais en des rapports
proprement religieux, si déjà ils ne l'étaient pas par eux-mêmes. Ce témoignage
invoqué était habituellement représenté par des pierres; tantôt ces pierres
étaient carrées, alors elles étaient le symbole reconnu de l'univers; tantôt
elles étaient non taillées, et elles représentaient davantage l'œuvre de Dieu:
dans ce dernier cas elles étaient tout ensemble un témoignage rendu à Dieu, et
un témoignage venant de Dieu. Dans l'un et dans l'autre cas, les cieux ou la
terre étaient invoqués en témoignage. Ces pierres donnaient à entendre que
celui qui est l'auteur de la création devait être le Dieu du témoignage,
l'auteur des serments, le Dieu par lequel on devait jurer, cf. Philippiens
2:10-11; Apocalypse 5:8, etc., Josué 24:22, et Deutéronome 27:9. Celui qui
érigeait une telle pierre faisait donc un acte de foi, et il en usait comme
d'un gage de sa propre fidélité. C'est pourquoi aussi Dieu, voulant donner à
son peuple, au sujet de son alliance avec lui, un gage (ou un témoin) de sa
propre fidélité, il employa pour signe dans le second temple une pierre carrée
(Théod. Hasæns, de lapide fundamenti, dans le Thésaurus Ugolini. t. VIII), et
dans le premier deux tables de pierre, qui sans doute, sous une forme
appropriée aux circonstances, représentaient ces cieux et cette terre où Dieu a
partout écrit de son doigt le témoignage, c'est-à-dire sa loi. Le nombre sept
avait une place sacrée parmi les symboles destinés à la consécration du
serment. Il représente le monde dans sa durée; mais cette durée, elle est
envisagée elle-même dans son rapport avec le témoignage de Dieu. De là l'emploi
de ce nombre dans notre cas; Hérodote 3, 8; Genèse 21:30. Christ comme témoin
est également représenté par une pierre à sept yeux, Zacharie 3:9; cf
Apocalypse 5:6.
Enfin la consécration des alliances, en tant que ces
alliances sont un lien et une communion établis entre plusieurs, ne se
célébrait point d'après des rites religieux, si les rapports fondés sur ces
alliances n'étaient eux-mêmes essentiellement religieux. Ainsi aucun sacrifice,
aucune libation, aucune participation à la victime, aucun signe d'une
consécration personnelle n'accompagnait une alliance purement humaine. Les
cérémonies païennes, par exemple celles des Grecs (Iliad. III, 251), celles des
anciens Arabes (Hérodote 3, 8), celles des Scythes (Hérodote 4, 70; comp. Sali.
Cat. 22), celles des Lydiens et des Mèdes consistaient toutes au contraire dans
une participation des contractants à la victime (Iliad. III, 273), ou dans une
corrélation établie mystiquement entre eux par la communication de leur propre
sang (Hérodote 1, 74). L'un et l'autre étaient défendus à l'Israélite; boire le
sang lui était interdit, le sacrifice appartenait au temple.
L'usage de partager un animal en deux moitiés, et de
passer entre elles, fut commun à plusieurs peuples de l'antiquité. De là sont
venues, en hébreu, les expressions Berith (partage), Karath Berith (partager);
mais rien ne prouve que les mots foedus icere, ferire, percutere, et
δρκια
τέμνειν, en soient également déduits (voyez cependant le
passage de l'Iliade cité plus haut). Quoi qu'il en soit, rien ne nous oblige à
voir dans ce rite un sacrifice proprement dit, plutôt qu'un acte symbolique et
solennel dont le sens a été indiqué, lequel paraît certain à l'égard des Juifs:
rien ne prouve qu'il en fût autrement chez les autres nations (Hérodote 2, 139;
7, 39; comp. Liv. 1, 24. Sophonie Aj. 1177, sq.). Cela explique pourquoi nous
ne trouvons rien de pareil dans la consécration des alliances de Dieu avec son
peuple, et pourquoi encore ce signe n'était point un signe de réciprocité, et
s'employait seulement quand l'une des parties était sommée par l'autre de
donner un témoignage figuratif des engagements qu'elle contractait, Genèse
15:8.
De là dérivent néanmoins certaines formules
d'imprécation ou de malédiction, qui pourtant ne contredisent en rien ce que
nous venons d'avancer, puisqu'elles démontrent justement que l'animal partagé
ne figurait que l'une des parties du contrat, Jérémie 34:19.
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ALLON-BACUTH,
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Genèse 35:8, chêne sous lequel fut ensevelie Débora,
nourrice de Rébecca; son nom signifie chêne des pleurs.
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ALMODAD,
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Genèse 10:26, peuplade arabe de la famille des
Joktanides, mais du reste inconnue. Bochart pense aux Allonmaïotes de Ptolémée
dans l'Arabie Heureuse.
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ALMUGGHIM, ou Algummim,
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1 Rois 10:11-12, ou Algummim, 2 Chroniques 2:8-11, nom
d'une espèce de bois qui se trouvait au nombre des marchandises que la flotte
syrienne apportait d'Ophir, du temps de Salomon. Ces deux noms désignent la
même chose, car de pareilles transpositions de lettres se font presque
involontairement, et ont leurs analogues dans toutes les langues.
— Dans le passage du livre des Rois, les Septante
traduisent ce mot par «du bois travaillé et taillé», Jérôme et la Vulgate par
«ligna thyina», et dans les passages des Chroniques, les Septante le rendent,
ainsi que les traductions latines, par «bois de pin.» S'attachant à ces
anciennes interprétations, quelques savants ont cru que l'Almugghim était un
bois résineux et odoriférant; mais un tel bois n'aurait pu être propre à
l'usage auquel le destinait Salomon, car il en fit faire, non seulement des
instruments de musique, mais encore des barrières et des piliers. Par la même
raison, et plus encore, il faut repousser l'idée qui veut traduire ce mot par
corail.
— Les anciens commentateurs juifs les plus célèbres,
Kimhi et autres, pensent que ce bois d'Ophir était celui que les Arabes nomment
El-Bakam, bois du Brésil, ou de Sandal rouge, lequel en tout cas fut connu et
décrit bien antérieurement à la découverte du Brésil. Cet arbre croît dans les
Indes; son bois, dur et pesant, est noir au dehors, rouge au centre, et sans
odeur; il sert à la teinture, à la menuiserie et à la sculpture.
— D'autres interprètes pensent que c'était une espèce
de pin du mont Liban, 2 Chroniques 2:8; mais c'est peu probable à cause de ce
qui est dit, 1 Rois 10:12, qu'il n'était point encore venu de ce bois, et qu'on
n'en avait point vu jusqu'à ce jour: un bois si précieux, et dans un voisinage
aussi rapproché, n'aurait pas échappé longtemps à l'attention des architectes.
— Enfin, les plus modernes prennent ce bois pour le
Santalum Album de Linné, arbre de haute futaie qu'on trouve dans les Indes, en
Arabie et en Afrique: ce serait le bois appelé citrus par les Romains, et
thyion par saint Jérôme. Il est très odoriférant, et d'autant plus qu'il est
plus près de terre et que la couleur en est plus foncée. On s'en servait comme
d'encens, mais plus généralement encore pour la construction des temples, et
pour la sculpture. Cette opinion qui est la plus probable est confirmée par le
témoignage de Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 8, 7). «Les vaisseaux
d'Ophir, dit-il, apportaient des pierres précieuses et des pins dont Salomon
faisait faire des colonnes pour le temple et pour son palais, et des
instruments de musique. Ce bois était plus grand et plus fin qu'aucun autre
bois connu jusqu'alors; il avait l'apparence de bois de figuier, mais il était
encore plus blanc et plus éclatant.»
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ALOÈS,
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Nombres 24:6; Proverbes 7:17, etc., genre d'arbre dont
Tournefort compte quatorze espèces; celui dont il est question dans la Bible
n'est pas l'aloès de nos jardins, mais un arbre des Indes, le bois d'aloès
appelé aussi bois d'aigle. Il a de huit à dix pieds de hauteur; sa cime est
couronnée d'une touffe de feuilles ovales, dentelées, épaisses et longues
d'environ quatre pieds; ses fleurs, d'un rouge mêlé de jaune ou de blanc,
exhalent un parfum délicieux; son fruit est de la grandeur d'une cerise; de
sorte que c'est un des plus beaux arbres qui existent. L'aloès a une sève
extrêmement amère, et son écorce recouvre trois couches de bois différentes; la
couche extérieure est noire, dure et pesante; la seconde est brune, très
poreuse et pleine d'une résine odoriférante; enfin l'intérieur du bois a une
odeur aromatique extrêmement forte. Les anciens faisaient déjà grand cas de
cette dernière couche et l'estimaient plus que l'or. On s'en sert pour parfumer
les habits, les appartements, etc., soit en le réduisant en poudre, soit en le
brûlant, soit en en mettant de petits morceaux appelés calumbaks dans les
objets que l'on veut parfumer: on garde ordinairement ces calumbaks dans des
flacons pour empêcher l'odeur de s'évaporer.
Balaam, pour indiquer combien le peuple d'Israël est
agréable à son Seigneur, et précieux devant lui, le compare à des arbres
d'aloès que l'Éternel a plantés, Nombres 24:6. Parmi les attraits que la femme
de mauvaise vie met en usage pour séduire, Salomon lui fait dire qu'elle a
parfumé son lit d'aloès, Proverbes 7:17. La myrrhe, l'aloès et la casse sont
dans les vêtements de la reine chantée Psaumes 45:8; et l'épouse du Cantique,
4:14, dit que la myrrhe, l'aloès et tous les parfums aromatiques se trouvent
dans le jardin de son époux. Quand le corps de notre Seigneur eut été descendu
de la croix, Jean 19:39, Nicodème apporta de la myrrhe et de l'aloès, non pour
embaumer le corps, mais pour mettre ces aromates dans les linges, verset 40,
afin de conserver le corps jusqu'après le sabbat.
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ALPHA,
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a, première lettre de l'alphabet grec, dont oméga (ou
o long) est la dernière. Le Saint-Esprit désigne par ces deux lettres
l'éternité de Dieu et celle de Jésus-Christ, Apocalypse 1:8,11; 21:6; 22:13.
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ALPHÉE.
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1. Père
des apôtres Jacques le mineur, et Jude; époux de Marie sœur de la mère de
Jésus, Matthieu 10:3; Marc 3:18; Luc 6:15; Actes 1:13; Marc 13:40; le même que
le Cléopas de Jean 19:25, mais différent de celui qui est nommé Luc 24:18.
— Voir: Cléopas.
On ne sait, du reste rien sur sa vie.
2. Père
de Lévi ou saint Matthieu, Marc 2:14, également inconnu. Peut-être est-ce le
même que le précédent, et, dans ce cas, Matthieu son fils, qui n'est jamais
indiqué parmi les enfants de Marie, serait le fils d'un premier mariage.
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ALTASCHETH,
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inscription des Psaumes 57, 58, 59 et 75, signifie ne
détruis point.
«On ne saurait, dit Calvin, amener de certaine raison
pourquoi l'inscription de ce psaume (57) est ne détruis point; et pourtant les
expositeurs sont différents d'opinion, comme en une chose obscure et douteuse.
Aucuns pensent que c'était le commencement de quelque vieille chanson. Les
autres estiment que ce sont les mots que David prononça se voyant environné de
toutes parts sans espoir d'échapper, «O Dieu, ne détruis point.» Les autres
sont d'advis que la preud'hommie de David est louée par cette sentence, lequel
empescha et destourna Abisaï qui voulait aller tuer Saül, pour ce aussi que
l'histoire sainte exprime nommément cette repréhension en ces termes: Ne le
deffais point, 1 Samuel 26:9. Mais pour ce que David avait fait cette prière et
psaume déjà auparavant (comme on le voit par l'inscription même), ceste opinion
ne peut convenir. Par quoy il nous faut tenir à l'une de ces deux expositions,
ou que ce psaume a été composé sur le chant d'une chanson commune, ou que David
a voulu yci noter en brief, comme une chose mémorable, la prière qu'une frayeur
soudaine lui tira de la bouche.»
Ainsi parle Calvin, et depuis lui la science n'a rien
découvert que l'on puisse ajouter à son explication. La version de nos Bibles
est défectueuse dans ces inscriptions, et ne donne aucune idée du vrai sens du
mot.
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AMANA,
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Cantique 4:8, une des cimes de l'Anti-Liban, à ce
qu'il paraît d'après le contexte du passage cité. C'est probablement de cette
montagne que sortait le fleuve Abana, q.v. Une correction apportée au texte
hébreu de 2 Rois 5:12; autorise à croire que le vrai nom du fleuve est plutôt
Amana comme celui de la montagne.
— Quelques-uns placent l'Amana au-delà du Jourdain,
dans la demi-tribu de Manassé; d'autres, le cherchant au nord-est, pensent
qu'il séparait la Syrie de la Cilicie.
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AMANDIER,
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Genèse 30:37; 43:11; Exode 25:33-34; 37:19-20. Les
mots hébreux Louz et Shaked que nos versions rendent par amandier, ou par
coudrier, Genèse 30:37, désignent deux espèces différentes de pêchers dont les
fleurs et les feuilles se ressemblent beaucoup. L'un de ces arbres, dont le
fruit ne mûrit qu'au mois de septembre, est le premier à fleurir aussitôt après
les rigueurs de l'hiver, avant même qu'il ait poussé des feuilles. Cette
particularité lui a fait donner en hébreu le nom de Shaked qui signifie
«prompt, expéditif, qui se réveille de bonne heure, vigilant», et l'a fait
prendre, Jérémie 1:11, pour le symbole de la rapidité avec laquelle les
jugements de Dieu allaient éclater sur Israël. Jérémie a fait dans ce passage
un jeu de mot conforme au goût des Orientaux, mais difficile à rendre dans
notre langue.» Que vois-tu, Jérémie?» dit l'Éternel, et le prophète répond: «Je
vois une branche shaked;» ce qui signifie tout à la fois: je vois une branche
d'amandier, et je vois une branche, un bâton vigilant, qui veille, qui se hâte.
Aussi l'Éternel, continuant d'employer le même mot dans son double sens, répond
encore: «Tu as bien vu, car je me hâte d'exécuter ma parole.«C'est donc sur ce
nom significatif de l'amandier que repose tout le sens de cette vision.
Dans le passage Ecclésiaste 12:7, cet arbre qui
fleurit déjà lorsque ses branches sont encore dénuées de feuilles, est pris
pour image de la tête du vieillard couverte seulement de quelques touffes de
cheveux blancs.
— La verge d'Aaron qui le confirma dans sa dignité de
grand prêtre, Nombres 17:8, était une verge d'amandier; et, selon quelques
savants, une verge de ce bois était le signe distinctif des chefs des tribus
israélites qui devait leur rappeler la vigilance.
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AMARIA.
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1. Souverain
sacrificateur, 1 Chroniques 6:7; il vécut du temps des juges, et paraît avoir
fonctionné immédiatement avant Héli.
2. 1
Chroniques 6:11.
3. Esdras
10:42.
4. Sophonie
1:1.
5. 2
Chroniques 19:11. Souverain sacrificateur, placé par Josaphat à la tête de la
cour suprême des juges d'Israël.
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AMATSIA.
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1. Neuvième
roi de Juda, fils de Joas et de Jéhohaddan, 2 Rois 12:21; 14:1; 1 Chroniques
3:12; 2 Chroniques 24:27; 25:1. Il avait vingt-cinq ans lorsqu'il monta sur le
trône, 839 ans avant J.-C., et régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Il commença
par faire mourir les meurtriers de son père, mais ne permit pas qu'on fît le
moindre mal à leurs enfants, mesure de grâce et de justice, bien rare alors,
bien opposée aux moeurs barbares de ces temps, mais conforme à l'esprit et à la
lettre de la loi mosaïque, Deutéronome 24:16. Il comptait dans son royaume
300,000 hommes en état de porter les armes; il s'en adjoignit encore 100,000 du
royaume d'Israël, pour les envoyer contre les Iduméens qui s'étaient soustraits
sous Joram à l'obéissance des rois de Juda, environ cinquante ans auparavant.
Mais un prophète lui ayant rappelé que toute alliance avec les tribus rebelles
serait fâcheuse au royaume de Juda, il comprit que c'est Dieu seul qui donne la
victoire et qui met en fuite, et il se hâta de licencier les troupes
étrangères, en faisant le sacrifice des cent talents (près d'un million) qu'il
avait donnés pour les enrôler. La victoire se prononça en faveur de celui qui
avait cru; il vainquit les Iduméens dans la vallée du Sel. Ici s'arrête la
première partie de la vie d'Amatsia; sa foi ne l'accompagna pas dans toute sa
carrière, parce que ce n'était pas une foi véritable; il se détourna de
l'Éternel, et la fin de ses jours, à dater de cette victoire, ne fut plus que
péchés et malheurs. Au nombre des objets pris sur l'armée d'Édom se trouvaient
les idoles de Séhir. Amatsia les adora; puis, lorsqu'un prophète vint lui
reprocher son incroyable idolâtrie, le culte de ces dieux vaincus, Amatsia lui
répondit: «Qui t'a établi conseiller du roi. Cesse de m'importuner, car
pourquoi te ferais-tu tuer?» Le prophète se retira donc, après lui avoir
annoncé les châtiments que Dieu ferait tomber sur lui. Et Dieu aussi s'était
retiré de la cour et des conseils du malheureux roi. Enivré de sa récente
victoire, il osa défier son voisin d'Israël, et lui offrit le combat. On peut
croire que la cause ou le prétexte de cette guerre, ce furent les déprédations
que les 100,000 Israélites, frustrés du butin qu'ils avaient espéré de
remporter sur Édom, avaient commises en s'en retournant dans leur pays, et dont
le roi de Juda crut devoir demander satisfaction. Joas, roi d'Israël, se
comparant lui-même au cèdre du Liban, et son adversaire à quelques ronces de la
montagne, voulut le dissuader de son entreprise téméraire; mais Amatsia ne
l'écouta point (car cela venait de Dieu). Les deux armées se rencontrèrent à
Bethsémès, et le roi de Juda, fait prisonnier avec une partie de son armée, vit
les remparts de Jérusalem démolis, ses trésors transportés à Samarie, et les
principaux des siens emmenés comme otages. Il survécut encore quinze ans à
Joas, et par conséquent à sa défaite; mais la fin de son règne fut sans gloire,
et il périt victime d'une conjuration. Il fut assassiné à Lakis où il s'était
réfugié, et son corps fut transporté à Jérusalem où on l'ensevelit avec ses
pères.
2. Amatsia,
sacrificateur du veau d'or à Béthel (784 avant J.-C.), Amos 7:10 et sq.,
dénonça à Jéroboam les prophéties d'Amos, et ses menaces contre le culte
idolâtre d'Israël. Amos répondit au faux prophète, qui l'engageait à s'enfuir
de devant la colère du roi: «Je n'étais qu'un bouvier, piquant des figues
sauvages (pour les faire mûrir), lorsque l'Éternel me dit: Va et prophétise à
la maison d'Israël.» Et après avoir donné à Amatsia la preuve de sa divine
mission, Amos lui annonça à lui-même les maux qui fondraient sur sa maison, sur
sa femme, et sur ses enfants.
— Cyrille d'Alexandrie, Épiphane et d'autres pères,
ajoutent qu'Amatsia employa la violence pour forcer le prophète à se taire, et
qu'il lui fit souffrir divers supplices.
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AMBASSADEUR,
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officier d'un prince, envoyé pour annoncer quelque
importante nouvelle, ou pour traiter quelque grande affaire. Les anciens
n'avaient pas d'ambassadeurs titrés et à poste fixe; ce n'était qu'une charge
temporaire, en vue d'un objet unique, et qui cessait après la négociation
terminée. Élihézer, serviteur du patriarche Abraham, fut l'ambassadeur de ce
riche et puissant prince auprès de Nacor, Genèse 24:1. Plus tard cette mission
prit un caractère plus politique, ainsi que nous le voyons 2 Chroniques
32:9,31.
— Les ministres de l'Évangile sont appelés
ambassadeurs de Christ, parce qu'au nom de ce Roi des rois, peu nombreux sur la
terre, ils sont chargés de dire aux hommes sa volonté, et de proclamer le
traité de grâce qu'il a fait avec eux; 2 Corinthiens 5:20. Éphésiens 6:20.
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ÂME.
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C'est le mot par lequel on traduit ordinairement
l'hébreu néphesh dans l'Ancien Testament, et le grec
ψυχή dans le Nouveau, cf. Deutéronome 6:5; Matthieu 22:37.
L'hébreu leb, cœur, et le grec
καρδια, désignent l'organe par lequel l'âme a la conscience
d'elle-même, et perçoit les impressions, cf. Genèse 8:21; Exode 10:20; etc.
Cette distinction ne saurait cependant s'appliquer à tous les cas, et l'on doit
reconnaître que dans le sommaire de la loi, à moins de supposer une tautologie,
l'âme et le cœur sont deux choses différentes, dont l'une n'est pas l'organe de
l'autre, mais qui ont chacune un rôle indépendant, une action spéciale dans
l'organisme moral. Le cœur représenterait davantage l'élément actif, le
principe de l'aspiration, du désir; et l'âme, l'élément passif et susceptible
de recevoir des impressions.
Les paroles du Deutéronome 6:5, sont citées trois fois
dans les Évangiles, et chaque fois d'une manière différente, qui s'éloigne
également du texte hébreu, et de la traduction des Septante. Il est aisé de voir
que les évangélistes ont cité de mémoire, en s'occupant du sens plus que des
mots.
Dans le texte hébreu du Deutéronome, on trouve en
effet, et dans l'ordre suivant, les mots: cœur, âme, forces (Septante,
δύναμις).
Dans saint Matthieu: cœur, âme, pensée (διανοία).
Saint Marc 12:30: cœur, âme, pensée (διανοία), force (ίσχύς): au verset 33 l'ordre des mots est encore
interverti, et, en outre,
συνέσις est mis à la place de
διανοία.
Saint Luc 10:27: cœur, âme, force, pensée.
Le mot force (Deutéronome et Luc) désigne, presque
sans contestation, l'action de la volonté, l'activité, la pratique; le mot
pensée (ou intelligence, Marc 12:33) comprend les facultés intellectuelles; les
mots cœur et âme, qui se retrouvent dans les quatre passages, ne peuvent avoir
que le sens qui a été indiqué: la force serait alors l'expansion au dehors des
impressions reçues, des désirs, et des résolutions formées par l'activité
intérieure.
L'emploi et la distinction des mots cœur et âme, dans
les plus anciens livres des Hébreux, indiquent déjà, même en admettant un
certain matérialisme, que les Juifs avaient une idée de la spiritualité de
l'homme. Comme la plupart de leurs notions religieuses, théologiques,
philosophiques, psychologiques, cette idée était confuse et vague, parce que
l'analyse n'était pas intervenue, parce que le temps ne l'avait pas mûrie.
Moïse pouvait dire: L'âme de la bête est dans son sang, Lévitique 17:11;
Deutéronome 12:23; cf. Genèse 9:4, sans être accusé d'hérésie, sans heurter le
sentiment public et la délicatesse des sages. Longtemps après, on pouvait
confondre encore par une même expression l'âme et la vie matérielle,
ψυχή, Matthieu 16:26. Mais l'idée n'en existait pas moins
qu'une substance immatérielle, qu'une réalité spirituelle était jointe au
corps, à la matière; quelque intime que fût l'union, ce n'était qu'une union,
et non une identité, une confusion. En disant l'esprit, l'âme et le corps,
l'Écriture renferme des indices, sinon une théorie formelle sur la composition
de l'homme, Ésaïe 57:16.
Le récit de la création même implique la distinction
de nature entre le corps formé de la terre, et l'âme formée par le souffle,
l'esprit de Dieu, et renferme par conséquent le germe de l'idée d'immortalité,
Genèse 2:7, quoique les mots respiration de vie se retrouvent plus loin, 7:22,
appliqués aux animaux, par suite de cette absence de précision, qui n'est pas
l'erreur, mais qui accompagne toute définition encore incertaine, toute science
dont les termes sont encore à créer. Les mots âme vivante sont également
appliqués aux animaux, 1:20,30, et l'âme semble désigner simplement le principe
vivifiant, comme Jonas 4:3, où le texte porte: ôte-moi, je te prie, l'âme, car
la mort me vaut mieux que la vie. Cf. 1 Corinthiens 15:45. C'est encore le
souffle, Ecclésiaste 12:9, qui retourne à Dieu, après que la poudre est
retournée dans la terre.
— Voir: plus loin l'article Immortalité.
«L'âme dit Calvin, est prise pour la volonté et désir,
à savoir, d'autant qu'elle est le siège de la volonté et du désir. En ce sens,
il est dit que l'âme de Jonathan était liée à l'âme de David, et l'âme de
Sichem adhéra à Dina, fille de Jacob... Quelquefois l'âme est simplement prise
pour la personne, ou homme ayant âme, comme quand il est dit que «septante-six
âmes descendirent avec Jacob en Égypte.» Item.: «L'âme qui aura péché
mourra...» Et davantage, l'Écriture use de cette façon de parler que «l'âme se
départ», au lieu que nous disons coutumièrement: «rendre l'âme...» Davantage,
nous savons que quand ces deux mots, âme et esprit, sont conjoints ensemble,
par l'âme est signifiée la volonté, et par l'esprit l'entendement;... il faut
prendre en ce même sens ce que l'apôtre aux Hébreux dit, que «la parole de Dieu
est vive et pleine d'efficace, et plus pénétrante que tout glaive à deux
tranchants, et atteint jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit...»
Toutefois, en ce dernier passage, aucuns aiment mieux par l'esprit entendre
cette essence en laquelle est la raison et la volonté.... et par l'âme, le
mouvement vital, et les sens que les philosophes appellent supérieurs et
inférieurs.»
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AMEN.
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1. Vrai,
fidèle, certain. C'est le mot que nos traductions ordinaires rendent par «en
vérité». Quand il est redoublé, il équivaut à la solennité du serment. Des
quatre évangélistes, saint Jean est le seul qui ait conservé la répétition de
ce mol, et cette différence entre lui et les synoptiques, se retrouve même dans
les passages parallèles; cf. Matthieu 26:21,34; et Jean 13:21,38. Y aurait-il
un sens mystérieux et caché dans le fait de cette double affirmation? C'est
l'opinion de Bengel. La parole de Christ est la vérité à l'égard de celui qui
parle, et à l'égard de ceux qui croient; cf. 1 Jean 2:8. Elle est la vérité
quant à la forme et quant au fond. Christ n'est pas seul à rendre témoignage:
lui et son Père sont uns à le rendre, Jean 8:18; 2 Corinthiens 1:20. Et lors
même qu'on ne verrait pas dans cette répétition tout ce que Bengel y voit et
qu'il développe d'une manière si intéressante, on ne saurait y méconnaître une
affirmation solennelle. Des exemples de cette répétition se trouvent aussi dans
l'Ancien Testament, par exemple Psaumes 41:14.
2. Ainsi
soit-il, Deutéronome 27:26; Jérémie 28:6; Apocalypse 1:18. Formule d'adhésion,
d'approbation, d'affirmation, ou de souhait, ordinairement employée à la fin
des prières comme pour en sceller le contenu, par exemple à la fin de l'oraison
dominicale. On ne la trouve cependant ni à la fin de la prière sacerdotale,
Jean 17:26, ni lors de la présentation de Matthias et Joseph à l'apostolat,
Actes 1:25. Presque tous les écrits du Nouveau Testament se terminent par ce
mot, qui semble être la récapitulation et la confirmation des faits et des
renseignements qui s'y trouvent renfermés.
3. Un
des noms donnés à Christ, parce qu'il est le Véritable, le Dieu de vérité, la
substance de la vérité révélée, le prophète infaillible, le fidèle et vrai
témoin, Apocalypse 3:14. Toutes les promesses sont oui et amen en lui; elles
sont inébranlablement fondées sur sa parole et sur son serment, irrévocablement
ratifiées par sa mort, et scellées par son esprit, 2 Corinthiens 1:20.
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AMÉTHYSTE.
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Exode 28:19; 39:12; Apocalypse 21:20. Pierre
précieuse, espèce de quartz transparent dont la couleur est un mélange de rouge
et de bleu, de sorte qu'il y a des améthystes de couleurs diverses, tirant sur
le pourpre, le rose ou le violet, selon que le rouge ou le bleu prédomine; il y
a même des améthystes blanches. Les plus fines se trouvent en Arabie, en Syrie,
en Arménie et dans les Indes. Les anciens, qui se faisaient déjà des bijoux de
cette pierre précieuse, croyaient qu'elle préservait de l'ivresse, et lui ont,
à cause de cela, donné le nom qu'elle porte, et qui pourrait se traduire par
désenivrante.
— Les Rabbins ont aussi leurs étymologies, et
prétendent que le nom hébreu de l'améthyste vient de ce qu'elle fait voir des
songes à celui qui la porte; ce serait une songeuse.
— C'était la neuvième pierre dans le pectoral du
souverain sacrificateur, Exode 28:19; elle forme dans le Nouveau Testament le
douzième fondement de la Jérusalem céleste, Apocalypse 21:20.
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AMI,
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— Voir: Amon #3.
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AMINADAB.
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1. Fils
d'Aram, père de Naasson, nommé dans la généalogie de notre Sauveur, Matthieu
1:4; Luc 3:33. C'est le même que Hamminadab, Exode 6:23; Nombres 1:7; Ruth
4:19-20; 1 Chroniques 2:10. Sa fille Élisébah était femme d'Aaron.
2. —
Voir: Hamminadab.
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AMNON,
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l'aîné des fils de David, qui l'eut d'Ahinoham sa
seconde femme, 2 Samuel 3:2; 1 Chroniques 3:1. Ce malheureux, épris d'une
fureur coupable pour sa sœur de père, Tamar, que les lois de Moïse ne lui
permettaient pas d'épouser (Lévitique 18; 20:17; Deutéronome 27:22), la
déshonora, et se porta envers elle aux plus criminels excès, puis il la chassa
honteusement comme «ne ennemie. Absalon, frère de Tamar, attendit pendant deux
ans entiers l'occasion de venger l'outrage fait à sa sœur, et enfin finit par donner
l'ordre à ses serviteurs de l'assassiner. Amnon périt misérablement au milieu
d'un festin, 2 Samuel 13. Le crime fut puni: ce qu'Amnon avait semé, il le
moissonna; Absalon trouva plus tard aussi la peine de sa vengeance; mais ces
deux crimes furent un châtiment envoyé de l'Éternel sur David pour son adultère
et pour le meurtre d'Urie. Amnon avait été une verge de Dieu: triste ministère
que celui d'un fils dont Dieu se sert contre l'auteur de ses jours! Considérée
en elle-même, l'histoire d'Amnon est un terrible exemple des excès auxquels
peut porter une passion que l'on ne cherche pas à combattre, mais que l'on
héberge comme un hôte, que l'on nourrit et que l'on entretient. La chute
d'Amnon, précipitée et peut-être amenée par des conseils étrangers, doit nous
apprendre en même temps à choisir nos amis parmi les fidèles, et à nous
accompagner de ceux qui révèrent le nom de l'Éternel, Psaumes 119:63.
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AMON.
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1. Gouverneur
de la Samarie, auquel Achab ordonna d'emprisonner le prophète Michée, 1 Rois
22:26, jusqu'à son retour de l'expédition contre Josaphat.
2. Fils
de Manassé et de Mésullémet, quinzième roi de Juda, monta sur le trône à l'âge
de vingt-deux ans, et régna deux ans. Ce fut un monstre de méchanceté; trop
fidèle imitateur des désordres de son père, il ne l'imita pas dans sa
repentance. Il fut assassiné par les gens de sa maison; mais le peuple, dont il
avait su flatter les désordres ou les superstitions, le vengea et fit périr les
meurtriers. Il ne fut pas, non plus que son père, enseveli dans le tombeau des
rois, mais on le plaça dans son sépulcre, au jardin de Huza. Son fils Josias
lui succéda. 2 Rois 21:18-26; 2 Chroniques 33:20-25; Matthieu 1:10; Jérémie
1:2; Sophonie 1:1.
3. Ou
Ami. Esdras 2:57; Néhémie 7:59. Un des principaux chefs des Juifs qui revinrent
de la captivité.
4. —
Voir: No.
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AMORRHÉENS.
________________________________________
C'était la peuplade cananéenne la plus considérable.
Ils descendaient de Cam par son quatrième fils Canaan, et de Canaan aussi par
son quatrième fils, Genèse 10:6,15-16. Plusieurs d'entre eux étaient des géants
dont Amos dit, 2:9, que leur hauteur était comme celle des cèdres, et qu'ils étaient
forts comme des chênes. Ils avaient à l'est du Jourdain les deux puissants
royaumes de Basan et de Hesbon, gouvernés par Hog et par Sihon, Josué 9:10, qui
s'étendaient depuis le torrent d'Arnon jusqu'à la montagne de Hermon,
Deutéronome 3:8. Sihon s'était emparé d'une grande partie du territoire des
Moabites et des Hammonites, Nombres 21:24; Juges 11:13. (Ce dernier passage
indiquant les prétentions des Hammonnites sur une partie du pays qui leur avait
appartenu, disent-ils, avant que les Amorrhéens le possédassent, est le seul
indice d'une conquête faite sur les enfants de Hammon par les Amorrhéens.) Mais
Moïse lit la conquête de toute cette contrée, et la donna aux tribus de Ruben
et de Gad et à la demi-tribu de Manassé, Nombres 32:33; Deutéronome 3:8,12-13.
— Il y avait encore d'autres royaumes amorrhéens dans
la partie méridionale de Canaan, à l'ouest du Jourdain, dans le voisinage de
Hébron et de Hatsatson-Tamar, Genèse 14,7, occupant le territoire de la
montagne de Juda, Nombres 13:30. Ce sont ceux-là qui battirent les Israélites à
Horma, Nombres 14:45; Deutéronome 1:44; mais environ quarante ans après, Josué
vainquit leurs cinq rois, Josué 10:5, et distribua leur pays aux tribus de
Juda, de Siméon, de Dan et de Benjamin, Josué 15 et 19. Cependant ils ne purent
être entièrement assujettis, et Josué même ne put les empêcher de se relever
quelquefois et de faire des conquêtes sur Israël, Juges 1:34; 3:5; 1 Samuel
7:14; les Gabaonites, en particulier, un reste des Amorrhéens, subsistèrent
longtemps, 2 Samuel 21:2; cf. Josué 9. Les nombreux débris de cette nation ne
furent définitivement soumis que par Salomon qui les fit tributaires, 1 Rois
9:20; 2 Chroniques 8:7.
Comme les Amorrhéens occupaient le premier rang au
milieu des Cananéens, il n'est pas rare que leur nom serve à désigner
l'ensemble de ces peuplades, et Canaan tout entier, Genèse 15:16; Juges 6:10; 1
Rois 21:26; 2 Rois 21:11.
Dieu dit aux Juifs que leur père était Amorrhéen, et
leur mère Héthienne, Ézéchiel 16:3, pour leur faire comprendre qu'ils n'étaient
en réalité pas plus dignes des grâces de Dieu que les pires des Cananéens, et
que, s'ils descendaient physiquement de Sem au lieu de descendre de Cam, il n'y
avait en eux-mêmes rien qui les rendît plus agréables à Dieu que ces peuplades
qu'ils avaient dépossédées, et dont ils habitaient le territoire.
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AMOS.
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1. Le
troisième des douze petits prophètes. Il vécut environ 800 ans avant J.-C.,
sous les règnes de Hozias roi de Juda, et de Jéroboam II roi d'Israël, et
commença son ministère au moins en 784, année de la mort de Jéroboam; il se
trouvait ainsi contemporain d'Osée, de Joël et d'Ésaïe, Amos 1:1. Il était
originaire de Tékoah dans la tribu de Juda, et exerça d'abord la profession de
berger, ou de bouvier, s'occupant parfois à piquer les figues sauvages pour les
faire mûrir, 7:14; des images empruntées à son genre de vie se retrouvent
fréquemment sous sa plume, 3:12; 4:1; 7:1-2. S'il paraît, 7:14, se refuser à lui-même
le titre de prophète, il faut l'entendre seulement dans ce sens qu'il n'avait
pas été élevé dans les écoles de prophètes, qu'il n'avait pas reçu l'éducation
régulière des prophètes; car en luttant contre Amatsia il insiste fortement
lui-même sur la divinité de sa mission; et la grande connaissance du
Pentateuque, par exemple, qui perce dans ses écrits, montre qu'il était bien
préparé pour remplir ses importantes fonctions.
C'est auprès des Juifs des dix tribus qu'il exerça
essentiellement son ministère; l'idolâtrie, la corruption qui y régnaient, la
tyrannie et les injustices des grands, forment le sujet de ses exhortations
prophétiques, dans lesquelles il dénonce, pour une époque plus ou moins
éloignée, de terribles jugements de Dieu. Sa sévère franchise lui attira la
haine des prêtres qui s'efforcèrent d'obtenir du roi son expulsion, et la
tradition nous le représente même comme étant mort victime de leurs cruels
traitements.
Les six premiers chapitres contiennent dans un langage
simple et sans figures, des prédictions, d'abord contre les ennemis du peuple
théocratique, puis, depuis 2:4, contre le royaume même d'Israël. Les trois
derniers chapitres dénoncent en un langage symbolique, les jugements de Dieu
sur Israël, et se terminent, depuis 9:8, par des paroles consolantes. Le style
est en général peu animé, mais toujours plein de dignité.
2. Luc
3:25; Un des ancêtres de notre Seigneur, par Marie; inconnu.
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AMOTS.
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2 Rois 19:2; Ésaïe 1:1; Père du prophète Ésaïe. Nous
ne savons rien sur lui de positif. Les uns le confondent, mais sans fondement,
avec Amos le prophète; les autres le font fils de Joas et frère d'Amatsia, rois
de Juda, en sorte qu'il aurait été de la famille royale.
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AMPHIPOLIS,
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ville de la Macédoine, et colonie athénienne, sur les
confins de la Thrace. Paul et Silas la traversèrent lorsque, délivrés de la
prison de Philippe, ils se rendirent à Thessalonique, Actes 47:1. Elle était
située non loin de la mer, sur le Strymon qui l'entourait de tous les côtés;
c'est de là que lui est venu son nom, d'après Thucydide 4, 102. Elle porte
aujourd'hui le nom d'Acra, ou d'Emboli.
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AMPLIAS,
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Romains 16:8; Disciple bien-aimé de Paul qui le salue,
mais du reste inconnu.
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AMRAPHEL,
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Genèse 14:1; Petit roi de Sinhar, contemporain
d'Abraham et allié de Kédor-Lahomer, q.v.
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ANANIAS.
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1. Le
mari de Saphira, Actes 5:1. Il prit place au nombre des chrétiens de la primitive
église de Jérusalem, et séduit par tout ce qu'il y avait d'honorable et de
touchant dans le dévouement et l'abnégation des autres disciples, il voulut les
contrefaire sans avoir le courage de les imiter, vendit une possession, retint
une partie du prix d'accord avec sa femme, et en apporta le reste aux pieds des
apôtres, mentant par son silence, comme s'il eût apporté la valeur entière de
sa propriété. Son mensonge, qui ne s'adressait pas à l'homme, mais à Dieu, fut
puni de Dieu lui-même, et l'hypocrite tomba mort aux pieds des apôtres. On
connaît le beau tableau que ce sujet a inspiré à M. Paul Delaroche.
Il semble que ce ne fût qu'un mensonge: c'était un
sacrilège. Ananias voulait-il s'enrichir aux dépens des frères en versant une
partie de ses biens dans la bourse commune pour obtenir par là le droit d'être
entretenu, lui et sa femme, aux frais de l'Église? Regardait-il les biens de la
communauté comme une espèce de caisse d'assurances qui lui rapporterait un
intérêt viager supérieur aux intérêts de la somme par lui déposée? Voulait-il
peut-être seulement acquérir des droits à la considération des frères, en
faisant un acte brillant de charité chrétienne? Il est probable qu'il y eut un
mélange de tout cela dans son cœur livré à Satan, verset 3; l'intérêt et la
vanité furent la source de l'hypocrisie et du mensonge.
Le châtiment de ces deux coupables peut paraître
sévère, si on ne le considère qu'en lui-même, et surtout encore si on le
compare avec le crime de Simon le magicien (chapitre 8), ou d'Élymas (chapitre
13), et la conduite des apôtres à leur égard. Quelques réflexions montreront
qu'Ananias et Saphira furent punis justement, et que leur mort était nécessaire
à la gloire de Dieu.
1. Moins
coupables en apparence que Simon le magicien et qu'Élymas, ils l'étaient plus à
cause des grâces qu'ils avaient reçues et de la lumière dont ils jouissaient.
Élymas était décidément un impie, ignorant peut-être jusqu'à l'histoire même de
l'Évangile; et quant à Simon, qui paraît avoir eu plus d'instruction positive,
et dont il est dit même qu'il crut, qu'il fut baptisé, et qu'il était comme
ravi hors de lui-même, il paraît qu'il se laissa séduire par la grandeur de ces
miracles qu'il ne pouvait imiter; mais il n'eut aucune idée de ce qu'était la
vie chrétienne, la lumière de la Parole ne pénétra pas dans son cœur, il ne
comprit pas l'Évangile: c'est là tout son crime, tout son malheur, et il agit
comme un homme qui n'avait ni part ni héritage dans cette affaire, 8:21; il ne
chercha pas à tromper les apôtres, il se trompa lui-même, tandis qu'Ananias,
témoin peut-être des merveilles de la Pentecôte, et dans tous les cas, témoin
des merveilles de l'amour fraternel, paraît avoir joui lui-même un certain
temps de la lumière divine: il a trompé les autres sans s'être trompé lui-même.
2. Le
mensonge d'Ananias ne fut pas un simple mensonge, ce fut une tromperie dans les
choses religieuses; il voulut servir Dieu et Mammon, jouir de la considération
des chrétiens et des délices du péché, se faire des amis avec ses richesses
iniques en conservant ces richesses dont il affectait de faire l'entier
sacrifice; il feignit la piété, et si tout mensonge est un crime, celui qui
ment au Saint-Esprit commet le plus grand des crimes; les tartufes débordent la
mesure, ce sont des monstres qui étalent sur le devant de leur boutique les
choses de Dieu pour gagner et pour s'enrichir; les vendeurs et les changeurs
furent chassés du temple par Jésus parce qu'ils se logeaient dans la maison de
Dieu pour faire leur commerce; mais il n'est point de fouet à cordelettes assez
fort pour réprimer ceux qui vendent les choses saintes elles-mêmes, et
l'encensoir et la manne. Le Saint-Esprit voyait d'avance tous ceux qui
viendraient couverts du masque de la religion pour voiler les noirceurs de leur
cœur et de leur conduite, et il a voulu les effrayer par le sort de ce premier
trompeur.
3. Si
la ruse d'Ananias eût réussi, et qu'elle eût été découverte plus tard, ce fait
seul eût suffi pour saper, et avec raison, toute l'autorité des apôtres: un
infidèle se glissant dans l'Église primitive, et se faisant honorer par ses
crimes, sans que les apôtres découvrissent la supercherie, eût fait douter que
l'esprit d'en haut habitât en eux véritablement.
4. Enfin,
remarquons que si le précepte de saint Paul, Éphésiens 4:25: «Parlez en vérité
chacun avec son prochain, car nous sommes les membres les uns des autres»,
devait jamais avoir une actualité vivante et forte, c'était bien à cette époque
de réveil, où la multitude de ceux qui croyaient n'étaient qu'un cœur et qu'une
âme, Actes 4:32, où tous par conséquent étaient les membres les uns des autres;
une même sève de vérité jeune et vigoureuse, devait circuler de l'un à l'autre
sans être altérée, et l'on pouvait regarder comme mort et corrompu tout membre
qui ne transmettait pas à ceux qui {'entouraient la droiture et la pureté:
l'Église devait le retrancher comme tel, et le Saint-Esprit a dû retrancher
Ananias, parce que celui-ci, par le fait seul de son mensonge, montrait qu'il
n'appartenait pas au corps des fidèles dont Christ est le chef.
5. La
mort subite d'Ananias et de Saphira devait servir d'exemple, comme leur péché
avait été une provocation; le châtiment devait contrebalancer les effets de la
chute. Ces deux coupables furent punis en quelque sorte pour le public, plutôt
que pour eux-mêmes; et nous ne pouvons pas savoir s'ils ont trouvé grâce devant
le Seigneur, ou s'ils sont morts sous la condamnation divine. Si leur foi était
réelle, ce n'est pas parce qu'ils sont morts en état de chute qu'ils auront été
condamnés; si leur foi était fausse, leur condamnation a été prononcée dans le
ciel, non à cause de leur tromperie, mais à cause de leur manque de foi. La
chute n'a été punie que d'une mort soudaine et prématurée.
2. Disciple
de Jésus-Christ, Actes 9:10-18. Peut-être l'un des soixante et dix
évangélistes. Il prêchait l'Évangile à Damas, lorsqu'une nuit il fut appelé par
une vision à se rendre auprès du fameux Saul de Tarse, trop célèbre alors par
les persécutions qu'il exerçait contre les chrétiens. Ananias résista d'abord;
il savait quels projets amenaient à Damas le disciple de Gamaliel, et les
indications de l'ange étaient trop précises pour qu'il pût douter que celui
qu'il devait visiter ne fût le même que l'ennemi furieux de l'Église primitive.
Mais le Seigneur le rassure et lui annonce les brillantes destinées de Saul.
Ananias part donc humble et confiant; il trouve Saul, évite de lui rappeler son
égarement, lui donne le titre de frère, et a l'honneur de consacrer le premier,
par l'imposition des mains, Paul l'apôtre des gentils et le grand missionnaire.
Longtemps après, saint Paul, parlant de cette entrevue solennelle, montre qu'il
en avait conservé un souvenir bien vivant, et il appelle Ananias un homme qui
craignait Dieu selon la loi, et qui avait un bon témoignage de tous les Juifs
qui demeuraient là, Actes 22:12.
3. Ananias,
Actes 23:2; 24:1. Souverain sacrificateur, d'un caractère altier, susceptible
et remuant, était, d'après Flavius Josèphe, fils de Nébédée. Il succéda, vers
l'an 48 de Jésus-Christ, à Joseph fils de Kamyde, dans les fonctions
pontificales. Quadrants, gouverneur de Syrie, ayant réussi à étouffer les
troubles excités en Judée par les Juifs et les Samaritains, envoya cet Ananias
à Rome, pour y rendre compte de la conduite qu'il avait tenue aux milieu de ces
désordres. Il parvint à se justifier entièrement, et l'empereur Claude le
renvoya dans son pays. Quelques années après le retour d'Ananias, Paul eut à
comparaître devant le Sanhédrin qu'il présidait, et comme l'apôtre, plein
d'assurance et de modération, commençait à parler pour justifier le tumulte de
la veille, 22:22-23; 23:1, Ananias le fit frapper au visage, sans qu'on puisse
expliquer cette violence autrement que par l'irritation que lui causa le titre
d'hommes frères, dont Paul se servit en s'adressant aux membres du conseil.
Alors Paul, soit qu'il refusât de reconnaître Ananias en qualité de
sacrificateur, soit qu'il ignorât effectivement qu'il fût le souverain
sacrificateur en charge, lui reprocha son hypocrisie, et lui dénonça les châtiments
de Dieu. On peut croire que les quarante assassins qui complotèrent pour faire
périr l'apôtre, furent poussés à ce projet par Ananias et quelques autres de
ses collègues, vieille manière, mais bien commode, de répondre aux arguments de
ses adversaires. On sait, du reste, que ce crime ne put s'accomplir, parce que
l'apôtre fut transféré à Césarée. Ananias l'y poursuivit encore, accompagné
d'un certain rhéteur ou avocat nommé Tertulle, et ne discontinua ses
accusations que lorsque Paul en eut appelé à l'empereur.
— Il est probable qu'il s'agit encore d'Ananias, 25:2,
quoiqu'il ne soit pas nommé, dans la comparution de Paul devant Festus.
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ANCIEN.
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1. Qui
appartient aux temps passés, 1 Samuel 24:14; 1 Chroniques 4:22.
2. Un
vieillard, Job 12:12.
3. Les
chefs du peuple, soit civils, soit ecclésiastiques, sont appelés anciens, Ésaïe
3:14; Jérémie 19:1; 26:17. C'est le même mot traduit quelquefois par sénateurs,
et quelquefois par prêtres dans le Nouveau Testament, Luc 7:3; Actes 11:30;
14:23; 15:2 sq. 16:4; 1 Timothée 4:14; Tite 1:5, etc. Les anciens formaient un
conseil, un sénat, une espèce de municipalité religieuse, chargée de diriger
les affaires de la communauté, sans avoir exclusivement la charge de
l'enseignement et de la prédication, ce droit étant alors en quelque sorte
illimité, et appartenant à tous les membres de l'Église. Le titre d'ancien
était à l'origine synonyme du titre d'évêque, ainsi qu'on le voit clairement
par Actes 20:17,28; Tite 1:5-7. Don Calmet lui-même avoue que «anciennement le
nom d'évêque et celui de prêtre étaient communs et réciproques.»
— Voir: articles Évêque et Synagogue.
4. Dieu
est appelé l'Ancien des jours, pour désigner son éternelle existence, Daniel
7:9.
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ANCRE.
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Instrument dont on se sert pour arrêter les vaisseaux
en rade ou au port. Ce furent d'abord de grandes pierres attachées avec des
câbles: telles étaient les ancres des Argonautes. On se servit ensuite de
pièces de bois chargées de plomb, ou de paniers pleins de pierres, espèce
d'ancre encore en usage chez les Japonais. Les ancres faites de deux barbes ou
dents, furent inventées par Eupalamius, ou par le Scythe Anacharsis, peu de
temps après le retour des Juifs de la captivité. Dans les grands vaisseaux on
tenait trois ou quatre ancres, mais il y en avait toujours une dont on ne se
servait qu'à la dernière extrémité: on l'appelait ancre sacrée, et maintenant
encore on l'appelé maîtresse-ancre. Autrefois on jetait les ancres de la poupe,
Actes 27:29; de nos jours on les jette de la proue. Les ancres modernes sont de
fer; elles ont la forme de crocs, en sorte que, de quelque manière qu'elles
tombent, elles entrent dans le sable.
— L'espérance du salut est comparée par l'apôtre,
Hébreux 6:19, à une ancre sûre et inébranlable, qui, allant se fixer au-delà du
voile dans le ciel, vers Jésus et les choses invisibles, nous affermit au
milieu des orages et de la tempête des passions, et nous empêche de flotter à
tout vent de doctrines, cf. Jacques 1:6; Jude 13; 1 Timothée 1:19; Éphésiens
4:14.
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ANDRÉ,
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fils de Jonas, frère de Simon Pierre, et pêcheur comme
lui, était de Bethsaïda, et fut un des premiers disciples de Jean-Baptiste.
C'est aussi lui que Jean 1:35-42; nous montre comme le premier de ceux qui se
joignirent à Jésus: il suivait le Maître timidement et sans lui adresser la
parole, jouissant en silence de cette divine compagnie, ignorant même,
peut-être, que Jésus l'eût aperçu. Mais Jésus s'approcha de lui (cf. Jacques
4:8) et le conduisit dans sa propre demeure où il le logea, car le jour était
déjà avancé. Toutefois ce ne fut que plus tard que Jésus l'appela comme apôtre
sur les bords de la merde Galilée, Matthieu 4:18; Marc 4:16, et dès lors il
accompagna le Seigneur jusqu'à la fin. Son caractère était moins vif et moins
ardent que celui de son frère, et son rôle fut modeste; nous ne le voyons
qu'une fois seul dans la compagnie des trois grands apôtres, Marc 13:3. Il
paraît avoir été lié plus particulièrement avec Philippe, qui le consulta, Jean
12:22, sur le désir de quelques Grecs de voir Jésus, cf. aussi Jean 6:7-8.
— Après la Pentecôte, la tradition nous le montre
tournant ses pas vers la Scythie, puis vers Byzance où il aurait établi
Stachys, Romains 16:9, comme premier évêque de cette future métropole. Partout
il eut à combattre la magie et la foi au démon, et il le fit avec puissance et
par des prodiges qui lui obtinrent des succès signalés. Il paraît qu'après
avoir prêché l'Évangile dans la Grèce, il souffrit le martyre à Patras, en
Achaïe.
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ANDRONIQUE,
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Romains 16:7, probablement le mari de Junias; on ne
les connaît, l'un et l'autre, que par ce qui en est dit dans ce seul verset. On
ignore où ils furent prisonniers avec Paul, si ce fut à Rome ou ailleurs. Saint
Paul les appelle ses parents, mais le mot employé pourrait aussi ne s'entendre
que dans le sens de compatriotes, issus d'une même famille, peut-être d'une
même tribu. Ils sont distingués entre les apôtres, dit saint Paul, et le mot
d'apôtre dans cette phrase a l'acception étendue qu'il a lorsqu'il est donné à
Barnabas, Actes 14:14, et à d'autres disciples. On pourrait traduire aussi,
mais c'est moins probable, «ils sont distingués par les apôtres.»
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ÂNE.
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Le nom hébreu de l'âne est Hhamor, qui signifie roux,
roussâtre, parce que c'est, en Orient, la couleur ordinaire de cet animal; on
en trouve cependant aussi de gris, et quelquefois même de noirs et de blancs.
Bien différent de l'âne humble et méprisé de nos contrées, l'âne oriental est
actif, grand et vigoureux, plein d'énergie et de légèreté dans ses mouvements;
son poil est lisse et beau, son pas est sûr et agréable; en marchant il relève
avec vivacité ses pieds légers, et porte la tête haute, en sorte que l'épithète
de noble animal pourrait s'appliquer à lui tout aussi bien qu'au cheval. C'est
peut-être à cause de sa vivacité qu'il est dit, Proverbes 26:3: «Le fouet est
pour le cheval, et la bride pour l'âne;» on dirait le contraire chez nous. En Orient
l'âne est aussi infatigable et plus fort que le cheval, et on le préfère pour
les courses et les voyages dans les contrées montagneuses. Plusieurs voyageurs
célèbres, comme Niebuhr et Myller, rapportent qu'ils faisaient souvent d'une
lieue et demie à deux lieues par heure, montés sur ce léger coursier.
On trouve quelquefois en Asie des ânes entièrement
blancs; ils sont considérés comme les plus beaux de leur espèce, et sont un
objet de luxe; on les soigne mieux que les autres, on les couvre d'étoffes et
de harnais plus précieux et plus brillants, et l'on n'épargne ni couleurs, ni
sonnettes pour les parer. Quelquefois on marque leur poil blanc de taches et de
raies rouges, avec le jus d'une plante nommée henna; la crinière et la queue
sont de même teintes en rouge. C'est à cette coutume que se rapporte une
discussion sur le sens du passage Juges 5:10, où il est question d'ânesses
blanches (d'après le mot hébreu), et où quelques savants, s'appuyant sur le
sens du même mot en arabe, veulent ajouter tachetées de rouge; toutefois, il
est peu probable que les anciens Hébreux connussent l'art de peindre les
animaux, et, en tout cas, nous n'avons aucune trace de cet usage.
— Comme ces ânes blancs sont plus rares et plus beaux
que les autres, il n'y a que les grands et les riches qui puissent s'en
procurer, et ces animaux sont, par là même, devenus une marque de distinction
pour ceux qui les montent.
De tout temps, les ânes ont été fort estimés en
Orient; et autrefois on leur donnait, surtout aux ânesses, autant de soins que
les Arabes en donnent maintenant à leurs nobles chevaux. Ils composaient en
grande partie la richesse des patriarches, Genèse 12:46; 22:3; 24:35; Exode
4:20; Nombres 22:21; Josué 9:4; Juges 5:40; 12:14; 2 Samuel 16:2; 1 Rois 13:13;
Néhémie 7:69; Job 1:3, etc., etc.; et l'on comprend que les ânesses surtout
dussent être d'un grand prix pour des peuples nomades. Comme l'élève des
chevaux était presque nulle en Palestine, les Israélites se servaient d'ânes
pour transporter leurs effets, tourner la meule ou traîner la charrue, cf.
Deutéronome 22:10; Exode 23:12; Ésaïe 30:24; on les montait aussi comme nous
montons les chevaux, Genèse 22:3,5; Exode 4:20, et les riches, comme on l'a vu,
préféraient les ânesses, les ânes blancs ou les ânons, coutume qui s'est
conservée jusqu'à nos jours. On bride l'animal, Nombres 22:21; Juges 19:10; on
lui jette une couverture ou des habits sur le dos en guise de selle, Matthieu
21:7, et le conducteur marche à côté ou par derrière, Juges 19:3; 2 Rois 4:24.
Quand les chevaux commencèrent à être introduits en
Israël, on s'en servit principalement pour la guerre et comme montures, et les
ânes cessèrent d'être un objet de luxe; en sorte que la prophétie de Zacharie
9:9, que notre Seigneur ferait son entrée à Jérusalem monté sur un ânon, tout
en étant conforme aux idées théocratiques des anciens temps, n'emportait plus
l'idée de grandeur, mais celle de paix; et l'entrée de notre Seigneur dans
cette métropole du vrai culte annonçait le triomphe de la paix. Christ allait
accomplir, à cet égard, les anciennes prophéties messianiques, cf. Ésaïe 62:11;
Zacharie 9:9; et l'épithète de débonnaire qui lui est donnée, doit être
comprise dans ce sens.
Il paraîtrait, d'après 2 Rois 7:7, qu'à la guerre on
ne chargeait ordinairement que le bagage sur les ânes; toutefois, dans la
description prophétique de l'armée de Cyrus, roi des Perses, Ésaïe 21:7, il est
question d'une cavalerie montée de ces animaux. Strabon, de même, assure que
les Caramaniens, peuple soumis aux Perses, se servaient d'ânes pour leur
cavalerie, et Hérodote nous raconte que, dans une bataille contre les Scythes,
Darius, fils d'Hystaspe, n'avait pas d'autre monture pour ses cavaliers. Les
historiens rapportent encore que, huit siècles après Jésus-Christ, un calife
possédait une cavalerie montée d'ânes, et que ces animaux étaient si courageux,
que depuis cette époque le mot a passé en proverbe chez les Arabes: «Âne de
guerre ne fuit pas».
— Voir: d'Herbelot.
On croit que la défense, Deutéronome 22:10, d'atteler
un âne et un bœuf ensemble à la charrue, de même que plusieurs lois du même
genre, était une loi purement symbolique, soit qu'elle eût pour but de rappeler
aux Israélites de se garder toujours de toute alliance inconvenante, tant en
religion qu'en politique, cf. 2 Corinthiens 6:14, soit qu'elle dût leur
apprendre l'humanité, même à l'égard des animaux, soit enfin qu'elle fût
destinée à les préserver de certaines pratiques superstitieuses en usage chez
les païens, et qui n'étaient pas sans rapport avec ces sortes d'alliances.
— Voir: Accouplements.
Quant à l'ânesse de Balaam, à laquelle le Seigneur
ouvrit la bouche, Nombres 22:28.
— Voir: Balaam.
nous ferons seulement observer que chez les Romains
aussi l'on trouve des traditions relatives à des animaux qui auraient parlé, et
ce cas était toujours un présage funeste.
— Voir: Valér. Maxim. 1, 6; Pline, Hist. Nat. 8, 10;
70; et Bochart.
— Le passage Juges 15:19; a été expliqué de diverses
manières; on peut voir l'article Samson et ce que nous avons dit dans l'Histoire
des Juges d'Israël, p. 103. La traduction généralement adoptée est la seule
littérale, et dans tous les cas, celle qui se justifie le mieux. D'après
Lévitique 11:4, l'âne était mis au nombre des animaux impurs dont il était
défendu de manger la chair; mais on comprend que dans les cas de famine, comme
2 Rois 6:25, cette défense n'ait pas été bien strictement observée. L'énormité
de la somme payée pour une seule tête d'âne montre à quelle extrémité les
habitants de Samarie étaient réduits.
Âne sauvage. Cet animal, connu aussi sous le nom
d'onagre, surpasse de beaucoup l'âne domestique, même celui de l'Orient, par la
beauté de sa taille et la proportion de ses membres; il ne saurait être dépassé
en vitesse, même par le cheval arabe. Il se distingue par une crinière laineuse
et foncée; son cou est un peu long et courbé, ses oreilles sont droites et très
longues, son front est élevé, sa peau lisse et rayée de brun sur un fond
couleur d'argent, tirant sur le jaunâtre vers le ventre; cependant on en trouve
aussi d'une couleur plus foncée. Il est sauvage, vit, uniquement dans les
déserts et ne se laisse pas approcher par l'homme, Job 39:8-9; Genèse 16:12;
Ésaïe 32:14; Daniel 5:21. Il ne marche que par petites bandes ordinairement
composées d'un mâle et de plusieurs femelles. Cf. Jérémie 2:24; Psaumes 104:11.
De nos jours il habite surtout les déserts de l'Asie centrale, tandis qu'il se
trouvait autrefois jusque dans les parties montagneuses et désertes de l'Asie
Mineure, de la Syrie et de l'Arabie. Le livre de Job 6:5; 39:8-11, donne une
belle description de ses habitudes et des lieux où il se tient de préférence.
Les Bédouins, Job 24:5, aussi bien que leur père Ismaël, Genèse 16:12, sont
comparés à des onagres, à cause de leur vie indépendante et libre dans les déserts,
de leur opiniâtreté et de leur rapidité dans la fuite.
Outre l'âne sauvage, que nous venons de décrire, il en
existe dans la Mongolie une autre espèce appelée djiggetaï ou ziggetaï (longue
oreille), sorte de mulet sauvage et naturel qui tient le milieu entre le cheval
et l'onagre. Presque tout ce que la Bible dit de l'âne sauvage pourrait se
rapporter à ce djiggetaï; mais on ne le trouve pas dans l'Asie antérieure, et
les anciens ont toujours soigneusement distingué ces deux animaux.
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ANET,
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Matthieu 23:23, herbe connue chez nous et dont les
anciens employaient la graine comme épice, Pline 19, 61. Les juifs scrupuleux
portaient leur zèle aveugle pour l'observation de la loi mosaïque jusqu'à payer
la dîme de l'anet aussi bien que celle des autres productions de la terre, et
le Talmud rémunère expressément parmi les objets soumis à la dîme. Notre
Sauveur reproche aux pharisiens hypocrites d'être par ostentation fidèles dans
les petites choses, mais infidèles dans les grandes.
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ANGE ou Messager,
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nom générique donné aux intelligences célestes par qui
Dieu exécute une partie de ses desseins, et qui sont toujours prêts à lui
obéir. Tous les peuples qui ont eu l'idée d'un esprit souverain y ont joint
celle d'esprits subalternes ou génies. Il y a, en effet, lieu de supposer entre
nous et la divinité une vie plus relevée que celle dont nous vivons ici-bas,
une nature plus subtile, plus puissante, plus accomplie. De là, dans le monde
païen, l'idée de ses demi-dieux dont il a peuplé l'espace, inventant jusqu'à
des êtres protecteurs de peuples, de familles, même d'individus. La révélation
est remarquable dans la pureté des conceptions qu'elle nous offre sous ce
rapport, repoussant comme indigne en elle-même l'idée de dieux imparfaits, mais
justifiant celle d'esprits supérieurs à nous, et qui animent ce monde immense
encore caché à nos regards; elle place leur création au-dessus de l'origine de
notre présent monde, et en distingue de bons et de mauvais. Job 38:7; Jean
8:44; Genèse 3:4; 1 Jean 5:18; 2 Pierre 2:4; Jude 6.
Les bons sont représentés comme plus élevés en
intelligence, en force, en bonté, et par cela même en bonheur. Ils sont classés
parmi les choses invisibles qui font aussi partie de la création. Colossiens
1:16; Hébreux 1:14; Luc 24:39 (1 Corinthiens 15:42-50); Matthieu 28:3; Marc
16:5; Luc 1:11; 2:9; 24:23; Actes 1:10; 6:15; 12:7; 2 Corinthiens 11,14;
Apocalypse 1:20; Ésaïe 6:1, etc. Leur désignation commune de messagers ne
renferme ni attribution de divinité, ni droit à aucun culte; ils sont comme les
hommes, serviteurs clans le royaume et pour la loi, mais occupant un rang plus
élevé. Ils sont appelés l'armée des deux, Luc 2:13; gardiens, Daniel 4:13-14;
fils de Dieu, Job 1:6; élus, 1 Timothée 5:21; saints, Luc 9:26; Daniel 4:13.
— Ils paraissent classés en catégories variées: les
séraphins, Ésaïe 6:2,6; les chérubins, Ézéchiel 10:1. Leurs rôles sont
assignés, Exode 32:34. Enfin ils sont représentés comme ayant un corps, Juges
13:3, cf. verset 6. Leur armée est immense, et les divers noms qui leur sont
donnés font supposer qu'il y a diversité de rangs parmi eux. Psaumes 68:17;
Daniel 7:10; Matthieu 26:53; Colossiens 1:16; Apocalypse 5:2. (Car, même en
admettant que ces noms soient le fruit d'un tradition babylonienne, ils sont
consacrés dès qu'ils sont reçus par les écrivains inspirés, et par les anges
eux-mêmes.)
— L'Écriture établit une grande liaison entre le monde
invisible et le nôtre, liaison qui a été plus fréquente dans ses manifestations
jusqu'à l'établissement complet de l'Église, et qui subsiste, quoique cachée,
jusqu'à la fin, Hébreux 1:14. Quand tout ce qui est caché sera mis en évidence,
et que le règne de Dieu prévaudra complètement, alors l'apparition des anges
redeviendra un signe de communication libre entre les cieux et la terre.
Matthieu 13:41,49; 16:27; 24:31; 25:31; 1 Thessaloniciens 4:16; 2
Thessaloniciens 1:7.
Quant aux anges déchus, leur histoire est et sera
toujours une énigme pour nous jusqu'au jour où nous connaîtrons parfaitement.
La possibilité de la chute finale d'êtres aussi excellents et aussi élevés,
devait entrer dans le dessein primitif de leur Créateur, et nous lisons, Job
4:18: «Il met, ou il a mis de l'imperfection dans ses anges.» C'est la vraie
traduction du passage. La question de cette chute se lie, du reste, à celle de
l'origine du mal dans le monde, et nous ne pouvons l'examiner ici. Il reste
seulement que l'œuvre de Dieu étant harmonique, il n'a pu créer deux principes
contraires et hostiles: les anges déchus, comme tels, n'appartiennent pas à la
création; leur existence tient à leur péché qui fut peut-être l'orgueil, et
notre raison ne peut rien alléguer contre la possibilité d'une condition telle
que ces anges en soient sortis par un usage plein, outré, poussé jusqu'à
l'abus, de leur propre gloire; et comme parmi les hommes on voit celui qui est
tombé chercher à entraîner les autres et, devenu séducteur, devenir ensuite
persécuteur des bons qui résistent à son action funeste, on peut concevoir
qu'une réaction semblable ait eu lieu chez ces grandeurs déchues et qu'elles
cherchent maintenant à nous entraîner avec elles. Leur caractère est tracé dans
ces paroles: «séduisant et étant séduits.»
Des apparitions d'anges dans le Nouveau Testament se
lisent, Matthieu 1:20-21; 2:13,19; 4:11; Luc 1, passim; 2, passim; 22, 43; 24;
Actes 1:10-11; 5:19, etc.
Dans une foule d'endroits de l'Ancien Testament, nous
retrouvons l'action des anges; mais il est un de ces messagers célestes qui est
appelé par excellence l'ange de l'Éternel, et même Jéhovah, l'Éternel, dans
lequel il est impossible, malgré son refus de se nommer lorsque Jacob ou Manoah
lui demande son nom, de ne pas voir le grand médiateur entre Dieu et les
hommes, le Fils unique issu du Père, Dieu manifesté en chair; Genèse 16:7-13;
22:11,15-18; 31:11-13; 32:24-30; 48:15-16. Exode 3:2-6. Juges 2:1;
6:11,16,21-24; 13:16-22.
— Voir: Gaussen.
Gédéon devant l'ange de l'Éternel.
Contrairement à la
notion populaire, les anges célestes de la cour de Dieu ne sont pas des êtres
créés mais des émanations de Dieu. Dans les nombreuses émanations de Dieu
lui-même, nous retrouvons les anges de sa puissance, messagers de sa gloire
éternelle. L'Écriture nous donne le nom de deux anges seulement, Michael et
Gabriel, mais ceux-ci suffisent pour nous indiquer une telle notion.
L'étymologie du nom Michael signifie proprement «la présence de Dieu» et celle
de Gabriel signifie «la force de Dieu», nous indiquant que les anges ne sont
pas des créatures mais des émanations des différentes caractéristiques de
l'essence du renoncement divin. Sans parler de la préexistence des élus qui
sont éternellement les membres du Corps de Christ, on voit dans l'étymologie du
nom Elohim ou «Lui-eux-qui-sont» qu'ils sont rassemblés avec les anges dans «la
cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste» (Héb. 12:22-24), pour former le
Conseil de Dieu. Ceci nous indique que les anges sont la manifestation personnelle
de Dieu dans ses caractéristiques phénoménales qui transmettent son message et
sa puissance dans une circonstance donnée. Ainsi Gabriel transmet la force de
Dieu et Michael sa présence requise dans une situation particulière. Toutes les
caractéristiques qualificatives de l'Esprit de Dieu sont ainsi des anges, et
puisque Dieu est infini, les anges sont innombrables. En suivant cette pensée,
nous trouvons ainsi dans l'étymologie des termes hébraïques l'ange Dabâriel,
messager de la Parole de Dieu; l'ange Owriel, messager de la Lumière de Dieu;
l'ange Chokmaniel, messager de la sagesse de Dieu; l'ange Ahabiel, messager de
l'amour de Dieu; l'ange Chananiel, messager de la Grâce de Dieu; l'ange
Mélékiel, messager de la Royauté de Dieu; l'ange Aphiel, messager de la colère
de Dieu; ainsi de suite, à l'infini.
Ceci nous laisse
supposer que chaque ange a sa propre identité et sa propre existence, sans
toutefois être indépendant de l'unité de l'essence divine dans laquelle il
puise sa puissance et son existence. L'essence de Dieu est entièrement contenue
en chaque ange, tout comme chaque ange est contenu dans l'essence divine, étant
partie intégrale de la nature de Dieu comme des effets de la cause primaire.
Par ceci nous voyons que les anges ne sont pas des êtres créés, mais des
émanations phénoménales des différentes caractéristiques de Dieu qui est le
centre de toute existence. Selon cette notion et en regardant le mot hébraïque
«Ahabiel» qui signifie «l'amour de Dieu», lorsque Dieu se manifeste dans son amour
il se dégage ou plutôt s'exhale comme l'ange Ahabiel, mais l'ange Ahabiel n'est
point Dieu dans sa plénitude, il est seulement qu'un reflet d'une des
différentes caractéristiques de Dieu. Il en est ainsi pour tous les anges.
Cette conception nous fait réaliser l'impossibilité qu'un ange se rebelle
contre Dieu, puisque cela voudrait dire que Dieu se rebellerait contre
Lui-même. Ainsi nous voyons que la doctrine de la chute des anges n'est qu'une
fiction formulée par des versets tirés hors de contexte dans le but
d'impressionner les crédules afin de les séduire avec toutes sortes de fausses
doctrines.
Le seul passage
dans toute la Bible qui semble indiquer une création des anges se trouve dans
les Psaumes 148:1-8, mais en regardant attentivement on voit tout un autre
aperçu que celui qui lui est généralement attribué. Il ne s'agit aucunement des
anges célestes dans ces passages des Psaumes. Le mot "anges" ou
«Malâk» en Hébreu signifie «messager, envoyer, expédier» et nous indique dans
le contexte de ces passages que toutes les forces de la nature dans la Création
servent de «messager» pour exécuter la volonté de Dieu. En effet, l'apôtre Paul
lui-même nous dit que la Création existe pour rendre témoignage de la puissance
de Dieu et sa divinité (Rom.1:20).
La Parole de Dieu
nous indique trois classes d'anges: 1) les esprits célestes; 2) les éléments de
la nature; 3) les serviteurs de Dieu. Il faut avouer qu'il n'est pas toujours
facile de discerner quand le mot «ange» s'applique à des êtres célestes, aux éléments
de la nature, ou à des êtres humains. Une étude diligente du contexte où il
apparaît, est le seul moyen d'en déterminer l'application. Généralement
lorsqu'il s'agit d'être humains, le mot «messager» est utilisé, et lorsqu'il
s'agit d'êtres célestes, on emploi le mot «ange» littéralement. Ceci est la
règle employée par les traducteurs du Texte Sacré, mais cette règle n’est pas
inviolable comme nous allons voir.
Un passage qui
semble problématique à cause de la restriction d'un contexte insuffisant, est 1
Tim.5:21 qui mentionne «des anges élus». Sûrement si nous acceptions la
possibilité non scripturaire d'une chute des anges, nous ne pourrions arriver
qu'à la conclusion d'y voir que les anges qui n'ont pas chuté sont les anges
élus, tandis que ceux qui auraient chuté seraient enchaînés dans l'abîme pour
être réservés au jugement (2 Pi.2-4). Mais sachant qu'il n'y a jamais eu de
chute d'anges, puisque cela est impossible, nous indique que les anges élus se
rapportent à des êtres humains, c'est à dire aux saints, les élus, qui exercent
le ministère de messagers de la Parole pour prêcher le salut, tel que les
prophètes et les apôtres le furent. C'est dans ce contexte là qu'on doit aussi
comprendre Heb. 1:13,14 où nous voyons que les anges ou messagers «sont envoyés
pour servir en faveur de ceux qui doivent recevoir l'héritage du salut»,
principalement lorsque nous comparons ces deux versets avec Marc 16:15-20, d'où
nous voyons le ministère des apôtres comme celui de messagers de l'Évangile du
salut.
Il est assez
intéressant de voir aussi dans Heb.1:14 que le mot «envoyés» est en Grec
«Apostellomena», mot qui vient de «Apostolos» ou «Apôtre». Ceci ne signifie pas
que les anges en tant qu'esprits célestes n'exercent pas un ministère
spécifique dans la vie des chrétiens, mais que ces textes se rapportent plutôt
à des êtres humains. Nous savons d'ailleurs que certains, en exerçant
l'hospitalité, ont logé des anges sans le savoir (Heb. 13:2), ce qui s'applique
aussi bien aux messagers de l'Évangile qu'aux anges célestes qui se manifestent
en ce monde pour exercer un ministère en faveur des enfants de Dieu.
Pour ce qui
concerne les anges qui ont péchés (2 Pi.2:4) et qui n'ont pas gardé leur
origine, mais qui ont abandonné leur propre demeure (Jude 6), et les anges élus
(l Tim.5:21); il faut comprendre le mot «anges» comme s'appliquant à des êtres
humains, dont certains sont vivant et d'autres morts, plutôt qu'aux esprits
célestes de la cour de Dieu. Une telle approche n'est pas injustifiée, car
l'Écriture abonde d'exemples en ceci dans l'original. Dans Mat.11:10, Mc.1:2,
et Luc 7:27, Jean-Baptiste est appelé «un ange». Dans Luc 7:24 les disciples de
Jean-Baptiste sont appelé «des anges». Dans Luc 9:52 les disciples de Jésus
sont appelé «des anges». Dans Jac.2:25, Rahab reçoit chez-elle «les anges»
Israélites envoyés par Josué comme des espions (Jos.2:1,2). Dans Gen.32:3 Jacob
envoya devant lui «des anges» à Ésau. Dans Nom. 20:14, Moise envoya «des anges»
au roi d'Édom. Il existe en tout cent cinq exemples de la sorte, lorsque nous
vérifions le mot «messager» dans une bonne Concordance qui donne l'étymologie
des mots comme celle de Strong. Pour ce qui est du mot «Archange», il signifie
«Chef des anges» et se rapporte au Seigneur Jésus-Christ qui est le Chef de la
Création de Dieu et le Maître de tous les élus. Ce mot apparaît seulement deux
fois dans l'Écriture et est toujours au singulier, ce qui nous indique qu'il
n'existe aucune classe d'anges qui s'appelle des Archanges. Michael l'Archange
est tout simplement un autre nom pour Jésus-Christ qui signifie «la Présence de
Dieu, le dirigeant des messagers» (Dan.10:13,21; 12:1; Jude 9; Apoc.12:7).
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ANIMAUX.
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La Bible appelle en général les animaux êtres vivants,
et leur principe vital âme ou souffle de vie. Dans la description que Moïse
nous donne de la création, Genèse 1:20-29, les animaux sont nommés dans l'ordre
suivant:
1. petits
animaux aquatiques,
2. oiseaux,
3. grands
animaux aquatiques (poissons et amphibies),
4. quadrupèdes,
5. reptiles.
Dans le 28e verset du même chapitre ils sont énumérés et classés sommairement
comme suit:
1. poissons
de la mer,
2. oiseaux
des cieux,
3. toute
bête qui se meut sur la terre.
La même classification, dans un ordre peu différent,
se retrouve 9:2; et, dans le récit du déluge, tous les animaux, à l'exception
des aquatiques, sont compris dans les classes des oiseaux, des quadrupèdes et
des reptiles, 6:20. Les quadrupèdes eux-mêmes sont divisés en bétail et bêtes
des champs, division naturelle qui sanctionne celle que nous avons établie
entre animaux domestiques et bêtes sauvages. Lévitique 11:3,26-27, la
distinction est faite entre quadrupèdes,
1. qui
marchent sur des pattes,
2. qui
ont l'ongle divisé, et
3. qui
ont le pied fourchu;
dans ces deux dernières classes, Moïse distingue
encore les animaux qui ruminent et ceux qui ne ruminent pas. Les animaux qui
vivent dans l'eau sont divisés en deux classes, ceux qui ont des nageoires et
des écailles, comme les poissons, et ceux qui n'en ont pas. Parmi les reptiles,
ce législateur distingue ceux qui ont à la fois des ailes et quatre pieds, de
ceux qui n'ont point d'ailes et qui rampent ou marchent sur quatre pieds ou
davantage encore. C'est sur ces divisions que se fonde la distinction en
animaux purs et animaux impurs, c'est-à-dire en animaux que l'usage transmis
par les patriarches, et la loi de Moïse, permettaient ou interdisaient de
manger. Lévitique 11.
Presque tous les animaux désignés comme purs, et
quelques-uns de ceux qui sont déclarés impurs, nous sont connus; mais jusqu'à
nos jours les savants ne sont pas encore parvenus à déterminer exactement et
avec certitude quels sont les autres animaux impurs nommés dans la loi de
Moïse. Il est évident, du reste, que cette distinction n'est pas arbitraire;
elle existait déjà du temps de Noé, Genèse 7:2; 8:20, et date peut-être de la
création même, ou plutôt de la chute. Cependant il ne faut pas croire que les
animaux déclarés impurs fussent, pour cette seule raison, détestés, craints ou
bannis du pays: leur chair seule était défendue, mais les Israélites s'en
servaient pour d'autres usages. Ils possédaient des ânes, des chameaux, ainsi
que plusieurs autres animaux de cette classe, et les estimaient pour leur
utilité de tous les jours. Nous remarquons même que le lion et l'aigle, qui
étaient des animaux impurs, entraient dans la composition des chérubins,
Ézéchiel 1:10; Apocalypse 4:7. Les Israélites éprouvaient cependant, à l'égard
du plus grand nombre de ces animaux, la même aversion naturelle à l'homme, que
nous ressentons également à leur vue, quoique ce ne soient plus des motifs
religieux qui nous l'inspirent.
Le Lévitique, au chapitre cité, indique les marques
auxquelles on pouvait reconnaître et distinguer les animaux purs des animaux
impurs, et ces caractères extérieurs sont si simples et si appropriés au but
que se proposait le législateur, que les hommes les moins instruits du peuple
pouvaient les reconnaître et les retenir; nos savants même ont été forcés d'admirer
la simplicité, l'exactitude et la justesse de ce système mosaïque. Mais le
législateur se tait sur les raisons qui l'ont guidé dans la distinction qu'il a
faite entre ces animaux: le Seigneur l'avait prescrite, et cela devait suffire.
Cependant, comme on doit admettre que Dieu avait certainement de bonnes raisons
fondées sur la nature des objets en question, et sur les circonstances dans
lesquelles les Juifs se trouvaient, les savants de tous les temps se sont donné
beaucoup de peine pour découvrir ces motifs, et nous les trouvons dans les
considérations suivantes:
1. Il
est écrit, Lévitique 20:25-26: «Séparez la bête nette de la souillée, et ne
rendez point abominables vos personnes, en mangeant des bêtes et des oiseaux
immondes... ni rien de ce que je vous ai défendu comme une chose immonde; vous
me serez donc saints, car je suis saint, moi l'Éternel, et je vous ai séparés
des peuples, afin que vous soyez à moi»; cf. Deutéronome 4:2-3,20. La pureté
spirituelle et morale à laquelle les Juifs étaient appelés, devait être
exprimée et représentée par toutes leurs actions jusque dans celles de la vie
ordinaire: l'extérieur devenait ainsi comme l'emblème et le signe de la vie
intérieure, Lévitique 11:43-44. En habituant les Juifs à distinguer entre ce
qui est pur et ce qui ne l'est pas, et à ne servir leur Dieu qu'avec des objets
purs, ils se pénétraient d'amour pour la pureté et d'horreur pour l'impureté,
aussi bien pour les choses spirituelles que pour les objets matériels. Aucun
des dieux innombrables des païens n'exigeait la pureté et la sainteté: bien
souvent, au contraire, leur service consistait dans des rites et des sacrifices
moralement et physiquement impurs, qui ne répondaient que trop bien aux
attributs de ces divinités, tandis que chez les Juifs le service du Dieu saint
était une éducation continuelle qui devait élever l'âme et la remplir de
sentiments nobles, saints et purs; cf. Ésaïe 65:3-4; 66:17.
2. La
distinction dont nous parlons était en outre le moyen le plus efficace de
séparer le peuple de Dieu des nations environnantes; elle empêchait toute
communion religieuse, et par là tout rapport familier avec les païens; car rien
ne contribue tant à rendre les hommes intimes les uns avec les autres qu'une
même religion, les mêmes cérémonies, et des festins en commun; et la table des
païens eût été un filet continuel tendu sous les pas des Hébreux.
— Voir: Psaumes 69:22.
Cette distinction servait même à créer une certaine
aversion mutuelle entre les Juifs et les païens, puisqu'elle faisait abhorrer
aux uns ce qui, pour les autres, était un objet de vénération ou de jouissance,
et obligeait les premiers à s'unir plus étroitement entre eux. Lorsque, par
exemple, les fils de Jacob furent descendus en Égypte, Pharaon leur assigna une
contrée à part, et comme en dehors de l'Égypte proprement dite. Il arrivait
aussi que les Israélites et les Égyptiens ne pouvaient manger ensemble, s'ils
ne voulaient se souiller les uns et les autres; car les uns s'occupaient et se
nourrissaient de choses qui étaient presque invariablement réputées impures
chez les autres. Genèse 43:32; 46:34.
3. De
plus, nous voyons par la loi elle-même que Moïse avait aussi des motifs
d'hygiène publique et privée: il importait, en effet, beaucoup à un bon
législateur de veiller à la santé du peuple, surtout dans un pays aussi chaud
que la Palestine, où le climat développe les germes de maladie avec une telle
rapidité, qu'il leur fait prendre facilement un caractère épidémique, ou les
rend presque inguérissables. En s'abstenant ainsi de tout aliment qui
prédisposait au moins à certaines maladies s'il ne les produisait pas lui-même,
les Juifs non seulement n'engendraient pas ces maladies, mais ils se
préservaient encore des maux épidémiques contagieux qui auraient pu se
développer chez les peuples voisins.
4. Nous
trouvons un dernier motif à ces distinctions dans l'influence incontestable que
la nourriture exerce sur le tempérament et les facultés intellectuelles de
l'homme. On a observé de tout temps que certains aliments développent ou
émoussent telles ou telles facultés, morales ou spirituelles, qu'ils rendent
l'homme dur, sanguinaire, stupide, ou doux, léger, bienveillant, intelligent.
Or, comme les Juifs devaient être un peuple religieux et moral, pur, propre à
être guidé par l'influence de l'Esprit de Dieu et à recevoir ses révélations,
il fallait bien leur interdire, entre autres choses, toute nourriture qui
aurait favorisé et fortifié en eux des dispositions contraires. Il est évident
que la nourriture, et en général la manière de vivre, rendent l'homme plus ou
moins propre à servir d'organe à l'Esprit-Saint. Les observances du nazaréat
sont tout entières fondées sur ce principe. L'Église chrétienne même, pour
laquelle cette distinction détaillée entre aliments purs et impurs n'existe
plus, Actes 10:10; sq., a néanmoins toujours senti et reconnu la même vérité;
c'est ce que les règles des anciens ordres monastiques, des anachorètes, et
bien d'autres témoignages, suffisent amplement à prouver.
— La chair de toute une série d'animaux, depuis les
plus parfaits jusqu'aux plus imparfaits, contient une matière toute
particulière, très acre et peut-être vénéneuse, qui en rend l'usage, comme
nourriture, très désagréable, et qui répugne à la nature humaine: ce sont
précisément ceux-là qui sont déclarés impurs par la Bible. La constitution
intérieure de ces animaux correspond à cette propriété de leur chair; leur
système ganglionnaire paraît plus développé que celui des autres; ceux en
particulier que la loi mosaïque déclarait impurs étaient regardés par les
Égyptiens et par d'autres peuples païens comme divinatoires (μαντυιά), tels que les chevaux et les chiens, par exemple.
(Origène contre Celse, 4). Les Juifs croyaient que l'organisme intérieur de ces
animaux les rendait particulièrement propres à subir l'influence des démons;
cf. Matthieu 8:31-32, et ailleurs.
Ces lois sur les bêtes pures ou immondes n'étaient pas
des préceptes de religion de l'observation desquels dépendît le salut des âmes,
et leur transgression ne constituait pas un péché proprement dit, mais une
souillure légale: les étrangers qui séjournaient parmi les Israélites n'étaient
pas même tenus de les observer. Le concile des apôtres, Actes 15:29, n'interdit
aux fidèles que les choses sacrifiées aux idoles, le sang et les bêtes étouffées:
pour tout le reste, l'Église donne liberté plénière de manger ou de ne pas
manger, pourvu que l'on rende grâces à Dieu, avec reconnaissance, dans un cas
et dans l'autre. La vision de saint Pierre, Actes 10, dans laquelle des animaux
impurs sont déclarés purs sous la nouvelle dispensation de Christ, est
expliquée par cet apôtre lui-même, verset 28: «Dieu, dit-il, m'a montré que je
ne devais plus estimer aucun homme être impur ou souillé»; les animaux immondes
qu'il avait vus dans la vision représentaient les païens de toutes les nations.
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ANNE.
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1. L'épouse
d'Elkana, rivale de Péninna, stérile d'abord, puis mère de Samuel et de
plusieurs autres enfants. 1 Samuel 1. Son histoire simple et touchante nous
apprend ce que pouvait être la foi des Hébreux, et comment ils étaient
récompensés pour avoir cru en, celui qu'ils ne voyaient pas. Pour plus de
détails,
— Voir: Juges d'Israël, p. 114-118.
2. Fille
de Phanuel, de la tribu d'Aser. Elle fut mariée de bonne heure, et resta veuve
après sept ans de mariage. Dès ce moment, elle se dévoua tout entière au
service de Dieu: tous les malins et tous les soirs elle assistait aux
sacrifices qui s'offraient dans le temple. Elle avait quatre-vingt-quatre ans
lorsque Marie vint y apporter son enfant quarante jours après sa naissance; et
après que Siméon eût béni Dieu de lui avoir fait voir son salut, Anne, inspirée
par le Saint-Esprit, loua l'Éternel, et dirigea sur Jésus l'attention de tous
ceux qui croyaient aux promesses de Dieu, en le leur annonçant comme le Messie
promis à leurs pères. C'est elle qui, la première après Zacharie, prononça le
mot de délivrance, rachat ou rédemption (Δύτρωτις) en l'appliquant à l'œuvre que Jésus venait accomplir
sur la terre. Luc 2:36-38.
3. Anne
ou Annanus, souverain sacrificateur, fils de Seth et beau-père de Caïphe. Il
eut plusieurs enfants, dont cinq fils qui remplirent successivement les mêmes
fonctions que leur père, les uns de son vivant, les autres après sa mort. L'un
d'eux, pareillement nommé Annanus, présida, selon Flavius Josèphe, à la mort de
l'apôtre Jacques. Anne fut déposé de ses fonctions par Quirinus, légat impérial
sous le règne de Tibère, mais continua d'exercer encore une grande influence
sur les affaires; il conserva le titre honorifique de souverain sacrificateur,
Actes 4:6, et fut probablement vicaire (ou Sagan) de son beau-père, le
grand-prêtre Caïphe. C'est devant lui que Jésus fut conduit d'abord après son
arrestation, et soit qu'il voulût se débarrasser d'une affaire désagréable,
soit que, pour une cause de cette importance, il crût ne pas pouvoir la prendre
sous sa responsabilité, il renvoya le prisonnier devant Caïphe, qui était le
souverain sacrificateur de cette année-là, Jean 18:13. L'un et l'autre furent
persécuteurs des apôtres, et nous les retrouvons Actes 4:6, au nombre de ceux
qui devaient juger Pierre et Jean coupables d'avoir guéri un impotent.
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ANNEAUX,
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— Voir: Boucles.
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ANNÉE.
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L'année des Hébreux se divisait en six saisons,
composées chacune d'un mois et de deux demi-mois. Ils avaient deux époques, à
dater desquelles ils comptaient le commencement de l'année, suivant les objets
qu'ils avaient en vue: ils avaient ainsi deux aimées différentes qui
s'enchâssaient l'une dans l'autre, l'année sacrée et l'année civile. Cette
dernière commençait, comme encore chez les Juifs de nos jours, au mois de
Tisri, (mi-septembre); elle servait pour régler les jubilés et toutes les
affaires civiles, Lévitique 25:8-10. L'autre, l'année sacrée, commençait au
mois d'Abib ou Nisan (mi-mars), parce que c'est dans ce mois que les Israélites
furent délivrés de la captivité d'Égypte, Exode 12:2. C'est d'après elle que se
réglaient les fêtes et les services religieux; la fête de Pâque qui tombait au
milieu du premier mois, était comme la dédicace ou la mère des autres
solennités.
Comme les mois des Juifs suivaient plus que les nôtres
la marche de la lune, et qu'ils étaient alternativement de 29 et de 30 jours,
leur année était nécessairement plus courte que la nôtre, et ne comptait que
354 jours et 8 heures. Pour la faire correspondre avec l'année solaire, ils
devaient par conséquent intercaler tous les deux ou trois ans, un mois
supplémentaire qui se plaçait après le mois Adar, le douzième de l'année
sacrée, et qu'on appelait pour cette raison second Adar (Beadar ou Veadar).
Nous donnons ici les noms des douze mois, en renvoyant pour plus de détails
soit à l'article mois, soit à leurs articles respectifs, pour ce qu'il y a à
dire sur chacun de ces mois en particulier.
Année civile.
Tisri ou Ethanim (correspondant à notre fin de
septembre et commencement d'octobre; nous n'indiquons, pour abréger, que le
mois de septembre);
Marchesvan ou Bul (octobre);
Kisleu (novembre);
Tebeth (décembre);
Sébat (janvier);
Adar (février, suivi de Beadar quand il y avait lieu);
Nisan ou Abib (mars);
Jyar ou Zif ou Jiar (avril);
Sivan (mai);
Thammuz (juin);
Ab ou Af (juillet);
Élul (août).
Les noms de Tisri, Marchesvan, Jiar, Thammuz et Ab ne
se trouvent pas dans l'Écriture.
L'année sacrée, commençant avec le septième mois de
l'année civile, et se rapprochant davantage de la nôtre, comptait donc les mois
dans l'ordre suivant:
1. Abib
(mars);
2. Jyar;
3. Sivan;
4. Thammuz;
5. Ab;
6. Élul;
7. Tisri;
8. Bul;
9. Kisleu;
10. Tebeth;
11. Sebat;
12. Adar;
le mois intercalaire Beadar était le dernier de
l'année sacrée.
— Voir: sur ce sujet le Traité de l'année juive de L.
Bridel (Bâle, 1810); la matière y est savamment traitée.
Nous avons à mentionner ici deux institutions
mosaïques bien extraordinaires pour nos mœurs, mais dont l'intention, dans la
pensée du législateur, ne saurait être douteuse, savoir l'année du sabbat et
l'année du jubilé.
Il y avait année sabbatique ou de repos fous les sept
ans. Les travaux de la campagne devaient être interrompus; on ne pouvait ni
ensemencer les champs, ni tailler la vigne dans cette année extraordinaire,
Lévitique 25. Le propriétaire même ne pouvait pas jouir exclusivement des
produits naturels de son domaine, et les fruits de la terre devaient être la
propriété des pauvres, Exode 23:11. Les esclaves hébreux pouvaient être
affranchis s'ils le voulaient. Et pour rassurer le cultivateur inquiet, Dieu
promit aux propriétaires que l'année qui précéderait celle du sabbat, il
enverrait sa bénédiction sur la terre, de telle sorte qu'elle produirait pour
trois années, Lévitique 25:21. Durant cette septième année, le livre de la loi
devait être lu publiquement devant tout Israël, d'après un commandement exprès
de Dieu.
La loi sabbatique fut probablement observée au temps
de Josué et des anciens qui lui survécurent; puis Israël se révolta contre
l'Éternel pour servir Bahal, et comme il n'en est plus fait mention
postérieurement, la fêle de la septième année ne fut probablement plus
considérée que comme une division de temps, et comme une institution civile.
Cette négligence, et le mépris de cette loi, fut l'une des causes de la
captivité des soixante et dix années, 2 Chroniques 36:21.
Dans quel but Moïse a-t-il pu donner une loi si
contraire en apparence au dessein qu'il s'était proposé d'arracher les Hébreux
à leur vie nomade, et d'en faire un peuple d'agriculteurs? Cette loi ne
devait-elle pas d'ailleurs, sous un point de vue tout à fait matériel, fausser
les notions agricoles des Hébreux, et nuire au sol plutôt que de lui profiter?
Remarquons à cet égard que, si chez nous un an de paresse pour la terre est
comme un an de paresse pour l'homme et pour ses facultés intellectuelles,
c'est-à-dire un temps de détérioration, nous ne devons pas juger du climat et
du sol oriental d'après ce que l'un et l'autre sont chez nous. Plus vigoureuse
et plus féconde, la vigne de la Palestine pouvait mieux supporter une année de
repos et de mauvaise taille; et les champs autrement travaillés que les nôtres,
plus fertiles, plus chauds, et peut-être mieux entretenus dans la sixième
année, pouvaient conserver pour l'année sabbatique une force naturelle qui les
fit travailler même sans le concours de la charrue et des engrais. D'ailleurs
l'Éternel avait promis sa bénédiction pour cette année qui devenait la sienne,
et ceux qui se confient en l'Éternel connaissent la valeur d'une semblable
promesse. On peut croire aussi que cette loi servait de transition entre la vie
précédente nomade, et la vie future des Hébreux; ce devait être pour eux comme
un point de répit au milieu des rudes travaux de l'agriculture, qui les eussent
effrayés sans l'espérance de cet otium dulce. Mais plus tard, accoutumés à ce
nouveau genre de vie, ils voulurent l'utiliser tout entier, et négligèrent
l'année de l'Éternel et des pauvres. De plus, en annonçant aux riches une année
sans revenu, la loi les excitait au travail, à la prévoyance, à l'économie,
tout comme elle y poussait les pauvres eux-mêmes, en leur donnant cette
richesse passagère qu'ils devaient être jaloux de faire durer pendant les
années qui devaient s'écouler jusqu'à la prochaine jachère septennale. Enfin,
un dernier motif de cette loi, et qui certes n'était pas le moindre en
importance comme en actualité: elle tendait à conserver au milieu des Hébreux
le souvenir de la création et à augmenter leur respect pour l'institution d'un
jour de repos au milieu d'eux. Aucun doute ne peut s'élever à cet égard, et
l'on ne saurait méconnaître l'intention du législateur de rappeler encore au
peuple, trop oublieux de ses devoirs, la nécessité d'observer le jour solennel
du Créateur pour le sanctifier. Frappés par une loi de repos qui revenait de
diverses manières et qui se présentait sous diverses formes, les Hébreux
devaient y être rendus plus attentifs que si le sabbat leur eût été ordonné
seul, isolé, sans dispositions analogues dans les autres parties de la loi
générale du pays.
Cette dernière observation s'applique également à la
loi de l'année du jubilé; elle venait tous les cinquante ans, après sept années
de sabbat, et indiquait ainsi comme la clôture d'une semaine sabbatique,
Lévitique 25:8-10. Le mot de jubilé, auquel on a donné diverses étymologies,
vient probablement de Jobel qui signifie le son d'une trompette, parce que
c'était au son de cet instrument que le soir du jour des expiations on
annonçait l'approche de l'année jubilaire; quelques rabbins prétendent même que
chaque. Israélite était obligé de sonner la trompette par neuf fois. Dès le
moment où le bruit de l'airain sonore se répandait sur la surface du pays, les
dettes étaient remises, les esclaves hébreux recouvraient leur liberté, les
terres sorties des familles, par ventes ou par échanges, retournaient à leurs
anciens possesseurs ou à leurs héritiers. C'était l'année des privilèges et de
la liberté, l'année du pauvre et de l'esclave; c'était aussi par excellence
l'année de la nation juive, celle dans laquelle toutes choses rentraient dans
l'état normal primitif, et où les propriétés reprenaient le nom de leur premier
maître.
Plus étrange encore à nos mœurs que la précédente,
cette loi qui, sans doute, fut aussi moins religieusement observée, avait une
portée plus nationale encore et plus théocratique, en même temps qu'elle avait
pour but d'empêcher une trop grande inégalité des fortunes de s'introduire à la
longue au milieu des Hébreux. Nous avons indiqué déjà son rapport avec l'institution
du sabbat. Dieu lui-même avait donné aux Israélites la terre qu'ils habitaient,
et il ne pouvait pas permettre qu'ils l'oubliassent. «La terre est à moi»,
dit-il Lévitique 25:23, et les Hébreux n'étaient que ses fermiers; s'ils
eussent pu disposer à tout jamais des propriétés qui leur étaient confiées, ils
eussent pu s'en croire les maîtres, et c'est re que Dieu voulait empêcher. À
cet égard la loi du jubilé était donc une loi fondamentale, et reposait sur
cette idée, base de la constitution israélite, c'est que Dieu ne traitait son
peuple que comme des étrangers sur la terre, et qu'il leur refusait le droit de
posséder.
Mais que devenait l'Hébreu que la misère avait forcé
de vendre son champ?La modique somme qu'il en avait retirée devait être
insuffisante pour l'entretenir lui et sa famille pendant le temps où il en
était privé, et il était quelquefois obligé de se vendre lui-même, mesure
pénible qui n'imprimait cependant aucune flétrissure sur celui qui y était
réduit, et dont l'Éternel avait adouci l'amertume en lui donnant le droit de se
racheter en l'année sabbatique, s'il le désirait, et en l'affranchissant
nécessairement lorsque l'époque du jubilé venait lui rendre sa richesse
première, ses propriétés, et abolir ses dettes. Cet affranchissement, comme le
retour des propriétés à la famille de l'ancien possesseur, marquait encore la
puissance de Dieu, et la dépendance de la créature. Aucun homme ne peut en
posséder un autre, «car ils sont mes serviteurs», dit l'Éternel, Lévitique
25:42. Ils sont mes serviteurs, mes esclaves, et ne peuvent être possédés par
personne; ils peuvent se mettre au service d'autrui pour un temps, mais
personne ne peut réclamer sur eux des droits de propriété que moi seul je
possède, moi l'Éternel. Par là même, chaque Hébreu conservait, avec sa liberté,
le sentiment de sa dignité; la servitude n'avait rien de dégradant, parce
qu'elle n'était que temporaire et en quelque sorte volontaire: l'esclave
restait Hébreu, fils d'Abraham, et le maître, sachant que le terme n'était pas
éloigné où les fortunes redeviendraient égales, où son esclave redeviendrait
libre comme lui-même, n'était pas tenté d'abuser d'une autorité qu'il savait
n'être pas éternelle, et se rappelait que son serviteur était en même temps son
frère. La différence des rangs ne devait donc pas s'établir d'une manière
stable et permanente, et ne pouvait se trancher au-delà de certaines limites.
Cette loi empêchait encore une trop grande
disproportion des fortunes. Les terres, primitivement partagées par égales portions
entre les familles hébraïques, ne pouvaient en sortir que pour un temps, et
devaient, chaque année jubilaire, retourner à leur premier maître, ou aux
héritiers de ses droits et de son nom. C'était une entrave à la possibilité
d'acquérir de grandes richesses: tous les cinquante ans le niveau repassait sur
le pays. De plus, comme ces achats de terre n'étaient à proprement parler que
des baux à longs termes, la terre n'avait pas une aussi grande valeur que si la
vente en eût été réelle, effective; l'acheteur n'achetait pas grand chose, et
le vendeur ne retirait pas de sa propriété de quoi s'enrichir: il ne pouvait y
avoir grande spéculation ni chez l'un, ni chez l'autre.
Enfin, par cette institution, les terres des diverses
tribus leur étaient conservées; le cœur et le nom de chacun se rattachaient
constamment à cette glèbe héréditaire, qui pouvait servir aux Hébreux de titres
généalogiques; de sorte que la famille de Christ, comme celle de tout Juif,
étant intimement liée à la possession d'une propriété, il était facile d'en
suivre les traces et d'établir avec certitude la filiation de chacun jusqu'aux
générations les plus reculées. On sait combien les Juifs tenaient à leurs
généalogies, et l'on sait aussi pourquoi. La famille du Messie habitant à Nazareth,
avait ses titres et ses propriétés à Bethléhem: c'est là que la famille de
David dut se faire enregistrer lors du dénombrement de César-Auguste; Joseph et
Marie descendirent au lieu de leur naissance, et pendant ce voyage notre
Sauveur naquit au lieu même que les prophètes avaient annoncé.
L'année jubilaire est un type remarquable de la
rédemption procurée par Jésus-Christ, Ésaïe 61:1-2, et le Sauveur lui-même
établit cette analogie entre l'Évangile et le jubilé, Luc 4:19.
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ANTÉCHRIST, ou plutôt Anti-Christ
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(opposé à Christ, ennemi de Christ, et aussi, vicaire,
substitut de Christ), 1 Jean 2:18; 4:3. On désigne généralement sous ce nom un
monstre de puissance et de méchanceté qui doit s'élever dans les derniers temps
pour terminer la période des gentils, et hâter par sa chute la restauration
d'Israël et le second avènement du Seigneur. L'esprit de secte a souvent
dénaturé les caractères par lesquels l'Écriture désigne ce personnage, et l'on
y a vu, tour à tour et successivement, Mahomet et le pape, Luther et Napoléon,
le papisme et l'esprit révolutionnaire des temps modernes. On l'a considéré
dans le passé et non dans l'avenir, et on l'a assez généralement fait surgir de
la partie occidentale de l'ancien empire romain. On peut consulter, sur ces
divers points de vue, trois ouvrages à la portée de tout le monde, et qui se
recommandent d'autant plus que leurs points de vue ne sont pas les mêmes:
Vivien sur l'Apocalypse, Gaussen sur Daniel, et B. W. Newton, Pensées sur
l'Apocalypse.
— Aucun de ces points de vue ne saurait être accepté
d'une manière absolue; chacun a trop confondu l'anti-Christ avec les
anti-Christs (cf. 1 Jean 2:18), les types avec l'anti-type. Comme Christ a été
le résumé divin de tout ce qui avait été avant lui, de tout ce qui après lui
devait être né de Dieu, l'anti-Christ sera le résumé diabolique et infernal,
l'incarnation, la personnification de ce qui, dans tous les temps, aura
représenté le principe anti-chrétien, le principe du mal opposé au principe du
bien. Caïn, dans sa lutte contre Abel, Pharaon opprimant Israël, Hamalec,
Madian, Saül luttant contre David, Nébucadnetsar, et surtout Antiochus
Épiphanes (cf. Daniel 11), ont été de vrais anti-Christs, de vrais types de
l'anti-Christ; depuis les jours apostoliques, Judas Iscariot, Néron et
Domitien, Julien l'Apostat, Mahomet, le papisme, l'incrédulité voltairienne,
ont été de même, hommes ou systèmes, de vrais anti-Christs, et le nombre en est
considérable, mais seulement des types de l'anti-Christ qui doit venir à la fin
des temps et que les prophètes annoncent, tant dans l'Ancien que dans le
Nouveau Testament, comme une personnalité puissante et devant appartenir à
l'ancien empire romain. Toute espèce d'opposition à Christ est un
anti-christianisme; tout individu qui repousse ou nie Christ, est un
anti-Christ; et ce nom lui appartient, sinon à plus juste titre, du moins avec
plus d'apparence, à mesure que son influence est plus considérable. Mais ce ne
sont là que des hommes ou des systèmes animés de l'esprit de Satan;
l'anti-Christ en sera possédé; la plénitude de Satan habitera en lui, comme la
plénitude de la divinité a demeuré en Christ. Entre ces deux termes il y a
parallélisme et corrélation. L'arrivée de l'anti-Christ sera le signal du
dernier engagement, de la lutte définitive entre les deux principes qui se sont
toujours partagé le monde. Satan viendra lutter en personne contre le peuple de
Dieu, qui sera persécuté pendant quarante-deux mois, trop faible pour résister,
mais qui triomphera lorsque Christ en personne apparaîtra pour combattre son
adversaire. C'est cette dernière lutte qui fait presque tout le fond des
prophéties de l'Apocalypse, et a eu raison de dire, dans une série d'articles
sur ce sujet, que la Bête était la clef de la Révélation. (Kirchenzeitung,
janvier 1847)
Les chapitres qui jettent le plus grand jour sur
l'histoire de l'anti-Christ, sont Ésaïe 13:44, et 30; Daniel 2, 7, 8, et 11; 2
Thessaloniciens 2; 1 Jean 2; Apocalypse 14:13, et 17. Il est appelé roi de
Babylone, roi d'Assur, Lucifer (étoile du matin), la corne qui a des yeux
(symbole de force et d'intelligence), le roi pour lequel Tophet est préparée,
l'homme de péché, le méchant, l'anti-Christ et la Bête; c'est la onzième corne
de la bête.
— Son caractère est essentiellement impie, mais d'une
impiété orgueilleuse et surnaturelle. Il dira dans son cœur: Je suis semblable
au Souverain. Il résistera contre le Seigneur des seigneurs; il s'élèvera
pardessus tout Dieu, contre tout ce qui est nommé Dieu, voulant se faire passer
pour un Dieu; il niera le Père et le Fils, et sa bouche sera pleine de
blasphème contre Dieu; la Bête est pleine de noms de blasphèmes. On peut voir
également dans ces passages tout ce qui est dit de sa merveilleuse puissance,
appuyée de miracles, et accompagnée d'un enthousiasme si général que les dix
rois abdiqueront entre ses mains, et que tous ceux dont les noms ne sont pas
inscrits au livre de vie, l'adoreront: caractère que l'on ne peut encore attribuer
à aucune des puissances que l'on a voulu jusqu'à ce jour identifier avec
l'anti-Christ (Antichrist).
— Le lieu de son origine et de son séjour, et le
centre de son activité ne sont que très vaguement déterminés: il sera assis en
la montagne d'assignation aux extrémités de l'aquilon, entre les nues, sur la
noble montagne de la sainteté; il s'assiéra dans le temple de Dieu.
— et fera cesser le sacrifice continuel; la bête sort
de la mer (Méditerranée). La plupart de ces données, et spécialement celles qui
concernent l'activité de l'anti-Christ, semblent se rapporter assez clairement
à Jérusalem, et c'est à Jérusalem aussi que prophétiseront les deux témoins que
l'anti-Christ fera mettre à mort. Un caractère, plus important qu'il ne paraît
d'abord, c'est que la seule fois où la Bête apparaît avec un corps (partout
ailleurs on ne voit que son horrible coiffure), elle a un corps de léopard
(symbole de l'empire macédonien), des pieds d'ours (l'empire mède), et une
gueule de lion (l'empire babylonien), Apocalypse 13:2, comme si le prophète
voulait nous rappeler les visions de Daniel, et constater que l'empire de cette
Bête s'étendra sur tout ce qui est compris sous le nom général des quatre
monarchies. Ajoutons que si l'Occident a depuis quelques siècles joué un rôle
immense, bien plus important que l'Orient, l'Orient semble de nos jours se
réveiller et vouloir rentrer dans la carrière de gloire, de civilisation, de
puissance d'où son long assoupissement (le lion au cœur d'homme) l'a si
longtemps exclu.
Sans entrer dans les détails du commentaire, nous
résumerons en deux mots ce qui nous parait être la vérité sur cette redoutable
apparition. L'anti-Christ sera l'incarnation de l'enfer; il naîtra sur les
rives de la Méditerranée, cette grande mer des prophéties; il appartiendra
peut-être, par son origine, à deux ou à plusieurs des quatre monarchies, plus
spécialement à la monarchie macédonienne; il grandira dans une glorieuse
infériorité jusqu'à ce qu'il dépossède celui qu'il aura servi; il s'emparera
d'un ou de plusieurs trônes, et par ses qualités brillantes et chevaleresques,
par ses dons miraculeux, il attirera à lui tous ceux qui ne seront pas de
Christ (il séduirait même les élus s'il était possible); il régnera en Orient,
et fera de Jérusalem le centre de ses opérations; il y persécutera les Juifs
pieux (la femme), qui s'enfuiront dans le désert; il enverra après eux une
armée (le fleuve), qui sera détruite ou engloutie; il fera mettre à mort les
deux témoins, et c'est à ce moment, à l'apogée de sa puissance, que par
l'intervention directe de Christ son règne prendra fin. La pierre sera coupée
sans main, le Seigneur fera mourir le méchant par le souffle de ses lèvres, par
l'Esprit de sa bouche; la bête sera prise et jetée toute vive dans l'étang
ardent de feu et de soufre (Ésaïe 11:4; Daniel 8:25; 2 Thessaloniciens 2:8;
Apocalypse 19:15,20) La plaine de Jizréhel, q.v., sera probablement le champ de
cette dernière bataille.
Tout cela n’est que
spéculations, car nous savons que l’Antichrist n’est pas un homme mais une
doctrine qui élève l’homme au même niveau que Dieu. Il s’agit en effet de la
doctrine du libre-choix (hérésie en Grec) de l’Arminianisme, nommée aussi
doctrine du choix de la foi, que la Bible nomme aussi le mystère d’iniquité et
la marque de la bête.
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ANTILIBAN,
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chaîne orientale et intérieure du Liban, qui se
prolonge plus au midi que la chaîne occidentale. Son sommet principal, situé
près de son extrémité sud, appartient encore à la Palestine. Solitaire et
couvert de neiges éternelles, il dépasse de beaucoup les plus hautes sommités
du Liban, et domine majestueusement les rangs étages des montagnes inférieures.
Cette partie méridionale est appelée, dans la Bible, Hermon; c'est le Scénir
des Amorrhéens, Deutéronome 3:9; et le Scirion des Sidoniens, Psaumes 29:6;
elle porte aussi le nom de Sion, Deutéronome 4:48; Psaumes 133:3. La partie
septentrionale qui est beaucoup plus basse, porte le nom d'Amana q.v.
L'Antiliban est souvent compris sous la désignation générale de Liban; Cantique
7:4; Josué 13:5.
— Voir: Liban.
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ANTIMOINE.
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C'est par ce mot que nous croyons devoir traduire
l'hébreu Pouk, 2 Rois 9:30; Jérémie 4:30, etc., que nos traductions rendent par
fard. Les femmes se servaient, en effet, d'une composition d'antimoine et de
zinc dont elles se noircissaient le bord des paupières, pour donner plus de
relief au blanc de l'œil et ajouter ainsi à la beauté des yeux. Les propriétés
astringentes de l'antimoine contractant aussi les paupières, font paraître les
yeux plus larges, plus tendres et plus languissants, et les rendent semblables
à ceux de la gazelle, que l'on regarde en Orient comme de la plus grande
beauté. Pour appliquer ce fard, les femmes se servent d'une plume ou d'un
poinçon d'argent ou d'ivoire, bien poli et long d'environ deux pouces, dont
elles mouillent la pointe, et qu'elles plongent dans une boîte remplie d'une
poudre d'antimoine, de parfums et d'autres ingrédients; puis elles le font
glisser légèrement entre les paupières fermées: la poudre se dépose ainsi sur
toute la largeur de la paupière et sur les coins des yeux (— Voir: Hussel,
Hist. nat. d'Aleppo; Niebuhr, Descrip. de l'Arabie; Savary, 10e lettre sur
l'Égypte). Anciennement les femmes hébraïques pratiquaient aussi cette coutume.
C'est ainsi que Jézabel, pour se montrer à Jéhu, 2 Rois 9:30, farda ses yeux,
ou, plus littéralement, «mit ses yeux dans du fard.» Le prophète Ézéchiel,
23:40, représente Israël sous l'image d'une femme coquette qui se farde les
yeux. Et le nom d'une des tilles de Job (42:14), Kerem-Happuch, qui signifie
cornet à fard, prouve que cette coutume était déjà fort ancienne. Les momies de
femmes égyptiennes ont ordinairement près d'elles un flacon de fard
d'antimoine, et Xénophon (Cyrop. 1, 15), rapporte que le roi efféminé Astyage
avait aussi l'habitude de se farder les yeux. Clément d'Alexandrie, un des
Pères de l'Église (Pédag. 3, 2), mentionne également cette coutume, et
Tertullien (de cultu fœm.) se récrie contre les femmes de son temps qui
aimaient mieux se farder les yeux avec le fard du diable que de les oindre avec
le collyre de Christ.
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ANTIOCHE.
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Séleucus Nicator, le premier monarque syro-grec, fonda
seize villes de ce nom, en mémoire de son père Antiochus; mais l'Écriture ne
parle que de deux d'entre elles.
1. La
capitale de la Syrie. On pense qu'elle fut bâtie sur l'emplacement où se
trouvait la ville de Ribla, au pays de Hamath, 2 Rois 23:33; 25:6,20-21, où
Nébucadnetsar demeura pendant une partie du siège de Jérusalem, où il fit
mourir une partie des enfants de Sédécias, creva les yeux de ce prince
lui-même, et priva de la vie quelques-uns des principaux de Juda. Cette ville
était située sur les deux rives de l'Oronte, à environ 27 kilomètres de la mer
et d'Alep. Près de là se trouvait le fameux temple de Daphné, un des plus
célèbres lieux de refuge qu'il y eût à cette époque. La ville d'Antioche avait
environ 15 kilomètres de tour; elle servait de résidence aux successeurs
d'Alexandre dans cette partie de son vaste empire, et fut une des plus riches
et des plus florissantes villes du monde. On peut dire qu'elle était la
capitale de l'Orient romain. Les Juifs y obtinrent égalité de droits avec les
Grecs; Vespasien, Titus et d'autres empereurs la comblèrent d'honneurs et de
franchises.
— Ce fut là que Paul et Barnabas annoncèrent les
premiers l'Évangile, Actes 11:19-27; qu'Agabus prédit une grande famine, ibid,
verset 28; que Pierre essaya un instant de dissimuler ses vrais sentiments en
refusant de manger avec les païens, Galates 2:11-12, et que les disciples du
Rédempteur reçurent pour la première fois le nom de chrétiens, Actes 11:26.
Antioche devait être le premier centre des missions païennes; la seule vue
humaine pouvait déjà le faire présumer; ses rapports avec les Grecs et les
habitants de l'Asie Mineure étaient plus fréquents et plus naturels que ceux
d'une ville juive: des hommes considérés, tels qu'un Simon Niger, un Lucius de
Cyrène, un Manahem élevé à la cour, 13:1, y secondaient et pouvaient y
remplacer plus ou moins pendant leur absence les Apôtres missionnaires; et
l'Esprit de Dieu n'avait pas tardé à faire voir par des faits que telle était
aussi sa volonté.
L'Église d'Antioche demeura longtemps célèbre: un des
quatre patriarches de l'Orient y avait son siège, et l'illustre Chrysostôme y
prêchait à la fin du quatrième siècle, aux applaudissements de tous et avec
d'éclatants succès.
Cette ville fut, dans le quatrième siècle, presque
renversée à trois reprises par des tremblements de terre, et à peu près aussi
souvent dans le cinquième. L'an 548 de Jésus-Christ les Perses la brûlèrent et
en passèrent les habitants au fil de l'épée. L'empereur Justinien la rebâtit
plus belle qu'auparavant, mais bientôt les Perses la reprennent et en abattent
les murailles. L'an 588, soixante mille de ses habitants périssent par un
tremblement de terre; aussitôt rebâtie, elle est prise par les Sarrasins, l'an
637, et depuis ce moment le christianisme y est presque anéanti. L'an 966
l'empereur grec Nicéphore reprend Antioche, et peu de temps après elle tombe au
pouvoir des Turcs. En 1098, elle est délivrée par les croisés, puis 90 ans plus
tard elle redevient la proie des infidèles, qui la démolissent de fond en
comble. Ses ruines actuelles, connues sous le nom d'Antakieh, comptent encore
18,000 habitants, dont 3,000 professant le christianisme.
2. Antioche,
capitale de la Pisidie, sur le mont Taurus, à l'est d'Apollonie, n'est plus
maintenant qu'un bourg inconnu et nommé Akschehr, ou, selon d'autres,
Versatgeli. Paul et Barnabas y prêchèrent l'Évangile avec de grands succès
jusqu'au moment où les Juifs ayant excité le peuple contre eux, les
con-contraignirent de s'éloigner, Actes 13:14; sq., cf. 2 Timothée 3:11.
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ANTIPAS,
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1. fidèle
martyr et témoin de Jésus-Christ, fut mis à mort à Pergame, ville de Mysie. On
ne le connaît que par ce qui en est dit Apocalypse 2:13. Il paraît qu'il fut
tué vers l'an 90, dans une émeute soulevée par les prêtres d'Esculape. Ses
Actes portent qu'il fut évêque de Pergame et qu'il fut brûlé dans un taureau
d'airain. Jean-Baptiste, Marc 6:17, Étienne, Actes 7, et Jacques, Actes 12,
sont, avec Antipas, les seuls martyrs de leur fidélité dont les écrivains
sacrés nous aient conservé le récit.
2. Antipas,
fils d'Hérode le Grand;
— Voir: Hérode.
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ANTIPATRIS,
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ville de Canaan, située dans une vallée fertile et
bien arrosée, sur le chemin de Jérusalem à Césarée, à environ 30 kilomètres de
Joppe, 74 de Jérusalem, et 45 de Césarée. Elle se nommait primitivement
Capharsalma, aujourd'hui Saranas.
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APELLÉS,
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Romains 16:10, homme approuvé en Christ; complètement
inconnu.
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APHARSEKIENS, et Apharsatkiens,
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Esdras 5:6; et apharsatkiens, 4:9, deux peuplades du
royaume d'Assyrie, dont l'identité est incertaine; le plus probable est de les
prendre pour les Parætaceni d'Hérodote (1, 101), entre la Perse et la Médie.
Malgré la ressemblance du nom, il faut se garder de les confondre avec les
Apharsiens, Esdras 4:9, par lesquels il semble qu'on doive entendre les Perses
en général; c'est ainsi que Luther a traduit ce nom; les lettres radicales des
deux mots sont les mêmes p. r. s.
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APHEK.
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1. Ville
de la tribu de Juda, où campèrent les Philistins lorsque l'arche fut amenée de
Siloh et faite prisonnière, 1 Samuel 4:1. C'est probablement la même que Aphéka
Josué 15:53.
2. Ville
de la tribu d'Issachar, dans la vallée de Jizréhel, près des montagnes de
Guilboah, où Saül et ses fils turent défaits et tués. 1 Samuel 29:1. Il paraît
que c'est le roi de cette ville qui fut mis à mort par Josué. Josué 12:18.
3. Ville
de la tribu d'Aser, sur les frontières des Sidoniens, Josué 19:30; 13:4.
Peut-être la même que Aphik Juges 1:31, qui fut laissée en possession des
Cananéens. Peut-être encore la même que
4. Aphek,
ville de Syrie, et l'une des principales du royaume de Benhadad: elle était
située sur la route militaire de Damas en Palestine. C'est dans son voisinage
que les Syriens, conduits par Benhadad, furent battus au nombre de 100,000
hommes, par Achab, roi d'Israël; ils se retirèrent précipitamment dans Aphek,
dont les murailles s'écroulèrent sur eux et en écrasèrent 27,000. 1 Rois
20:26-34.
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APOCALYPSE, ou révélation,
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mot grec qui signifie révélation, et qui a été
conservé en français pour désigner le livre de l'Écriture dans lequel saint
Jean a consigné les merveilles qu'il lui avait été donné de voir dans l'avenir
touchant Christ et son Église. L'authenticité de cet ouvrage, accrédité
généralement pendant tout le second siècle, n'a commencé à être mise en
question que par un certain Caïus qui vivait au commencement du troisième, et
qui l'attribuait à l'hérétique Cérinthe. Après lui, Denys d'Alexandrie rapporte
le fait de l'opinion de Caïus; pour son propre compte il ne peut l'admettre, il
pense que l'Apocalypse a été écrite par un homme pieux, nommé Jean, mais il
n'ose affirmer que ce soit le même que l'apôtre frère de Jacques, fils de
Zébédée. Eusèbe épouse la même hypothèse qui lui paraît un bon juste milieu,
quoique dans ses premiers ouvrages (Démonstration évangélique) il eût admis
l'opinion générale que saint Jean le théologien était l'auteur de l'Apocalypse.
Avant Caïus quelques hérétiques, Marcion en tête, avaient nié l'authenticité de
ce livre; mais ce témoignage est plutôt une preuve en sa faveur, vu la qualité
des opposants. Quant à la Peshito, qui ne comprend plus l'Apocalypse, elle
serait le seul témoin de quelque autorité qu'on pût invoquer dans ce sens, s'il
était prouvé que cette lacune est aussi ancienne que la traduction elle-même:
or c'est le contraire qui paraît établi. Éphrem, au quatrième siècle, s'est
évidemment servi d'une traduction syriaque qui comprenait l'Apocalypse, (—
Voir: l'Einleitung de Hug. et Steiger, Introduction générale aux livres du
Nouveau Testament, p. 47 à 51)
Les témoignages en faveur de l'Apocalypse sont à la
fois plus anciens, plus nombreux et plus respectables; ce sont: Irénée, qui
rapporte les paroles de personnes qui avaient connu l'apôtre Jean; Polycarpe,
Papias de Hiérapolis, Mélithon de Sardes, Apollonius d'Éphèse, Justin martyr;
Théophile d'Antioche, Clément d'Alexandrie, Tertullien, l'Église du deuxième
siècle tout entière, les millénaires et les anti-millénaires, même les
montanistes, tous ont reconnu cette authenticité.
— Au troisième siècle, nous trouvons d'abord le
fragment de canon dit de Muratori; Cyprien, Hippolyte, Jacques d'Édesse et Ébed
Jesu, Origène, Méthodius, l'évêque Népos d'Égypte.
— Au quatrième, chez les Latins, Lactance, Victorinus
de Petanio, Commodien, Jérôme, le concile d'Hippone de 393, celui de Carthage
397, etc.: dès lors il n'y a plus de doutes dans l'Église latine; chez les
Grecs, Grégoire de Nysse, Grégoire de Naziance, Cyrille de Jérusalem, Basile le
Grand, Épiphane de Chypre, Athanase, Didyme d'Alexandrie, Cyrille d'Alexandrie,
etc., etc.
À l'époque de la réforme, où toutes les anciennes
traditions durent subir l'épreuve d'un examen à compte nouveau pour laisser la
vérité reprendre ses droits légitimes, l'authenticité de l'Apocalypse passa par
des crises difficiles, Luther la nia assez librement en 1522, avec plus de
modération en 1534; Zwingle partagea cette manière de voir; Théodore de Bèze,
au contraire, traita d'une manière solide les anciens témoignages qui
établissent que ce livre est de l'apôtre Jean, et Calvin paraît avoir partagé
cette opinion, quoiqu'il n'ait pas essayé d'ouvrir un système d'interprétation
sur le contenu de ce livre.
Dans le dix-huitième siècle où chacun se borna
presqu'exclusivement à douter et à nier, tantôt en vers, tantôt en prose, on
douta naturellement aussi de l'Apocalypse. D'Abauzit, de Genève, commença;
l'école moderne peut le revendiquer comme son maître. Après lui vinrent
successivement Michaélis qui doutait, Œder, Semler, Merkel, etc, qui ne doutaient
plus, mais qui affirmaient hardiment que Cérinthe était l'auteur de
l'Apocalypse. L'opinion contraire fut défendue par Twells, Wolff, Schmid,
Hartwig, etc., et surtout par Storr dont l'ouvrage est encore utile;
— Voir: aussi Bengel.
Nommons enfin dans notre siècle, parmi les
adversaires, Heinrichs, De Wette, Bretschneider, Ewald, Schott et Lücke; parmi
les défenseurs, Hug, Schulz, Hemsel, Winer, Guericke; l'ouvrage de Lücke a en
outre été réfuté dans la Gazette évangélique de Berlin par Hævernick, 1834,
numéros 88-91, et par Steiger, 1835, numéros 14, 15, 22, 23.
Il ressort, de ce qui précède, que les témoignages
historiques sont décidément en faveur de l'Apocalypse. Quant aux caractères
intérieurs, il est clair que ce livre, seul en son genre, seul prophétique
parmi ceux qui sont sortis du christianisme, ne saurait être jugé d'après
l'analogie des autres écrits du Nouveau Testament. Le style et le caractère
rhétorique des ouvrages d'un même auteur peut toujours varier, et même
considérablement, suivant le sujet et la matière traitée.
Saint Jean eut ces révélations pendant son exil à
Patmos, dans les dernières années du règne de Domitien, et il les mit par écrit
lorsqu'il fut de retour à Éphèse, vers l'an 96 ou 97. Néanmoins, le contexte
interne de l’Apocalypse indique plutôt une date antérieure vers la fin de l’an
60 juste avant la destruction de Jérusalem par les armées romaines en l’an 70.
Il n'entre pas dans notre plan d'examiner quel fut le
but de l'apôtre, quelle est la portée de ses révélations, le sens de ses
prophéties, la clef de tous ses mystères. Toutefois, il n'est pas hors de
propos de dire un mot de l'oubli dans lequel ce livre est tombé, et de
l'indifférence avec laquelle une partie considérable de la chrétienté le lit ou
le ferme. Beaucoup de personnes l'excluent de leur lecture habituelle; elles
reculent et préfèrent donner plus de temps à la méditation des autres portions
de la Bible qu'elles ont plus de chance de comprendre, et qu'elles peuvent plus
facilement s'approprier. L'Apocalypse les désoriente, les déconcerte; leur sens
chrétien ne trouve dans ce livre ni la nourriture, ni la clarté dont il a
besoin, et parmi les vérités révélées il choisit de préférence celles dont la
révélation est claire et complète, intelligible et point mystérieuse. On peut
comprendre sans peine cette manière de faire, et chacun peut-être l'a pratiquée
pour ce qui le concerne, à une époque ou à une autre de sa vie religieuse; mais
comprendre n'est pas excuser. Dès qu'on admet que l'inspiration divine a dicté
à l'apôtre ses magnifiques révélations, il faut admettre que la lecture de ce
livre doit être pour le chrétien une source de bénédictions qu'il ne lui est
pas permis de dédaigner, ou de trouver trop difficiles à exploiter. On oublie
trop d'ailleurs que l'Apocalypse est une révélation, dont le sens par
conséquent peut être trouvé, et doit être cherché; et, tout en avouant
l'obscurité qui enveloppe cette révélation des choses futures, encore
pénétrera-t-on mieux cette obscurité par le travail que par l'absence de
recherches. Si beaucoup d'opinions erronées ont été mises au jour, si des
essais infructueux ont été faits, si plusieurs théologiens ont fini par
déclarer qu'ils n'entrevoyaient aucune solution satisfaisante aux énigmes de la
prophétie, pourtant un grand pas est fait; leur ignorance consciencieuse et
savante est tout autre, moins pénible, plus honorable, plus éclairée que
l'ignorance volontaire et complète sur ces sujets; ils ont gagné cela tout au
moins de connaître les difficultés de l'interprétation, de savoir quelles sont
les questions débattues, et de pouvoir facilement rapporter aux choses qu'ils
savent ignorer, celles qu'ils découvrent à mesure; et c'est déjà beaucoup que
de connaître les questions auxquelles on ne peut pas répondre. À force de
chercher, d'ailleurs, on finit par trouver, et, selon la remarque de Newton, il
n'est pas un interprète qui n'ait fait faire un pas à cette science de la
prophétie.
Ajoutons que, s'il y a dans l'Apocalypse des
profondeurs insondables, il s'y trouve aussi des passages dont l'intelligence
est facile: «Un lecteur ordinaire, dit le docteur Lowth, peut trouver une
grande édification dans les hymnes magnifiques chantées à Dieu et à
Jésus-Christ; il peut découvrir dans ce livre plusieurs vérités importantes, telles
que l'adoration d'un Dieu suprême en opposition au culte des créatures, la foi
dans les mérites de Jésus-Christ pour obtenir uniquement de lui le pardon, la
sanctification et le salut; la patience et la vigilance avec laquelle nous
devons attendre l'avènement de Jésus-Christ et de son règne, en professant avec
fermeté la vraie foi, et en pratiquant la sainteté, quels que soient les
obstacles qu'il faille surmonter, etc., etc.» Un autre théologien, qui ne
saurait être accusé d'un grand enthousiasme pour l'Apocalypse, le docteur
Lücke, dans sa préface à cet ouvrage, s'exprime ainsi: «Le théologien qui admet
la canonicité de l'Apocalypse n'est plus libre de l'employer ou de ne pas
l'employer pour la construction systématique d'une dogmatique chrétienne, ou
pour l'édification populaire d'une paroisse. Si ce livre est reconnu canonique,
il est tout aussi nécessaire de le méditer dans le culte public que de
l'exposer dans des leçons ou dans des commentaires.»
La grande difficulté que l'on rencontre dans l'étude
de ce livre provient de ce que, depuis longtemps déjà, l'on a pris l'habitude
d'y chercher des prophéties relatives à l'histoire passée de l'Église, et par
conséquent d'en regarder une bonne partie du moins comme étant déjà accomplie;
on y a vu toutes les persécutions de l'Église: Néron, Julien, les mahométans,
les guerres des Sarrasins, la papauté, les Albigeois, le protestantisme, les
missions, Napoléon, etc. Il n'est dès lors pas surprenant que chacun se
contentant de vagues allusions, y trouve, comme dans les nuages, des
ressemblances avec l'objet qui le préoccupe. Si ces oracles étaient accomplis,
il n'y aurait sur leur signification ni doute, ni hésitation, ni divergence. Ce
qui importe donc, lorsqu'on lit ce livre, c'est d'y chercher les destinées futures,
finales de;l'Église, l'histoire de la grande lutte qui doit précéder
immédiatement la seconde venue du Sauveur. Il importe également de s'en tenir,
autant que faire se peut, au sens littéral (les emblèmes et les symboles ne
sauraient être assujettis à cette règle). La méthode symbolique ne provient que
du besoin de se donner plus d'aisance et de liberté dans l'interprétation des
prophètes afin de pouvoir les rapporter aux temps passés, au gré de ses
caprices et de son imagination; elle est fatale aux interprètes comme à la
vérité elle-même.
Au milieu de la foule de livres et d'opuscules qui ont
traité de l'Apocalypse, commentaires, brochures, etc., nous ne mentionnerons en
français que Basset, (3 vol.) diffus et peu sobre; Vivien, d'un usage facile,
mais un peu trop sûr de son fait; Barbey, faible exégète, plus scripturaire en
apparence qu'en réalité, consciencieux et quelquefois intéressant; les Pensées
de W, B. Newton sur l'Apocalypse (traduit de l'anglais), grave et sage, mais
trop absolu, et quelquefois exagéré quant à la notion d'Église; puis une
quantité de brochures sur des points spéciaux, publiées à Genève, chez
Kaufmann, et appartenant presque toutes à l'école de Plymouth; Digby, Burgh,
Hartley, Cumming, Elliott en anglais. En Allemagne, on a sur ce sujet peu
d'ouvrages de valeur; on annonce un commentaire de Hengstenberg.
Ce livre, dit Digby, se trouve en germe dans les
prophéties de Daniel, lesquelles renferment une histoire anticipée de l'Église
de Dieu dans son assujettissement aux puissances de ce monde, qui y sont
représentées par quatre bêtes. Cette histoire comprend tous les temps qui
devaient s'écouler depuis la fin de la théocratie juive jusqu'au jour glorieux
où le Fils de l'Homme viendra pour rétablir le royaume d'Israël.
La période de la domination funeste de ces bêtes forme
une grande semaine d'années prophétiques, dont les sept années (temps) de la
démence de Nébucadnetsar sont peut-être un symbole, laquelle commence avec la
chute de Samarie et la déportation des dix tribus par le roi d'Assyrie, et
s'étend jusqu'au commencement du son de la septième trompette de l'Apocalypse,
époque à laquelle les royaumes de ce monde seront remis, et où les saints
seront mis en possession du royaume. Cette période forme donc un grand calendrier
prophétique de 2,520 ans, ou sept fois 360 ans. Les 1260 jours prophétiques de
Daniel et de saint Jean, désignés aussi par trois ans et demi (d'années), en
forment la dernière moitié. Les trois premières bêtes, celles qui désignaient
les Babyloniens, les Perses et les Macédoniens, avaient déjà été englouties, du
temps de saint Jean, par la quatrième bête, qui représentait la puissance
romaine. Ainsi, les prophéties de l'Apocalypse ne concernent que cette
dernière, qui existait alors seule sur la terre. Le théâtre de l'Apocalypse,
c'est donc l'empire de Rome.
Les destinées de cet empire et de l'Église qu'il
renferme, sont écrites dans le livre mystérieux scellé de sept sceaux, 5:1; sq.
C'était un grand volume formé de sept volumes distincts, roulés l'un sur
l'autre à la manière des livres anciens. L'arrangement de toutes les prophéties
apocalyptiques est admirable: elles suivent un ordre chronologique. Le septième
volume, sept fois plus grand que les six premiers, renferme la vision des sept
trompettes, laquelle nous conduit jusqu'à la fin des temps, et pareillement, la
septième trompette, qui est la dernière, cf. 1 Corinthiens 15:52; 1
Thessaloniciens 4:16, comprend les sept coupes par lesquelles la colère de Dieu
est accomplie. Ainsi le septième volume, la septième trompette et la septième
coupe, se terminent tous ensemble avec la chute du dernier royaume terrestre et
rétablissement du règne visible de Jésus-Christ sur la terre.
À ce grand volume scellé, l'esprit de prophétie a
ajouté un codicille, ou une récapitulation prophétique: c'est le petit livre
ouvert qui commence par ces mots: «Il faut que tu prophétises derechef», etc.,
10:11. Ce livre ouvert concerne principalement les événements des 1260 jours
prophétiques de la révolte de l'Église de Rome, et nous en trouvons l'archétype
dans les visions du prophète Ézéchiel, contenues dans le petit livre qui lui
fut donné à manger, Ézéchiel 2:8.
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APOCRYPHES.
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C'est le nom qu'on donne à certains livres, reliés
quelque fois avec la Bible, entre l'Ancien et le Nouveau Testament, et qui
cependant ne font pas partie du volume inspiré. Quoique leur nom même ne se
trouve pas dans la Bible, nous avons cru pouvoir en dire quelques mots, soit
parce qu'une partie de la chrétienté les regarde comme divins, soit parce que
c'est par les apocryphes seuls qu'on peut juger du caractère et de l'histoire
des Juifs, 3 ou 400 ans avant Christ, soit enfin parce que le Nouveau Testament
semble y faire parfois des allusions indirectes.
Les anciens chrétiens les lisaient, si ce n'est en
entier, du moins en partie; mais ils n'en faisaient lecture que chez eux et
jamais dans leurs assemblées: ils ne les admettaient pas au nombre des écrits
canoniques. Aucun de ces livres ne fut reconnu comme inspiré par les Juifs,
«auxquels les oracles de Dieu avaient été confiés.» Philon qui les connaît,
leur emprunte quelquefois des phrases ou de belles expressions, mais il ne les
cite jamais comme ayant une autorité divine ou canonique, et Flavius Josèphe
(C. Ap. 1, 8) déclare expressément que, chez les Juifs, «les apocryphes étaient
d'un degré de crédibilité inférieur à celui des livres canoniques.» Au deuxième
siècle de l'ère chrétienne, Méliton dressa le catalogue des livres sacrés, et
les apocryphes n'y sont pas mentionnés; ni Origène au troisième siècle, ni au
quatrième Épiphane, Athanase, Cyrille, ne reconnaissent leur authenticité.
Jérôme et Ruffin nomment quelques livres apocryphes qu'ils déclarent
positivement n'être pas canoniques. Dès lors l'Église, se corrompant de jour en
jour davantage, en admit au fur et à mesure quelques-uns, jusqu'à ce qu'enfin
le concile de Trente, tenu en 1550, sous le pontificat de Pie IV, les déclara
tous d'autorité divine.
Il suffit d'un peu d'attention pour s'assurer que ces
livres ne procèdent pas du Saint-Esprit. Non seulement ils n'ont pas la
majestueuse simplicité des autres, mais encore ils renferment un grand nombre
de choses mauvaises, mensongères et opposées aux oracles de Dieu.
— On les divise ordinairement en livres historiques et
didactiques; mais cette division est peu tranchée, parce qu'il y en a qui sont
des contes moraux, ou prétendus tels, à la fois historiques et sentencieux.
Le Premier livre d'Esdras n'est guère qu'un extrait
mal rédigé des deux derniers chapitres des Chroniques, et du livre authentique
d'Esdras. La traduction en est libre et abrégée, les hébraïsmes sont évités;
l'auteur ajoute quelques idées et quelques faits, mais dont l'inexactitude
évidente montre un homme peu au fait de l'histoire. Il fait par exemple de
Zorobabel un jeune homme au temps de Darius Hystaspes, et il lui donne pour
fils Joachim, 5:2, tandis que celui-ci était fils du souverain sacrificateur
Jésuah, Néhémie 12:10. Il appelé Darius roi d'Assyrie, longtemps après que cet
empire eut été complètement détruit; et il rapporte comme ayant eu lieu sous ce
règne, des événements qui se sont passés sous Cyrus, cf. 4:43,57-58 avec Esdras
1; 3:1.
— Il est difficile de reconnaître un plan dans cet ouvrage,
d'autant plus qu'il n'est pas achevé, et que nous n'en possédons qu'un
fragment. Cependant, un auteur allemand, Berchthold, a émis l'opinion, assez
probable, que l'auteur a voulu donner une histoire du temple de Jérusalem
depuis la dernière époque du culte légal, sous Josias, jusqu'au rétablissement
de ce culte par la nouvelle colonie revenue de l'exil. Ce plan est exécuté
aussi bien qu'on pouvait l'attendre d'un Juif alexandrin, c'est-à-dire qu'il
est extrêmement peu important pour l'histoire elle-même.
Le Second livre d'Esdras qui n'a même jamais été vu en
grec, mais seulement en latin, est une collection de fables, de songes et de
visions, si pitoyable que le concile de Trente lui-même rougit de lui concéder
le titre de livre divin. Plusieurs passages de cet écrit laissent supposer
qu'il a été fabriqué depuis la prédication de l'Évangile.
L'histoire de Tobie, sa piété, ses épreuves, et le
secours qu'il trouve en Dieu, est une fiction poétique où l'auteur a voulu
montrer que la piété, les bonnes œuvres, les aumônes et la prière, sont
abondamment bénies, 12:13 sq. Un Juif de la Palestine paraît avoir pris son
sujet dans la tradition, pour y rattacher ses idées et celles qui se
répandaient parmi le peuple depuis l'exil. Il dit souvent: Les aumônes sauvent
de la mort, 4:7-11; 12:8-14. La doctrine des anges a un caractère persan, et le
Zend-Avesta nous parle comme Tobie 3:16; 12:12, de ces anges qui exaucent les
prières et qui les apportent devant Dieu. De même, le voluptueux démon Asmodée,
et le moyen de chasser ces êtres malfaisants par la fumée ou autres cérémonies,
se retrouvent dans les livres religieux du paganisme oriental.
— L'auteur doit avoir vécu assez tard, car il commet
des fautes dont plusieurs trahissent un moderne: on le place ordinairement un
siècle avant Jésus-Christ. On ignore si Tobie fut d'abord écrit en hébreu.
Saint Jérôme l'a traduit du caldéen, langue dans laquelle il semble le plus
probable qu'il a été composé. Les héllénismes que l'on trouve dans l'exemplaire
de Castellion, ou dans les exemplaires publiés par Munster et Fagius,
démontrent manifestement que ce ne sont là que des traductions du grec, et non
des productions originales. En tout cas, cette légende ou histoire, aussitôt
qu'elle eut paru, reçut des modifications de tous genres: aussi n'y a-t-il pas
une seule de ces versions qui ressemble à l'autre. L'imitation en vers,
d'Andrieux, n'est ni la moins poétique, ni la moins édifiante de toutes ces
éditions retouchées et augmentées.
Le Livre de Judith est un roman dont l'intrigue est
connue de tout le monde. Une femme s'introduit auprès d'Holopherne comme
courtisane, l'endort de vin et de propos caressants, lui coupe la tête, et
vient annoncer au peuple juif qu'il est délivré du général assyrien. Ce livre
paraît avoir été écrit en caldéen comme le précédent, et c'est de cette langue
que saint Jérôme l'a traduit en latin. On ne saurait à quelle époque de
l'histoire des Juifs placer l'action qui fait le sujet de ce livre. Ce devait
être après le retour de Babylone et la reconstruction du temple; mais depuis la
dix-huitième année de Nébucadnetsar, les Juifs ne furent en aucune manière
inquiétés pendant plus de quatre-vingts ans. (2:1; 4:3; 5:18-19; 16:20-23).
Comment concilier ces faits avec la vérité? Quelle improbabilité d'ailleurs que
Béthulie, petite ville, ait pu tenir contre une si puissante armée, et que la
mort d'un général ait suffi pour faire prendre la fuite à toutes ses troupes!
Quant à la géographie de l'ouvrage, elle dénote la plus incroyable ignorance,
et l'on croirait volontiers que l'auteur, après avoir fait sa petite histoire,
l'a parsemée au hasard, de tous les noms de villes ou de pays qui lui passaient
par la tête. On peut en dire autant de la chronologie.
Les Additions au livre d'Esther n'ont jamais paru en
hébreu. Contrairement à ce que rapporte l'histoire inspirée, l'auteur de cet
écrit prétend que ce fut dans la deuxième année de son règne qu'Assuérus
faillit être assassiné par un de ses eunuques; il dit que Mardochée fut
récompensé sur-le-champ pour avoir révélé le complot; qu'Haman avait été élevé
en dignité déjà avant cette circonstance, et que sa haine contre Mardochée
provint de la révélation qu'il avait faite; que cet Ha-man était un Macédonien
qui voulait s'emparer du trône des Perses au profit de son royaume. Les Juifs
s'y donnent le nom d'enfants du Dieu très-haut, et prétendent que leur Dieu a
ordonné aux païens mêmes d'observer la fête du Purim. Cela étant dit, nous
pouvons ajouter que ces additions renferment aussi quelques belles et bonnes
choses, dont Racine a su tirer parti dans sa belle tragédie de ce nom. Il n'est
pas sûr que le concile de Trente ait déclaré cet ouvrage canonique: quelques
docteurs romains prétendent que non.
Le Livre de la Sapience, dit de Salomon, n'a point été
écrit par Salomon, et jamais on ne l'a vu en hébreu. Celui qui l'a composé
avait lu Platon et les poètes grecs, ainsi qu'on le voit par plusieurs passages
de son livre. En quelques endroits, il copie presque les prophètes et quelques
écrits de l'Ancien Testament. Cet ouvrage se divise en trois parties générales:
1. 1-6:8;
2. 6:9-10;
3. 11-19.
Ces parties sont isolées et bien tranchées, mais non
pas tellement qu'elles fassent penser à trois ouvrages ou à trois auteurs
différents. L'auteur s'adresse d'abord aux rois en leur proposant la sagesse
comme but de leurs études et de leurs efforts; puis il fait l'histoire de la
sagesse, comment on peut l'obtenir et quels en sont les fruits: il montre les
peuples idolâtres éprouvant les rigueurs de l'Éternel, et les compare au bonheur
du peuple juif, qui reconnaît Jéhovah pour son roi. Il est possible que
l'auteur ait eu un but politique, mais son objet principal était bien
religieux.
— L'idée de saint Augustin que Sirach est l'auteur de
ce livre est assez heureuse; cependant on ne peut rien décider à cet égard, et
il faut se contenter de l'idée générale d'un auteur alexandrin et antérieur à
Philon, parce que la Sapience renferme une spéculation plus saine que celle de
ce Juif.
L'Ecclésiastique, ouvrage préférable au précédent. Un
certain Jésus, fils de Sirach, en lisant les Écritures et d'autres bons livres,
avait acquis de grandes connaissances morales. Il se mit à recueillir ça et là
diverses maximes, auxquelles il en ajouta de son propre fonds. C'est donc un
recueil de sentences et de proverbes dans le genre de ceux de Salomon; il
renferme des excursions plus ou moins étendues sur l'ordre moral du monde, dans
lesquelles l'auteur passe en revue les classes et les âges de l'homme. On ne
saurait y chercher de plan ni d'ensemble, et le livre ne se laisse pas diviser.
Primitivement écrit en hébreu ou en caldéen, l'Ecclésiastique fut traduit en
grec par un petit-fils de l'auteur, sous Ptolémée Évergète, roi d'Égypte,
probablement environ 240 ans avant J.-C. Du reste, la date se laisse difficilement
déterminer, car tout repose sur les indications de l'auteur lui-même, qui nous
dit avoir écrit sous le pontificat d'un Simon, pendant le règne d'un Évergète;
or il y a eu deux pontifes Simon qui ont vécu tous les deux sous le règne d'un
Évergète. L'auteur se donne si peu pour inspiré, qu'il s'excuse lui-même des
imperfections de son travail; il fait du Fils de Dieu, de la Parole, une simple
créature; il représente l'aumône et l'obéissance à père et mère comme un moyen
d'expier ses péchés; il prétend que Samuel prophétisa encore après sa mort;
enfin, selon lui, ce serait à Élie le Thisbite qu'il appartiendrait de faire
cesser la colère de Dieu: à ce dernier égard, cf. Malachie 4:5.
Baruch est un insigne roman qu'on dit avoir été écrit
par Baruch à Babylone. Or, selon toute probabilité, jamais Baruch ne fut à
Babylone. Il fut lu à Jéchonias, près d'une rivière qui n'a point existé; et
d'ailleurs, comme on sait, Jéchonias vivait en prison pendant son séjour à
Babylone, et n'avait pas le loisir d'aller se promener le long des eaux
courantes. On y parle d'une collecte qui aurait été faite parmi les Juifs de la
captivité, pour acheter des victimes, qu'on aurait envoyées au sacrificateur
Joachim avec les vases sacrés de Sédécias! Mais comment des esclaves, tout au
commencement de leur captivité, peuvent-ils avoir de l'argent à déposer dans
une collecte? Comment envoya-t-on ces victimes à un souverain sacrificateur qui
n'existait pas? Comment put-on renvoyer de Babylone des vases sacrés faits par
Sédécias, lorsqu'il est probable que Sédécias n'en a jamais fait faire? Il faut
remarquer, en outre, que l'auteur emprunte diverses expressions de Daniel, qui
cependant vécut après la mort de Baruch.
— Le chapitre 6 se donne pour une lettre de Jérémie
aux exilés de Babylone, et renferme des déclamations contre l'idolâtrie. Ce
morceau est séparé de ce qui précède par une inscription, et il se distingue
par un meilleur style: ce n'est que par accident qu'il se trouve lié à Baruch,
mais il ne porte pas davantage le cachet de l'authenticité; les soixante et dix
semaines de Daniel y sont ridiculement converties en sept générations. Il est
cité 2 Maccabées 2:2, et appartient sans doute aux Alexandrins, qui
traduisaient en général très librement les oracles de Jérémie, et parmi
lesquels s'étaient conservées un bon nombre de légendes sur ce prophète.
Le Cantique des trois jeunes Hébreux dans la fournaise
est une mauvaise imitation du Psaumes 148. Ces flammes de 49 coudées de
hauteur, et ce vent de rosée que faisait souffler l'ange du Seigneur au milieu
du feu, sont des détails qui portent tous les caractères de la fiction.
L'Histoire de Susanne, (formant quelquefois le 13e
chapitre de Daniel), est probablement une fable d'un bout à l'autre. Qu'elle
ait été primitivement écrite en grec, c'est ce que prouve l'espèce de jeu de
mots que fait le prétendu Daniel versets 55 et 59, et qui n'a de sens que dans
cette langue. Et puis, n'est-il pas absurde d'imaginer que tout au commencement
de la captivité, un Juif ait pu être aussi riche qu'on nous représente le mari
de Susanne? que le droit de vie et de mort ait été donné à des tribunaux juifs
en Caldée? que Daniel élevé à la cour ait pu assister à ce procès? et enfin,
que si jeune, on l'ait admis au nombre des juges, surtout après que la sentence
avait été prononcée?
Le livre de Bel et celui du Dragon sont encore plus
romanesques. En effet, quelle invraisemblance que Cyrus, roi de Perse, ait
adoré une idole babylonienne, et une idole qui fut mise en pièces lors de la
prise de la ville! Un homme de sa trempe pouvait-il croire qu'une statue
d'airain pût réellement boire et manger? Quel pitoyable moyen que celui
qu'imagine Daniel pour découvrir la supercherie des prêtres de l'idole! Comment
ceux-ci ne virent-ils pas les cendres semées sur le parquet? ou comment Daniel
put-il empêcher qu'ils ne fussent avertis par les serviteurs du roi? Puis,
quelle absurdité que de faire trembler Cyrus devant les Babyloniens jusque-là
qu'il leur sacrifie son cher Daniel de faire vivre Habacuc jusqu'à cette
époque, pour qu'il puisse porter de la nourriture au jeune prophète dans la
fosse des lions d'imaginer enfin que Cyrus ait pu rester six jours sans
s'informer de ce qu'était devenu son ami!
— Ces deux livres forment ce que, sans leur donner de
titre à part, les catholiques romains appellent le 14e chapitre du prophète
Daniel.
La Prière de Mariasse, qui ne se trouve pas dans le
texte hébreu, semble être l'ouvrage de quelque Pharisien. Il y est parlé des
justes, savoir d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, comme de gens sans péché, et qui
n'ont pas eu besoin de repentance. Elle n'a été admise comme canonique que par
l'Église grecque.
Enfin les Livres des Maccabées renferment l'histoire
des Juifs sous le souverain sacrificateur Mattathias et ses descendants. Ils
sont d'une très grande utilité, surtout le premier. Il doit avoir été composé
en hébreu ou en caldéen: Origène l'a lu dans cette langue, et il paraît que
c'est aussi de là que Jérôme l'a traduit en latin. Toutefois ce livre ne
saurait être attribué à l'esprit de Dieu, et l'auteur lui-même fait
l'observation qu'il n'y avait point de prophètes en ces temps-là, 4:46; 9:27;
14:41. Il renferme d'ailleurs diverses méprises qui constatent son origine
humaine. On y voit qu'Alexandre le Grand partagea lui-même ses conquêtes entre
ses illustres généraux, tandis que ce partage ne se fit qu'après sa mort;
qu'Antiochus le Grand fut fait prisonnier par les Romains; que ces derniers
donnèrent à Eumènes, roi de Pergame, l'Inde et la Médie, États qui faisaient
partie de ceux d'Antiochus; que le sénat romain comptait 320 membres;
qu'Alexandre Balas était fils d'Antiochus Épiphanes, etc., etc., tout autant
d'assertions qui sont positivement contredites par l'histoire.
— Le second livre des Maccabées, contenant l'histoire
de quinze années, est de beaucoup inférieur au premier. C'est l'abrégé de
l'ouvrage d'un certain Jason de Cyrène. L'auteur termine en faisant des excuses
sur sa manière d'écrire l'histoire; et dans le fait il a bien des choses à se
faire pardonner. À l'en croire, Judas Maccabée aurait vécu jusqu'à la 188e
année des Séleucides, tandis qu'il mourut l'an 152; Antiochus Épiphane aurait
été tué dans le temple de Nanée, en Perse, et l'on sait qu'il finit ses jours
sur les frontières de la Babylonie. Néhémie aurait bâti le second temple et
l'autel, constructions qui se firent soixante ans avant que Néhémias revînt de
Perse; Jérémie aurait caché dans une grotte et le tabernacle, et l'arche, et
l'autel des parfums; Persépolis aurait encore été debout un siècle après qu'Alexandre
l'eut réduite en cendres; Judas aurait bien fait d'offrir des prières et des
sacrifices pour les morts, et Ragis serait aussi louable de s'être suicidé pour
échapper à la fureur des Syriens.
On peut juger, par tout ce qui précède, combien ces livres
apocryphes sont indignes d'occuper une place quelconque dans notre volume
sacré, même en en faisant une catégorie tout, à fait à part, ainsi que cela se
pratiquait encore il n'y a pas beaucoup d'années. Aussi les sociétés bibliques
se refusent-elles maintenant presque toutes à joindre ces livres aux versions
qu'elles distribuent, et elles ont bien fait de prendre ce parti, puisqu'elles
ne veulent et ne doivent répandre que la Bible.
Si quelques personnes désiraient étudier la question
des apocryphes, elles trouveraient, dans un ouvrage sur ce sujet de feu
l'excellent pasteur Moulinié de Genève, une apologie assez complète de ces
livres; mais elles verraient en même temps combien sont faibles les meilleures
raisons que l'on peut avancer en faveur de leur authenticité. Il n'a paru aucun
écrit français quelque peu détaillé qui traite de la non inspiration des
apocryphes; mais on peut lire avec intérêt quelques mots de M. Hævernick à ce
sujet, dans les Mél. de théol, réformée, par Hævernick et Steiger, p. 214-222.
Le Nouveau Testament a eu aussi ses Apocryphes; mais
les livres auxquels on a donné ce nom sont loin d'avoir acquis l'importance
historique des Apocryphes de l'Ancien Testament. Il ne paraît pas que l'Église
chrétienne ait jamais hésité sur la formation de son Canon. À aucune époque,
aucun écrit humain n'est venu s'adjoindre au recueil des écrits sacrés. À la
vérité, certaines sectes, assez mal connues d'ailleurs, ont essayé de modifier
la collection évangélique à leur point de vue, mais ces tentatives ont avorté
devant l'opinion générale, et il en reste à peine quelques traces, encore
sont-elles contestables et contestées.
On croit, par exemple, que les Évangiles des
Égyptiens, des Hébreux, de Marcion, n'étaient que des reproductions altérées
des Évangiles canoniques, et l'on suppose que chacun de nos quatre Évangiles a
dû être plus ou moins corrompu au profit des tendances diverses qui se
partageaient l'Église primitive, tendances dont les germes se trouvaient dans
les écrits sacrés eux-mêmes. La disparition prompte et presque totale de ces
altérations, atteste à la fois la rectitude du sens chrétien, l'autorité de la
tradition générale, et la pureté du Canon dans l'Église primitive.
À côté de ces écrits se placèrent d'autres livres. Les
uns avaient uniquement en vue l'édification, comme le célèbre Pasteur d'Hermas
qui est cité avec respect et entouré d'une sorte d'autorité morale. Les autres,
dictés par l'imagination, avaient pour but de suppléer aux lacunes du Nouveau
Testament sur la vie de Jésus, et de fournir une pâture à la curiosité avide
des âmes pieuses. Tels sont le Protévangile de Jacques, les Évangiles de Marie,
de l'enfance, de Thomas, de Nicodème, etc. M. Cellérier a fait entre ces
derniers écrits et les Évangiles inspirés un parallèle intéressant. (Origine du
Nouveau Testament p. 174-215) Une de ses remarques est assez importante pour
être rappelée ici. «Ces Apocryphes ne sont point l'ouvrage d'imposteurs
individuels, mais le résultat de l'imagination, des opinions, des préjugés du temps,
l'ouvrage successif et en quelque sorte national des compatriotes ou des
contemporains du Sauveur. On y voit, en d'autres termes, de quoi nos Évangiles
eussent été infailliblement remplis s'ils n'eussent été divins... Pour traduire
la chose en langue scientifique, ces écrits sont des mythes, et nos Évangiles,
s'ils se fussent formés de la même manière, ne leur seraient pas supérieurs.»
M. Cellérier avait à l'avance et en deux mots, réfuté le fameux système de
Strauss.
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APOLLONIE.
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Il y avait une ville de ce nom en Illyrie, et une
autre au nord du pays de Canaan; mais celle dont il est fait mention Actes
17:1, était une ville de Macédoine, fondée par-les Corinthiens, à 36 milles
romains (62 kilomètres), sud-ouest de Thessalonique, et qui n'est guère connue
que par la circonstance que César-Auguste y étudia la langue grecque;
(aujourd'hui Paleo-Chori).
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APOLLOS,
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Juif d'Alexandrie, qui arriva à Éphèse dans le temps
même où Paul entreprenait son troisième voyage à Jérusalem. C'était un homme
éloquent, et profondément versé dans les Écritures. Quoiqu'il ne connût encore
que le baptême de Jean, il enseignait avec chaleur les choses qui regardaient
le Seigneur Jésus. Aquilas et Priscille l'ayant entendu prêcher avec hardiesse
dans la synagogue, le prirent chez eux et l'instruisirent plus à fond de la
doctrine chrétienne. Il partit d'Éphèse pour l'Achaïe, muni de lettres de
recommandations, et il fut très utile aux nouveaux convertis en les
affermissant dans la foi. De Corinthe il se rendit dans l'île de Crète avec
Zénas; puis à Éphèse, où il était lorsque Paul écrivait sa première lettre aux
Corinthiens, Actes 18:24; 19:1; 1 Corinthiens 16:12; Tite 3:13.
— Quelques personnes pensent que la prédication
d'Apollos à Corinthe y avait occasionné le schisme dont saint Paul fait mention
dans sa première épître; mais d'autres, et cette opinion paraît plus vraisemblable,
croient que Paul emploie les noms d'Apollos et de Céphas par ménagement pour
les vrais auteurs du schisme, pour généraliser ses observations et pour rendre
ses raisonnements d'autant plus concluants, 1 Corinthiens 1:12; 3:4,6; 4:6.
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APOLLYON,
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— Voir: Abaddon.
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APOSTOLAT,
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mission, charge d'apôtre, 1 Corinthiens 9:1-2; 2
Corinthiens 12:12. Il paraîtrait, d'après ces passages, que pour être capables
d'exercer l'apostolat dans le sens spécial du mot, il fallait avoir vu notre
Seigneur Jésus-Christ, être autorisé par lui à rassembler en tous lieux son
Église, et se rendre recommandable par une grande patience, des signes, des
prodiges et des miracles: quelques-uns y ajoutent même l'infaillibilité
d'enseignement, et le don de communiquer le Saint-Esprit par l'imposition des
mains, Actes 8:17. Nous laissons à la dogmatique ce qui lui appartient, le
droit de discuter en détail et à fond les questions si graves qui se rapportent
à l'apostolat, à la manière dont il était transféré, aux caractères qui le
constituaient, aux signes auxquels on le reconnaissait, à son exclusisme et à
la possibilité ou l'impossibilité de voir cette charge se prolonger au-delà du
siècle dit apostolique. Nous nous bornerons à quelques observations. Le passage
Galates 2:14, semble prouver que l'infaillibilité n'était pas un des caractères
immuables de la charge d'apôtre, et l'on ne peut douter que lorsque Simon
Pierre «ne marchait pas de droit pied selon la vérité de l'Évangile», son
enseignement ne s'en ressentît d'une manière fâcheuse. En outre, il n'est point
dit 1 Corinthiens 9:1-2, qu'il fallût avoir vu le Seigneur pour être apôtre:
c'est en passant que saint Paul dit: «N'ai-je pas vu notre Seigneur
Jésus-Christ!» tout comme il dit au même verset: «Ne suis-je pas libre?» sans
que cela entraîne le moins du monde, pour l'apôtre, l'obligation d'être libre
ou de se démettre de sa charge s'il vient à perdre sa liberté. Le Nouveau
Testament ne nous donne aucune règle bien précise sur les conditions
d'admission dans le corps apostolique: nous y voyons entrer, outre les douze,
Matthias, Actes 1:26; saint Paul, 1 Corinthiens 9:1; Barnabas, Actes 14:14;
Andronique et Junias, Romains 16:7; Épaphrodite, Philippiens 2:25. (dans
l'original) et d'autres. Notre Sauveur lui-même est appelé dans l'Épître aux
Hébreux 3:1, l'apôtre et le souverain sacrificateur de notre profession. Ce qui
est sur, c'est que cette charge sacrée se manifestait d'une manière sensible,
de telle sorte que les chrétiens ne pussent s'y tromper; et pour exprimer cette
pensée encore plus clairement, il paraît qu'en général 2 Corinthiens 12:12, on
reconnaissait un apôtre à ses œuvres plutôt qu'au mode de sa nomination. C'est
du moins le principe duquel saint Paul semble partir toutes les fois qu'il
aborde ce genre de sujets.
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APÔTRE
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(f, l'art précédent) missionnaire, messager, envoyé.
On désigne spécialement sous ce nom les douze disciples que notre Seigneur
chargea d'une façon particulière de fonder son Église. Après sa résurrection,
il les envoya prêcher l'Évangile et baptiser; et non seulement il leur donna le
pouvoir de faire des miracles, mais encore il voulut qu'ils pussent conférer ce
pouvoir à d'autres. Leurs noms se trouvent Matthieu 10:2; Marc 3:16; Luc 6:14;
Actes 1:13. L'ordre dans lequel ils sont nommés paraît arbitraire. Quelques-uns
ont cru qu'ils étaient rangés suivant l'ordre dans lequel ils furent appelés;
mais il paraît d'après Jean 1:40, qu'André fut le premier qui reçut vocation,
tandis qu'il n'est nommé que le second dans Matthieu, le cinquième dans Marc.
D'autres ont cru y voir l'établissement d'une espèce de hiérarchie commençant
par Pierre et finissant par Judas lscariot; mais, s'il y a peut-être quelque
chose de vrai dans les extrêmes, il n'en est pas de même pour les
intermédiaires, et la preuve en est dans le fait que l'ordre n'est pas le même
dans les quatre catalogues qui nous en sont donnés. Quant à Judas lscariot, il
va sans dire qu'on ne pouvait lui donner d'autre place que la dernière; il n'y
a pas besoin de supposer une hiérarchie pour cela.
— Cinq d'entre eux nous ont laissé des écrits,
Matthieu, Jean, Pierre, Jacques le Mineur et Jude. Nous les retrouverons, du
reste, à leur article spécial.
Soulignons que le
ministère d’apôtre n’est plus en vigueur de nos jours, il était désigné
uniquement pour l’enfance de l’Église, une fois le but accompli il a cessé avec
tous les dons miraculeux qui lui étaient propre.
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APPEL.
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«J'en appelle à César», dit saint Paul, Actes 25:11.
Tout citoyen romain avait le droit d'en appeler des gouverneurs de province à
l'empereur lui-même. Pline, dans une de ses lettres à Trajan, dit qu'il avait
pour habitude et pour système d'envoyer à Rome les citoyens romains qu'on lui
déférait pour cause d'attachement au christianisme.
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APPIE ou Apphie.
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Philémon 2. Probablement la femme de Philémon; on
croit qu'elle souffrit le martyre avec son mari.
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APPIUS,
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consul romain (303 avant J.-C.) qui avait fait
construire la ville connue sous le nom de Marché d'Appius (— Voir: Forum). Il
avait aussi fait tracer une route qui porte son nom, la Voie Appienne.
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AQUILAS,
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Juif né dans le Pont et fabricant de tentes. Sa femme
(Prisca ou Priscilla) et lui furent de très bonne heure convertis au
christianisme; peut-être le furent-ils par le discours de Pierre à la
Pentecôte. Après avoir résidé quelque temps à Rome, occupés sans doute à faire
des tentes pour l'armée d'Italie, ils durent quitter la capitale, comme tous
les Juifs, bannis par l'édit de Claude, et vinrent se fixer à Corinthe, Actes 18:2.
Ils continuèrent d'y exercer leur industrie, et plus d'un Juif, plus d'un Grec,
plus d'un soldat romain, logèrent sous des tentes qu'un des ouvriers d'Aquilas,
un nommé Saul, apôtre des gentils, avait fabriquées de ses mains. Saint Paul
cependant quitta bientôt la maison d'Aquilas, et alla, peut-être pour complaire
aux chrétiens d'entre les gentils, peut-être pour être plus près du lieu des
réunions et parce que ses devoirs pastoraux se multipliaient, habiter auprès de
Juste, païen converti, dont la maison était voisine de la synagogue. Au bout de
quelque temps, lorsque Paul s'embarqua pour la Syrie, Aquilas et Priscille
partirent avec lui et l'accompagnèrent à Éphèse: c'est probablement là, dans
l'émeute de Démétrius, 19:24, qu'ils exposèrent leur vie pour lui, Romains
16:4; c'est encore là qu'ils instruisirent Apollos dans la voie du Sauveur et
dans le baptême de Jésus, lui qui ne connaissait encore que le baptême de Jean.
Plus tard, ils retournèrent à Rome, où il paraît que l'édit de Claude était
tombé en désuétude, et nous voyons leur maison servir d'église à quelques
fidèles de la ville. Ils sont en tête de ceux auxquels saint Paul adresse des
salutations dans sa lettre aux Romains. Enfin ils revinrent en Asie et se
fixèrent de nouveau à Éphèse ou dans les environs: c'est là que nous les
trouvons pour la dernière fois. L'amitié qui les unit au grand apôtre ne se
démentit jamais, et Paul pressentant son prochain supplice, les mentionne
encore les premiers dans sa lettre testamentaire, lorsqu'il charge Timothée de
saluer les frères qui l'entourent, 2 Timothée 4:19.
Quelques auteurs, poussés par des principes ou
scrupules dogmatiques, attribuent à Aquilas, et non à saint Paul, le vœu dont
il est question. Actes 18:18; mais le contexte de la phrase ne permet pas cette
interprétation. C'est de Paul, et non point d'Aquilas, qu'il s'agit; c'est Paul
qui fait le voyage, et ses amis ne sont nommés qu'en passant. D'ailleurs
l'ensemble des principes et de la conduite de Paul nous prouve que cet apôtre,
si large avec les païens, ne laissait pas d'être encore Juif pour les Juifs, et
qu'il avait conservé de l'ancien culte quelques rites, quelques cérémonies
pieuses auxquelles il était toujours attaché.
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ARABIE,
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vaste contrée de l'Asie, à l'est et principalement au
sud du pays de Canaan. Sa plus grande longueur d'orient en occident est
d'environ 3,000 kilomètres, et du nord au midi de 2,500. Dans sa partie
septentrionale, à l'est de Canaan, l'Arabie n'a pas, à beaucoup près, la moitié
de ces dimensions. On évalue sa surface à cinq ou six fois celle de la France;
elle est bornée au sud par l'Océan indien, à l'ouest par la mer Rouge et
l'isthme de Suez, au nord-ouest et au nord par le pays de Canaan et par la
Syrie, à l'est par les montagnes de la Caldée et le golfe Persique. On la
divise communément en trois parties:
1. L'Arabie
Pétrée ou rocheuse, au nord-ouest. C'est maintenant la province d'Hedjaz: on y
trouve au sud-ouest les villes fameuses de La Mecque et de Médine, lieux de
pèlerinages chers aux mahométans. Cette contrée se divisait autrefois en pays
d'Édom, désert de Paran, pays de Cusan, etc., et il semble qu'on lui ait donné
le nom d'Arabie soit parce qu'elle est à l'occident de l'Asie, soit à cause du
mélange, à cause de la variété des tribus qui l'habitaient, soit enfin à cause
de la stérilité du pays, le mot Arabie pouvant signifier ces trois choses.
— On y trouvait Guérar, Kadès-Barné, Lakis, Béersébah
et le mont Sinaï.
2. L'Arabie
Déserte, en partie au sud de l'Arabie rocheuse, en partie s'étendant à l'est de
Canaan, comprenait les pays de Hammon, de Moab, de Madian, la contrée des
Ituréens, celle des Hagaréniens, et probablement aussi le pays de Huz: c'est là
qu'on trouve surtout ces affreux déserts qui font avec leurs caravanes légères
la réputation de l'Arabie; des hordes sauvages et quelques bêtes féroces, moins
redoutables pour les voyageurs, en sont les seuls habitants.
3. L'Arabie
Heureuse, au sud des deux premières; contrée délicieuse et fertile, riche en
parfums de toutes espèces. Selon quelques auteurs, la reine de Séba, aurait
étendu sa domination jusque-là.
Toutefois, et malgré tout ce qu'il peut y avoir de
tranché dans les différences qui séparent ces trois grandes provinces, elles ne
forment effectivement qu'un seul tout, un même pays, avec de fortes nuances,
mais avec une unité plus forte encore, et des caractères communs qui ne
permettent pas de les séparer. Le climat en est sec et chaud, l'ardent Simoun y
souffle presque continuellement, les nuits y sont fraîches, les sources rares,
les rivières peu abondantes, les montagnes nombreuses mais sans végétation;
quelques eaux souterraines, conduites avec art, et conservées avec soin par les
Arabes, donnent une grande fertilité aux oasis clairsemées dans les déserts. On
pêche les plus belles perles sur les côtes méridionales du golfe Persique. Le
climat, généralement salubre, rend cependant les ophthalmies fréquentes et
dangereuses. Des lions, des chacals, des hyènes, des panthères, des léopards
sont la plaie des troupeaux; les sauterelles sont la plaie des lieux herbeux et
des oasis; l'autruche nourrit quelquefois de ses œufs les voyageurs ou les
Bédouins. Le millet et les dattes sont la principale ressource contre la faim.
Les caféiers, l'aloès, l'acacia-gommier, l'encens, la manne, la myrrhe et le
séné se trouvent en abondance au midi du désert et sur les côtes. Les moutons
que l'Arabe nomade fait paître dans les plaines du Nedjed près de l'Yémen et
jusqu'à l'Euphrate, donnent leur lait et leur viande à ceux qui ne vivent pas
de pillage. Les chevaux arabes sont célèbres par leur beauté et la rapidité de
leur course; ils ont leurs généalogies, leurs titres de noblesse, leur histoire
et leurs rivalités. Enfin le chameau, la merveille du désert, l'idole de ses
maîtres, et le chef-d'œuvre de la création pour ces peuples abandonnés, leur
tient lieu de vaisseau pour traverser les sables; son poil les habille, son
lait et sa chair les nourrit; sa compagnie les charme, il aime la musique, il
dresse la tête au son du fifre ou du tambour; chargé de masses pesantes il fuit
avec la rapidité de la flèche, et transporte, sans se fatiguer, des familles,
des marchandises, ou des guerriers, ne demandant qu'une poignée de farine
toutes les vingt-quatre heures, et une source tous les huit jours; sa fiente
même sert à l'Arabe, et remplace le bois si rare et si coûteux. Enfin, près de
périr de soif au milieu des sables et des rochers, le maître tue son serviteur
et trouve encore, dans ses quatre estomacs, une source qui le rend à
l'existence. C'est ainsi que, par sa sobriété, son courage et ses nombreux
services, le chameau se fait pardonner sa laideur, et l'Arabe l'aime à l'égal
de ses nobles coursiers.
L'Arabe est passionné de la liberté; son gouvernement
est patriarcal, jamais il n'en a voulu d'autre, on n'a pu l'asservir. Mais les
querelles des tribus sont quelquefois sanglantes. Brigands entre eux, et
barbares pour les étrangers, ils sont hospitaliers pour celui qui vient
réclamer leur tente et leur pain mal cuit: leur ennemi le plus cruel peut
dormir en paix si quelque circonstance fortuite l'a amené sous le toit de celui
qui le hait; mais la vengeance relève la tête aussitôt que l'hôte est sorti de
la maison.
L'Arabie heureuse doit avoir été peuplée
essentiellement par la nombreuse famille de Joktam, descendant de Sem; les deux
autres Arabies furent d'abord habitées par les Réphaïms, les Émims, les
Zamzummims, les Hamalécites, les Horites, et autres descendants de Cus, l'aîné
des fils de Cam. Les Cusites en furent insensiblement dépossédés par la
postérité de Nacor, Lot et Abraham. Ismaël s'établit d'abord dans l'Hedjaz, et
fonda les douze puissantes tribus des Nabathéens, des Kédaréens, etc., Genèse
25:13-15, qui s'étendirent peu à peu de manière à occuper tout au moins les
contrées septentrionales du pays: les restes des Uzites, des Buzites, des
Hammonites, des Moabites, des Madianites, etc., s'incorporèrent à eux plus
tard.
Les anciens Arabes étaient adonnés à une grossière
idolâtrie: ils adoraient le soleil, la lune, les étoiles, et un grand nombre
d'anges et d'hommes qui, selon eux, s'étaient illustrés; ils rendaient même un
culte à de grandes pierres qui, dans l'origine, ne marquaient autre chose que
les emplacements où leurs ancêtres avaient servi le vrai Dieu, Genèse 28:18.
Les Perses introduisirent parmi eux la religion des mages, et les Juifs qui
fuyaient la fureur des Romains, firent plus tard, chez les Arabes, grand nombre
de prosélytes. Paul prêcha l'Évangile en Arabie, Galates 1:17, et l'on assure
que dix tribus embrassèrent la foi chrétienne dans le siècle des apôtres ou
dans le suivant. Mais depuis Mahomet, c'est-à-dire depuis 630 environ, les
Arabes ont généralement adhéré à l'islamisme.
— Voir: Ismaël.
— Torrent des Arabes.
— Voir: Saules.
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ARAIGNÉE.
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La toile de cet animal sert à marquer, Job 8:14,
combien est vaine et fragile la confiance de celui qui oublie le Dieu fort.
Ésaïe lui compare aussi les œuvres du méchant, 59:5.
— Quelques versions traduisent à tort le mot teigne,
Job 27:18, par araignée; et dans le passage, Proverbes 30:28, il ne s'agit pas
de l'araignée non plus, ainsi que nos versions le portent, mais d'une espèce de
lézards, peut-être venimeux, qui se trouvent en abondance dans les maisons,
même dans les plus belles, et qui se nourrissent de mouches et d'autres
insectes.
— Voir: Bochart, Hiéroz. II, 491.
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ARAM.
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1. Genèse
10:22 Un des enfants de Sem. C'est le nom que la Bible donne ordinairement à la
Syrie, mais il prend quelquefois une signification plus étendue: les
descendants d'Aram occupèrent non seulement la Syrie, mais encore les contrées
qui sont à l'orient jusqu'au-delà de l'Euphrate, dans la Mésopotamie, que la
Bible appelle Aram-Naharajim, Genèse 24:10 (dans l'hébreu), ou Paddan Aram,
25:20, ou encore Paddan tout simplement, 48:7. Parmi les différentes peuplades
ou tribus du pays d'Aram, nous remarquons l'Aram de Damas, 2 Samuel 8:6,
Mahaca, 1 Chroniques 19:6, la Syrie de Tsoba, 2 Samuel 10:8, Guésur, 2 Samuel
15:8, la Syrie de Beth-Réhob, 2 Samuel 10:6. C'est probablement encore dans la
même contrée qu'il faut chercher Hul, Genèse 10:23. La Syrie de Tsoba fut, sous
Saül et David, le plus puissant des États araméens.
— Voir: Hadadéser: sous Salomon ce fut Damas.
q.v. Quelques autres villes semblent avoir été situées
en Syrie, sans cependant qu'elles soient nommées araméennes, telles que Hamath,
Helbon, Ribla, Bethéden, Thadmor, etc., qu'on trouvera en leur lieu et place.
— On peut remarquer qu'Homère, Hésiode et Strabon
donnent aux Syriens le nom d'Araméens.
2. Fils
de Cémuel, et petit-fils de Na-cor, frère d'Abraham, Genèse 22:21. C'est lui qui,
d'après quelques auteurs, aurait été le père des Syriens; mais cela paraît peu
probable, car, du vivant d'Abraham déjà, le nom d'Aram est le nom d'un peuple
nombreux, Genèse 24:10; 25:20, dont l'origine doit par conséquent remonter bien
plus haut. Il est possible cependant que la postérité de cet Aram se soit
confondue plus tard avec celle du fils de Sem, et qu'il ait donné son nom à
l'une des nombreuses peuplades de la Syrie.
3. Aram
ou Ram, Ruth, 4:19; 1 Chroniques 2:10, père d'Aminadab, et arrière-petit-fils
de Juda; un des ancêtres de notre Sauveur. Matthieu 1:3; Luc 3:33. Du reste,
inconnu.
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ARARAT,
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pays d'Asie, Ésaïe 37:38; 2 Rois 19:37; Jérémie 51:27,
probablement une province de l'Arménie, extrêmement fertile, située entre le
fleuve Araxès et les lacs Van et Ormias. C'est aussi le nom de la montagne sur
laquelle l'arche s'arrêta, Genèse 8:4. Elle se trouve à l'extrémité d'une vaste
plaine, à l'est d'Érivan, et ressemble à un pain de sucre; sa hauteur est de
plus de 4,000 mètres; le voyageur Parrot qui doit en avoir fait l'ascension en
1829, lui donne 16,200 pieds, environ 1,500 pieds de plus qu'au Mont-Blanc. Sa
hauteur est évaluée, par l'Edinburgh Gazelteer, à 9,500 pieds; par Stieler
(édition de 1839), à 16,100; par d'autres, à 10, 11, 12, et 12,700. Rien de
plus incertain. On y trouve les traces d'un volcan éteint. La montagne conserve
encore aujourd'hui le nom d'Ararat, et l'on rencontre partout des traditions de
la descente de l'arche. Les Perses l'appellent Kuhi Nuach, montagne de Noé; au
pied se trouve un village nommé Tamanim (les huit) chiffre qui rappelle la
famille de Noé sauvée dans l'arche, et selon El-Matzim (Hist. Saracenorum) ce
serait Noé lui-même qui l'aurait construit.
— L'Ararat est couvert de neiges et de glaces
éternelles; son sommet est ordinairement enveloppé de nuages.
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ARAUNA, ou Ornan,
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2 Samuel 24:16-25, ou Ornan, 1 Chroniques 21:15,
Jébusien; il possédait en Morijah une aire à battre le blé. Quand David eut vu
l'ange de l'Éternel qui volait au-dessus de Jérusalem pour en détruire les
habitants à cause du dénombrement qu'il avait fait faire dans son orgueil, il apprit
de Cad le prophète qu'il devait élever un autel et offrir un sacrifice à
l'Éternel dans l'aire d'Arauna, que Dieu lui-même avait désignée. Le pieux
Jébusien, qui se cachait avec ses fils de devant la colère de l'Éternel, n'eut
pas plutôt appris ce que David demandait, qu'il lui offrit en pur don, et
l'aire, et le bois nécessaire pour le sacrifice, et même des bœufs pour servir
de victimes. Non, dit le roi, je n'offrirai point à l'Éternel, mon Dieu, des
holocaustes qui ne me coûtent rien; et il refusa d'aller plus avant, aussi
longtemps que le prix ne serait pas déterminé. Arauna vendit donc l'aire à
David, qui, pour les bœufs, lui donna 50 sicles d'argent (165 fr., 50 c.) et
pour le fonds de terre où l'aire était située, environ 600 sicles d'or, 23,844
fr. David offrit son sacrifice, et la plaie s'arrêta.
— Voir: Jébusiens.
Quant à Arauna lui-même, il parait qu'il était entré
de cœur dans le sein de l'Église et de, la nation juive, quoique Cananéen
d'origine, et il se montre bien digne, par son désintéressement et sa
générosité, de l'honneur que Dieu lui fit en choisissant son .domaine pour en
faire le théâtre de sa miséricorde envers les Juifs.
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ARRAH,
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inconnu; probablement un des plus célèbres d'entre les
enfants de Hanak. Il fonda la ville qui porte son nom, Kiriath-Arbah, ville
d'Arbah, Josué 15:13, laquelle reçut plus tard le nom d'Hébron: c'est tout ce
que nous savons de lui.
— Voir: Hébron. Géants.
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ARBÉ,
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Lévitique 11:22.
— Voir: Sauterelles.
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ARBRE.
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Les principaux arbres dont l'Écriture fasse mention sont
le sittim (acacia), le cèdre, le châtaigner, le cyprès, l'algummim, le chêne,
le tilleul, le frêne, l'orme, le buis, le sapin, l'olivier, le pommier, le
grenadier, le figuier, le sycomore, le mûrier, l'amandier: nous les
retrouverons à leur lettre.
— Voir: encore l'article Plantes.
Le Paradis renfermait toutes sortes d'arbres agréables
et utiles, dont les plus remarquables était l'arbre de la connaissance du bien
et du mal, et l'arbre de Vie. Le premier était ainsi nommé parce qu'il était
destiné à éprouver l'obéissance d'Adam, et parce qu'en mangeant de son fruit,
l'homme devait apprendre à connaître la différence entre le bien et le mal. Les
fruits du second étaient peut-être le moyen naturel dont Dieu voulait se servir
pour conserver intactes les forces physiques d'Adam s'il fût demeuré dans
l'obéissance; on ne peut douter du moins qu'il ne fût le signe de l'alliance de
Dieu avec notre premier père, comme l'arc-en-ciel le fut pour Noé, la
circoncision pour Abraham, et le baptême poulies fidèles, Christ étant l'arbre
de vie pour ceux qui croient en lui. Mais après la chute, et l'homme étant
maudit, l'arbre de l'immortalité n'était plus qu'un malheur pour Adam, et le
gage de malédictions éternelles: aussi Dieu lui en interdit l'usage et
l'éloigna du Paradis. Dieu lui promit ainsi la mort, qui devait être la fin de
ses souffrances, en même temps qu'il lui annonça la bonne nouvelle d'un fils
qui naîtrait de sa femme, et qui triompherait du serpent.
Quant à la nature de ces deux arbres, il est
impossible de rien avancer de sûr; les hypothèses n'ont pas manqué, mais ce ne
sont que des hypothèses plus ou moins hasardées. Nous sommes ici vis-à-vis de
mystères, et toutes les questions sur le pourquoi et le comment ne serviront à
rien, et sont de trop. Ce que Dieu n'a pas voulu révéler, nous n'avons pas
besoin de le savoir.
L'agriculture devant être une des principales
occupations des Hébreux, les arbres fruitiers avaient été dans la loi l'objet
de divers dispositions (— Voir: fruits), dont une des plus remarquables était
la défense faite aux Israélites de gâter ou détruire les arbres fruitiers des
villes ennemies dont ils faisaient le siège. Deutéronome 20:19.
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ARC,
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instrument de guerre, bien connu. Il consiste en une
branche de corne, de bois ou d'acier, qui, fortement ployée au moyen d'une
corde attachée à ses deux extrémités, repousse avec force en reprenant sa
première position la flèche placée sur la corde tendue. C'est une des plus
anciennes armes dont on ait fait usage, et on la retrouve chez les peuples les
plus barbares. Ismaël était déjà grand tireur d'arc, Genèse 21:20. Cependant
c'est des Philistins que les Hébreux paraissent avoir appris l'usage de cette
arme pour la guerre, mais ils ne s'en servirent guère que jusqu'aux temps de
David; cf. Genèse 27:3; 1 Samuel 31:3; 1 Rois 22:34; 2 Rois 13:45, etc. Le roi
Hosias en avait rempli ses arsenaux, 2 Chroniques 26:14. On y joignait souvent
l'épée, Genèse 48:22; 1 Samuel 18:4.
— Le mot arc est pris quelquefois dans un sens plus
général, pour armes. Psaumes 44:7.
— Jérémie, pour annoncer que la puissance d'un peuple
sera anéantie, dit que Dieu brisera son arc, 49:35, cf. Osée 1:5; et le
prophète Osée compare à un arc qui trompe les Israélites qui, au lieu de
prendre l'Éternel pour leur but, s'en sont détournés pour se diriger ailleurs.
— Arc-en-ciel, phénomène de la décomposition des
rayons du soleil par les nuages qui jouent dans ce cas le même rôle que le
prisme. Il en est parlé pour la première fois, Genèse 9:13, lorsque Noé sortit
de l'arche. Il est inutile d'examiner si la pluie existait ou non avant le
déluge, et si par conséquent l'arc-en-ciel ne fut qu'un symbole, un signe
choisi parmi les choses existantes, ou s'il fut en quelque sorte une garantie
physique donnée à Noé, prouvant que l'organisation actuelle de l'atmosphère ne
permettra plus un déluge nouveau. Le chrétien ne peut regarder l'arc-en-ciel
sans un sentiment de gratitude envers Dieu, et sans se rappeler que Dieu lui
renouvelle l'assurance de sa grâce et de sa miséricorde aussi souvent qu'il
fait paraître dans les airs ce brillant phénomène. C'est nous qui connaissons
vraiment le message de la paix, et qui pouvons à plus juste titre que les
païens appeler l'arc-en-ciel Iris deorum nuntia.
— Arc de triomphe; c'est ainsi que la Vulgate entend
le passage, 1 Samuel 15:12, où il est dit que Saül après la défaite des
Hamalécites se lit ériger un monument. L'hébreu porte une main: ce fut
peut-être une colonne, peut-être un simple monceau de pierre; il ne saurait
être question d'un arc de triomphe.
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ARCHANGE.
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Ce mot ne se rencontre que deux fois dans l'Écriture,
1 Thessaloniciens 4:16. Jude 9, et il signifie proprement prince, chef des
anges. Il n'est jamais parlé que d'un seul archange; l'apôtre Jude le nomme
Michel, nom qui se trouve déjà dans Daniel 12:1. (Micaël), et deux fois dans
l'Apocalypse, et qui signifie image de l'Éternel. Quelques-uns supposent
l'existence de plusieurs archanges, Gabriel, Raphaël, Uriel (la tradition juive
en compte sept); mais ils ne s'appuient sur aucun fait ni passage. Il paraît
beaucoup plus probable qu'il n'y en a qu'un seul qui est Christ lui-même. On
dérive ordinairement le nom d'archange du livre de Daniel, où Micaël est appelé
grand chef, et les rationalistes prétendent que les Juifs ont reçu cette
croyance des Caldéens; mais, sans nier que les Juifs envisagés comme peuple,
aient hérité des Caldéens quelques erreurs et quelques superstitions, nous
devons rejeter cette hypothèse pour ce qui regarde les auteurs bibliques; et
quant au nom de grand chef que Daniel emploie, nous le trouvons déjà chez
Josué, qui pour sur ne le tenait pas des Caldéens, sous une forme encore plus
développée, 5:13-14; c'est l'ange de l'Éternel qui porte ce nom, et qui se dit
être le chef de l'armée de l'Éternel,
— Voir: Micaël.
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ARCHE,
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1. de
Noé: c'est le vaisseau qui sauva ce patriarche et sa famille des eaux du
déluge. Il porte en hébreu le même nom que celui qui est donné au coffret de
jonc dans lequel Moïse fut placé par sa mère, Exode 2:3. On croit généralement
que Noé mit cent-vingt ans à construire l'arche, et qu'il y employa beaucoup
d'ouvriers; cependant c'est une erreur qui provient sans doute de Genèse 6:3.
Noé avait six cents ans quand le déluge vint sur la terre 7:6. Cent ans
auparavant, à l'âge de cinq cents ans, il n'avait pas encore d'enfant, 5:32;
or, quand Dieu lui ordonna de construire l'arche, il avait déjà trois fils, et
tous les trois mariés, ce qui suppose déjà, pour le temps d'alors, un âge assez
avancé, soixante à quatre-vingts ans, ou même davantage. Il n'y mit donc qu'une
vingtaine d'années tout au plus, et peut-être deux ou trois seulement;
d'ailleurs il n'est pas nécessaire de supposer un si long espace de temps, et
Dieu fut le principal architecte de l'arche dont Noé ne fut que l'ouvrier en
chef.
La forme de ce bâtiment était un grand carré long,
avec un fond plat, et un toit légèrement incliné; il n'avait ni voiles ni
cordages, et ses deux extrémités n'étaient point taillées de manière à fendre
les eaux; l'arche n'était point faite pour voguer, mais pour flotter seulement,
et pour surnager, et sa disposition offrait la plus grande résistance possible
aux courants et à l'agitation des eaux; elle n'aurait pu que très difficilement
se voir entraînée dans les mers, il ne faut pas oublier que l'Éternel lui-même
s'était chargé d'en être le pilote.
L'arche avait 300 coudées de long, 50 de large, et 30
de haut, c'est-à-dire environ 162 mètres de long, 27 de large, et 16m,20 de
haut, soit plus de 70,000 m, cubes; en sorte qu'elle était calculée de manière
à pouvoir porter plus de 80,000 tonneaux, soit 80,000,000 kilogrammes.
Elle était divisée en trois étages, le fond de comble
non compris, chacun desquels, déduction faite des planchers, devait avoir 4 à 5
mètres de hauteur, et se distribuait sans doute en un grand nombre de loges et
de compartiments. Il est à présumer aussi que ce bâtiment était construit de
manière à recevoir du jour et de l'air par les côtés, et qu'il y avait
par-dessus le toit quelque grande couverture en peau, qui, s'abattant par
devant les croisées, empêchait l'entrée de la pluie; mais cette circonstance,
comme tant d'autres qui regardent le détail de la construction, peut avoir été
passée sous silence. Ce serait en écartant cette espèce de contrevent que Noé
aurait reconnu la fin du déluge, 8:13.
Le grand cheval de bataille des incrédules contre
cette histoire miraculeuse, c'est l'impossibilité prétendue de loger dans
l'arche un aussi grand nombre d'animaux. Pour rendre l'objection plus forte, il
n'y a qu'à faire l'arche aussi petite, et le nombre des animaux aussi grand que
possible; mais il y a des limites à tout, même à la valeur des objections.
L'arche était un édifice immense, et tel qu'il n'y a guère de grand temple en
Europe qui présente une masse à lui comparer. Quant aux animaux, il est sûr,
puisque Dieu se proposait simplement d'en conserver les espèces différentes,
qu'il n'aura pas fait entrer dans l'arche des subdivisions de ces espèces,
provenant de croisements successifs, mais seulement les espèces primitives et
principales. Or, si l'on porte à 130 ou 140 le nombre des espèces bien
tranchées de quadrupèdes qui vivent sur la terre, à 160 celui des oiseaux, et à
30 ou 40 celui des reptiles qui n'ont pu se réfugier sous le sol et y demeurer
dans un état d'engourdissement, comme cela peut avoir eu lieu pour les
serpents, l'arche se trouverait avoir été plus que suffisante pour contenir
tous les animaux qui durent y entrer, avec la nourriture nécessaire à tous
pendant une année. D'ailleurs, s'il y a de gros animaux, il ne sont pas tous
gros: on n'en connaît que six espèces plus grandes que le cheval; il y en a peu
qui soient aussi grandes, et il y en a un fort grand nombre qui sont au-dessous
de la brebis. Le premier étage à lui seul aurait reçu tous les quadrupèdes; au
second aurait été leur nourriture; et le troisième présente assez d'espace pour
loger les oiseaux et les reptiles, puis Noé et sa famille avec les provisions
nécessaires. Des calculs très détaillés et très exacts ont amené là-dessus les
résultats les plus satisfaisants, qu'il n'est pas difficile de vérifier. En
outre, la position particulière et tout exceptionnelle où se trouvaient les
animaux, aura influé sur leurs rapports entre eux (rapports du reste que nous
ne connaissons pas pour les temps antédiluviens), comme aussi sur leurs
rapports avec l'homme, de manière à faciliter beaucoup les soins qu'on était
obligé de leur donner. On objecte de même souvent, qu'à cette époque peu
avancée de l'industrie, il était presque impossible de construire un bâtiment
d'une telle grandeur, et de le mettre en état de résister aux vagues de l'Océan
universel. Mais l'antiquité tout entière, même la plus reculée, a pris soin de
répondre à cette objection. L'industrie s'est développée bien longtemps avant
le commerce, presque en même temps que l'agriculture, et nous possédons dans
les pyramides, et dans les ruines les plus anciennes des pays classiques, le
témoignage irréfutable d'un vaste esprit d'entreprises, et d'une connaissance
étonnante et profonde de la mécanique et des autres arts, chez les hommes des
siècles passés. Le grand temple de l'Inde percé dans une montagne, et le mur de
la Chine, sont d'ailleurs des travaux bien autrement gigantesques, et Dieu n'en
a pas été l'architecte et l'ordonnateur, comme il le fut de l'arche destinée à
faire surnager ses huit sur le chaos et les débris d'un monde qui allait cesser
d'être.
L'arche fut faite de bois de gopher (q.v.), et Noé
l'enduisit de bitume. Après qu'elle eut vogué pendant cinq mois environ, elle
s'arrêta sur le mont Ararat en Arménie.
— Voir: Déluge.
— Sermons de Rochat, etc.
2. Arche
de l'alliance. Le mot hébreu que nos traductions rendent par Arche, Exode 37:1,
et ailleurs, n'est pas le même que celui qui désigne le vaisseau de Noé.
L'arche de l'alliance était un coffret de bois de sittim, d'environ 1m,62 de
longueur, large de 1m,08, et profond d'autant. Il était garni de plaques d'or
pur en dehors et en dedans; il avait en dehors une corniche également d'or, et
il était recouvert d'une table en or massif appelé le couvercle ou le
propitiatoire, sur lequel se tenaient deux chérubins. Ils étaient l'un
vis-à-vis de l'autre, regardant le propitiatoire qu'ils couvraient de leurs
ailes; c'est du milieu d'eux que l'Éternel rendait ses oracles, Exode 25:22;
Nombres 7:89; cf. 2 Rois 19:15; Psaumes 80:1, et qu'il manifestait visiblement
sa gloire et sa présence. Dans l'arche se trouvaient la cruche d'or avec la
manne, la verge d'Aaron qui avait fleuri, et les tables de l'alliance, Hébreux
9:4. Elle était placée dans le lieu très saint, et au grand jour des expiations,
le souverain sacrificateur venait et répandait sur le propitiatoire le sang des
victimes immolées. Il est facile de voir que ce coffret mystérieux était un
type de notre Seigneur Jésus-Christ: c'est lui qui a réellement magnifié la loi
de Dieu, tout en faisant propitiation pour nos péchés; il est notre alliance
avec le Saint des saints, et c'est en lui qu'a brillé toute la gloire du Père.
Maintenant qu'est-elle devenue, cette arche de
l'alliance? On n'en sait rien et l'on n'a pas besoin de le savoir, puisque la
présence de notre Dieu n'est plus attachée à aucune chose périssable, mais que
nous pouvons le trouver partout où nous sommes avec un cœur pur et des mains
nettes. Toutefois, voici quelques mots sur les traditions relatives au sort
final de cet ustensile sacré qui fut si longtemps, pour les Juifs, l'objet de
leur juste vénération. D'après 2 Maccabées 2:4; et sq., Jérémie aurait caché
l'arche dans une caverne de la montagne où Moïse était monté peu avant sa mort
(Pisga), afin que personne ne la pût trouver jusqu'au jour où le Seigneur
rassemblerait de nouveau son peuple. Théophylacte, Épiphane et le rabbin Joseph
Ben-Gorion racontent la même histoire, mais sur la foi de ce même témoignage,
de sorte qu'il n'y a qu'une seule source pour cette tradition. Toutefois, en
l'absence d'autres données, celle-là pourrait avoir quelque poids. La Bible
n'en dit plus rien. Lorsque Cyrus rendit à Esdras, Esdras 1:7, les vases que
Nébucadnetsar avait emportés, nous n'y trouvons pas un mot sur l'arche; les
Juifs sont d'accord pour dire qu'elle ne se trouvait pas dans le second temple,
et lorsque Flavius Josèphe (Bell. jud.) énumère les objets qui ont été emmenés
par Titus triomphant, il nomme la table d'or, le candélabre et la loi; et sur
l'arc de Titus dont on admire encore les restes bien conservés, on no trouve
parmi les dépouilles du temple que le candélabre et la table. Tout cela prouve
assez clairement qu'au retour de la captivité, l'arche d'alliance n'existait
plus pour les Juifs. Quelques rabbins s'appuyant sur 2 Chroniques 36:10, ou sur
2 Rois 20:17; et 24:13, prétendent qu'elle fut détruite et emmenée à Babylone
avec les autres trésors du palais et du temple; cependant il est peu probable
qu'elle soit tombée entre les mains des Caldéens, car on ne saurait comprendre
pourquoi il n'est jamais parlé de ce monument précieux, ni dans le récit des
choses emmenées, ni dans la liste des effets rendus à Esdras.
Selon d'autres, elle aurait été détruite lors de la
ruine de Babylone, ou par accident, ou à dessein; car, d'après Ésaïe 37:19, les
Assyriens avaient coutume de jeter au feu les dieux des nations vaincues. Aucun
auteur juif n'admet cette supposition; les chrétiens au contraire l'ont presque
tous acceptée en se fondant sur Jérémie 3:16: dans ce passage le prophète
exprime en effet l'idée que, dans les temps à venir, l'arche ne sera plus
honorée comme le seul trône de l'Éternel; mais il parle par opposition à la
vénération superstitieuse que les Juifs de son temps, après la réformation de
Josias, avaient pour les objets visibles de leur culte, et il veut dire qu'un
temps viendra où le véritable temple de l'Éternel sera dans les cœurs de son
peuple: ce passage ne peut donc pas s'entendre à la lettre.
Il ne reste plus maintenant que la troisième
supposition, c'est que l'arche ait été cachée. C'est la supposition des Juifs:
ils sont, à peu d'exceptions près, d'accord sur ce point. Selon eux, Josias,
averti des maux qui allaient fondre sur le peuple de Dieu, 2 Chroniques 34:24,
cacha l'arche dans l'intérieur de la montagne, au-dessous du temple, dans une
retraite préparée déjà par Salomon pour cet effet. Ils allèguent 2 Chroniques
35:3, qui semblerait prouver le contraire de ce que les Juifs prétendent; mais
ils l'expliquent en disant que l'ordre même qui est donné de remettre l'arche à
sa place, indique qu'elle n'y avait pas été sous le règne de l'impie
prédécesseur de Josias, et qu'elle avait été probablement mise en lieu de
sûreté. Conséquents avec eux-mêmes, ils espèrent que le temps viendra où, par
une direction providentielle, l'arche sera retrouvée, et rendue au peuple de
retour dans la terre promise.
Quant à nous, ce qui nous paraît à la fois le plus
probable et le plus simple, c'est que les sacrificateurs, sachant que la
captivité ne devait durer que soixante et dix ans, auront mis de côté les
monuments les plus précieux de leur culte, et que Jérémie le prophète, en
réponse peut-être à une demande qui lui aura été adressée par le sacrificateur,
aura indiqué le moment précis où devait avoir lieu l'invasion: on l'aurait
ainsi prévenue en se hâtant d'enfouir quelques-uns des vases sacrés. Puis au
retour de l'exil, les Juifs, toujours entourés d'ennemis et de difficultés de
tout genre, auront voulu attendre des temps meilleurs et l'érection du second
temple, avant de sortir de leur retraite ces monuments ensevelis, et à force de
délais on aura perdu la connaissance exacte des détails et de l'emplacement; il
n'en sera plus resté qu'une tradition vague et peu solide, appuyée, comme
toujours, sur un fond de vérité, mais amplifiée et défigurée par de curieuses
conjectures rabbiniques, ou par l'imagination des poètes.
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ARCHÉLAUS,
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fils d'Hérode le Grand, par la samaritaine Malthace,
sa cinquième femme. Ce fut le plus cruel et le plus sanguinaire des fils
d'Hérode. Celui-ci, après avoir fait mourir ses fils Alexandre, Aristobule et
Antipater, et après avoir interdit à Hérode Antipas toutes prétentions au
trône, s'établit pour successeur Archélaüs, en réservant toutefois l'agrément
de l'empereur. Le peuple et l'armée parurent satisfaits du choix d'Hérode, et
prêtèrent à Archélaüs le serment de fidélité. Le nouveau monarque fit à son
père de magnifiques obsèques, solennisa un deuil de sept jours, et fit de
grandes réjouissances populaires. Ayant rassemblé la multitude dans les cours
du temple, il promit de gouverner avec douceur et de ne prendre le titre de roi
qu'après qu'il en aurait obtenu de Rome la permission. Peu de temps après, la
populace se réunit tumultueusement, demandant la mort d'un homme parles
conseils duquel Hérode avait, fait exécuter un Juif zélé, qui avait arraché des
portes du temple l'aigle d'or qu'on y avait placée. Le peuple demandait en
outre que Joazas fût dépouillé de la souveraine sacrificature, et il maudissait
la mémoire d'Hérode le Grand. Pour se venger de ces insultes, Archélaüs envoya
ses troupes contre la multitude, et massacra 3,000 hommes sur le lieu même du
rassemblement près du temple. Tout cela se passait l'année même de la naissance
de notre Sauveur.
Cependant Archélaüs ne tarda pas à partir pour Rome,
pour y solliciter la confirmation du testament de son père, tandis que de son
côté, Hérode Antipas demandait qu'un testament antérieur, qui le faisait
héritier, fût seul déclaré valide, comme ayant été écrit dans un moment où leur
père jouissait mieux de toutes ses facultés. Auguste, ayant entendu les
parties, ajourna la sentence. D'autre part, la nation juive pétitionnait auprès
de l'empereur pour que les prétentions de la famille d'Hérode tout entière,
fussent écartées, et que la Judée fut annexée à la Syrie comme province
romaine. Après un délai de quelques jours, l'empereur investit Archélaüs d'une
partie des domaines de son père, avec le titre d'Ethnarque ou chef du peuple,
lui promettant la couronne s'il la méritait par sa conduite. À son retour en
Judée, Archélaüs déposa Joazas de sa charge, sous prétexte qu'il avait excité
des séditions parmi le peuple, et le remplaça par Éléazar, frère de Joazas.
Mais, au bout de sept ans, les Juifs et les Samaritains, fatigués de ses
violences et de sa tyrannie, le dénoncèrent à l'empereur. Contraint de
comparaître, il se rendit à Rome, fut condamné à l'exil, et finit ses jours à
Vienne en Dauphiné.
— Ce fut le caractère cruel de ce prince qui détourna
Joseph et Marie de résider en Judée avec le petit enfant Jésus, Matthieu
2:22-23.
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ARCHERS,
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guerriers ou chasseurs se servant d'arcs. Avant
l'invention des armes à feu, l'usage de l'are était presque universel, et il
remonte à la plus haute antiquité, Genèse 21:20; Jérémie 51:3. Les archers qui
avaient donné beaucoup d'amertume à Joseph et qui avaient tiré contre lui,
Genèse 49:23, signifient ses ennemis, savoir ses frères et la femme de
Potiphar. Les archers de Dieu dont parle Job 16:13, étaient les afflictions et
les terreurs qui étaient venues fondre sur lui, et qui avaient produit sur son
âme des effets tels que feraient des flèches empoisonnées.
— Les Benjamites passaient pour excellents archers, 1
Chroniques 8:39-40; 2 Chroniques 14:8; 17:17, de même que les Philistins, 1
Samuel, 31:3, et les Hélamites, Ésaïe 22:6; Jérémie 49:35; Ézéchiel 32:24.
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ARCHIPPE,
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ministre du saint Évangile à Colosses. Les membres de
cette Église sont invités par Paul à exciter leur pasteur à la diligence et au
courage dans l'œuvre de son maître, Colossiens 4:17. Paul le salue dans sa
lettre à Philémon, verset 2.
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ARÉOPAGE,
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Actes 17:19. Tribunal suprême des Athéniens, célèbre
par la justice de ses sentences. Institué par Solon comme cour de judicature,
il fut dans la suite élevé au rang d'un conseil d'État, puis dépouillé de
nouveau d'une partie de ses attributions par Périclès, puis encore réintégré
dans ses droits après la chute des trente tyrans. Présidés par l'archonte, ils
jugeaient les causes de meurtre, de blessures graves, d'incendie,
d'empoisonnement, et toute atteinte au respect dû aux dieux de la patrie.
L'aréopage tirait son nom de la colline, ou du faubourg où il tenait ses
séances, lequel était consacré au dieu Mars (Ares), et qui s'élevait, dans Athènes,
à l'ouest de l'Acropolis, citadelle séparée de la ville basse par une muraille.
C'est du haut de cette colline (et non point devant des juges, mais devant le
peuple) que saint Paul adressa la parole aux philosophes épicuriens et
stoïciens qui avaient désiré de l'entendre.
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ARÉTAS
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(vertueux). Il y eut sous ce nom plusieurs petits rois
qui régnèrent à l'est de Canaan, vers les frontières de l'Arabie, sur le pays
de Ghassan. Mais l'Écriture ne parle que de celui qui succéda à Obodas, et qui
fut le beau-père d'Hérode Antipas. Son gendre, amoureux d'Hérodias, femme
d'Hérode son frère, et ayant poussé sa première femme à demander une
séparation, Arétas, père de l'épouse congédiée, résolut de la venger.
À ce grief vinrent encore s'ajouter quelques
contestations à propos des frontières des deux États; la guerre commença,
l'armée d'Hérode fut entièrement battue. Hérode s'en plaignit à Rome, et
Vitellius fut chargé de punir l'Arabe; mais ayant appris la mort de Tibère (37
après J.-C.), il fit rentrer ses troupes en quartier d'hiver. C'est vers cette
époque qu'Arétas doit avoir occupé Damas et y avoir placé l'ethnarque dont il
est question 2 Corinthiens 11:32; cf. Actes 9:24. Plus tard un intrigant, nommé
Syllæus, essaya de nouveau de perdre Arétas dans l'esprit de l'empereur, qui,
ayant démasqué le traître, confirma solennellement le roi de Ghassan dans son
autorité.
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ARGENT.
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Il ne paraît pas que ce métal ait été en usage avant
le déluge; du moins les seuls métaux mentionnés dans la Bible jusqu'à cette
époque sont le cuivre et le fer, Genèse 4:22. Mais dès le temps d'Abraham nous
le voyons employé pour le commerce et les arts: Joseph avait une coupe
d'argent, 44:2,8, et les Égyptiens avaient des vases et autres ustensiles du
même métal, Exode 12:35; Nombres 7:13; 10:2. Comme monnaie, les patriarches
s'en servaient déjà, Genèse 20:16; 23:16, il n'était pas frappé au coin, mais
on l'estimait au poids en morceaux ou lingots, selon qu'il était plus ou moins
pur. À l'époque même de la destruction de Jérusalem par les Babyloniens, nous
voyons le prophète Jérémie acheter le champ de son cousin Hanaméel, et lui peser
17 sicles d'argent (198 grammes) en échange, Jérémie 32:9. Plusieurs passages
nous autorisent à penser que l'exploitation de ce métal, et l'art de le
raffiner et de le travailler, étaient connus des Israélites; cf. Job 28:1;
Psaumes 12:7; 66:10; Proverbes 10:20; 17:3; 27:21; Ézéchiel 22:22; Zacharie
13:9; 1 Chroniques 29:4, et ailleurs. Les Phéniciens, ces rois du commerce
d'alors, tiraient surtout l'argent de l'Espagne, et l'apportaient en lingots,
Ézéchiel 27:12, ou en plaques, Jérémie 10:9.
Le nom hébreu de ce métal (kèseph) signifie pâle, et
dérive d'un verbe qui signifie être pâle, languir après quelque chose d'aimé.
C'est pour cela sans doute que chez eux l'argent a été regardé comme le symbole
de la charité.
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ARGOB.
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1. Contrée
de Basan, appartenant à la demi-tribu de Manassé; elle était extrêmement
fertile, surtout en oliviers, et contenait soixante villes fermées, que Jaïr,
fils de Makir, répara et qu'il appela de son nom bourgs de Jaïr. Cette contrée
se nommait sans doute Argob, du nom de sa capitale, ou de celui de quelque
Amorrhéen célèbre auquel elle aurait autrefois appartenu, Deutéronome 3:4,14; 1
Rois 4:13.
2. Argob
et Arié, inconnus. Leur nom ne se trouve que 2 Rois 15, 25, mentionné à propos
de la conspiration de Pékach, dont on ne sait pas s'ils furent les complices ou
les victimes: la phrase dans l'original, comme dans nos traductions, permet
l'une et l'autre interprétation, mais favoriserait davantage l'idée qu'ils
succombèrent dans la défense d'Hazaria leur roi.
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ARIÉ,
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— Voir: Argob.
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ARIEL,
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Ésaïe 29:1, mot composé qui peut signifier lion de
Dieu ou foyer de Dieu; cette dernière signification se justifie davantage par
la comparaison de Ézéchiel 43:15-16. (Hariel est mis par erreur), où le
prophète donne ce nom à l'autel des holocaustes. C'est un nom prophétique et
symbolique de la ville de Jérusalem, la ville forte et vaillante qui doit être
le foyer et l'autel de Jéhovah. Dans le premier sens, l'allusion porterait sur
la force de ses moyens de défense dans la guerre.
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ARIMATHÉE,
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ville de Judée, que quelques écrivains pensent être la
même que Ramathajim Tsophim, 1 Samuel 1:1, la patrie de Samuel le prophète,
dans le voisinage de Béthel. Suivant Clarke et Buckingham, Arimathée est sur la
route de Jérusalem à Joppe, à l'extrémité d'une vaste et fertile plaine, à 50
kilomètres environ nord-ouest de Jérusalem. C'est dans cette ville que
demeurait l'honorable conseiller juif qui demanda la permission d'ensevelir
Jésus dans un sépulcre neuf qui lui appartenait. Matthieu 27:57; Luc 23:50.
— Voir: Rama.
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ARIOC ou Arjoc.
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1. Roi
d'Ellasar, un des alliés de Kédor-Lahomer, Genèse 14,1. Du reste, inconnu.
2. Capitaine
des gardes de Nébucadnetsar qui reçut l'ordre de faire périr tous les sages de
Babylone. À la demande de Daniel, il suspendit l'exécution et introduisit ce
prophète devant le roi, pour lui révéler le songe qui l'inquiétait, et lui en
donner l'explication, Daniel 2:14.
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ARISTARQUE,
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natif de Thessalonique, un zélé chrétien qui
accompagna Paul à Éphèse, et faillit perdre la vie dans le tumulte qu'excita
l'orfèvre Démétrius. Il suivit Paul en Grèce, de là en Asie, puis à Jérusalem;
on dit qu'il fut mis à mort dans la capitale de l'Empire, en même temps que
l'Apôtre. Actes 19:29; 20:4; 27:2; Colossiens 4:10.
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ARISTOBULE
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passe pour avoir été frère de Barnabas et l'un des
soixante et dix disciples; on dit même qu'il prêcha l'Évangile en Angleterre
avec de grands succès. Mais en réalité l'on ne sait rien de positif sur son
compte; on ne sait pas même s'il fut chrétien, puisque ce n'est pas lui mais sa
famille ou ses serviteurs que saint Paul salue Romains 16:10.
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ARJOC,
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— Voir: Arioc.
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ARKÉVIENS,
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Esdras 4:9, peuplade issue probablement de Érec,
Genèse 10:10, q.v.
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ARKIEN, et Arkite,
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Josué 16:2,4, (et Arkite, 2 Samuel 15:32) Arki était
une ville de la tribu d'Éphraïm, près de Béthel: peut-être faut-il joindre à ce
nom celui de Hataroth qui suit, de sorte que ce serait le même endroit que
Hatroth-Addar au verset 5.
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ARMAGEDDON,
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Apocalypse 16:16. Ce mot semble dérivé de Méguiddo, la
plaine où Barac, avec 10,000 hommes découragés et presque sans armes, mit en
déroute la formidable armée des Cananéens, Juges 4 et 5, et où le pieux roi
Josias fut blessé à mort dans la bataille contre Néco, roi d'Égypte, 2
Chroniques 35:22. C'est le nom hébreu donné par saint Jean au lieu qui sera le
théâtre de la destruction des troupes ennemies sous la sixième fiole. Sera-ce
en Italie, en Judée, ou dans les deux contrées à la fois, ou ailleurs? C'est ce
qu'il n'est pas possible de déterminer; le sens littéral est préférable. Il s’agit plutôt ici d’une guerre
spirituelle entre la souveraineté de l’homme et la Souveraineté de Dieu, plus
particulièrement entre le salut par les œuvres et le salut par la grâce seule.
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ARMÉES.
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Les plus nombreuses armées dont il soit parlé dans la
Bible, sont celles de Zérah, forte d'un million d'hommes et plus, 2 Chroniques
14:9, celle de Jéroboam, de 800,000 hommes (ib. 13, 3), celle d'Abija, 400,000
hommes (ibid.), et enfin celle de Josaphat, qui se composait d'environ
1,200,000 combattants (17:14-18). Un nombre aussi considérable d'hommes, levés
sur un espace de terrain assez peu étendu, peut sembler étonnant; mais il faut
se rappeler que ces armées ne se composaient pas de troupes régulièrement
organisées, soudoyées et entretenues par leurs gouvernements: ce n'étaient que
des levées en masse dans lesquelles se rencontraient tous les Israélites en
état de porter les armes, vieillards ou jeunes gens, riches ou pauvres, hommes
de toutes classes, espèces d'armées semblables à celles que Xercès lança sur la
Grèce, semblables encore à celles du turc Bajazet, du tartare Tamerlan, ou aux
armées ecclésiastiques des croisés du moyen âge. Après la guerre, chacun de
ceux qui en revenaient reprenait son métier et le cours interrompu de ses
occupations. Il va d'ailleurs sans dire que les chiffres indiqués plus haut ne
sont, avec toute l'exactitude désirable, que des nombres ronds tels que nous
les marquerions nous-mêmes en pareils cas.
— Voir: Nombres.
Avant le règne de David, les Israélites ne
combattaient qu'à pied, et chaque soldat portait ses vivres avec lui. La
plupart de ses successeurs n'eurent que des gardes du corps, et toute leur
armée se composait de milices. Lorsque les Hébreux étaient à la veille d'une
bataille, il se faisait une proclamation par laquelle étaient invités à se
retirer tous ceux qui avaient nouvellement bâti une maison ou planté une vigne,
ceux qui étant fiancés n'étaient pas encore mariés, et tous ceux qui se
laissaient influencer par la peur, Deutéronome 20:5-8; puis les sacrificateurs
sonnaient de la trompette et exhortaient ceux qui étaient demeurés à se confier
dans l'assistance du Seigneur (ibid.).
Les Hébreux sont souvent représentés comme l'armée de
l'Éternel, ils marchaient sous ses ordres, lui-même étant leur prince et leur
général; quelquefois il désignait leurs chefs et traçaient leurs plans de
campagne; les ministres de ses autels étaient chargés de donner le signal du
combat, Josué 5:14. Daniel 8:10-11. Les anges, les ministres, les hommes zélés,
les astres, les sauterelles, les troupes romaines, et en général toutes les
créatures composent la grande armée du Seigneur; il s'en sert pour la défense
de son peuple et pour l'extermination de ses ennemis: toujours elles sont
prêtes à obéir à ses commandements, Psaumes 103:21; 68:12; Daniel 4:25; Joël
2:7,25; Matthieu 22:7. L'armée des cieux et toutes ces brillantes étoiles du
firmament appartiennent au suprême Créateur de toutes choses, qui est appelé
l'Éternel des armées, le Dieu des cieux et de la terre, parce que sa puissance
s'étend sur toutes choses: il commande, et ils obéissent. Le nom de l'Éternel
des armées, qui ne paraît jamais dans le Pentateuque ni dans les Juges, est
très fréquemment employé par Ésaïe, Jérémie, Zacharie et Malachie; on trouve
encore: Éternel, Dieu des armées, Psaumes 59:5, et le Seigneur, l'Éternel des
armées, Ésaïe 10:16. Les armées désignent dans cette locution les puissances
célestes et spirituelles, essentiellement les anges, par opposition aux choses
de la terre.
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ARMÉNIE,
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contrée d'Asie, bornée au nord par la Colchide et
l'Ibérie, à l'est par la Médie, au sud par la Mésopotamie, à l'ouest par la
Cappadoce, enfin au sud-ouest par l'Euphrate et par la Syrie. Elle fut conquise
par Astyage le Mède, qui lui laissa ses propres rois tout en se la rendant
tributaire. Sous Cyrus, elle devint une simple province de la Perse, dont elle
continua de faire partie jusqu'au moment de la conquête de l'empire par
Alexandre. Après lui, elle échut en partage aux rois de Syrie, qui la
possédèrent jusqu'à Antiochus le Grand, sous le règne duquel cette province se
révolta et se partagea en deux royaumes, la grande et la petite Arménie.
Environ cinquante ans avant Christ, elle tomba au pouvoir des Romains, auxquels
les Arabes ou Sarrasins l'enlevèrent du temps de Justin II, empereur d'Orient;
cinquante ans après, elle fut envahie par les Tartares; en 1472 elle fut
annexée derechef à l'empire perse, jusqu'à l'an 1522, où elle fut conquise par
les Turcs dont elle est encore, en majeure partie, la propriété.
Le christianisme pénétra de bonne heure dans cette
contrée, et il y est encore professé. Les Arméniens font un commerce très
étendu avec l'Inde, la Perse et la Turquie, où ils ont des établissements.
L'Arménie est un pays de montagnes; les hivers y sont
très froids; mais en été, et dans les vallées surtout, la température y est
extrêmement élevée.
Elle ne se trouve nulle part mentionnée dans la Bible
sous le nom même d'Arménie, mais on croit qu'elle est désignée en divers
passages par les mots de Ararat, Genèse 8:4, de Thogarma, 10:3, et de Minni,
Jérémie 51:27:
— Voir: ces articles.
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ARMES.
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On trouve, en général, employées chez les Hébreux les
mêmes armes que chez les autres nations d'alors, 1 Samuel 17:5; sq. 2
Chroniques 26:14; Néhémie 4:13,16; mais il est difficile de rien préciser ni
sur la forme de ces armes, ni sur les matières dont elles étaient faites. On
distinguait:
1. Parmi
les armes défensives,
a. le
bouclier;
b. le
casque, 2 Chroniques 26:14; Jérémie 46:4; cf. Éphésiens 6:17; d'airain, 1
Samuel 17:5,38;
c. la
cuirasse, qui recouvrait le ventre et la poitrine, 1 Samuel 17:38; Néhémie
4:16; 2 Chroniques 26:14, ordinairement d'airain, et souvent de lames d'airain
disposées en écailles. Pour blesser un guerrier cuirassé, il fallait
l'atteindre à l'endroit des jointures et de l'agencement des deux pièces
principales de la cuirasse, cf. 1 Rois 22:34.
d. Les
jambières: espèce de bottés destinées à couvrir l'os de la jambe, aussi
d'airain, 1 Samuel 17:6; elles étaient fréquemment employées par les guerriers
de l'antiquité, Iliade 7, 42. Énéide 11, 777.
e. Il
est encore parlé, Ésaïe 9:4, suivant quelques traductions, d'une espèce de
soulier militaire, ou bottine de cuir (lat. caliga) garnie de fortes pointes;
c'est le mot que nos versions rendent par tumulte.
2. Armes
offensives,
a. L'épée,
qu'on ceignait autour du corps avec une ceinture de cuir; les Juifs, comme
l'infanterie romaine, portaient l'épée du côté gauche: on a voulu prouver le
contraire par l'histoire d'Ehud, Juges 3:16,21, mais l'historien fait
précisément remarquer l'exception dans le fait de ce guerrier qui était
gaucher, verset 15. L'épée se mettait dans un fourreau, 1 Samuel 17:51; 1
Chroniques 21:27; souvent elle était à deux tranchants, Juges 3:16; Proverbes
5:4; cf. Hébreux 4:12.
b. La
lance, hallebarde ou javelot, dont, parfois, on se servait pour le combat corps
à corps, et qui, d'autres fois, se lançait contre l'ennemi: ce dernier cas
était le plus rare, 1 Samuel 19:10; 20:33. La hampe était ordinairement de bois
et se terminait par une pointe de fer ou d'airain, 1 Samuel 17:7; 2 Samuel
21:16,19. Nahum 2:3. (dans ce passage le mot traduit par sapin se rapporte à la
hampe de la lance, le contexte le prouve suffisamment),
c. L'arc
(q.v.) avec ses flèches.
d. La
fronde, e. On peut croire, enfin, qu'il s'agit encore d'une hache d'armes,
Psaumes 35:3 (au lieu de lance), et d'un marteau de guerre, Proverbes 25:18;
mais ce n'est pas très clair.
Quant à l'usage des anciens d'ensevelir avec un
guerrier les armes dont il se servait pendant sa vie, on peut en trouver une
trace Ézéchiel 32:27. On suspendait volontiers dans les temples, ou bien on
brûlait par morceaux, les armes prises sur l'ennemi, Ézéchiel 39:9. (Ésaïe
9:3?) Il parait que les rois d'Israël avaient des arsenaux; du moins, nous
voyons que David, Cantique 4:4, Salomon, 2 Chroniques 9:16; Roboam, 11:12,
Hosias, 26:14, et Ézéchias, Ésaïe 39:2, en avaient. Le temple lui-même servit à
ces dépôts, 1 Samuel 21:9; 2 Chroniques 23:9.
Les armes de Dieu sont, dans un certain sens, tous les
moyens que le Seigneur emploie pour défendre son peuple et le faire triompher
de ses ennemis; dans un autre sens, ces armes sont les secours mêmes qu'il
prête aux fidèles, pour combattre le bon combat de la foi contre le péché, le
monde et Satan. Psaumes 35:2; Éphésiens 6:11-20.
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ARMONI, et Méphiboseth,
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fils de Saül et de Ritspa, et Méphiboseth, son frère
(qu'il ne faut pas confondre avec le fils de Jonathan), furent livrés par
David, de même que cinq de leurs neveux, fils de Mical, aux Gabaonites, qui les
mirent à mort, pour expier les crimes de Saül à l'égard de cette peuplade, 2
Samuel 21:1,8; ils furent exposés en croix sur une colline.
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ARNON,
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rivière ou torrent dont il est fréquemment parlé dans
l'Écriture, Nombres 21:13; 22:36; Deutéronome 2:24,36; 3:8,12; 4:48; Josué
12:1-2; 13:15-16; Juges 11:18; Ésaïe 16:2; Jérémie 48:20. Il prend sa source
dans les plaines du plateau de Galaad, brise la chaîne des hauteurs qui
limitent le désert, coule au sud-ouest dans un étroit et sombre ravin, au
milieu de vastes et fertiles plaines, le long de la frontière de Moab, et se
jette dans la mer Morte. Bamoth-Arnon, Nombres 21:28, est le nom propre d'une
petite ville maintenant inconnue, ou bien il doit se traduire les hauteurs
d'Arnon, ce qui se rapporterait aux rives escarpées et rocheuses du fleuve.
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ARPACSAD ou Arphaxad,
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(qui guérit), Genèse 11:10-13; 10:22; 1 Chroniques
1:17; ou Arphaxad, Luc 3:36, fils de Sem, naquit deux ans après le déluge;
c'est de lui qu'Abraham descendait par Sélah, à la septième génération. Il
mourut l'an 1916 avant J.-C., âgé de quatre cent trente ans. Abraham était
alors déjà en Canaan, et séparé de Lot depuis une année environ.
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ARPAD,
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ville de Syrie, probablement voisine de celle de
Hamath avec laquelle elle est presque toujours nommée. Quelques-uns la
confondent avec Arvad en Phénicie, mais il est plus probable que c'est l'Arphas
de Flavius Josèphe, située au nord-est de Bassan. 2 Rois 18:34; 19:13; Ésaïe
10:9; 36:19.
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ARTAXERCÈS, ou plutôt Arthachschaschtha.
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signifie, en vieux persan, un grand roi. C'était un
nom générique, et en quelque sorte un titre donné aux rois de Perse. Plusieurs
rois de ce nom sont mentionnés dans l'Écriture, mais il règne beaucoup
d'incertitude sur l'identité de ces rois avec ceux dont nous parle l'histoire
profane. Ces noms, qui n'étaient souvent que les noms généraux des rois d'une
dynastie ou des titres honorifiques accordés à quelques-uns d'entre eux,
variaient en outre si facilement, soit par le changement des voyelles, soit par
le changement des consonnes, soit même par l'addition ou le retranchement d'une
ou de plusieurs syllabes, en passant d'une langue à l'autre, du persan au grec,
et du grec au latin, que parfois ils sont devenus entièrement méconnaissables.
Il arrive ainsi que souvent plusieurs rois portent un seul nom, comme aussi que
plusieurs noms très différents ne servent à désigner qu'un seul et même
personnage. De tout cela résulte une confusion que les recherches historiques
peuvent parvenir à débrouiller dans bien des cas, mais qui parfois déroute
aussi la critique. Le cas actuel en est un exemple: nous trouvons dans la Bible
trois Artaxercès différents; mais il n'est pas sûr que le deuxième et le
troisième ne soient pas le même, Artaxercès Longuemain; il est de même possible
que l'un des Artaxercès soit identique avec l'un des Assuérus, q.v.
1. Celui
qui est mentionné Esdras 4:7,8, est presque sans contestation le faux Smerdis,
surnommé par d'autres Mardus, par d'autres encore Speudata ou Oropaste.
Prétendu fils de Cyrus, et prétendu frère cadet de Cambyse, il fut porté au
trône des Perses par une révolution de prêtres (522 avant J.-C.); mais son
usurpation ne fut pas de longue durée: au bout de huit ans il fut renversé.
Cédant aux menées des Samaritains, et en suite d'un rapport de Réhum, Artaxercès
lit défendre aux Juifs de continuer les travaux commencés pour le
rétablissement du temple et de Jérusalem; il eut ainsi le temps, pendant son
règne si court, d'être trouvé taisant la guerre à Dieu. Ces travaux restèrent
interrompus l'espace d'environ soixante ans.
2. Esdras
7:1,11; 8:1. Peut-être le fameux Xercès, époux d'Ester, sous le nom d'Assuérus,
et successeur de Darius Hystaspe. La septième année de son règne tomberait sur
l'an 478 avant J.-C. Il est cependant possible, ainsi que nous l'avons dit, que
ce soit Artaxercès Longue-main. C'est l'opinion de Bossuet, c'est encore celle
de plusieurs historiens; c'est celle de Gesénius, mais ce n'est qu'une opinion;
les données manquent, et c'est parce que les dates sont incertaines et fixées
diversement, que les uns plaçant le retour des Juifs en 478, le mettent sous
Xercès; les autres, le renvoyant à 457, le placent sous le règne de
Longue-main. Tout cela importe peu. À la requête d'Esdras, cet Artaxercès
permit aux Juifs de reprendre la suite de leurs travaux et de pourvoir à la
reconstruction du temple. L'édit qu'il promulgua à cet effet est empreint d'un
esprit de générosité, de paix et d'amour pour le bien du peuple de Dieu; il
permet aux exilés de retourner dans leur patrie; il leur permet de faire des
collectes, de recueillir autour d'eux l'or et l'argent dont ils auront besoin,
et de l'employer comme il leur semblera bon; il leur rend les ustensiles et
vases sacrés destinés au service de l'Éternel, et les autorise, en outre, à
puiser dans les trésors royaux tout ce qui sera nécessaire pour les dépenses de
leur culte. Esdras est chargé d'établir des juges, des magistrats et des hommes
capables d'appliquer les lois de Dieu, et de les enseigner à ceux qui ne les
sauraient pas; enfin le roi exempte de toutes charges, impôts et tributs, les
sacrificateurs, lévites, chantres, portiers, porteurs d'eau, et autres employés
du nouveau temple.
3. Néhémie
2:1; 5:14; 13:6. C'est, sans contestation, l'Artaxercès qui reçut le surnom de
Longuemain. Le commencement de son règne ne se laisse pas préciser très
exactement; selon les uns ils commença 474 ans avant J.-C., selon d'autres, et
c'est plus probable, en 464; il régna jusqu'en 425. Ce roi, qui accepta les
services de Thémistocle exilé, avait pour échanson un vieillard vénérable, Juif
d'origine, et dont la tristesse un jour le frappa et l'irrita. «Que le roi vive
éternellement, lui répondit l'échanson; mais comment mon visage ne serait-il
pas abattu, puisque ma ville, qui est le Heu des sépulcres de mes pères,
demeure désolée? Si le roi le trouve bon, et si ton serviteur t'est agréable,
envoie-moi en Judée, vers la ville de mes pères, pour la rebâtir.» Le roi et sa
femme eurent égard à la prière du Juif qui, lui-même, nous a conservé ce récit;
c'est Néhémie. Il obtint une escorte et des passeports pour son voyage, avec
les pleins pouvoirs nécessaires pour se procurer tous les matériaux dont il
aurait besoin; il fut même fait gouverneur de Judée par Artaxercès. C'est de
cet édit en faveur des Juifs qu'il faut partir pour compter les soixante et dix
semaines de Daniel; Daniel 9:24-25. «Cette importante date, dit Bossuet, a de
solides fondements.»
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ARTÉMAS,
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Tite 3:12, était, selon toute apparence, un fidèle
ministre de l'Évangile. Paul avait l'intention de l'envoyer en Crète, lui ou
Tychique, sans doute pour y remplacer Tite pendant que celui-ci aurait été
visiter l'apôtre à Nicopolis.
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ARTSA,
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maître d'hôtel du roi Éla, et gouverneur de Tirtsa,
capitale du royaume des dix tribus. C'est dans sa maison et pendant un repas
qu'Artsa donnait à son maître qu'Éla fut assassiné par Simri. 1 Rois 16:9.
________________________________________
ARUMA,
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Juges 9:41, ville dans le voisinage de Sichem. Eusèbe
dit qu'elle prit plus tard le nom de Remphin, et qu'elle était située non loin
de Diospolis; mais,
— Voir: Rama.
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ARVADIENS,
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descendants de Canaan; Genèse 10:48; 1 Chroniques
1:16. Ils bâtirent, peu après le déluge, la ville d'Arvad ou Aradus, en
Phénicie, sur une petite île au sud de Tyr, à la distance d'environ 5
kilomètres du rivage, à l'embouchure du fleuve Éleuthère. En face de cette île,
et sur la terre ferme, se trouvait la ville d'Antaradus, au nord de Tripoli.
— Les Arvadiens s'étaient acquis la réputation
d'habiles marins, Ézéchiel 27:8,11, témoignage qui est confirmé par Strabon;
ils étaient gouvernés par leurs propres rois et avaient un commerce assez
étendu, surtout depuis que Tyr et Sidon eurent passé sous la domination
syrienne. Cette ville compta plus tard au nombre des alliés de Rome; 1
Maccabées 15:23. On possède encore des monnaies arades.
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ASA,
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troisième roi de Juda, fils et successeur d'Abija. (Il
régna quarante et un ans, 955-914 avant J.-C.) Il épousa Hazuba, fille de
Silhi, qui donna le jour au noble Josapbat. Animé des dispositions les plus
pieuses, dans les mesures qu'il prit contre l'idolâtrie, il n'épargna pas même
son aïeule Mahaca, la mère de son père, qui s'était fait une idole infâme. Il
fit la guerre à la débauche comme à l'idolâtrie, et renversa les autels des
faux dieux, dont il brisa les statues. Mais, ajoute l'historien sacré, les
hauts lieux ne furent point ôtés, 1 Rois 15:14; 2 Chroniques 15:17, observation
qui est immédiatement suivie de celle-ci: «et néanmoins le cœur d'Asa fut droit
devant l'Éternel tout le temps de sa vie.» Il paraît donc que c'est la
puissance, plutôt que la volonté, qui lui manqua pour achever entièrement
l'œuvre de réformation qu'il avait commencée; on voit de même qu'il ne put
exterminer du pays toutes les prostituées qui s'y trouvaient; 1 Rois 22:47.
— Il profita de la paix dont il jouit pendant les
quinze premières années, pour pourvoir à la sûreté extérieure de son royaume,
en construisant des forteresses et en donnant à son armée une organisation plus
régulière; 2 Chroniques 14:6; sq. La onzième année de son règne, il fut attaqué
par le roi d'Éthiopie Zéraph (probablement celui qui est nommé Sabacon par
Manetho, dans la chronique d'Eusèbe); les deux années étaient immenses; mais
celle de l'Éthiopien était deux fois plus forte que celle du roi juif. Elles se
rencontrèrent dans la vallée de Tséphat; Asa cria à l'Éternel: «Aide-nous, car
nous nous sommes appuyés sur toi», et la victoire se déclara en faveur de celui
qui avait prié. Dieu frappa les Éthiopiens; les guerriers de Juda en firent un
grand carnage et retournèrent à Jérusalem avec un riche butin, des brebis et
des chameaux. Fortifié par cette délivrance miraculeuse, et encouragé par le
prophète Hazaria, qui lui dit: «L'Éternel sera avec vous aussi longtemps que
vous resterez avec lui», Asa continua de détruire les idoles dans son royaume
et dans les villes qu'il avait prises, et rétablit la peine de mort contre
«tous ceux qui ne rechercheraient pas l'Éternel de tout leur cœur.» Il
rassembla son peuple à Jérusalem: un grand nombre d'Israélites fidèles du
royaume des dix tribus vinrent grossir cette foule pieuse, et ils offrirent un
sacrifice solennel au Dieu des délivrances, 700 bœufs et 7,000 brebis du butin
qu'ils avaient fait. Cette fête, où l'alliance fut renouvelée avec l'Éternel,
fut suivie d'une longue paix. Puis, en la trente-sixième année depuis la
séparation des deux royaumes, la seizième du règne d'Asa, Bahasa, roi d'Israël,
vint en Juda, s'empara de Rama, la fortifia, et s'en fit une position
importante; 1 Rois 15:16; 2 Chroniques 16:1. Asa, qui venait de faire une
expérience si remarquable du secours de Dieu, montra, par une triste chute,
combien sa foi était encore faible et mêlée de doutes, d'incrédulité, de
confiance humaine. Pour résister à son ennemi, il contracta alliance avec
Ben-Hadad, roi de Syrie, et acheta même son secours avec les trésors du temple,
qu'il avait consacrés d'abord à l'Éternel. Il obtint la victoire, força Bahasa d'abandonner
ses travaux, et se servit des matériaux que le roi d'Israël avait fait
transporter à Rama, pour fortifier à son tour Guébah et Mitspa, qu'il entoura
de fossés; cf. Jérémie 41:9. Mais il recueillit ce qu'il avait semé, et
moissonna les fruits du péché: sa démarche lui fut vivement reprochée par le
prophète Hanani, et occasionna même des troubles civils. Asa, irrité contre le
voyant, parce qu'il lui avait annoncé de nouvelles guerres comme châtiment de
son alliance avec les étrangers, le fit traîner en prison; mais cela ne lui
donna pas la paix. Dans ce même temps encore, et comme poussé par une
conscience malheureuse, il se laissa aller à opprimer quelques-uns de son
peuple, et ternit ainsi la fin d'un règne commencé sous de si heureux auspices.
Pendant sa dernière maladie, il montra aussi moins de confiance en Dieu que
dans l'art des médecins; il mourut, à ce qu'il paraît, de la goutte, après deux
ans de souffrances, et dans la quarante et unième année de son règne. On
l'ensevelit dans une sépulture qu'il s'était fait préparer à Jérusalem.
Quel que soit le jugement que nous soyons disposés à
porter sur la fin du règne d'Asa, ce règne fut, à tout prendre, un des plus
heureux qu'ait eu le royaume de Juda; la Bible même cite en diverses occasions
Asa comme un des rois dont la piété dut servir de modèle à leurs successeurs; 1
Rois 22:43; 2 Chroniques 20:32; 21:12. Et sa fidélité est d'autant plus digne
d'être remarquée, que pendant son long règne six rois se succédèrent sur le
trône d'Israël, qui tous furent coupables (Nadab, Bahasa, Éla, Zimri, Homri,
Achab), et dont l'exemple eût pu facilement entraîner au mal tout autre qu'un
monarque fidèle.
Pour concilier la chronologie des rois de Juda avec
celle des rois d'Israël, il faut nécessairement admettre que lorsqu'il est dit,
2 Chroniques 15:19; 16:1, qu'il n'y eut point de guerre jusqu'en la
trente-cinquième année, ce chiffre se rapporte, non point à l'avènement d'Asa,
mais à l'époque de la séparation des deux royaumes; car, d'après 1 Rois 15:33,
Bahasa commença de régner la troisième année d'Asa, et comme il ne régna que
vingt-quatre ans, il atteignit à peine la vingt-sixième année d'Asa, bien loin
d'avoir atteint sa trente-sixième année.
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ASAPH,
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1. descendant
de Lévi par Kéhath, fut un des trois principaux chantres établis par David pour
le service du sanctuaire; ses enfants, 1 Chroniques 25:2, formaient les classes
première, troisième, cinquième et septième des musiciens. Il paraît que leur
place, dans les cérémonies, était au côté méridional de l'autel d'airain. Le
Psaumes 50e et les onze depuis le 73e jusqu'au 83e, sont indiqués comme étant
d'Asaph, quoique l'on puisse traduire aussi Psaumes pour Asaph, destinés à être
chantés par lui, ou par les chœurs de ses enfants.
— Voir: Psaumes.
Quelques personnes pensent, à cause du contenu de ces
psaumes, qui ne paraissent pas convenir au temps d'Asaph, qu'il y eut plus tard
un autre prophète du même nom, qui les aurait composés; d'autres enfin
supposent, et c'est l'opinion du bénédictin Calmet, que quelques descendants
d'Asaph les auront écrits, et leur auront donné le nom de ce fameux chef de la
musique du temple; ils rapportent les Psaumes 50, 74, 79 et 80 à l'époque de la
captivité, le 78e au temps d'Asa, les autres au temps de Josaphat. Asaph est
appelé voyant ou prophète 2 Chroniques 29:30.
2. Le
père de Joach qui fut secrétaire du roi Ézéchias, 2 Rois 18:18.
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ASDOD, ou Azote,
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appelée Azote par les Grecs et les Romains, ville
forte sur la côte sud-est de la Méditerranée, sous la même latitude à peu près
que Jérusalem, à 55 ou 60 kilomètres ouest de cette ville, à 50 de Gaza, à 25
de Hékron. Cette ville devait appartenir à la tribu de Juda, mais elle demeura
aux Philistins qui surent la conserver ou la reprendre, Josué 15:47. C'est là
que se trouvait le fameux temple de Dagon; c'est là que fut conduite l'arche
captive, qu'elle mit en pièces l'idole du faux dieu, et qu'elle frappa de
plaies les Philistins, 1 Samuel 5:1-6. Hozias en démolit les fortifications, et
l'entoura de quelques forts pour la tenir en respect, 2 Chroniques 26:6.
Tartan, général assyrien, l'ayant prise de vive force, y plaça une garnison qui
tint ferme contre Psammétique, roi d'Égypte, Ésaïe 20:1. Prise et ravagée plus
tard par les troupes de Nébucadnetsar, elle fut de nouveau reprise par
Alexandre le Grand. Jonathan Maccabée la réduisit en cendres avec le temple de
Dagon, 1 Maccabées 5:68; 10:84; mais elle fut ensuite rebâtie. Dès les premiers
temps de l'établissement du christianisme, l'Évangile y fut prêché par
Philippe, Actes 8:40, et une église chrétienne s'y forma et s'y maintint, sans
doute jusqu'au temps de l'invasion des Sarrasins, cf. encore Sophonie 2:4;
Zacharie 9:6. Ce n'est plus maintenant qu'un misérable village qui a conservé
son ancien nom.
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ASÉNATH,
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fille de Potiphérah, et femme de Joseph; elle fut mère
d'Éphraïm et de Manassé. Genèse 41:45; 46:20. Quelques-uns pensent que
Potiphérah est le même que Potiphar, le premier maître de Joseph. Les fables,
les légendes, les traditions et les livres mystiques abondent sur l'histoire
des amours de Joseph et d'Asénath; les Orientaux ont voulu en faire une espèce
de Cantique des Cantiques.
— Voir: Calmet, Dict.
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ASER
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(bonheur, bénédiction), huitième fils de Jacob et
second fils de Zilpa, Genèse 30:13; il a donné son nom à l'une des douze tribus
des Hébreux. Il eut pour fils Jimna, Jisua, Jisui, Biriha, et pour fille Sérah,
Genèse 46:17; 1 Chroniques 7:30-40. Au sortir de la servitude d'Égypte, cette
tribu comptait 41,500 hommes en étal de porter les armes, sous la conduite de
Paghiel, fils de Hocran, Nombres 1:13,40. Celui d'entre eux qui alla épier le
pays de Canaan, s'appelait Séthur, Nombres 13:14, et leur chef, lors du partage
des terres, était Ahihud, fils de Sélomi, 34:27. À la sortie du désert leur
nombre était de 53,000 hommes au-dessus de vingt ans, 26:44-47. Le lot qui leur
échut en Canaan, Josué 49:24-31, était dans la partie nord-ouest du pays,
occupant la haute Galilée avec la plaine d'Acre, depuis le Carmel jusqu'au
Liban, contrée d'un sol très fertile et riche en fer et autres minéraux:
c'était l'accomplissement des prophéties de Jacob et de Moïse. «Le pain
excellent viendra d'Aser; il fournira les délices royales; il trempera ses
pieds dans l'huile; ses souliers (mal traduit verrous) seront de fer et
d'airain.» Genèse 49:20; Deutéronome 33:24-25. Il aurait pu s'avancer encore
davantage vers le nord, et la moitié inférieure de la vallée de Békaa lui
appartenait; mais les Asérites, par nonchalance et par lâcheté, laissèrent
entre les mains des Cananéens les villes de Sidon, d'Ahlab, d'Aczib, d'Helba,
d'Aphek et de Réhob, Juges 1:31-32. La tribu d'Aser était une des six qui,
placées sur le mont Hébal, devait répondre amen aux malédictions de la loi,
Deutéronome 27. Après s'être soumis sans résistance à la tyrannie de Jabin, roi
de Canaan, les descendants d'Aser assistèrent puissamment Gédéon contre les
Madianites, Juges 5:17; 7:23. Quarante mille d'entre eux, tous vaillants
guerriers, assistèrent au couronnement de David. Pahana, fils de Cusaï,
gouverna cette tribu sous le règne de Salomon. Enfin nous voyons qu'elle ne
demeura pas étrangère au réveil religieux qui eut lieu du temps d'Ézéchias, 1
Chroniques 12:36; 1 Rois 4:16; 2 Chroniques 30:11.
— Anne la prophétesse était Asérite. Luc 2:36.
— Voir: encore l'article Tribu.
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ASHUR,
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1 Chroniques 2:24; 4:5, fils de Hetsron et d'Abija, et
père de Tékoah; du reste, inconnu.
— Voir: Tékoah.
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ASIARQUES,
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Actes 19:31. C'était le nom que portaient, dans l'Asie
proconsulaire, certains magistrats annuels, chargés, comme les édiles, de faire
célébrer les jeux solennels en l'honneur des dieux et des empereurs romains.
Cette place était purement honorifique, et ceux qui l'acceptaient devaient être
riches et considérés, car les frais de ces fêtes religieuses étaient à la
charge des asiarques. Ils résidaient dans les principales villes de l'Asie
Mineure, à Smyrne, Éphèse, etc. Ces villes, à l'époque de l'équinoxe d'automne,
élisaient chacune un de leurs bourgeois, qui pouvait être pris dans les
familles sacerdotales, sans que ce fût cependant une condition exclusive; tous
même ne pouvaient pas appartenir à la caste des prêtres. Sur le nombre de ceux
qui avaient été élus, dix étaient choisis pour former une espèce de conseil
administratif, dont il paraît que le proconsul désignait lui-même le président;
c'était ordinairement l'asiarque de la métropole à qui ce titre était dévolu.
Un passage d'Eusèbe montre qu'on désignait l'année par le nom de ce président
(Hist. Ecclésiaste 4:15).
— Ceux de la ville d'Éphèse, par amitié et par
considération pour saint Paul, l'engagèrent, dans l'affaire de Démétrius
l'orfèvre, à ne point se présenter devant le peuple. On voit par là combien
devait être grand le crédit de l'apôtre chez les populations païennes au milieu
desquelles il demeurait.
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ASIE.
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Sous ce nom par lequel nous désignons maintenant l'une
des cinq grandes parties du monde, les anciens entendaient tour à tour, l'Asie
entière (— Voir: Hérodote), la partie de l'Asie soumise aux Romains jusqu'à
l'Indus, puis l'Asie Mineure, enfin l'Asie propre. Ces deux dernières sont les
seules qui soient expressément mentionnées dans l'Écriture Sainte.
1. L'Asie
Mineure, Natolie, ou le Levant, bornée au nord par l'Hellespont et le
Pont-Euxin, à l'occident et au midi par la Méditerranée, avait environ 1,000
kilomètres de long sur 830 de large, et renfermait les provinces de la Mysie,
la Lydie, la Carie, à l'ouest; la Bithynie, la Phrygie, la Pisidie, la
Pamphylie, et la Lycie à l'est des premières; plus à l'est encore, se
trouvaient la Paphlagonie, la Galatie et la Lycaonie; enfin à l'extrême
frontière orientale, le Pont et la Cappadoce.
2. L'Asie
propre, que le roi Attale laissa par testament aux Romains, comprenait la
Phrygie, la Mysie, la Carie et la Lydie. C'est là que se trouvaient les sept
églises dont il est parlé dans l'Apocalypse, 1:11. C'est de cette Asie qu'il
est question lorsqu'il est dit que le Saint-Esprit défendit à Paul de prêcher
l'Évangile en Asie, lors de son premier voyage dans le Nord, Actes 16:6. C'est
là que de faux apôtres parvinrent à détourner les âmes de l'affection et de la
confiance qu'elles devaient à saint Paul, pendant qu'il était prisonnier à
Rome, 2 Timothée 1:15; cf. encore Actes 2:9. Dans le Nouveau Testament, on doit
donc presque toujours entendre par le mot Asie, l'Asie propre.
L'Asie Mineure, à l'exception peut-être de la Lydie,
fut primitivement peuplée par les descendants de Japhet, qui se la partagèrent
en un très grand nombre de petites souverainetés. Les plus remarquables, avec
les États de la Grèce qui avaient une commune origine, furent la Troade, la
Lydie, le Pont et la Cappadoce. Il ne paraît pas que les Assyriens, ou
Caldéens, aient jamais étendu leurs conquêtes jusque-là. Mais il n'en fut pas
de même des armées perses: de là naquirent les guerres de ces derniers avec les
Grecs. Sous Alexandre le Grand, et environ 330 ans avant Christ, les Grecs
d'Europe s'emparèrent de l'Asie Mineure tout entière, après quoi elle tomba au
pouvoir des Romains, et leur demeura soumise, du moins en partie, jusqu'aux
invasions des Sarrasins; puis les Turcs en dépouillèrent les empereurs
d'Orient. Depuis plus de trois cents ans le farouche musulman opprime ces
magnifiques contrées, qu'il a presque réduites en désert.
Il n'est pas douteux que ce pays ne soit un de ceux
que les prophètes appellent les îles de la mer, Ésaïe 42:10; 49:1, etc. Le
christianisme y fut généralement connu et adopté dès les jours des apôtres.
Pendant longtemps un grand nombre d'Églises y fleurirent et brillèrent d'un vif
éclat; c'est là que se tinrent, entre autres, les fameux conciles de Nicée,
d'Éphèse et de Chalcédoine. Maintenant la plupart de ces Églises sont
détruites, et celles qui subsistent encore sont dans un état déplorable; les
sept Églises de l'Apocalypse en particulier, ont toutes subi le sort qui leur
fut annoncé par le Seigneur.
— Voir: les articles spéciaux, et Hartley, Voyage en
Grèce et aux sept Églises.
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ASIMA,
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2 Rois 17:30; c'est le nom de l'idole que se firent
les gens de Hamath. On ne sait rien sur sa forme; quelques-uns lui donnent la
figure d'un singe (cf. le latin Simia), d'autres celle d'un âne, d'un bœuf, du
soleil, d'un agneau, d'un bouc, d'un satyre, du dieu Pan, etc. Les mages enfin
pensent qu'Asima était l'ange de la mort, qui sépare les âmes des corps. Ce
sont tout autant de conjectures.
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ASKÉLON,
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capitale du pays des Philistins, sur la côte de la
Méditerranée, à 25 ou 30 kilomètres nord de Gaza sa rivale, à 15 kilomètres sud
d'Asdod, à 65 kilomètres ouest de Jérusalem, et à 50 de Jaffa. Cette ville fut
autrefois célèbre par son temple et son vivier poissonneux, l'un et l'autre
consacrés à la déesse Dercéto, par ses produits en épices, en vin et en fruits
excellents, et par ses oignons si fameux (d'où nos échalotes, coepe
ascalonicum). C'était la plus forte des villes appartenant aux Philistins, ce
qui n'empêcha pas qu'elle ne leur fût enlevée par la tribu de Juda, de même que
Gaza et Hékron; mais les Philistins la reconquirent plus tard, Juges 1:18;
14:19. Elle fut prise et saccagée par les Assyriens, détruite par les Caldéens,
puis rebâtie. Alexandre le Grand s'en empara; puis les Juifs s'en rendirent
maîtres de nouveau du temps des Maccabées. Amos 1:8; Jérémie 47:5-7; Zacharie
9:5. Une Église chrétienne y fut fondée peu après l'ascension de notre Sauveur,
et subsista durant plusieurs siècles, jusqu'à la funeste invasion des
Sarrasins, 1191. Maintenant c'est à peine s'il reste quelques vestiges de cette
ville ruinée, et quelques traces d'un port que le sable a comblé.
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ASKÉNAS.
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Genèse 10:3; Jérémie 51:27. Un des descendants de
Japhet. La contrée qu'il habita paraît avoir été proche du pays de Gomer son
père, et du royaume d'Ararat; mais c'est tout ce qu'on en sait de positif, et
les interprètes varient beaucoup sur le lieu où ils doivent fixer sa
descendance. Bochart fait observer que l'on rencontre ce nom dans plusieurs
endroits de la Phrygie; il y a une ville Ascania, un sinus Ascanius, un lacus
Ascanius, les insulæ Ascaniæ, etc. Quelques-uns supposent qu'Askénas, partant
de l'Asie Antérieure, aura traversé l'Asie Mineure, où il aura en quelque sorte
semé ces divers noms; puis, arrivés en Europe, ses descendants auraient pris
deux directions différentes; les uns, franchissant les Alpes et les Pyrénées,
auraient peuplé la Grèce, l'Italie et l'Espagne, leur langue nous serait
conservée dans la langue basque; l'autre branche aurait suivi les côtes de la
mer vers le nord, et aurait conservé le nom de son aïeul Gomer dans la
dénomination de Cimbri, les Cimbres (les mêmes peut-être que les Gaëls, les Celtes,
les Gaulois); leur langue nous aurait été conservée dans le dialecte du pays de
Galles (province de Wales), elle a beaucoup de rapports avec la langue basque.
Les Juifs, d'après leurs traditions, appellent l'Allemagne Askénas.
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ASPÉNAZ,
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Daniel 1:3; sq., capitaine des eunuques de
Nébucadnetsar; chargé de présenter à son maître quelques jeunes Hébreux, beaux
et bien faits, il lui présenta Daniel et ses trois compagnons, dont il changea
les noms afin de leur en donner d'autres plus en rapport avec ceux des idoles
babyloniennes. Les jeunes prisonniers lui demandèrent de n'être point
contraints à manger des viandes sacrifiées, et Dieu inclina le cœur de cet
officier, de telle sorte qu'il leur accorda un essai de dix jours, malgré les
dangers auxquels il s'exposait en n'exécutant pas en tous points la volonté du
monarque.
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ASPERSIONS,
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Baptêmes sous
l’Ancienne Alliance. Les rituels de purifications étaient nombreux et variés.
— Voir: Libations et Baptême.
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ASPHALTE ou Bitume,
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hébreu Hhémar. Cette matière résineuse, semblable à de
la poix fondue, sort de terre, soit comme une source, soit en filtrant à
travers les crevasses dont le sol est parsemé. L'asphalte se trouve tantôt dans
les montagnes, tantôt nageant à la surface des sources et des lacs de plusieurs
contrées de l'Orient; il Hotte surtout en abondance sur les eaux de la mer
Morte, dont les rives et le fond le vomissent en masses considérables, gras et
foncé. La mer Morte, comme on sait, occupe maintenant la place où existait
autrefois la vallée de Siddim, Genèse 14:10, qui était remplie de puits de
bitume, et le voyageur Mariti a trouvé sur la côte occidentale de ce lac de
petits cratères pleins de cette substance continuellement en fusion; elle se
solidifie dans les eaux lourdes et salées du lac auquel elle donne son nom, le
lac Asphaltite.
— Voir: Mer Morte.
Lors de la construction de la tour de Babel, Genèse
11:3, on se servit de bitume au lieu de mortier, et de tout temps les habitants
de la Babylonie l'ont employé pour le même objet. Le voyageur Balbi rapporte
que dans le désert de Bagdad, il y avait un lac tellement plein de bitume, que
si les habitants des contrées environnantes n'avaient pas été le recueillir
pour fabriquer des tuiles, ou construire des maisons, il y aurait eu bientôt
tout autour du lac des montagnes de bitume devenu solide. Dans l'île de Zante,
on trouve également de ces puits d'asphalte, et l'on a remarqué que ce bitume,
employé comme ciment, devient si tenace et si durable, lorsqu'il a été séché au
soleil, qu'il est plus facile de briser que de séparer les pierres qu'il sert à
lier. Pline le naturaliste, raconte que les Égyptiens se servaient d'asphalte
pour enduire leurs petites barques de papyrus, et pour empêcher les eaux du Nil
d'y pénétrer. Cette coutume parait être fort ancienne, car déjà nous lisons
dans la Bible que le petit vaisseau ou coffret de jonc (papyrus), dans lequel
l'enfant Moïse fut exposé sur le Nil, était enduit de poix et d'asphalte; et,
longtemps auparavant, l'arche de Noé avait été garantie des eaux du déluge par une
précaution semblable, Genèse 6:14; Exode 2:3.
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ASPIC.
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1. Ce
serpent (hébreu Pèthen) est mentionné six fois dans l'Ancien Testament; dans
cinq de ces passages, Deutéronome 32:33; Job 20:14,16; Psaumes 58:5; Ésaïe
11:8; Jérémie 8:17, les Septante le traduisent par aspic, et dans le 6e,
Psaumes 91:13, ils le rendent par basilic, sans avoir cependant aucune raison
pour faire cette différence. Une espèce de serpent qui, chez les Arabes, porte
encore le nom de Béten et que quelques savants croient être le Pèthen de la
Bible, a environ un pied de longueur, et une grosseur proportionnée; sa peau
est couverte de taches de diverses couleurs, de noires et de blanches; il est
ovipare, et si venimeux que sa morsure tue en très peu de temps, eu faisant
enfler le corps, et produisant une gangrène générale. Le célèbre voyageur
Hasselquist rapporte à peu près la même chose d'un autre serpent appelé aspic
par les Grecs de l'île de Chypre, et dont le venin, dit-il, est le plus violent
qui soit connu en Orient. Il est très possible que ce soit le même que le Béten
des arabes, ou du moins une espèce de la même famille. Les habitants de l'île
de Chypre le représentent comme privé de l'ouïe, et lui ont donné à cause de
cela le surnom de sourd, parce qu'aucun charme ne saurait dompter sa
méchanceté. Jérémie nous dit la même chose, 8:17, que ce serpent est le plus
malicieux et le plus dangereux de tous, qu'on ne peut ni l'apprivoiser, ni le
mettre hors d'état de nuire, comme on le fait avec d'autres espèces, et dans le
Psaumes 58:5-6, il est encore appelé sourd à la voix des enchanteurs et du
charmeur.
Les voyageurs qui ont visité l'Orient racontent des
traits étonnants de l'adresse et du pouvoir dont certaines personnes, hommes ou
femmes, font preuve pour dompter et presque apprivoiser les serpents. Cet art,
pratiqué dans l'antiquité par les Marses et les Psylles, qui habitaient la
portion de l'Afrique comprise entre la mer Rouge et la Méditerranée, est encore
connu, mais gardé secret, chez les Égyptiens, les Arabes, les Indous, et
d'autres peuples de ces contrées. Le fait est suffisamment constaté pour être
hors de doute; mais depuis deux mille ans, malgré toutes les recherches qu'on a
faites, rien n'a transpiré sur les mystérieux moyens employés pour obtenir
d'aussi singuliers résultats: c'est une espèce d'art et de gagne-pain que
certaines familles possèdent seules, et qu'elles transmettent à leurs
descendants comme elles l'ont reçu de leurs ancêtres. Tout ce qu'on a pu
observer, c'est que les charmeurs se nourrissent volontiers de serpents, crus
ou cuits, et qu'ils en font des soupes pour leur nourriture ordinaire; ils en
mangent surtout lorsqu'ils se proposent une de leurs exécutions, expéditions ou
représentations; et le sheik de leur tribu ou de leur village les bénit en
prononçant sur eux certaines formules accompagnées de cérémonies mystérieuses.
— Les charmeurs de serpents ne s'occupent jamais
d'apprivoiser d'autres animaux venimeux, tels que les lézards ou les scorpions;
il y a pour chacune de ces spécialités des personnes spéciales qui n'empiètent
pas sur les attributions les unes des autres.
2. Quant
à la plante d'aspic, Cantique 1:11; 4:13-14.
— Voir: Nard.
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ASSEMBLÉE.
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C'est ainsi que doivent se traduire les deux mois
d'origine grecque église et synagogue.
(Contrairement
à la notion populaire, le mot Église est un mot Grec composé de ek-klesis et
dont le sens réel est «appelé hors de». Il s’agit de l’appel de la grâce à
renaître en Christ et non d’un appel à s’assembler.)
— Voir: ces deux mots.
L'Ancien Testament parle fréquemment de l'assemblée de
l'Éternel, de l'assemblée des saints et des justes, des anciens de l'assemblée,
et de l'assemblée dans un sens absolu, comme le Nouveau Testament dit l'Église
de Dieu, l'Église des premiers-nés dont les noms sont écrits dans le ciel, les
anciens de l'Église, ou aussi l'Église dans un sens absolu, sans autre désignation;
cf. Nombres 27:17; Actes 20:28; Psaumes 89:5; 1:5; Hébreux 12:23; Lévitique
4:15; Jacques 5:14.
— Le terme hébreu qu'on a rendu par assemblée, aussi
bien que le terme grec dont on a fait celui d'Église, s'applique d'ailleurs à
une réunion d'hommes quelconque, soit religieuse, soit politique, soit autre,
Genèse 49:6; Psaumes 22:16; Actes 19:32; il veut dire simplement une multitude,
Genèse 28:3; 1 Samuel 17:47; Jérémie 6:11, ou bien le peuple d'Israël en masse.
Exode 16:3; Nombres 10:3; 20:6; Néhémie 5:7; Lévitique 4:21; 10:17; 16:33. Mais
son sens le plus habituel est celui que nous avons signalé d'abord.
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ASSIR,
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1 Chroniques 3:17.
— Voir: Salathiel.
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ASSOS,
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port de mer sur la côte nord-ouest de l'Asie Mineure,
au sud de Troas, et vis-à-vis de l'île de Lesbos. L'apôtre Paul y aborda lors
de son quatrième voyage à Jérusalem, Actes 20:13-14; mais il n'est pas question
d'une église chrétienne dans cette ville avant le huitième siècle.
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ASSUÉRUS,
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1. Daniel
9:1, doit être Astyage le Mède, fils du vaillant Cyaxare, qui concourut au
renversement de l'empire des Assyriens et à la destruction de Ninive; il fut
père de Darius le Mède et de Mandane, et grand-père de Cyrus. (601 avant J.-C.)
2. Esdras
4:6, c'est Cambyse, roi de Perse, 529 avant J.-C. Il succéda à son père Cyrus,
et régna sept ans et cinq mois. À peine fut-il monté sur le trône que les
Samaritains le sollicitèrent d'empêcher la reconstruction du temple de
Jérusalem, et quoiqu'il ne leur accordât pas officiellement leur demande en
publiant un décret formel de révocation, les travaux commencés restèrent
suspendus tout le temps de son règne. Ce prince, en général, ne fut célèbre que
par sa violence, sa folie et sa cruauté. Après avoir fait avec succès la guerre
d'Égypte, il perdit son armée dans les déserts de la Lybie par son obstination
à vouloir envahir l'Éthiopie. Dans sa rage il fit tomber la tête de ses
principaux officiers, celle de son frère, et même celle de sa sœur. Apprenant
que le mage Patizithes, auquel il avait confié le gouvernement en son absence, en
avait profité pour placer sur le trône son propre frère, mage comme lui,
Smerdis, qu'il donnait pour Smerdis le frère de Cambyse, celui-ci hâta son
retour dans son royaume. On dit qu'en traversant la Judée, il assouvit sur les
malheureux Juifs la fureur qui l'animait; mais près du mont Carme], il se
blessa lui-même de son épée, en descendant précipitamment de son cheval, et
comme il se sentait mourir, il réunit ses officiers, leur déclara qu'il avait
fait mourir lui-même son propre frère Smerdis, et que celui qui occupait
maintenant le trône n'était qu'un imposteur, et les engagea fortement à venger
et punir cette usurpation.
— Voir: Artaxercès #1.
— Que ce Cambyse soit l'Assuérus dont il est parlé
Esdras 4, et Smerdis le mage, l'Artaxercès mentionné immédiatement après, c'est
un point sur lequel il ne saurait y avoir de doute, puisqu'il n'y a eu que ces
deux rois entre Cyrus qui donna l'édit en faveur des Juifs, et Darius qui le
confirma.
3. Enfin,
l'Assuérus dont il est parlé dans le livre d'Ester et qui fut le mari de cette
belle et pieuse Juive. On a essayé de toutes sortes de conjectures, et l'on a
cherché un peu partout quel était le roi de Perse auquel pouvait le mieux se
rapporter, sous le point de vue historique, le peu que nous savons de cet Assuérus.
On en a fait tour à tour Cambyse, Smerdis, Darius fils d'Hystaspe, Darius
Nothus, Artaxercès Mnémon, et enfin le fameux Xercès, et Artaxercès Longuemain.
L'histoire profane ne nous donne aucune indication qui puisse nous mettre sur
la voie; nulle part il ne nous est parlé d'un roi perse, époux d'une Israélite
Ester; nulle part nous ne voyons un premier ministre Haman disgracié et
remplacé par un Juif Mardochée. Les Grecs et les Romains, qui seuls nous ont
conservé l'histoire de la Perse, ne font nulle part mention du massacre projeté
des Juifs de la dispersion; mais leur silence sur ce point ne prouve rien: il
tient à ce qu'ils avaient assez d'autres choses à nous raconter, quand ils
voyaient l'Orient se ruer sur l'Occident par millions d'hommes, et les
principes des gouvernements se discuter dans de sanglantes batailles. Ester
pâlissait devant Marathon peut-être, et Mardochée devant Salamine. Mais Ester a
été la première femme d'un roi perse, et Mardochée son premier ministre. Qui
est ce roi? La plupart des interprètes semblent, au milieu de toutes les
suppositions que nous venons d'énumérer, hésiter entre Xercès et Longue-main.
C'est donc très probablement de l'un de ces deux rois qu'il est question, et
les raisons que l'on met en avant pour Xercès paraissent l'emporter encore de
beaucoup sur celles qui prouvent en faveur d'Artaxercès Longuemain. En effet,
ce dernier (— Voir: notre article) a été contemporain de Néhémie; sa femme
parut s'intéresser à lui, Néhémie 2:1, et l'on ne comprendrait pas comment, si
cette femme était Ester, Néhémie ne l'aurait jamais nommée, ne fût-ce qu'en
passant ou pour lui donner un témoignage public de la reconnaissance de ses
compatriotes, dont elle avait protégé la vie contre les tentatives de leur
oppresseur. D'ailleurs, on ne saurait pas non plus où placer l'histoire d'Ester
sous le règne de cet Artaxercès: serait-ce pendant que Néhémie était à la cour?
mais comment Ester eût-elle souffert jusqu'alors cet asservissement des Juifs
dont se plaint l'échanson? serait-ce après la faveur accordée à Néhémie de
retourner à Jérusalem pour en rebâtir le temple et les murailles? mais cette
faveur même était une garantie qui devait rendre impossibles les machinations
d'Haman contre les Hébreux dispersés. Ces motifs, joints à la circonstance que
cette histoire tout entière cadre mieux avec l'histoire de Xercès et avec la
chronologie, nous paraissent décisifs autant qu'il peut y avoir quelque chose
de décisif en pareille matière. Le fameux Xercès aurait été l'époux de la
cousine de Mardochée (485-465 avant J.-C.). Le caractère cruel, capricieux,
voluptueux, bizarre, de ce prince est le même dans les livres d'Hérodote et
dans le livre d'Ester: là nous le voyons faisant frapper et emprisonner la mer
qui a détruit son pont de bateaux; ici, par une boutade sans motifs, nous
l'entendons livrer, donner le peuple juif tout entier à Haman pour qu'il en
fasse «comme il lui plaira» Esther 3:11. Là ce prince farouche se prend à
verser des larmes en contemplant son immense armée du haut d'une colline, à la
pensée que, dans un siècle, il n'existera plus un seul de ces innombrables
guerriers; ici de même, en apprenant les représailles sanglantes des Juifs
révoltés à Susan, Assuérus paraît ému et voudrait venger les familles en deuil
(cf. Esther 9:11-12; Hérodote 7, 33; 37; Justin 2, 12. Strabon 14, etc.). Pour
ce qui regarde la chronologie, on peut encore comparer Esther 1:3; 2:16; avec
Hérodote 7, 7.
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ASSUR,
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Genèse 10:11,22, fils de Sem, et père des Assyriens.
Moïse raconte l'origine de l'Assyrie à l'occasion du royaume de Nimrod. Assur,
probablement avec une colonie, ou avec une tribu mécontente, partit de Sinhar,
où Nimrod exerçait son pouvoir absolu, et s'en vint fonder les royaumes de
Ninive, etc. Il faut aussi quelquefois entendre sous ce nom le royaume même
d'Assyrie, comme Osée 14:3.
— Voir: l'article suivant, et Nimrod.
— Dans le passage cité de la Genèse, d'autres
commentateurs, et notamment Schrœder, traduisent: «Nimrod sortit vers Assur;»
c'est-à-dire qu'après avoir fondé le royaume de Babylone, son vaste génie fonda
un second royaume, celui d'Assyrie, dont Ninive fut la capitale. La question
est indécise.
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ASSYRIE,
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ancien royaume de l'Asie, borné au nord par les
montagnes de l'Arménie, à l'est par la Médie et la Perse, au sud par la
Suziane, province perse, et la Babylonie; à l'ouest enfin par le Tigre
(Hiddekel), dans lequel se jettent le Lycus, le Capros, le Gorgus et le Silla,
quatre rivières qui parcourent l'Arménie dans une direction sud-ouest. Les
villes les plus célèbres de ce royaume furent Ninive, Résen, Calah, Bessarah,
Ctésiphon, sur la rive orientale du Tigre, Arbèle et Artémita, encore plus à
l'orient. Ninive était le centre général du commerce entre l'Occident et
l'Orient. Cf. 2 Rois 17:24; 48:11; 2 Chroniques 33:11; Ésaïe 7:20; 10:8-9;
22:6. L'Assyrie est appelée le pays de Nimrod, Michée 5:6. Ses habitants
avaient une grande réputation de richesse, Ézéchiel 23:6,17,23; ils étaient
orgueilleux, Ésaïe 10:12; Zacharie 10:11, et redoutables, Nahum 2:11-12. Cette
contrée porte de nos jours le nom de Kourdistan; depuis deux cents ans ce n'est
plus guère qu'un vaste désert, par suite des luttes sanglantes qu'y ont
entretenues pendant de longues années tant et de si puissants peuples.
Après avoir dit que le royaume d'Assyrie fut fondé par
Nimrod, l'Écriture n'en reparle plus jusqu'au jour de la mission de Jonas le
prophète, 840 ans avant J.-C.; puis nous voyons un roi assyrien, nommé Pul
(Sardanapale II), attaquer le pays de Canaan, environ soixante-dix ans après
Jonas, vers 770, 2 Rois 15:19. Peu après, Tiglath-Piléser, 2 Rois 16:7; 2
Chroniques 28:16, autre roi d'Assyrie, envahit la portion de la Judée qui était
sur la rive gauche du Jourdain, ce qui n'empêcha pas Achaz de contracter une
alliance avec lui. Tiglath-Piléser eut pour successeur son fils Salmanassar,
qui s'empara de la Samarie et emmena captives les dix tribus d'Israël 722 avant
J.-C., 2 Rois 17:5; 18:9. Le royaume même de Juda lui fut rendu tributaire,
18:7; la Médie et la Perse lui furent également assujettis, 18:11. Sanchérib,
son fils, monta sur le trône à sa place 714 avant J.-C. Après une heureuse
expédition contre l'Égypte, il entreprit aussi, mais sans succès, la conquête
de Juda et le siège de Jérusalem sous Ézéchias, 2 Rois 18:13; 19:36; Ésaïe 37.
Mis à mort par ses deux aînés, il fut remplacé par son troisième fils
Ésar-Haddon, Ésaïe 37:38; 2 Rois 19:37, appelé Osnapar Esdras 4:10, et qui fit
prisonnier Manassé, roi de Juda. L'Écriture nomme encore Sargon, Ésaïe 20:1,
dont le règne assez court doit se placer probablement entre ceux de Salmanassar
et de Sanchérib.
— À l'exception de ce dernier (Hérodote 2, 141), aucun
de ces rois ne paraît dans les auteurs profanes.
Les derniers rois d'Assyrie ne sont pas nommés dans
l'Écriture. Le successeur d'Osnapar fut son fils Saosduchinus, qu'on suppose
être le Nabuchodonosor du livre de Judith: son règne fut d'environ vingt ans.
Après lui vint Chyniladanus, contemporain de Josias, roi de Juda. Ce prince
efféminé vit son empire démembré par Nabopolassar, un de ses généraux, qui se
déclara roi de Babylone, dont il était satrape; Babylone, depuis une
cinquantaine d'années, appartenait aux Assyriens. Nabopolassar, s'étant allié
avec Cyaxare, roi des Mèdes, attaqua le roi d'Assyrie, s'empara de Ninive,
trancha les jours de Chyniladanus, et mit ainsi fin à l'antique royaume de
Nimrod le chasseur.
— Voir: Ninive.
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ASTARTÉ,
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Deification de Sémiramis, femme de Nimrod. Connue
aussi chez les différents peuples comme Vénus, Isis, Diane, la Madone, etc..
— Voir: Bahal et Caldéens.
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ASTRES.
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Le soleil, la lune et les étoiles sont appelés, dans
l'Écriture, l'armée des cieux, l'armée de l'Éternel. C'est le plus magnifique
spectacle que Dieu ait donné à notre terre; il est digne de l'admiration des
hommes, et doit élever leurs cœurs vers l'Être suprême, créateur de ce vaste
univers. Mais comme la pauvre créature, pécheresse et corrompue depuis la
chute, ne saurait admirer sans être tentée d'adorer et de rendre un culte,
l'Esprit-Saint qui, dans les trois premiers chapitres de la Genèse, semble
avoir renfermé le plus sublime manuel de dogmatique, a pris soin de raconter la
création de ces divers luminaires auxquels Dieu n'a donné l'existence que pour
l'agrément et l'utilité de l'homme. Ces astres ne sont point des dieux, ce sont
des choses créées qui s'en iront et s'envieilliront; ces astres ne sont que des
serviteurs de Dieu, destinés à l'usage de l'homme; un jour ils passeront, mais
l'homme vivra éternellement. Les peuples, sans connaissance du vrai Dieu, sont
tous arrivés à une astrolâtrie, qui est bien la plus concevable et la plus
noble des idolâtries, mais qui n'est cependant qu'une idolâtrie. L'éclat, la
beauté de ces astres, leur influence réelle, mais éloignée, sur l'ordre du monde,
la fixité des uns, la régularité des autres dans leur cours, le retour des
saisons qui en dépend, les effets de la lune sur quelques maladies, en un mot,
tout ce qu'il y a en eux de grand et de mystérieux, leur a fait attribuer, par
différents peuples et dans presque tous les temps, une force, une connaissance,
une espèce de vie, une action, une influence magique sur les destinées de ce
monde, bonne ou mauvaise suivant la constellation sous laquelle tel homme est
né, suivant la conjonction d'étoiles dans laquelle telle entreprise se forme ou
s'exécute; de là l'astrologie si généralement crue des anciens, et même de
quelques modernes (Bodin, de Thou, Montaigne), et dont l'Écriture nous montre
des traces chez les Babyloniens, q.v. Ésaïe 47:13; Daniel 1:20. Les Juifs
semblent avoir puisé dans leur captivité de soixante et dix années, quelques
idées astrologiques; Philon fait à cet égard une profession de foi très
explicite, et les rabbins plus modernes ne se sont pas fait faute des mêmes
erreurs. Maïmonides en particulier, estime qu'entre les sages il ne peut pas y
avoir deux opinions pour ce qui regarde les astres: chaque herbe doit avoir son
étoile particulière, chaque homme de même, sans toutefois que sa liberté morale
en soit atteinte ni détruite; les astres n'ont d'influence que sur les choses
extérieures, sur le corps, la santé, la génération et la corruption des êtres.
On trouve à la vérité, dans l'Écriture, des passages où les astres sont traités
comme des créatures intelligentes, invitées à louer le Seigneur, capables de
recevoir des ordres et d'y obéir, exerçant même une espèce d'influence
particulière sur les produits du sol, Job 9:7; Psaumes 148:3; Deutéronome
33:14; Psaumes 104:19, etc. Mais tous ces passages sont pris dans un sens
poétique, et ne peuvent pas plus favoriser l'astrologie, que tant d'autres
passages où la terre, l'herbe, les eaux sont personnifiées, ne prouvent que ces
objets soient effectivement animés. Moïse se prononce très fortement contre le
penchant à l'astrolâtrie; il interdit au peuple de Dieu de se faire aucune
espèce d'image ou d'effigie «de peur, ajoute-t-il, qu'élevant tes yeux vers les
cieux, et qu'ayant vu le soleil, la lune et les étoiles, toute l'armée des
cieux, tu ne sois poussé à te prosterner devant elles, et que tu ne les serves,
vu que l'Éternel ton Dieu les a données en partage à tous les peuples qui sont
sous tous les cieux», Deutéronome 4:19. Et Job, parlant de la supposition où il
aurait pu se laisser aller à adorer le soleil qui brille et la lune qui marche noblement,
dit: «C'eût été une iniquité toute jugée, car j'eusse renié le Dieu d'en haut»,
31:26,28.
Quant à l'astronomie des Hébreux, elle ne paraît pas
avoir été fort avancée, non plus que celle des autres peuples de l'antiquité.
Elle reposait sur les observations que les pâtres pouvaient faire en gardant
leurs troupeaux dans de vastes steppes dont aucune montagne ne bornait
l'horizon: de là vient aussi que la plupart des noms que les constellations ont
reçus, sont empruntés à la vie champêtre de ces premiers astronomes, le Bélier,
le Taureau, etc. Les patriarches ont déjà senti leurs cœurs s'émouvoir à la
contemplation des beautés célestes, cf. Genèse 15:5; 37:9, et leur langue
emprunta plus d'une figure à la langue des cieux. Le soleil et la lune furent
distingués naturellement au milieu des autres habitants de l'espace, à cause de
leur grandeur et de leur éclat, cf. Genèse 1:16, et la lune amena la première
division du temps en mois et années (q.v.). On célébrait chaque nouvelle lune
par des fêtes solennelles; cf. Psaumes 81:4; 1 Samuel 20:5; etc. Les
principales étoiles ou constellations mentionnées dans la Bible, sont: l'étoile
du matin, Vénus, Ésaïe 14:12; cf. Apocalypse 2:28; 22:16, la Grande Ourse, ou
le Chariot, Job 9:9; Orion, ibid. 38, 31, et Amos 5:8, les Pléiades, ou la
Poussinière, Job 9:9; Amos 5:8; la Petite Ourse avec ses enfants (sans doute
les trois étoiles courbées en arc dont la dernière marque le pôle), l'hébreu de
Job 38:32; le Serpent traversant, 26:13, peut-être le Dragon entre la Grande et
la Petite Ourse; les Gémeaux, Castor et Pollux, Actes 28:11, Quant à une
division des astres en comètes, étoiles fixes et planètes, il n'en est parlé
nulle part dans l'Écriture, et le passage Jude 13 n'a qu'un sens tout à fait
figuré.
L’expression «astre
errant» signifie dans le Grec «planète». Cela nous amène à penser que le monde
de Nod où Caïn fut bani fut une planète, car Nod signifie «errant». Il s’agit
donc d’une terre errante, un corps céleste qui, selon certains, se trouvaient
entre Mars et Jupiter avant d’éclater dans une catastrophe cosmique, qui en
toute probabilité occasionna le Déluge sur notre Terre.
Les Égyptiens, les Caldéens, les Babyloniens, d'autres
peuples dont la configuration géographique et les vastes plaines étaient plus
favorables à l'observation des astres, et ceux qui, cherchant leur vie dans le
commerce et dans la navigation, devaient avoir l'astronomie pour alliée, ont à
cet égard laissé les Hébreux bien en arrière. C'est en Égypte que, d'après
Hérodote, on aurait découvert la véritable année solaire, et les habitants de
ce pays auraient, d'après Dion Cassais, trouvé la division en semaines de sept
jours dans le nombre des planètes. Cette dernière assertion cependant est plus
que douteuse, car il est très probable que la semaine était connue dès les
jours de la création, et qu'elle se sera conservée au moins comme tradition, et
comme division du temps, chez tous les descendants de Noé.
Mais quelque reculés qu'aient été les Hébreux dans la
science de l'astronomie, il est remarquable qu'aucun de leurs livres sacrés ne
renferme une seule erreur sur ce sujet; on y découvre au contraire, avec
étonnement, une science ou prescience de la véritable astronomie, qui montre à
l'évidence l'intervention de l'Esprit de vérité qui a conduit la plume des
historiens comme celle des prophètes. Tous les peuples ont compté le nombre des
étoiles, et les premiers télescopes ont bien servi cette opération; mais la
Bible nous dit qu'elles sont innombrables, et Herschel l'a prouvé. «Comme leur
nombre, dit-il, croît indéfiniment à mesure que les instruments se
perfectionnent, on peut dire, par expérience, que ce nombre est infini dans
toute l'étendue du sens qu'on voudra donner à ce mot.» Il estime qu'une
nébuleuse est un groupe qui ne renferme pas moins de vingt mille soleils.
Ailleurs la Bible nous parle de la terre comme d'un globe, Ésaïe 40:22; Job
26:10; Proverbes 8:27: ailleurs encore elle nous la montre suspendue dans le
vide, Job 26:7,: autant de notions inconnues des anciens, et qui eussent passé
pour hérétiques en cour de Rome, aussi bien que le mouvement de la terre de
Galilée. Le passage, Luc 17:31,34, où le glorieux avènement de notre Seigneur
est annoncé comme devant avoir lieu pour les uns de jour, pour les autres de
nuit, semble encore supposer la rotation de la terre et le mouvement diurne.
Nous n'insisterons pas davantage sur cette idée; un maître habile l'a
développée de manière à ne rien laisser désirer, M. Gaussen, dans sa
Théopneustie, pages 172 et suivantes.
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ASTROLÂTRIE, Astrologie, Astronomie,
________________________________________
— Voir: l'article précédent.
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ASYNCRITE,
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Romains 46:14, est inconnu. Les Grecs le font évêque
d'Hyrcanie.
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ATAD,
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Cananéen qui possédait une aire dans le lieu qui fut
appelé Abel-Mitsraïm (deuil d'Égypte), en suite du deuil que les fils de Jacob
et les Égyptiens menèrent sur ce patriarche, Genèse 50:11.
— Voir: Abel-Mitsraïm.
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ATHALIE
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(heure de l'Éternel). On devrait écrire Hathalie; mais
Racine a immortalisé une orthographe fautive, et peut-être plus harmonieuse;
c'est presque maintenant le seul nom connu de cette méchante reine. Elle était
petite fille de Homri, et fille d'Achab et de Jézabel; elle épousa Joram roi de
Juda, et sut entraînera l'idolâtrie son époux, et son fils Achazia, 2 Rois
8:18,26. (884 avant J.-C.). La révolution de Jéhu ayant fait périr la famille
entière d'Achab, et avec elle Achazia, qui se trouvait alors à Samarie, Athalie
s'empara du trône laissé vacant par la mort de son fils et, pour s'en assurer
la possession, elle extermina toute la race royale. Joas, son petit-fils,
encore à la mamelle, échappa seul au massacre, grâces aux soins d'une tante,
Jéhosébah, sœur de son père. Caché dans le temple, et secrètement élevé pendant
six ans par son oncle Jéhojadah, souverain sacrificateur, il est proclamé roi à
l'âge de sept ans. Les cris de vive le roi éveillent l'attention de la régente
usurpatrice; elle accourt, elle regarde, elle voit dans le temple un roi déjà
oint de l'huile sacrée et assis près de la colonne selon la coutume des rois;
les capitaines, les sacrificateurs et tout le peuple font entendre des cris de
joie qui se mêlent au bruit retentissant des trompettes. Elle s'écrie
conjuration! conjuration! elle déchire ses vêtements, elle voudrait recourir
aux quelques créatures qui lui sont restées fidèles; mais sa dernière heure a
sonné: seulement le souverain sacrificateur ne permettra pas qu'on mette à mort
cette profane dans la maison de l'Éternel; on la chasse du temple, et en
rentrant dans son palais, elle trouve le châtiment qu'elle a si justement
mérité, 2 Rois 11; 2 Chroniques 23.
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ATHÈNES,
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ville célèbre de la Grèce, située dans une plaine
délicieuse, à environ 40 kilomètres est de Corinthe. Elle passe pour avoir été
bâtie 1580 ans avant la naissance de Jésus, c'est-à-dire à peu près au temps du
séjour de Moïse en Égypte; mais il est probable que c'est placer cette origine
quelques siècles trop tôt. Athènes fut d'abord gouvernée par des rois de la
famille de Cécrops, égyptien, son fondateur. Au bout de 487 ans, à la mort de
Codrus, les Athéniens se donnèrent pour chefs les Archontes, espèce de
magistrats nommés d'abord à vie, puis pour dix ans seulement, puis enfin pour
un an, et dont le pouvoir ressemblait beaucoup à celui des rois. Ils finirent
par se constituer en démocratie pure, sous Solon, vers 588. Quatre siècles plus
tard, les Athéniens, qui étaient tombés sous la puissance des rois de Macédoine
successeurs d'Alexandre, subirent avec eux le joug des Romains; ils le
portaient encore aux jours de notre Seigneur.
Athènes brilla de bonne heure, au sein du monde
idolâtre, par ses succès dans les sciences et dans les arts. Peu de villes
donnèrent le jour à plus d'hommes illustres, et jouirent de plus de gloire. La
littérature et les beaux arts y survécurent à la ruine de sa puissance et de sa
liberté: Athènes demeura longtemps le centre des sciences, et de toutes parts
on allait à l'école de ses grands maîtres, puiser cet atticisme dont les
Romains eux-mêmes faisaient tant de cas. Ce fut aussi l'une des villes où le
paganisme prit le plus de développements, et où il se formula de la manière la
plus précise. Jaloux d'adorer tous les dieux, sans en excepter aucun, les
Athéniens avaient, par surcroît de précaution, élevé un autel au Dieu inconnu,
Actes 17:23, ou plutôt à un dieu inconnu. Peut-être même existait-il plusieurs
autels consacrés aux divinités étrangères et inconnues. Saint Paul, avec cette
habileté, cet à propos, cette argumentation ad hominem qui le caractérise à un
si haut degré comme orateur, rattache à ce fait qu'il a sous les yeux, et qui
est bien connu des Athéniens, tout ce qu'il veut dire à cette population légère
et distraite. Il ne veut pas leur annoncer quelque nouvelle étrange,
inattendue; mais ce Dieu inconnu dont les Athéniens semblent attendre qu'il se
manifeste, saint Paul le connaît et veut le leur faire connaître aussi. Ses
auditeurs, d'accord avec Paul sur le point de départ, et piqués par la
curiosité de savoir quelles conclusions il tirera de ses prémisses, l'écoutent
avec attention, et entendent l'Évangile; mais, comme toujours, peu d'entre eux
le reçurent, et lorsque l'apôtre vint à parler de la résurrection, ils se
dispersèrent en se moquant. Quelques-uns crurent la Parole, Denys l'aréopagite,
Damaris, et d'autres; la plupart la rejetèrent.
Athènes, au temps de Paul, était déjà à une époque de
décadence. Conquise par Sylla, elle avait vu détruire ses plus beaux édifices;
elle languit jusqu'aux temps d'Adrien qui s'efforça de lui rendre son premier
lustre. Sa chute graduelle a été ensuite l'effet des troubles du moyen âge. Ce
n'est plus maintenant qu'une ville de 14 à 18,000 âmes; mais sa population tend
à augmenter de nouveau. Résidence royale, elle a vu depuis quelques années
s'élever des édifices plus somptueux que les cabanes et les ruines qui
l'ornaient seules il y a peu d'années. Le peuple travaille courageusement à
sortir de sa misère, et le gouvernement le seconde de tout son pouvoir.
— On trouve dans la contrée peu de bêtes à cornes,
mais beaucoup d'ânes, de chevaux, de mulets, et quelques chameaux, (voir dans
le Morgenland de 1839, trois lettres écrites d'Athènes, par Woringer, p. 273,
300, 342, et les Voyages de Hartley en Grèce).
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ATTALIE,
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ville maritime de la Pamphylie, à l'embouchure du
fleuve Kattarrhactes, et résidence principale d'un préfet de Rome; elle portait
le nom d'Attale Philadelphe, roi de Pergame, son fondateur; elle subsiste
encore de nos jours sous le nom de Antali, et n'est pas sans importance. Paul
et Barnabas y passèrent en allant de Perge à Antioche, Actes 14:25; mais nous
ne savons rien de plus sur l'histoire religieuse de cette ville, sinon qu'au
cinquième et au sixième siècle, il s'y trouvait un évêque.
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ATTIRSATHA,
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Néhémie 8:9; 10:1, surnom de Néhémie, tiré de son
emploi; il signifie échanson du roi.
— Voir: Néhémie.
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AUGUSTE,
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Luc 2:1, d'abord appelé Caius Octavius, était
petit-fils de Julia, la sœur de Jules-César. Son grand oncle l'avait adopté
pour son fils, et le déclarait par son testament, son principal héritier. Le
jeune Octave, poussé par une ambition excessive qui le faisait aspirer à la
domination de sa patrie, prit une part active aux guerres qui déchiraient la
république romaine, et déploya tout ensemble beaucoup de hardiesse, de ruse et
de cruauté. Il sut se défaire de ses ennemis en les détruisant les uns par les
autres, jusqu'à ce qu'il ne lui resta plus qu'un seul adversaire, le consul
Marc-Antoine. Il le vainquit à la bataille d'Actium, et se fit dès lors adjuger
par le sénat de Rome, le pouvoir suprême avec le titre d'Imperator (général
victorieux), ceux de roi et de dictateur étant odieux au peuple romain, et
celui de consul ne suffisant pas à l'ambition d'Octave, parce qu'il ne
conférait cette dignité que pour un an, et qu'Octave entendait bien ne pas se
dessaisir du pouvoir. Il fut aussi nommé Auguste, et même Père de la patrie; il
prit en outre le nom de César qu'il légua à ses successeurs. Dans la suite il
fit sans doute semblant d'abdiquer, il offrit même sa démission au sénat; mais
il choisissait bien son temps, ce n'était qu'une comédie: il avait gagné le
sénat par des flatteries et des largesses, le peuple par sa modération et sa
douceur, l'armée par les succès de ses généraux. Son pouvoir fut ainsi trempé à
neuf et consolidé pour la vie; le sénat et le peuple ne furent plus qu'une
machine dont il tenait tous les fils, et qu'il conduisait comme il voulait. Il
conserva au gouvernement les anciens noms et les anciennes formes, sachant bien
que ces hochets (puisque hochets il y a), ont plus d'empire sur l'esprit des
peuples, que les constitutions elles-mêmes; il laissa au peuple le droit
d'élire les principaux magistrats, et au sénat la nomination des gouverneurs
des provinces, à l'exception de celles qui étaient exposées aux attaques de
l'ennemi, et dans lesquelles par conséquent les légions se trouvaient réunies:
c'était se faire la part du lion. Son plus grand soin était de rendre sa
domination insensible, afin de ne pas irriter un peuple qui avait répandu son
sang pour la république; il séduisit les Romains par ses manières et par sa
politique, et les laissa croire à la liberté lorsque déjà son gouvernement
n'était plus qu'une complète tyrannie.
Son siècle fut l'époque des plus beaux génies, soit
dans le domaine des lettres, soit dans l'art de l'administration et de la
guerre: les noms des Tite-Live, des Virgile, des Horace et des Mécènes dans la
littérature, des Agrippa, des Drusus, des Tibère dans la science des batailles,
répandent un éclat immortel sur ce règne despotique.
Auguste eut encore l'honneur et le bonheur de faire,
pour la troisième fois depuis la fondation de Rome, fermer le temple de Janus,
qui restait ouvert en temps de guerre; mais cette paix ne fut pas obtenue sans
de violents combats: il fallut en livrer en Afrique, en Asie, dans les Gaules
et en Espagne, où les légions eurent bien de la peine à soumettre les
Cantabres. Ses armes soumirent encore l'Aquitaine, la Pannonie, la Dalmatie,
l'Illyrie, et continrent les Daces, les Numides, les Éthiopiens. Il fit une
alliance avec les Parthes, qui cédèrent l'Arménie, et rendirent les drapeaux
enlevés à Crassus et à Antoine dont les armées avaient été taillées en pièces.
Cet hommage rendu à Auguste par les barbares, fut imputé à celui-ci par les
Romains comme un véritable triomphe. Il eut à combattre aussi les Germains sur
lesquels il remporta divers avantages, mais qui lui firent éprouver un échec
terrible par le massacre de l'armée commandée par Varus. Ce revers causa la
plus vive douleur à l'empereur, qui s'écria plus d'une fois: «Varus, Varus,
rends-moi mes légions!» Tibère effaça par ses triomphes la défaite de ce
général qu'il vengea cruellement.
Les jours de l'empereur furent deux fois menacés par
le fer des conspirateurs: la première fois, au commencement de son règne, la
deuxième vers la fin. Cinna, qu'Auguste avait comblé de ses bienfaits, était à
la tête de cette dernière conjuration. Auguste informé de la chose, fit venir
auprès de lui le coupable, lui pardonna généreusement en lui témoignant
beaucoup d'affection, et le fit même consul pour l'année suivante. Ce noble
procédé désarma tous les complices, et porta au plus haut degré l'amour et
l'admiration du peuple romain pour son chef. Dès lors il n'eut plus d'ennemis,
ni au dedans ni au dehors; sa douceur, sa clémence, son amour pour la justice
lui avaient gagné tous les cœurs. Nous avons vu sa conduite à l'égard
d'Archelaüs (— Voir: cet article); ce fut encore lui qui fit donner à Hérode,
par le sénat romain, la couronne de la Judée, et il y ajouta plus tard la
tétrarchie de Zénodonus: il voulut faire lui-même l'éducation d'Alexandre et
d'Aristobule, fils d'Hérode, et leur donna des appartements dans son propre
palais. On comprend, d'après cela, combien Auguste dut être affligé lorsque,
dans la suite, Hérode versa le sang de ces deux jeunes princes. «Il vaut mieux
être le porc d'Hérode que son fils!» s'écria-t-il dans son indignation.
Quand la paix fut rétablie dans son empire, il fit
faire un recensement général de tous ses sujets; il en ordonna même trois
presque consécutivement, et c'est pendant le second qui commença sept ans
environ avant Christ, et qui durait encore à cette époque, que Joseph et Marie
vinrent se faire enregistrer dans le lieu de leur bourgeoisie, Bethléhem, Luc
2:1-6. (Il faut ajouter cependant, que l'impôt qui fut établi par l'empereur en
suite de ce recensement, ne fut prélevé que quelques années plus tard.) Ce fut
dans la vingt-sixième année d'Auguste que naquit le Sauveur du monde; et le
même règne qui vit fermer les portes du temple de Janus, vit naître aussi le
prince de la paix, mais d'une paix meilleure et plus durable, de celle dont
l'Éternel a dit: «C'est moi qui la donne.» À côté du fondateur de la monarchie
impériale de Rome, s'élevait celui qui venait fonder le nouveau royaume
d'Israël, un empire universel, éternel, qui devait, quelque chétifs que fussent
ses commencements, envahir le monde entier, et dominer les ruines de l'empire
romain.
Auguste mourut à Nole en Campanie, l'an 14 avant
J.-C., au retour d'un voyage qu'il avait entrepris pour sa santé. Il avait
atteint sa soixante-treizième année, (selon d'autres sa soixante-dix-septième),
et avait régné quarante ans. Après sa mort, comme pendant sa vie, il fut
regardé comme un Dieu par le peuple romain qui lui éleva des temples, et lui
rendit un culte particulier.
— Son nom devint un titre pour les empereurs suivants,
et nous voyons, Actes 25:21, Néron désigné sous le nom d'Auguste.
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AULX,
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un des fruits de l'Égypte que les Israélites
regrettaient au milieu des privations du désert, Nombres 11:5. L'ail est trop
connu chez nous pour qu'il soit nécessaire de le décrire en détail: c'est
l'allium sativnm de Linné; sa tige plate et creuse se termine en ombrelle et
s'élève à un mètre environ. Il se trouvait en abondance en Égypte et en
Palestine; les Juifs le recherchaient à cause de sa douceur et de son goût
agréable; on s'en sert encore en Orient comme d'un plat favori. Les Grecs, au
contraire, et les Romains, l'avaient en horreur, soit à cause de son influence
pernicieuse sur la santé (Pline 20, 23), soit à cause de son odeur: ces
derniers avaient même appelé les Juifs fœtentes, à cause de leur haleine
habituellement forte et corrompue par l'ail.
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AUMÔNE.
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C'est ce que la charité donne aux pauvres, Matthieu
6:1,4. En hébreu, l'on exprimait cette idée par le mot de justice, parce que
l'aumône est une dette que l'on acquitte non pas envers le pauvre, mais envers
le Seigneur, cf. Psaumes 112:9; 2 Corinthiens 9:9-10. En grec, les mots qu'on a
rendus par aumône, signifient miséricorde et grâce, parce que c'est le
véritable amour, la véritable compassion qui doit en être le principe; c'est un
acte de bon vouloir et de fraternité religieuse envers le nécessiteux. Actes
10:2,4; 24:17; 2 Corinthiens 8:7.
La loi de Moïse prescrivait l'aumône proprement dite,
et semblait sanctionner ainsi cette fameuse charité légale, si redoutée de nos
économistes. Mais si l'on doit reconnaître qu'en effet chez nous les lois en
faveur des pauvres font les pauvres; si ce fait a atteint, en Angleterre
surtout, un degré effrayant de vérité, l'on peut croire aussi que la défectuosité
dans les résultats tient à un vice dans l'exécution, vice inhérent à l'état
actuel de la société, dont on ne saurait faire un reproche à cette société,
mais qui ne se trouvait pas le même dans l'organisation fraternelle,
théocratique et agricole de la société mosaïque. Aussi ne voyons-nous nulle
part jusqu'à l'avènement des rois et au luxe de la monarchie, mentionner des
mendiants dans l'histoire juive. La charité légale, au lieu de propager la
misère, l'adoucissait; et ce résultat, que partout l'on voudrait obtenir
maintenant, on doit lui assigner pour causes, directes ou indirectes: d'abord
l'esprit patriarcal et l'honneur de famille, plus forts alors que l'intérêt des
temps modernes; puis la fixité des héritages, les lois sur l'esclavage, le nombre
restreint et la qualité bien déterminée de ceux qui avaient le droit d'être
assistés; enfin la nature même des richesses et des occupations des Hébreux.
L'aumône ne consistait pas dans de petites pièces d'argent, négligente, commode
et dédaigneuse offrande jetée par le riche dans l'humble chapeau du pauvre:
c'étaient des prêts sans intérêt pour celui qui voulait travailler, des denrées
au moment de la récolte, un coin de champ à moissonner, quelques raisins à
grappiller; puis, au bout de sept ans, les fruits spontanés de l'année
sabbatique; autant d'aumônes qui obligeaient au travail, à l'ordre et à
l'économie, ceux qui voulaient y avoir part. Cette charité légale ne dispensait
donc pas du travail, elle n'encourageait pas l'oisiveté: elle faisait vivre les
vrais pauvres, sans offrir à d'autres la tentation de négliger leurs devoirs
pour venir se classer au nombre des assistés. Chacun, d'ailleurs, ne pouvait
pas indifféremment recourir à l'aumône publique, mais seulement la veuve,
l'étranger, le lévite et l'orphelin, qui n'ayant ni les uns ni les autres aucun
fonds de terre, aucun antécédent qu'ils eussent pu économiser, aucunes avances
faites, étaient véritablement, par leur infortune, dignes de la compassion des
Hébreux. Le vieillard même n'avait aucun droit à la charité, car il devait
avoir des fils travaillant pour lui, et, s'il avait vécu avec économie, il
pouvait avoir amassé de quoi se faire aider par des serviteurs (voir là dessus
Cellérier, Espr. de la législ. mos. II, 108, sq.).
Quant à la somme qui pouvait être exigée des
Israélites pour subvenir aux besoins des pauvres et du culte, quant aux
charités qui leur étaient prescrites et qu'ils devaient faire chaque année,
voici comment Saurin les résume dans son beau sermon sur l'Aumône, «calcul,
dit-il, qui peut nous convaincre de cette triste vérité, que si la religion
chrétienne l'emporte sur les autres, c'est dans les Évangiles, mais non dans la
conduite de ceux qui la professent.
1. Les
Juifs devaient s'abstenir de tous les fruits qui croissaient les trois
premières années, depuis qu'un arbre fruitier avait été planté. Ces premiers
fruits s'appelaient le prépuce: c'était un crime de se les approprier,
Lévitique 19:23.
2. Les
fruits de la quatrième année devaient être voués au Seigneur: c'était une chose
sainte à l'Éternel, Lévitique 19:24. Il fallait les envoyer à Jérusalem, du
moins il fallait en faire l'estimation et les racheter, en donnant au
sacrificateur une somme équivalente; en sorte que le peuple ne commençait à
recueillir ses revenus que dans la cinquième année.
3. Ils
étaient obligés d'offrir à Dieu, chaque année, les prémices de tous les revenus
de la terre, Deutéronome 26:2; les prémices, c'étaient les premiers fruits que
la terre produisait. Quand le père de famille se promenait dans son jardin, et
qu'il apercevait un arbre qui portait quelque fruit, il le marquait avec un
fil, afin de pouvoir le reconnaître lorsqu'il serait parvenu à une maturité
parfaite. Le père de famille mettait ce fruit dans une corbeille; on assemblait
ensuite tous ceux qui avaient été recueillis dans une ville; cette ville
envoyait des députés à Jérusalem: un bœuf couronné de fleurs était chargé de
cette offrande, et ceux qui avaient la permission de le convoyer allaient en
pompe à Jérusalem, en chantant ces paroles du Psaume 122:1: «Je me suis réjoui
à cause de ceux qui m'ont dit: nous monterons à la montagne de l'Éternel.»
Quand ils étaient arrivés à la ville, ils chantaient ces autres paroles: «Nos
pieds se sont arrêtés dans tes portes, ô Jérusalem!» (verset 2). Ensuite ils
allaient au temple, chacun ayant son offrande sur ses épaules, le roi même n'en
étant pas excepté, et ils chantaient encore: «Portes, élevez vos linteaux; huis
éternels, haussez-vous.» Psaumes 24.
4. Il
fallait qu'ils laissassent ce qui croissait dans l'extrémité de leurs champs,
et qu'ils le cédassent au pauvre, Lévitique 19:9. Et pour éviter les fraudes
qui auraient pu se mêler dans cette pratique, ils avaient déterminé un point
fixe à l'observation de cette loi, et ils laissaient la soixantième partie de
leur champ pour cet usage.
5. Les
épis qui tombaient pendant la moisson étaient employés à la même fin, Lévitique
19. Et si vous consultez Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 8, 4), il vous
dira que cet ordre de Dieu les obligeait non seule-ment de céder aux pauvres
ces épis qui étaient tombés comme par hasard, mais d'en laisser tomber même
volontairement et de propos délibéré, cf. Ruth 2:16.
6. Ils
étaient obligés de donner chaque année pour les sacrificateurs la quarantième
partie de leurs revenus; du moins c'est ainsi que le sanhédrin avait expliqué
la loi de Deutéronome 18:4.
7. Ils
en devaient une dixième pour l'entretien des Lévites, Nombres 18:21.
8. Les
revenus que portait la terre chaque septième année étaient pour les pauvres, du
moins le propriétaire n'y avait pas plus de droit que les étrangers, Lévitique
25:23. Et les Juifs ont eu une si grande idée de ce précepte, qu'ils prétendent
que c'est pour l'avoir violé, qu'ils ont été transportés à Babylone. C'est à
cela qu'ils rapportent ces paroles du Lévitique 26:34: «Alors la terre prendra
plaisir à ses sabbats tout le temps qu'elle sera désolée, et lorsque vous serez
au pays des ennemis, la terre se reposera et prendra plaisir à ses sabbats.»
Cf. 2 Chroniques 36:21.
9. Toutes
les dettes contractées parmi le peuple devaient être remises entièrement après
le terme de sept ans, Deutéronome 15:2. En sorte qu'un débiteur qui durant sept
années était hors d'état de s'acquitter, devait être parfaitement absous.
Ajoutez à toutes ces dépenses les occasions
extraordinaires, tant de sacrifices, tant d'oblations, tant de voyages à
Jérusalem; ajoutez-y le demi-sicle du sanctuaire, et vous verrez que Dieu avait
imposé à son peuple un tribut qui allait à près de la moitié de ses revenus.
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AUTEL,
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espèce de table destinée à recevoir les saintes
offrandes que l'on présentait à l'Éternel, et qui y étaient consumées en tout
ou en partie. Il ne paraît pas qu'avant le déluge on ait fait usage d'autels;
les sacrifices étaient offerts sur le sol même de la terre. Ceux qui furent
construits dès lors par Noé, Abraham, Jacob, Job, et d'autres encore avant
Moïse, ne se composaient guère que de pierres brutes ou de terre amoncelée. Lorsque
Salomon consacra le temple, il fit de tout le milieu de la cour ou du parvis,
comme un vaste autel où il immola et brûla ses nombreuses victimes. Depuis
l'érection du tabernacle, il y eut deux autels, celui des holocaustes et celui
des parfums. L'autel des holocaustes, tel que Moïse le construisit, était une
espèce de coffre en bois de sittim, surmonté de plaques d'airain pour le
préserver du feu. Il avait environ 5m,76 de longueur, autant de largeur, et
2m,16 de hauteur; à chaque angle il y avait une corne d'airain, où
s'attachaient les victimes. La plaque supérieure était en forme de gril; les
cendres tombaient dans un bassin à l'intérieur. Cet autel pouvait se
transporter; on l'enveloppait de couvertures, et les lévites le chargeaient sur
leurs épaules, au moyen de barres en bois de sittim recouvertes d'airain. Celui
que Salomon lit construire avait des dimensions beaucoup plus considérables;
mais on ignore s'il était d'airain massif, si l'intérieur était en maçonnerie,
ou même s'il n'était point creux en dedans. Il avait 15m,12 de long, autant de
large, et environ 7m,50 de haut; on y montait du côté de l'orient par un plan
incliné. Il paraît que l'autel qui fut reconstruit après la captivité avait
24m,12 à la base, et 18 au sommet. (— Voir: Exode 27:1-9; 2 Chroniques 4:1,
etc.).
L'autel des parfums était une petite table de bois de
sittim recouverte d'or, carrée, ayant 0m,72 de côté, et un peu moins de 1m,44
en hauteur. Une corniche d'or l'entourait; aux quatre angles était une corne
également d'or, et l'on pouvait le transporter au moyen de barres de bois de
sittim plaquées en or.
Ces deux autels furent solennellement consacrés par
aspersion de sang et par l'onction sainte; chaque année on en arrosait les
cornes avec le sang versé dans le grand jour des expiations. L'autel des
holocaustes était placé dans la cour extérieure, à peu de distance de la face
orientale du tabernacle ou du temple: c'est là qu'on offrait le sacrifice
perpétuel du matin et du soir, outre une multitude d'autres oblations; c'est là
que se réfugiaient, en certains cas, ceux qui s'étaient rendus coupables de
quelque crime. L'autel des parfums était placé dans le sanctuaire, devant le
second voile; on y brûlait soir et matin l'encens consacré, et l'on n'y pouvait
offrir quoi que ce fût d'autre. La loi ordonnait d'entretenir continuellement
le feu de l'autel auquel s'était mêlé le feu céleste descendu sur les premières
victimes d'Aaron. L'autel des holocaustes est une ligure de Christ, notre
parfaite expiation et notre refuge contre la colère à venir; l'autel des
parfums nous représente encore Jésus-Christ comme notre avocat et notre éternel
intercesseur. Exode 30; Hébreux 9.
Parmi les autres autels que les Juifs élevèrent comme
peuple béni de l'Éternel, nous mentionnerons encore celui du Jourdain, qui fut
surnommé Hed, c'est-à-dire témoin, et celui du mont Hébal, sur les pierres
brutes duquel la loi devait être gravée en caractères durables, Josué 22;
Deutéronome 27:1-8. Malheureusement ce peuple ingrat et dur ne dressa que trop
souvent d'autres autels, à l'instar de ceux des païens, et son histoire nous le
montre plantant des bocages autour de ces monuments, tandis que l'Éternel
n'avait pas voulu qu'on mît aucun arbre près de ses autels. Deutéronome 16:21.
Quant aux païens, ils avaient aussi, comme on sait,
leurs autels consacrés à leurs divinités, et le nombre en était considérable,
vu la facilité avec laquelle ils décrétaient de nouveaux dieux, jusque-là qu'il
n'a pas dépendu d'eux que deux apôtres chrétiens ne devinssent à Derbes deux
divinités païennes. Actes 14. Nous avons parlé, à l'article Athènes, de l'autel
à un dieu inconnu.
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AUTRUCHE,
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oiseau bien connu. L'espèce appelée par les
naturalistes struthio camelus, et qui est celle que l'on comprend ordinairement
sous le nom d'autruche, à la taille d'un chameau, de longues jambes, de courtes
ailes, des plumes extrêmement estimées comme ornements, et le cou assez fort,
d'environ un mètre de longueur. Elles ne volent pas, mais leur course est
extrêmement rapide et pareille à celle des meilleurs chevaux de Barbarie.
Xénophon raconte que l'armée de Cyrus le jeune trouva près de l'Euphrate un
grand nombre d'autruches, et qu'on leur donna la chasse avec les chevaux les
plus vigoureux, sans pouvoir les atteindre. Le mot hébreu que nous traduisons
par autruche est Bath-Yahanéh (fille de la voracité); mais les interprètes sont
peu d'accord sur le sens de ce mot; quelques-uns, comme Luther et Martin, le
traduisent par chat-huant; d'autres, comme Calmet, par cygne. La traduction que
nous avons adoptée se justifie par les considérations suivantes. D'abord elle a
pour elle presque tous les anciens (les Septante, saint Jérôme, Aquila,
Symmaque, etc.), et l'analogie de la langue arabe. En outre, tous les passages
de l'Écriture qui parlent de cet oiseau s'accordent parfaitement avec ce que
nous savons de l'autruche, Lévitique 11:16; Deutéronome 14:15. Il est mis au
nombre des animaux impurs, probablement à cause de l'indifférence avec laquelle
il avale tout ce qu'il rencontre, blé, vers, pièces de monnaie, pierres et
sable; son estomac est devenu proverbial à cet égard, quoiqu'on n'en soit plus
à l'idée qu'elle digère tout ce qui entre dans son corps. Les Arabes cependant,
les Éthiopiens, les Indiens et les Romains regardaient la viande de l'autruche
comme un mets délicat, bien qu'elle soit dure, sèche et difficile à cuire:
serait-ce peut-être sa rareté qui lui méritait cet honneur? ou si l'on n'en
mangeait que certaines parties naturellement plus fines, la langue, le foie ou
les ailes?
— Il est dit, Ésaïe 13:21; 34:13; 43:20; Jérémie
50:39; Lamentations 4:3, qu'elle habite en des lieux désolés, au milieu des
chardons et dans les déserts, détails qui vont encore à l'autruche, dont nous
savons qu'elle se tient de préférence au milieu des sables, vivant par troupes
et se nourrissant surtout de dattes; quelques naturalistes arabes prétendent
qu'elle ne boit jamais.
— Cet animal est représenté, Lamentations 4:3, comme
cruel envers ses petits, et tous les voyageurs racontent de l'autruche qu'elle
abandonne au soleil et dans le sable ses œufs après les avoir pondus, semblant
ne pas s'inquiéter de ce qui en adviendra: ce jugement ne doit cependant pas
être accepté dans son sens le plus défavorable, et s'il est vrai qu'elle ne
couve pas ses œufs comme les autres oiseaux, c'est que son poids immense les
écraserait, tandis qu'elle peut très bien se borner à les surveiller, en les
faisant éclore dans la chaleur du sable.
— Enfin, Job 30:29, et Michée 1:8, lui attribuent un
cri plaintif et lamentable, que le voyageur Shaw (Voyages, p. 390) a de même
mentionné en parlant de l'autruche; il raconte que souvent, au milieu de la
nuit, elle pousse une espèce de gémissement lugubre (— Voir: en général
Bochart, Hiéroz. II, 811 sq.).
Il est encore parlé, Job 39:16, d'un oiseau nommé en
hébreu Renanim, et que l'on pense également devoir être l'autruche, bien que
quelques auteurs (Luther entre autres) le traduisent par paon. La traduction de
nos Bibles «As-tu donné aux paons ce plumage qui est si brillant, ou à
l'autruche les ailes et les plumes?» doit être remplacée par celle-ci: «L'aile
de l'autruche ne s'agite-t-elle pas (dans sa course)? N'est-elle pas comme
l'aile et comme les grosses plumes de la cigogne?» Les versets suivants sont
mieux rendus, et leur ensemble montre évidemment que dans ce passage il s'agit
de l'autruche; le verset 20, qui accuse cet animal de manquer d'intelligence,
rappelle le proverbe arabe qui dit: «plus bête qu'une autruche;» et le verset
21 peut se rapporter, soit à la rapidité de sa course, soit à la grandeur de sa
taille: «Parfois même, lorsqu'elle se dresse (pour courir), elle se rit du
cheval et de celui qui le monte;» elle les devance, ou bien elle est plus haute
que l'un et l'autre à la fois: ces deux sens sont également vrais et justifiés
par les faits.
— Voir: Pline, H. N. 10, 1.
________________________________________
AVEN, ou Bethsémès, ou encore Héliopolis,
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1. Ézéchiel
30:17, ou Bethsémès, ou encore Héliopolis, entre la mer rouge et le Nil, en
Égypte; elle était située à une journée de la capitale de ce royaume. C'est la
même ville que On, au pays de Goscen;
— Voir: On.
2. Amos
1:5, vallée de la Syrie damascénienne, peut-être la vallée du Liban, Josué
11:17. (Bikhath signifie vallée.)
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AVOCAT,
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nom donné à Jésus-Christ, 1 Jean 2:1. Il intercède et
plaide pour les pécheurs, et nous pouvons nous faire une idée de cette
intercession par ce qu'on appelle sa prière sacerdotale, Jean 17. «J'ai prié
pour toi, dit-il à Pierre, afin que ta foi ne défaille point.»
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AZOR,
________________________________________
nommé dans la généalogie de Jésus-Christ, Matthieu
1:13, est inconnu.
________________________________________AZOTE,
________________________________________Actes 8:40,
— Voir: Asdod.
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-B
________________________________________
________________________________________
BABEL
________________________________________
(confusion), Genèse 11. Un siècle environ après le
déluge, au temps de Péleg*, les hommes qui composaient la famille humaine
s'étant insensiblement éloignés du mont Ararat, arrivèrent dans les plaines de
Sinhar. Plusieurs des descendants de Cam voulant, à ce qu'il paraît, échapper
aux menaces divines dirigées surtout contre Canaan, cherchèrent à se procurer
un ascendant sur les autres membres de la famille. Abandonnant, en conséquence,
la droite voie, et refusant de se conformer aux pieux conseils de leur aïeul,
qui leur avait recommandé un attachement sincère au vrai Dieu, ils se mirent à
construire une ville avec une tour énorme. Leur vrai motif était l'orgueil,
l'ambition, le désir de régner; le moyen par lequel ils espéraient parvenir à
ce résultat était la concentration de l'humanité dans un même système politique
et hiérarchique, moyen infaillible pour éteindre à jamais la lumière divine, et
pour étouffer tout développement de l'Église du Seigneur. En général on peut
dire que c'est dans la famille de Cam que le gouvernement patriarcal a le
premier et le plus anciennement été remplacé par une organisation politique
sociale et monarchique; voyez les Égyptiens, les Indous, les Chinois.
* Péleg signifie
littéralement : diviser, partager, briser avec violence, fragmenter. Ce nom est
utilisé pour signaler une catastrophe cosmique et apocalyptique qui se
produisit dans cette période de l’histoire. Il indique que la Terre, qui était
encore d’un seul Continent après le Déluge, fut fragmentée en diverses parties,
donnant la forme géographique que nous connaissons de nos jours. Tout semble
indiquer que cette catastrophe fut occasionnée par un ou plusieurs astéroïdes
gigantesques qui frappèrent la Terre, possiblement des débris de la planète Nod
qui explosa lors du Déluge, formant la ceinture d’astéroïdes entre Mars et
Jupiter.
On suppose que c'est Nimrod qui conçut le premier
l'idée de cette entreprise. Comme ils ne connaissaient pas de carrières dans le
sol fertile où ils s'étaient établis, ils cuisirent des briques, et se
servirent de bitume en guise de mortier. La tradition porte que, pendant trois
ans, ils ne firent autre chose que de préparer leurs matériaux; et déjà, depuis
vingt-deux ans, ils s'occupaient de l'œuvre de leur construction, lorsque
l'Éternel, qui ne voulait pas cette agglomération du genre humain sur un seul
point de la terre, et qui voyait les sentiments d'orgueil, d'impiété, de
stupidité qui présidaient à l'érection de cette tour gigantesque, interrompit
les travaux brusquement, et, par sa toute-puissance, fit échouer le premier
essai d'une monarchie universelle, qui ne réussira jamais que sous l'économie
spirituelle du Sauveur du monde. La dispersion des peuples et la confusion des
langues furent le moyen dont Dieu se servit pour dissiper le conseil des
méchants; mais l'on se demande si cette confusion des langues fut elle-même la
conséquence naturelle de la dispersion des chefs, ou si, miraculeuse et subite,
ce fut elle qui obligea les travailleurs à se séparer. Les rationalistes et
quelques docteurs, même orthodoxes, ont admis la première hypothèse; mais il
faut avouer que le texte biblique favorise davantage la seconde. Quoi qu'il en
soit, il paraît que ceux dont l'esprit et la langue étaient le plus troublés
s'éloignèrent davantage de la Mésopotamie, et l'on peut croire que ceux qui
demeurèrent sur l'emplacement après la confusion sont aussi ceux dont la langue
a conservé le plus de rapports avec la langue primitive. La famille de Sem
n'ayant pas pris part au péché des Camites, n'aura pas non plus partagé leur
châtiment; et c'est chez eux, dans les langues sémitiques, et surtout dans
celle du pieux Héber (l'hébreu), que nous trouverons la langue dont doivent
s'être servis les hommes depuis la création jusqu'à Babel.
(Le mot tour ou
MIGDAL en Hébreu porte aussi la notion d'une Pyramide, ce qui entre pleinement
dans le contexte historique des anciennes nations, particulièrement dans la
période de l'ancienne Babylone et l'Égypte. Alexandre Hislop, dans son livre
remarquable «Les Deux Babylones», nous indique qu'elle a été construite par
Cush, le faux prophète, et son fils Nemrod, le Rebel et Grand Souverain des
nations de cette période. Il est intéressant de remarquer que le nom Cush en
Chaldéen signifie chaos et que traduit en Égyptien ce nom devient Chéop, ce qui
nous indique fortement que la Pyramide de Chéop serait nulle autre que
l'ancienne tour de Babel. Ceci nous indique aussi qu'il y a une différence
entre les noms Babel et Babylone, les deux ne seraient pas nécessairement
identiques. Babel était située dans le pays de Shinear (Gen. 11:2,3) et Hislop
nous dit que «Shinear» signifie «terre régénérée». Il ajoute que l'ancienne
Égypte, fondée par Mitsraïm, frère de Cush, était à ce temps un vaste marais et
qu'il détourna les eaux du Nil en construisant des digues pour faire sécher les
terres d'où son nom Mitsraïm qui signifie «constructeur de digues». De ce fait
le sol du pays de Mitsraïm ou Égypte devint très fertile, sa terre fut ainsi
régénérée. Les anciens Égyptiens pratiquaient un culte de régénération qui fut
associé à ce fait, déifiant le soleil qui assécha les terres. Cet ancien culte
du soleil avait deux aspects, un externe qui se rapportait aux symboles
physiques, et l'autre interne qui se rapportait au culte de l'intelligence, ce
dernier étant encore en vigueur de nos jours à tous les niveaux de la société,
particulièrement dans les nations dites démon-cratiques. Les Saintes-Écritures
nous indiquent clairement que la région de l'ancienne Égypte et ses environs
étaient sous le domaine de la famille de Cham, fils de Noé, et que ces gens
étaient de race noire. Nous sommes loin de la tour traditionnelle et du pays de
Babylone.
Concernant la
confusion des langues, nous avons l'indice dans les Deux Babylones d'Alexandre
Hislop, qu'il s'agit d'une catastrophe apocalyptique dans laquelle le Continent
Terre, car en ce temps la Terre fut d'un seul Continent, fut fragmenté
violemment pour former les cinq continents que nous connaissons de nos jours.
Il est ainsi
légitime de penser que la confusion des langues fut occasionnée par la
séparation des continents, la relation entre les pyramides du Mexique et de
l'Égypte en est une indication. D'ailleurs le Popol Vuh ou Bible des Mayas
indique que ce peuple vint d'Égypte et se rendit dans les terres du Mexique à
pied, démontrant que les Amériques étaient encore reliés à l'Afrique d'une
certaine façon avant la catastrophe qui transforma toute la géographie de la
Terre. Ce fut en ce temps que l'ancien Continent d'Atlantide des Caphtorims
«île en forme de couronne» (Gen. 10:14) fut submergé sous les eaux, lorsque les
colonnes d’Hercule ou Rocher du Gibraltar se fendit lors de l’éruption d’un
volcan qui causa un tremblement de terre, laissant pénétrer les eaux de
l’Atlantique dans les vallées de la Méditérannée.)
Le même Dieu qui, dans cette occasion, multiplia les
langues pour séparer les pécheurs et les empêcher de s'entendre, est venu plus
tard, aux jours de la Pentecôte, rendre toutes les langues communes à ceux qui
avaient reçu le Saint-Esprit, afin de recueillir le peuple de ses fidèles.
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BABYLONE, ou Babel,
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capitale de la Caldée. On la comptait au nombre des
sept merveilles du monde, et l'Écriture l'appelle la cité d'or, la gloire des
royaumes, la reine des royaumes, la beauté de l'excellence des Caldéens, le
marteau de toute la terre, la hache de bataille qui brise en pièce les nations,
Ésaïe 13:49; 14:4; Jérémie 50:23, etc. Les historiens profanes ne sont pas
moins positifs dans ce qu'ils nous racontent de cette ville; si Hérodote,
Xénophon, Strabon, Pline, Diodore de Sicile et Quinte-Curce ne sont pas
entièrement d'accord sur les détails, c'est que leurs descriptions se
rapportent à des époques différentes: mais ils s'accordent tous sur son
étonnante magnificence, qu'atteste encore aujourd'hui l'immense étendue de ses
ruines. Le témoignage d'Hérodote, en particulier, nous est d'autant plus
précieux qu'il visita lui-même Babylone, un siècle à peu près après la mort de
Belsatsar, et qu'il ne rapporte que ce qu'il a vu de ses yeux et bien examiné.
Située dans une vaste plaine, Babylone formait un
carré parfait dont chaque côté avait une étendue de 10 kilomètres; d'autres
disent 25. Le mur dont elle était entourée avait environ 126 mètres d'élévation
sur 32 d'épaisseur; il était surmonté de 250 tours (d'autres disent 316),
construites, aussi bien que la muraille, en grandes briques cimentées avec du
bitume. Entre le mur et la ville était un large fossé plein d'eau, dont les
berges étaient également revêtues de briques; c'est de là qu'on avait extrait
toute la terre qu'on avait, dû cuire pour la construction des murailles, en sorte
que ce canal devait être assez large et assez profond. Entre les maisons et la
muraille, il y avait un espace de 80 mètres environ. Cent portes d'airain
massif, vingt-cinq de chaque côté, s'ouvraient sur la campagne; du nord au sud
vingt-cinq rues, d'orient en occident vingt-cinq rues, larges de 54 mètres et
longues de 8 kilomètres, traversaient la ville dans toutes les directions, et
la partageait en 629 espèces d'îles carrées, dont l'intérieur était destiné aux
jardins et dépendances. L'Euphrate, qui traversait la ville du nord au sud,
était également resserrée entre des murailles aussi hautes que celles mêmes de
la ville; d'immenses escaliers, fermés par des portes d'airain, permettaient de
descendre jusqu'au fleuve. Les quais étaient magnifiques; leur plus bel
ornement consistait dans les jardins suspendus, établis sur des terrasses
voûtées qui s'élevaient jusqu'au niveau des murailles, immenses parterres du
sein desquels on voyait s'élancer des arbres de la plus haute dimension; puis,
sur la plate-forme la plus élevée, un vaste réservoir dans lequel le jeu d'une
puissante machine hydraulique amenait les eaux de l'Euphrate.
— On y remarquait encore le temple de Bélus (Bel, ou
Bahal), le palais de Nébucadnetsar, qu'environnait un triple mur de 10 kilomètres
de tour, d'autres disent qu'il avait deux lieues et demie de longueur; enfin le
fameux tunnel construit en briques et en bitume sous l'Euphrate, galerie qui
servait à lier les deux moitiés de la ville, et qui était un objet de luxe et
de magnificence, plutôt qu'il n'avait une utilité réelle, vu les ponts nombreux
qui facilitaient toutes les communications au-delà du fleuve.
Le temple consacré au dieu Bel était une tour
colossale, composée de huit tours, s'élevant les unes au-dessus des autres, en
diminuant de grandeur. Celle qui servait de base formait un carré régulier dont
chaque côté avait 216 mètres de long: l'ensemble offrait l'aspect d'une
pyramide grandiose; on y montait du dehors par un chemin en spirale. Au sommet
du temple était une chambre ou chapelle sans images, où il n'y avait pour tout
meuble qu'une table et un lit; une prêtresse y passait la nuit, parfois même on
y faisait des observations astronomiques. À l'étage inférieur de la tour était
une autre chambre ou chapelle, mais plus vaste et mieux décorée; l'image de Bel
s'y trouvait en or, derrière une table d'or. Heeren, d'accord avec les
traditions arabes et juives, pense que cette tour est l'ancien édifice
construit par Nimrod. Des huit étages trois se sont conservés jusqu'à présent; les
matériaux dont ils sont construits sont les mêmes que ceux qui sont indiqués
Genèse 11, et la qualité des décombres est de beaucoup supérieure aux autres
restes d'architecture que l'on trouve au même endroit, de même que la solidité
et le grandiose de cette composition gigantesque. Toutefois il paraît peu
probable que les habitants de cette contrée aient essayé de reconstruire un
temple de Bel au même endroit et sur les ruines de l'orgueilleuse tour, dont la
tradition portait qu'elle avait été renversée par Dieu lui-même. Le professeur
Schubert qui, dans son voyage en Orient, incline à croire que la tour de Babel
est effectivement celle qui porte encore le nom de Birs-Nimrod, à 12 ou 15
kilomètres ouest de l'Euphrate, pense qu'il faut voir le temple de Bel dans une
ruine située sur la rive orientale, et qui s'appelle maintenant la colline
d'Amran.
Néanmoins, le texte
de la Bible semble indiquer une différence entre «Babel» et «Babylone». Babel
était situé dans le pays de Schinear, terme qui signifie «terre régénérée des
eaux» et qui se rapporte à Mitsraïm, fils de Cham, qui dérouta les eaux du Nil
en construisant des digues afin de faire sècher les terres de l’ancienne
Égypte, qui à ce temps fut un vaste marais. Dans cette optique, le pays de
Mitsraïm, qui devint connu comme l’Égypte, avait originalement pour nom
«Babel», c'est-à-dire «la porte des dieux», car Cush, son frère et père de
Nimrod, fut déifié comme «le père des dieux» lors de la grande apostasie de ce
temps. Tandis que Babylone était située en Mésopotamie où se trouve
présentement l’Iraq moderne. Or Cush en Chaldéen signifie «Chaos» et ce dernier
se traduit «Chéop» en Égyptien. En d’autres mots, la pyramide de Chéop est
elle-même la Tour de Babel originale.
- Voir: Les Deux
Babylones, par Alexandre Hislop.
Le Birs-Nimrod présente dans la partie qui est encore
debout, des caractères qui semblent devoir remonter immédiatement à l'époque de
la tour de Babel, et qui excluent par là même la supposition qu'on ait essayé
de construire un autre édifice en cet emplacement: ce sont d'énormes fragments
de constructions en briques, qui ont été complètement fondus et vitrifiés; ils
sonnent comme du verre; et pour que la brique ait pu devenir sonore à un degré
pareil, il faut qu'elle ait été exposée à une chaleur égale à celle de la plus
ardente fournaise. Le feu du ciel a pu produire ce résultat, et l'on pourrait
voir dans le passage Genèse 11:5 (l'Éternel descendit) l'intervention sublime
d'un Dieu qui s'avance entouré des éléments, des flammes de feu ses ministres,
qui doivent le venger. L'historien Flavius Josèphe nous a conservé, à cet
égard, une vieille tradition qui dit positivement que la dispersion des hommes
et la confusion des langues a été accompagnée d'orages effrayants, et de grands
bouleversements dans la nature.
Bélus, le premier homme qui ait porté le titre de roi
de Babylone, et qu'on estime avoir été contemporain de Samgar, juge d'Israël,
Bélus et Sémiramis agrandirent considérablement la ville de Babylone, et
l'embellirent; mais ce fut surtout Nébucadnetsar, seul, ou de concert avec sa
belle-fille Nitocris, qui y mit la dernière main, et qui en fit une des
merveilles du monde. C'était alors le beau temps pour le prince de ce siècle et
pour les puissances de l'air; la grande cité, l'orgueil du monde, était le
jouet de Satan, qui se faisait adorer sous les figures différentes de Bel, de
Nébo, de Nergal, de Mérodach, de Succoth-Bénoth, etc., tour à tour, et tout à
la fois, séduisant les Babyloniens par la crédulité et par l'incrédulité, par
l'idolâtrie, par la superstition, par les plaisirs de la chair. Ils adoraient
le feu, et s'estimaient très habiles dans l'astrologie, la magie, et l'art de
la divination, Daniel 2:2; 4:7; 5:7; Ésaïe 47:12. C'est de chez eux que cette
prétendue science s'introduisit dans le pays de Canaan, Ésaïe 2:6, et peut-être
même en Égypte.
Puis Cyrus vint, et Babylone fut prise, 538 ans avant
J.-C. Plus tard Xercès pilla le temple et le détruisit. Alexandre le Grand, qui
voulut le rétablir, 320 ans avant J.-C., employa dix mille soldats à en
déblayer les ruines; mais il mourut au milieu de ses débauches sans avoir
achevé ses travaux. Enfin Séleucus, un de ses successeurs, voulant s'illustrer,
fonda, près de Babylone, une ville qui devait s'appeler Séleucie d'après son
nom; pour la peupler, il força cinq cent mille Babyloniens à se transporter
dans sa nouvelle capitale. C'est alors que fut consommée la ruine définitive de
cette cité.
— Voir: Ésaïe 13:19-22; Jérémie, 51, etc..
— Voir: Pierre h.
Nous parlerons, à l'article Caldée, de la religion des
habitants de la contrée dont Babylone était la capitale. Les prophéties
annonçant la chute complète et la dévastation d'une des merveilles du monde qui
semblait devoir durer toujours, se sont réalisées d'une manière étonnante; les
voyageurs les plus incrédules ne peuvent, lorsqu'ils ont visité ces ruines
fameuses, employer, dans leurs descriptions, d'autres mots ni d'autres phrases
que celles mêmes des prophètes.
— Voir: Keith, Accompliss, des Proph..
Le roi de Sésac dont il est parlé, Jérémie 25:26, ne
saurait être autre que celui de Babel ou Babylone, cf. 51:41; mais
l'explication étymologique de ce mot a longtemps embarrassé les interprètes.
L'opinion la plus probable est celle de saint Jérôme qui pense que, de peur
d'offenser les Caldéens, le prophète aura formé ce nom mystérieux du nom même
de la ville de Babel, en comptant les lettres depuis la fin de l'alphabet au
lieu de les prendre depuis le commencement (les voyelles ne comptent pas);
ainsi les deux B de Babel auront été remplacés par l'avant-dernière lettre S,
et la onzième depuis le commencement, L, aura été remplacée par la onzième
depuis la fin, K; Bbl aura fait Ssk, Sésak. Pour d'autres explications.
— Voir: Dahler, Commentaires sur Jérémie, sect. 18, t.
II, p. 201, 202.
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BABYLONIE,
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province d'Asie, bien connue, dont Babylone était la
capitale, mais qui ne doit pas être confondue avec la terre des Caldéens
Jérémie 24:5; 25:12; Ézéchiel 12:13. (Cette dernière, d'après Ptolémée, 5, 20,
ne comprenait que la partie méridionale de la Babylonie, tandis que la province
entière portait le nom de Sinhar.) Elle était bornée au nord par la
Mésopotamie, à l'orient par le Tigre, au midi par le golfe Persique, à l'ouest
par le désert de l'Arabie. Son territoire, situé sous un ciel pur et salubre,
n'était parcouru par aucune montagne un peu haute. La fertilité du sol était
fabuleuse et dépassait tous les prodiges de l'Égypte et du Nil; Pline, Hérodote
et Strabon en racontent des merveilles; Hérodote même commence par dire qu'il
n'ose en parler parce qu'on ne le croira pas, et qu'il faut avoir vu les
phénomènes de cette terre pour y croire; il ajoute qu'elle ne rapporte jamais
moins de 200 pour 1; et Strabon assure que la récolte atteint souvent le
chiffre de 300 pour 1, sans parler de la grosseur extraordinaire des grains.
C'était surtout en blé et en palmiers, que la Babylonie était riche; on y
trouvait peu de dicotylédones, et les arbres de nos climats, notamment le bois
de construction, y étaient rares. Cette exubérante fertilité provenait d'abord
de la bonté du sol et du climat, puis des irrigations produites par les crues
annuelles du Tigre et de l'Euphrate, irrigations que les habitants avaient
régularisées à grands frais, et mises à profit au moyen d'écluses et de canaux,
dont un grand nombre étaient même navigables, et qui s'étendaient sur toute la
surface du pays.
Les Babyloniens étaient célèbres par leur habileté
dans les arts, par la perfection de leurs tapis et autres objets de luxe. Ils
avaient accaparé une grande partie du commerce de l'Asie, et leur réputation
comme marchands et négociants était universelle, Ézéchiel 17:4. Tandis qu'ils
remplissaient par terre toutes les routes un peu fréquentées des caravanes,
Ésaïe 43:14, nous les montre faisant aussi le commerce des mers, mais à ce
qu'il paraît avec des vaisseaux étrangers, surtout phéniciens. Leurs richesses
devinrent immenses et ne furent surpassées que par leurs vices et leurs
débordements de tous genres.
Le christianisme s'y introduisit de bonne heure,
essentiellement, à ce qu'il paraît, au milieu des familles juives dispersées
qui s'y trouvaient depuis la captivité, et dont les ancêtres n'avaient pas
voulu jouir du privilège qui leur était accordé de pouvoir rentrer dans leur
patrie.
— Voir: 1 Pierre 5,13; cf. Psaumes 87:4.
L'apôtre Pierre écrivit de Babylone la première de ses
épîtres, et peut-être aussi la seconde. Ce fut aussi là que les Juifs
comptèrent leurs plus fameuses synagogues depuis la dernière destruction de
Jérusalem; et c'est d'elles que sortit cette vaste compilation rabbinique
connue sous le nom de Talmud.
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BACA,
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nom d'une vallée qui se trouvait sur le chemin de
Jérusalem. Ce mot signifie mûrier; il signifie aussi les pleurs, et c'est à
cette dernière étymologie qu'il est fait allusion Psaumes 84:6. «Passant dans
la vallée de Baca, ils la réduisent en fontaines (de réjouissances).» Il est possible
que cette vallée fût la même que celle de Réphaïm ou terre des géants.
— Voir: ce mot.
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BAGUE.
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Les Orientaux d'autrefois, comme ceux d'aujourd'hui,
aimaient à se parer d'un grand nombre de bagues. Les hommes n'en portaient
généralement qu'aux doigts; ces anneaux renfermaient en même temps leur cachet.
Les femmes, en revanche, et les enfants des deux sexes, en portaient à
profusion, aux doigts, au nez, aux oreilles, aux bras et aux pieds.
— Voir: articles Boucles, et Cachet.
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BAHAL,
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(seigneur ou mari.) Ce fut peut-être dans les premiers
temps le nom qu'on donnait au vrai Dieu. Du moins est-il sûr que c'était le nom
générique de tous les faux dieux de l'Orient, comme Hastaroth était celui de
leurs déesses. Les Moabites, les Phéniciens, les Assyriens, les Caldéens et
souvent les Hébreux, eurent leur Bahal, qui, suivant les circonstances, s'appelait
Bahal-Bérith, Bahal-Péhor, Bahal-Zébub, etc. De là aussi la terminaison Bal qui
caractérise beaucoup de noms d'origine phénicienne, tels que Annibal, Abibal,
Asdrubal, Adherbal; etc..
— Voir: encore Eth-Bahal, 1 Rois 16:31.
Ce mot de Banal entrait souvent dans la composition
des noms de personnes ou de villes, et alors les Hébreux pieux le changeaient
en béseth ou boseth qui signifie honte. Ainsi de Jérubbahal ils avaient fait
Jérubbéseth, Juges 6:32; 2 Samuel 11:21; d'Esbahal Is-Boseth, et de Merib-Bahal,
Méphiboseth, 1 Chroniques 8:33-34; 2 Samuel 2:12; 9:6.
— Banal est quelquefois féminin (p. ex. Romains 11:4;
dans le grec), de même que Hastaroth sert parfois à désigner un dieu. D'autres
fois on lit Bahalim, pluriel de Bahal, soit parce qu'il y avait plusieurs
divinités de ce nom, soit seulement parce qu'on le représentait sous diverses
images. Le culte de Bahal et de son épouse Hastaroth était accompagné de toutes
sortes d'abominations. On entretenait toujours un feu allumé dans leurs
temples, et on leur élevait des autels dans les bocages, sur les lieux élevés,
et même sur les toits des maisons. Jérémie 32:29; 2 Rois 17:16; 23:4-13; Juges
2:13.
Si ce fut Nimrod, ou Bélus, ou Hercule le Tyrien, qui
le premier reçut les honneurs divins, c'est ce qu'on ne peut établir
positivement; mais il paraît constaté que les Phéniciens adoraient sous ce nom
le soleil, et la lune sous celui de Hastaroth.
Les Moabites commencèrent avant le temps de Moïse à
rendre un culte à Bahal, et les Hébreux s'y livrèrent déjà du temps de ce
législateur et prophète, Nombres 22:41; Psaumes 106:28; ils retombèrent dans
cette idolâtrie après la mort de Josué et sous les juges Ehud, Gédéon et
Jephthé, Juges 2:13; 3:7; 6:25; 10:6. Samuel paraît l'avoir entièrement fait
disparaître pendant le temps de son administration, mais deux cents ans plus
tard, Achab et Jézabel la réintroduisirent avec toutes ses abominations: quatre
cent cinquante prêtres furent consacrés à Bahal, et presque autant à Hastaroth.
Couverts de honte par Élie sur le mont Carmel, et l'impuissance de leurs dieux
ayant été démontrée, ils furent saisis et mis à mort par l'ordre du prophète.
Joram, fils d'Achab, n'adora pas Bahal sans doute, mais le peuple continua de
demeurer dans l'idolâtrie. Après sa mort, Jéhu, feignant une grande vénération
pour l'idole, convoqua devant ses autels tous les prêtres de mensonge dévoués
au culte de Bahal, et il les fit passer tous au fil de l'épée. Peu de temps
après, le souverain sacrificateur Jéhojada, tuteur de Joas, supprima le culte
de Bahal dans le royaume de Juda, mais Achaz et Manassé l'y restaurèrent.
Josias l'abolit de nouveau, et de nouveau ses fils le rétablirent dans toute sa
force, 1 Rois 16:31; 18:18; 2 Rois 10:21; Jérémie 19:5.
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BAHALA et Bahalé,
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— Voir: Kiriath-Jéharim.
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BAHALATH,
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— Voir: Bahah-Gad.
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BAHAL-BÉRITH,
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nom de l'idole qu'on adorait à Sichem, et dont les
Israélites firent leur dieu après la mort de Gédéon, Juges 8:33. Peut-être
était-ce la Bérith ou Bore des Phéniciens, fille de leur Vénus et d'Adonis, ou
seulement Bahal envisagé comme garant des alliances (Bérith, alliance); ce
serait alors le Orkios des Grecs et le Jupiter Sponsor, ou Fidius-Ultor des
Romains.
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BAHAL-GAD,
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ville située au pied nord-ouest du mont Hermon, dans
la vallée du Liban, à l'extrême frontière nord-est de la terre promise;
peut-être aussi le nom d'une des sommités de l'Hermon, Josué 11:17; 12:7; 13:5.
Elle possédait un temple dédié au soleil ou à Bahal, dont la célébrité remonte
à des temps très anciens: de là son nom grec d'Héliopolis, ses noms hébreux de
Beth-Sémès, Josué 19:38; Juges 1:33, de Baal-Hammon, Cantique 8:11, de
Bahalath, 1 Rois 9:18, si toutefois ces divers noms désignent bien la même
ville dont les ruines étonnent encore les voyageurs par leurs proportions
gigantesques.
— Quelques-uns comparant 1 Rois 9:18; 2 Chroniques
8:6, et Josué 19:14, pensent qu'il faut chercher le Bahalath que fortifia
Salomon, dans le voisinage de Guézer et de Beth-Horon, par conséquent dans la
tribu de Dan: ces trois villes auraient été bâties et fortifiées pour prévenir
une irruption des Égyptiens; mais dans 1 Rois 9:17-18, on voit au contraire que
Guézer et Beth-Horon sont liées l'une à l'autre, tandis que Bahalath paraît l'être
davantage à Tadmor (Palmyre). Le nom moderne de Bahalath est Baalbeck, si,
comme nous le pensons, on doit la chercher sur les frontières de la Syrie; là,
dans un petit village à peine habité maintenant, l'on trouve comme monuments
d'une grandeur passée, les ruines du temple du Soleil, les blocs les plus
lourds qui aient été jamais remués par la main des hommes, des blocs de 23
mètres de longueur, larges de 4 et épais d'autant, présentant ainsi des masses
de plus de 350 mètres cubes; et cette ville, ajoute Bræm, est à peine
mentionnée dans l'histoire! Elle sert aujourd'hui de capitale aux Moutoualis,
montagnards farouches et pillards qui rôdent aux environs.
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BAHAL-HANAN
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(grâce de Bahal), fils de Hacbor, septième roi des
Édomites. Son nom donnerait lieu de croire que le culte de Bahal avait alors
prévalu chez les descendants d'Ésaü, comme chez ceux de Canaan. Genèse 36:38.
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BAHAL-HATSOR,
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ville près d'Éphraïm, à 15 kilomètres environ nord-est
de Jérusalem, entre Béthel et Jérico. Il y en a qui croient que c'est Hatsor de
la tribu de Juda, Josué 15:25. Mais alors il faudrait la placer plus au midi. C'est
là qu'Absalon lit le festin qu'il ensanglanta par le meurtre de son frère
Amnon. 2 Samuel 13:23.
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BAHAL-HERMON,
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Juges 3:3; 1 Chroniques 5:23. Une partie du mont
Hermon; peut-être la même que Bahal-Gad.
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BAHALIS,
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roi des Hammonites, qui envoya Ismaël, fils de
Néthania, pour assassiner Guédalia, commissaire de Nébucadnetsar auprès des
Juifs restés en Canaan, Jérémie 40:14. Cette mission ne pouvait avoir d'autre
motif que la haine enracinée des Hammonites contre les Juifs, et l'espoir de
profiter ensuite des troubles qui résulteraient de la mort du gouverneur: aussi
paraît-il bien que les Juifs regardèrent la mort de Guédalia comme une calamité
publique. Ismaël, de son côté, se prêta de fort bonne grâce à la mission de
meurtre dont il était chargé, poussé par la jalousie, parce qu'étant de sang
royal, il n'avait pas été nommé gouverneur.
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BAHAL-MÉHON,
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Nombres 32:38, Beth-Bahal-Méhon, Josué 13:47,
Beth-Méhon, Jérémie 48:23, Béhon, Nombres 32:3. Probablement ce n'était qu'une
même ville avec différents noms; elle appartenait à la tribu de Ruben. Les
Hébreux l'enlevèrent à Sihon, qui l'avait peut-être conquise lui-même sur les
Moabites: ceux-ci la reprirent, mais elle fut plus tard détruite par les
Caldéens, cf. Ézéchiel 25:9. Il paraît cependant qu'elle fut rebâtie de nouveau,
et qu'elle existait sous les Maccabées.
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BAHAL-PÉHOR,
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Nombres 25:3. Idole des Moabites et des Madianites;
quelques-uns pensent que c'était le Mitsraïm, ou l'Osiris des Égyptiens, ou le
Priape des Grecs: elle s'appelait Péhor du lieu où était son temple, comme
Jupiter fut appelé Olympien, du mont où il était adoré. Ce lieu a pris ensuite
le nom de Bahal-Péhor, et plus tard nous le retrouvons aussi sous celui de
Beth-Péhor, Deutéronome 4:46. Le changement de Bahal en Beth se retrouve
également dans quelques-uns des noms qui suivent.
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BAHAL-PÉRATSIM,
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endroit qui se trouvait dans la vallée des Réphaïm, où
David mit en déroute les Philistins, 2 Samuel 5:20; 1 Chroniques 14:11, cf.
Ésaïe 28:24. Il pouvait être à 5 kilomètres sud-ouest de Jérusalem.
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BAHALSALISA,
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2 Rois 4:42, ville ou village de la Palestine,
probablement dans le pays de Salisa, 1 Samuel 9:4, mais du reste, inconnu.
Eusèbe et Jérôme font mention d'un Beth-Salisa, ville à 25 ou 26 kilomètres au
nord de Diospolis: ce pourrait bien être la même.
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BAHAL-THAMAR
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(Baal des palmiers), Juges 20:33, lieu près de Guibha.
Peut-être que les Cananéens y adoraient Bahal dans un bocage planté de
palmiers. C'est là que la tribu de Benjamin fut presque entièrement détruite
par les autres tribus, à cause du crime des Benjamites contre la femme d'un
lévite d'Éphraïm.
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BAHAL-TSÉPHON
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(Bahal du Nord), Exode 14:2; Nombres 33:7. Était-ce
une idole placée à l'extrémité nord de la mer Rouge, comme pour garder l'entrée
de l'Égypte, ou bien une place fortifiée? c'est ce qu'on ne saurait décider:
cette dernière opinion est cependant la plus probable, mais elle peut se concilier
avec l'autre, en admettant que la ville avait pris son nom de l'idole même qui
s'y trouvait placée.
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BAHAL-ZÉBUB,
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(Bahal des mouches), 2 Rois 1:2-3, dieu de Hékron. Il paraît,
ou qu'on le représentait sous l'image d'une mouche, ou qu'on le regardait comme
appelé à garantir de la piqûre des mouches malfaisantes: peut-être était-ce le
même que le Hacor de Cyrène à qui l'on attribuait un semblable pouvoir, et que
le Jupiter chasse-mouche (apomuïos) des Grecs. Le culte de cette fausse
divinité était encore en usage au temps de notre Sauveur, puisque les Juifs
l'accusèrent de chasser les démons par Béelzébub le prince des démons,
c'est-à-dire par Satan, comme le montre la réponse de Jésus, Matthieu 12:24;
cf. 10:25; Marc 3:22; Luc 11:15,18; mais en passant dans la langue hébraïque,
le nom du Dieu païen fut défiguré de diverses manières, conformes au mépris que
les Hébreux professaient pour tout ce qui venait du dehors, en religion
surtout. Les uns l'appelèrent Béelzebul (ou Zéboul), dieu du fumier, surnom
dont le sens n'avait pas besoin d'explication sans doute, mais dont la
formation grammaticale n'était pas tout à fait conforme au génie de la langue
hébraïque, puisque fumier se dit Zébel, et non Zéboul; cependant chacun sait
que lorsqu'il s'agit d'un jeu de mots, l'on ne se montre pas trop exigeant
quant à l'exactitude et à la précision linguistique. D'autres, à ce qu'il
paraît, appelèrent ce faux dieu Banal ou Béelzébuth, soit qu'on veuille y voir
un pluriel abrégé de Bahal-Zébub pour Bahalzébuboth, soit que les habitants
d'Hékron aient eux-mêmes voulu donner, au nom de leur divinité, cette
terminologie qui la faisait ressembler un peu à celle de Bahalzébaoth,
l'Éternel des armées, des Hébreux, soit qu'ils aient cherché auprès des nations
étrangères à cacher ce qu'il y avait de puéril dans l'image et dans les
attributions de leur dieu, en déroutant par un simple changement de lettres,
les recherches qu'on eut pu faire à ce sujet; soit enfin que les Hébreux
eux-mêmes se tissent scrupule de nommer par son nom une divinité païenne. À
côté de ces diverses explications sur le nom de Béelzébuth, il en resterait
encore une, c'est que cette manière d'écrire ne serait autre chose qu'une faute
d'orthographe: on ne peut guère se prononcer d'une manière absolue, et chacun
peut choisir l'explication qui lui paraît le plus probable.
D’après Alexandre
Hislop dans son œuvre «Les Deux Babylones», le nom «Béelzébub» signifie
«seigneur de l’agitation» symbolisé sous l’image des mouches. Il s’agit en
effet d’un principe d’agitation contre Dieu, une rebellion de la nature humaine
qui s’oppose à la lumière de la vérité, souvent désigné comme «un esprit
troublé», c'est-à-dire «un dérèglement de conscience» que les anciens nommaient
«un démon». Les perturbations de l’âme sont nombreuses et variées, elles
affectent la vie physique et psychique d’un individu et se manifestent dans une
conduite anormale souvent obcessive qualifiée comme un état de possession par
les gens superstitieux et crédules.
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BAHANA et Récab,
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fils de Rimmon, Benjamites, officiers dans l'armée de
Saül. Désespérant, après la mort de leur maître, de voir réussir son parti et
celui de son fils leur nouveau roi Is-Boseth, ils se défirent de lui pendant
son sommeil, lui tranchèrent la tête, et s'en furent la porter au prétendant,
dans l'espoir d'en obtenir une riche récompense. Mais David, après leur avoir
reproché vivement l'horreur de leur trahison, ordonna qu'on les mît à mort,
qu'on leur coupât les mains et les pieds, et qu'on les suspendît au-dessus de
l'étang de Hébron, 2 Samuel 4, ce qui fut immédiatement exécuté.
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BAHASA,
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1 Rois 15:27; 2 Chroniques 16:1; etc., fils d'Ahija,
de la tribu d'Issacar, général en chef des armées de Nadab, conspira contre son
maître, le vainquit, le mit à mort, et monta sur le trône à sa place. Il fut
ainsi le troisième roi d'Israël, 953 avant J.-C. À peine établi sur le trône,
il fit égorger toute la famille de Jéroboam, selon l'usage des usurpateurs
d'exterminer les dynasties qu'ils veulent remplacer par la leur; il choisit
Tirtsa pour sa résidence, et voulut fortifier Rama, ville frontière située
entre ses États et ceux de Juda; mais Asa, roi de Juda, traita avec Ben-Hadad,
roi de Syrie, qui rompit son alliance avec Bahasa, et sortit contre lui; il
attira son ennemi vers le Nord et le vainquit. Bahasa fut de même en hostilités
constantes avec Asa, mais ne put rien entreprendre contre ce monarque aimé de
Dieu. Il régna vingt-quatre ans; sa longue administration montra sa prudence et
son habileté, comme son usurpation même avait prouvé son courage: mais ces
vertus toutes terrestres, si même le monde consent à les décorer de ce nom, ne
purent le préserver des châtiments d'en haut. Après avoir servi de verge à
l'Éternel pour punir la famille de Jéroboam, il entendit le prophète Jéhu
prononcer contre sa race les mêmes malédictions que le prophète Ahija avait
prononcées contre la maison de Jéroboam. Éla son fils lui succéda, mais deux
ans après sa dynastie n'existait plus; Zimri l'usurpateur avait assassiné le
fils d'un usurpateur impie, et mis à mort toute sa maison.
Le nom de Bahasa se retrouve 1 Rois 21:22; 2 Rois 9:9;
Jérémie 41:9.
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BAHURIM,
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ville de la tribu de Benjamin, à 2 kilomètres environ
nord-est de Jérusalem; 2 Samuel 3:16; 16:5; 17:18. On croit que c'est la même
que Halmon.
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BAILLIS,
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Daniel 3:2. Les différents noms donnés dans ce passage
aux officiers de la cour et du royaume de Nébucadnetsar, sont difficiles à
traduire, et n'expriment pas tous des idées qui puissent nous être claires,
parce que plusieurs des charges désignées ne nous sont pas connues, et que
d'autres se rapportent à des fonctions qui sont sans analogie parmi les peuples
de l'Occident, soit anciens, soit modernes? Nous en donnerons ici la traduction
aussi exacte que possible, et si nous avons quelque chose à ajouter sur
quelques-unes de ces fonctions, nous le ferons à leurs articles spéciaux.
«Nébucadnetsar fit convoquer les satrapes, les gouverneurs lieutenants (du
roi), les gouverneurs de provinces (militaires?), les juges supérieurs (au lieu
de baillis), les trésoriers, les juges, les hommes de loi, et tous les
fonctionnaires (sous-gouverneurs, ou employés) des provinces», etc.
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BAINS.
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Les bains sont en Orient plus nécessaires que partout
ailleurs à cause de l'ardeur du climat, soit sous le point de vue de la
propreté, soit sous le rapport sanitaire, comme mesure de précaution contre les
maladies de la peau si répandues dans les pays chauds, où la poussière, les
miasmes et la transpiration se réunissent pour les rendre redoutables. Aussi
les bains étaient-ils regardés chez les Hébreux comme un objet de première
nécessité, cf. Néhémie 4:23, et dans certains cas la loi même les prescrivait
en guise de purification pour ceux qui étaient entachés de quelque souillure,
cérémonielle ou légale, de telle sorte qu'ils étaient, à cet égard, en relation
intime avec la religion mosaïque. Des ablutions étaient ordonnées pour les
lépreux, Lévitique 14, pour celui qui avait mangé d'une bête morte de mort
naturelle 17:15-16, pour celui qui avaient touché un reptile 22:6; cf. encore
15:5; 13:58; Nombres 19:19; Deutéronome 23:11.
— On ne se baignait pas seulement dans les fleuves,
Lévitique 15:13; 2 Rois 5:10; il y avait aussi dans les maisons des grands, et
dans leur cour, des salles de bains 2 Samuel 11:2, et même, plus tard, les
Juifs eurent, comme les Grecs et les Romains, des bains publics dans leurs
principales villes. Hors de leur pays, et là où les populations juives et
païennes se trouvaient mélangées, les Juifs ne craignaient pas de se rencontrer
aux mêmes bains avec les gentils. Les femmes se servaient quelquefois de son en
guise de savon. Parmi les bains naturels que l'on trouvait en Palestine, et qui
étaient considérés comme ayant une influence favorable sur les maladies, il
faut remarquer ceux de Tibériade, de Gadara et de Béthesda.
— Voir: ces articles.
Flavius Josèphe mentionne encore celui de Kalirrhoon.
Les Arabes de nos jours, n'ayant pas toujours à leur portée des sources ou des
rivières pour accomplir les lustrations qui leur sont prescrites par le Coran,
remplacent parfois l'eau par du sable ou de la terre dont ils se frottent le
corps au lieu de se baigner; quelques interprètes ont essayé de voir une
allusion à cet usage dans le passage 2 Rois 5:17, où Naaman demande la
permission d'emporter de la terre sacrée la charge de deux mulets.
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BAISER.
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Outre le baiser d'amour, dont quelques rabbins ont
voulu faire abstraction complète, la Bible nous montre encore le baiser.
1. comme
marque d'amitié au moment de l'arrivée, Luc 7:45; 15:20; au moment du départ,
Ruth 1:14; Actes 20:37, ou dans une rencontre Matthieu 26:48; 2 Samuel 20:9. On
baisait le visage, Genèse 29:13; 33:4; Exode 4:27; 18:7; 1 Samuel 20:41; etc.,
ou bien la barbe, qu'on prenait avec la main droite, 2 Samuel 20:9. Dans
l'Église primitive le baiser fraternel était considéré comme signe de l'union
sainte qui liait les frères les uns aux autres, Romains 16:16; 1 Corinthiens
16:20; 2 Corinthiens 13:12; 1 Thessaloniciens 5:26. Les frères se le donnaient dans
les assemblées publiques, comme cela se pratique encore dans quelques-unes des
églises de nos jours qui aiment à conserver avec l'ancien amour les anciennes
formes par lesquelles il se manifestait. Ce baiser était aussi le signe de la
réconciliation entre des personnes ennemies jusqu'alors. Genèse 33:4.
2. C'était
une marque de vénération, d'hommage et de respect rendu d'abord
a. à
la Divinité, au Dieu d'Israël et des chrétiens, Psaumes 2:12. (baisez le Fils
de peur qu'il ne s'irrite), et aux divinités étrangères par leurs adhérents, 1
Rois 19:18; Osée 13:2. (qu'on baise les veaux); ces derniers baisaient les
statues de leurs dieux quand ils le pouvaient, et leur envoyaient des baisers
quand le dieu était trop loin, comme par exemple le soleil levant,
— Voir: Pline 28, 5; cf. Job 31:27;
b. puis
aux princes que l'on voulait honorer et se rendre favorables. Samuel baisa Saül
en l'oignant roi sur Israël, 1 Samuel 10:1. Dans l'Orient moderne on baise les
mains, les genoux ou les pieds des rois (comme du pape); tous ne sont pas même
admis à cet honneur insigne; cf. Ésaïe 49:23; Michée 7:17; Psaumes 72:9. Nous
voyons encore Ester (5:2) baiser le bout du sceptre que lui tend son royal
époux.
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BAJITH.
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Ésaïe 15:2. C'était, ou bien un simple temple, ou bien
une ville du pays de Moab, dans laquelle se trouvait un temple. C'est là que le
roi de Moab se rendit pour adressera son idole de vaines supplications contre
les Assyriens. Il serait possible que ce Bajith ne fût autre que Bahal-Méhon.
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BALAAM,
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fils de Béhor ou Bosor, fameux prophète ou devin de la
ville de Péthor sur l'Euphrate, espèce d'astrologue ou de mage, parfois même
prophète; car, livré à toutes les bassesses de l'avarice et à toutes les
souillures du paganisme, Balaam n'ignore pas les traditions des ancêtres, des
patriarches et du Dieu de Noé. Il appelle encore Jéhovah son Dieu, sans doute parce
qu'il appartenait à la postérité de Sem, dans la famille duquel la connaissance
et le culte du vrai Dieu s'étaient conservés avec le plus de pureté. Il paraît
même, d'après le conseil abominable que Balaam donna à Balac, qu'il se formait
une juste idée de la sainteté de l'Éternel. Le roi moabite, espérant de vaincre
Israël, avait essayé de le faire maudire par le Dieu même qui protégeait ce
peuple. Séduit par de riches présents, Balaam part malgré les avertissements
d'une voix intérieure, et malgré le sentiment qu'il a de l'œuvre inique dont il
se charge. Il selle son ânesse, il se met en route; mais déjà il doit
s'arrêter, la bête qui le porte refuse d'avancer; elle voit un ange que le
regard obscurci du cupide prophète n'aperçoit pas, et Balaam, sourd à la voix
de la conscience, doit entendre la voix d'une bête de somme qui l'humilie,
celle d'un messager céleste qui l'effraye. Ces graves reproches le font rentrer
en lui-même; mais sa repentance est hypocrite comme l'ont été ses prières et sa
désobéissance. Toutefois l'ange ne lui ordonne pas de retourner en arrière; il
lui annonce au contraire des prophéties du ciel: Tu ne diras que ce qui te sera
inspiré. Dieu va se créer un prophète dans la personne de Balaam, comme il a
fait de l'ânesse une prophétesse, et le peuple de Dieu se voit béni par la
bouche de celui-là même qui, séduit par l'or, venait pour le maudire. Balaam ne
prononce que des bénédictions; il annonce l'étoile qui doit venir, et ses
paroles mystérieuses touchant le Messie sont recueillies avec empressement par
les païens avides d'un Sauveur. Il annonce encore le bonheur et la prospérité
dont jouiront les enfants d'Israël dans la terre promise, comment ils se
soumettront toutes les nations environnantes, et celle même du roi que le faux
prophète voudrait servir; il dit aussi que les Juifs seront toujours un peuple
à part qui ne se confondra pas avec les autres peuples. Puis dans le sentiment
de son péché, mais sans repentance, le malheureux s'écrie: Que je meure de la
mort des justes, et que ma fin soit semblable à la leur. Nombres 23:10. Ce
désir ne fut pas exaucé, parce que Balaam demandait mal; et quand les douze
mille d'Israël se furent avancés contre Moab et contre les Madianites, cinq
rois furent tués et Balaam avec eux, Nombres 31:8. Le nom de ce faux prophète
est rappelé Néhémie 13:2; 2 Pierre 2:15; Jude 11; Apocalypse 2:14; et Michée
nous parle encore (6:5) d'un conseil que Balac avait pris contre Israël, et
d'une réponse remarquable que lui fit Balaam.
Cette histoire présente plusieurs difficultés dont
quelques-unes sont heureusement résolues par M. Grandpierre, dans son Essai sur
le Pentateuque, d'après l'ouvrage allemand de Hengstenberg sur Balaam. Comme on
trouve dans les paroles et la conduite du faux prophète un mélange d'erreur et
de vérité, il est probable qu'il y avait aussi dans son origine quelque chose
de louche; il est à la fois juif et païen. Nous sommes plutôt disposé à croire
qu'il était Hébreu de naissance, et que, toujours poussé par la cupidité et
l'ambition, il a préféré mettre ses dons et ses lumières au service du plus
offrant. La Caldée était pour lui un meilleur terrain que le désert du voyage,
et il ne risquait pas d'y rencontrer un Moïse. Comme les prophètes, il était
quelquefois maître de son inspiration; il ne le fut pas toujours: il dut obéir
quand Dieu ordonna. Le discours de l'ânesse a égayé bien des incrédules, mais
ce n'est pas une preuve; le fait n'est pas plus extraordinaire que bien
d'autres, et ne demande pas d'explications.
— Son histoire est racontée Nombres 22 à 24.
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BALAC,
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fils de Zippor, roi des Moabites. Effrayé de voir sur
ses frontières ces Israélites dont la réputation belliqueuse et conquérante
était parvenue à sa connaissance par la défaite de Sihon et de Hog, il sentit
la nécessité de s'appuyer sur un secours puissant et eut recours à Balaam.
C'est donc par des malédictions qu'il voulait préluder à cette guerre; mais le
refus de Balaam, et la prophétie solennelle qu'il prononça sous l'impulsion du
Saint-Esprit détournèrent Balac de son premier dessein. Les Moabites cependant,
comme les Hammonites, n'avaient rien à craindre de l'approche d'Israël,
Deutéronome 2:9; mais la terreur de ces peuples n'en était pas moins légitime,
puisqu'ils ne connaissaient rien, ni des plans de Dieu, ni des desseins des
Israélites.
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BALADAN,
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2 Rois 20:12; Ésaïe 39:1, père de Mérodac-Baladan,
q.v.
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BALATH-BÉER, ou Bahal,
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Josué 19:8; 1 Samuel 30:27, ou Bahal, 1 Chroniques
4:33, ville des Siméonites, située probablement vers les frontières sud-ouest
du territoire appartenant à cette tribu. Elle est encore appelée Rama du midi,
et peut-être aussi n'est-elle autre que cette Ramoth à laquelle David envoya
une partie des dépouilles enlevées sur les Hamalécites.
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BALEINE.
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Le nom de cet animal se trouve dans nos traductions,
Genèse 1:21; Job 7:12; Psaumes 74:13; Matthieu 12:40. La version anglaise l'a
encore Ézéchiel 32:2; la Bible de Luther l'a comme la version française. Le mot
hébreu est Than ou Thannin; les Septante l'ont traduit par Kétos, qui signifie
effectivement baleine, et notre traduction de Matthieu 12:40; est exacte; mais
l'hébreu doit-il se rendre par Kétos? signifie-t-il une baleine? C'est
extrêmement peu probable. On ne saurait croire que les écrivains sacrés aient
eu connaissance de cet animal, qui n'a jamais paru ni sur les côtes de la
Palestine, ni sur celles de l'Égypte, soit du côté de la Méditerranée, soit du
côté de la mer Rouge, et les rapports des voyageurs à cette époque n'avaient pas
encore atteint le Groenland, le Spitzberg, ou les mers qui sont le séjour des
baleines. Mais si l'on est d'accord à penser qu'il ne s'agit pas de ce gros
cétacé dans les passages cités, ni dans l'histoire de Jonas, les opinions
varient beaucoup lorsqu'il s'agit de déterminer d'une manière positive quel
était ce poisson; il paraît que le même mot doit se traduire diversement dans
les différents passages. On pense qu'il s'agit du crocodile dans le verset de
la Genèse.
(Harris,
Natural Hist. of the Bible. Hurdis, Critical Dissert, on the word wahle in
Genesus 1:24, etc.)
Quant au grand poisson de
Jonas, les uns ont prétendu que c'était l'orca de Pline, espèce de dauphin
(Hase, etc.); d'autres (Calmet, Bochart, Linnée, Winer) pensent, et c'est
l'opinion la plus probable, que c'est le chien marin (canis carcharias, ou
squamus carcharias, de Linnée), le requin, dont la mâchoire est armée de quatre
cents dents aiguës, rangées sur six rangs, et dont la gueule est si vaste
qu'elle peut, fort à son aise, engloutir un homme tout entier. Il n'est pas
rare de voir ce monstre avaler des hommes et même des chevaux, et l'on a trouvé
jusqu'à dix thons dans l'estomac d'un requin dont le poids s'élevait à peine à
quatre cents livres. On dit que lorsqu'un de ces poissons tiendrait la gueule
ouverte un moment, un chien pourrait descendre jusqu'au fond de son estomac
pour y chercher la nourriture qui s'y trouve.
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BALTHASAR,
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— Voir: Belsatsar.
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BAMOTH,
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Nombres 21:19. Ville située au-delà du Jourdain, sur
les frontières du pays de Moab; d'après Eusèbe, elle aurait été située sur
l'Arnon: c'est la même que Bamoth-Bahal, Josué 13:17.
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BANNISSEMENT.
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Le Nouveau Testament nous présente dans
l'interdiction, ou expulsion de la synagogue, une espèce de peine
ecclésiastique, et comme une excommunication juive; elle était prononcée, en
général, dans les cas d'hérésie, Luc 6:22; Jean 9:22; 12:42; 16:2. On faisait
couvrir de pierres, par jugement, le corps de celui qui mourait interdit.
Pendant tout le temps que durait la peine, le condamné ne pouvait se raser, ni
se couper les cheveux, et il ne pouvait entrer dans le temple que par une porte
faite exprès. La Gémara, du reste, et les rabbins parlent de deux espèces
d'excommunications différentes, la petite et la grande. Cette dernière,
accompagnée de malédictions, pouvait être plus ou moins longue; elle empêchait
toute espèce de rapports et de communications avec le dehors, et ne pouvait
être prononcée par moins de dix membres de la synagogue. L'autre, moins sévère,
pouvait être prononcé par un seul homme, le rabbin, par exemple; sa durée ne
pouvait excéder trente jours, et celui qui était ainsi exclu de la synagogue
continuait de vivre avec sa famille sans en être empêché, même il pouvait
traiter ou converser avec d'autres, moyennant qu'il y eût entre eux et lui la
distance de quatre coudées, un peu plus de deux mètres.
C'est de cette excommunication que fut puni
l'aveugle-né dont Jésus avait opéré la guérison, Jean 9:34.
Quelques rabbins parlent encore d'une troisième espèce
d'excommunication plus sévère que les deux autres, et qui aurait consisté à
livrer un homme à tous les maux, à le livrer à Satan, cf. 1 Corinthiens 5:5; 1
Timothée 1:20. On pourrait y joindre encore cette exécration de la part de
Christ, dont il est parlé Romains 9:3. Mais tout en admettant comme un fait
très naturel qu'il y ait eu divers degrés d'excommunication, il n'est rien
moins que prouvé que les expressions sus-mentionnées renferment des allusions à
quelques usages juifs, et l'on ne peut rien préciser au-delà de ce que nous
avons dit sur la grande et la petite excommunication.
Quant au bannissement comme peine politique, nous en
trouvons une trace dans le passage Esdras 10:8.
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BAPTÊME.
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Ce mot indique primitivement l'acte de plonger, de
tremper, mouiller, humecter, puis de laver et de nettoyer. Dans l'original du
passage Marc 7:8, il y a «le baptême des pots et des coupes.»
— Pris dans le sens religieux, ce mot n'implique pas
nécessairement, quoique certaines congrégations le prétendent, l'idée d'une
immersion totale. Tous les passages allégués en faveur de cette assertion
peuvent admettre une interprétation moins littérale, et indiquer seulement que
celui qui devait recevoir le baptême, et celui qui devait l'administrer,
entraient l'un et l'autre des pieds dans l'eau à une hauteur indéterminée, et
que ce dernier répandait peut-être avec la main de l'eau sur la tête du
néophyte.
Le contexte de la
loi et des prophètes indique que le baptême était un rituel de purification qui
se pratiquait par aspersion ou effusion. Dans ce sens le baptême porte la
notion de consécration et le mot doit se traduire ainsi. Toutefois dans le
contexte de la grâce le mot prend un sens plus intime et signifie «être engagé
ou introduit» dans l’Esprit de la Sainte Présence de Christ. Il s’agit ainsi
d’une assimilation au Corps de Christ dans lequel le fidèle est intégré par
l’attribution des mérites du sacrifice de la croix. Pour le chrétien réel, le
baptême d’eau n’a plus aucune valeur dans la dispensation de la grâce, car
iln’est plus sous la loi des rituels et des ordonnances qui furent abolis par
le sacrifice de Christ sur la croix, puisque Christ est la fin de la loi pour
tous ceux qui croient. Le baptême que Christ a ordonné est un engagement
spirituel et non un rituel de purification. Ni peut-il être conçu d’une manière
symbolique puisqu’une telle approche remettrait le fidèle sous loi et le
retrancherait de la grâce.
— Voir: Actes 8:38.
Le mot de l'Évangile, que Jean baptisait à Énon «parce
qu'il y avait là beaucoup d'eau», Jean 3:23, ne prouve pas davantage cette
immersion absolue (la bonne traduction de
ce passage indique plutôt «qu’il y avait plusieurs ruisseaux».) Dans ces
pays brûlants, les torrents, et jusqu'à un certain point les rivières, sont
sujets à se dessécher presque entièrement dans certaines saisons de l'année; on
vit un roi, Achab, et l'un de ses principaux officiers, se mettre
personnellement en chemin pour aller chercher des endroits un peu arrosés, 1 Rois
18:5-6.
— Voir: encore 2 Rois 3:9, etc.
Dans le passage de l'Évangile qu'on vient de citer le
mot beaucoup pourrait donc parfaitement signifier ce qu'ici, dans la zone
tempérée, nous appellerions un peu, d'autant plus que le mot eaux est dans le
grec au pluriel; ce qui semblerait indiquer, presque avec certitude, non pas
une eau profonde, mais une grande ramification du torrent, qui permettait
peut-être à Jean-Baptiste de faire baptiser simultanément en plusieurs
endroits.
— La raison la plus puissante peut-être pour repousser
l'idée des baptêmes par immersion totale, c'est l'obligation absolue où aurait
été la multitude qui venait se faire baptiser par Jean au désert, Marc 1:5,
d'apporter des vêtements de rechange et de se déshabiller ainsi complètement,
hommes et femmes. La chose semble inadmissible et impraticable. À combien plus
forte raison dans nos climats, et dans les profondeurs du Nord! On allègue que
le baptême chrétien devant être l'image d'un ensevelissement, et de la mort à
une vie précédente, à laquelle succède une résurrection, l'immersion totale
représente mieux la chose. Mais l'Évangile n'est pas si matériel qu'il
s'asservisse à représenter à ce point-là les idées qu'il veut figurer. Il donne
quelques signes, et celui qui a de l'intelligence comprend.
Nous venons de dire quel est le sens du baptême, du
moins du baptême chrétien; et pour nous borner à ce qui regarde l'Écriture
sainte, il nous semble que c'était même la signification de toutes les espèces
de baptêmes religieux dont nous parle la Bible; car elle en indique plusieurs à
différentes époques de la vie théocratique, et différents peut-être dans les
cérémonies qui en accompagnaient l'application. Jacob et sa famille se lavèrent
avant de s'approcher de Dieu à Béthel, Genèse 35:2. Les Hébreux en firent
autant avant d'entrer dans l'alliance de l'Éternel en Sinaï, Exode 19:14; 1
Corinthiens 10:2. Aaron et ses fils se lavèrent également lorsqu'ils furent
initiés à la sacrificature, Exode 29:4. Enfin, sous le ministère de saint Jean,
même avant le baptême chrétien proprement dit, le baptême devint le sceau de la
nouvelle alliance, ayant alors déjà la même signification qu'il eut plus tard,
bien qu'il n'annonçât pas aussi clairement la doctrine du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, Actes 19:3.
— Dans ces différents cas, et quel que soit le sens
spécial que pourraient donner à la chose ceux qui étaient lavés, le baptême
était toujours un rite d'initiation.
Quant au baptême chrétien, la belle signification dont
nous venons de parler est positivement indiquée par saint Paul, Romains 6:3-11;
elle est pleine de grandeur et correspond exactement aux idées que se faisaient
déjà les esséniens, et que se sont faites, après eux, les moines catholiques
romains, du renoncement au monde qui doit caractériser toute âme vraiment
pieuse. Seulement les deux sectes que nous indiquons ici bornaient ce
renoncement à quelques individus dont elles faisaient une sorte d'élite, tandis
que Jésus et son Évangile imposent cette sainte et douce obligation à tout
fidèle. Dans ce sens-là, le baptême d'un homme qui embrasse la foi correspond
presque en tout point à ce qu'est la prise du voile chez une religieuse,
l'endossement de l'uniforme chez un militaire, la robe virile chez les Romains.
Ce n'est qu'un type, un symbole, mais un symbole parlant. Et c'est par ces
considérations qu'on doit expliquer ce qui est dit dans l'endroit de l'épître
aux Romains, indiqué plus haut, «que nous sommes ensevelis avec Christ par le
baptême:» c'est évidemment par la foi en Christ, et par le don que nous lui
faisons de nous-mêmes, que nous sommes ensevelis avec lui, et non par la
cérémonie même. Mais comme le symbole se liait étroitement, pour ceux à qui
Paul écrivait, à la foi dont il s'agit, l'apôtre argumente de l'un comme de
l'autre. Cela se lait tous les jours: il n'est pas un militaire à qui l'on ne
puisse dire: Tes épaulettes, ta cocarde, ton uniforme t'ont fait renoncer à ton
père et à ta mère, au foyer de ta famille, et à ses douceurs; tu es mort à la
vie civile, tu né vis plus que pour défendre ta patrie et pour obéir à tes
nouveaux supérieurs.
Sans doute cette signification symbolique du baptême
s'applique bien plus naturellement et plus réellement à ceux qui ont reçu le
baptême après avoir embrassé l'Évangile par conviction, qu'à ceux qui l'ont
reçu enfants. Mais, dans les deux cas, elle reste pourtant. Et peut-être, ce
qu'on peut dire de plus sage en faveur du baptême des enfants (la Bible
laissant cette question pour le moins indécise), c'est que la foi étant un
devoir aussi bien que le moyen du salut, l'enfant du chrétien peut être
consacré au Seigneur, même avant son consentement, comme on voit un enfant né
dans la troupe, porter dès ses plus jeunes années le costume de soldat, quitte
à lui de refuser plus tard, ou même de déserter. Ce n'est du reste pas ici le
lieu d'examiner la question difficile et délicate du baptême des enfants.
Puisque les enfants
étaient considérés comme faisant partis de l’Ancienne Alliance avec ses rites
de purifications baptismaux, il n’existe aucune raison pour les exclure de la
Nouvelle. L’exclusion des enfants dans le rituel du baptême est généralement la
position de ceux qui pratiquent l’immersion, la raison donnée étant qu’ils ne
sont pas encore assez mature pour avoir la foi, ce qui indique que pour eux la
foi est une facultée humaine et non un don de Dieu comme les Écritures
indiquent qu’elle l’est.
Un passage assez obscur, relatif à ce sujet, et qui
est, selon nous, généralement mal traduit, est celui où saint Pierre dit que le
baptême qui nous sauve n'est pas celui par lequel sont nettoyées les impuretés
de la chair, 1 Pierre 3:21. On ajoute ensuite: «Mais c'est la promesse faite à
Dieu d'une conscience pure» (ou quelque autre version semblable). Il faut
traduire: Mais c'est la recherche que fait de Dieu une conscience pure.»
Le baptême n'est qu'un symbole, mais ce serait se
tromper grandement que d'en conclure qu'il peut être négligé ou aboli, comme
chez les quakers, par exemple. Les symboles sont une des choses qui ont les
racines les plus profondes dans la nature humaine; le peuple est plein de cette
idée. Des barbares font un pacte, et ils élèvent une pierre sur le lieu de la
transaction, «afin qu'elle soit témoin de leurs promesses.» Un juge prononce
une sentence de mort, il brise un bâton en la prononçant; tous les assistants
frémissent. Un manœuvre revêt l'uniforme, c'est un homme nouveau. Un prêtre
romain élève son idole, et chacun peut apercevoir le frémissement qui parcourt
l'église au moment où la foule adore, sans s'en douter, le Numen..., Satan, qui
s'est mis sous le symbole à la place de Dieu!
Les symboles, la représentation des choses
spirituelles par des objets ou des actes matériels, se retrouvent dans
l'Écriture, comme ils se trouvent dans la nature. Ils sont un besoin, et souvent
un moyen, un secours, une obligation; ils sont aussi une profession, un acte
public, et c'est dans ce sens, mais dans ce sens seulement, que Jésus parlant à
Nicodème, Jean 3:3, met le baptême d'eau sur la même ligne que le baptême
d'esprit.
(Spécifions que le
discours de Jésus avec Nicodème ne mentionne aucunement le baptême d'eau, mais
la régénération d'en haut ou nouvelle naissance. Dans ces passages le mot eau
détient un sens figuratif et se rapporte à la Parole et à l'Esprit. Il faut
remarquer que les symboles étaient utilisés uniquement sous l'Ancienne Alliance
et ne sont plus d'utilité sous la Nouvelle Alliance de liberté du sang de
Christ versé sur la croix. Sous l'Ancienne Alliance les symboles faisaient
partie des ordonnances qui furent abolies par le sacrifice de Christ - Col.
2:14.)
La controverse relative au baptême des adultes,
toujours fort vive en Angleterre, aux États-Unis et aux Indes Orientales, n'a
jeté qu'une lueur fugitive sur le continent, où des questions malheureusement
bien plus graves, ont dû forcément accaparer et absorber l'attention des
chrétiens. C'est à Genève, en 1825, que cette question a été le plus chaudement
discutée (la Famille Baptiste, la Famille Baptisée, etc.); dès lors les
baptistes suisses, tout en conservant leurs principes, se sont fondus dans les
troupeaux déjà existants; quelques Églises pédobaptistes ont même pris des
mesures spéciales, destinées à faciliter aux baptistes leur admission sans
gêner en rien leur conscience. Parmi les rares ouvrages publiés en France en
faveur du baptême exclusif des adultes, nous citerons, comme complet et
curieux, le Catéchisme du Baptême d'après les saintes Écritures et un grand
nombre d'auteurs pédobaptistes (Douai 1843), Des rapports entre le Baptême et
la Cène (1849), Recherches sur le Baptême, par J.-B. Crétin.
Au reste, la question de fond ne peut sérieusement
souffrir de difficultés; le baptême des petits enfants est la conséquence
logique du système des Églises nationales; le baptême des adultes, des
adhérents, des professants, est la conséquence logique du système des Églises
de professants, quelque nom qu'on leur donne d'ailleurs, Églises indépendantes,
libres, dissidentes ou autres. L'Église primitive baptisait ceux qui croyaient,
parce qu'alors, l'accession à l'Église était un fait individuel et volontaire;
si l'on fait de l'Église, en dénaturant la notion, un établissement
d'évangélisation et d'appel, point de vue qui peut se soutenir par des raisons
spirituelles et morales plutôt que scripturaires et ecclésiastiques, le baptême
des enfants est justifié; les baptisés sont les appelés; mais si l'Église ne
comprend que les adhérents ou les élus, le baptême n'appartient plus qu'aux
adultes. L'honorable B. Noël, en quittant l'Église anglicane, s'est fait
rebaptiser; il a été plus logique dans sa conduite que ceux qui l'ont précédé
ou suivi en Suisse, en Écosse et en France; il n'a pas quitté un nationalisme
pour un autre.
(On dit qu’après sa
résurrection, Christ a institué le baptême d’eau. Les passages principaux
utilisés pour légitimer le rituel du baptême d’eau sont : Matt. 28 :19; Marc 16
:16. Il est dit que dans ces passages Jésus a chargé ses disciples de baptiser
d’eau ceux qui venaient à la foi. Mais, comme il fut démontré souvent
auparavant, on a beau regarder ces passages dans le Français, l’Anglais, le
Grec, et l’Araméen et on y trouve aucune goutte d’eau. Pour voir un baptême
d’eau dans ces passages il faut l’introduire dans le texte sous la base d’une
conjecture, en d’autres mots il faut faire dire à la Bible ce qu’elle ne dit
pas. A vrai dire, la théologie des diverses églises et dénominations est
remplie de telles conjectures. La subtilité de la légitimation du Baptême d’eau
se trouve dans l’affirmation de plusieurs qu’il remplace la circoncision sous
la loi (Col. 2 :11,12). Ici les embûches sont les mots «ensevelis» et
«baptême». Le mot «ensevelis», que nous retrouvons aussi dans Rom. 6 :4, en
porte plusieurs à la confusion et les prétentions sont nombreuses à ce niveau.
Dans le Grec, le mot «ensevelis» est «SUNTHAPTÖ» et signifie «être enveloppé,
caché en, unir avec, assimilé, être incorporé, être intégré, être absorbé, être
identifié». Ces passages n’indiquent pas que nous avons été ensevelis avec
Christ dans le tombeau, mais que nous avons été unis à Lui ou intégré en sa
mort et sa résurrection. Nous avons été «incorporé» dans la mort de Christ, et
Christ est mort sur la croix et non dans la tombe. Inverser cela serait
renverser l’Évangile, et c’est exactement cela que font ceux qui pratiquent le
baptême d’eau par immersion. Le gros du problème réside avec l’interprétation
du mot «baptême». Le fait aussi que le mot «baptême» est un mot translittéré et
non une traduction n’aide pas le cas. Nous avons tellement été conditionnés
depuis des siècles par différentes religions à tendances chrétiennes, que notre
esprit associe inconsciemment le mot baptême avec l’eau. Aussi, un des facteurs
importants dans ce contexte est l’indolence de ceux qui se disent chrétiens.
Ils veulent à tout prix éviter de se donner la peine de vérifier de tels
sujets, et préfèrent suivre aveuglement l’enseignement de leur église ou de
leur pasteur. Ils refusent de penser pour eux-mêmes de crainte d’offenser leurs
dirigeants spirituels avec la vérité, ou d’être exclus de leur église pour avoir
pris position contre leurs doctrines. Une telle indolence fait lever le cœur et
plusieurs seront vomis de la bouche du Seigneur à cause de cela (Apoc. 3 :16).
Or quand l’Écriture parle d’un baptême d’eau, elle ne manque pas de l’indiquer
clairement (Luc 3 :16). Ce qui veut dire que l’expression «baptiser» n’implique
pas toujours que de l’eau soit présente. Ce qui veut dire aussi que le mot
«baptiser» détient une autre signification que celle qui lui est généralement
attribuée. L’apôtre Pierre décrit clairement la signification du mot baptême
comme «l’engagement d’une bonne conscience» (1 Pierre 3 :21), et non point un
rituel de purification par l’eau. Comme nous voyons, les mots «baptême» et
«engagement» sont interchangeables. Dans le Grec, la racine du mot «baptême»
qui est «BAPTO» porte différentes nuances dont «ablution, blanchir, innocenter,
expier, consacrer, laver, mouiller, tremper, plonger, immerger, baigner, noyer,
abîmer, remplir, teindre». Mais dans le contexte de l’évidence que nous apporte
l’apôtre Pierre, nous obtenons la réalisation que le mot «BAPTO» est un mot
composé de «BA» et «APTO». Ce fut la pratique courante en utilisant des mots
composés d’enlever une voyelle si celle-ci était suivie immédiatement d’une
voyelle similaire. Ainsi «BA-APTO» devient «BAPTO», et il est intéressant de
voir que «BA» signifie littéralement «un appel» et que «APTO» signifie
«engager». Ce dernier porte aussi les nuances de «cri, allumer, enflammer,
nouer, attacher, fixer, accrocher, lier, prendre, s’emparer, saisir». Nous
entrons ainsi dans l’essence réelle du mot baptême, et nous voyons que le
Seigneur Jésus n’a pas chargé ses disciples de baptiser d’eau «les nations»
(Matt. 28 :19,20), ce qui serait un non-sens, mais de «les appeler à s’engager»
dans la foi en son sacrifice expiatoire vicarial et en sa résurrection. En
faisant ainsi, nous voyons que Marc 16 :16 dit : «Celui qui aura cru, et qui
aura été ENGAGÉ, sera sauvé…». La structure grammaticale de ce passage nous
indique que la foi est relié intrinsèquement à l’engagement, car c’est par la
foi que nous sommes ENGAGÉS dans les mérites du sacrifice de Christ; nous avons
été ENGAGÉS ou INTRODUIT dans sa mort et dans sa résurrection (Rom. 6 :3-5),
nous sommes LIÉS à Lui par le fait qu’il est notre substitut.
Puisque tel est le
cas, le baptême d’eau n’est plus d’aucune utilité, en fait, il n’a plus sa
place dans l’économie de la grâce, rituellement ou symboliquement. Pour faire
le point, il est important de remarquer que le baptême d’eau n’est pas un
nouvel élément dans le Nouveau Testament qui apparaît à l’improviste comme le
poil proverbial dans la soupe du Texte Sacré. Le fait que les pharisiens
reprochèrent à Jean le Baptiste de baptiser (Jean 1 :24-26) est l’évidence
qu’ils connaissaient déjà cette pratique. En plus, leur question, «Pourquoi
donc baptises-tu, si tu n’es point le Christ, ni Élie, ni le prophète?», est
l’indication que le baptême d’eau était déjà connu des prophètes de l’Ancien
Testament. En fait, le contexte de Jean 3 :23-26 indique clairement que le
baptême d’eau faisait partie des rituels de purification de la loi. La preuve
de ceci se trouve dans Héb. 9 :10 où nous voyons dans le Grec que le mot
«BAPTISMOÏS» ou «baptême» a été traduit par «ablutions», le terme étant au
pluriel pour indiquer qu’il y avait plusieurs différents baptêmes ou ablutions
sous la loi, comme l’indique aussi Héb. 6 :2. La forme ou mode d’application de
l’eau est aussi décrite dans l’Ancien Testament. Dans la prophétie d’Ézéchiel,
le mode est l’effusion (verser de l’eau), «je répandrai (verserai) sur vous des
eaux nettes» (Ézch. 36 :25); dans la loi, le mode est l’aspersion, «tu feras
aspersion sur eux de l’eau de purification» (Nom. 8 :5-7), les deux formes
étant valides sous l’Ancienne Alliance. Le baptême par immersion n'est pas
soutenu par les Saintes-Écritures, ceux qui disent que Jésus a été baptisé par
immersion font de lui un pécheur qui aurait brisé la loi et ainsi un faux
Messie. Le baptême d’eau détenait un caractère prophétique dont le but était
d’annoncer la manifestation du Messie à Israël, et c’est exactement cela que
Jean le Baptiste, le dernier des prophètes de l’Ancienne Alliance, déclare dans
Jean 1 :31. En d’autres mots, à la manifestation de Jésus, le baptême d’eau
avait accompli son but et n’était plus nécessaire. Que les premiers disciples
continuèrent pour un temps à utiliser cette pratique, est tout simplement du au
fait que la loi resta en vigueur du temps que le temple demeurait, jusqu’à sa
destruction finale en l’an 70. Pour une période transitoire de quarante ans
après la résurrection et l’ascension du Seigneur Jésus, la loi et la grâce
coexistèrent ensemble pour servir de signe aux Juifs que le Royaume de Dieu
traversait les frontières d’Israël pour être annoncé aux Gentils. Les Juifs qui
se convertissaient sous la grâce continuèrent quand même à observer la loi,
mais ils n’imposèrent point cette pratique aux Gentils qui n’avaient aucun
rapport avec la loi donnée à Moïse (Ac. 15 :4-29). Or, puisque Jésus a accompli
parfaitement la loi pour nous comme notre substitut, et qu’il a aboli toutes
ses ordonnances par son sacrifice sur la croix (Col. 2 :13-15), il est évident
que le baptême d’eau qui faisait parti des ordonnances fut aboli aussi. Que le
baptême d’eau continua d’être pratiqué après le départ des apôtres, fait parti
de l’avertissement de l’apôtre Paul contre les faux docteurs et les fausses
doctrines qu’il avait prévu (Ac. 20 :28-31). Paul déclare qu’il y a maintenant
«un seul baptême» (Éph. 4 :5), celui d’être ENGAGÉ dans la mort et la résurrection
de Christ (Rom. 6 :3-5; Col. 2 :11,12). Ainsi coule à pic le sacrement ou
ordonnance du baptême dans les eaux stagnantes de son inconsistance.
Considérant tout ce
qui vient d’être dit, il n’y a aucun doute que le baptême d’eau, tel que
pratiqué par les églises, les dénominations, et les groupes dissidents, sert à
remettre le croyant sous la loi après lui avoir annoncé la grâce. Dans ces
milieux, le baptême d’eau n’est pas un moyen de grâce mais un moyen
d’exploitation. Tout chrétien réel doit être conscient du danger qu’encours une
telle perversion de la foi (Gal. 1 :6,7; 2 :4; 3 :2,3; 5 :4). Mais il y a plus
à cette perversion que l’on puisse s’imaginer. Non seulement elle est une
attaque à l’union mystique du salut qui annule les mérites du sacrifice de la
croix, elle est marquée aussi par la déviation du cléricalisme qui dérobe le
croyant de sa liberté en Christ. Les Protestants, tout comme les Catholiques
Romains et plusieurs autres sectes, considèrent le baptême d’eau comme légitime
seulement lorsqu’il est administré par un ministre dûment accrédité, sauf dans
quelques exceptions rares. Non seulement une telle position ne se trouve nul
part dans la Bible, mais elle contredit catégoriquement le ministère spirituel
ou universel de tous les croyants «d’annoncer les vertus de Celui qui nous a
appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière» (1 Pierre 2 :9). Aussi, cela va
contraire à l’enseignement de Jésus qui dit : «Quiconque voudra être le premier
entre vous, qu’il soit votre serviteur» (Matt. 20 :27). Or, les ministres
accrédités ne sont pas des serviteurs mais des administrateurs. Leur autorité
administrative n’est donc point légitime mais usurpatrice. Les premiers
disciples n’avaient aucune accréditation d’une université ni d’un séminaire, et
pourtant ils baptisaient plusieurs personnes (Jean 4 :1,2). Nous ne disons
point ceci pour légitimer le baptême d’eau que nous savons aboli, mais pour
condamner ceux qui dominent sur la foi des fidèles (1 Pierre 5 :2,3). Nous ne
sommes point appelé à la servitude mais à la liberté, ne laissez donc personne
dominer sur votre foi par la ruse des accréditations, car le simple disciple
vaut plus que tous les administrateurs prétentieux qui s’établissent comme
médiateurs de la grâce de Dieu. Ils sont accrédités des hommes et non de Dieu,
mais «nous avons reçu l’onction de la Brillante Présence de Christ qui nous
enseigne toutes choses, et en laquelle il n’y a point de prétentions» (1 Jean 2
:27).)
Les baptistes compromettent souvent leur cause par
l'étroitesse et l'exclusisme avec lequel ils s'attachent, non seulement à leur
point de vue quant au baptême des adultes, mais encore au baptême par
immersion. Une forme n'est pas un dogme fondamental. À cet égard, ils subiront
aussi l'influence de l'alliance évangélique.
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BAPTISTE,
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surnom de Jean le précurseur, et parent du Messie»,
Jean, et Baptême.
-
secte Baptiste
fondée par le réprouvé John Smith au 17ie siècle, père des baptistes modernes.
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BARABBAS.
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Son histoire se lit en Matthieu 27:16; sq. Jean 18:40.
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BARAC,
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fils d'Abinoam, de Kédès, dans la tribu de Nephlhali,
général Israélite, fut chargé par Débora de lever une armée de 10,000 hommes
dans les tribus de Zabulon et de Nephthali, et d'attaquer Sisera. Il témoigna
d'abord quelque hésitation, craignant que les tribus ne refusassent de le
suivre si rien n'appuyait son appel aux armes. Débora consentit à
l'accompagner, mais le punit de son manque de foi en lui annonçant que le
général ennemi tomberait sous les coups d'une femme. Barac n'hésite plus, il
part, et campe sa petite armée sur les hauteurs du mont Thabor, inaccessibles
aux chariots et à la cavalerie du roi de Hatsor. L'Éternel combattit des cieux,
Israël remporta la victoire; mais lorsque Barac arriva, cherchant son ennemi
pour le mettre à mort, la prophétie de Débora était accomplie: une femme lui
avait ravi la dernière gloire du combat; Jahel courut à sa rencontre et lui
dit: Viens, et je te montrerai l'homme que tu cherches.
Saint Paul loue la foi de Barac, Hébreux 11:32, et
Débora le chante aussi dans son sublime cantique; d'ailleurs l'ensemble de la
vie de ce général (dont il ne faut pas faire un juge comme quelques personnes
estiment qu'il le fut), nous montre en lui un véritable Israélite, soumis à la
volonté de son Dieu. Il eut cependant, comme Aaron, comme Moïse, comme David,
comme Pierre, ses doutes et son incrédulité; les incrédules seuls, qui ne
savent pas ce que c'est que la foi, peuvent prétendre qu'il n'y eût chez lui ni
lâcheté ni défiance, et que sa désobéissance fût très légère. Il refusa de
croire à la prophétesse; ce péché ne paraît pas grand à ceux qui refusent de
croire aux prophètes, mais Dieu châtia Barac par où il avait péché, et lui
enleva l'honneur qu'il avait d'abord voulu lui accorder.
— Voir: Bedan.
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BARACHIE.
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«Afin que vienne sur vous, dit Jésus en pariant des
scribes et des pharisiens, tout le sang juste qui a été répandu sur la terre,
depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que
vous avez tué entre le temple et l'autel.» Matthieu 23:25. Quel est ce
Barachie? c'est une question qui est toujours restée pendante depuis Origène et
les Pères, et qui l'est encore maintenant. Quelques-uns ont pensé à Jébérecja,
père de Zacharie, Ésaïe 8:2, d'autres à Barachie, père du prophète Zacharie,
Zacharie 1:1, d'autres au père de Zacharie, père de Jean-Baptiste; mais ce sont
de pures hypothèses qui ne reposent que sur une ressemblance de nom, sans que
l'histoire nous fournisse aucune preuve que ces différents Barachie soient
morts de mort violente. Il reste enfin deux suppositions qui, l'une et l'autre,
se rapportent au passage 2 Chroniques 24:20-23. Là nous lisons que Zacharie,
fils de Jéhojadah, ayant reproché au peuple leurs transgressions, fut assommé
de pierres par l'ordre du roi, au parvis de la maison de l'Éternel. Selon les
uns, Barachie serait un second nom de Jéhojadah, et c'est un moyen souvent
employé et souvent justifié de concilier d'apparentes contradictions; il
n'était pas rare, en effet, qu'un homme portât des noms différents. Selon
d'autres, Jéhojadah serait le père de Barachie, et l'aïeul de Zacharie; il y
aurait donc une génération omise dans le récit des chroniques, mais il arrivait
assez fréquemment que dans la généalogie d'un homme on ne comptât que ceux de
ses ancêtres qui étaient le plus connus. Cette dernière manière de voir paraît
plus vraisemblable, et peut s'appuyer encore sur le fait de la longue vie de
Jéhojadah qui atteignit l'âge de 130 ans, 2 Chroniques 24:15. Jésus, en
choisissant cet exemple au milieu de tant d'autres, aurait voulu faire sentir
aux pharisiens que l'Écriture sainte tout entière, d'un bout à l'autre, rend
témoignage à leur endurcissement; car l'exemple d'Abel est tiré de la Genèse,
et celui de Zacharie serait tiré du second livre des Chroniques qui, dans le
texte hébreu, est placé à la fin du volume sacré.
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BARBARE.
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On sait que les Grecs donnaient ce nom aux hommes de
toutes nations qui ne parlaient pas leur langue, les regardant par cela même
comme ignorants, et peu civilisés. Avec le temps cette expression devint donc
synonyme du mot étranger, et perdit tout ce que d'abord elle pouvait avoir
d'offensant: être barbare pour quelqu'un ne signifiait plus que lui être
étranger, parler une langue différente de la sienne, et qu'il ne comprend pas.
C'est dans ce sens que les apôtres ont pu se servir de ce mot, Actes 28:2,4;
Romains 1:14; 1 Corinthiens 14:11; Colossiens 3:11.
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BARBE.
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Les Hébreux se la laissaient croître, comme faisaient
et comme font encore presque tous les Orientaux (à l'exception cependant des
Égyptiens; car Joseph fut rasé pour être rendu digne de paraître en la présence
de Pharaon, Genèse 41:14). Parfois ils l'écourtaient, ou même la rasaient
entièrement en certaines places, suivant des formes régulières. Mais les coins
de la barbe (Lévitique 19:27, probablement les favoris) que les Arabes rasent
habituellement, ne devaient jamais tomber. Quelques-uns des Juifs modernes, par
principe, conservent encore un léger filet de barbe depuis l'oreille, et au
menton la barbe entière. Les Hébreux soignaient particulièrement cette partie
de leur figure qu'ils regardaient comme leur plus bel ornement, et ils
l'oignaient d'huiles odoriférantes, Psaumes 133:2; Daniel 10:3. Raser quelqu'un
malgré lui, c'était lui faire un affront sanglant, et 2 Samuel 10:4, nous
montre une guerre contre Hanun, résultant d'un traitement de ce genre fait aux
envoyés du roi David. Niebuhr et Tavernier rapportent des faits semblables; cf.
Ésaïe 7:20; 50:6, etc. Moïse prescrit une tonsure complète comme mesure de
santé, Lévitique 14:9; mais, à l'exception de ce seul cas, ce n'était jamais
que dans un deuil profond que les Israélites se rasaient ou s'arrachaient la
barbe, Ésaïe 15:2; Jérémie 41:5; 48:37; Esdras 9:3, ou négligeaient d'en
prendre soin, 2 Samuel 19:24. Néhémie, dans sa fureur contre ceux des Juifs qui
avaient contracté des alliances étrangères, en battit quelques-uns et leur
arracha les cheveux, Néhémie 13:25. Les esclaves n'avaient pas le droit de se
laisser croître la barbe, que les Orientaux considéraient et considèrent encore
comme l'apanage exclusif de l'homme libre et fort. On baisait la barbe de celui
qu'on voulait honorer ou se rendre favorable, 2 Samuel 20:9. Enfin cette
excroissance capillaire était si considérée, elle jouait un tel rôle, qu'on
mettait à part tous les poils qui tombaient sous le peigne, et qu'on les
conservait avec beaucoup de soin.
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BAR-JÉSUS.
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Bar signifie fils. C'était un homme juif d'origine,
qui s'adonnait à la magie, et qui avait pris un nom arabe en rapport avec ses
occupations ordinaires, le nom d'Élymas qui veut dire enchanteur. Il était
placé dans l'île de Chypre, à Paphos, auprès du proconsul Serge Paul, qui lui
accordait une grande confiance. Les apôtres Paul et Barnabas ayant été appelés
auprès de Serge qui désirait d'ouïr la parole de Dieu, Bar-Jésus qui craignait
de perdre son crédit si les deux étrangers réussissaient auprès du proconsul,
leur résistait ouvertement, cherchant à détourner Serge de la foi. Mais Paul le
frappa d'aveuglement, tellement qu'il ne put pas même voir le soleil, et
Bar-Jésus sortit, cherchant quelqu'un pour le conduire. Son châtiment ne devait
être que pour un temps, mais nous ignorons quand et comment il recouvra la vue.
Actes 13:6; et sq..
— Voir: Ananias.
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BAR-JONA,
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fils de Jona ou de Jonas, surnom syriaque de l'apôtre
Pierre dont le père s'appelait effectivement Jonas.
— Voir: Matthieu 16:17; Jean 1:42; 21:15-17.
Comme Jona signifie une colombe, quelques-uns ont cru
voir une allusion à ce sens dans les paroles de notre Sauveur, Jean 1:42: «Tu
es Simon, fils d'une colombe, tu seras appelé un rocher.» Mais s'il y a dans le
surnom donné à Pierre une allusion effective, elle ne se rapporte point au
caractère de Pierre lors de sa vocation, puisqu'il était plutôt bouillant que
ferme (et son reniement a bien montré qu'il n'était pas un rocher); mais à son
caractère futur, à ce qu'il devait être un jour. Du reste il n'est pas
nécessaire de voir une allusion dans le mot de Bar-Jona, puisqu'il désigne déjà
par lui seul un titre réel de Pierre, sa naissance, et que les anciens et les
Orientaux, lorsqu'ils font un appel solennel à quelqu'un, ont coutume de le
nommer par tous ses titres, et de lui donner tous ses noms. Les contes arabes
fourmillent d'exemples de ce genre.
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BARNABAS.
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Ses ancêtres, de la tribu de Lévi, s'étaient retirés
dans l'île de Chypre, peut-être lors de l'invasion de la Judée par les Syriens,
ou par les Romains. C'est dans cette île qu'il naquit; il y reçut le nom de
Joses, mais après sa conversion à la foi chrétienne, on l'appela Barnabas, ce
qui peut se traduire, ou fils de prophétie, à cause des dons éminents qu'il
avait reçus du Saint-Esprit, ou plutôt fils de consolation, à cause de
l'assistance qu'il prêta à l'Église par ses grands biens, et par son ministère.
On sait qu'il vendit le premier une possession dont il déposa le prix aux pieds
des apôtres; et, selon toute probabilité, ce fut la considération qui en
rejaillit sur lui qui engagea Ananias et Saphira au mensonge. Il demeurait à
Jérusalem, quand il fut amené à l'Évangile, Actes 4:36-37. Lorsque saint Paul
converti vint à Jérusalem après trois ans de séjour en Arabie, Barnabas fut le
premier à le reconnaître comme un frère, et il le présenta comme tel aux
fidèles de Jérusalem qui accueillaient avec méfiance leur ancien ennemi.
Vers l'an 41 de notre Seigneur, Barnabas fut député
par les frères de Jérusalem vers ceux d'Antioche: il partit de là pour Tarse,
d'où il ramena Paul avec lequel il prêcha l'Évangile à Antioche, durant toute
une année; puis, avec ce même apôtre, il porta aux fidèles de Judée le produit
de la collecte qu'on avait faite pour eux. Barnabas et Paul étant retournés à
Antioche, furent envoyés par les chrétiens de cette ville pour prêcher
l'Évangile aux gentils. Ce pouvait être vers l'an 45. Ils s'embarquèrent donc,
séjournèrent dans l'île de Chypre, lieu d'origine de Barnabas, y rencontrèrent
le magicien Bar-Jésus, et convertirent le proconsul romain Serge Paul. De là
ils se rendirent à Antioche de Pisidie où ils essuyèrent une persécution qui
les contraignit de se rendre à Iconie, puis à Lystre, où les païens prirent les
deux apôtres pour deux de leurs dieux revêtus d'une forme humaine, appelant
Barnabas Jupiter, et Paul Mercure. Un moment après, les apôtres faillirent être
lapidés, et s'enfuirent à Derbe; ils revinrent en Pisidie, allèrent en
Pamphylie, et se retrouvèrent enfin à Antioche, après une absence d'environ
quatre ans. C'est alors que s'éleva la grande question qui divisait l'Église
chrétienne naissante, à savoir si les païens qui venaient à se convertir,
devaient être circoncis, et en général astreints aux observances mosaïques.
Barnabas, par faiblesse peut-être, inclinait pour l'affirmative, tandis que
Paul, plus avancé dans la foi à la nouvelle alliance, était prononcé pour
l'opinion contraire. Il fut résolu qu'ils iraient l'un et l'autre en conférer
avec l'Église de Jérusalem. Après que cette affaire eut été terminée, ces deux
serviteurs de Dieu reprirent le chemin d'Antioche où ils rendirent compte aux
frères de ce qui avait été dit et décidé. Ils résolurent ensuite d'aller
visiter et encourager les Églises qu'ils avaient réunies dans leur précédent
voyage missionnaire; Barnabas aurait voulu que Jean surnommé Marc, et selon
toute apparence son neveu, les accompagnât dans cette tournée; mais Paul qui se
rappelait qu'une précédente fois déjà Marc, après s'être mis en route avec eux,
les avait abandonnés pour retourner chez lui, refusa de le prendre, et les deux
apôtres se séparèrent aigris l'un contre l'autre: Paul partit avec Silas, et
Barnabas prit une autre direction dans la compagnie de Marc. Ils se rendirent
en Chypre, et dès lors nous ne connaissons plus rien, du moins par la Bible, de
la vie et des travaux de cet homme auquel le Saint-Esprit a accordé le titre
d'apôtre. Cependant, environ huit ans après cette séparation, saint Paul,
écrivant aux Corinthiens, leur parle de son ancien collègue dans l'apostolat,
comme on parle d'un homme qui est encore vivant et dont on connaît bien la
situation.
— Voir: Actes 11:22; 18:37; Galates 2:1,9,13;
Colossiens 4:10; 1 Corinthiens 9:6, et les articles Paul et Marc.
— Voir: encore Cypre.
L'antiquité nous a conservé une lettre «lui porte le
nom de Barnabas; l'auteur y expose que le culte lévitique n'est pas essentiel
pour les chrétiens. Cette épître tient le milieu entre le christianisme
judaïque et les vues philosophiques de l'école d'Alexandrie. Il faut d'après
l'auteur qu'une gnôsis découvre le sens de l'Ancien Testament et convainque les
Juifs de leur erreur; il faut que les Juifs apprennent que les cérémonies ne
sont que des symboles. La tendance gnostique de cette lettre l'a fait attribuer
à un docteur d'Alexandrie; d'un autre côté, il s'y trouve beaucoup de traits
chrétiens qui montrent un homme qui a habité avec les apôtres. Néandre la
refuse à Barnabas, mais la plupart des anciens Pères la lui attribuent, et les
arguments semblent, en effet, pencher de ce côté.
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BARRABAS,
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(fils du père)
brigand fameux qui était avec ses complices en prison
à Jérusalem, pour crime de sédition et de meurtre, lorsque notre Seigneur y fut
jugé et condamné au supplice de la croix. Le peuple, invité à choisir entre
Jésus et Barrabas, à l'un desquels Pilate offrait de faire grâce suivant un
usage qui avait prévalu, demanda, à l'instigation des principaux sacrificateurs,
que Barrabas fût relâché et Jésus-Christ crucifié.
Cette petite histoire, si effroyable dans sa
simplicité, se présente comme une muette condamnation de l'humanité prononcée
par elle-même contre elle-même. Barrabas portait, lui aussi, le nom de Jésus,
et ce n'est que par un sentiment de convenance charnelle qu'on l'a fait
disparaître du texte sacré. Son nom même de Barrabas (Bar-Abba) signifie le
Fils du Père, et c'est entre ces deux Jésus, entre ces deux Fils du Père, que
le peuple ayant eu à se prononcer, a condamné le juste et relâché l'assassin.
Le professeur Tholuck a tiré un grand parti de ce rapprochement, et s'est
attaché, dans un de ses sermons académiques, à montrer combien il y a d'hommes,
de nos jours encore, qui, au lieu de s'attacher au Jésus Dieu, lui préfèrent un
Jésus homme et pécheur comme nous: ce sont les ariens et les sociniens, ceux
qui le sont par système, et ceux qui le sont par indifférence.
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BARSABAS.
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1. Joseph
Barsabas, surnommé le Juste, fut un des premiers disciples de Jésus-Christ, et
probablement un des soixante et dix qu'il envoya devant lui, Actes 1:21-23. Ce
fut entre lui et Matthias que les apôtres jetèrent le sort pour remplacer Judas
le traître, mais le sort ne le favorisa pas. Nous ne connaissons d'ailleurs
rien de particulier sur sa vie. La tradition porte qu'il mourut en Judée, après
avoir beaucoup souffert pour l'Évangile.
2. Judas
Barsabas, que l'Église de Jérusalem députa avec Paul, Barnabas et Silas, auprès
des autres Églises, pour leur faire connaître les résolutions qui venaient
d'être prises par le concile de la métropole judéo-chrétienne, sur la conduite
à tenir à l'égard des païens convertis, Actes 15:22; sq. Il était peut-être
parent du précédent, de Joseph Barsabas; en tout cas l'Église de Jérusalem le
comptait au nombre de ses membres les plus distingués, et il portait, avec
Silas, Agabus et d'autres, le titre de prophète, verset 32.
3. Le
seul fait de sa présentation montre de quelle estime il jouissait dans
l'Église.
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BARTHÉLEMI,
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Matthieu 10:3; un des douze apôtres du Seigneur. Jean,
dans son Évangile, ne fait jamais mention de Barthélemi; en revanche il compte
Nathanaël au nombre des douze, tandis que les autres évangélistes ne parlent
pas de Nathanaël, mais bien de Barthélemi. De plus, Jean parle de Philippe et
de Nathanaël dans l'ordre où les trois autres placent Philippe et Barthélemi. Nathanaël
ligure d'ailleurs au nombre des apôtres qui se rendirent vers la mer de
Tibériade, auprès de notre Sauveur ressuscité, et qui virent la réintégration
de saint Pierre. Enfin le nom même de Barthélemi n'est qu'un surnom signifiant
fils de Thalmaï, comme Bar-Jonas signifie fils de Jonas. Il résulte de ces
considérations que, selon toute apparence, Barthélemi l'apôtre est le même que
Nathanaël, q.v.
— D'après la tradition, Barthélemi aurait prêché
l'Évangile aux Indes (peut-être sur les côtes occidentales de l'Arabie); puis
il serait retourné dans les contrées occidentales et septentrionales de l'Asie,
où il aurait travaillé quelque temps avec Philippe. Il doit être mort en
Arménie, à Albanople, du supplice de la croix, en recommandant aux païens, jusqu'à
son dernier soupir, l'Évangile qu'il leur avait prêché.
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BARTIMÉE.
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Simple et touchante histoire d'un aveugle devenu
voyant! Il se tenait assis aux portes de Jérico, demandant l'aumône. Son nom
signifie fils de Timée; et comme on ne prenait guère le nom de son père que
lorsque celui-ci avait occupé un certain rang dans le inonde, il paraîtrait que
ce malheureux était né dans une position bien différente de celle où il se trouvait
alors; c'est peut-être à cause de cela que Marc ne fait mention que de lui,
bien qu'il y eût là deux aveugles en même temps.
Cette histoire nous est racontée par trois
évangélistes, Matthieu 20:29; Marc 10:46; Luc 18:35; sq., et par chacun avec
quelques détails différents. Quelques auteurs appellent ces divergences des
contradictions inconciliables; ils sont heureux d'y voir une preuve de
l'authenticité des livres saints, une preuve que les évangélistes ne sont pas
des faussaires qui se soient concertés. Ce raisonnement, s'il était juste, ne
serait certainement pas sans valeur au point de vue apologétique. Quant à nous,
pour la première fois que cette question se rencontre sur notre chemin, nous le
dirons franchement: à supposer qu'il y eût dans les livres saints quelques
erreurs de dates, d'histoire, de géographie, d'histoire naturelle, ou autre de
ce genre, cela ne nous émouvrait nullement, parce que ce que nous cherchons
dans la Parole de Dieu, c'est une parole de salut, et l'annonce d'une économie
de grâce: nous n'y cherchons pas autre chose. Dieu même, en nous donnant son
livre, n'a voulu que nous éclairer sur les grandes questions qui se rattachent
à notre Âme, à notre Sauveur, à l'Éternité. Toutefois, et quoiqu'il nous
importe fort peu, dans un sens, qu'il y ait ou non des erreurs matérielles dans
la Bible, nous avouons que nous n'en avons pas découvert une seule qui fût bien
constatée. On trouve sans doute ici et là quelques faits racontés sous des
points de vue différents, et avec d'autres détails; on trouve bien encore des
expressions employées dans un sens large et étendu: mais des contradictions, et
des contradictions inconciliables, non. Puisqu'on en voit de telles dans
l'histoire de Bartimée, examinons-les. Marc et Luc ne parlent que d'un aveugle,
tandis que Matthieu en mentionne deux. Marc et Matthieu placent le miracle au
moment où Jésus sortait, tandis que Luc semble le mettre au moment où il
s'approchait de Jérico. La difficulté n'est pas très grande quant au nombre des
aveugles; l'apôtre Matthieu qui a été témoin de la guérison, n'a pu se tromper;
Marc et Luc, qui n'y ont pas assisté, parlent de celui dont il a été le plus
question, qui paraît avoir porté la parole, et qui a le plus frappé; c'est
Bartimée. Quant à la seconde difficulté, elle est plus grande; mais rien
n'empêche d'admettre que Luc a réuni en une seule narration deux phases, ou
circonstances différentes, du même fait; il est en effet le seul qui fasse
mention de la première question de l'aveugle «il demanda ce que c'était.» Cette
question, Bartimée la fit avant l'entrée dans Jérico; ce qui arriva ensuite
dans cette ville, l'histoire de Zachée, etc, excita la confiance de cet aveugle
en Jésus: un autre aveugle s'étant joint à lui, ils s'adressèrent ensemble au
Maître, comme celui-ci quittait de nouveau la ville. Contre cette explication,
qui concilie tout, il n'y a pas de raison bien forte à faire valoir.
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BARUCH,
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1. prince
ou grand seigneur juif, fils de Nérija, frère de Séraja, l'un des courtisans de
Sédécias, Jérémie 32:12; 51:59; sq. Ami, et peut-être parent de Jérémie, il fut
pendant quelque temps son secrétaire ou scribe, 36:4, et écrivit sous sa dictée
les paroles que l'Éternel prononça contre Juda, la quatrième année du roi
Jéhojakim. Puis il fut chargé par son maître de les lire au peuple dans le
temple, en un jour de jeûne, qui avait été ordonné tout récemment en
commémoration, dit-on, de la prise de Jérusalem par Nébucadnetsar. D'après nos
versions, il semblerait que Baruch en fît la lecture par deux fois, ainsi que
le veulent Prideaux et Ussérius, mais il faut lire au verset neuvième: «Et cela
arriva», etc, et verset 10, «ce fut ce jour-là que Baruch lut» etc. Le texte,
en effet, ne parle que d'une seule lecture, et si le moment où furent rédigés
les discours du prophète, est éloigné de celui où ils furent lus au public,
c'est qu'il fallait un certain temps pour le travail même de la rédaction, et
qu'il importait, dans l'intérêt de la lecture, qu'on la fît en un jour solennel
où une foule de Juifs, de toutes les parties du royaume, rempliraient le
temple. Plus tard, Baruch fut encore appelé par devant les principaux officiers
du roi, qui lui demandèrent de leur relire ce même rouleau dont il avait donné
lecture au peuple. Effrayés des menaces qu'ils entendirent alors, et ayant
appris qu'elles avaient été prononcées par le prophète Jérémie, ils résolurent
d'en instruire le roi, et conseillèrent à Baruch de se cacher ainsi que son
maître; précaution qui ne leur fut pas inutile, car Jéhojakim ayant entendu la
lecture de ces oracles, les mit en pièces et les jeta dans le brasier qui
brûlait devant lui, puis il donna l'ordre qu'on recherchât ces deux hommes et
qu'on s'en rendît maître, mais «l'Éternel cacha Baruch et Jérémie.»
— Baruch fut chargé d'écrire, sous, la dictée de son
maître, un second rouleau semblable au premier qui avait été détruit, et sans
doute plus sévère encore. Mais ce fidèle serviteur, attaché à Jérémie par
l'harmonie des sentiments religieux et patriotiques, partageant avec lui les
persécutions et les peines qu'il avait à endurer, affligé des nouvelles menaces
qu'il devait écrire contre sa patrie, et craignant peut-être de voir encore
augmenter ses douleurs par cette publication, s'écria: «Malheur à moi! car
l'Éternel a ajouté la tristesse à ma douleur!» Pour le consoler, 45:1-5.
Jérémie lui annonça la protection divine durant toute sa vie, mais lui
représenta que si Dieu lui-même, qui voudrait voir ce peuple heureux, était obligé
de le punir, lui, Baruch, ne pouvait prétendre à recueillir la gloire et la
prospérité. Nous retrouvons Baruch dans la dixième année de Sédécias, pendant
le siège de Jérusalem, 32:12. Jérémie lui confie le contrat de l'acquisition
qu'il a faite du champ de Hanaméel, son parent. Plus tard encore, 43:3, dans
l'année qui suivit la prise de Jérusalem, nous le voyons injustement soupçonné
d'animer Jérémie contre les déplorables et impies débris de Juda; ses
accusateurs se saisissent de lui et l'entraînent de force en Égypte, ainsi que
Jérémie, comme s'ils voulaient encore, dans leur rébellion, conserver au milieu
d'eux les représentants de ce Dieu auquel ils ne craignaient pas de désobéir.
C'est à ce Baruch que la fable attribue le livre
apocryphe qui porte son nom; mais on peut voir à l'article Apocryphes ce que
nous en avons dit.
2. Baruch,
fils de Zaccaï, Néhémie 2:20, releva une partie des murs de Jérusalem, sous la
direction de Néhémie.
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BARZILLAÏ.
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1. Siméonite,
de Méholah, et père de Hadriel, 2 Samuel 21:8.
2. Galaadite,
riche propriétaire de Roguelim (2 Samuel 17:27; 49:31,39; 2 Rois 2:7), fournit
d'abondants secours de vivres à David et à sa petite armée fuyant devant Absalon.
La révolte apaisée, David voulut récompenser son bienfaiteur et l'emmener avec
lui à Jérusalem; mais le vieillard octogénaire refusa des jouissances qui
n'étaient plus de son âge. «Ton serviteur, dit-il, pourrait-il savourer ce
qu'il mangerait et boirait, ou entendre la voix des chanteurs et des
chanteuses? Et pourquoi serait-il à charge au roi, mon seigneur?» Il se borna
donc à accepter pour son fils (ou petit-fils) Kimham, la protection royale,
puis il retourna en son lieu. David mourant recommanda à Salomon les enfants de
celui qui l'avait secouru dans sa fuite, 1 Rois 2:7. Le nom de Barzillaï se
retrouve, Esdras 2:61; Néhémie 7:63, où l'on peut voir combien sa mémoire
s'était conservée en Israël, même après la captivité.
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BASAN,
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l'une des plus fertiles contrées du monde, à l'est du
Jourdain et de la mer de Tibériade, au nord du Jabbok, au sud du mont Hermon et
du Gessur. C'est un pays de collines et de gras pâturages; entre ses montagnes
calcaires sont d'étroites et fertiles vallées, et les cavernes qui s'y trouvent
répandues en abondance servent encore de nos jours à loger un grand nombre
d'habitants. La contrée de Basan était autrefois célèbre par son bétail, et surtout
par ses taureaux et ses béliers; il est aussi fait souvent mention de ses beaux
chênes, qui, maintenant encore, sont l'ornement de ses montagnes. On y
comptait, outre les villages, soixante villes fermées. Moïse prit ce territoire
sur Hog, et le donna à la tribu de Manassé.
— Voir: Nombres 21:33; Deutéronome 1:4; 3:1; 32:14;
Josué 12:4-5; Psaumes 22:12; 135:11; 136:20;
Ésaïe 2:13; 33:9; Ézéchiel 27:6; 39:18; Amos 4:1;
Nahum 1:4; Zacharie 11:2.
— Dans les temps postérieurs à l'exil, cette contrée
reçut le nom de Batanée, qui ne se trouve, du reste, nulle part dans le Nouveau
Testament; les limites n'en sont pas faciles à déterminer, mais il paraît
qu'elles s'étendaient moins au nord que celles du royaume de Basan.
— De nos jours on l'appelle El-Bottein.
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BASÉMATH,
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une des filles de Salomon, 1 Rois 4:15. Elle avait
épousé Ahimahats, un des principaux officiers de la cour de son père, alliance
qui n'était point une mésalliance dans l'antiquité, et dont tous les temps ont
offert des exemples chez les Orientaux. Basémath, Taphath sa sœur (4:11) et
Roboam sont, de tous les enfants de Salomon, les seuls dont l'Écriture sainte
nous ait conservé la mémoire.
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BASILIC
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(proprement basilisc). Ce serpent est mentionné dans
cinq passages de l'Ancien Testament, Proverbes 23:32; Ésaïe 11:8; 14:29; 59:5;
Jérémie 8:17, et plusieurs fois dans le Nouveau Testament, Matthieu 3:7; 12:34;
23:33; Luc 3:7; Actes 28:3.
— Selon les anciens, le basilic vit en Afrique; il est
de couleur jaune, ayant trois légères bosses et une tache blanche sur sa tête
effilée: c'est le plus venimeux de toute la race, tellement que les autres
serpents même s'enfuient à son approche. Sa morsure cause une inflammation
subite et générale, et tue en très peu de temps. Le corps d'un animal mordu par
le basilic exhale une odeur si infecte, que les animaux carnassiers n'osent
même y toucher. On croyait autrefois que la belette seule savait tuer le
basilic, et que les coqs lui inspiraient de la terreur. Dans les temps
postérieurs, on se représenta le basilic avec le corps d'un coq et la tête d'un
serpent, ou quelquefois seulement comme un serpent muni d'ailes, et l'on
croyait qu'il provenait de l'œuf qu'un vieux coq aurait pondu et couvé. Les
anciens croyaient aussi que son simple regard et son haleine étourdissaient et
tuaient les animaux.
— La science moderne n'a pas encore pu déterminer quel
serpent il faut entendre par le basilic des anciens.
— Proverbes 23:31-32, le vin est comparé au basilic, à
cause de ses propriétés destructives, parce qu'il peut étourdir l'homme, le
priver de sa raison, et à la longue, ou même en peu de temps, ruiner son corps
et son esprit.
Dans sa description d’un supposé millénium, Ésaïe (11:8) pour montrer la différence entre
l'économie des temps actuels et celle des temps futurs, dit qu'alors toute la
nature aura subi une régénération telle qu'il n'y aura plus de mal, ni rien de
nuisible sur la terre: le basilic même aura perdu ses qualités dangereuses.
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BATH,
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mesure de liquides, qui correspondait à l'épha, mesure
de capacité pour les matières sèches. C'était la dixième partie du homer, qui
était la plus grande des mesures. Le bath contenait environ 35 litres (432
coquilles d'oeuf, — Voir: Cab). Quelques-uns pensent qu'il y avait deux baths,
l'un vulgaire, et l'autre pour les usages sacrés: ce dernier étant d'un tiers
plus grand que le premier. On l'infère de ce que 1 Rois 7:26, il est dit que la
mer de Salomon contenait 2,000 baths, tandis que, d'après 2 Chroniques 4:5,
elle en aurait contenu 3,000. Cependant il est possible que le premier de ces
passages se rapporte à la contenance de la cuve seule, tandis que l'autre y
joindrait encore la capacité des soubassements et des dix cuviers plus petits
qu'ils supportaient.
— Voir: encore Esdras 7,22; Ézéchiel 45:11.
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BATHSÉBAH ou Bathsuah,
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fille d'Éliham ou Hammiel, 2 Samuel 11:3; cf. 23:34; 1
Chroniques 3:5, et probablement petite-fille d'Achitophel. Ce fut la femme
d'Urie le Héthien, que David fit enlever, et qu'il épousa après avoir fait
périr son mari, 2 Samuel 12. Elle donna à son nouvel époux cinq enfants, dont
l'aîné mourut peu après sa naissance; Salomon fut le plus célèbre de ceux qui
vécurent.
— Femme habile, ou peut-être simple instrument de
Tsadok, elle découvrit à David la conspiration d'Adonija, qui revendiquait son
droit d'aînesse au préjudice de Salomon. Le rebelle vaincu, ne laissa pas
d'aspirer encore au trône qu'il venait de perdre; mais au lieu d'employer la
force ouverte, il imagina la ruse et intercéda auprès de Bathsébah pour obtenir
la main d'Abisag, la jeune veuve du défunt roi. Bathsébah n'osa pas refuser;
elle dit à son fils la démarche ambitieuse d'Adonija, mais ce tut la sentence
de mort du jeune prince; Salomon le fit exécuter le même jour.
— Le nom de Bathsébah se retrouve Psaumes 51:1, où
David mène deuil sur son péché; elle est aussi rappelée Matthieu 1:6, parmi les
ancêtres de notre Seigneur.
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BATHSUAH,
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— Voir: l'article précédent.
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BAUME.
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Cette substance résineuse est nommée parmi les épices
que les marchands arabes, auxquels Joseph fut vendu, apportaient de Galaad en
Égypte, Genèse 37:25. Jacob en envoie comme présent à son fils, à la cour de
Pharaon, 43:11. Le prophète Ézéchiel, 27:17, nomme le baume parmi les
marchandises que les Juifs portaient au marché de Tyr, et Jérémie en parle
comme d'un remède apporté de Galaad, et dont on se servait pour la guérison des
blessures, 8:22; 46:11; 51:8. Les habitants de la Palestine emploient, en
effet, pour ce but l'huile extraite du fruit d'un certain olivier sauvage
(Elaeagnus angustifolia, Linnée), appelé Tsakkum par les Arabes. Cet arbre, qui
croît dans la vallée du Jourdain et dans l'Arabie Pétrée, abondait autrefois
dans la Palestine transjourdaine; il ressemble au prunier; il est muni de
grandes épines, et son bois est jaune comme le buis; son écorce est toujours
verte; ses feuilles, semblables à celles de l'olivier, sont plus minces et plus
allongées; il porte des fleurs blanches, et son fruit ressemble au gland: c'est
du noyau que les Arabes tirent une huile dont ils font grand cas pour la
guérison des blessures et qu'ils préfèrent même au baume de La Mecque. Ce baume
était anciennement connu sous le nom de baume de Galaad ou baume juif, parce
que les Juifs le préparaient presque seuls, et qu'ils en faisaient un commerce
très étendu. Plusieurs historiens grecs et romains, Pline, Diodore de Sicile,
etc., en parlent avec éloge. Bochart pense que ce baume de Galaad provenait de
la térébenthine.
Il y avait encore une autre sorte de baume, ou de
drogue aromatique, appelée Bosem ou Bosam en hébreu (le premier s'appelait
Tzeri), mentionné Exode 35:28; 1 Rois 10:10; Cantique 5:1,13; 6:2. On le tirait
d'un arbuste appelé encore aujourd'hui Basam par les Arabes, en taisant des
incisions dans son écorce pendant les plus grandes chaleurs de l'été; la sève
qui en découlait, après avoir été purifiée et préparée, donnait ce baume
excellent. Le voyageur Burckhardt croit avoir trouvé cet arbuste dans les
environs du lac de Tibériade, et il ajoute que ses fruits, semblables aux
cornichons, fournissent aussi du baume.
— Dans les environs de La Mecque et dans l'Arabie
Heureuse, il y a un autre arbrisseau qui fournit également un baume très
estimé.
— Ces trois espèces différentes de baumiers étaient
déjà connues des anciens.
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BDELLION.
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Ce mot (hébreu B'dôlach) ne se trouve que deux fois
dans la Bible, Genèse 2:12; Nombres 11:7. Dans le premier de ces passages, il
est nommé à côté de l'or et de la pierre précieuse de Shoham (— Voir: Onyx),
comme une production du pays de Havilah, qu'entourait ou traversait un des
fleuves du paradis; dans le second, la manne lui est comparée. Plusieurs
savants, des commentateurs juifs, Bochart et d'autres, pensent que le bdellion
désigne des perles, et cette explication s'accorderait bien avec la comparaison
établie entre cette substance et la manne qui était ronde, blanche et en petits
grains; de plus, d'après les mêmes interprètes, le sens étymologique du mot
B'dôlach doit signifier «une chose précieuse», sens qui s'appliquerait également
bien à la perle; enfin il faut convenir que le passage de la Genèse ne présente
aucun empêchement à cette explication. Il est à observer, néanmoins, qu'aucune
des anciennes versions ne traduit ce mot par perle; les Septante le rendent par
escarboucle ou rubis dans Genèse 2:12, et par cristal dans les Nombres; les
autres versions grecques anciennes le traduisent par bdellion, mot qui désigne
une résine transparente et odoriférante qui découle d'un certain palmier sur
les bords, du golfe Persique, en petits morceaux assez ronds, comme des larmes;
cette résine, d'une couleur foncée ou jaunâtre, et d'un goût amer, répand une
odeur très agréable lorsqu'on la brûle. Il est bien possible que ce soit en
effet là le B'dôlach mentionné dans les deux passages de la Bible, du moins
l'affinité du nom grec avec l'hébreu ne saurait être méconnue; et d'ailleurs il
faut observer que la langue hébraïque a un mot particulier pour désigner les
perles. La manne peut être comparée au bdellion en tant que c'est un jus
résineux épaissi en globules. Mais d'un autre côté, on ne conçoit pas pourquoi
cette résine, le bdellion, aurait été nommée dans la Genèse à coté de l'or et
d'une pierre précieuse, vu qu'elle n'était pas très estimée et peut-être pas
même connue des anciens.
D'autres savants, les plus anciens commentateurs juifs
et d'autres, pensent enfin qu'au lieu de lire B'dôlach, il faut lire B'rôlach,
changement de lettre qui a très facilement pu se faire en hébreu, et qui serait
appuyé du témoignage des Septante, qui, dans un des deux passages, ont rendu le
mot par cristal. B'rôlach désignerait alors le bérylle, sorte de cristal,
auquel la manne peut aussi être comparée. Exode 16:14,31.
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BEAUX-PORTS,
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Actes 27:8, ville de Crète, près de Lasée, deux villes
également peu connues. Beaux-Ports devait probablement son nom à l'agrément de
sa situation, qui offrait aux vaisseaux un mouillage assuré; il porte encore
aujourd'hui le nom grec de Limenes Kali, dont notre nom français n'est que la
traduction.
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BEDAN,
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juge d'Israël, dont le nom est cité 1 Samuel 12:11,
entre Gédéon et Jephté. Le livre des Juges n'en fait aucune mention;
quelques-uns croient que ce mot signifie Danite, de Dan, et que c'est un surnom
de Samson qui appartenait à cette tribu; d'autres lisent Barac; on suppose
encore que c'est le nom d'un juge inconnu, différent des autres; il est
possible, enfin, que Bedan ne soit qu'un autre nom de Jaïr: c'est même le plus
probable.
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BÉELZÉBUB,
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— Voir: Bahal-Zébub.
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BÉER
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(un puits).
1. Station
des Israélites au désert, sur les confins de la contrée de Moab, Nombres 21:16;
peut-être le même endroit que Béer-Élim, Ésaïe 15:8.
2. Ville
à 20 kilomètres nord de Jérusalem, sur la route de Sichem. C'est là que Jotham,
fils de Gédéon, se réfugia pour échapper à Abimélec. Juges 9:21.
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BÉÉRA,
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1 Chroniques 5:6, le principal chef des Rubénites, qui
fut transporté en Assyrie par Tiglath-Piléser, roi de cette contrée.
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BÉER-ÉLIM
________________________________________
(le puits des princes).
— Voir: Béer.
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BÉÉRI,
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père du prophète Osée, 1:1; du reste, complètement
inconnu.
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BÉER-LACHAÏ-ROÏ.
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C'est le nom hébreu du puits auprès duquel Agar en
fuite, eut la vision de l'ange qui la ramena auprès de Saraï sa maîtresse: il
se traduit «le puits du vivant qui me voit.» Genèse 16:14.
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BÉÉROTH
(les puits), villes des Gabaonites, donnée à la tribu
de Benjamin, Josué 9:17; Esdras 2:25; Néhémie 7:29. C'est là que naquirent
Récab et Bahana, les deux meurtriers d'Is-Boseth, 2 Samuel 4:2,5.
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BÉERSÉBAH, ou Sébah.
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1. Le
puits du serment, ou des sept, ainsi nommé de l'alliance qu'Abraham contracta
avec Abimélec roi de Guérar, laquelle fut confirmée par un serment et par le
don de sept jeunes brebis, Genèse 21:31-33. L'alliance fut renouvelée plus tard
par Isaac, qui donna aux puits les mêmes noms qu'ils avaient portés au temps de
son père, 26:18,33. Les deux patriarches habitèrent longtemps la contrée où se
trouvaient les puits qu'ils avaient eux-mêmes creusés. Béersébah était à 35
kilomètres sud d'Hébron, à l'extrême frontière méridionale du pays de Canaan,
de sorte que l'on disait: «de Dan à Béersébah», 2 Samuel 17:11; Juges 20:1; 1
Chroniques 21:2, pour exprimer la longueur de tout le pays, et «de Béersébah à
la montagne d'Éphraïm», pour désigner la longueur du royaume de Juda, 2
Chroniques 19:4.
— Dans le partage de la terre de Canaan, Béersébah fut
donnée à la tribu de Juda, Josué 15:28. C'est là que résidèrent les fils de
Samuel, Joël et Abija, lorsque leur père eut partagé avec eux ses fonctions, 1
Samuel 8:2. Au temps d'Hozias roi de Juda, l'ancienne demeure d'Abraham fut
souillée par le culte des idoles, Amos 5:5; 8:13-14.
— Après le retour de la captivité, Béersébah fut de
nouveau habitée par les Juifs, Néhémie 11:27,30.
2. Béersébah,
ou simplement Sébah, dans la tribu de Siméon, Josué 19:2. Peut-être qu'une
partie de Béersébah dépendait de Juda et l'autre de Siméon; peut-être aussi,
qu'il y avait deux endroits de ce nom.
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BÉHÉMOTH,
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Job 40:10; sq. Le mot hébreu Béhémoth est un mot
pluriel qui signifie littéralement «de grands animaux quadrupèdes; «mais tous
les savants de nos jours s'accordent à admettre que ce mot, dans le passage de
Job, désigne un animal qui, d'après la belle et poétique description de ce
chapitre, ne peut être autre que l'hippopotame. Son nom est d'origine
égyptienne et s'écrit proprement Péhémout, bœuf marin (P est l'article, Éhé
signifie bœuf, et moût eau); le mot grec hippopotame signifie cheval du fleuve.
Cet animal formidable se trouvait autrefois en très grand nombre jusqu'aux
bouches mêmes du Nil, mais il s'est retiré depuis vers le sud, et habite
surtout au-delà des cataractes de ce fleuve, et dans d'autres rivières de
l'Afrique. Son corps est une masse énorme, longue de 6 mètres environ, haute de
2 et 1/2, et d'une circonférence de 5. Sa tête difforme a 1 mètre et plus de
longueur, et renferme une bouche énorme, garnie de grosses dents et qui,
lorsqu'elle est ouverte, présente une ouverture de 70 centimètres à peu près.
Sa peau est noirâtre, presque sans poil, comme celle de l'éléphant; elle est si
dure et si épaisse, que ni coup de sabre ni coup de fusil ne saurait la
traverser; même au bas-ventre, où pourtant la peau est en général le moins
dure, elle est également impénétrable; elle ne peut être entamée que près des
oreilles, et à la jointure de la tête au corps. On en fait des boucliers qui
joignent à une grande légèreté une impénétrabilité parfaite. Sa queue est
comparativement très petite, ses jambes sont courtes et massives, et le pied
ressemble à un gros sabot garni de quatre orteils.
L'hippopotame se meut et nage dans l'eau avec une
grande facilité; il s'y tient la majeure partie du jour, ou se couche dans les
endroits marécageux du rivage; cependant il ne peut rester longtemps sous
l'eau, car le besoin de respirer le ramène bientôt à la surface. Heureusement
pour les habitants de ces pays chauds, sa nourriture ne consiste qu'en plantes
et herbages, autrement il serait un fléau trop redoutable; il affectionne
surtout les pois verts. Lorsqu'il sort la nuit de sa retraite, il parcourt les
campagnes pour aller à la recherche de sa nourriture; il n'est pas rare qu'il
détruise un champ de blé ou de trèfle tout entier, soit en le foulant de ses
larges pieds, soit en le broutant de sa large gueule. Il ne marche qu'avec
difficulté sur la terre ferme, et lorsqu'il appréhende quelque danger, il se
hâte de gagner l'eau dans laquelle il peut déployer sa gigantesque force.
Quoique paisible de son naturel, cet animal, quand il est irrité, ne craint et
n'épargne ni homme, ni animal quelconque. Sa force est extraordinaire, et
lorsqu'il se voit attaqué dans son élément, il arrive souvent qu'il renverse
les canots, et autres petits bateaux, et qu'il les met en pièces en les
saisissant et les broyant entre ses mâchoires, ou en les soulevant sur son dos.
Quand il élève hors du fleuve sa tête énorme, il repousse et fait jaillir l'eau
du souffle de ses narines et fait entendre en même temps un cri perçant et
fort, semblable au bruit du hennissement d'un cheval ou d'un mulet, ou au bruit
que fait une énorme porte qui tourne lourdement sur ses gonds rouilles. Les
indigènes cherchent à le prendre dans des fosses profondes, mais le prudent
animal est sur ses gardes, et devine fréquemment les pièges qu'on lui tend; et
alors même qu'il est pris, il se défend avec fureur, et ne se livre qu'après
avoir rudement combattu.
— Pour l'éloigner de leurs plantations, les indigènes
ne connaissent d'autre moyen que d'entretenir des feux de distance en distance,
et de battre le tambour. Plusieurs de ces traits aideront à l'intelligence de
la description que le livre de Job donne de l'hippopotame, et feront comprendre
pourquoi il est représenté comme une preuve remarquable de la sagesse et de la
puissance du Créateur.
— Pour plus de détails, — Voir: le Morgenland de
Preiswerk, 1838, p. 343 et suivant.
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BÉHESTÉRA,
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Josué 21:27, ville des lévites, dans la tribu de
Manassé au-delà du Jourdain. Quelques-uns l'ont, à cause de la ressemblance du
nom, confondue, mais à tort, avec Botsra.
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BÉHOR,
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nom que Moïse donne au père de Balaam, Nombres 22:5.
La traduction grecque l'a rendu par Bosor, ainsi que nous le trouvons dans le
Nouveau Testament, 2 Pierre 2:15.
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BEL,
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le Banal des Caldéens. Qu'adoraient-ils sous ce nom?
Était-ce Nimrod leur premier seigneur, ou Bahal, ou Pul roi d'Assyrie, ou quelque
autre monarque, ou le soleil, ou toutes ces choses à la fois? C'est ce qu'il
est impossible de déterminer. Ésaïe 46:1; Jérémie 50:2; 51:44.
— Voir: Bahal.
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BÉLAH.
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1. 1
Chroniques 5:8; sq. Nous ne connaissons de ce chef rubénite que ce qui en est
dit dans ces trois versets. Il habitait d'abord dans les limites de Galaad à
l'orient du Jourdain, depuis Haroher jusqu'à Néco; mais son bétail ayant fort
multiplié dans les gras pâturages de cette contrée, la famille de Bélah
s'avança vers l'orient jusqu'à l'Euphrate, se rappelant peut-être et
s'appliquant certaines prophéties de Moïse qui donnaient à la postérité
d'Abraham tout le pays situé entre le Nil et l'Euphrate, Genèse 15:18;
Deutéronome 1:7. Cette hardie expédition, conforme aux mœurs antiques, exigeait
dans tous les cas un certain degré de force et de puissance, et nous donne une
idée avantageuse de l'accroissement que devait avoir pris la tribu de Ruben.
2. Genèse
14:2, ville de Canaan, qui prit plus tard le nom mieux connu de Tsohar, q.v.
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BELETTE,
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Lévitique 11:29.
— Voir: Crocodile et Taupe.
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BÉLIAL, ou plutôt Béliar,
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2 Corinthiens 6:15,
nom donné à Satan, et qui signifie en hébreu: inutile, méchant, qui ne rapporte
aucun profit. Mais le terme signifie proprement «déchéance», indiquant la
nature rébelle du cœur de l’homme. Ce mot se
trouve aussi quelquefois dans l'Ancien Testament, précédé du mot fils,
Deutéronome 13:13; 1 Samuel 2:12:» Or les fils d'Héli étaient des fils de
Reliai», mais au lieu de traduire littéralement cette expression, on l'a
ordinairement rendue, d'après le sens, par «de méchants hommes.»
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BÉLIER.
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1. —
Voir: Brebis.
2. Machinerie
guerre bien connue; on ne la trouve mentionnée dans l'Écriture sainte que Ézéchiel
4:2; 21:27. (dans le premier de ces passages, nos traductions ont rendu ce mol
par «machines pour la battre»). Ézéchiel est probablement le plus ancien auteur
qui en parle.
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BELSATSAR,
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Daniel 7 et 8, roi de Babylone, est désigné par le
prophète comme le fils de Nébucadnetsar, quoiqu'il ne fût peut-être qu'un de
ses descendants; car, entre son règne et celui de Nébucadnetsar, il y eut trois
règnes, très courts à la vérité, ceux d'Évilmérodac, de Nériglissor et de
Laboroso-Achod, que Daniel ne mentionne pas; et l'on sait que dans l'Écriture,
comme dans presque tous les livres de l'Orient, le mot fils n'indique souvent
que la filiation, sans égard au nombre des anneaux intermédiaires. Ce misérable
prince portait encore les noms de Nabonédus et de Labynitus.
Babylone était alors assiégée par Cyrus, général en
chef des armées de son oncle Darius, roi des Mèdes, connu dans l'histoire
profane sous le nom de Cyaxare II. Belsatsar, à l'abri des remparts
fabuleusement énormes de sa capitale, se livrait à une vie de délices, de
débauches et de fêtes. Dans une de ses orgies, il se fit apporter les vaisseaux
d'or et d'argent que Nébucadnetsar avait enlevés du temple de Jérusalem, Daniel
5:2. Il y but lui-même, et poussa la profanation jusqu'à les présenter à ses
courtisans et à ses concubines, qui y burent aussi. Et tous ensemble chantèrent
leurs dieux de métal, de bois et de pierre. Mais tout à coup le roi vit sortir
de la muraille les doigts d'une main humaine, traçant des caractères
mystérieux: il fut bouleversé, il changea de visage, ses reins frissonnèrent,
ses genoux s'entrechoquèrent d'épouvante; il jeta un cri de terreur. Il fait
appeler aussitôt les sages du monde, les astrologues, les caldéens, les devins;
mais malgré les magnifiques promesses qui leur furent faites, aucun d'eux ne
put expliquer ou comprendre l'écriture divine. Belsatsar était dans le plus
grand trouble à ce sujet, lorsque la reine, veuve de Nébucadnetsar, et connue
dans l'histoire profane sous le nom de Nitocris, se présenta à lui. Elle lui
conseilla de consulter un homme «en qui reposait l'esprit des dieux saints» et
que Nébucadnetsar avait trouvé si plein de sagesse et de lumière, qu'il l'avait
établi chef des mages et des astrologues; c'était Daniel, le prophète des
Hébreux. Daniel parut et donna au roi l'interprétation qu'il demandait, non
sans lui avoir premièrement rappelé la conduite coupable et le, châtiment de
son prédécesseur, puis son propre orgueil à lui, Belsatsar, et l'acte sacrilège
qu'il venait de commettre. Les signes mystérieux étaient la condamnation du
roi, et la ruine du royaume: Mene, mene, thekel, upharsin, ce qui signifiait:
Pesé, tu as été trouvé léger, et ton royaume (sera) divisé et donné aux Mèdes
et aux Perses. Ce fut la réponse du prophète, et Belsatsar, soit ironie et
incrédulité, soit qu'il n'osât pas manquer de parole à un homme qui semblait
lui parler au nom de la Divinité, et qui lui annonçait sa tin prochaine,
accomplit envers Daniel les promesses qu'il lui avait faites solennellement, à
lui aussi bien qu'aux devins; il lui fit donner un vêtement écarlate et un
collier d'or, et le proclama le troisième du royaume.
La menace n'avait pas précédé de beaucoup l'exécution,
car, en cette même nuit, Cyrus, ayant détourné les eaux de l'Euphrate, faisait
entrer son armée dans la ville par le lit desséché du fleuve. Babylone fut
prise, ses habitants massacrés, et Belsatsar lui-même égorgé au milieu de son
orgie, l'an 538 avant J.-C.
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BELTÉSATSAR
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(qui amasse des trésors), surnom qui fut donné à
Daniel par l'officier du roi Nébucadnetsar, Daniel 1:7.
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BÉNAJA
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(fils de l'Éternel), fils de Jéhojadah, l'un des plus
vaillants guerriers de David, et le capitaine de ses gardes, 2 Samuel 23:20; 1
Chroniques 11:22. Célèbre par sa force et par son courage, il avait de sa
propre main tué un lion et combattu avec un bâton contre un Égyptien armé d'une
hallebarde. En un temps où la force physique jouait un si grand rôle, il était
assez ordinaire de voir ceux qui en étaient doués, avancer promptement dans les
grades et les honneurs, surtout militaires. Bénaja obtint à la cour les plus
grandes faveurs: au moment de la révolte d'Adonija, il fut chargé de protéger
le sacre de Salomon contre tout mouvement populaire en faveur du rebelle, 1
Rois 1:32. Puis, après la mort de David, le nouveau roi lui confia l'exécution
de trois sentences de mort, contre Adonija, contre Joab (qu'il remplaça dans le
commandement de l'armée), et contre Simhi, 1 Rois 2:25,29,46.
— Bénaja fut un des plus fidèles serviteurs de la
maison de David, qu'il servit de ses vœux, comme de son bras et de son épée.
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BEN-HADAD
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(fils du bruit). L'Écriture mentionne sous ce nom
trois rois différents:
1. le
fils de Tabrimon, que Asa, roi de Juda, gagna et fit marcher contre Bahasa, roi
d'Israël. Cette expédition fut fatale aux dix tribus, et notamment à celle de
Nephthali, dont plusieurs villes furent surprises et pillées, 1 Rois 15:18;
sq..
2. 1
Rois 20:1; Ben-Hadad, roi de Syrie, fils et successeur du précédent, marcha
contre Samarie, accompagné de trente-deux autres rois, et, suivi d'une
nombreuse armée, il fit le siège de cette ville. Puis il fit orgueilleusement
sommer Achab de se rendre à lui à discrétion, corps et biens. Mais Achab,
appuyé sur l'avis des anciens du pays, lui fit répondre: «Que celui qui endosse
le harnais ne se glorifie pas comme celui qui le quitte. «Le sens était clair:
Ben-Hadad comprit le défi; la bataille s'engagea, les Syriens furent mis en
déroute, et le roi lui-même s'enfuit avec toute sa cavalerie. Ben-Hadad,
cependant, ne se tint pas pour battu; il attribua sa défaite à la protection
des dieux d'Israël, et comme on avait combattu sur les montagnes, il s'imagina
que c'était là peut-être la résidence de ces dieux, et que dans la plaine ils
ne seraient plus d'aucun secours à leurs adorateurs. En conséquence, il se
remit de rechef en campagne, au bout d'une année, avec une armée formidable,
auprès de laquelle, dit l'écrivain sacré, les enfants d'Israël ne paraissaient
pas plus que «deux troupeaux de chèvres.'» Les deux armées demeurèrent sept
jours en présence dans les plaines de Jizréhel, après quoi elles en vinrent aux
mains, et les Israélites tuèrent cent mille hommes aux Syriens: le reste
s'enfuit dans la ville d'Aphek, dont la muraille s'écroula sur eux et les
écrasa au nombre de vingt-sept mille. Caché dans la ville, Ben-Hadad envoya
quelques-uns des siens auprès du vainqueur pour demander sa grâce. Il l'obtint;
il fut épargné, malgré l'ordre contraire qu'Achab avait reçu de l'Éternel, et
il fit alliance avec Achab, s'engageant à lui rendre les places conquises par
son père, et à lui livrer quelques villes frontières.
Après une paix de trois ans, 1 Rois 22:1, la guerre
fut reprise entre le roi de Syrie et les deux rois alliés d'Israël et de Juda,
qui voulaient s'emparer de la ville de Ramoth, que Ben-Hadad, contrairement à
la foi des traités, refusait de livrer. Ben-Hadad avait donné l'ordre à ses
capitaines de ne viser que sur Achab; et quoiqu'on ne pût le reconnaître, à
cause de son déguisement et de la lâcheté avec laquelle il avait voulu exposer
Josaphat seul aux traits de l'ennemi, il fut mortellement blessé par une flèche
tirée comme au hasard. L'armée israélite reçut l'ordre de battre en retraite;
la campagne était terminée.
Sous le règne de Joram on vit de nouveau Ben-Hadad
reparaître en Israël, 2 Rois 6:8; sq. Comme tous les plans et projets du Syrien
étaient connus de Joram avant même qu'ils fussent exécutés, Ben-Hadad fut fort
irrité, pensant qu'il avait un traître auprès de lui; mais ayant appris que
c'était le prophète Élisée qui déjouait ainsi sa lactique, il envoya des gens à
Dothan pour s'emparer de lui: mesure inutile, car l'Éternel sauva le prophète
en frappant d'éblouissement les messagers de Ben-Hadad.
Quelque temps après, le roi de Syrie ayant rassemblé
son armée, vint de nouveau mettre le siège devant Samarie. Comme le blocus se
prolongeait, il y eut une grande famine dans la ville, 2 Rois 7:4. Ben-Hadad
espérait les soumettre par ce moyeu; il était près de réussir, les assiégés, à
la dernière extrémité, commençaient à se livrer au désespoir, lorsque l'Éternel
les visita d'une délivrance miraculeuse. Les troupes syriennes entendirent
pendant la nuit un bruit de chariots et de chevaux, comme le bruit d'une grande
armée (sans doute celle qu'Élisée avait fait voir à son serviteur sur la
montagne, 6:17), et croyant que c'étaient les rois des Héthiens et des
Égyptiens, qui venaient au secours d'Israël, ils s'enfuirent précipitamment,
saisis d'épouvante, en laissant tout leur bagage et leurs vivres dans le camp.
De retour à Damas, Ben-Hadad tomba mal; de, et ayant
appris l'arrivée d'Élisée dans cette ville, il envoya auprès de lui avec de
riches présents Hazaël, un de ses officiers, pour lui demander s'il pourrait se
relever de cette maladie. Précédemment déjà, d'après le conseil d'une jeune
esclave israélite, il avait envoyé son serviteur Naaman, atteint de la lèpre,
auprès du roi d'Israël, en le priant de le faire guérir par Élisée, qui n'était
apparemment autre chose, pour lui, qu'un habile magicien dont le roi pouvait
disposer à sa guise.
— Voici la réponse que le prophète fit reporter à
Ben-Hadad: «Vas, et dis-lui: certainement tu en pourrais relever; toutefois
l'Éternel m'a montré que certainement il mourra.» En effet, bien que sa maladie
ne fût pas mortelle, Ben-Hadad fut le lendemain trouvé mort dans son lit:
Hazaël l'avait étouffé pour régner à sa place. (884 avant J.-C.)
Riche, puissant et fort, ce monarque ambitieux, trois
fois se leva contre Israël, et trois fois dut s'enfuir; c'est que le Dieu qui
protégeait les tribus n'était pas seulement le Dieu des montagnes, c'était
encore le Dieu des plaines. Le petit royaume d'Israël ne fut point redevable de
son salut à ses propres forces, mais à la présence et aux prières du prophète
Élisée. Dieu avait choisi les choses faibles de ce monde pour rendre confuses
les fortes «afin que nulle chair ne se glorifiât devant lui.» 1 Corinthiens
1:27,29.
3. Fils
de Hazaël le meurtrier du précédent. Il opprima les dix tribus sous Joachaz,
roi d'Israël, mais fut vaincu et chassé sous Joas, roi de Juda, 2 Rois 13. Il
reçut de son père, ou il prit lui-même le nom de Ben-Hadad, qui, étant commun à
un grand nombre de rois syriens, Jérémie 49:27; Amos 1:4, pouvait cacher son
usurpation et faire oublier la nouveauté de la dynastie parvenue.
________________________________________
BENHAJIL,
________________________________________
un des principaux gouverneurs du royaume de Juda sous
le bon roi Josaphat; il fut chargé par son maître de parcourir le pays avec
quatre autres chefs, sept lévites et deux sacrificateurs, pour instruire le
peuple et lui faire connaître le livre de la loi de l'Éternel qu'ils portaient
avec eux.
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BEN-HAMMI,
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un des fils de Lot., Genèse 19:38.
— Voir: Hammon.
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BENJAMIN,
________________________________________
fils de Jacob et de Rachel, le plus jeune de la
famille, né 1736 avant J.-C. Sa naissance coûta la vie à sa mère, qui voulut en
mourant l'appeler Benoni, fils de ma douleur; mais Jacob l'appela Benjamin,
fils de ma droite, (et aussi fils de bonheur, ou, selon d'autres, fils de ma
vieillesse), ou Jémini, ma droite. Il est superflu de répéter ici toute
l'histoire qui se rattache au nom de Benjamin: l'amour de son père pour cet
enfant, ce fils de Rachel expirée, le frère de Joseph exilé, les scènes de
l'Égypte, la coupe trouvée dans le sac, la dureté simulée du grand gouverneur
d'Égypte, enfin la reconnaissance des frères, sont connus de chacun, et ne
présentent aucune difficulté. Benjamin se maria fort jeune, car à peine
était-il âgé de trente-deux ans, qu'il avait déjà dix fils; cinq d'entre eux
moururent sans postérité. Genèse 33:16,18; 46:21.
Toutefois les prédictions de Jacob, Genèse 49:27, et
celles de Moïse, Deutéronome 33:12, touchant ce jeune homme et la tribu dont il
fut le père, sont de nature à lui ôter cette teinte de fraîche adolescence et
de virginité candide que semble respirer son histoire. «C'est un loup qui
déchirera; le matin il dévorera la proie, et le soir il partagera le butin; il
reposera entre de fortes épaules.» Ce n'est plus là le Benjamin du vieux Jacob
et du tendre Joseph; aussi devons-nous remarquer combien, dans sa première
histoire, le rôle de Benjamin est un rôle passif: on l'aime, on le trouve
charmant; mais qu'a-t-il fait? Rien; ce n'est que sa position seule qui nous
intéresse, qui nous émeut; il n'a rien fait, il a seulement été; il est né de
Rachel, il est né frère de Joseph, il est né le dernier, il est jeune: voilà sa
vie, voilà ses titres. Il est aimable pour nous parce qu'il est tant aimé, et,
sans le connaître, nous lui sommes attachés parce que nous voyons l'amour que
lui portèrent ceux qui vécurent avec lui. Mais s'il ne nous en est rien raconté
qui puisse le faire distinguer en bien, aucune tache non plus ne vient
déshonorer sa mémoire: il reste chaste et pur à côté de Ruben, sans violence à
côté de Siméon et de Lévi, et la bénédiction de l'Éternel est promise à sa
postérité. «Le bien-aimé de l'Éternel, dit Moïse, Deutéronome 33:12, habitera
sûrement avec lui; il le couvrira tout le jour, et il se tiendra entre ses
épaules.»
Il reçut son héritage entre de puissants voisins: il
eut au nord la tribu d'Éphraïm, à l'orient celle de Ruben dont il était séparé
par le Jourdain et la mer Morte, au midi celle de Juda, à l'occident celle de
Daniel Peu étendu, mais très fertile, son territoire subvenait amplement aux
besoins d'une population fort nombreuse. Placé au centre de la terre sainte, il
fut aussi comme le centre de, l'histoire juive, et Jérusalem lui appartenait,
de même que Jérico, Béthel, Mitspa, Micmas, Ramathajim et Gabaon. Ehud, le
second des juges, Saül, le premier des rois de Juda, Mardochée et l'apôtre
Paul, étaient Benjamites. Le caractère principal de cette portion de la famille
d'Israël fut un courage indomptable qui allait jusqu'à la férocité; il soutint
plusieurs guerres contre les Cananéens, Juges 3:15; 1 Samuel 4, et nombre de
batailles auxquelles il ne resta pas étranger, se livrèrent dans l'étendue de
son territoire. Il fut presque anéanti sous les juges, par les Israélites
indignés d'un crime odieux qui s'était commis dans une de ses villes, et dont
il avait refusé de livrer les auteurs.
— Sa destinée fut de partager avec Juda la gloire de
conserver plus fidèlement et plus longtemps la connaissance de l'Éternel, sous
la dynastie des descendants de David.
— Voir: Juda.
et c'est une chose digne d'être remarquée, que lors du
grand schisme des dix tribus, ce fut celle de Benjamin, celle qui avait été
dépouillée de la royauté, qui resta seule fidèle à la nouvelle dynastie que
Dieu avait donnée à son peuple dans la famille de David.
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BÉRACA.
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nom hébreu de la vallée qui est appelée 2 Chroniques
20:26, vallée de bénédiction; elle était située non loin de Hen-Guédi, dans le
désert de Tékoah. C'est là que se rassemblèrent, sous le règne de Josaphat,
tous les habitants de Juda, pour bénir l'Éternel de la victoire inattendue
qu'il leur avait fait remporter sur les enfants de Hammon et sur les Moabites.
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BÉRÉCIA,
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2 Chroniques 28:12.
— Voir: Hazaria #4.
________________________________________
BÉRED,
________________________________________
Genèse 16:14, ville du désert en Arabie, au sud de
Kadès-Barné, du côté de Sud, verset 7.
________________________________________
BÉRÉE,
________________________________________
ville de Macédoine, sur le chemin qui mène de
Thessalonique à Athènes, et non loin de la ville de Pella, où naquit Alexandre
le Grand. Ce fut à Bérée que saint Paul prêcha l'Évangile, après avoir été
chassé de Thessalonique par la persécution. Un assez grand nombre de personnes
y furent converties, entre autres un nommé Sopater, qui accompagna Paul lorsque
celui-ci dut retourner en Asie. Saint Luc loue les habitants de cette ville,
pour le zèle avec lequel ils se mirent à lire les Écritures, afin de savoir si
les choses qu'on leur annonçait étaient conformes à la Parole de Dieu, Actes
17:10; 20:4.
________________________________________
BÉRÉNICE ou Bernice,
________________________________________
fille aînée d'Hérode Agrippa dit le Grand, celle que
la poésie a si habilement transfigurée. Elle fut d'abord fiancée à Marc, fils
d'Alexandre, gouverneur des Juifs à Alexandrie; puis elle épousa Hérode, roi de
Chalcis, son propre oncle. Après la mort de celui-ci, elle se maria avec Polémon,
roi du Pont; mais elle ne demeura pas longtemps, avec lui: elle retourna auprès
de son frère Agrippa, avec lequel il paraît qu'elle entretenait des relations
criminelles. Ils étaient venus l'un et l'autre à Césarée, pour complimenter le
gouverneur Festus, lorsque celui-ci, pour leur complaire, lit comparaître
devant eux l'apôtre Paul. Actes 25:23.
— Plus lard, Bérénice fut encore la maîtresse de
Vespasien (Tacit. Hist. 2, 81), et celle de son fils Titus (Sueton., Tit., 7),
qui l'aurait épousée, dit-on, si elle n'eût été reine et étrangère, deux
qualités qui rendaient impossible toute union avec un Romain.
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BERGERS.
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Les patriarches et les premiers Hébreux furent nomades
et bergers; Abraham, Isaac, Jacob et ses douze fils voyagent conduisant après
eux de nombreux troupeaux de chèvres, de brebis, de bœufs, d'ânes et de
chameaux, qu'ils mènent paître dans les steppes solitaires de Canaan, de
l'Égypte ou de l'Arabie. Cette vie nomade cessa plus ou moins généralement,
lorsque les Israélites se furent emparés de la terre promise, et que la culture
du sol fut devenue leur principale richesse; mais on continua de trouver,
surtout chez les tribus transjordaniennes, bon nombre d'hommes qui
conservèrent, au milieu de leurs villes fortifiées, des habitudes plus en
rapport avec celles de leurs ancêtres; Nabal en est un exemple, 1 Samuel 25:2;
cf. 2 Rois 3:4. Ces riches propriétaires avaient sous leurs ordres des
centaines de serviteurs qu'ils pouvaient au besoin transformer en soldats, soit
pour des haines et des vengeances personnelles, Genèse 14:14, soit pour la
garde des troupeaux et des citernes, 13:7; 26:20. Bergers, nomades ou
sédentaires, ils habitaient sous des tentes. Cantique 1:7; 2 Chroniques 14:15;
Ésaïe 38:12; Jérémie 6:3. Ils étaient ordinairement munis d'un bâton recourbé
vers le bout, 1 Samuel 17:40; Michée 7:14, d'une poche ou bissac, et d'un
chien, pour repousser les bêtes féroces contre lesquelles ils luttaient
parfois, et souvent avec avantage, Amos 3:12; Ésaïe 31:4; 1 Samuel 17:34. Du
reste, ils avaient rarement des armes proprement dites, même des frondes. Ils
se construisaient des guérites ou de petits observatoires, au haut desquels ils
montaient pour découvrir les pièces de bétail égarées, ou pour prévenir de plus
loin les dangers dont ils pouvaient être menacés, Michée 4:8: c'est peut-être à
cette circonstance qu'ils doivent d'avoir été cités comme types de la
vigilance, Nahum 3:18.
— Voir: Luc 2:8.
Ils ne devaient rien négliger pour recouvrer un animal
perdu, Ézéchiel 34:12; Luc 15:5; ils portaient dans leurs bras ceux qui étaient
faibles et malades, Ésaïe 40:11, et prenaient garde de les échauffer ou de les
fatiguer par des marches forcées, Genèse 33:13. Leur principal vêtement était
un manteau dont ils s'enveloppaient tout le corps, Jérémie 43:12; ils se
nourrissaient de fruits sauvages, de figues, Amos 7:14, et, au besoin, de
carouges, Luc 15:16; ils ne recevaient point de gages en argent, mais ils
avaient une certaine part aux produits du troupeau, aux petits qui naissaient
pendant le temps de leur service, Genèse 30:32, et au lait dont ils pouvaient
faire leur nourriture, 1 Corinthiens 9:7. Il est évident, d'après 1 Samuel
16:17-18, que la musique était un délassement ordinaire des bergers hébreux,
comme elle l'est des gardeurs de troupeaux dans tous les pays. Sous les rois,
la charge d'inspecteur en chef des troupeaux était un emploi considérable, 1
Samuel 21:7: et l'on peut dire, en général, que la condition de berger était
fort considérée: les fils et les filles de riches propriétaires ne craignent
pas de s'occuper eux-mêmes de ces soins; les prophètes, les rois, et Dieu
lui-même, prennent et acceptent le titre honorable de pasteurs et bergers, cf.
Psaumes 23,1; Jean 10:1; Hébreux 13:20, titre qui joue comme symbole un grand
rôle dans les livres saints. Les récits des voyageurs modernes en Perse
reproduisent trait pour trait le tableau des soins pastoraux de Ésaïe 40:11; et
ailleurs.
Quant à la grotte des bergers dont parlent certains
voyageurs, amateurs de reliques à tout prix.
— Voir: l'article Bethléem.
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BÉRIHA et Sémah,
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1 Chroniques 8:13, descendants de Benjamin; ils furent
chefs de quelques familles qui habitèrent Ajalon; ils repoussèrent de Gath les
Philistins qui y demeuraient: ces deux faits par lesquels seuls nous
connaissons cette branche de la famille benjamite, doivent s'être passés à
l'époque de la conquête de Canaan, puisque d'après ce passage Ajalon devait se
trouver dans la tribu de Benjamin, tandis que plus tard, après le partage, il
appartint à celle de Dan.
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BÉRIL,
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Apocalypse 21:20; Ézéchiel 28:13, pierre transparente,
d'un vert bleuâtre; il y en a de très foncées, et d'autres qui sont très
claires; on en voit qui sont de la grosseur d'une fève; elle est d'ailleurs
presque aussi dure quelquefois que le grenat: on la trouve surtout dans les Indes
orientales, et près des mines d'or du Pérou. La Silésie en fournit également,
mais d'une qualité très inférieure.
— Le béril est le huitième fondement de la nouvelle
Jérusalem; c'était la onzième pierre du pectoral du souverain sacrificateur,
Exode 28:20.
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BÉRODAC,
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2 Rois 20:12.
— Voir: Mérodac.
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BÉROTHAÏ, ou Cun,
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2 Samuel 8:8, ou Cun, 1 Chroniques 18:8, ville de
Syrie, près des frontières septentrionales de la Palestine, qui fut conquise
par David; peut-être la même que l'ancienne et opulente Béryte qui vit encore
sous le nom de Bayrouth, cf. Ézéchiel 47:16.
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BÉSOR,
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ruisseau ou torrent du pays de Canaan, coulant de
l'est à l'ouest, non loin de la frontière méridionale, pour se jeter dans la
Méditerranée. C'est sur ses bords que 200 hommes de David s'arrêtèrent,
harassés de fatigue, tandis que 400 autres poursuivirent et taillèrent en
pièces les Hamalécites qui avaient brûlé Tsiklag. 1 Samuel 30:9.
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BÉTAH, ou Tibbath,
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2 Samuel 8:8, ou Tibbath, 1 Chroniques 18:8, ville que
David prit sur Hadarhéser, roi de Syrie, et qui partagea le sort de Bérothaï,
q.v. Sa position est complètement inconnue; quelques-uns la regardent comme
identique avec Béten.
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BÉTEN,
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de la tribu d'Aser, Josué 19:25.
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BÊTES sauvages,
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Ésaïe 13:22;
— Voir: Chacal, et Animaux.
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BÉTHABARA
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(maison de passage), dans la tribu de Ruben, sur la
rive orientale du Jourdain, près de l'endroit où les Israélites le passèrent
sous la conduite de Josué. Ce fut là que Jean, fils de Zacharie, baptisa une
multitude de Juifs, en signe de repentance, et pour les préparer à recevoir le
Messie, Jean 1:28. Dans ce dernier passage, la plupart des manuscrits portent
Béthanie, au lieu de Béthabara.
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BÉTHANIE
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(maison de chant, ou maison d'affliction, ou encore
maison de la grâce du Seigneur).
1. Village
considérable, au pied du mont des Oliviers, à 2 ou 3 kilomètres est de
Jérusalem, dans la tribu de Benjamin. C'est là que demeuraient Lazare et ses
sœurs, Jean 11:4-5,11; c'est là probablement que demeurait Jésus, lorsque les
fêtes saintes l'appelaient à Jérusalem, Matthieu 21:17; c'est enfin là qu'il se
fit voir pour la dernière fois à ses disciples, Luc 24:50; Jean 11:18. Il
s'éleva aux cieux dans le voisinage de cette bourgade qu'il aimait, Actes
1:1-12. Béthanie n'est plus maintenant qu'un chétif village de ruines et de
décombres; les maisons, où vivent quelques familles arabes, en sont si
misérables que nous ne voudrions pas y loger nos bestiaux. On montre encore les
débris supposés de la maison de Lazare, et son tombeau dans une grotte
profonde.
2. Béthanie,
endroit près duquel Jean baptisait, si en effet l'on doit accepter cette leçon,
Jean 1:28, au lieu de Béthabara q.v. Cet endroit était situé au-delà du
Jourdain dans la tribu de Ruben.
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BETH-AVEN
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(maison de vanité); dans la tribu de Benjamin. C'est,
ou Béthel ainsi nommée à cause de l'idole qu'on y adorait, Osée 4:15; 10:5, ou
plutôt quelque localité voisine, Josué 7:2. C'est près de là que l'armée de
Saül, victorieuse des Philistins par la bravoure de Jonathan, réussit à les
mettre en déroute, 1 Samuel 14:23.
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BETH-BARA,
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passage au gué du Jourdain, dont Gédéon donna l'ordre
aux Éphraïmites de s'emparer, pour arrêter dans leur fuite les chefs de Madian
et les mettre à mort, Juges 7:24. Beth-Bara était dans le voisinage de
Béthabara, ou Béthabara lui-même.
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BETHCAR
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(maison de science), 1 Samuel 7:11, ville de la tribu
de Dan, non loin de Milspa: ce fut jusque-là que Samuel poursuivit les
Philistins, et près de là qu'il érigea son Ében-Hézer.
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BETH-DIBLATHAJIM, ou simplement Diblathajim,
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ville des Moabites qui subsistait encore aux jours de
saint Jérôme, Nombres 33:46; Jérémie 48:22; probablement la même que Dibla,
Ézéchiel 6:14.
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BÉTHEL
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(maison de Dieu), d'abord appelé Luz: c'est là que
Jacob s'arrêta dans son voyage vers Padan-Aram, et il nomma ce lieu Béthel, à
cause de la vision qu'il y avait eue. Trente ans après environ, il y plaça ses
tentes, et y demeura un certain temps, Genèse 12:8; 13:3; 28:19. Ville
cananéenne d'abord, elle fut adjugée par Josué à la tribu de Benjamin, Josué
18:22; cf. 12:9, puis conquise par les Éphraïmites, Juges 1:22. Elle fut
quelque temps la résidence du tabernacle, Juges 20:18; 1 Samuel 10:3 (nos
versions traduisent le mot hébreu Béthel par «la maison du Dieu fort»), et
finit par être sous Jéroboam un des deux sièges principaux de l'idolâtrie, 1
Rois 12:29. Aussi les prophètes sont-ils remplis de menaces contre cette ville
si déchue, Amos 3:14; 7:10,13; Jérémie 48:13; et la prophétie d'Amos, que
Béthel serait réduite à rien, a si bien été accomplie, que maintenant on ne
peut plus en déterminer la place d'une manière positive. Elle était située à 15
ou 20 kilomètres nord-ouest de Jérusalem, non loin de la ville de Haï.
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BÉTHESDA
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(maison de miséricorde), bain public, situé dans la
partie orientale de Jérusalem, au nord du temple, près de la vallée de
Josaphat; les malades y venaient, d'après le texte de l'Évangile, chercher un
remède à leurs souffrances dans les eaux qu'un ange troublait à certaines
heures, Jean 5:2. On montre encore en cet endroit une espèce de carré long dont
la terre éboulée et les arbustes cachent la profondeur; les parois portent par
places des plaques d'enduit qui indiquent sa destination, mais il ne s'y trouve
plus d'eau.
— On a contesté l'authenticité du passage, Jean 5:2-4,
en partie sans doute pour échapper aux difficultés qu'offre son explication. Il
paraît que saint Jean cite sans la juger l'opinion populaire que la source
d'eau minérale de Béthesda guérissait presque toutes les maladies. Cette source
était intermittente, ou entrait en ébullition à de certains moments déterminés.
Quant à l'intervention d'un ange, d'abord il n'est point dit que cet ange fût
visible; puis, l'idée populaire qui le faisait intervenir, reposait, quoique
confuse, sur la connaissance certaine que la Parole de Dieu nous donne, que le
Seigneur appelle les anges à l'administration des choses d'ici-bas. Hébreux
1:7. 14.
Une analyse
contextuelle sur Béthesda indique qu’il ne s’agissait pas d’un bain public,
mais d’un réservoir d’eau dans lequel se versait le sang des sacrifices offerts
dans le temple. De temps en temps, un ministre (une des significations du mot
ange) descendait pour enlever l’eau du réservoir et le purifier. A ce moment,
le premier qui y entrait était guéri de quelque maladie qu’il fut atteint.
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BETH-GAMUL
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(maison du chameau), ville de la tribu de Ruben, qui
plus tard fut prise par les Moabites, et ravagée par les Caldéens, Jérémie
48:23.
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BETH-HARAM, et
Beth-Haran,
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Josué 13:27, et Beth-Haran, Nombres 32:36, ville forte
des Rubénites, au nord de la mer Morte; elle fut appelée plus tard Livias, en
l'honneur de l'épouse d'Auguste.
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BETH-HOGLA,
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ville de Benjamin, sur les frontières de Juda, à
moitié chemin environ du Jourdain à Jérico, Josué 18:21.
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BETH-HORON
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(maison de colère), ville de la tribu d'Éphraïm, qui
se divisait en deux portions, la basse ville, Josué 16:3; 18:13, sise dans la
vallée, et la ville haute située sur une colline assez élevée, 16:5; cf. 10:11.
Elle appartenait aux lévites, Josué 21:22. D'après 1 Chroniques 7:24, les deux
portions de cette ville auraient été construites par une fille d'Éphraïm,
Sééra.
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BETH-JÉSIMOTH,
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ville rubénite, à 15 kilomètres environ du Jourdain,
du côté de la mer Morte, Nombres 33:49; Josué 12:3; 13:20. Les Moabites s'en
emparèrent; elle fut plus tard détruite par les Caldéens, Ézéchiel 25:9.
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BETH-KÉREM
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(maison de vignes), située sur une montagne entre
Jérusalem et Tékoah: elle paraît avoir été renommée pour son vignoble, Néhémie
3:14; Jérémie 6:1.
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BETH-LÉBAOTH,
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Josué 19:6, appelée aussi simplement Lébaoth, 15:32,
ville de Siméon, situation inconnue. Quelques-uns (Reland) comparent ce nom
avec le Bethleptéphène de Flavius Josèphe et de Pline, au sud de, Jérusalem,
vers l'Idumée; mais c'est fort incertain, et la ressemblance des deux noms très
insuffisante pour établir une analogie.
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BETHLÉEM
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(maison du pain).
1. Ville
de la tribu de Juda, située sur le penchant d'un coteau, à environ 10
kilomètres sud de Jérusalem; on l'appelait aussi Éphrata, Michée 5:2, ou
Éphrath, la fructueuse, et ses habitants Éphratiens. Cette ville n'a été
considérable ni en étendue, ni en richesses, mais il est cependant peu de
contrées dans la terre sainte qui soient aussi pleines de souvenirs que celle
de Bethléem. Rachel y mourut en donnant le jour à Benjamin, et elle y fut
ensevelie, Genèse 35:16,19. Un lévite de Bethléem devint le premier
sacrificateur des Danites qui venaient de s'établir dans la vallée des sources
du Jourdain, Juges 17:18. Ce fut une femme de Bethléem qui fut la cause de
cette guerre sanglante dans laquelle la tribu de Benjami fut presque anéantie
(id. 19); Nahomi était de Bethléem, elle y revint avec Ruth la Moabite.
Bethléem eut enfin la gloire de voir naître Ibtsan, Élimélech, Booz, David, et
par-dessus tout Jésus, le Messie promis. Genèse 48:7; Ruth 1:2; Psaumes 132:6;
Michée 5:2; Juges 12:8; Matthieu 2:1.
Sur le même terrain existe encore aujourd'hui une
petite ville à laquelle on a conservé le nom de Bethléem, mais qui est devenue
le théâtre de bien des superstitions. Au fond d'une vallée assez triste, mais
dont le sol est excellent, s'élève un monticule sur lequel se trouve la
bourgade; elle est composée d'environ deux cents maisons, la plupart taillées
dans le roc, habitées par des chrétiens et des musulmans qui vivent en bonne
harmonie et qui jouissent d'une certaine indépendance. Non loin de la ville se
voit la fameuse église de la Nativité, et le couvent des Franciscains qui la
touche. Une chapelle souterraine de cette église passe pour avoir été l'étable
où notre Sauveur est né; du moins on la montre pour telle sous le nom de
chapelle de la Crèche, et madame de Lamartine, dans une note fournie au journal
du poète, après avoir parlé du «long labyrinthe de corridors souterrains qu'il
faut parcourir pour arriver à la grotte sacrée» ajoute: «En passant sous ces
voûtes et ces enfoncements dans le roc, l'on comprend sans peine qu'ils ont dû
servir d'étables aux troupeaux que les bergers gardaient dans la plaine.»
Heureux ceux qui peuvent s'abandonner à l'illusion; mais une étable dans le roc
vif, sous terre, ne peut guère obtenir de créance parmi nous, d'autant moins
que ces sortes de reliques vivantes ont été tellement multipliées au profit du
parti catholique romain, qu'on ne sait plus ce qu'il faut croire et rejeter. On
peut voir, à ce sujet, le Traité des reliques de Calvin, un des chefs-d'œuvre
littéraires du seizième siècle, après lequel il ne reste plus rien à dire.
— Quoi qu'il en soit de cette grotte, trente-deux
lampes y brûlent jour et nuit; des tableaux, un orgue, et deux autels la
décorent. Cette grotte naturelle a été revêtue de marbre afin d'en soustraire
les parois à l'indiscrète piété des pèlerins qui les déchiraient pour en
emporter des fragments.
Une autre chapelle souterraine est appelée l'Oratoire
de saint Jérôme: c'est là qu'on prétend qu'il a travaillé à sa traduction de la
Bible, et l'on y montre son tombeau.
Outre le monastère des Franciscains, il y a à Bethléem
un couvent arménien et un couvent grec.
Au nord-ouest de Bethléem est un tombeau qu'on assure
être celui de Rachel; et du côté de l'est, on montre une plaine peu
considérable, mais agréable et fertile, où les bergers, dit-on, paissaient
leurs troupeaux lorsque la naissance du Rédempteur leur fut annoncée par les
anges. Près de là se trouve la Grotte des Bergers, dans laquelle ils passaient
la nuit, puis les ruines d'une église bâtie en mémoire de cet événement, par
Hélène, femme du grand Constantin.
Au midi sont trois piscines ou réservoirs, qu'on pense
être ceux dont parle Salomon Ecclésiaste 2:6. Creusées dans le roc vif, et
suivant la pente de la montagne, ces citernes ont encore les parois aussi
nettes et les arêtes aussi vives que si elles venaient d'être terminées: de
grandeur inégale, elles varient entre 400 et 600 pieds (140-215 mètres) pour la
longueur, sur une largeur de 70 à 100 mètres, et une profondeur de 30. «Ces
beaux bassins, remplis d'une eau diaphane, sur le sommet d'une montagne aride,
étonnent et inspirent une haute idée de la puissance qui a conçu et exécuté un
si vaste, projet; aussi sont-ils attribués à Salomon.» Lamartine.
2. Ville
de la tribu de Zabulon; inconnue. Josué 19:15.
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BETH-MÉHON,
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— Voir: Bahal-Méhon.
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BETHPHAGÉ,
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petit village appartenant aux sacrificateurs, tout
près de Béthanie, sur la route qui conduit à Jérusalem. Il devait son nom (lieu
des ligues mal mûres), à sa position entre deux montagnes qui le privaient des
rayons du soleil, et qui empêchaient ainsi les figues d'y mûrir. C'est là que
Jésus, le, roi débonnaire, fit chercher l'âne sur lequel il voulait faire son
entrée dans la ville, Matthieu 21:1; Luc, 19:29.
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BETH-RÉHOB,
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2 Samuel 10:6.
— Voir: Aram et Réhob.
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BETHSAÏDA.
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1. Village
ou ville à l'est du Jourdain, au nord-est de la mer de Galilée, sur une petite
hauteur qui domine une plaine fertile et couverte d'aloès. Elle appartenait à
la tribu de Manassé. Jésus s'y retira plusieurs fois pour trouver du repos et
de la solitude. Un jour, en débarquant, il vit la foule déjà réunie pour
l'attendre, et il y rassasia 5,000 hommes, Matthieu 14:13; Marc 6:31; Luc
9:10,17; Jean 6:1. Philippe le tétrarque transforma ce bourg en ville et lui
donna le nom de Juliade, en l'honneur de Julia, tille de l'empereur Auguste.
2. Autre
endroit du même nom, au bord de la mer de Galilée, Matthieu 11:21-24; Luc
10:13; Jean, 1:44. Ce fut la patrie des apôtres Philippe, André et Pierre, qui
étaient pêcheurs. Bethsaïda signifie maison de la chasse, ou de la pêche, et ce
nom pouvait naturellement s'appliquer et se donner à plusieurs localités sur
les bords d'un lac poissonneux; il rappelle la Poissine du lac de Neuchâtel, et
le Fischhausen de Saint-Gali. La position de, Bethsaïda n'est pas bien connue;
on a trouvé, mais à une assez grande distance du lac, quoique encore dans la
plaine basse, un village nommé Baitsida, qui pourrait bien être le même.
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BETU-SÉAN, ou Bethsan,
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Josué 17:11; Juges 1:27, ou Bethsan, 1 Samuel 31:10,
ville de Manassé, à l'ouest du Jourdain.
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BETH-SÉMÈS
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(maison du soleil).
1. Bahalath.
2. Ville
de la tribu de Juda donnée aux Lévites, Josué 21:16. Elle était environ à 50
kilomètres sud-ouest de Jérusalem, près du pays des Philistins, et non loin de
la tribu de Dan, 15:10; 1 Samuel 6:12. L'arche sainte y fut déposée par les
Philistins, qui s'en étaient emparés comme d'un talisman, et qui s'en
débarrassèrent comme d'un fléau; les Bethsémites, à leur tour, frappés d'une
grande plaie pour avoir voulu regarder dans l'arche, la conduisirent à
Kiriath-Jéharim.
3. Ville
de Nephthali, Josué 19:38. Elle continua encore quelque temps d'être habitée
par les Cananéens, Juges 1:33.
4. Ville
d'Issacar, Josué 19:22.
5. Peut-être
Héliopolis en Égypte, Jérémie 43:13.
— Voir: On #2.
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BETH-SUR
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(maison du rocher), 2 Chroniques 11:7, ville de la
partie méridionale de Juda, près d'Hébron. C'est près de là, sur le plateau,
qu'une tradition fort ancienne place le lieu où Philippe baptisa l'eunuque de
la reine Candace, Actes 8:26; sq..
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BÉTHUEL ou Béthul
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1. (filiation
de Dieu), Josué 19:4; 1 Chroniques 4:30, ville de la tribu de Siméon, peut-être
la Béthulie de Judith, si tant est que cette ville ait jamais existé.
2. Béthuel,
fils de Nacor et de Milca, cousin, par conséquent, d'Abraham, dont le père,
Taré, était frère de Nacor; il fut père de Laban et de Rébecca. Lorsque
Élihézer fut venu, de la part d'Abraham, demander Rébecca pour Isaac, il
n'hésita pas à la laisser partir, et son exemple nous montre que si Abraham fut
choisi de Dieu, lui et sa descendance, pour être le dépositaire de ses oracles,
cependant la foi en Jéhovah n'était point entièrement perdue, quoique altérée,
dans les branches latérales.
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BETSALÉEL
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(sous l'ombre de Dieu), fils d'Uri, de la tribu de
Juda, et Aholiab (tabernacle du père), fils d'Ahisamac, danite, furent suscités
de Dieu et chargés de veiller à la construction du tabernacle; c'était dans le
désert, et Dieu avait commandé un travail magnifique, dont la confection eût
exigé, en des temps ordinaires, toutes les ressources d'une ville grande et
riche; mais quand Dieu commande, il donne aussi les moyens d'exécuter. Il
remplit d'intelligence Betsaléel et Aholiab, pour inventer toutes sortes
d'ouvrages de dessins, de broderie et de sculpture, et les matériaux ne
manquèrent point. Il est évident, d'après Exode 31:3, que, dans cette
circonstance, Dieu travailla lui-même avec ses chefs-ouvriers, en leur donnant
de son esprit une mesure plus forte d'intelligence et d'habileté; mais l'on sait
aussi qu'à cette époque déjà, l'Égypte avait atteint un haut degré de
perfection dans un grand nombre d'arts mécaniques et industriels, et l'on peut
supposer que ces deux hommes, venant d'Égypte, en avaient peut-être aussi
rapporté quelques connaissances effectives, quoique, du reste, les Israélites
n'y fussent guère initiés à d'autres mystères qu'à ceux de broyer la paille et
le mortier pour en faire des briques,
— Voir: encore Exode 35:30; 36:1; 37:1; 38:22; 1
Chroniques 2:20; 2 Chroniques 1:5.
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BETSER,
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— Voir: Botsra.
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BEURRE.
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On voit clairement par Proverbes 30:33, que chez les
Juifs le beurre était ce qu'il est chez nous, et non pas seulement de la crème,
comme c'était ordinairement le cas en Orient. Les Grecs d'alors étaient encore
bien éloignés de connaître la fabrication de cet utile aliment; jusqu'à
l'arrivée des Hollandais aux Indes orientales, le beurre y était pareillement
inconnu; mais dans le pays de Canaan, le miel et le beurre étaient des mets
fort communs, Ésaïe 7:15,22. Chez les Arabes, on les envisage comme des
raretés, propres seulement à la table des princes, et dont assurément les
enfants ne goûtent guère. Laver ses pas dans le beurre, Job 29:6, c'est jouir
d'une grande prospérité. Les paroles d'un flatteur, dit le Psalmiste, 55:22,
sont plus douces que le beurre.
— Voir: Bœuf.
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BÉZEK
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(éclair), ville de la tribu de Juda, sur le penchant
oriental d'une montagne, à 3 kilomètres de Bethsur. On suppose qu'Adoni-Bézek,
qui fut pris et mutilé par les enfants de Juda, Juges 1:4-7, était roi de
Bézek. C'est là que Saül, voulant marcher contre Jabès de Galaad, fit la revue
de son armée, qu'il trouva composée de 330,000 hommes, 1 Samuel 11:8.
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BIBLE.
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C'est le nom qu'on donne au livre des livres, au livre
par excellence, au volume sacré qui renferme l'unique règle de notre foi, de
nos mœurs, et de notre conduite. Les juifs l'appellent le Mikra ou la Leçon.
Les chrétiens la désignent par les noms suivants, à l'exemple des saints
auteurs:
1. L'Écriture,
2 Timothée 3:16; Actes 8:32; 2 Pierre 1:20; ou Les Écritures, Matthieu 22:29;
Actes 18:24;
2. Les
Saintes Écritures, Romains 1:2, ou les Saintes Lettres, 2 Timothée 3. 15;
3. La
Loi, pour tout l'Ancien Testament, Jean 10:34; 12:34; 1 Corinthiens 14:21;
4. L'Ancien
Testament, 2 Corinthiens 3:14.
La Bible a toujours été divisée en plusieurs livres,
mais la division par chapitres et versets est d'origine assez récente. Il
paraît, d'après Clément d'Alexandrie, Athanase, et quelques autres Pères, que
dans les premiers temps du christianisme, les saintes Écritures étaient
divisées en courts paragraphes, dits parasch's et haphtar's pour l'Ancien
Testament, stiques et péricopes pour le Nouveau (— Voir: Steiger. Introduction
au Nouveau Testament, p. 73 et suivant); la division actuelle en chapitres est
attribuée par les uns à Arlott, moine toscan, par d'autres, avec plus de
probabilité, au cardinal Hugo de Sainte Chair, qui vivait au treizième siècle;
par d'autres enfin à Étienne Longton, archevêque de Cantorbéry, vers l'an 1250.
Quant à la division par versets, elle ne fut peut-être fixée telle qu'elle est
maintenant que vers l'an 1450 pour l'Ancien Testament, et vers l'an 1551 pour
le Nouveau. C'est en 1450 que parut la Concordance hébraïque du Juif Mardochée
Nathan; et, en 1551, ce fut l'imprimeur genevois Robert Étienne qui divisa le
Nouveau Testament en 7956 versets; il modifia aussi la division de l'Ancien
Testament, qui compta 23,205 versets.
La Bible entière se compose de l'Ancien et du Nouveau
Testament; tous les livres du premier furent écrits avant l'incarnation de
notre Sauveur, ceux du second le furent tous après sa résurrection. Ceux de
l'Ancien Testament sont écrits en hébreu, sauf quelques chapitres d'Esdras et
de Daniel, et un verset de Jérémie, qui sont écrits en caldéen; ceux du Nouveau
Testament sont en grec, mais d'un grec fortement mêlé d'hébraïsmes. Il est à
remarquer d'ailleurs qu'ils lurent tous écrits, les uns comme les autres, dans
la langue au moyen de laquelle ils pouvaient le mieux être compris par l'Église
d'alors; ce qui montre aussi qu'à mesure que la Bible parvient à de nouveaux
peuples, il faut, par des traductions, mettre ce peuple en état de la lire et
de la comprendre; il faut qu'il y ait effectivement partout des traductions
vulgates, c'est-à-dire pour le vulgaire, pour le peuple; c'est ce que l'Église
romaine a très bien compris dans le temps Où on parlait latin. Depuis lors il y
a eu, à cet égard comme à tant d'autres, une variation dans sa manière de voir,
à tel point que les mandements de quelques évêques proscrivent maintenant la
Bible; quelques curés la brûlent; M. Joseph de Maistre a pu dire: «Sans notes
et sans explications l'Écriture sainte est un POISON» (Soirées de St.
Pétersbourg, T. 2, p. 343, fin du dernier entretien).
Vers le temps de notre Seigneur, les Juifs
partageaient leur Bible en vingt-deux livres, selon le nombre des lettres de
l'alphabet hébreu. C'étaient:
Les cinq livres de Moïse, dits la Loi.
Treize livres des Prophètes, savoir:
1. Josué;
2. Les
Juges et Ruth;
3. Les
deux livres de Samuel;
4. Les
Rois et les Chroniques;
5. Ésaïe;
6. Jérémie
et les Lamentations;
7. Ézéchiel;
8. Daniel;
9. Les
douze Petits Prophètes;
10. Job;
11. Esdras;
12. Néhémie;
13. Ester.
Enfin quatre livres, dits hagiographes ou écrits
saints: les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, et le Cantique des
Cantiques. Ce dernier recueil portait encore le nom général de Psaumes. Ainsi,
qui disait: «La loi, les prophètes et les psaumes» disait la Bible tout entière,
Luc 24:44.
Les Juifs modernes comptent vingt-quatre livres,
auxquels ils assignent une autorité inégale. Avant tous marchent les cinq
livres de Moïse; puis viennent les livres de Josué, des Juges, de Samuel, des
Rois, d'Ésaïe, de Jérémie, d'Ézéchiel et des douze petits prophètes; ils sont
inspirés aussi, mais d'une inspiration et d'une autorité inférieure à celle des
premiers. Quant aux autres, c'est à peine s'ils daignent admettre quelque
intervention surhumaine dans leur composition; Daniel est en complète défaveur
auprès d'eux: on conçoit que la clarté des soixante et dix semaines ne soit pas
de nature à les prédisposer à le reconnaître pour authentique.
La manière dont les chrétiens ont divisé les livres de
l'Ancien Testament est bien plus rationnelle. En tête se trouvent les livres
historiques, plus faciles à comprendre, et dont il est nécessaire de connaître
et d'avoir compris le contenu, pour l'intelligence des doctrines et des
prophéties; puis les livres sentencieux, de doctrine, ou d'instruction; enfin
les Prophètes. Si l'on voulait les ranger dans l'ordre des temps, le livre de
Job occuperait peut-être la première place; puis la Genèse, l'Exode, le
Lévitique, les Nombres, etc., jusqu'à 2 Samuel; puis les Psaumes, les
Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique de Salomon, Jonas, Amos, Osée, Joël,
Nahum, Ésaïe, Michée, Sophonie, Habacuc, Jérémie, Lamentations, Abdias,
Ézéchiel, 1 et 2 Rois, Daniel, Aggée, Zacharie, Esdras, 1 et 2 Chroniques,
Ester, Néhémie et Malachie. Nous aurons du reste à revenir sur toutes ces
questions. à mesure que nous traiterons de chaque livre en détail.
Les livres du Nouveau Testament, comme ceux de
l'Ancien, se divisent en historiques, dogmatiques et prophétiques; ils disent
la fondation de l'Église, la foi de l'Église, et les destinées de l'Église;
l'amour de Christ, la pensée de Christ et les jugements de Christ. Les quatre
Évangiles et les Actes racontent l'histoire du salut et la fondation de
l'Église; les Épîtres, au'nombre de vingt-et-un, appartiennent à la seconde classe;
l'Apocalypse est le seul livre de la troisième, le seul essentiellement et
entièrement prophétique. Quant à leur classement chronologique, il règne à cet
égard une incertitude complète, et il n'y a pas deux auteurs d'accord sur ce
point.
Voici, en effet, l'ordre dans lequel les classe
Bickersteth (Considérations sur l'Écriture sainte): An 38, Évangile de saint
Matthieu; 52, 1 et 2 Thessaloniciens, Galates; 56, 1 Corinthiens; 57, 2
Corinthiens; 58, Romains; 61, Éphésiens, saint Jacques; 62, Philippiens, Colossiens,
Philémon; 63, saint Luc, Hébreux, Actes; 64, 1 Timothée, Tite, 1 Pierre; 65,
saint Marc, 2 Timothée; 66, 2 Pierre; 70, saint Jude; 90, 1, 2 et 3 Jean; 95,
Apocalypse; 97, Évangile de saint Jean.
Voici maintenant Horne (Introduction to the Study of
the Bible): An 37 ou 38 (ou 61), Matthieu; 52, 1 et 2 Thessaloniciens et
Galates; 56, 1 Corinthiens; 57, Romains; 58, 2 Corinthiens; entre 60 et 63,
saint Marc; 61, Éphésiens, et saint Jacques; 62. Philippiens, Colossiens,
Philémon; 63, Hébreux, saint Luc, Actes; 64, 1 Timothée, Tite, 1 Pierre; 65, 2
Timothée, 2 Pierre, Jude; 68 ou 69, 1, 2 et 3 Jean; 97. Apocalypse; 98, saint
Jean.
D'après Archibald Alexander, il faudrait les classer
de la manière suivante, les livres historiques n'étant pas comptés: 1 et 2
Thessaloniciens, Galates, 1 Corinthiens, 1 Timothée, Jacques, Romains, 2
Corinthiens, 1 et 2 Pierre, Éphésiens, Colossiens, Philémon, Philippiens,
Hébreux, Tite, 2 Timothée, Jude, 1, 2, 3 Jean, Apocalypse.
D'après Olshausen, pour quelques épîtres seulement: 1
et 2 Thessaloniciens, Galates, 4 et 2 Corinthiens, Romains, Éphésiens,
Colossiens, Philémon, Philippiens.
D'après A. Bost enfin: 1 Pierre, 1 et 2
Thessaloniciens, Galates, 1 et 2 Corinthiens, Romains, Jacques, Philémon,
Philippiens, Éphésiens, Colossiens, Hébreux, 1 Timothée, Tite, 2 Pierre, 2
Timothée, Jude, 1, 2, 3 Jean, Apocalypse.
Il n'y a pas besoin d'un plus grand nombre d'exemples
pour prouver que la solution exacte de cette question de chronologie est
impossible. Depuis Marcion, qui met l'épître aux Galates en tête, jusqu'à
Schrader qui la met en queue de toutes celles qui ont été écrites par saint
Paul, il y a ample marge pour les variantes, et elles n'ont pas manqué.
Plusieurs livres mentionnés dans l'Ancien Testament
sont perdus. Ce sont:
1. le
livre des guerres de l'Éternel, Nombres 21:14;
2. le
livre de Jahzer, ou du droiturier, Josué 10:13; 2 Samuel 1:18;
3. le
droit du royaume, 1 Samuel 10:25, ouvrage de Samuel sur la Constitution
hébraïque;
4. le
livre des faits de Salomon. 1 Rois 11:41;
5. un
livre des Chroniques des rois de Juda et d'Israël, 1 Rois 14:19,29; 15:7;
6. les
divers livres scientifiques et poétiques de Salomon, 1 Rois 4:31-33;
7. les
Chroniques du roi David, 1 Chroniques 27:24;
8. Vie
de David, écrite par Samuel, Gad et Nathan, 1 Chroniques 29:29;
9. Vie
de Salomon, par Nathan, Ahija et Jeddo, 2 Chroniques 9:29;
10. Vie
de Roboam, par Sémahia et Hiddo, 2 Chroniques 12:15;
11. Vie
d'Abija, par Hiddo, ib. 13, 22;
12. Vie
de Hozias, par Ésaïe, 2 Chroniques 26:22;
13. Vie
d'Ézéchias, par Ésaïe, 2 Chroniques 32:32;
14. une
Vie de Manassé, par Hosaï (ou par quelques prophètes), 2 Chroniques 33:18;
15. des
Lamentations, ou chants funèbres, sur Josias, 2 Chroniques 35:25;
16. les
Paroles anciennes, 1 Chroniques 4:22.
Est-ce un livre ou la tradition?
— Ajoutons qu'au temps de Salomon l'habitude d'écrire
était déjà si répandue, que le Sage a pu dire «qu’il n'y avait point de fin à
faire beaucoup de livres.» Ecclésiaste 12:14.
Il ne paraît du reste pas que ces livres, quelle que
soit l'autorité personnelle de leurs auteurs, aient jamais été regardés comme
inspirés et jouissant de l'autorité divine; cependant ils sont cités par les
écrivains sacrés comme utiles à consulter et dignes de confiance.
Quant au Nouveau Testament, si dans les premiers
siècles du christianisme divers hérétiques tentèrent d'introduire de faux
Évangiles, de faux Actes et de fausses Épîtres, la fraude fut bientôt
découverte et jugée par l'Église.
— Voir: Apocryphes.
Il paraît qu'avant le règne de Josias les saints
livres s'étaient presque entièrement perdus; ce qui explique à la fois la joie
et la surprise pleine de crainte qu'éprouvèrent ce pieux monarque et ses
courtisans lorsque Hilkija le sacrificateur eut trouvé dans la maison de
l'Éternel le livre de la Loi (quelques-uns pensent l'autographe de Moïse),
comme enseveli sous la poussière ou sous les ornements du temple, 2 Rois 22:8.
Jusqu'à cette époque, les livres saints avaient été déposés successivement
devant l'Éternel, près de l'arche de l'alliance, Deutéronome 17:18, 31:9,26;
Josué 24:20; 1 Samuel 10:25, usage que l'on retrouve chez presque tous les
anciens peuples de l'Orient, et notamment en Égypte et à Babylone. Dès lors ils
continuèrent d'être lus et conservés; mais au temps de la captivité des Juifs,
de leur retour et de la construction du second temple, des circonstances
nouvelles rendirent nécessaire un nouveau mode de conservation pour les livres
saints. C'est à Esdras que les Juifs attribuent l'honneur d'avoir, sous la
direction de l'Esprit d'en haut, recueilli et rédigé les livres du canon
actuel, ou les trois parties du code sacré, en retranchant les écrits
inauthentiques, en comparant les manuscrits les uns avec les autres, en
corrigeant les inexactitudes qui, avec le temps, avaient pu se glisser dans
l'une ou l'autre des copies. Il fut secondé dans ce travail par une réunion
d'hommes savants et pieux, Josué, Zorobabel, Aggée, Zacharie, Malachie,
Néhémie, Simon le juste, etc., qui, au nombre de cent-vingt, formèrent le grand
collège ou la grande synagogue. De là vient le profond respect et la vénération
que les Juifs ont pour Esdras; ils aiment à le comparer avec Moïse: «Moïse,
disent-ils, a donné la loi, mais Esdras l'a restaurée.» (— Voir: Hævernick,
Hist. du canon de l'Ancien Testament, Mél. de Théol. réf., 2e cahier, 1834).
Quant à la collection des livres du Nouveau Testament,
il est bien naturel de supposer que les Églises primitives, liées entre elles
par les liens d'une même foi et d'un même amour, se soient communiqué les unes
aux autres les ouvrages, lettres ou autres écrits, qu'elles possédaient et
qu'elles avaient reçus des apôtres et des évangélistes. Rien de plus naturel
encore que la supposition qu'on copiait souvent dans les Églises chrétiennes
des ouvrages d'une telle importance. De cette manière, les exemplaires se
répandirent promptement, et les collections se multiplièrent. Il s'en fit un
grand nombre, mais elles conservèrent un caractère privé, inofficiel, jusqu'à
ce qu'enfin, lors du concile de Nicée, la collection que nous possédons
actuellement reçut le caractère d'autorité et d'authenticité nécessaire pour la
constituer en canon inspiré. Il n'est pas nécessaire de supposer qu'il y ait eu
sur ce sujet des délibérations régulières, en forme, ni un arrêté exprès, et l'on
comprend que la réunion des évêques et des théologiens les plus distingués de
tous les pays de l'empire pouvait par elle-même conduire à ce résultat (— Voir:
pour plus de détails l'ouvrage de Steiger cité plus haut).
C'est ici que s'arrête notre tâche; elle a été ingrate
et sèche. Il en resterait une plus belle, mais qui n'appartient plus au plan de
notre Dictionnaire: ce serait de dire les beautés innombrables que renferme ce
livre dont nous n'avons touché que la forme matérielle. C'est avec regret que nous
devons abandonner à d'autres ce beau travail: à d'autres, le soin d'en montrer
la divinité; à d'autres, démontrer la richesse de l'ensemble et la richesse des
détails; à d'autres, de faire ressortir cette empreinte céleste et ce parfum
d'antique sainteté; à d'autres, d'en faire voir la majesté pleine d'onction, la
douceur sérieuse, la tendre sévérité, l'inépuisable profondeur et
l'éblouissante clarté. Disons seulement que ce livre, riche de faits et de
poésie, sublime de morale, le seul exact et vrai dans ses prophéties, présente
le phénomène remarquable d'un recueil dont les fragments, composés à plus de
mille ans d'intervalle, ne laissent en aucune manière apercevoir la différence
des dates, et consacrent par-out une seule et même doctrine: l'harmonie la plus
parfaite se rencontre depuis la Genèse jusqu'à Malachie, dans les dogmes, dans
l'élévation et dans la direction d'esprit de ces écrivains: c'est que le vrai
beau, le vrai bon, le vrai grand, est le même toujours comme chez tous les
peuples, car il ne peut venir directement que de Dieu.
Aussi la Bible a-t-elle eu toujours ses admirateurs en
dehors même du peuple des croyants, mais des admirateurs de divers genres. Tous
ont compris au moins une des faces du livre sacré, et l'ont mise en saillie, au
détriment peut-être de ce qui fait l'essence même de la Révélation. La morale
en a paru sublime à Jean-Jacques, et la poésie à Chateaubriand; l'un et l'autre
de ces deux grands écrivains ont cru rendre hommage à la vérité divine, mais
leur intelligence ne l'avait pas comprise, l'un admirait les résultats, l'autre
la forme extérieure; ils ont loué le christianisme et la révélation, en partant
du point de vue de l'homme, du bon humain, du beau humain, et c'est en le
comparant avec ces notions terrestres, avec les maximes, avec l'esthétique
humaine, qu'ils ont pu le trouver divin, mais d'une divinité relative, et non
point absolue Ce volume de la loi sainte n'a pas eu force de loi pour eux, leur
théologie et leur morale sont connues.
On ne doit pas s'étonner, toutefois, de voir les
hommages rendus à ce livre par ceux-là même qui lui refusent obéissance; il est
fait pour captiver, pour enchaîner les plus grands génies. Universel, à la
portée de chacun, simple parce qu'il est élevé, ce volume peut intéresser tout fils
et toute fille d'Adam, parce qu'il embrasse les intérêts de l'humanité toute
entière, dans ses rapports avec un avenir voilé à tous, éternel pour tous, et
dont il est la préparation. Est-il besoin de dire que c'est le livre que la
tendre enfance comprend et dévore avec le plus d'avidité? Joseph, Moïse,
Samuel, Samson, David, Daniel, le petit Jésus, n'est-ce pas là une littérature
pour l'enfance; et depuis Pascal jusqu'à Lamartine, ne vous ont-ils pas tous
raconté les impressions profondes qu'ils conservaient dans l'âge mûr, de ces
lectures faites sur les genoux de leur mère? N'est-ce pas encore le livre des
femmes, et l'histoire ne montre-t-elle pas à tous les moments de réveil
religieux, les femmes émues à la vue de ces pages tendres et solennelles? C'est
que la Bible leur dit l'origine de leurs douleurs, elle leur montre Ève, et
Rachel, et Ruth, et la mère de Moïse, et les femmes pieuses qui assistaient
notre Sauveur de leurs biens, et Dorcas la mère des pauvres. C'est aussi le
livre des serviteurs et des esclaves, un livre qui, en leur enjoignant
l'obéissance la plus rigoureuse, adoucit leur sort de bien des manières, et
parle au cœur de leurs maîtres pour les disposer à la bienveillance et au
support. Combien l'Ancien Testament n'a-t-il pas pris soin d'alléger la pénible
condition des esclaves, en leur offrant des garanties contre la violence et la
brutalité de leurs maîtres qui ne pouvaient plus s'en regarder comme les
propriétaires! C'est le livre des rois, comme celui des peuples, celui des
grands et des petits, celui des riches et des pauvres; à chacun il balance avec
tant d'équilibre les droits et les devoirs, que l'on ne peut rien imaginer de
plus parfait, de plus exact, de plus rationnel, de plus saint.
Mais par-dessus tous ses autres titres, la Bible est
le livre des âmes, un livre intime, intérieur, qui raconte l'histoire du cœur,
lui parle de malheur et de salut, dépeint les luttes du péché, les combats, les
tentations, les chutes, les maladies morales, et les remèdes du ciel. C'est
d'une autre vie qu'elle parle; elle donne à l'âme une individualité sensible,
capable d'éprouver des besoins; l'âme est un individu comme le corps, il faut
soigner la première, et soigner le second; mais pour le corps les moyens sont
connus, pour l'âme ils doivent être révélés; l'âme tend aux choses qui sont
invisibles, à celles qui sont éternelles, à celles qui sont spirituelles. C'est
vers un avenir de l'âme que la Bible nous mène, elle nous le montre, elle nous
le fait connaître, elle répond ainsi aux soupirs secrets et mystérieux, aux
désirs qui ne se prononcent pas; elle comble les vides, elle donne des forces,
de la joie, de la santé, de la vie; elle apprend un salut inimaginable que la
pensée de Dieu, pleine d'amour et de sagesse, a seule pu concevoir dès l'Éternité,
1 Corinthiens 2:19.
Les plus grands génies se sont tous humiliés devant la
croix et devant la Bible; Pascal et Descartes, en France, Newton en Angleterre,
Leibnitz en Allemagne, et si tous n'ont pas cru de cœur, tous ont vénéré ce
document merveilleux, jusqu'à ces deux grands écrivains dont nous parlions tout
à l'heure, le philosophe de Genève et le poète de Saint-Malo. Sans doute l'on
trouvera des noms qui se sont raidis contre le livre saint, mais s'ils l'ont
rejeté, c'est qu'ils affectaient de rejeter toute divinité; on a déjà nommé
Voltaire et les siens; mais la fin de cet homme reste comme un épouvantail pour
ceux qui seraient tentés de vivre de la même vie, de suivre le même chemin, de
se repaître de la même incrédulité.
Ce n'est plus le temps de défendre l'authenticité des
livres saints, et de prouver qu'ils ne sont point l'ouvrage de l'imposture.
Assez longtemps on l'a dit, on l'a crié; maintenant on ne le crie plus, on le
murmure, et peu de personnes osent encore avouer un système qui ne repose que
sur la corruption du cœur. Toutefois, à cause du grand bruit qu'ont fait les
adversaires, il peut être utile de rappeler quelques-uns des ouvrages qui leur
ont été répondus, et qui, sous diverses faces, ont abordé la même question, et
l'ont traitée soit avec les armes du sérieux, soit avec celles de l'ironie.
Nous citerons seulement: les Pensées de Pascal; l'ouvrage d'Abbadie, si
remarquable par la méthode et le raisonnement que des évêques l'ont recommandé,
mais, cela va sans dire, en négligeant d'ajouter qu'Abbadie était un ministre
protestant (— Voir: Bungener, Trois Sermons sous Louis XV, t. II, p. 95);
Lardney; le Tableau des preuves évidentes du Christianisme, de Paley;
Massillon, Sermon sur l'évidence de la loi de Dieu (Rien ne paraît clair, dit-il,
à ceux qui voudraient que rien ne le fut, comme tout parait droit à ceux qui
ont intérêt que tout le soit); Erskine, Addisson, Haldane, Chalmers; les
Lettres de quelques juifs portugais par Guénée, et enfin les Lettres
Helviennes, provinciales philosophiques du Jésuite Barruel, ouvrage admirable,
mais écrit parfois avec trop d'exagération, dans lequel on trouve tracé, de
main de maître, le tableau vivant et parlant de ces folies auxquelles on ne
croirait pas si elles n'étaient autant de faits.
Après la question d'authenticité vient celle de
l'inspiration des saints écrits: peu d'ouvrages ont paru en France sur cette
matière; nous ne saurions en indiquer de meilleur que la Théopneustie de M.
Gaussen, quoique nous ne puissions en accepter les conclusions, ni même en
admettre tous les raisonnements; c'est du moins un ouvrage complet,
intéressant, et qui respire et inspire le respect et l'amour de la Parole de
Dieu.
Parmi les livres les plus utiles pour faciliter la
lecture de la Bible nous signalerons, en finissant, l'ouvrage de Bickersteth,
déjà cité; l'Histoire sacrée de E. Bonnechose, le Morgenland de Preiswerk, dont
deux volumes sont traduits en français; l'abrégé des livres historiques de
l'Ancien Testament par Jérémie Risler; la Lucile d'Ad. Monod; plusieurs
ouvrages de Roussel, Oster, Malan; Boucher, sur le droit qu'a tout homme de
lire la Bible; le Commentaire de Gerlach sur le Nouveau Testament (traduction
par Bonnet et Baup); enfin et surtout l'importante Concordance de M. Mackenzie,
et le nouveau recueil de parallèles que nous annonce ce consciencieux et
infatigable écrivain. Quant aux travaux sur des parties spéciales de la Parole
de Dieu, nous les indiquerons au fur et à mesure que l'occasion s'en
présentera.
La langue française ne possède aucune traduction, pour
ainsi dire officielle, de la Bible; nos meilleures versions sont celles de
Martin et d'Ostervald, qui toutes les deux devraient être refaites en partie,
et celle de Genève, 1712, qui leur est préférable. Celle de 1805 ne vaut pas grand
chose. La nouvelle version des Hagiographes par M. Perret-Gentil de Neuchâtel,
est tout ensemble un beau monument de science théologique et une œuvre
littéraire remarquable. La traduction du Nouveau Testament qui a paru à Genève
en 1835, n'est pas toujours fidèle. Une traduction du Nouveau Testament faite
par une société de ministres vaudois, et publiée en 1839, se caractérise par
son exactitude et souvent par le bonheur avec lequel sont rendues les tournures
mêmes de l'original; quelquefois cependant elle est, obscure: la 2e édition qui
vient de paraître (Lyon, 1849) est accompagnée de parallèles.
Nous sommes
présentement en l’an 2014
et
nous devons signaler des fait quje l’auteur a négligé de mentionner. Le Bible
d’Olivétan, Bible Vaudoise qui est la première Bible française basée sur les
originaux Hébreu et Grec (1535-1537) fut reprise en 1540 par Jean Calvin qui en
fit une révision devenue connue comme la Bible de l’Épée à cause qu’un glaive
paraissait sur sa page titre. Son texte fut réimprimé et utilisé jusqu’à la
mort de Calvin en 1564. Révisé de nouveau par Théodore de Bèze et la Compagnie
des pasteurs de Genève, elle fut rééditée de nouveau sous le nom de Bible de
Genève. Révisé encore sur les originaux par David Martin, puis par J.F.
Ostervald qui en fit une révision dans le français seulement, elle fut la Bible
la plus utilisée par les chrétiens pour des centaines d’années. En 2013 son
texte fut révisé et réajusté sur les originaux Hébreu et Grec pour une dernière
fois. Cette révision est tellement extensive qu’elle est considérée comme une
nouvelle traduction. Elle porte le nom de Bible de Machaira (Bible de l’Épée),
et elle contient des références parallèles pour facilitter l’étude de son
texte. Jamais aucune Bible ne fut tellement détestée, sauf possiblement la
version de 1540 qui fut la cible de nombreuses attaques de la part du
catholicisme pour la détruire, car sa traduction ne convient pas aux sectes
évangéliques, pentecôtistes, et charismatiques du christianisme contrefait
moderne..
La langue anglaise possède une version authentique
excellente qui est une des meilleures qui existent, la King James; il en a été publié, en 1848, une édition avec
cartes, notes et parallèles, par la Tract Society de Londres, sous le nom de
Paragraphe Bible, parce que les strophes des livres poétiques y sont indiquées,
autant du moins qu'on peut les reconnaître dans l'original. Le docteur Conquest
a publié une version nouvelle avec vingt mille corrections; il y en a beaucoup
de superflues.
L'Allemagne a celle que lui a donné le fécond et
puissant génie du grand Luther, chef-d'œuvre de science, de travail et de
piété; celle de Meyer de Francfort, enrichie de notes précieuses, courtes et
complètes; enfin celle du professeur De Wette, qui jouit d'une réputation justement
méritée.
Aux éditions françaises du Nouveau Testament, nous
devons ajouter celle qui a été faite à Genève (imprimée à Bruxelles, 1843), à
l'usage des catholiques romains. Elle restera comme un monument de l'activité
des pasteurs de Genève, et du zèle avec lequel les dames de cette ville ont su
faire, pour la parole de Dieu, ce que leurs mères avaient déjà fait pour
conserver à leur patrie une précieuse collection d'histoire naturelle. Dans
cette édition, tous les chapitres et passages dont la lecture est plus
particulièrement recommandée, sont notés d'une raie bleue, parallèle à la
marge; les passages qui réfutent d'une manière directe les erreurs de l'Église
romaine, sont soulignés à l'encre rouge, et de nombreuses notes, toutes de
controverse, sont collées en regard des versets auxquels elles servent de
commentaires, ou dont elles sont destinées à faire ressortir le sens. Ce
travail, fait à la main, a dû exiger un temps considérable, et fait l'éloge de
ceux qui l'ont conçu et de celles qui l'ont exécuté. On peut regretter
cependant que les auteurs de ce commentaire d'un nouveau genre, n'aient pas
utilisé davantage les passages relatifs au salut par la foi.
Parmi les commentaires allemands, nous citerons encore
la Haus-Bibel de Richter. C'est par une méprise inexplicable que les
publications de MM. Bagster and Son ont été oubliées. Les travaux bibliques de
cette librairie, ses nombreuses et élégantes éditions, ses polyglottes, ses
commentaires, ses cartes, son atlas biblique, lui ont fait une réputation plus
qu'européenne, et placeront son nom dans l'histoire à coté de celui des Étienne
pour le zèle chrétien, des Elzévirs pour la perfection typographique.
— Notons aussi The Domestic Bible du révérend Ingram
Cobbin (Partridge et Oakey), avec commentaires, parallèles, plusieurs centaines
de gravures, etc.; et la nouvelle édition illustrée du commentaire de Matthieu
Henry, faite par les soins des révérends E. Bickersteth, docteur Steane, Brown,
Cobbin, Leifchild, Forsyth, et Bunting.
Les Septante* et la Vulgate sont les traductions les
plus célèbres, sinon par leur mérite, au moins par leur antiquité, et le rôle
qu'elles ont joué. Il y a diverses traditions sur l'origine des Septante, et
leur histoire, qui se perd dans la nuit qui sépara les derniers prophètes de
l'ancienne alliance et les jours apostoliques, présente plus d'une obscurité.
D'après Aristobule, le Pentateuque aurait déjà été traduit en grec avant
Ptolémée Philadelphe et Démétrius de Phalère; ce dernier aurait conçu le plan
de la traduction de tout l'Ancien Testament, il l'avait conseillée à Ptolémée
Lagus, et le successeur de celui-ci, Philadelphe, l'aurait exécuté. On connaît
l'ardeur avec laquelle les rois d'Égypte cherchaient à enrichir leur fameuse
bibliothèque d'Alexandrie, et l'on comprend facilement qu'ils aient désiré
avoir aussi un exemplaire du code sacré des Hébreux; les Juifs exilés se sont
empressés de procurer à l'Académie un exemplaire authentique et reconnu par le
sénat (sanhédrin) de Jérusalem, composé de soixante-dix, ou soixante-douze
membres (de là, peut-être, le nom de version des Septante?) Ce code, composé
dans une langue inconnue, fut traduit en grec. Le Pentateuque est peut-être le
seul morceau qu'on envoya au roi; il fut traduit avec plus d'intelligence et de
soin; cependant il prouve encore que les traducteurs n'étaient pas des docteurs
de la loi, connaissant le texte, sa lecture, son interprétation et la théologie
judaïque; c'étaient des Juifs, instruits peut-être dans l'érudition grecque de
ce temps, mais c'est la seule garantie qu'ils offrent, et elle n'est pas
considérable. Les Juifs de l'Égypte, cependant, qui avaient à peu près oublié
l'hébreu, se servirent de préférence de la traduction grecque qui venait de
leur être donnée, et l'on voit par un grand nombre de passages du Nouveau
Testament, que cette version était encore en usage au temps de notre Seigneur,
qui paraît l'avoir lue lui-même. Mais après Christ, les Juifs l'abandonnèrent,
soit à cause de ses défauts, soit par esprit de contradiction, parce que les chrétiens
en faisaient grand cas. Ils la remplacèrent par celle d'Aquila, et plus tard
ils renoncèrent même à toute traduction, bannirent de leur culte les langues
païennes, et reprirent en hébreu, mais non sans y mêler du caldéen et des
expressions rabbiniques, leurs lectures et leurs prières, comme ils font encore
aujourd'hui.
L’histoire de la
Septante est un mythe composé d’une légende qui se retrouve dans un apocryphe
de l’Ancien Testament. Il n’existe aucune preuve de l’existence d’une Bible
complète en Grec avant le troisième siècle. La Septante provient en effet de la
cinquième colonne de l’Hexaple d’Origène d’Alexandrie, nous la retrouvons dans
les Codex Vaticanus et Sinaïticus qui firent partis des 50 bibles oécuméniques
composés par Eusèbe de Césaré sous l’ordre de Constantin.
La version de la Vulgate fut commencée (385 après
J.-C.) par saint Jérôme, qui avait reconnu les fautes de la version latine
Itala, traduite sur le texte déjà défectueux des Septante; mais quoiqu'il eût
été encouragé dans son travail par quelques-uns de ses amis les plus
distingués, entre autres l'évêque Chromatius, sa traduction fut généralement
mal accueillie, et ne fut guère approuvée que des sémipélagiens.
Grégoire-le-Grand l'appuya plus tard, et au temps d'Isidore (VIIe siècle), elle
était reçue et estimée à l'égal de l'Itala.
Mentionnons que la
version de l’Itala ne provenait pas de la Septante mais des manuscrits
originaux d’Antioche. Sa traduction réalisée par l’église Italique ou église
Vaudoise, fut accomplie vers l’an 161. Il fut reconnu que Jérôme falsifia le
texte de l’Itala dans le but de l’accorder avec les textes corrompus d’Origène.
Alcuin, chargé par Charlemagne d'en faire la révision,
compara entre eux les nombreux manuscrits qu'il put se procurer, et les confronta
avec le texte hébreu. Au onzième siècle, une nouvelle révision fut jugée
nécessaire, et Lanfranc, archevêque de Cantorbéry, lui donna son nom. De même,
le cardinal Nicolas au douzième siècle. La Sorbonne fit faire ce travail par
ses élèves, mais les dominicains (1256) le firent interdire. Hugues de
Sainte-Chair fut plus heureux; mais tous ces essais presque individuels ne
firent qu'accroître la confusion. La découverte de l'imprimerie, dans la
seconde moitié du quinzième siècle, vint ranimer les espérances que l'on avait
conçues de conduire à fin l'énorme entreprise d'une traduction latine de la
Bible: la première édition parut à Mayence en 1462, et constata les nombreuses
corruptions du texte. En 1502, le cardinal Ximénès publia sa fameuse Bible d'Alcala,
et, en mettant la Vulgate entre le texte grec et le texte hébreu, il dit dans
sa préface «que c'est le Christ entre les deux larrons!» Gumelli (Paris 1504)
et Castellanus (Venise 1511) publièrent la traduction et ses variantes. Robert
Étienne en fit huit éditions successives, et corrigea la version latine d'après
l'hébreu. Jean Benoît (1541) et Isidore Clarius (1542) firent un travail
analogue, et ce dernier se plaignit assez librement des innombrables erreurs
dont fourmillait la traduction de Jérôme, amendée, corrigée, changée depuis des
siècles. Le concile de Trente arrive. Après bien des débats, il nomme une
commission d'examen qui ne fait rien. Vers la fin du concile, Pie IV nomma une
autre commission, mais à Rome, et sous ses yeux. Pie V la renouvelle et en
accélère les travaux. Douze ans après (1589), Sixte-Quint s'impatiente en
voyant l'œuvre à peine ébauchée. Il en fait son affaire, et la nouvelle Vulgate
s'imprime au Vatican, sous ses yeux (1590). Lui-même il revoit les épreuves:
Nostrâ nos ipsi manu correximus. Hélas! l’ouvrage du saint-père prêtait non
seulement à la critique, ce qui était grave, mais à la plaisanterie, ce qui
était pire. Hebrœi pour ebrii (Hébreux, pour ivres), pecoribus pour prioribus
(les bestiaux, pour les premiers), etc. D'autres méprises semblables firent
comprendre que le travail ne pouvait pas être ainsi lancé dans le monde; et
pour ne pas perdre l'édition, on se mit à raturer, on corrigea à la plume, et
l'on recouvrit un grand nombre de passages avec des bandelettes de papier sur
lesquelles on avait imprimé des corrections nouvelles. Ce travail, qui n'en fut
pas moins maintenu dans son privilège de version authentique, était à refaire.
Grégoire XIV, successeur de Sixte-Quint, se remet immédiatement à l'ouvrage, et
Clément VIII a le bonheur (1592) de publier enfin le texte qu'on ne corrigera
plus. Elle diffère par six mille détails, et par une centaine de corrections
importantes, de l'édition de Sixte-Quint, dont les papes cherchent à anéantir
les exemplaires, et Bellarmin, en mettant sur le compte de l'imprimeur les
fautes de l'édition sixtine, avoue encore dans sa préface, que les réviseurs de
la nouvelle édition ont laissé passer bien des choses qui auraient eu besoin
d'un examen plus rigoureux. La Vulgate existe enfin; elle a déjà près de deux
cent-soixante ans: son enfantement a été laborieux. Elle est née dans un temps
d'orage, elle a respiré dès lors un air trop vif, et tout porte en elle les
caractères de la décrépitude. De cinquante ans plus jeune que les chefs-d'œuvre
de la Réformation, elle a l'air d'avoir deux siècles de plus. (— Voir:
Cellérier, Introduction à l'Ancien Testament, Bungener, Concile de Trente, I,
128, sq., et surtout Hævernick, Einl. § 87, 88)
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BICHE,
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animal doux et paisible, Proverbes 5:19, auquel le
Sage compare la femme que l'on aime. David fait allusion à la course rapide de
cet animal, Psaumes 18:33, et Jacob, bénissant ses fils, dit de Nephthali:
«qu'il est comme une biche échappée; il donne des paroles qui ont de la grâce.»
La biche est très attachée à ses petits, et Jérémie, 14:5, pour peindre la
sécheresse et lu désolation de la terre, dit que la biche même, dans la
campagne, abandonne le faon dont elle s'est déchargée, pour courir après
l'herbe. Cf. encore Job 39:4, et Psaumes 29:9, où le prophète, parlant des
tempêtes qui sont la voix de l'Éternel, dit qu'elles facilitent le laborieux
enfantement des biches.
— Dans le passage des Proverbes 5:19, il est plus probable
qu'il s'agit de la femelle du chamois.
— Voir: Chamois.
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BIDKAR
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(dans la douleur), 2 Rois 9:25, capitaine de la suite
de Jéhu, qui avait entendu les menaces prononcées par Élie contre Achab,
lorsque celui-ci se fut emparé de la vigne et de la possession de Naboth. À la
mort de Joram Mis d'Achab, il fut chargé d'exécuter les vengeances divines, et
de jeter en quelque endroit du champ de Naboth le corps de Joram frappé d'une
flèche par Jéhu.
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BIÈRE.
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On ne s'en servait guère que pour la sépulture des
pauvres, et même le plus souvent on ne s'en servait pas; le mort était emporté
sur un brancard et couché dans la fosse, garnie et recouverte de grandes
pierres plates; les riches étaient portés en terre sur un lit, quelquefois très
splendide, et déposés dans un sépulcre de roc vif. Luc 7:14; 2 Samuel 3:31.
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BIGTHAN et Térés,
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(qui nourrit) et Térés (odoriférant), Esther 2:21-23,
eunuques d'Assuérus, conspirèrent contre Assuérus, et cherchèrent à mettre la
main sur lui. Mardochée ayant découvert leur complot, ils furent pendus à un
gibet.
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BILDAD
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(vieille amitié), descendant de Suah, fils d'Abraham
et de Kétura, l'un des quatre amis de Job qui le visitèrent dans son
affliction. Il commence d'abord par soutenir que Dieu ne punit sévèrement que
les grands coupables; Job s'était oublié, et Bildad crut devoir lui opposer la
justice divine et l'ordre moral que Dieu a établi dans le monde; il s'appuie de
l'autorité d'anciens sages; quoiqu'il attaque Job plus violemment que ses
autres amis, il espère cependant que pour lui aussi la justice de Dieu se
manifestera. Dans son dernier discours, il célèbre la grandeur et la sainteté
divines, Job 2:11; 8:1; sq. 18:1; sq. 25:1 sq..
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BILHA
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(vieille, fanée)
1. d'abord
simple servante de Rachel, puis concubine de Jacob, enfanta Dan et Nephthali.
Ce fut avec elle que Ruben entretint un commerce criminel. Genèse 29:29; 30:3;
35:22; 37:2; 46:25.
2. Bilha,
ville de Siméon. 1 Chroniques 4:29.
— Voir: Kiriath-Jéharim.
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BISLAM, Mithrédat et Tabéel,
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Esdras 4:7, Mithrédat et Tabéel, furent au nombre des
plus violents ennemis des Juifs sous Artaxercès; ils obtinrent par leurs
manœuvres astucieuses que les travaux de reconstruction fussent interrompus à
Jérusalem; on ne sait pas au juste quelle charge ils occupaient; ils formaient
apparemment un collège administratif, une espèce de chancellerie.
— Voir: Réhum.
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BITHRON,
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2 Samuel 2:29, passage ou district, à ce qu'il parait,
par lequel on se rendait à Mahanajim depuis le Jourdain.
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BITUYNIE,
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province au sud du Pont-Euxin, à l'ouest du Pont et de
la Galatie, au nord de l'Asie propre, et à l'est de la Propontide; ses villes
principales étaient Pruse, Nicée, Nicomédie, Chalcédoine, Libysse et Thermes.
Quand Paul voulut y aller prêcher l'Évangile pour la première fois, le
Saint-Esprit ne le lui permit pas, Actes 16:7; mais, plus tard, une église y
fut fondée, et bon nombre de païens y furent convertis, Pierre 1:1. On connaît
l'histoire de cette église jusqu'au dixième siècle; de nos jours encore on
trouve dans cette contrée quelques misérables restes de christianisme. Ce fut à
Nicée, plus anciennement appelée Antigonia, et maintenant Isnick, qu'eut lieu, en
325, le premier concile œcuménique; il déclara l'arianisme contraire à
l'Écriture. L'an 451 se tint à Chalcédoine le quatrième concile général, où
l'Eutychianisme fut condamné.
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BITUME,
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— Voir: Asphalte.
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BLASPHÈME,
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crime dont on se rend coupable envers Dieu lorsqu'on
attaque, nie, ou ridiculise ses perfections, sa parole, ou ses ordonnances, ou
qu'on lui attribue quelque volonté, ou quelque action basse ou mauvaise, 2
Samuel 12:14; Tite 2:5; Apocalypse 13:6. Quelquefois la même expression est
employée pour désigner l'insulte, la calomnie, ou la médisance entre les
hommes, 1 Rois 21:10; Romains 5:8 (dans l'original). Le blasphémateur était
puni de mort par la loi de Moïse, Lévitique 24:16. Quant au blasphème contre le
Saint-Esprit, quelques-uns pensent que c'est le crime des Pharisiens qui
attribuaient à Satan les miracles du Seigneur, Matthieu 12:31; mais en
considérant attentivement Hébreux 6:4-5; 10:26-30. (— Voir: encore 1 Jean
5:16), on se convainc qu'il faut entendre par là une incrédulité obstinée et
malicieuse, qui résiste jusqu'au bout aux convictions imprimées par le Saint
Esprit. «C'était, dit un prédicateur célèbre, renier la religion, la haïr, la
persécuter par un principe de malice, lorsqu'on était convaincu qu'elle était
émanée du ciel.» (Saurin, premier sermon sur le péché irrémissible.) Celui qui
connaît Dieu et lui résiste peut être pardonné, car la connaissance du Fils
modifiera peut-être ses sentiments. Celui qui connaît le Fils peut encore
blasphémer et être pardonné, parce qu'il n'a connu qu'imparfaitement; mais
celui qui connaît le Saint-Esprit, c'est-à-dire qui a reçu toutes les grâces
possibles, et toute la connaissance, celui-là, s'il blasphème, il le fait parce
qu'il est désespérément malin; il ne pourra pas être par donné, parce qu'aucune
connaissance nouvelle ne pourra changer ses dispositions et son hostilité. Son
péché est sans remède.
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BLASTE,
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chambellan du roi Hérode-Agrippa, Actes 12:20. Gagné
sans doute par les dons des Tyriens et des Sidoniens, il engagea son maître à
donner une audience aux ambassadeurs de cette nation, qui venaient lui demander
la paix, parce-que leur pays était nourri de celui du roi.
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BLÉ,
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— Voir: Froment.
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BOANERGÈS.
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(boan, forme galiléenne pour ben, fils; roguèz, de
ragaz, tremblement, ébranlement, tonnerre), (fils du tonnerre), surnom donné
par notre Seigneur à Jacques et à Jean, fils de Zébédée, Marc 3:17,
probablement à cause de la puissance de leur parole. Plusieurs commentateurs
pensent que ce surnom fut donné aux fils de Zébédée à cause de la scène dans
laquelle ils voulurent, à l'exemple d'Eue, faire descendre le feu du ciel sur
une bourgade des Samaritains qui avait refusé de recevoir le Sauveur, Luc 9:54;
sq. Jésus leur dit alors: Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés;
paroles qui impliquent certainement un blâme et non un éloge comme le
prétendent quelques théologiens. Sous sa forme la plus adoucie, ce blâme
signifierait: Vous confondez les deux économies: sous l'ancienne, Élie a pu
frapper de la foudre ceux qui méconnaissaient sa mission; sous la nouvelle qui
est une alliance d'amour, il n'en est plus ainsi: le Fils de l'homme n'est pas venu
pour faire périr les âmes des hommes, mais pour les sauver. Les mots du verset
55. «censura fortement» excluent, dans tous les cas, l'idée d'une louange, et
si le nom de Boanergès a quelque rapport avec cette circonstance, ce ne serait
que comme un souvenir que Jésus leur rappelle: Fils du tonnerre, hommes de zèle
et de puissance, oubliez-vous de quel esprit vous devriez être animés?
Cependant, même avec cette modification dans le sens, le nom de Boanergès ne
paraît que difficilement pouvoir se placer ici. Olshausen, pour sa part, nie
toute espèce de corrélation entre le fait et le surnom. Il n'y a pas d'exemple,
dit-il, qu'un blâme ait jamais été formulé de telle manière que le souvenir en
fut rattaché comme surnom à celui qui avait commis une faute, et ce serait plus
étrange encore dans ce cas-ci, où la conduite des deux apôtres, blâmable au
point de vue chrétien, se justifiait cependant au point de vue juif, non
seulement en théorie et d'une manière générale, mais encore par l'exemple
d'Élie qu'invoquent les apôtres. Puis le fait que ce surnom n'est rappelé que
Marc 3:17, dans la liste des apôtres, parallèlement au surnom de Pierre donné à
Simon comme un des caractères de sa mission future, comme éloge, ne permet pas
de supposer qu'immédiatement après, en parlant de deux des apôtres les plus
distingués avec Pierre, un blâme soit enregistré d'une manière aussi éclatante.
Les Pères de l'Église l'ont ainsi pensé dès le commencement, et ils ont vu dans
les mots «fils du tonnerre» le portrait du caractère apostolique des fils de
Zébédée.
Nous modifierons ce jugement en rapportant le nom de
Boanergès à l'œuvre des apôtres plutôt qu'à leur caractère. Il rappellerait
l'ébranlement que l'Évangile devait occasionner dans le monde, Aggée 2:5-7; cf.
Hébreux 12:26; Jérémie 23:29. Jacques est trop peu connu pour qu'on puisse dire
jusqu'à quel point sa personnalité légitimait le surnom qu'il reçut, et quant à
Jean, la douceur de son caractère est si proverbiale qu'on a peine à se le
représenter comme un fils du tonnerre. Cependant, comme on a eu occasion de le
voir ailleurs, sa douceur n'a rien d'efféminé, sa fermeté était plus égale que
celle de plusieurs de ses collègues, et il se montre dans ses épîtres, dans la
première surtout, non seulement si zélé, mais encore si intrépide dans sa lutte
contre les erreurs et les fausses doctrines, que le nom de Boanergès n'aurait
rien d'étrange, même appliqué à sa personnalité. F, encore 2 Jean 10, et
l'Apocalypse.
Ces surnoms, comme ceux qui furent donnés à Simon, à
Abram, à Jacob, ont pour but de caractériser le nouvel homme; ils sont le
symbole de la nouvelle nature, de la nouvelle naissance; cf. Ésaïe 62:2; 65:15;
Apocalypse 2:17. Le Seigneur, en appelant ses serviteurs, leur donne de
nouveaux noms.
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BOAZ
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(force, fermeté). C'est le nom d'une des deux colonnes
d'airain qui étaient devant le temple; celle-ci était à main gauche; celle de
droite s'appelait Jakin (fermeté), 2 Chroniques 3:17. Elles avaient entre elles
deux 35 coudées de hauteur, soit environ 20 mètres (3:15): ailleurs la hauteur
de chacune est indiquée en nombres ronds de 18 coudées, soit 10 mètres, 1 Rois
7:15; Jérémie 52:21. Ces colonnes étaient creuses; l'épaisseur de l'airain était
de quatre doigts (1 décimètre); elles avaient une circonférence de 12 coudées
(6 1/2 mètres), un peu plus de 2 mètres de diamètre. Les chapiteaux avaient 5
coudées, ou 2 1/2 mètres, Jérémie 52:21-22; 1 Rois 7:16; en quelques passages
leur hauteur est calculée à 3 ou 4 coudées, différence qui provient de ce qu'on
ne compte pas toujours les ornements qui accompagnaient le chapiteau. Le corps
de celui-ci était de 3 coudées; les ornements entre le chapiteau et le fût de
la colonne occupaient une coudée; il y en avait encore une, consacrée aux
décorations de la partie supérieure.
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BOCAGES.
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Ce furent là les premiers temples dans lesquels on
adora la Divinité: les païens faisaient même de chaque forêt, grande ou petite,
la demeure de certains génies. La terreur secrète qu'inspire l'obscurité, le
silence qui règne dans les bois, peut-être aussi le sentiment de la solitude et
de l'isolement, élève l'âme et la dispose à un vague besoin d'adoration
religieuse; les hauts lieux qui se présentent comme des temples naturels, où
l'on est plus près du ciel, et d'où l'on domine davantage la terre,
partageaient avec les bocages l'honneur d'être choisis pour la résidence de
toutes les espèces de divinités imaginées et créées par l'esprit de l'homme.
Quoi qu'il puisse y avoir de naturel et même de vrai dans le recueillement
qu'on éprouve en ces lieux de retraite, ce n'est point là le véritable culte de
l'Éternel, c'est une religiosité de païens, une religiosité panthéiste, et
l'histoire prouve combien les peuples les plus dépravés, les plus impies, ont
pourtant su, eux aussi, avoir cette religion qui dispense de toute autre.
Moïse, afin de préserver son peuple des contagions païennes, lui ordonna de détruire
tous les autels qu'il trouverait sur les hauteurs, ou dans les bocages de
Canaan, Nombres 33:52; Deutéronome 7:5; 12:2-3. Mais l'attrait d'une religion
naturelle et commode, la passion du fruit défendu, l'exemple des Cananéens,
entraînèrent les Israélites vers le culte des bocages, et les prophètes
rattachèrent souvent à la violation de cette portion de la loi, les menaces
qu'ils annoncèrent de la part de Dieu, comme devant tomber sur Israël et sur
Juda, 1 Rois 14:23; Osée 4:13; Jérémie 2:20; 3:13, etc. Ésaïe 1:29; 65:3, etc.
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BŒUF.
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Le mot hébreu Bacar désigne le gros bétail en général,
comprenant les mâles et les femelles, les jeunes et les vieux, Lévitique 3:1.
Un seul individu de cette espèce est appelé Shor (cald. Thor. arab. thaur. d'où
peut-être le latin taurus, et le français taureau) ou Éleph, ou Alouph. Un
veau, mâle ou femelle, est appelé Éguèl ou Églah; ce dernier mot est employé
Genèse 15:9; Ésaïe 15:5, pour désigner une génisse de trois ans, et Osée 10:11,
pour une jeune vache employée à traîner la charrue ou à fouler le blé. Phar
désigne le taureau, surtout lorsqu'il est encore jeune, Juges 6:25, et Parah,
la jeune vache, 1 Samuel 6:7; Job 21:10, qui donne déjà du lait, ou qui a eu
des petits, Osée 4:16, et qui porte le joug. Abbir, qui signifie fort et
vigoureux, n'est proprement qu'une épithète donnée dans les livres poétiques,
Psaumes 22:13; Ésaïe 34:7, au taureau qui a atteint toute sa force. La langue hébraïque
n'a pas d'expression pour ce que nous appelons proprement bœuf dans le sens
restreint, parce qu'il était défendu aux Hébreux de mutiler aucun animal, ce
qui, sans doute, n'était pas non plus nécessaire chez eux; les Maures elles
Arabes de nos jours labourent encore leurs terres avec des taureaux. Ces
animaux sont en général plus petits et plus maigres en Orient que chez nous. En
Arabie, ils ont de petites cornes, et sur l'épaule une sorte de bosse de
graisse plus ou moins grande, selon que l'animal est plus ou moins bien nourri.
Le district de Basan et la plaine de Saron, sur la
côte de la Méditerranée, entre Joppe et Lydde, sont souvent mentionnés dans la
Bible comme possédant les meilleurs pâturages et les plus beaux troupeaux de
bœufs. Lors de la conquête de Canaan par les Israélites, les tribus de Gad et
de Ruben reçurent en partage, à cause de leurs nombreux troupeaux, Basan et
d'autres districts à l'est du Jourdain, propres à l'élève des bestiaux, Nombres
32:4. Les taureaux et les béliers de cette contrée, célèbres par leur vigueur
et leur beauté, Deutéronome 32:14, servent souvent à désigner des ennemis
puissants, Psaumes 22:13, et le prophète Amos 4:1, compare les femmes
voluptueuses de la Samarie à des génisses de Basan. Il paraîtrait que les
troupeaux de la maison royale étaient entretenus dans ces fertiles pacages, car
il est dit que David avait un inspecteur de bestiaux dans la plaine de Saron, 1
Chroniques 27:29.
Pour les Hébreux, le bœuf était le premier et le plus
utile des animaux domestiques, et une de leurs principales richesses; aussi
Job, dans la description qu'il fait du bien-être qui est ordinairement le
partage du méchant, dit que ses troupeaux de bœufs augmentent toujours, et que
ses vaches sont fécondes (21:10); le psalmiste voit dans cette abondance une
bénédiction de l'Éternel, 144:13-14; et partout où il est parlé d'un
accroissement de bonheur, l'augmentation des troupeaux de bœufs tait partie des
promesses. Deutéronome 7:13; 28:4; 18:31.
Les Israélites se servaient des bœufs pour labourer la
terre, et pour battre, ou plutôt pour fouler le grain. Il est souvent parlé
dans la Bible du labour des bœufs, 1 Rois 19:19; Job 1:14; Amos 6:12; Proverbes
14:4. Les bœufs servaient de plus pour le trait, Nombres 7:3; 7:8; 1 Samuel 6:7,
et même pour le transport, comme on le voit par 1 Chroniques 12:40, où il est
dit qu'on apporta à David des provisions sur des bœufs et sur d'autres bêtes de
somme. De nos jours encore, il n'est pas rare de voir les bœufs de l'Asie et de
l'Afrique être utilisés de cette manière par leurs maîtres.
La chair de bœuf a servi de tout temps à la nourriture
de l'homme et faisait un des principaux aliments des Israélites. La cour et la
maison royale de Salomon consommait journellement dix bœufs engraissés, et vingt
bœufs des pâturages, 1 Rois 4:23, et Néhémie, qui tenait table ouverte pour 150
d'entre les principaux des Juifs, avait obtenu à cet effet un bœuf gras chaque
jour, Néhémie 5:18. Cette viande se trouvait principalement sur la table des
riches, Proverbes 15:17; le veau était regardé comme une friandise que l'on
servait seulement aux personnes et aux convives que l'on voulait honorer d'une
façon tout à fait particulière, Genèse 18:7; 1 Samuel 28:24; Amos 6:4; Luc
15:23.
Il était naturel qu'un peuple riche en troupeaux,
comme les Israélites, se nourrît de laitage et qu'il en fit diverses sortes de
préparations. Deux espèces de lait sont mentionnées dans l'Ancien Testament, le
Halab ou lait doux, et le Hhémah, sorte de crème ou de lait caillé, Genèse
18:8; Juges 5:25; Job 29:6; 20:17 (où les ruisseaux de miel et de crème sont
pris pour image de l'abondance). Pour faire le Hhémah, les Orientaux mettent
encore aujourd'hui du lait ou de la crème, selon qu'ils veulent faire du
fromage ou du beurre, dans un sac ou vessie que l'on presse en le ballottant; à
mesure que l'eau s'en échappe paries pores ou par l'évaporation, on y remet du
lait nouveau jusqu'à ce qu'on ait la quantité voulue de beurre ou de lait
caillé. Ce dernier, dissous dans de l'eau, donne un breuvage rafraîchissant; on
peut aussi le manger avec du pain, sans l'avoir mélangé d'eau. Proverbes 30:33.
Les Orientaux, en général, aiment beaucoup le beurre, dont ils font un grand
usage.
— Les anciens Israélites s'entendaient aussi à
préparer du fromage proprement dit, 2 Samuel 17:29, appelé tranches de lait 1
Samuel 17:18, parce qu'on coupait la masse coagulée, appelée Guebinah, Job
10:10, pour la laisser sécher et durcir. Il y avait à Jérusalem une vallée des
faiseurs de fromage, qui devait son nom à l'exercice de cette industrie.
Les cornes de boeufs servaient à la confection de
coupes, de flacons, 1 Samuel 16:1,13; 1 Rois 1:39; d'instruments de musique,
etc., Psaumes 98:6; Josué 6:5; 1 Chroniques 15:28. Elles étaient l'emblème de
la force et du courage, Deutéronome 33:17; Jérémie 48:25; Michée 4:13; Psaumes
132:17. C'est pourquoi les rayons du soleil, à cause de leur ardeur et de
l'intensité de leur chaleur, sont appelés en hébreu les cornes du soleil: les
Grecs et les Romains se servaient de la même image; les premiers disaient d'un
homme vaillant qu'il avait des cornes (Proverbes de Diogénien. VII, 89), et
Horace, Ode 3, 21. 18, dit du vin qu'il donne des cornes (du courage) au
pauvre: cf. encore Ovid., Art d'aimer 1, 238: Tune sumit cornua pauper.
Ésaïe 15:5, compare les Moabites à une génisse de
trois ans; Jérémie 46:20; appelle l'Égypte une belle vache, et (50:11) Babylone
une vache qui bat le blé. Osée 10:11, appelle Juda une vache rebelle, cf.
Jérémie 31:18, probablement parce que la vache ayant atteint à l'âge de trois
ans sa force complète, était alors soumise, au joug et attelée.
Le bœuf, comme toute la race bovine, appartenait à la
classe des animaux purs, et servait aux sacrifices; de là l'expression de veau
des lèvres, Osée 14:2, signifiant le sacrifice des lèvres, ou les louanges.
Dans l'hiéroglyphique des anciens, le taureau était le
symbole des forces génératrices de la nature; comme tel il entrait dans la
composition des chérubins et comptait parmi les ornements du temple, Ézéchiel
1:10; 1 Rois 7:29. La vache était le symbole de la fécondité et de
l'agriculture, Genèse 41:2,26,29. De là l'adoration de ces animaux, si commune
dans les religions, primitivement toutes symboliques, des anciens temps: de là
aussi la tendance constante des Israélites à substituer au culte du Dieu
invisible, celui du veau, le veau d'or d'Aaron, et les veaux de Jéroboam, non
point qu'ils adorassent réellement ces figures, mais elles étaient pour eux la
représentation de Dieu, en tant qu'il se manifeste dans et par la nature.»,
encore Vache. Accouplements, etc.
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BOHAN,
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descendant de Ruben. Il n'est connu que par un
monument qui lui fut érigé, Josué 15:6, l'on ne sait pourquoi, à la frontière
nord de la tribu de Juda, sur les confins de Benjamin.
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BOIS,
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— Voir: Bocages, et Plantes.
— L'Orient, si riche sous tant de rapports, a toujours
été pauvre en bois dur proprement dit, bois de construction, ou même bois à
brûler; et l'on se servait ordinairement, pour alimenter le feu, d'herbe
séchée, Matthieu 6:30; Luc 12:28, de plantes, feuilles et tiges; de foin, de
paille brisée, Matthieu 3:12, et au besoin de fiente animale, Ézéchiel 4:12,15;
en Babylonie on employait même la résine. La Palestine cependant fait exception
à cette règle générale, et il paraît que si l'on se servait quelquefois
d'autres combustibles que le bois, c'était moins par nécessité que par fantaisie;
il paraît en particulier que dans certains districts riches en forêts, chacun
pouvait en liberté couper le bois nécessaire à son usage, du moins dans la
première période de l'établissement en Canaan, Lamentations 5:4. Nous voyons le
bois mis en œuvre, et servant aux travaux de la menuiserie, Exode 35:33; 25:10,
et du charronnage, Josué 11:6; 1 Samuel 6:7; 1 Rois 7:33; 10:29; Nahum 2:13,
etc.: l'on en faisait aussi des corbeilles, Nombres 6:15; Deutéronome 26:2,4;
Juges 6:19, et des dieux, Ésaïe 44:15.
— Voir: Idolâtrie.
On ne trouve du reste aucune trace de tonneaux faits
de bois, pas même dans le passage Jérémie 48:12, et l'on se servait presque
exclusivement pour cet usage d'outrés ou de cornes d'animaux.
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BOISSONS.
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Les boissons principales des Hébreux, étaient l'eau,
le vin, la cervoise et le vinaigre.
La Bible mentionne
aussi des boissons fortes sans indiquer de lesquelles il s’agissait, quoique
certains pensent qu’il s’agissait de boissons faites avec du chanvre
(cannabis), boissons qui étaient populaire parmi les autres nations et
utilisées souvent dans des cultes d’adoration à leurs divinités.
— Voir: ces différents articles.
On se servait, pour boire, de coupes et de gobelets,
quelquefois garnis d'un couvercle, dans lesquels on versait les liqueurs
contenues ou dans des cruches, on dans des urnes et amphores, ou dans des
coupes plus grandes, ou encore dans des cornes d'animaux travaillées.
Sauf pour des cas
particulier, la Bible n’interdit pas la consommation de boissons alcoolisées
pour les fidèles, elle donne plutôt une mise en garde contre l’abus. La
discipline est un fruit de l’Esprit, l’abstinence est purement mondaine, elle
est pour ceux qui sont faibles dans la chair.
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BOKIM
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(deuil, pleurs). Lieu où les Hébreux s'assemblèrent
quelque temps après la mort de Josué, et où l'ange de l'Éternel, après leur
avoir reproché leurs infidélités multipliées, leur annonça en même temps que
ces infidélités seraient punies. Ces menaces émurent les enfants d'Israël qui
pleurèrent en ce lieu, et l'appelèrent Bokim en souvenir de leurs larmes.
Quelques-uns pensent que Bokim était près de Silo, où ils se réunissaient, pour
leurs fêtes solennelles, mais le contexte rend plus probable l'opinion qui le
place dans le voisinage de Guilgal, Juges 2:1,5.
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BOOZ
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(force), Ruth 2:3; 1 Chroniques 2:11; Matthieu 1:5;
Luc 3:32, fils ou descendant de Salmon et de Rahab, de la ville de Bethléhem en
Juda. Il épousa Ruth, fut père d'Obed, et par conséquent bisaïeul de David. Son
histoire se lie presque tout entière à celle de Ruth, où nous en reparlerons.
— Booz est une des plus nobles figures de vieillard
qui nous soient présentées dans l'Écriture; sa bonté, sa générosité, son
aimable sensibilité, ses rapports avec les moissonneurs de ses domaines, la
délicatesse de sa conduite à l'égard du parent d'Élimélec; son respect pour la
jeune glaneuse, enfin la grandeur de caractère qu'il montre en ne prenant point
à honte d'épouser, lui riche propriétaire, une Moabite pauvre, veuve et
délaissée; tout en Booz nous touche, nous émeut et nous le fait aimer. Sa
vieillesse a conservé le charme et la fraîcheur d'un âge moins avancé; ses
boucles blanches sont la couronne du jeune époux, et l'on comprend que, pleins
de respect, tous fussent aussi pleins d'amour et de confiance en lui.
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BOSOR,
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— Voir: Béhor.
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BOTSKATH,
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ville ou village des plaines de Juda; l'aïeul de
Josias était de cet endroit. Josué 15:39; 2 Rois 22:1.
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BOTSRA ou Betser, ou Bostra,
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(vendanges) ou Betser,
1. dans
le désert, appartenait au Rubénites, et se trouvait dans une plaine vers la
frontière sud-est de la tribu, non loin des sources de l'Arnon, Josué 20:8;
21:36. Elle avait été destinée par Moïse pour être une ville de refuge à ceux
qui auraient commis un meurtre involontaire, Deutéronome 4:43. Quelques-uns
confondent à tort cette ville avec la suivante, en attribuant aux vicissitudes
de son histoire les divers changements de maîtres qu'elle a subis; Betser est
proprement le nom de cette première ville, et Botsra celui de la seconde.
2. Botsra,
appelée par les Grecs et par les Romains Bostra, était à 40 kilomètres
d'Édrehi. Il en est souvent parlé dans l'Ancien Testament comme de la capitale
de d'Idumée, Genèse 36:33; Ésaïe 34:6; 63:1; Amos 1:12; Jérémie 49:13,22.
Ailleurs Jérémie en fait une ville moabite, 48:24, d'où il résulte, selon toute
apparence, que les Moabites la conquirent sur les lduméens (qui eux-mêmes en
avaient dépossédé les Hammonites), ce qui est d'autant plus probable que cette
ville n'était pas située dans l'intérieur de l'ancienne Idumée, mais dans le
Hauran, au nord du pays des Hammonites. On perd les traces de l'histoire de
Botsra jusqu'au règne de Trajan; plus tard elle fut le siège d'un épiscopat, et
l'une des principales églises attachées au Nestorianisme. Bien qu'en très
grande partie ruinée, cette ville demeure encore une des plus considérables de
ces contrées.
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BOUC,
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— Voir: chèvre.
— Bouc émissaire.
— Voir: Hazazel.
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BOUCLES.
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Les Orientaux ont de tout temps aimé à se couvrir de
boucles, ils en mettaient aux bras, au cou, aux pieds, aux doigts, aux
oreilles, etc. Les hommes n'en portaient guère qu'aux doigts, et s'en servaient
comme de cachets; mais les femmes et les enfants en avaient partout. Les
boucles d'oreilles, Exode 32:2; Ézéchiel 16:12, sont encore d'usage
aujourd'hui, ailleurs même qu'en Orient. Les unes sont légères, petites, dignes
du bout de l'oreille; d'autres sont massives, lourdes, d'un diamètre de douze
centimètres; elles élargissent tellement le trou de l'oreille, que l'on peut
facilement y passer deux doigts de la main, si l'on en croit le voyageur
Harmar. Parfois même à force de luxe, les lemmes se font percer à l'oreille
autant de trous qu'il peut y avoir de place pour des boucles nouvelles; ces
boucles sont tantôt en bois, tantôt en corne, tantôt en métal; ordinairement
elles sont simples et rondes, mais on en trouve de toutes les formes,
quelques-unes mêmes ornées de petites clochettes, Ésaïe 3:18. C'est chez les
Romains qu'à l'époque de la grandeur de cet empire, ce genre de luxe avait
atteint son degré le plus excentrique, surtout parmi les femmes. Chez les
Grecs, il n'y avait guère que les enfants qui portassent des boucles
d'oreilles, et seulement du côté droit.
— D'après Genèse 35:4, il paraîtrait que cet ornement
était quelquefois regardé comme une espèce d'amulette.
Boucles pour le nez. Elles sont mentionnées Proverbes
11:22; Ézéchiel 16:12; Ésaïe 3:21, peut-être aussi Exode 35:22. C'était l'une
des parures les plus chères aux Orientales des temps anciens.
— Voir: Genèse 24:22,47.
Aujourd'hui encore elles en portent suspendues tantôt
à la narine droite, tantôt à la narine gauche, rarement à la cloison du nez.
Ces boucles sont d'or ou d'ivoire, incrustées de perles; elles ont 6 à 9
centimètres de diamètre, quelquefois davantage, et elles tombent jusque sur le
bas du visage. Tavernier raconte des femmes de Bagdad qu'elles se percent les
narines de bonne heure; quant aux Arabes, elles ne percent que la paroi
médiate, dans laquelle elles font passer une bague de l'épaisseur d'un tuyau de
plume, mais creuse intérieurement, soit pour économiser la matière, soit pour
les rendre plus légères; il y a de ces bagues si grosses que le poing d'un
homme y passe facilement. Ce même usage se retrouve également en Amérique, chez
les Indiens du Nord et chez les Péruviens. On passait aussi des anneaux dans
les narines d'animaux sauvages que l'on voulait apprivoiser ou dompter, ou de
gros poissons que l'on voulait conserver captifs dans leur élément (comme l'on
fait encore des buffles et des ours). Job 40:21; cf. 2 Rois 19:28; Ésaïe 37:29;
Ézéchiel 29:4; 38:4.
Quant à des anneaux pour les pieds, il n'en est parlé
dans l'Ancien Testament que Ésaïe 3:16 et suivant. On les portait au-dessus de
la cheville; ils étaient de bois, de corne ou de métal, et construits de
manière à faire entendre à chaque pas un clapotement plus ou moins harmonieux,
et coquet plutôt qu'agréable. De petites chaînettes retenaient l'un à l'autre
les anneaux des deux jambes, ce qui gênait la marche et accoutumait les femmes
à faire de petits pas gracieux, délicats et embarrassés.
Les bracelets ont été plus en usage encore que les
différentes boucles que nous venons de nommer, auprès des anciens Hébreux qui
paraissent en avoir tous porté, hommes et femmes.
— Voir: Genèse 24:22,30,47; Ésaïe 3:19; Ézéchiel
23:42; 1 Samuel 1:10; cf. Nombres 31:50.
Ils étaient souvent extrêmement larges, et Niebuhr dit
en avoir vu en Perse qui s'étendaient du poignet jusqu'au coude; selon Pline,
28:47, ils servaient quelquefois d'amulettes, de même que les boucles
d'oreilles.
Enfin les colliers, Proverbes 3:3,22; 25:12; Ézéchiel
16:11; Osée 2:13; Cantique 4:9. Ce n'étaient pas seulement des femmes, mais encore
quelquefois des hommes, et même des guerriers, surtout parmi les Perses et les
Mèdes, qui affectionnaient ce genre de parure: toutefois cette dernière classe
ne paraît pas chez les Israélites en avoir connu l'usage. Les colliers les plus
ordinaires, pour les riches, se composaient de grains ou de perles enfilées, et
descendaient souvent jusqu'à la ceinture; on en portait plusieurs à la fois
pour se distinguer: c'était une mode, comme maintenant c'en est une autre de
cacher quelques-uns de ses doigts sous des amas de bagues de toutes couleurs et
de tous les goûts. On suspendait, en outre, aux colliers diverses espèces
d'ornements étrangers, des demi-lunes ou petits croissants, Ésaïe 3:18 (comme
on faisait aux chameaux, Juges 8:21), des boîtes de senteur, Ésaïe 3:20,
peut-être de petits soleils et de petits serpents, en guise d'amulettes. On
peut croire aussi que les femmes portaient encore des colliers de métal, et
l'on se rappelle ce mot de Virgile:
lt pectore summo
Flexilis obtorti per collum circulus auri.
(Æneid. 5, 559)
C'était chez les Perses une marque de faveur toute
particulière, quand les rois accordaient un collier à quelqu'un de leurs
sujets, Daniel 5:7,16,29; cette distinction semble même avoir été accompagnée
d'une augmentation de pouvoir ou d'honneur. Le premier ministre en Égypte avait
un collier d'or au cou; c'était peut-être la décoration attachée à son rang et
à ses hautes fonctions.
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BOUCLIER,
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arme défensive qu'on portait au bras gauche, et dont
on se servait pour parer une flèche, ou un coup d'épée ou de lance. Les plus
ordinaires étaient faits d'une planche recouverte de cuir, mais il y en avait
d'or, d'airain et d'autres métaux. Dans l'Écriture, les grands et les princes
sont souvent appelés les boucliers des peuples: ainsi Saül, le bouclier des
forts, 2 Samuel 1:21: et Dieu lui-même se plaît à prendre ce nom, Genèse 15:1;
Psaumes 5:12. La foi doit être pour le chrétien un bouclier pour éteindre les
dards enflammés du malin. Éphésiens 6:16.
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BOUQUETIN,
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— Voir: Chamois.
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BOUTEILLE,
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— Voir: Outre.
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BRACELETS,
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— Voir: Boucles.
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BRAS.
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Comme c'est la partie de notre corps avec laquelle nous
exerçons le plus notre activité et déployons le plus souvent notre force, le
bras sert à désigner l'action du pouvoir de l'Éternel, qu'il crée ou qu'il
détruise, qu'il protège, qu'il convertisse, ou qu'il châtie. Exode 6:6; Psaumes
71:18; Jérémie 17:5; 32:17; Ésaïe 40:11; Zacharie 11:17.
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BREBIS.
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La langue hébraïque possède un mot, Tsôn, qui signifie
ce que nous appelons en général menu bétail, Genèse 27:9; Lévitique 10, mais
qui cependant désigne dans son acception ordinaire la brebis et son espèce,
Genèse 31:10; 1 Samuel 25:2. (Le menu bétail constituait, dans les anciens
temps, comme encore de nos jours, la richesse des peuples nomades.)
— Un seul animal de cette espèce, sans égard à l'âge
ni au sexe, s'appelle Zèh, Exode 22:1; Deutéronome 14:4. Talèh désigne l'agneau
qui boit encore le lait de sa mère, Kèbès l'agneau d'un an et au-dessus. Kar
l'agneau qui est assez fort pour aller paître seul. Mischnim, 1 Samuel 15:9, paraît
désigner les agneaux qui, après la première année, ont perdu les deux dents de
devant à la mâchoire inférieure, et commencent à devenir forts. Ayil désigne le
bélier, et Rahhel la brebis proprement dite, qui a des petits, Genèse 31:38;
32:14; cependant ce dernier mot, comme celui de brebis chez nous, se trouve
aussi employé dans un sens plus étendu, s'appliquant à toute l'espèce, Ésaïe
53:7; Cantique 6:6. On voit, par ces distinctions, que l'élève de ces animaux
était assez développée parmi les Hébreux. La couleur des brebis en général
était la même que dans nos contrées. Psaumes 147:16; Ésaïe 1:18; Daniel 7,9;
Genèse 30:32,35; 31:10,12.
Il y a en Orient deux espèces de brebis: les unes
semblables aux nôtres, mais plus grandes, plus hautes, plus maigres, et
couvertes d'une laine qui a plus de rapport avec le poil, ce qui est très
probablement l'effet du climat; les autres se distinguent par une queue large
et grande, assez grasse et quelque peu recourbée à l'extrémité. Cette queue est
une masse d'une substance qui tient le milieu entre la graisse et la moelle, et
ressemble, pour le goût, au beurre, qu'elle sert aussi à remplacer: elle pèse
de 5 à 15 kilogrammes On sait que les bergers, pour préserver la queue de ces
brebis, la placent sur un petit char auquel la brebis est attachée; cette
pratique est si ancienne, qu'Hérodote en parle déjà. Il paraît que les
Israélites possédaient aussi de ces brebis, car dans leurs sacrifices la queue
est toujours nommée parmi les graisses qu'il fallait brûler. Lévitique 3:9;
7:3; 8:25; 9:19.
Les contrées de la Palestine les plus favorables à la
bonne venue du menu bétail étaient la plaine de Saron, Ésaïe 65:10, le mont
Carmel, le pays de Galaad, Michée 7:14, et Basan, Deutéronome 32:14; Ézéchiel
39:18.
Les peuples voisins des Israélites s'adonnaient comme
eux à l'élève des brebis; les Moabites payaient à Joram en tribut annuel la
laine de cent mille agneaux et d'un nombre égal de béliers, 2 Rois 3:4, et plus
tard un tribut pareil aux rois de Juda, Ésaïe 16:1. De nos jours encore, les
plaines qu'habitèrent les Moabites sont riches en troupeaux de brebis.
— Les Édomites, Ésaïe 34:6, les tribus arabes de
Kédar, et les Nabatéens, Ésaïe 60:7, s'occupaient de nourrir et d'élever ces
animaux, et leurs contrées fertiles en herbes salées leur étaient tout à fait
favorables. L'artifice que Jacob employa pour augmenter son salaire en
favorisant la naissance de brebis marquées de certaines couleurs, Genèse
30:37-43, prouve les progrès qu'avait faits dans ce temps l'art de soigner les
troupeaux. Nous rappelons ici que le célèbre Buffon s'accorde avec l'Écriture
sainte à reconnaître que dans aucune race d'animaux, l'imagination de la mère
n'a autant d'influence sur sa progéniture, que dans celle des brebis.
La chair et le lait des brebis servaient à la
nourriture des Israélites, Deutéronome 32:13-14; Ésaïe 7:21-22; Ézéchiel 34:3;
1 Corinthiens 9:7: cette viande est encore pour les Arabes, les Perses, et les
Orientaux en général, une nourriture très estimée.
— Déjà dans les anciens temps, il se faisait un
commerce de laines très actif; les marchands de Damas en portaient aux marchés
de Tyr une grande quantité, soit blanche, soit brune, soit rougeâtre et
luisante. Quant à cette dernière espèce, le voyageur Tavernier rapporte que
dans les montagnes du Kerman en Perse, il y a une espèce de brebis qui jette sa
laine au printemps, au point de paraître tondue; que cette laine est d'un brun
léger et quelquefois grisâtre, et que les Guèbres qui habitent ces montagnes,
en fabriquent des étoffes, des habits, et autres travaux, dont ils font un
trafic considérable.
La coutume d'apprivoiser les brebis de manière à les
rendre aussi familières que des chiens, coutume à laquelle a fait allusion le
prophète Nathan, 2 Samuel 12:3, dans l'apologue par lequel il a convaincu David
de son péché, existe encore de nos jours chez les arabes. Les bergers donnaient
aussi quelquefois à leurs brebis des noms que ces dernières connaissaient si
bien qu'elles ne manquaient pas d'y répondre en accourant lorsqu'elles étaient
appelées (Théocrite, Idyl. V, 102, 103); c'est à cet usage que se rapportent
les paroles de notre Sauveur, Jean 10:3.
Comme le bélier marche presque toujours en tête du
troupeau, et lui sert en quelque sorte de guide, il a été pris pour le symbole
de la royauté, ou du souverain des peuples; et dans la fameuse vision de
Daniel, 8:3-4,20, le roi de Perse est représenté par cet animal. Les mots chef
(d'une nation), et bélier, sont même devenus complètement synonymes en hébreu,
cf. Ésaïe 14:9; Zacharie 10:3, dans l'original. Nous ajouterons que l'historien
Ammien Marcellin raconte que lorsque les rois de Perse se mettaient à la tête
de leurs troupes pour entrer en campagne, ils portaient en guise de diadème une
tête de bélier en or, et ornée de pierreries; de même sur les colonnes de
Persépolis le signe de la royauté est un bélier.
La brebis, le bélier et l'agneau servaient aux divers
sacrifices des Israélites: le bélier annonçait le conducteur du troupeau dont
le sang devait couler pour le rachat des siens, la brebis et l'agneau étaient
les symboles de l'humilité et de la soumission patiente, parce qu'ils sont d'un
caractère doux, patient, et lent à la colère; on assure cependant qu'une fois
irrités, ils le sont tellement qu'on ne peut plus les apaiser. Cela explique
pourquoi la Bible a pris cet animal pour le symbole de l'humilité et de la
patience en général, et de Christ en particulier, Jean 1:29; mais cela explique
aussi l'expression de la «colère de l'agneau», Apocalypse 6:16, cette haine de
Dieu contre le mal, et ce courroux lent à s'allumer, mais qui s'allumera devant
l'endurcissement prolongé, et qui ne cessera plus de consumer ses adversaires.
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BUFFLE,
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Deutéronome 14:5; 1 Rois 4:23.
— Voir: Gazelle.
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BUIS.
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Parmi les arbres du Liban dont le bois doit un jour
servir à la construction du nouveau sanctuaire, le prophète Ésaïe, 60:13, nomme
le Théaschur; et dans le chapitre 41:19, il est dit que ce même arbre croîtra
un jour dans les déserts avec le cèdre, le cyprès et l'acacia. Les
commentateurs juifs sont d'accord à penser que l'arbre, dont il est parlé dans
ces deux passages est le buis, et leur opinion s'accorde avec le contexte,
quoiqu'on ne puisse pas prouver que le mot hébreu théaschur ait effectivement
cette signification. Les versions arabes, et la version syriaque traduisent
théaschur par Cherbin qui est une espèce de cèdre ou de sapin-cèdre.
Dans sa description du commerce et du luxe des
Tyriens, le prophète Ézéchiel, 27:6, dit que les bancs de rameurs de leurs
vaisseaux étaient faits de aschur (c'est à peu près le même mot que théachur),
étaient faits de buis, apporté des îles de l'Occident, et garnis d'ivoire. Et
ce qui confirme le sens que nous donnons à ce mot, c'est que nous voyons par un
passage de Virgile (Æneid. 10, 137.... Quale per artem inclusum buxo lucet
ebur), qu'en effet les anciens avaient coutume de travailler de la sorte, et
d'incruster l'ivoire dans le buis.
— Voir: Orme.
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BUL,
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1 Rois 6:38, appelé depuis lors Marchesvan: c'était le
second mois de l'année civile, et le huitième de l'année ecclésiastique; il se
composait de vingt-neuf jours, et correspondait à notre fin d'octobre et
commencement de novembre. C'est dans ce mois que commençaient à diminuer les
chaleurs, que l'on semait l'orge et le froment, et qu'on récoltait les derniers
raisins; c'est aussi dans ce mois que fut terminée la construction du temple de
Salomon. Le nom de bul ne se trouve qu'une fois dans la Bible, au passage
indiqué.
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BUTIN.
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Ce qu'un soldat à la guerre avait enlevé de sa propre
main, demeurait en sa possession; mais les objets précieux, et ceux en
particulier qui avaient appartenu au roi vaincu, échéaient de droit au roi
d'Israël, 2 Samuel 8:11; 12:30. Quant à l'ensemble du butin, hommes et bétail,
il se divisait en deux moitiés, dont l'une appartenait aux soldats qui avaient
combattu, déduction faite de la cinq-centième partie qui était pour les
sacrificateurs; l'autre moitié, déduction faite d'un cinquantième pour les
lévites, revenait au peuple, Nombres 31:26, sq. Mais si la ville conquise avait
été mise à l'interdit, il était défendu d'y faire du butin; tout ce qui avait
vie devait être passé au (il de l'épée; on devait brûler tout ce qui pouvait
être brûlé; l'or et l'argent seuls, et les vases de fer ou d'autres métaux,
échappaient à la destruction et étaient placés dans le temple de l'Éternel,
peut-être comme trophées.
— Voir: Josué 6 et 7.
Même sans qu'il y eût d'interdit prononcé, c'était
assez l'usage de consacrer à l'Éternel les prémices des dépouilles, et la
portion la plus honorable du butin, 1 Chroniques 26:27.
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BUTOR.
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Ésaïe 14:23; 34:11; Sophonie 2:14. C'est par le mot de
butor que nos versions ont traduit l'hébreu kippod dans ces trois passages;
d'autres l'ont rendu par orfraie, chat-huant, tortue, castor, etc. C'est dire
assez que l'on ne connaît pas au juste la signification de ce mot. Les
lexicographes allemands, Gesenius et Winer en tête, le traduisent par hérisson
(— Voir: encore Bochart, Hiéroz. II): cette manière de voir est appuyée de
l'analogie des autres langues sémitiques. Le hérisson se trouve en abondance
dans la Syrie et la Mésopotamie, et choisit de préférence les lieux déserts
pour son habitation. Quant au butor, on le trouverait plutôt dans l'hébreu
yanschouph, Lévitique 11:17; Deutéronome 14:16; Ésaïe 34:11. Le butor est une
espèce de héron, mais moins haut sur jambes, et le corps plus charnu; il est si
sauvage et si stupide que son nom est devenu une espèce d'insulte. On le trouve
partout où il y a des marais solitaires, en Angleterre, en Danemark, en Suisse,
et dans les parages plus chauds de l'Italie et de l'Égypte.
— Voir: Chat-huant et Cormoran.
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BUZ,
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1. fils
par Milca, de Nachor frère d'Abraham, Genèse 22:21, fut apparemment l'un des
ancêtres d'Élihu l'ami de Job 32:2. Son nom se retrouve plus tard, Jérémie
25:25, où il est cité à côté de Dédan et de Téma, comme formant un petit état
monarchique sur les contins ou dans les limites de l'Arabie déserte. On ne
connaît aucune ville qui puisse maintenant nous mettre sur la voie de l'ancien
emplacement de cette cité.
2. Fils
de Habdiel, et père de Jahdo, de la tribu de Juda, 1 Chroniques 5:14, inconnu.
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BUZI,
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père du prophète Ézéchiel, Ézéchiel 1:3.
________________________________________
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-C
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CAB ou Kab,
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2 Rois 6:25, mesure qui contenait la dix-huitième
partie de l'Épha, ou du Bath, la sixième partie d'un sat, ou environ 24
coquilles d'œuf (près de deux litres).
— Voir: Mesures.
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CABUL.
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1. Ville
sur les frontières de la tribu d'Aser, Josué 19:27.
2. Nom
que Hiram, roi de Tyr, donna dédaigneusement aux pays que Salomon lui offrit en
récompense des services qu'il lui avait rendus pendant la construction du
temple, en charrois, métaux et bois précieux, 1 Rois 9:13. Cabul signifie
déplaisant, aride. Il faut chercher ce district dans les parages rudes et peu
fertiles qui se trouvent au nord-ouest de la chaîne des montagnes galiléennes,
qui séparent la Phénicie de la Palestine.
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CACHET.
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Les Orientaux ont de tout temps regardé les cachets ou
sceaux munis d'un petit manche bien élégant, comme un des ornements les plus
agréables et les plus nécessaires pour l'homme. Les Hébreux n'ont point fait
exception à cette règle, Cantique 8:6; Aggée 2:23; Jérémie 22:24. Hérodote
raconte la même chose des Babyloniens. De nos jours encore les Persans portent
des cachets, ou à leurs doigts, ou suspendus à leur cou et retombant avec grâce
sur la poitrine. L'empreinte consiste ordinairement non dans une figure, mais
simplement dans le nom du propriétaire entouré d'une maxime de Mahomet, comme
d'une auréole favorable. On se sert pour cire d'une espèce d'encre de Chine
résineuse, ou de terre sigillée pour des objets un peu considérables, tels que
scellés sur les portes, etc. C'est en leur remettant le sceau ou l'anneau de
l'État, que les princes orientaux avaient coutume d'élever à quelque charge ou
dignité ceux de leurs sujets qu'ils croyaient devoir honorer de cette faveur.
Genèse 41:42; Esther 3:10; 8:2.
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CADAVRES.
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La manière dont les anciens Hébreux préparaient les
morts pour la sépulture, et dont ils les ensevelissaient, nous est à peu près
entièrement inconnue: tout ce que nous en savons, c'est que dans les temps
primitifs et de l'antique simplicité, c'étaient les plus proches parents, fils
et frères, qui pourvoyaient eux-mêmes directement à la sépulture de celui
qu'ils venaient de perdre, Genèse 25:9; 35:29; Juges 16:31. Plus tard, d'autres
restèrent chargés de ces soins funéraires, et Amos, 6:10, semble même compter
au nombre de ses menaces les plus redoutables, le fait que les morts n'auront
pour les porter au sépulcre, que leurs plus proches parents. La coutume de
fermer les yeux aux morts et de les embrasser, remonte à la plus haute
antiquité, Genèse 46:4; 50:1; cf. Iliad. 11, 452. Æneid. 9, 487; Pline 11, 55.
Dans les temps postérieurs nous voyons le cadavre lavé aussitôt après la mort,
Actes 9:37, puis enveloppé dans un grand linceul, Matthieu 27:59; Marc 15:46;
Luc 23:53, ou, plus ordinairement, tous les membres enveloppés de langes, Jean
11:44, et des aromates interposés entre le corps et ces tissus, Jean 19:39; cf.
12:1,7.
Aux funérailles des princes, ou des seigneurs juifs,
le mort était revêtu de ses habits les plus précieux, et l'on faisait autour de
lui des fumigations abondantes des parfums les plus exquis.
Le prompt ensevelissement des morts, que l'on trouve
avoir été en usage chez les Juifs d'un âge subséquent, Actes 5:6,10, se fondait
sur les idées de souillure et de pureté légales, exposées Nombres 19:11; les
patriarches et les Orientaux de cette époque ne se pressaient pas autant,
Genèse 23:2; sq. Le mort était ordinairement déposé dans une bière (peut-être
ouverte), et porté sur un brancard, suivi de ses parents et de ses amis, 1
Samuel 25:1; 2 Samuel 3:31; Luc 7:12,14; Actes 5:6,10. Avant le départ du
convoi la maison était remplie de cris de deuil, d'hymnes funèbres, et de
bruits d'instruments, Matthieu 9:23; Marc 5:38; cf. Jérémie 9:17; 2 Chroniques
35:25; quelquefois même, d'après la Mishna, les Juifs avaient, comme les Grecs
et les Romains, des femmes salariées pour pleurer.
— Après l'ensevelissement venaient les repas de deuil,
2 Samuel 3:35; Jérémie 16:5,7; Osée 9:4; Ézéchiel 24:17, et ces repas qui se faisaient
d'abord dans l'intimité, devinrent plus tard, chez les familles riches, des
repas d'apparat, auxquels était convié tout le public, à l'honneur du défunt.
— Les guerriers étaient ensevelis avec leurs armes.
Ézéchiel 32:27; cf. Virgile Æneid. 6, 233.
— Voir: encore Sépulture et Tombeau.
Nous avons dit un mot de la souillure légale
qu'entraînait le contact des cadavres d'hommes, Nombres 19, ou d'animaux,
Lévitique 11:24. Quel but le législateur a-t-il eu en vue en promulguant cette
disposition? D'accord avec l'ensemble de son œuvre législative, il a voulu
préserver les Hébreux de maux matériels, et leur donner des idées saines; les
préserver des maux matériels, en les engageant à ensevelir le plus tôt possible
ces cadavres d'animaux que les mœurs orientales jettent volontiers à la voirie,
les exposant à la voracité des chiens et des vautours, aux intempéries de
l'air, et à la putréfaction, coutume dont les conséquences ordinaires sont des
exhalaisons empoisonnées, des maladies contagieuses et la peste. Ainsi, par une
loi dont il ne comprenait pas toujours la portée, chacun se trouvait intéressé
à faire disparaître, en les cachant sous le sol, des corps sans vie, dont le
contact, même involontaire, eût entraîné pour lui toutes les obligations gênantes
d'une souillure légale. Ces considérations qui se rapportent surtout aux
cadavres des animaux, sont les mêmes encore pour ce qui regardait les corps des
suppliciés, qui longtemps, même chez des peuples plus civilisés que les
Orientaux, ont menacé la santé publique. Par là encore, et par l'horreur que
devait inspirer le contact des cadavres, cette loi servait à prévenir la
contagion de certaines maladies, et chacun sait combien le corps de l'homme,
son sang et ses os, renferment de germes destructeurs lorsque la vie, cette
force mystérieuse, n'est plus là pour en contrebalancer et en anéantir les
effets pernicieux.
— Puis, sous le rapport moral, le législateur avait su
prémunir son peuple, soit contre la profanation des débris humains, soit contre
une folle adoration, contre un culte insensé qu'heureusement on n'avait pas
encore imaginé de leur rendre, mais que l'homme animal est peut-être tenté de
rendre au corps animal, oubliant que ce qui est né de la chair est chair, et
doit retourner en la poudre de laquelle il a été tiré.
— Quant à la question spéciale du cadavre de Moïse,
Jude 9, nous en reparlerons à l'article de Moïse.
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CADRAN SOLAIRE.
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Qu'est-ce que le cadran d'Achas dont il est parlé
Ésaïe 38:8, et sur les degrés duquel le prophète fit reculer l'ombre du soleil?
Les Septante et Flavius Josèphe le prennent simplement pour un escalier
quelconque le long duquel l'ombre descendait par hasard; d'autres y voient
aussi un escalier, mais qui aurait été construit exprès dans le but de servir
de cadran solaire. Les interprètes juifs, cependant, sont en général d'accord à
voir dans ces degrés un véritable cadran solaire, un lapis horarum d'après le
Targum, un horologium d'après Symmachus et Jérôme. Il est probable, en effet,
que les Juifs connaissaient les cadrans; car nous savons que Achaz, amateur de
nouveautés et d'inventions, 2 Rois 16:10; sq., était en relation avec les
Assyriens, et c'est des Babyloniens, d'après Hérodote 2, 109, que les Grecs
eux-mêmes avaient appris l'art des cadrans et la division du jour en douze
parties.
Quant à la forme de ces cadrans, il y en avait de deux
espèces; les uns, selon le rabbin Élia Chomer, consistaient en une demi-sphère
creuse, au milieu de laquelle était une boule dont l'ombre indiquait les
heures, en tombant sur les lignes gravées dans l'intérieur de la sphère, au
nombre de 28; cette espèce de cadran fut inventée, selon Vitruve, par le
caldéen Bérosus, et était connue des Grecs sous le nom de
σκαφίς (vaisseau), ou d'hémisphère; les autres, et c'étaient
les plus connus de l'antiquité, consistaient en des obélisques placés au centre
d'une plaine circulaire plus ou moins grande, dont la circonférence était
divisée en parties égales; c'est ce que les Grecs nommaient un gnomon
indicateur.
Les interprètes, et surtout les rationalistes, ont
cherché une explication physique du miracle rapporté dans l'histoire
d'Ézéchias; le philosophe juif Spinosa voulait l'expliquer par un parhélie:
c'était se donner une peine inutile et compliquer le miracle en pure perte;
d'autres n'y ont vu qu'une illusion d'optique opérée par la réfraction des
rayons solaires dont les vapeurs de l'atmosphère auraient été la cause: pour
cela, ils reproduisent l'anecdote qui s'est passée à Metz, en Lorraine, le 27
mars 1703, où le prieur du couvent, le père Romuald, observa un changement, une
rétrogradation de plus dune heure et demie dans l'ombre du soleil. Gesenius dit
que cette anecdote ne prouve rien, et Winer convient que si l'on veut ajouter
foi au récit du prophète, il faut se contenter de la phrase banale des
orthodoxes, que «Dieu peut à sa volonté, et selon son bon plaisir, modifier ou
suspendre les lois de la nature.» Nous n'essaierons pas d'expliquer le miracle,
mais voici comment nous croyons que le texte expose qu'il s'est passé. Il ne
paraît pas qu'il y ait eu sur le corps même du soleil aucune espèce
d'altération; il ne paraît pas non plus que le miracle se soit fait sentir sur
une étendue quelconque du globe, ni même ailleurs que sur le cadran d'Achas; de
sorte qu'à cet égard on peut s'abstenir de parler, comme on le fait
quelquefois, d'un grand dérangement qui serait arrivé dans toute la nature pour
satisfaire à la simple et vaine curiosité d'un prince. Les choses ont suivi
leur cours naturel, et pour donner un signe à Ézéchias, Dieu a fait dévier
d'une manière extraordinaire l'ombre du cadran, sans que rien ait été changé
d'ailleurs.
Parmi tous les au très signes que le prophète aurait
pu donner au roi, il a choisi celui-ci, peut-être parce que les signes donnés
dans le ciel étaient regardés comme plus frappants et moins exposés à l'erreur
ou à l'influence des démons inférieurs; c'est pour la même raison que les
pharisiens demandaient au Seigneur un signe dans le ciel. Matthieu 16:1, et la
bête de l'Apocalypse, au milieu de ses épouvantables miracles, va jusqu'à faire
tomber le feu du ciel. Apocalypse 13:13.
Il est probable que le cadran d'Achas était placé de
telle sorte que le roi malade put aisément de son lit y fixer ses regards.
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CAILLES.
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Ce nom ne se rencontre qu'en Exode 16:13; Nombres
11:31; et Psaumes 105:40, et quoique les caractères indiqués dans ces passages
ne soient pas très significatifs, il ressort de la comparaison avec l'arabe,
que c'est bien par cailles que doit se traduire le mot hébreu Slav. Les
voyageurs et les auteurs anciens parlent tous de l'abondance de cailles que
l'on trouve dans les déserts de l'Arabie Pétrée et dans les contrées qui
avoisinent l'Égypte. Comme le vol de ces oiseaux est fort peu élevé, les
habitants peuvent les saisir à la main, ou les tuent en frappant au hasard
l'air avec leurs bâtons; ils en font, au dire d'Hérodote, un mets très recherché.
Cependant il paraît, d'après les observations qui ont été faites, que les
cailles qui furent envoyées dans le camp des Israélites ne sont point la caille
commune (tetrao coturnix), mais une espèce particulière que les Arabes
distinguent sous le nom de Kata, et qui a passé dans le système de Linnée sous
celui de tetrao Alchata (Israelitarum). Cette caille vit dans l'Arabie Pétrée,
en Judée, dans l'ancienne Idumée, en Moab, en Syrie, et jusqu'à Alep; elle est
de la grosseur d'une tourterelle; elle a le bec court, jaune, recourbé, et
marqué au bout d'une tache blanche; le cou et la tête gris-cendré, le ventre et
le dos gris-rouge tirant sur la souris, la queue en forme de coin et les jambes
garnies de plumes par devant; par tous ces caractères elle appartient à la
famille des perdrix. Quoique ferme et sèche, sa chair offre aux indigènes une
nourriture agréable, d'autant plus précieuse qu'elle n'est point rare, car cet
oiseau va par troupes nombreuses et se laisse facilement attraper.
Quant à la mort soudaine dont furent frappés un grand
nombre de ceux qui, dégoûtés de la manne, avaient demandé avec violence une
nourriture plus ordinaire et plus forte, Nombres 11:33, elle fut sans doute
dans la pensée divine, mais il n'est pas nécessaire d'invoquer ici l'intervention
d'un miracle; les anciens prétendent que les cailles se nourrissent quelquefois
d'ellébore et d'autres plantes vénéneuses, ce qui ne laisse pas de rendre leur
viande un aliment dangereux; en tout cas elle est indigeste, et l'excès de
cette nourriture, l'usage immodéré qu'en firent sans doute les plus impatiens
des Israélites, aura chargé leurs estomacs désaccoutumés depuis longtemps de
viandes et d'autres aliments solides; le brûlant climat du désert d'Arabie aura
rendu leur indigestion plus dangereuse, et l'on sait que dans ces zones
ardentes un excès dans le manger et le boire se trahit bien vite par des
symptômes dangereux, qui souvent mènent à la mort. Les Israélites furent punis
pour avoir obtenu de Dieu ce que Dieu avait déclaré ne pas vouloir leur
accorder; souvent Dieu cède à d'injustes prières, mais c'est dans sa colère; il
donna Saül aux Juifs pour les punir.
Quelques auteurs pensent qu'au lieu de cailles il faut
lire sauterelles, mais ils ne s'appuient que sur le simple fait qu'on lit
sécher ces animaux au soleil, Nombres 11:32, comme si l'on n'avait pas pu faire
sécher aussi les cailles.
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CAÏN
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(possession, usurpateur), le premier homme qui fut
conçu et qui eut un père et une mère pécheurs. Lorsque Ève l'eut mis au monde,
elle parut croire que c'était là l'homme de la promesse qui devait briser la
tête du serpent: c'est du moins le sens que plusieurs personnes donnent aux
paroles qu'elle prononça: J'ai acquis un homme de par l'Éternel, Genèse 4:1.
— Voir: Abel,
— Caïn étant devenu grand, se mit à cultiver la terre,
tandis que son frère Abel prenait soin des troupeaux; ils avaient d'ailleurs
une grande quantité de frères et de sœurs, nés, comme eux, d'Adam et d'Ève.
Au bout de quelques années, 4:3 (d'autres traduisent:
à la fin des jours, c'est-à-dire le septième de la semaine;
— Voir: Wilson.
Sept discours sur l'autorité divine du Seigneur; le
passage 1 Samuel 2:19, parle en faveur du sens que nous adoptons); au bout de
quelques années, en un jour de fête, Caïn offrit à l'Éternel des fruits de la
terre, et Abel des premier-nés de son troupeau. Abel, nous dit le Saint-Esprit,
Hébreux 11, était dans la foi, et ses œuvres étaient justes; mais celles de
Caïn étaient mauvaises, 1 Jean 3:12. C'est pourquoi son offrande ne fut pas
reçue comme le sacrifice d'Abel. Peut-être s'en aperçut-il en voyant la paix
que le Saint-Esprit avait versée dans le cœur de son frère, tandis que sa
conscience à lui, demeurait agitée; peut-être aussi qu'alors, comme en d'autres
occasions, Dieu lit tomber du ciel le feu sur les victimes d'Abel, tandis
qu'aucune manifestation de ce genre n'eut lieu en faveur des oblations de Caïn.
Celui-ci, instruit parle Seigneur de la raison pour laquelle son sacrifice
n'avait point été agréé, s'en prit à son frère au lieu de se corriger, et
l'ayant rencontré dans les champs, il le tua. Ainsi, devenu meurtrier par haine
et par jalousie, Caïn étouffe par les insolences de l'impiété le cri de sa
conscience, et repousse la voix du Seigneur qui voudrait l'amener à la
confession de son crime; la malédiction divine repose sur sa tête coupable; il
part et fuit dans le pays de Nod* avec sa femme, qui est en même temps la sœur
de sa victime et la sienne propre; et soit qu'il en eût déjà des enfants, soit
que, peut-être, ces scènes de meurtre se soient passées au commencement de son
mariage, il nous est dit que c'est là, dans le lieu de son exil, qu'elle lui
enfanta Hénoc, le père d'une postérité qui semble avoir marché sur les traces
impies de son aïeul. Ainsi, dès l'entrée du péché dans le monde, nous voyons la
famille humaine poussée par Satan aux plus grands crimes, et plongée dans la
plus affreuse misère. Adam, le premier transgresseur de la loi divine, se voit
frappé dans ses deux fils: le meilleur périt d'une mort violente, et l'autre
doit s'enfuir loin des lieux qu'habitent les malheureux auteurs de ses jours,
qui lui ont transmis le péché avec la vie!
* (L'Écriture nous
dit que le lieu de l'exil de Caïn et de sa descendance est un monde du nom de
Nod (Gen. 4:16). L'étymologie du nom nous indique la possibilité que le pays ou
le monde de Nod fut une planète perdue qui aurait existée à l'aube de
l'humanité. Ceci est indiqué dans l’Hébreu où nous voyons que Nod signifie
«errer», et que dans le Grec le mot «errer» est «planète» qui souvent est
traduit par «astre errant». L'existence d'une planète entre Mars et Jupiter,
détruite d'une manière mystérieuse, est confirmée par plusieurs scientifiques
de nos jours qui lui ont donné le nom de Héphaïstos ou Vulcain. Il est
intéressant de remarquer que le dieu Vulcain de la Mythologie antique porte les
mêmes traits ou caractéristiques que ceux de Caïn. La Mythologie nous dit que
Vulcain construisit des robots et des chars volants pour les dieux de l'Olympe.
Dans cette optique il est fascinant de voir que la science de la métallurgie
trouve sa source dans les descendants de Caïn (Gen. 4:22). L'ancien historien
Juif, Joseph Flavius, que nous avons déjà mentionné, a écrit que les premiers
hommes d'avant le déluge possédèrent des sciences prodigieuses dans
l'astronomie, la biologie, et plusieurs autres. Des anciens écrits comme la
Mahabarrata qui datent de plusieurs millénaires avant Jésus-Christ, mentionnent
qu'en ce temps là les hommes volaient dans les airs dans des vaisseaux lumineux
nommés des Vimanas. Considérant que les hommes de ce temps vivaient de huit à
neuf cent ans, on ne peut être surpris que cette ancienne civilisation était
avancée au niveau de la technologie au point que nous ne pouvons même pas nous
imaginer, et que le voyage interplanétaire était une réalité. Oserions-nous
penser que notre civilisation dite moderne serait la seule dans l'histoire à
posséder une telle connaissance qui est en voie de progression pour notre
destruction ? Si oui, nous serions surpris par la Parole de Dieu qui nous dit
dans l'Ecclésiaste: «Ce qui a été, c'est ce qui sera; ce qui s'est fait, c'est
ce qui se fera, et il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Y a-t-il une chose
qu'on puisse dire: Voici ceci, c'est nouveau ? Elle a déjà été dans les siècles
qui furent avant nous» (Ecc. 1:9, 10). Le moyen par lequel Caïn se rendit sur
la planète Nod ou Vulcain nous est révélé dans la science du magnétisme
(anti-magnétisme selon certains), science qui est convoitée fortement par les
scientifiques de nos jours et qui fut utilisé par les Égyptiens pour construire
leurs pyramides en faisant flotter dans les airs d'énorme bloque de granite.
Même que l'attraction du champ magnétique de cette planète mystérieuse aurait
déterminé la stature des habitants sur notre monde, ce qui fait que le
gigantisme était l'état normal des choses sur la face de la terre en ce temps.
En fait, une version française du livre d'Énoch mentionne même que Noé et ses
fils étaient des géants, ce qui expliquerait très bien pourquoi il y avait
encore des géants après le déluge, comme nous voyons dans Énoch 105:13-16:
13- Alors, moi,
Énoch, je lui répondis : Le Seigneur est sur le point de faire une nouvelle
œuvre sur la terre. Je l’ai vu dans une vision. Je t’ai parlé du temps de mon
père Jared, de ceux qui, nés du ciel, avaient cependant transgressé la parole
du Seigneur. Voici: Ils commettent l’iniquité, et ils ont transgressé les
ordonnances, et habitaient avec les femmes des hommes, et engendraient avec
elles une postérité infâme.
14- Pour ce crime,
une grande catastrophe surviendra sur terre; un déluge l’inondera et la
dévastera pendant une année.
15- Cet enfant qui
vous est né survivra seul à ce grand cataclysme avec ses trois fils. Quand tout
le genre humain sera détruit, lui seul sera sauvé.
16 Et ses
descendants enfanteront sur la terre des géants, non pas nés de l’esprit, mais
de la chair. La terre sera donc châtiée, et toute corruption sera lavée. C’est
pourquoi, apprends à ton fils Lamech, que le fils qui lui est né est
véritablement son fils ; qu’il l’appelle du nom de Noah, parce qu’il vous sera
survivant. Lui et ses fils ne participeront point à la corruption, et se
garderont des péchés qui couvriront la face de la terre. Malheureusement, après
le déluge, l’iniquité sera encore plus grande qu’auparavant ; car je sais ce
qui doit arriver ; le Seigneur lui-même m’en a révélé tous les mystères, et
j’ai pu lire dans les tables du ciel.
Tout semble
indiquer que la destruction de la planète Nod ou Vulcain joua un rôle important
dans le déluge. Des calculs récents de certains scientifiques indiquent que
Mars aurait été une des lunes ou satellites de cette planète perdue. Mars
aurait même été habitée en cette période par la descendance de Caïn. Ce qui
semble être des ruines d'une ancienne civilisation à sa surface dans la région
de Cydonna, la cité des anges, et celle de la Cité des Étoiles, indiqueraient
la présence possible d'une race intelligente qui l'habita lorsqu'elle fut
couverte d'océans et d'un sol fertile.
Les circonstances
qui sont reliées à la destruction de Nod, se rapportent à une tentative
d'invasion et d'infiltration des Néphilims sur la terre, dont le but fut de
corrompre l'esprit des fils de Dieu et de semer la débauche. Que l'Écriture se
donne la peine de souligner le fait «qu'il y avait des Néphilims (disgraciés)
sur la terre en ce temps là» (Gen. 6:4) indique clairement qu'ils n'étaient
point sur la terre avant cela. Le livre d'Énoch mentionne que «les fils des
cieux» descendirent sur la terre sur le sommet du mont Hermon dans le temps de
Jéred. Ils étaient deux-cent qui descendirent et vinrent enseigner aux hommes
toutes sortes de sciences cachées comme l'art de la guerre, les complots, le
retentissement des sons, les plaisirs de la sensualité, et la propriété des
plantes, comme nous voyons aussi avec une traduction étymologique de Gen.
5:16-24:
16 Alors Caïn
renonça à la présence de l'Éternel, et habita dans l'astre errant de Nod
(errer, planète), et s'éleva contre la Grâce de Dieu.
17 Puis, en ce
lieu, Caïn réalisa son existence, qui conçut et engendra une initiation à une
nouvelle naissance; et il érigea une vengeance terrible contre Dieu, qu'il
appela Hénoc, du nom de sa condition de disgrâce
18 Puis Irad (la
séquestration) naquit à Hénoc, et Irad engendra Mehujaël (affligé de Dieu), et
Mehujaël engendra Methushaël (l'homme divinisé), et Methushaël engendra Lémec
(le renversement de l'être).
19 Et Lémec prit
deux femmes: le nom de l'une était Ada (plaisir), le nom de l'autre Tsilla
(protection).
20 Et Ada enfanta
Jabal (fastueux); il fut père de ceux qui demeurent dans des sanctuaires et
près des rachetés.
21 Et le nom de son
frère était Jubal (une source); il fut père de tous ceux qui manipulent le retentissement
(harpe) de la sensualité (chalumeau).
22 Et Tsilla, elle
aussi, enfanta Tubal-Caïn (le producteur), qui affinait (forgeait) tous les
complots et les enchantements qui se transpirent; et la sœur de Tubal-Caïn fut
Naama (séduisante).
23 Et Lémec dit à
ses femmes: Ada et Tsilla, écoutez ma voix; femmes de Lémec, prêtez l'oreille à
ma parole: Oui! j'ai tué un homme pour ma séparation d'avec Dieu, et un jeune
homme pour mon attachement à Cain.
24 Car si Caïn est
vengé sept fois contre Dieu, Lémec le sera soixante-dix-sept fois.
Or, Jéred (Gen.
5:15-20), signifie littéralement «la descente» ou «l'abaissement», car en ce
temps, les hommes de la lignée de Seth tombèrent dans l'abaissement moral.
C'est exactement cela que nous voyons dans Gen. 6:5 où il est dit «que la
malice des hommes était très-grande sur la terre, et que toute l'imagination
des pensées de leur cœur n'était que mal en tout temps». C'est la raison pour
laquelle Dieu décida d'exterminer la race des hommes de dessus la terre (Gen. 6:7).
Il est important de comprendre que pour les anciens, le mot «terre» détenait
souvent un sens cosmique plutôt que local. C'est à dire qu'il ne se rapporte
pas toujours à notre monde que nous nommons «la Terre», mais à tous corps de
matière solide dans notre système planétaire où il y avait de la vie, de l'eau,
et de la végétation. Si tel est le cas ici, et tout semble indiquer que ce
l'est, nous faisons face à une extermination universelle de la race humaine,
autant des hommes qui vivaient sur notre terre que ceux qui vivaient sur
d'autres corps célestes à l'intérieur de notre système planétaire. Le retour de
Caïn sur notre terre d'où il avait été banni, engendra ainsi une catastrophe
cosmique universelle. Selon plusieurs scientifiques, la planète Vulcain (ou
Nod) entra en collision avec un autre corps céleste qui en toute probabilité
fut une de ses lunes. L'explosion de la planète déstabilisa l'équilibre de
l'ordre dans les sphères célestes et détruisit le système écologique de tous
les mondes habités. Des fragments énormes frappèrent Mars et plusieurs autres
mondes, mais aussi notre Terre bouleversant son axe de positionnement spatial
et occasionnèrent le déluge. Tout ce qui avait souffle de vie dans la création
entière, incluant le Néphilims qui habitèrent Nod, fut exterminé. Mais Dieu se
garda huit personnes dans le but de restaurer la création et sauvegarder la
promesse du salut en Jésus-Christ.)
Il est possible que Caïn n'ait pas voulu tuer son
frère; il ne savait peut-être pas même bien ce que c'est que la mort. Il a
voulu le frapper, le blesser, le faire souffrir, lui faire autant de mal que
possible, mais sans penser que sa vie dût s'écouler par ses blessures et par
ses souffrances; la haine a causé la mort sans peut-être même la soupçonner, et
notre Sauveur l'a répété plus tard par la bouche d'un de ses apôtres: celui qui
hait son frère est un meurtrier, 1 Jean 3:15.
Quant au signe que Dieu mit sur Caïn afin qu'on ne le
tuât pas, nous ne le connaissons pas; ce pouvait être simplement l'air de son
visage; il est d'ailleurs beaucoup plus dans l'analogie de la langue hébraïque
de traduire «Dieu donna un signe à Caïn», lui garantissant sa protection contre
la vengeance des autres hommes. La crainte qu'éprouvait ce meurtrier nous est
une révélation bien remarquable de ce que devient un homme lorsque sa
conscience est troublée; il perd cette dignité qui est l'apanage du maître du
monde, il craint tous les êtres créés, parce que Dieu lui a ôté l'assurance
intime de sa protection. Les promesses que Dieu fait au fugitif nous montrent
aussi la longue patience de Dieu, qui garantit même au pécheur son existence,
et qui ne veut pas faire tomber tous ses jugements sur sa tête coupable, avant
d'avoir épuisé les trésors de sa miséricorde. On peut dire aussi, avec Schrœder,
que ces promesses de Dieu ne s'adressaient pas à Caïn lui-même; elles avaient
pour but d'empêcher le développement de l'esprit de vengeance humaine.
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CAÏNAN ou Kenan,
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fils d'Énos, naquit l'an du monde 325; à l'âge de 70
ans il eut Mahalaléel, ce qui ne veut pas dire que ce fut là son fils aîné, car
l'Écriture ne nomme que les patriarches desquels descendit Noé. Caïnan eut
encore beaucoup d'autres enfants, Genèse 5:13, puis il mourut, à l'âge de 910
ans, Genèse 5:9-14. Il est nommé dans la généalogie de Marie, Luc 3:37.
— Dans la même généalogie, au verset 36e, on retrouve
un autre Caïnan, évidemment distinct du premier; fils d'Arphaxad, est-il dit,
et père de Sala, le père d'Héber; mais dans toute la généalogie de l'Ancien
Testament, Arpacsad est nommé, sans intermédiaire, père de Sélah (ou Sala),
Genèse 10:24; 11:12; 1 Chroniques 1:24, sans que ce Caïnan soit même indiqué
dans aucune des anciennes versions, grecque, samaritaine, chaldaïque, syriaque,
ni dans Philon, ni dans Flavius Josèphe, ni dans Jérôme. On pourrait expliquer
ce fait en supposant, ce qui est possible aussi, que les anciennes généalogies
ont omis le nom de ce Caïnan comme elles omettaient fréquemment des générations
peu importantes; mais alors on devrait se demander pourquoi Luc l'a donné, et
surtout comment il se l'est procuré. L'explication la plus simple et la plus
vraisemblable, c'est que Helléniste lui-même, et écrivant son Évangile pour des
Grecs, saint Luc aura suivi la version grecque des Septante, qui ajoute le nom
de Caïnan dans la généalogie de Sem, Genèse 10:22; 11:13. On ne sait, du reste,
pas comment ce nom a pu se glisser ou s'introduire dans cette dernière
traduction.
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CAÏPHE,
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successeur de Simon fils de Camith, exerça la
souveraine sacrificature dès l'an 25 de l'ère chrétienne, pendant les dernières
années de notre Sauveur, et dans la première période de l'âge apostolique. Il
était redevable de la noble charge qu'il exerçait à un fonctionnaire païen, le
procurateur romain Valerius Gratus, et l'on peut dire qu'il l'exerça en païen,
dévoué au pouvoir qui l'avait élevé. Il était Sadducéen, Actes 5:17, et avait
épousé la fille de l'ancien sacrificateur Anne. Il fut l'un des plus ardents
ennemis du Christianisme, et lorsque les sacrificateurs et les pharisiens,
effrayés de l'effet que produisait la résurrection de Lazare, consultèrent
entre eux pour faire mourir Jésus, Caïphe prononça ce mot bien connu, qui
n'était dans son esprit que le fruit de sa politique toute romaine, mais qui,
dans la pensée du Seigneur, était une prophétie: Il est de notre intérêt qu'un
seul homme meure pour le peuple, Jean 11:49-50. Deux jours avant Pâques, nous
le retrouvons réunissant le sanhédrin dans sa maison, pour délibérer sur la
manière de se saisir de Jésus par finesse, car ils craignaient le peuple,
Matthieu 26:5; Marc 14:1; Luc 22:2. Puis, le matin de la nuit où notre Sauveur fut
arrêté, le même Caïphe, attendant peut-être la convocation du sanhédrin,
commence un interrogatoire privé de Jésus, et permet à ses valets de le
frapper; mais il ne peut rien trouver chez le roi de paix qui trahisse un
révolutionnaire, prêt à s'insurger contre Rome pour se faire couronner roi de
Juda, Matthieu 26:57; Marc 14:53; Luc 22:54; Jean 18:15. Le sanhédrin se
rassemble, Jésus comparaît, on remplace l'illégalité par des formes légales;
faute de témoins, l'on en suborne; à défaut de bons, l'on en prend de mauvais;
on transforme en blasphème contre le temple de Dieu quelques paroles que Jésus
a dites touchant le temple de son corps; et quand notre Seigneur dédaigne de
répondre à des questions inutiles, on s'irrite, on menace. Enfin, interrogé sur
sa divinité, notre Sauveur la proclame; et trop heureux d'une réponse qui lui
fournit un si spécieux prétexte, le vil Caïphe affecte de déchirer ses
vêtements à l'ouïe de ce qu'il estime être un blasphème, et la sentence de mort
coule sans peine de son cœur plein de fiel et d'envie, Matthieu 27:2; Jean
18:28.
Mais, comme le sang irrite encore la soif du tigre au
lieu de le désaltérer, Caïphe de même, non content de la mort du Juste,
insensible aux miracles qui l'accompagnent, insensible à sa résurrection, peu soucieux
de croire aux gloires de l'Ascension et de la Pentecôte, recommence à
persécuter les disciples, auxquels le Maître a communiqué ses vertus; Pierre et
Jean doivent comparaître devant lui pour la guérison d'un impotent, Actes 3;
4:6. Relâchés avec menaces, les apôtres continuent à dire les merveilles de la
croix, et ils doivent de rechef se présenter devant l'assemblée des iniques,
5:17; ils sont jetés eu prison, puis délivrés par un ange. 5:18-19; saisis de
nouveau, ils se justifient devant le sanhédrin: Caïphe et les siens, grinçant
des dents, consultent pour les faire mourir, 5:33; mais l'avis de l'honorable
Gamaliel prévaut, les apôtres sont sauvés, et Caïphe n'a pour toute consolation
que la ressource de les faire fouetter avant de les relâcher.
C'est ici que s'arrêtent pour nous les données de
l'Écriture Sainte sur la vie de Caïphe; peu après l'éloignement de Pilate,
Caïphe fut également déposé par le proconsul Vitellius, 36 après J.-C., et
remplacé par Jonathan, fils d'Ananus. Quelques membres de l'ancienne église le
confondent avec Flavius Josèphe l'historien, et ont cru, mais à tort, qu'il
s'était converti plus tard au christianisme.
Il est peu de ligures dans la Bible qui présentent à
un si haut degré la haine pour la vérité, la bassesse, la violence et la ruse;
Caïphe persécuta l'Évangile et resta sourd et aveugle en présence de tous les
faits qui pouvaient le rendre attentif à la divinité de celui qu'il
persécutait.
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CAÏUS,
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3 Jean 1.
— Voir: Gaïus.
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CALAH,
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ancienne ville d'Assyrie, fondée peu après le déluge
par Assur, Genèse 10:11-12, ou, comme d'autres le pensent, par Nimrod. On ne
sait rien de sa situation exacte; quelques-uns comparent Chalach, q.v.
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CALCOL,
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1 Rois 4:31; 1 Chroniques 2:6.
— Voir: Éthan.
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CALDÉE.
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Caldéens. On appelait Caldéens les habitants de la
Babylonie, et du royaume de Babylone, q.v. Daniel 9:1; 2 Rois 25:4; Ésaïe
13:19; 23:13; 48:14; Jérémie 21:4; 32:4; Ézéchiel 23:14; Habacuc 1:6; cf.
Genèse 11:28; Job 1:17. Ils n'étaient cependant point originaires de cette
contrée, et ne doivent pas être confondus avec ses anciens habitants; la langue
des Babyloniens était une sœur de celle des Hébreux, tandis que celle des
Caldéens en différait complètement, comme on le voit par les noms propres
Nabopolassar, Nébucadnetsar, Belsatsar, etc., qui n'ont aucun rapport avec la
langue hébraïque, et que l'on a essayé avec succès d'expliquer en les comparant
avec les restes de l'ancien persan. Les Caldéens paraissent avoir eu pour
berceau les montagnes Carduchi, qui séparent l'Arménie de l'Assyrie; Xénophon
(Cyrop. III, et dans plusieurs endroits de son Anabasis) parle d'eux comme d'un
peuple pauvre et barbare, courageux et jaloux de sa liberté, vivant de rapines,
et fournissant quelquefois des troupes mercenaires aux rois de la Médie et des
Indes: c'est ainsi que nous en rencontrons dans l'armée des Assyriens, Ésaïe
23:13. On peut supposer qu'un roi d'Assyrie avait accordé une portion de
territoire, dans la Babylonie, à une troupe de Caldéens qu'il avait à sa solde,
et que ceux-ci, peut-être sous la conduite de Nabopolassar leur chef, se sont
rendus maîtres de la province et maintenus indépendants. Depuis ce temps la
province de Babylonie, qui anciennement s'appelait Sinhar, a reçu le nom de
Caldée: mais une partie des Caldéens proprement dits, restèrent dans leur
montagneuse patrie, où ils furent visités par Xénophon; d'autres encore ont pu
s'établir dans d'autres pays. Ceux qui ont occupé la Babylonie y ont adopté la culture
et les mœurs des habitants, et ayant été amollis par le luxe, ils ont succombé
sous les Perses.
Le nom de Caldéens n'a pas seulement été étendu aux
Babyloniens leurs sujets, mais il a encore été employé dans une acception tout
à fait particulière, pour désigner les savants de Babylone, et plus tard
ceux-là seulement qui s'adonnaient à l'astrologie, à la magie et aux sciences
occultes, Daniel 2:2,10; 4:4; 5:7,11; Quint. Curt. 5, 1; 22. Hérodote 1, 181,
et ailleurs.
— Voir: plus bas.
Après Nimrod, Genèse 10:9-10; et Amraphel, roi de
Sinhar, dont il est parlé en passant, Genèse 14:1, le premier roi des Caldéens
que nous trouvons dans la Bible, est Mérodac, fils de Baladan, 2 Rois 20:12;
Ésaïe 39:1; il eut avec Ézéchias des rapports de bienveillance mutuelle, et
vécut vers l'an 713 avant J.-C. Cent ans plus tard environ, Nabopolassar occupe
le trône pendant vingt-et-un ans (626-604); les prophètes (Jérémie, Habacuc)
annoncent l'approche d'une armée envahissante, et l'on voit apparaître
Nébucadnetsar, que le livre d'Esdras appelle plus particulièrement le Caldéen,
5:12; 2 Rois 24; cf. Jérémie 39:5,8. Son fils Évilmérodac lui succède, 2 Rois
25:27; Jérémie 52:31. Il est tué par son beau-frère Nériglissar qui, après
quatre ans, perd la vie dans une bataille contre Cyrus, en 556.
Laboroso-Archod, mauvais roi et cruel tyran, ne règne que neuf mois; il est
assassiné, et a pour successeur Nabonedus qu'Hérodote appelle Labynetus, 1,
188, et que l'Écriture sainte nous fait connaître sous le nom de Belsatsar; il
clôt la série des rois caldéens qui régnèrent sur Babylone; l'empire fut
ensuite donné aux Perses, Daniel 5.
Disons maintenant quelques mots de la religion des
Caldéens. Comme l'origine de ce peuple semble se perdre dans une antiquité
voilée à nos regards, il en est à peu près de même de son système religieux:
nous avons cependant des raisons de croire que les connaissances religieuses
des Caldéens, dans le principe, n'étaient pas dépourvues de toute vérité; car
dans la prophétie remarquable de Daniel, 2, où les quatre monarchies du monde
sont placées selon leur valeur morale et religieuse, la puissance des
Assyriens, des Caldéens et des Babyloniens, est représentée sous l'image de la
tête d'or, tandis que les Perses ne sont que la poitrine d'argent, les Grecs et
les Romains, les hanches et les jambes d'airain et de fer.
Dans les temps postérieurs, la religion des Caldéens
fut un culte des astres, autant du moins que nous en pouvons juger; leur
théologie était devenue astrologie: au lieu du Dieu des cieux, ils adoraient
les cieux, comme d'autres plus tard ont rendu leur culte aux hommes sanctifiés,
plutôt qu'à celui qui les a sanctifiés. L'observation des astres avait toujours
été une de leurs principales occupations, et ils y avaient fait des progrès
remarquables. Callisthènes, philosophe et savant grec, trouva à Babylone,
lorsque la ville fut prise par Alexandre, un grand nombre de calculs
astronomiques, dont il donna connaissance à Aristote, calculs qui embrassaient
une période de 1933 ans, remontant jusqu'en 2233 avant J.-C., c'est-à-dire
jusqu'à 115 ans seulement après le déluge (2348), à peu près à l'époque de la
confusion des langues. En se perfectionnant, l'astrolâtrie en est venue à
accorder une attention spéciale aux sept corps suivants, le Soleil, la Lune,
Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, à ces cinq derniers surtout, dont on
regardait deux comme bienfaisants et favorables, Jupiter et Vénus, et deux
comme sinistres, d'une influence pernicieuse, Mars et Saturne: quant à Mercure,
il était considéré comme neutre, ou plutôt il pouvait être bon ou mauvais,
suivant les circonstances.
La planète de Jupiter était appelée Bel dans les
livres saints des Sabéens, et selon quelques auteurs (Gesenius) c'est cette
planète qui était adorée en Phénicie sous le nom de Bahal, à Babylone sous
celui de Bel: les classiques latins et grecs rapportent aussi que le dieu des
Babyloniens a porté ce nom; on connaît le Jupiter Belus, Pline Hist. Nat. 37,
10. Cicer. De Nat. Deor. 3, 16. Hérodote 1, 181, etc. C'est aussi d'après
quelques interprètes le dieu Gad mentionné, Ésaïe 65:11, dans le texte hébreu,
et que nos traductions ont rendu par «l'armée des cieux».
— Voir: Gad #3.
Vénus semble avoir été dans tout l'Orient l'objet du
même culte voluptueux; elle portait aussi le nom de Bahalt comme la déesse,
l'épouse, le complément féminin du Bahal: c'est probablement elle encore qu'il
faut chercher dans la Hastoreth, Hastaroth ou Astarté des Sidoniens, 1 Rois
11:5,33. Ce dernier nom qui fait de Vénus la reine des étoiles, renferme sous
le rapport étymologique les consonnes qui, dans la plupart des langues connues,
servent à désigner ces joyaux du firmament. Dans Astarté se trouve le grec
sider, le latin sidéra et astrum, le français astre, l'anglais star, l'allemand
stem, l'italien Stella, etc. Et l'un des Targummims, dans la paraphrase de
Esther 2:7, dit que Ester signifie de même étoile du matin.
— Les Arabes appelaient Vénus fortuna minor, comme ils
appelaient Jupiter fortuna major.
Mercure s'appelait Nebou chez les Sabéens; c'était la
planète divine, la messagère des dieux; elle n'est pas sans rapport avec le
Hermès des Grecs et le Mercure des Romains: son nom même de Nebou ressemble au
Nabi des Hébreux, qui signifie prophète. Beaucoup de noms propres assyriens et
babyloniens sont composés de ce mot, Nébucadnetsar, Naboned, Nabopolassar; et
le mont Nébo sur lequel Moïse est mort prenait son nom de cette même idole,
d'après Jérôme qui dit dans son commentaire sur Jérémie 48:7. «Sur le mont Nabo
se trouvait Kémos, idole consacrée qui est encore connue sous le nom de
Belphégor, ou Bahal-Péhor». Nombres 25:3,5.
— Voir: Kémos.
La planète de Saturne passait pour exercer une
mauvaise influence; les Arabes l'appelaient magnum infortunium, et les
classiques latins aussi bien que les Orientaux nous ont conservé comme
tradition la mauvaise renommée qu'elle avait. Propert. 4, 1; 84; Lucain 1, 650.
Pline, Hist. Nat. 2, 8. Les Sabéens rappelaient Kivan, et les Arabes Kirén,
deux noms qui correspondent tout à fait en hébreu, à celui de Kijun, divinité
qu'adorèrent, selon Amos 5:26, les Israélites dans le désert. Les Septante
l'ont expliqué par Remphan, cf. Actes 7:43, mot qui encore aujourd'hui dans la
langue copte, sert à désigner la planète Saturne. Le caldéen Kivan signifie
ferme, droit, juste; et l'on sait que les classiques nous représentent l'âge de
Saturne comme l'âge d'or, et qu'ils font l'éloge de la justice qui régnait
alors. Le nom de Saturne, qui dérive de l'hébreu, signifie l'éternité, car
Saturne est l'éternité personnifiée, en grec chronos, le temps infini.
— Le Moloch auquel on sacrifiait des enfants, en les
faisant passer par le feu, était encore le même, Amos 5:26. Diod. de Sicile 20,
14. Les anciens Arabes faisaient son culte le samedi dans un temple
sexangulaire noir, et habillés de noir; l'antiquité lui a consacré le septième
jour de la semaine, et le samedi porte encore son nom chez les Latins, saturni
dies, et chez les Anglais saturday. Les rabbins, pour désigner cette planète,
l'appellent la sabbatique, shabtaï.
Mars avait reçu des Arabes le nom d'infortunimm minus;
il était moins pernicieux que Saturne, quoique cependant malfaisant. Son temple
était rouge, ses vêtements étaient ronges, et ceux qui lui offraient des
sacrifices arrosaient leurs habits de sang. Comme il est appelé Nirig dans la
langue araméenne, Gesenius l'a comparé à Nergal, l'idole des Cuthéens, 2 Rois
47:30, qui entre aussi dans la composition de plusieurs noms propres assyriens,
Nériglissor dont parle Flavius Josèphe, Nergal-Saréetser, Jérémie 39:3, etc.
Mirrick est une autre forme de Nirig; Mirrick se prononçait aussi quelquefois
Mirdik, et de là est venu le nom de Mérodac, Jérémie 50:2; Ésaïe 39:1, qui
désigne le dieu Mars avec tout son entourage militaire et meurtrier; c'est
encore le même nom qui a passé dans les langues occidentales et modernes, avec
la finale de moins; en latin Mars, Martis; mors, Mortis; en allemand Mord; en
français mort, meurtre, etc. Et comme les noms de Bel et de Nébo entraient
souvent dans la composition des noms propres, celui du dieu Mérodac fait partie
du nom de Évil-Mérodac, 2 Rois 25:27, et de Mérodac-Baladan, Ésaïe 39:1.
Cette vénération des planètes chez les anciens
Caldéens, marchait de pair avec l'astronomie et l'astrologie. Quant à la
première de ces sciences, elle avait fait des progrès considérables. Ptolémée
nous a conservé des calculs d'éclipsés de lune qui ont eu lieu le 19 mars 721
avant J.-C., dans la nuit du 8 au 9 mai 720, le 22 avril 621, etc., et les
calculs de nos savants ne diffèrent que de quelques minutes de ces anciennes
données. Le temple de Bel, qui servait d'observatoire, avait ses quatre côtés
tournés vers les points cardinaux.
Leur astrologie se fondait sur la croyance que les
forces des astres et des planètes, dans leurs conjonctures, influaient
essentiellement sur les destinées des hommes; toutes leurs connaissances
astrologiques furent transmises de génération en génération, par tradition, au
sein des familles et des castes. Les membres de ces dernières portaient le
titre de Caldéens par excellence. Ils croyaient le monde composé d'atomes
impérissables, et tout ce qui arrivait dans la voûte céleste était, selon eux,
l'effet d'une résolution immuable de la destinée. Selon Diodore, ils ont prédit
à Alexandre qu'il mourrait à Babylone, et à Antigone qu'il succomberait dans la
guerre contre Séleucus-Nicator.
— Les astres dont les combinaisons étaient
essentielles pour faire un horoscope étaient les planètes avec leurs
différentes qualités, et les douze signes du zodiaque qui exerçaient aussi, à
ce que l'on croyait, une grande influence, selon la manière dont ils se
combinaient avec les planètes. Jusqu'à nos jours encore, on trouve dans
l'opinion vulgaire quelques restes de ces superstitions.
Avant de terminer, et quoique cela sorte un peu des
bornes de notre article, nous ajouterons quelques mots sur les erreurs
astrologiques et sur les superstitions qui se sont glissées à cet égard chez
les Hébreux, et dont nous trouvons des traces dans la sainte Écriture. Il est
parlé, 2 Rois 23:11, de chevaux consacrés au soleil à Jérusalem; d'encensements
aux signes du zodiaque, 2 Rois 23:5, (en français astres); d'un culte
astronomique à une reine des cieux, Jérémie 7:18; (cette dernière idolâtrie,
ainsi que l'adoration du soleil, est encore indiquée Job 31:26-27) Et le
Seigneur lui-même prend le nom de l'Éternel des armées (des cieux) pour
indiquer qu'il est au-dessus de toutes les autres divinités: il s'appelle aussi
celui qui habite au-dessus des chérubins, 2 Samuel 6:2, pour indiquer sa
puissance: les chérubins étaient probablement les symboles de la nature créée
dans ses diverses qualités.
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CALEB,
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1. fils
de Jéphunné, frère de Kénaz, et descendant de Juda, l'un des douze Israélites
envoyés pour l'exploration du pays de Canaan, fut le seul avec Josué, qui, au
retour, loin d'effrayer le peuple, chercha à lui inspirer cette confiance en
l'Éternel dont il était animé lui-même. Caleb, dont le nom signifie plein de
cœur, les encouragea fortement à ne pas craindre, et à croire aux paroles de
Celui qui ne leur avait jamais manqué, Nombres 14. Mais les Israélites
crièrent, versèrent des larmes, voulurent se choisir un guide pour retourner en
Égypte, et furent sur le point de lapider ceux qui parlaient de courage et de
conquête. L'Éternel alors, jura que tous ces hommes de col roide (cou raide)
périraient au désert, et Caleb seul, avec Josué, reçurent la promesse qu'ils
entreraient en Canaan. Plus tard, il fut désigné pour faire le partage du pays,
Nombres 34:19; il est probable que ce partage se fit au fur et à mesure que le
peuple avançait. Caleb obtint pour sa part la possession de Kiriath-Sepher ou
Hébron, que Dieu lui avait promise quarante-cinq ans auparavant; plein de
reconnaissance, il rendit grâces à l'Éternel pour toutes ses faveurs, en
particulier pour cette vigueur de corps et d'âme qu'il lui avait conservée,
quoique il eût alors quatre-vingt cinq ans. Il ne tarda pas à montrer, par le
fait, que ses forces n'avaient en rien diminué, car il repoussa les Hanakins
qui s'étaient emparés de la montagne de Hébron, et les déposséda. Son neveu
Hothniel, fils de son frère cadet Kénaz, le seconda puissamment dans cette
entreprise, et mérita par sa valeur la main de sa fille Hacsa, Juges 1:12,
qu'il avait promise au héros qui se distinguerait le plus; ce héros devint plus
tard le premier des Juges d'Israël.
— Voir: Nombres 26:65; 32:12; 34:19; Deutéronome 1:36;
Josué 14:6; 15:13; 21:12; 1 Chroniques 6:56.
2. Caleb,
1 Chroniques 2:9,18, épousa Éphrat, qui lui enfanta Hur; il était fils de
Hetsron, et portait encore le nom de Celubaï, verset 9.
3. Caleb,
1 Chroniques 2:50, fils de Hur, et petit-fils du précédent; il fut père de
Sobal, de Hareph, et de Salma père de Bethléhem.
4. Ville
ou district de la tribu de Juda, 1 Samuel 30:14. C'est dans ses environs que se
trouvait Hébron; mais l'on ne sait pas si c'est du fils de Jéphunné ou du fils
de Hetsron qu'elle avait pris son nom.
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CALNÉ,
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ville bâtie par Nimrod, au pays de Sinhar, Genèse
10:10; Amos 6:2; Calno, Ésaïe 10:9, peut-être aussi Canneh, Ézéchiel 27:23:
selon les Targums et saint Jérôme ce serait Ctésiphon sur la rive orientale du
Tigre, vis-à-vis de Séleucie; les anciens appelaient Chalonitis le pays qui
environnait cette ville; la contrée avait conservé l'ancien nom.
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CALVAIRE ou Golgotha, place du crâne,
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ainsi nommée ou de sa ressemblance avec le haut de la
tête d'un homme, ou de ce que c'était là qu'on exécutait les malfaiteurs, ou
enfin à cause de la tradition qui veut que le crâne du premier homme ait été
enterré dans cet endroit. Sem, dit-on, aurait reçu ce crâne de Noé, et, doué
d'un esprit prophétique, l'aurait enseveli à l'endroit même où il savait que le
sang du second Adam coulerait pour le salut de l'humanité.
(Il ne s’agit
aucunement du salut de l’humanité comme s’agissant de tous les hommes, mais du
salut d’un peuple particulier d’entre les hommes que la Bible nomme les élus ou
enfants de la promesse.)
C'était une petite colline ou une hauteur à l'ouest de
Jérusalem, et hors des murs, selon la loi de Moïse, Matthieu 27:33; Jean 19:17;
cf. Hébreux 13:12. C'est probablement dans la vallée de Guihon qu'il faut la
chercher, mais on n'en connaît pas la place exacte; les orientalistes, amateurs
et poètes, se contentent de la tradition qui met le Calvaire dans l'enceinte
même de Jérusalem; c'est plus commode pour les pèlerins sans doute, mais c'est
contraire aux données bibliques; et quoi que M. de Lamartine puisse nous dire
de ce grand dôme blanc, noyé dans un dédale de rues et d'édifices qui
l'environnent, nous trouvons, comme lui, «qu'il est difficile de se rendre compte
ainsi de l'emplacement du Calvaire.» On peut dire, il est vrai, que la ville,
rétrécie du côté de Sion, se sera agrandie du côté du nord, pour embrasser dans
son enceinte un site aussi grand de souvenirs; mais à tous égards cette
supposition est inacceptable; si le dôme qu'on montre aujourd'hui pour le
Calvaire l'était effectivement, le lieu d'exécution n'aurait été éloigné du
temple que d'un demi kilomètre, ce qui est peu probable; en outre cette colline
de Golgotha se serait trouvée dominer du dehors les retranchements de
Jérusalem, et les dominer de fort près, puisqu'ils devaient passer entre le
temple et le Calvaire; ce n'eût guère été habile, sous le point de vue
stratégique, c'eût été donner aux assiégeants une position militaire trop
précieuse, et le génie des Hébreux n'autorise pas la supposition d'une faute
semblable. Le Golgotha que l'on montre n'est donc pas le véritable; il faut le
chercher hors des murs de la ville, du côté du nord-ouest.
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CAM, Cham
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Le brûlé, le noir,
le fastidieux:
l'un des trois fils de Noé, et probablement le plus
jeune, échappa au déluge avec son père, mais ne fut sauvé des flots que pour
tomber d'une autre manière sous la pesante malédiction du péché: l'état
d'ivresse du patriarche était pour ses fils un spectacle nouveau; pour Cam ce
fut un sujet de plaisanterie; il découvrit la honte paternelle et voulut
associer ses frères à ses railleries. Il fut maudit, Genèse 9:25.
Quelques-uns ont trouvé le jugement trop sévère; et il
le serait peut-être si l'on ne considérait ce crime que comme un acte de
légèreté; mais il paraît que, dans cette occasion, se manifesta un esprit
d'impiété et d'impureté qui méritait complètement la punition que Noé annonçait
au nom de Dieu.
On se demande encore comment, au lieu de tomber sur
Cam ou sur tous ses fils, cette malédiction ne paraît avoir été adressée qu'au
seul Canaan. Mais il est permis de croire d'abord que Canaan a pris part au
péché de son père, qu'il a peut-être exprimé une joie maligne, une satisfaction
perverse du spectacle qui lui était offert, et que le mauvais trait du
caractère de son père se reproduisait en lui dans toute sa force.
— De plus, comme ces premières pages de nos saints
livres ont été écrites de manière à faire ressortir les traits qui concernent
plus particulièrement Israël et son histoire, il était important, pour le
peuple d'Israël, de connaître à l'avance le jugement de son Dieu contre les
Cananéens qu'il devait plus tard exterminer, tandis que c'était plutôt une
affaire de curiosité, et par conséquent moins utile, de connaître les oracles
de Dieu relativement aux habitants de l'intérieur de l'Afrique; il est donc
possible que l'historien sacré se soit borné à mentionner Canaan, sans nous
rien dire de la malédiction également prononcée contre les autres. Il faut, du
reste, ajouter que, selon toute apparence, quelques-uns des fils de Cam n'ont
pas été atteints de la même malédiction; car les descendants de Cus et de
Mitsraïm (les Éthiopiens et les Égyptiens) ont formé des nations puissantes et
florissantes, tandis que les fils de Canaan ont été exterminés, et que l'autre
branche, celle de Put (les Nègres), gémit sous le poids de sa condamnation
depuis plus de 4,000 ans.
(De toutes évidences
la race noire souffre d'une triple malédiction: 1- En provenance de Caïn (le
carbonisé) qui serait l'origine ou père de la race noire de par la marque que
Dieu mit sur lui pour sa rébellion (sa peau prit la couleur de son cœur
ténébreux); 2- En provenance de Cam (Cham) qui est une malédiction de servitude
aux autres races; 3- En provenance du péché, malédiction qui touche toutes les
races et tous les peuples sans exception. La race noire est marquée par les
excès de toutes sortes et surtout par sa rébellion, spirituelle et sociale.
L'état actuel des Africains est le résultat direct de la malédiction de Noé.
Plusieurs donnent une différente interprétation de ces textes car la vérité les
frustre au plus haut point, mais la Bible est claire sur ce sujet. Il est écrit
nulle part que la malédiction était limitée ou cessa après un certain point,
elle n'est pas seulement reliée au peuple mais aussi à la terre, car l'Afrique
à un certain point, au temps de Sodomme et Gomorhe, était comme un paradis,
tandis qu'aujourd'hui elle est presque entièrement un désert. Où se trouve le
Sahara il y avait de nombreuses rivières, des fleuves, des villes et des terres
fertiles, mais tout fut détruit dans une catastrophe apocalyptique au temps de
Péleg lorsque la terre (le Continent) fut divisée ou plutôt fragmentée (Gen.
10:25), formant ainsi les cinq continents que nous voyons de nos jours. Tant
qu'au peuple Africain, la malédiction demeurera toujours, ils ne pourront
jamais en échappé, mais cela ne veut pas dire qu'aucun d'eux ne peut être
sauvé, le Seigneur a des élus partout et dans tous les peuples. Toutefois les
élus sont très peu, comme nous le savons, surtout parmi les Africains qui sont
triplement maudits au niveau charnel, spirituel, et social. Que ce soit où ils
sont, dans les différentes nations qu'ils habitent et où ils ne devraient pas
être, en Orient comme en Occident, les noirs amènent avec eux leurs misères et
leur malédiction. Ce n'est pas pour rien que le crime est plus élevé dans des
villes où les noirs se trouvent. Dans les années 1950, plusieurs villes, en
Europe comme en Amérique du Nord, n'avaient pas de noirs qui y habitaient et
les gens vivaient relativement en paix avec leurs problèmes, mais depuis que
nos gouvernement crapuleux leurs ont ouvert les portes de l'immigration, ces
villes sont remplies de violence, de vols, de meurtres, de prostitution, de
drogues, etc. Les gouvernements n'ont pas respecté les bornes que Dieu a
établit pour tous les peuples, et nous en subissons tous les conséquences. Les noirs
appartiennent en Afrique et devraient y demeurer pour contribuer à la
construction et au développement de leur propre société, plutôt que de se
sauver dans d'autres nations lorsque des problèmes surgissent. Mais que ce soit
un peuple noir, jaune, blanc, bleu ou vert, tous sont sous la malédiction du
péché.)
— On a dit qu'il était indigne de Dieu de faire peser
son courroux sur des nations entières pendant une longue suite de siècles, sans
autre motif qu'un crime commis par un de leurs ancêtres. À cette objection, il
n'y a qu'une réponse à faire; elle ressort de l'objection elle-même. Le fait
existe. L'histoire entière rend témoignage de ce fait que les nègres ont été un
objet de commerce pour tous les pays qui les entouraient; ils se sont trouvés
sur tous les marchés de l'ancienne Asie, de l'austère Sparte, de la légère et
voluptueuse Athènes, comme ils se trouvent aujourd'hui dans les plantations des
États du sud de l'Amérique. Et si ce fait existe encore après quarante siècles,
la Parole de Dieu qui l'annonce, car c'est bien à elle qu'on en veut, n'en est
plus responsable; elle reste un livre de prophètes, un livre inspiré: Dieu seul
est en cause, lui qui a créé le fait. Le reproche qu'on essayait de diriger
contre la Parole a forcément dévié et viendrait frapper celui qui sait réduire
au silence les plus obstinés et les plus audacieux. Quant à la Parole, elle
reste debout, intacte; ses funestes prophéties se montrent toujours vraies
après un grand nombre de siècles; sa solidité n'est pas ébranlée par les
assauts de ses adversaires: le passé est un témoignage pour l'avenir.
Voici, d'après Genèse 10:6; et suivants, le tableau de
la postérité de Cam:
CAM
1. Cus 2. Mistraïm 3.
Put 4. Canaan
1. Seba 1.
Ludim 1. Sidoniens
2. Havila 2.
Hanamim 2. Héthiens
3. Sabtah 3.
Lehabim 3.
Jébusiens
4. Rahma 4.
Naphtuhim 4. Amorrhéens
a. Seba 5.
Pathrusim 5.
Guirgasiens
b. Dedan 6.
Chasluhim 6. Héviens
5. Sebteca a.
Philistins 7.
Harkiens
b.
Caphtorim 8. Siniens
6. Nimrod 9.
Arvadiens
10.
Tsemariens
11.
Hamathiens
Cam a plusieurs fois donné son nom à la terre de son
fils Mitsraïm, à l'Égypte; Psaumes 78:51; 105:23; 106:22.
D'après un auteur arabe, Cam, l'inventeur de la magie
et le fauteur des superstitions et de l'idolâtrie, ne serait rien moins que Zoroastre,
ou Adris le prophète. (Sur ce sujet intriguant, voir le livre d'Alexandre
Hislop «Les Deux Babylones».
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CAMÉLÉOPARD,
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— Voir: Chameaupard.
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CAMP.
________________________________________
Les tentes des Israélites dans le désert étaient
organisées comme le serait le camp d'une grande armée, Nombres 2. La tente de
Jéhovah, ou le Tabernacle, en occupait le centre, ayant à l'est, et tout près,
celles de Moïse, d'Aaron et de leurs familles; au sud les Kéhathites, à l'ouest
les Guersonites, au nord les Mérarites; de sorte que le tabernacle était de
tous côtés entouré des lévites qui devaient en faire le service. Devant le
tabernacle, vers l'orient, se trouvaient les 186,400 guerriers de Juda,
Issachar et Zabulon; au sud, la division de Ruben, Gad et Siméon, 151,400
hommes; à l'ouest, près du lieu très-saint, les enfants de Rachel, 108,100
hommes, propres à lai guerre; au nord, Dan, Aser, Nephthali,; 157,600 hommes.
On peut voir le tableau de ce camp dans mes Voyages des enfants d'Israël, p.
96.
— Les camps des Grecs, et surtout ceux des Romains,
ressemblaient beaucoup, dans leur ordonnance, au camp du désert: c'est du reste
le seul sur lequel la Bible nous donne quelques détails. D'après 1 Samuel 26:5,
il paraîtrait que les camps des Hébreux étaient formés en rond, comme ceux des
Arabes, des Bédouins et des anciens Grecs; ils étaient gardés par des
avant-postes, Juges 7:19; et pendant la bataille, une certaine garde restait
auprès des bagages, 1 Samuel 30:24.
—
Le camp des
saints mentionné dans Apocalypse 20 :9 détient une signification
particulière, il doit être interprété figurativement comme étant «la base de la
foi», de même que la cité bien-aimée signifie «la disposition bien-aimé ou
grandement appréciée du salut par grâce»; les deux étant environnés par les
fausses doctrines d’un christianisme contrefait moderne qui les déforme à sa
guise pour en détruire l’essence. L’Apocalypse est un livre d’images ou de
symboles qui demande d’être interprété figurativement, et cela est évident dans
le fait qu’il n’existe ni n’a jamais existé des dragons avec sept têtes et dix
cornes.
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CANA, ou Kana.
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1. Ville
de la tribu d'Aser, non loin de Sidon, Josué 19:28.
2. Ville
ou bourgade, à 2 lieues nord-est de Nazareth, tribu de Zabulon, où Jésus-Christ
fit son premier miracle, Jean 2:1, et où, à son retour de la Judée et de la
Samarie, il guérit le fils d'un employé royal qui habitait Capernaüm, Jean
4:46. Le village actuel, Kefer Kenna, est assis sur une pente douce, dans une
petite vallée qui débouche sur la haute plaine de Zabulon; il compte 300
habitants, est entouré de vergers et de plantations d'oliviers, et possède une
source abondante où a été probablement puisée l'eau que Jésus changea en vin.
Un voyageur moderne, M. De Laborde, a trouvé parmi les ruines de ce lieu de
grandes auges en pierre, creusées dans le sol des habitations.
3. Cana,
ou Kana, le principal ruisseau des plaines de Saron; il descend des montagnes
de Samarie et formait la limite entre Éphraïm et la demi-tribu de Manassé,
Josué 16:8; 17:9. Son nom hébreu signifie les roseaux; les Romains le nommaient
la rivière des Crocodiles, et l'on assure qu'il existe en effet des crocodiles
dans le lac ou marais qu'il forme près de son embouchure.
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CANAAN,
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le plus jeune des fils de Cam, petit-fils de Noé. Nous
avons dit à l'article de Cam, quelques mots sur la malédiction divine qui
frappa Canaan pour la faute de son père. Rien n'est plus hors de contestation
que la parfaite justice de Dieu, comme rien n'est plus évident que la punition
des pères sur les enfants. L'histoire des Cananéens vient à l'appui de cette
double vérité, et, en l'étudiant, nous ne pouvons pas oublier que Dieu est
juste quand il punit.
Il est probable que Canaan, descendu des hauteurs de
l'Ararat, vécut et mourut dans le pays qui porta son nom, et qui devait échoir
à l'une des branches de la postérité de Sera. Ses descendants furent en grand
nombre. Les Sidoniens, les Tyriens, les Héthiens, les Jébusiens, les
Amorrhéens, les Guirgasiens, les Héviens, les Harkiens, les Siniens, les
Arvadiens, les Tsemariens, les Hamathiens, les Phérésiens et les Cananéens
proprement dits, furent tout autant de tribus issues d'une même souche, Genèse
10:15; 1 Chroniques 1:15. Sept d'entre elles peuplèrent dans l'origine la terre
promise; les autres occupèrent la Phénicie et une portion de la Syrie. Selon la
coutume d'alors, elles formèrent une multitude de petits royaumes, chaque ville
ayant son monarque. Moïse en subjugua deux, Josué trente et un, et Adonibézek
soixante et dix; d'où il résulte que les Cananéens étaient divisés en plus de
cent royaumes. C'était une race impie et dépravée; les habitants de Sodome, de
Gomorrhe, d'Adama, de Tseboïm et de Tsohar en faisaient partie, et l'on sait à
quel degré d'immoralité ils en étaient venus. Kedor-Lahomer, roi d'Hélam, se
les rendit tributaires vers l'an 2078. Après douze années d'asservissement, ils
se révoltèrent, furent repoussés de nouveau par le roi d'Hélam et se virent à
deux doigts de leur ruine. Abraham les délivra en fondant sur les rois alliés
qui avaient emmené prisonnier son neveu Lot. Mais seize années s'étaient à
peine écoulées, que l'Éternel les frappa, eux et toute leur contrée, d'une
entière destruction: Tsohar seule fut épargnée, en considération de Lot. Genèse
9, 10, 14, 18, 19; Ézéchiel 16:49-50.
Environ l'an 2514, les Cananéens des frontières du
sud, assistés par les Hamalécites, firent dans le désert éprouver aux Hébreux,
révoltés contre l'Éternel, une terrible défaite en Hormah. Trente-huit ans
après, les royaumes florissants de Hog et de Sihon, sur la rive orientale du
Jourdain, ayant refusé le passage aux Israélites, furent complètement défaits
par Moïse, Nombres 21:21,31. À l'ouest du Jourdain, Josué en détruisit plus
tard trente et un, sans compter les Gabaonites, qui se soumirent; on peut voir
leurs noms Josué 12:9-24. Tout ce territoire fut alors partagé entre les tribus
d'Israël. Après la mort de Josué, les tribus de Juda et de Siméon achevèrent
d'expulser ou de réduire les Cananéens demeurés de reste dans leurs cantons;
celles d'Éphraïm et de Manassé en firent à peu près autant; mais dans la
plupart des autres tribus, les Cananéens restèrent en possession de plusieurs
villes considérables, d'où ils purent souvent diriger des attaques contre les
Israélites, en même temps que, par leur mélange avec eux, ils leur donnaient
l'exemple de l'idolâtrie et de l'immoralité. Après de pénibles luttes, la
plupart des tribus finirent cependant par se les assujettir tout à fait; mais
dans la partie septentrionale de la terre promise, un résidu de ces malheureux
Cananéens parvinrent à former un royaume puissant, celui de Hatsor, et vers
l'an 2720, leur roi Jabin sut tenir pendant vingt années les Hébreux dans la
sujétion. Débora et Barac délivrèrent leur patrie et portèrent à ce royaume
cananéen un tel coup, que l'on n'en entendit plus parler dans la suite.
Plus tard, deux cent quarante ans après environ, David
acheva presque la conquête du pays, et prit Jébus ou Jérusalem, une des fortes
places qui fussent demeurées entre les mains des Cananéens. Pharaon roi
d'Égypte, réduisit Guézer, et la donna à Salomon son gendre. Salomon employa
plus de 150,000 Cananéens à la construction du Temple, et frappa de lourds
impôts tous ceux qui restaient de cette race. Jamais, d'ailleurs, ce peuple ne
jouit d'aucune liberté parmi les Israélites, au milieu desquels il en subsista
toujours un très grand nombre, même après la captivité.
Les Guirgasiens, et peut-être encore quelques autres
tribus cananéennes, fuyant devant l'épée de Josué, se retirèrent dans le nord
de l'Afrique, et furent suivies par un grand nombre d'autres qui émigrèrent de
Tyr. Là, sous le nom de Carthaginois, ils jetèrent autour d'eux un certain
éclat, mais qui dura peu; dès lors, et pendant près de deux mille ans, ce pays
a été le théâtre des plus tristes événements, successivement réduit en
servitude et dévasté par les Romains, les Vandales, les Sarrasins et les Turcs.
Les Cananéens de Tyr, de Sidon, et autres lieux de la Phénicie, qui
s'établirent sur les rivages de la Méditerranée, n'ont pas eu un meilleur sort.
Ceux enfin qui échappèrent aux armes du roi David, les Héviens, etc.,
s'enfuirent dans la Béotie au sud de l'Europe, où ils ne purent échapper non
plus à la terrible malédiction de servitude qui pesait sur leurs têtes.
Cependant Canaan, cet enfant maudit, a donné son nom à
la portion la plus bénie de l'ancien monde. Canaan qui réveille dans le cœur la
pensée de la désolation, réveille aussi celle de la promesse; sur le même nom
se rencontrent la paix et l'extermination; d'abord l'idolâtrie et les
turpitudes du péché, puis le règne du Messie avec l'alliance de grâce. Il
fallait que la prophétie de Noé fût accomplie en tout point, que Canaan fût le
serviteur de ses frères, qu'après avoir baigné de ses sueurs une terre fertile,
il la livrât ainsi travaillée, à la postérité bénie de Sem, et qu'après l'avoir
défrichée comme un homme libre, il l'abandonnât comme un esclave; il fallait
que le nom du premier possesseur demeurât à cette terre, afin que ses nouveaux
habitants comprissent et se rappelassent toujours qu'elle avait appartenu
d'abord à une race maudite, et que cette malédiction seule, venant de
l'Éternel, les en avait rendus les maîtres.
Une description détaillée de la terre de Canaan ne
saurait être donnée ici: nous nous bornerons à indiquer les traits généraux;
quant aux détails, on peut voir les articles spéciaux.
— Voir: aussi la Palestine de Raumer, et en français
la Description de la Terre Sainte de Rougemont, et le Journal d'un Voyage au
Levant, t, m.
Canaan avait près de 400 kilomètres du nord au midi,
et près de 200 de l'est à l'ouest dans sa plus grande largeur; il présentait
une surface d'à peu près 30,000 kilomètres carrés; et comme le peuple hébreu
comptait 601,730 hommes de guerre lors de la conquête, il y avait pour chacun
d'eux environ 5 hectares. Ce pays est compris entre le 31e et le 34e degré de
latitude nord, et s'étend du 32e au 34e degré de longitude est (Paris). La mer
Méditerranée le borne à l'ouest, le Liban et la Syrie au nord; l'Arabie déserte,
Hammon, Moab et Madian à l'est, l'Idumée et le désert de Paran au sud, enfin
l'Égypte au sud-ouest.
C'était le pays dont la possession avait été promise
aux Hébreux, et dont il leur avait été ordonné de s'emparer, Nombres 34:1-12;
Josué 11:13-21; Juges 1; mais il faut y ajouter les contrées sur lesquelles ils
pouvaient dominer, qu'ils pouvaient avoir l'espérance de conquérir un jour,
celles dont la possession leur était permise plutôt qu'ordonnée, depuis
l'Euphrate au nord-est jusqu'au Nil vers le sud-est, Genèse 15:18-21; Exode
23:31; Deutéronome 11:24; Josué 1:3-4. Et, en effet, les tribus transjourdaines
chassent devant elles les peuplades arabes, et poussent jusqu'à l'Euphrate, 1
Chroniques 5:9,18-23. David, plus tard, soumet la Syrie, Damas, Hammon, Moab,
l'Idumée, 2 Samuel 8:2,6,12-13; 10; 12:26; sq. 1 Chroniques 18:6-13; 19:20.
Salomon fait bâtir Tadmor bien à l'orient de Damas, construit une flotte à
Hetsion-Guéber sur la mer Rouge, possède Thiphsak sur l'Euphrate, et Hamath sur
le versant septentrional du Liban, 1 Rois 4:24; 9:18,26; 2 Chroniques 8:3-4,17.
— Voir: Cellérier. Esp. de la Légis l, mos. II, p.
275.
Tout le territoire de Canaan proprement dit, est
actuellement sous la malédiction à cause de l'incrédulité de l'Israël moderne
qui est en réalité la nation d’un faux peuple Hébreu nommé les Khazars; il est
presque abandonné, sans culture, en sorte qu'on ne pourrait juger de ce qu'il
fut jadis, par ce qu'il est maintenant. Il n'en est pas moins vrai qu'il n'y
eut point anciennement de contrée plus riante et plus fertile. Le Jourdain,
coulant du nord au sud, forme sur son chemin les lacs de Mérom et de
Génézareth; une multitude de ruisseaux et de torrents viennent s'y jeter,
traversant le pays dans tous les sens. Des vallées et de charmants coteaux,
moins heureux aujourd'hui, embellissaient jadis et variaient le paysage. Des
pâturages nombreux et féconds produisaient en abondance de l'herbe pour les
troupeaux, des fleurs pour les abeilles; le lait et le miel y coulaient et
répondaient aux vœux de l'avide habitant des campagnes. D'après le témoignage
d'Hécatée, très ancien auteur; la terre labourable formait le tiers du
territoire, et donnait sur les coteaux de magnifiques moissons, des ligues, des
grenades, la vigne avec ses raisins, l'olivier avec son huile. Au sommet du
Liban, des cèdres magnifiques; dans le sein des montagnes, des mines
considérables de fer et de cuivre. On conçoit que lorsque l'Éternel y envoyait
des pluies et les saisons fertiles, ce pays cultivé par des mains laborieuses,
ait pu nourrir les millions d'habitants qui le peuplaient autrefois,
Deutéronome 11:11; 6:10; 8:7-9.
________________________________________
CANDACE,
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Actes 8:27, était, non point le nom propre seulement
de la reine dont il nous est parlé dans le Nouveau Testament, mais un nom
commun à toutes les reines d'Éthiopie; ce nom signifie chef des esclaves, et
rappelle celui de servorum princeps que les marchands orientaux donnent encore
au roi d'Abyssinie. On dit que cette reine fut amenée à la foi chrétienne par
celui de ses serviteurs que Philippe l'évangéliste avait baptisé sur le chemin
de Gaza (Irénée, Eusèbe); quant à ce serviteur lui-même, la tradition raconte
qu'il prêcha l'Évangile, et qu'il souffrit le martyre dans l'île de Ceylan.
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CANNE
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1. odoriférante,
Cantique 4:14.
— Voir: Roseau aromatique.
2. —
Voir: Mesures.
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CANNEH,
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Ézéchiel 27:23.
— Voir: Gainé.
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CANNELLE,
________________________________________
— Voir: Cinnamome.
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CANTIQUES.
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Il est dans la nature de l'homme de chanter les
impressions qu'il éprouve, ses joies et ses douleurs, et de célébrer par des
hymnes vifs ou funèbres les moments importants de sa vie. Les Hébreux n'ont pas
fait exception à la règle générale de l'humanité; nous voyons déjà, dans les
temps les plus reculés, Moïse et Marie la prophétesse, consacrer par un saint
cantique les merveilles du passage de la mer Rouge, Exode 15:1,20. Moïse en
indique d'autres encore qu'il marque par le premier vers, parce que le peuple
en savait la fin, Nombres 21:14,17-18,27, etc.; et, près de mourir, il célèbre
les bontés et les merveilles de Dieu, Deutéronome 32. À la mort de Saül et de
Jonathan, David compose un cantique funèbre, 2 Samuel 1:17; il en consacre un
autre à la mémoire d'Abner, 2 Samuel 3:33, et l'on peut croire que la douleur
qu'il éprouva à la mort d'Absalon se manifesta aussi par des chants plaintifs,
18:33. Barac et Débora nous offrent un hymne de victoire, Juges 5:1, etc.;
Anne, la mère de Samuel, un chant d'actions de grâces, 1 Samuel 2:1, etc. Le
psaume 45 et le cantique de Salomon sont peut-être des épithalames
prophétiques; Salomon avait fait cinq mille cantiques, 1 Rois 4:32. Les
lamentations de Jérémie sont un hymne funèbre sur la ruine de Jérusalem. L'Écriture
mentionne encore du même auteur un cantique sur la mort de Josias roi de Juda,
2 Chroniques 35:25; un cantique d'actions de grâces du roi Ézéchias, 2
Chroniques 30:18; enfin des chants de Marie la mère de Jésus, de Zacharie père
de Jean-Baptiste, et du vieux Siméon, Luc 1:46,68; 2:29.
Quel est le cantique dont il est dit que Jésus et les
siens le chantèrent après la cène et avant de se rendre à la montagne des
Oliviers, Matthieu 26:30, Marc 14:26? Le texte original porte simplement ayant
chanté; le plus probable c'est qu'ils chantèrent les psaumes dont les Juifs
faisaient la lecture ordinaire à la fin du repas de Pâques, et qui étaient
connus sous le nom commun du grand Hallél (Alléluia); c'étaient les psaumes
113:114,115-118,120-137.
— Voir: Pâques.
— Cantique des Cantiques. C'est le nom que les Hébreux
ont donné (shir hashirim) à un cantique de Salomon qu'ils regardaient comme le
plus excellent des cantiques. Quelques auteurs disent que Salomon le composa à
l'occasion de son mariage; suivant les uns, ce serait à l'occasion de son
premier mariage; suivant les autres, plus tard, lors de son mariage avec la
fille d'Égypte, en guise d'épithalame (Calmet). On regarde souvent le Cantique
comme le premier des trois ouvrages qui nous restent de Salomon, un ouvrage de
jeunesse, presque une chanson d'amour; les Proverbes seraient alors l'ouvrage
de l'âge mûr, et l'Ecclésiaste celui du vieillard dégoûté des vanités de la
vie. Il paraît cependant, et une lecture attentive de ce cantique sublime
confirme cette manière de voir, que lorsque Salomon le composa, il savait déjà
surabondamment ce que c'est que l'amour. L'opinion peu connue de Heidegger
(Enchiridion Bibl.) est à la fois pleine d'intérêt et de vérité: «L'on trouve,
dit-il, dans ce cantique un cœur de vieillard usé, cassé, blasé sur les
agitations, les troubles intérieurs et autres passions de l'âme; et c'est
probablement après s'être lassé de l'amour peu chaste des femmes qui l'avaient
fasciné, que son esprit s'est tourné vers la méditation plus pieuse de l'amour
spirituel du Christ et de ceux qui lui appartiennent.»
Comme on s'est beaucoup occupé de ce livre en diverses
manières, on l'a aussi diversement divisé en petits chants, couplets ou
chapitres. Calmet y trouve sept nuits ou sept jours marqués assez distinctement,
parce qu'on célébrait les noces pendant sept jours chez les Hébreux (— Voir:
Genèse 29:27). Nos Bibles, et Heidegger, ont divisé le Cantique en huit
parties; enfin le Docteur John Mason l'a partagé en douze couplets ou idylles,
à l'imitation de quelques poètes arabes. Voici quels seraient ces morceaux:
1. 1:1-8;
2. 1:9-2:7;
3. 2:8-17;
4. 3:1-5;
5. 3:6-4:7;
6. 4:8-5:1;
7. 5:2-6:10;
8. 6:11-13;
9. 7:1-9;
10. 7:10-8:4;
11. 8:5-7;
12. 8:8-14.
— «Ce poème, dit Ch. Nodier (Bibl. sacr.), est le modèle
et le désespoir à la fois de tous ceux qui seraient tentés de s'exercer dans le
même genre, si de pareilles inspirations pouvaient jamais se reproduire.»
Saint Jérôme nous apprend que les Hébreux avaient
interdit la lecture du Cantique aux hommes âgés de moins de trente ans; ils
craignaient les abus d'une interprétation particulière mal comprise; cependant
l'estime qu'ils avaient pour le Cantique était telle qu'ils en faisaient une
lecture publique à la fête de Pâques, et qu'ils le comprenaient, avec Ruth,
Ester, l'Ecclésiaste et les Lamentations, dans le recueil d'hagiographes appelé
les cinq volumes, dénomination empruntée des cinq livres de Moïse. De même que
la synagogue, l'Église chrétienne a toujours reçu ce livre dans le Canon;
Théodore de Mopsueste seul dans l'antiquité, et quelques auteurs modernes d'une
morale sévère, en ont nié la canonicité. Les raisons qu'on allègue pour le
faire rejeter, sont d'abord que le nom de Dieu ne s'y trouve pas, puis, que ce
livre n'est jamais cité par les auteurs sacrés du Nouveau Testament. À ce
double égard nous répondrons que le Cantique étant une allégorie, il n'était
pas nécessaire, il eût même été singulier de nommer par son nom celui qui était
représenté sous la figure d'un époux aimable et aimant, dans tout le cours de
ce petit poème; et s'il est vrai que les écrivains du Nouveau Testament ne
l'aient pas cité, il y a bien d'autres livres aussi, qu'ils n'ont pas nommés
expressément, et qui n'en sont pas moins reconnus comme inspirés; il y est fait
d'ailleurs plusieurs allusions qui, si elles ne sont pas directes, montrent au
moins que l'allégorie du Cantique a été reconnue et sanctionnée par le Sauveur
et par ses apôtres; on peut voir Matthieu 9:15; 22:2; 25:1-11; Jean 3:29; 2
Corinthiens 11:2; Éphésiens 5:23,27; Apocalypse 19:7,9; 21:2,9; 22:17, et
ailleurs, cf. encore Ésaïe 5:1-7; 52:7.
Il est impossible qu'un homme irrégénéré puisse lire
ce livre et en comprendre le sens spirituel; ceux-là seuls peuvent le lire avec
fruit qui disent de tout leur cœur de Jésus-Christ ce que l'épouse dit de son
fiancé: C'est ici mon bien-aimé; c'est ici mon ami, 5:16. Le Cantique est écrit
de telle sorte qu'il offre une espèce de sens à chacun: c'est comme une glace
polie, comme une eau pure et transparente qui monte ou descend, et qui reste
toujours au niveau de l'œil qui la contemple; à celui dont le cœur est impur,
elle apparaît impure aussi: elle est basse pour celui qui est bas, elle s'élève
à mesure que l'homme s'élève, et celui qui a compris le Christ, son amour et son
sacrifice, saura voir dans l'épouse une âme fidèle qui rend amour pour amour,
dévouement pour dévouement, et reconnaissance pour sacrifice.
Un beau commentaire dont je n'ai eu connaissance que
dernièrement, et que les théologiens ne sauraient dédaigner malgré sa forme, a
paru à Halle, de 1845 à 1847, sous le titre: Das Hohelied. In Liedern, von G.
Jahn. Il est divisé en trois parties, répondant à trois manifestations de la
grâce divine: l'œuvre dans la foi, Cantique 1:1-2:7; le travail dans l'amour,
2:8-3:11; la conservation dans la grâce, 4:1-8:4. L'épilogue, le oui de l'époux
et l'amen de l'épouse, 8:5-14, répond au prologue qui dédie ces poésies à
l'Allemagne souffrante, comme la lumière véritable qui doit faire ressortir les
ténèbres des lumières faussement ainsi nommées. Ce volume renferme
soixante-quatre délicieuses poésies, qui sont autant de développements
spirituels des versets qui en for ment le thème; il est difficile de préférer
l'une à l'autre, et plus difficile encore de les traduire en français. Voici,
par exemple, et en réservant les imperfections de la traduction, comment
l'auteur paraphrase le verset 4 du chapitre 1er: «0 filles de Jérusalem, je
suis brune, mais de bonne grâce, comme les tentes de Kédar, comme les courtines
de Salomon.» Ce morceau est intitulé Selbstbeschauung, Contemplation, Examen de
soi-même:
Du cabinet de mon roi,
Comme épouse de mon roi,
Je suis sortie Et me suis regardée,
Et me suis vue
Noir le visage, noires les mains.
C'est mon roi, mon soleil
Qui m'a ainsi brunie.
Car ma vie tout entière,
Aux rayons de ce soleil,
Ma volonté, mes désirs,
Tout parait noir.
Ce que je fais et touche,
C'est d'une main noircie.
Les traces de mes pas,
Je les vois noires aussi.
Vous, filles de ma mère.
Noire je suis tout entière,
Et pourtant l'épouse du roi,
(Mon bonheur est certain):
Belle et de bonne grâce,
Parée pour la noce.
Afin qu'en ma beauté
Se réjouisse mon époux.
Il m'a préparé
Un merveilleux vêtement,
Avec cris, avec larmes,
Dans une ardente lutte de mort.
C'est la robe du salut;
Je m'en enveloppe tout entière.
Elle m'étreint de tous les côtés,
Et me fait blanche et pure;
Car on ne voit plus rien
De ma peau brune et noire;
Et ainsi j'apparais belle
Comme l'épouse d'un roi.
Noire je suis de moi-même,
Et pauvre, et faible, et nue,
Pourtant aimable par la grâce.
Glorieuse, riche et grande;
Noire je suis de naissance,
Mais blanche par la grâce.
Blanche je ne suis devenue
Que lorsque noire je me suis reconnue.
Le noir est condamné de Dieu,
Car Dieu est vêtu de lumière.
Je puis me dire blanche,
Mon Seigneur ne me laisse pas noire.
Chaque soir je suis noircie
Des péchés de la journée.
De mon Seigneur la patience
M'a blanchie chaque matin.
C'est quand je me reconnais noire
Que je plais à mon ami.
Et plus je suis noire à mes yeux,
Plus je suis agréable aux siens.
Oui, plus ma peau est brune,
Plus ressort la blancheur de sa robe.
De la tête jusqu'aux pieds
La justice m'enveloppe.
Ο filles de ma mère!
Je suis brune, c'est vrai;
Mais néanmoins de bonne grâce,
Et l'épouse du roi éternel.
Ce petit morceau donnera peut-être une idée du genre
et de l'esprit du livre. On trouvera bien rarement un pareil mélange de la
grâce naturelle et de la grâce divine, de l'esprit humain et de l'esprit de
Dieu.
— «L'amour est le sujet du Cantique des Cantiques, que
la tradition attribue à Salomon, et qui suppose chez son auteur une âme
éminemment mystique, ou du moins susceptible des affections terrestres les plus
vives et les plus délicates. On peut y voir, soit une allégorie orientale et
une peinture figurée de l'amour de l'Église ou de l'âme individuelle pour son
Dieu, soit un tableau de l'amour de l'homme pour la femme, qui était alors
généralement traitée comme un être subalterne, et que cette affection profonde
remettait à sa vraie place en lui rendant sa dignité morale et sa liberté.
Mais, en tout cas, on ne peut nier que ces chants ne correspondent exactement à
ce que nous savons, soit de Salomon aimant l'Éternel, soit de Salomon aimant la
fille de Pharaon. Ils sont d'ailleurs un ouvrage de sa jeunesse, et des juges
impartiaux les ont déclarés le chef-d'œuvre de la poésie lyrique orientale»
(Rougemont.)
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CAPERNAÜM
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(ville agréable, ou beau village), une des principales
villes de la Galilée, qui, selon toute apparence, ne fut bâtie qu'après la
captivité de Babylone. Elle était située à 5 kilomètres environ de l'embouchure
du Jourdain, sur la rive occidentale (h la mer de Tibériade, aux confins de
Zabulon et de Nephthali. La plaine basse qui s'étend vers le sud, sur une
longueur de dix kilomètres, et une largeur de cinq, est d'une ravissante
beauté; c'est la partie la plus fertile de tout ce magnifique bassin, et elle
portait le nom de Gennésar, jardins de la richesse. Aujourd'hui encore sa
fécondité est proverbiale chez les peuples voisins. Flavius Josèphe parle d'une
source nommée Capernaüm, célèbre par son extraordinaire abondance, qui a
probablement donné son nom à cette ville. Riche des produits du sol, Capernaüm
l'était encore par la pêche et par le commerce; elle était sur la grande route
qui unit Damas à la Phénicie, et dans un défilé entre le lac et les montagnes;
aussi les Romains y avaient-ils établi un bureau de douanes et placé une
garnison, Matthieu 9:9-11; Luc 5:27-30.
— Ce fut là que Jésus descendit et qu'il passa
quelques jours, après avoir quitté Nazareth et ses arides montagnes; il en fit
longtemps son principal séjour, demeurant chez la belle-mère de Pierre, et
c'est de là qu'il partit pour son premier voyage à Jérusalem, Matthieu 4:13;
9:1; 8:14; 11; 17; Marc 1:2; Luc 4:10; Jean 2:4,6. Il reste de cette
florissante cité plusieurs ruines nommées Tel Hum.
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CAPHTOR,
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Jérémie 47:4, île dont il est dit que les Philistins
sont les restes,
— Voir: l'article suivant.
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CAPHTORIM,
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Genèse 10:14, les descendants de Caphtor, un des fils
de Mitsraïm. Selon les anciennes versions et selon Bochart, le pays auquel ils
donnèrent leur nom serait la Cappadoce; mais le passage de Jérémie 47:4,
indique assez clairement que Caphtor doit être une île, ou tout au moins un
pays maritime; Michaélis et Dahler ont, en conséquence, proposé d'y voir l'île
de Chypre, opinion qui avait déjà été émise, puis plus tard réfutée par Calmet;
Gesenius et Hævernick, d'accord avec les dernières dissertations de ce savant
catholique, admettent avec lui que l'île désignée sous le nom de Caphtor est celle
de Crète ou Candie. D'après Jérémie, l, c., et Amos 9:7, les Philistins
auraient passé en Palestine de l'île de Caphtor, et plusieurs fois ailleurs,
Deutéronome 2:23; etc., le nom de Caphtorim est mis pour désigner les
Philistins. Ces données ne s'accordent pas beaucoup avec le passage de la
Genèse qui fait descendre les Philistins des Chasluhim. La supposition la plus
probable, sans être forcée, c'est que les Philistins sont partis d'Égypte en se
détachant de la nation des Chasluhim, pour se rendre à l'île de Caphtor, et que
de là ils ont émigré plus tard et sont venus occuper les côtes sud de la
Palestine. On peut opposer sans doute à l'opinion de Calmet, que les habitants
de la Crète ont déjà un nom dans l'Ancien Testament, celui de Kérétiens, 1 Samuel
30:14; Ézéchiel 25:16; Sophonie 2:5, et qu'il est peu probable que la même
contrée ait eu deux noms si différents; mais de ce que ce n'est pas ordinaire,
cela ne prouve pas que cela n'ait pu arriver cependant; en outre, le premier
nom est beaucoup plus ancien que le second, et les caractères historiques ou
géographiques de la Crète sont tellement d'accord avec ce que l'Écriture nous
dit de Caphtor, qu'il est difficile de ne pas admettre l'identité de ces deux
contrées. La Crète était déjà très peuplée à l'époque de la guerre de Troie,
puisque Homère l'appelle l'île aux cent villes, et Hérodote reconnaît que ses
habitants, originairement barbares, ne venaient pas de la Grèce. Homère dit
qu'on parlait différentes langues en Crète, à cause de la diverse origine des
peuples qui s'y trouvaient, les uns Grecs, les autres vrais et anciens Crétois,
antiques habitants de la contrée et qui se prétendaient eux-mêmes nés du sol de
la Crète.
Caphtor signifie
«île en forme de couronne». Cette désignation rejoint celle de Platon dans son
Criteria où il parle de l’île ou Continent d’Atlantide qui se trouvait dans la
Méditéranée dans les environs de Santorini et de Crète. L’Atlantide fut fondée
par une race de géants qui avait pour roi Atlas, reconnu comme étant Nimrod par
Alexandre Hislop dans les Deux Babylones. Chez les grèques il était Zéus le
père des dieux, que les romains adoraient sous le nom de Jupiter.
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CAPPADOCE,
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contrée de l'Asie mineure qui, depuis Tibère, passa
exclusivement sous la domination romaine. Elle est séparée au sud par le Taurus
de la Cilicie et de la Syrie septentrionale; au nord, une chaîne parallèle au
Taurus la sépare du Pont; à l'occident, elle touche à la Phrygie et à la
Galatie; à l'orient, à la petite Arménie, mais sans frontières naturelles.
Quoique bien arrosée, elle est peu fertile; les montagnes sont nues, et les
plaines n'offrent que des pâturages. La Cappadoce s'étendait primitivement
jusqu'au Pont; mais sous Alexandre une satrapie s'établit en cette contrée, et
la Cappadoce rentra dans les limites indiquées ci-dessus. La langue des
Cappadociens n'offrait aucun rapport avec les langues sémitiques, et bien
qu'ils portent chez Hérodote le nom de Syriens (1, 72; 5, 49; 7, 72), on ne
peut leur chercher une origine sémitique.
— Voir: encore le commencement de l'article Caphtorim.
— Ils ne jouissaient pas, non plus que les habitants
de l'île de Crète, d'une excellente réputation; ils passaient en particulier
pour perfides et lâches, au point que l'expression cappadociser était devenue
proverbiale pour désigner ces vices de caractère. Un bon nombre de Juifs
étaient établis au milieu d'eux. Actes 2:9; 1 Pierre 1:1.
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CÂPRE.
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C'est ainsi qu'on appelle les fruits d'un arbrisseau,
le câprier épineux, qui se rencontre fréquemment en Asie, en Afrique et dans le
sud de l'Europe: les jeunes boutures de cet arbre et ses fleurs en bourgeons se
mangeaient, soit crues, soit assaisonnées de vinaigre, et avaient, dit-on, la
propriété d'aiguiser l'appétit et de pousser à la volupté. Le câprier atteint
dans les jardins la hauteur d'un petit arbre; ses rameaux sont armés d'épines,
et ses feuilles ovées, non dentelées, et presque sans pétiole. C'est au mois de
mai que la floraison est la plus forte; les fleurs, qui portent une soixantaine
d'étamines de couleur rouge, durent presque tout l'été, et donnent ensuite
naissance à une baie allongée, comme l'olive, munie d'une chair épaisse, et
renfermant une graine dure, en forme de rognons, et d'un goût fort et piquant.
Le câprier se cultivait en Palestine, et portait en hébreu, au dire des
rabbins, le nom Tsèleph ou Nitzbah; son fruit (hébreu Abiônah) n'est nommé que
Ecclésiaste 12:7, où nos versions ont traduit «quand l'appétit s'en ira;» et
Luther: «Wenn aile Lust vergeht;» remplaçant ainsi l'image par la chose
représentée. Le texte porte proprement: «quand la câpre se rompt, ou est rendue
nulle;» et le sens de cette figure est, ou bien: lorsque la câpre, malgré sa
saveur, n'a plus d'effet sur le vieillard; ou bien: quand le vieillard,
semblable à la câpre à la fin de l'été, se rompt parce qu'il est mûr, et perd
sa graine et sa force.
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CAPTIFS, Captives,
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— Voir: Esclaves.
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CAPTIVITÉ,
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— Voir: Exil.
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CARAN, ou Haran, ou Charran,
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ancienne ville de Mésopotamie, célèbre déjà comme la
première retraite d'Abraham, après qu'il eut quitté le pays des Caldéens,
Genèse 11:31. Le patriarche eut la douleur d'y voir mourir Taré, son père, et
il dut l'y ensevelir (verset 32). C'est à Caran que demeurait Laban, frère de
Rébecca, et lorsque le rusé Jacob se fut emparé de la bénédiction paternelle,
ce fut à Caran qu'il se réfugia, d'après le conseil de sa mère. 27:43; 28:10;
29:4. À l'époque d'Ézéchias, cette ville, ainsi que bien d'autres, était tombée
sous la domination assyrienne, 2 Rois 19:12; Ésaïe 37:12. Elle était (Haran?)
en rapports de commerce avec les Tyriens, Ézéchiel 27:23. C'est la même ville
sans doute qu'il faut voir dans le nom de Charræ, où Crassus, consul et général
de l'armée romaine, fut défait et mis à mort par les Parthes, 52 avant J.-C.
Elle était située entre l'Euphrate et le Chaboras, à deux journées environ de
la jonction de ces deux fleuves: d'après Basnage et le père Hardouin, il
faudrait au contraire la chercher en deçà de l'Euphrate et plus près de Canaan;
Hardouin même veut confondre Caran avec Palmyre, mais les conjectures de ces
deux savants ne sont pas appuyées de raisons suffisantes, et le texte de
l'Écriture, qui place Caran en Mésopotamie, est clair et positif.
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CARKÉMIS,
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ville fortifiée de la Mésopotamie, située sur la rive
orientale de l'Euphrate, à l'endroit où ce fleuve reçoit les eaux du Chaboras.
Les Assyriens s'en étaient emparés. Ésaïe 10:9. Néco roi d'Égypte, un Pharaon,
la conquit sur le roi d'Assyrie, 2 Chroniques 35:20; cf. 2 Rois 23:29; mais il
en fut dépossédé par Nébucadnetsar, en la quatrième année de Jéhojakim, fils de
Josias, roi de Juda, Jérémie 46:2. Carkémis était probablement le Cercusium,
Circesium, ou Circessum des Grecs, à mi-chemin d'Antioche à Séleucie,
aujourd'hui appelé Karkisia; selon d'autres (Paulus), ce serait la ville
appelée par les Syriens Pérath-Maïsan, ou Mésène, la capitale du gouvernement
de Bassora. Dioclétien en fit un des boulevards de l'empire romain.
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CARMEL.
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1. Chaîne
de montagnes entre Aser et Issacar, Josué 19:26, qui s'étend le long du rivage
sur une distance de 30 kilomètres, avant que de faire saillie dans la mer et
d'y former un promontoire; la beauté et la fertilité de ces montagnes leur ont
fait donner le nom de Carmel, qui signifie vigne de Dieu. Le Carmel est élevé
de 1000 mètres au-dessus de la mer; il est plus haut au nord-est qu'au
sud-ouest; les eaux y sont abondantes, l'air y est sain, toute espèce de
culture y prospère; les pâturages sont encore aujourd'hui couverts de fleurs
odoriférantes dont on fait une espèce de thé; dans la région supérieure
croissent des pins et des chênes, plus bas des oliviers et des lauriers. Ésaïe
35:2. Du sommet, on jouit d'une vue magnifique et fort étendue sur les côtes et
la Méditerranée; le pays environnant est frais et verdoyant; au pied de la
montagne coule vers le nord le torrent de Kison. Le côté occidental est
remarquable par un grand nombre de cavernes spacieuses, qui peut-être furent
habitées jadis par les Cananéens, et qui plus tard l'ont été par des solitaires;
elles servaient aussi de lieux de refuge et de places de sûreté. Amos 9:3. Le
séjour d'Élie sur le Carmel est bien connu; on se rappelle sa lutte avec le roi
Achab et avec les prêtres de Bahal, lorsque seul il put faire descendre le feu
du ciel sur les holocaustes qu'il avait préparés, 1 Rois 18; on se rappelle les
trois cinquantaines d'Achazia, dont les deux premières furent foudroyées pour
avoir parlé au prophète avec un ton inconvenant vis-à-vis d'un envoyé de
l'Éternel, 2 Rois 1. Élisée fit aussi du Carmel sa demeure, après que son
maître eut été enlevé au ciel, 2 Rois 2:25; 4:25. On montre encore la grotte où
Élie doit avoir enseigné les mystères de la prophétie; évidemment taillée de
main d'homme dans le roc le plus dur, c'est, dit Lamartine, une salle d'une
prodigieuse élévation; elle n'a d'autre vue que la mer sans bornes, et l'on n'y
entend d'autre bruit que celui des flots qui se brisent continuellement contre
l'arête du cap. Sur le sommet le plus aigu du cap du Carmel, se trouve
maintenant un beau monastère, tout construit à neuf, tout éblouissant de
blancheur, et bien plus confortable que les cavernes des prophètes.
— Ésaïe, 33:9,10; Amos, 1,2; Nahum, 1:4; et Jérémie,
50:19, annoncent la désolation de cette montagne et son rétablissement futur.
2. Le
Carmel de Juda, Josué 15:55, ville située sur une montagne calcaire du même
nom, riche en pâturages, au sud-ouest de la vallée d'Hébron; c'est là que
demeurait Nabal, mari d'Abigaïl, 1 Samuel 25:5, et que Saül, au retour de son
expédition contre Hamalec, érigea un arc de triomphe, 1 Samuel 15:12. Les
Romains y avaient une garnison du temps de saint Jérôme; les croisés trouvèrent
encore cette ville, et le voyageur Seetzeri raconte qu'on lui a montré, sur les
bords de la mer Morte, une montagne nommée El Carmel, sur ou près de laquelle
cette ville doit avoir existé.
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CARPUS ou Carpe,
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disciple de saint Paul, demeurant à Troas, dont les
Grecs ont fait l'un des soixante-et-dix disciples, évangéliste de leur pays, et
enfin évêque de Bérée. Paul, passant à Troas, avait laissé chez lui un manteau
de voyage, quelques livres et des parchemins, qu'il redemanda plus tard avec
instance, 2 Timothée 4:13. Le verset 21 nous montre que l'hiver était proche,
et que Timothée devait retourner à Rome avant cette époque; l'on comprend que
Paul en prison sentît le besoin d'avoir quelques vêtements plus chauds, et ce
détail prouve à la fois la pauvreté de Paul et son peu de prétentions à l'endroit
des macérations inutiles; il n'est pas négligent pour les choses extérieures de
la vie, et il ne vise pas à rendre sa situation plus pénible afin de pouvoir
s'en glorifier. Quant aux livres qu'il réclame, et surtout quant aux
parchemins, on se demande quels ils étaient: c'est sur parchemin qu'on écrivait
les livres importants, et l'on pense que c'était le Code de l'Ancien Testament;
cependant il serait au moins singulier que Paul eût laissé quelque part sa
Bible comme un bagage embarrassant; quelques auteurs ont en conséquence supposé
qu'il s'agissait de copies de lettres; d'autres enfin (Steiger), que c'étaient
des papiers importants dont l'apôtre avait besoin pour son procès.
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CARQUOIS,
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— Voir: Flèches.
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CARTES de géographie.
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La première trace que l'on trouve, soit dans
l'histoire profane, soit dans l'histoire sacrée, des cartes géographiques, est
dans ces mots de Josué 18:8-9: «Ces hommes-là donc s'en allèrent, et passèrent
par le pays, et en firent une ligure dans un livre (ou rouleau) selon les
villes, en sept parties.»
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CASIPHIA,
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Esdras 8:17, ville ou contrée du royaume de Perse,
dans laquelle se trouvaient, un assez grand nombre de lévites, d'autres exilés
juifs, et de Néthiniens. Il faut la chercher près des montagnes caspiennes, au
nord-est de la Médie.
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CASSE.
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La casse mentionnée, Exode 30:24; Psaumes 45:8;
Ézéchiel 27:19, porte en hébreu différents noms. C'est l'écorce d'une plante
aromatique que Moïse fait entrer dans la composition de l'huile sainte, et qui
devait servir à la consécration des vases du tabernacle. On en compte trois
espèces, qui croissent toutes en Orient sans culture, et qui ont quelques
rapports avec la cannelle, quoique plus foncées, moins odorantes, et d'un goût
moins agréable. Longtemps les naturalistes ont cru qu'il fallait chercher la
vraie casse dans le Laurus cassia de Linnée, qui croît aux Indes et au Malabar,
mais des travaux plus modernes ont démontré que cette espèce de Laurus cassia
n'était autre que l'espèce ou primitive, ou dégénérée, du Cinnamomurn
zeylanicum; d'où il résulterait que la casse ne serait autre chose en effet,
qu'une espèce de cannelle. Les anciens en faisaient grand usage; Pline,
Hérodote, Théophraste, Virgile, Perse, Diodore de Sicile, et d'autres auteurs
en parlent comme d'un parfum des Indes très estimé des Romains et des Grecs.
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CASTOR et POLLUX, ou les Dioscures,
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fils mythologiques de Jupiter et de Léda, s'étaient,
dit la fable, rendus si recommandables par leur valeur, et surtout par la
guerre d'extermination qu'ils firent aux écumeurs de mer et aux pirates, qu'ils
méritèrent les honneurs divins, et furent choisis par les navigateurs comme leurs
patrons et les protecteurs des vaisseaux. Ils eurent une place dans les Gémeaux
du firmament, et des autels sur les rivages des mers.
— Voir: Théocrite, 22, 17; Horace, Od. I. 3, 2. IV.
87, 31. Ovide, etc.
Les feux errants que les matelots apercevaient parfois
pendant la tempête, leur étaient comme des messagers de Castor et Pollux, et le
présage d'une prochaine délivrance; et jusqu'à nos jours la même superstition
s'est encore propagée, même jusque sur les vaisseaux chrétiens ou turcs de la
Méditerranée. Le vaisseau que saint Paul prit à Malte pour se rendre en Italie,
avait pour enseigne les Dioscures, soit que ces figures fussent peintes ou
gravées sur la proue, soit pour d'autres motifs à nous inconnus.
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CATHOLIQUE.
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Ce nom qui signifie universel, général, a été donné
aux épîtres de Jacques, Pierre, Jean et Jude, parce qu'elles étaient adressées,
non point à une certaine congrégation particulière, mais à un grand nombre de
congrégations, ayant des besoins généraux.
— Voir: les différents articles.
— De la signification du mot catholique, il faut
conclure que toute congrégation spécialement désignée ne mérite pas cette
épithète; l'épître aux Romains, par exemple, n'est pas catholique, par le fait
même qu'elle est particulière, et l'Église de cette ville n'eût pu prendre le
nom de catholique sans commettre la méprise la plus bizarre; aussi ne
l'a-t-elle pas fait. Il y a aujourd'hui une congrégation qui se donne le nom de
catholique-romaine, ce qui étant traduit signifie église
universelle-particulière: si c'est la moins grave et la plus innocente de ses
contradictions, c'est bien loin d'être la seule.
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CAVERNES.
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Les rochers des montagnes calcaires ou crayeuses de la
Palestine, principalement ceux du mont Carmel q.v., de la Trachonite, de la
Galilée, de la Batanée, et des contrées voisines de l'Idumée, renfermaient un
nombre considérable de cavernes, grandes, sèches et commodes, qui pouvaient
servir soit de retraite à l'ermite solitaire, soit de refuge à des populations
de brigands ou d'opprimés; cf. Juges 20:47. Tavernier en a vu une qui pouvait
contenir jusqu'à 3,000 chevaux, et Pococke, II, 61, une autre dans laquelle
30,000 hommes ont pu s'abriter.
— Voir: Hadullam.
Elles furent peut-être les premières habitations des
hommes; on y voit les Troglodytes renfermés par peuplades, et l'Ancien
Testament nous parle des Horiens comme habitant les cavernes; cf. Job 30:6.
Quant aux Hanakins et aux Réphaïms, on présume que c'était aussi là leur
demeure, mais l'on n'a rien de positif à ce sujet.
— Voir: ces articles.
À l'époque de la conquête, et plus tard, les cavernes
sont signalées comme des espèces d'abris ou de forteresses, Josué 10:16; Juges
6:2; 15:8; 20:47; 1 Samuel 13:6; 22:1; Ézéchiel 33:27; Ésaïe 42:22, comme
ermitages pour les anachorètes, comme auberges pour les voyageurs, comme
repaires pour les brigands, comme étables pour les agriculteurs et pour les
bergers des montagnes; (c'est ce qui explique pourquoi la tradition a voulu
faire une caverne de l'étable dans laquelle naquit notre Sauveur, Luc 2:7)
Elles servaient enfin de tombeaux q.v. Bien qu'elles fussent assez spacieuses,
on avait l'habitude d'en régulariser la forme afin de les rendre plus commodes,
lorsqu'on se proposait de s'y établir pour un certain temps; et plusieurs de
ces grottes que l'on trouve encore maintenant, ont évidemment été travaillées
par la main de l'homme, taillées dans le roc, agrandies et embellies pour son
usage.
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CÉCITÉ,
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maladie beaucoup plus commune dans l'Orient que chez
nous. Elle est produite soit par un sable très fin que l'ardente chaleur du
soleil pulvérise d'une manière extraordinaire, et que le vent chasse dans les
yeux, soit surtout par le contraste habituel et journalier de la température
brûlante du jour, avec le froid glacé des nuits, de la forte évaporation de la
journée, et de la rosée qui tombe au soir et vers le matin, sur ceux qui
viennent imprudemment pour jouir d'un peu d'air, se reposer la nuit sur les
toits de leurs habitations;
— Voir: Voyages de Volney 1, 186.
Ce voyageur assure que l'on peut compter 20 aveugles
sur 100 hommes; un autre a calculé qu'il se trouve au Caire plus de 4,000
aveugles. Ces cas sont plus rares en Syrie, à l'exception des côtes, et
cependant l'Écriture nous parle fréquemment d'hommes affligés de cette
infirmité, soit dans les Évangiles, Matthieu 9:27; 12:22; 20:30; 21:14, Jean
5:3, où nous les voyons presque toujours dans une position extérieure bien
malheureuse, soit dans la loi mosaïque, Lévitique 49:14. Deutéronome 27:18, où
Dieu, dans les préceptes qu'il donne à leur égard, se montre comme toujours, le
Dieu de l'infortune, la providence du malheur.
La cécité se développe le plus souvent à la suite de
maladies peu graves, mais qui ont été négligées dans le principe; ce n'est
d'abord qu'un mal, un picotement des yeux, que de simples applications d'eau
fraîche, commencées à temps, pourraient le plus souvent faire disparaître; mais
grâces à l'idée mahométane d'un fatalisme auquel rien ne peut échapper, ces
populations méprisent les précautions, et ne font rien pour détourner les fâcheuses
conséquences dont est menacée leur incurie; l'aveuglement de l'esprit produit
celui du corps, et la folle erreur se punit elle-même.
Cette maladie est souvent aussi le simple effet de la
vieillesse, 1 Samuel 4:15; cf. 3:2; 1 Rois 14:4; Genèse 27:1.
L'aveuglement soudain dont furent frappés les
Sodomites cherchant la porte de Lot pour en faire sortir les deux étrangers,
Genèse 19:11, peut s'entendre d'un simple éblouissement, de cette confusion
dans l'organe de la vue qui est bien souvent la suite et la peine du péché. Les
Syriens qui assiégeaient Samarie, et qui étaient descendus auprès d'Élisée,
furent également frappés d'éblouissement par le prophète, et conduits ainsi
jusque dans le camp d'Israël, 2 Rois 6:18-22; dans le même chapitre il est
parlé de cet aveuglement naturel à l'homme pécheur, et qui l'empêche de voir
autour de lui l'armée de l'Éternel, 6:17. Le Nouveau Testament nous mentionne
encore la cécité momentanée de saint Paul, Actes 9:9, et celle du mage
Bar-Jésus, 13:6. On ne peut dire avec certitude de quelle manière se manifesta
cet aveuglement; un miracle en fut certainement la cause, mais il est possible
que l'effet ait été naturel, et que cette cécité ait eu du rapport avec des cas
plus ordinaires, qui tiennent tantôt à l'obscurcissement de la cornée
transparente, tantôt à la paralysie de la rétine, tantôt encore à
l'épaississement du cristallin. On peut comparer aussi l'histoire de Tobie,
11:10, qui ayant perdu la vue par un épaississement de la cornée transparente,
fut guéri par une application de foie de poisson.
Les anciens attribuaient en effet au foie de poisson,
et surtout au foie du callionymus et du silurus, la propriété de guérir les
maladies des yeux, et même la cécité; maintenant encore, en quelques pays on se
sert du même remède comme d'une pommade excellente pour ce genre de maux. Notre
Seigneur s'est toujours borné à toucher de ses mains les yeux des aveugles
qu'on lui présentait; une seule fois il les a mouillés de boue faite avec la
salive, Marc 8:25; Jean 9:1; Matthieu 9:29; 20:34.
— Voir: Salive.
Il est parlé dans l'Écriture d'une autre espèce
d'aveuglement plus dangereux encore que celui du corps, celui du cœur.
L'endurcissement des Juifs leur est plus d'une fois reproché sous cette figure,
et le prophète Ésaïe avait même annoncé qu'en suite de son aveuglement
volontaire et prolongé, ce peuple malheureux deviendrait tellement la victime
de ses péchés, qu'alors même qu'il voudrait enfin ouvrir les yeux pour voir, il
ne le pourrait plus, Ésaïe 6:10, et ailleurs. C'est dans le même sens que les
prophètes prédisent aussi la guérison des aveugles, comme un des caractères
principaux et bénis qui accompagneront la venue du Christ sur la terre, Ésaïe
29:18; 35:5; 42:16; cf. Matthieu 11:5. C'est qu'en effet la lumière de la nouvelle
alliance, plus brillante que celle des prophètes, a pu ouvrir les yeux de ceux
qui ne comprenaient pas encore la splendeur divine de l'ancienne économie; les
nations et les gentils ont cru à salut.
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CÈDRE,
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le plus célèbre des arbres mentionnés dans l'Écriture
sainte, l'emblème de la beauté, de la force et de l'immortalité, Juges 9:15; 1
Rois 5-6; 2 Rois 14:9; Esdras 3:7; Psaumes 104:16; Ésaïe 14:8; Ézéchiel 27:5;
Zacharie 11:1, etc. Élégant dans ses grandioses proportions, il est svelte et
fort élevé, 1 Rois 4:33; Job 40:12; Ésaïe 2:13; Jérémie 22:23; Ézéchiel 17:22;
Amos 2:9; Psaumes 92:13. Le Liban était sa patrie, mais il paraîtrait, d'après
Pline, que l'on en trouvait aussi sur les monts du Taurus et de l'Amanus. Le
cèdre appartient à la famille des conifères; il porte de petites feuilles de 4
à 5 centimètres de longueur, raides, dures, persistantes, et vertes encore au
milieu de l'hiver; elles sortent par vingtaines environ, de petites gaines en
faisceaux, et contribuent ainsi à donner au cèdre beaucoup de ressemblance avec
le mélèze (larix) de la même famille: les étamines forment des espèces de
chatons jaunes, de la grosseur du petit doigt, et allongées; les fleurs femelles,
réunies en chatons ovoïdes, d'abord rouge pourpre, deviennent ensuite rouge
pâle, puis d'un vert sale, et enfin d'un jaune clair. Les pommes, assez
semblables à celles du pin, sont cependant plus délicates, plus unies et moins
ouvertes; longues de 15 centimètres, et larges de 12, elles sont solidement
attachées à l'écorce; leur couleur est un gris brun très brillant. Les branches
du cèdre lancées d'espace en espace, et presque perpendiculaires au tronc, sont
grandes et éloignées les unes des autres; elles diminuent toujours jusqu'au
haut, et forment comme une espèce de roue qui s'élève en pyramide. On en trouve
au Jardin des plantes de Paris un bel échantillon, qui pourrait être le roi des
végétaux connus en Europe, mais qui dans son ancienne et patriarcale famille,
n'est qu'un jeune et petit sujet, digne à peine de trois siècles. Le cèdre
croît lentement, et préfère les terrains gras, les lieux froids et les
montagnes; il ne porte guère de fruit avant l'âge de quarante-cinq ou cinquante
ans. Son bois est incorruptible, sauf à l'humidité; il est beau, solide, sans
nœuds, d'un brun rayé de rouge, et odoriférant comme toutes les portions de
l'arbre, Cantique 4:11; Osée 14:6; cf. Virgile Æneid. 7, 13. Par ces divers
avantages, il était extrêmement recherché comme bois de construction, 2 Samuel
7:2. Jérémie 22:14; on en faisait les balcons sur les terrasses, et toutes les
charpentes un peu délicates, 1 Rois 6:10; 7:2; Sophonie 2:14; Cantique 1:16;
3:9, de même que les lambris du temple, 1 Rois 6:9. 18; 7:7, ou des palais de
Jérusalem, 1 Rois 7; Esdras 3:7, etc. C'est à cause de ses matériaux que le
temple est appelé Liban, Zacharie 11:1, et le palais de Salomon maison du parc
du Liban, 1 Rois 7:2. Nous voyons encore de faux dieux et des mâts de vaisseaux
faits de ce bois précieux, Ésaïe 44:14; Ézéchiel 27:5.
Les cèdres tendent à diminuer de jour en jour sur le
mont Liban, et bien qu'il en reste encore au-dessus du village d'Éden, un
bouquet de quelques centaines, 360 environ d'après une correspondance du Morgenland,
ou 300 d'après le professeur Schubert, il n'en est qu'un fort petit nombre que
leur grosseur puisse permettre de croire contemporains du roi Salomon, 24
d'après Rauwolf, 16 d'après Maundrell, 15 d'après Pococke, 9 d'après le
voyageur suisse Mayer, 7 d'après Lamartine, enfin 5 d'après Schubert; on
conçoit qu'un pareil calcul ne soit pas facile à faire. Leurs vieux troncs sont
souvent déchirés en trois ou quatre divisions bien marquées, dont chacune est
égale à la circonférence de nos chênes les plus vénérables. Ils sont en outre
lacérés par les innombrables inscriptions des glorieux voyageurs, qui se
plaisent à y graver leurs noms en grosses majuscules sur l'écorce et même
jusqu'à l'aubier, et qui ne désirent pas avec moins d'ardeur d'en emporter quelques
fragments pour mémoire. Ibrahim Pacha, pour remédier à un abus si fâcheux,
avait donné l'ordre aux Maronites inspecteurs de ces montagnes, de veiller à
l'intègre conservation de la petite forêt qui subsiste encore, mais il ne
paraît pas que, les soins de ce ministre aient grande chance de succès, et l'un
des gardes forestiers s'est permis de détacher lui-même pour l'offrir à M.
Schubert, un rameau de ces jeunes cèdres.
Chaque année, au mois de juin, les populations de
Beschieraï, d'Éden, de Kanobin, et de tous les villages des vallées voisines,
montent aux cèdres, et font célébrer une messe à leurs pieds (Lamartine,
Schubert et le Morgenland de 1840).
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CÉDRON,
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torrent dont le nom hébreu rappelle ces «torrents qui
coulent noirs sans glace», Job 6:16. Quelque rapport qu'il ait avec le mot
français cèdre, et quoiqu'on ait voulu faire dériver son nom d'une certaine
quantité de cèdres qui auraient été plantés jadis sur son rivage, le rapport
n'est qu'accidentel, et le fait n'est pas prouvé. Le Cédron coule à l'est de
Jérusalem, entre la ville et le mont des Oliviers: son lit peu large, mais
profond, est creusé dans une vallée du même nom; après un cours tortueux de 30
à 40 kilomètres, il se jette dans la mer Morte. C'est en hiver et par les temps
d'orage que le Cédron coule avec le plus d'impétuosité; ses vagues vont alors
jusqu'à déborder; mais dans la saison sèche, il n'est pas rare de voir ses eaux
presque entièrement taries, et son lit servir de route aux voyageurs. Le roi
David et notre Sauveur l'ont traversé, tous les deux affligés, tous les deux
éprouvés, l'un fuyant la révolte de son fils, l'autre sous la colère et la
malédiction paternelle, l'un et l'autre injustement accusés, l'un et l'autre
accompagnés d'un petit nombre d'amis fidèles, et refusant de se défendre ou de
se venger, quoiqu'ils eussent pu d'un mot se créer des légions, l'un de
soldats, et l'autre d'anges, 2 Samuel 15:23; Jean 18:1.
— La vallée du Cédron était, surtout dans sa partie
méridionale, comme la voirie de Jérusalem; on y jetait les entrailles des
victimes égorgées dans le temple; et les rois Asa, Ézéchias et Josias y ont
brûlé les abominations et les idoles qui avaient servi au culte des Juifs prévaricateurs,
1 Rois 15:13; 2 Rois 23:4,6,12; 2 Chroniques 29:16. Les égouts de la ville s'y
déchargèrent dans les temps postérieurs.
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CEINTURE,
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l'une des parties du vêtement à laquelle les Hébreux,
et en général les Orientaux, attachaient la plus grande importance, soit comme
ornement, soit aussi pour son utilité. Jamais ils n'en portaient dans leurs
maisons, et ils ne s'en servaient, lorsqu'ils sortaient, que pour travailler ou
pour faire une course un peu longue, afin de retenir les pans de leur tunique
flottante, et de n'être point entravés dans leurs mouvements par les replis
mobiles de cette robe entr'ouverte: c'est ainsi que voulant laver les pieds de
ses disciples, notre Sauveur se ceignit d'un linge, Jean 13:4-5. Les soldats
aussi se ceignaient pour la bataille, et David s'écrie, Psaumes 18:39: «Tu m'as
ceint de force pour le combat», cf. Proverbes 31:47.
— En suite de leur valeur, les ceintures étaient
fréquemment offertes en présents, 2 Samuel 18:11, et jouaient un certain rôle
dans le commerce des objets de luxe et de toilette, Proverbes 31:24. Elles
étaient communes aux hommes et aux femmes, un peu plus fines pour ces
dernières, mais variaient beaucoup dans leur forme et dans leur tissu, suivant
la richesse et la condition des personnes: pour les pauvres elles étaient
simplement de cuir, et fort larges, de près d'un demi-pied, 2 Rois 1:8;
Matthieu 3:4; Marc 1:6; pour les riches, elles étaient de fin lin, Jérémie
13:1, de coton, Ézéchiel 16:10, et quelquefois de soie, larges seulement de
quatre doigts, et précieusement ornées d'or et de pierreries, Daniel 10:5,
surtout les ceintures de femmes, qui sont comptées au nombre des plus beaux
objets de la toilette féminine, Ésaïe 3:20,24. Les hommes portaient
ordinairement la ceinture à la hauteur des reins, 1 Rois 2:5; 18:46; Jérémie
13:11; Apocalypse 1:13; 15:6; les prêtres la portaient volontiers plus haut,
sur la poitrine, et les femmes un peu plus bas et moins serrée, sur les
hanches, comme cela se voit encore en Orient. La ceinture des prêtres avait un
nom particulier, et s'attachait par-devant de manière que ses deux extrémités
tombaient presque à terre.
C'est à la ceinture que les anciens attachaient, comme
on le fait encore de nos jours, leur épée, Juges 3:16; 2 Samuel 20:8; etc., en
sorte qu'une ceinture ferme et solide pouvait être regardée comme faisant
partie de l'équipement militaire, Ésaïe 5:27. On y portait encore les matériaux
nécessaires pour écrire, Ézéchiel 9:2, et de l'argent, Matthieu 10:9; Marc 6:8;
cf. 2 Samuel 18:11. Remettre à quelqu'un sa ceinture était à la fois une marque
de confiance et d'amitié, 1 Samuel 18:4; c'était aussi le symbole de l'entrée
en charge d'un fonctionnaire militaire ou civil, Ésaïe 22:21 (Sebna remplacé
par Éliakim).
Nos traductions françaises, dans plusieurs des
passages que nous avons cités, ont traduit le mot hébreu par baudrier au lieu
de ceinture, se conformant à l'usage de notre langue, et au sens de la phrase,
qui indiquait en effet un baudrier militaire; il faut observer seulement que ce
baudrier n'était autre chose qu'une ceinture, et qu'il s'attachait autour des
reins au lieu de pendre à l'épaule.
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CENCHRÉE,
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port de Corinthe, assez éloigné de cette ville, dont
il était comme un faubourg. C'est là que saint Paul, avant de s'embarquer pour
Jérusalem, se fit couper les cheveux à cause d'un vœu qu'il avait fait, Actes
18:18. La diaconesse Phœbé qui figure en tête des personnes que saint Paul fait
saluer à Rome, appartenait à l'église de cette petite ville, Romains 16:1.
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CENDRES.
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«Je ne suis que poussière et que cendres», dit
Abraham, Genèse 18:27, pour exprimer le sentiment qu'il a de son néant, cf. Job
34:15. S'asseoir sur la cendre était une marque de deuil et de repentance,
Jonas 3:6; 2 Samuel 13:19; Psaumes 102:9; Lamentations 3:16. Dieu menace de
faire tomber des cendres au lieu de pluie sur les terres d'Israël, si son
peuple est infidèle aux lois qu'il lui a données, Deutéronome 28:24. À côté de
ces diverses significations qui toutes ont un caractère de douleur et
d'affliction, la cendre avait encore une signification symbolique tirée des
propriétés purifiantes dont elle jouit; on composait une espèce d'eau lustrale
avec les cendres de la vache rousse qu'on immolait dans le grand jour des
expiations, Nombres 19:17; cf. Hébreux 9:13.
— Voir: Deuil et Purifications.
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CÈNE. Repas
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Repas institué par notre Sauveur, en souvenir de sa
mort; simple institution de Jésus, qui est devenue l'acte principal d'un culte
redescendu jusqu'à la plus flagrante des idolâtries! Pour revenir à son
établissement primitif, il faut recourir à l'Évangile de saint Jean 13:1; sq.
et à 1 Corinthiens 11:23. Le sujet a depuis trop longtemps perdu sa fraîcheur,
et avec elle sa simplicité, pour que nous puissions facilement invoquer ici
l'impression d'une première lecture. Et cependant c'est ce qu'il faudrait avant
tout.
Il serait même convenable d'user, ici comme en tant
d'autres questions, des termes les plus simples que comporte le sujet, et de
quitter des expressions tirées des langues étrangères, pour nous servir des
termes plus clairs de notre langue habituelle. Cène signifie souper, repas:
lisez l'institution elle-même, et vous y retrouverez un souper, un repas, celui
que tous les Juifs faisaient et avaient fait depuis des siècles pour célébrer
la Pâque,
— tandis que le mot de Cène, et bien plus encore celui
d'Eucharistie, réveillent des idées, ou vagues ou fausses, qui peuvent être
venues après coup, et qui permettent de parler de «mystères», et de «terribles
mystères», puis d'une sainteté extraordinaire des prêtres qui doivent les
célébrer, et de cent autres superstitions semblables.
Notre Sauveur, en instituant cette cérémonie qui n'est
nulle part, non plus que le baptême, appelée un sacrement, semble avoir usé de
cette largeur divine, de cette absence de précision, qui ne diffère de la
négligence qu'en ce qu'elle a été volontaire, et qu'elle paraît avoir eu pour
but de laisser, dans certaines bornes, les esprits divers envisager
l'institution sous diverses faces. C'est le caractère constant du langage et
l'action de Dieu dans les choses de ce genre. Cependant il doit y avoir dans
cette institution une vérité fondamentale, et selon nous la voici: Comme un
apôtre nous dit plus tard que, soit que nous mangions, soit que nous buvions,
nous devons tout faire à la gloire du Seigneur, 1 Corinthiens 10:31, ainsi,
depuis la mort expiatoire de Jésus, ses disciples ne devaient plus perdre de
vue ce grand sacrifice: tout devait le leur rappeler; et toutes les fois en
particulier qu'ils prendraient leur repas, qu'ils rompraient le pain, ou qu'ils
boiraient à la coupe comme ils le faisaient en ce moment, ils devaient se
souvenir de la mort que le Rédempteur avait subie, et l'annoncer jusqu'à ce
qu'il revînt, Luc 22:19. Sans doute la Cène prit, dès les premiers moments de
la pratique, une forme un peu différente, mais ce fait n'est point en
contradiction avec l'institution telle que nous venons de la définir. Les
développements ou les modifications que les apôtres ont pu apporter à une
institution du Christ, ont d'après les propres paroles du Seigneur, autant
d'autorité que les siennes mêmes. N'a-t-on pas vu déjà, sous l'ancienne
alliance, une foule de lois données par l'Éternel, subir au bout d'un temps
plus ou moins long, des modifications, quelques-unes assez importantes sans
doute provoquées par l'Esprit même de Dieu, mais qui ne se présentent que comme
des faits, ou comme les idées du peuple, d'un roi, ou d'un prophète, auxquelles
Dieu donne après coup son approbation et le sceau d'une institution divine? Il
y aurait une foule d'exemples à citer ici; nous n'alléguerons que les
modifications considérables que subirent nécessairement, soit le culte depuis
l'érection d'un temple, soit plusieurs lois civiles depuis l'établissement de
la royauté. Disons encore le fait singulier que, sous Moïse et en la présence
de Moïse, le peuple entier des Israélites reste 38 ans sans donner à ses
enfants cette circoncision qui lui était si positivement commandée Josué 8:5!
Or ne serait-il pas permis de penser que Jésus ayant
donné la règle générale et fondamentale, les apôtres chargés de l'application,
et les fidèles qui voulaient y participer, se sentirent pressés, dans le cas
dont il s'agit, de se réunir entre eux seuls, pour prendre en paix et sans
obstacles ce repas commémoratoire, et pour pouvoir célébrer sans trouble le
bienfait de leur rédemption? Le pouvaient-ils toujours dans leur repas
ordinaire? Un mari chrétien avec une femme païenne, ou l'inverse; des enfants
ou des parents, les uns convertis, les autres non, n'auraient-ils pas été mille
fois empêchés de prendre leur repas de la manière que Jésus avait indiqué,
c'est-à-dire de prendre le repas du Seigneur? Ils se réunirent donc à cet
effet; et différents endroits du livre des Actes nous le prouvent jusqu'à
l'évidence. Les apôtres allaient de maison en maison rompant le pain, tous les
jours, 2:46. Les Corinthiens de même faisaient un repas commun, et saint Paul
ne blâme point chez eux ce fait, mais uniquement la manière dont il se passait,
en leur disant que s'ils se réunissaient uniquement pour manger, ils pouvaient
le faire chez eux, tandis qu'ici c'était le repas du Seigneur,
— mais un repas, 1 Corinthiens 11:20-22. De là les
agapes ou repas de charité. Peut-être aussi la modification apostolique
eut-elle pour motif notre légèreté naturelle et ce besoin que l'homme, même le
plus pieux, éprouve d'être rappelé au sérieux par une cérémonie rare et
imposante.
Sans doute, la Cène modifiée de bonne heure par des
raisons du genre de celles qu'on vient d'indiquer, n'est plus qu'un semblant de
repas: mais cela suffit, l'idée est conservée. Seulement il faut que cette idée
primitive ne soit jamais perdue de vue, afin qu'on ne tombe pas dans les
diverses superstitions, parfois bien grossières, qu'a enfantées une
interprétation littérale, matérielle de l'institution du Sauveur. Ce principe
est le seul qui unisse, et qui sépare dûment le symbole et son objet. On a vu,
à l'article Baptême, combien les symboles étaient naturels et parlants; on a vu
en même temps qu'il ne fallait pas les confondre avec l'objet même qu'ils
représentent. La Cène n'a par elle-même aucune vertu intrinsèque: elle a une
profonde réalité à cause de la foi qu'elle nourrit et qu'elle ranime; par
contre elle peut aussi très bien produire des effets factices et trompeurs, à
cause des idées dont l'imagination ou la superstition l'ont entourée; voilà la
messe.
Les mots de Jean, 6:48-58, n'ont aucun rapport à cette
cérémonie. Jésus lui-même, après avoir parlé de manger sa chair, et de boire
son sang, ajoute que «ses paroles sont esprit et vie», et que «la chair ne sert
de rien».
6:63.
La communion indigne, 1 Corinthiens 11:27,29, consiste
simplement à se rendre à cette cérémonie en oubliant le but, ou en y apportant
de mauvaises dispositions, de bravade ou d'hypocrisie. Celui qui y reçoit sa
condamnation serait déjà condamné sans cela.
Disons enfin que c'est bien à tort qu'on applique
généralement à la seule cène le commandement que Dieu nous donne de laisser là
noire offrande quand nous avons quelque chose contre notre frère, ou plutôt
«quand il a quelque chose contre nous», et que nous n'avons pas fait notre
possible pour l'apaiser, Matthieu 5:23-24. Il s'agit là de tout acte de culte
quelconque, lecture, prédication, chant, prière même et autres. La cène n'est
ni notre offrande, ni une offrande ou un sacrifice; elle en est simplement la
commémoration. «Non que Christ s'offre plusieurs fois lui-même; mais ayant été
offert une seule fois pour ôter les péchés», etc. Hébreux 9:25-28; cf. 10:10:
«l'oblation qui a été faite une seule fois du corps de Christ.»
Sous la loi, la
Pâque est liée avec l’élément central de l’agneau pascal. Le pain sans levain
était mangé avec des herbes amers et l’agneau, et fut consacré par son
caractère prophétique qui trouvait son accomplissement en Jésus-Christ qui est
«le pain du ciel» (Jean 6:32-35) et «l’Agneau de Dieu» (Jean 1:29). Toute la
cérémonie de la Pâque était une célébration qui anticipait la venue du Messie
pour le rachat des péchés de son peuple. En d’autres mots, la Pâque était une
cérémonie prophétique et vicariale, prophétique car elle annonçait la venue de
Christ, vicariale car Christ nous inclus en son sacrifice expiatoire sur la
croix où il est mort comme notre substitut. En ce sens, le pain rompu et le vin
(non du jus de raisin) représentaient le corps brisé du Seigneur et son sang
versé. Cette cérémonie pascale était désignée uniquement pour le temps de la
loi. En aucune façon elle anticipait une continuité sous la grâce pour se
reproduire dans un mémorial symbolique. Les représentations du corps et du sang
de Christ, même au moment où le Seigneur et ses disciples participèrent à la
Pâque, étaient uniquement des anticipations du drame de la croix qui était pour
se produire le lendemain de leur célébration prophétique. Jésus n’a jamais
ordonné l’observation d’un rituel de la loi à perpétuité comme mémorial de son
sacrifice. En fait cela irait à l’encontre de son œuvre achevée dans son
sacrifice parfait qui ne peut se répéter, et du fait qu’il a accompli la loi
dans sa totalité pour nous.
Le Repas du
Seigneur n’est pas un signe visible perpétuel de manger et de boire des
éléments symboliques, ni est-il un acte de profession de foi et d’obéissance de
la part de ceux qui y participent. Il n’est point un sceau attaché à la chose
signifiée, ni une garantie de la réalisation de celle-ci pour donner aux
croyants l’assurance qu’ils sont l’objet du grand amour de Christ dans son don
de soi. Mais le Repas du Seigneur est beaucoup plus que cela. Pour en pénétrer
le mystère, il suffit de savoir quelle est la signification des paroles de
Jésus «faites ceci en mémoire de moi» (Luc 22:19; 1 Corinthiens 11:23-26). Il
ne s’agit pas de s’arrêter sur les paroles «Prenez, mangez : ceci est mon
corps» et «ceci est mon sang», car comme nous avons vu, le pain et le vin
furent des éléments anticipatoires dans la Pâque depuis Moïse jusqu’à Jésus. En
faisant un rapprochement de sa personne avec les éléments du pain et du vin,
Jésus confirmait qu’il était le Messie longuement attendu, et qu’il était
l’Agneau de Dieu désigné à la boucherie du sacrifice expiatoire. Mais les
paroles «faites ceci en mémoire de moi» ont une portée plus vaste et un sens
plus profond de l’union mystique. Chose certaine, Jésus ne signifiait pas par
ces paroles de prendre littéralement un morceau de pain et un peu de vin en
mémoire de Lui. Le Seigneur connaît très bien nos faiblesses humaines et ne
mettrait point devant nous des éléments qui risqueraient de nous faire tomber
dans l’idolâtrie. Le sens de ces paroles se trouve dans Jean 13:15 dont les
évènements du contexte se déroulent dans la même célébration de la dernière
Pâque: «Car je vous ai donné un exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous
fassiez de même». L’Écriture nous indique clairement que ces paroles furent
prononcées dans le contexte de la Pâque (Jean 13:1) «après le souper» (Jean
13:2). Dans son enseignement à ses disciples lors de la célébration de la
Pâque, Jésus confirme la signification de ses paroles «faites ceci en mémoire de
moi» en disant: «Nul n’a un plus grand amour que celui qui donne sa vie pour
ses amis» (Jean 15:13). Voici donc le sens réel de ses paroles, «faites ceci en
mémoire de moi», non un rituel de la loi dans lequel nous mangeons un morceau
de pain et buvons un peu de vin, mais «un exemple» que nous devons suivre et
appliquer premièrement envers Lui et deuxièmement envers les frères dans la
foi. Comme il a renoncé à tout pour nous, nous devons renoncer à tout pour Lui:
«Ainsi quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon
disciple» (Luc 14:33). Ces paroles sont d’une intensité vaste et profonde qui
débordent par-dessus la coupe céleste qui les contient pour répandre sur les
frères les bénédictions de la grâce dans un exemple pratique. L’enseignement
central des paroles «faites ceci en mémoire de moi» est l’amour sacrificiel
dont le nom en Grec est «l’AGAPÉ». Comme nous devons renoncer à tout pour
Christ, nous devons renoncer à tout pour les frères en qui Christ demeure par
sa Sainte et Brillante Présence. Ceci est la seule ordonnance ou le seul
commandement que Jésus a donner à ses disciples lors de la Pâque: «C’est ici
mon commandement : Que vous vous aimiez l’un l’autre, comme je vous ai aimés»
(Jean 15:12). Ceci est l’exemple du témoignage vivant que nous devons porter
devant le monde: «En ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous
avez de l’amour l’un pour l’autre» (Jean 13:35). C’est ici le vrai Repas du
Seigneur et celui qui n’y participe pas ou qui rejette cet enseignement n’est
pas chrétien et n’a point la vie éternelle en lui (Jean 6:53,54).
Sous la Nouvelle
Alliance, il n’existe plus aucun signe matériel visible qui transmet la grâce
ou fortifie la foi, choses qui n’étaient que «l’ombre des biens à venir»
(Hébreux 10:1) et qui furent «abolies» (Hébreux 12:27). Tous les éléments
cultuels qui servaient de signes visibles sous l’Ancienne Alliance de la loi,
étaient d’un caractère prophétique comme des préfigurations qui indiquaient la
venue du Messie. Une fois le ministère vicarial de Christ accomplit, tous les
éléments de la loi n’étaient plus nécessaires, ayant réalisés leur but ils
furent abolis et remplacés par la liberté de la grâce qui détient uniquement un
caractère spirituel de la Sainte Présence de Christ en nous. Puisqu’il n’y a
aucune ordonnance de la loi qui est valide sous la grâce, nous réalisons que
Jésus n’a jamais institué aucun sacrement ou ordonnance comme le Baptême d’eau
et le Repas du Seigneur, et que ces choses ne sont que les fruits de l’imagination
maladive du raisonnement humain qui désire monopoliser la grâce dans le but de
remettre les croyants sous la servitude de la loi. Ils ne sont donc pas des
Moyens de Grâce mais des moyens d’exploitation qui servent aux dirigeants
spirituels des différentes religions dites chrétiennes, dans le but de
justifier leur existence inutile et de remplir les coffres et les poches de
ceux qui manipulent les gens et les circonstances en leur faveur.
Sachant ces choses,
nous pouvons maintenant procéder à regarder l’enseignement de l’apôtre Paul
concernant le Repas du Seigneur. Paul affirme que sous la grâce «nous ne
connaissons plus Christ selon la chair» (2 Corinthiens 5:16), c’est à dire
qu’il n’y a rien qui soit charnelle qui puisse prétendre donner une connaissance
de Christ qui soit valide. Précisons immédiatement que la Parole de Dieu ou la
Bible, quoique écrite et imprimée sur du papier matériel ou physique, ne peut
être considérée comme un élément charnel mais spirituel, car elle respire de la
Présence de Dieu même, et les mots qu’elle contient, c’est à dire la structure
grammaticale, sont des paroles vivantes et éternelles déterminées par Dieu de
toute éternité. Elle nous a été donnée dans le temps, elle sera présente au
jugement dernier, et elle sera pour toute l’éternité servant de témoignage à la
gloire de Dieu en Jésus-Christ qui en est l’Auteur par son Saint-Esprit qui
l’habite. Cela dit, selon l’enseignement de l’apôtre Paul dans 2 Corinthiens
5:16, les éléments de l’eau dans le Baptême, le pain et le vin dans le Repas du
Seigneur, utilisés par les religions, ne sont d’aucune utilité pour nous donner
une représentation de Christ, «car les choses anciennes sont passées et toutes
choses sont devenues nouvelles» (2 Corinthiens 5:17). Ces éléments nous donnent
plutôt une fausse représentation de Christ que l’apôtre Jean nomme de
l’idolâtrie (1 Jean 5:20,21). Dans un contexte où Paul nous parle de
l’idolâtrie pour nous aviser de la fuir, il souligne ce changement «des choses
anciennes qui sont devenues nouvelles» en disant: «La coupe de bénédiction,
laquelle nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang de Christ? Et le
pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps de Christ?» (1
Corinthiens 10:16). Éloignons de nous le faux concept religieux de la communion
qui consiste à manger un morceau de pain et boire un peu de vin, car le mot
«communion» signifie «être associé, être uni dans une même foi». Par ces
paroles, Paul ne confirme pas ici l’institution d’un sacrement, il ne donne
aucune approbation à une ordonnance qui consisterait en des éléments matériels
ou physiques, il établit plutôt un parallèle ou une comparaison entre une chose
ancienne et une chose nouvelle. Même plus, il souligne fortement que les choses
anciennes de «l’Israël selon la chair» sont «des idoles» qui ont un rapport
avec «des démons», et il ne veut absolument pas qu’un chrétien sous la grâce
«participe à la Table du Seigneur et à la table des démons» (1 Corinthiens
10:18-21). Il avait souligné ce point du changement des choses anciennes à des
choses nouvelles, en disant: «Nettoyez donc le vieux levain, afin que vous
deveniez une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain; car Christ, notre
Pâque, a été immolé pour nous. C’est pourquoi, célébrons la fête, non avec le
vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains
sans levain de la sincérité et de la vérité» (1 Corinthiens 5:7,8). Dans
l’essence de son message du changement de toutes choses, Paul fait ressortir
deux aspects importants qui soulignent l’amour de Dieu ou l’Agapé: la communion
avec Christ, et la communion avec les frères dans l’amour sacrificiel de Dieu
qui est «le renoncement à soi-même». Il élabore ceci dans ses reproches aux
Corinthiens qui se réunissaient pour célébrer l’Agapé dans une attitude
d’hypocrisie qui ne manifestait point l’exemple du renoncement que Christ avait
ordonné (1 Corinthiens 11:17-34). Ils avaient remplacés les signes extérieurs
de la loi par la manifestation extérieure des dons miraculeux de l’Esprit,
laissant ainsi de côté l’amour sacrificiel de Dieu dans leurs agissements
envers l’un l’autre, et Paul devait corriger cette déviation atroce par rapport
à la foi. Il importe de souligner de nouveau que les dons miraculeux de
l’Esprit étaient seulement pour cette période transitoire dans laquelle la loi
et la grâce coexistèrent lors de l’enfance de l’Église, et que par après, ayant
accomplit leur but, ils cessèrent et furent remplacés par la révélation totale
de l’amour sacrificiel de Dieu dans l’achèvement parfaite des écrits du Nouveau
Testament (1 Corinthiens 13:8-10). Ce fait est souligné par la permanence de
l’amour sacrificiel qui est le plus grand don que nous puissions avoir (1
Corinthiens 13:13), car le renoncement à soi est la révélation de Christ en
nous et en sa Parole écrite. Les reproches de Paul sont justifiés, car chacun
se pressait de prendre son repas en particulier afin de ne pas partager avec
ceux qui n’avaient rien (1 Corinthiens 11:21,22). Le partage est la conséquence
directe et logique du renoncement, il est l’évidence de la Présence de Christ
en action, le témoignage de la mort et de la résurrection de Christ qui, par
son ascension, est venu habiter en nos cœurs par l’Esprit de sa Brillante
Présence. Le refus de partager porte des conséquences désastreuses et n’est
point acceptable dans le corps de Christ. En se référant à la Pâque que le
Seigneur célébra avec ses disciples, Paul souligna dans le chapitre 11 de 1
Corinthiens l’importance capitale du renoncement en montrant qu’il fut un
commandement direct du Seigneur (1 Corinthiens 11:23-25) qui avait renoncé à
toutes choses pour nous. C’est en effet par le renoncement que «nous annonçons
la mort du Seigneur», car le renoncement est une mort en soi-même, et le
partage en est l’évidence aux yeux du monde (1 Corinthiens 11:26; Jean 13:35).
«C’est pourquoi» celui qui participe au renoncement de Christ en offensant les
frères «est coupable envers le corps et le sang du Seigneur.» (1 Corinthiens 11
:27), car il «ne discerne point» que nous sommes «le corps du Seigneur» (1
Corinthiens 11:29) par la Sainte Présence de Christ en chacun de nous. Le refus
de partager dans l’église des Corinthiens fut la cause pour laquelle il y avait
«beaucoup d’infirmes et de malades, et qu’un grand nombre sont morts» (1 Corinthiens
11:30). «C’est pourquoi», lorsque les frères s’assemblent, ils doivent
s’attendre (1 Corinthiens 11:33), c’est à dire qu’ils doivent compter sur l’un
et l’autre dans l’entre aide mutuel pour donner l’évidence de l’union mystique
en chacun d’eux. Sans entre aide plusieurs frères et sœurs sont condamnés à la
misère, à la pauvreté, à la privation, à la détresse, et même périssent par
l’attitude abominable et scandaleuse de ceux qui refusent de partager. C’est
ici, en effet, que se trouve le vrai repas du Seigneur dans le renoncement à
soi pour Christ et le partage entre les frères. Celui qui n’y convient point ne
fait pas parti du corps de Christ, et ce n’est point en mangeant un morceau de
pain ou en buvant une coupe de vin que sa condamnation va être enlevée.
— Voir: encore articles Coupe, et Pâques.
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CENS ou Capitation,
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impôt d'un demi-sicle (1 fr. 65 c.) que chaque
Israélite devait payer en passant par le dénombrement. Exode 30:13.
Quelques-uns pensent que c'était un impôt annuel, d'autres que chaque Israélite
le payait une fois dans sa vie, pour «faire le rachat de leurs personnes;»
d'autres croient qu'on n'était tenu de le payer qu'aux époques de dénombrement,
et que ce fut pour y avoir manqué que David vit son peuple atteint de
mortalité; d'autres enfin croient que cet impôt fut ordonné à Moïse, par
extraordinaire, et qu'il devait être décrété de nouveau à des époques
indéterminées, sans avoir été jamais un impôt régulier. Le revenu de cet impôt
était affecté au service du temple.
— Au retour de la captivité, un impôt annuel d'un
tiers de sicle fut établi pour les frais du culte. Néhémie 10:32.
— Après la ruine du temple de Jérusalem, les Romains
obligèrent les Juifs à payer un demi-sicle par tête pour l'entretien du temple
de Jupiter Capitolinus.
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CÉPHAS,
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— Voir: Pierre.
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CERCUEIL.
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Les Égyptiens et les Hébreux s'en servaient même
lorsqu'ils embaumaient leurs morts. Les cercueils étaient proportionnés à la
taille du défunt, à sa qualité, et au prix que l'on voulait y mettre.
Quelquefois le dessus du cercueil indiquait le nom et les titres de la personne
qui y était renfermée, et si c'était un homme ou une femme, etc. Des figures,
des peintures ou d'autres ornements accompagnaient les couvercles du cercueil
des grands personnages.
— Voir: Sépulcres.
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CERF,
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animal que les Hébreux désignaient ordinairement sous
les noms de ayal, ayalah, ayèleth, sans en distinguer, comme nous, les
différentes espèces et familles; c'est ainsi que les antilopes et les gazelles
étaient probablement comprises sous le même nom général, quoique la gazelle,
q.v., eût aussi le nom particulier de Tsebi. Le cerf est très connu; il se
rencontre jusque dans les forêts de l'Asie méridionale. Les Hébreux le comptaient
au nombre des animaux purs, de même que le daim, Deutéronome 12:15; 14:5; 1
Rois 4:23. La course rapide de ce gracieux animal, Genèse 49:21, est souvent
célébrée par les poètes sacrés. Psaumes 18:34; 2 Samuel 22:34; Cantique 2:9,17;
8:14; Ésaïe 35:6, cf. Virgile Æneid. 6, 802.
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CERVOISE,
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boisson dont le nom se trouve toujours joint à celui
du vin. Lévitique 10:9; Nombres 6:3; Deutéronome 29:6; Juges 13:4; 1 Samuel
1:15; Proverbes 20:1; 31:4. Un des vœux du Nazaréat était l'abstinence de cette
boisson comme de toute autre boisson fermentée. On ne sait pas exactement ce
qu'était la cervoise, probablement une espèce de vin falsifié dont les anciens
fabriquaient diverses sortes; Pline parle (14:19) de vin d'orge, et d'un vin de
dattes que l'on préparait dans tout l'Orient, en laissant infuser quelque temps
des dattes dans une quantité d'eau suffisante, et en les pressant ensuite comme
des raisins dans la cuve; cette boisson ne paraît pas cependant avoir été très
saine; elle causait d'assez fréquents maux de tête. Les Talmudistes mentionnent
encore un vin de miel dont le mode de fabrication est inconnu. C'est entre le
vin d'orge et le vin de dattes qu'il faut probablement opter pour trouver la
cervoise. Saint Jérôme qui parle des diverses boissons que nous venons de
nommer, ne se prononce pour aucune, et définit en général la cervoise (sicera)
toute boisson enivrante. Le passage Ésaïe 5:22, doit se traduire: «Malheur à
ceux qui sont... vaillants à mêler la cervoise!» La question est de savoir si
le prophète a voulu dire mettre de l'eau dans la cervoise, ou l'assaisonner
d'épices fortes et savoureuses, de myrrhe, etc.; le contexte de la phrase
favoriserait cette dernière explication (Winer, Gesenius,); mais on sait aussi
que les orientaux avaient coutume de mêler d'eau leurs boissons fortes pour les
rendre plus douces, plus agréables, et plus appropriées à leurs besoins.
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CÉSAR,
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nom commun aux empereurs de Rome, et un de leurs
titres depuis Jules César jusqu'à la ruine de l'empire romain; c'est
probablement le même mot que le Czar des Russes, et le Kaiser des Allemands.
Quoique l'Écriture sainte mentionne quelquefois les empereurs sous leur propre
nom, elle les appelle plutôt et généralement Césars, parce que ce qu'elle en
dit se rapporte aux empereurs comme tels, plutôt qu'aux individus: ainsi dans
Matthieu 22:21, «Rendez à César ce qui est à César», il s'agit de Tibère; Actes
25:11, lorsque Paul en appela à César, il s'agit de Néron; les ordonnances de
César de Actes 17:7; se rapportent à Claude. Ce dernier empereur est nommé de
son nom Actes 11:28; Auguste, Luc, 2:1; et Tibère, Luc 3:1. Néron n'est jamais
nommé directement.
— Voir: ces différents articles.
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CÉSARÉE.
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Il y avait deux villes de ce nom en Palestine,
1. La
première, qu'on appelait simplement Césarée, ou aussi Césarée de Palestine,
était située au bord de la Méditerranée, non loin du promontoire du mont
Carmel. Primitivement connue sous le nom de Tour de Straton, elle fut nommée
Césarée par Hérode le Grand, qui retendit considérablement en l'honneur
d'Auguste, l'embellit, lui donna à grands frais un port sûr, et la fortifia
pour se» protéger contre les Juifs qu'il gouvernait. Un certain nombre de Juifs
s'y étaient établis, qui vivaient en dissensions continuelles avec les Grecs et
les Syriens qui s'y trouvaient. Les Romains en firent, avant la destruction de
Jérusalem, la résidence du gouverneur de la Palestine, qui montait à Jérusalem
lors des fêtes solennelles (ainsi qu'on le voit par la vie de Pilate); c'était
aussi le point central de leurs forces militaires dans ce pays, et le siège
principal de l'administration et de la justice. Cette ville n'est plus
maintenant, sous le nom de Kaisarié, qu'un grand amas de ruines inhabitées; ses
murailles, relevées par saint Louis pendant sa croisade, sont néanmoins intactes
et bien conservées; des sangliers et des chacals seuls en font leur repaire;
une source abondante qui se trouve au milieu de la ville, y attire encore
quelquefois les troupeaux voisins, qui viennent s'y abreuver d'une distance de
près de dix kilomètres.
Un des chefs de la garnison de Césarée, Corneille, fut
le premier des païens qui fut amené à la connaissance de l'Évangile, Actes 10
et 11. Ce fut aussi dans cette ville qu'Hérode Agrippa, petit-fils d'Hérode
1er, se rendit, après avoir fait mourir les gardes de la prison d'où Pierre
était sorti miraculeusement, et qu'il fut frappé de l'ange du Seigneur, pour
avoir souffert que les ambassadeurs des Tyriens et des Sidoniens l'appelassent
un Dieu, 12:19-23. Paul aussi vînt plusieurs fois à Césarée: poursuivi, peu de
temps après sa conversion, par les Juifs hellénistes, il fut conduit par les
frères à Césarée, d'où ils l'envoyèrent à Tarse, 9:29-30. Au retour de son
second voyage de mission, il débarqua à Césarée, se rendant à Jérusalem pour la
fête, 18:22. Enfin il v aborda encore au retour de son dernier voyage; à
Jérusalem, il n'échappa à la fureur des Juifs que par la protection divine, et
fut conduit par le tribun romain à Antipatris, puis à Césarée où il resta deux
ans, 23:33; 24:27; 27:1. Philippe, l'un des sept diacres, était de Césarée où
il était établi, 21:8.
2. Césarée
de Philippe, Matthieu 16:13; Marc 8:27, ville au pied du Liban, près de
l'Hermon, non loin des sources du Jourdain, à une journée de Sidon, et à une
journée et demie de Damas. Située près de la montagne du Panius, consacrée au
dieu Pan, elle portait anciennement le nom de Panéade, et reçut du tétrarque
Philippe, en l'honneur de l'empereur, le nom de Césarée, auquel on ajouta celui
de Philippe pour la distinguer de l'autre Césarée; elle ne tarda pas à
reprendre son ancien nom après la mort de celui qu'elle devait célébrer, et
l'on voit dans cette circonstance une preuve de plus que les écrivains sacrés
étaient contemporains de l'époque dont ils parlent: un auteur postérieur eût
ignoré ou oublié ce changement de nom. C'est là que le Seigneur, après avoir
admiré la foi de la Cananéenne, eût aussi la joie d'entendre Pierre lui
répondre ce que l'Esprit seul avait pu lui révéler: «Tu es le Christ, le Fils
du Dieu vivant», Matthieu 16, Marc 8, Luc 9. C'est peut-être encore sur une des
sommités de l'Hermon, et dans le voisinage de cette ville, qu'eut lieu la
transfiguration.
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CHABOR,
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est le nom d'une rivière, et c'est un fait remarquable
qu'une rivière, sortant des montagnes centrales de l'Assyrie, retient
invariablement ce même nom jusqu'à nos jours. Gesenius traduit ainsi le passage
de 2 Rois 17:6: «Il les fit habiter en Chalites (Halah), et sur le Thabor (Habor),
une rivière de Gozan, et dans les cités des Mèdes.» La version anglaise admet
le même sens, si l'on retranche seulement la particule by, (by a river of
Gozan) laquelle est imprimée en italiques pour montrer qu'elle n'existe pas
dans l'original. Habor, comme nous le voyons, est une rivière de Gozan. Le Zab
en est une aussi; et se trouvant la plus considérable, elle peut bien être
appelée par excellence la rivière de Gozan, q.v. (Grant.)
2 Rois 17:6; 18:11; 1 Chroniques 5:26. Contrée ou,
d'après une autre construction, fleuve du pays de Gozan. Dans le premier cas,
ce seraient peut-être les alentours des monts Chaboras, placés par Ptolémée (6,
1) entre la Médie et l'Assyrie; dans l'autre cas, le fleuve Chaboras qui
descend de ces monts et se jette dans le Tigre. Peut-être aussi faut-il
l'identifier avec le Kébar de Ézéchiel 1:3, qui se jette dans l'Euphrate,
— Voir: Kébar.
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CHACAL,
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nom turc et persan d'un animal qui tient une espèce de
milieu entre le renard et le loup; c'est le lupus aureus des Latins, et le loup
doré des Allemands. On le trouve en Perse, en Arménie, en Arabie, et jusqu'en
Syrie et en Palestine; sa longueur, la queue comprise, est de 1 mètre 25 c.; il
ressemble par sa forme et par son poil, au renard, avec lequel on le
confondrait aisément au premier coup-d'œil; sa tête cependant, fauve comme
celle du loup, se rapproche davantage de la tête du chien de berger; elle est
allongée, et compte jusqu'à 10 ou 12 centimètres. La queue est ronde, roide,
très-fournie, et noire à son extrémité. Les yeux sont grands. Le jour cet
animal se tient tranquille dans sa caverne, ou dans son bois; mais la nuit on
le voit courir au pillage, et souvent par bandes d'environ 200, jusque dans le
voisinage des villes. Il se nourrit de volaille, de charognes déterrées, et
attaque les enfants qui sont sans défense. On prétend que son hurlement
nocturne a beaucoup de rapport avec les cris d'un enfant.
Au milieu de toute l'obscurité qui règne sur
l'histoire naturelle des Hébreux, et sur la manière dont on doit traduire les
noms hébreux désignant des animaux sauvages et peu connus, les naturalistes et
les théologiens ont cru devoir entendre le chacal par le mot Yim des passages
Ésaïe 13:22; 34:14; Jérémie 50:39, que nos versions traduisent par «les bêtes
sauvages des îles ou des déserts.» L'animal appelé Thannim ou Thannin, Job
30:29; Michée 1:8; Ésaïe 43:20, et qui se traduit par dragons dans nos Bibles,
est peut-être aussi le chacal, mais c'est très incertain; quelques-uns le
rendent par chien sauvage, d'autres par loup, et l'analogie de l'arabe
favoriserait cette dernière traduction. Il y a cependant en Orient une autre
espèce de chien-loup appelé le chien de Syrie, qui ressemble encore plus au
renard que le chacal, mais avec le museau moins allongé, les pieds plus courts;
la peau brune, blanchâtre sur le cou; les oreilles courtes, presque blanches en
dedans; sa tête tient de celle du loup; son cri féroce et plaintif exprime la
joie et la volupté plus que la faim. Il serait possible que ce fût là l'animal
dont parlent les auteurs sacrés sous le nom de Thannim; c'est l'opinion d'un
savant allemand, Ehrenberg, devant laquelle Winer reste sans oser se décider.
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CHAIR.
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Le mot chair se prend dans l'Écriture sainte dans
différentes acceptions. Il signifie l'homme, les hommes, l'humanité, Josué
23:14; Genèse 6:12.
— les êtres vivants et les animaux, Genèse 7:15-16.
— des relations de parenté, Genèse 29:14; 37:27; 2
Samuel 5:1; 1 Chroniques 11:1. La chair est souvent opposée à l'esprit, Galates
5:16-17,19,24. Dans ces passages elle est représentée comme ayant des appétits
à elle, ses passions, ses voluptés; ses œuvres, ses fruits sont les impuretés,
l'orgueil et la haine. Ces questions de psychologie semblent résolues par la
Bible dans un sens presque matérialiste. Sans entrer à cet égard dans un examen
épineux, qui appartient d'ailleurs à la dogmatique plus qu'à notre travail,
nous nous bornerons à faire remarquer le passage Éphésiens 2:3, où saint Paul
distingue entre les désirs de la chair et ceux de l'esprit. Il semble qu'il y
ait, Job 19:22; 31:31; cf. Psaumes 27:2; Jérémie 19:9; Lamentations 2:20; 4:10;
Ézéchiel 5:10, une allusion à l'ancien cannibalisme, coutume barbare dont le
pieux affligé craint d'être la victime, et dont les prophètes annoncent que les
habitants de Jérusalem assiégés par leurs ennemis y seront réduits, au point
qu'ils dévoreront la chair de leurs propres enfants.
— La chair des impudiques est comparée à celle des
ânes, elle est dure comme celle des chevaux, Ézéchiel 23:20. Dans Proverbes
5:11, ce mot a peut-être une signification plus particulière; en parlant des
hommes qui commettent le péché d'impureté, le Sage dit que leur chair est
consumée par les maladies.
Quant à la chair des animaux, la loi de Moïse avait
sans doute, sous le double point de vue hygiénique et moral, déclaré certaines
viandes impures, et d'autres pures et propres à être mangées, Lévitique 11. Les
Hébreux se nourrissaient volontiers de brebis, Ésaïe 53:7; Amos 6:4; de veaux,
1 Samuel 28:24; Genèse 18:7; Amos 6:4; Luc 15:23; de bœufs, Ésaïe 22:13;
Proverbes 15:17; 1 Rois 4:23; Matthieu 22:4; de jeunes chèvres, 1 Samuel 16:20;
de gibier et de volaille, 1 Rois 4:23 (le mot hébreu barburim, employé dans ce
dernier passage, signifie selon les uns des chapons, selon d'autres des oies).
Cependant les riches seuls faisaient de la viande un usage habituel, 1 Rois
4:23; Néhémie 5:18. Les pauvres n'en mangeaient que les jours de fête, ou dans
des occasions solennelles, Luc 15:23, ainsi que font encore aujourd'hui les
Arabes. L'épaule était la partie la plus recherchée. Les Hébreux n'avaient pas
le droit de manger des viandes dans lesquelles se trouvait du sang, parce que,
dit le législateur, l'âme de la bête est dans son sang, Genèse 9:4; Lévitique
3:17; 7:26; 17:10; Deutéronome 12:27; cette défense semble avoir été reproduite
par les apôtres pour les membres de la nouvelle alliance, Actes 15:20,29. Ils
ne pouvaient pas toucher non plus à des viandes qui avaient été d'abord
sacrifiées à des idoles, et les judéo-chrétiens continuèrent d'observer cette
règle, mais ils en furent dispensés pour les cas où ces viandes leur seraient
présentées dans des repas ou à la boucherie, sans qu'ils en pussent connaître
l'histoire et l'origine; ils ne durent s'en abstenir que lorsque des frères
faibles leur feraient observer qu'elles avaient servi à des sacrifices, et cela
à cause de la conscience de leurs frères, qui pourrait en être blessée, 1
Corinthiens 8; 10:25. Dom Calmet fait observer à ce sujet qu'en effet «le
royaume de Dieu ne consiste pas dans la nourriture, ni dans le choix des
viandes et des boissons», Romains 14:17; 1 Corinthiens 8:8, et les chrétiens
savent qu'à cet égard aucune règle ne leur est imposée de la part de Dieu, mais
bien de la part de quelques hommes qui «se sont révoltés de la foi, s'adonnant
aux esprits séducteurs et aux doctrines des démons, enseignant des mensonges
par hypocrisie, et ayant une conscience cautérisée, défendant de se marier,
commandant de s'abstenir des viandes que Dieu a créées pour les fidèles.» 1
Timothée 4:1-3.
Le passage Jean 1:13, où il est dit de ceux qui
croient, «qu'ils ne sont point nés de sang, ni de la volonté de la chair, ni de
la volonté de l'homme (άνδρος), mais ils sont nés de Dieu», a beaucoup embarrassé
les interprètes. Les difficultés sont dans les détails. Ce passage est composé
de trois propositions qu'il est difficile d'accorder entre elles et de
coordonner. Si l'un des membres de cette trilogie manquait (la chair, comme
dans le manuscrit
Ε et dans trois autres, ou la volonté de l'homme, comme
dans B), la difficulté disparaîtrait, mais la critique les maintient tous les
trois, et l'on doit se demander quels sont les rapports de ces trois termes:
Le sang,
La volonté de la chair,
Et la volonté de l'homme.
Quelques-uns, comme Bleek, et même Tholuck, y voient
les trois phases de la génération naturelle: la concupiscence sans conscience
d'elle-même, la chair avec la conscience d'elle-même, et la volonté;
— Augustin: la semence, la femme (la chair, cf.
Matthieu 19:5; Éphésiens 5:29), et l'homme;
— Tholuck: la semence, l'appétit sensuel en général
(Éphésiens 2:3), et la passion de l'homme; il s'appuie sur d'autres passages
qui opposent également la chair à l'esprit, Jean 3:6, ou la semence de Dieu à
la vie du péché, 1 Jean 3:9.
D'autres introduisent dans leur explication des
allusions ou un sens figuré, qui s'écartent des idées relatives à la naissance
naturelle de l'homme. Origène: les sacrifices (le sang), la circoncision (la
chair), et le zèle pour la loi (la volonté de l'homme);
— Leclerc; ils ne sont point nés d'Abraham, ni
d'esclaves étrangères alliées au peuple de Dieu (Deutéronome 21:11), ni même de
prosélytes;
— Benzel: les ancêtres, les parents, le père. C'est
trop recherché.
D'autres enfin voient, dans les deux premiers termes,
deux périphrases de la génération humaine, et, dans le troisième, la volonté de
l'homme en général. Lampe: generatio secundum ordinem naturæ, libido lasciva (1
Jean 2:16; 2 Corinthiens 7:1; Éphésiens 2:3), adoptio (Genèse 17:12-13.;)
— Henry: une famille spéciale (opposée à 1 Pierre
1:23), la naissance naturelle, indiquant la filiation (Genèse 6:3), la volonté
humaine, Romains 9:16. Il est prouvé par Jacques 1:20, que le mot
άνηρ peut se prendre, même au singulier, dans le sens de
homme, sans l'idée du sexe. Et c'est à ce sens qu'il nous parait le plus simple
de s'attacher; il est indiqué dans la traduction paraphrastique de Beausobre:
«Ils ne tirent leur naissance ni du sang, ni du désir de la chair, ni de la
volonté humaine.» Ce passage est ainsi parallèle de 1 Pierre 1:23: «Vous avez
été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence
incorruptible.» Ils sont nés, non de l'amour humain, mais de l'amour de Dieu,
cf. encore Éphésiens 2:3; 5:25; sq. 1 Jean 3:1; Jacques 1:18.
Gerlach l'entend à peu près de la même manière.
L'apôtre, dit-il, veut, par toutes ces expressions accumulées, exprimer
vivement et fortement cette pensée, qu'aucune origine charnelle, aucun effort
de la nature corrompue de l'homme, livrée à elle-même, ne peut engendrer des
enfants de Dieu. Il y a même une progression dans les termes: d'abord, en
général, ils ne sont pas nés du sang (grec: des sangs), c'est-à-dire des
familles, quelles qu'elles soient, contrairement à la fausse sécurité que les
Juifs fondaient sur leur origine (8:33); ils ne sont pas nés non plus «de la
volonté de la chair», c'est-à-dire de la nature humaine corrompue, infirme,
mortelle, portant en elle toutes les suites du péché; enfin, d'une manière plus
précise encore, ils ne sont pas nés de la volonté de l'homme (littéral, du
mari), mots qui marquent l'impossibilité absolue où est tout nomme de produire
des êtres qui, par naissance, méritent le titre d'enfants de Dieu.
— Les deux dernières expressions feraient peut-être
aussi penser à un sens spirituel, et indiqueraient que la volonté de la nature
humaine, ni celle d'aucun homme, ni l'emploi de toutes ses facultés, ne suffira
jamais pour régénérer l'homme et le rendre enfant de Dieu. Dans ce sens aussi
ce qui est né de la chair est (et reste) chair, 3:6. (Bonnet et Baup).
— Galates 5:17. Quand saint Paul dit que l'esprit
convoite contre la chair, il n'entend pas que l'âme bataille contre la chair,
ou la raison contre la sensualité; mais l'âme même, en tant qu'elle est
gouvernée par l'esprit de Dieu, combat contre-soi, en tant qu'elle est encore
vide de l'esprit de Dieu, et adonnée à ses cupidités. (Calvin).
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CHALACH,
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2 Rois 17:6; 18:11. Peut-être le même endroit que
Calah q.v.; mais l'un et l'autre sont peu connus. On compare la province de la
Calachène dont parlent Ptolémée et Strabon, qui était située entre les sources
du Lycus et du Tigre;
— ou encore la ville arabe de Cholwan, ancienne
résidence d'été des califes, à cinq journées de Bagdad, située d'après
d'Anville entre le 63° et 64° longitude et le 34° et 35° latitude. Il y a de la
marge pour choisir.
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CHALCÉDOINE,
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le troisième fondement de la nouvelle Jérusalem,
Apocalypse 21:19. C'est une pierre précieuse, à moitié transparente, bleu de
ciel, nuancée d'autres couleurs; elle correspond à l'agathe, Exode 28:19, et
l'on trouve une agathe-chalcédoine qui semble être une forte combinaison des
deux substances.
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CHAMBRE
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haute,
— Voir: Maisons.
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CHAMEAU.
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Cet animal, maigre sans finesse, élancé sans élégance,
léger sans grâce, est trop connu pour que nous ayons à parler de son gros dos,
de son cou sec et long, de sa petite tête, de ses courtes oreilles, de son poil
gris ou fauve. Il a de 2 mètres à 2 mètres 1/2 de hauteur. L'excroissance
grasse, glanduleuse et charnue qu'il porte sur le dos fournit aux Arabes une
nourriture succulente et recherchée, aux voyageurs un siège sûr et solide. Les
noms de dromadaire et de chameau n'indiquent pas deux espèces différentes, mais
seulement deux familles distinctes subsistant de temps immémorial dans l'espèce
du chameau. Le dromadaire n'a qu'une bosse, et se trouve en Syrie et en
Palestine sous le nom de chameau turcoman, chameau arabe: il ne porte que 3 à
400 kilogrammes Le chameau proprement dit, ou chameau à deux bosses, est plus
grand et plus fort; il porte jusqu'à 800 kilogrammes; on le distingue du
dromadaire par les noms de chameau bactrien ou chameau turc; mais il est plus
délicat, il craint davantage la chaleur, et l'on ne peut pas s'en servir dans
les mois les plus chauds de l'année. L'espèce du dromadaire est beaucoup plus
nombreuse et plus répandue que celle du chameau; mais l'une et l'autre sont circonscrites
entre la Chine et l'Arabie, sans s'élever plus au nord ni descendre jusqu'aux
Indes.
Si pendant sa vie le chameau peut remplacer à la fois,
et avantageusement, le cheval pour la course et le trait, la vache pour le
lait, l'âne par sa sobriété, la brebis par son poil qui tombe chaque année, et
enfin le bois par sa fiente, que les Arabes font sécher au soleil et qu'ils
font brûler ensuite, il sert encore après sa mort, et aucune partie de cet
utile animal ne se perd. Quand on le tue, sa chair nourrit les Arabes, ou bien
les caravanes altérées trouvent dans ses quatre estomacs de l'eau pour apaiser
la soif qui les dévore; souvent même, au milieu des déserts, on le tue tout
exprès pour boire cette eau, lorsque rien ne fait espérer qu'on en puisse trouver
ailleurs. Sa peau sert à faire des sandales ou des outres solides et d'une
grande capacité, dans lesquelles on conserve et transporte de l'eau, du beurre,
des grains et tels autres objets de commerce ou d'utilité particulière. On en
fait aussi des courroies et des cordelettes dont on se sert en attachant cinq
ou six les unes aux autres, pour puiser l'eau des citernes. Quelquefois encore,
on étend des peaux tout entières, dans lesquelles on recueille la rosée et la
pluie du ciel, et ces citernes artificielles servent à abreuver les troupeaux.
Les patriarches regardaient déjà le chameau comme une
de leurs principales richesses, Genèse 12:16; 24:10; 30:43; 31:17; 32:7. Job,
dans le temps de sa prospérité, possédait 3,000 chameaux; plus tard il en eut jusqu'à
6,000, Job 1:3; 42:12. Les Madianites, les Hamalécites et les peuplades
voisines des Hébreux possédaient des chameaux aussi nombreux que le sable qui
est au bord de la mer, Juges 6:5; 7:12; 1 Samuel 15:3; 27:9; Genèse 37:25;
Jérémie 49:32. Les Israélites des temps postérieurs ne firent pas moins de cas
de ces utiles animaux, 1 Chroniques 27:30; Esdras 2:67; cf. Tobie 9:1. Sa chair
leur était interdite comme impure, Lévitique 11:4; Deutéronome 14:7; mais il
paraît que son lait ne l'était pas. On se servait des chameaux pour le
transport des marchandises ou des bagages militaires, Genèse 37:25; Juges 6:5;
1 Rois 10:2; 2 Chroniques 9:1; 2 Rois 8:9; Ésaïe 21:7; 30:6; 60:6, à cause de
leur force, de leur sobriété, et de la sûreté de leur pas dans les sables ou
sur les montagnes; ils servaient aussi de montures, Genèse 24:64; 1 Samuel
30:17; les femmes s'asseyaient dans des espèces de corbeilles ou paniers,
solidement attachés des deux côtés de l'animal, couverts d'un dais et garnis de
tentures, souvent magnifiques; on en voit un exemple, Genèse 31:34; les hommes
cependant montaient plus ordinairement, comme cela se fait encore en Arabie,
sur des selles légères, ou sur le poil nu de l'animal, comme sur nos chevaux.
On employait aussi les chameaux dans les guerres; ils étaient ornés et équipés
somptueusement. Ceux qui parurent dans les guerres des Madianites portaient des
croissants autour du cou, comme si le croissant eût déjà dû par avance être le
signe symbolique des infidèles de l'Orient, Juges 8:21,26. Cyrus avait
également une cavalerie d'archers montés sur des chameaux, Ésaïe 21:7, et les
historiens Hérodote et Xénophon racontent que les chevaux de Crésus, effrayés à
la vue de ce spectacle inattendu, se ruèrent sur leurs cavaliers et donnèrent
ainsi la victoire à Cyrus. Les Arabes, de nos jours, montent des chameaux aussi
bien que des chevaux lorsqu'ils se mettent en campagne.
Ainsi qu'on vient de le dire, cet animal mue chaque
printemps, et perd en un ou deux jours tout son poil, qu'on recueille avec soin,
et dont on fait des couvertures, des tapis, des sacs, ou de grossiers
vêtements. L'apôtre de la solitude et de la repentance, Jean-Baptiste, dont
notre Sauveur a dit qu'il n'était point vêtu d'habits précieux. Matthieu 11:8,
était en effet couvert d'un manteau de poil de chameau, Matthieu 3:4.
Nous trouvons, Matthieu 19:24; Marc 10:25; Luc 18:25,
un proverbe cité par notre Seigneur, et qui n'est pas toujours bien compris:
«Je vous dis qu'il est plus aisé qu'un chameau passe par le trou d'une
aiguille, qu'il ne l'est qu'un riche entre dans le royaume de Dieu.» Cette
figure, peu en rapport avec celle que nous emploierions, a paru à quelques
interprètes si forcée, qu'ils ont cru devoir substituer au mot grec camélos le
mot camilos qui se prononce à peu près de même, et qui signifie une grosse
corde, un câble de vaisseau; rien n'empêche que cette variante ne soit admise,
rien, excepté cependant l'accord des manuscrits. Mais comme cette variante, qui
s'accommode assez avec nos usages, ne s'accommode pas avec ceux de l'Orient, il
faut s'en tenir au texte ordinaire; c'était une habitude orientale, pour
exprimer la difficulté d'une chose, de dire qu'il serait plus facile de faire
passer un chameau, ou un éléphant, par le trou d'une aiguille.
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CHAMEAUPARD, ou Caméléopard,
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hébreu Zémèr, animal dont Moïse permet l'usage aux
Hébreux. Les uns font du chameaupard le produit d'une panthère et d'un chameau,
ou plutôt d'une chamelle et d'une panthère mâle; mais outre que ce produit
serait un animal fabuleux, on ne peut admettre que Moïse ait donné comme une
viande pure, celle d'une bête issue de deux bêtes impures. D'autres pensent que
par chameaupard ou Zémèr, il faut entendre la girafe (Ostervald, Sacy); mais il
est peu probable que Moïse ait donné une place dans la loi sur les viandes à
cet animal qui appartient exclusivement aux régions brûlantes de l'Inde au-delà
du Gange. Luther enfin traduit Zémèr par élan; cette espèce de cerf n'appartient
point non plus aux latitudes de l'Asie mineure, il habite les pays froids, et
rien ne vient à l'appui de cette interprétation (Bochart, Gesenius, Winer,
Rosenmuller). L'opinion moderne est que le Zémèr doit signifier une espèce
particulière de gazelle ou d'antilope, sans que l'on puisse préciser laquelle.
— Ce nom ne se trouve que Deutéronome 14:5, version de
Martin.
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CHAMOIS,
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Deutéronome 14:5; Job 39:4; Psaumes 104:18; 1 Samuel
24:3. D'après ces divers passages, l'animal hébreu Ackô ou Yahel habite les
rochers et les hautes montagnes; on le trouvait en abondance dans les environs
de Hen-Guédi; sa chair était pure, et il appartenait à la famille des
ruminants, avec l'ongle séparé et le pied fourchu. Ce sont les seuls caractères
auxquels nous puissions essayer de le reconnaître; nos versions françaises ont
traduit par chamois les deux noms hébreux; Luther a fait une différence en
traduisant Ackô, Deutéronome 14:5, par bouquetin, et Yahel dans les autres
passages par chamois. Il est évident par le contexte, comme par ce qui nous en
est dit, que c'est dans ces familles de chèvres sauvages que nous devons
chercher l'animal dont il s'agit, mais il est difficile d'en préciser l'espèce;
l'analogie de l'arabe favorise davantage l'opinion qui traduit Yahel par
bouquetin, et le plus simple serait d'admettre peut-être que le nom de Yahel se
rapportait à l'espèce tout entière, et que le féminin Yahaleh désignerait le
chamois, que l'on aurait regardé comme la femelle du bouquetin (Gesenius). On
trouve maintenant encore des bouquetins dans les montagnes du Liban et de
l'Antiliban, même aussi dans l'Arabie Pétrée, et des chamois sur le mont
Carmel.
— Le proverbe arabe «plus beau qu'un bouquetin»,
s'appliquerait mieux au gracieux chamois qu'à cet animal grand-cornu; il
rappelle aussi la comparaison de Salomon, Proverbes 5:19, où il est question de
la femelle du chamois plutôt que de celle du cerf. On trouve encore, sur le
mont Sinaï, une troisième espèce de chèvre de montagne, que les Arabes
appellent Bedden, et qui paraît particulière à cette contrée.
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CHANDELIER, lampadaire.
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Le chandelier est plus proprement un lampadaire, car
on ne verse pas de l’huile dans un chandelier mais dans un lampadaire. Le
chandelier sacré, entièrement d'or, Exode 25:31-40, était placé dans le lieu
saint; il était continuellement allumé, et nulle autre lumière n'éclairait le
tabernacle; on peut ajuste titre le considérer comme un symbole de la Parole de
Dieu, sans laquelle l'Église demeurerait dans les ténèbres, cf. Psaumes
119:105; 2 Pierre 1:21. Il était formé d'un piédestal surmonté d'une lampe, et
duquel partaient six autres bras, trois de chaque côté, qui portaient six
lampes semblables à la première, toutes ornées de fleurs, de calices
d'amandiers et de pommes. Son apparence avait donc quelque rapport avec la
forme d'un arbre, et nous voyons aussi les effets de la Parole de Dieu comparés
au développement d'une plante, Jacques 1:21; Psaumes 1:2-3. Les fleurs
représenteraient alors la sainte joie produite par la Parole divine, les pommes
ses qualités vivifiantes. Proverbes 25:11; Cantique 2:5, et l'amandier son
prompt accomplissement, Jérémie 1:11-12; (— Voir: Amandier), Nombres 17:8-10.
Dans le temple de Salomon, au lieu d'un seul
candélabre, il y en avait dix, également d'or pur, et de forme semblable, cinq
au nord et cinq au midi, 1 Rois 7:49; 2 Chroniques 4:7, qui furent tous transportés
en Caldée, Jérémie 52:19.
Il paraît que, dans le temple de Zorobabel, il n'y en
avait de nouveau qu'un seul, 1 Maccabées 1:23, de même que plus tard dans le
temple d'Hérode, Flavius Josèphe, Bell. jud. 7, 5. Ce chandelier, ainsi que la
table sainte, fut mis, après la destruction de Jérusalem, dans le temple que
Vespasien fit bâtir à la paix; sur l'arc de triomphe de cet empereur, au mont
Palatin, l'on voit encore parmi les monuments de sa gloire, le chandelier des
Juifs.
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CHANGEURS,
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Matthieu 21:12; Jean 2:15; L'impôt du temple, Exode
30:13, qui devait se payer annuellement pour les frais de culte et d'entretien,
se percevait chaque année à époque fixe. D'après un ouvrage talmudique, on
annonçait publiquement le 1er Adar (15 à 20 février) que le moment du payement
était venu; le 15 Adar, les changeurs ouvraient leurs bureaux dans les villes
du pays, et se transportaient pour le 25 du même mois à Jérusalem. Il fallait
que les Juifs soumis à l'impôt eussent occasion de se procurer l'ancienne
monnaie dans laquelle ils étaient obligés de s'acquitter, et les changeurs
n'avaient guère autre chose à faire qu'à la leur fournir contre une espèce
d'agio. Ce métier chez les Juifs remonte à une haute antiquité.
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CHANTRES.
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Ce fut sous les règnes de David et de Salomon que des
chantres furent établis pour le service de l'autel et du temple, 1 Chroniques
25:1; sq.; ils furent choisis parmi les Lévites qui, étant devenus fort
nombreux et n'ayant plus à s'occuper du désassemblement du tabernacle,
pouvaient s'adonner à la musique avec d'autant plus de facilité qu'ils
n'avaient pas à s'inquiéter de leur subsistance. Il y eut dès le commencement
4000 chantres, conduits et dirigés par Asaph, Héman et Jéduthun, chefs de la
musique. Les vingt-quatre fils de ces trois Lévites étaient à la tête de
vingt-quatre compagnies de chanteurs, et chacun d'eux avait encore sous sa
direction onze maîtres d'un rang inférieur, sans doute pour conduire les chœurs
et faire des répétitions partielles: il n'y avait pas de femmes au milieu d'eux
(— Voir: cependant 1 Chroniques 25:5) Dans les cérémonies solennelles, les
Kéhathites occupaient le milieu du temple, les Mérarites la gauche, et les
Guersonites la droite. Ils ne portaient pas ordinairement de costume
particulier; cependant lors de la translation de l'arche dans le temple de
Salomon, ils parurent vêtus de tuniques de fin lin, 2 Chroniques 5:12.
— Le maître-chantre (Menazéach) auquel un grand nombre
de Psaumes sont consacrés ou dédiés, n'était probablement pas ce que nous
appelons chez nous un chantre, celui qui donne le ton et qui conduit le chant,
mais un chef de musique, chargé de faire répéter et exécuter les morceaux qui
lui étaient confiés; et cette inscription semble désigner les psaumes qui
étaient plus particulièrement destinés à être chantés, et qui avaient un
caractère public.
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CHARS, Chariots.
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Nous trouvons déjà dans l'ancienne histoire d'Israël
les chariots employés comme moyens de transport pour les vases du tabernacle,
Nombres 7:3, pour l'arche, 1 Samuel 6:7-8; 2 Samuel 6:3, pour fouler le grain,
Amos 2:13, ou pour conduire des princes et des rois: dans ce dernier cas,
c'étaient plutôt des équipages d'apparat, 1 Samuel 8:11; 2 Samuel 15:1, que des
voitures de voyage; on en trouve cependant, Genèse 45:19; 1 Rois 12:18; 22:35;
2 Rois 9:27; Actes 8:28. La Palestine étant peu propre, à cause de ses
montagnes, à la circulation des chars, les Israélites préféraient les montures
aux attelages, et se servaient ordinairement d'ânes, de chevaux et de mulets -,
les chariots n'apparaissent que rarement dans leur histoire, et presque
toujours dans des occasions solennelles ou dans des moments extraordinaires;
ils formaient presque un apanage des riches.
Les chariots dont l'Écriture parle le plus souvent
sont les chariots de guerre; ils étaient de deux sortes, ceux qui servaient aux
princes et aux généraux, et ceux que l'on envoyait, armés de fer, pour briser
les rangs des ennemis, et ravager leurs armées; on trouve même, 2 Maccabées
13:2, des chariots armés de faux, que le roi de Syrie amenait contre la Judée.
Les auteurs profanes, Diodore de Sicile, Quinte-Curce, Xénophon, racontent
combien étaient effroyables dans leurs effets, ces machines roulantes,
hérissées de piques et de lances de tous les cotés; au timon, des piques avec
des pointes de fer qui regardaient en avant; au joug des chevaux, deux pointes
longues de trois coudées; et partout des crocs de fer. Quelquefois on mettait
encore sur ces chariots plusieurs hommes bien armés, qui combattaient à coups
de dards et de flèches. L'essieu était plus long que celui des chars
ordinaires, et les roues plus larges et plus fortes, pour pouvoir résister à
l'effort du mouvement, et afin que le chariot fût moins sujet à verser, au
milieu des heurts et des chocs que sa forme irrégulière pouvait lui faire rencontrer.
Le siège du cocher était une espèce de petite tour de bois bien solide, à
hauteur d'appui, et le cocher s'y tenait, armé de toutes pièces et couvert de
fer.
Les plus anciens chariots de guerre dont on ait
connaissance sont ceux de Pharaon, qui furent submergés dans la mer Rouge. Nous
en voyons encore dans l'armée des Cananéens, Josué 11:4, dans celle des
habitants de la vallée que la tribu de Juda ne put déposséder, Juges 1:19, dans
celle de Siséra, Juges 4:3, chez les Philistins qui, dans leur guerre contre
Saül, ne comptèrent pas moins de 30,000 chariots attelés et 6,000 chevaux de
cavalerie, 1 Samuel 13:5, et, enfin, dans l'armée de Hadarhéser, à qui David
prit mille chariots, dont il conserva cent pour son usage; mais il ne paraît
pas que ni lui, ni aucun autre roi hébreu, se soient jamais servis de chariots
pour la guerre, et nous ne voyons aucune expédition dans laquelle Salomon ait
employé un seul des 1,400 chariots et des 12,000 chevaux qu'il possédait, 1
Rois 10:26; aussi l'inégalité du terrain en eût-elle rendu l'usage fort inutile
et fort embarrassant.
Quant aux chars que montaient les rois et les généraux
dans les batailles, on n'en connaît pas bien la forme; mais on peut croire qu'à
l'exception des accessoires meurtriers, elle se rapprochait assez de celle des
autres chariots de guerre par la longueur de l'essieu et le peu de hauteur des
roues; ils étaient ordinairement suivis d'un autre chariot vide, afin que s'il
arrivait un accident au premier, la course et les travaux du roi ne fussent pas
interrompus, 2 Chroniques 35:24; cf., Genèse 41:43.
C'est dans un chariot de feu que le prophète Élie fut
enlevé de la terre, 2 Rois 2:11, et le prophète Élisée, voulant fortifier la
foi de son serviteur (ce n'était plus Guéhasi) contre les entreprises du roi de
Syrie, lui fit voir la montagne pleine de chevaux et de chariots de feu,
l'armée de l'Éternel, qui entouraient Élisée. Soit que l'Écriture ait voulu
descendre aux formes humaines pour expliquer la présence et la force divines,
soit que les choses du ciel ne diffèrent des choses humaines que par leur
perfection et par leur sainteté consumante, soit enfin que, dans un moment
donné, l'armée céleste ait revêtu l'apparence des armées terrestres, mais pour
se montrer en même temps une armée foudroyante, nous devons admettre les faits
tels qu'ils nous sont racontés, sans nous arrêter à des considérations ou à des
hypothèses plus ou moins légères ou frivoles, sur la nature de ces chariots, ou
plutôt sur la question de savoir s'ils ont été réels ou s'ils n'ont été
qu'apparents. Il y a des chariots de feu dans l'armée qui veille autour des
rachetés de Jésus. Et le paganisme qui, souvent, n'est qu'une grossière
défiguration de la vérité, avait aussi consacré à ses divinités des chars et
des chevaux; Hérodote, Xénophon et Quinte-Curce parlent des chariots blancs,
traînés par de magnifiques chevaux de la même couleur et couronnés de
guirlandes, que les Perses consacraient au soleil dans leurs cérémonies
solennelles. Le roi Josias fit brûler des chariots que ses prédécesseurs
avaient voué au culte de cet astre, 2 Rois 23:11.
L'Écriture parle encore d'une autre espèce de
chariots, ceux des aires, dont on se servait pour briser la paille ou pour
séparer le grain de l'épi,
— Voir: Ésaïe 25:10; 28:27; 41:15; Amos 1:3; 2:13.
Ils étaient portés sur des roues fort basses, garnies
de fer, qu'on roulait sur la paille; d'autres fois même c'étaient de simples
rouleaux de bois armés de crocs, des espèces de herses, 2 Samuel 12:31, que
l'on faisait passer sur les gerbes; cf. Virgile; Géorg. 1, 163; 164. (Dans ce
passage de Virgile trahea est un chariot sans roues, et tribula une espèce de
chariot armé de dents de toutes parts). Ces chariots champêtres ont une fois,
et à la honte d'un grand roi, été employés à broyer des ennemis vaincus: David
s'étant emparé de Rabba, ville de Hammon, en prit les habitants et les mit sous
des scies et sous des herses de fer, etc., 2 Samuel 12:31. Ces scies n'étaient
probablement pas autre chose que les chariots à roues, appelés scies par les Septante
et par saint Jérôme (plaustrum habens rostra serrantia), et les herses étaient
les traîneaux sans roues, l'autre espèce de char à battre le blé. Amos, 1:3,
dit que les Israélites de Galaad ont éprouvé un traitement semblable de la part
du roi de Damas, et l'on sait que les anciens Germains, les Carthaginois et les
Romains avaient imaginé de faire mourir les hommes sous des claies chargées de
pierres.
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CHASLUHIM.
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descendants de Mïtsraïm, Genèse 10:14, et par
conséquent peuplade émigrée d'Égypte. Les uns veulent y voir les
Pentapolitains, habitants de la Cyrénaïque; d'autres l'entendent des habitants
de Pentaschœnos, dans la Basse-Égypte; d'autres cherchent les Chasluhims dans
la Thébaïde; d'autres comparent encore la province de Casiotis entre Pelusium
et Gaza; Dom Calmet suppose qu'ils se seront établis sur la côte occidentale de
la mer Rouge, vis-à-vis de la ville de Coloca. Dans ce conflit d'opinions
contradictoires, celle de Bochart paraît encore la plus probable, c'est qu'il
s'agit de la Colchide, sur les bords orientaux de la mer Noire; Hérodote,
Diodore, Amm. Marcellin affirment que ces Colchiens étaient des émigrés
d'Égypte, et les deux noms Colchi, Chaslchim, sont à peu près les mêmes, à
l'exception de l'S.
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CHASSE, chasseur.
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L'exercice de la chasse, dit Buffon, doit succéder aux
travaux de la guerre, il doit même les précéder; c'est l'école agréable d'un
art nécessaire.» (Article du Cerf.) Lorsque l'Écriture parle du premier
chasseur, elle nous le montre aussi comme un puissant conquérant, Genèse 10:9.
La chasse, dans les premiers temps du monde, n'était pas un amusement, elle
était un mérite, une occupation: c'était subir des dangers pour le bien de la
société; aussi, dans toute l'antiquité et en Asie surtout, les chasseurs
étaient-ils très respectés.
La chasse était déjà connue des Hébreux à l'époque de
leur vie patriarcale et nomade, quoique peut-être elle ne fut pratiquée que par
les branches moins bénies des familles sémitiques, Genèse 25:28; 27:3. Plus
tard elle devint une habitude, Lévitique 17:13; Proverbes 12:27, destinée soit
à la prise du gibier, soit à la destruction des animaux malfaisants et
dangereux qui n'étaient point rares en Canaan. Les armes des chasseurs étaient
l'arc, Genèse 27:3, la lance, le javelot, les filets (même pour de gros animaux
comme la gazelle (ou bœuf sauvage), Ésaïe 51:20, et le lion, Ézéchiel 19:8; cf.
Ecclésiaste 9:12; Psaumes 91:3), et des fosses dans lesquelles on attirait par
surprise les animaux dont on voulait s'emparer, surtout les lions, cf. Ézéchiel
19:4; 2 Samuel 23:20. Il ne paraît pas que les Israélites se servissent de
chiens, ni de faucons dressés, quoique ces auxiliaires aient été et soient
encore fort en usage en Orient; le gibier qu'auraient abattu ces animaux eût
été souillé pour les observateurs de la loi mosaïque, Lévitique 17:15, à moins
cependant qu'on ne les eût dressés à saisir seulement la proie sans la tuer.
(A remarquer que le mot «chasseur» porte
aussi la signification «d'agresseur», ainsi nous voyons dans une traduction
étymologique de Gen. 10:8, 9: «Et Cush (Chaos, Cheops) engendra Nimrod (le
Rebelle), qui commença à être le grand Souverain de la terre. Il fut un
puissant agresseur contre YEHOVAH. C'est pour cela qu'on dit: Comme Nimrod,
puissant agresseur contre YEHOVAH.)
— Nous voyons, Juges 14:6; 1 Samuel 17:35, quelques
exemples d'hommes vaillants qui, sans le secours d'aucune arme, ont su faire
leur chasse et tuer de redoutables bêtes féroces.
Les prophètes représentent quelquefois la guerre sous
l'emblème de la chasse. Jérémie 16:16, annonce les veneurs (ou chasseurs) qui
viendront contre Israël, sans doute les Caldéens et les Perses, cf. Ézéchiel
32:3; 13:20; Lamentations 3:52; Psaumes 91:3; Michée 7:2.
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CHAT-HUANT.
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Les deux premiers animaux indiqués Lévitique 11:16;
Deutéronome 14:15, et traduits par nos versions «le chat-huant et la hulotte»,
doivent se traduire plutôt par «l'autruche femelle et l'autruche mâle.» C'est
le même mot, B'noth-Yaaneh, que nos versions ont partout traduit par chat-huant
(sauf Job 30:29, hibous), et qui doit partout aussi se traduire par autruche,
Ésaïe 13:21; 34:13; Michée 1:8. Les animaux mentionnés dans l'Écriture sainte
et qui, d'après quelques versions, appartiendraient à la famille des
chats-huants sont les suivants:
Le Tin'chimeth, oiseau impur, Lévitique 11:18;
Deutéronome 14:16. Bochart, d'après Onkélos, le traduit par noctua; les
Septante par porphyrio, espèce de mouette ou poule d'eau; la Vulgate et nos
versions par cygne; cette dernière traduction serait favorisée par le contexte.
Le Yanschouph, Lévitique 11:17; Deutéronome 14:16;
Ésaïe 34:11. Luther et nos versions le traduisent par hibou, de même que
Bochart. Les Septante et la Vulgate ont Ibis. Gesenius, s'appuyant sur
l'étymologie de ce nom, qui vient de naschaph (souffler), pense à une espèce de
héron, le butor, qui pousse un bruit éclatant comme celui d'un instrument à
vent. Il est difficile de rien prononcer.
Le shahaph, Lévitique 11:16, traduit hibou cornu par
Œdmann; coucou par nos versions; mouette par les Septante et la Vulgate, et en
partie par Bochart; ce dernier sens est peu probable, à cause du contexte, qui
ne parle que d'oiseaux de terre; on ne peut rien décider.
Le Kôs, Lévitique 11:17; Deutéronome 14:16; Psaumes
102:7, Martin et Ostervald le traduisent par chouette, de même que Luther; la
plupart des traducteurs le rendent par hibou. L'accord des interprètes et des
talmudistes, ainsi que le passage du psaume indiqué, qui nous montre le Kôs
habitant au milieu des ruines, vient à l'appui de cette traduction. Bochart
veut au contraire y voir le pélican, par des motifs étymologiques.
Le Tachmass, Lévitique 11:16; Deutéronome 14:15. Les
Septante, Onkelos et la Vulgate traduisent chat-huant; cette version peut être
soutenue mieux que celle de nos Bibles qui lisent hulotte; mais la plupart des
commentateurs se sont prononcés d'après une étymologie un peu vague (chamass,
être violent) pour la traduction autruche mâle.
Quant au chat-huant proprement dit, il n'en est pas
question dans la Bible.
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CHATAIGNIER.
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Le mot Harmon que nos versions et Luther ont traduit
par châtaignier, Genèse 30:37; Ézéchiel 31:8, indique plutôt une espèce
d'érable ou de platane, le platanus orientalis, très commun en Orient, mais qui
croît aussi naturellement chez nous dans les terrains humides: son tronc est
droit et élevé, son écorce grise et fine tombe chaque année, le bois est d'un
très beau blanc, et sert en Asie à la construction des vaisseaux; ses rameaux
et ses branches s'étendent assez loin et donnent beaucoup d'ombrage, ses
feuilles ressemblent à celles de la vigne, laineuses et sises sur un long
pétiole, ses fleurs sont réunies en de petites touffes rondes et verdâtres,
elles commencent à paraître avant les feuilles. C'est à la fin de l'automne que
mûrit sa semence, renfermée dans de petites loges garnies d'une espèce de
laine.
— Les arbres nommés, Genèse 30:37, sont donc le
peuplier (ou storax), l'amandier et le platane.
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CHÂTIMENTS.
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Tout le système pénal de la législation mosaïque
reposait sur l'idée du talion, idée ancienne, Genèse 4:14; 9:5, simple et
naturelle; expression exacte et vraie de la justice. En l'introduisant dans sa
loi, Moïse n'a fait que la conserver, en la restreignant et la réglant par une
foule de dispositions de nature à lui ôter le caractère de la haine et de la
vengeance.
— Voir: Talion.
Les peines capitales, q, v., jouaient un grand rôle
dans cette législation, soit comme châtiments, soit comme moyens
d'intimidation, Deutéronome 17:13. Puis venaient les peines corporelles, le
fouet et la prison, q.v.; enfin des amendes, fixées dans certains cas par la
loi, Deutéronome 22:19,29, dans d'autres abandonnées à la discrétion de l'offensé,
Exode 21:22, ou destinées à remplacer pour le coupable les peines corporelles
auxquelles il était condamné, Exode 21:29. La restitution était, en tout cas,
la première peine du dommage causé, si tant est qu'on puisse l'appeler une
peine, mais cette restitution, simple dans le cas de dommage involontaire,
Exode 21:33-34, montait jusqu'au quintuple dans le cas d'un dommage fait avec
intention, ou pour une chose volée, 22:1; sq..
— L'exil, l'augmentation de la peine en cas de
récidive, et les supplices étaient inconnus à la législation mosaïque; plus
tard ils furent introduits dans les mœurs et dans les traditions rabbiniques:
l'ancienne coutume de l'imputation, par laquelle on enveloppait toute une
famille dans la peine d'un coupable, n'est point sanctionnée dans la loi; elle
y est même interdite, Deutéronome 24:16; cf. 2 Rois 14:6; Dieu s'était réservé
de juger des cas dans lesquels elle devrait être pratiquée, Josué 7:15,24,
parce que seul il peut juger de la participation morale d'une famille au crime
d'un de ses membres.
— L'ensemble des peines marquées dans la loi mosaïque,
comme toutes les autres dispositions de cette loi, est empreint d'un caractère
de douceur bien rare dans les temps anciens, et chez les nations policées, ou
sauvages, de cette époque reculée. Les châtiments sont proportionnés aux
délits, la faute est punie, l'offensé est satisfait, et l'injustice évitée
autant que possible; toutes les précautions sont prises pour abriter
l'innocent, et dans plusieurs cas où la perspicacité humaine n'aurait pu se
prononcer avec certitude, le jugement de Dieu intervient, Nombres 5:11, etc.
Mais, douces dans la répression des délits contre la société et contre des
citoyens, les peines sont d'une sévérité frappante pour les délits religieux,
et pour de légères infractions aux lois sur la police, ou sur la pureté légale.
Ce contraste est du même genre à peu près que celui que nous trouvons dans le
fait que deux chapitres seuls sont consacrés à l'immense récit de la création,
tandis qu'il y en a plus de vingt pour la description des différentes pièces du
tabernacle. Même contraste encore entre les neuf chapitres consacrés à
l'histoire des premiers patriarches, et les trente et un qui nous racontent
l'histoire de la seule famille d'Abraham jusqu'à Joseph. C'est que la partie
intellectuelle, spirituelle, vivante de l'homme considéré comme individu, est
de beaucoup plus réelle et sérieuse que son existence matérielle, ou même que
la vie de l'humanité tout entière. Ce qui est le plus important, Dieu le raconte
avec le plus de détails, il développe ce qui doit être développé, et laisse
dans l'ombre ce qu'il n'est pas nécessaire de connaître; ainsi le chef de la
théocratie a dû faire ressortir avec une force toute particulière, et frapper
de peines extraordinaires, les plus petites infractions à la loi divine, les
moindres manquements à la sainteté, les déviations même extérieures, même
cérémonielles, même physiques, de la loi sainte, juste et pure, qui devait
régir le peuple théocratique. Il fallait avant tout que les Hébreux eussent en
horreur le mal, la souillure; et pour que cette nation peu intelligente comprit
la nature de la sainteté, il fallait que des châtiments sévères servissent, par
leur influence menaçante, à préserver les Israélites des moindres impuretés
légales, des choses qui n'étaient même impures que typiquement et parce que le
législateur les avait déclarées telles. Il fallait, pour ainsi dire, demander
le plus pour avoir le moins; comme on interdit à un enfant l'entrée d'un
jardin, lorsqu'on veut seulement l'éloigner des fruits qu'il renferme.
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CHAUVE.
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Les têtes chauves pour lesquelles le monde moderne
professe une espèce de respect facile à comprendre, à cause des idées de
méditations profondes, ou de grands et intéressants malheurs dont elles
semblent être le symbole, ne jouissaient pas du même privilège chez les
anciens. César se trouvait trop heureux de pouvoir dissimuler à force de
lauriers, son front chauve et nu; et les Juifs, en particulier, voyaient
quelquefois dans cette infirmité un avant-coureur de la lèpre, rien moins que
cela, cf. Lévitique 13:40 et suivant; 21:5; à tel point qu'un homme chauve
était regardé comme incapable de remplir les fonctions de prêtre. Le prophète
Élisée fut insulté par une troupe d'enfants, parce que sa tête était nue, 2
Rois 2:23; et Ésaïe, parmi les humiliations dont il menace les filles de Sion,
annonce que l'Éternel découvrira le sommet de leur tête, 3:17,24, cf. Jérémie 47:5;
Amos 8:10.
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CHAUVE-SOURIS
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(hébreu Hatalleph). Animal impur, nommé Lévitique
11:19; Deutéronome 14:18; Ésaïe 2:20. Quelques auteurs, d'après les rabbins,
ont voulu y voir l'hirondelle, et Luther l'a ainsi traduit dans les deux
premiers des passages indiqués, quoique, dans celui d'Ésaïe, il ait mis
chauve-souris. Cet animal, souris par son corps, et presque oiseau par ses
ailes, cependant sans plumes, appartient à la classe des mammifères: c'est une
des familles les plus variées qui existent; on en compte plus de trois cents
espèces différentes qui se distinguent par leur grosseur, la grandeur,
l'étendue, la finesse de leurs membranes, par le nombre de leurs oreilles, etc.
On en trouve en Orient, et jusqu'en Chine et sur les côtes du Malabar, qui sont
beaucoup plus grosses que les nôtres, que l'on engraisse, que l'on sale, et
dont on fait un mets, à ce que l'on assure, fort délicat.
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CHEMIN d'un sabbat.
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La montagne des Oliviers, dit saint Luc, est près de
Jérusalem le chemin d'un sabbat, Actes 1:12. Il est évident que par cette
expression l'on doit entendre la portion de chemin qu'il était permis aux
Israélites de faire le jour du sabbat hors de leurs demeures. La loi de Moïse,
Exode 16:29, défend aux voyageurs du désert de sortir au sabbat pour aller
recueillir la manne; et les Juifs postérieurs, si attachés à la lettre de la
loi, avaient conclu de ce passage que la plus grande course qu'ils pussent
faire dans le jour du Seigneur, devait être calculée d'après la distance qui se
trouvait entre le tabernacle et les rangs les plus éloignés du camp d'Israël au
désert, distance qu'ils avaient calculée être de 2000 coudées environ; ils
avaient donc établi pour règle que personne ne pourrait s'éloigner des murs de
la ville, ou des frontières de son territoire, de plus de 2000 coudées.
Il est assez remarquable que cette défense, relative
au chemin d'un sabbat, ne se trouve nulle part ailleurs que dans le verset
indiqué, lequel même n'est pas très direct; mais tout l'ensemble des autres
lois sabbatiques était tel, que les Juifs en avaient dû conclure qu'il leur
était défendu de voyager, ou de se fatiguer par de trop longues promenades dans
le jour du Seigneur: et nous pouvons penser que, sans autre détermination plus
précise ou plus minutieuse, ce qu'on appelait chemin d'un sabbat n'était pour
les Juifs pieux et fidèles, qu'une promenade hors de l'enceinte de leur
endroit, plus ou moins longue, selon les forces et l'âge de chacun, de nature à
reposer le corps plus qu'à le fatiguer, et toujours en harmonie avec la
sainteté divine de ce jour.
Le traité talmudique Érubin donne quelques détails sur
les limites imaginées par les rabbins, et sur les cas où il pouvait être permis
d'outrepasser ces limites; il se range à l'opinion des 2000 coudées. D'autres
rabbins parlent de trois distances différentes, permises suivant les personnes
et leurs circonstances; la grande distance, de 2800 coudées (1440 mètres,
probablement Actes 1:12); la distance moyenne ou sacrée, de 2000 coudées (1050
mètres), et la petite ou le chemin naturel d'un sabbat, 1800 coudées (900
mètres). Les Grecs estimaient à six stades le chemin d'un sabbat, et si l'on
compte le stade à 400 au degré (— Voir: Stade), le chemin d'un sabbat
équivaudrait à un bon quart de lieue (1292 mètres); c'est en effet la distance
que les voyageurs comptent entre Jérusalem et le mont des Oliviers;
quelques-uns comptent une demi-lieue; mais on sait combien les distances sont
en général sujette à des évaluations différentes, et d'ailleurs ces derniers
paraissent avoir compté la distance jusqu'au sommet de la colline, tandis que
dans le passage des Actes il s'agit plutôt du pied.
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CHEMISE,
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— Voir: vêtements.
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CHÊNE.
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C'est par ce mot que nos versions traduisent le plus
souvent les noms hébreux Eil, Élah, Allah, Élan et Allôn, bien qu'elles rendent
aussi quelquefois les trois premiers par le mot Térébinthe q.v. Sous le point
de vue étymologique, ces différents noms indiquent tous en général un arbre
fort, dur et solide, quoique probablement, dans les usages de la langue, ils
eussent chacun leur signification spéciale, et l'on ne se trompera guère en
admettant que par Élon et Mon il faille entendre le chêne.
Cet arbre se trouvait en abondance en Palestine, et
particulièrement dans les forêts du territoire de Basan, Ésaïe 2:13; Ézéchiel
27:6; Zacharie 11:2; les Tyriens s'en servaient pour faire les rames de leurs
vaisseaux. Il y en avait aussi sur la rive occidentale du Jourdain, Juges
9:6,37, et ils étaient l'objet d'un certain culte d'affection: sous l'un de ces
arbres fut ensevelie Débora, la nourrice de Rébecca, Genèse 35:8, sous un
autre, plus tard, Saül et ses fils, 1 Samuel 31:13; 1 Chroniques 10:12; on y
sacrifiait aux dieux païens, Osée 4:13, et des forêts de chênes servirent de
lieux de réunion à des assemblées nationales, Juges 1, c. La longue vie de ces
arbres les rendait propres à servir de désignations topographiques, 1 Samuel
10:3, et souvent ils prenaient le nom des lieux où ils étaient plantés, Genèse
13:18; Deutéronome 11:30; (mal traduit plaines). On en faisait aussi des
idoles, Ésaïe 44:14. L'espèce de chêne mentionnée dans ce dernier passage, et
appelée en hébreu Thirzèh, est beaucoup plus dure encore que le chêne
ordinaire; ses feuilles sont indivises, obovées, dentées et couvertes de petits
poils à la partie inférieure; son nom même, en arabe, signifie très dur.
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CHENIX
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(grec
χοίνιξ), Apocalypse 6:6, mesure de capacité pour les choses
sèches; il contenait deux setiers, le quart d'un batli, d'après Hésychius (9
litres); selon Boeckh, la quantité de froment nécessaire à la nourriture d'un
homme pour un jour; ce serait bien vague, et la mesure serait susceptible de
varier beaucoup.
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CHÉRUBINS.
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Lit. des Voyant de
la gloire de Dieu.
Ils sont nommés dans plusieurs passages de la Bible;
déjà dans la Genèse 3:24, comme gardiens du chemin qui conduit à l'arbre de la
vie; puis ils sont représentés en or massif sur le propitiatoire, Exode 25:18,
en broderie sur les couvertures et les voiles du tabernacle. Exode 26:1;
36:8,35, en relief sur les lambris du temple de Salomon, 1 Rois 6:32,35, et sur
la cuve d'airain, 1 Rois 7:29. Les prophètes les voient dans leurs visions,
entourant le trône de Dieu, Ézéchiel 1:5; 10:1; Apocalypse 4:6.
Quant à la figure de ces êtres mystérieux, les
premiers livres nous apprennent qu'ils avaient à la fois des mains d'hommes,
Genèse 3:24, et des ailes, Exode 25:20; 1 Rois 6:24; mais des passages
d'Ézéchiel et de l'Apocalypse, nous pouvons conclure qu'ils réunissaient en eux
la figure de l'homme, du lion, du laureau et de l'aigle. Partant de ces
données, on pourrait, avec Bœhr (Symbolik des mos. Cul tus), considérer les
chérubins comme les représentants les plus élevés de la création, réunissant en
leur personne quatre perfections principales de Dieu en tant qu'elles se
reflètent dans les créatures, savoir: la sagesse, représentée par l'homme; la
force productrice, représentée par le taureau; la majesté, par le lion, et la
toute science, par l'aigle. Comme les représentants les plus parfaits de la
création, des forces divines, il est naturel que nous les trouvions placés
aussi près que possible du trône de Dieu, et que leurs images se retrouvent
dans le tabernacle, et ailleurs, comme une prédication silencieuse de la gloire
de Dieu. D'après Rind, ils seraient les emblèmes de l'Église. Rien n'oblige à
douter qu'ils ne soient des êtres réellement existants.
(Il n'y a aucun
doute que le terme «Chérubins» invoque des mystères difficiles à résoudre et à
comprendre. Le point de vue que nous présentons ici n'est qu'une tentative de
résoudre ce mystère, nous l'avançons non comme un dogme mais comme une
hypothèse d'un sujet très mystérieux. L'énigme de ces créatures fantastiques
est une vérité de la foi inaccessible à la seule raison humaine et, du fait
qu'ils sont enrobés d'un symbolisme qui réagit contre le réalisme naturaliste
s'attachant à l'essence spirituelle des choses et des êtres, ils ne peuvent
être connus que par une révélation divine. Dans l'Écriture, les Chérubins sont
généralement accompagnés du terme descriptif «d'animaux» (Ézch. 1:5; 10:14,
15). Or, il est évident ici qu'il ne s'agit point d'animaux naturels tels que
nous les connaissons. La révélation se trouve donc dans l'étymologie du mot
animaux qui, dans le Hébreu signifie littéralement «êtres vivants», terme qui
s'applique aussi bien aux animaux qu'aux hommes, mais avec cette distinction
que les Chérubins ont la capacité de raisonner et de s'exprimer. Il importe
aussi de remarquer que les Chérubins apparaissent pour la première fois dans le
Texte Sacré au début de l'histoire de la race humaine dans Gen. 3:24. Nous
voyons ainsi que les Chérubins se trouvent dans le jardin d'Éden avec le
premier homme et la première femme. Mais où dans le texte trouvons-nous leur
origine ? En regardant attentivement Gen. 2:19, 20, nous voyons que le terme
«animal» est utilisé pour décrire «les bêtes des champs, les oiseaux des cieux,
et tout le bétail». Aurions-nous ici un indice de l'origine des Chérubins ? Le
fait que les animaux naturels ont été créés avant l'homme dans Gen. 1:20, 21 et
non après comme l'indique Gen. 2:19, 20, nous donne l'impression qu'il y a plus
dans ces passages énigmatiques que l'on puisse s'imaginer. En fait, le mot
«animal» qui s'y trouve signifie précisément «êtres vivants». Puisqu'il n'y a
aucune contradiction dans la Parole de Dieu, l’auteur n’utiliserait-il ici un
style imagé pour nous présenter une vérité spirituelle qui a échappé longtemps
à la raison humaine ? L'ancien historien Juif, Joseph Flavius, semble le penser
car il affirme qu'à partir de Gen. 2:4, Moïse commença à s'exprimer d'une
manière figurative. Ceci semble être supporté dans ce passage par l'inversion
de l'expression «des cieux et de la terre» à celle «la terre et les cieux»,
nous indiquant que l'auteur passe d'une description littérale à une description
figurative ou spirituelle. Cela devient encore plus évident lorsque nous
considérons l'étymologie des mots. En utilisant cette approche on voit par
analogie que l'arbre de la connaissance du bien et du mal dans le Jardin d'Éden
serait nul autre que le cerveau humain. Dans cette optique étymologique, nous
trouvons dans les passages de Gen. 2:19, 20, la révélation que Dieu créa une
race «d'êtres vivants» à l'image d'Adam qui en fut le roi. L'existence d'une
telle race de Chérubins nommés les Vigilants ou les Perceptifs semble
indéniable dans ces passages.
Mais qui sont les
Chérubins, comment pouvons-nous les décrire, où résident-ils, et quelle est
leur fonction ? Éloignons immédiatement le concept populaire que Lucifer aurait
été un Chérubin, concept que nous savons être faux de par ses exagérations
d'une théologie chimérique qui a introduit dans le Texte Sacré entre Gen. 1:1
et Gen. 1:2 la création d'un monde pré-Adamique peuplé d'anges. Nous savons
d'ailleurs que Satan, une des désignations de Lucifer qui signifie «celui qui
brille» est simplement un terme translitéré qui signifie «l'esprit de la
chair», c'est à dire l'intellect ou le raisonnement. Gardons-nous aussi de
l'hypothèse que les Chérubins seraient des entités éthérées que la théologie
traditionnelle nomme des anges. Si on peut les caractériser par le mot «anges»,
c'est seulement dans le sens que ce mot signifie «messagers». Le fait qu'un
homme soit le messager d'un autre ne signifie pas qu'il est une créature
spirituelle incorporelle. Les anges de la cours céleste ne sont pas des
créatures, mais des émanations individuelles des différentes caractéristiques
de l'Esprit de Dieu. Mais les Chérubins sont tout autre, ils sont une race
complètement à part. Quoique cela puisse être surprenant pour la grande
majorité des savants bibliques et du commun des chrétiens, les Chérubins sont
des êtres humains, une race qui brille des révélations de la connaissance de
Dieu. Ils sont des êtres de sang créés à l'image d'Adam, et comme tels ils sont
des reproductions du modèle primaire. Ils sont reliés à Adam par l'esprit et
non par la chair. En d'autres mots, comme des entités individuels
hermaphrodites, dont le nombre est fixe, ils sont l'expansion de la conscience
d'Adam dans les diverses sphères de l'existence de la révélation de la gloire
de Dieu. Plus précisément, ils sont le rassemblement de ses forces ou énergies
qui transforment et soulèvent sa perception au-delà du voile de la matière et
du temps. Ainsi le mot «Chérubins» peut se traduire légitimement aussi par «les
Voyants» ou «les Perceptifs». Pour utiliser un style imagé, nous pouvons dire
qu'ils sont les yeux de Dieu et de l'homme fait à l'image de Dieu avant que le
péché fasse son entrée dans le monde. Ils sont des êtres incandescents qui
brillent de la gloire de Dieu, ce qui leur donne une apparence lumineuse. Ils
ont la capacité de se changer ou de se transformer par leur perception
exceptionnelle de l'essence des choses, et de cela ils ont une porte ouverte à
tout l'univers et à tous les mystères de Dieu. Le fait qu'ils sont souvent
représentés avec des ailes, indique simplement la rapidité de se projeter dans
l'enthousiasme qu'ils ont pour accomplir la volonté de Dieu aux quatre coins de
l'univers. Leur quatre faces (Ézch. 1:10) représentent les quatre caractéristiques
essentiels à leur existence, c'est à dire les quatre facultés de la conscience
du cœur de l'homme avant le péché: 1) la face d'homme, c'est à dire la
réalisation ou l'exécution de la révélation de Dieu; 2) la face de lion, c'est
à dire l'accumulation ou le rassemblement des perceptions de la révélation de
Dieu; 3) la face de bœuf, c'est à dire l'orientation des perceptions de la
révélation de Dieu; 4) la face d'aigle, c'est à dire l'investigation ou la
précision des perceptions de la révélation de Dieu.
Cette race
distincte d'êtres humains, douée d'une grande intelligence, fut donnée par
Adam, leur roi, la surveillance de la création entière duquel il avait été fait
le maître (Gen. 1:26-28). Leur attention aux moindres détails et leur soumission
parfaite à leur souverain, fit qu'ils furent nommés les Vigilants, ceux qui
gardent le silence respectueux devant leur roi. Bref, les Chérubins sont ceux
qui voient au-delà des perceptions du voile de la conscience, qui percent la
façade de la réalité pour entrer dans la réalisation de son essence.
Des spéculations
sans nombre ont été montées sur le Chariot des Chérubins, le Merkabah, avec
lequel ils volent à travers les différentes dimensions de l'existence. Ce
Chariot est mentionné à plusieurs reprises dans l'Écriture (2 Sam. 22:11; 1
Chr. 28:18; Ézch. 1:15-21). Toutefois, il faut dire que le Chariot des
Chérubins dans Ézéchiel est une vision spirituelle de la gloire de Dieu qui
réside au-delà du voile de la conscience charnelle, et non un vaisseau spatial
pour voyager dans l'espace sidérale. Le mot «Merkabah» traduit par le terme
«chariot» est un mot composé qui provient de «MAR» dont les significations sont
«grand, élevé, immense, excellent, illustre, splendide, beauté, et merveille»;
et de «KABÔWD» qui signifie «gloire, éloge, honneur, immortalité, splendeur,
rayonnement, et louange». Le mot au complet est souvent traduit par «siège,
trône, couvert, couverture, vêtu, vêtir, caché, et nuageux». Nous obtenons
ainsi que le Chariot des Chérubins est un style imagé qui représente «la grande
gloire de Dieu duquel le Seigneur Jésus est revêtu, les nuées de son
rayonnement glorieux qui couvrent sa Présence derrière le voile de la
conscience charnelle, la maison de Dieu et la demeure éternelle des élus qui se
nomme la Jérusalem céleste. Le mot «chariot» est aussi merveilleusement relié à
celui de «roues» dont la signification est «réflexion», c'est à dire la
réflexion de la foi par laquelle nous sommes introduits dans tous les mystères
de Dieu. Quoique nous savons que les hommes d'avant le déluge avaient de
grandes connaissances au niveau de diverses sciences, le Chariot des Chérubins
n'a aucun rapport avec la science technologique que possédèrent les Néphilims
de ce temps.
En ce qui concerne
la demeure des Chérubins, le livre de l'Exode nous les montre brodés sur le
voile du Tabernacle qui sépare le lieu saint du lieu très-saint. Or il est très
significatif que le Tabernacle fut divisé en trois parties: 1) la cours
extérieur; 2) le lieu saint; 3) le lieu très-saint. Ces trois parties
correspondent exactement au corps humain, à savoir: 1) la chair; 2) l'âme; 3)
l'esprit. Dans cette optique nous voyons que les Chérubins ou les Voyants,
résident entre l'âme et l'esprit, une dimension intermédiaire entre le temps et
l'éternité qui ne peut être perçue de l'œil humain. Ceci se voit davantage dans
l'étymologie du mot «voile» qui signifie «dimension, immensité, extension,
imperceptible, invisible, et incompréhensible». Le fait que le mot voile est
relié à celui de «voler» qui signifie «être exalté» ou «être transporté
d'extase» nous indique que la demeure des Chérubins est «un état d'être» et non
une localité concrète. L'état d'être des Chérubins nous révèle leur fonction
par rapport aux hommes qui descendent du sang d'Adam, fonction qui est celle de
bloquer l'accès à la révélation du salut en la présence de Dieu à cause du
péché. Le péché est donc la cause principale pour laquelle les Chérubins ne
peuvent plus être vu de l'homme. Nous pouvons seulement les voir lorsque Dieu
ouvre la perception de notre conscience à leur présence. C'est pourquoi ils
manifestent leur présence de nos jours uniquement dans des songes et des
visions accordés seulement aux élus, car en Christ le voile est enlevé et le
chemin est ouvert à la révélation de la grâce de Dieu. Il importe donc aux élus
de pénétrer par la foi au-delà du voile de la conscience de leur existence
charnelle, et de percevoir l'essence de la réalité de toutes choses manifesté
dans la gloire et la majesté de Jésus-Christ qui est le Dieu Tout-Puissant,
notre Sauveur et notre Roi. En Christ nous recevons donc un don particulier que
l'on peut nommer «la voyance de la gloire» (Héb. 11:13-16; 12:18, 22-24).
Puisque telle est
la condition des Chérubins, il est légitime de se demander comment se fait-il
qu'ils ne furent point affecté par le péché lors de la chute d'Adam ? Or, ayant
été créés à part de l'homme comme des créations distinctes, des créatures
hermaphrodites qui ne peuvent se reproduire, les Chérubins ne pouvaient être responsable
des actions de leur chef qui s'écarta de la direction du commandement de Dieu.
Le péché d'Adam ne pouvait les affecter car ils n'avaient pas été créés de son
sang. Leur état de pureté demeura donc intact lors de la chute de l'homme. En
fait, nous voyons qu'ils furent utilisés de Dieu pour barrer le chemin à
l'arbre de la vie, lorsque l'homme fut chassé de la présence édénique de Dieu
pour avoir déclaré son indépendance (Gen. 3:24). En d'autres mots, les
Chérubins sont les protecteurs de la révélation de Dieu en Jésus-Christ pour le
salut des élus.)
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CHEVAL.
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Cet animal était bien connu de l'ancienne Égypte, où
il se faisait déjà remarquer par ces belles proportions, cette vivacité, cette
force et cette légèreté qui caractérisent encore aujourd'hui, suivant les
rapports de Sonnini et des autres Æneid.
— Voir: voyageurs,
les chevaux de cette contrée.
— Voir: Genèse 47:17; 50:9; Exode 9:3.
On s'en servait pour la guerre, Exode 14:9,23.
— Les Cananéens, qui demeuraient en Palestine, avaient
aussi une cavalerie, et ils l'employèrent contre les Israélites; qui venaient
chez eux pour les déposséder, Josué 11:4; Juges 4:3,7,13; 3:22,28.
Il en fut de même, plus tard, des Syriens 2 Samuel
8:4, qui laissèrent 1,700 hommes de cavalerie au pouvoir de David, lorsqu'ils
se furent levés pour aller recouvrer leurs frontières vers l'Euphrate.
Les Israélites, au contraire, ne connurent que tard
l'usage du cheval: au milieu de leurs plaines, les patriarches nomades ne
virent jamais paître que des animaux humbles et débonnaires, et le coursier qui
semble provoquer aux combats n'y frappa jamais la terre de son pied, ni l'air
de son hennissement. Puis la loi de Moïse, qui constituait Israël en
république, interdit positivement les «amas de chevaux», défense nécessaire
après le séjour d'Égypte, où les Hébreux avaient appris à connaître et sans
doute à admirer ce noble animal, mais défense qui devait tomber d'elle-même,
aussitôt que les Israélites, par leur incrédulité et leur ambition, auraient
amené un changement dans leur constitution, établi la royauté, et ouvert la
voie des conquêtes que la loi mosaïque avait elle-même prévue. Aussi
voyons-nous déjà le second des rois, David, se monter une cavalerie, modeste
encore, avec les dépouilles syriennes; et Salomon, par son alliance avec
l'Égypte, multiplier d'une manière inouïe, et en bien peu de temps, l'usage du
cheval dans ses états: il eut bientôt 4,000 étables pour ses chevaux de trait,
12,000 hommes de cavalerie et 1,400 chariots, 1 Rois 4:26; 10:26. Ce commerce
était l'un des revenus royaux les plus considérables, car Salomon percevait sur
chaque attelage un droit d'entrée de 600 pièces d'argent (prés de 2,000 fr., si
l'on doit entendre par pièces d'argent des sicles, ce qui serait exorbitant;
mais c'est peu probable: quelques auteurs pensent qu'il s'agit du prix de
l'attelage), et sur chaque cheval 150 pièces; aussi faisait-il de ses
innombrables chevaux, plus une affaire de richesse, de luxe et de pompe, qu'une
affaire de guerre, et nous ne voyons pas qu'il les ait employés dans aucune de
ses expéditions militaires. Les cours voisines et les seigneurs des royaumes
étrangers, qui voulaient cultiver son amitié, lui envoyaient aussi chaque année,
à côté de beaucoup d'autres présents, des mulets et des chevaux; les rois qui
lui succédèrent continuèrent d'avoir leurs équipages et leur cavalerie: Achab,
1 Rois 22:35; 2 Rois 9:25; Joram, 2 Rois 3:7; Jéhu, 2 Rois 9:16, etc, cf. 2
Rois 14:16; Jérémie 17:25. Il y avait même à Jérusalem une porte qu'on appelait
la porte des Chevaux. Il ressort des passages 1 Rois 18:5; Amos 4:10; Ésaïe
30:16, que non seulement les rois, mais aussi les particuliers possédaient des
chevaux, lesquels on employait même à fouler le blé, Ésaïe 28:28. On les
nourrissait d'orge et de paille, 1 Rois 4:28.
Les conquérants de l'Asie orientale s'avancèrent
souvent contre Israël avec de nombreuses troupes de cavalerie bien montées,
Ésaïe 5:28. Et lorsque les prophètes parlent de l'armée des Caldéens en
particulier, ils ne négligent jamais de mentionner les chevaux de combat qui
devaient en faire la force, Jérémie 6:23; 8:16; 50:37; 51:21; Ézéchiel 26:7,10.
À ces armées les Israélites, peu confiants dans leur chef céleste, voulurent en
opposer d'autres du même genre, et se cherchèrent des auxiliaires dans la
cavalerie renommée de l'Égypte, Ésaïe 31:1; 36:9; Jérémie 4:13; Habacuc 1:8;
Ézéchiel 17:15; cf. Jérémie 46:4; 47:3: ils oublièrent que l'Éternel avait dit:
«Maudit soit l'homme qui se confie en l'homme, et qui fait de la chair son
bras», Jérémie 17:5. Et ils furent emmenés en captivité, malgré les roseaux du
Nil dont ils avaient espéré se faire une arme et un bouclier.
L'Arménie et la Médie étaient célèbres pour la bonté
de leurs chevaux; quant à l'Arabie, elle ne promettait rien encore de tout ce
qu'elle a tenu depuis à cet égard.
On ne ferrait pas les pieds des chevaux comme on le
fait de nos jours, mais on cherchait à rendre leur corne aussi dure que
possible, Ésaïe 5:28; ou bien on l'entourait quelquefois de semelle sou de
sandales, comme celle des chameaux. L'équipement des chevaux se composait d'un
mors, Psaumes 32:9, d'une housse ou d'une selle, Proverbes 30:31, quelquefois
d'une sonnette, Zacharie 14:20. On se servait de fouets pour les presser,
Proverbes 26:3. Les chevaux blancs étaient regardés comme les plus magnifiques;
on les donnait aux généraux victorieux, cf. Apocalypse 6:2; 19:11,14. Virgile
Æneid. 3, 537. Des chevaux d'autres couleurs sont mentionnés, Apocalypse 6;
Zacharie 1:8; 6:2-3,6-7.
— La scène de Haman, conduisant Mardochée sur le
cheval du roi et le promenant en triomphe par la ville de Susan, rappelle les
honneurs dont Pharaon combla Joseph, lorsqu'il le fit conduire sur un chariot
royal, en l'établissant le second personnage de toute l'Égypte, Genèse 41:43.
Quant aux chevaux du soleil, et aux chevaux de feu qui
enlevèrent Élie dans le ciel.
— Voir: l'article Chariots.
On ne peut terminer cet article sans rappeler au moins
la sublime et poétique description que l'on trouve de cet animal dans le
discours de l'Éternel, Job 39:22-28.
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CHEVELURE, cheveux.
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Une longue et forte chevelure passait chez les Hébreux
pour un des plus beaux ornements de l'homme, Juges 16:22; cf. Ézéchiel 8:3;
mais il paraît que les jeunes gens seuls avaient coutume de la laisser flotter,
2 Samuel 14:26, tandis que les hommes plus âgés la rasaient davantage et la
coupaient avec des rasoirs, à l'exception des Nazaréens qui ne la coupaient
pas, et des sacrificateurs qui se servaient de ciseaux, cf. Ézéchiel 44:20.
Plus tard on regarda les longs cheveux chez un homme comme l'indice d'un
caractère efféminé, 1 Corinthiens 11:14, et il fut défendu aux prêtres de les
laisser croître sans les couper fréquemment. Ce ne fut plus qu'en suite d'un
vœu que les hommes purent, et seulement momentanément, laisser s'allonger leur
chevelure, Actes 18:18. Les femmes, en revanche, y attachaient un grand prix, 1
Corinthiens 11. Elles les arrangeaient en tresses, Cantique 4:1; 1 Timothée
2:9; ou les frisaient, Ésaïe 3:24; 1 Pierre 3:3, et souvent les ornaient de
pierreries ou d'autres joyaux précieux. Les femmes qui se respectaient ne
sortaient guère avec des cheveux flottants, que lorsqu'elles étaient dans le
deuil ou dans une grande affliction, Luc 7:38. Les cheveux noirs passaient pour
les plus beaux, Cantique 5:11.
Dieu avait aussi défendu aux prêtres de se couper les
cheveux en rond, Lévitique 19:27, défense qui se rapporte sans doute à quelque
usage païen que nous ne connaissons plus.
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CHÈVRE.
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Les chèvres, comprises avec les moutons sous le nom
général de Tsôn, formaient le menu bétail en opposition avec le gros bétail,
Bakhar, ouïes bœufs. Les patriarches en possédaient, comme de nos jours encore
les Bédouins, de nombreux troupeaux, Genèse 15:9; 32:14; 37:31, et les
Israélites postérieurs firent également consister une grande partie de leur fortune
dans le nombre de ces animaux, 1 Samuel 25:2; Cantique 6:5; Proverbes 27:26. La
chèvre était un animal pur; on s'en servait pour les repas et pour les
sacrifices, Deutéronome 14:4, et l'on choisissait de préférence, comme encore
maintenant, les jeunes chevreaux, Genèse 27:9; 38:20; Juges 6:19; 13:15; cf. 1
Samuel 16:20. On en estimait beaucoup le lait, Proverbes 27:27, que l'on
regardait comme plus sain que celui de la brebis. Les prophètes, les
prédicateurs de la repentance, et en général les hommes à principes sévères,
ainsi que les nécessiteux, se couvraient ordinairement de peaux de chèvres: on
se servait encore du poil de ces animaux pour en faire des couvertures de
tentes, Exode 26:7; 35:6; 36:14, peut-être aussi des matelas. Les chèvres des
Bédouins sont communément noires; dans la Syrie et la Basse-Égypte elles sont
plus grosses que les nôtres, d'un rouge clair, et les oreilles pendantes. Il ne
paraît pas que la chèvre angora soit jamais désignée dans la Bible.
La défense de cuire le chevreau dans le lait de sa
mère, Exode 23:19; 34:26, c'est-à-dire dans du beurre, pouvait avoir pour but
de favoriser l'agriculture par l'obligation de se servir d'huile pour
l'assaisonnement des viandes: le législateur, qui voulait fixer au sol la
nation juive, devait multiplier les occasions qui en rendissent les produits
nécessaires. Mais il est difficile de n'y pas voir aussi, ne fût-ce que dans
l'expression, une de ces prescriptions touchantes qui, en inspirant la pitié et
la sympathie pour les animaux, devaient adoucir le cœur de l'homme.
L'empire macédonien est représenté, Daniel 8:5, sous
l'emblème d'un «bouc sortant d'entre les chèvres», et l'on remarque que la
Macédoine, dans les premiers temps de son histoire, possédait une telle
multitude de chèvres, que plusieurs villes prirent ces animaux pour leurs
symboles, et les frappèrent sur leurs monnaies: les habitants même prirent le
nom d'Égéens (chevriers), qui s'est conservé jusqu'à nos jours dans le nom de
la mer Égée.
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CHEVREUIL,
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— Voir: Gazelle.
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CHIEN,
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animal déclaré impur par la loi juive, et méprisé de
tout l'Orient. Les anciens ne s'en servaient guère que pour la garde des
maisons, des champs ou des troupeaux, Job 30:1; il ne paraît pas qu'on s'en
servît pour la chasse.
— Voir: cet article.
On trouve cependant dans l'histoire de Tobie, 5:23;
11:3; et Matthieu 15:27, une preuve que les chiens dits d'agrément, n'étaient
pas tout à fait inconnus aux Hébreux. L'Ancien Testament nous montre parfois
les chiens comme on les voit encore de nos jours dans les pays chauds, courant
par bandes, sans maîtres, altérés et avides, 1 Rois 14:11; 16:4; 24:19,23; 2
Rois 9:36; cf. Psaumes 59:14; Luc 16:2, se nourrissait même de cadavres, 1 Rois
21:23; 22:38; Jérémie 15:3. Sauvages et presque féroces, on les a vus
quelquefois, pressés par la faim, se jeter sur les hommes; et la mesure
commandée, Exode 22:31, semble se justifier autant comme affaire de prudence
(une nourriture assurée aux chiens), que comme précepte de pureté légale. Comme
la vigilance et le cri d'avertissement sont le caractère qui les distinguait le
plus chez les Hébreux, Ésaïe a pu appeler des chiens muets, 56:10, les faux
prophètes qui, dormant eux-mêmes, laissent les peuples s'endormir dans leurs
fautes et dans leurs péchés.
On a vu en quelle basse estime ces animaux étaient
auprès des Juifs, et l'on ne s'étonnera pas que le nom de chien ait été
l'injure la plus humiliante qu'ils aient su inventer. Job se plaint de se voir
insulter par des jeunes gens dont il n'aurait pas voulu admettre les pères
parmi les chiens de ses troupeaux, Job 30:1. David s'abaissant devant Saül et
voulant lui faire sentir que son injuste persécution ne peut en aucune manière
l'honorer, lui dit: «Qui poursuis-tu, roi d'Israël? un chien mort, une puce!» 1
Samuel 24:15; la même expression se retrouve plus d'une fois dans l'histoire de
David, 1 Samuel 17:43; 2 Samuel 9:8; 16:9; cf. 2 Rois 8:13. Le nom de chien,
comme le ternie correspondant «cynique», venu du grec, se prend souvent aussi
pour désigner des hommes sans pudeur et sans retenue; et c'est dans ce sens que
plusieurs interprètes entendent les mots «le prix d'un chien» qui se trouvent,
Deutéronome 23:18, dans un contexte qui vient à l'appui de cette opinion.
L'apôtre saint Paul, en disant prenez garde aux chiens, Philippiens 3:2, semble
vouloir indiquer à la fois de faux docteurs et des hommes immoraux, comme il
s'en trouve souvent parmi ceux qui falsifient la doctrine de Christ, cf.
Matthieu 7:6. Notre Sauveur, en excluant de sa maison les chiens, les
empoisonneurs, les impudiques, etc., Apocalypse 22:15, a pris ce mot dans le
même sens. Saint Pierre, et déjà Salomon, comparent les pécheurs dans leurs
rechutes, aux chiens qui retournent à ce qu'ils ont vomi. 2 Pierre 2:22; cf.
Proverbes 26:11. Enfin David représente comme des chiens dévorants les ennemis
qui ne cessent de le persécuter, Psaumes 22:16,20; et si l'on prend ce psaume
dans son sens prophétique, on retrouvera cette idée que les plus grands ennemis
de Christ et du christianisme, sont les chiens spirituels, l'incrédulité et
l'immoralité.
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CHIFFRES,
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— Voir: Nombres.
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CHINE,
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— Voir: Sinim.
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CHIOS,
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Actes 20:15, île de l'Archipel, très fertile, située
entre Samos et Lesbos, et dépendante de l'Ionie dans l'Asie mineure; maintenant
Scio, appelée par les Turcs Saki-Adassi, ou île du Mastic. Ses principales
productions sont le mastic et le vin. La ville principale, qui porte le même
nom que l'île, a un bon port; il a joui d'une certaine importance; au temps des
Romains elle comptait encore comme ville libre.
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CHLOÉ,
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1 Corinthiens 1:11, femme de Corinthe, disciple du
Sauveur. Ce fut sa famille qui avertit saint Paul des désordres qui régnaient à
Corinthe, et des rivalités qui existaient entre les disciples d'Apollos, de
Céphas et de Paul. Quelques-uns pensent qu'elle fit écrire elle-même, et
qu'elle employa pour cela Stéphanas, Fortunat et Achaïque, «les prémices de
l'Achaïe.» C'est à cette lettre que paraît répondre l'apôtre dans les six
premiers chapitres de son Épître; il en avait reçu une autre des Corinthiens
eux-mêmes qui le consultaient sur des objets moins importants que l'union
fraternelle, et ce n'est qu'après leur avoir adressé les sévères avertissements
qu'exigeait la lettre de Chloé, qu'il passe enfin, 7:1, à la réponse directe
aux Corinthiens. Quant à la personne même de Chloé, elle est tout à fait
inconnue, au point que quelques-uns ont cru pouvoir en faire un nom d'homme.
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CHONJA,
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Jérémie 22:24,28; 37:1, un des noms de Jéchonias, q.v.
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CHORAZIN,
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village ou bourg, nommé deux fois à côté de Bethsaïda.
Matthieu 11:21; Luc 10:13, et probablement situé, comme cette ville, dans la
Galilée et sur la rive occidentale de la mer de Tibériade, mais du reste
inconnu. Saint Jérôme le met à 2000 pas de Capernaüm, et Eusèbe, mais
certainement par erreur, à 12,000. Quelques-uns comparent le «Haroseth des
nations», Juges 4:2, d'autres le nom hébreu Choraschim (lieux escarpés, 2
Chroniques 27:4, inexactement traduit forêts); d'autres lisent en deux mots
Chora Zin, la contrée de Zin; quelques voyageurs modernes enfin (Seetzen, etc.)
comparent des ruines qu'ils ont trouvées sur la rive orientale du lac de
Génésareth, sous le nom de Kalathel-Hœrsa, ou, d'après Burkhardt, Kalat el
Hossn; mais outre que ce rapprochement de noms est bien vague, bien
insignifiant, la donnée elle-même est en contradiction avec le peu que saint
Jérôme nous en a laissé. Il faut donc s'en tenir à cette simple indication que
Chorazin était dans le voisinage de Bethsaïda. Cette malheureuse ville n'existe
plus; elle a vu s'accomplir les menaces du Seigneur, qui l'avait honorée de sa
présence, de ses discours et de ses miracles, qui n'y a recueilli aucun fruit
de ses travaux, et qui lui a déclaré avec douleur et indignation que si les
villes païennes de Tyr et de Sidon eussent vu ses œuvres et entendu ses
paroles, elles se seraient depuis longtemps repenties avec le sac et la cendre.
Le sort de ces sièges du paganisme sera moins cruel au dernier jour, que celui
des villes juives qui ont été illuminées et sont restées impies.
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CHOUETTE,
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Lévitique 11:17;
— Voir: Chat-huant.
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CHRONIQUES.
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Le nom actuel de ces livres leur a été donné par saint
Jérôme; les Juifs les nommaient Diberé hayamim, journaux, paroles des jours; et
les Grecs leur avaient donné le nom que les Latins leur conservent encore, de
Paralipomènes ou choses omises , qui correspond à ce que dans notre langue nous
appellerions un supplément. Les neuf premiers chapitres contiennent des tables
généalogiques, documents auxquels les Israélites devaient attacher beaucoup d'importance,
soit à cause de l'attente du Messie, soit parce que toutes les propriétés
foncières étaient inséparablement liées à l'existence de la famille. Le reste
du premier livre et les neuf premiers chapitres du second, contiennent
l'histoire de David et de Salomon; et la tin du deuxième livre, l'histoire du
royaume de Juda depuis le schisme jusqu'à l'exil. Les livres des chroniques ne
sont cependant pas une simple répétition des livres de Samuel et des Rois. On
remarquera facilement des différences notables dans la manière dont les faits
sont présentés dans les Rois et dans les Chroniques, même des contradictions
apparentes. Les livres des Chroniques donnent beaucoup plus de détails sur tout
ce qui tient au culte, (par exemple lorsqu'il s'agit des préparatifs que lit
David pour la construction du temple, 1 Chroniques 22, 28, 29) sur
l'organisation des classes sacerdotales, 1 Chroniques 23, 24, 26, sur la
musique sacrée, ibid. 26. Ce caractère pour ainsi dire ecclésiastique des
livres des Chroniques, s'explique facilement, si l'on réfléchit qu'à l'époque
où ils furent selon toute probabilité composés (après le retour de l'exil),
tout ce qui tenait à la religion était l'objet d'un intérêt beaucoup plus vif.
Les rapports qui se trouvent entre les livres des Chroniques et les livres des
Rois, s'expliquent par le fait que les deux auteurs ont consulté les mêmes
sources, savoir les annales des rois de Juda et celles des rois d'Israël;
seulement il paraît que l'auteur des Chroniques avait sous les yeux un recueil contenant
ces deux ouvrages réunis, et il le nomme tantôt avec le titre complet: Livre
des rois de Juda et d'Israël, 2 Chroniques 25:26, tantôt en abrégeant, Livre
des Rois, 2 Chroniques 24:27, ou Livre des rois d'Israël, 2 Chroniques 20:34,
ou Actions des rois d'Israël, 2 Chroniques 33:18. Quant aux différences, elles
proviennent de ce que l'auteur des Chroniques a consulté, outre ces documents
généraux, quelques monographies particulières composées par des prophètes, et
dont les annales des royaumes ne contenaient que des extraits fort courts;
ainsi, par exemple pour le règne de Roboam, les monographies des prophètes
Semahia et Hiddo, 2 Chroniques 12:15; pour l'histoire d'Hozias, la monographie
d'Ésaïe, 2 Chroniques 26:22, etc.
On a tout lieu de penser que les livres des Chroniques
furent composés du temps d'Esdras, après le retour de la captivité (ainsi 1
Chroniques 9:17, nous voyons nommés les mêmes personnages que Néhémie
12:25-26), et même d'admettre avec la tradition qu'ils le furent par Esdras
lui-même. Il y a un rapport très intime entre la tin du livre des Chroniques et
le commencement du livre d'Esdras, comme si le deuxième de ces ouvrages était
destiné à être une continuation du premier.
Pour se débarrasser de la preuve très forte que les
livres des Chroniques fournissent en faveur de l'authenticité du Pentateuque,
on a attaqué, comme tant d'autres, la crédibilité de cette partie de l'Ancien
Testament. L'attaque, faite principalement par De Wette et Berthold, a été
repoussée avec habileté par les ouvrages de Keil (Berlin, 1833), et de Movers
(Bonn, 1834) Le principal reproche que l'on dirige contre l'auteur du livre des
Chroniques, c'est sa prétendue partialité pour le culte mosaïque, et pour la
tribu de Lévi; mais on a vu déjà que son but était simplement de combler les
lacunes des autres livres historiques sur ce sujet, et l'on ne peut pas prouver
que ce point de vue l'ait jamais entraîné à sacrifier la vérité. Si on remarque
des différences entre les livres des Rois et ceux des Chroniques, sous le
rapport des nombres et des noms, il faut observer que comme les nombres se
représentaient par des lettres, quelque erreur pouvait facilement se glisser
dans les copies.
— Voir: Nombres.
et quant aux noms de lieux et de personnes, on a vu
ailleurs combien chez les Orientaux les noms étaient sujets à des changements,
et combien souvent aussi ils étaient doubles.
— La crédibilité du livre des Chroniques est
suffisamment attestée, soit par les morceaux parallèles dans le livre des Rois,
soit, pour les morceaux qui appartiennent spécialement au premier de ces
ouvrages, par les autres livres du Canon. Nous n'en citerons que deux exemples:
on a beaucoup attaqué le récit qui est donné, 2 Chroniques 20, de la victoire
de Josaphat sur les rois alliés; mais si on lit attentivement le psaume 48, on
voit que c'est un cantique d'actions de grâce qui ne peut se rapporter à aucun
autre événement. Le récit du grand deuil occasionné par la mort du roi Josias
dans la vallée de Méguiddo, 2 Chroniques 35:22-24, est également confirmé par
Zacharie 12:11. — (Rochat, Sermons, t. V)
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CHRYSOLITHE,
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pierre précieuse, qui occupait la dixième place dans
le pectoral du grand-prêtre, et sur laquelle se trouvait gravé le nom de
Zabulon, Exode 28:20; 39:13. Elle est aussi indiquée comme le septième
fondement de la nouvelle Jérusalem, Apocalypse 21:20; cf. Ézéchiel 1:16; Daniel
10:6. La chrysolithe, ou pierre d'or, car c'est là ce que son nom signifie, est
ordinairement cristallisée, d'un vert pâle, et transparente, semée de quelques
veines. Les anciens paraissent l'avoir confondue quelquefois avec la topaze,
les rabbins avec le béryl, quelques-uns avec l'ambre. D'après Pline, la
chrysolithe était de couleur d'or, d'une très belle eau, et se tirait
principalement d'Éthiopie.
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CHRYSOPRASE,
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le dixième fondement de la nouvelle Jérusalem,
Apocalypse 21:20, pierre précieuse d'un vert pâle et brunâtre. Pline la
comptait au nombre des béryls dont la meilleure espèce était, selon lui,
couleur vert d'eau; puis venait le chrysobéryl, plus pâle et tirant sur le
jaune or; enfin la chrysoprase plus pâle encore, et tirant, dit Calmet, sur la
couleur du poireau.
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CHUZAS,
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intendant de la maison d'Hérode Antipas, et mari de
Jeanne, l'une des femmes pieuses qui assistaient notre Seigneur de leurs biens;
mais du reste inconnu, Luc 8:3. Quelques-uns pensent qu'il était déjà mort à
l'époque où il nous en est parlé; mais cette opinion que rien ne nécessite, ne
paraît même pas probable d'après le texte du verset indiqué.
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CHYPRE,
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— Voir: Cypre.
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CIDRE,
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— Voir: Cervoise.
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CIEL, Cieux.
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Dans la Bible, comme dans le langage ordinaire, ce mot
a plusieurs significations entièrement distinctes. C'est ainsi qu'il signifie:
1. L'étendue,
Genèse 1:8; cf. 2 Pierre 3:12-13; les cieux des cieux, Deutéronome 10:14; 1
Rois 8:27; Néhémie 9:6, ne sont qu'un développement de la même idée, une façon
de parler pour désigner l'univers jusque dans ses limites les plus reculées.
2. L'atmosphère
qui entoure notre planète, Deutéronome 28:23; Jacques 5:18; Aggée 1:10;
Lévitique 26:19; Psaumes 68:8; Marc 1:10.
3. L'espace
en tant que séjour des puissances spirituelles, Juges 5:20; Actes 4:12;
Philippiens 2:10. (l'air est opposé aux cieux lorsqu'il est question des
puissances des ténèbres, Éphésiens 2:2; 6:12).
4. La
demeure de l'Éternel; c'est là qu'il habite, c'est de là qu'il répand sur tous
les hommes ses grâces, ses faveurs; c'est là que fut préparé et que s'achève le
mystère de la Rédemption; là que s'enregistrent les noms des bienheureux, les
fautes et les vertus des hommes, leurs aumônes, Psaumes 73:25; 103:19; 139:8;
Matthieu 6:20; 18:18; Luc 24:51; Jean 6:41; Hébreux 4:14, etc., etc.
Dans le Grec, le
mot ciel signifie littéralement «le très-haut», ce qui a de plus élevé,
désignant ainsi «la divinité». Que Jésus soit descendu du ciel indique qu’il
s’est abaissé de la divinité pour prendre sur lui la forme d’un homme, un
serviteur. En d’autres mots, au niveau spirituel, le ciel n’est pas une
localité mais un état d’être.
5. Le
séjour futur des rachetés, Matthieu 19:21; 2 Corinthiens 5:1; 1 Pierre 1:4.
C'est même le sens dans lequel s'emploie le plus habituellement le mot ciel. Le
paradis dont parlent Jésus, Luc 23:43, saint Paul, 2 Corinthiens 12:4, et saint
Jean, Apocalypse 2:7; la vie, Marc 9:43,45; la gloire à venir, Romains 8:18;
Hébreux 2:10; la vie éternelle, Jean 3:15, etc. Actes 13:48; Matthieu 25:46; le
royaume de Dieu, Marc 9:47, d'autres expressions encore, sont synonymes du
ciel, et expriment la même idée sous d'autres formes, ou plutôt donnent une
forme à une idée qui n'exprime que l'espace. L'Écriture ne nous donne, du
reste, aucune indication sur ce que sera la vie éternelle bienheureuse; les
épithètes qui la caractérisent ne peuvent aider à l'imagination. Ce sera une
gloire souverainement excellente, un bonheur sans mélange, mais de quelle nature?
On ne saurait le dire.
De ce vague, de cette ombre qui entoure l'avenir, de
ce mystère qui l'environne, et qui, s'interpose comme un nuage entre nous et le
bonheur, on a bien vue conclu au vague du bonheur lui-même, et l'on a fait du
ciel quelque chose de vaporeux, d'éthéré, de vague. On en est venu,
involontairement, à identifier le ciel des rachetés avec le ciel des astres et
avec celui de l'atmosphère: les âmes nageront ou voleront dans l'immensité. Le
nuage qui nous sépare du ciel est devenu le ciel lui-même; le vague qui
l'environne est presque devenu la réalité. On a paru oublier la résurrection de
la chair, du corps. Élie et Jésus s'élevant dans les airs et montant aux deux,
2 Rois 2:11; Marc 16:19, Étienne voyant les cieux ouverts. Actes 7:55, les
fidèles enlevés au-devant du Seigneur en l'air, 1 Thessaloniciens 4:17, on a
été conduit naturellement à placer le ciel en l'air, et l'on a oublié d'abord,
quant au langage, et vu les conditions actuelles de l'existence de notre globe,
qu'il était difficile de parler autrement; puis, et surtout, que la vie à venir
ne commencera que lorsque la terre et les cieux auront été détruits et
renouvelés. Il va sans dire que nous n'avons pas la prétention d'aborder ici un
sujet trop fécond en hypothèses de tout genre; mais il peut être utile de
protester contre un point de vue qui ne tend à rien moins qu'à dissoudre
complètement l'homme et la vie éternelle à force de les spiritualiser. Ce ne
sont évidemment pas là les idées que nous donnent les saints livres, ni saint
Paul quand il parle de la résurrection de la chair, ni saint Pierre quand il
parle des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, ni saint Jean, dans les deux
derniers chapitres de l'Apocalypse, lorsqu'il décrit le séjour dés bienheureux
dans la vie future. Que l'espace puisse servir de demeure aux âmes en attendant
la résurrection, c'est possible, nous ne pouvons rien en savoir; mais qu'après
la résurrection, lorsque les âmes auront revêtu de nouveaux corps, il continue
d'en être de même, c'est ce qui ne paraît pas sérieux. Il est à remarquer que
si le paradis, le jardin d'Éden, n'est jamais appelé ciel, le ciel, en
revanche, est trois fois appelé paradis dans le Nouveau Testament,
— Voir: plus haut, et cf. surtout 2 Corinthiens
12:2,4; (où le troisième ciel est appelé paradis).
Et, si quelque chose nous paraît probable, c'est que
la terre renouvelée sera le séjour de l'homme renouvelé, comme la terre
primitive a été le séjour de l'homme primitif, et la terre maudite celui de
l'homme maudit. Cette terre renouvelée (un autre astre si l'on veut, une autre
planète, mais pas d'air, pas de nuages), sera appropriée aux besoins de l'homme
dans lequel l'image de Dieu aura été restaurée; cette terre renouvelée sera ce
qu'on appelle ordinairement le ciel, et les nouveaux cieux se rapporteraient à
l'espace, à l'atmosphère, ou aux rapports nouveaux dans lesquels cette terre
bénie se trouvera avec les astres du nouveau firmament. La mer n'existe plus,
Apocalypse 21:1; avec un peu de géologie, on comprend combien ce seul fait
changera tout le mode de vivre actuel; une pareille terre mérite bien le nom de
nouvelle terre. Le soleil et la lune ne luisent plus sur la terre, 21:23; 22:3,
il n'y aura plus là de nuit, voilà les nouveaux cieux. La sainte Jérusalem
descend du ciel, de devers Dieu, sur cette nouvelle terre, qui nous est ainsi
dépeinte comme le futur séjour de l'homme, et la clarté de Dieu l'éclairé,
l'Agneau est son flambeau. La main de Dieu qui a lancé la terre actuelle dans
l'orbite qu'elle parcourt aujourd'hui, peut-être au troisième jour de la
création, peut-être après la chute, et qui, par deux fois déjà, au déluge, et
lors de la victoire de Josué, a modifié son cours, saura bien, quand
l'accomplissement des temps sera venu, l'arrêter de nouveau dans sa course, et
d'un mot la placer ailleurs, et faire toutes choses nouvelles.
C'est à cette vision de la gloire éternelle qu'il faut
rapporter ce que dit saint Paul, Romains 8:17-22, cf. aussi Matthieu 19:28;
Actes 3:21. Quant à ceux qui n'y verraient qu'une description de la splendeur
du millénium, ils pourront s'édifier sur ce sujet en lisant dans l'Essai de
Vivien sur l'Apocalypse les pages 142 et suivant.
Le mot royaume des cieux (littéralement: souveraineté de la divinité) est employé dans le
Nouveau Testament dans deux sens différents; quelquefois il désigne la
prédication de l'Évangile et son résultat mélangé dans ce monde, c'est-à-dire
l'Église extérieure, l'amalgame de bons et de méchants qui professent la foi en
Christ; d'autres fois, il ne s'applique qu'au règne de Dieu considéré dans sa
gloire future, ou dans sa pureté et sa spiritualité; de sorte que, dans ce
dernier sens, il ne comprend que les enfants de Dieu, et présente un tout autre
assemblage que dans la première acception de ce mot.
— Voir: A. Bost, Recherches, p. 51 et suivant:
«Matthieu est le seul des écrivains du Nouveau Testament qui emploie
l'expression de royaume des deux; les autres disent toujours royaume de Dieu.
Les deux expressions reviennent au même; mais il semble que celle de Matthieu a
quelque chose de plus doux, et que Dieu ait voulu que le livre de la nouvelle
alliance s'ouvrît par cette manière si attrayante de représenter le but divin
de l'Évangile dans ce monde, et répandit ainsi sur le début de cette économie
comme une teinte d'aurore qui contraste admirablement avec l'économie sévère de
la loi, qui pesait encore sur le genre humain».
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CIGOGNE,
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hébreu Hhasidah (pieuse, miséricordieuse). Oiseau impur
nommé à côté du héron, Lévitique 11:19; Deutéronome 14:18, renommé pour la
beauté de ses plumes, Job 39:16; (— Voir: Autruche), pour la rapidité de son
vol, Zacharie 5:9, et pour son intelligence à connaître les saisons, Jérémie
8:7. Il se loge sur les hautes branches des sapins, Psaumes 104:17. Ces
caractères se rapportent très bien à ce que l'on sait de la cigogne, et le nom
même de cet oiseau rappelle en hébreu l'épithète de avis pia, sous laquelle les
latins aimaient à le désigner, l'oiseau connu pour sa piété filiale, pour les
soins qu'il donne à sa progéniture comme à ses parents, les nourrissant et les
défendant jusqu'à la mort. (Les noms allemands et anglais storch et stork ne
viendraient-ils pas du grec
στόργη, affection?)
— Quelques auteurs, cependant pensent qu'au lieu de la
cigogne il faut entendre le héron (Dahler Winer, etc.).
La cigogne est un oiseau de passage assez commun dans
nos climats, et même à des latitudes plus élevées; on sait qu'elle aime à
construire son nid sur les toits près des cheminées, ou sur les églises, et que
les habitants des campagnes, en Allemagne et en Hollande, se regardent comme
honorés et protégés par la présence de cet animal à moite sauvage, à moitié
domestique. Dans l'Orient où les maisons sont plates, et où les toits sont
souvent habités, les cigognes font plus de difficultés pour s'y établir, et
gîtent plus volontiers sur des arbres hauts et élevés, les pins, les sapins,
les cyprès. Le prophète Jérémie en appelle à l'instinct de cet animal, peu doué
sous le rapport de l'intelligence, et qui cependant sait distinguer les saisons
et leur retour, pour reprocher aux Juifs l'endurcissement de leur cœur, et leur
peu d'intelligence pour les choses divines, Jérémie 1, c, cf. Ésaïe 4:3.
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CILICIE,
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Actes 15:23,41; 27:5; Galates 1:21, province sud-est
de l'Asie Mineure, séparée de la Syrie par les monts Amanus, mais souvent
nommée à côté de cette dernière, avec laquelle elle se trouvait en fréquents
rapports de voisinage; elle était entourée à l'ouest et au nord par le mont
Taurus comme d'une ceinture, et communiquait par des défilés avec l'Isaurie, la
Pisidie, et la Paphlagonie. La partie orientale de cette province, se composait
de plaines fertiles et riches en vignobles; à l'ouest, au contraire, le terrain
était plus montagneux, et les belles chèvres de la Cilicie, déjà distinguées
par Aristote, y trouvaient de féconds pâturages. Les premiers habitants de
cette contrée furent des Syriens et des Phéniciens, mais au temps d'Alexandre,
il s'y établit des colonies grecques et macédoniennes. D'abord sous le joug des
Séleucides, la Cilicie passa au pouvoir de l'Arménie, et finit par devenir sous
Pompée une province romaine; mais les habitants des montagnes restèrent
toujours indépendants, et ne relevant que de leurs chefs particuliers. Il se
trouvait aussi des Juifs établis dans cette contrée, Actes 6:9. La ville
principale était Tarse, bien connue comme patrie de saint Paul.
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CIMETIÈRE.
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Institution longtemps inconnue aux Orientaux, et qui
paraît l'avoir été toujours aux Hébreux.
— Voir: Sépulture, Tombeaux, etc.
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CINNAMOME,
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Exode 30:23; Cantique 4:14, substance dont Dieu
ordonne de la joindre avec d'autres aromates, et d'en faire une huile sainte
pour le service du tabernacle. Selon toute apparence, c'est une espèce de
cannelle. Quelques auteurs veulent faire de la casse, du cinnamome et de la
cannelle, trois plantes ou arbrisseaux différents; mais le plus probable est
que les Hébreux désignaient par ces différents noms trois nuances ou familles
différentes d'une même espèce d'arbre, dont le cinnamome aurait été la plus
rare et la plus précieuse, et la casse, la moins fine et la moins estimée. Le
cannelier, ou laurus cinnamomum de Linnée (monogynie, 9e classe) est un
arbrisseau qui, près des côtes, atteint déjà une hauteur de 8 à 9 mètres, avec
une circonférence de 1 mètre environ, mais qui dans les forêts et dans un
terrain favorable s'élève beaucoup plus haut, et prend plus de consistance. Ses
nombreux rameaux sont ornés de feuilles semblables à celles du laurier, longues
de 12 à 18 centimètres, d'un vert clair; de jolies fleurs blanches, mais peu
odoriférantes, se forment au mois d'avril, en baies à noyaux, dans le genre des
grains de genièvre. Le tronc, et les branches âgées de trois ans au moins, sont
également recouverts d'une double écorce dont la plus extérieure, grisâtre, est
presque sans odeur, tandis que l'autre, longue, mince, roulée et d'un rouge
brun, nous donne, après avoir été séparée de l'aubier et séchée au soleil,
cette cannelle que nous connaissons tous, d'un goût piquant, aromatique, et si
agréable. Les marchands orientaux en faisaient un grand commerce, Apocalypse
18:13, et les hommes riches qui s'en servaient soit pour l'assaisonnement, soit
en guise de parfums, allaient jusqu'à en bassiner leurs divans et leurs lits de
repos, Proverbes 7:17.
Le cinnamome dont il est parlé dans les livres saints
se tirait probablement de l'Arabie ou de l'Éthiopie; on en trouvait aussi dans
l'île de Ceylan une espèce très estimée,
— Voir: Casse.
Outre ces différentes espèces, on connaît encore la
cannelle giroflée de Madagascar, la cannelle blanche qui croît en Amérique, à
la Jamaïque et à Saint-Domingue, enfin l'écorce d'un arbre nommé katoukarva sur
les côtes du Malabar.
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CIRCONCISION.
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Cérémonie religieuse qui consistait à couper le
prépuce à tous les enfants mâles. Dieu lui-même ordonna à Abraham de faire
subir cette opération à tous les mâles de sa famille; il en fit même une loi
pour tous ses descendants, et la circoncision devint la marque distinctive du
peuple de Dieu, le signe de l'alliance, le symbole des rapports intérieurs et
extérieurs établis entre Dieu et les Juifs. Le nom de circoncis ou de
circoncision fut dès lors employé pour désigner le peuple de Dieu, la nation
sainte, tandis que les Juifs appliquèrent aux infidèles le nom d'incirconcis,
pour rappeler qu'ils ne portaient point en leur corps le signe glorieux de
l'adoption divine qui était le privilège de leur nation seule.
Quelque respect que l'on doive avoir pour le
témoignage d'Hérodote, et quelque haute antiquité que l'on puisse accorder,
d'après cet historien, à la pratique de cette cérémonie chez les Syriens, chez
les Phéniciens, chez les Éthiopiens, et surtout chez les Égyptiens; quel que
puisse être en outre l'accord d'un certain nombre de théologiens (Celse, Julien
l'Apostat, Michaélis, Bauer, Winer, Cellérier fils), et tout en admettant, avec
Hævernick (Einleitung, p. 320), que les Égyptiens, surtout dans la caste
sacerdotale, connurent de bonne heure la circoncision, il nous est impossible
d'admettre non seulement ce que prétend Winer, qu'Abraham et Moïse aient
emprunté cette coutume aux Égyptiens (!), mais même ce qu'affirme Cellérier,
que la circoncision fût déjà connue sur la terre à l'époque où l'Éternel
l'imposa à son peuple, comme marque particulière et distinctive. «L'Écriture,
dit Calmet, nous parle de l'institution de la circoncision d'Abraham comme
d'une chose toute nouvelle. Elle nous dit que c'est le sceau de l'alliance que
Dieu fait avec ce patriarche.» Et comment la circoncision aurait-elle été un
caractère qui distinguât Abraham et sa race du reste des peuples, si elle eût
été commune aux Égyptiens et aux Éthiopiens, aux Phéniciens et à tant d'autres
peuples qui l'ont pratiquée autrefois?
— On comprend que les Arabes, les Sarrasins, les
Ismaélites, tous issus d'Abraham et jaloux sans doute de la prospérité qui
semblait s'attacher à la branche d'Isaac, aient adopté par esprit d'imitation,
par une fausse dévotion, ou par un faux calcul d'intérêt, une cérémonie
matérielle qui ne leur devait apporter aucune des bénédictions divines dont
elle était le garant, mais qui a pu non seulement ne pas leur nuire, mais même
avoir pour eux quelqu'un de ces avantages charnels qui la font encore estimer
en Orient, et qui furent probablement aussi présents à l'esprit du divin
Législateur qui l'établit. Les Samaritains s'y soumirent en acceptant le joug
de la loi mosaïque, et c'est d'eux sans doute que veut parler Hérodote
lorsqu'il mentionne les Phéniciens comme se faisant circoncire, car cette
dernière petite nation que l'on pouvait facile confondre avec quelqu'une de
celles qui l'entouraient, ne paraît pas avoir jamais connu cet usage. Les
Édomites, quoique descendants d'Abraham, ne reçurent la circoncision que
lorsque vaincus par Jean Hyrcan, ils reçurent en même temps la loi de Moïse.
Quant aux Égyptiens, nous l'avons dit déjà, la circoncision leur fut connue de
bonne heure, mais elle ne fut jamais chez eux d'un usage général et indispensable;
les prêtres seuls y étaient obligés. Quelques-uns (Cellérier) répugnent à
croire que les Égyptiens aient emprunté une cérémonie aussi importante au
peuple pauvre et méprisé qui lui construisait ses pyramides, ses palais et ses
temples; mais l'on sait que souvent le vainqueur emprunte au vaincu ses
mystères comme sa langue; et d'ailleurs, si l'on ne veut pas admettre cette
supposition, rien n'empêche de penser avec Bochart que c'est des Arabes que les
Égyptiens ont reçu la circoncision.
— De nos jours encore cette coutume est généralement
répandue dans presque tous les pays chauds, et sans faire une longue
énumération des rapports des voyageurs modernes, nous nous bornerons à
mentionner les divers faits suivants auxquels on pourrait aisément en joindre beaucoup
d'autres. La circoncision est en usage dans tous les pays musulmans. Les nègres
mahométans de l'intérieur de la Guinée la pratiquent vers l'âge de quatorze ou
quinze ans, dans un jour solennel où sont appelés comme à une revue tous les
jeunes gens qui doivent la subir. Chez les Galles, voisins de l'Abyssinie, on
ne circoncit que les hommes faits. À Madagascar, la solennité de la
circoncision est (ou était) la plus grande fête de toute l'île, accompagnée de
sacrifices, d'abstinences, de jeux, de combats, déjeunes et de processions. À
Socotora, un natif que l'on aurait trouvé incirconcis eût été condamné à avoir
les doigts coupés. Les Abyssins, bien qu'ils soient depuis des siècles passés à
un christianisme qui depuis longtemps n'existe plus guère qu'à l'état de mort,
ont conservé la circoncision, soit comme ancienne coutume, soit comme
précaution hygiénique. Les filles sont en diverses contrées circoncises comme
les hommes, en Abyssinie, dans le royaume de Bénin, en Guinée, dans le Pégu,
au-delà du Gange, chez les Cophtes et chez les Hottentots. Il serait trop long
de raconter en détail, ou même en abrégé, tout ce que font encore tant d'autres
peuples païens, blancs, rouges ou noirs, habitants des Philippines ou du
Mexique, sauvages ou demi-civilisés; se disant sages ils sont devenus fous, et
l'on aurait peine à croire en combien de façons ils ont modifié l'institution
primitive donnée aux Hébreux; la contrefaçon des choses saintes n'est jamais
chose sainte.
C'est le huitième jour après leur naissance que
devaient être circoncis les descendants d'Abraham, Genèse 21:4; Lévitique 12:3;
Luc 1:59; 2:21; toutefois Moïse lui-même semble présenter à ce fait une
première exception dans l'histoire de son propre fils, Exode 4:25; cf. 2:22, et
nous en trouvons une seconde bien plus frappante dans le peuple du désert, dont
aucun de ceux qui naquirent pendant le voyage ne furent circoncis que
lorsqu'ils eurent pris possession de la terre promise, Josué 5:2,5. D'autres
que les Juifs pouvaient être soumis à la circoncision, et ils étaient par le
fait même incorporés au peuple de Dieu; c'étaient les prosélytes de la justice
qui désiraient obtenir le sceau de l'alliance, Exode 12:48, et les esclaves,
achetés, faits prisonniers, ou nés dans la maison, auxquels leurs maîtres
devaient faire subir cette opération, afin de les mettre par là, même malgré
eux, sous la juridiction théocratique, Genèse 17:12. Cette opération n'était
point considérée comme un travail, et pouvait se faire le jour du sabbat, Jean
7:22; c'était même un proverbe reçu que la circoncision chasse le sabbat. Un
Israélite quelconque, ordinairement le chef de la famille, Genèse 17:23, était
chargé de l'exécution, cf. Exode 4:24; les païens seuls ne pouvaient
naturellement pas s'en mêler; pour les adultes, on requérait cependant
volontiers l'assistance d'un médecin: l'on se servait d'un couteau tranchant
d'acier, ou plus ordinairement de pierre, estimant que cette dernière sorte
était moins douloureuse, moins dangereuse, et causait moins d'inflammation.
Exode 4:25; Josué 5:2. L'enfant peut se guérir de la plaie en vingt-quatre
heures; pour les adultes, il paraît, d'après Genèse 34:25, qu'au troisième jour
la douleur est encore vive et la fièvre assez ardente. C'est au moment de la
circoncision, comme chez nous au moment du baptême, que le nom était imposé à
l'enfant,
— Voir: Nom, et cf. Luc 1:59; 2:21.
Nous avons indiqué déjà l'une des raisons qui
concoururent à faire introduire la circoncision chez les Hébreux. La première
et la plus importante fut sans doute le choix de Dieu, libre, simple, spontané,
sans que nous ayons à sonder ses desseins; ce fut le sceau sanglant de son
alliance avec Abraham et Moïse, comme l'arc-en-ciel fut le sceau de son
alliance avec Noé, comme la croix de Christ l'est de son alliance avec nous.
Mais si l'on peut découvrir, à côté de ce grand motif, quelques autres traits
accessoires, et les avantages extérieurs qui devaient en résulter pour le
peuple de l'alliance, nous essaierons de les indiquer par un mot. Comme le
symbole du baptême représente l'homme perdu pour le monde et enseveli aux
vanités et aux péchés de cette terre, la circoncision était le signe le mieux
choisi pour marquer la pureté, le renoncement à toute souillure, qui devait
être le grand caractère et le point dominant de toute la loi judaïque. Le jeune
enfant était censé rejeter loin de lui toute chose impure, et semblait
accomplir par avance le commandement de notre Sauveur: «Si tel ou tel de tes
membres te fait broncher, coupe-le;» Matthieu 5:29; 18:8-9. La circoncision,
par son étrangeté même, était en outre destinée à séparer toujours plus les
Hébreux des peuples voisins, en leur inspirant les uns pour les autres un
mépris réciproque. Enfin, sous le point de vue de la santé, il paraît que cette
opération était de nature à prévenir un grand nombre de maladies qui se
développent particulièrement dans les pays chauds, et que l'on trouve plus
fréquemment chez les peuples qui de nos jours ne pratiquent pas la
circoncision, que chez les autres.
On a vu déjà que chez les Hébreux le terme
d'incirconcis ou prépuce, 1 Samuel 17:26, était une des plus grandes insultes
qu'on pût adresser à un homme; à Rome, au contraire, c'était le nom de
circoncis, ou de verpus, qui tenait lieu d'injure. À l'époque d'Antiochus
Épiphanes, qui voulut ramener tous ses sujets au paganisme par le ridicule et
la persécution, plusieurs Israélites prirent tellement à honte leur
circoncision, qu'ils cherchèrent à en faire disparaître les traces par des
moyens extérieurs, des remèdes et de nouvelles opérations, 1 Maccabées 1:16.
Sur l'horreur des Juifs pour l'incirconcision, cf. encore Juges 14:3; 15:18; 1
Samuel 14:6; 2 Samuel 1:20; Ésaïe 52:1; Ézéchiel 28:10; 31:18.
Saul, voulant se défaire de David, lui fit demander
comme douaire, pour obtenir la main de sa fille, cent prépuces de Philistins, 1
Samuel 18:25. David en apporta deux cents. On se rappelle l'usage des Turcs et
d'autres peuples orientaux, de compter les morts de leurs ennemis par les
têtes, les nez ou les oreilles qu'on en apporte; mais comme souvent les
serviteurs de ces despotes asiatiques, pour mieux mériter de leurs chefs, vont
jusqu'à faire subir ces tristes opérations aux morts mêmes de leur parti, afin
d'avoir plus d'organes à présenter, les calculs sont sujets à de bien graves
erreurs. Saül n'avait rien de pareil à craindre, et ce qu'il demandait ne
pouvait se trouver que chez les ennemis de son peuple.
La circoncision du cœur, dont parle l'apôtre saint
Paul aux Romains, 2:29, n'était point quelque chose de nouveau; ce n'était
point une spiritualité de la nouvelle alliance, comparée au matérialisme de
l'ancienne; l'ancienne aussi était spirituelle, comme elle était sainte, pure,
salutaire; c'était déjà l'ancienne qui pressentait l'inutilité de la
circoncision faite de main en la chair; c'était déjà l'ancienne, et Moïse
lui-même, qui de la part de l'Éternel appelait les Hébreux à la véritable
sainteté, lorsqu'il leur dit: «Circoncisez donc le prépuce de votre cœur.
Deutéronome 10:16.
Après la mort de Jésus, et dès les premiers temps de
l'établissement de son Église sur la terre, des disputes s'élevèrent entre ses
disciples sur la nécessité d'assujettir ou non à cette cérémonie les païens qui
passaient au christianisme: nous aurons à en reparler ailleurs; rappelons
seulement ici que saint Paul déclara d'une manière générale et positive «que
celui qui se circoncit reste sous l'obligation d'accomplir toute la loi»,
Galates 5:3, et que le concile de Jérusalem délivra officiellement les fidèles
d'entre les païens de toutes les cérémonies mosaïques, et en particulier de
celle de la circoncision. Actes 15:24,28-29.
Reste enfin le cas de Timothée, Actes 16:3, la
circoncision que saint Paul donna à ce disciple, et qui paraît contradictoire
avec la conduite qu'il tint plus tard avec Tite, Galates 2:3. Il n'y a aucune
contradiction dans la manière dont les deux récits nous sont présentés; dans
les Galates, il est dit qu'on n'obligea point Tite, et dans les Actes rien ne
semble indiquer que Timothée ait manifesté quelque répugnance à se soumettre à
cette cérémonie: s'il y était volontairement disposé, il n'y avait rien dans le
système de Paul qui pût l'empêcher d'y consentir; cet apôtre disposé à se faire
tout à tous, et Juif aux Juifs, 1 Corinthiens 9:20, devait plutôt saisir avec
joie l'occasion qui lui était offerte de faire aux hébraïsants une légère
concession pour leur prouver son peu d'entêtement, son laisser-aller dans les
choses secondaires, sa tolérance et son amour pour la paix, qui le faisait
céder lorsqu'il ne s'agissait que de vues personnelles, particulières, sur des
points peu importants, mais qui ne l'amenait cependant à aucune concession sur
les articles mêmes de la foi.
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CITERNES.
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Comme les pluies ne tombent que deux fois l'an en
Palestine, que les sources y sont rares, et que les villes sont presque toutes
bâties sur des hauteurs, il faut par divers moyens obvier au manque d'eau qui
se fait si généralement sentir. Les citernes sont des réservoirs destinés à recueillir
les eaux du ciel. Les Orientaux, et les Hébreux en particulier, en avaient
creusé un grand nombre dans les plaines et sur les montagnes, et l'on montre
encore dans les environs de Nablus (Sichem) la fontaine de Jacob, Jean 4:6, au
bord de laquelle s'assit notre Sauveur parlant avec la Samaritaine. Ces
citernes prenaient en général le nom de la ville la plus voisine, ou le nom de
leurs propriétaires, comme, Deutéronome 10:6, les citernes (Bééroth) des fils
de Jaliakan. Assez étroites à leur ouverture, elles s'élargissaient
ordinairement à mesure qu'elles étaient plus profondes, et cette forme, qui les
rendait peu propres à recueillir en abondance l'eau du ciel, empêchait du moins
l'évaporation trop abondante des eaux renfermées dans le réservoir. On les
fermait au moyen d'une pierre, Genèse 29:2, pour les abriter contre le sable
mouvant du désert, ou contre la soif des étrangers et de leurs troupeaux; et
les Bédouins savent si bien encore fermer l'ouverture de leurs citernes, qu'il
est presque impossible de les découvrir, cf. 2 Samuel 17:19. À l'approche d'un
ennemi, ou pour se venger de quelqu'un, l'on comblait les puits et les
citernes, pour essayer de faire périr par la soif, ou du moins pour faire
souffrir cruellement ceux qui auraient compté s'y désaltérer, Genèse 26:15; 2
Rois 3:25; 2 Chroniques 32:3; Ésaïe 15:6. Les nomades regardent la propriété de
ces puits comme un bien précieux dont on ne cède pas facilement l'usage à
d'autres tribus, ainsi qu'il paraît d'après Nombres 21:22. Il résulte, de là
que ces citernes devaient être des occasions de rixes et de combats fréquents,
soit entre tribus, soit entre particuliers, Genèse 21:25; 26:15.
Dans la saison chaude de l'année, et en général quand
les citernes sont vides, elles servent de prisons; Joseph, et Jérémie y furent
enfermés, Genèse 37:22; Jérémie 38:6, et les prophètes emploient des images de
cette nature pour exprimer les angoisses de leur âme ou les maux qui les
oppressent, Psaumes 55:24; 69:15; 88:7. L'ne citerne est mentionnée en passant,
2 Samuel 17:18, comme ayant servi de cachette et de lieu d'abri.
Il y avait ordinairement dans les villes des citernes
publiques et banales, de la grandeur moyenne desquelles on peut juger par le
fait qui nous est rapporté, Jérémie 41:6-8, de soixante et dix hommes dont
Ismaël fit jeter les cadavres dans la citerne (Martin, mal traduit, une fosse).
Elles étaient tantôt carrées, tantôt cylindriques, et solidement enduites de
mortier et de chaux, afin d'empêcher l'eau de fuir et de se perdre;
quelques-unes cependant n'étaient que creusées dans la terre, et présentaient,
lorsqu'elles venaient à être à sec, un fond de vase et de boue, Jérémie 38:6.
On les couvrait d'une pierre, Exode 21:33, ou bien on les entourait d'une
barrière, soit comme garde-fou, pour prévenir des accidents, soit surtout pour
les préserver elles-mêmes. Les particuliers opulents avaient dans la cour de
leurs maisons des citernes pour leur usage particulier, 2 Samuel 17:18, et ce
n'était pas pour eux un médiocre sujet de satisfaction intérieure.
De nos jours encore on trouve bon nombre de puits ou
citernes dans les plaines et dans les villes à moitié désertes de l'ancienne
Canaan; c'est là qu'à la tête de leurs troupeaux, et montés sur quelqu'une de
leurs bêtes, on voit s'avancer vers le soir les bergers, les chevriers, les
âniers ou les chameliers, qui seuls entre eux, ou avec leurs bergères, font,
pendant que leurs bestiaux s'abreuvent, bourdonner les airs d'un murmure de
conversations vives, piquantes, animées, relatives sans doute aux anecdotes
qu'ils ont pu recueillir pendant le jour, ou aux besoins des animaux dont la
garde leur est confiée; c'est alors une ville bruyante et gaie, puis au bout de
deux heures, lorsque le bruit des sonnettes s'est éteint peu à peu, ce n'est
plus qu'un désert, c'est un cimetière; on y vit au milieu des morts, et les
souvenirs d'un passé, bien passé, animent seuls pour le voyageur la citerne,
les palmiers et les blocs de marbre qui se trouvent sur ce théâtre abandonné.
Alors on se transporte à l'époque des patriarches, et l'on voit, dans ces jours
où les pasteurs jouissaient d'une estime si générale, la scène d'Élihéser et de
Rébecca, Genèse 24:11,13, celle de la première rencontre de Jacob et de Rachel,
et leurs pleurs au bord de la citerne, 29:3-11, et la scène, moins naïve mais
plus sérieuse, du premier roi d'Israël qui, la veille de son sacre, prie les
jeunes filles rassemblées autour de la fontaine de vouloir bien lui indiquer la
demeure du prophète Samuel, 1 Samuel 9:11.
C'est volontiers auprès des sources que les guerriers
et les voyageurs aimaient à s'établir pour y passer la nuit, 1 Samuel 29:1; 2
Samuel 2:13; et la preuve qu'un grand nombre de villes s'établissaient dans le
voisinage des sources, se trouverait au besoin dans le fait même de la composition
de leurs noms.
— Voir: toutes celles qui commencent par Béer, etc.;
cf. les noms allemands Geisselbronn, Niederbronn,
Heilbronn, Brunnen, Lauterbrunnen; et en français, Aubonne, Bordeaux,
Fontainebleau, etc.
Il y avait d'autres puits qui n'étaient point de
simples citernes ou réservoirs, mais qui, élevés sur des sources d'eaux vives,
avaient une eau toujours nouvelle, fraîche et pure: ils étaient plus
recherchés, mais aussi bien plus rares, Lévitique 14:5; 15:13; Nombres 19:17.
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CLAUDE, et Clauda.
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1. César,
Actes 11:28; 17:7; 18:2, le quatrième empereur de Rome, et le premier que les
gardes placèrent sur le trône: il ne demandait pas la puissance; caché derrière
une porte pendant le tumulte qui suivit l'assassinat de Caïus, il y fut
découvert par un soldat et proclamé empereur. Claude consterné, dit
Chateaubriand, ne demandait que la vie, on y ajoutait l'empire, et il pleurait
du présent. S'il fût resté dans une condition privée, il eût été sans doute un
honnête citoyen, car il était généreux par nature, et savait ce que c'est que
la justice; mais empereur,1 il se laissa entraîner à beaucoup de crimes, par
ses femmes et ses favoris. Le principal fait militaire de son règne fut une
descente victorieuse en Bretagne, qui lui valut les honneurs d'un triomphe et
le surnom de Britannicus, qu'il légua à son fils. Ayant fait assassiner sa
femme Messaline, qui le couvrait do honte par sa conduite scandaleuse, il
épousa sa nièce Agrippine: celle-ci exerça sur lui la plus funeste influence,
et en particulier lui fit adopter le jeune Domitius (Néron), qu'elle avait eu
d'un premier mariage, et qui fut ainsi préféré à Britannicus, le propre fils de
l'empereur. Cette méchante impératrice finit par faire empoisonner son mari,
pour éviter elle-même le sort de Messaline. Claude mourut le 13 octobre 54
après J.-C., âgé de soixante-quatre ans, après en avoir régné près de quatorze.
De même que tous les empereurs romains, il fut après sa mort mis au nombre des
dieux. Parmi les travaux considérables qu'il fit exécuter pendant sa vie, il
faut remarquer l'agrandissement de la circonférence de Rome, la construction
d'un port à l'embouchure du Tibre, et l'achèvement d'un magnifique aqueduc
commencé par son prédécesseur Caligula. La Judée fut réduite par lui en
province romaine. C'est sous lui qu'eurent lieu la famine annoncée par le
prophète juif Agabus, la persécution dont l'apôtre saint Paul faillit être
victime à Thessalonique, et l'expulsion des juifs de la ville de Rome. C'est
encore sous son règne que Chateaubriand et d'autres poètes placent la fiction
de saint Pierre arrivant à Rome en 42, «le bâton pastoral à la main; prince
d'une nouvelle espèce, dont les successeurs sont destinés à monter un jour sur
le trône des Césars.»
2. Claude
Lysias.
— Voir: Lysias.
3. Surnom
que Flavius Josèphe donne à Félix, gouverneur de la Judée, Actes 23:26;
— Voir: Félix.
4. Clauda,
Actes 27:16, très petite île près de la pointe sud-ouest de la Crète,
maintenant appelée Gozzo, et habitée seulement par une trentaine de familles.
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CLAUDIA,
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2 Timothée 4:21, chrétienne de Rome, apparemment
convertie par saint Paul, niais du reste inconnue. On a voulu la faire, à cause
d'une épigramme de Martial qui réunit ces deux noms, la femme de Pudens, dont
le nom précède le sien; mais outre que la preuve n'est pas forte, le nom de
Linus, intercalé par saint Paul entre ceux de Pudens et de Claudia, n'appuierait
pas cette conjecture. D'autres ont voulu la faire Anglaise de nation; d'autres
enfin Gauloise, et veuve chrétienne de Pilate. Toutes ces suppositions reposent
sur le désir de deviner des énigmes. Claudia est inconnue.
________________________________________
CLÉMENT,
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Philippiens 4:3, compagnon d'œuvre de saint Paul à
Philippes, que Grotius et Steiger supposent avoir été l'un des anciens de cette
ville; quoiqu'il soit inconnu, et que l'on ne puisse rien affirmer de positif
sur son compte, l'ancienne église paraît avoir regardé ce Clément comme
identique avec le Clément de Rome, connu par ses deux lettres aux Corinthiens,
et par la tradition qui en fait Je troisième pape, successeur supposé de Linus
et de Pierre, évêques supposés d'une ville qui n'était rien dans le monde
religieux d'alors. Ou peut accepter cette identité, tout en se rappelant qu'il
est arrivé bien des fois que l'on a attribué à un personnage connu, divers
faits et gestes qui appartenaient à un personnage plus obscur, mais du même
nom.
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CLÉOPAS ou Clopas,
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(toute gloire) ou Clopas, Jean 19:25, époux de Marie,
sœur de la mère de Jésus; cette Marie, dans le passage parallèle, Marc 15:40,
est appelée mère de Jacques le mineur, lequel Jacques est ainsi nommé pour le
distinguer du fils de Zébédée. Ce Jacques le mineur est donc fils d'Alphée, et
comme il est aussi fils de Marie, femme de Cléopas, il en résulte que Alphée et
Cléopas ne sont qu'un seul et même nom, comme le prouve; d'ailleurs leur
presque identité de forme et de signification dans les langues originales
(Alphée signifie instruit, chef.). Cléopas est encore le nom de l'un des deux
disciples que notre Sauveur rencontra sur la route d'Emmaüs, Luc 24:18; est-ce
le même que l'époux de Marie? rien ne le prouve; et comme il y a dans ] les
deux noms une légère différence (le premier est proprement Clôpas), il est plus
probable qu'il faut les distinguer; cette seule différence d'une lettre est
d'ailleurs plus importante qu'il ne le semble d'abord, et, comme Winer le fait
observer, Cléopas est davantage un nom grec et la contraction de Cléopatros, de
même que Antipas est la contraction d'Antipatros, tandis que Clôpas est plutôt
le nom d'Alphée passé à la forme grecque. Toutefois Tholuk et Olshausen ne
voient dans ces deux passages qu'un même individu.
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CLIMAT,
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— Voir: Température.
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CLOCHETTE,
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— Voir: Sonnette.
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CLOUS.
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Outre le clou de Jahel, Juges 4:21, et le passage
prophétique Psaumes 22:17, il n'est guère parlé de clous dans l'histoire Sainte
que lors de la crucifixion de notre Sauveur, Luc 24:39; Jean 20:25. On se
demande si les deux pieds ont été percés du même clou comme le disent les
Latins, ou si chaque pied a été percé à part comme le veulent les Grecs et
Grégoire de Tours; on n'en sait rien, et cela ne fait rien non plus.
— Quant à l'histoire de ces trois ou quatre clous,
voici ce qu'on en dit: l'un fut mis à la couronne de Constantin, deux autres
servirent à faire le mors de son cheval, un quatrième fut jeté par
l'impératrice Hélène dans la mer Adriatique pour en calmer les agitations. On
en montre maintenant quatorze autres, tous avec des certificats d'origine; deux
à Rome, un à Milan, autant à Carpentras, à Sienne, à Venise, à Cologne, à
Trêves, deux à Paris, un à Saint-Denis, à Bourges, à Draguignan, etc., etc.
— Fraudes pieuses!
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COCHON,
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— Voir: Porc.
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COLLIER,
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— Voir: Boucles.
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COLOMBE,
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oiseau trop connu pour qu'il soit nécessaire de le
décrire; nous nous bornerons aux observations que nous fournissent sur cet
animal les données bibliques.
— La colombe qui est répandue dans tout l'Orient, où
elle niche dans de vieux murs, sur des rochers ou dans le creux des arbres,
s'appelle en hébreu, Iona, nom qui ne dérive point, ainsi que le veut Bochart,
de l'Ionie, mais d'un mot arabe qui indique la douceur, la grâce. C'est à
l'aube du nouveau monde et sur les flots du déluge, qu'elle apparaît pour la
première fois dans l'Écriture, Genèse 8:8-12, comme si cet animal, dont
l'apparition précéda celle de l'arc-en-ciel, devait déjà nous annoncer par
avance que la terre serait gouvernée par des lois plus douces, et sauvée par la
bonté du Créateur, malgré les péchés des hommes; la branche d'olivier qu'elle
rapporte semble renfermer la même pensée et dire aux hommes que «Dieu ne
frappera plus toute chose vivante comme il l'a fait» (8:21), et qu'il attendra
le jugement final avant d'accabler de son juste courroux les pécheurs
impénitents.
Elle joue le même rôle encore dans la loi mosaïque où,
déclarée animal pur, elle se trouve mêlée à tous les sacrifices, et sert à
remplacer, pour les pauvres, les victimes plus considérables exigées en
holocaustes pour le péché, Luc 2:24; cf. Lévitique 1:14; 5:8; 12:8; Nombres
6:10. À cause de la grande consommation de colombes qui devait se faire pour le
service du temple, et comme il n'était pas toujours facile à ceux qui devaient
en offrir, de se les procurer et surtout de les apporter à Jérusalem s'ils en
étaient éloignés, les prêtres avaient permis qu'on vendît de ces oiseaux dans
les parvis du temple; c'est à cause des abus et des illégalités de ce trafic
que notre Sauveur chassa un jour ceux qui faisaient ce commerce d'une manière
indigne, ne voulant pas qu'on fit de la maison de son père une caverne de voleurs,
Matthieu 21:12. Le nom de la fille aînée de Job, 42:14, Jémima, vient
probablement d'un mot arabe qui signifie colombe. En Orient, on donne ce nom
aux femmes de la plus grande beauté. Sémiramis fut appelée Sémir Jemamah, la
colombe brune, ou, selon Hésychius, la colombe de la montagne, et les
Babyloniens portaient une colombe sur leurs enseignes en l'honneur de cette
princesse.
Quant aux retraites choisies par ces oiseaux, on peut
voir Ézéchiel 7:16; Jérémie 48:28; Cantique 2:14; Psaumes 11:1.
Le vol de la colombe est quelquefois considéré par les
poètes comme l'image de la rapidité, Psaumes 55:7; Osée 11:11; Ésaïe 60:8 (cf.
Sophocle, Œdip. à Colon. 1081); la colombe, en effet, dépasse au vol tous les
animaux de sa taille et de sa grandeur, et c'est ainsi que, sans défense, elle
peut échapper fort souvent à ses persécuteurs. Salomon, dans le Cantique 1:14;
4:1; 5:12, compare à des colombes les yeux innocents et tendres de celle qu'il
aime: «ils sont comme des colombes sur les ruisseaux d'eaux, baignées dans du
lait, se reposant au milieu de la plénitude de la beauté.» Chacun sent tout ce
qu'il y a de gracieux dans cette image, qui s'attache cependant de si près à la
réalité, en nous montrant les prunelles nageant dans le blanc de l'œil comme
dans des flots de lait, et si fraîchement entourées d'un cadre de visage au
milieu duquel elles reposent comme dans le sein de la beauté. Nos versions ont
mal à propos, dans ces trois passages, mis «tes yeux sont comme ceux des
colombes:» ceux n'est pas dans le texte, et ne fait que nuire à l'idée.
Le roucoulement de la colombe est dans presque toutes
les langues appelé un gémissement (en latin, gemere, en grec,
στένειν, etc.), et les prophètes hébreux ont exprimé la même
pensée, Ésaïe 38:14; 59:11; Nahum 2:7; cf. Ézéchiel 7:16. On se rappelle le
vers de Virgile, Églog. 1:59:
Nec gemere aeria cessabit turtur ab ulmo.
Cet animal est le symbole de la candeur et de la
simplicité, Matthieu 10:16, quelquefois aussi du peu d'intelligence, Osée
7:11-12.
Il reste encore quatre passages qui ont besoin d'une
explication particulière, et qui, ordinairement mal traduits, plus souvent
encore mal compris par certains interprètes, ont donné lieu à diverses
méprises.
— Psaumes 68:14.
— Martin: Quand vous auriez couché entre les chenets
arrangés, vous seriez comme les ailes d'un pigeon couvert d'argent, et dont les
ailes sont comme la couleur jaune du lin or.
— Luther: Quand vous êtes aux champs, cela resplendit
comme les ailes des pigeons qui brillent comme l'argent et l'or.
— Anglais: Quoique vous ayez été au milieu des pots
(en Égypte, cf. Psaumes 81:6), cependant vous serez comme les ailes des
colombes, recouvertes d'argent, etc.
— Enfin Calvin: Quand bien vous seriez entre les pots
aux cendres, si (cependant) serez-vous comme les ailes de la colombe couverte
d'argent, et laquelle par derrière est comme le fin or bien jaune.
Quelque différentes que puissent paraître ces traductions,
elles se réduisent pourtant, une fois qu'on peut les comprendre, à une même
signification générale que voici: «Quand vous seriez couchés entre des chenets
(marmites, objets qui ont senti la suie), vous n'en sortiriez pas moins blancs
comme les plumes argentées d'une colombe, comme leurs ailes dorées.» Quelles
que soient vos afflictions, quelles que soient les ténèbres dans lesquelles
vous gisez, vous ne cesserez jamais de reluire, de briller, d'être heureux: la
délivrance dissipera toujours les taches que vous aurez contractées dans
l'adversité. Celui qui gouverne l'Église la tirera de tous les dangers auxquels
elle sera exposée. On peut citer comme parallèle à ce passage le verset d'Ésaïe
1:18: «Quand vos péchés seraient rouges comme le cramoisi, ils seront blanchis
comme la neige.»
— 2 Rois 6:25. Il est dit que lors de la famine de
Samarie, le quart d'un cab de fiente de pigeon se vendait cinq pièces d'argent.
Le savant Bochart, qui a consacré dix-sept pages à l'examen de cette question,
pense qu'il faut entendre par les mots fiente de pigeon une espèce de légume,
de pois chiches, qui porte encore un nom semblable en arabe; mais il paraît que
Bochart a fait une confusion de mots, et que ses conclusions d'analogie doivent
être abandonnées. D'autres, surtout des interprètes anglais, ont essayé de
paraphraser, en disant que l'on vendait pour cinq pièces d'argent un cab de
balayures, de rebuts, d'ordures, de débris réservés aux pigeons, etc.; mais
c'est forcé, et l'on doit conserver la version ordinaire, qui est appuyée par
toutes les traditions juives, et par le fait bien connu, qu'en maint et maint
cas de siège, les habitants au désespoir ont été réduits à se nourrir de fiente
d'animaux.
— Jérémie 23:38; 46:16; 50:16. On lit dans le premier
de ces passages, en parlant des ravages que Nébucadnetsar fera dans la Judée,
que la terre sera dévastée «à cause de l'ardeur de la fourrageuse;» les deux
autres versets indiqués finissent par «l'épée de l'oppresseur.» Dans ces trois
passages, on peut traduire par colombe les mots marqués en italiques: c'est
ainsi qu'a fait la Vulgate, et ceux qui adoptent cette manière de voir,
l'expliquent en rappelant que les Assyriens et les Babyloniens avaient sur
leurs drapeaux une colombe en souvenir de Sémiramis, et qu'ils sont fréquemment
désignés sous l'emblème de cet animal. On peut comparer encore les passages du
Nouveau Testament qui parlent de la colère de l'agneau, et penser que le
prophète annonce aux Hébreux, que le Seigneur, doux comme une colombe, finira
par s'embraser dans sa colère contre eux. Cependant, quoiqu'à la rigueur cette
traduction et ces interprétations soient possibles, elles ne sont pas
probables, et les auteurs catholiques eux-mêmes traduisent par oppresseur,
ravageur, ou four-rageur, laissant au masculin ce dernier nom que Martin a mis
au féminin sans trop de raison. On comprend comment l'épithète de ravageur
pouvait bien se rapporter à l'ennemi de la Judée, Nébucadnetsar.
— Matthieu 3:16; Marc 1:10; Jean 1:32. Au baptême de
Jésus-Christ il est dit que le Saint-Esprit descendit sur lui comme une
colombe, et saint Luc 3:22, nous dit plus positivement encore: «Le Saint-Esprit
descendit sur lui sous une forme corporelle, comme celle d'une colombe.» On
peut admettre que le Saint-Esprit qui, dans d'autres occasions, se présentait
sous d'autres formes, cf. Actes 2:3, ait, cette fois peut-être, pris en effet
la forme matérielle d'une colombe; et les rabbins, dans leurs explications de
Genèse 1:2; Cantique 2:12, ont toujours représenté l'Esprit de Dieu sous cette
image: le symbolique Orient devait représenter le Saint-Esprit sous la figure
d'un oiseau, comme descendant du ciel, et la colombe devait être choisie
naturellement à cause de son innocence et de sa pureté. Cependant la plupart
des interprètes modernes, surtout les protestants, repoussent cette idée comme
trop matérialiste, et ne considèrent dans l'image que l'image seule,
c'est-à-dire la vitesse, la douceur et la grâce. Pour pouvoir obtenir un
résultat quelconque, une solution quelconque aux questions que soulève cette
descente du Saint-Esprit, il faut remarquer que non seulement Jésus, mais
Jean-Baptiste lui-même (au moins lui), a vu descendre le Saint-Esprit, que, par
conséquent, le Saint-Esprit a dû revêtir une forme: on ne saurait admettre une
vision, une vue, sans que l'objet vu ait des contours, un dessin, une forme:
quelque vague qu'on veuille se le représenter, quelque nuageux, quelque
vaporeux qu'on veuille supposer le Saint-Esprit dans cette occasion, encore
faut-il qu'il ait eu une forme; et l'on doit se demander maintenant s'il a une
forme ordinaire, habituelle, constante, ou si, son essence étant invisible, il
prend quelquefois, pour se manifester, des apparences terrestres: il nous
semble que la première hypothèse est bien plus matérialiste que la seconde, et
nous croyons beaucoup plus naturel, comme aussi beaucoup plus d'accord avec le
texte sacré, d'admettre que le Saint-Esprit, impalpable sans doute, mais
visible, a revêtu ostensiblement l'apparence de la colombe. (Il s'agit ici plutôt d'une forme
d'expression figurative qui représente l'Esprit d'humilité en Jésus-Christ qui
s'abaissa comme une colombe dans l'acceptation de son ministère de Souverain
Sacrificateur qui débuta par le baptême de Jean et se termina par son sacrifice
expiatoire et substitutif sur la croix.)
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COLONIE.
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Actes 16:12;
— Voir: Philippes #5.
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COLONNE.
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Il est souvent parlé, Exode 13:21; 14:24; Nombres
14:14; Néhémie 9:12,19, de la colonne de nuée et de la colonne de feu qui
accompagnaient les Israélites dans le désert, leur montrant la route et leur
servant de fil directeur, l'une les éclairant la nuit, l'autre leur donnant de
l'ombre pendant le jour et servant de retraite à l'Éternel qui y habitait.
Quoiqu'il ne soit pas dit en quel endroit elle commença, et en quel endroit
elle cessa d'accompagner les Israélites, on peut croire que le passage de la
mer Rouge et le passage du Jourdain furent les termes extrêmes de son voyage.
Elle se tenait ordinairement à la tête du peuple; une seule fois elle vint se
placer entre eux et les Égyptiens qui les poursuivaient. Exode 14:19-20, de
manière à les séparer pendant toute la nuit. C'est du sein de la même nuée que
le Seigneur apparut aux Hébreux en Sinaï, quand il leur donna sa loi.
— Mais qu'était-ce matériellement que cette nuée
miraculeuse? C'est ce que nous ne savons pas. Quelques rationalistes, avec
l'esprit qui les caractérise, ont imaginé que c'était un tas de bois que l'on
faisait brûler à l'entrée du camp par manière de signal; on en voyait la fumée
le jour, et la flamme la nuit; mais il faut avouer
1. que,
pendant quarante ans, cela aura fait une consommation de bois prodigieuse;
2. que
dans le désert on aurait eu un peu de peine à s'en procurer autant, et
3. que
ce devait être bien mal commode de charrier, devant soi, jour et nuit, ce foyer
ambulant.
— D'autres ont imaginé que c'étaient deux immenses
drapeaux, sur l'un desquels était peint un nuage, et sur l'autre une flamme. Il
n'est pas nécessaire de faire remarquer au chrétien qui lit la Bible avec un
cœur honnête et pur, combien toutes ces divagations sont impies et ridicules.
Cf. Psaumes 78:14; 105:39.
— Les colonnes de la terre, Job 9:6, les piliers du
pays, Psaumes 75:3, et les colonnes des deux, Job 26:11, sont des expressions
métaphoriques qui représentent le ciel et la terre comme des édifices bâtis
parla main de l'Éternel, comme des temples du Dieu vivant, taillés à la
ressemblance des ouvrages de l'homme, et soutenus comme ces derniers par des
colonnes, cf. Job 38:4-6.
L'Éternel, en envoyant Jérémie prêcher aux Gentils,
lui annonce qu'il lui a donné les forces et la consistance d'une colonne de
fer, Jérémie 1:18; dans le Nouveau Testament, Jacques, Céphas et Jean sont
appelés les colonnes de l'Église, Galates 2:9; et Apocalypse 3:12, l'Esprit dit
encore: «Celui qui vaincra, je le ferai être une colonne dans le temple de mon
Dieu.» Le sens est le même dans ces trois passages; la colonne désigne des
hommes forts, qui sont les fermes soutiens de l'œuvre du Christ, la force et
l'ornement de la maison de Dieu. Enfin l'Église elle-même est nommée de ce nom
par saint Paul, 1 Timothée 3:15, parce qu'elle est le gardien extérieur des
vérités divines et des oracles de Dieu.
Quant aux colonnes du temple,
— Voir: Temple.
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COLOQUINTE.
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2 Rois 4:39. Élisée étant venu à Guilgal à l'époque
d'une grande famine, voulut faire préparer un repas pour les prophètes de
l'endroit, mais ils furent presque empoisonnés avec un plat de coloquintes
sauvages que quelqu'un avait cueillies et mises dans la chaudière sans savoir
ce que c'était. L'homme de Dieu prit un peu de farine, la jeta dans le potage
et le rendit mangeable et sain.
— Les coloquintes sont une espèce de courge ou de
concombre sauvage, dont la tige jette autour d'elle des sarments et des
feuilles semblables à celles des concombres de nos jardins, ou à celles de la
vigne: le fruit, dont l'enveloppe charnue est d'un jaune-vert, est de la
grosseur d'une orange, mais allongé comme le concombre, et si amer qu'on l'a
surnommé le fiel de la terre; lorsqu'il est mûr, il éclate à la moindre pression.
La ressemblance de la coloquinte avec le concombre a facilement pu faire
cueillir l'une pour l'autre, d'autant plus qu'en temps de famine on n'y regarde
pas toujours de très près. Quant au moyen employé par le prophète pour assainir
ce mets affreux, on n'y peut voir qu'un miracle; cependant on sait que certains
légumes, d'un goût amer, perdent cette amertume quand on y mêle de la farine.
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COLOSSES.
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Située sur le Lycus, à 8 parasanges (environ 50
kilomètres) du Méandre, et à 35 kilomètres de Laodicée, cette ville était une
des plus considérables de la Phrygie au temps d'Hérodote. Xéno-phon encore
l'appelle une cité peuplée, prospère et grande. Au temps de Strabon ce n'était
plus qu'une ville médiocre, un bourg, quoique Pline ait pu la classer encore au
nombre des villes célèbres de l'Asie-Mineure. Elle fut renversée par un
tremblement de terre la septième année de Néron, 60-61, mais reconstruite
immédiatement. Au onzième siècle, et déjà du temps de Théophylacte, on
l'appelait Chônaï (fentes, fissures), peut-être à cause de la nature de son sol
limoneux, qui sèche en été et se crevasse au point que, près de Colosses, le
Lycus disparaît sous terre comme englouti. Au douzième siècle elle avait
recouvré quelques traces de sa première grandeur. Elle fut longtemps une
résidence épiscopale. Maintenant ce n'est plus qu'un gros village qui porte
encore le nom de Chonus, avec un château-fort dans le voisinage. On a varié sur
l'orthographe de ce nom, les uns voulant l'écrire Colasses; mais les meilleurs
manuscrits, de même qu'un grand nombre de médailles, l'écrivent comme nous
faisons, et leur autorité l'emporte. Pour la géographie de cette contrée, il
faut consulter surtout le commentaire de Steiger sur l'épître aux Colossiens,
p. 13 et 368.
Il ne paraît pas, ni d'après les Actes des apôtres, ni
d'après l'épître aux Colossiens, que Paul ait lui-même visité ces contrées, ou
qu'il y ait fondé des Églises; mais pendant le séjour prolongé de Paul à
Éphèse, et à cause des communications faciles du Méandre et du Lycus, on peut
croire que des disciples de cet apôtre, ou d'autres fidèles portèrent
l'Évangile dans l'intérieur du pays, et y établirent quelques assemblées
chrétiennes. On croit même, d'après l'épître à Philémon, et par plusieurs
passages de celle aux Colossiens 4:7,10,14. 15,47, que Paul connaissait
diverses personnes de cette contrée, et que ces Églises connaissaient plusieurs
des compagnons de Paul. Du reste la plupart des noms d'origine grecque,
Nymphas, Archippe, Philémon, Appia, Épaphras, Onésime, etc., rendent probable
l'opinion que les troupeaux de cette vallée étaient composés en très grande
partie, sinon exclusivement, de païens convertis, et non de judéo-chrétiens.
Quant à l'Épître aux Colossiens, il est évident non
seulement qu'elle a été écrite en vue de certains faux docteurs, mais encore
que ces docteurs avaient une doctrine d'un caractère particulier et même
systématique: les uns ont voulu y voir des pharisiens, d'autres des philosophes
platoniciens, ou même pythagoriciens, d'autres des disciples de Jean-Baptiste.
Avant tout il faut remarquer, d'abord, que ces faux docteurs étaient des Juifs
d'origine, des docteurs de la loi, recommandant les cérémonies, les sabbats, les
jeûnes, etc.; ensuite que ce n'étaient pas des Juifs ordinaires, se bornant à
conserver la loi et à la répandre au sein des Églises, mais des Juifs qui
philosophaient d'une manière ou de l'autre sur les objets de la loi. Ces deux
caractères sont si frappants que quelques commentateurs ont pensé que Paul
s'adressait alternativement, dans cette épître, à deux classes de docteurs;
mais Calvin et d'autres ont établi qu'il ne s'agissait ici que d'une seule
classe joignant à l'attachement à la loi l'amour d'une certaine philosophie. On
peut supposer, ou que ces docteurs juifs avaient fait profession de
christianisme, ou qu'ils ne l'avaient pas fait; mais cette dernière supposition
est peu vraisemblable: on admettra difficilement que des Juifs non baptisés
aient trouvé accès auprès des membres d'une Église surtout composée en majorité
de chrétiens d'entre les gentils, et que saint Paul ne les ait pas combattus
d'une manière franche et directe. L'opinion la plus probable est donc celle du
critique anglais Hammond qui, avec sa malheureuse habitude de voir partout des
gnostiques, s'est trouvé cette fois avoir rencontré juste. Ce n'étaient point
les écoles gnostiques qui furent fondées plus tard, mais c'était la même
direction d'esprit, la même philosophie presque traditionnelle, la philosophie
orientale appliquée par les Juifs à leur croyance paternelle, puis au
christianisme, lorsqu'ils se faisaient baptiser. Leur philosophie, ou plutôt
leur théosophie, leur théurgie s'était humanisée, pour ainsi dire, en se
fondant avec les idées grecques, et surtout en empruntant à l'esprit grec une
certaine volubilité des idées, et l'apparence d'une philosophie didactique. Ces
théosophes, également attirés par le christianisme, étaient assez impartiaux
pour reconnaître que l'intelligence des choses célestes était supérieure à
leurs propres idées; désirant d'y prendre part, ils entrèrent dans l'Église,
mais n'ayant pas été convertis de cœur, l'amour de la sagesse charnelle
prévalut bientôt; ils donnèrent au christianisme et à Christ une place dans
leur système, mais n'abandonnèrent pas leurs erreurs. D'autres hommes qui
s'étaient faits chrétiens, entraînés par un besoin du cœur plutôt que par
curiosité, retournant plus tard à des idées de propre justice, s'efforcèrent
d'accorder le christianisme qu'ils aimaient, avec la loi qu'ils aimaient
également, et pour les cimenter ils se servirent de l'ancienne philosophie. On
peut consulter avec fruit sur ce sujet l'excellent commentaire de Steiger sur
les Colossiens (Erlangen 1836), ainsi que ceux de Bæhr (1833) et de Mélanchthon
(1577). Le peu que nous avons dit suffira peut-être pour faciliter
l'intelligence de l'épître si difficile dont nous parlons. «Après avoir réfuté
ces fausses doctrines, ajoute Calmet, l'apôtre débite aux Colossiens la plus
belle et la plus sublime morale.»
— On se demande si cette épître a été écrite pendant
la captivité de Rome, ou pendant celle de Césarée: il est probable qu'elle fut
datée de Rome, et écrite peu de temps avant celle aux Éphésiens avec laquelle
elle a beaucoup de rapports, et dont elle semble même n'être guère qu'un
extrait destiné spécialement à l'Église de Colosses, tandis que l'épître aux
Éphésiens serait une circulaire pour toutes les églises environnantes; elles
s'expliquent l'une l'autre, et peuvent avec avantage être lues ensemble. Voici
quelques-uns des parallèles du 1er chapitre de l'épître aux Colossiens.
Colossiens.
1:2
1:3
1:13
1:14
1:16
1:20
1:21
1:24
1:26
etc.
Éphésiens.
1:1-2
1:15-16
1:6
1:7
1:22; 3:10-11
1:10; 2:13
2:1
3:1
3:3
etc.
Les chapitres suivants présentent un parallèle
également remarquable que le lecteur attentif trouvera seul, sans qu'il soit
nécessaire de prolonger ces citations.
________________________________________
COMMERCE.
________________________________________
On comprend que le commerce soit une chose aussi
vieille que le monde, et que les échanges aient commencé dès les premiers temps
entre les bergers, les laboureurs, et les fabricants. Aux jours des patriarches
ce mode d'échange subsistait encore; mais il avait déjà pris un caractère plus
mercantile que lorsque l'humanité ne formait qu'une famille, dont les divers
membres travaillaient les uns pour les autres, se communiquant mutuellement,
sans les mesurer, les produits de leur travail ou de leur industrie; on voit
déjà des marchands proprement dits; mais comme l'argent monnayé n'existe pas,
on donne des denrées pour d'autres denrées, chacune ayant une valeur
déterminée; les caravanes ismaélites traversent Canaan pour se rendre en
Égypte, leurs chameaux portent des drogues, du baume, de la myrrhe; elles
achètent un homme esclave, et le payent vingt pièces d'argent, Genèse 37:25,28,
car l'argent aussi était une marchandise qui se pesait, et que l'on estimait
selon son plus ou moins grand degré de pureté. Ce sont probablement encore des
caravanes marchandes que nous trouvons Job 6:19.
Puis, pendant la servitude d'Égypte, les Hébreux,
quoique simples ouvriers esclaves, se trouvèrent plus ou moins mêlés au
commerce actif de cette riche contrée; mais ce goût qui n'eut pas de peine à se
développer chez eux, fut comprimé par la législation mosaïque, soit
directement, soit indirectement par la nature peu maritime, quoique littorale,
du pays qui leur avait été donné, par l'obligation qui leur était imposée de
diverses manières, de cultiver le sol afin d'en consacrer les produits à
l'Éternel, par les avantages mêmes qu'ils retiraient de la culture de ce sol,
enfin, par les barrières que la loi établissait entre le peuple saint et les
peuples environnants. Il paraît toutefois que les habitants du nord du pays ne
laissèrent pas que de faire un petit commerce avec les Phéniciens leurs
voisins, Genèse 49:13; Deutéronome 33:18. Sous les rois, le commerce s'agrandit
et devient royal. Salomon lui-même est à la tête des plus grandes entreprises;
il fait le commerce des chevaux entre l'Égypte et la Syrie, 1 Rois 10:26; 2
Chroniques 1:16-17; il s'associe au roi de Tyr pour l'exploitation des mers, 1
Rois 9:26. Après lui, les expéditions maritimes cessent de faire partie des
revenus royaux, et même, sauf quelques essais tentés par Josaphat, 1 Rois
22:49, le commerce par mer est interrompu, les ports d'Élath et de
Hetsjon-Guéber conquis par David, étant tombés de rechef entre les mains des
Édomites. Mais le commerce par terre avec Tyr continue de fleurir. Ézéchiel
27:17; Néhémie 13:16. Les Hébreux achètent aux Phéniciens de magnifiques bois
de construction, 1 Chroniques 14:1; 1 Rois 5:10, du poisson, Néhémie 13:16;
(cf. Ézéchiel 26:5,14), divers objets de luxe, des étoffes brodées de diverses
couleurs, des parfums, de l'encens, de la pourpre, et d'autres marchandises
tirées pour la plupart de l'Arabie, de la Babylonie, ou des Indes; ils
fournissent en échange du blé, de l'huile (cf. 1 Rois 5:11; Actes 12:20) du
miel, des dattes, du baume, Osée 12:2, des objets de toilette brodés par les
mains de leurs laborieuses épouses, Proverbes 31:24, enfin quelques espèces de
fines pâtisseries.
On ne voit nulle part que, malgré les guerres
nombreuses qu'eurent à soutenir les deux royaumes, les revenus de l'État en
aient souffert d'une manière notable: on trouve même au milieu de leurs revers
des périodes, Ésaïe 2:7, ou des tribus, Osée 12:9, qui se font remarquer par
leurs richesses et l'abondance de toutes sortes de biens.
L'exil étendit naturellement beaucoup la sphère du
commerce hébreu; les exilés ne voulant se fixer nulle part, et restant partout
étrangers, n'avaient de ressource que dans le commerce, mais ils surent en
profiter; ils se dispersèrent dans les différentes villes de la Babylonie, puis
ailleurs, dans les provinces de l'Asie mineure, en Égypte, et jusqu'en Europe.
Cependant toujours un peu gênés par leur loi, les Juifs de la Palestine
hésitèrent à se vouer au commerce, et laissèrent occuper par des étrangers les
ports de Joppe et de Césarée que leurs rois leur avaient donnés; puis, sous la
domination romaine, plusieurs objets de commerce ou d'industrie, passèrent à
l'état de régie, et furent enlevés à l'activité individuelle.
Quant au petit commerce, pour lequel on trouve des
préceptes particuliers, Lévitique 19:36; Deutéronome 25:13; cf. Osée 12:8, les
grandes fêtes lui étaient surtout favorables; les marchands étalaient alors
leurs marchandises sur les places près des portes, et les Tyriens mêmes
savaient encore dresser leurs bancs sur les marchés de Jérusalem, cf. Néhémie
13:16. On trouvait en outre dans les parvis du temple des changeurs et des
vendeurs d'animaux pour les sacrifices. C'étaient des objets de première
nécessité; les Juifs étant forcés d'acheter, le commerce des vendeurs tourna au
vol: ils justifièrent les doubles attributions que le paganisme donnait à
Mercure, et ils furent chassés par notre Sauveur, Jean 2:14; Matthieu 21:12.
Nous retrouvons une
forme particulière de commerce dans Apocalypse 13 :17 qui doit s’interprétée
figurativement comme signifiant un principe de marchandage avec Dieu par lequel
un faux peuple de Dieu cherche à s’approprier illégitimement de la grâce du
salut par le moyen de la justification par les œuvres, nommé aussi la
justification par le choix de croire d’une décision personnelle. Principe
insidieux qui déforme la vérité de la révélation sur la grâce inconditionnelle
et qui marque ses adhérents comme étant des réprouvés destinés à la perdition
éternelle.
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CONCOMBRES,
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seulement Nombres 11:5; (cf. Ésaïe 1:8, un champ de
concombres.), plante et fruit bien connu dans nos jardins et sur nos marchés.
Tourne-fort en compte six espèces, dont la blanche et la verte sont le«plus
estimées. C'est en Orient, et surtout en Égypte, qu'ils acquièrent leur plus
grande beauté. On assure que le concombre, dans ces pays méridionaux, forme
avec le melon et l'oignon une des nourritures les plus délicates du peuple, et
qu'il est à la fois plus agréable au goût et moins indigeste que le concombre
européen.
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CONCUBINES.
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Il y avait chez les Hébreux divers ordres d'épouses,
toutes considérées comme telles, mais occupant une place plus ou moins élevée
dans la famille, et jouissant de privilèges plus ou moins grands. Michaëlis
(Mos. Recht) en compte trois degrés: d'abord les femmes libres et légitimes,
épousées et non achetées, comme Sara femme d'Abraham; ensuite les épouses
légitimes, mais achetées, comme Léa et Rachel, Genèse 29:18,27; enfin les
concubines, femmes esclaves, qui, sans être légitimes, étaient cependant unies
à l'époux d'une manière légale et régularisée, sans que leur état les avilit,
et sans qu'elles fussent coupables de mauvaise conduite. À côté d'une, et même
de plusieurs femmes légitimes, un homme pouvait avoir plusieurs concubines,
surtout s'il n'avait point d'enfants de sa première épouse, Genèse 16:3; 30:3.
C'était ordinairement parmi ses esclaves, ou parmi celles de la femme et du
consentement de celle-ci, qu'il choisissait celle qu'il voulait élever à ce
rang secondaire, qui était plutôt un privilège qu'une honte.
Dans cette coutume si contraire à l'institution
primitive du mariage, il faut reconnaître une déviation de la droite voie,
moins coupable peut-être chez les hommes qui avaient à la fois beaucoup de
besoins et peu de lumières, mais coupable cependant, et qui ne fut jamais en
bénédiction à ceux qui s'y livrèrent. Le grand Abraham, polygame, fut obligé de
la part de Dieu à répudier la femme qu'il avait prise pour en avoir des enfants
en dehors de la promesse; Jacob fut malheureux dans l'intérieur de sa famille,
il vit ses quatre femmes se quereller, et l'une d'elles se livrer à Ruben, l'aîné
de ses fils; David s'en trouva mal, et Salomon s'égara loin de Dieu au milieu
des voluptés de son sérail.
Quoi qu'il en soit, ce fut une coutume qui commença de
bonne heure à se répandre, que les hommes les plus fidèles acceptèrent, qui
passa presque à l'état de règle, et qui semble sanctionnée par un détail de la
loi mosaïque, Exode 21:8; cf. Genèse 22:24; 36:12; Juges 8:31; 2 Samuel 3:7; 1
Chroniques 1:32. Les enfants issus de pareilles unions n'étaient point
considérés comme fils légitimes; et quoiqu'ils pussent habiter avec leurs
frères légitimes, ils n'avaient aucun droit à l'héritage du père de famille;
celui-ci pourvoyait par des dons volontaires et de son vivant à leur assurer
une condition avantageuse, Genèse 25:6; 21:10; 24:36.
Une esclave, par le fait de son alliance avec son
maître, ne pouvait plus disposer d'elle-même pour appartenir à un autre, Juges
19:2; 2 Samuel 3:7; elle était sa femme, quoique moins honorée, et ses
infidélités devenaient adultères, mais passibles des peines ecclésiastiques
seulement, et non point des peines criminelles, Lévitique 19:20. Moïse présente
le servage et les rapports de maître à esclave-femme sous un point de vue assez
particulier, lorsque, Exode 21:7-11, il maintient la servitude de la jeune
esclave dans l'année sabbatique, contrairement aux dispositions qui rendaient
cette année la liberté à ceux qui l'avaient perdue d'une manière ou de l'autre.
Il part de la supposition qu'une esclave n'est jamais achetée qu'à titre de
concubine; il la considère donc comme telle, et regarderait son
affranchissement comme une espèce de divorce. Mais comme il arrivait
fréquemment qu'une esclave n'était pas concubine, elle était alors en droit ou
d'être rachetée, ou d'être affranchie, ou de passer à un autre maître, afin de n'être
pas vouée à un triste et honteux célibat par l'indifférence de son maître.
Quelquefois un père achetait une jeune fille pour la donner à son fils, jugeant
convenable de prévenir ainsi de plus grands désordres; et quand ce fils venait
à prendre une épouse légitime, l'esclave était en droit d'exiger de son jeune
maître les mêmes traitements qu'avant son mariage.
Ce régime de relâchement répugne à tout ce que nous
pouvons avoir d'idées sévères, et sur la sainteté du mariage, et sur la
sainteté de l'individu, et sur la dignité de la femme, et sur la grandeur et la
pureté des exigences mosaïques. Il faut admettre que Dieu a voulu faire des
concessions à l'endurcissement du coeur, aux passions qui l'agitent et à la
violence de ses désirs: ne voulant pas exterminer son peuple, et sachant que
les peines les plus sévères n'empêcheraient point des transgressions
constantes, il a mieux aimé régulariser le cours des passions, les limiter par
des lois, leur accorder quelque chose, et punir d'autant plus sévèrement les
infractions aux lois subsistantes, que ces lois elles-mêmes avaient été
adoucies, autant qu'il était possible de le faire. Et si l'idée de ces
concessions est rejetée de quelques théologiens, si on y voit le germe ou
l'indice d'une morale relâchée, nous répondrons en citant ces paroles de notre
Sauveur, Matthieu 19:8, qui prouvent évidemment un système de concession dans
la législation de Moïse: «C'est à cause de la dureté de vos cœurs que Moïse
vous a permis de répudier vos femmes; mais au commencement il n'en était pas
ainsi.» Nous demanderons encore si le fait même de ces lois sur les esclaves
concubines n'était pas une concession; s'il y aurait une autre manière de
l'expliquer; ce que l'on aurait pu substituer à ces lois: nous demanderons si
même maintenant Dieu n'accorde rien à la faiblesse de notre nature, si le
mariage lui-même ne nous sera peut-être pas dans l'Éternité représenté comme
une condescendance divine, cf. 1 Corinthiens 7:2; et enfin si, le mariage une
fois admis, Dieu ne peut pas, lorsqu'il le juge convenable, permettre à un
homme deux femmes aussi bien qu'une, et un plus grand nombre aussi bien que
deux? Il est évident que nous n'avons point à résoudre ici ces questions, ni à
examiner les raisons d'économie morale, civile ou politique, qui appuient en
général l'établissement de la monogamie primitive.
Ajoutons encore que la polygamie prit un développement
effrayant sous quelques-uns des rois de Juda: David avait sept femmes et dix
concubines, 2 Samuel 3:2-5; 20:3. Salomon eut jusqu'à sept cents femmes ayant
train de reines, et trois cents concubines, 1 Rois 11:3; (elles firent égarer
son cœur, ajoute l'historien sacré); et Roboam, son fils, dix-huit femmes et
soixante concubines, 2 Chroniques 11:21.
La venue du Christ a ramené le mariage a sa première
institution, et a condamné l'usage des concubines «quoique, ajoute Calmet, on y
ait toléré assez longtemps les mariages clandestins, dans lesquels on appelait
assez souvent la femme du nom de concubine;» phrase mystérieuse dont nous
laissons à chacun de débrouiller le sens.
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CONJURER LES MORTS,
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— Voir: Python.
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CONSEIL DES ANCIENS,
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— Voir: Sanhédrin.
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COOS,
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Actes 21:1, petite île de la mer Égée, à 16 kilomètres
des côtes de l'Asie Mineure, près de Cnide et d'Halicarnasse. Ses vignes sont
célébrées dans Pline, 15, 18, etc, et ses tissus magnifiques le sont par
Horace, Od. 4, 13; 7, et par Tibulle. Le chef-lieu de l'île, du même nom, avait
un temple d'Esculape très fameux, et un autre de Vénus. Hippocrate et Apelles y
étaient nés.
— Son nom actuel est Stanchio.
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COQ,
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— Voir: Poule.
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CORAIL, coraux.
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Production marine, dure, solide, et s'élevant du fond
de la mer comme un arbre aux gracieux rameaux. On trouve du corail noir, du
blanc, et du rouge. Cette dernière sorte est celle qui porte par excellence le
nom de corail. à cause de sa plus grande valeur et de l'usage qu'on en fait
pour la parure des dames, soit en l'incrustant dans des métaux, soit en en
formant des colliers. Quoique ce ne soit pas une pierre précieuse, l'auteur du
livre de Job, 28:18, le nomme à côté de l'onyx et du saphir. Il faisait partie
des objets du commerce syrien, Ézéchiel 27:16. Cette substance est connue
depuis les temps les plus anciens. Pline nous apprend qu'elle était très
estimée, d'abord à cause de sa beauté, puis à cause des idées superstitieuses
que l'on y rattachait: on croyait que celui qui portait un morceau de corail
sur lui ne pouvait jamais courir aucun danger Naguère encore, dans la même
contrée, un collier de corail rouge se vendait aussi cher qu'un collier de
perles. Le nom hébreu que l'on a traduit par corail est Ramoth. D'autres ont
voulu voir le corail dans l'Almughim, q.v. On se demande enfin si le mot
Peninim, Proverbes 3:15; 8:11; 20:15; 31:10; Job 28:18; Lamentations 4:7, ne
désigne pas la même substance; nos versions portent quelquefois pierres
précieuses, quelquefois perles, ce qui est peu probable, soit à cause du
passage des Lamentations qui donne au Peninim la couleur rouge ou vermeille,
soit à cause de l'analogie de l'arabe. Il est bien possible qu'un objet de luxe
aussi recherché ait eu chez les Hébreux deux noms différents; mais l'on ne peut
rien décider.
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CORBAN,
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Marc 7:11; (cf. Matthieu 15:5) Ce mot hébreu signifie,
ainsi que cela est indiqué dans le texte même, un don, une offrande; il est
employé dans l'Ancien Testament, Lévitique 2:1; 4:12; 10:17, et ailleurs, pour
désigner de simples offrandes, celles pour le péché. Les Juifs juraient
quelquefois par ces dons offerts sur l'autel, Matthieu 23:18.
— Dans le passage de Marc, notre Sauveur reproche aux
prêtres leur fausseté intéressée, aux Juifs leur dureté envers leurs parents.
Pour accroître le trésor du temple, et par là leurs richesses particulières,
les prêtres disaient aux enfants d'Israël que tout don (ou corban) fait au
temple, les dispensait de soutenir leurs parents et les personnes de leur
famille (cf. 1 Timothée 5:4). Et il paraît que cet abus impie était devenu
assez général à l'époque où parlait notre Sauveur, et qu'un grand nombre de
Juifs se croyaient déliés de leurs devoirs domestiques au moyen des offrandes
qu'ils avaient faites pour le service du sanctuaire. Cependant, pour comprendre
une pareille aberration de l'esprit filial, il faut supposer que l'intérêt se
joignait chez les enfants à l'adoption de cette maxime cléricale, et que les
prêtres, ou bien exigeaient pour le temple une portion moins forte que celle
qui aurait du revenir aux parents, ou bien qu'ils séduisaient les Juifs par
certaines promesses illusoires, en leur représentants les offrandes faites au
temple comme plus méritoires, et comme entraînant des bénédictions et des
avantages particuliers.
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CORBEAU.
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Oiseau appelé en hébreu horeb, et en syriaque croac;
de même croak dans le vieux anglais. Il était déclaré impur par la loi de
Moïse, Lévitique 11:15; Deutéronome 14:14. Il habite les lieux solitaires,
sauvages et désolés, Ésaïe 34:11. Salomon, dans le Cantique 5:11, compare les
boucles noires de l'épouse au plumage brillant et noir de cet oiseau.
Le corbeau apparaît pour la première fois dans
l'Écriture, Genèse 8:7. Les eaux du déluge commençant à baisser, et le sommet
des montagnes à sortir de l'Océan, l'homme de l'ancien et du nouveau monde
envoie sur la terre, ou plutôt sur les flots, cet oiseau dont il risque la vie
pour un essai d'exploration,-et qui prend ainsi le premier possession de la
terre sauvée; mais l'animal va et vient ne trouvant pas à se poser, puis il
quitte l'arche pour n'y plus revenir, et va sans doute sur les montagnes se
nourrir des victimes dont le déluge avait parsemé l'univers. C'est après le
départ définitif de l'aventureux oiseau que Noé laisse échapper une colombe;
mais plus timide, elle rentre dans l'arche d'abord, puis ressort huit jours
après et rentre une dernière fois, apportant dans son bec l'emblème de la paix
et du salut, une branche d'olivier.
— Nos versions portent, conformément au texte hébreu,
au caldéen, à l'arabe et au samaritain, que «le corbeau sortit allant et
revenant, jusqu'à ce que les eaux se fussent desséchées sur la terre», tandis
que les Septante, le syriaque et la Vulgate, ainsi que bon nombre de Pères et
de commentateurs, portent que «le corbeau sortit et ne revint point.» De fortes
raisons parlent sans doute en faveur de cette dernière leçon: on se demande
pourquoi, si le corbeau était rentré, Noé ne l'aurait pas lâché de nouveau,
ainsi qu'il fit plus tard avec le pigeon, et pourquoi il crut nécessaire de
lâcher le pigeon lorsque l'absence prolongée du corbeau devait lui indiquer
suffisamment que cet animal avait su trouver un abri et de la nourriture sur la
terre. Mais, outre que les pourquoi ne sont guère une autorité, il est bien
difficile d'accepter des variantes au texte hébreu, et de s'éloigner ainsi de
l'original.
Le corbeau joue encore un rôle dans l'histoire d'Élie.
Ce prophète s'étant retiré par l'ordre de Dieu sur les bords du Kérith, 1 Rois
17:3-5, il y fut nourri par des corbeaux «qui lui apportaient du pain et de la
chair le matin, du pain et de la chair le soir, et il buvait du torrent.» Mais
toutes sortes d'explications, toutes plus singulières les unes que les autres,
et plus singulières que le fait même qu'elles voulaient expliquer, ont été
mises en avant pour ôter à cette histoire ce qu'elle a de surnaturel.
Quelques-uns, comparant le rocher de Horeb, Juges 7:25; Ésaïe 10:26, qui se
trouvait dans la contrée de Bethsan à l'ouest du Jourdain, et non loin du
Kérith, ont supposé que les corbeaux (Horebim) d'Élie, n'étaient autres que les
habitants d'une ville de Horeb qui aurait existé près du rocher de ce nom, et
que c'était à ces habitants que Dieu aurait donné l'ordre de nourrir son
prophète. D'autres, lisant Arabim au lieu de Horebim, pensent que ce sont des
Arabes du voisinage, qui, ignorant les persécutions d'Achab,'ou les bravant,
auraient apporté deux fois par jour au prophète, la nourriture dont il avait
besoin. D'autres encore traduisent Horebin «des marchands», des passants, des
étrangers, qui irrégulièrement, et à mesure qu'ils arrivaient, auraient fourni
quelques vivres au vénérable et pieux solitaire. Toutes ces explications sont
réfutées par ce seul fait, qui semble mentionné tout exprès, que le prophète
n'avait pour se désaltérer que l'eau du torrent, et que lorsque le torrent fut
à sec, le prophète dut se rendre ailleurs, chez une pauvre veuve païenne, pour
s'y mettre à la fois à l'abri des persécutions et à l'abri de la soif; si
c'eussent été des hommes qui eussent fourni à Élie le pain et la viande, ils
auraient pu tout aussi bien, et sans plus de peine, lui apporter de l'eau; des
corbeaux ne le pouvaient pas.
On en doit donc rester à la traduction toute simple et
tout ordinaire de nos versions, et l'on peut de deux manières comprendre que
des corbeaux aient été en effet les pourvoyeurs de l'homme de Dieu. Supposons
que l'asile du prophète fût un lieu de rochers, de montagnes et de solitudes:
c'est là que les oiseaux de proie font leurs nids, et qu'ils élèvent leur
couvée, qu'ils nourrissent leurs petits; le prophète aura pu sans peine
s'emparer pendant leur absence, des provisions qu'ils apportaient deux fois par
jour à leur nichée, et Dieu aura employé un moyen naturel pour fournir à Élie
une nourriture abondante et régulière. L'histoire profane présente des exemples
du même genre;
— Voir: Tite-Live 1, 4; Diod. de Sicile 2, 4; Justin
1, 4, et ailleurs.
Mais si l'on se rappelle que le Dieu du ciel est aussi
le Dieu de la terre, de la nature, de l'homme et de tous les êtres vivants,
qu'il fait des vents ses anges et des flammes de feu ses ministres, qu'il tient
dans sa main les instincts et les volontés de tous les animaux, qu'il les
dirige comme il le veut, et les fait agir en maître, qu'il les conduisit dans
l'arche, qu'il envoya un bélier pour remplacer Isaac, un lion pour déchirer le
vieux prophète, des ours pour venger Élisée, une baleine pour sauver Jonas, un
poisson pour payer le tribut, un âne pour l'entrée dans Jérusalem, on ne pourra
méconnaître que l'approvisionnement miraculeux d'Élie n'appartienne à cette
classe de miracles.
Nous lisons, Job 39:3: «Qui est-ce qui apprête la
nourriture au corbeau, quand ses petits crient au Dieu fort, et qu'ils vont
errants, parce qu'ils n'ont point de quoi manger?» et Psaumes 147:9. «Dieu
donne la pâture au bétail, et aux petits du corbeau qui crient vers lui.»
Quelques auteurs ont pensé que ces deux passages étaient une allusion à ce que
l'on dit que le corbeau, lorsqu'il voit ses petits nouvellement, éclos, et
couverts d'un poil blanc, les prend en dégoût, les abandonne, et ne retourne à
eux que lorsque ce premier duvet étant tombé, ils commencent à se revêtir d'un
plumage noir. La mue et le changement de couleur sont un fait, mais quant à
cette aversion c'est une fable. «Dans les premiers jours, dit Buffon, la mère
semble un peu négliger ses petits; elle ne leur donne à manger que lorsqu'ils
commencent à avoir des plumes; et l'on n'a pas manqué de dire qu'elle ne
commençait que de ce moment à les reconnaître à leur plumage naissant, et à les
traiter véritablement comme siens. Pour moi, je ne vois dans cette diète des
premiers jours que ce que l'on voit plus ou moins dans presque tous les
animaux, et dans l'homme lui-même: tous ont besoin d'un peu de temps pour
s'habituer à un nouvel élément, à une nouvelle existence, etc.» Les deux
passages dont nous parlons ont fait naître beaucoup d'autres conjectures: on a
supposé que les corbeaux abandonnaient quelquefois leurs petits, ne pouvant
suffire à leur extrême voracité; on a dit que quelquefois ils les oubliaient,
sans y mettre de malveillance; d'autres encore, s'appuyant de l'autorité d'Aristote,
de Pline, etc., ont avancé que les corbeaux chassent leurs petits de très bonne
heure, et les obligent ainsi de chercher fort jeunes leur pâture; et c'est
ainsi que l'on a voulu s'expliquer l'intervention directe de Dieu que Job et le
prophète paraissent admettre dans l'alimentation des petits corbeaux. Mais la
paraphrase la plus vraie de ces deux passages nous paraît être dans ces beaux
vers de Racine:
Aux petits des oiseaux il donne la pâture,
Et sa bonté s'étend sur toute la nature.
C'est ce que dit Calmet, en d'autres termes: «Il y en
a qui, sans y chercher plus de finesse, tiennent que la Providence s'étend sur
les animaux à quatre pieds, et sur les oiseaux, qui crient à lui à leur
manière, et que les corbeaux sont mis dans les endroits que nous avons cités,
au lieu des oiseaux en général.» Jésus rappelle la même chose lorsqu'il dit:
Considérez les corbeaux, ils ne sèment, ni ne moissonnent, et cependant Dieu
les nourrit, Luc 12:24. Dans le passage parallèle, Matthieu 6:26, il y a l'idée
générale, au lieu de l'exemple particulier: Considérez les oiseaux du ciel.
Agur, dans le 30e chapitre du livre des Proverbes,
verset 17, dit que les corbeaux du torrent crèveront les yeux du mauvais fils
qui se moque de son père et qui méprise l'enseignement de sa mère, voulant
annoncer peut-être qu'il sera privé de sépulture, jeté aux champs, et livré à
la voracité des corbeaux qui, dit-on, commencent toujours par crever les yeux
des cadavres qu'ils dévorent.
Les Septante et la Vulgate, dans Sophonie 2:14, au
lieu de désolation, lisent: «Le corbeau sera au seuil», par où les uns
entendent qu'on nourrissait des corbeaux dans la maison, et d'autres, avec plus
de raison, que Ninive sera tellement désolée que ses ruines serviront de
retraites aux corbeaux; mais cette traduction ne peut être admise.
________________________________________
CORE,
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— Voir: Homer.
________________________________________
CORÉ.
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1. Un
des descendants d'Ésaü, Genèse 36:16, nommé Korah dans nos versions, quoique
son nom s'écrive dans le texte hébreu de la même manière que celui de Coré le
lévite.
2. Coré,
fils de Jitshar, fils de Kéath, fils de Lévi, Exode 6:21, cousin de Moïse, dont
le père, Hamram, était frère de Jitshar, verset 18, nous est connu par son
ambition, ses intrigues, sa révolte et sa mort. Lévite, et jaloux d'Aaron le
souverain pontife, et de Moïse le chef du peuple, il se joignit à d'autres,
Dathan, Abiram et On, de la tribu de Ruben, qui voyaient avec peine que le
gouvernement d'Israël ne fût pas en entier dans les mains de la postérité du
premier-né de Jacob. À cette jalousie de tribu se joignait l'ambition
personnelle, et nul doute qu'ils n'aspirassent, l'un à la souveraine
sacrificature, les autres au pouvoir civil et militaire.
Ils firent donc une entreprise, est-il dit, Nombres
16:1, et suivant, et s'élevèrent contre leurs chefs, leur reprochant de prendre
une trop grande part au gouvernement du peuple. Moïse s'étant prosterné devant
l'Éternel, le visage contre terre, se releva, fit observer à Coré que chacun
avait sa tâche et ses droits; que lui, Coré, avait reçu de l'Éternel une charge
honorable, puisqu'il était employé au service de l'Éternel, quoiqu'il n'exerçât
pas la sacrificature; que si, cependant, il voulait une nouvelle manifestation
de l'Éternel, il n'avait qu'à apporter le lendemain, lui et ses deux cent
cinquante complices, des encensoirs et de l'encens pour l'offrir sur l'autel,
qu'Aaron de son côté ferait la même chose, et que celui que l'Éternel
choisirait serait le saint. Un temps leur était offert pour la repentance; ils
en profitèrent pour chercher à soulever le peuple. Le lendemain, les rebelles
se rendirent à l'entrée du tabernacle d'assignation, suivis d'une portion du peuple
qui les soutenait. Mais la gloire de l'Éternel apparut et fut sur le point de
les consumer tous. Les deux frères intercédèrent, pensant que cette première et
menaçante manifestation suffirait; ils se rendirent auprès de la foule
assemblée, et cherchèrent à l'éloigner de ce lieu qui bientôt devait n'être
plus qu'un gouffre dévorant: plusieurs crurent et obéirent; les plus mutins,
quelques familles rubénites, Dathan, Abiram et les leurs persistèrent: ils
restèrent debout à l'entrée de leurs tentes, comme pour continuer de braver
l'Éternel; mais la menace s'accomplit, la terre ouvrit sa bouche sur eux, les
engloutit corps et biens, et se referma sur ces cadavres vivants. En même temps
le feu du ciel descendit sur les lévites rebelles qui offraient le sacrifice de
Gain, et les dévora, tandis qu'Aaron, qui se trouvait avec eux, fut conservé
comme le saint qui devait seul apporter l'encens à l'autel.
Quoique nous n'ayons aucune date, ni indication
précise sur le lieu où se passa cet événement, il paraît qu'on doit le placer à
Kadès-Barné ou à Rithma, peu après la rentrée des Israélites dans le désert, (—
Voir: Voyage des Enfants d'Israël, p. 117-122).
Les familles rubénites périrent avec leurs chefs;
celle de Coré ne périt point, et nous trouvons parmi les descendants de cet
ambitieux, des employés au service du temple, chargés de garder les vaisseaux
du tabernacle, 1 Chroniques 9:19, des portiers, 26:1, et des chantres, 2
Chroniques 20:19; Psaumes 88:1. Les Psaumes 42, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 84, 85
et 87, sont indiqués comme ayant été composés par quelques-uns de ces Corites;
cependant l'on n'est pas d'accord sur ce point, et plusieurs auteurs pensent
que, composés par David ou par d'autres prophètes, ils ont été simplement remis
aux chantres de la maison de Coré pour être chantés par eux;
— Voir: Psaumes.
La punition de ces chefs, rappelée Psaumes 106:17; et
Jude 11, trouve des parallèles dans l'histoire de Nadab et Abihu, Nombres 3:4,
dans celle des capitaines d'Achazia qui sommaient Élie de descendre du Carmel,
2 Rois 1:9,11, et dans celle d'Ananias et de Saphira, Actes 5:1. On peut
rappeler ici l'idée ancienne, que lorsqu'un homme de bien prononçait une
malédiction, elle ne manquait pas d'avoir son accomplissement, cf. Luc 9:54.
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CORIANDRE.
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Plante annuelle que l'on trouve abondamment en Égypte;
tige cylindrique et élancée; feuilles à large pédicule, dont les inférieures
sont dentées et ne présentent qu'une seule division, tandis que les
supérieures, dentées également et plus petites, offrent deux divisions. Les
fleurs sont blanches, en ombelles, et donnent une graine jaunâtre, creuse et
très odorante, dont on se sert comme assaisonnement. C'est à cette graine
qu'est comparée la manne pour sa forme, Exode 16:31; Nombres 11:7. Quant à la
couleur, la manne était blanche comme le bdellion.
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CORINTHE
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(Éphyra chez les poètes, Ovid. Met. 2, 240, Virgile,
Géorg. 2, 464) Une des villes les plus peuplées, les plus commerçantes et les
plus riches de l'ancienne Grèce, et capitale de l'Achaïe propre sous la
domination romaine. Elle était située entre la mer d'Ionie et la mer Égée (de
là le surnom de bimaris, Hor. Od. 1, 7. 2) et au pied d'un rocher qui portait
la citadelle d'Acro-Corinthe. Elle avait 40 stades (8 à 9 kilomètres) de tour,
et trois ports; celui de Lechæon sur la mer d'Ionie, à 12 stades (2 ou 3
kilomètres) de la ville; celui de Cenchrée sur la mer Égée, et celui de
Schænos: non loin de là se trouvait le bois de Cranion. La position de
Corinthe, entre les deux Grèces comme entre les deux mers, lui procurait des
avantages commerciaux dont elle sut profiter, et qui ne contribuèrent pas peu à
l'enrichir. Les arts et les sciences y fleurirent également, et Corinthe jouit
ainsi d'une double réputation dans le monde intellectuel et dans le monde
commerçant. Mais avec les richesses le luxe se développa, et avec lui les plus
grands débordements et la plus hideuse corruption, au point que les païens
eux-mêmes en étaient frappés, et que l'un d'eux inventa le verbe corinthiser,
comme synonyme de vivre dans la débauche. Après que Mummius s'en fut emparé,
147 avant J.-C., et qu'il l'eut dévastée, Jules-César la rétablit, 43 avant
J.-C.; elle ne tarda pas à recouvrer son importance et sa grandeur première,
tellement qu'à l'époque de saint Paul, nous la retrouvons de nouveau résidence
du proconsul romain en Achaïe, Actes 18:12. Saint Paul y passa dix-huit mois, environ
l'an 52. La philosophie et l'impureté furent les grands ennemis que l'apôtre
eut à combattre; l'impureté surtout y était tellement honorée, et presque
consacrée par le culte de Vénus et par les prostitutions publiques des infâmes
prêtresses de cette divinité, que l'inceste même y était toléré, et qu'un
chrétien fut trouvé entretenant avec la femme de son père un commerce criminel.
Saint Paul logeait chez les époux Aquila et Priscille,
Actes 18:1; sq., faiseurs de tentes, au travail desquels il s'associa pour
n'être à charge à personne; il prêchait tous les jours de sabbat dans la
synagogue; il fit d'abord quelques prosélytes parmi les Juifs; mais bientôt
voyant que la plupart d'entre eux, au lieu de recevoir ses instructions, se
détournaient de lui avec des paroles de blasphème, il secoua contre eux ses
vêtements, et leur dit: «Que votre sang soit sur votre tête, j'en suis net!» et
il se tourna vers les gentils. Il alla loger chez un païen converti, Juste,
surnommé Tite, et un grand nombre de païens crurent à sa parole et embrassèrent
la foi. C'est de cette ville que Paul, rejoint par Silas et par Timothée,
écrivit successivement les deux lettres aux Thessaloniciens.
Après une longue mission, l'apôtre quitta Corinthe;
mais il y revint plus tard, Actes 20:2; 1 Corinthiens 16:3, et écrivit de là à
d'autres églises, à Rome, etc. Apollos le remplaça, Actes 19:1. 1 Corinthiens
1:2; Aquilas et Sosthènes, fidèles et puissants ministres de la parole, y
annoncèrent aussi l'Évangile, Actes 18; 1 Corinthiens 1:1; 16:19).
Épîtres aux Corinthiens. Paul écrivit trois lettres à
cette église; la première mentionnée 1 Corinthiens 5:9,11, est perdue, et
semble avoir été dirigée principalement contre les habitudes d'impureté
auxquelles plusieurs membres de l'église se livraient. La seconde est la
première de celles que nous possédons. L'apôtre était à Éphèse, 1 Corinthiens
16:8, vers l'an 56; c'est là qu'ayant appris par les gens de la maison de Chloé
les querelles de partis qui divisaient l'Église, il écrivit aux Corinthiens
pour essayer de ramener la paix parmi eux, en les réunissant autour du seul
chef qui a été crucifié pour les siens, et au nom duquel ils avaient été
baptisés, 1 Corinthiens 1:13. Il cherche ensuite à les mettre en garde contre
ces philosophes à pompeuse parole, qui veulent tout embrouiller pour tout
éclairer, et qui veulent faire dépendre la foi de la sagesse des hommes; puis
il se plaint des désordres qui existent dans leurs repas de charité, de leur
tolérance pour le vice et le péché. Dans les chapitres 7 à 15, il répond à
diverses questions que les Corinthiens lui avaient faites sur le mariage, sur
les choses consacrées aux idoles, sur la cène, sur la vraie charité, sur la
résurrection de la chair, sur les dons spirituels.
Il paraît, en effet, que peu d'églises avaient été
favorisées autant que celle de Corinthe, par des dons miraculeux; mais ces dons
même étant devenus une occasion d'orgueil et de chute, cette église se
corrompit plus que toutes les autres. Apprenons de là, dit Bickersteth, la
différence qu'il y a entre les dons et la grâce, et ne soyons pas abattus si
les premiers nous manquent, pourvu que nous ayons celle-ci, qui est infiniment
plus nécessaire et plus précieuse. L'apôtre, chapitre 16, leur rappelle les
collectes qui se font pour les saints, leur annonce sa prochaine visite, et
termine par des salutations.
Signalons que les
dons miraculeux étaient temporaires, ils étaient désignés comme signes du
ministère apostolique pour la fondation de l’Église, et cessèrent lorsque la
révélation de l’amour de Dieu dans le sacrifice de Christ fut achevée d’être
mise par écrit dans les livres du Nouveau Testament. Désormais cette perfection
divine de la révélation de Dieu était tout ce qui était nécessaire pour
dévoiler la voie du salut en Jésus-Christ. La reprise des dons miraculeux dans
notre êre moderne sont des contrefaçons qui séduisent ceux qui ont été destinés
à la perdition éternelle. Il s’agit en effet de la grande apostasie des
derniers temps, marques évidentes d’un faux peuple de Dieu qui proclame un faux
évangile et un faux Jésus.
— Cette lettre eut tout le succès que l'apôtre en
pouvait désirer; elle produisit une tristesse salutaire, une plus grande
crainte de Dieu et une sainte vigilance contre les désordres qu'il avait
signalés.
Seconde épître. Peu de temps après le départ de la
première lettre survint l'émeute de Démétrius, qui obligea Paul à quitter
Éphèse. Il se rendit en Macédoine, Actes 19:20, espérant apprendre là quels
étaient les résultats que sa lettre avait obtenus à Corinthe; il avait envoyé
Timothée dans cette ville, 1 Corinthiens 4:17; mais soit que Timothée fut déjà
parti à l'arrivée de la lettre, soit autre motif, il n'apprit rien par ce
disciple, et envoya Tite, pendant que lui-même s'occupait encore à évangéliser
autour de lui en Macédoine. C'est après le retour de ce dernier qu'il rédigea
sa seconde lettre (qui est la troisième), pour les féliciter du succès de sa
première, et pour les mettre toujours plus dans la disposition d'esprit dans
laquelle il désirait les trouver lorsqu'il arriverait, 2 Corinthiens 7:7.
— Tite et deux frères qui ne sont point nommés,
8:16,18,22, furent chargés de porter cette lettre; il est probable que Luc
était l'un des deux, versets 18 et 19, soit parce que ce qui en est dit se
rapporte parfaitement à lui, soit parce qu'il est nommé dans une apostille à
cette épître, addition inauthentique sans doute, mais fort ancienne; soit enfin
parce que saint Luc qui, dans les Actes a jusque là parlé à la première
personne, se met subitement à parler de saint Paul à la troisième, Actes 20:1,
comme n'étant plus lui-même compagnon de voyage de l'apôtre: et comme c'est à
cet endroit des Actes que l'on doit placer la deuxième aux Corinthiens, on peut
supposer que Luc fut un de ceux qui la portèrent à sa destination. Elle fut
écrite un an environ après la première, et, à ce que l'on croit, de Philippes.
L'apôtre commence par remercier les Corinthiens de la
consolation que leurs prières lui ont fait éprouver dans ses maux; puis
satisfait de leur conduite sévère à l'égard de l'incestueux, il les engage à le
recevoir de nouveau et à le consoler. Passant à ses rapports personnels avec
les Corinthiens, il est amené à parler de la différence du ministère dans les
deux économies, et à glorifier l'alliance nouvelle du christianisme. Ce sont
les trois premiers chapitres.
— Dans la seconde partie (chapitres 4-9), appelé à
défendre son caractère et sa mission, il se montre comme ambassadeur de la
réconciliation, comme affligé souvent, mais se consolant par la certitude qu'il
a de la résurrection de la chair; il engage les Corinthiens à se fortifier par
la même foi pour renoncer au monde et à ses convoitises; il leur rappelle de
nouveau les collectes qui se font pour les saints, et se réjouit de la
libéralité qu'ils ont toujours montrée à cet égard.
— Il termine en se tournant de rechef contre les faux
docteurs, et en particulier contre ceux qui veulent accaparer seuls le titre de
chrétiens, et nuire à l'autorité de saint Paul; il se défend contre eux et
prouve qu'il a plus qu'eux tous des titres à la confiance générale, par sa
naissance, par sa conversion, par ses travaux, par ses souffrances, par les
révélations qu'il a obtenues; il ajoute cependant que s'il a de quoi se
glorifier, il se glorifiera plutôt dans sa faiblesse et dans son infirmité. Ses
dernières paroles sont des exhortations à la repentance, à la paix et à l'amour
fraternel.
— Commentaire de Heidenreich (1825-1828), Pott (1826),
Flatt (1827), Billroth (1833), et Olshausen.
Il existe encore aujourd'hui deux lettres, l'une des
Corinthiens à saint Paul, l'autre de saint Paul aux Corinthiens, toutes deux en
langue arménienne; mais leur authenticité ne saurait être prouvée, bien qu'on
ait voulu les faire passer pour ces lettres perdues dont on a parlé plus haut.
Celle que l'on attribue à saint Paul a paru pour la première fois en français
dans l'Histoire critique de la république des lettres, Amsterd., t. X, puis en
arménien, à Venise, en 1819.
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CORMORAN.
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C'est ainsi que nos versions traduisent l'hébreu
Kaath, Lévitique 11:18; Deutéronome 14:17; Psaumes 102:6; Ésaïe 34:11; Sophonie
2:14; mais les Septante et la Vulgate lisent pélican, et cette version doit
être préférée, si l'on peut préférer quelque chose dans ce dédale d'animaux
inconnus dont le nom revient si rarement, et chaque fois avec des caractères si
généraux, qu'ils peuvent s'appliquer à un grand nombre d'espèces différentes.
Le pélican, déclaré impur par la loi de Moïse, habite les contrées chaudes et
maritimes; c'est un oiseau de la grosseur du cygne, assez lourd dans sa forme
et dans sa démarche, mais remarquablement léger quand il étend ses grandes
ailes pour prendre son vol; sa couleur est d'un blanc grisâtre parsemé de petites
plumes rose-tendre; la queue et les grosses plumes des ailes sont noires. Ce
qui le distingue surtout, c'est la grande poche qu'il porte sous le bec, et
dont il se sert pour pêcher et pour faire des provisions; elle peut contenir,
dit-on, une dizaine de litres (Adanson dit 22 pintes, Voyage au Sénégal, p.
136); son nom hébreu vient du verbe kô, qui signifie vomir, et se rapporte sans
doute à l'habitude qu'a cet oiseau soit de rejeter devant ses petits, pour les
nourrir, le revenu de sa pêche, soit de rejeter pour son propre compte les
moules et les huîtres qu'il a avalées et réchauffées dans son estomac, afin
d'en manger la chair lorsqu'ils se sont entr'ouverts. Il pèse jusqu'à 12 et 15
kilogrammes; sa voix rappelle, dit-on (Buffon), le cri de l'âne, selon d'autres
le cri d'un homme dans l'angoisse et la douleur, cf. Psaumes 102:6. Le nid du
pélican se trouve communément au bord des eaux, à plate terre et plutôt dans
des endroits déserts et isolés, Ésaïe 34:11; Sophonie 2:14.
Quant au cormoran proprement dit, s'il en est parlé
dans la Bible, c'est sous le nom de Shalak, Lévitique 11:17; Deutéronome 14:17,
que nos versions ont traduit par plongeon. (Au chapitre 11 du Lévitique, au
lieu de: 17. «La chouette, le plongeon, le hibou, 18, le cygne, le cormoran, le
pélican;» nous traduirions conformément aux travaux des savants modernes: «17.
La chouette, le plongeon, le butor (?), 18. le cygne, le pélican, le vautour
(percnoptère?).»)
— Le nom du cormoran ne se trouverait donc pas dans la
Bible, à moins que l'on ne veuille entendre par plongeon le cormoran lui-même,
et notamment cette espèce qui est connue en grec par le nom de cataractes qui
désignerait (comme fait aussi le nom hébreu) l'impétuosité avec laquelle cet
animal fond sur sa proie: on peut d'autant mieux adopter cette manière de voir
que le plongeon appartient plutôt aux régions tempérées ou froides, tandis que
le cormoran habite les pays plus chauds et plus méridionaux; et les traducteurs
n'ont guère pensé au nom de plongeon que parce qu'il leur était présenté par le
sens même étymologique du nom hébreu shalak. Le cormoran a, comme le pélican,
les quatre doigts assujettis par une membrane d'une seule pièce; il a de même
le bec garni en dessous d'une peau d'une belle couleur orangée, qui s'étend sous
la gorge de quelques lignes, et s'enfle à volonté, mais sans acquérir la
capacité de celle du pélican. Le cormoran, quoique bon plongeur et bon nageur,
reste moins dans l'eau que plusieurs autres oiseaux aquatiques; il prend
fréquemment son essor et se perche sur les arbres ou sur des rochers, d'où il
guette sa proie et s'élance avec la rapidité de l'éclair aussitôt qu'il
l'aperçoit: il est d'une telle adresse et d'une telle voracité, que lorsqu'il
se jette sur un étang, il y fait seul plus de dégât, dit Buffon, qu'une troupe
entière d'autres oiseaux pêcheurs.
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CORNE.
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On se servait de cornes, principalement de cornes de
bœuf, comme de verres pour boire, ou plus fréquemment encore, comme de vases
pour conserver les liquides, le fard, l'huile, etc., 1 Samuel 16:1,13; 1 Rois
1:39. Une des filles de Job est appelée Kéren-Happouk, corne d'antimoine 42:14.
On les employait aussi, dans l'antiquité, comme instruments à vent, ainsi que le
font encore les bergers des Alpes, quoique les instruments de cuivre, ou
d'autre métal, fussent aussi déjà fort anciennement connus, cf. Josué 6:5;
Juges 7:16.
L'autel des holocaustes avait à ses quatre coins des
cornes de bois recouvertes d'airain, Exode 27:2. L'autel des parfums avait
aussi quatre cornes, mais recouvertes d'or, Exode 30:2; cf. Jérémie 17:1; Amos
3:14. Dans le second temple elles étaient, de pierre, et avaient une coudée de
longueur. On n'en connaît pas exactement la destination; peut-être, d'après
Psaumes 118:27, servaient-elles à retenir les victimes. Le souverain pontife
les arrosait du sang des sacrifices, Exode 29:12; Lévitique 4:7-18; cf. 8:15;
9:9; 16:18; Ézéchiel 43:20. Chez les Juifs comme chez les païens, les criminels
se réfugiaient auprès des autels dont ils empoignaient les cornes, et qu'ils
regardaient comme des asiles sacrés, 1 Rois 1:50; 2:28.
La corne est souvent prise pour le symbole de la
force, en allusion à la force du taureau qui réside dans son front. Ainsi dans
l'original de Jérémie 48:25, on lit: la corne de Moab a été rompue: de même,
Lamentations 2:3, la corne d'Israël. Tu. élèveras ma corne comme celle d'une
licorne, dit le Psalmiste, 92:10. Et la corne du juste sera élevée en gloire,
112:9. L'Éternel fera germer la corne de la maison d'Israël, Ézéchiel 29:21.
— Quoique les dignitaires de l'Orient aient encore
aujourd'hui l'habitude d'orner leur coiffure d'une espèce de corne avancée, ce
serait aller trop loin que d'y chercher l'origine de cette manière de parler;
le rapprochement indiqué plus haut est à la fois plus clair et plus simple. Les
Latins avaient la même expression; ainsi nous trouvons dans Horace, Od. 3; 21
(15), 18: Et addis cornua pauperi; les Arabes appelaient Alexandre le Cornu,
pour indiquer sa puissance; et une superstition chrétienne s'est plu à donner
des cornes à Moïse (on les montre encore à Gènes). David appelle Dieu la corne
de son salut, Psaumes 18:2. Enfin les puissances des Perses, des Grecs, de la
Syrie et de l'Égypte, sont représentées dans le livre de Daniel (7 et 8) comme
autant de cornes; Daniel et Alexandre sont un bouc et un bélier qui se heurtent
violemment de leurs cornes, l'anti-Christ est la petite corne.
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CORNEILLE
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(Actes 10:1 et sq.), centenier d'une cohorte de la
légion appelée italique, habitait à Césarée sur les bords de la Méditerranée.
C'était un homme dévot et craignant Dieu, ainsi que toute sa famille, faisant
beaucoup d'aumônes, et priant Dieu continuellement; mais il était païen de
naissance, et jusqu'alors il ne paraît pas qu'il eût eu connaissance de la
vérité. Quelques-uns veulent qu'il ait été prosélyte de la porte, mais dans ce
cas saint Pierre ne l'eût pas regardé comme un étranger impur (10:28), et les
frères de la Judée n'eussent pas été non plus scandalisés que Pierre fût entré
chez cet incirconcis (11:3). Corneille était donc bien disposé pour le royaume
des cieux, mais il n'était que cela, quand un jour, vers les neuf heures, à
l'heure du culte lévitique, il vit clairement un ange de Dieu qui vint à lui et
qui l'appela par son nom. Effrayé de la vision céleste, le pauvre centenier
tenait les yeux arrêtés sur l'ange, et il s'écria: Qu'y a-t-il, Seigneur? Des
paroles de paix lui furent annoncées: «Tes prières et tes aumônes sont montées
en mémoire devant Dieu; et après lui avoir ordonné de faire venir l'apôtre
Pierre dont il lui indiqua la demeure, l'ange se retira d'auprès de lui.
Corneille aussitôt appelle deux de ses serviteurs, et un soldat craignant Dieu,
qu'il charge d'aller trouver saint Pierre à Joppe, chez Simon le corroyeur. Ce
que durent être, pendant deux jours d'attente, les sentiments intérieurs du
pieux mais ignorant capitaine, on ne saurait le dire: mais l'apparition de
l'ange semblait lui indiquer que la visite de Pierre serait aussi quelque chose
de surnaturel, de divin; il attendait cet homme miraculeux qui devait lui
indiquer le chemin du salut, et il l'attendait avec une sorte de vénération,
bien légitime à quelques égards, puisque lui, païen, n'était que ténèbres en
comparaison du messager de lumière, mais vénération qui devait se rapporter à
la lumière elle-même et point à l'humble et timide porteur du flambeau sacré.
Aussi lorsqu'arriva l'apôtre que Dieu lui-même, par une vision correspondante,
avait préparé à descendre sans hésiter chez le centenier de Césarée, il trouva
la salle remplie des parents et des amis de Corneille, et celui-ci venant
au-devant de Pierre, se jeta à ses pieds et l'adora. L'apôtre, dont les
soi-disant successeurs exigent pour eux-mêmes l'adoration des fidèles (voir
l'ouvrage catholique de M. Magnin, sur la Papauté, p. 434, 435), releva
Corneille en lui disant: Lève-toi, et moi aussi je suis homme. Puis s'étant
informé du motif pour lequel ils l'avaient fait venir, saint Pierre ayant
confessé ses répugnances particulières, et la crainte qu'il avait eue de mal
faire en descendant auprès d'eux, mais la manifestation divine qui l'y avait
décidé, leur raconta en peu de mots l'histoire pour eux inconnue, du Christ qui
était venu sur la terre, naître, vivre, souffrir et mourir pour réconcilier
avec Dieu son père les pécheurs condamnés, pour les sauver par son sang, et
pour être au dernier jour le juge des vivants et des morts. Pendant que l'apôtre
parlait, les païens qui l'écoutaient reçurent la foi; ils crurent aux
merveilles de la miséricorde divine, ils acceptèrent le salut gratuit que Jésus
leur avait mérité sur la croix; le Saint-Esprit descendit alors sur eux; ils
parlèrent diverses langues et glorifièrent Dieu. Les chrétiens d'entre les
Juifs qui avaient accompagné Pierre à Césarée, furent étonnés de voir les
grâces divines être accordées à ces étrangers en la même mesure qu'elles
l'étaient aux chrétiens de l'ancien peuple; mais Pierre comprit que la paroi
mitoyenne était rompue, que dès ce moment la circoncision ou l'incirconcision
n'était plus rien; il ne se fit donc aucun scrupule de les baptiser, et de
demeurer avec eux plusieurs jours. Ce fut la première église d'entre les
païens, le premier pas du Christianisme en dehors du cercle judaïque, en dehors
des limites du peuple extérieur dont Dieu, pendant quelques siècles, avait fait
le dépositaire de ses oracles, et l'objet visible de ses soins et de son amour;
ce fut un moment solennel que celui où le vase de l'ancienne sacrificature
déborda pour la première fois, pour se répandre en torrents de bénédictions sur
les peuples qui n'étaient point appelés du nom de l'Éternel; et certes les
anges du ciel s'en réjouirent.
Quant à Corneille lui-même, l'histoire sainte n'en
reparle plus, et les traditions qui le font évêque, les unes de Césarée, les
autres d'Ilion, les autres de Scepsis, ne nous apprennent rien, non plus que
celles qui le font martyr.
(De toutes
évidences, Corneille, qui était «d'une cohorte de la légion appelée italique»,
retourna chez-eux dans le territoire nommé Italique, qui en ce temps était un
territoire situé au Nord-Ouest du pays moderne de l’Italie, et fonda l'Église
Italique d'où sont sortit les Vaudois. L'Épitre aux Hébreux semble avoir été
écrite par Timothée dans le district de l'Italie, lorsque l'apôtre Paul s'y
rendit lors de son voyage vers l'Espagne et la Grande Bretagne. Le manuscrit de
Sonnini du chapitre 29 du livre des Actes, récemment découvert, indique que Paul
fut capturé par les Romains lors de son retour de Grande Bretagne et amené à
Rome pour être exécuté. Il y a aussi la forte possibilité que l'Église Italique
était impliquée directement vers l'an 160 dans la traduction en Latin des
textes originaux Grec d'Antioche dans ce qui est devenu l'ancienne version
latine dite Vestus Itala, dont le texte fut corrompu partiellement par après
par Jérôme dans sa Vulgate Latine avec des lectures en provenances des Codex
d'Alexandrie des œuvres d'Origène dans son Hexaples ou Bible à six colonnes.)
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CORROYEUR,
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Actes 9:43; 10:6,32. Le travail du cuir était un
métier généralement peu estimé des Juifs, en grande partie à cause de l'odeur
qu'exhale la matière travaillée; ceux qui s'y vouaient se logeaient
ordinairement en dehors des villes, près des rivières, ou sur les bords de la
mer. Ce fut chez l'un de ces humbles ouvriers que saint Pierre passa plusieurs
jours, et que l'Esprit lui annonça qu'il ne devait plus regarder comme impur ce
que Dieu lui-même avait purifié.
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COSAM,
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fils d'Elmodam, et l'un des ancêtres de notre Sauveur
par Marie, Luc 3:28. Du reste inconnu.
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COSBI,
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fille de Tsur, l'un des principaux d'entre les
Madianites. Balaam n'ayant pu maudire les enfants d'Israël, avait voulu les
faire maudire de Dieu même, en les entraînant dans le mal. Sur son conseil, les
Madianites avaient invité les Israélites à une grande fête païenne des plus
dissolues; ceux qui se rendirent à cet appel et qui participèrent aux impurs
divertissements des païens furent frappés d'une fort grande plaie, et 24,000
d'entre eux succombèrent. Moïse menaça de mort ceux qui continueraient à
pécher, et la sentence fut exécutée par Phi-nées, qui frappa de sa lance le
juif Zimri et cette Cosbi, qui, joignant l'impudence à l'impureté, s'étaient
présentés publiquement, en compagnie l'un de l'autre, devant Moïse et devant
l'assemblée des enfants d'Israël, comme ils pleuraient à la porte du
tabernacle. L'infâme machination de Balaam échoua donc contre la fermeté des
chefs d'Israël, et les Madianites apprirent par leur expérience que le crime
est un mauvais allié: Dieu qui avait ordonné à Israël de les épargner,
Deutéronome 2:9, leur retira cette protection et commanda à Moïse de les
exterminer, Nombres 31:2-3.
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COTON,
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produit d'un arbre ou d'un arbrisseau qui se trouve
principalement aux Indes, en Égypte et en Chypre, mais qui peut aussi croître
et être cultivé en Syrie et en Palestine, Ézéchiel 27:16; 1 Chroniques 4:21. On
distingue souvent l'arbre et l'arbuste (le gossypium arboreum et le gossypium
herbaceum), mais les deux espèces n'en font cependant qu'une seule. L'arbuste à
coton, qui croît spontanément dans les contrées de l'Asie antérieure, est une
plante annuelle qui s'élève à 1 mètre environ, et même jusqu'à 2, quand elle
est cultivée et soignée: la tige est rougeâtre dans sa partie inférieure; les
rameaux sont courts, couverts de poils et semés de taches noires; les feuilles
grandes, molles, vert foncé, et à cinq lobes: les fleurs prennent naissance à
l'origine des feuilles; elles sont en forme de cloches, jaune pâle et couleur
pourpre vers le bas; le fruit est une capsule, d'abord de la grosseur d'une
noisette; il devient bientôt aussi gros qu'une noix et s'ouvre de lui-même en octobre;
le peloton de laine végétale qu'il renferme se développe à la chaleur et n'est
pas moins grand qu'une pomme; il contient sept petites graines grisâtres ou
brunes, cotonneuses et ovées, dont le noyau donne une huile qui n'est pas sans
utilité.
— L'arbre à coton est plus méridional; c'est aux Indes
surtout qu'on le trouve; il atteint deux hauteurs d'homme et ne diffère guère
de l'arbuste que par la taille. Quant à la connaissance que les Juifs avaient
du coton, et à l'usage qu'ils en faisaient,
— Voir: Lin.
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COUDÉE,
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mesure naturelle, usitée chez tous les anciens
peuples, comme le pied l'a été chez les peuples modernes. La coudée est la
longueur comprise entre le coude replié et l'extrémité du doigt du milieu,
Deutéronome 3:11. Selon notre manière de compter, ce serait 0m,54 (1 pied, 7
pouces, 10 lignes et demie). D'après Origène et saint Augustin, la coudée dont
Noé se servit pour la construction de l'arche était six fois aussi grande que
la coudée ordinaire; mais ce système est inadmissible. Une hypothèse du même
genre est celle de Louis Capelle et de quelques autres, qui prétendent que chez
les Hébreux il y avait, à côté de la coudée ordinaire, la coudée sacrée, qui était
double de la première. Ils s'appuient sur ce que, Nombres 35:4, les faubourgs
des villes lévitiques ont, au premier verset, 1,000 coudées de longueur, et au
verset suivant, 2,000; et sur ce que, 1 Rois 7:15, les deux colonnes de bronze
du temple de Salomon ont 18 coudées de hauteur, tandis que 2 Chroniques 3:15,
elles en ont 35, à peu près le double.
— D'autres encore, admettant la même distinction, ne
donnent à la coudée sacrée qu'une palme de plus qu'à la coudée ordinaire, se
fondant sur Ézéchiel 40:5; 43:13; mais, dans ces deux passages, il est question
de la coudée hébraïque, comparée à la coudée de Babylone (0m,45), à laquelle
les Juifs s'étaient accoutumés pendant la captivité, et le prophète a bien soin
d'indiquer que la coudée dont il parle est la vraie, l'ancienne coudée, plus
grande d'une palme que la coudée à laquelle ces Hébreux modernes étaient
habitués. Il ne paraît donc pas qu'il faille admettre que les Hébreux aient eu
pour leur usage ordinaire, en Palestine, deux coudées différentes; aussi, rien
ne nécessite cette supposition, bien que les uns trouvent l'arche trop petite
avec ses 300 coudées de longueur, et que d'autres ne trouvent pas non plus
Goliath assez grand avec ses six coudées et une paume de hauteur.
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COUDRIER.
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C'est ainsi que nos versions traduisent l'hébreu Louz,
Genèse 30:37; il doit se rendre plutôt par amandier, q.v.
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COULEURS.
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Le blanc, le noir, le jaune et quelques autres
couleurs sont mentionnées dans l'Écriture, Cantique 5:11; Psaumes 68:13;
Zacharie 6:2-3; Apocalypse 6:2,4-5,8, etc.; les principales sont le pourpre,
l'écarlate et le cramoisi, dont nous parlerons en leur place.
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COULEUVRE,
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Genèse 49:17. Shephiphon, probablement la couleuvre
dite cornue, ou céraste: elle se trouve en Égypte et en Palestine; elle a un
peu plus de 2 centimètres de largeur sur une longueur de 0m,40 environ. La
couleur de son dos et de ses flancs est brune; elle est blanche sous le ventre:
sur sa tête sont deux espèces d'antennes ou de cornes sensibles, en forme de
nœuds. Elle se cache ordinairement dans le sable où sa couleur la rend assez
difficile à apercevoir: au moindre mouvement, au moindre bruit qui se fait
autour d'elle, elle s'élance de sa retraite avec impétuosité, et fond sur sa
proie, attaquant également les hommes, les chevaux, et d'autres grands animaux.
En comparant les Danites à la couleuvre, le patriarche voulait donc annoncer
que cette tribu s'agrandirait et ferait des conquêtes sur ses ennemis par la
ruse, plus que par la force et la valeur.
— Voir: Serpents.
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COUPE.
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La coupe de Joseph, dont il est parlé Genèse 44:5;
sq., a passablement ému les interprètes, à cause des paroles de Joseph qui
charge son maître d'hôtel de poursuivre les onze frères accusés de vol: mais
l'on n'est pas même d'accord sur la traduction exacte de ces paroles; nos
versions lisent: «N'est-ce pas là la coupe dans laquelle mon seigneur boit, et
par laquelle très assurément il devinera?» D'autres (Luther, Vulgate, etc.)
traduisent ces derniers mots par ceux-ci: «dont il se sert pour prédire
l'avenir», pour deviner avec certitude. La première traduction est plus simple,
et chacun la comprend; elle a même le défaut d'être trop simple: en
s'apercevant que vous lui avez pris sa coupe, mon seigneur devinera que vous la
lui avez volée; c'est trop clair: on doit suppléer quelques mots pour lui
donner un sens passable, et l'on dit, par exemple: Est-ce que par cette
iniquité mon maître ne devinera pas les autres? Cette paraphrase pouvait
signifier quelque chose pour Joseph, elle ne signifiait rien pour le maître
d'hôtel; mais il est possible que Joseph, en lui ordonnant de tenir ce langage,
voulût parler à la conscience de ses frères, et certes ceux-ci étaient à même
de comprendre. Toutefois paraphraser n'est pas traduire, et l'on doit ici
ajouter tout un sens pour en trouver un.
— En admettant la seconde version, l'on se demande si
Joseph se serait en effet servi de sa coupe pour prédire l'avenir, ou si ses
gens le croyaient ainsi, ou si le maître d'hôtel ne tient ce langage que pour
s'accommoder à la croyance commune des Égyptiens qui regardaient Joseph comme
un très habile magicien, ou enfin s'il veut seulement intimider les frères de
Joseph, en leur faisant croire que celui-ci est très versé dans l'art de la
divination. Il y a des défenseurs pour chacune de ses opinions, et l'on doit se
rappeler que les anciens reconnaissaient une sorte de divination par la coupe;
ils prétendaient, entre autres, qu'Alexandre-le-Grand avait une coupe au moyen
de laquelle il voyait dans l'avenir des choses naturelles et surnaturelles (et
plusieurs traits de sa vie prouvent qu'en effet il trouvait quelquefois la
double vision au fond de sa coupe). On devinait, soit en jetant dans l'eau de
la coupe des lames de métal sur lesquelles étaient gravés certains caractères
mystérieux, soit en y laissant tomber des gouttes de cire fondue, qui, d'après
la manière dont elles se groupaient, donnaient la réponse aux questions
présentées. Nous savons jusqu'à quel point l'on peut accorder créance à toutes
ces ressources de la science magique ancienne; mais, quoi qu'il en soit, il est
évident que si Dieu avait accordé à Joseph le don d'interpréter les songes, il
n'était pas un mage ou un devin oriental livré à la merci de son verre. On peut
supposer, si l'on veut, que les Égyptiens, ignorants et païens, ne sachant à
quoi attribuer les vertus et la science surnaturelle de leur gouverneur, les
aient attribuées à quelqu'un des meubles dont il se servait, et à sa coupe en
particulier. Mais l'on peut adopter aussi l'une des deux traductions suivantes,
autorisées par l'original: N'est-ce pas la coupe... que mon seigneur cherche
avec beaucoup de soin; ou... par laquelle il a voulu vous éprouver?
La coupe (nos versions ont breuvage) est employée quelquefois
dans l'Écriture pour signifier le partage, le lot, l'héritage de quelqu'un:
c'est ainsi que David s'écrie: L'Éternel est la part de mon héritage et de mon
breuvage, Psaumes 16:5; soit qu'il veuille dire: Il me suffit, et je ne veux
point de part aux festins des méchants; soit qu'il fasse allusion à ces mêmes
festins où l'on remplissait les coupes aussi souvent que les conviés le
désiraient.
Le même psalmiste s'écrie encore: Je prendrai la coupe
des délivrances, et j'invoquerai le nom de l'Éternel, Psaumes 116:13, cérémonie
qui paraît avoir été pratiquée réellement chez les Juifs, et dont on retrouve
un exemple dans un livre de beaucoup plus moderne, et tout-à-fait apocryphe, le
troisième des Maccabées, 6:27, où l'on voit les Juifs d'Égypte offrir à
l'Éternel des coupes dans les festins qu'ils firent pour leur délivrance.
Quelques interprètes croient cependant qu'il faut entendre par là le vin que
l'on répandait sur les victimes d'action de grâce, Exode 29:40; Nombres 15:5;
28:7,14.
La coupe est encore mentionnée dans le dernier repas
que Jésus fit avec ses disciples, et dans la solennelle institution de la Cène,
Luc 22:20; 1 Corinthiens 41:25, de même que dans ces paroles de notre Sauveur
aux fils de Zébédée: «Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire?»
— Cf. encore la coupe d'étourdissement, Ésaïe 51:22,
et Psaumes 75:8: «Il y a une coupe en la main de l'Éternel, tous les méchants
en suceront et en boiront les lies.»
On sait comment l'Église romaine s'est permis de
retrancher la coupe aux fidèles, de son autorité privée, il y a quatre ou cinq
cents ans; nous n'avons point à remontrer ici toute l'impiété de cette
innovation, non plus que ce qu'elle a de diamétralement opposé à l'institution
de la Cène par notre Sauveur, qui dit lui-même, en parlant du vin: «Buvez-en
tous.» Sans doute avec les idées magiques que l'ont veut rattacher à ces
simples symboles, et par suite des doctrines mystérieuses qui furent échangées
pendant l'époque de ténèbres qui précéda la réformation, l'on vint à dire: Puisque
le corps de Christ est tout entier et matériellement compris sous chacune des
deux espèces, il n'est pas nécessaire de le donner à double aux simples
fidèles, comme si notre Sauveur, en donnant ce commandement, n'avait pas su ce
qu'il faisait: d'ailleurs, ajoutent les ennemis de la coupe, on pourrait, par
accident, laisser tomber à terre quelques gouttes du sang sacré, en le donnant
soit aux malades, soit aux enfants, soit même à tous les autres fidèles; on
dirait que notre Sauveur n'ait pas prévu ce cas, et que les prêtres du moyen
âge aient dû, sous la conduite de celui qui demeure à Rome, réparer cette
inadvertance.
— Mais nous n'avons point à régler ce compte ici;
d'autres l'ont déjà fait et bien fait.
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COUR.
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Les riches maisons de l'Orient avaient ordinairement
une espèce d'avant-cour, porche, ou portique servant de vestibule, Jérémie
32:2; Marc 14:68; Jean 18:16. On passait de là dans les appartements supérieurs
par un escalier construit en dehors de la maison, conduisant jusqu'au toit et
souvent fait de bois très-précieux, 2 Chroniques 9:11; 1 Rois 6:8. Cette
avant-cour conduisait aussi dans la cour proprement dite qui communiquait avec
les étages inférieurs et le rez-de-chaussée. La cour était en général nue, et
les riches, pour tout meuble, ne savaient y établir autre chose qu'une citerne,
qui était un grand objet de luxe.
— Voir: Maisons.
Cour de justice,
— Voir: Juges, Jugements.
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COURGE.
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Quelques-uns ont pensé que le kikajon de Jonas 4:6,
était une courge; mais,
— Voir: Kikajon.
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COURONNE.
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L'usage des couronnes était fort commun chez les
Hébreux, comme chez les Orientaux en général; presque chaque livre de la Bible
en parle. La plus ancienne dont nous ayons connaissance est celle du souverain
sacrificateur, qui se composait d'une lame d'or pur, s'attachant par derrière
avec un ruban bleu-céleste, et sur laquelle étaient gravés les mots: «La
sainteté à l'Éternel;» elle se plaçait sur la tiare du pontife, Exode 28:36-37.
Il semble, d'après Ézéchiel 24:17,23, que les simples prêtres portaient aussi
des espèces de couronnes, puisque dans ces passages Dieu défend au prophète
d'ôter sa couronne ou de mener deuil en aucune façon, afin de montrer aux
Israélites qu'eux aussi, dans la captivité, ne pourront mener deuil, ni
s'abandonner à leur douleur, même quand leurs plus proches parents seront
passés au fil de l'épée: peut-être aussi s'agit-il simplement de bonnets ou de
turbans que chacun portait comme couverture de tête, sans y rattacher du reste
aucune autre idée. Mais lorsque Moïse ordonne aux Juifs, Deutéronome 6:8, de
porter les paroles de la loi comme une couronne sur leur tête, et comme un
bracelet à leurs bras (c'est le sens du texte), il insinue assez clairement que
les couronnes et les bracelets étaient fort en usage chez eux.
Une couronne était la parure nuptiale de la vierge et
de son époux, Ésaïe 61:10; Cantique 3:11; c'est ainsi que l'Éternel, regardant
la nation juive comme son épouse, lui met une couronne d'or sur la tête,
Ézéchiel 46:12; cf. 23:42.
— Le diadème était encore l'ornement des rois et des
princes, comme la marque principale de leur dignité, soit chez les Hébreux,
soit chez les païens; et quand David se fut emparé de Rabbath-Hammon, il prit
la couronne de leur roi qui pesait un talent (35 kilogrammes), et qui était
toute garnie de pierres précieuses. La couronne de Saul est mentionnée 2 Samuel
1:10; parmi les objets que l'Hamalécite, qui se vantait de l'avoir tué, apporta
à David; le diadème de Salomon, que sa mère Bathsébah lui avait brodé pour le
jour de ses noces, est nommé Cantique 3:11; celui de Josias, 2 Chroniques
23:11. Les rois qui possédaient plusieurs royaumes ceignaient autant de
diadèmes, comme on peut le voir par Apocalypse 12:3; 13:1; et le roi des rois,
qui domine sur l'univers entier et sur les peuples de toutes langues, a sur sa
tête plusieurs diadèmes, nous dit le même apôtre, 19:12.
Les reines de Perse portaient une couronne que le roi
leur accordait quand il voulait les honorer. Vasti jouissait de ce privilège,
Esther 1:11, lorsqu'ayant eu le malheur de déplaire à son époux Assuérus, elle
vit la couronne royale passer sur la tête de la Juive, parente de Mardochée,
2:17. Haman, racontant comment il pense que le roi doit traiter la personne
qu'il veut honorer, n'oublie pas la couronne royale, 6:8. Mardochée en fut effectivement
revêtu, dans la course triomphale qu'il fit au travers de la ville de Susan,
8:15.
Mais la couronne biblique dont le souvenir est le plus
cher aux chrétiens, parce qu'elle a ceint la tête du Prince de paix, c'est la
couronne d'épines, bel emblème de la royauté qu'il devait trouver dans ses
souffrances, mais triste anneau qui doit s'ajouter à la chaîne des perversités
humaines. On s'est demandé, par curiosité, de quelles épines était composée
cette couronne; les uns ont répondu d'aubépine, les autres d'acacia, les autres
de groseillier, les autres de jonc marin, les autres d'épine-vinette, etc. L'on
n'en sait évidemment rien. Ce qu'il y a de plus curieux dans cette discussion,
c'est que ceux qui se tourmentent ainsi après ces épines, devraient être mieux
à même que personne de répondre d'une manière satisfaisante. N'ont-ils pas en
effet conservé cette couronne? N'ont-ils pas en effet conservé ces épines? N'y
en a-t-il pas un tiers en la Sainte-Chapelle de Paris? à peu près autant à
Notre-Dame? puis à Rome six épines partagées entre les églises de Sainte-Croix
et de Saint-Eustache; à Sienne quelques-unes; à Bourges cinq; à Bezançon trois;
à Vienne une; à Mont-Royal trois; à Alby trois; à Toulouse, à Mâcon, à Alby, à
Noyons, etc., etc., etc.? sans parler de toutes les autres épines qui sont dans
le monde. «Par quoi il est aisé de conclure, ajoute Calvin, que la première
plante a commencé à jeter longtemps après la passion de notre Seigneur
Jésus-Christ.» La conclusion est juste; elle donne en même temps la clé des
divisions qui existent entre les papistes sur l'espèce d'épines dont il s'agit:
on n'a pas pu vérifier sur la sainte couronne qui se conserve à la
Sainte-Chapelle de Paris, parce qu'elle n'a plus d'épines, dit Calmet, depuis
qu'on en a arraché la dernière du temps de Louis XIII. Le même bénédictin
ajoute: «L'histoire ancienne ne nous a rien appris sur la manière dont la
sainte couronne s'est conservée et est venue jusqu'à nous. Il est même assez
difficile de croire que toutes les épines et toutes les parties de la sainte
couronne que l'on montre en différents endroits, ne viennent que de la seule
couronne du Sauveur.»
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COURRIER.
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L'institution des courriers faisant le service de
poste est très ancienne, et paraît avoir pris naissance en Perse. Ce furent
d'abord des sentinelles qui, placées de distance en distance, se criaient l'une
à l'autre les nouvelles publiques, et les faisaient ainsi parvenir avec une
très-grande rapidité de toutes les parties du royaume à la capitale. Puis
Cyrus, autant pour accélérer le service que pour tenir secrètes les nouvelles
qu'il ne voulait pas voir proclamées par les sentinelles, établit des courriers
à cheval sur toutes les grandes routes, de telle sorte que les paquets et les
lettres changeaient à la fois de cheval et de courrier à chaque nouvelle
station, sans que ni la nuit, ni le mauvais temps pussent jamais arrêter les
porteurs. Hérodote dit qu'en fait de voyage par terre on ne connaît rien de
plus rapide, et Xénophon assure que ces courriers allaient plus vite que le vol
des grues. Xercès, dans sa fameuse expédition contre les Grecs, avait établi ce
moyen de communication entre lui et Suse, la capitale de ses états. Ces
courriers sont nommés dans l'histoire d'Ester; c'est par eux qu'Haman fit
porter l'ordre de mettre à mort tous les Juifs du royaume, 3:13; c'est par eux
aussi, et par des courriers extraordinaires et plus nombreux, que le
contre-ordre fut expédié, sur l'intervention d'Ester et de Mardochée, 8:10.
Les Grecs adoptèrent le même système à l'imitation des
Perses, mais en y joignant la corvée, c'est-à-dire l'obligation pour les villes
de fournir à l'État des chevaux et des hommes pour faire ce service. On pense
que les paroles de notre Sauveur, Matthieu 5:41, renferment une allusion à
cette charge, lorsqu'il dit: «Si quelqu'un veut te contraindre de faire avec
lui une station, fais-en deux.»
Parmi les Romains, ce fut Auguste qui institua les
postes réglées. Adrien les perfectionna, mais elles tombèrent avec l'empire;
elles se relevèrent un instant sous Charlemagne, et ne s'établirent
définitivement dans l'Europe moderne que sous Louis XI, roi de France.
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COUTEAUX.
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Les couteaux des anciens Hébreux étaient de pierre,
comme ils le sont maintenant encore chez tous les peuples sauvages, et dans
plusieurs parties de l'Orient, là où l'on a besoin d'instruments tranchants, et
où l'on ne connaît pas l'art de travailler le fer. On ne s'en servait point à
table, puisque les viandes arrivaient toutes découpées, et que le pain, en
forme de gâteau très mince, pouvait facilement se rompre avec les doigts, Marc
6:41; et ailleurs. Les mêmes usages, ou la même absence d'usage, comme on
dirait chez nous, se pratiquent encore en Orient jusque dans les festins des
princes et des rois. Les couteaux étaient employés principalement dans les
sacrifices, et dans les boucheries, Genèse 22:6,10, etc.; ils servaient aussi
pour la circoncision, Exode 4:25; Josué 5:2; ceux de pierre étant regardés
comme moins dangereux et causant moins d'inflammation que ceux de métal.
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OUVERTURES
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du tabernacle,
— Voir: Tabernacle.
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CRAMOISI,
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hébreu Karmil, 2 Chroniques 2:7,14; 3:14. Selon
Bochart, le cochlea purpurata, pourpre tirée d'une espèce de crustacé des
environs du mont Carmel. Selon quelques auteurs, ce Karmil serait un mot de la
langue postérieure, équivalant à Tholahat que nous traduisons par écarlate,
q.v.
— Parmi les différentes espèces de rouge indiquées
dans la Bible, il est un peu difficile de déterminer la nuance exacte des mots
employés; voici, cependant, comment nous croyons pouvoir essayer de les
traduire.
Karmil, cramoisi, ou écarlate.
Tholahat, Shani, Shanim, écarlate, Ésaïe 1:18;
Argaman, pourpre rouge, Exode 25-27.
Thekéleth, pourpre violet, tirant sur le bleu,
Ézéchiel 23:6.
Shasher, rouge cinabre ou garance, Jérémie 22:14.
Chamoutz, rouge brillant, écarlate, Ésaïe 63:1.
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CRÉATION.
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Acte du Dieu éternel et tout puissant, par lequel il
appelle à l'existence des choses visibles et invisibles, matérielles ou
spirituelles, Apocalypse 4:11; Psaumes 148:5, sq. Ce mot s'entend aussi, par
extension, de l'univers, de l'ensemble des choses créées; mais nous n'avons à
le considérer ici que dans le premier de ces deux sens, c'est-à-dire comme acte
créatif. L'homme, être borné et déchu, ne peut pénétrer les conseils mystérieux
de l'Éternel, et découvrir par lui-même la date, le mode, ni les raisons de la
formation de l'univers; Job 11:7-8. Et si quelque téméraire se permet dans son
orgueil de disserter sur ces choses d'une manière contraire à la Bible, ou
cherche à découvrir ce qu'il a plu à Dieu de nous cacher, l'Éternel lui-même
confond son audace et le fait rentrer dans la poussière, Job 38.
Mais si par nous-mêmes nous ne pouvons découvrir les
choses cachées de Dieu, nous pouvons et devons chercher à connaître ce qu'il
lui a plu de nous en révéler. Pour cela nous avons deux sources d'instruction à
étudier: la Bible et la nature. «Les œuvres de Dieu et la parole de Dieu sont
les deux portes du temple de la vérité; comme elles proviennent d'un même
auteur souverainement sage et tout-puissant, il est impossible qu'il y ait
entre elles aucune contradiction; mais elles doivent, pour ceux qui les
comprennent dans leur vrai sens, s'expliquer et se confirmer réciproquement,
quoique d'une manière et par des voies différentes.» (Gaede, prof. d'hist. nat.
à Liège.) Et de même que les œuvres visibles de la création de Dieu nous sont
données pour nous apprendre à connaître ses perfections invisibles, Romains
1:20, ainsi, c'est en prenant la Bible pour guide que nous devons étudier cette
création visible et les œuvres merveilleuses de l'Éternel; sans cela nous
sommes exposés à tomber dans les systèmes les plus faux et les plus absurdes,
comme il est déjà arrivé à plusieurs savants, auxquels on peut bien appliquer
le reproche que Jésus adressait aux Juifs: «Vous êtes dans l'erreur parce que
vous n'entendez pas les Écritures ni quelle est la puissance de Dieu», Matthieu
22:29. Il est une science en particulier, qui résume à elle seule presque
toutes les sciences naturelles, et qui, quoiqu'elle n'existe que depuis peu
d'années, remonte par ses découvertes jusqu'aux premiers âges du monde; une
science remplie d'attrait pour ceux qui en ont fait l'objet de leurs études, et
qui plus que toute autre peut-être, a conduit à des résultats erronés et
anti-scripturaires, ceux qui n'étaient pas soutenus par une foi ferme à la
parole de Dieu. Nous voulons parler de la géologie, dont l'incrédulité a si
souvent essayé de se faire une arme contre la Bible. Mais à mesure qu'elle a
été mieux étudiée, et que les faits et les monuments qu'elle présente ont été
examinés de plus près, l'on a reconnu que loin d'ébranler en aucune manière
l'autorité de la Bible, elle n'a fait que confirmer le récit de Moïse d'une
manière frappante et inattendue. C'est ainsi que les calculs remarquables du
célèbre Cuvier pour connaître l'âge du monde et l'époque du déluge, ont offert
un résultat qui coïncide exactement avec la Genèse (Discours sur les
révolutions de la surface du globe).
— Mais cette science est encore dans son enfance, et
s'il nous est permis de donner un conseil, nous voudrions engager ceux de nos
lecteurs qui auraient à s'en occuper, premièrement à n'étudier la géologie
qu'avec humilité et respect, en pensant que la nature est comme la Bible, mais
pas plus que la Bible, le livre de Dieu; ensuite à ne pas s'effrayer, ni se
laisser ébranler dans leur foi, par des découvertes futures qui sembleraient en
contradiction avec la révélation écrite, ou avec des systèmes cosmogoniques
proposés même par des hommes pieux. Il ne peut, nous le répétons, y avoir
contradiction réelle, et l'on trouvera toujours que lorsqu'il y en aurait une
apparente, cela vient de ce que nous n'avons pas compris l'un ou l'autre de ces
livres; mais la vérité est une, et le Dieu fort est vérité, Deutéronome 32:4.
Après ces remarques préliminaires, l'on nous
comprendra lorsque nous dirons que ce n'est qu'avec crainte et tremblement que
nous osons hasarder quelques explications sur l'œuvre de la création, telle
qu'elle est rapportée dans le premier chapitre de la Genèse, car ce sont là les
choses difficiles et mystérieuses de l'Éternel, et connaissant à peine «les
bords de ses voies», Job 26:14, nous craignons, nous aussi, «d'obscurcir son
conseil par des paroles sans science.»
«Dieu créa au commencement le ciel et la terre»,
Genèse 1:1.
— La signification propre du mot créer est: tirer du
néant, faire une chose de rien; c'est pourquoi les traducteurs de la Bible s'en
sont servis pour rendre le mot hébreu bara qui n'a pas tout à fait la même
portée; mais la langue hébraïque n'en possédant point d'autre qui pût indiquer
exactement l'acte par lequel Dieu produit une chose, sans la former d'une
substance déjà existante, les écrivains sacrés ont dû employer ce mot bara, qui
signifie proprement former, mettre en ordre (Calmet), mais dont la racine
primitive semble plutôt contenir le sens de séparer, (Simonis, Lexique Hébreu)
C'est peut-être à cette idée que correspond l'expression française: Dieu
débrouilla chaos. En effet, nous voyons que l'œuvre des trois premiers jours,
dans le récit de Moïse, est en grande partie une œuvre de séparation: Dieu
sépare la lumière d'avec les ténèbres, il sépare les eaux supérieures des eaux
inférieures, il sépare la terre sèche d'avec la mer, il sépare le jour d'avec
la nuit. Et lorsque Moïse emploie le mot créer, cela ne signifie point toujours
tirer une chose du néant, mais souvent tirer une chose d'une autre substance
pour lui donner une forme nouvelle; ainsi, par exemple, Dieu crée l'homme à son
image, Genèse 1:27, et cependant il le tire de la poudre de la terre, 2:7.
Malgré cette double interprétation dont le mot bara est susceptible, nous savons
positivement que la matière n'a pas toujours existé, qu'elle a eu une origine,
car l'Esprit-Saint nous le déclare, soit, Genèse 1:1, en nous disant que les
cieux et la terre ont eu un commencement, cf. 2:4, soit dans le commentaire qui
nous en est donné ailleurs par le même Esprit, Hébreux 11:3; Psaumes 33:9. Et
la sagesse de Dieu qui est, la même chose que sa parole éternelle, le verbe
incréé «qui était au commencement avec Dieu et qui était Dieu», nous parle d'un
temps antérieur à l'existence de notre globe, où elle était ses délices
«lorsqu'il agençait les cieux et qu'il traçait le cercle au-dessus des abîmes,
lorsqu'il n'avait point encore fait la terre, ni le commencement de la
poussière du monde», Proverbes 8:22-30.
«C'est donc le contexte», dit un savant professeur
anglais, le docteur Pusey, (— Voir: Buckland Bridgewater Treatise, vol. I, p.
22) «qui doit décider du sens du mot bara, et nous indiquer s'il faut le
traduire par: tirer du néant, ou par: donner une nouvelle forme à une substance
qui existait déjà.
«Quoique Moïse se serve, en parlant des œuvres de
Dieu, tantôt du mot bara, tantôt du mot hazah (il fit), il paraît cependant que
la première de ces expressions a une énergie particulière, et ne peut
s'employer que pour décrire l'action de Dieu, tandis que la seconde peut
s'appliquer aussi à l'action des hommes.
«Après avoir soigneusement comparé un grand nombre de
passages (Ésaïe 43:1,15; Nombres 16:30; Psaumes 104:30; sq.), et avoir fait une
étude attentive de ce sujet, je suis arrivé à cette conclusion, que les mots
créer et faire, employés en parlant de Dieu, sont synonymes, avec cette
différence que la première de ces expressions est la plus forte des deux,
quoique Moïse semble quelquefois les employer indifféremment: Ainsi, Genèse 1:21.
Dieu créa les grands poissons; verset 25, Dieu fit les bêles de la terre;
verset 26, faisons l'homme à notre image; verset 27, Dieu créa donc l'homme.
M. de Rougemont (Fragments d'une Histoire de la terre,
p. 113) voit quelque chose de plus dans la manière dont Moïse se sert de ces
mots; il dit que «créer signifie former un type nouveau, tandis que faire est
restreint au développement d'un type déjà existant: ainsi, dit-il, Dieu crée
l'animal, l'homme, 1:20-27; mais une fois les animaux aquatiques existants, il
ne crée pas les animaux terrestres, il les fait.»
Nous ne prétendons pas décider quelle peut être la
valeur de cette observation, mais nous croyons devoir ajouter en développement
de l'idée de cet auteur, que les eaux et les airs contenant parmi leurs
habitants des créatures qui appartiennent aux quatre grands embranchements du
règne animal, les types existaient tous avant la formation des animaux
terrestres, qui n'étaient pour ainsi dire qu'un développement de ceux qui
avaient été créés le cinquième jour; tandis que l'homme étant non seulement un
animal plus parfait que les autres par les organes dont il était doué, mais
encore le seul habitant de la terre auquel Dieu eût donné une âme de la même
nature que l'Essence divine, pouvait bien être considéré, quant à son corps,
comme un développement d'un type antérieur, mais quant à cette âme vivante,
faite à l'image de Dieu, c'était bien réellement comme une création nouvelle;
ce qui expliquerait pourquoi la Genèse se sert des deux expressions faire et créer,
quand il s'agit de l'homme.
«Ce qui est bien plus important pour l'interprétation
du premier chapitre de la Genèse, c'est de savoir si les deux premiers versets
contiennent une espèce d'introduction, un simple résumé de ce qui va être dit
plus en détail dans le reste du chapitre, ou s'ils sont l'expression d'un acte
de création distinct de ceux dont il est parlé dans les versets suivants.
«Cette dernière interprétation paraît être la
véritable comme la plus naturelle. En effet, nous n'avons dans la Bible aucun
autre récit d'une création primitive, et de plus il semble que le deuxième
verset soit une description de la matière créée, avant l'arrangement qui en
allait être fait en six jours; ainsi la création du commencement doit être
distinguée de la création des six jours; d'autant plus que le récit de ce qui
s'est passé dans chacun de ces jours est précédé de la déclaration que «Dieu
dit», ou voulut l'événement qui suit immédiatement; par conséquent il semble
que la création du premier jour doit avoir commencé lorsque ces mots: «Et Dieu
dit», sont employés pour la première fois, c'est-à-dire pour la création de la
lumière. De même, si c'est bien là le commencement de l'œuvre des six jours, il
est clair que cette création ne fait que donner une nouvelle forme, un nouvel
arrangement, et pour ainsi dire, meubler d'une manière nouvelle un monde qui
existait déjà, car nulle part dans le récit des six jours il ne nous est dit
que Dieu fit, ou créa l'eau, ni la terre, ni les ténèbres, choses déjà
existantes (résultat d'une création précédente), les quelles il ne fait, dans
les premiers jours, que séparer les unes des autres et les mettre dans un ordre
nouveau.» (Buckland's I, 22).
Nous croyons donc que le verset 1 nous parle d'une
création primitive des choses matérielles, sans en indiquer l'époque qu'il ne
nous importe probablement pas de savoir. Ceci n'est point une opinion nouvelle;
c'est celle de plusieurs pères de l'Église (— Voir: Pétavius, Dogm. Theol.,
tom. III. De opificio sex Dierum, Lib. 1. Cap. 1, § 8, et cap. 11, § 1-8). Les
uns voyaient dans les deux premiers versets de la Genèse le récit de la
création d'un monde primitif; d'autres, comme saint Augustin, Théodoret, y
voyaient la première formation de la matière; d'autres, celle des éléments; d'autres
croient que les cieux dont il est question au verset 1 sont, non le ciel
atmosphérique de notre terre qui ne fut créé que le deuxième jour, mais ce qui
est appelé ailleurs les cieux des cieux.
Nous voyons, en effet, que quoique la Genèse emploie
le même mot Shamayim pour désigner ces deux choses, la Bible les distingue
ailleurs, comme Néhémie 9:6.
La racine du mot hébreu qui signifie ciel, étant le
prétérit inusité shamah, être élevé, le mot shamayim signifierait les hauteurs,
ou les espaces élevés, et shemé hasshamayim (les cieux des cieux), seraient les
espaces infiniment élevés, ou l'immensité avec tout ce qu'elle contient, et par
conséquent cette multitude innombrable d'étoiles ou de mondes, qui feraient
ainsi partie de la première création, indiquée Genèse 1:1, et que le verset 16
ne fait que rappeler en passant, en parlant du moment où le soleil devint
lumineux pour la terre.
Le fameux passage de saint Pierre, 3:5-13, qui résume
en quelques mots les destinées de notre planète, autorise la différente
interprétation du mot cieux dans les versets 1 et 8, et montre que le ciel du
deuxième jour, c'est-à-dire l'atmosphère, suit le sort de notre globe et de ses
révolutions. Il est évident, en effet, que les cieux antédiluviens qui ont été
détruits, ne comprenaient pas les astres, car alors le soleil, la lune, et les
étoiles qui existaient avant le déluge auraient aussi péri; la future
destruction par le feu, des cieux et de la terre d'à présent, n'est donc point
non plus une catastrophe qui doive envelopper tout l'univers, mais seulement
une grande révolution qui doit changer l'état et l'apparence de notre globe; un
feu purifiant qui le nettoiera de sa souillure comme l'or fondu dans le creuset
est dégagé par le feu des matières impures qui le ternissent; révolution après
laquelle le monde et ses habitants seront rétablis dans l'état de pureté et
d'innocence, d'où le péché d'Adam les avait fait déchoir.
L'interprétation que nous venons de donner du verset 1
semble confirmée aussi par l'expression remarquable qui termine le verset 3 du
deuxième chapitre: «Dieu se reposa de toute l'œuvre qu'il avait créée pour être
faite.»
— Ne semble-t-il pas que ce passage est un de ceux
dans lesquels le Tout-Puissant soulève à nos yeux un coin du voile qui nous
cache la profondeur de ses conseils? Ne semble-t-il pas nous dire qu'il avait
de longue main préparé une demeure aux hommes, qu'il avait créé cette terre
dans les jours d'autrefois pour être faite, c'est-à-dire pour être façonnée
plus tard, de manière à ce qu'elle pût être habitée par des créatures dans
lesquelles il voulait mettre son plaisir? Proverbes 8:31.
Il fit toutes ces choses par degrés, ajoutant une
bonne chose à une autre bonne chose, jusqu'à ce qu'il jugeât que tout était
très bon, Genèse 1:31, afin d'y rendre heureux des êtres formés à son image, à
qui il voulait remettre la domination sur toutes les merveilles qu'il venait
d'appeler à l'existence.
Quand il ne nous resterait d'autre partie de la
révélation que les premiers chapitres de la Genèse, n'aurions-nous pas là une
preuve éclatante de la bonté infinie de notre Créateur et du soin paternel que
sa Providence prend des hommes? Oui, cet Être tout puissant qui s'occupait de
notre bonheur, tant de siècles avant l'existence de notre race, ne peut pas nous
avoir délaissés, et si le mal est entré dans le monde, et a gâté cette terre
très bonne où Dieu avait placé Adam, soyons sûrs que celui qui a mis tant de
soin à nous former pour le bonheur, aura aussi mis à notre portée un remède à
nos maux, un moyen de relèvement après notre chute, un sauveur enfin assez
puissant pour empêcher que cette terre et ses habitants qui étaient sortis très
bons de la main de Dieu, ne continuent à être entraînés à jamais dans le chemin
du mal.
Mais pour cela, il faut qu'une création nouvelle
s'opère en nous, et que cette parole divine par qui et pour qui toutes choses
ont été faites, renouvelle en nous l'image de Dieu que le péché a détruite, 1
Corinthiens 45:47,49; 2 Corinthiens 5:17; Éphésiens 4:24;
verset 2. «Et la terre était sans forme et vide; les
ténèbres étaient sur la face de l'abîme, et l'Esprit de Dieu se mouvait sur les
eaux.»
— (Le mot abîme semble être synonyme des eaux sur
lesquelles se mouvait l'Esprit de Dieu; — Voir: Job 38:30; Psaumes 42:8; 104:6;
Jonas 2:6; sq.)
Si le verset 1 se rapporte à la première création de
toutes choses, dont rien ne peut nous faire même deviner l'époque, il se peut
que des millions d'années se soient écoulées entre ce moment et la création de
la lumière sur notre terre. (Dans la Bible de Luther, imprimée à Wittenberg, en
1557, on trouve le chiffre 1, marqué en tête du verset 3, comme étant le
commencement de l'histoire de la création. Dans d'anciennes éditions anglaises
où la division en versets n'était pas encore adoptée, il y a un double
interligne entre les versets 2 et 3. Pusey.)
Le verset 2, décrit l'état du globe immédiatement
avant le commencement du premier des six jours, c'est-à-dire sur le soir du
premier jour; car, suivant la computation mosaïque, chaque jour commence avec
le soir, et dure jusqu'au soir du jour suivant. Le premier jour serait donc la
fin de la période indéfinie de la première existence du monde. Dans ce verset
2, il est fait une mention spéciale de la terre et des eaux comme existant
déjà, mais enveloppées de ténèbres. Les mots thohou vabohou décrivent cet état
de confusion et de vacuité que les Grecs représentent par le mot Chaos. Ils
sont encore employés dans le même sens, Ésaïe 34:11; Psaumes 107:40.
Le mot vide, de nos traductions françaises, ne rend pas
très bien la signification, car il donne l'idée d'un corps creux, tandis qu'ici
il faudrait exprimer un vide extérieur: la terre était vide d'habitants, vide
de parure, aride et dépouillée. D'où provenait cet état chaotique? Était-ce
ainsi que la terre était sortie des mains du Créateur? Étaient-ce les ruines
d'un monde antérieur? Nous l'ignorons; peut-être Dieu avait-il dit d'un ordre
de choses plus ancien ce qu'il dit plus tard du monde moderne, par la bouche de
son prophète, Jérémie 4:23; sq.: «La terre sera dans le deuil, les cieux seront
noirs au-dessus;... j'ai regardé la terre, et voici, elle est sans forme et
vide, etc.»
(Les mots thohou
vabohou signifie plutôt «fluide et sans forme», indiquant l'état de la matière
primordiale avec laquelle Dieu (Élohim) forma les cieux et la terre.
L'hypothèse d'un monde pré-adamique antérieur n'est pas soutenable dans le
contexte général des Saintes-Écritures. Comprenons aussi que le mot «terre»
signifie «fixe, stable», ce qui nous indique que la Terre n’est pas en motion,
elle ne tourne pas sur elle-même ni tourne-t-elle autour du soleil comme les
astres errants ou planètes. Elle est le centre même de l’univers, le
marche-pied de Dieu)
Ne semble-t-il pas que l'Esprit saint ait voulu nous
représenter par ces paroles une effrayante révolution de notre globe dont le
chaos aurait été le résultat? S'il était permis de traduire en langage non
inspiré les paroles de l'écrivain sacré, nous croirions pouvoir paraphraser
ainsi les premiers versets de la Genèse: «Toutes les choses que nous voyons et
dont nous pouvons connaître l'existence, soit sur la terre que nous habitons,
soit au-delà, doivent leur être à un Dieu souverainement bon, sage et puissant,
qui a fait sortir la matière du néant, dans des temps infiniment reculés et
dont la date nous est inconnue. Ce Dieu tout bon jugea à propos de créer une
race d'êtres intelligents auxquels il donna le nom d'hommes, et voulant leur
préparer une demeure, il choisit pour cela un de ces globes qu'il avait faits
pour se mouvoir dans l'espace, et qui était alors inculte et désert, recouvert
de liquide et d'obscurité. Le moment où l'Esprit de Dieu s'en rapprocha et
plana, pour ainsi dire, à sa surface, pour y faire pénétrer l'ordre et la vie,
fut pour le globe le commencement d'une création nouvelle qui devait avoir six
degrés, ou se faire en six époques de progrès successifs.
«Tout était prêt pour cette nouvelle création, la
matière à laquelle une autre forme devait être donnée, l'Esprit divin qui
devait la vivifier; il ne fallait plus que la parole du commandement pour
appeler à l'existence ce monde nouveau; et Dieu dit... que la lumière soit, et
l'ordre naquit au milieu de la confusion.»
Ainsi, nous voyons apparaître dès la fondation du
monde cette Trinité spéculative dans
l'unité de Dieu: «Le Père qui habite une lumière inaccessible et que nul œil
n'a vu ni ne peut voir», 1 Timothée 6:16; cf. Apocalypse 15:3; Psaumes 18:29;
36:10; «le Fils, qui est la véritable lumière qui a resplendi dans les ténèbres
et qui éclaire tout homme en venant au monde», Jean 1:9; cf. verset 2.
Colossiens 1:16; Éphésiens 3:9; «enfin l'Esprit de Dieu planant sur la face des
eaux, pénétrant le globe d'une force vitale, et qui nous est représenté comme
présidant à la création et y prenant la part la plus directe», Psaumes 33:6;
cf. Genèse 2:1; Psaumes 104:29-30; Jean 20:22; Genèse 2:7; cf. Job 33:4 La
Bible de Genève, édition de 1805, ainsi que celle qui a été publiée plus
récemment par les pasteurs et professeurs de cette ville, traduit au verset 2:
«Et Dieu fit souffler un vent qui agita la surface de l'eau.» Mais si le mot
rouach peut, en effet, signifier esprit ou vent, selon la place où il est
employé, comme le grec
πνεύμα et le latin spiritus, est-il raisonnable de le
traduire par vent, lorsque Dieu n'avait pas encore créé l'air? Autant vaudrait,
par exemple, remplacer Esprit par courant d'air dans des passages tels que
celui-ci: «Caches-tu ta face, elles (les créatures) sont troublées; retires-tu
leur souffle, elles défaillent et retournent en leur poudre. Mais si tu
renvoyés ton courant d'air (Esprit), elles sont créées de nouveau!» Psaumes
104:29-30; cf. enc. Job 26:13) Et afin de montrer évidemment que ces trois
personnes ne sont pas trois Dieux, mais un seul Dieu, manifesté de trois
manières, l'écrivain sacré qui se sert pour désigner le Créateur du mot Élohim,
Seigneurs, fait suivre cette désignation plurielle d'un temps de verbe au
singulier, comme s'il y avait Dieux dit que la lumière soit; Dieux vit que cela
était bon. Puis, après nous avoir montré les personnes divines conférant
ensemble (— Voir: 26, faisons l'homme à notre image), il lui donne (2:4) le nom
incommunicable et singulier de Jéhovah, joint à celui d'Élohim, Seigneurs, qui
est, qui était et qui sera, ou Seigneurs Éternel.
Il ne faut pas
regarder le vent de l’Esprit comme un courant d’air, mais comme le mouvement de
la Présence de Dieu dans son œuvre de création.
Durée des jours de la création. Pendant longtemps,
personne dans les pays où le christianisme était professé, ne mit en doute que
les jours de la création ne dussent s'entendre à la lettre d'espaces de
vingt-quatre heures, mais à mesure que l'on étudia plus attentivement les
sciences naturelles, on trouva des preuves de l'existence d'un ordre de choses
antérieur à la création de l'homme, ordre de choses qui avait dû continuer
pendant des temps fort longs; l'on se hâta de rejeter alors le récit de Moïse
et ses six jours, comme une chose absurde et contraire aux lois de la nature.
Puis vinrent d'autres naturalistes plus religieux, qui comprirent que l'homme
ne pouvait ainsi limiter la puissance de Dieu, et Que celui qui avait fait le
temps pouvait créer un monde non seulement en six mille ans, mais en six ans,
en six jours, en six minutes, en un clin d'œil, s'il l'eût voulu; il leur parut
que sans nier les découvertes des sciences naturelles, l'on pouvait fort bien
les concilier avec le récit mosaïque, en supposant que toutes les plantes et
animaux fossiles étaient les restes d'un monde antérieur au verset 3, de la
Genèse, détruit nous ne savons à quelle époque, ni pour quelle cause, et que
Dieu établit réellement l'ordre de choses actuel en six jours de vingt-quatre
heures. Mais cette hypothèse, quelque plausible qu'elle paraisse au premier
abord, n'explique point suffisamment comment il se fait, par exemple, que
l'ordre des animaux fossiles, selon leurs couches, se rapporte si bien à ce que
nous enseigne la Genèse sur l'ordre de leur formation; l'examen de leurs yeux,
même de ceux des plus anciens, comme, par exemple, des Trilobites, dans les
terrains de transition (Buckland's vol. I, p. 396), prouve que ces animaux ont
vécu dans une lumière semblable à celle qui nous sert à distinguer les objets,
une lumière solaire en un mot, et qu'ils ont été créés après que Dieu avait
établi cet astre pour éclairer notre globe, ainsi qu'il est dit aux versets 14
à 18. On reconnut aussi que la Bible elle-même donne aux mots qui désignent les
divisions du temps, comme jour, semaine, des sens divers et plus ou moins
étendus, (— Voir: Ésaïe 34:8; Ézéchiel 4:6; Daniel 9:24; 1 Corinthiens 3:13;
5:5; 2 Pierre 3:10, etc.), et l'on en vint à traduire les six jours de la
création par six époques. C'est à cette opinion que se sont arrêtés presque
tous les théologiens et les géologues les plus distingués de notre temps; pour
eux les jours de la création ne sont pas des jours solaires comme ceux
d'à-présent, mais des époques cosmogoniques d'une longue durée, des temps de
progression et de formation alternant avec des temps de trouble et de
révolutions telluriques. Sans énoncer une opinion positive sur ce sujet, nous
devons convenir que les probabilités sont en faveur de l'opinion qu'il s'agit
non d'espaces de vingt-quatre heures, mais de périodes considérables, de mille
ans peut-être; en effet, il est remarquable que dans les deux passages de la
Bible où il est dit qu'aux yeux de Dieu, mille ans sont comme un jour, et un
jour comme mille ans, cette déclaration de l'Esprit saint se trouve placée en
relation directe avec les événements de la Création, et avec ce jour du
Seigneur qui, comme le dit saint Jean, doit durer mille ans, cf. Psaumes
90:2,4; avec 2 Pierre 3:5-10; et Apocalypse 20.
Les plus anciens livres des nations prennent aussi,
comme la Bible, dans des sens plus ou moins étendus les mots qui désignent les
divisions du temps.
Plutarque dit que les Égyptiens, voulant prétendre à
une plus haute antiquité que les autres peuples de la terre, comptaient dans
leur chronologie chaque mois pour une année. Les calculs des Indiens et des
Chinois ont des bases tout à fait semblables; (— Voir: Doct. Nares, Man
considered theologically and geologically, p. 192)
Zoroastre, en parlant de la création, dit qu'elle se
fit en six époques ou temps inégaux, distribués de la manière suivante: Le
premier temps fut employé à créer le ciel, ce qui prit 45 jours; dans le
deuxième temps, qui dura 60 jours, Dieu créa les eaux; la terre fut créée dans
le troisième, qui fut de 75 jours; le quatrième, de 30 jours, vit éclore les
plantes; le cinquième, de 80 jours, tous les animaux; et le sixième, de 75
jours, fut consacré à la création de l'homme. La somme de ces nombres est 365
jours ou une année, (Hyde. De religione veterum Persarum, Cap. 9). On reconnaît
dans cette narration le récit de la Genèse défiguré, et combiné avec l'idée traditionnelle
de la longueur considérable des jours de la création, tradition qui existait
déjà, à ce que l'on prétend, chez les Juifs, et aussi chez les Étrusques (F. de
Rougemont, Fragments, etc.)
Quelques auteurs ont cru en trouver une preuve
implicite dans le langage même du texte, et de même que la forme participiale
du verbe qui exprime l'action de la force créatrice, l'esprit de Dieu, se
mouvant sur la surface de l'abîme, indique non un acte subit et momentané, mais
une force s'exerçant d'une manière continue (Doct. Wiseman, Lectures on Science
and revealed Religion, vol. I, p. 295), ainsi l'on a cru reconnaître dans ces
six jours non seulement une suite de perfectionnements, mais aussi des
intervalles de révolutions et de bouleversements dont l'idée serait renfermée
dans la signification la plus étendue du mot Éreb, soir. Le premier chapitre de
l'Ecclésiaste et le Psaumes 104 (en particulier les versets 29 et 30) avaient
fait pressentir la possibilité d'une semblable progression dont diverses
traditions fort anciennes contiennent des traces remarquables.
— La cosmogonie indienne qui se rapproche beaucoup de
la Bible, parle «d'un grand nombre de créations et de destructions de mondes,
provenant de la volonté d'un Être suprême qui ne le fait que dans le but de
rendre ses créatures heureuses.» (Institues of Hindu Law. London, 1825,
chapitre 1) Nous ne pouvons nous empêcher de transcrire ici deux passages très
remarquables de ce livre, cités par Lyell, Principles of Geology, vol. 1
chapitre 2, avec l'indication des textes bibliques correspondants: «L'Être dont
la puissance est incompréhensible, m'ayant créé, moi (Menou) et tout cet
univers, fut de nouveau absorbé dans l'Être suprême, faisant succéder au temps
de l'énergie l'heure du repos.» Cf. Hébreux 1:3,10; 4:4; Jean 17:5.
— Et plus loin: «Quand cette puissance agit, alors ce
monde reçoit son plein développement; quand il sommeille, tout le système
déchoit. Car pendant qu'il se repose, ou cesse d'agir, les esprits revêtus de
formes matérielles, et doués de principes d'action, se détournent peu à peu de
leur tâche, et l'intelligence elle-même devient inerte.» (Cf. Psaumes
104:27-30)
Telle est aussi la tradition des Birmans, et celle des
anciens Égyptiens; on la retrouva même dans les ouvrages de quelques Pères de
l'Église, saint Augustin, Orat. II, saint Basile Hexaëmeron, hom. 2.
Les découvertes récentes de la géologie sont venues,
bien des siècles après, éclaircir cette hypothèse, et la confirmer à ce qu'il
semble. Cuvier, dans son Discours sur les révolutions de la surface du globe,
établit par des preuves irrécusables, que ces révolutions ont été nombreuses,
subites, antérieures à l'apparition de l'homme sur la terre, et même qu'il y en
a eu d'antérieures à l'existence d'êtres vivants quelconques.
«L'histoire des six jours, ainsi que celle de
l'humanité, a ses puits cosmogoniques, dont la première est le chaos, et dont
le caractère est la mort, le désordre, les ténèbres; par une concordance
imprévue et inexplicable, les géologues d'une part, Moïse de l'autre, admettent
un développement ou une création de la terre tout à fait extraordinaire, qui
s'opère par une alternative de temps d'ordre et de création, de temps de
désordre et de destruction.
«La géologie ne fait ici que préciser, expliquer,
commenter le texte biblique, qui accepte en plein tous ces résultats de la
science.
«Les soirs (Éreb) sont donc les temps de désordre; le
premier soir n'est autre chose que le chaos lui-même; les suivants sont des
invasions du chaos au milieu de l'œuvre lumineuse de Dieu. Les matins sont des
temps d'ordre, de vie, de création. L'œuvre de Dieu pendant les six jours
consiste à former la terre dévastée, et la dégager du chaos, de l'abîme et des
ténèbres qui disparaissent successivement.
«Ainsi les eaux de l'abîme, 1:2, qui recouvraient au
deuxième jour encore la terre entière, en partagent au troisième la surface
avec les continents, et elles n'existeront plus sur la terre nouvelle,
Apocalypse 21:1. Ainsi les ténèbres, éclairées dès le premier jour par la
lumière, sont transformées en soirs cosmogoniques, et au quatrième jour en
nuits de douze heures. Les soirs cosmogoniques précèdent chacun des six jours,
et cessent avant la création de l'homme, aucun ne s'interpose entre le sixième
jour et celui du repos, et la dernière des grandes époques de désordre est
celle qui sépare le cinquième jour du sixième. L'alternative des jours et des
nuits de vingt-quatre heures cessera à la fin des temps, et la terre sera
éclairée par une lumière continue, Zacharie 14:7; Apocalypse 21:23. C'est ainsi
que les complètes ténèbres du chaos se transforment peu à peu en complète
lumière.
«Le premier chapitre de la Genèse est une vision des
temps antérieurs à l'homme, et doit s'expliquer d'après les mêmes principes que
les prophéties.
«En comparant l'œuvre de Dieu dans la réorganisation
du chaos et dans la création du monde, à celle de Dieu dans le cœur des fidèles
et dans l'Église, selon l'indication que nous en donne saint Paul, 2
Corinthiens 4:6, on remarque bientôt que les six jours cosmogoniques sont une
espèce de prophétie de l'histoire de l'humanité, ou, en d'autres termes, que
les faits physiques de l'histoire de la terre ont un sens analogue aux faits
moraux de l'histoire de l'homme. Ainsi les ténèbres du chaos se reproduisent
dans les ténèbres morales de l'âme déchue et pécheresse; les nuits
cosmogoniques dans les époques historiques de corruption et de ruines; les
jours cosmogoniques, dans celles de paix, d'ordre et de vie religieuse; la
formation du soleil au quatrième jour, dans l'apparition du soleil de justice
vers l'an 4,000, etc.» (Rougemont, Fragments, etc., p. 8)
Avant de nous occuper spécialement de l'œuvre de
chacun des six jours de la création, nous devons indiquer une autre partie de
l'Écriture qui nous en donne un commentaire remarquable: nous voulons parler
des chapitres 38 à 41 du livre de Job. Ce n'est pas ici le lieu d'examiner en
détail cette portion sublime et mystérieuse de la Parole, nous nous bornerons à
quelques versets du chapitre 38. En interrogeant Job sur les merveilles de
l'univers, l'Éternel condescend jusqu'à raisonner avec sa créature; il lui
montre que la souveraine sagesse qui a présidé à l'arrangement de la terre, des
cieux et de tout ce qui s'y trouve, préside également aux événements de la vie
des hommes, et que par sa direction, toutes choses concourent ensemble au bien
de ceux qui aiment Dieu, Romains 8:28. Mais, outre ce but principal
d'instruction, nous trouvons encore des allusions à l'histoire de la création,
qui peuvent éclaircir pour nous quelques passages du 1er chapitre de la Genèse.
En effet, nous croyons voir, dans le verset 4, une
indication de cette création primitive qui eut lieu au commencement, Genèse
1:1; puis au verset 7, nous voyons les intelligences célestes se réjouissant de
l'ordre et de l'arrangement que Dieu venait d'y établir, versets 5 et 6, et
chantant en triomphe à cause de cette nouvelle manifestation de la puissance de
Dieu, verset 7. Mais une au moins de ces étoiles du matin (Lucifer), était déjà
tombée, peut-être même plusieurs, et le mal vint bientôt gâter l'œuvre du
Créateur. Il semble qu'une irruption des eaux troubla l'ordre nouvellement
établi, verset 8, et ce fut alors que Dieu donna à l'abîme la nuée pour
couverture et l'obscurité pour ses langes, verset 9; peut-être les ténèbres
furent elles ordonnées alors comme punition et comme demeure des anges déchus,
par opposition à la lumière éternelle, qui est représentée comme l'habitation
de Dieu, Jean 3:19-21; Éphésiens 6:12. C'est à ce moment-là que semble se
rapporter le premier soir de la création; c'est là le chaos décrit au deuxième
verset de la Genèse, et dont Dieu va tirer la terre par six époques de
progression, six jours. Le verset 10 semble indiquer l'action de Dieu par
laquelle il opère la séparation des eaux inférieures et supérieures, et le
verset 11 correspondrait au verset 9 de la Genèse où Dieu fixe à la mer la
place qu'elle doit occuper. Les versets 8-11 pourraient, il est vrai, se
rapporter à quelques égards au déluge du temps de Noé; mais ce qui nous fait
préférer l'autre interprétation, c'est que le verset 9 semble nous indiquer que
le cataclysme dont il est parlé au verset 8 doit avoir été antérieur au chaos,
et que l'obscurité et le désordre du chaos en auraient été le résultat.
— Au verset 12 nous voyons paraître la lumière, mais
non comme lumière solaire: c'est l'aube du jour, le point du jour, ou la
lumière éclairant simultanément tous les points de la terre, verset 13, et
faisant fuir de partout les ténèbres et les esprits de ténèbres. Puis plus tard,
verset 14, cette lumière prend une nouvelle forme et se concentre pour ainsi
dire dans une apparence ou un moule matériel, le soleil. (Le verset 14 n'est
pas bien rendu dans Ostervald: il a ajouté les mots la terre, qui ne se
trouvent ni dans l'hébreu, ni dans plusieurs autres versions. Le verbe
thitehapphek qui commence le verset 14, se rapporte d'ailleurs mieux au
substantif masculin shachar, l'aube du jour, verset 12, qu'au substantif
commun, mais ordinairement féminin érèts, la terre.
Premier jour. Nous avons déjà remarqué que dans le
calcul de chaque jour cosmogonique le soir précède le matin: le soir du premier
jour fut donc l'obscurité qui le précéda, c'est-à-dire le chaos. «Dans ce
moment là», dit Buckland, «une nouvelle ère allait commencer pour le monde, et
la terre allait être tirée des ténèbres dans lesquelles elle n'avait peut-être
été enveloppée que temporairement: car les mots, «que la lumière soit», ne
signifient point implicitement qu'elle n'eût jamais existé précédemment.
Il était étranger au plan de Moïse de rechercher si la
lumière avait déjà lui sur cette terre, ou si elle existait dans d'autres
parties de l'univers; la narration ne s'occupe que de notre planète, et la
prend dans un moment où elle était plongée dans l'obscurité.
Le premier effet de l'action de l'Esprit sur le chaos
fut donc l'éveil de la lumière, qui brilla dans le sein même de la masse
informe dont elle fut séparée, Psaumes 104:5-6; Job 36:30. «Dans toutes les
cosmogonies païennes qui parlent d'un chaos, dit M. de Rougemont, les ténèbres,
la nuit, sont l'état primitif, la lumière apparaît ensuite, et plus tard les
astres. Moïse, sans aucun doute, n'entendait pas que la lumière provînt du
soleil déjà créé, mais encore voilé à la terre par les nuages; de concert avec toute
l'antiquité, il faisait la lumière plus ancienne que les astres.»
— En effet, il n'y avait point alors de nuages,
puisque les eaux supérieures n'avaient point encore été séparées des eaux
inférieures. Asaph en parle de même, lorsqu'il dit, Psaumes 74:16: «Tu as
établi la lumière et le soleil.» Dans plusieurs autres endroits de la Bible,
elle est également représentée comme existant avant le monde, et comme étant la
demeure de l'Éternel, l'image même de son essence, 1 Timothée 6:16; 2
Corinthiens 4:6; Psaumes 104:2; Ésaïe 60:19; Habacuc 3:4; Jean 1:4,9; 8:9;
12:36,46; 1 Jean 1:5, etc.
Les philosophes incrédules du siècle dernier, voulant
attaquer l'inspiration du récit sacré, ont tourné Moïse en ridicule pour avoir
parlé de la lumière comme existant avant le soleil: les découvertes modernes de
l'optique dont Moïse n'a pu avoir aucune connaissance, sont venues justifier
l'inspiration de l'écrivain sacré, en prouvant que la lumière est un fluide qui
pénètre d'autres corps, et qui existe indépendamment des corps lumineux.
Ceux-ci ne la rayonnent ou ne l'émettent pas par une sorte d'émanation, comme
on l'a cru longtemps: ils ne font que la mettre en mouvement par ondulations,
en telle sorte qu'elle frappe les organes de la vue de la même manière que les
vibrations de l'air communiquent le son à ceux de l'ouïe. Par conséquent, il
n'y a rien de contraire aux lois physiques de la nature dans l'assertion de
Moïse, qui nous représente la lumière comme créée avant tel ou tel corps
lumineux.
L'œuvre du premier jour fut, comme nous l'avons
remarqué, une œuvre de séparation. Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres,
et Dieu vit que la lumière était bonne; elle fut donnée non seulement pour
éclairer les hommes d'une manière physique, mais aussi pour leur être un type de
la sagesse, de la connaissance et des perfections invisibles de Dieu. Nous
voyons en effet qu'elle fut ainsi considérée par les Juifs, et que même chez
tous les peuples, et surtout en Orient, elle a toujours été l'emblème de la
divinité, de la vertu et de toutes les bénédictions temporelles.
Second jour. Au second jour Dieu fit l'étendue
(rakiah), non point une voûte ferme et solide, firmamentum, comme le traduit
saint Jérôme. (Il dit aussi dans sa traduction de Job 37:18: Tu forsitan cum eo
fabricatus es cœlos qui solidissimi quasi aère fusi sunt?); mais l'air, le ciel
des oiseaux, des tempêtes, des puissances de l'air et des malices spirituelles,
Psaumes 148:4; Matthieu 6:26; Éphésiens 2:2; 6:12; l'atmosphère dans laquelle
et au haut de laquelle devaient planer les nuages; l'élément enfin qui devait
soutenir un nombre immense de créatures que Dieu allait placer sur la terre, et
dans lesquelles il mettrait une respiration de vie. «Quand l'Écriture sainte
parle de l'air, dont la pesanteur était méconnue avant Galilée, elle nous dit
qu'à la création Dieu donna à l'air son poids et aux eaux leur juste mesure,
Job 28:25. Quand elle parle de notre atmosphère et des eaux supérieures, elle
leur donne une importance que la science des modernes a seule pu constater,
puisque d'après leurs calculs la force employée annuellement par la nature pour
la formation des nuages, est égal à un travail que l'espèce humaine tout
entière ne pourrait faire qu'en deux cent mille années. Quand elle sépare les
eaux supérieures des inférieures, c'est par une étendue et non par une sphère
solide, comme voulaient le faire ses traducteurs.» (Gaussen, Théopneustie, 176,
183)
Troisième jour. Au troisième jour la création se
développe, pour ainsi dire; dans les deux premiers, il y avait eu
principalement création de séparation ou de distinction: dans celui-ci il y a
deux actes créatifs, l'un de séparation, l'autre de formation. Dans la première
partie de cette période, Dieu tire de l'eau la terre qui subsistait parmi
l'eau. Il fait surgir les continents et les îles; il forme la terre habitable
et tout ce qu'elle contient, Néhémie 9:6. Le Dieu qui a formé la terre et qui
l'a faite, ne l'a point créée pour être une chose vaine (le même mot thohou
rendu par sans forme dans nos versions, Genèse 1:2), mais il l'a créée afin
qu'elle fût habitée, Ésaïe 45:18.
Le neuvième verset de la Genèse indique l'existence
antérieure de cette ancienne mer et de cette ancienne terre, en disant
simplement, non qu'elles furent créées alors, mais que le sec parut, et cette
terre qui, avant de paraître, subsistait déjà parmi l'eau, est la même dont la
création avait été racontée au verset 1. La mer aussi ne fit que changer de
place par le rassemblement en un même bassin des eaux déjà existantes.
La terre au troisième jour n'est point encore éclairée
par le soleil; elle a sa lumière propre dont nous ne connaissons pas bien la
nature, mais qui établit une distinction essentielle entre la terre
photosphérique des trois premiers jours et la terre planétaire des trois derniers.
C'est sous l'action de cette lumière propre que parurent les végétaux pendant
la deuxième partie du troisième jour: alors la terre produisit d'elle-même
premièrement l'herbe, ensuite l'épi, puis le grain tout formé dans l'épi, Marc
4:28. Nous ne savons si ce serait par un souvenir traditionnel de la plus
grande activité créatrice déployée au troisième jour, que les livres zends lui
donnent une durée beaucoup plus longue qu'aux deux premiers.
Jusqu'à une époque très récente, la géologie n'avait
pas découvert de traces des plantes qui furent créées au troisième jour; tous
les végétaux fossiles connus se trouvaient dans des couches placées au-dessus
des terrains de transition où sont incrustés d'innombrables animaux aquatiques,
les premiers êtres vivants qui habitèrent notre terre. (Le système carbonifère
qui comprend les bancs de houille, et dans lequel on trouve des fougères, des
palmiers, des conifères, est placé par-dessus la grauwacke ou système silurien,
qui contient un nombre immense de zoophytes, et de mollusques, des articulés et
des poissons.) M. de Rougemont, surpris de ce manque apparent de coïncidence
entre le livre de la révélation et le livre de la nature, supposa que la nuit
cosmogonique qui avait séparé le troisième du quatrième jour, ou le quatrième
du cinquième, pourrait avoir été accompagnée d'une conflagration de notre globe
qui aurait détruit la végétation primitive dans le temps où la terre devenait
planète. Cette hypothèse, qui coïncide assez bien avec celle qui fait des soirs
cosmogoniques des époques de bouleversement, semblait confirmée par les
découvertes géologiques sur la nature des roches primitives; les granits et les
gneiss qui forment la couche inférieure de la croûte de notre globe, ne sont
pas, comme les schistes et les calcaires, le résultat d'un sédiment boueux
déposé par les eaux, puis durci peu à peu par la pression, la chaleur et
l'évaporation: ils paraissent, au contraire, avoir été formés par le feu dont
ils portent les traces, ou en avoir subi l'action. «Une telle conflagration de
la terre photosphérique pendant que le système solaire était organisé, a
naturellement dû faire disparaître toutes les plantes du troisième jour. Mais
la Genèse ne fait pas mention de cette révolution par le feu, parce que le
point capital de l'œuvre du quatrième jour était la formation du système
solaire. «Toutefois, ajoute notre auteur, je suis le premier a reconnaître
combien sont hypothétiques tous les rapprochements de détail entre la Bible et
la géologie, relatifs aux époques antérieures à l'homme.» (Fragments, p. 111).
Malgré le profond respect que nous éprouvons pour les
lumières et la piété de cet écrivain, nous nous permettons de différer un peu
de ses vues sur ce point; son hypothèse d'une conflagration ne nous paraît pas
nécessaire pour expliquer la disparition de la flore primitive. Nous avons, en
effet, remarqué que dans la création et dans l'histoire de la terre, depuis le
commencement jusqu'au moment où Jésus remettra le royaume à Dieu le Père, 1
Corinthiens 15:24, il y a progrès et développement successif; depuis la terre
entièrement couverte d'eau pendant le chaos, jusqu'à l'entière destruction de
la mer, Apocalypse 21:1, le globe passe par un état intermédiaire, sa surface
étant composée en partie d'eau, en partie de terres sèches. Si donc nous
admettons une marche progressive, interrompue par une succession de
bouleversements (les soirs cosmogoniques), il n'y a rien de contraire à
l'analogie des lois de la création, à supposer que les premiers continents
auront été beaucoup moins étendus que ceux qui existent actuellement: par
conséquent la flore primitive qui a végété sur ces premiers continents,
n'aurait occupé qu'un espace proportionnellement très petit de la surface du
globe, et pourrait se retrouver dans des terrains actuellement submergés. Mais
il y a plus: les géologues n'ont examiné jusqu'à ce jour qu'une bien faible
portion de la superficie de la croûte solide du globe, et de ce qu'on n'a pas
trouvé jusqu'à présent en Europe (la seule partie du monde où l'on ait pu faire
sur les fossiles des recherches un peu générales) des restes des premiers
végétaux, il ne s'ensuit pas qu'on ne puisse le découvrir un jour ailleurs. Il
paraît même qu'on commence à en retrouver les traces, et que les immenses
végétaux fossiles récemment découverts dans le Canada et la baie de Baffin,
doivent avoir crû sous des conditions de chaleur, d'humidité et de lumière, qui
n'étaient point celles où vivent actuellement nos plantes. L'état de la terre,
sortant à peine de l'eau et environnée de sa lumière propre, tel qu'il est
décrit Genèse 1:9-12, explique la croissance de ces plantes d'une manière bien
plus satisfaisante que toutes les autres hypothèses.
Il n'est pas nécessaire non plus de recourir à une
conflagration pour expliquer la formation des roches primitives. Presque tous
les chimistes, les physiciens, les géologues et les géographes modernes,
reconnaissent que la terre doit être composée d'un noyau de métaux et de
métalloïdes en incandescence, entouré d'une croûte des mêmes substances à l'état
d'oxydes diversement combinés entre eux. Le savant Fourier a déterminé les lois
du refroidissement graduel du globe et de sa couche extérieure, et les
expériences nombreuses et intéressantes de M. Cordier (Essai sur la température
de l'intérieur de la terre, dans le Mémoire du Muséum d'histoire naturelle,
1827) sont venues pleinement confirmer la justesse des observations de Fourier
sur l'existence d'un feu ou d'une source de chaleur centrale. Ce système qui
explique et la forme sphéroïdale de la terre, et l'action des volcans, et la
chaleur des eaux thermales, et bien d'autres phénomènes encore, explique aussi
comment la première croûte solide de notre globe (les roches primitives) doit
porter des marques de l'action du feu, comment une température jadis beaucoup
plus élevée, peut avoir donné à la terre une force végétative bien plus
considérable que celle que nous lui connaissons maintenant, et comment enfin
Dieu peut s'être servi des forces naturelles de l'eau réduite à l'état de
vapeur, pour soulever en divers endroits de sa surface une portion de sa croûte
solide sous la forme d'îles et de continents, et les laisser retomber ensuite
au-dessous du niveau des eaux.
Quatrième jour. Ici, comme le remarque M. de
Rougemont, la progression dans la création n'est plus la même; il y a un saut,
une interruption. «De même qu'à la fin du quatrième jour de l'humanité la
lumière divine qui éclairait dès l'origine tous les hommes, se concentra en un
individu, Jésus-Christ, communiqua à l'humanité des forces inconnues, et par la
création de l'Église fit toutes choses nouvelles, ainsi, au quatrième Jour
cosmogonique la lumière diffuse du premier jour se concentra dans le soleil,
dont la chaleur pénétra et transforma la terre devenue planète, et la prépara à
devenir la demeure d'animaux, d'âmes vivantes. Ce fut alors que le système
solaire fut achevé, et que notre terre, en devenant planète, reçut aussi son
satellite.» Il semble, en effet, que les grands luminaires des cieux dont il
est parlé versets 14-18, ne sont nommés que dans leurs nouveaux rapports avec
notre planète. Le texte ne dit point que la substance du soleil et de la lune
ait été créée le quatrième jour; mais il donne à entendre que ces corps
célestes furent alors chargés de remplir à l'égard de notre globe des fonctions
importantes pour ses futurs habitants, de luire sur la terre, pour dominer sur
le jour et sur la nuit, etc. Le fait de leur création était déjà implicitement
contenu dans le verset 1. Il est aussi fait ici mention des étoiles, 1:16, mais
en deux mots seulement: Veeth haccochabim, presque en façon de parenthèse, et
comme pour indiquer qu'elles avaient été formées par la même toute-puissance
qui avait ordonné au soleil et à la lune de luire sur notre terre. En passant
si légèrement sur la création de ces innombrables corps célestes qui brillent
dans l'espace, et dont la plupart sont probablement des soleils, centres
d'autres systèmes planétaires, tandis qu'il place la lune, ce petit satellite
de notre terre, comme tenant le second rang après la soleil, l'écrivain sacré
nous montre clairement qu'il n'a point voulu nous donner une leçon
d'astronomie, et qu'il ne parle ici des astres que dans leurs rapports
immédiats avec notre terre et ses habitants, et non point eu égard à leur
importance relative dans le vaste système de l'univers. Il semble impossible de
comprendre les étoiles dans le nombre des luminaires que Dieu plaça dans les
cieux pour luire sur la terre, 1:17, et pour dominer sur le jour et la nuit;
car la plus grande partie des étoiles fixes n'est visible qu'à l'aide d'un
télescope, et celles que nous pouvons discerner à l'œil nu ne donnent qu'une
bien faible lumière en proportion de leur grosseur et de leur multitude
(Buckland's I, p. 27). Il nous paraît donc que le sens des versets 17 et 18
doit être restreint aux deux corps célestes, qui sont en réalité les grands
luminaires de la terre. Leur office, en tant que servant à nous éclairer et à
mesurer pour nous les temps et les saisons, doit durer autant que notre terre,
Genèse 8:22; et de même que l'arc-en-ciel fut donné à Noé comme un signe de
l'alliance que Dieu traita avec lui et avec toute chair, avec promesse de ne
plus envoyer de déluge sur la terre, et de ne plus faire périr par les eaux
tout ce qui a en soi respiration de vie, ainsi les grands luminaires des cieux
sont proposés aux fidèles comme signes de l'alliance que Dieu a traitée avec
David, en promettant que de sa postérité sortirait le soleil de justice, le
Messie qui sauverait de la mort seconde les âmes de tous ceux qui croiraient en
lui; cf. Jérémie 33:20-21. Cela ne signifie pas cependant qu'ils doivent durer
à toujours, car lorsque le Messie, fils de David, viendra s'asseoir sur son
trône et régner sur son peuple, la chose promise étant donnée, ce qui lui
servait de type et de signe sera aboli. La loi s'accomplira jusqu'à ce que le
ciel et la terre passent, Matthieu 5:18; mais lorsque viendra le jour du
courroux de l'Éternel, il fera crouler les cieux, et la terre sera ébranlée de
sa place (peut-être transportée hors de la place qu'elle occupe actuellement
dans le système solaire), Ésaïe 13:13; cf. encore Aggée 2:6; 2 Pierre 3:10;
Apocalypse 6:12-14,21, passim 22:5; Ésaïe 60:19; sq. 65:17; 66:22.
Ces passages remarquables, considérés non dans leur
but moral et prophétique quant à l'humanité et à l'Église en particulier, mais
simplement dans leur rapport avec l'histoire de notre terre, semblent autoriser
la supposition que notre globe, transporté au quatrième jour dans le système
solaire, doit lui être enlevé à la fin de l'économie actuelle, sortir de son
orbite, être soustrait à l'action du soleil et de la lune, et subir alors une
nouvelle révolution par laquelle il atteindra un degré de perfection et de
lumière dont nous ne pouvons nous faire maintenant aucune idée, mais qui sera
en rapport avec les corps glorieux et incorruptibles dont nous serons revêtus à
la résurrection.
La manière dont se suivent les passages relatifs à la
catastrophe qui doit détruire l'ordre actuel, et ceux qui se rapportent à la
destruction finale du globe, ne contribue pas peu à jeter de l'obscurité sur ce
sujet; mais on peut remédier en partie à cette obscurité en faisant attention
aux considérations suivantes.
Dans les prophéties de l'Ancien Testament qui
annoncent la venue du Messie, on voit entremêlées celles qui parlent de ses
types, avec celles qui l'annoncent lui-même paraissant dans l'abaissement et
l'humiliation, et celles qui décrivent le second et glorieux avènement du
Messie, roi d'Israël, entouré de ses milliers d'anges et de tout l'éclat de sa
puissance. Ces prophéties ne sont point rangées chronologiquement, mais elles
se pénètrent et s'entrelacent comme feraient les dessins de plusieurs tableaux
transparents, placés les uns derrière les autres. De même, dans les parties de
l'Écriture qui annoncent le sort futur de notre terre et les révolutions
qu'elle devra subir, on voit aussi entremêlées, sans égard à l'ordre des temps,
des choses qui se rapportent aux événements plus rapprochés, et d'autres qui
parlent de catastrophes plus éloignées; des prédictions relatives au jugement
des nations immédiatement avant la période millénaire, et celles qui se
rapportent au jugement dernier, lors de la consommation de toutes choses; des
prophéties qui décrivent la transformation que subira le globe lors du
millénium, lorsque le bien régnera sur la terre, et celles qui se rapportent à
la destruction finale, à l'annihilation du globe, annoncée Apocalypse 20:11. Si
l'on imite les disciples qui demandaient dans la même phrase les signes de
trois événements bien différents qu'ils paraissaient confondre (la ruine de
Jérusalem, la seconde venue du Christ, et la fin du monde), Matthieu 24:3, l'on
n'obtiendra de la Parole de Dieu qu'une réponse aussi peu intelligible que le
fut alors pour les Apôtres ce que leur dit le Seigneur qui leur parle, dans la
même prophétie, de choses qui se rapportaient à ces trois époques distinctes.
Ainsi, pour interpréter ce qui nous est prophétisé sur les destinées de notre
globe, nous devons aussi distinguer avec soin les divers chefs sous lesquels
nous devons les ranger, et apprendre à reconnaître dans une même prophétie les
parties qui doivent avoir un plus prochain accomplissement et celles qui ont
une portée plus éloignée.
Cinquième jour. C'est en ce jour que les premières
créatures vivantes apparurent sur la terre, et c'est aussi à cette époque de la
création seulement que l'on trouve des faits géologiques nombreux et détaillés,
qui concordent avec l'interprétation proposée des jours cosmogoniques de la
Genèse.
Nous ferons remarquer que la division biblique des
animaux, lors de la création, est très différente de la classification des
sciences modernes. Dans la Genèse, les animaux sont distingués d'après les
milieux dans lesquels ils vivent, ou plutôt d'après les substances sur
lesquelles doivent s'exercer leurs forces locomotrices, en aquatiques,
atmosphériques, et terrestres. Les aquatiques comprennent les types des quatre
grands embranchements, et la géologie retrouve aussi des vertébrés, des
mollusques, des articulés et des zoophytes existant simultanément dans les
couches fossilifères les plus anciennes. Plusieurs cosmogonies païennes qui
entreprennent de raconter l'ordre de la création, font naître les oiseaux et
les poissons dans deux jours différents; mais les naturalistes, après avoir
pendant longtemps partagé cette opinion, ont enfin constaté entre ces deux
classes d'animaux des rapports intimes que rien n'indique à l'œil, mais qui se
révèlent dans leur anatomie, et jusque dans la forme microscopique dos globules
de leur sang. Il y a peu d'années encore que les plus anciens oiseaux ne
remontaient qu'aux terrains tertiaires, et les géologues faisaient observer
combien il était rationnel que les oiseaux à sang chaud apparussent en même
temps que les mammifères à sang chaud. La géologie contredisait alors la Bible,
qui place les oiseaux, non au sixième jour avec les quadrupèdes, mais au
cinquième avec les poissons.
La contradiction était palpable, insoluble; mais
depuis lors, on a retrouvé des races d'oiseaux, des empreintes de pattes
d'échassiers, dans le grès bigarré, près de ces terrains de transition où la
vie commence par des êtres aquatiques. Ainsi les oiseaux à sang chaud ont été
créés à une époque ou les géologues a priori ne les auraient jamais fait
remonter; à une époque où il n'y avait pas trace de mammifères terrestres, et
où les animaux aquatiques prédominaient encore en plein. Or, comment Moïse
a-t-il encore ici deviné si juste? — (Rougemont, Fragments, p. 114).
Sixième jour. Ce jour contient aussi deux parties comme
le troisième et le cinquième; les quadrupèdes et les animaux terrestres
apparurent sur les continents et les îles qui étaient sortis de dessous l'eau
au troisième; «et de même que la seconde création du troisième jour (les
végétaux) avait été la plus parfaite de la terre photosphérique, ainsi la
seconde création du sixième jour (l'homme) fut la plus parfaite de la terre
planétaire.»
Il est probable que Dieu ne créa alors comme pour le
cinquième jour que les types ou genres (nommés espèces dans la Bible), et que
ce que nous appelons maintenant sous-genres, espèces, variétés dans les
animaux, se sont manifestés plus tard par l'action de causes naturelles
subséquentes, ou de dispositions chez des individus qui se sont développées
ensuite et propagées dans la postérité de ces mêmes individus. (On trouvera des
exemples remarquables de l'action de ces causes dans l'ouvrage de M. Laurence,
Lectures on Physiology, Zoology and the natural History of Man, en particulier,
p. 448 à 451, sur la propagation d'une race d'hommes porcs-épics. — Voir: aussi
Lectures on the connexion between science and revealed Religion, by Dr Wiseman.
Lect. III et IV). Il n'est pas dit si Dieu fit simultanément plusieurs animaux
ou paires d'animaux de chaque espèce, mais comme une seule famille humaine
devait suffire pour peupler toute la terre, ainsi une seule paire de chaque
espèce d'animaux peut bien avoir aussi suffi pour remplir les bois, les
campagnes, et tous les espaces habitables, dans les eaux et sous les cieux. Il
n'y a donc rien de difficile à comprendre dans la revue que fit Adam de tous
les animaux, lorsqu'il leur donna leurs noms; et lors même qu'il y aurait eu un
grand nombre de paires de chaque espèce, il n'est point dit que Dieu les fit
toutes comparaître devant le premier homme; tel ne paraît pas du moins devoir
être le sens du mot tout animal, Genèse 2:19.
Un caractère remarquable de cette époque, c'est
l'absence de férocité; les animaux étaient herbivores, au moins ceux qui
vivaient sur la terre et dans les airs, car il n'est point parlé des
aquatiques, 1:30, et cela a fait supposer que les eaux seules, et peut-être
leurs rivages étaient habités en partie par des carnivores. L'expérience a
prouvé qu'il est possible, même de nos jours, de nourrir de végétaux les animaux
les plus carnassiers de leur nature, comme par exemple le lion; par conséquent
ce fait peut avoir eu lieu d'une manière beaucoup plus générale lors de la
création. C'est en vain qu'on objecterait le peu de probabilité que des animaux
carnassiers se soient contentés avant la chute de l'homme de manger de l'herbe
et des fruits; c'est en vain qu'on prouverait par la conformation des
mâchoires, des dents, des griffes, de tous les muscles et de toute la charpente
osseuse, qu'ils étaient faits pour saisir une proie et pour la déchirer de
leurs dents ou de leurs becs crochus: si tels étaient leurs appétits naturels,
il n'était cependant pas plus difficile au Créateur de les restreindre en Éden,
que d'empêcher à Babylone les lions affamés de Nébucadnetsar de suivre leurs
féroces penchants, de mettre en pièces Daniel et de le dévorer. La géologie
d'ailleurs nous montre dans les terrains de l'époque myo-cène, un nombre
proportionnellement très grand des pachydermes et des ruminants; c'est
probablement pendant cette époque géologique que fut créé le premier homme
(Rougemont, Fragments, etc.).
Ici vient une pause dans le récit de l'historien
sacré. Après avoir décrit la manière dont Dieu a peu à peu préparé cette terre,
après l'avoir montrée graduellement revêtue d'un tapis de verdure et de fleurs,
couverte de riches ombrages et d'arbres chargés de fruits, animée par les
chants des oiseaux qui célèbrent dans les airs la gloire de leur Créateur;
après avoir décrit ces milliers de créatures vivantes, se mouvant dans les eaux
et sur la terre, jouissant de leur nouvelle existence et de la lumière du
soleil, il nous dit que le Créateur de toutes ces merveilles s'arrêta pour
contempler son ouvrage et pour le bénir: et Dieu vit que tout cela était bon.
L'œuvre de la création n'était cependant pas encore complète; mais avant de
placer dans cette magnifique demeure celui qui devait en avoir la souveraineté,
le Tout-Puissant semble se consulter lui-même, comme pour une chose plus
importante, et pour une création d'un ordre plus relevé que toutes les autres
choses qu'il avait créées pour être faites. Puis Dieu dit: Faisons l'homme à
notre image et à notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la
mer, sur les oiseaux des cieux, sur les animaux domestiques et sur toute la terre,
et sur tout reptile qui rampe sur la terre.
— Jusqu'à présent, le texte hébreu a toujours désigné
la terre par le mot érets; mais dans le verset 25, où il est parlé des reptiles
de la terre, Moïse se sert du mot adamah, qui signifie terre, en tant que sol,
et surtout sol rouge, quoiqu'il soit aussi pris dans une signification plus
étendue; et c'est dans le verset suivant qu'il dit: Faisons Adam (l'homme) à
notre image, Adam étant mis ici comme nom générique de l'espèce humaine; on
dirait que, par ce changement d'expression, l'auteur sacré cherche à faire
mieux ressortir l'origine à la fois terrestre et céleste de cette nouvelle
créature, rattachant à ce nom symbolique l'idée de sa faiblesse naturelle et de
sa haute vocation, cf. 2 Corinthiens 4:7.
Ajoutons encore ici que ce nom d'Adam semble indiquer
que la couleur primitive de la race humaine aurait été le rouge, comme on le
retrouve encore chez les races indigènes de l'Amérique; la tradition des Juifs,
des Américains et des habitants des îles de la mer du Sud a conservé le même
souvenir.
L'homme n'ayant
trouvé parmi les êtres vivants aucun être qui lui fût semblable, Dieu lit
tomber sur lui un profond sommeil, prit une de ses côtes, en forma une femme,
et la présenta à Adam à son réveil, 2:18-22. Ce récit doit être comprit
figurativement comme étant le réveil de l’homme à la conscience de sa nature
humaine faible et fragile qui devait dépendre entièrement de Dieu pour son
existence. Cette prise de conscience l’agita et l’irrita au point qu’il se
rebella contre Dieu et fut chassé de la grâce divine de laquelle il fut déchu.
On a quelquefois prétendu que les ressemblances
frappantes qui se rencontrent dans les cosmogonies des différents peuples,
ainsi que dans celles de leurs traditions qui se rapportent à l'origine du
genre humain, ne pouvaient provenir que de la similarité de l'esprit humain
dans tous les pays, similarité qui, à l'égard de certaines choses, devait
nécessairement conduire partout à un même résultat. Cette théorie est assez
vraie pour tout ce qui est du ressort de la réflexion et de la méditation; mais
quand les traditions ne peuvent s'expliquer, ni par le raisonnement, ni par
l'expérience, il est clair qu'elles doivent provenir d'une même source, et
qu'elles nous indiquent une commune origine pour les peuples chez qui elles
sont nationales. Qu'y a-t-il, par exemple, dans la forme de la femme, qui ait
jamais pu donner l'idée qu'elle ait été primitivement tirée de l'homme et
formée d'un de ses os? Or, cette tradition se retrouve chez les peuples les
plus éloignés et sans communication les uns avec les autres. En Chine, la femme
du premier homme est «la fille de la côte d'Occident», et son nom signifie «la
grande aïeule qui entraîne au mal.» Les Groënlandais disent que la première
femme fut formée du pouce de l'homme. Les Indiens de l'Essequebo prétendent
qu'après que le Grand-Esprit eut créé tous les animaux, il finit par former un
homme qui tomba bientôt dans un profond sommeil; le Grand-Esprit l'ayant
touché, il se réveilla et vit à ses côtés une femme. Chez les Indiens, Il est
question d'un premier homme, Viradj, créé sans femme; puis regardant autour de
lui, se voyant seul, il se plaint de sa solitude, il se divise lui-même en mâle
et femelle et donne naissance à toute la race humaine. Chez les habitants de la
Nouvelle Zélande, le mot Iwi (Ève) signifie os, et la première femme a été
formée, selon eux, du corps de l'homme et dune de ses côtes. À Tahiti, le Dieu
créateur, après avoir fait le monde, forma l'homme avec de la terre rouge: un jour
il plongea l'homme dans un profond sommeil et en tira un os (Ivi, ioui) dont il
fit la femme (Rougemont, p. 56).
Mais si les païens eux-mêmes ont conservé d'une
manière si admirable, à travers cinquante-huit siècles, l'histoire de ce
sommeil mystérieux d'Adam, ce n'est qu'à l'Église chrétienne que le sens moral
et symbolique de cet événement a été révélé.
Dans ce premier Adam encore sans péché, nous voyons le
type de ce deuxième Adam qui a été fait semblable à nous en toutes choses, sans
péché (grec), Hébreux 2:17; 4:15. Ce sommeil, ce côté entr'ouvert, cette épouse
qui en est Urée, nous sont des emblèmes de la mort de Christ et de son côté
percé, de cette mort qui donne naissance à son Église, de cette «Église qu'il
s'est acquise par son sang» pour en faire son épouse bien-aimée, Actes 20:28.
Ce n'est qu'après la mort de Jésus, que les disciples commencèrent à se
rassembler en son nom sans lui, mais la nouvelle Église fut cachée et n'exista
pour ainsi dire qu'en germe et sans développement, jusqu'à la Pentecôte,
— Voir: encore 1 Corinthiens 11:8-9; Éphésiens
5:23-32. Si, confondus par la force de ces images, nous avons peine à croire à
une telle condescendance de notre Dieu; si, considérant nos faiblesses et nos
misères, il nous semble impossible que l'Église puisse être l'objet d'un tel
amour, et que nous soyons portés à demander, comme Nicodème: Comment cela
peut-il se faire? Dieu nous répond par ces glorieuses promesses: «Christ s'est
livré pour son Église, afin qu'il la sanctifiât après l'avoir nettoyée en la
lavant d'eau et par sa parole, pour la faire paraître devant lui une église
glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais étant sainte
et irrépréhensible», Éphésiens 5:25-27; Colossiens 1:18,22; cf. 1 Corinthiens
1:30.
Après que l'homme eut été formé, la création fut
terminée; le temps naturel commença, et les secousses, ou nuits cosmogoniques,
cessèrent; aussi ne voyons-nous pas que la Bible en fasse plus mention; il
n'est plus dit «ainsi fut le soir, ainsi fut le matin, ce fut le septième
jour», parce qu'entre le sixième et le septième il n'y eut qu'une nuit
naturelle de douze heures, et c'est probablement pendant cette nuit et le
sommeil d'Adam, sur la dernière heure du sixième jour, qu'Ève fut formée, car
il est dit, 2:2: que «Dieu eut achevé au septième jour toute l'œuvre qu'il
avait faite.»
Septième jour. Ce fut au septième jour que Dieu se
reposa de toute l'œuvre qu'il avait créée pour être faite; il semble donc que
nous devrions terminer ici le récit de la création, mais comme ce premier
sabbat appartient encore à l'histoire de la première semaine du monde, nous
croyons devoir ajouter encore quelques réflexions, sans lesquelles l'histoire
de cette semaine de création serait incomplète.
Nous avons vu que les six jours précédents étaient,
non des espaces de temps de vingt-quatre heures, mais de longues époques; le
septième aurait donc dû leur être proportionné. Lorsqu'il commença, Dieu
n'avait point dit: «Tu travailleras six jours; tu mangeras ton pain à la sueur
de ton visage, tu retourneras en la terre d'où tu as été tiré.» L'homme avait
été placé dans le jardin d'Éden pour le soigner et le garder: non pour bêcher
péniblement la terre et lui faire produire à force de sueurs les céréales et
les autres graines dont il fut condamné à faire sa nourriture après la chute,
3:18-19; cf. 1:29-30, mais pour se nourrir sans peine des fruits de «tout arbre
désirable à la vue et bon à manger» que l'Éternel avait fait germer dans le
jardin. C'était là le repos sans oisiveté des enfants de Dieu sur cette terre,
et il est probable qu'il aurait duré un temps plus ou moins long, mille ans
peut-être, après lequel ils auraient été recueillis auprès de Dieu, comme
Hénoc, sans passer par la mort, sans que leur corps fut obligé de retourner
dans la poudre.
La durée de la vie humaine avant le déluge était de
près de mille ans, et nous avons lieu de croire que c'est à cause du péché
qu'elle fut abrégée. Selon la tradition juive, égyptienne, persane, assyrienne
et indienne, qui fait des jours de la création des espaces de mille ans, nous
aurions du nous attendre à voir le jour de l'homme créé à l'image de Dieu, le
septième jour, durer aussi mille ans, et se terminer par sa translation dans le
ciel; mais de même que les soirs cosmogoniques avaient bouleversé l'ordre
établi par Dieu dans la création matérielle, ainsi le péché vint renverser
l'ordre moral et physique dans cette nouvelle créature de Dieu, et par suite
dans le reste de la création. La terre, de très bonne qu'elle était, devint
maudite à cause de l'homme, 3:17. Le jour du repos, au lieu de durer mille ans,
fut changé en un temps de peine et de fatigue, où il ne resta plus que des
sabbats hebdomadaires de vingt-quatre heures, monument remarquable et aussi
ancien que la race humaine, conservé pour lui rappeler sa destination
primitive, et le but auquel elle doit tendre, sa chute et la miséricorde de
Dieu, qui ne l'a point entièrement rejetée; moyen de grâce pour les générations
futures, et image, pour ceux qui ont appris à en faire leurs délices, du
bonheur saint et pur que l'Éternel réserve à ses enfants. Ce sabbat primitif se
trouvant ainsi réduit à vingt-quatre heures, devint pour le monde le
commencement d'une nouvelle semaine millénaire; suivant les traditions
mentionnées plus haut, il devrait aussi s'écouler six mille ans depuis Adam
jusqu'à la fin de l'économie actuelle. Le sabbat de cette nouvelle semaine
serait alors l'époque glorieuse du millénium, de quelque manière qu'on
l'entende; puis, au lieu de la mort naturelle de l'homme, fruit de la chute et
du péché, viendrait au bout d'un peu de temps, Apocalypse 20:3,7, la
destruction de la mort elle-même, ce dernier ennemi de l'homme, 1 Corinthiens
15:26; Apocalypse 21:4.
Ceci n'est, à la vérité, qu'une hypothèse; cependant
nous croyons pouvoir en trouver une confirmation, Hébreux 3, et 4; en
commentant le sens du Psaumes 95:11, l'apôtre nous montre que la menace de Dieu
aux Israélites, de les exclure de son repos, menace oui avait trait à la Canaan
terrestre, se rapportait aussi, et dans un sens plus élevé, à la Canaan
céleste, après laquelle doivent soupirer les enfants de Dieu; puis il rattache
cette même idée au premier sabbat, 4:3-4, et montre, verset 6, que ceux à qui
ce premier sabbat avait été «premièrement annoncé» n'y purent entrer «à cause
de leur incrédulité», Adam et Ève ayant ajouté foi aux paroles du serpent dans leur conscience plutôt qu'à l'ordre
positif de Dieu. Ce premier sabbat tel que Dieu le leur destinait n'exista donc
pas pour eux, ils n'y entrèrent pas. C'est pourquoi Dieu «détermine de nouveau
un certain jour de repos», versets 7 et 9. Le premier sabbat millénaire ayant
été abrégé, Dieu en prépare un autre pour son peuple, lorsque l'Éternel régnera
en Sion et que le Roi de paix entrera dans son royaume, Ésaïe 32:17-18.
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CRÈCHE.
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L'humble et premier berceau du Fils de Dieu qui s'est
fait fils de l'homme, Luc 2:7. Si l'étable dans laquelle naquit notre Sauveur,
était en effet pratiquée dans le roc, ainsi que le disent la plupart des
anciens pères, il est possible que la crèche ait aussi été taillée dans les
flancs de la caverne, mais on peut croire qu'une auge de bois la garnissait
intérieurement, et que c'est dans cette auge que Jésus fut placé. D'autres
prétendent que cette crèche était de terre, et qu'elle fut remplacée par une
crèche d'argent. Même observation ici que sur la couronne d'épines, il suffit
d'aller voir sur les lieux; cette crèche miraculeuse se trouve à Rome dans
l'église Santa-Maria Maggiora; elle est de bois. Est-elle authentique, c'est
une autre question: on ne risque rien de la mettre avec les saints langes que
l'on montre à Saint Paul, quoiqu'il y en ait aussi quelques fragments en
Espagne; avec le saint berceau et la sainte chemise que l'on montre en la même
ville de Rome, tous menus fatras dont les pères ne disent mot. Bien sûr est-il
que si ces objets étaient à Jérusalem lorsque cette ville fut détruite, ils
furent détruits avec elle; que s'ils n'y étaient plus, et qu'ils fussent déjà à
Rome, il n'en est toutefois point encore question du temps de saint Grégoire, à
la fin du sixième siècle, et dès lors cette ville a été mainte et mainte fois
prise, pillée et saccagée. «Il n'y a nul de si petit jugement qui ne voie la
folie.» Calvin.
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CRESCENS,
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2 Timothée 4:10. Disciple inconnu, qui quitta Paul
vers la fin de sa dernière captivité pour se rendre en Galatie, tandis que Tite
passait en Dalmatie. Les traditions le font les unes évêque de Mayence, les
autres évêques de Vienne en Dauphiné; plusieurs s'accordent à dire qu'il a
évangélisé les Gaules, mais rien n'est plus incertain que tout cela. Les uns en
font encore un affranchi de Néron, d'autres un des septante disciples; la
première supposition serait plus probable à cause du nom latin de ces
évangélistes.
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CRÈTE.
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Menteur, mensonge…
personne portée à l’exagération…
Cette île mentionnée dans l'Ancien Testament sous le
nom de Caphtorim, est désignée plusieurs fois dans le Nouveau sous le nom de
Crète. Homère l'appelle l'île aux cent villes, ce qui peut nous donner une idée
de sa prodigieuse population dans cette époque reculée: Horace et Virgile en
parlent dans le même sens. Elle est au sud de l'Archipel, dans la mer
Méditerranée; sa longueur est d'environ 265 kilomètres, sa plus grande largeur
de 57. C'est, après la Sicile, la plus belle des îles de la Méditerranée; elle
est traversée par une chaîne de montagnes, dont la cime la plus élevée, le
Psiloriti, l'Ida des anciens, a plus de 2,000 mètres de hauteur. Quoique
montueuse, elle est fertile, surtout en vins excellents, en miel, en huile et
en blé.
(La Crète, civilisation
fondée par les Caphtorims (Gen. 10:14), un peuple de géants, fut l'endroit de
l'ancien Continent d'Atlantide. Nous avons certains indices d'un ancien empire
d'une race de géants qui était situé sur un vaste continent qui existait dans
la Méditerranée en ce temps. Selon Paul Ulrich (Les Grands Énigmes des Trésors
Perdus), cet ancien empire fut fondé par une déesse dont le nom égyptien est
Neith, mais en Grec Athéna. Celle-ci devint connue en Égypte comme Isis, la
femme d'Osiris; et en Inde comme Sati, la femme de Shiva. Or selon les
recherches minutieuses de Hislop, les noms de Athéna, Sati, et Isis, se
rapportent directement à Séminaris, la femme de Nemrod. C'est ici que nous
trouvons l'ancien continent légendaire de l'Atlantide. Ceci est confirmé d'avantage
par le nom du premier roi d'Atlantide qui fut Atlas, et qui selon Hislop fut
nul autre que Nemrod. Ce continent perdu avait pour capitale la ville de
Poséidon qui fut une matérialisation terrestre du Jardin d'Éden. Dans les
dialogues de Platon, "le Timée et le Critias", la race qui occupait
ce continent fut considéré la meilleure et la plus belle parmi les hommes. Il
nous est dit que Poséidon, le dieu de la mer ou Nemrod, fortifia l'île et
l'isola en cercle. Ainsi Nemrod fut déifié comme Melkart, roi de la cité
fortifié, et devint le dieu des Tyriens. Il embellit l'île d'Atlantide et fit
jaillir d'elle deux sources d'eaux, l'une chaude et l'autre froide; et fit
pousser sur la terre des plantes nourricières de toute sorte. Il engendra et
éleva cinq générations d'enfants mâles et jumeaux et divisa l'île d'Atlantide
en dix parties. Platon nous dit que les rois avaient des richesses en telle
abondance que jamais sans doute avant eux nulle maison royale n'en posséda de
semblables et que nulle n'en possédera aisément de telles à l'avenir. Mais
après la splendeur, la décadence, nous dit Ulrich, citant 'Platon: «Pendant de
nombreuses générations, les rois écoutèrent les lois et demeurèrent attachés au
principe divin auquel ils étaient apparentés... mais quand l'élément divin vint
à diminuer en eux... ils tombèrent dans l'indécence» et l'Atlantide sombra sous
les eaux du jugement de Dieu.)
— Voir: Actes 27:12-13,21.
Le promontoire de Salmone, Actes 27:7, était à
l'orient, vis à vis de Gnide. Les villes principales étaient Gnossus
(aujourd'hui Énadieh), où se trouvait le fameux labyrinthe: elle avait 30
stades de tour; puis Lasée, Actes 27:8, qui n'est nulle part citée par les
anciens géographes; Phénix, port au sud-ouest, Actes 27:12; Beaux-Ports, qui
porte maintenant encore le nom de Limenes-Kali.
Les Crétois, bons archers du reste, avaient une
réputation incontestée de mensonge, de perfidie, d'égoïsme, d'avarice et de
sensualité, de telle sorte que le verbe crétiser s'appliquait presque également
à tous ces vices différents. Polybe, Tite-Live, Pausanias, Ovide, Xénophon,
tous les auteurs de toutes les époques sont d'accord là-dessus, et saint Paul
cite ce vers d'un de leurs propres poètes (prophètes, Tit. 1, 12): «Les Crétois
sont toujours menteurs, de mauvaises bêtes, des ventres paresseux.» Ce poète,
au dire de saint Jérôme, est Épiménide, qui vivait 600 ans avant l'ère
chrétienne. Selon Chrysostôme et d'autres, ce serait Callimaque, qui dit, en
effet: «Les Crétois sont toujours menteurs.»; mais la citation d'Épiménide est
plus complète et plus ancienne.
Saint Paul qui avait eu l'occasion de visiter la Crète
et d'y annoncer l'Évangile, y laissa Tite son compagnon de voyage, Tite 1:5,
afin qu'il achevât de régler les affaires de l'Église, et qu'il établît des anciens
de ville en ville. L'épître de Paul à cet apôtre est un document intéressant
pour l'histoire de ce pays.
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CRISPE.
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Principal de la synagogue de Corinthe, Actes 18:8. Il
fut converti avec toute sa famille, presque seul entre les Juifs de cette
ville, et fut lui-même l'instrument d'un grand nombre de conversions. Son
histoire nous est du reste inconnue; on dit qu'il fut plus tard évêque de l'île
d'Égine près d'Athènes.
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CRISTAL,
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substance transparente et bien connue, appartenant à
la même famille que le quartz. Le mot grec de cristal, et le nom hébreu de
Kérach, Ézéchiel 1:22, indiquent l'un et l'autre, par leur composition,
l'analogie que les anciens trouvaient entre cette pierre des montagnes et la
glace, à la fois froide, polie et transparente. Le cristal est mentionné dans
l'Écriture en divers passages, où il peut se traduire également par glace,
ainsi que l'ont fait nos versions, Psaumes 147:17; cf. encore Apocalypse 4:6;
22:1.
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CROCODILE.
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L'animal mentionné Lévitique 11:30, entre le hérisson
et le lézard, porte en hébreu le nom de koach. Ce n'est pas le crocodile
véritable, mais peut-être une espèce de grand lézard (un dinosaure), appelé par les Septante crocodile de terre; il vit
également dans l'eau et sur la terre; ses quatre jambes sont courtes et menues,
ainsi que sa queue; ses brillantes écailles, dorées sur le dos, brunes sur les
flancs, argentées sous le ventre, sont petites et bien arrangées; il se nourrit
des plus odorantes fleurs qu'il puisse trouver, ce qui fait estimer extrêmement
sa chair et même ses intestins. On le trouve dans les parages de l'Égypte et
aux Indes.
— D'autres interprètes pensent que c'est le mot hébreu
choled, Lévitique 11:29, qui signifie crocodile de terre: nos versions le
traduisent par belette.
— Quant au crocodile proprement dit, la Bible
l'appelle Léviathan.
Mais cette
interprétation est purement spéculative, le crocodile ne crache pas du feu,
seulement une créature comme le dragon légendaire détient une telle capacité.
Passons-nous de la légende à la réalité, nul ne le sait car évidemment il
s’agit ici d’une créature non connue de l’homme moderne.
— Voir: cet article.
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CROIX, crucifixion.
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Le supplice de la croix fut chez les Romains, jusque sous
le règne de Constantin, l'infamante et cruelle peine des condamnés à mort, des
esclaves, des criminels, des brigands, des émeutiers. Il fut établi en Judée à
l'époque de la domination romaine, et, bien que Flavius Josèphe en cite un
exemple antérieur, il n'y fut légalisé comme peine que dès ce moment. Après
avoir été d'abord fouettés d'étrivières, Matthieu 27:26, ce que l'on
considérait comme plus dur et plus infamant que les verges, les condamnés
devaient porter jusqu'au lieu du supplice la croix à laquelle ils allaient être
attachés, Matthieu 27:32; Jean 19:17. Ce lieu était ordinairement situé hors de
la ville, et près d'une route fréquentée: là on les dépouillait de leurs
vêtements, Matthieu 27:28; Jean 19:23-24, et après leur avoir donné un breuvage
enivrant, cf. Matthieu 27:34, on les élevait sur la croix où des bourreaux
armés de marteaux et de clous leur perçaient les mains, et les attachaient: on
leur clouait aussi quelquefois les pieds, quoique ce ne fût pas général, et
tantôt ensemble, tantôt séparément. Quelques auteurs pensent que pour empêcher
le corps de s'affaisser sous sa pesanteur, on plaçait une espèce de marche-pied
sous les pieds du patient, mais l'on ne voit aucune trace de cet usage dans les
descriptions que les plus anciens auteurs nous ont données de la croix; en
revanche, ils nous parlent d'une sorte de chevalet ou grosse cheville fichée au
milieu de la croix et sur laquelle le malheureux se tenait comme à cheval.
— Cet affreux supplice était aussi long qu'il était
cruel; aucun organe important n'était attaqué; le sang ne coulait pas avec
abondance, et la douleur partant des extrémités ne devait parvenir au centre
que lentement, par degrés, mais toujours en augmentant. On peut croire que la
posture peu naturelle et toujours la même du crucifié n'était pas un de ses
moindres supplices; un sang enflammé se portant à la tête et à la poitrine, et
produisant de vives douleurs et de vives angoisses, l'excitation des muscles et
des nerfs, puis peu à peu le tétanos, voilà ce que l'on peut supposer et dire
sur un supplice que l'on ne connaît plus maintenant que par ouï-dire; mais en
décrire l'horreur comme on la sent, c'est impossible. Ce n'était ordinairement
qu'au troisième jour que le malheureux expirait, et même on en a vu, doués
d'une forte constitution, surmonter les douleurs de la croix, et ne mourir que
de faim sur l'instrument de leur supplice. Chez les Juifs cependant, le
supplice était abrégé par les lois toujours humanisantes de cette législation:
le crucifié devait être enseveli le soir même du jour où il avait été pendu au
bois, Deutéronome 21:23; c'est à cause de cela, et pour hâter la mort des
condamnés, qu'on leur brisait les os avant le coucher du soleil, Jean 19:31-32,
cf. Josué 8:29. Les anciens laissaient les cadavres sur la croix, exposés aux
appétits des oiseaux de proie, et à toutes les intempéries d'un climat qui ne
tardait pas à les décomposer et à en infecter l'air. Il n'y a guère qu'un
demi-siècle que le même usage subsistait encore en Angleterre et dans quelques
parties de l'Allemagne, et même afin que les parents ne vinssent pas enlever
les corps de leurs proches, on plaçait des gardes autour de la croix. Les
Juifs, au contraire, soit dans un intérêt hygiénique, soit surtout par respect
pour la dignité humaine, ensevelissaient immédiatement leurs condamnés,
Matthieu 27:60, mais ils ne leur accordaient le privilège de reposer dans les
sépulcres de leurs familles, que lorsque leurs chairs avaient été déjà
consumées dans les sépulcres publics; c'est pour épargner à Jésus ce dernier
déshonneur que Joseph d'Arimathée demanda la permission de l'ensevelir dans un
sépulcre neuf de sa possession.
La crucifixion était un supplice bien connu des
anciens; on en trouve des traces chez les Égyptiens, Genèse 40:19, chez les
Perses, Esther 7:10; Esdras 6:11, et chez les Juifs, Nombres 25:4; Josué 8:29;
2 Samuel 21:6. Les Grecs, les Carthaginois et les Romains nous en fournissent
aussi des exemples nombreux. Flavius Josèphe raconte qu'Alexandre roi des
Juifs, ayant fait crucifier huit cents de ses sujets rebelles, ordonna, par
surcroît de cruauté, que l'on mît à mort au pied de leur croix, sous leurs
yeux, et pendant qu'ils respiraient encore, leurs femmes et leurs enfants.
Il y avait des croix de différentes formes: c'étaient
toujours deux pièces de bois croisées l'une sur l'autre, mais quelquefois comme
un X, quelquefois comme un T, le plus fréquemment dans la forme la plus connue,
celle que l'on donne aux crucifix et que l'on trouve sur presque toutes les
gravures †. C'est cette dernière forme que les anciens monuments et les
médailles du temps de Constantin donnent à la croix sur laquelle fut glorifié
le Sauveur des hommes. Saint Jérôme la compare à un oiseau qui vole, à un homme
qui nage ou qui prie ayant les mains étendues horizontalement. Outre le tronc
et les bras, elle avait donc une pièce qui était le prolongement du tronc, et
qui s'élevait derrière la tête du crucifié; c'est à cette pièce que fut attaché
l'écriteau de Pilate: «Jésus, de Nazareth, roi des Juifs.» La croix avait,
dit-on, 15 pieds de hauteur, et 7 ou 8 d'envergure; mais l'on n'en sait rien.
Voici maintenant quelques petites fables qui ont été
inventées par une partie de l'église romaine, et qui sont désavouées par
l'autre. Seth, le troisième fils d'Adam, ayant obtenu de l'ange qui gardait le
paradis terrestre trois graines de l'arbre de vie, les planta sur le tombeau de
son père; il en sortit trois petites verges qui se joignirent, s'élevèrent en
arbre, survécurent au déluge, furent abattues sous le règne de Salomon, et
firent une poutre dans la maison du Liban. La reine de Séba y étant entrée,
remarqua cette poutre, et annonça qu'elle servirait au supplice d'un homme qui
détruirait le royaume d'Israël. Pour détourner l'oracle, Salomon fit enterrer
cette poutre à l'endroit du lavoir de Béthesda (au lieu de la brûler!) Elle y
fut découverte, quelque temps avant la passion du Sauveur, et servit à faire la
croix.
Autre fable. On dit qu'elle était faite de quatre bois
différents, de cyprès, de cèdre, d'olivier et de buis; selon saint Bernard, les
bras en étaient de palmier, le cyprès en formait la base, le cèdre la hauteur,
et l'olivier le chapiteau.
— D'autres disent tout simplement qu'elle était de
chêne.
Autres fables et fraudes pieuses. On dit que sainte
Hélène, mère de Constantin, trouva la vraie croix et en envoya une partie en
présent à son fils, qui la mit à Constantinople sur une colonne de porphyre;
l'autre partie, elle la renferma dans un étui d'argent, et la donna en garde à
l'évêque de Jérusalem. «Or, avisons d'autre part, ajoute Calvin, combien il y
en a de pièces par tout le monde. Si je voulais réciter seulement ce que j'en
pourrais dire, il y aurait un rôle pour remplir un livre entier. Il n'y a si
petite ville où il n'y en ait, non seulement en église cathédrale, mais en
quelques paroisses. Pareillement il n'y a si méchante abbaye où l'on n'en
montre. Et en quelques lieux, il y en a de bien gros éclats: comme à la Sainte
Chapelle de Paris, et à Poitiers et à Rome, où il y a un crucifix assez grand
qui en est fait, comme l'on dit. Bref, si on voulait ramasser tout ce qui s'en
est trouvé, il y en aurait la charge d'un bon gros bateau. L'Évangile testifie
que la croix pouvait être portée d'un homme; quelle audace donc a-ce été de
remplir la terre de pièces de bois en telle quantité, que trois cents hommes ne
les sauraient porter! Et de fait, ils ont forgé cette excuse que, quelque chose
qu'on en coupe, jamais elle n'en décroît. Mais c'est une bourde si sotte et
lourde, que même les superstitieux la connaissent.»
— Quant à l'écriteau, on le montre à Rome et à
Toulouse.
Tout chrétien doit être affligé de voir ainsi profaner
le sang de l'alliance, et faire un pareil trafic de choses saintes. On a tout
voulu convertir en musée, en curiosités, en marchandises, et devant la croix on
fait oublier aux pécheurs le salut de la croix; la lettre tue l'esprit, et l'on
ensevelit la pensée sous la forme. Nous ne blâmerons point ici la profusion des
croix que l'on trouve dans les pays catholiques à tous les embranchements de
routes, sur tant de maisons, dans tant de chambres: nous nous rappelons même
avec émotion l'effet que produisit sur nous, il y a quelques années, la vue
d'une croix que nous trouvâmes au bord d'un chemin, dans le voisinage
d'Orléans, et sur laquelle étaient écrites ces paroles, pauvres de poésie, mais
riches de sens et de piété:
Passant, devant la croix de ton Sauveur,
Pense qu'il est mort pour toi, pécheur.
Nous reconnaissons que plus d'une fois, assistant à de
malheureuses messes et à de malheureux prônes, gémissant sur l'idolâtrie des
prêtres aveugles que nous entendions, et des brebis égarées qui
s'agenouillaient à certains signaux, nous nous consolions en regardant une
croix qui s'élevait sur l'autel, et qui semblait protester contre tout cet
appareil de superstitions et de séductions. C'est avec une double sympathie,
mais avec les mêmes restrictions, que nous nous associons à ces paroles d'un
théologien de la langue française: «Aussi longtemps que nous ne pouvons,
chrétiens plus éclairés, pénétrer jusque dans le dernier hameau et dans la
dernière chaumière des contrées qui professent la foi, pour y prêcher
l'Évangile en esprit et en vérité, bénissons Dieu de ce qu'il s'y trouve encore
quelques hommes qui appliquent sur la bouche de chaque mourant un crucifix...
Si, pour plusieurs, des cérémonies de ce genre ne sont que des amulettes,
également ces peuples en auraient eu d'autres, et d'autres plus mauvaises; et
pour plusieurs, aussi, ce sera la prédication de la vie.» (A. Bost, Recherches
sur la constitution, et sur les formes de l'Église chrétienne, p. 85)
— Mais il n'en reste pas moins vrai que ces croix
sont, avec les autres symboles et reliques de l'Église de Rome, le pis dans le
bien; que partout où l'on peut avoir mieux elles sont un piège et un mal;
qu'elles tendent à ramener Christ sur la terre, et à ôter à la vérité sa vie et
son esprit; qu'elles matérialisent la religion pure de la nouvelle alliance;
qu'elles paralysent les efforts vers la sainteté; qu'elles entravent les
progrès de l'Esprit; qu'elles retiennent les fidèles dans l'enfance, et que
souvent elles les repoussent dans les ténèbres de l'ignorance et de la
superstition.
Comme le chrétien doit suivre sur la terre les traces
de son divin modèle, Jésus dit souvent que celui qui veut être son disciple
doit porter sa croix après lui, Matthieu 10:38; paroles qui sont expliquées
ailleurs par celles-ci, que tous ceux qui voudront vivre selon la piété
souffriront persécution, 2 Timothée 3:12. Saint Paul nous dit encore qu'il est
crucifié avec Christ, Galates 2:20; qu'il ne se glorifie qu'en la croix du
Seigneur, par laquelle le monde lui est crucifié, et lui au monde, 6:14; que
ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses affections et ses
convoitises, 5:24; que le vieil homme a été crucifié avec Christ, afin que le
corps du péché soit détruit, Romains 6:6.
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CUB,
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Ézéchiel 30:5, contrée méridionale, nommée à côté de
l'Égypte et du pays de Cus; c'est peut-être la ville de Coba dans la
Mauritanie, ou Cobie dans la Maréotide, ou Cobé en Éthiopie, à moins que l'on
ne veuille lire Nub, auquel cas ce serait la Nubie (favorisé par la traduction
arabe), ou Lud, qui serait la Lydie (une supposition de Hitzig.)
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CUISINE,
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La cuisine orientale, quelque bizarre qu'elle nous
paraisse quelquefois, n'est pas essentiellement différente de la nôtre. Nous en
reparlerons aux articles de détail. Quant à la manière de cuire les mets, voici
pourtant quelques traits particuliers: au lieu de poêle et de fourneaux, on se
contente le plus souvent d'un simple trou pratiqué dans la terre, que l'on
remplit de bois et de fumier sec et très combustible,
— Voir: Chameau.
Au lieu de beurre ou de graisse, on se servait d'huile
chez les Hébreux, en vertu de cette loi générale qui tendait à naturaliser
l'agriculture et à en rendre les produits nécessaires aux habitants de la
Palestine. On peut remarquer aussi l'usage, passablement oriental, de faire
cuire le lait et autres substances liquides, en jetant simplement dans le vase
une pierre rougie au feu. Parmi les ustensiles employés, on remarque le
chaudron ou chaudière, Ézéchiel 11:3,7; Ecclésiaste 7:6 (traduit «potées de
chair» Exode 16:3); le pot, Juges 6:19; une autre espèce de chaudière, Ézéchiel
24:6, plus ronde et plus vaste; une autre encore, Michée 3:3; la marmite, 1
Samuel 2:14, et la fourchette (ibid) pour servir la viande.
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CUISSE.
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On trouve dans la Genèse, 24:2; 47:29, le serment des
anciens patriarches exprimé sous une forme qui doit nous paraître d'autant plus
singulière, que dès lors on n'a plus d'exemples d'une semblable cérémonie.
C'est Abraham qui, envoyant le plus ancien de ses serviteurs chercher une femme
pour son fils, lui dit: Mets ta main sous ma cuisse, et jure-moi, par
l'Éternel, que tu ne prendras point de femme pour mon fils d'entre les filles
des Cananéens, etc.; puis Jacob, à son lit de mort, demande à Joseph, avec le
même serment, de ne point permettre que ses os reposent en Égypte, mais de le
transporter dans les sépulcres de ses pères. On ignore la signification de cet
acte; les uns y voient une allusion à la circoncision, les autres croient
qu'Abraham et Jacob ont voulu faire jurer par le Messie qui devait, selon le
langage des Juifs, sortir de la cuisse des patriarches; peut-être était-ce un
symbole destiné à rappeler la qualité de père au fils qui plaçait sa main sous
la hanche dont il était sorti. L'historien Flavius Josèphe dit que cette
pratique se faisait encore de son temps.
Les Juifs portaient l'épée sur la cuisse, Psaumes
45:3; Cantique 3:8, et du côté gauche, comme on le voit par l'exception mentionnée
Juges 3:16.
Frapper sur la cuisse, était le signe naturel de
l'étonnement ou de la douleur, Jérémie 31:19; Ézéchiel 21:17. Dans le livre des
Juges, 15:8, il est dit que Samson battit les Philistins «la jambe sur la
cuisse», expression proverbiale que nos versions ont rendue par «entièrement»:
le sens littéral est peut-être qu'il les mit en pièces tellement, qu'on
trouvait tous leurs membres pêle-mêle; mais l'idée du proverbe est la même que
celle de l'expression française «il leur coupa bras et jambes», soit que l'on
doive entendre le carnage qu'en fit le vengeur d'Israël, soit que ces mots
signifient seulement que les Philistins furent épouvantés, surpris, et comme
interdits de la violence et de la force prodigieuse de leur vainqueur.
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CUIVRE,
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— Voir: Airain.
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CULTE.
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Le culte qui dans son expression la plus simple est
l'adoration que l'homme rend à la Divinité, prend une acception plus large et
plus étendue à mesure que l'homme s'élève lui-même davantage; et depuis la
religion naturelle jusqu'à la religion chrétienne, en passant par le
monothéisme juif, on peut voir se développer l'idée du culte au point que ce
mot finit par désigner presque tous les rapports de l'homme avec Dieu, son
adoration, ses prières, la constitution extérieure de son Église, et jusqu'à la
foi qu'il professe, jusqu'à la manière dont il conçoit des vérités révélées.
Il n'est que deux cultes successivement reconnus par
l'Écriture sainte, le culte préparatoire du judaïsme, et le culte spirituel du
chef de l'Église: le premier était ordonné dans tous ses détails, le second
abandonné à l'âme pieuse du fidèle converti, et guidé par les directions de
l'Écriture et du Saint-Esprit; dans le premier la forme dominait, dans le
second l'idée et l'amour; le premier était un pédagogue pour l'homme
irrégénéré, le second est la conversation du chrétien avec Dieu: dans l'un et
dans l'autre on voit le même homme et le même Dieu, mais dans le culte ancien
l'homme est séparé de Dieu, dans l'alliance nouvelle Dieu et l'homme sont
réconciliés. Ces deux cultes sont divins dans leur institution, et l'Écriture
appelle tout autre culte un culte étranger, sous quelque forme que se présente
l'idolâtrie, et quels que soient les objets auxquels elle se rapporte.
Le chef de l'ancienne Alliance, Abraham, fut choisi de
Dieu pour être le dépositaire privilégié des vérités éternelles: c'est en lui
que fut incarnée, pour ainsi dire, la doctrine de l'unité de Dieu, du
monothéisme; une portion seulement de sa famille et de sa descendance fut
appelée à jouir des mêmes grâces, tandis que nous voyons clairement l'idolâtrie
régner dans les autres branches, Genèse 31:19,30; 35:2; Josué 24:2,14. Le culte
des patriarches était aussi simple que possible, et consistait presque
exclusivement dans la prière, Genèse 24:63, et dans les sacrifices. Il n'y
avait pas de lieu spécialement destiné au culte, et le croyant pouvait prier et
offrir ses victimes partout où il se sentait disposé à le faire, quoique l'on
choisît préférablement, soit des hauteurs solitaires où l'on pensait pouvoir
communiquer plus directement avec Dieu, Genèse 22:2; 31:54, soit des lieux où
la Divinité s'était manifestée visiblement à quelqu'un des membres de la
famille; on y élevait alors un autel hâtivement et simplement travaillé, Genèse
12:7-8; 13:4; 26:25; 46:1, ou même une simple pierre que l'on consacrait par
des libations d'huile, 28:18; 35:14. Quelquefois c'était un bosquet, ou la
réunion de quelques arbres, qui servait de temple à ces premiers croyants,
Genèse 13:18; 21:33: nous voyons même Isaac sortir et se rendre dans les champs
pour prier, 24:63. Il ne paraît nulle part que ni l'une ni l'autre de ces deux
formes du culte eussent été prescrites aux patriarches: la prière sortait de
leur cœur comme un besoin bien naturel, ou comme l'expression de leur
reconnaissance; les sacrifices étaient comme une prophétie intérieure, comme le
pressentiment, vague mais réel, du sacrifice qui devait un jour les réconcilier
entièrement avec Dieu; il y avait plus de foi que d'intelligence dans la
pratique de cette cérémonie, et si les patriarches ne s'avouaient pas à
eux-mêmes les idées de condamnation et d'expiation, c'est qu'ils étaient encore
des enfants dans la foi, peu formés, peu susceptibles de recevoir et de
supporter des doctrines plus avancées, plus profondes, plus mystérieuses; mais
comme des enfants ils aimaient leur Père céleste et lui offraient les dons que
leur cœur leur inspirait. C'est là ce que l'apôtre entend quand il dit en
parlant des anciens, Hébreux 11:13: «Ils ont vu ces choses de loin, ils les ont
crues, ils les ont saluées.» À cette époque il n'y avait point encore de
clergé; le chef de la famille en était aussi le pontife: la seule exception qui
semble contredire ce fait, c'est l'exemple de Melchisédec, q.v.
Puis, par une suite de dispensations célestes, et qui
avaient sans doute pour but de préparer les enfants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob,
à porter plus facilement le joug de l'Éternel, nous voyons cette famille toute
entière transportée en Égypte, et subissant là le pesant et cruel joug des
Pharaons: c'est bien la postérité d'Abraham, mais on cherche la religion
d'Abraham, et sauf de rares exceptions l'on n'en trouve plus les traces: les
esclaves sont livrés à la sensualité; ce qu'ils aiment avant tout ce sont leurs
concombres, leurs aulx, leurs oignons, leurs marmites de viande: ce qu'ils
adorent c'est la nature, ce sont les dieux de leurs maîtres, un veau d'or et
d'autres divinités diaboliques, Exode 32, Lévitique 17:7; Nombres 25:2; Amos
5:25-26. Ils ont changé la gloire de Dieu, dit le Psalmiste, 106:20, en la
figure d'un bœuf qui foule le grain.
— Mais cette idolâtrie ne pouvait durer plus
longtemps, Dieu ne pouvait oublier ses promesses: après le retour des ténèbres
devait venir le retour de la lumière: le culte spirituel et libre des
patriarches n'ayant pas suffi aux Israélites charnels, un culte de cérémonies
et de formes allait succéder, revêtu d'une majesté foudroyante; des menaces
allaient se joindre aux promesses; le premier anneau de cette alliance allait
être pour les Israélites la délivrance de la servitude; en échange de cette
délivrance ils promettraient de se soumettre à la loi divine. Toutefois, pour
le peuple de Dieu, ce changement extérieur de culte devait amener une
constitution plus sévère, au lieu de l'ange de l'Éternel, c'était Moïse, qui
serait le chef du peuple, et comme l'intermédiaire entre eux et le ciel.
Ce nouvel ordre de choses a pour base le monothéisme
et le culte de Jéhovah, seul légal, et ordonné par la Loi. Des cérémonies
nombreuses sont établies; elles enlacent le peuple dans un long réseau de
symboles qui s'emparent de tous les détails de sa vie publique et particulière,
et l'instruisent malgré lui en lui communiquant et en le forçant à recevoir des
idées et des impressions nouvelles. Leur Dieu est en même temps leur roi; c'est
le même qui leur donne à la fois des lois spirituelles et des lois matérielles,
les lois du culte et les lois de la vie civile, les lois saintes et les lois
sanitaires, les lois pour le ciel et les lois pour la terre: il n'y a pas deux
consciences, pas deux morales, pas deux règles de conduite: il n'y pas les
péchés connus de Dieu seul, et ceux qui ne relèvent que de la justice humaine.
Tout ce qui est délit sera découvert et puni. Des directions positives, et
négatives, des vœux, des offrandes, des sacrifices, des ablutions, des jeunes,
des fêtes, entrent dans la composition du nouveau culte, et doivent, tout
ensemble, humilier et sanctifier les Israélites: une pureté légale est établie,
exigée, sans laquelle aucun acte du culte ne saurait être admis; la
circoncision appartient à l'ensemble de ces règles, et les domine; elle signifie
le retranchement du mal, et rappelle aux Juifs la sainteté de leur vocation.
Les solennités religieuses sont en même temps des fêtes nationales, servant à
fondre toujours plus en un seul peuple les douze familles. Une caste de prêtres
appartenant à la famille de Lévi sert d'intermédiaire entre le peuple et Dieu.
Un seul sanctuaire est établi au centre du pays, Deutéronome 12:5, pour
proclamer l'unité divine et protester contre le polythéisme païen; c'est là
seulement qu'on pouvait adorer et sacrifier: les besoins religieux ne pouvaient
pas être facilement satisfaits; c'était une lacune, semble-t-il, et d'autant
plus grande que le culte intérieur était dépassé par le culte extérieur, et
comme assujetti à des formes matérielles: mais cette unité, cette centralisation,
outre son importance pour le dogme, avait encore l'avantage d'exciter les
besoins religieux, et de rendre les impressions de l'âme plus profondes et plus
durables, lorsque trois fois par année les Israélites se rendaient
régulièrement à la ville sainte pour y jouir de la présence invisible de leur
Dieu. D'ailleurs la spiritualité de ce culte, celle surtout de ce Dieu qui ne
devait résider nulle part corporellement, dont il était défendu de faire des
représentations matérielles, peintes ou taillées, que d'ailleurs il était
impossible de faire, son invisibilité qui semblait consacrer sa toute-présence,
étaient de réelles compensations pour les âmes fidèles qui auraient pu
regretter l'institution d'un seul autel, d'un seul tabernacle, d'un seul temple.
Ceux qui cherchaient Dieu sincèrement savaient qu'ils pouvaient le trouver
partout, et rien à cet égard ne pouvait plus leur manquer. Pour les autres, le
centre religieux était un appel, une prédication.
Les frais du culte, le grand nombre des victimes, et
l'entretien d'une nombreuse catégorie de prêtres et de lévites, n'étaient point
aussi onéreux qu'on pourrait le croire au premier abord: il faut réfléchir en
effet, et se transporter dans ce pays agricole, à cette époque, chez ce peuple.
Sauf une très légère contribution en argent, Exode 30:13, tout l'ensemble des
offrandes se composait des produits de la terre ou des troupeaux, et l'on sait
que ce genre d'impôt est celui qui se perçoit le plus facilement chez tous les
peuples. On pourrait presque dire des Lévites qu'ils ne recevaient point de
traitement fixe, mais qu'ils étaient nourris par les personnes qu'ils
visitaient, et à la table desquelles ils s'asseyaient comme des amis de la
maison: ce n'était évidemment pas une charge publique, chacun s'estimait
heureux et honoré de recevoir ces messagers bénis, personne n'eût voulu
spéculer sous ce rapport, ni refuser d'échanger une faible partie de ses
aliments journaliers contre les bienfaits religieux que ces hommes apportaient.
On ne voit nulle part de plaintes à cet égard. Quant aux offrandes du temple,
on peut dire à peu près la même chose: quelques victimes succombaient chaque
jour, mais réparties sur un peuple riche en troupeaux, elles n'étaient guère
remarquées, guère senties: et si parfois, bien rarement, nous voyons ce nombre
devenir considérable, p. ex. 2 Chroniques 35:7-9, c'étaient des exceptions
motivées, et qui par là même permettaient d'exiger du peuple des sacrifices
plus grands qu'à l'ordinaire.
On est indécis sur la question de savoir s'il y avait
dans le culte juif une partie correspondante à ce que nous appelons la
prédication; aucun texte bien précis ne le dit positivement; d'un autre côté
les visites journalières de lévites, et les réunions des Israélites pour les
solennités, semblent indiquer assez qu'il y avait des exhortations et des
instructions, soit particulières, soit générales: et les derniers chapitres du
Deutéronome ne sont pas autre chose qu'une puissante et magnifique prédication.
Mais une lacune que l'on remarque avec étonnement dans
toute l'institution du culte mosaïque, c'est l'absence de préceptes relatifs à
la prière (— Voir: cet article). Nulle part elle n'est prescrite, lorsque tant
d'autres formes sont si minutieuse-détaillées; il n'en est pas dit un mot, pas
une allusion n'y ramène. C'est que précisément la prière n'est pas une forme;
et sans doute que dans cette économie toute préparatoire, matérielle, et l'on
peut dire presque mécanique, Dieu ne voulait pas risquer de confondre dans
l'esprit des Israélites ce qu'il y a de plus intérieur et de plus sacré avec ce
qui n'est qu'observances légales. Le réformateur Mahomet a pu faire cela; au
milieu de toutes les cérémonies et prescriptions de son culte, il a pu dire
aussi: vous prierez trois fois le jour en vous tournant du côté de la Mecque;
ce n'était pour lui qu'un anneau dans la chaîne qu'il imposait à ses
sectateurs. Jéhova ne l'a pas fait; les prières eussent été un piège pour ceux
qui n'en auraient pas compris la nature; pour les autres il était superflu de
les ordonner; de l'abondance du cœur la bouche parle, et nous voyons par un
grand nombre d'exemples que les fidèles savaient à qui s'adresser, et comment
ils devaient le faire dans le besoin, dans la détresse, dans la reconnaissance.
Du reste, il faut le dire, le culte tel qu'il fut
institué par Moise, ne fut presque jamais observé dans son intégrité:
l'histoire juive nous montre dans chaque période de nombreuses déviations, plus
ou moins grandes, mais provenant toutes de l'immoralité, de la sensualité, qui semble
avoir distingué particulièrement le peuple juif, et qui trouvait encore à
s'alimenter dans le voisinage de certaines peuplades environnantes, ou par le
contact avec le reste de ces nations que les Hébreux avaient épargnées, malgré
l'ordre positif de leur Dieu. Cette immoralité même était peut-être, chez
plusieurs, entretenue par le culte mosaïque, où le cérémonial semblait
l'emporter sur le fond de la religion, et les observances remplacer la
moralité, expier les désordres de la vie. Les prophètes combattirent toujours
ce penchant à la fois incrédule et pervers. Après l'exil, différentes sectes se
formèrent. Pendant que la grande masse du peuple s'attachait de plus en plus à
la lettre, inventant chaque jour de nouvelles minuties, et qu'une certaine classe
d'hommes, soi-disant éclairés ou esprits forts, cherchaient à allier la
philosophie à la religion, en retranchant de la religion tout ce qui ne pouvait
être compris de leur pauvre intelligence, un petit nombre d'hommes vraiment
pieux cherchaient à maintenir l'esprit du véritable culte divin, s'adonnant à
la pratique des bonnes œuvres, de la pureté et de l'humilité; on les nommait
Esséens. Quelques siècles après que ces sectes eurent pris naissance dans le
sein du peuple qui devait être un dans son culte, on vit naître dans un petit
village de Juda, celui qui devait ramener l'unité sur la terre, mais une unité
de cœur et d'esprit, reposant non plus sur le même culte ou sur les mêmes
cérémonies, mais sur la même, foi, sur des espérances communes.
C'est aussi pour le culte une ère entièrement
nouvelle, parce que le culte est le reflet de la doctrine et des dispositions
intérieures; mais on ne peut plus le décrire comme on a décrit le culte ancien;
c'est quelque chose de moins tranché dans les formes, de plus vague, de plus
libre. Le jeûne est maintenu comme bon, la confession mutuelle des péchés est
introduite, le dévouement au règne de Dieu, les visites des malades, des
pauvres, des prisonniers, sont recommandées; le chant, la conférence des
Écritures, la prière sont appelés à jouer un rôle plus capital et plus régulier
dans le service divin; mais l'observation des jours et des nouvelles lunes, les
pratiques extérieures sont abolies: à la circoncision le baptême est substitué,
mais avec une idée plus large et plus spirituelle; à la Pâque succède un repas
fraternel également commémoratif, mais rappelant un salut plus cher, plus
grand, éternel. Il n'y a plus de castes sacerdotales; tout fidèle est prêtre,
chacun appartient à la sacrificature royale: plus de centralisation dans le
lieu du culte; les pères ont adoré à Jérusalem, le moment est venu où les vrais
adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, partout où ils se
rencontreront: il n'y a plus d'Église visible, mais une Église invisible, et
des réunions visibles dans lesquelles le bon et le mauvais grain seront plus ou
moins mélangés: à cette Église aucune forme n'est imposée, aux Églises de
détail aucune forme non plus. Partout éclate la vie, et la vie seule a droit de
régner désormais sur les hommes: on ne leur imposera plus de lourds fardeaux,
et si des séducteurs sont venus ordonner le célibat et l'abstinence des
viandes, l'Esprit les appelle expressément des révoltés de la foi, adonnés aux
doctrines des démons, 1 Timothée 4:1.
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CUMIN,
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sorte de plante ombellifère, qui a quelque analogie
avec le fenouil, mais un peu plus petite; sa graine a une saveur et une odeur
très forte et passablement amère; les anciens s'en servaient en guise d'épices
pour assaisonner leurs mets. On trouve le cumin en Syrie, dans l'Asie mineure
et en Égypte. Ésaïe 28:25,27, dit qu'on le sème dans un terrain bien nivelé, et
que lorsqu'il est mûr on ne se sert pas de la herse ou de la roue du chariot
pour en recueillir la graine, mais qu'on emploie des moyens plus doux et qu'on
l'abat avec le bâton: le Seigneur de même réserve aux plus grands pécheurs les
plus grands châtiments, et ne brise point le roseau cassé.
— Le sens de Matthieu 23:23, est facile à comprendre:
«Malheur à vous, Pharisiens hypocrites, vous observez scrupuleusement les
ordonnances dont l'exécution ne vous coûte que peu de chose, vous payez la dîme
de ces petites plantes qui croissent dans vos jardins et dans vos prairies, et
vous négligez les choses plus importantes de la loi.»
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CUN.
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1 Chroniques 18:8, ville phénicienne, appelée Berothaï
dans le passage parallèle, 2 Samuel 8:8.
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CUS,
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1. Genèse
10:6-8, fils aîné de Cam et père de Nimrod. Il a donné son nom à une contrée
qui est citée fréquemment dans l'Écriture, même avec quelques détails assez
précis, et sur la situation exacte de laquelle il règne cependant encore, chez
les interprètes, bien des incertitudes. L'Écriture semble donner à ce nom une
signification tantôt plus étendue, tantôt plus restreinte, mais toujours avec
l'idée générale que les Cusites sont des peuples de couleur, habitant vers le
Sud. La traduction ordinaire est l'Éthiopie: elle est exacte si l'on veut
donner au mot Éthiopie le même sens que lui donnaient déjà les anciens. Un
Éthiopien signifie, dans son étymologie grecque, un homme brûlé par le soleil.
Avant que le nom grec eût prévalu, et même longtemps après, au temps de Flavius
Josèphe, les Éthiopiens portaient le nom de Cuséens, nom que l'on retrouve
encore chez quelques auteurs syriens du cinquième siècle. Dans son sens le plus
restreint, le pays de Cus comprenait donc ce qu'on pourrait appeler l'ancienne
Éthiopie, savoir toute la contrée située entre la haute Égypte, depuis Syène
jusqu'à l'entrée de la mer Rouge dans l'Océan indien, la Nubie, l'Abyssinie et
le royaume d'Adel. C'est le sens qu'il faut donner au mot Cus, Ésaïe 18:1:
«Malheur au pays qui fait ombre des deux côtés (entre les tropiques), qui est
au-delà des fleuves de Cus!» De même, 2 Rois 19:9, le royaume de Tirhaca ne
peut être Cus que dans le sens moins étendu, cf. encore Daniel 11:43. Ézéchiel
29:10. Dans son acception plus générale Cus, ou l'Éthiopie, comprend toute la
partie sud et sud-est de l'ancien monde, et a pu s'appliquer à plusieurs de ces
contrées en particulier, Genèse 2:13; Nombres 12:1; Psaumes 87:4; 2 Chroniques
14:9; Jérémie 13:23. Cus est appelé Cusan, Habacuc 3:7. Dans le passage de la
Genèse, nous voyons un des quatre fleuves du paradis tournoyer par tout le pays
de Cus; évidemment ce ne peut être en Afrique; nous verrons ailleurs quel était
ce fleuve, et comment le nom de Cus se rapporte aux contrées situées au sud-est
de la mer Caspienne et de l'Asie.
Cus (Cush) était
reconnu comme étant l’interprète des dieux et fut adoré sous les noms de Hermes
et de Mercure. En Chaldéen son nom est Chaos et traduit en Égyptien il devient
Chéop, la pyramide du même nom étant en toute probabilité l’ancienne Tour de
Babel, car Cush et Nimrod sont ceux qui la construisirent.
— Nombres 12:1. Séphora, la femme de Moïse, originaire
de Madian en Arabie, est appelée Cusite ou Éthiopienne par Moïse lui-même, cf.
Habacuc 3:7. En suivant la marche de la postérité de Cus, on la verra se
répandre en rayonnant depuis l'Indu-Cus sur toutes les vallées et les hauteurs
de la Chine, sur les deux presqu'îles de l'Inde, et jusqu'aux îles de l'Océan pacifique.
— Il est à remarquer que les auteurs profanes ont,
aussi bien que la Bible, distingué deux classes de Cusites ou d'Éthiopiens:
«Ils demeurent séparément, dit Homère (Odys. 1, 23), aux frontières les plus
éloignées, les uns au couchant, les autres à l'orient.»
— Voir: encore Hérodote 1, 201; 4, 11.
— Si donc nous voulions établir cette grande famille
sur une carte géographique, nous lui donnerions toutes les contrées comprises
entre l'Abyssinie, l'Arabie, la Perse méridionale, les monts Thibet, l'Himalaya,
et le Yantsé-Kiang pour frontière nord, et l'Océan pour frontière sud, en
laissant ici et là quelques districts plus ou moins grands, qui furent occupés
par d'autres branches des descendants de Noé. (— Voir: les articles spéciaux,
et en particulier Éthiopie).
2. On
trouve encore dans l'épigraphe du Psaumes 7; le nom d'un homme appelé Cus, et
qui a donné beaucoup à faire aux interprètes. Qui est ce Cus, benjamite, ce
violent persécuteur du roi David, ce fléau dont il demande d'être délivré? Les
uns ont pensé à Simhi, 2 Samuel 19:16, qui est appelé, 16:11, fils de Jémini,
en hébreu benyemini, et dont on a cru qu'il était Benjamite à cause de cela.
D'autres ont pensé à Saül, mais on ne sait pas pourquoi il serait appelé Cus;
d'autres enfin, rapportant également ce psaume à l'époque des persécutions de
Saül, entendent par Cus un individu inconnu, peut-être un parent de Saül.
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CUSAÏ,
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2 Samuel 15:32, éphraïmite, de la ville d'Arki, dont
l'histoire offre un épisode politique bien rafraîchissant au milieu des guerres
civiles qui ensanglantèrent une partie du règne de David. Fidèle sujet de son
roi, Cusaï vint pendant les troubles de la conjuration d'Absalon, se prosterner
devant David, en lui exprimant la vive douleur que lui causait la révolte de
son fils, la désertion de ses braves, l'abandon du lâche et ambitieux, mais
habile Achithophel: en même temps, il fait à son roi ses offres de service, et
se déclare prêt à le suivre partout. Mais David qui redoute plus encore les
perfides conseils d'Achithophel que ses troupes désertées, renvoie Cusaï à
Jérusalem, lui enjoint d'affecter un grand attachement à la cause d'Absalon,
d'offrir à ce rebelle ses services, de chercher à gagner sa confiance pour
obtenir une part dans ses conseils, et d'user ensuite de son influence, soit
pour déjouer les plans d'Achithophel, soit pour faire connaître à David, par le
moyen des sacrificateurs Tsadok et Abiathar, les résolutions auxquelles on se serait
arrêté.
— Cusaï qui ne craint pas de se mesurer avec le vieux
conseiller, obéit; il se rend à Jérusalem et crie vive Absalon! Le jeune
rebelle qui connaît l'affection de Cusaï pour son père, s'étonne d'abord; mais
les succès qu'il a déjà obtenus l'aveuglent, et le disposent à croire à de
nouveaux succès, à de nouvelles conquêtes; chaque jour, il voit grossir les
rangs de son armée, et Cusaï n'a pas de peine à le persuader que lui aussi se
range à la bonne cause, acceptant pour maître celui que Dieu a désigné, que le
peuple a choisi, et qui d'ailleurs appartient à la famille royale, à la
dynastie reconnue. Un premier conseil d'Achithophel relativement aux femmes de
David, passe sans contestation, soit que Cusaï n'ait pas été consulté, soit
qu'il ait cru devoir, dans l'intérêt même de son roi, se joindre à une mesure
dont le résultat était de rendre toute réconciliation impossible. Achithophel
propose ensuite à Absalon, de fondre immédiatement avec 12,000 hommes sur la
petite troupe de David, encore faible en nombre, fatiguée, et sans doute facile
à intimider. Mais un autre conseil intervient: c'est Cusaï qui parle: «Le
conseil qu'Achithophel t'a donné maintenant, dit-il, n'est pas bon. Tu connais
ton père et ses gens, que ce sont des gens forts, et qui ont le cœur outré,
comme une ourse des champs à qui l'on a pris ses petits: et ton père est un
homme de guerre, qui ne passera point la nuit avec le peuple. Voici il est
maintenant caché dans quelque fosse ou dans quelque autre lieu; s'il arrive
qu'au commencement on soit battu par eux, quiconque en entendra parler, l'ayant
su, dira: Le peuple qui suit Absalon a été défait. Alors le plus vaillant,
celui-là même qui avait le cœur comme un lion, se fondra;... mais je suis
d'avis qu'en diligence on assemble vers toi tout Israël depuis Dan jusqu'à
Béer-Sébah, lequel sera en grand nombre comme le sable qui est sur le bord de
la mer, et que toi même en personne marches en bataille. Alors nous viendrons à
lui en quelque lieu que nous le trouvions, et nous nous jetterons sur lui,
comme la rosée tombe sur la terre, et il ne lui restera aucun de tous les
hommes qui sont avec lui. Que s'il se retire en quelque ville, tout Israël
portera des cordes vers cette ville-là, et nous la traînerons jusque dans le
torrent, en sorte qu'il ne s'en trouvera plus même une petite pierre.»
— Cet avis prévalut; Absalon et les siens le
préférèrent à celui du vieux ministre. David fut averti par les sacrificateurs.
Le conseil de Cusaï amena et devait amener la défaite d'Absalon. Une insurrection
ne peut triompher que par l'audace et la promptitude. Laisser aux esprits
troublés le temps de réfléchir, à un roi comme David le loisir de rassembler
les adhérents nombreux que son règne lui avait faits, c'était tout perdre.
Cusaï était digne de lutter contre Achithophel; il perdit son rival, se montra
son maître en diplomatie, et sauva le roi.
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CUSAN,
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Habacuc 3:7. Même pays que Cus, q.v.
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CUSAN-RISCHATHAJIM,
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Juges 3:8,10, roi de Mésopotamie, fut, après la
captivité d'Égypte, le premier oppresseur des Israélites établis dans le pays
de Canaan. Il les tint assujettis pendant huit ans, jusqu'à ce qu'enfin
Hothniel, le premier des juges, se leva et les délivra.
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CUSI, ou Cusci,
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2 Samuel 18:21,32,
1. l'un
des messagers qui apportèrent à David la nouvelle de la mort d'Absalon; on
craignait de faire connaître à David cet événement qui, en le réjouissant comme
roi, devait l'affliger comme homme et comme père: e premier des messagers,
Ahimahats, n'avait pas osé révéler cette mort, et l'avait fait pressentir:
«J'ai vu un grand tumulte, mais je ne sais pas exactement ce que c'était:» Cusi
n'osa pas davantage dire «Il est mort, «mais à la question de David, il
répondit: «Que les ennemis du roi mon Seigneur, et tous ceux qui se sont élevés
contre toi pour te faire du mal, deviennent comme ce jeune homme!»
2. Cusi
ou Cusci, Jérémie 36:14, père de Sélemja; inconnu.
3. Sophonie
1:1, père de Sophonie, et arrière petit-fils d'Ézéchias.
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CUTH,
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2 Rois 17:24,30, district de l'Asie, et la principale
d'entre les peuplades dont Salmanéser, roi d'Assyrie, envoya les habitants
peupler la contrée dévastée de la Samarie. Du mélange de ces colons avec les
Juifs demeurés de reste dans le pays, naquirent les Samaritains, que les
Talmudistes continuèrent d'appeler Cuthéens. On ne sais pas exactement dans
quelle partie de l'Asie il faut chercher ce district ou cette ville. Les uns,
s'appuyant sur la ressemblance de ce nom avec celui de Cus, ressemblance
beaucoup plus frappante encore lorsque l'on connaît les langues sémitiques,
pensent au pays de Cus, dans les environs de l'Araxe: d'autres, avec
l'historien Flavius Josèphe, le placent dans la Perse méridionale ou centrale,
d'autres près du Tigre, d'autres enfin (Michaëlis) mais contre toute
vraisemblance, dans le voisinage de Sidon en Syrie. L'opinion la plus probable,
c'est que les Cuthéens sont les mêmes que les Cosséens dans la Susiane en
Babylonie; les deux noms sont presque identiques en Caldéen.
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CUVE d'airain.
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Il y avait dans le parvis du tabernacle une cuve
d'airain ou mer de fonte, destinée aux ablutions des prêtres, Exode 30:28. Il
n'est rien dit de bien positif quanta sa forme; cependant, par l'analogie de
celle qui fut placée plus tard dans le parvis du temple de Salomon, 1 Rois
7:23, l'on peut supposer qu'elle était ronde. Les ablutions des mains et des
pieds, auxquelles elle était destinée, étaient un symbole de la pureté que le
Dieu saint exige de ceux qui s'approchent de lui.
Dans le portique du temple de Salomon, il y avait, au
lieu de cette cuve unique, une grande cuve appelée mer d'airain,
particulièrement destinée aux ablutions des sacrificateurs, et dix cuviers plus
petits, destinés à laver les victimes pour les holocaustes, 2 Chroniques 4:6.
La mer d'airain est spécialement décrite 1 Rois 7:23-26; 2 Chroniques 4:2-5; et
par Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 8, 3, 5); elle avait cinq coudées de
hauteur (2m720), et environ dix de diamètre; elle reposait sur douze taureaux
également d'airain; ses côtés et ses bords étaient ornés de fleurs sculptées.
Lors de la prise de Jérusalem par les Babyloniens, la
mer d'airain fut brisée par les Caldéens et ses débris emportés à Babylone
ainsi que les soubassements des dix cuviers 2 Rois 25:13-16; Jérémie 52:17.
D'après les rabbins, le temple de Zorobabel ne contenait plus qu'un seul
cuvier, et Flavius Josèphe, dans sa description du temple d'Hérode, n'en
mentionne aucun (Bell. Jud. 5, 5).
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CYGNE.
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C'est ainsi que la Vulgate et nos versions traduisent
l'hébreu Tinchimeth, Lévitique 11:18; Deutéronome 14:16, et, comme nous l'avons
dit à l'article Chat-huant, cette traduction non seulement n'a rien contre
elle, mais est encore favorisée par le contexte. Luther a traduit par cygne,
Lévitique 11:17, le mot shalak, que nos versions ont rendu par plongeon; mais,
— Voir: Cormoran.
Calmet veut aussi rendre par cygne l'hébreu Bath
Yaaneh, que nous traduisons par autruche. Mais il n'y a que deux passages qui
puissent à la rigueur se rapporter au cygne, et encore n'est-ce qu'en procédant
par voie d'hypothèse. Ce bel animal, si connu dans nos pays et dans des climats
plus chauds, est mis par Moïse au nombre des animaux impurs. Les païens
l'avaient consacré à leur Apollon, sans doute à cause des sons harmonieux et
poétiques qu'il rend, dit-on, lorsqu'il va mourir; Horace l'attelle au char de
Vénus.
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CYMBALES.
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2 Samuel 6:5; 1 Chroniques 13:8; 16:5,42; Esdras 3:10;
Psaumes 150:5; 1 Corinthiens 13:1. L'un des plus anciens instruments connus,
fort aimé des Orientaux en général, et employé par les Hébreux soit dans leurs
réjouissances publiques, soit dans la musique du temple. Il y en avait, comme
de nos jours encore, de deux espèces différentes; les unes plus petites, en
bois, en ivoire, quelquefois en métal, que l'on prenait entre le pouce, l'index
et le doigt du milieu, et que l'on frappait en mesure, comme les castagnettes
espagnoles ou arabes; les autres, plus grandes et tout à fait semblables aux
nôtres; cette distinction est marquée Psaumes 150:5, Hébreux Tseltselim ou
Metsillayim.
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CYPRE
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(aujourd'hui Chypre), une des îles de la Méditerranée,
située au sud de l'Asie mineure et non loin des côtes de la Syrie. Grande,
riche et fertile, elle donnait en abondance de l'orge, de l'huile, des
grenades, des figues et du vin; ses montagnes recelaient des pierres précieuses
et des métaux recherchés, et c'est de cette île que le cuivre (æs cyprium) a
reçu son nom. La position de Cypre était une des plus avantageuses pour le
commerce, et toutes ses villes s'enrichissaient par ce moyen, Salamis, Paphos,
Citium, Amathus, Arsinoé, Soli, etc. Les Juifs n'avaient pas été des derniers à
s'y établir pour y faire des spéculations, et ils s'y trouvaient en grand
nombre lors du passage de saint Paul. Les Cypriens avaient une réputation bien
établie de mollesse, de volupté, de luxe et de débauche: l'extrême douceur du
climat favorisait chez eux tous ces penchants, et c'était à Vénus qu'ils
rendaient leurs hommages. Les voyageurs modernes parlent encore avec
enthousiasme de ce petit paradis terrestre, et c'est là, si nous ne nous
trompons, que M. Lamartine aurait voulu finir ses jours, si la patrie ne
l'avait pas réclamé.
Jusqu'au règne d'Alexandre, l'île fut divisée en neuf
petites principautés, d'abord sous la domination perse, puis sous celle des
Macédoniens. Sous les Maccabées elle devint l'apanage de Ptolémée; Caton
l'Ancien la soumit à Rome; Auguste en fit d'abord une province de son vaste
empire, gouvernée par un préteur, puis il finit par l'émanciper, et nous la
voyons, Actes 13:7, gouvernée par un proconsul cyprien.
Paul, Marc et Barnabas y arrivèrent de Séleucie,
prêchèrent à Salamis, dans les synagogues, et se répandirent de là dans toute
l'île pour annoncer l'Évangile aux païens. Ils trouvèrent à Paphos, résidence
du proconsul Serge Paul, un enchanteur ou faux prophète juif nommé Bar-Jésus,
qui voulut s'opposer à la doctrine chrétienne, et tâchait de détourner Serge de
la foi; mais saint Paul frappa ce malheureux d'un aveuglement momentané, ce que
le proconsul ayant vu, il crut et fut rempli d'admiration pour la doctrine du
Seigneur.
Plus tard, Barnahas retourna en Cypre avec Marc, Actes
15:39; la tradition porte même qu'après avoir été évêque de cette île, il y
trouva le martyre, qu'il fut lapidé par les Juifs de Salamis, et que son corps
fut retrouvé sous le règne de l'empereur Zénon, ayant sur la poitrine un
Évangile de saint Matthieu, qu'il avait copié lui-même de sa propre main.
Conquise par les Arabes, reprise par Richard-Cœur-de-Lion,
Cypre fut, pendant plusieurs siècles, gouvernée par des rois de la famille des
Lusignan, jusqu'en 1489; elle fut ensuite vendue aux Vénitiens, et appartient
aux Turcs depuis 1571; ils l'ont réduite à l'état le plus déplorable.
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CYPRE,
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— Voir: Troëne.
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CYPRÈS,
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arbre toujours vert, massif, élancé, aux feuilles
foncées, étroites, pointues, et dont le bois, sans être lourd, n'est jamais
pourri ni vermoulu, résiste aux vers et à l'action de l'eau. On distingue le
cyprès mâle aux branches horizontales, et le cyprès femelle dont les branches
s'élèvent obliques ou droites; c'est de ce dernier que l'on se sert le plus
ordinairement pour les travaux de charpente et de menuiserie. Il ne vient que
difficilement, dit Pline; son fruit est inutile, ses feuilles sont amères, son
odeur est trop forte, son ombre même est dangereuse; superbe et triste à la
fois, il était regardé par les Romains comme un arbre de deuil, qu'on ne
pouvait employer qu'aux funérailles, ou dans d'autres solennités lugubres.
C'est du cyprès qu'il s'agit, selon quelques-uns, dans les passages, Genèse
6:14; Exode 2:3, où il est parlé de la construction de l'arche, et du berceau
de Moïse. Le nom hébreu est Gopher, et l'analogie de ce nom avec le nom latin
cupressus, appuierait cette traduction; le cyprès était d'ailleurs tout à fait
bien choisi pour la construction de ces objets, destinés à subsister dans l'eau
pendant un temps plus ou moins long; il vaut cependant mieux, dans ces deux
passages, s'en tenir à l'idée générale d'arbre résineux, car gopher s'applique
à d'autres objets qui ne sont pas le cyprès; il signifie poix; gopherith
signifie soufre, et le mot allemand Kiefer signifie un pin sauvage.
— La Vulgate traduit encore par cyprès le mot Beroth,
Cantique 1:16, que Luther et Martin ont rendu mal à propos par sapin (Tanne).
Il est bien probable, en effet, que ce mot Beroth ou sa forme plus ordinaire
Berosch, Ésaïe 37:24; 55:13; 60:13, désigne le cyprès; le cyprès seul pouvait
être mis en parallèle avec le cèdre, Ésaïe 14:8; Zacharie 11:2; le sapin ne le
pouvait guère; cf. surtout l'emploi qui est fait de ce bois, soit pour les
lambris du temple, 1 Rois 5:8; 6:15,34, soit pour des mâts de vaisseaux,
Ézéchiel 27:5, soit pour la confection de lances, Nahum 2:3 (il s'agit
évidemment d'une arme dans ce verset); soit enfin pour des instruments de
musique, 2 Samuel 6:5: il ne peut être question du sapin dans ces passages, non
plus que Cantique 1:16; il faut penser à quelque bois noble, solide et beau,
qui puisse rivaliser avec le cèdre; la plupart des arbres ont déjà un nom en
hébreu; le cyprès seul ne serait nommé nulle part, s'il ne l'était dans ces
passages, et l'on ne comprendrait guère qu'un arbre aussi remarquable ne fût
pas mentionné dans la Bible, quoiqu'il fût très abondant en Palestine, et
particulièrement sur le mont Hermon.
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CYRÈNE,
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ville importante de la Libye supérieure ou
Pentapolitaine, située à 16 kilomètres de la mer, sur une plage africaine,
presque en face des trois promontoires du Péloponèse, à 320 kilomètres environ
de la capitale de l'Égypte. Ses ruines subsistent encore sous le nom de
Caïroan, et ne comptent qu'un fort petit nombre d'habitants. Sous les
Ptolémées, les Juifs formaient le quart de la population de Cyrène, et
jouissaient des mêmes droits que les Cyréniens eux-mêmes. C'est là qu'était né
Simon, le père d'Alexandre et de Rufus, qui eut le bonheur de soulager le
Christ dans sa marche vers Golgotha, Matthieu 27:32; Marc 15:21; Luc 23:26.
Plusieurs de ces Juifs de la Cyrénaïque embrassèrent la foi chrétienne, Actes 11:20;
13:1, mais un grand nombre aussi furent comptés dans les rangs des adversaires
de l'Évangile, et saint Luc les cite parmi les plus violents de ceux qui
s'élevèrent contre Étienne, Actes 6:9.
— Après la destruction de Jérusalem par Titus, les
Juifs de Cyrène se soulevèrent contre Catulle, gouverneur de cette province;
mais il furent facilement réduits et écrasés.
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CYRÉNIUS,
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forme grecque du nom de Publius Sulpicius Quirinus,
sénateur romain, que l'histoire profane nous apprend avoir été consul l'an 742
de Rome, puis 758, cinq ans au moins après la naissance de Jésus, gouverneur de
la Syrie, et de la Judée qui y était annexée. Après l'exil d'Archélaüs, il fut
chargé de faire un recensement ou dénombrement du peuple. Jésus était peut-être
alors âgé de dix ans. Ces données semblent en contradiction avec ce qui est
dit, Luc 2:2, que le premier dénombrement (celui pendant lequel naquit notre
Sauveur) fut fait lorsque Cyrénius avait le gouvernement de Syrie. Il y aurait,
en effet, une faute de chronologie à rectifier,
1. si
l'on ne pouvait pas traduire: ce dénombrement se lit avant celui qui arriva
lorsque Cyrénius avait le gouvernement de la Syrie; ou encore: ce dénombrement
se fit avant que Cyrénius, etc.;
2. si
l'on ne pouvait pas admettre que Cyrénius, alors gouverneur de la Cilicie, ait
été envoyé en Syrie avec mission extraordinaire, pour présider à un
dénombrement de la Syrie et de la Judée (Pétau, Grotius, Ussérius), pendant que
Sentius Saturninus était gouverneur de la Syrie (Tertullien);
3. si
enfin il n'y avait pas des doutes sur l'authenticité de ce verset (Théodore de
Bèze dans ses trois premières éditions, Olshausen, et d'autres commentateurs).
Ce ne sont pas même là toutes les explications que
l'on peut donner, et la première seule suffirait; on en trouvera d'autres
encore à l'article Quirinus, dans Winer, qui du reste ne les admet ni les unes
ni les autres, et conclut simplement pour son compte à un lapsus memoriœ chez
saint Luc: il y avait plus de soixante et dix ans que les choses s'étaient
passées, et rien n'était plus facile que de confondre deux recensements si
rapprochés, et dont la distinction ne pouvait pas avoir un bien grand intérêt
pour l'histoire sacrée et pour l'édification des fidèles.
De ces deux dénombrements, le premier fut plus
général, et pour tout l'empire; le second ne regardait que la Judée: c'est à ce
dernier que Gamaliel fait allusion, Actes 5:37.
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CYRUS,
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fils de Cambyse, roi de Perse, et de Mandane, fille
d'Astyage, roi des Mèdes. Il existe une demi-douzaine d'histoires et de
biographies, toutes différentes de ce prince fameux, par Hérodote, Xénophon,
Ctésias, Justin, Valère Maxime, Diodore de Sicile, etc., sans parler de toutes
les fables et traditions orientales auxquelles sa prodigieuse carrière a donné
naissance. Nous nous en tiendrons pour le moment aux données de Xénophon
(Cyrop. 1, 107; sq.). D'après cet historien, Cyrus vécut jusqu'à sa douzième
année à la cour de son aïeul maternel, fut mis, à l'âge de seize ans, à la tête
d'une armée envoyée contre le roi d'Assyrie qui avait fait une irruption dans
les états d'Astyage, et remporta la victoire après une suite de brillants
succès. Rappelé par son père, il rentra en Perse et devint général en chef des
troupes de Cambyse; il fit la guerre tantôt pour son compte, tantôt pour celui
de son oncle Cyaxare II, fils et successeur d'Astyage, qui venait de mourir; il
vainquit successivement le roi de Babylone et ses nombreux alliés, puis Crésus,
roi de Lydie, ce malheureux qui s'estimait le plus fortuné des mortels, et qui
sur le bûcher fatal s'écria par trois fois: Solon! Solon! Solon! se rappelant
que ce sage Athénien lui avait dit un jour qu'on ne pouvait se prononcer sur le
bonheur de personne avant que sa carrière fût entièrement terminée. Cyrus ayant
appris ce fait rendit à l'illustre captif la vie avec la liberté, et se fit un
ami d'un ennemi. Après avoir porté ses armes triomphantes dans presque toute
l'Asie Mineure, il repasse l'Euphrate, marche contre l'Assyrie et vient
assiéger Babylone. Cette ville est imprenable, ses murailles n'ont rien à
redouter, ses habitants ont des provisions pour plus de vingt années, le siège
est inutile; Cyrus alors conçoit le projet gigantesque de détourner le cours du
fleuve: les eaux vont se perdre dans les marais et les plaines voisines, et
pendant que Nabonned (Belsatsar) s'abandonne avec tout l'orgueil de la sécurité
aux débauches orientales, Cyrus s'avançant par le lit de l'Euphrate pénètre
dans la ville (538 avant J.-C.) et brise à jamais la puissance babylonienne, la
monarchie des Caldéens, la tête d'or qui va être remplacée dans l'empire
universel par la poitrine et les bras d'argent, Daniel 2:32; 38:39. Il fait en
même temps préparer un palais pour son oncle Cyaxare, et reçoit de lui en
récompense de ses longs et nombreux services la main de sa fille unique (sa
cousine germaine), et avec elle le droit de succession à l'empire. Cambyse
meurt, Cyaxare meurt, et Cyrus, le puissant bélier à deux cornes, Daniel
8:3,20, monte sur leurs deux trônes, et règne à la fois sur la Perse et sur les
États médo-babyloniens, 536 avant J.-C.
— À peine investi de l'empire, l'un des premiers usages
qu'il fait de son autorité, c'est de publier un édit par lequel il permet aux
Juifs de retourner dans leur patrie, Esdras 1:1; 5:13; 6:3; 2 Chroniques 36:22;
cf. Daniel 1:21; il dit à Jérusalem: Sois rebâtie! et au temple: Sois refondé!
Ésaïe 44:28.
Il entreprit encore diverses guerres en Syrie et du
côté de la mer Rouge, et mourut enfin en 530, à l'âge de soixante et dix ans,
selon les uns de vieillesse, selon les autres dans un combat contre les
Scythes; leur reine Thomiris l'ayant attiré dans une embuscade, lui aurait fait
trancher la tête. D'autres disent qu'il fut attaché à une potence, d'autres
enfin qu'il mourut d'une blessure reçue à la bataille.
L'histoire sainte nous donne naturellement beaucoup
moins de détails sur Cyrus que l'histoire profane, mais ce sont des détails
bien autrement grands et solennels. Déjà 240 ans avant la naissance de ce
puissant monarque, elle l'appelle par son nom, elle annonce la grande œuvre de
restauration dont il sera le ministre; il est dit de lui qu'il accomplira tout
le bon plaisir de l'Éternel; Dieu dit: Il est mon berger: Dieu l'appelle son
oint, Ésaïe 44:28; 45:1, l'assimilant ainsi aux rois d'Israël (1 Samuel
24:7,11; 2 Samuel 1:14, etc.), soit pour indiquer qu'il avait lui-même consacré
Cyrus à la royauté, soit parce que Cyrus devait être chargé de ramener le
peuple de Dieu dans son pays. Et lorsqu'après une longue attente, cet oint du
Seigneur, ce Cyrus de la délivrance fut venu au monde, et qu'il eut accompli
une partie de sa destinée, il semble avoir reconnu lui-même ce Dieu qui l'avait
nommé et surnommé (désigné) lorsqu'il n'existait pas encore: son langage,
Esdras 1:2, ne permet pas de douter qu'il n'ait reconnu le Dieu d'Israël pour
le vrai Dieu. L'Éternel, le Dieu des cieux, dit-il, m'a donné tous les royaumes
de la terre, et lui-même m'a ordonné de lui bâtir une maison à Jérusalem.
D'après le livre apocryphe du Dragon, 1:40, il aurait dit comme Darius (#1,
q.v.): Que tous les habitants de la terre craignent le Dieu de Daniel, parce
que c'est le Dieu sauveur, qui fait des prodiges et des merveilles sur la
terre, et que c'est lui qui a garanti Daniel de la gueule des lions. Suivant le
livre de Bel 1, Cyrus aurait toujours eu pour Daniel une estime et une
affection toute particulière, cf. Daniel 6:28; quoique ces détails ne nous
soient connus que par des livres apocryphes, rien ne les contredit, et les
déclarations de la parole de Dieu rendent fort probables des rapports de cette
nature entre ces deux hommes. Il paraît d'ailleurs, par Flavius Josèphe (Antiquités
Judaïques 11, 1), que Cyrus a eu connaissance des prophéties d'Ésaïe, et que le
passage qui le concernait a été un des moyens dont Dieu s'est servi pour
l'amener à sa connaissance.
Dans le passage Ésaïe 21:7,9, qui se rapporte à Cyrus,
et où il est question d'un attelage mixte d'ânes et de chameaux, quelques-uns
ont voulu voir la réunion des troupes de la Médie et de la Perse; d'autres
interprètes ont mis en avant l'opinion suivante, que nous ne citons que pour
son originalité, sans qu'il puisse être question de lui accorder aucune valeur:
c'est que le conquérant dont il est parlé devait être une espèce de métis, issu
de deux animaux différents, ainsi que Cyrus en effet naquit de deux sangs
différents, du sang des Perses par son père, du sang des Mèdes par sa mère. À
l'appui de ce sens, l'on cite deux exemples où le nom de mulet est donné à
Cyrus: Craignez, dit un oracle à Crésus, lorsqu'un mulet commandera aux Mèdes;
et Eusèbe (Prépar. 9, 41) rapporte, d'après un ancien auteur, que
Nébucadnetsar, quelque temps avant sa mort, rempli de l'esprit prophétique, dit
aux Babyloniens: Je vous annonce un malheur qu'aucune de vos divinités ne
pourra détourner; il viendra contre vous un mulet persan qui, aidé du secours
de vos dieux, vous réduira en servitude. Ce sont des jeux de mots, et le texte
cité d'Ésaïe ne s'y prête pas même dans le cas actuel.
Admirons cette bonté divine qui, dans l'exil de son
peuple, et par cet exil même, s'est rendu captive l'âme du grand Cyrus. Après
l'avoir connu guerrier et héros dès nos premières études classiques, nous le
trouvons maintenant roi théocratique, et nous le verrons un jour simple fidèle
dans le royaume des cieux, avec bien d'autres encore auxquels nous sommes
peut-être loin de penser.
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-D
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DABBÉSETH,
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Josué 19:11, ville inconnue, de la tribu de Zabulon.
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DABRATH,
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ville située sur la frontière des tribus d'Issacar et
de Zabulon, Josué 19:12, et qui fut donnée aux lévites, Josué 21:28; 1
Chroniques 6:72. Elle est quelquefois appelée Dobrath. Reland la place, avec
assez de vraisemblance, au pied méridional du mont Thabor, où Burckhardt a
trouvé un village nommé Dabury: on pense que c'est le Dabeïra d'Eusèbe.
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DAGON,
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divinité nationale des Philistins d'Asdod et de Gaza,
non sans rapports avec Hastaroth et Derceto, Juges 16:23; 1 Samuel 5:1,4; sq.
De ce dernier passage on peut conclure qu'elle avait une tête, des bras et des
mains d'hommes; d'un autre côté, l'étymologie de ce nom (dag, poisson) permet
de croire que la partie postérieure de son corps se terminait en poisson, comme
les tritons et les syrènes des autres païens. Pour la plupart de ces peuples,
voisins de la mer, les poissons étaient un objet de culte (Hérodote 2, 72.
Xénophon Anab. 1:4,9; etc.); et les Babyloniens eux-mêmes avaient une divinité
toute semblable, Odakon, mi-homme, mi-poisson, l'un des quatre bienfaiteurs de
l'humanité connus sous le nom d'Oannès, et qui remontaient jusqu'aux temps du
déluge (Creuzer's Symb. II, 74; 78).
— D'après un système tout différent, Philon de Byblos
fait dériver le nom de Dagon de l'hébreu dagan, qui signifie froment, blé; il
en ferait une espèce de Dieu des récoltes et des moissons. Cette opinion,
partagée entre autres par Bochart, n'a guère d'autre appui que l'étymologie;
mais sous ce rapport la première se justifie également, et de plus elle a pour
elle des raisons historiques d'un grand poids. Le temple de Dagon, mentionné
Juges 16, et qui fut renversé par Samson, devait être construit dans le genre
des kiosques de la Turquie; c'était une vaste place entourée de colonnes, et
couverte d'un toit plat sur lequel un grand nombre de personnes pouvaient se
réunir dans des circonstances solennelles et pour des réjouissances communes.
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DAIM,
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Proverbes 6:5;
— Voir: Gazelle.
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DALMANUTHA,
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Marc 8:10. La comparaison de ce passage avec Matthieu
15:39, montre que cette bourgade devait être située dans le voisinage de
Magdala; mais c'est tout ce que l'on en sait. D'autres (Calmet, etc.), lisent
au lieu de Magdala Magedan, et comparent la ville de Médan près du lac Phiala
et des sources du Jourdain, où les Arabes tiennent chaque année une grande
foire (medan en arabe), qui a donné son nom à l'endroit: c'est à la fois faux
et forcé.
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DALMATIE.
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La province de ce nom, indiquée dans la Bible, 2
Timothée 4:10, comme ayant été évangélisée par Tite, était, selon Pline III,
28, située dans l'ancienne Illyrie, au bord de la mer Adriatique, entre les
fleuves Titius et Drinus.
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DAMARIS.
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Actes 17:34. Cette femme que l'on peut supposer avoir
été d'un rang élevé, et que quelques-uns font femme de Denys l'aréopagite, fut
du petit nombre de personnes qui se convertirent à Athènes par suite de la
prédication de saint Paul.
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DAMAS.
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1. Au
milieu d'une vaste plaine de la Syrie qui s'étend vers le nord jusqu'aux
chaînes de l'Antiliban, et dont le Chrysorrhoas qui la traverse, se divisant en
plusieurs bras, fait une des contrées de la terre les plus fertiles et les plus
riantes, s'élève de nos jours encore l'antique et célèbre ville de Damas; le
fleuve la sépare en deux parties. Sa position comme point central entre l'Asie
Mineure et l'Asie intérieure, lui donna, dès les temps les plus reculés, une
grande importance sous le rapport commercial et politique. Maintes fois
détruite par des tremblements de terre ou par les chances des combats, elle a
toujours été rebâtie, grâce à la beauté de sa position, à la douceur de son
climat, à la variété de ses productions en tous genres; ses habitants y voient
le paradis terrestre. Maintenant elle est encore le chef-lieu d'un pachalik
turc et ne compte pas moins de 200,000 âmes, dont 25,000 chrétiens.
Elle est déjà nommée comme existant à l'époque
d'Abraham, et quelques auteurs font de ce patriarche le premier roi de Damas,
après que son fondateur Dammésec eut été détrôné par lui. Élihézer, l'intendant
de la maison d'Abraham, était Damascénien, Genèse 15:2; Abraham poursuivit
Kédor-Lahomer et les cinq rois alliés jusqu'à Hobar qui est plus au nord et à
la gauche de Damas (14:15). Depuis ce moment il n'en est plus reparlé jusqu'au
temps de David qui s'en empara, 2 Samuel 8:5-6. Elle fut reprise déjà sous
Salomon, par Rézon fils d'Eljadab, 1 Rois 11:24. Parmi les rois qui la
gouvernèrent depuis cette époque, nous remarquerons surtout les suivants, dont
l'histoire fut plus ou moins liée à celle du peuple d'Israël:
Ben-Hadad I, fils de Tabrimon, fils de Hezjon; il fit
alliance avec Asa roi de Juda, contre Bahasa roi d'Israël, et remporta sur ce
dernier une importante victoire, 1 Rois 15:18.
Ben-Hadad II, fils du précédent; il marcha contre
Achab roi d'Israël, et fit le siège de Samarie, aidé de trente-deux rois, mais
il fut obligé de quitter la place. L'année suivante il fut de nouveau battu par
Achab, et comprit que le Dieu d'Israël était un Dieu de la plaine comme un Dieu
des montagnes; il dut faire la paix, et rendre les villes que ses ancêtres
avaient prises sur Israël, 1 Rois 20. Il se releva cependant contre Joram, fils
d'Achab.
Hazael, un de ses officiers, lui succéda après l'avoir
étouffé dans son lit; il fut dans la main de Dieu un instrument pour châtier à
la fois son prédécesseur qui avait combattu contre le peuple de l'alliance, et
ce royaume des dix tribus qui avait abandonné le culte du vrai Dieu: il ravagea
en particulier les provinces situées à l'est du Jourdain, et s'avança jusque
sous les murs de Jérusalem, 1 Rois 19:14-15; 2 Rois 8:28; 10:32; 12:17.
Ben-Hadad III, fils de l'usurpateur se para du nom de
l'ancienne dynastie. Trois fois il fut battu par le roi d'Israël Joas, et
finalement fut obligé de rendre toutes les conquêtes de son père, 2 Rois 13:25;
on peut même conclure de 2 Rois 14:28, qu'il perdit momentanément sa capitale.
Retsin. Ce qui causa la ruine du petit royaume de
Damas, c'est que ce malheureux prince s'étant ligué avec Pékach roi d'Israël,
contre Achaz roi de Juda, celui-ci se vit obligé de solliciter l'alliance et
l'intervention de Tiglath-Piléser. L'Assyrien, pour faire une diversion utile à
son allié, entra sur les terres de Retsin, prit Damas, tua Retsin lui-même,
emmena une partie de ses sujets en captivité, et réunit ce territoire à
l'empire d'Assyrie, 2 Rois 16:9; Ésaïe 17.
Damas continua cependant de subsister, mais soumise;
elle passa successivement sous la domination des Babyloniens, des Perses, des
Séleucides, et enfin depuis Pompée sous celle des Romains, (cf. Ésaïe 7:4,8;
8:4; 10:9; 17:1; Amos 1:3,5; Ézéchiel 27:18; Jérémie 25:9; 49:23-24; Zacharie
9:1). Elle compta toujours parmi ses habitants, surtout sous les Séleucides, un
grand nombre de Juifs (Flavius Josèphe, Guerre des Juifs I, 2, 25; II, 20, 2;
Actes 9:2). Elle marqua encore, dans l'histoire du christianisme, comme le lieu
de la conversion et de la première prédication de saint Paul, Actes 9:3,19;
Galates 1:17.
On montre encore, à cinq cents pas de Damas, l'endroit
ou Paul fut renversé par la voix du ciel, et dans la ville, la rue et la maison
où Ananias le baptisa. Cette maison fut d'abord changée en église, les Turcs en
ont fait une mosquée. C'est également avec les mêmes garanties qu'on montre
dans les environs de Damas le tombeau d'Abel, long d'environ 14 mètres, eu
égard à la grandeur des premiers hommes. Quelques écrivains, traduisant le nom
de Damas (Dammésec) un sac de sang, pensent que ce fut dans ses environs que se
commit le premier meurtre.
2. La
Syrie de Damas, ou Aram Damas, est le nom qu'on donnait à la partie de la Syrie
qui formait le territoire de la ville de Damas, au nord-est de la Palestine, 2
Samuel 8:6; cf. Ésaïe 7:8; 17:3; Amos 1:5.
________________________________________
DAN
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était fils de Jacob et de Bilha, Genèse 30:3. On avait
assigné à la tribu qui porta son nom un territoire entre les tribus de Juda, de
Benjamin et d'Éphraïm, Josué 19:40; mais, outre que ces limites étaient
passablement restreintes, il paraît qu'il se passa un temps assez long avant
qu'elle pût en chasser les Cananéens et en prendre entièrement possession:
c'est ainsi qu'il faut entendre les passages, Juges 1:34; 18:2. Ce fut là sans
doute la cause de l'expédition contre la ville de Laïs, qui eut lieu déjà du
temps de Josué, Josué 19:47, mais que nous ne trouvons racontée avec détails
que Juges 18. La nouvelle ville qui fut construite sur l'emplacement de Laïs,
reçut aussi le nom de Daniel Ils possédèrent ainsi tout le cours supérieur du
Jourdain, et la partie septentrionale du pays, de sorte que pour dire d'une
extrémité à l'autre de Canaan, on finit par dire proverbialement de Dan à
Béersébah, 1 Samuel 3:20; etc.
— Voir: Béersébah.
Quant à l'ancien territoire de la tribu, il avait pour
voisins et pour ennemis les Philistins, sous l'oppression desquels les Danites
gémirent pendant quarante ans, jusqu'à ce qu'enfin un homme de cette tribu,
Samson, les en eut délivrés, Juges 13:1-2. Les Danites avaient des vaisseaux,
Juges 5:17, et l'on croit qu'ils possédaient la ville de Joppe au bord de la
mer.
Jacob, à son lit de mort, annonce que Dan jugera son
peuple, aussi bien qu'une autre des tribus d'Israël (Samson); qu'il sera un
serpent sur le chemin, et une couleuvre dans le sentier, mordant les cornes du
cheval, et celui qui le monte tombe à la renverse», ce qui signifie que ses
conquêtes et ses victoires seront dues à la ruse plutôt qu'à la force (Genèse
49:16-17). Moïse au contraire dit de cette tribu: «Dan est comme un jeune
lion», montrant ainsi que, si la ruse est son partage, la force cependant ne
lui manquera pas.
Quant aux raisons pour lesquelles cette tribu ne se
trouve pas mentionnée avec les autres Apocalypse 7:5-8, les commentateurs sont
partagés: on pourrait penser que c'est parce qu'elle fut dès le commencement le
principal siège de l'idolâtrie, Juges 18; 1 Rois 12:30;
— Voir: Tribus.
________________________________________
DANIEL.
________________________________________
1. Troisième
fils de David, par Abigaïl, 1 Chroniques 3:1.
2. Descendant
d'Ithamar, nommé parmi ceux qui revinrent de la captivité de Babylone, Esdras
8:2.
3. Prophète
hébreu.
Daniel le prophète était d'une naissance illustre, et
même, selon Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 10, 10), il appartenait à la
famille royale et descendait directement d'Ézéchias; cf. 2 Rois 20:18. Fort
jeune encore, âgé peut-être de 12 à 15 ans, il fut emmené captif en Caldée,
après la prise de Jérusalem par Nébucadnetsar, la quatrième année de Jéhojakim
(avant J.-C. 606). Il fut élevé avec trois autres de ses compatriotes et
compagnons d'âge pour le service de la cour, et reçut le nom de Beltesatsar,
Daniel 1:7; 2:26. Il se distingua par ses abstinences et sa fidélité, refusa de
se souiller en goûtant des mets qui lui étaient défendus par la loi de Moïse,
et commença, au bout de trois années de préparation, son service auprès du
monarque. Les quatre jeunes gens ne tardèrent pas à gagner la confiance de leur
maître par leur sagesse et leur science admirables; Daniel, en particulier,
ayant su rappeler au roi un songe remarquable que celui-ci avait fait et qu'il
avait entièrement oublié, et lui en ayant en même temps donné l'interprétation,
devint l'objet d'une haute considération et fut élevé à la dignité d'inspecteur
de la caste des mages, 2:46, charge qu'il paraît avoir perdue cependant sous
l'un des successeurs de Nébucadnetsar, et qu'il n'exerçait plus sous Belsatsar,
5:10-16. C'est revêtu de ce titre nouveau qu'il fut appelé auprès du roi pour
lui expliquer un second songe, mais personnel à Nébucadnetsar, et plus terrible
que le premier; il lui annonça qu'il serait, pendant un certain nombre
d'années, réduit à l'état de bête sauvage. Puis, pendant deux ou trois règnes,
ceux d'Évil-Mérodac, de Nériglissor et de Laboroso-Archod, Daniel disparaît de
la scène: les armes de Cyrus remplissent déjà l'Asie, sa renommée est portée sur
toutes les bouches, ici la crainte, là l'espérance. Daniel, qui sait la
succession des monarchies et le renversement de Babylone par la puissance
médo-perse, Daniel qui sait que la fin de la captivité, que le terme des
soixante et dix années approche, Daniel enfin qui se rappelle que c'est un
guerrier du nom de Cyrus qui doit présider au retour des Juifs dans leur pays,
dire à Jérusalem: sois rebâtie, et à son temple: sois refondé, Daniel attend
dans le silence le développement et l'accomplissement de ces faits dont aucun
autre peut-être n'a la clef. Puis, une nuit, pendant que Belsatsar est dans la
salle du festin, Cyrus marche dans le lit du fleuve mis à sec, et l'ange écrit
sur la muraille du festin des mots mystérieux et redoutables. Après avoir
inutilement consulté les mages et les devins, Belsatsar mande le prophète
hébreu. Daniel apparaît: ses paroles sont sévères; il parle à un roi puissant,
mais qui n'a plus que peu d'heures à vivre; il lui reproche ses crimes et lui
déclare que le moment de la vengeance est arrivé: bien loin de profiter de
l'expérience de ses pères, il a résisté au vrai Dieu, il s'en est détourné, il
a foulé aux pieds les choses saintes; les coupes et les vases sacrés du temple
de Jérusalem sont encore là, sur la table, pleins de vin, destinés à passer par
les lèvres des courtisans et des concubines royales. Frappé de terreur, et
voulant essayer peut-être de parer le coup fatal en s'amendant à la hâte,
Belsatsar fait revêtir Daniel d'écarlate, lui met un collier d'or au cou, et le
déclare le troisième du royaume. C'était trop tard. Darius le Mède, grand oncle
de Belsatsar, et pour qui Cyrus avait fait cette conquête, s'empara du royaume
à l'âge d'environ soixante et douze ans; il continua d'avoir pour Daniel le
même respect et la même considération que lui avaient témoignée ses
prédécesseurs; il établit cent vingt satrapes dans le pays, au-dessus d'eux
trois gouverneurs, et Daniel comme leur chef. Darius fut le sixième roi que
Daniel fut appelé à servir d'une manière ou de l'autre dans l'administration;
il servit encore plus tard sous Cyrus, Daniel 6:28. Cependant l'envie et la
malveillance ne dormaient pas; la religion fut le moyen que l'on mit en avant
pour perdre Daniel; on arracha à Darius un édit par lequel tout homme qui,
pendant trente jours, adresserait des prières à une autre divinité qu'au roi
lui-même, serait jeté aux lions. Daniel, qui n'a jamais fait étalage de piété,
ne craint point non plus de montrer sa foi; il doit l'exemple à ses
coreligionnaires, il doit les soutenir dans ce combat entre les dieux de Darius
et Jéhova: sa position l'y oblige; s'il cède, tous céderont; s;il persévère
dans le bien, tous y persévéreront. Aussi, trois fois le jour il ouvre sa
fenêtre du côté de Jérusalem, se met à genoux, prie et célèbre son Dieu comme
il faisait auparavant. Découvert, accusé, condamné malgré le roi que sa parole
engage, on le descend dans la fosse aux lions; mais ces animaux affamés
respectent l'oint de l'Éternel, et quand, au jour suivant, Darius, qui croit au
Dieu de Daniel, s'approche avec une vague et faible espérance de trouver son
ami vivant, Daniel lui répond: O roi, vis éternellement. Mon Dieu a envoyé son
ange, et a fermé la gueule des lions, tellement qu'ils ne m'ont fait aucun mal,
parce que j'ai été trouvé innocent devant lui; et même à ton égard, ô roi, je
n'ai commis aucune faute. Daniel sort du tombeau triomphant; ses ennemis, qu'on
y jette avec leurs femmes et leurs enfants, sont dévorés «avant même qu'ils
soient parvenus au bas de la fosse.» Le prophète reprend dans l'empire son rang
et son autorité, Daniel 6:11; c'est en grande partie à son influence qu'il faut
attribuer la permission donnée aux Juifs de retourner dans leur patrie.
Lui-même resta à la cour, surveillant jusqu'à sa mort les intérêts du règne de
son divin maître, et mourut, à ce que l'on peut croire, âgé d'au moins
quatre-vingt-dix ans, quelques années après l'avènement de Cyrus.
Dieu n'avait envoyé Daniel à Babylone, et ne l'avait
revêtu du ministère public qu'en vue du peuple d'Israël, dont la régénération
morale devait s'opérer pendant l'exil. Or, quoi de plus propre à atteindre ce
but que la mission de Daniel? Tous les Israélites pouvaient attacher leurs
regards sur lui comme sur un modèle de fidélité: ils voyaient se déployer en
lui, même au milieu des idoles, toute la puissance du vrai Dieu; jeune, il les
encourage par sa fermeté; plus tard, il les soutient de son crédit et par les
révélations de sa sagesse surhumaine; vieillard, il affronte les lions, et, par
sa haute position, s'expose aux premiers coups, aux premiers châtiments, comme
le sapin de la montagne qui détourne la foudre des arbustes qui l'environnent,
en l'attirant sur lui-même. Enfin ses prophéties consolantes devaient relever
leur courage abattu, et leur montrer dans un avenir peu éloigné le moment que
les fidèles appelaient de leurs vœux les plus chers.
Deux passages d'Ézéchiel, 14:14; 28:3, nous montrent
que sa destinée providentielle fut comprise au moins par quelques-uns de ses
compatriotes; ils nous font voir en même temps combien Daniel devait être un
homme de prière, puisque de son vivant, un de ses contemporains, mû par
l'esprit de Dieu, ne craint pas de le citer avec Job et Noé, comme un des
hommes dont l'intercession eût pu avoir le plus de succès auprès du trône des miséricordes
et de la justice. Sa sagesse y est également exaltée.
On s'est étonné quelquefois que Daniel n'ait pas été
enveloppé dans une même condamnation avec ses trois amis qui furent jetés dans
la fournaise ardente pour avoir refusé d'adorer la statue de Nébucadnetsar,
Daniel 3; mais outre que Daniel pouvait se trouver accidentellement éloigné, il
faut remarquer que la fête de cette dédicace se fit dans la province de
Babylone où les trois autres jeunes gens étaient établis, tandis que Daniel qui
avait un autre poste dans la ville même de Babylone, à la porte du roi, 2:49,
était peut-être retenu par sa charge même, loin d'une scène d'idolâtrie dans
laquelle il aurait certainement participé à la conduite, au supplice et à la
délivrance de ses amis, s'il eût été appelé à y assister.
Quoique le prophète ait été un homme pécheur comme
nous, et qu'il le reconnaisse avec tant d'humilité dans la belle prière du
chapitre neuvième, on a fait la remarque que sa vie telle qu'elle est racontée
ne présente aucune espèce de taches, de même que celle de Joseph en Égypte: ce
sont deux figures qui nous offrent la plus grande pureté de caractère, nobles,
droits, fidèles dans tout ce que nous en connaissons.
Livre de Daniel. Les six premiers chapitres se
rapportent à la biographie du prophète; les six autres contiennent les
prophéties proprement dites, qui ont essentiellement pour objet l'histoire des
principaux peuples aux destinées desquels le peuple de Dieu fut mêlé et
enchaîné. Ce devait être pour les Israélites pieux une grande consolation de
pouvoir ainsi discerner clairement, au milieu des révolutions politiques, la
main de celui qui fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l'aiment. Le
sujet du chapitre 7e est le même que celui du songe expliqué au chapitre 2e, la
succession des quatre monarchies, chaldéenne, médo-perse, macédonienne et
romaine. Le chapitre 8e annonce avec plus de détail l'histoire de la deuxième
et troisième de ces monarchies. Le 9e détermine de la manière la plus
remarquable et la plus précise l'époque des bénédictions messianiques, il
renferme le passage des septante semaines. Les chapitres 10e et 11e prédisent
les destinées du peuple Juif sous la domination égyptienne et sous la
domination syrienne. Enfin, le 12e s'étend de nouveau jusqu'aux temps du
Messie. Ces douze premiers chapitres sont écrits partie en caldéen, partie en
hébreu; les catholiques en ajoutent deux autres écrits en grec, et renfermant
les histoires de Susanne, de Bel et du Dragon; on les compte ordinairement à
part.
— Voir: Apocryphes.
Le livre de Daniel contient des vérités tellement
précises, les miracles qu'il rapporte sont si inexplicables, qu'il devait être
une pierre d'achoppement pour tous les ennemis de la révélation: aussi les
voyons-nous se liguer dans leurs attaques contre son authenticité, depuis le
païen Porphyre jusqu'aux rationalistes modernes inclusivement. Cette
authenticité, cependant, repose sur des preuves assez solides et assez
nombreuses pour que sous ce rapport Daniel puisse se mesurer avec tout autre
livre de l'antiquité hébraïque. Il existait déjà en collection du temps des
Maccabées, 1 Maccabées 2:59-60, et Flavius Josèphe nous apprend, Antiquités
Judaïques 11, 85, qu'il fut présenté à Alexandre-le-Grand, fait dont nous
n'avons aucune raison de douter. L'auteur montre aussi une connaissance si
approfondie des mœurs et des événements de l'époque dont il parle, qu'il serait
difficile d'admettre que ce livre ait été écrit à une époque postérieure. Enfin
et surtout, nous avons en faveur de son authenticité le témoignage solennel de
notre Sauveur, qui ajoute: que celui qui lit ce prophète y fasse attention,
Matthieu 24:15.
Pour l'étude de ce livre difficile nous indiquerons
parmi les meilleurs ouvrages à consulter, le Commentaire de Calvin,
l'Apologétique de Sack, Hengstenberg's Beitræge zur Einl. in das Alte Test., le
commentaire de Hævernick, en anglais Tregelles, et en français les Leçons sur
le prophète Daniel, données dans une école du dimanche, par M. Gaussen.
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DANNA,
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Josué 15:49, ville de Juda située dans les montagnes.
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DANSE.
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De tout temps les Hébreux paraissent avoir été grands
amateurs de la danse, Proverbes 26:7; Ecclésiaste 3:4. C'étaient principalement
les femmes et les jeunes filles qui s'adonnaient à cet exercice, Jérémie 31:4;
Juges 21:21, et les enfants les imitaient dans leurs jeux au milieu des rues,
Matthieu 11:17; Luc 7:32; plus ordinairement, les danses se composaient de
chœurs et de groupes; on voit cependant aussi quelques exemples de solos de
danse, 2 Samuel 6:14,16; Matthieu 14:6. Elles faisaient partie des
réjouissances particulières, Luc 15:25; on les trouve aussi pratiquées dans les
réjouissances publiques, accompagnant les récoltes, Juges 9:27, les fêtes
politiques, 1 Samuel 18:6; 21:11; 30:16, et même les fêtes religieuses, Exode
15:20; Juges 21:19-21; 2 Samuel 6:5,14. Les femmes s'accompagnaient du
tambourin, Jérémie 31:4, quelquefois on y joignait le chant, 1 Samuel 18:7;
21:11, et des instruments de musique, cymbales et autres, 2 Samuel 6:5. Ces
danses, en général d'un caractère religieux, se justifiaient par le besoin
naturel à l'homme d'exprimer sa joie, sa reconnaissance pour son Dieu, aussi
bien par les mouvements de ses membres, que par les sons de sa voix; mais elles
n'avaient aucun rapport avec les dissipations et les danses toutes charnelles,
habituellement voluptueuses, des bals et ballets modernes. On peut conjecturer
d'ailleurs qu'elles ressemblaient à quelques égards aux danses à la fois
énergiques et gracieuses de l'Orient actuel.
— Plus tard seulement on vit paraître dans le
voisinage de la Palestine, et peut-être en Palestine même, des danseuses étrangères,
prostituées et musiciennes, vraies bayadères, parcourant les villes, et les
amusant de leurs chants et de leurs danses, Ésaïe 23:16.
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DARDAH,
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1 Rois 4:31,
— Voir: Éthan.
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DARIUS.
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Trois rois de ce nom sont mentionnés dans l'Écriture,
et le nom même de Darius qui signifie en persan un roi, semble indiquer que
c'était une espèce de titre dynastique commun à tous les rois de ce pays, mais
plus particulièrement porté par quelques-uns.
1. Le
premier dont la Bible nous parle est Darius le Mède fils d'Assuérus (Astyage)
et connu dans les historiens grecs sous le nom de Cyaxare II (Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques X, 11, 1), d'Astyage dans l'apocryphe Daniel 14:1. Ce fut
lui qui avec le secours de Cyrus son neveu réunit à ses états l'empire
babylonien (538 avant J.-C.), et commença la seconde monarchie annoncée par
Daniel. Sur la fin de son règne, il se livra à la mollesse et aux plaisirs, et
abandonna l'exercice de l'autorité royale à Cyrus dont il avait fait son
gendre, et qui bientôt fut son successeur dans les empires réunis. Le trait
principal de son règne est, à côté de son affection et de son estime pour
Daniel, la faiblesse avec laquelle il signa le fol édit qui défendait à tous
ses sujets d'adresser des vœux à un autre qu'à lui pendant l'espace de trente
jours; cette impie mesure qui flattait son orgueil, et qu'il n'avait pas
examinée davantage, eut pour conséquence (comme elle avait eu pour motif chez
les ambitieux ennemis du prophète) l'arrestation de Daniel et sa condamnation.
Darius, esclave de sa parole et le jouet de ses courtisans, crut devoir livrer
celui qu'il avait établi naguère gouverneur de toutes les satrapies du royaume,
et le fidèle fut jeté aux lions. Au milieu de ces bêtes féroces et affamées, le
vieillard passa une nuit plus tranquille que le malheureux monarque dans son
palais et sur sa couche royale. Darius avait cependant quelque faible
espérance; un miracle ne lui paraissait pas impossible: Ton Dieu, lequel tu
sers incessamment, sera celui qui te délivrera, avait-il dit à Daniel; mais
avec cette faible foi de païen, chargé d'ailleurs, dans sa conscience, d'un
meurtre qu'il se reprochait à lui-même, parce qu'il eût pu le prévenir et
l'empêcher, fatigué peut-être aussi de se voir la victime de ses insolents
serviteurs, Darius ne put fermer l'oeil de toute la nuit; il se rendit à l'aube
du jour, et en grande hâte, vers la fosse des lions, pour voir si Dieu avait,
dans sa bonté, réparé le mal que lui, dans sa folie, avait ordonné ou laissé
faire. Daniel était sauvé; on ne trouva en lui aucune blessure, parce qu'il
avait cru en son Dieu. Alors Darius, comme tous les esprits faibles qui passent
promptement d'un extrême à l'autre, fit jeter aux lions les accusateurs du
prophète et leurs familles, pensant, par sa cruauté, racheter sa faute et
expier sa faiblesse. Il réintégra Daniel dans ses fonctions, et publia un édit
remarquable qui semble prouver que la délivrance miraculeuse de son ministre
favori avait produit une profonde impression sur son âme, Daniel 6.
2. Darius
fils d'Hystaspe, qui, à l'aide du hennissement frauduleusement obtenu de son
cheval, monta sur le trône après le mage Smerdis, vers l'an 522 avant J.-C. La
2e année de son règne, et à la parole d'Aggée et de Zacharie, il confirma,
malgré les nombreux ennemis des Juifs, la permission que Cyrus avait donnée de
reconstruire le temple de Jérusalem, et qui avait été momentanément retirée
sous le règne d'Artaxercès, Esdras 6:1-15; cf. 4:5,24; 6:1; Aggée 1:1; 2:1;
Zacharie 1:1. Son royaume s'agrandit par plusieurs conquêtes: ce fut sous lui
que se révolta Babylone, désireuse de retrouver son indépendance première, mais
après un siège et des horreurs sans pareilles, et à la tête de toutes ses
troupes, il fit rentrer cette ville dans la soumission, ayant accompli, sans le
savoir, les prophéties juives d'Ésaïe 47:1; 48:14, et de Jérémie 50:8-9;
51:1,6,9,43, cf. Zacharie 2:7. On peut remarquer aussi que dans ces passages
Dieu donna aux Juifs renfermés dans Babylone, le conseil pressant de quitter
cette ville avant le siège redoutable dont elle est menacée.
— Bossuet croît reconnaître en lui l'Assuérus du livre
d'Ester; mais,
— Voir: cet article.
3. Darius
de Perse. Le roi ainsi nommé, Néhémie 12:22, est très probablement Darius
Nothus fils d'Artaxercès Longuemain, dont le règne très agité dura dix-neuf
ans, et qui mourut vers l'an 406 avant J.-C. Flavius Josèphe, Grotius et
Leclerc ont cru qu'il s'agissait plutôt du règne de Darius Codoman, parce que
le souverain sacrificateur Jadduah, qui semble indiqué dans ce verset comme
contemporain de Darius, était à Jérusalem lorsque Alexandre le Grand s'approcha
de cette ville, et l'on connaît le rôle qu'il joua dans cette circonstance.
Mais on peut très bien admettre que son père Johanan ait seul été contemporain
de Darius, et Néhémie peut avoir encore vu, avant de mourir, le jeune Jadduah
commencer à exercer la charge de sacrificateur.
________________________________________
DATHAN,
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frère d'Abiram, q.v.
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DATTES.
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Le dattier, maintenant assez rare en Palestine, y
était autrefois très abondant, surtout dans les environs de Jéricho, de
Hen-Guédi, et du lac de Génézareth. C'est l'arbre que nos versions ont traduit
par palme ou palmier, indiquant le genre sans désigner l'espèce, Juges 4:5;
Joël 1:12, cf. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 15, 4; 2. Pline 13, 6. On
retrouve le dattier sur des monnaies romaines comme symbole de la Palestine, et
la ville de Jéricho avait reçu le nom de ville des dattes, à cause de la
quantité de ces arbres qui se trouvaient dans son voisinage. Il y en avait
aussi en Égypte, en Perse et en Arabie, Exode 15:27, et ils étaient regardés
dans ces contrées comme des arbres utiles et des plus précieux. Le dattier
recherche les terrains chauds et sablonneux, mais sans craindre l'humidité. Il s'élève
souvent jusqu'à la hauteur de 30 mètres, et atteint l'âge de deux siècles. Son
tronc droit et élancé porte à son sommet un bouquet de branches feuillées,
élégamment recourbées vers la terre, assez longues d'abord, mais se
raccourcissant de beaucoup vers le haut de l'arbre. Ses fruits sont ramassés en
grappes nombreuses; ils ont la forme de glands, mais sont plus grands et
recouverts d'une peau rougeâtre: ils offrent un manger délicat, très goûté en
Orient, soit frais et tels qu'ils sont cueillis sur l'arbre, soit pressés en
petits gâteaux. On en fait aussi une espèce de liqueur connue sous le nom de
vin de dattes, et fort estimée;
— Voir: Cervoise.
Après que le premier jus a été exprimé, on verse de
l'eau sur les dattes qu'on laisse ainsi macérer quelques jours, et l'on en fait
une nouvelle liqueur, un petit vin peu agréable, mais dont on se sert
volontiers comme rafraîchissement. Avec les branches de l'arbre, on fabrique
des paniers, avec leurs fibres des cordes, avec les feuilles des nattes, et le
tronc même, quoique assez mou intérieurement, comme celui des monocotylédones
en général, est assez solide au dehors pour qu'on puisse l'employer comme bois
de charpente (Xénophon Cyrop. 7, 5; 11)
— Genèse 43:11,
— Voir: Pistaches.
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DAVID,
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fils d'Isaï, de la tribu de Juda, comptait parmi ses
ancêtres Ruth la Moabite, Rachab l'hôtelière de Jéricho, et Tamar la
Cananéenne. Il fut le chef de la dynastie des rois de Juda, et le Christ, qu'il
avait préfiguré dans sa royauté, est sorti de sa race, et a porté, comme
l'héritier de son trône, le nom caractéristique de fils de David. David naquit
à Bethléhem, 1085 ans avant J.-C. Samuel avait alors cinquante-quatre ans.
L'heureuse influence du dernier des juges répandait la piété et la prospérité
chez les Israélites. Le septième et dernier fils d'Isaï, occupé dans sa
jeunesse à paître les troupeaux, avait dix-neuf ans lorsqu'il fut désigné, par
l'onction sainte répandue sur sa tête, pour succéder, sur le trône d'Israël, à
Saül, désobéissant et rejeté. Néanmoins sa destinée ne devait se dérouler que
successivement, et Dieu, pour le préparer au trône, le lit passer à travers
bien des vicissitudes et des dangers. Peu après son sacre, il fut appelé auprès
de Saül pour distraire, par le charme de la musique, la mélancolie du roi que
possédait un mauvais esprit. Rentré chez son père, après le succès de ses
soins, il ne tarda pas à se faire connaître de nouveau du roi et du peuple par
sa victoire sur Goliath, le géant Philistin. Il est beau de voir un jeune homme
de vingt-trois ans, soutenu par sa foi, s'avancer avec une fronde et cinq
pierres du torrent, contre un ennemi colossal armé de toutes pièces. Il
remporta la victoire parce que Goliath s'était confié dans sa force et avait
défié le Dieu d'Israël, au nom duquel David se présentait pour le combattre.
Dès ce moment, David entra définitivement au service du roi, qu'il ne quitta
plus. Mais la jalousie de Saül, excitée par les louanges du peuple, s'alluma
bientôt contre David et, sauf quelques intermittences, ne cessa de le
poursuivre avec un acharnement toujours croissant. La protection divine, qui
reposait sur David, fit tourner à sa gloire, à sa popularité, à
l'affermissement de son royal avenir, les missions périlleuses confiées à sa
jeunesse par le mauvais vouloir de Saül, et consacrées par l'enthousiasme et la
confiance de l'armée. Saül, après avoir, dans le mariage de sa fille aînée,
manqué à la promesse qu'il avait faite au vainqueur du Philistin, voulut faire
servir à l'assouvissement de sa haine l'amour que Mical, sa seconde fille,
éprouvait pour le jeune capitaine. La prudence et la vaillance de David
déjouèrent ces perfides manoeuvres; Saül dut l'accepter pour gendre, et
sensible aux remontrances de Jonathan son fils, l'ami de David, il imposa pour
un moment silence à son injuste animosité. Cène fut qu'une trêve. Les succès du
héros d'Israël, dans la guerre qui venait de recommencer contre les Philistins,
rallumèrent les flambeaux de la jalousie et de la haine dans le cœur de son
puissant ennemi. Deux fois, lorsque la harpe de David cherchait à soulager les
souffrances morales de Saül, souffrances d'envie et de rage qui s'irritaient
peut-être de leur injustice même, deux fois, joignant l'ingratitude à h folie,
Saül avait cherché à clouer contre la paroi, d'un coup de javeline, son chantre
fidèle et dévoué. Parvenue à son comble, la fureur de Saül force David à
s'enfuir. Délivré une première fois par la puissance de l'esprit de Dieu qui, en
se répandant sur les émissaires de Saül, et en gagnant Saül lui-même, les
contraint d'oublier, aux pieds de Samuel, leurs mauvais desseins, et de
glorifier le Seigneur, David est bientôt contraint de fuir de nouveau. Il est
secouru par Ahimélec et l'enveloppe dans sa disgrâce. Puis, après avoir tenté
de se réfugier auprès d'Akis, roi de Gath, et après avoir placé son père et sa
mère en lieu de sûreté, il se met à parcourir le pays à la tête de gens
malheureux comme lui, vivant dans les lieux écartés et mettant sa troupe, forte
d'environ 400 hommes, au service de ses concitoyens, pour les protéger contre
les incursions des peuples environnants. Dans les montagnes, trahi par ceux-là
même qu'il avait aidés et délivrés, il n'échappe à la mort que grâce aux merveilles
réitérées de la protection divine, et, par deux fois, il épargne Saül qu'il
avait l'occasion de frapper à coup sûr. L'ingratitude et la persévérance de son
ennemi lassent enfin sa constance et sa foi, il se retire chez les Philistins,
et reçoit Tsiklag pour refuge et habitation. Cette faute grave fut punie par la
position fausse et difficile où il se trouva placé chez les ennemis de son
peuple, obligé de vivre pendant deux ans environ dans la dissimulation, le
mensonge et la cruauté. À la bataille de Guilboah, conduit par Akis dans les
rangs des Philistins, il se trouve dans l'alternative inévitable ou de faire la
guerre à son peuple, ou de tirer perfidement l'épée contre un bienfaiteur trop
confiant, dont il avait accepté l'hospitalité. La méfiance des Philistins, en
le faisant renvoyer, lui épargna un crime; la prise de Tsiklag, qu'il trouva
brûlée et pillée par les Hamalécites, paraît avoir été le châtiment dont Dieu
se servit pour le faire rentrer en lui-même. Près de périr par la main des siens,
que l'enlèvement de leurs femmes, de leurs enfants et de leurs biens avait
exaspérés, il se fortifia en son Dieu, apaisa ses gens, poursuivit et atteignit
les pillards, reprit tout ce qu'il avait perdu, et fit en outre un immense
butin. C'est ce butin qui lui servit à regagner, par des présents faits à
propos, la bienveillance des principaux Israélites.
Sur ces entrefaites, la mort de Saül lui ouvrit les
avenues du trône, et la tribu de Juda le reconnut pour son roi. Il avait trente
ans alors; il choisit pour résidence l'antique ville d'Hébron. Is-Boseth, fils
de Saül, fut mis à la tête d'Israël par les légitimistes de l'époque, et une
longue guerre s'en suivit. La défection et la mort d'Abner, la trahison de
Bahana et de Récab, qui assassinèrent Is-Boseth, y mirent un terme. David, en
punissant de mort les meurtriers de Saül d'abord, puis les lâches assassins du
fils de Saül, se montra juste et récompensa dignement les traîtres. On regrette
qu'il n'ait pas montré la même fermeté envers Joab, son neveu, meurtrier
d'Abner. Le crédit et l'influence de ce vaillant homme de guerre auprès de
l'armée le sauvèrent; David n'osa pas en le punissant compromettre une autorité
faible encore et précaire.
Maître de tout Israël, à l'âge d'environ quarante ans,
David prend Jérusalem sur les Jébusiens, et y fixe sa résidence. Il abaisse et
humilie les Philistins, ces ennemis constants du peuple de Dieu. L'arche, qui
depuis la mort d'Héli, était restée séparée du sanctuaire, est conduite avec
pompe et aux acclamations unanimes du peuple, dans un tabernacle dressé pour
elle en Sion. David projette la construction du temple; Dieu réserve cette
gloire à Salomon, mais prononce dans cette occasion solennelle l'oracle qui
fixe dans la famille de David la succession de la royauté qui devait aboutir au
Messie. La prospérité de David parvient à son comble, ses ennemis sont
subjugués tout alentour, leurs insultes et leurs efforts ne servent qu'à
étendre la domination d'Israël, et les limites annoncées par Moïse sont
atteintes pour la première fois.
Cette prospérité, le succès de ses armes et la gloire
de son règne exercèrent sur l'âme de David une funeste influence. Ses mœurs
s'amollirent; son âme s'endormit dans les délices. Pendant qu'il savourait à
Jérusalem les douceurs et le luxe d'une royauté orientale, et que son armée,
sous la conduite de Joab, faisait le siège de Rabbath-Hammon, David se laissait
séduire par la beauté de Bath-Séba, femme d'Urie, et tombait dans l'adultère;
après avoir échoué dans les odieuses intrigues qu'il tenta pour cacher les
traces de son crime, il fut conduit de péché en péché, à faire périr, par la
main des Hammonites, Urie et plusieurs de ses plus vaillants et de ses plus
fidèles serviteurs. Enfin réveillé de son sommeil de péché, et rappelé à
lui-même par la voix fidèle de Nathan, David montra, par sa sincère et profonde
repentance, les dispositions saintes qui l'animaient et qui, après une funeste
et trop longue interruption, avaient repris possession de son âme. Il avait
alors 52 ans.
Mais, dès ce moment, la prospérité qui lui avait été
si fatale se retira de lui, et depuis cette époque jusqu'à la fin de son règne,
son âme fut maintenue dans l'humilité, la défiance d'elle-même et la soumission
au Seigneur, par une suite de calamités publiques ou particulières. Les
désordres domestiques qui souillèrent et ensanglantèrent sa maison, la violence
exercée par Amnon contre sa sœur Tamar, la vengeance sanglante qu'Absalon tira
de cette offense, l'exil de ce fils bien-aimé qui en fut la suite, le retour
toléré d'abord, puis la grâce complète de ce jeune homme dont le crime n'était
pas sans excuse, l'ingratitude de celui-ci, ses menées, la guerre civile qu'il
alluma pour enlever à son père le royaume et la vie, révolte qui fut bien près
d'être couronnée par la victoire; tous ces événements trouvèrent David, souvent
faible peut-être dans le gouvernement de sa famille, mais humble, mais fort,
mais grand dans sa foi et dans sa piété, sous la puissante main du Dieu qui le
châtiait dans son amour. Le succès presque complet de la tentative d'Absalon
semblerait indiquer que, depuis son crime, David, soit influence de l'âge, soit
surtout conscience de son humiliation, et souvenir de ses fautes, avait perdu
cette force de volonté, cette présence d'esprit et cette fermeté de décision
qui l'avaient porté, de vicissitudes en vicissitudes, jusque sur le trône de
Juda et d'Israël. Toutefois la fidélité et le dévouement de ceux qui
entourèrent et sauvèrent David dans cette circonstance, montrent que, s'il
avait perdu sous quelques rapports, il était cependant toujours le vrai roi de
ce peuple un moment égaré, mais qui n'avait pas cessé d'avoir pour lui
confiance et affection: c'est ce que prouvent encore l'insuccès de la révolte
de Scéba, fils de Bicri, qui succéda à celle d'Absalon, et la fin sanglante de
ce rebelle.
À peine le fléau de la guerre civile eut-il fini de
troubler le pays, qu'une autre calamité, la famine, se fit sentir en Israël.
C'était un châtiment du massacre des Gabaonites, que Saül avait fait mourir, au
mépris de la foi jurée. Ce crime avait été inspiré à Saül par un faux semblant
de zèle, et par le besoin de conserver ou d'augmenter sa popularité. Si le
châtiment tomba sur le peuple, c'est que celui qui sonde les cœurs avait
découvert dans l'esprit du peuple le germe et la vraie source de cette
iniquité. De même la vengeance qui, à la demande des Gabaonites, tomba sur la
famille de Saül, se justifie aux yeux de quiconque connaît l'unité d'esprit
qui, à ce degré de civilisation, caractérise les grandes familles, ou, pour
employer un mot de nos langues modernes, les clans: chacun de leurs membres
adopte comme siennes les intentions du chef; il s'y associe de cœur, et les
exécute de point en point avec l'apparence, au moins, de la plus entière
spontanéité. On peut donc dire que le crime de Saül était celui de sa famille,
et que le châtiment qui frappa ses enfants atteignit certainement des
coupables. La famine fut pour les Israélites une leçon haute et importante. Ils
apprirent par là que le Dieu d'Israël, bien que leur protecteur suprême, ne
faisait aucune acception des personnes; Dieu recherchait sur son peuple, même
en faveur de profanes Cananéens, les iniquités commises contre ceux-ci; le
châtiment leur rappelait que le seul titre personnel à la faveur divine se trouve
dans la justice et dans l'obéissance.
Les dernières années de David furent consacrées aux
immenses préparatifs de la construction du temple, réservée à Salomon, mais que
David eut toujours devant les yeux. Moins agitées que les précédentes, elles
furent cependant troublées par le péché du dénombrement, et par la conspiration
d'Adonija. L'orgueil présida au dénombrement du peuple. Il fallait que ce péché
fut bien évident, puisque Joab même, le sanguinaire et mondain Joab, reprit
David à ce sujet. Toutefois le cœur du roi se montre encore dans sa piété
généreuse, dans sa confiance pleine et entière en son Dieu, lorsque, appelé à
faire le choix douloureux d'un châtiment, il préfère tomber dans les mains de
celui dont les compassions sont en grand nombre. La mortalité qui punit
l'orgueil de David et décima son peuple, est une preuve de plus que le droit de
Dieu sur les hommes pécheurs est de les faire périr quand et comme il le veut,
et en même temps, que le dernier mot de sa justice distributive est réservé pour
une autre dispensation. À cet événement se rattache le choix de l'emplacement
du temple; ce choix, marqué par un sacrifice en dehors du rite lévitique, et
par une expiation efficace, puisque c'est là que l'ange apparut et que la plaie
s'arrêta, avait ainsi une valeur typique, et recevait d'en haut une
consécration indispensable sous l'économie mosaïque.
Comme un flambeau consumé jette un dernier éclat avant
de s'éteindre, nous retrouvons la fermeté, la décision, l'humilité, la piété,
tous les beaux traits du caractère de David, dans sa conduite au sujet de la
tentative d'Adonija. Et comme le soleil couchant, avant de disparaître, se
dégage des nuages pour embraser la terre et les cieux de l'éclat de ses
derniers rayons, ainsi les derniers actes publics de David, relatifs à la
construction du temple, ont une grandeur et une beauté de foi toute
particulière, et couronnent dignement la vie de ce grand serviteur de Dieu. Il
mourut âgé de 71 ans, en laissant, suivant une dispensation divine, le trône à
un fils de Bath-Séba.
Le testament de David, les ordres qu'il donna à
Salomon, concernant Joab et Simhi, se justifient clairement aux yeux de
quiconque les examine avec foi et avec impartialité. David, par diverses
causes, au font desquelles se trouvait une coupable faiblesse, avait laissé
vivre ce neveu qui, chéri de l'armée, était «trop puissant pour lui.» Joab
avait d'ailleurs mis le comble à ses crimes, en participant à l'entreprise
d'Adonija. David ordonne à Salomon de faire justice.
— David, comme homme, avait pardonné à Simhi, et
l'avait laissé vivre en paix tout le temps que lui-même avait vécu; maintenant
qu'il va mourir, qu'il n'a plus rien à faire avec les passions de la terre,
qu'il a entièrement et jusque au bout donné la preuve de la sincérité de son
cœur en pardonnant, il peut laisser venir le tour de la justice, et faire
châtier par le roi son fils un crime contre la royauté. Sa conduite envers les
meurtriers de Saül et d'Is-Boseth montre la droiture de son caractère dans les
affaires de ce genre, et prouve que son unique préoccupation était le châtiment
d'un sujet rebelle, sans qu'il s'y mêlât aucun sentiment de rancune
personnelle.
Le rôle de David, dans l'histoire du peuple d'Israël,
a été capital. Il est le fondateur de la royauté théocratique. Il a été ce que
Saül aurait pu, mais n'a pas voulu être. La fondation de la royauté était une
déviation du principe de la théocratie; cette déviation devait trouver son
correctif dans le caractère personnel du roi et dans l'esprit de la royauté.
Saül, demandé par le peuple, s'est trop souvenu de l'origine de sa puissance;
il a tout sacrifié à la popularité. Ce fut la source de ses désobéissances et
la cause de sa réjection. David a été l'homme selon le cœur de Dieu; il a été
roi de la part de Dieu, pour diriger le peuple dans les voies divines, non pour
complaire au peuple, et par une fatale complaisance l'égarer loin de Dieu.
C'est là le trait saillant qui distingue les deux rois et les deux royautés.
Celle de Saül (q.v.) a été mondaine, celle de David a été sainte. À ce titre il
a été type du Messie, et il a eu l'honneur d'être le dernier des patriarches,
ancêtres désignés du Sauveur.
L'œuvre de David, comme prophète, n'a pas été moins
importante. Sans parler des prédictions nombreuses et détaillées relatives au
Christ, qui sont répandues dans les psaumes; sans parler de cet admirable
recueil auquel son nom se rattache, et dont il a écrit la plus grande partie (—
Voir: Psaumes), il fut l'auteur d'une révolution importante dans le culte
mosaïque, révolution correspondante à la construction du temple qui a été son
œuvre, autant et plus peut-être que celle de Salomon. Depuis la mort d'Héli,
l'arche ne se trouvait plus dans le sanctuaire, et le culte n'était plus
qu'imparfaitement célébré. Il n'a même pu l'être de nouveau d'une manière
complète que dans le temple où il a été restauré avec une splendeur inconnue
jusqu'alors: David a d'avance organisé le service et les fonctions des lévites,
qui, n'étant plus chargés du transport d'un tabernacle longtemps errant,
désormais fixé, devenaient disponibles pour d'autres fonctions. Celles de
gardiens et de chantres leur furent dévolues. Cette fonction de chantres qui
coïncide avec la première formation du Psautier signale l'introduction de
l'élément de l'édification directe, qui d'abord se mêle au culte typique, pour
le remplacer presque entièrement plus tard. Le symbole, à peu près la seule
forme du culte sous Moïse, fut aux différents âges de l'église judaïque,
successivement mélangé avec la parole qui, sous le christianisme, occupe le
culte presque entier, et n'a laissé au symbole qu'une place, éminente il est
vrai, mais restreinte dans ce qu'on appelle d'ordinaire les sacrements.
Tel a été David, homme d'une haute intelligence, d'un
noble caractère, d'un cœur chaud et dévoué. Sur tous les trônes et dans tous
les temps, il eût été un monarque distingué, le héros de son peuple. L'histoire
profane, étrangère à l'austère simplicité du style biblique, n'eût pas manqué
d'exalter ses rares vertus, sa gloire et ses triomphes; elle eût caché ou
pallié ses chutes. Il ne pouvait en être de même dans le récit inspiré, car
c'est à Dieu seul qu'appartient la gloire; la Bible a été écrite pour nous
donner des exemples à suivre et non des hommes à idolâtrer. Mais, pour qui sait
apprécier les choses, pour qui accompagne David d'un œil clairvoyant au milieu
des vicissitudes si diverses d'une carrière longue et remplie, pour qui lit
dans les mouvements de cette âme si droite, si chaleureuse, souvent si grande
dans ses premiers élans, si habituellement dirigée par la pensée et l'amour du
Seigneur, l'éloge biblique si remarquable qui lui a été décerné à tant de
reprises, malgré les côtés sombres de sa conduite, n'aura rien qui étonne, et
l'on répétera avec une conviction croissante, que c'était bien là «l'homme
selon le cœur de Dieu.»
L'histoire de David embrasse le premier livre de
Samuel, depuis le chapitre 16; tout le second livre de Samuel, et 1 Rois 1-2.
Elle est reproduite avec plus ou moins de détails, 1 Chroniques 11-29. Son nom,
qui signifie bien aimé, reparaît continuellement dans l'Ancien Testament, et
une quarantaine de fois dans le Nouveau.
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DÉBIR.
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Deux villes de ce nom.
1. Une
dans la tribu de Gad, Josué 13:26.
2. Une
autre qui paraît avoir été située dans le voisinage d'Hébron, Josué 10:38; elle
s'appelait auparavant Kiriath-Sépher, Josué 15:15; lors de la conquête les
enfants d'Israël l'enlevèrent aux Cananéens, Josué 10:38. Elle fut d'abord incorporée
à la tribu de Juda, 15:49, puis plus tard cédée aux sacrificateurs, 21:15; 1
Chroniques 6:58.
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DÉBORA.
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1. Nourrice
de Rébecca: elle accompagna en Canaan la jeune fiancée d'Isaac, et paraît avoir
été dès lors traitée avec beaucoup d'affection et de respect par la famille du
patriarche, Genèse 24:59; 35:8. Elle fut ensevelie au-dessous de Béthel, sous
un chêne.
2. Femme
pleine de foi et douée de dons prophétiques, le quatrième des juges d'Israël,
qui fut dans la main de Dieu un instrument pour délivrer le peuple d'Israël,
opprimé depuis longtemps par le roi cananéen Jabin, Juges 4:4; 5:1-31. Nous
avons donné dans nos Juges d'Israël à côté de l'histoire de cette femme remarquable,
une traduction nouvelle et annotée de l'hymne sublime qu'elle composa pour
bénir Dieu de la victoire qu'il avait accordée à son peuple (p. 39-48).
— Voir: aussi Herder, De la poésie des Hébreux.
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DÉCAPOLIS, ou la Décapote
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(les dix villes), nom d'un district situé au nord-est
de la Palestine, touchant à la frontière de Syrie. Il était ainsi nommé à cause
des dix villes principales qui se trouvaient sur son territoire, mais on ne
peut plus en déterminer les noms avec certitude, les différents auteurs qui
nous en parlent n'étant pas d'accord entre eux; Pline cite les suivantes:
Damas, Philadelphie, Raphana, Scythopolis, Gadara, Hippon, Dion, Pella, Galasa
et Canatha; elles étaient presque toutes habitées par des païens; Jésus y
prêcha souvent, Matthieu 4:25; Marc 5:20; 7:31.
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DÉDAN.
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Il y avait deux peuplades de ce nom.
1. Celle
qui descendait d'Abraham par Kétura, Genèse 25:3, et qui habitait la partie
septentrionale de l'Arabie, près de l'Idumée, Jérémie 25:23; 49:8; Ézéchiel
25:13.
2. Celle
qui descendait de Cus, Genèse 10:7, et qui habitait la partie orientale de
l'Arabie, près du golfe persique. C'était une peuplade fort commerçante, Ésaïe
21:13; Ézéchiel 27:15,20; 23:13. Il y a encore dans le golfe persique une île
de ce nom, Daden.
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DÉDICACE
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(fête de la), Jean 10:22. Fête qui fut établie par
Judas Maccabée (1 Maccabées 4:56; 2 Maccabées 10:6), et qui se célébrait en
hiver pendant huit jours à dater du 25 kisleu (décembre), par une riche
illumination des maisons à Jérusalem, et dans les autres villes. Cette
illumination était le symbole de la joie, comme aussi de l'espérance. La fête
fut instituée après le retour de la captivité, en souvenir de la purification
du temple qui avait été souillé et profané par Antiochus Épiphanes.
D'autres dédicaces solennelles sont encore mentionnées
dans l'Ancien Testament, celle du temple de Salomon, 1 Rois 8, celle des
nouveaux murs de Jérusalem après l'exil, Néhémie 12:27, celle du nouveau
temple, Esdras 6:16;
— Voir: encore Exode 40, Nombres 7.
C'était aussi une coutume des Hébreux, coutume bien
naturelle et commune à bien des peuples, de dédier à Dieu leurs maisons
nouvellement construites, Deutéronome 20:5: cette dédicace n'était dans les cas
ordinaires qu'une simple bénédiction prononcée, et l'inscription de quelques passages
de la Loi au-dessus de la porte.
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DÉHAVIENS.
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Cette peuplade mentionnée Esdras 4:9, comme une de
celles d'où des colons furent transportés à Samarie, est sans doute la même que
celle dont les auteurs profanes nous parlent sous le nom de Dahi ou Dahæ, et
qui se trouvait à l'est de la mer Caspienne, soumise à la domination persane,
(Hérodote 1, 125. Strabon 11, 508; 511)
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DÉLAÏA,
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fils de Sémahia et officier de Jéhojakim, fut un de
ceux qui, ayant entendu par Michée que Baruc avait lu des prophéties sévères de
Jérémie contre leur roi, prièrent Baruc de leur en faire une lecture
particulière. Effrayés des menaces contenues dans cet écrit, ils résolurent
d'en donner connaissance à Jéhojakim, après avoir pourvu d'abord à la sûreté
des deux prophètes. Le roi irrité à la lecture à peine commencée de ces lignes,
ayant déchiré le rouleau et voulant le jeter dans le feu, Délaïa et les autres
officiers s'opposèrent, mais en vain, à cette impie résolution.
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DÉLILA,
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courtisane de la vallée de Sorek, probablement,
philistine, sut par ses charmes séduire Samson, juge d'Israël, s'en fit aimer
sans l'aimer, profita de son amour pour le trahir, et spécula sur la confiance
du héros. Gagnée par les Philistins, elle fatigua Samson de ses importunités
pour lui arracher le secret de sa force; trois fois il lui répondit d'une
manière évasive, s'approchant plus ou moins de la vérité, trois fois elle
revint à la charge, et Samson que Dieu abandonnait en punition de son impure
passion, finit par s'abandonner lui-même, et se livra à cette femme qui le
livra aux ennemis d'Israël, Juges 16.
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DÉLUGE,
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inondation extraordinaire et universelle arrivée l'an
du monde 1656 (2348 avant J.-C.), par laquelle Dieu détruisit entièrement
toutes les créatures vivantes qui se trouvaient sur la terre ferme, à
l'exception de celles qui furent enfermées dans l'arche. Les eaux qui, au
commencement de la création, couvraient toute la surface du globe, et qui
s'étaient retirées partiellement au troisième jour, couvrirent encore une fois
la terre; puis elle se retirèrent à l'ordre du Tout-Puissant, le sec parut, la
terre poussa son jet comme au troisième jour, et fut de nouveau peuplée
d'hommes et d'animaux.
— Voir: Création,
On peut lire, Genèse 6:12-21; 7:11-24, la narration à
la fois concise et riche en détails que fait l'historien sacré de la première
partie de ce cataclysme.
Basnage (Antiquités Judaïques II, p. 309) donne un
calendrier de cette triste année; Calmet l'a copié; mais comme ce calendrier ne
nous paraît pas s'accorder toujours avec le texte, nous essaierons de le
rectifier. On doit placer le commencement de l'année diluvienne à la même
époque que celui de l'année civile des Juifs, c'est-à-dire vers l'équinoxe
d'automne, au mois de Tisri; car l'année ecclésiastique n'ayant été introduite
qu'en vue des fêtes religieuses des Juifs, il n'est pas probable que Moïse y
ait voulu rattacher la chronologie du déluge. La computation des années de
douze mois ordinaires du calendrier juif ne pouvant suffire aux périodes
d'accroissement, de décroissement et de séjour des eaux, nous avons été
conduits à supposer que l'année du déluge doit avoir été une de celles où se
trouvait le mois intercalaire de Beadar. Voici ce calendrier:
AN DU MONDE 1656. — 601e DE NOÉ.
1er mois, Tisri, de 30 jours.
Méthusélah meurt, âgé de 969 ans; son fils, le pieux
patriarche Lémec, père de Noé, l'avait précédé de cinq ans dans la tombe,
Genèse 5:27; cf. Ésaïe 57:1.
2e mois, Marchesvan, de 29 jours.
10e jour.
— Dieu ordonne à Noé d'entrer dans l'arche avec sa
famille et les animaux, Genèse 7:1,4.
17e jour.
— Noé entre dans l'arche un jour de sabbat, et
immédiatement la pluie de 40 jours commence, 7:13; 4:10-12.
3e mois, Kisleu, de 30 jours.
28e jour.
— La pluie s'arrête. Il paraît en effet, d'après les
versets 17 et 12 comparés entre eux, et avec les versets 11 et 13, que les 40
jours doivent se compter de celui où Noé entra dans l'arche.
4e mois, Tébeth, de 29 jours.
Les eaux se renforcent sur la terre; l'arche flotte à
leur surface, verset 18.
5e mois, Sébat, de 30 jours.
Les eaux se renforcent prodigieusement, et couvrent
les montagnes les plus élevées, «sous tous les cieux», verset 19, c'est-à-dire,
évidemment, sur toute la terre, ce qui donne le démenti le plus formel à ceux
qui ne veulent voir dans le déluge qu'une inondation locale et partielle.
6e mois, Adar, de 29 jours.
Les eaux s'élèvent de 15 coudées au-dessus des plus
hautes montagnes, verset 20. Il n'est cependant pas possible de déterminer le
temps qui s'est écoulé entre les divers degrés ou étages de cette effrayante
progression; le texte sacré nous dit seulement que les eaux du déluge furent
sur la terre 150 jours, versets 10 et 24, avant de décroître.
Mois intercalaire, Beadar, de 29 jours.
20e jour.
— Dernier jour de la permanence des hautes eaux, et
fin des 150 jours.
21e jour.
— Les eaux commencent à diminuer. Les sources de
l'abîme et les bondes des cieux sont fermées, et le vent souffle. Peut-être
est-ce ce vent qui poussa l'arche jusque sur le lieu où elle devait s'arrêter,
8:1-3. Il semble aussi que 7:18, indique un mouvement dans les eaux, comme
celui d'un courant qui aurait déjà pu déplacer l'arche, diriger son inertie
flottante, et la pousser loin du lieu où elle avait été bâtie. La traduction
littérale est: «L'arche allait sur les eaux.»
7e mois, Nisan, de 30 jours.
Les eaux se retirent de plus en plus, 8:3.
17e jour.
— L'arche s'arrête sur les montagnes d'Ararat, verset
4.
8e mois, Ziph, de 29 jours.
Les eaux continuent à baisser, 8:5.
9e mois, Sivan, de 30 jours.
Les eaux décroissent encore jusqu'à la fin du mois.
Ainsi, depuis le 20e jour de Beadar, que commence la
baisse, jusqu'à ce que l'arche s'arrête, il s'écoule 26 jours: depuis que
l'arche s'arrête jusqu'à ce que le sommet des montagnes soit découvert, 72
jours; et depuis ce moment jusqu'à l'entière retraite des eaux, 88 jours; ce
qui ferait donc 26 + 72 + 88 = 186 jours pour la décroissance du déluge.
10e mois, Thammuz, de 29 jours.
1er jour.
— Le sommet des montagnes paraît au dessus de l'eau,
8:5. Noé attend encore 40 jours, verset 6.
11e mois, Ab, de 30 jours.
12e jour.
— Noé lâche un corbeau qui va et vient, 8:6-7, se
nourrissant probablement des poissons morts que les eaux en se retirant
pouvaient avoir laissés autour de l'arche sur les rochers qui la soutenaient,
et revenant se poser sur l'arche lorsqu'il était fatigué, car il n'est point
dit qu'il y soit rentré, et il n'est pas probable qu'il ait trouvé plus de
facilité à se percher sur des arbres que la colombe qui sortit après lui.
19e jour.
— Noé lâche une colombe, verset 8. Quelques
interprètes croient qu'elle sortit en même temps que le corbeau, mais au verset
10 nous voyons qu'avant de la lâcher une seconde fois, Noé attendit «encore
sept autres jours», ce qui indique évidemment qu'il s'était écoulé une semaine
entre la sortie du corbeau et la première sortie de la colombe.
26e jour.
— La colombe sort une seconde fois et rapporte dans
son bec une branche d'olivier, verset 11.
12e mois, Élut, de 29 jours.
2e jour.
— Noé lâche la colombe pour la troisième fois, et elle
ne revient plus, verset 12. Il attend quatre semaines.
AN DU MONDE 1657. — 602e DE NOÉ.
1er mois, Tisri, de 30 jours.
1er jour.
— Noé lève la couverture de l'arche et regarde la
terre qui se sèche, verset 13.
2e mois, Marchesvan, de 29 jours.
27e jour.
— La terre étant suffisamment desséchée pour être
habitable, Dieu commande à Noé de sortir de l'arche avec sa famille, versets
14, 16, 18. Ils sortent.
Voici maintenant les raisons pour lesquelles
l'addition du mois intercalaire nous a paru nécessaire. Le chapitre 8, versets
1 et 2, nous dit que ce ne fut que le 450e jour que les eaux s'arrêtèrent, puis
qu'elles diminuèrent pendant quelque temps; ce n'est qu'après qu'il a été dit,
verset 3, que les eaux se retiraient de plus en plus de dessus la terre, que le
verset 4 nous parle du jour où l'arche s'arrêta. Si l'on suppose l'année
composée de 12 mois ordinaires des Juifs, qui sont alternativement de 29 et de
30 jours, la fin des 150 jours de la croissance des eaux, comptée depuis le 17e
jour du 2e mois, porterait au 20e jour du 7e mois. Selon ce calcul, l'arrêt de
l'arche n'aurait guère pu avoir lieu que tout à la fin du 7e mois ou au
commencement du 8e. Mais il est dit que cet événement se passa le 17e jour du
7e mois, ce qui, dans la supposition de l'année de 12 mois, bien loin de
laisser l'espace de temps indiqué par le verset 3 pour la diminution préalable
des eaux, ne donnerait même que 147 jours à leur croissance, au lieu des 150
indiqués dans le texte.
Jusque vers la fin du dix-septième siècle, personne
n'avait mis en doute la vérité de l'histoire du déluge; mais depuis Isaac
Vossius, qui attaqua alors son universalité, jusqu'aux savants de la fin du
siècle dernier, qui en vinrent à le nier entièrement, et à Voltaire qui chercha
à le tourner en ridicule, un grand nombre d'opinions diverses ont été
proposées, soit pour l'expliquer par des causes naturelles, soit pour redresser
ou réfuter telle ou telle partie du récit de Moïse. Mais la Bible et la nature
sont deux monuments impérissables de la vérité divine contre lesquels viendra
toujours se briser la malice des incrédules; ils subsisteront lorsque toutes
ces folles théories et les noms de leurs auteurs seront depuis longtemps
ensevelis dans l'oubli; et, plus on les étudiera, plus aussi l'on y
reconnaîtra, dans les plus petits détails, l'entière concordance de tous les
faits géologiques qui se rattachent au déluge, avec la description de cette
catastrophe telle qu'elle a été conservée dans la Genèse. Les faits nouveaux
expliqueront des passages encore obscurs pour nous, et réciproquement, la foi à
la vérité, de ces passages conduira à des découvertes nouvelles sur la
constitution de notre globe.
Parmi les difficultés qui se présentent, et que nous
n'éluderons pas plus que nous ne les nierons, la première est celle-ci: Comment
l'eau répandue sur la surface du globe a-t-elle pu suffire à l'inonder? Cette
question nous conduit à examiner les causes du déluge.
La cause première, origine de toutes les autres, doit
sans doute être cherchée dans le conseil de Dieu, dans la volonté arrêtée du
Tout-Puissant, dont la souveraine sagesse a voulu ou permis cet événement. Les
causes secondes sont de deux natures: les unes morales, les autres physiques.
Les causes morales sont indiquées, Genèse 6:5-13; ce sont les péchés des
hommes, leurs extorsions, leur violence, leur mépris de Dieu et de ses
commandements. Les causes physiques peuvent se découvrir, Genèse 1:6-7,9; et
7:11-12. Avant le déluge, les eaux appartenant à notre planète n'étaient pas
distribuées comme elles le sont à présent: sur la terre antédiluvienne il ne
pleuvait pas, 2:5; l'atmosphère de notre globe était entourée d'une couche
liquide, comme d'une sphère aqueuse, désignée dans la Bible par le nom d'eaux
supérieures, 1:7, «qui sont au-dessus de l'étendue» ou des cieux. C'est
probablement la rupture de l'équilibre de ces eaux que l'Écriture désigne en
disant que, lors du déluge, «les bondes des cieux furent ouvertes», 7:11.
D'un autre côté la Bible, par l'expression «abîmes»,
semble indiquer des amas d'eaux souterraines dont l'importance nous est
inconnue; ce sont les eaux sur lesquelles la terre est fondée et étendue,
Psaumes 24:2; 136:6, et qui ont été rassemblées comme en un amas dans les lieux
cachés de l'intérieur de la terre, Psaumes 33:7. L'eau que recelaient les
entrailles du globe se mit à jaillir à sa surface par torrents, comme cela
arrive encore de nos jours dans certains tremblements de terre très violents;
elle grossit en même temps les mers, qui s'accrurent, s'élevèrent et
débordèrent, selon l'énergique expression d'Éliphaz, «comme un fleuve qui a
emporté anciennement le fondement des injustes, lesquels ont été retranchés
avant leur temps», c'est-à-dire avant la fin naturelle de leur longue vie, Job
22:16.
Le texte ne dit pas quelle est la cause qui a expulsé
les eaux souterraines du sein de la terre, et les a fait jaillir à sa surface;
mais une tradition rabbinique donnera peut-être la clé de ce phénomène. Les
rabbins prétendent, en effet, que les eaux du déluge étaient chaudes; s'il en
est ainsi, l'on pourrait chercher la cause de leur soulèvement dans une action
extraordinaire de la chaleur interne (Rougemont, Fragments, etc, p. 23).
Enfin la pluie, phénomène atmosphérique tout nouveau
pour le monde antédiluvien, et qui dura quarante jours et quarante nuits, fut
la troisième, et probablement la moins importante des causes qui amenèrent le
déluge. On pourrait croire que la nouveauté de ce phénomène parut alors si
extraordinaire, que les mots «les fontaines de l'abîme et les bondes des cieux»
ne se trouvent là que par amplification, comme par une figure de rhétorique;
mais si l'on fait attention au texte, l'on verra que la pluie ne tombe que
pendant quarante jours, 7:17, tandis que les eaux continuent à croître par
trois degrés bien marqués, après qu'elle a cessé de tomber, versets 18, 19, 20,
croissance qui ne pouvait plus être attribuée à la précipitation de l'humidité
contenue dans l'atmosphère.
En considérant comme des effets ces trois déplacements
des substances liquides de notre planète, diverses causes ont été proposées
pour en expliquer l'origine. Nous ne répéterons pas ici les théories
fantastiques de Woodward, Whiston, Scheuchzer, Demaillet, Lamarck, Rodig,
Patrin et autres; mais il en est une, celle de Burnet, qui mérite d'être citée
comme plus conforme à certains passages de la Bible et à certains phénomènes
naturels.
En 1680, l'évêque
Burnet publia un livre intitulé; «The sacred Theoiy of the Earth, containing an
account of the Original of the Earth, and of all the general changes which it
hath already undergone, or is to undergo, till the consummation of all things.»
Quoique ce titre soit passablement ambitieux,
l'ouvrage le justifie du moins à un certain degré, car en prenant l'Écriture
sainte pour guide, le génie de Burnet a deviné pour ainsi dire plusieurs faits
relatifs aux révolutions de la surface du globe, que les découvertes de la
science, un siècle après sa mort, ont confirmés, ou rendu de plus en plus
probables. Il attribue à la terre antédiluvienne une température plus égale que
celle d'aujourd'hui, et semblable à un printemps perpétuel; il fait sortir les
eaux du déluge des lieux profonds et cachés de la terre; il parle de la
conflagration qui attend notre globe, et des nouveaux cieux et de la nouvelle
terre qui paraîtront après cet embrasement. Tout cela est, à la vérité, mélangé
de diverses erreurs, provenant de l'ignorance où l'on était alors de la plupart
des lois de la physique; mais ces erreurs ne doivent pas nous faire rejeter ce
qu'il y a de vrai dans l'ensemble de ses idées.
— L'un des principaux traits de ce système, c'est sa
théorie du changement de l'axe de la terre, opinion déjà proposée par un
Italien (Alessandro degli Alessandri), au commencement du seizième siècle;
cette idée fut combattue par Newton et, plus tard, par Laplace qui cherchèrent
à démontrer son improbabilité, ainsi que par Butler qui tourna le système de
Burnet en ridicule. Cependant, si l'on suppose que ce changement d'axe n'a eu
lieu que par rapport au soleil, et non par rapport aux pôles actuels du globe,
l'improbabilité diminue de beaucoup. En faveur d'un véritable changement d'axe,
l'on a cité des faits dans le genre de la découverte du mammouth de Pallas, et
l'on a dit que de tels animaux, originaires des pays chauds et trouvés près du
pôle, indiquaient que ces contrées avaient joui autrefois d'une température
bien plus élevée que celle qui y règne de nos jours, et comme l'habitation
actuelle des rhinocéros et des mastodontes, ou plutôt de leurs représentants
modernes, les éléphants, se trouve près des tropiques, l'on en avait conclu que
la zone torride avait autrefois passé par les pôles. En admettant la justesse
de ces observations, nous devons cependant nous opposer à la conclusion que
l'on en tire; nous ferons remarquer:
1. que
toutes les découvertes géologiques confirment pleinement le système qui
attribue à la terre antédiluvienne une température générale beaucoup plus
élevée et beaucoup, plus égale que celle dont elle jouit maintenant,
circonstance qui explique suffisamment la présence des cadavres de mammouths au
nord de la Sibérie; et
2. que
la forme sphéroïdale de la terre et son aplatissement aux deux pôles, montre
assez que son axe de rotation n'a pas changé depuis que la figure de notre
globe a été déterminée par la main toute puissante qui lui a fixé sa route dans
l'espace. Mais cet aplatissement ne prouve point que l'axe, restant d'ailleurs
le même, son inclinaison par rapport au plan de l'orbite, n'ait pu varier. On pourrait
alors admettre avec Burnet qu'avant le déluge, l'axe était perpendiculaire à
l'écliptique, en sorte que cette ligne n'en formait qu'une avec l'équateur, ce
qui établissait dans chaque zone une grande égalité de température. On comprend
que le changement subit de la position de notre globe, malgré la continuation
de la révolution diurne et de la révolution annuelle, ait pu rompre l'équilibre
des eaux et causer un déluge (c'est peut-être alors que commença le mouvement
de nutation de l'axe de la terre, qui serait ainsi comme un reste ou une trace
de l'ébranlement que subit alors notre globe; ce mouvement s'accomplit en
dix-neuf ans environ); mais cette secousse, cette position nouvelle ne pouvait
provenir que de celui qui avait anciennement créé la terre et les cieux. On ne
doit point voir dans la théorie de Burnet l'intention d'expliquer par des
causes secondes et naturelles, ce qu'il y eut de miraculeux dans le cataclysme
par lequel l'Éternel jugea à propos de détruire l'ancien monde, mais seulement le
désir de rechercher par quels moyens il plut à Dieu d'amener le châtiment de
ses créatures coupables.
Nous venons de remarquer que la position de l'axe
perpendiculaire à l'écliptique, établissait pour chaque zone un climat à peu
près invariable (nous disons à peu près, car, même dans cette supposition, la
forme elliptique de l'orbite et la circonstance que le soleil en occupe, non le
centre mais un des foyers, pourrait avoir occasionné quelque légère différence
de température aux diverses époques de l'année); il s'en suit naturellement que
le changement survenu dans la position de cet axe doit avoir introduit un
changement correspondant dans les climats, et avoir fait que les zones
tempérées, par exemple, connussent des élévations et des diminutions alternatives
de températures qu'elles ne connaissaient pas auparavant. Or, que nous dit à
cet égard la Bible?
— Nous remarquerons que le mot moh'adim, Genèse 1:14,
que nos traductions rendent dans ce verset par saisons, ne se trouve nulle part
employé pour signifier les variations de la température; il est toujours
traduit par lieu, signe, temps, ou temps marqué pour des solennités (tempus
constitutum); dans d'autres endroits il signifie année, comme Daniel 12:7, etc.
— Il ne signifie saisons que d'une manière
métaphorique, comme lorsque nous disons qu'une chose ou expression «n'est plus
de saison»; ainsi, Exode 13:10. Les saisons proprement dites sont indiquées
pour la première fois, mais sans être nommées, Genèse 8:22, lorsque Dieu promet
à Noé qu'il n'enverra plus de déluge sur la terre pour la faire périr: «Tant
que la terre durera, dit-il, les semailles et les moissons, le froid et le
chaud, l'été et l'hiver, le jour et la nuit, ne cesseront point.» Le jour et la
nuit existaient depuis le quatrième jour de la création, mais les six autres
termes de cette promesse, expressions correspondantes aux six saisons des
Juifs, semblent indiquer qu'il était survenu, pendant le déluge ou en
conséquence de ce cataclysme, de grands changements atmosphériques ou géologiques,
et que l'uniformité de la température des zones ayant été rompue, elle serait
remplacée par les saisons et leurs variations régulières.
Mais, dira-t-on peut-être, ces explications des causes
du déluge, ces eaux souterraines, ces eaux supérieures que vous dites avoir
existé autrefois et dont vous cherchez à établir l'existence par quelques
passages difficiles à entendre, sont bien problématiques, et s'il est vrai par
exemple que les eaux supérieures se soient versées sur la terre, que sont-elles
devenues maintenant? Sont-elles encore confondues avec les océans et les mers?
Y a-t-il actuellement assez d'eau sur le globe pour qu'elle ait jamais pu
couvrir toute la terre habitable?
Les considérations suivantes nous semblent répondre
d'une manière satisfaisante à cette question. Ajoutons que plusieurs sont
textuellement empruntées au Manuel de géologie de De la Bêche, livre écrit
uniquement en vue de la science et sans prétentions théologiques ou
religieuses. Elles auront donc d'autant plus de poids qu'elles se recommandent
par leur parfaite impartialité.
«La proportion actuelle de la surface aqueuse du globe
à la surface sèche est environ de trois à un; l'on peut donc dire que près des
trois quarts de notre globe sont couverts d'eau; la superficie de l'Océan
Pacifique surpasse même à elle seule l'ensemble de toutes les terres connues.
Quoique d'après l'idée que nous nous en formons ordinairement, nous disions que
certaines parties de la terre sont fort élevées au-dessus du niveau de la mer,
cette élévation se réduit en réalité à fort peu de chose, si on la considère
par rapport au diamètre du globe.» L'épaisseur du globe à l'équateur est de
12,753,702 mètres, soit 2,866 lieues géographiques (de 25 au degré ou de 4,450
mètres); le plus haut pic connu, le Chamalari, n'atteint qu'à 8,518 mètres; les
plus hautes cimes des Alpes ne s'élèvent guère à plus de 4,500 mètres; le
Mont-Blanc seul à 4,810 mètres environ, et la moyenne d'élévation de la partie
de la croûte terrestre qui est au-dessus de l'eau, en y comprenant toutes les
montagnes, plateaux, plaines et dépressions, ne dépasse probablement pas 600
mètres, ce qui ferait, seulement 1/21,000e de l'épaisseur du globe.
Les aspérités de la surface du globe sont donc,
relativement à son volume, infiniment plus petites que celles de la peau d'une
orange ne le sont relativement à la grosseur de l'orange. Et si l'on suppose un
globe terrestre de 1m,50 de diamètre, on ne pourra y indiquer le plus haut pic
dont on connaisse l'élévation, (le Chamalari) que par une légère protubérance
d'un millimètre; le Mont-Blanc aurait un demi-millimètre; le Jura et les
montagnes plus basses ne pourraient se distinguer des plateaux et des plaines.
Quant à la profondeur de la mer, autant qu'on peut en
juger, la moyenne est de 4 à 5,000 mètres. Pour faciliter les calculs, et pour
ajouter à leur évidence, exagérons dans les deux sens, c'est-à-dire donnons une
plus grande hauteur moyenne aux terres, et une moins grande profondeur moyenne
aux mers; en d'autres termes, supposons plus de terres élevées, et moins d'eau
pour les couvrir qu'il n'y en a réellement dans le sein des mers; il en restera
encore pour submerger la terre et tout ce qu'elle contient. Supposant donc que
la hauteur moyenne des continents et des îles soit de 2,225 mètres, et que la
profondeur de la mer soit de 4,000 mètres, puisque les continents n'occupent
qu'un quart de la surface du globe, «il est très facile de se représenter telle
position relative de la terre et des eaux, que la terre ferme se trouve de fait
occuper le fond des mers, et que de toutes parts la surface de notre globe ne
présente à l'extérieur qu'une couche d'eau.» Dans cette supposition, la couche
de terre étendue au fond des mers aurait une épaisseur de 1,668m,75, et les
eaux qui la recouvriraient en auraient le double, c'est-à-dire 3,337m,50. «Nous
ne devons considérer les terres ou continents, que comme une certaine partie de
la surface inégale du globe qui se trouve temporairement élevée au-dessus du
niveau des mers, sous lesquelles elle pourrait de nouveau disparaître, comme
cela est déjà plusieurs fois arrivé.» (La Bêche) Ainsi, en ne tenant compte que
des eaux actuellement connues, on voit qu'il y aurait amplement de quoi inonder
toute la terre.
M. Élie de Beaumont croit que l'élévation des hautes
chaînes de montagnes, comme celle des Andes, par exemple, produite par un
soulèvement du terrain, aurait été suffisante pour occasionner un déluge de
l'autre côté du globe; cette idée adoptée par de savants géologues, Buckland,
Sedgwick, de La Bêche, est combattue, presque tournée en ridicule par un autre
savant, Lyell, et au milieu des opinions et des systèmes les plus divers sur
les moyens dont il a plu à Dieu de se servir pour effectuer le déluge, il est
difficile de distinguer où est la vérité. Jusqu'à présent il nous a paru que
l'hypothèse de De Luc, déjà proposée par Hooke en 1688, était encore celle qui
concordait le mieux avec la Bible; et bien qu'elle soit rejetée par des savants
modernes pour les lumières desquels nous avons une haute estime, c'est à elle
que nous croyons devoir nous arrêter jusqu'à ce qu'on nous en fasse connaître
une qui se justifie davantage. Voici comment elle est présentée par Cuvier: «Je
pense donc, avec MM. Deluc et Dolomieu, que s'il y a quelque chose de constaté
en géologie, c'est que la surface de notre globe a été victime d'une grande et
subite révolution dont la date ne peut remonter beaucoup au-delà de 5 ou 6,000
ans; que cette révolution a enfoncé et fait disparaître les pays qu'habitaient
autrefois les hommes et les espèces d'animaux aujourd'hui les plus connues;
qu'elle a, au contraire, mis à sec le fond de la dernière mer, et en a formé
les pays aujourd'hui habités; que c'est depuis cette révolution que le petit
nombre des individus épargnés par elle se sont répandus et propagés sur les
terrains nouvellement mis à sec. Mais ces terrains avaient déjà été habités
auparavant, sinon par des hommes, du moins par des animaux terrestres; par
conséquent une révolution précédente les avait mis sous les eaux, et si l'on
peut en juger par les différents ordres d'animaux dont on y trouve les
dépouilles, ils avaient peut-être subi jusqu'à deux ou trois irruptions de la
mer.» (Cuvier, Discours sur les révolutions de la surface du globe, 3e édition,
p. 283)
Comparons maintenant ce résultat de la science avec ce
que nous dit la Bible, et nous y trouverons un accord remarquable. En parlant
des hommes antédiluviens, Dieu dit: «Je les détruirai, et la terre avec eux»,
6:13. Soutenir que «toutes choses demeurent dans le même état qu'au commencement
de la création, c'est ignorer volontairement ceci: c'est que les deux et la
terre furent autrefois créés par la parole de Dieu;» cette terre «qui fut tirée
de l'eau, et qui subsistait parmi l'eau, périt par ces choses mêmes;» «le monde
d'alors périt étant submergé par les eaux du déluge», 2 Pierre 3:4-6. Or, ces
expressions si fortes: «je détruirai la terre des méchants», — «le monde
d'alors périt par les eaux», peuvent-elles s'entendre d'une submersion
momentanée d'un pays? Supposons que l'Angleterre, par un affaissement des
couches souterraines, par une élévation de l'Océan, ou par toute autre cause,
vienne à être inondée pendant quelques mois; puis qu'elle ressorte des eaux et
se couvre comme auparavant de végétation; qu'un petit nombre d'Anglais échappent
à l'inondation dans un vaisseau, avec des animaux, puis qu'un an après, lorsque
les eaux se sont écoulées, ils débarquent sur ce même pays, qu'ils l'habitent
de nouveau et le cultivent comme auparavant, pourra-t-on dire que l'Angleterre
a été détruite? qu'elle a péri avec tout ce qu'elle contenait? Non, ces
expressions indiquent une destruction plus complète, telle, par exemple, que
celle qui aurait été la conséquence naturelle de l'affaissement des anciens
continents et de leur submersion permanente. Ceci explique aussi pourquoi l'on
ne trouve point sur la terre actuelle de fossiles humains; tous les habitants
de l'ancien monde, tant hommes qu'animaux terrestres, ont dû être entraînés au
fond de l'Océan, où, mêlés avec le limon qui y a été déposé dans la suite des
siècles, ils contribueraient maintenant à la formation des roches sub-marines
(comme les animaux victimes des révolutions antérieures), si le, jour ne
s'approchait pas où la mer sera forcée de «rendre les morts qui sont en elle»,
Apocalypse 20:13.
À cette théorie l'on a objecté que la Bible en nous
donnant, Genèse 2, la description d'une partie du monde antédiluvien, emploie
les noms de lieux actuellement existants, nous parle du Gihon, de l'Euphrate,
du pays de Havila, du pays de Cus, de l'Assyrie; c'est donc en ces lieux,
a-t-on dit, et autour de ces lieux, qu'ont habité les premiers hommes; les
anciens continents sont donc aussi les mêmes que ceux que nous connaissons
aujourd'hui. Mais si l'on insiste sur la similarité des noms, on oublie les
rapports de position relative qui nous sont indiqués dans ce chapitre, rapports
qui ne se retrouvent nullement dans les localités actuellement existantes. En
effet, que lisons-nous? «Un fleuve sortait d'Éden pour arroser le jardin, et de
là il se divisait en quatre fleuves.» Les savants et les commentateurs de la
Bible se sont donné une peine infinie pour expliquer ce passage; on a voulu
voir dans les fleuves du paradis quatre rivières existantes de nos jours. Quant
à l'Euphrate, dit-on, il ne peut y avoir aucun doute, c'est le fleuve connu
aujourd'hui sous ce même nom; le Tigre est clairement désigné dans la Bible
sous le nom de Hiddekel; le Phasis est le Pison, et l'Araxe le Guihon: ces
quatre fleuves sortent tous de l'Arménie; c'est là donc qu'était le paradis
terrestre. Mais il est évident que quoique ces rivières prennent leur source
dans des contrées peu éloignées les unes des autres, elles n'ont jamais pu
former un seul fleuve divisé en quatre bras. L'Euphrate a deux sources; celle
qui est la plus voisine de L'origine du Tigre en est encore distante de 400
kilomètres. La source de l'Araxe (qui se jette dans la mer Caspienne) est, il
est vrai, à quelques lieues d'une des sources de l'Euphrate, près d'Erzeroum,
mais elle en est séparée par une chaîne de montagnes; le Phasis enfin, que l'on
suppose être le Pison, prend sa source à près de 320 kilomètres au nord de
celle de l'Euphrate. On ne peut donc rattacher les fleuves paradisiaques à
l'Euphrate actuel.
Les raisons qui ont été proposées en faveur de cette
hypothèse pourraient tout aussi facilement s'appliquer au Djihoun (l'Oxus), qui
prend sa source à 2,000 kilomètres d'Erzeroum, dans les monts du Belour, et se
jette dans la mer d'Aral. Il serait facile de chercher dans le Sinon ou
Jaxartes, et dans deux autres grandes rivières dont les sources sont peu
éloignées de celles du Guihon, le Hiddekel, le Pison et l'Euphrate.
Si les noms des fleuves sont un guide incertain pour
trouver le site d'Éden, et par conséquent l'emplacement des anciens continents,
les noms des pays le sont tout autant. Où est le pays de Havila? Deux
descendants de Noé ont porté ce nom, l'un fils de Cus, l'autre fils de Joktan,
Genèse 10:7,29, et cela lors de la dispersion; duquel des deux s'agit-il, et où
leur portion leur a-t-elle été assignée? Qu'est-ce aussi que ce pays de Cus? Ce
nom est donné dans la Bible tantôt à l'Arabie Pétrée, tantôt à la Bactriane,
tantôt à l'Assyrie, tantôt à l'Éthiopie ou la Nubie. Après toutes ces
incertitudes, qui nous garantit que le pays nommé Assur, Genèse 2:14, soit bien
le même qui fut plus tard l'Assyrie P.
Nous ne rappellerons pas ici les diverses hypothèses
qui ont été faites pour concilier la description du jardin d'Éden avec un
endroit quelconque de la terre; il est facile de les réfuter. L'on n'a pu
découvrir jusqu'à présent la véritable position du paradis terrestre, et on ne
Je pourra jamais, s'il est vrai, comme nous le croyons, qu'il ait été englouti
au fond des mers par le déluge avec les anciens continents; mais l'explication
qui nous paraît la plus naturelle et la plus simple est celle-ci: de même que
les colons européens qui se sont établis en Amérique, ont donné aux localités
nouvelles pour eux des noms de leur ancienne patrie qui leur étaient chers,
comme Nouvelle-Espagne, Nouvelle-Angleterre, New-York, Nouvelle-Orléans, ou
même des noms européens sans y ajouter l'épithète de nouveau, comme Boston,
Vevey, Paris, Francfort, etc.; ainsi les Noachides, à leur sortie de l'arche,
donnèrent probablement aux montagnes, aux vallées, aux rivières qu'ils
découvrirent, les noms qui leur avaient été familiers avant le déluge; cela
explique comment on trouve de grandes rivières comme le Guihon, le Hiddekel (ou
Tigre), et l'Euphrate, portant des noms antédiluviens, quoique dans une
position géographique relative très différente de leurs prototypes.
Autre difficulté: le mont Ararat, sur lequel l'arche
de Noé s'arrêta, est aujourd'hui couvert de neiges qui ne se fondent jamais;
comment Noé et sa famille ont-ils pu vivre dans une température si froide et
dans un air si raréfié?
— Réponse: à mesure que les eaux s'élevaient, les
couches atmosphériques s'élevaient avec elles, de telle façon que l'air qui
environnait l'arche au moment même de la plus haute crue des eaux, n'était ni
plus froid, ni plus raréfié que celui qu'on respirerait de nos jours au niveau
de la mer à la même latitude. Ceci est d'autant plus important à remarquer que
nous verrons tout à l'heure que l'arche s'est probablement arrêtée dans des
régions bien autrement élevées, relativement aux basses terres actuelles, que
ne le sont les montagnes de l'Arménie.
Pour n'avoir pas voulu recevoir purement et simplement
le récit de Moïse, on s'est aussi créé bien des difficultés relativement à
l'arche. Nous ne les rappellerons pas ici, puisqu'elles sont traitées et
aplanies dans une autre partie de cet ouvrage (— Voir: Arche); nous ajouterons
seulement que, si comme on a tout lieu de le croire, la température de la terre
était avant le déluge plus chaude et plus uniforme qu'elle ne l'est de nos jours;
si de plus, comme M. de Rougemont l'a établi, le nombre des espèces d'animaux
était moindre avant qu'après le déluge, il n'y a rien que de très facile à
comprendre dans tout ce récit. Avant le déluge, les hommes ne formaient qu'un
peuple; les animaux habitaient probablement ensemble les mêmes climats, les
mêmes contrées; par conséquent ils n'eurent pas de longs voyages à faire pour
se rendre dans l'arche, ainsi qu'on a voulu le supposer.
Nous ne pouvons nous empêcher de faire ici un
rapprochement qui offre quelque intérêt. En 1839, un ouragan effroyable avait
soulevé les flots du golfe de Bengale avec tant de violence que la mer se porta
avec une force extraordinaire sur les terres, remontant à quelques lieues dans
l'intérieur par le Delta du Gange; les îles qui se forment à l'embouchure du
fleuve par l'accumulation du limon, et qui dans ce climat chaud et humide se
couvrent promptement de végétation et d'animaux, furent en partie entraînées
par les eaux, ce fut en particulier le sort de la grande île de Saint-Edmond
qui était cultivée et habitée par une population assez nombreuse. On vit alors
hommes et quadrupèdes, oiseaux et reptiles chercher le même abri contre la
fureur des eaux; dans un jardin dont les murs avaient résisté au courant, se
réfugièrent pêle-mêle et sans penser à se nuire réciproquement, des Européens,
des Malais, des Indous, des animaux domestiques, des serpents, des cerfs et
deux tigres sauvages, tout autre instinct ou disposition de timidité ou de
férocité naturelle cédant au besoin de pourvoir à la sûreté individuelle, et
disparaissant devant l'effroi qu'inspirait le combat des éléments déchaînés.
Sans doute les animaux furent dirigés vers l'arche par
une intervention spéciale de la Providence, comme celle qui fit prendre aux
deux génisses des Philistins le chemin de Bethsémès, 1 Samuel 6:9-12. Mais il
est bien possible que l'effroi que devait leur causer des phénomènes aussi
effrayants et aussi inaccoutumés que la rupture des sources du grand abîme et
des cataractes des deux, ait été un moyen de dompter temporairement leur
férocité naturelle, et de les assujettir au très petit nombre d'hommes qui se
trouvaient enfermés avec eux.
Au cent cinquantième jour, est-il dit dans le texte,
l'arche s'arrêta sur les montagnes d'Ararat; les eaux environnantes
continuèrent à décroître, et ce ne fut que dix semaines plus tard que l'on
aperçut le sommet des montagnes; il fallait donc que celui de l'Ararat fut
excessivement élevé en proportion des autres, et cela ne s'accorde pas avec ce
qui nous est connu des centrées de l'Arménie où existe de nos jours le volcan
de ce nom. L'on peut concilier de plusieurs manières cette contradiction
apparente. En effet, il est bien possible que la Genèse, en disant, 8:4, que
l'arche s'arrêta sur les montagnes d'Ararat, veuille dire simplement au-dessus,
mais sans les toucher; s'il en est ainsi, l'on comprend qu'il se soit écoulé
soixante et douze jours entre le moment où l'arche s'arrêta, et celui où les
premiers sommets des montagnes parurent; car, pour ne pas parler des hautes
cimes des monts Yunnan en Chine, qui n'ont pas encore été mesurées, le plus
haut pic dont on connaisse l'élévation en nombres, celui du Chamalari dans
l'Himalaya, a 26,266 pieds, (environ 9000 mètres); ce qui, en y ajoutant 15
coudées, soit 22 pieds, donnerait pour le maximum de la crue des eaux
diluviennes une hauteur totale de 26,288 pieds. Lors donc que le sommet du
Chamalari parut à fleur d'eau, il y avait encore au-dessus de l'Ararat une
couche de liquide de 14,288 pieds d'épaisseur, puisque celui-ci n'a que 12,000
pieds d'élévation; ou, ce qui revient au même, le Chamalari devait déjà être de
14,260 pieds hors de l'eau quand le sommet de l'Ararat parut. Si l'on veut
entendre par le mot sur, Genèse 8:4, que l'arche toucha effectivement les
rochers de l'Ararat, on peut faire remarquer que le verset 5 du chapitre 8, ne
parle pas (comme 7:19) de toutes les plus hautes montagnes qui étaient sous
tous les cieux, mais simplement des montagnes, et cela après avoir fixé la
position de l'arche; l'on pourrait donc l'entendre des montagnes de la contrée
environnante; effectivement elles sont bien plus basses que l'Ararat, dont le
double pic, toujours couvert de neiges éblouissantes, s'élève comme un géant au
milieu d'une vaste plaine et domine toutes les hauteurs qui l'entourent. Mais
voici une troisième solution qui nous paraît être la véritable.
Si au lieu de chercher l'Ararat dans le système des
monts appartenant au Caucase occidental, on le cherche dans le Caucase indien,
l'Immaüs des anciens, qui comprenait l'Himalaya et le Hindou-Koush, nous
arriverons à des résultats plus satisfaisants et qui concorderont mieux avec le
récit biblique, et avec les traditions des plus anciens peuples. Cette idée,
proposée il y a plus de deux siècles et demi par sir Walther Raleigh, adoptée
et soutenue depuis lors par Shuckford, Kirby et quelques autres savants, est
aussi celle qui paraît la plus naturelle. Nous ne connaissons pas, il est vrai,
de pic ou de cime appartenant à ces chaînes qui porte le nom d'Ararat, mais si
nous remarquons, d'une part, que ces pays sont encore fort peu connus des
Européens et, de l'autre, que les noms des lieux ont souvent changé, nous ne
nous étonnerons pas que celui de la montagne sur laquelle descendit l'arche,
ait pu se perdre dans les siècles suivants. Ce qu'il y a de certain, c'est
qu'après le déluge, les premiers hommes descendirent bientôt des montagnes dans
les régions plus basses, étant chassés par le froid qui augmentait sur les
terres élevées à mesure que les eaux s'abaissaient ou que les continents
surgissaient du sein des mers; et qu'après avoir cheminé, pendant plusieurs
années, d'orient en occident, ils arrivèrent dans le pays de Sinhar où ils
bâtirent Babel. Or, s'ils étaient venus de l'Arménie, ils auraient cheminé du nord
au sud, ou même au sud-sud-ouest, ce qui est tout à fait contraire à
l'expression mikkedem, employée Genèse 11:2.
La direction de l'émigration des premiers hommes,
indiquée dans le passage que nous venons de citer, s'accorde d'une manière
remarquable avec la tradition du Zend Avesta sur les premiers établissements
des nations sur la terre. Dans le 1er Fargard du Vendidat, Ormuzd raconte à
Zoroastre qu'il avait créé un lieu de délices, nommé Eerieene-Veedjo
(confondant l'habitation d'Adam avant la chute, avec celle de Noé après le
déluge): là dessus Ahriman, l'esprit du mal, crée l'hiver qui chasse les
premiers hommes, et les contraint à former d'autres établissements; Balkh,
Nesa, et Meru en Khorassan, al Soghd, Caboul, Hérat sont nommés successivement,
et toutes ces villes sont aux environs de la haute chaîne de montagnes qui lie
le système de l'Himalaya avec les chaînes de l'Asie centrale. (Heeren, Id. ub.
die Politik, etc.)
Les traditions indiennes et chinoises placent aussi
dans cette partie de l'Asie le berceau de l'espèce humaine (Rougemont,
Fragments, etc. Kirby, Bridgewater Treatise, I, p. 45. 46, etc.). Un fragment
de poésie sanscrite, traduit il y a quatre années dans le Quarterly-Review,
nous représente Menou (le Noé indien) et les sept personnes qui avaient avec
lui échappé au déluge, comme seuls dans le monde sur un grand vaisseau conduit
par un poisson. Après avoir vogué ainsi pendant des années, ils atteignent le
plus haut pic du Himavan (Himalaya) qui paraissait au-dessus des eaux; le poisson
dit à Menou d'y attacher son navire, et de nos jours encore, dit l'auteur
sanscrit, ce pic porte le nom de Naubandhana. Les Afghans croient que l'arche
s'arrêta sur le Suffid-Koh, entre Caboul et Peshawur, montagnes couvertes de
neiges éternelles; mais il est probable que ce n'est pas encore là le véritable
Ararat.
La grande chaîne de l'Himalaya, qui forme la frontière
septentrionale de l'Inde, depuis l'Assam au Punjab, perd son nom après avoir
passé l'Indus au nord-est de Cachemire, et prend celui de Hindou-Koush; quoique
le nom soit donné par extension à toute la chaîne qui s'étend de Gilget à
Hérat, ce n'est à proprement parler que celui d'un pic immense qui s'élève à
une hauteur si considérable au-dessus des monts environnants, que le voyageur
Burnes dit qu'il les fait paraître comme des collines insignifiantes (A.
Burnes, gênerai and geographical Memoir on part of central Asia, et, Travels
into Bokhara). Et cependant une de ces collines, le Koh-i-Baba, mesuré par
Burnes, a 18,000 pieds d'élévation, et le col ou passage de Kalou sur la route
de Caboul à Barnian est déjà à 13,000 pieds. Dans ces montagnes, cette dernière
mesure est bien au-dessous de la limite des neiges dites éternelles; à 10,000
pieds au-dessus de la mer on y voit des champs labourés que l'on ensemence à la
fin de mai pour les moissonner en octobre, tandis que sur les Alpes on trouve
déjà la neige perpétuelle entre 8 et 9 mille pieds (D'après Humboldt, la limite
des neiges sur les Cordillières de Quito (sous l'équateur) est de 14,760 pieds
de roi: sur les Cordillières de Bolivia, elle est même à plus de 16,000 pieds).
— Quant au grand pic auquel appartient proprement le
nom de Hindou-Koush, il n'a jamais été mesuré; mais à en juger par la longueur
de son manteau de neige et l'extrême rareté de l'air sur le col qui est à sa
base, il doit être probablement la montagne la plus haute du monde; les hommes
les plus robustes des environs, quoiqu'accoutumés à respirer les couches d'air
raréfié qui se trouvent à 10 ou 12 mille pieds au-dessus de la mer, ont la plus
grande peine à traverser ce col; la respiration devient très difficile, l'on
éprouve des vertiges et des vomissements, la plupart des bêtes de somme qui
tentent ce passage y périssent, et même les oiseaux, ne pouvant se soutenir en l'air,
sont contraints de marcher et meurent presque tous sur les neiges. Ce fait est
attesté par des historiens anciens aussi bien que par les voyageurs modernes.
Ceux qui se hasardent dans ce périlleux passage évitent toute espèce de bruit,
de crainte, disent-ils, que l'ébranlement ne détermine la chute des avalanches.
Puisque les symptômes éprouvés au passage du
Hindou-Koush sont les mêmes que ceux qu'on éprouve au sommet du Mont-Blanc; que
la ligne des neiges sur le revers septentrional de l'Himalaya est, d'après
Maltebrun, à environ 15,600 pieds, tandis que sur les Alpes elle est à 8,220;
puisque d'autre part la cime du Mont-Blanc atteint 14,600 pieds, c'est-à-dire
6,380 pieds au-dessus des neiges éternelles, ce n'est pas trop que de supposer
la même différence sur le Hindou-Koush, entre la limite des neiges et le haut
du col, ce qui donnerait à ce dernier près de 22,000 pieds d'élévation; la
pyramide du Hindou-Koush, qui s'élève au-dessus du col, pourrait donc avoir une
hauteur totale, égale ou supérieure aux plus hautes cimes de l'Himalaya, et
l'arche aurait pu s'arrêter sur cet Ararat indien, alors même que l'eau
dépassait de beaucoup la hauteur des plus hautes montagnes qui sont sous tous
les cieux.
C'est ce géant entre les montagnes que nous croyons être
le véritable Ararat, et si l'on admet cette supposition, elle explique et la
longueur de l'espace de temps qui s'est écoulé entre le moment où l'arche s'y
serait arrêtée, et celui de l'apparition des sommets des montagnes voisines, et
le voyage des Noachides qui venait de l'Orient lorsqu'ils arrivèrent au pays de
Scinhar; et la tradition du Vendidat sur les premiers établissements des
hommes; et bien d'autres circonstances encore, entre autres l'application des
noms des rivières paradisiaques à des fleuves post-diluviens, et l'ordre de
cette application. En effet, supposant que Noé et ses enfants eussent abordé
sur le Hindou-Koush, les premiers hommes se seront naturellement répandus sur
le haut pays environnant; puis la difficulté d'y voyager les aura engagés à
descendre dans des parties plus accessibles, la diminution de la chaleur leur
faisant en même temps rechercher les plaines. Il n'est point extraordinaire
qu'ils aient donné aux grands fleuves qu'ils trouvaient sur leur chemin, des
noms qui leur étaient déjà connus; ils auront nommé le premier Pison; peut-être
était-ce le Caboul ou l'Indus; après avoir exploré une partie des contrées au
sud de l'Hindou-Koush jusqu'à l'une de ces deux rivières, trouvant le pays trop
montueux, ils se seront peut-être tournés vers le nord, puis ils auront donné à
l'Oxus le nom de Guihon ou Djihoun, qu'il porte encore de nos jours. De là,
continuant leur chemin d'Orient en Occident, presqu'en ligne droite, de Balkh
(ou Bactres) à Babylone, le troisième grand fleuve qui se trouvait sur leur
route est le Tigre, qu'ils auront appelé Hiddékel; le quatrième est l'Euphrate;
c'est le même ordre dans lequel ils sont énumérés dans la Genèse.
Une difficulté reste encore à examiner: d'où provenait
la branche d'olivier que la colombe rapporta à Noé? Les commentateurs qui ont
fait aborder l'arche en Arménie ont été embarrassés de trouver que l'olivier ne
croissait point dans ce pays; mais d'autres ont prouvé qu'il y croissait
anciennement, lorsque la température de la terre était plus chaude qu'elle ne
l'est de nos jours (Richter, Hausbibel); d'autres aussi ont démontré que les
oliviers peuvent pousser des feuilles sous l'eau. Mais, d'un autre côté, les
géologues pensent que la force dissolvante et corrosive des eaux du déluge,
dont on voit de nos jours tant de traces, de ces eaux qui avaient enlevé les
rochers des plus hautes cimes, creusé des vallées, rompu en quelques lieux des
digues naturelles, élevé ailleurs des amas de débris, de boue et de cailloux,
laissé après leur passage des lacs et des méditerranées;
— ils pensent, disons-nous, que des eaux agissant avec
une telle force, doivent avoir détruit toute la végétation, enlevant dans leur
cours les couches de terre végétale, et tout ce qui y croissait. Comment alors
l'olivier aurait-il résisté? Pour nous qui croyons, avec Cuvier et d'autres,
que les anciens continents ont été détruits, nous ne pouvons admettre qu'aucun
arbre antédiluvien se trouvât dans le voisinage de l'arche, croissant au lieu
qui l'avait vu naître avant le cataclysme; il n'aurait pu s'y trouver, à la
rigueur, que quelques plantes marines. Nous pensons que lors qu'après les 150
jours Dieu lit sortir la terre du sein de l'eau, ce qui se passa fut une
répétition du 3e jour de la création; Dieu dit: «Que les eaux qui sont
au-dessous des cieux soient rassemblées en un lieu et que le sec paraisse, et
ainsi fut.» Et la terre après cette crise, ou soir cosmogonique, obéissant aux
lois qui lui avaient été données au 3e jour, poussa son jet et produisit de
l'herbe portant sa semence selon son espèce, et des arbres qui avaient leur
semence en eux-mêmes. De même que pendant les trois derniers jours de la
création, et après les soirs cosmogoniques qui les avaient précédés en
bouleversant tout ce qui se trouvait sur la surface du globe, la végétation
s'était chaque fois reproduite, ainsi, après le déluge, la terre nouvelle qui
venait de sortir des eaux se couvrit de plantes et d'arbres utiles à ses
nouveaux habitants; les conditions de chaleur et d'extrême humidité qui furent alors
si défavorables à la longueur de la vie des hommes, durent, au contraire,
pénétrer les plantes, comme sous les régions humides des tropiques, d'une
vigueur végétative extraordinaire, et leur procurer une prompte croissance;
ainsi, lorsque la colombe sortit pour la première fois, les plantes ne
faisaient que de commencer à germer sur la partie de la terre que les eaux
avaient laissée à découvert; une semaine après elle trouva déjà des rameaux et
des feuilles, mais pas de branche assez forte pour qu'elle pût s'y percher;
lorsqu'elle sortit pour la troisième fois, le bois commençait déjà à pouvoir la
porter. La température de ces hautes contrées étant alors celle des plus basses
régions de l'air, il n'est pas étonnant qu'il put y croître des oliviers dans ce
temps-là, tandis qu'aujourd'hui l'on ne trouve à leur place que des neiges qui
ne fondent jamais.
Nous devons faire observer ici que l'histoire du
déluge nous donne une preuve remarquable de la manière de compter le temps; il
était évidemment divisé en semaines, 7:4,10; 8:9-10,12, ou espaces de sept
jours; et il n'est pas probable que le pieux patriarche Noé, cet homme juste et
plein d'intégrité, qui marchait avec Dieu, négligeât ses commandements et
oubliât de sanctifier le septième jour établi pour être un jour de repos dès la
création du monde.
Il paraît que longtemps encore après le déluge il
continua de s'opérer dans le monde des changements remarquables; la vie des
hommes fut abrégée, les langues et les nations se formèrent, et prirent d'une
manière permanente les caractères nationaux qui forment leur cachet distinctif.
Les variétés produites chez les animaux par la différence des climats, de la
nourriture et du genre de vie, donnèrent naissance aux espèces. Dans la nature
inanimée il s'opérait des changements correspondants: les contrées volcaniques
qui forment l'archipel indien, celui du Japon, les Kouriles, les Aléoutes, les
Antilles, après avoir été assez longtemps élevées au-dessus des mers pour que
les isthmes qui les joignaient eussent pu servir de passage aux hommes qui
allèrent s'y établir, s'enfoncèrent probablement dans l'eau à peu près au point
où nous les voyons aujourd'hui, de manière à ne laisser au-dessus de la surface
que les parties les plus élevées de ce vaste continent sous la forme d'îles et
d'îlots. Si l'on trouve cette hypothèse trop hardie, l'on n'a qu'à examiner ce
qui se passe actuellement dans ces mêmes régions, et l'on sera convaincu que si
de nos jours encore des îles et des montagnes surgissent de l'Océan, tandis que
d'autres contrées sont englouties par la mer, de semblables changements ont
bien pu avoir lieu il y a 4,000 ans. Dans les îles Aléoutes, par exemple, en
1806, une île sortit de la mer, qui avait 4 milles géographiques de tour; une
autre fut formée en 1814, sur laquelle était un pic de 3,000 pieds de haut. En
1737, par suite de tremblements de terre et d'irruptions volcaniques, la côte
du Kamtchatka subit, de grands changements: des lieues entières de côtes
s'enfoncèrent dans la mer, des plaines furent soulevées et devinrent des
plateaux, de nouvelles baies et de nouveaux lacs furent formés. Le 4 février
1797, une étendue de pays de 40 lieues de long et 20 de large, près de Quito,
reçut une forte impulsion d'ondulation qui dura quatre minutes et renversa de
fond en comble toutes les villes et villages; ce mouvement se fit sentir plus
ou moins sur une longueur de 170 lieues du nord au sud, et de 40 de l'est à
l'ouest; au pied du volcan de Tunguragua la terre s'entrouvrit et donna passage
à des torrents d'eau et d'une boue fétide, qui dans des vallées de 1,000 pieds
de largeur atteignirent à la hauteur de 600 pieds, laissant sur leur passage
des dépôts de limon qui interceptèrent une rivière et amenèrent la formation de
lacs, jusqu'à ce que l'eau accumulée pendant 80 jours, eut acquis une masse
suffisante pour rompre et entraîner ces digues (Lyell, Principles of Geology,
vol. l, p. 470; 510; 472).
Il serait facile de multiplier à l'infini les
exemples, mais nous croyons en avoir dit assez pour démontrer la possibilité de
la rupture des isthmes qui unissaient au nord l'Asie avec l'Amérique, au sud
l'Asie avec la Nouvelle-Hollande et toutes les îles intermédiaires, isthmes qui
n'étaient plus nécessaires après avoir contribué à l'exécution de l'ordre de
Dieu, Genèse 8:17; 9:1, en fournissant aux hommes et aux animaux un chemin pour
se répandre sur la plus grande partie de la terre et la peupler.
— Nous ne prétendons pas cependant par là, que toutes
les îles, et tous les pays aient été habités dès le temps de la dispersion; au
contraire, il est notoire que plusieurs lieux sont restés inhabités pendant des
siècles, jusqu'à ce que les progrès de la navigation y aient fait aborder des
hommes, soit par suite de voyages, de découvertes et de conquêtes, soit qu'ils
y aient été jetés contre leur gré par des tempêtes et des naufrages. Pour ne
citer que l'exemple le plus rapproché de nos pays, l'Islande n'a été découverte
que dans le huitième siècle, et la première colonie s'y établit l'an 874; ce ne
fut qu'un siècle plus tard, qu'un seigneur, Torwald, découvrit le Groenland et
s'y établit; il en est sans doute de même d'un grand nombre d'îles de la mer du
Sud. À ce propos nous ferons remarquer que les pays dont nous venons de parler,
offrent une nouvelle preuve du refroidissement graduel de la chaleur du globe,
car l'Islande et le Groenland jouissaient il y a mille ans d'un climat doux et
tempéré; il y croissait beaucoup d'arbres, les côtes étaient couvertes de
verdure, la mer très poissonneuse et les forêts pleines de gibier, (Mallet,
Introduction à l'histoire du Danemark). À la même époque la vigne et le
grenadier croissaient en Angleterre.
On peut reconnaître dans cette interruption des
communications, une direction particulière de la sagesse éternelle, qui voulait
qu'après trente-sept siècles de séparation, les hommes, en se retrouvant,
retrouvassent aussi chez presque tous les peuples ces traditions si
remarquables sur la création, la chute des premiers hommes, le meurtre d'Abel
et surtout ce déluge duquel date la formation de toutes les races actuelles, ce
déluge qu'on voit représenté dans la langue hiéroglyphique des Chinois, comme
sur les monuments mexicains et sur la médaille d'Apamea Kibotos; événement dont
le souvenir se retrouve non seulement chez toutes les nations instruites de
l'antiquité européenne et asiatique, mais encore aux îles Sandwich, chez les
tribus errantes de l'Amérique du nord, comme chez les Péruviens et les Mozcas
dans la Péninsule méridionale.
— Il serait trop long de donner ici un résumé de ces
traditions; ceux de nos lecteurs qui désireraient examiner ce sujet, trouveront
des détails intéressants dans les Fragment de l'histoire de la terre, de M. F.
de Rougemont, que nous avons souvent eu l'occasion de citer; dans l'ouvrage du
docteur Wiseman, intitulé Lectures on the connexion between science and
revealed Religion, I, 133; 328-371, II, 127-152; dans le Dictionnaire des
cultes religieux, article Déluge;
— Voir: aussi le Discours sur les Révolutions de la
surface du globe, par Cuvier, p. 165-179; l'Histoire des Incas, de Garcilasso
de la Vega; la Conquête du Pérou, par don Augustin de Zarate; l'Analyse des
traditions religieuses des peuples de l'Amérique, par Kastner, et en général
toutes les mythologies.
Quelques auteurs croient que les traditions diluviennes
qui portent le nom de Yao en Chine, d'Ogygès et de Deucalion dans l'occident,
ne sont pas des traces défigurées du déluge universel seulement, mais se
rattachent à des inondations postérieures qui auront eu lieu par la rupture de
lacs, et divers changements volcaniques ou autres survenus depuis Noé sur la
surface du globe; nous ne prétendons pas décider cette question, mais ce qui
nous paraît certain, c'est qu'à toutes ces traditions se trouve mêlée l'idée du
repeuplement de la terre par une seule paire d'êtres humains, idée qui est
évidemment la même que celle qui nous est donnée sous sa véritable forme dans
le récit de Moïse.
Nous ne pouvons quitter cet intéressant sujet, qui
mériterait d'être traité bien plus longuement qu'on ne peut le faire dans un
ouvrage de cette nature, sans faire encore quelques rapprochements.
L'histoire du déluge a été inscrite dans nos livres
sacrés par la direction du Saint-Esprit, non comme un simple document
historique qui, seul entre tous les livres que possèdent les hommes, raconte
leur véritable origine et donne la clé de la formation des langues et des
nations, et des traces de bouleversement que l'on remarque sur notre globe,
mais surtout pour nous donner une grande et effrayante leçon, qui enseigne aux
hommes à fuir le péché et à s'attacher à l'Éternel comme au rocher des siècles,
qui seul subsiste, lorsque les grandes eaux des tribulations engloutissent tous
les rochers terrestres sur lesquels nous cherchons trop souvent notre appui. Le
déluge est un emblème du châtiment éternel qui atteindra un jour les méchants,
et l'arche est celui du seul moyen de salut qui nous est offert; il ne servit
de rien aux hommes de se tenir près de Noé et de nager à côté de l'arche en
suivant la même direction; c'est dans l'arche qu'il fallait être: ainsi l'on
aurait beau être près de la vérité, tout près de la foi, si l'on n'est qu'à peu
près chrétiens à l'heure où l'abîme du tombeau viendra réclamer sa proie, si
l'on n'a pas contracté alliance avec Dieu par Christ le seul médiateur, cela ne
servira de rien; les flots du déluge arriveront mugissants, non pas ceux du
grand abîme seulement, mais les flots de «l'étang ardent de feu et de souffre,
ce feu éternel qui est préparé au diable et à ses anges.» (Apocalypse 19:20;
Jude 6:7; — Matthieu 23:41)
— Si au contraire, comme Noé, nous avons trouvé grâce
devant Dieu par la foi au sang de Christ, et que comme lui nous marchions avec
Dieu, Genèse 6:8-9, nous n'aurons rien à craindre: quand nous passerons par les
eaux, Dieu sera avec nous, et elles ne nous noieront point, Ésaïe 43:2.
Qu'est-ce qui a perdu l'ancien monde? Les mauvaises pensées et leurs fruits,
savoir: la désobéissance, l'impiété, la malice, la corruption, l'extorsion,
Genèse 6:5,11-12; 1 Pierre 3:20; 2 Pierre 2:5; 3:7, l'incrédulité en un mot,
car Noé était à l'ancien monde un prédicateur de justice pendant qu'il
bâtissait l'arche et que la patience de Dieu attendait pour la dernière fois.
Mais ils ne crurent point à sa parole, ils ne l'écoutèrent point, ils ne se
repentirent point, comme le firent les Ninivites à la prédication de Jonas; ils
ne changèrent rien à leur conduite ni à leur genre de vie, «on mangeait, on
buvait, on prenait et on donnait en mariage, et le déluge vint qui les fit tous
périr;» mais Noé crut, comme Abraham, et cela lui fut imputé à justice, «car
c'est par la foi que Noé ayant été divinement averti des choses qu'on ne voyait
point encore, craignit, et bâtit l'arche pour sauver sa famille; par là il
condamna le monde et fut fait héritier de la justice qui est par la foi»
Hébreux 11:7;
— Voir: les Sermons de Rochat, t. VI.
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DÉMAS.
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Un des membres de l'église primitive; il se trouvait à
Rome pendant la première captivité de saint Paul, et lui témoignait alors de
l'attachement, Colossiens 4:14; Philémon 24; plus tard il l'abandonna par
faiblesse, par crainte de la persécution peut-être, et par amour du monde, 2
Timothée 4:10, nous laissant un triste exemple de l'inconstance et de l'infidélité
produite par l'attachement à ce présent siècle et par les soucis de la vie.
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DÉMÉTRIUS,
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1. Actes
49, orfèvre d'Éphèse dont le principal revenu consistait dans la fabrication de
petits temples en argent, représentant le fameux temple de Diane qui se
trouvait à Éphèse, et que l'on considérait comme l'une des sept merveilles du
monde. La prédication de saint Paul ayant détourné un grand nombre de personnes
du culte de cette déesse, fit baisser considérablement le prix de la
marchandise, ce que Démétrius et les siens prirent en mauvaise part: Démétrius
en particulier qui retirait le plus grand profit de cette vente, et qui paraît
avoir été habile et rusé, réunit ses ouvriers et les gens de son métier, s'arma
des grands noms de la religion, de la divinité, du culte en danger; échauffa
toutes les têtes, et fit si bien qu'après qu'il eut parlé, tous sortirent en
criant pendant plusieurs heures: Grande, grande est la Diane des Éphésiens!
toute la ville fut dans la confusion; on courut au théâtre, Paul même voulut
s'y rendre et n'en fut empêché que par ses amis; Alexandre ne put se faire
entendre parce qu'il était juif, et ce n'est que tard que le secrétaire, l'un
des magistrats de la ville, réussit à apaiser la sédition en faisant craindre
au peuple que les magistrats supérieurs, les proconsuls, n'élevassent contre
eux tous une accusation d'émeute, et ne les fissent condamner.
2. Démétrius,
3 Jean 12; chrétien fidèle auquel l'apôtre rend un excellent témoignage,
ajoutant que la vérité aussi le lui rend; quelques-uns supposent que c'est le
même que le précédent; il aurait été converti plus tard; rien n'appuie comme
rien ne combat cette Supposition, cependant peu probable; on croit qu'il était
pasteur.
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DÉMON,
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Selon la mythologie chrétienne, les démons seraient
des anges déchus, notion qui vient des mythes de l’ancienne Babylone, de la
Perse, et du livre d’Énoch.
(viens du Hébreu «ombre» dont les synonymes sont:
apparence, chimère, contrariété, doute, illusion, inquiétude, malaise,
mélancolie, obscurcissement, préoccupation, prétexte, semblant, sombreur, et
soupçon; dans le Grec ce terme peut se traduire comme: désobéissance
récalcitrante, insoumission entêtée, insubordination de la rébellion
(indomptable, tenace); n'a aucun rapport avec la théologie fictive d'une chute
des anges chimérique, mais se rapporte plutôt à des caractéristiques de la
nature humaine déchue dont celle d'un esprit de rébellion contre la loi de Dieu
et la grâce de la nouvelle alliance. Terme non traduit mais translittéré dont
l'étymologie donne différentes significations, représente généralement un
esprit ou attitude néfaste face à la loi de Dieu ou à sa grâce, une rébellion
contre son autorité ou contre l'autorité patriarcale que Dieu a établit,
pouvant se traduire par: «conscience déréglée». Caractéristique de l'esprit de
la chair qui est en l'homme et qui règle son existence. Trouble de conscience
ou esprit de contrariété humaine (le Diable) causé généralement par un
sentiment de culpabilité intense pour avoir brisé la loi.)
— Voir: Diable.
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DENIER.
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Monnaie romaine qui s'introduisit en Judée, Matthieu
18:28; Marc 14:5; Luc 7:41. Au temps de Jésus-Christ, elle avait pour empreinte
un portrait de l'empereur, et c'est à l'occasion d'une tentative des Hérodiens
et des Pharisiens contre Jésus, que celui-ci leur répondit: «Rendez donc à
César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu», Matthieu 22:19; Marc
12:16. Le denier équivalait à la drachme attique, Pline 21, 109. (environ 83
centimes). C'était l'impôt par tête que les Juifs étaient obligés de payer aux
Romains.
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DÉNOMBREMENT, ou Description,
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Actes 5:37, ou Description, Luc 2:2,
— Voir: ce que nous avons dit à l'article Cyrénius.
Ces deux dénombrements furent ordonnés par des païens,
maîtres d'Israël. Un dénombrement plus célèbre dans l'histoire de ce pays est
celui qui fut fait par David et puni d'une mortalité qui emporta 70,000 hommes.
L'ambition, sans doute, et peut-être cette inquiétude vague qui accompagne dans
la paix et l'oisiveté celui qui a vécu jusque-là dans l'activité la plus
prodigieuse, au milieu des combats et des guerres, ce besoin de faire quelque
chose quand on n'a rien à faire, ce besoin que l'on éprouve dans le moment de
la transition entre une activité extérieure et une activité intérieure,
lorsqu'on est assez calmé pour renoncer à l'agitation et pas assez pour se
livrer à des travaux tranquilles, tout cela contribua à pousser à cette mesure
le malheureux roi qui oubliait que jamais jus-alors, aucun dénombrement n'avait
été fait que sur l'ordre exprès du grand et vrai Roi d'Israël. On trouva dans
les deux royaumes 1,300,000 hommes de guerre, sans compter les infirmes, les
femmes et les enfants. Ce péché d'orgueil fut puni: un ange vint de la part de
l'Éternel annoncer à David la destruction d'une partie de ce peuple dont il
était fier, et lui donna le choix entre sept années de famine, trois mois de
défaites à la guerre, ou trois jours de mortalité: ce dernier moyen fut celui
que David préféra, aimant mieux tomber entre les mains de l'Éternel qu'entre
les mains des hommes, 2 Samuel 24; 1 Chroniques 21.
D'autres dénombrements eurent lieu, à la sortie
d'Égypte, pendant le voyage du désert, lors de l'établissement d'Israël en
Canaan, et après le retour de la captivité, Exode 12:37; 30:12; 38:26; 2
Chroniques 17:14; Esdras 2; Néhémie 7.
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DENYS,
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Actes 17:34. Un des membres de l'Aréopage, qui fut
converti par la prédication de saint Paul à Athènes: nous ne savons que cela de
lui, mais l'on a ajouté beaucoup de détails à son histoire; on l'a fait mari de
Damaris qui fut convertie en même temps que lui; on l'a fait premier évêque
d'Athènes et martyr; on, l'a fait enfin premier évêque de Paris, en le
confondant avec celui qui plus tard, en effet, devint évêque de cette ville.
Les écrits qui nous restent sous son nom ne sont certainement pas authentiques.
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DÉPOTS.
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Les conventions écrites n'étant guère en usage aux
temps anciens, la loi avait dû s'occuper d'une manière spéciale de garantir les
dépôts à leurs propriétaires, contre la négligence et surtout contre la
mauvaise foi des dépositaires. Suivant les cas, le serment intervenait comme
garantie de la véracité des parties intéressées, Exode 22:7-13; le dépositaire
n'était tenu qu'à la restitution du dépôt si c'était lui-même qui l'avait
détourné; si un larron l'avait dérobé de chez lui sans sa complicité, le
propriétaire devait se contenter du serment; c'était lui qui était volé et qui
perdait.
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DERBE,
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petite ville de Lycaonie près des monts Isauriens, au
sud d'Iconie, au sud-est de Lystre. C'est à Derbe que Paul et Barnabas se
retirèrent après avoir été chassés d'Iconie, Actes 14:6. Gaïus, l'ami de saint
Paul était derbien, 20:4. La tradition porte que Timothée était aussi natif de
cette ville.
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DÉSERT.
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Ce nom, qui dans notre esprit, revêt ordinairement des
images d'horreur ou de majesté, qui ne marche qu'avec les épithètes de sauvage
ou de terrible, qui rappelle des sables, des tourbillons et des tombeaux, ce
nom cependant (midbar en hébreu) doit se prendre dans une
signification'beaucoup plus étendue, s'appliquant non seulement à ces mers de
sable que l'on trouve en Orient et particulièrement en Arabie, mais encore et
surtout à ces paisibles solitudes qui forment comme la banlieue des villes de
bergers, solitudes de plaines et de montagnes, quelquefois rocheuses, rarement
boisées, presque toujours riches en pâturages abondants, et fréquemment
baignées par les eaux d'un torrent. Ésaïe, Jérémie, Joël, et presque tous les
prophètes, nous parlent en quelques endroits de déserts inhabitables, sauvages
asiles des bêtes féroces, lieux de deuil et de cris lugubres; mais ailleurs, et
dans la plupart des cas, il ne s'agit que de pacages solitaires que parcourent
les troupeaux, et où l'on rencontre encore les ambulantes cabanes des bergers
qui font ressortir la solitude en voulant rappeler les hommes, Psaumes 65:12;
Jérémie 9:2,10; Joël 1:20; Luc 15:4. Les villes de la Judée avaient presque
toutes, et suivant leur grandeur, des steppes fertiles pour l'alimentation de
leurs troupeaux; et c'est ainsi que nous devons nous représenter les déserts
nombreux dont il est parlé dans l'Écriture. Nous n'en indiquerons que les
principaux. Le désert de Juda, Josué 15:20,61. Juges 1:16, ou désert de la
Judée, Matthieu 3:1; cf. 11:7; district rocailleux dans la partie orientale de
la tribu de ce nom, et s'étendant de la rive droite du Cédron, jusque vers la
ville de Hen-Guédi, et le long des bords de la mer Morte. De nos jours encore
on remarque, près du couvent de Sabas, un désert nu, plein de cavernes, de
crevasses et de rochers, et dont le caractère sauvage augmente en avançant vers
le Nord.
— Au sud-ouest du désert de Juda, mais y attenant, le
désert de Tékoah, 2 Chroniques 20:20, au sud-est le désert de Hen-Guédi, 1
Samuel 24:2, le désert de Ziph, 23:14, celui de Mahon, 23:25, et au sud celui
de Béer-Sébah, Genèse 21:14. C'est dans le désert de Juda que Jean Baptiste
prêcha la repentance, et vit accourir à ses paroles sévères tant d'âmes
pieuses, et tant de curieux indifférents; si la tradition nous montre encore à
deux lieues de Bethléhem un endroit connu sous le nom de désert de saint Jean,
ce ne peut être la solitude qui fut le théâtre de son activité, et s'il y a
quelque fondement à la tradition on doit admettre plutôt que c'est le désert
dans lequel il se prépara, par le jeûne et la prière, à la vie publique à
laquelle il allait être appelé.
Le désert de Jéricho, Josué 16:1, se trouvait compris
entre la ville de Jéricho et la montagne des Oliviers ou le village de
Béthanie, à 8 kilomètres de Jérusalem, dans une contrée aride et crevassée, où
la tradition place la scène du Samaritain miséricordieux Luc 10:30. Cet endroit
porte encore le nom de Kan du Samaritain. Après une rapide descente, on arrive
dans les plaines de Jéricho, et l'on voit vers le nord s'élever une montagne
calcaire fort escarpée, la Quarantania, dans les cavernes et les solitudes de
laquelle on veut que Jésus ait passé les quarante jours de son jeûne, Matthieu
4.
Au nord de Jérusalem, le désert de Gabaon, 2 Samuel
2:24.
Près de là, sur la frontière nord-ouest de la tribu de
Benjamin, et adossé à la tribu d'Éphraïm, le désert de Beth-Aven, Josué 18:12.
Celui des Rubénites, dans le plat pays, Deutéronome
4:43. C'est là que se trouvait Betser, la ville de refuge.
Le désert de Bethsaïda, Luc 9:10.
En dehors des limites de la terre promise, plusieurs
autres solitudes sont encore mentionnées dans l'Écriture.
Le désert de Sur dans lequel s'enfuit Agar, chassée de
la maison d'Abraham, Genèse 16:7, et qui fut une des premières stations des
Israélites dans le désert, Exode 15:22. On l'appelait aussi désert d'Étham,
13:20.
Celui de Paran dans l'Arabie Pétrée, près de
Kadès-Barné; Ismaël y demeura, Genèse 21:21. Les Hébreux y voyagèrent et y
passèrent quelque temps, Nombres 10:12; 13:1. On l'appelait aussi désert de
Tsin, 20:1.
Le désert de Sin (différent de Tsin), entre Élim et le
mont Sinaï, Exode 16:1.
Le désert de Sinaï, dans le voisinage de la montagne
de ce nom, Exode 19:2, célèbre par la promulgation de la loi.
Celui de l'Arnon, Nombres 21:13, sur les frontières de
Galaad et de l'Arabie déserte, une des dernières stations des Israélites avant
la traversée du Jourdain.
Celui d'Édom, 2 Rois 3:8, dont on ne peut déterminer
exactement l'étendue et la position.
Celui de Tadmor ou Palmyre, 2 Chroniques 8:4, entre
l'Euphrate, l'Oronte et le Chrysorrhoas.
Le désert de Diblathajim, Nombres 33:46, dans le pays
de Moab, Ézéchiel 6:14; Jérémie 48:22.
Enfin le désert d'Égypte, Ézéchiel 20:36, autrement
dit encore le désert d'Arabie, ou le grand désert, le lieu hideux, Deutéronome
32:10, qui comprend sous un nom général la plupart des solitudes que nous
venons de nommer, celles que traversèrent les Israélites pour se rendre
d'Égypte en Canaan, et qui firent donner à cette longue marche le nom de Voyage
du désert. On trouvera la suite et le narré de ce voyage, Exode 14-19, 32,
depuis la sortie d'Égypte jusqu'à la promulgation de la loi; et Nombres 10,
11-22:1, jusqu'à l'arrivée d'Israël aux bords du Jourdain vis à vis de Jéricho.
La partie du voyage comprise entre le mont Horeb (Sinaï) et l'arrivée des
Israélites dans le pays des Amorrhéens, est racontée Deutéronome 1:2,19; 2:1;
10:6; et suivant. Enfin le 33e chapitre des Nombres, 5-50, offre la liste des
stations parcourues depuis Rahmésès jusque près du Jourdain de Jéricho; il
nomme entre Hatséroth et le désert de Paran (Nombres 11:35; 12:45; 13:1)
dix-huit stations ou campements dont il n'est pas parlé dans le récit plus
détaillé de l'Exode et des Nombres; en revanche on n'y trouve pas les endroits
mentionnés Nombres 11:1; 21:16,49. On peut remarquer encore d'autres petites
variantes, cf. Nombres 33:30; avec Deutéronome 10:6; et Nombres 20:22; mais ces
différences s'expliquent tout naturellement par le fait que le chapitre 33e des
Nombres est, en quelque sorte, une carte routière, une liste de route qui
indique la marche générale, tandis que les autres chapitres ne mentionnent que
les faits remarquables, sans rien dire, par conséquent, des lieux où il n'y
avait rien à dire, où aucun événement digne d'être raconté n'a eu lieu. Il
n'est pas besoin de prendre des ciseaux pour concilier ces divergences, en
retranchant ici et là des passages ou des noms propres, à la façon de certains
rationalistes.
Quant à l'exacte position de la plupart de ces
campements, on peut désespérer de la connaître jamais: posés sur le sable, un
coup de vent a dû les faire disparaître du jour au lendemain. Là où aucun signe
particulier ne peut faire reconnaître la place, on a beau lui donner un nom,
elle se perd; cependant on a retrouvé plusieurs de ces stations, que les
sources ou les montagnes voisines ont préservées de l'oubli; les voyages
modernes, et particulièrement celui du professeur Schubert, ont jeté une
nouvelle lumière sur plusieurs de ces noms. La carte de ce voyage peut se
dresser avec passablement d'exactitude quant aux traits généraux, avec aucune
pour les détails, (Voyage des enfants d'Israël; — Voir: la carte.)
Quarante années furent consacrées à cette expédition,
pour laquelle quarante jours auraient suffi. Nombres 14:33; 33:38; Deutéronome
8:2; Deutéronome 2:14. L'Écriture nous en donne la raison, Nombres 14:23,30,
cf. 26:65; après de longues rebellions, de longues incrédulités, le peuple de
la promesse, arrivé à Kadès-Barné, à la vue du pays promis, avait refusé encore
de croire à la parole de son Dieu: douze espions envoyés n'avaient pu, malgré
le tableau brillant qu'ils avaient fait de cette contrée, vaincre la résistance
du peuple. Dieu, ennuyé de cette génération, avait juré dans sa colère qu'ils
n'entreraient jamais dans son repos, Psaumes 95:10; Nombres 14:23,30,34; 26:65.
Ils durent errer de nouveau dans cet affreux désert pendant quarante années,
jusqu'à ce que tous les hommes âgés de plus de vingt ans y eussent laissé
tomber leurs corps en poussière. On pourrait facilement, sans l'intervention
divine, comprendre encore ces longs errements: il ne s'agissait, après tout,
que de mener une vie nomade, et les Israélites ne voulant ni essayer la
conquête de la Palestine, ni rentrer en Égypte, n'avaient de ressource que dans
les pâturages du désert; ils allaient d'une station à l'autre, s'étendant sur
un assez long espace de pays, et donnant à leur campement le nom de l'endroit
où se trouvait le tabernacle de l'Éternel. On pourrait croire aussi que le chef
terrestre de ce peuple, désespérant de réussir avec la génération vivante, eût
résolu de la laisser s'éteindre, et d'attendre une race neuve, qui n'eût goûté
ni la servitude, ni les concombres de l'Égypte, et qui, plus forte, plus dure
et moins efféminée, devait lui promettre davantage l'obéissance et le courage
nécessaires au succès de son entreprise.
— Pour ceux des théologiens modernes qui sont aussi
incrédules que l'étaient les Juifs d'alors, il reste une difficulté insoluble,
c'est de savoir comment les Hébreux ont pu être nourris pendant quarante ans,
au nombre d'environ trois millions d'âmes: ceux-là ne comprennent pas non plus
que notre Sauveur ait pu nourrir cinq mille hommes avec cinq pains et deux
poissons; il faut naturellement regarder toutes ces histoires comme des fables,
ou croire que Dieu voulut user de sa puissance créatrice: le chrétien le croit,
il accepte le miracle; l'incrédule ne le croit pas; il dit en son cœur: Il n'y
a point de Dieu; la manne et le rocher d'eau vive ne lui suffisent pas.
Mentionnons encore comme une dernière acception du mot
désert, celle dans laquelle ce mot est pris Exode 23:31; cf. Deutéronome 11:24;
Josué 1:4. Dieu promet aux Israélites d'étendre leurs frontières depuis le
désert jusqu'au fleuve (l'Euphrate); le désert comprend alors toutes les
contrées situées entre le Jourdain, les montagnes de Galaad et l'Euphrate.
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DETTE.
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Les lois juives sur les dettes étaient, comme presque
toutes les autres, favorables au pauvre, au malheureux, au débiteur. La loi du
jubilé s'opposait à ce que, parmi les Hébreux, les uns devinssent trop riches
et les autres trop pauvres; cependant une pauvreté momentanée pouvait tomber
sur l'agriculteur; ses champs pouvaient être sans moisson, sa vigne sans
vendange; les accidents ou les maladies pouvaient lui détruire son bétail, sa
demeure pouvait avoir besoin de réparations; il était dans la gène et il lui
fallait de l'argent. Moïse, pour le soulager, avait deux choses à faire: lui
procurer d'abord cet argent nécessaire, puis empêcher que ce prêt ne lui devînt
onéreux; ce dernier but fut atteint par la simple défense que le législateur
fit aux riches de recevoir aucun intérêt sous aucune forme, Exode 22:25;
Lévitique 25:35-38; Deutéronome 23:19-20 (excepté des étrangers commerçants,
Deutéronome 23:20). D'un autre côté, puisque le riche ne trouvait aucun intérêt
à prêter son argent, et qu'il eût pu ne pas le faire, le législateur l'y
engage, le lui commande, au nom de la fraternité universelle, de la conscience
et de Dieu lui-même, Lévitique 25:35. Deutéronome 15:7-8,14. Maintenant un
juste équilibre entre les droits du prêteur et ceux de l'emprunteur, le riche
pourra demander un gage, mais le pauvre choisira ce qu'il lui conviendra de
donner, Deutéronome 24:6,10-12,17. Si enfin l'emprunteur se trouvait décidément
hors d'état de payer, le capital n'était pas perdu pour celui qui avait prêté:
il était hypothéqué sur le champ du débiteur, sur ses meubles, sur sa personne
même qui entrait en servage; mais en l'année bénie du jubilé, l'égalité des
fortunes venait effacer de nouveau la créance du riche et la dette du pauvre.
— De prisons pour dettes, il n'en est jamais question.
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DEUIL.
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Les Hébreux, comme en général les Orientaux,
exprimaient leur douleur d'une manière plus vive, plus bruyante, plus extérieure,
que, ne font les peuples de l'Occident: quel que fût le sujet de leur
affliction, que ce fût le déshonneur, la misère, l'exil, ou la mort d'un proche
et d'un ami, ils criaient et gesticulaient avec violence jusqu'à ce que le
premier paroxysme de leur peine fût passé: Ils mettaient la main sur la tête, 2
Samuel 13:19; ils se frappaient la poitrine ou les reins, Nahum 2:7; Luc 18:13;
Jérémie 31:19 (cf. Virgile Æneid. 4, 673); ils s'arrachaient ou se rasaient les
cheveux de la tête et le poil de la barbe, Esdras 9:3; Job 1:20 (cf. Æneid. 12,
870); ils se versaient des cendres sur la tête, 1 Samuel 4:12; 2 Samuel 1:2;
13:19; 15:32; Néhémie 9:1; Ézéchiel 27:30; Lamentations 2:10; Job 2:12; ou
s'asseyaient et se roulaient dans la cendre et dans la poussière, Ézéchiel
27:30; 2 Samuel 12:16; 13:31; Ésaïe 47:1; Néhémie 1:4; Job 2:8; 16:15; Matthieu
11:21; ils déchiraient leurs vêtements sur la poitrine, Genèse 37:29; 44:13;
Juges 11:35; 1 Samuel 4:12; 2 Samuel 1:2,11; 13:31; 3:31 (ordonnance royale
pour honorer la mémoire et le convoi d'Abner: ce passage prouve combien cette
pratique était en usage), 1 Rois 21:27; 2 Rois 5:8; 6:30; 11:14; 19:1;
22:11,19; Esdras 9:3; Esther 4:1; ils se faisaient des incisions ou des
égratignures au visage et sur le corps, Jérémie 16:6; 41:5; 47:5; et 48:37,
quoique cet usage païen (Æneid. 4, 673; 12, 871) fût expressément défendu par
la loi de Moïse, Lévitique 19:28; Deutéronome 14:1, comme il l'était aussi par
la Loi des douze tables (Cicer. De Legib. 2, 23). Ils jeûnaient (— Voir: Jeûne)
lorsqu'ils menaient deuil sur un mort, revêtaient certains habits de deuil (—
Voir: Sac), négligeaient leurs vêtements et les soins même de la propreté, ne
se lavaient point, n'oignaient pas leurs corps, 2 Samuel 12:20; 14:2; 19:24;
cf. Matthieu 6:17; ils dépouillaient tous leurs ornements en bijoux et en
broderies, Ézéchiel 26:16, et, comme on l'a dit, ils se coupaient la barbe
qu'ils ne regardaient pas comme un de leurs moindres ornements; ils se
couvraient le bas du visage, Ézéchiel 24:17,22; Michée 3:7; ou même la tête
toute entière, 2 Samuel 15:30; 19:4; Esther 7:8; Jérémie 14:3; ils se tenaient
courbés et marchaient lentement, 1 Rois 21:27; enfin ils montaient sur les
plates-formes de leurs maisons pour y pleurer, Ésaïe 15:3; 22:1.
Le temps du deuil pour les morts était en général de
sept jours, 1 Samuel 31:13; 1 Chroniques 10:12; dans des cas extraordinaires,
il était plus long: Aaron et Moïse furent, chacun, pleures pendant trente
jours, Nombres 20:29. Deutéronome 34:8, et Jacob pendant soixante et dix jours
par les Égyptiens, pendant sept autres jours par Joseph, Genèse 50:3,10.
Pendant le deuil, leurs amis venaient les visiter,
soit pour les consoler, soit pour leur apprêter de la nourriture, Proverbes
31:6; mais tout ce qu'ils mangeaient était souillé, Osée 9:4.
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DEUTÉRONOME.
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Ce nom du cinquième livre de Moïse signifie en grec
seconde loi, ou répétition, récapitulation de la loi. Le Deutéronome est ce
qu'indique son titre, mais il est une récapitulation générale et non
minutieuse, d'idées et non de paroles, d'histoire et non de détails: il est
grand, noble, sérieux, tendre, plein d'onction, plein d'une sublime poésie;
c'est presque un chant épique. Moïse avait cent vingt ans lorsqu'il le composa;
c'était la dernière année de sa vie; il était dans les plaines de Moab (1:5;
cf. 34:1): vieillard deux fois aussi âgé que tous ceux qui l'entourent (sauf
Caleb et Josué), il a bien des conseils de sage expérience à donner;
législateur envoyé de Dieu, il doit à sa mission de lui rendre témoignage
encore avant de mourir, il maintiendra jusqu'à la fin les lois qu'il a données,
les vérités qu'il a prêchées, et il les maintiendra comme justes et saintes,
comme imposées de Dieu, comme étant par là même la seule source de bonheur pour
les Israélites qui voudront y obéir; il les sanctionnera de son dernier
souffle.
La période comprise dans le livre du Deutéronome est
de deux mois environ; elle s'étend depuis le premier jour du onzième mois de la
40e (Deutéronome 1:3, plusieurs éditions portent par erreur 4e) année de la
sortie d'Égypte jusqu'au onzième jour du douzième mois de la même année.
On peut diviser ce livre en quatre parties
principales:
1. Récapitulation
de l'histoire des Hébreux contenue dans les livres précédents, chapitres 1-4;
2. répétition
des lois morales, cérémonielles et judiciaires, 5-26;
3. confirmation
de la loi, 27-30;
4. derniers
jours de Moïse; il annonce au peuple que Josué lui succédera dans le gouvernement
général et dans l'autorité; puis il écrit les choses qu'il vient de dire,
confie aux lévites et aux anciens le livre qui contient ses paroles, et ordonne
que lecture en soit faite tous les sept ans dans l'assemblée générale, à la
fête des Tabernacles: il termine par un cantique de bénédictions, mais il
annonce en même temps aux Hébreux leurs infidélités futures, et veut que ses
dernières paroles soient copiées et méditées de tous; il monte enfin sur le
mont Nébo, où Dieu recueille son esprit et rend à son corps les derniers
devoirs.
Quelques auteurs ont pensé que le Deutéronome n'était
pas de Moïse, puisqu'il allait jusqu'à la mort de ce législateur; mais rien ne
justifie une pareille supposition; et l'on peut en détacher le dernier chapitre
seulement, que l'on croit avoir été, dans l'origine, le commencement du livre
de Josué.
— Voir: Pentateuque; cf. aussi le commentaire de
Calvin, et Hævernick, Einl. in das Ancien Testament
________________________________________
DEVIN,
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— Voir: Divination.
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DIABLE.
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L’image
traditionnelle du Diable et de Satan provient de la mythologie chrétienne, de
la légende d’une chute des anges hypothétique qui n’est aucunement supportée
par les Saintes-Écritures.
Ce nom qui signifie en grec accusateur, calomniateur,
est celui que le Nouveau Testament donne au prince des ténèbres, à l'esprit du
mal, au tentateur, Matthieu 4:1,5,8,11; Apocalypse 12:9; 20:2; 1 Jean 3:8. Le
plus grand des anges déchus, grandeur sublime tombée, il s'est séparé de Dieu
par un premier essai d'indépendance, qui a été d'autant plus efficace que sa
nature était plus relevée; il ne pouvait être médiocre en s'isolant, mais par
là même il s'est perdu: dans sa chute il a cherché et réussi à en entraîner un
grand nombre d'autres, qui l'ont suivi dans son péché et dans sa ruine; il a de
même séduit et assujetti à la condamnation les hommes que Dieu avait d'abord
créés droits.
(Terme non traduit
qui signifie «jeter sur ou à travers, contredire, séduire, envoyer».
Généralement traduit par "calomniateur"; signifie littéralement un
esprit ou attitude de «contrariété humaine», portant aussi les notions de
«concurrence séductrice, enchanteur, contradiction complaisante»; pensées
contraires à la volonté de Dieu; attitude de rébellion, être obstiné contre la
grâce de la délivrance en Christ»; se rapporte à l'esprit de la chair (Satan)
qui est le contradicteur, le concurrent ou le rival de l'Esprit de Dieu. Le mot
Diable n’implique pas le péché, il désigne l’influence de la nature humaine qui
engendre des actions déterminées, généralement un esprit ou raisonnement qui
porte à la tentation. La tentation elle-même n’est pas péché du temps que l’action
n’est pas commise.)
— Différents noms lui sont donnés: Satan, Job 2:1;
Bahal Zébub, 2 Rois 1:2, ou Béelzébut, Matthieu 12:24; tentateur, Matthieu 4:3;
anti-Christ, 1 Jean 2:18,22; 2 Jean 7; démon, Jean 10:20; serpent ancien et
dragon, Apocalypse 12:9; 20:2; meurtrier et menteur dès le commencement, Jean
8:44; enfin dans les livres apocryphes, Asmodée, Tobie 3:8; 6:15, démon
voluptueux qui tuait les maris dont il était jaloux.
Le nom de démon était une épithète générale qui, chez
les païens, se prenait dans un sens favorable, signifiant un génie, une
divinité: dans l'Écriture, il se prend toujours en mauvaise part, tantôt en
parlant des esprits infernaux, tantôt pour désigner les esprits des morts, bons
ou mauvais, réels ou imaginaires, Matthieu 9:32; Luc 11:14; 13:16; 1 Chroniques
24:1; 1 Rois 22:21; Éphésiens 6:16; 1 Pierre 5:8.
Mille questions surgissent autour de cet effroyable
ennemi du genre humain; l'on se demande comment il est fait, où il habite,
quelle est son action sur l'humanité, quels sont ses moyens de séduction, quels
sont ses rapports avec Dieu, quel sera son sort final: on s'est demandé enfin
si même il existait! Plusieurs de ces questions sont permises, mais on ne peut
y répondre: d'autres proviennent de mauvaise curiosité, l'on ne doit pas y
répondre: la dernière est faite par l'incrédulité.
Il faut convenir que de tous les moyens de séduction,
puisque nous en avons dit un mot, le plus habile que puisse employer le malin
esprit, c'est d'empêcher les gens de croire à son existence: avec personne il
ne revêtira sa forme naturelle et repoussante; aux âmes pieuses il se
présentera déguisé en ange de lumière; à ceux que son existence pourrait gêner,
il tâchera de faire croire qu'il n'est qu'une chimère, qu'il n'existe
réellement pas, qu'il n'est pas question de lui dans la Bible, que les anciens
pères et les anciens orthodoxes n'étaient que des rêveurs, que depuis qu'on ne
croit plus aux revenants on ne doit plus croire au diable non plus. Cette
croyance, ou plutôt cette absence de croyance, est évidemment de nature à
soulager beaucoup celui qui désire être débarrassé d'un frein aussi redoutable:
si les uns vous disent que le diable est le père du péché, quelle chaîne pour
vous que celle qui vous unit à lui; mais si le diable peut vous persuader que
la parole de Dieu n'est qu'un mauvais songe, quel allégement! Oui, quel
allégement! mais qu'il durera peu! car après la mort il n'y a plus d'illusion
possible, et celui qui le premier vous ôtera le bandeau, c'est celui qui vous
l'avait mis; c'est le prince de la terre venant s'emparer des victimes qu'il
aura séduites. Ceux qu'il ne peut convaincre théologiquement qu'il n'existe
pas, il Le leur persuade pratiquement, il s'en fait oublier, il se met pour eux
sur l'arrière-plan; sur le premier, ses séductions, ses jouissances, ses faux
appâts, de l'or, des places, des parures, des danses, tout ce que la terre peut
offrir, et il se place derrière tout cela, jusqu'à ce qu'avec le temps tout
cela ayant disparu, il ne reste plus que lui.
— Quel allégement! Mais quel allégement plus grand,
plus doux, plus réel, plus sûr, de se remettre entre les mains de celui qui a
brisé la tête du serpent, et qui triomphe et nous fera triompher au dernier
jour. Il n'y a pas une vérité qui ne vaille toutes les erreurs possibles.
Les raisons qu'on allègue pour essayer de soutenir
cette thèse moderne qui tue d'un même coup et le péché qui n'a plus d'origine,
et l'enfer qui n'a plus ni prince ni but; ces raisons, si l'on peut les appeler
ainsi, reviennent toutes à de simples assertions. On commence par dire qu'il
n'est pas parlé du diable dans l'Ancien Testament, et par tourner en poésie les
passages les plus historiques où il en est fait mention, Genèse 3; Job 2:1; 1
Chroniques 21:1; Zacharie 3:1, etc. Puis l'on applique au Nouveau Testament le
même système d'interprétation, en le modifiant au moyen de la méthode
d'accommodation que notre Seigneur était censé employer lorsqu'il parlait aux
Juifs, adoptant leurs idées afin de leur mieux inculquer les siennes; de cette
manière, les passages Matthieu 4:1; Luc 4:1; Jean 13:2; 1 Jean 3:8; 1 Pierre
5:8; Apocalypse 12:9; 20:2, et cent autres ne prouvent, en effet, absolument
rien; mais avant d'admettre ce système, nous attendrons qu'il soit lui-même
prouvé, et l'on peut poser en fait qu'il n'est pas un lecteur sérieux de la
Bible qui ne voie l'existence du diable clairement établie par nos saints
livres.
Quant à la forme de cet être malfaisant, il est clair
que l'on n'en peut rien savoir, mais de toutes les imaginations de l'homme, la
plus belle conception est sans contredit celle de ce peintre hardi, habile et
plein de génie, dont le pinceau a tracé une figure qui de loin, par le jeu des
couleurs, paraît pleine de grâce, de fraîcheur, de beauté, mais qui, lorsqu'on
s'en approche, est pâle, maigre, décharnée, ne respirant que la malice et le
fiel, et rongeant une chaîne: c'est le séducteur; il charme de loin, de près il
repousse.
Le pieux Bunyan, l'auteur du Voyage du Chrétien, a
publié, en anglais, un second ouvrage du même genre que le premier, intitulé
Diabolos ou la Sainte Guerre, dans lequel il représente l'histoire de l'âme et
l'histoire de l'humanité, sous la parabole d'une guerre entre Satan et
l'Éternel, guerre qui se termine par la victoire du fils Emmanuel. Cet ouvrage,
dont il vient de paraître une traduction française, peut, à bien des égards,
être une lecture utile, non seulement pour la jeunesse, à laquelle il est plus
particulièrement destiné, mais encore pour un âge plus avancé.
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DIACRE
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(serviteur), ministre de l'Église chrétienne, dont les
fondions rappelaient à certains égards celles des officiants de la synagogue,
dont il est parlé Luc 4:20; Jean 7:32, espèces de sergents, d'huissiers, de ministres,
d'administrateurs. Le diaconat fut institué par les apôtres, et l'on se
rappelle en quelle occasion. Actes 6. Le nombre des disciples s'accroissant
chaque jour, les chrétiens d'entre les Grecs se plaignirent hautement de ce que
leurs veuves étaient négligées dans les distributions ordinaires, tandis que
les veuves des Hébreux recevaient des soins plus réguliers et des secours plus
abondants. Là dessus, les apôtres qui ne pouvaient s'occuper de tous les
détails, et qui devaient s'occuper avant tout de la prédication, consultèrent
l'assemblée et proposèrent que l'on choisît sept hommes ayant un bon
témoignage, pleins du saint Esprit et de sagesse, à qui l'on confierait le
service des tables, le soin des pauvres et la distribution de la cène. Leur avis
fut goûté de l'assemblée, qui élut à ces fonctions importantes Étienne,
Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas, et Nicolas; ces sept diacres
furent installés dans leur charge par la prière et l'imposition des mains. Des
femmes furent aussi appelées aux mêmes fonctions, sous le titre de servantes ou
diaconesses, Romains 16:1. Les devoirs des diacres sont exposés 1 Timothée
3:8-13: ils pouvaient se marier aussi bien que les pasteurs. Longtemps leur
nombre fut réduit à sept par église, et Rome même n'en avait pas davantage.
Voici comment l'abbé Fleury parle de leurs fonctions: «Ils étaient chargés de
recevoir tout ce qui était offert pour les besoins communs de l'église, de le
mettre en réserve, de le garder sûrement, et de le distribuer suivant les ordres
de l'évêque, qui en ordonnait sur le rapport qu'ils lui faisaient des
nécessités particulières. Il était donc de leur devoir de s'informer de ces
nécessités, d'avoir des listes exactes, tant des clercs que des vierges, des
veuves et des autres pauvres que l'Église nourrissait. C'était à eux d'examiner
ceux qui se présentaient de nouveau, et à veiller sur la conduite de ceux qui
étaient déjà reçus, pour voir s'ils étaient dignes d'être assistés. C'était à
eux de pourvoir au logement des étrangers, et de savoir par qui et comment ils
seraient défrayés... Ainsi leur vie était fort active. Il fallait aller et
venir souvent par la ville, et quelquefois même faire des voyages au dehors.»
— Ajoutons qu'ils avaient encore quelquefois des
fonctions ecclésiastiques proprement dites, celles de donner la communion aux
fidèles, de lire l'Écriture, soit en particulier, soit en public, et de
l'expliquer en l'absence des pasteurs; même en bien des lieux, des paroisses
trop petites pour avoir un pasteur, leur étaient confiées, et les diaconats
sont restés une charge importante. On trouve des diacres-pasteurs en plusieurs
pays, et Rome compte ses 18 diacres par excellence, qui ne peuvent être pris
que d'entre les cardinaux.
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DIAMANT
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(hébreu shamir). Le péché de Juda est écrit avec une
pointe de diamant, dit Jérémie, 17:1. J'ai renforcé ta face contre tes ennemis,
dit l'Éternel, et j'ai rendu ton front semblable à un diamant, Ézéchiel 3:9.
Ils ont rendu leur cœur dur comme le diamant, pour ne point écouter la loi,
Zacharie 7:12. Le diamant, cette pierre si précieuse, si belle, et si dure,
n'est considérée dans la Bible que sous ce dernier rapport: on sait que le
diamant ne peut être travaillé que par lui-même; on l'emploie non seulement
comme parure, mais comme instrument tranchant, comme poinçon pour couper le
verre ou pour graver. Quelques auteurs ont pensé qu'il s'agissait plutôt de
l'émeri, substance composée de terre sigillée et de chaux de fer, dont le nom
grec smyris a de l'analogie avec l'hébreu shamir; mais ces analogies
accidentelles sont si fréquentes (par exemple, en hébreu péshah, péché;
soumphonia, symphonie, etc.), que l'on ne peut les regarder comme preuves, et
la traduction des Septante, adoptée par la Vulgate, est une autorité plus
forte.
— On a voulu traduire encore par diamant le mot
yahalom, Exode 28:18; 39:11. Ézéchiel 28:13, que nos versions ont rendu par
jaspe, q.v.
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DIANE,
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divinité célèbre du paganisme, que les poètes font
tille de Jupiter et de Latone, et qu'ils comptent au nombre des douze grands
dieux. On l'adorait sous trois formes, et son caractère variait selon ces
différents points de vue. Comme déesse des forêts, elle était chaste, mais
fière, hautaine et vindicative; comme déesse des enfers, et sous le nom
d'Hécate, elle est cruelle, sanguinaire, impitoyable; comme déesse de la lune
et des cieux, elle est quinteuse, capricieuse, amoureuse: c'est Phœbé.
L'aventure d'Actéon appartient donc à la Diane des bois; ses amours avec
Endymion, à la lune. Quelques poètes la font encore présider aux accouchements,
sous le nom de Lutine. Le plus célèbre de tous ses temples était celui
d'Éphèse, bâti sur les dessins du fameux architecte Ctésiphon, et qui passait
pour l'une des sept merveilles du monde. Il avait 425 pieds de long (153m) et
237 de large; l'extérieur était décoré de tout ce que la nature et l'art
offrent de plus précieux; l'or, l'argent, les pierreries, les tableaux, les
statues, y étaient prodigués: on y comptait, entre autres, 127 colonnes, dont
chacune avait été érigée par un roi, qui s'était efforcé de l'embellir et de la
rendre digne de cet auguste lieu. Un fanatique, possédé du désir de
s'immortaliser, y mit le feu: c'était un moyen comme un autre; de nos jours, on
tire sur les rois ou sur les reines. Le temple de Diane fut détruit la même
nuit dans laquelle naquit Alexandre le Grand. La mémoire de la déesse ne périt
point dans la grande ville dont elle était la patronne, et nous voyons, Actes
19:24; suivant, un orfèvre faire son principal travail de la fabrication de
petits temples d'argent, ou de médailles représentant, aussi bien que la
tradition en avait conservé le souvenir, l'effigie de ce monument illustre de
l'architecture ancienne et du paganisme. Le passage Jérémie 7:18 (cf. 11:13;
44:17-18; Ézéchiel 16:15) se rapporte probablement au culte de Diane.
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DIBLA,
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— Voir: Beth-Diblathajim.
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DIBON
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(intelligence),
1. ville
située dans une plaine au nord de l'Arnon. Lors de la conquête du pays de
Canaan, nous la voyons d'abord entre les mains des Gadites, Nombres 32:34, d'où
elle prit le nom de Dibon-Gad, que Moïse lui donne quand il l'indique comme un
des campements des Israélites dans le désert, Nombres 33:45. Plus tard, elle
fut assignée à la tribu de Ruben, Josué 13:17. Du temps d'Ésaïe, elle était
tombée entre les mains des Moabites, Ésaïe 15:2; Jérémie 48:22. C'est
probablement la même ville qui est appelée Dimon, Ésaïe 15:9, et saint Jérôme
dit que de son temps encore on l'appelait indifféremment Dimon ou Dibon, à cause
de la ressemblance des lettres.
— On trouve aujourd'hui dans cette localité des ruines
qui portent le nom de Diban.
2. Ville
de Juda, Josué 15:22; Néhémie 11:25; elle subsistait encore du temps d'Eusèbe;
elle est appelée Dibon dans le dernier des passages cités, et Dimona dans le
premier.
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DIDRACHME,
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Matthieu 17:24, monnaie grecque valant 2 drachmes, et
équivalant à peu près à un demi sicle hébraïque, (1 fr. 66 c.)
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DIDYME,
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Jean 11:16; 20:24, nom grec de l'apôtre Thomas, ces
deux mots signifiant l'un et l'autre jumeau. Ces noms devaient rappeler sans
doute la naissance de l'apôtre, et la tradition lui donne effectivement une
sœur jumelle nommée Lysia (Patres apostol. Ed. Coteler. I, p. 272, cf. p. 501).
D'après Eusèbe, 1, 13, Thomas aurait été le même que Judas, frère de Jésus;
c'est ainsi que le veulent également les Actes de saint Thomas (— Voir:
Coteler.), et cette parenté donnait au surnom de Didyme une signification tout
à fait grande et honorable; mais rien dans l'Écriture n'appuie cette tradition,
et il est plus qu'évident que notre Sauveur n'a pas eu de frère jumeau,
— Voir: Thomas.
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DIKLA,
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Genèse 10:27, nom d'une peuplade sémitique qui
habitait l'Arabie, mais dont il est difficile de fixer exactement le
territoire. On ne peut faire à cet égard que des conjectures; Bochart (Phaleg
2, 22) pense que c'est la même peuplade qui porta plus tard le nom de Minéens,
parce que les Minéens habitaient une contrée riche en palmiers, arbre qui se
nomme en syriaque dikla. C'est assez vraisemblable.
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DILHAN,
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ville de la tribu de Juda. Josué 15:38.
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DIMANCHE,
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jour du Seigneur, Apocalypse 1:10. Les chrétiens ont
dès le commencement honoré d'une façon particulière le jour de la résurrection
du Sauveur, qui arriva le lendemain du sabbat, et les apôtres semblent avoir
transporté sur ce jour les obligations morales que la loi juive avait attachées
au sabbat. «Il n'y a doute, dit Calvin, que ce qui estoit cérémonial en ce
précepte, n'ait esté aboli par l'aduénement du Christ... Néanmoins... combien
que le sabbat soit abrogé, cela ne laisse point d'auoir lieu entre nous, que
nous ayons certains iours pour nous assembler à ouir les prédications, à faire
les oraisons publiques, et célébrer les sacrements: secondement pour donner
quelque relâche aux seruiteurs et gens mécaniques.» Quelle que soit la manière
de voir des chrétiens sur l'obligation de la sanctification du dimanche, il est
de fait que l'observation de ce jour, non seulement accompagne les réveils
religieux, mais encore les prépare, les amène et les fortifie; il est de fait
aussi que les personnes pieuses sanctifient le dimanche, et que celles qui ne
sont pas converties ne le sanctifient pas. Ces deux faits étant reconnus, il
sera facile à chacun de voir en quelle manière il peut se croire libéré de
l'observance judaïque, et astreint à l'observance chrétienne.
Un grand nombre d'ouvrages ont paru sur ce sujet dans
les derniers temps; celui de Liebetrut, en allemand, et les sermons de Wilson,
en anglais, doivent être cités en première ligne. En français, on possède un
certain nombre de brochures publiées par la Société de Vevey pour la
sanctification du dimanche, et la traduction de Pearl of days, ce remarquable
ouvrage d'une servante anglaise, auquel a donné naissance, en 1848, la
fondation du prix de M. Henderson. Le mouvement qui s'est produit à cette
occasion en Angleterre et en Écosse offre un caractère véritablement historique
dont les journaux religieux français ne donnent qu'une faible idée (— Voir:
Archives 1848, p. 278; 1849, p. 8), et qu'il faut lire dans les journaux de
Londres et de Glascow;
— Voir: spécialement le Christian Times, depuis le
mois de septembre 1848.
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DÎME,
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(dixième ou décime). De tout temps, et presque chez
tous les peuples, on a vu les dîmes établies comme coutumes, ou comme lois. Les
Grecs et les Romains offraient à leurs dieux des dîmes soit temporaires, soit
ordinaires, soit extraordinaires, et Plutarque raconte que c'était la coutume
des Romains d'offrir à Hercule la dixième partie des dépouilles qu'ils avaient
conquises sur l'ennemi. Xénophon rapporte la même chose des Perses, et Justin
des Carthaginois. Les marchands arabes, qui faisaient le commerce d'encens,
n'en osaient vendre avant d'en avoir payé la dîme à leur dieu Sabis: les
Scythes envoyaient des dîmes à Apollon; les Carthaginois avaient coutume encore
d'envoyer à la ville de Tyr, dont ils étaient une colonie, la dîme de tous
leurs biens; le vaisseau qui transportait ce tribut ordinaire, arriva à Tyr peu
de temps avant qu'Alexandre en fit le siège. Pisistrate, écrivant à Solon pour
l'engager à revenir à Athènes, lui dit que chacun y paie la dîme de ses biens
pour offrir des sacrifices aux dieux. Les Pélasges qui s'étaient établis en
Italie, reçurent commandement de l'oracle d'envoyer leurs dîmes à Apollon de
Delphes, etc., etc.
L'Écriture sainte, qui nous transporte dans une
antiquité beaucoup plus reculée que l'histoire profane, nous montre aussi les
dîmes existant au moins de fait, longtemps avant la promulgation de la loi
mosaïque. Le plus ancien exemple que nous en connaissions, est celui d'Abraham
revenant de son expédition contre les cinq rois alliés, et payant à
Melchisédec, roi de Salem, la dîme de tout ce qu'il avait pris sur l'ennemi,
Genèse 14:20; Hébreux 7:2. Jacob voua de même à l'Éternel la dîme de tout ce
qu'il pourrait acquérir en Mésopotamie, Genèse 28:22. Enfin Moïse ordonne et
régularise le paiement des dîmes, Lévitique 27:30-33; Nombres 18:21-24;
Deutéronome 12:6; 14:22. Chaque Israélite, considéré comme fermier de Jéhovah,
devait payer chaque année à son seigneur et maître la dixième partie des
produits de ses champs et de ses troupeaux, «les dîmes du froment, du vin et de
l'huile», Néhémie 13:5,12. Ce revenu sacré était affecté par la loi à
l'entretien des Lévites, Néhémie 10:37, à l'étranger, à l'orphelin et à la
veuve, Deutéronome 26:13. On pouvait cependant racheter les dîmes (des fruits)
en en déposant la valeur, plus le cinquième du prix. Les passages, Deutéronome
12:17-18; 14:22-23, mentionnent un repas général qui devait se faire tous les
trois ans avec les produits des dîmes (cf. 26:12), espèce de festin qui n'était
pas sans quelque rapport avec les agapes des premiers chrétiens.
— Les Lévites devaient mettre à part, pour les
prêtres, la dîme de leurs dîmes, Nombres 18:26; Néhémie 10:38. Des percepteurs
particuliers furent établis plus tard pour le prélèvement de cet impôt, ils
eurent leurs commis, et formèrent comme des bureaux de contributions, 2
Chroniques 31:12; Néhémie 12:14; 13:10; Malachie 3:10. Tous ces impôts furent
exclusivement religieux; il est cependant parlé, 1 Samuel 8:15, d'une dîme
temporelle que les rois devaient imposera leurs sujets: nous ne voyons pas
qu'elle ait en effet existé sous la royauté, mais la manière dont parle Samuel
indique assez clairement qu'elle était en usage dans les royaumes de l'Orient, et
d'ailleurs une imposition de ce genre (puisqu'il faut des impôts en tout cas)
devait bien être des moins onéreuses dans un pays agricole; c'était un impôt à
la fois proportionnel à la quotité du revenu, facile à payer, et fixe dans sa
proportion, autant de qualités qui devaient le rendre plus supportable que tels
autres modes qu'on aurait pu imaginer.
Le système théocratique des dîmes, quoique simple en
apparence et dans la théorie, ne l'était point dans l'application; la
comparaison des dispositions du Deutéronome entre elles et avec celles des
Nombres peut la prouver, et les interprètes juifs et chrétiens, anciens et
modernes, sont peu d'accord dans son exposition et dans l'interprétation des
passages de la Loi. On se demande, par exemple, si chaque année il y avait une
double dîme sur les troupeaux, s'il n'y avait une double dîme que tous les
trois ans, ou si tons les trois ans la dîme des Lévites était remplacée par une
dîme des pauvres, autant de questions qui ne sont pas susceptibles d'une
solution bien claire d'après les livres sacrés.
Sous l’Alliance de
la grâce, la dîme est devenue le moyen d’exploitation par excellence pour
dérober les fidèles de leur argent et de leurs biens.
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DIMON,
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Ésaïe 15:9, et Dimona, Josué 15:22;
— Voir: Dibon.
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DINA
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(jugement), fille de Jacob et de Léa, Genèse 30:21,
probablement la fille unique du patriarche. Son nom rappelle un événement qui
fut pour la famille patriarcale un grand malheur. Par une légèreté coupable,
elle se laissa entraîner à former des relations avec les jeunes filles
cananéennes qui habitaient Sichem, puis elle fut séduite et enlevée par le fils
du prince de cette ville. Les frères de Dina ne crurent pouvoir venger cet
affront que dans le sang des Sichémites; dans ce carnage ils égorgèrent celui
qui devait être l'époux de leur sœur; cette action perfide et cruelle fut pour
leur père un continuel sujet d'inquiétudes et d'affliction, Genèse 34. On
ignore ce que devint Dina; mais elle continua de vivre, et accompagna plus tard
son père en Égypte, Genèse 46:15.
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DINHABA,
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ville de l'Idumée, Genèse 36:32; 1 Chroniques 1:43. Il
est possible que ce soit celle qu'Eusèbe indique sous le nom de bourg de
Dannéa, et Jérôme sous celui de Damnaba, comme ayant été située à 8 milles
d'Aréopolis, du côté de l'Arnon.
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DIOTRÈPHES,
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pasteur ou diacre d'une Église inconnue, 3 Jean 9. On
ne sait de lui que ce qu'en dit l'apôtre, c'est qu'il était jaloux d'être le
premier, orgueilleux, médisant et inhospitalier. Quelques-uns en font un
hérétique (Œcumenius, Beda); d'autres le font judaïsant, d'autres enfin
prétendent au contraire qu'il ne voulait recevoir que les chrétiens convertis
d'entre les gentils. Il appartenait à la même Église que Gaïus (v. 1), probablement
à l'une des sept Églises de l'Apocalypse. Son intolérance envers les bons, et
son amour de la prééminence n'ont eu que trop d'imitateurs dans l'Église
chrétienne.
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DISPERSION.
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L'épître de saint Jacques, et la 1re de saint Pierre
sont adressées aux juifs de la dispersion, c'est-à-dire aux tribus qui sont
dispersées dans les pays voisins de la Palestine, dans le Pont, en Galatie, en
Gappadoce, en Asie, en Bithynie, etc. On doit entendre par le mot général de
dispersion, tout l'ensemble des juifs qui demeuraient en dehors des limites de
leur pays, parmi les nations étrangères. Il n'y avait, au temps de Jésus, aucun
pays de l'ancien monde dans lequel ne se trouvassent des juifs expatriés,
volontairement, ou par le fait de circonstances indépendantes de leur volonté.
On peut grouper en cinq classes les juifs appartenant à la dispersion.
D'abord ceux de l'Assyrie, de la Médie, de la
Babylonie et de la Mésopotamie, demeurant au-delà de l'Euphrate, descendants
des juifs emmenés en captivité et qui avaient refusé, lors de l'édit de Cyrus,
de rentrer dans leur patrie. Ils se comptaient par milliers et vivaient dans le
bien-être, continuant d'entretenir avec Jérusalem des relations religieuses, et
fidèles à payer annuellement les tributs, les prémices et les dîmes.
En second lieu, les Juifs d'Égypte. Alexandre le Grand
les établit en grand nombre dans la ville à laquelle il avait donné son nom, et
leur accorda les mêmes droits qu'aux Grecs. Ptolémée Lagus en envoya une
colonie à Cyrène, et fortifia la colonie égyptienne par de nouvelles
émigrations de la Judée, 320 avant J.-C. Ptolémée Philadelphe fit traduire en
grec, à grands frais, le code sacré des Hébreux, 284 avant J.-C. Puis vint le
cruel Ptolémée Philopator qui persécuta, par des mesures cruelles, ceux que ses
prédécesseurs avaient favorisés. Sous Ptolémée Philométor (180 avant J.-C.),
les juifs d'Égypte sont de nouveau en grande faveur; ils remplissent des
charges à la cour, et sont revêtus des principales dignités militaires; sous la
domination romaine et sous les premiers empereurs, ils jouissent d'une paix
entière, et Auguste les protège à Cyrène contre la malveillance des populations
grecques. Ils ont de magnifiques synagogues, et occupent à eux seuls presque
les trois cinquièmes d'Alexandrie; leurs rapports avec la métropole juive ne
sont pas interrompus quoiqu'ils aient à Jérusalem un culte à part, de même que
les Cyrénéens, Actes 6:9; ils continuent de payer le tribut pour le temple.
Leur chef temporel et le juge de leurs différends est un ethnarque, assisté
d'un conseil, espèce de sanhédrin.
En troisième lieu viennent les Juifs de la Syrie: ils
avaient émigré sous Séleucus Nicator, et par lui, avaient obtenu à Antioche et
ailleurs des privilèges égaux à ceux des Macédoniens. Les rois suivants, à
l'exception d'Antiochus Épiphanes, leur furent également favorables, et les
Juifs furent libres jusque dans le prosélytisme: cependant le peuple les
haïssait, et cette haine longtemps comprimée éclata sous Néron, et plus encore
sous Vespasien. Titus leur rendit le repos. C'est de Syrie qu'ils prirent le
chemin de l'Asie Mineure, 1 Pierre 1:1; ils obtinrent la bourgeoisie en Ionie.
Quatrièmement, la dispersion parmi les Grecs, Jean
7:35. De l'Asie Mineure, un grand nombre de Juifs se rendirent en Grèce et en
Macédoine, où ils eurent la permission d'établir, dans les principales villes
et dans les ports les plus commerçants, des synagogues et des maisons de
prières, Actes 16-20.
Cinquièmement, enfin, les Juifs de Rome et d'Italie;
plusieurs étaient esclaves, d'autres étaient venus s'y établir librement et en
vue de spéculations commerciales; ils étaient généralement riches, et
occupaient tout un quartier au-delà du Tibre: leur prosélytisme n'avait pas été
sans fruit. Ils furent chassés de Rome sous Tibère et sous Claude César. Rome
leur fut longtemps fatale, et les murailles du Goïto ne sont tombées que sous
le souffle du dix-neuvième siècle.
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DIVINATION, Devins.
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Désireux de connaître, ambitieux d'avenir, supportant
avec impatience un corps qui le retient à la terre et au moment présent, qui le
gêne, qui le rapetisse, l'homme qui par sa nature se précipite vers les choses
qui étaient le privilège de celui qui n'avait pas péché, a dans tous les temps
cherché à se soustraire à la matière, à s'émanciper du corps, à sonder
l'avenir, à voir dans les ténèbres, à marcher sûrement dans l'incertitude, à
découvrir ce qui lui est caché. De là, ces efforts inouïs, gigantesques; ces
recherches de tous les temps, cet amour du merveilleux, cette croyance à la
divination, à la magie; travaux de jongleurs, travaux de chimistes, travaux de
rêveurs; imposteurs, mystiques, oracles, prophètes, charmes, enchanteurs et
devins: de là cette passion des hommes pour ce qui paraît les faire avancer
dans les sciences occultes, espèce de succès chez les uns, complaisance à
croire chez les autres.
Sans s'arrêter à la question dogmatique de savoir si
l'homme peut, en dehors de l'adresse, de la physique et de la chimie, obtenir
des résultats merveilleux; sans entrer dans un examen quelconque relatif aux
moyens par lesquels l'homme peut arriver au surnaturel, s'il le peut par
lui-même, ou par des forces latentes qu'il développe, ou enfin par
l'intervention des esprits qui sont dans l'air, bons ou mauvais; sans même
approfondir tout ce qu'il peut y avoir de vrai dans certains faits que rapporte
l'histoire, ou que l'expérience vient chaque jour démontrer de nouveau contre
l'esprit fort moderne, on doit cependant convenir de certains faits que nous
nous bornons à enregistrer, et qui sont de nature à jeter du jour en les
simplifiant, sur les questions passablement graves, malgré qu'on en ait, qui
viennent d'être posées.
On avoue généralement que toutes les croyances
populaires, quelles qu'elles soient, exagérées ou dénaturées, reposent sur un
fondement vrai: en les dépouillant de leur entourage, de leurs adjonctions, de
leur écorce, on arrive à un noyau substantiel, solide, historique; or, de
toutes les croyances populaires, la plus invétérée, la plus entêtée, c'est la
foi aux sorciers, à la magie, à la divination: ne serait-ce absolument qu'une
chimère?
Chacun croit aux pressentiments; chacun en a, chacun
s'y fie, même sans le vouloir: c'est là une espèce de divination, générale sans
doute, mais sûre.
Niera-t-on que les songes ne soient un degré de
pressentiment plus avancé que le pressentiment de la veille? «Le Dieu Fort, dit
Élihu à Job (33:14-15), parle par des songes, par des visions de nuit, quand un
profond sommeil tombe sur les hommes et lorsqu'ils dorment dans leur lit; alors
il ouvre l'oreille aux hommes, et scelle leur instruction.
Le magnétisme avec ses merveilles, si longtemps réfuté
par de l'esprit et des plaisanteries, n'en est pas moins acquis maintenant à la
science comme un fait; ceux qui en doutent appartiennent à la classe la moins
éclairée, et ceux qui s'en sont occupés ont vu et vérifié des prodiges que tout
l'art et le génie de l'homme ne sauraient accomplir; ces prodiges touchent par
plusieurs points à la divination.
Enfin, une considération tout à fait générale, mais
qui ne laisse pas d'avoir son application dans le cas particulier, c'est qu'une
réaction va toujours beaucoup plus loin qu'elle ne doit et qu'elle ne veut
aller, comme celui qui veut éviter le précipice tombe sur le rocher de la
montagne; c'est plus sûr, mais ce n'est pas toujours sans quelques
inconvénients. Longtemps on a trop cru aux merveilles des arts occultes et de
la divination; pour un fait effectif, le charlatanisme en a forgé des milliers
de faux, de mensongers, de stupides, et, pour le dire en passant, les clergés
de toutes les sectes n'y ont pas mal nui dans le moyen âge, jusqu'à l'illustre
siècle de Léon X: quand une fois on a voulu rompre avec ces fables, on a tout
rejeté, le bon et le mauvais, le vrai et le faux, parce qu'on se souciait peu
de la chance, même infiniment petite, d'être abusé de nouveau. Le pays où les
réactions se font toujours le moins vivement ressentir, l'Allemagne a su se
tenir beaucoup plus que d'autres peuples dans un sage milieu, quoiqu'on y
trouve aussi l'un et l'autre extrême représentés, notamment celui de
l'imagination.
Ces choses étant dites, il ne sera pas nécessaire de
les rappeler à propos de chaque cas spécial, et nous raconterons les croyances
de l'Orient sans penser devoir les critiquer à chaque fois, sans les donner
pour vraies, sans les rejeter toujours absolument comme fausses. Chez les
Israélites, d'ailleurs, il faudra toujours distinguer les révélations divines,
et les moyens illicites par lesquels ils pouvaient essayer de satisfaire leur
curiosité ou leur intérêt particulier.
Les Israélites paraissaient en effet avoir eu plus que
d'autres peuples le besoin intérieur de connaître l'avenir; peut-être
l'avaient-ils apporté d'Égypte, peut-être aussi les prophéties anciennes et
glorieuses qu'ils n'ignoraient pas, mais dont ils n'avaient pas non plus une
intelligence bien claire, leur faisaient-elles désirer d'en connaître
davantage, et de pénétrer plus avant dans un mystère pour eux plein
d'espérances et de charmes. Quoi qu'il en soit, le mal existait: Moïse, en leur
donnant la loi qui devait en faire un peuple à part, leur annonça d'un côté que
l'esprit de prophétie ne sortirait pas du milieu d'eux (— Voir: Urim et
Thummim), mais il leur défendit de l'autre sous des peines extrêmement sévères
d'user de divination, de pronostiquer le temps, de rechercher ceux qui ont
l'esprit de Python, les devins, les sorciers, les enchanteurs, ceux qui disent
la bonne aventure et ceux qui consultent les morts, Lévitique 19:26,31; 20:6;
Deutéronome 18:10. Ces lois étaient si rigoureuses que les malheureux animés de
l'esprit de Python, ou qui faisaient seulement profession de l'être, étaient
condamnés à mort, et lapidés vifs. Lévitique 20:27.
Malgré ces lois, ou plutôt parce qu'une loi qui
contrarie un penchant l'excite au lieu de le réprimer (cf. Romains 5:20), les
Israélites se montrèrent dans toutes les périodes de leur histoire, et surtout
sous les rois idolâtres, adonnés aux mages, aux sortilèges et aux superstitions
de toutes espèces, cf. 1 Samuel 28:3,9; 2 Rois 21:6; 23:24; Ésaïe 8:19; Jérémie
29:8; Michée 3:11; Zacharie 10:2: ils allèrent même consulter les oracles des
païens, 2 Rois 1:2. Le culte de Bahal avait son cortège de prophètes
divinateurs, 1 Rois 18:19, les Philistins fournissaient leur contingent, 1
Samuel 6:2, et les Juifs eux-mêmes virent dans leur propre sein surgir de ces
industriels auxquels le peuple, comme partout, s'empressait d'apporter de
l'argent, Michée 3:11; cf. Actes 16:16.
Il y avait diverses sortes de divinations et de
devins; les uns se bornaient à l'examen de certaines circonstances, ou
accidents naturels, c'est ce qu'on a appelé magie naturelle; d'autres
empruntaient tout simplement le secours de l'art, c'était la magie
artificielle; d'autres consultaient les morts ou les mauvais esprits (magie
noire ou diabolique); d'autres enfin devinaient d'inspiration, de
pressentiment, de seconde vue. À la première classe appartenaient, parmi les
exemples qui nous sont conservés dans l'Écriture:
a. L'interprétation
des songes, q.v.
b. l'examen
des mouvements des serpents: c'est même cette espèce de divination que semble
indiquer le terme hébreu, Lévitique 19:26; Deutéronome 18:10; 2 Rois 17:17;
21:6. (nichesh deviner, nachash serpent). Bochart a recueilli quelques faits à
l'appui de cette idée; les Égyptiens avaient des serpents qu'ils appelaient de
bons génies, et dont ils aimaient à placer la figure sur leurs abraxas ou
talismans: beaucoup de peuplades orientales ont encore leurs serpents sacrés
que consultent les jongleurs, et l'on se rappelle les serpents de Pallas
(Virgile Æneid. 2). Les mots grecs et latins par lesquels les Septante et la
Vulgate ont traduit l'hébreu, font entrer dans leur composition les oiseaux
(augures), au lieu de serpents; mais il est clair que, soit dans le texte, soit
dans les traductions, il convient de s'en tenir à l'idée générale de
divination, sans égard aux moyens employés.
c. Les
baguettes, ou bâtons divinatoires; on croit en trouver la trace, Ézéchiel 21:26
(il a secoué les flèches), et Osée 4:12 (mon peuple demande avis à son bois, et
son bâton lui répond). Le premier de ces passages contiendrait une allusion à
l'ancien usage des Caldéens, d'écrire sur des flèches ou sur des baguettes le
nom des villes où ils voulaient se rendre, ou des choses qu'ils voulaient
entreprendre, de mêler ensuite ces baguettes dans un carquois, de tirer au
hasard et de se décider suivant celle qui sortait la première. La plupart des
peuples ont connu ce moyen de deviner, qui est peu malin, et que les enfants
remplacent chez nous par le jeu d'épingle. Cette interprétation est possible;
le prophète dirait alors que le roi de Babylone, incertain par quel ennemi
commencer, a jeté sur les villes le sort des flèches, et qu'il marchera d'abord
contre Jérusalem: on peut le comprendre cependant autrement encore. Quant au
passage d'Osée, il supporte également cette explication, mais d'autres aussi
sont permises; ou bien: il consulte ses idoles de bois, et elles lui répondent
(par le moyen de leurs prêtres); ou bien: ce peuple aveugle, qui ne peut se
diriger par la lumière, se dirige au moyen de son bâton, en tâtonnant. «Il me
semble, dit Calvin, que le plus simple est d'y voir une condamnation contre les
Israélites, qui se sont adressés à des idoles mortes au lieu de s'adresser au
Dieu vivant.» (ad Hos. 4, 12).
d. L'examen
des entrailles sacrifiées était chez les peuples païens un grand moyen de
divination; si les entrailles étaient sèches, dures ou lâches, s'était un
présage fâcheux: si au contraire elles étaient saines et rouges, c'était un bon
signe: on peut croire que le passage, Ézéchiel 21:26 (il a regardé au foie), se
rapporte à la divination par les intestins; mais c'est la seule trace qu'on en
trouve dans l'Écriture.
e. La
divination, d'après le cours des nuages, Deutéronome 18:10 (pronostiqueurs de
temps) 2 Rois 21:6, ou d'après les signes des cieux, Jérémie 10:2, c'est
l'hébreu meonen;
— Voir: cependant l'article Enchanteur.
f. Enfin,
par l'eau ou par la coupe;
— Voir: Coupe.
Quant à la divination par inspiration, qui se
distingue des précédentes par l'absence d'art, «quod arte careret», dit
Cicéron, voici comment ce même auteur païen la caractérise, Divin 1:18. «Carent
autem arte, qui non ratione aut conjectura, observatis ac notatis signis, sed
concitatione quâdam animi aut soluto liberoque motu futura præsentiunt, quod et
somniantibus sæpe contingit et non nunquam vaticinantibus per furorem», etc. Souvent
chez les païens (et les oracles reposaient presque tous sur cette théorie), on
cherchait à produire une excitation factice et purement physique sur les nerfs
des pauvres prêtres et prêtresses, qui faisaient de gré ou de force, le triste
métier d'annoncer les choses futures; cette excitation se traduisait en gestes
violents et en convulsions que l'on donnait pour les signes de la présence de
la divinité, (cf. Æneid. 6, 46; et suivant): on recueillait les paroles de leur
délire, et quelques habiles arrangeaient ces paroles à leur guise, et leur
donnaient telle forme obscure et ridicule qu'ils jugeaient convenable. C'était
là ce qu'on appelait insanire, être fou; il y avait folie en effet, et chez le
malheureux patient, et chez ce prêtre qui, avec une gravité majestueuse,
cherchait tant bien que mal la raison dans la déraison, la clarté de l'avenir
dans l'obscurité du présent. Cependant il y avait aussi une inspiration plus
calme, plus naturelle, soit dans le sommeil soit dans la veille; elle se
trouvait dans un état nerveux habituel que l'on peut rattacher à un
développement considérable du système ganglionnaire, et qui produisait chez
ceux qui étaient atteints de cette infirmité, un penchant très fort au sommeil
magnétique, au somnambulisme, et à la seconde vue. Il faut peut-être du courage
pour mettre en avant de telles idées, quand on ne peut ni les développer, ni
les expliquer, ni les appuyer; mais tout cela trouvera sa place ailleurs, et
nous ne pouvons entrer ici dans des détails psychologiques qui demanderaient,
pour être traités convenablement, un ouvrage tout spécial. Du reste, dans cette
ligne d'idées ce qui est le plus singulier, ce n'est pas tant l'explication du
fait, que le fait lui-même; et comme tous les efforts pour nier les faits ont
toujours été inutiles, et qu'il faut bien finir par les accepter, la seule
chose à faire c'est de tâcher de les comprendre, autant du moins qu'ils peuvent
être compris. Le passage, Actes 16:16; sq. cf. 19:13; sq., paraît expliquer
cette vertu divinatoire par la possession d'un démon.
— Voir: encore articles Enchanteur, Possession,
Python, etc.
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DIVORCE.
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La dissolubilité des liens du mariage, le divorce,
toujours en honneur partout où le mariage ne l'est pas, où la femme est
méprisée, cette coutume des peuples païens, et que les patriarches eux-mêmes
ont connue, Genèse 21:14, fut régularisée par la loi de Moïse; il fut permis,
sauf les deux cas où l'homme aurait, avant son mariage, déshonoré une jeune
fille par des paroles flétrissantes ou par une conduite brutale, Deutéronome
22:19,29. Il fut permis, et voici comment Moïse s'exprime à cet égard,
Deutéronome 24:1-4: «Quand quelqu'un aura pris une femme et se sera marié avec
elle, s'il arrive qu'elle ne trouve pas grâce devant ses yeux, à cause qu'il
aura trouvé en elle quelque chose de malhonnête, il lui donnera par écrit la
lettre de divorce, et la lui ayant mise entre les mains, il la renverra hors de
sa maison.» La femme divorcée et remariée ne pouvait plus retourner auprès de
son premier mari, même après la mort du second. Quelque étendue que paraisse au
premier abord cette facilité d'obtenir le divorce, elle est limitée par deux
restrictions ou difficultés, l'une intérieure, l'autre extérieure; il fallait
donner à la femme, par écrit, une lettre de divorce; cette gène, petite en
apparence, était pourtant une gêne à cette époque où l'art d'écrire était si
peu répandu; et quelquefois des obligations de ce genre amenant des longueurs peuvent
aussi donner le temps de réfléchir. L'autre condition du divorce, beaucoup plus
législative et morale, c'est que pour l'obtenir il fallait plus qu'un caprice,
il fallait un motif suffisant, il fallait que le mari eût trouvé en sa femme
quelque chose de malhonnête. Les termes sont bien vagues, il est vrai, et
pouvaient étendre par leur élasticité ce que la loi avait voulu restreindre;
les deux célèbres écoles juives de Hillel et de Schamaï se disputaient à
l'époque de notre Sauveur sur l'interprétation qu'on pouvait donner à ces
paroles; la première pensait qu'un homme pouvait répudier sa femme pour les
plus légers motifs, par exemple si elle faisait mal la cuisine, s'il trouvait
une autre femme qui lui convînt davantage, ou enfin, s'il découvrait en elle
quelque légère difformité. Schamaï soutenait au contraire que la loi ne donnait
à l'homme le droit de répudiation, que lorsqu'il avait en effet trouvé dans sa
femme des inclinations ou des actions réellement déshonnêtes et honteuses.
Jésus dont la doctrine était l'accomplissement de la loi, distingue
positivement sa doctrine de celle de Moïse; il déclare que le divorce a été
permis à cause de la dureté du cœur naturel, mais lui ne le permet que pour le
cas d'adultère, puisqu'alors les liens du mariage sont déjà dissous de fait: en
appuyant ainsi de son autorité les enseignements de Schamaï comme plus saints,
il semble indiquer que l'interprétation de Hillel était en effet celle qu'on
devait donner à la loi de Moïse. Toutefois, malgré cette facilité du divorce,
il est à remarquer que l'Ancien Testament ne cite pas un seul exemple de ce
cas, depuis la promulgation de la loi: on voit même David garder jusqu'à sa
mort les femmes qu'Absalon son fils avait déshonorées; il les enferme, mais ne
les répudie pas; et les rabbins écrivent que l'on ne permit pas à David de
répudier aucune de ses femmes pour épouser Abisag, et qu'il dut se contenter de
la prendre à titre de concubine parce qu'il avait déjà le nombre de dix-huit
femmes permis par les coutumes. Plusieurs passages prouvent cependant que les
Juifs n'usaient que trop souvent de la facilité que la loi leur accordait à cet
égard;
— Voir: Juges 15:2; 19:2-3; Proverbes 2:16-17; Michée
2:9; Malachie 2:15; Esdras 10:2-3; Néhémie 13:23-30.
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DIZAHAB,
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Deutéronome 1:1, ville ou bourg dans le désert
d'Arabie, bâtie peut-être dans une localité riche en palmiers, que Burkhardt a
retrouvée sur les bords du golfe arabique, sous le nom de Dahab.
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DOBERATH,
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nom que porte dans quelques mss, la ville de Dabrath,
q.v.
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DODANIM
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(amours). Cette peuplade japhétique étant nommée,
Genèse 10:4, avec d'autres qui ont habité la Grèce, on a rapproché avec assez
de vraisemblance son nom de celui de Dodone en Épire. Bochart cite un Targum
qui rend Dodanim par Dardanim; on sait que ce nom se trouve dans les anciennes
fables des Grecs: selon eux Dardanus émigra en Asie Mineure où il fonda la
ville de Troie. Dans le passage parallèle, 1 Chroniques 1:7, de même que dans
le Pentateuque samaritain et dans les Septante, nous trouvons Bodanim qui
signifierait selon les uns l'île de Rhodes, selon les autres même le Rhône,
Rhodanus; mais c'est aller un peu loin; d'ailleurs il y a tout lieu de croire
que la leçon conservée dans la Genèse est la primitive; le copiste du livre des
Chroniques pouvait facilement confondre les deux initiales, qui en hébreu ont
en effet la plus grande ressemblance.
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DOEG
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(soucieux); iduméen qui était l'inspecteur en chef des
troupeaux de Saül; il était à Nob lorsque David y vint auprès d'Ahimélech lui
demander des vivres et des armes. David qui l'aperçut et qui sans doute le
connaissait, craignit une trahison et s'enfuit sans avoir dit à Ahimélech quels
étaient ses rapports avec le roi; il feignit même d'être en course pour une
mission spéciale, et fut bien éloigné de vouloir l'entraîner dans une révolte
ou dans un complot. Mais Doëg, sur les instances de Saül qui cherchait partout
des témoins contre David, raconta en la dénaturant la conversation qui avait eu
lieu à Nob, et chercha à la représenter comme une conjuration politique. Saül
qui ne pouvait atteindre David voulut se venger au moins sur les
sacrificateurs; il lit comparaître Ahimélech avec toute sa famille, les
condamna à mort sans forme ni procès, et chargea ses archers d'exécuter la
sentence: sur leur refus il donna le même ordre à Doëg, qui de délateur devint
sans peine bourreau, et s'acquitta de sa commission avec cruauté; il mit à mort
quatre-vingt-cinq sacrificateurs, et passa au fil de l'épée tous les habitants
de Nob, 1 Samuel 21:7; 22:9-23. David a rappelé cette trahison Psaumes 52:1.
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DOIGT.
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Il est parlé plusieurs fois dans l'Écriture du doigt
de Dieu pour désigner sa puissance, Exode 8:19; 31:18; Psaumes 8:3; Ésaïe 58:9;
Luc 11:20.
— Le mot doigt exprime souvent aussi une mesure
naturelle prise de l'homme comme la coudée, et équivalant à un peu moins de 3/4
de pouce, Jérémie 52:21.
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DONS, ou présents.
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Les dons ont, dès les temps les plus anciens, été
considérés comme une marque d'honneur, et comme un témoignage d'estime ou
d'amitié, Genèse 32. Ils consistaient soit en argent, 2 Samuel 18:11, soit en
armes ou vêtements précieux, 1 Rois 10:23, soit enfin en fruits, fourrage, ou
provisions de toutes espèce, 1 Rois 10:25; 14:3; Genèse 24:53; 32:13; 43:11; 1
Samuel 9:7; 16:20; 2 Chroniques 17:11; mais comme ils étaient toujours proportionnés
à la fortune des donateurs, ils se trouvaient être parfois de très peu de
valeur, 1 Samuel 9:8; 16:20. Des amis se faisaient des présents lorsqu'ils se
visitaient ou à certains jours de fêtes, Esther 9:19, les inférieurs quand ils
recevaient leurs supérieurs, 1 Samuel 9:7; Genèse 43:11; Matthieu 2:11, surtout
les sujets à leur souverain, 1 Rois 4:21; 10:25; 2 Chroniques 17:5; ce dernier
cas paraît même être devenu une coutume obligatoire, tellement que ceux qui à
l'avènement d'un roi ne lui apportaient pas de présents, pouvaient être
regardés comme de méchants hommes, 1 Samuel 10:27. Les Hébreux appelèrent aussi
présents les tributs qu'ils devaient payer à des monarques étrangers, pour
déguiser sans doute par la douceur de l'expression ce que la chose avait de
pénible pour tout véritable Israélite, Juges 3:15,17; 2 Samuel 8:2; 2 Rois
17:3-4; 2 Chroniques 17:11; 26:8; Psaumes 45:13; 68:30; 72:10, etc. Les rois
faisaient de même quelquefois des présents à leurs favoris, 2 Samuel 11:8, à
des étrangers, à des ambassadeurs, ou à leurs propres employés civils et
militaires, Esther 2:17; ces cadeaux consistaient ordinairement en vêtements
précieux, 2 Rois 5:22; Esther 6:8; 8:15; Daniel 5:16; 29; cf. 1 Samuel 18:4.
Dans les jours de fêtes on faisait au peuple des distributions de vivres, 2
Samuel 6:19. Les rois s'envoyaient mutuellement des cadeaux lorsqu'ils
voulaient contracter des alliances, 1 Rois 15:19; 2 Rois 16:8; 20:12; Ésaïe
39:1.
C'est dans tout l'Orient une espèce de cérémonie que
le fait même de la présentation des cadeaux, et elle se fait toujours avec une
pompe proportionnée à la grandeur des présents: on va jusqu'à prendre un grand
nombre de bêtes de somme pour porter un présent qu'un seul homme eût pu
présenter: quelquefois on les fait porter par des esclaves, et aucun des
porteurs ne doit être chargé de manière à en être gêné.
Il était défendu de faire des présents aux juges et
aux témoins: cette honteuse corruption, flétrie Exode 23:8; Deutéronome 16:19;
27:25; cf. 1 Samuel 12:3; Psaumes 15:5; Proverbes 15:27; Ésaïe 33:15, n'en a
pas moins été souvent mise en usage, et l'on trouve bien des magistrats qui y
ont été accessibles, 1 Samuel 8:3: aussi les livres sacrés sont-ils remplis de
plaintes et de reproches à cet égard, Job 15:34; Psaumes 26:10; Proverbes
17:23; 18:16; Ésaïe 1:23; 5:23; Ézéchiel 22:12; Michée 3:11. Cadeaux de noces,
— Voir: Mariage.
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DOPHKA.
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L'un des campements des Israélites dans le désert,
Nombres 33:12. Inconnu.
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DOR
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(demeure). Ville cananéenne située au bord de la
Méditerranée, non loin du Carmel; lors de la conquête, elle fut donnée à la
tribu de Manassé, Josué 11:2; 12:23; 17:11; 1 Rois 4:11; 1 Chroniques 7:29. On
trouve de nos jours, dans cet endroit, une bourgade sous le nom de Tortura ou
Tantura.
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DORCAS ou Tabitha
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(chevreuil, en grec et en syriaque), femme demeurant à
Joppé, disciple, pleine de bonnes œuvres et d'aumônes qu'elle faisait, Actes
9:36. Étant morte après une courte maladie, on lava son corps et on le déposa
dans une chambre haute; puis pendant que les malheureux menaient deuil auprès
d'elle en pleurant, les disciples ayant su que Pierre était à Lydde, où il
venait de guérir un homme paralysé depuis plusieurs années, espérèrent que,
peut-être, il pourrait rendre à la vie celle qu'ils aimaient comme leur
bienfaitrice, et envoyèrent auprès de lui deux hommes pour le prier de venir
sans délai. Pierre étant arrivé, monta dans la chambre haute, où il vit le beau
spectacle de ces veuves et de ces pauvres qui, pour toute oraison funèbre,
montraient les robes et les vêtements que Dorcas avait travaillés pour eux.
Alors, les ayant fait sortir à l'exemple de son maître, Matthieu 9:25; Marc
5:40, et sans doute pour mieux pouvoir se recueillir, l'apôtre se mit à genoux
auprès du lit funéraire, et pria; puis, se tournant vers le corps, il dit:
Tabitha, lève-toi! Et elle ouvrit les yeux, et voyant Pierre elle s'assit. Et
lui ayant donné la main, il la leva et la présenta aux saints et aux veuves qui
se trouvaient là. Ce miracle fut connu de toute la ville de Joppe, et un grand
nombre de personnes crurent à la prédication de l'Évangile qui opérait des
choses si merveilleuses.
Il n'y a aucune difficulté dans cette histoire, à
moins qu'on ne veuille en trouver une dans la résurrection même de Dorcas;
quelques-uns, en effet, la nient et prétendent que Dorcas était seulement en
léthargie; la voix de Pierre à son oreille aurait suffi pour la réveiller. Si
l'on ne peut résoudre la difficulté que par la puissance de Dieu, on ne peut
comprendre l'objection que par la puissance des ténèbres.
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DOTHAIN, ou Dothan,
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Genèse 37:17, ou Dothan, 2 Rois 6:13, ville de
Palestine qui se trouvait dans une gorge de montagnes, non loin de Jizréhel,
sur la route que les caravanes prenaient pour se rendre d'Égypte en Galaad.
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DRACHME,
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monnaie grecque qui passa en Palestine après l'exil, 1
Chroniques 29:7; Esdras 2:69; 8:27; Néhémie 7:72, et qui était surtout en usage
à l'époque de Christ, Luc 15:8-9. Il y en avait plusieurs espèces, qui valaient
de 45 à 83 centimes.
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DRAGON, ou Serpent ancien,
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D’après
l’étymologie, le mot «dragon» se rapporte au souverain d’une nation, un
illuminé, une élite de la société qui domine sur les masses d’un peuple
crédule. Dans l’Apocalypse ce terme désigne la souveraineté de la loi sous la
dynastie des rois Hérode, puis par après sous la domination des empereurs
romains.
Ésaïe 43:20,
— Voir: Chacal.
— Dragon, ou Serpent ancien, Apocalypse 12 et 13,
— Voir: Serpent.
— Fontaine du Dragon, Néhémie 2:13,
— Voir: Siloé.
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DROGUES,
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L’utulisation de drogues était courante à ces époques,
particulièrement l’opium, le cannabis, et le hashish. On la mélangeait souvent
avec du vin et des boissons, et on s’en servait aussi à des fins médicales.
Genèse 37:25,
— Voir: Stacte.
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DROITURIER,
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Josué 10:13,
— Voir: Jasar.
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DRUSILLE.
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Féconde en maris, cette femme qui est nommée, Actes
24:24, comme l'épouse du procurateur romain Félix,était fille d'Hérode Agrippa
le Grand, Actes 12:23, et sœur d'Agrippa le Jeune: elle avait été fiancée
d'abord à Antiochus Épiphane; mais comme celui-ci n'avait pas voulu embrasser
le judaïsme, elle épousa Azizus, prince d'Émessa, puis finit par se laisser
séduire par Félix, dont elle eut un fils, Agrippa qui périt plus tard, comme
elle, par une éruption du Vésuve.
Ces deux époux, curieux d'entendre le prisonnier
chrétien, le firent comparaître; mais comme il leur parlait de justice, de
chasteté, de jugement à venir, Félix tout effrayé le renvoya en lui disant:
Pour le moment va-t-en, et quand j'en aurai la commodité je te rappellerai.
— Drusille passait pour la plus belle femme de son
temps, mais non pour la plus chaste.
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DUCS,
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Lit. un prince.
Daniel 3:2-3, le même mot qui est ordinairement
traduit par gouverneurs, Esther 3:12; Esdras 5:3. C'était une charge d'administration,
inférieure à celle des satrapes;
— Voir: Baillis.
Le mot traduit par
ducs, Genèse 36:15; sq., signifie plutôt chefs (de famille ou de tribus); un
Don, administrateur d’un domaine; un gardien.
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DUMA
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(silence),
1. ville
de la tribu de Juda, Josué 15:52;
2. peuplade
arabe descendant d'Ismaël, Genèse 25:14; Ésaïe 21:11. Le territoire qu'elle
occupait est peut-être indiqué aujourd'hui par une ville située dans la
province de Nedschend, sur la frontière de l'Arabie et du désert de Syrie, et
qui porte le nom de Dumath-Aldschandel.
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DURA.
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Nom d'une plaine de la Babylonie, probablement même
celle où la ville de Babylone était bâtie, Daniel 3:1. Hérodote 1, 178.
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-E
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EAU.
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L'eau a dans l'Écriture diverses acceptions figurées.
Elle se prend d'abord pour toute espèce de boisson en général, Deutéronome
23:4; 1 Samuel 25:11; 1 Rois 13:18. Elle indique la famille, ascendante ou
descendante, les ancêtres ou la postérité, Ésaïe 48:1 (cf. Psaumes 68:26),
Nombres 24:7; Proverbes 5:15-16: ce dernier verset doit se traduire par le
futur; le bonheur d'une femme fidèle y est représenté sous l'image d'une
fontaine abondante dont les eaux se répandent richement au dehors et dans les
rues. Ailleurs, les eaux marquent des peuples nombreux, Apocalypse 17:15. Elles
signifient aussi des malheurs, Lamentations 3:54; Psaumes 69:1; 124:4-5, ou les
larmes, Psaumes 119:136; Jérémie 9:1, et la sueur, Ézéchiel 21:12; 7:17. Dieu
compare son culte à des eaux vives, Jérémie 2:13; Jean 4:10, et le culte des
idoles, comme celui des femmes débauchées, à des eaux dérobées et étrangères,
Proverbes 9:17.
— Dans le passage Jérémie 15:1,18, les «eaux qui
trompent» sont une allusion au phénomène du mirage, alors que le voyageur
altéré croit voir dans le lointain un lac au milieu des sables, et hâte sa
marche sans pouvoir approcher de cette eau qui n'en est pas une; des eaux plus
fidèles sont mentionnées Ésaïe 33:16, et pour le chrétien ce sont les mêmes que
celles de Jean 4:10.
Il est parlé fréquemment des eaux supérieures et des
eaux inférieures, de celles d'en haut et de celles d'en bas, des eaux de
l'abîme, du grand abîme, etc., Genèse 1:6-7; 7:11; Exode 15:5; Deutéronome 8:7;
33:13; Ésaïe 51:10. C'est à l'époque de la création que les eaux de la terre et
celles du ciel furent séparées; au moment du déluge elles se réunirent pour
noyer et détruire l'ancien monde;
— Voir: ces deux articles.
Les eaux de la contestation de Kadès sont le nom
historique d'un lieu qui fut pour Aaron et Moïse une occasion de chute; ce nom
fut donné à l'endroit pour perpétuer le souvenir du péché de ces deux grands
hommes de Dieu. Elles s'appellent en hébreu Mé-Méribah-Kadès, Deutéronome
32:51, et sont diversement traduites dans nos versions;
— Voir: Méribah, Mara, Mérom, etc.
On trouve au chapitre cinquième des Nombres, versets
12-31, l'institution des eaux amères ou eaux de jalousie, destinées à faire
reconnaître au mari soupçonneux la faute ou l'innocence de sa femme (— Voir:
Adultère). Cette épreuve était une espèce de jugement de Dieu, mais différait
des épreuves du moyen âge en ce que par sa nature elle était inoffensive et
qu'il fallait un miracle pour punir, tandis que ces dernières étaient toujours
dangereuses par elles-mêmes et que le miracle était nécessaire pour sauver; la
loi divine, comme toujours, était davantage protectrice, l'épreuve des hommes
était plus cruelle.
— L'intervention constante de l'Éternel était dans
cette épreuve, plus peut-être que dans toutes les autres, une nécessité, parce
que si la femme coupable ne succombait point, elle et son complice pouvaient
dès ce moment regarder tout le système de Moïse comme une dérision, et tourner
sans crainte en ridicule toutes les superstitions d'une religion faussement
ainsi nommée, impuissante à découvrir le mal, impuissante à se faire obéir:
tout tombait à la première épreuve manquée. La longueur de ces opérations était
d'ailleurs destinée à obtenir des aveux, et nous ne voyons nulle part d'exemple
où l'épreuve ait été exécutée (— Voir: Cellérier, Législ. mos. H).
— Quant à l'eau de séparation,
— Voir: Vache rousse.
— Nos versions ont rendu par le mot propre, Ésaïe
36:12, ce que les Hébreux, par euphémisme, appelaient l'eau des pieds.
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ÉBÈNE.
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L'ébène n'est nommé que Ézéchiel 27:15, où il est mis,
avec l'ivoire, au nombre des principaux objets de commerce de la ville de Tyr.
C'était un des bois les plus recherchés, à cause de sa beauté, de sa rareté, et
de sa dureté qui le rend susceptible du plus beau poli. Solalndia nigrum fert
ebenum, dit Virgile (Georg. 2, 117), et c'est de l'Inde, en effet, qu'on l'a
fait venir pendant longtemps; il se trouve aussi à l'Île de France, de même
qu'en Éthiopie (Hérodote 3, 114. Pline 12, 8). L'ébénier a environ o mètres de
hauteur, l'écorce blanche, les feuilles grandes, longues et fortes, blanchâtres
du côté inférieur, les fleurs petites, réunies en bouquet et d'une agréable
odeur, le fruit ressemblant à la nèfle; l'aubier est blanc; le bois proprement
dit, qui seul est noir et forme l'ébène, n'occupe que le tiers intérieur de
l'arbre, de telle sorte que, sur un diamètre de six pouces, un tronc n'offre
que deux pouces d'ébène. Les anciens estimaient extrêmement ce bois; ils en
faisaient des incrustations dans l'ivoire, et quelquefois de petites déesses,
des espèces de vierges éthiopiennes.
— Le nom hébreu hob'nim est au pluriel (comme ceux de
sittim, almuggim, etc.), non point parce qu'il y a deux espèces d'ébène,
l'ebenus cretica de Linnée, et le Diospyros ebenus, mais parce que ces bois
précieux se vendaient par pièces qui chacune portaient, comme marchandises, le
nom même de l'arbre d'où elles étaient tirées; on disait un, deux, trois
Ébènes, de la même manière qu'on dit un Gobelin, un Sedan, un Rubens, pour dire
un ouvrage de ces manufactures, ou un chef-d'œuvre de ce grand maître.
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ÉBETS,
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Josué 19:20, ville de la tribu d'Issacar.
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ÉCARLATE,
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Genèse 38:28; Exode 25:4, et ailleurs; quelquefois
confondu avec le pourpre, cf. Marc 15:17, Jean 19:2; avec Matthieu 27:28. Le
mot hébreu que l'on a traduit ainsi est tholahat ou sheni tholahat, qui
signifie ver en général, puis spécialement ver du coccus. On s'est demandé
longtemps, et l'on se demande encore si, par tholahat, il faut entendre
l'écarlate ou le cramoisi. Gesenius et Winer penchent pour ce dernier; Harris,
au contraire, et Tyschen (d'après les Septante et la Vulgate), traduisent
écarlate; les uns et les autres produisent des arguments passables. Voici ce
que dit Harris: «Le cramoisi proprement dit est d'un rouge foncé, et se
fabrique avec la cochenille, qui était complètement inconnue aux anciens;
l'écarlate est d'un rouge plus vif et plus clair, tirant sur le feu; son nom
même explique son origine; elle est faite avec les petits vers du coccus:
cependant les anciens ne savaient pas la travailler aussi bien qu'on le fait
aujourd'hui, et cette couleur était moins éclatante que ce que nous appelons
maintenant écarlate.»
— Le nom hébreu rappelle, sous le rapport
étymologique, notre vermillon, quoique nous appliquions à une substance
minérale ce dernier mot qui, d'après son origine (vermiculus), appartiendrait
plutôt au règne animal. L'écarlate se tire, comme on sait, d'un insecte qui se
trouve en abondance en Palestine et dans l'île de Crète, sur une espèce de
petit chêne, haut de 1 mètre environ, dont les feuilles sont épineuses et
chargées de grains de la grosseur d'un petit pois: ces grains sont pleins de
vers rouges (coccus), gros comme une lentille: on détache ces grains des
feuilles, les petits vers en sortent par un trou du côté par lequel ils tenaient
à la feuille; on les sépare avec soin de toute matière étrangère, et après les
avoir légèrement écrasés, on en fait des boules de la grosseur d'un œuf.
L'écarlate était fort estimée des anciens, et c'est
probablement en Égypte que les Hébreux avaient appris à la connaître; on en
teignait des rideaux, des draperies et des tapis de luxe que les riches seuls
pouvaient se procurer, 2 Samuel 1:24; Proverbes 31:21; Jérémie 4:30;
Lamentations 4:5 (Jérémie 22:14; se rapporte aux boiseries, qui souvent étaient
enduites de riches couleurs, et peintes en écarlate). Chez les Romains les
rois, les princes et les généraux revêtaient des manteaux de cette couleur,
Matthieu 27:28. Plusieurs pièces du tabernacle et des vêtements sacerdotaux
étaient issues de fils écarlates, Exode 25:4; 28:5; 36:8; 38:18; 39:1; Nombres
4:8; Josué 2:18; peut-être aussi le voile du temple de Salomon, 2 Chroniques
3:14.
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ECBATANE,
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ville de Médie, que quelques interprètes croient être
désignée, Esdras 6:2, par le nom caldéen Achmetha, que nos versions ont traduit
par «dans un coffre;» cette traduction est possible, comme aussi l'opinion de
ceux qui rendent Achmetha par Ecbatane. Cette ville est plusieurs fois rappelée
dans les Apocryphes. Elle fut fondée par Déjocès, roi des Mèdes (705 avant
J.-C.), et entourée de sept murailles, qui s'élevaient par étages du dehors an
dedans de la ville, et dont les créneaux, au dire d'Hérodote (1, 98), étaient
de sept couleurs différentes, blancs, noirs, rouges, bleus, rouge foncé,
argentés et dorés: le mur extérieur avait près de 38 kilomètres de tour, 178
stades. Depuis Cyrus elle fut pendant deux mois d'été la résidence des rois de
Perse, qu'y attirait la fraîcheur de son climat. Elle renfermait un palais
magnifique, un vaste temple et de riches aqueducs. C'est là qu'Antiochus
Épiphanes apprit la déroute des armées qu'il avait envoyées en Palestine, 2
Maccabées 9:3. Plusieurs voyageurs assurent qu'on en voit encore quelques chétives
ruines dans le voisinage de Hamadan, sous les 34° 53' de latitude et 65° 24' de
longitude (Morier, Voyage en Perse).
— Hérodote et Pline mentionnent une autre Ecbatane en
Phénicie, non loin du mont Carmel, du côté de Ptolémaïs, où Cambyse mourut, s'étant
blessé à la cuisse avec son cimeterre, comme il montait à cheval; auj. Caïffa.
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ECCLÉSIASTE.
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C'est ainsi que s'appelle l'auteur d'un des livres
sentencieux de l'Ancien Testament. Son recueil de pensées est intitulé:
«Paroles de l'Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem;» c'est un des
livres qui ont donné le plus de travail aux interprètes. Que signifie d'abord
le nom même d'Ecclésiaste, ou plutôt le nom hébreu de Kohéleth? La traduction
la plus simple en apparence, et le plus généralement admise, est celle de
Prédicateur (Luther: Prediger); Horne l'applique soit à la personne chargée de
convoquer le peuple, soit à celle qui doit le haranguer. La racine kahal est employée,
1 Rois 8:1, pour dire que Salomon assembla les anciens; c'est aussi là sa
signification particulière, correspondante à celle du mot grec
ίκκλησία, d'où nous avons fait les mots Ecclésiaste et Église.
D'autres traduisent un rassembleur ou collecteur, et l'entendent de celui ou de
ceux qui auraient rassemblé et rédigé des paroles prononcées par le fils de
David: l'Ecclésiaste serait alors, non pas l'auteur, mais le rédacteur du
livre. La forme du mot Kohéleth est féminine (proprement la prédicatrice), mais
on l'emploie fréquemment en hébreu, même en parlant d'hommes, lorsqu'on veut
désigner plus particulièrement une charge, une dignité, un office. Eu égard à
cette forme féminine, quelques docteurs distingués, Carthwight, Heidegger,
etc., ont cependant présenté une interprétation différente;ils voient dans
Kohéleth la forme hébraïque du Pohel, et traduisent ce mot par «une âme
rassemblée»; selon eux Salomon, après avoir été rejeté de l'Église, chassé de
la synagogue à cause de ses désordres, y serait rentré par sa repentance,
serait redevenu membre de cette assemblée, et lui aurait été agrégé de nouveau:
le féminin marquerait la profondeur de sa conversion, ce ne serait pas un
homme, un roi, Salomon, son corps qui aurait été rassemblé, mais son âme;
quelques rabbins appuient cette manière de voir en expliquant Kohéleth par un
homme doué d'une âme réintégrée. Entre ces deux explications principales, dont
l'une fait de l'auteur un maître qui enseigne, et de l'autre un fidèle qui se
repent et s'humilie, on peut choisir; la seconde a peut-être quelque chose de
plus séduisant; la première réclame en sa faveur un plus grand nombre
d'autorités et l'analogie de la langue.
Quant à la personne désignée par le nom d'Ecclésiaste,
il est difficile de s'y méprendre, et il faut beaucoup de bonne volonté pour y
voir autre chose que Salomon. Ceux mêmes qui veulent, comme Luther, n'y voir
qu'une collection, reconnaissent que les paroles sont des sentences prononcées
par ce sage monarque, quoique recueillies par d'autres; rien ne justifie, du
reste, ce système. Au premier verset, l'Ecclésiaste se donne comme roi de
Jérusalem et fils de David; ailleurs (2:4; sq. 1:46; cf. 1 Rois 4,), il parle
de ses richesses immenses, de ses maisons, de ses campagnes, de ses vignes, des
aqueducs qu'il a fait bâtir, de ses viviers, de ses esclaves, de ses trésors en
or et en joyaux, de sa grandeur, qui a été plus élevée que celle de tous ceux
qui ont été à Jérusalem avant lui, de sa sagesse divine; il parle encore des
sentences et des proverbes qu'il a mis en ordre, Ecclésiaste 12:11-12; cf. 1
Rois 4:32, etc.; il n'y a qu'un type qui réponde à tous ces caractères.
Toutefois, nous devons mentionner pour mémoire l'opinion des Talmudistes, qui
attribuent cet ouvrage au roi Ézéchias; celle de Grotius, qui l'attribué à
Zorobabel; celle de Kimchi, qui l'attribue à Ésaïe.
Au dire des rabbins, confirmé par saint Jérôme,
quelques-uns de ceux qui recueillirent les livres saints après la captivité,
furent d'avis de ne pas insérer l'Ecclésiaste dans le Canon, de peur que des
esprits faibles ne fussent scandalisés de certains passages obscurs qui s'y
trouvent, et qu'ils pourraient mal interpréter, par exemple, 3:18-22; 4:1-3;
9:2, etc. Effectivement, ces versets trahissent un matérialisme et un athéisme
révoltants; ils rappellent dans leur genre ce passage des Romains 6:1:
«Péchons, afin que la grâce abonde»; et ces paroles du même apôtre, 1 Corinthiens
15:32: «Mangeons et buvons, car demain nous mourrons»; si les unes et les
autres de ces paroles impies se trouvent dans l'Écriture, celles du Nouveau
Testament pourront nous expliquer celles de l'Ancien; dans l'un et l'autre cas,
ce„ sont les raisonnements du pécheur reproduits par l'Esprit saint pour être
combattus. Le but de l'auteur a été de démontrer la vanité des choses de la
terre comme telles, et l'excellence de la sagesse et de la vraie religion; son
ouvrage présente une espèce de dialogue dont les rôles sont quelquefois assez
difficiles à distinguer, parce que les interlocuteurs se rencontrent en
plusieurs points, et que celui qui relève la grandeur divine s'accorde avec
l'autre à dire que tout n'est que vanité. On peut supposer avec Grotius un homme
de bien discutant avec un impie ou un Sadducéen; c'était une forme
qu'affectionnaient volontiers les anciens, Platon, Xénophon, etc.; cependant le
dialogue n'est pas aussi marqué que dans les ouvrages de ces philosophes. Il
paraîtrait plutôt que Salomon discute avec lui-même, soit qu'il reproduise les
arguments sadducéens que sa profonde science lui avait certainement fait
connaître, soit aussi que le roi pénitent raconte ses erreurs passées, et le
matérialisme insensé qui avait été pour lui le fruit de ses débauches et de son
idolâtrie. Quoi qu'il en soit, on voit dans ce livre des opinions contraires
mises en présence; il y a donc deux hommes qui parlent, fictifs peut-être, et
les doutes de l'un ne sauraient pas plus être comptés au nombre des paroles sacrées,
que les discours des rois impies, des faux prophètes, et de Satan lui-même, qui
sont reproduits en maint endroit par l'Esprit saint.
On a souvent remarqué la solennité avec laquelle
s'ouvre le chapitre 5e; l'impie, dégoûté, mais non désabusé, a critiqué tout ce
qui se fait sur la terre; il s'est plaint de voir prospérer le méchant, le
faible tomber sans consolateur; le Sage lui répond: «Quand tu entreras dans la
maison de Dieu, prends garde à ton pied; ne te précipite pas à parler; Dieu est
au ciel et toi sur la terre; c'est pourquoi use de peu de paroles.» Homme
chétif! tu veux critiquer cet univers, qui marche, conduit par la puissante
main de Dieu; tu veux aborder le temple mystérieux de la Providence; tu veux
sonder la profonde sagesse; eh bien, sois au moins prudent, ne te hâte pas de
juger, et regarde.
Il est difficile de donner une idée exacte du plan de
cet ouvrage; on peut le diviser en trois parties:
1. la
thèse 1:1-3;
2. le
développement, 1:4-12:8;
3. la
conclusion 12:8-16.
Le développement lui-même comprend deux parties
principales: l'une négative, sur la vanité des choses de la terre; elle va
jusqu'à 6:9; l'autre, positive, sur la nature, l'excellence et les effets
bienfaisants de la révélation divine, jusqu'à 12:7. Quanta l'ordre des idées,
on ne peut pas le déterminer, et malgré tous les efforts qu'on a faits, on n'a
pas réussi à exposer l'enchaînement méthodique des arguments, soit que l'âme
trop pleine du prophète ait débordé de tous les côtés, versant à la fois le
désespoir et l'espérance, les plaintes et le repentir, les vieilles erreurs et
la nouvelle intelligence; soit, comme le dit naïvement Heidegger, soit que nos
humbles esprits ne soient pas capables de suivre la logique subtile et déliée
d'un si grand roi.
— Le dernier chapitre présente à un haut degré ce
caractère d'autorité que les païens remarquaient dans les discours de Jésus; le
sage ne discute plus, il affirme; il ne raisonne plus, il impose: «Jeune homme,
marche comme ton cœur te mène, mais sache que pour toutes ces choses Dieu
t'amènera en jugement.
— Crains Dieu, et garde ses commandements, car c'est
là le tout de l'homme; parce que Dieu amènera toute œuvre en jugement, touchant
tout ce qui est caché, soit bien, soit mal.»
Personne n'était mieux qualifié que Salomon pour dire:
Vanité des vanités, tout est vanité! Il avait joui de tout, abusé de tout!
Richesses, amour, sagesse, il avait vu une fin à toutes ces choses, et
plusieurs l'avaient trompé. D'autres témoignages que le sien eussent été moins
forts.
Quant à l'époque de la composition de ce livre, ceux
qui supposent un autre auteur que Salomon, la fixent naturellement de très
diverses manières, suivant l'auteur qu'ils donnent à l'Ecclésiaste; nous
n'avons pas à nous en occuper. Pour les autres, ils sont divisés selon qu'ils
admettent ou non que Salomon s'est relevé de sa chute et de son idolâtrie; il a
composé l'ouvrage avant sa chute, s'il est mort impénitent; il l'a écrit après,
s'il s'est repenti, et cette dernière opinion qui semble ressortir de la
lecture même de l'ouvrage, nous paraît de beaucoup la plus probable; c'est
presque une œuvre de pénitence, et l'on ne peut guère supposer que celui qui
l'a écrite, ait pu faire plus tard une chute éternelle. Qui voudrait admettre
que nous eussions dans l'Écriture l'ouvrage d'un apostat, d'un réprouvé!
L'inspiration n'y perdrait rien, si l'on veut, mais bien le lecteur. D'ailleurs
il est difficile de croire qu'un homme aussi privilégié de Dieu, en ait été
dans la suite complètement abandonné (v. Salomon).
On lit dans Calmet: «Luther a dit avec sa liberté, ou
plutôt son insolence ordinaire, que l'Ecclésiaste lui paraissait un auteur
plat, qui marchait sans bottes ni éperons, ce sont ses termes; qu'il
ressemblait au Talmud et était un ramas de plusieurs ouvrages; que l'on avait
recueilli les maximes de table que Salomon prononçait dans la débauche et dans
la bonne chère, et qu'on les avait écrites dans ce livre.»
L'opinion de Luther a été si souvent citée, que nous
croyons ne pouvoir faire mieux que de laisser parler Luther lui-même. Entre son
jugement authentique et l'autorité plus que douteuse de ses Propos de table, on
ne peut hésiter: «Je puis dire en toute vérité, écrit-il en tête de son
Commentaire, que j'eus une grande joie lorsque, pour la première fois, je saisis
et découvris quelque peu le sens de l'original; car j'ai, pendant ma vie
entière, essayé mes forces sur ce livre, à plusieurs reprises et avec grand
travail et grande application; mais je n'ai pu tirer aucun profit de tous les
commentaires et ouvrages des anciens, jusqu'à ce que j'aie en quelque sorte
conquis l'intelligence du texte hébreu. Tout ce livre avait été interprété
faussement, contre le texte et contre la doctrine chrétienne, et gâté de fond
en comble (au temps de la Réforme, les docteurs catholiques appliquaient d'une
voix unanime à la société même, telle que Dieu l'a réglée, au mariage, aux
diverses vocations de l'homme, aux biens terrestres, ce que Salomon dit des
abus par lesquels l'homme pécheur et insensé altère l'ordre divin des choses et
les dons de la Providence, et ils déclaraient vanité l'œuvre de Dieu aussi bien
que l'humaine folie. Rougemont)... Je recommande cet écrit, continue Luther, à
tous les chrétiens pieux... L'Ecclésiaste est un livre tout particulièrement
utile aux rois, princes et seigneurs, à leurs conseillers et à tous ceux qui
sont dans le gouvernement, ainsi qu'à ceux qui ont femme et enfants à élever...
On pourrait encore nommer ce livre l'écrit de Salomon sur les Églises et les
écoles, etc.»
M. de Rougemont, dans son Explication de
l'Ecclésiaste, a fait un rapprochement très remarquable entre ce livre et les
écrivains profanes. Nous en reproduirons ici la première partie (la seconde est
une analyse du poème de Pétrarque intitulé les Triomphes):
«L'Ecclésiaste, dans sa triple recherche du bonheur
terrestre, passe par les états de l'âme les plus divers, et il expose ainsi les
bases de tous les systèmes principaux de morale.
Il commence et finit, comme Héraclite, par considérer
toutes choses sous le jour le plus sombre. Mais dans le cours de ses recherches
il lui vient plusieurs fois à l'esprit que la vraie sagesse pourrait bien être
d'être toujours gai et joyeux, 9:7-9; 3:22; sq..
On a dit avec raison que Faust et Don Juan résumaient
l'humanité pécheresse et inconvertie. Le premier se perd par les jouissances
intellectuelles, le second par les plaisirs des sens. L'Ecclésiaste a dit avec
Faust: «J'appliquerai mon cœur à savoir;» et avec Don Juan:
«Allons, mon cœur, que je t'éprouve par la joie, et
jouis du bien», 1:16-18; 2:1-2. Six siècles avant Aristippe et Épicure,
l'Ecclésiaste, fils de David, érigeait en système et mettait en pratique la
morale du plaisir allié à la vertu, chapitre 3. Mais bientôt le voilà qui
s'écrie, à la vue du sage qui meurt comme l'insensé: C'est pourquoi j'ai haï la
vie j'ai haï tout mon travail... j'ai désespéré de tout; et ces accents d'une
insondable tristesse traversent tous les siècles sans être répétés par un seul
écrivain, jusqu'au jour où le plus grand poète de la France actuelle dit à son
tour:
Mais quand ces biens que l'on envie
Déborderaient dans un seul cœur,
La mort, au terme de la vie,
Fait un supplice du bonheur.
Voilà pourquoi mon âme est lasse
Du vide affreux qui la remplit
(LAMARTINE, Harm., III, 9)
À peine l'Ecclésiaste a-t-il fait taire sur ses lèvres
le murmure du désespoir, à peine a-t-il entrevu un éclair de bonheur, 2:24,
qu'il se transforme sous nos regards en un dur stoïcien qui ne demande la joie
qu'à la vertu, et qui baisse, en résistant, la tête sous le joug d'une immuable
et insensible fatalité, qui lui distribue la souffrance et le plaisir sans lui
permettre même de la fléchir par la prière, 3:14.
Mais bientôt il tombe plus bas encore; la vue des
désordres de la société lui inspire la plus ancienne profession de scepticisme
qui se lise dans les fastes de l'histoire, et, jusqu'aux encyclopédistes du
siècle passé, personne ne niera l'immortalité de l'âme en termes aussi rudes et
durs, 3:18-22. (Notons toutefois que l'Ecclésiaste ne met nulle part en doute
l'existence de Dieu. La démence seule peut dire: Il n'y a point de Dieu,
Psaumes 53:1, et le sage n'aurait plus mérité ce nom s'il eût mis en doute la
plus incontestable de toutes les réalités.)
Cependant il se relève de cet abîme, il prêche la
crainte de Dieu et le contentement d'esprit, et déjà, s'élevant vers les
sublimes hauteurs de l'Évangile, il proclame le néant de tous les biens
terrestres, 6:7, et la béatitude de la souffrance, 6:12, 7:1-7.
Mais il ne se soutient que peu d'instants à ces
hauteurs, et il s'abat sur l'humble colline qu'Aristote choisira plus tard pour
sa demeure: La vertu, dit-il, est le milieu entre deux extrêmes, 7:11-22.
Son cœur, sa conscience, l'avertit de son erreur, et
le voilà, comme Diogène le cynique, cherchant partout un homme et ne le
trouvant pas, 7:28.
L'impunité du crime, l'adversité des gens de bien, la
parfaite indifférence avec laquelle Dieu traite les justes et les injustes,
font de lui un déiste qui se persuade que Dieu ne peut qu'approuver tout ce que
font les hommes, et que la pensée de l'immortalité ne doit influer en rien sur
notre conduite et ne troubler aucune de nos joies, chapitre 8 et 9.
Enfin, après bien des doutes encore et des
hésitations, il croit que la sagesse est préférable à tout, parce qu'elle
contient les plus grandes chances de bonheur, et il anticipe de vingt-sept
siècles sur l'utilitarisme moderne, chapitre 10 et 11.
Cependant les accents qui dominent dans le discours
philosophique de l'Ecclésiaste, sont ceux de l'eudémonisme. Aussi cet écrit
n'offre-t-il que fort peu de points de comparaison avec les autres livres
inspirés (tandis que sa conclusion est le résumé de tout l'Ancien Testament),
et ses vrais parallèles se trouvent dans les ouvrages des philosophes païens,
et en particulier chez les Épicuriens et chez Horace.
L'Ecclésiaste et Horace recommandent constamment de
modérer et restreindre ses désirs, et l'un comme l'autre fait l'éloge de la vie
des champs, et décrit toutes les inquiétudes des grandes richesses, cf.
Ecclésiaste 4:4,8; 5:9-12, Épodes 2, Sat. 2, 6; Odes 2, 18; 16; 3:1; 16.
Pour être heureux, dit l'Ecclésiaste, il faut saisir
la joie quand elle se présente et ne pas regimber contre l'adversité, 2:24;
5:18; 7:14, etc. Horace parle de même: «Le seul mortel heureux est celui qui,
maître de soi, peut dire chaque jour: J'ai vécu.» Odes 3, 29; puis 1, 9; 11.
Tu quameumque Deus tibi fortunaverit horam,
Gratâ sume manu, nec dulcia differ in annom.
Quod petis, hic est,
Est Ulubris, animus si te non déficit œquus.
(Epist. 1, 11)
Omnem crede diem tibi diluxisse supremum:
Grata superveniet, quæ non sperabitur, hora.
(Epist. 1, 4)
L'Ecclésiaste dit: «Ne sois ni trop sage ni trop
méchant», 7:16-17. Prends le juste milieu: Inter utrumque tene; ne quid nimis;
ou avec Horace:
Insani sapiens nomen ferat, æquus iniqui,
Ultra quam satis est virtutem si petat ipsam.
Virtus est médium vitiorum et utrimque reductum.
(Epist. 1, 6)
Horace veut des vêtements blancs aux jours de fête,
Sat. 2, 2, et l'Ecclésiaste en tout temps, 9:8. L'Ecclésiaste sait que l'argent
répond a tous nos désirs, 10:19, et Horace paraphrase ainsi cette pensée,
Éphésiens 1:6:
Scilicet uxorem cum dote fidemque et amicos
Et genus et formam regina pecunia donat.
Mais l'un et l'autre n'ignorent point que l'âme n'est
pas rassasiée par les biens de la terre, 6,7, et
Crescunt divitiæ, tamen
Curtæ nescio quid semper abest rei.
L'Ecclésiaste revient constamment sur cette mort qui
pèse sur les bons comme sur les méchants, à laquelle nul ne peut se soustraire,
qui empoisonne toutes les joies et qui jette l'homme dans le sépulcre ténébreux
on il n'y a ni œuvre, ni discours, ni science, 2:14; 3:18; 6:2; 8:8-14; 9:1-12;
11:8. Et c'est là encore une des pensées qui préoccupent le plus habituellement
Horace, Odes 1, 28; 2, 3; 3, 1:
Eheu fugaces, Posthume, Posthume,
Labuntur anni...
(Odes 2, 14)
Nos ubi decidimus
Quo pius Æneas, quo Tullus dives, et Ancus,
Pulvis et umbra sumus.
(Odes 4, 7)
Horace aussi songe souvent avec chagrin à ces
héritiers auxquels passeront ses biens, Ecclésiaste 2:18-26; 4:8. Horace, Odes
4, 7; 2, 3. Ep. 1, 4; etc.
Il se plaint avec l'Ecclésiaste, 7:10, des temps
présents, qui sont pires que les jours passés.
Au-dessus des grands est le roi, dit l'Ecclésiaste, et
au-dessus d'eux tous est Dieu, 5:8.»
Et Horace, Odes 3, 4:
Regum timendorum in
proprios greges,
Reges in ipsos
imperium est Jovis.
Ces parallèles, auxquels on pourrait en ajouter bien
d'autres, prouveraient à eux seuls que le livre de l'Ecclésiaste ne peut
contenir dans tous ces passages la pensée définitive d'un sage inspiré. Mais
quand bien même on voudrait ne voir en lui que le prédicateur de la joie
mondaine, encore diffère-t-il totalement d'Horace en ce qu'il connaît une
jouissance des biens terrestres qu'accompagne, purifie, accroît la pensée et la
crainte de Dieu. D'ailleurs ce n'est que pendant de courts instants qu'il parle
comme Horace a fait toute sa vie, et l'Hébreu qui s'abaisse de temps en temps
jusqu'à donner la main à l'épicurien du siècle d'Auguste, a l'âme assez grande
pour embrasser tous les contraires, assez haute et noble pour ne voir que
vanités dans toutes les joies de la terre, assez forte, assez passionnée pour
haïr la vie telle que le péché l'a faite, assez sérieuse pouf préférer le deuil
aux rires, et c'est enfin lui qui, sur les ruines de tout espoir de bonheur,
plante le céleste étendard de la crainte de Dieu.»
On possède en français une bonne traduction de
l'Ecclésiaste, par M. Vivien, et un commentaire explicatif, simple, profond et
précieux, de M. F. de Rougemont.
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ÉCOLES.
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Quelques rabbins parlent d'écoles antédiluviennes,
dirigées successivement par Adam, Énos et Noé; puis par Melchisédec à
Kiriathsépher; il ajoutent qu'Abraham donnait des leçons d'arithmétique et d'astronomie
en Caldée; qu'il en donna plus tard en Égypte, et que Jacob lui succéda dans
l'art d'enseigner. Fis ne disent pas à quelles sources ils ont puisé ces
traditions, plus qu'incertaines. Les écoles proprement dites, destinées à la
culture intellectuelle du peuple, ne furent pas plus connues des Israélites
avant l'exil, qu'elles ne le furent des premiers Romains, ce qui n'a rien qui
doive surprendre puisque l'antiquité n'avait pas un cercle de connaissances
élémentaires bien étendu, la lecture, et surtout l'écriture étant l'apanage
presque exclusif des riches. On ne saurait douter que les enfants ne reçussent
une instruction religieuse, mais les parents seuls en étaient chargés,
Proverbes 6:20; déjà Moïse avait ordonné aux Hébreux d'élever leurs enfants
dans la connaissance de leur loi et de leur histoire, Deutéronome 6:7,20;
11:19. Peut-être les rois avaient-ils pour leurs fils des gouverneurs
particuliers. Mais ce ne sont pas là des écoles; il n'en faut pas voir
davantage dans les enseignements que Moïse, Aaron et les anciens d'Israël
donnaient au peuple dans le désert. Après l'exil même nous voyons encore les
mères soigner l'instruction de leurs enfants, Susan. 3, 2 Timothée 3:15; la
religion forme toujours la partie la plus importante de cette éducation, parce
que la religion est intimement liée à l'état civil, et qu'elle est aussi
indispensable au citoyen qu'au fidèle. étant à la fois politique et
théocratique. Cependant c'est à cette époque à peu près, que prirent naissance
les premières écoles juives, qui ne furent dans le principe qu'une espèce de
dépendance des synagogues. Les jeunes garçons destinés à la carrière des
saintes lettres recevaient sans doute une instruction préparatoire, avant
d'être confiés au scribe qui devait les former. On n'enseignait que rarement
les langues étrangères dans les écoles de la Palestine; cependant, d'après le
Talmud, ce n'est que de la dernière guerre des Juifs que date la défense
positive d'enseigner le grec aux enfants.
Écoles de prophètes. Il y en avait dans différents
endroits du pays, notamment à Rama, 1 Samuel 19:19-20, à Jéricho, 2 Rois 2:5, à
Béthel et à Guilgal, 2 Rois 2:3; 4:38. Quelques-uns prétendent qu'Élie avait
aussi une école de ce genre dans les grottes du Carmel. Les jeunes gens qui
faisaient partie de ces assemblées étaient appelés fils des prophètes; ils
n'étaient pas nécessairement jeunes, et pouvaient être mariés, 2 Rois 4:1; ils
vivaient ensemble, quelquefois en nombre fort considérable, 2 Rois 2:16; 6:1,
(peut-être aussi 1 Rois 18:4,13) et prenaient leurs repas en commun, 2 Rois
4:38. La musique et le chant jouaient un grand rôle dans leurs exercices
religieux, comme on peut le voir par 1 Samuel 10:5, mais l'Écriture ne nous
donne aucun détail sur l'ensemble de leurs travaux et sur l'objet même de
l'institution: la prophétie, comme don miraculeux, ne pouvait pas se
communiquer par l'enseignement; d'un autre côté, lorsqu'on voit Saül se joindre
tout-à-coup aux jeunes gens qui prophétisent, 1 Samuel 10:10, on est presque
obligé d'admettre qu'une grande puissance de l'Esprit se manifestait au milieu
d'eux. Le plus naturel est, ce nous semble, de voir dans ces écoles des
associations de jeunes gens pieux, réunis autour d'un prophète pour s'instruire
et s'édifier, et saintement électrisés par la parole noble et divine de leur
maître, qui les élevait dans une sphère plus haute de la vie religieuse, et
leur communiquait ainsi des dons qui étaient refusés aux âmes moins pieuses,
moins constamment sous l'influence d'en-haut. Il paraît, d'ailleurs, que les prophètes
avaient en effet des réunions régulières d'instruction qu'ils tenaient les
jours de sabbat, les jours de nouvelle lune, et à d'autres moments déterminés;
on peut le conclure de 2 Rois 4:23.
Ces réunions subsistèrent jusqu'à la captivité de
Babylone; on en trouve peut-être encore quelques traces, Ézéchiel 14:1; 20:1;
8:1; etc., puis elles furent remplacées par les synagogues, dont le nombre se
multiplia tellement au retour de l'exil, que dans la seule ville de Jérusalem
on en compta jusqu'à 394 ou 400: chaque corps de métier avait la sienne, les
étrangers même en possédaient plusieurs.
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ÉCRITURE.
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L'écriture fut de bonne heure connue des Hébreux;
cependant l'on n'est pas d'accord sur l'époque où elle fut introduite d'une
manière générale, et deux opinions passablement tranchées sont encore en
présence aujourd'hui. Hengstenberg et Hævernick réclament déjà pour les
patriarches la connaissance de l'art d'écrire; Winer ne la fait remonter qu'aux
jours de Moïse; Hartmann et Bohlen veulent même ne lui donner qu'une origine
beaucoup plus récente. Nous ne dirons rien de cette dernière opinion qui n'a
pour elle qu'une volonté et des préoccupations dogmatiques, non plus que de celle
qui attribue à Adam l'invention de l'écriture et la composition d'un livre;
quant aux prophéties d'Énoch, dont il est parlé Jude 14.
— Voir: Énoch.
En faveur de la première opinion, Hævernick (Einleit,
in die BB. des Ancien Testament, p. 269 sq.) a réuni un grand nombre de
passages et de présomptions diverses, qui ne sont pas tous également probants,
mais dont l'ensemble milite avec beaucoup de force à l'appui de sa thèse. Les
rapports fréquents des Hébreux avec les Phéniciens, les richesses et la prospérité
de Sidon, ses vaisseaux bien connus des patriarches, Genèse 49:13, les
relations du Mord avec le Sud, les marchands madianites venant de Galaad pour
se rendre en Égypte, Deutéronome 3:12; Genèse 37:25, les ornements et autres
articles de luxe, mentionnés dans l'histoire des patriarches, Genèse 43:11;
24:22; 37:3, les échanges, et l'emploi de l'argent comme valeur déterminée,
20:16, tout indique un degré de civilisation tellement avancé, qu'il est
difficile de croire que la culture intellectuelle n'ait pas marché de pair avec
un pareil développement, et que l'écriture ne soit pas devenue une nécessité.
— L'histoire de Juda et Thamar, Genèse 38:18, nous
présente une autre trace qui semble indiquer la connaissance de l'écriture; il
y est parlé d'un cachet (cf. Hérodote I, 195); or un cachet suppose l'art de
graver, qui suppose à son tour l'écriture.
— Le mot hébreu employé Genèse 41:8; pour magicien,
est un composé du mot hhéret, Ésaïe 8:1, qui signifie un burin à graver (une
touche de fer, Job 19:24); nouvel indice.
— Enfin le mot shoterim, traduit par commissaires,
Exode 5:6, et ailleurs, et qui se rencontre fréquemment dans le Deutéronome,
même en parlant de temps antérieurs à Moïse, signifie proprement écrivains,
inscripteurs; c'étaient peut-être des espèces de commis teneurs de livres,
comme il y en eut plus tard, surtout parmi les Lévites, un grand nombre,
chargés des registres généalogiques et des dénombrements.
À ces traces antémosaïques on objecte, que les
patriarches sont représentés dans la Genèse comme se faisant des monuments
naturels, des autels, des monceaux de pierres, des arbres, pour suppléer à
l'absence de l'écriture et pour seconder la mémoire. On voit en effet plusieurs
mémoriaux de ce genre; mais d'abord nous ignorons s'ils ne portaient pas
quelques inscriptions, et ensuite il est peu probable que leur simple existence
secondât suffisamment la mémoire, si du reste aucun signe caractéristique ne
venait rappeler l'événement: ces monuments d'ailleurs se retrouvent même après
les temps mosaïques, et même de nos jours, sans qu'on puisse nier l'art
d'écrire.
À l'époque de Moïse on ne peut plus douter que
l'écriture ne soit bien connue; Moïse écrit la loi, la fait lire par le Lévite,
copier pour l'usage des rois, Deutéronome 31:9,11; 17:18; les anciens d'Israël
sont convoqués par écrit, Nombres 11:24,26; les imprécations prononcées contre
la femme soupçonnée d'adultère, au cas qu'elle soit coupable, sont écrites dans
un livre, Nombres 5:23, les pierres sont sculptées, même on y grave des noms,
Exode 35:33; 28:36; Deutéronome 27:8; en lettres tantôt fines, tantôt fort
grandes; des passages écrits doivent servir de fronteaux aux Israélites au lieu
des amulettes égyptiennes, Exode 13:16; Deutéronome 6:8; 11:18; les poteaux des
maisons sont recouverts d'inscriptions pareilles, 6:9; enfin l'époux qui veut
répudier sa femme doit lui donner une lettre de divorce, Deutéronome 24:1-4.
— On peut voir ensuite, pour l'époque qui suivit
Moïse, Josué 24:26; 8:32,34,35; 18:4,6,9; Juges 5:14; 8:14; Jérémie 52:25;
etc., Ézéchiel 9:2.
— Dans les premiers temps, et pour les actes d'une
certaine importance, des masses solides, des rochers, sont les matériaux dont
on se sert, Exode 24:12; 31:18; 34:1; Deutéronome 10:1; 27:8; de lourds et
puissants burins de fer sont les plumes des écrivains, Job 19:24; Jérémie 17:1.
Des plaques de métal, et quelquefois de bois, servent cependant aussi à
recevoir les caractères, Exode 28:36; Nombres 17:2; on trouve encore mentionnés
parmi les objets en usage l'encre, Jérémie 36:18; cf. 2 Jean 12; 3 Jean 13; 2
Corinthiens 3:3; un canif, Jérémie 36:23; une pointe de diamant pour graver,
Jérémie 17:1; cf. Ésaïe 8:1; des plumes, Jérémie 8:8; cf. 3 Jean 13. Du papier
égyptien semble mentionné 2 Jean 12, et des feuilles de parchemin 2 Timothée
4:13. On se servait aussi de tablettes légères pour l'usage journalier, Luc
1:63. Les ouvrages un peu volumineux étaient écrits sur des feuilles réunies en
rouleaux, Jérémie 36:14; Ézéchiel 2:9; Zacharie 5:1; Psaumes 40:8; cf. Luc
4:17; 2 Rois 19:14; Apocalypse 6:14, et divisées en colonnes, Jérémie 36:23.
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ÉDEN, ou Héden.
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(Contrairement à
l'opinion simpliste populaire, le Jardin d'Éden n'était pas un jardin littéral
mais un état d'être, celui d'être d'un cœur innocent sous la grâce de Dieu dans
un état d'existence qui ne connaissait pas encore le péché. L'expression
«Jardin d'Éden» porte un sens figuratif et peut se traduire par «Enclos de la
Grâce», nous indiquant que la grâce de Dieu est limitée à ceux qu'il a choisi
pour le salut avant la fondation du monde. En fait, tout le récit du Jardin
d'Éden et de la chute doit être interprété d'une manière spirituelle, même que
le grand historien juif, Joseph Flavius, dit qu'à partir de Gen. 2:4, Moïse
commença à s'exprimer figurativement. Dans cette optique, l'étymologie et
l'analogie viennent à notre secours pour nous donner le sens réel de
l'enseignement qui nous y est donné. Par analogie, nous voyons que le Jardin
d'Éden ou Enclos de la Grâce, correspond à l'Église spirituelle qui est le
Corps de Christ dans lequel tous les élus sont membres. Une des choses
particulièrement intéressante est que le mot «arbre» ou «ETS» en Hébreu, porte
le sens «d'être fermé», c'est à dire «d'être assuré» nous indiquant le décret
divin de l'assurance de la grâce pour les élus, et celui de l'assurance de la
condamnation pour les réprouvés.)
1. Genèse
2:8.
— Voir: Paradis.
2. Amos
1:5, ou Beth-Éden, maison de plaisance des rois de Damas, située sur le Liban.
Selon Gesenius, une ville de ce nom existerait encore à la même place.
3. Les
enfants d'Éden ou Héden, 2 Rois 19:12; Ésaïe 37:12, habitaient le pays de
Télasar, q.v. D'après Ézéchiel 27:23, ils faisaient le commerce avec Tyr, et
comme ce nom est lié avec Haran dans tous ces passages, on voit que c'est dans
la direction est ou nord-est, sur les bords de l'Euphrate ou du Tigre, qu'il
faut l'aller chercher.
— Le mot Éden ou Héden, qui rappelle le grec
ήδονή, signifie plaisir, délices.
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ÉDOM. Édomites ou Iduméens,
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peuplade issue d'Ésaü, q.v. Ils s'établirent dans les
montagnes de Séhir, après en avoir exterminé ou subjugué les anciens habitants,
Deutéronome 2:12; ils étaient divisés par tribus et gouvernés par des chefs,
Genèse 36:15; sq. (mal traduit ducs). Moïse demanda au roi d'Édom la permission
de traverser son pays pour entrer en Canaan, mais Édom refusa, Nombres 20:14,
et les Israélites se détournèrent de leur chemin, parce que Dieu leur avait
défendu de traiter hostilement cette peuplade, Deutéronome 2:4. Ils demeurèrent
indépendants jusqu'au temps de David qui les assujettit et accomplit la
prophétie d'Isaac, que Jacob asservirait Ésaü. Les Édomites ne supportèrent
qu'impatiemment le joug des rois de Judée, et dès la fin du règne de Salomon.
Hadad, iduméen, beau-frère de Pharaon, qui avait été transporté en Égypte fort
jeune, revint dans son pays et fut proclamé roi, 1 Rois 11:17-22; sa domination
ne s'étendit probablement que sur l'Idumée orientale, car les autres Iduméens
qui étaient au midi de la Judée demeurèrent dans l'obéissance des rois de Juda
jusqu'au règne de Joram, fils de Josaphat; ils essayèrent alors de secouer le
joug, et réussirent pour un temps, 2 Chroniques 21. Amatsia, fils de Joas les
soumit de nouveau, se rendit maître de Pétra, et précipita dix mille d'entre
eux du haut d'une roche dans la mer, 2 Chroniques 25. Hozias (Hazaria) prit sur
eux la ville d'Élath sur la mer Rouge, 2 Rois 14; mais Retsin la reprit, 16:6,
et ces conquêtes n'eurent pas de suite. Les prophètes reprochent fréquemment
aux Édomites leur jalousie et leur haine contre Israël, Joël 3:19; Amos 1:11;
Psaumes 137:7; Lamentations 4:21; Ézéchiel 25:12; 35:15. Cette inimitié se
manifesta surtout lors du siège de Jérusalem par Nébucadnetsar, quoiqu'ils
n'aient pas pris alors une pari active aux combats. Abdias leur annonça que
leur joie maligne serait punie, et cinq années après la prise de Jérusalem,
Nébucadnetsar, jaloux, et se méfiant d'un peuple qu'il connaissait perfide,
tomba sur Édom et le ravagea; ainsi font les alliés de ce monde. Pendant
l'exil, un grand nombre d'entre eux vinrent habiter la partie méridionale de
Juda qui était déserte (cf. Ézéchiel 35:10; 36:5); expulsés de nouveau de ce
pays, ils méditèrent d'y rentrer, Malachie 1:4, mais sans succès. Plus tard,
Judas Maccabée les attaqua et les battit à plusieurs reprises; Jean Hyrcan les
subjugua de même; il leur imposa l'obligation de se faire circoncire, et de se
soumettre aux autres lois de Moïse. Dès lors ils furent en quelque sorte
incorporés à la nation juive; ils restèrent soumis aux derniers rois de Judée,
et vinrent défendre Jérusalem contre les Romains; mais bientôt ils quittèrent
la ville, et repartirent pour l'Idumée chargés de butin.
— Hérode le Grand était Iduméen, et l'empereur
Philippe, dit l'Arabe, l'était pareillement, étant né à Botsra.
Les Édomites étaient adonnés an commerce par mer et
par terre, à l'agriculture et à l'élève des bestiaux, Nombres 20:17. Quant à
leur religion, elle est peu connue; nulle part l'Écriture ne leur reproche
l'idolâtrie ou ne mentionne leurs idoles; il est à croire que la connaissance
du vrai Dieu se conserva parmi eux pendant les premières générations depuis
Ésaü; une tradition porte même qu'ils adoraient Moïse (Épiphane), et ce qui
fortifierait cette opinion, c'est que Flavius Josèphe appelle Kosé, ou Chosé
l'une de leurs divinités. Ce nom qui signifie en hébreu un voyant, un prophète,
s'applique parfaitement au législateur des Hébreux. En tout cas, leur religion
n'était pas identique avec celle des Juifs, puisque Hyrcan ne put les v amener
que par la force.
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ÉDUCATION.
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1. —
Voir: Écoles.
2. L'éducation
ou élève des bestiaux a toujours été en Orient, surtout dans l'antiquité, une
occupation importante et très respectée; les Hébreux, en particulier, faisaient
remonter jusqu'à Abel le Juste la généalogie des bergers. Pareils aux Bédouins
d'aujourd'hui, les patriarches et les Israélites voyageaient en hordes nomades,
cherchant des pâturages vastes et fertiles dans les plaines méridionales de
Canaan, de l'Arabie Pétrée, et des contrées qui avoisinent l'Égypte, Genèse
12:10; 13:9; ils y passaient ainsi des années sous des lentes, vêtus et nourris
du produit de leurs troupeaux, faisant venir leur blé d'Égypte, Genèse 42, et
achetant parfois aux caravanes en passage quelques-unes de leurs marchandises
précieuses, 37:25. Ils avaient des troupeaux de bœufs, de chèvres, et de
moutons, puis des ânes et des chameaux pour le transport, 12:16; des esclaves
des deux sexes étaient chargés des soins matériels du troupeau, et pouvaient,
en cas de danger, former de petites armées, 14:14.
— Après que les Hébreux se furent établis dans des
villes fortifiées, ils continuèrent encore de s'occuper de leurs troupeaux, et
plusieurs des lois de Moïse sont dirigées dans ce sens, celles sur les viandes
défendues ou permises, celles en faveur des animaux, Exode 23; Deutéronome 25,
etc. On comptait en Palestine de fort riches propriétaires de bestiaux, 1
Samuel 25:2, principalement dans les tribus transjourdaines qui, libres de
s'étendre avec leurs troupeaux jusque sur les bords de l'Euphrate, retiraient
le plus grand profit de cette vie nomade, Nombres 32; Jérémie 50:19; Michée
7:14. Les tribus cisjourdaines s'étendaient aussi quelquefois vers le sud
au-delà des limites de Canaan, et conduisaient leurs troupeaux dans ces forêts
et ces plaines inhabitées qui portaient le nom de déserts (— Voir: cet
article). Des rois eux-mêmes eurent des troupeaux considérables, 1 Chroniques
27:29.
Le bétail passait tout l'été en plein air, et se
rassemblait la nuit dans des parcs, comme chez nous; il pouvait, en
conséquence, facilement arriver que quelques pièces de ces nombreux troupeaux
s'égarassent, 1 Samuel 9:3; Matthieu 18:12. Lorsqu'approchait la saison des
pluies, c'est-à-dire au commencement du mois de marchesvan (novembre), les
troupeaux rentraient dans leurs écuries où ils restaient jusqu'à Pâques.
Voyez encore ce qui a été dit aux articles Berger,
Bœuf, Brebis, etc., de même que l'observation que nous avons faite sur le
fumier de ces animaux, dont on se servait comme combustible, après l'avoir
séché an soleil.
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ÉGLAJIM, ou Églayim
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(les veaux), Ésaïe 13:8, ville peu connue; on trouve
Ézéchiel 47:10, Henéglajim, ville des Moabites, qui, d'après saint Jérôme,
aurait été située à l'embouchure du Jourdain, au nord de la mer Morte; il n'est
pas probable, quoique possible cependant, que l'une et l'autre soient la même.
Eusèbe nomme une ville, Agalléim, et Flavius Josèphe, Agalla, à 8 milles (14
kilomètres) sud d'Aréopolis, qui peut être Églayim, mais serait trop loin de la
mer Morte pour être Henéglajim; les villes d'Ésaïe 13; et Ézéchiel 47, seraient
alors différentes. Douteux.
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ÉGLISE.
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On s'accorde de plus en plus en nos jours, à
reconnaître que la parole de Dieu n'a mis aucune précision dans ses ordres
relatifs aux formes extérieures et à l'administration de l'Église. Si la Parole
de Dieu n’a donnée aucune précision pour ces choses, c’est qu’il n’en a aucune
à donner puisque l’Église n’est pas une institution ou organisation, mais un
état d’être. Son nom composé de ek-klesis indique qu’elle est plutôt l’appel
irrésistible de la grâce à renaître.
— Voir: Baptême et Cène.
C'est ce que nous retrouvons lorsque nous cherchons la
définition même de ce qu'est cette Église. La Bible n'est positive que sur deux
grands sens généraux de ce mot. Il désigne primitivement, et en droit,
l'ensemble ou l'assemblée de tous les vrais fidèles, et d'eux seuls, Éphésiens
5:25-32; puis, dans la pratique ou en fait, comme il est impossible de
distinguer ici-bas les vrais fidèles d'avec ceux qui ne font qu'une profession
extérieure, et les vierges folles d'avec les sages, il désigne tout ce qui
porte ou prend le nom de chrétien, et par conséquent les deux extrêmes de
l'idée dont il s'agit, c'est-à-dire ou l'Église, pure, abstraite et parfaite,
ou l'assemblée telle quelle, de tout ceux qui professent être de Christ, tant
profond que puisse être d'ailleurs leur égarement ou leur décadence. C'est
ainsi que, d'un côté, le passage aux Éphésiens cité plus haut, nous représente
l'Église comme sans tache, tandis qu'ailleurs il est dit, en parlant de
l'Église, que dans une grande maison il n'y a pas seulement des vases à honneur,
mais d'autres à déshonneur, 2 Timothée 2:20. La preuve que les vases à
déshonneur désignent ici des hommes étrangers à la vraie Église, se trouve dans
les versets qui précèdent, comme dans ceux qui suivent immédiatement. C'est
encore dans ce dernier sens qu'il est dit de l'Église de Sardes, que ce
n'étaient qu'un petit nombre de ses membres qui étaient vivants, Apocalypse
3:4, etc. Par conséquent, toute congrégation qui s'établit entre ces deux
extrêmes, et qui se donne pour un fragment de la vraie Église, de l'Église
normale, est par cela même dans l'erreur: elle est trop pure pour être composée
selon les règles de la vraie Église visible, qui admet tout; elle n'est pas
assez pure pour être composée comme l'Église parfaite, puisqu'elle renferme
encore beaucoup de péché, et qu'elle est toujours sujette à receler des
hypocrites. Mais comme professant le christianisme, elle appartient néanmoins
au grand ensemble et à cette Église générale qu'elle méprise.
(Que le mot
«Église» signifie «assemblée» ou «congrégation» et tous les termes connexes qui
s'y apparentent, est une pure conjecture, un sophisme artificieusement monté
par une théologie putride et stagnante qui se veut dominatrice sur la foi des
gens. La signification d'un mot est toujours établie par sa racine, et dans le
cas du mot «Église», terme non traduit mais translitéré du Grec dans notre
langue, ce terme est un mot composé de EK et de Klesia dont la signification
littérale est «appelé hors de». Il est clair que le mot Église signifie «un
appel» et non «une assemblée», et qu'il s'agit ici de l'appel de la grâce
irrésistible «à sortir» de notre état de pécheur à un état de délivrance en
Christ, délivrance occasionnée par notre régénération d'en haut par la
puissance de Dieu ou nouvelle naissance selon le décret d'élection divin. En ce
sens le mot «Église» se traduit justement par «l'appel à renaître» et dans un
contexte collectif il peut aussi se traduire par «Convocation», représentant
«les convoqués à renaître. Nous sommes loin d'une institution ou organisation
conventionnelle avec ses ministres, ses disciplines, ses ordonnances, et ses
bâtiments. L'Église de Christ est spirituelle et elle le demeurera toujours.
Elle se rapporte à l'élu individuel comme à la collectivité des élus qui
forment le Corps de Christ. En ce sens très réel, l'Église visible est l'élu
même et l'Église invisible est Christ en lui, de même pour l'ensemble de tous
les élus qui est la Cité du Dieu Vivant, la Jérusalem céleste - Héb. 12:22.)
Nous n'avons point à répéter ici des réflexions qui se
trouvent ailleurs, et qui repoussent au rang des absurdités ces prétentions
d'une portion quelconque de l'Église universelle à former seule l'Église
visible de Christ. Cette observation s'applique par excellence à la secte
catholique romaine qui, par son idolâtrie et ses nombreuses impiétés, ainsi que
par le caractère charnel de sa puissance, constitue plutôt l'un des éléments
les plus prononcés du règne de Satan dans le inonde. Cependant, elle aussi,
elle appartient à l'Église générale, puisqu'elle professe le christianisme.
Notre Seigneur n'a établi aucun pouvoir central sur
l'Église extérieure: les apôtres, lorsqu'ils furent appelés à décider pour la
première fois une grande question de foi et de discipline, s'adjoignirent les
membres les plus âgés de l'Église de Jérusalem (ce qu'on a appelé les prêtres),
et même la masse des fidèles, Actes 15:22-23. Tout le Nouveau Testament nous
annonce l'égalité des fidèles entre eux, quoique dans les choses
d'administration, et comme principe d'ordre, ils doivent une déférence
particulière à leurs conducteurs spirituels. Quant au pouvoir proprement dit de
l'Église, il ne réside absolument que dans l'ensemble des fidèles, comme les
termes seuls suffiraient pour l'indiquer, puisque le dernier de ces mots n'est
que la traduction du premier.
— La vieille folie d'une principauté de saint Pierre
n'existe plus qu'à l'état de fiction, comme la pierre angulaire d'une société
vermoulue qu'on voudrait renouveler et qu'on craint de démolir; ce n'est plus
une affaire religieuse, c'est une affaire politique et presque sociale, où
l'Église n'a rien a démêler.
On a tenté dernièrement (version suisse du Nouveau
Testament) de traduire le mot Église par le mot correspondant français que nous
avons employé nous-même, assemblée; cette traduction est fort utile et fort
importante lorsqu'il s'agit des églises particulières, mais le mot ne va plus
dans la plupart des cas, lorsqu'on l'applique à l'Église en général; on éprouve
alors une espèce de repoussement instinctif qui indique assez que le mot ne
correspond plus à l'idée; et de fait, quoi qu'il en soit de l'étymologie, le
mot Église a pris dès l'origine, et a acquis dans le cours des siècles, une
signification plus ample, plus large et aussi plus spéciale, plus religieuse,
que le sens qu'on donne au mot assemblée. L'usage étant «le maître souverain
des langues», il n'est pas toujours permis d'innover, et l'on ne peut changer
le sens de certains mots une fois qu'il est admis et déterminé depuis
longtemps.
L'Église de Jésus a reçu la promesse que les portes de
l'enfer ne prévaudront point contre elle, Matthieu 16:18; cette promesse ne se
rapporte qu'à elle et non à aucune église particulière, toujours frappée au
coin de l'homme, et par là même incomplète et périssable. L'Église romaine
renouvelle de nos jours de grands efforts pour rétablir son règne qui s'en va;
elle sait braver à la fois le ridicule et l'indignation publique: le
protestantisme lui-même est dans un état de crise qui l'affaiblit sous quelques
rapports, et présidera peut-être à sa régénération; l'Église ne subsiste que
par la vérité, la victoire restera à la fraction de l'Église qui sera le plus
près de la vérité. Des douleurs attendent ce petit troupeau, mais il triomphera
par son chef, et régnera éternellement.
Les diverses questions soulevées par l'idée d'Église,
sur les rapports des fidèles entre eux, des fidèles avec leurs pasteurs, des
pasteurs entre eux-, de l'Église avec l'État, etc., ont été examinées avec soin
et sous différents points de vue ces dernières années. Quelques livres et de
nombreuses brochures ont été publiés; outre les travaux de MM. Bauty,
Grandpierre, Burnier, Rochat, Guers, F. Olivier, Panchaud, Moulinié, Monsell,
Darby, van Muyden, etc., nous citerons spécialement la Théorie de l'Église, du
docteur Schérer, traitée au point de vue scientifique; les Recherches de A.
Bost, relatives à l'organisation de l'Église, ouvrage qui renfermait en germe
la formation de l'Alliance évangélique; l'Essai de Vinet, où le plus puissant
talent vient en aide à la conviction la plus arrêtée quant à la nécessité de
maintenir l'autonomie de l'Église, en la séparant de l'État; enfin la Réponse
de M. de Rougemont au livre de M. Vinet, la plus solide des nombreuses
réfutations que ce travail a fait surgir, et l'une des meilleures sous le
rapport de J'esprit chrétien.
Les questions d'Église ne peuvent avoir de gravité
qu'autant qu'elles impliquent des questions de foi, de fidélité et de liberté;
en dehors de là tout est volontaire, parce que les Églises sont des associations
librement consenties qui doivent travailler, chacune pour sa part et suivant
les circonstances dans lesquelles elle se trouve, au plein développement de la
vie spirituelle de leurs membres. Il ne peut pas plus y avoir un moule pour les
Églises, qu'il n'y en a pour l'individualité humaine. À tout être vivant sa
forme et son élément, mais à tous la vie.
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ÉGYPTE,
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en hébreu Mitzrayim (le second fils de Cam, Genèse
10:6), et dans la langue poétique Matsor, Ésaïe 19:6; 37:25 (mal traduit digues
ou forteresses), Michée 7:12 (mal traduit villes fortes), quelquefois terre de
Cam, Psaumes 78:51; 105:23, ou Rahab, Ésaïe 30:7; 51:9; Psaumes 87:4. L'Égypte
porte encore de nos jours le nom de Misr.
Le nom Mitzrayim signifie «constructeur de digues» du
fait que Mitzrayim est reconnu pour avoir détourné les eaux du Nil afin de
faire sècher les terres, car à cette période l’Égypte était un vaste marais,
puis il fit construire la ville de Memphis. Plus tard Nimrod y fit construire
la Tour de Babel, car tel était un des noms de l’Égypte au début.
Cette contrée, célèbre par le rôle merveilleux et
presque énigmatique qu'elle a joué dans l'histoire du développement de
l'humanité, est située entre les 24° et 31° 30' de latitude nord, et les 22° et
33° 21' de longitude est. Elle est bornée au nord par la Méditerranée; à
l'orient, par l'Arabie et la mer Rouge; au sud, par la Nubie; à l'occident, par
les déserts de Barca et de Lybie. La vallée du Nil est longue d'environ 900
kilomètres, et large de 15 à 20, entre les collines arides de la chaîne lybique
à l'ouest, et la chaîne arabique à l'est; des montagnes granitiques s'étendent
le long de la mer Rouge, et renferment des carrières de porphyres. On l'a
toujours divisée en trois parties principales, la Haute-Égypte ou Thébaïde (—
Voir: Pathros); la Moyenne-Égypte, ou Heptanomis, dans laquelle se trouvaient
les lacs de Mœris et de Menis, et la Basse-Égypte, qui renfermait les bouches
du Nil ou Delta. Par les inondations périodiques du grand fleuve, que l'on sut
de fort bonne heure utiliser au moyen de canaux, Ésaïe 7:18; Ézéchiel 30:12;
32:14, et de machines, Deutéronome 11:10, et dont on conduisait ainsi le limon
dans des districts qui fussent restés stériles sans ces irrigations factices,
l'Égypte est devenue une des contrées les plus fertiles de la terre, et une
source inépuisable d'approvisionnements pour l'Europe et l'Asie, Genèse 12:10;
41:57; Exode 16:3. Tacit. Hist. 3, 8; 3;
— Voir: Fleuve.
Outre le blé qui était son principal revenu, l'on y
trouvait encore en abondance des oignons, des aulx, des haricots, des courges,
des concombres, des melons, des poireaux, du lin, du coton, du vin, le palmier,
le figuier, le sycomore et l'acacia, cf. Nombres 11:5; Exode 9:31, et les
auteurs profanes; le bois cependant y était rare, soit bois de construction,
soit combustible. Le Nil produisait encore le papyrus, et nourrissait toutes
sortes de poissons. Nombres 11:5; Ésaïe 19:8; sur ses bords habitaient
l'hippopotame et le crocodile. Les volailles y étaient prodigieusement
nombreuses; le bétail, et principalement les bêtes à cornes, étaient fort
estimées; les chevaux y abondaient, forts, souples et bien faits, 1 Rois 10:28;
Ésaïe 31:1; 36:9; Jérémie 46:4; Ézéchiel 17:15. Le pays était riche en pierres
de construction, granit, grès et calcaire; on y trouvait même des mines d'or
dans la partie supérieure.
L'Égypte, dit Hérodote, est un don du Nil; c'est à lui
qu'elle doit son existence. Et Napoléon, dans ses Mémoires, présente sur ces
inondations les observations suivantes: «Elles sont régulières et productives;
régulières, parce que ce sont les pluies du tropique qui les causent;
productives, parce que ces pluies, tombant par torrents sur les montagnes de
l'Abyssinie, couvertes de bois, entraînent avec elles un limon fécondant que le
Nil dépose sur les terres. Les vents du nord règnent pendant la crue de ce
fleuve, et par une circonstance favorable à la fertilité, en retiennent les
eaux... Le Nil commence à s'élever au solstice d'été; l'inondation croit
jusqu'à l'équinoxe, après quoi elle diminue progressivement. C'est donc entre
septembre et mars que se font tous les travaux de la campagne. Le paysage est
alors ravissant: c'est le temps de la floraison et celui de la moisson. Après
le mois de mars, la terre se gerce si profondément, qu'il est dangereux de
traverser les plaines à cheval, et qu'on ne peut le faire à pied qu'avec une
extrême fatigue. Un soleil ardent, qui n'est jamais tempéré ni par des nuages,
ni par de la pluie, brûle toutes les herbes et les plantes, hormis celles qu'on
peut arroser. C'est à cela qu'on attribue la salubrité des eaux stagnantes qui
se conservent en ce pays dans les bas-fonds. En Europe, de pareils marais
donneraient la mort par leurs exhalaisons; en Égypte, ils ne causent pas même
des fièvres.»
— Le même auteur ajoute plus loin: «L'Égypte a, de
tout temps, excité la jalousie des peuples qui ont dominé l'univers.»
À ce jugement d'un grand juge, nous ajouterons
quelques paroles d'un de ses contemporains, roi comme lui, dans un autre
domaine, M. de Chateaubriand. «C'est dans ce pays dont tout amant des lettres
ne doit prononcer le nom qu'avec respect, que nous trouvons les premières
bibliothèques. Comme si la nature avait destiné cette contrée à devenir la
source des lumières, elle y avait fait croître exprès le papyrus pour y fixer
les découvertes fugitives du génie. C'est de ce coin du monde que l'aurore des
sciences commença à poindre sur notre horizon, et l'on vit bientôt les lumières
s'avancer de l'Égypte vers l'Occident, comme l'astre radieux qui nous vient des
mêmes rivages.»
Une forte rosée remplace le bienfait des pluies du
ciel.
— Le chamsin, vent brûlant qui souffle du sud à
l'équinoxe du printemps; les moustiques, Ex: 8:21; cf. Ésaïe 7:18; les
sauterelles, Exode 10, les grenouilles, Exode 8:6; Psaumes 78:45; enfin la
peste, la lèpre, des pustules et l'éléphantiasis, sont les plaies principales
qui affligent l'Égypte, et qui tempèrent les autres avantages que Dieu lui a
accordés.
Les Égyptiens, qui atteignent en général un âge
avancé, n'ont jamais passé pour beaux: leurs pieds, en particulier, sont
quelquefois difformes; leur peau est brune, leur front plat, leurs pommettes
saillantes, leur bouche large, leurs lèvres épaisses; les hommes avaient la
réputation d'être grands, Ézéchiel 16:26, et leur crâne était extrêmement dur.
Les femmes étaient et sont encore d'une fécondité remarquable.
Nous trouvons l'Égypte déjà peuplée dans les temps les
plus reculés auxquels nous ramènent les documents des nations. Diodore de
Sicile nous y montre des enfants de l'Éthiopie (3:3), Heeren une colonie de
prêtres, partout des cultivateurs. Dans l'Ancien Testament (cf. surtout Jérémie
44:1; Ézéchiel 30:13), plusieurs grandes villes égyptiennes sont mentionnées,
On ou Héliopolis, Rahmésès, Pithom, Tsoan ou Tanis, Noph (Memphis), Bubaste,
Sin (Pelusium), Daphné, Noammon (Thèbes), et quelques autres,
— Voir: ces articles.
Les arts et les sciences y fleurirent bientôt,
quoiqu'on ne puisse admettre pour ces dernières, qui ne furent pas d'abord un
privilège de la caste sacerdotale, toutes les merveilles que les Grecs en ont
rapportées, soit quant à leur degré de perfectionnement, soit quant à leur
nombre: il paraît que la physique et les mathématiques furent plus
particulièrement étudiées, et avec le plus de succès; peut-être aussi la
médecine, q.v. Les ruines de ses temples, les obélisques, les canaux, les
impérissables pyramides, sépulcres de tant de rois, et en général tous les
produits artistiques qui nous ont été conservés de ce peuple, témoignent que le
zèle et la persévérance jouèrent un plus grand rôle dans ses arts que le goût.
Le fameux zodiaque du temple de Dendérah, transporté en France en 1821, et déjà
signalé en 1806 par le ridicule mémoire de Du-puis, ne ferait pas, s'il était
authentique, l'éloge de l'astronomie égyptienne. Il représente l'état du ciel à
une époque où le point équinoxial coïncidait avec le signe de la Vierge, et qui
remonte à 15 ou 16 mille ans. S'il avait été fait de visu, d'après nature,
l'astronomie égyptienne serait plus vieille que le globe. On a reconnu depuis
qu'il était de fabrique romaine, fait sous Néron ou sous Domitien; selon
d'autres, il remonterait au temps des Ptolémées.
La caste des prêtres tirait, à ce qu'on croit, son
origine de quelque tribu plus civilisée venue des contrées méridionales,
peut-être aux beaux jours des Pharaons; elle se divisait elle-même en plusieurs
classes, auxquelles appartenaient les sages et les magiciens nommés dans l'Écriture,
Genèse 41:8; Exode 7:11; 8:18; 9:11. Les autres castes indiquées par Hérodote
(plus subdivisées que dans Diodore et Strabon), sont celles des soldats, des
bergers, des gardeurs de pourceaux, des merciers, des interprètes et des
bateliers (sur le Nil). C'est de la caste des guerriers, placée sous la
dépendance des prêtres, que sortaient ordinairement les rois dans les
changements de dynastie. Les prêtres et les guerriers seuls pouvaient être
propriétaires du sol. Le métier des pères passait aux enfants, sans que
personne pût changer de profession; l'artiste ne pouvait cultiver qu'une
spécialité, le médecin qu'une branche de son article. La classe des artisans
était fort nombreuse; outre la culture du sol, elle s'occupait encore de
broderies, de tissage, de diverses fabrications, et faisait un commerce étendu
que les eaux faciles du fleuve contribuaient beaucoup à favoriser, Proverbes
7:16; Ésaïe 19:9; Ézéchiel 27:7. C'est surtout avec les Indes que l'Égypte
faisait de nombreux échanges: ses vaisseaux allaient par les mers de l'Arabie
et de la Perse chercher les épices, l'ivoire et les soies de ces régions
lointaines. Ils s'avançaient jusqu'à la Taprobane, la Ceylan des modernes. Sur
cette côte, les Chinois et les nations situées au-delà du cap Comorin apportaient
les marchandises à l'époque du retour périodique des flottes égyptiennes, et
recevaient en échange l'or de l'Occident.
Quant à la religion, Exode 12:12, c'était une espèce
de culte symbolique de la nature, qui n'était pas le même non plus dans toutes
les parties du pays; l'astrolâtrie dominait; Osiris, Ammon, Isis, et d'autres
divinités du ciel étaient adorées; à côté d'elles on trouvait des veaux, des
bœufs, des crocodiles, d'autres animaux encore que la zoolâtrie avait divinisés
comme représentants des forces de la nature. Des temples grandioses et
magnifiques leur étaient élevés dans les principales villes, Jérémie 43:12;
Ézéchiel 30:13; Thèbes renfermait un oracle célèbre du dieu des sables, Jupiter
Ammon, Jérémie 46:25; cf. Ésaïe 19:1.
La langue égyptienne n'avait pas de point de contact
avec les langues sémitiques; elle s'est peu à peu ramifiée et fondue dans trois
dialectes coptes, et maintenant elle est entièrement perdue, depuis près de
deux siècles. Les noms propres de l'Égypte, et quelques noms communs, nous sont
conservés par la Bible dans leur langue originale, le Nil, Yeôr, Pharaon, etc.
Le copte actuel est un mélange du grec avec l'ancien égyptien. La classe des
lettrés comptait deux espèces d'écritures, l'une commune, pour le peuple et
pour le commerce de la vie; l'autre hiéroglyphique, sainte, indéchiffrable,
dont M. Champollion a le premier retrouvé la clef depuis longtemps perdue;
— Voir: Quatremère, Recherches sur la langue et la
littérature de l'Égypte, Paris 1808.
L'histoire ancienne de cette contrée se perd dans les
nuages de la poésie et de l'imagination des peuples enfants. Quelques hordes
venues de l'Orient, quelques Arabes dirigés par des chefs nommés Hyksos,
passèrent l'isthme de Suez, et chassèrent devant eux les premiers occupants,
qui s'arrêtèrent dans la Thébaïde, et y demeurèrent près de deux siècles,
battus, mais insoumis, jusqu'au moment où leurs tribus diverses s'étant réunies
sous l'influence de Diospolis, la plus puissante d'entre elles, et guidées par
Thoutmosis III ou Mœris, elles purent secouer le joug des rois pasteurs. C'est
donc avant l'invasion des Hyksos, qu'Abraham, Isaac, Jacob et Joseph auraient
visité cette contrée.
— Mais ce n'est guère que depuis Sésostris (1491 avant
J.-C.), que l'histoire d'Égypte perd ce qu'elle a de fabuleux et d'incertain;
elle commence dès lors à se mêler au mythe, la vérité au roman; c'est l'époque
des constructions gigantesques et des révolutions. Le pouvoir de Sésostris
offusque le parti prêtre qui, humilié de n'occuper que le second rang dans la
nation, prépare ses mesures, laisse passer avec calme quelques générations,
puis enfin, secondé par les Éthiopiens de Méroë, s'élance sur le trône dans la
personne de Séthos, et en précipite le dernier roi de la caste guerrière, Sabakon.
Le prêtre-roi gouverne avec habileté, mais les guerriers qu'il a refoulés au
second rang l'abandonnent, et son autorité s'éteint avec lui. À cet usurpateur
succède l'anarchie, puis la dodécarchie, et Psamméticus après avoir supplanté
par la ruse et la force ses onze collègues, devient, en 650, maître de toute
l'Égypte; sa famille occupe le trône encore trois générations, Nécho, Psammis
et Apriès, (c'est apparemment pendant le règne de l'un d'entre eux que
Nébucadnetsar fait la conquête de l'Égypte annoncée par les menaces des
prophètes, Jérémie 43:12; 46:13; Ézéchiel 29:19; 30:4): Apriès est tué dans une
émeute populaire, et un homme nouveau, Amasis, est revêtu de la royauté par la
volonté nationale; son règne fut le dernier moment de l'indépendance de l'Égypte;
son fils Psamménite (526) n'hérita pas de ses talents, et laissa tomber sa
couronne entre les mains de Cambyse, roi des Perses (521). L'histoire nomme
encore les rois Inarus, Achoris, Tuchos, Nectanebus qui fut dépouillé par
Artaxercès Ochus (346). Dix neuf ans après c'est Alexandre le Grand qui vient y
planter ses armes (327), et qui la livre pendant trois siècles aux Ptolémées,
descendants d'un de ses généraux: Soter, Philadelphe, Évergète, Philopator,
Épiphanes, Philométor, Évergète II ou Physcon, Lathure, Cléopâtre 1er, sa
fille, femme d'Alexandre 1er, neveu de Lathure, Alexandre II, Ptol. Nothus ou
Aulétés, Ptol. Dénys ou Bacchus, Cléopâtre II sa sœur. La bataille d'Actium met
(in à cette dynastie. À l'exception des Pharaons pasteurs dont il est parlé
dans la Genèse et l'Exode, l'Écriture sainte ne nous a conservé les noms
propres que de quatre de ces rois d'Égypte, savoir Sisak, 1 Rois 11:40;
(Sesonchis ?), Nécho, 2 Chroniques 35:20; Jérémie 46:2; So, 2 Rois 17:4; et
Hophra, Jérémie 44:30.
— Voir: ces différents articles.
Les dates égyptiennes sont le labyrinthe de la
chronologie; Manéthon, Hérodote, Diodore de Sicile varient dans leurs données
et ne s'accordent que rarement sur les chiffres, ce qui semble indiquer déjà
que le calendrier égyptien était jugé diversement chez les divers peuples;
d'ailleurs le nombre prodigieux d'années du règne de certains rois, et même de
plusieurs suites de rois, milite passablement en faveur de l'opinion que les
années de l'Égypte n'étaient point les mêmes que les nôtres; enfin, nous avons
le témoignage de Diodore de Sicile qui dit que de son temps déjà l'on se
méfiait de ces années, et que quelques-uns les réduisaient à un mois suivant le
cours de la lune; les années des Égyptiens auraient subi diverses modifications:
d'un mois d'abord, elles auraient été ensuite de deux mois, puis de quatre.
C'est dire qu'il n'y a pas moyen de s'en tirer, car l'embarras serait, en
admettant même ces suppositions, de fixer quelles années auront été d'un mois,
ou de deux, ou de quatre. Le plus sûr est par conséquent de s'en tenir pour la
chronologie égyptienne à quelques dates générales, et notamment aux
synchronismes qui sont indiqués dans la Bible: ainsi la contemporanéité de
Nécho et de Josias et Jéhojakim, 2 Rois 23:29 (cf. Ézéchiel 19), celle de
Sédécias et de Apriès (Hophra), Jérémie 44:30, celle de l'éthiopien Tirhaca et
d'Ézéchias, 2 Rois 19:9; Ésaïe 36:6, celle de So et de Hozée, roi d'Israël, 2
Rois 17:4, celle de Sisak et de Salomon et Jéroboam, 1 Rois 11:40, puis en remontant
encore plus loin, celle de David et des Pharaons, 1 Rois 3:1; 7:8; 9:16; 11:18;
enfin celle des Hyksos et de Moïse; Joseph aurait alors vécu en Égypte avant
l'invasion des peuplades orientales.
Il ne paraît pas que depuis Moïse jusqu'à Salomon les
Israélites aient eu aucune relation avec les Égyptiens; c'est à ce dernier
monarque qu'était réservé le déshonneur de former une alliance avec les ennemis
de son Dieu, et cette alliance ne fut préjudiciable ni à son trésor, ni à sa
sensualité, 1 Rois 3. Cependant il en fut puni, 1 Rois 11:40, comme ses
descendants après lui; il dut comprendre déjà que l'Égypte est un roseau qui se
brise entre les mains de celui qui veut s'en faire un appui, et qui lui perce
l'épaule, Ézéchiel 29:6; cf. Ésaïe 36:6. L'Égypte continua de rester l'ennemie
du peuple qui s'était soustrait à son joug quelques siècles auparavant, et qui
avait voulu ensuite traiter avec elle d'égal à égal; et nous la voyons, Joël
3:19, se liguer avec Édom contre Israël au huitième siècle. Plus tard, sous
Ézéchias, l'Égypte menacée par les armes assyriennes recherche l'alliance des
Hébreux; les prophètes la déconseillent, la repoussent, mais les politiques la
désirent et la font accepter, Ésaïe 30:2; 31:1; 36:6; cf. 18:2; cette démarche,
dangereuse parce qu'elle est impie, porte un coup fatal au peuple de Dieu qui
se trouve à deux doigts de sa perle, 2 Rois 18:19. Sous Josias, nouvelle lutte
entre l'Égypte et Juda, 2 Rois 23:29. Juda succombe et reste sous la domination
de cet ennemi, 2 Rois 23:33, jusqu'à ce qu'il passe sous celle de la Caldée.
Une nouvelle alliance du dernier roi de Juda avec l'Égypte, porte à ce
malheureux monarque le coup fatal, et Juda a cessé d'exister, Jérémie 44:30;
Ézéchiel 17:15. Un grand nombre de Juifs s'enfuient en Égypte, Jérémie 41:17,
où ils trouvent un nombre également considérable d'Israélites, Zacharie 10:10.
Hosée, roi d'Israël, trouve sa ruine dans la même alliance, 2 Rois 17:4; Osée
5:13; 7:11. Après l'exil, les Ptolémées sont seigneurs de la Palestine, (301 à
180 avant J.-C.); les livres apocryphes nomment Philopator, 3 Maccabées,
Philométor, 1 Maccabées 10:57; 11:3,8; 2 Maccabées 4:21, et Physcon ou
Évergète, 1 Maccabées 15:16. Sous leur gouvernement les Juifs domiciliés en
Égypte obtiennent des franchises, et peuvent se construire à Léontopolis un
temple suivant le modèle de celui de Jérusalem, dans lequel ils sont libres de
célébrer leur culte selon les rites de la loi; les Juifs persécutés en
Palestine sont heureux de pouvoir se réfugier dans un pays si tolérant, et
Joseph, le père putatif de Jésus, s'y réfugie avec l'enfant et sa mère pour
échapper aux fureurs d'Hérode, Matthieu 2:13.
L'Égypte a été le sujet d'un grand nombre de
prophéties qui ont reçu maintenant leur accomplissement (— Voir: Keith, Évid.
des prophéties), et l'on peut comparer avec Ézéchiel 29:14-15; 30:7,12-13;
32:15, ce que dit Volney dans son voyage en Syrie, t. I, chapitre 6: «Enlevée
depuis 23 siècles à ses propriétaires naturels, elle a vu s'établir
successivement dans son sein des Perses, des Macédoniens, des Romains, des
Grecs, des Arabes, des Géorgiens, et enfin cette race de Tartares connus sous
le nom de Turcs ottomans.»
Son histoire moderne, comme théâtre d'agitations, et
de bouleversements ne le cède en rien à son histoire ancienne, et le dernier
mot n'est pas encore prononcé.
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ÉHUD
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(louant).
1. Le
second des juges d'Israël (1325 avant J.-C.), Juges 3:15, de la tribu, de
Benjamin. Habile et fort quoique gaucher, il résolut de délivrer son peuple
asservi depuis dix-huit ans à Héglon, roi de Moab; il obtint par la ruse un
entretien particulier avec cet oppresseur et le frappe de son poignard; puis il
retourne vers les siens, se place à leur tête, et met en pièces les Moabites
qui n'ont pas eu le temps de se reconnaître et de se donner un chef.
Quatre-vingts ans de repos sont le résultat de cet exploit. L'action d'Ehud, à
notre point de vue, est un meurtre politique; tout peut le justifier ou
l'expliquer, mais non l'excuser: c'est Guillaume Tell tuant Gessler. Au point
de vue théocratique, il se comprend mieux. L'Écriture ne le blâme ni ne
l'approuve,
— Voir: Juges d'Israël, p. 34-37.
2. Éhud,
1 Chroniques 7:10; 8:6, arrière-petit-fils de Benjamin, se transporta,
peut-être par défaut de place, de Guéba à Manahath dans la tribu de Juda, avec
quelques autres familles de sa tribu. On l'a confondu quelquefois avec le
précédent, mais leur identité n'est rien moins que prouvée.
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ÉLA
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(chêne).
1. Successeur
d'Aholibama dans le gouvernement de l'Idumée, Genèse 36:41. Du reste inconnu.
2. Fils
et successeur de Bahasa sur le trône d'Israël, 930 avant J.-C., régna deux ans
à Tirtsa, et fut tué par Zimri, l'un de ses capitaines, pendant un repas que
lui donnait Artsa, son maître-d'hôtel. Hosée son fils tua Pékach l'usurpateur,
2 Rois 15:30.
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ÉLAM, Élamites,
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— Voir: Hélam.
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ÉLATH ou Éloth
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(force) ou Éloth, 2 Chroniques 8:47, chez saint Jérôme
Aliath, chez les Grecs et les Romains Élana, maintenant Akabael-Mesrim, ville
édomite avec un port sur le golfe élanitique ou sinus oriental de la mer Rouge;
d'après Eusèbe, à 10 milles est de Pétra, d'après Pline, à 150 milles rom, de
Gaza, d'après Albufeda, au 55° longitude 29° latitude, d'après des calculs plus
exacts entre le 57° 19' longitude et 28° 45' latitude. David se la soumit, 2
Samuel 8:14, et Salomon y construisit une flotte destinée à faire le commerce
avec le pays d'Ophir, 1 Rois 9:26; 2 Chroniques 8:17. Son cinquième successeur,
Joram, perdit cette place importante, avec le reste de ses possessions en Édom,
2 Rois 8:20; mais Hozias la rebâtit et la réunit de nouveau à son royaume, 2
Rois 14:22; enfin Retsin roi de Syrie s'en empara, 2 Rois 16:6, et y établit
une colonie syrienne. Plus tard, elle passa au pouvoir des Romains, qui y mirent
une forte garnison, et l'agrégèrent à la Palestine devenue aussi leur province.
Après l'apparition du christianisme, elle devint une résidence épiscopale, et
plusieurs de ses évêques figurèrent dans les premiers conciles. Ce n'est plus
aujourd'hui qu'une tour flanquée de quelques maisons, et dans le voisinage de
laquelle se trouve une forêt de palmiers. Ruppel croit avoir trouvé les ruines
de l'ancienne Élath sous le nom de Gelena.
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ELDAD
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(aimé de Dieu) et Medad (mesurant), Nombres 11:26,
deux des anciens d'Israël, qui furent choisis par Moïse dans le désert pour
l'assister avec soixante-huit autres dans la conduite si difficile de ce peuple
toujours sourd à la voix de l'Éternel, aveugle à ses miracles. Ils ne se
trouvaient pas avec leurs collègues, lorsque Moïse les réunit autour du
tabernacle pour qu'ils reçussent le Saint-Esprit, mais retenus au camp par
d'autres soins, ils n'en eurent pas moins part aux bénédictions qui furent
implorées et répandues sur les soixante-dix, et ils se mirent à prophétiser. Un
jeune garçon vint en hâte le dire à Moïse; Josué qui était encore assez jeune
alors, fougueux, inexpérimenté, et qui ne comprenait pas, sans doute, ce qu'il
y avait de spirituel et de céleste dans leur mission, craignant que ce qu'il
regardait comme une illégalité, ne portât préjudice à la gloire de Moïse, pria
celui-ci d'y mettre ordre et de les empêcher de continuer. Mais Moïse, animé du
vrai zèle pour la maison de Dieu, et faisant toujours abnégation de lui-même à
l'honneur de son divin maître, lui répondit: Es-tu jaloux pour moi? Plut à Dieu
que tout le peuple de l'Éternel fût prophète, et que l'Éternel mît son esprit
sur eux! Touchant exemple d'humilité, et bonne leçon pour les ministres du
Très-Haut, qui trop souvent voient avec peine d'autres ouvriers travailler dans
leur champ, et semer la Parole avec plus de succès qu'ils ne le font eux-mêmes.
C'est la même leçon que nous donne encore saint Paul, Philippiens 1:14-18.
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ÉLÉAZAR
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(secours de Dieu).
1. Troisième
fils d'Aaron et d'Élisébah. Exode 6:23; 28:1; Nombres 3:2; 26:60; 1 Chroniques
6:3; 24:1; il fut appelé au sacerdoce en même temps que son père, et ses trois
frères. Par la mort de ses deux aînés, Lévitique 10, il se trouva le premier
successeur désigné de son père, et forma la branche aînée. Le jour même de leur
mort, encore affligé et troublé, il négligea, ainsi qu'Ithamar son frère, de
manger la viande du sacrifice. Aaron les excusa sur la violence de leur
douleur, et Moïse qui leur avait fait à ce sujet d'amers reproches, comprit
leur motif et s'apaisa. Éléazar, le chef des chefs des Lévites, fut mis à la
tête de ceux qui devaient avoir la charge du sanctuaire et de ses ustensiles,
huile du luminaire, parfum des drogues, gâteau continuel, huile de l'onction,
etc., Nombres 3:32; 4:16. Il dut relever du feu les encensoirs d'airain qui
avaient servi à Coré et à ses complices, et il en fit des plaques pour en
recouvrir l'autel, Nombres 16:39. Ce fut lui qui le premier offrit le sacrifice
de la vache rousse, Nombres 19:3.
— À la mort de son père, il lui succéda, ayant été
revêtu de la robe sacerdotale sur la montagne de Hor, où il laissa les cendres
du premier grand prêtre, Nombres 20:25; sq. Deutéronome 10:6. Nous le voyons
ensuite présider au second dénombrement, 26:1, ordonner avec Moïse la
destruction des Madianites et la purification par le feu ou par l'eau, des
dépouilles de ce peuple, 31:12-51, arrêter les conditions entre les tribus
transjourdaines et cisjourdaines, lorsque les premières (Ruben, Gad et
Demi-Manassé) eurent résolu de s'établir sur la rive gauche du fleuve, 32:2.
Puis il passe le Jourdain, fait avec Josué le partage de la terre promise,
Nombres 34:17; Josué 14:1; 17:4; 19:51; 21:1, et meurt peu après dans la
montagne d'Éphraïm, Josué 24:33.
— Le sacerdoce resta dans sa maison jusqu'aux jours
d'Héli qui était de la maison d'Ithamar; on ignore comment la sacrificature
passa de la branche aînée dans la branche cadette.
2. Éléazar,
fils d'Abinadab, 1 Samuel 7:1. C'est à lui que fut confiée la garde de l'arche
sainte lorsqu'elle eut été renvoyée par les Philistins. Il est dit qu'il fut
consacré à cette charge, soit qu'il faille l'entendre d'une simple destination,
soit qu'il ait effectivement reçu l'onction sainte, ce qui semble plus probable
à raison de l'importance du dépôt qui lui était remis.
3. Éléazar,
fils de Dodo, fils d'Ahohi, l'un des trois braves de David qui passèrent au
travers du camp des Philistins pour aller puiser de l'eau à leur maître au
puits qui est à l'entrée de Bethléem: il est raconté de lui qu'un jour il
battit les Philistins et en fit un tel carnage que son épée demeura collée à sa
main, 2 Samuel 23:9,16; 1 Chroniques 11:12-14.
4. Un
des ancêtres de Jésus, fils d'Éliud, Matthieu 1:15. Du reste inconnu.
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ÉLHALÉ
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(holocauste de Dieu), bourg assigné à la tribu de
Ruben et situé sur une colline, Nombres 32:3,37; Ésaïe 15:4; 16:9; Jérémie
48:34. Il est toujours cité avec Hesbon, dont il n'était éloigné que d'une
lieue romaine, ou d'une demi-lieue suivant Seetzen. Ses ruines portent encore
aujourd'hui le nom de El'Haal, d'après Burkhardt.
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ÉLHANAN
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(grâce de Dieu), fils de Dodo, 1 Chroniques 11:26, ou
de Jahir, 20:5; 2 Samuel 23:24, de la troisième classe des officiers de David,
qui comptait trente guerriers. Il se distingua dans un fait d'armes qui nous
est raconté 2 Samuel 21:19, en ces mots: «Élhanan fils de Jaharé Oréguim,
bethléhémite, frappa Goliath Guittien, etc.» Le texte de ce passage est altéré,
et nos versions ont dû lire: «le frère de Goliath» pour ne pas mettre ce
passage en désaccord avec l'histoire du géant vaincu par David. L'auteur du
livre des Chroniques, 1 Chroniques 20:5, qui avait sans doute connaissance du
texte original, a rétabli le fait en rapportant que Élhanan, fils de Jahir,
frappa Lahmi, frère de Goliath, etc.
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ÉLHASA
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(que Dieu a fait), fils de Saphan, et Guémaria (achevé
par l'Éternel), fils de Hilkija, furent chargés par Sédécias, roi de Juda, de
porter aux Juifs de Babylone des lettres de Jérémie, Jérémie 29:3. Élhasa n'est
connu que par cette ambassade; mais son père peut être pris pour le même qui
avait été secrétaire du roi Josias, 2 Rois 22:3. Quant à Guémaria, il est
inconnu, et ne doit pas être confondu avec un autre du même nom, fils de
Saphan, et probablement frère d'Élhasa, Jérémie 36:10.
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ÉLIAB
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(mon Dieu est un père).
1. Fils
de Hélon et chef de la tribu de Zabulon, Nombres 1:9.
2. Fils
de Pallu, rubénite, et père de Dathan et Abiram, Nombres 26:8-9; 16:1.
3. Fils
d'Isaï et frère aîné de David, 1 Samuel 16:6; 1 Chroniques 2:13. Samuel sachant
que c'était dans la famille d'Isaï qu'il devait choisir le successeur de Saül
sur le trône d'Israël, et frappé du visage et de la grandeur de la taille
d'Éliab, pensa d'abord que ce jeune homme était l'oint de l'Éternel: c'est
alors que Dieu prononça ces solennelles paroles: «L'Éternel n'a point égard à
ce à quoi l'homme a égard, car l'homme a égard à ce qui est devant les yeux,
mais l'Éternel regarde au cœur.» La royauté fut donnée au plus jeune, et
l'aîné, resté subalterne, montra par sa jalousie contre son frère que son cœur
n'était point fait pour le rendre digne d'occuper le trône théocratique; il
s'enflamma contre David de ce que celui-ci, descendu pour porter des vivres à
ses frères, s'enquérait des récompenses promises à celui qui frapperait
Goliath, 1 Samuel 17:28.
— Une de ses descendantes, Abihaïl, devint l'épouse de
Roboam, 2 Chroniques 11:18.
4. 1
Chroniques 6:27, inconnu.
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ÉLIAKIM.
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1. Fils
de Hilkija, maître d'hôtel de la maison d'Ézéchias, fut envoyé avec Sebna et
Joah vers Rabsaké, général de Sanchérib, pour entendre les propositions de ce
roi d'Assyrie. Accablés de douleur à l'ouïe des insolentes paroles du païen,
ils déchirèrent leurs vêtements, et vinrent rapporter à Ézéchias ce qu'ils
avaient entendu; ils se rendirent ensuite auprès d'Ésaïe et le supplièrent
d'aider Ézéchias de ses conseils et de ses prières. Ils revinrent consolés et
fortifiés. Ésaïe 36:3; 37:2; 2 Rois 18:18; sq. Est-ce le même que celui qui est
indiqué Ésaïe 22:20? On ne saurait ni l'affirmer ni le nier, mais l'identité
est probable, et, dans ce cas, Éliakim aurait succédé à Sebna dans la charge de
maître du palais.
2. Éliakim,
— Voir: Jéhojakim;
dix-huitième roi de Juda. Les deux noms ont en hébreu
la même signification: «celui que Dieu établit;» l'un composé du mot Jéhovah,
l'autre du mot Élohim, ou Éli.
3. et
#4...
4. Deux
Éliakim sont nommés dans la généalogie de notre Sauveur, l'un fils d'Abiud,
Matthieu 1:13, l'autre fils de Melca, tous deux inconnus.
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ÉLIASAPH,
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fils de Dénuël, chef de la tribu de Gad, Nombres 1:14.
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ÉLIASIB,
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fils de Jojakim, et souverain sacrificateur de la race
d'Éléazar: il succéda à son père sous Xercès, d'après, Flavius Josèphe. Il
commença la reconstruction de Jérusalem après l'exil, et sanctifia les travaux
qui furent faits, Néhémie 12:10; 3:1. Plus tard, et pendant l'absence de
Néhémie, peu encouragé par ses grossiers et charnels compatriotes, il se
relâcha, contracta alliance avec l'ammonite Tobija et lui fit même préparer
dans le temple une vaste chambre, espèce de trésorerie où l'on mettait
auparavant les dîmes des lévites, des chantres, des portiers et des
sacrificateurs. Néhémie, de retour, mit fin à cette profanation, et jeta les
meubles du païen hors de la maison.
— Quelques-uns ont douté, mais sans motif suffisant,
que cet Éliasib fût le même que le souverain sacrificateur.
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ÉLIE
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(hébreu Éliyahou, mon Dieu l'Éternel), prophète
israélite, que Dieu appela à exercer son ministère sous le règne de l'impie
Achab, dans un temps où, sans une intervention divine, le peuple tout entier
semblait près de tomber dans l'idolâtrie. La Bible ne nous dit rien sur sa
famille, si sur la première partie de sa vie. Nous savons seulement qu'il était
originaire de Thisbé, en Galilée, 1 Rois 17:1; cf. Jean 7:52. Dieu l'ayant
chargé d'un message qui devait lui attirer la colère d'Achab, la prédiction
d'une grande sécheresse, lui ordonna ensuite de se retirer dans une partie
reculée du pays, au bord du Kérith, où il fut nourri d'une manière miraculeuse,
par des corbeaux, parce que le lieu de sa retraite devait être ignoré.
Cependant, au bout d'un an, le Kérith ayant été mis à sec par cette sécheresse
qui ravageait le pays, Élie reçut l'ordre de se rendre à Sarepta en Phénicie,
où une veuve devait pourvoir à son entretien; il fallait de la foi certainement
pour se hasarder ainsi à entrer dans le pays de Jésabel, mais la foi d'Élie
avait été affermie par les expériences qu'il venait de faire auprès du torrent,
et son espérance ne fut point trompée: non seulement il trouva un sûr asile
dans la maison de cette femme, mais il devint pour elle un instrument de
bénédiction; il la sauva de la famine, rendit la vie à son fils et lui fit
connaître le Dieu d'Israël, 1 Rois 17:2; sq. cf. Luc 4:25. Vers la fin de la
quatrième année depuis le commencement de la famine, Élie se rendit auprès du
roi, et lui offrit de lui prouver par une épreuve solennelle que ce malheur
devait être considéré comme un juste châtiment de l'idolâtrie. Plusieurs
centaines de prêtres de Bahal furent rassemblés sur le promontoire de Carmel,
en présence du roi et de sa cour, et là le prophète commença par représenter au
peuple l'inconséquence dont il se rendait coupable en cherchant à allier le
service de Banal avec celui du vrai Dieu, et la nécessité de prendre parti pour
l'un ou pour l'autre. L'événement devait déterminer ce choix. Les faux prêtres
prient, crient, sacrifient, et se font des incisions dans la chair; mais aucun
dieu n'est là pour répondre. Élie supplie l'Éternel de se manifester, et sa
prière est exaucée; le feu du ciel, que les prêtres idolâtres n'ont pu obtenir
par toutes leurs processions et leurs macérations, descend sur l'autel, et le
peuple entier tombe à genoux en s'écriant: «C'est l'Éternel qui est Dieu, c'est
l'Éternel qui est Dieu», 1 Rois 18. Ce chapitre peut être appelé l'Histoire de
la Réformation d'Israël; on y trouve chez les idolâtres et chez le prophète les
caractères qu'on a remarqués dans le mouvement du seizième siècle. Cependant
Élie ne devait pas s'enorgueillir de ce triomphe; le Seigneur le fit bientôt après
passer de nouveau par de grandes tentations qui devaient le maintenir dans
l'humilité; c'est ainsi qu'il agit toujours avec ses plus illustres serviteurs.
Forcé de fuir devant une nouvelle persécution de Jésabel, Élie se rend dans le
désert de Sinaï, où il est saisi d'un profond découragement; mais le Seigneur
le relève par une action symbolique, et lui ordonne d'oindre Hazaël pour roi de
Syrie, Jéhu pour roi d'Israël, et de choisir Élisée pour son successeur dans
l'office prophétique; ces ordres impliquaient la promesse que ces trois
personnages seraient les instruments de la miséricorde comme de la justice
divine envers son peuple, 1 Rois 19:1; sq. Un peu plus tard, nous trouvons
encore le prophète chargé de la pénible tâche d'annoncer à l'impénitent Achab
les châtiments nouveaux qu'il s'est attiré par le meurtre de Naboth; il s'en
acquitte avec une entière fidélité, 1 Rois 21:17; sq. Sous le règne d'Achazia,
il sort de la retraite qu'il s'était choisie, et fait annoncer au monarque
malade et à moitié idolâtre, l'issue fatale de la maladie dont il est atteint:
c'est dans cette occasion qu'à sa prière le feu du ciel consuma les gens de
guerre envoyés pour le saisir, 2 Rois 1:3; sq. Élie agit en cela comme
exécuteur de la justice divine; agent d'une théocratie, il frappe de peines
ecclésiastiques sévères ceux qui l'outragent, comme fit plus tard Élisée; c'est
l'esprit de la loi; les paroles de Jésus, Luc 9:55, ne font rejaillir aucun
blâme sur Élie, elles déclarent seulement ces peines, ce zèle, ce mode d'agir
incompatible avec l'esprit de la nouvelle économie. Peu après la mort
d'Achazia, Élie fut aussi appelé à quitter ce monde; mais Dieu, voulant
ratifier et glorifier de nouveau son ministère, le retira à lui avec des
circonstances surnaturelles, et sans le faire passer par la mort. Élisée, son
disciple et son successeur, fut cependant le seul témoin de son enlèvement, 2
Rois 2:1; sq..
Cette ascension était le chant de l'immortalité. Neuf
siècles plus tard, ce même homme glorifié, le représentant de la prophétie,
s'entretenait avec son Sauveur sur le mont Thabor, de même que Moïse le
représentant de la loi: ils parlaient de la Rédemption,
— Voir: Sermon de Krummacher.
L'Ancien et le Nouveau Testament sont pleins de la
gloire d'Élie: celui qui devait annoncer aux hommes la venue prochaine du
Messie, Jean Baptiste, porte par avance le nom du grand prophète, Malachie 4:5;
— Voir: encore Jean 1:21; Luc 1:17, etc. Romains 11:2;
Jacques 5:17; et ailleurs.
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ÉLIHAM,
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père de Bathsébah, la femme d'Urie, 2 Samuel 11:3, et
fils d'Achitophel, 23:34. Il porte le nom de Hammiel, 1 Chroniques 3:5, où la
mère de Salomon est appelée Bathsuah.
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ÉLIHÉZER
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(secours de Dieu).
1. Le
serviteur d'Abraham, bien connu par la touchante et noble simplicité de son
histoire, quoiqu'il ne soit nommé qu'une fois, Genèse 15:2. II était de Damas,
et fort attaché à son maître, dont il était l'héritier naturel avant la
naissance d'Isaac. C'est lui sans doute qui fut chargé par Abraham d'aller en
Mésopotamie chercher une épouse au fils de la promesse: plein de confiance dans
le plus ancien serviteur de sa maison, Abraham lui remet le soin de régler seul
cette affaire importante, de choisir l'épouse et de fixer les conditions du
mariage; Élihézer part accompagné des vœux de la famille patriarcale, et se
rend en Caldée, auprès de Na-cor, parent d'Abraham. On sait quelle fut sa
conduite, ses prières, le signe qu'il demanda à Dieu, et la manière dont il fut
exaucé; on se rappelle qu'avant de rien faire il prie, qu'avant de prendre
aucun aliment il veut s'acquitter de son message, et qu'il se jette à genoux
pour rendre grâce à Dieu du succès qu'il vient d'accorder à ses recherches. Il
suffit, pour être ému, de lire le récit qui nous est fait de ces pourparlers
entre Élihézer et la jeune fille, entre Élihézer et les parents de Rébecca,
pourparlers dans lesquels le serviteur représente le maître avec le zèle le
plus dévoué et le plus éclairé, et mène à bonne fin, en un seul jour, une
transaction pour laquelle on demande maintenant des mois. Quelle confiance et
quelle simplicité!
2. Fils
de Moïse et de Séphora, Exode 18:4;
— Voir: Guersom.
3. Fils
de Dodava, 2 Chroniques 20:37, n'est connu que par une prophétie menaçante
contre Josaphat, à qui il annonça la destruction de sa flotte sur la mer Rouge,
à cause de son alliance avec l'impie Achazia, qui ne s'employait qu'à faire du
mal. La prédiction fut bientôt accomplie.
4. Plusieurs
autres personnages de ce nom sont encore nommés, 1 Chroniques 15:24; 27:16;
Esdras 10:23; Luc 3:29.
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ÉLIHU,
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Job 32:2, fils de Barakéel, descendant de Buz, second
fils de Nacor frère d'Abraham, Genèse 22:21, le plus jeune et le plus sage des
amis de Job; il prend le dernier la parole. Son caractère est celui de la
jeunesse, vif, ardent; mais il est en même temps profond, et considère la position
de Job sous le point de vue dogmatique. Il insiste sur la nécessité d'être
humble en toute circonstance, à cause du péché qui est en l'homme. Le chapitre
32 est à la fois une introduction à ce qu'il va dire, et son excuse de ce qu'il
ose parler après les hommes sages et expérimentés dont il vient d'entendre les
discours. Puis il s'adresse à Job comme à un adversaire vaillant, dont il tâche
de gagner la confiance en l'assurant de la sincérité de son affection: il est
homme comme Job, et lui parle par expérience et en ami. Quelquefois obscur, son
discours est admirable par la beauté, la grandeur et la profondeur des idées;
il est évident que c'est l'auteur lui-même qui exprime par la bouche d'Élihu
son opinion sur ce qu'il croit être la vérité. Le discours de Dieu qui suit
celui d'Élihu n'est que le développement plus grandiose et divin de ce que
vient de dire le sage jeune homme.
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ÉLIM,
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septième campement des Israélites dans le désert; ils
y trouvèrent douze sources et soixante et dix palmiers, Exode 15:27. Élim est
probablement le El Tor actuel.
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ÉLIMÉLEC
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de Bethléem, mari de Nahomi, Ruth, 1:2. Chassé de Juda
par la famine, il se rendit dans le pays de Moab avec sa femme et ses deux
fils, Maillon et Kiljon, dont l'un, probablement le dernier, épousa Ruth la
Moabite (Calmet fait Mahlon mari de Ruth, et Ruth femme de Kiljon, puis Kiljon,
à l'article de Horpa, est encore mari de cette dernière. Voilà ce que c'est que
les conjectures! La Bible dit seulement que Mahlon et Kiljon épousèrent Horpa
et Ruth). Élimélec mourut sur la terre étrangère, à une date incertaine.
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ÉLIPHAZ.
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1. Fils
d'Ésaü, par Hada fille d'Élon, Héthien, Genèse 36:2,4.
2. Le
premier des amis de Job qui prit la parole, Job 2:11; 4:1. Il était de Théman,
une des principales villes de l'Idumée, Amos 1:12, et descendait peut-être du
précédent Éliphaz. C'est le plus modéré des trois premiers interlocuteurs,
quoiqu'il ait pu être appelé aussi un consolateur fâcheux. Il se distingue par
sa profondeur et son éloquence; il exprime son étonnement de voir au désespoir
un homme si pieux, et lui conseille d'avoir recours à sa piété pour y puiser
des consolations. Dans ses trois discours, chapitres 4 et 5, chapitre 15,
chapitre 22, on remarque facilement une progression. Bien disposé d'abord, il
s'irrite peu à peu de voir Job rester sourd aux conseils et persister dans sa
propre justice; mais il exagère à son tour les reproches, et il doit entendre
avec ses deux compagnons les paroles sévères que l'Éternel leur adresse à cause
de leur dureté, 42:7. Un sacrifice d'holocauste leur est ordonné en expiation.
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ÉLISA,
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nommé avec Tarsis, Kittim, et Dodanim, parmi les
enfants de Javan, le quatrième fils de Japhet, Genèse 10:4. Flavius Josèphe
cherche les descendants d'Élisa en Éolie, le Targum caldéen en Italie, et
Schulthess à Carthage, dont, d'après les anciens, une Élisa fut la fondatrice
et la patronne (Élisa était un surnom de Didon, Æneid. 4, 335). Ces trois
explications, la dernière surtout, sont inacceptables. Il est beaucoup plus
naturel de voir dans Élisa le père des anciens habitants de la Grèce, et
Bochart compare le nom d'Élis ou Élide, une ancienne partie du Péloponèse; on
peut aussi rappeler le nom de l'Éolie, mais dans un sens plus large que ne fait
Flavius Josèphe, le nom d'Hellas, et enfin celui des champs Élysées. On sait
que les Orientaux et les Grecs regardaient comme le plus grand bonheur d'être
recueilli avec ses pères, et c'est là où étaient les pères qu'était pour eux le
paradis; pour les Grecs descendants d'Élisa, le lieu de repos devait ainsi
s'appeler l'Élysée.
— Les îles (ou côtes, contrées maritimes) d'Élisa sont
renommées, Ézéchiel 27:7, pour leur pourpre bleue et rouge; et les anciens
auteurs, Pline 9, 40; Hor. Od. 2, 48; 7, et autres, parlent également de la
grande richesse de moules et coquilles de pourpre que l'on trouvait sur les
côtes du Péloponèse.
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ÉLISABETH,
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1. ou
en hébreu Élisébah (serinent de Dieu), femme d'Aaron, Exode 6:23.
2. Élisabeth,
de la famille d'Aaron, femme du sacrificateur Zacharie, et mère de
Jean-Baptiste, Luc 1:5. Stérile et vieille, elle enfanta le précurseur du
Messie, selon la promesse qui en fut faite par l'ange à son époux, dans le
temple. Ayant reçu la visite de sa cousine Marie, elle pressentit en elle la
mère du Sauveur, et s'écria, dans son cantique (1:42): «Tu es bénie entre les
femmes», la saluant des mêmes paroles qui furent également dites de Jahel, Juges
5:24, de Judith, Judith 13:23, et surtout, mais dans une plus grande mesure,
d'Abraham, Genèse 22:18, salutation dont Rome a voulu faire une adoration;
passe encore s'il y avait: Tu es bénie entre les anges! Mais pour la femme du
pontife, la fiancée de l'artisan n'était qu'une femme plus privilégiée qu'une
autre, et qui n'avait pas cessé d'être femme.
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ÉLISAMAH,
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Jérémie 41:1, de la race royale, un des principaux de
chez le roi; peut-être le même que le secrétaire de Jéhojakim, que nous voyons,
36:12, assistant à la lecture du livre contenant l'oracle de Jérémie.
Quelques-uns, rendus sérieux, s'opposèrent à ce que le roi déchirât le rouleau,
mais Élisamah ne fut pas du nombre, et paraît avoir été dévoué à son maître
jusque dans le mal: triste dévouement qui nuit à l'un sans jamais servir à
l'autre.
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ÉLISAMATH.
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fils de Hammiud, chef de la tribu d'Éphraïm, Nombres
1:10.
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ÉLISÉBAH,
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Exode 6:23;
— Voir: Élisabeth.
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ÉLISÉE
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(Dieu qui sauve), prophète israélite, qui exerça son
ministère dans le royaume des dix tribus, sous les règnes de Joram, Jéhu,
Joachaz et Joas. Il était originaire d'Abel-Méholah, 1 Rois 19:16, où il
cultivait ses terres au moment où Élie vint le chercher et l'appeler aux fonctions
de prophète, 903 avant J.-C. Il fut témoin de la glorieuse ascension de son
maître, et demanda deux fois l'esprit d'Élie. Les eaux du Jourdain s'arrêtant
et se divisant à sa voix, furent en quelque sorte le premier encouragement
qu'il reçut, le premier gage de la puissance qui agissait en lui. Il se fait
reconnaître ouvertement à Jéricho, en assainissant par un prodige les eaux de
la ville. L'école des prophètes reconnaît en lui le successeur d'Élie. À
Béthel, des enfants impies insultent à son infirmité: le front dégarni du
prophète est l'objet de leurs moqueries; deux ours lui servent de vengeurs, 2
Rois 2:23; sq. Les rois alliés d'Israël et de Juda étant venus à manquer d'eau
dans leur expédition contre les Moabites, le prophète, en faisant creuser la
vallée, leur fournit de quoi désaltérer leurs armées, et leur assure en outre
une victoire éclatante, 3:9; sq. Peu après, il multiplie l'huile de la veuve
d'un prophète, et il rend la vie au fils de l'hospitalière sunamite, 4:1; sq.
Il vient encore au secours de l'école des prophètes de Guilgal, dans une
famine, et remédie par un procédé simple et miraculeusement béni, à l'accident
causé par une plante vénéneuse;
— Voir: Coloquinte.
Bientôt après on le voit nourrir cent personnes avec
une vingtaine de pains, miracle que l'on peut considérer comme le type de la
multiplication des pains opérée par notre Sauveur.
Cependant les Israélites ne devaient pas être les
seuls objets des bienfaits divins dont il était le dispensateur et
l'instrument. Naaman, général syrien, atteint de la lèpre, recourt à ce qu'il
croit être son art ou ses talents. Le prophète s'efface; il ne veut pas agir:
c'est Dieu seul qui guérit; l'eau du fleuve suffira; elle suffit, en effet,
malgré l'humeur et l'incrédulité du général,
— Voir: Naaman.
Élisée qui n'a pas voulu s'attribuer l'honneur du
miracle, en refuse également la récompense: son désintéressement devait égaler
son humilité aux yeux des idolâtres. Il doit donc punir sévèrement l'avare
cupidité de son serviteur Guéhazi: ce châtiment exemplaire était indispensable
pour effacer dans l'esprit du prosélyte Naaman le scandale qu'avait dû lui
causer cette conduite d'un Israélite.
Ses pouvoirs miraculeux se déployèrent encore à
l'occasion des nouvelles constructions que nécessita l'accroissement de l'école
des prophètes, et le fer de la hache surnagea, 6:1; sq. Il fut une seconde fois
appelé à rendre des services signalés à son roi pendant une invasion des
Syriens, dont l'esprit prophétique lui révélait les plans; et ceux-ci ayant
voulu assouvir leur ressentiment sur sa personne, il les frappa
d'éblouissement, au moment où ils s'approchaient de Dothan pour le saisir.
Lorsque Ben-Hadad vint mettre le siège devant Samarie, Élisée releva le courage
des assiégeants, déjà en proie aux horreurs de la famine, par la promesse d'une
prochaine délivrance. Effectivement, les Syriens saisis d'une terreur panique,
levèrent subitement le siège (Serra, de Croll). Le calme admirable que le
prophète montra dans ces deux circonstances, ne pouvait être le fruit que d'une
foi bien vivante, 2 Rois 6, et 7.
Peu de temps après, il dut se rendre à Damas, pour
exécuter l'ordre donné à son maître d'oindre comme roi de Syrie cet Hazaël qui
devait être contre le peuple élu un si puissant instrument de la justice
divine. Nous le voyons également, continuateur de l'œuvre d'Élie, faire oindre
Jéhu roi d'Israël, et lui confier l'exécution de la sentence de mort prononcée
contre l'impie famille d'Achab. Sur son lit de mort il reçoit la visite du roi
d'Israël Joas, et par une action symbolique, lui promet la victoire sur les
Syriens qui faisaient alors beaucoup souffrir le royaume. Dieu continua de
glorifier ce grand et fidèle serviteur, même après sa mort, en lui donnant le
pouvoir de ressusciter un mort dont on venait de jeter le cadavre dans le
sépulcre où il reposait, 2 Rois 13.
— Voir: Sermon de Krummacher.
Son nom ne se retrouve que Luc 4:27.
Si Élie, son maître, rappelle la foi, l'énergie,
l'activité de Paul, Élisée rappelle davantage la douceur et la sainteté de
Jean.
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ÉLITSUR,
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fils de Sedéur, chef de Ruben, Nombres 1:5;
— Voir: Tribu.
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ÉLIUD,
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Matthieu 1:14, fils d'Achim, un des ancêtres de notre
Sauveur; inconnu.
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ELJADAH,
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— Voir: Rézon.
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ELKANA, ou Elcana,
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1. lévite,
fils de Jéroham, demeurant à Rama, 1 Samuel 1:1. Époux d'Anne et de Péninna; il
était surtout attaché à la première, quoiqu'elle ne lui eût pas donné
d'enfants; il cherchait à la consoler dans sa douleur, la protégeait contre
l'aigreur de sa féconde rivale: «Ne te vaux-je pas mieux que dix fils», lui
disait-il. Cet homme pieux devint le père de Samuel, qu'il eut de la femme
honorable qu'il aimait.
2. Elcana,
2 Chroniques 28:7, homme inconnu, qui tenait le second rang après le roi à la
cour d'Achaz, ami, favori, confident ou ministre.
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ELKOS.
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Il est dit, Nahum 1:1, que Nahum était Elkosien, ce
que quelques-uns ont traduit par fils d'Elkos; mais il vaut mieux entendre
Elkos d'une localité; ce serait ou bien Elkesei, petit bourg sur la rive
occidentale du Jourdain, en Galilée; ou bien, ce qui est moins probable,
Alkush, en Assyrie, sur la rive occidentale du Tigre; on y montre encore le
tombeau prétendu du prophète. Si Elkos est le même que Elkesei, Nahum le
Galiléen dément, comme Élie et Jonas, la grossière ignorance, ou l'impudente
fourbe des pharisiens de Jérusalem, Jean 7:47,52.
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ELLASAR,
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Genèse 14:1,9, contrée dont Arioc, l'allié de
Kédor-Lahomer, était roi. Il faut la chercher probablement du côté d'Élam et de
Sinhar, auxquels son nom se trouve lié, et en tout cas dans les environs et
vers le sud de la mer Caspienne; la version arabe traduit Ellasar par Arménie.
C'est peut-être la même contrée que Thélasar, Ésaïe 37:42; 2 Rois 19:12, et le
Targum de Jonathan ad Gènes, appuie cette opinion.
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ELMODAM,
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Luc 3:28, fils d'Er, un des ancêtres de Jésus par
Marie; inconnu.
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ELNATHAN,
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fils de Hacbor, Jérémie 26:22, peut-être le beau-père
de Jéhojakim et le grand-père de Jéhojakim, 2 Rois 24:6,8. Sur l'ordre du roi
son gendre, il poursuivit en Égypte le prophète Urie, et le livra pour être mis
à mort; puis, dans une autre circonstance, il résista au monarque et voulut
l'empêcher de détruire les prophéties de Jérémie. Après avoir causé la mort
d'un homme de Dieu, il voulut respecter des paroles: serait-ce une simple
contradiction du cœur humain? serait-ce que repentant d'avoir persécuté, il se
soit plus tard converti? ou enfin que les menaces prophétiques eussent trouvé
le chemin de son cœur agité?
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ÉLON.
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1. Beau-père
d'Ésaü, Genèse 26:34, où sa fille s'appelle Basmath; elle s'appelle Hada,
Genèse 36:2, et Basmath est fille de Tsibhon; cette différence s'explique ou
par une différence dans la tradition, ou par un double nom.
2. Fils
de Zabulon, Genèse 46:14.
3. Ville
danite, Josué 19:43.
4. Zabulonite,
onzième juge d'Israël, gouverna le pays pendant dix ans, Juges 12:11.
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ELTSAPHAN,
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cousin de Moïse, Nombres 3:30;
— Voir: Misael.
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ÉLUL,
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Néhémie 6:15, dernier mois de l'année civile des
Hébreux, sixième de l'année sainte; il n'a que 29 jours et correspond à une
partie du mois d'août. Ce fut le 25 de ce mois que fut achevée la muraille de
la nouvelle Jérusalem; les Juifs maintenant encore en célèbrent le 26 la
dédicace, suivant ce qui est raconté Néhémie 12:27.
— Le 7 ou le 9 du mois, les Juifs jeûnent en mémoire
des châtiments annoncés contre la génération du désert, après l'exploration de
Canaan, Nombres 13 et 14. Le 22 est la fête de la Xylophorie, en laquelle on
portait le bois au temple.
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ÉLYMAS,
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— Voir: Bar-Jésus.
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EMBAUMER.
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On voit par Genèse 50:2, et par d'autres passages, que
c'était la coutume des Égyptiens d'embaumer les morts. Quelques auteurs
prétendent même que c'est une chose nécessaire, vu l'impossibilité d'ensevelir
les morts dans toute la longueur de la vallée du Nil, puisque si l'on enterrait
quelque corps dans les terres, l'inondation qui survient ne tarderait pas à
l'en faire sortir comme plus léger que le sable.
Il y avait trois espèces d'embaumement, suivant le
prix: le plus cher coûtait un talent (3,794 fr.); le second, vingt mines, et le
troisième tort peu de chose.
— Un dessinateur venait d'abord marquer la place et la
longueur de l'incision, un disséqueur l'exécutait ensuite avec une pierre
d'Éthiopie, et s'enfuyait aussitôt en toute hâte de devant les parents qui
l'auraient poursuivi et lapidé comme impie; après ces deux opérations, les
embaumeurs, qui appartenaient à la classe lettrée et que l'on considérait comme
des personnes sacrées, entraient pour faire leur office: ils tirent d'abord par
le nez, avec un fer recourbé fait exprès, tout le cerveau du mort, et le
remplacent par des drogues astringentes; ils sortent par l'ouverture faite au
côté tous les viscères, à l'exception du cœur et des reins, et les lavent avec
soin dans du vin de palmier, ou dans d'autres liqueurs également astringentes;
puis on oint tout le corps d'huile de cèdre, de myrrhe, de cinnamome et
d'essences pareilles pendant environ trente jours. L'embaumement étant ainsi
terminé quant a ce qui regarde les parfums, on dépose encore le corps pendant
quarante jours dans du sel de nitre. On le retire alors, on le lave, on
l'enveloppe de bandelettes de lin trempées dans la myrrhe, et on le frotte
d'une espèce de gomme odorante.
— On trouve de nos jours encore des momies qui
paraissent avoir été embaumées d'après ce procédé.
Un mode d'embaumement plus simple consistait à
injecter dans les intestins une liqueur tirée du cèdre, puis à laisser reposer
le cadavre dans le nitre. Au bout d'un certain temps, les intestins étant
rongés et complètement desséchés, on les retirait par le même canal, et comme
le nitre avait fortement agi sur les chairs, il ne restait plus au mort que la
peau sur les os.
Enfin, ceux qui devaient se contenter à meilleur
marché, injectaient dans l'intérieur une liqueur qui le lavait, puis déposaient
le corps dans le nitre pendant soixante-dix jours pour le dessécher.
Jacob fut évidemment embaumé d'après le premier
procédé; il est dit qu'on mit quarante jours à cette opération, soit qu'on
n'ait compté que l'embaumement proprement dit, sans parler du séjour dans le nitre,
soit au contraire qu'on n ait parlé que de ce séjour, sans parler du temps que
prirent les opérations préliminaires. Moïse, du reste, marque bien que l'on fut
soixante-dix jours à faire son deuil entier, Genèse 50:3.
L'Écriture mentionne encore l'embaumement de Joseph,
Genèse 50:26, celui d'Asa, 2 Chroniques 16:14, qui peut-être fut brûlé, et
celui de Jésus, qui fut enseveli au milieu des aromates, sans qu'on ait eu le
temps de l'embaumer intérieurement, Jean 19:40.
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ÉMERAUDE,
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pierre précieuse mentionnée, Exode 39:10-11. Ézéchiel
28:13, à ce que l'on suppose; mais les interprètes ne sont pas d'accord sur le
mot qu'il faut traduire ainsi; quelques-uns voient l'émeraude dans nophek, les
autres dans barèketh, ce qui est plus probable, et appuyé des Septante, de
Flavius Josèphe et de la Vulgate: nophek serait alors l'escarboucle. L'émeraude
(barèketh) est nommée encore, où-trêves passages cités, Exode 28:17, et
Apocalypse 4:3; 21:19. C'est une des pierres précieuses les plus admirables par
sa fraîcheur et son brillant; Pline (H. N. 37, 5) en fait un pompeux éloge.
«Aucune couleur, dit-il, ne charme autant la vue que le vert; nous ne reposons
nulle part nos yeux avec autant de jouissance que sur la verdure des prairies
et des forêts; mais de toutes les espèces de vert, aucune n'égale la beauté de
l'émeraude.»
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ÉMINS,
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peuple fort et nombreux d'une haute stature, habitants
primitifs du pays qui fut plus tard habité par les Moabites. Deutéronome 2:10.
Il paraît dans l'histoire aux premiers jours d'Abraham, Genèse 14:5; il subit
une défaite, et dès lors il disparaît et se fond dans quelque autre peuplade.
Leur nom signifie les épouvantables, les effrayants, et le caldéen l'a traduit
par des hommes courageux;
— Voir: Géants.
— Ils appartenaient à la grande famille cananéenne des
Réphaïms, qui paraît ainsi, dit Schrœder, avoir occupé primitivement la presque
totalité du pays situé à l'orient du Jourdain, depuis l'Arnon jusqu'au-delà des
montagnes de Galaad.
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EMMANUEL,
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Ésaïe 7:14; 8:8; Matthieu 1:23, Dieu avec nous; nom
bien significatif du médiateur de la nouvelle alliance, annoncé déjà par un
prophète, et compris de tous ceux qui l'ont adopté pour leur maître; Jésus est
doublement Emmanuel, d'abord comme notre ami, étant descendu jusqu'à nous; puis
dans un autre sens, parce qu'il est dans sa nature, la réunion de la divinité à
l'humanité.
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EMMAÜS,
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ville ou bourgade à 60 stades (13 kilomètres) de
Jérusalem vers le nord; quelques voyageurs veulent en trouver les restes dans
le village actuel de Cubeïbi au nord-ouest de la ville. Ce bourg est célèbre
par la rencontre que fit Jésus de deux de ses disciples le jour de sa
résurrection, l'un desquels s'appelait Cléopas, Luc 24:13, l'autre Emmaüs, au dire
de saint Ambroise. II s'y trouvait des eaux thermales. Vespasien y laissa en
demeure huit cents hommes de ses troupes, lorsqu'il quitta la Judée; et plus
tard, on construisit une église sur l'emplacement même de la maison de Cléopas.
Deux autres endroits de ce nom sont encore nommés:
l'un dans la plaine de la Judée où Judas Maccabée battit le général syrien
Gorgias, 1 Maccabées 3:40,57, riche en sources d'eau chaude, à 22 milles de
Jérusalem, et qui porta plus tard le nom de Nicopolis; l'autre près de la mer
de Tibériade, également avec des eaux minérales, Flavius Josèphe, Guerre des
Juifs, 4:1,3.
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EMMOR,
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Actes 7:16;
— Voir: Hémor.
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ENCENSOIR,
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vase dans lequel s'allumait le parfum sacré. Il est
mentionné Lévitique 16:12; 2 Chroniques 26:19; Ézéchiel 8:11, mais n'est pas
décrit en détail, comme les autres objets appartenant au culte. Il y a quelque
difficulté à concilier Hébreux 9:4; avec Lévitique 16:12; cependant les
expressions de l'auteur de l'Épître n'obligent pas d'admettre que l'encensoir
se trouvât habituellement dans le lieu très-saint; on pourrait restreindre à la
durée de la cérémonie expiatoire les expressions qui lui assignent sa place
derrière le voile dans le Saint des saints;
— Voir: Fumigations.
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ENCHANTEURS.
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Les devins, les magiciens, les Caldéens et les
enchanteurs avaient beaucoup de caractères communs; tous ils s'adonnaient aux
sciences occultes, tous ils ne craignaient pas d'user d'artifices pour suppléer
à la faiblesse de leur art, tous enfin conduisaient à l'idolâtrie, et ils
étaient tous en conséquence sévèrement proscrits par Moïse. Nous les voyons de
bonne heure mentionnés dans l'Écriture; la première fois que nous les voyons
paraître, c'est dans l'histoire des magiciens d'Égypte, Exode 7 et 8, (dont
deux sont nommés Jannès et Jambrès, 2 Timothée 3:8), qui imitèrent les miracles
de Moïse, jetèrent leurs verges qui devinrent des dragons, changèrent les eaux
en sang, firent monter des grenouilles sur le pays, et ne reconnurent enfin le
doigt de Dieu que lorsqu'ils y furent contraints par leur impuissance à imiter
la création des poux. Quelques théologiens nous expliquent comment les
enchanteurs s'y sont pris pour contrefaire les miracles de Moïse et d'Aaron.
Nous ne prétendons pas à la même sagacité. Tout ce que nous savons, c'est que
l'Écriture prend les enchanteurs au sérieux. Le Pentateuque déjà renferme des
directions positives contre ceux qui pourraient s'adonner aux arts occultes, ou
les rechercher dans autrui, Exode 22:18; Lévitique 20:27; Deutéronome 18:10-11.
Les termes employés pour désigner les diverses nuances du métier, sont ceux de
devin, pronostiqueur, augure, sorcier et sorcière, enchanteur, homme qui
consulte Python, homme qui consulte les morts, diseur de bonne aventure, etc.
Cette funeste industrie, comme on le voit, avait déjà tous ses degrés et ses
subdivisions. Les noms par lesquels sont caractérisés les enchanteurs de toutes
espèces, sont, outre ceux que nous avons déjà marqués à l'article Divination:
1. Mecasheph,
Exode 7:11; Deutéronome 18:10; Daniel 2:2, ou Cashaph, Jérémie 27:9; cf. 2
Chroniques 33:6; Matthieu 3:5; Exode 22:18; 2 Rois 9:22; Michée 5:12; Nahum
3:4; Ésaïe 47:12. Quelques-uns entendent par là ceux qui sont habiles dans
l'art de calculer les éclipses, et qui les annoncent pour certaines époques
comme des effets de leur propre volonté (Virgile Æneid. 4, 489). Il est plus
probable cependant qu'il faut avec Rosenmuller prendre ce mot dans une
acception tout à fait générale, et le dériver du mot syriaque correspondant qui
signifie prier à voix basse, rendre un culte; puis, adorer, et être idolâtre:
l'enchanteur aurait reçu ce nom soit à cause de sa relation avec l'idolâtrie,
soit parce qu'il murmure des formules au moyen des quelles il donne ou enlève
les charmes.
2. Hhober
hhabarim, Psaumes 58:6; Deutéronome 18:11; Ésaïe 47:13 (?) et Ashaph, Daniel
1:20; 2:2,10; 4:6 (?) On l'entend ordinairement des charmeurs de serpents (le
verbe Hhabar signifie lier, associer, réunir), qui rendent doux et sociables
des animaux en général farouches et sauvages;
— Voir: Aspic.
D'autres donnent à Hhabar la signification (arabe) de
partager, couper, trancher, et l'entendent des astrologues qui, divisant le
ciel en zones, vont chercher leurs horoscopes dans les positions relatives des
astres dans ces différentes bandes. Les ashaph (mot parent de cashaph, — Voir:
plus haut) étaient essentiellement des conjureurs d'animaux, scorpions,
serpents, etc.
3. Les
Oboth, ou conjureurs de morts, Ésaïe 8:19, nécromanciens qui interrogent les
tombeaux;
— Voir: Python.
4. Latim
est le nom que donne Moïse aux enchantements dont se servirent les magiciens
hébreux pour contrefaire ses miracles, Exode 7:11,22; 8:7,18. Ce mot signifie
secret, mystérieux, occulte, et se rapporte parfaitement aux procédés secrets
par lesquels ils réussissaient à forcer la nature.
5. Les
Onenim, Ésaïe 2:6; 57:3, ou Meonenim, Lévitique 19:26; Deutéronome 18:10; 2
Rois 21:6. Les Talmudistes font dériver ce mot, de On, ou plutôt Eyn, qui
signifie œil, et ils le traduisent par: ceux qui enchantent avec l'œil; on
compare alors le mauvais œil si célèbre chez tous les peuples, cet œil qui
jette des sorts fâcheux, que les Grecs redoutaient, et que presque toutes nos
populations redoutent encore (Calmet, Winer). D'autres comparent le mot anan,
nuage, et pensent à ces magiciens qui vont chercher dans le cours des nuages
l'histoire des hommes et des événements.
— La forêt de chênes dont il est parlé Juges 9:37,
appartenait à des devins de cette catégorie.
Répétons encore, après ces énumérations, ce qu'on aura
déjà pu voir a leur simple lecture, qu'il règne beaucoup d'incertitude sur
l'exacte définition de plusieurs de ces artifices; il est même évident que plus
d'une fois un terme est employé pour un autre, et dans une acception
tout-à-fait générale.
La règle que l'Écriture nous donne, pour distinguer
les vrais miracles des faux, est la même que pour distinguer la saine de la
fausse doctrine, à savoir les bonnes œuvres, Deutéronome 13:1-2; Jean 7:17.
Il est souvent parlé des charmeurs de serpents, soit
dans la Bible, Psaumes 58:5; Job 40:24; Ecclésiaste 10:11; Jérémie 8:17, soit
dans les auteurs profanes. Saint Augustin va même plus loin, bien loin, quand
il raconte les métamorphoses orientales d'hommes changés en ânes, en chameaux,
etc.
La musique a été employée quelquefois comme charme
contre les maladies de l'esprit, et son influence n'est point douteuse, comme
elle n'a rien non plus qui doive surprendre, 1 Samuel 16:14,15; Gallien (De
sanitate tuendà, 1, 8) met en avant son autorité, qu'il appuie de celle encore
plus grande d'Esculape.
Il paraît que le serpent d'airain, longtemps conservé
en Israël, servit à favoriser le penchant du peuple juif pour le merveilleux,
et le roi Ézéchias dut le mettre en pièces pour faire cesser l'abus, 2 Rois
18:4.
À l'époque de notre Sauveur, la magie couvrait une
partie de l'Orient; enchanteurs vrais et faux spéculaient sur le peuple; païens
et juifs couraient cette carrière, et ces derniers prétendaient tenir leurs
secrets des révélations du roi Salomon (Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques
8, 2, 5); Simon le mage et Bar-Jésus, Actes 8:9; 13:6,8, appartenaient à cette
classe. Dans l'Asie mineure, Éphèse était le centre des enchantements et de la
magie, Actes 19:19; on ne peut douter que les livres que les nouveaux convertis
de cette ville brûlèrent en si grande abondance, ne fussent des livres traitant
des sciences occultes.
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ENCRE,
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Jérémie 36:18; 2 Corinthiens 3:3; 2 Jean 12; 3 Jean
13. Nous ne savons rien sur la préparation particulière de cette liqueur, qui
paraît cependant avoir été noire, chez les Juifs comme chez les Romains, et
assez persistante; l'étymologie du mot hébreu permet de supposer que pour les
manuscrits de luxe l'encre était quelquefois dorée, surtout dans les premiers
temps, et Flavius Josèphe semble le confirmer, Antiquités Judaïques 12, 2; 10.
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ÉNÉE,
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homme peut-être Grec d'origine, paralytique depuis
huit ans, et demeurant à Lydde, où il fut guéri par saint Pierre, Actes 9:33.
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ENFANTS.
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À l'époque où la vie des hommes était dix fois ce
qu'elle est à présent, et plus tard encore lorsque, moins longue, elle n'était
pourtant pas encore réduite aux étroites limites que lui assigne Moïse, Psaumes
90:10, le nom d'enfants se donnait à des personnes que maintenant nous
appellerions des jeunes gens ou des hommes faits. Joseph a seize ans, Isaac en
a vingt, Benjamin en a plus de trente lorsqu'ils sont désignés de ce nom,
Genèse 22:5; 37:2-4; 44:20.
— Les Hébreux donnaient aussi, comme les Grecs et les
Romains, ce nom à leurs serviteurs de tout âge. Et dans plusieurs passages,
Psaumes 33:13; Ésaïe 2:6; 65:20, des hommes, même le centenaire, sont appelés
enfants, sans doute par rapport à l'éternité du Créateur et Père des hommes. Le
mot enfants se prend souvent dans une acception tout-à-fait générale, pour
désigner la nature, l'origine ou la destination dernière de quelques hommes:
enfants d'iniquité, enfants du malin, enfants de perdition. Les juges et les
magistrats sont appelés enfants du souverain, Psaumes 82:6, comme les prêtres,
Psaumes 29:1. Enfin l'expression enfants de Dieu, qui se trouve fréquemment
dans le Nouveau Testament, 1 Jean 3:1-2; Romains 8:14; Galates 3:26, s'applique
aux rachetés que Jésus n'a point pris à honte d'appeler ses frères, et auxquels
Dieu, dans sa grande charité, a bien voulu donner le droit de s'appeler ses
enfants, privilège malheureusement inapprécié comme il est inappréciable, et
dont l'habitude ne paraît que trop souvent avoir émoussé le charme excellent.
Un pauvre sauvage converti nous a donné une leçon à cet égard lorsque, à la
lecture du passage 1 Jean 3:1-2, il s'écria en se tournant vers le
missionnaire: «Non, non, ce n'est pas possible! mais il veut bien permettre que
nous lui baisions les pieds!»
Les anges sont appelés enfants de Dieu, Job 1:6; 2:1;
Psaumes 89:7, de même que les juifs opposés aux gentils, Osée 1:10; cf. Jean
11:52. Que les anges soient appelés enfants de Dieu est une notion mythique.
Dans l’Hébreu les deux termes sont différents et ne portent pas à la confusion.
Le passage Genèse 6:2; où les fils de Dieu sont
opposés aux filles des hommes, a donné naissance à bien des interprétations;
nous en relevons ici les trois principales, laissant au lecteur le soin de se
décider:
1. Les
fils de Dieu seraient les mêmes que Job 1:6; 2:1, c'est-à-dire les anges. C'est
l'opinion de Rabbi-Éliézer et des premiers pères de l'Église, développée dans
Lactance II, 4. L'idée que les géants étaient le produit d'une alliance entre
les anges et les femmes, se retrouve dans toutes les traditions de l'antiquité,
et joue encore un rôle important dans le système des Indous. Les grands
docteurs de l'Église chrétienne ne tardèrent pas à s'élever contre cette
opinion, Augustin, Chrysostôme, Cyrille d'Alexandrie, et Théodore. Calvin
prétend qu'elle se réfute d'elle-même, et s'étonne que des hommes savants aient
pu être éblouis par des radotages si grossiers et si monstrueux;
2. les
fils de Dieu seraient les hommes nobles, fils de magistrats et de princes,
opposés aux hommes d'une condition inférieure; c'est l'opinion des Juifs
Onkelos, Jarchi, Aben-Ezra. On peut combiner cette explication avec la
suivante;
3. les
fidèles, les enfants de Dieu, la famille de Seth, opposée à celle de Caïn. Le
contexte, et l'usage de la langue favorisent cette dernière opinion; tout
indique d'ailleurs que l'Église commençait à déchoir: quant à la difficulté qui
résulte des géants issus de ces unions,
— Voir: Géants.
4. On
verra aux articles fils, fille, mariage, etc., ce qui concerne les enfants des
Hébreux et leurs rapports avec leurs parents. Disons seulement que les enfants
illégitimes étaient flétris jusqu'à la dixième génération, Deutéronome 23:2,
mesure bien propre à combattre l'impureté et la prostitution, et que
nécessitait d'ailleurs la constitution théocratique du peuple juif.
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ENFER,
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littéralement lieux inférieurs, Luc 16:23, est le nom
qui est donné au lieu où les méchants subiront les peines qu'ils ont méritées,
et dont ils n'ont pas voulu être exemptés par la foi en Jésus le Sauveur des
pécheurs,
— Voir: Peines.
Ce mot ne se trouve que sept fois dans l'Écriture, et
il n'a jamais le sens que lui a donné la théologie du moyen âge. Job 14:8.
Ostervald a rendu par enfers le mot sheôl (Martin, abîmes), qu'il traduit
ailleurs par sépulcre, Ésaïe 5:14. Dans le Nouveau Testament, ce mot se trouve
Matthieu 11:23; 16:18; Luc 10:15; 16:23; Apocalypse 1:18; 6:8. Le grec porte
Αδης ou
άίδης qui signifie littéralement lieu invisible; c'est ainsi que l'a partout
traduit la version de Lausanne. Mais une traduction est plus facile qu'un
commentaire, et le lieu invisible, sans autre détermination, ne dit absolument
rien à l'esprit. Le mot enfer (inférieur) avait été préféré, parce qu'il
renfermait une idée, peut-être fausse. En tout cas, il est toujours pris dans
un mauvais sens, comme puissance ennemie de l'Église, comme lieu du séjour des
réprouvés, comme compagnon de la mort, et l'idée de lieu inférieur ressort de
Matthieu 11:23: «Tu seras abaissé jusque dans le lieu invisible», cf. Ésaïe
14:13-15; Psaumes 139:8. Ce lieu invisible est généralement considéré comme le
lieu ou les âmes attendent le grand jour du jugement de l'Éternel, et si les
âmes ne dorment point, il est dans l'analogie de la foi de croire que l'état
d'attente est pour elles la continuation de la vie présente et le commencement
de la vie à venir. De là les limbes et le purgatoire de l'Église romaine, avec
cette différence que, d'après cette Église, on peut sortir du purgatoire pour
de l'argent, tandis que, d'après la Bible, «il y a un grand abîme», tellement
que ceux qui veulent passer de l'un à l'autre, du lieu invisible au sein
d'Abraham, ne le peuvent, Luc 16:26.
L'enfer, dans le sens théologique du mot, est appelé
dans la Bible le feu éternel, la géhenne du feu, Matthieu 18:8-9; la géhenne,
le feu inextinguible, où le ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point,
Marc 9:43; sq. (d'après Ésaïe 66:24, à qui déjà les apocryphes ont emprunté
cette expression, Ecclésiastique 7:17; Judith 16:21); la mort, 1 Corinthiens
15:55-56; 1 Jean 5:16; la punition éternelle, Matthieu 25:46; le jugement ou la
ruine éternelle, Marc 3:29; 2 Thessaloniciens 1:9; l'étang ardent de feu et de
soufre, Apocalypse 19:20; la mort seconde, Apocalypse 20:14; des liens
éternels, Jude 6; les ténèbres du dehors, où seront les pleurs et les
grincements de dents, Matthieu 8:12; un opprobre et une infamie éternelles,
Daniel 12:2, etc.
Il est évident que ces expressions sont, sous la plume
des écrivains inspirés, des figures, des images humaines, dont le sens général
est que l'enfer sera un séjour affreux. Mais est-ce que sous la figure on doit
voir aussi la réalité, le ver, le feu, les ténèbres, le soufre, les liens? Il
serait certainement aussi téméraire de le nier que de l'affirmer, et nous
n'oserions aller jusque-là; mais il n'est pas sans intérêt de remarquer que
plus on a spiritualisé le ciel, plus on a matérialisé l'enfer. Serait-ce que l'homme
comprend mieux la douleur que le bonheur? Serait-ce que dans son état actuel,
déchu, l'homme puisse mieux se représenter le malheur que la joie infinie? Il
en résulterait alors qu'il faudrait prendre le contre-pied de l'imagination des
hommes, et spiritualiser le mal, comme nous avons vu (article Ciel) que le bien
avait été trop idéalisé.
(Le mot enfer porte
la notion de solitude et d'éloignement. Il désigne plus précisément une
attitude de mépris qui dévore comme un feu rugissant celui qui porte seule la
culpabilité de ses péchés dans une isolation éternelle. Tel est le lot de tous
les réprouvés que Dieu a déterminé de juger et de condamner dans sa justice
selon son décret de Prétérition.)
«Ubi est infernus? Quales futuri sunt cruciatus isti?»
dit Hutterus. Où est l'enfer? Quels en seront les tourments? Et après avoir
posé cette double question, il refuse d'y répondre. L'Écriture ne nous en dit
rien, sinon que notre intelligence ne les saurait concevoir ni aucune langue
les décrire.
La rage aux yeux hagards, le délire effréné,
Le vertige troublant l'esprit désordonné,
La colique tordant les entrailles souffrantes,
Les ulcères rongeurs, les pierres déchirantes,
Et la triste insomnie au teint pâle, à l'œil creux,
Et la mélancolie au regard langoureux,
La toux, l'asthme essoufflé, dont la fréquente haleine
Par élans redoublés entre et sort avec peine;
Et l'enflure hydropique, et l'étique maigreur,
Et des accès fiévreux la bouillante fureur;
L'évanouissement, la langueur défaillante,
Et la goutte épanchant son âcreté brûlante,
Et du catarrhe affreux les funestes dépôts,
Et la peste qui, seule, égale tous ces maux.
Est-ce l'enfer dont Milton offre ici le désolant
tableau? (Paradis perdu, XI, traduction Delille.) Non, il ne s'agit que de la
vie présente, d'une partie seulement des maux physiques de l'humanité. Que sera
donc l'enfer! et comment le décrire, lorsqu'on peut à peine décrire tout ce que
notre monde recèle de douleurs et d'angoisses?...
Les deux premiers chants de Milton, bien dignes de ce
vaste et noble génie, suffisent cependant à prouver l'insuffisance même du
génie et de l'imagination la plus colorée pour dire les horreurs de l'existence
infernale.
Aucun auteur moderne, à ma connaissance, n'a touché ce
sujet, au moins directement. Je n'ai pas de système, ni même de vues générales,
à présenter sur une matière où l'Écriture, en empruntant aux hommes leur
langage, semble par là même refuser de les initier aux secrets de l'avenir.
Mais quand l'enfer ne serait qu'une peine négative, la privation de la vue du
Seigneur, avec la conscience d'avoir mérité cette peine, l'enfer justifierait
déjà l'horreur que son nom seul inspire. Les réprouvés seront comme oubliés de
Dieu; leur nom ne passera plus par ses lèvres, Psaumes 16:4. Il est lumière,
ils seront dans les ténèbres. Il est la source de la vie, il ne sera plus rien
pour eux. Ils ont refusé de porter son joug, son joug ne pèsera plus sur eux;
celui qui était souillé se souillera toujours davantage; ils iront en empirant,
creusant toujours plus l'abîme qui les sépare de celui sans qui ils ne
sauraient vivre; et s'en-fonçant toujours plus dans la fange de l'étang
bourbeux où ils sont plongés, progressant dans la mort comme les rachetés dans
la vie, ils se seront vus privés par leur faute des biens que Dieu leur avait
offerts, et souffriront de cette décadence morale et intellectuelle que
l'Écriture appelle la seconde mort. Sera-ce l'anéantissement?
Quelques personnes, qui attachent à la doctrine de
l'éternité des peines, comme dogme, une grande importance (et elles ont
raison), trouveront peut-être hardi, peut-être hérétique, le simple doute de la
possibilité d'un anéantissement. Il ne nous paraît positivement contredit par
aucun passage, mais comme ce n'est qu'un doute, il y aurait mauvaise grâce à y
insister, et nous nous rapprocherons de la doctrine reçue en disant: sera-ce
l'abrutissement? la dégradation de l'être tout entier poussée à sa dernière
limite?
Nous ferons encore un pas, et laissant subsister
l'être moral, nous demanderons: Sera-t-il simplement privé de la conscience de
soi-même? de l'idée de temps? de l'idée d'éternité?
Doutes et questions qui nous paraissent légitimes, et
dont nous hésitons d'autant moins à nous occuper que la doctrine des peines
éternelles nous paraît plus clairement, plus positivement établie par la lettre
de l'Écriture. Il n'y a pas d'exégèse, en effet, ni d'interprétation qui puisse
ôter à des passages tels que Ésaïe 66:24; Daniel 12:2; Matthieu 3:12; 12:32;
18:8; 25:41,46; 26:24; Marc 9:43; sq. Jean 3:36; 2 Thessaloniciens 1:9;
Apocalypse 9:6; 20:10 (Jude 6:7), le sens simple et naturel que l'église
chrétienne de tous les temps leur a toujours reconnu. C'est une chose hors de
question; la réjection des réprouvés sera éternelle. Nous n'épiloguerons pas
sur les mots, quoique ce soit ici que se posent les questions: que signifie le
mot éternel? quelle sera la nature de la réprobation? Les partisans de la
doctrine du rétablissement final, peuvent aspirer à la restauration harmonique
de toutes choses; ils peuvent en trouver une preuve morale dans l'idée, juste
d'ailleurs, qu'ils se font de la bonté de Dieu; une preuve philosophique dans
l'instinctive répulsion qu'on éprouve pour un bonheur éternel fondé sur des
débris toujours palpitants et souffrants, pour l'idée d'une paix éternelle en
présence d'un dualisme toujours subsistant, d'une lutte noyée dans la victoire,
mais se montrant encore dans les imprécations des vaincus, et dans cette fumée
qui s'élève de l'étang ardent où ils maudissent encore et toujours le
vainqueur; on l'établira avec plus ou moins de sagesse sur l'apparente
disproportion qui se trouverait entre l'offense et la peine (argument que les
éternitaires ont toujours éludé ou faiblement combattu); on en trouvera
d'autres preuves enfin, dans une interprétation équivoque de quelques passages
douteux, Ésaïe 45:23; Romains 14:11; Philippiens 2:10; Actes 3:21; 1 Pierre
3:18, et surtout: Romains 5:12-21... «Par une seule justice justifiante, le don
est venu sur tous les hommes», etc.; 1 Timothée 4:10: «Le Dieu vivant, qui est
le sauveur de tous les hommes, et principalement des fidèles», etc.; 1
Corinthiens 15:28 «Après que toutes choses lui auront été assujetties, alors
aussi, le Fils lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes
choses, afin que Dieu soit tout en tous.»
Quelle que soit la valeur de ces preuves, elles ne
peuvent détruire ni l'évidente clarté des passages indiqués plus haut, ni cet
autre sentiment instinctif que corrobore l'expérience, que celui qui est plongé
dans le mal, s'y enfonce toujours plus, à moins du secours d'en haut, qu'il s'y
dégrade sans retour, et que son abrutissement ne saurait avoir d'autre ternie
que sa vie.
Mais c'est précisément à cause de l'évidence de cette
doctrine, et parce que le rétablissement final des réprouvés nous paraît
impossible à établir par l'Écriture, que nous croyons pouvoir, soit à cause de
la bonté de Dieu, soit à cause de l'impérieux besoin d'harmonie qu'on éprouve,
quoiqu'on en veuille, à la pensée du bonheur à venir, laisser une porte ouverte
au doute sur la nature même de la peine. L'anéantissement n'exclut pas
l'éternité, et c'est une chose au moins remarquable, non seulement que la
condition des réprouvés soit appelée la mort seconde, ainsi qu'on l'a vu, mais
qu'elle soit encore appelée la mort par opposition à la vie, Romains 6:21-23,
et que la condamnation de ceux qui désobéissent au Fils soit prononcée en ces
mois: «Ils ne verront point la vie», Jean 3:36.
Si Dieu nous a tracé la ligne des pensées et des
paroles dont nous devons nous servir en parlant du jugement, des pécheurs, il
est évident aussi qu'il ne nous a pas tout dit, et que la clef de ces
effrayants mystères est encore entre ses mains.
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ÉNIGMES.
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Les Hébreux, comme tous les peuples orientaux,
aimaient les jeux d'esprit, et se plaisaient à assaisonner leurs repas et leurs
festins de quelque piquante question dont la solution était demandée aux
assistants. C'était même parfois un jeu de prince, comme on le voit par les
rapports de Salomon avec la reine de Séba, 1 Rois 10:1. Les principales énigmes
dont le souvenir nous ait été conservé par l'Écriture sont celles de Samson,
Juges 14:14, celles d'Agur, Proverbes 30:12; sq., celle d'Ézéchiel, 17:2; sq..
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ÉNOCH ou Hénoc, et Hanoc,
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1. le
septième homme après Adam, descendant de ce patriarche à la sixième génération,
fils de Jéred, père de Méthusélah, vit ses jours abrégés sur la terre, et ne
compta que trois cent soixante-cinq années, pendant lesquelles il marcha avec
Dieu, puis il disparut, «parce que Dieu le prit», Genèse 5:21-24. Un voile est
jeté sur la nature de l'intime communion de cet homme pieux avec son père
céleste; le chrétien seul peut comprendre ce que c'est que vivre avec Dieu, et
il n'y a qu'un bien grand développement de la vie nouvelle, un développement
extraordinaire, qui puisse en donner une idée exacte; c'est la perfection dans
la sainteté qui seule peut faire jouir de la communion parfaite. Un voile est
également jeté sur sa disparition. L'auteur sacré ne dit que juste ce qu'il
faut pour nous apprendre qu'Énoch n'a point passé par la mort, cf. Hébreux
11:5. Il ne se trouva plus, de la même manière que, Genèse 37:30, Joseph ne se
trouva plus dans la fosse lorsque Ruben voulut l'en retirer: les mêmes
expressions sont employées pour la disparition d'Énoch et pour l'enlèvement
d'Élie, 2 Rois 2:3. C'est tout ce que l'Écriture nous dit sur la vie sainte et
l'enlèvement glorieux de ce témoin de la vérité. Le Nouveau Testament le ramène
sur la terre, Jude 14 et 45, pour faire entendre de lui quelques solennels
avertissements aux fils des hommes, sur les jugements que l'Éternel prononcera
contre les impies. On se demande où saint Jude a puisé cette citation, et quel
degré d'authenticité elle peut avoir. La réponse n'est pas facile. De fait, il
existait dans les premiers siècles de l'Église chrétienne un livre ou recueil
de prophéties, attribué à Énoch, tissu de fables et d'absurdités dont quelques
pères, Justin, Athénagore, Irénée, Clément d'Alexandrie, Lactance, Tertullien,
faisaient assez de cas, mais auquel Origène, Jérôme et Augustin n'accordaient
aucune autorité. On l'a cru perdu fort longtemps, et le seul fragment qu'on en possédât
avait été publié par Scaliger (mort en 1609), d'après l'ancienne chronographie
de George Syncellus. L'original devait avoir été écrit en hébreu ou en caldéen,
puis traduit en grec; mais l'on n'en trouvait plus aucun exemplaire, lorsqu'on
apprit au dix-septième siècle qu'il en existait une traduction éthiopienne, et
que cet ouvrage était lu et fort estimé des Églises de l'Abyssinie. Longtemps
les essais que l'on fit pour se le procurer échouèrent, lorsqu'enfin, en 1773,
le voyageur Bruce réussit à s'en procurer trois exemplaires, qui furent
promptement traduits en anglais et publiés. En 1834, l'allemand Ruppel en
rapporta également d'Éthiopie un exemplaire dans son pays, et une traduction
allemande a paru en 1838, peu différente d'une autre publiée en 1833, d'après
l'anglais. On a tout lieu de croire que l'ouvrage éthiopien est le même que
celui dont parlent les pères de l'Église, et le passage cité par Jude s'y
trouve presque littéralement, quoiqu'un peu abrégé, au commencement du second
chapitre: «Voici, il vient avec des myriades de ses saints pour juger le monde,
pour détruire les méchants et pour punir toute chair, à cause de tout ce que
les pécheurs et les impies auront fait et commis contre lui.»
Mais, malgré cette identité, et quoique plusieurs raisons
militent en faveur de l'opinion (Calmet, etc.) qui pense que Jude a transcrit
sa citation du livre indiqué, bien qu'on puisse admettre encore que cet ouvrage
apocryphe contienne des vérités dont saint Jude, éclairé d'une lumière
surnaturelle, a pu faire usage pour l'édification des fidèles; bien qu'une
citation de cet ouvrage n'ait rien qui doive surprendre plus que les citations
d'Épiménide et de Ménandre, faites par saint Paul, nous ne saurions souscrire à
cette manière de voir. Le témoignage de saint Jude, exprimé comme il l'est dans
son Épître, serait en effet non seulement une garantie de la vérité des paroles
citées, mais encore, comme le fait remarquer saint Jérôme, un témoignage rendu
à l'authenticité du livre lui-même. Il nous paraît beaucoup plus naturel et
plus vrai d'admettre que l'auteur du faux livre d'Énoch, et Jude, auront l'un
et l'autre puisé à une source commune, maintenant perdue, source qui pourrait
n'être autre que la tradition; et si l'on réfléchit que le fils d'Énoch,
Méthusélah, après avoir vécu trois cents ans avec son père, est venu toucher
ensuite à l'année même du déluge, il n'est point difficile de comprendre que
les paroles d'un si grand prophète, à qui la communion de Dieu devait avoir
révélé sans doute bien des choses à venir sur la corruption des hommes et les
châtiments qui les attendaient (peut-être le déluge sur le premier plan de sa
perspective prophétique, et le jugement final sur le dernier plan), que ses
paroles, disons-nous, aient été religieusement conservées parmi les Juifs
pendant une longue suite de générations,
— Voir: sur ce livre, et pour plus de détails,
Preiswerk, Morgenland, IV, 271.
2. Hénoc,
fils aîné de Caïn, donna le nom à une ville que son père bâtit, Genèse 4:17.
Dans les anciens temps la grandeur ne faisait pas la ville; on appelait de ce
nom tout enclos entouré de murailles. C'est dans la famille de Caïn que
commença à se développer le goût d'une vie aisée et artificielle, avec les
craintes, l'inquiétude, et le besoin de s'abriter, qui en sont toujours la
suite. Si les traces de cette ville n'ont pas entièrement disparu sous les
flots du déluge, elles se retrouvent peut-être dans le nom de Chanogé, ancienne
et célèbre ville de commerce, au nord des Indes, déjà chantée dans les plus
anciens poèmes épiques des Indous; Huet voit les débris de la ville d'Énoch
dans Anuchtha, ville de l'ancienne Perse, citée par Ptolémée; le tha ne serait
alors qu'une terminaison araméenne. D'autres enfin comparent la peuplade
caucasienne des Heniochiens. Mais comme le mot hanak, qui est la racine de tous
ces autres noms, signifie lui-même commencer, on comprend qu'un grand nombre de
familles et de villes ont pu porter un nom semblable, puisque chaque homme
pouvait appeler ainsi son fils aîné, ou la première ville d'une contrée.
3. Énoch
est encore le nom du fils aîné de Ruben, Genèse 46:9.
4. Enfin,
Énoch, ou plutôt Hanoc, Genèse 25:4, fils de Madian, petit-fils d'Abraham par
Kétura.
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ÉNON,
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près de Salim, Jean 3:23, lieu où Jean baptisait parce
qu'il y avait là beaucoup d'eau (plusieurs ruisseaux). Le nom même d'Énon
indique une source abondante; mais il est difficile de rien préciser sur
l'endroit où cette source existait. D'après Eusèbe et saint Jérôme, c'aurait
été à huit milles de Scythopolis, entre Salim et le Jourdain.
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ÉNOS,
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Lit. mortel.
petit-fils d'Adam par Seth, naquit l'an du monde 235
et mourut en 1140, âgé de neuf cent cinq ans; Adam, Seth et Énoch moururent
avant lui; il fut contemporain de Méthusélah et même de Noé, avec qui il vécut
encore quatre-vingt-quatre ans. C'est depuis Énos qu'on commença «d'appeler du
nom de l'Éternel», ce qui signifie, en comparant Ésaïe 12:4; 44:5, «se réclamer
publiquement du nom du Dieu fort», c'est-à-dire, soit prendre le nom d'enfants
de Dieu par opposition aux enfants du monde, soit rendre un culte public à
Jéhovah.
— cf. Genèse 4:26; 5:6; 1 Chroniques 1:1; Luc 3:38.
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ENSEIGNES.
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Dans le voyage du désert chaque troisième tribu avait
une enseigne ou drapeau, Nombres 1:52; 2:2; 10:4; l'Écriture ne nous donne
aucun détail sur la forme, la couleur, la grandeur et les inscriptions de ces
enseignes. Les rabbins, en revanche, se sont chargés de combler la lacune au
moyen de leur imagination; ils ont mis un jeune lion sur le drapeau de Juda
(Issachar et Zabulon), cf. Genèse 49:9; un homme sur celui de Ruben (Siméon et
Gad); d'après Jonathan, un cerf au lieu du bœuf, Genèse 49:6, qui aurait trop
rappelé l'idolâtrie du veau d'or; sur celui d'Éphraïm (Manassé, Benjamin), un
taureau; d'après Jonathan, un garçon; sur celui de Dan (Aser et Nephthali), un
aigle; d'après Jonathan, une couleuvre, Genèse 49:17.
— De plus petites bannières servaient à distinguer les
familles, mais on n'en connaît pas non plus la forme.
— Le mot rendu par enseignes, Ésaïe 5:26; 11:12; 13:2;
18:3; 62:10; Jérémie 4:6, etc., serait plus exactement traduit par «signaux»;
le mot hébreu qui y est employé est nés, différent de déguel, grand drapeau, et
de othoth, petit drapeau: ces signaux étaient élevés sur de hautes montagnes
dans des circonstances extraordinaires, lorsqu'il s'agissait, par exemple,
d'appeler sous les armes les hommes en état de servir; les uns se représentent
ces signaux comme des feux allumés, d'autres comme d'immenses drapeaux plantés
en terre.
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ENSUBLE.
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Cette partie d'un métier est nommée en hébreu menor
orguim, et se trouve employée, 1 Samuel 17:7; 2 Samuel 21:19, comme terme de
comparaison pour désigner la grosseur de la hampe de la hallebarde de deux
géants. Le mot masseket, Juges 16:13-14, traduit par ensuble, signifie des fils
tissés, une tresse, la chaîne,
— Voir: Tisserand.
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ÉPAINÈTE,
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Romains 16:5, n'est connu que par ce passage. Saint
Paul l'appelle son disciple bien aimé, et les prémices de son œuvre en Asie (le
mot Achaïe qui est dans nos versions ne se trouve pas dans les meilleurs
manuscrits, et serait en contradiction avec 1 Corinthiens 16:15, où Stéphanas
est appelé les prémices de l'apôtre en Achaïe); par Asie il faut entendre
naturellement l'Asie proconsulaire.
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ÉPAPHRAS,
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Colossiens 1:7; 4:12. Philémon 23, fidèle de Colosses,
que saint Paul recommande à l'église de cette ville comme son compagnon de
service, comme son compagnon de captivité, et surtout comme un fidèle ministre,
digne de remplacer l'apôtre absent. Épaphras paraît avoir été le fondateur de
l'église de Colosses; il ne doit pas être confondu avec Épaphrodite, comme font
Grotius et Winer; Olshausen et Steiger ont parfaitement démontré la non
identité.
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ÉPAPHRODITE,
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Philippiens 2:25; 4:18. Saint Paul nous le montre
comme un membre de l'église de Philippes, collaborateur de l'apôtre dans le bon
combat, député auprès de lui par les Philippiens pour subvenir à ses besoins et
lui porter le produit d'une collecte dans la grande ville où il était
prisonnier. Épaphrodite fut longtemps le compagnon du captif; mais ayant fait
une grave maladie, suite peut-être de ses soins dévoués, et affligé de savoir
que l'église de Philippes, dont il était apparemment le pasteur, était inquiète
à son sujet, partagé entre l'apôtre et l'église, qui, l'un et l'autre, avaient
besoin de sa présence, il ne put cacher à Paul son déchirement intérieur, et
celui-ci n'hésita pas à le renvoyer auprès de son église, à la grande joie de
tous, lui remettant en même temps pour les Philippiens une lettre dont il fut
le porteur.
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ÉPAULE,
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expression qui se trouve plusieurs fois dans
l'Écriture au propre et au figuré; trois mots hébreux sont rendus en français
par épaule, quoiqu'ils aient des nuances de signification différentes: shokh,
quelquefois la cuisse, quelquefois la jambe, aussi le péroné, en parlant des
hommes et des animaux, Ésaïe 47:2; Cantique 5:15; Lévitique 7:34; katheph,
l'épaule proprement dite, Nombres 7:9; Ésaïe 46:7; shekem, l'arrière-partie de
l'épaule, la nuque: ces deux derniers termes sont employés Job 31:22, au
commencement du verset, qui doit être traduit par «Que mon épaule se détache de
ma nuque», etc. Le shekem sert à désigner:
a. la
partie du corps qui porte, Genèse 9:23; Ésaïe 9:5; 22:22; Job 31:36; Sophonie
3:9 (servir l'Éternel d'un même esprit; en hébreu, le servir d'une même épaule,
allusion au joug);
b. la
partie sur laquelle on fouettait les criminels, les omoplates et le dos jusqu'à
la ceinture, Ésaïe; 9:3;
c. enfin
il s'emploie dans la phrase tourner le dos, fuir, abandonner, 1 Samuel 10:9; et
l's. 21:12, où au lieu de «Tu les mettras en butte», il faut lire: «Tu les
mettras en dos, en épaule», c'est-à-dire, tu leur feras tourner le dos.
C'est le mot shokh qui est employé en parlant de
l'épaule d'élévation, Lévitique 7:34; Nombres 6:20; 18:18; l'épaule droite des
victimes revenait de droit aux prêtres dans les sacrifices d'action de grâce et
de prospérités, et ne pouvait être mangée que dans un lieu pur et saint,
Lévitique 10:14. Quant aux cérémonies de l'élévation et du tournoiement,
— Voir: Lever et Offrande.
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ÉPEAUTRE,
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Exode 9:32; Ésaïe 28:25; Ézéchiel 4:9, hébreu
cussèmeth, dérive peut-être de casam être tondu, désigne en tout cas une espèce
de céréales sans barbe; il y a de l'incertitude sur la traduction exacte de ce
mot, mais on est en général d'accord à l'entendre de l'épeautre, le triticum
spelta de Linnée.
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ÉPÉE,
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Du Grec «Machaira». La Parole de Dieu est comparée à
une épée à deux tranchants.
Désigne aussi la Bible de Machaira, traduction
nouvelle non stéréotypée basée sur les textes originaux: le Texte Massorétique
Hébreu pour l’Ancien Testament, et le Texte Reçu Grec pour le Nouveau
Testament.
— Voir: Armes.
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ÉPERVIER.
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Le mot hébreu netz, Lévitique 11:16; Deutéronome
14:15; Job 39:29, désigne comme son étymologie et comme le passage de Job
l'indiquent, un oiseau de proie au vol rapide; il appartient aux animaux
impurs: la Vulgate et Luther traduisent comme nos versions par épervier,
d'autres (Winer) par autour. Le passage de Job a trait à l'instinct de cet
oiseau qui le pousse à l'approche de l'hiver vers les climats plus chauds.
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ÉPHA.
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1. Ésaïe
60:6; Genèse 25:4;
— Voir: Hépha.
2. Mesure
des Hébreux pour les choses sèches, équivalente au bath qu'on employait pour
les liquides (environ 35 litres), Ézéchiel 45:11; Exode 16:36; Juges 6:19; Ruth
2:17; Zacharie 5:6-7. Dans ce dernier passage, une femme (l'impiété) est enfermée
dans un épha, et transportée au pays de Sinhar, qui doit être le terme extrême
de la manifestation du mal dans les derniers temps.
________________________________________
ÉPHÈSE,
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ville importante de l'Ionie et, sous les Romains, de
l'Asie proconsulaire, sur les bords du Cayster, non loin de la mer d'Icarie,
entre Milet et Smyrne, à 320 stades (70 kilomètres) de cette dernière ville.
Grâce à sa position elle faisait un commerce de transit fort considérable; mais
ce qui lui assurait le plus une haute célébrité, c'était son temple de Diane.
Détruit par un fou, ce bâtiment que deux siècles avaient à peine suffi à
construire, périt dans une seule nuit, mais il fut rebâti plus somptueux
encore, et conservait toute sa magnificence au temps de saint Paul, Actes
19:24.
— Voir: Diane.
Lorsque l'apôtre y arriva pour la première fois, il y
trouva un certain nombre de Juifs qui reçurent l'évangile, Actes 18:19,20; il
n'y fit d'abord qu'un court séjour, et pendant son absence le juif Apollos le
remplaça avec beaucoup de succès. Puis Paul revint, et continua d'accomplir
pendant trois ans, 20:31, son œuvre d'évangélisation, parmi les Juifs d'abord,
puis parmi les païens, chez qui il trouva des amis, même d'entre les Asiarques,
19:31, de sorte que son église fut un mélange de Juifs et de Grecs, 20:21.
C'est de là qu'il écrivit son épître aux Galates et la 1re aux Corinthiens. Il
dut quitter la ville en suite de l'émeute de Démétrius, et au retour de son
voyage en Macédoine, passant par Milet, il fit appeler auprès de lui les
pasteurs d'Éphèse, auxquels il donna de vive voix de nouvelles instructions,
20:17; il ne paraît pas qu'il y soit retourné depuis, 20:38, quoiqu'on ait
voulu le conclure d'une certaine interprétation de 1 Timothée 1:3. À son départ
il établit et consacra Timothée pasteur d'Éphèse; plus tard la tradition nous
montre aussi l'évangéliste saint Jean pasteur de la même ville: Jean doit y
être mort, ainsi que Marie, la mère de Jésus, dont ce disciple bien-aimé s'était
chargé, et Marie Madeleine. L'épître écrite à l'ange de cette église,
Apocalypse 2:1-7, nous la montre dans un état spirituel en général assez
prospère, quoiqu'il lui soit reproché en même temps d'avoir abandonné sa
première charité; il ne paraît pas que saint Jean ni Timothée s'y trouvassent
encore à cette époque: Timothée y avait souffert le martyre peut-être quelque
temps auparavant, et Jean était exilé.
— La ville d'Éphèse était l'un des plus grands sièges
de la magie orientale; cf. Actes 19:13-20; là aussi nous la voyons succomber
devant les témoins de la vérité; son développement, puis sa chute éclatante et
rapide, rappellent les succès et la confusion des magiciens de l'Égypte.
Épître aux Éphésiens. Elle fut écrite de Rome, et
probablement à la même époque que celle aux Colossiens, puisque l'une et
l'autre furent envoyées par Tychique, qui avait ordre de donner en même temps
de vive voix aux églises des nouvelles de l'apôtre. Cette épître ne renferme de
polémique contre aucune erreur déterminée; elle ne contient presque rien que
l'expression des sentiments de l'apôtre, des exhortations pratiques, et un
exposé de la doctrine évangélique, tel qu'on pouvait le présenter à tous les
païens nouvellement convertis. La seule partie spéculative est formée par
l'exhortation à l'union entre les chrétiens-païens et les judéo-chrétiens,
exhortation fondée sur la doctrine de l'économie divine. L'apôtre ne parle
nullement à ses lecteurs comme à des personnes qu'il connaisse personnellement,
puisqu'au contraire il leur fait connaître sa vocation, 3:2-4. Il les salue
d'une manière générale, et il est remarquable qu'il ne les salué pas au nom
d'un seul de ses nombreux compagnons, pas même de Timothée. Il est donc évident
que cette épître ne peut avoir été adressée à l'église que Paul avait fondée
lui-même à Éphèse; Grotius a cru pouvoir en conclure, conformément à quelques
manuscrits, qu'elle fut écrite aux Laodicéens, cf. Colossiens 4:16, mais la
grande majorité des manuscrits s'oppose à cette manière de voir, et l'opinion
d'Usserius, appuyée par Hug, Olshausen, Harless, Steiger, nous paraît beaucoup
plus probable, savoir que c'était une lettre encyclique adressée entre autres
aux Éphésiens, aux Laodicéens et aux églises environnantes; arrivée à
destination et copiée, il a pu facilement arriver que dans quelques exemplaires
on ait mis le nom de Laodicée au lieu de celui d'Éphèse, et le caractère
général de la lettre s'explique.
— Comment. Harless. Erlangen 1834; Passavant, Stier.
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ÉPHOD,
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large ceinture magnifiquement brodée que les
sacrificateurs portaient autour de leur robe, Exode 28. Elle consistait en deux
rubans d'une matière précieuse qui, prenant sur le cou et descendant de dessus
les épaules, venaient se croiser sur la poitrine, puis retournant en arrière
servaient à ceindre la robe, absolument comme une écharpe. L'or et les plus
riches couleurs distinguaient l'éphod du souverain sacrificateur de celui des
simples prêtres qui n'était fait que de lin. Par devant, à l'endroit où les
rubans se croisaient, était le pectoral, q.v. L'éphod était regardé comme
l'accompagnement indispensable du culte, faux ou vrai. Gédéon, vainqueur des
idolâtres de Madian, se fit un éphod de leurs dépouilles, voulant élever un
monument au vrai Dieu et sanctionnant par le fait une nouvelle idolâtrie, Juges
8:27.
Mica donne également un éphod à l'idole de son culte,
Juges 17:5;
— Voir: encore Osée 3:4.
Quoique l'éphod fût l'apanage des prêtres, on le voit
quelquefois aussi porté par des laïcs ou des lévites, par Samuel encore enfant,
1 Samuel 2:18, par David, 2 Samuel 6:14; etc.
— Le mot hébreu éphod a été pris par quelques
interprètes comme signifiant idole dans les passages d'Osée et des Juges.
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ÉPHRAÏM,
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1. Genèse
41:52; 46:20; 48:1; 1 Chroniques 5:1, le second fils de Joseph et d'Asénath,
reçut par la bénédiction de Jacob le droit et les avantages de la
primogéniture, au détriment de son frère aîné Manassé. Plusieurs de ses fils
ayant fait pendant son séjour en Égypte, une sortie contre ceux de Gad ou Gath,
pour leur enlever leur bétail, furent mis à mort; il mena deuil sur eux pendant
longtemps, et ses frères vinrent pour le consoler, 1 Chroniques 7:22. Cependant
sa famille bénie s'accrut considérablement, et comptait au sortir de l'Égypte
40,500 hommes en état de porter les armes, Nombres 2:18,49, qui tous se
réclamaient, comme tribu, du nom de leur père Éphraïm.
Lors de la division du pays de Canaan, Josué, qui
était de cette tribu, lui donna en partage une contrée vaste et fertile, Osée
9:13; elle occupait toute la largeur du pays depuis le Jourdain jusqu'à la
Méditerranée, entre les tribus de Dan, de Benjamin et la demi de Manassé, et
fut pendant longtemps le siège du tabernacle (à Silo), Josué 16:8; 17:10. On
trouvait même encore des Éphraïmites en dehors des limites marquées, Juges
19:16. Ainsi furent accomplie sur ce fils de Joseph, les bénédictions du vieux
Jacob, qui lui annonçait de la part du Tout-Puissant qu'il serait fait aussi le
pasteur et la pierre d'Israël, Genèse 49:24, et qu'il contrebalancerait le
pouvoir de Juda, 1 Chroniques 5:1; 2, cf. encore Deutéronome 33:13, et les
riches promesses de Moïse.
— À la mort de Saül cette tribu, par esprit de
rivalité contre Juda, se ligua en faveur d'Is-Boseth avec les dix autres
tribus, 2 Samuel 2:9, mais après la défaite de son prétendant elle suivit le
parti du vainqueur et se soumit à David 5:1. Ce ne fut pas pour longtemps;
bientôt, fidèle à sa jalousie, elle releva la tête après Salomon et fut la
principale cause de la division du royaume en deux moitiés, dont la plus
grande, qui prit mal à propos le nom d'Israël q.v., eut sans interruption sa
résidence principale dans cette tribu, et fut au commencement gouvernée par une
dynastie éphraïmite, 2 Samuel 19:41; sq. Aussi, bien souvent les prophètes
donnent-ils à ce royaume des dix tribus le nom plus exact d'Éphraïm, Ésaïe 7:2;
Osée 4:17; 5:9; 6:4; 12:1. Elle fut emmenée en captivité avec les autres tribus
d'Israël par Salmanassar.
— Le nom d'Éphrat, Psaumes 132:6, et celui
d'Éphratien, 1 Samuel 1:1; 1 Rois 11:26, signifient probablement Éphraïm,
Éphraïmite.
2. Montagnes
d'Éphraïm; région montagneuse au centre de la Palestine, au sud de celles de
Guilboa, formant la principale partie du territoire qui prit plus tard le nom
de Samarie. Elle touche aux montagnes de Juda. Ses sommets détachés de la masse
y sont nombreux et presque tous égaux (mais d'une élévation peu considérable),
ce qui donne à cette contrée le caractère d'un vrai pays de montagnes. Elle
était extrêmement fertile comme elle paraît l'être encore de nos jours. Au sud
se trouve Guérizim, la montagne des bénédictions, le point le plus élevé de la
contrée; puis le mont Hébal (800 pieds), Deutéronome 11:29, le Tsalmon, Juges
9:48, le Gahas, Josué 24:30, le Tsémarajim, 2 Chroniques 13:4, et beaucoup
d'autres montagnes, de même que le champ et le puits de Jacob, Jean 4:5-6;
Genèse 33:18-20. On connaît du reste fort peu cette contrée, qu'aucune roule ne
traverse et qui est passablement infestée de brigands à l'affût des voyageurs
qui se rendent de Sichem à Jérusalem, de sorte qu'il n'est pas possible de
déterminer l'emplacement exact des différents lieux indiqués.
— Cette même contrée porte quelquefois aussi le nom de
montagnes d'Israël.
3. La
forêt d'Éphraïm, qui fut le théâtre de la victoire de David sur son fils
rebelle, et de la mort de ce dernier embarrassé dans les branches d'un arbre,
est, soit une contrée inconnue de Galaad, peut-être celle où Jephthé avait
battu les Éphraïmites, Juges 12, soit plutôt la partie des montagnes d'Éphraïm
qui est vis-à-vis de Galaad, et qu'on appelait déjà auparavant la forêt, à
cause de ses bois épais, Josué 17:15-18.
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ÉPHRAT ou Éphrata.
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1. Femme
de Caleb ou Célubaï, 1 Chroniques 2:9,19,50,51; 4:4, donna son nom au village
de Bethléem, où s'établirent son fils Hor, et son arrière petit-fils Salmo.
2. Éphrat
est le village nommé ailleurs Bethléem, Genèse 35:19; Ruth 4:11, et dont le nom
complet se trouve Michée 5:2, de sorte que Éphratien est synonyme de
Bethléhémite, Ruth 1:2; 1 Samuel 17:12.
3. Éphrat,
nom d'Éphraïm, Psaumes 132:6, et Éphratien, synonyme d'Éphraïmite, 1 Samuel
1:1; 1 Rois 11:26.
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ÉPICURIENS,
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Actes 17:18. Secte philosophique bien connue, et dont
la sensualité avait pris pour règles les quatre canons suivants:
1. Recherchez
la volupté qui n'est accompagnée d'aucun déplaisir;
2. fuyez
tout déplaisir qui n'est accompagné d'aucune jouissance;
3. fuyez
toute volupté qui en empêche une plus grande, ou qui engendre un plus grand
déplaisir;
4. recherchez
tout déplaisir qui en évite un plus grand, ou qui engendre une plus grande
volupté.
— Épicure, du reste, n'attachait au mot volupté que le
sens général de repos, et quelquefois même il y joignait celui de devoir
accompli. Son Dieu, car Épicure en avait pris un pour se soustraire à
l'accusation d'athéisme, n'était pas une providence: c'était un être d'une
félicité, d'un repos, d'une insouciance, d'une inutilité sans bornes, et
complètement incapable de gêner qui que ce fût. L'âme de l'homme était
corporelle pour ces philosophes, et cessait d'exister en même temps que le
corps.
— Cette doctrine, qui changea peu, et à laquelle on
ajouta peu, car elle était parfaite une fois le genre admis et le principe
accepté, se répandit dans tout le monde, gagna des sectateurs, et se trouvait
solidement établie à Athènes et à Rome, comme ailleurs, lors de la venue de
Jésus-Christ.
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ÉPINES.
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Les plantes ou buissons épineux, et les épines de
divers genres sont si nombreux en Orient, que l'hébreu ne comptait pas moins de
seize mots pour les désigner, plus ou moins synonymes, mais exprimant sans
doute aussi diverses nuances du genre, quoiqu'il ne nous soit guère possible
maintenant de les déterminer d'une manière exacte,
— Voir: Winer, Realw., et les dictionnaires.
L'agriculture avait de la peine à lutter contre la
multitude et la ténacité de ces plantes inhospitalières, Genèse 3:18; Jérémie
42:13; Job 31:40; Matthieu 13:7; Hébreux 6:8, et souvent on prenait le parti
d'y mettre le feu avant le labour, soit pour les exterminer d'une manière plus
expéditive, soit pour fournir à la terre un engrais, Ésaïe 10:17; mais la
racine restait toujours dans le sol.
— Quant aux épines de la couronne de Jésus,
— Voir: Couronne.
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ÉPOUX, épouse.
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Les rapports conjugaux ont toujours été chez le peuple
de Dieu, avant et après Moïse, bien différents de ce qu'ils étaient chez les
autres peuples de l'Orient. Si la polygamie existait sans être formellement
défendue, elle ne constituait pas cependant une vie de harem, ni l'esclavage
pour les femmes. Le mari avait les garanties qu'il pouvait désirer quant à leur
fidélité; mais les femmes avaient les leurs pour elles et pour leurs enfants.
Elles ne pouvaient être répudiées si, avant le mariage, leur époux avait déjà
habité avec elles, ou si, après, il les avait calomniées, Deutéronome 22:19,29;
il est assez probable aussi qu'elles ne pouvaient être renvoyées étant
enceintes. Quelquefois, en Orient, les préférences entre les femmes en
amenaient entre leurs enfants; la loi de Moïse ne le permettait pas; elle
rendait inamovible le droit de primogéniture, et ne permettait pas qu'un père
élevât le fils d'une mère préférée au détriment de l'aîné, Deutéronome
21:15-17.
— Voir: Femmes, Mariage, etc.
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ÉPREUVES judiciaires.
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Ces moyens, imaginés par l'ignorance et la
superstition pour découvrir la vérité dans les cas douteux, ont joué un grand
rôle chez les peuples et dans les siècles barbares. On les appelait jugements
de Dieu, et toujours ils étaient ordonnés de manière à ce qu'un miracle fût
nécessaire pour sauver l'innocent, car le prévenu était censé coupable
jusqu'après l'épreuve. L'eau froide, l'eau bouillante, le fer rouge, certaines
boissons, des sauts dangereux, étaient les moyens le plus ordinairement
employés; quelques-uns étaient connus déjà de l'antiquité la plus reculée
(Sophocle, Antig. 264). Les Juifs n'avaient de cérémonie pareille que pour un
seul cas, et encore l'épreuve était-elle en elle-même innocente, redoutable
seulement pour la femme adultère,
— Voir: Eau de jalousie.
— On peut trouver dans le Dictionnaire historique des
cultes, des détails curieux sur les épreuves admises chez les différents
peuples.
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ER,
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un des ancêtres de Marie, Luc 3:28. Inconnu.
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ÉRASTE,
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disciple que saint Paul envoya d'Éphèse en Macédoine,
avec Timothée, Actes 19:22, pour préparer les aumônes des fidèles. On peut
supposer qu'il accompagna longtemps l'apôtre dans ses voyages, et c'est le même
sans doute que l'on retrouve, 2 Timothée 4:20, demeurant à Corinthe, éloigné de
Paul qui le regrette. Il était ou avait été trésorier, Romains 16:23 (si
toutefois ce ne sont pas deux personnages différents, comme Winer le suppose),
et aurait donné sa démission de sa charge en se décidant à suivre l'apôtre. Il
était apparemment de Corinthe, ainsi que l'indiquent et le passage de Timothée,
et celui des Romains, «le procureur de la ville» celle d'où écrivait saint
Paul, et qui était selon toute probabilité Corinthe.
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ÉREC,
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Genèse 10:10. Une des villes bâties par Nimrod; il y a
deux opinions:
1. Bochart
pense que c'est Arecca, dont parlent Ptolémée et Ammien Marcellin, située sur
les bords du Tigre, entre la Susiane et Babylone, opinion que Winer (Realw.)
trouve plus probable à cause de la place qu'occupent les Arkéviens, Esdras 4:9.
2. Ce
serait Édesse, d'après le témoignage positif de Jérôme, d'Éphrem et de quelques
rabbins.
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ÉSAÏE.
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1. Lévite,
Esdras 8:19;
— Voir: Sérébia.
2. Prophète
hébreu, fils d'Amots. On n'a que fort peu de notices positives sur sa vie et
sur sa personne. Son nom signifie aide de Dieu. D'après un» tradition, son père
aurait été frère du roi Amatsia, et lui-même aurait été de la famille royale.
Plusieurs circonstances nous font croire qu'il avait reçu, dans sa jeunesse,
une éducation distinguée; son style orné et majestueux, qui décèle une grande
étendue de connaissances, et ses relations avec la cour viennent à l'appui de
la tradition. Il commença les fonctions de prophète vers la fin du règne
d'Hosias, probablement la dernière année de ce roi, si, comme on peut le
croire, le chapitre 6 indique la consécration d'Ésaïe; et il les poursuivit
sous les règnes de Jotham, d'Achaz et d'Ézéchias. Il paraît même, d'après 2
Chroniques 32:32, qu'il a survécu à ce dernier, et, selon une tradition des
Juifs et de l'ancienne Église chrétienne, if aurait vécu jusqu'à l'époque de
Manassé, qui l'aurait fait mettre à mort. Il aurait donc fourni une carrière
prophétique de plus de soixante ans (mort d'Hosias 759, avènement de Manassé
698 ou 97), et aurait atteint un âge fort avancé, au moins quatre-vingt-dix
ans; la tradition même lui en donne cent vingt, et porte qu'il aurait été scié
en deux par les ordres de Manassé; le passage Hébreux 11:37; semble se
rapporter à cette tradition et la confirmer. Ésaïe demeura toujours à Jérusalem,
où il était marié, et où il avait au moins deux enfants, Ésaïe 7:3; 8:3-4.Il
est encore nommé comme auteur de deux ouvrages historiques, l'un sur Hozias,
l'autre sur Ézéchias, 2 Chroniques 26:22; 32:32.
La mission de ce prophète s'explique par l'histoire
des règnes sous lesquels il vécut. Il devait surtout combattre le formalisme et
l'hypocrisie, insister sur le sens spirituel de la loi, annoncer les terribles
jugements que le peuple s'attirerait par son impénitence; mais aussi consoler
et encourager le résidu fidèle par les promesses d'un meilleur avenir, et tout
particulièrement diriger leurs regards vers le Sauveur qu'il annonce à la fois
comme docteur, comme victime expiatoire, et comme roi. Ses prédictions
messianiques ont une si grande clarté qu'on a nommé quelquefois ce livre un
cinquième Évangile; le Nouveau Testament l'appelle le prophète par excellence
(à δ
προφήτης), et le cite très souvent. Et déjà chez les Juifs il
jouissait d'un grand crédit; les prophètes suivants, en particulier Jérémie, s'appuient
constamment sur lui.
Voici un sommaire de son contenu:
Ch. 1-12; prophéties contre Juda.
Ch. 13-23; prophéties contre des peu-pies étrangers, à
l'exception du chapitre 22.
Ch. 24-35; prophéties contre Juda (promulguées
probablement du temps d'Ézéchias).
Ch. 36-39; narration des principaux événements du
règne d'Ézéchias, presque identique avec 2 Rois 18-20.
Ch. 40-66. Cette seconde partie du livre a été
probablement composée vers la fin de la carrière d'Ésaïe, sous le règne de
Manassé. Le prophète se transporte par la pensée jusqu'aux temps de l'exil; et
sur ce terrain idéal il annonce la délivrance de la captivité de Babylone, et
désigne même deux siècles d'avance, par son nom, le prince qui en sera
l'instrument. Mais en même temps il porte ses regards sur une délivrance bien
plus importante encore, sur la rédemption spirituelle, sur lé Messie; et, par
cela même qu'ils sont très analogues, ces deux sujets apparaissent tour à tour
sur le premier plan, ou semblent quelquefois se confondre l'un avec l'autre.
L'authenticité de cette dernière partie a été
fortement attaquée par les rationalistes, qui sentaient combien des prophéties
aussi claires, aussi détaillées, pouvaient fournir d'armes contre eux. Ils ont
présenté leurs doutes sous différentes formes. L'hypothèse qui paraît réunir le
plus d'opinions est celle de De Wette et de Gesenius, qui pensent que ces
vingt-sept derniers chapitres ont été composés du temps de l'exil. Mais ce
système a été abondamment réfuté par Jahn, Mœller Kleinert, Hengstenberg
(Christologie), Hævernick, etc.
Contre l'authenticité on allègue:
1. que
l'auteur semble avoir vécu dans le temps de la captivité, puisqu'il la suppose
constamment; pour lui Jérusalem est détruite, la Judée désolée, le peuple de
Dieu rejeté. Mais il est très ordinaire que les prophètes se transportent dans
l'avenir et le décrivent comme s'ils l'avaient sous les yeux. C'est ce que font
Moïse, Deutéronome 32, Joël 1:2:15, et Ésaïe lui-même plus d'une fois dans la
partie du recueil qu'on ne lui conteste pas, par exemple à l'égard de Tyr,
chapitre 23,
2. On
dit qu'avant d'annoncer le retour de l'exil, il aurait dû annoncer l'exil
lui-même; mais c'est ce qu'il a fait, 5:6,11; sq., et surtout au chapitre 39,
avec lequel toute la dernière partie est intimement liée.
3. On
fait remarquer que le style de ces derniers chapitres est assez différent de
celui des trente-neuf premiers, plus ample, plus diffus. Mais ces nuances
s'expliquent facilement par l'âge plus avancé de l'auteur, par la différence
des sujets, etc.
4. On
a prétendu encore relever un certain nombre de chaldaïsmes. Cet argument a été
réfuté par les plus habiles connaisseurs de la langue hébraïque, Ewald par
exemple, qui ne saurait être suspect en pareille matière.
5. On
a même soutenu que la désignation de Cyrus par son nom est un fait sans
analogie chez les prophètes. Mais cette assertion est facile à réfuter; nous ne
citerons que 1 Rois 13:2, où le roi Josias est annoncé par son nom trois
siècles à l'avance.
Remarquons encore en terminant, que c'est précisément
de ces vingt-sept derniers chapitres contestés par une science incrédule, que
le Nouveau Testament cite le plus grand nombre de passages, en les attribuant
clairement à Ésaïe.
Les commentaires les plus utiles à consulter pour
l'étude de ce prophète sont celui de Calvin, celui de Gesenius qu'il ne faut
lire qu'avec précaution, ceux d'Umbreit et de Hitzig, et la Christologie de
Hengstenberg.
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ÉSAR-HADDON,
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roi d'Assyrie, fils et successeur de Sennachérib,
Ésaïe 37:38; 2 Rois 19:37; Esdras 4:2, indiqué encore, sans être nommé, 2 Rois
47:24, que Calmet et d'autres veulent voir aussi désigné sous le nom de Sargon,
Ésaïe 20:1, mais à tort. Il commença de régner l'an 681 avant J.-C., et occupa
le trône pendant vingt-neuf ans. Il lit transporter dans les contrées désolées
de la Samarie, privée de ses habitants en exil, des colonies de gens de Babel,
de Cuth, et d'autres villes babyloniennes; ces colonies ayant beaucoup à lutter
dans leurs premiers travaux d'établissement contre les bêtes féroces, qui
s'étaient d'abord emparées de ces lieux, crurent que les dieux de ces localités
ne leur étaient pas favorables parce qu'elles ne connaissaient pas la manière
de les adorer, et sur leur demande, Ésar-Haddon leur envoya un des
sacrificateurs exilés; mais cette expédition ecclésiastique fut sans résultat
réel, et le prêtre en fut pour ses leçons de religion: les colons apprirent
bien la foi juive, mais ils n'en continuèrent pas moins de se faire leurs
dieux, qui Nergal, qui Asima, qui Tartac; ce fut le commencement de la religion
des Samaritains, q.v.
— C'est probablement encore Ésar-Haddon qui fit la
guerre à Manassé et l'emmena captif à Babylone, chargé de doubles chaînes, 2
Chroniques 33:11-12.
— Quelques-uns pensent que c'est lui qui est connu
dans l'histoire profane sous le nom de Sardanapale; mais,
— Voir: Pul.
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ÉSAÜ ou Édom,
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premier-né d'Isaac et de Rébecca, Genèse 25:25, fut un
homme des champs, s'adonnant au labourage et aux travaux de la chasse. Au
retour d'une de ses violentes excursions, accablé de fatigue et dévoré par la
faim, il parla légèrement de ses lèvres, et céda son droit d'aînesse pour un
plat de lentilles, tombant par son impétuosité dans les filets d'une mère et
d'un frère dont il eût dû se méfier. Il oublia bientôt cette imprudence; il en
fit une autre en épousant deux Cananéennes (Héthiennes), Genèse 26:34; 36:1,
— Voir: Élon.
et se compromit lui-même gravement par cette
infidélité, compromettant en même temps la paix de la famille patriarcale. Puis
son père étant devenu vieux, et voulant donner sa bénédiction au fils aîné qu
il chérissait, Genèse 27:1, Jacob l'enfant de la ruse le supplanta par un
habile déguisement, et accomplit par un péché les plans éternels de la
Providence: Ésaü ne reçut que les restes de la bénédiction paternelle, la
promesse d'une nombreuse postérité, puissante, belliqueuse et riche, mais
parfois soumise à celle de l'aîné béni. Justement indigné, Ésaü croyait pouvoir
se faire justice à lui-même, et ne cachait pas son intention de tuer son frère
après la mort d'Isaac; mais Jacob ayant disparu d'après les conseils de sa
mère, Ésaü, espérant de rentrer dans la faveur paternelle, et peut-être dans
celle de Dieu, par une alliance avec la famille d'Abraham, épousa une fille
d'Ismaël; ce fut en vain; lorsque le cœur n'est pas sain, l'esprit ne peut
l'être non plus. La famille d'Ismaël n'appartenait pas à la promesse, et ne fit
venir aucune bénédiction sur celui que l'Éternel avait rejeté hors du peuple
qui devait être le dépositaire de la vérité, Malachie 1:2; Hébreux 12:16. Les
années s'écoulèrent, la haine s'éteignit dans le cœur d'Ésaü, et lorsque Jacob
revint de la Caldée, dans l'entrevue qui eut lieu entre l'usurpateur et la
victime, Genèse 32, Ésaü se montra bien au-dessus de son frère par la chaleur
de son affection, la noblesse de sa conduite, et son oubli du passé; car,
évidemment, tout ce que Jacob pouvait lui offrir n'était rien en comparaison de
la bénédiction dont il l'avait dépouillé. Les deux frères se revirent encore
une fois à la mort de leur père, Genèse 35:29. Ésaü continua d'habiter au pays
de Séhir, dont Dieu avait assuré la possession à sa postérité, Deutéronome 2:5.
On ne sait rien sur sa mort.
Le nom d'Ésaü signifie velu (comme un manteau de
poil), Genèse 25:25, et lui fut donné à sa naissance; celui d'Édom signifie
roux, et lui fut donné peut-être aussi à sa naissance, à cause de la couleur de
son poil, mais plus probablement à cause du plat de lentilles, Genèse 23:30.
Ces deux noms sont employés l'un et l'autre pour désigner les tribus iduméennes
et la contrée qu'habitèrent les descendants d'Ésaü, mais ce dernier s'emploie
surtout dans les livres prophétiques, Jérémie 49:8,10; Abdias 6,8,9,19.
Pour les trois femmes d'Ésaü,
— Voir: Genèse 26:34; 28:9; cf. 36:2; sq.
Il existe une tradition assez singulière sur la
descendance d'Ésaü, et qui excite fortement l'indignation du père Calmet, c'est
qu'Ésaü aurait eu un fils nommé Roum, duquel serait descendu Romulus et les
rois de Rome; voici du reste ce qu'il dit: «C'est une tradition commune à
toutes les nations du Levant qui ont quelque connaissance des livres sacrés,
que du temps d'Habdon, juge des Hébreux, une colonie d'Iduméens passa en Italie
où elle s'établit, que Latinus régna parmi eux, et que Romulus fondateur de
Rome tirait d'eux son origine. Tout cela est une fable mal inventée par les
Juifs pour faire tomber contre les chrétiens (de Rome) tout ce qui est dit dans
l'Écriture contre l'Idumée, et les Iduméens. Les plus fameux rabbins
soutiennent opiniâtrement cette impertinente tradition. Le Talmud appelle
l'Italie et Rome «le cruel empire d'Édom;» Édom signifie roux; les empereurs romains
étaient vêtus de rouge; les cardinaux portent encore la même couleur. Les
belles raisons!»
— Nous comprenons l'indignation de Calmet, toutefois
il ne nous paraît pas que l'interprétation de toute les nations du Levant,
appuyée de celle de tous les interprètes juifs et d'un fort grand nombre
d'interprètes chrétiens, doive être rejetée entièrement. Les Édomites sont dans
leur origine, comme dans leur histoire, un type frappant des nations
anti-chrétiennes qui touchent au peuple de Dieu, qui sont à même de connaître
la vérité, qui sont placées, pour ainsi dire, sur les frontières de la terre
sainte, et qui cependant n'emploient les avantages spirituels qui leur sont
accordés, que d'une manière égoïste et perverse, se mettant en opposition
directe avec le vrai peuple de Dieu. Le passage, Ésaïe 63:1-2, n'a certainement
pas été indifférent à la tradition qui s'est formée; la solennité des menaces
contenues Ésaïe 34, et la grandeur des promesses Ésaïe 35, montrent qu'il
s'agit de bien autre chose que de la simple chute d'Édom, et l'Apocalypse, en
parlant de Babylone et de la bête, emprunte les images employées par Ésaü
parlant d'Édom, 34 et 63,. Saint Jean paraît même avoir en vue le nom et la
signification d'Édom en donnant la description de la Rome anti-chrétienne: le
dragon est rouge, Apocalypse 12:3; la femme est ivre du sang des saints,
habillée de rouge, assise sur une bête rouge, 17:3-4,6; cf. 14:20; Ésaïe 34:3;
63:1.
— Apocalypse 19:3; Ésaïe 34:10; Apocalypse 19:13,15;
Ésaïe 63:1-2; Apocalypse 19:18; Ésaïe 34:6-7; L'ancienne tradition nous paraît
ainsi fondée en elle-même, c'est-à-dire que les passages relatifs aux iniquités
commises par la postérité d'Ésaü, et les menaces prononcées contre ce pays, se
rapportent en première ligne à Édom, mais d'une manière beaucoup plus générale
aux peuples anti-chrétiens qui, portant le nom du Père des croyants, retiennent
la vérité captive sous le boisseau, et aiment à s'enivrer de sang.
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ESBAHAL,
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1 Chroniques 8:33; 9:39, le même que Is-Boseth, q.v.
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ESCARBOUCLE
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(nophek), Exode 28:18; 39:11; Ézéchiel 28:13; 27:16.
Les anciens désignaient sous ce nom plusieurs pierres précieuses d'un rouge
extrêmement vif comme des charbons ardents, le grenat et le rubis, surtout le
rubis des Indes; l'escarboucle est moins dure que le saphir et supporte comme
lui la gravure. Le mot même d'escarboucle (carbunculus) indique la vivacité de
son éclat. Elle occupait la quatrième place sur le pectoral, c'est-à-dire la
première du second rang. En voyant ce que nous avons dit à l'article Émeraude
on se convaincra de l'impossibilité où sont les savants d'arriver à quelque
chose de bien clair sur plusieurs parties de l'histoire naturelle, puisque les
uns font rouge ce que les autres font vert, et vice versa.
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ESCARGOT, ou limaçon,
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Psaumes 58:9. «Puisse-t-il s'en aller comme un
escargot qui se fond», manière de parler reposant sur l'opinion populaire que
la trace que l'escargot laisse après lui et qui doit lui faciliter la marche,
le ruine et le consume.
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ESCLAVE.
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Il y avait chez les Hébreux deux classes d'esclaves,
les indigènes et les étrangers; mais les uns et les autres étaient soumis à un
régime bien plus doux que les esclaves des Orientaux et des modernes en
général; on peut même dire que l'esclavage n'était qu'une espèce de domesticité
à long bail, et Moïse dans sa législation paraît avoir eu en vue une
transaction entre l'esclavage et le principe de la liberté individuelle; s'il
reconnaît, d'un côté, que l'esclave appartient au maître, «car c'est son
argent» Exode 21:21, de l'autre, il limite par de nombreuses restrictions les
droits du maître, et donne à l'esclave ses droits et ses garanties.
L'esclave étranger, fait prisonnier de guerre, acheté
à prix d'argent, ou né dans la maison, Nombres 31:26; Genèse 17:23; Lévitique
25:44, devait être naturalisé et circoncis; il était tenu à toutes les
ordonnances cérémonielles: enlevé à sa patrie sans espoir de retour, il devait
adopter en entier l'esprit et les affections, comme les obligations de sa
nouvelle patrie. La captive que les chances de la guerre avaient mise au
pouvoir d'un Hébreu, pouvait devenir son épouse ou celle de son fils; mais un
mois lui était donné pour pleurer son père et sa mère, Deutéronome 21:10-13. Si
son jeune maître venait à se marier, elle ne devait rien perdre de ses
avantages, en aliments, vêtements et cohabitation; si même elle cessait de
plaire, et que son maître n'eût plus d'égards pour elle, elle devenait libre
aussitôt, et sortait sans rançon. Les femmes esclaves ne pouvaient jamais être
renvoyées étant enceintes,
— Voir: Concubines.
Les Hébreux pouvaient devenir esclaves de diverses
manières:
1. en
cas d'extrême misère, ils pouvaient aliéner leur liberté, Lévitique 25:39;
2. les
enfants pouvaient être vendus par leurs parents, Exode 21:7;
3. les
débiteurs insolvables étaient vendus à leurs créanciers, 2 Rois 4:1; Ésaïe
50:1; Néhémie 5:5; Matthieu 18:25;
4. les
voleurs, en cas de non restitution, devenaient la propriété de celui qu'ils
avaient volé, Exode 22:3;
5. quelquefois
ils devenaient prisonniers à la suite de guerres intérieures;
6. ou
bien ils étaient volés et vendus comme le fut Joseph;
7. enfin,
rachetés d'un païen par un Hébreu, ils pouvaient être revendus par celui-ci à
un autre Hébreu.
Dans tous les cas, la loi leur accordait une telle
protection, qu'après six ans de service au plus, ils recouvraient leur liberté
dans l'année sabbatique, et ils ne devaient point être renvoyés à vide,
Deutéronome 15:13-14. Mais si l'esclave, incapable de profiter de sa liberté,
ou satisfait de son maître, refusait son affranchissement, son maître le
conduisait devant les juges, et lui perçait l'oreille avec une alêne, Exode
21:6; Deutéronome 15:17; dès lors son affranchissement définitif ne pouvait
plus avoir lieu qu'en l'année du jubilé, Lévitique 25:41; Jérémie 34:8. Le
droit d'affranchissement n'emportait pas pour l'esclave le droit d'emmener avec
lui sa femme, s'il l'avait épousée parmi les esclaves de son maître, ni les
enfants qu'il pouvait en avoir eus. Pendant toute la durée de la servitude les
esclaves avaient droit, comme leurs maîtres, au repos du septième jour. Exode
20:10.
L'esclave pouvait être puni et même battu pour
négligence ou désobéissance; mais des limites étaient posées pour le protéger
contre la brutalité d'un maître violent ou barbare. Si l'esclave périssait sous
les coups, ou qu'il mourût dans la journée, le maître était puni comme
meurtrier (on ne sait de quelle peine, et si c'était la mort); si l'esclave
était estropié, qu'il perdît un de ses membres, ne fût-ce qu'une dent, il
obtenait la liberté, qui était une peine pour son maître, une compensation pour
lui. Mais s'il ne mourait que quelques jours après les mauvais traitements de
son maître, la loi ne sévissait plus, et le maître était regardé comme
suffisamment puni par la perte même de son esclave, Exode 21:20-27, qui
équivalait, par la valeur de celui-ci, à une amende de trente sicles d'argent
en moyenne, Exode 21:32; cf. Lévitique 27:3; Matthieu 26:15.
Quelques faits prouveront encore combien la position
de l'esclave était douce sous la loi de Moïse:
1. il
avait le droit de faire des économies, et jouissait des fruits de la terre en
l'année sabbatique, comme il avait sa place marquée aux festins d'actions de
grâce, Exode 20:10; Lévitique 25:6; Deutéronome 12:18; 16:11; il était libre au
point de pouvoir lui-même avoir des esclaves, 2 Samuel 9:10;
2. il
travaillait avec ses maîtres, il avait même avec eux des rapports de peine et
de fatigue qui devaient disposer ceux-ci à le traiter en ami plutôt qu'en
mercenaire, en homme plutôt qu'en objet;
3. il
travaillait un sol destiné à produire des objets de première nécessité qui
devaient servir à la consommation, et non point au commerce; or, il est facile
de comprendre comment ils devaient être mieux traités et mieux nourris que
s'ils eussent été de simples instruments producteurs, à l'alimentation desquels
le maître eût du pourvoir par des dépenses effectives, par l'achat de rations.
On peut consulter sur cette partie si compliquée de la
législation des Hébreux, et sur l'esprit de concessions qui y a présidé,
Cellérier, Lég. Mos. 1, 284; 2, 147, et ailleurs.
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ESCOL.
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1. Un
des alliés d'Abraham dans son expédition contre Kédor Lahomer, Genèse 14:13.
— Voir: Mamré;
2. vallée
d'Escol (du raisin), d'où les espions israélites emportèrent un sarment avec sa
grappe, qu'ils étaient deux à porter, Nombres 13:24; 32:9; Deutéronome 1:24. Le
torrent qui la traversait était, selon les uns, le Sorek, selon d'autres une
rivière distincte qui se jette dans la mer près d'Askélon: Winer pense que le
torrent d'Escol ne pouvait se jeter que dans la mer Morte.
— Saint Jérôme parle d'une ville de ce nom.
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ESDRAS
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(secours), scribe, 7:6,11, qui en sa qualité de
descendant du sacrificateur Séraja, 7:1, dont il est parlé 2 Rois 25:18, était
aussi sacrificateur, se trouvait à la tête de la seconde colonie qui revint en
Judée, la septième année du règne d'Artaxercès, roi de Perse, 7:8. Par zèle
pour la gloire de Dieu et par amour pour son peuple, il travailla pendant de
longues années à la restauration temporelle et spirituelle du peuple et de la
nationalité juive, d'abord seul, puis conjointement avec Néhémie. C'est lui qui
est l'auteur du livre qui se trouve sous son nom dans l'Ancien Testament; mais
les 3e et 4e livres d'Esdras qui sont parmi les Apocryphes, sont d'une époque
de beaucoup postérieure. Il paraît aussi à peu près certain que c'est lui qui a
formé la collection définitive des livres sacrés, et ainsi fixé le canon de
l'Ancien Testament (— Voir: Hævernick, Mél. de Théol. réf., 174-185). La Bible
ne nous apprend rien sur le temps et le lieu de sa mort, mais Flavius Josèphe
nous dit (Antiquités Judaïques 11, 5, 5) qu'il atteignit un âge fort avancé, et
qu'il fut enseveli à Jérusalem. Son livre se compose de douze parties
principales. Les six premiers chapitres contiennent le récit d'événements qui
s'étaient passés avant son retour en Judée, pendant un espace d'environ vingt
ans, depuis le commencement du règne de Cyrus, jusqu'à la sixième année de
celui de Darius, fils d'Hystaspe; parmi ces événements, le retour de la
première colonie sous Zorobabel, et la construction du nouveau temple, occupent
la principale place. Une partie considérable de ce morceau (4:8—6:18) est
écrite en caldéen, probablement parce que Esdras a rédigé sa narration en
Caldée, et d'après des documents écrits par quelque témoin oculaire. Dans les
quatre derniers chapitres il raconte les événements postérieurs à son retour.
Mais entre les deux parties il y a une lacune de quarante-sept ans, dont trente
appartiennent au règne de Darius, onze à celui de Xercès, et six à celui d'Artaxercès.
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ESPAGNE.
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L'antiquité comprenait sous ce nom la péninsule des
Pyrénées toute entière, qui renferme maintenant l'Espagne et le Portugal. Au
temps de saint Paul elle était province romaine, et comptait un grand nombre de
Juifs parmi ses habitants, ce qui avait donné à l'apôtre la pensée d'y aller
faire un voyage missionnaire: il paraît peu probable qu'il ait exécuté ce
projet, du moins aucun des auteurs des trois premiers siècles n'en fait-il
mention. Toutefois, un ancien texte du
12ie siècle, les Annales de Baronius, mentionne que Paul s’est rendu en Espagne
par la voie romaine qui traversait les Alpes au nord-ouest de l’Italie, puis se
rendit en Grande Bretagne. Revenant à Rome, il fut capturé de nouveau et
exécuté. On ne peut savoir l’exactitude de ce récit mais tout porte à penser
qu’il détient une grande probabilité.
— Voir: Paul.
— Des mines de fer, de plomb, d'or et d'argent
constituaient la plus grande richesse de cette presqu'île.
— Voir: Sépharad et Tarsis.
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ESROM,
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Matthieu 1:3; Luc 3:33, fils de Phares et petit-fils
de Juda, né, par conséquent, pendant le séjour en Égypte. Il est appelé
Hetsron, Ruth 4:18; 1 Chroniques 2:5-9. Du reste inconnu.
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ESTAOL,
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Josué 13:33; 19:41, ville de la tribu de Dan non loin
de laquelle Samson, fort jeune encore, eut la première impression de la mission
à laquelle il était appelé; c'est aussi près de là qu'il fut enseveli, Juges
13:25; 16:31. Les Estaoliens sont encore nommés 1 Chroniques 2:53.
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ESTER,
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jeune fille israélite de la tribu de Benjamin, fut,
dans la main de la providence, un instrument pour sauver d'une complète
destruction une grande partie de ceux de ses compatriotes qui, au lieu de
retourner en Judée après la captivité de Babylone, étaient restés en Perse. Sa
beauté fit tomber sur elle le choix du roi Assuérus, q.v. Elle devint son
épouse, et lorsque les Juifs du royaume furent sur le point d'être sacrifiés à
la vengeance de l'orgueilleux Haman, elle s'exposa pour eux de la manière la
plus généreuse: elle profita de sa haute position pour intercéder en leur
faveur, quoiqu'elle sût bien que sa démarche pouvait lui coûter le trône et
même la vie. La conduite d'Ester, en cette circonstance, est un beau
commentaire de 1 Jean 3:16.
— C'est le récit de cette délivrance remarquable qui
forme le sujet du livre de l'Ancien Testament qui porte le nom de l'héroïne, et
le souvenir en fut consacré chez les Israélites par la fête de Purim, q.v.
Les détails que nous trouvons dans le livre d'Ester
sur les mœurs, les lois, la constitution du royaume de Perse, sont confirmés
par les historiens profanes; ainsi nous lisons, 2:18, qu'Assuérus diminua les
impôts à l'occasion de son mariage, et Hérodote (3:66) nous apprend que
c'était, on effet, un usage des rois de Perse en de semblables occasions. Nous
voyons, 4:11; 5:2, que toute personne qui paraissait devant le roi sans y être
appelée, était punie de mort, à moins que le roi n'étendît vers elle son
sceptre d'or en signe de pardon, et Hérodote confirme ce fait, 1, 99, etc.
L'ouvrage de Brisson, De regio Persarum principatu, fournit matière à beaucoup
de rapprochements semblables; et le grand historien Heeren a été tellement
frappé du caractère de vérité empreint sur les pages du livre d'Ester, qu'il le
considère comme l'une des principales sources pour l'histoire de ce temps
(Ideen I, p. 65). La fête de Purim, qui est mentionnée 2 Maccabées 15:37, est
encore un témoignage vivant de la crédibilité de ce récit; car il fallait de
bien puissants motifs pour engager les Juifs à ajouter une nouvelle fête
nationale à celles qui étaient instituées par le Pentateuque.
Quelques auteurs, et même des chrétiens, ont remarqué
avec étonnement l'absence complète du nom de Dieu dans ce livre; mais cette
circonstance s'explique si, comme cela est très probable, l'ouvrage a été
composé d'après des matériaux tirés des annales du royaume de Perse.
D'ailleurs, si le nom de Dieu n'y paraît pas, l'action de la providence y est
tellement sensible d'un bout à l'autre, on y voit avec tant d'évidence que tous
les événements sont disposés par la souveraine sagesse, et que ce que les
hommes appelleraient hasard, circonstance fortuite, sont les moyens que Dieu a
choisis, qu'on pourrait dire que ce livre lui-même est un nom perpétuel de
Dieu; c'est le livre de la justice distributive par excellence; on pourrait lui
donner pour épigraphe, 2 Pierre 2:9: «Le Seigneur sait délivrer de la tentation
ceux qui l'honorent, et réserver les injustes pour être punis au jour du
jugement.»
— L'auteur est inconnu, mais l'on a supposé avec
beaucoup de vraisemblance que ce pouvait être Mardochée lui-même, le parent et
tuteur d'Ester.
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ÉTAIN
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(b'dil), Nombres 31:22; Ésaïe 1:25; Ézéchiel 22:18,20;
27:12, métal bien connu, plus dur que le plomb. Son alliage avec d'autres
métaux plus précieux leur est préjudiciable, non seulement sous le rapport de
la beauté, mais surtout pour la solidité, et les rend excessivement cassants.
L'argent paraît souffrir particulièrement de cet alliage, et c'est dans ce sens
que l'on peut comprendre le passage cité d'Ésaïe; au verset 22, le peuple juif
est comparé à de l'argent, au verset 25 il est dit: «Je t'ôterai tout ton
étain», ce qui signifie: je te délivrerai de tout ce qui t'est nuisible.
D'autres ont entendu ce verset différemment, et traduisent étain par matières
impures, alliage, sans la nuance que nous avons indiquée: les deux sens
reviennent au même, mais le premier présente une figure plus riche, comme il
est aussi plus conforme à la langue: il se paraphraserait: «Je purifierai
d'entre les Juifs tous ceux qui pourront être purifiés, je détruirai les
incorrigibles dont la présence pourrait t'être en scandale.»
— D'après Ézéchiel 27:12. Tarsis faisait un grand
commerce d'étain; Pline, Diodore de Sicile et d'autres auteurs disent la même
chose de l'ancienne Espagne, où il faut, selon Bochart, chercher la Tarsis de
la Bible.
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ÉTANGS, ou réservoirs
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ou réservoirs destinés à recevoir et à conserver l'eau
de pluie ou de source. Il y en avait dans le voisinage de plusieurs villes
Israélites, et l'on trouve encore les restes de plusieurs de ces bassins, avec
leurs murs et leurs degrés, à Hesbon, Hébron, Samarie, 2 Samuel 4:12; 1 Rois
22:38; Cantique 7:4; et ailleurs. Il est parlé encore de l'étang de Gabaon, 2
Samuel 2:13. La ville de Jérusalem en possédait seule un assez grand nombre,
soit dans l'intérieur de ses murailles, soit en dehors:
1. Le
lavoir de Béthesda, q.v.
2. L'étang
du roi Ézéchias, 2 Rois 20:20, grand bassin destiné à alimenter un aqueduc qui
arrivait jusque dans la ville; il recevait peut-être lui-même les eaux du
Guihon, 2 Chroniques 32:30; 33:14, qu'Ézéchias détourna de leur cours primitif
pour les diriger vers l'occident, et selon quelques-uns par un canal
souterrain. La tradition en montre encore les restes au nord-ouest du mont de
Sion et de l'ancienne ville supérieure.
3. L'étang
du roi, prés de la porte de la fontaine, au sud-ouest, Néhémie 2:14, et le
réservoir de Siloé, paraissent avoir servi à arroser les jardins royaux,
— Voir: Siloé.
4. L'étang
d'en haut, et l'étang d'en bas. L'étang supérieur était non loin du chemin qui
conduisait au champ du Foulon, Ésaïe 7:3; 36:2; 2 Rois 18:17; l'on pense
généralement que c'est le même qui porte, Ésaïe 22:11, le nom de vieux étang,
et qui est opposé à l'étang d'en bas, verset 9; si c'est le même en effet, sa
place sera à peu près déterminée par ce qui est dit, verset 11, de sa position
entre les deux murailles; elles se trouvaient d'après 2 Rois 25:4; Jérémie
39:4, près des jardins du roi; et ceux-ci, d'après Néhémie 3:15, au pied
occidental de la montagne de Sion, vers les degrés qui descendent de la cité de
David.
— Hitzig combat cette opinion; il cherche l'étang
supérieur au nord de la ville, qui était plus exposé aux attaques de l'ennemi,
et qui n'était pas fort éloigné du champ du Foulon, q.v., deux circonstances
qui concordent bien avec ce que dit Ésaïe; on en aurait la trace dans un bassin
encore existant, de 150 pieds de longueur et large de 40, au nord de Jérusalem;
mais la démonstration du commentateur est un peu trop laborieuse, et repose sur
trop d'hypothèses pour qu'on puisse l'adopter. Il vaut mieux regarder l'étang
du roi comme identique avec l'étang supérieur et avec l'étang de Salomon dont
parle Flavius Josèphe.
— Cet historien nomme encore l'étang des moineaux,
vis-à-vis la tour d'Antoine, celui des amandes, à l'est, et celui des serpents,
au nord ou nord-ouest.
— Jérico avait aussi des réservoirs, au service de ses
palais.
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ÉTERNEL, éternité.
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1. Le
nom hébreu par lequel l'Éternel est si souvent désigné dans l'Ancien Testament,
est Jéhovah, Yehovah, celui qui est; une fois Eheyèh, celui qui suis, Exode
3:12,14; cf. Jean 8:58. Mais ce nom de Jéhovah n'est en quelque sorte qu'un nom
de convention, les véritables voyelles qui doivent en accompagner les consonnes
ayant été perdues de bonne heure, à ce que disent les Juifs, et les prêtres les
ayant remplacées par les voyelles du nom de Adonaï, Seigneur. Les quatre
lettres subsistent seules incontestées, IHVH, et encore la première et la
troisième sont-elles, en hébreu, beaucoup plus vagues que chez nous, le I ni le
V ne pouvant être prononcés sans une voyelle. C'est le
ίερον
τετραγράμματον les saintes quatre lettres du nom essentiel et
incommunicable de Dieu. Les Juifs disent, que comme il est impossible de «voir
Dieu et vivre», celui qui réussirait à prononcer le vrai nom de l'Éternel,
mourrait sur le champ, et que ce nom ne sera révélé que lorsque l'Éternel
lui-même se manifestera au monde, à la dernière crise.
— Quant à la signification de ce nom et à ses rapports
avec le nom plus personnel d'Élohim,
— Voir: ce qui a été dit à l'article Genèse.
2. Le
mot éternité, et l'adjectif éternel (en hébreu holam, en grec
αίών ou
αίώνιος), représentent une idée absolue dans le passé comme
dans l'avenir (æternitas a parte ante, et æternitas a parte post). Les termes
grecs et hébreux ne sont cependant pas toujours pris dans un sens aussi absolu
qu'ils le sont dans notre langue; ils peuvent signifier, et dans certains
passages ils signifient positivement un espace de temps considérable, mais
limité. La Bible ne connaît pas les termes abstraits, métaphysiques; il en est
une foule que la théologie a pu, peut-être dû, inventer ou accepter. Il est
nécessaire de se le rappeler pour ne pas abuser du mot éternel dans tous les
passages où il est employé, mais on se tromperait si l'on croyait pouvoir tirer
de cette réserve des inductions relatives à la non éternité des peines: les
passages sur lesquels se fonde cette doctrine (— Voir: Enfer) ne renferment pas
tous ce mot, et il ne constitue pas la force de ceux dans lesquels on le
trouve. D'un autre côté, tout ce qui touche à l'infini échappe à notre
conception s'il n'échappe pas à nos définitions, et c'est là peut-être que nous
devons prendre la plus grande leçon de prudence. On pourra définir l'éternité,
c'est même très facile, mais on ne pourra la concevoir; l'imagination peut
accumuler les années, entasser les siècles, mettre à la suite les uns des
autres autant de chiffres qu'elle voudra, elle n'atteindra que le fini, le
temps, une portion infiniment petite de cette éternité que trop souvent elle
aspire à comprendre, et dont elle croit disposer. La meilleure preuve de
l'impossibilité où l'on est de se rendre compte de l'idée d'éternité, et de la
facilité avec laquelle le relatif peut à cet égard remplacer l'absolu, c'est
l'usage qu'on fait tous les jours dans la conversation ordinaire, des roots
éternels, éternité: il y a une éternité qu'on ne vous a vu; c'est un éternel
causeur. Si donc on a pu traduire
αίών par siècle, Matthieu 12:32, et ailleurs, on peut
traduire le mot par séculaire, aussi bien que par éternel, Matthieu 25:46, et
ailleurs. L'expression même «à la fin des siècles»
τά
τέλη
τών
αίώνων, qui paraîtrait avoir une portée plus grande que le
seul mot «les siècles», est employée, 1 Corinthiens 10:11, en parlant de
l'époque apostolique, ou, dans un sens plus général, de l'économie évangélique.
Le mot «éternité» implique une existence hors du
temps, car le temps n’existe pas dans l’éternité. Celui ou ceux qui s’y
trouvent sont au commencement et à la fin des temps au même moment.
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ÉTHAM, ou Hétham.
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1. Troisième
station des Israélites après leur sortie d'Égypte, maintenant Etti, Exode
13:20; Nombres 33:6.
2. Hétham,
rocher où se retira Samson après avoir brûlé les moissons des Philistins, Juges
15:8.
3. 2
Chroniques 11:6; 1 Chroniques 4:3,32, ville de la tribu de Juda, célèbre par
ses belles eaux et ses beaux jardins, à 60 stades de Jérusalem, vers le midi,
dans une contrée riante et fertile. Roboam la fortifia.
— On trouve encore, à 20 ou 25 kilomètres de
Jérusalem, de belles eaux avec les ruines d'un aqueduc qui les conduisait dans
cette ville: on pense que c'est le même que Pilate fit construire (Flavius
Josèphe, Guerre des Juifs 2, 13).
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ÉTHAN, Héman, Calcol et Dardah,
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1. 1
Rois 4:31; 1 Chroniques 2:6, quatre frères, fils de Zara et de Mahol,
petits-fils de Juda, jouissaient d'une telle réputation de sagesse que Salomon
leur est comparé. Ils eurent un cinquième frère, Zizim selon les chroniques,
Zabdi selon Josué 7:1, qui n'est pas nommé dans les Rois, sans doute parce
qu'il n'était pas aussi célèbre que les quatre autres.
2. Éthan,
Ezrahite, Psaumes 89:1, ne doit pas être confondu avec Éthan, fils de Zara, qui
est aussi nommé Ezrahite; c'est probablement le même que le fils de Kisi,
Mérarite, nommé 1 Chroniques 6:44. On voit par Psaumes 89:39-40, qu'il a vécu
longtemps après David, quoique avant la captivité; ce Psaume paraît se
rapporter aux derniers temps du royaume de Juda. On a voulu à tort le confondre
avec Jéduthun.
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ÉTHANIM
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(mois des fleuves abondants). Avant l'exil, les mois
étaient souvent désignés par de simples chiffres, avant d'avoir reçu des noms
définitifs; quelquefois, cependant, on les appelait du nom de leurs attributs.
Ethanim en est un exemple. C'est dans ce mois qu'eut lieu la dédicace du temple
de Salomon, 1 Rois 8:2. Plus tard il reçut le nom de Tisri.
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ETHBAHAL,
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1 Rois 16:31, roi des Sidoniens, beau-père d'Achab roi
d'Israël (918-897 avant J.-C.). D'après Flavius Josèphe, il aurait été d'abord
prêtre d'Astarté, et serait monté sur le trône de Tyr et de Sidon par le
meurtre de Phéles (Sidon était alors tributaire de Tyr). Il régna trente-deux
ans, et mourut âgé de soixante-huit ans.
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ÉTHIOPIE,
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Actes 8:27, contrée africaine qui dans les temps les
plus anciens portait le nom de Cus, q.v., et qui comprend ce que nous appelons
maintenant ï'Abyssinie, avec une partie assez considérable de la Nubie. Elle
était bornée à l'est par l'Arabie et la mer des Indes, au sud par les contrées
intérieures et presque inconnues de l'Afrique, à l'ouest par les déserts et la
Lybie, au nord par les hauteurs de l'Égypte, depuis Syène environ. Pour la
géographie de ce pays, on peut consulter le journal du missionnaire Gobât
pendant son séjour en Abyssinie, source récente et sûre, pleine d'intérêt à
tous égards. D'arides chaînes de montagnes, et des côtes sablonneuses, sont
coupées par des contrées plus fertiles et arrosées de fleuves nombreux, Ésaïe
18:1, Sophonie 3:10. Le Nil y prend sa source, ainsi que l'Astaboras
(maintenant Tacazza) qui s'y jette, et forme avant sa jonction une île
considérable, qui était déjà peuplée fort anciennement par des hommes ayant un
gouvernement à part.
— Voir: Séba.
— L'Éthiopie était, quant à sa population, le centre
de peuples de mœurs et d'usages très divers, parmi lesquels se trouvaient
plusieurs colonies égyptiennes: les côtes étaient habitées comme les montagnes
par des chasseurs et des bergers; le Nil avait la pêche et le commerce, et
Méroé expédiait en Égypte et en Arabie les produits du sol éthiopien, l'ébène,
l'ivoire, l'encens, l'or, et grand nombre de pierres précieuses qui faisaient
de ce pays un symbole personnifié de la richesse, Ésaïe 43:3; 45:14. Le
commerce unit bientôt étroitement l'Égypte et l'Éthiopie, et les descendants de
Cus, s'avançant vers le nord, peuplèrent une partie de la Haute Égypte, la
cultivèrent en hommes libres, et finirent par changer de patrie en devenant
tributaires et presque indigènes du pays où ils avaient émigré. C'est ainsi
qu'on les voit, 2 Chroniques 12:2-3, marcher sous les ordres de Sisak, roi
d'Égypte, sans doute le fameux Sésonchis de la vingt-deuxième dynastie.
Ailleurs, c'est l'Égypte qui obéit à l'Éthiopie, sous les rois Sabacon, So et
Tirhaca, pendant une quarantaine d'années, jusqu'à l'avènement de Psamméticus.
C'est pendant cette période qu'eut lieu la conquête de Thèbes, Nahum 3:8.
— Voir: No.
Puis une partie de la caste des guerriers, mécontente,
émigra d'Égypte en Éthiopie, s'y établit, et finit par devenir dominante.
— Pour 2 Chroniques 14:9,
— Voir: Zéraph.
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ETHNARQUE,
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2 Corinthiens 11:32, ou gouverneur, préfet militaire
du roi arabe Arétas. Ce mot, qui signifie chef d'une nation, s'emploie toujours
en parlant d'un employé supérieur, qui n'a de compte à rendre qu'au roi
lui-même, auquel il est assujetti. C'est le nom que porte le grand prêtre
Simon, prince vassal de la Syrie, 1 Maccabées 14:47; de même encore Archélaüs,
fils d'Hérode le Grand, obtint d'Auguste, après la mort de son père, le titre
d'ethnarque de l'Idumée, de la Judée et de la Samarie, en attendant qu'il pût
recevoir le titre de roi, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 17, 11; 4.
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ÉTIENNE,
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Actes 6:5; 7:1-60, premier martyr de l'Église
chrétienne, probablement grec d'origine, si l'on en juge par son nom, et le
premier des sept diacres nommés pour aider les apôtres dans le service des
tables et des pauvres. Plein de foi et de puissance, il faisait des miracles et
des prodiges parmi le peuple, ayant reçu l'imposition des mains. Son activité
allait plus loin que sa charge, telle du moins qu'on l'entend à présent, et son
amour pour son maître lui mérita l'inimitié du monde; quelques habitués de la
synagogue, irrités de voir leurs lieux de culte toujours moins fréquentés et
même abandonnés par un grand nombre de sacrificateurs, irrités surtout de ne
pouvoir résister à la sagesse et à l'esprit par lequel il parlait, soulevèrent
contre le disciple, comme on avait fait contre le maître, de faux témoins,
subornés à prix d'argent, pour l'accuser de blasphème. Le peuple fut soulevé,
une instruction judiciaire commença, le saint dut comparaître, et le chapitre 7
des Actes nous donne la première partie du discours qu'il prononça pour sa
défense. Dans ce discours l'homme de Dieu, plus jaloux des intérêts de son
maître qu'attentif à la conservation de sa vie, au risque de déplaire aux
émeutiers qui l'entourent, cherche à montrer à ses juges et à ses auditeurs que
la religion chrétienne n'est que le développement du mosaïsme qu'ils aiment, et
l'accomplissement des prophéties contenues dans les saints écrits qu'ils
vénèrent; mais en même temps il leur montre que, dans tous les temps, sous les
patriarches, aux jours de Moïse, dans le désert, et toujours, les Juifs se sont
montrés incrédules aux manifestations divines, rebelles au salut, durs de cœur
à croire, et charnels: cédant alors à l'émotion comme à l'indignation qui le
remplit, craignant de ne pouvoir achever de développer sa pensée, voyant
peut-être l'agitation du peuple et l'irritation de ceux qui l'écoutent, il
éclate et s'écrie: «Gens de col roide, et incirconcis de cœur et d'oreille,
vous vous obstinez toujours contre le Saint-Esprit, vous faites comme vos pères
ont fait. Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté? Ils ont même
tué ceux qui ont prédit l'avènement du Juste, duquel maintenant vous avez été
les traîtres et les meurtriers, vous qui avez reçu la loi par la disposition
des anges, et qui ne l'avez pas gardée». Conclusion foudroyante qui achève
d'irriter la populace et cause la mort du prophète; on se met à crier, on se
bouche les oreilles, on fond sur le prophète qui voit avec ravissement les
cieux ouverts pour le recevoir, et qui se livre à eux sans résistance; il
s'endort au milieu des pierres qui l'accablent, et sa dernière pensée est une
intercession pour ses assassins.
Le sang des martyrs est la semence de l'Église, a dit
un père (Tertullien); celui qui jaillit des membres meurtris du diacre vint
tomber sur un jeune homme qui gardait les habits de ses meurtriers; cette
plante amère devint plus tard un arbre de vie, et Saul fut le grand apôtre des
Gentils.
Le discours d'Étienne ne nous est évidemment rapporté qu'en
partie, et cette partie même est abrégée; le fil n'est pas toujours facile à
suivre, comme aussi personne ne pouvait rapporter d'une manière exacte les
paroles mêmes qui avaient été prononcées; d'ailleurs, interrompu brusquement,
il ne laisse que pressentir la marche de son discours; plusieurs auteurs ont
essayé de diverses manières de suppléer ce qui manque: il nous semble que ce
que nous avons dit est ce qui cadre le mieux soit avec la position du diacre
accusé, soit avec la partie connue de son discours. Il faut y voir une
prédication plutôt qu'une défense, une accusation plus qu'une justification; et
le visage du martyr resplendit d'une joie sainte, comme le visage d'un ange,
quand il se vit appelé à rendre publiquement témoignage de son amour et de sa
foi.
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ÉTOILES,
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— Voir: Astres, Kijun, Remphan, Zodiaque, etc.
Étoile des mages. Il est bien difficile de trouver une
explication quelconque, un peu naturelle, du miracle qui annonça aux mages
d'Orient la naissance du roi de Bethléhem, Matthieu 2:2-12. La plus ancienne
hypothèse, qui se trouve déjà chez les pères grecs, c'est que cette étoile
n'était qu'un simple phénomène lumineux dans l'atmosphère, lequel, n'étant pas
soumis aux mouvements qui règlent le cours des étoiles, pouvait avoir sa marche
à lui, s'avancer, reculer, s'arrêter et s'éteindre: un évangile apocryphe
raconte même que cette lumière entra dans retable avec les mages, et se posa
sur la crèche.
— Une seconde opinion (Ideler, Handb. d. Chron. 2,
410) ne voit dans ce phénomène ni une étoile, ni une simple lumière
atmosphérique, mais une conjonction de planètes, la même qui fut observée en
1827; cette hypothèse n'explique rien, et pour l'admettre il faudrait supposer
que la marche toute entière de cette étoile a été mal comprise, et qu'elle est
mal présentée dans l'Évangile; d'ailleurs un phénomène astronomique est vu de
tout le monde, et celui-ci ne l'a pas été, verset 7. Il faut donc renoncer à
toute hypothèse de ce genre, et par conséquent à une troisième, celle de
Michaëlis, qui voit dans l'étoile une comète, dont les mages auraient pu
calculer d'une manière sûre la marche non point apparente, mais réelle, et le
moment où elle se serait arrêtée, arrivée à son périhélie. C'est ingénieux,
mais cette explication partage avec la précédente le défaut de faire du miracle
un fait naturel, tandis que le phénomène nous est donné comme merveilleux.
Quant à la première hypothèse, elle est mesquine dès qu'on reconnaît le
miracle, car il était aussi facile à Dieu de créer ou conduire une étoile que
de faire marcher un feu errant; et il paraît beaucoup plus digne et de Dieu et
de l'occasion, de supposer que la naissance du Messie fut annoncée par une
étoile, que par un corps brûlant dans l'air avec du gaz enflammé. Toute la
difficulté est dans le verset 9. Mais l'idée principale est la station de
l'étoile plus que la désignation du lieu où elle s'arrêta; or il est facile de
se représenter les mages sortant de Jérusalem vers la nuit; ils voient une
étoile qui suit une marche différente de la marche apparente des étoiles fixes;
elle est à leur zénith quand ils arrivent à Bethléhem, et les mages, instruits,
comprennent et s'arrêtent.
— Nous n'avons pas besoin d'ajouter que, dans un
pareil domaine, tout ne peut être que supposition, quant aux détails, mais il
faut se rappeler aussi que Dieu fait des flammes de feu ses ministres, Psaumes
104:4.
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ÉTRANGERS.
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La loi de Moïse, en prenant toutes les précautions
possibles pour préserver les Israélites de l'influence des étrangers, se
montrait cependant favorable à ceux-ci partout où elle le pouvait; elle les
recommandait à la bienveillance des Hébreux, Exode 22:21; 23:9; Lévitique
19:33-34; Deutéronome 10:18; cf. Jérémie 7:6; Malachie 3:5; elle leur accordait
plusieurs des prérogatives dont jouissaient les pauvres, notamment une part aux
repas des dîmes et des fêtes, Deutéronome 14:29; 16:10,14; 26:11, et aux
récoltes de l'année jubilaire, Lévitique 25:6, préceptes fondés sur les devoirs
généraux d'humanité, et sur la fraternité des fils d'Adam. Ils avaient devant
la loi les mêmes droits que les habitants du pays, Exode 12:49; Lévitique
24:22; Nombres 15:15; Deutéronome 1:16; 24:17; cf. Nombres 35:15, mais ils
avaient les mêmes devoirs en matière de culte, du moins les mêmes devoirs
négatifs, et devaient s'abstenir de tout ce qui était défendu aux Hébreux,
Exode 20:10; Lévitique 17:10; 18:26; 20:2; 24:16; Deutéronome 5:14; Ézéchiel
14:7, avec la seule exception mentionnée Deutéronome 14:21. Il était permis de
leur prêter à intérêt (à usure?), ce qui n'était pas permis pour les Israélites
eux-mêmes, Deutéronome 23:20. Ils pouvaient être naturalisés à certaines conditions
et obtenir les droits de bourgeoisie en Israël, à condition toutefois qu'ils se
fissent circoncire; les Égyptiens et les Édomites acquéraient ces droits à la
troisième génération, Deutéronome 23:7-8; cf. 1 Samuel 21:7; pour les autres
peuples un plus long séjour était exigé. Les Hammonites seuls et les Moabites,
de même que les eunuques et les descendants de femmes de mauvaise vie, étaient
complètement exclus du bénéfice de la naturalisation, Deutéronome 23:3; cf.
Néhémie 13:1. Cette défense, tombée en désuétude à une époque de relâchement,
fut remise en vigueur lorsque la vie rentra en Israël, Néhémie 13:3.
— On voit par ces dispositions que l'intention de
Moïse n'avait pas été d'isoler hermétiquement Israël des autres nations; un
dénombrement fait par Salomon, 2 Chroniques 2:17, constata la présence de
153,600 étrangers en Palestine. Aussi, quelque graves que fussent sous le point
de vue théocratique les motifs d'exclusion contre les étrangers, l'on peut dire
que ces derniers étaient traités chez les Hébreux d'une manière plus noble et
plus conforme à la dignité humaine, que chez les peuples de l'antiquité, les
Romains et les Grecs y compris, avec leur fin vernis de philanthropie et de
civilisation.
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EUBULUS,
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disciple inconnu dont saint Paul envoie les
salutations à Timothée, 2 Timothée 4:21.
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EUNICE,
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fille de Lois et mère de Timothée, 2 Timothée 1:5;
juive d'origine, elle s'était de bonne heure convertie au christianisme: son
époux était un prosélyte d'entre les Grecs, Actes 16:1. On ne sait par qui elle
avait été amenée à la connaissance de l'Évangile, mais lorsque Paul la vit pour
la première fois à Lystra, elle avait déjà le témoignage d'être une femme
croyante, mère d'un fils également dans la foi.
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EUNUQUE,
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signifie littéralement un homme qui a la garde du lit,
et cette expression qui marque un homme mutilé, soit naturellement, soit par la
main des hommes, se prend aussi dans un sens beaucoup plus général pour
désigner un officier de cour quelconque, servant dans l'intérieur du palais,
comme Potiphar, eunuque de Pharaon, qui avait femme et enfants, Genèse 39:17.
C'est dans ce sens qu'il faut entendre (à moins qu'ils ne fussent étrangers)
les eunuques nombreux que les rois d'Israël et de Juda avaient à leur cour, 1
Samuel 8:11; 1 Rois 22:9; 2 Rois 9:32; 24:12,15; 1 Chroniques 28:1, car la loi
de Moïse avait défendu expressément à son peuple de faire des eunuques, et même
de mutiler des animaux, Lévitique 22:24; Deutéronome 23:1; ceux qui étaient
ainsi mutilés étaient exclus de l'assemblée du Seigneur. Cette défense avait
d'abord un grand but d'humanité, elle maintenait à chaque homme le droit d'être
ce qu'il est, et ne de point devoir se dire: Voici, je suis un arbre sec, Ésaïe
56:3. Elle tendait ensuite à entraver la polygamie, à la rendre de fait plus difficile,
à empêcher l'établissement des sérails par l'impossibilité de se procurer des
hommes sûrs.
— C'est dans le même sens encore qu'il faut entendre
l'eunuque de la cour de Candace, seigneur commis sur les richesses de la reine
d'Éthiopie, prosélyte juif qui fut converti au christianisme par Philippe q.v.,
Actes 8:27.
— Le passage Matthieu 19:12, se rapporte aux ascètes
qui se faisaient eunuques pour gagner le ciel, exemple qui fut suivi par
Origène dans une intention moins prétentieuse, et pour se délivrer seulement
des tentations charnelles; on peut aussi prendre ce verset comme indiquant le
simple renoncement au mariage et aux plaisirs de la chair, sans opération
corporelle; ce serait le cas de Paul, et les promesses de Apocalypse 14:4;
seraient faites pour eux.
Mat. 19:12 - Car il y en a, qui stériles, sont nés
ainsi du ventre de leur mère; il y en a, qui émasculés, ont été castrés par les
hommes; et il y en a, qui infertiles, se sont privés eux-mêmes dans l'intérêt
de la souveraineté suprême. Que celui qui peut distinguer ceci, le comprenne.
(Bible de Machaira)
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EUTHRATE,
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hébreu Ph'rath, Genèse 2:14; 15:18; Josué 1:4;
Apocalypse 9:14, appelé simplement le fleuve, Exode 23:31; Ésaïe 8:7; 7:20;
Jérémie 2:18; Michée 7:12, ou le grand fleuve, Deutéronome 1:7. De tous les
noms géographiques, l'Euphrate est certainement le plus ancien, puisqu'il est
le seul qui nous ramène aux jours du paradis terrestre. Ce fleuve, un des plus
considérables de l'Asie, prend sa source au plateau de l'Arménie, et sort de la
chaîne de montagnes dont l'Ararat est le sommet le plus élevé. À trois journées
d'Erzeroum, les deux premiers affluents du fleuve se rencontrent, l'un, le
Frat, plus court et venant de l'ouest;l'autre, le Mourad-Tchaï, venant
d'orient, plus long et prenant naissance au pied des monts Alma-Dagh, dans les
environs de la ville de Rayazad. À leur jonction, les deux rivières réunies
prennent le nom de Mourad-Sou, ou Euphrate, et présentent une masse d'eau
pareille à celle de nos fleuves les moins considérables, tels que la Moselle.
L'Euphrate coule d'abord vers le sud et sépare l'Arménie de la Cappadoce, puis
bientôt chassé par les racines du Taurus, il tourne à l'ouest et descend par
d'étroits passages et de nombreuses chutes, jusqu'à ce qu'il arrive dans la
plaine non loin de Samosate, où sa course se ralentit et continue d'abord au
sud, puis à l'est et au sud-est, ayant à sa droite la Syrie et l'Arabie
déserte, à gauche la Mésopotamie. À la latitude de Bagdad il se rapproche du
Tigre, dont il n'est plus éloigné que de 200 stades à Séleucie, et de nombreux
canaux permettent une communication libre et facile entre les deux fleuves. Il
s'éloigne de nouveau du Tigre, passe devant Babylone, envoie une partie de ses
eaux se perdre dans les marais sablonneux de l'Arabie, puis revient en
serpentant vers l'est, et se perd à Kornah dans le Tigre; là les deux fleuves,
sous le nom de Schat-al-Arab (fleuve des Arabes), traversent encore 32 lieues
d'un pays noyé, et se jettent finalement dans le golfe Persique par plusieurs
embouchures.
Le cours de l'Euphrate est d'environ 1850 kilomètres;
il est accessible à de petits bateaux pendant la première partie de son cours
jusqu'à son arrivée dans les chaînes du Taurus, puis il cesse de l'être jusqu'à
quelques lieues au-dessus de Samosate, où sa course longtemps accidentée
redevient plus douce et plus unie; la vallée s'élargit et les pentes
s'affaiblissent; la largeur du fleuve est de 800 pieds; mais sa profondeur
varie encore et ne dépasse jamais dans les eaux basses 10 à 12 pieds, quoique
dans la saison des pluies elle s'élève jusqu'à 24. La navigation n'y est jamais
sûre, et tous les essais qui ont été faits jusqu'à ce jour ont échoué contre
les caprices du fleuve indompté, cf. Ésaïe 8:7. Les bateaux à vapeur, le
Nitocris et le Nimrod, dans leur navigation du mois de mars 1841, n'ont fait
que constater les difficultés qui restent encore à lever pour la navigation
régulière de ce fleuve.
— Son eau est presque toujours trouble, mais ne laisse
pas que d'être saine et d'un goût agréable quand elle est clarifiée. Les Arabes
l'estiment extrêmement.
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EUROCLYDON,
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Actes 27:14, vent du sud-est, irrégulier et
tourbillonnant.
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EUTYCHE,
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Actes 20:9, jeune homme de Troas, qui, s'étant endormi
sur l'embrasure d'une fenêtre pendant un discours de saint Paul, tomba dans la
rue et fut relevé mort; mais l'apôtre s'étant approché se pencha sur lui,
l'embrassa, et annonça aux assistants que le jeune homme était revenu à la vie.
La réunion ne fut ainsi interrompue qu'un instant, puis les frères
s'assemblèrent de nouveau en attendant le départ de Paul, prirent la cène, et
s'entretinrent jusqu'au jour.
— On a révoqué en doute le miracle, par conséquent la
mort et la résurrection d'Eutyche, et l'on s'appuie sur le peu de cérémonies
que fait l'apôtre, qui ne prie pas même; on dit encore que le jeune homme,
n'ayant éprouvé qu'une violente secousse, a bien eu besoin du reste de la nuit
pour se remettre, ce qui explique pourquoi au lieu de remonter immédiatement
dans la salle, il ne reparut qu'après le départ de Paul. Nous répondons: le
verset 9 est positif; même s'il n'y a eu que secousse violente on ne se remet
pas en quelques heures d'une chute de trois étages; les paroles du verset 10
ont le même sens que celles de Matthieu 9:24; saint Paul s'est penché sur le
jeune homme comme le firent Élie et Élisée en pareille occasion, 1 Rois 17:21;
2 Rois 4:34. «Enfin, ajoute M. Coquerel, s'il n'y a point ici de miracle,
l'accident était trop peu important pour être rapporté par saint Luc Depuis
Éphèse jusqu'à Milet, Actes 20:1,15, le récit ne s'arrête point et n'offre
aucun intérêt; l'historien aurait-il interrompu la rapidité de son narré pour
raconter seulement qu'un dormeur était tombé par une fenêtre sans se tuer.
Saint Luc, présent à toute cette scène, était médecin; s'il s'agit d'un
évanouissement et non d'une résurrection, c'est de son aide et non de celle de
Paul que l'on avait besoin, et en se rappelant que le récit est d'un homme de
l'art, il est impossible de ne pas y voir un prodige divin et non un accident
vulgaire.»
Il est intéressant de voir avec quelle bonté et quelle
compassion saint Luc rapporte le fait de ce jeune homme qui s'endort pendant
que le grand apôtre parle aux âmes; Eutyche ne cède qu'à un profond sommeil, il
faisait une chaleur étouffante, et la fumée des lampes nombreuses y ajoutait
son influence engourdissant; c'était extrêmement tard, minuit; enfin Paul avait
fait un long discours, de l'aveu même de saint Luc: toutes les circonstances se
réunissaient pour faire succomber la chair, et là où bien des formalistes se
seraient indignés, le Saint-Esprit n'exprime pas un seul mot de blâme. Chacun
sait que ce n'est pas bien de dormir au culte, et l'on peut même dire qu'une
âme pieuse n'en éprouvera jamais le besoin. Voilà la règle, puis vient
l'exception, c'est que la chair est toujours chair avec une faiblesse
insurmontable, inhérente à sa nature; s'il y a des cas où la faiblesse est
péché, il y en a d'autres où la faiblesse n'est qu'un malheur et doit être
pardonnée, et le tact chrétien joint à la charité pure saura toujours faire
distinguer les uns des autres.
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ÉVANGILE, Évangélistes.
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L'Évangile, cette clef de voûte d'une économie
nouvelle où le mystère est remplacé par l'amour, l'Évangile, mot sacramentel
que les anges proclamèrent du haut des cieux, Luc 2:10, en annonçant aux hommes
un grand sujet de joie, l'Évangile, cette épigraphe de la religion chrétienne
et d'elle seule, ce résumé des gratuités divines, ce nom que chacun réclame
dans l'Europe chrétienne et qui s'avance en conquérant dans toutes les parties
du monde, sur les côtes de l'Amérique, dans les déserts de l'Afrique, au bord
des fleuves de l'Asie, et dans les îles de l'Océanie, jusqu'à ce qu'il ait
gagné des hommes de toute tribu, langue, peuple et nation, l'Évangile n'est
dans son origine comme dans sa signification littérale, ni un système de
philosophie, ni un système de devoirs, ni une prédication de morale, mais la
publication simple d'un fait, d'une nouvelle, d'une «bonne nouvelle», ainsi que
le marque son nom même, dérivé des deux mots grecs
Εύ,
άγγέλιον, qui ont cette signification. (Le mot Évangile
signifie proprement: le message de la grâce, bonne nouvelle pour les élus,
méchante nouvelle pour les réprouvés.)
Ce fait, c'est que Jésus est venu chercher et sauver
ce qui était perdu, Matthieu 18:11; c'est qu'il n'y a point sous le ciel
d'autre nom qui soit donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés,
Actes 4:12; c'est que Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son fils au
monde, afin que quiconque croirait en lui ne pérît pas, mais qu'il eût la vie
éternelle, Jean 3:16.
Fait historique, il repose sur un fait moral qu'il
suppose, celui de la corruption entière du cœur humain, corruption telle qu'il
ne peut plus être question pour l'homme d'un simple changement, d'une
amélioration, d'un mieux-aller, mais d'une métamorphose totale, d'une
transformation, d'une conversion, d'une rétrogradation complète et sans
restriction aucune. Cette base posée, cette corruption reconnue, dont les
conséquences naturelles sont une éternelle condamnation, Dieu a opposé comme
remède la mort de son fils éternel dont le sang doit à la fois expier et
purifier. Ce plan, conçu dès avant la fondation du monde a été dévoilé à
l'homme aussitôt après la chute; et dès lors, développé de plus en plus
clairement par les sacrifices, par le mosaïsme, par les prophéties, et par la
foi des Juifs craignant Dieu, il a pris place dans l'histoire de l'humanité il
y a 1849 ans, le Verbe s'étant incarné, ayant souffert, étant mort, étant
ressuscité, s'étant montré publiquement, ayant été vu, entendu et touché
pendant plusieurs années, ayant prêché dans les plaines et sur les montagnes,
dans les villes et dans les déserts. Puis son œuvre étant accomplie, il est
retourné dans le sein de son Père.
Tous ces faits avaient pour but unique le salut des
hommes, et c'est leur ensemble qui constitué l'Évangile, la bonne nouvelle.
Il importe donc extrêmement pour ce mot comme pour
tous les autres, et plus encore, d'en conserver présente à la pensée la
signification historique et salutaire, afin de ne se pas fourvoyer comme on le
fait souvent, dans des phrases creuses et sonores qui n'ont aucun sens;
pratiquer l'Évangile, la loi de l'Évangile, les menaces, les foudres de
l'Évangile, autant de formules qui dénotent chez ceux qui les emploient
l'ignorance la plus triste et la plus déplorable de ce qui fait le fondement de
la religion chrétienne.
— Nous ne pouvons développer, ni même indiquer ici
toutes les idées également importantes, qu'entraîne après elle, et comme
conséquence, la bonne nouvelle annoncée aux hommes: l'inutilité d'œuvres
supplémentaires à la mort de Christ qui a pleinement accompli le salut, en même
temps que la nécessité des œuvres produites par une foi opérante dans la
charité, ou plutôt la production même de ces œuvres qui sont la conséquence
naturelle de la véritable foi, du véritable amour pour le Dieu-Sauveur. (A.
Bost, Qu'est-ce que l'Évangile? 4e édition.)
On a étendu plus tard, ou restreint, le nom d'Évangile
aux livres inspirés qui nous racontent l'histoire de cette bonne nouvelle, et
dont nous reparlerons aux articles de ceux qui les ont écrits, et qui sont
appelés évangélistes. Ce dernier nom se donne encore dans l'Écriture aux hommes
chargés de faire connaître la mort et la résurrection bénie du fils de Dieu; ils
sont distingués, Éphésiens 4:11, des apôtres, des prophètes, et des pasteurs et
docteurs, parce que leur mission était plus spécialement la prédication, plutôt
que la cure d'âmes ou l'enseignement proprement dit. C'étaient des
missionnaires chrétiens, comme paraissent l'avoir été Philippe, Actes 8:5;
21:8, Timothée, 2 Timothée 4:5, etc., sans doute aussi tous les autres apôtres,
quoiqu'ils ne soient pas désignés sous ce nom. Cette charge, la plus grande et
la plus belle de celles qui se trouvent sous le ciel, ne prend vie dans
l'Église que lorsque l'Église elle-même a de la vie. Aujourd'hui un grand
nombre de ces saints messagers parcourent la France, envoyés par des sociétés
fondées dans ce but à Genève, à Paris, à Lyon, à Bordeaux, et dans un grand
nombre de villes. Les chrétiens ne peuvent faire mieux que de les assister de
leurs dons et les soutenir de leurs prières: c'est l'œuvre directe du Seigneur.
On donne plus ordinairement le nom de missionnaires aux évangélistes envoyés
chez les peuples non chrétiens, quoiqu'au berceau du christianisme cette
distinction n'existât point, et ne pût même pas exister. Cette œuvre de
l'évangélisation qui a fait des prodiges, excite naturellement les cruelles
antipathies de ceux pour qui la bonne nouvelle n'est qu'un système entre
plusieurs autres, une théorie bonne entre plusieurs autres, et Jésus-Christ un
saint et un ange, mais point l'incarnation de la divinité: tous ceux qui
n'auront connu véritablement, ni Jésus, ni le Père, feront souffrir persécution
à ceux qui voudront vivre selon la fidélité, et les ténèbres seront toujours
ennemies de la lumière.
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ÈVE,
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Genèse 3:20; 1:27; 2:18; 3:1; etc. 2 Corinthiens 11:3;
1 Timothée 2:13, la première femme et la première pécheresse. L'homme ayant par
la chute perdu l'immortalité, donna à sa femme le nom de vie,
Ζωή, (Sept.), hébreu Hhivvah, puisque son existence
devait se continuer infiniment par sa descendance; cette espèce d'immortalité
remplaça pour lui l'immortalité corporelle qu'il avait perdue; il devait encore
trouver dans la postérité de sa femme une immortalité plus précieuse et plus
glorieuse, mais il ne put la comprendre qu'en partie lorsqu'elle lui fut
annoncée. L'histoire de la chute et de la peine prononcée contre la femme est
trop connue pour qu'il y ait lieu à la répéter, on peut se borner à quelques
observations. La femme fut créée pour l'homme, mais tirée de l'homme; ce double
fait établit de la manière la plus claire les rapports qui doivent exister
entre eux, rapports que les peuples non éclairés de la lumière d'en haut ont
vainement cherché à déterminer, les uns ayant fait de la femme la reine de la
société, les autres l'ayant ravalée au niveau de la brute. Dieu ayant destiné
l'homme et la femme à vivre ensemble, a dû les faire dissemblables et inégaux
en force afin d'empêcher les luttes et les frottements; il a fait l'homme le
chef pour commander, et il lui a donné une aide formée après lui et pour lui, 1
Corinthiens 11:8-9, mais à son image et à sa ressemblance, afin d'effacer ainsi
ou de diminuer la distance qui les eût séparés autrement. Ils sont de même
essence et de même nature, ils sont égaux; mais la femme est venue après, elle
est plus faible, elle doit obéir. Cette inégalité de forces a si bien été
reconnue déjà dès le commencement, que c'est à elle que le tentateur s'adresse
en premier lieu, c'est contre elle qu'il dresse ses premières embûches, et il
la séduit en flattant sa sensualité, son orgueil, et son amour pour ce qui est
beau à voir.
— La peine imposée à la femme a paru grande à ceux qui
regardaient sa faute comme petite, mais il n'est aucune femme chrétienne qui ne
comprenne cette parole du livre de Job, que Dieu exige de nous beaucoup moins
que notre iniquité ne mérite (11:6). Saint Paul, dans un passage bien connu et
souvent mal compris, envisage comme moyen de salut ce que Dieu infligea à la
femme comme peine, lorsqu'il dit: «Elle sera néanmoins sauvée en mettant des
enfants au monde», ou plutôt, «par l'enfantement», 1 Timothée 2:15. Pour
l'intelligence de ce passage, il faut reconnaître que l'apôtre qui a parlé
d'Ève en passant, généralise cependant ce qu'il a à dire de son sexe: l'idée
qu'il développe, c'est que la femme ne doit pas enseigner; elle est par nature
plus susceptible pour les impressions qui viennent du dehors; Adam ne fut pas
tenté par le serpent, il le fut par Ève qu'une séduction extérieure fit tomber;
la femme donc doit s'abstenir d'enseigner; cependant elle sera sauvée, mais le
salut qui lui a été promis après la chute ne détruit pas sa position
inférieure, ni même les douleurs de l'enfantement qui lui furent imposées comme
peine naturelle extérieure. Dans l'idée de l'apôtre la femme chrétienne ne peut
pas dire; «Il est vrai que c'est la femme qui est tombée la première, et que
c'est elle qui est en général la partie la plus faible, mais il n'y a pas de
différence dans le règne de la grâce.» C'est aux paroles de Genèse 3:15-16, que
se rapportent les exhortations de saint Paul, et les douleurs de l'enfantement
peuvent être considérées comme un exercice de la foi. On peut ajouter comme une
idée secondaire peut-être et cachée dans l'arrière-plan, le salut qui devait
sortir pour la femme comme pour l'homme de la malédiction elle-même reposant
dans l'enfantement, c'est que de la semence de la femme devait naître Celui qui
briserait la tête du serpent, et rendrait à l'humanité le bonheur éternel qu'il
avait perdu par la chute. Mais il faut repousser toute une série
d'interprétations sensuelles, qui sont contraires à l'analogie de la foi comme
au sens naturel du passage, celle qui met le salut de la femme dans la vie de
famille, et dans l'éducation de ses enfants, celle qui prend le texte à la
lettre (et quelle lettre!), à savoir que la femme sera sauvée en faisant des
enfants, excluant de, fait celles qui restent vierges ou qui sont stériles,
l'idée qu'elle sera sauvée malgré l'enfantement, celle que les douleurs de
l'enfantement ne seront pas mortelles pour elle et qu'elle y résistera (Benson
et quelques Anglais), etc.
Toutefois, à l'interprétation que nous avons donnée,
il ne faut pas oublier de joindre les réserves mises par Paul lui-même à la fin
du verset: «Pourvu qu'elle persévère dans la foi, dans la charité, et dans la
sanctification avec modestie.»
Une nouvelle
traduction nous éclaire davantage sur ce sujet : 1 Timothée 2 :13-15: - 13
Car les êtres humains ont été formés en premier, et la vie ensuite. 14 Et ce
n'est pas les êtres humains qui ont été séduit; c'est leur réalisation de la
vie qui, séduite, occasionna la transgression. 15 Toutefois elle fut délivrée
en sa procréation du GERME, persévérant avec modestie dans la foi, la charité
et la sainteté. (Bible de Machaira)
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ÉVÊQUE,
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en grec
έπισκοπος, surveillant, inspecteur. Employés ecclésiastiques,
institués, à une époque et d'une manière inconnue, mais déjà du vivant des
apôtres; ils portaient encore le nom de
πρεσβύτεροι (prebtres, prêtres), ainsi qu'on le voit dans
plusieurs passages où les deux mots sont employés l'un pour l'autre; Paul étant
à Milet fait venir les prêtres (ou anciens) de la ville, et leur dit: «Prenez
garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a
établis évêques.» Actes 20:17,28;
— cf. encore Tite 1:5 et 7, où l'apôtre, en engageant
Tite à ne choisir pour anciens que des hommes recommandâmes, ajoute: «car il
faut que l'évêque soit irrépréhensible, etc. «Cela ressort également du nombre
d'évêques qui se trouvaient à Philippes, Philippiens 1:1, où saint Paul en
salue plusieurs, avec les diacres. Depuis qu'on a établi une hiérarchie il faut
plusieurs villes pour un évêque; aux jours apostoliques il y avait plusieurs
évêques pour une ville. On le prouve encore par le fait que lorsque les
employés de l'Église sont classés et énumérés, comme 1 Timothée 3:1,8.
Philippiens 1:1, les évêques seuls sont nommés à côté des diacres, sans aucun
dignitaire intermédiaire. Les pères de l'Église sont d'ailleurs tellement
d'accord sur ce point, Clément Romain, Irénée, Théodoret et Jérôme (olim idem
erat presbyter, qui et episcopus), que les catholiques-romains, au moins
plusieurs d'entre eux, reconnaissent ce fait, et Calmet le dit positivement
dans son Commentaire sur Philippiens 1:1. «Anciennement le nom d'évêque et
celui de prêtre étaient communs et réciproques.» Il paraît que le titre
d'évêque n'était pas extrêmement en usage dans les temps primitifs, et qu'on
distinguait ces ouvriers par les fonctions plus extérieures de leur activité,
par les noms de pasteurs et docteurs, Éphésiens 4:11, de présidents d'église, 1
Thessaloniciens 5:12, etc., quoiqu'il y eût aussi des anciens (ou évêques) non
enseignants, 1 Timothée 5:17. Il n'y a rien, du reste, dans les qualités
exigées des évêques, qui les distingue des autres saints sous le rapport
religieux, 1 Timothée 3:1-11. Tite 1:5-9; et ces derniers conservaient le droit
d'accuser leurs évêques dont les fautes bien constatées devaient être reprises
publiquement, 1 Timothée 5:19-20. Les évêques étaient établis par les apôtres
et les autres anciens, Actes 14:23; 1 Timothée 5:22; Tite 1:5, de la part du
Saint-Esprit, Actes 20:28, mais rien n'indique comment leurs pouvoirs devaient
se transmettre, ni même quelle était l'étendue de ces pouvoirs: ce qui est sûr,
c'est qu'ils n'étaient accordés qu'à ceux qui avaient des dons particuliers
pour remplir dignement les nouvelles fonctions auxquelles ils étaient appelés.
Reste à savoir comment cette humble charge a pu
grandir jusqu'à envahir des palais, de riches vêtements et de considérables
honoraires, souvent peu honorables. Cette marche progressive a été lente; on a
commencé par vouloir introduire les formes de la hiérarchie juive dans une
économie où tous ceux qui croient sont égaux; puis le besoin de l'unité a
rassemblé quelquefois les pasteurs d'une même contrée, et comme pour se réunir
il faut un centre, on a choisi tout naturellement le centre politique existant,
la ville la plus importante des environs et, dans cette ville peut-être la
demeure du pasteur; puis, à cause de l'importance de fait donnée à ce pasteur,
et à cause de son poste et de ses charges plus considérables, on s'est mis à
choisir, pour remplir les fonctions ecclésiastiques dans un chef-lieu ou dans
une capitale, l'un des plus anciens, des mieux doués, des plus pieux; on lui a
accordé peut-être un subside pour subvenir aux dépenses plus considérables
auxquelles il était appelé. Jusque-là tout était naturel, tout était bien; puis
la vie ayant disparu, et les postes étant devenus dignes d'envie, on les a
accordés à l'intrigue, à la vanité, aux protections: on les a toujours plus
embellis, on a renchéri encore, et par dessus les évêques on a entassé des
archevêques, sur lesquels on a mis des cardinaux, et pour finir dignement, on a
essayé de couronner le tout avec un pape implanté en Italie; mais cela n'a
réussi qu'à moitié, et la plus grande partie de la chrétienté s'est refusée à
porter ce joug pyramidal, lourde imitation des monuments de l'Égypte. Voilà où
l'on est arrivé au bout de mille ans, pour s'être écarté de la ligne pure et
jalouse de la vérité; des inspecteurs de paroisses ont voulu devenir les
dominateurs du monde entier; ils en recueillent aujourd'hui les fruits amers.
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ÉVIL-MÉRODAC,
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2 Rois 25:27; Jérémie 52:31, roi de Babylone, fils et
successeur de Nébucadnetsar, 561 avant J.-C., succomba après un règne de deux
ans, sous les coups de son beau-frère Nériglissar; selon Flavius Josèphe, il
aurait régné dix-huit ans; dans ce chiffre seraient alors comprises les années
qu'il aurait régné avec son père et pendant sa folie, ou bien la vice-royauté
de quelque province. Dès la première année de son règne il tira de prison
Jéhojachin, qui y languissait depuis trente-sept ans, le traita avec douceur,
l'admit à sa table, et lui accorda une pension jusqu'à la fin de sa vie. L'histoire
profane qui a conservé le nom de ce monarque, n'en parle pas d'une manière
toujours fort honorable, et raconte qu'il livra aux corbeaux les restes de son
père, pour l'empêcher de ressusciter du tombeau, comme il était ressuscité de
son délire.
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ÉVODIE et Syntiche,
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Philippiens 4:2, deux femmes, peut-être diaconesses,
de l'église de Philippes, que saint Paul exhorte à vivre dans l'union
chrétienne, soit qu'il veuille les encourager à y persévérer, soit plutôt
qu'elles aient été divisées sur quelques points particuliers de la doctrine
évangélique. Elles avaient combattu avec Paul, pour l'avancement du règne de
Dieu, comme on voit que d'autres femmes chrétiennes l'avaient fait, Priscille,
Phébé, Lydie, Marie de Rome, Junie, Tryphène, Tryphose, Perside, et les quatre
filles de l'évangéliste Philippe (— Voir: Rilliet, sur Philippiens 4:2).
— Le compagnon d'œuvre que Paul invite à les aider,
verset 3, nous est inconnu; peut-être était-ce un de leurs parents.
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EXCOMMUNICATION,
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— Voir: Bannissement et Interdit.
Mettre en dehors de
l’église celui ou celle qui a le courage de s’opposer à ses doctrines
particulières afin de ne pas être exposé comme des imposteurs.
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EXIL et Captivité.
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Outre la servitude de l'Égypte, et les asservissements
successifs des Hébreux à l'époque des Juges, on compte ordinairement deux
captivités plus connues sous ce nom et sous celui d'exil.
1. Israël.
Déjà, sous le règne de Pékach, 741 avant J.-C., une partie des habitants de la
Galilée et des tribus transjourdaines furent emmenés, par Tiglath-Pilézer, en
Assyrie, 2 Rois 15:29. Après la destruction de Samarie et de tout le royaume
d'Israël par Salmanéser, 722 avant J.-C., sous le règne d'Hosée, le reste des
dix tribus fut également transporté, 2 Rois 17:6; 18:9-10. On leur donna, pour
s'y établir, le territoire du fleuve Chabor ou Chaboras, et quelques villes des
Mèdes, ainsi que d'autres petites provinces dans lesquelles ils furent
disséminés.
2. Judo.
Les habitants de ce royaume se virent à différentes reprises et successivement
emmenés en captivité.
a. Sous
Jéhojakim d'abord (606), Jérusalem fut prise par Nébucadnetsar, qui se contenta
d'emmener des otages, parmi lesquels se trouvait Daniel, Daniel 1:1,6.
b. La
ville fut prise de rechef sous Jéhojachim (598), et Nébucadnetsar emmena une
partie considérable de ses habitants, au nombre de dix mille au moins, hommes
de guerre et artisans, 2 Rois 24:14, probablement sans compter leurs femmes et
leurs enfants.
c. Sous
Sédécias (587), la ville révoltée fut de nouveau reprise par le vainqueur, qui
la livra aux flammes, emmena le reste de ses habitants, et n'y laissa que les
plus pauvres, ouvriers, vignerons et laboureurs, pour entretenir le pays, 2
Rois 25:12. D'après Jérémie 52:29, il n'y aurait eu que 832 Juifs emmenés, sans
doute leurs femmes et leurs enfants non compris. Le livre des Rois ne parle pas
d'autres déportations que de ces deux dernières; le livre des Chroniques, 2
Chroniques 36:10,20, qui raconte la prise de la ville sous Jéhojachin et sous
Sédécias, ne mentionne de déportation que celle qui eut lieu sous ce dernier
roi. En revanche, le prophète Jérémie, 52:28-30, parle d'une troisième
déportation, la première que nous avons mentionnée n'étant point regardée comme
telle.
d. Jérémie
52:30, cinq ans plus tard (582), Nébucadnetsar aurait fait transporter de
nouveau 745 personnes des Juifs.
Il y a, du reste, plusieurs difficultés chronologiques
à résoudre ou à accepter dans cette histoire de l'exil. L'historien
(probablement Esdras) qui a écrit le 52e chapitre de Jérémie, appelle l'année
où Sédécias fut emmené, à la fois la dix-neuvième et la dix huitième du règne
de Nébucadnetsar, versets 12 et 29. De même l'année où commença la captivité de
Jéchonias, et que le livre des Rois nomme la huitième, 2 Rois 24:12, est
appelée la septième, Jérémie 52:28, différences qui tiennent à une différence
dans le principe du calcul, l'habitude générale des historiens sacrés étant de
prendre pour point de départ le commencement naturel de l'année, et l'auteur de
Jérémie 52, ayant dérogé à cette règle, et comptant depuis l'avènement de
Nébucadnetsar au trône.
L'exil partiel aurait donc commencé pour Juda en 598,
et il aurait été à peu près total en 587.
La position des exilés n'était, du reste, pas aussi
défavorable qu'on le pense quelquefois; ils purent s'établir à leur aise sur la
terre étrangère, bâtir, planter, se marier, ainsi qu'on le voit Jérémie 29:5;
le livre de Tobie nous le montre jouissant d'une certaine aisance, même de
quelque prospérité; l'histoire de Susanne, et les passages Ézéchiel 14:1; 20:4,
nous font voir qu'ils avaient des anciens de leur nation et une juridiction
indépendante. Plusieurs d'entre eux étaient revêtus de fonctions très
honorables, Daniel et Néhémie étaient employés à la cour au service du roi.
Toutefois plusieurs psaumes montrent combien les cœurs pieux étaient déchirés
par le poids du malheur, et le désir d'une restauration (— Voir: en particulier
Psaumes 137). Un pieux écrivain fait au sujet de la captivité les intéressantes
observations que voici: «Les divers lieux où ils se trouvaient exilés,
Babylone, les plaines de la Mésopotamie et d'Égypte étaient précisément les
lieux où avaient séjourné Abraham et les enfants d'Abraham; Dieu avait comme
replacé la famille du patriarche dans la condition d'où il l'avait tirée, dans
le pays de ténèbres où elle avait pris naissance. Mais aussi la vue de ces
mêmes pays, en lui rappelant ce que Dieu avait jadis fait pour elle, lui disait
ce qu'il pouvait faire encore, et était pour elle un gage de l'accomplissement
de ses promesses. Ajoutons qu'en dispersant ainsi ce qu'il y avait de Juifs les
plus influents et les meilleurs, et avec eux tous ses prophètes, Dieu répandait
dans le monde des semences de vérité, et le préparait de loin pour les temps de
l'Évangile.» (G. Monod, Essai d'une Hist. univ., p. 148).
L'histoire du retour est également hérissée de
difficultés chronologiques dès qu'on entre dans les détails; mais les traits
généraux peuvent être déterminés. Cyrus monta sur le trône d'Assyrie en 537, et
la première mesure de son gouvernement fut la permission donnée aux Juifs de
retourner dans leur patrie. Selon Flavius Josèphe, Arch. 11, 1; 32, ce fut la
lecture du prophète Ésaïe, et l'impression qu'il en reçut qui détermina Cyrus à
publier l'édit de délivrance. Les soixante-dix années prédites par Jérémie
s'étaient précisément écoulées, et quoiqu'on ne puisse pas dire à la lettre que
Juda eût été captif pendant soixante-dix ans, ni surtout que Jérusalem eût été
en ruines aussi longtemps, on peut faire dater le commencement de la captivité
de la première prise de Jérusalem par Nébucadnetsar, en laquelle Daniel fut
emmené comme otage ou captif (606), et les soixante-dix années se trouvent
accomplies à la lin de la première année de Cyrus, en 536. Environ 50,000
Juifs, hommes et femmes, Esdras 1:1, composèrent la première caravane
d'émigrants; à leur tête se trouvait, comme chef politique, Zorobabel, fils de
Salathiel, fils de Jéojachin, l'avant-dernier roi de Juda, Esdras 3:2; 1
Chroniques 3:17; Matthieu 1:12. Le pontife qui les accompagnait était Jésuah,
fils de Jotsadak, de la souche d'Aaron et d'Éléazar, 1 Chroniques 6:14. Esdras
3:2. Les peines et les dépenses de premier établissement furent facilitées par
les ordres du roi, qui assigna aux émigrants un secours sur les fonds publics, en
invitant en même temps ses sujets à les assister par des dons volontaires.
Beaucoup de Juifs préférèrent des établissements avantageux formés à Babylone,
en Mésopotamie et en Perse, à une patrie qu'ils n'avaient jamais vue, et qui ne
leur offrait pas alors beaucoup de ressources; d'autres purent être retenus par
des obstacles réels et insurmontables; Daniel lui-même, quoiqu'il fût l'âme de
tout ce qui se faisait pour la restauration de sa patrie, resta à Babylone,
retenu peut-être par son grand âge (plus de quatre-vingts ans), peut-être par
la pensée que sa présence à la cour, auprès de Cyrus, serait plus utile à ses
frères; peut-être enfin par le désir de ne pas laisser sans prophètes les Juifs
restés en arrière.
— Sous les successeurs de Cyrus, l'empire de Perse
était rempli de Juifs, et nous en trouvons encore un grand nombre à Babylone,
au temps des apôtres.
À leur retour dans leur patrie, les Juifs y
trouvèrent, outre ceux de leurs frères qui n'avaient pas quitté la Judée, une
population païenne, reste des Cananéens, et mélange de Babyloniens qui s'y
étaient établis pendant la dévastation du pays, Esdras 6:21; 9:1; Néhémie
1:4,13. Réunis à leurs concitoyens, les Juifs revenus de Babylone parvinrent
sans peine, à ce qu'il semble, à rentrer dans leurs droits de propriétaires,
Esdras 2:70. Chacun d'eux, à peu d'exceptions près, avait des pièces qui
constataient le nom de l'ancienne famille à laquelle il appartenait, ou au
moins celui du lieu d'origine de ses aïeux, Esdras 2:59, ce qui pouvait l'aider
à faire reconnaître ses titres légitimes. Chacun d'eux se fixa dans la même
ville ou dans le même village que ses ancêtres, Esdras 2:70; 1 Chroniques 9:14.
— Cf. encore articles Juda, Israël, Temple, etc.; et,
pour cette période en général, le Comment, de Hævernick sur Daniel.
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EXODE.
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Le second livre de Moïse et de la Bible, appelé en
hébreu Ellé schemolh (voici les noms), des deux premiers mots par lesquels il
commence, porte en français le nom d'Exode, tiré de la version des Septante, et
signifiant la sortie, espèce de résumé de son contenu. Il contient la
persécution des Israélites en Égypte sous un roi qui n'avait pas connu Joseph,
la merveilleuse délivrance qu'ils obtinrent par Moïse, et le commencement de
leur voyage dans le désert, la traversée de la mer Rouge, la victoire remportée
sur les Hamalécites, la manne descendue du ciel, l'institution de chefs
judiciaires ou magistrats, l'arrivée au pied du Sinaï, la Loi promulguée, enfin
diverses ordonnances relatives au culte et à l'érection du tabernacle. Il
renferme une période de 145 années (Ussérius), soit depuis l'an du monde 2369,
date de la mort de Joseph, jusqu'à la sortie d'Égypte, 2513, plus la première
année du séjour dans le désert jusqu'au départ de Sinaï, 2514, et à l'érection
du tabernacle. L'Exode se divise, d'après son contenu, en trois parties
principales:
a. La
servitude et les préparatifs du départ, 1-12:37.
b. La
délivrance et le voyage jusqu'au pied du Sinaï, 12:38-19.
c. La
loi et les ordonnances, 20-40. Cette dernière partie renferme en outre, 32-34,
l'idolâtrie du veau d'or et les tables rompues.
On ne sait à quelle époque de sa vie Moïse écrivit
l'Exode, mais on peut croire que ce ne fut qu'après l'érection du tabernacle,
et dans l'un ou l'autre des campements tranquilles où, pendant 38 ans, les
Israélites attendirent leur mort.
Le Nouveau Testament fait de fréquentes allusions aux
faits rapportés dans l'Exode; Étienne les résume, Actes 7:17-45, et saint Paul
les rappelle, en développant le sens typique et prophétique, dans l'Épître aux
Hébreux 11:23-30; cf. Galates 3:19; 1 Corinthiens 10, et ailleurs. Le but du
livre de l'Exode est de montrer l'accomplissement des promesses faites à
Abraham, que sa postérité posséderait la terre de Canaan; il montre la fidélité
de Dieu envers les ennemis de son peuple, sa bonté envers les fidèles; il
montre le gouvernement de l'Église et le salut par la foi en Christ, par le
ministère de la loi qui a été donnée aux hommes comme pédagogue, Galates 3:24,
pour les amènera Christ qui est justice à tout croyant, Romains 10:4; il montre
la faiblesse de la chair à faire la volonté de Dieu, même après avoir été
comblée de biens par lui; il dit enfin à l'Église: Sois fidèle, supporte
patiemment les épreuves et les tribulations, obéis à ton maître dans les plus
petites choses, et tu verras le salut luire sur toi, tes ennemis s'évanouir, et
l'Éternel te couvrir de sa gloire et de sa bonté.
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EXORCISTES,
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proprement conjureurs, nom qui était donné à ceux
d'entre les Juifs (ou des autres nations) qui avaient le don de chasser les
démons hors des possédés, soit d'une manière naturelle, par des médicaments et
des parfums, soit par des formules ou par la puissance qui était en eux,
Matthieu 12:27; Marc 9:38; Actes 19:13. Ils étaient extrêmement considérés chez
les Juifs, et plusieurs parcouraient le pays ou les contrées environnantes pour
exorciser; ils faisaient remonter à Salomon leurs livres magiques,
— Voir: Enchanteurs et Possessions.
Les exorcistes
modernes sont des extracteurs de chimères qui prétendent à un ministère de
délivrance de démons ou délires de consciences déréglées. Ils impressionnent
les crédules et les cancres avec leurs fabulations et s’enrichissent sur le dos
des ignorants.
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EXPIATIONS
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(Fête des). Quand on voit la place importante que
l'idée d'expiation tenait dans le culte israélitique et comment toutes ses
parties tendaient à réconcilier l'homme pécheur avec la sainteté de Dieu, on
comprend que la fête des expiations dût en être en quelque sorte le centre, le
cœur; c'était alors que se faisait une expiation générale, pour le peuple, pour
le sacerdoce, et pour le sanctuaire; c'était ainsi la plus solennelle de toutes
les fêtes de l'année, la fête israélitique par excellence; on l'appelait le
jour des expiations, ou même simplement le jour. C'était le seul jour de
l'année où le jeûne fût de rigueur, la mortification de la chair devant
accompagner la pénitence; et tous les travaux étaient interrompus, comme au
jour du sabbat. Elle se célébrait dans le septième mois, le dixième jour de ce
mois, et ce choix était certainement en rapport avec la valeur des nombres 7 et
10, symboles, l'un de l'alliance, l'autre de la perfection. C'était
essentiellement le souverain sacrificateur qui officiait, et il se dépouillait
pour cela de ses vêtements pontificaux pour ne se vêtir que d'une simple
tunique blanche. Il commençait par offrir un veau pour ses propres péchés,
conformément à Lévitique 4:3; avec le sang de ce veau il entrait dans le lieu
très saint, ce qu'il n'avait le droit de faire que ce seul jour-là, et faisait
aspersion par sept fois (encore ici le nombre de l'alliance) sur le
propitiatoire, comme étant tout particulièrement le siège de la sainteté
divine. Puis un bouc ayant été égorgé pour les péchés du peuple, la même
cérémonie se répétait avec son sang, et cette expiation s'appliquait alors au
tabernacle même et à ses ustensiles, qui étaient censés souillés aussi par le
contact des pécheurs. Ensuite avait lieu une autre cérémonie qui a donné
beaucoup à faire aux interprètes. Un bouc tout semblable à celui qu'on avait
immolé, était amené au souverain sacrificateur, qui, posant ses mains sur sa
tête, confessait les péchés du peuple, puis le bouc était emmené au désert. Il
est évident que par l'acte symbolique de l'imposition des mains, le bouc vivant
était censé chargé des péchés du peuple, mais la difficulté gît dans les
versets 8,9,10 et 26; de Lévitique 16, et dans l'interprétation du mot Hazazel.
Plusieurs commentateurs ont cru pouvoir conclure de l'opposition qui existe
entre les deux parties du verset 8, que le mot Hazazel devait désigner un être
personnel (comme Dieu), et pouvait s'appliquer au malin esprit, au Diable;
alors il ne s'agirait pas sans doute d'un sacrifice fait à Satan (idée
complètement anti-biblique), mais le sens serait que, tandis que l'un des boucs
était offert en sacrifice expiatoire à Dieu, l'envoi du bouc vivant, chargé des
péchés dans le désert, représentait que les péchés étaient renvoyés au démon,
leur auteur, car on sait que les déserts étaient censés être l'habitation des
mauvais esprits, (— Voir: Christologie de Hengstenberg, I. 1, 36). Mais quoique
la doctrine de Satan entrât bien certainement dans le cercle des croyances
israélites, elle n'y était cependant pas assez prononcée pour être reproduite
dans le culte; c'est pourquoi il paraît préférable de se joindre à ceux qui
(comme Ewald. Tholuck, Bsæhr), prennent le mot Hazazel, non comme un nom
propre, mais comme la forme Pealpel (avec valeur intensive) du verbe hazal,
éloigner; ils traduisent alors Le Hazeazel pour le complet éloignement,
c'est-à-dire des péchés. Les péchés étaient ainsi censés tout à fait soustraits
aux yeux du Dieu saint, voués à l'oubli, et cette seconde cérémonie était le
complément de l'expiation déjà opérée par le premier bouc; ce qui confirme
cette interprétation, c'est que le sort devait être jeté entre les deux
animaux; ils étaient ainsi censés ne former qu'un seul tout, seulement il en
fallait nécessairement deux pour représenter les deux parties de l'idée: de
même pour les deux passereaux, Lévitique 14. Il faut en outre bien remarquer
que ce qui constituait essentiellement la fête, c'était l'entrée du souverain
sacrificateur dans le lieu très saint avec le sang expiatoire, et c'est sous ce
rapport que l'auteur de l'Épître aux Hébreux, chapitre 9, nous enseigne à la
considérer comme un type de l'œuvre expiatoire de Christ.
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ÉZÉCHIAS
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(la force de Jéhovah),
1. fils
et successeur d'Achaz, régna vingt-neuf ans sur le royaume de Juda (725-696).
Les livres des Bois et des Chroniques et les chapitres qui le concernent dans
le livre d'Ésaïe, nous le présentent comme un prince très pieux et zélé pour la
gloire de Dieu, quoique peut-être un peu enclin à l'orgueil et à la
présomption, et qui s'efforça d'abolir l'idolâtrie dans toute l'étendue de son
royaume, et d'y rétablir le culte du vrai Dieu; mais ce qu'il ne put déraciner
entièrement, c'était l'esprit d'incrédulité, d'immoralité, de propre justice,
qui s'était emparé surtout des classes supérieures. Le succès couronna ses
armes et ses négociations politiques: il humilia les Philistins, 2 Rois 18:8,
et par une alliance avec l'Égypte parvint à s'affranchir de la dépendance dans
laquelle son prédécesseur avait vécu à l'égard de l'Assyrie, 2 Rois 18:7,24.
Mais cette alliance lui fut reprochée par le prophète Ésaïe comme un signe de
défiance envers l'Éternel, Ésaïe 30:1; sq. 36:6, et il en fut bien cruellement
puni, lorsque le roi d'Assyrie Sanchérib, commença par employer une armée qu'il
envoyait en Égypte, à prendre les principales forteresses de la Judée, et lui
imposa un nouveau tribut, pour le paiement duquel Ézéchias dut avoir recours
aux trésors du temple, 2 Rois 18:13; sq. Sanchérib ne fut même pas apaisé par
sa soumission; il est probable qu'il avait au fond l'intention de détruire
entièrement la puissance des rois de Juda, qui pouvaient devenir pour lui des
rivaux dangereux, 2 Rois 18:32, et il vint avec une nombreuse armée mettre le
siège devant la capitale. Ézéchias et son peuple se trouvaient dans le plus
grand danger, mais ils en furent délivrés par une intervention miraculeuse due
aux prières du prophète: un ange destructeur vint exterminer la plus grande
partie de l'armée assyrienne et forcer ainsi Sanchérib à la retraite, 2 Rois
19:35; 2 Chroniques 32:21; Ésaïe 37:36. Il est à remarquer que cette grande
défaite de Sanchérib est aussi mentionnée par Hérodote (2, 141).
2. —
Quelque temps après, Ézéchias fut atteint d'une maladie qui d'abord parut
mortelle, mais dont il fut guéri, Dieu exauçant ses ferventes prières. Pendant
cette maladie, le prophète Ésaïe exerça son ministère auprès de lui. Comme
signe et gage de la guérison qui lui fut promise, l'Éternel permit que l'ombre
de son cadran solaire rétrogradât de dix degrés, 2 Rois 20; Ésaïe 38,;
— Voir: Cadran.
À l'occasion de sa guérison, il reçut les
félicitations des ambassadeurs de Mérodac-Baladan, roi de Babylone; Ésaïe lui
fit comprendre que dans l'empressement avec lequel il fit voir à ces étrangers
ses trésors et les magnificences de son palais, il y avait autant d'orgueil que
d'imprudence,
— Voir: Rochat, Médit, sur Ézéchias.
3. 2
Chroniques 28:12;
— Voir: Hazaria.
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ÉZÉCHIEL
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(la force de Dieu), prophète hébreu, fils du prêtre
Busi. Il fut emmené en exil lors de la première déportation, avec le roi
Jéhojachin et plusieurs autres Juifs de race illustre, et se fixa près du
fleuve Chaboras. Son ministère prophétique commença sept ans avant la destruction
de Jérusalem, et avait surtout pour but, d'un côté, de combattre les fausses
espérances des captifs, en leur enseignant à ne pas s'appuyer sur des secours
humains, de l'autre, de les préserver du désespoir en leur promettant le
secours de Dieu. Suivant la tradition, il périt assassiné par un de ses
compatriotes, et dans le moyen âge on montrait encore son tombeau à quelque
distance de Bagdad, Son livre peut se diviser en trois parties principales:
1. Les
vingt-quatre premiers chapitres contiennent des prophéties contre le royaume de
Juda, promulguées avant la destruction de Jérusalem, et accompagnées d'appels à
la repentance.
2. Les
chapitres 25 à 32 sont des prophéties contre des peuples étrangers.
3. Depuis
le chapitre 33, nous avons de nouveau des prophéties qui ont pour objet le
peuple juif, mais promulguées depuis la destruction de Jérusalem, et dans
lesquelles l'espérance et la consolation dominent. Les neuf derniers chapitres
(40-48) paraissent annoncer, sous l'emblème d'un temple magnifique, décrit dans
tous ses détails, la restauration et l'état glorieux du royaume de Dieu, qui a
commencé après le retour de l'exil, qui s'est davantage encore développé par la
venue du Messie, mais dont le plein accomplissement est sans doute réservé à
l'avenir. En général, ce livre se distingue par une grande abondance d'images,
par un style énergique et fortement coloré, par des expressions hardies, et
souvent extraordinaires, qui le rendent assez difficile à comprendre pour nous,
mais qui étaient bien appropriées au génie des Orientaux et aux circonstances
du temps. Il a des visions plus que des inspirations; il voit la ruine de
Jérusalem, il voit la restauration du temple. Le caractère éminemment poétique
de ces prophéties a fait dire à Herder qu'Ézéchiel était le Shakespeare des
Hébreux. Lamartine l'appelle le poète des vengeances. Il est à remarquer encore
qu'Ézéchiel, dans ses prophéties, s'appuie souvent sur celles que Jérémie
adressait de son côté aux Juifs restés en Judée (Comment, de Hævernick).
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-F
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FARD,
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— Voir: Antimoine.
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FÉLIX,
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Actes 23:24; et 24, onzième gouverneur de la Judée,
reçut ce poste par l'entremise du grand prêtre Jonathan. Il était frère de
Pallas, le favori de l'empereur. Il portait aussi les noms de Claude et
d'Antoine, parce qu'il était affranchi de l'empereur Claude et de sa mère
Antonia. Son gouvernement fut cruel et tyrannique, et lui-même se livra à tous
les vices. Il séduisit Drusille, q.v., fille du roi Hérode-Agrippa, l'épousa du
vivant d'Azizus, son mari, et lui donna un fils. Il eut presque continuellement
à lutter, d'abord contre des brigands, puis contre des assassins de profession,
qu'il ne craignait cependant pas de soudoyer dans l'occasion pour se défaire de
ceux qui lui portaient ombrage; puis contre de faux messies; il dut chercher à
concilier des querelles entre les Syriens et les Juifs, entre les prêtres et
les grands. Sa vie fut agitée, et l'occasion ne lui manqua pas pour trouver la
paix, mais il eût mieux aimé de l'argent. L'apôtre Paul lui avait été envoyé
par le tribun Lysias, et quoique la cause fut très simple à entendre, de l'aveu
même de Lysias qui, dans toutes les accusations élevées, n'en voyait aucune qui
pût entraîner la mort, ni même un emprisonnement, Félix, occupé de ses débauches,
le retint deux ans en prison pour l'amener à se racheter par des présents; il
voulut même que l'apôtre fût traité avec douceur, et qu'on n'empêchât aucun de
ses amis de le servir et de le visiter, sans doute pour que ceux-ci
l'encourageassent à obtenir sa liberté et l'aidassent par leurs dons. Aucun
vice ne manqua à cet homme, cruel, tyrannique, avare, adultère, assassin: mais
telle est aussi la force de l'étincelle divine qui reste dans la conscience,
que même dans une âme comme la sienne le ravage des passions ne pût pas
l'étouffer entièrement, et quand Paul lui parla de jugement et de chasteté,
Félix, effrayé, troublé, refusa de prolonger la conversation et l'ajourna
indéfiniment. Deux ans après, Félix reçut son congé; de retour à Rome, il fut accusé
par les Juifs de Césarée pour crime de concussion, mais absous par Néron, sur
l'intercession de Pallas.
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FEMME.
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La femme fut créée pour être la compagne de l'homme,
Figurativement, la
création de la femme est le réveil de l’homme à la vie de sa nature humaine.
— Voir: Adam,
— Voir: Ève,
quoiqu'avec une infériorité légale et de fait. Les
patriarches pieux la respectèrent plus que ne firent, et que ne font encore
tous les Orientaux, quoiqu'ils se considérassent bien comme les chefs de la
famille. Les femmes avaient chez eux un appartement séparé dans leurs tentes
nomades, Genèse 24:67; 31:33, mais étaient à la tête des travaux domestiques,
et pouvaient ainsi être vues et abordées par les étrangers, Genèse 20:2; cf.
Juges 4:17; les jeunes tilles gardaient les troupeaux, Genèse 29:9; Exode 2:16;
1 Samuel 9:11. Les femmes d'un rang moins élevé ne furent même pas longtemps
officiellement séparées de la compagnie des hommes, 1 Samuel 9:11; Exode 21:22;
Deutéronome 25:11; Ruth 2:5; 2 Samuel 19:5; 20:16; Matthieu 9:20; 12:46; 26:7;
Luc 10:38; Jean 4:7. Il paraît même, d'après Deutéronome 21:11, qu'elles
suivaient quelquefois à la guerre leurs parents ou leurs maris. Cependant la règle
générale resta toujours la convenance pour les femmes mariées ou non mariées,
de rester chez elles autant que possible, et les nombreuses femmes de Salomon
formèrent certainement un harem bien gardé, comme celles de Jéhojachin, dont la
surveillance avait été confiée à des eunuques, 1 Rois 11:3; 2 Rois 24:15; cf.
Esther 2:3,11. Mais on les voit aussi paraître en public, 1 Rois 14:4; 2 Samuel
6:20; elles prennent part aux fêtes nationales, 1 Samuel 18:6; Juges 16:27, et
à certaines réjouissances de famille, alors même qu'il s'y trouve des
étrangers, Matthieu 14:6.
Leurs occupations principales étaient dans l'intérieur
de la maison; elles travaillaient à la couture, à la broderie, et même à la
pâtisserie, 1 Samuel 2:19; 2 Samuel 13:8; Proverbes 31:13; elles s'occupaient
quelquefois aussi de commerce, Proverbes 31:24.
Leurs devoirs, dans la législation mosaïque, se
réduisaient à la plus entière obéissance à leurs maris; elles en dépendaient au
point que si l'une faisait un vœu, de quelque nature qu'il fût, elle ne pouvait
être tenue de le remplir si son mari s'y opposait le même jour. On peut voir, 1
Corinthiens 7, les devoirs que l'apôtre leur impose à l'égard de leurs maris;
elles doivent leur être soumises comme à Christ, Éphésiens 5:22. Il leur est
défendu de parler ou d'enseigner dans l'église, et d'y paraître sans voile et
la tête découverte, 1 Corinthiens 11:5; 14:34. Enfin la modestie leur est
recommandée, et l'éloignement des frisures, des ornements superflus, et des
habits somptueux, Tite 2:4-5; 1 Pierre 3:1,3.
— Pour le passage 1 Timothée 2:15.
— Voir: Ève.
— (La Femme, serm. par Ad. Monod).
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FENÊTRES.
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Elles ne fermaient pas avec des vitres chez les
Hébreux, ni chez les Orientaux en général, à cause de la chaleur du climat,
mais avec de simples treillis ou jalousies, Cantique 2:9; Ézéchiel 41:16, que
l'on pouvait ouvrir en partie et même entièrement. Elles garantissaient des
rayons du soleil et laissaient pénétrer l'air du dehors, mais aussi les
insectes, Joël 2:9. On pouvait voir parfaitement tout ce qui se passait à la
rue, Juges 5:28; 2 Samuel 6:16; Proverbes 7:6; 2 Rois 9:30. Les fenêtres des
maisons orientales s'ouvrent maintenant presque toutes sur la cour pour éviter
la poussière, ce qui donne aux rues un aspect en général assez triste. Les
fenêtres, fort grandes, descendaient jusqu'au plancher, et c'est p?r une
fenêtre de ce genre, ouverte, qu'Eutyche se précipita dans la rue, Actes 20:9,
comme probablement aussi le roi Achazia, 2 Rois 1:2, cf. encore Josué 2:15; 1
Samuel 19:12.
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FER,
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métal bien connu, et mentionné fréquemment dans
l'Écriture depuis Genèse 4:22, où il apparaît pour la première fois, et d'où
l'on doit conclure que sa mise en œuvre était connue fort anciennement. Moïse
cependant ne s'en servit ni dans la construction du tabernacle au désert, ni
dans l'érection de l'autel de pierres, Deutéronome 27:5, et Salomon n'en mit
dans aucune partie du temple de Jérusalem. Moïse parle du fer comme étant déjà
connu en Égypte de son temps, il vante la grande dureté de ce métal, Lévitique
26:19; Deutéronome 28:23,48, parle de mines de fer, Deutéronome 8:9, et du lit
de fer du roi Hog de Basan, 3:11. L'Égypte est dite, 4:20, avoir été un
fourneau de fer pour les Israélites pendant leur servitude. Ce métal était
employé à la confection d'épées, Nombres 33:16, de couteaux, de haches,
Deutéronome 19:5, et d'instruments à tailler la pierre, 27:5; même à la
construction des chariots, q.v.
Un joug de fer, Deutéronome 28:48, un ciel de fer,
Lévitique 26:19, un sceptre de fer, Psaumes 2:9, Apocalypse 2:27; 12:5, un nerf
de fer, Ésaïe 48:4, un homme solide comme une colonne de fer, Jérémie 1:18,
sont des images qui se comprennent parfaitement, et le faux prophète Tsidkija
se fit des cornes de fer, comme emblème de la victoire qu'Achab devait, selon
lui, remporter sur les Syriens.
Le fer du Nord dont il est parlé, Jérémie 15:12, à
côté de l'acier, est probablement le fer célèbre qui venait des forges des
Chalybes, sur les bords du Pont-Euxin, au nord de la Palestine.
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FESTINS.
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Ils étaient en général associés au culte, et comme
l'accompagnement obligé des sacrifices volontaires par lesquels les solennités
religieuses étaient célébrées: les pauvres, les esclaves elles étrangers
étaient invités à y prendre part, Deutéronome 12:12; 16:11; 1 Samuel 9:13;
16:3; 1 Rois 1,9; 3:15; Sophonie 1:7. On en faisait aussi pour solenniser les
alliances, les réjouissances de famille, noces, jours de naissance, etc.,
Genèse 31:54; 21:8; 29:22; 40:20; Juges 14:10; Jean 2:1; Job 1:4; Matthieu
14:6; Osée 7:5, au départ et au retour de personnes aimées ou honorées, Genèse
26:30; 31:27; 2 Samuel 3:20; 2 Rois 6:23; Luc 5:29; 15:23, et en beaucoup
d'autres circonstances, lorsque la joie ou tout autre sentiment un peu vif
remplissait le cœur, 2 Samuel 13:23; 1 Samuel 25:2,36; 2 Samuel 3:35; Juges
9:27; Osée 9:4,
— Voir: Repas.
Ils avaient lieu généralement le soir. On faisait
inviter et quelquefois chercher les conviés par un esclave, Proverbes 9:3;
Matthieu 22:3, on les embrassait à leur arrivée et on leur lavait les pieds,
Luc 7:44-45, on leur oignait les cheveux et la barbe, quelquefois les habits et
les pieds avec une huile odoriférante, Luc 7:38; Jean 12:3; Psaumes 23:5; Amos
6:6, et on ornait leur tête de guirlandes, Ésaïe 28:1. Des places leur étaient
désignées conformément à leur rang, 1 Samuel 9:22; Luc 14:8; Marc 12:39. Ils
recevaient ordinairement des portions égales qui leur étaient servies par le
maître de la maison, 1 Samuel 1:4; 2 Samuel 6:19; 1 Chroniques 16:3, et qui
étaient certainement suffisantes, ce qui rendait absolument honorifique la
distinction qui accordait à certaines personnes des portions doubles, triples,
et même quintuples, Genèse 43:34; 1 Samuel 9:24. L'architrichlin ou ordonnateur
du repas, Jean 2:8, était presque toujours un ami de la maison. Un festin
pouvait se distinguer, soit par le nombre des personnes invitées, Genèse 29:22;
1 Samuel 9:22; 1 Rois 1:9,25; Luc 14:16; 5:29, soit par la richesse de la
vaisselle, Esther 1:7, soit par le grand nombre et la qualité des mets, Genèse
27:9; Ésaïe 25:6; Psaumes 23:5; Job 36:16; Amos 6:4. Les anciens festins
duraient beaucoup plus que les nôtres, on s'y occupait d'affaires sérieuses, et
un édit royal fut conclu à la table d'un roi de Perse, Esther 1:15; 7:9. La
musique, la danse, les jeux de mots et des énigmes, animaient le cœur et
l'esprit des convives, Ésaïe 5:12; Amos 6:5; Psaumes 69:13; Matthieu 14:6;
Juges 14:12. On brûlait des parfums au moment du départ.
— Les femmes des grands avaient leurs festins dans des
appartements séparés, et n'assistaient pas à ceux de leurs maris lorsqu'il s'y
trouvait beaucoup d'étrangers réunis, Esther 1:9; mais dans les maisons
bourgeoises des Juifs cette différence n'existait pas.
Il était interdit aux Israélites d'assister aux repas
des païens offerts à la suite de leurs sacrifices, Exode 34:15, soit parce
qu'on eût pu considérer leur présence comme une participation à l'idolâtrie,
soit parce qu'ils eussent été dans le cas de manger, sans le savoir peut-être,
des viandes sacrifiées aux idoles, cf. 1 Corinthiens 10:28.
Des repas plus libres, vraies débauches dans le manger
et le boire, et par le flux de paroles vaines et déshonnêtes, avaient lieu du
temps des apôtres, entre les jeunes gens des villes païennes, et sont interdits
aux chrétiens, Romains 13:13; Galates 5:21; 1 Pierre 4:3; ils étaient suivis de
courses folles au travers des rues, et de tapage nocturne. Les chrétiens les
avaient remplacés par des agapes ou repas de charité, dans lesquels les frères
se réunissaient sous les yeux de leur Maître et Sauveur, pour célébrer ensemble
son amour, et les sentiments d'une amitié pure et sans hypocrisie qui devaient
les animer les uns à l'égard des autres, Jude 12; 1 Corinthiens 11:21, etc.
— Festins des sacrifices. Toute l'antiquité païenne a
connu l'usage d'offrir, à l'issue de certains sacrifices, un festin composé des
viandes qui n'avaient point été consumées sur l'autel. Cette coutume, fondée
sur la nature même de quelques-uns de ces sacrifices destinés à célébrer la
joie et la reconnaissance, était favorisée ou facilitée par les nombreux restes
des victimes: et peut-être que Moïse, en consacrant et en réglant cette
coutume, a été dirigé, comme pour tant d'autres détails de la constitution
hébraïque, par le double désir d'associer l'idée de joie à l'idée d'obéissance,
et de faire participer les pauvres aux libéralités du riche; Deutéronome 12:6;
cf. 1 Samuel 9:19; 16:3,8; 2 Samuel 6:19 (Tobie 1:12). Chez les Hébreux, ce
n'étaient que les sacrifices individuels qui pouvaient être suivis de festins
religieux, parce qu'alors, sauf la poitrine et l'épaule droite qui revenaient
de droit au prêtre officiant, toute la viande de la victime était rendue à
celui qui l'avait offerte, Deutéronome 27:7; mais il fallait qu'elle fût
entièrement consommée le jour même et le jour suivant, Lévitique 7:17; de là
aussi l'obligation d'inviter, surtout s'il s'agissait d'une grosse pièce de
bétail, tous les membres de la famille, et souvent encore quelques convives de
plus; les lévites sont particulièrement recommandés, Deutéronome 12:12, ainsi
que les étrangers, les veuves, et les orphelins, Deutéronome 16:11. Les
domestiques, comme faisant partie intégrante de la famille ancienne, ne sont
pas mentionnés à part.
Des repas avaient encore lieu à l'époque de certaines
fêtes publiques, Deutéronome 16:11; sq., et notamment le festin des dîmes, q.v.
Chez les païens, c'était tantôt dans les temples,
tantôt dans des maisons particulières, que se célébraient les festins des
sacrifices, 1 Corinthiens 8:10. Nous en trouvons un exemple, Nombres 25:2. Y
participer était regardé de la part des Israélites comme une participation à
l'idolâtrie, Psaumes 106:28 (Tobie 1:12); 1 Corinthiens 10:20; Apocalypse 2:14,
et les apôtres les avaient sévèrement interdits aux chrétiens, Actes 15:29;
21:25; 1 Corinthiens 8:1. Cependant ils n'y attachaient pas l'idée d'une
souillure se communiquant d'une manière sacramentelle, ex opere operato; ce
n'étaient pas les viandes qui souillaient, mais la sympathie ou l'adhésion
tacite à des cérémonies païennes: aussi, lorsque des victimes avaient été
offertes aux idoles, il arrivait souvent que les pauvres (et les avares,
Théophr. Caract 10) en revendaient une partie au boucher pour s'indemniser de
leurs frais, ou diminuer la grandeur de leur sacrifice. Dans ce cas, ces
viandes rentraient en quelque sorte dans le droit commun, et saint Paul permet
aux chrétiens d'en acheter et d'en manger, sans s'en inquiéter pour la
conscience, 1 Corinthiens 10:25. Ce n'était plus de la viande des sacrifices,
c'était de la viande de boucherie.
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FESTUS,
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(Festus Porcius, le
porc infesté), affranchi, douzième
procurateur de la Judée, succéda à Félix, Actes 24:27, dans la première année
de Néron (61 ou 62 avant J.-C.). Comme son prédécesseur, il voulut plaire aux
Juifs, et ne sut rien faire mieux que de persécuter l'Évangile en laissant Paul
en prison. Trois jours après son arrivée à Césarée, cet affranchi monta à
Jérusalem, et donna audience au souverain sacrificateur et aux premiers d'entre
les Juifs, qui lui demandèrent de laisser venir Paul à Jérusalem, car ils se
proposaient de le faire assassiner en chemin. Festus refusa de pousser la
condescendance jusque-là, et de retour chez lui, il se fit présenter l'apôtre
pour l'interroger, mais sans résultat. Quelques jours après, Agrippa II et
Bérénice sa sœur et concubine, étant venus le voir, il profita de l'occasion
pour interroger Paul une seconde fois et le faire voir et entendre à ses
augustes visiteurs. L'apôtre se défendit lui-même et témoigna plus de déférence
au roi qu'au procurateur, qui l'interrompit avec toute la froideur d'un homme
d'État en lui disant: «Ton grand savoir te met hors de sens», parce qu'il avait
parlé des glorieuses souffrances de Christ et de sa résurrection. La séance fut
bientôt levée, et Paul eût apparemment été relâché s'il n'en eût appelé à
l'empereur. Festus eut, comme son prédécesseur, à lutter contre les voleurs et
les brigands, et contre un certain magicien qui attirait le peuple dans le
désert. II mourut bientôt après, laissant une réputation d'injustice et de
nullité, et fut remplacé par Albinus, l'an 62 ou 63.
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FÊTES.
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Les Israélites avaient quatre fêles principales,
énumérées Lévitique 23: celles de Pâques, de la Pentecôte, des Expiations et
des Tabernacles,
— Voir: les art, spéciaux.
Ces fêtes qui réunissaient tous les Israélites mâles
auprès du tabernacle, Exode 23:17, devaient contribuer à resserrer leurs liens,
et à vivifier l'amour de la patrie; mais ce serait une grande erreur de ne voir
dans leur institution qu'un but politique; elles avaient au contraire un
caractère essentiellement religieux, comme nous pourrions déjà le conclure en
voyant que le nombre 7, symbole de l'alliance, leur servait de base et de
régulateur. Il est à remarquer qu'elles se rattachaient à la fois à des faits
historiques et aux principales récoltes de l'année, et comme telles elles
étaient un hommage rendu par les Israélites au Dieu qui les conservait et les
bénissait, tant par les bienfaits de la nature que par les dispensations de sa
Providence; elles devaient être, en conséquence, des temps de reconnaissance et
de joie; de là leur nom général, en hébreu chaggim, qui signifie réjouissances,
et la presque synonymie, même en français, des mots de fête et de
réjouissances. Chacune de ces fêtes consistait essentiellement en sacrifices
dont le rite était exactement prescrit; certains jours de la fête étaient même
comme le sabbat, distingués par une complète cessation des travaux de la vie
ordinaire.
— Aux solennités instituées par Moïse les Juifs
ajoutèrent, après l'exil, les fêtes de Purim et de la Dédicace.
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FEU.
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Il était défendu aux Israélites d'allumer aucun feu
dans leurs maisons le jour du sabbat, Exode 35:3, pour aucun des besoins du
ménage, four, cuisine, etc, quoiqu'il soit permis de croire que la même défense
ne s'étendît pas jusqu'au besoin de se préserver du froid dans la saison plus
rigoureuse.
— Un feu éternel devait brûler sur l'autel des
holocaustes, Lévitique 6:13, institution symbolique destinée à rappeler le feu
dont doivent brûler pour le service du Très-Haut les cœurs de ses vrais
adorateurs, destiné à rappeler aussi le sacrifice perpétuel qui devait être
offert en expiation jusqu'au jour où la grande Victime aurait été offerte une
fois pour toutes. L'antiquité païenne a connu ce symbole; on se rappelle le feu
de Vesta, et l'église romaine l'a conservé dans ses lampes éternelles.
— Si quelqu'un, dans un but ou dans un autre, avait
allumé du feu dans un champ, peut-être pour le purifier, en brûlant les
mauvaises herbes, et que le feu s'étendît hors du champ et eût consumé le blé
d'un champ voisin, celui qui avait fait le feu était responsable du dommage,
Exode 22:6.
— Outre ces détails qui nous sont fournis par la loi
mosaïque, il est question du feu dans un certain nombre de passages, soit en
parlant de Dieu qui est appelé un feu consumant, Deutéronome 4:24, soit en
parlant des messagers de Dieu qui sont comparés à des flammes de feu, Psaumes
104:4, soit enfin en parlant des peines de l'enfer, Matthieu 25:41.
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FÈVES
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(fava rotunda oblonga), légume bien connu, qui, étant
frais et rôti convenablement, était une nourriture assez recherchée, surtout
des pauvres, et qui était cultivé avec succès en Palestine, 2 Samuel 17:28. On
en faisait même du pain en mêlant la farine au froment et à d'autres céréales,
Ézéchiel 4,9. Pline, 18:30, élève la fève au-dessus de tous les autres légumes
à cause de cette propriété. L'usage de la fève portant au sommeil, il était
défendu au souverain sacrificateur d'en manger le jour de la fête des Expiations,
au dire de quelques rabbins.
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FIANÇAILLES,
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— Voir: Mariage.
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FIEL.
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Le fiel, puissant digestif, mélangé avec le vin
passait pour activer l'action de celui-ci, et pour le rendre très
particulièrement enivrant, de sorte qu'il exposait promptement à la risée
générale celui qui avait bu de ce mélange, en même temps qu'il amortissait chez
lui le sentiment de la douleur. C'est dans ce dernier sens qu'on peut
comprendre l'usage qui fut fait du fiel dans la boisson présentée à notre
Seigneur sur la croix, Matthieu 27:34; cf. Psaumes 69:21; Jérémie 8:14; 9:15;
Lamentations 3:19. Dans la plupart des cas, c'est par ce mot qu'on a traduit
l'hébreu rosch qui signifie poison en général,
— Voir: Poison;
le fiel serait plutôt désigné par le mot merérah, Job
16:13; ou merorah, 20:14,25.
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FIENTE
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de pigeon, 2 Rois 6:25,
— Voir: Colombe.
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FIÈVRE,
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— Voir: Maladies.
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FIGUIER,
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hébreu teénah, Genèse 3:7, et ailleurs, Matthieu 7:16,
etc. Arbre et fruit fort commun en Palestine, et suffisamment connu chez nous;
le ficus carica de Linnée. Les Hébreux l'estimaient comme une des plus riches
productions de leur sol, Proverbes 27:18; Cantique 2:13; Nombres 13:24;
Deutéronome 8:8; Jérémie 5:17; 8:13; Osée 2:12; Joël 1:12; Aggée 2:19; Zacharie
3:10; Jean 1:48,50, etc. Son tronc fort et noueux, ses branches qui s'étendent
au large, ses feuilles à cinq lobes, d'un vert foncé à la face supérieure, vert
clair et soyeux à la face inférieure, donnent un ombrage agréable et
rafraîchissant sous lequel on aime à se reposer, 1 Rois 4:25, et dont les
prophètes ont souvent tiré l'image du repos éternel promis aux saints de
Jéhovah, comme la promesse d'une prospérité temporelle, Michée 4:4. Zacharie
3:10. Ses fleurs sont recouvertes d'une enveloppe charnue, ce qui a fait douter
les anciens de la floraison de cet arbre; elles paraissent avant les feuilles,
et mûrissent avant elles, en Palestine vers la mi-mars. C'est ainsi qu'on doit
s'expliquer peut-être l'étonnement de Jésus de ne pas trouver de figues sur un
figuier déjà couvert de feuilles, Matthieu 21:19; mais,
— Voir: plus bas.
Les fleurs ne sont cependant pas toutes
hermaphrodites, et il n'y a que les fleurs femelles qui portent des fruits,
lorsqu'elles ont été comme fécondées par un moucheron (cynips psenes) qui,
après avoir déposé ses œufs dans les fleurs mâles du figuier sauvage
(caprificus), s'envole, lui ou les moucherons nouvellement éclos, et se dirige
couvert de pollen vers les fleurs femelles qu'il féconde par ses piqûres et
amène à maturité, fructification artificielle connue sous le nom de
caprification; des jardiniers habiles favorisent le travail de ces jardiniers
moucherons, et s'occupent à les diriger dans leurs opérations. Les figuiers
croissent avantageusement au bord des chemins et des grandes routes, dont la
poussière paraît hâter leur maturité et augmenter leur fertilité.
Les figues étaient un aliment sain et fort abondant, 1
Samuel 25:18; 30:12; Jérémie 24:2; les anciens en connaissaient trois espèces:
1. Les
figues hâtives, Jérémie 24:2; cf. Ésaïe 28:4; Osée 9:10 (bikkourah), mûrissant
après un hiver peu rigoureux vers la fin de juin, et à Jérusalem peut-être plus
tôt; elles passaient pour très rafraîchissantes.
2. Les
figues d'été, mois d'août: on les séchait ordinairement pour les conserver ou
pour les mettre dans le commerce et en faire des envois; c'est par masses
compactes ayant la forme de gâteaux qu'on les apprêtait pour les expéditions, 1
Samuel 25:18; 30:12; 2 Rois 20:7; Ésaïe 38:2).
3. Les
figues d'hiver qui mûrissent tard, lorsque les feuilles sont déjà tombées, et
persistent sur l'arbre jusqu'au printemps, lorsque l'hiver est doux; elles sont
plus longues que les figues d'été, et ont une couleur foncée tirant sur le
violet.
— On voit par là que le figuier porte des fruits
pendant une grande partie de l'année, surtout dans les climats tempérés,
cependant il demande beaucoup de soins pour réussir convenablement, Proverbes
27:18; cf. Luc 13:7.
Les vertus médicinales de la figue étaient connues
fort anciennement, surtout pour la guérison des abcès, des ulcères, et de
quelques maladies de la gorge, esquinancies, etc., 2 Rois 20:7; Ésaïe 38:21.
Amos 7:14, il est dit que le prophète, simple homme
des champs, s'occupait à piquer (non pas à cueillir) des figues sauvages
(shikemim);
— Voir: Sycomore.
Genèse 3:7. Les feuilles de figuier dont Adam et Ève
se firent des ceintures en les cousant ensemble, étaient, à ce qu'on pense, des
feuilles du figuier appelé par Linnée musa paradisiaca, beaucoup plus larges,
et d'une longueur prodigieuse: on s'en sert encore dans quelques pays pour des
usages semblables, et il y a des sauvages qui couvrent leurs huttes de ces
feuilles, s'en font à eux-mêmes des couvertures, ou en enveloppent leurs
cadavres.
— D'autres ont voulu y voir le bananier.
Matthieu 21:19; Marc 11:13. Histoire du figuier
stérile. Pourquoi est-ce que Jésus le maudit, puisque ce n'était pas la saison
des figues? Pour tout autre arbre que celui dont il s'agit, la réponse serait
difficile; mais pour le figuier qui doit porter, comme nous l'avons dit, des
fruits presque toute l'année, soit hâtives, soit tardives, on comprend que
Jésus ait dû s'étonner de n'en trouver aucune, lorsque du reste l'arbre, bien
garni de feuilles, paraissait fort et vigoureux. Il eût pu arriver cependant
que l'arbre eût été dépouillé de ses fruits, si c'eût été la saison en laquelle
on les cueille ordinairement, mais ce n'était pas le cas: le Seigneur considère
donc cet arbre comme jetant toute sa sève et sa force dans un extérieur
inutile, et il le retranche, voulant signifier par là qu'il en ferait de même
de tous ceux chez qui, cherchant les fruits de la vraie repentance, il ne les
trouverait pas.
— En tout cas, le passage offre quelques difficultés
qu'on ne peut lever entièrement. -
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FILS, Filles.
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Dans l’Hébreu, le
mot fils ou «ben» peut se traduire aussi par «constructeur». Lorsque la Bible
parle des fils de Dieu ou «bena ellohiym», l’expression signifie ainsi «les
constructeurs puissants», ce qui donne une réponse aux mégalythes que nous
retrouvons un peu partout sur la terre.
C'était un honneur aux femmes hébraïques, comme aux
Orientales, d'avoir des enfants, Genèse 24:60; Psaumes 113:9; 128:3,6; la
stérilité était considérée comme un malheur et comme une dure punition du ciel,
1 Samuel 1:6; Genèse 16:2; 30:1,23; Ésaïe 47:9; 49:21; Luc 1:23; les femmes
stériles étaient même un objet d'opprobre, Job 24:21. Partout, en Orientales
enfants étaient une richesse (cf. Esther 5:11), et une postérité nombreuse,
surtout des fils capables de continuer et la race et le nom, étaient considérés
comme une bénédiction d'en haut, Psaumes 127 et 128, Ecclésiaste 6:3. Aussitôt
après leur naissance (à laquelle avait présidé une sage-femme, Genèse 38:28.
Exode 1:15, quoique pas toujours, verset 19), les enfants des Hébreux étaient
baignés dans de l'eau, Ézéchiel 16:4, puis frottés de sel et entourés de
langes, cf. Job 38:9. Au bout de huit jours ils étaient circoncis, et on leur
donnait un nom, ordinairement en rapport avec une des circonstances qui avaient
accompagné ou précédé leur naissance. L'allaitement était l'affaire de la mère,
1 Samuel 1:23; 1 Rois 3:21; comme chez les Grecs, les femmes du plus haut rang
n'avaient garde de négliger ce devoir de nature (Iliad. 22, 83), et ce n'était
que dans les palais des rois, ou bien lorsque la santé de la mère ne le
permettait pas, que des nourrices entraient dans la famille, où elles
jouissaient, dès ce moment, d'une grande considération, Genèse 24:59; 35:8 (cf.
Virgile Æneid. 7:1. Odyss. 1, 428). Le sevrage avait lieu ordinairement vers
l'âge de trois ans, 2 Maccabées 7:27; Genèse 21:8; Exode 2:9-10; on
l'accompagnait d'une offrande, 1 Samuel 1:24, et d'un repas de réjouissances,
Genèse 21:8. Pendant les premières années, les fils et les filles recevaient
une éducation commune sous les yeux de leur mère, cf. Proverbes 31:1; mais
lorsque les premiers avaient atteint un certain âge, ils étaient remis, surtout
dans les familles un peu aisées, à des précepteurs, 2 Rois 10:1,5
(nourriciers), Esther 2:7; 1 Chroniques 27:32, qui étaient ordinairement des
esclaves instruits, mais sur les fonctions desquels nous n'avons pas de plus
amples détails;
— Voir: Enseignement.
Dans les familles moins riches, ou peut-être moins
occupées, le père faisait lui-même l'éducation de ses enfants, Proverbes 1:8;
4:3-4; cf. Deutéronome 6:7; 11:19; Psaumes 78:5.
— Les filles restaient jusqu'à leur mariage sous les
yeux de leur mère et vivaient en général assez retirées. L'autorité des parents
sur leurs enfants, principalement celle des pères, était presque illimitée;
cependant elle ne s'étendait pas au droit de vie et de mort, et lorsqu'un père,
désespérant de corriger un enfant vicieux voulait le faire périr, il devait
suivre une action juridique, le faire accuser par sa mère, obtenir une sentence
du tribunal, et trouver des voisins qui consentissent à servir de bourreaux,
Deutéronome 21:18-21, autant de formalités qui restreignaient de fait les
droits du père à cet égard, et prévenaient de terribles infanticides.
Les enfants n'étaient pas enveloppés dans les
sentences prononcées contre leurs parents, Deutéronome 24:16; cf. 2 Rois 14:6,
à l'exception des condamnations pour dettes qui pouvaient entraîner pour eux la
perte de la liberté au profit du créancier, chez les Juifs comme chez les Grecs
et les Romains, 2 Rois 4:1; Ésaïe 50:1; Néhémie 5:5; Matthieu 18:25. Lorsqu'une
fille avait été vendue comme esclave, c'était sans retour, elle ne pouvait
recouvrer sa liberté, Exode 21:7, parce que sans doute le législateur pensait
qu'elle ne tarderait pas à devenir l'épouse ou la concubine de son maître ou de
son fils;
— Voir: Esclaves.
Les fils héritaient à l'exclusion des Ailes, ce qui
doit toujours avoir lieu dans une législation qui autorise la polygamie, mais,
lorsqu'il n'y avait pas de fils, les filles étaient admises à hériter, à
condition qu'elles se mariassent dans leur tribu pour ne pas y rendre des
étrangers propriétaires du sol, Nombres 26, et 36. Le fils premier-né avait une
double portion, et était probablement chargé d'entretenir et de protéger ses
sœurs: en tout cas, il paraît que son consentement était nécessaire à leur
mariage, même du vivant du père, Genèse 24:50; cf. 34:13-17.
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FLÈCHE,
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— Voir: Arc et Divination.
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FLEUVE.
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Ce nom se donne quelquefois sans autre désignation à
l'Euphrate, q.v., au Jourdain, au Nil, et même à la mer, Jonas 2:4; Habacuc
3:8-9; cf. Psaumes 24:2; 74:15; Hérodote 1, 7. Le Jourdain, l'Arnon, le Jabbok,
le Kérith, le Sorek, le Kison, le Bézor, le Cédron, sont les principaux
fleuves, rivières ou torrents mentionnés dans l'Écriture; il en sera parlé aux
articles spéciaux, comme de plusieurs autres qui, presque tous, ont pris le nom
de la ville voisine la plus importante. Quelques interprètes ont voulu voir
dans Ésaïe 57:6, une trace d'un culte des fleuves qui aurait existé parmi des
Juifs idolâtres, mais le vrai sens du passage est: «Les parties désertes, nues
et rocailleuses des vallées sont ton lot.»
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FLÛTE,
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— Voir: Musique.
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FOIN.
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Les passages. Proverbes 27:25; Amos 7:1, montrent que
les anciens Hébreux n'employaient pas seulement pour fourrage l'herbe verte et
sur pied, mais encore l'herbe séchée: le foin servait aussi de combustible,
Matthieu 6:30; Luc 12:28.
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FONTAINES.
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Il y en avait de deux espèces chez les Hébreux: les
puits ou réservoirs dont nous avons parlé à l'article Citerne, q.v., et les
sources proprement dites. Ces dernières étaient naturellement bien plus
estimées, Jérémie 2:13; Lévitique 14:5; 15:13; Nombres 19:17. Les plus célèbres
sont celles de Siloé, de Guihon, de Roguel, de Hen-Guédi; on trouve encore
nommées celles de Hen-Sémès, Hen-Guaddim, Hen-Héglajim, etc. (Hen signifie
source).
— La fontaine d'eaux vives mentionnée (apparemment
comme figure), Cantique 4:15, se trouverait encore, et fort abondante, au dire
de quelques voyageurs, à une lieue de Tyr, dans la plaine. Elle est bâtie en
forme de tour carrée, dit Calmet, et haute de 15 coudées; les eaux en sortent
par quelques ouvertures avec tant d'impétuosité qu'elles font tourner, en
sortant de là, un moulin à cinq meules.
— La pureté et la chasteté de l'épouse est comparée à
une source close, à une fontaine cachetée, Cantique 4:12, et l'on a voulu
s'évertuer à savoir où était située cette fontaine; on l'a mise à une lieue de
Bethléhem. C'est pousser le positivisme un peu loin.
— Enfin l'on montre encore dans la tribu de Dan, près
du lieu nommé Lechi, la source qui jaillit d'une des dents de la mâchoire
trouvée par Samson.
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FORÊTS.
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Les plus remarquables et les plus fameuses étaient
celtes du Liban, 1 Rois 5:14, d'Éphraïm, Josué 17:15; 1 Samuel 14:25; 2 Samuel
18:6, de Hérets dans la tribu de Juda, 1 Samuel 22:5, touchant à la partie sud
de la précédente; de B?san, composée de chênes, Zacharie 11:2, de Béthel, qui
faisait peut-être partie de celle d'Éphraïm, 2 Rois 2:24; cf. verset 23, de
Tsahanajim, Juges 4:11. Les sommets du Carmel et du Thabor, de même que les
rives du Jourdain, dans toute leur étendue, étaient également riches en arbres
de diverses espèces. Toutefois, si les forêts de la Palestine étaient
considérables lorsque les Hébreux vinrent s'y établir, elles ne tardèrent pas à
diminuer, soit à cause de la nombreuse population qui venait y puiser
constamment, soit à cause des défrichements que nécessita la culture des
terres: le fumier et le foin remplacèrent en partie le bois comme combustible.
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FORTIFICATIONS, Forteresses.
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Dans l'antiquité, comme en général chez tous les
peuples peu ou point civilisés, chaque ville était une espèce de forteresse,
ville close, enclos muré, abri contre les coups de main des brigands, ou de
peuplades ennemies. La même chose avait lieu chez les Hébreux, à l'époque
première de leur établissement en Canaan. Cependant ils ne tardèrent pas à
comprendre la nécessité de se retrancher d'une manière peut-être moins
générale, mais plus solide et plus régulière; aussi eurent-ils leurs villes
fortes déjà avant l'exil, situées dans des positions avantageuses,
particulièrement sur les frontières de leur pays, Rama, Guebah, Mitspa,
Beth-Horon, Tadmor et d'autres, 1 Rois 15:17,22; 2 Chroniques 8:4-5; 14:6, etc.
Puis au retour de l'exil, les villes fortes acquirent une plus grande
importance encore, et furent distinguées avec soin des villages ou des villes
non fortifiées,
— Voir: 1 Maccabées 4:61; 12:35, etc.
Les fortifications étaient elles mêmes entourées de
fort près d'une ou deux murailles, 2 Chroniques 32:5, quelquefois fort
épaisses, garnies de créneaux, de parapets et de tours, et fermées par des
portes très solides (doublées de fer à Babylone, Ésaïe 45:2), retenues par des
verrous énormes également de fer, 1 Rois 4:13.
— Sophonie 1:16; Ésaïe 54:12; Jérémie 51, 58:12;
Ézéchiel 26:2; 27:11; 2 Chroniques 26:15; 14:7; 32:5. Au-dessus des portes se
trouvait une petite tour avec une chambre d'observation, 2 Samuel 13:34;
18:24,33; 2 Rois 9:17; 2 Chroniques 26:9; cf. 14:7. (C'est dans une de ces
chambres que le roi David, ayant appris la mort d'Absalon, monta pour pleurer
ce fils dont la lin l'affligeait autant qu'avait fait sa vie). Autour de cette
muraille était un petit mur (hhel) ou selon d'autres, mais moins probablement,
un fossé, 2 Samuel 20:15; 1 Rois 21:23; Ésaïe 26:1; Nahum 3:8.
— Il y avait encore en rase campagne de petits forts,
et des guérites d'observation, 2 Rois 18:8; 2 Rois 25:4, et des citadelles dans
les villes comme dernier refuge, Juges 9:51. La place la plus forte de la
Palestine de tout temps a été Jérusalem.
Avant de mettre le siège devant une ville, les Hébreux
devaient lui offrir de capituler, Deutéronome 20:10; cf. 2 Rois 18:17; puis ils
disposaient leurs lignes de circon-vallation, Ecclésiaste 9:14; 2 Rois 25:1;
Jérémie 52:4; Ézéchiel 4:2; 17:17, et s'occupaient de dresser une terrasse
d'attaque, 2 Samuel 20:15; 2 Rois 19:32; Ésaïe 37:33; Jérémie 6:6; Ézéchiel
4:2; 17:17; 26:8. On mettait alors en œuvre les instruments de siège, béliers
et autres machines, avec lesquels on battait en brèche la muraille ennemie.
Ézéchiel 26:9; 21:27. Le travail des mines souterraines ne fut connu que plus
tard, Les assiégés ne se bornaient pas seulement, pour leur défense, à tirer
des flèches du haut de leurs murailles, 2 Samuel 11:24, mais ils jetaient
encore des pierres, des meules et tout ce qui leur tombait sous la main,
versets 20 et 21, même de l'huile bouillante, d'après Flavius Josèphe. Ce n'est
que plus tard qu'apparaissent les catapultes, machines de l'invention d'un ingénieur,
dit l'historien sacré, 2 Chroniques 26:15. On cherchait aussi, par des sorties
habilement préparées, à repousser les assiégeants en les affaiblissant, 1
Maccabées 6:31. Quelquefois les sièges duraient fort longtemps, et pouvaient
affamer les villes les mieux approvisionnées, au point de les obliger de
recourir, pour ne pas mourir de faim, aux aliments les plus dégoûtants et les
plus inaccoutumés, 2 Rois 6:25,29; 18:27; Lamentations 4:10; 1 Maccabées 6:53;
13:21. Les villes prises d'assaut étaient ordinairement rasées et toutes les
maisons détruites, la charrue nivelait le sol, dû sel y était semé, les
habitants égorgés ou conduits en esclavage, Juges 1:25; 9:45; 1 Maccabées
5:50-51. On sévissait moins cruellement contre les villes qui se rendaient.
— La loi défendait aux Israélites de nuire aux arbres
fruitiers dès villes qu'ils assiégeaient, Deutéronome 20:19; cependant, cf. 2
Rois 3:25.
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FORTUNAT,
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1 Corinthiens 16:17, Romain d'origine comme l'indique
son nom, vint de Corinthe à Éphèse visiter Paul, et retourna avec Stéphanas et
Achaïque, porter aux Corinthiens la première épître de cet apôtre, dans
laquelle il reçoit lui-même un beau témoignage, et est recommandé à la considération
des fidèles. Il est du reste inconnu.
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FORUM d'Appius, ou marché d'Appius,
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Actes 28:15 (ou marché d'Appius), petite ville
d'Italie, à 43 milles (55 kilomètres) au sud de Rome, près de la voie Appienne
qui, allant de Rome (porta Capena) à Brindes, était en cet endroit interrompue
parles marais Pontins (Horat. Sat. 1, 5; 3). Les voyageurs de distinction ne
s'y arrêtaient guère, soit à cause de la mauvaise qualité de l'eau, soit
surtout à cause de la mauvaise réputation que donnait à cette petite ville la
conduite de ses habitants, dont un grand nombre étaient matelots.
— À 10 milles de là, sur la route de Rome, était la
ville des Trois-Boutiques (auj. Cisterna) également nommée, Actes 28:15; il s'y
trouvait un hôtel ou auberge (taberna diversoria), peut-être trois, que les
voyageurs préféraient en général à celle du marché d'Appius. Lett, de Cicéron à
Atticus, 2, 11 et 13. Les restes de ces deux villes comptent encore quelques
habitants.
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FOUET.
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De tout temps la peine du fouet a été la plus usitée
chez les Hébreux, et la loi la sanctionne, Deutéronome 25:2, pour les délits
civils. Le patient, couché, et en présence du juge, recevait les coups, mais
jamais plus de quarante, qui lui étaient administrés avec des verges: les
écourgées ou étrivières dont il est parlé, 1 Rois 12:11,14; 2 Chroniques
10:11,14, fouets de cuir avec des nœuds ou des pointes, n'étaient pas permises
par la loi.
Les coups devaient être appliqués sur le dos, entre
les deux épaules et la ceinture, jamais sur la plante des pieds comme dans
quelques barbares contrées de l'Orient. Les étrivières vinrent plus tard, et
les coups furent appliqués par un valet de justice, qui reçut l'ordre de ne
jamais compter plus loin de trente-neuf, afin de ne pas risquer de dépasser les
quarante s'il lui arrivait parfois de mal compter; cela explique la manière de
parler de saint Paul, 2 Corinthiens 11:24. La flagellation avait lieu, outre
les délits civils, dans tous les cas qui entraînaient la mort. Il y avait aussi
des délits à la répression desquels la synagogue elle-même pourvoyait en
faisant fouetter les coupables; mais cette peine, légale et particulière,
n'était pas ignominieuse (— Voir: Synagogue), tandis que la peine ordinaire du
fouet était un supplice à la fois infamant et douloureux. Notre Sauveur parlant
des douleurs de sa passion, met presque toujours la flagellation en premier lieu,
Matthieu 20:19; Marc 10:34; Luc 18:33; il subit une peine civile, condamnation
romaine, la même qu'éprouvèrent les apôtres, Actes 16:22, mais qui ne pouvait
être prononcée contre des citoyens romains, Actes 22:25; le nombre des coups
n'était pas limité. Saint Paul parlant des maux qu'il a soufferts, 2
Corinthiens 11:24-25, distingue les coups qu'il a reçus des Juifs, de ceux
qu'il a reçus ailleurs.
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FOULON
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(hébreu kobés, et peut-être aussi roguel). Ce métier
consistait soit à donner aux toiles et aux tissus nouvellement faits la
solidité et la fermeté nécessaires, soit à nettoyer et laver les étoffes de
laine, manteaux, etc., déjà portées. Une même opération servait à faire l'une
et l'autre chose, cependant le nettoyage et le blanchissage était l'occupation
la plus ordinaire des foulons. Les vêtements qui devaient être lavés étaient
d'abord trempés dans l'eau, puis foulés aux pieds ou broyés d'une autre
manière; on employait encore pour le dégraissage des substances âpres, fortes,
acides ou piquantes, de la vapeur de soufre, des sels alcalins, Malachie 3:2,
des terres argileuses ou marneuses, et même de l'urine, Pline 28, 26; 35, 57.
La plupart des habits donnés au foulon étaient blancs, Marc 9:3. Cependant il y
en avait aussi de foncés; ces derniers se blanchissaient ordinairement d'un
jour, tandis que les premiers exigeaient trois jours de lessivage. Un champ de
foulon mentionné 2 Rois 18:17; Ésaïe 7:3; 36:2, était situé près de l'étang
supérieur, ainsi à l'ouest de la ville; on en a conclu que les métiers qui
avaient un plus grand besoin d'eau, et notamment les foulons, possédaient un
district en dehors des murs d'enceinte: les foulons romains étaient également
établis hors de la ville, à cause des exhalaisons insalubres produites par la
nature de leurs travaux.
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FOURMI,
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insecte fort connu, que Salomon cite comme un exemple
de vie intelligente et laborieuse, Proverbes 6:6; 30:25, et auquel les poètes
et les moralistes de tous les temps ont reconnu avec justice les mêmes
qualités, qui brillent dans sa conduite, et particulière et administrative.
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FRELONS.
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Le plus redoutable des insectes de la famille des
guêpes; il a jusqu'à 3 centimètres et plus de longueur; un petit nombre
suffisent pour tuer un homme ou un cheval. Dans les trois passages de
l'Écriture où les frelons sont nommés, Exode 23:28; Deutéronome 7:20; Josué
24:1 (cf. Sapience 12, 8), ils apparaissent comme aides des Israélites dans
l'extermination des peuplades cananéennes. Quelques auteurs ont voulu n'y voir
qu'une métaphore, mais Bochart a prouvé par plusieurs exemples, que rien
n'empêche que ces passages ne soient pris à la lettre; plusieurs peuples ont,
en divers temps, été dépossédés par l'apparition d'insectes innombrables et
dangereux; Élien, 11, 28, rapporte que les Phasélites, qui demeuraient sur les
montagnes de Solyma, avaient été chassés de leur pays par des guêpes, et comme
ces Phasélites étaient des Phéniciens ou des Cananéens, il est évident que cet
auteur parle du même fait que celui qui est rapporté dans Josué.
On comprend facilement la déroute qu'un essaim de ces
animaux peut mettre dans une armée: on n'a ni armes, ni boucliers qui puissent
garantir de leurs attaques; on ne sait comment les éviter; c'est une mort qui
voltige autour des oreilles en bourdonnant, et qui provoque à la fuite la plus
prompte ceux qu'elle menace.
— En les envoyant au secours de son peuple. Dieu
voulait à la fois montrer qu'il protège les siens, et les empêcher de se
reposer sur eux-mêmes en s'attribuant la victoire.
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FRÊNE.
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Ésaïe 44:14. On a traduit par frêne l'hébreu oren, à
cause de son analogie avec le latin ornus, analogie qui pourrait n'être
qu'accidentelle, mais qui semble avoir bien dirigé dans cette occasion, pourvu
que parmi les différentes espèces d'ormes on s'en tienne au fraxinus ornus de
Linnée (Rosenmuller, Gesenius, Winer). En tout cas, le frêne répond aux
caractères qu'Ésaïe donne à l'oren.
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FROMAGE,
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— Voir: Bœuf.
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FROMENT.
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Hébreux bar ou shébèr, expression générale qui
comprend toutes les graines connues des Israélites, le blé, l'épeautre et
l'orge, peut-être encore le riz, Ésaïe 28:25; mais il n'est parlé d'avoine ou
de seigle nulle part. De toutes ces espèces de froment, le blé était la plus
importante en Palestine, Ésaïe 28:25; Ézéchiel 4:9. On le cultivait, comme
l'orge, dans toutes les parties du pays, Deutéronome 8:8; Juges 6:11; 1 Samuel
6:13; 2 Samuel 4:6; 17:28, et la terre en produisait plus qu'il n'était
nécessaire à la consommation des habitants. Salomon en envoyait chaque année en
présenta Hiram, roi de Tyr, 1 Rois 5:11, et plus tard les Israélites en
expédiaient aux Tyriens des convois considérables, comme objet de commerce,
Ézéchiel 27:17. Quelques médailles représentent même la Palestine sous le
symbole d'épis.
— Les semailles se faisaient au mois de marches-van
(octobre); la moisson commençait vers la fin de nisan, et finissait à
Pentecôte, Exode 34:22; Juges 15:1. Maintenant encore on moissonne en avril
dans quelques contrées du pays, en mai dans la Galilée. Au cinquantième jour
depuis Pâques, les Israélites offraient en offrande tournoyée deux pains de
fine farine, pétris avec du levain, comme prémices de la moisson, Lévitique
23:17. On ne réduisait pas toujours le blé en farine pour le pétrir et en faire
du pain, mais quelquefois on grillait au feu les épis avant qu'ils fussent
mûrs, et on les mangeait sans autre accommodement, Josué 5:11; Ruth 2:14; 1
Samuel 17:17; 2 Samuel 17:28, ainsi que cela se pratique maintenant encore en
Palestine. On les broyait aussi d'une manière plus grossière, comme le gruau,
Lévitique 2:14; 23:14; 2 Rois 4:42.
— En général le blé a toujours été cultivé en
abondance dans les contrées de l'Asie Mineure et dans le nord de l'Afrique,
notamment en Égypte.
Le grain pilé dont il est parlé, 2 Samuel 17:19;
Proverbes 27:22 (hébreu riphoth), et que plusieurs interprètes ont diversement
compris, est probablement du gruau: il est de même question de grain rôti et
moulu, 2 Samuel 17:28.
— Voir: encore les articles particuliers, Orge, etc.
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FRONDE,
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arme de guerre inventée par les habitants des îles
Baléares, ou plutôt par les Phéniciens; elle consistait, comme on sait, en une
petite plaque de cuir fixée au milieu d'une cordelette, ou en une tresse de
laine, de crins, de joncs, ou de cordes à boyaux, renflée vers le milieu, sur
la partie large de laquelle on plaçait une pierre: les deux extrémités de la
fronde sont dans la main de celui qui s'en sert, et après avoir fait tourner
avec violence l'instrument deux ou trois fois autour de sa tête, il lâche une
des extrémités, et la pierre s'élance de toute la force centrifuge qu'elle a
acquise, force suffisante souvent pour percer de part en part un casque ou un
bouclier. Les Hébreux s'en servaient beaucoup, surtout pour les troupes
légères, et les Benjamites en particulier passaient pour fort habiles dans ce
genre d'exercice, tellement qu'ils atteignaient leur but, «à un cheveu près,
sans le manquer», Juges 20:16. David frappa au front le géant qui faisait la
terreur d'Israël, 1 Samuel 17:49. Fugitif à Tsiklag, il vit arriver à son
secours une troupe d'hommes habiles à manier la fronde de la main droite et de
la main gauche, 1 Chroniques 12:2. Enfin, Hosias comptait parmi les armes de
ses arsenaux un grand nombre d'arcs et de frondes, 2 Chroniques 26:14. Cf.
encore 2 Rois 3:25.
— Les bergers se servaient aussi de la fronde pour
éloigner de leurs troupeaux les bêtes des champs et des forêts, 1 Samuel 17:40.
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FRONTEAUX,
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bandelettes de peau recouvertes de parchemin, que les
Juifs de la dernière époque portaient sur le front en guise d'amulettes;
— Voir: Phylactères.
C'était, pour ces malheureux formalistes, avoir ces
commandements pour fronteau entre leurs yeux; mais par le même principe ils
eussent dû les écrire aussi sur leurs mains et sur leurs fronts. Sous ombre
d'obéir à la parole de Dieu, ils ne faisaient que se conformer aux
superstitions orientales, et faisaient de ces petits morceaux de parchemin des
amulettes contre les maladies et les accidents, marchant de la manière la plus
opposée au but que s'était proposé le saint législateur.
— On avait su même en faire un petit article de luxe,
que les dames portaient avec coquetterie, habiles à faire ressortir la
blancheur de leur front sans cacher la grandeur ou la forme de leurs yeux.
Cette pratique des fronteaux ne fut, au reste, connue que fort tard.
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FRUITS,
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— Voir: Jardins.
D'après la loi de Moïse, les fruits d'un arbre
nouvellement planté étaient pendant les trois premières années réputés impurs
et appelés prépuces, Lévitique 19:23; on ne pouvait en manger. Le produit de la
quatrième année était offert en prémices à l'Éternel, et le Juif ne pouvait
jouir du revenu de son arbre qu'à partir de la cinquième année. Ces
prescriptions étaient si religieusement observées chez les Juifs, qu'au dire de
quelques rabbins, on ne se serait pas seulement permis d'employer pour la
teinture ou le chauffage les écorces des noix et des grenades pendant les
années défendues.
— On a voulu voir dans cette loi une simple mesure
d'agriculture, et Michaélis rappelle qu'en effet les jardiniers ont coutume de
ne pas laisser porter de fruits aux arbres fruitiers pendant leurs premières
années, et d'abattre tous les bourgeons, afin de rendre l'arbre d'autant plus
vigoureux et plus riche; comme on coupe les cheveux des jeunes filles pour
qu'ils croissent dans la suite plus forts et plus beaux. Mais sans méconnaître
entièrement la vérité de ce point de vue, il faut cependant voir plus haut. Le
but de l'Éternel était d'habituer son peuple à lui rapporter toutes choses, à
se considérer comme simple fermier de la terre, et il exigeait de lui les
prémices de toute récolte et de tout produit; ce n'eût pas été lui rendre
hommage que de lui offrir les fruits débiles des premières années, et l'Hébreu
devait lui présenter du meilleur de son crû, attendre ainsi que la quatrième
année fût arrivée, et renoncer lui-même aux premières récoltes.
— On a rappelé ailleurs la défense faite aux
Israélites d'endommager en cas de guerre les arbres fruitiers de leurs ennemis.
Deutéronome 20:19.
Dans le langage de l'Écriture, le fruit marque
quelquefois la récompense, Psaumes 58:11; Proverbes 1:31, ou le résultat, les
conséquences, Galates 5:22; Philippiens 1:11; Jacques 3:18; Romains 7:5. Les
affections déréglées fructifient à la mort.
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FUITE
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de Jésus en Égypte, Matthieu 2:13-14. On pense que
Joseph, Marie et l'enfant se retirèrent à Matarée, dans le voisinage du temple
d'Onias, près de Léontopolis, où se trouvaient un grand nombre de Juifs. Cette
fuite serait une date importante pour la chronologie, puisqu'on sait en quelle
année mourut Hérode, et quand commença le gouvernement d'Archélaüs, si l'on
savait quel était l'âge de Jésus lors de sa fuite et lors de son retour.
— Eusèbe, Athanase et d'autres Pères, ont raconté qu'à
l'arrivée de Jésus toutes les idoles de l'Égypte furent renversées. On a voulu
appliquer à cet événement les passages Ésaïe 19:1; Jérémie 43:13.
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FUMIGATIONS.
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Il paraît que la forte, et souvent désagréable
transpiration du corps humain sous le chaud soleil de l'Orient, a fait sentir
de bonne heure la nécessité d'y remédier par des fumigations fréquentes et de
bonne senteur. De là cet usage immémorial de parfumer non seulement les
chambres, les vêtements et grand nombre d'ustensiles, mais même les hôtes à
leur arrivée ou à leur départ, leur tête, leur barbe, leurs pieds. On portait
des encensoirs devant les princes, et quand ils entraient dans une ville, ils
trouvaient de distance en distance, dans les rues, des parfums qu'on brûlait en
leur honneur (Q. Curt. 8, 9). De pareilles offrandes et marques de respect
furent bientôt présentées à la divinité, que l'on supposait accessible aux
jouissances naturelles, ou comme un simple emblème de culte et d'adoration,
Deutéronome 33:10; on chassait, au contraire, les démons par des fumigations
désagréables, Tobie 6:7; 8:2. C'est surtout chez les païens que l'encens était
offert en profusion sur les autels des dieux, 1 Rois 11:8; 18:33; 2 Rois 22:17;
23:5; Jérémie 1:16; 7:9; 44:3; Osée 2:13; Ésaïe 65:3.
— La loi de Moïse prescrivait également l'usage de
parfums pour le culte de l'Éternel, dans l'offrande du gâteau, Lévitique 2:1,
dans l'offrande pour le péché, 16:6,12, et chaque jour, matin et soir, lorsque
le souverain sacrificateur allumait les lampes, Exode 30:7-8, cf. Luc 1:9. Si
ces fumigations avaient l'avantage de purifier l'air renfermé du sanctuaire,
souvent exposé à se corrompre par l'odeur des victimes sacrifiées, il est
évident que le but était essentiellement religieux. Jean vit dans sa
prophétique vision l'autel chargé de parfums montant au ciel avec les prières
des saints, Apocalypse 8:3-5.
— Les ingrédients qui entraient dans la composition du
parfum du sanctuaire, et qu'il était défendu, sous peine de mort, d'employer à
des usages profanes, étaient le stacte, l'onyx, le galbanum et l'encens pur, le
tout à doses égales, et préparé avec du sel, Exode 30:34,38. Les rabbins y
ajoutent encore la myrrhe, la casse, le nard, le safran, la cannelle, et
d'autres épices également fortes et odorantes.
— L'un des encensements les plus solennels était celui
que le souverain sacrificateur offrait au grand jour des expiations, dans le
saint des saints, devant le couvercle de l'arche de l'alliance, Lévitique
16:12, sq. Le soin d'offrir le parfum, soit journalier, soit annuel, était
chaque fois déterminé par le sort, comme les autres fonctions des prêtres, 1
Samuel 2:28; Luc 1:9. Mais d'après deux passages du Talmud, celui qui avait une
fois offert l'encens était exclu des tirages suivants, parce que cette fonction
étant considérée comme une bénédiction spéciale, il convenait que tous pussent
y prendre part successivement, Deutéronome 33:10. Pendant qu'on offrait le
parfum, le peuple se tenait en prière dans le parvis, Luc 1:10, où le prêtre,
après avoir achevé son office, venait lui donner la bénédiction du Seigneur.
Offrir des encensements sur des hauts lieux, ou partout ailleurs que dans le
sanctuaire national, était considéré, au temps de David, comme un acte de culte
idolâtrique et illégal, 1 Rois 3:3; 22:44; 2 Rois 12:3; 15:4; 16:4; cf. 2
Chroniques 32:12; 1 Maccabées 1:58.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-G
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GABAON,
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en hébreu Gulb'hon, dérivé de guib'hah, colline. Il
est naturel, à cause de son étymologie, qu'il y ait eu plusieurs villes ou
bourgs en Palestine qui aient porté un nom semblable, Guibhah, Guébah,
Guibbethon, etc.
— Gabaon était située sur une hauteur, à 40 ou 50
stades au nord de Jérusalem (8 ou 10 kilomètres), à 4 milles romains de Béthel;
c'était la principale ville de ces Gabaonites, Héviens d'origine, républicains
à ce qu'il paraît, qui surprirent la bonne foi et la religion de Josué et des
anciens d'Israël, en se donnant pour venus d'un pays éloigné, et en demandant
d'être admis dans l'alliance du peuple de Dieu, Josué 9:3-16. Leurs autres
villes étaient Képhira, Bééroth et Kirjath-Jéharim; cette dernière fut donnée
en partage à la tribu de Juda, les trois autres à Benjamin. Trois jours après
l'alliance conclue (sans que l'Éternel eût été consulté) les autres Cananéens,
jaloux et irrités, montèrent contre Gabaon pour l'assiéger, Josué 10:3; sq.;
cinq rois prirent part à cette expédition; les Gabaonites s'adressèrent à
Josué, qui étant devenu leur allié, et engagé par sa parole, quoique par ruse,
dut courir à leur secours; il marcha toute la nuit avec l'élite de ses troupes,
attaqua les cinq rois de grand matin, et les mit en fuite; il les poursuivit
jusqu'au soir: Dieu lui-même combattit des cieux, une grêle de pierres écrasa
un grand nombre de Cananéens, le soleil s'arrêta vis-à-vis de Gabaon, la lune
sur la vallée d'Ajalon; les ennemis succombèrent, les cinq rois furent pris et
enfermés dans une caverne, puis à l'arrivée de Josué on les égorgea et on les
pendit à des poteaux.
— Les Gabaonites ne gagnèrent du reste que la vie dans
leur alliance avec Israël, car ils furent assujettis aux plus humbles travaux,
9:21; mais ils furent toujours fidèles et soumis aux dures conditions qui leur
furent imposées. Saül qui avalait le chameau, voulut couler le moucheron, se
montrer plus que fidèle là où rien ne l'y obligeait: il persécuta les
Gabaonites et en fit périr un grand nombre. Cette cruauté de luxe fut punie
sous le règne de David, par trois ans de famine; Israël dut expier cette faute.
Les Gabaonites demandèrent qu'on leur livrât sept fils de Saül, cinq de Mical
et deux de Ritspa, et les ayant reçus, ils les crucifièrent «devant l'Éternel»,
2 Samuel 21:1-14. Dès ce moment les Gabaonites ne paraissent plus dans
l'histoire, au moins sous ce nom; mais on les retrouve probablement plus tard
sous celui de Néthiniens (les donnés), occupés au service du temple, Esdras
2:70; 8:17; Néhémie 7:73; 3:26; 11:21; 1 Chroniques 9:2. Parmi ces Néthiniens
doivent être rangés sans doute ceux des Cananéens qui furent assujettis par
David et Salomon, et épargnés, 1 Rois 9:20-21; Esdras 8:20.
Gabaon, qui appartenait à la tribu de Benjamin, Josué
18:25, fut donnée à la famille d'Aaron avec ses faubourgs, 21:17. Dans les
premières années du règne de Salomon elle fut le siège principal du culte, 1
Rois 3:4; 2 Chroniques 1:3. Près de là se trouvait un étang considérable, 2 Samuel
2:13; Jérémie 41:12.
— Il existe encore un petit bourg ou village, Geb ou
Dschib, qui, par sa position, pourrait bien être un débris de l'ancienne
Gabaon; sa position et sa distance de Jérusalem permettent de le croire.
La comparaison de 2 Chroniques 1:13; avec 2 Rois 23:8
prouve que Guébah était aussi un autre nom de Gabaon, la signification comme
l'assonance étant la même.
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GABBATHA
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(hébreu hauteur, élévation), peut-être une terrasse,
une galerie, un balcon: c'est de là que Pilate, après quelque hésitation, livra
Jésus à ses ennemis. Le mot grec, traduit par pavé, signifierait plutôt une
espèce de mosaïque, qui servait de plancher au siège judicial, Jean 19:13.
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GABRIEL,
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Mot signifiant «la
force de Dieu» démontrant que les anges sont les émanations de caractéristiques
divines de l’Esprit Éternel qui agissent comme messagers de sa présence.
un des principaux messagers célestes chargés de
protéger les hommes, et de faire parvenir leurs prières au pied du trône de la
grâce; on en comptait sept d'après Tobie 12:15, mais les noms de Micaël, de
Gabriel et de Raphaël sont les seuls qui nous soient connus, encore ce dernier
ne l'est-il que par les Apocryphes, Tobie 3:17; 12:15. Gabriel, dont le nom
signifie force de Dieu, ou homme de Dieu (mais dont on a voulu faire à tort
l'homme-Dieu), représente la vertu créatrice de Jéhovah; il fut envoyé à Daniel
pour lui expliquer la vision du bélier et du bouc, et le mystère des
soixante-dix semaines, Daniel 8:16; 9:21; à Zacharie pour lui annoncer la
naissance de Jean-Baptiste, Luc 1:11,19; à Marie pour lui dire qu'elle serait
la mère du Sauveur, et qu'elle avait trouvé grâce devant Dieu, Luc 1:26,30-31.
On peut croire que c'est le même ange qui apparut trois fois à Joseph, pour
l'empêcher de répudier sa femme, pour lui recommander de fuir en Égypte, et
pour lui annoncer que les ennemis de l'enfant étaient morts, Matthieu 1:20;
2:13,19. Quant au nom de ces anges, il ne faut pas s'étonner, dit Olshausen,
que ce soient des noms hébreux; car le nom en lui-même ne doit être autre chose
que l'expression de la nature et des qualités de celui qui le porte, le nom doit
être significatif dès qu'il désigne un individu revêtu d'une certaine charge ou
d'un certain caractère, et il pourra varier suivant les langues dans lesquelles
il devra se manifester; l'ange dut aux Hébreux se nommer en hébreu: chez
d'autres peuples son nom, toujours le même quant au sens, eût été différent
quant à la forme; grec aux Grecs, et latin aux Romains. On peut s'expliquer en
même temps par là comment il se fait que des noms d'anges n'apparaissent que
tard dans l'histoire israélitique; c'est qu'il est beaucoup plus facile de se
faire du règne supérieur une idée vague et générale, que d'en individualiser
les habitants et de leur donner des caractères précis et positifs; ce n'est que
lorsque, avec une plus grande lumière, les Juifs eurent fait ce dernier pas,
que le trône de Dieu leur parut entouré d'anges, et le ciel peuplé d'individus
saints, et capables de se manifester au-dehors par leurs bienfaits et la
grandeur de leur intelligence.
(Selon l'étymologie du nom Gabriel qui signifie «la
force de Dieu», nous voyons que les anges ne sont pas des créatures, mais des
émanations des différentes caractéristiques ou attributs de Dieu.)
— Voir: les Commentaires.
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GAD
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(bonheur).
1. Premier
fils de Jacob par sa concubine Zilpa, Genèse 30:11. Il eut sept fils, nommés
Genèse 46:16, mais qui sont du reste inconnus. La tribu de ses descendants
comptait, lors de la sortie d'Égypte, 45,650 hommes en état de porter les
armes; après la débauche de Sittim elle n'en comptait plus que 40,500, Nombres
1:25; 26:18. Gad, recevant la bénédiction paternelle de Jacob mourant, put lire
une partie de sa destinée dans ces brèves paroles: «Des troupes viendront le
ravager, niais il ravagera à la fin», Genèse 49:19, et Moïse dit de lui: «Il
habite comme un vieux lion et déchire bras et tête. Il a pris pour lui-même
l'entrée du pays, parce que c'était là qu'était cachée la portion (les restes)
du législateur: Il est venu avec les principaux de son peuple, il a exécuté les
jugements de Dieu avec Israël», Deutéronome 33:20-21. Enfin nous trouvons 1
Chroniques 12:8, ce jugement porté sur les Gadites: «Leurs visages étaient
comme des faces de lions, et ils semblaient des daims tant ils couraient
légèrement.» La fable du testament des douze patriarches donne sur Gad une
indication du même genre, en lui attribuant une force corporelle
extraordinaire. On voit par l'histoire de l'Ancien Testament comment furent
accomplies ces différentes prophéties. Les Gadites, avec les tribus de Ruben et
de Manassé, riches en bétail, ayant vu combien les contrées de Jahzer et de
Galaad possédaient d'excellents pâturages, désirèrent de s'y établir, et en
obtinrent de Moïse la permission, à condition, toutefois, qu'ils aideraient les
autres tribus à conquérir la terre promise, ce qu'ils firent de fort bonne
grâce et en marchant à la tête des autres tribus, Josué 4:12. Puis craignant
que plus tard on ne vînt à leur refuser le titre de fils d'Israël, les tribus
transjourdaines élevèrent un autel de grande apparence sur les bords du
Jourdain; accusées de vouloir se faire un culte à part, elles se justifièrent
devant les tribus, qui se réjouirent et bénirent Dieu de ce qu'une même foi
continuait de les réunir autour du même trône, Josué 22,
— Voir: Hed.
Quoiqu'elles eussent été autorisées par Moïse à
s'établir en dehors des limites du pays de Canaan, ces tribus ne furent pas
bénies, et se virent les premières emmenées en captivité, 2 Rois 15:29.
— Le pays de Gad, Josué 13:24-28, était situé au nord
de Ruben, en Galaad, Nombres 32:26,29,34, borné à l'est par le ruisseau
d'Hammon, au nord par le Jabbok, à l'ouest par le Jourdain depuis la mer Morte
jusqu'au lac de Génézareth: la prophétie Genèse 49:19, fut accomplie dans la
lutte entre les Hammonites et Galaad, Juges 10 et 11, qui se termina à
l'avantage du peuple de Dieu.
— Torrent de Gad, 2 Samuel 24:5;
— Voir: Haroher.
2. Gad,
prophète qui était le voyant de David, 2 Samuel 24:11, resta toujours fermement
attaché à son maître, et le suivit dans ses disgrâces sous Saül: il lui
conseilla de quitter le pays de Moab où il s'était retiré, et de revenir en
Juda où il pourrait réunir quelques partisans,
1 Samuel 22:5; sq. Ce fut encore Gad qui vint trouver
David après que celui-ci eut ordonné le dénombrement de son peuple; et il lui
offrit, de la part de Dieu, le choix entre trois fléaux, la famine pendant sept
ans, la fuite pendant trois mois, ou la peste pendant trois jours. David
choisit la peste; Dieu abrégea encore le châtiment, mais envoya de nouveau Gad
auprès de David, pour lui ordonner de dresser un autel dans l'aire d'Arauna,
2 Samuel 24:11,18; 1 Chroniques 21:9,18. Gad fut,
ainsi que Nathan, chargé de faire connaître à son roi les ordres divins sur le
culte des lévites dans la maison de l'Éternel, 2 Chroniques 29:25. On ne sait
rien de plus sur l'activité de ce prophète, on ne connaît rien de sa personne,
ni de son caractère, mais il paraît d'après 1 Chroniques 29:29, qu'il
appartenait à la classe lettrée; on y voit du moins qu'il écrivit une vie de
David: on présume qu'il appartenait à l'école de Samuel.
3. Le
passage, Ésaïe 65:11, dont la fin doit se traduire: «Qui dressez une table à
Gad, et qui versez des libations à Meni», mentionne deux divinités sur le rôle
desquelles on n'est pas d'accord. Les Israélites leur rendaient un culte de
lectisternia (tables dressées devant les idoles). Comme ces deux noms ne se
trouvent que dans ce seul passage, il est très difficile de rien préciser sur
les idoles qu'elles désignent, si même il s'agit d'idoles proprement dites.
Gesenius et Winer prétendent que Gad, qui signifie fortune, bonheur, est ici la
planète de Jupiter, Bel, ou l'astre de la fortune dans les religions
astrolâtres de l'Asie antérieure (Rabbi Mose et tous les autres rabbins après
lui); ce serait la fortuna major,
— Voir: Caldée:
d'après les mêmes auteurs, Meni (de manah, compter,
ranger, ordonner) serait la planète de Vénus, fortuna minor: d'autres pensent
qu'il s'agit peut-être du zodiaque, d'autres du système planétaire en entier;
Calmet, enfin, traduit Gad par le soleil et Meni par la lune. Peut-être ne
faut-il pas chercher un objet général et déterminé pour ces deux divinités; le
culte auquel le prophète fait allusion pouvait être un simple culte domestique,
un hommage rendu au génie de la maison et de la famille; Gad, chez les Juifs
postérieurs, exprime ce que nous appellerions un génie, tandis que la planète
de Jupiter a un nom particulier, Tsèdek; on trouve mentionnée dans le Lexic,
talmudic, de Buxtorf, f° 387, une habitude qui semble avoir tiré son origine de
la même cérémonie contre laquelle le prophète adresse aux Juifs ces reproches:
«Ils avaient anciennement, dit-il, dans leurs maisons, un lit splendide (pour
se mettre à table), qui ne servait absolument à personne qu'au chef de la
maison, ou à la constellation de la fortune, pour se la rendre favorable; on
l'appelait en conséquence lit de la bonne fortune».
— Dans ces deux chapitres d'Ésaïe, 65 et 66, le culte
illicite reproché aux Juifs ne paraît pas être l'idolâtrie proprement dite,
mais un culte extérieur de Jéhova, 66:1,3, entremêlé de cérémonies païennes, et
un commerce avec les démons, défendu par la loi, 65:3-4; 66:17; mais aucun de
ces passages ne parle explicitement de fausses divinités ou idoles. D'après
l'étymologie de Gad et de Meni, il paraîtrait donc que la meilleure traduction
de ces deux mots serait la fortune et le destin.
— L'opinion de Calvin, du reste, est bonne à
enregistrer comme toujours: traduisant Gad par troupes, cf. Genèse 30:11 (dans
Martin), il lit: Vous dressez la table à une multitude (de divinités), vous
offrez des libations à un grand nombre; c'est-à-dire, vos superstitions n'ont
pas de fin, ceux qui abandonnent le vrai Dieu ne savent plus où s'arrêter. On
voit la même chose chez les papistes, ajoute le réformateur.
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GADARA,
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ville fortifiée, et d'après Flavius Josèphe, chef-lieu
de la Pérée, située sur une montagne, à 60 stades de la mer de Galilée; il s'y
trouvait des bains chauds, et dix sources d'eau chaude entre elle et le lac.
Pline dit qu'elle était située sur le fleuve Hiéromax, mais elle était plus au
midi. Détruite par quelques rois juifs, elle fut rétablie par Pompée, en
considération de son affranchi Démétrius, qui en était originaire. Auguste la
donna à Hérode, et après la mort de ce dernier, elle échut à la Syrie, selon
quelques-uns à la Cœlésyrie, selon d'autres à la Décapole. Seetzen et Burkhardt
croient en avoir trouvé les restes dans le village d'Omkeis.
— C'est dans cette contrée que, d'après Marc 5:1; Luc
8:26, notre Seigneur arriva après avoir passé la mer de Tibériade, et qu'il
guérit un possédé dont il envoya les démons dans un troupeau de pourceaux. Il s’agit ici d’un homme (deux dans un
autre texte) qui avait un esprit troublé par une disposition de culpabilité, et
non de démons mythiques imaginaires. Jésus lui permit de se défouler parmi les
pourceaux, un animal considéré impur selon la loi, et le troupeau se précipita
violemment d'une falaise dans la mer. D'après Matthieu 8:28, ce n'est pas
dans le pays des Gadaréniens, mais dans celui des Gergéséniens qu'il arriva; et
une troisième variante porte dans celui des Géraséniens. Gergésa était située,
selon Origène, sur le bord de la mer de Tibériade, près d'un précipice, mais
c'est le seul auteur qui en fasse mention, et elle est complètement inconnue.
Gérasa était encore plus au sud-ouest du lac que Gadara, entre la Pérée et
l'Arabie, entre Gadara et Rabbath-Hammon (ou Philadelphie); d'après Ritter le
géographe, elle porterait aujourd'hui le nom de Dscherasch.
— Origène préféra la leçon Gergésa, parce que, selon
lui, Gérasa et Gadara étaient trop éloignées; il avoue cependant que Gérasa
était de son temps la leçon la plus répandue pour le passage de Matthieu, et
c'est la même qui se trouve encore dans nos manuscrits occidentaux; quant à la
leçon Gadaréniens, elle se trouve dans les manuscrits B, C, M, les meilleurs
instruments, et dans les versions syriaques, et doit être préférée, soit pour
le sens, puisque Gergésa est inconnu et que Gérasa est trop loin, soit à cause
de l'importance des autorités.
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GAGES.
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Le pauvre qui empruntait devait donner un gage à son
créancier (— Voir: Dettes), mais il était libre de choisir dans sa maison ce
qu'il voulait offrir, et le prêteur ne pouvait pas même entrer pour voir ce que
possédait l'emprunteur; si le pauvre avait donné en gage un vêtement, le riche
devait le lui rendre pour la nuit, et personne ne pouvait accepter le vêtement
d'une veuve, ou l'une des meules qui servaient à moudre le blé, car c'est sa
vie, dit Moïse, Exode 22:25-26; Deutéronome 24:6,10-12,17. C'est toujours
l'intérêt du malheureux que le législateur veut protéger.
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GAHAL,
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Juges 9:26, chef de famille riche et puissant, hâbleur
maladroit et ambitieux, se mit à la tête des seigneurs de Sichem, révoltés
contre Abimélec: on mange, on boit dans un temple de Sichem, on s'encourage
mutuellement à faire bonne résistance, et Gahal, entre deux vins, promet monts
et merveilles. Mais quand au lever du soleil, Abimélec, averti par un traître,
s'avance avec ses bandes, Gahal se laisse battre et disparaît.
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GAHAZ,
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montagne de la Palestine, appartenant au plateau
d'Éphraïm, non loin de Timnath-Sérah, où fut enseveli Josué, Josué 24:30; Juges
2:9. Des vallées du même nom sont mentionnées 2 Samuel 23:30; 1 Chroniques
11:32.
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GAÏUS ou Caïus,
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1. disciple
de saint Paul, macédonien d'origine, derbien de naissance, Actes 19:29; 20:4.
Compagnon de voyage de l'apôtre, il fut enlevé par la foule, lors du tumulte
d'Éphèse: quelques mois plus tard il suivit Paul en Asie avec Aristarque,
Timothée et d'autres.
2. Disciple
de Corinthe, un de ceux qui avaient été baptisés par Paul lui-même, 1 Corinthiens
1:14; c'est dans sa maison que se tenaient les assemblées religieuses, et Paul
logeait chez lui, ainsi qu'on le voit par Romains 16:23 (l'Épître aux Romains
fut écrite de Corinthe). D'après Origène, ce serait le même qui fut dans la
suite pasteur de Thessalonique.
3. Disciple
bien-aimé de l'apôtre Jean, 3 Jean 1; une tradition porte qu'il logea chez lui
à Éphèse, et qu'il fut chargé de donner le style à son Évangile, et de le faire
connaître aux églises: ce dernier détail serait moins invraisemblable que le
précédent. Quelques-uns le confondent, mais à tort, avec le Gaïus de Corinthe.
— D'après Winer, il y aurait:
a. un
Gaïus de Derbe, Actes 20:4, le même que 3 Jean 1;
b. Gaïus
de Macédoine, Actes 19:29;
c. Gaïus
de Corinthe, 1 Corinthiens 1:14; Romains 16:23: ces distinctions nous
paraissent un peu forcées.
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GALAAD,
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1. fils
de Makir, le premier né de Manassé, naquit pendant l'esclavage d'Égypte,
Nombres 26:29; Josué 17:1; 1 Chroniques 2:21; 7:14. Ses enfants s'emparèrent
d'une contrée à l'est du Jourdain, habitée par des Amorrhéens qu'ils
dépossédèrent, et déjà nommée par Jacob Gal-Hed, monceau du témoignage; ils
l'appelèrent Galaad, du nom de leur père, Nombres 32:39; Genèse 31:47.
2. Contrée
de Galaad. Ce nom est employé par anticipation dans l'histoire des patriarches,
Genèse 31:21,23,26; il s'applique tantôt à la contrée elle-même, tantôt à la
chaîne de montagnes qui s'y trouvait. Le pays de Galaad, au sud de la vallée de
Jabbok, et par conséquent au sud du pays de Basan et à l'est du Jourdain, est
ordinairement distingué du pays de Basan, auquel il était du reste uni par une
assez grande conformité de nature, Deutéronome 3:10,13; Josué 12:5; 13:11;
17:1; 2 Rois 10:33; 1 Chroniques 5:16; Michée 7:14. Il semble désigner le pays
de Gad, Juges 5:17, et en être distingué, 1 Samuel 13:7. Cependant, d'après la
plupart des données que nous possédons, il paraît que Galaad comprenait le
territoire des tribus de Gad et de Ruben, et la partie méridionale de Manassé,
Nombres 32:26,40; Deutéronome 3:12-13; Josué 17:1,6; cf. 12:2; 1 Chroniques
6:80. Ses villes principales étaient Ramoth, Jahzer et Jabès, qui sont presque
toujours suivies de la désignation de Galaad (cependant — Voir: Nombres 32:1).
Sa surface forme une espèce de triangle de 8 à 10 lieues de côté: au nord, où
il est le plus large, il possède de belles forêts, un air pur et sain, des
plaines fertiles et de gras pâturages où paissent des troupeaux très estimés de
bêtes à corne et à laine; vers le sud, au contraire, la contrée se change en
une campagne sans arbres, mais très fertile, sur laquelle s'élèvent un grand
nombre de collines crétacées, isolées et de forme arrondie. Toute cette région
est si riche, les pâturages, en particulier, y sont si bons, que de nos jours
encore les Bédouins ont coutume de dire: Tu ne saurais trouver un pays comme le
Belka (nom moderne de Galaad). Le baume et les plantes aromatiques de Galaad
étaient renommés, Jérémie 8:22; 46:41.
— Le nom de Galaad paraît désigner aussi quelquefois
tout le pays au-delà du Jourdain, Deutéronome 34:1; cf. 2 Rois 10:33; Juges
20:1. Après l'exil le même nom continua d'exister, mais il ne se donna plus
qu'à la partie la plus méridionale de l'ancien pays, aux frontières de
l'Arabie: le nom de Pérée le remplaça, et comprit une plus grande étendue de
pays, quoiqu'il ne désignât pas non plus toute la contrée au-delà du Jourdain.
La ville principale était Gadara.
Les montagnes de Galaad, occupant le nord du pays,
étaient couvertes de riches prairies et de gras pâturages, Deutéronome 3:12;
Abdias 19; Cantique 4:1; 6:5; Jérémie 50:19. Elles s'étendaient au travers des
tribus de Gad et Ruben, et s'avançaient même jusque dans celle de Manassé:
c'était une contrée montagneuse comme les montagnes d'Éphraïm, sans être
exclusivement une chaîne de montagnes. Les sommets les plus élevés sont au
nord-est; ils ont vue d'un côté sur la plaine d'Hauran jusqu'à l'Hermon, de
l'autre sur les montagnes de Sichem: c'est cette partie qui fut donnée à la
moitié de la tribu de Manassé; elle est située vis-à-vis des montagnes occupées
par l'autre moitié de la même tribu, Nombres 32:39-40; Deutéronome 3:15; Josué
17:1; Juges 5:17. Le pays jusqu'au Jabbok est d'une telle beauté, dit Bræm, que
l'Europe méridionale possède bien peu de contrées qui puissent lui être
comparées. Le climat y est excellent, les collines sont couvertes de vignes, et
les montagnes des plus belles forêts; des chênes toujours verts croissent sur
leurs flancs, et diverses espèces de pins en couronnent les cimes. En hiver, il
y tombe beaucoup de neige. Dès l'antiquité la plus reculée, les gommes
odoriférantes de ces forêts de montagnes étaient bien connues, et on les
recherchait aussi pour leurs propriétés médicinales; des caravanes arabes les
transportaient de Galaad par la plaine de Jizréhel, et le long des côtes de la
Méditerranée, en Égypte, où elles les échangeaient contre du blé. D'après
Eusèbe, le mont de Galaad s'étendait depuis le Liban au nord, jusqu'au pays de
Sihon roi des Amorrhéens, ce qui donnerait à la chaîne une longueur de 60 à 70
lieues.
— Quelques-uns ont cru, à cause de Juges 7:3, que les
montagnes de Galaad s'étendaient aussi"sur la rive droite, occidentale, du
fleuve; mais la traduction est fautive, il faut lire: quiconque a peur, qu'il
s'en aille dès le matin «de la montagne de Galaad», qu'il s'en éloigne: c'est
de ce côté qu'étaient venus les Madianites, c'est vers ce côté qu'ils devaient
être repoussés, et ceux qui avaient peur n'avaient qu'à s'éloigner de ce but.
Il est vrai que de nos jours on trouve encore à l'occident du Jourdain une
chaîne de montagnes appelée Dschabl Dschelaad, ou Dscheland, mais l'identité
n'est rien moins que démontrée.
On a voulu conclure de Juges 12:7; Jérémie 22:6, et
surtout Osée 6:8, qu'il y avait aussi une ville de Galaad; mais les deux
premiers passages ne peuvent rien prouver, et celui d'Osée peut se traduire
«Galaad est comme une ville d'ouvriers d'iniquité.» Le prophète le compare à
une ville plutôt qu'à un pays, parce qu'une ville représente davantage un
rassemblement d'hommes; les traces que l'on trouve encore de bourgs ou village
nommés Dschelaad, sont insuffisantes.
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GALATIE,
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province montueuse et fertile de l'Asie-Mineure,
bornée au nord par la Bithynie et la Paphlagonie, à l'orient par le Pont et la
Cappadoce, au midi par la Phrygie et la Cappadoce, à l'occident par la Phrygie
et la Bithynie: le beau fleuve Halys la séparait du Pont et de la Cappadoce, et
répandait une grande fertilité sur ses rives. Les villes principales étaient
Ancyre, dont Auguste lit la métropole, Gordium, Tavium et Pessinonte, villes
commerçantes.
Quelques tribus gauloises, envahies par les Cimbres
(Kymry) et les Bolg, émigrèrent, 594 avant J.-C., sous les deux frères jumeaux,
Sigovèse et Bellovèse, et se dirigèrent vers l'Italie sous les ordres du
premier, en Bohème et en Silésie sous le second. Alors, pendant trois siècles,
eurent lieu des émigrations périodiques des Galls, des Kymrys, des Bolgs et des
Germains vers l'Orient leur primitive patrie. Ils touchent le Danube près de la
Macédoine, et s'allient à Alexandre, puis à sa mort fondent sur la Grèce et
l'Asie; recrutés de 300,000 hommes et dirigés par un de leurs brenns (ou chefs,
mot dont on a fait Brennus), ils s'étendent en Grèce, mais sont repousses à
Delphes et refoulés vers le Danube et les Gaules: trois hordes galliques
s'enfoncent dans V Asie-Mineure, où Nicomède roi de Bithynie les appelle contre
Zypoélas son frère, 279, et leur donne des terres; Attale 1er les défait et les
repousse dans les limites du pays qui prend le nom de Galatie, des Galls ou
Gaulois ses nouveaux habitants, 240 avant J.-C. Ils sont de nouveau défaits par
Eumène II, roi de Pergame, puis en 189, par le consul Manlius Vulso, qui leur
laisse leur gouvernement particulier sous les yeux d'un tétrarque romain. L'an
26, la domination romaine se fait sentir davantage et donne un procurateur à la
Galatie; Amyntas, favori d'Antoine puis d'Auguste, réunit à la Galatie
proprement dite, la Pisidie, la Pamphylie et la Lycaonie: après sa mort, la
Galatie n'est plus qu'une province romaine.
Les habitants continuèrent de parler longtemps la
langue de leurs ancêtres, et saint Jérôme trouve à leur dialecte beaucoup de
rapports avec l'allemand des environs de Trêves; ils apprirent cependant aussi
le grec, et furent à cause de ce mélange, comme à cause de leurs mariages avec
des habitants de la Grèce, appelés Gallo-grecs. Leur caractère gaulois se modifia
par le contact d'éléments plus civilisés, ils élevèrent des temples, et leurs
mœurs s'adoucirent. Outre les indigènes et les Galates, on trouvait encore dans
cette province beaucoup de Juifs qui y étaient attirés par le commerce; Auguste
y favorisa leur établissement, et même le provoqua par des mesures tout à fait
avantageuses.
Les premiers missionnaires n'oublièrent pas ces
contrées parmi celles qu'ils évangélisèrent, 1 Corinthiens 16:1; 1 Pierre 1:1;
plusieurs églises prirent naissance, et Paul en fut le premier fondateur,
Galates 4:13,19; Actes 16:6. Crescens lui succéda, 2 Timothée 4:10. Quant à
l'époque de la fondation, les commentateurs ne sont pas d'accord; Koppe et
d'autres voient un premier voyage de l'apôtre en Galatie dans Actes 14:6, où il
n'est parlé que des villes de la Lycaonie, Derbe et Lystre; Pline donne en
effet ces villes à la Galatie, de même que Dion Cassius; mais Luc les en sépare
positivement, d'abord dans le passage indiqué, puis 16:1,6. Les deux autres
voyages seraient indiqués 16:6, et 18:23. Mais la plupart des interprètes,
notamment Hug, De Wette, et Neander n'admettent que ces deux derniers voyages,
et rapportent en conséquence la fondation des églises de Galatie à Actes 16:6;
on voit qu'il y eut alors déjà des conversions obtenues, puisqu'à son retour,
18:23, Paul s'occupa de fortifier les disciples. La plupart d'entre eux étaient
des païens convertis, Galates 4:8,10; 5:4; cependant il y en avait aussi
d'entre les Juifs, 5:2; 6:12-13. Saint Paul nous les montre comme heureux,
zélés, instruits par l'évangélisation, et ayant reçu Dieu, 4:13-15,18; 5:7;
6:1; 1:13-14; 6:9, etc.
Épître. Elle fut provoquée comme l'indique son
contenu, par la conduite des Judaïsants qui ayant été battus en 52 à Jérusalem,
irrités contre Paul, allèrent partout sur ses traces le calomniant; Paul ayant
appris à Éphèse les menées de ses ennemis, écrivit aux Galates troublés pour
les avertir et les raffermir: on voit par 1:6, qu'il venait à peine de les
quitter après sa seconde visite, et c'est pendant son séjour de deux ans à
Éphèse, Actes 19:1, après son quatrième voyage à Jérusalem, qu'il faut placer
l'envoi de cette lettre, Actes 19:1, vers l'an 56 environ (la subscription qui
se trouve à la fin de l'épître doit être effacée comme fausse, et comme l'ouvrage
postérieur d'un ignorant, quoiqu'elle soit appuyée de saint Jérôme et de
Théodoret). Saint Paul voulant répondre aux calomnies de ses adversaires,
commence par l'exposé historique de sa vocation (1 et 2), et prouve qu'il n'a
pas été appelé par les hommes, ni de la part d'aucun homme, mais par Dieu
directement; il s'humilie, mais relève sa mission, il raconte comment lui-même,
quoique le plus jeune dans l'apostolat, bien loin de se laisser instruire par
les autres, a été à même de les instruire et de les reprendre, et comment il a
dû censurer Pierre qui ne marchait pas de droit pied et qui en entraînait
d'autres dans son hypocrisie; la grandeur de sa charge étant clairement établie
en réponse aux accusations des Judaïsants, il passe à l'édification directe; il
expose le dogme de la justification par la foi (3 et 4), il dit la valeur
secondaire, temporaire de la loi, son harmonie avec les promesses, l'actualité
de la foi, sa puissance, la finalité et la liberté de l'Église chrétienne. La
partie morale comprend enfin les deux derniers chapitres (5 et 6), où Paul
montre la toute puissance de la liberté chrétienne et de la foi, la différence
entre la vie selon la chair et la vie selon l'esprit. Le but de sa lettre est
le rapport de la loi à l'Évangile, traité polémiquement.
L'authenticité de cette épître n'a jamais été révoquée
en doute d'une manière un peu sérieuse. Un grand nombre de commentateurs l'ont
expliquée; outre Calvin et Olshausen, nous ne citerons que Schott, Usteri, et
en français Sardinoux.
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GALBANUM,
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(hébreu Hhelbna), Exode 30:34. On le fait quelquefois
dériver de hheleb et laban, lait blanc, jus blanc, gomme blanche, comme on sait
que dans plusieurs langues le mot lait s'applique également au suc des plantes.
(Lamina mollis adhuc tenero est in lacté, quod intra est. Ovid.) Le galbanum
est le suc épaissi d'une ombellifère, appelée metopion, qui croît sur le mont
Amanus en Syrie, de même que dans quelques parties de l'Afrique et en Perse:
elle a une tige ligneuse qui s'élève à environ 3 mètres de hauteur, et qui est
garnie de feuilles à chaque articulation. Le sommet de la tige est garni d'une
ombelle à fleurs jaunes, lesquelles sont remplacées lorsqu'elle tombent, par
des graines oblongues et cannelées, garnies de petites membranes très fines sur
leurs côtés. À quelque endroit que l'on coupe ou brise cette plante, on voit
sortir de la bnessure un suc d'un très beau blanc laiteux; pour se le procurer
en plus grande abondance, on entame le tronc au-dessus de la racine à l'époque
de la sève montante, et l'on recueille cette gomme, que l'on conserve dans des
vases faits exprès. Elle est d'une saveur acre et peu agréable, surtout quand
elle est pure; mais on peut la mêler avantageusement avec d'autres parfums.
Elle entrait dans la composition de l'encens sacré qui devait être brûlé sur
l'autel d'or dans le lieu très saint.
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GALILÉE.
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1. Ce
nom se trouve déjà dans l'Ancien Testament avant les temps de l'exil, Josué
20:7; 21:32; 1 Rois 9:14; 2 Rois 15:29. C'est proprement un nom appellatif; il
signifie cercle, district, quartier, et Ésaïe 8:23, parlant de la Galilée des
Gentils, désigne cette portion du pays, non seulement qui était le plus
rapprochée du territoire païen, mais de laquelle les peuplades païennes
n'avaient jamais été expulsées entièrement, c'est-à-dire le nord de la
Palestine, la portion de la tribu de Nephthali la plus rapprochée du territoire
phénicien, celle dont Salomon donna vingt villes à Hiram, 1 Rois 9:41, celle où
se trouvaient Kédès et Haroseth des Gentils, Josué 21:32; Juges 4:2; 1
Chroniques 6:76. La Galilée d'alors n'était donc point ce qu'elle fut plus
tard, elle n'était qu'un cercle sans autre nom propre que celui des païens qui
l'habitaient.
2. Après
l'exil, le nom de Galilée fut donné à l'une des quatre grandes divisions de la
terre des Juifs, la partie septentrionale, comprise entre le Jourdain et la
Méditerranée, s'étendant au sud-ouest jusqu'au promontoire de Carmel
exclusivement, au sud-est jusqu'à Scythopolis, au nord jusqu'à Tyr et à la
Pérée. On la divisait en haute et basse Galilée: la Haute Galilée, qui
renfermait le territoire de l'ancienne Galilée ou Galilée des Gentils, était
habitée par des Phéniciens, des Syriens, des Arabes, et même des Grecs; cf.
Matthieu 4:15; elle se divisait en partie septentrionale, large chaîne de
montagnes en Nephthali, Josué 20:7; Juges 4:6, haute d'environ 1,000 mètres,
calcaire avec quelque peu de basalte, et partie méridionale, plus basse, ornée
de riches campagnes et de collines verdoyantes; c'est là que se trouve la haute
plaine de Zabulon qu'entoure une ceinture de collines; la végétation y est
pleine de force, les prairies sont semées de fleurs, surtout de cactus qui y
atteignent une grosseur extraordinaire; le sol en est maintenant jonché de
ruines inconnues, et les prairies sont désertes. La Basse Galilée comprenait
les tribus d'Aser, de Zabulon, de Nephthali et une portion d'Issachar, depuis
Tibériade jusqu'à Ptolémaïs, depuis la plaine de Jizréhel jusqu'à Béersébah. Le
chemin de la mer, Matthieu 4:15, traversait le milieu du pays.
À l'époque où Jésus parut, la Galilée comptait un
nombre presque incroyable de villes et de bourgs; au dire de Flavius Josèphe
deux-cent-quatre villes et villages, dont le moins considérable avait 15,000
habitants, ce qui faisait une population d'au moins 3 millions d'habitants.
Les Phéniciens en avaient toujours occupé les côtes et
quelques hautes vallées du Liban; ils purent librement s'établir dans les
villes données à Hiram, et arrivèrent sans doute en plus grand nombre encore
lorsque Tiglath-Piléser eut conduit les légitimes possesseurs du pays en
captivité, 2 Rois 15:29. On y trouve maintenant quelques rares habitants,
mélange de Juifs, de Druses, de Maronites, de Motualis, d'Arabes et de
Turcomans, qui adorent pêle-mêle Astaroth, Mahomet, et les prophètes hébreux.
Par suite de leur position qui les mettait en contact
fréquent avec les païens, le langage des Galiléens s'était altéré, ils
parlaient un dialecte rude et lourd qui les faisaient facilement reconnaître
des habitants de la Judée, Matthieu 26:73; ils changeaient par exemple Alfaï en
Chlofa, Alphée en Cléopas. Leur état religieux et moral laissait beaucoup à
désirer; corrompus par le voisinage des Phéniciens, ils étaient trop éloignés
du centre théocratique pour pouvoir y trouver un contre-poids suffisant, et
plusieurs passages du Nouveau Testament prouvent assez combien ils étaient méprisés,
Matthieu 26:69; Jean 1:46; Actes 2:7-8, au point que les pharisiens en étaient
venus à vouloir cacher ou faire oublier l'origine galiléen-ne de quelques
prophètes: Élie, Jonas, Nahum (?). Cependant notre Sauveur a honoré cette
contrée en prenant le nom de Jésus de Nazareth, en y habitant, tantôt dans une
ville, tantôt dans une autre, à Capernaüm surtout, et en y choisissant la
plupart de ses disciples; les anges appelèrent aussi de ce nom, hommes
galiléens, les apôtres qui cherchaient à suivre dans les cieux le maître qui
leur était enlevé, Actes 1:11. Ce fut pour les habitants de la Galilée
l'accomplissement littéral de Ésaïe 9:1-6; ils virent se lever les premiers la
lumière du monde, parce que leurs ténèbres étant plus épaisses, ils arrivèrent
aussi plus vite au sentiment de leur éloignement de Dieu. Ils servirent en même
temps d'intermédiaire entre les Juifs et les païens, et préparèrent la grande
idée de l'unité religieuse et spirituelle, que le christianisme a créée entre
tous les enfants d'Adam; ils accomplirent la prophétie de Moïse, Deutéronome
33:18-19. Les Galiléens passaient pour courageux, inquiets, turbulents, Luc
13:1; c'est chez eux que prit naissance sous les auspices de Judas le Galiléen,
Actes 5:37, la secte des Zélotes à laquelle avait appartenu d'abord un des
disciples de Jésus, Luc 6:15, et qui se caractérisait par un inébranlable amour
d'indépendance, n'ayant de dévouement que pour la patrie, ne reconnaissant que
Dieu pour chef et pour maître. Judas prétendait que la taxe établie par les
Romains et réglée par Quirinius à l'occasion du dénombrement, Luc 2:1; Actes
5:37, était un nouvel esclavage, une servitude manifeste, à laquelle les
Israélites devaient s'opposer de toutes leurs forces; le peuple approuva ces
discours, on prit les armes, et cette petite guerre domestique grandit bientôt
et ne se termina qu'avec là ruine de Jérusalem et du temple: les habitants de
la Galilée furent les plus fermes soutiens de cette révolte commencée par un
des leurs; d'après Flavius Josèphe ils étaient en tous points d'accord avec les
pharisiens, et n'en différaient que par leurs principes relativement à
l'autorité de Dieu seul sur les hommes et surtout sur les Juifs. Calmet pense
que les Hérodiens sont les mêmes que ces Zélotes ou Galiléens;
— Voir: Hérodiens.
Quelques auteurs, Calmet, Ligthfoot, Cellarius,
combattus par Reland, Winer, etc., estiment que la Galilée s'étendait encore à
l'orient du Jourdain; mais leurs preuves nous paraissent peu solides et
reposent plutôt sur des présomptions, et quelquefois sur des inexactitudes de
traduction; les Septante, disent-ils, traduisent Basan par Galilée, Ésaïe
33:9,; Eusèbe, in Es. 9, dit clairement que la Galilée était au-delà du
Jourdain; Bethsaïda, ville galiléenne, était de même à l'orient; enfin Judas le
Galiléen était de Gaulon, d'après Flavius Josèphe, c'est-à-dire encore
d'au-delà le Jourdain. Il vaut cependant la peine de peser ces arguments.
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GALLIM,
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1 Samuel 25:44, village qui paraît avoir appartenu à
la tribu de Benjamin, Ésaïe 10:30. Eusèbe parle encore d'un bourg de ce nom
près d'Hékron.
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GALLION,
________________________________________
frère du philosophe L. An. Sénèque, s'appelait d'abord
Marcus Annæus Novatus, mais ayant été adopté par la famille du rhéteur L.
Junius Gallio, il prit le nom de sa nouvelle famille. Claude César le fit
proconsul d'Achaïe, et Néron le maintint dans sa dignité. Son frère lui dédia
son traité sur la Colère, lui rendant en même temps ce beau témoignage qu'il
était le plus pacifique et le plus doux des hommes. Les Juifs de Corinthe
voulurent faire comparaître Paul devant son siège judicial, mais comme l'apôtre
ouvrait la bouche pour se défendre, Gallion ayant su qu'il ne s'agissait que
d'une question juive, refusa d'entendre la cause, et les laissa s'arranger
entre eux. Les Grecs qui étaient présents, irrités contre ces importuns
accusateurs, s'emparèrent du principal, d'entre eux, Sosthènes, chef de la
synagogue, et le frappèrent de coups, sans que Gallion s'en mît en peine.
Quelques années après, Gallion partagea la disgrâce de ses frères, et fut mis à
mort avec eux par ordre, de Néron.
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GAMALIEL
________________________________________
(récompense de Dieu),
1. Nombres
1:10; 2:20; 7:54, chef de la tribu de Manassé, dans le désert.
2. Pharisien
célèbre, que l'on croit avoir été fils du rabbin Siméon, et petit-fils de
Hillel. Il présida le sanhédrin sous Tibère, Caïus et Claude, mais pas Actes
5:34, et doit être mort dix-huit ans après la destruction de Jérusalem. Saul
s'honore devant les Juifs d'avoir été l'élève de ce grand maître, Actes 22:3,
mais il le devança dans la vérité, et se déclara pour l'Évangile, lorsque
Gamaliel se contentait d'accorder aux chrétiens et aux apôtres une protection
de prudence et de politique. Les apôtres ayant été appelés à paraître devant le
conseil, comme les pharisiens grinçaient des dents, et ne s'occupaient qu'à
chercher un moyen de les faire mourir, Gamaliel, honteux pour le corps dont il
faisait partie, d'en voir les membres se montrer ainsi pleins de passion devant
les prévenus, demanda le huis-clos, et se prononça pour le laisser-faire: il
s'appuya sur l'histoire, et proposa à ses collègues ce dilemme: Si c'est
l'œuvre de Dieu, vous ne la pourrez détruire, et prenez garde même que vous ne
soyez trouvés faire la guerre à Dieu; si c'est une œuvre d'hommes, au
contraire, elle se détruira d'elle-même, elle ne mérite pas de votre part une
si grande haine, et ne doit pas vous préoccuper si vivement. On se contenta
donc de les faire fouetter.
— Ce discours était-il celui d'un homme qui s'achemine
vers le christianisme, sans oser se prononcer encore, ou celui d'un homme qui
cherche sa réputation dans la prudence, la sagesse et la modération? Cette
dernière opinion se prouverait, selon quelques auteurs, parle fait que Gamaliel
a laissé persécuter l'Évangile par son disciple Saul, et n'a rien fait pour
l'en empêcher; mais ce n'est qu'une assertion: l'autre opinion nous paraîtrait
pouvoir se justifier par la solennité des paroles qu'il prononce: «Prenez garde
que vous ne soyez trouvés faire la guerre à Dieu. «On ne doute pas, dit Calmet,
que Gamaliel n'ait embrassé la foi de Jésus-Christ, mais on ne sait en quel
temps il se convertit, ni par qui il fut baptisé.
— Une vie de saint Étienne donnerait à cette tradition
quelque vraisemblance.
________________________________________
GANGRÈNE,
________________________________________
2 Timothée 2:17;
— Voir: Maladies.
________________________________________
GARIZIM,
________________________________________
— Voir: Guérizim.
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GASMU,
________________________________________
Néhémie 6:6, le même que Guésem, 2:19; 6:1-2, Arabe,
ou peut-être Samaritain, se montra l'un des plus lâches ennemis des Juifs au
retour de l'exil, joignit l'ironie à la calomnie contre ce peuple malheureux,
et entra dans un complot contre la vie de Néhémie.
________________________________________
GÂTEAU.
________________________________________
Outre les pains qui avaient assez ordinairement la
forme de gâteaux, les Israélites avaient diverses espèces de gâteaux proprement
dits, dont nous n'énumérerons pas les noms hébreux, et dont les nuances ne sont
pas toujours bien connues,
a. Genèse
18:6; 19:3; 1 Rois 17:13; Ézéchiel 4:12, il s'agit de gâteaux cuits sous la
cendre, ou entre deux pierres brûlantes; ils étaient faits quelquefois de fleur
de farine, quelquefois d'orge.
b. Des
gâteaux à l'huile cuits sur le gril, Lévitique 2:7.
c. Une
espèce de pouding ou beignets, cuits dans la poêle, 2 Samuel 13:6-8.
d. Des
gâteaux cuits au four, arrosés d'huile, et offerts d'ordinaire en sacrifices, 2
Samuel 6:19; Exode 29:2; Lévitique 2:4; 7:12; 8:26; Nombres 6:15.
e. Des
beignets ou gâteaux très minces, rissolés, faits de fine farine et oints
d'huile, Exode 29:2; Lévitique 8:26; 1 Chroniques 23:29.
f. Des
gâteaux de miel, Exode 16:31, encore maintenant en usage; ce sont peut-être des
gâteaux de cette espèce qu'il faut voir dans les passages mal traduits, 2
Samuel 6:19; 1 Chroniques 16:3; Cantique 2:5; Osée 3:1, au lieu de flacons de
vin; ce seraient des gâteaux de raisins,
g. Jérémie
7:18; 44:19, gâteaux offerts à la reine des cieux, et dont on ignore la
composition.
La plupart de ces gâteaux étaient destinés à être
offerts dans les temples, ils appartenaient aux offrandes non sanglantes, ou
minhha, et remplaçaient pour les pauvres des sacrifices d'une plus grande
valeur, du moins pour ce qui regarde les offrandes volontaires, car pour les
sacrifices d'obligation la loi ne permettait que l'échange d'un animal contre
un autre, cf. Lévitique 14:21. Les gâteaux devaient toujours être salés et sans
levain, cuits au four et arrosés d'huile, Lévitique 2:4-5; le prêtre en prenait
ce qui devait être brûlé sur l'autel et gardait le reste pour lui.
— Voir: Libations.
— Le gâteau des jalousies que le prêtre devait offrir
pour la femme soupçonnée d'adultère, Nombres 5:15, devait être fait avec la
dixième partie d'un épha de farine d'orge, sans huile ni encens; le prêtre
devait le tournoyer et en offrir une poignée sur l'autel, versets 25 et 26.
L'orge, au lieu de fine farine, marquait l'humiliation de la femme soupçonnée.
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GATH
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1. (pressoir).
Une des cinq grandes villes des Philistins, Josué 13:3; 1 Samuel 6:17; 21:10;
27:2; 2 Samuel 1:20, célèbre comme lieu de naissance et principale habitation
de Goliath, 1 Samuel 17:4. Elle fut conquise par David au commencement de son
règne, 2 Samuel 8:1; 1 Chroniques 18:1, et fortifiée par Roboam, 2 Chroniques
11:8. Le roi de Gath, Akis, qui vivait sous Salomon, 1 Rois 2:39, était
probablement tributaire du monarque hébreu, cf. 4:24. Cette ville tomba sous
Joachaz entre les mains des Syriens, 2 Rois 12:17. Joas en fit de nouveau la
conquête, 2 Rois 13:25; puis encore Hozias, 2 Chroniques 26:6, après qu'elle se
fut un moment émancipée, Amos 6:2. Elle recouvra de rechef sa liberté, Michée 1:10;
mais Ézéchias se la soumit encore, et il paraît qu'elle fut dès lors pour
longtemps assujettie.
— Elle n'est pas comprise dans la distribution des
villes que Josué donna aux tribus d'Israël, mais, d'après Flavius Josèphe, elle
appartenait au territoire de Daniel Gath étant la plus méridionale des villes
des Philistins, comme Hékron en était le plus septentrionale, on disait de Gath
à Hékron pour dire d'un Bout du pays à l'autre, 1 Samuel 7:14; 17:52. Au temps
d'Eusèbe, c'était un gros bourg à 5 milles d'Éleuthéropolis, sur la route de
Diospolis; les voyageurs modernes n'en font pas mention.
2. Gathépher
(qui creuse le pressoir), 2 Rois 14:25, ou Guitta Hépher, Josué 19:13, dans la
tribu de Zabulon, lieu de naissance de Jonas, à 2 milles de Sepphoris, sur le
chemin de Tibériade en Galilée.
3. Gath
Rimmon; il y avait plusieurs villes de ce nom:
a. Josué
19:45; 21:24, dans la tribu de Dan; elle fut donnée aux Kéhathites;
b. Josué
21:25, tribu de Manassé, donnée aux Kéhathites;
c. 1
Chroniques 6:69, tribu d'Éphraïm, donnée aux Kéhathites. Quelques auteurs
pensent toutefois que c'est une seule et même ville, et regardent l'indication
c) comme insuffisante, celle de b) comme faute de copiste. La ville étant peu
connue, il est difficile de prononcer.
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GAZA
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(fort), une des cinq principales villes des
Philistins, Josué 15:47, à la frontière méridionale de Canaan, Genèse 10:19,
située sur une hauteur entre Raphia et Askélon, à 20 stades environ (4
kilomètres) de la Méditerranée, à 5 stades d'Askélon, à 600 milles de Pétra en
Arabie (52° 24' longitude 31° 37' latitude), et jouissant d'un port distant
seulement de 7 stades. Sa situation avantageuse a été pour elle la cause de
destinées bien variées et de diverses révolutions: elle passa successivement
des Philistins aux Hébreux, et des Hébreux aux Philistins. Josué la conquit et
la donna à la tribu de Juda, Josué 15:47; Juges 1:18, elle recouvra sa liberté,
à ce qu'il paraît, sous le règne de Jotham ou d'Achaz, peut-être encore plus
tôt, Juges 3:3; 46:1; 1 Samuel 6:17; 2 Rois 18:8; Amos 1:6:7; Sophonie 2:4;
Zacharie 9:5, puis fut reprise par Ézéchias, 2 Rois 18. Elle obéit encore aux
Caldéens vainqueurs de la Syrie, et aux Perses, puis tomba au pouvoir
d'Alexandre le Grand après une résistance de cinq mois. Elle ne fut détruite
que sous le roi juif Alexandre Jannæus, 96 ans avant J.-C., après un siège d'un
an: Gabinius, général romain, la releva, Auguste la donna à Hérode; après la
mort de celui-ci, elle fut agrégée à la Syrie. D'après Méla, Eusèbe et saint
Jérôme, c'était encore une ville très considérable et bien fortifiée au temps
de l'empereur Claude. Maintenant elle est sans muraille, et ne compte que 2,000
habitants.
À l'époque dont il est parlé, Actes 8:26, Gaza n'était
point déserte, quoiqu'un grand nombre de ses habitants l'eussent abandonnée:
plusieurs essais ont été faits pour expliquer ce qui paraît être une
inexactitude de l'historien; on a dit que ces mots sont une addition de lui,
une détermination qu'il ajoute aux discours de l'auge, et qui se trouvait être
vraie au moment où Luc écrivait, tandis qu'elle ne l'était pas à l'époque où la
scène se passa; ou a voulu distinguer encore deux Gaza (Calmet), la petite,
Majuma, qui était fort peuplée, et la grande, qui l'était moins; d'autres ont
dit que déserte doit s'entendre dans le sens de démantelée, ayant perdu ses
murs; c'est aller chercher bien loin ce qu'on a sous la main; d'après le texte,
le mot désert peut s'appliquer à la route aussi bien qu'à la ville, et, d'après
le sens, il le doit; une route nouvelle pouvait avoir été construite, laissant
l'autre moins fréquentée; c'est cette dernière que suivait l'eunuque
d'Éthiopie, et l'apôtre devait l'y aller rejoindre.
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GAZELLE,
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gentil animal qui est nommé plusieurs fois dans la
Bible comme symbole de la grâce, Cantique 2:9,17; 4:5, quelquefois de la
légèreté à la course, 2 Samuel 2:18; 1 Chroniques 12:8, ou de la fuite rapide,
Proverbes 6:5; Ésaïe 13:14. L'adjuration au nom de la gazelle ou du chevreuil
est fréquente en Orient, Cantique 2:7; 3:5. La gazelle proprement dite (hébreu
tsebi, que nos versions traduisent ordinairement par daim), est l'antilope
dorcas de Linnée; c'est la plus commune; elle a un peu moins de 1 mètre de
hauteur; ses cornes ont près de 30 centimètres de long, elles portent des
anneaux entiers à leur base, et ensuite des demi-anneaux jusqu'à une petite
distance de leur extrémité, qui est lisse et pointue; ces anneaux, dont on
compte douze ou treize, marquent les années de l'accroissement, les cornes sont
en outre sillonnées longitudinalement par de petites stries (Buffon); elles
sont permanentes; ces caractères appartiennent en propre aux gazelles: elles en
ont d'autres en commun avec le chevreuil, et surtout avec la chèvre, dont la
gazelle est une variété: le poil est brun clair, tirant sur le blanc vers le
ventre, aux pieds et sur le haut des cuisses; les oreilles, d'un gris cendré,
sont longues de 18 centimètres; les yeux, d'un noir brillant, sont grands et
pleins de feu; la queue, de 30 centimètres de long à peu près, est redressée;
les jambes sont fortes et solides, capables de faire des bonds de 2 à 3 mètres,
et d'une vitesse incroyable. Cet animal se trouve en Syrie, en Mésopotamie et
dans les autres provinces du Levant, aussi bien qu'en Barbarie et dans les
parties septentrionales de l'Afrique; il vit par troupeaux de centaines et de
milliers. Les Orientaux et principalement les poètes, l'ont pris en grande
affection, et ne manquent jamais de lui donner une place dans leurs vers, quand
ils célèbrent les belles et l'amour. La chair de la gazelle est d'un goût
agréable; la loi de Moïse en avait autorisé l'usage comme viande pure,
Deutéronome 12:15,22; 14:5; 1 Rois 4:23.
Le nombre des espèces de gazelles est fort
considérable, Buffon en comptait déjà treize: outre la tsebi, l'Écriture parle
encore de plusieurs autres, qu'il n'est pas possible de déterminer; le dischon,
Deutéronome 14:5, que nos versions rendent par chevreuil (Septante et Vulgate,
pygargue), le même probablement que le strepsicore et l'addace des anciens, et
que le lidmée des Africains. Le nom de pygargue signifie cul-blanc, et l'animal
indiqué serait remarquable par ce signe, comme aussi par des taches cendrées
sur les côtes. D'après Buffon, ce serait l'algazel ou pasan, dit la gazelle
d'Égypte, que les traducteurs des Septante étaient en effet bien à même de
connaître: elle est beaucoup plus grande que la précédente et a le col rouge.
Le tho ou theo, Deutéronome 14:5; Ésaïe 51:20, traduit
par bœuf sauvage: quelques-uns l'entendent du buffalo; mais Aben Ezra assure
qu'aucune espèce de bœuf sauvage ne se trouve en Palestine. Il parait plus
probable qu'il faut l'entendre, avec saint Jérôme, de l'oryx des Grecs, ou
chèvre sauvage (le bekkar el wash du Dr Schaw); l'oryx habite les solitudes de
l'Afrique et les confins de l'Égypte, et l'on peut comprendre aisément qu'il se
soit jeté quelquefois dans les déserts qui entourent Canaan; d'ailleurs les
Israélites auront pu apprendre à le connaître pendant leur séjour en Égypte.
Quant au zémer,
— Voir: Chameaupard;
pour acko et yael,
— Voir: Chamois et Cerf.
Le yachmour, Deutéronome 14:5; 1 Rois 4:23, traduit
par buffle, par bubalus, dans les Septante et la Vulgate, est peut-être
l'antilope bubalis, animal au poil roux, du genre de la gazelle, qui se trouve
en Syrie et sur les bords de l'Euphrate; on ne peut du reste pas le déterminer;
quelques-uns pensent au daim, et s'appuient sur l'analogie de l'arabe, qui est
assez concluante en effet: leur bois solide et plein tombe chaque année.
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GÉANTS.
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Tous les peuples tiennent à honneur d'avoir eu leurs
géants, et rendent témoignage par leur accord à l'existence d'hommes d'une
taille considérablement au-dessus de la taille ordinaire actuelle. Depuis les
géants d'Homère, Othus, Éphialte, les Cyclopes et les Titans, jusqu'aux héros
du Mexique et du Pérou, aux genoux desquels atteignaient à peine la plupart des
hommes de leur temps, il y a large place pour bien d'autres géants encore, et
l'on en connaît de toutes les mesures, depuis 10 pieds jusqu'à 60, 100, et même
au-delà: l'Inde en connaît même qui avaient plusieurs lieues de hauteur. Quoi
qu'il en soit, de tous les contes qui ont été recueillis, et qui se trouvent
soigneusement consignés dans Calmet, y compris une dent de 15 livres et un
crâne qui contenait 15 boisseaux de blé, il est incontestable non seulement
qu'il y a eu des géants, mais même qu'il a existé des races, des familles de
géants, et qu'en général les hommes des premiers siècles de notre monde étaient
bien plus grands qu'ils ne le sont aujourd'hui, sans toutefois qu'on puisse
établir pour la taille le même rapport qui existe entre l'ancienne et la
nouvelle longévité. Certains restes colossaux d'animaux qu'on trouve à la
surface de la terre autorisent à croire qu'il existait une race d'hommes
proportionnée; et plusieurs monuments d'architecture sauvage, qu'on retrouve
dans différents pays, sont évidemment l'ouvrage d'hommes d'une taille et d'une
force prodigieuse.
Il est parlé de géants avant le déluge, Genèse 6:4;
mais on peut croire que l'idée fondamentale qui s'attache à ce mot dans ce passage
n'est pas celle de la grandeur corporelle, et qu'il faut, comme ordinairement
en hébreu, s'attacher au sens moral: la traduction littérale du mot nephilim,
rendu par géants, est «les déchus» (selon la tradition rabbinique les géants
étaient tombés du ciel), «les réprouvés»; d'après Schrœder, «les assaillants»
(ceux qui tombent sur), c'est-à-dire «les disgraciés». La manière dont il est
parlé de ces géants dans le contexte semble indiquer qu'ils étaient issus des
fils de Dieu et des filles des hommes (— Voir: Enfants); du moins on peut
l'entendre ainsi, comme on peut également ne voir dans l'indication de Moïse
qu'une parenthèse: si les géants sont identiques avec les puissants hommes de
renom, il y a plus d'unité dans la phrase, mais il serait singulier que le
mariage des fils de Dieu avec les filles des hommes n'eût produit que des
géants, et l'on serait presque forcé, par cette supposition, d'admettre chez
les fils de Dieu quelque chose de surnaturel, de les regarder comme des êtres
différents des hommes. Le plus simple nous paraît, en conséquence, de regarder
comme incidente la mention des géants, de ne voir dans les fils de Dieu que des
membres de la famille de Seth, se détournant de la vérité et du culte du vrai
Dieu pour suivre les idoles et s'abandonner aux passions de la chair, et les
hommes célèbres et puissants seraient les fils de ces mariages, qui auraient eu
une influence d'autant plus considérable qu'ils appartenaient à des familles
différentes, à la race de Seth par leurs pères, à celle de Caïn par leurs
mères. Suivant Schrœder, le fait significatif de ce passage serait, non point
l'existence de géants (il y en avait déjà), mais leur production, leur
naissance dans la famille de Seth.
(Dans Gen. 6:4, le
mot nephilim signifie proprement «les disgraciés» et se rapporte à la lignée de
Caïn qui avait été bannie de la terre pour aller habiter dans le monde de Nod.
Ils revinrent se mélanger avec les habitants de la Terre et prirent des femmes
pour engendrer des enfants dans une tentative de déjouer le plan de Dieu et
forcer son bras à les sauver. Tout semble indiquer que le gigantisme était
l'état normal des choses à cette période, des plantes, des animaux, et de
l'homme. Que des géants se retrouvent après le déluge nous indique la forte
probabilité que Noé et ses fils étaient eux-mêmes des géants. Le gigantisme
déclina rapidement après le déluge du fait que sa cause primaire n’existait
plus pour altérer la physionnomie de la nature, le champ d’attraction entre les
corps célestes avait changé subitement lors de la destruction d’une planète qui
se trouvait entre Mars et Jupiter. Mais il fut plus tenace dans les descendants
de Cham, le dernier géant à être détruit semblerait être le célèbre Goliath qui
fut tué par David.)
L'Écriture mentionne encore comme races géantes les
Réphaïms et les Hanakins. Les Réphaïms (q.v.) habitaient, avant l'arrivée des
Israélites, les contrées transjourdaines de la Palestine; Hog, roi de Basan,
était un dernier reste de cette famille; il fut vaincu par Israël, Deutéronome
3:3,11; cf. Josué 12:4; 13:12: les Émins, qui partageaient avec les Réphaïms
une commune origine, habitaient le pays qui fut plus tard celui de Moab,
Deutéronome 2:10, et les Zamzummins, le pays de Hammon, 2:20. Les Hanakins, ou
fils de Hanak, Nombres 13:33; Deutéronome 9:2, étaient si grands, que les
espions d'Israël déclarèrent qu'ils n'étaient que des sauterelles auprès d'eux
(on peut croire que la peur entrait pour quelque chose dans l'hyperbole): leur
stature était devenue proverbiale, et servait de mesure de comparaison,
Deutéronome 2:10-11,21. Ils occupaient au temps de Moïse tout le pays depuis
Hébron jusqu'aux montagnes de Juda et d'Israël, Josué 11:21. Quoique vaincus et
chassés, plusieurs d'entre eux reparurent plus tard dans l'histoire des Hébreux,
— Voir: Goliath, 1 Samuel 17:4; 1 Chroniques 20:4,6,8;
mais ils se maintinrent toujours dans les quartiers
des Philistins, à Gaza, Gath, Azot, etc. Josué 11:22.
On peut voir, par la comparaison de l'Écriture sainte
avec les ouvrages profanes, combien la première se distingue par sa sobriété et
toute absence d'exagération dans ce qu'elle rapporte des géants; elle se
distingue encore en ce qu'elle signale comme une monstruosité, une
dégénérescence, un fruit du péché (l'union des Séthites et des Caïnites), ce
que les païens regardaient comme une gloire; cf. Odyss. 10, 119, suivant,
Ænied. 12, 900. Juvénal 15, 69. Pline 7, 16. Augustin., De Civit. 15, 9, etc.
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GÉDÉON ou Jérubbahal,
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(destructeur), Juges 6-8; ou Jérubbahal, le cinquième
des Juges d'Israël (1245 avant J.-C.), délivra son peuple de l'oppression des
Madianites. Ce chef, de la tribu de Manassé, battait le grain à Hophra avec son
père, lorsque l'ange de l'Éternel lui apparut et lui annonça que Dieu l'avait
choisi pour juge. Il dut commencer par détruire dans sa propre maison toutes
les traces de l'idolâtrie qui avait envahi le pays. Les tribus de Manassé, de
Zabulon, d'Aser et de Nephthali, se réunissent sous ses ordres au nombre de
32,000 hommes contre une armée innombrable; mais l'armée d'Israël est trop
nombreuse encore, et sur une proclamation de Jéhovah qui permet à tous ceux qui
sont timides de s'en retourner, cf. Deutéronome 20:1-8, 22,000 quittent les
rangs et s'en vont; 10,000 hommes restaient; c'était peu, pour Dieu c'était
trop encore; une nouvelle épreuve fut ordonnée, et la petite armée fui réduite
à 300 hommes seulement: Gédéon les divisa en trois bandes, et ne leur donna
d'autres armes qu'une trompette et un flambeau; puis, au milieu de la nuit, ils
fondent sur le camp des Madianites qui s'enfuient et s'entre-tuent; ils passent
le fleuve, où plusieurs périssent sous les coups des Éphraïmites; Gédéon
poursuit jusqu'à Hobah les 15,000 hommes qui restent, les défait entièrement,
et venge sur les deux chefs Zébah et Tsalmunah ses frères égorgés par ces
princes. Les Israélites lui offrent, à lui et à ses enfants après lui, la
couronne royale, mais il la refuse et se borne à répondre: Que l'Éternel règne
sur vous. Un nuage ternit la gloire de sa victoire: des dépouilles ennemies qui
s'élevaient à 1,500 livres d'or, il fait une image qu'il recouvre de l'éphod;
il veut rappeler au peuple les gratuités de l'Éternel, et il sanctionne par son
action même l'idolâtrie qu'il veut condamner: le nom de Jérubbéseth qu'il reçut
plus tard, 2 Samuel 11:21, et qui signifie «il a combattu pour la honte» se
rapporte peut-être à cette faute. Le reste de sa vie fut paisible, il eut
soixante-dix fils, et mourut dans un âge fort avancé.
— Voir: pour les détails mes Juges d'Israël, p. 49-60.
L'histoire profane semble avoir conservé le nom de
Gédéon. Sanchoniathon, qui vivait à la même époque à peu près, doit s'être
servi pour la composition de son histoire, de documents qui lui auraient été
fournis par Jérombal (Jérubbahal), prêtre de Jao (Jéhovah).
— Serin, de Gaussen.
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GÉHENNE,
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— Voir: Hinnom.
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GÉNÉALOGIES,
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— Voir: Jésus et Tribu.
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GÉNÉSARETH,
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lac de Génésareth, Luc 5:1; mer de Tibériade, Jean
21:1; appelée aussi mer de Galilée, Jean 6:1, et dans l'Ancien Testament mer de
Kinnéreth, Josué 13:27; Nombres 34:11, ou de Kinnaroth, Josué 11:2; 12:3. Cette
belle nappe d'eau que Ritter et Tholuck comparent au lac de Genève pour la
pureté de ses eaux et la richesse de ses bords, que d'autres comparent à la
partie septentrionale du lac Majeur, à cause de sa majesté sauvage jointe aux
beautés d'une nature douce et riante, est située dans un profond bassin entre
deux plateaux de montagnes; de forme à peu près ovale, allongé du nord au midi,
il a environ 140 stades de longueur sur 40 de largeur d'après Flavius Josèphe,
30 kilomètres sur 8 ou 9; les estimations modernes lui donnent a peu près la
même étendue. Ses eaux bleues, profondes, douces et transparentes, sont
constamment renouvelées par les flots du Jourdain qui le traversent dans sa
longueur; elles ne sont troublées que lorsque des ouragans sortant subitement
des gorges des montagnes, menacent les navigateurs. Il était jadis sillonné par
un grand nombre de bateaux, et comme il est très poissonneux, la pêche était
une occupation importante pour les habitants de ses bords, Matthieu 4:18; Luc
5:4; Jean 1:44; 21:3. La contrée est d'une merveilleuse beauté; le climat de ce
bassin profond dont la chaleur est tempérée par la fraîcheur des eaux, y
produisait une végétation aussi abondante que variée; les fruits de divers
climats y croissaient non loin les uns des autres, les dattiers des tropiques
près des arbres d'une zone plus tempérée: on y trouvait réunis la vigne, le
citronnier, l'oranger, et le figuier, qui mûrissaient sans interruption,
pendant six mois de l'année. Aussi les mahométans en faisaient-ils avec Damas,
Samarcande, et une contrée voisine de Ragdad, un de leurs paradis terrestres. À
l'est s'élèvent hors du lac des rochers basaltiques, et de sombres montagnes
qui se terminent en sommets arrondis; à l'ouest le terrain s'élève par des
gradins ou des vallées étagées jusqu'à la hauteur du plateau; cette côte
occidentale était jadis couverte d'un grand nombre de villes et de bourgades
populeuses: aujourd'hui ses rives sont presque désertes, et l'on n'y trouve pas
même un bateau.
Le voyageur Russegger (1838) regarde sa course au lac
de Génésareth comme une des plus intéressantes qu'il ait faites en Palestine;
et trouva, dit-il, dans la magnificence de cette vue une compensation plus que
suffisante aux fatigues de cette excursion ajoutée à tant d'autres. Il a
calculé, par l'emploi du baromètre, que la surface de ce lac devait être de 625
pieds (203 mètres) au-dessous du niveau de la Méditerranée; Schubert n'avait
compté qu'une différence de 535 pieds (162 mètres) entre les deux niveaux.
L'Ancien Testament fait mention de ce lac comme d'une
frontière, Nombres 34:11., etc. Les faits qui s'y sont passés au temps de notre
Seigneur, le rendent particulièrement cher aux chrétiens;
— Voir: Matthieu 4:18-22; 8:23-27; 11:20-24; 14:24-33;
Marc 4:36-41; 6:31,56; Luc 5:1-11,8:23-25. Jean 6:18-21; 21, etc.
Quant à la ville de Kinnéreth qui appartenait à la
tribu de Nephthali, Josué 19:33, on pense que c'est la même que Tibériade, q.v.
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GENÈSE,
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le premier livre de la Bible en général, et du
Pentateuque en particulier; il s'appelle en hébreu Bereshith (au commencement),
selon les mots par lesquels il commence, et en grec Genesis (origine,
naissance), nom tiré de son contenu. L'auteur en est Moïse selon l'ancienne
tradition, et d'après les traces qui se trouvent dans le Pentateuque lui-même.
Le but du livre est d'exposer l'origine du peuple de Dieu, en la rattachant à
l'origine du monde. La Genèse est une introduction, une tête nécessaire à
l'intelligence des autres livres de la Bible, qui, sans elle, seraient un
acéphale.
— Après nous avoir donné sur la création quelques
idées claires, précises et succinctes (— Voir: cet article), la Genèse nous dit
le commencement de la vie sur la terre, le premier homme et le premier péché,
la première famille et la première dispersion, la première chute et la première
promesse. Elle pose les jalons de l'histoire du genre humain pendant les vingt
premiers siècles (Genèse 1-11,) en nous faisant suivre les traces des idées
théocratiques et des révélations divines, jusqu'au moment où elle vient à
s'occuper d'une manière plus particulière de la famille d'Héber et de son
illustre descendant Abraham (11-50). Elle raconte alors l'histoire des trois
grands patriarches Abraham, Isaac, Jacob; elle est plus circonstanciée sur la
vie de Joseph, et sur ses destinées qui sont d'une grande importance pour
l'histoire de la théocratie. Elle finit en rapportant les paroles de
bénédiction adressées par Jacob mourant à ses fils, l'ensevelissement de ce
patriarche et la mort de Joseph.
— Quant à la langue, c'est l'hébreu le plus pur et le
plus uni, avec quelques archaïsmes témoins de l'antiquité du livre; il peut
être regardé comme la base et le modèle de la formation de cette langue sainte,
dans tous les autres livres du code sacré.
La Genèse avait joui dans tous les siècles de ce
respect qu'exigent les livres de Dieu, et que l'on accorde généralement à ces
vieux monuments d'une ère qui n'est plus, lorsque dans la moitié du siècle
passé un médecin hollandais nommé Astruc, sans doute malheureux dans l'exercice
de son art, eut l'idée de consacrer ses loisirs à démolir ce qui était sacré en
théologie, et tomba sur la Genèse, dont il révoqua en doute l'authenticité et
l'intégrité (Bruxelles, 1753). Son livre, intitulé: «Conjectures sur les
mémoires originaux dont il paraît que Moïse se servit pour composer le livre de
la Genèse», réussit auprès de certains théologiens qui en adoptèrent et en
développèrent les idées, Eichhorn, Ilgen (1798), puis Vater (1801-1805), De
Wette, Gramberg (1828). Même l'idée se développa et s'étendit sous le marteau;
selon ces auteurs d'hypothèses, non seulement le contenu de la Genèse serait
tiré de deux anciens documents, mais dans sa forme actuelle ce livre ne serait
pas même le travail d'un rédacteur unique qui aurait composé son ouvrage
suivant un plan prémédité; ce serait un recueil de morceaux, d'anciennes
traditions mal arrangées et augmentées par la fantaisie des narrateurs. Il
n'appartient pas à notre plan d'entrer dans des détails sur cette controverse,
mais nous devons au moins en indiquer les éléments.
L'hypothèse du morcellement repose:
a. sur
ce qu'il y a dans la Genèse plusieurs relations d'un seul fait, par exemple
12:10-20; 20:1; sq. 26:6-12; mais il ressort du texte même que ce sont des
faits tout différents;
b. sur
ce que l'origine d'un même nom est racontée de différentes manières, le nom d'Isaac,
17:17,19; 18:12-15; 21:3,6, celui de Béersébah, 21:30-31; 26:33, de Béthel,
28:19; 35:15; mais de ce qu'un même nom a pu se trouver vrai dans plusieurs
sens, il n'en résulte pas la nécessité de penser à deux récits dont l'un
exclurait l'autre;
c. sur
ce qu'il y a de fréquentes répétitions; niais c'est dans le style oriental, et
d'ailleurs l'objection n'aurait de force que si les mêmes faits étaient
racontés chaque fois sans des détails nouveaux, dans la même connexion, tandis
que c'est le contraire qui a lieu; la répétition se justifie d'elle-même par le
but du narrateur, et elle ne porte que sur des faits importants.
d. Il
y a des morceaux isolés et décousus; mais dans un récit aussi succinct les
transitions seraient souvent des hors-d'œuvre, l'antiquité du livre et son
caractère oriental ne les auraient pas supportées,
e. On
s'appuie enfin sur la présence de certains titres comme indiquant le
commencement de nouvelles péricopes; ainsi 5:4; 6:9; 10:1; sq. 25:12; etc. Mais
ces titres, qui sont en quelque sorte des sommaires de chapitres, indiqueraient
plutôt le contraire; ils servent de transitions naturelles, et indiquent le
plan de l'auteur et le soin avec lequel il coordonne ses généalogies.
L'hypothèse des deux documents repose sur la manière
dont les noms de Dieu et de l'Éternel sont employés (Élohim et Jéhovah); les
inventeurs de l'idée pensent que le rédacteur s'est servi de deux sources ou
documents, dont l'un aurait tout rapporté à Dieu, l'autre tout à l'Éternel. Si
l'on y fait attention, l'on trouvera qu'en effet il y a des chapitres, ou
fragments de chapitres, dans lesquels l'un des deux noms est employé à
l'exclusion de l'autre, quelquefois aussi les deux noms concurremment.
Remarquons d'abord que si l'on veut conclure quelque chose, il faudra appliquer
la même conclusion à l'Ancien Testament presque tout entier, où les noms de
Dieu et de l'Éternel sont alternativement employés: qu'on lise par exemple le
prophète Jonas, on y trouvera la même observation justifiée, et cependant
personne n'osera ou n'a osé faire de ce petit livre une mosaïque composée de
divers documents. Mais une explication très simple et tirée de l'observation
donnera la clé de l'emploi de ces deux noms, dans la Genèse comme ailleurs:
c'est que le nom de Dieu, Élohim, s'applique presque partout au Créateur, juge
de l'univers, maître de la race humaine, dans ses rapports avec le monde;
l'Éternel, Jéhovah, au contraire, est le Dieu de son peuple, le père de ses
enfants, le Sauveur qui se manifeste. On peut lire, en prenant garde à cette
distinction, l'histoire du sacrifice d'Isaac, 22:1, celle du déluge, 6-9, et
surtout celle de la création, 1-3, qui semble prêter le plus à l'hypothèse et
même lui avoir donné naissance: elle se divise en deux parties, 1-2:3; et
2:4-3:1. La première est le récit général: l'auteur nous fait connaître
l'origine du monde, il énumère les créatures, il nomme le créateur, c'est
Élohim; dans la seconde, l'auteur reprend son sujet, mais sous le point de vue
spécial de l'homme considéré comme être moral: c'est là qu'il est question du
péché, de la loi, du jugement, de l'Évangile qui sauve: c'est alors Jéhovah qui
paraît, c'est l'Éternel; le nom de Dieu lui est joint pour bien montrer qu'il
ne s'agit pas d'un autre Dieu, mais du même considéré sous un autre point de
vue, précaution bien nécessaire dans un temps où l'on pouvait être porté à
croire à une pluralité de dieux.
— Voilà tout le secret de l'emploi alternatif de ces
deux noms, non pas seulement dans des morceaux différents, mais aussi dans un
même morceau, et c'est faute d'avoir compris leur grandeur et leur
signification qu'on en est venu à la supposition de deux documents primitifs.
Cette hypothèse, déjà bien ébranlée, tombera comme est tombée celle d'un
Évangile primitif qu'on défendait il y a quelques années encore avec tant de
suffisance.
— Voir: Umbreit, Theol. Stud, und Kritik, 1831, p.
412, Ranke, Recherches sur le Pentateuque, Hævernick, Introduction à l'Ancien
Testament, et l'excellent Commentaire de F. W. J. Schrœder (Das erste Buch
Moses, ausgelegt, Berlin 1486), dont on annonce une traduction française par M.
le pasteur Bastie; cet ouvrage a démontré, selon nous d'une manière évidente,
l'unité du livre et du narrateur.
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GENÊT, genièvre, genévrier.
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1. Le
mot hébreu rothem se trouve 1 Rois 49:4-5; Job 30:4; Psaumes 120:4, et les
Septante l'ont traduit de quatre manières différentes, ce qui prouve qu'ils
n'avaient pas une connaissance bien claire et précise de l'arbre indiqué:
Flavius Josèphe lui-même, en parlant de l'arbre sous lequel s'assit Élie dans
le désert, 1 Rois 19, se borne à dire: «sous un certain arbre.» Jérôme, d'après
Aquila, l'a traduit par genévrier, le syriaque par térébinthe, et le caldéen
par genêt: nos versions ont conservé genêt dans le passage des Rois et ont mis
genévrier dans les deux autres; il est très difficile de décider; Calmet pense
qu'il faut l'entendre d'une manière générale de tout arbuste sauvage; Winer
penche pour le genêt d'après l'analogie de l'arabe ratam (cf. l'espagnol
rétama, venu des Maures). Le genêt, genista rœtem, est un arbuste peu
considérable des plaines de l'Arabie, avec des rameaux petits, cannelés,
opposés, feuilles simples, fleurs blanches, fruit en cosse, allongé, avec deux
rangs de graines. La racine est extraordinairement amère et ne peut servir de
nourriture qu'en cas d'extrême besoin; la fin de Job 30:4, peut se traduire, ou
bien comme nos Bibles l'ont rendu «pour se chauffer», ou bien «la racine des
genêts pour leur pain (nourriture);» cette dernière traduction est favorisée
par le contexte. Le genêt servait aussi comme moyen de chauffage; il donnait
des charbons très ardents et d'une combustion lente et durable; la langue du
méchant leur est comparée pour ses effets désastreux, difficiles à réparer,
Psaumes 120:4. Grêle et sec, cet arbuste donne peu d'ombre, toutefois on sait
encore l'apprécier sous ce rapport dans les landes de sa patrie, et le prophète
fuyant les fureurs de Jésabel, recherche dans le désert son ombrage protecteur,
1 Rois 19:4.
2. Genêt,
employé dans le sens de coursier par quelques-unes de nos versions, 1 Rois
4:28, est un vieux mot français que Martin a trouvé bon pour éviter de répéter
deux fois dans un verset le mot cheval.
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GÉOGRAPHIE.
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Les Hébreux n'avaient des idées ni bien claires, ni
bien étendues sur la configuration de la terre et sur les pays dont elle était
couverte. Ils étaient cependant bien plus avancés que tous les peuples de
l'antiquité sur la grandeur et sur la forme de notre globe. Gesenius a voulu
conclure de Ésaïe 11:12, qu'ils se figuraient la terre carrée, mais il n'est
pas nécessaire d'une supposition semblable pour comprendre une expression que
nous pourrions employer nous-mêmes. On peut comparer d'ailleurs les passages
tels que Ézéchiel 5:5; Proverbes 8:27; Job 26:7,10; Ésaïe 40:31, pour se
convaincre combien étaient exactes, justes et conformes aux vérités découvertes
seulement plus tard, les doctrines des prophètes juifs sur ce point. Quant à la
géographie même, les Hébreux ne connurent d'abord que les pays qui les
entouraient de plus près ou avec lesquels ils avaient des rapports réguliers,
la Syrie, l'Égypte, l'Arabie, la Phénicie: peu à peu, naturellement, ce cercle
s'agrandit par les relations d'Israël avec l'Assyrie, la Médie et la Babylonie;
ils connurent, par ouï-dire sans doute, peut-être par les Phéniciens,
l'existence de contrées et d'îles plus éloignées à l'est, et même au nord de
l'Asie, Gog et Magog, cf. Ézéchiel 27, Jérémie 51:27. La dispersion augmenta
leurs connaissances, et l'on peut croire qu'ils connurent tout l'ancien monde,
tel du moins que le connaissaient les anciens eux-mêmes, surtout la Grèce et
l'Italie. Ils regardaient Jérusalem comme le centre du monde connu, Ézéchiel
5:5; 38:12.
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GERBOISE,
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— Voir: Saphan.
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GERGÉSÉNIENS,
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— Voir: Gadara.
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GETHSÉMANÉ,
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village ou jardin sur le penchant occidental du mont
des Oliviers: c'est là que notre Sauveur lutta pour nous contre la mort, Matthieu
26:36-50; Marc 14:32-52; il avait l'habitude de s'y rendre, Jean 18:2, et Judas
Iscariot, qui connaissait cette sainte retraite, y conduisit la troupe qui
devait s'emparer de son maître. Jésus suait des grumeaux de sang en attendant
l'heure fatale, et un ange vint des cieux pour le fortifier, Luc 22:39-53. Un
mur élevé désigne et entoure ce lieu, où sont encore huit oliviers d'une
extrême vieillesse, et qui portent le nom de Dschesmanije. Géthsémané signifie
pressoir à olives (selon quelques-uns champ d'olives, selon d'autres encore,
pressoir des signaux?).
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GIRAFE,
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— Voir: Chameaupard.
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GOB,
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ville ou plaine dans laquelle les Israélites eurent
deux combats à soutenir contre les Philistins, 2 Samuel 21:18-19. Elle est
appelée Guéser dans le passage parallèle, 1 Chroniques 20:4, peut-être par
erreur.
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GOG,
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roi de Magog, q.v., Ézéchiel 38:2; 39:1.
L’histoire de Gog
et Magog semble être reliés à l’ancien empire des Khazars en Ciscaucasie aux
abords de la mer Caspienne. La Khazarie s’effronda en 965 lorsque le prince
russe Sviatoslav Ier prit la forteresse de Sarkel : dans les années qui
suivirent, la Russie naissante porta un coup fatal à l’empire des Khazars. Un
État indépendant subsista encore durant quelques décennies jusqu'au début du
XIe siècle. Certains Khazars rejoignirent alors les communautés juives
byzantines, d'autres la Hongrie.
La caste royale des
Khazars se proclama descendante de Kozar, un des fils de Togarma, petit-fils de
Japhet, fils de Noé, selon la Table des nations des premiers chapitres du Livre
de la Genèse. Les Khazars sont notamment connus pour avoir adopté le judaïsme
comme religion officielle, sous le règne du bek Bulan en 838, peut-être au
contact des Juifs persécutés par les empereurs byzantins. Cette conversion
nominale fit qu’ils furent nommés «les faux juifs». Initialement tengristes,
les souverains et les nobles khazars seraient d'abord entrés en contact avec le
judaïsme, et s'y seraient convertis, par le biais des populations de Crimée. On
pense que ce choix fut éminemment stratégique, dû pour une part à la nécessité
d'avoir une religion monothéiste pour se faire accepter des populations
tributaires et d'autre part, à la nécessité d'opposer une religion originale à
la pression qu'exerçaient à la fois l'occident chrétien (l’Empire byzantin) et
l'Orient musulman. Les conversions massives à l'époque grecque et romaine
enlèvent au judaïsme toute signification ethnologique, et coupent tout lien
physique (mais non pas spirituel) avec la Palestine. La plupart des Juifs de
Gaule ou d'Italie, sont le produit de ces fausses conversions. Quant aux Juifs
du bassin du Danube, ou du Sud de la Russie, ils descendent sans doute des
Khazars. Ces régions contiennent de nombreuses populations juives qui
probablement n'ont rien à voir, du point de vue ethnologique, avec les Juifs
d'origine.
Plusieurs de leurs
dirigeants furent des illuminés (Illuminati) ou Sages de Sion, qui formèrent le
mouvement Sioniste pour fonder un nouvel empire en Palestine à laquelle on
donna le nom d’Israel, mais qui est en réalité la nouvelle Khazarie. Ainsi fut
accomplies ces paroles prophétiques dans Apocalypse 17 : 8 «La
malignité (la bête) que tu as vue, a été
(Israël) et n'est plus; elle doit surgir de la confusion politique, et
s'en aller en perdition; et les habitants de la terre, dont les noms ne sont
pas écrits dans le livre de vie, dès la création du monde, s'étonneront en
voyant la malignité (la bête), car elle était, et elle n'est plus, bien qu'elle
reparaîtra (14 mai, 1948)». Ce faux Israel a séduit un grand nombre de
sois-disants chrétiens qui voient encore dans cette contrefaçon diabolique le
peuple élu de Dieu.
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GOJIM ou Goyim.
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Ce nom signifie en hébreu les peuples, les nations,
par conséquent, pour les Juifs, les païens. C'est encore de ce nom qu'ils
appellent aujourd'hui tous les peuples de la terre qui ne descendent pas
d'Abraham par Isaac et Jacob. Une des peuplades païennes chassées par les
Israélites portait ce nom, et son roi demeurait à Guilgal, q.v., Josué 12:23.
C'est peut-être la même qui est indiquée Genèse 14:1, et qui était gouvernée
par Tidhal, roi des nations ou des Goyim.
(Goyim est le terme
utilisé par les Judéens (les Juifs) pour décrire ceux des nations étrangères à la
leur. Il est généralement utilisé d'une façon péjorative pour insulter ceux
qu'ils considèrent comme des chiens et non des hommes, et se réfère surtout à
ceux qu’ils pensent être chrétiens.)
— Voir: aussi Galilée.
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GOLAN,
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ville libre et sacerdotale, située en Basan, dans la
demi-tribu de Manassé, Deutéronome 4:43; Josué 20:8; 21:27; 1 Chroniques 6:71.
Elle était encore assez considérable à l'époque d'Eusèbe, et avait donné
naissance à ce Judas le Galiléen, dont il est parlé Actes 5:37. Son exacte
position n'est pas connue: on appelait Golanite ou Gaulonite la contrée qui
l'entourait depuis la Pérée jusqu'au Liban.
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GOLGOTHA, ou Golgatha, ou plutôt Golgoltha,
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de l'hébreu gulgoleth, qui signifie crâne, et qui est
employé dans ce sens, 2 Rois 9:35.
— Voir: ce que nous en avons dit à l'article Calvaire,
qui est la traduction latine du mot hébreu.
Les Syriens et les Arabes appellent encore cette
colline Cranion, à cause du crâne d'Adam qu'ils y croient enseveli; c'est aussi
la tradition de tout l'Orient, et les mahométans eux-mêmes ont un livre dans
lequel se trouve un dialogue entre Jésus-Christ et le crâne du premier homme.
D'Herbelot, Bibl. orient., Cranion, p. 278.
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GOLIATH,
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1 Samuel 17:4; sq., géant de la race des Philistins,
de la ville de Gath, défia pendant quarante jours les guerriers israélites à un
combat singulier, qui devait décider du sort des deux armées, selon l'usage de
quelques peuples anciens dont nous trouvons un exemple dans la lutte des
Horaces et des Curiaces. À la fin, un jeune homme se présenta; il portait des
vivres à ses frères, et quelques fromages en cadeau à leur capitaine; mais
ayant appris l'insulte faite au peuple du vrai Dieu, il posa son bagage et
courut au combat. Le géant méprisa la jeunesse de son adversaire, car il
ignorait combien est fort celui qui vient au nom de l'Éternel, mais la victoire
ne resta pas un instant indécise, et un caillou lancé par une fronde habile
renversa le géant, frappé au front. Le vainqueur lui trancha la tête comme les
anciens faisaient à leurs ennemis vaincus, Hérodote 4, 6. Xénophon, Anab. 5, 4.
17.
— On a vu, à l'article Géants, que de pareilles races
n'étaient point rares dans les anciens temps, et que si la fable a un peu
exagéré, le fait n'en reste pas moins vrai: quant à la stature de Goliath,
cependant, nous ne pouvons rien préciser; elle était de six coudées et une
paume, est-il dit; et entre les différentes coudées qui étaient connues des
Hébreux, il convient de choisir la moindre; car nous voyons que David put se
servir aisément de l'épée du géant, non seulement lorsqu'il lui trancha la
tête, mais encore dans sa fuite, 1 Samuel 21:9; 22:10, ce qu'il n'eût pas fait
si elle eût été proportionnée à la taille que certains calculs donnent à
Goliath. En prenant donc la dimension la plus petite de la paume et de la
coudée, Goliath aurait eu 3m,30 de hauteur; (selon un autre calcul, — Voir:
Coudée, Goliath aurait eu 4m,40) Le poids de ses armes doit être calculé dans
la même proportion. Quant à 2 Samuel 21:19,
— Voir: l'article Élhanan.
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GOMER.
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1. Fils
de Japhet et père d'Askénaz, de Riphath et de Thogarma, Genèse 10:2-3.
— Voir: encore Ézéchiel 38:6.
Son nom se retrouve dans les Cimmerii des anciens qui
habitaient la Crimée et les bords du Don, du Niéper et du Danube inférieur,
dans les Cimbres qui ont attaqué l'empire romain deux siècles avant Christ, et
dans Kymr, ancien nom d'une tribu celtique. Les Arabes donnent aux peuples qui
habitent le territoire des anciens Cimmerii le nom de Kirim, avec une légère
transposition des lettres, et dans ce nom de Kirim on trouve la Crimée et les
Germains. D'après des traditions orientales, Gomer habitait sur les bords du
Volga. Bochart cherche Gomer en Phrygie, parce que Ce dernier pays est
quelquefois appelé terre brûlée, et que l'une des significations de Gomer peut
aussi rappeler cette idée; mais c'est faible et forcé.
— Les Bretons français, qui sont Kimris, comme on
sait, et dont la langue est la même que le kimraig ou celle des Gallois
d'Angleterre, disent «qu'ils viennent de Gomer.» (Gomr, Komr, Kimr, Cimr, sont,
étymologiquement, les formes diverses d'un même mot primitif.) C'est là, en
Bretagne, une tradition tout à fait du peuple et non point de savants et de
lettrés: les paysans, les bergers qui l'ont conservée, ne savent pas même si
Gomer est un homme, une contrée, ou une ville. On trouvera certainement bien
remarquable la concordance de cette tradition, encore vivante aujourd'hui, avec
l'indication première de la Genèse sur Gomer et ses descendants, entre lesquels
«furent divisées les îles des nations», ou l'ancien monde occidental. Nous
devons la connaissance de ce fait à l'homme le mieux capable de le bien
constater, à M. Émile Souvestre; Breton lui-même, comprenant et parlant le
dialecte celtique de ses compatriotes, il a longuement étudié leurs mœurs,
leurs souvenirs populaires, et a recueilli de leur bouche ce trait singulier,
que nous avons tenu à enregistrer.
2. Fille
de Diblajim, et femme débauchée, celle dont le prophète Osée s'approcha pour
obéir au commandement de l'Éternel, et pour faire comprendre à Israël son
idolâtrie: les enfants qu'il en eut reçurent des noms symboliques destinés à
marquer les châtiments qui sont le gage et le fruit d'un culte adultère, Osée 1:3;
sq. On a, pour des raisons faciles à comprendre, voulu ne voir ici qu'une
allégorie, mais cette explication est plus difficile à comprendre encore que le
texte.
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GOMORRHE,
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une des cinq villes de la Pentapole, et probablement
la plus septentrionale; elle était située dans la belle et fertile vallée de
Siddim, Genèse 13:10, et avait un roi particulier, Genèse 14:2-3,10. On sait
comment ses mœurs hideuses et corrompues attirèrent sur elle le feu du ciel,
19:24. Son histoire, ses crimes et sa destruction sont fréquemment rappelés
dans l'Écriture, Ésaïe 1:10; 13:19; Jérémie 23:14; Matthieu 10:15; Marc 6:11.
— Voir: Sodome.
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GOPHER
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(bois de),
— Voir: Cyprès.
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GOSCEN,
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1. province
d'Égypte que Pharaon, sur la demande de Joseph, donna à Jacob et à ses fils
pour y demeurer avec leurs troupeaux, Genèse 45:10; 46:28; 47:27; 50:8. Elle
fut habitée quatre cent trente ans par la postérité du patriarche. On ne peut
pas déterminer sa situation d'une manière exacte, et l'historien sacré se
bornant à quelques indications générales, laisse, pour le reste, le champ
ouvert aux conjectures. Il est évident que Goscen était à l'orient du Nil,
puisqu'il n'est question nulle part que cette grande famille ait jamais
traversé ce fleuve; on voit de plus, par Exode 13:17; 1 Chroniques 7:21, que cette
contrée était limitrophe de l'Arabie et de la Palestine, et enfin l'histoire du
voyage dans le désert prouve qu'elle n'était pas fort éloignée de la mer Rouge.
C'est donc dans la Basse-Égypte qu'il faut la placer, à l'est du bras le plus
oriental du Nil, et dans les environs d'Héroopolis: on y trouve encore quelques
traces probables du séjour des Israélites dans ce pays, entre autres un monceau
de ruines à une lieue nord-est du Caire, que les Arabes appellent Tell el Jhud
(colline des Juifs) ou Turbet el Jhud (tombeaux des Juifs). Il paraît, dans
tous les cas, que cette contrée était une des plus fertiles de toute l'Égypte,
peut-être à cause du voisinage de la Méditerranée.
2. Le
pays et la ville de Goscen, contrée montagneuse, donnée par Josué à la tribu de
Juda, ne peut être confondue avec la province de l'Égypte, comme le veut
Calmet, Josué 10:41; 11:16; 15:51.
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GOUSSES.
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Les gousses dont il est parlé Luc 15:16, sont le fruit
du caroubier, arbre qui se rencontre assez communément en Orient, en Palestine,
et surtout aux environs de Bethléem: c'est le ceratonia siliqua de Linnée. On
le trouve aussi en Barbarie, en Grèce, en Italie et en Provence. Ces cosses
sont séchées et se mangent sans leurs fèves; elles forment dans leur saison la
nourriture des pauvres et des porcs, Hor. Ep. 2, 1. 123. Juvén. 11, 58. Pers.
3, 55. Colum. R. R. 7, 9. Luc 15:16. Les riches en font un mets de luxe qu'ils
mangent avec mesure. Ces cosses, en forme de croissant, longues de 30 cent., et
larges de 3, renferment une liqueur épaisse, et douce comme du miel, qu'on
emploie quelquefois au lieu de sucre: les fèves ou graines sont d'un brun
brillant et d'une pesanteur tellement uniforme, qu'on a pu les prendre comme
mesure de la plus petite unité de poids, le guérah, qui est traduit par oboles,
Exode 30:13; Lévitique 27:25; Nombres 3:47.
— Le caroubier a le tronc épais, l'écorce gris cendré,
et des rameaux arrondis, qui s'étendent au loin: ses feuilles, toujours vertes,
sont divisées et se composent de deux à quatre paires de folioles unies et
ovées; les fleurs, en forme de grappes, naissent avant les feuilles et sortent
immédiatement du bois; elles sont rouge pourpre, et leur calice est garni à
l'intérieur de légers filaments.
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GOUVERNEMENT.
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Les Israélites eurent, comme on sait, bien des formes
de gouvernement: après l'autorité des patriarches vint le joug de l'Égypte,
puis le gouvernement théocratique, Moïse gouvernant au nom de Dieu; puis
l'autorité dictatoriale et provisoire des Juges, enfin, après la république, la
monarchie;
— Voir: les différents articles.
Disons seulement, quant au pouvoir royal, qu'il était
absolu, tel qu'il se trouve encore aujourd'hui dans les cours orientales: les
rois n'étaient pas le centre et les représentants du pouvoir, ils étaient le
pouvoir lui-même, les propriétaires, en quelque sorte, de la puissance et du
royaume. Ce n'est que depuis l'établissement de la royauté qu'Use forma, en
Israël, une machine politique régulière, avec ses rouages et ses employés
ordinaires. Le roi, qui régnait et gouvernait tout ensemble, était secondé,
dans son travail administratif, par des conseillers de cour qui n'avaient que
voix consultative, sans pouvoir, par un vote, s'opposer à la volonté royale, 2
Samuel 15:12; 1 Rois 12:6; 1 Chroniques 27:32. À leur tête, se trouvait le
chancelier qui était, à ce que l'on peut croire, plus qu'un simple
historiographe, et qui remplissait véritablement le rôle de premier ministre, 2
Rois 18:18,37; puis le secrétaire, 2 Samuel 8:17,20,25; 2 Rois 18:18; 19:2;
22:3,10; Jérémie 36:10, ou les secrétaires, car il y en avait quelquefois
plusieurs ensemble, 1 Rois 4:3, dans un même bureau, Jérémie 36:12. L'intendant
de la maison royale, maire du palais, était aussi quelquefois appelé à
s'occuper des affaires publiques, 1 Rois 18:3; 2 Rois 18:18, et pouvait
acquérir une grande influence, Ésaïe 22:15. Heureux les rois quand, parmi leurs
conseillers, se trouvaient des hommes pieux et des prophètes tels que Nathan,
l'ami de David, et Ésaïe, l'ami d'Ézéchias. Ces conseillers ou ministres
étaient préposés, en général, à l'administration extérieure et financière du
pays; le droit de rendre la justice était dévolu aux prêtres et aux lévites,
Deutéronome 17:9;
— Voir: Justice;
mais lé roi lui-même prononçait en dernière instance,
ou même il jugeait seul lorsqu'il s'agissait de causes importantes. Il y avait
dans chaque province des pourvoyeurs de la cuisine royale, et des receveurs
généraux; Salomon comptait jusqu'à douze de ces derniers: toutes les parties de
l'administration, du reste, avaient leurs chefs spéciaux, 1 Chroniques 27:25,
et nous voyons parmi les officiers de la cour de Salomon, 550 employés, au
nombre desquels il faut sans doute compter les subalternes d'un certain rang, 1
Rois 9:23. Les valets des provinces qui apparaissent pour la première fois sous
Achab, 1 Rois 20:14, étaient apparemment des prévôts élevés au-dessus des municipalités
de provinces, et qui transmettaient à ces dernières les ordres du roi, 1 Rois
22:9; 2 Rois 10:1. On peut voir encore à l'article Tribu, la part qu'avaient
dans le gouvernement d'Israël les chefs de ces tribus.
Plus tard, pendant la captivité de Babylone, Guédalia,
d'origine juive, fut établi comme Sar ou chef (cf. César, Czar) sur la contrée
désolée, 2 Rois 25:22, pendant que les satrapes des provinces persanes,
assistés d'une chancellerie composée d'un secrétaire et de ses assesseurs,
servaient d'intermédiaires entre la cour de Perse et la colonie israélite,
Esdras 4:8-9; 8:36; Néhémie 2:9; cf. encore Esdras 5:6; 6:6,7; Néhémie 5:14,18;
Aggée 1:1,14; 2:2,21, etc.
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GOUVERNEUR.
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C'est par ce mot, assez vague peut-être, que nos
versions ont traduit:
a. l'hébreu
péchah qui désignait en général un chef de province dans la Babylonie et la
Perse, mais différent des satrapes, Daniel 3:2; Esther 3:12; 8:9. Zorobabel et
Néhémie reçurent aussi le même nom, Esdras 5:14; 6:7; Néhémie 5:14; 12:26,
comme gouverneurs de la Judée. Sur les honoraires de ces chefs,
— Voir: Néhémie 5:14,18.
b. Dans
le Nouveau Testament, il désigne soit le gouverneur romain de la Syrie, soit
les procurateurs de la Judée; cf. Actes 25:12;
— Voir: Procurateurs.
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GOZAN,
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2 Rois 19:12; Ésaïe 37:12; contrée située dans le nord
de la Mésopotamie, et traversée par le fleuve Chaboras, 2 Rois 17:6; 18:11.
Ptolémée, 5, 18, l'appelle Gauzanite, et, de nos jours encore, elle porte le
nom de Kauschan.
Gozan selon Truden, Holden et d'autres, signifie
pâturages. En consultant le lexicon hébreu de Gesenius, on voit que le g et le
z varient souvent entre eux, tandis que les mots dans lesquels ces lettres sont
employées, conservent la même signification après que la mutation a eu lieu.
Ainsi, Gozan peut se changer en Zozan sans altérer le sens. Zozan est le nom
donné par les Nestoriens à tous les plateaux élevés de l'Assyrie, qui leur
offrent des pâturages pour leurs nombreux troupeaux. La région dans laquelle le
Chabor et le Zab prennent leur source, et celle qu'ils arrosent ensuite, a
particulièrement ce caractère. En considérant la similitude de ces noms et
l'identité de Gozan et Zozan, on ne peut douter qu'il ne s'agisse ici du Gozan
des Écritures, d'autant plus qu'il se trouve en Assyrie et dans le voisinage de
la rivière Chabor. Si nous lisons dans le deuxième livre des Rois, 19:12, et dans
Ésaïe, 37:12, la manière orgueilleuse dont Sennachérib exalte les conquêtes de
ses pères, il semble que les rois d'Assyrie avaient détruit les habitants de
Gozan avant que les Israélites y fussent transportés, en sorte qu'ils se
trouvaient les maîtres du pays. «Les dieux des nations que mes ancêtres ont
détruits, Gozan, Haran, les ont-ils délivrés?» Ce fut sans doute un grand
exploit de détruire les barbares habitants de cette contrée sauvage et mon
tueuse; il est donc très naturel que les rois d'Assyrie aient désiré les
remplacer par une population industrieuse, telle que celle des captifs
Israélites, et formée comme eux aux habitudes de la vie pastorale. Nous
ignorons si en d'autres localités ils furent appelés à s'établir au milieu de
la race indigène; mais, comme les natifs de Gozan et de Haran ou Hara (car les
mots ont le même sens) n'existaient plus alors, il est naturel de supposer que
les dix tribus prirent possession entière de cette région, et que leur grande
force leur permit de conserver une position complètement distincte des nations
païennes qui les entouraient. (Grant.)
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GRÈCE.
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Ce pays est désigné dans la table des peuples et
ailleurs, Genèse 10:2; Ésaïe 66:19; Ézéchiel 27:13; Joël 3:6, sous le nom de
Javan, q.v.; c'est proprement l'Ionie. Plus tard, dans les livres apocryphes et
dans le Nouveau Testament, les Grecs sont appelés du nom d'Hellènes, 1
Maccabées 8:18; Actes 19:10; 20:21; 21:28; Romains 2:9; 1 Corinthiens 1:24;
12:13; Galates 3:28; Colossiens 3:11, quelquefois de Barbares, Romains 1:14;
Colossiens 3:11. Les Juifs, depuis Alexandre le Grand, donnèrent le nom de
Grecs à tous les peuples païens en général, soumis à l'empire des Grecs, et ce
nom devint, dans le style du Nouveau Testament, synonyme de Gentils.
La langue grecque, si glorieusement immortalisée par
Homère, Sophocle et Platon, est tombée aux jours d'Alexandre le Grand; elle
avait fait son effort, et ne fut plus, pour ainsi dire, qu'une langue de la
conversation, un amalgame de dialectes jusqu'alors distincts. Elle prit une
teinte plus judaïsante, plus orientale, dans la traduction mythique des Septante et dans les livres apocryphes; la plume des
Israélites lui donna un coloris nouveau, et la langue profane succéda à la
langue sainte pour dire aux hommes que le voile était déchiré, que la paroi
mitoyenne était rompue. Il ne paraît pas que les Juifs de la Palestine s'en
servissent régulièrement; cependant on voit par Marc 7:24,26; Jean 7:35; 12:20,
et ailleurs, que Jésus la connaissait et pouvait même enseigner dans cette
langue, mais ceci n’est qu’une
supposition sans fondement réel généralement utilisée pour donner quelques
crédibilités à l’existence d’une Septante pré-chrétienne lorsque celle-ci est l’œuvre d’Origène d’Alexandrie
au 3ie siècle.
— Voir: sur le grec du Nouveau Testament la grammaire
allemande de Winer.
On annonce depuis longtemps une traduction française
de cet important ouvrage.
Quant aux Grecs, Actes 6:1; 9:29,
— Voir: Hellénistes.
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GRENADE, Grenadier.
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Hébreux rimmon. Nombres 13:24; 20:3; 1 Samuel 14:2, et
ailleurs. On distingue le grenadier sauvage et le grenadier domestique; ce
dernier, haut d'environ trois mètres, a des rameaux menus, anguleux, armés de
quelques épines, et revêtus d'une écorce rougeâtre; ses feuilles, semblables à
celles du myrte, sont moins pointues, et d'un vert tirant sur le rouge; la
fleur est grande, belle, rouge pourpre et d'une forme élégante; le calice est
dur, oblong, et en forme de cloche; le fruit est une espèce de pomme couverte
d'une écorce rougeâtre en dehors, et rouge en dedans, il s'ouvre en long, et
ses neuf ou dix loges renferment des grains pleins de pépins et d'une espèce de
jus rouge comme du vin. La grenade participe à toutes les qualités des fruits
d'été, elle rafraîchit, et apaise la soif; le moût de grenadier, Cantique 8:2,
désigne ou un véritable vin fait de ce fruit, ou plutôt un vin acidulé avec du
jus de grenade, selon l'usage que l'on trouve maintenant encore en Orient.
Le grenadier sauvage est plus rude et plus épineux que
le précédent, ses fleurs sont astringentes, et sont employées utilement dans
les pharmacies. On le trouve en Palestine, en Syrie, en Arabie, et dans la
plupart des contrées du midi; c'est l'arbor punica de Pline, le punica granatum
de Linnée.
Les espions du désert, en rapportant de Canaan des
grenades avec des figues et des raisins, prouvent combien ce fruit était
estimé, Nombres 13:24; 20:5, et expliquent les regrets des Hébreux au souvenir
de l'Égypte, où ce fruit se trouvait en abondance. Moïse lui-même, dans
l'énumération qu'il fait des richesses de Canaan, mentionne expressément la
grenade à côté du blé, de l'orge, de l'olive et des autres produits de la
terre, Deutéronome 8:8. La forme et la beauté de la grenade l'ont fait mettre
comme frange à la robe du souverain sacrificateur, avec des clochettes d'or,
les clochettes alternant avec les grenades brodées des couleurs les plus éclatantes,
bordure qui signifiait peut-être que le ministre du Seigneur doit, en marchant,
porter des fruits excellents et faire retentir le message dont son maître l'a
chargé, Exode 28:34; cf. Ecclésiastique 45:9; 1 Rois 7:18,20,42; 2 Rois 25:17,
où l'on voit que des grenades étaient l'un des principaux ornements des
colonnes du temple de Salomon. Une tranche de grenade est employée, dans le
style oriental et poétique, comme le plus bel emblème d'une joue rose et
fraîche, Cantique 4:3.
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GRENOUILLES,
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Exode 8:2-14; Psaumes 78:45; 105:30; Apocalypse 16:13.
Quelques auteurs (— Voir: Aben-Ezra) ont cru que l'hébreu tsephardeah, dans ces
passages, devait être entendu du crocodile; mais on est généralement d'accord
maintenant à regarder la traduction de grenouille comme seule vraie et bien
prouvée. Cet animal si peu redoutable devait devenir une plaie pour l'Égypte.
Dieu eut pu envoyer des tigrés, des lions, ou seulement des chacals, pour punir
le rebelle Pharaon; mais en de si grandes calamités on eût sans doute oublié la
cause première, pour ne penser qu'à ces bêtes féroces: on eût organisé des
parties de chasse pour les repousser; les chefs du peuple auraient moins
souffert que le peuple lui-même, et se seraient aventurés peut-être à chercher
un divertissement dans le malheur public. Dieu envoya les grenouilles, race
toute inoffensive, mais qui, par sa prodigieuse multiplication, devait être une
plaie importune et dégoûtante. Il n'est pas nécessaire de penser à une création
surnaturelle de grenouilles; ces animaux, assez nombreux sur les bords du Nil,
y déposent chaque année des milliards d'œufs, dont un grand nombre périssent,
et les autres viennent éclore dans les marais fangeux que le fleuve laisse
chaque fois derrière lui après ses inondations périodiques; il suffit donc de
penser qu'en cette année aucun des embryons ne périrent, et qu'ils servirent
tous à endurcir le cœur de Pharaon et à préparer l'affranchissement des
Israélites.
— Les magiciens imitèrent le miracle comme ils purent,
et sur une toute petite échelle; ils se fussent montrés plus habiles et plus
puissants s'ils avaient détruit l'œuvre de Moïse et rendu la paix au pays: ils
ne le purent, et Pharaon, qui comprit la vanité de cette science mondaine, dut
recourir à celui qui avait fait venir le mal sur le pays.
— La circonstance que les grenouilles purent pénétrer
partout, dans les maisons, dans les chambres à coucher, dans les fours et dans
les huches, s'explique par la construction même des maisons orientales, q.v.
(Bochart a consacré soixante-dix pages à la grenouille et aux différentes
questions que soulève son histoire, et le rôle qu'elle jouait en Égypte.
Hieroz. III, p. 563)
Un auteur anglais, M. Bryant, a cru pouvoir conclure
de ce qui est dit Apocalypse 16:13, que la grenouille était anciennement le
type hiéroglyphique des magiciens et des prêtres égyptiens.
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GRÉSIL,
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Exode 16:14; Psaumes 147:16; Job 38:29, phénomène
assez commun chez nous dans les froides matinées du printemps et de l'automne.
Il est plus remarquable dans les climats du Midi, où des nuits plus fraîches
succèdent à des jours plus chauds: la manne du ciel est comparée à ces perles
argentées.
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GRUAU,
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— Voir: Froment.
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GRUE,
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Ésaïe 38:14; Jérémie 8:7; c'est l'hébreu hagour, que
nos versions ont rendu par hirondelle, q.v.
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GUÉBAH,
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— Voir: Gabaon.
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GUÉBAL
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(la fin), Psaumes 83:7; Ézéchiel 27:9, district nommé
avec Hammon, Hamalek, et le pays des Philistins; il se trouve probablement sur
les confins de l'Arabie Pétrée; de nos jours encore un canton séparé du
district de Kérek par la vallée de El Ahsa, porte le nom de Dschebal. La ville
de ce nom, appelée Byblos chez les Grecs, Josué 13:5, faisait partie de la
terre promise; ses habitants étaient connus comme de bons marins et d'habiles
architectes; elle était célèbre par son temple et était le siège du culte
d'Adonis: on y trouve encore de nombreuses ruines de tours remarquables, des
colonnes, etc.
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GUÉBIM
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(sauterelles), Ésaïe 10:31, ville inconnue-de la
Palestine, située, à ce qu'il paraît, dans les environs de Jérusalem.
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GUÉDALIA
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(la grandeur de l'Éternel),
1. fils
d'Ahikam, et gouverneur de la Judée au nom du royaume de Babylone, après la
destruction de Jérusalem, 2 Rois 25:22; Jérémie 40:3. Il demeurait à Mitspa, où
se trouvait une petite garnison babylonienne, 2 Rois 25:25; Jérémie 40:6,8. Il
eut des relations d'amitié avec le prophète Jérémie, selon l'exemple de son
père, et fut chargé, par Nébucadnetsar, de veiller à sa sûreté. Il rappela un
grand nombre de Juifs qui s'étaient enfuis dans les contrées d'Hammon et de
Moab, favorisa de nouveau leur établissement, leur assura une vie tranquille et
paisible, mit ses efforts à les rendre heureux, tout en leur conseillant la
soumission, et leur procura même les moyens d'élever un autel sur les ruines du
temple: c'est du moins ce qui paraît résulter de Jérémie 41:5. Il fit donner
des champs et des vignes aux pauvres qui étaient demeurés de reste dans le
pays, et l'on pouvait espérer que sous cet humble mais digne successeur des
rois d'Israël, le pays ne tarderait pas à recouvrer quelque prospérité. Un
meurtre empêcha la réalisation de ces espérances. Prévenu, par le fidèle
Johannan, des coupables projets d'Ismaël, Guédalia refusa d'y croire, défendit
à Johannan de prévenir le coup fatal, et fut assassiné, victime de sa trop
généreuse confiance, deux mois à peine après la ruine de Jérusalem (Flavius
Josèphe, Antiquités Judaïques 10, 9; 3. Jérémie 40:14) Ce fut le dernier coup
porté aux espérances des Juifs. Un jeûne solennel fut institué en mémoire de
cet événement, Zacharie 8:19, et beaucoup de Juifs, effrayés, émigrèrent pour
l'Égypte, Jérémie 42 et 43,.
2. Guédalia,
fils de Pashur, Jérémie 38:1, et officier de Sédécias, exerçait avec Séphatia,
Jucal et Pashur, une grande et fâcheuse influence sur l'esprit du roi: ils
incitèrent, à différentes reprises, le faible monarque contre le prophète
Jérémie, qui conseillait à la ville de se rendre, et obtinrent la permission de
le transférer de sa prison dans une fosse profonde et boueuse, où il eût péri
si Dieu n'eût envoyé à son secours Hébed Mélec. Guédaliah, dans ses
persécutions, ne fit qu'imiter la haine de son père. Cf. 1 Chroniques 9.
3. Grand'père
du prophète Sophonie, Sophonie 1:1.
4. Lévite,
1 Chroniques 25:3.
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GUÉHAZI
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(vallée de vision), 2 Rois 4:12, serviteur d'Élisée,
suivit son maître chez la Sunamite, jouit de la confiance de l'un et de
l'autre, et obtint du prophète, pour son hôtesse, la promesse qu'un fils lui
serait donné; mais bientôt ce fils fut enlevé à l'amour maternel, et la pieuse
femme, pleine de foi, comprit que celui qui le lui avait donné et qui le lui avait
ôté, pourrait aussi le lui rendre: elle courut vers Élisée, et celui-ci envoya
Guéhazi; mais, soit manque de foi chez ce serviteur, soit que la mère elle-même
ne vît qu'avec défiance le départ de ce messager bien indigne de son maître,
Guéhazi posa en vain le bâton du prophète sur le visage de l'enfant, l'enfant
ne revint pas à la vie; Guéhazi avait plus de foi en son maître qu'en Dieu, et
son incrédulité ne pouvait opérer des miracles.
— Plus tard, Naaman ayant été guéri de sa lèpre par le
prophète hébreu qu'il était venu consulter, Guéhazi courut après le général
syrien pour lui demander la récompense qu'avait refusée son maître; il mentit
pour l'avoir, mentit pour cacher son mensonge, puis mentit au prophète en
disant: Ton serviteur n'a été nulle part. Mais la lèpre de Naaman s'attacha à
lui avec ses richesses, et lui fut donnée en souvenir éternel de son avarice et
de sa fausseté, 2 Rois 5. Nous retrouvons encore Guéhazi, mais on ne sait en
quelle occasion, racontant à Joram les grandes choses qu'avait faites Élisée, 2
Rois 8:4; la Sunamite étant survenue pour présenter une requête au roi, le
serviteur la reconnut, raconta son histoire, et intéressa tellement le monarque
en sa faveur, qu'il lui fit rendre ses champs et tout ce qui lui avait appartenu.
Il est évident que Joram, pendant tout cet entretien, observa les prescriptions
cérémonielles exigées à l'égard des lépreux: d'autres pensent que les faits
sont intervertis, et que cette conversation eut lieu avant la guérison de
Naaman; d'autres, enfin, supposent, mais sans fondement, que Guéhazi repentant
aurait reçu du prophète son pardon et sa guérison, et que c'est lui déjà que
l'on voit, 2 Rois 6:15, à côté de son maître à Dothan.
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GUÉ-HINNOM,
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— Voir: Hinnom.
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GUÉMARIA
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(achevé par l'Éternel), fils de Saphan, secrétaire du
temple sous Jéhojakim, Jérémie 36:10. C'est dans sa chambre, près de la porte
du temple, que Baruch fit d'abord lecture des paroles de Jérémie contre le roi;
Guémaria fut également présent à la lecture qui en fut faite à Jéhojakim, et
joignit ses efforts à ceux d'Elnathan et de Delaïa pour obtenir que le roi
respectât le précieux rouleau.
— Il ne faut pas le confondre avec celui dont il est
parlé Jérémie 29:3;
— Voir: Élhasa.
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GUÊPES.
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Ésaïe 7:18;
— Voir: Frelons.
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GUÉRAR
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(pèlerinage), Genèse 10:19, ville des Philistins,
située près de Béersébah dans une fertile plaine basse; elle servit de refuge à
Abraham et à Isaac pendant une famine, et fut pour l'un et l'autre un lieu
d'humiliations et d'épreuves, Genèse 20 et 26; elle était entre les déserts de
Kadès et de Sur, à trois journées de Jérusalem. Elle marqua plus tard le terme
des poursuites triomphales d'Asa, vainqueur de l'armée d'Éthiopie commandée par
Zérah, 2 Chroniques 14:13.
— Des sources d'eau se trouvaient dans son voisinage,
Genèse 26:17, et sont mentionnées par Sozomène, 6:32; 9:17.
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GUÉRIZIM.
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Le mont Garizim ou Guérizim et le mont Hébal, sont
deux sommets des montagnes d'Éphraïm, situés vis-à-vis l'un de l'autre en
demi-cercle, et formant l'étroite vallée au fond de laquelle se trouve la ville
de Sichem ou Naplouse. Le mont Hébal, le plus septentrional, est un rocher désert
et aride, d'un aspect triste et sévère; aucune herbe ne croît sur ses flancs
désolés, et les sombres cavernes y abondent. Le Guérizim, qui s'élève au midi,
est au contraire fertile, d'un aspect riant, riche en verdure, émaillé de
fleurs et abondant en fruits de toute espèce. Ces deux montagnes avaient été
choisies par le législateur mourant pour y célébrer la fête sérieuse et
solennelle de l'alliance de l'Ancien Testament, Deutéronome 11:29; 27:12. Sur
le mont Hébal, dont le front portait déjà l'empreinte sinistre de la ruine, six
tribus durent répondre: Amen! aux malédictions qui devaient être prononcées
contre les transgresseurs de la loi; ce fut aussi là qu'on érigea l'autel et
qu'on offrit les holocaustes et les sacrifices, sur la même montagne où le
péché devait être montré et représenté avec ses terribles conséquences; le
remède devait se trouver à côté du mal et les promesses à côté de la
transgression, à côté de grandes malédictions un grand sacrifice. Une scène
bien différente se passait au même moment sur le mont Guérizim dont déjà la
nature avait fait un emblème de bénédiction; là, les six autres tribus
répondaient: Amen! aux promesses de bénédiction faites à ceux qui auraient
accompli les exigences de la loi divine. L'ordonnance de la solennisation de
cette grande fête était comme le sommaire de la législation mosaïque, le point
dans lequel se trouvait concentrée et le plus fortement prononcée la profonde
signification de cette ancienne économie, le cadre, le miroir dans lequel se
reflétait par avance le but de tout ce système préparatoire.
Il y a entre le texte hébreu et le texte samaritain,
au sujet de la célébration de cette fête nationale, une différence de version
sur laquelle on a beaucoup écrit et beaucoup discuté. Dans le samaritain de Deutéronome
27:4, on lit Garizim, tandis que l'hébreu, appuyé de toutes les anciennes
versions, porte Hébal. Mais les Samaritains sont à juste titre suspects d'avoir
altéré sciemment le texte sacré pour le mettre d'accord avec leurs coutumes; en
effet, après le retour de l'exil, ils bâtirent sur le mont Guérizim un temple
qui fut détruit deux siècles plus tard par Jean Hyrcan: cet endroit n'en
continue pas moins d'être regardé par eux comme sacré et béni; et le petit
reste de Samaritains qui sont encore actuellement à Naplouse, l'appellent
toujours le mont sacré, et y tournent leur visage quand ils font leur prière.
Il y a plusieurs autres traditions sur ce sujet: quelques-uns disent que les
Samaritains, outre le vrai Dieu, adoraient des idoles qu'ils tenaient cachées
sur cette montagne, cf. 2 Rois 17:33. Les Samaritains prétendent aussi que
Jacob construisit des autels sur le Guérizim, et que c'est là qu'Abraham se
rendit pour sacrifier Isaac; mais,
— Voir: Morija.
Eusèbe et saint Jérôme placent ces deux montagnes
beaucoup plus loin, à l'orient de Jérico et de Guilgal; et Épiphane va jusqu'à
les mettre au-delà du Jourdain; ces opinions ne sont pas soutenables; Guérizim
était si près de Sichem que Joatham, fils de Gédéon, parla du haut de la
montagne aux Sichémites assemblés dans la vallée. Juges 9:7.
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GUERRE.
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C'est les armes à la main que les Israélites
commencèrent leur existence comme peuple; c'est dans une guerre de conquête qu'ils
entreprirent pour la première fois de faire connaître qu'ils n'étaient plus
seulement une famille, mais une nation. Lorsqu'ils quittèrent l'Égypte, ils
étaient sans patrie, mais leurs ancêtres avaient habité la terre qu'occupaient
maintenant les tribus cananéennes, et ils résolurent, sous la conduite de
Moïse, d'aller s'y établir et d'en chasser les propriétaires légitimes et
naturels; d'esclaves ils se firent soldats; Dieu légitimait pour eux cette
conquête, qui eût été sans cela aussi odieuse que le sont toujours les
expropriations des peuples. Devenus maîtres du pays, les Israélites durent
encore, pendant plusieurs siècles, rester sur la défensive, continuellement
exposés aux attaques de leurs ennemis vaincus mais non anéantis; ce fut la
période des juges. Les guerres n'étaient alors que des successions de petits
combats sans ordre ni plan; chaque roitelet s'insurgeait dès qu'il avait
quelques soldats disponibles, sans chercher à s'entendre avec ses voisins.
L'art de la guerre ne fit des progrès que sous les rois, sous Saül d'abord,
puis surtout sous David, et les Israélites furent bientôt en mesure d'opposer à
leurs ennemis des troupes aussi régulières et aussi bien disciplinées que
pouvaient l'être celles de ces ennemis eux-mêmes.
Avant d'ouvrir une campagne, ce qui avait lieu
ordinairement au printemps, 2 Samuel 11:1, on commençait par consulter l'Urim
et le Thummim, Juges 20:27; 1 Samuel 14:37; 23:2; 28:6; 30:8, ou quelqu'un des
prophètes, 1 Rois 22:6; 2 Rois 19:2; 2 Chroniques 18:4. Puis venait la
proclamation faite par les officiers du camp aux hommes timides, aux
nouveau-propriétaires, aux nouveau-mariés, etc., qu'ils eussent à se retirer.
Suivait la déclaration de guerre: on s'approchait de la ville ou du camp
ennemi, et l'on demandait la paix, une explication, ou la réparation des torts
suivant les cas: la paix entraînait nécessairement pour le peuple ennemi son
assujettissement à Israël; si la paix n'était pas acceptée la guerre
commençait, guerre d'extermination dans laquelle les deux combattants
cherchaient mutuellement à s'anéantir, Deutéronome 20. On voit des exemples de
déclarations de guerre, Juges 11:12; 1 Rois 20:2; 2 Rois 14:8. Une fois en
présence de l'ennemi, un sacrifice était offert pour l'heureux succès de
l'entreprise, et un prêtre ou le général en chef lui-même adressait aux soldats
une allocution militaire de nature à stimuler leur courage et leurs forces; 1
Samuel 7:9; 13:8; Deutéronome 20:2; 2 Chroniques 20:20. Les trompettes
donnaient le signal de l'attaque, et ce signal était chez les Hébreux comme
chez tous les peuples de l'antiquité, et même chez quelques peuples modernes,
suivi d'un cri effroyable poussé par l'armée entière, 1 Samuel 17:20; Ésaïe
42:13; Sophonie 1:14; Jérémie 50:42; Ézéchiel 21:22 (cf. Iliad. 3, 3; 4, 452;
2, 144; 394. Tite-Live 5, 39. Tacit. Germ. 3. — Voir: encore la plupart des
anciennes batailles de la Suisse, Morgarten, Sempach, etc.)
— L'ordre de bataille était tout à fait simple, et la
tactique n'avait guère d'autre complication que la division de l'armée en trois
corps ou ailes, Juges 7:16,19; 1 Samuel 11:11; 2 Samuel 18:2 (cf. Ésaïe 8:8; et
Job 1:17), quelque fois quatre, 2 Maccabées 8:21. Après quelques flèches
tirées, le combat commençait corps à corps, les guerriers retroussaient leurs
vêtements et mettaient leurs bras à découvert, Ézéchiel 4:7; Ésaïe 52:10.
On voit une fois deux guerriers décider en combat
singulier du sort des armées dont ils sont les représentants, David et Goliath,
1 Samuel 17; cf. encore 2 Samuel 2:14. Les ruses de guerre sont peu nombreuses
et peu variées dans l'histoire juive; on remarque l'attaque subite de Gédéon,
Juges 7:16, les embûches, Josué 8:2,12; Juges 20:36; 1 Samuel 15:5, les
surprises, 2 Samuel 5:23, enfin l'espionnage, Josué 6:22; Juges 7:10; 1 Samuel
26:4; etc. (cf. 2 Rois 7:12). Les Hébreux avaient de plus l'habitude, pour
assurer le succès de leurs armes, de porter avec eux l'arche de leur alliance,
1 Samuel 4:4; cf. 1 Samuel 5:11.
L'antiquité tout entière s'est montrée barbare à
l'égard des vaincus, les Hébreux n'ont pas fait exception à cette règle; on
tranchait la tête au général ennemi, Juges 7:25; 1 Samuel 17:54; 31:9, on
pillait et saccageait tout ce que l'on pouvait atteindre, 1 Samuel 31:8, les
prisonniers étaient, ou emmenés en esclavage, Deutéronome 20,14; ou mis à mort,
Juges 9:45, et quelquefois d'une manière cruelle, 2 Samuel 12:31; 2 Chroniques
25:12; cf. Juges 8:7, ou enfin mutilés, Juges 1:6; 1 Samuel 11:2. On exerçait
les mêmes rigueurs contre les femmes et contre les enfants, même contre les
tout petits enfants, que l'on écrasait et broyait sur des rochers ou au coin
des maisons, 2 Rois 15:16; cf. 8:12; Ésaïe 13:16; Amos 1:13; Osée 10:14; 13:16;
Nahum 3:10. On coupait les jarrets des chevaux, 2 Samuel 8:4. Les villes
étaient brûlées ou détruites, Juges 9:45, et les temples des dieux étrangers
anéantis, 1 Maccabées 5:68; même les champs et les campagnes étaient ravagés, 1
Chroniques 20:1; 2 Rois 3:19,25. Puis on célébrait la victoire par des cris de
joie, des chants de triomphe et des danses, Juges 5; 1 Samuel 18:6; 2 Samuel
22:1; Juges 16:24, et l'on dressait quelque monument commémoratif, 1 Samuel
15:12; 2 Samuel 8:11. Il paraît même que l'on déposait dans le temple en guise
de trophées, et comme mémorial de l'assistance du Très-Haut, les armes enlevées
à l'ennemi, 1 Samuel 21:9; cf. 13:10; 2 Rois 11:10; 1 Chroniques 10:10; cf.
Virgile Æneid. 7, 183. Tacit. Ann. I, 59, 2. Des récompenses étaient accordées
à ceux qui s'étaient distingués par des faits d'armes, Josué 15:16; 1 Samuel
17:25; 18:17; 1 Chroniques 11:6; cf. 2 Samuel 18:11. La garde de David paraît
avoir été un poste d'honneur accordé aux plus vaillants, 2 Samuel 23:8. L'armée
honora de bonne heure par un deuil officiel, ses chefs tombés dans la bataille,
2 Samuel 3:31, on les ensevelissait avec leurs armes (Ézéchiel 32:27); en
général c'était aux soldats survivants de donner la sépulture à ceux de leurs
camarades qui avaient succombé, 1 Rois 11:15.
— Voir: encore Armée, Armes, Camp, Forteresse.
Nombres, Sabbat, etc.
Il y a quelque chose de choquant pour la piété, dans
le nombre et le caractère des guerres des Israélites. On peut les expliquer, on
peut même les justifier, puisque la plupart de ces guerres ont été commandées
de Dieu même; elles avaient un caractère théocratique; c'était le règne du
Seigneur que les Israélites établissaient, en défendant leur territoire, et en
détruisant leurs ennemis; ils se battaient, à leur point de vue, pour la bonne
cause. Mais quoi qu'on dise et qu'on fasse, la guerre, ce meurtre en grand, ce
meurtre organisé, la guerre qui représente en morale la haine, et en justice le
droit du plus fort, la guerre n'a pu être, même pour Israël, qu'une concession
divine, aux circonstances peut-être, ou à l'endurcissement et au matérialisme
d'un peuple charnel et peu développé. La religion qui a pu en être le prétexte,
n'a été que cela. Et pour tout dire en un mot, si Dieu a permis la guerre aux
Juifs, c'est parce qu'ils étaient Juifs, et non chrétiens. Ils représentaient
un peuple, et non l'humanité, la secte, et non l'Église; secte, ils devaient
être intolérants, et l'on sait combien peu la religion a de part, même dans les
guerres dites de religion. Le christianisme, d'accord avec la logique, le bon
sens, et l'instinct de l'humanité, flétrit l'idée qui préside à la guerre; le
chrétien ne peut être rendu complice des haines ou des ambitions de ce monde,
et la loi de Dieu reste supérieure à la loi des hommes, en ce point comme en
tout autre. Le travail de M. Rochat ne nous a pas convaincu que le chrétien
puisse rejeter sur l'État la responsabilité de son service militaire.
Dans le
christianisme authentique la guerre est plutôt spirituelle que charnelle. Au
niveau temporel la guerre demande de nombreuses préparations, c'est-à-dire «des
œuvres»; mais au niveau spirituel le soldat combat en se reposant sur des faits
déjà accomplis à la croix d’où il a la victoire.
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GUERSOM ou Guerson, et Élihézer,
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fils de Moïse et de Séphorah, Exode 2:22; 18:3; 1
Chroniques 23:15. Ils sont peu connus, et paraissent être restés toute leur vie
d'humbles et simples lévites, pendant que leurs cousins, fils d'Aaron,
brillaient au sommet de la hiérarchie pontificale. C'est probablement de
Guerson, fils de Moïse qu'il est parlé Juges 18:30, quoique le texte porte fils
de Manassé; la différence n'est que d'une N dans l'original (Mshé, Mnshé), et
cette N aura été ajoutée par les copistes pour éviter de compter dans la
postérité du législateur, et à la seconde génération déjà, le premier prêtre
idolâtre, Jonathan.
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GUERSON
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fils aîné de Lévi, Genèse 46:11, a donné son nom à
l'une des grandes familles des Lévites. Les Guersonites comptaient 7,500 hommes
au moins après la sortie de l'Egypte, Nombres 3:21. Ils étaient chargés de
soigner et de porter les voiles et les draperies du pavillon, et avaient dans
le camp leur place à l'occident du tabernacle. Nombres 3:23,25; cf. Exode 6:16;
1 Chroniques 6:1.
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GUÉRUTH,
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Jérémie 41:17;
— Voir: Kimham.
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GUÉSUR ou Gessur,
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(pont) ou Gessur.
1. District
au-delà du Jourdain dans la demi-tribu de Manassé, Deutéronome 3:14; Josué
12:5; 13:13, et dans le voisinage de Mahacath et de la Syrie, ce qui explique
comment cette contrée peut être appelée Guésur de Syrie, 2 Samuel 15:8 (quoique
quelques auteurs, Jahn et Gesenius, aient voulu voir là un autre Guésur que
celui dont il est parlé dans le Deutéronome). Guésur, à l'époque de Salomon,
formait encore un petit État monarchique indépendant, dont le roi était
beau-père de David et grand-père d'Absalon, 2 Samuel 3:3; 13:37; 14:23; 15:8;
— Voir: encore 1 Chroniques 2:23.
Les Gessuriens, dit Bræm, sont, à ce qu'on suppose,
des Ismaélites qui, par des circonstances inconnues, se seraient établis dans
les montagnes qui forment le bras sud-est de l'Hermon. Ce sont les Ituréens,
que les auteurs grecs et romains disent être un peuple de brigands, la plus
barbare de toutes les nations. Manassé ne les a pas soumis sans de grands
efforts, et Rome dans toute sa puissance leur a fait longtemps la guerre avant
de les dompter. On les croit ancêtres des Druses, peuple belliqueux et
passionné de sa liberté, dont la religion est un mélange de l'idolâtrie
syrienne et du mahométisme.
2. Une
autre peuplade de ce nom est mentionnée, 1 Samuel 27:8, comme habitant le sud
de la Palestine avec les Guirziens et les Hamalécites; ils étaient sans doute
voisins des Philistins, tirant du côté de l'Égypte, mais on ne peut déterminer
au juste leur territoire, d'autant moins que l'historien des livres de Samuel
semble indiquer que de son temps déjà les Guésuriens avaient changé de demeure.
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GUÉTHER,
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Genèse 10:23, peuplade araméenne complètement
inconnue. Saint Jérôme a pensé aux Cariens, Flavius Josèphe aux Bactriens,
Saadias à une peuplade qui du temps de Mahomet occupait la contrée de Mosul;
Bochart a regardé vers le fleuve Centrites qui séparait les Carduchiens des
Arméniens; Leclerc, enfin, songe à la ville de Carthara sur le Tigre, dont il
est parlé dans Ptolémée 5, 18.
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GUÉZEM,
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— Voir: Gasmu.
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GUÉZER,
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ville royale des Cananéens, Josué 10:33; 12:12; 16:3,10;
21:21, située entre Beth-Horon et la mer Méditerranée, plus tard frontière
occidentale de la tribu d'Éphraïm, et ville lévitique; elle continua cependant
toujours d'être habitée par les Cananéens, Juges 1:29; 1 Rois 9:16, et nous la
trouvons, aux jours de David, entre les mains des Philistins, 2 Samuel 5:25; 1
Chroniques 20:4. Pharaon l'ayant prise sur ces derniers, la donna à Salomon en
présent de noces, et Salomon la fortifia, 1 Rois 9:16-17. On ignore pourquoi
Pharaon la fit réduire en cendres, puisqu'il voulait l'offrir au roi d'Israël;
peut-être avait-elle été incendiée par un de ses prédécesseurs; peut-être aussi
n'y a-t-il eu là qu'une vengeance à l'orientale. Elle porta plus tard le nom de
Gazara ou Gazera, Gazer chez Eusèbe, et Gadaris chez Strabon.
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GUIBHA, ou Guibhath-Saül,
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1. ou
Guibhath-Saül, ville de la tribu de Benjamin. La première fois qu'elle apparaît
dans l'histoire, c'est comme le théâtre d'un grand crime commis dans ses murs,
et par ses habitants, sur la personne d'une femme qui tomba morte à la suite de
leurs outrages, Juges 19:14. Les chapitres 20 et 21 renferment la guerre des
tribus contre Benjamin, qui refusa de punir ses ressortissants, et la presque
complète extermination de la tribu tout entière. Le nom de Guibha, qui signifie
colline, étant fort répandu, cette ville se distinguait des autres villes du
même nom par l'addition du nom de la tribu à laquelle elle appartenait, 1
Samuel 13:2; 14:16; 2 Samuel 23:29. Guibha ne tarda pas à être rebâtie; mais
elle resta toujours un petit bourg. Elle donna le jour à Saül, dont elle prit
le nom, et fut la résidence ordinaire de ce premier roi, 1 Samuel 10:26; 11:4;
15:34; 23:19; 26:1; Ésaïe 10:29.
— Elle était située à 20 ou 30 stades (5 ou 6
kilomètres) au nord de Jérusalem, près de Rama.
2. Ville
de Juda, Josué 15:57.
3. Guibhath
de Phinées, dans la montagne d'Éphraïm. Éléazar, fils d'Aaron, y avait son
tombeau, Josué 24:33 (au lieu de coteau il faut lire Guibhath). Quelques-uns la
confondent avec la première. D'après Eusèbe, elle était à 12 milles
d'Éleuthéropolis, et renfermait le tombeau du prophète Habacuc.
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GUIBBÉTHON,
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ville des Philistins, située sur le territoire de Dan,
Josué 19:44. Elle fut donnée à la tribu de Lévi, Josué 21:23, mais les
Philistins continuèrent d'en demeurer les maîtres, malgré les efforts des
Israélites, qui cherchèrent à s'en emparer comme d'une ville frontière,
importante parce qu'elle était fortifiée, 1 Rois 15:27; 16:15.
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GUIDHOM,
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Juges 20:45, ville inconnue.
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GUIHON,
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1. Genèse
2:13, un des quatre fleuves du paradis, celui qui coule en tournoyant par tout
le pays de Cus. Quel est-il maintenant? Les uns en ont voulu faire le Nil (!),
d'autres l'Oxus, d'autres l'Oronte, d'autres l'Araxe. La première de ces
suppositions est inacceptable, et l'on ne comprend pas comment les Pères de
l'Église, Flavius Josèphe, les mahométans, et de nos jours encore Gesenius, ont
pu penser à faire du Nil un des fleuves du paradis, en lui donnant une source commune
avec l'Euphrate: une interprétation trop étroite du nom de Cus, q.v., aura
amené ce résultat bizarre. Quant aux autres fleuves que l'on a voulu entendre
par le Guihon, nous avons vu, à l'article Déluge, combien ce grand
bouleversement avait dû changer l'état de choses indiqué par Moïse. L'Oxus
porte en effet, encore de nos jours, le nom de Guihoun ou Djihoun, mais cela ne
suffit pas à établir une preuve; car la racine de ce mot, giah, signifiant
jaillir avec impétuosité, bondir (c'est le terme employé en parlant du cheval,
Job 39:23), et conservant cette signification dans presque tous les dialectes
sémitiques, il est clair que ce nom, ou un nom semblable, a dû être donné à
beaucoup de fleuves en Asie; ainsi, le Volga s'appelle en perse Gihun Atel, le
Gange Gihun Kank, l'Araxe Gihun Elras, l'Oxus Gihun, et la fontaine de Siloé
Guihon, à cause de l'abondance de ses eaux, 1 Rois 1:33,38. Le Guihon ne
pouvant ainsi se retrouver ni par son étymologie, ni par les anciennes
autorités, ni par l'usage de la langue de nos temps, nous sommes réduits à des
conjectures. Dans le système que nous avons exposé (— Voir: Déluge), la
difficulté n'en est pas une; si, au contraire, on se rattache à l'opinion qui
place le paradis dans le voisinage de l'Ararat actuel, si l'on croit que les
fleuves du paradis puissent encore se retrouver, quoique bouleversés, sur un
même plateau, l'Araxe est celui dont l'identité se justifierait le mieux.
C'est, entre autres, l'opinion de Winer et de Preiswerk. Ajoutons que les
Arabes, en appelant l'Araxe Gihun Elras (Erras ou Arras), ont réuni le nom
ancien et le nom moderne, ont ajouté au nom hébreu sa traduction grecque,
puisque le grec
άράσσω a la même signification que l'hébreu giah,
circonstance qui semblerait prouver qu'originairement l'Araxe a porté de
préférence le nom de impétueux, de Guihon.
2. Montagne
au dos large et rocailleux, du haut de laquelle on domine Jérusalem.
3. Vallée
à l'ouest de Jérusalem; elle va du nord au sud, entre le mont Guihon et le
promontoire de la ville; son inclinaison est considérable, et sa profondeur
augmente rapidement; elle contient plusieurs étangs; vers le sud sa largeur
s'accroît jusqu'à 2,700 pieds, et elle débouche dans la vallée de Josaphat.
— Voir: Topheth, Hinnom, Haceldama, etc.
— Ce nom s'applique d'une manière spéciale à la partie
septentrionale de la vallée de Hinnom; c'est là que fut proclamé Salomon, 1
Rois 1:33,38,45; cf. 2 Chroniques 32:30.
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GUILBOAH,
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montagne de la tribu d'Issacar, à l'extrémité sud-est
de la plaine de Jizréhel, selon Jérôme et Eusèbe, à 6 milles de Bethsan
(Scythopolis). C'est sur cette montagne que Saül et Jonathan perdirent la vie,
en combattant contre les Philistins, 1 Samuel 28:4; 31:1; David, dans l'hymne
funèbre qu'il composa sur cet événement, semble indiquer que cette montagne
était fertile, 2 Samuel 1:6,21; il la maudit pour avoir été le théâtre d'une
scène de deuil si affligeante, et de nos jours elle est sèche et stérile (Keith,
Juifs d'Eur. etc., p. 267). Au temps d'Eusèbe, on y voyait encore un gros bourg
nommé Gelbos, et près delà la source Tubania.
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GUILGAL,
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1. Josué
12:23. Quelques-uns pensent que cette ville est la même que celle qui est
indiquée Josué 4:19, et dont nous allons parler; d'autres confondent Guilgal
des Gentils avec la Galilée des Gentils, Ésaïe 9:1, en supposant une erreur de
copistes. Il paraît plus probable que c'était une ville à part, à 6 milles au
nord d'Antipatris, appelée Galgule par Eusèbe.
2. Guilgal,
la première station des Israélites après la traversée du Jourdain, Josué 4:19.
Elle était située entre le fleuve et Jérico, à 10 stades (2 kilomètres) sud-est
de cette ville: elle se trouvait ainsi probablement sur le territoire de
Benjamin. Une ville y fut bâtie, et prit le nom de Guilgal, à cause de la
circoncision que le peuple reçut en cet endroit, parce qu'après cette opération
le Seigneur dit: J'ai roulé (enlevé) de dessus vous l'opprobre d'Égypte (de
galal, rouler) Josué 5:1-9. Il n'existe plus aucune trace de cette ville, et
cependant elle a été célèbre dans l'histoire juive: c'est de là que les
Israélites firent la conquête de Canaan, 9:6; 10:6; sq. Samuel en fit le siège
du tabernacle jusqu'au temps où on le transporta à Silo, et lui-même s'y fixa
pour y rendre la justice, 1 Samuel 7:16; 10:8; 11:14; 15:21,33. Les Israélites
y avaient célébré leur première Pâque en Canaan, et le blé du pays y remplaça
la manne, du désert, Josué 5:11. Sous la domination des Moabites, elle devint
un siège de l'idolâtrie, Juges 3:19 (il faut lire idoles au lieu de carrières,
dans ce passage; c'est du moins le sens ordinaire du mot phesil, employé, par
exemple, Deutéronome 7:25; Jérémie 8:19); le culte du vrai Dieu y est rétabli
sous Samuel, Saül y est sacré roi, 1 Samuel 13:7-9. Puis, sous Hozias, Jotham
et Achaz, elle redevient pour la seconde fois le centre de l'idolâtrie, et les
prophètes montent à la brèche pour combattre l'erreur, Osée 4:15; 9:15; 12:12;
Amos 4:4; 5:5.
— Guilgal devait son importance, dit Brœm, à sa
situation près de la porte sud-est du pays occidental (Bethséan en est la porte
nord-est, Acre la clef nord-ouest, Joppe la clef sud-ouest); elle a remplacé
Jérico détruite par Josué, et elle disparaît à mesure que la nouvelle Jérico se
relève, s'accroît et reprend une place dans l'histoire; «elle a été entièrement
transportée», Amos 5:5. Au temps d'Eusèbe, on en trouvait encore quelques
ruines, et les Arabes, de nos jours, donnent le nom de Galgala à une colline
qui est près des bords du Jourdain, et qui est couverte de pierres; mais
Guilgal devait être plus éloigné de ce fleuve, au moins à 50 stades (10 ou 11
kilomètres).
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GUIRGAZIENS ou Gergésiens,
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peuplade cananéenne, Genèse 10:16; 15:21; Deutéronome
7:1; cf. Josué 24:11, qui paraît avoir habité la partie nord-est du lac de
Génésareth, si du moins on en croit ce que dit Origène d'une ville de Gergésa
située sur les bords de ce lac;
— Voir: Gadara.
Du reste, complètement inconnue. On suppose qu'ils
émigrèrent en masse à l'approche des Israélites.
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GUIRZIENS,
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1 Samuel 27:8, peuplade au sud de la Palestine. Le
Keri (notes en marge) lit Guizériens, ce qui ferait penser à des colons de la
ville de Guéser; mais c'est incertain.
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GUITTITH.
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Ce mot, qui se trouve en tête des psaumes 8:81 et 84,
a été interprété de diverses manières, ou comme le nom d'un instrument de
musique, ou comme l'indication de l'air sur lequel le psaume devait se chanter,
ou comme sommaire du psaume. Ces deux dernières suppositions s'appuient sur la
signification de gath, pressoir, et l'on a eu l'idée que c'étaient des psaumes
à chanter en automne, lorsqu'on fait la vendange; mais rien, ni dans le contenu
de ces psaumes, ni dans l'analogie de la langue, ne justifie cette hypothèse.
Ceux qui veulent y voir le nom d'un instrument pensent, les uns, que cet
instrument avait quelque ressemblance dans sa forme avec celle d'un pressoir,
les autres, qu'il s'agit d'un instrument de musique dont la fabrique était à
Gath; faute de mieux, il convient peut-être de s'arrêter à cette dernière
manière de voir, qui est celle des interprètes juifs, de De Wette et de Stier.
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GUR-BAHAL,
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2 Chroniques 26:7, ville ou district inconnu de
l'Arabie Pétrée, sur les limites méridionales de la Palestine.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-H
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HABACUC
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(lutteur). On ne sait rien de particulier sur la
personne de ce prophète; il paraît seulement, par le contenu de son livre,
qu'il vécut avant la ruine du royaume de Juda, et l'on peut, avec assez de probabilité,
le placer dans les derniers temps de la vie d'Ézéchias; d'autres le mettent
sous Manassé, Jéhojakim ou Sédécias.
Les quatre premiers versets du 1er chapitre de ses
prophéties renferment des plaintes sur la corruption du peuple; le prophète
annonce que ces péchés seront châtiés par l'invasion des Caldéens, 5-11; puis,
à la fin du chapitre, il demande à Dieu d'adoucir la rigueur de ses châtiments.
Le chapitre 2 contient la réponse de l'Éternel, et l'assurance que les Caldéens
seront à leur tour l'objet des jugements célestes. Le livre se termine par un
sublime cantique d'actions de grâces au sujet de la révélation consolante que
le prophète vient de recevoir. On remarque les parallèles suivants:
— 1:5; Actes 13:40,44.;
— 2:3-4; Romains 1:17;
— 2:12; Michée 3:10;
— 2:14; Ésaïe 11:9;
— 3:19; Psaumes 18:34.
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HABDON
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(serviteur de jugement).
1. Éphraïmite,
fils de Hillel, successeur d'Élon dans la judicature d'Israël, jugea les
Israélites pendant huit ans, et fut enseveli à Pirhathon, dans le pays
d'Éphraïm, où il avait demeuré. Il laissa quarante fils et trente petits-fils,
qui montaient sur des ânes, à la manière des hommes illustres de ce temps,
Juges 12:13.
2. Fils
de Mica, l'un des messagers que Josias envoya consulter Hulda la prophétesse, 2
Chroniques 34:20.
3. Ville
de la tribu d'Aser, qui fut donnée en partage aux lévites de la famille de
Guerson, Josué 21:30; 1 Chroniques 6:74.
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HABED-NÉGO,
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Littérallement «
père des nègres », designation qui se rapporte à Caïn (le carbonisé), puis à
Nimrod, constructeur de la Tour de Babel.
— Voir: Abed-Négo.
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HABRONA,
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campement des Israélites dans le désert, sur les bords
de la mer Rouge, et non loin de Hetsjon-Guéber, Nombres 33:34. Inconnu.
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HACAN, ou Hacar,
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(perturbateur) ou Hacar, 1 Chroniques 2:7, fils de
Carmi de la tribu de Juda, tristement célèbre pour avoir, par son avide
transgression, attiré la colère de Dieu sur Israël, et compromis les conquêtes
de ce peuple, qui devait être victorieux aussi longtemps qu'il serait saint et
sans interdit, Josué 7. Il mit la main sur des dépouilles qui devaient être
entièrement détruites; il prit un riche manteau, 200 sicles d'argent, un lingot
d'or du poids de 50 livres, et cacha le tout dans sa tente. Le crime ne fut pas
découvert par lui-même, ou par quelque inhabileté dans l'exécution: il fut
trahi par ses conséquences. Peu de jours après, 3,000 hommes d'Israël furent
battus devant Haï, et l'on comprit que Dieu n'était plus avec l'armée. «Hélas!
s'écria Josué, que dirai-je, puisqu'Israël a tourné le dos devant ses ennemis!»
Dieu ordonna qu'on tirât au sort par tribus, par familles, par individus,
— Voir: Sort, et Urim.
Hacan, désigné, n'hésita plus à confesser son larcin.
«Pourquoi nous as-tu troublés, lui dit Josué? L'Éternel te troublera
aujourd'hui.» Puis le peuple entraîna le coupable dans la vallée de Hacor, le
lapida, et le brûla au feu, selon l'oracle 7:15, avec tout ce qui lui
appartenait. On se demande si sa famille périt avec lui, comme paraît
l'indiquer le verset 24; on peut croire qu'elle avait eu connaissance du délit,
et qu'elle en était en quelque sorte responsable en ne le dévoilant pas: d'un
autre côté, la loi était expresse en défendant de punir les enfants avec leurs
pères, Deutéronome 24:16; et Dieu ne parait pas avoir fait d'exception dans ce
cas particulier; le verset 15 ne condamne à la mort que le coupable. Il vaut
mieux peut-être croire que la famille ne fut conduite avec son chef, dans la
vallée de Hacor, que pour être témoin de son supplice, comme elle avait été
témoin de son crime.
La peine de Hacan peut paraître grande et peu
proportionnée à sa faute; mais il faut se rappeler que son crime n'était pas
une simple indiscipline de soldat, c'était le sacrilège d'un membre du peuple
théocratique: il n'a pas désobéi au capitaine Josué, c'est au roi souverain
d'Israël qu'il a manqué en portant la main sur ce qui était déclaré interdit.
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HACCO,
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Juges 1:31, ville de la tribu d'Aser, que les
Israélites ne paraissent pas cependant avoir jamais possédée, et qui fut
toujours habitée par des païens grecs ou phéniciens, 1 Maccabées 5:15. Elle
portait, chez les Grecs et les Latins, le nom de Aké, plus ordinairement encore
celui de Ptolémaïs, Actes 21:7. C'était aux jours de Strabon une grande ville
avec un bon port sur la Méditerranée, entourée de trois côtés par un
demi-cercle de montagnes, dont l'une était le Carmel vers le sud, non loin de
l'embouchure du Bélus. Après l'exil on y trouvait une colonie juive, Flavius
Josèphe, Guerre des Juifs, 2, 18, 5. L'empereur Claude lui accorda les droits
de bourgeoisie romaine, et elle prit le nom de colonie de Claude César, Pline
5, 17; 36, 65. Elle s'appelle maintenant Saint-Jean-d'Acre, mais les Arabes lui
ont conservé son ancien nom de Hacco: c'est le meilleur port de la côte
syrienne, la clef de la Galilée, le débouché de la route de Damas à la mer;
elle est dans une plaine fertile où prospèrent les grains, la soie et le coton,
dont on fait des exportations considérables.
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HACELDAMA.
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Dans la vallée de Gui-hou, sur les flancs de la
montagne méridionale, au sud de Sihon, se trouvaient la plupart des grottes
funéraires de l'ancienne Jérusalem, et entre autres, le cimetière des étrangers
et des pèlerins, qui reçut le nom de Haceldama, ou champ du sang, Matthieu
27:7-8; Actes 1:19, parce qu'il avait été acheté avec l'argent qui avait payé le
sang de Jésus. C'était auparavant le champ d'un potier, qui s'en défit sans
doute parce qu'il en avait épuisé, ou à peu près, la partie argileuse. On voit
maintenant encore une place de 30 mètres de long sur 15 de large, comprise
entre les rochers et une muraille; la moitié en est occupée par un ossuaire
voûté, de 10 mètres de haut, dans lequel on introduit les cadavres par cinq
ouvertures.
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HACOR,
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profonde vallée de la Palestine, au nord de Jéricho,
Josué 7:26; 15:7; Osée 2:15; Ésaïe 65:10. Ce nom était encore en usage au temps
d'Eusèbe et de saint Jérôme.
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HACSA.
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Josué 15:16; Juges 1:12; 1 Chroniques 2:49, fille de
Caleb, l'ami de Josué, et femme de Hothniel, son cousin, le premier des juges.
Sa main fut le prix de la valeur; peu contente de sa dot, elle ne se gêna pas
de prier son père d'ajouter quelques sources aux terres qu'il lui avait données;
il paraît même qu'elle mit quelque vivacité dans sa demande, sans que cependant
il y ait rien qui soit de nature à flétrir son caractère, ou à la faire passer
pour particulièrement avide.
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HADAD,
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1. fils
de Bédad, fut chef ou roi d'Idumée, et succéda à Husam, 1 Chroniques 1:46;
Genèse 36:35. De tous les rois d'Idumée nommés par Moïse, il est le seul dont
on connaisse un exploit; il défit les Madianites sur le territoire de Moab.
2. Édomite
de race royale, qui, lors de l'invasion d'Israël en Idumée, sous David, 2
Samuel 8:14, fort jeune encore, s'enfuit d'abord en Madian, puis en Égypte,
avec quelques serviteurs; il y trouva une princesse à épouser, la sœur de
Tachpénès, femme du roi régnant, 1 Rois 11:14, et vécut en prince, préparé de
Dieu à devenir l'ennemi de Salomon. Après la mort de David, il essaya de
reconquérir en effet le territoire que son père avait perdu, mais l'Écriture,
dans son rapide récit, ne nous apprend pas quelle fut la fin de cette
tentative, 1 Rois 11:22; il paraît cependant qu'elle échoua, puisque Salomon
continua de rester possesseur des ports de l'Idumée. D'après Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques 8, 7; 6, Hadad aurait fait alliance avec Rézon, roi de
Syrie, se serait joint à lui pour inquiéter Israël, et lui aurait finalement
succédé sur le trône de Syrie.
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HADADHÉSER ou Hadarhéser,
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fils de Réhob, roi de Syrie, demeurant à Tsobah, q.v.
Sa domination s'étendait de la Syrie de Damas à l'Euphrate; plusieurs petites
provinces marchaient sous ses ordres; seul entre tous les rois voisins de
Canaan, il pouvait espérer de lutter contre David avec quelque chance de
succès; trois fois il s'éleva contre le royaume d'Israël, mais les trois fois
il fut vaincu et repoussé avec perte. La première fois, 2 Samuel 8:3-4, il
laissa à l'ennemi 1,700 cavaliers, 20,000 hommes et 100 chariots. La seconde
fois, dans l'alliance de Hanun, deux villes de Syrie, Tsobah et Beth-Réhob
envoyèrent de rechef 20,000 hommes qui furent encore battus, 10:6-14. La
troisième fois, les Syriens de tout le pays, espérant de relever l'honneur de
leurs armes en s'unissant les uns aux autres, se rassemblèrent sous les ordres
d'Hadarhéser, 10:16-19, et de Sobac, son général en chef, niais David lui-même
sortit contre cet intrépide et redoutable adversaire, l'attaqua à Hélam en
bataille rangée, lui prit ou tua 40,000 cavaliers et 700 chariots, et mit à
mort son général Sobac lui-même.
— Voir: 1 Chroniques 18:3; 19:6.
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HADAD-RIMMON,
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Zacharie 12:11, ville de la vallée de Jizréhel, non
loin de Méguiddo. C'est lu que le roi Josias perdit la vie dans un combat, 2
Rois 23:29; 2 Chroniques 35:20; le deuil dont il est parlé dans le passage de
Zacharie est une allusion à cette circonstance.
— Saint Jérôme appelle encore cette ville Adadremmon,
mais il y joint le nom de Maximianopolis, qu'elle reçut plus tard en l'honneur
de l'empereur Maximien: elle était à 17 milles de Césarée de Palestine.
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HADARHÉSER,
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— Voir: Hadadhéser.
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HADASSA
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(myrte), un des noms d'Ester, q.v. Esther 2:7.
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HADATTA,
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Josué 15:25, ville située au midi de la tribu de Juda,
non loin des frontières iduméennes.
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HADID,
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Néhémie 11:34, ville habitée par des Benjamites et
située dans le voisinage de Lod et d'Ono, Esdras 2:33; Néhémie 7:37. II ne
paraît pas qu'elle ait appartenu primitivement a Benjamin, et l'on peut croire
qu'elle ne lui fut cédée qu'après la captivité,
— Voir: Hadithajim.
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HADINO,
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— Voir: Jasobham.
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HADITHAJIM,
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Josué 15:36, et Hédasa, 15:37, villes inconnues.
Eusèbe connaît deux villes de ce nom, l'une vers Gaza, l'autre vers Lydde. Il
est encore parlé d'une Adida, 1 Maccabées 12:38. Flavius Josèphe, Antiquités
Judaïques 13, 15, 2. II est possible que ce soit l'une de ces deux, peut-être
aussi Hadid.
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HADORAM
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(leur beauté),
1. Genèse
10:27; 1 Chroniques 1:21, descendant de Héber par Joktan, père d'une peuplade
dont nous ne savons absolument rien. Bochart pense aux Dirmates ou Drimates,
sur le golfe Persique; Schulthess aux Adramites.
2. —
Voir: Joram.
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HADRAC,
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Zacharie 9:1, district, probablement voisin de la
Palestine, contre lequel Zacharie a prononcé tout un de ses oracles. Le rabbin
Jose de Damas connaissait cette ville; il la place à l'est de Damas, et dit
qu'elle était assez considérable. On peut voir aussi dans Ugolini l'opinion
d'un certain Alphen, qui trouve dans Hadrac le nom de la divinité Atergatis ou
Derceto.
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HADULLAM
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(leur témoignage), ville fort ancienne, Genèse
38:1,12,20, dans la plaine basse de la tribu de Juda, Josué 15:35. Elle avait
été d'abord la résidence royale d'un des petits rois de Canaan, 12:15. Elle
était probablement sur la lisière des montagnes et du bas pays, dans la contrée
que traverse la route de Jaffa à Jérusalem. Roboam la fit fortifier, 2
Chroniques 11:7; cf. Michée 1:15, et elle subsistait encore après l'exil de
Babylone, Néhémie 11:30. En entrant dans les montagnes on trouve une contrée
rocailleuse et une multitude de grandes cavernes qui servent aujourd'hui de
repaires aux brigands arabes. Une de ces cavernes est mentionnée dans
l'histoire de David, 1 Samuel 22:1; 2 Samuel 23:13; 1 Chroniques 11:15. Ce
monarque s'y était réfugié pendant que l'armée des Philistins occupait la
vallée des Réphaïms.
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HAGARÉNIENS,
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descendants d'Agar et d'Ismaël, par conséquent membres
de la grande famille des Ismaélites, auxquels on donne aussi le nom d'Arabes,
et surtout de Sarrasins (de sarak, voler?). Ils étaient fixés au-delà du
Jourdain, 1 Chroniques 5:10,19,20; Psaumes 83:7. Le livre des Psaumes compte
les Hagaréniens au nombre des nations voisines et ennemies d'Israël; il les
joint aux Moabites; et l'on voit dans les Chroniques que la tribu de Ruben, au
temps de Saül, fit la guerre à cette peuplade, se rendit maîtresse du pays et
la chassa devant elle, ce qui indique la direction vers le sud ou sud-est. On
pense que c'est la même tribu que celle des Agréens, qui sont rangés dans
Strabon, 16, 767, avec les Nabathéens et les Chaulotes parmi les habitants de
l'Arabie septentrionale: ce nom se retrouve encore (Hachar, Hagar) sur le golfe
Persique; et les habitants de cette peuplade, grands bédouins, conduisent
chaque année en Syrie des milliers de chameaux pour les vendre. Il est possible
que ce soit la même tribu; elle aurait émigré vers le sud, comme émigrent
toutes les tribus nomades.
— D'autres pensent à une ville de ce nom dans l'Arabie
Pétrée.
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HAÏ, ou Haïa, ou Haïath,
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Josué 7:2, ou Haïa, Néhémie 11:31, ou Haïath, Ésaïe
10:28, ville fort ancienne, déjà nommée Genèse 12:8; 13:3, et appartenant aux
Cananéens, était située sur une montagne près de Bethaven, à l'est de Béthel,
et au sud d'une vallée qui descend du côté du Jourdain. Après une première
défaite que les Israélites essuyèrent dans son voisinage, par suite du péché de
Hacan, ils s'emparèrent de cette ville sous Josué et la détruisirent, Josué
7:2; 8:1; mais ils la rebâtirent plus tard, comme il ressort de Ésaïe 10:28, et
les Benjamites l'habitèrent après l'exil, Esdras 2:28; Néhémie 7:32. Il n'en
restait plus que des ruines insignifiantes au temps d'Eusèbe et de Jérôme; une
vallée du même nom était au nord de la ville, Josué 8:14.
Le passage Jérémie 49:3, dans nos versions, parle
d'une ville de Haï, mais elle ne peut être confondue avec la précédente; il
faudrait plutôt admettre qu'il y a eu dans le pays de Hammon une ville de ce
nom, dont rien ailleurs ne prouve l'existence. Peut-être, cependant, vaut-il
mieux traduire avec Dahler le mot hébreu Haï, ou plutôt Hi, qui signifie
monceau de ruines: le sens du passage serait alors «Hurle, ô Hesbon, car elle
est dévastée, un monceau de ruines», en le rapportant à la ville de Rabba,
mentionnée au verset précédent.
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HAJIN,
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1. ville
de la Palestine, qui appartint d'abord à la tribu de Juda, Josué 15:32, puis à
celle de Siméon, 19:7; 1 Chroniques 4:32, et fut enfin donnée aux Lévites,
Josué 21:16. Peut-être est-ce la même que Hen-Rimmon de la tribu de Juda,
Néhémie 11:29. D'après Eusèbe, ce serait Béthanie (Beth Henajin), à 4 milles de
Hébron.
2. Une
autre Hajin est indiquée Nombres 34:11, comme située à la frontière nord-est de
la Palestine. Ce nom signifiant source, plusieurs interprètes, au lieu d'une
ville, y ont vu la source même du Jourdain, mais c'est peu probable.
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HAKRABBIM
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(les scorpions). C'était le nom d'une hauteur faisant
partie de la chaîne de montagnes qui forme la frontière sud de la Palestine,
Nombres 34:4; Josué 15:3; Juges 1:36. Elle était ainsi nommée à cause des
nombreux scorpions qui s'y trouvaient, et qui s'y trouvent encore,
— Voir: Volney.
Un district de l'Idumée est appelé Acrabattine, 1
Maccabées 5:3, et devait se trouver dans le voisinage de la montée des
scorpions. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 12, 8; 1.
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HALAMOTH,
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Psaumes 46:1; 1 Chroniques 15:20, probablement
indication d'une mesure, ou d'un ton musical,
— Voir: Psaumes.
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HALMON,
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ville lévitique de la tribu de Benjamin, Josué 21:18.
Dans le passage parallèle, 1 Chroniques 6:60, il y a Halemeth. Un autre Halmon
est indiqué Nombres 33:46, parmi les stations d'Israël.
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HAMALEC.
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Il est nommé pour la première fois Genèse 36:12 (1
Chroniques 1:36); on ne sait rien de lui, sinon qu'il était petit-fils d'Ésaü
par Éliphaz et Timnath. Mais les Hamalécites eux-mêmes sont nommés déjà à
l'époque d'Abraham, à côté des Amorrhéens, Genèse 14:7, d'où l'on voit
clairement qu'ils ne descendaient point de l'arrière-petit-fils d'Abraham,
comme le disent quelques auteurs. Balaam aussi les appelle le commencement des
nations, c'est-à-dire une nation fort ancienne, Nombres 24:20. Leur vie nomade
ne permet pas qu'on assigne des limites bien déterminées au pays qu'ils
habitèrent; nous les trouvons occupant d'une manière générale les contrées au
sud de la Palestine, Nombres 13:30; c'est dans les déserts de l'Arabie Pétrée
qu'ils viennent fondre sur le camp voyageur d'Israël, Exode 17:8. Ils sont
alliés avec les Hammonites, Juges 3:13, avec les Madianites, 6:3; 7:12, avec
les Kéniens, 1 Samuel 15:6; on les trouve dans le voisinage des Philistins,
27:8, et des monts de Séhir, 1 Chroniques 4:43, comme près de la ville de Sur
en Égypte (Pelusium), 1 Samuel 45:7. C'est donc entre l'Égypte, le désert de
Sinaï, Édom, et les possessions des Philistins, qu'il faut les placer.
Cependant on les trouve aussi établis au milieu de la Palestine avec quelques
familles cananéennes, et ils paraissent s'y être longtemps maintenus, Juges
12:15; 5:14; du moins on ne sait guère comment expliquer autrement le nom de
Hamalécite donné à une partie de la montagne d'Éphraïm.
Les Hamalécites en vinrent fréquemment aux mains avec
les Israélites; d'abord dans le désert, où ils attaquèrent le peuple fugitif et
pauvre, sans qu'on en sache le motif ou l'occasion, Exode 17:8; ils furent
défaits parce que, pendant que Josué combattait dans la plaine, Moïse priait
sur la montagne (cf. Deutéronome 25:17; 1 Samuel 15:2). Les Hamalécites
remportèrent une légère victoire, Nombres 14:40, sur quelques chefs israélites
qui voulurent se mettre en campagne malgré les ordres de Moïse; ce fut une
leçon pour Israël sans être un triomphe pour Hamalec. Puis ce peuple ennemi fut
de nouveau battu, longtemps après, par Saül, 1 Samuel 14, et 15, par David, 1
Samuel 27:8; 30:1; 2 Samuel 8:12, et enfin, sous Ézéchias, par les hommes de la
tribu de Siméon, qui paraissent en avoir presque exterminé les derniers restes,
1 Chroniques 4:43, accomplissant la prophétie de Balaam, Nombres 24:20.
— Les rois Hamalécites portaient, à ce qu'on croit, le
nom général de Hagag, Nombres 24:7; 1 Samuel 15:8; 20:32.
Il est parlé, 1 Samuel 15:5, de la ville principale
d'Hamalec, mais le nom n'en est pas indiqué.
D'après des traditions arabes, les Hamalécites
auraient été de race camite, de vrais Arabes, et se seraient établis dans les
lieux qu'habitèrent plus tard les Ismaélites et les Joktanides; ils auraient
été parents d'Ismaël, par conséquent aussi d'Ésaü et d'Hamalec son petit-fils,
et les descendants de celui-ci se seraient mélangés et confondus avec les
anciens Hamalécites.
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HAMAN,
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Esther 3:1; etc. On pourrait donner pour épigraphe à
l'histoire de cet homme, ces paroles du sage: «L'orgueil marche devant
l'écrasement.» Proverbes 16:18. Il était fils d'Hammédatha, et surnommé
Agagien, ce qui a fait croire à quelques-uns qu'il était Hamalécite, descendant
des rois Agag; cette épithète n'a cependant pas une signification aussi
absolue, et pourrait n'indiquer qu'un lieu de naissance, une simple parenté ou même
une fonction. La tradition qui fait Haman macédonien ne peut être ni prouvée ni
démentie. Ce favori parvenu, qui ne devait peut-être son élévation qu'à un
caprice de son maître, occupait le premier rang à la cour de Perse; il était le
premier de tous les seigneurs, et n'avait au-dessus de lui que le roi. La foule
se prosternait devant lui, les seigneurs lui vendaient hommage, son
amour-propre était satisfait; mais un homme, un seul, refusait de lui accorder
les marques d'honneur auxquelles il avait droit de par le roi, et cet homme
c'était un étranger, un Hébreu, Mardochée. On ne pouvait répandre trop de sang
pour venger une pareille injure; sacrifier Mardochée n'eût pas valu la peine,
il fallait la ruine de la nation tout entière à laquelle appartenait le
coupable; Haman jeta les sorts et trouva que le douzième mois était celui
auquel il conviendrait de faire le carnage. Il parla de la chose au roi, qui
n'y entendait rien; il lui représenta que ce peuple d'esclaves dispersés dans
ses états était un peuple de rebelles, vivant sous des lois particulières, et
soumis de cœur à un autre roi: il fit surtout résonner à ses oreilles dix mille
talents d'argent qu'il remettrait dans les caisses du royaume s'il était
autorisé à publier le décret d'extermination. Dix mille talents! le roi se hâta
de les gagner, il n'eut pour cela qu'à ôter sa bague et la remettre au
bourreau. Mais le Juif avait eu connaissance de cette Saint-Barthélemy que les
païens voulaient donner à son peuple; il en avertit la reine sa parente, et celle-ci
résolut, avec l'aide de Dieu, d'anéantir ce projet en anéantissant celui qui
l'avait formé. Haman fut invité à un festin par Ester, et cette invitation fut
suivie d'une seconde pour le jour suivant. Son cœur bondissait d'orgueil au
sortir du palais, quand la vue de Mardochée vint lui rappeler que, seul dans
tout le royaume, ce malheureux refusait de faire son bonheur, en lui refusant
ses hommages: il se fit violence pour cacher son humeur, et s'en fut raconter à
sa femme et à ses amis les joies et les honneurs de sa journée. Tout cela,
disait-il, ne me sert de rien pendant que je vois Mardochée, ce Juif, assis à
la porte du roi. La femme et les amis du favori pensèrent qu'un gibet de 50
coudées (25 mètres) satisferait à ce qu'Haman pouvait regretter, et l'on décida
que la mort de Mardochée préluderait à la destruction de sa race. Le lendemain
Haman devança l'heure du festin pour aller au palais demander la permission de
faire pendre son superbe ennemi, mais le roi le prévint: «Que faudrait-il faire
à un homme, dit-il, que le roi prend plaisir d'honorer?» Haman, ne doutant pas
que ce ne fût une nouvelle galanterie que le roi lui préparait, et sur laquelle
il le consultait d'une manière indirecte et délicate, ne se contraignit point
dans l'expression de ses désirs; il imagina pompe sur pompe; cheval royal,
vêtements royaux, couronne du roi, rien ne pouvait être trop beau, et le plus
grand des seigneurs de la cour devait accompagner dans les rues de la ville la
marche triomphale de ce sujet bienheureux. «Eh bien! lui dit le roi, hâte-toi,
et fais ainsi à Mardochée, le Juif.» Quelle que fût la fortune et la grandeur
d'Haman, il n'était qu'un esclave auprès du roi et ne put qu'obéir: il dut
lui-même honorer celui dont il venait quelques minutes auparavant demander la
mort, il dut crier devant lui dans les rues: «C'est ainsi qu'on doit faire à
l'homme que le roi prend plaisir d'honorer.» Une nuit d'insomnie avait tout
fait; le roi avait pris connaissance d'une conjuration qui avait été découverte
sous son règne par Mardochée, et, s'étonnant que Mardochée n'eût pas reçu de
récompense pour un si grand service, il avait résolu de réparer cette ancienne
faute, et de la réparer d'une manière éclatante. Après sa fatale promenade,
Haman rentra chez lui tout affligé, et ayant la tête couverte; il se hâta de
donner à sa femme et à ses amis la clef de cette énigme inconcevable, et de
leur expliquer comment, allant demander la mort de Mardochée, il avait dû
servir lui-même à son élévation: alors ces sages comprirent que ce ne serait
pas un fait isolé, et que l'ancien favori tomberait devant le nouveau, Haman
devant le Juif. En même temps les officiers du roi vinrent chercher Haman pour
le conduire au festin de la reine: on peut se représenter qu'il y triompha
moins que la veille. Sur la fin du repas, Ester ayant été invitée par le roi à
lui demander tout ce qu'elle voudrait, jusqu'à la moitié de son royaume,
demanda la vie pour elle et pour son peuple, découvrit qu'elle était Juive
elle-même, et par là enveloppée dans le décret de proscription, représenta au
roi combien cette mesure était contraire à ses intérêts, et lui fit voir que
les dix mille talents offerts par l'oppresseur ne compenseraient pas le dommage
que le roi en recevrait. Il paraît que le roi n'avait plus présente à l'esprit
la permission qu'il avait accordée à son favori, soit qu'il l'eût donnée dans
un moment de distraction, soit qu'au milieu de tous ses autres intérêts la
chose lui parût peu importante, puisqu'il ne s'agissait que de quelques
esclaves étrangers et rebelles. Ester dut nommer le coupable, et Haman voyant
bien à l'expression du roi qu'il était perdu, profita d'une absence de celui-ci
pour se jeter aux pieds de la reine et lui demander la vie. Mais le roi qui
rentrait, ayant vu ce mouvement, l'interpréta mal comme on fait toujours dans
la colère, et n'en fut que plus irrité, la sentence fut prononcée, et, sur
l'observation qu'un gibet dressé par Haman pour Mardochée s'élevait près de là,
le favori disgracié y fut conduit et pendu.
Il n'y a rien dans cette prompte chute, et dans ce
passage subit des plus hautes distinctions au supplice le plus infâme, qui
puisse étonner quand on connaît la justice expéditive et sommaire de l'Asie.
Rien ne peut étonner non plus dans la permission donnée par le roi à un de ses
serviteurs d'exterminer une partie des hommes qui habitent son territoire,
hommes qui n'ont point d'histoire pour lui, et qu'il ne connaît que par les
renseignements incomplets et tronqués que lui donne un homme puissant, qui veut
s'en défaire, parce qu'un d'entre eux l'offusque. Ce que les voyageurs modernes
nous disent de l'Asie, depuis Constantinople ou Alexandrie jusqu'à Pékin, n'est
que trop d'accord avec cette brutalité de l'autocrate et bouillant Xercès; ces
monarques n'ordonnent que par caprice, et peuvent envoyer à la mort des
populations entières, aussi bien que leurs femmes ou leurs favoris; il suffit
que celui qui veut obtenir le décret sache bien choisir son moment. Dans la
lutte entre Ester et Haman, la victoire ne fut à la reine que parce que le roi
se trouvait bien disposé, Est, 4:11; 5:2, et Dieu travailla avec la pieuse
Juive parce que celle-ci, de son côté, exposait sa vie pour sauver son peuple.
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HAMASA.
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1. 1
Chroniques 2:17; 2 Samuel 17:25, fils de Jéther ou Jithra, et d'Abigal, fut
nommé par Absalon chef d'armée, en remplacement de Joab son cousin qui préféra
le service du roi. Hamasa survécut à la bataille dans laquelle Absalon fut
vaincu et tué; et David, soit par politique et pour se l'attacher, soit par
répugnance pour Joab le meurtrier de son fils, le maintint à la tête des
troupes, 2 Samuel 19:13. Joab irrité et jaloux, voyant d'ailleurs le peu de
zèle que Hamasa témoignait pour le service du roi contre les rebelles, 20:5-7,
et impatient de se venger, surprit son rival près de Gabaon, et le frappa en
feignant de l'embrasser; après cette lâche action, Joab marcha sur l'ennemi, et
défit Sébah contre qui Hamasa avait été envoyé. Le corps de Hamasa resta
quelque temps au milieu de la route, et un serviteur de Joab se tenait là pour
engager ceux qui passaient à se joindre à Joab et à le reconnaître comme
général de l'armée de David; mais comme on s'arrêtait à ce triste spectacle,
l'officier poussa le cadavre hors du chemin dans un champ, et jeta un vêtement
sur lui pour le cacher.
— Hamasa paraît avoir été ambitieux et politique; il
sert le rebelle contre son père, puis après que le royaume est pacifié, il se
met au service du père, mais craint de se compromettre en marchant contre ceux
dont il fut autrefois le chef, et qui résistent encore à son nouveau maître.
2. —
Voir: Hazaria #4.
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HAMASAÏ,
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un des hommes de Juda et Benjamin, qui vinrent à David
avec beaucoup d'autres, lorsqu'il était enfermé dans la forteresse de Tsiklag à
cause de Saül. David n'accueillit qu'avec défiance des libérateurs qui lui
venaient de la tribu de Saül, et craignit une trahison, mais Hamasaï, revêtu de
l'esprit, lui dit: «Que la paix soit avec toi, ô David, fils d'Isaï! paix soit
à ceux qui t'aident, puisque ton Dieu t'aide!» David, dont ces paroles
israélitiques vainquirent la défiance, les reçut au nombre de ses capitaines.
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HAMASIA,
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2 Chroniques 17:16, fils de Zicri. «Il s'était
volontairement offert à l'Éternel», et servait sous Josaphat: ces paroles
indiquent-elles un vœu particulier, ou bien un service volontaire, ou enfin que
ce chef aurait abandonné l'armée des dix tribus, pour se ranger dans celle de
Juda? c'est ce que l'on ne saurait déterminer.
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HAMATH, Hamathiens.
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C'était la principale ville d'Aram Tsoba q.v., 2
Chroniques 8:3; 1 Chroniques 18:3. Elle fut fondée par des Cananéens, Genèse
10:18, et remonte ainsi à la plus haute antiquité, de même que Damas et Sidon.
Elle faisait partie de la terre promise, dont elle formait la limite
septentrionale, Nombres 13:22; 34:8; Ézéchiel 47:16; Josué 13:5; 1 Rois 8:65; 2
Rois 14:25, du côté de Damas, Zacharie 9:2; Jérémie 49:23. L'entrée de Hamath
dont il est parlé plusieurs fois, Josué 13:5; Juges 3:3, était le défilé qui
conduisait de Canaan en Syrie par la vallée qui est entre le Liban et
l'Anti-Liban. Josué assigna cette ville à la tribu de Nephlhali, 19:35. Elle
eut cependant toujours sa banlieue ou son territoire particulier, 2 Rois 23:33;
25:21, et se gouverna par ses propres rois, l'un desquels vécut avec David en
bonne harmonie et en respectant sa supériorité, 2 Samuel 8:9; 1 Chroniques
18:9. La ville resta ainsi indépendante, sauf une courte interruption, 2 Rois
14:28, jusqu'au moment où les Assyriens s'en emparèrent sous Ézéchias, Ésaïe
10:9; 36:19. Amos lui donne le nom de grande, 6:2, et aujourd'hui encore, sous
le même nom de Hama, elle compte 100,000 habitants; elle doit son importance à
sa position sur une grande route de commerce. Elle est située sur les deux
rives de l'Oronte, dans une vallée étroite dont les flancs sont des parois de
rochers au milieu de jardins et de vergers. Sous la domination macédonienne en
Syrie, elle porta le nom d'Épiphanie; Théodoret, Jérôme et Cyrille comptent
deux Hamath, mais ne s'entendent guère sur la position de ces villes; il est
bien possible cependant que la ville de Hammath nommée Josué 19:35, soit
différente de Hamath la grande, Amos 6:2, celle dont il a été question ici.
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HAMINADAB, ou Aminadab,
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(mon noble peuple)
1. Aminadab;
2. Cantique
6:12. Si ce verset était bien rendu dans nos versions, Haminadab aurait été un
cocher ou un écuyer célèbre par la vitesse de ses chevaux. Mais il y a
hami-nadib, qui signifie princesse de mon peuple, et qui paraît devoir être
traduit, au lieu d'être pris comme nom propre. Le verset aurait alors ce sens
dans la bouche de l'épouse: «Je suis descendue au verger des noyers, etc.,
pourvoir la nature et la végétation, et je ne pensais pas, mon âme (ou en
moi-même), être mise sur le char de triomphe comme princesse de mon peuple»,
3. 1
Chroniques 6:22, fils de Kéhath, frère de Coré.
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HAMMIEL,
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— Voir: Éliham.
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HAMMON, ou Ben-Hammi,
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père des Hammonites, Genèse 19:38, fils de Lot par la
plus jeune de ses filles. C'était une population sœur des Moabites, et
apparentée avec les Israélites, puisque Lot était fils d'un frère d'Abraham;
aussi Dieu défendit à Moïse et à son peuple de les traiter en ennemis,
Deutéronome 2:9; 19. Nombres 31, cf. chapitre 22-25. Vainqueurs des Zamzummims,
les Hammonites demeurèrent primitivement entre l'Arnon, le Jourdain et le
Jabbok; les Amorrhéens leur enlevèrent une partie de leur territoire; puis,
quand les Israélites ayant vaincu Sihon, roi des Amorrhéens, vinrent s'établir
en Galaad, Nombres 21:21, les Hammonites voulurent faire valoir de nouveau
leurs prétentions sur ce pays qu'ils avaient anciennement possédé; mais ils
furent repoussés par les Israélites, sous la conduite de Jephthé, Juges 11. De
temps à autre, la guerre éclatait entre ces deux peuples, qui auraient dû vivre
en paix. Saül remporta une victoire sur eux, 1 Samuel 11:47, David assiégea et
prit leur capitale Rabbath-Hammon, 2 Samuel 10:1-14, 11:1; sq. Plus tard,
s'étant unis aux Moabites et aux Iduméens, ils vinrent attaquer Josaphat; mais
la discorde se mit dans leurs rangs, et les alliés se détruisirent les uns les
autres, 2 Chroniques 20. Ils furent encore vaincus par Jotham, 2 Chroniques
27:5. Après que les tribus transjourdaines eurent été les premières emmenées en
captivité par les Assyriens, les Hammonites s'emparèrent de leur pays, ce qui
leur est reproché, Jérémie 49:1-6. Après la bataille de Carkémis, où
Nébucadnetsar défit les Égyptiens, il paraît qu'ils devinrent tributaires de ce
prince, et ils joignirent leurs troupes à celles des Caldéens, qui firent la
guerre au roi Jéhojakim, 2 Rois 24:2; mais dans la suite leurs ambassadeurs se
réunirent à Jérusalem, avec ceux des autres peuples qui voulaient secouer le
joug de Babylone.
Les prophètes leur reprochent leur haine invétérée et
leurs constantes hostilités contre Israël, Amos 1:13; Sophonie 2:8; Ézéchiel
25:3, et ils leur annoncent la dévastation de leur pays, Jérémie 49:1; sq.,
prophétie dont les voyageurs modernes ont démontré le parfait accomplissement
(Seetzen, Buckingham, Burkhardt), bien qu'ils aient été momentanément rétablis,
selon l'oracle de Jérémie, et qu'on les retrouve opposant à Israël des troupes
nombreuses, 1 Maccabées 5:6. Justin martyr dit aussi que de son temps encore
ils formaient une peuplade considérable. Mais dès lors ils ont été confondus
sous le nom d'Arabes, et la prophétie a été accomplie qui dit: «On ne se
souviendra plus des enfants d'Hammon parmi les nations», Ézéchiel 25:10. Il
n'en reste plus maintenant aucune trace: le sol qu'ils occupèrent est foulé par
d'autres peuplades, qui viennent tour à tour passer quelques saisons sur les
nombreuses ruines de cette contrée, qui est un monceau de désolation. Jérémie
49:2-3.
C'est chez les Hammonites qu'on trouvait l'affreuse
idole de Moloch.
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HAMRAM,
________________________________________
fils de Kéhath et petit-fils de Lévi. Il épousa
Jokébed, sa tante, dont il eut Aaron, Moïse et Marie. II mourut en Égypte, à
l'âge de cent trente-sept ans, Exode 6:20; Nombres 3:19; 26:58; 1 Chroniques
6:2; 23:12. Des raisons chronologiques portent quelques auteurs à croire qu'il
ne fut pas le père de Moïse, mais un de ses ancêtres: c'est lorsqu'on admet un
séjour d'environ quatre siècles en Égypte, Genèse 15:13,16; Exode 12:40. Si, au
contraire, on ne donne à ce séjour que deux cent quinze ans, comme on peut le
conclure de Galates 3:17, il faut admettre que Hamram fut réellement le père de
Moïse.
________________________________________
HANA,
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l'un des chefs de l'Idumée, avant que les descendants
d'Ésaü s'y fussent établis, Genèse 36:24; 1 Chroniques 1:40. La mention qui en
est faite est accompagnée des mots: Cet Hana est celui qui trouva les mulets au
désert quand il paissait les ânes de Tsibha son père. Le mot jemim, qui est
traduit par mulets dans l'arabe, ne se trouve que dans ce seul passage: le
texte samaritain l'entend de la race géante des Émims, q.v.; mais la plupart
des interprètes sont maintenant d'accord à penser qu'il faut lire «des sources
thermales»; on en trouve encore plusieurs dans la contrée.
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HANAB,
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Josué 11:21; 15:50, ville des montagnes de Juda, à 4
milles est de Diospolis (Lydde), selon d'autres à 8 milles, mais c'est moins
probable.
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HANAK, Hanakins.
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On ne sait à quelle époque ranger Hanak, fils d'Arbah.
Il fut le père d'une race de géants que les espions israélites découvrirent
dans leur voyage d'exploration en Canaan, Nombres 13:23,29,34. Les Hanakins se
divisaient en trois branches ou tribus, celles de Sésaï, de Ahiman et de
Talmaï; ils demeuraient au midi du pays, dans les montagnes de Juda, et
principalement dans les villes philistines de Gaza, Gath et Asdod; mais Josué,
Caleb, et les tribus d'Israël, les dépossédèrent entièrement, et en firent
presque disparaître la race tout entière, Deutéronome 9:2; Josué 11:21-22;
14:15; Juges 1:20;
— Voir: Géants.
L'opinion de Michaélis, que les Hanakins étaient une
race de Troglodytes, n'est pas dépourvue de raison,
— Voir: Josué 11:21;
d'autres comparent aussi le nom d'Inachus, un des
hommes de l'âge héroïque de la Grèce.
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HANAMÉEL
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(la miséricorde de Dieu), fils de Sallum et parent de
Jérémie, vendit au prophète, peu avant la prise de Jérusalem, un champ qu'il
possédait près de Hanathoth, Jérémie 32:7. On ignore si c'était une propriété
lévitique ou un domaine héréditaire qu'il pouvait avoir reçu d'une aïeule: à
cet égard la loi de Moïse est explicite en ôtant aux lévites le droit de
posséder, Nombres 18:20; Deutéronome 10:9, sauf dans les villes et banlieues
consacrées Nombres 35. Mais la coutume peut avoir introduit d'autres droits que
ceux qui étaient établis par la loi de Moïse, et l'on ne peut que difficilement
décider sur des questions pareilles. Cette vente, qui ne fut qu'une vente pour
Hanaméel, fut pour Jérémie un symbole, et un signe donné au peuple que lorsque
les menacés proférées par le prophète auraient été accomplies, la paix
renaîtrait au pays, et que l'on continuerait d'acheter et de vendre.
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HANAMMÉLEC,
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— Voir: Adrammélec.
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HANAN,
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père de Jigdalia, q.v.
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HANANI,
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1. père
du prophète Jéhu, et prophète lui-même, vécut sous le règne d'Asa, et reprocha
à ce prince son alliance avec Benhadad, et son manque de foi envers l'Éternel,
«dont les yeux regardent çà et là par toute la terre, afin qu'il se montre
puissant en faveur de ceux qui sont d'un cœur intègre envers lui.» Il lui dit que
certainement il aurait été délivré des Syriens comme il l'avait été déjà des
Éthiopiens et des Lybiens, mais que son manque de foi serait puni. Le voyant
fut mis en prison à cause de ces paroles, et persécuté de même que plusieurs
autres hommes du peuple, 2 Chroniques 16:7; 19:2; 20:34; 1 Rois 16:1-2.
2. Hanani,
un des frères de Néhémie, Néhémie 1:2, vint le rejoindre de Jérusalem à Susan,
peut-être envoyé par Esdras, et l'informa du sort des Juifs restés en
Palestine, ou revenus de la captivité. Il accompagna sans doute Néhémie
(chapitre 2) à son retour en Judée, et fut chargé par lui de veiller à l'exacte
ouverture et fermeture des portes, conjointement avec le fidèle et pieux
Hanania, capitaine de la forteresse, 7:2-3; c'était un poste de confiance, important
et difficile, dans les circonstances où se trouvait alors Jérusalem.
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HANANIA.
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1. Cet
officier de Néhémie dont on vient de parler,
— Voir: Hanani #2;
on ne sait rien de plus sur sa personne.
2. Gabaonite,
fils de Hazur, et faux prophète qui vivait à la cour de Sédécias au
commencement de son règne. On voit par Jérémie 28, qu'il se distinguait des
autres faux prophètes par l'assurance et la hardiesse avec laquelle il débitait
ses oracles, ce qui prouve en même temps qu'il appartenait au parti alors
dominant: il exprime les plus folles espérances et les vues de la faction, qui
étaient plus faites pour plaire au peuple et aux sacrificateurs, que les
menaces de Jérémie; et comme l'envoyé de l'Éternel lui donne un démenti clair,
positif et public, au milieu du temple où tout le peuple est réuni, Hanania
prend de dessus le cou du prophète le joug de bois que celui-ci porte comme
symbole de l'asservissement du peuple, et le brise, répondant à un emblème par
un autre; mais Jérémie lui répond de la part de Dieu: Tu as rompu les jougs qui
étaient de bois, mais au lieu de ceux-là, a dit l'Éternel, fais-en qui soient
en fer. En même temps il lui annonce qu'il mourra dans l'année en punition de
sa révolte et de ses mensonges, et deux mois après la prophétie s'accomplit.
Aucun des faux prophètes, pas même Tsidkija, ne peut être comparé à Hanania
pour la hardiesse de l'imposture et la persistance dans le mal: son
endurcissement n'a pu être vaincu que par la mort.
3. Nom
hébreu de Sadrac, q.v.
4. II
y avait dans la tribu de Benjamin une ville de ce nom, Néhémie 11:32.
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HANATHOTH,
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ville lévitique de la tribu de Benjamin, sur la grande
route qui mène du nord à Jérusalem, 1 Rois 2:26; Josué 21:18; 1 Chroniques
6:60; Néhémie 11:32; Ésaïe 10:30. Elle donna le jour au prophète Jérémie 1:1;
29:27; cf. 32:7, mais eut le malheur de repousser son ministère et alla jusqu'à
vouloir le faire mourir, 11:21. D'après Eusèbe et Jérôme elle était située à 3
mille romains au nord de Jérusalem, d'après Flavius Josèphe elle en était un
peu moins loin, à 20 stades. Elle est maintenant entièrement ruinée, et ne doit
pas être confondue, comme quelques-uns le font, avec Saint-Jérémie, qui est
trop éloigné de Jérusalem.
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HANER.
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1. Un
des alliés d'Abraham contre Kédor-Lahomer, Genèse 14:13.
— Voir: Mamré.
2. Ville
lévitique de la tribu de Manassé, 1 Chroniques 6:70.
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HANÈS,
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ville d'Égypte nommée Ésaïe 30:4, peut-être l'Ehnès
actuelle dans l'Égypte moyenne, et l'Anusis d'Hérodote 2, 137, cf. l'Égypte de
Champollion, 1, 309. C'est déjà l'opinion de Vitringa, adoptée par Michaélis,
Rosenmuller, Gesenius et Winer. Saint Jérôme ne connaissait pas cet endroit, et
le caldéen le rend par Daphné, près de Pélusium.
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HANIM,
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ville des montagnes de Juda, Josué 15:50. Eusèbe la
nomme Anaïa, et la met à 9 milles environ au sud de Hébron; elle est du reste
inconnue.
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HANNETONS,
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Joël 1:4; etc.
— Voir: Sauterelles; Deutéronome 28:42,
— Voir: Mouches.
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HANUN,
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2 Samuel 10:1; 1 Chroniques 19:2; sq., fils et
successeur de Nahas, roi de Hammon. David ayant envoyé des ambassadeurs pour
lui exprimer sa sympathie au sujet de la mort de son père, et le féliciter de
son avènement au trône, Hanun, jeune et sans expérience, plus enclin à croire
le mal que le bien, à ce qu'il paraît, accueillit trop avidement les soupçons
de ses courtisans, traita les envoyés du roi d'Israël comme des espions, leur
fit raser la moitié de la barbe, couper les vêtements jusqu'aux hanches, et les
renvoya ainsi déshonorés et comme des esclaves. Les sentiments bienveillants de
David se changèrent en une irritation violente; ce fut une déclaration de
guerre, et Hanun, malgré le secours que lui porta Hadadhéser, roi de Syrie, vit
d'abord son armée en déroute, puis sa capitale assiégée tomber entre les mains
de l'ennemi; les habitants de Rab-bath furent massacrés, et Hanun lui-même
périt, à ce que l'on croit, dans cette guerre où l'avait jeté une fougue
imprudente et mal conseillée.
— Sermon de Gaussen.
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HAPHARAJIM,
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dans la tribu d'Issacar, Josué 19:19. C'était encore
un bourg au temps d'Eusèbe.
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HAPHRA,
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ou plutôt en hébreu, Beth-le-Haphra, Michée 1:10,
ville inconnue du royaume de Juda.
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HAR,
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Nombres 21:15; Deutéronome 2:9, appelée encore
Har-Moab, Nombres 21:28; Ésaïe 15:1; Josué 13:25, ou Rabba, était la capitale
des Moabites, située au sud de l'Arnon. Les Grecs l'appelaient Aréopolis; elle
fut détruite au temps de saint Jérôme par un tremblement de terre. Quelques
voyageurs modernes, Burkhardt, Seetzen, en ont retrouvé les ruines, encore
assez considérables, d'une demi-lieue de circonférence, sur une colline qui
domine toute la plaine, à l'extrémité méridionale d'un ancien chemin pavé.
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HARA,
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district de l'Assyrie dans lequel furent transportés
quelques colons israélites, 1 Chroniques 5:26. D'après Bochart, ce serait
l'Aria de Ptolémée et de Strabon, entre les Parthes et l'Indus. Rosenmuller y
voit la grande Médie ou l'Irak de nos jours, contrée montagneuse comme l'indiquerait
déjà son nom (har, montagne); et cette opinion se recommande par le fait que
les noms de Chalach et de Gozan, qui sont joints à celui de Hara, désignent des
districts en effet plus occidentaux que l'Aria de Bochart.
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HARABA,
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Josué 18:22, dans la tribu de Benjamin,
— Voir: Bethabara.
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HARAD,
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ville cananéenne du midi de la Palestine, et résidence
d'un petit roi, Nombres 21:1; 33:40. Elle était au nord-ouest du désert de
Juda, et fut donnée à cette tribu, Juges 1:16; Josué 12:14. Eusèbe la met à 20
milles de Hébron, et à 4 de Malatha dans le voisinage du désert de Kadès, ce
qui concorderait assez bien avec la donnée de Nombres 21:1.
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HARAN,
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père de Lot, frère, peut-être cadet, d'Abraham, et
fils de Taré. L'historien sacré ajoute qu'il mourut sous les yeux de son père,
détail qui méritait bien d'être noté à une époque où la vie était longue, calme
et sans grands accidents; il laissa Lot orphelin de bonne heure, et mourut
ayant probablement moins de soixante-dix ans; car, 12:4, Abraham part âgé de
soixante-quinze ans, et Lot avait sans doute déjà perdu son père à cette
époque, puisqu'il accompagna l'aîné de ses oncles, comme son tuteur naturel.
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HARBONA,
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le troisième des sept eunuques qui se tenaient devant
Assuérus, et qui reçurent l'ordre d'amener la reine Vasti devant les seigneurs
attablés, Esther 1:10. Il assista plus tard à la disgrâce d'Haman, et c'est lui
qui fit remarquer au roi et à la reine que le gibet qu'Haman avait fait dresser
pour le fidèle Mardochée était tout prêt, 7:10. Il hâta ainsi peut-être la mort
du favori dont on peut croire qu'il était l'ennemi personnel, et sut se mettre
dans les bonnes grâces d'Ester, en rappelant habilement devant elle le service
important que son parent avait rendu au roi.
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HAREPH,
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père, ou chef de Bethgader, ville inconnue de la tribu
de Juda, 1 Chroniques 2:51.
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HARGOL,
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Lévitique 11:22.
— Voir: Sauterelles.
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HARIEL,
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Ézéchiel 43:15-16, est mal écrit avec une h.;
— Voir: Ariel.
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HARKIENS,
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Genèse 10:17; 1 Chroniques 1:15, peuplade cananéenne.
On retrouve ce nom dans la ville d'Arka dont parlent Pline et Ptolémée, au pied
nord-ouest du Liban; sous les empereurs romains elle portait le nom de Cæsarea
Libani, mais chez les auteurs arabes du moyen âge elle a conservé son ancien
nom. Elle fut prise par les croisés, et l'on en voit encore les ruines; une
colline sur laquelle se trouvait, ou la citadelle de la ville, ou un temple, s'appelle
Tel-Arka.
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HAROD,
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source, et peut-être aussi ville non loin de la
montagne de Guilboah et près de Jizréhel; Gédéon y campa avec ses 32,000 hommes
la première nuit de son expédition contre Madian, Juges 7:1; cf. 2 Samuel
23:25.
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HAROHER.
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Trois villes de ce nom:
1. dans
la tribu de Juda, 1 Samuel 30:28;
2. ville
aux bords de l'Arnon sur les frontières de Moab, Deutéronome 2:36; 3:12; Josué
12:2; Jérémie 48:19. Elle fut donnée à la tribu de Ruben, Josué 13:16.
Burkhardt a retrouvé sur la rive septentrionale de l'Arnon des ruines qui
portent encore le nom de d'Araayr près d'une paroi de rochers.
3. Une
troisième dans la tribu de Gad, voisine du Jabbok et de Rabbath-Ammon, Josué
13:25; Juges 11:33. Le torrent qui partage la ville en deux parties, 2 Samuel
24:5, était peut-être un des bras, ou un affluent du Jabbok. Quelques auteurs
confondent ces deux dernières villes en une seule, mais cf. Josué 13:16 et 25.
Quant au passage Ésaïe 17:2, les villes de Haroher
signifient sans doute les villes voisines de Haroher, et l'on peut, comme le
font quelques auteurs, penser à la ville de ce nom dans la tribu de Gad
(Gesenius, Hitzig), mais c'est forcé, puisqu'il s'agit d'une prophétie contre
Damas. Une seconde explication part de la signification même du mot Haroher,
genévrier (tamarisc ou bruyère), Jérémie 48:6; comme ces arbustes étaient très
communs, on peut croire que le nom l'était aussi, et qu'il aura pu se trouver
plusieurs villes de ce nom (comme Genève); on admettrait donc une ville
d'Haroher dans les environs de Damas; Ptolémée nomme en effet une ville de
Syrie Auéïra. Une troisième explication indiquée par Calvin est peut-être plus
sûre et plus simple; il considère Haroher comme un nom purement appellatif,
dérivé du verbe harar, être nu, dépouillé, isolé, de sorte que le sens serait:
«Les villes mises à nu seront abandonnées», quoique pour la forme Haroher doive
rester nom propre, la personnification d'un état de choses.
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HAROSETH des Gentils,
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ville du nord de la Palestine, située dans le district
de la Galilée, q.v. C'était la résidence du général Siséra, Juges 4:2; 13:16;
— Voir: Chorazin.
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HARPE.
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Instrument que l'on a lieu de croire désigné par
l'hébreu nébel; les langues occidentales ont emprunté le même mot pour désigner
la même chose, nabla chez Athénée, nablium chez Ovide; d'après Flavius Josèphe
elle avait douze cordes et se jouait avec la main; saint Jérôme avec plusieurs
autres auteurs lui donnent la forme d'un delta renversé v, ce qui s'accorde
encore passablement, si l'on veut, avec la signification appellative du mot
(nebel, outre, cruche). Le nombre des cordes a du reste varié, et chez les
Hébreux, il y avait des harpes à dix cordes seulement. Psaumes 33:2; 144:9.
— L'Écriture Sainte parle encore de la harpe, Psaumes
57:9; 81:3; 92:4; 108:3; Ésaïe 5:12; Amos 5:23; 6:5; cf. aussi Psaumes 71:22; 1
Chroniques 16:5; où nebel est traduit par musette, de même que 1 Rois 10:12; 2
Samuel 6:5.
Une autre opinion voit dans le nebel la lyre, et la
harpe à dix cordes dans kinnor, que nos versions ont malheureusement traduit
par violon, Genèse 4:21; 2 Samuel 6:5; 1 Rois 10:12, et ailleurs. Le kinnor
était l'instrument dont jouait le roi David, et on se le représente plus
volontiers avec une harpe qu'avec un violon à quatre cordes et un archet,
d'autant plus qu'il jouait avec la main sans autre secours pour faire résonner
les cordes de son instrument, 1 Samuel 16:16,23; 18:10; 19:9. Le nom de kinnor
vient du verbe canar qui indique le bruissement de l'air frôlé par les cordes
ou par toute autre résistance à la fois dure et élastique; on pourrait lui
donner comme proches parents bien des mots en différentes langues, en grec
κινύρα, en latin canere, et gingritus qui se dit du cri ou
du sifflement de l'oie. Les mots français canard et canari rappellent
accidentellement par leur assonance une étymologie avec laquelle ils n'ont
aucun rapport. Quoi qu'il en soit, le kinnor désigne comme le nebel un
instrument à cordes qui est mentionné encore Psaumes 33:2; 43:4; 49:5; 71:22;
Job 30:31; Ésaïe 5:12, et qui est peu facile à déterminer. Le kithros de Daniel
3:5, est probablement l'un ou l'autre des instruments; nos versions l'ont traduit
par harpe.
— Voir: Musique.
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HASABIA,
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— Voir: Sérébia.
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HASAËL,
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— Voir: Hazaël.
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HASAN ou Gor Hasan,
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1 Samuel 30:30, ville lévitique de la tribu de Siméon,
1 Chroniques 5:32; 6:59; Josué 19:7, à 15 ou 16 milles à l'ouest de Jérusalem.
________________________________________
HASMAL,
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— Voir: Airain.
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HASTAROTH ou
Hastoreth,
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1. (ou
Hastoreth).
— Voir: Caldéens et Bahal.
2. Ville
du royaume de Basan, Deutéronome 1:4, qui fut donnée à la demi tribu de
Manassé, Josué 13:31, puis aux lévites de la famille de Guersom, 1 Chroniques
6:71. Elle était primitivement la capitale d'un des deux royaumes fondés par
les Amorrhéens dans le haut pays oriental; elle était située au nord du Jabbok,
et portait aussi le nom de Hasteroth de Carnaïm, Genèse 14:5; il s'y trouvait
une race de géants qui fut battue par Kédor-Lahomer et ses alliés. D'après
Eusèbe, elle était à 6 milles d'Édréhi et à 25 de Bostra.
— L'addition de Carnaïm (cornes) n'indique pas qu'elle
fût située entre deux pics ou dents de montagnes, mais elle se rapporte plutôt
au culte d'Astarté qui était, au dire de Sanchoniathon, représentée sous
l'image d'un taureau à longues cornes. Le Carnaïm dont il est question, 1
Maccabées 5:43, est le même lieu incontestablement. Un village nommé Mézaraïb
occupe aujourd'hui la place de Hastaroth.
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HATALIE,
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— Voir: Athalie.
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HATAROTH,
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1. ville
de Gad, Nombres 32:3,34, propre à tenir du bétail, ce qui fut cause de la
demande que firent les Gadites de pouvoir s'établir dans la partie
transjourdaine du pays.
2. Ville
frontière de la tribu de Benjamin, Josué 16:7; c'est la même que Hatroth-Addar,
Josué 16:5; 18:13.
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HATHAC,
________________________________________
1. Esther
4:4-10, un des eunuques d'Assuérus, qui servit d'intermédiaire entre Ester et
Mardochée, et dut être, par conséquent, dans la confidence de cette reine
juive, épouse d'un païen; il se montra serviteur fidèle et dévoué.
2. Ville
de Juda, 1 Samuel 30:30.
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HATROTH,
________________________________________
1. ville
de Gad, Nombres 32:35.;
2. de
Juda, 1 Chroniques 2:54.
________________________________________
HATSATSON-THAMAR
________________________________________
(multitude des palmiers), nom primitif de Henguédi,
q.v. cf. 2 Chroniques 20:2, et Genèse 14:7.
________________________________________
HATSOR,
________________________________________
1. ville
de la tribu de Juda, Josué 15:23; au verset 25 se trouve encore Hatsor
surnommée Haditha, c'est-à-dire, la nouvelle (Hadatta n'est pas le nom d'une
ville à part, comme l'indiquent nos versions). Eusèbe mentionne l'une et
l'autre.
2. Dans
la tribu de Nephthali, Josué 19:36. Elle fut d'abord la résidence d'un roi
cananéen, et le resta jusqu'aux jours de Débora, Josué 11:10; Juges 4:2.
Salomon la fit plus tard fortifier, 1 Rois 9:15, ce qui n'empêcha pas le roi
d'Assyrie Tiglath-Piléser de s'en emparer, 2 Rois 15:29. D'après Flavius
Josèphe, elle était située au-dessus du lac Mérom.
3. Dans
Benjamin, Néhémie 11:33.
4. Petit
royaume dont il est parlé, Jérémie 49:28, probablement un district de l'Arabie,
voisin de celui de Kédar. Le nom hébreu hatsor pris appellativement, signifie
une maison rustique, ou, collectivement, un assemblage de maisons rustiques, un
village dont les habitants pourraient être en conséquence opposés à ceux qui
vivent nomades sous des tentes, c'est-à-dire, aux habitants de Kédar. Les deux
pays seraient ainsi désignés par le caractère de leur genre de vie.
________________________________________
HAUVIENS,
________________________________________
peuplade cananéenne qui avait dressé ses tentes sur
les rivages de la Méditerranée dans la partie méridionale de la Palestine, vers
la contrée de Gaza, mais que déjà, avant l'entrée des Israélites en Canaan, les
Caphtorim (Philistins) avaient dépossédée, repoussée et presque entièrement
détruite, Deutéronome 2:23. La contrée qu'elle occupait primitivement, ou
peut-être celle où s'étaient réfugiés les derniers débris de cette petite
nation, est rappelée parmi celles dont Josué devait encore faire la conquête,
Josué 13:3.
________________________________________
HAVA, ou Hiwa,
________________________________________
2 Rois 17:24, ou Hiwa, 2 Rois 18:34; 19:13; Ésaïe
37:13, capitale d'un petit état monarchique dont les Assyriens s'emparèrent, et
dont Salmanasar envoya des habitants comme colons en Samarie. Il n'en reste
aucune trace ni dans les anciens auteurs ni dans les ouvrages modernes de
topographie orientale. Quelques-uns ont pensé au fleuve Ahava, Esdras 8:21,
d'autres à la ville phénicienne d'Avatha, ou à celle d'Abeje entre Béryte et
Sidon, qui était la résidence d'un chef des Druses; mais tout cela est plus
qu'incertain.
________________________________________
HAVILA.
________________________________________
1. Contrée
mentionnée Genèse 2:11. Elle est traversée par le Pison et il s'y trouve de
l'or. Bohlen voit dans ce pays l'Arabie méridionale, Gesenius l'Inde, Bochart
la Nubie; chacun s'est fait son système, mais on n'a pas assez considéré le contexte,
et remarqué que le pays de Havila doit être traversé par un des quatre fleuves
qui sortent du Paradis. Si l'on s'écarte du système que nous avons développé à
l'article Déluge, le Havila ne peut guère être autre chose que la Colchide des
anciens. Voici les observations par lesquelles on justifie ordinairement cette
manière de voir (Reland, Winer).
a. L'affinité
étymologique entre ces deux mots. Havila s'écrit en hébreu Chavilah, et sans
les voyelles, Chvlh ou Cholh, c'est-à-dire Colchide moins la terminaison,
b. Les
anciens, et notamment Strabon, 15, racontent que l'on trouvait beaucoup d'or
dans cette contrée; le Phasis qui la traverse en charriait passablement, et les
habitants du pays, pour s'en procurer, faisaient passer les eaux du fleuve sur des
peaux de mouton: de là la fameuse fable de la toison d'or dont s'emparèrent les
Argonautes,
c. La
mer Caspienne, qui baigne l'ancienne Colchide, s'appelle encore actuellement
chez les Russes Chwalinskoje More, nom qui dérive d'un ancien peuple sur lequel
Müller, dans le Magasin géographique de Büsching dit: «Il n'y a que les auteurs
russes qui nous parlent du peuple des Chwalissi, lequel a la même origine que
les Slaves, et encore n'en disent-ils pas grand'chose; ils racontent que ce
peuple a habité sur les bords du Volga près de la mer Caspienne. Ce nom dérive
de Chwala qui a la même origine que Slawa.
2. Petit-fils
de Cam par Cus. Genèse 10:7.
3. Descendant
de Sem par Héber et Joktan, Genèse 10:29. Ce sont deux peuplades inconnues; le
nom de Havila se retrouve en plusieurs endroits de l'Asie antérieure et du
nord-est de l'Afrique. Strabon, 16:4, parle d'une peuplade arabe nommée
Chaulotiens, ou Chaulotes; et Ptolémée, 4:7, mentionne une ville de commerce,
Avalite, et un golfe du même nom sur la côte d'Afrique, 12e lat, nord. On
trouve aujourd'hui encore, en Arabie, une ville de ce nom (— Voir: Niebuhr), et
deux peuplades appelées Chaoulan, dans la contrée d'Iémen.
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HAVITH,
________________________________________
Ville iduméenne, Genèse 36:33; 1 Chroniques 1:46.
________________________________________
HAVRAN,
________________________________________
Ézéchiel 47:16,18, district au nord-ouest de la
Palestine, l'un des trois grands bassins du haut pays oriental, celui qui
primitivement portait le nom de Basan. On s'élève par des pentes peu sensibles
vers la grande plaine (ou plateau) basaltique de l'Hauran; le sol en est
fertile, les terres sont noires, légères et sans pierres; il y croît le
meilleur blé de Syrie: dans les pâturages, les herbes sont si abondantes et si
hautes que les chevaux s'y frayent avec peine un chemin, mais l'on ne rencontre
nulle part ni arbres ni buissons; l'Hauran est le séjour des Arabes bédouins. À
l'est s'élèvent les montagnes du même nom qui forment la barrière entre le
désert et les pays cultivés; cette chaîne a dix lieues de longueur, et l'on
trouve encore à son extrémité méridionale les vastes ruines grecques et
romaines de Bostra; Édréhi était également située sur son territoire. L'Hauran
était divisé en cinq provinces, la Gaulanite ou le Golan, l'Iturée ou Gessur
(Luc 3:1), l'Auranite ou la plaine du centre, la Batanée ou les montagnes, et
la Trachonite au nord de la précédente. De nos jours encore les géographes
arabes appellent Hauran un grand district au sud de Damas (Bræm).
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HAZAËL.
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1. Fils
de Tséruïa, la sœur de David, et par conséquent neveu de ce monarque et frère
de Joab, 1 Chroniques 2:16; 2 Samuel 2:18. Il était «léger du pied comme un
chevreuil qui est par les champs;» l'Écriture relève cette circonstance, comme
font tous les poètes et même les historiens de l'antiquité, parce que dans ces
combats à l'arme blanche la légèreté à la course était un grand avantage, soit
pour la fuite, soit pour la facilité des mouvements (Achille aux pieds légers,
Diomède, Ajax, Dolon). Hazaël prit le parti de son roi contre Abner qui voulait
appeler au trône le fils de Saül; Abner ayant été défait, Hazaël le poursuivit,
et l'atteignit; Abner reconnaissant en lui le neveu de David, soit mépris, soit
ménagement, soit pitié, refusa de se battre avec lui, et l'engagea à s'adresser
à quelque autre ennemi moins habile et moins redoutable; mais Hazaël refusa de
se détourner à droite ou à gauche, et Abner finit par le frapper de sa
hallebarde, presqu'à regret, semble-t-il, et retendit raide mort à ses pieds
non loin de Gabaon. La mort de ce jeune et présomptueux héros fut vengée par
son frère le général, qui frappa le meurtrier à la cinquième côte, comme
celui-ci avait frappé sa victime, 2 Samuel 3:27.
— Hazaël se trouve dans les deux listes qui nous sont
conservées des héros de l'armée de David, 2 Samuel 23:24; 1 Chroniques 11:26;
il y est nommé comme le chef des 30 guerriers qui formaient le troisième ordre.
2. Officier
de Ben-Hadad roi de Syrie. Il fut désigné de Dieu pour succéder à son maître,
en même temps que Jéhu pour régner sur Israël, et Élisée pour remplacer Élie, 1
Rois 19:15; mais le prophète Élie à qui fut d'abord révélée l'usurpation
d'Hazaël, et qui fut même chargé de l'oindre pour roi, ne paraît pas avoir pu
exécuter cet ordre. Plus tard Élisée étant à Damas reçut la visite d'Hazaël,
qui vint accompagné de quarante chameaux chargés du tout ce qu'il y avait de plus
précieux, le consulter de la part du roi qui était malade. Élisée lui annonça
la mort de son maître, puis il fondit en larmes en voyant dans l'avenir
d'Hazaël tous les maux qu'il ferait souffrir au peuple de Dieu, et lui déclara
en pleurant qu'il serait un jour roi de Syrie; Hazaël, effrayé de la peinture
hideuse que le prophète lui faisait de sa future domination, s'écria: «Qui est
ton serviteur, qui n'est qu'un chien, pour faire de si grandes choses?» Mais au
lieu de rentrer en lui-même, il vit dans les paroles du prophète une
consécration de son crime, comme si l'annonce d'un fait en était la
justification, et le lendemain il étouffa son maître sous le poids d'une
épaisse couverture trempée d'eau, 2 Rois 8. À peine fut-il monté sur le trône
qu'il déclara la guerre à Joram roi d'Israël, à cause de la ville de Ramoth de
Galaad qui était toujours dans la possession des Syriens, mais sur laquelle les
rois d'Israël ne cessaient d'élever des prétentions: Joram, quoique secondé par
Achazia roi de Juda, fut vaincu et lui-même grièvement blessé, 2 Rois 8:28;
9:15 (883 ou 884 avant J.-C.). Hazaël se tourna ensuite sous Joas contre Juda,
menaça Jérusalem, et lui imposa un fort tribut, 12:17. Il fut plus heureux
encore dans ses entreprises contre le gouvernement de l'usurpateur Jéhu; il
inonda de ses troupes les contrées transjourdaines, et se distingua par ses
cruautés comme par ses victoires, 2 Rois 10:32; 13:7; cf. Amos 1:3-4,
accomplissant ainsi les prophéties d'Élisée, et faisant des choses dont il ne
se serait pas cru capable avant son premier crime. Il asservit également Israël
sous Joachaz, successeur de Jéhu, 2 Rois 13:3. Sa mort seule mit un terme à ses
succès et à ses barbaries, 13:25.
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HAZAR ou Hatsar.
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Ce mot signifiant en hébreu cour, parvis, localité,
village, et pouvant même s'appliquer aux campements nomades, il se trouve en
tête d'un grand nombre de noms propres; ainsi:
Hazar-Addar, à la frontière sud de la Palestine, dans
la tribu de Juda, Nombres 34:4, aussi nommé Addar, Josué 15:3.
Hazar-Gadda, Josué 15:27, dans la tribu de Juda.
Hazar-Hénan, Nombres 34:10. Ézéchiel 48:1, ou
Hazar-Hénon, Ézéchiel 47:17, à la frontière septentrionale de la Palestine
(cour de la source).
Hazar-Sual, au midi de la tribu de Juda, Josué 15:28;
Néhémie 11:27; 1 Chroniques 4:28 (cour du renard).
Hazar-Susa ou Susim, dans la tribu de Siméon, Josué
19:5; 1 Chroniques 4:31 (cour des chevaux).
Hazar-Hatticon (bourgs d'entre-deux), Ézéchiel 47:16,
ville sur les frontières de l'Hauran.
Hazar-Maveth (parvis de la mort), peuplade arabe,
descendant des Joktanides, Genèse 10:26. Elle porte maintenant encore cet
ancien nom peu modifié, celui d'Hadramaut, et Niebuhr en fait une description
magnifique: l'encens et la myrrhe s'y trouvent en abondance. C'est l'Adramite
des Grecs et des Romains,
— Voir: Hadoram.
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HAZARIA.
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Il y a eu sous ce nom un prophète, deux rois de Juda,
quatre grands prêtres, deux chefs de tribu, un officier de Nébucadnetsar, et
plusieurs autres personnages.
1. Prophète,
fils de Hoded, et portant peut-être aussi lui-même le nom de Hoded, 2
Chroniques 15:1; cf. 8. Il se rendit à la rencontre d'Asa qui revenait après
une victoire signalée sur les Éthiopiens, et, s'adressant à lui et à ses
troupes, il leur parla des bénédictions qui accompagnent ceux qui marchent avec
l'Éternel. «Si vous le cherchez, dit-il, vous le trouverez; mais si vous
l'abandonnez, il vous abandonnera.» Il leur rappela les malheurs du pays
lorsque le culte du vrai Dieu était négligé, sa prospérité croissante avec le
retour de la piété, et finit par cette parole si remarquable: «Il y a une
récompense pour vos œuvres.» cf. Galates 6:7. Asa reprit en effet un nouveau
courage, et extermina tous les restes d'idolâtrie qui se trouvaient encore dans
ses états.
2. Dixième
roi de Juda, 2 Rois 14:21.
— Voir: Hosias.
3. 2
Chroniques 22:6.
— Voir: Achazia.
4. Successeur
d'Ahimahats.
— Voir: Prêtres.
5. Fils
de Johannan, grand prêtre sous le règne d'Hosias. Il résista courageusement à
ce monarque qui, enorgueilli de ses succès comme roi, voulait empiéter sur les
droits des prêtres et mettre la main aux choses saintes. Il pouvait payer de sa
tête sa résistance, mais Dieu récompensa sa fidélité en frappant de lèpre le
coupable, 2 Chroniques 26:17. Sa sacrificature semble relevée avec honneur 1
Chroniques 6:10, et le seul fait que nous connaissions suffit en effet à la
distinguer. Hazaria n'a fait que ce qu'il devait, mais il l'a fait.
6. Hazaria,
Bérécia, Ézéchias et Hamasa, Éphraïmites, remplissaient dans le royaume des dix
tribus des fonctions qui ne sont pas très clairement déterminées par le nom de
chefs qui leur est donné; elles étaient importantes comme ce nom l'indique, et
leur conduite prouve également qu'ils jouissaient d'un grand crédit. Ayant
entendu les paroles du prophète Hoded, ils se rendirent au devant de leur roi
Pékach qui revenait avec son armée, amenant captive une grande multitude d'hommes
et de femmes du royaume de Juda (sous le règne d'Achaz), et s'adressant à
l'armée, ils demandèrent qu'on rendît immédiatement la liberté aux prisonniers,
sans aucune distinction, et qu'Israël n'ajoutât pas à tous ses autres crimes
celui de réduire à l'esclavage ses frères de Juda. L'armée entière répondit à
ces paroles généreuses; on se hâta de délivrer les prisonniers, on leur rendit
le butin qu'on avait fait sur eux. Et pour ne pas laisser incomplète leur œuvre
d'excellente charité, Hazaria et ses trois amis pourvurent à ce que rien ne
manquât à ceux qu'ils venaient de délivrer; ils leur fournirent des vêtements
et de la nourriture, et les accompagnèrent eux-mêmes avec des ânes jusqu'à
Jéricho, chez leurs frères, 2 Chroniques 28:12.
— Ce trait, peut-être unique dans l'histoire ancienne,
montre combien les inspirations du Dieu d'Israël étaient plus nobles, plus
humaines, que celles des religions ou de la politique de l'antiquité.
7. Hazaria,
principal sacrificateur, de la famille de Tsadoc, aida Ézéchias dans les
travaux qu'il fit pour rétablir extérieurement et spirituellement le culte du
vrai Dieu. Les dîmes entre autres ayant été rétablies, le peuple montra tant
d'empressement à apporter ses offrandes, qu'il y en eut abondamment de reste,
même après que les prêtres eurent prélevé la portion ordinaire de leur
entretien; on mit ces dîmes par monceaux, et le roi s'étant informé de ce que
c'était et ayant appris par Hazaria que c'étaient les dîmes consacrées qui
n'avaient pu trouver place dans la maison de l'Éternel, il y lit préparer de
nouvelles chambres, et même de nouveaux intendants pour en prendre soin.
— Hazaria est appelé gouverneur et conducteur de la
maison de Dieu, 1 Chroniques 9:11; 2 Chroniques 31:13.
8. Hazaria,
fils de Hosahja, Jérémie 43:2, appelé aussi Jézania, 42:1; 40:8, de Mahaca. Il
fut un de ceux qui restèrent en Palestine pendant l'exil du peuple: soumis à
Guédalia, il se montra prêt avec Johanan à frapper Ismaël l'ennemi de leur
chef; mais ce zèle pour un homme qu'il aimait n'était pas le zèle de la vérité,
et Hazaria fut un de ceux qui appuyèrent le plus violemment la proposition de
Johanan et de ses amis de quitter la Judée pour l'Égypte. Il accusa Jérémie de
s'être laissé gagner par les ennemis du peuple pour proférer des mensonges, et
finit par exécuter ce plan d'émigration.
9. Daniel
1:6,
— Voir: Abed-Négo.
10. et
#11...
11. Deux
officiers de ce nom sont indiqués 2 Chroniques 23:1, comme ayant secondé le
souverain sacrificateur Jéhojadah pour assurer la vie et la royauté de Joas
fils d'Achazia contre les cruautés d'Athalie.
12. et
#13...
13. Deux
fils de Josaphat roi de Juda, 2 Chroniques 21:2.
14. —
Voir: Prêtres.
Ce nom se retrouve encore plusieurs fois, mais sans
que nous sachions rien sur ceux qui le portaient; d'après Tobie 5:15, l'ange
Raphaël prit ce nom, qui signifie secours de Dieu, lorsqu'il s'offrit pour
conduire le jeune Tobie dans son voyage.
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HAZAZEL,
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— Voir: Expiations.
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HAZÉKA,
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Josué 15:35, ville de la tribu de Juda, située au pied
du plateau, dans la plaine de Séphélah, 1 Samuel 17:1; Josué 10:10; Jérémie
34:7; Néhémie 11:30. C'est près de là, du côté de Soco, qu'étaient campés les
Philistins dans l'armée desquels se trouvait Goliath. Nébucadnetsar l'assiégea
et la prit, mais après le retour de la captivité les Juifs s'y établirent de
nouveau.
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HÉBAL,
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— Voir: Guérizim.
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HÉBED-MÉLEC
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(serviteur du roi), Jérémie 38:7, eunuque éthiopien,
sans doute prosélyte, et officier à la cour de Sédécias.
Ayant appris les mauvais traitements dont Jérémie
était la victime, il se rendit auprès du roi, intercéda pour le prophète, et
reçut l'ordre de le délivrer; aussitôt il court à la fosse au fond de laquelle
Jérémie est comme enseveli dans la boue, lui jette des cordes et des haillons
qu'il passe sous ses bras, et le rend à la liberté et à la vie. Cet étranger,
en luttant contre le parti si puissant de Guédalia, avait exposé ses jours; son
courage et sa générosité furent récompensés; Jérémie annonça à Hébed-Mélec, 39,
17, qu'il serait le tranquille témoin de la prise et de la destruction de
Jérusalem, et qu'il ne lui arriverait aucun mal.
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HÉBER,
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1. Genèse
10:24; 11:14 (1 Chroniques 1:25; Luc 3:35), arrière-petit-fils de Sem, fils de
Sélah et ancêtre d'Abraham par six générations. Il devint père de Péleg, à
l'âge de cent trente-quatre ans, et mourut âgé de quatre cent soixante-quatre
ans (1817 ans avant J.-C.), vingt-neuf ans après Sem, quatre ans après Abraham,
ayant ainsi enseveli six générations, et voyant Jacob qui formait la huitième,
âgé de dix-neuf ans. Il avait vécu deux cent quatre-vingt-trois ans avec Noé.
Héber est le dernier des patriarches à longue vie, et, comme on vient de le
dire, il survit à ses fils, petits-fils et arrière-petits-fils, jusqu'à la
sixième génération; la vie du plus âgé d'entre eux va jusqu'à deux cent trente
ans, et Nacor meurt à cent quarante-huit.
C'est de ce patriarche que les Hébreux ont pris leur
nom, et l'on ne sera pas étonné que parmi tous ses ancêtres Abraham ait choisi
celui-ci pour en faire plus spécialement le chef de sa postérité, si l'on
réfléchit à ce qui a été dit sur la longévité proportionnellement si grande de
Héber, si on se le représente à travers les siècles présidant toujours à de
nouvelles naissances et à de nouvelles morts; si l'on se rappelle que jusqu'à
Héber aucun des ancêtres d'Abraham n'a été proprement un chef de famille,
puisqu'Héher était toujours au-dessus d'eux; si l'on se rappelle enfin que
c'est au temps d'Héber qu'eut lieu la dispersion des peuples révoltés, et que
la famille hébérienne ayant soigneusement conservé le bon dépôt de la vérité,
il importait à Abraham de se rattacher à elle par un même nom, comme il lui
était uni déjà par une même foi.
— Peut-être aussi la signification du nom d'Héber (de
l'autre côté, au-delà), est-elle entrée pour beaucoup dans le choix qu'Abraham
a fait de ce nom. «C'est en Abraham que le nom d'Héber trouve son
accomplissement littéral; car les descendants d'Héber par Péleg s'établirent
au-delà de l'Euphrate, tandis que les autres ne franchirent pas ce fleuve.»
Schrœder. C'est aussi l'explication de Jarchi et de Maïmonides. Nombres 24:24,
Héber est mis pour les Hébreux, comme ailleurs Israël pour les Israélites.
2. Héber,
descendant de Hobab le beau-frère de Moïse. Sa famille, sans doute prosélyte,
s'attacha d'abord à la tribu de Juda, et s'établit à Jérico; puis elle
descendit vers le sud, et dressa ses tentes dans les déserts de Juda, près de
Harad, ou même plus au sud encore, sur le territoire d'Hamalec, 1 Samuel 15:6.
Il paraît que Héber se sépara de sa famille lors de la guerre de Jabin, car on
le trouve à cette époque établi avec Jahel, sa femme, auprès d'une forêt de
chênes vers Kédès, où ses tentes sont dressées, Juges 1:16. 4:11; 5:24. Il
était Kénien d'origine, et compta dans sa postérité Réchab et Jonadab, 2 Rois
10:15.
3. Héber,
1 Chroniques 4:18; Josué 15:35, père de Soco, ville de Juda.
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HÉBREUX
________________________________________
Pour éviter des répétitions inutiles, et pour ne pas
renfermer sous ce titre tous les articles du Dictionnaire, car il serait facile
de grouper en un seul article tout ce qui concerne la vie nationale des
Hébreux, leur législation, leurs coutumes, leur religion, leur histoire, la
géographie de leur pays, etc., nous devons renvoyer aux articles spéciaux, et
nous borner ici à quelques considérations générales sur leur langue et sur leur
histoire.
La langue hébraïque est appelée, dans l'Ancien
Testament, langue de Canaan, Ésaïe 19:18, et langue judaïque, 2 Rois 18:26;
Néhémie 13:24. Les Juifs, dans leurs Targums, l'appellent volontiers langue
sainte, et le Nouveau Testament l'appelle langue ou dialecte hébraïque.
L'hébreu appartient à la catégorie de langues qu'on a longtemps appelées
orientales d'après saint Jérôme, et que l'on a commencé depuis quelques années
à appeler sémitiques, dénomination plus précise, quoiqu'elle laisse encore
quelque chose à désirer. L'hébreu est une langue pauvre en mots; il n'en
possède que 5,642, d'après le savant Leusden, et à peine 500 racines; mais il
est riche par l'ingénieux développement de son organisme grammatical, la
flexibilité de ses verbes, et le grand nombre de nuances synonymiques qu'il
possède, principalement pour exprimer des idées abstraites: ainsi l'on a compté
18 mots pour l'idée de briser, broyer; 14 pour la confiance en Dieu; 25 pour
l'observation de la loi, etc.
— Voir: sur ce sujet, qui n'intéresse directement
qu'un petit nombre de personnes, l'excellente grammaire de M. le professeur
Preiswerk (Genève 1838), et, en allemand, celles de Gesenius, de Freytag,
d'Ewald et de Stier (1re partie).
Nous n'indiquons que celles-là, quoiqu'il y en ait
d'autres en latin, en allemand, en anglais, et même en français (Cellérier);
mais elles sont, les unes abandonnées, les autres discréditées, faibles ou
mauvaises, et les cinq ci-dessus nommées, surtout le Lehrgebaüde de Gesenius,
et celui de Stier, suffisent amplement pour une étude approfondie du texte
sacré, comme la grammaire française de Preiswerk suffit à celui qui veut
seulement se mettre à même d'étudier dans l'original le sens de la parole
divine: l'introduction à ce dernier ouvrage renferme l'histoire de la langue
hébraïque, et des considérations générales sur la structure de l'hébreu, qui ne
seront pas sans intérêt même pour des lecteurs étrangers à cette étude.
L'histoire des Hébreux appartient à la partie la plus
admirable et la plus sûre de l'histoire ancienne, et quoiqu'elle se présente
rarement unie à celle des autres nations, quoiqu'elle ne soit guère entrée dans
le concert politique de ces temps reculés, elle n'en mérite pas moins, comme
elle l'a toujours obtenue, l'attention des sages, des savants et des
historiens. L'Écriture sainte est la seule source authentique qui nous ait
transmis les faits et gestes des Hébreux; es qu'en racontent les auteurs
profanes est empreint de l'ignorance dans laquelle ils étaient sur une nation
qui leur fermait en quelque sorte ses portes par son isolement, et l'on trouve
chez eux les fables les plus ridicules et les accusations les plus étranges;
Flavius Josèphe qui a puisé aux sources inspirées, peut être accusé d'avoir
quelquefois embelli par patriotisme, et aux dépens de l'exacte vérité, les
faits dont il avait connaissance; mais son histoire n'en est pas moins utile à
consulter,
— Voir: encore en français Prideaux et G. Monod
(Essai, etc.).
On divise ordinairement en quatre, périodes l'histoire
des Hébreux jusqu'à l'exil:
1. D'Abraham
à Moïse, environ 600 ans;
2. de
Moïse à l'établissement de la royauté, 500 ans;
3. de
Saül à Salomon, 120 ans;
4. depuis
le schisme des deux royaumes jusqu'à l'exil, 387 ans (de 975 à 588 avant
J.-C.).
Dans la première période, la postérité d'Abraham se
multiplie et devient peuple; dans la seconde, elle reçoit et accepte une
constitution théocratique dont Dieu est le roi: c'est une époque de miracles,
l'intervention divine dans le gouvernement direct; dans la troisième,
changement de constitution: le roi est faillible, et le sort du peuple dépend
de la fidélité de son roi; dans la quatrième, rivalités, schismes, usurpations,
guerres civiles, meurtres, idolâtrie et châtiments. Avec Juda, Jérusalem tombe
en ruines, 587 avant J.-C. Le chef-lieu politique et le sanctuaire religieux
sont renversés; le peuple est emmené captif, il n'y a plus de Juifs, mais
seulement des colons, et les Hébreux eussent perdu à tout jamais leur
nationalité, s'ils eussent pu la perdre.
Épître aux Hébreux. Elle a été écrite pour des Juifs,
comme son titre l'indique, ou pour des chrétiens convertis du judaïsme; il
paraît en outre, par divers détails, qu'elle était adressée à une congrégation
particulière; cela se voit par la salutation que l'auteur adresse à ses lecteurs
de la part des fidèles d'Italie, et par la promesse qu'il leur fait de se
rendre bientôt auprès d'eux avec Timothée. Storr a pensé aux Juifs de la
Galatie, Bengel à ceux de l'Asie Mineure (Pont, Cappadoce, Galatie et
Bithynie); Semler à ceux de la Macédoine, d'autres à ceux de Home, d'autres à
ceux d'Espagne, Ziegler et Bœhme à ceux d'Antioche, Hase à ceux d'une portion
peu visitée de la Palestine, que notre Sauveur n'avait pas évangélisée, et qui
était livrée aux influences des Nazaréens et des Ébionites. On voit que les
hypothèses ont fait le tour de l'empire romain; on a cherché les Hébreux
partout ailleurs que dans leur siège naturel, la Palestine, et Jérusalem en
particulier; c'est là cependant qu'il faut, selon toute apparence, les
chercher; les lecteurs de cette épître se présentent en effet d'une manière
bien différente des Juifs ou des judaïsants, ordinairement combattus par saint
Paul; on voit en eux des hommes qui ont conservé un grand attachement pour le
régime lévitique du temple, ainsi que pour la hiérarchie sacerdotale,
dispositions qui se comprennent mieux chez des habitants du centre théocratique
que chez des exilés. L'épître, d'ailleurs, ne trahit aucun indice de la
présence ou du voisinage de chrétiens d'origine païenne, ou de démêlés entre
les uns et les autres, et des allusions à ce fait n'eussent pas manqué, si les
Juifs s'étaient trouvés hors de leur patrie religieuse. Nous n'hésitons pas à
nous ranger sur ce point à l'opinion des Pères, Clément d'Alexandrie, Eusèbe,
Chrysostôme (?), Jérôme et Théodoret.
Le but de l'auteur est de détacher les chrétiens
judaïsants des formes extérieures auxquelles ils continuent d'accorder encore
trop d'importance. Quoique les Juifs convertis crussent bien à la doctrine
fondamentale, du christianisme, savoir que Jésus de Nazareth était le Messie
promis, cependant plusieurs d'entre eux ne comprenaient pas bien que son règne
différât en plusieurs points de l'économie de Moïse, et surtout ils ne
pouvaient pas se faire à l'idée que, pour accomplir cette loi en esprit, le
Messie l'abolirait dans ses formes. La loi de Moïse avait été virtuellement
abolie par la mort de la grande victime expiatoire, mais par tolérance, par
égard pour la faiblesse de conscience de quelques Juifs convertis, on leur
avait accordé encore la permission d'observer les cérémonies particulières de
cette loi, pourvu qu'ils ne les imposassent pas comme un joug aux gentils, et
qu'ils n'y cherchassent pas pour eux-mêmes leur justification, ou un degré plus
élevé de sanctification. Mais, malgré ces réserves, l'expérience montra que
cette indulgence temporaire n'avait pas été heureuse, car au lieu de croître
clans la connaissance de Christ comme fin de la loi et source de la justice,
ils continuaient à être zélés pour la loi cérémonielle, Actes 15, et 21, et à
se confier plus ou moins en leurs oeuvres comme moyen de salut, ce qui les
retardait dans la connaissance de l'Évangile, Hébreux 5:12-14. C'est à ce sujet
que l'apôtre crut devoir leur écrire pour les détourner de ce dangereux
formalisme; il s'applique essentiellement à établir cette grande vérité
générale, que l'économie mosaïque n'était qu'une économie inférieure, d'attente
et de figures, qui devait être et qui est remplacée par l'économie supérieure
des réalités, les prêtres et la loi ancienne étant infiniment inférieurs au
Grand Prêtre et à la loi de la nouvelle alliance, et ne leur ayant servi que de
types, comme cette loi elle-même en rendait témoignage. L'Épître aux Hébreux
est une lettre, et non point un traité, comme pourraient le faire croire ce
plan méthodique et régulier que l'on y trouve, ce style calme et travaillé,
cette marche soutenue et cette pensée logique qui en font aimer la lecture à
chacun. Les allusions à des faits de détail, et les salutations prouvent que
c'était une lettre. On peut cependant la considérer aussi comme un traité sur
les rapports de l'ancienne et de la nouvelle alliance, et cette question
n'importe pas. Une question plus grave a été soulevée, déjà fort anciennement,
sur l'auteur de cette épître: mais disons-le de suite, ce n'est pas une
question d'authenticité ou d'inspiration, c'est simplement une question
d'auteur. Des théologiens pieux peuvent admettre, et il y en a qui le font,
notamment Luther et Calvin, que l'épître aux Hébreux n'a pas été écrite par
Paul comme on le croit généralement, et il faut avouer qu'aucun témoignage
inspiré n'appuie la paulinité de cette épître, et qu'elle-même ne porte aucun
nom d'auteur (le nom de Paul n'a été ajouté au titre que beaucoup plus tard).
Ces théologiens acceptent comme inspirés tous les livres du Canon, et c'est
pour eux quelque chose de peu essentiel que tel ou tel livre ait été écrit par
tel ou tel disciple, apôtre ou prophète. C'est le seul point de vue à la fois
raisonnable et conforme au respect que l'on doit à la parole de Dieu: quelques
orthodoxes à vues étroites, ont oublié quelquefois que ce n'est pas la
paulinité qui importe, mais la divinité, et ils ont appelé rationalisme
l'opinion qui attribue cette épître à Apollos, Barnabas, Clément Romain, ou Luc:
c'est compromettre en pure perte et par une mesquine obstination, l'inspiration
même des saints écrits.
Mais cela étant dit, si nous en venons à la question
de fait, il nous paraît que la paulinité doit être maintenue. Les arguments
historiques sont faibles de part et d'autre, mais faibles surtout chez ceux qui
nient la paulinité, ce que plusieurs font par des raisons essentiellement
intérieures et dogmatiques. Saint Paul n'ayant pas mis son nom en tête de sa
lettre, sans doute pour ne pas effaroucher des lecteurs très prévenus contre
lui à cause de son radicalisme en religion, il n'est pas étonnant que les
auteurs nombreux qui ont cité cette épître, aient eux-mêmes négligé d'en nommer
l'auteur, et l'on ne peut rien inférer de ce silence. La recherche et l'examen
des témoignages historiques n'appartient pas au travail actuel, et cette
question si compliquée ne saurait être résolue que dans une dissertation
spéciale. Ajoutons seulement que si l'on n'adopte pas l'opinion de Bèze sur la
paulinité, l'opinion la plus raisonnable serait celle de Hug, qui veut que Luc
ait été le secrétaire de Paul en cette occasion; peut-être aussi celle
d'Olshausen qui pense que l'épître n'a pas été écrite au nom d'un individu,
mais au nom d'une Église où Paul se trouvait présent; l'apôtre l'aurait lue et
approuvée et y aurait ajouté une apostille de sa main.
Il est clair que la personne de l'auteur n'étant pas
connue d'une manière sûre, on a moins de données encore sur le lieu d'où
l'épître fut écrite, et sur sa date. On la fait ordinairement partir de Rome,
et en 63; A. Bost, Makenzie, etc. Parmi les nombreux ouvrages, dissertations,
et commentaires qui ont paru sur cette épître depuis quelques années, nous ne
citerons que les suivants: en allemand, Bleek et Tholuck; en anglais, Mac
Knight, Mac Lean, Mac Neil, Mandeville, et Moses Stewart; en français, une
excellente thèse du professeur Henri Laharpe, et l'Épître aux Hébreux
(brochure), avec notes et marginales, publiée à Genève.
L’épître aux Hébreux fut écrite de l’Itala, territoire
situé au nord-ouest de l’Italie où se trouvait l’église Italique ou Vaudoise
fondée par Corneille et ceux de sa maison (Actes 10:1; Hébreux 13:24),
lorsqu’ils retournèrent dans leur pays natal avec l’Évangile. L’apôtre Paul se
rendit en Espagne par une voie romaine située dans cette région.
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HÉBRON,
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ville de la tribu de Juda, et plus tard ville des
Lévites et ville de refuge, Josué 21:11,13; elle portait aussi le nom de Kiriath-Arbah,
ville d'Arbah, du nom de son fondateur, le père de Hanak, Josué 14:15; 15:13.
C'est une des plus anciennes villes du monde; elle fut bâtie sept ans avant
Tsohan d'Égypte, Nombres 13:23, et on la trouve déjà dans l'histoire des
patriarches: Abraham y dressa ses tentes, et plus tard il en fit son sépulcre,
celui de Sara et celui d'Isaac, Genèse 13:18; 14:13; 23:2; 37:14. L'Éternel
l'avait promise à son serviteur Caleb, et après que Josué en eut fait la
conquête et en eut tué le roi Horam, Josué 10:3; 23:39. Caleb, avec ses frères
de Juda, vint la réclamer, 14:6-13; 15:13. Josué lui accorda le droit de s'en
emparer et d'en chasser les Hanakins, ce qu'il fit avec le concours du vaillant
Hothniel, Juges 1:12-13, son neveu et gendre. Après la mort de Saül, David en
fit sa résidence, comme roi de Juda, pendant sept ans et demi, 2 Samuel 2:1;
5:3. Absalon y commença sa révolte, 2 Samuel 15:7, et Roboam la fit fortifier
en l'entourant de murailles, 2 Chroniques 11:10. Pendant la captivité de
Babylone, les Édomites s'étant jetés dans la partie méridionale de Juda,
s'emparèrent d'Hébron, mais après le retour de l'exil, nous la retrouvons dans
la possession de la tribu de Juda, Néhémie 11:25. Plus lard, pendant l'époque
des Maccabées, il paraît qu'elle retomba au pouvoir de l'Idumée, 1 Maccabées
5:65. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 12, 8; 6. Enfin, dans la dernière
guerre des Juifs, elle fut prise parles Romains et brûlée, Flavius Josèphe,
Guerre des Juifs 4, 9; 9.
Hébron était située dans une contrée montagneuse,
fertile en gras pâturages, à 20 milles romains de Jérusalem, à l'ouest de la
belle vallée de Sittim, qui devint plus tard la mer Morte. On peut consulter,
pour la géographie comme pour l'histoire de cette ville, les voyages de
Schubert et de Robinson, et le Voyage au Levant, t. III. Elle est encore
aujourd'hui, sous le nom d'El Khalil, l'endroit le plus considérable de toute
la contrée sud; une verrerie et le commerce des raisins secs lui donnent une
certaine importance, et les Arabes des contrées environnantes y viennent
échanger leurs produits contre les objets qui leur manquent. On y compte 5 à
600 Juifs.
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HED
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(témoin), Josué 22:34. C'est le nom que les tribus transjourdaines
donnèrent à l'autel, ou monceau de pierres, qu'elles élevèrent sur les bords du
Jourdain pour rappeler leur parenté avec les dix autres tribus, et s'assurer
ainsi à elles et à leurs descendants une part aux bénédictions de l'Éternel.
Les dix tribus ayant cru y voir un commencement d'idolâtrie et la formation
d'un cuite à part, montèrent pour s'en expliquer avec leurs frères, mais ayant
entendu les explications qu'elles désiraient, elles se réjouirent fort; l'autel
fut maintenu, et on lui donna le nom de Hed, «car, dirent les deux tribus, il
est témoin entre nous que l'Éternel est Dieu.»
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HÉDEN,
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— Voir: Éden.
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HÉGAÏ,
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un des eunuques d'Assuérus, celui qui avait la charge
du sérail. Ester lui ayant été présentée, elle lui plut entre toutes les
autres; il crut pressentir le choix de son maître et eut pour sa future reine
des attentions qui devaient d'avance lui concilier sa faveur, Esther
2:3,8-9,15. Son nom a été conservé par un des historiens grecs du règne de
Xercès. Il s'écrit plutôt Régné.
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HÉGLON,
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1. ville
de la tribu de Juda, non loin d'Hadullam, Josué 15:39, et précédemment
résidence d'un roi cananéen, Josué 10:3.
2. Roi
de Moab qui, s'étant allié avec les Hammonites et les Hamalécites, frappa
Israël et l'asservit pendant dix-huit ans. Il fut mis à mort par Ehud, Juges
3:12-26.
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HÉKRON,
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la plus septentrionale des cinq grandes villes des
Philistins, Josué 13:3. Elle fut d'abord donnée en partage à la tribu de Juda,
puis à celle de Dan, 15:45; 19:43, mais elle continua de rester de fait entre
les mains des Philistins, 13:3; 15:11; 19:43. Ceux-ci y transportèrent l'arche
de l'Éternel, qu'ils avaient fait prisonnière, et dont la présence à Asdod
avait été si fatale aux Asdodiens, 1 Samuel 5 et 6. Le dieu d'Hékron était
Bahal-Zébub, nom qui fut donné au prince des mauvais anges lorsque cette ville
eut été habitée par un grand nombre de Juifs, 2 Rois 1:2; sq. cf. Matthieu
12:24.
— Au temps d'Eusèbe cette ville, sous le nom d'Accaron,
était encore un gros bourg assez peuplé, entre Asdod et Jamnia.
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HEL et Lahda,
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petits-fils de Juda par Séla; ils se distinguèrent par
leurs fabriques de toilerie et de fin lin, établies à Asbéath en Égypte, à une
époque où les Hébreux étaient encore estimés en Égypte, et par conséquent dans
les premiers temps de leur séjour, 1 Chroniques 4:21.
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HÉLAM,
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peuplade asiatique, déjà nommée Genèse 10:22, et qui
se trouve liée tantôt avec la Babylonie, Genèse 14:1, tantôt avec la Médie,
Ésaïe 21:2; Jérémie 25:25, tantôt encore avec l'Assyrie, Ésaïe 22:6, et qui est
comptée, Esdras 4:9, comme une province de la Perse. Le même mot désigne tantôt
le peuple et tantôt le pays; c'est la province d'Élymaïs, au sud de la Médie, à
l'orient de la Babylonie, à l'occident de la Perse et au nord du golfe
Persique. Depuis Cyrus, Hélam fut le centre de la monarchie des Perses; delà
vient que dans les livres postérieurs on trouve Hélam pour la Perse. Il y a, du
reste, toujours quelque chose d'un peu vague dans l'emploi qui est fait de ce
nom, car les Hélamites primitifs s'étaient insensiblement répandus jusque sur les
bords mêmes de l'Oronte et dans les environs de la mer Caspienne. D'après
Daniel 8:2, Suse était la capitale d'Hélam, et c'est de la Susiane que
venaient, à ce qu'on pense, les Hélamites mentionnés Actes 2:9.
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HELBA,
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ville de la tribu d'Aser, Juges 1:31. Calmet pense que
c'est la même que Helbon.
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HELBON.
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Le vin de Helbon est indiqué Ézéchiel 27:18; parmi les
objets principaux du commerce de Tyr. (La Vulgate et le caldéen s'appuyant sur
la signification de Heleb, ont traduit par méprise, vin gras, ou vinum dulce
coctum.) On est en général d'accord à penser que ce Helbon est l'ancienne
Chalybon de Syrie, ville principale de la province que Ptolémée appelle
Chalybonite, sur le terroir de laquelle croissait un vin fort estimé des rois
de Perse: on croit aussi que c'est la même que notre Alep actuelle (Haleb),
peuplée encore de 80 à 90,000 habitants, et dont les vins sont très renommés.
Michaélis veut au contraire voir Chalybon dans le bourg de Kennesrin, et les
écrivains bysantins cherchent Alep dans l'ancienne Bérée, Questions peu sûres,
mais heureusement aussi, peu importantes.
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HELDAÏ ou Hélem,
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Zacharie 6:10,14, Tobija, Jédahia, et Josias ou Hen,
quatre Juifs auprès desquels, à leur retour de la captivité, Zacharie se rendit
de la part de Dieu pour prendre de leur or et de leur argent et en faire des
couronnes destinées à Jéhosuah, le souverain sacrificateur. Cet emblème devait
signifier l'union de la sacrificature et de la royauté sous les Asmonéens, mais
surtout l'union de ces deux honorables fonctions dans la personne de
Jésus-Christ, qui devait revêtir l'un et l'autre office pour le salut de
l'humanité et pour la gloire de son Père. Les couronnes furent ensuite déposées
dans le temple, en souvenir des donateurs, comme pour les récompenser de leur
offrande, ou pour inviter les Juifs absents à les imiter, soit dans leur
générosité, soit dans leur retour.
— Heldaï et Josias portent deux noms; Tobija et
Jédahiah sont peut-être les mêmes que Esdras 2:60; Néhémie 7:39.
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HÉLEM,
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— Voir: Heldaï.
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HÉLI.
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1. le
quatorzième des juges, successeur immédiat de Samson, et souverain pontife; il
descendait d'Ithamar, second fils d'Aaron, qui était entré en possession du
sacerdoce au détriment de la branche aînée d'Éléazar. 1 Samuel 1:3 (1137 avant
J.-C.). Il était âgé de cinquante-huit ans lorsqu'il devint juge du pays, et
mourut âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, 4:15,18, à Silo, où le tabernacle
était dressé depuis les jours de Josué, Josué 18:1. On sait la dure apostrophe
qu'il adressa à la pieuse Anne, et comment il répara son tort en lui promettant
un fils: on se rappelle comment ce vieux pontife, trop lâche dans le saint exercice
de ses devoirs de père, de pontife et déjuge, fut averti d'abord par un homme
de Dieu, 1 Samuel 2:27, puis par les révélations arrivées au jeune Samuel, des
malheurs qui allaient fondre sur lui. On sait enfin comment tous ces tristes
événements se réalisèrent, lorsque l'arche ayant été emmenée du tabernacle, les
Israélites eurent été défaits, 30,000 d'entre eux mis à mort, les fils d'Héli
tués, et l'arche même faite prisonnière. Le vieux pontife ayant appris ce
dernier malheur, tomba à la renverse, et se rompit la nuque.
Héli, trop faible pour être admiré, n'en doit pas
moins être regardé comme un homme de Dieu, humble et résigné sous la main de
l'Éternel, et jaloux de la gloire et des intérêts de son maître, quoique peu
propre à les servir; il s'honora en se montrant plus sensible à la perte de
l'arche qu'à la mort de ses fils. C'est à tort qu'on verrait une expression de
stérile faiblesse dans cette belle réponse à la nouvelle des châtiments qui
allaient frapper sa maison: C'est l'Éternel, qu'il fasse ce qui lui semblera
bon!
2. Luc
3:25; inconnu.
3. Luc
3:23, fils de Matthat et père de Joseph, ou plutôt père de Marie et beau-père
de Joseph, car les anciennes généalogies, surtout celles des Juifs,
substituaient souvent le nom des hommes à celui de leurs femmes; d'anciens
documents portent, d'ailleurs, que le père de Marie s'appelait en effet Héli.
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HELKATH,
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1. ville
d'Aser, Josué 21:31.
2. Helkath-Hatsurim,
lieu près de Gabaon, dans lequel une escarmouche se livra entre douze hommes du
parti de David et douze du parti d'Is-Boseth, fils de Saül, 2 Samuel 2:16.
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HELLADE,
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— Voir: Grèce.
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HELLÉNISTES.
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Ce nom fut de bonne heure employé dans l'Église par
opposition à celui de judéo-chrétiens: on voit déjà, Actes 6:1, une dissension
entre les chrétiens des deux partis. Dans ce passage il faut entendre par
Hébreux les anciens habitants de la Palestine, convertis au christianisme,
tandis que les Hellénistes seraient, ou bien des chrétiens convertis d'entre
les Juifs établis à l'étranger, lesquels parlaient grec pour la plupart, ou
bien des convertis d'entre les Grecs proprement dits. Parmi les sept diacres
qui furent élus à cette occasion, un seul, Nicolas, est nommé positivement
comme prosélyte converti du paganisme, et les six autres, quoique portant des
noms grecs, étaient peut-être des Juifs, mais de ceux qui avaient eu longtemps
leur résidence en dehors de la Judée. Le nom d'Hellénistes servait donc à
distinguer les Juifs parlant grec des Juifs palestiniens parlant syro-caldéen,
indépendamment de leurs rapports avec le christianisme; c'est ainsi que les
Grecs de Actes 9:29. étaient, à ce que l'on croit, des Juifs étrangers. Mais au
chapitre 11:20, il s'agit de Grecs proprement dits, c'est-à-dire de païens,
comme l'indiquent à la fois le parallélisme et quelques manuscrits.
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HÉMAN.
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1. —
Voir: Éthan.
2. L'auteur
du Psaumes 88; il est nommé Ezrahite, ou fils de Sara, 1 Chroniques 2:6, du
reste entièrement inconnu. Quelques-uns le confondent avec le précédent, mais à
tort.
3. Héman
le chantre, lévite de la famille des Kéhathites, 1 Chroniques 6:33, et fils de
Joël, 15:17. Il était avec Asaph et Jéduthun à la tête des chantres, q.v.,
établis par David, 25:1. Héman est appelé le voyant du roi (ou le prophète), 1
Chroniques 25:5.
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HÉMOR,
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père de Sichem le ravisseur de la fille de Jacob,
était roi des Héviens, Josué 24:32. Désireux d'expier le crime de son fils, il
demanda à Jacob de donner Dina pour femme à Sichem. Jacob n'y put consentir
qu'à la condition que les Héviens se feraient circoncire; et comme l'alliance
du patriarche promettait d'être pour la peuplade cananéenne une source de
bénédictions temporelles, les Héviens se soumirent à cette formalité. Mais au
troisième jour, lorsque la douleur était le plus forte, Lévi et Siméon, par un
acte de lâche et maudite perfidie, se jetèrent avec leurs hommes sur la ville
incapable de se défendre, et en passèrent au fil de l'épée tous les habitants,
y compris Hémor, et son fils l'époux de leur sœur.
Jacob avait déjà eu quelques relations avec Hémor, et
il en avait acheté un champ pour la valeur de cent pièces d'argent, Genèse
33:19. C'est à ce fait probablement que nous trouvons une allusion dans le
discours d'Étienne, Actes 7:16, quoique le nom d'Abraham soit mis au lieu de
celui de Jacob. Pour faire disparaître cette contradiction de nom, les uns
lisent Jacob, les autres notre père, au lieu d'Abraham; d'autres enfin supposent
qu'il s'agit d'un fait qui ne nous est pas rapporté dans l'Ancien Testament;
mais ce sont des suppositions et des conjectures forcées: il vaut mieux dire,
comme Calvin et Olshausen, qu'Étienne s'est trompé de nom, ce qui ne tire pas à
conséquence, le nom n'important pas dans cette affaire, ou qu'il a confondu ce
fait avec celui qui est rapporté Genèse 23:16; Gerlach (Bonnet et Baup) met la
faute sur le compte d'un copiste ignorant.
— Voir: encore Juges 9:28.
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HÉMORRHOÏDES,
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— Voir: Maladies et Philistins.
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HÉMORRHOÏSSE.
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La femme dont il est parlé dans l'Évangile, Matthieu
9:20; Marc 5:25, souffrait d'une perte de sang qui, en se prolongeant, pouvait
devenir mortelle. Son histoire est connue, sa guérison est inexplicable:
quelques-uns ont pensé que l'effroi dont elle fut frappée lorsque Jésus se
retourna vers elle, la saisit tellement que son sang cessa de couler (on
reconnaît l'école); d'autres pensent à une espèce de magnétisme animal, et
s'appuient sur ce que dit Jésus: «Une vertu est sortie de moi.» Sans insister
sur l'idée de magnétisme plus qu'il n'est juste, c'est cependant bien dans cet
ordre d'idées qu'il vaut le mieux chercher la solution, en se rappelant que
celui qui guérit l'hémorrhoïsse est en même temps le maître de toutes les
forces de la nature.
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HEN,
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— Voir: Heldaï.
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HÉNAH,
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2 Rois 18:34; 19:13; Ésaïe 37:13. On pense que c'est
la même ville que celle dont parlent Abulféda et les géographes arabes; elle
était située en Mésopotamie, sur une des îles de l'Euphrate, et s'étend
maintenant sur les deux rives de ce fleuve. Aujourd'hui Anah?
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HENDOR,
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petite ville de la tribu de Manassé, dans la plaine de
Jizréhel, et dans le voisinage de Scythopolis, Josué 17:11. Elle était le
séjour de la pythonisse que Saül alla consulter peu de jours avant la bataille
de Guilboah, 1 Samuel 28:7. Eusèbe la place à 4 milles au sud du mont Thabor.
On montre encore, au pied du petit Hermon, un chétif village nommé Endur; mais
les ruines de l'ancien Hendor sont plus loin, dans le voisinage de Denuni, à 2
1/2 stades sud-ouest de Nazareth.
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HEN-GANNIM.
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1. Ville
des plaines de Juda, non loin de Béthel, Josué 15:34.
2. Ville
lévitique, située dans la tribu d'Issacar, Josué, 19:21; 21:29.
— Eusèbe cite encore un troisième endroit du même nom,
qu'il place au-delà du Jourdain, près de Gérasa.
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HEN-GUÉDI
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(source des chamois), ville du sud de la Palestine, de
la tribu de Juda, située près des bords de la mer Morte, dans une contrée semée
de cavernes et de rochers, Josué 15:62; Ézéchiel 47:10; 1 Samuel 24:1-2. Son
nom primitif était Hatsatson-Thamar (multitude des palmiers) 2 Chroniques 20:2;
Genèse 14:7, et elle le devait à la richesse et à la fécondité de sa
végétation, à ses dattiers, ses palmiers, ses bananiers. Hen-Guédi formait une
petite oasis au milieu des déserts; la délicieuse vallée qui l'entourait était
traversée par un ruisseau qui descendait de la contrée d'Hébron pour se jeter
dans la mer Morte. Salomon célébra sa beauté et ses riches vignobles, Cantique
1:14, et Chateaubriand, dans son voyage en Palestine, a rendu le même
témoignage. Flavius Josèphe dit que Hen-Guédi est éloigné de Jérusalem de 300
stades (64 kilomètres). D'après cette donnée, Reland et d'autres auteurs le
placent au nord de la mer Morte, près de l'embouchure du Jourdain; saint Jérôme
au contraire le place à l'extrémité méridionale de cette mer; enfin Seetzen, et
Grimm d'après lui, le mettent entre les deux extrémités, là où se trouve
maintenant Ayn-Djiddi. Dans cette incertitude, l'opinion de saint Jérôme, qui
est très précise, nous paraît devoir être préférée, d'autant plus que
Hen-Guédi, d'après Ézéchiel 47:10, doit faire l'une des extrémités de la mer
Morte, dont Henhéglajim serait l'autre; or ce dernier endroit était au nord.
Les montagnes voisines forment le désert d'Hen-Guédi,
appelé aussi les rochers de Guédi ou des chamois, 1 Samuel 24:1,3. L'eau qui
tombe du ciel y disparaît immédiatement dans un sol calcaire et crevassé; il
n'y croît quelques plantes que dans la saison des pluies. Parmi les nombreuses
cavernes de ces montagnes qui sont aujourd'hui les uniques habitations des
bergers de la contrée, on en distingue une dit Bræm, dans une vallée, au
sud-est de Tékoah, dans laquelle 30,000 hommes doivent avoir trouvé un asile,
et qui est peut-être celle où David a épargné son persécuteur Saül, l'oint du
Seigneur. Deux ouvertures dans des rochers perpendiculaires conduisent par
d'étroits passages dans une première salle spacieuse dont le toit, en forme de
voûte, est soutenu par des piliers: et, de là, de longues et étroites allées
mènent plus avant dans le sein de la montagne, où l'on trouve plusieurs autres
salles.
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HEN-HAKKOREH,
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— Voir: Léhi.
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HENHÉGLAJIM,
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Ézéchiel 47:10;
— Voir: Églagim.
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HÉNOC,
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— Voir: Énoch.
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HENSÉMÈS,
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Josué 15:7 (fontaine du soleil). Elle était située sur
les frontières de Juda et de Benjamin, mais on ignore si c'était une ville ou
seulement une fontaine, On prétend montrer encore la fontaine, au-delà de
Béthanie du côté du Jourdain, mais l'identité n'est pas prouvée.
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HÉPHA,
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Ésaïe 60:6, tribu inconnue. Hépha était fils de
Madian, Genèse 25:4.
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HÉPHER,
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1. 1
Rois 4:10, contrée inconnue, peuplée sans doute par les descendants de Hépher
fils de Madian, Genèse 25:4.
2. Descendant
de Manassé par Galaad, Nombres 26:32-33; 27:1; il était père de Tsélophcad.
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HÉPHRON,
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Genèse 23:8, fils de Tsohar, chef héthien. C'est de
lui qu'Abraham acheta le champ où se trouvait la caverne de Macpélah dont il
voulait faire un sépulcre pour sa femme et toute sa famille. Héphron, après lui
en avoir fait connaître la valeur qu'il évaluait à 400 sicles d'argent, pria
Abraham de l'accepter en présent d'amitié et de bon voisinage, montrant à la
fois la générosité de son cœur et l'estime qu'il faisait du patriarche; Abraham
lui paya son bien selon le prix qu'il avait indiqué, 25:9; 49:29; 50:13.
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HER,
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Genèse 38:3,7; 1 Chroniques 2:3, fils de Juda et de
Suah. Il était méchant, dit l'auteur sacré, et l'Éternel le lit mourir. Sa
veuve Tamar fut donnée à Onan son frère, et finit par se livrer elle-même à
Juda. On voit par les paroles de l'Écriture que Her mourut d'une mort
extraordinaire, mais on ne sait pas comment, ni quel fut son crime;
quelques-uns pensent qu'il refusait de vivre avec sa femme.
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HÉRETS,
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1 Samuel 22:5,
— Voir: Forêts.
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HÉRISSON.
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C'est ainsi qu'on doit probablement traduire l'hébreu
kippod, Ésaïe 14:23; 34:11; Sophonie 2:14;
— Voir: Butor, et Lézard.
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HÉRITAGES.
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Les fils, q.v., héritaient à l'exclusion des filles,
et les enfants légitimes, à l'exclusion de ceux qui étaient nés de concubines,
Genèse 21:10; 24:36; 25:5; 31:14. Par suite des dispositions de la loi sur les
propriétés, les testaments étaient inconnus, les Juifs mouraient intestat. Il
paraît cependant que plus tard l'usage des testaments s'introduisit par
l'exemple des Grecs et des Romains, et cet usage est supposé Galates 3:15;
Hébreux 9:17. Quelquefois les parents donnaient de leur vivant encore une
légitime à leurs enfants, Luc 15:12. L'expression disposer sa maison, 2 Samuel
17:23; 2 Rois 20:1; Ésaïe 38:1, qui semble emporter l'idée de disposition
testamentaire, signifie seulement donner ses derniers ordres, arranger ses
affaires.
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HERMAS,
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Romains 16:14; inconnu. Selon plusieurs Pères et
interprètes, ce serait le même que l'auteur du fameux Pastor Hermœ, un des
apocryphes du Nouveau Testament, mais c'est douteux. Cet ouvrage est aussi
attribué à un autre Hermas frère de Pie I, pasteur de Rome vers l'an 156, mais
le Pastor jouissait déjà d'une trop grande considération à l'époque d'Irénée et
de Clément d'Alexandrie pour qu'on puisse lui donner une date aussi récente. Le
Pastor est divisé en trois parties, les visions, les préceptes, et les
comparaisons ou paraboles. Il prend son titre d'un ange qui paraît dans le
second livre sous l'image d'un berger. L'ouvrage est faible et contient même
des doctrines fausses (par exemple que chaque homme a un bon et un mauvais
sentiment); il s'y trouve cependant aussi de bonnes choses.
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HERMÈS,
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Romains 16:14, disciple de Rome, également inconnu.
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HERMOGÈNE et Phygelle,
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2 Timothée 1:15, deux disciples de Paul, qui, après
l'avoir accompagné à Rome, l'abandonnèrent, ne voulant pas courir avec lui les
dangers de la captivité et peut-être de la mort, et retournèrent en Asie
Mineure. Leur défection devait être déjà connue de Timothée qui se trouvait en
Asie, soit par le retour même de ces personnes, soit par le blâme public; mais
Paul le lui fait savoir formellement, afin qu'il ne soit plus obligé de s'en
rapporter à des bruits vagues, et qu'il sache positivement à quoi s'en tenir.
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HERMON.
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Cette montagne appartient à la chaîne du Liban, au nord-est
de la Palestine, et forme la frontière extérieure du haut pays occidental,
Deutéronome 3:8; 4:48; Josué 11:17; 12:1; 13:5; 1 Chroniques 5:23. À son pied
septentrional, était Bahal-Gad. L'Hermon s'appelait encore Sion, Deutéronome
4:48, Sirjon chez les Sidoniens, Sénir chez les Amorrhéens, 3:9, quoique Sénir
soit ailleurs distingué d'Hermon, 1 Chroniques 5:23; Cantique 4:8. D'après
d'anciens géographes l'Hermon, comme une partie de l'Anti-Liban, était couvert
de neiges éternelles; les versions caldéenne et samaritaine favorisent cette
opinion. On a voulu conclure de Psaumes 89:12; 42:6. (les Hermons), qu'à côté
de la montagne principale, il s'en trouvait d'autres plus petites qui portaient
le même nom, et qu'il y en avait jusque dans le voisinage du Tabor; mais dans
le premier de ces passages, l'Hermon n'est pas plus voisin du Tabor, que
l'aquilon du midi, et dans le second il est parlé du petit Hermon, qui était
situé au midi du Tabor dans la tribu d'Issacar, isolé, plus basque le Tabor, et
s'étendant de l'est à l'ouest sur un espace de 2 lieues. Le nom d'Hermon, du
reste, s'applique aussi d'une manière générale à toute la partie méridionale de
la chaîne de l'Anti-Liban, et les auteurs ne sont pas même d'accord sur la
sommité qui portait plus spécialement ce nom; on pense que c'était la montagne
qui s'appelle aujourd'hui Djebl Heish (Seetzen, Burkhardt). Ces différentes
cimes dominaient de loin le lac de Génésareth, et en formaient une des
principales beautés, en imprimant à toute la contrée un cachet de grandeur et
de majesté.
— Voir: encore Psaumes 133:3.
La rosée de l'Hermon (supérieur) descend vers les
montagnes plus basses (le mont de Sion), et les fertilise.
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HÉRODE.
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1. Hérode
dit le Grand, Luc 1:5; Matthieu 2:1; Actes 23:35. Ce roi des Juifs était
Iduméen de naissance, et fils d'Antipater; il reçut sa royauté des mains de
Marc Antoine et du sénat de Rome; elle lui fut de nouveau confirmée par
Auguste, et il exerça son cruel pouvoir l'espace de trente-trois ans, depuis
l'an 37 jusqu'à l'an 4 avant J.-C. (environ 750 de Rome), c'est-à-dire jusqu'en
l'année de la naissance du Sauveur. II épousa plus de huit femmes les unes
après les autres. Outre Pallas, Phèdre et Elpide, qui ne laissèrent qu'une
postérité insignifiante, il faut nommer:
a. Doris,
dont il eut Antipater.
b. Mariamne
I, dernier rejeton de la famille des Maccabées par Jean Hyrcan; elle lui donna
Aristobule et Alexandre; Aristobule fut le père d'Hérode l'époux de Bérénice,
d'Hérode Agrippa I, et d'Hérodias.
c. Mariamne
II, fille d'un prêtre Simon; elle lui donna Hérode-Philippe, premier époux de
sa nièce Hérodias.
d. Malthace,
Samaritaine, mère d'Archélaüs, et d'Hérode Antipas le second époux d'Hérodias.
e. Cléopâtre,
dont il eut Philippe, époux de Salomé fille d'Hérodias.
Ce roi barbare n'a été grand que par ses cruautés
dénaturées; il fut le bourreau de sa famille et de son peuple: après avoir fait
massacrer presque toute la famille de sa seconde femme, Hyrcan son grand-père,
Alexandre son père, Antigone son oncle, Aristobule son frère, Alexandra sa
mère, il finit par la faire assassiner elle-même après deux tentatives
manquées, 29 avant J.-C. Les remords les plus terribles l'assaillirent, il
tomba malade. Il se trouvait à la fois au comble du bonheur matériel et du
malheur moral; pour se distraire et pour donner le change aux Juifs alarmés, il
fit construire de superbes édifices, des bains, des théâtres, des gymnases; un
château magnifique s'éleva sur le mont de Sion; Samarie, dévastée par Jean
Hyrcan, fut rétablie et reçut le nom de Sébaste. Il bâtit Césarée au sud du
mont Carmel, et an temple en l'honneur d'Auguste près des sources du Jourdain.
Voyant le peuple et les pharisiens inquiets au sujet des mœurs étrangères et
païennes dont il favorisait l'introduction, il entreprit, en 17, la réparation
du temple, et avec tant de luxe, que ce fut plutôt un temple nouveau qu'il fit
construire. On y travaillait depuis quarante-six ans lorsque notre Sauveur
prononça les paroles Jean 2:19.
— Enfin, Jésus naquit, et la seule part que prit
Hérode à cet événement fut le massacre des enfants de Bethléhem, massacre d'une
douzaine d'enfants peut-être, qui ne valut pas la peine d'être relevé au milieu
des autres crimes de ce féroce Iduméen. Peu de temps après, malade comme
Antiochus Épiphanes, Hérode alla chercher du soulagement aux thermes de
Callirhoé sur les bords orientaux de la mer Morte, au pied des anciennes
montagnes de Moab, mais ce fut en vain; il se retira à Jérico, sans espérance
et découragé; et prévoyant les événements qui auraient lieu après sa mort, il
essaya, mais inutilement, de se percer de son glaive. Cependant la maladie
faisant des progrès, Hérode fit encore exécuter son fils Antipater avant de
mourir: ce fut le dernier acte de sa vie. Cinq jours après il expirait âgé de
soixante-dix ans, ayant donné l'ordre à sa sœur Salomé de faire massacrer
immédiatement après sa mort tous les notables des Juifs qui se trouvaient alors
assemblés à Jérico; car, dit-il, les Juifs se réjouiraient de ma mort, et je
veux les forcer à mener deuil: mais cet ordre ne fut pas exécuté. Il partageait
le royaume par son testament entre ses trois fils Archélaüs, Antipas et
Philippe; l'empereur Auguste confirma cette disposition.
2. Hérode
Antipas, Luc 3:1; 8:3; Actes 13:1, fils du précédent par Malthace. Il succéda à
son père l'an 1 du Christ, et partageant la Palestine avec ses deux frères, il
reçut la Galilée et la Pérée avec le titre de tétrarque et 200 talents par
année. Jésus de Nazareth ressortissait ainsi à sa juridiction, Luc 23:7. Hérode
résidait à Séphoris non loin du mont Thabor; il agrandit beaucoup cette ville
et l'appela Dio-Cæsarea (elle n'est pas mentionnée dans la Bible); il bâtit
aussi Tibériade, qui a donné son nom au lac de Génésareth. Après avoir épousé
en premières noces la fille du roi arabe Arétas, il épousa sa nièce et
belle-sœur Hérodias, la tille d'Aristobule, fils de Mariamne I, première épouse
de son frère Philippe encore vivant. Ce crime en amena un plus grand encore,
l'adultère appela le meurtre, et Jean-Baptiste fut mis à mort sur la demande
d'Hérodias, Luc 3:19; Matthieu 14:1. La répudiation, l'inceste et le meurtre
furent punis par le roi d'Arabie, qui, brûlant de venger sa fille déshonorée,
déclara la guerre à Hérode et le battit. Le peuple y vit le juste châtiment des
crimes de son maître. Hérode Agrippa, frère d'Hérodias et neveu en même temps
que beau-frère d'Hérode Antipas, ayant obtenu le titre de roi, Hérodias,
jalouse, poussa son mari à faire des démarches auprès de Caligula pour obtenir
la même dignité. Ils se rendirent à Rome (an 39), quoique Antipas fit les
choses malgré lui, aimant mieux le repos que l'honneur; mais là, sur les
plaintes du peuple, jointes à celles d'Agrippa, son beau-frère, Antipas fut
déclaré déchu de tous ses droits en Palestine: Caligula l'exila, d'abord à Lyon
dans les Gaules où Hérodias le suivit, puis en Espagne où il mourut.
C'est cet Hérode que nous voyons dans l'Évangile
pendant toute la vie de notre Sauveur. Flavius Josèphe ne le traite pas d'une
manière très défavorable et ne raconte pas de lui ces innombrables iniquités
qu'il reproche au grand Hérode; mais au fond le fils ne valait pas mieux que le
père. Luc 3:19, parle de tous les maux, ou plutôt de toutes les méchancetés
qu'il a faites; on le voit d'ailleurs adonné à toutes les passions de la chair,
Matthieu 14, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 18, 4; 5; curieux et frivole
dans son impiété lorsqu'il désire de voir Jésus, Marc 6:14; sadducéen de
croyance et n'ayant pas même foi dans son incrédulité, puisqu'il penche à
admettre la résurrection de Jean-Baptiste, Luc 9:7; lâche dans ses craintes
lorsqu'il fait donner à Jésus le conseil de s'enfuir; il redoute son voisinage
et n'ose pas s'en défaire à cause du peuple, Luc 13:31; lâche encore dans ses
serments de débauche, lorsqu'une femme l'oblige à tenir une promesse de meurtre
contre un homme qu'il respectait malgré lui-même et dont il recherchait les
pieux conseils, Matthieu 14:1; lâche dans le procès de Jésus, puisqu'il ne
prolonge l'interrogatoire que pour entendre cet homme dont il était si curieux,
et puisque le reconnaissant innocent, Luc 23:11,15, il consent à sa mort et
trouve dans cette ignominieuse condescendance le moyen de se réconcilier avec
Pilate dont un abus de pouvoir l'avait éloigné, Luc 23:7; Actes 4,27. Dans
cette entrevue depuis si longtemps désirée et qui n'a lieu qu'au dernier jour
du Sauveur, Hérode, voyant une figure qui n'est pas celle de Jean-Baptiste,
renaît à la confiance; il ne craint plus qu'un revenant lui reproche sa
lâcheté, et se livrant sans réserve à sa curiosité, il interroge à son aise le
prisonnier et se flatte de lui voir faire un miracle, mais il n'en reçoit pas
de réponse: Hérode se venge du mépris du Saint par le mépris de cour, se moque
de Jésus, le déguise en roi terrestre et le renvoie à Pilate.
— C'est ce même Hérode que Jésus appelle un renard,
Luc 13:32; c'est de lui qu'il s'agit encore lorsque Jésus recommande à ses
disciples de se garder du levain d'Hérode, Marc 8:15, c'est-à-dire, des fâcheux
exemples de ce prince édomite et des doctrines sadducéennes qu'il avait
embrassées, Matthieu 16:6,12.
3. Hérode
Philippe,
— Voir: Philippe #2.
4. Hérode
Agrippa I, petit-fils d'Hérode le Grand par Mariamne, et fils d'Aristobule par
une Bérénice fille de Salomé; il n'apparaît dans l'histoire sainte que Actes
12. Après la mort de Tibère (37), il reçut en 38 la tétrarchie de Philippe son
oncle, qui était mort en 35 et dont la province avait été jointe à la Syrie.
Frère d'Hérodias et beau-frère d'Hérode Antipas, il avait dissipé tous ses
biens et ne devait son avènement au trône (car le titre de roi lui fut donné)
qu'à la manière insinuante avec laquelle il sut se glisser dans la faveur de
Caïus Caligula. Son caractère n'était pas précisément méchant, il avait de la
bonhomie et plus de respect pour la religion que les autres princes de la
maison d'Hérode; mais ce même respect qu'il professait pour le judaïsme le
porta à faire périr Jacques, frère de Jean, et à comploter la même chose contre
l'apôtre Pierre. Sa tentative ayant échoué, il s'en dédommagea en envoyant au
supplice les soldats auxquels avait été confiée la garde de l'apôtre. Après ces
exécutions qui accompagnèrent pour lui la célébration de la Pâque, il se rendit
à Césarée, où il séjourna. Cette ville, bâtie par son grand-père, souffrait
dans ses intérêts commerciaux du voisinage de Tyr et de Sidon; une rivalité
existait entre ces villes, et Hérode en était irrité sans qu'il fût cependant
en son pouvoir de déclarer la guerre aux Tyriens et aux Sidoniens, alliés de
Rome. Tyr et Sidon d'ailleurs, souffrant également de cette concurrence, et ne
voulant pas se fermer le territoire de la Judée qui leur était un utile et
important débouché, envoyèrent des ambassadeurs auprès d'Hérode pour prendre
des arrangements amiables qui fissent cesser l'aigreur réciproque des habitants
des deux États; la paix fut conclue. Mais Dieu n'oubliait pas la mort de ses
serviteurs, et la même année encore (44) Hérode fut frappé de mort. Comme il
était à Césarée et qu'il assistait à des jeux en l'honneur de Claude, il voulut
haranguer le peuple et s'assit sur le trône; mais à peine eut-il commencé à
parler que le peuple s'écria: Voix d'un Dieu et non pas d'un homme! Ce furent
sans doute les païens qui poussèrent ce cri; les Juifs ne l'auraient osé faire.
Hérode, sans doute, prit plaisir à cette apothéose, au lieu de la repousser;
mais dans le même moment un ange du ciel le frappa, et il mourut rongé par les
vers, à l'âge de cinquante-quatre ans. Flavius Josèphe parle d'un hibou qui,
pendant le discours d'Hérode, se posa sur une corde au-dessus du théâtre, et
dont la présence effraya singulièrement l'orgueilleux orateur. La maladie qui
l'emporta, peut être la même que celle dont avait été frappé Antiochus le persécuteur
des Maccabées, est à la fois naturelle en ce que les médecins ont vu quelques
cas analogues, et surnaturelle en ce qu'on n'en connaît pas la cause et qu'elle
frappe d'une manière inattendue ceux qu'elle atteint,
— Voir: Ver.
5. Hérode
Agrippa II, fils du précédent, Actes 25 et 26. Le Nouveau Testament ne lui
donne que le nom d'Agrippa, q.v.
— Il y a eu beaucoup d'autres Hérodes, mais ils
n'appartiennent pas à l'histoire biblique, et nous n'avons pas à nous en
occuper.
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HÉRODIAS,
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petite-fille d'Hérode le Grand, fille d'Aristobule et
de Bérénice; elle épousa d'abord son oncle Philippe, tétrarque de la Batanée,
dont elle eut Salomé la danseuse; puis elle le quitta pour épouser un autre
oncle, Hérode Antipas frère du premier, tétrarque de la Galilée. Jean-Baptiste
s'étant opposé à cette union adultère et incestueuse, elle le poursuivit jusque
dans la prison où son mari l'avait fait reléguer, et profita d'un serment imprudent
que celui-ci fit à sa fille, pour demander dans un plat la tête de l'homme de
Dieu, Matthieu 14:3; Marc; 6:17; Luc 3:19 (Deux sermons d'Ad. Monod.) Le
meurtre consommé, elle joua avec la tête de Jean, et s'amusa, si l'on en croit
saint Jérôme et Nicéphore, à lui percer la langue d'une aiguille, comme la
femme d'Antoine la tête de Cicéron. Elle accompagna dans les Gaules son second
mari: l'empereur, ayant su qu'elle était sœur d'Hérode Agrippa, voulait lui
faire grâce, mais elle ne voulut rien devoir à l'influence de son frère dont
elle était jalouse, et préféra l'exil.
Quant à sa fille, Nicéphore et Métaphraste rapportent
qu'elle accompagna sa mère dans les Gaules, et qu'elle voulut même la suivre en
Espagne, mais que, traversant une rivière qui était gelée, elle en rompit la
glace et tomba dans l'eau jusqu'au cou, que la glace se resserra sur elle, et
qu'elle subit ainsi le supplice qu'elle avait demandé contre Jean-Baptiste.
C'est la légende. Quant à l'histoire, Flavius Josèphe dit qu'elle épousa d'abord
Philippe le tétrarque, fils d'Hérode le Grand par Cléopâtre, à la fois son
oncle et son grand-oncle, et en secondes noces son cousin Aristobule, fils
d'Hérode, roi de Chalcide, dont elle eut plusieurs enfants. Elle vécut ainsi
plus de trente ans après l'exil de ses parents.
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HÉRODIENS.
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Cette secte est seulement nommée dans l'Évangile sans
que rien la définisse, Matthieu 22:16; Marc 3:6; 12:13. Flavius Josèphe même et
Philon n'en parlent pas. Calmet les confond avec les Zélotes, disciples de
Judas gaulonite, qui auraient reçu, dit-il, le nom d'hérodiens parce que Gaulon
appartenait au territoire d'Hérode Antipas; mais c'est forcé. Le plus probable
c'est que c'étaient des Juifs qui, pour une raison ou pour une autre, tenaient
le parti d'Hérode, et par conséquent des Romains dont il était le vassal,
contre le reste du peuple juif qui supportait impatiemment le joug de
l'étranger, et n'aspirait qu'à le secouer. Les hérodiens formaient donc un
parti politique, peut-être sans organisation extérieure, mais réel, et puissant
par l'appui du gouvernement. Ils s'unirent aux pharisiens pour tendre un piège
à Jésus, et lui demandèrent s'il fallait payer le tribut à César ou non: s'il
répondait non, les hérodiens l'auraient appelé un séditieux; s'il répondait
affirmativement, les pharisiens triomphaient, ils en appelaient au peuple, et
lui représentaient Jésus comme un ennemi de la nationalité juive. Notre Sauveur
les rendit confus par sa divine sagesse, et leur montra que, aussi longtemps
qu'ils acceptaient les avantages de la domination romaine, ils devaient en
supporter les charges, qu'ils ne pouvaient pas refuser l'impôt s'ils
acceptaient l'argent.
On compte huit ou neuf opinions particulières sur
l'origine des hérodiens; outre l'opinion de Calmet, il faut noter encore celle
qui veut que les hérodiens aient tenu Hérode pour leur messie (mais quel
Hérode?), celle du père Hardouin, que c'étaient des platoniciens qu'Hérode
avait essayé de mettre en vogue; selon d'autres, c'étaient les sujets païens du
territoire d'Antipas, ou bien simplement des gens de la maison d'Hérode qui
voulurent sonder Jésus par curiosité, etc.
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HÉRODION,
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Romains 16:11, disciple de Rome, parent de saint Paul;
du reste, inconnu.
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HÉRON,
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Lévitique 11:19; Deutéronome 14:18. C'est le mot par
lequel nos versions ont traduit l'hébreu anaphah. Il y a de l'incertitude sur
le sens de ce mot: les uns l'ont traduit par cigogne, q.v., les autres par
poule sauvage, d'autres par perroquet, Bochart par faucon des montagnes; il
compare le grec d'Homère, Odyss. 1, 320, qui rappelle en effet l'hébreu
anaphah. La racine anaph signifie aspirer fortement par les naseaux, comme cela
se fait dans la colère; il signifie de là se mettre en colère, comme Psaumes
2:12, et d'après Harris cette étymologie convient parfaitement au héron qui est
d'un naturel très irritable. On ne peut rien décider, mais la traduction de nos
Bibles a au moins autant de chances que les autres, et même un peu plus.
— Le héron est, comme on sait, un animal aquatique et
sauvage, distingué par ses longues jambes, et son long bec emmanché d'un long
cou; il vole très haut et s'abat le long des marais, des rivières et des lacs
pour y pêcher le poisson dont il fait sa principale nourriture. Il y a
plusieurs espèces de hérons, le blanc, le gris-cendré (petit et grand), le
châtain, le crête, l'étoile, le noir, qui tous diffèrent par quelques points de
grosseur ou de couleur, mais se ressemblent par les caractères généraux; ils
nichent dans les bois de haute futaie.
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HERSE,
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— Voir: Chars.
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HESBON,
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ville du pays oriental, située au-delà du Jourdain, au
nord de l'Arnon, presque vis-à-vis de Jérico. D'abord résidence d'un roi
moabite, elle passa ensuite à Sihon roi des Amorrhéens, Nombres 21:26; cf.
Deutéronome 2:9. Plus tard elle fut donnée à la tribu de Ruben, Josué 13:17.
Nombres 32:37, puis à celle de Gad, Josué 13:26; 1 Chroniques 6:81, et devint
ville lévitique, Josué 21:39; 1 Chroniques 6:81. On la retrouve moabite,
Jérémie 48:2; Ésaïe 15:4, mais elle redevint juive sous Alexandre, Flavius
Josèphe, Antiquités Judaïques 13, 15; 4. Eusèbe et Jérôme l'appellent Esbous,
et la mettent à 20 milles du Jourdain: un évêque y résida dans les premiers
siècles du christianisme. Il en reste encore des ruines assez considérables,
qui portent le même nom d'Hesbon. «Cette ville, dit Burkhardt, est située sur
une colline, au sud d'El Haal; on y voit encore un grand nombre de puits
taillés dans le roc et un grand bassin d'eau;» sans doute les viviers de
Cantique 7:4.
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HÉSEK,
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Genèse 26:20. Une des fontaines que les bergers de
Guérar disputèrent à ceux d'Isaac qui l'avaient creusée: ce nom signifie
querelle, violence.
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HESMON,
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ville située dans la partie méridionale de la tribu de
Juda, Josué 15:27.
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HÉTHER,
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d'abord dans la tribu de Juda, puis dans celle de
Siméon, Josué 15:42; 19:7. Saint Jérôme l'a retrouvée près de Malatha, dans le
district de Daromas, mais Eusèbe croit que ce n'est pas le même endroit.
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HÉTHIENS,
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peuplade cananéenne que les Israélites trouvèrent en
Palestine et qu'ils dépossédèrent, Genèse 15:20; Exode 3:8; 23:23. Ils
descendaient de Canaan par Heth, son second fils, et habitèrent d'abord la
contrée de Hébron, avec et parmi les Amorrhéens, Genèse 23:7,3; Nombres 13:30.
Plus tard on les retrouve au nord de Béthel, Juges 1:24, et même ils paraissent
s'être maintenus dans certains districts du pays sous quelques-uns des rois
israélites, 2 Samuel 11:3,6; 23:39. Salomon asservit et rendit tributaires les
restes des Héthiens, 1 Rois 9:20; ce pendant une partie d'entre eux
apparaissent encore indépendants et régis par leurs propres rois sous Joram, roi
d'Israël, 2 Rois 7:6; 1 Rois 10:29. Cette peuplade est encore mentionnée après
l'exil, Esdras 9:1.
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HETHLON,
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ville de la Syrie occidentale, nommée Ézéchiel 47:15;
48:1, comme formant la limite septentrionale de la terre promise. Elle était
sur la Méditerranée, entre Posidium et Laodicée.
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HETSJON-GUÉBER,
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près d'Élath (il ne faut pas confondre ces deux villes
comme le fait Brœm), ville iduméenne, sur le bras élanitique du golfe d'Arabie,
Nombres 33:35; Deutéronome 2:8. Elle avait un port célèbre, duquel Salomon
faisait partir ses vaisseaux pour Ophir, 1 Rois 9:26; 22:49; 2 Chroniques 8:17.
Son nom peut signifier grottes des rochers (des récifs), et d'après Büsching,
le port de cette ville aurait été en effet dominé par une quantité de rochers
très élevés et remplis de cavernes; mais Büsching parle du port de Scherm, qui
est trop éloigné de l'endroit où devait être celui d'Hetsjon-Guéber, et il vaut
mieux chercher le port de Salomon dans la populeuse ville d'Assyun, près
d'Aïla, dont parle Burkhardt. La flotte de Josaphat y périt, 2 Chroniques
20:37, ce qui semblerait confirmer la signification du nom de ce port.
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HETZRON,
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1 Chroniques 2:5,
— Voir: Esrom.
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HEURES,
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— Voir: Jours, et Montres.
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HÉVIENS,
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peuplade cananéenne, établie en Palestine avant
l'arrivée des Hébreux, Genèse 10:17; Exode 3:8,17; 23:23; Josué 3:10. Une
partie d'entre eux habitaient le sud du pays dont ils furent expulsés parles
Philistins, Deutéronome 2:23. Josué 12:8; d'autres étaient fixés au centre, à
Sichem et à Gabaon, Josué 14:19; Genèse 34:2; la plus grande partie cependant
demeuraient au pied de l'Hermon et dans les environs de l'Anti-Liban, Josué
11:3, et même il paraît par Juges 3:3, qu'ils furent repoussés encore plus au
nord-ouest. Au temps de David, on les voit établis dans la contrée du Liban, 2
Samuel 24:7; cf. 1 Rois 9:20. Après Salomon ils disparaissent et leur nom ne se
retrouve plus.
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HÉZER,
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1. 1
Chroniques 4:4, père de Husa, fonda peut-être une ville de ce nom, cf. 2 Samuel
21:18.
2. Le
plus vaillant des guerriers de David, Gadite de naissance, vint au secours de
son roi, lorsqu'il était enfermé à Tsiklag à cause de Saül; il passa le
Jourdain avec ses compagnons, au premier mois, lorsque les eaux de ce fleuve,
grossies par la fonte des neiges, débordent de toutes parts, et ils réussirent
à chasser des vallées environnantes tous les ennemis de David. C'étaient, dit
l'auteur sacré, des hommes forts et vaillants, experts à la guerre, maniant le
bouclier et la lance; leurs visages étaient comme des faces de lion, et ils
semblaient des daims sur les montagnes, tant ils couraient légèrement. On ne
trouve de tels hommes que dans des pays de montagnes, et ils étaient d'autant
plus précieux au pays de Gad, que les tribus transjourdaines étaient, par leur
position, plus exposées aux attaques des ennemis, et moins protégées par leurs
alliées, 1 Chroniques 12:8.
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HEZJON,
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1 Rois 15:18, roi de Syrie, inconnu du reste, que l'on
a confondu, peut-être à tort, avec Rézon, dont il aurait été le successeur.
Après lui vint Tabrimon, son fils, puis Ben-Hadad 1er.
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HIBOU,
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— Voir: Chat-huant.
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HIDDÉKEL,
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Daniel 10:4. C'est le Tigre, de l'aveu de tous les
interprètes; il s'appelle en caldéen Diglath, en syriaque Deklath, en arabe
Diglah. Ce nom s'explique par les langues asiatiques (indo-germaniques): dans
la langue zend le mot Tagur, et en sanscrit le mot Tigra signifient vite,
prompt, rapide; chez les anciens Perses et Mèdes le mot Tigris signifiait
flèche; tedjerem dans la langue zend, et tedjera dans la langue pehlvi,
signifient fleuve. Ces différentes étymologies ou explications conviennent
toutes au Tigre, qui est fort rapide. C'est aussi le nom que Moïse donne à l'un
des quatre fleuves du paradis, Genèse 2:14. Le texte porte qu'il coule à
l'orient de (non pas vers) l'Assyrie, et cette observation cadre avec ce que
nous avons dit à l'article Déluge, q.v. Ceux qui pensent au contraire qu'il
s'agit réellement du Tigre dans le récit de Moïse, expliquent ce verset en
disant que, quoiqu'une partie du territoire de l'ancienne Assyrie se soit
trouvée sur les bords orientaux du Tigre, la plus grande partie de ce royaume
dans le temps de sa prospérité, sous Salmanasar et Sanchérib, s'étendait vers
l'occident.
Le Tigre jaillit de plusieurs sources différentes qui
ne se réunissent qu'à Hasn Keifa, au sud de Diarbek; il devient navigable à
Mossoul, tombe à 12 kilomètres de cette ville en une cataracte de 40 mètres de
haut, puis se dirige vers le sud jusqu'à Bagdad où il commence à porter de
grands navires et des bateaux à vapeur. Il reçoit plusieurs affluents, se
rapproche lentement de l'Euphrate, et le reçoit enfin dans ses eaux près de
Korné, où il prend le nom de Schat-el-Arab. Son cours total est de 1240
kilomètres Les anciens le regardaient déjà comme un des plus beaux fleuves de
l'Asie, en même temps que comme un des plus rapides; il n'est pas rare, surtout
à l'époque de la fonte des neiges, de le voir déborder. Sa largeur à Mossoul
est de 100 mètres, à Bagdad de plus de 200; à Bassora sa profondeur est telle
qu'il peut porter des vaisseaux de 40 canons et de 500 tonneaux. Ses eaux sont
blanches et peu estimées; elles purgent légèrement ceux qui n'en ont pas
l'habitude.
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HIDDO,
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1. 2
Chroniques 12:15; 13:22, prophète; il a écrit, avec Sémahia, des mémoires sur
les guerres de Roboam et de Jéroboam et sur le règne d'Abija. Si c'est le même
que Jeddo (9:29), comme le pensent quelques auteurs, il aurait encore écrit
quelque chose sur le règne de Salomon.
2. Père
de Barachie, et grand-père du prophète Zacharie, Zacharie 1:1. Il est noté,
Esdras 5:1; 6:14, comme père de Zacharie, par l'habitude des généalogistes de
ne compter que les personnes les plus connues de chaque famille, en omettant
les chaînons intermédiaires moins importants: on peut conclure de là que Hiddo était
plus connu que son fils, et le passage d'Esdras 5:1; laisse incertain s'il n'a
pas été prophète lui-même.
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HIEL.
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Un verset raconte toute son histoire. «En son temps
(sous Achab), Hiel de Béthel bâtit Jérico, laquelle il fonda sur Abiram son
premier-né, et posa ses portes sur Ségub son puîné, selon la parole que
l'Éternel avait proférée par le moyen de Josué, fils de Nun.» 1 Rois 16:34; cf.
Josué 6:26.
— C'est court et solennel. Un impie hébreu qui ne
pouvait pas ignorer la prophétie de Josué, veut, en dépit des menaces de
l'Éternel, essayer de reconstruire une ville maudite; il réussit, mais la
prophétie cinq fois séculaire le frappe, son fils aîné meurt pendant qu'on jette
les fondements, le second meurt quand les travaux sont à peu près achevés, et
qu'on pose les portes de la ville rétablie. Peu importe le genre de maux dont
ils furent frappés, une maladie ou un accident; nous ne le savons pas: on peut
croire qu'ils périrent de mort violente, en suite même des travaux qui se
faisaient, que le gage du péché fut la mort, et qu'ils trouvèrent leurs
tombeaux sous des décombres et des éboulements.
— Voir: Jérico.
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HIÉRAPOLIS,
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Colossiens 4:13, ville de la grande Phrygie, à l'est
de Colosses, et à 6 milles nord de Laodicée; elle était célèbre par ses
nombreuses sources minérales et par une grotte d'où s'exhalaient des vapeurs
fétides, dans laquelle, dit-on, les prêtres seuls de la magna mater pouvaient
entrer sans danger, Pline 2, 95. Épaphras, de Colosses, a porté l'Évangile
jusque dans cette ville, et Paul lui rend un beau témoignage à cet égard.
Hiérapolis s'appelle maintenant Pampuk Kulasi (château de coton); elle est
bâtie sur un sol blanc et rocailleux.
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HIJON,
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ville forte de Nephthali, 1 Rois 15:20; 2 Chroniques
16:4. Elle fut prise par Ben-Hadad sur Bahasa, roi d'Israël.
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HILEN,
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ville lévitique de la tribu de Juda, 1 Chroniques
6:58.
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HILKIJA,
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1. père
d'Éliakim, Ésaïe 36:3.
2. Hilkija,
souverain sacrificateur sous Josias, 1 Chroniques 6:13; 2 Rois 22:4; 2
Chroniques 34:9, fut chargé, par ce pieux monarque, de veiller au recouvrement
des impôts du culte et des offrandes du peuple, et d'administrer la somme
recueillie, en la distribuant à ceux qui travaillaient aux réparations du
temple. Cette réformation, à laquelle travaillaient de concert le chef
politique de la nation et le chef du culte, fut bénie d'en haut, et l'Éternel
fit trouver à Hilkija, au milieu des objets sacrés que l'on sortait d'une
longue poussière, le saint livre de la loi (623 avant J.-C.). C'était, sans
aucun doute, le Pentateuque tout entier (cf. Deutéronome 17:18; 31:9,26) que
Moïse avait fait placer à côté de l'arche de l'alliance pour y être conservé,
et qu'un prêtre fidèle aura enlevé dans des temps de persécution, sous Athalie,
Achaz ou Manassé, pour le préserver d'une destruction sacrilège; on peut croire
même que c'était l'autographe de Moïse, car il sérail étonnant qu'il n'y eût eu
à la connaissance de Josias aucun exemplaire du saint livre dans tous ses
États, et que la simple découverte d'une copie eût produit sur lui une telle
impression qu'il déchirât ses vêtements dans sa douleur: il connaissait la loi
de Dieu, mais la vue de l'exemplaire primitif auquel se rattachaient tant de
souvenirs, lui rappela sans doute, avec une nouvelle force, les égarements
d'Israël et les outrages faits à la sainteté divine. Josias envoya aussitôt
Hilkija avec quelques autres consulter Hulda la prophétesse, qui répondit en
annonçant un règne prospère au pieux Josias, mais des calamités prochaines à
ses successeurs. Hilkija, soutenu par la parole de Dieu, continua son œuvre
réformatrice et acheva de purifier le temple, et de détruire les hauts lieux.
Bientôt la Pâque fut célébrée, «et certainement jamais Pâque ne fut célébrée ni
dans le temps des juges, qui avaient jugé en Israël, ni dans tout le temps des
rois d'Israël et des rois de Juda, comme cette Pâque qui fut célébrée en
l'honneur de l'Éternel dans Jérusalem, la dix-huitième année du roi de Josias»,
2 Rois 23:22; 2 Chroniques 35:8. Hilkija, qui y présida, se distingua par une
riche offrande; il donna, avec Zacharie et Jéhiel, 300 bœufs et 2,600 agneaux
ou chevreaux. Quelques années plus tard, l'impiété releva la tête, et ne la
baissa plus qu'en traversant le Jourdain pour se rendre dans l'exil, où elle
s'éteignit.
— Fils de Sallum, ou peut-être son petit-fils, et fils
d'Hazaria, Hilkija devait être fort âgé, puisque son père avait servi sous Ézéchias,
et qu'il avait dû traverser dès lors les cinquante-cinq années de Manassé, les
deux d'Amon, et les douze premières de Josias.
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HIN,
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mesure creuse des Hébreux pour les liquides, la
sixième partie du bath, un peu plus de quatre pintes d'après Calmet (litres, 5,
83).
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HINNOM, ou Gué-Hinnom,
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1. inconnu,
peut-être propriétaire d'une possession dans la vallée à laquelle il a donné
son nom.
2. Vallée
de Hinnom, ou Gué-Hinnom, Josué 15:8, Gué-Ben-Hinnom, 2 Rois 23:10, vallée
délicieuse au sud-sud-est de Jérusalem, servant de limite entre les tribus de
Juda et de Benjamin, Josué 18:16. Elle touchait à l'occident à la vallée de
Guihon, et à l'orient à celle de Josaphat. Agréable et fertile, elle était
couverte d'arbres verdoyants, et l'on y trouvait les jardins des rois. Plus
tard, Jérusalem idolâtre et parjure y sacrifia sous ses ombrages, et entendit
les cris des enfants brûlés dans les bras de Moloc, 2 Rois 23:10; Ésaïe 30:33.
Josias le réformateur mit fin aux abominations qui s'y commettaient: il profana
cette vallée, dit l'auteur sacré, et on ne la nomma plus qu'avec horreur
(Topheth), cf. Jérémie 19:13. Elle devint une place maudite, un lieu
d'exécution pour les criminels, et la grande voirie de Jérusalem. Son nom de
Gué-Hinnom, ou en grec géhenne, servit à désigner les malheurs temporels et
éternels les plus grands, Matthieu 5:22; Marc 9:43; Luc 12:5; Jacques 3:6.
— Voir: encore Néhémie 11:30; Jérémie 7:31; 19:2;
32:35.
On peut lire sur ce sujet (Topheth), une courte mais
intéressante note de M. Stapfer, dans l'Histoire de la Révolution d'Angleterre
de M. Guizot.
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HIR
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(ville),
1. Hir-Hammélach,
ville du désert de Juda, Josué 15:62. Nos versions l'ont traduit d'après sa
signification littérale, la ville du sel.
2. Hir-Nahas,
ville de Juda, fondée par Téhinna, 1 Chroniques 4:12.
3. Hir-Sémès
(ville du soleil), Josué 19:41, ville de la tribu de Dan, peut-être la même que
Beth-Sémès.
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HIRA
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de Hadullam, intime ami de Juda, fut l'entremetteur de
son mariage d'abord, puis de ses débauches, Genèse 38:1,12,20. Triste amitié!
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HIRAM, ou Hirom ou Huram,
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1. roi
de Tyr, contemporain de David, fit féliciter ce monarque lors de son avènement
au trône, et lui fournit, en ouvriers et en bois de cèdre, tout ce qui lui
était nécessaire pour la construction de son magnifique palais; on ne sait s'il
était allié ou tributaire de David. Quelques-uns (Calmet, Winer) l'ont confondu
avec le suivant, et le font ainsi vivre pendant les quarante années du règne de
David, et pendant une grande partie de celui de Salomon, ce qui ne concorde
guère avec les autres données que nous possédons.
2. Hiram,
Hirom, ou Huram, petit-fils du précédent et fils d'Abibal, 1 Rois 5:1; 9:11,27;
10:11; 2 Chroniques 2:3; 8:2,18; 9:10, fut contemporain de David et se trouvait
sur le trône de Tyr lorsque Salomon monta sur celui d'Israël. Il le lit
féliciter lors de son avènement, et vécut avec lui dans la plus étroite amitié,
sans qu'on sache s'il a été son vassal ou son allié. Lorsque Salomon entreprit
de construire le temple, Hiram lui fournit du bois de cèdre et du sapin en
abondance, et reçut en échange du vin, du froment et de l'huile; il lui fournit
encore 120 talents d'or, en payement desquels Salomon lui donna vingt villes ou
villages de la Galilée, situées probablement en dehors des limites du pays, et
que Hiram refusa; car, après les avoir visitées, il trouva que c'était un don
peu généreux, et les appela, par dérision, Cabul (q.v.). C'étaient des villes à
moitié désertes et des terres difficiles à cultiver; il les rendit à Salomon.
Mais il ne paraît pas que leur amitié ait souffert de cet épisode: car, au dire
de Flavius Josèphe, ils continuèrent une correspondance d'énigmes à résoudre,
se payant des amendes l'un à l'autre lorsqu'ils ne pouvaient en deviner le mot.
Ces deux princes firent encore ensemble le commerce du pays d'Ophir, les
Hébreux plus riches, les Tyriens plus habiles dans le maniement des vaisseaux:
ils s'aidèrent mutuellement dans ces lointaines entreprises, et mirent en
commun leurs différents avantages. Hiram mourut après trente-trois années d'un
règne heureux et paisible, ayant embelli sa capitale et fait prospérer son
royaume; il avait cinquante-trois ans. Son nom se retrouve dans les auteurs
profanes qui ont écrit l'histoire des rois de Tyr avant Flavius Josèphe.
3. Hiram
ou Huram, fils d'une veuve de la tribu de Nephthali ou de Dan, 2 Chroniques
2:14, et d'un père tyrien; il était fort expert en toutes sortes de travaux
d'airain, et Hiram, roi de Tyr, l'envoya à Salomon pour l'aider dans les
principaux et les plus délicats ouvrages de l'intérieur du temple, les
colonnes, les pommes de grenade, la grande mer portée par douze bœufs, etc., 2
Chroniques 4:11; 1 Rois 7:13. Il est surnommé Abi (mon père), soit que ce fût
un nom propre, soit que le roi de Tyr lui eût donné ce titre d'honneur pour le
recommander d'autant plus à Salomon.
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HIRONDELLES.
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Ce nom a servi chez différents interprètes pour la
traduction de quatre mots hébreux:
a. Hatalleph
(Luther), qu'il faut rendre par chauve-souris, q.v.
b. Deror.
Psaumes 84:3; Proverbes 26:2 (les rabbins, nos versions, Gesenius, De Wette,
Umbreit). D'autres le traduisent par colombe; d'autres par tourterelle sauvage;
d'autres enfin (Forskal, Harris, etc.) entendent par là un oiseau de passage
connu en Égypte sous le nom de dururi, qui quitte la Haute Égypte vers la fin
d'octobre, pour se rendre à Alexandrie, où il passe l'hiver.
c. Hagour,
Ésaïe 38:14; Jérémie 8:7 (nos versions, Gesenius). La comparaison des deux
passages montre qu'il s'agit non seulement d'un oiseau de passage, mais encore
d'un oiseau au cri lugubre et triste, caractère que ne présente pas
l'hirondelle: il vaut donc mieux peut-être suivre l'opinion de Bochart (Harris,
Winer) qui entend par hagour la grue, de même que le targum caldéen et la
version arabe. Bochart allègue plusieurs passages des anciens qui prouvent que
dans l'antiquité on attribuait à cet oiseau un cri lugubre.
d. Sous
ou sis, Ésaïe 38:14; Jérémie 8:7. Calvin, Luther, nos versions, et l'anglais,
le rendent par grue; mais il est préférable de le traduire par hirondelle avec
les Septante, la Vulgate, Jérôme, Théodotion, Bochart, Lowth, Gesenius et
Harris. Ce dernier auteur rappelle que les Italiens des environs de Venise
nomment l'hirondelle zizalla, et son cri zizallare, et il cite ces deux vers
latins:
Regulus, atque Merops, et rubro pectore Progne
Coutimili modulo ziuzulare sciuat.
D'après ces observations on pourrait, dans nos
traductions, laisser subsister le nom d'hirondelle, Psaumes 84:3; Proverbes
26:2, et il faudrait intervertir l'ordre des mots, c'est-à-dire mettre «comme
l'hirondelle et comme la grue.» Ésaïe 38:14; Jérémie 8:7, en réservant
toutefois l'incertitude ordinaire sur ces noms d'histoire naturelle.
Ajoutons que le nom de sous sert aussi à désigner le
cheval; la racine (inusitée) de ce mot signifie se réjouir, s'ébattre,
s'élancer, et peut s'appliquer au galop joyeux et libre du coursier, comme au
vol rapide et gai de l'agile hirondelle. Hagour, de hagar, tourner, aller et
venir, se rapporte soit aux migrations régulières des oiseaux de passage, soit
au vol de la grue qui s'élève et s'abaisse tournant toujours en spirale. Deror,
de darar, tourner rapidement, voler en décrivant un cercle, peut s'appliquer,
de même que hagour, au vol de l'hirondelle et d'autres oiseaux rapides et
gracieux.
Moïse n'a rien dit sur la pureté légale de la chair de
l'hirondelle, d'où l'on conclut qu'elle n'était pas interdite.
— Jérémie, l, c., se sert de l'instinct bien connu des
oiseaux émigrants pour humilier le peuple qui se dit sage, en lui montrant
qu'il ne reconnaît pas le droit de l'Éternel, qu'à cet égard il est sans
intelligence et par conséquent au-dessous des animaux qui, dans leur petite
sphère, savent cependant s'orienter et se diriger, choisir le bien et prévenir
le mal; cf. Ésaïe 1:3.
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HISTOIRE.
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Outre les traditions de famille, qui étaient pour les
Hébreux la principale source de leur histoire, ils avaient des monuments qui
étaient contemporains d'âges antérieurs, auxquels certains souvenirs avaient été
plus particulièrement rattachés; quelquefois c'étaient des pierres brutes,
qu'un homme dressait en mémoire d'un fait remarquable dont il avait été le
témoin, Genèse 28:18; 31:45; Josué 4:9; 1 Samuel 7:12 (comme, de nos jours
encore, les intrépides voyageurs qui réussissent pour la première fois à
atteindre le sommet de montagnes encore vierges, l'Ararat, la Jungfrau, etc., y
plantent une croix ou telle autre signe de prise de possession); d'autres fois
c'étaient des arbres qui, par leur force de vie, promettaient d'occuper
longtemps la place, des chênes ou des térébinthes (les Suisses avaient leur
tilleul d'Altorf, et chaque nation compte quelques mémoriaux de cette espèce).
Quelquefois encore les Hébreux avaient leurs chants historiques, Exode 15; Nombres
21:14; Juges 5, cf. Josué 10:13; 2 Samuel 1:18, ou bien des sentences
proverbiales, 1 Samuel 10:12; 19:24; 2 Samuel 5:8, des noms significatifs, des
fêtes solennelles, Exode 12:25; Juges 11:40, etc.
On ne peut préciser comment, ni à quelle époque, ils commencèrent
à écrire l'histoire; peut-être débutèrent-ils par des chants historiques,
peut-être même par les généalogies, qui étaient en quelque sorte le fond, le
cadre de leur histoire, et que les Orientaux de nos jours estiment encore à une
si grande valeur, Genèse 5:10:25, etc.
— Sous les successeurs de David, on voit déjà quelques
annalistes; ils appartiennent pour la plupart soit aux officiers de la cour,
soit surtout à l'école des prophètes, 1 Rois 4:3; 2 Rois 18:18,37; 2 Chroniques
34:8; Ésaïe 36:3,22. Les cours orientales avaient également leurs
historiographes, cf. Esther 10:2; Esdras 4:15; 6:2.
— C'est par des prophètes qu'ont été écrits les livres
historiques de l'Ancien Testament; ils citent eux-mêmes les biographies dont
ils se sont servis, et qu'ils se sont parfois bornés à extraire.
On peut remarquer, pour l'ensemble des ouvrages
historiques de l'Ancien Testament, qu'il s'y trouve une complète absence de
préoccupation chronologique: comparés les uns avec les autres, ils présentent
des contradictions inconciliables, dont on peut mettre les unes sur le compte
des copistes, les autres sur ce que, peu sou cieux de la chronologie, un
historien comptait à double certaines années, celles, par exemple, pendant
lesquelles un fils avait été associé à son père sur le trône; compte exact
aussi longtemps peut-être qu'il ne s'agit que de la vie d'un seul homme, mais
inexact lorsqu'on résume l'histoire de la nation par celle de ses rois. On
trouvera dans des considérations de ce genre la clef de presque toutes ces
inexactitudes dont on a tant parlé: un mot répond à tant d'attaques, c'est que
le but de l'historien sacré n'était pas de fournir aux chronologistes modernes
des dates et des jalons pour leurs époques, mais de donner aux enfants de Dieu
la nourriture dont ils avaient besoin, les leçons d'un peuple riche en
expériences de tous genres. Il est remarquable de voir aussi la manière dont
l'histoire est racontée dans ces livres de Dieu; ce ne sont pas les rois qui
gagnent les batailles, ni les peuples qui se délivrent à main forte et à bras
étendu, ni les conseils qui délibèrent, mais partout intervient l'action
providentielle, la main suprême, le conseil de Dieu. Si l'histoire des autres
peuples et des autres temps avait été écrite par le même Esprit, combien elle
ressemblerait peut-être à celle des Juifs, combien d'instructions on y
trouverait encore! Qu'on se représente l'histoire de France, les croisades, la
réformation, les guerres de la ligue, les massacres des protestants, écrits
comme les livres de Samuel ou des Rois!
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HIWAH,
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— Voir: Hava.
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HOBAB,
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Nombres 10:29. Quelques auteurs confondent Hobab avec
Jéthro son père, le beau-père de Moïse, appliquant le nom de beau-père, dans le
passage indiqué, à Hobab et non à Réhuel comme il faut le faire; Réhuel n'est
qu'un surnom de Jéthro, et Hobab est ainsi le beau-frère de Moïse. On pense
que, lorsque Jéthro retourna dans son pays, il laissa auprès de Moïse Hobab son
fils qui, après avoir d'abord refusé, finit, sur les instances et les promesses
de Moïse, par consentir à servir de guide aux Israélites. Il paraît que dès
lors il resta avec le peuple dont son parent était le chef, et on voit ses
enfants sous les juges, à l'époque de Débora, habitant quelques déserts
d'Israël, près de Kédès, Juges 4:11.
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HOBAH,
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Genèse 14:15 (Beaucoup d'éditions, et même la
Concordance de Mackenzie, portent Hobar; c'est une faute d'impression.) C'était
une ville, ou un bourg, dans la plaine fertile de Damas, à gauche, par
conséquent au nord de cette ville. Abraham, à la tête de ses serviteurs,
poursuivit jusque-là les rois qui avaient dépouillé Lot son neveu, Genèse
14:14-16. Calmet pense que c'est Abila, dans la vallée entre le Liban et
l'Anti-Liban; Schrœder mentionne un village de ce nom qui subsisterait encore
dans cette contrée.
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HOBAL, ou Hébal,
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Genèse 10:28, ou Hébal, 1 Chroniques 1:22, peuplade
arabe de la race des Joktanides. Bochart pense aux Avalites, petite tribu
troglodyte qui habitait les côtes orientales de l'Afrique près du détroit de
Babel-Mandeb; d'autres ont comparé la peuplade iduméenne des Gobolites, mais
c'est déjà moins probable: on ne peut rien affirmer.
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HOBED-ÉDOM,
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Lévite de Gath-Rimmon dans la tribu de Dan, 2 Samuel
6:10; 1 Chroniques 13:13. L'arche était depuis soixante-dix ans dans la maison
d'Aminadab, lorsque David, peu après son avènement au trône, résolut de la
transporter à Jérusalem. Effrayé peut-être par la mort de Huza, il n'osa pas
accomplir son dessein et se borna à la déposer dans la maison d'Hobed-Édom, qui
se trouvait près delà et, à ce que l'on peut croire, sur le bord du chemin.
Hobed-Édom ne craignit pas de recevoir chez lui ce dépôt sacré, et la présence
de l'Éternel fut en bénédiction à sa famille tout entière. Hobed-Édom eut huit
fils et soixante-deux petits-fils, «car Dieu l'avait béni», et sa postérité fut
attachée au service du temple, les uns comme portiers à la porte du midi, les
autres comme trésoriers, 1 Chroniques 26:4,8,15; 2 Chroniques 25:24.
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HODED.
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1. Père
du prophète Hazaria, q.v.
2. Hazaria
lui-même, 2 Chroniques 15:8.
3. Autre
prophète, qui provoqua la démarche généreuse de Hazaria (#5.) et de ses amis
auprès de l'armée triomphante de Pékach, roi d'Israël, et qui fit mettre en
liberté les prisonniers de Juda. 2 Chroniques 28:9.
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HOG,
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roi de Basan, guerrier fort et vaillant, le dernier
descendant des Réphaïms, Deutéronome 3:11; Nombres 21:33; 32:33; Deutéronome
1:4; 3:1; 29:7; 31:4. Il possédait soixante forteresses ou villes fortifiées,
non compris les villes et les villages. Après que Sinon eut été défait par
Moïse, Hog, craignant les progrès d'un pareil adversaire, résolut de le
prévenir; il rassembla son peuple et s'avança jusqu'à Édréhi contre l'armée des
Hébreux, mais il fut taillé en pièces et perdit la vie avec la bataille.
— Pour nous donner une idée de sa taille gigantesque,
Moïse dit que son lit avait neuf coudées de longueur, et quatre de largeur, ce
qui suppose toujours une taille extraordinaire en admettant même un peu de luxe
dans les dimensions. On retrouva plus tard, à Rabbath-Hammon, un lit de fer de
la grandeur indiquée, que la tradition disait être le même que celui de Hog,
mais ce n'est pas prouvé.
— Le nom de Hog est plusieurs fois rappelé dans
l'Écriture, Josué 2:10; 9:10; 12:4; 13:12; Psaumes 135:11; 136:20; Néhémie
9:22, etc., comme une preuve de la miséricorde et de la fidélité divines.
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HOLOCAUSTE,
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sacrifice qui se distinguait de tous les autres en ce
que la victime était entièrement consumée, sauf la peau, qui devenait la
propriété du sacrificateur, Lévitique 1:6; 7:8, C'était donc dans l'holocauste
que l'idée fondamentale du sacrifice se trouvait le plus complètement réalisée;
aussi voyons-nous que ces sacrifices ont commencé les premiers; ils datent du
déluge, peut-être de la création, Genèse 8:20; 4:4; ce sont aussi les
holocaustes qu'on offrait le plus fréquemment, tous les jours pour le peuple,
Nombres 28:3; Exode 29:18, dans les grandes fêtes solennelles, Lévitique 23:37,
pour les différentes purifications, Lévitique 12:6; 14:19; 15:15, et en général
avec presque tous les autres sacrifices, q.v., Nombres 15:8; 2 Rois 16:13,15.
________________________________________
HOLON,
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1. ville
lévitique des montagnes de Juda, et ville de refuge pour les meurtriers
involontaires, Josué 15:51; 21:15.
2. Ville
moabite, située probablement dans la partie de Moab appelée la plaine, Jérémie
48:21, mais du reste inconnue. Winer pense à Horonajim.
________________________________________
HOMER, ou Chomer, ou ghomer,
________________________________________
1. ou
Chomer, mesure creuse des Hébreux pour les choses sèches: elle contenait 10
baths (350 litres), Ézéchiel 45:11,14. C'est la même mesure que le core,
Ézéchiel 45:14. Nombres 11:32.
2. Le
homer ou ghomer, Exode 16:16,36; Osée 3:2, était la dixième partie de l'épha,
et contenait ainsi cent fois moins que le précédent (3 litres,50): c'est de
cette mesure que se servaient les Israélites pour recueillir la manne du
désert.
________________________________________
HOMRI,
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sixième roi d'Israël, 1 Rois 16:16. Général en chef
des armées d'Éla, il assiégeait pour son maître la ville de Guibbethon, lorsqu'il
apprit qu'Éla avait été assassiné par Zimri, et qu'à son cri me le meurtrier
avait ajouté celui de l'usurpation. Zimri n'avait pas pour lui la sanction
populaire; l'armée se pressa au tour d'Homri, le nomma roi et partit avec lui
pour aller assiéger dans Tirtsa, la capitale d'Israël, celui qui lui disputait
la couronne. Au bout de huit jours la ville fut prise; Zimri, plutôt que de se
rendre, mit le feu au palais, et périt dans les flammes, 929 avant J.-C.
Cependant un parti de mécontents suscita au nouveau roi un second rival dans la
personne de Tibni; les armées étaient à peu près égales, la guerre civile
recommença, on se battit pendant quatre ans. Homri unit par triompher, et dès
lors il régna en paix sur les dix tribus réunies. Après être demeuré deux ans à
Tirtsa, dont le palais royal était détruit, il acheta pour deux talents
d'argent la montagne de Samarie, où il bâtit la ville de ce nom, et y
transporta le siège de son royaume, l'an 924. Il mourut en 918, après un règne
de onze ou douze ans, ayant surpassé en iniquités tous ses prédécesseurs. Il
fut le chef de la dynastie qui donna à Israël Achab et Hatalie; il paraît
n'avoir pas été dépourvu de talents administratifs et politiques, et travailla,
par le mariage de son fils Achab avec une princesse phénicienne, à consolider
sa ramille sur le trône,
— Voir: 2 Rois 8:26; 2 Chroniques 22:2; Michée 6:16.
Les versets 15, 23 et 29; de 1 Rois 16, offrent
quelques difficultés chronologiques: d'après le verset 15, Zimri, et par
conséquent Homri, commence à régner la vingt-septième année d'Asa. Dans la
trente et unième année d'Asa, verset 23, Homri a déjà régné six ans, et doit en
régner encore six; enfin, verset 29, Homri meurt et Achab lui succède dans la
trente-huitième année du même roi de Juda. Les douze années d'Homri sont donc
comprises entre la vingt-septième et la trente-huitième d'Asa; elles doivent
ainsi se réduire à onze années et une fraction; de plus, les deux moitiés du
règne d'Homri sont marquées par la trente et unième d'Asa, ce qui ferait exactement
quatre ans pour la première moitié et sept pour la seconde. Partant delà
vingt-septième année d'Asa, et admettant qu'Homri n'a pas régné douze années
pleines, on arrive bien à placer sa mort dans la trente-huitième d'Asa, entre
918 et 919. Quant au détail du verset 23, il marque le commencement de la
partie paisible du règne d'Homri, sans appuyer sur la parfaite égalité des deux
moitiés, la première, comprenant cinq années (27-31), la seconde, six et une
fraction (31 ou 32-38).
________________________________________
HOPHEL,
________________________________________
1. 2
Chroniques 27:3; 33:14, un des quartiers de Jérusalem, situé à l'orient, sur
une éminence voisine du temple et du torrent de Cédron, et occupée depuis le
retour de l'exil par les Néthiniens attachés au service du temple rebâti,
Néhémie 3:26; 11:21 .
— Michée 4:8, le mot Hophel désigne appellativement le
temple et la ville de Jérusalem tout entière; c'est une prophétie que Michée
rapporte lui-même, verset 10, au retour de la captivité, et dont Néhémie
3:26-27, est le littéral accomplissement.
2. 2
Rois 5:24, au lieu de lieu secret, il faut lire Hophel, endroit inconnu du
centre de la Palestine.
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HOPHNI, et Phinées,
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1. ville
de Benjamin, Josué 18:24.
2. Hophni
et Phinées, fils d'Héli, 1 Samuel 1:3; 4:4,11,17. Ces deux malheureux jeunes
prêtres furent pendant plusieurs années le scandale du peuple juif; abusant de
leur position pour s'enrichir, ils extorquaient à force de menaces et de
violences une part des offrandes consacrées, et, joignant la débauche à la
cupidité, s'abandonnaient ouvertement à la corruption la plus grossière,
jusqu'à séduire les femmes qui se rassemblaient par troupes à la porte du tabernacle
d'assignation. Ils ne se laissèrent pas arrêter dans leurs débordements par les
sages, mais trop faibles conseils de leur père, et achevèrent de déshonorer
leur charge en méprisant les avis du souverain sacrificateur. Des hostilités
ayant éclaté entre les Israélites et les Philistins, Hophni et Phinées
touchèrent à l'arche sainte pour se donner la victoire, et l'emmenèrent de Silo
dans le camp, malgré l'expresse défense de l'Éternel. Au lieu de la résidence
du Dieu fort, cette arche ne fut pour eux qu'un talisman humain, et après
l'avoir vu tomber entre les mains de l'ennemi, ils succombèrent eux-mêmes dans
la bataille, 1117 avant J.-C., 1 Samuel 4.
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HOPHRA,
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1. un
des Pharaons, roi d'Égypte, et selon toute probabilité le même qui est connu
dans l'histoire profane sous le nom d'Apriès ou Vaphrès, fils et successeur de
Psammuthis, et huitième roi de la vingt-sixième dynastie. Après une heureuse
guerre contre les Cypriens et les Phéniciens, il fit contre les Cyrénéens une
campagne dans laquelle il fut défait; en même temps son peuple se révoltait
contre lui, sous la conduite d'Amasis, et Nébucadnetsar attaquait son royaume.
Pressé par ces deux ennemis, et n'ayant plus autour de lui qu'une faible armée,
il tomba entre les mains d'Amasis, qui le fit périr et lui succéda.
— Sédécias avait recherché l'alliance d'Hophra contre
Nébucadnetsar, Ézéchiel 17:15, et cette alliance lui avait été de quelque
secours lors du dernier siège de Jérusalem, Jérémie 37:5,7 (586 avant J.-C.),
mais elle devait présider à la perte de l'un et de l'autre royaume. Lorsque
plus tard quelques Juifs menés par Hazaria et Johannan voulurent profiter,
malgré les menaces de Jérémie, de la liberté d'établissement que Hophra leur
accordait en Égypte, Jérémie leur annonça la triste fin de ce royaume d'Égypte
et son renversement, Jérémie 43:9; 44:30; 46:25.
Les prophéties d'Ézéchiel, chapitre 29 et suivant,
contre Pharaon, devaient s'accomplir sous Hophra, le dernier roi de sa
dynastie, mais elles ne se rapportaient à ce roi que comme roi et non comme
individu.
2. Hophra,
ville de la tribu de Benjamin dans la partie nord-est, située d'après Eusèbe, à
cinq milles est de Béthel, 1 Samuel 13:17. Quelques-uns pensent que c'est la
même que Haphra, Michée 1:10.
3. Patrie
et demeure de Gédéon dans la tribu de Manassé, Juges 6:11,24; 8:27. Le récit
n'indique pas clairement si elle était au-delà ou en deçà du Jourdain; il me
paraît cependant probable, contre l'opinion la plus répandue, qu'elle était en
deçà, du même côté que fut livrée la bataille entre Gédéon et les Madianites.
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HOR,
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1. nom
d'une montagne au sud-est de la Palestine, aux confins de l'Idumée, à l'est
d'El-Araba, qui fait partie du désert de Tsin: c'est là que mourut Aaron,
Nombres 33:38; cf. 20:22; l'on y montre encore son tombeau. Elle porte le nom
de Dshebel-Nabi-Harun (montagne du prophète Aaron), ou de Sidna-Harun.
2. Il
y avait encore une autre montagne du même nom au nord de la Palestine, dont
elle formait la frontière septentrionale. Nombres 34:7-8.
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HOREB et Zéeb.
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1. Horeb
et Zéeb, deux chefs madianites que les Éphraïmites firent prisonniers au
passage du Jourdain, lorsqu'ils fuyaient devant Gédéon; le premier fut mis à
mort auprès d'un rocher auquel il donna son nom; l'autre dans un pressoir qu'il
s'était choisi pour refuge, ou dont on lui avait fait une prison.
— Voir: encore Psaumes 83:12; Ésaïe 10:26.
2. Horeb
est le nom que l'on trouve Deutéronome 1:6; 4:10; etc., pour désigner la
montagne sur laquelle fut donnée la loi, et qui est appelée Sinaï dans les
autres livres du Pentateuque;
— Voir: aussi Malachie 4:4.
C'était le nom particulier d'une des sommités du
Sinaï, probablement de la pointe inférieure, de celle par laquelle on passe
pour arriver au Sinaï proprement dit, q.v.
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HORIENS,
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peuplade des frontières méridionales de la Palestine,
habitant les montagnes de Séhir, dont elle fut plus tard repoussée par les
Édomites, Genèse 14:6; Deutéronome 2:12,22. Elle était divisée en plusieurs
tribus, Genèse 36:20, et vivait, ainsi que son nom l'indique (hor, trou) dans
ces cavernes et ces fentes de rochers si abondantes dans les montagnes de
l'Idumée. D'après Michaélis, ils auraient été d'origine cananéenne. Calmet
suppose que les Grecs auront emprunté leur mot héros,
ήρως, à l'hébreu horim, qui est pris quelquefois dans le
sens appellatif de grands, puissants, comme ils ont pris leur mot
άναξ à l'hébreu Hanak, le père des Hanakins.
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HORMA
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(interdit), d'abord appelée Tsephath, ville
cananéenne, et résidence royale, Josué 12:14; Nombres 14:45; 21:3. Elle fut
détruite par les tribus de Juda et de Siméon, et successivement donnée en
partage à la première, puis à la seconde des tribus, Josué 15:30; 19:4; 1
Chroniques 4:30;
— Voir: encore 1 Samuel 30:30.
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HORONAJIM,
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ville moabite, Ésaïe 15:5; Jérémie 48:3,5,34,
probablement située sur une colline. Elle a donné naissance à Samballat
gouverneur perse en Palestine, Néhémie 2:10,19. Plus tard elle fut jointe au
territoire de la Judée, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 14, 15; 4.
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HORPA,
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Moabite, belle-fille de Nahomi, épouse de Mahlon (?),
et belle-sœur de Ruth. Elle essaya de suivre sa belle-mère lorsque celle-ci,
pressée par la famine, quitta Moab pour Israël; mais Nahomi lui ayant
représenté le peu de chances de bonheur qu'il y avait pour elle, et l'ayant
engagée dans son intérêt à ne pas l'accompagner jusqu'au terme de son voyage,
Horpa, moins forte et moins dévouée que Ruth, se laissa ébranler, pleura et
repartit.
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HOSA,
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ville sur les frontières de la tribu d'Aser, Josué
19:29.
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HOSÉE.
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1. Dix-neuvième
et dernier roi d'Israël, fils d'Éla, 2 Rois 15:30; 17:1. Il succéda à Pékach
contre qui il avait conspiré, et qu'il fit mettre à mort, mais il ne put monter
sur le trône qu'après neuf ou dix ans d'une affreuse anarchie. Moins coupable
que ses prédécesseurs, il ne suivit cependant pas la bonne voie; éminemment
faible, il laissa subsister l'idolâtrie dans ses états, mais sans s'opposer aux
prophètes et aux saints messagers de la repentance et de la loi. Salmanéser roi
d'Assyrie, fils de Tiglath-Piléser, marcha contre lui, l'asservit et lui imposa
un tribut; mais quelque temps après, ayant fait alliance avec le roi d'Égypte,
Hosée crut pouvoir secouer le joug, et refusa de payer le tribut: ce fut le
dernier acte de la politique .d'Israël. Salmanéser revint, assiégea Samarie, la
prit, égorgea une partie de ses habitants, et emmena en exil le roi et l'élite
de la nation.
Ainsi
furent accomplies les prophéties d'Ésaïe, 5:7,13-19,22-30, et d'Osée 8:5,7;
9:7, etc.
D'après 2 Rois 15:30, Hosée commença à régner la
vingtième année de Jotham (739 avant J.-C.), et d'après 2 Rois 17:1, ce ne fut
que la douzième année d'Achaz (729); le même historien aurait donc, dans le
même livre et dans deux passages presque successifs, établi une différence de
dix ans entre deux données sur le commencement d'un règne qui a dû être
célèbre; il est évident qu'il ne saurait y avoir là de contradiction;
l'inspiration même n'est pas en cause, mais le simple tact, le bon sens, la
réflexion de l'historien. Le premier passage fixe l'année de la mort du
précédent roi, celle où Hosée commence à se mettre à la tête des affaires, et à
lutter pour se faire reconnaître; le second passage indique le moment où, après
de longs combats, il commence à régner sans conteste (Desvignoles, Bengel,
Winer, etc.).
C'est dans la troisième année du règne d'Hosée que le
pieux Ézéchias étant monté sur le trône de Juda, fit convoquer à Jérusalem les
fidèles des dix tribus pour une pâque solennelle qu'il se proposait de
célébrer; mais les peuples s'en moquèrent: quelques hommes seulement d'Aser, de
Manassé, et de Zabulon se rendirent à cet appel. Ce royaume était vermoulu et
mûr pour sa ruine.
Avec Hosée tomba le royaume d'Israël, près d'un siècle
et demi avant celui de Juda, laissant à celui-ci un avertissement solennel des
conséquences de l'idolâtrie; on peut remarquer qu'aussitôt après avoir raconté
la chute d'Israël, l'historien sacré ajoute la liste des péchés dont cette
chute était le châtiment.
2. Prophète,
— Voir: Osée.
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HOSPITALITÉ.
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Cette touchante et noble vertu qui ramène les hommes à
la fraternité primitive, en établissant pour quelques jours la communauté des
biens, a toujours été répandue en Orient; elle est encore aujourd'hui dans les
mœurs de ces populations. Elle est recommandée aux chrétiens, Romains 12:13;
Hébreux 13:2; 1 Timothée 5:10, comme elle l'était aux Hébreux, qui, du reste,
la pratiquaient presque d'eux-mêmes comme les autres peuples orientaux.
L'étranger, quel qu'il fût, était invité à entrer dans la maison, Genèse 19:2;
Exode 2:20. Juges 13:15; 19:21, on lui lavait les pieds suivant l'usage du
pays, Genèse 18:4; 19:2; cf. 1 Timothée 5:10, et on lui fournissait pour lui et
pour ceux qui étaient avec lui, hommes, chevaux, chameaux, tout ce dont ils
pouvaient avoir besoin, nourriture et logement, Genèse 18:5; 19:3; 24:25,32;
Exode 2:20; Juges 19:20, soins de toute espèce et protection, Josué 2:1; etc. À
son départ il était accompagné honorablement par son hôte et par sa famille;
chez les Arabes encore il se borne pour tout remerciement à dire à ceux qui
l'ont hébergé: «Que Dieu vous garde!»
— Refuser l'hospitalité à un voyageur était l'indice
de la plus sordide et de la plus dure avarice; l'insulter ou troubler son repos
était une grossièreté sans nom, Genèse 19:4. Après l'exil, l'hospitalité entre
Juifs et Samaritains ne fut plus qu'une vertu nominale: castes distinctes, ces
deux peuples se haïssaient avec la fureur ordinaire des castes; les Juifs
aimaient mieux faire un détour que de s'exposer à demander l'hospitalité à des
Samaritains, et ces derniers, peut-être moins obstinés dans leur haine, Luc
10:33, repoussaient cependant de leurs maisons les Juifs qui se rendaient à
Jérusalem, surtout lorsqu'ils paraissaient s'y rendre pour les fêtes
religieuses, Luc 9:53. Notre Sauveur, dans la parabole du bon Samaritain,
montre combien l'idée de prochain doit rester indépendante de toutes
considérations personnelles ou religieuses, lorsqu'il s'agit de la charité dont
l'essence est d'être universelle.
D'après Homère, l'hospitalité des païens aurait été
fondée sur la croyance que les dieux, déguisés en simples mortels, se promènent
quelquefois sur la terre pour éprouver les hommes, les récompenser de leur
hospitalité, ou les punir de leur dureté: cette idée sublime a été rappelée par
notre Sauveur, et bien peu modifiée, lorsqu'il dit à ses disciples: «Celui qui
vous reçoit me reçoit, «Matthieu 10:40-41; cf. 25:34-43. «Par elle, dit encore
un apôtre, quelques-uns ont logé des anges, n'en sachant rien», Hébreux 13:2.
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HÔTELLERIE.
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À la place de nos auberges et de nos hôtels, on trouve
en Orient des caravansérails, appelés aussi khans, ou mensils, espèces de
grands bâtiments ou hangars, propres à offrir au voyageur et à ses bêtes un
abri gratuit pour la nuit, et quelquefois aussi, mais rarement, des vivres et
du fourrage à un prix modéré. Il y en a dans les villes, dans les villages,
parfois même au bord des grandes routes; et c'est probablement de pareilles hôtelleries
qu'il est parlé Luc 10:34; Jérémie 41:17, peut-être aussi Luc 2:7, quoiqu'on
pense généralement que la maison dans laquelle est né notre Sauveur fût une
maison particulière, mise au service de quelques voyageurs à cause des
circonstances dans lesquelles le pays se trouvait par suite de ledit
d'enregistrement. Les anciens Hébreux ne connaissaient pas les caravansérails,
cf. 2 Rois 4:8; Genèse 28:11. Dans les passages Genèse 42:27; Exode 4:24; 2
Rois 10:12; Jérémie 9:2, il s'agit probablement d'une espèce de bivouac où l'on
passait la nuit, dans des tentes ou dans des cavernes, comme les Orientaux de
nos jours savent encore s'abriter partout où ils se trouvent lorsqu'ils n'ont
pas de caravansérail à leur disposition. Quelques versions voient aussi une hôtellerie
Josué 2:1, mais la traduction de nos Bibles doit être maintenue. L'habitude de
l'hospitalité rendait presque inutile l'établissement d'hôtelleries; à l'époque
même de notre Sauveur, l'hospitalité était plus généralement en vogue que
l'usage des hôtelleries, qui, d'ailleurs, ne se trouvaient guère que dans les
contrées désertes, comme celle de Jérico, et sur le bord des grands chemins.
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HOTHNIEL
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(1405 avant J.-C.), Juges 3, fils de Kénas et neveu de
Caleb, obtint en mariage Hacsa, la fille de ce dernier, laquelle avait été
promise en récompense à celui qui ferait la conquête de Kiriath-Sépher, Juges
1:13. Il fut le premier des juges d'Israël, et délivra son peuple du joug de
Cusan-Rischatajim, roi de Mésopotamie, qui l'opprimait depuis huit ans. Il se
mit à la tête des Hébreux, les rangea en bataille, et vainquit: une paix de
quarante ans fut le fruit de sa victoire, et il exerça pendant tout ce temps
les fonctions de juge.
— On l'a confondu, mais sans raison, avec le pieux
Jahbets, 1 Chroniques 4:9-10.
— Hothniel est, depuis la mort de Josué, le premier
chef du peuple qui soit mentionné dans l'Écriture; on ne sait pas quelle espèce
de gouvernement remplit l'intervalle de vingt ans qui sépare le grand capitaine
du premier juge; il est probable même qu'il n'y eut pas de gouvernement
régulier, et que chacun fit ce qui lui plut, chaque tribu, chaque famille,
chaque individu. C'est dans cette période que se place la petite guerre contre
Adoni-Bézec.
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HOZIAS,
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dixième roi de Juda, nommé Hazaria dans le second
livre des Rois (sauf 15, 30; 32), fils d'Amatsia et de Jecolia. Après le
meurtre de son père, le peuple l'appela au trône de Juda; il était à peine âgé
de seize ans, 2 Rois 14:21. Il régna cinquante-deux ans dans l'esprit du Dieu
de Moïse (809-758); il s'opposa aux progrès de l'idolâtrie sans cependant
réussir en tous lieux, 2 Rois 15:3, écouta les avis du pieux pontife Zacharie,
et fit fleurir son royaume au dehors. Il reconquit Élath, que les Iduméens
avaient prise sous Joram; il mit sur pied 300,000 hommes avec lesquels il
abattit les Philistins, dont il rasa les forteresses; il repoussa les tribus
arabes et rendit les Hammonites tributaires, 2 Rois 14:22; sq. 15:1; 2
Chroniques 26:1. Il construisit des arsenaux. Les laboureurs et les bergers
vécurent en paix sous sa protection; il leur éleva des forteresses au désert,
et les montagnes de Juda regorgèrent des biens de la terre. Heureux comme
administrateur et comme capitaine, ce grand roi voulut être aussi
sacrificateur. Ébloui par tant de succès, son coeur se gonfla, et il dut
apprendre que l'orgueil marche devant l'écrasement. Il oublia ou méprisa les
lois du Seigneur sur le culte; il oublia que les fonctions sacerdotales avaient
été confiées à la famille d'Aaron seule, Nombres 3:10, et que la malédiction
frapperait les rois qui empiéteraient sur les prérogatives des pontifes. Un
jour il entre dans le temple et se saisit de l'encensoir pour offrir le parfum
sur l'autel; mais le pontife Hazaria est là avec quatre-vingt prêtres du
Seigneur; ils s'opposent au sacrilège et Hazaria, le roi du culte, dit à
Hazaria, le roi du pays: «Il ne t'est pas permis d'offrir de l'encens devant le
Seigneur, sors du sanctuaire». Hozias, irrité de cette courageuse résistance,
croit vaincre les prêtres de Dieu comme il a vaincu les Philistins; l'encensoir
à la main, il les menace; mais au même instant la lèpre paraît sur son front,
il est impur et les prêtres le chassent parce que sa présence souille le
temple: lui-même ne résiste plus; il est épouvanté, car il sent que la main de
l'Éternel a vengé l'outrage fait au lieu saint. Le vieux roi s'était perdu par
son obstination. Hosias demeura ainsi lépreux jusqu'à sa mort; il fut retranché
du peuple et confiné dans une maison écartée, tant était grande l'horreur des
Juifs pour la plaie impure qui le rongeait. Jotham, son fils, gouverna en son
nom quelques années, et à sa mort, Hozias ne fut pas même enseveli dans les
sépulcres des rois ses pères; on le relégua dans un champ qui les entourait.
Il fut contemporain des rois d'Israël Jéroboam II,
Zacharie, Sallum, Ménahem, Pékachia et Pékach, et des prophètes Amos, Osée et Ésaïe,
peut-être encore de Joël. On voit par Amos 1:1; cf. Zacharie 14:5, qu'un
tremblement de terre marqua le règne de ce monarque, mais on ne sait à quelle
époque il faut le placer. Il est marqué, Matthieu 1:8, comme fils de Joram,
mais trois générations sont omises,
— Voir: Jésus.
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HUILE.
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L'Orient ancien, comme l'Orient moderne, faisait un
très grand usage de l'huile et de toutes les graisses végétales, soit parce
qu'étant fraîches, elles sont plus fines que la graisse animale, soit aussi
parce qu'elles se conservent mieux et plus longtemps. Les Hébreux ne faisaient
pas exception à cette règle; la loi même leur prescrivait en plusieurs
circonstances l'emploi de l'huile au lieu de graisse: le législateur voulait
peut-être, pour attacher les Hébreux à leur sol, favoriser ainsi les travaux de
l'agriculture et les obliger d'une manière indirecte à multiplier leurs
plantations. Ils se servaient d'huile:
a. pour
leurs repas et pour l'assaisonnement des viandes, de la farine, des légumes et
de presque tous les mets pour lesquels on emploie le beurre dans nos cuisines,
Ézéchiel 16:13. C'est une graisse plus pure que les substances animales et qui
paraît devoir donner un goût plus délicat aux aliments ainsi préparés.
b. Les
gâteaux de sacrifices, et toutes les offrandes, étaient oints ou accompagnés
d'huile fine, Lévitique 2:1,15; 5:11; 14:10; Nombres 5:15; 8:8, etc. Il y avait
même des aspersions d'huile sur les sacrifices, Lévitique 14:12, et ailleurs:
cf. Michée 6:7.
c. On
s'en servait: pour oindre le corps, les cheveux, la barbe, les pieds, etc.,
surtout lorsqu'on donnait un festin ou lorsqu'on recevait des hôtes qu'on
voulait honorer, Deutéronome 28:40; 2 Samuel 14:2; Psaumes 23:5; 92:11; 104:15;
133:2; Michée 6:15; Luc 7:46; sous ce rapport, l'huile était devenue un objet
de luxe, Proverbes 24:17,
— Voir: Onction;
d. comme
combustible pour l'alimentation des lampes dans le temple, Exode 25:6; 27:20;
35:8; cf. Esdras 6:9, et chez les particuliers, Matthieu 25:3.;
e. enfin,
comme remède: les Juifs oignaient la tête d'huile pour chasser un mal de tête,
et appliquaient cette même substance presque dans tous les cas de maladie, soit
qu'il y eût souffrance intérieure, soit qu'il y eût lésion extérieure, Ésaïe
1:6; Luc 10:34. Il y avait aussi des bains à l'huile, Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques 17, 6; 5. Deux passages se rapportent à l'emploi de
l'huile comme remède, Marc 6:13. Jacques 5:14. Les disciples oignaient d'huile
les malades. Il faut se rappeler que les disciples n'étaient pas médecins, et
que ce n'est pas comme tels que Jésus les avait envoyés; le premier des deux
passages a son commentaire dans ces paroles du second: «Et la prière faite avec
foi sauvera le malade.»
On voit par ce qui précède que l'abondance d'huile
était un sûr indice de prospérité; elle appartenait en quelque sorte aux objets
de première nécessité, cf. Jérémie 31:12; un présent d'huile était toujours
bien venu, Osée 2:5; 1 Chroniques 12:40, et dans les promesses de bonheur et
d'abondance qui sont faites au peuple, l'huile n'est jamais oubliée, non plus
que la vigne et le figuier, Joël 2:19; cf. Deutéronome 28:40. Sur les prémices
et les dîmes de l'huile,
— Voir: Deutéronome 12:17; 18:4; 2 Chroniques 31:5;
Néhémie 10:37,39; 13:12.
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HUL,
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le second des fils d'Aram, Genèse 10:23. Ce nom est
peu connu. Flavius Josèphe et saint Jérôme ont cherché sa postérité dans
l'Arménie, mais sans fondement ni vraisemblance. Rosenmuller et Gesenius
comparent le nom arabe d'une vallée ou d'un bassin situé au pied du mont
Hermon, entre le Dshebel-Safat et le Dshebel-Heisch, qui porte maintenant le
nom de Érets Alhullah (— Voir: Seetzen et Burkhardt): c'est le bassin dans
lequel le Jourdain prend sa source: au midi se trouve le lac Mérom, qui
s'appelle aujourd'hui El Houleh. Cette opinion, qui est la plus probable, se
rapproche de celle de Michaélis, qui cherche Hul dans la Cœlésyrie, entre le Liban
et l'Anti-Liban jusqu'à Alep.
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HULDA
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(623 avant J.-C.), prophétesse, épouse ou veuve de
Sallum, l'intendant de la garde-robe royale, 2 Rois 22:14-15; 2 Chroniques
34:22. Elle demeurait à Jérusalem, «au collège;» l'hébreu porte bamishneh, que
l'on trouve aussi Sophonie 1:10, et qui signifie littéralement dans la seconde
partie de la ville, cf. Néhémie 11:9. Quelques-uns l'entendent d'un séminaire
ou d'une école de prophètes. Hulda n'est connue que par un seul oracle. Hilkija
venait de retrouver dans le temple la loi de l'Éternel, avec ses menaces contre
l'idolâtrie. Ému à la vue du livre sacré, le roi Josias comprit qu'il fallait
rentrer en plein dans la voie de la sainteté et de la fidélité, et il députa
quelques hommes auprès de la prophétesse (Jérémie vivait déjà, mais on peut
supposer qu'il était absent, puisque le roi s'adresse à une femme). Hulda
déclara aux envoyés du roi que lui, Josias, vivrait et mourrait en paix, parce
que son cœur s'était amolli et qu'il s'était humilié devant Dieu, mais que
toutes les menaces de la loi divine s'accompliraient à la rigueur contre ce
peuple qui avait aimé de faux dieux et leur avait offert des encensements. «Ma
colère, dit Jéhovah par la bouche de sa servante, a fondu sur ce lieu-ci, et
elle ne sera pas éteinte.»
— L'exil fut le sceau de cette prophétie.
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HULOTTE,
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hébreu thachmass, Lévitique 41:16; Deutéronome 14:15,
est rendu dans nos versions par hulotte;
— Voir: Chat-huant.
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HUPPE,
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Lévitique 14:19. Deutéronome 14:18, hébreu doukiphat.
La traduction de nos Bibles est appuyée par l'arabe, les Septante, saint Jérôme
et Luther, et il n'y a rien qui soit de nature à l'invalider. La huppe (upupa
epops L.) est un oiseau bien connu en Orient; il est de la grosseur d'une
grive, assez beau, mais sans voix; les ailes et la queue sont noires avec des
raies blanches, le cou et la poitrine tirent sur le roux; sur la tête une
petite aigrette de plusieurs couleurs s'élève et s'abaisse à volonté: il est
très peu délicat sur le choix de sa nourriture, mange de tout ce qu'il
rencontre, et méritait bien d'être rangé par Moïse au nombre des animaux
impurs. Les huppes de l'Égypte sont extrêmement recherchées pour leur
excellente graisse et leur chair succulente,
— Voir: Sonnini, Russel, et Bochart, Hieroz. III, 107.
________________________________________
HUR.
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1. Fils
de Caleb et d'Éphrata, né pendant le séjour en Égypte, 1 Chroniques 2:19.
2. Ami
de Moïse, et, d'après Flavius Josèphe, époux de Marie, là sœur de Moïse; selon
d'autres, fils de Marie. On ne sait que peu de choses sur son compte, mais on
voit qu'il était fort considéré du législateur. Lorsque Josué marcha au-devant
d'Hamalec dans le désert, Moïse monta sur la montagne avec Hur et Aaron, qui
soutinrent ses bras fatigués, Exode 17:10. Hur fut encore, dans une autre
circonstance, associé à Aaron pour exercer, en l'absence du législateur, la
vigilance et l'autorité souveraine. Il mourut dans le désert.
3. Roi
de Madian, tué dans un combat que lui livra Phinées, Nombres 31:8.
4. Genèse
11:31, ville des Caldéens.
— Voir: Ur.
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HURAÏ,
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natif des vallées de Gahas, l'un des braves de David,
1 Chroniques 11:32, nommé Hiddaï 2 Samuel 23:30.
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HURAM.
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1. —
Voir: Hiram.
2. Benjamite,
1 Chroniques 8:5.
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HURBEC,
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— Voir: Sauterelles.
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HUS ou Buts,
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Genèse 10:23; 36:28; Job 1:1. Ce nom désigne en arabe
un pays doux et fertile; il a donné lieu à des hypothèses bien différentes.
Quelques-uns l'ont pris pour Édom, mais le nom déjà rend la chose peu
vraisemblable, car l'Idumée est plus ou moins aride et stérile. On se fonde
pour appuyer cette idée sur ce qui est dit Lamentations 4:21: «Réjouis-toi,
fille d'Édom, qui demeure au pays de Huts;» mais ce passage prouve seulement
que les Édomites avaient pu faire quelques conquêtes dans ce pays, et
d'ailleurs Jérémie, 25:20-21, distingue Huts et Édom. Les anciennes généalogies
fournissent, l'une un Huts fils aîné d'Aram, l'autre un Huts descendant d'Édom.
Les fils d'Aram sembleraient devoir diriger les recherches vers le nord (—
Voir: Hul), si l'on était obligé de croire que les quatre ont suivi la même
direction; la postérité d'Ésaü a son territoire assez connu, et quant à ces
deux Huts d'origine différente ils ont pu, ou bien se confondre par des alliances,
ou bien s'établir à part, et le fils d'Aram aurait été le plus connu comme chef
d'une plus grande et plus ancienne famille. La comparaison des passages de Job
et de Jérémie peut nous mettre sur la voie: c'est au nord de l'Arabie qu'il
faut chercher Huts, car Job appartient aux fils de l'Orient (1:3), nom qui est
ordinairement donné aux Arabes; il devait être de plus dans le voisinage des
Caldéens et des Sabéens, puisque ces peuples font de chez eux des invasions sur
la terre de Huts (1:15,17); il ne devait pas être éloigné de l'Idumée d'après
le passage des Lamentations, et Jérémie nomme les rois de ce pays entre ceux de
l'Égypte et des Philistins. On peut donc placer Buts dans la partie
septentrionale de l'Arabie Pétrée, vers l'Euphrate et la Mésopotamie; son nom
même concorde avec cette opinion. C'est là que se passèrent les scènes du livre
de Job.
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HUZA,
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2 Samuel 6:3; 1 Chroniques 13:7 (1045 avant J.-C.),
lévite, fils d'Abinadab et frère d'Ahjo. L'arche, rendue par les Philistins,
était restée Oubliée dans la maison d'Abinadab jusqu'à la fin de la guerre que
David avait entreprise contre les ennemis de son peuple; mais une fois
victorieux, David put réaliser le dessein qu'il avait de transporter à
Jérusalem le gage sacré de la présence de l'Éternel: tout le peuple
accompagnait le saint convoi; 30,000 hommes d'élite, choisis dans l'armée, le
suivaient. Arrivés près de l'aire de Nacon, sur un terrain foulé, sec et
glissant, les bœufs bronchèrent, l'arche fut ébranlée, et Huza qui se tenait
auprès, la voyant chanceler, porta sa main pour la retenir, et fut frappé de
mort. «La colère de l'Éternel s'enflamma contre lui, et Dieu le frappa de mort
à cause de son indiscrétion.» cf. Exode 33:20; Nombres 4:15; 18:3.
— Il n'est pas nécessaire d'exagérer le crime de Huza
pour en comprendre le châtiment: c'est une faute que tout autre Israélite eût
probablement commise comme lui, une faute presque involontaire et machinale, en
même temps une faute à intention respectable. Mais c'était une transgression de
la loi, et la loi des Juifs ne souffrait ni interprétations, ni exceptions.
Huza avait manqué au sanctuaire, à l'arche sacrée; ses mains d'homme s'étaient
approchées du saint vase que l'Éternel avait choisi pour en faire au milieu de
son peuple le domicile arrêté de sa demeure, et si Huza avait pu le toucher
impunément, l'arche sainte était déconsidérée, et n'était plus qu'une arche
sans prestige, sans rayons et sans gloire. Qu'on se rappelle, d'ailleurs, que
dans l'économie théocratique le gage du péché c'est la mort, et que les fruits
de la transgression suivent la transgression comme une conséquence naturelle;
Dieu n'a pas puni Huza, mais Huza a été puni par où il avait péché, l'arche
meurtrière l'a tué, parce qu'on ne pouvait pas la toucher sans périr, comme un
poison empoisonnera toujours ceux qui le prendront, qu'ils le fassent
machinalement, involontairement, à bonne intention, ou de toute autre manière.
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HYACINTHE,
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le onzième fondement de la céleste Jérusalem,
Apocalypse 21:20. On connaît sous ce nom une pierre précieuse, une couleur et
une fleur; cette dernière n'est jamais mentionnée dans l'Écriture; la couleur,
quelques-uns la trouvent dans l'hébreu thekéleth, Exode 25:4, mais sans raisons
suffisantes,
— Voir: Cramoisi.
La pierre de ce nom, hébreu leshem, n'est rappelée que
deux fois dans l'Ancien Testament, Exode 28:19; 39:12, où nos versions l'ont
traduite ligure, en lui conservant son nom grec; la Septante Mythique de
Flavius Josèphe et de Jérôme appuie suffisamment cette traduction. L'hyacinthe
est une pierre dont on trouve différentes espèces: les anciens en comptaient
quatre, celle qui tire sur la couleur du rubis, l'hyacinthe jaune doré,
l'hyacinthe citron, et une quatrième de la couleur du grenat. Elle est dure et
transparente, et perd sa couleur au feu.
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HYÈNE,
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Jérémie 12:9. Les Septante ont rendu le commencement
de ce verset par «mon héritage est-il une tanière de hyène?» traduction qui
vaut mieux sans doute que l'oiseau peint de nos versions. Dahler traduit,
«Oiseaux de proie, inondez de sang mon héritage!» mais il n'est arrivé là que
par un léger changement de texte, et l'adjonction du mot sang. On a essayé
encore de plusieurs autres versions, mais sans succès. Je ne comprends pas
pourquoi plusieurs auteurs ont tenu à repousser la traduction des Septante; elle
est parfaitement justifiée par le parallélisme, cf. — Voir: 8 et 11;
La Septante est une
Bible mythique dont l’existence provient d’une légende dans un livre apocryphe.
Sa source réelle est la cinquième colone de l’Hexaple d’Origène d’Alexandrie
vers la moitié du 3ie siècle.
- Voir: Septante.
on peut supposer que les Septante étaient assez bien
placés pour connaître et le sens de l'hébreu, et l'histoire naturelle de la
Palestine; enfin l'hébreu tsabouah, par son étymologie, confirme encore cette
traduction. (Tsabah signifie plonger, rayer, bigarrer; il signifie aussi
piller, butiner; deux sens qui conviennent très bien à la hyène, soit qu'on
regarde à sa voracité, ou à son poil rayé de diverses couleurs.) Cet animal,
d'ailleurs, était connu en Palestine comme en Égypte, et il porte encore un nom
semblable dans plusieurs contrées voisines, sur les bords du Tigre zibee, en
Arabie tsabehon ou dsuba, en syriaque tsabu, de même encore en divers dialectes
dubba, dsabuon, sheeb, etc. Cette traduction est appuyée, outre les Septante,
par Aquila, Symmachus, Théodotion, Bochart, Ludolf, Gesenius, Winer, Harris, et
la plupart des voyageurs en Orient.
— Théodotion a en outre traduit, 1 Samuel 13:18, la
vallée de Tséboïm par vallée des hyènes (cf. aussi Néhémie 11:34); le Targum
caldéen, lisant Tséphoïm, l'a rendu par vallée des vipères.
Calmet et quelques autres voient la hyène dans
l'hébreu bath-yaaneh, Lévitique 11:19, mais,
— Voir: Autruche.
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HYMÉNÉE et Philète,
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1 Timothée 1:20; 2 Timothée 2:17, chrétiens apostats
de l'Église d'Éphèse, qui voulurent faire du rationalisme, et s'y prirent un
peu tôt pour prêcher les vérités modernes; ils annonçaient que la résurrection
était déjà arrivée symboliquement, et par conséquent la niaient en la
confondant avec la régénération; leur parole rongea comme une gangrène, ils
séduisirent la foi de plusieurs, et Paul livra Hyménée à Satan.
— Mosheim voulait entendre deux Hyménée différents
dans ces deux passages, mais il ne l'a pas prouvé.
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HYSOPE,
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plante de la famille des gymnospermes, de la classe
des didynamia. Son calice à cinq feuilles est cylindrique, et soudé par le bas;
les pétales sont séparés, les étamines droites et distinctes; la fleur, d'un
bleu céleste, sort de la tige comme un épi; les feuilles un peu allongées en
forme de lance sont dures, odorantes et un peu amères; la tige a 0m,50 de haut
dans nos climats; une racine unique, dure comme du bois, pousse force surgeons.
On trouve l'hysope en Suisse, en Allemagne et en France, sur les ruines et sur
les vieux murs; elle fleurit entre les mois de juin et d'août, et donne
beaucoup de miel aux abeilles. En Palestine elle acquiert une hauteur plus
considérable que chez nous, et les soldats qui assistèrent à la mort de Jésus,
ayant pris une éponge, la mirent au bout d'un bâton d'hysope, Jean 19:29.
L'ésob de l'Ancien Testament est sans contestation l'hysope; la ressemblance du
nom l'indique, et rien ne contredit cette identité, cf. surtout Hébreux 9:19.
On se servait ordinairement d'hysope comme d'aspersoir dans les purifications;
quand les Israélites sortirent d'Égypte, Dieu leur ordonna de tremper dans le
sang de l'agneau pascal un bouquet d'hysope, et d'en arroser le linteau et les
deux poteaux des portes, Exode 12:22. Dans la purification des lépreux, on y
joignait quelques branches de cèdre et un peu de laine écarlate, Lévitique
14:4,6; en général cette plante paraissait avoir une réputation de sainteté et
de pureté lustrale qui la rendait l'emblème de la purification intérieure,
Psaumes 51:9.
— Il est dit, 1 Rois 4:33, que Salomon avait composé
un traité de botanique qui renfermait les plantes depuis le cèdre du Liban
jusqu'à l'hysope qui sort de la muraille, et plusieurs auteurs (Mishna
Pésachim, Fabricius, Morhoff, etc.) parlent de cet ouvrage comme s'ils
l'avaient vu. Scheuchzer dit: «Ce qui me paraît très sur, c'est que ce livre
existe; il doit contenir un ample commentaire sur les plantes et les animaux de
l'Écriture, et toute la doctrine de la philosophie orientale.»
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-I
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IBTSAN,
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le dixième des Juges d'Israël, 1182 avant J.-C., Juges
12:8. Il était de Bethléhem en Zabulon, et jugea le pays pendant sept années;
il maria ses trente fils et ses trente filles, et mourut en paix dans sa ville
natale. On l'a pris, mais sans preuve, pour le même que Booz.
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ICHABOD,
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(sans gloire, ou bien, où est la gloire?) pauvre
enfant dont toute l'histoire est dans sa naissance. Petit-fils d'Héli, et fils
de l'impie et débauché Phinées, il était encore dans le sein de sa mère lorsque
la nouvelle des malheurs d'Israël la surprit: l'arche sainte venait de tomber
entre les mains des Philistins, l'armée était défaite, son père et son oncle étaient
morts sur le champ de bataille, son grand-père et tuteur naturel venait de
mourir à l'ouïe de tant de désastres; il ne restait à l'enfant que sa mère,
elle mourut en lui donnant le jour. Surprise par les douleurs, elle ne trouva
pas de consolations ni de soulagement dans la naissance d'un fils; elle n'eut
que le temps de le nommer Ichabod en ajoutant: «car la gloire de l'Éternel est
transportée d'Israël», et elle expira, 1 Samuel 4:49. Ichabod entra dans la vie
n'ayant qu'un frère pour toute parenté, 14:3, mais il ne devait pas être
abandonné de celui qui s'est appelé le Père des orphelins.
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ICONIE,
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antique, célèbre et populeuse ville de l'Asie Mineure;
elle appartint à la Phrygie pendant le règne des Perses, plus tard elle passa à
la Lycaonie dont elle devint la capitale. Elle était située dans une fertile
plaine au pied du mont Taurus, et comptait un certain nombre de Juifs parmi ses
habitants, Actes 14:1,19. Abulfeda la nomme Kunijah; aujourd'hui Conie, 30,000
habitants.
— Paul y convertit des juifs et des gentils, mais
quelques Juifs incrédules ayant soulevé les païens contre Paul et Barnabas, les
apôtres durent se retirer. Paul y repassa plus tard, mais l'Écriture ne donne
aucun détail sur ce second voyage, Actes 13:51; 16:2; 2 Timothée 3:11.
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IDDO,
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Esdras 8:17 (467 avant J.-C.), chef des Juifs établis
à Casiphia pendant l'exil; on ne sait pas bien jusqu'où pouvait aller sa
compétence et son pouvoir, niais on voit qu'il avait tout au moins une
intendance administrative sur la communauté de sa nation. La fin du verset
indiquerait presque qu'il était Néthinien, ce qui se concilierait mal avec le
titre qu'Esdras lui donne. Esdras lui ayant fait demander quelques Néthiniens
et quelques lévites pour accompagner à Jérusalem ceux qui voulaient profiter de
la permission accordée par Cyrus, Iddo lui envoya Sérébia.
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IDOLÂTRIE.
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Parlons d'abord de celle des Hébreux: c'était la plus
déplorable, parce que lorsqu'ils tombaient, ils tombaient de haut, et qu'ils
n'avaient pas l'excuse de l'ignorance. L'idolâtrie se manifestait chez eux sous
deux formes différentes:
1. L'adoration
de dieux autres que Jéhova, c'est-à-dire de créatures divinisées. Ces fausses
divinités que l'on confondait le plus souvent avec leurs images mêmes,
Deutéronome 4:28; Psaumes 115:4; 135:15; cf. 1 Samuel 31:9; Osée 4:17, sont
appelées dans la langue sainte des idoles, Lévitique 19:4; 26:1; Habacuc 2:18,
— des vanités, Jérémie 2:5; 8:19; 10:15,
— des vanités fausses, Jonas 2:9,
— des choses vaines, Actes 14:15,
— des abominations, 1 Rois 11:5; 2 Rois 23:13,
— des dieux de fiente, Ézéchiel 6:13,
— des scandales d'iniquité, Ézéchiel 14:4,7. Enfin
l'ensemble de l'idolâtrie est appelé un adultère, cf. Osée 1 et 2.
— L'Éternel, par opposition à ces images, est appelé
le Dieu de vérité, le Dieu vivant, Jérémie 10:10; Daniel 6:20,26 (cf. les
sacrifices des morts, Psaumes 106:28), Actes 14:15; 2 Corinthiens 6:16, et le
Dieu du ciel, cf. Jérémie 10:11.
La loi de Moïse avait défendu l'idolâtrie sous les
peines les plus sévères; c'était par sa nature le plus grand des crimes dans
une législation dont Dieu était le centre et le but; la lapidation était
prononcée contre le transgresseur. Et non seulement les Hébreux devaient
extirper dans leur intérieur, comme peuple, toute trace d'idolâtrie, mais ils
devaient encore, dans toutes leurs guerres, détruire chez leurs ennemis les
bocages, les hauts lieux, les idoles, et toute marque d'un culte païen. Quant
aux païens, les Hébreux ne pouvaient leur accorder le séjour dans le pays qu'à
titre d'étrangers et sous certaines conditions particulières; on devait les
tolérer et exercer à leur égard les devoirs de l'hospitalité, mais toute
alliance proprement dite, soit par mariage, soit autrement, était expressément
interdite; les alliances politiques devaient causer la ruine du pays, comme les
alliances privées la mort des individus. Dieu devait être la tête du culte et
de l'État: l'abandonner comme Dieu, c'était l'abandonner comme roi; les
alliances politiques devaient entraîner une fusion des cultes, et toute fusion
est une idolâtrie. Malgré ces menaces cependant, l'idolâtrie s'établit de
toutes manières en Israël, et sous toutes les formes; elle ose lever la tête
sous Moïse, Nombres 25:2; Deutéronome 13:13, elle se montre sous Josué, elle se
remontre sous les juges, elle s'assied sur le trône des rois; chaque fois après
quelques années d'idolâtrie les châtiments tombent sur le pays, on pleure, on
crie, le peuple est délivré, puis il retombe; sa piété est comme; une nuée du
matin qui se dissipe (Sermon de Saurin). Les servitudes des juges, suivies
d'autant de délivrances et d'autant de rechutes, en sont une preuve. Samuel
réorganise le culte de Jéhovah, mais après lui, le mal regagne du terrain;
David de nouveau lutte contre l'idolâtrie, mais Salomon, après avoir aimé la
sagesse, prend des centaines de femmes païennes et adore avec elles leurs
idoles; les réformateurs succèdent aux idolâtres, les idolâtres aux
réformateurs, et l'exil vient enfin réveiller ce peuple prévaricateur pour
lequel ces soixante et dix années furent un sérieux avertissement, car dès lors
il est resté juif théocratique sans le plus petit penchant pour l'idolâtrie,
sauf l'exception, contemporaine de l'exil, rapportée Jérémie 44:8, où des Juifs
se jettent entre les bras des divinités égyptiennes; mais alors le châtiment
n'avait pas encore porté ses fruits.
Le passage Juges 3:19. (cf. 2:19) est cité comme
preuve que Guilgal fut sous les juges le principal siège de l'idolâtrie; cette
citation ne s'explique pas avec la traduction ordinaire de nos Bibles; au lieu
de carrières, il faut, en effet, lire idoles,
— Voir: Guilgal.
Sous quelques rois, ce furent Dan et Béer-Sébah. Les
idoles principales qui furent reçues en Israël sont Bahal, Astarté, Moloc,
Kémos, Thammuz, etc., q.v. L'idolâtrie qui pénétra dans le pays à l'époque de
Salomon, et par le moyen de son sérail, ne fut jamais complètement déracinée;
on y avait pris goût, et les rois qui suivirent, trop faibles peut-être, ou
sans volonté, la laissèrent prévaloir. Asa la réprima d'une manière énergique,
mais déjà sous Joram elle reparut à la suite d'une alliance entre la dynastie
de Juda et la maison d'Israël: ce fut l'idolâtrie cananéenne, 2 Rois 8:18,27;
ailleurs, c'est celle des Ammonites, 16:3, ailleurs encore, c'est celle de la
Phénicie et la Syrie, 21:3. La réforme de Josias même, quoique large et
vigoureuse, ne dura pas; le roi réformateur avait entrepris plus qu'il ne
pouvait faire, et l'on voit par quelques passages des prophètes, qu'à la fin de
son règne, le culte païen avait repris la place du vrai culte, Sophonie 1:4.
Jérémie 2:20; 3:6; 5:7, etc.; Ézéchiel 7:20; 16:15. Avec l'idolâtrie marchaient
les sciences occultes, la magie, les enchantements, 2 Rois 23:24; et les faux
prophètes, luttant contre les messagers de l'Éternel, soutenaient avec quelque
succès les impostures et les superstitions du paganisme, Jérémie 29:8; Osée
9:7; Michée 5:12. Le culte de Bahal, amené en Israël par une princesse
sidonienne, s'y organisa pareillement et dura plusieurs générations, 1 Rois
16:31, etc., 2 Rois 10:25.
Le culte rendu à ces divinités étrangères consistait
en des vœux, des encensements, des offrandes sanglantes et non sanglantes,
peut-être même des sacrifices humains, 1 Rois 11:8; 2 Rois 22:17; Jérémie 1:16;
7:9. Les hauts lieux et les bocages étaient plus particulièrement affectés à ce
culte; cependant on l'exerçait aussi sur les toits, sous des arbres touffus,
dans les jardins et dans les vallées, Jérémie 19:13; 1 Rois 14:23; Jérémie
2:23; Ésaïe 65:3; 1:29. L'impureté et des débauches effrénées présidaient à la
plupart de ces impies cérémonies, et ne contribuaient pas peu à concilier à ces
cultes étrangers les voluptueux et charnels Hébreux, cf. encore. Ésaïe 65:4;
66:17. Les prêtres étaient en général nombreux, et se soignaient bien, 1 Rois
18:22; 2 Rois 10:21; Osée 10:5.
2. À
côté du culte des faux dieux, les Hébreux pouvaient être exposés à la tentation
d'adorer Jéhovah, le vrai Dieu, sous une forme matérielle, celle d'images
peintes ou sculptées. Dieu, qui avait tant accordé à la faiblesse humaine, ne
voulut cependant pas accorder les images à son peuple, précisément parce
qu'elles sont tout à fait humaines, et que bien loin d'élever la piété, et de
faciliter l'intelligence des choses saintes, elles dénaturent le culte,
l'abaissent, matérialisent la Divinité et arrêtent les regards au lieu de les
diriger. Et cette défense, non seulement d'adorer, mais même de se faire des
images était si sévère, si expresse, qu'elle est répétée à plusieurs reprises
dans la loi, et qu'elle a même sa place dans le décalogue, Exode 20:4;
Deutéronome 4:16; 5:8; 27:15. Les Hébreux ne s'en laissèrent pas moins
entraîner à suivre le penchant naturel de leurs cœurs et l'exemple des autres
nations. Ils avaient vu les Égyptiens adorer des dieux visibles, animaux ou
végétaux, ou tout au moins des représentations de la Divinité, et ce culte
extérieur leur paraissait plus séduisant et plus commode que le saint et
solennel Jéhovisme, si l'on peut s'exprimer ainsi; ce n'est qu'avec peine
qu'ils supportaient un Dieu-esprit, même avec toutes les manifestations
extérieures et les cérémonies qui accompagnaient la célébration de son culte.
Ce Dieu s'étant manifesté d'une manière visible en Sinaï, les Hébreux en furent
épouvantés, mais cela dura peu: on cesse bien vite de craindre celui qu'on ne
voit plus, et quelques semaines s'étaient à peine écoulées qu'ils dansaient
autour d'une image. Aaron lui-même donna les mains à cet acte incroyable
d'idolâtrie, Exode 32. Le serpent d'airain dont l'élévation fut ordonnée de
Dieu pour un temps, ne peut être rangé au nombre des actes de l'idolâtrie des
Hébreux, Nombres 21, cf. Jean 3:14, mais il prouve combien l'usage de ces
signes matériels était dangereux, puisque pendant des siècles ce morceau
d'airain fut conservé pour être en scandale et en pierre d'achoppement aux
faibles qui s'en firent une relique, 2 Rois 18:4. Sous les juges, on voit de
même plusieurs fois ce besoin d'images. Juges 17:4; 18:17, besoin d'autant plus
facile à comprendre que dans ce temps il ne paraît pas qu'il y ait eu aucun
service public organisé. David et Salomon, rois théocratiques, ne permirent pas
cette infraction à la loi divine; mais aussitôt après le schisme, le premier
roi d'Israël qui sent le besoin d'affermir par de nombreuses concessions sa
nouvelle dynastie et son nouveau royaume, établit le culte des images; des
veaux d'or sont placés aux frontières du pays, à Dan et à Béthel; ces deux
sièges de l'idolâtrie résistent à tous les efforts des rois pieux qui plus tard
veulent restaurer le culte de Jéhovah, et qui réussissent par tout ailleurs à
détruire les autels et à arracher les bocages, 1 Rois 12:28; 2 Rois 10:25,29;
17:2; Amos 8:14. De là ces menaces fréquentes prononcées contre Béthel qui
était le plus rapproché de Juda, et où les rois idolâtres paraissent avoir eu
l'habitude de se rendre, 1 Rois 13:1; Amos 3:14; Osée 10:15; Jérémie 48:13.
Même après la ruine d'Israël, Béthel continua de subsister comme siège de
l'idolâtrie, jusqu'à ce que le roi Josias en eût extirpé les emblèmes impies, 2
Rois 17:28; 23:15.
Depuis la captivité, les Hébreux ont renoncé aux
images comme aux dieux étrangers, et il est surprenant qu'une grande secte de
l'Église chrétienne ait cru devoir recueillir ce déplorable héritage. L'Église
occidentale, ou du moins une partie de cette Église, essaya, vers le septième
siècle, d'introduire les tableaux et les statues dans les églises; c'était du
paganisme réchauffé. Sérénus de Marseille combattit cette innovation; l'Orient
la combattit; Léon III l'Isaurien (717) s'opposa aux iconolâtres; on connaît
les suites de la lutte entre Rome et Constantinople sur ce sujet, le schisme
affreux qui en résulta, et la ruine de l'Église d'Orient que l'on peut
attribuer à la division de l'Église en deux camps ennemis, et notamment à
l'infidélité de la secte, païenne de la veille, chrétienne du lendemain,
toujours romaine et réactionnaire, qui n'embrassa l'Évangile que pour mieux
l'étouffer.
On pourrait essayer d'excuser cette idolâtrie, on
pourrait la représenter comme un enfantillage qui doit être pardonné, comme un
culte peu intelligent du beau, comme une concession peu sage à la faiblesse
humaine, mais faite à bonne intention; on pourrait dire comme Grégoire le Grand
(591), que ces images ne sont que pour l'ornement des églises, et pour la
conservation de la mémoire des grandes actions. Peut-être un chrétien
pourrait-il céder à tous ces petits arguments de théorie, s'il ne se rappelait
qu'en pratique il en est tout autrement, et que le peuple n'a jamais tardé à
abuser de ces dessins ou de ces sculptures pour les adorer; s'il ne se
rappelait surtout, avec une sainte horreur, que pour faire place aux images,
l'Église idolâtre a dû ôter de la Bible et du décalogue un commandement spécial
qui les condamne.
Quant au culte des peuples païens,
— Voir: Astres, Caldée, etc.
Les prophètes y font de fréquentes allusions, et
décrivent avec véhémence l'impiété de ces cérémonies; leur vanité, leur
impuissance, la fabrication des petits dieux, etc., 1 Rois 18:27; Ésaïe 2:8,20;
44:10; 48:5; Jérémie 10:14; Osée 13:2; Psaumes 115:4-5; Habacuc 2:18;
Deutéronome 4:28; 28:36. Ces idoles étaient tantôt fondues, tantôt taillées; on
les assujettissait avec des chaînettes pour qu'elles ne tombassent pas, et
qu'on ne pût pas les dérober, et les aller revendre ailleurs; Ésaïe 41:7;
Jérémie 10:4. Les plus belles étaient plaquées d'or ou d'argent, et couvertes
de riches vêtements, Ésaïe 2:20; 30:22; 31:7; Jérémie 10:4; Osée 8:4. On les
menait à la guerre, 2 Samuel 5:21, et les vainqueurs faisaient prisonniers les
dieux des nations vaincues, en gage de la fidélité de celles-ci, Ésaïe 46:1;
Jérémie 48:7; 49:3; Osée 10:5; Daniel 11:8. Les temples d'idoles étaient ornés
des trophées et des armes qu'on avait enlevées aux nations voisines, 1 Samuel
31:10.
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IDUMÉE,
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— Voir: Édom.
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IMMORTALITÉ.
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Ce mot, et l'adjectif immortel, qui se rencontrent six
fois dans le Nouveau Testament (Romains 2:7; 1 Corinthiens 15:53-54; 1 Timothée
1:17; 6:16; 2 Timothée 1:10), ne se trouvent nulle part dans l'Ancien
Testament. Est-ce à dire que l'idée n'y soit pas? Plusieurs, à commencer par
les sadducéens, l'ont prétendu. Les sadducéens (— Voir: cet article) qui
reconnaissaient certainement, non seulement le Pentateuque, ainsi qu'on
l'affirme souvent, mais encore l'Ancien Testament tout entier, niaient
l'immortalité de l'âme et la résurrection; s'appuyaient-ils réellement sur
l'Écriture inspirée pour défendre leur matérialisme et leur incrédulité?
Peut-être, mais le rationalisme de leur interprétation pouvait les aveugler, et
notre Seigneur a fait justice de leurs théories, Matthieu 22:23. Il faut
reconnaître cependant que l'Ancien Testament, que les livres de Moïse en particulier,
sont très peu explicites sur la doctrine de l'immortalité, de la vie future. Ce
dogme, comme tant d'autres, ne pouvait mûrir que lentement dans la pensée de
l'humanité. On a connu le mouvement bien avant d'en formuler l'existence, et il
est une foule de faits ou d'idées dont on ne parle pas, qu'on ne raisonne,
qu'on ne discute pas, bien qu'on en ait la conscience. La révélation, qui suit
une marche presque uniformément progressive, et dont la lumière va croissant
(cf. 2 Pierre 1:19), ne proclame jamais l'erreur, mais n'établit la vérité que
d'une manière lente et graduée, en attendant que la suite des siècles et le
développement moral et intellectuel des Hébreux appelle un développement
ultérieur plus complet de la vérité comme doctrine et système. Dans le
Pentateuque, on peut dire que la vie humaine est en général restreinte et
limitée à cette terre, entre les limites de la naissance et de la mort
physiques, et que le bonheur suprême est placé dans le fait d'une longue vie;
cf. Genèse 47:9; Exode 20:12; Deutéronome 4:40; 6:2; 11:9 (Éphésiens 6:2-3): on
n'y trouve aucune allusion claire et positive à une existence quelconque de
l'âme après la mort. Pourquoi? Deux opinions contraires, et cependant toutes
les deux justes, cherchent à expliquer ce matérialisme de la révélation
mosaïque.
«Ainsi, dit M. de Rougemont, tandis que les Égyptiens
et les Grecs, les Perses et les Indiens, et tous les peuples païens et
polythéistes de l'antiquité admettaient, non seulement la vague possibilité
d'une existence des âmes après la mort, mais un lieu de châtiments et de
souffrances, et un lieu de récompenses et de bonheur qu'ils décrivaient comme
d'incontestables réalités, les Hébreux, la seule nation monothéiste, la seule
qui rapportait au Dieu vivant toutes ses actions et toutes ses pensées,
auraient cru qu'il en est de l'homme comme de la bête, et que tout finit pour
lui avec cette terre. Nous confessons ici l'absolue incapacité où nous sommes,
de concevoir l'état d'une âme qui se saurait mortelle et qui croirait néanmoins
fermement en Dieu; et Moïse, écrivant le commandement sublime d'aimer Dieu de
tout son cœur, et ne croyant pas à une vie après la mort, nous paraît un bien
autre miracle que tous ceux qu'il a faits. La foi à l'immortalité est une
partie intégrante de notre être, nous pouvons aussi peu nous en séparer que de
notre volonté ou de nos sens; elle se retrouve jusque chez les peuples les plus
sauvages, même chez les habitants abrutis de la Nouvelle Hollande; il n'est pas
un tombeau qui ne la proclame, car sans elle nous devrions jeter à la voirie
les corps de nos femmes et de nos enfants avec ceux de nos bœufs et de nos
chiens. L'immortalité n'a jamais été révélée aux Hébreux, parce que nul d'entre
eux ne la mettait en doute, et si leurs législateurs ainsi que les prophètes
ont cherché à diriger leur attention sur la venue du Messie plutôt que sur la
vie future, c'est que l'homme pécheur est un naufragé qui va périr, à qui l'on
ne parle du ciel que sur le rivage et après l'avoir sauvé d'une mort
imminente.» (Explication de l'Ecclésiaste, p. 22, sq.).
Olshausen pense au contraire que l'idée de
l'immortalité manquait en effet, non point sans doute chez Moïse ni chez les
hommes les plus spirituels et les plus développés de la nation, mais chez ceux
qui formaient la masse du peuple, et que Moïse a dû ainsi rattacher toute ses
idées de peines et de récompenses à la vie présente, qui seule apparaissait
comme réelle à leurs intelligences encore charnelles et grossières.
L'un et l'autre de ces points de vue peut se justifier
et se défendre; mais il est évident aussi que si la notion de l'immortalité de
l'âme n'est point enseignée explicitement dans les écrits de Moïse, elle s'y
trouve d'une manière implicite et latente. Ainsi, lorsqu'il est dit Genèse
5:24, qu'Énoch ne parut plus parce que Dieu le prit; ainsi, l'expression «être
recueilli vers ses peuples, ou vers ses pères», Genèse 15:15; 25:8; 49:29-33;
cf. 37:35; Nombres 20:24; Deutéronome 31:16; 32:50. (qui, d'après Gesenius
lui-même, n'implique pas seulement l'idée de sépulture, mais encore celle de
réunion); ainsi, le mot sheôl, Genèse 37:35; 42:38; 44:29; Nombres 16:30, qui
emporte l'idée d'un état quelconque des âmes après la mort, et suffirait à
prouver que les Juifs du temps de Moïse avaient déjà la conscience ou la
conviction que l'âme ne mourait point avec le corps, mais continuait de vivre
d'une vie indépendante; ainsi le vœu de Balaam, Nombres 23:10, qui n'aurait
guère de sens s'il n'avait connu que la mort physique; ainsi les promesses
d'avenir faites à la nation, Deutéronome 26:19; 28:1; sq., etc., qui semblent
supposer une vie s'étendant au-delà des limites d'une génération, et une âme
capable de jouir après la dissolution du corps; ainsi encore, la confiance avec
laquelle Abraham offre son Isaac en sacrifice, Genèse 22, ayant estimé que Dieu
le pouvait même ressusciter d'entre les morts, Hébreux 11:19. (Le chapitre 11
de l'Épître aux Hébreux, qu'on ne cite ici que comme renseignement et non comme
argument, renferme d'ailleurs, même sous ce dernier rapport, la preuve que, en
dehors de la foi à l'immortalité, la plupart des actes des patriarches ne
sauraient être compris, le sacrifice d'Abel, etc.) Enfin notre Seigneur
lui-même, dans une de ses luttes avec les sadducéens, va chercher dans le
Pentateuque un des arguments les plus puissants en faveur de la doctrine de
l'immortalité de l'âme, Matthieu 22:31-32; cf. Exode 3:6.
«Quant à la résurrection des morts, dit-il,
n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a déclaré en disant: Je suis le Dieu
d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob. Dieu n'est pas le Dieu des
morts, mais des vivants.» Il est facile de voir que, dans ce passage, le nom de
Dieu n'emporte pas seulement l'idée de Providence, dans le sens général du mot;
Dieu n'est pas appelé le Dieu d'Adam, ni le Dieu de Moïse, ni, dans le Nouveau
Testament, le Dieu de Pierre ou de Paul, comme aussi nous ne pourrions pas dire
dans un sens spécial le Dieu de Luther et de Calvin; il est à remarquer que,
dans le Nouveau Testament, Dieu est appelé le Dieu (et père) de Jésus-Christ,
Romains 15:6; Éphésiens 1:3, et que, dans l'Ancien, cette expression n'est
employée qu'en parlant de Sem, Genèse 9:26. Si Dieu est le Dieu de tous les
hommes, comme leur Créateur et Providence, il ne l'est plus, dans un sens
particulier, que de ceux qui lui appartiennent par le lien de la vie nouvelle,
il eût pu être appelé Dieu de Noé, puisque Noé était le prédicateur de la
justice, mais Noé représentait plus l'humanité tout entière, bonne et mauvaise,
que la portion sainte de l'humanité, et Sem son fils, comme chef de la branche
bénie, a seul pu voir son nom uni à celui de Dieu. Cette locution renferme donc
l'idée de rapports plus intimes, et, en se proclamant le Dieu d'Abraham et
celui de sa postérité par Isaac et Jacob, le Dieu de l'Ancien Testament
établissait une alliance entre lui et le chef de l'Israël selon la chair,
alliance éternelle qui devait survivre à Abraham lui-même, et qui, en
conservant son nom, même après sa mort, aux jours de Moïse, devait rappeler
qu'Abraham n'était point tout entier descendu dans la tombe, car Dieu n'est pas
le Dieu des morts. C'est ainsi beaucoup plus l'idée de l'immortalité des
rachetés, que celle de l'immortalité en général, qui est relevée dans ces
passages; mais cela suffisait à l'argumentation du Sauveur, qui voulait
seulement établir vis-à-vis des sadducéens, que l'immortalité qu'ils niaient
était déjà annoncée dans les livres de leur loi. Le peuple était frappé de sa
doctrine, non que cette doctrine fût quelque chose de nouveau, mais parce que le
sens que Jésus donnait à ce passage de Moïse, la présentait sous une forme
nouvelle à laquelle la sèche scolastique des pharisiens n'avait pas habitué ses
auditeurs.
En dehors du Pentateuque, il est facile de multiplier
des citations de passages, qui établissent combien Je dogme de l'éternité de
l'âme était, sinon familier aux Hébreux, du moins inhérent à leur théologie et
à leur morale. Déjà l'antique livre de Job, contemporain de Moïse, si même il
n'est son ouvrage, renferme cette célèbre parole: «Je sais que mon vengeur est
vivant, et qu'il viendra enfin sur la terre. Et après ma peau, quand ceci (ma
chair) aura été rongé, je verrai Dieu de ma chair (la résurrection du corps).
Je le verrai moi-même, et mes yeux le verront, et non comme un adversaire. Mes
reins se consument (tant je soupire après ce bonheur). Car alors vous direz:
Pourquoi», etc. Job 19:25-27 (mal traduit dans nos versions).
Dans les Psaumes: 12:7. Toi, Éternel, garde-les, et
préserve à jamais chacun d'eux;
— 16:10. Tu n'abandonneras point mon âme au sépulcre;
— 17:15. Je serai rassasié de ta ressemblance, quand
je serai réveillé;
— 23:6. Mon habitation sera dans la maison de
l'Éternel pour longtemps;
— 30:12. Je te célébrerai à toujours;
— 49:15, sq. Dieu rachètera mon âme de la puissance du
sépulcre quand il me prendra à soi;
— 73:24, sq. Tu me recevras dans la gloire. Quel autre
ai-je au ciel?... Dieu est mon partage à toujours, etc., etc. Cf. 2 Samuel
12:23.
L'histoire de la pythonisse et de l'ombre de Samuel, 1
Samuel 28:41; sq., montre que la croyance à l'immortalité était générale, même
aux plus mauvais temps du règne de Saül, et l'ascension d'Élie au ciel, 2 Rois
2:11; sq., en fut plus tard une vivante démonstration.
Il importe de noter encore les passages suivants:
Ecclésiaste 12:1-16. «Sache que, pour toutes ces choses, Dieu t'amènera en
jugement... Dieu amènera toute œuvre en jugement, touchant tout ce qui est
caché, soit bien, soit mal.» (cf. verset 9).
— Ésaïe 26:19; 66:24. «Tes morts vivront, même mon
corps mort; ils se relèveront, etc.:... leur ver ne mourra point, et leur feu
ne sera point éteint.»
— Toute la vision des os secs, d'Ézéchiel 37;
— Daniel 12:2. «Plusieurs de ceux qui dorment dans la
poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les
autres pour les opprobres et pour l'infamie éternelle;»
— Malachie 4:5. «Voici, je vais vous envoyer Élie le
prophète, avant que le jour grand et terrible de l'Éternel vienne», etc.
Ces passages suffisent à prouver que la foi à
l'immortalité existait chez les anciens Hébreux; mais ils ne parlent guère de
leurs espérances, et la vie future ne se présentait chez eux que sous des
couleurs plus ou moins lugubres. Le Sheôl était une puissance béante qui ne
disait jamais: C'est assez! Proverbes 30:16; une espèce de règne des ombres,
douloureux, sombre et silencieux, Genèse 37:35; 42:38; 44:29; Nombres 16:30;
Deutéronome 32:50; Job 3:13-14 (ces versets, le repos dans la mort, sont d'une
ironie sublime, qui rappelle l'ordre politique régnant dans l'écrasement des
peuples vaincus), 10:21; sq. 30:23; Psaumes 6:5; 18:4; sq. Ésaïe 14:9; sq. etc.
Ce n'est point là le point de vue de l'Évangile, Jean 11:25-26; Philippiens
1:21; sq.; mais cette différence tient à la nature même des deux économies.
Jésus, en effet, la véritable lumière, était annoncé aux Juifs; mais il n'était
pas encore venu briller dans les ténèbres, et éclairer les sombres profondeurs
de la mort. Qu'il y ait eu, ou non, une victoire immédiate de Jésus sur
l'enfer, sur le sépulcre; que sa mort ait été, ou non, immédiatement suivie
d'un changement, d'un bouleversement dans l'ordre infernal; qu'elle ait été un
signal de délivrance pour les âmes des justes, et comme la réalisation des
anciennes promesses non encore accomplies (et nous croyons qu'il en a été
ainsi); que le lieu obscur ait tressailli, ou que toutes choses soient restées
comme elles étaient auparavant, le point de vue a, dans tous les cas, dû
changer pour ceux qui, vivants, ont pu connaître que la mort et le sépulcre
avaient été vaincus, et cette connaissance aura exercé sur leur foi une toute
autre influence que les simples pressentiments, à bien des égards obscurs, de
ceux qui se bornaient à attendre. Avant Christ, l'Israël selon la chair
représentait l'Église sous tutelle et encore mineure, presque dans l'enfance,
et par conséquent ignorante de bien des choses: la mort ne pouvait pas lui
paraître désirable, et le Saint-Esprit envoyé par Jésus a seul pu illuminer la
dissolution du corps et l'émancipation de l'âme comme le seul moyen de réunir
la créature à son Créateur, le pécheur à son Sauveur, et de préparer en même
temps la restauration complète de l'homme tombé, mais régénéré. Pour les
Israélites, l'âme seule continuait de vivre après la mort, et cet état,
nécessairement incomplet, ne pouvait leur apparaître que comme une immortalité
tronquée, et nous-mêmes ne saurions davantage comprendre cette existence
incorporelle que comme un état de transition, relativement heureux peut-être,
mais qui ne saurait être définitif.
Les sadducéens niaient la résurrection et
l'immortalité. Les esséens croyaient à l'immortalité sans résurrection. Les
pharisiens admettaient l'une et l'autre. On peut voir, à ce sujet, l'ouvrage
posthume de Hævernick sur la théologie de l'Ancien Testament; Olshausen, Antiquiss,
eccl, patrum de immortalitate animæ sententiæ; en français, un travail spécial
de feu M. Combe d'Ounous, de Montauban, et le traité de Calvin (la condition et
la vie des âmes après la vie présente). Calvin, après avoir combattu avec plus
de rudesse que de force l'opinion de «messieurs les dormeurs», qui estiment que
les âmes dorment en attendant le jour de la résurrection, conclut ainsi sur
cette question spéciale: «L'esprit est l'image de Dieu, à la similitude duquel
il a vigueur et intelligence, et est éternel; et, tandis qu'il est en ce corps,
il montre ses vertus, et, quand il sort de cette prison, il s'en va à Dieu, du
sentiment duquel il jouit, cependant qu'il repose en l'espérance de la
résurrection bienheureuse, et ce repos lui est un paradis. Mais, quant à
l'esprit de l'homme réprouvé, cependant qu'il attend le terrible jugement sur
soi, il est tourmenté de cette attente, laquelle l'apôtre, pour cette cause,
appelle redoutable. S'enquérir plus outre, c'est se plonger dedans l'abîme des
secrets de Dieu, vu que c'est assez d'apprendre ce que le Saint-Esprit, qui est
un très bon maître, s'est contenté d'enseigner, lequel dit ainsi: «Écoutez-moi,
et votre âme vivra!»
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IMPÔTS.
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On a vu ailleurs que les impositions de tous genres
qui pesaient sur les Hébreux faisaient annuellement un total assez
considérable, qui dépassait de beaucoup le tiers des revenus; cependant les
Hébreux ne pensaient pas à s'en plaindre, et n'hésitaient pas à payer; ils le
faisaient même de bon cœur, soit à cause de la répartition habile, naturelle,
et fractionnée, de ces diverses obligations, soit parce qu'elles leur étaient
demandées sous la forme d'offrandes volontaires, soit enfin parce qu'une partie
de ces dons étaient destinée à des festins ou à des réjouissances auxquelles
tous avaient part. Les impôts étaient de deux sortes, religieux, et civils.
Impôts religieux. Le principal était le demi-sicle du sanctuaire, que chaque
Israélite, âgé de vingt ans et au-dessus, devait apporter en tribut pour le
tabernacle du témoignage. Exode 30:13; 2 Chroniques 24:6;
— Voir: Cens.
Cette obligation continua de subsister après le retour
de l'exil, Matthieu 17:24 (selon d'autres elle ne commença qu'alors), et pesait
sur tous les Juifs de la Palestine et de la dispersion. Après la destruction de
Jérusalem, Vespasien ordonna que la même somme serait perçue annuellement pour
le temple de Jupiter Capitolin. On ignore si, dans le passage Néhémie 10:32-33,
le tiers de sicle qui fut imposé aux Israélites fut une contribution
supplémentaire, motivée par la pauvreté du tabernacle, ou une réduction de
l'impôt ordinaire d'un demi-sicle, fondée sur la pauvreté des fidèles: Winer
pense successivement l'un et l'autre dans ses deux articles Abgaben et Tempel,
et chaque fois il motive son opinion, ce qui prouve tout au moins que le texte
n'est pas positif.
— Voir: Aumône, Culte, et Offrandes.
Impôts civils. Ils étaient complètement inconnus avant
l'établissement de la royauté, et quand le peuple avait contribué pour le
culte, il avait tout fait; avec les rois cela changea, Samuel l'avait prédit:
il y eut non seulement des corvées et des travaux publics, 1 Samuel 8:12,16,
mais encore des impôts en nature, et même dans les cas extraordinaires des
impositions personnelles, 1 Samuel 8:15; 17:25; 2 Rois 3:4; 15:20; 23:35; Ésaïe
16:1; Amos 7:1. Les rois s'arrangèrent en outre pour obtenir des présents
volontaires de la part de leurs sujets, 1 Samuel 10:27; 16:20; 1 Rois 10:25; 2
Chroniques 17:5, ce qui se voit encore de nos jours. Ils paraissent aussi avoir
eu des apanages, une liste civile, 1 Rois 4:27; des droits de transit
paraissent indiqués 1 Rois 10:15, et l'on voit une régie 1 Rois 10:28; cf.
9:26; 22:49. Les rois étrangers qui assujettirent le peuple juif se gênèrent
encore moins, et les Perses firent peser sur les colonies exilées des taxes,
des gabelles et des péages, Esdras 4:13,20; 7:24. Il paraît même que les
gouverneurs particuliers se permirent maintes et maintes concussions, qui
finirent par devenir pour le peuple de véritables charges fort onéreuses,
Néhémie 5:15; 9:37. Les prêtres et les lévites cependant restèrent francs de
toute imposition sous le règne de Xercès, Esdras 7:24.
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INCESTE,
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— Voir: Parents.
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INDES,
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Esther 1:1; 8:9 (hébreu Hoddou pour Hondou); sans
doute la même contrée que nous connaissons encore sous ce nom, et dont les
limites touchent aux frontières méridionales de la Perse. Les Juifs ne
commencèrent à connaître les Indes d'une manière positive que depuis l'exil,
quoiqu'ils en connussent et même qu'ils en exploitassent les produits longtemps
auparavant, cf. Exode 30:23; 1 Rois 10:22;
— Voir: aussi Cus, et Ophir.
On sait quelles sont les richesses naturelles de ce
pays, et comment elles ont toujours excité la cupidité des peuples commerçants.
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INSCRIPTIONS.
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1. —
Voir: Dénombrement.
2. C'était
une habitude des anciens de mettre au-dessus de la tête des condamnés à mort un
écriteau portant la cause de la condamnation et le crime du coupable: on voulut
suivre à l'égard de Jésus la même coutume, et l'on écrivit au-dessus de sa tête
en grec, en latin et en hébreu (syriaque ou caldéen): «Jésus Nazarien, roi des
Juifs.» Socrate parle de cet écriteau, mais sans dire ce qu'il est devenu;
faites à la hâte et sans être destinées à servir de reliques, la plupart de ces
inscriptions étaient bientôt détruites, soit par le bourreau, soit par le temps
ou par accident. Les catholiques n'en ont pas moins su conserver l'original,
sans qu'on puisse dire comment ils se le sont procuré; ils prétendent même en
avoir deux exemplaires, l'un à Toulouse, l'autre à Rome en l'église de
Sainte-Croix; nous laissons ces deux originaux débattre entre eux la question
d'authenticité,
— Voir: Calvin.
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INSECTES.
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Ces malheureux petits animaux, l'un des tourments de
la vie humaine, semblent être (comme les poisons) le fruit de la malédiction
prononcée centre la terre après la chute, Genèse 3:17; la théorie longtemps
admise de leur génération spontanée, attribuait également leur naissance à la
matière inanimée, à la terre elle-même. Ils se développent particulièrement
dans les climats chauds, et se multiplient par myriades innombrables sous le
soleil ardent du Midi: la Palestine n'a pas été plus privilégiée que tous les
pays situés sous la même latitude, elle a eu ses frelons et ses sauterelles de
toutes espèces, dont nous traiterons aux articles spéciaux.
In-sectes : Expression
péjorative qui désigne les membres d’une secte, généralement de la trempe
évangélique du christianisme contrefait moderne.
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INTERDIT, ou anathème.
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Ces deux mots signifient, le premier (hébreu chérem)
perdre, détruire, vouer à l'extermination, le second, en grec, ce qui est mis à
part, séparé, dévoué. L'un et l'autre s'emploient pour indiquer un
retranchement quelconque, physique ou moral, et particulièrement le
retranchement d'un homme, repoussé soit de la société par la mort, soit de
l'Église par l'excommunication. Des animaux, des villes, des peuplades,
pouvaient être vouées à l'interdit, et cette peine emportait toujours dans le
style de l'Ancien Testament la mort des personnes; quant aux animaux et autres
objets de valeur, ils étaient quelquefois également détruits, d'autres fois ils
devenaient l'apanage du sacerdoce, cf. Lévitique 27:28-29. Nombres 18:14; 1
Samuel 14:44; Ézéchiel 44:29. L'interdit était considéré comme la propriété de
l'Éternel, comme un don irrévocable offert en hommage au roi du peuple, et il
est appelé à cause de cela une chose sainte, Lévitique 27:21. Ces sortes de
vœux étaient prononcés par la libre volonté du peuple qui voulait se rendre
Dieu favorable dans une entreprise importante. Quelquefois, cependant, un vœu
était imposé à l'armée par son chef, qui le croyait nécessaire au succès de son
expédition, Nombres 21:2; 1 Samuel 14:24; mais souvent aussi l'interdit perdait
son caractère de vœu pour prendre celui de châtiment théocratique, cf. Esdras 10:8,
et comme tel il rentrait dans l'ensemble des lois pénales d'Israël: ainsi, dans
les cas d'idolâtrie, l'Israélite qui s'était laissé entraîner au culte des faux
dieux, était voué à la mort, Exode 22:20; les villes même qui s'étaient laissé
séduire n'étaient pas épargnées, le feu et l'épée en faisaient justice,
Deutéronome 13:13-16. L'apostasie était punie comme une rébellion politique, et
c'en était une dans le principe de la loi. C'est par le même principe sans
doute, quoiqu'il s'y joignît encore d'autres considérations, que la conquête de
Canaan dut être accompagnée de l'extermination de ses habitants; les Israélites
devaient s'habituer à l'idée de voir en Dieu le roi des rois et le maître de la
terre, en même temps que le chef de tout culte, de toute religion, de toute
morale; pour les Israélites la mort devait être la conséquence naturelle et
nécessaire de l'abandon du vrai Dieu, et l'extermination des Cananéens devait
dire aux nouveaux possesseurs du pays qu'un sort pareil serait la récompense
d'une idolâtrie pareille, cf. Deutéronome 2:34; 3:6; Josué 6:17;
10:28,35,37,40; 11:11. L'interdit emportait la destruction de tout se qui se
trouvait dans ces villes coupables; les hommes et le bétail étaient misa mort,
brûlés, lapidés ou passés au fil de l'épée, les maisons étaient rasées et les
murs démolis, mais l'or et l'argent, ainsi que les vaisseaux d'airain et de
fer, étaient mis à part pour le trésor de la maison de l'Éternel, Josué
6:21,24. Quelquefois, cependant, l'interdit n'était prononcé que contre les
habitants de la ville, tandis que le bétail était épargné, et se distribuait
avec le reste du butin entre les soldats du parti vainqueur, Josué 8:26-27.
Deutéronome 2:34; 3:6.
— Celui qui violait un interdit était lui-même mis à
l'interdit, Josué 6:18; Hacan fut assommé de pierres et brûlé, 7:25, et Saül
fut rejeté de Dieu pour avoir épargné Agag, roi des Hamalécites, 1 Samuel
15:23; cf. Deutéronome 13:17.
Après le retour de l'exil, Esdras excommunia tous les
Israélites qui, ayant pris des femmes étrangères, ne voudraient pas les
renvoyer, et leurs biens furent mis à l'interdit, Esdras 10:8, ce qui paraît
avoir été la conséquence ordinaire de l'excommunication: l'on ignore si cet
interdit amenait la destruction des biens, ou leur simple confiscation au profit
du sanctuaire; le premier cas paraîtrait plus probable, d'après Deutéronome
13:16.
L'excommunication était un interdit purement
ecclésiastique, elle est utilisée dans le
christianisme nominatif pour exclure ceux qui ont le courage de s’opposer à ses
nombreuses fausses doctrines afin de ne pas être exposé comme des imposteurs.
— Voir: Bannissement.
________________________________________
IONIE,
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— Voir: Javan.
________________________________________
ISAAC,
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Genèse 17:19; 21:3; 22:2 (1896 avant J.-C.), fils
d'Abraham et de Sara; il fut pour son père le fils de la promesse et de la foi.
Son nom indique le rire, et lui fut donné, soit parce que Sara avait souri
d'incrédulité lorsque la naissance d'un fils lui avait été annoncée, soit à
cause de la joie que lui causa la naissance de ce fils si longtemps désiré,
18:13; 21:6,
— Voir: encore 17:17.
Il fut circoncis au huitième jour, et passa ses
premières années sous le toit paternel. Au dire des Hébreux, son éducation
aurait été commencée par les patriarches Sem et Héber, dont il fut
contemporain, du premier pendant cinquante ans (1896-1846), du second pendant
soixante-dix-neuf ans (1896-1817), du moins d'après la chronologie reçue, Sa
naissance augmenta les dissensions qui existaient entre les deux épouses, et
Ismaël dut s'éloigner avec Agar sa mère. Quelques années après, lorsque Isaac
eut atteint, à ce que l'on croit, sa vingt-deuxième ou vingt-cinquième année,
il accompagna son père sur le mont Morija. Familier avec l'idée des sacrifices,
il vit sans étonnement le bois et le feu destinés au bûcher, mais il ignorait
quelle devait être la victime; il l'apprit et se résigna sans murmurer, parce
que la même foi qui consolait son père, le fortifiait lui-même et le soumettait
captif à la volonté de Dieu. Vrai type de notre Sauveur immolé par son père,
«il a été mené à la boucherie comme un agneau et comme une brebis muette devant
celui qui la tond, et il n'a point ouvert sa bouche.» Mais Isaac devait
survivre à l'épreuve, et le sanglant sacrifice ne s'accomplit point; un bélier
remplaça sur l'autel le fils d'Abraham, et des bénédictions temporelles
nombreuses furent la récompense de la foi. Isaac vécut nomade comme son père;
il parcourut les plaines et les vallées de Canaan et de la Philistie, où Dieu
le bénit abondamment, surtout dans la culture de la terre, 26:12. À l'âge de
quarante ans il épousa sa parente Rébecca, qu'Élihézer avait été chercher pour
lui en Caldée. Au bout de vingt ans de mariage, elle lui donna deux enfants,
Ésaü et Jacob, qui naquirent quinze ans seulement avant la mort d'Abraham, et
qui se partagèrent diversement l'affection de leurs parents, le tranquille
Jacob étant le bien-aimé de sa mère, Ésaü, le fougueux chasseur, faisant les
délices de son père, parce que celui-ci aimait fort la venaison. Bientôt une
famine força Isaac de quitter les lieux où il habitait; il projeta d'abord de
se rendre en Égypte, mais Dieu l'en détourna. L'on peut remarquer que c'est à
peu près à cette époque qu'eut lieu l'invasion de l'Égypte par les rois
pasteurs. Isaac se rendit à Guérar, où régnait Abimélec, 26:1, et tomba par la
même tentation dans le même mensonge qu'Abraham avait déjà fait à un autre roi
du même nom. Pour sauver sa vie, il risqua de compromettre l'honneur de son
épouse; mais Dieu veillait sur la mère de Jacob, et Isaac, convaincu de
mensonge, avoua ses craintes et son incrédulité. Dieu continua de le bénir dans
ses champs, et il recueillit dans une seule année le centuple de ce qu'il avait
semé. Cependant les Philistins, voyant la multitude des serviteurs et des
troupeaux d'Isaac, devinrent jaloux de cette fortune toujours croissante: ils
comblèrent les citernes qu'avait creusées Abraham, et Abimélec lui-même, entraîné
par son peuple, conseilla ou ordonna à Isaac de se retirer. Isaac obéit et se
rendit d'abord dans la vallée de Guérar, non loin des plaines de ce nom; il
nettoya et rouvrit les puits que ses ennemis avaient comblés, et leur conserva
les noms qu'Abraham leur avait donnés; il en creusa de nouveaux et trouva des
eaux vives pour ses troupeaux. Mais ces puits furent une source intarissable de
querelles, et, après bien des contestations, Isaac prit le parti de s'éloigner
encore davantage et se rendit dans les plaines de Béer-Sébah. Là Dieu lui
apparut, la nuit même de son arrivée, et lui confirma les promesses qu'il avait
faites à son père; un autel fut élevé, le nom de l'Éternel fut invoqué et les
bénédictions abondèrent. Abimélec s'empressa de revenir auprès d'Isaac, avec
son plus intime conseiller et son général d'armée, et comme Isaac se montrait
surpris de les voir le rechercher, Abimélec lui répondit: Nous avons vu
clairement que l'Éternel est avec toi, et nous avens dit: «Qu'il y ait
maintenant un serment solennel entre nous, et traitons alliance avec toi.»
Isaac reçut avec joie cette proposition, il offrit un festin à ses nouveaux
alliés, et le lendemain ils se séparèrent en paix.
Isaac étant devenu vieux, Genèse 27:1, et ses yeux
s'étant fermés tellement qu'il ne pouvait plus voir, il sentit qu'il devait
s'attendre à une mort prochaine, et ne voulut pas différer davantage de donner
sa bénédiction à l'aîné de ses fils. Ignorant la cession du droit d'aînesse
faite par Ésaü à Jacob, ignorant aussi, et peut-être par un manque de foi, que
Dieu avait aimé Jacob et haï Ésaü, il allait bénir l'enfant qu'il préférait, et
voulut d'abord se procurer encore une fois cette sensuelle jouissance qui
influençait peut-être chez lui l'affection paternelle: il fit venir Ésaü et lui
commanda d'aller à la chasse chercher quelque pièce de gibier. «Apprête-moi des
viandes d'appétit, comme je les aime, et apporte-les-moi afin que j'en mange.»
Mais Dieu avait réservé à Jacob les droits de primogéniture. Jacob se les était
acquis en abusant de la fatigue et de l'impétuosité de son frère: ces droits
étaient à lui, mais au lieu de s'en remettre à celui qui est fidèle, au lieu de
laisser Dieu agir, il voulut intervenir, et sa mère, plus rusée encore, hâta,
par un mensonge sans excuse, l'exécution du plan divin. Jacob, âgé de
soixante-dix-sept ans, se moqua d'un vieux père aveugle et lui soutira par son
déguisement la grande bénédiction qu'Isaac voulait donner à Ésaü. Isaac, trop
confiant, soupçonna une ruse, et se laissa néanmoins convaincre: il entendait
la voix de Jacob et touchait la barbe du velu chasseur; mais les plats étaient
là, et pendant qu'Ésaü courait après le gibier, son frère cadet, dont le nom en
hébreu signifie supplantent, recevait les bénédictions paternelles. Grande fut
la douleur du père en découvrant qu'il avait été trompé, mais il ne pouvait
retirer sa bénédiction: «J'ai béni ton frère, dit-il, et aussi il sera béni.»
— «Et ne m'as-tu point réservé de bénédiction? s'écria
Ésaü, plein de désespoir et d'amertume: n'as-tu qu'une bénédiction, mon père?
Bénis-moi aussi, bénis-moi, mon père!» Dieu permit qu'Isaac pût encore donner à
son fils bien-aimé quelques promesses de consolation:» Ton habitation sera en
la graisse de la terre, lui dit-il, et en la rosée des deux d'en haut: tu
vivras par ton épée, et tu seras asservi à ton frère; mais il arrivera qu'étant
devenu maître, tu briseras son joug de dessus ton cou.»
Isaac comprit cependant qu'il n'avait été que
l'instrument de la volonté du Dieu des cieux; il se soumit à cette dispensation
providentielle, et conserva toute son amitié à Jacob. La colère d'Ésaü était à
craindre pour le frère supplanteur, et Isaac, soit pour ce motif, soit pour
éviter que Jacob épousât des païennes et amenât dans la maison des germes de querelles,
comme avait fait Ésaü «26:35, engagea le fils béni à se rendre en Mésopotamie
auprès des parents de Rébecca. Cette absence dura plus de vingt ans; mais Isaac
eut encore avant de mourir la joie de revoir ce fils qui était devenu pour lui
un successeur théocratique, et le chef de sa postérité; il mourut entre ses
bras à l'âge de cent quatre-vingts ans, et fut recueilli avec ses peuples. Ésaü
et Jacob l'ensevelirent dans la grotte de Macpéla, 35:27-28; 49:31.
Abraham, Isaac et Jacob sont trois figures d'élection
qui sont fréquemment rappelées ensemble dans l'Écriture: celle d'Abraham est la
plus belle, celle de Jacob ne peut être comprise que par la foi, par le sens
chrétien; celle d'Isaac est davantage passive. Ce qu'il y a de grand en lui,
c'est sa naissance miraculeuse, c'est aussi l'ordre donné à Abraham de le
sacrifier sur Morija; c'est enfin, si l'on ose le dire, sa bénédiction surprise
et déplacée. Dans ces trois faits il est passif, dans tout le reste de sa vie
il paraît nul. Dieu veut que les colonnes de son édifice visible n'aient pas
d'autre gloire, pas d'autre action que la sienne; et comme la force des fidèles
est de se tenir tranquilles pendant que l'Éternel combat pour eux, leur gloire
est aussi de disparaître derrière l'image de celui dont ils ne doivent que
refléter les vertus et la splendeur. La passivité d'Isaac fut de celles que
chacun doit envier; partout ce patriarche se montre humble, simple, tranquille
et calme; jamais il ne résiste, il se laisse immoler par son père, marier par Élihézer,
chasser par Abimélec, vexer par des bergers, tromper par sa femme, tromper par
son fils, inquiéter par ses belles-filles; une seule fois il pèche par
timidité: partout ailleurs il se fait admirer par sa douceur et sa résignation,
partout il accepte l'Éternel comme Providence, et reconnaît la sagesse de celui
qui mène les hommes et les choses. Il a une vie de famille toute particulière,
aimant sa Rébecca malgré ses torts, et n'ayant qu'elle pour épouse; il vit avec
elle et avec ses deux fils, sans paraître rechercher beaucoup des relations
extérieures; ses goûts sont dans la maison, casaniers et parfois un peu
sensuels, comme ceux des hommes doux et sans ambition. Sa piété paraît avoir
été plus juive que chrétienne, il a moins de confiance et plus de crainte
qu'Abraham, et Jacob jure par la frayeur d'Isaac, 31:42, qui est le
commencement de la sagesse. Il est le symbole de la douceur et de l'amour.
Son nom se retrouve fréquemment dans les livres
saints, 1 Chroniques 1:28; Matthieu 1:2; Luc 3:34; Romains 9:7; Galates 4:28;
Hébreux 11:18:20, et ailleurs.
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ISAÏ ou Jessé,
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Ruth 4:17; 1 Chroniques 2:12; Matthieu 1:5; Luc 3:32;
Actes 13:22; 1 Samuel 17:12,17, Bethléémite, fils d'Obed et petit-fils de Booz
et de Ruth; il fut père de huit fils et de deux filles (— Voir: ce pendant 1
Chroniques 2:15); le plus jeune était David. Après la réjection de Saül, Samuel
apprit de Dieu qu'un des fils d'Isaï était désigné pour le remplacer sur le
trône; aussitôt il convie à Bethléem toute cette famille pour sacrifier à
l'Éternel: les sept fils aînés d'Isaï passent successivement devant le
prophète, tous jeunes, grands, forts et beaux; mais Dieu dit à Samuel: «L'homme
a égard à ce qui est devant les yeux, mais l'Éternel regarde au cœur.» Isaï dut
faire chercher encore le plus jeune qui était aux champs, gardant les brebis,
et il le vit avec joie et surprise proclamer roi d'Israël par le prophète, qui
l'oignit d'huile au milieu de ses frères. Peu de temps après, Saül ayant
demandé un joueur d'instruments, et ayant appelé à sa cour David qui était
habile musicien, Isaï le lui envoya en le chargeant de présents pour ce roi
dont il devait bientôt hériter, 1 Samuel 16:19. Isaï cependant continua de voir
son fils, et le retint même fréquemment auprès de lui, lorsque le service de
Saül n'exigeait pas sa présence, (cf. 1 Samuel 17:17); il l'envoya une fois
visiter ses frères qui avaient suivi Saül dans son expédition contre les
Philistins. Plus tard, pendant les rivalités de Saül et de David, ce dernier
obtint du roi de Moab un asile pour son père, 22:3; c'est la dernière trace de
l'histoire d'Isaï.
Le nom de fils d'Isaï servit quelquefois comme terme
de mépris pour désigner David, ainsi que Jésus était dédaigneusement appelé le
fils de Joseph, le fils du charpentier, 1 Samuel 20:27; 22:7; 25:10; 2 Samuel
20:1; 1 Rois 12:16; 2 Chroniques 10:16; mais lorsque David fut devenu un roi de
gloire, le nom de son père ne fut plus qu'un jalon généalogique, destiné à
rappeler aussi la race de laquelle devait naître le Sauveur, Ésaïe 11:1;
Romains 15:12.
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ISBI-BÉNOB, ou Jisbi,
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Un des Réphaïms, géant d'entre les Philistins. Il
avait résolu, dans une guerre contre David, de, frapper ce chef lui-même: armé
tout à neuf, et portant une lance d'un poids énorme, il fondit, en effet, sur
David qui, vivement pressé par ce puissant ennemi, ne dut son salut qu'au
secours que lui apporta son cousin Abisaï. Les amis et les guerriers de David
jurèrent alors: «Tu ne sortiras plus avec nous en bataille, de peur que lu
n'éteignes la lumière d'Israël», paroles qui feraient supposer que cet
événement eut lieu dans la dernière guerre où David combattit en personne, 2
Samuel 21:16.
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IS-BOSETH, ou Esbahal,
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fils cadet de Saül et d'Ahinoham, 1 Chroniques 8:33;
9:39; 2 Samuel 2:8, etc. Son vrai nom était Esbahal ou Isbahal, mais les Hébreux,
à cause de l'horreur que leur inspiraient les dieux étrangers, et pour éviter
de prononcer le nom de Bahal, le surnommèrent Is-Boseth, homme de honte ou de
confusion. Son père et ses frères ayant succombé dans la bataille de Guilboah,
il se trouva, avec son neveu Méphiboseth, seul héritier du nom de Saül et de sa
couronne, mais l'un et l'autre successeur étaient incapables par eux-mêmes de
rien oser pour reconquérir un trône qui leur avait échappé. Abner osa seul;
mais pour couvrir d'un voile de légitimisme ses desseins ambitieux, il ne
voulut régner que sous un nom reconnu, et Is-Boseth, âgé de quarante ans, fut
la poupée qui porta la couronne. Reconnu roi des dix tribus, il régna sept ans
à Mahanajim, luttant avec désavantage contre les troupes de David, et
s'affaiblissant de jour en jour. La conduite d'Abner à l'égard d'une des femmes
de Saül donna de l'ombrage à Is-Boseth, soit qu'il y vît une injure à la
mémoire de son père, soit qu'il crût y trouver l'indice de vues ambitieuses,
soit enfin que, las d'avoir un maître, il s'estimât heureux de trouver un
prétexte pour montrer à son tour qu'il avait de la volonté et du caractère.
Blessé des reproches d'Is-Boseth, Abner l'abandonna, et résolut d'appuyer la
nouvelle dynastie. En même temps, David fit demander à Is-Boseth Mical son
épouse, et comme Is-Boseth voyait ses affaires s'embrouiller toujours
davantage, il ne voulut pas les compliquer encore par un nouveau refus, et
accorda à David ce qu'il désirait. Il ignorait les négociations du perfide
Abner, et lorsque ce traître eut été mis à mort par Joab, ses mains devinrent
lâches; Is-Boseth crut avoir perdu le meilleur de ses capitaines, et dans son
bonheur il se désespéra. Ce fut sa dernière faiblesse; bientôt deux de ses
officiers, Récab et Bahama, l'assassinèrent dans son palais pendant qu'il
dormait; sa tête sanglante fut portée en hommage à David qui n'apprécia jamais
la lâcheté, et récompensa les meurtriers par le dernier supplice.
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ISMAËL,
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1. fils
d'Abraham et d'Agar, Genèse 16:15; 17:23; 21:14; 1 Chroniques 1:28. Ce n'était
pas l'enfant de la promesse, mais Dieu ne lui en prédit pas moins de grandes
destinées et d'abondantes bénédictions temporelles: «Voici, je l'ai béni,
dit-il, et je le ferai devenir une grande nation.» Fort jeune encore, Ismaël se
montra ce qu'il devait être plus tard, bruyant, gai, fier et violent, grand par
lui-même, comme son frère Isaac était grand par la grandeur de Jéhovah. Vers sa
dix-septième ou dix-huitième année, à ce que l'on pense, à l'époque du sevrage
d'Isaac, Ismaël dut quitter la maison paternelle avec sa mère, Genèse 21:9,
parce que celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né
selon l'esprit, Galates 4:29. Dieu protégea dans sa fuite Ismaël, et continua
de le bénir dans le désert de Paran, où il habita. Le jeune homme devint fort,
vaillant, habile chasseur, et sa mère lui donna pour épouse une de ses
compatriotes, Égyptienne comme elle. Il eut quatorze enfants, dont douze fils,
qui furent autant de princes et chefs de tribus, selon les promesses faites à
Abraham, et deux filles, dont l'une épousa Ésaü, son cousin. Ismaël rendit avec
Isaac les derniers devoirs à son père, et mourut âgé de cent trente-sept ans.
Genèse 25:17; 28:9; 36:3.
Les douze fils d'Ismaël furent, sous le nom
d'Ismaélites, les pères de douze tribus arabes qui subsistent encore
aujourd'hui, mais que l'on distingue cependant avec soin des Arabes primitifs
et authentiques, les Joktanides; quelques auteurs arabes appellent même les
Ismaélites des Arabes fabriqués. Plusieurs de ces tribus sont bien connues et
auront leurs articles spéciaux: ainsi les Nabathéens, les Kédaréniens, etc.
Saint Jérôme dit que de son temps les douze noms subsistaient encore. Le
territoire d'Ismaël s'étendait depuis Havila, à l'orient, jusqu'à Sur, en
Égypte. Vers le septième siècle, la plupart des Ismaélites embrassèrent
l'islamisme, et sont encore maintenant plongés dans les ténèbres de cette
dégoûtante morale, et de ce monothéisme sec et absurde. C'est ce que M.
Coquerel appelle «le milieu entre l'erreur et la vérité», comme si ce milieu
n'était pas l'erreur elle-même.
2. Ismaël,
fils de Néthania, descendant de David, fut du nombre de ceux qui restèrent en
Judée après que Nébucadnetsar eut emmené captifs la plus grande partie des
habitants de ce pays. Poussé par la jalousie, à ce qu'il paraît, parce qu'étant
du sang royal il n'avait pas été nommé gouverneur du pays, il refusa d'obéir à
Guédalia, et se ligua contre lui avec Bahalis, roi de Hammon; puis, abusant
d'une confiance qu'il avait acquise par la dissimulation, il se jette sur
Guédalia, au milieu d'un festin, et le tue; il égorge ensuite ceux des
adhérents de Guédalia qu'il rencontre, et les Caldéens qui sont en garnison à
Mitspa. Quelques hommes de Sichem, de Silo, de Samarie, en tout quatre-vingts,
allaient ayant la barbe rasée et les vêtements déchirés, offrir de l'encens et
des dons en la maison de l'Éternel. Ismaël en est instruit; il comprend que ces
pieux Israélites seront les amis de Tordre, et, par conséquent, ses ennemis à
lui-même; il les attire par ruse à Mitspa, où il les fait égorger et précipiter
dans une fosse. Dix d'entre eux s'échappent seuls, en promettant de livrer à
Ismaël ce qu'ils possèdent de provisions en froment, orge, huile et miel,
cachées au milieu des champs. Il emmène ensuite captifs avec lui une partie des
habitants de Mitspa, et les filles du roi qui avaient été confiées à Guédalia,
et prend le chemin du pays de Hammon, où il espère être suffisamment protégé
contre la vengeance probable de Nébucadnetsar. Mais Johannan et d'autres
capitaines des villes de Judée, ayant appris les crimes d'Ismaël, mettent sur
pied leurs gens de guerre, le poursuivent et l'atteignent près des grosses eaux
de Gabaon. Les prisonniers reprennent courage et s'enfuient auprès de Johannan,
qui vient à leur aide, et Ismaël, avec huit hommes qui lui restent, gagne au
plus vite les terres de Bahalis, affligé sans doute que tant de crimes aient
été inutiles. On ignore où et comment il mourut, 2 Rois 25:23; Jérémie 40, et
41.
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ISRAËL.
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Ce nom, qui signifie vainqueur de Dieu, fut d'abord
donné en surnom à Jacob par Dieu lui-même, lors de la rencontre du Jabbok et de
la lutte de Jacob avec l'Éternel, parce que, dit l'ange, tu as été le maître en
luttant avec Dieu et avec les hommes, et tu as été le plus fort, Genèse 32:28;
35:10. Le nom d'Israël devint ensuite celui de la postérité bénie, et les douze
tribus le portèrent en commun. Lors de la première division du royaume, après
la mort de Saul, sous David et Is-Boseth, les onze tribus qui marchaient sous
les armes de ce dernier, conservèrent le nom d'Israël, qui était celui de la
nation tout entière, dont elles formaient la plus grande partie, tandis que la
douzième tribu, celle de Juda, qui marchait avec David, resta tout ensemble
tribu et royaume de Juda, 2 Samuel 2:9-10; cf. 19:40. Ces deux noms de Juda et
d'Israël servirent donc à désigner en quelque sorte, dans les temps de trouble,
la minorité et la majorité du royaume, et après la mort de Salomon, lorsque le
pays tout entier se partagea (975 avant J.-C.), les tribus de Juda et de
Benjamin gardèrent le nom de royaume de Juda, tandis que les dix autres prirent
le nom de royaume d'Israël, qu'elles méritaient moins que les deux premières,
puisqu'elles s'éloignaient de la branche théocratique, abandonnant le roi que
le Dieu d'Israël leur avait donné. Ces dix tribus sont Éphraïm, Dan, Siméon,
Manassé, Issacar, Zabulon, Aser, Nephthali, Gad et Ruben, auxquelles il faut
joindre la partie tributaire de Moab et les autres peuplades et terres qui
avaient été conquises par Salomon. La capitale de ce royaume fut d'abord
Sichem, 1 Rois 12:25, puis Tirtsa, 1 Rois 14:17; 15:21, et enfin, depuis Homri,
Samarie. La puissante et toujours jalouse tribu d'Éphraïm (cf. 1 Chroniques
5:1; Genèse 48:17; Juges 8:1; 12:1) fut sans doute à la tête de ce mouvement de
séparation; elle se glorifiait d'avoir donné le jour à Josué, et Jéroboam, qui
sépara le royaume, était Éphraïmite: aussi le nom de royaume d'Éphraïm
serait-il beaucoup plus justifié que celui de royaume d'Israël, et les auteurs
sacrés l'emploient-ils quelquefois, Psaumes 78:9,67-68; Osée 6:4; Ésaïe 11:13.
Neuf révolutions successives, toujours accompagnées de leurs calamités
ordinaires, amenèrent sur le trône neuf dynasties différentes qui ne comptèrent
pas plus de dix-huit rois, et ne durèrent ensemble que 240 ans à peu près
(975-729), ce qui donne pour chaque roi une moyenne de 13 ans, et pour chaque
dynastie une moyenne de 26 ans et demi.
1re dynastie Jéroboam règne de 22 ans
Nadab règne de 2 ans
2e dynastie Bahasa règne de 24 ans
Élah règne de 2 ans
3e dynastie Simri règne de 7 jours
4e dynastie Homri règne de 12 ans
Achab règne de 22 ans
Achazia règne de 2 ans
Joram règne de 12 ans
5e dynastie Jéhu règne de 28 ans
Joachaz règne de 17 ans
Joas règne de 16 ans
Jéroboam
II règne de 41 ans
Zacharie règne de 6 mois
6e dynastie Sallum règne de 1 mois
7e dynastie Manahem règne de 10 ans
Pékachia règne de 2 ans
8e dynastie Pékach règne de 20 ans
9e dynastie Hosée règne de 9 ans
Total 241 ans, 7 mois, 7 jours.
Les années étant exprimées en nombres ronds, on ne
doit pas s'étonner que dans les détails, les fractions négligées amènent une
différence de quelques années en plus, et le synchronisme des rois de Juda
compte, pour le même espace de temps, 260 années. Sans entrer dans des
discussions chronologiques qui pourraient nous mener loin sans nous mener nulle
part, nous nous bornerons pour le moment aux observations suivantes:
1. On
doit admettre que les années sont indiquées d'une manière générale, sans égard
aux fractions, et le récit sacré l'indique lui-même en plusieurs endroits,
comme on peut s'en convaincre par la comparaison des passages suivants, 1 Rois
15:9; et 25; 15:25 et 33; 2 Rois 14:1; cf. 14:17; 13:1; et ailleurs.
2. Quelquefois
un fils a commencé à régner pendant les dernières années de son père, et les
années de cette association sont quelquefois attribuées à l'un et à l'autre
tout ensemble, et par conséquent doublées.
3. Il
y a eu des interrègnes qui, n'étant pas comptés dans la chronologie des rois,
diminuent d'autant les années de cette époque, et doivent y être ajoutées pour
les compléter; c'est ce qu'a fait Des Vignoles dans sa chronologie de
l'histoire sainte. Ajoutons encore que, lorsqu'il y a désaccord, il faut donner
la préférence aux dates du royaume de Juda, parce que l'histoire de ces deux
tribus est plus simple, mieux suivie, moins compliquée d'anarchie,
d'interrègnes et de révolutions, et par conséquent moins sujette à erreurs.
— Les suites de la scission furent, pour Israël, sa
décadence comme nation, l'abaissement de sa puissance politique,
l'anéantissement de son commerce et de sa prospérité intérieure, la
démoralisation du peuple par les guerres intestines. Le principe de la
révolution porta ses fruits, et huit usurpations successives furent autorisées
par l'usurpation de Jéroboam. En religion ce fut pire encore, cf. 1 Rois 15:34;
16:2; 22:53; 2 Rois 3:3; 10:29; 13:2; 14:24; 15:9; 17:22; le culte du veau d'or
ayant été établi par Jéroboam, et celui de Bahal par la maison d'Achab, les
prêtres, les lévites, et tous les hommes pieux et zélés pour le culte du vrai
Dieu abandonnèrent Israël et se réfugièrent en Juda, 2 Chroniques 11:13-46. Les
prophètes de l'Éternel cependant ne manquèrent jamais en Israël, même dans les
périodes de la plus sombre idolâtrie et des plus profondes ténèbres, et il se
rencontra toujours, même à la cour des rois, quelques hommes qui ne fléchirent
point le genou devant un autre que Jéhovah, 1 Rois 18:4. Dans les premiers
temps de son existence, Israël fut quelquefois inquiété par Juda, mais sans
succès; les entreprises des Philistins furent également passagères et
n'amenèrent pas de résultat, 1 Rois 16:15. Bientôt la séparation des deux
royaumes fut si bien reconnue que les deux cours rivales, se regardant comme
indépendantes, en vinrent à contracter des alliances, soit politiques, 1 Rois
22:2; 2 Rois 3:7; 8:28, soit même domestiques, 2 Rois 8:18,27. Mais Israël
trouva un ennemi opiniâtre et puissant dans les rois de la Syrie de Damas, qui,
à diverses reprises, passèrent les frontières, 1 Rois 20:34; 22:3, et
réduisirent Éphraïm à la dernière extrémité, 2 Rois 13:7; cependant, sous
Jéroboam II, grâce à la puissance assyrienne qui s'élevait, et qui
affaiblissait ainsi par son voisinage le royaume de Syrie, les Israélites
redressèrent la tête, repoussèrent vigoureusement le Syrien, s'emparèrent d'une
portion de son territoire, et s'élevèrent à une hauteur de prospérité que
jusqu'alors ils ne connaissaient point. Cela dura peu; le bien-être engendra le
luxe, la volupté, le relâchement: ce furent les délices de Capoue; les
querelles de parti se renouvelèrent, une fausse politique commença à
prédominer. Osée 5:13, et Israël, devenu tributaire d'Assyrie, 2 Rois 15:19,
vit bientôt une partie de ses habitants conduits en captivité, 2 Rois 15:29;
cf. Ésaïe 8, et 9. Dès lors il n'y eut plus rien que de précaire dans l'existence
de ce pauvre pays, sa ruine parut inévitable, et la malheureuse alliance d'Osée
avec le roi d'Égypte fut le dernier acte politique de ce royaume; Israël tout
entier fut déporté et mené en exil, 2 Rois 18:9, environ 131 ans avant la chute
du royaume de Juda. Aussitôt après avoir raconté cette catastrophe, l'historien
sacré énumère les causes qui l'ont amenée, et met en première ligne l'idolâtrie
intellectuelle et morale de ce peuple. Les Israélites qui demeurèrent dans le
pays se mêlèrent peu à peu avec les colons qui y furent envoyés d'Assyrie pour
le cultiver et le défendre; ils retournèrent cependant au culte de l'Éternel,
et plusieurs d'entre eux se réunirent à Juda pour l'exercice de ce culte, 2
Rois 23:15,19; 2 Chroniques 34:33; 35:19.
— Voir: Exil.
Il importe de spécifier que la nation modern d’Israel
n’a rien avec l’ancienne sauf le nom. L’Israel moderne est une duperie
politique, elle correspond à «la bête qui sort de la terre» des nations (Apoc.
13 :11). Elle a été formée de l’ancien empire des Khazars qui s’était converti
au Judaïsme. En d’autres mots l’Israel moderne n’est pas le peuple de Dieu,
mais le peuple dieu, c'est-à-dire de Satan. Le Sionisme actuel n’est plus une
théocratie, mais une autocratie basée sur l’idéologie d’une domination mondiale.
Sa philosophie demeure toutefois celle du salut par les œuvres et rejoint celle
du libre-arbitre d’un salut par le choix du Vatican, les deux se rejoignant
dans une utopie spirituelle qui se nomme l’Antichrist.
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ISSACAR,
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neuvième fils de Jacob, cinquième de Léa, Genèse
30:18. Son nom signifie prix ou récompense, et Léa le lui donna, «car,
dit-elle, Dieu m'a récompensée parce que j'ai donné ma servante à mon mari.» Il
naquit 1749 ans avant J.-C., et eut quatre fils: Tolah, Puva, Job et Simron,
46:13. Sa vie est peu connue, et ne parait pas avoir rien présenté de saillant.
La bénédiction de Jacob mourant lui prédit un avenir matériel et peu honorable:
«Issacar, dit-il, est un âne essu, couché entre les barres des étables; il a vu
que le repos était bon et que le pays était beau, et il a baissé son épaule
pour porter, et s'est assujetti au tribut.» Moïse annonce qu'il vivra paisible
dans ses tentes, qu'il partagera avec Zabulon l'abondance de la mer et les
richesses du commerce, Genèse 49:14-15. Deutéronome 33:18-19. Lors du
dénombrement d'Israël dans le désert, Issacar comptait 54,400 hommes en état de
porter les armes. Cette tribu est louée dans le cantique de Débora pour son
zèle à prendre les armes. Juges 5:15. Elle a donné naissance au juge Tolah, qui
gouverna le pays pendant vingt-trois ans, sans autre gloire que celle de la
paix, Juges 10:1-2.
La tribu d'Issacar reçut en partage, lors de la
division du pays, les meilleurs endroits de la terre, la belle et riche plaine
de Jizréhel, s'étendant depuis la chaîne du Carmel jusqu'au lac de Génésareth,
ayant au midi la demi-tribu de Manassé, au nord celle de Zabulon, à l'occident
la Méditerranée, à l'orient le Jourdain et l'extrémité de la mer de Tibériade.
Elle occupait avec Zabulon le grand pays de passage de Canaan, et les habitants
de ces deux tribus comptèrent, à l'époque de Jésus-Christ, parmi les plus
civilisés des Galiléens; la plupart des apôtres appartenaient à l'une ou à
l'autre de ces tribus, et par le message de l'Évangile ils accomplirent
entièrement la prophétie de Moïse: «Ils appelleront les peuples en la montagne,
ils offriront là des sacrifices de justice.» Deutéronome 33:19.
L'auteur du livre des Chroniques dit des Issacariens
qu'ils étaient «fort intelligents dans la connaissance des temps pour savoir ce
que devait faire Israël», éloge qui ne se rapporte probablement ni à des
connaissances astronomiques, ni à la science des saisons par rapport à
l'agriculture, mais à une certaine habileté pratique ou politique, qui du reste
ne peut être précisée davantage par l'histoire.
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ITHAMAR.
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quatrième fils d'Aaron et d'Élisébah (1490 avant J.-C.)
Exode 6:23. Il fut consacré avec ses fils, Nombres 3:2, mais il n'exerça jamais
la souveraine sacrificature, qui, après la mort de Nadab et d'Abihu, fut donnée
à la famille d'Éléazar. Lui-même fut chargé dans le désert de surveiller les
travaux du tabernacle et de diriger les Guersonites et les Mérarites dans le
transport de l'arche de l'alliance. Exode 38:21. La souveraine sacrificature
entra, l'on ne sait comment, dans sa famille par Héli, juge d'Israël, et en
sortit de nouveau par la déposition d'Abiathar, après avoir fourni, outre ces
deux pontifes, Ahitub, Ahija, et Ahimélec, q.v.
— cf. 1 Chroniques 6:3; 24:1; Nombres 4:28; 26:60.
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ITHIEL et Ucal,
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inconnus. C'est à eux qu'Agur adressa les maximes
contenues dans le 30e chapitre des Proverbes; on peut supposer qu'ils étaient
fils, amis ou disciples de ce sage.
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ITTAÏ,
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1. guerrier
benjamite de Guibha, l'un des trente-sept hommes vaillants de David, 2 Samuel
23:29; 1 Chroniques 11:31.
2. Ittaï,
Philistin de Gath, peut-être prosélyte, avait mis à la disposition de David 600
hommes de ses compatriotes dont il était le chef. Après la révolte d'Absalon,
David ne voulant astreindre personne à partager sa mauvaise fortune, offrit à
Ittaï de lui rendre sa parole, mais ce généreux guerrier refusa de la reprendre
et jura par le nom de l'Éternel: «En quelque lieu où le roi mon seigneur sera,
soit à la mort, soit à la vie, son serviteur y sera aussi.» David ne résista
pas à tant de dévouement; Ittaï se donna à lui sans réserve et le servit avec
ses troupes et sa famille; il commandait un tiers de l'armée à la bataille qui
fut si funeste à Absalon, 2 Samuel 15:19; 18:2.
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ITURÉE,
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contrée au nord-ouest de la Palestine. Luc 3:1, dit
que Philippe était tétrarque dans la contrée de l'Iturée et de la Trachonite,
et comme Flavius Josèphe donne à Philippe la Trachonite, la Batanée et
l'Auranite, on a cru que ces deux dernières provinces portaient ensemble le nom
d'Iturée. Cette conclusion n'est pas nécessaire, car saint Luc a parfaitement
bien pu ne pas indiquer les possessions moins importantes de Philippe, et
omettre l'un ou l'autre de ces districts, comme dans le même passage il ne
donne à Hérode Antipas que la Galilée quoiqu'il possédât aussi la Pérée.
Strabon et Pline placent l'Iturée en Cœlésyrie, et Strabon ajoute qu'elle était
à l'ouest de Damas, tirant vers le sud du côté de l'Arabie Déserte. C'était, au
dire du même auteur, une contrée crevassée et riche en cavernes, dont les
habitants, favorisés par les accidents du terrain, se livraient en masse au
brigandage et rendaient dangereuse et redoutée la grande route de Damas.
Virgile (Georg. 2, 448) vante l'habileté des Ituréens dans le maniement de
l'arc et des flèches.
Aristobule, environ un siècle avant Christ, conquit et
réunit à la Judée une partie considérable de l'Iturée, dont il contraignit les
habitants à se faire circoncire sous peine d'exil; mais bientôt les Ituréens
passèrent en Phénicie et se soumirent à Rome sous Pompée, tout en conservant
des princes choisis du milieu d'eux. Claude réunit plus tard l'Iturée à la Syrie.
L'Iturée tirait probablement son nom de Jétur, le
dixième fils d'Ismaël, Genèse 25:15; 1 Chroniques 1:31; cf. 5:19; et la
position de ce pays sur les confins de l'Arabie justifie ce sentiment. Il
paraîtrait alors que les Ituréens auraient abandonné la pratique de la
circoncision, puisque Aristobule dut la leur imposer de nouveau, à moins qu'on
n'entende qu'Aristobule les obligea à circoncire les enfants le huitième jour,
tandis que les Ismaélites ne le faisaient que dans la douzième ou quinzième année.
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IVOIRE.
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Les défenses d'éléphant, que les anciens prenaient
pour des cornes, ont été connues en Europe et dans l'Asie occidentale bien
longtemps avant l'éléphant lui-même. L'ivoire est pour la première fois nommé
dans le Cantique des Cantiques, ou au Psaumes 45, suivant l'époque que l'on
assigne à la composition de ce psaume. Il est probable que Salomon, qui faisait
le commerce des Indes, fut aussi le premier qui fit connaître à la Judée
l'ivoire et l'animal qui le donne, cf. 1 Rois 10:22; 2 Chroniques 9:21. Son
troue était d'ivoire incrusté d'or, 1 Rois 10:18; et l'on voit Achab, 22:39,
employer l'ivoire à beaucoup d'autres usages et ne l'épargner ni dans ses
meubles ni dans ses appartements, cf. Apocalypse 18:12, et Amos 6:4. Les
marchands de Tyr poussèrent le luxe jusqu'à plaquer d'ivoire les bancs de leurs
vaisseaux, si même ils n'employèrent pas de l'ivoire massif. Ézéchiel 27:6; cf.
15. Dans ce dernier passage, le prophète appelle les défenses de l'éléphant des
cornes de dents, unissant ainsi l'apparence à la réalité.
— Voir: dans Harris,
plusieurs citations des auteurs profanes qui montrent
combien cette substance a été connue et appréciée des Grecs et des Romains, et comment
on la travaillait.
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IVRAIE,
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le lolium temulentum de Linnée, herbe vénéneuse qui
croît souvent en Orient au milieu des champs de blé, d'orge ou d'avoine,
Matthieu 13:25. Virgile l'appelle infelix lolium, Georg. 1, 153. Elle ressemble
beaucoup à l'orge, surtout quand elle est jeune. Ses grains sont cependant plus
foncés, parfois jaunâtres, allongés, plus épais à une extrémité et couverts de
bourre. Mêlée avec du pain, l'ivraie est dangereuse pour la santé, elle gâte
l'estomac et porte à la tête; elle enivre, et c'est même de là que lui vient
son nom, comme peut-être en allemand celui de Tollkorn. Il n'en arrive pas
moins que, vu la difficulté du triage, on pétrit quelquefois l'ivraie avec le
blé, lorsque la proportion du mauvais grain n'est pas considérable. Selon
quelques auteurs, l'ivraie ne serait qu'un blé dégénéré, susceptible même de
redevenir froment, si elle est semée en bonne terre.
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IZÉBEL,
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— Voir: Jésabel.
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-J
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JAAZANJA,
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1. fils
d'un Jérémie inconnu (695 avant J.-C.), et l'un des chefs de la maison des
Réchabites, Jérémie 35:3. Jérémie le prophète le fit appeler, lui et les siens,
et voulut les contraindre à boire du vin contre les ordonnances de leur aïeul
Jéhonadab; ils refusèrent tous, et Jérémie, qui l'avait bien prévu, se servit
de ce fait pour reprocher aux Juifs leur rébellion contre la loi de Dieu,
tandis que la voix d'un homme était encore obéie dans la famille de Réchab.
2. Fils
de Saphan, Ézéchiel 8:11 (594 avant J.-C.). À la tête de soixante et dix des
anciens d'Israël, il se tenait dans une des salles du parvis du temple, ornée
de toutes sortes de figures de reptiles et de bêtes tout à l'entour, et il leur
offrait de l'encens. Ézéchiel était en Caldée, quand l'Éternel lui montra en
vision toutes ces abominations et beaucoup d'autres qui se commettaient à
Jérusalem; il annonça alors aux Juifs qui étaient avec lui les châtiments qui
devaient fondre sur ces impies idolâtres; mais on n'ajouta point foi à ses
paroles.
3. Jaazanja,
fils de Hazur, inconnu, Ézéchiel 11:1. On suppose qu'il était un des membres du
sénat sous le règne de Sédécias; sa parole perfide et pleine d'iniquité
séduisait le peuple par de mauvais conseils.
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JABAL,
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descendant de Caïn par Lémec et Hada, Genèse 4:20,
«fut père de ceux qui habitent dans les tentes, et des pasteurs.» La vie nomade
est ainsi séparée de la vie pastorale. On peut dire que l'un et l'autre de ces
genres de vie existaient déjà de fait avant lui, car Abel était berger, et les
patriarches étaient nomades par cela même qu'ils n'étaient pas organisés en
société, qu'il n'y avait point de ville, et que chacun se transportait où il
voulait avec le modeste bien dont il était possesseur. La gloire de Jabal fut
probablement d'avoir régularisé la vie nomade en apprenant aux hommes à se
servir de tentes, à les dresser, et à les plier au besoin pour se remettre en
course, Genèse 4:20.
(Selon
l'étymologie, Jabal signifie «fastueux», une des caractéristiques prédominante
de la race noire. Il fut l'origine ou le père de ceux qui demeurent dans des
sanctuaires et près des rachetés dans le but de les séduire.)
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JABBOK.
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Ce torrent, maintenant Zerka, se forme de ruisseaux
qui viennent de l'est et du nord, et d'un ruisseau qui arrive du sud et coule
près de Rabbath-Hammon. La source principale descend de la partie de la haute
plaine qui touche au grand désert. Le Jabbok coule vers l'ouest, dans une
vallée assez large dont le fond se maintient à une certaine élévation; plus bas
il rencontre comme une fente profonde dans le plateau, et se fraye sa route
dans une gorge étroite entre des parois de rochers de 500 pieds de hauteur,
déchirure singulière qu'on aperçoit seulement en arrivant sur ses bords, du
haut desquels on entend bouillonner dans l'abîme les eaux de la rivière
(Rougemont). L'endroit où le Jabbok sort de ce défilé et du plateau est peut-être
le gué de Péniel, Genèse 32:22; sq., que d'autres voyageurs croient avoir
retrouvé plus à l'est sur le plateau. Le Jabbok se jette dans le Jourdain, à 6
kilomètres de l'endroit où il sort des montagnes, et à peu près à égale
distance du lac de Tibériade et de la mer Morte. La partie supérieure de son
cours, appelée aussi le ruisseau de Rabbath-Hammon, était la frontière qui
séparait les Hammonites à l'est, des Amorrhéens, et plus tard de Gad à l'ouest.
La partie inférieure était la limite nord des Amorrhéens sous leur roi Sihon,
et la limite sud du royaume de Basan; plus tard elle sépara Gad de Manassé,
Nombres 21:24; Deutéronome 2:37; 3:16; Josué 12:2; Juges 11:13,22.
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JABÈS,
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ville de la demi-tribu transjourdaine de Manassé,
ordinairement appelée Jabès de Galaad. Elle était située au-dessus d'une vallée
ou d'un wady qui porte encore son nom, sur le sommet d'une montagne d'où elle
avait vue sur les collines de Basan, et qui fait partie de la chaîne la plus
septentrionale des monts de Galaad. Elle fut saccagée par les Israélites pour
avoir refusé de prendre part à la guerre d'extermination contre Benjamin, Juges
21:8,10. Plus tard, Nahas, roi de Hammon, l'ayant réduite à la dernière
extrémité, elle allait se rendre aux conditions les plus dures, quand Saül vint
et la délivra, 1 Samuel 11. Les habitants conservèrent toujours la plus vive
reconnaissance pour leur libérateur, et pour sa maison; et quand Saül et ses
fils eurent été tués en Guilboah, dans la bataille contre les Philistins, ceux
de Jabès vinrent de nuit, enlevèrent les corps qui avaient été pendus aux
murailles de Bethsan, et les ensevelirent honorablement sous un chêne, près de
leur ville, 1 Samuel 31:11-12.
— Eusèbe la met à 6 milles de Pella, vers Gérasa.
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JABIN,
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1. roi
de Hatsor à l'époque de Josué, Josué 11:1 (1450 avant J.-C.). C'était un des
rois les plus puissants de Canaan; il demeurait au-dessus du lac de Séméchon,
dans la Galilée, et dominait presque tout le nord du pays. Il résolut d'écraser
Josué, et se ligua avec quelques rois voisins ses tributaires, tellement qu'ils
étaient un grand peuple comme le sable qui est au bord de la mer; mais ils ne
se réunirent que pour être détruits plus facilement, et Josué les chargea avec
tant de vigueur que personne n'échappa, ni hommes, ni chevaux; la ville même
fut brûlée et Jabin mis à mort.
2. Hatsor
reconstruite, eut, cent soixante-cinq ans après, 1285 avant J.-C., un autre roi
du même nom, peut-être descendant du premier. Ce Jabin était devenu si
puissant, que l'Écriture lui donne le nom de roi de Canaan, Juges 4:2. Se
rappelant les vieilles injures de son peuple, et désireux de les venger, il
avait accablé Israël de toutes ses forces, et entretenait une grande armée, et
900 chariots armés de faux, dont il avait confié le gouvernement à son général
en chef Siséra. Cette oppression, qui fut la troisième servitude, dura vingt
années, et se termina par les victoires et le cantique de Débora.
— Voir: Psaumes 83:10.
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JABNÉ,
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ville des Philistins, située entre Joppe et Asdod;
Hozias s'en empara, 2 Chroniques 26:6. Plus tard, elle fut appelée Jamnie, et
Flavius Josèphe dit qu'elle était très populeuse, habitée par beaucoup de Juifs
mêlés avec quelques païens; elle possédait un bon port. Pompée la prit sur les
Juifs et la donna à la Syrie. Elle était à 240 stades de Jérusalem et à 12
milles de Diospolis. Après la ruine de Jérusalem, elle fut pendant quelque
temps le siège du sanhédrin et d'une école juive assez distinguée.
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JACOB,
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1. Genèse
25:26, sq. (1836 avant J.-C.), fils d'Isaac et de Rébecca, plus aimé de sa mère
à cause de son naturel paisible et facile à mener, le troisième des grands
patriarches théocratiques, Exode 19:3; Psaumes 22:24; 105:6; Ésaïe 45:19;
Ézéchiel 20:5. Il lutta par la ruse contre l'infériorité de sa naissance, et
réussit à se procurer le droit d'aînesse pour le prix d'un plat de lentilles; à
ce droit d'aînesse il fallait joindre la bénédiction paternelle, sans laquelle
il restait stérile, et Jacob, par un artifice honteux et grossier, vint, à
l'âge de soixante-dix-sept ans, se jouer d'un père aveugle pour lui soutirer
cette bénédiction que le vieillard se proposait de donner à l'aîné, que Dieu
avait dessein de transférer sur la tête du second, et qu'il eût effectivement
transférée sans le concours de moyens déshonnêtes, comme il le fit bien voir
plus tard à Jacob lui-même, en inclinant son cœur à bénir de la main droite
Éphraïm plutôt que Manassé. La ruse réussit, mais Jacob dut recueillir les
fruits de son péché avant de jouir des bénédictions que Dieu lui avait
assurées: il lui fallut quitter son père et sa mère pour fuir le ressentiment
d'un frère justement irrité, et il partit pour la Mésopotamie, où une épouse
lui était réservée dans la maison de Laban, frère de sa mère. Il avait alors
soixante-dix-sept ans, chiffre qui surprend d'abord, mais qui se justifie par
les considérations suivantes: Joseph avait trente ans quand il fut présenté à
Pharaon, Genèse 41:46; lorsque son père et ses frères vinrent le rejoindre,
c'est-à-dire en la deuxième année de la famine, il en avait par conséquent
trente-neuf (45:6). À cette époque Jacob en a cent trente (47:9); Joseph est
donc né dans la quatre-vingt-onzième année de Jacob. Or Joseph est né vers la
fin des quatorze premières années que Jacob passa chez Laban (30:22,25), après
avoir quitté la maison d'Isaac, ce qui donne l'âge de soixante-dix-sept ans
pour l'époque de son entrée en Mésopotamie.
Ce voyage fut pour Jacob la fin de l'enfance et le
commencement de la vie: sa mère n'était plus là pour le mener, il devait se
sentir à la fois libre et responsable, et le remords dut se faire sentira son
cœur. Sans doute il emportait la bénédiction de son père, mais Dieu lui
accorderait-il la sienne? Accablé de fatigue et peut-être aussi de pensées
décourageantes, il s'endormit un soir près de Luz, et Dieu qui avait fait de
lui un vase d'élection, voulut le rassurer, et lui envoya cette grande et belle
vision de l'échelle qui, partant de la terre pour se perdre dans les cieux,
servait d'intermédiaire entre l'homme et l'Éternel par le moyen des anges, qui
montaient et qui descendaient, saints et brillants messagers du Dieu d'Abraham,
d'Israël et de Jacob. Saintement effrayé, le voyageur s'écria: «C'est ici la
maison de Dieu, c'est ici la porte des cieux.» Il oignit d'huile la pierre qui
lui avait servi de chevet, et changea le nom de Luz en celui de Béthel, qui
signifie maison de Dieu. Cependant, il ne comprit pas toute la grandeur des
promesses qui lui étaient faites, et il se borna à quelques vœux pour l'heureux
achèvement de son voyage et pour son heureux retour auprès d'Isaac. Bientôt il
arrive en Mésopotamie, où Rachel accueille avec joie son cousin presque
octogénaire. Le cupide Laban met à de rudes épreuves la patience et l'amour de
Jacob; après sept ans de service il lui donne Léa, sa fille aînée, au lieu de
Rachel qu'il aimait et qu'il avait demandée. Jacob se plaint de cette
substitution, et obtient qu'on lui accorde aussi Rachel, pour laquelle il offre
de servir sept nouvelles années. Les deux épouses rivales divisent la maison du
patriarche; Rachel est la préférée, mais Léa est féconde et s'élève au-dessus
de sa sœur qui ne l'est pas, Genèse 30. Pour complaire à celle qu'il aime,
Jacob donne le titre de concubine à Bilha, la servante de Rachel, et Léa lui
demande la même faveur pour Zilpa, sa servante. La famille de Jacob s'accroît
ainsi considérablement, mais il n'est encore que le serviteur de son oncle et
beau-père; il exprime le désir de retourner auprès de sa famille et demande à
Laban, avec son congé, la récompense de ses travaux. Ces deux hommes rivalisent
de ruse pour se tromper l'un l'autre, et Jacob est le plus fort; il demande à
Laban de lui donner toutes les bêtes picotées de son troupeau et s'engage à le
servir quelques années encore. Laban accepte et consent; mais d'abord il
éloigne du troupeau, pour les confier à ses fils, toutes les bêtes déjà
picotées, afin de diminuer d'autant la chance qu'il en naisse de nouvelles.
Jacob, de son côté, s'éloigne avec les chèvres et les brebis blanches. Il
devait savoir que Dieu ferait tourner ce contrat en sa faveur (31:11); il
voulut, comme toujours, forcer la fortune et accomplir par des ruses la volonté
divine; il plaça donc devant les auges et les abreuvoirs de jeunes branches
dont il avait pelé et mis à blanc quelques parties, de sorte que les troupeaux
ne pouvaient boire sans arrêter les yeux sur ces diverses couleurs et sans en
être frappés. Jacob pensait que de cette manière les brebis, quoique blanches,
donneraient des agneaux de couleur; et le résultat répondit à ses espérances,
soit que Dieu intervint directement, soit aussi que le stratagème employé par
Jacob fût réellement efficace, ainsi que paraissent l'établir certains faits.
En tout cas, Jacob s'enrichit en fort peu d'années, et ses grands biens ne
tardèrent pas à exciter la jalousie de Laban et de ses fils. Jacob s'en
aperçut, et averti par une vision divine, il résolut de s'enfuir sans délai.
Ses femmes sont d'accord avec lui. Il part donc «à la dérobée», emmenant sa
famille, ses serviteurs et ses troupeaux, et après avoir traversé les gués de
l'Euphrate et les campagnes de la Syrie, il arrive sans accident sur les
limites de la terre promise, au pied des montagnes de Galaad; mais là il est
rejoint par Laban qui s'est mis à sa poursuite, et il doit lui expliquer les
motifs de sa fuite secrète et précipitée. «Je craignais, dit-il, que tu ne me
ravisses tes filles.» Mais Laban réclame encore de petits dieux qu'il dit lui
avoir été enlevés, et comme ils ne se retrouvent pas, Jacob lui reproche avec
beaucoup d'amertume et d'éloquence toutes les injustices de sa vie passée et
ses soupçons présents que rien ne semble justifier; car Jacob ignorait que
Rachel eût dérobé ces dieux. Après de longues contestations dans lesquelles
l'avantage reste à Jacob, les deux parents qui vont se séparer pour toujours se
réconcilient; une alliance est conclue, un monument s'élève, qui prend le nom
de Gal-Hed, un sacrifice est offert, et un repas donné par Jacob achève de
cimenter la paix et l'oubli du passé. Laban s'en retourne et Jacob s'apprête à
pénétrer dans ce pays où il espère de retrouver son père, où il craint de
rencontrer le frère qu'il a dépouillé. Comme il est agité de diverses pensées,
de souvenirs pénibles, d'incertitudes et d'angoisses, une première vision le
rassure, les anges de Dieu viennent au-devant de lui comme pour le saluer, et
il nomme ce lieu, en souvenir de cet événement, Mahanajim, c'est-à-dire le camp
de Dieu. Mais il apprend l'approche d'Ésaü, suivi de 400 hommes; méfiant et
rancunier, il suppose au généreux Ésaü plus de rancune que celui-ci n'est
capable d'en conserver; il prend ses précautions; il partage ses troupeaux en
deux bandes qu'il envoie en deux directions différentes, afin que si l'une
pérît, l'autre puisse être sauvée; puis, pour essayer de les mettre à l'abri
l'une et l'autre, il met à part pour son frère un présent considérable de
chèvres, de brebis, de chameaux, de vaches et d'ânesses, et confie ces cinq
troupeaux à cinq de ses serviteurs qu'il espace de manière qu'Ésaü ne les
rencontre que successivement, et soit peu à peu disposé d'une manière favorable
à lui pardonner. Cette combinaison étant achevée, Jacob envoie au-delà du
Jabbok tout ce qui l'accompagnait, famille et troupeaux, et il reste seul sur
la rive de l'exil, pour faire peut-être le compte de ses voies, et réfléchir
aux diverses dispensations providentielles dont il avait été l'objet pendant
une vie de près d'un siècle (98 ans). Sa vie avait été une lutte continuelle
contre Dieu et les hommes; il avait lutté dès le sein de sa mère pour
supplanter son frère, et il avait fini par être le maître. Pendant qu'il était
là, plongé dans ces pensées dont ceux qui ont quelque peu vécu sont bien à même
de comprendre la nature et peut-être la tristesse, un homme lutta avec lui
toute la nuit, jusqu'au lever du soleil, lutte miraculeuse, mystérieuse,
unique. On voudrait pouvoir croire à une lutte toute morale et spirituelle,
tant l'idée d'un combat corps à corps d'un homme avec Dieu répugne à notre intelligence;
mais le récit de l'historien sacré est si exact, si complet, si précis, qu'on
est obligé de reconnaître qu'il y a eu lutte matérielle et physique entre ces
deux personnes, quoiqu'il s'y joignît aussi en même temps une lutte morale qui
devait aboutir à un triomphe plus élevé. La hanche démise fut pour Jacob une
défaite et une humiliation; il avait été vaincu et devait se le rappeler à
toujours: mais ce trophée de défaite était en même temps pour lui un trophée de
victoire, et lui rappelait que ce qu'il avait recherché dans la lutte il
l'avait obtenu, la bénédiction de son adversaire. Il pleura et il demanda
grâce, dit Osée 12:5, et il fut le plus fort en luttant avec Dieu, car cet
adversaire était en effet l'Éternel lui-même. Jacob reçut alors le nom d'Israël
qui consacrait son triomphe, et il nomma ce lieu Péniel, parce que, dit-il,
j'ai vu Dieu face à face. Il aurait voulu connaître le nom de son adversaire,
mais ce sont là de ces choses qui n'ont point de nom au terrestre séjour.
L'homme ne peut nommer que les êtres qui ont quelque rapport avec lui, qui sont
finis en gloire, en durée, en étendue. Ce moyen de reconnaître ce qui
appartient à la terre et qui fut donné à l'homme dès la création ne peut
s'appliquer au}; êtres infinis; le Dieu de Moïse est celui qui est, le Dieu de
Manoah est l'admirable, mais il ne se nomme pas. L'idolâtrie d'ailleurs aime à
rendre son culte à ce qui a un nom, et Jéhovah ne voulait pas être assimilé à
Bahal; le paganisme seul a des noms pour ses milliers de dieux et de saints.
Au matin Jacob passe le gué et rejoint sa famille;
mais déjà Ésaü s'approche, et Jacob, par un surcroît de précautions, divise les
enfants en trois bandes, en tête les deux servantes avec leurs enfants, puis
Léa avec les siens, et enfin Rachel avec Joseph. Mais toutes ces mesures
stratégiques devaient être inutiles; la prudence n'est bonne que contre des
adversaires, et Ésaü s'avançait en frère, en ami; tout était oublié, excepté
l'affection fraternelle, et dès qu'il voit Jacob il se jette à son cou et
l'embrasse en fondant en larmes, pendant que Jacob voulait se prosterner devant
lui. Ésaü fait la connaissance de ses belles-sœurs et de ses neveux, et
n'accepte que sur les instantes prières de Jacob les présents que celui-ci lui
a destinés; puis les deux frères se séparent après que Jacob eut promis à Ésaü
de l'aller voir dans ses montagnes de Séhir, promesse sur l'exécution de
laquelle nous ne voyons rien dans l'Écriture, quoiqu'il soit fort possible que
Jacob ait fait ce voyage, soit pendant son séjour à Succoth même, soit pendant
son séjour à Sichem, soit plus tard encore; peut-être aussi cette promesse
n'était-elle qu'une ruse de plus pour se débarrasser plus facilement et plus
vite de la présence d'un frère qui le gênait et le troublait.
Après s'être d'abord établi pendant quelque temps à
Succoth sur la rive orientale du Jourdain, Jacob passe à Sichem; puis, après
l'enlèvement de Dina et la vengeance de Siméon et de Lévi, il quitte cette
contrée et se rend à Béthel, ayant enseveli d'abord les idoles héviennes dont
le culte s'était introduit dans sa famille; il s'établit ensuite successivement
à Éphrat, à Migdal-Héder et enfin à Hébron dans les plaines de Mamré, où il
retrouve son père, le vieillard Isaac qui ne tarde pas à rendre le dernier soupir
entre les bras de ses deux fils réunis pour l'accompagner au sépulcre. Mais les
souffrances du triste pèlerinage de Jacob ne sont pas à leur terme; les
chagrins qu'il a causés à son père, ses fils doivent les lui rendre avec usure.
Le vieillard aime Joseph l'enfant de Rachel, et ses frères jaloux le font
disparaître et remettent à leur père une robe magnifique, teinte de sang, que
Jacob ne peut hésiter à reconnaître pour celle qu'il a donnée à Joseph. Jacob
déchire ses vêtements, met un sac sur ses reins et repousse toute consolation:
Certainement, dit-il, je descendrai en menant deuil au sépulcre vers mon fils!
C'est ainsi qu'il le pleurait, c'est ainsi que s'écoulèrent vingt années.
Benjamin avait succédé à Joseph sans le remplacer dans le cœur de Jacob, et le
dernier enfant de Rachel rappelait à Jacob tout ensemble et Rachel et Joseph,
deux objets qu'il avait tant aimés. Les sept années de famine se firent sentir
en Canaan comme en Égypte, et Jacob envoya ses dix fils dans ce dernier pays
pour y acheter du blé, mais il retint auprès de lui Benjamin. Des dix fils qui
étaient partis il n'en revint que neuf: Siméon avait été retenu prisonnier par
celui qui dominait en Égypte, et ce dur gouverneur qui avait maltraité les dix
frères les prenant pour des espions, leur avait défendu de reparaître en sa
présence sans amener avec eux le dernier de la famille, Benjamin. Jacob écoule
avec étonnement le rapport de ses fils, et l'étonnement de tous redouble quand,
à l'ouverture des sacs, ils retrouvent l'argent qu'ils avaient cependant déposé
en mains propres lorsqu'ils avaient acheté le blé. Bientôt un second voyage
devint nécessaire, mais Jacob refusait d'y consentir; car, disait-il, vous
m'avez privé d'enfants: Joseph n'est plus, et Siméon n'est plus, et vous prendriez
Benjamin! Toutes ces choses sont contre moi! Il ignorait encore que toutes
choses contribuent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, mais il l'apprit
bientôt par une douce expérience. Contraint de laisser partir Benjamin, il
s'écriait avec résignation: «S'il faut que je sois privé de ces deux fils, que
j'en sois privé!» et peu de temps après, non seulement Siméon était de retour,
non seulement Benjamin lui était rendu, mais il entendit de la bouche de ses
fils ces paroles qui étaient la résurrection de sa vieillesse: «Joseph vit! et
même il commande sur tout le pays d'Égypte.» Jacob alors part avec toute sa
famille, Exode 1:1; 1 Samuel 12:8; Actes 7:14, et Dieu, sans la permission de
qui il n'eût pu sortir, l'y autorise par une vision à Béer-Sébah, lui réitérant
les promesses qu'il lui a déjà faites pour sa postérité, et lui annonçant
qu'après s'être beaucoup accrus en Égypte, ses descendants en sortiraient pour
venir habiter de nouveau Canaan. Bientôt il arrive à Goscen, Joseph accourt à
sa rencontre: le père et le fils se jettent dans les bras l'un de l'autre en
fondant en larmes, et Jacob attend la mort avec joie; car, dit-il, j'ai vu ton
visage, et que tu vis encore. (1706 avant J.-C.) Présenté à Pharaon, Jacob
parle comme un sage qui n'est plus de ce monde, il bénit le roi qui
l'accueillit avec honneur comme le vénérable père de son premier ministre, et
il résume sa vie en ces mots: Les jours de mon pèlerinage ont été courts et
mauvais. Dès lors, il vécut encore quelques années en Goscen, heureux et fier
de son Joseph qu'il avait retrouvé; puis il s'éteignit doucement à l'Âge de
cent quarante-sept ans (1689 avant J.-C.), ayant recommandé à Joseph et à ses
fils de ne point laisser reposer ses os sur la terre étrangère, mais de les
transporter auprès de ceux de ses pères dans la caverne de Macpéla. Peu de
temps avant sa mort, il avait adopté comme siens les enfants de Joseph, léguant
à celui-ci, comme au plus puissant de la famille et au plus propre à le
conserver, le territoire de Sichem qu'il avait acheté des Amorrhéens (Héviens),
et qu'il peut dire avoir conquis par son arc, en pensant à la violence dont
deux de ses fils ont usé à l'égard des Sichémites. Les bénédictions
prophétiques qu'il prononça sur ses enfants sont pleines de grâce, de force et
de profondeur; s'il est sévère, c'est qu'il ne parle plus comme père, mais
comme prophète; il déclare ce qui doit arriver. Joseph conduisit lui-même en
Canaan le corps de son père, qui fut enseveli avec grande pompe et au milieu
d'un concours immense de personnes venues d'Égypte pour y assister.
Le nom de Jacob se retrouve Ézéchiel 28:25; 37:23;
Osée 12:13; Malachie 1:2; Romains 9:13; Hébreux 11:9,21, et ailleurs.
Ce patriarche qui vécut quinze ans avec Abraham, se
présente avec un caractère bien différent de celui de son père et de son aïeul;
on peut dire qu'il est sans grandeur naturelle, à la fois ardent et efféminé,
faible et passionné, rusé, trompeur, peu scrupuleux sur les moyens; il ne
grandit que par de rudes expériences et par l'adversité: mais ces épreuves lui
sont utiles, il profite à une dure école, et mûrit forcément. Les vingt années
qu'il passe à pleurer Joseph abrègent sa vie et sont à la fois pour lui la
dernière et la plus douloureuse des épreuves; toutes ses souffrances se
montrent dans cette parole qu'il adresse au roi d'Égypte: «Mes jours n'ont pas
atteint les jours des années de la vie de mes pères au temps de leurs
pèlerinages.» Sa noble vieillesse fait oublier les péchés de sa jeunesse et de
sa maturité, et Jacob est un exemple de plus qui prouve que Dieu choisit
librement ceux dont il veut faire des vases à honneur, et qu'il les façonne
d'entre ceux-là même qui sont le moins honorables. Jacob est le symbole de
l'espérance (Schrœder); il a passé sa vie à attendre plus qu'à jouir, à espérer
plus qu'à posséder.
La Fontaine de Jacob dont il est parlé Jean 4:6, et
près de laquelle eut lieu l'entretien de Christ avec la Samaritaine, était
située près de Sichem sur la route qui conduit à Jérusalem: elle tirait son nom
du patriarche qui l'avait, dit-on, fait creuser. Quelques voyageurs disent
l'avoir retrouvée à quelque distance de Naplouse, dans un creux de rocher
profond de trente-cinq mètres, mais contenant peu d'eau, situé dans un petit
vallon qui court du nord au sud et qui est fort riche en sources; d'autres
pensent que la fontaine de Jacob est une source située dans la ville même de
Sichem et qui porte encore le nom du patriarche.
2. Jacob,
père de Joseph le charpentier, Matthieu 1:16, inconnu.
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JACQUES.
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Outre le frère de Jésus, Matthieu 13:55, le Nouveau
Testament nous fait connaître, au sein de l'Église apostolique, trois hommes de
ce nom, savoir: Jacques frère de Jean et fils de Zébédée, bientôt décapité,
Actes 12:2; Jacques, fils d'Alphée, sur la vie duquel nous n'avons aucun
détail; et Jacques, frère du Seigneur, Galates 1:19, le conducteur de l'Église
de Jérusalem, et le chef de la portion encore judaïsante de cette Église.
Plusieurs théologiens regardent ces deux derniers comme identiques, d'autres
les distinguent (Sardinoux); d'autres regardent le Jacques frère du Seigneur,
comme son cousin, et par conséquent distinct encore du Jacques de Matthieu
13:53. Sans entrer dans un examen approfondi de cette question, que j'ai fini
par trouver insoluble à force de l'avoir examinée, il convient de dire au moins
quelles sont les raisons qui paraissent établir plutôt leur identité. Saint
Luc, dans son Évangile et dans les Actes, distingue toujours Jacques fils d'Alphée,
de Jacques fils de Zébédée, jusqu'à la mort de ce dernier; mais depuis lors,
Actes 12:2, il ne se sert plus que de la simple dénomination de Jacques, verset
17.
Il paraît donc que depuis la mort du fils de Zébédée
il ne resta plus dans l'Église qu'un seul Jacques assez distingué, et il est
peu probable que ce seul Jacques ait été le troisième, le frère du Seigneur,
car on ne saurait alors ce que serait devenu Jacques fils d'Alphée; on se
verrait obligé de construire un édifice d'hypothèses comme De Wette qui fait
mourir le fils d'Alphée subitement, et sans que les auteurs sacrés en disent
rien, et qui élève rapidement au plus haut degré d'estime dans l'Église
apostolique, le frère du Seigneur jusqu'alors inconnu. Saint Luc n'est pas le
seul non plus qui, depuis la mort du fils de Zébédée, semble ne reconnaître
qu'un seul Jacques dans l'Église,
— Voir: 1 Corinthiens 15:7; Galates 2:9,12; Jude 1.
Le passage Galates 1:19, semble contredire cette
manière de voir, et établir l'existence d'un troisième Jacques, différent du
fils d'Alphée et de celui de Zébédée, d'un Jacques frère germain de Jésus. Mais
ce seul passage ne saurait suffire, et il s'explique assez facilement sans
cela. Paul parle d'un temps où le fils de Zébédée était encore en vie; en nommant
Jacques il était donc obligé de dire duquel il voulait parler, et il donne au
fils d'Alphée le nom de frère du Seigneur, parce que sa relation avec Jésus
était alors une marque plus caractéristique et plus connue, d'autant plus
qu'Alphée était un homme obscur (c'est pour la même raison que le fils de
Zébédée est quelquefois appelé le frère de Jean). Reste à savoir pourquoi
Jacques est appelé le frère du Seigneur s'il n'était que son cousin; et ici la
difficulté est réelle; car, quoiqu'on puisse dire et même prouver que le mot
frère s'employait quelquefois pour désigner une parenté collatérale plus
éloignée (— Voir: Xen. Cyrop. 1, 5; § 4. Tite-Live 35, 10. Cicer. ad Attic. 1,
5. Genèse 13:8; 29:15), cependant la chose n'était point passée en loi, ni même
en usage, et dans le cas particulier, comme il est constant que Jésus avait non
seulement des cousins, mais des frères de mère, cf. Matthieu 13:55, Jacques
était peut-être l'un d'entre eux, et il serait possible que celui qui est
mentionné, Galates 1:19, comme une des colonnes de l'Église, et qui par
conséquent se retrouve partout comme seul Jacques depuis la mort du fils de
Zébédée, fût le même que Matthieu 13:55; la chose est possible en elle-même,
mais elle n'est que cela, et il faudrait prouver qu'elle est sûre, il faudrait
lever l'invraisemblance qu'il y a dans l'apparition subite d'un nouveau
Jacques, accompagnée de la disparition également subite du fils d'Alphée.
Ajoutons que dans ce passage, Galates 1:19; cf. Actes 9:27, Jacques est appelé
apôtre, et que nous ne voyons nulle part qu'un Jacques, frère de Jésus, ait été
élevé à cette dignité, jusqu'à être mis au même rang que Pierre. Nous nous en
tenons donc à l'opinion généralement reçue qui pense qu'il n'y a eu que deux
Jacques, en renvoyant pour un plus ample examen de la question au Comment, de
Winer sur Galates 1:19. à Néander, Apost. Kirche, II, 421, aux Beitræge de
Schneckenburger, et à un article de Steiger dans l'Evangelischse K. Z, de
Hengstenberg, 1834, #95 et suivant.
1. Jacques,
fils de Zébédée et de Salomé, surnommé le Majeur, frère de Jean l'évangéliste,
raccommodait ses filets sur les bords du lac de Génésareth, lorsqu'il entendit
l'appel de Jésus, auquel il obéit sans hésitation, Matthieu 4:21; 10:2; Marc
1:19; 3:17; Luc 5:9; 6:14. Il fut toujours un des trois plus intimes confidents
du Seigneur, malgré l'orgueil et l'intolérance qui signalèrent par deux fois
ses premiers pas dans la carrière évangélique, Matthieu 20:20; Luc 9:54. On le
trouve auprès de son maître à la guérison de la belle-mère de Pierre, dans la
maison de Jaïrus, sur le mont Thabor, sur la colline où Jésus annonce la ruine
de Jérusalem et les signes des derniers temps, en Gethsémané, lors de la
réintégration de saint Pierre, et enfin à Jérusalem après l'ascension, Marc 1:29;
5:37; 9:2; 10:35; 13:3; 14:33; Jean 21:2; Actes 1:13. Décapité par l'ordre
d'Hérode Agrippa (44 ans avant J.-C.), il mourut à Jérusalem, après avoir porté
la prédication de l'Évangile, si l'on en croit une tradition peu probable, en
Espagne et jusqu'en Angleterre.
— Jésus l'avait surnommé Boanergès, q.v.
2. Jacques
le Mineur, fils d'Alphée et de Marie sœur de la mère de Jésus, succéda au
précédent comme conducteur de l'Église de Jérusalem, Matthieu 10:3; 13:55;
27:56. Les évangélistes ne donnent sur sa personne et sur son caractère aucun
détail particulier. Ses rapports de parenté avec Jésus, ses convictions
religieuses qui conservèrent autant que possible les formes du judaïsme, qui
établirent le christianisme sur des bases qui n'étaient point hostiles ou
directement opposées au précédent ordre de choses, enfin son caractère
personnel et ses principes ascétiques, tout contribua à le rendre propre au
rang élevé qu'il occupait dans Jérusalem et dans l'Église. Le chapitre 15 des
Actes est celui qui nous fait le mieux connaître et comprendre son influence et
son autorité; cf. aussi 21:18, et la manière honorable dont en parle saint
Paul, Galates 1:19; 2:9,12. Il parait avoir été un homme non seulement ferme
dans ta foi, mais aussi irrépréhensible dans sa conduite à l'égard des Juifs
incrédules. Selon Hégésippe, sa vie était celle d'un vrai Nazaréen; il
jouissait du privilège d'entrer à toute heure dans le temple, et il y passa
beaucoup de temps en prières ferventes; on l'avait surnommé le Juste, et le
rempart de son peuple. Il vécut jusqu'à la ruine de la nation et de l'Église
juive. Peu d'années avant que la guerre fatale éclatât, le souverain
sacrificateur Ananus, sadducéen, profita de l'intervalle qui s'écoula entre la
mort du gouverneur Festus et l'arrivée de son successeur Albinus, pour faire
lapider l'apôtre. La majorité du peuple protesta contre cet acte de violence;
Albinus étant arrivé écrivit à Ananus une lettre de reproches et de menaces, et
Agrippa le destitua de son pontificat. D'après Hégésippe, les pharisiens
auraient aussi pris part à la mort du juste; il raconte qu'on le précipita du
haut du temple, que Jacques n'ayant pas été tué par la chute, on se mit à le
lapider, et que pendant qu'il priait pour ses persécuteurs, un tanneur lui
asséna sur la tête un coup qui mit fin à ses jours et à ses souffrances.
C'était vers l'an 64. Eusèbe raconte sa mort d'une manière un peu différente.
— Beaucoup de Juifs, après le siège et la destruction
de Jérusalem, attribuèrent cette catastrophe à la malédiction divine que le
peuple avait attirée sur lui par le supplice de cet homme si saint et si
respecté.
C'est probablement à ce Jacques, fils d'Alphée, que se
rapporte le passage 1 Corinthiens 15:7; où il est fait allusion à un fait que
les évangélistes ne nous ont pas conservé.
Jacques, un des frères de Jésus, Matthieu 13:55,
complètement inconnu; il s'est joint à l'Église après l'Ascension.
Épître de saint Jacques. Elle fut probablement écrite
de Jérusalem, par Jacques fils d'Alphée, vers l'année 61; elle est adressée à
des judéo-chrétiens qui pouvaient être tentés de se laisser tomber dans le
relâchement et dans le mépris des œuvres et de la loi: on n'y trouve pas un
plan proprement dit, mais une suite d'exhortations telles que les circonstances
les demandaient, et telles que l'Esprit les lui inspirait. Le chapitre 1er est
dirigé contre la faiblesse de foi, l'irrésolution en doctrine, la
pusillanimité; depuis le verset 19 l'apôtre relève la nécessité d'une vie
chrétienne.
— Chapitre 2. Après s'être élevé contre les privilèges
que le cœur humain est trop facilement porté a accorder aux riches, Jacques
reprend ce qu'il a déjà dit sur la nécessité de montrer sa foi par ses œuvres.
— Chapitre 3. Exhortations relatives à la tempérance
de la langue.
— Chapitre 4. Contre la frivolité, la légèreté,
l'esprit mondain, etc.
— Chapitre 5. Condamnation des richesses iniques,
avertissements aux riches; diverses autres exhortations.
Les sujets que traite cette épître sont importants à
méditer, particulièrement en certaines époques. On peut dire, je crois, que
saint Jacques ne suscitera jamais un réveil religieux, mais c'est surtout dans
un temps de réveil religieux qu'il pourra exercer une grande et salutaire
influence, parce que la foi étant le grand et vrai levier de tout réveil, comme
elle est aussi le seul moyen de salut, on risque, à force de relever
l'importance de la croyance, de la doctrine, d'oublier que la croyance seule
n'est pas la foi, et que pour mériter ce nom elle doit être accompagnée de ce
qui en constitue la réalité, c'est-à-dire des bonnes œuvres. Saint Jacques ne
diffère point de saint Paul sur ce point, ni saint Paul de saint Jacques; l'un
veut la foi et les œuvres, l'autre veut les œuvres et la foi, et chacun insiste
sur celui des points de vue qui lui paraît le plus négligé dans les
circonstances où il écrit, et le plus important à mettre en saillie. On peut
voir sur ce sujet la dissertation du Dr Néander, dans ses Kleine
Gelegenheitsschriften; elle a été traduite en français dans le Narrateur
religieux, 1837.
Quant à l'authenticité de l'épître, elle a été
attaquée par des hommes de couleurs bien différentes; cependant De Wette
lui-même, qui avait d'abord émis quelques doutes, les a complètement rétractés
dans la deuxième édition de son Einleitung etc., p. 316 et suivant. Clément de
Rome et Hermas, l'auteur du Berger, connaissaient déjà cette épître, et Irénée
a fait une allusion à 2:23, en se servant d'expressions empruntées presque
littéralement à cette épître; Origène, Denys d'Alexandrie et Eusèbe la mentionnent
également et l'attribuent à saint Jacques; enfin une circonstance très
favorable à l'authenticité de cette épître, c'est qu'elle se trouve déjà dans
la Peschito, ce qui prouve que l'Église syrienne au deuxième siècle la
connaissait et l'avait acceptée. Pour plus de détails,
— Voir: Guerike, Beitræge zur Einleitung, § 3; etc.,
Comment, de Stier.
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JADDUAH,
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Néhémie 12:11,22, souverain sacrificateur, le dernier
qui soit nommé dans l'Ancien Testament. Il vivait à l'époque de Darius de Perse
et d'Alexandre le Grand, 336 avant J.-C. C'est probablement le même que ce
Jaddus dont Flavius Josèphe raconte la courageuse résistance à Alexandre.
Occupé au siège de Tyr, l'empereur de Macédoine envoya demander du secours et
des vivres à Jadduah en exigeant de lui qu'il le reconnût pour maître au lieu
de Darius; mais Jadduah, fidèle à celui qu'il reconnaissait pour son souverain,
refusa. Alexandre, irrité, dissimula jusqu'après la réduction de Tyr, puis il
marcha contre Jérusalem. Jadduah, rassuré par une vision divine, ouvre les
portes de la ville et va au-devant d'Alexandre, revêtu des ornements
pontificaux, accompagné des prêtres et suivi du peuple en vêtements blancs. À
cette vue, Alexandre, qui venait pour se venger, se prosterne devant Jadduah
pour l'adorer, et comme Parménion s'en étonne, il lui répond que dans le temps
où il délibérait s'il passerait en Asie, Dieu lui était apparu sous la forme de
ce grand prêtre et l'avait encouragé à ne rien craindre et à exécuter hardiment
son dessein. Puis il entre dans la ville, offre des sacrifices, accorde aux
Juifs la liberté de conscience et des privilèges relatifs à l'impôt.
— Jaddus eut pour successeur Onias 1er, son fils. Un
de ses frères, Manassé, gendre du Samaritain Samballat, se retira auprès de son
beau-père et obtint d'Alexandre la permission de bâtir sur Guérizim un temple
dont il fut le premier grand prêtre.
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JAHATS,
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Nombres 21:23; Deutéronome 2:32; Ésaïe 15:4, ou
Jathsa, Jérémie 48:21, ville située au-delà du Jourdain, non loin de l'Arnon;
elle fut donnée d'abord à la tribu de Ruben, Josué 13:18, et devint ensuite
ville lévitique, 1 Chroniques 6:78. Elle paraît avoir appartenu plus tard aux
Moabites.
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JAHAZIEL,
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lévite d'entre les enfants d'Asaph, n'est connu que
par un seul oracle, 2 Chroniques 20:14; il annonce à Josaphat et au royaume de
Juda une prompte et complète victoire sur les Moabites et les Hammonites,
prophétie qui ne tarda pas à s'accomplir en effet (897 avant J.-C.).
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JAHBETS.
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1. Un
des descendants de Juda par Pharez; il vivait apparemment du temps des juges, 1
Chroniques 4:9. Il n'est connu que par une prière qu'il adressa à Dieu; mais
elle est sublime par l'abondance de foi dont elle est l'expression: «O, si tu
me bénissais abondamment, et que tu étendisses mes limites, et que ta main fut
avec moi, et que tu me garantisses tellement du mal que je fusse sans douleur!»
Il demandait beaucoup, et Dieu lui accorda ce qu'il avait demandé. Il fut
distingué entre ses frères. Quelques-uns ont cru que c'était le même que
Hothniel, le premier des juges, opinion qui ne peut être ni soutenue ni
réfutée. Il s'établit probablement dans la contrée de ce nom.
2. Jahbets,
1 Chroniques 2:55, ville de la Palestine, située, à ce que l'on croit, dans la
tribu de Juda.
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JAHEL,
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Juges 4:17 (1285 avant J.-C.), femme d'Héber,
assassina par surprise le général Siséra, qui lui avait demandé un asile,
fuyant Barac; elle lui donna du lait, lui promit l'hospitalité, le cacha sous
une couverture, et profita de son sommeil pour lui enfoncer dans la tempe un
des clous qui servaient à retenir en terre les toiles de la tente; action que
nous serions disposés à juger tout autrement que ne fait Débora, Juges 5:6,24,
et qui dans la vie ordinaire ne serait qu une infâme et lâche trahison.
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JAHZER,
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ville de Galaad, 2 Samuel 24:5; Nombres 32:1; 1
Chroniques 26:31. Après avoir appartenu d'abord aux Moabites, elle fut donnée à
la tribu de Gad, puis aux Lévites, Josué 21:39. Elle redevint plus tard ville
moabite, Ésaïe 16:8; Jérémie 48:32, et hammonite depuis l'exil, 1 Maccabées
5:8. D'après Eusèbe, elle était située à 8 ou 10 milles ouest-nord-ouest de
Philadelphie (Rabbath-Hammon), et Seetzen a trouvé dans cette direction les
ruines de deux villes, Szér et Szâr, sur un petit fleuve.
Qu'est-ce que la mer ou le lac de Jahzer dont il est
parlé Jérémie 48:32? Les géographes, comme d'Anville, placent dans leurs
cartes, près de Jahzer, un lac d'où sort une petite rivière qui va se décharger
dans le Jourdain, mais ils le font peut-être uniquement à cause du passage
cité; or ce passage est emprunté presque littéralement à Ésaïe 16:8, sauf la
mention du lac, et quelques interprètes supposent qu'il y a dans Jérémie une
faute de copiste (ad iam au lieu de adei), conjecture que Dahler trouve
ingénieuse, mais qui a le malheur de n'être appuyée par aucune espèce d'autorité.
Il n'y a rien d'ailleurs qui empêche qu'un lac, maintenant disparu, ait existé
dans cette contrée, et Seetzen dit: «J'arrivai près des sources de Nahar-Szir,
que je prends pour Jahzer. Personne ne savait rien de l'existence d'un lac dans
le voisinage, mais j'y trouvai quelques étangs.» Ces étangs peuvent fort bien
être les restes d'un lac lentement desséché, et cette supposition, tout à fait
naturelle, est beaucoup plus admissible que l'altération du texte sacré, si
révéré des Juifs. C'est aussi l'opinion de Winer.
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JAÏR.
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1. Fils
de Ségub; il descendait de Juda par son père, et par sa mère de Manassé, dont
il était l'arrière-petit-fils par Makir et sa fille, 1 Chroniques 2:21; cf.
Nombres 32:41; Deutéronome 3:14; Josué 13:30. Il s'empara de toute la contrée
d'Argob à l'est du Jourdain, et donna son nom aux vingt-trois bourgs nomades
dont il lit la conquête et qu'il laissa subsister; selon d'autres passages, le
nombre des villes conquises s'élevait à soixante, et l'on ne concilie pas
facilement ces deux données, quoiqu'on puisse supposer que le chiffre moindre
n'ait égard qu'aux endroits plus considérables, et que le plus élevé comprenne
les petits villages aussi bien que les villes plus étendues. C'est dans la
dernière année de Moïse qu'on doit sans doute placer cette expédition, 1451
avant J.-C.
2. Jaïr,
Juges 10:3, Galaadite, de la tribu de Manassé, le huitième des juges d'Israël,
descendait probablement du précédent. Il jugea le pays pendant vingt-deux ans,
et s'enrichit pendant son administration: il eut trente fils, qui avaient
trente villes, toutes nommées du nom de leur père, villes de Jaïr, peut-être,
en grande partie du moins, celles qu'avait conquises leur aïeul, et auxquelles
de nouvelles possessions auraient été ajoutées. Cette même contrée conservait
encore le nom de Jaïr sous Salomon, 1 Rois 4:13.
3. Père
de Mardochée, Esther 2:5.
4. Les
villes ou bourgs de Jaïr.
— Voir: plus haut.
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JAÏRUS,
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chef ou président d'une synagogue de Capernaüm; il
n'est connu que par l'histoire de la résurrection de sa fille, Matthieu 9:18;
Marc 5:22; Luc 8:41. La foi du père fut le salut de sa fille, et trouva dans
cette résurrection un redoublement de force et d'assurance: il croyait, comme
le centenier, et il fut aidé dans son incrédulité.
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JAKÉ,
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Proverbes 30:1, père d'Agur; inconnu.
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JAKIM,
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Matthieu 1:11, probablement un autre nom ou un nom
abrégé de Jéhojakim; mais il doit être rayé de la liste généalogique de Joseph,
parce qu'il ne se trouve pas dans le plus grand nombre des meilleurs
manuscrits; en le conservant, on trouverait d'ailleurs quinze générations au
lieu de quatorze dans la troisième classe. La comparaison de 1 Chroniques
3:15-16, justifierait sans doute l'authenticité du texte reçu, si l'omission de
chaînons intermédiaires n'était pas facile et même ordinaire dans les
généalogies orientales,
— Voir: Jésus.
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JAKIN et Boas,
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— Voir: Boaz.
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JAMBRÈS et Jannès,
________________________________________
2 Timothée 3:8, deux des magiciens qui résistèrent à
Moïse et à Aaron, Exode 7:11, en imitant leurs miracles. Leurs noms ne sont pas
rapportés dans l'Ancien Testament, mais il est probable que saint Paul les a
puisés dans la tradition orale: selon quelques rabbins, ces enchanteurs
auraient été les fils du faux prophète Balaam. D'après Origène, il existait
fort anciennement déjà un livre apocryphe intitulé Jamnès et Mambrès, auquel on
supposait que l'apôtre avait emprunté le nom de ces imposteurs, ce qui aurait
donné à quelques-uns l'occasion d'attaquer mal à propos l'authenticité de cette
seconde épître à Timothée. Ces mêmes noms se trouvent dans les apocryphes, chez
les rabbins, dans quelques ouvrages mahométans (Abulfaradsch), et même chez les
auteurs païens, notamment chez le pythagoricien Numénius, et chez Pline, qui,
énumérant les différentes sectes ou partis de magiciens, semble mettre Moïse et
Jamnès sur le même rang.
— C'est Théodoret qui suppose que Paul a puisé dans la
tradition non écrite, et cela n'aurait rien d'étonnant, d'autres faits ayant
été également empruntés à la tradition,
— Voir: Actes 7:22.
On possède encore une histoire qui doit avoir été
racontée par saint Macaire, fort ancien moine de l'Égypte; il affirme en
particulier avoir vu leurs tombeaux.
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JANNA,
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Luc 3:24, fils de Joseph; inconnu.
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JANNÈS,
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— Voir: Jambrès.
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JANOAH.
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ville située sur les frontières des tribus d'Éphraïm
et de Manassé, Josué 16:6; ses habitants furent transportés en Assyrie par
Tiglath-Piléser, 2 Rois 15:29. Eusèbe nomme un bourg Janô situé à 12 milles est
de Sichem, et que l'on croit être le même que Janoah.
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JAPHET,
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Père de la race
blanche…
l'aîné des trois fils de Noé comme il paraît d'après
Genèse 10:21. La bénédiction que son père prononça sur lui est tirée de la
signification même de son nom, 9:27. Martin a traduit «Que Dieu attire en
douceur Japhet», mais le mot hébreu emporte à la fois l'idée de l'extension et
de la liberté, et le sens de cette bénédiction serait plutôt «Que Dieu permette
à Japhet de s'étendre librement», par opposition à Cam qui sera restreint dans
ses limites et dans sa liberté; par opposition aussi à Sem dont le sceptre sera
plus spirituel, dans la famille duquel sera choisie la race théocratique, et
dont l'empire dans ce monde sera moins étendu comme pouvoir temporel. Voici le
tableau de sa descendance, tel qu'il se trouve indiqué Genèse 10:1-5.
JAPHET
1. Gomer (Askénas, Riphath, Thogarma).
2. Magog.
3. Madaï.
4. Javan (Élisa, Tarsis, Kittim,
Dodanim).
5. Tubal.
6. Mésech.
7. Tiras.
Pour les détails,
— Voir:, les articles spéciaux.
II y aura bien ci et là des choses peu sures et reposant
en grande partie sur des conjectures plus ou moins vraisemblables; mais ce qui
est évident, c'est que la race de Japhet est celle que les naturalistes
appellent race du Caucase: la plupart de ces peuples ont en effet franchi le
Caucase pour peupler le Nord, et leur famille a fini par occuper tout le nord
de l'Asie, l'Europe, et probablement encore l'Amérique et la Polynésie. Quant à
cette partie de la prophétie «que Japhet loge dans les tentes de Sera», elle
n'annonce à Japhet ni des conquêtes, ni l'esclavage, mais simplement la
participation aux bienfaits de la révélation divine dont Dieu avait fait la
descendance de Sem dépositaire. On y doit peut-être aussi joindre l'idée de la
supériorité intellectuelle généralement reconnue de la race caucasienne sur les
autres, et de l'usage que les descendants de Japhet sauront faire des
inventions et des idées de leurs frères sémites.
Le nom de Japhet s'est conservé dans le titan des
Grecs Japet, et les traditions indiennes donnent à leur Noé (Manu Satja, c'est-à-dire
le juste), trois fils, Scharmæ (Sem), Charma et Jyapeti; la malédiction de Cam
y est aussi rapportée et pour des motifs semblables à ceux dont parle la
Genèse.
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JAPHIA,
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ville de Zabulon, Josué 19:12, peut-être la même que
Sycamine sur la Méditerranée, non loin du Carmel, entre Ptolémaïs et Césarée, à
20 milles de cette dernière; peut-être aussi la même que celle que Pline
appelle Jebba (5, 17), et qu'il distingue de Sycamine, mais dont il ne reste
plus aucune trace.
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JARDINS,
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— Voir: Gethsémané, Paradis, etc.
Les passages Ésaïe 1:29; 65:3; 66:17, qui parlent de
sacrifices et de purifications faites au milieu des jardins, sont une allusion
à l'usage idolâtre des Perses, qui accomplissaient leurs lustrations et autres
cérémonies sacrées dans les jardins et hors des villes; nous ne pouvons plus
déchiffrer maintenant le détail de ces mystères nocturnes, auxquels étaient
censés présider Adonis et Vénus; les Juifs, idolâtres par la chair comme par le
cœur, avaient accepté en grand nombre ce culte impur, et le prophète leur
annonce, avec les châtiments du ciel le terme de leurs cérémonies étrangères,
— Voir: Gad.
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JAREB,
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Osée 5:13; 10:6, surnom ou épithète donnée
probablement à Tiglath-Piléser, et qui signifie adversaire, vengeur ou
médiateur; selon d'autres, le roi Jareb signifierait un roi grand et puissant,
titre que prenaient assez volontiers les rois d'Assyrie, cf. 2 Rois 18:19.
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JARED, ou Jéred,
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fils de Mahalaléel, vécut neuf cent soixante-deux ans
(de 3544 à 2582 avant J.-C.). Il devint père, à l'âge de cent soixante-deux
ans, d'Hénoc, à qui il survécut quatre cent trente-cinq ans; il est, après son
petit-Bis Méthusélah, celui des patriarches qui a atteint le plus long âge,
Genèse 5:16; 1 Chroniques 1:2; Luc 3:37.
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JARHAH,
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serviteur égyptien de Sésan, probablement affranchi et
prosélyte, épousa une des filles de son maître, 1 Chroniques 2:34, seul fait de
ce genre qui soit rapporté dans l'Écriture; il se place à l'époque du séjour en
Égypte.
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JARMUTH,
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1. ville
des plaines de Juda, Josué 15:35; Néhémie 11:29, ancienne résidence d'un roi
cananéen, Josué 10:3; 12:11; 15:35. Saint Jérôme la place à 4 milles
d'Éleuthéropolis, ailleurs à 10 milles de la même ville, ce qui est
probablement une erreur.
2. Ville
lévitique de la tribu d'Issacar, Josué 21:29, la même qui est appelée Remeth
dans le passage parallèle, 19:21.
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JASAR,
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2 Samuel 1:18, auteur inconnu d'un recueil historique
et poétique, si l'on admet la version de nos Bibles. Mais il vaut mieux
traduire ce nom qui signifie le juste, le droit, et y voir le titre du même
livre du Droiturier déjà nommé Josué 10:13, ainsi que probablement Nombres
21:14, dans une note du texte hébreu. On a cru, il y a quelques années, avoir
retrouvé, dans une bibliothèque de l'Orient, ce livre si longtemps perdu.
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JASOBHAM ou Joseb-Basébeth, ou Hadino,
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1 Chroniques 11:11, appelé Joseb-Basébeth dans le
passage parallèle 2 Samuel 23:8, où il porte aussi le nom ou surnom de Hadino,
à moins qu'en admettant une corruption du texte, on ne doive, avec Gesenius,
traduire ce mot et le suivant, et rendre ainsi la fin du verset: «c'est lui
qui, brandissant sa lance, eut le dessus sur 800 hommes, etc.», traduction qui
est autorisée par la comparaison de 1 Chroniques 11:11. Le nom de
Joseb-Basébeth signifie celui qui habite dans la paix. Jasobham, fils de
Hacmoni, était le chef des trois principaux guerriers de David, et par
conséquent le premier de ses hommes d'élite après Joab, qui était établi sur
tous, 2 Samuel 23:8-9. Il n'est connu que par l'exploit mentionné dans ce
passage, et comme l'un des trois chefs qui exposèrent leur vie pour procurer un
peu d'eau à leur roi.
— Voir: Abisaï.
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JASON,
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parent de saint Paul, Romains 16:21, et son hôte à
Thessalonique, Actes 17:5. Il dut comparaître devant les gouverneurs de la
ville, en l'absence de Paul, que les Juifs, ses ennemis, n'avaient pu
retrouver. Accusés de sédition et de complots politiques, Jason et ses amis ne
purent être convaincus, et furent relâchés sous caution. On pense que Jason
accompagna l'apôtre à Corinthe. Les Grecs le font évêque de Tarse en Cilicie.
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JASPE,
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Exode 28:18; 39:11; Ézéchiel 28:13; Apocalypse 21:19.
Pierre précieuse qui, dans presque toutes les langues connues, porte le même
nom dérivé de l'hébreu yashpèh, de sorte que l'identité n'est pas difficile à
établir. C'est plutôt un marbre qu'une pierre précieuse proprement dite; il
n'est pas transparent et approche de la nature de l'agate. Le plus beau jaspe
est vert, avec des veines blanches et des taches jaunes ou rouges; on estime
aussi le jaspe incarnat, le pourpre et le rose. Les anciens faisaient grand cas
d'ornements et de bijoux de jaspe, et Pline dit que si cette pierre est
surpassée en beauté par plusieurs, elle conserve toujours le prestige que lui
donne sa priorité et l'usage qu'on en a fait de tout temps.
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JATBA
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(et non Jotba, comme le portent nos versions), lieu de
naissance de Messullémet, mère du roi Amon, 2 Rois 21:19, antique ville de la
Judée, dit saint Jérôme.
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JATHSA,
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— Voir: Jahats.
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JATTIR,
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ville lévitique des montagnes de Juda, Josué 15:48;
21:14; cf. 1 Samuel 30:27; 1 Chroniques 6:57. Eusèbe la nomme Jétheïra, et la
place à 20 milles d'Éleuthéropolis, non loin de Malatha, dans le district de
Daromas, qui était tout entier peuplé de chrétiens.
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JAVAN,
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quatrième fils de Japhet, et père d'Élisa, Tarsis,
Kittim et Dodanim, Genèse 10:2,4. Son nom se retrouve encore Ézéchiel 27:19;
Zacharie 9:13, et ailleurs. On est d'accord à penser qu'il désigne la Grèce,
l'Ionie, q.v.; son nom hébreu n'est même pas autre chose que Jon, et dans
l'Iliade, 13, 685, les Ioniens sont appelés Jaoniens. Plus tard, les Grecs
prirent le nom d'Hellènes, et celui d'Ioniens fut réservé à quelques-uns
d'entre eux seulement, qui passèrent dans l'Asie Mineure, dont ils peuplèrent
une partie des côtes.
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JEAN.
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L'Écriture mentionne quatre personnages de ce nom, le
Baptiste, le fils de Zébédée, un juge de la race sacerdotale, et le disciple
plus ordinairement appelé Marc. Ce nom, en hébreu Jochannan, signifie accordé
par la grâce de Dieu, et correspond ainsi, pour le sens, aux noms de Samuel,
Nathanaël, Nathanja, Matthieu, Théodore, Diodati, Dorothée, Adéodat, etc.
1. Jean-Baptiste,
fils de Zacharie et d'Élisabeth, Lévite et de la race sacerdotale, Luc 1:13,
fut le dernier prophète de l'ancienne économie, Élie ressuscité, le précurseur
immédiat du Messie. Sa naissance fut miraculeuse comme celles d'Isaac, de
Samson, de Samuel, et l'ange qui l'annonça dans le temple lui imposa aussi le
nom qu'il devait porter. Il naquit six mois avant Jésus, dans les montagnes de
Juda, peut-être à Hébron ou à Jutta (Josué 21:16), et resta dans ces solitudes jusqu'au
commencement de sa vie publique, environ l'an 15 de Tibère. Il apparut au monde
avec toute l'austérité dévie des anciens prophètes, Nazaréen dans la sobriété
de sa nourriture et la simplicité de ses vêtements. Il demeurait non loin de la
mer Morte, et c'est là qu'il exhorta le peuple à la repentance et à un complet
changement de vie, l'engageant à fuir la colère à venir, et lui administrant le
signe symbolique du baptême pour marquer que toutes choses devaient être faites
nouvelles. Le peuple accourait à lui de toutes parts; riches et pauvres,
pharisiens et sadducéens, tous s'empressaient auprès du prophète qui venait,
après plusieurs siècles de silence, faire entendre de nouveau les
avertissements et les oracles de l'Éternel; tous espéraient trouver dans les
eaux du Jourdain l'expiation de leurs péchés. Ils paraissaient voir dans le
baptême de Jean une magique vertu d'ablution qui devait les dispenser de la
pureté intérieure, et cette superstition, si répandue encore chez quelques
sectes chrétiennes, leur faisait espérer l'impunité dans le mal. Mais Jean ne
leur cacha point la vérité; il les repoussa sévèrement, leur montrant dans la
purification du cœur le vrai remède, le seul moyen d'échapper aux justes
jugements de Dieu. Surpris de tant d'autorité, admirant la sainteté du
prophète, le peuple se demandait si cet homme n'était peut-être pas le Messie;
mais Jean ne les laissa pas dans cette fatale erreur: il baptisait d'eau, le
Messie devait baptiser du Saint-Esprit; il prêchait la repentance, le Messie
devait prêcher le salut et le pardon; entre l'un et l'autre il y avait toute la
différence qu'il y a entre l'Ancien et le Nouveau Testament, et Jean n'hésita
pas à le leur dire: Je suis la voix qui crie au désert: aplanissez le chemin du
Seigneur; mais il en vient un après moi, plus puissant, dont je suis indigne de
délier la courroie des souliers.
— Parmi ceux qui venaient pour se faire baptiser, Jean
vit un jour un de ses parents, Jésus de Nazareth: on ne peut douter qu'il ne le
connût, il le regardait même comme un prophète plus grand que lui, plus saint
que lui. Peut-être tous les mystères de la naissance et de la vie de Jésus lui
étaient-ils encore inconnus, et Jean ignorait-il officiellement que son cousin
fût le Messie promis; mais il pouvait le soupçonner, puisque déjà il
s'humiliait devant lui. Il refusa d'abord de le baptiser, et ne céda que
lorsque Jésus lui eut fait sentir qu'il était venu pour accomplir toute
justice. Dès lors, Jean-Baptiste se borna à rendre témoignage au Messie, qu'il
avait fini par reconnaître; il le montra à la foule, il le montra aux disciples
André et Jean, et comme le peuple cessa d'accourir auprès de lui pour se faire
baptiser, et qu'il s'attacha à Jésus, les disciples de Jean, peines de cet
abandon, le firent remarquer à leur maître; mais il leur répondit simplement en
parlant du Seigneur: Il faut qu'il croisse et que je diminue.
Hérode Antipas ayant ouï parler de Jean-Baptiste,
l'attira auprès de lui, plein de respect pour une sainteté qu'il ne se sentait
capable ni d'imiter ni de contraindre; il lui demanda ses conseils et
l'écoutait volontiers, faisant même le, bien que Jean lui disait de faire (Marc
6:20), toutefois sans préjudice à ses honteuses passions, et lorsque Jean eut
condamné le mariage adultère qui l'unissait à sa belle-sœur, il fut mis en
prison, et bientôt après décapité, sur la demande de cette femme impure et
cruelle.
C'est dans la forteresse de Machærus ou Machéronte que
se passa, au dire de Flavius Josèphe, ce drame inique et sanglant. Cette tour,
bâtie avec magnificence par Hérode, était située à une grande hauteur sur le
penchant de la montagne de Nébo, dont les parois de rochers descendent dans la
mer Morte. Des ravins escarpés l'entourent au nord et au midi.
Il n'est pas douteux que Jean-Baptiste n'ait exercé
une grande influence et joui d'une grande considération à l'époque où il vécut.
Ses prétentions eussent suffi pour diriger sur lui bien des regards; sa
sainteté et l'austérité de ses mœurs appuyaient d'une manière puissante les
titres qu'il revendiquait, et l'on voit combien le nombre de ses adhérents
était considérable et combien ces disciples étaient jaloux pour sa doctrine et
pour sa gloire, Matthieu 3:5; 9:14; Jean 10:41. Le grand sanhédrin lui-même
s'était ému et avait député auprès du précurseur quelques-uns de ses membres,
pharisiens et sacrificateurs, pour l'interroger sur sa mission, Jean 1:19,24.
Enfin Hérode le courtise, et quand il voit plus tard Jésus faire des merveilles
de puissance, il se demande si ce n'est pas le Baptiste ressuscité, Matthieu
14:2. Jean n'a pas été seulement précurseur, i) a été aussi docteur; il devait
préparer la voie au Messie, et pour cela, il ne suffisait pas de l'annoncer, il
fallait encore disposer les cœurs à le recevoir; il a donc prêché la repentance,
la contrition intérieure sans laquelle personne n'acceptera e salut, parce que
personne ri en sentir le besoin. Il a été chef d'une école, et cette école a
compté des disciples en dehors de la Judée, dans l'Asie Mineure, en Grèce,
peut-être même à Alexandrie, Actes 18:25; 19:3. On voit par Luc 11:1, qu'il
avait été jusqu'à leur donner un modèle de prière, ce qui indique à la fois une
grande spiritualité dans sa manière de comprendre le royaume de Dieu, une
grande étendue dans la portée de ses enseignements, et une grande autorité sur
l'esprit de ses adeptes. Mais on se demande avec quelque surprise comment il se
fait qu'il y ait eu une si longue rivalité entre ses disciples et ceux du
Messie, Matthieu 9:14; Luc 5:33; 11:1, rivalité qui se produit soit à propos du
jeûne, soit à propos de la prière, soit à propos du baptême et des succès
croissants de l'œuvre de Jésus? On se demande pourquoi, si Jean a reconnu son
parent pour «celui qui devait venir», il ne s'est pas joint à lui avec tous ses
disciples, pourquoi il a continué d'exercer son activité d'une manière si
indépendante, au lieu de se subordonner au Messie et de devenir l'un de ses
agents? Pourquoi, puisqu'il ne se considérait que comme le précurseur, n'a-t-il
pas envoyé ses disciples à celui qu'il regardait comme le chemin, la vérité et
la vie? Pourquoi n'a-t-il pas déclaré sa tâche accomplie dès le moment où le
Saint-Esprit fut descendu sur Jésus aux bords du Jourdain? Il faut peut-être,
pour le comprendre, admettre que le Baptiste a partagé jusqu'à un certain point
le préjugé d'un règne temporel du Messie et les espérances qu'une
interprétation trop littérale de l'Ancien Testament avait fait naître chez les
Juifs même les plus pieux. Il se regardait comme l'avant-coureur officiel du
roi du monde, et pensait peut-être que son œuvre ne devait s'arrêter que
lorsque le Messie lui-même se serait officiellement déclaré comme tel. Or,
aussi longtemps qu'il voyait Jésus faire des miracles, prêcher, gagner les âmes
à lui, mais vivre dans l'obscurité, dans le renoncement à lui-même, ne faire
que des conquêtes spirituelles, et souffrir, ce qui, pour les disciples même du
Messie, était encore une énigme impénétrable, il pouvait croire que sa mission
de préparateur n'était pas achevée, et refuser de licencier ses disciples pour
les adresser à un chef qui ne se présentait pas avec un caractère public. À sa
mort, ses disciples continuèrent d'attendre le Messie, mais ils restèrent en
l'état où Jean les avait laissés; ils n'avancèrent pas en lumière, et leur
secte, devenue stationnaire, ne fit pas un pas vers Jésus; privés d'un maître
qu'ils avaient grandement honoré, ils eussent cru se montrer infidèles à sa
mémoire s'ils se fussent tournés vers celui dont leur chef n'avait été que le
précurseur; ils annoncèrent encore le Messie, mais ils ne le virent pas, ils ne
le reçurent pas, ils ne le reconnurent pas malgré toutes les manifestations de
sa gloire, et de nos jours encore, on trouve en Orient une secte qui porte le
nom des disciples de saint Jean (les Mandéens, Nazaréens, ou Sabéens), et dont
les livres saints sont empreints du gnosticisme le plus complet (Il en est de
même aussi avec la secte Baptiste moderne avec ses fausses doctrines et sa
Bible fantôme).
On peut donc regarder comme une tache dans la vie du
Baptiste, comme le fruit d'une trop prudente irrésolution, la prolongation de
son ministère de précurseur. C'est aussi peut-être à un affaiblissement
momentané de sa foi que l'on doit attribuer l'étonnante question qu'il lit
faire à Jésus par deux de ses disciples: Es-tu celui qui devait venir, ou si
nous devons en attendre un autre? Matthieu 11:2; Luc 7:19. Quelques auteurs
pensent que Jean n'envoya des disciples à Jésus que pour fortifier leur foi
incertaine et les affermir dans la vérité; mais il serait étrange que des
hommes aussi dévoués à leur maître n'eussent pas reçu son témoignage sur ce qui
faisait la partie la plus essentielle de son œuvre, et que Jean eût, dû les
persuader en les envoyant auprès de celui dont ils étaient jaloux et en qui
même ils ne croyaient pas. D'autres théologiens pensent que sous la forme d'une
question, le prophète qui était dans les fers, voulait engager le Seigneur à
hâter sa manifestation, à accélérer l'exécution de ses plans de miséricorde et
de royauté, à venir le délivrer lui-même de la prison dans laquelle il
languissait, n'ayant d'espérance que dans le Messie, et voyant la réalisation
de ces espérances indéfiniment ajournée. Cette dernière explication se
rapproche davantage de ce qui nous paraît être la vérité; mais il faut en retrancher
l'espèce de conseil que Jean aurait l'intention de donner à Jésus. La manière
même dont la question est posée prouve qu'en la faisant, Jean pensait plus à
lui qu'à Jésus, plus à sa position personnelle qu'à la mission de Christ; et
c'est dans l'âme du prisonnier plus que dans son esprit que le doute qu'il
présente a dû prendre naissance. L'expérience intérieure, dit Olshausen, peut
seule nous faire comprendre la pensée de Jean-Baptiste. II y a dans la vie de
chaque fidèle des moments où les convictions les plus fortes et les mieux
assises viennent à être ébranlées; les ténèbres succèdent à la lumière, et l'on
est comme abandonné du Saint-Esprit; or il est à croire que Jean a eu ses
moments de faiblesse et de doute comme nous tous. On s'habitue trop en général
à considérer les caractères bibliques comme étant tout d'une pièce, fermes et
inébranlables; on les divinise trop, et en les élevant trop au-dessus de
l'humanité on leur fait perdre ce qu'il y a pour nous d'instructif dans leur
foi triomphant de leurs doutes; en tout cas, on sort de la vérité. Un seul a
vécu sans passer alternativement du bien au mal et du mal au bien; un seul a
vécu immuable dans sa force, parce qu'il était lui-même le Fort, le Puissant;
tous les autres ont dû lutter contre les ténèbres intérieures, et tous ont pu
succomber, pour tous il a pu y avoir des jours d'obscurcissement. Et si l'on se
représente le précurseur dans son cachot, on ne sera pas surpris qu'il ait eu
ses heures d'angoisses, qu'en de pareils moments la tranquille et lente
activité de Jésus lui ait paru peu divine, suspecte peut-être, et qu'il ait
oublié toutes ses expériences précédentes pour se laisser aborder par des
doutes. Mais dans ces doutes encore, que de confiance dans cette incrédulité,
que de foi! C'est à Jésus lui-même qu'il s'adresse dans son incertitude, et sa
question n'est autre que cette prière: «Je crois, Seigneur, aide-moi dans mon
incrédulité!» Il ne s'interroge pas lui-même, il ne va pas auprès des docteurs
et des pharisiens, il va droit à Jésus. Et certes, celui qui demande à Dieu
s'il est Dieu, et au Sauveur s'il est Sauveur, celui-là n'est pas en dehors de
la foi; un seul rayon du ciel dissipera l'obscur nuage qui pèse sur son âme.
Aussi ne voyons-nous aucune contradiction dans les doutes de Jean, et le
témoignage que Jésus lui rend immédiatement après avoir répondu aux deux
messagers; c'est bien par rapport à Jean que Jésus dit: Bienheureux celui qui
n'aura pas été scandalisé en moi; mais ces paroles sont tout ensemble un
encouragement et un avertissement. Le Sauveur est bref parce que ces combats
intérieurs doivent être livrés intérieurement, et que le secours même ne peut
venir du dehors; il voyait d'ailleurs que, pour Jean, la victoire était proche.
Puis, quand les messagers sont partis, il s'adresse à la foule et leur demande:
Qu'êtes-vous allés voir au désert? Vous n'y êtes certainement pas allés pour
voir seulement des roseaux ou d'autres objets de ce genre: vous avez voulu voir
un prophète, et vous l'avez vu; c'est même plus qu'un prophète, c'est l'Élie
qui devait venir. Peut-être aussi le roseau et l'homme vêtu de vêtements se
rapportaient-ils directement à Jean et étaient-ils une allusion à la fermeté de
la foi et à la sévérité de sa vie. Quoi qu'il en soit, Jésus reproche à la
foule d'avoir été seulement pour voir cet homme admirable, pour voir un
prophète, comme s'il y avait là quelque chose à voir, et de n'avoir pas compris
qu'il fallait surtout entendre, écouter ses exhortations, les mettre en
pratique, et forcer le royaume des deux. Jean a été appelé par Jésus le plus
grand des prophètes, et c'est lui aussi qui termine la longue liste des
prophètes de l'ancienne alliance, en même temps qu'il sert de point de départ
au ministère de la nouvelle économie, Malachie 4:5; Luc 1:17; Actes 1:22;
10:37; Matthieu 11:11,13, etc. Ésaïe l'avait annoncé (40:3), de même que
Malachie 3:1, et ce dernier prophète (4:5) l'avait fait l'égal du plus grand
des prophètes, Élie, le contemporain d'Achab. Jean-Baptiste a eu sur Élie
l'avantage d'avoir vu sa mission couronnée d'un grand succès, et si le premier
Élie a fui dans les déserts pour y désespérer, le second a vécu dans les mêmes
solitudes, mais pour accomplir son œuvre, prêcher et baptiser.
— Heureux ceux qui croient, car le plus petit sous la
nouvelle économie est plus grand encore que Jean-Baptiste, et les doutes du
précurseur ne sont plus permis à ceux qui savent que le Christ est mort et
qu'il est véritablement ressuscité.
Les reliques de ce prophète sont malheureusement
nombreuses. Son visage se trouve à Amiens et à Saint-Jean-d'Angély, son front
en Espagne et à Malte, sa mâchoire à Besançon et à Paris. Sa tête est, en
outre, tout entière à Rome, sans parler d'une masse «(Je lopins» qu'on en
montre encore à Lucques, à Saint-Flour, à Noyon; il y en a pour la grosseur de
la tête d'un bœuf, dit Calvin. Et, quant au doigt dont il montra l'agneau de
Dieu, il est à Besançon, à Toulouse, à Lyon, à Bourges, à Florence, et dans un
village près de Mâcon.
2. Jean,
l'apôtre, d'abord pêcheur de poissons, puis pêcheur d'hommes, était fils de
Salomé et de Zébédée, cf. Matthieu 27:56; Marc 15:40. Ses parents paraissent
avoir été du nombre de ceux qui attendaient la consolation d'Israël; aussi
voyons-nous Zébédée laisser aller son fils au moment où Jésus l'appelle, et
consentir aux sacrifices nombreux que Salomé fait pour Jésus. Ils étaient de
Bethsaïda, ce que l'on conclut de leur association pour la pêche avec les
familles de Pierre, d'André et de Philippe, qui appartenaient à ce village, cf.
Matthieu 4:18,21; Jean 1:44; 21:3-7; peut-être étaient-ils comme eux domiciliés
à Capernaüm, Luc 4:31; 38; Marc 1:21,29. Quoi qu'il en soit, ils demeuraient au
bord du lac de Génésareth, sur les rives duquel une école de prophètes avait
écouté les enseignements d'un grand maître sous l'ancienne alliance; la
première école de la nouvelle économie devait partir des mêmes rivages.
Quelques anciens auteurs ont cru que la famille de l'apôtre était pauvre: c'est
l'opinion de Chrysostôme, qui le conclut de ce que Zébédée élevait ses fils
dans son propre métier, de ce qu'il raccommode lui-même ses filets, de ce
qu'ils pèchent non point dans la mer mais dans un petit lac, enfin de ce que
les pêcheurs sont ordinairement misérables. Cette dernière raison n'en est pas
une: quant aux autres, elles sont bien faibles, et l'on peut supposer au
contraire que Zébédée jouissait d'une honnête médiocrité, car le lac de
Génésareth était fort poissonneux et fournissait à ses riverains une grande
ressource commerciale. Zébédée a des ouvriers, Marc 1:20, ce qui prouve tout au
moins une certaine extension dans l'ensemble de ses travaux; Salomé assiste
Jésus de ses biens et achète de l'encens pour l'embaumer après sa mort; enfin
Jean paraît avoir possédé une demeure à lui, Jean 19:27: tout cela marque suffisamment
qu'il y avait plutôt de l'aisance dans cette famille, quoiqu'elle ne fût point
riche. Quant aux rapports de Jean avec Caïphe, Jean 18:15, ils prouvent peu de
chose sur cette terre où le riche et le pauvre se rencontrent.
Si Jean était un homme sans lettres, Actes 4:13, on ne
peut douter qu'il n'ait été élevé dans la crainte de Dieu et dans l'attente du
Messie; il entendit les enseignements du précurseur, et fut baptisé par lui
dans les eaux du Jourdain. Puis, lorsqu'il eut vu Jésus, ce disciple, avide de
lumière, se tourna entièrement vers lui, l'accepta pour son maître, et fut si
captivé par une première conversation qu'il resta avec lui depuis quatre heures
du soir jusqu'à la nuit, Jean 1:39. Néanmoins la sagesse de Jésus ne donnant
jamais aux esprits au-delà de ce qu'ils peuvent porter, il se borna pour cette
première fois à jeter la semence dans l'âme du disciple, et il l'y laissa
germer; ce ne fut que quelque temps après, que Jésus, sur les bords de la mer
de Galilée, appela le jeune homme, qui le suivit aussitôt. Il jouit dès lors
non seulement de ses enseignements, mais de son amitié toute spéciale, et
Jésus, après lui avoir accordé la faveur d'assister à la guérison de la
belle-mère de Pierre, Marc 1:29, à la résurrection de la fille de Jaïrus, 5:37,
à la transfiguration sur le Thabor, 9:2, et à l'agonie de Gethsémané, 14:33,
lui légua encore sa mère en quittant la vie, Jean 19:26. Il a pu être appelé
celui que Jésus aimait, comme Abraham avait été nommé l'ami de Dieu; et dans
les scènes du Calvaire, il lui fut seul fidèle. Sans doute il s'enfuit avec les
autres au premier moment de l'arrestation, mais il revint plus tard (l'anecdote
racontée Marc 14:51-52, se rapporte plus probablement à Marc lui-même qu'à
Jean, quoique cette dernière opinion ait ses défenseurs), il entre dans la cour
du palais de justice, il se montre au pied de la croix, lui seul entre les
douze, il recueille l'héritage de son ami, il le voit expirer, il voit l'eau et
le sang jaillir d'une blessure qui lui est faite d'un coup de lance, et il peut
sceller le témoignage qu'il rend, de ces paroles: Celui qui le témoigne l'a vu,
Jean 19:35. Au troisième jour il arrive le premier au sépulcre, et il croit le
premier à la résurrection de son maître, Jean 20. Pendant les quarante jours
qui s'écoulent entre la résurrection et l'ascension, il demeure avec les autres
apôtres, il fait avec eux le voyage de la Galilée, et lorsque Jésus se fait
voir sur les rives du lac, c'est encore lui qui le reconnaît le premier. Le
même jour a lieu la réintégration de Pierre dans l'apostolat, et Jean, qui
avait été le témoin du reniement, fut aussi le témoin du pardon. Après
l'ascension de Jésus et l'effusion du Saint-Esprit, il demeura à Jérusalem,
probablement encore quelques années; on le voit surtout avec Pierre, Actes 3:1;
4:13; 8:14. Ensemble ils guérissent un impotent; ensemble ils sont accusés,
détenus et relâchés; ensemble ils vont bénir la Samarie et faire descendre le
Saint-Esprit sur ces bourgades sur lesquelles Jean, dans le premier zèle de son
ignorance, avait voulu faire tomber le feu du ciel, Luc 9:54. Paul, lors de son
premier voyage à Jérusalem, avant l'an 40, n'y trouve point Jean, Galates
1:18-19, mais à son second ou troisième voyage, il l'y trouve fixé et établi,
et l'appelle une des colonnes de l'Église, Galates 2:9. Dès lors le Nouveau
Testament garde le silence sur la vie de cet apôtre, dont il ne mentionne plus
que l'exil à Patmos. II paraît qu'il resta à Jérusalem jusqu'à la mort de
Marie, dont la date est incertaine, et que pendant quelques années il vécut
missionnaire, évangélisant, à ce que l'on croit, le sud-est de la Palestine;
mais il est probable que plus tard il alla vivre au milieu des Églises de
l'Asie Mineure, et qu'il fixa sa résidence à Éphèse (60-66). Il devint doublement
nécessaire dans cette grande ville quand Paul, et après lui Timothée, eurent
abandonné ce champ de travail si important, qui se trouvait placé comme un
point central entre l'Asie et l'Europe. On comprend qu'il ait exercé une
suprématie de fait sur toutes les Églises environnantes. C'est à Éphèse qu'une
maison de bains a dû s'écrouler sur Cérinthe, et que Jean a dû ressusciter un
mort, deux miracles qui n'ont rien de surprenant si l'on se rappelle que
l'antiquité lui en attribue un grand nombre, et que la vertu des miracles
résidait abondamment dans la personne des apôtres, si bien que leur ombre même
guérissait les malades. On peut reléguer sans risque au nombre des légendes
l'histoire de la coupe de ciguë qui lui fut donnée à boire; cette anecdote ne repose
sur aucune preuve authentique, et nous ne la rappelons que parce que saint Jean
est quelquefois représenté, dans les statues qu'on lui élève, tenant à la main
une coupe au fond de laquelle se trouve un serpent.
Une violente persécution ayant éclaté en 95, sous le
règne de Domitien, plusieurs Églises furent privées de leurs chefs, et Jean fut
envoyé en exil à Patmos, l'une des Sporades, non loin d'Éphèse (96). Cet exil
est un fait constant et avéré; il n'est sans doute pas en opposition directe
avec la translation de Jean à Rome sous Domitien, et son supplice dans l'huile
bouillante, mais si Tertullien et Jérôme racontent ce dernier fait, le silence
d'Eusèbe et d'Irénée semble le démentir. C'est pendant son séjour à Patmos que
l'apôtre fut honoré de ces magnifiques révélations qu'il écrivit plus tard pour
l'édification et l'instruction des fidèles,
— Voir: Apocalypse.
À son retour à Éphèse, Jean trouva l'Église en
désordre et ses membres dispersés. C'est là que prend place l'histoire bien
connue, racontée par Eusèbe, Chrysostôme et Clément d'Alexandrie, du jeune
homme qui s'est joint à une bande de voleurs et que Jean, déjà vieux, poursuit
jusque dans les montagnes. À supposer qu'en passant de mains en mains, cette
anecdote se soit revêtue d'ornements étrangers, comme tout ce qui passe par les
mains de Rome, le fait lui-même n'en parait pas moins avoir eu lieu, et
plusieurs témoignages respectables le confirment. Enfin, Jérôme nous a conservé
un dernier trait qui clôt dignement la sainte carrière de l'ami de Jésus. Vers
la fin de sa vie il était trop faible pour se rendre à pied aux assemblées des
frères, il était trop faible même pour parler aux jeunes gens; mais il répétait
cependant toujours: Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres; et quand
on lui demandait pourquoi il insistait sur ce devoir, il répondait: «C'est que
c'est le commandement du Seigneur.» Les anciens sont unanimes à lui donner un
grand âge; il a vu, selon Irénée, l'avènement de Trajan, en 98, et il est mort
à Éphèse, où l'on a longtemps montré son tombeau; quoiqu'on l'ait appelé
martyr, il ne paraît pas que sa mort ait été violente. Un malentendu sur les
paroles de Christ, Jean 21:22-23, a accrédité parmi les anciens le bruit que
Jean n'était pas mort, et qu'il ne mourrait pas jusqu'à la fin du monde, tandis
que Jésus n'avait parlé que de la destruction de Jérusalem; on l'a en
conséquence cherché longtemps sur la terre, tout en oubliant qu'il parle et
qu'il vit encore dans ses écrits. Son grand âge est pour nous un précieux gage de
la canonicité des écrits du Nouveau Testament, et l'on ne peut douter que ce
témoin, qui a vu l'Église se former, n'ait aussi eu l'influence d'un témoin sur
les livres qu'on admettait comme authentiques, et dont on faisait usage dans
l'Église, et que le témoignage qu'il a rendu à la vérité des autres Évangiles
n'ait contribué à confirmer aux yeux de tous leur authenticité.
Quant au caractère de Jean, c'est un mélange admirable
de force et de douceur; une espèce de charme l'entoure, c'est le charme des dons
de l'esprit, la paix de Jésus, l'humilité, la charité, l'amour, la piété la
plus profonde; c'est le charme d'un grand zèle et d'un grand sérieux, mêlé de
douceur et de bonté. Si la paix est le trait saillant de son cœur et de son
activité, ce n'est pas qu'il ait manqué d'énergie, au contraire; mais ses
vertus douces nous font oublier ses vertus fortes, parce qu'il n'est pas dans
notre nature de comprendre à la fois deux extrêmes, et les hommes sont rares
qui, renommés pour leur douceur, eussent écrit ces paroles de 2 Jean 10: «Si
quelqu'un vient à vous et qu'il n'apporte point cette doctrine, ne le recevez
point dans votre maison, et ne le saluez point.» Plusieurs traits semblent
montrer aussi que, dans sa jeunesse, et avant d'avoir eu la pleine connaissance
de la vérité, Jean avait un caractère plus vif, plus impétueux, plus ardent
qu'on ne se le figure d'ordinaire: cela se voit par son opposition au disciple
qui faisait des miracles sans suivre Jésus, Marc 9:38, par la demande qu'il
fait à son maître d'appeler le feu du ciel sur une bourgade des Samaritains,
qui avait refusé de les recevoir, Luc 9:54, par la requête orgueilleuse de
Salomé en sa faveur et en faveur de Jacques, son frère, Matthieu 20:20, enfin
par le nom de Boanergès, q.v., qui fut donné à ces deux frères.
Évangile.
Ce n'est pas une histoire proprement dite du ministère
de notre Sauveur; on pourrait l'appeler plutôt ses mémoires ou ses pensées. Il
paraît supposer la connaissance des trois autres Évangiles, et passe sous
silence plusieurs faits rapportés dans ces derniers, la naissance du
précurseur, celle du Messie, son baptême, sa tentation, l'appel définitif de
plusieurs des apôtres, le nom qu'il leur donne, leur mission, l'envoi des
septante, un grand nombre de miracles et de paraboles, plusieurs des
instructions de Jésus, et en particulier le sermon sur la montagne, la
transfiguration, l'institution de la cène, les angoisses de Gethsémané,
l'ascension; il omet ou se borne à rappeler ce qui est connu, et se montre
original dans toute son étendue. La plupart des faits qu'il rapporte ont eu
lieu à Jérusalem ou dans les environs, et il désigne avec plus d'exactitude que
les trois autres évangélistes (synoptiques) le lieu, le temps, les personnes,
les circonstances, les usages. Les miracles qu'il raconte sont principalement
ceux qui sont liés aux enseignements du Sauveur, ou qui ont fait quelque
sensation publique. On ne peut nier qu'il n'y ait une grande différence, entre
cet Évangile et les autres, mais encore ne faut-il pas exagérer cette différence,
comme le fait très bien remarquer Tholuck; et si l'image qu'il nous donne des
discours, de la vie, de la personne de Christ, est plus grande, elle n'est
cependant pas autre, et De Wette lui-même, qui cherche plutôt les différences
que les ressemblances, avoue que dans ce cas particulier les différences sont
dans la forme plutôt que dans le fond, et qu'elles se comprennent facilement.
Notre plan ne comporte pas un examen détaillé des rapports qui se trouvent
entre Jean et les synoptiques: on les retrouvera dans les ouvrages spéciaux,
parmi lesquels nous recommandons surtout Sander, traduit en français, avec une
excellente préface de M. de Rougemont sur le même sujet (Neuchâtel).
— Jean a écrit son Évangile à Éphèse, quoique
plusieurs auteurs prétendent qu'il l'a composé pendant les loisirs de Patmos.
Irénée et Jérôme sont positifs dans leur témoignage, tandis qu'un écrit
apocryphe (les douze apôtres) est la première source connue de la tradition en
faveur de Patmos. Quant au temps, les uns (Basnage, Lampe, Wegscheider) veulent
que Jérusalem subsistât encore lorsque Jean a fait son travail, et ils mettent
la composition de cet Évangile environ vers l'an 67, opinion qui ne peut guère
se soutenir. D'autres pensent que Jean l'a écrit avant l'exil de Patmos, et par
conséquent avant l'Apocalypse; ils s'appuient sur ce que, Apocalypse 1:5,9,
Jean dit qu'il a rendu témoignage à Jésus, paroles qu'ils estiment se rapporter
nécessairement à son Évangile; mais cette preuve prouve peu. Reste enfin la
troisième opinion, qui place la rédaction de l'Évangile après celle de
l'Apocalypse; elle est appuyée par Irénée, Jérôme, Épiphane et Eusèbe; le style
de l'Évangile a aussi quelque chose de plus soigné, de plus mûri, comme celui
d'un homme plus habitué à écrire et plus versé dans le maniement de la langue
grecque.
On comprend qu'un écrit aussi beau et aussi important
ait trouvé de nombreux commentateurs; nous n'indiquerons, parmi ceux de la
Réforme, que Zwingle, Luther, Mélanchthon, Calvin et Bèze; puis, au siècle dernier,
en 1724, Lampe d'Utrecht, plein d'érudition, de sagacité et de chaleur
chrétienne. Parmi les auteurs plus récents, nommons Paulus dont la réputation
comme orthodoxe moderne est faite et perdue depuis longtemps; Kuinœl, bon
répertoire; Lücke; Clarke; Olshausen (traduction en français); enfin Tholuck:
ces deux derniers sont les plus connus, et peut-être aussi les plus dignes de
l'être. Olshausen paraît avoir mieux senti, Tholuck avoir mieux compris saint
Jean; mais tous les deux l'ont commenté en chrétiens, et leur travaux
resteront. Tholuck réunit à la brièveté le mérite de fournir tous les moyens
exégétiques de lire avec fruit cet Évangile, comme en général les autres écrits
du Nouveau Testament qu'il a commentés.
— En anglais, Leçons explicatives de Bird Summer.
Épîtres de saint Jean. Elles sont au nombre de trois,
et quoiqu'elles ne portent point de nom d'auteur, non plus que l'Évangile,
elles ont été attribuées à cet apôtre, presque sans contestation, les
témoignages anciens ne laissant aucun doute à ce sujet. La première porte le
nom de catholique, parce qu'elle a été adressée à un ensemble de congrégations,
et l'on pense généralement que saint Jean l'envoya de Patmos aux Églises de
l'Asie Mineure et à celle d'Éphèse en particulier, malgré certains témoignages
apocryphes d'après lesquels l'apôtre l'aurait destinée aux Parthes ou aux Juifs
convertis d'entre ceux qui étaient exilés parmi les Parthes, au-delà de
l'Euphrate. Jean y combat les mêmes erreurs que dans son Évangile; on y
retrouve le même plan, le même style, le même vocabulaire peu riche, et dont le
verbe aimer semble faire le fond. L'Homme-Dieu y est annoncé d'une manière
éclatante; la manière claire et précise dont y est présentée la doctrine de
Dieu a fait donner à Jean le nom de théologien par excellence; il expose que la
Parole était au commencement, qu'elle était avec Dieu, qu'elle était Dieu
lui-même; il appelle anti-Christs, menteurs et faux prophètes ceux qui le
nient, et comme ces séducteurs ennemis de la croix commençaient à mettre en
avant leurs doctrines déjà vers la fin du premier siècle, saint Jean, le
dernier des écrivains du Nouveau Testament, a élevé ce boulevard inébranlable
contre lequel se meurtrissent les faux théologues de nos jours.
— La seconde et la troisième épître sont adressées à
des particuliers; on a voulu leur donner pour auteur un autre Jean, mais le
témoignage d'Irénée repousse cette supposition, et le style, comme aussi la
pensée intime, affectueuse et dogmatique, rappelle la manière de saint Jean
l'apôtre, celle de l'Évangile, celle de la première épître.
On a voulu entendre, par la dame élue, une Église
particulière; d'autres même (comme Hammond) l'ont entendu de l'Église
chrétienne tout entière. Ce sont des jeux d'esprit. Le plus simple est de
prendre les mots pour ce qu'ils sont, et de voir dans cette dame une dame, et
dans ses enfants des enfants; l'épithète élue se rapporte soit à quelque
distinction terrestre, soit plutôt à l'élection du Sauveur. L'époque de la
rédaction est incertaine, mais elle se place dans la vieillesse de l'apôtre.
La troisième épître enfin est adressée à un certain
Gaïus, qui paraît avoir été converti par l'apôtre, verset 4, et qui est aussi
différent du Gaïus dont il est parlé Romains 16:23; 1 Corinthiens 1:14, lequel
était un enfant spirituel de Paul. Date incertaine; probablement contemporaine
de la seconde. Jean loue Gaïus de l'accueil bienveillant et hospitalier qu'il
accorde aux frères missionnaires, et il blâme la conduite d'un certain
Diotrèphe, orateur, s'évaporant en mauvais discours, inhospitalier pour son
compte, et cherchant à propager sa présomptueuse intolérance, parce qu'il aime
à être le premier.
Puis finalement l’Apocalypse,
composé avant l’an 70, et dont le nom propre est Révélation du fait que
l’apôtre Jean reçoit la révélation de Jésus-Christ à travers sept différentes
phases historiques.
— Voir: cet article.
3. Jean,
Actes 4:6, sacrificateur, peut-être le fils d'Anne, dont Flavius Josèphe parle
à plusieurs reprises. Il est nommé parmi ceux qui assistèrent à la comparution
de Pierre et Jean devant le conseil, après la guérison de l'impotent.
4. Jean.
— Voir: Marc.
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JEANNE,
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Luc 8:3, épouse de Chuzas et l'une des pieuses femmes
qui ont consacré, pendant plus de trois années, une partie de leur fortune à
l'entretien du Christ et des douze missionnaires qui voyageaient avec lui.
Fidèle au Sauveur jusqu'à sa mort, elle vint lui faire une visite au sépulcre
avec Marie Madeleine et les autres amies de Jésus, et ne l'ayant point trouvé,
elles allèrent raconter ensemble aux apôtres l'apparition des anges, les
paroles qu'ils leur avaient dites, et la résurrection de leur maître, Luc
24:10.
A travers
l’histoire du christianisme, nous voyons aussi une papesse Jeanne qui se
déguisa en homme pour règner comme pape, histoire cachée et inadmise par
l’église romaine afin de ne pas perdre face devant tous les adorateurs du dieu
galette sous la forme d’un petit soleil. Les papistes en général sont inconscients
de ce fait historique et ceux qui le sont préfèrent ne jamais en parler de la
honte qu’ils en ont.
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JÉBUS, Jébusiens,
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Genèse 10:16, peuplade de la famille des Cananéens.
Lors de l'entrée des Israélites en Palestine, ils occupaient, avec les Héthiens
et les autres tribus de la même race, les montagnes situées entre le Jourdain
et la Méditerranée, Nombres 13:30; Josué 9:1; 11:3, lisse gouvernaient
monarchiquement, Josué 10:1,23. Ils s'allièrent à Jabin, roi de Hatsor, pour
faire la guerre à Israël, mais Josué les défit après plusieurs batailles, et
les mit pour plusieurs années hors d'état de recommencer, Josué 11, cf. 24:11.
Quant à Jébus, leur ville principale, celle qui porta plus tard le nom de
Jérusalem (q.v.), il ne paraît pas que Josué ait entrepris de la réduire, et
dans tous les cas elle resta au pouvoir des Jébusiens jusqu'aux jours de David,
qui en fit la capitale de son royaume, Josué 15:8,63; 18:28; 2 Samuel 5:6; 1
Chroniques 11:4. Sous les juges, les Jébusiens apparaissent comme la plus forte
des tribus cananéennes, Juges 19:11; un petit nombre d'Israélites seulement
réussissent à s'établir dans leur ville, Juges 1:21; cf. 3:5; même lorsque
Jébus est conquise, les Jébusiens ne peuvent en être entièrement chassés, 2
Samuel 24:16,18, et Salomon doit encore lutter avec eux pour achever de les
soumettre au tribut, 1 Rois 9:20. On retrouve des Jébusiens jusqu'après l'exil,
Esdras 9:1.
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JÉCHONIAS
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(que l'Éternel établit), fils de Jéhojakim et
petit-fils de Josias, portait aussi les noms de Chonja et de Jéhojachin, 1
Chroniques 3:16; Matthieu 1:12; 2 Rois 24:6; 2 Chroniques 36:8. Il fut, dès
l'âge de huit ans, associé au trône de son père, avec qui il régna dix ans,
puis il lui succéda, mais seulement pour trois mois et dix jours. Il fit le mal
comme son père et fut puni comme lui. Jérémie lui fil révéler par deux fois les
malheurs qui devaient fondre sur lui (13:18; 22:24); bientôt ces oracles
s'accomplirent: Jéchonias fut assiégé par Nébucadnetsar, pris avec sa famille
et les principaux d'entre les Juifs, et conduit à Babylone, où il demeura
trente-six ans dans une dure captivité, jus qu'à ce qu'à la mort de
Nébucadnetsar Évilmérodac le sortit de sa prison, le traita avec honneur, et le
mit au-dessus des autres rois qui étaient comme lui captifs à Babylone, 2 Rois
25:27; Jérémie 52:31. On peut croire, par l'heureux changement qu'il éprouva
dans son extérieur, que l'épreuve lui avait été salutaire, et qu'il s'est
tourné vers Dieu en se repentant de ses fautes. Son nom se trouve encore
Ézéchiel 1:2; Esther 2:6; Jérémie 24:1; 28:4; 29:2; 37:1;
— Voir: Jésus et Salathiel.
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JÉDAHIA,
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— Voir: Heldaï.
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JEDDO,
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— Voir: Hiddo.
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JEDIDJA,
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2 Samuel 12:25, un des noms de Salomon, q.v. Il
signifie aimé de Dieu.
— Voir: verset 24.
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JÉDUTHUN,
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— Voir: Asaph.
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JÉHIEL,
________________________________________
1. Rubénite,
1 Chroniques 5:7.
2. Benjamite
et fondateur de Gabaon. 1 Chroniques 9:35; 8:29. Peut-être ne fut-il que le
chef des Benjamites qui s'établirent dans cet endroit.
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JÉHOACHAZ ou Sallum, ou Joachaz,
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(que l'Éternel possède),
1. —
Voir: Achazia.
2. Jéhoachaz
ou Sallum, 1 Rois 23:30; 2 Chroniques 36:1; cf. 1 Chroniques 3:15; Jérémie
22:11, fils de Josias (probablement le second, mais en tout cas ni l'aîné ni le
plus jeune), et son successeur au trône de Juda, fut le dix-septième roi de ce
pays (611 avant J.-C.). Il fut appelé par le peuple à porter une couronne que
sa naissance ne lui donnait pas; il fut sacré à Jérusalem, mais il suivit les
égarements de ses ancêtres, et rétablit les idoles que son père avait
renversées. Son règne fut court; au bout de trois mois il fut fait prisonnier,
emprisonné d'abord à Ribla, en Syrie, puis emmené en Égypte par Pharaon Néco.
Sophonie, contemporain de Jéhoachaz, fait de l'état moral de Juda un tableau
qui laisse facilement comprendre comment, après les mesures pieuses et
réformatrices de Josias, l'idolâtrie et l'impiété purent cependant éclater de
nouveau avec tant de force dans ce malheureux pays.
— C'est peut-être de Jéhoachaz qu'Ézéchiel a voulu
parler, 19:3, sous l'emblème d'un lionceau.
3. Jéhoachaz,
2 Chroniques 25:17, ou plus ordinairement Joachaz, onzième roi d'Israël, fils
et successeur de Jéhu. Il régna dix-sept ans (856-839), 2 Rois 13:1, et paraît,
d'après le verset 10, avoir admis son fils à la régence dans les dernières
années de sa vie. Le royaume eut beaucoup à souffrir des invasions des Syriens
(Hazaël et Benhadad), et Joachaz fut réduit à la dernière extrémité; il comprit
alors qu'il s'était attiré ces malheurs par ses fautes, et parce qu'il avait
suivi en toutes choses les traces de son père; il s'humilia, il implora le
pardon de l'Éternel, et quoique sa conversion fût bien imparfaite, Dieu daigna
y avoir égard, et lui accorda quelque repos. Son fils Joas lui succéda et
rétablit la prospérité du pays, cf. 2 Rois 14:1; 2 Chroniques 25:17.
________________________________________
JÉHOJACHIN,
________________________________________
— Voir: Jéchonias.
________________________________________
JÉHOJADAH ou Joad, ou Jojadah,
________________________________________
(que l'Éternel connaît), ou Joad, 2 Rois 11:4; 2
Chroniques 23:1, etc.
1. souverain
sacrificateur, successeur de Hazaria, époux de Jéhosébah, et père de Zacharie.
Il vécut aux jours d'Achazia et d'Hatalie, et put soustraire à leur fureur le
jeune Joas, neveu de son épouse et dernier rejeton de la race royale de David.
L'enfant, encore à la mamelle, fut caché dans le temple avec sa nourrice (884 avant
J.-C.), et ce n'est que dans la septième année que Jéhojadah crut pouvoir le
révéler à sa nation, et renverser ainsi du même coup l'usurpatrice et les
idoles. La conjuration théocratique réussit, et le peuple retrouva son Dieu
avec son roi. Le temple de Bahal fut démoli; Jéhojadah rappela l'alliance de
l'Éternel avec le roi et le peuple, et aussi longtemps qu'il vécut le royaume
prospéra, parce que le peuple fut fidèle à son Dieu. Il résolut de faire au
temple des réparations devenues nécessaires, par suite d'un long abandon, et il
lit amasser pour cela des sommes considérables dans toutes les villes de Juda;
mais ce projet ne se réalisa entièrement que lorsque le roi, devenu majeur, put
joindre son autorité à celle du souverain pontife, et presser les lévites trop
indolents. La régence de Jéhojadah est justifiée et louée par ce qui est dit de
Joas, qu'il fit ce qui est droit, devant l'Éternel pendant tout le temps que
Jéhojadah le sacrificateur l'enseigna: l'élève a fait l'éloge du maître, et
rien dans toute la conduite de Jéhojadah ne vient ternir la pureté de son
désintéressement. Il mourut à l'âge de cent trente ans (834 avant J.-C.), et
fut enseveli dans les tombeaux des rois à Jérusalem, «parce qu'il avait fait du
bien en Israël envers Dieu et envers sa maison», 2 Chroniques 24:16.
— Son nom ne se retrouve que Jérémie 29:26.
2. Jéhojadah
ou Jojadah, Néhémie 12:10, grand sacrificateur, successeur d'Éliasib,
contemporain de Néhémie. La date précise de son pontificat est inconnue comme
l'année de sa mort.
________________________________________
JÉHOJAKIM ou Éliakim
________________________________________
(que l'Éternel établit, ou ordonne), 1 Chroniques
3:15; 2 Rois 23:34; 2 Chroniques 36:4, fils aîné de Josias et de Zébudda, ne
monta sur le trône qu'après que son frère Jéhoachaz en eut été renversé. Il
régna onze ans (610-599) et fut d'abord tributaire du roi d'Égypte, Nécho, qui
lui avait fait obtenir la couronne. Il marcha dans les voies de l'iniquité,
comme faisait alors la nation toute entière. Au commencement de son règne il
fit poursuivre le prophète Urie en Égypte où il s'était réfugié, il le fit
périr par l'épée et refusa à son cadavre les honneurs de la sépulture, Jérémie
26:1,21; 2 Rois 24:1. Plus tard, Jérémie remplit auprès de ce malheureux
monarque les fonctions d'un fidèle interprète de la volonté divine, et
n'échappa qu'avec peine et par la protection du Seigneur aux ordres donnés de
l'arrêter, lui et Baruc, persécutions qui ne manquent jamais aux témoins de la
vérité vis-à-vis d'une génération corrompue. Jéhojakim jette même au feu, après
l'avoir déchiré avec un canif, le recueil des oracles célestes, comme
l'autruche qui pense échapper aux coups du chasseur en cachant sa tête dans le
buisson, comme aussi les hommes irrégénérés qui refusent de penser à la mort
parce qu'elle leur fait peur.
— En 606, Nébucadnetsar, corégent de son père
Nabopolassar, bat les Égyptiens à Circésium à l'embouchure du Chaboras dans
l'Euphrate, Jérémie 46:2; il s'avance jusque près de la Méditerranée, menace
Jéhojakim de l'emmener captif à Babylone, et finit par lui laisser son trône
moyennant un fort tribut; il emporte en même temps les vases du temple, et
prend en otages Daniel et ses amis. Trois ans après, en 603, Jéhojakim se
révolte contre Nébucadnetsar, qui, trop occupé des guerres importantes qu'il
livre en Orient, ne peut songer que plus tard (599) à punir la défection de son
vassal. Jérusalem est prise, et son roi périt. On a, sur la mort de Jéhojakim,
les quatre données suivantes, 2 Rois 24:6; 2 Chroniques 36:8; Jérémie 22:19;
36:30; les deux dernières semblent contredire les premières; Prideaux, Jahn et
Hævernick cherchent à concilier ces notices différentes, en supposant que
Jéhojakim a péri pendant le siège dans une sortie dont il n'est pas parlé dans
les livres historiques; on peut cependant se passer de cette hypothèse,
admettre que Jéhojakim est mort de mort naturelle à Jérusalem, et que
Nébucadnetsar, à son arrivée trois mois après, irrité de ne plus pouvoir le
punir vivant, l'aurait fait arracher à son tombeau et jeter hors de la ville.
Le cadavre de ce roi portait la marque des incisions qu'il s'était fait en
l'honneur des faux dieux; on put lire sur son corps le sort des idolâtres.
— Quant au caractère de Jéhojakim, voici le portrait
qu'en fait Jérémie, 22:13-18. «Il bâtit sa maison par l'injustice, et ses
étages sans droiture; il se sert pour rien de son prochain et ne lui donne
point le salaire de son travail: tes yeux et ton cœur ne sont adonnés qu'à ton
gain déshonnête, qu'à répandre le sang innocent, qu'à faire tort et qu'à
opprimer.»
— Son nom se trouve encore, mais comme simple
indication de date, ou accompagné du nom de son fils, Jérémie 1:3; 52:2; 25:1;
27:1; 24:1,3 5:1; 28:4. C'est aussi lui qui est nommé Jakim, Matthieu 1:11,
dans la seconde division de la liste généalogique du Sauveur; l'existence de ce
nom dans les premiers manuscrits n'est pas prouvée; il est probable qu'il a été
ajouté plus tard et qu'on doit le supprimer.
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JÉHONADAB,
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— Voir: Jonadab.
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JÉHONATHAN,
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Jérémie 37:15; 38:26, peut-être le même que Jonathan
fils de Karéah, 40:8, un des secrétaires de Sédécias; il laissa changer sa
maison en prison pour y retenir dans les fers Jérémie qu'il haïssait. Le
prophète maltraité supplia le roi de lui donner un autre logement, soit que la
prison fût malsaine, soit que Jérémie eût à se plaindre du geôlier; en tout cas
il dit que s'il devait y rester ce serait pour y mourir.
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JÉHOSÉBAH,
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femme de Jéhojadah le souverain sacrificateur, q.v.,
et tante du roi Joas; fille de Joram, probablement par une autre femme que
Hathalie, et sœur d'Achazia. On ignore l'époque de sa mort.
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JÉHOSUAH,
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— Voir: Jésuah.
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JÉHOTSADAK ou Jotsadak,
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Lévite et membre de la famille sacerdotale, suivit à
Ribla son père Séraja, le dernier des souverains sacrificateurs avant l'exil de
Juda; il ne paraît pas avoir lui-même exercé ces fonctions, à cause du malheur
des temps où il vécut; mais Jésuah, son fils, qui survécut à la captivité,
reprit avec ses droits l'exercice de ses devoirs, 1 Chroniques 6:15; Esdras
3:2; 5:2; Néhémie 12:26; Aggée 1:1; Zacharie 6:11.
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JÉHU.
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1. Prophète,
et fils de Hanani le prophète (953 avant J.-C.). On ne sait autre chose de lui
sinon qu'il exerça son ministère au temps de Bahasa, roi d'Israël, 1 Rois
16:1,7,12, et que Dieu l'employa encore un demi-siècle plus tard pour porter au
roi de Juda, Josaphat, un message à la fois de reproche et de pardon, 2
Chroniques 19:2. Il est aussi nommé 2 Chroniques 20:34, comme auteur d'un
ouvrage historique. Enfin, selon quelques personnes, il faudrait lire Jéhu au
lieu d'Élie dans le passage 2 Chroniques 21:12, parce que Élie était déjà monté
au ciel avant le règne de Joram.
2. Jéhu,
dixième roi d'Israël, occupa le trône pendant vingt-huit ans (884-856). D'abord
simple officier de l'armée de Joram, il avait été désigné comme successeur de
ce roi par l'onction sainte que le prophète Élisée lui avait administrée de la
part de l'Éternel, 1 Rois 19:16. Mais une impatience charnelle, et le manque de
foi, le portèrent à presser l'exécution du décret divin qui le destinait à
fonder une nouvelle dynastie, et il se fraya le chemin du trône par
l'assassinat. Il exécuta l'extirpation de la famille d'Achab et de tous les
serviteurs de Bahal avec une énergie foudroyante; il fut dans la main de Dieu
un instrument de destruction, mais lui-même était loin d'être droit dans ses
voies. Il abolit le cuite extérieur de Bahal, mais l'idolâtrie resta dans les
cœurs, et lui-même adora les veaux d'or, comme firent aussi ses successeurs.
Dieu donna en conséquence de mauvais jours à Israël, et pour déraciner
l'idolâtrie par les tribulations et les calamités, il permit que les Syriens,
conduits par Hazaël, inquiétassent les dernières années de ce règne,
vainquissent les Israélites, et s'emparassent de tout le pays situé au-delà du
Jourdain. Quant aux détails de l'usurpation de Jéhu et à la manière dont elle
s'accomplit, il faut lire 2 Rois 9 et 10,; aucun récit ne saurait être plus
concis, plus énergique, plus rapide, que le récit de l'historien sacré. Le nom
de Jéhu se retrouve 2 Rois 12:1; 13:1; 14:8; 2 Chroniques 25:17; Osée 1:4.
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JÉHUCAL ou Jucal,
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Jérémie 37:3 (587 ans avant J.-C.), un des officiers
de Sédécias, fut envoyé par son maître auprès de Jérémie pour lui demander ses
prières; le prophète lui fit annoncer le retour des Caldéens et la prise de
Jérusalem. Jucal se joignit alors à ceux qui demandèrent au roi la mort de
Jérémie, parce que ses oracles tendaient à décourager le peuple, 38:1,4.
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JÉHUDI,
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Jérémie 36:14,21, un des officiers de Jéhojakim, fut
chargé par le roi d'aller demander à Baruch le terrible rouleau; ce fut lui qui
en commença la lecture, mais lorsque le roi osa porter sur le saint livre une
main sacrilège, Jéhudi n'osa pas s'y opposer, il laissa faire.
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JÉKABTSÉEL,
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Néhémie 11:25, ou simplement Kabtséel, Josué 15:21; 2
Samuel 23:20, ville de la tribu de Juda sur les frontières de l'Idumée,
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JÉKUTHIEL,
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1 Chroniques 4:18; Josué 15:34, de la tribu de Auda,
chef de Zanoah; du reste, inconnu.
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JÉMIMA, Ketsiha et Kéren-Happuch,
________________________________________
Job 42:14, noms ou surnoms des trois filles de Job; le
premier signifie belle comme le jour, le second, la casse, q.v., et le
troisième, corne de parfums,
— Voir: Antimoine.
Ces noms, tout à fait dans le goût oriental, indiquent
la grande beauté des jeunes filles. Il est dit qu'elles eurent une part dans
l'héritage de leur père, ce qui n'avait lieu que lorsque le père de famille
était très riche. On remarque aussi avec surprise que les filles seules sont
nommées, tandis que les fils de Job ne le sont pas; il est difficile de se
rendre compte de cette anomalie, dans l'archéologie du livre de Job.
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JÉMINI,
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— Voir: Benjamin.
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JEPHTHÉ,
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Juges 11:1 (1188 avant J.-C.). Ce neuvième juge
d'Israël était l'enfant illégitime de Galaad et d'une de ses concubines.
Repoussé de la famille par la flétrissure de sa naissance, il vécut longtemps
en aventurier dans les solitudes de Tob en Syrie; mais son pays eut besoin de
lui, les Hammonites s'étaient avancés contre Galaad, et Jephthé consentit à les
repousser, à condition que le pouvoir lui restât, s'il était vainqueur: il le
fut; le guerrier devint juge du pays, mais le père dut offrir en sacrifice sa
fille qu'il avait vouée aux dieux païens. Après cette victoire, si tristement
couronnée, Jephthé fut appelé à une victoire également triste sur ses frères
d'Éphraïm, qui s'élevèrent contre lui, redoutant sa supériorité; les
négociations qu'il entama avec eux, et les explications qu'il leur donna
n'ayant amené aucun résultat, il dut prendre les armes, et les vainquit; 42,000
hommes périrent dans cette guerre. Dès lors Jephthé jugea en paix Israël
pendant six ans, puis il mourut et fut enseveli en Galaad. Son nom est rappelé
dans un discours de Samuel, 1 Samuel 12:11, et dans l'épître aux Hébreux,
11:32. Les diverses questions que soulève l'histoire de ce chef célèbre sont
examinées dans mes Juges d'Israël, p. 86-95. On y trouvera aussi une poésie de
M. le pasteur Fréd. Chavannes, le Dernier Chant de la fille de Jephthé.
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JÉRAH,
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Genèse 10:26, Joktanide nommé entre Hatsarmaveth et
Hadoram; inconnu. Jérah signifie, en hébreu, la lune, et se retrouve également
dans le nom de Jérico, d'où quelques targums ont voulu induire que Jérah avait
été le fondateur de cette ville, mais c'est une explication qui ne peut se
soutenir. Michaélis, avec plus de raison, quoique l'on ne puisse rien décider,
pense à la côte et à la montagne de la Lune, en Arabie, près la mer des Indes.
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JÉRAHMÉEL.
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1. Fils
de Kis, 1 Chroniques 24:29.
2. Fils
aîné de Hetsron, frère de Ram et de Célubaï, de la tribu de Juda, 1 Chroniques
2:9,25-27.
3. District
de la partie méridionale de Juda; il fut occupé sans doute par les descendants
du fils de Hetsron, 1 Samuel 27:10; 30:29.
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JÉRED,
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1. —
Voir: Jared.
2. Jéred,
père de Guédor, de même que Pénuël, 1 Chroniques 4:18,4. Ils étaient de la tribu
de Juda, et paraissent avoir été fondateurs ou princes de la ville de Guédor,
mais on ignore l'époque à laquelle ils vécurent.
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JÉRÉMIE.
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1. Prophète
hébreu, fils de Hilkija, de la race sacerdotale, natif de Hanathoth, dans la
tribu de Benjamin, Jérémie 1:1; 32:8. Sa vocation était déjà annoncée avant sa
naissance, et fort jeune encore, âgé de quatorze ans à peine, il commença
l'exercice de son ministère dans la treizième année du roi Josias (628-627
avant J.-C.). Il demeura jusque près de sa fin à Jérusalem, seul, sans famille
(16:2), presque sans amis, annonçant le malheur à ses concitoyens, qui ne s'en
effrayaient point; le bonheur, et ils refusaient d'y croire. Presque toujours
menaçant dans ses prophéties, il vit presque toujours les hommes répondre à ses
oracles par des menaces ou de mauvais traitements; il dut pleurer sur lui-même
en pleurant sur les autres, mais il ne sut jamais faiblir ni déguiser la
vérité, quelles que fussent les prières ou les menaces. Il ne se laissa point
décourager par l'opiniâtre résistance, ni aigrir par la malveillante fureur de
ses ennemis; il les aimait, il les plaignait, et ne cessa de les conjurer de
chercher leur bonheur dans l'accomplissement de la volonté divine; dévoué à son
pays, à cette Judée qui le persécutait, il resta le témoin infatigable de la
vérité, l'ennemi, toujours ferme dans sa modération, de l'erreur, de
l'incrédulité, de l'obstination; il remplit dignement sa mission d'ambassadeur
des cieux, et fut en Juda comme un homme d'un autre monde ou d'un autre temps.
Sa vie a été remplie d'événements, et n'en est pas moins monotone, parce que
ces événements se ressemblent tous, ils se passent tous dans la sphère de la
fidélité d'une part, de la persécution de l'autre. Il commença sous le règne de
Josias et continua sous Jéhoachaz, Jéhojakim, Jéchonias et Sédécias. Après
avoir prophétisé d'abord à Hanathoth, il se rendit à Jérusalem, 11:21,22; cf.
12:5-6, et l'on ne connaît aucun détail de son histoire jusqu'en la quatrième
année de Jéhojakim, où il faillit périr pour avoir annoncé la destruction de
Jérusalem et du temple, Jérémie 26. Sous Jéchonias il prophétise encore, 2
Chroniques 36:12, mais son ministère n'est interrompu, ni signalé par aucun
événement. Enfin, sous Sédécias, à l'approche des grands malheurs de Jérusalem,
il parle avec plus de force encore, avec plus de clarté, ses oracles sont plus
effrayants, et les persécutions redoublent, Jérémie 11 et 12. Ceux de Hanathoth
même, sa ville natale, s'élèvent contre lui, 11:21; plus tard il est renfermé
dans la maison de Jéhonathan, 37 et 38, parce qu'il a voulu quitter Jérusalem
qui s'est rebellée contre le roi de Babylone, malgré les conseils et les
oracles du prophète. Conduit devant Sédécias, il lui réitère l'annonce des
mêmes malheurs, et obtient une autre prison moins dure, un geôlier moins
sévère, 37:17. Ses ennemis, irrités du changement qui s'est opéré dans sa
position, demandent sa mort à Sédécias; le prophète est jeté dans une fosse
boueuse où il eût péri si Dieu n'eût veillé sur ses jours, et ne l'eût sauvé
par le moyen d'Hébed-Melec, 39:15. Enfin Jérusalem est prise, et Jérémie trouve
dans le malheur public son entière liberté; le roi païen le sauve quand les
rois juifs l'ont persécuté; et si Jérémie est un instant, par mégarde, chargé
de chaînes et conduit à Rama, il est bientôt remis en liberté par ordre de
Nébuzaradan, et préfère rester dans sa patrie que de suivre les vainqueurs à
Babylone, où de grands honneurs lui sont promis. Un parti était resté en Judée,
celui de Johannan, qui projetait d'aller chercher en Égypte une patrie
nouvelle, un asile contre de nouvelles invasions; ils s'adressent à Jérémie
pour faire légitimer leur résolution par un oracle, mais le prophète cherche à
les en dissuader, chapitre 42 et 43. La foule se tourne également vers
l'Égypte, on émigré en masse, et plutôt que d'abandonner ces malheureux, le
prophète les accompagne et cherche, mais en vain, à les préserver de
l'idolâtrie et surtout du culte des astres. Ici s'arrête son histoire; le lieu
et l'époque de sa mort sont inconnus. Il est probable qu'il est mort à Taphnès;
d'autres montrent son tombeau au Caire; quelques-uns pensent qu'il est revenu
en Judée; quelques pères enfin, s'appuyant sur Matthieu 16:14, pensent qu'il
n'est pas mort, mais qu'il a été enlevé au ciel comme Élie.
Prophéties.
Les oracles de Jérémie sont en général écrits dans un
style large et abondant, moins obscur que celui de la plupart des autres
prophètes. Les emblèmes y abondent, mais s'expliquent facilement: celui du
potier qui, d'un vase brisé, en reforme un autre, annonce aux Juifs que Dieu
peut détruire leur race perverse pour se faire un autre peuple obéissant et
fidèle, 18:2; ailleurs c'est un pot de terre que le prophète met lui-même en
pièces dans la vallée de Hinnom, 19:1; ailleurs, un joug chargé de liens, qu'il
porte sur son cou, 27 et 28; ou bien, l'achat d'une propriété, 32:7; ou encore,
une ceinture de lin qu'il cache dans une des cavernes de l'Euphrate, 13:1.
C'est également comme symbole qu'il fait appeler devant lui les Récabites,
35:1. Les oracles de Jérémie ont été réunis sans égard à la chronologie, et il
règne dans leur arrangement un pêle-mêle qu'il est plus facile d'apercevoir que
de débrouiller. Abarbanel a dit que c'était un livre qu'il fallait lire sens
devant derrière (priùs posteriùs et posteriùs priùs). On a fait beaucoup de
travaux pour essayer de rétablir ces oracles dans l'ordre dans lequel ils ont
été prononcés; le commentaire français de Dahler est à cet égard un des
meilleurs, comme il est en général utile à consulter sur toutes les difficultés
relatives aux temps et aux prophéties de Jérémie. En anglais, un des meilleurs
ouvrages est celui du docteur Blayney. Voici comment il fixe la suite des
chapitres:
1. les
prophéties qui ont été prononcées sous le règne de Josias 1-12;
2. celles
qui ont été prononcées sous Jéhojakim 13-20; 22; 23; 35; 36; 45-48; 49:1-33;
3. sous
Sédécias, 21; 24; 27-34; 37-39; 49:34-39; 50; 51;
celles qui furent prononcées pendant le gouvernement
de Guédalia, depuis la prise de Jérusalem jusqu'au départ du peuple pour
l'Égypte, 40-44.
On doit remarquer comme plus particulièrement
messianiques les passages 23:5-6, où Christ est appelé l'Éternel notre Justice;
et 31:31-36; 33:8, qui annoncent l'efficace de l'expiation faite par la mort de
Jésus, le caractère spirituel de la nouvelle alliance, et l'influence profonde
et intérieure de l'Évangile, cf. Hébreux 8:8-13; 10:16.
— Le prophète Jérémie est cité, Matthieu 27:9, au lieu
de Zacharie, 11:12, soit que Jérémie, étant l'un des plus importants des
prophètes, eût donné son nom comme titre général au recueil de toutes les
prophéties, soit qu'il y ait eu une faute ou une addition de copiste, ou un
manque de mémoire chez saint Matthieu, soit enfin par une confusion (appelée
synchyse) de deux passages en un seul, cf. le passage cité de Zacharie avec
Jérémie 32, qui n'est pas sans analogie matérielle avec Matthieu 27. On peut
opter entre ces divers moyens de conciliation; il y en a encore treize autres à
ma connaissance.
Lamentations. Recueil de cinq chapitres, contenant
autant de chants ou élégies dans lesquels le prophète déplore les diverses
calamités qui ont affligé sa patrie; le cinquième est un épilogue ajouté aux
quatre premiers chants. Jérémie est auprès de Dieu l'interprète du peuple qui
demande le pardon de ses péchés et la restauration d'Israël. Quelques anciens
auteurs pensent que c'est des Lamentations qu'il est parlé 2 Chroniques 35:25
(Flavius Josèphe, saint Jérôme, Œcolampade), mais il paraît évident que le
chant funèbre prononcé sur la mort de Josias, est un autre ouvrage de Jérémie
qui ne doit pas être confondu avec les Lamentations, et Calvin appelle ce
sentiment une grossière erreur (crassum; — Voir: aussi Bullinger). Jarchi veut
encore que les Lamentations soient le livre qui a été écrit par Baruc, sous la
dictée de Jérémie, après que Jéhojakim dans sa stupide fureur en eut jeté au
feu le premier rouleau; mais le contenu des Lamentations n'est pas en accord avec
ce qui est dit, Jérémie 36:2, des choses renfermées dans le livre dicté à
Baruc; peut-être y a-t-il une allusion à ce livre à la fin de 36:32, mais on
n'en sait rien. L'époque de la rédaction est inconnue; les Septante et la
version arabe disent que Jérémie l'écrivit pendant la captivité et sur les
ruines de Jérusalem abandonnée. Les quatre premiers chapitres sont composés de
strophes acrostiches suivant l'ordre alphabétique; au chapitre 3 les strophes
sont de trois versets: ce même genre de poésie se retrouve d'ans quelques
psaumes et dans quelques chapitres des Proverbes; l'auteur sacré, en y ayant
égard, a consulté peut-être le goût de son temps, peut-être aussi la mémoire de
ceux à qui s'adressaient ses chants. Pour un autre ordre on ne saurait en chercher;
le prophète s'abandonne à ses sentiments douloureux plus qu'il ne s'attache à
leur donner une forme, et ses plaintes ne sont pas un discours; l'espérance qui
le soutient au milieu de ses peines, c'est la pensée que lors même que la terre
est déserte et le temple détruit, Dieu règne encore et peut contracter avec son
peuple une alliance nouvelle, pleine de grâce, pourvu que le peuple retourne à
Dieu par un repentir sincère et véritable.
2. Le
nom et les prophéties de Jérémie sont rappelés, 2 Chroniques 36:21; Esdras 1,1;
Daniel 9:2; cf. Jérémie 25:12; 29:10.
L'Écriture sainte mentionne encore d'autres hommes de
ce nom: le père de Hamutal, épouse de Josias, 2 Rois 24:18; un vaillant chef de
la tribu de Manassé, 1 Chroniques 5:24; enfin deux héros de l'armée de David, 1
Chroniques 12:4,10,13.
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JÉRICO ou Jéricho,
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ville de la tribu de Benjamin sur les frontières
d'Éphraïm, à 8 kilomètres du Jourdain, et à 28 de Jérusalem, dont elle était
séparée par une contrée rocheuse et déserte, Josué 16:7; 18:21. C'est peut-être
à cause de cette circonstance que Jésus a placé entre ces deux villes la scène
du Samaritain miséricordieux, Luc 10:30. Les environs de Jérico, véritable oasis
au milieu des sablés de la solitude, bornés à l'ouest comme en amphithéâtre par
des montagnes calcaires, hautes et sans verdure, étaient fécondés par de riants
cours d'eau, et extrêmement fertiles. Ils produisaient surtout des palmiers,
dont la ville a pris son nom, Deutéronome 34:3; Juges 1:16; 3:13. On y trouvait
également des rosiers et du baume odoriférant; (le nom de Jérico peut se
dériver à cause de cela de l'hébreu riach, sentir, en allemand riechen;
d'autres le dérivent de yérach, — Voir: Jérah; ce serait ville de la lune): le
miel y abondait et le climat était délicieux; tout était réuni pour en faire un
paradis terrestre, excepté les serpents venimeux qui y foisonnaient. Jérico,
déjà construite et fortifiée lors de l'entrée des Israélites en Canaan, fut
leur première conquête; ils la détruisirent, et Josué la voua à l'interdit,
défendit de la rebâtir, et annonça que celui qui braverait sur ce point les
menaces divines, y perdrait successivement l'aîné et le second de ses fils;
Hiel fut assez malheureux, 537 ans plus tard, pour oser s'exposer à cette
terrible épreuve, et il y succomba, 1 Rois 16:34. Entre ces deux époques
cependant, le nom de Jérico n'est pas perdu: cette ville est nommée comme
existant, Josué 18:21. Héglon, roi de Moab, y possède un palais, Juges 3:20, et
les ambassadeurs de David, outragés par Hanun, s'y retirent pour laisser
croître leur barbe, 2 Samuel 10:5; 1 Chroniques 19:5. On peut croire que dans
le premier de ces passages, il ne s'agit que du territoire de la ville; dans
les autres, il s'agit plutôt d'un hameau reconstruit non loin de l'emplacement
de la précédente Jérico, hameau qu'un roi païen aura pris comme un lieu de
plaisance, où il se sera établi avec quelques sujets, et qu'on ne saurait
confondre avec la ville proprement dite, dont le rétablissement avait été
défendu aux Israélites seulement. Flavius Josèphe distingue clairement les deux
villes (Guerre des Juifs, 5, 4). Depuis Hiel, l'ancienne Jérico rentra dans le
domaine public, et personne ne craignit plus d'y demeurer; Achab la fit
fortifier; une école de prophètes s'y établit, 2 Rois 2:4, et on la revoit
encore après l'exil, Esdras 2:34; Néhémie 7:36. Elle fut embellie par Hérode,
qui y fit construire un magnifique palais, et l'éleva au-dessus des plus belles
villes de son royaume; il y fit noyer son beau-père le sacrificateur
Aristobule, et lui-même y mourut. Notre Sauveur à fait quelques miracles à
Jérico, et il y visita Zachée qui était à la tête des péages que les Romains
avaient établis sur le commerce du baume, Luc 19:1. On trouve encore sous le
nom de Richa les ruines de cette ancienne ville, mais ce n'est plus qu'un
méchant village; au douzième siècle déjà, Phocas dit qu'il en restait à peine
quelques traces.
— Quant à l'assainissement des eaux de Jérico, 2 Rois
2:19, on ne peut y voir qu'un miracle. Ces eaux étaient rendues amères, salées,
peut-être par le voisinage de la mer Morte, et le prophète les rendit saines et
potables en jetant du sel sur la source, et en annonçant de la part de Dieu
qu'elles cesseraient d'être insalubres, bénédiction que Dieu seul pouvait
donner, secret que les hommes n'ont jamais connu.
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JÉROBOAM
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(dont le peuple est nombreux).
1. Jéroboam
I, fondateur du royaume des dix tribus, sur lequel il régna vingt-deux ans,
975-954. Fils de Nébat et de Tséruha, il appartenait par sa naissance à la
grosse et jalouse tribu d'Éphraïm; il remplit sous Salomon, les fonctions
d'inspecteur des travaux publics dans la tribu de Joseph, (Éphraïm et Manassé);
nul doute que pendant ce temps, et grâce à sa position, il n'ait eu souvent
l'occasion de prêter l'oreille aux mécontents et de leur servir d'appui et de
centre de ralliement. Dieu qui avait annoncé à Salomon la division de son
royaume comme châtiment de ses péchés, et qui voulait se servir de Jéroboam
pour accomplir cette révolution, lui fit révéler par le prophète Ahija les
hautes dignités qui lui étaient réservées. Jéroboam, pressé de jouir du trône,
conspire, mais ses complots sont découverts, et pour éviter le ressentiment du
roi, il doit s'enfuir en Égypte à la cour de Sisak; après la mort de Salomon il
ne tarde pas à être rappelé par son parti, et comme Roboam refuse de supprimer
ou de diminuer les impôts, et d'alléger les charges du peuple, Jéroboam est
proclamé roi des dix tribus, et le schisme s'opère. Jéroboam choisit pour
capitale de son royaume Sichem d'abord, puis Tirtsa; pour consolider sa
puissance il commence par faire fortifier plusieurs villes, Sichem et Pénuel,
et craignant l'influence des souvenirs religieux, il change par politique la
religion de son peuple, brise les liens religieux si forts qui unissent encore
ses nouveaux sujets à Jérusalem la capitale du royaume rival: les grandes fêtes
les y appelaient trois fois l'an, ces voyages eussent pu tôt ou tard les
rattacher à la dynastie légitime, il faut à tout prix les prévenir. C'est à
quoi il parvint en établissant aux deux extrémités de son royaume, à Dan et à
Béthel, le culte du veau d'or, prodigieux acheminement à l'idolâtrie, et en
faisant desservir ce nouveau culte par des personnes qui n'appartenaient point
à la tribu de Lévi; il maintint ces mesures impies, ces innovations
anti-théocratiques, malgré les avertissements des prophètes, malgré leurs miracles,
1 Rois 13, et ne se laissa pas même toucher par la mort prématurée de son fils
Abija, bien qu'à cette occasion il eût paru vouloir se rapprocher un instant du
vrai Dieu, 14:1. Enfin, comme il était assez naturel de s'y attendre, il ne
donna pas la paix à son pays, et fut, pendant tout le temps de son règne, en
guerre avec Roboam, roi de Juda, et avec son successeur, 1 Rois 11-15; 2
Chroniques 10-13. Son histoire à été écrite par le prophète Jiddo, 2 Chroniques
9:29,12,15.
2. Jéroboam
II, treizième roi d'Israël, fils de Joas, régna sur Israël pendant cinquante et
un ans, 825-784. Par ses richesses et de nouvelles conquêtes qu'il fit sur les
Syriens, auxquels il reprit Damas et Hamath, il éleva au plus haut degré de
puissance et de splendeur le royaume que son père avait déjà laissé dans la
plus florissante prospérité; il lui rendit ses anciennes limites orientales, et
parut béni de Dieu. Mais en même temps le luxe et la corruption des mœurs
firent de nouveaux progrès, et le culte du veau d'or fut maintenu comme sous le
premier Jéroboam, ainsi qu'on peut le voir par la lecture des prophètes
contemporains Amos et Osée. Après lui, Israël ne fit que décliner, 2 Rois
13:13-14:23-29.
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JÉRUBBAHAL et Jérubbéseth,
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— Voir: Gédéon.
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JÉRUSALEM.
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Cette ville célèbre a porté différents noms, d'abord
Jébus, Juges 19:10; 1 Chroniques 11:4, puis, poétiquement, Salem, Psaumes 76:2,
et dans le sens religieux ville sainte, ville de Dieu (Hiéropolis), Néhémie
11:1,18; Matthieu 4:5, ou ville de justice (Sédec), et enfin Jérusalem, qui est
son nom le plus ordinaire, celui qu'elle porta depuis que David en eut fait la
capitale de son royaume. Elle était située à 8 milles de Joppe et à 5 du
Jourdain, sur un plateau assez élevé au-dessus du reste du pays, ce qui
explique la locution monter à Jérusalem, employée par les Juifs de toutes les
tribus. Son sol était pierreux et calcaire, mais très fertile.
Primitivement, et lorsqu'elle appartenait encore aux
rois de Canaan, Josué 10:1,23, elle n'occupait que la colline de Sion, et se
composait de la citadelle très forte de ce nom, 2 Samuel 5:7, et de la ville
proprement dite. Cette dernière avait déjà été prise et habitée, concurremment
avec les Jébusiens, par les hommes de Juda et de Benjamin, à l'époque des
Juges, Josué 15:63; Juges 1:21; cf. 1 Samuel 17:54; mais la forteresse opposa
toujours aux Israélites, jusqu'aux jours de David, la plus vigoureuse
résistance. David réussit enfin à s'en emparer, 2 Samuel 5:6; il y fixa sa
résidence, et la nomma de son nom, cité de David, 2 Samuel 5:7,9; 6:12,16; 1
Rois 3:1; 8:1; 2 Rois 9:28; 14:20; cf. Néhémie 12:37. Dès lors Jérusalem fut le
centre politique et religieux du royaume; elle prit un accroissement
considérable. Salomon la fortifia, 1 Rois 3:1; 9:15; il y fit élever le temple
sur la colline de Morija, 1 Rois 6, et se construisit à lui-même un palais
magnifique, 1 Rois 3:1; 9:15. Hosias, Jotham, Ézéchias et Manassé l'agrandirent
encore et continuèrent de la fortifier, 2 Chroniques 26:9; 27:3; 32:5; 33:14.
Elle n'en succomba pas moins dans plusieurs sièges, 1 Rois 14:26; 2 Rois 14:13,
et finit par tomber entre les mains des Caldéens, qui la démolirent, 2 Rois
24:25 (588 avant J.-C.). La Bible ne donne pas beaucoup de détails sur le genre
d'architecture et le mode de construction des maisons de Jérusalem: on voit
seulement que les murailles étaient garnies de tours et de créneaux, 2
Chroniques 26:9,15; 32:5; l'une de ces tours est spécialement désignée, Jérémie
31:38; Zacharie 14:10. Hophel et Millo paraissent avoir été comme deux forts
détachés, 2 Samuel 5:9; 1 Rois 9:24; 11:27; 2 Chroniques 32:5; 27:3; 33:14. Il
est parlé des portes de la ville Jérémie 39:4; 2 Chroniques 32:6, et les
auteurs sacrés nomment la porte des poissons, 2 Chroniques 33:14; celle du
coin, 2 Rois 14:13; Zacharie 14:10; celle de Benjamin, Jérémie 37:13; 38:7;
Zacharie 14:10; celle d'Éphraïm, 2 Rois 14:13; la première porte, Zacharie
14:10; celle de la vallée, 2 Chroniques 26:9; celle des chevaux, Jérémie 31:39;
celle du potier, vers la vallée de Hinnom, Jérémie 19:2; enfin la porte du
milieu, Jérémie 39:3. Quant à leur position présumée,
— Voir: plus bas.
— La haute porte de Ézéchiel 9:2 était, selon toute
apparence, une des portes du temple. Comme places publiques, on remarque celle
de la porte et celle des boulangers, 2 Chroniques 32:6; Jérémie 37:21. Autour
de la ville étaient deux étangs provenant de la source de Siloé, Ésaïe 7:3;
36:2, et les jardins royaux qui étaient arrosés et fécondés par ces étangs,
Jérémie 39:4; 52:7; Néhémie 2:14.
Une question qui ne peut se résoudre complètement est
celle de savoir à laquelle des deux tribus de Juda ou de Benjamin a appartenu
Jérusalem avant le temps de l'exil. D'après Josué 18:28; cf. 15:8, elle a été
donnée en partage aux Benjamites, et bien qu'ils soient mêlés aux Jébusiens,
c'est eux que l'on y voit demeurer, Juges 1:21; le passage Jérémie 6:1,
confirme la même opinion. D'un autre côté, d'après Juges 1:8, ce sont ceux de
Juda qui s'emparent de la ville; ce sont eux encore qui s'y mêlent aux
Jébusiens, Josué 15:63, et le Psaumes 78:68, semble donner Jérusalem à cette
tribu. On peut concilier ces deux versions en admettant que si les hommes de
Juda ont en effet occupé la plus grande partie de Jérusalem, la ville cependant
et son territoire appartenait réellement aux Benjamites, et qu'elle était
située en dedans des frontières de cette tribu.
Après l'exil, et dans les premiers temps de la
reconstruction de Jérusalem (536 avant J.-C.), on trouve d'autres détails,
Néhémie 3, et 8. On mit sans doute à profit, pour ce nouveau travail, ce qui
subsistait encore des anciens fondements et des anciennes fortifications, et l'on
rebâtit les murs et les portes autant que possible sur leur emplacement
primitif, cependant avec des différences amenées soit par des besoins
d'agrandissement, soit par les corrections jugées bonnes, soit par la
disparition des premiers tracés. Le nom des portes fut changé, et l'on en
trouve douze nouvelles, mentionnées Néhémie 3 et 8,: celle des eaux, des
chevaux, du bercail, des poissons (Sophonie 1:10); la porte vieille
(probablement la même que la première porte, Zacharie 14:10); celle d'Éphraïm, Néhémie
8:16; celle de la vallée, Néhémie 2:13,15; celle de la fiente, Néhémie 2:13;
celle de la fontaine, Néhémie 2:14; la porte orientale, celle de Miphkad (du
conseil), et celle de la prison. Il n'est plus parlé de celles du coin, du
potier et de Benjamin. (Quant aux portes mentionnées Ézéchiel 48:31, elles
appartiennent à une vision, et sont prophétiques). On ne peut guère préciser la
position de ces différentes portes; le chapitre 12 de Néhémie ne donne même à
cet égard que de vagues indications. Au nord-ouest, la porte du coin et celle
d'Éphraïm (qui était peut-être la même que celle de Benjamin, 2 Rois 14:13; cf.
Zacharie 14:10); du nord-ouest au sud-est, la vieille porte, celle des poissons
et celle du bercail, Néhémie 3:1-6; 12:39; entre elles étaient celle des
chevaux, et celle de l'eau; celle d'Éphraïm et la vieille porte étaient
voisines, sans qu'il y en eût aucune autre entre elles, Néhémie 12:39; du
sud-ouest au nord-ouest, la porte de la fontaine (Siloé); celle de la fiente et
celle de la vallée (Guihon); la porte du potier était peut-être la même que
celle de la fontaine; quant à la porte du milieu, on ne la connaît pas; s'il y
a eu avant l'exil une ville inférieure, on peut croire que c'est la porte qui
joignait les deux villes. Les portes nommées 2 Rois 11:6; 15:35; 1 Chroniques
11:18; 26:16; 2 Chroniques 23:5; Jérémie 36:10; cf. 26:10, appartenaient au
temple ou à des villes voisines.
Il n'est parlé que de deux tours sur les murailles de
la ville, celle de Hananéel, et celle de Méah, Néhémie 3:1; 12:39; Zacharie
14:10, toutes les deux proche de la porte du bercail, du côté de celle des
poissons, vers l'est.
— On ne trouve dans cette période le nom d'aucune
place et d'aucune rue. La partie la plus forte de Jérusalem parait avoir été
alors la cité de Sion, nommée aussi ville de David, qui avait été fortifiée par
les Syriens, et que l'on regardait comme imprenable, 1 Maccabées 1:35; 3:45;
4:2; 9:52; 10:6, jusqu'au moment où le prince Simon réussit à s'en emparer, 1
Maccabées 14:37.
La troisième époque est celle de Jésus et des apôtres
jusqu'à Flavius Josèphe: cet historien lui-même est une source précieuse de
renseignements de tous genres sur la topographie de Jérusalem aux temps qui
précédèrent la conquête des Romains, et par conséquent aux temps de Jésus,
puisque la ville resta à peu près la même jusqu'à sa destruction, sauf
l'achèvement et la mise en état de défense de la nouvelle ville. D'après
Flavius Josèphe, Jérusalem était bâtie sur quatre collines, quoique spirituellement il est dit qu’elle
est construite sur les sept collines de la sagesse, et se composait de
trois parties principales: la ville d'en haut, située vers le midi sur la
colline de Sion, la plus élevée de toutes; la ville d'en bas, sur la colline
d'Acra, au nord de Sion et de Morija; la nouvelle ville, au nord, sur une
colline qui était primitivement plus basse, et qui fut élevée par des travaux
et des terrassements subséquents: c'est cette ville neuve que Hérode Agrippa
chercha à réunir à la vieille ville. Entre la haute et la basse ville passait
du nord-ouest au sud-est, jusqu'à la source de Siloé, la vallée des faiseurs de
fromage (Tyropéens), devenue peu à peu une rue par les nombreuses constructions
qui y furent faites. Au sud-est s'élevait le temple sur la montagne de Morija,
qui touchait au nord-ouest, par la forteresse Antonia, à la ville inférieure,
et communiquait par des ponts avec la ville d'en haut: cette dernière était
fortifiée par une muraille garnie de soixante tours ou tourelles, dont les
trois plus importantes (Hippique, Phasaël, et Marianne) avaient été élevées par
Hérode le Grand, et qui formaient comme une couronne autour de la colline; la
ville d'en bas, qui touchait au sud à la ville d'en haut, était garnie d'une
muraille avec quatorze tours à sa partie septentrionale; enfin la muraille de
la nouvelle ville était la plus forte et la plus solide de toutes, ayant 20
coudées (11 mètres) de haut, ou 23 (11m,50) en comptant les créneaux et les
parapets, et construite probablement en zigzag, puisque Flavius Josèphe lui
donne quatre-vingt-dix tours, dont la principale, au nord-ouest, avait 70
coudées de haut. Vers le nord, Jérusalem avait trois rangs de murailles; le sud
(Sion et Morija) n'en avait qu'un seul, ces collines étant suffisamment
protégées, à l'est, au sud, et au sud-ouest, par les rapides vallées qui
étaient à leur pied. On voit que Jérusalem pouvait à juste titre passer pour
une forte citadelle. Flavius Josèphe lui donne une lieue et demie de tour (33
stades) Hécatée lui donne 50 stades, et une population de 120,000 âmes, chiffre
bien peu élevé en comparaison de l'évaluation de Flavius Josèphe, qui porte à
2,700,000 le nombre des hommes qui se trouvaient dans la sainte cité les jours
des fêtes solennelles.
Outre le temple, dont nous reparlerons en son lieu, il
faut nommer parmi les édifices les plus remarquables de Jérusalem:
a. La
citadelle Antonia, bâtie par Jean Hyrcan, qui lui donna d'abord le nom de
Baris, puis fortifiée et embellie par Hérode en l'honneur de Marc Antoine. Elle
était située sur un rocher escarpé de 50 coudées de hauteur, au nord-ouest du
temple, avec lequel elle communiquait par des passages dérobés; elle présentait
dans son intérieur toute l'apparence d'une ville, des places, des allées, des
statues, et un grand nombre de bâtiments. Aux quatre coins étaient des tours,
dont celle du sud-ouest, qui était la plus rapprochée du temple, avait 70
coudées de haut; elle dominait ainsi non seulement le temple, mais la ville
toute entière, et les Romains y entretinrent longtemps une garnison; c'est là
que Paul fut conduit et détenu, Actes 21:34,37; 22:24; 23:10.
b. Le
palais d'Hérode, magnifique bâtiment de marbre, entouré de murs de 30 coudées
de hauteur, non loin des trois tours septentrionales de la ville supérieure.
c. le
Xyste, grande place publique entourée d'allées et de galeries vers la partie
est-nord-est de la ville d'en haut, communiquant par un pont avec le temple.
d. La
tour d'Ophel, q.v., vers la muraille orientale de la ville supérieure.
e. Le
prétoire,
— Voir: cet article et Procurateurs.
Hérode Agrippa II semble avoir le premier imaginé le
pavage des rues.
Les environs de la ville, surtout vers le nord,
étaient riches en jardins et en maisons de plaisance, 2 Rois 25:4; Jérémie
39:4; Néhémie 3:15: on y trouvait aussi quelques lieux de sépulture; quant aux
étangs et rivières,
— Voir: Roguel et Siloé.
Depuis l'exil, Jérusalem a été la proie des nations;
son histoire est celle de tout Israël.
Elle fut prise successivement, en 320 (ou 323), par le
roi d'Égypte Ptolémée Lagus; en 161, par Antiochus Épiphanes de Syrie; en 36
(l'an 717 de Rome), par Hérode le Grand, devenu roi des Juifs; enfin, l'an 70
avant J.-C., par Titus, fils de Vespasien: massacre effroyable dans lequel
périrent plus d'un million de Juifs, et dans lequel la plus belle des villes
devint en peu de jours la plus mémorable des ruines. Titus laissa subsister les
trois tours du nord, la muraille occidentale et quelques maisons; mais ces
débris eux-mêmes furent démolis en 136, quand Adrien eut résolu de faire
construire sur l'emplacement de l'ancienne Jérusalem, une nouvelle ville sous
le nom de Ælia Capitolina, et à la place du temple de Jéhovah un temple de
Jupiter; mais cette colonie militaire n'occupa jamais tout l'emplacement
qu'embrassait le centre de l'israélitisme. Aujourd'hui Jérusalem n'est plus
rien, c'est une ville de 4630 pas de tour, un évêché anglo-prussien, le
rendez-vous de 25,000 habitants de toutes les nations et de tous les cultes;
seuls ses anciens maîtres, les Juifs, y marchent en courbant la tête, honteux
de s'y trouver, triste monument de la vérité des prophéties et de la ferme
exécution des menaces divines.
Nommons parmi les ouvrages bons à lire pour compléter
les secs et incomplets détails qui précèdent, Schubert, Chateaubriand,
Lamartine, Ackermann, Keith (les Juifs d'Eur. et de Palest.), le Journ, d'un
Voyage au Levant, t. III; en allemand, une intéressante monographie de Joh.
Bail, Strauss (Sinaï und Golgatha); et la thèse de M. A. Coquerel fils, qui se
recommande à plus d'un titre. Il serait facile d'en ajouter d'autres, peut-être
de meilleurs, mais ceux-là suffisent, et touchent, par leur diversité de but et
de plan, aux divers points qui peuvent intéresser le géographe et le chrétien
biblique.
Que sera la nouvelle Jérusalem de l'Apocalypse 21:2?
Cette question ne peut se traiter ici; mais comme on ne la traite presque nulle
part, il importe de la rappeler: Jérusalem sera restaurée, et deviendra de
nouveau le centre du peuple de Dieu, la capitale du monde, et la résidence de
celui qui aura vaincu l'Anti-christ.
Considérons toutefois
que la Jérusalem actuelle de nos temps modernes n’est plus la cité du Dieu
Vivant, mais l’autorité ou image de la bête (Apoc. 13 :14,15). La Jérusalem
terrestre doit disparaître pour qu'apparaisse la Jérusalem céleste. La
Jérusalem restaurée au mois de Juillet 1967, n'est pas le centre du peuple de
Dieu mais du peuple de Satan. Sa restauration correspond au numéro 666 dans
l'Apocalypse. Elle est le symbole, avec le Vatican, du poison de l'Arminianisme
qui se répand sur toute la face de la terre pour former le christianisme
contrefait des derniers jours.
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JÉSABEL ou Izébel.
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1. La
plus méchante peut-être de toutes les femmes qui ont jamais occupé un trône.
Païenne de naissance, fille d'Ethbahal, roi de Tyr et de Sidon, elle était la
sœur de Badezorin, le grand-père de Pygmalion et de Didon. Toujours adoratrice
des dieux païens, dont le patronage favorisait ses voluptés et ses cruautés, elle
épousa sans crainte un Juif de nom, Achab, qui lui apportait un trône et une
grande tolérance pour le crime: elle sut rendre son époux plus idolâtre et plus
sanguinaire encore (918 avant J.-C.). Elle jura l'extermination d'un culte qui
ne pouvait être exterminé, et la mort d'un prophète, Élie, qui ne devait point
mourir. Élie réussit mieux avec Naboth, qu'elle fit tuer pour avoir sa vigne;
mais ce crime envers un homme du commun peuple ne fut pas moins enregistré
devant Dieu, et Élie lui annonça que les chiens dévoreraient son corps. Achab
mourut, et Jésabel vit le règne de ses deux fils, Achazia et Joram; puis vint
Jéhu, l'exterminateur de sa dynastie. Le palais d'Achab était probablement près
des murs de la ville, non loin du champ de Naboth: Jésabel, voyant arriver
l'usurpateur, se montra tout ornée à l'une des fenêtres du palais, peut-être
pour voir Jéhu, peut-être pour le braver, le séduire ou le menacer; mais Jéhu
parla, et cette odieuse femme fut précipitée dans la rue, où les chiens la
dévorèrent et la firent disparaître en peu d'heures. 1 Rois 16:31; 18:4; 19:1;
21:5; 2 Rois 3:2; 9:7.
— Son nom signifie, selon les uns, l'insulaire; selon
les autres, intacte, pure, une Agnès: on l'a conservé dans l'Isabelle moderne.
2. Femme
de l'église de Thyatire, qui n'est connue que par la mention de l'Apocalypse
2:20. L'Esprit lui reproche ses impudicités et ses doctrines idolâtres; le nom
qui lui est donné n'est probablement qu'une épithète, un souvenir de l'ancienne
Jésabel, qu'elle rappelait par sa scandaleuse conduite. On pense que c'est une
femme de haut rang, que Jean n'a pas voulu nommer.
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JESSÉ,
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— Voir: Isaï.
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JÉSUAH, ou Jéhosuah,
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Esdras 2:2; 3:2; 4:3; 5:2. Néhémie 7:7; 12:1 (536
avant J.-C.), fils de Jéhotsadak, exerça, sous Zorobabel, les fonctions de
souverain sacrificateur, auxquelles il avait droit quoique son père n'eût pu
les exercer; il se montra digne de sa tâche, combattit les machinations des
Samaritains, et travailla sans relâche à la reconstruction de Jérusalem et du
temple. Son nom se retrouve Aggée 1:1; 2:2. Zacharie 3:1; 6:11. Dans ces deux
derniers passages, il est nommé comme emblème du peuple, d'abord opprimé puis
restauré, et il rappelle, par sa lutte avec Satan, que le véritable empire et
la véritable sacrificature d'Israël ne trouveront leur réalité qu'en Christ.
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JÉSUS.
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1. Jésus-Christ,
— Voir: l'article suivant.
2. —
Voir: Juste.
3. Jésus,
fils de Sirach, auteur du livre de l'Ecclésiastique ou la Sapience; il a vécu
sous Ptolémée Évergète, et on ne le rappelle ici que pour mémoire.
— Jésus est la forme grecque de l'hébreu Josué ou
Yéhôshuah; il signifie sauveur, et fait du premier Josué qui a introduit la
race élue dans la Canaan terrestre, un vrai type de celui qui a ouvert la
Canaan céleste à ceux qui croiront en lui.
________________________________________
JÉSUS-CHRIST.
________________________________________
Devant ce nom, qui est à la fois celui d'un homme et
celui de Dieu manifesté en chair; ce nom, le seul qui ait été donné aux hommes
par lequel nous puissions être sauvés; ce nom à l'ouïe duquel tout genou se
ploie, dans le ciel et sur la terre; devant ce nom la raison s'humilie dans le
sentiment profond de son impuissance, et la foi, posant son doigt divin sur nos
lèvres, nous invite à adorer en silence ces choses que l'œil n'a point vues,
que l'oreille n'a point entendues, qui ne sont point montées au cœur de
l'homme, et dans lesquelles les anges eux-mêmes désirent de regarder jusqu'au
fond.
La nature de Christ et les caractères de sa mission,
sa présence et son oeuvre, son apparition dans l'histoire et son rôle en dehors
du temps, tout est pour la pensée une source de questions pleines d'intérêt
sans doute, mais aussi pleines d'obscurité. Comment concevoir et définir la
personnalité du Fils, ses rapports avec le Père et le Saint-Esprit, l'union de
la divinité et de l'humanité dans sa personne; son œuvre de roi, de
sacrificateur et de prophète; son origine, sa naissance, sa vie, sa mort, sa
résurrection, son action dans l'Église et auprès du Père; son second avènement,
son règne futur?
Que peuvent dire et la physiologie et la psychologie
pour expliquer son corps et son âme?
— ce corps formé tout à la fois et par l'influence du
Saint-Esprit et dans le sein de la chair, cette âme douée de toutes les
facultés, accessible à toutes les émotions humaines, et empreinte de toutes les
perfections, de toute la majesté divine;
— ce corps qui, en forme de chair de péché, naît
débile, croît, se développe, ressent la fatigue et la souffrance, subit la
mort, mais ne peut être retenu par elle, sort du sépulcre, encore susceptible
d'accomplir les fonctions animales, et pourtant échappe aux lois de la matière,
et s'élève d'une manière visible vers ce royaume où la chair et le sang ne
peuvent entrer;
— Cette âme qui, elle aussi, se développe, croît en
sagesse, souffre, se réjouit, s'attache, ressent la tentation, s'abat dans la
tristesse, puis se relève triomphante au milieu de toutes les faiblesses, pure
de toute souillure, et ferme, sereine, sainte, radieuse, révèle au monde
l'idéal d'une grandeur humaine qui se confond avec la grandeur même de Dieu.
— Tous ces problèmes peuvent à peine être indiqués
ici. Nous ne saurions songer, nous ne disons pas à les résoudre, la science de
l'homme n'y suffirait pas, mais même à les examiner dans leurs détails. Ils
sont d'ailleurs du ressort de la dogmatique, de la psychologie et de la
philosophie, et ne sauraient être abordés dans ce travail.
Nous n'avons pas davantage la prétention d'écrire une
biographie de Jésus. Par des motifs de convenance, plusieurs auteurs ont cru
bien faire que de supprimer l'article entier; une telle vie est trop haute,
disaient-ils, et trop riche, pour qu'une plume purement humaine réussisse à en
tracer un tableau satisfaisant: la main des évangélistes, guidée par l'esprit
même de Christ, a pu seule se charger de ce soin. Nous comprenons ce scrupule,
mais sans le partager entièrement, et ce qui nous arrête, c'est moins cette
pensée, que la considération même de l'étendue du sujet, et les développements
considérables qu'il exige pour être traité d'une manière convenable. Tout
l'Évangile, d'ailleurs, se résume en Jésus; en lui se résume aussi l'histoire
de ceux qui l'ont vu, annoncé, accompagné et prêché; sa vie se rattache à une
foule d'hommes et de faits qui trouvent déjà leur place ailleurs, et qui, se
reproduisant ici, feraient nécessairement double emploi.
Nous nous bornons donc à donner quelques explications
sur les points suivants.
1. Le
nom de Jésus signifie Sauveur; le nom de Christ signifie oint: ce sont à la
fois des noms propres et des noms d'attributs. Le dernier est la traduction
grecque de l'hébreu Messie ou Mashiach. Jésus s'appelle encore Emmanuel, q.v.,
le dernier Adam, Scilo, David, Osée 3:5; Jérémie 30:9, germe, Jérémie 23:5;
Zacharie 3:8, Micaël, Daniel 12:1, roi, prophète, avocat, Nazarien, roi des
rois, pâque, défenseur, souverain sacrificateur, etc. La Concordance de M.
Mackenzie, p. 734, sq., compte près de deux cents noms et titres donnés à
Jésus, dans l'Écriture.
2. La
venue de Jésus est supposée d'un bout à l'autre de l'Ancien Testament, depuis
l'instant de la chute, Genèse 3:15. Les cérémonies du culte lévitique, le
mosaïsme tout entier, le sacerdoce et les prophètes l'annoncent et lui rendent
d'avance témoignage; Jésus a mis le sceau à leurs visions, cf. Daniel 9:24. Les
types et les prophéties messianiques abondent; il faut se tenir en garde
toutefois contre l'imagination qui pourrait en faire voir partout. Girard des
Bergeries a peut-être exagéré les types, Hengstenberg, dans sa Christologie, a
été préoccupé outre mesure de son sujet, et a multiplié le nombre des oracles
relatifs au Messie. Ces deux ouvrages n'en ont pas moins une grande valeur, et
méritent d'être étudiés. Les faits principaux de la vie de Jésus sont annoncés
clairement: l'époque de sa naissance, Daniel 9:25; le lieu, Michée 5:2; sa
naissance d'une vierge, Ésaïe 7:14; son nom, ibid.; son surnom (Nazarien,
rejeton) Ésaïe 11:1; son retour d'Égypte, Osée 11:1; le massacre des innocents,
Jérémie 31:15; l'œuvre du précurseur, Ésaïe 40:3; Malachie 3:1; 4:5; la mission
de Christ, Ésaïe 53; son entrée dans Jérusalem, Zacharie 9:9; son humiliation,
ses souffrances, sa mort expiatoire, le prix auquel il serait livré, les
méchants qui seraient mis à mort avec lui, sa glorieuse sépulture, sa
résurrection, Psaumes 22, Ésaïe 52:13-53:12; Zacharie 11:13; cf. Jérémie 18:1;
sq.; l'Église enfin qui naîtrait de son travail, de sa doctrine, et de son
sang, Zacharie 6:12, etc. Il est beaucoup d'autres prophéties immédiatement et
exclusivement applicables à Christ; nous avons indiqué les principales. On peut
voir encore Aggée 2:6-9; Zacharie 12:10; Daniel 2:44; 7:13; Psaumes 2, 45, 102,
110, etc.
3. L'année
de la naissance de Jésus ne peut pas être déterminée d'une manière exacte; mais
ce qui paraît prouvé, et assez généralement admis, c'est qu'elle est de
quelques années antérieures à l'an 1 de l'ère chrétienne. On voit, en effet,
par Matthieu 2:1-6, que Jésus est né du vivant d'Hérode le Grand, mais peu de
temps avant sa mort. Or Hérode mourut l'an 750 de Rome, un peu avant Pâque
(Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 17, 8, 1-14; 14, 5-17, 9, 3). Si, de
cette date, nous défalquons les jours de la purification, le temps de la visite
des mages, le voyage en Égypte, le séjour dans ce pays jusqu'au moment de la
mort d'Hérode (et six mois ne seront pas un chiffre exagéré), il en résulte que
le Christ est né au plus tôt dans l'automne de l'an 749 de Rome, quatre ans
avant notre ère.
— Une seconde donnée historique nous apprend, Luc
3:1-2, que Jean-Baptiste commença son ministère en la 15e année de Tibère;
Jésus au moment de son baptême avait trente ans, Luc 3:23. L'un et l'autre
étaient sans doute entrés en fonctions au même âge, conformément à l'usage
lévitique, Nombres 4:3,35, sq. Si nous reculons de trente ans en arrière, nous
arriverons à connaître l'année de la naissance des deux cousins. Auguste était
mort le 29 août 767; il fut immédiatement remplacé par Tibère, qui était déjà
son associé sur le trône depuis deux ou trois ans. Ces années de corégence
comptent habituellement dans la vie des rois: Tibère serait donc monté sur le
trône en 765 ou même en 764; sa 15e année tomberait sur l'an 773, d'où il
suivrait que Jean, né trente ans auparavant, serait né en 748, et notre
Seigneur en 749. (Si cependant on ne date les années du règne de Tibère que
depuis la mort d'Auguste, la naissance du Seigneur tombe sur l'an 752, résultat
sensiblement différent de celui que donne Matthieu).
— On trouve un troisième indice, mais également sujet
à incertitude, dans Jean 2:20, «On a été quarante-six ans à bâtir ce temple.»
Flavius Josèphe dit qu'Hérode a commencé la restauration de cet édifice la 18e
année de son règne, mais ailleurs il nomme la 15e (Antiquités Judaïques 15, 11,
1. Guerre des Juifs 1, 21, 1), comme il donne aussi tantôt trente-sept, tantôt
trente-quatre ans au règne de ce monarque, suivant qu'il le fait commencer à la
mort d'Antigone, ou à sa confirmation par les Romains. Ce n'est qu'en 714 qu'il
fut proclamé roi; la 18e année de son règne tomberait donc sur l'an 732, et la
première Pâque de notre Sauveur, dans la 47e année du temple restauré, sur l'an
779. Jésus avait alors trente ans et quelques mois, et sa naissance remonterait
à l'automne 748. Certains donnent la date de naissance de Jésus comme étant le
22 Septembre.
— Notons enfin une tradition conservée par les pères
latins (Tertullien, Lactance, Augustin), portant que la mort de notre Seigneur
eut lieu sous le consulat de Rubellius et de Fuflus, c'est-à-dire l'an de Rome
782. Si, comme on le suppose ordinairement, la vie de Jésus a été de
trente-trois ans et demi, sa naissance tomberait encore sur l'an 748; mais
c'est une question à part.
— Quelques écrivains modernes se fondant sur Matthieu
2:16, et prolongeant le séjour d'Égypte, pensent que Jésus avait déjà deux ou trois
ans à la mort d'Hérode, et le font naître par conséquent déjà en 747 (Münter,
etc.). C'est la même année que fixent également ceux qui, avec Keppler et
Ideler, voient dans l'étoile des mages la conjonction de Jupiter et de Saturne
qui eut lieu cette année-là.
— Il résulte de ce qui précède que Jésus a dû naître
quatre à cinq ans au moins avant l'ère vulgaire, et qu'il a pu naître quelques
années plus tôt encore. L'ère vulgaire a été fixée au vie siècle, par l'abbé
Denys (Dionysius) Exiguus qui lui a donné son nom; elle a été employée par Bède
le Vénérable (première partie du VIIIe siècle) dans ses ouvrages historiques,
et bientôt après dans des actes publics, par les rois francs Pépin et
Charlemagne.
— L'époque de l'année en laquelle Jésus naquit est
plus difficile encore à déterminer; ce qu'il y a de sur, c'est que ce ne fut
pas en hiver, puisque les bergers gardaient les brebis dans les champs. Selon
Lardner, ce serait entre la mi-août et la mi-novembre; selon l'archevêque
Newcome qui prend la moyenne, ce serait le 1er octobre; Winer donne une marge
plus grande, et n'exclut que la saison froide. En fait, il n'y a aucune donnée
positive; le 25 décembre commença à prévaloir au IVe siècle, comme jour de la
nativité, et si l'on en croit Léon le Grand, qui mourut en 461, il y avait bon
nombre de gens à Rome qui célébraient ce jour bien moins à cause de la
naissance du Sauveur qu'en l'honneur du soleil renaissant (Sermon XXI, chapitre
6).
4. Les
généalogies. Matthieu 1:1-16; et Luc 3:23-38, donnent l'un et l'autre la
généalogie de Jésus; l'un, écrivant pour les Juifs, prend Abraham pour point de
départ; le second, écrivant pour les nations, remonte jusqu'au chef de
l'humanité, Adam, et jusqu'à Dieu. Matthieu divise ses générations en trois
groupes de quatorze membres chacun; le premier groupe, période de la promesse,
va d'Abraham à David; il y manque plusieurs anneaux, notamment entre Salmon et
Jessé.
— David, qui est le dernier terme de la première
division, compte aussi comme le premier de la seconde; il est deux fois compris
dans les quatorze; cette seconde période, celle des types rois, s'étend
jusqu'aux jours de la transportation; au verset 8, entre Joram et Hozias, il
manque trois anneaux, Achazia, Joas, Amatsia; au verset 11, les meilleures
autorités portent simplement: «Et Josias engendra Jéchonias, etc.», en omettant
la mention de Jakim, qui n'est qu'une glose, mais la glose bien naturelle d'un
copiste qui avait remarqué une lacune, et qui voulait la combler; seulement
elle a été maladroitement comblée. Historiquement, Josias engendra Jéhojakim et
ses frères; Jéhojakim n'engendra que Jéchonias, et peut-être un Sédécias mort
bientôt, 2 Rois 23:34; 2 Chroniques 36:4; cf. 1 Chroniques 3:15-16. Les frères
de Jéhojakim sont donc les oncles de Jéchonias, et le verset 11 doit se
traduire, quant au sens du moins: «Josias engendra (fut le père ou grand-père
de) Jéchonias, et ses oncles.» II manque donc à cette division quatre noms au
moins, et au lieu de quatorze on en devrait compter dix-huit, ce qui a fait supposer
à quelques commentateurs que le verset 17, n'était qu'une note qu'un copiste
aurait plus tard fait passer dans le texte; mais l'accord des manuscrits s'y
oppose. Il est plus probable que ces quatre noms étaient habituellement omis
dans les tables généalogiques, sans qu'il y ait pour cela de motif à nous
appréciable (on peut voir une omission semblable dans la généalogie d'Esdras,
7:1-5; cf. 1 Chroniques 6:3-15). Dans le troisième groupe (abolition de la
royauté et des types rois), Salathiel est noté comme père de Zorobabel
(Matthieu et Luc), tandis que, d'après 1 Chroniques 3:19, Zorobabel était fils
de Pédaja, son frère; il faut donc supposer, avec Hug (II, 269), que Zorobabel
était le fils aîné de Pédaja et de la veuve de Salathiel, qui était mort sans
enfants, et que pour cela il fut inscrit sur les registres de Salathiel,
conformément à la loi du lévirat, Deutéronome 25:6. Au verset 13, Abiud, et Luc
3:27, Résa, sont nommés comme fils de Zorobabel; leurs noms ne se trouvent pas
1 Chroniques 3:19, mais cela n'a guère d'importance. Enfin, verset 16, nous
voyons en quelque sorte l'esprit de cette généalogie; elle est légale: Jésus
descend de David légalement, par Joseph, le mari de Marie; la formule
«engendra» disparaît entre Joseph et Jésus; après avoir suivi la filiation
officielle de Joseph, Matthieu constate que, si Jésus appartient à la famille
de Joseph, il ne lui appartient que légalement, civilement, et non selon la
chair. Jésus était l'héritier naturel, légitime, de Joseph, puisque Joseph, qui
avait d'abord voulu renvoyer Marie, l'avait, sur l'ordre de Dieu, épousée avant
la naissance de Jésus, verset 18; ses droits au trône de David passaient ainsi
à celui qui légalement était son fils aîné; en même temps il doit rester établi
pour les lecteurs que Joseph n'était point le père de Jésus, mais seulement le
mari de sa mère.
En comparant les deux généalogies, nous trouvons dans
chacune une partie qui commence à David et se termine à Salathiel, mais par
deux filiations différentes:
Matthieu 1 David Luc 3
|
________________________________________
Salomon
|
Jéchonias Nathan
|
Néri
________________________________________|
Salathiel
Zorobabel, etc.
5. Ainsi,
Matthieu désigne Salathiel comme fils ou descendant de Jéchonias et de Salomon,
tandis que Luc le désigne comme fils de Néri et de Nathan. L'hypothèse de
Paulus qui, pour écarter la difficulté, suppose deux Salathiel, est trop
hardie. On peut voir ailleurs l'explication que nous avons donnée de cette
espèce de divergence; Salathiel est fils d'Assir, de fait et de droit, et
petit-fils de Néri selon la chair, de Jéchonias selon la loi.
— Voir: Salathiel.
On est assez généralement d'accord à supposer, quoique
rien ne le dise positivement, que Luc a donné la généalogie de Marie; les
rapports de Joseph à Héli, verset 23, seraient ceux de gendre à beau-père,
relation légale d'ascendance et de descendance, que le texte ne contredit
point, puisque les relations de parenté ne sont indiquées que par la
juxtaposition des noms dont l'un régit l'autre, sans indication du degré; le
génitif peut sous-entendre père, fils, etc.; le texte porte littéralement:
«Fils, comme on l'estimait, de Joseph d'Héli», ces deux noms n'étant point unis
par le mol fils. Il serait étonnant, d'ailleurs, que la descendance directe de
Joseph fut indiquée dans la branche de Nathan, lorsqu'on pouvait le rattacher
directement à la branche beaucoup plus glorieuse de Salomon. S'il s'agissait,
en effet, de la généalogie de Marie, fille d'Héli, Luc l'aurait donnée pour
établir que Jésus descendait de David, non seulement selon la loi, mais aussi
selon la chair. Marie était réellement de la famille royale, ce qui nous paraît
ressortir de Luc 1:27. («qui était de la maison de David», se rapporte à «une
vierge»); de 2:5, où l'enregistrement de Joseph et de Marie dans le même
endroit suppose une même origine et une proche parenté; enfin et surtout de
Romains 1:3 (Hébreux 7:14), où Jésus est appelé fils de David selon la chair,
— Voir: Orig. cont. Celse, et S. Basnage, Ann. I, 88.
— Ceux qui pensent que Luc donne, comme Matthieu, la
filiation de Joseph, font d'Héli et de Jacob deux frères, dont l'un serait mort
sans enfants; Joseph, le fils aîné du survivant, serait légalement attribué au
défunt.
— Sur l'ensemble de cet article, dont nous n'avons pu
qu'effleurer les difficultés,
— Voir: les commentaires, et spécialement en anglais
Robinson.
6. Parents
de Jésus,
a. Marie,
sœur de la mère de Jésus, Jean 19:25, femme de Cléopas ou Alphée.
b. Élisabeth,
cousine de Marie, Luc 1:36.
c. Jacques,
Joses, Simon et Judas, frères de Jésus, Jean 7:3,5,10; 1 Corinthiens 9:5;
Matthieu 12:46; 13:55; Marc 3:32; Luc 8:19; Jean 2:12; Actes 1:14. On a voulu
donner au mot
άδελφοί le sens de cousins, pour concilier ces nombreux
passages avec la soi-disant virginité perpétuelle de Marie; ce sens est
possible, mais il est forcé: on ne comprend pas, en effet, l'affectation avec
laquelle les évangélistes emploieraient continuellement le mot frères dans un
sens qui n'est pas ordinaire, pour éviter le mot propre, qui ne se prête à
aucune équivoque. Plus la chose était importante, plus il importait aussi de la
dire de manière à éviter tout malentendu;les apôtres ont employé une expression
qui laisse des doutes sur le degré de cette parenté, et il en résulte au moins
ceci, qu'ils n'attachaient aucune importance au fait, en effet bien
indifférent, de la virginité de Marie. Mais si, à cette régulière répétition du
même mot, qui finit par signifier quelque chose, qui n'est plus un accident,
mais une intention, nous ajoutons le nom de premier-né donné à Jésus, Matthieu
1:25, dans un passage où il est parlé des relations de Joseph et de Marie (cf.
aussi verset 18, avant qu'ils fussent ensemble), on doit convenir que la
probabilité prend un caractère plus déterminé, plus positif. Le fait que ces
frères et sœurs sont constamment avec la mère de Jésus, est également
caractéristique: ce cortège s'explique s'il s'agit d'enfants, il ne s'explique pas
s'il s'agit de neveux et de nièces. On l'a si bien compris, que plusieurs
auteurs ont fini par reconnaître qu'il s'agissait là des frères de Jésus, mais
frères selon la loi, fils de Joseph, et non de Marie: cette explication lève
quelques difficultés, mais elle en laisse subsister d'autres, notamment
Matthieu 1:18,25. Le passage Jean 19:26, qu'on a parfois invoqué pour prouver
que Marie n'avait pas d'enfants, prouve seulement que Jean était plus digne de
recueillir la vieillesse de Marie, alors presque sexagénaire, que des frères
qui n'avaient pas cru en lui, et qui même une fois avaient voulu faire arrêter
Jésus comme aliéné, Marc 3:21; il paraît qu'ils furent convertis par la
résurrection du Seigneur, Actes 1:14, et que ce fait merveilleux les décida de
se joindre à l'Église. Les sœurs de Jésus sont mentionnées Matthieu 13:56; cf.
Marc 6:3.
d. La
tradition fait de Salomé, femme de Zébédée, la sœur de Joseph, père de Jésus;
mais le Nouveau Testament se tait sur cette parenté.
7. Jésus
fut élevé à Nazareth, et l'on conclut de Jean 7:15, qu'il ne fréquenta pas
l'école publique (rabbinique) de la ville. Il apprit l'état de son père,
suivant l'usage de ce temps, et l'on croit qu'il continua, même pendant sa
carrière évangélique, d'y chercher, comme les rabbins, une partie de sa
subsistance. Une variante assez recommandable de Marc 6:3, appuierait cette
opinion. Ses amis et disciples pourvoyaient du reste à tout ce qui pouvait lui
manquer, Luc 8:3; Marc 15:41, et dans ses voyages il trouvait une hospitalité distinguée,
et des soins qu'il devait aux mœurs de l'Orient, et à la notoriété de ses
miracles, Jean 4:45; 12:2. Le collège apostolique avait un petit fonds commun,
destiné aux besoins les plus urgents, Matthieu 14:17; Luc 9:13; Jean 12:6;
13:29. Si Jésus n'était pas riche, Luc 2:24; Matthieu 8:20; 2 Corinthiens 8:9;
cf. Lévitique 12:8, on ne saurait non plus se le représenter comme pauvre et
misérable, cf. Jean 19:23. Ce serait même contraire à l'analogie de la foi, cf.
Psaumes 37:25.
On a fait de nombreuses tentatives pour réunir en une
seule biographie tous les détails que les Évangélistes donnent sur la vie de
Jésus, mais ces Harmonies ont l'inconvénient d'être fort arbitraires, car il
n'y a pas de fil directeur pour guider dans un travail de ce genre. Les
Évangiles sont de simples recueils de faits, qui ne tiennent que peu ou point
de compte de l'ordre chronologique. Il en résulte que tous les essais qui ont
été faits dans ce sens, et celui de Calvin est certainement le plus
remarquable, ne peuvent être considérés que comme des présomptions. L'Évangile
de Jean donne seul quelques dates, mais peu de faits; et c'est à ces dates
qu'il faut rattacher les faits racontés dans les synoptiques.
Jésus demeurait habituellement à Capernaüm; il fit son
premier miracle à Cana. De là, par Nazareth et Capernaüm, il va célébrer à
Jérusalem sa première Pâque, Jean 2:13. C'est après cela qu'il appelle ses
apôtres sur les rives du lac de Génésareth, Luc 5; il visite Gadara et retourne
à Capernaüm; appel de Lévi; fille de Jaïrus; sermon sur la montagne; serviteur
du centenier; envoi des douze apôtres; retour à Jérusalem par Béthanie. Seconde
ou troisième Pâque. Lavoir de Béthesda, retour à Capernaüm, multiplication des
pains; voyage à Tyr et Sidon, Matthieu 15; à Jérusalem par la Pérée; retour en
Galilée; voyage à Césarée de Philippe, et peut-être au mont Hermon où eut lieu
la transfiguration (et non sur le Tabor?) Matthieu 16 et 17, Marc 9, Luc 9;
retour à Capernaüm, en Pérée, à Béthanie, Luc 9 et 10, Matthieu 19; il passe le
Jourdain et revient à Béthanie, Jean 10 et 11; en Éphraïm, à Béthel et Bethsan:
à Jérico, Luc 19; entrée à Jérusalem; dernière Pâque.
— Celui qui voudra se donner la peine d'essayer pour
son compte une harmonie des quatre Évangiles, en comprendra tout ensemble les
difficultés et l'utilité. L'esquisse que nous en donnons fera comprendre l'une,
le travail seul fera comprendre l'autre. On trouvera un plan approximatif des
voyages de Jésus, dans le Bibel-Atlas de Weiland et Ackermann; c'est une carte
qui manque au Scripture-Atlas de Bagster.
La liste complète des miracles, et celle des paraboles
du Sauveur, se trouve dans Bickersteth, Considérations sur l'Écriture sainte,
p. 98 et 108.
8. La
durée de son ministère ne peut être déterminée d'une manière exacte et sûre. Néanmoins selon le prophète Daniel le
ministère de Christ est de 3 ans et demi. On trouverait les éléments de
cette recherche dans le nombre des Pâques que Jésus a célébrées, mais les trois
premiers évangélistes ne mentionnent que la dernière, et Jean qui parle de cinq
fêtes juives que Jésus aurait faites à Jérusalem, outre une Pâque qu'il a
passée en Galilée, ne les détermine pas assez nettement pour qu’on n’en puisse
rien conclure à coup sûr. Trois Pâques au moins sont cependant indiquées: la première,
Jean 2:13, peu après le baptême de Jésus, ainsi presque au commencement de son
ministère; la seconde, Jean 6:4, Jésus est en Galilée; la troisième et dans
tous les cas la dernière, Jean 12 et 13. Le ministère de Jésus aurait ainsi
duré un peu plus de deux ans. Mais si la fête des Juifs, Jean 5:1, doit être
entendue de la Pâque, ce serait une année de plus qu'il faudrait ajouter à la
durée de sa carrière publique. Sans entrer dans des détails qui sont du ressort
des commentaires, on peut dire que le mot fête, même sans article, désigne
souvent la Pâque, Matthieu 27:15; Marc 15:6; Luc 23:17; cf. Jean 18:39; que
Jean, qui a l'habitude de mesurer le temps par les fêtes, n'a pas voulu dire
simplement qu'il y avait une fête, mais la fête, ce qui semble se rapporter
plus spécialement à la Pâque; qu'il ne peut guère être question ici, ni de la
fête de Pentecôte, ni de celle des Tabernacles, ni de celle de Purim, quoique
ce soit l'opinion de Keppler, proposée pour la première fois en 1615, et
adoptée aujourd'hui par Hug, Neander, Olshausen, Tholuck, Meyer, Wieseler; que
la plupart des auteurs anciens et modernes se prononcent pour la Pâque; ainsi
Irénée: «Et posthac iterum secundâ vice adscendit (Jésus) in diem Paschæ in
Hierusalem, quando paralyticum, qui juxta natatoriam jacebat XXXVIII annos,
curavit, etc.;» c'est l'opinion d'Eusèbe et de Théodoret, de Luther, Scaliger,
Grotius, Lightfoot, Leclerc, Lampe, Hengstenberg, Greswell, etc. Cyrille et
Chrysostome, Érasme, Calvin, Bèze et Bengel, pensent qu'il s'agit de la
Pentecôte. Lücke et De Wette laissent la question indécise.
On voit que les limites de la vie publique de Jésus
sont entre deux ans et demi et trois ans et demi. D'après ce que nous avons dit
de l'époque de sa naissance, et en se rappelant qu'il commença son ministère à
l'âge d'environ trente ans, il serait mort à l'âge de trente-deux ou
trente-trois ans, et vers l'an 28 ou 29 de 1ère chrétienne; les termes extrêmes
sont l'an 781 et l'an 783 de Rome, quoique plusieurs pères de l'Église le
fassent mourir à un âge beaucoup plus avancé, quarante ou cinquante ans, et ne
lui donnent en outre qu'une carrière publique de huit à dix mois, d'un an au
plus. Selon la prophétie des 70 semaines du prophète Daniel, le ministère de
Jésus semble avoir été de trois ans et demi, puisque Christ est retranché dans
la moitié de la dernière semaine lorsqu’il fait cesser le sacrifice du temple
par le sien, établissant ainsi la Nouvelle Alliance en son sang versé sur la
croix (Dan. 9:26,27).
— Voir: Winer, Realw.
9. Calme
et tranquille dans la pacifique révolution qu'il apporte au monde, Jésus ne
veut pas démolir le judaïsme avant d'avoir établi le christianisme. Il continue
d'observer lui-même les prescriptions de la loi, et s'il les maintient dans
toute leur sévérité, en opposition à la lâche tolérance des prêtres d'alors,
c'est peut-être pour constater une dernière fois qu'il est impossible à l'homme
d'être sauvé par les œuvres. En observant la loi il en détermine l'esprit. Il
fait du bien à tous, aux païens comme aux Juifs, au centenier de Capernaüm, à
la syrophénicienne, comme à Jaïrus, le chef de la synagogue; il supporte les
intolérants Samaritains, et les protège contre l'intolérance de ses disciples;
il ne craint pas de s'entretenir publiquement avec une femme de cette nation
détestée des Juifs; peu soucieux de l'opinion publique, et la bravant, il
s'établit en Galilée, et choisit ses amis et ses disciples parmi les humbles et
méprisés Galiléens, protestant ainsi de diverses manières contre les préjugés
de l'orgueil humain, de l'orgueil national, de l'orgueil hiérarchique, et de
l'orgueil personnel. Il pardonne aux pécheurs, il est l'ami des pauvres, des
péagers, des gens de mauvaise vie; il habite avec eux, et les reprend avec
douceur, les relevant au lieu de les abaisser; il semble n'avoir de paroles
sévères que pour les grands de ce monde et les dignitaires du temple; Hérode
est un renard, les prêtres et tout ce qui est à leur dévotion, une race de
vipères. On le voit pleurer avec ceux qui pleurent, avec la veuve de Naïn, avec
la famille de Lazare; l'amour est le fond de son caractère; il embrasse tout,
il supporte tout; il aime tout ce qui a un cœur d'homme, il aime surtout les
faibles et les chétifs; c'est aux pauvres que l'Évangile est annoncé; il
représente l'humanité dans le sens le plus large; il prêche la fraternité
universelle. On ne doit donc pas s'étonner de voir son nom devenir si
populaire, de son vivant encore, et servir aux générations de dix-huit siècles,
comme un symbole de ce qu'il y a de plus divin dans l'humanité; là même où
l'Église l'a méconnu, le peuple l'a reconnu et revendiqué, souvent mal à propos
et dans l'ignorance, mais cette ignorance est la faute de ceux qui ne l'ont pas
compris eux-mêmes, lorsqu'ils étaient chargés de l'expliquer. Aux jours de
Jésus le peuple attendait le libérateur d'Israël, mais un libérateur terrestre;
et dans tous les temps Jésus a été considéré par les peuples comme le
représentant d'un libéralisme politique; c'est une erreur qu'il faut imputer
avant tout à ceux qui ont voulu faire du christianisme un moyen de régner, et
qui n'ont pas voulu comprendre que son règne n'est pas de ce monde.
— Voir: Bastie, Démocratie et Religion, p. 29.
10. Les
ouvrages les plus importants à consulter sont, outre les commentaires: la Vie de
Jésus par Hess, écrite surtout en vue de l'édification; la Vie de Jésus, par
Néander, écrite davantage au point de vue scientifique et dogmatique; divers
fragments de Herder dans ses Œuvres mêlées, et la plupart des voyages en
Palestine. En français nous n'avons presque rien; aucune vie de Jésus
proprement dite; quelques travaux spéciaux seulement, et limités dans leur but;
quelques traductions de l'allemand, Sander, Olshausen; puis, sur l'Oraison
dominicale, Bonnet, les Discours du pasteur Bridel, de Lausanne, et les
Conférences de J. Martin, de Genève; la Famille de Béthanie, par Bonnet;
quelques travaux dogmatiques de Malan, Gaussen, Roussel; sur son Procès,
l'ouvrage de M. Dupin; sur sa Passion, un grand nombre de discours (Saurin, Ad.
Monod, H. Monod, Grand-pierre), et de recueils, parmi lesquels nous citerons
Francillon, Galland, Dardier, les Homélies du R. P. Innocent, traduction du
russe par A, de Stourdza, les Conférences de J. Martin, etc. Nous rappelons
aussi pour mémoire l'ouvrage fabuleux du docteur Strauss, et les nombreuses
réfutations dont il a été l'objet.
11. On
ne possède aucune donnée authentique sur la figure et la taille du Christ; les
représentations et portraits les plus anciens qu'on en a faits, n'ont aucune
valeur historique: ainsi, la statue d'airain que lui érigea, dit-on, à Panéas
(Césarée), l'hémorrhoïsse qu'il avait guérie, monument qui fut détruit par
ordre de l'empereur Julien; ainsi, le portrait que Jésus aurait lui-même envoyé
à Abgare, roi d'Édesse; ainsi, le saint mouchoir qui aurait servi à essuyer sa
sueur, et aurait reçu miraculeusement l'empreinte de sa ligure (le même qui a
dernièrement pâli à Rome, et dont les yeux ont lancé des éclairs d'indignation
à propos de la ruine commencée de la papauté); ainsi, les portraits que Luc
aurait faits de Jésus, de Marie et de plusieurs apôtres; ainsi encore, la
description qu'en a donnée un employé romain, Publius Lentulus, et dont les
textes varient considérablement:
«Capillos verò circinos et crispos,... barbam habens
copiosam et rubram,... bifurcatam, etc.» Ce que l'on peut dire, c'est que,
selon toute probabilité, Jésus n'avait pas de défauts corporels, qu'il n'avait
rien non plus de bien saillant dans son extérieur, puisque Marie l'a pu prendre
d'abord pour le jardinier, que les disciples d'Emmaüs, et une autre fois les
apôtres, au bord du lac de Tibériade, sont restés quelques moments avant de le
reconnaître. Sa physionomie devait refléter la grandeur de son âme, et cet
amour de l'humanité qui était le fond de son caractère et le mobile de sa
mission; il devait enfin porter l'empreinte de la souffrance. Son regard et sa
voix paraissent avoir eu quelque chose de particulièrement puissant. Quelques
pères, Clément d'Alexandrie, Origène, ont cru, mais à tort, pouvoir conclure de
Ésaïe 53:2, que l'extérieur du Seigneur était méprisable et repoussant, mais
cela se rapporte plutôt à sa mission et à sa condition qu'à son corps et à sa
figure. Néanmoins, par analogie, le Cantique des cantiques semble en donner une
description anticipatoire assez juste (Can. 5 :10-16).
— On peut voir dans Calvin quelques détails de plus
sur ce sujet, et la nomenclature des reliques nombreuses qu'on prétend avoir
conservées de Jésus, depuis le jour de sa naissance et de sa circoncision
jusqu'au jour de son ascension.
Comme essai d'une harmonie des Évangiles, et en
réservant ce que nous avons dit sur la difficulté et l'incertitude d'un travail
de ce genre (I, p. 496) nous présentons ici le tableau synoptique du professeur
Edward Robinson, de New-York, en suivant ses divisions et subdivisions, qui
diffèrent à quelques égards de celles de la Concordance.
PREMIÈRE PARTIE.
Événements relatifs à la naissance et à la jeunesse du
Seigneur.
(Comprenant l'espace d'environ treize ans et demi.)
5 ou 6 avant J.-C.
— (Introduction à l'Évangile de saint Luc.)
— L'ange Gabriel apparaît à Zacharie, et lui annonce
la naissance de Jean-Baptiste.
— Jérusalem; dans le temple. (Luc 1:1-25)
5 avant J.-C.
— Six mois après, le même ange annonce à Marie la
conception miraculeuse, et la naissance de Jésus-Christ. Nazareth.
— Visite de Marie à Élisabeth. Jutta? Hébron?
— Naissance de Jean-Baptiste. Jutta?
— Vision de Joseph; l'ange lui explique la grossesse
de Marie. Nazareth. (Luc 1:26-80; Matthieu 1:18-24)
4 avant J.-C.
— Naissance de Jésus. Bethléem.
— Un ange des cieux apparaît aux bergers. Environs de
Bethléem.
— Circoncision de Jésus, et sa présentation dans le
temple. Bethléem, Jérusalem.
— Les mages. Ibid.
— Fuite en Égypte. Cruautés d'Hérode. Retour de Jésus.
Bethléem, Nazareth.
— Les généalogies. (Matthieu 1:25; 2:1-23; 4:1-17; Luc
2:11-40; 3:23-38)
8 après J.-C.
— Jésus, âgé de douze ans, se rend à Jérusalem pour la
pâque; il enseigne dans le temple. (Luc 2:41-52)
DEUXIÈME PARTIE.
Le précurseur. Commencements du ministère public du
Seigneur.
(Comprenant environ une année.)
An 27 de l'ère vulgaire.
— Ministère de Jean-Baptiste.
— Le désert. Le Jourdain.
— Baptême de Jésus. Jourdain.
— Scènes de la tentation. Désert de Juda (la
Quarantania?).
— Introduction à l'Évangile de saint Jean. Divinité,
humanité, mission de Jésus.
— Témoignage rendu à Jésus par Jean-Baptiste.
Béthabara.
— Jésus reçoit ses premiers disciples, André, Simon,
Philippe. Son entrevue avec Nathanaël. Jourdain. Galilée.
— Noces de Cana. (Matthieu 3:1-4:11; Marc 1:1-13; Luc
3:1-4:13; Jean 1:1-2:12)
TROISIÈME PARTIE.
De la première à la seconde pâque.
(Une année.)
An 27-28 de l'ère vulgaire.
— Jésus chasse les marchands du temple. Jérusalem.
— Son entretien avec Nicodème; ibid.
— Il quitte Jérusalem, continue de visiter la Judée,
et baptise. Nouveau témoignage que lui rend Jean-Baptiste. Énon. (Jean
2:13-3:36)
Après l'emprisonnement de Jean-Baptiste, Jésus quitte
la Judée pour se rendre en Galilée; il traverse la Samarie. Son entretien avec
la femme samaritaine. Beaucoup de Samaritains croient en lui. Sychar (Sichem).
Il enseigne publiquement en Galilée, et prêche dans les synagogues. Nouveau
miracle à Cana de Galilée; il guérit, sans y aller, le fils d'un seigneur de la
cour, malade à Capernaüm.
— Jésus à Nazareth; rejeté des habitants, il se retire
à Capernaüm et y poursuit son œuvre. Pêche miraculeuse; vocation définitive de
Pierre, André, Jacques et Jean; Bords du lac de Génésareth, près de Capernaüm.
Le sabbat suivant, il guérit un démoniaque dans la synagogue de Capernaüm.
Guérison de la belle-mère de Pierre et de plusieurs autres malades; ibid.
Tournée dans les villes de la Galilée; guérison d'un lépreux.
— Guérison d'un paralytique; vocation de Matthieu.
Capernaüm. (Matthieu 4:12-25; 14:3-5; 8:2-4,14-47; 9:2-9; Marc 1:14-45; 2:1-14;
6:17-20; Luc 3:19-20; Luc 4:14-44; 5:12-28; Jean 4)
QUATRIÈME PARTIE.
De la seconde à la troisième pâque.
(Une année.)
An 28-29 de l'ère vulgaire.
— Lavoir de Béthesda; guérison d'un impotent. Discours
et défense de Jésus devant le sanhédrin. Jérusalem, (Jean 5)
Ses disciples cueillent des épis un jour de sabbat,
pendant le retour en Galilée. Il guérit un homme qui avait la main sèche.
Galilée (Capernaüm?). Il se retire vers le lac de Tibériade, où il est suivi
par la multitude. Après avoir passé la nuit en prières, il choisit les douze,
et fait plusieurs miracles. Près de Capernaüm. (Matthieu 12:1-21; 10:2-4; Marc
2:23-28; 3:1-19; Luc 6:1-19)
Sermon sur la montagne, près de Capernaüm. (Matthieu
5:1-8:1; Luc 6:20-49)
Descendu de la montagne, il guérit le serviteur du
centenier (Capernaüm); ressuscite le fils de la veuve (Naïn); répond aux
questions des disciples de Jean qui est toujours en prison (Capernaüm); il en
appelle à ses œuvres. Invité à dîner chez un pharisien, il pardonne à la
pécheresse qui lui oint les pieds (Capernaüm). (Matthieu 8:5-13; 11:2-30; Luc
7)
Nouveau voyage en Galilée avec les douze. Il guérit un
démoniaque; les scribes et les pharisiens blasphèment; il leur répond par la
parabole du démoniaque relaps, et les avertit du péché qui ne sera point
pardonné. Ils demandent un miracle; réponse et réflexions du Seigneur. Les
vrais disciples de Christ sont ses plus proches parents. À la table d'un
pharisien, Jésus dénonce les malheurs qui attendent les scribes et les
pharisiens hypocrites. Discours à ses disciples et à la multitude. Massacre des
Galiléens; parabole du figuier stérile. Galilée. (Matthieu 12:22-50; Marc
3:19-35; Luc 8:1-3; 19-21; 11:14-54; 12; 13:1-9)
Paraboles du royaume, sur les bords du lac de
Génésareth. Près de Capernaüm. (Matthieu 13:1-53; Marc 4:1-34; Luc 8:4-18)
Jésus s'embarque pour le bord oriental du lac;
incidents; il apaise la tempête. Démoniaques de Gadara. Côte sud-est de la mer
de Galilée. Les Gadaréniens le prient de s'en aller; il traverse de nouveau le
lac. Repas dans la maison de Matthieu; discours sur le jeûne; il justifie ses
rapports avec les péagers et les pécheurs. Résurrection de la fille de Jaïrus;
guérison de l'hémorroïde, de deux aveugles, et d'un démoniaque; Capernaüm. Il
retourne à Nazareth, enseigne dans la synagogue, mais est de nouveau rejeté.
(Matthieu 8:18-34; 9:1,10-34; 13:54-58; Marc 4:35-41; 5; 2:15-22; 6:1-6; Luc
8:22-56; 5:29-39)
Troisième voyage en Galilée; Jésus envoie les douze pour
prêcher l'Évangile, avec pouvoir de guérir les malades et de chasser les
démons. Hérode-Antipas croit que Jésus n'est autre que Jean-Baptiste
ressuscité. Retour des douze; Jésus se retire avec eux au désert de Bethsaïda
de Juliade; une multitude d'hommes accourent de toutes parts; Jésus guérit
leurs malades, et nourrit 5,000 hommes avec cinq pains. Capernaüm; cote nord de
la mer de Galilée. Il envoie ses disciples par eau à Capernaüm; la nuit il les
rejoint pendant l'orage en marchant sur les eaux qu'il apaise. Contrée de
Génésareth. Discours à la multitude dans la synagogue de Capernaüm; il se
déclare le vrai pain de vie; plusieurs, scandalisés de ses discours,
l'abandonnent; Pierre confesse que le Christ est le Fils de Dieu. (Matthieu
9:35-38; 10:1; 5-42; 11:1; 14:1-2,6-36; Marc 6:6-16; 21-56; Luc 9:1-17; Jean
6:1-7:1.)
CINQUIÈME PARTIE.
Depuis la troisième pâque du ministère de notre
Seigneur,
jusqu'à son départ de la Galilée pour la célébration
de la fête des Tabernacles.
(Espace de six mois.)
An 29 de l'ère vulgaire.
— Les pharisiens accusent les disciples parce qu'ils
mangent sans se laver les mains; Jésus les défend contre le formalisme.
Traditions pharisaïques. Capernaüm.
— Voyage dans la contrée de Tyr et de Sidon; guérison
de la fille de la syrophénicienne. Retour par la Décapole; guérison d'un
sourd-muet; nombreuses guérisons sur une montagne aux environs du lac: 4,000
hommes nourris miraculeusement. Les pharisiens et les sadducéens demandent un
miracle. Près de Magdala. Pendant la traversée, Jésus met ses disciples en
garde contre le levain des pharisiens, etc. Côte nord-est de la mer de Galilée.
Guérison d'un aveugle à Bethsaïda. (Matthieu 15; 16:1-12; Marc 7; 8:1-26)
Aux environs de Césarée de Philippes, Pierre confesse
de nouveau la foi de l'Église, et Jésus lui donne un témoignage éclatant de son
approbation. Jésus annonce ses souffrances, sa mort et sa résurrection; Pierre
le reprend et Jésus le repousse comme tentateur.
— La transfiguration. Entretien de Jésus avec ses
trois disciples touchant Eue. Guérison d'un démoniaque que les apôtres n'ont pu
guérir. Retour en Galilée. Jésus annonce de nouveau sa mort et sa résurrection.
Miracle pour payer le demi-sicle d'impôt; Capernaüm. Dispute entre les apôtres
sur la supériorité: Jésus les exhorte à l'humilité, au support, et à l'amour
fraternel, (Matthieu 16:13-28; 17; 18; Marc 8:27-38; 9; Luc 9:18-50) Départ
pour Jérusalem. Il traverse la Samarie. Envoi des soixante-dix disciples. Dix
lépreux nettoyés. (Luc 9:51-62; 10:1-16; 17:11-19; Jean 7:2-10)
— C'est ici que l'harmonie des Évangiles présente le
plus de difficultés, et que les interprètes varient le plus dans leurs essais
de coordination.
SIXIÈME PARTIE.
Depuis la fête des Tabernacles,
jusqu'à l'arrivée de notre Seigneur à Béthanie,
six jours avant la pâque.
(Six mois, moins une semaine.)
An 29-30 de l'ère vulgaire.
— Jésus monte secrètement à Jérusalem, à la fête des
Tabernacles; il se montre vers le milieu de la fête. Discussion avec les Juifs
sur sa mission divine; il offre à tous ceux qui en ont soif les grâces de son
Saint-Esprit.
— La femme surprise en adultère.
— Il condamne les prétentions des Juifs, et échappe
miraculeusement à ceux qui voulaient le lapider (Jean 7:11-53; 8;). Réponse au
docteur qui demande à Jésus ce qu'il faut faire pour avoir la vie éternelle.
Définition de l'amour du prochain. Parabole du bon Samaritain. Aux environs de
Jérusalem. Jésus chez Marthe et Marie, à Béthanie. Il apprend à ses disciples
comment il faut prier avec persévérance (environs de Jérusalem); retour des
soixante-dix disciples; le Sauveur guérit un aveugle-né, en un jour de sabbat;
discours et discussions touchant cet événement. Jérusalem. Jésus à Jérusalem
pour la fête de la dédicace. Il se retire au-delà du Jourdain, à Béthabara.
Résurrection de Lazare. Béthanie. Prophétie de Caïphe; les principaux des Juifs
décrètent la mort de Jésus. Jésus quitte Jérusalem et se retire à Éphraïm. (Luc
10:17-42; 11:1-13; Jean 9; 10; 11:1-54)
Des multitudes suivent Jésus au-delà du Jourdain;
guérison (un jour de sabbat) d'une femme malade depuis dix-huit ans. Vallée du
Jourdain, Pérée. Notre Seigneur s'avance de nouveau vers Jérusalem à petites
journées, enseignant et guérissant les malades; on l'avertit de prendre garde à
Hérode. Il dîne un jour de sabbat chez un des principaux d'entre les
pharisiens; il guérit un hydropique; par plusieurs paraboles il prépare ses
disciples à une vie de renoncement et de sacrifices. Paraboles de la brebis
perdue, de l'enfant prodigue, de l'économe infidèle, du mauvais riche, et de
Lazare.
— Exhortations à une vie irréprochable, au pardon et à
l'humilité. Il annonce que son règne viendra soudainement et sans éclat, et
prédit la ruine de Jérusalem. Paraboles du juge inique, du pharisien et du
péager; préceptes relatifs au divorce; Jésus reçoit et bénit de petits enfants;
le jeune homme qui avait de grands biens; parabole des ouvriers. Jésus annonce
pour la troisième fois sa mort et sa résurrection. Ambitieuses prétentions des
fils de Zébédée. Pérée.
— Guérison de deux aveugles aux environs de Jérico.
— Visite à Zachée; parabole des dix mines; ibid. Jésus
arrive à Béthanie, six jours avant la pâque. (Matthieu 19; 20; Marc 10; Luc
13:10-35; 14; 15; 16; 17; 18; 19:1-28; Jean 11:55-57; 12:1,9-11)
SEPTIÈME PARTIE.
Depuis l'entrée publique de Jésus dans Jérusalem
jusqu'à sa quatrième pâque.
(Cinq jours.)
An 30 de l'ère vulgaire.
— Jésus porté sur un ânon fait son entrée triomphale
dans Jérusalem. Il pleure sur la ville. Le figuier stérile, il chasse de
nouveau les marchands du temple. Béthanie.
Jérusalem. Le figuier stérile est séché. Christ,
interrogé sur l'origine de son autorité, confond les membres du sanhédrin, et
les reprend par la parabole des deux fils. Paraboles des méchants vignerons, et
du festin des noces. Question insidieuse des pharisiens et des hérodiens
touchant le tribut; réponse de Jésus. Questions des sadducéens sur la
résurrection, et des pharisiens sur le plus grand commandement. Comment Christ
est le fils de David? Jésus exhorte les troupes à se tenir en garde contre les
scribes et les pharisiens. Il pleure sur Jérusalem. La pite de la veuve. Il
passe la nuit sur la montagne des Oliviers (?). (Matthieu 21-23; Marc 11 et 12;
Luc 19:29-48; 20; 21:1-4; Jean 12:12-19)
Quelques Grecs désirent de voir Jésus. Réflexions sur
l'incrédulité des Juifs. Jésus, en quittant le temple, annonce sa prochaine
destruction et les persécutions qu'auront à souffrir ses disciples. Mont des
Oliviers. Signes précurseurs de la destruction de Jérusalem; Christ est la fin
de l'économie juive. Il passe de là, par une transition naturelle, aux grands
événements qui précéderont et accompagneront la fin du monde et le jugement
dernier. Exhortations à la vigilance. Paraboles des dix vierges, des cinq
talents, etc. Ibid. Scènes du jugement dernier.
— Les chefs conspirent. Le souper de Béthanie.
Trahison de Judas. (Matthieu 24; 25; 26:1-16; Marc 13; 14:1-11; Luc 21:5-36;
22:1-6; Jean 12:2-8)
HUITIÈME PARTIE.
Quatrième pâque. La passion, jusqu'à la fin du sabbat
juif.
(Deux jours.)
Préparation de la pâque. Béthanie. Jérusalem.
La pâque. Nouvelle dispute des apôtres quant à leur
supériorité. Jésus leur donne l'exemple de l'humilité en leur lavant les pieds.
Pendant le repas Jésus désigne le traître, et Judas se retire. Jésus annonce la
dispersion des douze et le reniement de Pierre. Jérusalem. (Matthieu
26:17-25,31-35; Marc 44:12-21,27-31; Luc 22:7-18,21-38; Jean 13;)
À la fin du repas Jésus institue la sainte cène
(Matthieu 26:26-29; Marc 14:22-25; Luc 22:19-20; cf. 1 Corinthiens 11:23-25)
Jérusalem.
Jésus exhorte et console ses disciples au sujet de son
départ; il leur promet le Saint-Esprit. Discours de Jésus; il se représente
comme le vrai cep. Ses disciples seront haïs du monde et doivent se préparer à
souffrir persécution; il leur annonce de nouveau les dons du Saint-Esprit, les
exhorte à prier, et leur promet sa protection et celle de son père. Prière
sacerdotale (Jean 14 à 17). Jérusalem.
L'agonie en Gethsémané; Jésus trahi et emmené
prisonnier. Mont des Oliviers. Jésus devant Caïphe. Jérusalem. Pierre le renie
trois fois. Jésus devant Caïphe et le sanhédrin; il déclare qu'il est le
Christ; il est fouetté et moqué. Le sanhédrin le renvoie à Pilate, Pilate à
Hérode. Pilate cherche à délivrer Jésus; les Juifs demandent Barabbas. Jésus,
condamné à mort, est frappé de verges et insulté.
Après de nouvelles tentatives pour le délivrer, Pilate
livre enfin Jésus aux bourreaux. Repentir de Judas, son suicide. (Matthieu
26:26-75; 27:1-30; Marc 14:26-72; 15:1-19; Luc 22:39-71; 23:1-25; Jean
18:1-19:16; Actes 1:18-19)
Jésus est conduit au lieu du supplice. Simon de
Cyrène. Crucifixion. Les sept paroles. Ténèbres. Jésus expire, le voile du
temple est déchiré; le centenier reconnaît Christ pour le Fils de Dieu. Les
femmes au pied de la croix. La descente de la croix. Sépulture. Gardiens du
sépulcre. Jérusalem. (Matthieu 27:31-66; Marc 15:20-47; Luc 23:26-56; Jean
19:16-42)
NEUVIÈME PARTIE.
Depuis la résurrection jusqu'à l'ascension.
(Quarante jours.)
Le matin de la résurrection.
La visite des femmes au sépulcre; Marie Magdeleine
retourne à Jérusalem. Les anges au sépulcre. Jésus se montre aux femmes sur le
chemin de Jérusalem. Pierre et Jean courent au sépulcre. Le Seigneur et Marie
Magdeleine. Rapport des gardes. Jésus apparaît à Pierre, puis aux deux disciples,
sur le chemin d'Emmaüs. À Jérusalem il apparaît au milieu des apôtres, Thomas
n'étant pas avec eux. Huit jours après il se montre à eux, Thomas étant au
milieu d'eux. Jérusalem.
— Les apôtres retournent en Galilée; Jésus se montre à
neuf d'entre eux sur les bords du lac de Tibériade: il se fait voir aux apôtres
et à cinq cents frères sur une montagne de la Galilée.
— Il se montre à Jacques, puis à tous les apôtres.
Jérusalem.
— Son ascension; Béthanie.
— Conclusion de l'Évangile de Jean. (Matthieu 28; Marc
16; Luc 24; Jean 20, et 21; Actes 1:1-12; 1 Corinthiens 15:5-7)
— Les paraboles de Jésus, qui renferment toutes ou le
germe de sa doctrine, ou le germe de sa morale, ont fixé dans tous les temps
l'attention des commentateurs. Elles ont été dernièrement expliquées ou
méditées par un grand nombre de théologiens ou de prédicateurs français,
spécialement au point de vue de leurs indications sur la nature de l'Église
chrétienne (A. Bost, Recherches; A. Saintes, le Royaume des cieux sur la terre,
etc.); et dans un point de vue plus général, E. Buisson, les Paraboles.
— On trouve bien peu de choses dans les commentaires
sur les circonstances qui ont accompagné la mort de Jésus. L'Écriture nous dit
qu'il y eut des ténèbres sur tout le pays (la Judée, ou la Palestine), depuis
la sixième heure jusqu'à la neuvième (de midi jusqu'à 3 heures), ainsi pendant
toute la durée de la crucifixion,
— et qu'à la mort du Sauveur le voile du temple se
déchira en deux, depuis le haut jusqu'au bas, et la terre trembla, et les
rochers se fendirent, et les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des
saints qui étaient morts ressuscitèrent, et étant sortis de leurs sépulcres,
après sa résurrection, ils entrèrent dans la sainte cité, et ils apparurent à
plusieurs personnes, Matthieu 27:45,51; sq..
— On a voulu expliquer par une éclipse de soleil les
ténèbres qui accompagnèrent la crucifixion, et cela a pu paraître d'autant plus
naturel que saint Luc ajoute, 23:45: «Le soleil s'obscurcit.» Mais une
considération péremptoire s'y oppose, c'est que le mois de nisan commençait
avec la nouvelle lune, et que la pâque avait lieu le 15 nisan, par conséquent
pendant la pleine lune. Tous les commentateurs sont d'accord à repousser une
explication naturelle tirée de cet ordre d'idées; mais ils ne le sont plus
quant à ce qui doit lui être substitué. Luc cause physique quelconque (on ne
saurait la déterminer davantage) a pu produire ce phénomène, et quand on se
rappelle non seulement l'éternelle prescience de Dieu qui exclut toute idée de
hasard, mais encore l'importance immense, unique, de la mort du Sauveur pour
celui qui dispose à son gré de toutes les forces de la nature, on ne peut
méconnaître que celui qui a salué la naissance de Jésus par un concert des
anges dans les cieux, a dû aussi consacrer le moment de sa mort par un
bouleversement dans les lois naturelles. D'ailleurs, ce n'est point le soleil
seulement qui s'obscurcit; la terre s'émeut, et l'économie du mont Sinaï est
déchirée dans ce voile mystérieux qui fermait l'entrée du lieu très saint; le
sépulcre et la mort se reconnaissent vaincus, et les pierres même crient; les
rochers parlent, là où un impie clergé avait réussi a imposer le silence aux
lâches et charnels enfants d'Abraham. «Tous les miraculeux phénomènes ici
rapportés, dit Gerlach (traduction Bonnet et Baup), sont symboliques et
renferment de profondes leçons. Dieu voulait montrer d'abord qu'il retirait de
dessus ce peuple sa lumière, sa présence protectrice et consolante, et que
toutes les puissances des ténèbres réunissaient leurs efforts contre le Sauveur
du monde, comme il venait de le déclarer lui-même, Luc 22:53. Dieu voulut
aussi, lors de cet événement, le plus extraordinaire de l'histoire de
l'humanité, montrer, par un miracle qui glorifiât Jésus-Christ, l'unité qui
existe entre le monde invisible et le règne de la nature: le soleil de justice
s'éteint dans les douleurs du Calvaire, et le soleil de la nature se voile de
ténèbres.
— Chacun de ces prodiges, outre le but général de
réveiller l'attention et la crainte d'un peuple stupide et endurci, renferme un
enseignement particulier. Le voile du temple, cf. Exode 30:10; Lévitique 16:2;
sq., indiquait que la demeure du Dieu vivant et saint était inaccessible à
l'homme pécheur, et même au peuple de l'alliance, jusqu'à l'accomplissement des
temps. Ce voile, déchiré au moment où se consommait sur la croix le vrai
sacrifice d'expiation pour le péché, proclamait d'une manière frappante aux
yeux de tout le peuple assemblé dans le temple pour l'ablution du soir (trois heures),
que désormais l'accès du trône de la grâce (figuré par l'arche de l'alliance
dans le lieu très saint) était ouvert, et que l'homme pécheur, banni du ciel,
pouvait tourner ses regards et ses espérances vers les demeures éternelles de
la maison du Père, cf. Hébreux 10:20.
— La terre, théâtre du péché, tremble sous le jugement
de Dieu qui lui annonce à la fois sa destruction et sa rénovation future.
— Les rochers, moins insensibles que l'homme aux
souffrances du Fils de Dieu et aux coups de la justice divine (— Voir: Sermon
d'Ad. Monod), se fendent et accomplissent littéralement cette parole de Jésus à
l'égard de ses disciples maintenant dispersés: «Si ceux-ci se taisent, les
pierres mêmes crieront», Luc 19:40.
— Par la rupture de ces rochers, plusieurs sépulcres
qui y étaient taillés, selon l'usage d'alors, s'ouvrirent; les corps de
quelques élus de Dieu, endormis dans la foi au grand sacrifice qui venait de
s'accomplir, pénétrés de la vie nouvelle dont le Sauveur ouvrait les sources et
qui se communiquait à leur âme, se ranimèrent, et, après que la résurrection de
Jésus-Christ eut remporté la dernière victoire sur le péché et sur la mort, ils
sortirent de leurs tombeaux; prémices de la résurrection du dernier jour, ils
entrèrent dans «la cité sainte», expression choisie à dessein pour figurer la
Jérusalem céleste, où entreront tous les rachetés de Christ tirés un jour de
leurs sépulcres; et enfin ils apparurent à plusieurs fidèles, pour leur faire
connaître ce merveilleux événement et sa signification prophétique.»
En général, on n'a pas assez remarqué combien toutes
les circonstances importantes de l'humanité sont intimement mises en rapport
avec des faits correspondants dans l'ordre physique et naturel, combien
l'esprit et la matière semblent unis par une même vie. Quelquefois on a exagéré
ce point de vue; le plus souvent on l'a méconnu. Il y a peut-être plus d'esprit
que de vérité dans ce parallèle qu'Olshausen établit entre l'histoire de la
chute et celle de la Passion: «L'arbre de la science a amené la chute de
l'homme, l'arbre de la croix son relèvement; c'est dans le jardin d'Éden que le
premier a succombé en mangeant du fruit défendu, c'est dans le jardin de
Gethsémané que le second Adam a triomphé, dans le jardin encore qu'il a goûté
au sépulcre le repos du sabbat; le premier homme a trouvé la mort dans le fruit
d'Éden, c'est dans le fruit du vrai cep (symbole de la communion) que les
croyants goûtent la vie éternelle. Le péché a fait croître les épines qui ont
formé la couronne du Fils de Dieu, martyr, vainqueur et roi.» Mais, quoi qu'il
en soit de ces détails, l'Écriture nous appelle à considérer la terre comme le
corps de l'humanité; elles sont unies comme le corps et l'âme; l'une n'est que
matière, l'autre est esprit; mais l'esprit réagit sur la matière. Il semble que
ce soit une loi de la nature créée. À l'homme parfait une terre parfaite; au
racheté qui soupire en attendant l'adoption, une création qui soupire et qui
est en travail, Romains 8:21-22; à l'homme nouveau une nouvelle terre. L'alliance
de Dieu avec Israël, sur le Sinaï, est scellée par l'ébranlement des puissances
de l'air. La naissance du Sauveur est célébrée dans les cieux. À sa mort, la
lumière pénètre jusque dans le lieu invisible. Des tremblements de terre
annonceront les derniers temps; la résurrection des deux témoins, Apocalypse M,
sera accompagnée de signes semblables, et la Révélation nous montre à plusieurs
reprises le soleil noir comme un sac de poil et la lune comme du sang, jusqu'au
jour où la terre, elle-même renouvelée par un baptême de feu, rentrera en grâce
et sera rendue à l'homme pour qui elle avait été créée.
On a cherché, naturellement, à expliquer d'une manière
purement symbolique, mythique, les bouleversements qui ont accompagné la mort
du Sauveur. Mais les historiens sacrés, parlant à leurs contemporains de faits
récents, ne pouvaient guère espérer de les tromper sur des détails de cette
importance; et quant à l'opinion qui veut que ces faits se soient passés dans
l'ordre moral, dans le cœur des disciples, ou dans la conscience agitée de
Pilate et des prêtres, elle est combattue par cette circonstance, que le
centenier païen et ses soldats, qui gardaient Jésus, furent fort effrayés et
tellement frappés de ce tremblement de terre, qu'ils s'écrièrent: «Véritablement
cet homme était le Fils de Dieu.» (Il importe de remarquer que les Écritures
disent que Jésus est le Fils de Dieu et non Dieu le Fils. L'inversion fait
toute une différence et est utilisé par les déformateurs de la vérité pour
élaborer toutes sortes de fausses doctrines. En fait, la bonne traduction de
l’expression «Jésus est le Fils de Dieu» est, selon le Grec original, «Jésus
est le Fils, le Dieu unique» ou encore «Jésus est le Fils, Dieu même.)
________________________________________
JÉTHER,
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1. Juges
8:20 (1245 avant J.-C.), fils aîné de Gédéon, refusa de mettre à mort Zébah et
Tsalmunah chefs de Madian, parce qu'il était trop jeune.
2. Israélite
d'après 2 Samuel 17:25, Ismaélite d'après 1 Chroniques 2:17. (Ce dernier est le
plus probable, mais en tout cas il était prosélyte). Il épousa Abigaïl sœur de
David, et fut père d'Hamasa, 1 Rois 2:5; il portait aussi le nom de Jithra.
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JÉTHRO, ou Réhuel,
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Exode 2:18 (1531 avant J.-C.), prince et sacrificateur
de Madian, devait ces titres peut-être à ses richesses ou à sa grande sagesse;
il donna une de ses filles en mariage à Moïse, qui les avait protégées contre
les attaques de bergers avides et paresseux, et retint son gendre auprès de
lui, lui confiant la garde de ses troupeaux. Ils durent cependant bientôt se
séparer, et Jéthro ne revit Moïse que lorsque celui-ci était à la tête de toute
la multitude d'Israël, dans le désert au pied du Sinaï. Jéthro, par ses
conseils, compléta ce qui pouvait manquer encore à la paix et au bonheur
matériel du peuple et de Moïse, en suggérant à ce dernier l'idée de se faire
soulager dans ses fonctions de juge, par des juges inférieurs établis sur
cinquante, sur cent, sur mille Israélites, et qui ne feraient remonter jusqu'à
lui que les causes difficiles. Lorsque Jéthro retourna dans son pays, il laissa
auprès de Moïse Hobab, son fils, qui l'avait accompagné, et qui devait servir
de guide aux Israélites dans les solitudes qu'ils traversaient. Exode 3:1;
18:1.
Jéthro descendait d'Abraham par Kéturah; quoique placé
en dehors du peuple béni, il avait conservé quelque connaissance du vrai Dieu,
sa foi avait pu être éclairée et fortifiée par ce qu'il avait vu et entendu
précédemment; elle le fut davantage encore par les récits de Moïse, et par
l'ouïe de toutes les délivrances merveilleuses que Dieu avait accordées à son
peuple, et il n'hésita pas à se joindre à Moïse et aux anciens pour offrir un
sacrifice en l'honneur de l'Éternel, grand pardessus tous les dieux.
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JÉTUR, Naphis et Nodab,
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1 Chroniques 5:19, Hagaréniens, chefs de tribus
ismaélites; les deux premiers descendaient d'Ismaël, Genèse 25:15, mais Nodab
était d'une autre famille, à moins qu'il ne soit le même que Kedma ou tel autre
des fils d'Ismaël nommés dans ce passage.
________________________________________
JEUNE,
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exercice d'abstinence qui a été dans tous les temps et
dans tous les pays une marque de deuil et d'affliction, parce qu'il en est la
manifestation naturelle. En Orient surtout, et les mahométans ont encore leur
ramadan, ou jeûne d'un mois, le jeune a joué un grand rôle dans les cérémonies
religieuses, et l'on peut dire qu'il est plus qu'une cérémonie; c'est un acte,
mais individuel, recommandé même par l'exemple et par les préceptes de Jésus et
de ses apôtres. On peut le considérer comme acte de pénitence, eu comme préparation
de fait à une vie moins charnelle, moins terrestre, plus pure. Les anciens le
considéraient davantage sous le premier point de vue, les chrétiens doivent
s'attacher davantage au second. Chez les Juifs comme chez tous les Orientaux,
le jeûne était l'expiation des fautes passées, le moyeu de prévenir les
châtiments divins, cf. Jonas 3:5, une espèce de sacrifice, surtout le sacrifice
des pauvres. Pour le chrétien ce doit être un préservatif contre les passions,
un moyen presque naturel de les amortir et de les mater, une sorte de
crucifixion de la chair, un protecteur, trop négligé des chrétiens, contre
l'influence d'un corps de péché qui devrait être dompté et soumis à l'esprit.
La loi de Moïse était du reste bien sobre en préceptes
relatifs au jeûne; une seule fois dans tout le cours de l'année, dans le jour
solennel des expiations, le jeûne le plus sévère était ordonné aux Hébreux,
Lévitique 16:29; 23:27; cf. Actes 27:9; ils devaient alors s'abstenir non
seulement du manger et du boire, mais encore de toutes les autres jouissances
matérielles qui les auraient éloignés des préoccupations sérieuses auxquelles
ils devaient, se livrer. D'autres jeûnes, mais spéciaux, individuels ou
facultatifs, sont mentionnés dans l'histoire sacrée, celui de Josué, 7:6, celui
des onze tribus, Juges 20:26, celui des Juifs en Mitspa, 1 Samuel 7:6, celui de
David, 2 Samuel 12:16;
— Voir: encore Jonas 3:5; Joël 2:12; Jérémie 36:9; 1
Rois 21:12; 2 Chroniques 20:3; 1 Samuel 31:13.
— Après l'exil, des jeûnes furent établis régulièrement:
en mémoire de la ruine de Jérusalem et du temple au cinquième mois, Zacharie
7:5; cf. 2 Rois 25:8; Jérémie 52:12; de la mort de Guédalia et des Juifs qui
étaient avec lui, 2 Rois 25:25; Jérémie 41:1; de la première invasion des
Caldéens à Jérusalem, au quatrième mois, Jérémie 52:6; du commencement du siège
au dixième mois, 2 Rois 25:1; Zacharie 8:19, et d'autres événements plus ou
moins affligeants de l'histoire nationale juive; et la passion des jeûnes vint
au point qu'ils en établirent un au huitième jour du quatrième mois contre la
traduction des Septante. Le sanhédrin en prescrivait aussi quelquefois
d'extraordinaires, lorsque la terre était menacée de sécheresse, ou dans
l'attente de toute autre calamité publique; alors les animaux eux-mêmes pouvaient
être obligés de jeûner, Jonas 3:5,7, et Virgile fait dire à un berger déplorant
la mort de César, que les animaux eux-mêmes jeûnèrent en cette occasion:
Non ulli pastos illis egere diebus
Frigida, Daphoi, boves ad flumina; nulla neque amnem
Libavit quadrupes, nec graminis attigit herbam.
(Églog. 5, 24)
On voit des jeûnes de famille (dans les mêmes
circonstances où nous les trouverions chez nous, si cette coutume avait su
s'établir dans nos mœurs faibles et sensuelles), 1 Samuel 4:7; 20:34; 31:13; 2
Samuel 1:12; 1 Rois 22:27; Esdras 10:6; Néhémie 1:4, et quelquefois dans
l'attente d'un malheur prochain, et pour le détourner, 2 Samuel 12:16; Esther
4:16; Tobie 1:12.
Au temps de Christ, le jeûne avait atteint en
importance des proportions un peu trop colossales: à défaut de piété on avait
cherché la religion dans les pratiques et dans le jeûne; les personnes pieuses
savaient jeûner et se réjouir dans l'attente d'un Sauveur, Luc 2:37; les autres
ne savaient que jeûner; pour eux jeûner c'était tout; les disciples de
Jean-Baptiste, qui n'étaient pas encore entrés dans la vive lumière de
l'Évangile, partageaient les préjugés des mérites du jeûne, Matthieu 9:14; les
pharisiens étaient dévoués à cette idée, et ils se montraient jeûnant deux fois
par semaine, Matthieu 9:14; Luc 18:12, le cinquième jour de la semaine auquel
Moïse monta sur le Sinaï, et le second auquel il en descendit. Les esséens et
les thérapeutes jeûnaient aussi beaucoup, et si plusieurs d'entre eux étaient
animés de sentiments pieux et vraiment israélitiques, plusieurs aussi ne
voyaient non plus dans leur jeûne qu'un mérite dont ils s'enorgueillissaient.
On voit que Daniel se préparait par le jeûne aux
révélations divines, 10:3; 9:3. C'est aussi par le jeûne que se préparait
l'exorcisme de ceux qui étaient possédés de mauvais esprits, Matthieu 17:21, et
les apôtres n'imposaient les mains aux anciens qu'après avoir jeûné avec
prières, Actes 13:3; 14:23, toujours afin de diminuer les forces de la chair et
de dégager l'esprit de son enveloppe.
Les Israélites jeûnaient ordinairement d'un soir à
l'autre, mais jamais aux jours de sabbat ou de fête, et cette longue abstinence
leur était plus facile qu'à nous à cause de l'ardeur de leur climat.
Quelquefois le jeûne se prolongeait de plusieurs jours, et alors l'abstinence
ne portait que sur les aliments les plus substantiels, Daniel 10:3. On voit
cependant, Esther 4:16, l'exemple d'un jeûne entier de trois jours. Quant aux
deux jeûnes de quarante jours, celui de Moïse et celui de Jésus, ils sortent de
la règle et des moyens ordinaires, et on ne peut pas mieux les expliquer que
les nier, Exode 24:18; Deutéronome 9:9,18; Matthieu 4:2.
Jésus ne prescrivit aucun jeûne à ses apôtres,
Matthieu 9:14, cependant ils continuèrent longtemps d'observer les jeûnes
judaïques, Actes 13:2; 14:23; 2 Corinthiens 11:27, et les premiers chrétiens
jeûnaient, soit seuls, soit ensemble, mais volontairement.
Voici quelques paroles de l'abbé Fleury sur le jeûne;
il regrette les anciens temps, et après avoir cité pour modèles les Juifs, les
apôtres et les premiers chrétiens, il ajoute: «Je sais que l'on est aujourd'hui
peu touché de ces exemples. On croit que ces anciennes austérités ne sont plus
praticables. La nature, dit-on, est affaiblie depuis tant de siècles. On ne vit
plus si longtemps. Les corps ne sont plus si robustes. Mais je demanderais
volontiers des preuves de ce changement; car il n'est point ici question des
temps héroïques de la Grèce, ni de la vie des patriarches ou des hommes avant
le déluge: il s'agit du temps des premiers empereurs romains, et des auteurs
grecs et latins les plus connus. Que l'on y cherche tant que l'on voudra, on ne
trouvera point que la vie des hommes soit accourcie depuis seize cents ans. Dès
lors, et longtemps devant, elle était bornée à soixante-dix ou quatre-vingts
ans. Dans les premiers siècles du christianisme, quoiqu'il y eût encore
quelques Grecs et quelques Romains qui pratiquassent les exercices de la
gymnastique pour se faire de bons corps, il y en avait encore plus qui s'affaiblissaient
par les débauches, particulièrement par celles qui minent le plus la santé, et
qui font qu'aujourd'hui plusieurs d'entre les Levantins (Orientaux)
vieillissent de bonne heure. Cependant de ces débauchés d'Égypte et de Syrie
sont venus les plus grands jeûneurs, et ces grands jeûneurs ont vécu plus
longtemps que les autres hommes.»
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JEUX.
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Les Hébreux n'étaient riches en divertissements
d'aucun genre; leur caractère était trop sérieux, leur éducation trop sévère,
leur religion trop pure, même dans son formalisme. Les vers de Racine le font
admirablement sentir:
Quels sont donc vos plaisirs? — Quelquefois à l'autel
Je présente au grand prêtre ou l'encens ou le sel:
J'entends chanter de Dieu les grandeurs infinies;
Je vois l'ordre pompeux de ses cérémonies.
Sans doute, les enfants s'amusaient quelquefois; on
les voit jouer dans les rues, Zacharie 8:5; Matthieu 11:16; Job 40:24; semble
indiquer qu'ils aimaient à apprivoiser des oiseaux, et Zacharie, 12:3; qu'ils
connaissaient le jeu du disque ou un exercice gymnastique de ce genre, comme le
jet de la pierre des montagnards suisses. Ce sont les seules traces qui nous
soient laissées de divertissements quelconques; et du reste, on ne trouve chez
eux aucune sorte de jeux particuliers, pas même le jeu de dés si usité chez les
anciens, ni jeux de hasard, ni jeux de représentations, ni théâtres, ni courses
de chevaux, ni combats d'hommes ou d'animaux. Et Salomon, qui avoue qu'il ne
s'est refusé aucun plaisir, ne parle de rien de semblable (Calmet); il ne parle
que de beaux bâtiments, de jardins, de vignes, de vergers, de réservoirs d'eau,
de bonne chère, d'amas d'or et d'argent, de musiciens et de musiciennes. Dans
le passage 2 Samuel 2:14, il n'est pas question d'un jeu, mais d'un véritable
combat. La musique, Lamentations 5:14, le chant et la conversation aux portes
de la ville étaient les seuls délassements des Hébreux, leurs seules
distractions. Plus tard, après l'exil, lorsqu'ils se corrompirent par le
contact des Grecs, ils acceptèrent leurs jeux, et les pontifes eux-mêmes
introduisirent dans les écoles publiques et dans les gymnases la lutte, la
course, le palet, 2 Maccabées 4:12; cf. 1 Maccabées 1:15; puis quand à la
domination grecque eut succédé la domination romaine, les Hérodes firent
construire des théâtres et des amphithéâtres en plusieurs villes de la
Palestine, et y firent représenter des pièces et des jeux de tous genres,
divertissement fort honnête, fort innocent en lui-même, qui tendait seulement à
faire aimer les choses visibles au détriment des choses invisibles, et qui ne
prépara pas les cœurs à recevoir le roi humble et débonnaire qui allait venir.
— Saint Paul fait quelques allusions aux jeux et aux
combats des Grecs: 1 Corinthiens 9:24,27; 2 Timothée 2:4,5; peut-être aussi 1
Corinthiens 15:32; cf. 4:9, quoiqu'il ne soit pas très sûr (Rückert) que les
bêtes féroces dont il est parlé dans ce passage, soient de celles auxquelles on
livrait quelquefois les malfaiteurs pour satisfaire la curiosité théâtrale du
public; une des principales objections, c'est que Paul était citoyen romain, et
que cette qualité devait le soustraire au supplice, mais son titre n'a pas
toujours été connu ou respecté, cf. Actes 16, et dans un mouvement de cruauté
populaire l'on aura pu n'y pas avoir égard et le méconnaître.
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JÉZANIA,
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— Voir: Hazaria #7.
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JIBLÉHAM,
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ville de la tribu de Manassé en deçà du Jourdain,
Josué 17:11; 2 Rois 9:27. Elle fut longtemps habitée par les Cananéens, Juges
1:27. C'est la même que Bilham, 1 Chroniques 6:70.
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JIGDALIA,
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fils de Hanan, Jérémie 35:4, homme de Dieu ou
prophète, entièrement inconnu.
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JIRÉIJA,
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Jérémie 37:13 (587 avant J.-C.), officier de Sédécias;
il arrêta, à la porte de Benjamin, le prophète Jérémie qui voulait quitter
Jérusalem, dont il attendait la destruction, et se retirer en Benjamin. Tu vas
te rendre aux Caldéens, lui dit-il, et il le conduisit devant les chefs ses
ennemis, qui le firent battre de verges et jeter en prison.
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JISBAH,
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fils de Méred et père ou chef d'Estemoah, ville de
Juda, 1 Chroniques 4:17; Josué 15:50 (?).
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JISCA,
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Genèse 11:29, fille de Haran le frère d'Abraham, et
par conséquent nièce de ce dernier; elle était sœur de Milca, qui épousa son
oncle Nacor, aussi frère d'Abraham. Quelques-uns pensent que c'est la même qui
prit plus tard le nom de Saraï et devint épouse d'Abraham; cependant cela est
peu probable à cause de Genèse 20:12.
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JITHNAN,
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ville de Juda sur la frontière de l'Idumée, Josué
15:23, à 6 milles d'Éleuthéropolis du côté d'Hébron, d'après Eusèbe.
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JITHRA,
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— Voir: Jéther #2.
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JIZRABIA,
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1 Chroniques 7:3, arrière-petit-fils d'Issacar, eut
quatre enfants, et sa postérité sous David comptait déjà 36,000 hommes en état
de porter les armes; l'historien sacré explique par la polygamie ce prodigieux
accroissement.
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JIZRÉHEL, Jesréel, ou Esdraelon,
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1. était
une ville de la tribu d'Issacar, Josué 19:18; elle fut longtemps la résidence
du roi Achab, 1 Rois 18:45; 21:1, et après lui de sa veuve Jésabel, 2 Rois
9:30, qui l'a rendue célèbre par l'histoire de la vigne de Naboth, 1 Rois 21:1;
2 Rois 9:10. D'après Eusèbe, elle était située entre Scythopolis et Légion, à
12 milles de la première selon Jérôme, et à 10 de la dernière, non loin de
Dothaïn, Judith, 3:11. La source qui se trouve dans son voisinage, 1 Samuel
29:1, porta plus tard le nom de Tubania, et allait jeter ses eaux dans le
Jourdain du côté de Scythopolis. La plaine de Jizréhel, Josué 17:16; Juges
6:33; Osée 1:5, s'étendait de tous les côtés à l'entour de la ville, depuis le
Carmel jusqu'au Jourdain à la sortie du lac de Génésareth; elle touchait, au
nord, aux montagnes de la Galilée, vers le pied du mont Thabor, au sud aux
montagnes d'Éphraïm; le Kison la traversait dans presque toute son étendue, et
lui donnait une richesse de fertilité qui n'est pas perdue de nos jours,
quoiqu'elle ait considérablement diminué. Un grand nombre de batailles s'y sont
livrées, car la plaine de Jizréhel était bien faite pour séduire ceux qui
aiment à étendre de longues colonnes d'armées: outre les combats rapportés dans
l'Écriture, Juges 4:13; 6:33; 1 Samuel 29:1; 31:1; 1 Rois 20:26; 2 Rois 23:29;
1 Maccabées 12:49, il faut compter encore la sanglante bataille des Juifs
contre Vespasien, la rencontre des croisés et de Sa-ladin, la défaite des Turcs
par Bonaparte en 1799, et un combat plus sanglant, plus acharne, définitif, que
l'Écriture semble annoncer comme devant se livrer dans cette célèbre plaine à
la fin des temps.
C'est par la plaine de Jizréhel que passait la grande
route de Samarie à Jérusalem. Les voyageurs qui l'ont parcourue ne sont pas
d'accord sur son étendue, et varient entre 10 et 20 milles de longueur et 7 à
12 de largeur.
2. Ville
de Juda, Josué 15:56.
3. Un
fils de Hétham, de la tribu de Juda, 1 Chroniques 4:3.
4. Fils
d'Osée et de Gomer la femme débauchée, Osée 1:4.
________________________________________
JOAB,
________________________________________
1. 1
Chroniques 4:14, fils de Séraja, fonda une colonie d'ouvriers à Ono, dans une
vallée de Benjamin voisine du Jourdain, cf. Néhémie 11:35. Il était petit-fils
de Kénaz et neveu de Hothniel, le premier des juges, Juges 1:13. À cette
époque, qui n'était pas fort éloignée du séjour de l'Égypte, les Israélites
avaient, comme on voit, conservé la connaissance des arts et métiers que leurs
pères avaient appris pendant la servitude, et qu'ils avaient eu l'occasion
d'exercer encore pendant le voyage du désert.
2. Joab,
neveu de David par Tséruïa fille d'Isaï, 1 Samuel 26:6; 2 Samuel 8:16; 17:25;
23:18; 1 Chroniques 2:16; 18:15; 27:7 (1053 avant J.-C.). Il devint général en
chef des troupes de son oncle, et fut redevable de son avancement aussi bien à
ses grands talents militaires qu'à ses liens de parenté avec le roi. Il commanda,
avec ses frères Hazaël et Abisaï, les troupes de David contre Abner, lorsque
David n'avait encore pour lui que la tribu de Juda; vainqueur, il vengea la
mort d'Hazaël en tuant Abner dans un guet-apens. Puis lorsque David eut été
reconnu roi de tout le pays et qu'il eut transporté sa résidence de Hébron à
Jérusalem, Joab ayant enlevé aux Jébusiens la colline de Sion qu'ils occupaient
encore, il fut nommé chef suprême de l'armée, 2 Samuel 10:7; 11:1; 1 Rois
11:15, et on ne le voit qu'une seule fois à la tête d'une division sous les
ordres de David, 2 Samuel 18:2. Il fit ensuite la guerre d'Idumée, Psaumes
60:1, et le siège de Rabbath-Hammon où périt Urie, qu'il exposa lui-même sur
l'ordre de David.
Pendant l'exil d'Absalon, Joab le servit auprès de son
père et réussit à opérer un rapprochement momentané, qu'il ne voulut ou n'osa
pas même solliciter complet; cependant Absalon ayant fait incendier les champs
de Joab, celui-ci, fatigué des importunes instances d'Absalon, finit par
intercéder pour lui auprès du roi, et obtint qu'il pût rentrer à la cour. Mais,
soit qu'il en voulût à Absalon pour le procédé dont il s'était servi, soit qu'à
tout prendre il préférât le roi légitime à un usurpateur dont il était
peut-être jaloux, il ne s'associa pointa la conjuration, resta fidèle à David,
battit Absalon à la bataille d'Éphraïm et le tua malgré les ordres exprès du
roi, 2 Samuel 18. Ce meurtre resta impuni devant la loi, mais David remplaça
Joab par Hamasa, et le favori disgracié ne put reprendre sa place que par un nouveau
meurtre, celui de son rival, 2 Samuel 20:7. Il continue alors le siège d'Abel,
où s'était réfugié Sébah, et ne se retire qu'après la mort du rebelle. De
retour auprès de David, il entreprend malgré lui le dénombrement du peuple,
qu'il déconseille, 1 Chroniques 21; puis, ne pouvant oublier l'affront qu'il a
reçu, toujours irrité contre David, voyant ce roi devenir vieux, il cherche à
se mettre dans la faveur d'Adonija, qui aspire à la couronne; mais, au milieu
d'un banquet des conjurés, arrive le bruit du sacre de Salomon et des mesures
royales qui sont prises pour prévenir la réussite du complot. Joab s'enfuit à
Gabaon, le sort d'Abiathar l'effraye, celui d'Adonija, frère de Salomon,
l'effraye plus encore; il se cramponne à l'autel, mais Bénaja se jette sur lui,
et, malgré la sainteté du lieu, le met à mort sur l'ordre réitéré de Salomon, à
qui David avait laissé l'ordre de ne point l'épargner, 1 Rois 2:5; sq..
Ainsi mourut ce grand et sanguinaire capitaine,
expiant à la fois quatre grands crimes qui, tous les quatre, avaient eu leurs
excuses (quel crime n'en a pas!), le meurtre d'Abner qui avait tué Hazaël, le
meurtre d'Absalon qui avait été rebelle, celui d'Hamasa qui avait aussi
commencé par la révolte, enfin la conjuration d'Adonija, qui se présentait
comme l'aîné des fils et le prétendant légitime. Ambitieux, mais sage et
prudent, il a su toute sa vie détruire ou ménager, selon que cela lui était
avantageux. Il a attendu la vieillesse pour commettre une imprudence, et elle
lui a coûté cher; il tenait à la vie et n'a pu la sauver, malgré sa passive
résistance. Son nom est rappelé, 1 Chroniques 26:28, parmi ceux qui
consacrèrent à Dieu les dépouilles des vaincus.
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JOACHAZ,
________________________________________
— Voir: Jéhoachaz #3.
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JOAD,
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— Voir: Jéhojadah.
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JOAS.
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1. Père
de Gédéon, de la tribu de Manassé (1245 avant J.-C.), Juges 6:11; 7:14; 8:13.
Longtemps idolâtre, il avait chez lui un autel de Bahal, et un bocage près de
sa demeure, mais lorsque son fils eut porté la main sur ces tristes objets d'un
faux culte, il comprit lui-même la grandeur de son péché, et n'hésita pas à se
joindre à Gédéon contre ceux qui venaient lui demander raison de sa conduite;
il eut le bonheur d'être plus ferme dans le bien qu'il ne l'avait été dans le
mal.
2. Joas,
1 Rois 22:26; 2 Chroniques 18:25, appelé fils du roi (d'Achab, peut-être, par
une femme de second rang), ou fils d'Hammélec (inconnu). C'est à lui que fut
confiée la garde du prophète Michée pendant l'expédition d'Achab contre le roi
de Syrie.
3. Joas,
huitième roi de Juda, occupa le trône pendant quarante ans (878-838). Il était
le seul des fils d'Achazia qui eut échappé à la cruauté de sa grand'mère,
l'usurpatrice Hathalie. Élevé sur le trône à l'âge de sept ans, par les soins
du souverain sacrificateur Jéhojadah, qui lui avait conservé la vie et la couronne,
il marcha dans les voies de la piété aussi longtemps qu'il fut sous la
direction de ce cher et vénérable parent, et son royaume prospéra; il s'occupa
entre autres, avec beaucoup de zèle, de la restauration du temple. Mais après
la mort de Jéhojadah, il paraît qu'il tomba sous l'influence des grands du
royaume, qui, enclins au vice et à l'idolâtrie, supportaient avec impatience le
joug de la religion, et qui l'entraînèrent même à faire mourir le prophète
Zacharie, fils de son bienfaiteur Jéhojadah, dont les reproches irritaient
leurs consciences. Dès lors son histoire ne présente plus qu'une suite de
malheurs. Sa noire et honteuse ingratitude envers son frère adoptif fut punie,
et ceux qui la lui avaient suggérée n'échappèrent pas au malheur commun; il se vit
menacé d'une invasion des Syriens, ses armées furent défaites par des ennemis
bien moins nombreux, et il dut racheter sa couronne et son indépendance au prix
des trésors du temple; enfin il se forma une conjuration contre lui, et il
périt sous le fer des assassins, 2 Rois 11 et 12:2 Chroniques 23 et 24. Il fit
le bien ou le mal, suivant qu'il fut bien ou mal conseillé; il ne manqua pas
d'énergie, mais de volonté, et ce qu'on lui lit vouloir, il sut l'exécuter avec
résolution; triste résolution qui a imprimé à sa mémoire une tache ineffaçable.
S'il devait mal finir il eût mieux valu pour lui qu'il n'eût pas bien commencé.
4. Joas,
fils et successeur de Joachaz, fut le douzième roi d'Israël, et régna seize ans
(840-825). Ce que l'histoire sacrée nous dit de lui nous donne l'idée d'un
caractère assez mélangé. D'un côté l'on voit chez lui un certain courage, un
certain degré de foi, quelque confiance, et beaucoup d'estime pour le prophète
Élisée; de l'autre, il paraît avoir suivi les égarements de ses prédécesseurs,
et être resté fidèle au culte du veau d'or. Il pleura quand il apprit que le
prophète était près de sa fin; il vint le voir et frappa trois fois la terre de
ses flèches; c'était un oracle, et Élisée lui dit qu'au lieu d'exterminer les
Syriens il ne les frapperait qu'en trois rencontres; il réussit en effet à
reprendre aux Syriens quelques villes situées sur la rive droite du Jourdain,
que son père avait perdues, mais il ne poussa pas plus loin ses avantages. Il
fut également heureux contre Amatsia, roi de Juda. Malgré ses efforts pour
maintenir la paix, il dut prendre les armes et pénétra jusque dans Jérusalem,
qu'il rançonna, et qu'il laissa ainsi appauvrie et ruinée à son roi naturel,
dédaignant de le détrôner, 2 Rois 13:9-25; 14:1-18; 2 Chroniques 25.
— À tout prendre, pour un roi d'Israël, il n'a pas été
un mauvais roi, et sa mémoire ne doit pas être sans estime. Son nom est rappelé
Osée 1:1; Amos 1:1.
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JOB.
________________________________________
L'idée principale de tout le livre qui porte le nom de
Job, revient à cette question dont plusieurs autres documents de la littérature
hébraïque se sont aussi occupés, l'Ecclésiaste par exemple: Pour quoi l'homme
le plus pieux est-il souvent le plus souffrant, tandis que les plus méchants
peuvent se réjouir dans l'abondance du bonheur? L'auteur répond à cette
question, non par le raisonnement, mais par une résignation pieuse; il n'en
sait rien: c'est une hardiesse coupable de se permettre des jugements sur les intentions
cachées de Dieu, parce que l'expérience montre toujours que si Dieu impose des
souffrances aux hommes pieux, ces souffrances servent à leur véritable bien, et
seront pour eux la source de joies d'autant plus grandes, d'autant plus
excellentes; il y aurait, par conséquent, de l'injustice à tirer du bonheur ou
du malheur d'un homme des conclusions à l'égard de ses dispositions morales.
Cette idée n'est pas développée seulement par une
théorie, elle est mise en action et présentée d'une manière visible, sous une
forme d'histoire. La Providence, dans ses conseils, choisit un fils de cette
terre pour réaliser par ses épreuves la vérité de sa sagesse et de sa bonté.
Cette personne est empruntée à l'antiquité la plus reculée; les charmes qu'ont
pour lui les lieux où ont vécu ses ancêtres l'entourent; Job, le riche
patriarche, l'heureux père, l'émir de l'Arabie, devient le plus malheureux des
mortels; sa piété grandit avec son malheur; au milieu des maux qui l'accablent
il ne murmure pas, il reste un modèle de patience jusqu'au moment où l'on vient
attaquer sa droiture et sa piété elle-même.
Les trois amis de Job représentent les jugements du
monde: ils répètent sans cesse, et sous différentes formes, que Dieu fait du
bien aux bons et du mal aux méchants. Cette pensée peut être vraie en
elle-même, elle peut être juste, elle est fausse dans certaines limites, dans
l'application qu'ils en font; ils méconnaissent la piété de Job parce qu'ils
ont des idées fausses sur ce qu'est la vraie piété, et Job remporte la victoire
sur eux sans avoir cependant entièrement raison lui-même. La vérité est entre
les deux. Élihu survient alors, il entre en scène et fait des reproches aux
deux partis; il montre à Job ses torts, c'est qu'il s'est cru innocent, et
s'est regardé comme Dieu; Job a discuté avec sa propre justice, aussi bien que
ses amis. Élihu est donc destiné à humilier Job; il prépare ainsi l'apparition
de Dieu lui-même, qui, dans une brillante théophanie et dans un discours plein
de majesté, déclare qu'il est le seul souverain, montre à Job les miracles de
la nature et les merveilles de la création, et lui reproche d'avoir osé entrer
en lutte avec lui. Mais Job obtient sa grâce, Dieu lui pardonne, lui accorde la
grâce de ses amis, et lui rend au double tout ce qu'il a perdu. Le livre se
compose de trois parties:
1. le
prologue, chapitre 1 et 2;
2. le
corps du livre, discours et action, la partie poétique, 3-41;
3. dénouement
et épilogue, chapitre 42.
Il y a beaucoup de rapports entre l'idée dominante du
livre de Job, et celle qui règne dans la plupart des tragédies grecques. Le
contraste du bien et du mal; l'inégalité de la récompense; les luttes de
l'existence humaine dans toute sa fragilité, avec les coups du sort, voilà le
but sublime de l'ancienne tragédie: c'est également celui de Job, mais avec
cette différence que les Grecs, suivant la nature de leur religion, nous
montrent l'idéal de l'humanité (Sophocle lui-même nous indique l'idéal de la
tragédie quand il dit qu'il a décrit les hommes tels qu'ils devraient être, et
qu'Euripide les a décrits tels qu'ils sont), tandis que dans Job l'homme est
dépeint avec ses misères, n'occupant qu'un rang inférieur; Dieu et ses
perfections sont mis au premier rang, et forment l'objet principal de tout le
livre; toute la gloire revient à Dieu et à lui seul. Du reste, ressemblance
dans la forme, même choix des objets, même caractère dramatique des personnes;
le fait présenté n'est plus un fait individuel, c'est une affaire publique, la
propriété de la nation: même distinction exacte des personnes, et partant même
intérêt, parce que ce ne sont plus des caractères ordinaires, mais les
représentants d'un certain nombre d'hommes et d'idées. Enfin, même beauté de
langage, de poésie, dont les beautés varient comme dans les drames grecs, et
même profondeur des idées.
Le contenu du livre est-il une fable ou une histoire?
Cette question a souvent été décidée d'une manière trop exclusive; les uns ont
voulu tout nier, les autres ont voulu regarder jusqu'aux moindres détails comme
des faits, et les moindres paroles comme ayant été réellement prononcées. Les
uns et les autres ont mis en avant de bonnes raisons. On peut faire valoir
contre la vérité historique,
1. le
caractère poétique du livre, qui indique une fiction: on ne peut pas imaginer
que les amis de Job aient improvisé des réponses en vers aussi bien faits, et
dans un ordre aussi admirable. Ce que Schultens dit du caractère national des
Arabes et de leur facilité à improviser en vers, n'est pas suffisant pour
expliquer la richesse de la poésie des discours de ce livre. Dans la bouche de
Job, ces improvisations sont encore moins probables.
2. Le
prologue même, et l'épilogue, qui sont en prose, ne peuvent pas être pris à la
lettre; la scène dans les cieux, et le conseil de Dieu, sont une fiction. Les
chiffres sont ronds: après son rétablissement, Job retrouve le double de ce
qu'il a perdu; cette précision est également le fait du narrateur! Enfin la
manière égale et calme dont tout est raconté ne convient pas à l'histoire, et
l'on voit que celui qui raconte tient moins à l'exactitude historique qu'à
l'impression générale.
3. Le
nom de Job est symbolique; soit qu'on le fasse dériver de l'arabe, il signifie
se repentir, soit qu'on le dérive de l'hébreu, il signifie un homme qui est
attaqué, comme Job, de toutes sortes de maux.
— Voici, d'un autre côté, les arguments qu'on invoque
pour prouver que l'histoire de Job n'est pas un conte fait à plaisir, mais un
fait réellement arrivé:
1. Quelques
circonstances, quelques notices historiques, la généalogie d'Élihu, 32:2, la
patrie désignée de Job et de ses amis, 1:1; 2:11.;
2. le
témoignage d'Ézéchiel, chapitre 14:14,16,20; cf. Jacques 5:11, où Job est cité
comme un personnage historique;
3. la
tradition; ainsi les Septante et la Peschito racontent toute sa généalogie en
voyant Job dans le Jobab de Genèse 36:33. (cependant les Septante ayant copié
la Peschito, ne font pas un témoignage à part).
4. On
montre encore en Orient le sépulcre de Job, mais malheureusement en cinq
endroits différents, à Neva ou Nava, sur la route de Damas, non loin de
Jérusalem; à Hems (Hamath), en Syrie; à Hellé, sur l'Euphrate; dans l'Arabie
Heureuse, à 2 ou 3 lieues de Sanaa; et sur la route d'Ispahan à Schiras; enfin,
d'après Eusèbe, la tradition montrait encore la maison de Job à
Hastaroth-Karnajim.
— En résumé, il paraît évident que l'auteur a, comme
les poètes, puisé son sujet dans l'histoire, qu'il l'a développé poétiquement,
et qu'il a approprié l'histoire à son but; dans tous les cas, il serait hardi
de vouloir déterminer ce qui appartient absolument à l'histoire et ce qui est
absolument fiction.
Quant à l'époque de la composition de ce livre,
plusieurs pensent qu'il a été rédigé pendant la captivité (le Talmud, Gesenius,
De Wette); mais il y a eu une foule d'autres idées émises sur ce sujet, et
toutes aussi probables ou improbables que celle-là. Cette première idée
s'appuie de présomptions plutôt que d'arguments. On dit, par exemple,
a. que
l'idée de Satan assistant au conseil de Dieu est venue aux Hébreux par les
Caldéens; on suppose alors que la Genèse a aussi été écrite dans ce temps;
quand on en vient là, on n'a plus d'opinions, mais des préjugés, des
préoccupations dogmatiques.
b. On
trouve dans la doctrine des anges un coloris caldéen, 4:18; 5:1; 15:15; 21:22;
33:23,24; 38:7. Il est vrai que la doctrine des anges, dans Job, a quelque
chose de particulier, d'étrange, mais ce doit être expliqué en grande partie
par le caractère des personnes qui parlent; les détails que Daniel nous donne
sur les Caldéens ne s'appliquent pas ici, et la foi de l'Orient a toujours été
qu'il y a dans les cieux des saints qui sont les serviteurs de Dieu; rien
n'empêche d'accorder à cette doctrine une haute antiquité,
c. On
a voulu voir des allusions aux tristes événements de l'exil dans 9:24; 3:14;
12:17-25; 15:28; 16:7; 30:14,15; mais il faut pour cela une imagination à la
fois vive et pauvre, et on ne peut le faire à toute rigueur qu'en détachant ces
passages de leur contexte; c'est, au reste, le même principe en vertu duquel
quelques théologiens modernes (De Wette) veulent donner à des psaumes un
caractère exclusivement national,
d. On
se fonde enfin sur le coloris araméen du langage; mais cette objection ne
repose que sur un examen très superficiel de la langue, car c'est un coloris
tout à fait particulier que celui de la langue de Job. Que l'on compare ce
livre avec ceux qui ont été composés au temps de l'exil, et l'on verra que
l'influence de l'araméen dans Job a été tout à fait originale, comme celle
d'une langue beaucoup plus rapprochée de l'hébreu qu'elle ne l'était lors de la
captivité. Une autre influence, d'ailleurs, se fait sentir, que l'on oublie
entièrement, c'est celle de l'arabe; il y a dans Job des formes et des
constructions qu'on ne peut expliquer que par l'arabe, et si quelques auteurs
ont été un peu trop loin en voulant voir des arabismes là où il n'y en avait
pas (Schullens), cependant on en trouve qui ne peuvent nullement s'expliquer si
l'on place la rédaction du livre au temps de la captivité.
D'autres théologiens ont fixé l'âge de Salomon comme
celui de la composition de Job; oh a voulu même donner à ce livre Salomon pour
auteur (Grégoire de Naziance, Luther, Dœderlin, Richter, Rosenmuller). Cette
opinion ne repose que sur l'analogie que l'on trouve entre quelques phrases de
Job et des Proverbes, preuve qui ne prouve pas beaucoup; car rien n'est plus
naturel que cette analogie, parce que Job parle souvent en forme de sentences,
construction peu susceptible d'une grande diversité. En général la poésie de
Job est telle qu'elle a dû fréquemment servir de modèle aux auteurs
postérieurs.
Enfin, une troisième opinion très-répandue regarde
Moïse comme auteur de ce livre (quelques talmudistes, plusieurs Pères, Jacques
d'Édesse, Éphrem Syrus, Eusèbe, Jahn, Michaélis). Ce qui plaide en faveur de
cette hypothèse, c'est que Job renferme des allusions assez fréquentes à
l'Égypte, et que la description du crocodile en particulier suppose une
certaine connaissance de ce pays; on ajoute que le séjour de Moïse dans les
déserts de l'Arabie peu après sa fuite d'Égypte, a été un temps très favorable
à la composition d'un livre où l'auteur expose que la prospérité n'est pas une
preuve de justice, ni le malheur une preuve de péché. On remarque enfin
l'analogie qu'il y a entre Job et le Pentateuque pour le style. Ces
circonstances prouvent seulement que l'époque de Moïse, fort ancienne, doit
avoir été celle de la composition de cet ouvrage; mais, dit Eichhorn, le style
des livres de Moïse et celui de Job sont trop différents pour que leur composition
puisse être attribuée au même auteur.
— L'archevêque Magee a émis une opinion partagée par
Horne, et qui rentre dans celle qui précède, c'est que Job aurait écrit
lui-même l'ouvrage primitif, et que Moïse l'aurait transcrit en l'appropriant
aux besoins des Juifs, et en le sanctionnant de son autorité.
Pour parvenir à un résultat sur cette question, fixons
quelques points comme jalons directeurs.
1. On
voit d'abord que l'auteur du livre connaît l'histoire la plus ancienne du genre
humain; il renferme des allusions à la création et à la chute de l'homme,
9:8,9; 10:9; 12:7-10; 15:7; 20:4; 26:6-13; 27:2; 31:33; 38:4; sq. cf. Genèse
1-3. Il connaît aussi le nom de Jéhovah, ce qui prouve qu'il était Hébreu et au
courant des plus anciennes traditions des Hébreux. On pourrait donc croire
qu'il a vécu en Palestine, après Moïse.
2. Mais
il ne parait connaître ni la loi, ni la constitution politique d'Israël. Le
grand nom de la Thorah (la loi), si solennel pour les Juifs, n'est pris, 22:22,
que dans le sens d'instructions, de préceptes; et, quant à des allusions,
celles que l'on a voulu chercher et trouver, prouvent plutôt le contraire, par
exemple 24:3. Il y a même dans Job des usages contraires à la législation
mosaïque, cf. 42:15; et Nombres 27:8. Job est prêtre lui-même et sacrifie des
victimes à l'Éternel; ailleurs, 12:20, les prêtres sont regardés comme les
chefs et les princes de la nation, ce qui rappelle les temps d'Abram à Mamré,
Genèse 13:18. Nous sommes conduits de là à fixer notre attention sur un temps
antérieur à la théocratie.
3. Tout
est patriarcal dans ce livre; Job est un prince, un émir; nomade comme un
arabe; les vieillards sont l'autorité dont la sagesse est prise pour arbitre,
5:13,22; 8:8; 12:12,20; 15:10,18; 32:6; lui-même atteint un âge qui appartient
plus aux jours d'Abraham qu'à ceux de Moïse. Il distingue, avec la simplicité
d'un Arabe bédouin, le pays, c'est-à-dire sa patrie, et le dehors, l'étranger,
18:17. Le jugement est dans les mains du patriarche, 31:13. Les bêtes sauvages du
désert, les lions, les onagres, sont fréquemment employées comme images, 4:10;
11:12; 24:5; de même les caravanes qui traversent le désert, les fleuves, les
brigands, 6:5,19; 14:11; 30:3. Il a vécu sous le ciel, il a observé les étoiles
comme un Arabe, et montre des connaissances remarquables en astronomie (— Voir:
Ideler, Recherches sur l'origine et la signification du nom des étoiles dans
Job, Berlin 1809).
4. D'autres
circonstances encore montrent évidemment la haute antiquité du livre. Il est
question, dans Job, des Caldéens, que Moïse connaît aussi, mais qui ne
reparaissent dans l'histoire qu'au temps d'Ésaïe, et alors comme un peuple
beaucoup plus civilisé. L'usage des Romains, de déposer un enfant nouveau-né
aux pieds de son père, qui était libre ou de le laisser, de l'abandonner, ou de
le relever (de là élever un enfant) et de le prendre sur ses genoux en signe
d'adoption; cet usage contraire à la loi hébraïque, et dont on trouve des
traces dans la Genèse, 50:23; 30:3, se montre aussi dans le livre de Job, 3:12.
Nommons encore la description du cheval, qu'un Hébreu n'eût pas faite avec
autant de complaisance, 39:22-28, et l'on se convaincra facilement que la
patrie de l'auteur n'était pas la Palestine, et que la scène même se passait en
Arabie.
5. Enfin,
c'est avec cette opinion seulement qu'on peut se rendre compte de plusieurs
particularités que présente le style de cet ouvrage; on y trouve des formes
tout à fait antiques, un seul genre pour le pronom personnel, 31:10; etc.: des
expressions caldéennes et l'influence de l'arabe nous renvoient à un temps où
les dialectes étaient séparés d'une manière moins tranchée, comme les dialectes
grecs au temps d'Homère.
Ce que l'on oppose à cette opinion est assez
insignifiant; on a voulu voir dans les ruines, les tombeaux, les mausolées dont
il est fait mention, les traces d'une époque plus moderne; mais Bertholdt a
montré (Anmerkungen) qu'avec une connaissance plus approfondie de l'antiquité
toutes ces difficultés disparaissent.
Il n'y a donc que deux dates principales entre
lesquelles il faille opter: ou le livre de Job est fort ancien, ou il est tout
à fait moderne; et alors le choix n'est nullement douteux. Quanta des
hypothèses de détail sur le temps et la personne de Fauteur, il serait absurde
d'en faire; on ne peut rien décider que négativement.
Quelques Allemands modernes, par un esprit
d'hyper-critique, ont imaginé de nier l'authenticité de quelques portions de
Job; ils ont rejeté le prologue, l'épilogue, et le discours d'Élihu;
(Bærenstein, De Wette, Ewald). Ils trouvent en particulier qu'Élihu, en
répondant à Job, montre qu'il ne l'a pas compris; «mais, dit Hævernick, toute
la question consiste à savoir, puisque ces théologiens ne comprennent pas Job
de la même manière qu'Élihu, si c'est Élihu, ou si ce ne sont pas eux qui ont
mal compris. Il leur paraît encore singulier que Job ne réponde rien à ce
discours: c'est probablement que le point de vue de Job est qu'il ne faut pas
répondre quand on se reconnaît battu, tandis que ces disputeurs voudraient qu'on
discutât éternellement.»
En fait de commentaires on n'en a pas beaucoup sur
Job; en français, on peut se procurer celui de Bridel de Lausanne; en allemand,
l'un des meilleurs et des plus modernes est celui d'Umbreit, deuxième édition,
bon à étudier pour la langue et pour l'esprit.
Quant à la maladie de Job, c. Lèpre.
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JOBAB.
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1. Genèse
10:29, peuplade arabe nommée avec Ophir et Havila, mais du reste inconnue.
Bochart compare les Jobarites de Ptolémée, tribu qui habitait la côte orientale
de l'Arabie; il suppose avec Saumaise qu'il faut lire Jobabites, et Michaélis
s'est joint à cette idée, mais elle ne tient qu'à un fil.
2. Jobab,
fils de Pérah de Botsra, 1 Chroniques 1:44, ou de Zérah, Genèse 36:33, un des
chefs de l'Idumée. C'est sans aucune raison que quelques auteurs ont voulu
l'identifier avec Job.
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JOËL
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(Dieu l'Éternel, ou celui dont l'Éternel est le Dieu).
1. Fils
de Samuel.
— Voir: Abija #1.
2. Joël,
fils de Péthuel, le second des petits prophètes. On ne sait rien de particulier
sur sa famille et sur son histoire. Ce qu'il y a de sûr, c'est que c'est dans
le royaume de Juda, et pour ce royaume, qu'il exerça son ministère prophétique.
L'examen de ses prophéties, dans lesquelles on peut reconnaître plusieurs
rapports avec celles d'Amos,
— Voir: p. ex. Joël 3:4; Amos 1:9; et Joël 3:16; Amos
1:2,
a engagé la plupart des critiques à le placer sous le
règne d'Hozias, en 758, (Abarbanel, Vitringa, Rosenmuller, De Wette,
Preiswerk). Les circonstances dans lesquelles il prophétisa sont donc celles
qui sont décrites 2 Chroniques 26.
— Le contenu de son livre est assez général, et ce
serait mal l'interpréter que de considérer ses prophéties comme épuisées par
tel ou tel événement particulier. Elles annoncent d'abord, sous l'image d'un
fléau de sauterelles, les châtiments que l'Éternel se propose d'envoyer à Juda
par le moyen des peuples étrangers; puis, un retour de la bénédiction divine
provoqué par la repentance, l'humiliation sincère du peuple, et comme le point
le plus élevé de cette bénédiction, l'effusion du Saint-Esprit; enfin, comme un
autre côté du tableau, le châtiment des ennemis du royaume de Dieu. La période
messianique est dépeinte par le prophète, et même avec beaucoup de clarté, de
vigueur et de magnificence, mais il s'attache plutôt aux caractères de l'œuvre
du Messie qu'à sa personne. Le langage de Joël est élevé et pur; son style est
des plus beaux; il se montre poète distingué, son ouvrage semble avoir été bien
médité, et présente un plan net et bien arrangé. Cet écrit est, précisément à
cause de sa généralité, une riche source d'édification pour tous les temps; il
est rappelé par saint Pierre, Actes 2:16.
________________________________________
JOGBÉHA,
________________________________________
ville de la tribu de Gad, Nombres 32:35; Juges 8:11.
________________________________________
JOHANAN
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(don de l'Éternel),
1. fils
aîné de Josias; son nom, qui se trouve dans la généalogie de 1 Chroniques 3:15,
n'est mentionné nulle part ailleurs, ni pendant, ni après le règne de Josias,
ce qui fait supposer avec raison qu'il est mort jeune et avant son père.
2. Johanan,
fils de Karéah, 2 Rois 25:23; Jérémie 40:8 (588 avant J.-C.). Il fut l'un des
premiers qui reconnurent l'autorité du sage et pieux Guédalia, et celui qui
travailla le plus À la lui conserver; il l'avertit des complots formés contre sa
vie par Ismaël, et lui offrit d'en prévenir l'exécution par la mort de son
ennemi; ses services n'ayant pas été acceptés, et Guédalia étant mort victime
de sa confiance, Johanan, qui n'avait pu le sauver, le vengea, délivra les
prisonniers qu'avait faits Ismaël, continua sa marche vers Bethléem, et là,
incertain dans une route sans issue, craignant que Nébucadnetsar ne vengeât sur
toute la Judée la mort du gouverneur qu'il y avait placé, il résolut avec ses
partisans de se rendre en Égypte. Jérémie, consulté, n'ayant pas répondu d'une
manière conforme à leurs projets et à leurs désirs, ils s'emportèrent contre
lui, l'accusèrent d'être à la solde de Baruc pour travailler à leur perte ou à
leur servitude, et refusèrent de l'écouter. Johanan, et surtout Hazaria,
étaient à la tête des mécontents; ils résolurent de donner suite à leur idée,
et ne voulant pas laisser Jérémie en arrière comme un remords, ils
l'entraînèrent de force avec eux; mais le prophète qui n'avait pu les détourner
de l'Égypte, ne put non plus, lorsqu'ils furent arrivés à Tapîmes, les
détourner de l'idolâtrie, et sa seule mission fut dès lors de leur prédire les
châtiments qui devaient leur arriver.
— On ne peut s'expliquer que par la peur et
l'incrédulité la chute de ce Johanan qui avait si bien commencé et qui finit si
mal; ses intentions étaient bonnes, mais il n'a pas su ce qui était bien; il
est tombé parce qu'il a refusé de voir la lumière.
________________________________________
JOHANNA,
________________________________________
fils de Rhésa, un des ancêtres de Marie, Luc 3:27,
inconnu.
________________________________________
JOJADAH,
________________________________________
— Voir: Jéhojadah #2.
________________________________________
JOKDEHAM,
________________________________________
ville des montagnes de Juda, Josué 15:56.
________________________________________
JOKÉBED ou Jokbed,
________________________________________
fille ou descendante de Lévi, née en Égypte, et mère
ou ancêtre de Moïse, Nombres 26:59; Exode 6:20. Elle épousa Hamram son neveu.
Si elle a été la fille de Lévi elle n'a pu être la mère de Moïse, et
réciproquement, à cause du long espace de temps qui s'est écoulé entre l'un et
l'autre; le plus probable, c'est qu'elle a été effectivement la mère de Marie,
d'Aaron et de Moïse, et qu'elle descendait de Lévi. On sait les soins qu'elle
prit pour la conservation de son fils cadet, et comment après avoir été obligée
de l'exposer, elle eut le bonheur d'être choisie par la fille de Pharaon pour
le nourrir. Paul rend à sa foi et à celle de Hamram un beau témoignage; ils ne
craignirent pas l'édit du roi; et ce serait chercher bien loin l'explication de
leur foi que de la faire reposer sur des promesses directes qui leur auraient
été faites de la part de Dieu, touchant la vie et les hautes destinées de leur
fils.
________________________________________
JOKIM,
________________________________________
1 Chroniques 4:22,23, fils de Séla et petit-fils de
Juda, chef d'une famille qui primitivement s'était emparée d'une grande autorité
en Moab, et dont une branche, à l'époque où les Israélites étaient encore
libres en Égypte, travaillait à des fabriques de poterie et de porcelaine dans
les domaines et pour le compte du roi, tandis qu'une autre branche faisait le
commerce d'ouvrages de fin lin,
— Voir: Hel.
________________________________________
JOKMHÉAM,
________________________________________
ville d'Éphraïm, 1 Rois 4:12, qui fut plus tard donnée
en partage aux Lévites de la famille de Kéhath, 1 Chroniques 6:68.
________________________________________
JOKNÉHAM,
________________________________________
ancienne résidence royale d'une peuplade cananéenne,
au pied du mont Carmel, Josué 12:22. Elle était comprise dans le territoire de
Zabulon, mais fut donnée aux Lévites, 21:34.
________________________________________
JOKTAN,
________________________________________
Sémite, fils de Héber, et père de plusieurs peuplades
de l'Arabie Heureuse, Genèse 10:25-30. Les Arabes le nomment Kachtan, et sont
d'accord à dire que tous les vrais Arabes, habitants de l'Yémen, lui doivent
leur origine. Joktan eut treize fils; les Arabes ne lui en donnent qu'un seul,
nommé Jaarab, dont l'arrière-petit-fils Sébah est la souche de tout l'Yémen; on
montre encore son tombeau dans la contrée de Keshin, et Niebuhr parle d'une
ville nommée Kachtan à trois journées de Nedcheran; Edrisi nomme également une
ville Baischat-Jaktan dans l'Yémen. Ces données ne contredisent en rien les
notices bibliques, et l'on ne risque pas de se tromper en les admettant.
________________________________________
JOKTHÉEL.
________________________________________
1. Ville
de Juda, Josué 15:38.
2. Ville
principale de l'Arabie Pétrée, primitivement nommée Sélah, et qui reçut son
nouveau nom de Amatsia qui la conquit, 2 Rois 14:7; 2 Chroniques 25:11. Eusèbe
pense avec raison que c'est la même que Pétra;
— Voir: Sélah.
________________________________________
JONA,
________________________________________
dont le nom signifie colombe, était père de Pierre et
André, Matthieu 16:17; Jean 1:42; 21:15; il est du reste complètement inconnu.
On pense qu'il était pêcheur comme ses fils sur les bords du lac de Génésareth,
et que probablement il était mort lors de la vocation des deux apôtres,
puisqu'il n'est mentionné nulle part.
________________________________________
JONADAB, ou Jéhonadab,
________________________________________
1. fils
de Samma ou Simha, et neveu de David, 2 Samuel 13:3; 1 Samuel 16:9, est dépeint
comme un homme très rusé. Il seconda les vues incestueuses d'Amnon son cousin,
et ne lui donna pas de regrets à sa mort; il parut plutôt vouloir justifier
Absalon,à qui la mort d'Amnon donnait les droits à la couronne; après avoir
cherché la faveur du fils aîné, il chercha celle du second; il n'aima ni l'un
ni l'autre, et se montra vil et obséquieux pour leur plaire à tous deux, hideux
dans le service qu'il rendit au premier, calme et froid dans la manière dont il
excusa le second aux yeux de David.
2. Jonadab
ou Jéhonadab, Kénien, fils de Récab, 2 Rois 10:15; 1 Chroniques 2:55 (884 ans
avant J.-C.), salua le premier Jéhu l'usurpateur à son entrée à Samarie, monta
sur son char, et fut témoin de l'exécution des prêtres de Bahal. Il est plus
connu par ce que Jérémie nous dit de sa sagesse et de sa piété, Jérémie 35:6:
chef d'une grande famille, il voulut l'unir, elle et ses descendants, par des
formes obligées et des vœux sévères, qui devaient assurer à la fois leur
indépendance et leur fidélité au vrai Dieu. En leur interdisant le vin, en leur
défendant de semer et de planter, il leur défendait de posséder des champs; ils
les détournait ainsi de la vie agricole vers la vie pastorale, il les forçait
ainsi de loger dans des tentes, et de voyager à la suite de leurs troupeaux; et
la défense qui leur est faite de posséder des maisons, était presque devenue
inutile par l'impossibilité où ils eussent été de s'en servir. Ce genre de vie
leur rendait ainsi plus facile le pèlerinage de Jérusalem, et leurs pas se
portaient sans peine vers les montagnes de Juda et vers le mont de Sion pour
adorer. Les Récabites formaient ainsi un ordre, mais libre, et cette
institution resta toujours fidèle à la loi de Moïse, toujours fidèle aussi aux
vœux de son fondateur, jusqu'au moment où elle disparaît à l'époque de la ruine
de Jérusalem. Quant aux rapports de Jonadab avec Jéhu, ils s'expliquent par
l'intérêt qu'il y avait pour ce dernier à s'attacher un homme influent et bien
connu par sa piété, pour Jonadab de concilier à sa nombreuse famille Je chef de
la nouvelle dynastie.
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JONAN,
________________________________________
fils d'Éliakim, un des ancêtres de Jésus par Marie,
Luc 3:30; inconnu.
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JONAS.
________________________________________
Le cinquième des petits prophètes, le même qui est
nommé sous Jéroboam II, roi d'Israël, comme ayant annoncé les victoires de ce
monarque et l'extension de son royaume, 2 Rois 14:25; car, Jonas 1:1, il est
également indiqué comme fils d'Amittaï. On ne connaît, du reste, autre chose de
son histoire que l'épisode qui nous en a été conservé dans le livre qui porte
son nom. Ce livre renferme le récit de la mission du prophète auprès de la
ville de Ninive, alors capitale du puissant empire d'Assyrie, et développe
d'une manière pleine d'intérêt les différentes scènes de ce drame, les efforts
de Jonas pour se soustraire à cette mission, la tempête à laquelle est exposé
le vaisseau qui le porte, la conservation miraculeuse du prophète dans le
ventre d'un grand poisson, q.v., sa prédication à Ninive, enfin ses résultats,
ses heureux succès, et les tristes sentiments de dépit qu'ils lui inspirent.
Bien des questions ont surgi à propos de ces quatre
chapitres. On a commencé par ne rien en croire du tout, et ensuite on s'est
demandé si le poisson dans lequel Jonas a passé trois jours et trois nuits est
un véritable poisson, si ce ne serait pas plutôt le cachot du vaisseau, qui
avait pour enseigne un grand poisson; d'autres supposent qu'il a quitté le
navire et qu'il a été obligé, par indisposition, de passer trois fois
vingt-quatre heures à l'hôtel du Grand Poisson qui se trouvait au bord du
rivage; d'autres, et en particulier M. Coquerel, pensent que le grand poisson
est une caverne ou un enfoncement de rochers au bord de la mer, dans lequel
Jonas se sera sauvé à la nage. Ces théologiens sont ainsi d'accord à ne voir
dans l'histoire de Jonas qu'une allégorie, un mythe emprunté à une tradition
païenne qui rattache à la ville de Joppe le séjour d'Hercule dans le sein d'un
monstre marin.
Mais pour ceux qui admettent l'autorité du Nouveau
Testament la question est tranchée, puisque évidemment le Seigneur a présenté
ce récit comme une histoire véritable, et cela dans tous ses détails, par deux
fois, Matthieu 12:39; 16:4; Luc 11:29-32; et il est bien plus naturel et plus
logique de faire dériver la tradition païenne de la tradition biblique, que de
procéder à l'inverse. Le fait lui-même a une grande importance, d'abord en ce
qu'il est une prophétie de la vocation des Gentils, par opposition aux fausses
idées du particularisme juif et d'une manière charnelle de comprendre
l'élection, erreur dont Jonas était le représentant; ensuite, parce que
l'Esprit saint nous autorise et nous invite même, dans les passages cités, à
considérer la conservation du prophète dans le ventre du poisson pendant trois
jours et trois nuits, par la puissance divine, comme un type de la résurrection
du Christ.
— On peut lire sur ce livre les articles qui ont paru
dans la Gazette Évangélique de Berlin 1834, #27-29; et en français les Sermons
de E. Guers sur Jonas.
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JONATHAN
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(don de l'Éternel),
1. jeune
lévite, fils de Guerson et petit-fils de Moïse, Juges 47:7; 18:30. Résolu de
chercher fortune hors de Bethléem, sa première demeure, il arriva dans les
montagnes d'Éphraïm, où il consentit, moyennant une honnête rétribution, à
servir de prêtre aux faux dieux de Mica; mais bientôt les Danites s'étant
emparés de ces petites idoles, et Jonathan ayant voulu s'opposer à ce vol, ils
le séduisirent lui-même par l'appât d'une plus forte récompense, et
l'emmenèrent avec eux à Laïs, où il consentit à servir les mêmes idoles chez
ces nouveaux propriétaires. Ses enfants lui succédèrent comme sacrificateurs au
milieu de cette petite colonie danite, et l'idolâtrie subsista jusqu'au jour où
ils quittèrent le pays, et tout le temps que l'arche demeura à Silo,
c'est-à-dire jusqu'au temps où l'arche ayant été prise, les Philistins
obtinrent une suite de succès sur les Hébreux. Il a vécu entre Josué et
Hothniel.
2. Jonathan,
fils de Saül et d'Ahinoham, l'intime ami de David, 1 Samuel 14:49; 13:2; 1
Chroniques 8:33; 9:39 (1095 avant J.-C.). Il se distingua dans la guerre et
dans la paix, débuta dans la vie militaire par un brillant fait d'armes qu'il
accomplit à la tête de mille hommes, en chassant les Philistins du coteau de
Kiriath-Jéharim, puis, seul avec son écuyer, il réussit à s'emparer d'un
avant-poste ennemi. C'est après cette expédition qu'il faillit devenir victime
d'un vœu imprudent que son père avait fait; accablé de fatigue et de besoin, il
avait goûté de quelques rayons de miel sauvage, et Saül avait juré la mort de
quiconque prendrait quelque nourriture avant la nuit; Jonathan, prêt à mourir,
ne dut sa conservation qu'aux regrets unanimes du peuple. Ce héros aima un
autre héros; il aima le vainqueur de Goliath, il l'aima comme son âme, et,
fidèle à son père comme à son ami, il évita de se prononcer dans les longues
querelles qui divisèrent le roi tombé et le roi futur; il chercha à les réunir,
à les réconcilier; il y réussit une fois; mais le plus souvent sa sollicitude
dut se borner à avertir son ami des pièges que son père lui dressait. Déjà
David a cessé de venir à la cour, Saül s'en irrite, Jonathan veut l'excuser, et
ce père, aveuglé par sa rage, cherche à le frapper de sa hallebarde, mais le
manque. À cette haine, Jonathan comprit ce dont il ne s'était peut-être pas
encore douté, que David était le successeur désigné de Saül, celui qui
arracherait à la famille du premier roi le trône et la couronne d'Israël. Privé
de son avenir, parce que Dieu l'avait ainsi résolu, Jonathan ne voulut pas
perdre encore un ami: il se rendit auprès de David, dans les déserts de Ziph,
et lui demanda d'être le second dans son royaume, et de garder sa place auprès
de lui: «Tu régneras sur Israël, et je serai le second après toi, et Saül, mon
père, le sait bien.» Les deux amis ne se revirent plus, et Jonathan mourut sur
la montagne de Guilboah, en combattant avec son père contre les Philistins, 1
Samuel 31:2; 2 Samuel 1:4; 1 Chroniques 10:2. Son nom se retrouve 2 Samuel
1:17; 4:4; 9:7; 21:14. C'est une des figures les plus pures de l'Ancien
Testament; il reste sans tache, guerrier intrépide, tendre ami, fils
respectueux; il est appelé à tous les sacrifices, et consent à tous sans
murmure, donnant sa vie à son père et la couronne à son ami, ne pensant qu'à
ses devoirs et jamais à ses droits, ne pensant qu'au bonheur des autres et
jamais à lui-même.
3. Jonathan,
2 Samuel 15:27; 17:17, fils du grand prêtre Abiathar, fut le premier qui vint
avertir les complices d'Adonija que leurs projets étaient découverts. On ne
sait pas s'il était du nombre des conjurés, ou si, par l'avis qu'il donna, il
voulut sauver seulement la vie de son père, en l'engageant à fuir pendant qu'il
en était temps encore. Lors de la révolte d'Absalon, il était resté fidèle à
David et avait même rempli pour lui une mission difficile, mais une première
fidélité n'en garantit pas une seconde, et l'exemple seul de son père Abiathar suffit
à le prouver.
4. Oncle
de David, scribe et conseiller de ce prince, 1 Chroniques 27:32, renommé pour
sa sagesse.
5. Neveu
de David, et fils de Simha, 1 Samuel 16:9; 1 Chroniques 20:7; 2 Samuel 21:21.
Il tua un géant philistin de Gath, de la race de Rapha, qui avait six doigts à
chaque main et à chaque pied, et qui était venu défier Israël.
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JOPPE,
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très ancienne ville des Philistins, sur les frontières
de la tribu de Dan, Josué 19:46, et sur les bords de la Méditerranée, avec un
port assez connu, quoique peu sûr à cause des rochers qui s'avancent dans la
mer, 2 Chroniques 2:16; Jonas 1:3; Esdras 3:7. Joppe était située dans une
belle plaine, à six milles ouest de Rama, ayant Jamnia au midi et Césarée de
Palestine au nord, à l'extrémité occidentale de la route des montagnes qui
joint Jérusalem et la mer. Elle appartenait à la Syrie aux jours des apôtres;
Tabitha y demeurait, et c'est dans cette ville que Pierre reçut la vision qui
lui annonçait que la distinction entre les Juifs et les Gentils devait cesser,
Actes 9:36; 10:5; 11:5,13. Plus tard elle fut détruite par le général romain
Cestius; ayant été rétablie et étant devenue un repaire de pirates, elle fut de
nouveau rasée par Vespasien, qui fit construire sur ses ruines un château-fort,
et bientôt une jeune ville reparut tout à l'entour. Elle est nommée Jaffa dans
les auteurs du moyen-âge (déjà chez Anne Comnène), et ce nom lui est resté
jusqu'à nos jours; elle compte maintenant 7,000 habitants. Au temps de Jérôme,
on montrait encore le rocher et les marques de la chaîne à laquelle Andromède
avait été attachée, lorsqu'on l'exposa au monstre marin qui devait venir la
dévorer. Ce mythe grec bien connu a sans doute été forgé sur l'histoire de
Jonas, comme d'autres traditions mythologiques qui reposent sur un fondement
historique, et souvent sur des faits de l'histoire sainte.
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JORAM ou Hadoram.
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1. Joram,
ou Hadoram, fils de Tohi, roi d'Hamath en Syrie, 2 Samuel 8:10; 1 Chroniques
18:10, fut envoyé par son père pour féliciter David de la victoire qu'il venait
de remporter sur Hadad-Héser son ennemi (1040 avant J.-C.)
2. Joram,
cinquième roi de Juda, fils aîné de Josaphat, régna huit ans (891-883). Mais
pour concilier les passages 1 Rois 22:24; 2 Rois 1:17; 3:1; 8:17, il faut
admettre que déjà pendant cinq années il avait été associé au trône de son père
comme corégent. Son alliance avec la famille d'Achab par Hathalie, la fille de
Jésabel, l'entraîna dans le péché et l'idolâtrie, et fut une source de maux
pour son royaume, qui eut beaucoup à souffrir par les invasions successives des
Édomites, des Arabes et des Philistins; lui-même fut affligé d'une terrible
maladie, qui dura deux ans et termina ses jours. Il mourut sans être regretté,
et ne fut pas enseveli dans les sépulcres des rois, 2 Rois 8:16-24; 2
Chroniques 21. Quant à la lettre du prophète Élie qui lui fut remise, et dans
laquelle ces châtiments se trouvaient annoncés, 2 Chroniques 21:12-15, il n'est
pas nécessaire de supposer qu'Élie l'eût préparée par une prévision prophétique
avant de quitter la terre, car il vécut certainement pendant une partie du
règne de Joram, comme on peut le conclure de 1 Rois 22:51; cf. 2 Rois 2:11;
1:16-17.
— Quelques auteurs pensent qu'au lieu d'Élie il faut
lire Jéhu.
3. Joram,
neuvième roi d'Israël, second fils d'Achab et de Jézabel, monta sur le trône à
la mort de son frère Achazia, et régna douze ans (896-884). Il n'imita pas
entièrement les égarements de son père, mais n'alla jamais jusqu'à une réforme
véritable de ses mœurs et de celles de son royaume. Il renonça au culte de
Bahal, mais conserva celui des veaux d'or, qui paraît avoir été comme le
fondement de la politique d'Israël, sa base à défaut de la base théocratique.
Les Moabites s'étaient révoltés contre Israël peu de temps après la mort
d'Achab; grâce au secours de Josaphat, roi de Juda, et surtout à celui du
prophète Élisée, dont les divins avertissements le mirent longtemps à même de
déjouer les plans et les projets de ses ennemis, Joram réussit à ramener les
Moabites à l'obéissance. Élisée lui rendit de plus grands services encore dans
ses guerres contre les Syriens, qui envahissaient continuellement ses états,
qui finirent même par assiéger sa capitale Samarie, et lui firent souffrir
toutes les horreurs de la famine (Sermon de Gaussen). Il reçut une grande
blessure dans une de ces campagnes, se retira à Jizréhel pour s'y faire
soigner, laissant son armée sous les ordres de Jéhu, et bientôt après fut
assassiné par ce même Jéhu, que, sur l'ordre de Dieu, Élisée avait oint roi
d'Israël, 2 Rois 3-9. C'est sous le règne de ce prince qu'eut lieu la guérison
miraculeuse de Naaman; d'autres miracles encore, également admirables, ont été
faits sous ses yeux; le ministère et les soins d'Élisée semblaient appeler ce
fils d'Achab à se repentir et à se soustraire ainsi, lui et ses descendants,
aux coups d'un Dieu si puissant, et si terrible quand on l'irrite; mais ces
appels furent vains, Joram ferma les yeux, et sa dynastie, la quatrième
d'Israël, fut vouée à la destruction.
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JORIM,
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fils de Matthat, un des ancêtres de Jésus par Marie,
Luc 3:29, du reste inconnu.
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JOSAPHAT
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(jugement de l'Éternel),
1. le
quatrième roi de Juda, fils et successeur d'Asa, régna vingt-cinq ans
(914-889), et fut certainement l'un des meilleurs princes que ce royaume ait
possédé. Son histoire nous est rapportée avec beaucoup de détails dans le livre
des Chroniques, 2 Chroniques 17-20, dont l'auteur s'est plu à conserver le
souvenir de tout ce que Josaphat fit pour bannir l'idolâtrie et restaurer le
culte du vrai Dieu. Il s'occupa avec zèle d'une bonne organisation de la
justice; il construisit des forteresses, établit des greniers publics, créa des
magasins de blé; en même temps il se rappela l'essentiel, il n'oublia pas de pourvoir
au bien-être spirituel de son peuple, en chargeant des lévites de répandre
partout l'instruction religieuse. Sa piété, sa confiance entière dans le
secours du Dieu de ses pères, se manifesta d'une manière particulière, lorsque,
menacé par une peuplade arabe, il convoqua tout son peuple à un grand jeûne
national, 2 Chroniques 20, qui fut de navire à laisser dans l'âme de tous une
profonde impression. Le succès justifia sa confiance, et il eut le bonheur de
voir triompher ses armes contre les Syriens. Mais, d'un autre côté, l'alliance
et les relations trop intimes qu'il forma avec l'impie Achab, roi d'Israël,
furent de sa part un acte de faiblesse qui ne lui attira que des revers, en
particulier lorsqu'ils entreprirent d'équiper une flotte à frais communs. La
flotte des deux rois réunis fut brisée par une tempête dans le port
d'Hetsjon-Gué-ber, et Josaphat, comprenant cette leçon, refusa, malgré les
instances d'Achab, de renouveler cette entreprise. C'est ainsi que l'on peut
très bien concilier les passages en apparence contradictoires de 1 Rois 22:50;
2 Chroniques 20:35. L'alliance qu'il forma plus tard avec Joram fut plus
heureuse; la campagne qu'ils firent ensemble pour soumettre les Moabites
révoltés fut couronnée de succès, mais Dieu lui montra par des miracles que
c'était à sa faveur seulement, et non point aux forces de son allié, qu'il
était redevable de ses victoires, 1 Rois 22:41; 2 Rois 3:14; 2 Chroniques
17:10. Sa mémoire est restée bénie et respectée, 2 Chroniques 22:9, et l'on
peut dire qu'il fut à la fois homme de bien et homme de talent, vaillant à la
guerre, sage pendant la paix. Juda n'a peut-être joui sous aucun de ses rois
d'autant de bonheur que sous Josaphat.
2. La
vallée de Josaphat, Joël 3:2,12, n'était, dans l'intention du prophète, qu'un
nom allégorique; on a voulu l'expliquer par 2 Chroniques 20:26. Quoi qu'il en
soit de cette explication, la tradition s'est emparée du nom et l'a donné à
cette étroite et rapide vallée qui sépare le temple de Jérusalem de la montagne
des Oliviers, se dirige au sud-est du côté de la mer Morte, et est traversée
par le Cédron qui lui dispute son nom.
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JOSÉ,
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fils d'Éliézer, nommé parmi les ancêtres de Christ et
de Marie, Luc 3:29, est inconnu.
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JOSEB-BASÉBETH,
________________________________________
— Voir: Jasobham.
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JOSEPH
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(accroissement).
1. Le
onzième fils de Jacob, l'aîné de Rachel, Genèse 30:24; 33:2; 37:2; 46:49; 1
Chroniques 2:2; 5:1 (1745 avant J.-C.). Son histoire est de celles qu'il est le
moins nécessaire de raconter, son parce qu'elles sont trop connues, soit parce
qu'elles perdent plus que d'autres à être racontées dans des termes différents
de ceux de la Bible. On se rappelle sa jeunesse, ses dix-sept ans et
l'affection de son père, la jalousie de ses frères, ses rêves singuliers, sa
tunique bigarrée, son arrivée auprès de ses frères à Dothaïm, comment il fut
vendu à des Israélites et revendu à Putiphar, et comment là, après une longue
prospérité, il vit s'ouvrir pour lui les portes de la prison parce qu'il avait
su respecter l'honneur de sa maîtresse, et son honneur à lui-même. Cet honorable
prisonnier devint bientôt comme le geôlier de ses compagnons, et deux officiers
disgraciés de Pharaon apprirent de sa bouche, l'un sa mort, l'autre son
prochain retour en grâce; trois jours après, l'heureux échanson rentrait à la
cour; mais ingrat dans la bonne fortune, il oublia son compagnon de prison, et
deux années s'écoulèrent sans apporter à Joseph aucun changement. Alors Pharaon
songea, ses songes le troublèrent, tous les sages furent consultés inutilement,
et l'échanson se rappela Joseph. «C'est Dieu, et non pas moi, qui expliquera ce
qui concerne a prospérité de Pharaon», répondit le fils de Jacob, que l'on
consultait comme un devin; et avec une sagesse qui lui était donnée d'en haut,
il annonça les sept années d'abondance qui devaient être suivies de sept années
de famine, et invita le roi à se précautionner dans les premières contre les
dernières. Pharaon ne crut pouvoir mieux profiter de révélations aussi
importantes qu'en chargeant Joseph lui-même de l'administration des affaires
publiques, et il le fit son premier ministre (1715 avant J.-C.), en changeant
son nom en celui de Tsaphenath-Pahanéah, qui, dans le haut style de la
chancellerie égyptienne, signifiait le salut du siècle, ou selon saint Jérôme,
le sauveur du monde. Joseph avait alors trente ans; il épousa Asenath, fille de
Potiphérah, qui lui donna deux fils, Éphraïm et Manassé.
Les années de famine avaient commencé, et de toutes
parts on venait acheter du blé en Égypte, lorsqu'un épisode d'une grande
importance vint rendre Joseph à sa famille. Parmi les nombreux marchands
étrangers qui venaient se prosterner aux pieds du sage ministre de l'Égypte,
Joseph, un jour, crut reconnaître ses frères; il ne se trompait pas, un de ses
songes d'enfance venait de s'accomplir. Il ne pouvait penser à se venger d'eux,
il était trop grand de caractère et de position; mais il crut devoir les
éprouver avant de se faire connaître: il leur parla brutalement, les traita en
espions, retint Siméon auprès de lui, exigea la promesse qu'à un prochain
voyage ils amèneraient Benjamin avec eux, et fit remettre l'argent dans leurs
sacs. Après un assez long espace de temps, que les hésitations de Jacob avaient
encore prolongé, Joseph vit revenir auprès de lui ses frères et Benjamin; son
ton fut affectueux et doux, ses paroles furent aimables, il leur rendit Siméon,
et fit préparer pour eux un repas dans sa maison; l'émotion parfois était plus
forte que lui, il eût voulu se jeter au cou de Benjamin; cependant il se
contint, les fils de Jacob avaient encore une épreuve à subir, celle de la
coupe; ils s'en tirèrent à leur honneur, Joseph eut la certitude que le remords
était entré dans le cœur de ces méchants frères, et lorsque Juda se fut offert
en sacrifice à la place de Benjamin, Joseph, hors de lui d'émotion, fit sortir
tout le monde, et s'écria: «Je suis votre frère, je suis Joseph; mon père
vit-il encore?» C'est une scène qu'on ne peut décrire; il semble que chacun y
assiste, que chacun partage l'émotion de Joseph et celle de ses frères,
surpris, heureux et troublés. Des ordres furent aussitôt donnés pour que Jacob
put venir en bonne vieillesse achever ses jours en Égypte, et Pharaon lui-même
s'intéressa à la famille de son premier ministre. Le vieux père ne se fit pas
longtemps attendre, et Joseph, après l'avoir présenté à Pharaon, lui assigna
pour demeure la fertile contrée de Goscen en Rahmésès.
Cependant Joseph ne négligeait pas ses devoirs envers
l'Égypte; il se souvenait qu'il était administrateur et politique, et sa
politique n'étant guère autre que l'autocratie orientale, il mit tous ses soins
à obtenir des Égyptiens, en échange de son blé, leur argent, leurs terres et
leur liberté, pour pouvoir ensuite les administrer comme des fermiers, les
parquer selon que l'intérêt du pays le voulait, et les imposer au profit de la
couronne: la population fut dès lors et pendant longtemps astreinte à
abandonner au roi le cinquième des récoltes, le clergé seul étant exempté, et
le pays fut dans la main du roi.
La fin de Jacob approchait; le patriarche fit
promettre à Joseph que ses os seraient transportés en Palestine et ensevelis
dans le sépulcre d'Abraham; puis Joseph amena auprès du vieillard mourant
Éphraïm et Manassé, vit avec surprise la plus grande bénédiction retomber sur
la tête du plus jeune, entendit le testament prophétique du patriarche à ses
fils, et recueillit son dernier soupir. Après l'avoir fait embaumer, Joseph,
fidèle à sa promesse, conduisit en Canaan, accompagné d'un immense cortège, la
dépouille paternelle, et la déposa dans la grotte de Macpélah près des restes
de ses ancêtres. De retour en Égypte, il dut rassurer ses frères qui
craignaient que ses vengeances, comprimées par la vie de Jacob, n'éclatassent
après sa mort; il pleura avec eux, et leur promit de nouveau tout l'appui de
son crédit en cour et de son affection fraternelle. Sa vie dès lors fut
tranquille et calme, il vit encore ses arrière-petits-fils, et s'endormit à
l'âge de cent-dix ans, après avoir exprimé le vœu d'être ramené dans la terre
promise pour y être enseveli avec ses pères lorsque la postérité de Jacob
quitterait l'Égypte. Moïse se rappela ce vœu de Joseph et Josué fut chargé de
l'exécuter, Exode 13:19; Josué 24:32.
Il est impossible de trouver nulle part, dans tout ce
qui s'est écrit depuis le commencement du monde, un récit plus attachant, plus
émouvant que celui de la vie de Joseph; sans doute, les scènes de la rédemption
sont plus sublimes et plus déchirantes, et bien des enfants, bien des pauvres
sauvages, bien des chrétiens aussi ne peuvent les lire sans pleurer (qu'ils
sont heureux!); mais elles sont trop pures, trop célestes, trop surhumaines
pour que chacun consente à les comprendre; on peut s'y refuser: mais pour les
scènes de Joseph, elles sont tellement à la portée de chacun, si simples, si
naturelles dans leur grandeur, si humaines, que les plus grands ennemis de la
révélation sont contraints d'avouer que tout leur paganisme, et le paganisme
encore plus noble des anciens, n'a rien produit qui puisse être comparé à cet
admirable récit. Aussi, bien des auteurs ont-ils voulu rattacher leur nom à une
imitation de Joseph; la poésie s'en est emparée, et l'art dramatique lui doit
une de ses créations les plus sérieuses et les plus admirables, dont la
musique, peu française de caractère quoique française d'origine, semble
rappeler l'âge théocratique, l'âge des patriarches, l'israélitisme des premiers
temps.
Une chose peut surprendre dans l'histoire de Joseph,
c'est qu'il soit resté vingt-deux ans sans s'enquérir de sa famille, surtout
lorsque sa position le mettait à même de le faire facilement. Il est difficile
de se l'expliquer; on ne peut douter qu'il n'ait souvent désiré de revoir son
père et ses frères, et surtout de rendre à son père le bonheur qu'il avait
perdu; mais à cette époque les relations étaient rares entre les deux pays,
longtemps Joseph fut hors d'état de communiquer avec le dehors; quand il
redevint libre et maître, les soins du gouvernement durent l'absorber; il se
consolait peut-être par la foi qu'il puisait dans les songes de sa jeunesse, et
croyait ne pas devoir hâter un moment que Dieu avait lui-même fixé dans sa
providence; peut-être craignait-il de troubler la paix de sa famille en
révélant après treize ans d'absence le crime de ses frères; et si au contraire
il fit pour retrouver son père des recherches dont il ne nous est pas parlé,
peut-être les voyageurs eurent-ils de la peine à trouver une famille nomade et
sans nom, dont le siège pouvait varier considérablement d'année en année;
peut-être enfin put-il se tenir lui-même au courant de ce qui se passait chez Jacob,
sans vouloir cependant, et sans croire pouvoir lui faire connaître qu'il vivait
encore. Il faut le dire aussi, les sentiments de tous genres n'étaient pas
aussi tendres et efféminés chez ces anciens patriarches que chez nous, et si
les affections de famille sont une des plus douces jouissances qu'il soit
accordé à l'homme de goûter sur la terre, encore doit-on savoir au besoin être
plus fort que ces affections, les dominer au lieu de s'en laisser dominer, et
penser là comme ailleurs au but de la vie et non point à ses jouissances. La
séparation d'Abraham et de Lot, celle d'Abraham et de Nacor, celle d'Isaac et
de Jacob surtout, présentent le même caractère; on voit Jacob avoir été séparé
de son père pendant vingt ans au moins, de 77 à 97 ans, s'être marié, avoir eu
onze ou douze enfants et avoir fait fortune, sans qu'il paraisse s'être
inquiété en aucune façon du sort de sa famille: doit-on l'attribuera un vice
d'organisation, à un manque de développement des sentiments de famille et
d'affection, ou bien à certaine force de caractère qu'on ne peut plus
comprendre de nos jours, qui paraît tout au moins exagérée, et qui est en tout
cas le contre-pied de la sensibilité moderne? Mais comme la Bible ne nous
raconte pas tous les détails de la vie des personnages, nous pouvons croire
aussi qu'il y a eu, entre les absents et leurs familles, des rapports dont il
n'est point parlé, d'autant plus que l'on voit Jacob revenir de chez Laban avec
la nourrice de sa mère.
Le nom de Joseph se retrouve Exode 1:5; Psaumes 105:17;
Jean 4:5; Actes 7:9; Hébreux 11:22. Il sert aussi à désigner quelquefois les
tribus, soit d'Éphraïm, Apocalypse 7:8, soit de Manassé, Nombres 13:12, soit
toutes les deux à la fois, Deutéronome 33:13.
— Voir: Tribu.
2. #3,
et #4...
3. et
#4. Trois hommes du nom de Joseph sont nommés parmi les ancêtres de Jésus et de
Marie, Luc 3:24,26,30; ils sont les uns et les autres inconnus.
4. Joseph,
fils de Jacob, Matthieu 1:16; Luc 1:27; 3:23. Il descendait de la famille de
David, et se fiança avec une jeune parente d'une origine royale comme la
sienne, mais devenue modeste aussi par suite de l'abolition de la royauté.
Divinement averti des choses merveilleuses qui étaient arrivées à Marie, il
renonça à une séparation qu'il avait d'abord cru nécessaire; il continua de
vivre à Nazareth de son métier de charpentier, et se rendit à Bethléem à
l'époque du dénombrement; là il vit les mages adorer Jésus et Siméon saluer
l'enfant de ses bénédictions prophétiques; mais sa surprise s'accrut-quand, au
lieu de la grandeur qu'il pouvait attendre, il se vit obligé, par une vision
divine de s'enfuir, d'abord en Égypte (pendant deux ans?), puis en Galilée,
pour échapper aux cruelles persécutions d'Hérode et de son fils et successeur
Archélaüs. Israélite pieux, Joseph faisait chaque année le pèlerinage de
Jérusalem; c'est dans une de ces courses que Jésus, âgé de douze ans, resta en
arrière dans le temple, et Joseph partagea à son égard les inquiétudes de sa
mère. Dès lors, cet homme qui paraît avoir été humble et doux, disparaît de
l'histoire; on sait qu'il eut de Marie quatre fils et deux filles, Marc 6:3,
mais comme il n'est plus reparlé de lui, tandis qu'il est souvent question de
la mère, des frères et des sœurs de Jésus, on conjecture avec raison qu'il
était mort lorsque son fils adoptif entra dans la carrière publique, et les
paroles de Jésus, Jean 19:27, prouvent qu'au moins à l'époque de la crucifixion
Marie était veuve. Le nom de Joseph se trouve dans les généalogies rapportées
par saint Luc et saint Matthieu; on est généralement d'accord à penser que
celle de Matthieu renferme seule la descendance de Joseph, tandis que celle de
saint Luc renferme celle de Marie; Joseph a été substitué à Marie dans cette
dernière, d'après l'ancien usage de l'Orient et des Hébreux de ne comprendre
dans leurs listes que les hommes, et de nommer le mari comme fils et
descendant, alors même qu'il n'était entré dans la famille que par une
alliance. Il fallait que le Christ fût fils de David, selon la chair par Marie,
et selon la loi par Joseph, son père putatif, en quelque sorte son beau-père
(en anglais, l'expression father in law exprime parfaitement les rapports de
Joseph et du Christ).
5. Joseph
d'Arimathée, Matthieu 27:57; Marc 15:43; Luc 23:50; Jean 19:38, membre du
sanhédrin et ami caché de Jésus, refusa de consentir par son vote à la mort de
Jésus et ne fut point écouté. L'épreuve le manifesta; prudent lorsque rien
n'était à craindre, il ne craignit pas de se compromettre quand il y eut du
danger à le faire, et il demanda à Pilate le droit de rendre les derniers
devoirs à celui dont il avait reconnu, sans la comprendre encore, la mission
divine.
6. Joseph
— Voir: Barsabas.
________________________________________
JOSES,
________________________________________
frère de Jacques, de Simon et de Jude, fils de Marie,
Matthieu 13:55; 27:56; Marc 6:3; 15:40. Ses trois frères devinrent apôtres, et
lui seul ne le devint pas, circonstance remarquable, soit qu'on les regarde
comme fils de Cléopas ou comme fils de Joseph le charpentier, comme les cousins
de Jésus ou comme ses frères. Dans l'un et l'autre cas, les quatre paraissent
avoir été de ceux qui prirent Jésus pour un fou et voulurent s'emparer de lui,
Marc 3:21; on pourrait croire que l'exclusion de Joses tient à ce qu'il s'est
montré, dans cette circonstance, plus violent et plus obstiné que ses frères.
Plus tard cependant, il fut gagné à la vérité comme les autres, et prit part
aux réunions des fidèles après l'ascension, Actes 1:14. On ignore d'ailleurs
s'il y a eu deux Joses, l'un frère, l'autre cousin de Jésus; il arrive souvent
que dans des familles parentes, les enfants portent les mêmes noms. La parenté
de Joses offre sous ce rapport les mêmes difficultés que celles de Jésus et de
Jacques, q.v.
________________________________________
JOSIAS
________________________________________
(le feu de l'Éternel),
1. seizième
roi de Juda, fils et successeur d'Amon, régna trente-et-un ans (642-611), 2
Rois 22 et 23; 2 Chroniques 34 et 35. Il ne suivit point la mauvaise voie de
ses ancêtres, il fit au contraire tous ses efforts pour combattre l'idolâtrie
et réveiller la foi dans son royaume; il fit une guerre acharnée aux autels,
aux hauts lieux, aux bocages, aux idoles de tout genre, détruisant,
démolissant, profanant partout où il les rencontrait les moindres vestiges de
ce culte impie et adultère, ne se contentant pas de demi-mesures, mais résolu
d'exterminer impitoyablement jusqu'à la racine tous ces débris d'importations
étrangères et païennes. Mais s'il fut implacable envers les idées, il fut charitable
envers les hommes, et pourvut à la subsistance de tous ces prêtres auxquels il
enlevait, avec leurs autels, le produit des autels, 2 Rois 23:9. Il ne fit
mettre à mort que les sacrificateurs de Béthel, et peut-être ceux de Samarie,
mais on peut conclure de toute sa conduite que cette exception particulière fut
justifiée aussi par des circonstances particulières, peut-être par une
tentative de soulèvement de leur part. Josias ne borna pas son œuvre
réformatrice à son royaume seulement, il entreprit aussi la réformation
d'Israël et traversa les dix tribus en saint et vaillant triomphateur.
Cependant on voit par les plaintes d'un prophète contemporain, Jérémie 3:6,
qu'il ne réussit pas aussi bien que son cœur l'aurait désiré. Mais une
circonstance providentielle vint encore à son aide: la dix-huitième année de
son règne, les hommes occupés aux réparations du temple retrouvèrent un
exemplaire du Pentateuque, peut-être l'original écrit de la main même de Moïse,
qui avait été pendant longtemps égaré ou négligé, et dont la lecture fit une
grande impression. Les travaux de Josias qui, apparaissent, dit un auteur
allemand, comme un regard du soleil avant la nuit tombante à travers les nuages
d'un soir orageux, ces travaux, et le nom même du réformateur, avaient été déjà
annoncés trois siècles auparavant à Jéroboam, 1 Rois 13:2, et l'oracle accompli
était venu répondre à la longue attente du petit nombre de fidèles qui
n'avaient jamais cessé d'espérer.
Si le règne de Josias fut honorable, il ne fut
cependant qu'une trêve dans les malheurs comme dans les iniquités du peuple; la
prophétesse Hulda, consultée, lui rendit un oracle bien consolant pour
lui-même, bien terrible pour son royaume: des malheurs allaient fondre sur
Juda, et Josias ne devait avoir d'autre consolation que celle de mourir avant
qu'ils arrivassent. Aussi, quoique les jugements de Dieu sur son peuple fussent
bien près de s'exécuter, son règne fut en général heureux et paisible. Il
trouva la mort dans une bataille qu'il livra au roi d'Égypte Pharaon Néco, qui
voulait malgré Josias traverser la Syrie pour porter la guerre en Caldée: cette
bataille est mentionnée par Hérodote 2, 159. On peut s'étonner du rôle que
Josias joua dans cette occasion, et lui-même paraît presque ne pas avoir agi
avec pleine bonne conscience, car il se déguisa pour se mettre à la tête de ses
troupes; cependant on se l'explique par la supposition que ce roi prudent et
pieux était vassal de Nabopolassar, et qu'il dut agir comme sujet fidèle de la
Caldée, et non comme roi de Juda. Ce vasselage, qui comprenait probablement
aussi le royaume d'Israël, pouvait dater du temps de Manassé.
— Le nom de Josias se retrouve encore Sophonie, 1:1.
2. Josias,
contemporain d'Esdras;
— Voir: Heldaï.
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JOSUÉ
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1. (Dieu
est la délivrance), nommé d'abord Osée (délivrance), était fils de Nun, de la
tribu d'Éphraïm; il sortit d'Égypte, le pays de sa naissance, sous la conduite
de Moïse à qui il devait un jour succéder dans le commandement du peuple. Chef
des guerriers au désert, il se distingua d'abord par la défaite des
Hamalécites, Exode 17:9, accompagna Moïse sur le Sinaï, 24:13, fut chargé de la
garde du tabernacle d'assignation, 33:11, et, jaloux des privilèges de son
maître et ami, voulut empêcher des prophètes de prophétiser, Nombres 11:28. Il
fut un des douze espions envoyés en Canaan, Nombres 13:9, et c'est alors que
son nom fut changé pour lui rappeler, à lui et à ses compagnons, qu'il n'y a
qu'une seule délivrance efficace; mais seul avec Caleb, il montra par ses
œuvres la fermeté de sa foi, et seuls ils échappèrent à la sentence de mort
prononcée contre tout Israël (Éléazar et les lévites furent probablement aussi
exceptés). $on courage, ses talents et sa fidélité éprouvée, le firent sans
doute choisir par Moïse pour le remplacer dans la conduite des milliers
d'Israël, et il fut revêtu de l'autorité suprême en présence du peuple et
d'Éléazar le souverain sacrificateur, Nombres 27:18; Deutéronome 31:3. Il reçut
encore les ordres de son maître, Nombres 32:28, entendit avec joie son dernier
cantique de bénédictions, Deutéronome 32:44, et entra sans difficultés dans
l'exercice de ses nouvelles fonctions, Josué 1:1.
Son ministère est inauguré par une vision magnifique,
destinée à lui confirmer de la part de l'Éternel les promesses qui lui ont été
faites par Moïse, et à l'encourager à monter hardiment contre les nations
guerrières et puissantes qu'il a devant les yeux et dont la conquête lui est
assurée. Des espions sont envoyés; sur leur rapport, Josué donne trois jours à
l'armée pour se préparer, les eaux du Jourdain se partagent miraculeusement
pour donner au peuple élu un libre et franc passage dans la terre de la
promesse, un autel s'élève en souvenir de cette consécration solennelle de la
mission de Josué, semblable à celle qu'avait obtenue Moïse dans le lit de la
mer Rouge. Avant de procéder à la conquête de Jérico, les Israélites sont
circoncis; ils célèbrent la Pâque, qu'ils n'ont pas encore célébrée depuis le départ
de l'Égypte, et qu'ils ne devaient pas célébrer non plus, Exode 13:5; enfin la
manne cesse de tomber, et le peuple se nourrit de la nourriture de l'homme et
trouve du grain en abondance, Josué 5:11. Les ennemis d'Israël, quoique
vaillants et résolus à se défendre avec courage contre le petit peuple qui veut
les envahir, deviennent lâches, et leurs cœurs se fondent à l'ouïe des
merveilles que Dieu a faites pour Israël. Une première conquête achève
d'effrayer les anciens habitants de Canaan, et d'encourager les nouveaux; c'est
la prise de Jérico, la clef du pays, la ville forte, la ville aux solides
murailles. Elle tombe devant les cris de joie et d'espérance du peuple, devant
ses promenades solennelles et silencieuses que trouble seulement le bruit éclatant
des trompettes; les murailles s'écroulent, la ville est mise à sac, tout est
égorgé ou brûlé, Rahab seul est épargnée parce qu'elle avait épargné ses hôtes.
De là, sur le rapport de quelques espions, 3,000 hommes sont envoyés contre
Haï; mais Josué avait oublié de consulter l'Éternel, les 3,000 hommes sont
battus, et Dieu révèle à Josué les causes de cette défaite, le péché d'Hacan.
Après le châtiment du coupable, Israël, prêt à faire la volonté de l'Éternel,
peut marcher en avant, Haï est aisément subjuguée, et Dieu permet aux
vainqueurs de se partager les dépouilles au lieu de les mettre à l'interdit.
Cependant les rois de Canaan se réunissent pour combattre l'ennemi commun; les
Gabaonites seuls, usant de ruse, réussissent à se mettre sous la protection
d'Israël, et s'ils deviennent coupeurs de bois et puiseurs d'eau, ils ont au
moins le droit d'habiter en la maison de l'Éternel, et d'être protégés par
Israël dans la mauvaise fortune. Irrités de cette défection, les rois de Canaan
commencent les exploits de leur ligue par le siège de Gabaon, mais là déjà ils
éprouvent les coups de Josué, en même temps que les Gabaonites peuvent se
féliciter de l'alliance qu'ils ont faite: un grand carnage a lieu, les cinq
rois sont mis en fuite, le jour est trop court pour l'achèvement de la
victoire, Josué commande au soleil et à la lune de s'arrêter, et les cinq rois
sont mis à mort au fond de la caverne dans laquelle ils ont cherché leur
refuge. Profitant de ses avantages, Josué assiège plusieurs autres villes cananéennes,
Makkéda, Libna, Lakis, Héglon, Hébron, il saccage tout le pays depuis
Kadés-Barné jusqu'à Gaza, de Goscen jusqu'à Gabaon, et devenu maître de toute
la partie méridionale de Canaan, il rentre triomphant à Guilgal où le peuple
était campé. Une ligue du Nord succéda à la ligue du Midi, Jabin succéda à
Adonitsédec, et malgré leur multitude ils ne furent pas plus heureux, ils ne
s'assemblèrent que pour être détruits d'un seul coup. Josué les chargea à
l'improviste, et les battit tellement qu'il n'en laissa échapper aucun; il
revint de là à Hatsor, qu'il brûla ainsi que toutes les villes d'alentour, et
en fit mourir les enfants, les rois et les chevaux. Mais il fallut quelques
années pour réduire à l'obéissance tout le pays, car ces petits rois se
succédaient les uns aux autres à mesure que Josué en abattait quelques-uns, et
il fallut leur faire la guerre à tous, aucun ne s'étant rendu sans combat. Ce
ne fut donc que six ou sept ans après leur entrée en Canaan que les Israélites
purent commencer le partage des terres, étant maîtres alors de tout le pays, à
l'exception de quelques villes, Gaza, Gath et Asdod, qui étaient restées aux
Hanakins, et de quelques peuplades qui purent conserver longtemps encore leur
indépendance, n'ayant pas été exterminées lorsqu'elles pouvaient l'être, et
comme Dieu avait ordonné à Josué de le faire.
On suppose en général que le sacrifice du mont Hébal
(8:30-35) dont nous avons parlé en son lieu, ne fut célébré qu'alors, une fois
que le peuple put se reposer enfin de ses longues et pénibles guerres. C'est
dans le même temps à peu près que se passa la touchante scène d'une noble
querelle, de franches explications, et d'aimable réconciliation: ce furent des
jours de réveil qui peuvent compter parmi les plus beaux de toute l'histoire d'Israël;
Josué 22.
Deux tribus et demie demeuraient au-delà du Jourdain;
la terre promise devait être partagée entre les autres neuf et demie; ce
partage se fit peut-être au fur et à mesure que le peuple avançait dans le
pays, et proportionnellement à la force et à la population des tribus; les
villes de refuge furent désignées, et les Lévites se virent assigner les lieux
de leur héritage. Lorsque tout fut en règle à cet égard, que les tribus furent
entrées en possession de leur territoire, et que les parts furent faites, Josué
crut pouvoir à son tour se choisir un héritage avec le consentement du peuple,
et il prit Timnath-Sérah en la montagne d'Éphraïm. Servi le dernier, il dut se
contenter encore d'une petite ville peu importante, située dans une contrée moins
favorisée que d'autres, mais il était près de Silo, et le voisinage du saint
lieu ne fut sans doute pas sans influence sur son choix.
Josué avançait en âge, il touchait au terme de sa
carrière, il avait été une lumière ardente et vive; l'Écriture sainte nous
présente peu de caractères qui aient été aussi actifs au service de leur
maître, aussi fidèles dans leur profession, aussi inébranlables dans leur foi;
l'histoire tout entière ne présente aucun conquérant dont les guerres offrent
le même caractère de justice dans le but, et de dépréoccupation personnelle
dans l'exécution. Il mourut comme il avait vécu; sa dernière pensée fut pour la
gloire de son Dieu et pour le bonheur de son peuple. Âgé de cent dix ans, et
voyant approcher son heure, il fit convoquer toute l'assemblée d'Israël, ses
anciens, ses chefs, ses juges et ses officiers, et lui, seul survivant de tous
ceux qui avaient vu la captivité de l'Égypte, seul survivant de tous ceux qui
avaient vu les scènes du désert, gouverneur de vingt-cinq années et vrai
patriarche et roi du peuple, il ne parle à ceux qui l'entourent, ni de lois, ni
de conquêtes, ni d'administration; un mot suffit à ses victoires, et son
discours d'adieu ne suffit pas à leur dire tout ce qu'il voudrait sur les
dangers de l'idolâtrie, et l'importance pour eux tous de rester fidèles à ce
Dieu qui leur avait toujours été fidèle. Peu de temps après, il les rassemble
de nouveau en Sichem pour leur adresser une dernière fois des paroles
d'exhortation, il leur rappelle les merveilles que Dieu a faites en leur
faveur, et les presse de se décider d'une manière franche sur le Dieu qu'ils
veulent adorer: mais pour moi, leur dit-il, pour moi et ma maison, nous
servirons l'Éternel. Alors il traite alliance avec le peuple, lui propose des
ordonnances et des statuts, met par écrit tout ce qui vient de se passer, et
dresse pour monument une grande pierre sous un chêne: puis il s'endort âgé de
cent dix ans, et le peuple qui le pleure et qui n'a plus de chef, l'ensevelit à
Timnath-Sérah dans le lieu de son héritage.
Le nom de ce pieux conquérant se retrouve Juges 1:1;
Néhémie 8:17; Actes 7:45; Hébreux 4:8.
Josué paraît être l'auteur du dernier chapitre du
Deutéronome; quant au livre qui porte son nom, les Juifs le lui attribuent
assez ordinairement; cependant il ne paraît pas qu'il en soit l'auteur: les uns
y voient un extrait du livre de Jahzer ou du Droiturier, Josué 10:13; d'autres
pensent qu'il a été composé par Éléazar le souverain pontife, contemporain de
Josué; d'autres enfin supposent, avec vraisemblance, que Josué a écrit quelques
mémoires détachés, qui ont été plus tard réunis, complétés, et rédigés par un
prophète, Esdras par exemple,
— Voir: Hævernick's Einleitung.
La célèbre station du soleil et de la lune, qui a été
l'objet de tant de plaisanteries, d'explications, de doutes et d'hypothèses,
forme la principale difficulté de l'histoire de Josué, et l'une des plus
grandes de la révélation tout entière. On a essayé des traductions différentes
du texte, on a imputé à la poésie des paroles qui appartiennent à la prose, on
a fait de l'armée des cieux une armée terrestre, du soleil qui brille au
firmament l'étendard d'une des compagnies de Josué, de la reine des nuits le
drapeau d'un autre corps d'armée, des paroles prophétiques de Josué un ordre
stratégique donné à ces compagnies de se poster, l'une sur Gabaon, l'autre sur
les hauteurs qui dominent la vallée d'Ajalon. Ces diverses tentatives, toutes
plus ou moins hasardées, toutes forcées, car l'interprétation littérale est la
seule naturelle, doivent leur naissance aux nombreuses objections, aux
difficultés réelles que soulève le récit biblique dès qu'on le prend à la
lettre. Nous n'appellerons pas sérieuse l'objection tirée du langage même de
Josué, qui paraît supposer le mouvement du soleil, et non la rotation de la
terre. Josué parle comme tout le monde, comme les plus savants, comme
l'Annuaire du Bureau des longitudes; tout le monde dit: Le lever, et le coucher
du soleil. Et, comme Chaubard le fait remarquer, l'ordre de s'arrêter, donné simultanément
au soleil et à la lune, non seulement ferait supposer, mais prouve même que
Josué, ou celui qui lui dictait ses paroles, ne confondait point à cet égard
l'apparence avec la réalité. Mais on peut regarder comme sérieuses les trois
objections suivantes, auxquelles nous répondrons en peu de mots:
a. Si
la terre s'est réellement arrêtée, tout ce qui était alors debout,
principalement dans les zones torride et tempérées, arbres, maisons, hommes,
animaux, doit avoir été à l'instant même renversé et brisé par la violence du
choc de l'atmosphère.
— Oui, si l'atmosphère ne s'est point arrêtée avec la
terre; non, si au contraire l'atmosphère, qui fait en quelque sorte partie
intégrante du globe, s'est arrêtée avec lui; non, surtout, si l'arrêt, au lieu d'être
subit, a été graduel.
b. Il
répugne d'admettre comme historique un passage dont on s'est autorisé pour
condamner Galilée et le véritable système du monde.
— Sans doute; mais comme ce passage n'a été qu'un
prétexte mal compris, on aurait tort de conclure de l'abus contre l'usage,
c. Mais
la plus grave objection, c'est que, d'après le récit biblique, ce dérangement
du système de l'univers, ce bouleversement de toutes les lois du mouvement des
corps célestes, ce cataclysme général, n'aurait eu lieu que pour donner aux
Israélites le temps de consommer la déroute de leurs ennemis, lorsqu'il y
aurait eu une foule d'autres moyens moins effrayants, moins effroyables, pour
obtenir le même résultat.
— Les réponses à cette objection sont faibles, du
moins à notre point de vue. On peut dire que Dieu subordonnait la terre entière
aux succès de son peuple, comme il subordonne à notre globe le récit de la
création tout entière; que la prise de possession des Israélites devait être
marquée par des signes dans le ciel et sur la terre; que Dieu se proposait
peut-être de détruire une partie du monde d'alors par un déluge partiel (—
Voir: plus bas), et que les deux faits ont coïncidé; que dans la bouche de
Josué, inspiré de l'Esprit de Dieu, ces paroles sont moins un ordre qu'une
proclamation; qu'il se borne à annoncer le fait que Dieu lui a révélé; que,
dans tous les cas, les historiens juifs sont bien excusables d'avoir attribué à
une intervention de Dieu en leur faveur le prolongement de jour qui leur a
assuré la victoire, etc. Mais si ces réponses sont faibles, nous pouvons
demander aussi quelles conclusions l'on veut tirer de l'objection. En
conclura-t-on que la station du soleil et le double jour qui en est résulté
soient des faits imaginaires? Ici nous en appelons à la géologie, et nous
trouvons une fois de plus, que le plus ancien de tous les livres en est aussi
le plus vrai, à quelque point de vue qu'on le considère, et que la science ne
mérite son nom que lorsque ses progrès l'ont conduite jusqu'à rendre témoignage
à la révélation.
Si la terre s'est réellement arrêtée, que le temps
d'arrêt ait été de 40 secondes, ou de 18 minutes, peu importe (— Voir: Gaussen,
Théopneustie, p. 360, sq.), l'immensité des eaux de la mer a dû nécessairement
continuer le mouvement qui lui était commun avec le globe, et se déverser ainsi
sur les continents; et, en second lieu, le globe cessant d'être sollicité à
s'aplatir vers les pôles par la rotation, a dû tendre à reprendre sa forme,
sphérique originelle, se renfler vers les pôles, se rétrécir à l'équateur; de
là des convulsions, des tremblements de terre, des ruptures. Or, la géologie et
les traditions rendent témoignage de ce double phénomène. Les spécialistes négligent toutefois que la terre est stationnaire dans
l’espace, elle est fixe et stable, elle ne bouge pas comme le reste des corps
célestes ou planètes, elle ne tourne aucunement sur elle-même ni autour du
soleil. La Bible ne dit aucunement que la terre cessa sa rotation, mais que ce
fut plutôt le soleil qui entra dans cette phase temporaire due à une
intervention divine.
La tradition: en effet, le déluge de Deucalion, selon
la chronologie vulgaire, remonte à l'an du monde 2504 environ; Josué, né l'an
2460, aurait eu alors quarante-quatre ans (il était certainement plus âgé, mais
lorsqu'il s'agit de déluges, et dans des temps où l'art des dates n'était pas
très avancé, l'on doit se contenter de dates qui concordent à un demi-siècle
près); la coïncidence entre ces deux événements paraît prouvée; on peut en dire
autant du déluge d'Ogygès, appelé aussi Ogygus, et peut-être le même que
l'Augias des fables grecques, dont Hercule nettoya les étables par une
inondation. Platon, dans son Timée, fait intervenir des prêtres égyptiens, qui
reprochent aux Grecs de ne parler jamais que d'un seul déluge, alors qu'il y en
a eu plusieurs, «un déluge, entre autres, accompagné de tremblements de terre,
qui dura l'espace d'un jour et d'une nuit (24 heures),... et engouffra
l'Atlantide elle-même, qui disparut entièrement, abîmée sous les flots», etc.
Le long jour des Hébreux se retrouve encore sous le déguisement d'une double
nuit, dans les traditions des Latins et des Grecs, qui l'attribuèrent aux
voluptueux caprices de Jupiter (Ovid. Amor. 1, 13. Prop. 2, 22. Lucain, Phars.
6). La double nuit correspond au double jour si, comme on va le voir, la
station de la terre a eu lieu peu après le lever du soleil; alors il devait
encore faire nuit chez les Grecs, et la variante de la tradition prouve, mieux
que ne ferait son entier accord, la réalité même du fait.
La géologie, avons-nous dit, rend témoignage à
l'histoire. Au moins on a constaté une formation de terrains tertiaires de
transports dont on a été longtemps avant de reconnaître le caractère spécial,
et qu'on ne peut expliquer que par une inondation violente, subite, courte,
générale, mais partout partielle, dirigée de l'occident à l'orient, et parfois,
par suite de circonstances particulières, du nord-ouest au sud-est, beaucoup
plus forte vers l'équateur que vers les pôles, autant de caractères qui ne
s'expliquent que par une suspension momentanée du mouvement de rotation du
globe. Cette formation, confondue tantôt avec les terrains secondaires
supérieurs, tantôt avec les alluvions modernes qui se forment sous nos yeux,
comprend les grands dépôts de sable de l'Afrique occidentale (Sahara, etc.),
des côtes occidentales et boréales de l'Europe et de la Nouvelle-Hollande, les
dépôts arénacés de la Sibérie, avec les gros quadrupèdes qui y ont conservé
leurs poils et leur peau, les brèches coquillières ou falun, les brèches
osseuses du calcaire jurassique, les cavernes à ossements du même dépôt; les
coquillages bivalves qu'on y rencontre y sont entassés sans ordre, tandis que
dans les autres formations ils sont toujours dans leur position naturelle,
c'est-à-dire, leur valve supérieure en haut. Ce fait démontre la soudaineté et
la brièveté de la catastrophe. Les forêts souterraines qu'on trouve ensevelies
sous les sables de la Russie septentrionale sont dirigées du nord-ouest au
sud-est; enfin l'on voit en Auvergne des produits volcaniques et
pseudo-volcaniques, alternant avec les sables et graviers qui recouvrent les
formations secondaires les plus récentes de ces contrées, et l'on a reconnu
parmi les fossiles carbonisés, au-dessous d'un de ces amas volcaniques, une
planche travaillée par la main de l'homme (à Boutaresse), ce qui semble faire
remonter à une date comparativement peu ancienne l'amas de ces terres sableuses
et crétacées, et le gisement de cette formation.
Ces faits qui rendent plausible, probable, et même
nécessaire, l'interruption momentanée du mouvement de rotation de la terre, ces
faits dont le souvenir s'est conservé ailleurs que chez les Hébreux, et qui
semblent écrits sur les ruines qui couvrent la surface du globe, sont
développés dans les Éléments de géologie du modeste et savant Chaubard (1833),
de manière à ne laisser presque aucun doute dans l'esprit. Il nous a paru
convenable d'en reproduire les traits principaux, à cause de l'importance du
sujet, et de l'invraisemblance apparente du miracle. La station de la terre se
place donc, comme phénomène, sur le même rang que le phénomène de la création
et celui du déluge, et si sa cause nous paraît moins digne du but, nous
répondrons encore avec Chaubard: Quelles conclusions veut-on en tirer?
Ajoutons, d'après le même géologue:
d. que
Josué se trouvait vers la position de Beth-Horon-la-Basse au moment où le
soleil suspendit sa course;
e. que,
vu de là, le soleil avait en ce moment 24° 10' environ d'amplitude ortive nord;
f. que
ce jour est postérieur au 20 mars et antérieur au 24 juillet; Chaubard le fixe
au 5 juillet environ; la lune devait se trouver dans son troisième quartier;
g. enfin,
que le soleil n'était levé que depuis 26 ou 27 minutes lorsqu'il s'est arrêté.
Voir sur l'ensemble de cette question Chaubard, Élém.,
p. 267-334. La géologie renferme encore tant de mystères que l'on ne saurait
rien affirmer; chaque savant présente son système, et nous commande le doute
par son absolutisme même. Il suffit d'ouvrir un ouvrage quelconque pour s'en
convaincre. Le travail de Chaubard nous a paru ne pas répondre à tout d'une
manière satisfaisante, mais il a le grand mérite d'être simple, sans
prétentions, naturel, et de se rapprocher de la révélation plus que tous les
autres systèmes, ce qui est une garantie contre l'erreur, car c'est toujours là
qu'il faut en revenir. Ce qu'il dit des terrains de la dernière formation est
d'ailleurs plus fort et plus solide que les raisons qu'il allègue pour
expliquer les formations précédentes.
2. Josué
de Bethsémès, 1 Samuel 6:14. C'est au milieu de son champ que s'arrêtèrent les
jeunes vaches que les Philistins avaient attelées au char qui devait emmener du
milieu d'eux l'arche sainte. Les deux génisses furent offertes en holocauste à
l'endroit même où elles s'étaient arrêtées, mais l'indiscrète curiosité des
Betbsémites donna à ce lieu un renom de malheur, à cause de la plaie soudaine
qui fut leur châtiment.
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JOTBA,
________________________________________
— Voir: Jatba.
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JOTHAM,
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1. le
plus jeune des fils de Gédéon, et celui qui échappa seul au massacre de toute
la famille, ordonné par Abimélec, Juges 9:5. Il est connu par la fable qu'il
raconta aux gens de Sichem, la première fable que l'on découvre dans toute
l'antiquité, et qui prend place deux siècles au moins avant le grand fabuliste
de l'Orient: cette fable de l'égoïsme puni se distingue par son élégance, sa
poésie, et la justesse de son application. Jotham ne tira, du reste, pas
d'autre vengeance des Sichémites qui avaient abandonné la famille de son père,
et il s'enfuit en diligence à Béer entre Jérusalem et Béthel.
2. Jotham,
onzième roi de Juda, fils et successeur d'Hozias, occupa le trône pendant seize
ans (759-743). Il fit le bien devant l'Éternel, sans pouvoir cependant extirper
l'idolâtrie de Juda, 2 Rois 15:33; cf. 2 Chroniques 27:2. La nation seule fut
coupable du bien qu'elle empêcha le roi de faire, et Jotham eut un règne prospère
et florissant: il pourvut à la sûreté du royaume par la construction de places
fortes, et agrandit la porte principale du temple. Au dehors ses armes
triomphèrent des Hammonites, et il en reçut pendant trois années un riche
tribut en argent et en blé. Il mourut en paix, et fut enseveli dans les
sépulcres de ses pères. Son nom se retrouve Ésaïe 1:1; 7:1; Osée 1:1; Michée
1:1; 1 Chroniques 5:17; Matthieu 1:9. Son avènement au trône fut marqué par le
commencement du ministère d'Ésaïe, qui fut son contemporain, ainsi que Osée et
Michée.
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JOTSADAK,
________________________________________
— Voir: Jéhotsadak.
________________________________________
JOUR.
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Les Hébreux comptaient leurs jours d'un coucher de
soleil à l'autre, selon le commandement de Moïse, Lévitique 23:32. Les Romains
avaient deux sortes de jours avec des noms différents, le jour civil et le jour
naturel: le premier était le même que chez nous; le second, qui était celui de
la vie ordinaire, commençait à six heures du matin, et finissait à six heures
du soir. Le jour civil des Juifs variait en longueur, suivant les saisons de
l'année, mais était toujours partagé en douze parties ou heures, Jean 11:9, qui
devaient elles-mêmes varier considérablement, puisque les plus longs jours
allaient jusqu'à 14 heures 12 minutes, tandis que les plus courts ne comptaient
que 9 heures 48 minutes, et que la différence était ainsi de 4 heures 28
minutes. Il ne paraît pas du reste que les Hébreux, avant l'exil, aient connu
d'autres divisions du jour que la division naturelle du matin, du midi, Genèse
43:16. Deutéronome 28:29, et du soir; on peut y joindre encore l'aurore et le
crépuscule: c'est des Babyloniens qu'ils ont pris, comme les Grecs aussi,
d'après Hérodote 2, 109, la division du jour en 12 heures, Daniel 4:19; 5:5,
division qui fut dès lors généralement adoptée et qu'on retrouve dans le
Nouveau Testament. C'est à la même époque probablement que remonte aussi la
division du jour en quatre parties, et celle de la nuit en quatre veilles, q.v.
— Quant aux jours de fête,
— Voir: Fêtes.
C'est par journées de chemin que les premiers
patriarches, et même les Juifs postérieurs, jusqu'après les temps de l'exil,
appréciaient les distances, Genèse 30:36; 31:23; Exode 3:18; 5:3; Nombres
10:33; 33:8; Deutéronome 1:2; 1 Rois 19:4; 2 Rois 3:9; Jonas 3:3; cf. 1
Maccabées 5:24; 7:45; Tobie 6:1. La même expression se retrouve encore dans le
Nouveau Testament, Luc 2:44, et dans Flavius Josèphe. Dans les anciens temps
cette manière sommaire de mesurer l'éloignement de deux villes était la plus
ordinaire, peut-être la seule, comme elle est encore en usage de nos jours chez
les Arabes et les Perses; mais sous le point de vue géographique c'est une évaluation
sans valeur, les journées des caravanes variant aisément de 6 à 12 lieues; la
journée moyenne est évaluée à 7 lieues; Hérodote, 4, 101, qui a donnée à la
journée moyenne le chiffre le plus élevé, lui donne 200 stades ou 8 lieues.
________________________________________
JOURDAIN,
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le plus grand fleuve de la Palestine. Son nom (en
hébreu, Jarden ou Yarden) vient, selon les uns de yeor ou yôr, qui signifie
fleuve, et Den ou Dan, fleuve qui a sa source près de Dan; selon les autres, et
avec plus de probabilité, de yarad, descendre, couler avec impétuosité (comme
en allemand Rhein, le Rhin, vient de rinnen, couler). Il a plusieurs sources,
dont deux principales; l'une est l'Hasbény ou Hasbéya, ruisseau qui parcourt la
haute vallée de l'Hermon sur un sol noir, basaltique et poreux; l'autre est le
Banjas, qui sort d'une grotte profonde au pied des flancs boisés de l'Hermon,
dans une belle et pittoresque contrée; ce second ruisseau, dont les eaux
arrivent, dit-on, du lac de Thiala par des canaux souterrains, acquiert
immédiatement une largeur considérable. Le Banjas est le bras le plus
considérable du Jourdain: il se réunit, quelques lieues plus bas, à l'Hasbény
et à plusieurs autres ruisseaux qui descendent de tous les côtés, et forme le
lac Mérom, dont les rives sont marécageuses. Lorsque les eaux sont hautes, à
l'époque de la fonte des neiges, ce lac remplit la vallée presque entière, sur
une largeur de trois lieues; en d'autres temps, au contraire, il n'est plus qu'un
marais, ou parfois même il se dessèche et disparaît presque complètement
(Seetzen). Alors des roseaux, le papyrus et d'autres plantes aquatiques,
croissent sur son sol noir et gras, et des bêtes sauvages, des sangliers et des
serpents y cherchent leur demeure. De là la vallée se rétrécit extrêmement, et
le Jourdain parcourt 25 kilomètres environ, avec une très grande rapidité,
entre le bras est de l'Hermon et les montagnes de Nephthali. (À deux kilomètres
au-dessous du lac Mérom est un pont qu'une tradition inexacte a nommé pont de
Jacob). Après une quarantaine de kilomètres il entre dans le lac de Génésareth,
qu'il alimente et d'où il ressort 25 kilomètres plus bas. Son cours se
régularise alors, et l'espace de 100 kilomètres environ il marche du nord au
sud, presque parallèlement à la Méditerranée, dans une vallée chaude et
profonde appelée la grande vallée du Jourdain (arabe, El Ghor), très étroite
d'abord, mais qui s'élargit vers le midi. Les deux parois de montagnes qui
forment cette vallée ne présentent aucune interruption sensible, et, comme le
Jura du côté de la Suisse, elles semblent dans le lointain être de hautes
murailles d'un bleu à la fois mat et foncé. La chaîne orientale est la plus
élevée, la plus continue et la plus uniforme. La vallée du Ghor se divise en
trois parties: la supérieure, qui participe à la nature du lac de Tibériade; la
moyenne, dont la largeur est de 7 à 8 kilomètres, et qui présente de beaux
pâturages, quelques habitations et quelques ruines; enfin le Ghor inférieur, qui
participe à la nature de la mer Morte; sa largeur est de 20 kilomètres; il
comprend la campagne de Moab, sur la rive orientale, Nombres 22:1; 26:3,63;
33:48, et celle de Jérico, Josué 4:13; 5:10, sur la rive occidentale. La
largeur et la profondeur du Jourdain varient beaucoup, suivant les lieux et les
saisons de l'année. À son entrée dans le lac Mérom on évaluera largeur à 20
pas, à 80 lorsqu'il sort du lac de Génésareth, de 60-90 pieds près de Jérico,
de 2 à 300 à son embouchure dans la mer Morte; sa profondeur près de Jérico est
de 5 à 6 coudées; elle n'est que de 6 ou 7 pieds à 800 pas au sud de la mer de
Tibériade, et en été seulement de 3 pieds. (Ces diverses mesures sont prises
dans divers ouvrages; on craindrait, en les réduisant à l'unité, de commettre
des erreurs, les mots pieds, pas, coudées, etc., n'ayant pas toujours la même
valeur). Le Jourdain est poissonneux, ses rives sont couvertes d'arbres et de
roseaux, de joncs, de cannes et de saules; ses eaux sont troubles et jaunâtres,
plutôt tièdes que froides, mais potables et pouvant se conserver assez
facilement.
— L'Écriture sainte parle du Jourdain en près de deux
cents endroits: on sait les miracles dont ce fleuve a été le témoin, le partage
de ses eaux sous Josué, 3:13; comment Élie et Élisée le passèrent à sec, 2 Rois
2:8; comment le fer de la hache surnagea, 2 Rois 6:6-7, et la descente du saint
Esprit sur notre Sauveur lors de son baptême, Matthieu 3:16;
— Voir: encore Genèse 14:14-20; cf. Psaumes 110:4;
Hébreux 5:6,10; 7:1-4.
— Nombres 23:24-25; 31:12; cf. Apocalypse 2:14.
— Josué 1:2,14; Jérémie 12:5; 49:19; 50:44; Zacharie
11:3.
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JOZABAD et Jozacar ou Jéhozabad,
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et Jozacar ou Zabad, fils, le, premier d'une Moabite,
le second d'une Hammonite, tous deux prosélytes, assassinèrent Joas sur son
lit, pour venger la mort de Zacharie, et furent mis à mort eux-mêmes par
Amatsia, fils et successeur de Joas, 2 Rois 12:21; 14:5; 2 Chroniques 24:26;
25:3.
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JUBAL,
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Genèse 4:21, fils de Lémec et de Hada, et frère de
Jabal. Il inventa, disent nos versions, le violon et les orgues, ou, d'une
manière plus générale et sans pouvoir préciser davantage, les instruments à
cordes et les instruments à vent, peut-être une espèce de guitare et une sorte
d'harmonica. Chez tous les peuples, l'invention de ces instruments de musique
remonte à une haute antiquité, et l'on aime assez à l'attribuer à quelque personnage
important; c'est ainsi que les Grecs ont leur Apollon, dont le nom n'est pas
sans quelque rapport étymologique avec celui de Jubal. Remarquons encore
combien la découverte de cet art, si difficile en même temps qu'il est si
naturel, touche de près à l'époque où les premiers métiers utiles ont commencé
d'être inventés, combien l'agréable et l'utile ont aimé à marcher de front dans
l'histoire du développement de l'humanité.
Selon l'étymologie, le nom Jubal signifie «une
source», nous indiquant qu'il fut la source de ceux qui manipulent le
retentissement de la sensualité dans le but de séduire les enfants de Dieu.
— Voir: Musique.
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JUBILÉ,
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— Voir: Année du Jubilé.
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JUCAL,
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— Voir: Jéhucal.
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JUDA.
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1. Le
quatrième fils de Jacob et de Léa, Genèse 29:35; 35:23; 37:26; 1 Chroniques
2:1; Matthieu 1:2; Luc, 3:33 (1755 avant J.-C.). Ce fut lui qui sauva la vie de
Joseph, et qui conseilla de le vendre au lieu de le tuer. Après un si grand
crime, l'union ne pouvait plus exister parmi des frères aussi jalousement
haineux. Juda s'éloigna de sa famille, et vint demeurer à Hadullam. Il y fit la
connaissance d'une Cananéenne, nommée Suah, qu'il épousa, et dont il eut trois
fils. Il maria successivement les deux aînés à une jeune fille, Tamar, idolâtre
comme Suah, et, après leur mort, il la destina encore pour épouse à Séla, le
plus jeune de ses fils; mais il tardait à accomplir ce mariage, soit que Séla
fût trop jeune, soit plutôt que Juda craignît pour son cadet un sort semblable
à celui des deux aînés. En attendant, il devint veuf; quand les jours de son
deuil furent écoulés, il se rendit à Timnath, non loin d'Hadullam, et, ayant
rencontré une femme qu'il prit pour une prostituée, il vint vers elle, lui
promit un chevreau, et lui donna des gages. Bientôt après, on lui rapporta que
Tamar, sa belle-fille, était enceinte; qu'elle avait violé la foi promise à
Séla, qu'elle était adultère: le supplice du feu, en usage contre ce crime
parmi les anciens peuples (Juges 15:6), est impitoyablement prononcé par Juda
contre Tamar; mais il doit révoquer sa sentence lorsqu'elle lui prouve, en lui
montrant les gages qu'elle a reçus de lui, que c'est de lui-même que lui vient
son déshonneur. Cette honteuse histoire se lit au 38e chapitre de la Genèse,
triste épisode dans une vie qui a eu des moments sublimes à côté de beaucoup de
faiblesses et de lâchetés. On ignore à quelle époque on en doit placer le
commencement et la fin; il est probable que, lors de la vente de Joseph aux
Ismaélites, Juda était déjà marié; car, depuis ce moment jusqu'à la reconnaissance
de Joseph en Égypte, il ne se passa que vingt-deux ans, temps qui serait trop
court pour comprendre toute l'histoire de Suah et de Tamar, le mariage de Juda,
la naissance de trois fils, et le mariage possible de son cadet; or, lors du
voyage d'Égypte, tout cet épisode est terminé. Sur le mariage successif d'une
femme à trois frères, cf. Deutéronome 25:5. L'impression que ce récit laisse
dans le cœur est un dégoût profond, une sorte de mépris pour la licence
effrénée d'une époque pareille,
— Voir: Grandpierre, Essais sur le Pentateuque.
Nous ne voudrions pas avoir parmi nos ancêtres le fils
illégitime d'un beau-père et de sa belle-fille; mais Jésus ne l'a pas craint:
il est descendu en ligne directe de ce Phares, l'un des deux jumeaux de Juda et
de Tamar.
À l'époque de la famine, on trouve de nouveau Juda
réuni à son père et à ses frères, Genèse 43:3. C'est lui qui décide Jacob à
laisser venir avec eux Benjamin; c'est lui qui porte la parole devant Joseph,
quand il voit Benjamin sur le point d'être retenu comme esclave; c'est enfin
lui qui vient annoncer à Joseph l'arrivée de son père.
Juda, qui paraît avoir hérité du droit d'aînesse, en
suite de l'inceste de Ruben avec Bilha, et de la violence de Siméon et de Lévi
contre les Sichémites, est le chef de la plus grande des tribus d'Israël. On la
voit la plus nombreuse dès le temps de Moïse, Nombres 1:26-27, marchant dans le
désert à la tête des autres, Nombres 2:3; 10:14, et s'avançant la première au
combat. Juges 1:2; 20:18, comme elle figure aussi la première dans
l'énumération de 1 Chroniques 12:24. Son territoire s'étendait, à l'est,
jusqu'à la mer Morte; à l'ouest, jusqu'à la Méditerranée; au sud, il allait de
l'extrémité de la mer Morte au ruisseau d'Égypte; au nord, de l'autre extrémité
de la même mer jusqu'à Jamné, par la vallée du Cédron et par Kiriath-Jéharim.
Juda était donc, par sa position, le défenseur naturel des frontières
méridionales du pays contre les Philistins, les Hamalécites, les Édomites et
l'Égypte. Il reçut en partage 115 villes: dont 29 dans des contrées inconnues,
voisines d'Hamalek et d'Édom, dans le pays du midi; 42 dans la plaine, depuis
le pied des montagnes du plateau à la Méditerranée; 38 sur la montagne ou sur
le plateau, et 6 dans le désert qui est à l'ouest de la mer Morte. Quoiqu'il en
ait cédé plusieurs à Siméon, à Dan et à Benjamin, son territoire resta
cependant encore plus grand qu'aucun autre, à l'exception peut-être de celui de
Manassé. Il combattit longtemps contre les Cananéens de son territoire, contre
les Philistins, les Iduméens et les autres peuples voisins, avant que de les
soumettre entièrement. Ses ennemis étaient plus redoutables encore que ceux de
Manassé, et ses frontières plus importantes que celles de l'Hauran, mais il en
vint à bout; la prière de Moïse fut exaucée: «0 Éternel, écoute la voix de
Juda! que ses mains lui suffisent, et sois-lui en aide contre tous ses
ennemis!» (Deutéronome 33:7) Les prédictions du vieux Jacob s'accomplissaient
aussi: «Juda, est un faon de lion; il s'est couché comme un lion qui est en sa
force, comme un vieux lion; qui le réveillera?
— Sa main a été (sous David) sur le collet de ses
ennemis, et (depuis la royauté davidique), ses frères se sont prosternés devant
lui», Genèse 49:8. Juda habitait un pays de vignobles, et ses déserts même
étaient de bons pâturages, selon ce que Jacob avait annoncé (ibid. 11 et 12)
«Il attache à la vigne son ânon, et au cep excellent le petit de son ânesse; il
lave son vêtement dans le vin, et son manteau dans le sang des grappes; il a les
yeux vermeils de vin, et les dents blanches de lait.»
Après la mort de Saül, la tribu de Juda se sépara des
onze autres, et reconnut seule la royauté de David, alors âgé de trente ans,
pendant qu'Is-Boseth, fils de Saül, régnait sur tout le reste du pays. Juda
soutint son roi les armes à la main, et vit, au bout de sept ans et demi, son
parti victorieux et les tribus ennemies se réunir à lui: cette vaillante tribu
devint ainsi la première du royaume en influence; elle conserva ses avantages,
et David y fixa sa résidence. Mais celle d'Éphraïm ne put voir sans jalousie ce
triomphe qui assurait à une autre tribu la prépondérance à laquelle elle avait
toujours aspiré; et, profitant du mécontentement qui s'était manifesté chez
plusieurs tribus sous le règne de Salomon, et qu'elle s'était sans doute
appliquée à entretenir, elle se mit à leur tête à la mort de ce monarque, et,
ne pouvant réunir à elle le royaume tout entier, elle proclama la division du
Royaume en deux parties, dont l'une fut appelée, de son nom, royaume d'Éphraïm
(quelquefois, mais improprement, royaume d'Israël), et l'autre, royaume de
Juda.
Deux tribus seules, celles de Juda et de Benjamin,
composèrent le royaume de Juda; il faut y joindre cependant aussi quelques
villes de Dan et de Siméon, 2 Chroniques 11:10; 1 Rois 19:3. Mais si ce royaume
fut petit, il n'en resta pas moins le plus important des deux, non seulement
parce qu'il avait à sa tête la dynastie légitime, la royauté davidique, mais
encore parce qu'il renfermait la plus grande ville de toute la Palestine,
Jérusalem, et le temple et le tabernacle, seul sanctuaire vers lequel pussent
se tourner les Juifs pieux et fidèles du royaume des dix tribus; enfin, Juda
commandait à l'Idumée, dont les ports lui étaient assujettis, et pouvaient être
pour lui d'une grande utilité militaire ou commerciale; mais il ne sut pas
toujours profiter de ses avantages. La faiblesse numérique du royaume de Juda
ressort de ce qui est dit, 1 Rois 12:21, que Roboam, voulant attaquer Jéroboam,
ne put mettre sur pied que 180,000 hommes, chiffre bien peu considérable quand
on se rappelle ce que nous avons dit des armées de ces anciens temps; on voit
encore, par 2 Rois 14:9, l'immense différence que le roi d'Israël mettait entre
sa puissance et celle de Juda. Mais, dans l'esprit du peuple, la dynastie de
Juda fut toujours considérée comme la légitime, tandis que celle d'Israël était
sortie d'une révolution, et n'avait pas pour elle ce droit divin que, seule
parmi toutes les dynasties qui ont existé, celle de David a pu revendiquer à
juste titre; les prophètes n'ont pas manqué de relever toujours cette
légitimité du royaume de Juda. Sans doute, un prophète prédit à Jéroboam son
avènement au trône d'Israël, et lui annonça même qu'il serait béni s'il était
fidèle; mais une prédiction n'est pas une autorisation;
— Voir: d'ailleurs 1 Rois 14:14.
Jéhu même, nouvel usurpateur, fut également consacré
roi d'Israël par un prophète, 2 Rois 9:1, sq., et la dynastie de Jéroboam tomba
comme elle s'était élevée.
Le royaume de Juda était garanti, à l'orient, par de
puissantes frontières naturelles, contre ses ennemis extérieurs; mais, des
trois autres côtés, il était presque sans défense. Sa durée, jusqu'à sa
destruction par les Babyloniens, a été, d'après les calculs les plus exacts, de
387 ou 388 ans (Ézéchiel, 4:5, en nombres ronds dit 390), c'est-à-dire de
975-588 avant J.-C. Les chiffres indiqués dans les livres historiques pour le
règne de chaque roi porteraient la somme totale des années à 393 ans et six
mois; mais les années n'étant pas toujours complètes, il est bien facile de
réduire ce chiffre à celui de 387 sans altérer la justesse des calculs. Voici
la liste de ces vingt rois:
Roboam
Abijam
Asa
Josaphat
Joram
Achazia
Hathalie
Joas
Amatsia
Hosias
Jotham
Achaz
Ézéchias
Manassé
Amon
Josias
Joachaz
Jéhojakim
Jéhojachin
Sédécias régna
17 ans
régna 3 ans
régna 41 ans
régna 25 ans
régna 8 ans
régna 1 ans
régna 6 ans
régna 40 ans
régna 29 ans
régna 52 ans
régna 16 ans
régna 16 ans
régna 29 ans
régna 55 ans
régna 2 ans
régna 31 ans
régna 3 mois
régna 11 ans
régna 3 mois
régna 11 ans 1
Rois 14:21.
1 Rois 15:1.2.
1 Rois 22:42.
1 Rois 18:10.
2 Rois 8:17.
2 Rois 8:26.
2 Rois 11:3.
2 Rois 12:1.
2 Rois 15:33.
2 Rois 14:2.
2 Rois 18:2.
2 Rois 16:2.
2 Rois 18:2.
2 Rois 21:1.
2 Rois 21:19.
2 Rois 22:1.
2 Rois 23:31.
2 Rois 23:36.
2 Rois 24:8.
2 Rois 24:18.
2. Ce
fut, pendant toute l'existence du royaume, une seule et même dynastie; le fils
(et presque toujours l'aîné) monta sur le trône à la place de son père, et cet
ordre ne fut changé ni par l'usurpation momentanée d'Hathalie, ni par le
meurtre de Joas, ni par celui d'Amon, ni même par l'intervention étrangère qui
détrôna Joachaz et lui donna pour successeur Éliakim son frère (Jéhojakim), et
qui, plus tard encore, remplaça Jéhojachin par son oncle Mattania (Sédécias),
frère de Joachaz. 2 Rois 11:1; 12:20; 21:23; 23:34; 24:17. Malgré la solidité
du trône de Juda, presque aucun de ses règnes ne fut tranquille: dès le
commencement il dut lutter contre Israël, et acheta le secours des rois syriens;
puis l'anarchie du royaume schismatique lui donna la paix pour quelques années,
1 Rois 14-46. Lorsque Israël se fut raffermi, les deux cours rivales conclurent
une alliance, 1 Rois 22, bientôt suivie d'un mariage, 2 Rois 8:18, qui blessa
le royaume de Syrie, premier allié de Juda. Les suites de cette alliance furent
fâcheuses, sous le double point de vue politique et religieux, pour le royaume
de Juda qui n'eût point dû rechercher la faveur des tribus rebelles. Une
nouvelle révolution, dans le royaume des dix tribus mit fin à cette alliance,
et les Syriens irrités fondirent alors sur Juda, qui dut racheter sa faiblesse
par de grands sacrifices, 2 Rois 12:17, Un succès momentané rendit à Juda son
premier courage et remonta son ardeur: il réussit à ramener sous le joug les
Édomites qui l'avaient secoué naguère, 2 Rois 14:7, et enivré de cette
victoire, il déclara la guerre au royaume d'Israël, 2 Rois 14:8; mais Jérusalem
fut pillée, et la guerre cessa. L'anarchie ayant recommencé en Israël, Juda put
respirer un moment plus à l'aise et jouir en paix de ses conquêtes sur
l'Idumée, 2 Rois 14:22. Puis Israël, remis de ses troubles intérieurs,
renouvela ses attaques contre Juda, et s'allia aux rois de Syrie, qui
s'emparèrent à leur tour des ports d'Édom, 2 Rois 16:6. Juda, trop faible pour
résister seul, crut se fortifier par une nouvelle alliance avec une puissance
infidèle, et rechercha le secours de l'Assyrie, qui s'étendait déjà vers
l'Euphrate; mais au lieu d'être son allié, Juda fut bientôt son vassal tributaire,
2 Rois 18:7; il dut, comme le cheval de la fable, servir de monture à son
libérateur. Il essaya de secouer ce joug, se reposant sur l'appui qu'il
attendait de l'Égypte, 2 Rois 18:24; mais il est probable qu'il n'eût fait
qu'aggraver sa position, si un miracle de l'Éternel ne fût venu lui rappeler,
en dispersant l'armée d'Assyrie, qu'il vaut mieux se confier en Dieu que de se
reposer sur les grands, 2 Rois 19. Israël fut emmené captif, les armées de
l'Assyrien durent se tourner vers d'autres ennemis, et Juda eut un temps de
répit, dont il profita pour rallier sous son autorité religieuse ceux qui
étaient demeurés de reste en Israël; mais bientôt, jeté entre les armées
d'Égypte et d'Assyrie, il devint la proie de la première de ces puissances; la
dynastie cède à l'influence malfaisante de l'Égypte, contre laquelle les
prophètes avaient déjà de bonne heure essayé de la mettre en garde; d'un autre
côté Nébucadnetsar, le conquérant de Babylone, creuse la fosse où doit périr
l'indépendance et la royauté terrestre de ce petit royaume: il chasse vers
l'occident de l'Asie ses troupes innombrables, pille Jérusalem, conduit en
captivité la meilleure partie du peuple, et finit par bouleverser et détruire
entièrement capitale et royaume, sous le règne et par la fausse politique de
Sédécias, qui n'avait que l'ombre du pouvoir et qui ne la sut pas même
conserver, 2 Rois 24:20; Ézéchiel 17:15.
Le culte du vrai Dieu ne fut jamais entièrement
abandonné, alors même que l'idolâtrie avait pris possession du pays, et
plusieurs rois s'efforcèrent, comme Josias, de maintenir la pureté du culte et
de lui rendre l'éclat qu'il avait eu aux premiers temps de la royauté juive,
sous David et Salomon; cependant ce ne fut, le plus souvent, qu'une religion
extérieure et cérémonielle, Jérémie 6:20; 7:4. Les prêtres jouirent d'un grand
crédit à la cour de plusieurs rois, mais ne réussirent pas toujours à purifier
les mœurs, contre le relâchement desquelles les prophètes, et notamment Ésaïe,
s'élevèrent souvent et avec énergie.
— Dans la période qui s'écoula depuis Ézéchias jusqu'à
la fin, une lutte s'éleva entre la royauté et l'aristocratie, Ézéchiel 22:6, et
les grands essayèrent plus d'une fois de mettre les rois faibles dans une
honteuse dépendance; parfois ils réussirent, Jérémie 4:9; 36:12; 37:15; 38:25.
Comme mœurs publiques, l'Écriture fait ressortir: un
fort penchant à l'incrédulité, Ésaïe 5:19; 7:13; 28:9; 29:11; 30:9, et un
système de désobéissance à quelques-unes des prescriptions de la loi divine, la
violation du jour du Seigneur, Jérémie 17:21; 34:9; Ézéchiel 5:6, un luxe, une
mollesse effrénée, Ésaïe 3:16; 5:14, qui endurcissait de jour en jour le cœur
et aveuglait le peuple, Ésaïe 32:9; Ézéchiel 11:3; Jérémie 5:3,21; l'injustice
paraît avoir été à l'ordre du jour, et l'oppression des faibles, Ésaïe 5:20;
10:1; Jérémie 5:28; 22:3; le mensonge et la tromperie avaient chassé la
confiance mutuelle, Jérémie 9:3; enfin le peuple se livrait sans honte comme
sans crainte, au culte de dieux étrangers, Jérémie 10:3, et ailleurs, Ézéchiel 6:5,
et ailleurs; des prêtres même de Jéhovah se joignirent souvent à ces
profanations, soit ouvertement, soit en secret, Sophonie 3:4; Ézéchiel 44:10.
C'est ainsi que ce malheureux royaume mûrissait lentement pour sa ruine; il ne
dut qu'à des circonstances étrangères de survivre comme il le fit au royaume
d'Israël.
— Quant au sort du pays et de ses habitants pendant
l'exil,
— Voir: Guédalia.
3. Juda,
fils de Joseph;
4. fils
de Johanna, et
5. fils
de Joseph, Luc, 3:30,26: deux des ancêtres de Jésus par Marie; l'un et l'autre
inconnus.
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JUDAS.
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1. Le
dernier des douze apôtres, Matthieu 10:4; Marc 3:19; Luc 6:16; Jean 6:71. Il
était surnommé Iscariot, soit qu'il fût de la tribu d'Issacar, dont ce surnom
serait un abrégé, soit plutôt qu'il fut de Kérijoth, ce que son nom indiquerait
en hébreu. Compagnon de Jésus dans toutes ses courses, il était chargé de la
bourse et du maniement des aumônes, et son caractère, peut-être naturellement
avare, trouva dans cette circonstance un aliment de cupidité qui le perdit.
Pour l'avare, le simple plaisir de l'addition est déjà une sensualité; son
bonheur consiste à ajouter, sa douleur est de soustraire. Au souper de
Béthanie, on le vit regretter le parfum que Marie avait répandu sur la tête et
sur les pieds de Jésus, Jean 12:4; les autres disciples parurent croire aussi
que cette dépense était une prodigalité, et que le prix en eût été employé plus
utilement à soulager les pauvres, Matthieu 26:8; Marc 14:4. Mais les pauvres
n'étaient pour Judas qu'un prétexte; s'il était avare, il était aussi voleur:
l'un conduit à l'autre; et dans la société dont il faisait partie, société
fondée sur l'amour et sur la confiance, on n'examinait pas ses comptes, on le
laissait faire, et il en abusait. Irrité, soit de ce qu'une occasion si
favorable pour commettre un nouveau larcin lui eût été enlevée, soit des
reproches indirects que Jésus lui avait faits, et dont il était mieux à même
que les autres de comprendre la portée, il conçut à la première occasion (Jean
13:2) le projet de se procurer de l'argent d'une autre manière. Les marchands
étaient tout trouvés, la chose à vendre était également sous sa main; il vendit
son maître, argent comptant, aux sacrificateurs pour le prix ordinaire d'un
esclave, 30 pièces d'argent, cf. Exode 21:32. De ce moment les détails donnés
par les quatre évangélistes présentent quelque incertitude sur l'ordre des
événements. Judas paraît être retourné vers Jésus à Béthanie, Marc 14:17: il revient
avec lui à Jérusalem, le jeudi; il prend sa place au milieu des douze, dans la
maison où la dernière Pâque juive va être célébrée sous la forme d'un symbole,
près de celui qui va être immolé comme le véritable agneau pascal qui ôte les
péchés du monde; il entend Jésus déclarer qu'un traître est au milieu d'eux;
Jésus lui donne un morceau trempé, et le malheureux, qui voit Pierre et Jean
parler avec leur maître sur cette trahison qui les effraye tous, ose encore
demander: Maître, est-ce moi? Il sort alors, et, sachant que Jésus va passer la
nuit en Gethsémané, il va s'entendre avec les prêtres pendant que la cène
s'achève et que Jésus prie pour le monde et bénit ses disciples. Bientôt le
Sauveur a passé le Cédron, et le traître vient l'embrasser au lieu même qu'il
vient de tremper de ses larmes, de ses sueurs et de son sang. Le Fils de
l'Homme est saisi comme un brigand par les valets des prêtres; il quitte
Gethsémané pour la croix. Mais bientôt Juda apprend que son maître a été
condamné à mort; peut-être s'était-il flatté que Jésus échapperait à ses
ennemis cette fois, comme en d'autres rencontres; il avait supposé peut-être
que Jésus en serait quitte pour une réprimande, une interdiction, tout au plus
la prison. Il n'avait pas prévu, il ne pouvait pas prévoir une condamnation à
mort: le dernier des supplices n'était fait que pour le dernier des criminels,
et Judas, comme Pilate, ne voyait rien en Jésus qui fût digne de mort; il avait
compté sans la haine, sans la haine des prêtres. Aussi, quand il apprend la
terrible sentence, tourmenté de remords, il va rendre l'argent, mais on ne lui
rend pas la victime; il est plus facile d'ôter la vie à un homme que de la lui
rendre; et le fils de perdition, désespéré, va se pendre, nous dit saint
Matthieu, 27:5. Saint Pierre ajoute que son corps s'est crevé par Je milieu, la
corde s'étant peut-être rompue, et que ses entrailles ont été répandues à
terre, Actes 1:18.
Judas le traître a-t-il communié? Cette question,
débattue depuis des siècles, n'a pas été résolue, et ne le sera pas; elle
dépend de l'impossible solution des trois questions suivantes:
1. le
chapitre 13 de Jean parle-t-il du souper de la Pâque, ou bien d'un repas qui
eut lieu à Béthanie deux jours auparavant?
— Voir: Tholuck ad Joh., 13.
2. Si
ce chapitre parle du souper de la Pâque, Jésus a-t-il institué la cène avant ou
après le lavage des pieds? Si ce fut avant, Judas était là; si ce fut après, il
n'a pas communié puisqu'il est dit (verset 30) qu'il partit aussitôt après
avoir pris le morceau.
3. Le
morceau trempé que Jésus lui donna était-il un morceau de l'agneau pascal, le
pain même de la communion, ou bien encore un mets indifférent? Cette question,
au reste, est moins importante que quelques personnes n'ont voulu la faire, et
si même Judas a communié, il l'a fait, non comme traître, puisqu'il n'était pas
manifesté, mais comme disciple; à coup sûr, il n'aurait pas été admis à la cène
le lendemain, parce qu'alors il eût été reconnu comme impie et comme traître
déclaré; aucun des apôtres n'eût voulu manger avec lui. (— Voir: sur la cène de
Judas: Guers, Essai sur les Églises, 143-146; Bauty, Réponse, 81; F. Olivier,
Réponse, 102-105, etc.)
Jésus a fait de cet homme le plus malheureux de tous
les hommes, Matin, 26:24, et l'on a tout dit quand on a dit un Judas.
2. Judas
le Galiléen, Actes 5:37, appelé de même par Flavius Josèphe, qui lui donne
aussi le surnom du Gaulonite (Antiquités Judaïques 18, 4, 1; 20, 5, 2), était
de Gamala, ville fortifiée, au bord de la mer de Galilée, dans la basse
Gaulonite. D'accord avec un certain Tsadok, il chercha à exciter les Juifs à la
révolte, à propos d'un recensement ordonné par l'empereur Auguste, l'an 7 de
l'ère chrétienne, trente-sept ans après la bataille d'Actium, et les poussa à
refuser de payer à un monarque terrestre un impôt qu'ils ne devaient qu'au Roi
des rois. Il périt dans un engagement; la sédition fut apaisée, mais ses
adhérents n'en continuèrent pas moins leur œuvre de soulèvement, et, plus tard,
sous les ordres de Manahem, son fils, et d'Éléazar, ils reprirent les armes,
allumèrent dans toute la Judée le feu de la révolte, et furent cause de
l'arrivée des Romains et de la ruine de tout le pays. Gamaliel, en disant que
ce parti avait été dissipé, était mal informé, ou bien il a voulu parler
seulement d'une dispersion momentanée.
3. Judas,
propriétaire de la maison où logea Paul à Damas; inconnu. Actes 9:11.
4. Judas
Barsabas.
— Voir: Barsabas #2.
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JUDE, ou Lebbée, ou Thaddée,
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surnommé Lebbée (mon cœur), ou Thaddée (ma poitrine),
l'un des douze, était frère de Jacques, de Joses et de Simon, fils de Cléopas
et de Marie. Les Évangiles ne nous rapportent de lui qu'un seul fait, la
demande qu'il adressa au Sauveur pendant le dernier souper: «Seigneur, d'où
vient que tu te déclareras à nous, et non pas au monde P» Jean 14:22. Sa vie et
sa carrière apostolique sont peu connues; les traditions des différentes
Églises varient à son sujet. Selon les pères de l'Église grecque, il a prêché
l'Évangile dans l'Idumée, l'Arabie, la Syrie et la Mésopotamie, et il est mort
tranquillement à Édesse. Les auteurs syriens le font mourir martyr à Bayrouth,
en Syrie. Selon les écrivains de l'Église latine, il a pénétré en Perse, où il
a succombé aux fureurs des mages. Eusèbe raconte qu'un des soixante-dix
disciples, nommé Thaddée, a été envoyé par Thomas à Édesse, et la tradition
syriaque parle également d'un Addée ou Thaddée qui aurait évangélisé la
Mésopotamie, mais qui ne serait pas un des douze. Enfin, selon Hégésippe, les
petits-fils de Jude auraient été dénoncés à Domitien comme sectateurs de
Christ, prétendu roi d'Orient et descendant de David; mais l'empereur, voyant
leur pauvreté et leur profonde ignorance politique, les aurait fait relâcher aussitôt.
Épître de Jude. L'auteur lui-même se nomme Jude,
serviteur de Jésus-Christ, frère de Jacques. Plusieurs opinions ont été mises
en avant; cependant celle qui regarde Jude l'apôtre comme auteur de l'épître
l'emporte de beaucoup sur les autres, soit par l'unanimité de la tradition,
soit par l'autorité des théologiens nombreux qui l'ont adoptée, soit enfin, par
l'évidence des arguments qui militent en sa faveur.
1. De
Wette, et d'autres avec lui, voient l'auteur de l'épître dans Jude frère de
Jacques et fils d'Alphée, mais différent de celui qui est surnommé Lebbée ou
Thaddée, lequel Jude selon eux devrait être entendu comme fils et non frère de
Jacques, Luc 6:16; Actes 1:13. Jude Lebbée serait ainsi fils d'un Jacques
inconnu. Ils s'appuient, entre autres, sur ce que l'auteur de l'épître ne prend
pas le nom d'apôtre. Mais on peut répondre que l'auteur était libre de se
désigner comme il l'entendait, et qu'il a omis son titre d'apôtre comme Paul,
Philippiens 1:1. Il a préféré se faire connaître quant à son autorité par le
titre de serviteur de Christ, et quant à son individualité par celui de frère
de Jacques.
2. Welker
a pris Jude pour Judas Barsabas, et Schott, lisant Judas Bar-Zébed, ferait de
ce Jude un troisième fils de Zébédée, opinion qui n'a pas même besoin d'être
réfutée.
3. Grotius,
qui voudrait voir dans cette épître une allusion à la secte gnostique des
carpocratiens, l'attribue à un Jude évêque de Jérusalem sous Adrien, vers 130,
et retranche en conséquence les mots «frère de Jacques», contre l'autorité de
tous les manuscrits.
4. Enfin,
l'opinion à laquelle nous n'hésitons pas à nous ranger, attribue l'épître à
l'apôtre Jude surnommé Lebbée et Thaddée, frère de l'apôtre Jacques et fils
d'Alphée. Jacques, l'évêque de Jérusalem, si connu et si estimé dans
l'antiquité chrétienne, était le seul qui eût assez de célébrité pour que Jude
pût se servir de son nom comme d'une recommandation suffisante, et si Jude n'y
a pas ajouté le nom de son père, c'est qu'Alphée était peu connu et qu'il n'a
servi à distinguer les deux Jacques qu'aussi longtemps que le fils de Zébédée
était encore en vie.
On ne sait rien de positif sur l'époque de la
composition de cette épître, non plus que sur l'occasion qui lui a donné
naissance. Il y a un rapport intime entre cette lettre et la seconde de Pierre,
et nous en reparlerons à propos de cette dernière. Il est probable que c'est
aux mêmes lecteurs que l'une et l'autre ont été adressées; elles ont toutes
deux le même but, celui qui est indiqué versets 3 et 4. Un mal immense s'était
glissé dans les Églises, mal semé par les faux chrétiens qui poussèrent les
doctrines de l'Évangile, et notamment celles de Paul sur la lin de la loi et
sur la liberté, jusqu'à la licence dans la conduite, en propageant des idées
qui plus tard se développèrent dans le gnosticisme, et selon lesquelles le Dieu
des Juifs, organisateur de l'univers et objet du culte judaïque, aurait été un
esprit subordonné et même malin; c'était en un mot une satire faite sur la
doctrine de Paul. Pierre et Jude, qui habitèrent longtemps l'Orient, virent le
mal et s'y opposèrent. Jude commença, et Pierre vint plus tard le soutenir de
son autorité plus connue sinon plus réelle, en développant la lettre de Jude à
laquelle il a emprunté plusieurs détails.
— L'authenticité de cette épître n'a jamais été
sérieusement contestée; elle ne fut reçue dans le canon syrien qu'au quatrième
siècle, et Eusèbe raconte qu'elle était reçue par les uns et lue dans les
Églises, mais que d'autres ne la reconnaissaient point, non plus que celle de
Jacques et les deux dernières de Jean. On comprend facilement qu'une si petite
lettre, qui de plus n'était pas de la main de Paul, et qui fut adressée à des
Églises de l'Asie Mineure, ne soit pas entrée en circulation aussi vite que
d'autres. Jérôme nous apprend encore, une raison qui a pu retarder la
reconnaissance publique de cette épître; c'est une de ces raisons dogmatiques
que les pères ont souvent préférées aux raisons critiques, le fait de la
citation du livre d'Énoch; mais,
— Voir: cet article.
Au reste, les témoignages en faveur de l'authenticité
remontent assez haut, et sont assez nombreux pour l'établir d'une manière
complète. Clément d'Alexandrie, Origène et Tertullien la citent en propres
termes; un autre passage d'Origène est douteux.
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JUDÉE.
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Ce nom tout à fait général, et qui signifie proprement
terre des Juifs, fut employé d'abord pour désigner tout le territoire occupé
par la nation juive, la Palestine, la terre de Canaan. C'est surtout
immédiatement après le retour de l'exil que cette dénomination prévalut,
peut-être parce que la plupart de ceux qui revinrent appartenaient à l'ancien
royaume de Juda. Il désigna plus tard, d'une manière déjà plus spéciale, la
partie sud de la Palestine, les territoires de Juda et de Benjamin, avec une
portion de ceux de Dan et de Siméon. La division par tribus ayant disparu
depuis l'exil, cette contrée à laquelle fut ajoutée encore la partie
méridionale des montagnes d'Éphraïm, et peut-être la plaine entière de Saron,
ne fut plus connue que sous le nom de province de Judée, Matthieu 2:1; 3:1;
4:25; Luc 1:65; 2:4; Jean 3:22; Actes 2:9; Après la mort d'Hérode le Grand, la
Judée reprit une espèce d'existence politique; elle fut donnée en partage par
Auguste à Archélaüs, de même que la Samarie et l'Idumée, et la province
redevint royaume; mais cet état dura peu; Archélaüs ayant été banni, la Judée
fut annexée à la Syrie, et gouvernée par des procurateurs. Agrippa, petit-fils
d'Hérode, la ramena de nouveau sous son sceptre, mais à sa mort elle fut rendue
à la Syrie, à laquelle elle ne cessa plus d'appartenir jusqu'à ce qu'arriva la
catastrophe qui mit fin, pour un temps, à l'existence du peuple juif comme
peuple.
La Judée était une contrée presque tout entière
montagneuse par la réunion des montagnes d'Éphraïm et de Juda qui parcouraient
le pays du nord au midi, et qui ne s'abaissaient que vers l'ouest; mais ces
montagnes étaient pour la plupart d'une grande fertilité, et de riches vallées
portaient en diverses directions l'abondance de leurs productions et la
fraîcheur de leurs eaux.
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JUGE, jugement, justice.
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De même que dans chaque maison c'était le chef de la
famille qui exerçait l'autorité suprême à tous égards, et particulièrement pour
les différends qui pouvaient s'élever entre les membres de la famille, de même
dans les tribus, les villes et les bourgades, ce droit appartenait, en matière
de jugements civils et criminels ordinaires, à des juges laïques, les mêmes qui
sont nommés anciens, Deutéronome 21:2-4,6; 16:18; Exode 18:13-26. Les
sacrificateurs formaient une instance supérieure, sans cependant qu'on puisse
les comparer à une cour d'appel, puisque c'était aux juges et non point aux
parties de décider si l'affaire serait portée plus loin, Deutéronome 17:8;
19:17. C'était aux portes de la ville que les juges tenaient leurs audiences,
et comme les Israélites étaient tous laboureurs, sortant le matin pour se
rendre aux champs et revenant le soir, le lieu choisi pour rendre la justice
était ainsi le plus public qu'il put y avoir, et les passants pouvaient
s'arrêter, écouter ou déposer. Deutéronome 21:19; 22:15; 25:7; Ruth; 4:1;
Proverbes 22:22; Amos 5:15; Zacharie 8:16. Le plaignant et l'accusé
comparaissaient en personne; ce dernier était en habit de deuil et se tenait à
la gauche, Zacharie 3:1,3. Les débats étaient simples et oraux, les jugements
sommaires; l'accusé était de fait presque toujours jugé par ses pairs,
propriétaires et laboureurs comme lui, et le tribunal était un jury sans doute
peu versé dans la loi, mais bien instruit des faits. La justice paraît avoir
été entièrement gratuite. La preuve légale résultait du témoignage, mais il fallait
au moins deux témoins; cet ordre est trois fois répété dans le Pentateuque,
Nombres 35:30; Deutéronome 17:6; 19:15; à défaut de témoins suffisants, le
serment était déféré au prévenu, Exode 22:11; cf. Hébreux 6:16. Le sort paraît
avoir été introduit plus tard pour la décision de questions trop difficiles à
trancher, Proverbes 16:33; 18:18; mais la torture, cette invention du paganisme
inconnue aux Hébreux, ne pénétra dans leur vie publique que sous les Hérodes.
Dans les cas où la loi ne parlait pas assez clairement, on consultait
l'Éternel, Lévitique 24:12; Nombres 15:34-35. On voit par ces détails que les
formes étaient toutes en faveur de l'accusé.
À l'époque des juges, ce furent ces hauts magistrats
qui décidèrent des questions difficiles, Juges 4:5. Samuel paraît avoir établi
une espèce de jurisprudence plus régulière, faisant lui-même, et plus tard
faisant faire par ses fils le tour du pays pour l'administration de la justice,
1 Samuel 7:16; 8:1. Après lui, les rois furent juges, et non seulement en
dernière instance, mais encore juges ordinaires, et abordables à tous ceux de
leurs sujets qui venaient pour demander justice; on peut en voir des exemples 2
Samuel 15:2,6; cf. 2 Chroniques 19:4-5; 1 Rois 3:16; 2 Samuel 14:4; 2 Rois
15:5. Cependant on trouve sous David et sous Salomon rétablissement de
tribunaux spéciaux pour les différentes localités, cf. 1 Chroniques 23:4;
26:29. Lors de la réorganisation judiciaire qui fut faite par Josaphat, ces
tribunaux eurent à régler tout ensemble les cas de conscience et les procès
civils ou criminels; ils se composaient des sacrificateurs, ou d'un seul,
réunis au juge du lieu ou bien au chef du pays; dans ce dernier cas c'était la
cour suprême, 2 Chroniques 19:8,11.
Les prophètes et le livre des Proverbes montrent que
de nombreuses plaintes s'élevaient sur la partialité des juges, et l'on peut se
convaincre que, malgré les sévères défenses de la loi à cet égard, Deutéronome
1:17, la vénalité des juges était presque générale, comme aussi les faux
témoins étaient à l'ordre du jour, Ésaïe 1:23; 5:23; 10:1; Jérémie 22:3; Amos
4:1; 5:12; 6:12; Michée 3:11; 7:3; Zacharie 7:9; Proverbes 18:10; 24:23; 6:19;
12:17; 19:5; 21:28; cf. déjà 1 Samuel 8:3.
Les rois avaient le droit, principalement en matières
criminelles, de prononcer des sentences de leur chef; c'était une justice de
cabinet, comme on la rencontre encore de nos jours en Orient, 1 Samuel 22:16; 2
Samuel 4:9; 1 Rois 22:26; 2 Samuel 12:5; 2 Rois 21:16; Jérémie 36:26.
Selon l'usage oriental l'exécution suivait de près la
sentence; lorsque la peine de mort avait été prononcée et qu'il n'y avait pas
un vengeur du sang, c'étaient d'ordinaire les spectateurs qui remplissaient cet
office en lapidant la victime. Les témoins, plus solennellement responsables,
devaient jeter la première pierre. Deutéronome 17:7,5; 25:2; Jérémie 37:15.
Des contrats de vente se faisaient aussi assez souvent
en public, Jérémie 32:10,44, devant les juges ou simplement devant des témoins,
Jérémie 32:25; Ruth 4:9, et ce genre de notoriété pouvait remplacer pour eux
les preuves écrites.
Pendant l'exil et après le retour, un ordre semblable
de judicature continua de subsister, et Esdras institua des juges de chaque
ville pour la nouvelle colonie. Esdras 7:25; 10:14.
Sur tout ce sujet,
— Voir: Cellérier, Esprit de la Lég, mos. 1, 183, sq.
II, 80, sq..
________________________________________
JUGES.
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C'est le nom particulier que l'Écriture donne à ces
hommes extraordinaires qui furent suscités entre les jours de Josué et ceux de
l'établissement de la royauté, charge en dehors des autres, fonction passagère,
et toujours une manifestation spéciale de la bonté de l'Éternel. Le peuple
n'était pas encore maître du territoire, il n'en occupait aucune portion d'une
manière complète et définitive; partout les Cananéens étaient mêlés aux
Israélites qui, dans le commencement, avaient voulu, contre l'ordre de Dieu,
ménager leurs ennemis, et qui ne purent plus les déposséder entièrement
lorsqu'ils le voulurent. Ce premier désavantage politique était encore augmenté
par le penchant naturel de ce peuple au sensualisme religieux; et bien loin de
songer toujours à repousser les premiers habitants du pays, ceux d'Israël se
laissèrent entraîner plus d'une fois à partager leur idolâtrie: c'est ainsi
qu'avant la venue de Jephthé, nous les voyons adorer les uns après les autres,
ou tous à la fois, les dieux de Syrie, de Sidon, de Moab, des Hammonites et des
Philistins. N'ayant ainsi ni territoire assuré, ni principes religieux auxquels
ils s'attachassent d'une manière sûre et ferme, ils étaient sans force; et
l'histoire sainte nous montre, dans ces six différentes servitudes, autant de
châtiments pour autant de chutes religieuses. Ces servitudes consistaient
parfois en de simples tributs à payer, Juges 3:13; d'autres fois c'étaient une
série d'hostilités, des atteintes continuelles à la propriété, l'enlèvement des
moissons ou des troupeaux, Juges 6:3,11, avec quelques intervalles de repos.
Lorsque la détresse était arrivée à son comble, les Juifs idolâtres
retournaient à Jéhovah qui, seul, pouvait les délivrer; c'est alors que Dieu
leur envoyait des juges revêtus de toute puissance, qui chassaient l'ennemi et
ramenaient le peuple au sanctuaire. Quinze juges gouvernèrent ainsi le pays avec
des interrègnes plus ou moins longs; ce sont:
Hothniel
Ehud
Samgar
Débora
Gédéon
Abimélec
Tolah
Jaïr
Jephthé
Ibtsan
Élon
Habdon
Samson
Héli
Samuel 1405 av.
J.-C.
1325 av. J.-C.
1305 av. J.-C.
1283 av. J.-C.
1243 av. J.-C.
1236 av. J.-C.
1233 av. J.-C.
1210 av. J.-C.
1188 av. J.-C.
1182 av. J.-C.
1173 av. J.-C.
1163 av. J.-C.
1157 av. J.-C.
1137 av.
J.-C.
1116 av. J.-C. Juges
3:9
Juges 3:15
Juges 3:34
Juges 4:4
Juges 6:12
Juges 9:4
Juges 10:1
Juges 10:3
Juges 11:1
Juges 12:8
Juges 12:11
Juges 12:13
Juges 13:24
1 Samuel 1:9
1 Samuel 7:13
On peut voir chacun de ces articles en son lieu et
place, ainsi que mon Histoire des Juges. Quant à la chronologie, on ne peut la
déterminer; en additionnant toutes les dates qui se trouvent dans le livre des
Juges, on arrive pour cette seule période, au chiffre de 462 ans qui ne peut
s'accorder avec celui de 480 indiqué, 1 Rois 6:1, pour toute la période qui
s'est écoulée depuis la sortie d'Égypte jusqu'à la construction du temple. On a
donc été obligé de réduire ce chiffre, ce que l'on a essayé de faire, soit en
regardant comme simultanées des administrations qui semblent indiquées comme
successives (par exemple Samgar et Débora), soit en confondant la durée des
servitudes avec celle du gouvernement du juge qui a précédé ou suivi (par
exemple Ehud et l'oppression de Jabin; l'oppression des Philistins et les
judicatures de Jephthé, Ibtsan, Élon, Habdon et Samson). Ces calculs sont
arbitraires; plusieurs peuvent se justifier, tous ne le peuvent pas, et l'on ne
doit les regarder que comme des essais. Ussérius, au lieu de 462 ans, n'en
compte que 389, Bonne chose 389, Archinard 331, etc.
L'histoire des juges renferme une des périodes les
plus intéressantes de la vie du peuple d'Israël, une période qui se retrouve
également dans la vie de toutes les nations, sous les noms divers de temps
fabuleux, héroïques, chevaleresques ou féodaux. Plus que tout autre état
social, cet état d'enfance prête à l'imagination; ce ne sont plus ici les
grands miracles du voyage dans le désert, ce n'est plus la vie singulière des
Hébreux vivant sur la terre conduits par Dieu même et nourris de lui jour par
jour pendant quarante ans comme s'ils n'eussent pas été de la terre. Cette
phase-là, qui ne s'est présentée nulle part ailleurs, était exceptionnelle, et
n'appartient pas à l'histoire humaine de la théocratie; ce fut un long et
brillant éclair au milieu duquel les ombres terrestres du caractère hébreu
parurent plus ténébreuses sans doute et bien nombreuses, mais comme des ombres
seulement sur un fond céleste. Dieu était tout et en tous, à la fois
législateur, pourvoyeur, guide, prophète, juge et roi. Ce temps miraculeux
passa lorsque le peuple fut établi dans son pays et constitué comme nation;
bien des miracles se firent encore; mais l'organisation juive était devenue la
base de la vie israélitique, et l'intervention visible de Dieu ne fut plus, à
son tour, qu'une exception, quoique fréquente encore; des chefs, des prêtres,
des juges administraient le pays ou étaient censés l'administrer; les délivrances
venaient de la terre même, et ce furent des hommes suscités de Dieu, non plus
Dieu en personne, qui accomplirent pendant le cours des quatre siècles de cette
période, les grandes choses que l'Éternel voulut faire en faveur de la
postérité d'Abraham, d'Isaac et'de Jacob. Israël est plus indépendant, il jouit
de la protection divine; mais il vit comme peuple au milieu d'autres peuples,
étant chargé lui-même de sa défense et de son gouvernement. Des crimes atroces
et de grandes vertus se montrent dans cette histoire sans unité; des guerriers,
des héros paraissent, libres, agissant pour eux-mêmes, chefs de chevaliers
errants, tantôt poussés par l'esprit de Dieu pour le salut d'Israël, tantôt
sans autre mobile que leurs passions ou leur ambition. Cette histoire, si elle
eût été écrite par d'autres que par les saints hommes de Dieu, porterait
certainement le cachet de merveilleux et de mythologie que l'on retrouve chez
les poètes de l'antiquité ou chez les minnesænger du Nord.
Livre des Juges. L'auteur en est inconnu, mais comme
le livre tire toute son autorité du Dieu qui l'a fait écrire, et non de celui
qui l'a écrit, cela importe peu. Les Hébreux l'attribuent généralement à Samuel
sur la fin de sa vie, et c'est l'opinion la plus probable, celle qui peut le
mieux se soutenir en l'absence de preuves positives. Des passages tels que
Juges 17:6; 18:1; 21:25, montrent que la royauté existait déjà en Israël, et
que cependant le royaume n'était pas encore divisé. D'un autre côté, la brusque
interruption du livre au chapitre 16, après le récit des exploits et de la mort
de Samson, lorsque la vie d'Héli et de Samuel eussent dû le compléter, semble
indiquer que ces deux hommes vivaient encore, qu'ils appartenaient à l'histoire
contemporaine, et que l'auteur n'a pas jugé convenable, peut-être pas même
nécessaire, de raconter des faits connus de tous. Cette lacune surprend
d'autant plus que le commencement du livre, dont les deux premiers chapitres
sont l'introduction, annonce un plan suivi, l'histoire complète d'une époque;
or Héli, et surtout Samuel, ne pouvaient être passés sous silence dans un
travail de ce genre: un contemporain seul a pu n'en rien dire, ou faire sur ces
deux judicatures un travail à part, et les raisons intérieures sont toutes en
faveur de l'opinion que nous avons exprimée. D'autres ont attribué ce travail à
Esdras, d'autres enfin supposent que chaque juge a écrit l'histoire de son
administration, et qu'un compilateur quelconque en a fait le livre canonique
des Juges.
— Les trois premiers chapitres sont un exposé de
l'état du pays après la mort de Josué, de l'humiliation des Israélites d'abord,
puis de leur première idolâtrie; les chapitres 4-16 renferment l'histoire des
six oppressions et des six délivrances; c'est l'histoire des juges proprement dite;
les chapitres 17-21 contiennent enfin deux épisodes de la profonde immoralité
qui s'était introduite en Israël après la mort de Josué, et qui amena sur ce
malheureux pays tant de calamités, et la destruction presque totale de la tribu
de Benjamin.
Pour plus de détails,
— Voir: Hævernick, Einleit. II, p. 67-111, et le
commentaire de Studer, publié à Berne, 1835, rationaliste, mais bon comme
travail critique et philologique.
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JUIFS (Judéens).
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C'est le nom que prirent collectivement tous les
enfants d'Israël sans distinction de tribu après le retour de l'exil; il dérive
soit de Juda la première des tribus, soit du royaume de Juda, auquel la plupart
de ceux qui revinrent dans leur patrie avaient appartenu: des raisons
politiques contribuèrent peut-être aussi à ce que les membres des tribus
d'Israël se confondissent par un même nom avec ceux de Juda, parce que c'est à
ces derniers seuls que le texte de l'édit de Cyrus semblait rendre la liberté.
Le nom de Juifs ou Judéens a dès lors prévalu.
L'histoire des Juifs est ainsi, en quelque sorte, une
continuation de celle des Hébreux ou des Israélites, mais comme elle ne fait
pas partie de l'Écriture sainte, nous n'avons pas à nous en occuper, ici.
L'exil de Babylone fut le dernier châtiment des Juifs idolâtres; dès lors,
instruits par l'expérience, ils ne coururent plus après les dieux étrangers,
mais lorsque le Messie vint, ils le rejetèrent, ne voulant rien d'un roi
faible, méprisé, dont la gloire n'était pas de ce monde: ils le crucifièrent,
et le sang du Juste retomba sur eux; la ruine de Jérusalem, la dévastation du
pays, la dispersion du peuple vengèrent ce forfait inouï, et les païens sont
entrés dans l'alliance de grâce qu'avait rejetée la race élue, la nation
sainte. Quel est maintenant l'avenir de ce peuple longtemps si béni? Cet avenir
est sans doute plus brillant encore que son passé, car les dons et la vocation
de Dieu sont sans repentance; ils seront entés de nouveau; on peut prévoir leur
retour à Jérusalem, leur conversion, et par eux l'évangélisation et la
conversion du monde, «car si leur chute a été la richesse du monde, et leur
diminution la richesse des gentils, combien plus le sera leur abondance.»
— Les temps actuels sont significatifs à cet égard, et
sans entrer dans des développements que le travail actuel ne comporte pas, je
me borne à renvoyer au discours de M. Gaussen, «Les Juifs enfin évangélisés, et
bientôt rétablis», Genève, 1843, ainsi qu'au Voyage en Orient de MM. Keith,
Black, Bonar et Mac'Cheyne, ayant pour titre: «Les Juifs d'Europe et de
Palestine.»
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JULE,
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centenier de la cohorte appelée Auguste (l'empereur
avait donné son nom à une cohorte dans chaque légion). C'est à lui que Paul et
quelques autres prisonniers furent remis pour être conduits en Italie, Actes
27. Il témoigna toujours beaucoup de déférence pour l'apôtre, et lui permit
d'aller voir ses amis à Sidon. Plus tard, la navigation étant devenue
dangereuse, Paul conseilla au centenier de s'arrêter à Beaux-Ports, mais
celui-ci, plus confiant en l'expérience du pilote, crut pouvoir continuer sa
route. Cependant une forte tempête ne tarda pas à menacer le navire, la vie de
tous ceux qui le montaient fut exposée à un danger imminent, et les conseils de
Paul furent recherchés et suivis. Jule rendit alors à Paul service pour
service, et lui sauva la vie ainsi qu'à tous ses compagnons de captivité, que
les soldats voulaient mettre à mort pour les empêcher de s'évader; à Rome
enfin, il remit les prisonniers au préfet du prétoire, et paraît avoir obtenu
pour Paul un traitement plus doux que celui de la prison, et la liberté de
demeurer à part.
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JULIE,
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Romains 16:15, femme disciple de Rome, l'épouse de
Philologue selon Origène, du reste inconnue. Quelques-uns même pensent que
Julie ou plutôt Julias était un homme.
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JUNIAS,
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Romains 16:7, ou peut-être Junie, serait, dans ce
dernier cas, la sœur d'Andronique, ou sa femme: c'est le sentiment de
Chrysostôme, de Théophylacte, et d'autres; elle était parente de saint Paul. Le
nom d'apôtre que Junias partage avec Andronique a fait croire que c'était un
homme. Incertain.
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JUPITER,
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— Voir: Caldéens.
Cette divinité bien connue des Grecs et des Romains,
n'a été connue des Juifs sous ce nom qu'après l'exil quand Antiochus Épiphanes
voulut les contraindre d'adorer Jupiter Olympien à Jérusalem, et Jupiter
l'Hospitalier à Guérizim, 2 Maccabées 6:2. À l'époque des apôtres, Barnabas fut
pris pour Jupiter en même temps que Paul pour Mercure, et on voulut leur offrir
des sacrifices dans le temple de Jupiter qui était à Lystre, Actes 14:12-13.
Des taureaux couronnés sont désignés dans ce passage comme victimes, cf. Iliad.
2, 402. Æneid. 3, 21. 9, 627.
Jupiter fut un des
noms sous lequel Cush, le père de Nimrod fut déifié comme le père des dieux.
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JUSTE.
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1. —
Voir: Barsabas.
2. Juste,
chrétien d'entre les gentils, logea Paul à Corinthe lorsque celui-ci eut quitté
Aquila pour se tourner des Juifs vers les païens. D'anciens manuscrits portent
qu'il s'appelait Tite Juste, d'où Chrysostôme et Grotius ont cru que c'était le
même que Tite à qui Paul a écrit; mais c'est une opinion peu probable.
3. Jésus
appelé Juste, honorablement mentionné par saint Paul parmi le petit nombre de
ceux qui, Juifs de naissance, travaillaient activement avec l'apôtre à
l'évangélisation des Juifs, Colossiens 4:11. Du reste inconnu.
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JUSTICE,
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— Voir: Juge.
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JUTTA,
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ville sacerdotale de la tribu de Juda, située sur un
plateau à peu de distance d'Hébron, Josué 15:55; 21:16. Non loin de là se
trouvait une des sources du Bésor. Quelques-uns pensent que c'est la ville
indiquée Luc 1:39, et ils lisent la ville de Juda ou Jutta, au lieu de une
ville, trouvant cette dernière expression trop vague pour Luc qui aime à
préciser.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-K
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KAB,
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— Voir: Cab.
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KABTSÉEL,
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— Voir: Jékabtséel.
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KADÈS,
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le même que Kadès-Barné, Nombres 20:14; cf. 32:8;
Josué 14:7, et peut-être aussi que Méribah-Kadès, quoique diverses
circonstances puissent faire douter de l'identité. C'était une ville entourée
d'un district du même nom, au sud-est de la Palestine, dans le désert de Tsin,
sur les frontières d'Édom, non loin de Guérar, Genèse 14:7; 16:14; 20:1;
Nombres 20:1; 27:14; 33:36; 34:4; Deutéronome 32:51; Josué 10:41. Plusieurs
souvenirs se rattachent à son nom: la mort de Marie, sœur de Moïse, Nombres 20,
l'envoi des douze espions, et les négociations avec le roi d'Édom, Nombres
20:14; Juges 11:17, la défaite d'un de ses rois par Josué, Josué 12:22, enfin
la défiance de Moïse et d'Aaron au sujet du rocher d'eau vive, et leur
condamnation, Nombres 20:2. Cette ville est donnée plus tard comme frontière
méridionale du pays, et notamment de la tribu de Juda, Nombres 34:4; Josué
15:3. Il est possible cependant que Méribah-Kadès soit différent de
Kadès-Barné; mais il en était, en tout cas, peu éloigné; quant à Méribah,
— Voir: cet article.
— On distingue encore un autre Kadès, ou plutôt Kédès,
q.v.
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KADMONIENS
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(les Orientaux), nom d'une peuplade cananéenne, Genèse
15:19, du reste inconnue, que l'on place au-delà du Jourdain, à l'orient de la
Phénicie, et non loin du Liban. Quelques-uns pensent que Cadmus avait appartenu
à cette tribu, et qu'Hermione, sa femme, avait reçu son nom du mont Hermon; ils
trouvent une analogie de plus: les Kadmoniens étaient Héviens, et la racine de
ce dernier nom signifie serpent; de là, disent-ils, la fable des dents de
dragon semées par Cadmus, et des hommes vaillants qui en naquirent.
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KAGAB,
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Lévitique 11:22.
— Voir: Sauterelles.
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KAMON,
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ville de Galaad, appartenant à la tribu de Manassé, et
dans laquelle fut enseveli Jaïr, Juges 10:5.
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KARKAA,
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ville située dans la partie méridionale de la tribu de
Juda, Josué 15:3.
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KARKOR,
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lieu au-delà du Jourdain, du côté de l'Arabie, Juges
8:10. Eusèbe et Jérôme pensent au château de Carcaïa ou Carcaria, à une journée
de Pétra, ce qui s'accorde assez bien avec le récit sacré, si Nobah, qui paraît
avoir été à l'est de Karkor, 8:11, est, en effet, comme l'a dit Eusèbe, à 8
milles sud d'Esbus.
— Voir: Nobah.
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KÉBAR ou Chaboras,
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fleuve de la Mésopotamie, qui prend sa source près de
Ras-el-Aïn, et qui coule d'abord à l'est, puis au sud, et à l'ouest, reçoit le
Mygdonius, et se jette dans l'Euphrate, près de Circesium. Une partie des dix
tribus avait été transportée sur les rives de ce fleuve, et c'est de là
qu'Ézéchiel a daté plusieurs de ses prophéties, Ézéchiel 1:3; 3:15,23;
10:15,22.
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KÉDAR et Kédaréniens,
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peuple descendant d'Ismaël, Genèse 25:13, horde
nombreuse vivant dans des tentes, toujours nomade, et dont on ne peut pas
indiquer, d'une manière précise, le territoire, puisqu'ils en changeaient
souvent. Ils erraient dans les déserts de l'Arabie, loin de la Palestine,
étaient riches en troupeaux, faisaient un grand commerce, et excellaient à
tirer de l'arc, Ésaïe 21:16; 42:11; 60:7; Cantique 1:5; Psaumes 120:5; Ézéchiel
27:21; Jérémie 2:10; 49:28. Ce sont probablement les Cédréens de Pline. La
langue de Kédar, chez les rabbins, désigne l'arabe.
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KÉDÉMOTH,
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ville de Ruben, appartenant aux Lévites, Josué 13:18;
21:37; 1 Chroniques 6:79. Près de là se trouvait un désert, Deutéronome 2:26.
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KÉDÈS ou Kadés.
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1. Ville
de Nephthali, lévitique, et l'un des six lieux de refuge d'Israël, d'abord
résidence d'un roi cananéen, Josué 12:22; 19:37; 20:7; 21:32; Juges 4:6. Elle
était fortifiée, 2 Rois 15:29; 1 Chroniques 6:76. Flavius Josèphe la met sur
les frontières de la Galilée et de la Phénicie, et lui donne les environs de
Tyr pour territoire.
2. Ville
au sud de Juda, Josué 15:23.;
3. d'Issacar,
1 Chroniques 6:72.
— Voir: Kison.
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KÉDOR-LAHOMER,
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Genèse 14:1 (1912 avant J.-C.), roi d'Hélam. Plus fort
que tous les autres petits chefs des contrées avoisinantes, il avait su,
pendant douze années, se rendre et se conserver tributaires les rois de Sodome,
de Gomorrhe et des autres villes de la plaine qui, enfin, lasses du joug, se
soulevèrent et refusèrent de payer le tribut. Au bout d'une année, pendant
laquelle Kédor, sans doute, avait pris ses mesures, il s'avança contre les
rebelles, accompagné de trois rois, ses voisins. Les princes des cinq villes
s'armèrent et vinrent au-devant de lui; mais déjà Kédor-Lahomer était
triomphant; il venait de conquérir toute la vallée orientale du Jourdain; il
avait pénétré jusque dans l'Idumée, et la défaite des cinq rois n'était plus
pour lui qu'un succès facile; il les rencontra dans la vallée de Siddim, pleine
de l'asphalte qui donna plus tard son nom à la mer qui engloutit les cinq
villes. Ce terrain de bitume et les crevasses qui le traversaient, gênèrent les
mouvements des rois de la plaine: ils furent battus; ceux de Sodome et de
Gomorrhe furent tués; tous s'enfuirent ou furent faits prisonniers; leurs
vivres et leurs richesses tombèrent au pouvoir de l'ennemi. Mais, parmi les
captifs, il s'en trouvait un qui craignait Jéhovah: c'était Lot; sa présence
devait être la délivrance de tous. Abraham, informé du malheur de son neveu,
part avec 318 de ses serviteurs, partage ses troupes en bandes, fond de nuit
sur le camp ennemi, met en fuite Kédor et ses alliés, et leur reprend, avec
leurs prisonniers, toutes les richesses qu'ils avaient injustement enlevées.
Kédor s'enfuit jusqu'à Hobar, près de Damas.
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KÉHATH,
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second fils de Lévi, Genèse 46:11; Nombres 3:17; 1
Chroniques 6:1, naquit en Canaan, et fut père de Hamram, et, par lui,
grand-père de Moïse et d'Aaron, Exode 6:16-20; il vécut cent trente-trois ans.
Ses descendants, l'une des trois branches lévitiques, furent chargés, dans le
désert, de porter l'arche et les ustensiles du tabernacle, Nombres 4:4. Ils
étaient au nombre de 2,750 personnes, de trente à cinquante ans, à la sortie
d'Égypte.
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KÉHILAH,
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ville des plaines de Juda, Josué 15:44; 1 Chroniques
4:19; Néhémie 3:17-18. Elle fut prise par les Philistins, et délivrée par
David, 1 Samuel 23. Elle était située à quelques lieues est d'Éleuthéropolis,
et une ancienne tradition y place le tombeau du prophète Habacuc.
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KÉMOS,
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divinité nationale des Moabites et des Hammonites,
Nombres 21:29; Juges 11:24; 2 Rois 23:13; cf. Jérémie 48:7, dont Salomon même
autorisa le culte en Israël, 1 Rois 11:7. Quelques-uns, sur l'autorité de
Jérôme, la confondent avec Bahal-Péhor; d'après l'étymologie, on pourrait la
croire identique avec Béelzébub; d'autres croient que c'était le dieu de la
guerre. Une tradition juive porte que Kémos avait pour emblème une étoile
noire. On en fait encore Saturne, ce que son rapprochement de Moloch, 1 Rois
11:7; 2 Rois 23:13, rend assez vraisemblable,
— Voir: Caldéens.
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KÉNAN,
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— Voir: Caïnan.
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KÉNATH,
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ville de Galaad, à laquelle Nobah donna plus tard son
nom, Nombres 32:42; Juges 8:11; 1 Chroniques 2:23. Eusèbe et Jérôme l'appellent
Kanatha et la placent en Arabie (Trachonite); Ptolémée et Flavius Josèphe la
mettent en Célésyrie et la comptent avec la Décapole.
— Burckhardt a trouvé des ruines assez considérables
portant le nom de Kanuat.
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KÉNAZ,
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Josué 15:17,
— Voir: Kéniziens.
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KÉNIENS ou Kiniens,
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1 Chroniques 2:55, peuplade dont le nom correspondrait
a celui des Troglodytes grecs; ils habitaient des montagnes et des rochers
inaccessibles, Nombres 24:21. C'était une des tribus cananéennes, Genèse 15:19;
leur demeure était au couchant de la mer Morte, vers le sud, et s'étendait
assez en avant, du côté de l'Arabie, sur le territoire des Hamalécites, puisque
Jéthro, le beau-père de Moïse, était Kénien, Juges 1:16, et que, du temps de
Saül, les Kéniens étaient mêlés avec les Hamalécites, 1 Samuel 15:6. Il paraît
que la parenté d'alliance qui existait entre Moïse et cette peuplade, fut pour
elle une branche de salut; car, quoique les Kéniens fussent du nombre de ces
Cananéens qui devaient être exterminés pour céder la place à Israël, on en
retrouve plusieurs vivant en diverses parties de la Palestine, principalement
dans le nord, Juges 4:11,17; 5:24; peut-être ceux qui se soumirent furent-ils
admis à jouir de ce privilège, comme sous Josué les Gabaonites; les autres se
retirèrent en Idumée. Leur territoire faisait partie de celui qui fut donné
plus tard à la tribu de Juda.
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KÉNIZIENS,
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peuplade cananéenne inconnue; elle n'est nommée que
Genèse 15:19. On croit qu'ils habitaient le midi de la Judée. Le nom de
Kénizien se retrouve Nombres 32:12; Josué 14:6,14; est-ce qu'il rappelle cette
tribu? Est-ce que Kénaz, Josué 15:17; Juges 1:13, aurait pris lui-même son nom
de la tribu à laquelle auraient appartenu ses ancêtres? Ou bien n'y a-t-il là
qu'un rapport accidentel, et le nom de Kénaz serait-il devenu, à son tour, un
nom patronymique? On ne peut décider, mais cette dernière supposition est la
plus probable.
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KÉPHIRAH.
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1. Ville
des Gabaonites qui fut ensuite cédée à la tribu de Benjamin, Josué 9:17; 18:26.
2. Fils
de Kiriath-Harim, Esdras 2:25.
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KÉREN-HAPPUCH,
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— Voir: Jémima.
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KÉRÉTIENS,
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1 Samuel 30:14; et ailleurs. Ce nom qui désignait sans
doute primitivement les habitants de l'île de Crète, fut conservé ensuite à
leur descendants les Philistins;
Au temps de la Tour de Babel, la Crète faisait partie
d’un vaste Continent dans la Méditéranée peuplé d’une race de géants nommés les
Caphtorim dont le nom signifie «île en forme de couronne», et que plusieurs
identifient comme étant l’Atlantide où Nimrod avait son trône. Alexandre
Hislop, dans son œuvre remarquable «Les Deux Babylones», indique clairement
qu’Atlas, le fondateur de l’Atlantide, était nul autre que Nimrod.
— Voir: Caphtorim.
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KÉRIJOTH.
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1. Ville
de Juda, Josué 15:25, probablement le lieu d'origine de Judas le traître, q.v.
2. Ville
moabite, Jérémie 48:24,41. Amos 2:2.
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KÉRITH,
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1 Rois 17:3-6, un des affluents du Jourdain, sur les
bords duquel Élie fut nourri par les corbeaux de l'air; il descend des
montagnes d'Éphraïm.
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KETSIHA,
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— Voir: Jémima.
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KÉTURA,
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Genèse 25:1; 1 Chroniques 1:32, seconde femme
d'Abraham, ou plutôt une simple concubine qu'il prit après la mort de Sara;
quelques-uns pensent qu'elle était cananéenne, d'autres croient que c'est Agar
qu'Abraham rappela auprès de lui, les motifs de son expulsion n'existant plus.
On n'en sait rien, mais ce dernier cas est peu probable. Elle donna au prophète
six fils, qu'il renvoya comme Ismaël après leur avoir fait des présents, ce qui
semble bien prouver qu'il ne voyait pas en eux sa postérité, et qu'il ne les
considérait pas comme légitimes.
— Quelques auteurs prétendent qu'Abraham avait déjà
épousé Kétura du vivant de Sara.
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KIDON,
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1 Chroniques 13:9,
— Voir: Nacon.
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KIJUN,
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Amos 5:26,
— Voir: Caldéens.
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KIKAJON,
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Jonas 4:6-10. Saint Jérôme, après avoir traduit
l'hébreu par lierre, avoue qu'il ne se contente de cette traduction inexacte
que parce que le mot propre manque en latin, et qu'il aime mieux cependant
mettre dans ce passage un mot bien connu que d'y laisser subsister le terme
hébreu, qui pourrait donner lieu à des malentendus plus fâcheux encore que
l'inexactitude. Il pense d'ailleurs comme Celse (et plus tard Bochart, Calmet,
Michaélis, Rosenmuller, Harris, Gesenius, Winer, etc.), que le kikajon est la
même plante que les Égyptiens appellent kiki, et les Arabes el kéroa, en
français le ricin ou la palme de Christ. «En Grèce, rapporte Hérodote (2, 94),
cette plante croît spontanément et sans culture; mais les Égyptiens la
soignent, ils la sèment sur les bords des rivières et des canaux, et lui font
produire en grande abondance des fruits d'une odeur très forte, qu'ils pressent
ensuite, et dont ils extraient une huile bien connue, qui a des qualités médicinales,
et qui brûle avec autant d'éclat et de facilité que l'huile d'olive. Les
Égyptiens appellent la plante sillicyprion, et l'huile kiki.»
— Niebuhr, dans sa description de l'Arabie, décrit
ainsi Tel kéroa: «Cette plante a la forme d'un arbre, quoique son tronc n'ait
pas la consistance du bois; chacune de ses branches est terminée par une seule
large feuille à six ou sept lobes; le sujet, que j'examinai était près d'un
ruisseau qui l'arrosait continuellement; en cinq mois il avait crû de 8 pieds
et portait alors des fleurs et des fruits, mûrs et non mûrs: les feuilles et
les fleurs que je détachai de la tige se flétrirent en fort peu de minutes,
comme font celles de tous les végétaux d'un rapide accroissement. On l'appelle
à Alep palma Christi. Les chrétiens et les juifs de Mosul (Ninive), disent que
ce n'est pas cette espèce dont il est parlé dans l'histoire de Jonas, mais une
autre aux feuilles plus nombreuses et plus larges, et d'un développement plus
prompt.»
— Le ricin (classe XXI, monadelphia de Linnée), est
une plante bisannuelle qui atteint en quelques jours la hauteur d'un arbre
pouvant cacher un homme sous l'ombrage de ses feuilles; sa tige, d'abord
herbacée, devient plus tard ligneuse, mais elle est creuse en dedans, pleine de
nœuds et d'articulations, et munie de grandes feuilles à longs pétioles, ayant
la forme de feuilles de vigne, plus lisses et plus noires que celles du plane,
dentelées en forme de scie: les fleurs sont jaunes, et dans les deux sexes,
sans corolles; leur fruit est une gousse ou silique triangulaire, munie de
poils durs et piquants, dont les grains donnent l'huile blanche ou jaunâtre
dont nous avons parlé. On trouve principalement cet arbuste en Ararabie, en
Égypte et en Syrie, et le rabbin Kimhi raconte que les Orientaux ont l'habitude
d'en planter devant leurs maisons et sur le devant de leurs boutiques pour se
procurer ainsi quelque ombrage.
Ces détails sont d'accord avec ce que le passage de
Jonas fait connaître du kikajon, pourvu toutefois qu'on ne presse pas outre mesure
les mots du récit: rien n'indique combien de temps cet arbuste à mis à croître,
quoiqu'il soit évident que son développement a été fort prompt; Dieu le
prépara, est-il dit, et les paroles du verset 10: «il est venu en une nuit»,
marquent simplement, ou bien en général la rapidité de son accroissement, ou
bien qu'en une nuit il a crû assez pour donner au prophète le bienfaisant
ombrage qu'il lui refusait la veille encore, quoiqu'il eût déjà une certaine
hauteur et des feuilles en germe. Le dessèchement de la plante s'explique de la
même manière; il a été rapide, comme sa venue: l'ardent soleil dont Jonas se
plaint aura nui à l'arbuste, et le ver qui le ronge peut être pris
littéralement, comme aussi l'on peut l'entendre d'une espèce de chenilles
noires, assez grandes, et fort nombreuses, qui pendant les jours les plus
chauds de l'année éclosent sur certains arbres, notamment sur le kikajon, et en
rongent en une seule nuit toutes les feuilles, sans qu'il reste plus de l'arbre
autre chose qu'un squelette. Mais si cette histoire tout entière peut
s'expliquer naturellement, elle n'en a pas moins été amenée par l'intervention
directe de l'Éternel-Dieu, et il est possible que la venue et la mort du
kikajon aient été plus rapides qu'elles ne le sont d'ordinaire.
À cet arbuste malheureux se rattache le souvenir du
grand égoïsme du prophète; Jonas voulait que Ninive pérît, mais il voulait
épargner le kikajon, parce que le salut de Ninive compromettait la vérité de sa
prophétie, et que la mort de l'arbrisseau était pour lui une cause de
souffrance physique; il recherchait son intérêt propre, et tenait peu compte de
la vie de 120,000 hommes.
Plus tard le même arbrisseau a été une source de
troubles dans une portion de l'Église chrétienne. Saint Augustin, s'appuyant de
l'autorité des Septante, du syriaque et de l'arabe, croyait que le kikajon
signifiait la citrouille; saint Jérôme, d'après Aquila, Symmaque et Théodotion,
avait traduit par lierre: de là, grande rumeur et grand scandale un jour dans
l'Église d'Assyrie; on parla d'hérésie, et la version de Jérôme dut être
positivement condamnée sur ce point, pour éviter un schisme à propos d'une
différence entre deux grands et pieux docteurs dont il est maintenant prouvé
que l'un et l'autre se trompaient.
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KIMHAM,
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2 Samuel 19:37, fils ou petit-fils de Barzillaï, cf. 1
Rois 2:7, remplaça ce vieillard auprès de David et suivit son maître à
Jérusalem. II paraît que parmi les présents qu'il reçut de David ou de Salomon,
se trouvait une grande métairie aux environs de Bethléem, dans laquelle
s'arrêtèrent, comme dans un hospice, Johanan et les Juifs qui, après la ruine
de Jérusalem, se rendaient en Égypte, Jérémie 41:17. Peut-être aussi était-ce
un hospice que Kimham avait fait bâtir en ce lieu pour servir de retraite aux
voyageurs, comme sont les caravansérails en Orient. Le nom de Guéruth, conservé
par nos versions dans ce passage, doit se traduire par hospice.
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KINNÉRETH,
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Josué 13:27;
— Voir: Génésareth.
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KIR ou Kira,
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1. (ou
Kira, Ésaïe 22:6), district du royaume d'Assyrie, dans lequel furent
transportés les habitants de Damas pris par Tiglath-Piléser, 2 Rois 16:9; Amos
1:5; 9:7; Ésaïe 22:6. C'est la contrée située auprès du fleuve Cyrus, qui,
réuni à l'Araxe, se jette dans la mer Caspienne, et a conservé jusqu'à nos
jours dans le pays le nom de Kura.
2. Très
forte ville du pays des Moabites, située sur un rocher de craie haut et
escarpé, qui domine tout le pays, et d'où l'on peut voir dans le lointain la
ville de Jérusalem: le paraphraste caldéen l'appelle Kéracca (c'est-à-dire
forteresse de) Moab, et les auteurs arabes la mentionnent dans l'histoire des
croisades, sous le nom de Karak ou Kérek. Outre les Turcs, elle renferme
trente-cinq familles de Juifs chrétiens, qui s'y sont réfugiés de Jérusalem ou
d'ailleurs; ils n'y sont point vexés et jouissent de la même liberté que les
Turcs; ils exercent une grande hospitalité, et sont plus pieux que bigots. Le
voyageur Burckhardt, qui y a séjourné trois semaines, a dû passer un jour dans
chaque maison. Il y a quelque chose d'admirable dans cet exercice de
l'hospitalité; mais les Bédouins en abusent: ils arrivent le soir avec leurs
chevaux, se font nourrir pour économiser leurs propres provisions, puis
repartent. Seetzen et Burckhardt parlent du château ruiné et des restes de
fortifications de cette ville, qui n'est plus qu'un gros bourg situé à trois
lieues sud d'Har-Moab; elle est encore le siège nominal d'un évêque grec qui
réside à Jérusalem.
— C'est probablement, selon Vitringa, la même que
Kir-Hères, Ésaïe 16:11; Jérémie 48:31,36, et que Kir-Haréseth, Ésaïe 16:7,11; 2
Rois 3:25.
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KIRIATH,
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ville de Benjamin, Josué 18:28, que quelques-uns
pensent être la même qui, sous le nom de Kiriath-Jéharim, aurait passé plus
tard à la tribu de Juda, dont elle était voisine.
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KIRIATHAJIM,
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1. ville
de Ruben, à l'est du Jourdain, à une journée de Palmyre, Nombres 32:37; Josué
13:19. Elle avait d'abord appartenu aux Émims, Genèse 14:5, puis aux Moabites
(cf. Deutéronome 2:9), qui s'en trouvèrent de nouveau en possession aux jours
de l'exil, Jérémie 48:1,23; Ézéchiel 25:9. Eusèbe et saint Jérôme la
mentionnent sous le nom de Korias ou de Corajatha, et la mettent à 10 milles
romains de Médéba. On n'est pas d'accord sur l'emplacement de ses ruines.
2. Ville
lévitique dans la tribu de Nephthali, 1 Chroniques 6:76, la même qui est
appelée Karthan, Josué 21:32.
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KIRIATH-ARBAH.
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— Voir: Hébron.
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KIRIATH-HUTSOTH,
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Nombres 22:39, ville des Moabites.
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KIRIATH-JÉHARIM ou Bahala
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(ville des forêts), aussi appelée Bahala, Josué 15:9,
Kiriath-Bahal, 15:60, et Bahalé de Juda, 2 Samuel 6:2, était une ville de Juda.
Juges 18:12, sur la frontière occidentale de la tribu de Benjamin, Josué 9:17;
18:15; 1 Chroniques 2:50. Elle fut pendant quelque temps le siège de l'arche de
l'alliance, 1 Samuel 7:1; 2 Samuel 6:2; 1 Chroniques 13:6;
— Voir: encore Jérémie 26:20; Esdras 2:25; Néhémie
7:29.
Eusèbe la met à 9 nulles de Jérusalem, au nord-ouest,
dans la direction de Lydda.
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KIRIATH-SETHER,
________________________________________
plus tard appelée Débir, Josué 10:38; cf. 15:15; Juges
1:11, ou Kiriath-Sannah, Josué 15:49, ville cananéenne, Josué 10:38, fut donnée
au territoire de Juda, Josué 15:49; Juges 1:11, puis déclarée ville lévitique,
Josué 21:15; 1 Chroniques 6:58. Elle paraît ne pas avoir été située loin
d'Hébron,
— Voir: Josué 10:36,38, etc.,
et les meilleures cartes portent, en effet, un bourg
Dabir à l'ouest de cette ville.
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KIS.
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1. Fils
d'Abigabaon et de Mahaca, 1 Chroniques 8:30.
2. Fils
de Ner et père de Saül, berger et guerrier, nous est dépeint comme un homme de
grand courage. Quelques ânesses de ses troupeaux s'étant égarées, il envoya son
fils Saül à leur recherche, 1 Samuel 9:3, mais bientôt inquiet de l'absence
prolongée du jeune homme, dont il paraît avoir ignoré les futures destinées, il
le fait chercher, et ne le revoit que roi d'Israël, 10:2,11. Son nom se
retrouve 2 Samuel 21:14; 1 Chroniques 12:1; 8:30; 9:39; 26:28; Actes 13:21.
3. Lévite,
fils d'Habdi, de la famille de Mérari, 2 Chroniques 29:12.
________________________________________
KISJON,
________________________________________
ville lévitique d'Issacar, Josué 19:20; 21:28, appelée
Kédès dans le passage parallèle 1 Chroniques 6:72.
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KISLOTH,
________________________________________
Josué 19:12,
— Voir: Tabor.
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KISON,
________________________________________
maintenant Mokata ou Mekatta, fleuve ou rivière de la
Palestine, qui formait la frontière naturelle de Zabulon vers le sud et
l'ouest, se jetant dans le golfe de Ptolémaïs, au nord-ouest de Kaïfa, après
avoir traversé la plaine de Jizréhel, Juges 4:7; 5:21; 1 Rois 18:40; Psaumes
83:9. Ses eaux sont abondantes en hiver, mais en été l'on peut le traverser à
gué sans difficultés. Il prend sa source au mont Tabor, dont il baigne le pied
méridional, cf. Juges 4:12-14; 5:19-21. Il coule au pied du Carmel, et partout
répand la fertilité sur ses rives. L'Anglais Shaw l'a confondu avec le
Raz-al-Kison, qui a sa naissance et coule à l'est du mont Tabor.
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KITRON,
________________________________________
ville de Zabulon, mais longtemps habitée, et peut-être
toujours, par des Cananéens, Juges 1:30; peut-être la même que Kattath, Josué
19:15.
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KITTIM,
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peuplade nommée Genèse 10:4; parmi les descendants de
Javan, à côté d'Élisa, Tharsis et Dodanim. Dans le sens le plus restreint de ce
mot, il faut entendre l'île de Chypre, puis dans un sens plus éloigné, les
autres îles et les côtes septentrionales de la Méditerranée;
— Voir: Ézéchiel 27:6; Daniel 11:30; Nombres 24:24;
Jérémie 2:10; Ésaïe 23:1.
Aucun de ces passages ne contient des indications bien
précises, et les interprètes varient d'opinion sur la situation de Kittim; les
uns, comme Calmet, s'appuyant sur 1 Maccabées 1:1; 8:5, y ont vu la Macédoine;
d'autres, comme Bochart, ont entendu par là les Romains; l'opinion de Flavius
Josèphe enfin, celle qui se justifie le mieux, et que nous avons adoptée,
s'appuie d'abord sur ce que le nom de Kittim s'est conservé en Chypre dans la
ville de Cittium, puis sur ce que les habitants de cette île sont évidemment
d'origine phénicienne, et que le dieu Bahal y était adoré. L'île de Chypre
fournissait en abondance une espèce de bois de cèdre ou de pin dont les Tyriens
faisaient usage pour la construction de leurs vaisseaux.
Ce nom doit être pris figurément et d'une manière tout
à fait générale, Nombres 24, Jérémie 2, pour désigner des peuples occidentaux.
________________________________________
KORAH,
________________________________________Genèse 36:10,
— Voir: Coré #1.
________________________________________
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-L
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LABAN,
________________________________________
Genèse 25:20; 24:29 (1856 avant J.-C.), riche
propriétaire de troupeaux dans les plaines de la Mésopotamie, fils de Béthuel,
petit-fils de Nacor le frère d'Abraham, et ainsi petit-neveu de ce patriarche.
Il consentit avec empressement au mariage de sa sœur Rébecca avec le fils
unique du riche Abraham, avec Isaac, cousin germain de son père Béthuel. Plus
tard, c'est chez lui que le fils de sa sœur, Jacob, vient chercher un asile contre
la colère d'Ésaü qu'il redoute. Ces deux hommes rusés se font pendant une
vingtaine d'années une sourde guerre, qui préluda de la part de Laban, par la
substitution de Léa à Rachel dans le mariage de Jacob, Genèse 29. Le
missionnaire Hartley, dans son voyage en Grèce, rapporte un exemple analogue
d'un jeune Arménien à qui l'on donna, grâce au voile nuptial qui couvre presque
entièrement la personne, une sœur aînée au lieu de la cadette qu'il avait
demandée en mariage, et des faits de ce genre ne sont pas précisément rares en
Orient.
Après que Jacob eut gagné ses deux femmes par quatorze
années de travail, Laban s'arrangea avec lui de manière à ce que l'un et
l'autre trouvassent leur avantage à cet accord mutuel; mais Jacob, par des
subterfuges dont nous avons parlé à cet article, s'enrichissait chaque année au
détriment de son beau-père, ce qui mécontenta bientôt et les fils de Laban et
Laban lui-même. Les rapports des deux familles s'aigrissaient et
s'envenimaient; la confiance avait disparu, l'amitié avec elle, et dans cet
état de rivalité jalouse et de tension continuelle, Jacob Unit par comprendre
qu'il devait partir. Il profite, pour l'exécution de son dessein, d'une absence
de Laban, et celui-ci, à son retour, ne trouve plus ni son gendre, ni ses filles,
ni ses petits-fils; aussitôt il assemble ses parents et ses serviteurs, et
plein de colère, se met à la poursuite des fugitifs. Mais en chemin une vision
l'arrête: Dieu lui défend de nuire à Jacob qu'il protège, et lorsque, près des
montagnes de Galaad, les deux familles se rencontrent, la colère de Laban est
apaisée; il reproche seulement au patriarche son départ précipité et
l'enlèvement de ses dieux, et finit par lui proposer une solennelle alliance
d'amitié. Un simple monument de pierres fut élevé en souvenir de cette journée
qui se termina par un sacrifice et un festin offert par Jacob. Laban jura
l'alliance par les dieux d'Abraham, de Nacor et de Taré, Jacob par le Dieu
redoutable que craignait Isaac son père, et les deux familles se séparèrent; Laban
partit de grand matin et s'en retourna en son pays. Son histoire s'arrête-là.
Quelle était sa religion? Il reconnaissait l'Éternel
(24:50; 30:27) et jurait par les dieux de Nacor, 31:53, même il rendait un
culte à des théraphims. C'était un commencement de paganisme et d'idolâtrie.
Toujours membre de la grande famille des patriarches, et descendant d'Héber, il
n'était cependant pas descendant d'Abraham; sa foi s'était obscurcie, ou plutôt
sa foi était morte, et il n'avait conservé que le nom du vrai Dieu, tout comme un grand nombre de chrétiens de
nos jours ont conservés le nom de Christ. Homme de la terre, il lui fallait
un dieu de terre pour représenter le céleste qu'il ne pouvait voir; et bientôt
le dieu de terre était devenu son dieu unique, il l'avait multiplié pour
suppléer par le nombre à l'insignifiance. Le paganisme, chez Laban comme chez
tous ceux qui ont connu la vérité et qui en ont renié la force, a toujours
commencé par le cœur; et quand on jette les yeux sur ce qu'on appelle
maintenant la chrétienté, on ne trouvera que trop de chrétiens, ou plutôt de
païens comme Laban, qui ont leurs dieux et leurs déesses, à côté du grand Dieu
de la Loi et de l'Évangile. La doctrine des images et le culte des saints sont,
dans l'église romaine, un acheminement bien clair vers cette foi double et
bâtarde qui veut allier Dieu et le monde, la religion et l'idolâtrie, le
christianisme et le paganisme; et, sans qu'on s'en doute, la religion de Laban
a pour partisans tous ceux dont les œuvres ne correspondent pas à la profession
qu'ils font d'être chrétiens; Dieu est dans leur bouche, mais ils cherchent les
idoles du monde, et, comme Laban, ils ne les trouveront point.
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LAC,
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— Voir: Mer, et les articles spéciaux.
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LADHA,
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— Voir: Hel.
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LAHMAS,
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ville des plaines de Juda, Josué 15:40. Quelques
manuscrits portent Lahmam.
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LAHMI,
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1 Chroniques 20:5, frère de Goliath, et digne de lui:
la hampe de sa hallebarde était comme l'ensuble d'un tisserand. Il fut tué par
El-Hanan. Dans le passage parallèle, 2 Samuel 21:19, le texte est corrompu et
porte, au lieu de Lahmi, Bethhallahmi, que nos versions ont traduit par
bethléémite, et qu'elles ont dû joindre au nom du vainqueur, en sous-en-tendant
alors frère de devant le nom de Goliath.
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LAIS,
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ville de l'extrême frontière nord de la Palestine,
Juges 18:7; Jérémie 8:16; Deutéronome 34:1. D'abord colonie sidonienne qui
portait aussi le nom de Lésem, Josué 19:47, au pied du Liban, dans une contrée
fertile, près des sources du Jourdain, elle fut plus tard appelée Dan par les
Danites qui s'y établirent, et bâtirent une nouvelle ville sur les décombres de
l'ancienne qu'ils avaient détruite, Josué 19:47; Juges 18:29; ce dernier nom
lui est déjà donné par anticipation, Genèse 14:14. Laïs fut, sous tous ses
noms, un siège célèbre d'idolâtrie, et Jéroboam y institua le culte d'un veau
d'or, 1 Rois 12:29.
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LAIT,
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— Voir: Bœuf, et Nourriture.
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LAKIS,
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résidence d'un roi cananéen, ville située dans les
plaines de Juda. Josué la conquit et la donna à la tribu de Juda, Josué
10:3,31; 15:39. Elle fut fortifiée par Roboam contre les Philistins, 2
Chroniques 11:9, assiégée plus tard par Sanchérib dans sa campagne contre
l'Égypte, 2 Rois 18:14; Ésaïe 36:2; 37:8 (— Voir: encore 2 Rois 14:19), et
enfin détruite par Nébucadnetsar dans la guerre d'extermination des Caldéens
contre le royaume de Juda, Jérémie 34:7. Elle reparaît encore après l'exil,
Néhémie 11:30. Le prophète Miellée, 1:13, semble faire de cette ville le centre
de l'idolâtrie de Bahal qui couvrit le royaume.
— Lakis subsistait encore sous le même nom au temps
d'Eusèbe et de Jérôme, qui la mettent à 7 milles d'Éleuthéropolis vers le sud,
dans le district de Daromas.
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LAMEC,
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Luc 3:36,
— Voir: Lémec #2.
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LAMENTATIONS,
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— Voir: Jérémie.
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LANCE,
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— Voir: Armes.
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LANGUE.
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Lors de la construction de la tour de Babel Dieu
confondit les langues pour séparer les hommes, comme aux jours de la Pentecôte
il donna miraculeusement de nouvelles langues pour recueillir son peuple. Mais
l'un et l'autre de ces événements remarquables donne lieu à une série de
questions épineuses qu'il n'est ni facile ni même possible de résoudre toutes.
Pour traiter ce sujet, il faudrait en avoir fait une étude longue et spéciale;
peu d'hommes font ce travail et nous devons nous borner à des généralités.
La confusion des langues est-elle la conséquence
immédiate de l'intervention divine, et fut-elle la cause de la dispersion? ou
bien, au contraire, la différence des langues a-t-elle été la suite naturelle
de la dispersion des hommes? Cette dernière manière de voir n'appartient pas
aux rationalistes seuls, mais aussi à beaucoup de théologiens chrétiens très
respectables, à Grégoire de Nysse en particulier, qui ne voit dans le récit de
Moïse, Genèse 11, qu'une chose fort simple et fort naturelle, savoir, que les
hommes s'étant séparés pour un motif quelconque, il résulta de leur dispersion
que, chacun faisant quelques changements à la langue qu'il avait apprise de ses
pères, ils finirent par ne plus pouvoir s'entendre. D'un autre côté, le texte
littéral du récit sacré semble favoriser davantage l'autre opinion, que Dieu,
par un effet subit de sa toute-puissance, fit oublier aux hommes, ou à la plus
grande partie d'entre eux, leur langue primitive, et leur en apprit de
nouvelles, ou les força de s'en créer d'autres par le besoin de se comprendre
et l'impuissance où ils se trouvaient de se servir de la langue qu'ils avaient
parlée précédemment.
La confusion des
langues fut occasionnée par la fragmentation du Continent lors d’une
catastrophe cosmique. La terre à cette époque était encore d’un seul Continent,
la chute d’un ou de plusieurs astéroïdes gigantesques fragmenta le Continent et
occasionna le soulèvement des montagnes. Dans la confusion, les peuples furent
séparés l’un de l’autre et développèrent leur propre coutumes et leur propre
langues, gardant les souvenirs de leur origine qui furent exprimés de
différentes façons.
À cette question se rattache celle de savoir quelle
est la langue primitive, celle que tous les hommes parlaient avant le jour de
la confusion. Nous laissons entièrement de côté toutes les théories et tous les
débats relatifs à l'histoire de la langue naturelle de l'humanité, de cette langue
innée que quelques savants idéologues prétendent devoir exister au moins
virtuellement, bien que personne ne la connaisse: la langue étant une affaire
de convention, et, dans tous les cas, le langage naturel ne pouvant plus se
retrouver nulle part ni jamais, à cause de l'existence actuelle des langues
connues, la question serait pour le moins nécessairement sans solution, et il y
a peut-être quelque avantage à n'y pas perdre son temps.
— Il y a peu de langues qui n'aient revendiqué
l'honneur d'être la langue primitive, l'hébreu, le caldéen, l'arabe, le
syriaque, le chinois, et jusqu'au flamand (— Voir: Gorope Becan, Origines,
etc., Anvers), etc.; et devant cette concurrence d'ambitions, on se demande
avant tout si cette langue primitive n'est peut-être pas éteinte, et si nous la
connaissons encore. Voici comment Preiswerk résout cette question dans sa
grammaire hébraïque, Introduction, XX. «Nous devons admettre, dit-il, que
l'ancienne langue des pieux ancêtres du genre humain s'est conservée dans la famille
d'Héber, fidèlement et indépendamment de la confusion de langage des autres
peuplades, et que la langue que nous connaissons sous le nom de langue
hébraïque remonte jusqu'aux premiers jours de l'humanité. Entre plusieurs
raisons qui prouvent que l'hébreu était la langue des patriarches, nous n'en
citerons qu'une: c'est que les noms propres des patriarches jusqu'à Adam sont
évidemment hébreux.» La même thèse a été soutenue et savamment traitée d'abord
par Calmet, puis, de nos jours, par Hævernick, Einleit. § 26, p. 145-155. Winer
et d'autres savants n'hésitent pas, en revanche, à se prononcer fortement en
faveur de la priorité du sanscrit. On comprend que, pour discuter cette
question, il faudrait entrer dans des développements que le travail actuel ne permet
pas, dans des recherches et des digressions de philologie et de linguistique
qui n'intéresseraient que fort peu de lecteurs, pas même tous ceux qui
pourraient les comprendre. L'ouvrage de Hævernick est celui qui se recommande
le plus aux savants sous ce rapport, et plusieurs rationalistes, ordinairement
assez injustes pour ceux qui ne partagent pas leurs idées, ont parlé de ce
travail avec grande estime.
Outre l'hébreu, 2 Rois 18:26; Néhémie 13:24; Esther
8:9, la Bible fait encore mention de quelques autres langues, le cananéen,
Ésaïe 19:18, le caldéen, Daniel 1:4, l'araméen, que les mages parlaient à la
cour de Babylone, Daniel 2:4, et qui est aussi employé dans quelques édits des
gouverneurs perses en Palestine, Esdras 4:7; cf. 2 Rois 18:26, l'asdodien,
Néhémie 13:24, et dans le Nouveau Testament le syro-caldéen, le grec, le latin
et le lycaonien, Jean 19:20; Actes 14:11; 21:37; Apocalypse 9:11; Luc 23:38,
sans parler des langues qui furent parlées le jour de la Pentecôte, Actes 2:8.
— On ne trouve du reste chez les Juifs aucune trace
d'interprètes, sauf le seul cas Ésaïe 36:11; où il ne s'agissait pas même d'une
langue différente, mais seulement d'un autre dialecte de la même langue. De
cette absence de truchemans on peut conclure, semble-t-il, que l'étude des
langues étrangères ait été assez cultivée des Juifs, sinon par goût, du moins
par nécessité, car ils avaient de continuels rapports de commerce avec les
Égyptiens, par exemple, et avec les Assyriens; le grec cependant paraît avoir
fait exception, et l'on raconte que Jérusalem étant un jour assiégée par les
Asmonéens, fut livrée par un Juif qui parlait grec, et que depuis ce temps on
maudit quiconque parlerait cette langue perfide et traîtresse.
La question du don des langues ne peut être traitée
par la science; elle ressort de la foi. L'on ne peut rien ajouter ni retrancher
à tout ce qui est raconté Actes 2, et 1 Corinthiens 14; et pour celui qui se
tient à cette révélation avec un cœur simple et pur, la lumière ne lui manquera
pas. Ce miracle subsista dans l'Église aussi longtemps qu'il le fallut pour la
conversion et l'affermissement des païens; il subsistait encore aux jours
d'Irénée. Dieu seul connaît à cet égard ce qu'il doit donner à son Église, mais
chaque fidèle doit savoir ce qu'il doit demander.
Le don des langues avec tous les autres dons de
l’Esprit, était un don miraculeux désigné pour l’enfance de l’Église, une fois
le but atteint, ce don, incluant tous les autres, cessèrent pour faire place à
la parfaite révélation du Don de Dieu dans le sacrifice de la croix dans
l’accomplissement des écrits du Nouveau Testament.
— Voir: Babel
— Voir: Néander, le Siècle apostol., traduction par
Fontanès, et une thèse intéressante de Le Fort.
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LAODICÉE,
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ville de l'Asie Mineure, qui fut des premières
évangélisée, et dans laquelle on trouva de bonne heure une église chrétienne,
mais qui s'endormit dans le relâchement, Apocalypse 1:11; 3:14. Saint Paul
adressa à cette église, Colossiens 4:16, une lettre qui, selon les uns, s'est
perdue; ou plutôt (— Voir: ce que nous avons dit à l'article Éphèse) c'était la
même que la lettre aux Éphésiens, et elle devait servir d'encyclique à
plusieurs églises de l'Asie Mineure. Laodicée était dans le voisinage
d'Hiérapolis et de Colosses, à 7 lieues de cette dernière ville, Colossiens
4:13,15. On trouve encore sur une inscription Laodicée, Lycus, Caprus; et sur
d'autres, Laodicée sur te Lycus, pour la distinguer d'autres villes ou endroits
du même nom. Laodicée était en effet située non loin du Cadmus, où le fleuve
assez considérable du Lycus prend sa source, et près du confluent du Caprus et
du Méandre. C'était une ville fort commerçante; on y trouvait surtout des
changeurs d'argent. Elle porta d'abord le nom de Diospolis, plus tard celui de
Rhoas; celui de Laodicée lui fut donné en l'honneur de Laodice, épouse
d'Antiochus II le Divin. Une source considérable d'eau chaude se trouvait entre
Laodicée et Apamia, exhalant une espèce de fumée qui planait sur sa surface.
Quelques-unes des eaux de Laodicée même avaient la vertu de pétrifier les
objets. Strabon dit que les murs dont on entourait ces sources, se faisaient en
bois, et qu'ils ne tardaient pas à être pétrifiés par la source. L'an 66 de
Christ, sous Néron, cette ville fut détruite par un tremblement de terre, mais
déjà rétablie sous Marc Aurèle. Tacite place ce tremblement de terre dans la
septième année de Néron, c'est-à-dire entre 60 et 61, en ajoutant que, malgré
la grandeur du désastre, les riches habitants de Laodicée la firent
reconstruire, au moins en grande partie, dans la même année,
— Voir: Phrygie.
On en voit encore des ruines assez considérables sous
le nom d'Eskihissar.
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LAPIDATION.
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Ce supplice (— Voir: Jugements, Peines) était infligé,
d'après les lois israélitiques, à tous ceux qui avaient outragé la majesté de
Jéhovah, aux idolâtres, séducteurs, blasphémateurs, violateurs du sabbat, faux
prophètes, devins, pronostiqueurs, etc., comme à ceux qui avaient soustrait ou
dérobé une chose vouée à l'interdit, Lévitique 20:2,27; 24:14; Deutéronome
13:1,6; cf. 18:20; 17:2; Nombres 15:32; 1 Rois 21:10; Josué 7:25; Actes 6:13;
7:58, à des fils notoirement et obstinément rebelles, vicieux et désobéissants,
Deutéronome 21:18, à des fiancées ou à des épouses infidèles, et à leur
séducteur, Deutéronome 22:20,23.
— D'après les rabbins (— Voir: Mishna Sanhed. 7:4),
les enfants qui avaient maudit leurs parents, et ceux qui avaient commis un
inceste, les pédérastes et ceux qui s'étaient souillés par la bestialité,
étaient également lapidés; Moïse les condamne d'une manière générale à la peine
de mort, Lévitique 20, sans indiquer leur genre de supplice, mais les termes
dont il se sert «son sang est sur lui». (9,11-13,16) ont fait penser aux
talmudistes que le législateur avait implicitement indiqué la lapidation. La
même peine est aussi prononcée une seule fois contre un animal, le taureau qui
aurait tué un homme, Exode 21:28; cf. Lévitique 20:15.
L'Écriture sainte ne décrit nulle part la manière dont
la sentence était exécutée: on voit seulement que c'était sur la place
publique, en dehors de la ville, Lévitique 24:14,23; Nombres 15:36; 1 Rois
21:10,13; Actes 7:56, et que les témoins devaient les premiers jeter la pierre
au condamné, Deutéronome 17:7; Actes 7:57; cf. Jean 8:7. D'après les rabbins,
il y avait deux sortes de lapidation, l'une consistant simplement à accabler de
pierres le coupable, l'autre d'après laquelle on le conduisait sur une hauteur
escarpée élevée d'au moins deux longueurs d'homme; un des témoins le
précipitait et l'autre, pour l'achever, lui roulait une grosse pierre sur le
corps; si cela ne suffisait pas, la multitude elle-même achevait le malheureux.
— La lapidation servait aussi, dans certains cas, à
l'exécution d'une prompte justice ou d'une vengeance populaire, la multitude
grossière sachant se débarrasser ainsi de ceux qui avaient eu le malheur de lui
déplaire, Exode 8:26; 17:4; Matthieu 21:35; Luc 20:6; Jean 10:31; 11:8; Actes
5:26; 7:57; 14:19, non seulement chez les Juifs, mais chez d'autres peuples,
depuis les jours de Moïse jusqu'à ceux de Jésus.
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LAPIN,
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— Voir: Shaphan.
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LAPPIDOTH.
________________________________________
Débora est appelée épouse de Lappidoth, Juges 4:4, et
il est assez probable en effet que c'est là le nom de son mari: quelques-uns
cependant ont voulu y voir le nom de son village, et d'autres le nom de sa
profession, faiseuse de lampes.
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LASÉE,
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— Voir: Crète.
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LAUDANUM.
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C'est probablement là la substance qu'il faut entendre
par le mot hébreu lot, Genèse 37:25; 43:11, que nos versions ont traduit par
myrrhe. L'analogie entre les noms grecs et orientaux, lorsqu'il s'agit de
certains produits naturels rares et précieux, est toujours un guide probable,
surtout lorsque le contexte tend à confirmer la signification donnée, et ne
l'infirme pas. Aucun des anciens interprètes ne paraît avoir connu le laudanum,
et ils ont mis en avant diverses traductions et hypothèses en désaccord les
unes avec les autres; parmi les modernes, le voyageur Burkhardt voit dans lot
la plante du loto, ce qui ne peut concorder avec les passages ci-dessus; et
Michaélis y a voulu voir la pistache, mais l'hébreu a déjà pour cela un autre
nom.
— Le laudanum est une espèce de résine bien connue des
anciens naturalistes, Hérodote, Dioscoride, Pline. Odoriférante, molle et
onctueuse, on s'en servait pour des fumigations, on en faisait aussi des huiles
pour oindre à l'orientale les personnes qu'on voulait honorer; et la médecine
elle-même en faisait un grand usage. On le recueillait des feuilles d'un
arbrisseau (cistus labdaniferus. Cl. XIII, Monogynie), qui croît en Arabie, en
Chypre et en Syrie; il s'élève à environ 60 centimètres de hauteur, avec des
feuilles lancéolées, lisses et d'un vert foncé à la partie supérieure,
blanchâtre à la face inférieure; les fleurs, à cinq lobes, sont de couleur
purpurine, et la capsule, de cinq à dix loges, est presque ronde. La résine,
que quelques-uns ont prise pour une espèce de rosée, se recueille avant le
lever du soleil, au moyen de bandelettes de cuir auxquelles elle s'attache
facilement; on promène avec soin ces lanières sur les feuilles de l'arbre, et
lors qu'elles sont bien chargées de résine on les dépouille, et on recueille le
parfum en petites plaques ou gâteaux (Tournefort). Un procédé plus ordinaire,
en Arabie, consiste simplement à pousser des chèvres dans ces buissons; les
poils de leur barbe balayent les feuilles et recueillent en abondance le jus
visqueux qu'elles distillent; il n'y a plus alors qu'à détacher soigneusement
ces gouttelettes, que l'on pétrit ensemble en gâteaux. Il est possible que la
chèvre, qui a fait tant d'autres découvertes, ait aussi fait celle-là; tout au moins
l'existence de poils de chèvre dans le laudanum avait-elle fait l'objet de
plusieurs discussions et commentaires.
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LAVAGE
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des pieds,
— Voir: Purification.
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LAVOIR,
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— Voir: Béthesda.
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LAZARE,
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ami et disciple du Sauveur, frère de Marthe et de
Marie, demeurait à Béthanie. Il tomba dangereusement malade et mourut pendant
un voyage de Jésus à Béthabara, et déjà depuis quatre jours il était enseveli
quand Jésus, de retour avec ses disciples, le ramena à la vie par une parole
aussi puissante et aussi simple que celle de la création: «Lazare, sors
dehors!» Jean 11:1; 12:1. Ce miracle si grand irrita d'autant plus les
principaux sacrificateurs contre celui qui l'avait fait, et détourna en même
temps une partie de leur haine contre celui qui avait été ressuscité: ils cherchèrent
à faire mourir Lazare, offrant par leur conduite insensée un vrai type de la
colère des hommes irrégénérés contre ceux en qui se manifeste une vie nouvelle.
D'après la tradition, Lazare était alors âgé de trente
ans, et il vécut encore, depuis trente autres années; il est donc probable
qu'il vivait encore lorsque les trois premiers évangélistes composèrent leur
travail, et c'est peut-être par cette circonstance, à cause de la haine que les
Juifs portaient à cet irrécusable témoin, qu'ils ont passé sous silence ce
miracle qu'ils devaient bien connaître, mais dont le récit eût troublé et
compromis de nouveau la vieillesse et la vie de ce disciple. Une autre
tradition porte que Lazare et Marthe, après la mort de Jésus, sont venus dans
les Gaules, en Provence, et qu'il a prêché l'Évangile à Marseille. En 870, on
prétendit avoir trouvé ses os en Chypre, mais on sait tout le cas qu'on peut
faire des os de l'Église romaine.
Dans la seconde
moitié du deuxième siècle, l'empereur Marc-Aurèle (161-180) persécuta les
chrétiens. Ses principales victimes furent les martyrs de Lyon, nous indiquant
que le Christianisme avait pénétré très tôt dans le sud de la France. L'épître
que les chrétiens de Lyon et de Vienne écrivirent aux Églises d'Asie et de
Phrygie, est l'évidence que des relations existèrent depuis longtemps entre eux
et les chrétiens d'Asie-mineure. Le Rev. R.W. Morgan cite "les Annales
Ecclésiastiques" de Baronius où il est dit que "Lazare, Marie
Magdala, Marthe, Marcella, Maximin et Joseph d'Arimathée, laissé à la dérive
sur la mer, accostèrent dans la ville de Marseille au sud de la France et y
prêchèrent l'Évangile, pour se rendre par après à Lyon". Nous ne savons
comment juste sont ces régistres, mais nous savons que l'Église Gallicane fut
une des premières à être fondée, avant même celle de Grande Bretagne. Selon le
Rev. R.W. Morgan (St. Paul in Britain), le Christianisme pénétra en Bretagne
vers les années 36-39 avec Joseph d'Arimathée qui proclama le salut par le sang
royal de Christ versé pour nos péchés, et que l'apôtre Paul s'y rendit lui-même
vers l'an 60 pour annoncer l'Évangile. Cette première pénétration par Joseph
d'Arimathée, accompagné par Lazare et Marie de Magdala, fut transformée en une
légende par les païens superstitieux de ce territoire. Le mythe du Graal ou
plutôt "Sangréal", mot qui signifie "sang royal", en est
issu. Selon Morgan l'Église Britannique, Irlandaise, Écossaise, et Gallicane,
formèrent une seule Église dont chaque partie était en parfaite communion avec
l'autre. Lorsque Rome pénétra dans ce territoire vers l'an 600, elle trouva
déjà en ce lieu une Église "de fondations apostolique qui reconnaissait
les Écrits des apôtres comme seule règle de foi".
— Le nom de Lazare se trouve encore Luc 16:20; employé
dans une touchante parabole du Sauveur; le malheureux couvert d'ulcères est
devenu un type de ce genre d'infortune, et a donné son nom, celui de lazaret,
aux premières léproseries françaises; en hébreu déjà, Lazare (Loezer) signifie
celui qui est sans secours, indigent, malheureux. On ne peut douter que dans la
bouche de Jésus le fait qu'il raconte ne soit une parabole, bien que quelques
auteurs se soient demandé si la scène s'était passée à Jérusalem ou à Babylone;
mais cette parabole toute morale, qui devait porter les Juifs à la générosité,
renfermait aussi pour eux une leçon dogmatique bien importante, c'est qu'on
peut être fils d'Abraham selon la chair, et ne pas reposer dans le sein
d'Abraham: on en peut tirer aussi cette autre terrible conclusion qui a été
développée dans un sermon de M. de Félice, c'est que ceux qui ne sont pas
touchés et convertis par la lecture de la Parole, resteraient également
insensibles aux manifestations les plus magnifiques de la puissance divine.
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LÉA,
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fille aînée de l'araméen Laban, sœur de Rachel, Genèse
29:16. Plus âgée et moins belle que sa sœur, Léa n'avait pas inspiré à Jacob
les mêmes sentiments, et ne devint son épouse que par une ruse de son père.
Moins aimée, elle donna cependant plus d'enfants à Jacob, d'abord Ruben,
Siméon, Lévi et Juda, Genèse 29:32, puis Issacar et Zabulon, Genèse 30:17;
35:23, et enfin une fille, Dina, 34:1. Elle eut encore par sa servante Zilpa,
qu'elle donna à son mari, Gad et Aser, Genèse 30:9. Ce fut là toute sa vie; on
ignore l'époque de sa mort, qui eut lieu en Canaan, où elle fut ensevelie dans
les sépulcres de sa famille, près d'Hébron, là où reposaient déjà Sara, Abraham
et Isaac, 49:31.
— On s'étonne de ne pas la trouver mentionnée dans le
voyage de Jacob en Égypte, 46:5, mais du fait même du lieu de sa sépulture on
peut croire qu'elle était déjà morte à cette époque.
— Son nom est rappelé Ruth 4:11, parmi les vœux
adressés à Booz par le peuple et par les anciens.
— Léa, est-il dit, avait les yeux tendres. Le mot
hébreu n'exprime pas précisément l'idée de tendresse, mais plutôt celle de
mollesse, de faiblesse, opposée à celle de vivacité, peut-être à celle de
grandeur. Dans les rivalités et les luttes de jalousie qui ont eu lieu entre
elle et sa sœur, elle a dû avoir toujours le sentiment de ses torts, la
conscience qu'elle était entrée dans la maison de Jacob par une usurpation;
elle avait sans doute consenti à la tromperie qui lui donnait un époux,
cependant Laban prend la faute sur lui, comme il est probable aussi que c'était
lui qui avait imaginé l'échange et qui l'avait fait exécuter; peut-être Léa
n'a-t-elle fait qu'obéir à la volonté paternelle. Mère de Juda, elle compte
parmi les ancêtres de Jésus.
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LEBBÉE,
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— Voir: Jude.
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LÉBONA,
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ville au nord de Silo, Juges 21:19. Maundrell la
retrouve dans le village de Leban, à 4 lieues sud de Naplouse, du côté de
Jérusalem, ce qui est assez possible. Burckhardt nomme ce village Lemna, et
fait l'éloge de sa grande beauté.
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LÉHABIM,
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Genèse 10:13, peuplade probablement identique avec les
Lubim ou Lybiens, 2 Chroniques 12:3. La Lybie s'étendait depuis Alexandrie
jusqu'à Cyrène, et peut-être encore plus loin; elle servait à désigner d'une
manière générale le nord de l'Afrique, comme la Scythie le nord de l'Asie, et
les Indes le centre et le sud de cette partie du monde.
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LÉHI, ou Ramath-Léhi,
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et plus complètement Ramath-Léhi (hauteur, coteau de
la mâchoire), Juges 15:17,19. C'est le nom que Samson donna d'abord au lieu qui
avait été témoin de sa victoire sur les Philistins. Plus fort que mille, le
nazaréen s'était cru un Hercule; mais bientôt la fatigue et la chaleur
l'épuisèrent; aucune source ne se trouvait dans le voisinage: il se rappela
qu'il dépendait de Dieu, et l'invoqua. Dieu l'exauça et, au lieu d'un nom
destiné à célébrer sa victoire, Samson donna à la source un nom qui devait
rappeler sa faiblesse, celui de Hen-Hakkoreh (la source de celui qui crie). Un
miracle lui avait donné de l'eau, une dent s'était ouverte, une source limpide
en jaillissait. On croit généralement que c'est une des dents de la mâchoire
d'âne qui se partagea pour livrer le passage à l'eau qui devait désaltérer le
grand juge, et le texte, comme le génie de l'hébreu, appuie cette manière de
voir. Cependant la version de nos Bibles contient un mot de trop: «Dieu fendit
une des grosses dents de cette mâchoire d'âne»; l'hébreu porte simplement:
«Dieu fendit une grosse dent de la mâchoire (ou de Léhi)»; et en hébreu, comme
chez nous, le mot dent peut signifier un rocher élevé, un pic (la Dent du Midi,
les Dents d'Oches); on peut donc traduire, sans faire aucune violence au texte:
«Dieu fendit un des rochers de Léhi», un des rochers de cette élévation sur
laquelle était le vainqueur des Philistins. Que l'on choisisse maintenant entre
les deux miracles, cela importe peu, le miracle n'en reste pas moins grand:
l'eau jaillissant du rocher a quelque chose de plus naturel; l'eau sortant de
la mâchoire avait peut-être plus d'à-propos, et Dieu disait par là que seul il
pouvait donner à cet instrument de carnage la force dont s'était glorifié
Samson comme s'il l'eût trouvée en lui-même. (M. Coquerel affirme «qu'un
enfoncement du sol s'ouvrit aux pieds de Samson», et il donne son idée comme la
seule version que le texte autorise. C'est une erreur: à peine cette traduction
peut-elle être acceptée en seconde ou troisième ligne; dans tous les cas elle
est moins probable et moins justifiée que celles que nous avons indiquées, et
d'autres rationalistes, comme Winer et Gesenius, ne mentionnent pas même, ou
repoussent fortement, la traduction qu'on veut faire croire seule autorisée).
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LÉMEC, ou Lamec.
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1. Cinquième
descendant de Caïn, le premier polygame connu, Genèse 4:19,23, épousa Hada et
Tsilla, qui, d'après Flavius Josèphe, lui donnèrent soixante-dix-sept fils; la
Bible ne nomme que Jabal, Jubal, Tubal-Caïn et Nahama. «Épouses de Lémec,
dit-il un jour à ses femmes, entendez ma voix, écoutez ma parole; je tuerai un
homme, s'il me fait une blessure, même un jeune homme, s'il me fait une
meurtrissure, car si Caïn est vengé sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept
fois.» Qu'est-ce que ce chant énigmatique? Les interprètes s'y sont perdus.
Quelques-uns pensent qu'un double meurtre l'accable, celui de Caïn qu'il aurait
tué par inadvertance, dit la tradition, et celui de son fils Tubal-Caïn, qu'il
aurait tué comme l'auteur involontaire de ce premier meurtre: il cherche alors
à se consoler au sein de sa famille par l'espérance que la miséricorde divine
qui a protégé Caïn lui serait aussi accordée, et même en proportion de ses
crimes; ou bien il veut amuser ses femmes en leur chantant ses crimes, et en se
moquant de la vengeance céleste; il y ajoute l'ironie, et suppose que Dieu,
l'amateur du crime, lui saura plus gré encore de son double meurtre, et le
protégera davantage. D'autres pensent que Lémec, voyant ses femmes effrayées de
toutes les armes inventées par ses fils, leur dit pour les rassurer: «Ai-je
donc tué quelqu'un? et d'ailleurs Dieu ne me le pardonnerait- il pas?»
D'autres, enfin, supposent que ces paroles n'expriment que les projets d'une
fierté féroce. «Je me sens plus fier et plus méchant que Caïn; si quelqu'un me
touche, je le tue, quand il ne me ferait qu'une légère blessure.» Peut-être le
plus simple est-il de prendre le chant de Lémec comme une composition poétique
d'un mauvais genre que la tradition aurait conservée, et que Moïse rappelle en
y rattachant en même temps la peinture du caractère de son auteur. «Ce Lémec
est celui qui a composé le méchant et sanguinaire couplet bien connu: «Écoutez,
etc.»
Selon l'étymologie, le nom de Lémec signifie «le
renversement de l'être», une chute dans la décadence, plaisir charnel qui
servait à fortifier l'esprit de rébellion en l'homme.
— Voir: le Commentaire de Schrœder.
1. Lémec
ou Lamec, Genèse 5:25; 1 Chroniques 1:3; Luc 3:36, descendant de Seth et fils
de Méthusélah, vécut sept cent cinquante-trois ans. Il devint père de Noé à
l'âge de cent quatre-vingt-huit ans, et lui donna son nom, qui emporte l'idée
de repos, «parce que, dit-il, celui-ci nous soulagera de notre œuvre et du
travail de nos mains sur la terre que l'Éternel a maudite.» Ces paroles, qui
dans leur sens le plus simple pourraient ne se rapporter qu'à la joie de Lémec
d'avoir un fils pour aide et compagnon de sa vie, renferment aussi une première
trace des espérances messianiques: Lémec voyait que le péché était arrivé à son
comble, et que le jugement de Dieu ne pouvait se faire attendre; il prévoyait
que son fils serait un instrument remarquable dans la main de Dieu, et il aura,
comme tant d'autres, rapproché dans la perspective prophétique des événements
qui devaient être séparés par des siècles, la délivrance de Noé, la délivrance
du monde par Jésus.
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LÉMUEL,
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Proverbes 31:1. Selon les uns c'est un nom symbolique,
mais il ne présenterait comme tel aucun sens convenable; d'autres y voient, au
moyen de quelques changements de lettres, le nom de Salomon; d'autres, en
recourant à l'arabe, y trouvent le nom d'Ézéchias; et la mère de ce roi serait,
ou bien Bathsébah, ou bien Abi; d'autres pensent enfin à quelqu'un de ces
petits rois inconnus, voisins de la Judée, mais c'est encore moins
vraisemblable. L'opinion la plus générale, qui prend Lémuel pour Salomon, a
quelque chose de naturel quand on considère l'ensemble du recueil des
Proverbes; elle se justifie aussi par le contenu de ce 31e chapitre, qui
renferme de si beaux conseils à un jeune roi, versets 2-9, et de si sages
avertissements d'une mère pieuse à son jeune fils, une description si pleine de
grâce et de vérité du caractère d'une épouse vertueuse, 10-31; et l'on comprend
parfaitement ces paroles dans la bouche de Bathsébah, qui, enlevée à son
premier époux, aurait dû partager le repentir du séducteur si elle avait été
complice, et dans tous les cas se rattacher toujours plus fortement à la vertu
conjugale, qui seule peut assurer le bonheur de l'époux et de l'épouse. Mais on
se demande pourquoi et à quel propos Salomon aurait pris ici le pseudonyme de
Lémuel; on ignore pourquoi Salomon se serait caché sous un faux nom, et il
suffit de cette improbabilité pour faire rejeter cette supposition. On doit
admettre que Lémuel était peut-être, comme Agur, un des sages dont il est parlé
24:23; ou bien que c'est un nom fictif, et que Salomon, ou un autre auteur
inspiré, aura mis dans la bouche d'une mère, également fictive, les conseils
qu'il fait adresser au jeune roi.
— Les deux fragments de ce chapitre sont complètements
indépendants l'un de l'autre, pour la forme comme pour le fond.
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LENTILLES,
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l'eruum lens de Linnée (Cl. XVII, 3), petit légume
bien connu, et dont il est parlé Genèse 25:34; 2 Samuel 17:28; 23:11; Ézéchiel
4:9. Les lentilles d'Égypte était fort estimées des anciens, principalement
celles d'Alexandrie; on les cultivait également en Palestine, 2 Samuel 23:11,
où elles étaient, comme aujourd'hui encore en Orient, une nourriture sans doute
toujours frugale, mais appétissante, et que ne dédaignent pas même les riches
et les grands. D'après le voyageur Shaw, on fait bouillir un plat de lentilles
avec de l'huile et de l'ail; ainsi apprêtées, elles forment une espèce de
bouillie couleur chocolat, qu'Ésaü a bien pu appeler «de ce roux», et qui est
encore la nourriture la plus habituelle de presque toutes les classes. En
Arabie, on mêle du riz et des lentilles par portions égales, on arrose le tout
de beurre fondu, et c'est pour la classe moyenne son principal et presque
unique régal, surtout pour le repas du soir (Burckhardt). Diogène de Laerte,
comme Ésaü, a nommé ce potage un plat roux, et cette dénomination lui convient
d'autant mieux qu'en Orient les lentilles ont une cosse rouge-brun. Il résulte
du passage d'Ézéchiel qu'on faisait aussi du pain de lentilles; Athénagore et
Celse disent la même chose, et Sonnini l'appuie de son témoignage pour l'Égypte
actuelle, mais seulement dans les temps de famine et pour les classes pauvres.
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LÉOPARD,
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Cantique 4:8; Ésaïe 11:6; Jérémie 5:6; 13:23; Osée
13:7; Habacuc 1:8; Daniel 7:6; Apocalypse 13:2. C'est par ce mot que nos
versions traduisent partout l'hébreu namer: d'autres, comme Luther, Winer,
etc., le traduisent par panthère. Il n'est pas facile de décider laquelle de
ces deux traductions doit être préférée, vu que tous les détails que l'Écriture
sainte donne de cet animal conviennent aussi bien à l'un qu'à l'autre: la seule
chose qui prouverait en faveur de la panthère, c'est qu'elle paraît avoir été
connue en Palestine (— Voir: Seetzen et Burckhardt), tandis que le léopard y
aurait été rare et peut-être même inconnu. D'un autre côté, l'analogie du
caldéen, du syriaque, de l'arabe et de l'éthiopien (Bochart), de même que
l'uniformité de traduction des Septante, de Jérôme et des anciens, sembleraient
militer fortement en faveur de nos versions. Mais à la base de tout cela règne
une confusion d'histoire naturelle, la confusion de trois espèces voisines et
différentes, la panthère, l'once, et le léopard. La pardalis des Grecs a eu
successivement en latin les noms de panthère, de pard, et de léopard; c'est la
panthère proprement dite, que les Arabes nomment encore aujourd'hui alnemr ou
nemer, et que Bochart a nommée léopard tout en voulant désigner la panthère. La
petite panthère d'Oppien est sans doute l'animal que les voyageurs modernes ont
appelé once, plus petit que la panthère et que le léopard. Enfin le léopard est
un animal de la Guinée, du Sénégal, et d'autres pays méridionaux, que les
anciens paraissent n'avoir pas connu du tout; son nom, qui faisait alors double
emploi avec celui de panthère, a été depuis déterminé d'une façon plus
spéciale, et appliqué au léopard proprement dit. Il n'y a donc rien d'étonnant
à ce que les anciennes traductions, qui étaient exactes vu le sens que l'on
donnait à ce mot, ne le soient plus maintenant, et leur accord prouve d'autant
mieux que ce que les Hébreux nommaient namer est la panthère de nos jours. Le
corps de cet animal (felis pardus, L.), lorsqu'il a pris son entier
accroissement, a environ deux mètres de longueur, outre la queue, qui est
longue de plus de 70 centimètres; la peau est d'un fauve plus ou moins foncé
sur le dos et sur les côtés, blanchâtre sous le ventre; elle est marquée de
taches noires en grands anneaux ou en forme de roses, vides au milieu, parfois
avec une tache au centre; il n'y a que des taches pleines sur la tête, la
poitrine, le ventre et les jambes; cf. Jérémie 13:23. La panthère vit en
Afrique et en Arabie, sur le Liban et aux Indes. Elle est ordinairement nommée
à côté du lion dans l'Écriture. Fière, sauvage, indomptable, elle ne redoute
aucun animal, et ne craint pas d'attaquer l'homme lui-même, ce que le tigre et
le lion n'osent faire que lorsqu'ils sont pressés par la faim ou provoqués au
combat. Sa course est rapide, ses yeux sont vifs et continuellement en
mouvement, son expression est cruelle et méfiante; elle a les oreilles courtes
et le cou épais; ses pieds de devant ont cinq doigts, ceux de derrière n'en ont
que quatre, mais tous armés de griffes fortes et aiguës, qui lui servent à
retenir sa proie aussi solidement que les dents. Carnivore, et dévorant
énormément de nourriture, elle est néanmoins toujours maigre. Cet animal est
d'une remarquable fécondité, mais il a pour ennemis le tigre et le lion, et ces
races terribles se font la guerre les unes aux autres; c'est ainsi que Dieu a
pourvu à ce que, pour un temps du moins, leur multiplication ne fût ni trop
rapide, ni trop grande.
Plusieurs passages prouvent que les panthères étaient
très nombreuses en Palestine, et nous trouvons des lieux dont le nom indique
qu'ils étaient primitivement fréquentés par ces féroces animaux; ainsi Nimra
au-delà du Jourdain (de nemer), Nombres 32:3, Beth-Nimrah, ibid. 36. Josué
13:27, les eaux de Nimrim, Ésaïe 15:6; Jérémie 48:34 (Il serait possible
cependant que ces noms, — Voir: Nimrah, eussent une autre étymologie); enfin la
montagne des panthères, Cantique 4:8.
Ésaïe, faisant la description du règne glorieux du
Messie sur la terre (11:6) dit qu'alors la panthère gîtera avec le chevreau,
bel emblème, si ce n'est qu'un emblème, de la paix qui animera le monde, et du
changement qui se sera opéré dans les cœurs violents, haineux, durs et
passionnés, à l'égard des faibles et des débonnaires.
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LÈPRE, Lépreux.
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Cette impure et désolante maladie, endémique en Égypte
et dans la partie méridionale de l'Asie mineure, était aussi l'un des fléaux
les plus redoutés des Juifs, chez qui elle était assez fréquente; c'était une
épouvantable calamité, Deutéronome 24:8; on la regardait comme envoyée de Dieu,
Nombres 12:10; 2 Chroniques 26:19, et on ne la souhaitait comme malédiction
qu'à un ennemi mortel, 2 Samuel 3:29; 2 Rois 5:27.
La lèpre se manifeste d'abord à l'épiderme, mais elle
ne tarde pas à attaquer le tissu cellulaire, les membranes graisseuses, les os,
la moelle et les articulations; ses progrès sont lents, mais elle se communique
très facilement, surtout par la cohabitation, et le père la lègue à ses enfants
jusqu'à la troisième et quatrième génération, s'affaiblissant à mesure, et
perdant de son intensité de telle sorte que chez le fils de
l'arrière-petit-fils, sa présence ne se constate plus que par des dents gâtées
et tartreuses, une haleine fétide, et une apparence débile et maladive.
Le développement de la lèpre est favorisé par une
atmosphère humide et malsaine, par la malpropreté, et par une nourriture grasse
et huileuse; ses indices avant-coureurs sont de petites taches de la grosseur
d'une pointe d'épingle, qui atteignent bientôt la dimension d'un grain de
lentille; d'autres fois ce sont des dartres et des croûtes, qui se distinguent
de l'exanthème de la lèpre apparente en ce qu'elles s'étendent continuellement,
et que les poils ou les cheveux (car c'est ordinairement par les parties velues
du corps qu'elle commence) changent de couleur et perdent leur force et leur
vie. Avec les progrès de la maladie, les taches et les dartres dévorent la
chair peu à peu et s'étendent sur tout le corps: les parties attaquées par les taches,
molles et de diverses couleurs, jaunâtres, noirâtres ou plombées, sont
ordinairement le visage, la poitrine, le bas-ventre, le bassin, et les
extrémités; la peau est alors inégale, rude et insensible; on peut arriver
jusqu'à l'os avec une épingle ou avec un couteau, sans que le malade éprouve la
moindre douleur: les parties attaquées par des croûtes ou des dartres sont plus
sensibles, mais tourmentées de violentes et continuelles démangeaisons.
On distingue plusieurs espèces de lèpres; nous ne mentionnerons
que les suivantes. La lèpre blanche: c'est celle qui régnait le plus parmi les
Juifs, 2 Rois 5:27; Exode 4:6; Nombres 12:10; elle s'annonçait par des taches
et des pustules blanches, les cheveux blanchissaient à l'endroit suspect, la
place s'agrandissait promptement, la chair vive était mise à nu, Lévitique
13:3,8,10,14,20,25,30; les parties chevelues en étaient ordinairement les
premières attaquées, 13:29 (cf. 2 Chroniques 26:19); d'autres fois c'était aux
places où il y avait eu précédemment quelque ulcère ou blessure, que le bouton
de lèpre apparaissait, 13:18. Une fois la lèpre déclarée, toute la peau devient
d'un blanc luisant sur le nez, sur le front, et par tout le visage; elle
s'enfle, s'étend et se durcit; parfois elle crève, et des boutons pleins de pus
se forment près de ces crevasses; les extrémités s'enflent, les ongles tombent
des pieds et des mains, les yeux sont fixes, mats et enflammés; les oreilles
sont rongées d'ulcères vers la base; le nez s'enfonce, parce que le cartilage
se pourrit; au fond des narines sont des boutons qui dégouttent
continuellement; les cheveux tombent, ou s'emmêlent dans la teigne qui les
entoure, et se collent par mèches; tous les sens sont émoussés; enfin le
malheureux meurt, à la fois de consomption et d'hydropisie. Dans d'autres cas,
la lèpre blanche se manifeste subitement, ses germes longtemps cachés éclatent
tout-à-coup, et le malade devient blanc de la tête aux pieds, Lévitique 13:12;
cf. 2 Rois 5:27.
L'éléphantiasis est probablement cette autre espèce de
lèpre qui est mentionnée Deutéronome 28:27,35, sous le nom d'ulcère d'Égypte;
car cette maladie, au dire de Pline et de Lucrèce, était endémique dans la
contrée où les Juifs furent si longtemps retenus comme esclaves; elle a, de
même que la précédente, sa source dans la malpropreté et dans l'absence de
soins donnés à des plaies ou à des boutons d'abord peu considérables; elle se
manifeste aussi par des taches au visage et ailleurs, ou par des dartres qui
commencent par la grosseur d'un pois, et atteignent bientôt celle d'une noix ou
d'un œuf; la peau se crevasse. L'éléphantiasis n'est pas ordinairement très
douloureuse, il y a peu de boutons, et ce n'est que lorsque la maladie est
assez avancée qu'une espèce de suppuration commence à s'établir; les extrémités
meurent peu à peu et se séparent du corps les unes après les autres; le visage
enfle, se bouffit, et paraît comme gras de suif; le regard est sauvage et dur,
l'œil s'arrondit, il sort de son orbite, et ne peut plus se mouvoir à droite et
à gauche; il pleure continuellement (cf. Job 16:16); la voix s'affaiblit et
devient nasillarde, ou même se perd tout-à-fait; dans cet affaiblissement
général les besoins seuls deviennent plus vifs, la gourmandise et la volupté;
une profonde mélancolie accompagnée d'angoisse s'empare du malheureux; son
sommeil est troublé, il fait des rêves effrayants (Job 7:14); il se relève, ses
pieds et ses genoux se heurtent dans ses frissons, ils enflent, se durcissent
au point de résister à la pression de la main, et se recouvrent d'une peau
crevassée et comme couverte d'écaillés. Cependant aucun organe vital n'est
attaqué, et le malade peut vivre encore vingt ans et plus, comme il peut aussi
être enlevé subitement par une légère fièvre, ou succomber à une suffocation
violente. Oh ne connaît pas de remède à cette maladie qu'il est toujours facile
de prévenir en suivant les règles les plus élémentaires de l'hygiène.
C'est l'éphantiasis que plusieurs savants (Michaélis,
Reinhard), croient reconnaître dans la maladie de Job, dans cet ulcère malin,
2:7, qui rappelle l'ulcère d'Égypte par son nom et par ses caractères.
D'autres, comme Jahn, pensent à la lèpre noire qui, du reste, ne diffère guère
de la précédente que parce qu'elle est accompagnée d'une démangeaison plus vive
et plus constante. La peau devient rude et inégale, elle se crevasse et se pèle
en écailles d'un rouge noirâtre; la teigne s'y joint et attaque principalement
les bras et les jambes; les doigts se racornissent et refusent de procurer aux
démangeaisons du malade un soulagement même momentané; toutes les extrémités se
gangrènent, meurent et tombent, l'haleine est empoisonnée. On ne peut nier que
ces caractères ne conviennent parfaitement à la maladie de Job; mais, d'un
autre côté, ceux de l'éléphantiasis s'y rapportent également, et comme ces deux
maladies ont bien des points de contact et qu'on peut aisément les confondre,
il n'est pas facile, comme il n'importe pas non plus, de décider de laquelle
des deux il s'agit dans le récit sacré, d'autant plus qu'on ne saurait prendre
littéralement, ni comme exacte description pathologique, tous les détails que
le livre de Job renferme sur sa maladie, détails dont plusieurs se rapportent
plutôt à l'état de son âme qu'à celui de son corps.
Enfin Moïse distingue soigneusement encore une espèce
de lèpre apparente qu'il déclare sans contagion et sans danger, Lévitique
13:39; Niebuhr l'a retrouvée en Égypte sous le même nom et avec le même
caractère inoffensif; c'est une sorte de teigne blanchâtre qui passe
d'elle-même après avoir duré de deux mois à deux ans, sans laisser ni dans le
corps ni sur la peau aucune trace fâcheuse.
Manéthon, prêtre égyptien, Lysimaque, Molon, Tacite et
Justin racontent gravement que les esclaves hébreux furent chassés d'Égypte à
cause de la lèpre dont ils étaient infectés; Tacite ajoute (Hist. 5, 3) que ces
malheureux, abandonnés dans de vastes solitudes, se laissaient aller aux larmes
et aux plaintes, lorsque Moïse, plus résolu que les autres, leur dit qu'ils ne
devaient attendre de secours ni de Dieu ni des hommes, et leur conseilla de
l'accepter pour chef et guide, ce qu'ils firent. Peu importe le plaisir que
cette anecdote a pu faire à tous les ennemis des Hébreux depuis Manéthon
jusqu'à Shaftesbury, depuis Tacite jusqu'à Bolingbroke; ce qu'il y a de mieux
prouvé, c'est que la lèpre appartient à la terre d'Égypte, c'est que tous les
anciens, Romains et autres, Pline et Lucrèce, sont d'accord à regarder cette
maladie comme naturelle au pays, favorisée par les débordements du Nil; c'est
que, par conséquent, les Égyptiens étaient lépreux par eux-mêmes sans que les
Israélites leur aient apporté ce fléau, qu'ils n'ont appris à connaître
eux-mêmes que depuis leur séjour en Égypte; et comme le dit Cellérier (Espr. de
la Lég. Mos. II, 320), si les Égyptiens voulaient se délivrer radicalement de
la lèpre, il était inutile de faire partir les Hébreux, ils auraient dû partir
eux-mêmes. Le récit de Tacite n'est donc qu'une évidente fausseté, y compris
les absurdités qui l'accompagnent et que nous nous sommes dispensés de
reproduire.
On peut croire qu'à leur sortie d'Égypte, un assez
grand nombre d'Israélites étaient en effet souillés de cette maladie,
jusqu'alors inconnue pour eux, et de laquelle ils n'avaient pas su se garantir;
elle joue dès lors un grand rôle, non seulement dans la législation, mais même
dans les miracles du législateur, Exode 4:6-8; Nombres 12:10-15.
Les lois de Moïse relativement aux lépreux, sont un
développement des lois sur la pureté légale, en même temps qu'elles tendaient à
prévenir la contagion de cette hideuse maladie. Aucun remède n'est indiqué; les
sacrificateurs sont chargés d'examiner les premières traces du danger, et
l'exactitude des distinctions établies par Moïse, la sagesse des diagnostics
qu'il indique pour mettre les prêtres à même de prononcer avec connaissance sur
l'existence du mal comme sur sa guérison, font encore aujourd'hui l'admiration
des gens de l'art,
— Voir: Lévitique 13:1; sq. 14:1; sq. Nombres 5:1-4;
Deutéronome 24:8-9.
Lorsqu'un homme était reconnu lépreux, le sacrificateur
le déclarait impur, l'excluait du commerce des hommes, le reléguait à la
campagne dans la société d'autres lépreux, 2 Rois 7:3; Luc 17:12, ou dans des
lieux inhabités; on lui déchirait ses vêtements en signe de deuil, et s'il
voyait quelque étranger s'approcher de lui sans défiance, il était tenu de
l'avertir en lui criant de loin, Souillé! souillé! Aucun rang ne pouvait
soustraire à cet isolement; la sœur de Moïse dut sortir du camp, Nombres 12:15,
et Hozias demeurait dans une maison écartée, 2 Chroniques 26:21. Cette solitude
n'était cependant pas un emprisonnement, et on les voit dans l'Évangile, comme
de nos jours encore en Arabie, se promener librement; il paraîtrait même,
d'après Lightfoot, qu'ils étaient admis dans les synagogues. Lorsqu'un lépreux
se croyait guéri, il allait se montrer au sacrificateur, sans la permission
duquel il ne pouvait rentrer chez lui, et s'il était véritablement reconnu net,
il passait par diverses cérémonies et purifications destinées à représenter la
purification de l'âme par l'aspersion du sang de Christ, puis il rentrait dans
la société des hommes purs, et dans l'usage des choses saintes.
Cette maladie, apportée en Europe par les saints et
galants chevaliers des croisades, a été dans un temps tellement commune, que
l'on comptait jusqu'à 19,000 ladreries, lazareries, lazarets ou léproseries;
maintenant elle a presque disparu de chez nous, ou du moins elle a changé de
nature, et quelques habiles médecins veulent en reconnaître une variété dans
les maux secrets; mais on la retrouve en Égypte et dans les deux Indes avec
tous les caractères que nous avons mentionnés. Le voyageur Caunter raconte,
dans les termes suivants, la rencontre qu'il fit un jour d'un lépreux dans
l'Inde: «Pendant que je me promenais un soir sur le rivage de la mer, je vis
venir vers moi un être si extraordinaire que je ne pus en détacher mes yeux;
c'était un homme vêtu seulement d'un morceau d'étoffe autour du corps (c'est le
vêtement des castes inférieures de l'Inde). Il avait la peau tout-à-fait blanche,
comme si elle avait été brûlée avec un fer rouge. Il avait la tête nue, et ses
cheveux, absolument de la couleur de sa peau, tombaient en longues mèches» sur
ses épaules décharnées. Ses yeux, à l'exception de la prunelle, étaient d'un
rouge foncé; il les tenait constamment fixés vers la terre comme s'il lui eût
été douloureux de regarder en l'air; il marchait avec lenteur et faiblesse, et
sa maigreur était aussi effrayante à voir que celle d'un squelette vivant. Il
s'arrêta à quelques pas de moi; je m'avançai, mais il recula. Alors il nie
supplia de lui donner quelque chose pour l'empêcher de mourir, parce qu'il
était pour tous un sujet de mépris et qu'il ne pouvait aller ni chez lui, ni
chez ses amis. Il me dit de ne pas m'approcher d'une créature souillée, objet
d'aversion pour tout le monde, contre laquelle chacun levait la main et qui
n'inspirait de pitié à personne. Je le questionnai: il me dit qu'il avait
souffert de la lèpre pendant plusieurs années d'une manière horrible, et que le
mal, quoique guéri maintenant, lui avait laissé ces marques de souillure qui
l'empêchaient de retourner vers ses semblables. En effet, la couleur de sa peau
était aussi blanche que celle d'un cadavre, et en le voyant, personne ne
pouvait douter qu'il n'eût eu la lèpre.»
Le christianisme prend soin des lépreux; le paganisme
des Indes les brûlent vivants.
— Moïse parle encore de la lèpre des maisons et de
celle des étoffes, Lévitique 13:47-59; 14:33-53; mais la science moderne n'est
pas encore fixée sur la solution de ce problème d'histoire naturelle; quelques
savants (Michaélis, Winer, Volney, I, 55) voient dans la lèpre des maisons
l'effet du salpêtre sur les murs, taches d'un rouge verdâtre qui rongent peu à
peu les pierres et la chaux, et qui, sans endommager peut-être d'une manière
notable les bâtiments, corrompent l'atmosphère et peuvent menacer la santé des
habitants; Calmet croit que cette espèce de lèpre est causée par de petits vers
qui rongent la pierre, longs d'environ deux lignes, grisâtres et munis de quatre
mâchoires; les rabbins ne s'expliquent pas sur ce point, ils y voient d'une
manière générale une plaie divine. II est probable que l'on ne tardera pas à
obtenir plus de lumières sur ce sujet par les études qui sont commencées en
Égypte, où ce curieux phénomène a encore été remarqué par Volney. La lèpre des
étoffes est aussi peu connue; on l'a remarquée, non seulement sur des draps de
laine, mais encore sur des peaux et sur du cuir; elle se trahit comme celle des
maisons par des taches rouge-vert, et Michaélis l'attribue à des insectes fort
petits qui se développent plus facilement dans les laines de mauvaises
qualités, notamment dans la laine de moutons morts de maladies. Il faut
attendre des renseignements ultérieurs sur cette lèpre qui s'attache à des objets
inanimés. Quant aux prescriptions de Moïse à cet égard, la destruction des
maisons et des étoffes lépreuses, elles avaient pour but, d'abord de prévenir
des maladies contagieuses et d'empêcher les miasmes provenant d'une
fermentation putride, ensuite d'affermir la loi principale en l'entourant,
comme d'un rempart, de toutes ces lois secondaires relatives à la souillure
légale.
La lèpre était un emblème du péché; pour exprimer la
délivrance du lépreux, c'est toujours le mot nettoyé, jamais celui de guéri
dont se servent les auteurs sacrés; la lèpre était considérée comme une
souillure encore plus que comme une maladie.
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LÉSA,
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Genèse 10:19, dans les environs de la mer Morte sur
ses bords orientaux, est, d'après saint Jérôme, la ville de Callirhoé où se
trouvaient des eaux thermales.
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LÉTHEK,
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mesure valant Un demi-homer, Osée 3:2, ou cinq baths,
environ 175 litres.
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LETTRES.
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1. La
correspondance n'a jamais été aussi active en Orient qu'en Occident; dans
l'antiquité, elle était presque nulle; de nos jours encore elle est assez rare.
Les messages ordinairement se faisaient de bouche; cependant on trouve çà et là
dans l'Ancien Testament des traces de lettres écrites, cf. 2 Samuel 11:14;
Esdras 4:8, qui étaient portées ou par des courriers exprès, 2 Chroniques 30:6,
ou par des voyageurs en passage, Jérémie 29:3. Les rois hébreux envoyaient des
courriers extraordinaires toutes les fois qu'ils avaient un ordre à expédier ou
une communication à faire connaître; c'était un service du moment et non
régularisé; les rois perses, au contraire, avaient déjà un commencement
d'organisation des postes, et des angares ou courriers, disposés par stations,
Esther 8:10.
— Les lettres n'étaient et ne sont presque jamais
cachetées en Orient; cependant, lorsqu'elles sont adressées à des personnages
distingués, on les place dans de magnifiques bourses que l'on scelle avec de
l'argile; cette coutume est fort ancienne, mais d'origine inconnue. Il semble
que les Hébreux aient fait exception à la règle; dans l'Ancien Testament il
est, en effet, encore parlé de lettres cachetées, 1 Rois 21:8; une lettre
décachetée est mentionnée comme exception, Néhémie 6:5, et l'on peut croire que
Samballat a voulu donner à Néhémie une marque de mépris par cette façon d'agir.
L'usage de lettres circulaires, ou du moins copiées à un grand nombre
d'exemplaires, est indiqué 2 Rois 10:1-6, et nous voyons, Esdras 4:6,17, un
rapport écrit adressé à Artaxercès et un édit royal également envoyé sous forme
de lettre; cf. Actes 23:25, et les épîtres du Nouveau Testament qui témoignent
du développement qu'avait pris la correspondance à cette époque de renaissance
et de réveil.
2. Lettres,
— Voir: Écriture.
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LEVAIN,
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pâte aigrie en usage dans toutes les maisons, et déjà
bien connue dans l'antiquité, qui en comptait de diverses espèces, Pline 18,
26; il sert à faire lever et fermenter la pâte en même temps qu'il lui donne
plus de goût, et même, suivant quelques auteurs, une saveur irritante et sensuelle.
Les Hébreux le préparaient comme on le fait ordinairement chez nous, en
laissant reposer la pâte deux ou trois jours jusqu'à ce qu'elle s'aigrît;
d'autres fois, et pour obtenir plus vite du levain, ils pétrissaient la farine
avec de la lie ou du moût de vin. S'ils étaient extrêmement pressés, ils
faisaient leurs pains sans levain, Genèse 19:3; Juges 6:19, comme le font
encore de nos jours les Arabes bédouins. L'emploi du levain était expressément
interdit aux Hébreux pendant les sept jours de la Pâque, Exode 12:8,15,20;
13:3,6, et ils ne pouvaient pas même offrir à Dieu des gâteaux levés ou
miellés, Lévitique 2:11; Amos 4:5; il leur était même défendu d'avoir du levain
dans leurs maisons, et le soir du 14 nisan tous les Juifs veillaient soigneusement
à ce que tout levain et toute chose levée fût emportée et brûlée, sans qu'ils
pussent même s'en servir pour leurs fourneaux, et en tirer ainsi quelque
profit. D'après les rabbins, la même défense s'appliquait encore aux animaux.
La Pâque passée, ils pouvaient recommencer à faire du levain, et les prêtres
avaient droit aux prémices de tout ce qui se pétrissait, Nombres 15:20.
— Il est évident que dans la symbolique juive cette
substance, qui n'était qu'une corruption de la pâte primitive, et une corruption
corruptrice, était considérée comme l'emblème du péché, qui peut être peu de
chose en apparence, mais qui envahit, qui se propage, qui entraîne les masses
dans la corruption et dans la perdition. On trouve la même idée exprimée dans
Plutarque, et chez Aulu-Gelle qui dit: Farinam fermento imbutam attingere
flamini diali fas non est (— Voir: Casaubon, sur la 1re satire de Perse). Les
pains du cinquantième jour, ou de Pentecôte, qui devaient représenter la
nourriture ordinaire de l'homme (et spirituellement le péché), étaient en
conséquence pétris avec du levain, Lévitique 23:17, de même que les gâteaux
d'actions de grâces qui accompagnaient les tourteaux sans levain, et qui
devaient leur servir comme d'assiettes, Lévitique 7:12-13, c'est-à-dire être à
leur égard dans une position d'infériorité et de moins grande pureté.
1 Corinthiens 5:6, Paul s'adresse à une communauté
chrétienne qui paraissait s'enorgueillir de ce que tout n'était pas corrompu
dans son sein, et supposer que la pureté pourrait se maintenir à côté de
l'incestueux. Vous n'avez pas sujet de vous glorifier, leur dit-il, ne
savez-vous pas qu'un peu de levain fait lever toute la pâte? Puis il les
exhorte (versets 7 et 8) à faire disparaître, comme les Juifs aux approches de
la Pâque, le vieux levain, soit qu'on doive entendre par là les méchants et les
impies qui se trouvaient au milieu d'eux, soit que cette expression se rapporte
aux mauvais désirs et aux inclinations corrompues qui n'occupent souvent que
trop de place dans le cœur même de l'homme régénéré. L'une et l'autre de ces
explications se justifient par le contexte et par l'analogie de la foi.
L'apôtre appelle levain la méchanceté et la malice, et il appelle la sincérité
et la vérité des pains sans levain.
Matthieu 16:6, Jésus engage ses disciples à se garder
du levain des pharisiens et des sadducéens; dans Marc 8:15, c'est du levain
d'Hérode, c'est-à-dire de cette incrédulité commune au parti soi-disant
religieux et rationaliste des sadducéens, et au parti religieux politique des
hérodiens; le levain des pharisiens était la propre justice, ou, comme dit
saint Luc, l'hypocrisie, la vertu extérieure, 12:1. Le mauvais levain, c'est la
mauvaise doctrine, Matthieu 16:12, une prétendue morale, une prétendue raison.
C'est à tort que l'exégèse ordinaire du passage
Matthieu 13:33; Luc 13:21, prend le mot levain en bonne part, comme désignant
l'Évangile, tandis que le mot pâte signifierait le monde. Le mot pâte est
toujours pris en bonne part, et dans ce passage il désigne l'Église; le mol
levain qui est toujours pris en mauvaise part, se rapporte au monde; on peut
s'étonner qu'une exégèse aussi absurde ait pu prévaloir si longtemps. Notre
Seigneur raconte dans les sept paraboles de Matthieu 13, les destinées de
l'Église, et il veut la mettre en garde contre l'erreur et l'infidélité en
apparence les moins graves et les moins dangereuses; un peu de levain fait
lever toute la pâte, cf. 1 Corinthiens 5:6.
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LEVER.
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L'élévation et le tournoiement étaient deux cérémonies
que l'on rencontre quelquefois parmi celles qui accompagnaient les sacrifices
lévitiques. Le sacrificateur levait en mémorial l'offrande du gâteau, Lévitique
2:8-9; il levait de même une poignée de fleur de farine, l'offrande étant alors
de nature à ne pouvoir être tenue à la main dans son entier, 6:15, et enfin
toute la graisse des sacrifices, pour le péché ou des sacrifices de prospérité,
4:8,10; c'est-à-dire que toutes les choses qui étaient destinées à être consumées
sur l'autel étaient d'abord levées, et ce n'est qu'après cette cérémonie qu'on
y mettait le feu. Le tournoiement avait lieu non seulement pour les offrandes
non sanglantes, Exode 29:24; Lévitique 8:27; Nombres 5:25, huiles, farines,
gâteaux, prémices des fruits et des blés, Lévitique 23:11-12,20, mais encore
pour les victimes sacrifiées; et alors tantôt on ne faisait tournoyer,
notamment dans les sacrifices d'actions de grâces, que quelques parties du
corps de l'animal, la poitrine ou l'épaule droite, Exode 29:26; Lévitique
7:30,34; 9:21; 10:14; Nombres 6:20, tantôt on faisait tournoyer la victime
entière, Lévitique 14:12; 23:20; et les lévites eux-mêmes paraissent avoir été
soumis à cette cérémonie lors de leur consécration, Nombres 8:11,15. La partie
tournoyée appartenait aux prêtres, mais ne pouvait être mangée que par eux et
leurs enfants, et cela dans un lieu pur et consacré, Lévitique 10:14. C'était
une portion de leurs revenus, et de la part de ceux qui l'offraient c'était
moins un sacrifice qu'une contribution pour les besoins du culte.
— On n'a que peu ou même point d'indications précises
sur la nature de ces cérémonies qui, dans tous les cas, étaient fort
différentes l'une de l'autre dans leurs formes comme dans leur but. L'élévation
s'explique d'elle-même, et cette figure judaïque a été imitée par l'église
romaine dans ce qu'elle appelle l'élévation de la messe; l'offrande est élevée
devant l'autel, en sacrifice au Dieu qui trône dans le ciel. Le tournoiement,
qui se faisait sur les paumes des mains, avant le sacrifice et devant l'autel,
Exode 29:24; Lévitique 8:27, était une élévation accompagnée de mouvement, soit
de droite à gauche, soit d'avant à arrière, soit aussi, comme les Juifs le
prétendent, vers les quatre points cardinaux du ciel, lorsqu'il ne s'agissait
que de brebis, ou de pièces peu considérables. Quant au tournoiement des
lévites et à leur présélection comme offrande, on peut croire que-e mouvement
qui leur était imprimé par le souverain sacrificateur était un va et vient dirigé
vers l'autel, rappelant le porricere des Romains.
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LÉVI,
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1. troisième
fils de Jacob et de Léa, Genèse 29:34; 35:23 (Exode 6:16; 1 Chroniques 2:1), se
joignit à Siméon pour venger d'une manière perfide et violente l'injure qui
avait été faite à leur sœur Dina, Genèse 34:25. Lorsqu'il descendit en Égypte
avec son père, il avait déjà ses trois fils Guerson, Kéhath et Mérari, 46:11,
qui furent chefs d'autant de familles, Exode 6:16, et une fille, Jokébed, qui
épousa Hamram son neveu, fils de Kéhath, et fut la mère de Moïse, Nombres
26:59. Il mourut à l'âge de cent trente-sept ans; sa postérité devait être
dispersée en Israël, suivant la sentence prophétique du vieux Jacob, Genèse
49:7, mais cette menace fut changée en bénédiction: les liens intimes qui
unissent en Orient les membres d'une famille de bergers furent brisés pour
cette famille; mais le sacrifice des affections domestiques fut compensé par la
gloire du sacerdoce, et Moïse mourant annonça les hautes et saintes destinées
qui continueraient d'honorer la tribu de Lévi, honneur et charge tout ensemble,
Deutéronome 33:8. Avant sa consécration publique, et dans le voyage du désert,
cette tribu était déjà comme préparée à ses fonctions futures par le soin du
tabernacle et de ses ustensiles, qui lui était confié; ils devaient assembler
et désassembler le pavillon à chaque départ et à chaque campement, et veiller à
ce que personne n'en approchât, Nombres 1:50. Peu nombreuse relativement aux
autres, la tribu de Lévi comptait cependant déjà dans le désert 22,000 mâles
dont 8,580 entre trente et cinquante ans. Ces 22,000 furent appelés à
remplacer, dans le service des choses saintes, les premiers-nés des fils
d'Israël qui avaient été primitivement consacrés à ce service, et dont le
nombre s'élevait, lors du même recensement, à 22,273. La cérémonie de
consécration est racontée, Nombres 3, cf. Deutéronome 10:8. Plus tard, dans le
dénombrement qui fut fait à Sittim aux plaines de Moab, le chiffre des Lévites
s'élevait à 23,000; mais ils ne furent pas compris dans le recensement général,
la tribu étant devenue une caste, Nombres 26:62. Ils n'eurent en conséquence,
aucun territoire, mais quarante-huit villes avec leur banlieue leur furent assignées
pour y habiter, dispersées au milieu des douze tribus, Josué 21, et ils eurent
droit à des dîmes et redevances en nature pour leur subsistance journalière,
cf. Deutéronome 10:9; 14:29; Josué 13:14,33. Privés de capitaux, ils ne
devaient avoir que des revenus; leur sort fut en quelque sorte assuré sur la
piété des fidèles. Ils avaient de plus l'avantage de pouvoir, dans les villes
qui leur appartenaient, racheter en tout temps, sans même attendre l'année
jubilaire, les maisons qu'ils avaient pu être forcés d'aliéner un instant,
Lévitique 25:32, tandis que d'un autre côté la maison ou le champ qui avait été
voué au temple, et qui pouvait être racheté, devenait, en cas de non rachat,
propriété lévitique et inaliénable en l'année du jubilé, 27:16-21,
— Voir: Lévites.
2. et
#3...
3. Luc
3:29,24, ancêtres inconnus de Marie.
4. —
Voir: Matthieu.
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LÉVIATHAN.
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Cette expression hébraïque emporte avec elle l'idée de
mouvements sinueux et tortueux; elle dirige l'attention vers ces grands
amphibies qui s'ébattent à l'aise au milieu des eaux, les serpents et le
crocodile. C'est, il paraît aussi, la signification générale de ce mot, et
selon quelques auteurs il aurait tour à tour l'une et l'autre signification; il
faudrait l'entendre plus spécialement des serpents, Job 3:8; Ésaïe 27:1, du
crocodile, Job 40:20, et des monstres marins en général, Psaumes 104:26; 74:13,
pris dans ce dernier passage comme symboles de redoutables ennemis. (La
dernière partie de Job 3:8, doit se traduire «ceux qui sont habiles à conjurer
les léviathans.») Si l'on peut admettre ces divers sens d'un même mot,
— Voir: Serpent,
il est un passage au moins dans lequel on doit le
préciser davantage, c'est dans la description qui est faite de cet animal, Job
40:20-41:25. Et d'abord Il est évident que ce morceau qui célèbre la grandeur
de Dieu dans la création, contient la description d'un animal réellement
existant, et non point d'un être fabuleux et chimérique, ainsi que l'ont
supposé quelques auteurs. Un assez grand nombre d'idées ont été émises sur
cette question, et plusieurs, notamment Schultens dans son commentaire, ont
soutenu qu'il fallait entendre par léviathan les plus grosses espèces de
serpents marins; mais depuis Bochart presque tous les interprètes sont d'accord
à y voir le crocodile (Rosenmuller, Gesenius, Winer, Preiswerk, Hævernick), et
cette opinion se justifie amplement par l'accord des détails du livre sacré
avec tout ce que nous connaissons de cet animal. Le morceau de Job se divise en
deux parties; la première (40:20-41:2) est destinée à montrer, à faire
ressortir la faiblesse de l'homme en présence de ce redoutable animal, si fort
et si bien armé pour résister et se défendre; elle amène naturellement la
conclusion: Comment celui qui ne peut lutter contre la créature, essaierait-il
de le faire contre le créateur? La seconde (41:3-25) est une description des
différentes parties de l'animal, de son caractère, de sa force et de sa
férocité, description si vivante qu'il semble qu'on ait le léviathan devant les
yeux, la gueule ouverte, jetant des flammes.
«Tireras-tu le léviathan avec un hameçon? Prendras-tu
sa langue avec une ligne?
Lui passeras-tu une corde de jonc dans le nez? et lui
perceras-tu d'un croc les mâchoires?
T'adressera-t-il beaucoup de prières? Te dira-t-il de
belles paroles? (s'humiliera-t-il devant toi?)
Fera-t-il une alliance avec toi, que tu le prennes
pour serviteur à toujours?
T'en amuseras-tu comme d'un oiseau, et l'attacheras-tu
pour tes jeunes filles? (comme en Orient les enfants aiment à jouer avec de
petits animaux, dont un léger fil suffit pour assurer la captivité.)
Les associés pêcheurs en font-ils commerce? le
partagent-ils entre les marchands?
Rempliras-tu de pointes sa peau? (de manière qu'il y
en ait assez pour le tuer), et du harpon des pêcheurs sa tête?
Mets sur lui ta main, essaie la lutte; tu n'y
reviendras plus.
Voici, l'espérance de celui qui l'essaierait
s'évanouira: est-ce qu'à sa vue déjà il n'est pas atterré?
Il n'en est pas d'assez vaillant pour l'éveiller. Et
qui est celui qui se présenterait devant moi (pour me résister)?
Qui m'aurait fait des avances que je doive les lui
rendre? Tout sous tout le ciel est à moi.
Je ne me tairai point de ses membres, l'expression de
ses forces, la beauté de son armure.
Qui découvrira le dessus de son vêtement (la cuirasse
qui recouvre sa peau)? Qui s'aventurera dans sa double denture?
Qui ouvrira les portes de son visage? Ses dents tout à
l'entour sèment l'épouvante.
Fières sont les rangées de sa cuirasse, serrées comme
d'un étroit cachet.
L'une touche à l'autre, un souffle ne passerait pas
entre elles.
Chacune est collée à sa voisine; elles tiennent l'une
à l'autre, et ne peuvent être séparées.
Ses éternuements rayonnent la lumière, ses yeux sont
comme les paupières de l'aurore (c'est-à-dire comme les premiers rayons du
jour. Les anciens avaient déjà remarqué que lorsque le crocodile sort du fond
des eaux, on voit briller, avant même de voir son corps, ses yeux qui annoncent
ainsi sa venue, comme l'aurore annonce le soleil.)
De sa bouche sortent comme des flambeaux; des
étincelles de feu en jaillissent. De ses narines sort une fumée, comme d'un pot
bouillant ou d'une chaudière.
Son souffle flambe comme un brasier (ou allumerait des
charbons), et une flamme sort de sa gueule.»
Ces versets se rapportent supposément au crocodile sortant du fleuve et chassant avec
violence par les naseaux et par la bouche l'eau qui s'oppose à ses mouvements
impétueux; ce sont des jets qui rayonnent dans tous les sens, et qui ont, selon
quelques auteurs, une lumière phosphorescente quand l'animal est échauffé ou
irrité; le voyageur Bartram parle aussi de cette vapeur qui sort de ses narines
comme une fumée.
«En son cou repose la force, et devant lui danse
l'effroi.
Les fanons de sa chair sont fermes, coulés (ou fondus)
en lui, rien ne bouge. (L'image de la fonte exprime la dureté et l'adhésion des
parties entre elles.)
Son cœur est dur (de fonte) comme une pierre, dur (de
fonte) comme une pierre de meule de dessous.
Quand il se lève, des héros s'épouvantent; ils sont
hors d'eux-mêmes d'effroi.
L'attaque-t-on avec l'épée, elle ne prend pas; ni
dard, ni lance, ni cuirasse ne servent.
Il estime le fer comme de la paille, l'airain comme du
bois pourri.
Le fils de l'arc (la flèche) ne le fait pas fuir, en
chaume se changent pour lui les pierres de la fronde.
La massue lui semble comme du chaume; il rit du
sifflement du javelot.
Sous lui sont des têts aigus (les écailles de son
ventre); il traîne sur la vase une herse à battre le blé (c'est-à-dire il
laisse dans la vase, partout où il se repose, des traces de son passage et
l'empreinte de ses dures et fortes écailles qui labourent le terrain, comme si
la herse y avait passé.)
Il fait bouillonner la profondeur comme un chaudron,
et rend la mer semblable à un parfum (ou à un vase de parfumeur. Cette partie
de la comparaison n'est pas claire; l'auteur veut dire que le léviathan agite
et trouble les flots: mais quel rapport cette agitation a-t-elle avec du
parfum?)
Derrière lui brille son chemin; l'abîme apparaît comme
une tête blanchie (à cause de l'écume que la rapidité de ses mouvements forme
autour de lui).
Rien sur la terre ne l'égale; il a été fait pour ne
rien craindre.
Il voit au-dessous de lui (ou il fixe) tout ce qui est
élevé; il est roi sur tous les orgueilleux (animaux).»
Tous les détails de cette poétique description
concordent avec ce que les naturalistes et les voyageurs, anciens et modernes,
nous disent du crocodile. Cet animal, géant dans la famille des lézards, habite
particulièrement les bords du Nil, et devait être bien connu d'un auteur qui
avait vécu en Égypte, comme celui du livre de Job. C'est là qu'il atteint sa
plus grande longueur, qui va jusqu'à 10, et même 12 mètres; en Amérique, il
n'en dépasse pas 6 ou 8. Son corps est vert, tacheté de noir; le ventre est
d'un blanc jaunâtre. La tête est au moins deux fois aussi longue que large, et
sa gueule, garnie à la mâchoire supérieure de trente-six, à l'inférieure de
trente dents, longues et pointues, s'ouvre jusque derrière les yeux et les
oreilles. Ses mâchoires sont extrêmement fortes; mais, comme elles ne peuvent
se mouvoir que du haut en bas, et nullement de droite à gauche, le crocodile ne
peut rien mâcher, et doit avaler sa nourriture telle qu'elle entre dans sa
gueule; il y joint quelquefois des pierres pour faciliter la digestion. Ses
yeux et ses oreilles se recouvrent, quand il est dans l'eau, de peaux très
fines qui ne gênent pas les fonctions de ces organes, et servent à les
protéger. Son cou est court, et son dos si raide que tous les mouvements de
côté, un peu rapides, lui sont impossibles, ce qui permet facilement à ceux qui
sont poursuivis de lui échapper. Les écailles de son dos, toutes égales entre
elles, sont rangées sur dix-sept bandes, et se distinguent par leur forme
carrée et régulière. Ce que l'on a dit des larmes et du ton plaintif de cet
amphibie, n'est qu'une fable: sa voix (s'il en a une, ce qui est nié par
quelques-uns), serait une sorte de mugissement rauque et élevé, sans rapport
avec les cris d'un enfant. Il a le sang froid, et en petite quantité,
rougeâtre, et il peut en perdre la plus grande partie sans en être sensiblement
éprouvé. La femelle dépose dans le sable de trente à soixante œufs, légèrement
plus grands que ceux de nos poules, et les laisse éclore au soleil, se bornant
à les surveiller pour les défendre au besoin. Quand les petits brisent leur
coquille, ils ont déjà 20 à 25 centimètres de longueur; leur peau est tendre,
mais ils n'en sont pas moins vifs et voraces.
Il faut considérer
aussi la possibilité que le Léviathan fût une espèce de dinosaures qui survécut
les eaux du déluge. Nous savons d'après des fouilles et découvertes
archéologiques que les dinosaures et les hommes vécurent dans une même période
de l'histoire. Plusieurs monstres marins ont aussi été rapportés qui entre dans
le contexte de cette description.
Le crocodile passe volontiers ses journées sur terre,
étendu sur le sable aux brûlants rayons du soleil africain, et sommeillant; le
soir, il retourne à l'eau. Sa pâture, il la cherche partout, mais s'attache de
préférence aux êtres vivants; des enfants, des femmes, des hommes même,
deviennent victimes de sa férocité; il fond sur eux à l'improviste, et les
entraîne dans le fleuve. Quelques peuplades africaines se nourrissent de sa
chair et la regardent comme un morceau délicat; mais elle est duré et répand
une forte odeur de musc.
— On peut voir de très intéressants détails et des
extraits du voyage de Bartram, dans le Morgenland de Preiswerk, 1839, avril.
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LÉVIRAT.
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Le mot ne se trouve pas dans l'Écriture, mais la chose
s'y trouve. Levir, en latin, signifie le frère du mari, (lege vir, comme en
anglais in law, désigne les parentés acquises par le mariage), et ce nom a été
donné à la loi de Moïse qui obligeait un frère à épouser la veuve de son frère
mort sans enfants, de telle sorte que l'aîné des enfants qui naîtraient de
cette union nouvelle héritât des biens et du nom du défunt, Deutéronome
25:5-10; cf. Marc 12:18; sq. Cet usage, particulier, à ce qu'il semble, à la
famille des Hébreux, était antérieur à Moïse, Genèse 38:6-8, et n'a été
peut-être conservé par lui qu'à cause du sentiment national, qui regardait
comme un devoir de ne pas laisser éteindre la race et le nom d'un homme mort
prématurément, ou privé de descendance. Cette loi favorisait d'ailleurs
l'esprit de famille, la division des fortunes et la perpétuité des héritages;
elle était une exception formelle et motivée aux lois sur l'inceste,
— Voir: Lévitique 18:16.
Le droit ouïe devoir d'épouser pouvait se transmettre
à un parent plus éloigné; mais le frère qui renonçait à la main de la veuve
pour se soustraire à cette charge, quelquefois gênante et coûteuse, était
flétri officiellement et publiquement, flétrissure qui, du reste, fondée sur le
préjugé, devait s'affaiblir avec lui; c'est ainsi que, dans le livre de Ruth,
on voit déjà l'opinion modifiée, et la cérémonie destinée d'abord à jeter un
blâme sur celui qui refuse, n'est plus qu'un moyen judiciaire de faire
constater son refus, Ruth 4:1-10.
— Les prêtres étaient dispensés d'obéir au lévirat,
Lévitique 21:13, ainsi que probablement les hommes hors d'âge d'avoir des
enfants, et les prosélytes. C'était le frère le plus âgé du défunt qui était le
premier obligé, et il ne paraît pas que la circonstance qu'il aurait été marié
lui-même fût un motif suffisant de refus.
— Le lévirat, au surplus, a été retrouvé aux Indes et
en Perse, à Siam, à Pégu, chez les Afghans; Niebuhr l'a découvert chez les
Circassiens; Bergeron chez les Tartares; Bruce chez les Gallas, en Abyssinie.
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LÉVITES.
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Dans son acception la plus générale, ce nom comprend
tous les descendants de Lévi, fils de Jacob, Exode 6:25; Lévitique 25:32; Josué
3:3; Ézéchiel 44:15. Dans le sens plus restreint et aussi plus ordinaire, il
sert à désigner tous ces descendants, moins la famille d'Aaron, qui était de la
branche de Kéhath, et spécialement destinée à la sacrificature, — Voir:
Prêtres. Nombres 3:6-18:2. Il désigne donc, dans le premier cas, la tribu,
pauvre et dépossédée en Israël, dans le second, la partie inférieure de la
caste sacerdotale, la postérité de Guerson et de Mérari, celle de Jitshar et de
Huziel, enfants de Kéhath, et celle de Hamram par Moïse, cf. Exode 6:16; sq.
C'est de ceux-là seulement que Dieu pouvait dire: «J'ai entièrement donné les
lévites à Aaron», Nombres 8:19; 18:6; 3:6. Ils étaient ainsi les serviteurs
naturels du sanctuaire, les aides des prêtres et des sacrificateurs, obligés de
les servir ou de les remplacer partout où la sainteté des cérémonies n'exigeait
pas la présence exclusive du sacerdoce supérieur, comme l'exigeait le service
de l'autel et de ce qui était au-dedans du voile. Dans le désert, ils devaient
monter et démonter le tabernacle à chaque station, Nombres 1:51, couvrir et
porter l'arche du témoignage et les vases sacrés, Nombres 4, Deutéronome 31:25;
cf. 1 Samuel 6:15; 1 Chroniques 15:2,27; 2 Chroniques 5:4; Lorsqu'un centre
plus stable eut été donné au culte, et que Jérusalem fut de venue le siège de
la théocratie, ils furent chargés de la garde du temple et du soin d'en ouvrir
et d'en fermer les portes, 1 Chroniques 9:27; 23:32; 26:12, des vases sacrés et
de leur entretien, 1 Chroniques 9:28; 2 Chroniques 29:16, de là préparation des
pains de proposition et des autres offrandes de farine pétrie, 1 Chroniques
9:32; 23:29, du chant et des instruments de musique pour le service du temple,
1 Chroniques 15:19; 23:5; 25:1; 2 Chroniques 5:12; 7:6; Esdras 3:10; Néhémie
12:27. Ils eurent, de concert avec les prêtres, la surveillance des trésors du
temple et l'inspection des lépreux, Deutéronome 24:8; 1 Chroniques 26:20; 2
Chroniques 31:12; Néhémie 13:13; ils assistaient les prêtres dans le sacrifice
et le dépouillement des victimes, dont ils recueillaient le sang, 2 Chroniques
29:34; 30:17; 35:11; ils faisaient les collectes pour les réparations du
temple, et dirigeaient les ouvriers dans les travaux de construction, 2
Chroniques 34:9,12; ils devaient enfin pourvoir au bois du sacrifice, et faire
respecter le jour du sabbat, Néhémie 10:34; 13:22. Cependant ils furent
remplacés dans plusieurs de ces fonctions, et notamment dans les plus pénibles ou
les plus abjectes, par les Gabaonites ou Néthiniens, q.v. Depuis les jours de
David, plusieurs Lévites furent appelés aussi à remplir des fonctions
publiques, judiciaires ou municipales, 1 Chroniques 23:4; 2 Chroniques 19:11;
cf. Deutéronome 17:9; 21:5 (c'est du moins l'opinion de Michaélis, combattue
par Cellérier, II. 294, sq.), et le roi Josaphat paraît leur avoir confié
l'enseignement religieux du peuple dans tout le pays, 2 Chroniques 17:9.
Lorsqu'ils furent mis à part et solennellement
consacrés au service du sanctuaire, Nombres 3:4, les Lévites n'avaient pas
encore des fonctions aussi définitivement arrêtées qu'elles le devinrent par la
suite; ils étaient les serviteurs du tabernacle d'une manière générale, mais le
temps seul pouvait régulariser leur activité; ils ne prirent de consistance et
de corps, ils ne s'organisèrent que sous David et Salomon. À cette époque, ils
étaient 38,000, dont:
a. 24,000
servaient dans le temple,
b. 6,000
étaient prévôts et juges,
c. 4,000
portiers, et
d. 4,000
musiciens.
Les premiers portaient par excellence le nom de
lévites; ils étaient, comme les prêtres, divisés en vingt-quatre éphéméries,
chacune ayant son chef, qui se relevaient tous les huit jours, entrant en
semaine le jour du sabbat, et en sortant au sabbat suivant. Les lévites étaient
appelés à servir depuis trente jusqu'à cinquante ans, Nombres 4:3,23,30,47. 1
Chroniques 23:3,24. (il faut probablement lire trente au lieu de vingt), cf.
Nombres 8:23,26; ce dernier passage fait commencer le service à l'âge de
vingt-cinq ans, ce que l'on a essayé d'expliquer soit en admettant cinq années
préparatoires (Rosenmuller), soit en supposant qu'au chapitre 4, il ne s'agit
que du transport des pièces du tabernacle (Maïmonides), soit enfin (Kanne) en
regardant le chapitre 4 comme parlant de ce qui doit se faire dans les besoins
actuels du service, et le chapitre 8, comme prévoyant les besoins plus grands
du peuple quand les douze tribus seront établies dans leurs territoires
respectifs, disséminées et non plus groupées. Plus tard, quand les travaux des
lévites furent devenus moins pénibles, et qu'ils n'eurent plus à porter le
tabernacle et les ustensiles pour son service, ils entrèrent en fonctions plus
jeunes, et dans les derniers jours de David, ils sont dénombrés depuis l'âge de
vingt ans, 1 Chroniques 23:27; 2 Chroniques 31:17, cf. Esdras 3:8.
— On ne voit pas dans la loi que des défauts corporels
les aient rendus inhabiles, comme cela avait lieu pour les prêtres, à remplir
les fonctions de leur charge, et un seul motif de dispense aurait été, selon
les Juifs, un vice dans l'organe de la voix.
Sur leur première consécration,
— Voir: Nombres 8:6, et l'article Lever.
La loi ne leur prescrivait pas un costume particulier,
et les vêtements de fin lin dont ils sont revêtus 1 Chroniques 15:27. 2
Chroniques 5:12, ne sont pas mentionnés comme uniformes. Ce n'est que beaucoup
plus tard, sous Agrippa II, six ans avant la ruine de Jérusalem, que les
lévites musiciens, qui par leur présence habituelle dans le temple, et par la beauté
de leur emploi, avaient plus que les autres gagné en considération, obtinrent
la permission de porter la tunique de lin; Flavius Josèphe, à ce sujet, fait
remarquer qu'on n'avait jamais impunément abandonné les anciennes coutumes du
pays.
Leurs revenus consistaient dans les dîmes de toutes
les récoltes et les premiers-nés des troupeaux, que les Hébreux étaient tenus
d'abandonner aux serviteurs du temple, mais les Lévites devaient eux-mêmes
payer la dîme de cette dîme à la famille d'Aaron, aux sacrificateurs, Nombres
18:24-28; 2 Chroniques 31:4; Néhémie 10:37-38; 12:44; 13:10; ils avaient, en
outre, leur part aux repas de dîmes qui se faisaient après les récoltes, et à
d'autres repas d'actions de grâces, Deutéronome 14:29; 12:18; 16:11; même une
fois on les voit participer au partage du butin, après la défaite des
Madianites, Nombres 31:30. Il semble que ces dîmes aient dû leur assurer une
assez grande aisance, mais d'un côté ils étaient nombreux, de l'autre, ils
avaient des familles à entretenir; en outre le paiement des dîmes et des
prémices était laissé presque entièrement à la bonne volonté des propriétaires,
il dépendait en grande partie de leur régularité à faire trois fois par an le
voyage de Jérusalem, et souvent la négligence venait se joindre à la mauvaise
volonté: les choses étaient arrangées de telle sorte que les Lévites eussent
besoin de l'estime et de l'affection de leurs concitoyens; cette dépendance
était à la fois un bien et un mal, mais elle existait, et si les sacrificateurs
nous apparaissent en général comme étant dans une position plutôt riche que
moyenne, les Lévites nous sont au contraires représentés comme pauvres,
assimilés à la veuve, à l'étranger, à l'orphelin, presque recommandés à la
charité des agriculteurs.
— La loi leur avait encore donné en toute propriété
quarante-huit villes ou villages, ou plutôt trente-cinq, car ils devaient en
abandonner treize aux prêtres; c'était en quelque sorte la dîme des villes ou
des maisons, et dans un pays où chacun était agriculteur et propriétaire, et où
l'on ne trouvait par conséquent pas d'appartements à louer, cette disposition
de la loi était absolument nécessaire pour fournir des demeures à tous les
membres de la tribu de Lévi: quand ils étaient de service à Jérusalem, ils
habitaient les appartements réservés près du tabernacle et du temple, mais
lorsqu'ils n'y étaient plus, ils devaient avoir un abri assuré pour eux et
leurs familles; Nombres 35:1-5. Ces villes, avec un faubourg de mille ou deux
mille coudées en dehors des murs, étaient dispersées sur le territoire de neuf
tribus en deçà et au-delà du Jourdain; Juda, Siméon et Benjamin n'avaient pas
de villes lévitiques, mais les treize villes sacerdotales étaient renfermées
dans leurs frontières. Il est sûr que cette dispersion dut influer
avantageusement sur la culture et l'instruction religieuse des tribus; quant au
nom des villes
— Voir: Josué 21:20;
sq.; dix d'entre elles appartenaient aux Kéhathites,
treize aux Guersonites, et douze aux Mérarites.
Les Lévites étaient, d'après Flavius Josèphe,
dispensés du service militaire, et ils obtinrent aussi, des gouverneurs
étrangers après l'exil, l'exemption des impôts et péages, Esdras 7:24.
Il est assez remarquable que le Deutéronome n'indique
nulle part que les sacrificateurs dussent appartenir à une famille particulière
de la race de Lévi, et même il semblerait, par 18:6, que le corps sacerdotal se
composât et se recrutât de tous ceux des Lévites qui sentaient en eux-mêmes une
vocation intérieure spéciale pour le service du sanctuaire; ceux-là, comme
véritables ministres de l'autel, avaient seuls le droit d'être nourris de
l'autel, tandis que les autres Lévites, non fonctionnant, étaient simplement
recommandés à la générosité des Israélites. Si c'est en effet ainsi que l'on
doit entendre le passage indiqué du Deutéronome, il serait un premier pas vers
une manière plus spirituelle de comprendre le sacerdoce, et l'on doit se
rappeler que ce livre a été écrit environ quarante ans après la première
institution, et qu'il a pu modifier déjà quelques-unes des lois, quelques-uns
des principes existants. Toutefois la chose est incertaine, elle doit être
examinée, mais ne peut se décider.
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LÉVITIQUE.
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C'est le nom qui a été donné au troisième livre de
Moïse, parce qu'il traite de l'institution des lévites, et des lois et
ordonnances qui devaient les régir. Dans les sept premiers chapitres, il décrit
les sacrifices de divers genres qui devaient être offerts par le peuple, et la
manière dont ils devaient être présentés. Le paragraphe suivant (chapitres
8-10) est plutôt historique; il raconte la consécration des prêtres et le
châtiment que subirent Nadab et Abihu pour avoir offert devant l'Éternel un feu
étranger. Les chapitres 11-22 contiennent les lois sur la pureté légale et
cérémonielle; enfin, la fin du livre, 23-27, renferme des prescriptions sur les
fêtes, les vœux et les dîmes. (Le chapitre 26 renferme des prophéties qui se
sont accomplies d'une manière bien explicite à l'égard des Juifs, cf. verset 22
avec Nombres 21:6; 2 Rois 2:24; 17:25; Ézéchiel 5:17; et la conservation de ce
peuple comme peuple distinct est encore un commentaire vivant du verset 44, une
preuve de plus de la vérité des prophéties).
Le Lévitique comprend l'histoire du premier mois de la
seconde année que les Israélites passèrent dans le désert, et il s'arrête au
premier jour du deuxième mois, Nombres 1:1; cf. Exode 40:2,17; c'est du moins
dans l'intervalle de ces deux dates que tous les événements qu'il rapporte se
sont passés, sans que l'on puisse déterminer au juste combien de jours ils ont
duré. On ignore l'époque de la rédaction, mais il est probable qu'elle a
ordinairement accompagné, ou suivi de très près la promulgation des lois ou la
célébration des solennités,
— Voir: Pentateuque.
Le meilleur commentaire du Lévitique est celui qu'en
donne l'apôtre dans l'Épître aux Hébreux; ce n'est que par cette épître qu'on
peut comprendre tant de préceptes qui sans cela n'auraient aucune
signification;
— Voir: aussi g, des Bergeries, Moïse dévoilé, et
Guers, le Camp et le Tabernacle.
Le Lévitique nous montre dans toutes ses pages la
haine de Dieu pour le péché, et le sacrifice comme seul moyen de salut; c'est
la lumière, mais encore faible, et un auteur anglais, Boyle, dit très bien que
la loi cérémonielle, avec tous ses rites mystérieux, nous montre l'enfant Jésus
enveloppé de langes, comme la crèche le montra aux bergers.
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LÉZARD,
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animal dont on connaît plusieurs espèces de diverses
grandeurs, et que, selon quelques commentateurs, on retrouve dans l'Écriture
sous six noms différents, qui sont traduits dans nos versions, Lévitique
11:29-30, par les noms de tortue, hérisson, crocodile, lézard, limace, taupe.
Disons quelques mots sur chacun de ces animaux, en réservant toujours
l'incertitude qui règne sur tous ces noms, dont la plupart ne se trouvent
qu'une seule fois dans l'Écriture:
1. Hébreux
tzâb (Martin, tortue); l'animal désigné par nos versions est un amphibie dont
le nom est tout à fait déplacé au milieu de ceux qui l'entourent, et que la
plupart des commentateurs, déjà les Septante, Damir, Avicenne, puis Bochart,
Hasselquist, Léon l'Africain, Shaw, Winer, Gesenius, Harris, sont d'accord à
traduire par lézard d'Égypte (cauda verticillata); cet animal, qui porté encore
le nom de dab ou dsab, a environ 35 à 40 centimètres de long, et 10 à 42 de
large sur le dos; il ne boit pas d'eau; ses écailles sont dentelées, sa peau jaunâtre
et ses formes assez agréables à la vue; non venimeux; très vif; ovipare.
2. Anakah
(hérisson). D'après la version anglaise, ce serait le furet; d'après Bochart,
l'espèce de lézard tacheté, appelée par Pline stellio; d'autres (le docteur
James), remontant à l'étymologie du mot hébreu, qui indique un cri plaintif ou
un grognement, pensent à la grenouille; Hasselquist, au lézard du Nil; Harris,
au lézard gecko, couvert de taches rouges, et dont le cri aigu lui aurait valu
son nom égyptien, et aux Indes celui de tockaï, qui correspondent à la
signification du nom hébreu; Winer enfin voit l'anakah dans l'ouaral ou guaral
des Arabes: laid, méchant, venimeux, redoutable, long de 80 centimètres, il ne
craint ni le crocodile, ni les plus gros serpents; sa peau est brun-rouge,
semée de taches noires; sa force a fait penser à plusieurs auteurs (Bochart,
Léon l'Africain, Harris) qu'on devait le voir dans l'animal nommé en hébreu
co'ach, qui signifie force; mais cette étymologie n'est pas une preuve absolue,
car, ainsi que l'ont déjà démontré Michaélis et Rosenmuller, le nom de co'ach
peut avoir encore d'autres significations.
3. Co'ach
(crocodile); les Septante et l'anglais, caméléon; Harris, guaral; Winer le
traduit par lézard stellion: brun, avec des taches, les unes blanches, les
autres noires; le corps est plus court que la queue, qui a 10 centimètres de
long.
— Voir: ci-dessus #2.
4. Letaah
(lézard); Vulgate, stellion; tous les interprètes reconnaissent que c'est une
espèce de lézard, mais ils varient sur l'espèce. Winer, d'après Castellion, y
voit la salamandre, de 9 ou 10 centimètres de long, large de trois, noire et
tachetée de raies jaune-orange, avec deux rangs de glandes sur le dos, qui
suintent une humeur laiteuse suffisante pour éteindre un très petit feu; de là
la fable de la salamandre qui peut vivre dans le feu. D'après Bochart, ce
serait une autre espèce de lézard, venimeux, et qui peut se coller à la terre
de manière à ce qu'on ne puisse l'en arracher qu'avec beaucoup de peine (de
l'arabe atah).
5. Chomet
(limace). D'après Bochart, qui s'appuie d'une étymologie vague et incertaine,
ce serait une espèce de lézard; c'est aussi l'opinion de Harris, et la nature
des animaux dont il est parlé avant et après, semble justifier cette
interprétation; cependant l'hébreu chamat, qui signifie sable, permet de voir
dans cet animal la limace ou l'escargot, ainsi que le font nos versions et
Winer; ce serait alors le même que l'on trouve, Psaumes 58:8, sous le nom de
shabeloul (Bochart). Dieu a donné à ce pauvre animal une peau dure et
visqueuse, qui doit lui servir de moyen de locomotion par le mouvement de
contraction dont elle est douée; en même temps il peut s'attacher à toute
espèce de surface, soit par la viscosité même de son ventre, soit par la
pression atmosphérique et le vide que l'animal fait entre son corps et l'objet
sur lequel il rampe. La coquille de l'escargot lui est aussi une protection
contre les intempéries de l'air; il peut s'y retirer et se mettre à l'abri
contre les petits dangers qui menacent incessamment sa frêle existence. Le
psalmiste eu a fait l'emblème du méchant qui se consume lui-même dans ses
entreprises, laisse partout des traces de son passage, mais se détruit, se fond
en son chemin, en perdant à mesure et ses forces et sa substance.
6. Thinshémeth
(taupe). C'est le même mot qui sert, Lévitique 14:18; et Deutéronome 14:16, à
désigner un oiseau impur,
— Voir: Cygne.
Ici on le traduit de deux manières différentes, sans
compter celle de la Vulgate, acceptée parles versions française et anglaise;
Saadias, puis Hasselquist, Golius, Winer, entendent par cet animal le lézard
gecko (— Voir: #2), petit, à queue courte et ronde, venimeux, mais avec cette
singularité que c'est par les lobes de ses doigts de pied qu'il laisse échapper
son venin; il recherche les lieux où se trouvent des dépôts de sel marin, il
s'y promène plusieurs fois de suite et y laisse après lui son venin, d'autant
plus dangereux qu'il rend le sel amer, et le corrompt de telle manière que son
usage peut engendrer la lèpre. D'après Bochart, Geddes et Harris, et cette
opinion se recommande davantage selon nous, il faut traduire thinshémeth par
caméléon: ce petit animal atteint une longueur de 25 centimètres; sa queue est
longue, plate et flexible; il s'en sert quelquefois pour s'attacher aux
branches d'un arbre et reste ainsi suspendu: il n'a pas de cou visible; sa tête
est unie au corps comme chez les poissons, sans séparation; elle a deux
ouvertures qui lui servent de narines, et pas d'oreilles; le caméléon ne rend
aucun son, ni cri, ni grognement; ses yeux sont extrêmement mobiles, beaux et
d'un jaune d'or; il les promène à droite et à gauche sans avoir besoin de
tourner la tête, ce qui lui serait assez difficile; ordinairement ses yeux sont
obliques et regardent de deux côtés à la fois. Sa couleur est gris d'acier,
mais devient facilement jaune ou noire quand il sort de son état naturel et
qu'une passion l'anime. Une ancienne tradition porte qu'il se nourrit d'air,
sans boire ni manger (Pline 8, 33. Ovid. 15; 4, 411). Ce qui est vrai c'est
qu'il peut rester longtemps sans nourriture. Hasselquist raconte qu'il en a
gardé un trente-deux jours sans lui rien donner, et que c'est dans les derniers
jours seulement qu'il parut un peu éprouvé de ce régime; il se nourrit,
principalement d'insectes. Son nom hébreu thinshémeth, dont la racine est
nasham (respirer), rappellerait l'ancien préjugé d'après lequel le caméléon ne
serait ni herbivore, ni Carnivore, mais un simple respirateur.
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LIBAN.
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Le nom de cette montagne vient de l'hébreu laban, qui
signifie blanc, soit qu'il se rapporte aux neiges éternelles dont est couvert
son sommet (comme le nom de nos Alpes rappelle le latin albus, blanc), soit
qu'il vienne de la roche blanchâtre et crayeuse dont se compose presque toute
la chaîne. Non loin de la rive phénicienne, à peu de distance dans l'intérieur
des terres, s'élève au-dessus d'avant-monts un long rempart de montagnes
escarpées, dont aucune pointe saillante ne domine de beaucoup la crête
uniforme, et qui ne peut, à cet égard, nullement être comparé aux Alpes
crénelées de la Suisse. Le sommet le plus élevé de la chaîne, celui qui porte
proprement le nom de Liban, est situé eu dehors des limites de la terre promise,
au sud d'Antioche, au nord de Nazareth, à l'occident de Damas, à l'orient de
Tyr et de Sidon; il a environ 4,800 mètres de hauteur, et la neige n'y fond
jamais; on y jouit d'une vue fort étendue sur la mer et sur les montagnes
environnantes. Le versant occidental s'incline doucement vers la mer, tandis
que le versant oriental est fort roide, comme le versant oriental de toutes les
montagnes calcaires de la Syrie; il conduit en deux heures, par une pente
rapide, dans la vallée qui sépare le Liban de l'Anti-Liban, vallée que les
Grecs connaissaient sous le nom de Cœlésyrie, ou Syrie creuse, et qui porte en
hébreu le nom de Bikeath ou campagne du Liban, Josué 11:17; 12:7. D'autres
cependant, Winer, Rosenmuller, pensent que la Cœlésyrie est le Bikkath-Aven de
Amos 1:3; tandis que la plaine du Liban serait plus près des sources du
Jourdain, au pied du Djebel-Heisch. Le sol en est fertile et sans pierres; ses
heureux habitants, longtemps ignorés et tranquilles, ont échappé aux orages des
guerres qui désolaient leurs voisins, mais cette prospérité a eu son terme; la
fertile Cœlésyrie est devenue déserte, et l'on ne peut plus admirer maintenant
que les belles et gigantesques ruines de Bahalath qu'elle renferme.
— Quatre fleuves sortent du Liban: le Jourdain, qui
coule au sud et va se jeter dans la mer Morte; l'Amana, vers l'est; le Léontés,
vers l'ouest; l'Oronte, au nord, vers la Méditerranée. Le Kadisha suit pendant
dix lieues, de l'est à l'ouest, le pied de la chaîne, et se jette dans la mer
non loin de Tripoli; c'est près de la source de cette rivière, dans le
voisinage du village montagneux de Bschirraï, que se trouve l'antique forêt de
cèdres, si renommée et si déchue de sa gloire et de sa beauté. Les flancs
escarpés du Liban, jadis si richement boisés, ne comptent plus que quelques
forets de chênes et quelques bouquets de cèdres; mais dans les nombreuses
vallées qui sillonnent les deux versants de la chaîne, croissent en abondance
les fruits du Midi, les figues, les amandes, les grenades, les citrons, les oranges
(Bræm); plus haut encore sont des plantations d'oliviers, et jusqu'au pied des
sommets les plus élevés, des noyers, des mûriers, de la vigne et des champs de
blé. Le vin du Liban n'a pas perdu son ancienne réputation (Osée 14:7). Les
pâturages des montagnes nourrissent un grand nombre de bêtes à cornes, de
chèvres à longs poils, des moutons et de beaux mulets, cf. Ésaïe 40:16. Nulle
part sur la terre les sources ne sont plus abondantes qu'au Liban, et une
multitude de ruisseaux, qui fertilisent les champs et les prairies, se
précipitent par des gorges, et en formant de nombreuses cascades, dans la mer
ou dans les vallées principales. La Bible parle souvent de la magnificence du
Liban, de ses cèdres, de ses forêts, de ses champs fertiles, de ses doux parfums
et de ses riches vignobles, de la neige qui recouvre ses cimes, des eaux qui
arrosent ses vallées, Osée 14:7; Cantique 4:11,15, et des animaux qui peuplent
ses solitudes, les perdrix, les sangliers, les chacals, les panthères. Le Liban
est une image du Seigneur, de ses dons spirituels et de son Église, Psaumes
133:3 (Hermon), Cantique 4:11,15; 5:15. Osée 14:5; Ésaïe 35:2; de l'orgueilleux
Assyrien et de ses destinées, Ésaïe 10:5,17-18,34; en général des choses
grandes et puissantes, Psaumes 29:6; Ésaïe 40:16. Son nom a été donné au temple
de Jérusalem, qui était construit de bois de cèdre, Zacharie 11:1; Ézéchiel
17:3, ainsi qu'au palais de Salomon, 1 Rois 7:2.
— La tour du Liban qui regarde vers Damas, Cantique
7:4, paraît avoir été fort haute; Benjamin de Tudéla en a vu les restes, et
assure que les pierres dont elle était construite avaient jusqu'à 20 palmes de
long et 12 de large; Maundrel ne l'a vue que de loin.
Damas était le centre principal de toutes les
caravanes de l'Asie occidentale; les villes de la côte phénicienne étaient le
port général d'où les marchands exportaient les marchandises venues d'Orient;
la double chaîne du Liban et de l'Anti-Liban séparait Damas de la mer. La route
de communication la plus directe entre ces deux grands entrepôts et débouchés,
traversait l'Anti-Liban, la Cœlésyrie et le Liban; mais pénible et dangereuse,
elle n'a jamais été très fréquentée; la voie ordinaire et principale évitait
les montagnes au moyen d'un grand détour vers le sud; elle se dirigeait vers le
bras est du mont Hermon, en traversait aisément les hauteurs peu considérables
et peu escarpées, descendait vers le Jourdain qu'elle passait probablement au
pont de Jacob (— Voir: Jourdain), suivait les bords du lac de Génésareth par
Capernaüm et Bethsaïda jusqu'à Magdala, montait par une vallée sur le plateau,
et s'élevait plus haut encore vers la plaine de Zabulon, au-delà de laquelle
elle descendait à Akko. C'est là le chemin de la mer qui vient d'au-delà du
Jourdain, Ésaïe 8:23; Matthieu 4:15. C'est sur cette route, à Capernaüm, où le
chemin passe dans un défilé entre le lac et la montagne, que les Romains
avaient établi un péage.
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LIBATIONS, ou aspersion,
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(ou aspersion sur le sacrifice. Philippiens 2:17; 2
Timothée 4:6), expression usitée dans l'Écriture sainte comme chez les auteurs
profanes, pour désigner l'effusion de liqueurs que l'on répandait sur les
victimes offertes à la divinité. D'après la loi juive, les libations se
composaient ordinairement de vin (Deutéronome 32:38; Osée 9:4), que l'on
versait sur l'autel d'après Flavius Josèphe, et non dans un de ses canaux
seulement. Elles étaient presque toujours accompagnées d'offrandes de pain, de
farine et de sel, Nombres 6:15,17; Joël 1:9,13; 2:14, et quelques auteurs ont
réuni sous un même nom, et souvent confondu, les libations sèches avec les
libations proprement dites; nous parlerons des unes et des autres,
— Voir: Offrandes.
— Aucun holocauste ne pouvait être offert sans qu'il
s'y joignît l'une et l'autre espèce de libations, comme aussi l'homme lui-même
ne mange pas volontiers de la viande sans pain et sans vin, cf. Nombres 7:87.
Les libations accompagnaient également les sacrifices d'actions de grâces, mais
jamais les offrandes pour le péché, Nombres 6:17; 15:5; 1 Chroniques 29:21; 2
Chroniques 29:35. Elles étaient présentées soit au nom de personnes isolées,
soit au nom du peuple entier, tous les jours, Exode 29:40, d'autres aux jours
de sabbat, d'autres enfin, lors des fêtes solennelles, Nombres 28:7,9,14; 29:4.
La libation qui accompagnait le sacrifice d'un agneau était 1/10 d'épha de
farine, 1/4 hin d'huile, 1/4 hin de vin; pour un bélier, 2/10 épha de farine,
1/3 hin d'huile, 1/3 hin de vin; pour un veau ou pour un taureau, 3/10 épha de
farine, 1/2 hin d'huile et autant de vin, Nombres 15:4; 28:14; sq. 29:9;
Lévitique 14:21. Dans les temps de leur égarement les Israélites faisaient des
libations semblables aux faux dieux qu'ils adoraient, Ésaïe 57:6; 65:11; Jérémie
7:18-19,13; 44:17; Ézéchiel 20:28, usage qui n'avait rien d'étrange pour les
païens, et qu'on retrouve dans Virgile, quand Sinon parle du sort qu'on lui
réservait:
Jamque dies infanda aderat, mihi sacra parari,
Et salsæ fruges, et circum tempora vittæ.
(Æneid. II. 132; 133)
et lorsque Didon s'apprête à faire un sacrifice:
Ipsa tenens dextrà
pateram pulcherrima Dido
Candentis vaccæ
media inter cornua fundit.
(IV, 60; 61)
Des libations (ou
baptême) d'eau étaient faites pendant la fête des tabernacles, q.v., cf. 1
Samuel 7:6. On en retrouve encore d'autres exemples avant l'exil, 2 Samuel
23:16. Quant au fait rapporté 1 Rois 18:34, sq., l'eau qu'ÉIie répandit sur
l'autel était une libation extraordinaire, dont le but était symbolique en ce
qu'il devait annoncer la pluie de bénédiction qui allait venir sur le pays, en
même temps que cette profusion d'eau que le feu du ciel allait bientôt
consumer, était destinée à mettre en évidence le ministère divin du prophète.
Sur une libation d'huile, Genèse 35:14,
— Voir: Pierres.
On sait que les païens avaient coutume de boire du vin
mêlé de sang lorsqu'ils se réunissaient par serment pour une entreprise
importante, dangereuse et non avouée, par exemple pour une conjuration
(Sallust. Catil. 22); on a cru trouver des allusions à cet usage, Psaumes 16:4;
Zacharie 9:7.
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LIBERTINS ou affranchis
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(ou affranchis). Il y avait à Jérusalem, au temps des
apôtres, une synagogue dans laquelle se réunissaient ordinairement, outre les
Juifs de Cyrène et d'Alexandrie, les Juifs appelés libertins, Actes 6:9. La
synagogue avait reçu le triple nom de ceux qui avaient l'habitude de la
fréquenter; c'est de son sein que sortit la première opposition au ministère
d'Étienne, que furent jetées les premières attaques, les premières accusations,
les premières pierres. Quelques interprètes (Bèze, Valkenaer), ont cru qu'il
fallait lire Libistiniens au lieu de libertins, estimant que les trois noms de
la synagogue dans le passage cité devaient avoir un caractère géographique; ce
serait une forme rare, sinon précisément poétique, du nom de Libyens; mais
cette supposition ne repose sur aucun fondement critique, et n'est appuyée sur
aucun manuscrit. D'autres conservent le nom de Libertins, mais lui font
signifier habitants de la ville ou contrée (inconnue) de Libertum, qu'ils
supposent avoir existé dans l'Afrique propre ou proconsulaire, parce qu'au
synode de Carthage, 411, se trouvait un évêque ayant pour titre Libertinensis.
L'opinion généralement reçue, c'est que les libertins étaient des esclaves
libérés qui avaient conservé ce nom, eux et leurs descendants, soit des
affranchis romains qui auraient passé au judaïsme, soit des Juifs que Pompée et
Sosius auraient emmenés captifs de Palestine en Italie, et qui, ayant obtenu
leur liberté (Tacit. Annal. 2, 85), se seraient établis à Rome jusqu'au moment
où Tibère chassa de ses états les superstitions étrangères; il est naturel que
dans ce cas ils se soient retirés à Jérusalem, et en assez grand nombre pour y
posséder en tiers une des quatre cent quatre-vingts synagogues qui s'y
trouvaient au dire des rabbins.
— On ne peut dire avec certitude si, Actes 6:9, il est
question de trois synagogues, ou d'une seule avec trois noms; mais ce qui est
probable, c'est que ces noms n'étaient que des noms, et que la synagogue des
libertins ne comprenait pas des libertins à l'exclusion des autres Juifs, et
qu'elle ne les comprenait pas tous non plus.
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LIBNA.
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1. Ville
sacerdotale et ville de refuge dans les plaines de la tribu de Juda, ancienne
résidence royale des Cananéens, Josué 10:29; 12:15; 21:13; 1 Chroniques 6:57.
Elle se détacha du royaume de Juda sous l'infidèle Joram, et, à ce qu'il
paraît, par attachement à la foi de ses pères, 2 Rois 8:22; 2 Chroniques 21:10,
mais plus tard elle rentra dans l'obéissance; au temps d'Ézéchias, Sanchérib
l'assiégea, 2 Rois 19:8; Ésaïe 37:8; on ignore s'il réussit à s'en emparer,
— Voir: encore 2 Rois 23:31; 24:18.
Eusèbe la place dans la contrée d'Éleuthéropolis sous
le nom de Lobana.
2. Campement
des Israélites au désert, Nombres 33:20.
3. Sihor
Libnat (et non Sihor vers Benath), Josué 19:26, rivière qui servait de limites
à la tribu d'Aser; son nom peut se traduire ruisseau de verre. C'est
probablement le Bélus ou Béleus des anciens; non loin de son embouchure, il
coule à travers des sables très Ans. On raconte que des vaisseaux sidoniens
chargés de salpêtre y abordèrent, et que les gens de l'équipage, voulant
préparer leur repas et ne trouvant point de grosses pierres pour construire
leur foyer, se servirent à cet effet de grands morceaux de salpêtre, qui se
fondirent au feu et se mêlèrent avec les cendres et le sable: il en résulta une
matière transparente; c'était du verre. Dès lors le sable du Bélus fut
transporté à Sidon, où l'on perfectionna l'art de travailler le verre; et
aujourd'hui encore les Vénitiens en chargent leurs vaisseaux pour les belles
fabriques de leur patrie (Rougemont).
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LIBYE,
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contrée de l'Afrique septentrionale. Les Grecs, depuis
Homère et Hérodote, désignaient par ce nom la race inculte et cuivrée qui
habitait les côtes sablonneuses et stériles de l'Égypte; ces peuplades furent
plus tard chassées et repoussées vers l'intérieur encore peu connu du pays, par
l'arrivée d'une colonie grecque à Cyrène, et d'une colonie phénicienne à
Carthage. Les Libyens s'enrôlèrent dans le service étranger sous Xercès
(Hérodote 7, 71; 86), sous Sésak, roi d'Égypte et sous Sérah, roi d'Éthiopie, 2
Chroniques 12:2; 16:8; cf. 14:9; il paraît même, d'après Nahum 3:9, que la
célèbre Thèbes (— Voir: No.) fut aussi défendue par les armées libyennes.
Daniel 11:43, prouve que des rapport ethnographiques existaient entre les
Égyptiens, les Lybiens et les Cushites; et les Léhabim nommés Genèse 10:13,
parmi les descendants de Mitsraïm (l'Égypte), sont, sans aucun doute, les mêmes
que les Lubim ou Lybiens. Chez les Romains ce nom n'avait qu'une portée
ethnographique et non point géographique; il indique vaguement la contrée,
Actes 2:10; et désigne plutôt les habitants. La côte d'Afrique, depuis l'Égypte
jusqu'à Carthage, se divisait en trois districts principaux, la Marmarique, la
Cyrénaïque et l'Afrique propre; cependant Ptolémée nomme le premier de ces
districts Marmarique libyenne, et comprend les deux autres sous le nom général
et commun de Lybie propre ou intérieure. Pline appelle Libye le district Maréotis.
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LICORNE.
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C'est par ce mot que nos versions ont traduit l'hébreu
reém; les Septante, monocéros. La première question qui se présente regarde
l'existence même de cet animal; les anciens l'ont admise sans hésitation, mais
paraissent avoir plus d'une fois confondu dans leurs descriptions la licorne et
le rhinocéros (Pline 8, 30. Ænlian. Anim. 16, 20); un bon nombre de voyageurs
plus modernes semblent avoir commis une méprise du même genre; d'autres,
distinguant bien ces deux espèces de mammifères, ont cru pouvoir établir
l'existence de l'un et de l'autre, mais varient dans la description qu'ils font
de la licorne, que la plupart d'entre eux avouent n'avoir pas vue de leurs
propres yeux et ne connaître que par ce que leur ont dit les naturels des pays
qu'ils ont visités. Le portugais Jean Gabriel raconte pour sa part qu'il a vu
dans le royaume de Damor une licorne qui avait une belle corne blanche au
front, longue d'un pied et demi, poil de la queue et du cou noir et court,
forme et grandeur d'un cheval bai. Vincent le Blanc en a vu une autre dans le
sérail du roi de Pégu, elle avait la tête plutôt d'un cerf que d'un cheval; et
Louis Barthémo (XVIe siècle), dit qu'il en a vu, chez le sultan de la Mecque,
deux qui lui avaient été envoyées par un roi d'Éthiopie; la plus grande des
deux avait sur le front une corne de trois aunes (?!) de long, la tête
ressemblait à celle d'un cerf, la peau était brun foncé, le pied fendu et l'ongle
d'une chèvre. Ne seraient-ce pas là de véritables antilopes qui auraient perdu
une corne par accident? Enfin, pour ne pas tout citer, Hodgson, président de la
Compagnie des Indes à Nepal, reçut de la ménagerie du raja un animal qu'on lui
dit habiter les parties méridionales du Thibet, qu'il reçut comme licorne et
dont il envoya la peau au musée de Calcutta; la peau était fauve et blanche
sous le ventre; au milieu du front s'élevait une longue corne pointue, noire,
formant trois légers coudes, avec des anneaux circulaires à la base; l'animal
avait en outre deux petites touffes de poils aux narines, passablement de soies
autour du nez et de la bouche, et la chevelure épaisse comme ne formant qu'une
seule masse, autant de caractères qui donnaient à la tête quelque chose de
lourd et de repoussant: cette peau serait un témoignage décisif, s'il était
prouvé que l'animal était une licorne et non point une antilope monstre. Dans
cette incertitude, plusieurs hésitent, pendant que d'autres ont embrassé plus
ou moins chaudement, soit l'affirmative (Bochart, Ludolf, Meyer, Rosenmuller),
d'autres la négative (Cuvier). Disons seulement que l'existence d'une licorne
ne serait nullement impossible, qu'elle pourrait se justifier en anatomie, et
que si l'animal que l'on dit avoir habité l'Égypte et l'Éthiopie ne s'y trouve
plus, cela provient peut-être de ce qu'il a été refoulé dans les déserts plus
intérieurs de l'Afrique, comme cela est arrivé pour d'autres espèces d'animaux.
Quoi qu'il en soit, les voyageurs et les naturalistes qui croient encore à
l'existence de la licorne, lui assignent pour séjour les montagnes du Thibet où
elle marche par grandes bandes, et l'Afrique, depuis le grand désert jusqu'aux
confins de la Cafrerie; elle ressemble au cheval, a 48-52 pouces de hauteur,
sur le front une longue corne un peu recourbée vers le milieu; son caractère
est sauvage et indomptable.
Après cette question préalable, et dont la solution
n'est pas sans importance, on doit se demander si, en admettant même
l'existence de la licorne, c'est bien de cet animal qu'ont voulu parler les
auteurs sacrés sous le nom de reém. Pour cela, voyons les caractères qu'ils lui
donnent, et examinons brièvement chacun des passages où il en est parlé:
1. Nombres
23:22; et 24:8, il n'est question que des forces du reém;
2. Deutéronome
33:17, les forces de Joseph sont comme les cornes d'un reém, ou plutôt comme
des cornes de reém, sans que rien soit préjugé sur le nombre qu'en porte chaque
individu (de même Psaumes 22:21); le reém est mis en parallélisme avec le
taureau, probablement sous le rapport de la force et de la puissance; cf. aussi
Psaumes 29:6.;
3. Job
39:12-13, le reém ne se laisse pas attacher à la charrue comme fait l'âne et le
bœuf, il rompt ses liens; on ne peut ni l'apprivoiser, ni le dompter;
4. Psaumes
22:21, le reém est dangereux, sa corne ou ses cornes lui servent d'armes;
5. Psaumes
29:6, le petit du reém est nommé à côté du veau, comme animal aux ébats joyeux
et légers;
6. Psaumes
92:10, la corne du reém est élevée, ce qui implique tout ensemble une certaine
longueur, sa position à peu près perpendiculaire sur la tête, sa direction vers
le ciel, et sa force; le singulier ne prouve rien, pas plus que lorsque nous
disons: «la corne du taureau est plus courte que celle du bœuf;»
7. Ésaïe
34:7 (grande hécatombe offerte en l'honneur du Seigneur), les reéms descendront
avec les béliers (verset 6), et les veaux avec les taureaux, c'est-à-dire les
forts et les sauvages avec les faibles et les inoffensifs; le caractère du reém
est ici d'une manière générale la force, peut-être la férocité.
— Il résulte de ces sept ou huit passages que le reém
est sauvage, cornu, vif, indépendant et dangereux; cela peut s'appliquer à la
licorne si elle existe (ainsi font Meyer, Schmidt, et presque Rosenmuller),
mais cela peut aussi se rapporter à beaucoup d'autres animaux; c'est ainsi, que
suivant les traces d'Aquila et de Saadias, Michaélis, Bruce et Harris pensent
qu'il s'agit du rhinocéros; Schultens, Bridel, Gesenius, De Wette, Hitzig, du
buffle; Bochart, Rosenmuller (?), Winer, de l'oryx des anciens, opinion
peut-être appuyée par la tradition juive, et qui se justifierait aussi par le
nom de réim que les arabes donnent encore, d'après Niebuhr, à cette espèce de
gazelle. L'oryx, appelé par Linnée antilope leucoryx, ou gazelle blanche, est
représenté par Oppien comme sauvage et indomptable, par Pline comme n'ayant
souvent qu'une corne, par Hérodote comme atteignant à peu près la taille du
bœuf; il habite particulièrement l'intérieur de l'Afrique, mais il se trouvait
aussi anciennement en Égypte où les auteurs sacrés auront pu en avoir
connaissance. S'il faut se décider, nous nous rangerons volontiers à cette
opinion tout en reconnaissant qu'elle n'est pas sûre, et en avouant que
plusieurs considérations recommanderaient aussi l'opinion de Harris, car
d'après Good, le rhinocéros porte encore en Arabie le nom de reém, et il serait
étonnant qu'un animal aussi remarquable et aussi connu de l'Égypte et des côtes
de la mer Rouge n'eût été mentionné en aucune manière dans l'Ancien Testament.
Quant au buffle, la raison principale qui soutient cette traduction, c'est que
le reém paraît être plusieurs fois mis en comparaison du bœuf et du taureau,
Deutéronome 33:17; Psaumes 29:6; en suivant le même principe on pourrait aussi
chercher cet animal dans la famille du lion, Psaumes 22:21, ou dans celle du
bélier, Ésaïe 34:7-8, et l'on mettrait le léviathan avec les oiseaux comme un
gros parmi les petits, Job 40:24.
Chacun décidera dans cette question suivant que l'un
ou l'autre argument lui paraîtra le plus fort; disons seulement que l'objection
tirée de ce que les poètes hébreux ne pouvaient avoir connaissance de
l'existence de la licorne, si elle existait, parce qu'elle ne vivait
certainement pas en Palestine, ressemble à l'assertion d'Eichhorn, qu'Ésaïe ne
pouvait connaître l'Égypte puisqu'il n'y avait pas encore d'itinéraires à cette
époque.
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LIERRE,
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— Voir: Kikajon.
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LIEUTENANTS
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(s'ganim). Daniel 3:2-3, traduit par magistrats,
Néhémie 2:16; 4:19; 5:7, espèce d'employés municipaux;
— Voir: Baillis.
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LIEUX
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(Hauts). On appelait ainsi les hauteurs sur lesquelles
des autels étaient élevés soit à l'honneur de Jéhovah, soit en l'honneur de
divinités païennes, chez les païens ou chez les Israélites eux-mêmes, Nombres
22:41; 33:52; 1 Rois 11:7; 2 Rois 17:9,29; 21:3; 23:5,13; Jérémie 19:5; 48:35;
Ézéchiel 6:3; 20:29. Ces autels, qui correspondaient aux chapelles que les
catholiques élèvent en tant de lieux déserts, dans les bois et sur les
montagnes, étaient d'invention païenne; les anciens avaient choisi de
préférence des collines, Jérémie 2:20, parce que la vue étendue dont on jouit
lorsqu'on domine un vaste horizon, élève l'âme esthétiquement, et la dispose à
l'adoration de l'idée divine; Moïse ordonna à son peuple de détruire les autels
qu'ils trouveraient sur les collines dans le pays de Canaan, Nombres 33:52;
Deutéronome 12:2, et leur défendit même, pour maintenir intact le principe du
monothéisme, d'en élever au vrai Dieu pour leur usage particulier, Lévitique
26:30; Deutéronome 12:4-5. Mais les Israélites se laissèrent entraîner par
l'exemple du mal, et l'on trouve déjà avant Salomon des exemples isolés de
hauts lieux construits, et en quelque sorte desservis par des prophètes, 1
Samuel 9:12,14; 2 Samuel 15:32; 1 Rois 3:2; puis plus tard, après le schisme,
ce culte d'encens et de sacrifices offerts en dehors du temple, apparaît comme
formellement organisé, dans le royaume d'Israël surtout, 1 Rois 12:31; 13:32; 2
Rois 17:32, et même dans celui de Juda, où tous les rois (sauf Ézéchias, 2 Rois
18:4) favorisèrent où du moins tolérèrent cet acte défendu, mais qu'ils
croyaient justifié par le fait que c'était Jéhovah que l'on y adorait, 1 Rois
15:14; 22:44; 2 Rois 12:3; 14:4; 2 Chroniques 33:17. Dans l'un et dans l'autre
royaume, des prêtres particuliers étaient chargés de ce service, 1 Rois 13:33;
2 Rois 17:32; 23:9,20. Avec le temps l'expression de hauts lieux prit une
acception plus générale, et s'appliqua à des autels construits dans des villes
et même dans des vallées, 2 Rois 17:9; cf. Ézéchiel 16:24; 20:29; Jérémie 7:31;
32:35; peut-être aussi peut-on conclure d'Ézéchiel 16:16, qu'il y avait
quelquefois des espèces de hauts lieux portatifs que les personnes riches
faisaient et défaisaient à volonté, comme le tabernacle dans le désert, et qu'elles
ornaient de riches tapisseries.
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LIÈVRE
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(hébreu arnébeth, de arahnib, tondre les produits du
sol, d'après Bochart); cet animal était rangé par la loi mosaïque au nombre des
viandes impures, Lévitique 11:6; Deutéronome 14:7. Les Turcs et les Arméniens
détestent le lièvre, que les Arabes au contraire, ainsi que les Grecs et les
Romains, regardaient comme un manger très délicat. C'est peut-être à cause de
ses habitudes de lasciveté bien connues que Moïse l'a déclaré souillé; quant à
sa chair, elle avait parmi les anciens médecins la réputation d'épaissir le
sang et de rendre mélancolique. Le lièvre a quatre doigts de pieds derrière, et
cinq devant, avec des ongles, et le dessous des pieds garni de poils; s'il ne
rumine pas, puisqu'il n'a qu'un seul estomac et assez vaste, cependant il
paraît ruminer, et plusieurs auteurs sont même dans le doute à cet égard.
Quelques-uns pensent que le lièvre dont parle Moïse est celui que les Arabes
nomment encore de nos jours arneb, erneb ou eraneb. Fort abondant en Syrie, il
l'est cependant moins que dans nos contrées.
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LIGURE,
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Exode 28:19; 39:12;
— Voir: Hyacynthe.
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LIMACE,
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— Voir: Lézard #5.
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LIN.
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Il y a en hébreu quatre ou cinq expressions différentes
qui sont toutes rendues par lin ou fin lin dans nos traductions; disons d'abord
quelques mots de chacune d'elles.
1. Bad;
les sacrificateurs ont des caleçons de lin, Exode 28:42; 39:28; Lévitique 6:10;
au pluriel, un ange est vêtu de lin. Ézéchiel 9:2-3; Daniel 10:5; la plupart
des commentateurs maintiennent cette signification, et Winer pense qu'il s'agit
du lin le plus On, ce qui semble assez probable puisque l'Écriture en fait le
vêtement des anges et celui des sacrificateurs; Harris au contraire voit le
très fin Fin dans le shesh.
— Le bad était encore l'étoffe de l'éphod dont David
était vêtu lors du solennel transport de l'arche, 2 Samuel 6:14; 1 Chroniques
15:27, tandis que le manteau dont il était ceint était de bouz, apparemment
moins fin. (Winer se trompe, I, 167, en affirmant que dans 1 Chroniques 15:27;
le bouz a été substitué au bad de 2 Samuel 6:14; dans ce dernier passage, il
n'est question que de l'éphod, et dans les deux l'étoffe indiquée est la même,
du fin lin, du bad, et non du coton ou bouz.)
2. Bouz,
le byssus des Grecs et des Latins; c'est l'étoffe du manteau de David, 1
Chroniques 15:27; elle se travaillait dans des fabriques juives en Palestine, 1
Chroniques 4:21; c'est le fin lin de 2 Chroniques 2:14, du voile du temple,
3:14, et des lévites-chantres, 5:12. Le même mot se retrouve Esther 1:6; 8:15;
Ézéchiel 27:16; cf. Apocalypse 19:8,14; Luc 16:19. Il appartient dans tous les
cas à l'hébreu postérieur et a une origine étrangère. Luther l'a traduit soie,
de même que shesh. Winer, Gesenius, Parkhurst, Harris (dans son Appendice), et
d'autres le rendent par coton, et le font synonyme de l'expression shesh plus
ancienne; quelques-uns entendent par bouz exclusivement le coton de l'arbuste,
et par shesh celui de l'arbre, ce dernier étant plus commun en Égypte, et
l'autre en Syrie, cf. Ézéchiel 27:7; et 16; mais il ne faut pas trop presser
ces finesses d'histoire naturelle (— Voir: Coton).
3. Shesh,
étoffe dont fut revêtu Joseph lorsqu'il fut établi gouverneur en Égypte. Genèse
41:42. Le pavillon et ses courtines étaient également de shesh retors, Exode
26:1; 27:9,18, ainsi que les deux pièces de vêtements indiquées 28:39, et la
robe dont s'habille la vaillante femme, Proverbes 31:22; Ézéchiel 16:10,13;
27:7; cf. Luc 16:19. C'était une étoffe précieuse dont les riches seuls
pouvaient faire usage. Elle est suffisamment déterminée par ce qui a été dit
plus haut; ajoutons seulement que le nom de shesh s'appliquait probablement
aussi par extension à d'autres étoffes, et notamment au fin lin égyptien, qui
pour la douceur et la délicatesse pouvait b<en souvent se comparer au coton,
ainsi Exode 39:28; cf. 28:42; Lévitique 16:4 (dans l'original). Il faut
remarquer d'ailleurs, que dans plusieurs dialectes de l'Orient un même mot sert
souvent encore pour désigner le lin et le coton.
— Quant à la traduction soie, elle doit être repoussée
(— Voir: Harmer), par le fait que ce tissu qui de nos jours est abondant et
presque commun, était alors si rare et si précieux qu'il se vendait son pesant
d'or, et que l'empereur Aurélien dut en refuser une robe à l'impératrice, qui
la lui demandait avec instances; on ne peut donc croire que treize siècles
avant lui, aux jours de Salomon, les soieries aient pu être comprises au nombre
des objets dont s'occupait l'industrie féminine des Hébreux.
4. Pishthah
ou pishthéh (de pashath, carder), est l'expression propre qui est le plus
ordinairement employée dans l'Ancien Testament pour désigner le lin; elle se
trouve Exode 9:31; Lévitique 13:47-48,52,59; Deutéronome 22:11; Josué 2:6;
Juges 15:14; Proverbes 31:13; Ésaïe 19:9; 42:3; 43:17 (traduction: lumignon);
Jérémie 13:1; Ézéchiel 40:3; 44:17-18; Osée 2:5,9.
— et
λένον dans le Nouveau Testament, Matthieu 12:20; Apocalypse 15:6. Cette
plante bien connue était cultivée avec beaucoup de succès en Égypte, notamment
dans le Delta et aux environs de Pelusium, de même qu'en Palestine: sa tige y
atteint encore une hauteur d'un mètre et l'épaisseur du roseau. Les Hébreux
s'en faisaient des vêtements, des cordes, et même des mèches ou lumignons, et
chacun de ces objets fabriqués pouvait prendre le nom de la substance dont il
était fait. Les riches se servaient de bad ou fin lin, dont la plus grande
partie venait d'Égypte, tandis que les pauvres se contentaient souvent de lin
grossier et non roui. L'étoupe (neoleth) est mentionnée Juges 16:9; Ésaïe 1:31,
à moins qu'il ne s'agisse dans ces passages de cette espèce de chaume qui tombe
à terre quand on teille le lin, et qui n'est bon qu'à être brûlé.
— D'après Forster, (De bysso) et Michaélis, le
pishthah aurait aussi en hébreu, comme il l'a en copte, la signification
accessoire de coton, et ils s'appuient sur ce qu'il est dit, Josué 2:6, que
Rahab cacha les espions Israélites sous des tiges qui, selon eux, ne peuvent
avoir été que des tiges de coton et non des tiges de lin, mais la preuve manque
à cette assertion.
Enfin il est parlé, Lévitique 19:19; Deutéronome
22:11, d'une étoffe nommée sha'atnez, nom étranger à la langue hébraïque, et
que nos versions ont traduit par «de laine et de lin; «il résulte, en tout cas,
du contexte, que ces étoffés devaient être un composé, un mélange; mais
quelques auteurs pensent qu'il s'agit aussi bien d'une bigarrure de couleurs
que d'un mélange de matières différentes,
— Voir: Calmet, ad h. 1, et notre article
Accouplements.
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LINUS,
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2 Timothée 4:21, chrétien inconnu, était, selon
quelques-uns, fils de Claudia, dont il est parlé dans le même verset. On veut
qu'il ait été évêque de Rome pendant douze ans et quelques mois; mais, selon
les uns, il aurait succédé immédiatement à Pierre, qui n'a jamais été dans
cette ville; selon les autres, il aurait été évêque de Rome déjà du vivant de
l'apôtre; d'où il résulte qu'on ne sait rien de positif, et que la seule chose
probable ou possible, c'est que Linus ait été pasteur de ce petit troupeau.
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LION.
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Ce vaillant et fier monarque des déserts, ce roi de la
création sauvage, qui n'a pour rivaux que le tigre et l'éléphant, pour maître
que l'homme seul, n'est connu que lorsqu'on l'a contraint d'abdiquer, lorsqu'il
n'est plus lui-même, et que sa couronne a été changée en un licol de fer: sa
crinière, longue, abondante et fine, flotte alors sur des épaules esclaves;
mais son rugissement, qui n'est plus celui de la menace et de la liberté, jette
dans l'âme une terreur secrète et involontaire, comme celle du tonnerre qui
gronde dans le lointain, qui ne menace plus, et qui ne laisse pas que de remuer
et de saisir. Vaincu, il reconnaît son vainqueur, et peut se laisser frapper
par une femme ou par un enfant; mais libre il ne reconnaît personne; il règne
pour lui-même; sans haine comme sans pitié, inaccessible à la peur, mais sans
cruauté, il tue, parce qu'il ne trouve sa vie que dans la mort des autres, mais
il ne tue pas pour tuer, il tue pour vivre; on dit l'avoir vu généreux,
épargner des victimes, et, moins sanguinaire que le tigre et d'autres animaux
carnassiers moins terribles, laisser la vie à ceux dont la mort ne lui était
pas nécessaire. «Son extérieur, dit Buffon, ne dément point ses grandes
qualités intérieures; il a la figure imposante, le regard assuré, la démarche
fière, la voix terrible; sa taille n'est point excessive comme celle de
l'éléphant ou du rhinocéros; elle n'est ni lourde comme celle de l'hippopotame
ou du bœuf, ni trop ramassée comme celle de l'hyène ou de l'ours, ni trop
allongée, ni déformée par des inégalités comme celle du chameau; mais elle est
au contraire si bien prise, si bien proportionnée, que le corps du lion paraît
être le modèle de la force jointe à l'agilité; aussi solide que nerveux,
n'étant chargé ni de chair ni de graisse, et ne contenant rien de surabondant,
il est tout nerfs et tout muscles.»
Son caractère participe à celui des contrées qu'il
habite; indomptable sous les climats brûlants et dans les déserts qu'il regarde
comme son fief naturel, il s'adoucit avec des climats plus doux, et perd de son
audace dans les lieux habités, car il sait que l'homme peut le vaincre, et sa
force ne tient pas contre l'adresse du Nègre ou du Hottentot, qui souvent l'ose
attaquer tête-à-tête avec des armes assez légères, cf. Juges 14, et 1 Samuel
17; aussi l'a-t-on vu se retirer peu à peu là où l'homme avançait, et sa race
diminuer à mesure que celle de l'homme augmentait. Les Romains, dit M. Shaw
(Voyages, I, 315), tiraient de la Libye, pour l'usage des spectacles, cinquante
fois plus de lions qu'on ne pourrait y en trouver aujourd'hui, et la même
diminution de quantité a été remarquée en Turquie, en Perse, et dans les Indes;
le centre de l'Afrique semble être maintenant la vraie patrie du lion féroce et
terrible, et les missionnaires français le comptent au nombre de leurs plus
redoutables ennemis (voir en particulier le Voyage d'Arbousset, passim, et
plusieurs lettres de Pfrimmer dans le Journal des Missions Évangéliques de
1843). On le trouvait autrefois en Syrie, en Palestine, et jusque sur les bords
du Jourdain, Juges 14:8; 1 Rois 13:24; 20:36; Cantique 4:8; Jérémie 5:6; 49:19;
50:44; Zacharie 11:3, mais il a quitté ces contrées et s'est retiré dans les
déserts de l'Arabie centrale.
Le lion, qui a selon quelques auteurs cinq cents noms
différents en arabe, en a dans l'Écriture six ou sept qui se rapportent soit à
son âge, soit aux divers traits de son caractère.
1. Gour,
Genèse 49:9; Deutéronome 33:22; Ézéchiel 19:2, ou gor, Jérémie 51:38; Nahum
2:13, le petit lion qui tette encore.
2. Képhir,
le jeune lion qui est assez grand déjà pour aller à la chasse, Juges 14:5;
Psaumes 17:12; 91:13; Proverbes 19:12; Ézéchiel 19:2-3; etc.
3. Ari
ou ariéh, Genèse 49:9; Deutéronome 33:22; Psaumes 7:3; 22:13; Osée 13:7; Michée
5:8; etc., le lion en général, grand et vigoureux, emblème du courage héroïque,
2 Samuel 17:10; Nombres 23:24; Nahum 2:12 (de là Ariel, q.v.).
4. Shachal
(le rugisseur), expression poétique, le lion dans toute sa force et dans toute
sa beauté (selon Bochart, d'après une étymologie douteuse, le lion noir dont
l'existence est plus douteuse encore, malgré le témoignage d'Ælien et d'Oppien
seuls); Job 4:10; 10:16; Psaumes 91:13; Proverbes 26:13; Osée 5:14; 13:7.
5. Laïsh
(le fort), autre expression poétique, peut-être le lion furieux, Job 4:11;
Proverbes 30:30.
6. Labîh
(probablement aussi le rugisseur) lion, ou seulement la lionne d'après Bochart:
le mot correspondant en arabe n'a que la terminaison féminine, et dans l'Ancien
Testament labîh est tantôt joint à ariéh, qui dans ce cas serait le mâle,
Genèse 49:9; Nombres 24:9, tantôt accompagné de l'idée de petits, Job 4:11;
39:1, ce qui s'appliquerait aussi mieux à la lionne.
7. Quelques
auteurs enfin, comme Calmet, traduisent encore par lion l'hébreu shachatz, qui
emporte seulement l'idée de fierté et doit se prendre dans un sens tout à fait
général.
Trois de ces noms se trouvent employés Nahum 2:11-12
(ariéh, képhir et labîh); nos versions les ont bien traduits, à l'exception de
labîh qu'elles ont rendu par vieux lions, et, verset 12, vieilles lionnes, et
que nous traduisons simplement lionnes; ce sont les habitants de Ninive qui
sont, dans ce passage, représentés sous l'image de lions, et la figure est
pleine d'énergie. Éliphaz parlant à Job 4:10-11, et voulant lui faire sentir,
peut-être d'une manière indirecte, que lui et les siens, d'une manière ou de
l'autre, ont probablement fait tort à leur prochain, usé d'exaction, abusé de
leurs forces, se sert de l'image du lion et emploie pour le désigner cinq
expressions différentes, destinées à comprendre ainsi toute la famille de Job,
jeunes et vieux, hommes et femmes. «Le rugissement du lion, dit-il, le cri du
rugisseur, et les dents des lionceaux sont brisés; le fort lion a péri faute de
proie, et les petits de la lionne sont dispersés.» (Ariéh, képhir, shachal,
laïsh, labîh.)
Le vieux Jacob, qui prophétise peut-être sans le
savoir la venue du Messie appelé le lion de Juda, Genèse 49:9; cf. Apocalypse
5:5, se sert de trois de ces expressions pour désigner son fils Juda: c'est un
faon de lion, un lion vigoureux, une lionne. Ces nuances sont très difficiles à
rendre dans nos langues; nous n'avons pas beaucoup de mots pour exprimer des
objets rares dans nos contrées et qui ne se retrouvent pas souvent dans la
conversation; mais l'hébreu a une force, une beauté toute particulière, et les
auteurs sacrés ont tiré un riche parti de tout ce qui rend le lion terrible et
effrayant à voir, son regard, sa démarche, son rugissement, ses dents, ses griffes.
Le lion a rugi, qui ne craindra? dit Amos 3:8, et il ajoute: le Seigneur a
parlé, qui ne prophétisera?
Bochart a consacré quatre-vingt dix pages à la
caractéristique du lion, et, malgré quelques erreurs de détail, son travail
mérite d'être attentivement étudié à cause de la lumière qu'il jette sur
certains passages.
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LITS.
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Notre système de lits n'est pas connu en Orient, ni en
général dans les pays méridionaux; les pauvres couchent sur des nattes, ou
revêtus de manteaux, Exode 22:27; Deutéronome 24:13; une pierre leur sert de
chevet, cf. Genèse 9:21,23; 28:11, Arvieux, III, 216, Gobat, Séj, en Abyssin.;
les plus riches ont des espèces de longs coussins ou de matelas, garnis
intérieur-renient de laine ou de coton, que l'on ne met pas dans des bois de
lit, mais sur des appuis placés à une certaine hauteur, fixés à la paroi, et
qui servent de chaises ou de divans pendant le jour. On ignore si les lits des
Hébreux, qui portaient différents noms (miltah, Genèse 47:31; 1 Samuel 19:13; 2
Samuel 4:7; 2 Rois 1:4, mishcab, Exode 21:18; 2 Samuel 13:5; Cantique 3:1,
hérès, Job 7:13; Cantique 1:15), étaient en général des lits fixés comme ceux
des Orientaux de nos jours, ou bien des lits mobiles; ce dernier cas paraîtrait
plus probable par 1 Samuel 19:15, et l'on s'en servait le jour comme de sophas,
1 Samuel 28:23; Ézéchiel 23:41; Amos 6:4; cependant cf. 2 Rois 4:10. Un cadre
de lit (en fer) est mentionné, Deutéronome 3:11. Les riches les ornaient de
magnifiques tapis, Proverbes 7:16; Ézéchiel 23:41, et ceux qui se couchaient
s'enveloppaient eux-mêmes de tapis, et plaçaient sous leur tête pour oreiller
une peau travaillée, 1 Samuel 19:13. On croit trouver l'idée d'un hamac dans
l'hébreu melounah, Ésaïe 24:20, et l'usage de ciels de lit, Judith 16:23. Les
lits dont il est parlé dans le Nouveau Testament étaient mobiles, Matthieu 9:6;
Marc 2:4; 6:55; Luc 5:18; Actes 5:15.
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LIVRE.
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On peut voir, à l'article Écriture, ce qui a été dit
sur la forme des livres chez les Hébreux et chez les anciens en général: aux
lames de cuivre et de plomb, aux pierres et aux briques, succédèrent bientôt
des matières moins dures, du bois et des écorces d'arbres; puis vinrent les
feuilles de palmier, puis la Une écorce appelée liber, l'écorce intérieure du
frêne, de l'érable, du tilleul. Pour une plus grande facilité de transport, ces
écorces furent roulées comme on roule encore chez nous des cartes et des
gravures, et ces rouleaux furent appelés en latin volumen, en hébreu megillah.
Le papyrus, ou roseau d'Égypte, paya ensuite son tribut à l'art et à la
science, et donna son nom à la composition pâteuse qui a été adoptée définitivement
pour l'écriture, à notre papier. Les rois d'Égypte, jaloux de leur belle et
nombreuse bibliothèque, et craignant que ceux de Pergame ne leur fissent, en
les imitant, une redoutable concurrence, défendirent l'exportation du papyrus.
Ceux de Pergame, animés d'une noble émulation, ne se laissèrent pas détourner,
par cet obstacle, du but qu'ils s'étaient proposé; ils substituèrent au papyrus
des peaux travaillées, auxquelles ils donnèrent le nom de leur ville,
pergamenum, d'où est venu le nom de parchemin, plus beau, plus solide, plus
durable que les feuilles du roseau. Il paraît, d'après Pline, que les anciens
écrivaient aussi quelquefois sur du linge; mais le papier fait de linge bouilli
et étendu est bien loin de remonter à une époque aussi ancienne; il n'a guère
qu'un peu plus de sept siècles de date, quoiqu'on ne puisse déterminer l'époque
précise de son invention (— Voir: Montfaucon, Charta bombycina).
Nous renvoyons aux articles spéciaux pour ce qui
regarde les différents livres de l'Écriture sainte, et à l'article Bible, où
l'on trouvera les noms des livres perdus qui sont rappelés dans l'Ancien
Testament.
Les desseins de la volonté divine, et les noms des
fidèles élus, sont représentés en divers passages, comme étant inscrits dans le
livre de la sagesse éternelle, ou au livre de vie; on peut comparer, sous ce
rapport, Exode 32:32; Ésaïe 4:3; Ézéchiel 13:9; Psaumes 69:28; Daniel 12:1; Luc
10:20; Philippiens 4:3; Apocalypse 3:5; 13:8; 20:15; 22:19. Les livres scellés
dont il est parlé Ésaïe 29:11; Apocalypse 5:1, ne sont autres que les
prophéties d'Ésaïe et de saint Jean.
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LOD,
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1 Chroniques 8:12; Esdras 2:33; Néhémie 11:35, paraît
avoir été habitée parles Benjamites au retour de la captivité. C'est la même
ville qui est appelée Diospolis par les Grecs, et Lydde dans le Nouveau
Testament, que Pierre visita, et où il guérit le paralytique Énée, Actes
9:32-35. Elle est située à 4 ou 5 lieues est de Joppe, sur le chemin de Jérusalem
à Césarée de Philippe. À l'époque de la domination syrienne, elle appartenait à
la Samarie, mais en fut démembrée, avec deux autres toparchies, pour être
donnée aux Juifs par Démétrius Soter. Réduite en cendres par le général romain
Cestius, lors de la dernière guerre des Juifs, elle se releva de ses décombres,
et fut quel que temps le siège d'une académie. Ce n'est plus maintenant, sous
le nom de Lud ou Lidda, qu'un petit village presque entièrement en ruines, et
qu'on aperçoit, à peu de distance de la routa de Joppe à Jérusalem, au milieu
d'une forêt d'oliviers.
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LODÉBAR.
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2 Samuel 9:4-5; 17:27. Situation inconnue, mais
probablement au-delà du Jourdain et non loin de Mahanajim: c'est là que
demeurait Méphiboseth, fils de Jonathan, lorsque David le fit appeler à sa
cour, «pour lui faire du bien.»
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LOG,
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Lévitique 14:10,12,24, mesure pour les objets
liquides, le douzième du hin, équivalent, en conséquence, au contenu de six
coquilles d'œufs, d'après les rabbins: c'est la même quantité que le quart du
cab dont il est parlé 2 Rois 6:25, qui ne s'employait que pour les objets
solides.
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LOI.
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Le judaïsme est essentiellement une loi, et le Nouveau
Testament qualifie souvent de cette manière, soit l'économie elle-même, soit
les livres qui en sont les documents, Jean 7:49; 10:34; 12:34; 13:25; 1
Corinthiens 44:21; Hébreux 7:12; 10:1 (prof. S. Chappuis, De l'Ancien Testament
dans ses rapports avec le christianisme, p. 71, sq.) Tout, en effet, se résume
en lois chez les Juifs, à tel point que le nom même de la Thorah (la loi) était
révéré chez eux presque à l'égal du nom de Jéhovah lui-même.
En groupant autour du nom d'Abraham une portion
déterminée de la famille de ce patriarche, en faisant de cette famille un
peuple, et de ce peuple le dépositaire de la vérité, en leur accordant ainsi
des privilèges inappréciables. Dieu leur imposait des devoirs adéquats aux
droits qu'il leur concédait. La loi était, en quelque sorte, le prix de leur
privilège: bénédictions d'une part, obéissance de l'autre, tels étaient les
termes de ce contrat, de cette alliance. De la part des Juifs, tout devait donc
aboutir à Dieu; Dieu était leur chef, leur maître, un maître absolu; Dieu était
comme la base même de leur nationalité: leur législation devait porter
l'empreinte de cette situation exceptionnelle. Israël ne pouvait être ni
monarchie, ni république, ni aristocratie; c'était en principe, ce devait être
en fait, une théocratie. Le Dieu d'Israël se proclamait l'auteur des
institutions politiques, comme celui des institutions religieuses. La charte du
pays était le décalogue; toutes les autres lois n'en étaient que le
développement. Il n'y avait point là d'Église à côté de l'État, l'État n'était
point juxtaposé à l'Église, au-dessus, au dissous, ou au dedans; l'État et
l'Église n'étaient qu'un; rien ne les distinguait. Il n'y avait pas un domaine
religieux et un domaine politique; on ne pouvait pas plus faire abstraction de
l'un que de l'autre. Dieu était roi et souverain sacrificateur; tout se
réunissait en lui, comme ces deux ordres d'idées et de choses ne peuvent, en
effet, se réunir qu'en lui, sous peine de se compromettre l'un l'autre.
Le monothéisme n'était point une abstraction pour
Israël; il se révélait d'une manière patente, visible, extérieure; il portait
ses fruits, et se manifestait par des conséquences; il donnait des lois, lui
seul, toujours, partout. Quoique les lois mosaïques puissent se diviser en
catégories, elles tendaient toutes également vers le même but, comme elles
partaient du même principe. Elles avaient pour but de constater le mal,
d'opposer à ses progrès une barrière, de le condamner toujours, et de préparer
les esprits à l'attente du Messie, qui devait le vaincre, et en détruire les
funestes effets.
Le mot loi est pris dans des sens très divers. Il
semble désigner d'une manière spéciale le décalogue, Romains 7:7; cf. Matthieu
19:17; Marc 10:49; Luc 18:20. Il désigne les cinq livres de Moïse, Luc 24:44;
Jean 7:49, etc. Il se rapportée l'Ancien Testament, comme livre, Luc 4:20;
16:17; Actes 24:14; Romains 2:23; et comme économie, dans presque toutes les
épîtres, par opposition à l'économie de la grâce. Ailleurs, il est pris dans un
sens spécial pour désigner une loi particulière, Jean 19:7, ou bien encore, il
signifie la loi morale, la loi de la conscience gravée dans le cœur, la loi de
la morale universelle, Romains 13:8,10. Le péché originel, cette inclination au
mal qui est dans nos membres, est appelée une loi, Romains 7:23, la loi du
péché. L'économie nouvelle est appelée la loi de la liberté, loi parfaite, loi
royale, Jacques 1:25; 2:8,12.
Le décalogue (mot grec qui signifie les dix paroles,
cf. Exode 34:28; Deutéronome 10:4) se divise, conformément à la signification
de son nom, en dix parties séparées qui, d'après la manière habituelle de les
distinguer, portent le nom de commandements, et sont précédées d'une préface ou
prologue: «Écoute, Israël, je suis l'Éternel, ton Dieu», etc., Exode 20:2;
Deutéronome 5:6. Dans ce cas, le décalogue proprement dit ne commence qu'au
verset suivant. Cependant, comme ces tables sont quelquefois appelées «paroles
de l'alliance», Exode 34:28; cf. Deutéronome 4:13, etc., et qu'une loi pure et
simple qui ne lie qu'une partie, ne saurait être appelée de ce nom, il paraît
plus convenable de faire, de ce qu'on appelle ordinairement la préface, la
première des dix paroles; elle est, en effet, d'une importance particulière; ce
n'est point une simple introduction, ni un simple exposé des motifs, mais une
partie intégrante de ce traité d'alliance que Dieu contracta avec son peuple.
Supprimez cet article, ou laissez-le dehors, le reste perd toute sa
signification. La seconde parole, ou le premier commandement, se composerait
alors de ces deux commandements qu'on a si mal a propos séparés, et qui n'en
font absolument qu'un seul, relatif à l'adoration de ce Dieu qui est jaloux, et
qui a droit de l'être. Depuis la troisième parole, ou second commandement, il
n'y a plus de difficultés. L'église romaine, seulement, pour supprimer, sans
que ce fût trop sensible, la défense relative aux images taillées, a partagé en
deux la dixième et dernière parole.
— Voir: Preiswerk, l'Orient ancien et moderne, 1838,
numéro de novembre.
On peut diviser le code entier des lois hébraïques,
outre le décalogue, en cinq classes ou catégories. Il en est parlé ailleurs en
détail; nous ne ferons que les indiquer ici:
1. Lois
relatives au culte et aux cérémonies, comprenant tout ce qui concernait la
hiérarchie sacerdotale, les fonctions, le pouvoir, les revenus des prêtres,
sacrificateurs et lévites; le lieu de la célébration du culte, les
prescriptions relatives aux sacrifices, leur nombre, la valeur des offrandes,
l'espèce des victimes, le mode particulier, les cas dans lesquels ils devaient
être offerts; enfin, la fixation des fêtes qui devaient être célébrées, et leur
organisation.
2. Lois
politiques, militaires et civiles. L'autorité de Moïse, celle de Josué, et
celle des juges qui lui succédèrent, étaient dictatoriales; il y avait peu de
politique à faire sous un souverain absolu. Mais Moïse, dans le conseil
d'anciens dont il s'entoura, jetait déjà le germe du libéralisme, et cette,
assemblée, d'abord modeste, devint plus tard le grand sanhédrin. La loi
prévoyait la royauté. Elle renfermait quelques dispositions fiscales touchant
l'impôt, les amendes, les rachats pécuniaires et la capitation; il n'est pas
probable qu'il y eût, pour le culte et pour l'État, deux trésors séparés.
— Tout Israélite de vingt ans était soldat, sauf les
exceptions prévues par la loi. La guerre était supposée, parfois ordonnée; mais
elle est toujours considérée comme souillant l'homme; le soldat ne peut rentrer
dans ses foyers avant de s'être purifié. Les prescriptions de Moïse offrent,
sous ce rapport, un singulier mélange: on y voit, à côté de l'ancien droit des
gens, barbare et reculé, l'esprit d'humanité et de douceur que devait apporter
sur la terre la religion divine. Souvent tous les ennemis doivent être passés
au fil de l'épée; d'autres fois, Moïse s'occupe avec sollicitude du sort des
captives, et défend qu'on touche aux arbres fruitiers des villes assiégées.
— Les lois civiles sont, avant tout, des lois agraires
dans le vrai sens du mot. Moïse veut changer une horde, une tribu nomade, en un
peuple sédentaire et agricole; tout converge vers ce but; il n'y aura pas de
pauvres dans le pays, Deutéronome 15:4; les terres sont distribuées par le sort
entre les familles, proportionnellement au nombre de leurs membres, et cela
d'une manière définitive que ne modifieront point les ventes temporaires qu'en
pourraient faire leurs premiers possesseurs, Nombres 26:53; Lévitique 25:23. De
là l'institution du jubilé; de là encore la loi du lévirat, la loi sur les
héritages, les lois sur les dettes, la difficulté pour les étrangers d'obtenir
le droit de cité, etc. Les mariages mixtes (avec des païens) et les mariages
incestueux étaient sévèrement interdits; la polygamie est tolérée, mais réglée
et gênée; le divorce est toléré, mais dans des conditions qui le rendent
difficile. Il est pourvu au sort des étrangers; ils ne font point partie de
l'assemblée de l'Éternel, mais ils seront traités humainement; des distinctions
sont faites entre les uns et les autres, Deutéronome 23:3; sq. 25:17. La loi
règle encore les rapports des maîtres avec les esclaves, et proclame d'une
manière absolue l'autorité des pères sur les enfants, ne réservant à la justice
que le droit de vie et de mort.
3. Lois
morales. Elles forment le code le plus parfait qui ait jamais été donné à aucun
peuple: il suffit de lire Exode 21-23, Lévitique 19, Deutéronome 15:24-25. Il
est pourvu au sort de la veuve, de l'orphelin, du lévite, du pauvre, de
l'étranger, de l'esclave; (lu ne livreras point l'esclave échappé, mais tu le
traiteras avec bonté). Moïse se préoccupe même des animaux, des nids d'oiseaux,
etc.
4. Lois
sanitaires. Elles sont présentées comme des lois de pureté, et tendaient
indirectement à rappeler la pureté morale intérieure que Dieu exige de ceux qui
le servent. Mais elles sont réellement toutes calculées sur l'ardeur du climat
de l'Orient, sur la nécessité d'une propreté constante, sur le danger de
certains aliments, sur la fréquence des maladies de la peau, et surtout de la
lèpre, sur le vif et dangereux penchant des Orientaux pour la volupté, etc. On
comprend, dans cette classe:
a. les
lois relatives à la distinction des animaux purs et impurs, lois alimentaires;
b. celles
qui tendaient à préserver les Hébreux de la lèpre, à constater le mal, etc.;
c. toutes
celles qui traitaient des ablutions, purifications et autres cérémonies
destinées à effacer les souillures, physiques ou légales, que pouvaient avoir
contractées, volontairement ou involontairement, hommes et femmes, telles que
le contact d'un cadavre, etc.
— La propreté était une religion.
5. Lois
judiciaires et pénales. Elles étaient remarquables par leur grande douceur. Les
législations antiques n'ont jamais approché d'une perfection semblable; les
modernes n'ont pas fait mieux. L'accusé était entouré de foutes les garanties
désirables. Un témoin ne suffisait pas pour une condamnation à mort; les faux
témoins étaient épouvantés; les témoins véritables étaient même retenus par la
crainte de devoir servir de bourreaux si leur témoignage entraînait la peine de
mort, Les jugements étaient publics et oraux, habituellement sommaires,
toujours sans frais. Les villes de refuge offraient un sûr asile aux meurtriers
involontaires. La question, la torture, ces raffinements de la justice
sacerdotale du moyen âge, étaient inconnues; les épreuves (le sacrifice de
jalousie) étaient innocentes en elles-mêmes. Les peines étaient à la fois
modérées et proportionnées aux délits; le talion pouvait être prononcé par le
juge. Les crimes commis contre Dieu, contre la religion, l'idolâtrie, le
blasphème, la violation du sabbat, étaient punis de mort, et cette sévérité
n'étonne que lorsqu'on oublie que le Dieu des Juifs n'était pas un être de
convention, mais la vérité même, et le roi souverain auquel tout le peuple
devait rendre une obéissance absolue. Les crimes contre les mœurs étaient aussi
sévèrement punis.
— Voir: articles spéciaux.
Ce rapide aperçu, cette aride nomenclature, suffit
cependant à rappeler d'une manière générale les détails qu'on a lus ailleurs,
il est impossible de n'être pas frappé de deux choses: d'un côté Moïse fait des
concessions à l'esprit de son temps, de l'autre il lui résiste et le fronde
avec une énergie surprenante. Cette apparente contradiction dans le système
provient de ce que, si Moïse veut isoler les Hébreux des nations voisines, il
sait qu'il ne pourra pas les isoler d'eux-mêmes. Il commence d'abord par couper
les communications avec l'ennemi, puis il le combat à l'intérieur, et il compte
pour cela non sur une destruction immédiate, mais sur le temps, sur ces moyens
dilatoires, sur ces réserves nombreuses, sur ces gênes cachées qu'il introduit
partout, et qui d'abord ne paraissent pas avoir une grande portée. Cependant le
père ne tuera pas son enfant, parce qu'il faut que ce soit la mère de l'enfant
qui l'accuse, les voisins qui le tuent; le divorce demandé n'aura pas lieu,
parce que le mari ne sait pas écrire; le meurtrier involontaire est livré au
vengeur du sang, mais il ne mourra point, les villes de refuge sont là, et
bientôt il se sera mis à couvert.
On a été trop loin dans les deux sens, les uns en
prétendant que la législation hébraïque avait été calquée d'après les autres
législations alors existantes, que Moïse pouvait avoir étudiées; les autres en
niant d'une manière absolue toute influence des lois de l'Égypte, sanitaires et
autres, sur telle ou telle partie des prescriptions mosaïques. Tout ce recueil
est divinement inspiré, mais la personnalité de Moïse se montre partout, ses
souvenirs, ses expériences, ses impressions. Il importe peu, d'ailleurs, que
Moïse ait ramené d'Égypte ses prescriptions contre la lèpre, et l'interdiction
de la viande de porc, si l'Esprit lui a révélé ces mesures comme bonnes à
conserver. Il importe peu que des lois agraires, qu'une caste sacerdotale,
aient été établies à l'imitation de l'Égypte, si Dieu a montré à Moïse que
c'était provisoirement ce qu'il y avait de mieux à faire pour la formation et
le développement de la nationalité juive. Moïse a suffisamment montré, cf.
Lévitique 18:3, qu'il n'entendait point faire une copie du paganisme, et
l'esprit de sa législation porte assez le caractère de l'indépendance, pour
qu'à cet égard il ne soit pas suspect, même lorsqu'il paraît emprunter. Les
absurdités de Bolingbroke et de Voltaire sous ce rapport, se réfutent
d'elles-mêmes. Ce qu'ils ont dit de plus sérieux se rapporte à cet isolement
national que Moïse établit, à ce cordon sanitaire dont il entoure son jeune
peuple, à ce particularisme étroit qu'il prêche et qu'il commande. En théorie,
le reproche est fondé; Dieu a fait d'un même sang tout le genre humain: qui
comprend l'humanité perd peu à peu l'idée de la nationalité; mais en pratique le
peuple juif était non seulement un peuple à part, mais un peuple mis à part,
choisi, élu de Dieu dans un but spécial, une exception dans le monde, et son
histoire n'a que trop bien montré combien les barrières de la loi étaient même
insuffisantes pour le préserver du mal. Le reproche d'ailleurs aurait une plus
grande portée si, en lui imposant le particularisme, Dieu avait aussi imposé à
son peuple l'égoïsme; mais bien loin de là, les étrangers peuvent s'établir sur
ce territoire d'Israël, partout ils sont recommandés à la bienveillance
publique, et lorsqu'ils jouissent de tous les avantages, ils n'ont pas même à
supporter toutes les charges.
On peut consulter utilement sur ce qui fait l'objet de
cet article, E, de Bonne-chose, Hist. sacrée, p. 125, sq.; Cellérier, Esprit de
la Législ. Mos., deux vol.; les ouvrages plus spéciaux de Pastoret (Paris 1817)
et de Salvador (Paris 1828), et la dissertation du prof. S. Chappuis, citée
plus haut (Lausanne 1838); en allemand on a les ouvrages classiques de De Wette
(Archæologie), Tholuck (Beil. zum Hebræerbrief), Bæhr (Symb. des Mos. Cultus),
et quelques travaux de Nitsch, Sack, Hengstenberg, Twesten, Néander, dont la
portée est tout à la fois dogmatique et scientifique.
Le Nouveau Testament nous apprend à considérer la loi
sous un double point de vue. Elle était caduque et périssable, dans ce qu'elle
avait de particulier, de spécial, de local; elle était faite pour un temps,
pour un peuple, pour un pays. D'un autre côté elle est éternelle dans ce qui en
fait l'idée fondamentale, et Jésus n'est point venu pour l'abolir, mais pour
l'accomplir. Avant Jésus, elle servait d'instituteur, de pédagogue, pour
conduire les hommes, par le sentiment de leurs péchés, au Messie qui devait
apporter le salut. Depuis Jésus, elle subsiste, mais gravée sur les tables
charnelles du cœur. On peut la considérer, soit comme le fondement caché en
terre sur lequel s'élève l'édifice de l'Église chrétienne, soit comme
l'échafaudage qui a servi à son élévation, échafaudage qui n'a plus maintenant
aucune valeur. On peut la considérer comme le commencement de l'œuvre que Jésus
est venu unir, ou comme un système provisoire qui n'était là qu'en attendant,
occupant et préparant le lieu pour le Sauveur. Les deux points de vue ont leurs
défenseurs; les uns et les autres ont raison; la loi est tout ensemble un
fondement et un échafaudage; cette double idée se rencontre partout dans le
Nouveau Testament. On ne saurait en dire autant de ceux qui voient un
antagonisme réel entre la loi et la grâce; c'est aller trop loin, au moins dans
la forme de l'expression. Le chrétien n'est sans doute plus sous la loi, mais
c'est qu'il est devenu loi à lui-même. Rien ne lui est plus défendu, mais
l'Esprit qui est au dedans de lui, et qui ne parle pas deux langages, lui sert
de règle et de loi. Quant à celui qui n'est pas converti, comme il n'a pas
l'Esprit, comme il n'est pas sous la grâce, il reste sous la loi, et les
difficultés pratiques qu'on a soulevées sur cette question, sont d'une solution
facile dès qu'on se place à ce point de vue. Ces questions, du reste,
appartiennent à la dogmatique.
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LOT,
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fils de Haran et neveu d'Abraham, Genèse 11:27,
accompagna son oncle d'Ur et de Caran en Canaan, et partagea d'abord sa vie
nomade dans les contrées méridionales de la terre promise, 11:31; 12:4; mais,
comme l'un et l'autre avaient de grands troupeaux, et que leurs bergers se
querellaient souvent au sujet des puits et des citernes du désert, ils durent
se séparer, et Lot choisit pour demeure la verte et riante vallée de Sodome,
arrosée par les flots du Jourdain, 13:11 (1920 avant J.-C.). Quelques années
après, le roi de Sodome ayant été attaqué et pillé par Kédor-La-homer, et Lot
fait prisonnier avec tous les siens, Abraham vint au secours des vaincus, les
délivra et leur rendit à tous, et à son neveu en particulier, les biens dont
ils avaient été dépouillés. Lot continua dès lors d'habiter Sodome; il y fiança
ses filles, et vivait en plus ou moins bonne harmonie avec ses impies et impurs
voisins, lorsque deux anges vinrent, et l'engagèrent à fuir le feu du ciel qui
allait fondre sur la ville. On connaît l'accueil hospitalier qu'il fit à ces
messagers du ciel, bien qu'il ne les connût pas, et le dévouement lâche et
faible par lequel, pour sauver ses hôtes de l'opprobre, il offrit ses propres
filles à la brutalité de ses concitoyens. Le lendemain, de bonne heure,
réveillé par les anges, il part, sous leur protection, avec sa femme et ses
deux filles, laissant en arrière les époux de celles-ci, que leur incrédulité
avait aveuglés, comme le reste des Sodomites, sur les malheurs qui leur étaient
divinement annonces. Toute la plaine devait être engloutie, et les fuyards
devaient se rendre sur la montagne de Tsohar; mais, sur leur route, se trouvait
la ville de Bélah, petite, et par cela même peut-être moins corrompue que les
autres; Lot demanda qu'elle fût épargnée, afin qu'elle pût lui servir de
retraite, et sa prière fut exaucée. C'est de Bélah, devenue Tsohar, qu'il put
contempler l'affreux spectacle d'une plaine entière détruite par le feu et le
soufre; mais déjà sa femme n'était plus avec lui: ménagère, peut-être avare,
peut-être incrédule, et, dans tous les cas, désobéissante aux ordres célestes,
elle s'était retournée, et elle avait péri. Après un séjour dont la durée n'est
pas déterminée, mais qui ne fut, sans doute, pas bien long, Lot et ses filles
quittèrent Bélah, et se réfugièrent sur la montagne voisine de Tsohar pour y
demeurer. La solitude pouvait convenir au vieillard, veuf, sans fils, dépouillé
de tous ses biens, et témoin récent d'un déluge de feu, vengeur de l'immoralité
d'une plaine dépravée; mais ses filles, plus frappées que lui de la destruction
de leurs villes et de leur isolement présent, faisant vivre et périr le monde
tout entier avec le monde de leur vallée, privées de leurs époux avant de les
avoir possédés, condamnées, selon toute prévision, à un célibat perpétuel, et
bien instruites dans le mal par les leçons de Sodome, enivrèrent leur père
(singulier, mais touchant témoignage rendu indirectement à la pureté de ses
mœurs), et l'entraînèrent au crime; c'est de ce double inceste que sortirent
les Moabites et les Hammonites. Cette tache est le dernier trait que l'Écriture
nous rapporte de la vie de Lot; mais le nom de ce patriarche est rappelé
ailleurs comme celui d'un juste, honorable devant Dieu, 2 Pierre 2:7; cf. Luc
17:28,32; Deutéronome 2:9,19; Psaumes 83:9.
Quel a été le crime de la femme de Lot, et quel a été
son châtiment? La concision de l'écrivain sacré autorise l'interprétation
littérale, mais ne l'exige pas: «La femme de Lot regarda en arrière, et elle
devint une statue (ou un monument) de sel.» On peut croire, et même traduire
sans faire violence au texte, qu'elle resta en arrière, qu'elle retourna
peut-être, se confiant en ce qu'avaient dit les anges, que le malheur ne
commencerait que lorsque Lot et les siens seraient arrivés à Tsohar, et qu'elle
fut surprise dans ses délais, ses lenteurs et ses regrets. Quant à sa mort, une
quantité d'opinions et de fables se sont fait jour. La statue de sel a pour
elle la lettre, quoi qu'on en dise, et l'ancienne tradition: le sel pouvant se
prendre pour sel de roche, on ne peut pas objecter qu'elle a dû se fondre tout
entière aux premières pluies, comme aussi rien n'indique qu'elle ne se soit pas
fondue. Toutefois, le texte peut se traduire dans un sens plus large, et la
tradition ne mérite guère de confiance à cause de son caractère exagéré. La
statue a été vue, dit-on, par beaucoup de voyageurs; mais ils ne sont pas
d'accord sur sa position, les uns la plaçant au nord, les autres au midi, à
l'orient ou à l'occident; ils auront pris pour statue de la femme de Lot
quelqu'une de ces créations bizarres de la nature, comme on en rencontre en
divers lieux, et qui affectent tantôt une forme, tantôt une autre. Ce rocher de
sel conservait, selon eux, toutes les infirmités féminines: il pleurait en
certains temps, et il avait ceci de singulier, qu'il conservait toujours la
même grandeur, quoiqu'on en arrachât souvent des morceaux pour souvenir et par
curiosité. D'autres auteurs pensent qu'il faut entendre que la femme de Lot
étant retournée en arrière (elle périt et) devint un monument de sel (éternel,
impérissable) du courroux divin contre les rebelles et les incrédules; d'autres
encore, qu'elle fut étouffée, et que, par l'abondance des matières salines
renfermées dans l'air et dans le sol, son corps fut comme pétrifié ou embaumé,
de manière à ne pouvoir être atteint par la corruption, comme cela arrive des
corps qui sont soumis à l'action des flots de la mer Morte, ou d'une source
pétrifiante quelconque. D'autres, enfin, ne prennent que l'idée générale du
verset: la femme de Lot resta attachée au sol, morte et sans mouvement; mais
c'est l'explication qui se justifie le moins, bien qu'elle renferme pour nous
la même leçon d'obéissance à la parole du maître.
- l'éblouissement dont furent frappés les Sodomites,
et qui sous bien des rapports était une conséquence presque naturelle et
souvent observée de débauches pareilles aux leurs, peut être comparé à celui
dont Dieu frappa les soldats syriens descendus vers Élisée, 2 Rois 6:18; cf.
aussi Jean 8:59; 10:39.
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LOUP.
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Cet animal, bien connu dans nos climats, l'est
également en Orient, où son nom rappelé comme chez nous des idées de voracité,
de violence et de lâche cruauté: c'est aux brebis surtout qu'il se rend
redoutable, c'est à la poursuite des faibles qu'il s'attache, Matthieu 7:15;
10:16; Luc 10:3; Jean 10:12; Actes 20:29. Il est représenté comme altéré de
sang, Ézéchiel 22:27, et les principaux d'Israël lui sont comparés pour leur
avidité. Ses déprédations nocturnes l'ont peut-être fait appeler loup du soir,
Habacuc 1:8; Sophonie 3:3; Genèse 49:27; Jérémie 5:6, quoique selon quelques
auteurs (les Septante) il faille traduire loup d'Arabie, ce qui n'est guère
probable. La prophétie nous annonce pour l'époque messianique, qu'alors on
verra paître dans les mêmes pâturages, le loup et l'agneau conduits par un
enfant, promesse que l'on prend assez généralement dans un sens purement
symbolique en la rapportant à la réconciliation des Juifs et des païens, des
fidèles et des infidèles, mais qui paraît se rapporter d'une manière plus
entière aux jours à venir où le Seigneur Jésus, régnant lui-même sur la terre,
soumettra au même sceptre les hommes et toute la nature, Ésaïe 11:6; 65:25.
Benjamin est appelé par le vieux Jacob un loup qui déchire, Genèse 49:27; les
interprètes caldéens entendent cette figure du grand nombre d'holocaustes qui
étaient continuellement offerts sur l'autel de Jérusalem, ville de Benjamin;
d'autres la rapportent à la violence des Benjamites, Juges 21, d'autres encore
à Ehud, à Saül ou à saint Paul, qui appartenaient à cette même tribu.
Le nom hébreu du loup est zeéb, dont on a cru trouver
la racine dans l'arabe zaab ou daaba (effrayer), et d'où dériverait peut-être
aussi l'allemand dieb, l'anglais thief.
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LUC
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(abrégé pour Lucain, comme Silas pour Sylvain),
l'auteur de l'Évangile et des Actes, était d'après Eusèbe, Jérôme et Nicéphore,
natif d'Antioche en Syrie, et médecin de profession. Juif de religion, mais
païen par sa naissance (cf. Colossiens 4:14; 2 Timothée 4:11), il avait une
culture lettrée qui se montre soit par la pureté de son style, soit par
quelques réminiscences des profanes. On ignore comment il vint à la
connaissance de la vérité, mais on peut croire que ce fut par le ministère de
saint Paul, dont il fut toujours l'ami et le compagnon de travail. Parmi les
traditions, il en est qui le font ami de la Vierge, vierge lui-même, peintre,
l'un des soixante-dix disciples, et le compagnon de Cléopas sur la route d'Emmaüs;
c'est possible comme sont possibles toutes les choses dont on ne sait rien,
mais c'est peu probable, et notamment sa mission au nombre des soixante-dix
disciples paraît contredite par Luc 1:1-3; c'est encore moins probable, s'il
est vrai qu'il fût d'origine païenne: on ajoute qu'après avoir entendu les
enseignements du Christ, il s'en détourna, scandalisé des paroles du maître:
«Celui qui ne mange pas ma chair et ne boit pas mon sang, n'est pas digne de
moi;» mais il revint plus tard à la foi, à la suite d'une prédication de saint
Paul. Son histoire ne commence pour nous qu'au voyage de Troas, Actes 16:10,
probablement le premier qu'il fit avec l'apôtre, car ce n'est qu'alors qu'il
commence à parler à la première personne; il suit Paul à Philippes dans la
maison de Lydie, et paraît avoir séjourné quelque temps dans cette ville,
malgré la persécution qu'y essuyèrent Paul et Silas; nous l'y retrouvons encore
plusieurs années après, Actes 20:6. Il reprend alors avec l'apôtre le cours de
ses voyages, et l'accompagne par Troas, Assos, Mitylène, Rhodes, Tyr, et
Césarée, à Jérusalem, Actes 21:15, ou il resta probablement jusqu'au départ de
Paul pour Rome, 27:1. Fidèle à son ami, Luc partagea tous les dangers et toutes
les fatigues de cette périlleuse navigation; et, arrivé au terme du voyage, il
continua de lui donner ses soins et demeura au moins quelque temps avec lui,
comme on le voit par la mention qui en est faite deux épîtres écrites de cette
ville, Philémon 24; Colossiens 4:14; enfin dans le moment suprême, lorsque Paul
écrit sa dernière épître, son testament, il peut dire: «Luc est seul avec moi.»
2 Timothée 4:11. C'est ici que s'arrêtent les indications de l'Écriture sur
l'histoire du pieux médecin, du modeste et constant ami de saint Paul; la
tradition ne fournit que des données incertaines sur le reste de sa vie et sur,
sa mort. Saint Jérôme le fait mourir à l'âge de quatre-vingt-quatre ans;
d'après Épiphane, il aurait prêché l'évangile en Dalmatie et dans les Gaules,
et d'après Nicéphore il aurait souffert le martyre en Grèce. Les pères de
l'Église lui connaissaient déjà passablement de tombeaux, à Thèbes, en Béotie,
en Bithynie, à Éphèse, à Élée, dans le Péloponèse, etc.; on sait l'estime qu'on
devra faire de ces reliques.
C'est probablement à Rome, avant la rédaction des
Actes, et par conséquent dans les deux premières apnées de son séjour, que Luc
aura écrit l'évangile auquel la tradition unanime a donné son nom. On le
conclut de ce que les deux ouvrages sont adressés à la même personne, Théophile
(q.v.), qui était Romain, et dont saint Luc avait sans doute fait la
connaissance à Rome même; l'auteur entre dans beaucoup de détails sur la
géographie et l'archéologie juives, qu'il paraît supposer peu connues de son
lecteur, tandis qu'il passe en courant et sans explications ni indications
aucunes, sur tout ce qui regarde la topographie de l'Italie, comme étant trop
connu pour qu'il faille caractériser ou préciser: arrivé au séjour de Paul à
Rome, le narrateur s'arrête et ne dit presque rien des épreuves, de l'action et
de la vie de Paul, ce qui n'eût pas manqué d'intéresser les lecteurs de
Jérusalem si Luc eût écrit pour eux, mais ce qui était aussi superflu pour des
lecteurs romains qui étaient autant que Luc au courant des affaires de Paul.
Nous avons parlé des Actes à leur article; quant à l'évangile, bien qu'il ait
assez de rapports avec ceux de Matthieu et de Marc déjà composés, pour que l'on
puisse apercevoir l'usage que Luc en a fait, il diffère de l'un et de l'autre
par une tendance éminemment catholique, générale, universelle. Saint Marc est à
cet égard sans caractère bien prononcé, bien qu'il ait été écrit sous
l'influencé de saint Pierre; mais l'évangile de Matthieu porte le cachet juif à
chaque passage, tandis qu'on trouve dans saint Luc le caractère de Paul, le
Christ de l'humanité, l'alliance de Dieu avec la terre toute entière. On
aperçoit déjà cette différence dans leurs généalogies du Sauveur, Matthieu
faisant remonter les ancêtres de Jésus jusqu'à Abraham, le père des Juifs, Luc
les comptant jusqu'à Adam, le père des hommes; Matthieu ne parle que des douze
apôtres représentants des douze tribus, tandis que Luc y joint les soixante-dix
disciples représentants de l'humanité; Matthieu insiste partout sur le
caractère juif du Messie, Luc sur son caractère humain, évitant de raconter ce
qui aurait pu faire de son œuvre une œuvre particulière, une mission juive.
Saint Luc a aussi dans la forme, quelque chose de plus intime, de plus
affectueux, son Messie est plus un Sauveur qu'un Roi; il raconte volontiers ses
conversations plutôt que ses discours, et fait parler les interlocuteurs,
enregistrant leurs questions et leurs réponses; il s'attache aux détails, il
raconte la naissance de Jean-Baptiste et celle du Sauveur, le premier entretien
de Jésus dans le temple, la résurrection du jeune homme de Naïn, l'envoi des
soixante-dix, la parabole du Samaritain miséricordieux, l'histoire de Marthe et
Marie, la guérison des dix lépreux, la visite de Jésus à Zachée, la conversion
du brigand sur la croix, la rencontre qui eut lieu sur le chemin d'Emmaüs; il
donne un récit circonstancié et suivi d'un grand voyage missionnaire de Jésus,
et parle souvent de la miséricorde divine et de l'efficacité de la prière.
L'authenticité de cet évangile n'a guère été
contestée, et même les hérétiques anti-mosaïques, tels que Marcion, l'ont
reconnue, comme cela était assez naturel à cause de sa tendance anti-judaïque,
tandis qu'ils rejetaient les trois autres évangiles; mais encore l'ont-ils
tronqué en plus d'un endroit, comme l'ont remarqué Tertullien et Épiphane,
partout où les paroles du Messie étaient en désaccord avec leurs vues exagérées
sur la loi et l'Ancien Testament, (— Voir: Olshausen, uber die Evang.)
Les Actes des apôtres sont la suite immédiate et
naturelle des Actes du maître; saint Luc les a écrits sans doute peu de temps
après son premier ouvrage, et a réuni l'un à l'autre par le court avant-propos
qui est en tête du second livre.
Outre ces deux ouvrages, on a attribué à ce disciple
la composition de l'épître aux Hébreux, q.v., ainsi que celle d'autres écrits
que nous ne possédons plus.
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LUCHITH.
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Ville des Moabites, Ésaïe 15:5; Jérémie 48:5; suivant
Eusèbe et saint Jérôme, elle était située dans une contrée montagneuse, entre
Aréopolis et Tsohar, et portait encore de leur temps son ancien nom.
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LUCIFER
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Terme qui signifie
«le brillant» pour désigner une personne intelligente, instruite, clairvoyante,
ingénieuse, arrogante, orgueilleuse, et pleine de défiance. Ce mot apparaît
seulement dans quelques versions de la Bible dans Ésaïe 14 :12 où il est
employé pour décrire le roi de Babylone. Il n’a aucun rapport avec la chute
d’un ange mythique qui fut projeté du ciel pour s’avoir rebellé contre Dieu et
qui devint connu comme Satan. Ce récit légendaire fait parti de la mythologie
chrétienne entrelacé de fables qui proviennent du Mazdéisme, religion Perse des
adorateurs du feu sacré, et d’un livre aprocryphe du nom d’Énoch.
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LUCIUS
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de Cyrène, prophète et docteur de l'Église d'Antioche
en Syrie, Actes 13:1, et parent de Paul, Romains 16:21; selon quelques auteurs,
il aurait été l'un des soixante-dix disciples. Origène, Calmet, et d'autres
encore, distinguent deux Lucius, et croient que celui dont il est parlé dans
les Romains est le même que saint Luc l'évangéliste; mais rien ne justifie cette
opinion, le nom de Lucius n'était pas de nature à être abrégé, et si Luc est
une abréviation, il dérive de Lucain et non de Lucius; d'ailleurs au moment où
Paul écrivait de Corinthe aux Romains, Luc n'était pas avec lui, mais plutôt à
Philippes, Actes 20:2,6; de plus, si Luc est appelé compagnon d'œuvre de saint
Paul, Philémon 24, Lucius n'est appelé que son parent, dans l'épître aux
Romains, où il eût pu être appelé son compagnon d'œuvre comme l'est Timothée;
enfin pourquoi Paul caractériserait-il la même personne de deux manières si
différentes dans le passage des Romains, et Colossiens 4:14?
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LUD, et Ludim,
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le pays, et Ludim, les habitants.
1. Genèse
10:13, le premier des descendants de Mitsraïm, nommé à côté de Put frère de
Mitsraïm, Ézéchiel 27:10; 30:5; ils font la guerre au service des Tyriens, et
Jérémie 46:9, à la solde des Égyptiens: Ésaïe les appelle gens tirant de l'arc,
66:19, c'est pourquoi Bochart les prend pour les Éthiopiens qui, selon les
anciens auteurs (Hérodote 7:69), avaient pour arme principale un arc de 4 aunes
de longueur, au moyen duquel ils tiraient des flèches courtes, munies de
pierres aiguës. Cependant leur demeure ne peut être déterminée avec parfaite
certitude; Michaélis compare les Luday, sur la côte occidentale de l'Afrique au
sud de Maroc, et le fleuve Laud qui coule vers la Tingitane (Tanger); cette
opinion, et celle de Hitzig, qui voit dans les Ludim les Lybiens, sont moins
probables que celle de Bochart, adoptée par Calmet, Winer, Dahler, Preiswerk
(Morgenl.), Schrœder, etc.
2. Genèse
10:22, peuplade sémite nommée entre Arpacsad et Aram, selon toute probabilité
les Lydiens (Flavius Josèphe, Eusèbe, saint Jérôme, Bochart, Calmet, Winer, etc.).
La Lydie, royaume célèbre sous Crésus, est une province de l'Asie Mineure;
Sardes en était la métropole, et l'on y trouvait encore Éphèse et Smyrne.
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LUNATIQUES,
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— Voir: Possession.
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LUNE.
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Ce grand luminaire fut créé au quatrième jour pour
dominer sur la nuit, et pour servir de signe pour les saisons, les jours et les
années, Genèse 1:16. Servante de la terre, elle fut bientôt érigée en maîtresse
et reine du ciel par l'idolâtrie; on lui attribua une puissante influence sur
la fécondité du sol et sur le sort des hommes, et dans les siècles de la plus
haute antiquité elle était déjà l'objet d'un culte impie,
— Voir: Job 31:26.
Les Égyptiens l'adorèrent d'abord sous le nom d'Io, et
plus tard sous celui d'Isis; et les Israélites malgré la défense formelle de la
loi, Deutéronome 4:19; 17:3, lui firent aussi des offrandes, Jérémie 8:2;
19:13; 2 Rois 21:3, qui consistaient principalement en encensements, en
libations et en gâteaux de miel ayant la forme de croissants, Jérémie 7:18;
44:17,19; cf. Hérodote 8:41. La lune comptait aussi des adorateurs en Arabie
(Bochart, Phaleg 2, 19); les Romains lui rendaient un culte sous le nom
d'Hécate, la même que Diane, avec cette seule exception que Diane était chaste,
tandis que la première était réputée pour ses aventures galantes. Macrobe, dans
ses Saturnales, affirme que pour sacrifier à la lune les hommes se déguisaient
en femmes et les femmes en hommes, et Maïmonides croit que c'est une des
raisons pour lesquelles Dieu avait défendu aux Juifs ce double travestissement.
Sur les rapports de la lune avec Astarté,
— Voir: Banal et Caldée.
Quant à la reine des cieux dont parle Jérémie, 44:18,
il paraît, malgré l'opposition de quelques savants (— Voir: Gesenius), que
c'est de la lune qu'il est question, et non point de la brillante planète de
Vénus, ou de l'armée des cieux en général. Le passage, Psaumes 121:6, semble se
rapporter à l'influence maligne, ou réputée maligne, de la lune sur ceux qui
dorment en plein air, sous le ciel pur et serein de l'Orient, ou sur la vue de
ceux qui la fixent trop souvent lorsqu'elle brille de tout son éclat.
«L'astrologie naturelle, dit Calvin, montrera bien que les corps d'ici-bas
prennent quelque influxion de la lune, parce que les huîtres se remplissent ou
se vident avec icelle; pareillement, que les os sont pleins de moelle ou en ont
moins selon qu'elle croit ou diminue.» Dans tous les cas, et quoi qu'il en
soit, le psalmiste annonçant que le soleil ne donnera pas sur l'homme pieux de
jour, ni la lune de nuit, parle le langage de son pays et de son temps, et veut
indiquer d'une manière générale, qu'il sera préservé de tout accident fâcheux,
de toute influence malveillante, soit que cette influence existe, soit qu'il y
crût lui-même, soit qu'il eût simplement égard à une certaine crainte populaire
mais indéterminée, comme le sont presque toutes les superstitions, soit enfin
qu'il eût le pressentiment de cette nouvelle terre où il n'y aura plus ni jour
ni nuit.
— L'obscurcissement du soleil et de la lune (et il
n'est pas nécessaire d'entendre par là des éclipses), est fréquemment indiqué
comme devant accompagner de grands événements, la chute de l'empire assyrien,
de Babylone, et la fin du monde, Ésaïe 13:10; 24:23; Ézéchiel 32:7; Joël 2:10;
3:15.
Les Juifs célébraient les nouvelles lunes; c'étaient
des jours de fête et de repos qui avaient leur place au commencement de chaque
mois, l'année juive étant supputée en mois lunaires; elles étaient en quelque
sorte des sabbats de mois, comme le samedi était le sabbat de la semaine. Les
Juifs se reposaient alors de leurs travaux, et consacraient en entier ces jours
au service de Dieu. On offrait au sanctuaire des sacrifices spéciaux, Nombres
10 et 28:11-15; cf. 1 Chroniques 23:31; 2 Chroniques 2:4; 8:13; 31:3; Esdras
3:5; Néhémie 10:33; le peuple se rassemblait en assemblée solennelle, Ésaïe
1:13; Ézéchiel 46:1, et les sacrificateurs sonnaient des trompettes sur les
holocaustes, Nombres 10:10; cf. Psaumes 81:4. On faisait des banquets sacrés,
et l'on se réjouissait d'une sainte joie; un festin avait lieu à la cour de
Saül, 1 Samuel 20:5,24, et les plus pieux cessaient de jeûner; il n'y avait ni
travail ni commerce, Amos 8:5; Néhémie 10:31. On faisait la lecture de la
parole de Dieu, 2 Rois 4:23. Cette fête, à cause de son importance, et
peut-être aussi à cause de son analogie éloignée avec le sabbat, est souvent
nommée à côté du jour du Seigneur, 2 Rois 4:23; Amos 8:5; cf. Osée 2:11;
Colossiens 2:16. Chaque septième néoménie (nouvelle lune), comme le sabbat
d'une semaine de mois, était célébrée d'une manière plus solennelle, avec un
holocauste de plus; c'était un mémorial de jubilation, Lévitique 23:24; Nombres
29:1.
— Tacite (Germ. 11), et d'autres auteurs parlent d'un
usage pareil chez quelques peuples de l'antiquité, de prières adressées à la
nouvelle lune, et de festins joyeux, célébrés le jour où le sacrificateur
chargé de cet office annonçait publiquement que la reine des cieux recommençait
à croître; il ne s'agissait évidemment pas de la détermination mathématique de
la conjonction de la lune et du soleil, mais de la phase apparente et du
croissant visible.
— Les Juifs modernes n'ont pas abandonné cette
tradition de la loi, mais ils n'interrompent pas pour cela leurs travaux ni
leurs affaires; les femmes seules ne font rien ce jour-là: le soir après le
renouvellement de la lune, dès qu'ils aperçoivent le croissant, ils se
rassemblent pour faire une prière à Dieu, dans laquelle ils rappellent créateur
des planètes, et restaurateur de la nouvelle lune; ils font en même temps une
commémoration de David, et se séparent après s'être salués.
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LUZ, ou Béthel,
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ancien nom de Béthel (q.v.), Genèse 28:19; 35:6; Josué
18:13; Juges 1:23, située sur les frontières de la tribu de Benjamin, mais sans
qu'on en puisse déterminer la position. C'est la famille de Joseph qui la conquit
après l'avoir fait explorer; une famille de Luzites ayant été épargnée dans le
massacre général, à cause d'un service que son chef avait rendu aux espions de
Joseph, elle se retira au pays des Héthiens, et y bâtit une ville qui fut
nommée Luz en souvenir de l'ancienne, mais on ne sait où il faut la chercher;
Rosenmuller pense à Luza, qu'Eusèbe place à 3 milles de Sichem; l'opinion de
Studer qui la cherche sur les côtes de la Phénicie, quoique non prouvée, serait
plus probable.
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LYCAONIE,
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province de l'Asie Mineure, dans laquelle se
trouvaient, d'après Actes 14:6,11, les villes de Lystre et de Derbe, qui,
cependant, appartenaient alors d'une manière plus exacte à la Galatie; car
cette dernière province en avait absorbé quelques autres plus petites, et le
nom de Lycaonie n'avait conservé aucune valeur politique ou diplomatique; il
s'employait dans les relations ordinaires et dans la conversation, comme
renfermant une idée géographique connue et déterminée, de même qu'on dit en
France le Languedoc, la Provence ou le Limousin, et surtout comme on
emploierait les noms des départements si l'ancienne division géographique
venait à être rétablie. La Lycaonie appartenait au plateau dit Taurus qui la
séparait, au midi, de la Cilicie; c'était une longue plaine accidentée, située
entre deux chaînes de montagnes, et dont le sol, fortement imprégné de matières
salines, n'offrait que fort peu de sources potables, au point que, dans quelques
endroits, l'eau était devenue une marchandise; mais les pâturages y étaient
d'autant meilleurs, et le commerce du menu bétail y avait acquis une grande
importance. On trouvait beaucoup d'ânes sauvages errants dans les districts
montagneux. La langue lycaonienne, Actes 14:11, était, d'après Jablonsky, une
espèce d'assyrien; d'autres croient que c'était un grec corrompu; le problème
n'est pas résolu, et ne se résoudra pas.
— Selon Pline, un petit district à l'orient du pays,
du côté de la Cappadoce, aurait cependant conservé le nom politique de
Lycaonie; il y place Thebasa sur le Taurus, et Hyde sur les frontières de la
Galatie et de la Cappadoce; Ptolémée y ajoute encore Iconium.
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LYCIE,
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Actes 27:5, province de l'Asie Mineure, sur la côte
sud-ouest, et vis-à-vis de Rhodes; elle appartenait encore à la région du mont
Taurus, qui formait sa frontière nord-ouest, et la séparait, en allant vers le
sud, de la Pisidie et de la Pamphylie; un bras de cette chaîne s'avançait dans
l'intérieur du pays, sous le nom de Kragus, parallèlement au Taurus; entre les
deux, coulait le Xanthe, célébré par les poètes de l'antiquité. La Lycie était
donc une contrée montagneuse, malgré quelques plaines et quelques ports; à
l'ouest, elle avait la Carie; Telmesse était la dernière ville dans cette
direction; au nord et au nord-est, la Phrygie et la Pisidie; à l'est, la
Pamphylie; au sud, la Méditerranée, appelée aussi mer Lycienne près des côtes,
qui sont escarpées et rudes, mais munies de ports commodes. Son sol et son
climat sont à peu près les mêmes qu'en Cilicie: la terre n'était pas sans
fertilité; cependant, c'est du voisinage de la mer, plus que de la culture du
sol, que les Lyciens, toujours réputés bons marins, au dire d'Hérodote,
tiraient les plus grands avantages. Parmi les villes assez nombreuses de cette
contrée, le Nouveau Testament nomme Patara, la capitale, Phaselis et Myra, q.v.
— Longtemps cette peuplade républicaine sut, par sa
conduite sage et les alliances que ses villes avaient formées entre elles,
défendre sa liberté contre les tentatives des Romains; mais l'empereur Claude
réussit enfin à la soumettre à son sceptre, et la fit administrer par un
président ou légat, conjointement avec la Pamphylie.
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LYDDE,
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— Voir: Lod.
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LYDIE.
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1. Province
de l'Asie Mineure qu'Antiochus-le-Grand, vaincu par les Romains, dut abandonner
à leur allié, Eumènes, roi de Pergame. Elle avait été le centre d'un grand
empire, dont le dernier roi, Crésus, vaincu par Cyrus, 548 avant J.-C., est,
bien connu. À la mort d'Attalus III Philométor (133 avant J.-C.), la Lydie,
avec toute la contrée circonvoisine soumise à la couronne de Pergame, passa
sous la domination immédiate des Romains, et fut dès lors considérée comme une
partie de la province d'Asie. Son territoire s'étendait, à l'exception des
villes de la côte ionienne, depuis le promontoire de Mycale jusqu'à
l'embouchure de l'Hermus; sa frontière septentrionale naturelle était un bras
de la chaîne du Taurus, tandis qu'à l'orient et au midi, un autre embranchement
de la même chaîne, longeant la rive droite du Méandre, séparait la Lydie de la
Phrygie et de la Carie. Une autre montagne, le Tmolus, traversait la contrée,
qui avait cependant aussi quelques plaines considérables, et jouissait d'un
climat agréable et d'une grande fertilité. Parmi les villes lydiennes, le
Nouveau Testament nomme Sardes, Thyatire et Philadelphie. Les Lydiens
apparaissent déjà dans l'Ancien Testament sous le nom de Lud; très réputés pour
leur habileté industrielle, pour leurs magnifiques travaux de pourpre et pour
l'étendue de leur commerce, ils s'amollirent et s'efféminèrent sous la
domination des Perses (Hérodote).
2. Nom
propre d'une marchande de pourpre de Thyatire, établie à Philippes, en
Macédoine. Païenne de naissance, mais prosélyte juive, elle suivait assidûment
le culte du vrai Dieu: c'était hors de la ville, dans un lieu sans doute
modeste, et près du fleuve Strymon; car les Juifs de la dispersion, souvent
persécutés ou difficilement tolérés, n'avaient pas partout, dans les villes,
des synagogues Ou des lieux de culte réguliers; ils se réunissaient comme ils
pouvaient, en plein air, peut-être dans des lieux consacrés à d'autres objets,
et recherchaient volontiers le voisinage des rivières plus favorable aux
ablutions. C'est dans une de ces réunions que Lydie entendit saint Paul; le
Seigneur lui ouvrit le cœur: elle fut convertie et baptisée avec toute sa
famille. Unie ainsi aux apôtres par le lien de la foi, elle insiste auprès
d'eux (Paul, Luc et Silas), pour qu'abandonnant le logis mercenaire qu'ils
occupent dans Philippes, ils viennent demeurer chez elle, et y goûter les
douceurs de l'hospitalité chrétienne. Sa maison paraît être devenue le centre
du petit troupeau qui se forma dans cette ville, et conserva pour saint Paul un
vif sentiment d'affection, qui se perpétua chez tous ceux qui se joignirent
plus tard à cette première famille chrétienne. (— Voir: Rilliet, Commentaire
aux Philippiens, p. 17-20).
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LYRE,
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— Voir: Musique et Harpe.
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LYS.
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C'est de cette fleur magnifique et pure qu'il est sans
doute parlé 1 Rois 7:19,22,26; 2 Chroniques 4:5; Cantique 2:2,16; 4:5; 5:13;
6:2-3; 7:2. (mal traduit muguet dans nos versions). Osée 14:5; Matthieu 6:28;
Luc 12:27; elle a fourni au Cantique de Salomon de belles images, et aux
ornements du temple de beaux modèles. Le lys (Cl. VI. Monogynie de Linnée) a un
périgone de six feuilles qui, soudées par le bas en forme de cloche, se
séparent, en s'évasant vers les bords, comme une couronne. Il croît, sans
culture, dans les campagnes de la Judée, où il a fourni à notre Sauveur une de
ses plus touchantes comparaisons sur la sollicitude universelle de la
Providence divine. On en trouve de blancs, de rouges, de jaunes et d'orangés.
Il y a des lys de jardins et des lys de montagnes, des lys de neige et des lys
de feu.
— Selon quelques auteurs cependant (Souciet), c'est de
la couronne impériale (fritellaria) qu'il serait parlé dans l'Écriture,
autrement nommée encore lys royal, lys persique, le tusaï ou tusac des Perses,
dont la fleur ne diffère guère de celle du lys que par sa couleur rouge-brun,
et parce qu'elle s'incline, et se renverse presque comme une couronne, à
l'extrémité de la tige qui est surmontée par un toupet de feuilles; la tige est
environ de la grosseur du doigt, ronde, d'un pourpre foncé, et haute d'un
mètre. La fleur est souvent double, et le nombre, comme l'ordre de ses
feuilles, est assez variable dans ce cas. Chaque feuille de cette fleur a, dans
le fond, une glande qui sécrète une humeur aqueuse, laquelle se forme
ordinairement, vers le milieu du jour, en une perle très blanche, et distille
peu à peu des gouttes d'eau très pures et très claires; c'est à cause de cette
particularité, comparée avec Cantique 5:13 (elles distillent la myrrhe
franche), que quelques auteurs, notamment Rosenmuller, ont cru devoir traduire
l'hébreu shushan par couronne impériale. Cette traduction convient dans tous
les passages cités, mais le lys va également bien; peut-être le même mot
peut-il s'appliquer aux deux fleurs, à cause de leurs divers rapports
extérieurs; mais l'accord des anciens favorise davantage la traduction lys: on
sait, d'ailleurs, combien cette fleur était recherchée, ainsi que la rose (—
Voir: Virgile Egl. 10:25), et l'excellent parfum que les anciens savaient en
préparer (Pline 15, 7). Le nom hébreu de cette plante signifie six, et vient
peut-être du nombre de ses feuilles, peut-être aussi de la Susiane, province
persane, d'où les lys paraissent avoir été importés en Palestine; ce peuvent
aussi n'être là que des rapports accidentels d'assonance. Quelques psaumes,
45:1, etc., portent pour épigraphe: «pour le chanter sur sosannim;» Jérôme et
Aquila traduisent ce mot par lys; il vaut mieux, peut-être, entendre par là un
instrument à six cordes,
— Voir: cet article.
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LYSANIAS,
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gouverneur ou tétrarque de l'Abilène lorsque
Jean-Baptiste commença sa mission, n'est nommé que Luc 3:1, et nulle part dans
l'histoire profane; on pense qu'il était fils ou petit-fils d'un autre Lysanias
qui fut mis à mort par Marc Antoine (34 avant J.-C.), et donna une partie de
son royaume à Cléopâtre. Paulus et d'autres rationalistes ont voulu conclure du
silence de l'histoire et de Flavius Josèphe en particulier, que le nom de
Lysanias dans le passage de saint Luc, était une erreur, une faute de copiste,
et qu'il fallait lire: «Philippe, tétrarque de l'Iturée, de la Trachonite et de
l'Abilène de Lysanias, c'est-à-dire de l'ancienne Abilène;» mais ce n'est
qu'une supposition, et l'accord des manuscrits la repousse; il n'y avait aucune
raison pour que Flavius Josèphe parlât de ce Lysanias, et le témoignage de
saint Luc peut et doit suffire, quand on se rappelle son exactitude ordinaire
et la facilité avec laquelle, originaire d'Antioche et voisin d'Abilène, il
aura pu connaître en détail l'histoire de cette petite tétrarchie.
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LYSIAS
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(Claude), Actes 23:26. Chiliarque romain, tribun
commandant de la garnison qui se trouvait à Jérusalem dans la forteresse
Antonia, et à la tête de laquelle il était placé en l'absence du gouverneur
Félix, lorsque au cinquième voyage de Paul dans cette ville, il fut appelé à
intervenir entre lui et le peuple. Il s'empara de l'apôtre et le fit charger de
chaînes, puis l'interrogea sur les motifs de son arrestation; il croyait tenir
un prisonnier célèbre, un Égyptien qui, quelques jours auparavant, avait excité
une sédition et emmené au désert 4,000 hommes. La défense de l'accusé n'ayant
pas répondu à l'attente du tribun, celui-ci allait lui faire donner la question
quand il apprit que Paul était Romain; le lendemain il le fit comparaître
devant le sanhédrin; mais ces magistrats comme le peuple ne trouvèrent que des
cris, des vociférations, des menaces et des violences à opposer à la vérité.
Lysias dut derechef faire protéger Paul militairement. Une seconde comparution
devait avoir lieu, mais ce n'était qu'un prétexte pour fournir à une
quarantaine d'assassins l'occasion d'enlever et de tuer Paul; Lysias fut averti
de ce complot par le neveu de l'apôtre et prit ses mesures en conséquence: 470
hommes, archers et cavaliers, furent commandés pour conduire l'apôtre en sûreté
à Césarée Stratonis au bord de la mer, et le remettre entre les mains de Félix
à qui Lysias écrivit une lettre favorable à l'accusé.
— Toute la conduite de Lysias est digne d'un brave
soldat; ignorant de bien des choses, il ne comprend rien aux questions
théologiques juives, il prend Paul pour un révolutionnaire égyptien, il
s'étonne d'apprendre qu'il sait le grec, il ne s'informe pas même si son
prisonnier est Romain, et veut procéder avec lui de la manière ordinaire dont
on traitait les étrangers; mais tout est chez lui ferme, juste et loyal; il
s'assure du prévenu autant pour le protéger que pour s'en emparer, et toujours
il le traite avec convenance, le soustrait à la fureur du peuple, à celle du
conseil, à celle des conjurés; il traite amicalement le neveu du prisonnier,
l'écoute, prend d'énergiques mesures pour que la justice puisse avoir son libre
cours, et recommande, dans son préavis à Félix, le prévenu qu'il regarde comme
innocent. Quelle différence entre cette conduite et celle d'un Hérode, d'un
Pilate, ou d'un membre du sanhédrin! c'est parmi les païens que l'apôtre de la
vérité, persécuté par les siens, a trouvé les protecteurs les plus fermes et
les plus honorables, Lysias et Jules le centenier; toutefois il ne paraît pas
que ces hommes si honorables selon le monde, aient recherché ou goûté la
vérité, car hélas! dans ce monde, l'honneur et les vertus naturelles ne
tiennent que trop souvent lieu de religion.
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LYSTRE.
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Ville de Lycaonie, lieu de naissance de Timothée, non
loin de Derbe et d'Iconium, Actes 14:6,21; 16:1; 2 Timothée 3:11. C'est là que
Paul et Barnabas, ayant guéri un homme impotent de ses pieds dès sa naissance,
furent adorés à l'égal des dieux par la foule, qui voyait en eux Mercure et
Jupiter, puis bientôt après lapidés sur la suggestion de quelques Juifs Pline
joint cette ville à la Galatie; on trouve maintenant à sa place un petit bourg
nommé Latik.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-M
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MAATH,
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Luc 3:26, fils de Mattathie, l'un des ancêtres de
Jésus par Marie; inconnu.
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MACÉDOINE,
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pays bien connu dans l'histoire ancienne, mais dont
les frontières varièrent souvent à la suite des guerres que ses possesseurs
soutinrent, heureusement contre les Perses, avec perte contre les Romains. Sous
ses premiers rois, avant Philippe le père d'Alexandre, elle était très
resserrée, ayant au nord la Dardanie, à l'est la Thrace, au sud la Thessalie, à
l'ouest l'Illyrie; Philippe recula ses bornes au-delà du fleuve Strymon et y
réunit la Thessalie ainsi qu'une partie de l'Épire et de la Thrace. Les
nombreuses montagnes qui l'entouraient et la traversaient en divers sens,
renfermaient beaucoup de mines d'airain et donnaient naissance à plusieurs
fleuves qui assuraient au pays une grande fertilité, et enrichissaient ainsi
ses plaines et ses vallées. Parmi les rois qui gouvernèrent la Macédoine, deux
sont nommés 1 Maccabées 8:5, Philippe III (V) et Persée II.
Les démarches politiques de ce dernier l'ayant rendu
suspect au sénat romain, la guerre lui fut déclarée, et malgré quelques
premiers succès, la Macédoine fut vaincue et soumise par Paul Émile (168 avant
J.-C.); elle fut partagée en quatre provinces, et son indépendance momentanément
conservée; mais les dissensions et la rivalité de deux prétendants au trône
nécessitèrent bientôt une nouvelle intervention des armes romaines, et la
Macédoine fut définitivement constituée en province proconsulaire de l'empire
romain; c'est sous cette forme qu'elle apparaît dans le Nouveau Testament,
Actes 16:9; 18:5; 19:21; Romains 15:26; 2 Corinthiens 1:16; 11:9; Philippiens
4:15; son nom est joint à celui de l'Achaïe, 2 Corinthiens 9:2; 1
Thessaloniciens 1:8. Ses quatre villes principales étaient Amphipolis,
Thessalonique, Pella et Pélagonie; le Nouveau Testament nomme encore Philippes,
Néapolis, Apollonie et Bérée, q.v.
— Voir: aussi Kittim.
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MACTÈS,
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Sophonie 1:11, nom propre peut-être d'une vallée près
de Jérusalem; saint Jérôme pense à celle de Siloh, le paraphraste caldéen à
celle de Cédron, Rosenmuller à celle des faiseurs de fromage,
— Voir: Jérusalem;
ce sont autant de suppositions en l'air. Le nom de
Mactès, qui signifie alvéole, a fait croire à quelques auteurs (Calmet) que ce
lieu était le même que Ramath-Léhi, où Samson vit s'ouvrir une dent de laquelle
jaillit une fontaine; c'est une explication un peu forcée; le mieux est
certainement de ne rien décider.
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MADIAN, Madianites.
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Peuplade arabe descendue d'Abraham par Kétura, Genèse
25:2,4. Elle ne tarda pas à se répandre et à devenir forte et commerçante,
puisqu'aux jours de Jacob, nous voyons déjà les Madianites formés en caravane,
traverser le désert pour se rendre de Galaad en Égypte, au travers de la
Palestine, Genèse 37:28,36. Ils paraissent avoir habité d'abord, comme bergers
nomades, les vastes plaines de l'Arabie Pétrée, voisines de l'Égypte, Exode
2:15.; ils vivaient sous l'autorité d'un chef à la fois sacrificateur et
prince, Jéthro, et poussaient leurs troupeaux jusqu'aux environs du mont Sinaï,
3:1. Cependant ils ne s'y trouvaient pas au moment où les Israélites traversèrent
le désert, et Jéthro, parent de Moïse, dut quitter les lieux qu'il habitait
pour venir à la rencontre de celui-ci, Exode 18:1; Nombres 10:29. Plus tard
nous les trouvons à l'orient de la terre promise, dans les plaines de Moab, où
de bonne heure déjà des conflits avaient eu lieu entre les Moabites et les
Madianites, Genèse 36:35; alors ces deux peuples sont alliés, et ils s'unissent
dans le mal pour séduire Israël et le perdre, Nombres 22; issus d'Abraham, ils
devaient être épargnés par leurs frères d'Israël, mais les honteuses
machinations dont ils se rendirent coupables attirèrent sur eux la vengeance
divine; Moïse les attaqua et en fit un grand carnage, Nombres 25 et 31, cf.
Josué 13:21. Sous les juges, lorsque les Israélites furent définitivement
établis en Canaan, les Madianites alliés aux Hamalécites et à d'autres hordes
arabes, firent de fréquentes incursions sur leur territoire et ravagèrent leurs
moissons jusque sur la frontière du pays des Philistins, Juges 8:3,12; 6:2;
mais enfin Gédéon les surprit dans les plaines de Jizréhel où ils s'étaient
rassemblés, Juges 6:33, et les repoussa au-delà du fleuve au sud de
Scythopolis, les frappa de rechef dans le voisinage de Succoth et en délivra
définitivement le peuple dont il était juge, 7 et 8; cf. Psaumes 88:9,11; Ésaïe
9:3; 10:26; Habacuc 3:7. Leur nom est encore rappelé comme celui d'un peuple
commerçant, Ésaïe 60:6, dans un passage où le prophète, parlant des temps
messianiques, et racontant quelle sera alors la gloire finale du peuple juif, dit
que toutes les nations s'empresseront de venir déposer devant lui leurs
tributs.
Il est difficile de déterminer exactement d'après
l'Écriture, le territoire qu'occupait cette peuplade; les géographes arabes du
moyen âgé (Edrisi et Abulféda) parlent des ruines d'une ville nommée Madian qui
était située sur les côtes orientales du golfe élanitique; Flavius Josèphe
connaît de même une ville Madiène au bord de la mer Rouge, ce qui placerait le
pays de Madian entre la partie du golfe d'Arabie, l'Arabie Heureuse, et les
plaines de Moab. On comprendrait, dansée cas, que les Madianites aient pu faire
le commerce de caravane entre l'Égypte et l'Arabie; mais il reste douteux que
ce soit là qu'on doive chercher cette peuplade sous Jéthro, d'autant plus qu'à
une époque postérieure, 1 Rois 11:18, Madian est placé entre les Édomites et le
désert de Paran. Il vaut donc mieux admettre qu'à côté des Madianites
proprement dits, qui formaient comme le corps de la nation, et dont le
territoire était au sud de Moab, il se trouvait une autre peuplade, plus
nomade, détachée de la grande famille, ou d'une souche différente, qui habitait
les déserts de l'Arabie entre Canaan, Édom et le mont Sinaï; c'est l'opinion de
Rosenmuller. Quelques auteurs (Calmet) admettent qu'outre Madian fils
d'Abraham, il y avait un autre Madian fils de Cus, et ils se fondent sur ce que
Séphora tille de Jéthro et femme de Moïse, est appelée cusite (éthiopienne),
Nombres 12:1, bien qu'elle fût Madianite, si toutefois c'est de Séphora qu'il
s'agit dans ce passage, ce qui est incertain; ils comparent encore Habacuc 3:7,
où Madian est nommé comme voisin ou parent de Cus ou Cusan. Toutefois cette
question est obscure et ne peut être décidée.
Les Madianites furent d'abord gouvernés par des
anciens, Nombres 22:4, plus tard par des princes et des rois, Nombres 25:15,18;
31:8; Juges 7:25; 8:3, qui paraissent au temps de Moïse avoir été tributaires
de Sihon, roi des Amorrhéens, Josué 13:21. Ils étaient extrêmement nombreux,
Juges 6:5; 7:12; 8:10, possédaient une grande quantité de chameaux, Juges 6:5;
7:12; Ésaïe 60:6, et avaient acquis de fort bonne heure un grand bien-être
matériel par le commerce et l'élève des bestiaux, Juges 8:24. Leur divinité
nationale était Bahal Péhor, q.v., Nombres 25:3,18.
— Après l'exil leur nom se retrouve encore, Judith
2:16; mais il disparaît dès lors pour se fondre avec celui d'Arabes, plus
général et plus connu.
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MADMEN,
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ville de Moab, Jérémie 48:2. Cependant l'interprète
alexandrin et la Vulgate ont pris ce nom pour un appellatif, et traduisent
«tais-toi donc.»
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MADMÉNA,
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Ésaïe 10:31, ville inconnue, du voisinage de Jérusalem.
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MADON,
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ville royale des Cananéens dans le nord de la
Palestine; Calmet pense, mais sans motifs, qu'il faut lire Maron, et chercher
cette ville dans le bourg Maronia en Syrie, à 30 milles est d'Antioche, nommé
par saint Jérôme, et probablement le même que Maronée dont parie Ptolémée.
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MAGDALA,
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Matthieu 15:39, petite ville de Galilée située à l'angle
occidental du lac de Génésareth dans l'endroit de sa plus grande largeur, à 5
kilomètres de Tibériade, à 8 de la sortie du Jourdain, près de l'embouchure
d'une petite rivière qui ne tarit jamais, et au pied de rochers escarpés qui
forment le bord du plateau, et dans lesquels on remarque des grottes.
Marie-Magdeleine devait son nom à cette bourgade où elle était née, Luc 8:2. On
ne trouve plus maintenant qu'un misérable village du nom de Medgel, qui
renferme des ruines dont l'architecture indique une très haute antiquité, entre
autres une tour (hébreu migdal) qui expliquerait le nom de Magdala donné à cet
endroit.
— Le village de Dalmanutha, q.v., appartenait, à ce
qu'on croit, au territoire de Magdala.
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MAGES.
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Ce mot est mède ou persan, et signifie grand; il
désignait primitivement, comme nom propre, une tribu mède qui avait en quelque
sorte le monopole des choses saintes, le soin des objets relatifs au culte, et
le devoir d'instruire la jeunesse et l'âge mûr dans les mystères de la
superstition, comme la famille de Lévi était chez les Hébreux la tribu
dépositaire des oracles de Dieu et chargée de la cure des âmes. La caste des
mages passa des Mèdes chez les Perses, à qui elle communiqua la civilisation;
elle acquit bientôt un développement et une puissance prodigieuses, et accapara
l'instruction publique, la religion, la divination et la magie; ils jouirent
d'un grand crédit auprès des rois, mais se servirent de leur influence pour
intervenir dans la politique, et présidèrent à plusieurs révolutions (Hérodote
3, 61), comme il est arrivé à tant d'ordres ecclésiastiques qui se sont rendus
successivement aimables à force de souplesse, nécessaires à force d'habileté,
et redoutables à force d'audace et d'intrigues. Zoroastre, au septième siècle
avant l'ère chrétienne, introduisit plusieurs réformes chez les mages mèdes,
qui s'adonnaient particulièrement à l'astrologie et à l'interprétation des
songes; il les divisa en trois classes, les herbeds ou élèves, les mobeds ou
maîtres, et les desturmobeds ou maîtres parfaits.
Il est aussi parlé de mages chez les Caldéens, Jérémie
39:3,13, et les auteurs profanes nous montrent la même caste chez un grand
nombre d'autres peuples de l'antiquité: Pline parle de mages de l'Arabie, de
l'Égypte et de l'Éthiopie; l'interprète grec Aquila donne le même nom à ceux
qui interrogeaient les morts, Deutéronome 18:11; de même encore Théodotion pour
désigner les astrologues de Babylone. Daniel 2:2.
— cf. Matthieu 2:1. Il n'est pas à croire que les
mages perses et mèdes aient volontairement abandonné leurs prérogatives à
d'autres, mais on peut supposer que ce nom est devenu d'un usage plus étendu,
et qu'il a servi plus tard à désigner d'une manière générale les sages d'autres
nations; les Caldéens appelaient probablement ainsi leurs savants, et Jérémie
aura répété ce titre comme il l'avait entendu de leur bouche. Les Caldéens
possédaient en effet une caste de prêtres savants très distingués, et organisés
à peu près de la même manière que celle des Perses, cf. Jérémie 50:35; Daniel
2:12, et ils étaient indifféremment nommés mages ou caldéens par les Romains et
les Grecs. Ils vivaient dispersés dans toutes les villes du pays, et pouvaient
posséder. Comme leur religion était passablement une affaire d'étoiles, ils
avaient construit de bonne heure sur le temple de Bélus un observatoire qui
était le complément obligé de leur culte; c'est de là qu'ils prédisaient des
calamités publiques ou des bouleversements de la nature, lisant dans les
astres, dans le vol des oiseaux, et dans les entrailles des victimes, tout à la
fois prêtres, augures et devins, Ésaïe 47:9,13; Daniel 4. Sis apparaissent dans
le livre de Daniel sous plusieurs noms différents qui se rapportent sans doute
aux différentes classes ou branches de l'ordre, à leurs diverses spécialités,
mais que nous ne sommes pas en mesure de déterminer d'une manière précise {υ. Hævernick, Commentaire sur Dan.) Au-dessus de la
caste se trouvait un chef ou surintendant, Jérémie 39:3, et nous voyons que
Daniel, un étranger, un Hébreu, fut établi dans cette haute dignité par la
faveur royale, Daniel 2:48.
Le nom de mages fut donné plus tard, sous les Romains,
à tout ce qui s'occupait de théosophie ou de magie orientale, à tous les
astrologues, devins et jongleurs ambulants de l'Asie, qui joignaient à tous ces
titres déjà usés, le mérite d'être un peu médecins. On voit par Actes 8:9;
13:6,8, qu'ils avaient pénétré bien avant dans la faveur et l'estime publique.
On s'est perdu en conjectures pour savoir quels
pouvaient être les mages qui vinrent chercher, pour l'adorer, le Sauveur du
monde, Matthieu 2:1. Ils venaient d'Orient, nous dit Matthieu, et cette
expression vague (verset 9), de même que celle du verset 12, montrent qu'il ne
pouvait, ou qu'il ne voulait pas en dire davantage. Quelques auteurs ont cru
trouver, dans les dons qu'ils apportaient, une preuve qu'ils venaient d'Arabie;
mais cette preuve est ridicule; car de l'or, de la myrrhe et de l'encens, on
peut en acheter partout. L'opinion qui se justifie le plus est celle qui les
fait venir de Perse ou des contrées voisines de la Perse; le système de la
religion Zend est celui des systèmes païens qui renfermait peut-être le plus de
germes de la vérité; on y trouvait, entre autres, l'idée d'un Sosiosh, d'un
Rédempteur qui devait venir. Les rapports des Perses avec les Juifs avaient
favorisé pour eux une certaine fusion des doctrines israélitiques dans le
système de leur religion populaire. L'étoile (q.v.) qui sert de guide aux
mages, rappelle cette religion astronomique des Perses, et peut avoir été
choisie de Dieu comme un flambeau qui ne leur était pas inconnu, et qui devait,
plus sûrement qu'un autre, en tenant compte de leurs préoccupations
habituelles, les amener vers une lumière plus grande, la seule véritable;
enfin, peut-être, le souvenir des calculs de Daniel, qui avait été chef des
mages, et dont les travaux avaient été sans doute étudiés et médités par les
plus fidèles de ses adhérents, aura contribué à donner aux mages cette
assurance et cette foi qui ne les abandonna jamais, qui surprend celui qui
n'entend rien aux choses de Dieu, mais qui ne saurait étonner celui pour qui la
parole divine est une règle suffisante de doctrine et de conduite. On sait
combien, d'après le témoignage des auteurs profanes, le monde entier était dans
l'attente d'un roi puissant qui devait se lever dans les mêmes contrées où le
soleil se lève; mais cette attente, vague et incomprise chez ceux mêmes qui la
partageaient, était plus claire et plus grande chez les mages; le roi qu'ils
attendaient n'était pas un conquérant qu'ils dussent fuir, c'était un sauveur
qu'ils devaient chercher. L'ancienne église a vu, dans cette visite des mages,
la salutation reconnaissante et respectueuse avec laquelle le monde païen
devait accueillir celui qui venait rompre la clôture de la paroi mitoyenne,
rendre à Dieu l'humanité, aux hommes l'espérance et leur Dieu.
La tradition, l'on ne sait trop pourquoi, a fait de
ces mages des rois, et a fixé leur nombre à trois, qu'elle a baptisés: Gaspard,
Melchior et Balthasar. Ce seraient les seuls rois qui eussent adoré le Roi des
rois pendant son séjour sur la terre, et rien ne justifie une tradition qui n'a
pris naissance que tard, et que Calmet et d'autres catholiques regardent à la
fois comme indifférente en elle-même, et sans fondement dans l'histoire. C'est
toujours la même passion de vouloir introduire la grandeur terrestre dans la
grandeur céleste.
L'adoration des mages a heureusement inspiré M. L.
Delâtre dans un morceau de ses Chants de l'exil (chez Gosselin):
Le voyage est fini, l'étoile aux ailes d'or
Sur l'humble Bethléem arrête son essor, etc.
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MAGIE, Magiciens,
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— Voir: Divinations, Enchanteur, etc.
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MAGOG,
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Genèse 10:2, fils de Japhet, et frère de Gomer, de
Madaï, de Javan, de Tubal, de Mésec et de Tiras. Le même nom se retrouve,
Ézéchiel 38:2; cf. 39:6, comme celui d'un pays voisin de Mésec et de Tubal, et
sur lequel règne Gog: le texte de ces passages indique un pays situé vers le
nord ou le nord-est. Les auteurs orientaux font mention des peuples Jagoug et
Magoug, comme habitant le nord de l'Asie et le nord-ouest de l'Europe. Un mur
qui, à partir de Der-ben, passe de la mer Caspienne à la mer Noire, et qui a
été bâti par un des rois de l'ancienne Perse contre les invasions des barbares
du nord, porte le nom du mur de Jagoug et Magoug.
— Les descendants de Magog sont probablement les
peuples que les anciens nomment, d'une manière générale, Scythes (Flavius
Josèphe, Jérôme); Suidas l'entend des Perses; Braunschweig, dans un travail
très remarquable (Leipsig, 1833), croit que, de cette race, dérive le peuple
des Mantchoux, qui a fait la conquête de la Chine au dix-septième siècle.
La mention prophétique qui est faite de cette nation
et de Gog, son roi, dans les passages cités d'Ézéchiel, et Apocalypse 20:8,
nous la représente comme une puissance formidable; c'est presque le paganisme
personnifié qui viendra, dans les derniers jours, livrer une dernière bataille
au peuple de Dieu, pour essayer de l'anéantir. La prospérité d'Israël le
tentera, la piété de ce peuple l'irritera; sa faiblesse enfin, ses villes sans
murailles, ses portes sans verrous, ses habitants paisibles et sans méfiance,
lui feront espérer une victoire facile, un grand butin, un grand pillage; mais
cette guerre contre les saints, que Magog estimera devoir être la dernière, le
sera, en effet, mais autrement qu'il ne le pense.
En prenant les armes, il renversera, comme Crésus, un
grand empire, mais le sien: Dieu se révélera des cieux; les tours et les
murailles seront abattues; les montagnes seront renversées; tout ce qui respire
sera épouvanté; Magog et son roi seront détruits; Israël sera délivré; ce sera
la lin des tribulations du monde; les élus jouiront éternellement de leur
victoire et d'un triomphe dont rien de fâcheux ne viendra plus jamais ternir
l'éclat, ou diminuer l'allégresse.
Tout
ceci n’est toutefois que pure spéculation, doctrine erronée qui se retrouve
dans les sectes millénaristes, surtout parmi les évangéliques.
Le nom de Gog, Apocalypse 20:8, est employé librement
et poétiquement pour désigner le pays, bien qu'il soit le nom propre, ou
peut-être le nom appellatif du souverain qui régnera sur Magog.
Il y a aussi de
fortes probabilités que Gog et Magog se rapportent à l’ancien empire des
Khazars qui était situé en Ciscaucasie aux abords de la mer Caspienne. En
langue persane, la mer Caspienne est nommée mer de Khazar (daryâ-ye khazar – دریای خزر). Sa désignation
dans les langues turque et turkmène (Hazar Denizi) a la même signification.
Cette ancienne tribu de nomades qui forma un puissant empire fut détruite par les
redoutables hordes mongoles au milieu du
XIIIe siècle. Nommés aussi «les faux Juifs», ses descendants combattirent pour
la restauration d’Israel en 1948 qu’ils fondèrent et où ils habitent encore
présentement sous apparence juive. Le nouvel Israel est en fait la nouvelle
Khazarie sous couverture judaïque.
— Voir: sur ce sujet, Hævernick, Commentaire sur
Ézéchiel, p. 594 et suivant.
- Voir Gog.
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MAHACA.
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1. Mère
d'Absalon, 2 Samuel 3:3; 1 Chroniques 3:2.
2. Fille
d'Abisalom, seconde femme de Roboam, et mère d'Abijam, roi de Juda, 1 Rois
15:2. On peut conclure de 2 Chroniques 11:20-23, que ce fut par son influence
que les fils du premier lit furent dépossédés de la couronne. Quelques auteurs
pensent que la Mahaca, nommée la mère d'Asa, 1 Rois 15:10, était proprement sa
grand'mère, et qu'elle serait appelée sa mère, selon l'usage oriental de noter
et de faire ressortir dans les généalogies, les personnages les plus
distingués, en omettant ceux qui le sont moins; et, en effet, cette Mahaca
s'est rendue célèbre par son idolâtrie, au point qu'Asa, son fils ou
petit-fils, dut lui retirer la régence. Toutefois, si l'identité du nom de
Mahaca, et de son père Abisalom, dans les deux passages, semble autoriser cette
manière de voir, elle ne la prouve pas; l'usage de la langue même ne peut pas
être rigoureusement invoqué, attendu que nulle part ailleurs le mot em, qui
signifie mère, n'est pris pour grand'mère. Une autre opinion voit simplement
une faute de copie dans 1 Rois 15:2, et se fonde sur ce que la mère d'Abijam
est appelée, 2 Chroniques 13:2, Micaja, fille d'Uriel de Guibha.
— Quoi qu'il en soit, et malgré son rang et son
pouvoir presque royal, 1 Rois 15:13; 2 Chroniques 15:16, elle vit Asa mettre en
pièces l'idole qu'elle avait faite, et la brûler, de même, sans doute, que le
bocage, théâtre de son idolâtrie. Quelle était cette idole? c'est ce qu'on
ignore; on doit penser que c'était une invention nouvelle, impure et bizarre,
etc.
3. D'autres
Mahaca sont encore nommées, 1 Chroniques 2:48; 7:15-16, et des hommes du même
nom, Genèse 22:24; 1 Rois 2:39; 1 Chroniques 11:43; 27:16, etc.
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MAHACATH, ou Mahaca,
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ou plus complètement et dans un sens plus déterminé
Aram Mahaca (dans l'hébreu), 1 Chroniques 19:6, ville ou province de Syrie,
gouvernée monarchiquement, à l'orient et au nord des sources du Jourdain,
nommée plusieurs fois à côté de districts syriens, 2 Samuel 10:6,8; 1
Chroniques 19:6; Josué 13:11, et placée, Deutéronome 3:14, sur les frontières
de la partie transjourdaine d'Israël, notamment près des tribus de Gad et de
Ruben. Josué 13:13. Sa position est inconnue, et plusieurs hypothèses qui ont
été mises en avant, restent à l'état de pures présomptions.
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MAHALALÉEL,
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fils de Caïnan ou Kénan, naquit l'an 395 du monde, et
devint père de Jéred à l'âge de cent soixante-cinq ans; il a vécu huit cent
quatre-vingt-quinze ans, Genèse 5:12; 1 Chroniques 1:2. Il est nommé dans la
généalogie de Marie, Luc 3:37.
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MAHALOTH,
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— Voir: Psaumes.
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MAHANAJIM
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(les deux camps), ville d'au-delà le Jourdain, au nord
du Jabbok, Genèse 32:2,22, sur les frontières de Gad et de Manassé. Dans le
partage, elle fut d'abord comprise dans le territoire de la première de ces
deux tribus, puis donnée aux Lévites, Josué 21:38; cf. 1 Chroniques 6:80. Elle
fut choisie pour siège de la royauté passagère et rebelle d'Is-Boseth, 2 Samuel
2:8,12; 19:4-5, et Salomon en fit l'une des douze villes chargées de pourvoir
aux approvisionnements de la cour, 1 Rois 4:14. David s'y retira pendant la
révolte d'Absalon, et c'est non foin de là que périt ce fils ambitieux et
dénaturé, 2 Samuel 17:24,27; cf. encore 1 Rois 2:8. Ce nom disparaît après les
jours de l'exil.
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MAHER-SALAL-HAS-BAS,
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très bien traduit par Luther Eilebeute, Raubebald,
Ésaïe 8:1,3, et assez lourdement dans nos versions «qu'on se dépêche de
butiner, il hâte le pillage.» C'est un peu long pour un nom d'enfant, et on
pourrait le remplacer peut-être par «presse-butin, 1 pille-vite.» Ces quatre
mots durent être placés en grosses lettres, par le prophète, sur un écriteau
destiné à être lu par tout le peuple; la concision de ce langage permettait à
chacun d'apprendre et de retenir dans sa mémoire la promesse de la délivrance,
en même temps qu'elle exprimait, la rapidité avec laquelle, au jour indiqué, la
vengeance divine fondrait sur les ennemis. Achaz, roi de Juda, était vivement
pressé par les armées alliées de Retsin et de Pékak, Ésaïe 7:1; idolâtre et
incrédule, il ne méritait pas le secours de Dieu, mais Dieu voulait punir les
ennemis de son peuple sans sauver Achaz; il annonça donc au prophète la
naissance d'un fils auquel il devait donner le nom de Maher-Salal-Has-Bas, et
ajouta qu'avant que l'enfant put prononcer le nom de son père, Juda serait
délivré: cette prophétie ne tarda pas à s'accomplir, 2 Rois 16:9, et le roi
d'Assyrie s'enrichit des secours que lui avait donnés Achaz, ainsi que du butin
qu'il fit sur les rois d'Israël et de Syrie.
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MAHLON,
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— Voir: Élimélec.
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MAHON.
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1. Ville
de la tribu de Juda, Josué 15:55, non loin d'un désert du même nom, et près du
Carmel; David demeura pendant quelque temps dans ces contrées pendant que Saül
le poursuivait, et Nabal y possédait des propriétés dans le désert, 1 Samuel
23:24; 25:2.
2. Peuplade
étrangère qui se trouve, Juges 10:12, en relation avec les Hamalécites, les
Philistins et les Sidoniens; peut-être la même que celle qui est mentionnée
sous le nom de Méhunites (ou Méoniens), 2 Chroniques 26:7, et 1 Chroniques
4:41; dans le Keri (traduction habitations); ils furent vaincus par Hozias. On
croit retrouver leur nom dans l'ancienne Maân (Abulféda, Burckhardt), située
dans l'Arabie Pétrée, au sud de Wadi Musa, sur la route de la Mecque, où se
voient encore des ruines assez considérables de villes et de villages.
Rosenmuller compare, mais sans preuves, la ville de Beth-Méhon, q.v.
3. Fils
de Sammaï, et père ou fondateur de Beth-Sur, 1 Chroniques 2:45; Josué 15:58.
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MAIN.
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Le lavage des mains et des pieds, acte de propreté en
soi, était souvent considéré comme le symbole de la pureté; ainsi Pilate lave
ses mains pour déclarer qu'il est innocent du sang du Juste; saint Pierre veut
que ses mains soient lavées par Jésus; le juste lave ses mains dans le sang des
méchants en approuvant la vengeance que Dieu tire de leur iniquité; il lave ses
mains dans l'innocence; Matthieu 27:24; Jean 13:9; Psaumes 58:10; 26:6. Verser
de l'eau sur les mains de quelqu'un, c'est remplir à son égard l'office de
serviteur, 2 Rois 3:11. S'appuyer sur la main de quelqu'un est un acte de
supériorité, 2 Rois 7:2,17; 5:18. Tendre la main signifie, ou demander ou faire
alliance, Lamentations 5:6; cf. Romains 10:21. La main du Seigneur exprime sa
puissance ou l'influence de son esprit, Psaumes 19:1; 118:16; Jérémie 1:9; cf.
Ésaïe 6:6; 1 Samuel 5:6-7. La main élevée du pécheur, Deutéronome 32:27,
désigne son insolence.
— On comprend du reste facilement la signification de
ce mot partout où il est pris dans un sens figuré.
— La main (ou la paume), est plusieurs fois employée
comme unité de mesure (= 0m,09), cf. 1 Rois 7:26; Lévitique 2:2; etc.
— Quant à la main sèche que Jésus guérit, Matthieu
12:10; Marc 3:1; Luc 6:6,8, c'est un engourdissement du bras ou d'une portion
du bras, produit par l'obstruction de certains canaux qui empêche la nourriture
d'arriver en quantité suffisante, et a pour résultat le dépérissement, la
dessiccation et la mort de l'organe; c'est une atrophie locale comme chacun
peut en éprouver momentanément, mais qui est souvent aussi permanente et
incurable. Quelquefois aussi, cette mort locale peut surprendre les membres
subitement, c'est alors une paralysie, et il est probable que les cas dont il
est parlé, 1 Rois 13:4; et Jean 5:3, étaient des cas de cette nature. Jéroboam
fut frappé de paralysie par celui qui dit à la maladie: Viens, et elle vient,
— Voir: Paralytique.
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MAINAN,
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Luc 3:31; inconnu.
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MAISONS.
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Elles étaient ordinairement en Palestine bâties de
briques cuites, ou même simplement séchées au feu, ce qui ne leur assurait ni
une grande solidité, ni une longue durée, Matthieu 7:25; Ézéchiel 12:5,7;
13:13; Job 4:19. Il y en avait cependant aussi qui étaient faites de pierre, et
les palais étaient construits en pierre de taille, ou même en marbre blanc,
Lévitique 14:40,42; 1 Rois 7:9; Ésaïe 9:9; 1 Chroniques 29:2 (il paraît d'après
Esdras 3:10; Job 38:6-7; cf. Zacharie 4:7, qu'il y avait des fêtes
particulières et des invocations solennelles lors de la pose des fondements.)
Le mortier, la chaux ou le gypse, et peut-être aussi l'asphalte, servaient de
ciment dans les constructions, Jérémie 43:9; Ésaïe 33:12; Deutéronome 27:4;
Genèse 11:3, et un enduit de chaux venait recouvrir les parois extérieures,
Lévitique 14:41; Matthieu 23:27; Ézéchiel 13:10: pour les palais cette couche
était colorée, Jérémie 22:14. La charpente était ordinairement en sycomore,
puis, mais rarement, en olivier, en cèdre ou en san-dal, Jérémie 22:14; 1 Rois
6:15,33. Des colonnes (les plus belles étaient de marbre, Cantique 3:15), et
même quelquefois de longues galeries de colonnes, servaient d'ornements
extérieurs aux bâtiments de luxe, 1 Rois 7:6,15; 2 Rois 25:13.
— Voir: Temple.
Les maisons des grands et des riches, ordinairement
bâties en carré, avaient plusieurs étages, 1 Rois 7:2; Actes 20:9. Autour de la
maison, ou quelquefois au milieu, lorsque c'était un grand bâtiment, se
trouvait une vaste cour pavée, entourée d'une ou de plusieurs rangées de
colonnes en galerie, ornée d'arbres, avec une fontaine et quelquefois avec des
bains; c'était dans la belle saison la pièce la plus importante, celle où se
tenaient les maîtres, et où ils recevaient leurs amis, 2 Samuel 17:18; 11:2;
Matthieu 26:69; Néhémie 8:16; cf. Esther 1:5; 5:1. Les toits (q.v.) étaient
plats, entourés d'un parapet très peu relevé, et servaient de terrasses; on s'y
réunissait pour jouir de l'air frais du soir, quelquefois on y couchait, ou
bien l'on y célébrait le culte et l'on y dressait des autels; il y avait
ordinairement une communication directe entre le toit et la chambre haute, 2
Rois 23:12; cette pièce, qui était la plus élevée de la maison, et qui était
située immédiatement au-dessous du toit, était une chambre privée, le plus
souvent une chambre à coucher, ou une retraite tranquille pour les malades, 2
Samuel 18:33; 1 Rois 17:19; Actes 9:37,39; 1:13; 20:8; elle avait souvent deux
escaliers, dont l'un, extérieur, communiquait avec la rue, l'autre avec
l'intérieur de la maison. Chez les grands, il y avait devant la porte une
petite cour qui servait de vestibule ou d'antichambre, Jérémie 32:2; Marc
11:68; Jean 18:16, et qui d'un côté s'ouvrait dans la cour proprement dite, et
conduisait de là dans l'appartement, de l'autre communiquait avec le toit et
avec l'étage supérieur par un escalier tournant, 1 Rois 6:8, qui était souvent
fait d'un bois recherché et précieux, 2 Chroniques 9:11. Les chambres du
rez-de-chaussée, qui composaient la partie la plus importante et la plus
considérable de l'appartement, étaient ornées dans le goût du luxe oriental,
qui attache plus de prix à la pompe intérieure, qu'à l'embellissement des murs
extérieurs; une boiserie magnifique, des lambris incrustés d'or et d'ivoire,
des garnitures en tapisserie, des tableaux, un plancher quelquefois de marbre,
de porphyre ou d'albâtre, voilà ce que présentaient à leurs hôtes les riches
habitants de la Palestine; un parquetage de bois de cèdre était déjà moins
splendide, et le plancher des plus pauvres était un simple travail de gypse et
de terre, ou de briques cuites; 1 Rois 7:7; 22:39; Jérémie 22:14; Amos 3:15;
Psaumes 45:8; Esther 1:6; cf. Horac. Od. II, 18 (15), 2. Odyss. 4, 72, etc.
— Les portes tournaient sur des pivots ou sur des
gonds, et se fermaient en dedans au moyen de verrous de bois que l'on poussait
ou retirait avec des espèces de clefs, Juges 3:25; Proverbes 26:14; 1 Rois
7:50; Cantique 5:5; Luc 11:7. Les riches avaient de portiers ou des portières
remplissant les mêmes fonctions que les nôtres, 2 Samuel 18:26; Jean 18:16;
Actes 12:13,15; Luc 13:25; Matthieu 7:7. Quant aux fenêtres,
— Voir: cet article.
Il y avait pour les femmes des appartements
particuliers et retirés, dont l'entrée était absolument interdite à tout autre
homme que le maître. Les grandes maisons avaient leurs chambres d'hiver et
leurs chambres d'été; les premières se chauffaient apparemment de la même
manière que de nos jours, au moyen d'un feu allumé au milieu de la pièce dans
un enfoncement circulaire; on le couvrait, lorsqu'il était éteint, d'une espèce
de tambour carré, garni d'un tapis, destiné à conserver la chaleur, Amos 3:15;
Jérémie 36:22; Juges 3:20; cf. Niebuhr II, 394. Tavernier I, 376. On voyait
aussi dans les palais des chambres à manger indépendantes, Flavius Josèphe
Antiquités Judaïques 8, 5; 2.
Les meubles principaux étaient des sophas ou lits de
repos, des sièges, des tables et des chandeliers, que la magnificence orientale
s'attachait à charger d'autant d'ornements que possible, Ézéchiel 23:41; Amos
6:4; Proverbes 7:16; 2 Rois 4:10.
On a parlé de la lèpre des maisons à l'article Lèpre.
D'après les récits des voyageurs, l'architecture
orientale moderne ne différerait pas essentiellement de l'ancienne, et l'on
peut voir dans Niebuhr, Volney, lady Montague, Hartley, Buckingham, Schubert,
etc., combien peu de changements il s'est fait sous ce rapport depuis plus de
vingt siècles. «Les maisons, dit Buckingham, se composent de séries
d'appartements donnant sur une cour qui se trouve au milieu de chambres
souterraines pour se mettre pendant le jour à l'abri de la chaleur, et de
terrasses découvertes pour prendre le repas du soir et pour dormir pendant la
nuit. Ces terrasses sont quelquefois partagées en compartiments séparés, ayant
chacun son escalier, et formant ainsi autant de chambres découvertes.»
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MAÎTRE d'hôtel,
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Jean 2:8, en grec architriclin. Les noces duraient
souvent six à huit jours, et une personne quelconque, serviteur ou même parent,
était choisie pour être l'ordonnateur des repas, veiller à la distribution
régulière des plats, notamment des aliments plus recherchés et des boissons,
pour remplir en un mot les fonctions de maître d'hôtel ou de maître des
cérémonies. Cette charge ne doit probablement pas être confondue avec celle du
président de table (symposiarque, rex convivii) qui était choisi ou tiré au
sort entre les convives eux-mêmes et qui était le roi de la fête au lieu d'en
être le serviteur. Cependant,
— Voir: Wetstein, Novum Testamentum, I, 847;
le passage de Jean n'a rien qui repousse positivement
l'identité des deux charges.
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MAKIR.
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1. Petit-fils
de Joseph, fils de Manassé et dune concubine syrienne, 1 Chroniques 7:14. Ses
enfants purent encore jouir de la vue et des soins de leur aïeul, le gouverneur
d'Égypte, Genèse 50:23; plus tard ils occupèrent une partie du pays de Galaad dont
ils s'étaient emparés,
— Voir: Jaïr. Nombres 32:39; Deutéronome 3:15; Josué
13:31; 17:1.
Le nom de Makir se retrouve encore Nombres 26:29;
27:1; 36:1; 1 Chroniques 2:21; 7:14; et Juges 5:14, où il semble représenter
toute la tribu de Manassé.
2. Fils
de Hammiel et probablement un ancien ami de la maison de Saül; il avait
recueilli le seul descendant qui restât du premier roi d'Israël, Méphiboseth,
et c'est dans sa maison à Lodebar que les employés de David trouvèrent ce jeune
prince. Peut-être la nourrice de Méphiboseth appartenait-elle à la famille de
Makir, et l'on comprendra que, soit affection, soit compassion, soit espérance
de temps meilleurs, elle l'eût retiré chez elle pour le conserver. Il ne paraît
pas qu'il y eût de la politique dans l'affection de Makir pour les enfants de
Saul, car on le voit plus tard apporter des vivres à David fuyant devant
Absalon, et le secourir lui et les siens au milieu du désert, 2 Samuel 4:4;
9:4; 17:27.
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MAKKÉDA.
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Josué 15:41; cf. 10:28-29, ville de Juda, située,
d'après Eusèbe, à 8 milles est d'Éleuthéropolis. Elle fut prise par Josué qui
poursuivit jusque là les Cananéens, et compléta par cette victoire la prise de
possession du sud du pays.
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MALACHIE.
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Plusieurs opinions ont été mises en avant sur
l'existence de ce prophète, dont le nom ne se trouve nulle part ailleurs que
dans son livre. Déjà quelques docteurs juifs, traduisant le nom de Malachie par
messager ou ange de l'Éternel, avaient émis l'idée qu'Esdras était l'auteur de
cet oracle, caché sous un nom symbolique;
— Voir: aussi Jérôme, Calmet et Simonis;
Vitringa, et après lui Hengstenberg, ont généralisé
cette idée en la modifiant, et pensent qu'un prophète quelconque a pris ce nom
appellatif si bien en rapport avec ses fonctions; ils se, fondent en
particulier sur ce que le nom de Malachie n'est accompagné d'aucune autre
désignation de personne ou de famille; mais,
— Voir: Abdias 1:1; Habacuc 1:1,
où le nom des prophètes est également isolé sans que
personne ait songé à en faire des noms appellatifs. D'autres encore (Origène)
ont pensé que Malachie était un ange incarné. Il n'y a pas de raisons pour nier
l'existence de Malachie, et s'il y a dans son nom un appel et une grande
solennité, on peut dire la même chose d'Osée, de Joël, etc. On ne sait du reste
rien, ni de sa personne, ni de sa famille, ni de son activité. Quant à l'époque
où il prononça et rédigea les prophéties qui portent son nom et qui ne forment
qu'un seul oracle, on est d'accord maintenant, depuis les travaux de Vitringa,
à la faire coïncider à peu près avec le second voyage de Néhémie en Palestine,
sans que l'on puisse déterminer si ce fut immédiatement avant son départ,
pendant son absence ou après son retour. Malachie fut avec Néhémie dans les
mêmes rapports qu'Aggée avec Jéhosuah, que Zacharie avec Zorobabel; l'activité
intérieure de l'un concourt avec l'activité extérieure de l'autre; elles
s'associent mutuellement. Malachie reproche aux sacrificateurs leur négligence
dans l'exercice de leurs devoirs, au peuple son refus de payer les dîmes, et le
choix d'offrandes et de victimes méprisables; il reproche à tous leur indifférence
religieuse et leurs murmures, et le portrait qu'il fait du peuple de Dieu
rappelle parfaitement celui que fait Néhémie, cf. Malachie 2:8; 3:10; et
Néhémie 13:10,30, etc. Le même parallèle pourrait s'établir dans tout le cours
de l'histoire juive entre sa mission des prophètes et la vie des rois, entre
les paroles des premiers et les actes des seconds, entre Ésaïe et Ézéchias,
entre Jérémie et Josias. Malachie ajoute des menaces à ses reproches, et
termine en annonçant la venue du précurseur qui sera immédiatement suivie de
celle du Messie.
— Si cet auteur n'est pas nommé dans le Nouveau
Testament, il y est au moins cité à diverses reprises, soit directement, soit
indirectement;
— Voir: Matthieu 11:10; 17:10-12; Marc 1:2; 9:11-12;
Luc 1:16-17; 7:27; Romains 9:13, etc.
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MALADIES.
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Malgré la salubrité du climat de la Palestine et des
contrées environnantes, et quoique la régularité de la vie et la sobriété
soient presque un préservatif immanquable de tous les maux, il y a quelques
maladies qui se développent là comme ailleurs, qui rappellent aux habitants les
conséquences du péché, et les avertissent que l'homme n'est que poudre, que le
temps passe, que la fleur se fane et tombe. Ce ne sont en général que des
maladies de courte durée. La langueur, la fièvre (chaude), les ulcères, la
gale, la gonorrhée, les hémorroïdes, la lèpre, sont nommées en plusieurs
passages des livres de Moïse, Lévitique 15:3; 26:16; Deutéronome 28:22,27, etc.
Les dysenteries en été, la fièvre au printemps et en automne, paraissent avoir
régné chez les Juifs, comme elles sont encore de nos jours en Orient les
maladies de la saison, Actes 28:8; Matthieu 8:14; Luc 4:39; Jean 4:52; cf.
Burckhardt, Arab. 615, etc. L'Écriture parle encore de coups de soleil, 2 Rois
4:19, d'hypocondrie et de mélancolie noire, 1 Samuel 18:10, mais les maladies
les plus communes étaient la lèpre, la cécité, la paralysie, les pestes, et
dans le Nouveau Testament, les maladies d'esprit ou possessions, q.v.
— La maladie dont le pays fut frappé sous Joram, 2
Chroniques 21:15, était probablement une longue et violente dysenterie qui
faisait de cruels ravages dans le corps, entraînait avec elle du sang et
déchirait les entrailles.
— L'hydropisie était bien connue, Luc 14:2. La
gangrène, nommée 2 Timothée 2:17, est une espèce de combustion froide qui
commence quelquefois à la suite de coups ou de blessures, et qui ronge peu à
peu autour d'elle la chair et le système nerveux jusqu'à la mort complète
(sphacèle) de l'organe attaqué; le couteau peut seul arrêter les progrès de ce
mal auquel sont comparés les faux docteurs, les fausses doctrines et les
disputes vaines,
— Voir: encore les articles spéciaux, Médecine,
Nébucadnetsar, Vers, etc.
Les Juifs regardaient en général les maladies comme
des châtiments divins, Job 7:20; Jean 5:14; 9:1, etc., et l'Écriture nous les
fait aussi considérer comme les suites du péché, Genèse 3:16. Jésus en parle
comme en étant le maître absolu, les envoyant ou les rappelant comme on ferait
d'un serviteur, Matthieu 8:8, et c'est à la possession des démons qu'est
attribuée dans l'Évangile la cause de la plupart des maladies, Luc 13:11,16;
Matthieu 17:13,18; 1 Corinthiens 5:5; 11:30; 2 Corinthiens 12:7; cf. Deutéronome
28:22,27; 7:15.
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MALCHUS,
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serviteur du souverain sacrificateur Caïphe; son nom
se trouve Jean 18:10. Comme il allait mettre la main sur Jésus pour le saisir,
Pierre lui coupa l'oreille d'un coup d'épée, soit que l'oreille fût entièrement
détachée de la tête, soit qu'elle ne fût pas entièrement coupée; il est assez
probable que saint Pierre avait envie de lui couper la tête, dit Calmet. Mais
Jésus qui donnait sa vie ne pouvait pas faire payer au serviteur les fautes de
son maître; juste et miséricordieux, il guérit la plaie qu'avait faite son
disciple peu intelligent de l'épée qui doit servir à la défense du
christianisme; il toucha l'oreille blessée, et son dernier miracle avant d'être
livré, fut pour un de ses ennemis, cf. Matthieu 26:51; Marc 14:47; Luc 22:50.
Jean qui était en relation avec la cour du pontife, nous a seul conservé le nom
de ce serviteur.
— La tradition porte que Malchus se convertit plus
tard (Corn. ad. Lapid.).
— Ce nom, dérivé de mélech, roi, se retrouve ailleurs
dans l'histoire, et Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 13, 5; 14, 14, etc.),
parle d'un Malchus, roi des Arabes, qui avait de très grandes obligations à
Hérode, fils d'Antipater.
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MALKIEL,
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1 Chroniques 7:31, inconnu, de la tribu d'Aser, prince
ou fondateur d'une ville, Birzavith, également inconnue.
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MALKIJA,
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1. fils
de Hammélec, Jérémie 38:6, et peut-être frère de Jérahméel, 36:26, n'est connu
que pour avoir donné son nom à la citerne dans laquelle fut jeté le prophète
Jérémie, et qu'il avait probablement fait creuser lui-même.
2. Père
de Pashur, Jérémie 21:1; 38:1.
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MALTE,
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île bien connue de la Méditerranée, située entre la
Sicile et la côte africaine; elle a environ 28 kilomètres de long sur 16 de large,
et 85 de circuit. Selon Diodore, des Phéniciens, ayant remarqué qu'elle avait
plusieurs ports commodes, en chassèrent les Phéaques, et y établirent une
nouvelle colonie qui s'enrichit par son commerce et son industrie; les
habitants excellaient surtout à fabriquer des étoffes d'une beauté et d'une
finesse admirables. Ovide parle de sa prodigieuse fertilité en grains;
maintenant, on n'y trouve plus que du coton et des fruits, principalement des
oranges. Selon les poètes, après la mort de Didon, Anne, sa sœur, qui l'avait
suivie en Afrique, se retira dans l'île de Malte, d'où Pygmalion ayant voulu
l'enlever, elle se sauva en Italie, et fut très bien reçue par Énée. Malte
passa successivement des Carthaginois aux Romains. Le consul Tib. Sempronius
fit voile de Sicile à Malte, où Carthage entretenait une garnison (218 avant
J.-C.). Dès qu'il parut, on lui livra Amilcar, fils de Giscon, qui commandait
dans l'île,
— Voir: Bochart, Can. 1, 26.
C'est sur les côtes de cette île que Paul, après être
sorti de Crète, fit naufrage, et l'on dit que, depuis son départ, il ne se
trouve plus de bêtes venimeuses dans l'île. Quelques auteurs ayant donné à la
mer Adriatique, Actes 27:27, le sens moderne de golfe de Venise, ont cherché
cette île dans la petite île de Mélite, près de la côte d'Illyrie; mais cette
opinion est combattue par la direction que prit le vaisseau en partant de
l'île, et par le fait que le voyage s'acheva sur un navire qui, venant
d'Alexandrie, ne pouvait avoir fait, pour se rendre à Rome, le détour que cette
opinion suppose et nécessite,
— Voir: Adriatique.
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MAMRÉ, Escol et Haner,
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Genèse 14:13, trois frères amorrhéens, amis et allies
d'Abraham, qui aidèrent le patriarche dans son expédition contre Kédor-Lahomer.
On peut croire, sans toutefois l'affirmer, qu'ils avaient, comme Melchisédec,
renoncé à l'idolâtrie en suivant Abraham. Mamré avait donné son nom à une forêt
de chênes située au sud de Jérusalem, à l'orient des montagnes de Juda, près de
la haute, large et fertile vallée d'Hébron, et qui fut, pendant quelque temps,
la résidence ordinaire d'Abraham et des siens, Genèse 13:18; 18:1; 23:17; 25:9;
35:27; 49:30; 50:13. La vallée de Mamré portait aussi le nom de vallée du
Térébinthe, à cause d'un arbre de cette espèce qui s'y trouvait, et qui passait
pour aussi ancien que le monde, Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 4, 17; 7.
Eusèbe, Prép. évang., 5, 9, etc. On prétendait qu'Abraham était assis à l'ombre
de cet arbre lorsqu'il fut visité par les anges qui allaient à Sodome. Plus
tard, on vit les Juifs, les chrétiens et les païens, y célébrer, chacun à leur
manière, les solennités de leur religion; l'on y sacrifiait des victimes, on
ornait de lampes allumées le puits du patriarche, et l'on y jetait du vin, des
gâteaux et des pièces d'argent. Constantin défendit cette idolâtrie, et y fit
bâtir une église. Le chêne de Mamré ne survécut pas longtemps à cette
persécution religieuse: il n'en restait que le tronc au temps de saint Jérôme;
sans cela, il est à croire que les mahométans seraient venus joindre leur
idolâtrie à celle qui dut être supprimée par Constantin. Quelques voyageurs
modernes ont cru retrouver les ruines du tronc près des ruines de la chapelle;
mais il est difficile de s'y fier.
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MANAHEM,
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frère de lait d'Hérode le Tétrarque, élevé avec celui
qui fit mettre à mort Jean-Baptiste, eut le bonheur de se convertir, et devint
l'un des prophètes et docteurs de l'église d'Antioche, Actes 13:1. Saint Luc,
en faisant le rapprochement de ces deux hommes, qui, après avoir reçu la même
éducation, finirent d'une manière si différente, semble vouloir nous dire:
«L'un fut pris, et l'autre laissé.»
— On ne sait rien autre, d'ailleurs, sur sa vie;
quelques-uns le font fils d'un essénien, ami d'Hérode le Grand, qui prédit a
celui-ci son avènement au trône, et un règne long, mais injuste; j'autres
ajoutent qu'il fut l'un des soixante-dix disciples.
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MANASSÉ.
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1. Fils
aîné de Joseph et d'Asénath, fut dépouillé de son droit d'aînesse par son aïeul
Jacob, qui lui annonça une moins grande prospérité et une postérité moins
nombreuse qu'à son frère cadet, Éphraïm, Genèse 41:51; 46:20; 48:4; 1
Chroniques 7:14. Les deux frères sont réunis, sous le nom de Joseph, dans les
dernières bénédictions du vieillard, Genèse 49:22, ainsi que dans celles de
Moïse, qui leur promet à chacun «ce qu'il y a de plus précieux sur la terre»;
mais à Manassé des milliers de descendants, et à Éphraïm des dix milliers,
Deutéronome 33:13-17. Manassé apparaît comme chef de tribu, Nombres 1:10; 2:20;
7:54, et le nombre de ses hommes d'armes, au moment de la sortie d'Égypte, est
de 32,000 (1:35). Les deux tribus sont presque toujours nommées ensemble,
Nombres 26:28; Josué 14:4, etc. Lors de l'entrée en Canaan, Manassé se divisa
en deux demi-tribus; Makir, parce qu'il fut homme de guerre, reçut en partage
Galaad et Basan; il devait servir de boulevard à Israël contre les peuples
inquiets et brigands de la Trachonite, contre les Syriens de Damas, et contre
les Gessuriens de l'Anti-Liban. «Les maîtres de l'arc ont irrité Manassé, ont
lancé contre lui des flèches, l'ont attaqué; mais son arc a conservé sa force,
et ses bras leur vigueur, et il a, de sa corne, heurté les peuples jusqu'aux
extrémités du pays.» Il habita des contrées bénies par l'Éternel, les riches
plaines de l'Hauran, les belles montagnes de Galaad, et, dans ses vastes
limites, il s'est étendu «comme un rameau fertile près d'une source», Nombres
32:39; cf. 34:14; Josué 12:6; 13:7. Cette demi-tribu était séparée de Gad par
le Jabbok, et comprenait, dans son territoire, Hastaroth et Édréhi; elle
s'étendait ainsi assez loin vers l'est, Deutéronome 3:13; Josué 13:29, et,
comme son éloignement du sanctuaire, qui était a Silo, pouvait avoir, par la
suite, des conséquences fâcheuses pour ses descendants, qui pourraient oublier
leur culte, ou voir leurs droits méconnus, les tribus transjourdaines
élevèrent, sur les bords du Jourdain, un autel destiné à témoigner en leur
faveur, ou même, au besoin, contre elles, et à les relier ainsi aux neuf autres
tribus, Josué 22:10; sq..
— La seconde demi-tribu, dont le territoire fut placé
à côté de celui d'Éphraïm, était comprise entre le ruisseau de Cana, la
Méditerranée, la chaîne du Carmel, et à l'est les montagnes d'Éphraïm, Josué
16:9; 17:1. Elle avait aussi pour voisins Aser et Issacar, sur le territoire
desquels elle paraît même avoir eu quelques parcelles enclavées, 17:11, qu'elle
ne put, sous les juges, défendre entièrement contre les Cananéens, Josué 17:12.
Juges 1:27.
— Après la mort de Salomon, les deux demi-tribus, sous
la puissante main d'Éphraïm, passèrent au royaume des Dix tribus, dont elles
suivirent les destinées. Le nom de Manassé se trouve, Apocalypse 7:6,8, avec
celui de la tribu de Joseph, qui, dans ce cas, désigne Éphraïm.
2. Manassé,
père de Guersom, et grand-père de Jonathan, Juges 18:30. Peut-être faut-il lire
Moïse (— Voir: Guersom); peut-être aussi les noms de Moïse et de Guersom se
trouvaient-ils parmi les Lévites. Dans tous les cas, il ne faut pas confondre
ce nom avec celui du fils de Joseph; car Jonathan descendait de Lévi, 17:7,12;
il était Lévite, et non Manas-site.
3. Manassé,
quatorzième roi de Juda, fils indigne et successeur d'Ézéchias, régna
cinquante-cinq ans (698-643), 2 Chroniques 33, 2 Rois 21. À douze ans il perdit
son père et monta sur le trône; mais le parti anti-théocratique s'empara de son
esprit, l'entoura et régna par lui; ce fut le triomphe de l'impiété et de
l'idolâtrie; le jeune roi suivit fidèlement les principes de ses conseillers;
il rétablit les hauts lieux que son père avait détruits, adora les idoles
païennes, dressa des autels à Bahal et à tous les astres jusque dans les parvis
du temple de l'Éternel, consulta les devins, et opposa des imposteurs aux
prophètes que Dieu lui envoyait et dont il fit verser à Jérusalem le sang
innocent: Ésaïe, selon la tradition juive, mourut victime de ses fureurs, et
c'est peut-être à cette mort que l'apôtre fait allusion, Hébreux 11:37 (ils ont
été sciés); enfin, pour n'oublier aucune abomination, il brûla ses propres
enfants devant les faux dieux! Les menaces divines étaient méprisées, elles s'accomplirent,
et l'Éternel prononça cette terrible sentence: «J'étendrai sur Jérusalem le
cordeau de Samarie et le niveau de la maison d'Achab; je torcherai Jérusalem
comme une écuelle qu'on essuie et qu'on renverse sur son fond.» Manassé tomba
entre les mains des Assyriens, peut-être lorsque Ézar-Haddon transportait ses
colons dans le royaume d'Éphraïm, Esdras 4:2; il fut, malgré l'appui de
l'Égypte qu'il avait recherché, saisi dans les halliers, chargé de chaînes, et
conduit à Babylone la vingt-deuxième année de son règne: ce fut la fin de la
première partie de sa vie, de son idolâtrie et de ses malheurs (Seder-Olam).
Dans la détresse et dans l'angoisse, il s'humilia, se repentit de ses crimes,
et supplia l'Éternel avec larmes; il obtint son pardon, et fut bientôt rétabli
sur son trône, peut-être à la condition de rester vassal assyrien; c'est ce que
rendent probable les événements qui eurent lieu dans les derniers jours de
Josias son petit-fils.
— Sa conversion était sincère: il le prouva en faisant
son possible pour remédier aux maux dont il était lui-même l'auteur: il
rétablit le culte du vrai Dieu, purifia le temple, renversa les bocages et
détruisit les autels. La fin de son long règne fut consacrée à en taire oublier
le commencement, et il vit prospérer son activité et son administration
intérieure; il releva les murs de Jérusalem à l'occident de Guihon, ceignit
Hophel d'ouvrages élevés, rétablit l'ordre dans l'armée, et lui donna une
discipline et des chefs. Il mourut à l'âge de soixante-sept ans, et fut
enseveli dans un sépulcre qu'il s'était préparé au milieu de ses jardins.
On croit que Joël prophétisa sous son règne; c'est à
la même époque aussi que quelques auteurs (Bossuet, Calmet, Bonnechose) placent
l'histoire de Judith et d'Holopherne. La tradition a conservé, sous le nom de
prière de Manassé dans l'angoisse, un chapitre qui a été ajouté dans quelques
exemplaires grecs et latins à la fin du second livre des Chroniques; cette
prière est belle, mais sa forme liturgique suffirait pour la faire reconnaître
comme apocryphe.
Le second livre des Rois ne parle que des crimes et
des malheurs de Manassé; il ne dit mot de sa repentance, mais indique en
passant qu'à sa mort il n'était plus prisonnier: ce dernier détail montre qu'il
n'y a pas contradiction entre le récit des Rois et celui des Chroniques, mais
l'omission d'une partie aussi importante de la vie de Manassé ne s'explique
pas: on pourrait croire que l'auteur des Chroniques, qui a puisé à plus de
sources, a trouvé aussi plus de détails; mais la conversion de Manassé n'est
pas un détail dans sa vie, et caractérise son histoire tout entière; tout
Israélite, historien ou non, devait connaître un événement de cette importance.
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MANDRAGORE.
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Cette plante, désignée par certains auteurs sous le
nom de mandegloire, et qui dans son étymologie grecque signifie ornement des
cavernes, est l'atropa mandragora des Latins, et appartient à la cinquième
classe (pentandrie monogynie) de Linnée. De tout temps et dans tous les pays où
elle se trouve, elle a été l'objet des opinions les plus contradictoires, comme
des fables les plus absurdes. Elle aime les pays chauds, la Palestine, la
Grèce, l'Italie, l'Espagne, et ne croît que très difficilement dans nos
jardins, mais dans les lieux qu'elle habite elle préfère les endroits sombres,
tels que l'entrée des cavernes. La racine est épaisse, longue, fusiforme,
ordinairement bifurquée, ou même divisée en trois, fauve extérieurement,
blanchâtre à l'intérieur: les feuilles sortent du collet de la racine, grandes,
ovales, pointues, vertes, ondulées sur leurs bords, et disposées en faisceau:
entre ces feuilles naissent plusieurs pédoncules simples, courts, portant
chacun une fleur dont la corolle est campanulée, rétrécie vers sa base en forme
de cône renversé, un peu velue en dehors, blanchâtre, légèrement teinte de
violet: le fruit est une baie sphérique ressemblant à une petite pomme,
jaunâtre dans sa maturité, molle, charnue, pleine d'une pulpe qui contient des
graines réniformes, placées sur un seul rang. Cette baie, narcotique et
stupéfiante, n'est dangereuse que lorsqu'elle est prise en certaine quantité.
Le nom de la mandragore se trouve deux fois dans
l'Écriture sainte, Genèse 30:14; Cantique 7:13; c'est ainsi que les traducteurs
ont entendu l'hébreu dudayim; dans le premier passage, c'est la vertu
prolifique de la plante qui est relevée; dans le second, c'est son odeur
agréable et forte. Il s'en faut du reste de beaucoup qu'il y ait eu unanimité
pour cette interprétation, qui a été appuyée par Jacques Thomasius dans une
dissertation spéciale, 1739, mais déjà fortement combattue par:
1. Ant.
Densing (1659), qui entend par dudayim le petit melon de Perse odorant (cucumis
dudaïm, L); de même Sprengel, Faber, la traduction persane, etc.;
2. Ludolf,
dans son Hist. d'Éthiop., soutient qu'il faut entendre par là un certain fruit
que les Syriens appellent mauz, dont la figure et le goût ont beaucoup de
rapports avec le ficus indica;
3. Celse
entend une espèce de lotus;
4. Pfeiffer
y voit une espèce de lys;
5. Calmet,
Bochart, Browne croient pouvoir donner à l'hébreu le sens de citron;
6. Junius
traduit: des fleurs agréables;
7. Codurque,
des truffes;
8. Hiller,
des cerises;
9. d'autres,
des violettes ou du jasmin;
10. d'autres
enfin, Virey, Chaumeton, l'entendent de l'orchis.
Il ressort de toutes ces divergences que la véritable
signification du mot est perdue, et même qu'elle l'a été de bonne heure; on
voit par le passage de la Genèse que la plante dont il s'agit passait pour
donner la fécondité, et le nom même de dudayim (dod, amour) pourrait bien être
en rapport avec cette opinion. La mandragore et l'orchis sont les deux plantes
qui harmoniseraient le mieux peut-être avec le peu que nous connaissons du
dudayim, la première par la bifurcation de sa racine, à laquelle, avec un peu
de peine et de bonne volonté, on pourrait encore donner la forme du corps
humain, de là le nom d'anthropomorphos qui lui a été donné par Pythagore; la
seconde, par la grossière ressemblance qu'on a cru trouver dans ses bulbes
ordinairement géminées, et qui a amené la préconisation ridicule de ses vertus
aphrodisiaques. L'une et l'autre de ces plantes peuvent exercer une certaine
influence sur l'homme; elles peuvent stimuler, exciter, irriter; Vénus est
appelée mandragoritis, et l'empereur Julien, dans son épître à Calixène, dit
qu'il boit du jus de mandragore pour s'exciter à la volupté; mais elles ne
peuvent rien sur les femmes, surtout elles n'ont pas les vertus qu'on leur prête.
Les bulbes de l'orchis se cueillent à la fin de l'année; on les lave, et, après
qu'on les a soumises pendant quelques minutes à l'action de l'eau bouillante,
on les fait sécher au soleil ou dans un four; c'est dans cet état qu'elles
entrent dans le commerce sous le nom de salep de Perse ou de salap; elles sont
connues pour leurs propriétés nutritives, émollientes et lubrifiantes; mais
c'est par ces qualités seules, et à cause de son abondance en principes
assimilants, que le salep peut être considéré comme aphrodisiaque, et il ne
l'est qu'à la manière des œufs, de la viande ou du lait, c'est-à-dire parce
qu'il est nourrissant.
— Hasselquist, Michaélis, Maundrell, de même que
l'abbé Mariti (Voyage. II, 195), sont favorables à la traduction mandragore, et
leurs preuves, sans être très convaincantes, ont cependant un certain poids: ce
qui est dit du dudayim s'applique en tous points à la mandragore; c'est au
temps de la moisson des blés (mai) que leur fruit mûrit, cf. Genèse 30:14;
elles ont une odeur agréable; elles peuvent se conserver, et soutiennent une
espèce de comparaison avec les grenades. Ces caractères sont, il faut l'avouer,
assez vagues pour permettre l'incertitude, et si l'on n'admet pas la traduction
orchis, le mieux est peut-être de s'en tenir a la version traditionnelle.
Pour l'étude des miracles et des fables relatives à
cette plante historique (dont un des plus grands torts est de nous avoir donné
la Mandragore de Machiavel), on peut consulter Théophraste, Pline, Dioscoride,
Calmet, Hiller, et Celsius, ainsi que les monographies de Heiddeger, de
Drusius, de Thomasius, de Laurent Catelan (Rare et curieux discours de la
plante appelée mandragore, Paris, 1639), de Holzbom, 1702, et de Garnier de
Nîmes.
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MANNE,
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Exode 16; Nombres 11; Deutéronome 8:3; Josué 5:12. La
nourriture que Dieu donna aux Israélites dans le désert, depuis Sin, leur
huitième campement, jusqu'à la fin de leur séjour. Moïse la décrit comme quelque
chose de menu, blanc, rond comme dû grésil, comme de la semence de coriandre,
et ayant le goût de beignets. Elle tombait chaque matin avec la rosée, et
lorsque la rosée avait disparu sous l'action des premiers rayons du soleil, la
manne restait seule sur le roc ou sur le sable, où les Israélites venaient la
ramasser, mais seulement en quantité suffisante pour la journée, à l'exception
du vendredi où il en tombait une quantité double et où les Israélites devaient
aussi faire la provision do sabbat. Elle se gâtait du jour au lendemain, et
ceux qui, se méfiant de la divine Providence, voulurent essayer d'en conserver,
la virent se corrompre et les vers s'y mettre. Chacun avait droit à un homer
(litres 3, 50), et celui qui en avait recueilli beaucoup n'en avait pas plus,
comme celui qui en avait recueilli peu n'en avait pas moins, c'est-à-dire
qu'ils répartissaient entré eux, proportionnellement au nombre des membres de
chaque famille, ce qu'ils avaient ramassé, de sorte que celui qui en avait trop
communiquait de son superflu à celui qui n'avait pas assez, et ramenait
l'égalité voulue de Dieu. Le passage 2 Corinthiens 8:15; semble établir ce
sens, en même temps qu'il trace aux chrétiens une ligne de conduite qui n'est
malheureusement que bien peu suivie. En commémoration de cette merveilleuse
Providence qui nourrit pendant tant d'années un peuple tout entier dans un
désert, Dieu voulut qu'un homer de manne fût recueilli dans un vase d'or et
placé devant le témoignage à côté de l'arche sainte, cf. Hébreux 9:4.
Cette nourriture comme telle, et cette substance
considérée en elle-même, était quelque chose de tout à fait nouveau pour les
Israélites, si bien qu'en la voyant pour la première fois couvrir le sol, ils
se demandèrent les uns aux autres: Qu'est-ce? (hébreu, man), et ce nom
interrogatif resta à ce pain descendu du ciel: man hou, qui signifiait qu'est
ce que cela? fut traduit: cela est de la manne. C'est la même question que
firent plus tard les Juifs au sujet de Jésus le vrai pain céleste, Luc 4:36,
car il était pour eux une apparition également inconnue, mais plus bénie
encore.
Outre les passages déjà cités, la manne est rappelée
Néhémie 9:20. Jean 6:31,49,58; Psaumes 78:24; Apocalypse 2:17. Ce dernier
passage contient une allusion évidente à l'urne d'or renfermant la manne: la
manne commune et corruptible du désert était la nourriture du corps mortel;
mais la manne cachée dans l'urne est incorruptible, c'est la nourriture du
corps immortel.
Psaumes 78:24-25 — «... bien qu'il eût fait pleuvoir
la manne...; tellement que chacun mangeait du pain des puissants.» Nos versions
rendent exactement le sens de l'hébreu abirim, mais la phrase n'est pas claire
et ne se comprend pas: la Vulgate, l'anglais, et Luther ont «le pain des
anges», ce qui ne se justifie pas par l'usage de la langue; Hengstenberg
paraphrase: le pain venu des lieux habités par les anges; Durck propose le pain
des taureaux, qui d'après l'analogie de Sophonie 1:17, pourrait signifier la
viande des taureaux; abirim a en effet quelquefois le sens de taureaux, Psaumes
22:12; 50:13; 68:30; Ésaïe 34:7; Jérémie 50:11, et l'auteur entendrait que,
outre la manne, Dieu a aussi donné aux Israélites de la chair à manger, ce qui
ne s'accorde ni avec le sens du passage, ni avec l'histoire du désert. Dimock
pense qu'au lieu de abirim il faut lire Élohim, ou Abir Jéhovah (cf. Exode
16:15-16; Jean 6:33), et traduire le pain de l'Éternel. Harris enfin prend
abirim dans le sens de ailes pour oiseaux, «chacun mangea (outre la manne) du
pain, c'est-à-dire de la chair d'oiseaux; il leur envoya de la nourriture à les
rassasier.» Mais toutes ces explications sont un peu recherchées, et la
traduction française, qui est la plus littérale, n'a besoin que d'être comprise
dans le sens du génie de la langue hébraïque: le pain des puissants ou des
riches, c'est un pain excellent, ou, d'une manière générale, une nourriture
excellente. Dieu envoya aux Israélites la manne, le froment des cieux,
tellement qu'au lieu de disette) chacun avait en abondance un mets très
recherché, une nourriture agréable et délicate. L'auteur de la Sapience (46,
20; 21) dit que la manne s'accommodait tellement au goût de ceux qui la
mangeaient, que chacun y trouvait de quoi satisfaire son appétit, et
quelques-uns l'ont entendu en ce sens qu'elle prenait pour chacun le goût
particulier qu'il désirait y trouver. Flavius Josèphe dit plus simplement
qu'elle était si excellente qu'on ne pourrait rien désirer de meilleur; et
saint Augustin, qu'elle se conformait au goût de ceux qui en usaient, en faveur
des enfants de Dieu, lesquels ne s'en lassèrent pas, tandis que pour les autres
elle ne fut plus bientôt qu'un objet de dégoût, Nombres 11:6.
La manne n'est pas une substance qui soit entièrement
inconnue ou perdue: elle se retrouve encore en divers lieux, en Pologne, dans
le Dauphiné, en Calabre, en Arabie, sur le Sinaï, sur le Liban, et ailleurs. La
plus estimée est celle d'Arabie, espèce de miel condensé qui suinte des
feuilles et des branches, et que l'on recueille quand elle a pris une certaine
consistance. On peut augmenter de beaucoup la récolte qu'on en fait, au moyen
d'incisions pratiquées à l'arbre, et c'est au mois d'août surtout que cette
opération se fait avec le plus de succès; parfois c'est un petit insecte, le
coccus, qui se charge de piquer l'arbre avec son aiguillon, et de provoquer
ainsi l'écoulement de la résine. Saumaise pense que c'est de cette manne qu'il
est parlé dans l'histoire du désert, et que le miracle a consisté moins dans la
production même que dans l'abondance et la régularité de cette production. Son
opinion peut parfaitement se soutenir en ce sens qu'elle n'enlève rien à tout
ce qu'il y a eu de miraculeux dans presque tous les détails de cette
alimentation providentielle; en général on peut remarquer dans la plupart des
miracles de la Bible, qu'ils ne contrarient pas la nature, qu'ils ne sont pas
des monstruosités en dehors du cours des choses; mais qu'ils se distinguent
soit par des modifications apportées à certaines lois, physiques, soit par
l'accélération d'effets qui se produisent également dans la nature, mais
lentement et suivant certaines règles, soit enfin par la multiplication ,
l'augmentation en nombre ou en volume, des effets que des causes physiques
auraient aussi produits, mais en moindre quantité. Admettant que la manne céleste
n'ait pas été une création nouvelle, le miracle reste dans son abondance, sa
régularité, sa périodicité, interrompue le sabbat, mais précédée d'une quantité
double de nourriture la veille, sa prompte corruption pendant la semaine, et sa
conservation au septième jour, sa production au milieu des sables quand
d'ordinaire elle ne se trouve que découlant des arbres, etc., tout autant de
caractères qui ne sont point naturels, mais que Dieu a pu miraculeusement
ajouter pour un temps à l'une des productions de la nature orientale, les uns
pour conserver son peuple, les autres pour l'habituer au respect de la loi
qu'il avait donnée.
— Disons cependant que les voyageurs donnent à la
manne du désert quelques propriétés qui ne rendent pas l'identité absolue. Cette
gomme qui découle goutte à goutte ne se laisse ni piler, ni broyer, comme
faisait la manne israélite, et de plus elle a une vertu légèrement purgative et
affaiblissante, qui se perd, il est vrai, pour celui qui, par un fréquent
usage, en a pris l'habitude, comme on sait que l'estomac peut s'accoutumer à
une nourriture qui lui est naturellement contraire.
Les Hébreux et les Orientaux pensent, à l'inverse de
Saumaise, que la manne était un miracle, jusque dans la nature même de sa
substance, et c'est bien, à tout prendre, l'opinion qui paraît le mieux
justifiée par la lettre de l'Écriture; mais ils sont tellement jaloux de la
grâce que Dieu leur fit en cette occasion, qu'ils vont jusqu'à prononcer
l'anathème contre ceux qui ne partagent pas entièrement leur manière de voir à
cet égard (Aben Esra, ad Exode 16:15); c'est aller un peu loin.
On peut consulter sur la manne la Physique sacrée de
Scheuchzer avec les notes de Donat, la dissertation de Faner, l'Histoire de la
manne de Buxtorf, Saumaise, les Notes de Rosenmuller sur Bochart, le Traité
d'Altomare, et un article dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences,
1846, t. II, p. 452, séance du 31 août.
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MANOAH,
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Juges 13:2, de Tsorhah, père de Samson. Cet homme
faible et craintif, mais bien intentionné, gémissait sur les malheurs que
l'idolâtrie de ses compatriotes avait amenés sur la commune patrie, lorsque sa
femme, plus pieuse apparemment, et plus éclairée que lui, vint lui annoncer que
sa longue stérilité qui les affligeait l'un et l'autre, allait enfin cesser, et
qu'un prophète de l'Éternel lui avait promis un fils; bien plus, ce fils devait
être le libérateur d'Israël, et pour le préparer à sa grande et sainte mission,
elle devait elle-même observer jusqu'au moment de sa naissance toutes les
prescriptions du nazaréat. Manoah, tout ensemble troublé et réjoui, demanda au
Seigneur de lui faire voir à lui-même ce messager de bonnes nouvelles, afin
qu'il pût apprendre de lui la conduite qu'il aurait à tenir à l'égard de ce
fils béni. Bientôt après, en effet, l'ange apparut de nouveau à la femme, qui
alla chercher son mari; mais il ne répondit pas aux questions prématurées de
l'humble Manoah; il se borna à répéter à la femme qu'elle devait, pendant tout
le temps de sa grossesse, vivre dans l'abstinence nazaréenne, et Manoah
n'insista plus; mais désireux de retenir auprès de lui ce prophète de
l'Éternel, et de l'honorer selon les usages de l'antique hospitalité, il lui
offrit un festin; l'ange le refusa, mais engagea son hôte à présenter un
holocauste à l'Éternel. L'ange refusa de même de déclarer son nom, car il est
admirable, dit-il (cf. Ésaïe 9:5}. Manoah qui jusqu'alors n'avait vu dans celui
qui lui parlait qu'un simple prophète, ne tarda pas à comprendre que c'était
l'Éternel lui-même; car lorsqu'il eut offert son holocauste, et que la flamme
s'élevant de l'autel vers les cieux, l'Éternel y fut monté avec la flamme,
Manoah s'écria: Certainement nous mourrons, parce que nous avons vu Dieu! Sa
femme comprit mieux que lui, la faveur que cette manifestation divine leur
promettait à eux et à leur fils: elle y puisa de nouvelles forces, un nouveau
courage, une nouvelle confiance dans la fidélité de celui qui ne peut mentir.
— L'enfant naquit au temps indiqué, mais il ne parait
pas avoir, dans son éducation, subi ou accepté l'influence de son faible père.
Sa jeunesse indomptée et ses fougueuses passions l'émancipèrent de bonne heure;
Manoah vécut assez pour voir, sans pouvoir l'empêcher, le mariage de son fils
avec, une Philistine, mais son nom qui ne reparaît plus que dans le nom de son
sépulcre, 16:31; porte à croire qu'il ne fut pas le témoin des derniers excès,
de la gloire, et de la conversion de son fils.
L'apparition de l'ange à Manoah rappelle celles dont
jouirent Abraham, Jacob et Gédéon: le refus de l'ange de se faire connaître,
rappelle le même refus qu'éprouva Jacob dans sa lutte merveilleuse au bord du
Jabbok, Genèse 32:29.
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MANTEAU.
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Ce mot qui a déjà un sens assez vaste dans notre
langue, en avait un plus étendu encore en hébreu; il s'appliquait à plusieurs
espèces de vêtements, tunique, manteau, vêtement de dessus, etc. La pièce
d'habillement dont il est parlé, Marc 12:38, à propos des scribes, et qui peut
aussi se traduire par manteau, était un large pan d'étoffe, descendant jusqu à
la cheville du pied.
— Voir: Vêtements.
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MARAH
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(amertume).
1. Une
des premières stations des Israélites dans le désert; ils lui donnèrent ce nom
à cause de l'amertume de ses eaux, Exode 15:23; Nombres 33:8. Les voyageurs ne
sont pas d'accord sur la situation de ce lieu; Shaw a cru le trouver dans un
endroit appelé maintenant Corondel ou Gharendel, où coule encore de nos jours
un ruisseau dont les eaux sont amères; Niebuhr, dans le Aijun Musa (fontaine de
Moïse), à 2 lieues sud-est de Suez, à une demi lieue du golfe d'Arabie; Burckhardt
le place à 15 lieues plus au sud, où il a trouvé une source appelée Howara,
dont les eaux sont si amères que les chameaux mêmes refusent d'en boire, à
moins qu'ils ne soient très altérés; le même voyageur pense que Moïse se servit
des baies du gharcad ou hamra pour adoucir l'amertume de cette source.
(Michaélis raconte de même, qu'il y a aux Indes un arbre qui a la propriété de
rendre douces les eaux devenues amères). L'opinion de Niebuhr est conforme à la
tradition, mais celle de Burckhardt paraît mieux justifiée géographiquement par
la marche que suivaient les Israélites; c'est celle qu'a admise Hævernick.
2. Ce
même nom est employé au duel Marathayim, Jérémie 50:21, où nos versions l'ont
traduit par vous deux, rebelles. Le passage est difficile à entendre, mais il
vaut mieux (avec Dahler) le rapporter au pays, et lire: marchez contre ce pays
doublement rebelle, ou bien le regarder comme un nom symbolique de Babylone,
marchez contre ce pays de Marathayim, ce qui renferme le même sens, mais
exprimé d'une manière plus solennelle.
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MARBRE.
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Substance bien connue pour sa dureté et le beau poli
dont elle est susceptible. Quatre noms différents paraissent en avoir désigné
différentes espèces dans la langue des Hébreux. Shesh ou shish, Cantique 5:15;
Esther 1:6; 1 Chroniques 29:2: la version syriaque le traduit par marbre blanc,
ce qui s'accorde bien avec la comparaison du Cantique; il est également
probable que ce devait être de cette espèce de marbre qu'étaient faites les
colonnes du temple, et David l'aura fait venir des contrées voisines de
l'Arabie; Barris compare le nom de shish avec la montée de Tsits, 2 Chroniques
20:16, qu'il pense avoir été la carrière, ou l'une des carrières où les Hébreux
choisissaient leur marbre; mais c'est forcé, et l'hypothèse ne repose sur
aucune autre preuve que cette lointaine analogie. Le marbre blanc du palais
royal de Suze, était tiré des carrières mêmes du pays, où il se trouve en
abondance. Le sochereth, Esther 1:6, ne peut être déterminé d'une manière bien
sûre; les Septante le traduisent comme le précédent, espèce de marbre blanc. Le
bahat, que le syriaque rend de même, est traduit par les Septante, émeraude, ce
qui doit s'entendre non de la pierre précieuse de ce nom, mais d'un marbre
nuancé de vert. Enfin le dar (ibid.) est traduit par l'arabe, perle, et par les
Septante, pierre de perle; c'est aussi l'opinion de Bochart, mais elle cadre
difficilement avec le contexte: il faut plutôt l'entendre avec Michaélis et
Winer, de l'albâtre qui, lorsqu'il est bien travaillé, peut dans une mosaïque
faire l'effet de perles enchâssées. Il faut avouer, du reste, que ces
significations ne sont que devinées; aucun fil ne peut plus guider dans ces
recherches, et les savants y dépensent inutilement leur esprit étymologique et
scientifique.
— On sait que les anciens attachaient beaucoup
d'importance au luxe de leurs planchers, de leurs parquets, et des pavés de
leurs cours ou de leurs jardins: nous en sommes venus au point, disait Sénèque,
que nous ne voulons plus fouler que des pierres précieuses. Et Apulée,
décrivant le sol des appartements de Psyché, dit que les pierres précieuses
dont il était composé, représentaient à l'œil, par leur disposition et la variété
de leurs formes et de leur grandeur, des tableaux et des peintures de divers
genres.
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MARC,
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l'auteur du second évangile, est probablement le fils
de Marie; cousin de Barnabas, et peut-être comme lui Lévite de naissance,
compagnon d'œuvre de Paul et de Pierre, il est désigné dans les Actes sous les
noms de Jean Marc 12:12,25, de Jean 13:3,13, et de Marc, 15:39; C'est dans la
maison de sa mère que les apôtres étaient réunis après la mort de Jacques,
lorsque Pierre fut délivré de son cachot et de ses fers, 12:12. Quelques
anciens veulent qu'il ait été au nombre des soixante-dix disciples, et Origène,
Procope, etc., ajoutent qu'il se retira pour un temps du Sauveur, de même que
Luc, à cause de ce qu'avait dit le Messie: «Si vous ne mangez ma chair, vous ne
pouvez avoir la vie en vous-mêmes», Jean 6:53. Toutefois cette anecdote n'est
rien moins que sûre, et si l'on en croit Irénée et Papias, Marc n'aurait pas
connu Jésus, et il aurait été gagné à l'Évangile par la prédication de Pierre.
Ce fut Barnabas son parent qui l'introduisit dans la société des apôtres, et on
le voit déjà compagnon de saint Paul, lors de son premier voyage missionnaire
d'Antioche dans l'Asie Mineure, 12:25; 13:5. On ignore pour quels motifs, après
avoir suivi ses compagnons de voyage dans l'île de Chypre, à Salamis et à
Paphos, il se sépara d'eux à Perge en Pamphylie, 13:13; mais la manière dont
saint Luc parle de cette séparation, 15:38, semble jeter un certain blâme sur
ses motifs, et l'on suppose que cette vie agitée et l'éloignement de sa patrie,
avaient fatigué son zèle encore jeune, et sa foi encore peu éprouvée, peu
habituée aux renoncements de la vie missionnaire. Marc rentra cependant dans la
carrière, et probablement après un intervalle qui ne fut pas fort long; mais
saint Paul ne le voulut pas d'abord pour compagnon de voyage, il prit Silas
avec lui, tandis que Marc et Barnabas retournaient en Chypre. Aucun détail ne
nous est donné sur les résultats de sa mission dans cette île, mais il faut
croire qu'elle fut bénie, et qu'il se distingua par un redoublement de zèle
pour faire oublier ses précédentes hésitations; plus tard en effet, il est
rentré en grâce auprès de saint Paul, qui le compte à Borne au nombre de ses
compagnons d'œuvre, Philémon 24, le recommande à l'Église de Colosses,
Colossiens 4:10, et prie Timothée de le lui ramener, 2 Timothée 4:11. Il
paraîtrait que, pendant l'espace de temps qui sépara les deux captivités de
Paul, Marc fut le compagnon de Pierre, auquel l'unissait une affection filiale,
et qui l'avait auprès de lui quand il écrivit sa première épître, 5:13.
D'autres pensent que le Marc nommé dans ce passage était véritablement un fils
de l'apôtre, ce qui serait bien possible, puisqu'il était marié; mais la
tradition n'est pas favorable à cette opinion. D'autres encore, afin de
multiplier autant que possible, les saints et les évêques des temps primitifs,
et de pourvoir ainsi tous les évêchés, ont distingué trois Mare, le fils de Marie,
le fils de Pierre et l'évangéliste; c'est encore plus improbable, et cette
manière de voir n'a pas même pour elle les apparences. Si, comme on doit le
conclure de 2 Timothée 4:11, Marc assista aux derniers jours de Paul, on peut
supposer qu'après la mort de cet apôtre, il revint en Asie, et qu'il y
rejoignit Pierre. Une tradition ajoute que Pierre l'envoya prêcher l'évangile
en Égypte, qu'il fonda a Alexandrie une Église considérable, que ses travaux en
divers lieux de la Basse et de la Haute Égypte, et jusqu'à Cyrène, furent
couronnés des plus beaux succès, et qu'enfin il fut massacré au milieu d'une
fête païenne par les païens d'Alexandrie, irrités du grand nombre de prosélytes
qu'il faisait chaque jour, et des attaques victorieuses qu'il avait portées à
leur culte idolâtre; son corps fut brûlé selon les uns, transporté selon les
autres à Venise, où un temple magnifique qui porte son nom lui aurait été donné
comme mausolée. Tous ces bruits ont leur teinte fabuleuse, et l'on sera
d'autant moins porté à y ajouter foi que déjà Cyprien, Tertullien et Augustin
refusent à l'Église d'Afrique une origine apostolique.
Son Évangile est le second en date: Eusèbe dit que
c'est à Rome, à la demande des fidèles de cette église, et sous les yeux de
Pierre, qu'il l'a composé. Quelques manuscrits grecs, le perse, l'arabe, et le
Pseudo-Damase dans sa vie de saint Pierre, ajoutent, en outre, que cet ouvrage
a été primitivement écrit en latin, ce qui est aussi l'opinion de quelques
modernes, Selden, Baronius, Bellarmin; mais il n'est pas même sûr que ce soit
en Italie que Marc a écrit, et plusieurs auteurs, cités par Chrysostôme,
portent que ce travail a été fait en Égypte, et pour l'Égypte. Quant à la part
que Pierre a prise à la rédaction de cet évangile, la tradition est assez
unanime, au point que saint Athanase, Eutyche d'Alexandrie, et d'autres pères
grecs et orientaux, ont cru que cet apôtre l'avait dicté, et peut-être écrit de
sa propre main. Supposé même que Marc eût écrit à Rome pour les chrétiens de
cette ville, il ne serait pas prouvé qu'il se fût servi du latin: le grec était
connu; les deux ouvrages de Luc sont en grec, et l'épître aux Romains l'est
aussi, sans que personne ait prétendu que Paul eût dû se servir d'une autre
langue que celle qu'il parlait ordinairement en s'adressant aux païens. Il y
aurait bien un moyen de décider cette question, puisque le texte original de
saint Marc se trouve encore actuellement à Venise, où il est soigneusement
conservé, depuis 1564 (Calmet), dans un caveau dont la voûte est plus basse, en
tout temps, que la mer voisine; mais, malheureusement, ce manuscrit est
tellement altéré et illisible, que l'on ne peut pas même en déchiffrer quelques
lettres pour voir si elles sont grecques ou romaines. Ce manuscrit (qui est
peut-être tout autre chose qu'un saint Marc) est écrit sur du papyrus d'Égypte
extrêmement délicat, et Montfaucon le fait remonter au moins au quatrième
siècle. Cet auteur veut y avoir remarqué des caractères latins; mais un autre
auteur qui l'avait vu avant lui, et, par conséquent, dans des conditions
meilleures et dans une moins grande vieillesse et détérioration, croit avoir
distingué des lettres grecques. Ce débat, au reste, n'a plus d'importance,
comme il ne se résoudra jamais non plus.
Quant au but que Marc s'est proposé en écrivant son
évangile, on croit qu'il a eu sous les yeux le travail de saint Matthieu, et
qu'il a voulu le mettre à la portée des lecteurs païens, en retranchant tout ce
qui se rapportait trop exclusivement aux mœurs, aux espérances et aux préjugés
des Juifs: il a un but plus catholique que le premier des évangélistes, mais sa
couleur, sous ce rapport, est moins prononcée que celle de saint Luc, qui l'a
suivi. Il est, avant tout, historien évangélique; il raconte ce que le Sauveur
a fait, et l'on pourrait donner, pour épigraphe à son livre, ces paroles de
saint Pierre, qui fut son compagnon et son père spirituel: «Il allait de lieu
en lieu, faisant du bien», Actes 10:38. Tout est rapide dans son récit, tout
est bref, et le mot aussitôt (en grec) se rencontre neuf fois dans le chapitre
premier; il dit les faits, et omet ou abrège les paroles et les discours. Le
chapitre 1 renferme déjà la mission de Jésus et celle du précurseur, l'effusion
du Saint-Esprit sur le Sauveur après son baptême, l'histoire de la tentation,
la vocation de quatre apôtres, la guérison d'un démoniaque, celle de la
belle-mère de Pierre, l'évangélisation de la Galilée, et la guérison d'un
lépreux. Il ne fait guère de réflexions, et entre sommairement en matière.
Cependant, il ne s'est pas borné à compléter saint Matthieu, et à donner à
l'évangile un caractère universel; il le complète conformément à son plan, et
l'on y trouve beaucoup de faits que saint Matthieu n'avait pas rapportés,
l'histoire de l'aveugle dont la guérison est progressive, celle du jeune homme
enveloppé d'un linceul, qui suit la troupe qui vient d'arrêter Jésus, quelques
mots sur Simon Cyrénéen, la pierre roulée à l'entrée du sépulcre, etc., ainsi
qu'un grand nombre d'observations de détail qui donnent du relief à l'action,
et trahissent le témoin oculaire qui a dirigé l'auteur,
— Voir:
ρ, ex. 1:13,20,29,33,35,45; 3:5-6; 4:26; 5:5,13,26; 6:13; 10:46,50, etc.
Il ajoute quelques traits de la vie de saint Pierre,
et en omet d'autres qui seraient à l'honneur de cet apôtre, Matthieu 16:16;
17:24. Il ne le nomme pas, non plus que Matthieu, dans l'anecdote de Malchus.
On ne peut rien déterminer sur l'époque de la
rédaction: au dire d'Irénée, saint Marc n'aurait écrit qu'après la mort de Paul
et de Pierre; mais, comme la mort de Pierre n'est pas connue, cette vague
indication ne suffit pas, et l'on doit, avec Valois, Heidegger, Calmet,
consentir à ne rien décider.
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MARCHANDS,
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— Voir: Commerce.
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MARCHÉ,
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— Voir: Forum.
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MARDOCHÉE,
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Benjamite de naissance, fils de Jaïr, et arrière-petit-fils
de Kis, l'un de ceux qui avaient été emmenés captifs avec Jéchonias, demeurait
à Suze avec Ester, sa cousine, orpheline de père et de mère. Il laissa sa jeune
parente courir la carrière des honneurs, et la dirigea de ses conseils
ambitieux, sages et politiques: lui-même obtint à la cour une charge qui lui
permit de correspondre avec Ester et de veiller à ses intérêts. C'est pendant
qu'il faisait son service à la porte du roi, qu'il découvrit et déjoua une
conjuration tramée contre Assuérus: un si grand bienfait avait droit à une bien
grande récompense; mais il fut d'abord oublié, et ce fut plus tard seulement
que Dieu le remit en mémoire à celui qui en avait été l'objet. Mardochée
nourrissait en son cœur une haine jalouse et violente contre Haman, le favori
du roi, haine qui n'avait peut-être d'autre motif qu'un instinct secret, un
pressentiment confus, une mystérieuse antipathie, et la crainte devoir cet
homme puissant travailler un jour à la perte de la favorite. Orgueilleux d'être
Juif, orgueilleux d'être le plus proche parent de la reine, orgueilleux d'avoir
sauvé la vie du roi, orgueilleux de trois titres qui, tous les trois, étaient
inconnus ou oubliés, et dont seul il avait la conscience, il portait haut la
tête, et refusait de se plier devant le visir qu'il haïssait et qu'il
méprisait: il aigrissait imprudemment celui qui, d'un mot, pouvait le perdre,
lui et sa nation tout entière. Et bientôt ce mot fut prononcé: dès qu'Haman eut
connu l'origine méprisable de ce fils de captif, il demanda et obtint l'édit
fatal, irrévocable (Esther 3:12; cf. Daniel 6:8,15) qui ordonnait la
destruction de tous les Juifs par tout l'empire, au même jour. Mais Dieu en
avait décidé autrement. Le roi, inquiet et agité, ne pouvait dormir: il se fit
lire les annales de son règne, et le nom de Mardochée lui rappela qu'aucun
honneur n'avait récompensé le zèle d'un serviteur auquel il devait la vie.
Cependant Mardochée avait pris le deuil; il se promenait par la ville, couvert
du sac et de la cendre, remplissant l'air des cris que lui arrachait la
proscription de son peuple. Ester, instruite le ces manifestations de
désespoir, en fit demander la cause, et Mardochée l'instruisit, et du décret
obtenu par Haman contre les Juifs, et de la conduite qu'elle avait à tenir; ses
paroles étaient fortes et pressantes: «Qui sait si tu n'es point parvenue au
trône pour un temps comme celui-ci?» lui disait-il en terminant. Il reparut à
la cour, mais refusa, derechef, de se courber devant Haman. Sa mort fut
résolue: un gibet fut dressé, et le favori, invité ce jour-là chez la reine, et
devant y retourner le lendemain, se proposait de faire pendre le Juif entre les
deux repas; mais le roi le fit mander de bonne heure: Haman, qui se croyait
arrivé au faîte de la grandeur, concourut, sans le savoir, à l'élévation de
Mardochée, et dut lui-même le revêtir, et le promener en triomphe par les rues
de la ville. Le règne d'Haman finissait, celui de Mardochée commençait. Après
tous ces honneurs, Mardochée retourna humblement à son poste; c'est aussi là
que l'appelait son devoir, et sa présence à la porte du roi ne fut pas sans
influence sur la scène qui se passa le soir au jardin, après la collation, et
qui se termina par la disgrâce et la mort d'Haman. Dès lors la parenté d'Ester
et de Mardochée, bien loin d'être compromettante pour la première, fut un titre
de plus à l'estime et à l'affection royale. Assuérus, ayant éprouvé la fidélité
de l'un et de l'autre, dut désirer de s'attacher Mardochée, sûr de trouver en
lui un soutien du trône; il lui remit l'anneau royal, et le nomma grand visir à
la place de son prédécesseur. Ester, en même temps, lui confia l'intendance des
immenses propriétés d'Haman, qui avaient été confisquées. Mardochée se servit
du pouvoir en faveur de ses coreligionnaires, et ne pouvant annuler un décret
royal par un autre, ne pouvant révoquer l'ordre de destruction qui avait été
envoyé contre les Juifs, il le neutralisa en prévenant ceux-ci, et leur
permettant de s'armer pour leur défense. Dans cette lutte, les Juifs furent les
plus forts, et probablement aussi les plus acharnés; ils tuèrent 75,000 hommes
dans un seul jour, et le lendemain, par une faveur spéciale et exceptionnelle,
le roi fit pendre les dix fils d'Haman pour plaire à Ester, à qui, sans doute,
Mardochée l'avait demandé afin d'étouffer toutes les ambitions d'une famille
rivale. Le premier ministre ne prévoyait pas sans doute autant de meurtres et
d'assassinats; il n'avait voulu que sauver les Juifs, et si les passions
profitèrent de la lettre d'un décret pour se baigner dans le sang, il serait
injuste de l'en rendre entièrement responsable. D'un caractère fort et altier
dans l'abaissement, mais toujours jaloux de la dignité de sa nation, et
poursuivi de l'idée qu'il doit veiller à la sûreté de ses frères, confiant aussi
peut-être dans des prophéties qu'il entend mal, ou dont il veut forcer et hâter
l'accomplissement, ambitieux pour les siens plutôt que pour lui-même, il
proteste, au péril de ses jours, contre une iniquité, et ne craint pas même de
hasarder le bonheur et la vie de sa parente: il veut qu'au jour de la détresse
on se mette à la brèche, et Dieu récompense sa courageuse fidélité. Comblé
d'honneurs, serviteur d'un roi païen, il se montre toujours le représentant des
Juifs, et leur assure dans l'empire une position tranquille et honorable. La
faveur populaire ne lui défaut pas plus que la confiance royale, et des cris de
joie saluent son avènement au pouvoir.
Quant à la chronologie de cette histoire, le livre
d'Ester nous offre trois dates: Vasti fut répudiée la troisième année
d'Assuérus (q.v.) 1:3; quatre ans après, dans la septième année de son règne,
Assuérus épouse Ester, 2:16, et le décret de destruction est lancé dans sa
douzième année, 3:7. L'année où Mardochée découvrit le complot des deux
eunuques n'est pas déterminée, et les paroles, 2:19, ne jettent aucun jour sur
la question. Il n'y eut, entre le décret de destruction et celui de la
révocation, qu'un intervalle de deux mois et dix jours, et nous pouvons
apprendre de là que, même dans les circonstances les plus critiques et les plus
désespérées, le peuple de Dieu peut toujours se confier, avec assurance, en
celui qui seul dispose des événements, et qui a promis que les portes de
l'enfer ne prévaudront jamais contre son Église.
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MARÉSA,
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Josué 15:44, ville des plaines de Juda, que Roboam
fit, plus tard, fortifier, 2 Chroniques 11:8, cf. 14:9-10; Michée 1:15. Il en
restait encore quelques ruines au temps d'Eusèbe. Flavius Josèphe en fait une
possession des Iduméens, mais qui leur fut enlevée, plus tard, par Alexandre
(Antiquités Judaïques 12, 8, 6; cf. 13, 15, 4).
— Voir: Moréseth.
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MARIAGE.
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Chez les Hébreux, comme en général chez les Orientaux,
et de nos jours encore, c'étaient les pères, et, à leur défaut, les mères, qui
arrangeaient seuls les mariages de leurs enfants, de sorte qu'il arrivait
souvent que ceux-ci étaient fiancés avant de s'être jamais vus. Ordinairement
la famille du fils faisait les premières démarches, et offrait une dot pour le
prix de la jeune fille, vieille et universelle coutume toujours justifiée par
les circonstances, que l'on retrouve chez les Grecs de l'antiquité, chez les
Germains, les Babyloniens, les Assyriens, et maintenant encore en Arabie et
dans le Kurdistan, ainsi que chez presque tous les peuples de l'Asie. Cette dot
variait naturellement suivant la fortune et la condition des familles: un
minimum de 50 sicles est indiqué, Deutéronome 22:29, et n'a pas même toujours
été donné, Osée 3:2. D'autres fois l'époux devait, par son travail, mériter sa
fiancée; d'autres fois encore, celle-ci apportait elle-même quelque portion de
bien que son père lui donnait. Qu'une femme eût à s'occuper de la recherche
d'un mari, c'était considéré, par les Orientaux, comme une véritable calamité,
et c'est dans ce sens qu'on peut comprendre Ésaïe 4:1. Le consentement des
frères, notamment du frère aîné, paraît avoir été aussi requis pour le mariage
de leurs sœurs. Le contrat était passé verbalement entre les parents en
présence de témoins; quelquefois le serment intervenait, Malachie 2:14; ce ne
fut que plus tard, après les jours de l'exil, que les contrats par écrit furent
connus. On trouvera ces détails sur le mariage chez les Hébreux, Genèse 21, 24,
29, 34, et 38; Exode 22; Deutéronome 22; Josué 15; Juges 1, et 14; 1 Samuel 18;
2 Samuel 3; 1 Rois 2, et 3; Tobie 7; cf. Iliad. 11, 224. Odyss. 3, 281; 8, 318.
Tac. Germ. 8; Hérodote 1, 196; 6, 127. Diod. de Sicile, 4, 42; 64.
Il était, jusqu'à certain point, permis à un homme
d'avoir plusieurs femmes,
— Voir: Concubines, et Polygamie.
Les mariages étaient défendus, d'abord entre les
Israélites eux-mêmes, dans certains cas de proche parenté, par consanguinité ou
par alliance, Lévitique 18 et 20, Deutéronome 27, Flavius Josèphe, Antiquités
Judaïques 3, 12, 1, et cette prohibition avait pour sanction, quelquefois la
peine de mort, d'autres fois une simple peine théocratique, la privation d'enfants,
soit qu'on doive l'entendre d'un simple vœu de malédiction prononcé par le
législateur, soit que Dieu rendît tout inceste stérile, soit enfin que la loi
refusât de reconnaître ces enfants comme légitimes. Une pareille défense
reposait sur le besoin de garantir les familles qui eussent été trop facilement
envahies par l'impureté, de protéger les filles et les sœurs contre des
passions qu'un contact habituel, intime et familier, eût embrasées facilement
si le mal n'eût été coupé d'avance dans sa racine, et si les esprits n'eussent
été détournés par une loi positive, de nourrir avec complaisance un amour
plutôt sensuel et voluptueux que conjugal; c'était, en outre, une barrière de
plus, élevée entre le peuple juif et les nations qui l'entouraient, depuis l'Égypte
jusqu'à la Syrie, où les mariages entre les plus proches parents n'étaient pas
rares: la Grèce et l'Italie avaient déjà, sous ce rapport, des mœurs moins
relâchées. On ne peut guère s'expliquer comment la princesse Tamar peut parler
de la possibilité d'une union entre elle et son beau-frère Amnon, 2 Samuel
13:13: ce n'était peut-être, dans sa bouche, qu'un moyen de chercher à se
soustraire à ses violences.
— On voit, du reste, par Ézéchiel 22:11, que les
Israélites ne respectèrent pas toujours cette loi morale, et cela n'a rien
d'étonnant lorsqu'on songe à tous les autres crimes auxquels les poussa leur
sensualité orientale. Les Hérodes, en particulier, ne se firent pas faute
d'alliances défendues, et l'on en voit un épouser la fille de son frère, Flavius
Josèphe, Antiquités Judaïques 12, 4; 6; 17, 1; 3; etc, cf. Matthieu 14:4.
Tacit. Hist. 5, 5. 2. On se montra lâchement tolérant avec les prosélytes, et,
sous prétexte que pour eux les liens du sang avaient été rompus par leur
conversion, on leur permit des alliances monstrueuses, cf. 1 Corinthiens 5:1.
— Sur les conditions relatives au mariage des prêtres,
— Voir: cet article.
— Les tribus pouvaient s'allier l'une à l'autre; il
n'y a qu'une seule restriction à cet égard, relative aux héritières, qui
devaient se marier dans leur tribu pour maintenir intacte la division des
propriétés et des territoires, Nombres 36:6; cf. Tobie 4:3 (Une disposition
semblable existait chez les Athéniens). On remarque enfin que, dans l'antiquité
juive, comme de nos jours encore en Orient, les familles aimaient à maintenir
leur unité par des mariages contractés entre parents aux degrés autorisés,
Genèse 24:4,48; 26:34; 28:1,8; 29:19; pour les patriarches, un motif religieux
se joignait aux motifs x d'affection; ils tenaient et devaient tenir à ce que
la vérité divine, qui leur avait été confiée, ne fût pas altérée par le contact
de femmes païennes et idolâtres; la même chose se voit encore en France ou des
familles protestantes, dispersées dans un grand nombre de villages, sont
presque toutes parentes entre elles, et ne forment guère d'alliances au-dehors.
Les mariages entre les Israélites et les Cananéens
étaient de même formellement prohibés, quoique les premiers pussent épouser des
femmes étrangères; les Cananéennes seules étaient exclues, et les autres
devaient en outre être naturalisées, Exode 34, Deutéronome 7 et 21, Genèse
24:3; 28:1; Ruth 1:4; 4:13; Nombres 12; 1 Chroniques 2:17; 1 Rois 3:1; 14:21,
etc. (cf. Juges 3:6; 14:1; 1 Rois 11:1; 16:31). Mais après l'exil, un rigorisme
nouveau et légitime s'introduisit dans les mœurs; on comprit que ces alliances
étrangères, quoique permises, tendaient à compromettre la foi et le
monothéisme; les prophètes, les législateurs, le peuple se prononcèrent
énergiquement dans ce sens, Esdras 9:2; 10:3; Néhémie 13:23 (cf. Juges 3:6).
Sur un cas de mariage voulu par la loi,
— Voir: Lévirat.
De secondes noces n'étaient pas réputées très
honorables chez les Grecs et chez les Romains, surtout de la part des femmes,
Virgile, Æneid. 4:23. Diod. de Sicile, 13, 12. Les Juifs pensaient de même,
cependant ils étaient moins prononcés, et les pharisiens eux-mêmes avaient
quelque tolérance sous ce rapport; le prêtre Flavius Josèphe, après avoir
renvoyé sa première femme, procéda sans scrupule à un second mariage; mais on
regardait cependant comme plus conforme à la sainteté de la vie et au respect
dû à la femme de ne pas se remarier, cf. Luc 2:36; 1 Corinthiens 7:8. Cette
question a été l'objet de vifs débats dans l'Église primitive; elle a fini par
être résolue dans le sens naturel, l'Écriture ne renfermant aucune prescription
positive à cet égard: les premières noces étaient appelées lex (la règle), les
secondes jus (le droit), les troisièmes avaient obtenu moins de faveur.
Les esséniens se distinguèrent par leur mépris pour le
mariage, et c'était se distinguer, en effet, au milieu d'un peuple qui
regardait la vie de famille, non seulement comme honorable, mais comme ordonnée
de Dieu, Genèse 1:28; cf. 1 Timothée 4:3. L'âge de dix-huit ans était fixé par
les rabbins pour le mariage d'un homme; une femme pouvait se marier depuis
douze à treize ans, et devait le faire au plus tôt.
Quelques récits ou paraboles du Nouveau Testament
renferment des allusions aux coutumes pratiquées par les Juifs dans les noces
et dans les fiançailles, ainsi Luc 14, Jean 2, Matthieu 25 et 22, cf. Psaumes
45, Juges 14, Ézéchiel 16:12, etc.
W. Jowett's missionary researches; miss
Sardoe, City of the sultan; Hartley's Christian Researches; Maltby, Coutumes
bibliques, Lamartine, Chateaubriand, etc.
— Voir: encore les articles Adultère, Divorce, Laban,
Ève, Femme, etc.
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MARIE
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(hébreu Mireyam, leur rébellion).
1. La
sœur aînée de Moïse et d'Aaron, fille ou descendante comme eux de Hamram et de
Jokébed, de la tribu de Lévi, Nombres 26:59. 1 Chroniques 6:3. Elle veilla sur
le sort de son plus jeune frère déposé dans un coffret de jonc parmi les
roseaux du Nil, Exode 2, et sut avec autant de grâce que de présence d'esprit,
rendre à sa mère le fils qu'elle croyait perdu. Plus tard elle mérita le titre
de prophétesse, et rassemblant sur l'autre rive de la mer Rouge les femmes
d'Israël au son du tambourin, elle chanta un cantique de délivrance et les actions
merveilleuses de l'Éternel en faveur de son peuple, Exode 15. Une tache
apparaît dans sa vie et s'ajoute à tous les exemples qui prouvent que les
personnes les plus saintes sont encore sujettes à faillir; elle eut avec sa
belle-sœur, la femme de Moïse, une contestation dont l'écrivain sacré ne nous
dit pas la nature; peut-être que jalouse de l'autorité de Moïse, et n'osant
l'attaquer directement, elle reproche à la femme cusite sa qualité d'étrangère,
afin de faire rejaillir sur son frère la honte d'une alliance anti-théocratique
et indigne de lui. Aaron se joignit à sa sœur, ils parlèrent mal de Moïse,
s'élevèrent contre son autorité, et se prévalurent des grâces que Dieu leur
avait faites pour méconnaître le pouvoir législatif et civil que Dieu n'avait
donné qu'au seul Moïse. Leurs paroles répétées dans le camp risquaient d'être
accueillies avec trop d'empressement par les Israélites toujours disposés à se
révolter contre leur chef, et Dieu ne fit pas attendre son jugement; Marie et
ses frères durent comparaître au tabernacle d'assignation, et la vengeance
divine frappa d'une lèpre subite la sœur qui, dans son âge avancé, n'avait pas
craint de troubler par ses médisances la paix d'une famille, et par son
ambition l'ordre du camp d'Israël, Nombres 12, cf. Deutéronome 24:9. Mais à la
requête de Moïse, la santé lui fut rendue, elle fut nettoyée de la lèpre, et
les formalités nécessaires à la purification des lépreux, un exil de sept jours
hors du camp, furent la seule peine de sa révolte. Elle mourut au désert de
Tsin, quelque temps avant la fin du grand voyage, après avoir vécu cent vingt
ans avec le frère dont elle avait été la jeune libératrice; on peut croire
qu'elle avait au moins cent trente ans. Flavius Josèphe la fait épouse de Hur
l'ami de Moïse.
— Quelques auteurs rapportent à la mort très
rapprochée de Marie et de ses deux frères ce qui est dit Zacharie 11:8. «Je
supprimai trois pasteurs en un mois, car mon âme s'est ennuyée d'eux.» Les noms
de ces trois grandes autorités sont rappelés et réunis, Michée 6:4; mais il ne
paraît pas que Marie ait joui elle-même d'une autorité autre que l'autorité
naturelle que lui donnaient ses relations d'intime parenté avec le chef et le
souverain pontife d'Israël.
— Eusèbe dit qu'on montrait encore de son temps le
tombeau de Marie à Kadès.
2. Marie,
fille de Méred, inconnue, 1 Chroniques 4:17.
3. Marie,
fille d'Héli et mère de Jésus: épouse fiancée à Joseph, mais encore vierge,
elle vit s'accomplir en elle les antiques promesses faites à la maison de
David, et servante de l'Éternel, cette humble femme donna la nature humaine à
celui qui, à la fois homme et Dieu, devait délivrer les hommes de leurs péchés
en vivant et en mourant pour eux. Dans une visite à sa cousine Élisabeth, qui
portait comme elle en son sein un gage de la faveur divine envers elle et
envers tous les hommes, elle composa le cantique si humble et si triomphant qui
porte son nom, et qui rappelle les paroles d'Anne, la mère de Samuel; puis
lorsque le moment de la délivrance de sa cousine fut proche, Marie revint à
Nazareth où elle habitait, et où elle se proposait d'attendre dans la retraite
les jours de sa gloire; mais l'oracle de Michée, 5:2, devait s'accomplir, et
César Auguste, en ordonnant le recensement de la Judée, contraignit Joseph de
se rendre à Bethléem, où Marie le suivit, soit qu'elle ne voulût pas se séparer
de son époux dans les circonstances où elle se trouvait, soit qu'elle dut
aussi, comme fille unique, héritière et propriétaire d'un immeuble dans sa
tribu, se présenter elle-même au lieu où elle possédait. Mais son terme était
accompli, elle enfanta dans une étable son fils premier-né, qui n'eut qu'une
crèche pour berceau, et dont la royauté terrestre ne devait pas avoir un lieu
où reposer sa tête. Cette humble fin de tant de glorieuses espérances devait
être une déception pour Marie, qui ne comprenait pas encore la nature de la
gloire et de la grandeur de Jésus; mais les manifestations célestes qui
présidèrent à défaut de pompes terrestres à la naissance de l'enfant, furent
pour la mère un enseignement qu'elle garda dans son cœur et qui lui devint
clair plus tard, bien qu'elle soit restée de longues années encore avant de
comprendre les mystères qui l'entouraient (Luc 1, et 2,). Après avoir vu les
mages d'Orient s'humilier aux pieds de son fils, et lorsqu'elle eut accompli
les quarante jours de purification exigés des jeunes mères par la loi de Moïse,
Lévitique 12:2, les jours de tribulation commencèrent pour elle; divinement
avertie, elle partit pour Jérusalem, où elle offrit dans le temple le sacrifice
des relevailles, et le vieux Siméon, heureux de tenir dans ses bras le gage de
la rédemption d'Israël, bénit son jour, mais ne cacha point à Marie les peines
qu'elle aurait à souffrir et l'épée qui devait percer son âme. Elle passa de Jérusalem
en Égypte, où elle attendit la mort du tyran qui eut lieu dans le courant de la
même année. Lorsque Jésus eut atteint l'âge de douze ans, sa mère, qui se
rendait selon l'usage à Jérusalem pour y célébrer la Pâque, le perdit de vue et
ne le retrouva qu'après trois jours de recherches; usant de son autorité
maternelle, elle crut pouvoir adresser à l'enfant de tendres reproches,
expression des inquiétudes auxquelles elle avait été en proie, mais elle ne
comprit pas la réponse du Messie, sa justification et la revendication de ses
droits dans l'exécution de ses devoirs. Il ne paraît pas même que dans les
dix-huit années qui suivirent, elle ait fait des progrès dans la connaissance
et dans l'intelligence de la vérité éternelle, car aux noces de Cana, où nous
la retrouvons pour la première fois après ce long intervalle, elle s'attire de
la part du Sauveur des paroles où l'on est obligé de reconnaître quelque
dureté, Jean 2:1-4. (cf. Juges 11:12; 2 Samuel 19:22; 2 Rois 9:18, etc.); c'est
ainsi que l'ont entendu les pères de l'Église les plus distingués, Chrysostôme,
Augustin, Théophylacte, Origène et Calmet lui-même. Marie n'eut jamais aucune
part au ministère de son fils, et lorsque Jésus fut appelé, soit par une folle
béatification que l'on voulait faire de sa mère, soit à propos d'une
interruption qu'elle occasionna en se présentant avec ses autres fils pendant
que la foule, attentive à ses discours, l'environnait et l'écoutait avidement,
à parler de celle à qui il devait son corps et sa nature humaine, ce fut pour
répondre la première fois: «mais plutôt heureux ceux qui entendent la parole de
Dieu et qui la pratiquent, Luc 11:28,» et la seconde fois: «Qui est ma mère et
qui sont mes frères? quiconque fera la volonté de mon père qui est aux cieux.»
Matthieu 12:48; Marc 3:35; Luc 8:21.
— Cependant l'époque où le Fils de l'homme devait être
glorifié, approchait; Marie toujours bornée dans ses espérances, dans ses
désirs et dans ses vues sur la grandeur de son fils à qui un trône était
promis, n'était pas préparée aux scènes douloureuses dont elle devait être
témoin; elle monta encore de Nazareth à Jérusalem pour y faire la Pâque, et
l'oracle de Siméon s'accomplit, qui lui avait annoncé qu'une épée percerait son
âme; elle accompagna vers le lieu du supplice le fils qu'elle avait tant aimé
sans le comprendre; elle se tenait là avec ses pieuses compagnes; elle
regardait de loin, Matthieu 27:55; Marc 15:40; Luc 23:49, et s'étant approchée
pour recueillir en silence le dernier soupir du Juste condamné, elle eut le bonheur
d'entendre encore sa voix qui la recommandait au disciple bien-aimé, léguant à
celui-ci une mère, à celle-là un fils, Jean 19:26. Elle se retira en effet chez
saint Jean, et la tradition porte qu'elle passa onze années sous son toit
hospitalier; son nom se retrouve, Actes 1:14, avec celui des disciples réunis
en prières après l'ascension du Christ ressuscité; dès lors il n'en est plus
question ni directement, ni indirectement dans aucun des livres du Nouveau
Testament, dans aucune des vingt et une épîtres, qui traitent cependant de tous
les dogmes et de toutes les vérités religieuses, non plus que dans la
description que saint Jean (Apocalypse) nous fait de la demeure des
bienheureux. Le silence de l'Écriture sous ce rapport, est la meilleure réponse
à la doctrine mariolâtre de l'Église romaine. On ne sait, ni où, ni quand
mourut Marie, mais elle devait avoir plus de soixante ans; on ne sait pas non
plus comment les papistes ont pu se procurer tout le lait qu'ils montrent de la
sainte Vierge, et comme dit Calvin, elle eût été vache, et nourrice toute sa
vie, que l'on comprendrait encore difficilement la prodigieuse quantité que
l'on en vend en tant de lieux. Il est affligeant pour le christianisme que M.
de Chateaubriand ait osé parler de cette beauté qui s'interpose entre Dieu et
les hommes; nous voulons aussi appeler Marie bienheureuse, mais c'est
parce-qu'elle a été reçue en grâce, parce qu'elle a eu un Sauveur; le silence
des livres saints, aussi bien que la manière dont ils parlent de Marie, quand ils
le font, doit nous rappeler qu'un seul est adorable, qu'un seul est
intercesseur. Sur la question de controverse,
— Voir: A. Bost, Adoration de Marie; Malan, Comment
pourrais-je, etc.; Puaux, Anat. du Pap.; Roussel, Portrait de Marie, et
plusieurs autres ouvrages et brochures.
4. Marie
Magdeleine (— Voir: Magdala), Matthieu 27 et 28, Marc 15 et 16, Luc 8:23, et
24, Jean 19 et 20. Elle est toujours, sauf Jean 19:25, nommée la première parmi
les pieuses femmes qui accompagnaient le Christ et qui le soutenaient de leurs
dons, même avant la femme de Chuzas intendant d'Hérode, et l'on en a conclu
qu'elle appartenait probablement à la haute classe de la société, et qu'elle
jouissait d'une fortune assez considérable; rien du moins ne peut faire croire
le contraire. Elle fut délivrée par la puissance du Sauveur, de sept esprits
immondes dont elle était possédée, et cette délivrance fut pour elle une
naissance nouvelle; dès lors, pleine de reconnaissance, elle se dévoua sans
réserve à son maître, et le suivit jusqu'au calvaire et dans le jardin de
Joseph. Elle voulut contribuer ou pourvoir aux dépenses de l'embaumement, et se
rendit de bonne heure au tombeau le lendemain du sabbat; mais la pierre était
roulée, et le corps n'y était plus. Les femmes qui n'ont pas encore aperçu les
anges gardiens, s'inquiètent et s'étonnent; Marie court à Jérusalem avertir les
apôtres (Jean 20), et revient au sépulcre, où elle ne trouve plus personne que
les deux anges qu'elle ne reconnaît pas, et à qui elle confie le secret de son
angoisse; et quand Jésus lui-même s'approche, encore toute troublée, elle le
prend pour le jardinier, le supplie de lui rendre le corps de son maître, et ne
le reconnaît que lorsque sa voix bien connue et pénétrante, l'appelle de son
nom, Marie! Elle se jette alors à ses pieds, qu'elle embrasse en s'écriant:
Rabboni! mon maître! Mais il la relève et lui dit: ne me touche point, car je
ne suis pas encore monté vers mon père (verset 17); paroles difficiles à
comprendre, et dont on ne peut espérer de percer l'obscurité: peut-être
renferment-elles un reproche à Marie sur son incrédulité: «Tu n'as pas besoin
de me toucher, tu peux être sûre que je vis encore;» peut-être une exhortation,
«ne perds pas de temps, et va dire à mes frères que je vis», ou bien, «ne te
préoccupe pas de mon corps, il n'est pas encore glorifié, il est charnel, et
tes regards doivent s'élever plus haut;» peut-être enfin n'est-ce qu'une parole
d'amitié, «tu n'as pas besoin de m'adorer, je suis encore le Fils de l'homme,
l'un des vôtres;» ou bien, «calme ta joie, nous nous reverrons encore avant que
je monte vers mon père, ce qui ne tardera cependant pas», (cf. Calvin, Bèze,
Tholuck, Olshausen, etc.)
— Ici s'arrête son histoire; la tradition ajoute, mais
sans le moindre fondement, que c'est elle qui, pauvre pécheresse, après une vie
d'impuretés, trouva son pardon aux pieds de Jésus qu'elle oignait de nard pur
en les arrosant de ses larmes, Luc 7:37; l'art s'est emparé de ce nom, et rien
n'est plus commun en poésie et en peinture, que les pécheresse Madeleine, et
les Madeleine repentante; il suffit de se rappeler qu'avant sa conversion elle
était affligée d'infirmités qui ne pouvaient se concilier avec les désordres de
conduite qu'on lui prête; la pécheresse d'ailleurs était de Naïn et non de
Magdala. La tradition (Nicéphore), fait encore venir Marie Madeleine à Rome, et
raconte qu'après avoir porté plainte contre Pilate, elle se retira dans les
Gaules comme évangéliste, mais rien ne le prouve, et il est plus que
vraisemblable que ce n'est qu'un conte.
— Le caractère de Marie Madeleine est un des plus purs
portraits de femme du Nouveau Testament; il ne présente pas les mêmes taches
que celui de la mère du Sauveur, et son amour pour le maître est empreint de
plus d'intelligence, de plus d'élévation, et si on peut le dire, d'un
christianisme plus évangélique.
5. Marie,
femme d'Alphée ou Cléopas, Jean 19:25, et mère de Jacques le Mineur, de Joses,
de Simon et de Jude. Elle était sœur de la mère de Jésus, et compta parmi les
pieuses femmes qui assistèrent le Sauveur pendant sa vie, le suivirent au
Calvaire, se rendirent au sépulcre pour l'embaumer, et annoncèrent sa
résurrection aux apôtres, Matthieu 27 et 28, Marc 15 et 16, Luc 23 et 24. Trois
de ses fils devinrent apôtres, Joses seul ne le fut pas. D'après d'autres
passages, ces quatre enfants auraient été fils de Marie, femme de Joseph,
Matthieu 13:55; Marc 6:3, et l'apôtre Jean, 7:5, leur rend le triste témoignage
qu'ils ne croyaient pas en Jésus;
— Voir: Jacques.
Sur cette question à laquelle les romanistes ont donné
plus d'importance qu'elle n'en a réellement, nous croyons qu'un mot peut
suffire; Jésus était le fils unique du Père, il n'est pas le fils unique de
Marie, mais son premier-né, Matthieu 1:25; Luc 2:7. Ceci est positif, peu
importent les noms de ses frères; et si les deux sœurs, si les deux Marie ont
porté le même nom, il est possible qu'elles aient aussi donné à leurs enfants
des noms semblables.
6. Marie,
sœur de Lazare et de Marthe, Luc 10:39; Jean 11 et 12. Dans une visite,
peut-être la première, que Jésus fit à la famille de Béthanie, Marie était
assise aux pieds du Sauveur, écoutant sa parole, et se réjouissant de la
vérité; Marthe, plus vive, plus extérieure, et s'occupant de recevoir de son
mieux un hôte, si cher et si vénéré, voyait avec impatience le calme de sa
sœur, mais Jésus rendit à celle-ci ce beau témoignage: «Marie a choisi la bonne
part qui ne lui sera point ôtée», parole qui se rapportait tout ensemble à la
bénédiction du moment, et aux bénédictions à venir, à l'avantage de recueillir
les instructions du maître, et au salut qui devait en découler pour la femme
disciple.
Lorsque Lazare fut mort, Marthe courut au devant du
Seigneur; Marie l'attendait, mais quand elle sut que Jésus la demandait, elle
s'empressa de se rendre à son invitation, et se jetant à ses pieds, sans
beaucoup de raisonnements ou de paroles, elle dit seulement: Seigneur, si tu
eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. Au tombeau de son frère,
oppressée peut-être par la douleur, en même temps qu'agitée par l'espérance, et
soutenue par la foi, elle garda le silence, mais un silence plus significatif
que toutes les paroles de sa sœur. Peu de jours après la résurrection de son
ami Lazare, Jésus étant encore à Béthanie où tant de souvenirs et tant
d'affections l'attiraient, il fut invité à un repas chez Simon dit le lépreux:
là, Marie qui célébrait avec les autres convives la résurrection de son frère,
sut plus qu'eux tous, plus même que les apôtres, rendre la gloire à celui à qui
appartient la gloire, et répandit sur la tête et sur les pieds du Sauveur un
parfum précieux qui avait été destiné peut-être à la sépulture de Lazare, et
essuya de ses cheveux les pieds qu'elle venait d'honorer ainsi. Un témoignage
si naturel de reconnaissance fut cependant mal compris et mal interprété;
plusieurs disciples s'indignèrent, et Judas forma le projet de livrer son
maître; mais Jésus justifia la pieuse chrétienne, et profita de cette
circonstance pour rappeler aux siens que dans peu de jours il marcherait
lui-même à la mort, et que son corps réclamerait à son tour les honneurs de la
sépulture que Marie venait de lui rendre d'une manière anticipée et sans le
savoir.
— Cette onction des pieds de Jésus ne doit pas être
confondue avec celle qui est racontée Luc 7:37; sq. Dans l'une et l'autre
occasion, du reste, c'est un personnage autre que le chef de la maison qui
donne à Jésus cette preuve d'hommage et d'amour; on ne saurait donc y voir
l'acte ordinaire de la politesse et de l'hospitalité dont il fallait user avec
tous les convives, mais un témoignage extraordinaire de reconnaissance et de
dévouement,
— Voir: Bonnet, Famille de Béthanie, et le Sermon de
Saurai sur ce texte.
7. Marie,
mère de Marc, et ainsi tante de Barnabas, Actes 12:12; cf. Colossiens 4:10.
C'est dans sa maison que Pierre se rendit après être échappé de la prison,
parce qu'il était sûr d'y rencontrer plusieurs frères qui s'y réunissaient
ordinairement pour prier. Elle n'est connue que par ce détail, mais on en
conclut qu'elle jouissait d'une certaine considération auprès des apôtres, et
que peut-être elle était riche, et membre d'une famille distinguée.
8. Marie,
femme disciple de Rome, à laquelle Paul rend un beau témoignage, Romains 16:6,
mais du reste inconnue.
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MARTHE,
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sœur de Lazare et de Marie, Luc 10:38,40; Jean
11:1,5,20; 12:2. Active, résolue, et plus intelligente d'abord des intérêts de
la terre que de ceux du ciel, elle met de l'empressement à bien servir Jésus
qui vis ite sa famille; elle veut l'honorer, mais elle s'y prend mal, et le
Seigneur doit justifier Marie en adressant à sa sœur ces paroles d'un reproche
bienveillant: Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et t'agites pour beaucoup de
choses; mais une seule est nécessaire; or, Marie a choisi la bonne part qui ne
lui sera point ôtée. À la mort de Lazare, Marthe montre le même empressement
extérieur; elle accourt au devant du Christ, et le reçoit avec des paroles
douloureuses en même temps que pleines de confiance. Prompte à répondre, elle
veut toujours paraître avoir compris, et quand le Seigneur lui annonce la
résurrection de Lazare, elle répond: Oui, je sais qu'il ressuscitera au dernier
jour: mais quand le Seigneur eut déclaré qu'il était lui-même la résurrection,
elle confessa franchement sa foi, et rendit témoignage à l'esprit qui
l'animait. Sa profession rappelle celle de Saint Pierre, comme son caractère
celui de cet excellent apôtre. Enfin, près du tombeau, dans son zèle peu sage,
elle fait remarquer que le corps sent déjà, et si ses scrupules eussent été
écoutés, Lazare fut resté dans le sépulcre; à force d'une fausse prévenance
pour le Seigneur, elle eût rendu à la mort celui qui devait ressusciter à la
gloire de celui qui est la vie. D'anciennes traditions portent qu'elle était
veuve de Simon le lépreux, et qu'elle passa plus tard dans les Gaules avec son
frère Lazare. Son caractère qui est assez généralement jugé d'une manière
défavorable, doit au contraire être relevé; trop vif sans doute il a les
défauts de la vivacité, mais il en a aussi les avantages; très accessible à
toutes sortes d'impressions, Marthe ne garde que les bonnes; elle aime à
servir, à se dévouer, et si elle est sans connaissance, au moins elle a du
zèle, et c'est quelque chose. Notre Seigneur l'a quelquefois blâmée, mais il ne
lui a pas retiré son affection, et ses leçons n'ont pas été perdues pour son
humble servante. Sans aller aussi loin que Schulthess qui met Marthe beaucoup
au-dessus de Marie, on peut, je crois, ne pas la mettre beaucoup au-dessous; il
y a diversité de dons; chez Marie, on remarque plus la foi, chez Marthe, les
œuvres.
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MASRÉKA.
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chef de famille, et tribu ou ville des Édomites,
Genèse 36:36; 1 Chroniques 1:47.
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MASSA
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(tentation),
— Voir: Méribah.
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MATTAN,
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sacrificateur de Bahal sous le règne impie d'Hathalie,
fut tué devant les autels de ses dieux, lorsque le peuple revenu à lui-même
rendit à Joas le trône de ses pères, 2 Rois 11:18; 2 Chroniques 23:17. À la
fois prêtre de divinités étrangères et soutien d'une couronne usurpée, il périt
selon les menaces de la loi, Deutéronome 18:20; Exode 22:20.
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MATTANA,
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un des campements des Israélites dans le désert; u
était près des frontières de l'Arabie et de Moab. Nombres 21:18.
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MATTHAN,
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un des ancêtres de Jésus par Joseph, Matthieu 1:15,
inconnu.
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MATTHANIA,
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— Voir: Sédécias.
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MATTHAT,
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deux hommes de ce nom, Matthata, et deux Matthatie,
ancêtres de Jésus par Marie, mais inconnus, Luc 3:24-26,29,31.
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MATTHIAS,
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Actes 1:23; l'un des deux disciples que les apôtres
choisirent, et sur lesquels ils jetèrent le sort pour trouver le successeur de
Judas Iscariote. Quelques-uns pensent que c'est le même que Nathanaël, Jean
1:45. Il résulte des paroles de saint Pierre, Actes 1:21-22, que Joseph et
Matthias avaient été au nombre des soixante-dix disciples, et l'honneur que
leur font les apôtres prouve que ces deux hommes s'étaient distingués dans leur
mission par leur foi, leur zèle et leur piété. Matthias fut élu et admis au
nombre des douze, mais il reste dès lors ignoré, et c'est une question de
savoir si les apôtres, en procédant comme ils ont fait, ont agi par l'esprit de
Christ; saint Paul, qui ne se montre que plus tard, apparaît comme étant
véritablement le douzième apôtre, appelé par le Seigneur lui-même à compléter
le collège apostolique, et devenant le plus puissant instrument dans la main de
Dieu. L'auteur sacré ne paraît pas jeter le moindre blâme sur cette élection
par le sort, et nous voyons qu'elle fut précédée de la prière, mais il faut se
rappeler aussi que les apôtres n'avaient pas encore reçu l'effusion du
Saint-Esprit, et que leurs actes officiels n'avaient par conséquent pas
toujours à cette époque une sanction divine et spirituelle. Si donc c'est une
question, ce n'est que cela, et personne ne peut la trancher, ni en blâme, ni
en approbation.
— Eusèbe et Clément d'Alexandrie mentionnent un ou
deux ouvrages apocryphes de Matthias, un évangile, et peut-être des mémoires;
les traditions varient sur son genre de mort: quelques-uns disent qu'il
évangélisa la Judée et que les Juifs le lapidèrent; d'autres lui font souffrir
le martyre en Éthiopie, d'autres enfin prétendent qu'il fut décapité en Macédoine.
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MATTHIEU, ou Lévi,
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aussi nommé Lévi, était fils d'Alphée, probablement
d'un premier mariage de ce disciple. Quoique Hébreu, il exerçait à Capernaüm
les fonctions de publicain, si méprisées et si détestées des Juifs, qu'ils
alliaient presque toujours ensemble les noms de péagers et de gens de mauvaise
vie: on peut croire par la grandeur du repas qu'il offrit à Jésus, et par le
nombre des convives invités, qu'il était riche, comme l'étaient presque tous
ceux qui exerçaient la même profession. Il était assis devant le bureau du
péage quand le Sauveur le vit et l'appela; comme André, comme Pierre, comme les
fils de Zébédée, il suivit le Seigneur sans hésiter, et abandonna ses biens et
l'emploi dont il était revêtu. Le jour même, ou quelque temps après, il réunit
dans un grand repas plusieurs de ses amis, afin de leur fournir l'occasion
d'entendre le Seigneur, et son nom ne se retrouve plus qu'avec ceux des frères
qui se réunirent pour prier après que Jésus fut remonté vers son père, Matthieu
9:9; 10:3; Marc 2:14; 3:18; Luc 5:27; 6:15; Actes 1:13.
Saint Matthieu est généralement regardé comme l'auteur
de l'évangile qui porte son nom, mais on n'est pas d'accord sur la langue dans
laquelle ce livre a été d'abord écrit, si ce fut en hébreu, en syro-caldéen ou
en grec. La question est très ardue et difficile à résoudre, tomme évidemment
cet évangile a été écrit pour les Juifs, il serait assez naturel de penser
qu'il fut écrit en hébreu ou en syro-caldéen, dans la langue parlée par ceux
auxquels il s'adressait; mais comme d'un autre côté l'on n'a jamais trouvé un
seul manuscrit hébreu, et que d'ailleurs le texte grec a tous les caractères
d'un travail original et non d'une traduction, la force de la première
présomption en est considérablement affaiblie; Matthieu, receveur des péages,
devait savoir le grec, et les derniers travaux faits en Allemagne et ailleurs,
semblent militer fortement en faveur d'un texte primitif grec, ou du moins d'un
texte écrit en grec par saint Matthieu. On peut, avec Olshausen, reconnaître
que le témoignage de presque tous les pères qui touchent ce sujet, est pour un
texte syro-caldéen, et admettre en même temps que saint Matthieu a lui-même
traduit son ouvrage en grec, afin de le mettre à la portée d'un plus grand
public; la langue grecque étant plus répandue, les manuscrits dans cette langue
auront été plus nombreux, plus usités, et auront fini par absorber entièrement
les copies hébraïques qui ne pouvaient avoir d'utilité que pour les chrétiens
d'entre les Juifs, presque toujours en minorité dans la plupart des Églises
(Olsh., Histoire des Évangiles p. 19). Quelques auteurs modernes, notamment
Schleiermacher et De Wette, ont voulu refuser à l'évangile, tel que nous le
possédons, un caractère apostolique; ils s'appuient en particulier sur des
indices extérieurs, et ceux-là sont précisément de ceux qui nous paraissent
parler le plus haut en faveur de l'inspiration divine de cet ouvrage, que
l'antiquité chrétienne a placé en tête des livres du Nouveau Testament. Quant
au lieu et à l'époque de la rédaction, l'on ne peut que conjecturer avec un
plus ou moins grand degré de certitude, sans rien déterminer; les notices de la
tradition sur la vie et sur l'activité de cet apôtre sont si vagues et si
contradictoires, que tout ce qui s'y rattache doit aussi rester dans le vague:
les uns le font mourir en Palestine, d'autres en Éthiopie, d'autres en Syrie ou
en Perse; il mourut de mort naturelle selon Nicéphore, et martyre selon
Isidore, Ambroise, etc. Le plus probable si l'on considère les caractères
intérieurs de son évangile, c'est qu'il écrivit en Palestine, à Jérusalem
peut-être, et avant la destruction de cette grande ville, dont il annonce la
ruine comme prochaine (24:1; sq.); ce serait entre 60 et 70.
Il s'attache essentiellement à présenter Jésus comme
le Christ, le Messie promis, le roi qui doit monter sur le trône de David, le
grand prophète, Deutéronome 18:18, le législateur et le juge; il se tient,
autant que possible, aux prophéties de l'Ancien Testament, et son langage, sa
manière de parler, est celle d'un Juif parlant à des Juifs de leurs communes
espérances dont il a vu l'accomplissement; sa conclusion est en parfaite
harmonie avec son commencement; il montre s'élevant vers les cieux comme Roi
celui qui en était descendu pour pardonner. Simple et sans apprêt, il ne se
laisse pas lier par l'ordre chronologique, et il groupe volontiers des
événements, des discours ou des paraboles qui ont un même but, qui doivent
produire un même effet, alors même qu'ils ont été séparés dans l'action. Seul
il donne avec quelques détails l'histoire de l'adoration des mages, avec
quelque suite le sermon sur la montagne, avec un plan déterminé les paraboles
du royaume; beaucoup plus que les autres il cite l'Ancien Testament. Comme on
l'a dit ailleurs, Matthieu a un caractère moins universel, moins catholique que
saint Luc, et il arrête la généalogie du Sauveur à Abraham au lieu de la faire
remonter à Adam; il est moins homme qu'il n'est Juif. La grandeur n'est pas
pour cela étrangère à son récit; au contraire; il cherche partout l'esprit, et
s'embarrasse peu des détails et de la forme; les faits ne sont pour lui que
l'accessoire de la pensée, et souvent il est bref là où les autres évangélistes
ne craignent pas d'être abondants. Partout il est plein de la grandeur de son
maître, et il la comprend d'autant mieux qu'il la cherche dans le ciel et non
point sur la terre; il contraste avec le messianisme charnel de ses
compatriotes qui attendaient un roi comme en ont les autres peuples, mais il ne
s'élève pas au spiritualisme de saint Jean, que les anciens avaient appelé
l'évangile spirituel par opposition à celui de saint Matthieu qui était pour
eux l'évangile corporel; non point qu'ils le missent au-dessous, ou qu'ils lui
refusassent l'inspiration divine, mais comme en Christ il y avait deux natures,
et qu'on pouvait l'envisager sous diverses faces, ils désignaient ainsi le
point de vue différent auquel s'étaient attachés ces deux évangélistes;
Matthieu a dit la vie du Sauveur, il est essentiellement historien.
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MÉCHONA,
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ville de la tribu de Juda, Néhémie 11:28; peut-être le
bourg de Méchanus dont parle Jérôme, qui était situé entre Éleuthéropolis et
Jérusalem.
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MÉDAD,
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— Voir: Eldad.
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MÉDÉBAH,
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ville frontière de la tribu de Ruben, Josué 13:16. Les
Hébreux l'avaient prise sur les Hammonites, mais elle avait d'abord appartenu
aux Moabites, qui la reconquirent plus tard, Nombres 21:30; 1 Chroniques 19:7;
Ésaïe 15:2. Eusèbe la place dans les environs d'Hesbon et Burckhardt en a
encore trouvé les ruines à 8 lieues de cette ville.
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MÉDECINE.
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La première fois que cet art est mentionné dans
l'Écriture sainte, c'est Genèse 50:2, en parlant du corps de Jacob que Joseph
fit embaumer par les médecins: l'Égypte, alors la terre classique de toute les
sciences, était célèbre dans le monde païen par ses secrets merveilleux, et par
l'habileté de ses jongleurs, de ses prêtres et de ses médecins, à guérir les
malades ou à les embaumer s'ils venaient à mourir, Hérodote 2, 84. Odyss. 4,
229. Diod. de Sicile, 1, 82. Les Hébreux, et Moïse en particulier, pendant le
séjour d'Égypte, avaient pu s'initier aux connaissances égyptiennes, et ils en
avaient profité; l'on voit par Exode 21:19, qu'ils étaient plus ou moins en
état de soigner toutes sortes de maladies, naturelles ou accidentelles, et
quelques auteurs ont voulu même attribuer à la science de Moïse ses préceptes
sur le flux, la lèpre, les animaux purs ou impurs, etc. Dans le principe la
médecine était surtout chirurgicale, se renfermant presque exclusivement dans
le traitement des plaies, blessures ou affections extérieures; il y avait déjà
depuis longtemps des sages-femmes pour aider de laborieux enfantements, Exode
1:15, et l'on peut croire que l'étude de cette inévitable souffrance avait
commencé avec les douleurs elle-mêmes. Plus tard, les médecins hébreux, parmi
lesquels on comptait plusieurs prophètes, continuèrent de pratiquer, en le perfectionnant,
l'art de soigner les blessures, 2 Rois 4:21; 5:10; 8:7,9,29; 9:15; 20:7; Ésaïe
1:6; 38:1; sq. Ézéchiel 30:21; ils y joignirent la médecine proprement dite, le
traitement des maladies internes, même des maladies de l'esprit, 2 Chroniques
16:12; 1 Samuel 16:16, mais sans donner à cette difficile science un bien grand
développement. L'emploi des médecins, assez rare avant l'exil, 2 Chroniques
16:12; Jérémie 8:22, fut plus fréquent dans la suite, Marc 5:26; Luc 4:23;
5:31; 8:43; les esséniens en particulier, consacrèrent leurs loisirs soit à
l'étude, soit au traitement des maladies. Le livre de l'Ecclésiastique
(38:1-3), tout en ramenant à Dieu la guérison du malade, professe un grand
respect pour la médecine «que Dieu a créée», dit-il. Les remèdes le plus
ordinairement employés étaient l'huile, le baume, des bains, des eaux thermales
et des emplâtres, Jérémie 8:22; 46:11; 51:8; 2 Rois 20:7; 5:10; Luc 10:34; Jean
5:2. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 17, 6, 5. Parfois aussi, dans la
méfiance qu'inspirait encore un art si jeune et si inexpérimenté, l'on avait
recours à des devins ou magiciens, qui par leur rites superstitieux, leurs
amulettes, leurs prières et leurs chants, devaient guérir les malades et
notamment les possédés: c'est probablement l'emploi de remèdes de ce genre qui
attira sur Asa le blâme et la peine qu'il encourut, et qui l'empêcha de se
relever de son lit de maladie, 2 Chroniques 16:12; cf. 2 Rois 5:11; Jérémie
8:17. Une espèce de police de santé est instituée, Lévitique 13 et 14, contre
la lèpre, et l'exercice en était confié aux prêtres; ils n'étaient pas chargés
de guérir ou de nettoyer, mais d'inspecter et de constater la présence ou la
guérison de cette hideuse maladie, Luc 17:14. D'autres prescriptions sanitaires
étaient également établies par Moïse, relatives soit à la nourriture, soit aux
purifications. D'après Lightfoot, un médecin particulier (medicus viscerum)
aurait été attaché au service du temple, à cause des fréquentes indispositions
et des refroidissements auxquels étaient exposés les prêtres, qui devaient
remplir leurs fonctions nus-pieds.
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MÉDIE, Mèdes.
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Cette contrée, qui porte, dans l'Écriture sainte, le
nom du troisième fils de Japhet, tirait son nom, suivant les Grecs, de Médus,
fils de Médée, qui fut femme d'Égée, roi d'Athènes. Obligée de fuir l'Attique,
parce qu'on découvrit les embûches qu'elle dressait à Thésée, elle se retira
dans le pays qu'on appelait alors plus particulièrement Asie, et donna le nom
de Médes à ses habitants. La Médie n'a pas toujours eu les mêmes limites: ses
défaites et ses victoires ont quelquefois apporté, dans son étendue, de
notables changements. Elle touchait au nord à l'Arménie, dont elle était séparée
par l'Araxe, et bordait ensuite le rivage méridional de la mer Caspienne; à
l'orient, était l'Asie proprement dite; au midi, la Perse et la Susiane; au
couchant, l'Assyrie; elle était comprise entre les 34-40° latitude nord, et
vers le 70° longitude. La partie septentrionale, sur les cotes de la mer
Caspienne, était humide, froide, malsaine; une chaîne de montagnes qui
rejoignait plus loin l'Anti-Taurus, la séparait du reste de la Médie. Une
peuplade rude, forte et indépendante, habitait ces demeures sauvages qui
portent encore, de nos jours, le nom de Masanderan ou Silan. Au sud, se
trouvait la Médie Atropatène, séparée, à l'ouest, de l'Arménie par le mont
Caspius qui vient de l'Ararat, et resserrée, au sud et au sud-est, entre les
montagnes de l'Oronte, qui traversent toute la Médie. Cette contrée, maintenant
presque tout l'Aderbidschan, renfermait un grand nombre de plaines et de
vallées fertiles et bien cultivées, dont le produit suffisait à l'entretien de
ses habitants; le nord seul était froid et improductif. Un troisième district,
enfin, était la Grande Médie, au sud-sud-est de l'Oronte, traversée par le mont
Zagrius, qui la sépare de la Perse à l'ouest et au sud; des déserts la bornent
à l'est, et la mer Caspienne la met en communication avec l'Hyrcanie et les
Parthes. C'est un plateau élevé, mais riche en fertiles vallées et en gras
pâturages; il jouit d'un climat tempéré, salubre et serein; son nom actuel est
Irak-Adshemi. Sa capitale était Ecbatane, q.v. Là se trouvaient aussi Rages,
ville bien connue par l'histoire du jeune Tobie, et les plaines de Nysa,
célèbres par leurs nombreux haras, d'où sortaient des chevaux très estimés qui
servaient aux rois et aux grands de leur cour.
La Médie avait été d'abord une province de l'empire
d'Assyrie. Divisés en six tribus ou peuplades, les Mèdes avaient été de bonne
heure assujettis par Ninus, qui en avait fait une satrapie assyrienne; mais,
après la destruction du premier empire assyrien par Arbace, ils s'affranchirent
du joug; à l'esclavage succéda la liberté, à la liberté la licence, et
l'anarchie fit regretter au peuple le despotisme de ses rois. Quelques
historiens assurent qu'Arbace régna sur eux, mais il n'en est pas fait mention
dans Hérodote, qui dit, au contraire, qu'ils se donnèrent un roi de leur nation,
et qu'ils élurent, à cet effet, un simple juge de village, Déjocès, fils de
Phraortès, qui était devenu, par sa réputation de probité, l'arbitre de tous
les bourgs. Après lui vinrent Phraortès, Cyaxare et Astyage, et les quatre,
d'après Hérodote, régnèrent cent cinquante ans. Eusèbe et Syncelle comptent
encore, avant Déjocès, quatre autres rois, et portent à deux cent
cinquante-neuf ans la durée totale du règne des huit. Aucun des premiers n'est
nommé dans l'histoire sacrée, où les Mèdes n'apparaissent que comme sujets du
roi d'Assyrie Salmanassar, 2 Rois 17:6, au temps d'Hosée, roi d'Israël, 731
avant J.-C. Plus tard, sous Nébucadnetsar, on les voit indépendants et
gouvernés par leurs propres rois, Ésaïe 13:17; Jérémie 25:25; 51:11,28. On peut
donc croire que, peu de temps après Arbace, ils retombèrent sous le joug
assyrien, et que, plus tard seulement, profitant des guerres lointaines de
Sanchérib, ils s'émancipèrent entièrement pour se donner, depuis Déjocès, une
suite de rois de leur choix. Au dire d'Hérodote, ils subjuguèrent, sous
Cyaxare, Ninive et l'empire assyrien, jusqu'à ce que, soumis par Darius et
Cyrus (— Voir: Darius), et réunis à la Perse, ils cessèrent d'exister comme
nation indépendante; dès lors, les noms des Perses et des Mèdes sont réunis,
Daniel 5:28; 6:15; 8:20. Esther 1:3,18; 10:2. La Babylonie, également sous
Cyrus, fut aussi réduite en province de ce double empire médo-perse. Après deux
siècles, cette immense monarchie tomba sous les coups d'Alexandre le Grand, 330
avant J.-C.; puis, après la mort de celui-ci, Séleucus Nicator détacha la Médie
de l'empire uni, et en fit une province du nouveau royaume de Syrie, jusqu'à ce
que, après une suite de victoires incertaines, cette province fut
définitivement agrégée à l'empire des Parthes, fondé 250 avant J.-C.
Les anciens Médes passaient pour un peuple belliqueux,
redoutable surtout par son habileté dans le maniement de l'arc; les montagnards
conservèrent le plus longtemps leur indépendance et leur force, tandis que les
habitants des plaines et des villes, livrés de bonne heure aux arts et à
l'industrie, s'adonnèrent au luxe et à la mollesse qui en firent, pour leurs
ennemis, une proie facile. Leur vêtement, qui se composait d'un manteau et d'un
large pantalon, fut adopté par les Perses d'abord, puis généralement en Asie,
par les riches et les nobles. Ils adoraient les astres: le soleil et la lune
occupaient, pour eux, le premier rang; puis venaient Jupiter, Vénus, Saturne.
Mercure et Mars.», Caldéens et Mages. Deux langues non sémitiques étaient
parlées dans l'ancienne Médie: le zend au nord, et le pehlvi au sud; cette
dernière devint la langue dominante des Parthes.
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MÉDITERRANÉE,
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— Voir: Mer.
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MÉGUIDDO, appelée aussi Meguiddon,
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Zacharie 12:11, ville située sur le territoire
d'Issacar, mais appartenant à la tribu de Manassé; d'abord résidence royale des
Cananéens, elle fut prise par Josué, puis reprise par ses premiers possesseurs,
Josué 12:21; 17:11; Juges 1:27. Elle était située dans une plaine du plateau de
Jizréhel, 2 Chroniques 35:22, et fut témoin de plusieurs batailles, 2 Rois
23:29-30. Dans son voisinage, se trouvaient les eaux de Méguiddo, Juges 5:19,
probablement une manière poétique de désigner le torrent du Kison, verset 21,
qui a sa source au pied du Tabor. Salomon fit fortifier cette ville, qui avait
pour lui une très grande importance militaire, comme clef occidentale du pays
entre le nord et le midi; il y établit aussi un des douze commissaires
pourvoyeurs de la maison royale, 1 Rois 4:12; 9:15.
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MÉ-HAJARKON,
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ville danite, Josué 19:46.
— Les Septante ont traduit mer de Jarkon.
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MÉHARA,
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ville ou bourg appartenant aux Sidoniens, Josué 13:4.
Quelques-uns ont cru la retrouver dans la ville de Marathos, citée par Strabon,
16, 753; d'autres y ont vu l'inexpugnable caverne sidonienne (cavea de Tyro),
célèbre dans l'histoire des croisades; d'autres enfin (Grotefend, Winer), la
ville sidonienne de Moyra, dont il est parlé dans Sanchoniathon, 8:88.
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MÉHUMAN,
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— Voir: Mémucan.
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MÉLANGES,
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— Voir: Accouplements.
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MELCA, et deux Melchi,
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Luc 3:31,24,28, ancêtres inconnus de Jésus par Marie.
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MELCHISÉDEC,
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Genèse 14. Son nom signifie roi de justice; il était
en même temps roi de Salem, soit que ce nom désigne Sichem ou Jérusalem, qui,
l'une et l'autre, paraissent avoir porté le nom de Salem, soit que Salem, qui
signifie paix, doive être pris dans son sens purement appellatif. Melchisédec
était donc un roi distingué par son amour de la justice et de la paix; il
était, en même temps, pontife et sacrificateur, comme Jéthro, comme plusieurs
autres princes-prêtres dont il est parlé dans l'Ancien Testament, où nous
voyons, avant l'établissement de la loi, ces deux fonctions et dignités
fréquemment réunies en la même personne. Nous ne nous arrêterons pas à
rechercher qui pouvait être ce grand personnage, comme nous n'indiquerons pas
non plus toutes les suppositions, plus hardies et plus bizarres les unes que les
autres, qu'on a faites sur sa personne. On a voulu mettre du mystérieux là où
il n'y avait que de la concision, et quelques-uns ont voulu voir en Melchisédec
un ange, et même Jésus-Christ; rien, dans l'Écriture sainte, n'autorise de
pareilles hypothèses, et l'on doit admettre que ce n'était qu'un homme comme un
autre, un roi comme les rois de la plaine, mais pieux et adorateur de
l'Éternel, ainsi qu'il s'en trouvait encore quelques-uns à côté de la famille
du grand patriarche. Il alla au-devant d'Abraham lorsque celui-ci revenait de
la défaite des rois impies, et, sans doute heureux de saluer un ami si puissant
qui venait de châtier la rapine et la brutalité, il lui fit apporter du pain et
du vin. Sacrificateur, il bénit le patriarche, et celui-ci, reconnaissant, lui
remit la meilleure dîme du butin. Toute l'histoire de Melchisédec est dans
cette courte notice; rien sur sa famille, sur sa vie, sur sa mort. Il est
naturel que les auteurs sacrés qui voulaient établir qu'il y a, au-dessus de la
sacrificature lévitique, une sacrificature plus excellente encore, aient été
frappés de l'apparition mystérieuse et solennelle de cette grande ligure,
sacrificateur en dehors de toute ordination d'homme, sacrificateur au-dessus
d'Aaron, de Lévi, d'Abraham même, puisque celui-ci lui rendit hommage, et lui
paya la dîme. Cette sacrificature extraordinaire devait frapper ceux des Juifs
à qui Dieu permettait de voir au-delà du voile, et le Psalmiste (110) annonça
prophétiquement un nouveau sacrificateur, selon l'ordre de Melchisédec, paroles
que saint Paul (Hébreux 5, et 7) applique directement à Jésus en les
développant encore. Il y aurait autant d'imprudence à presser le rapprochement,
qu'il y a d'impiété à n'y voir qu'un jeu de mots. On a été trop loin peut-être
dans le premier sens, et l'on fera mieux de s'en tenir aux traits dessinés par
l'apôtre, sans aller voir encore dans le pain et le vin que le prince offrit au
patriarche fatigué, un symbole de la sainte Cène, etc. L'abrégé historique des
livres de l'Ancien Testament par Jérémie Risler, et Moïse sans voile de Girard
des Bergeries, renferment, sur Melchisédec, des observations intéressantes, et
seront lus avec fruit, quoique peut-être on puisse aller moins loin qu'eux dans
la recherche des types.
La venue de
Melchisédec semble être relié au fait que Dieu descendit sur la terre pour voir
la ville et la tour de Babel que les hommes avaient construit (Gen. 11 :5).
Puisque Melchisédec était déjà présent au temps d’Abram (Gen. 14 :18) et que ce
dernier vivait à cette même époque, cette notion est plus que probable. Il
semblerait en effet que Melchisédec, le patriarche Noé, et son fils Sem, furent
les trois hommes qui vinrent vers Abraham à la chaleur du jour (Gen. 18 :1,2).
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MELON,
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cucurbitus citrullus L., hébreu abattichim, et
maintenant encore en Égypte battich, ne se trouve nommé que Nombres 14:5. Les
melons, et surtout les melons d'eau, assez connus en Orient, depuis la
Palestine jusqu'aux Indes, l'étaient davantage encore en Égypte,
particulièrement sur le Delta et sur les terrains gras et féconds que le Nil
déposait sur ses bords. Ils atteignaient jusqu'à une longueur de 1 mètre sur
0,70 de diamètre, et servaient aux pauvres et aux riches de nourriture et de
boisson, en même temps qu'on les employait dans la médecine pour leurs
propriétés rafraîchissantes. Hasselquist, en parlant de ce fruit, la ressource
des pauvres à cause de son abondance, le représente comme une vraie bénédiction
dans la saison chaude, et fait voir la main de la Providence donnant à chaque
saison ses produits naturels, et à chaque peuple ce qui lui est nécessaire pour
supporter ou adoucir les rigueurs de son climat. Il est facile de comprendre
aussi les regrets et les murmures des Israélites, qui, dans le brûlant désert,
ne trouvaient aucun des rafraîchissements auxquels le séjour d'Égypte les avait
habitués. Les habitants du Carmel, dit Harmer, cultivent d'excellents melons
dont la chair est rouge surtout vers le centre, et dont l'écorce, d'un blanc
rougeâtre, contient une huile facile à exprimer, et d'un usage précieux contre
toutes sortes d'inflammations et d'affections cutanées. Les melons à chair
blanchâtre sont moins estimés, quoiqu'ils soient aussi savoureux et d'un goût
aussi tin que les rouges, mais ils n'ont été cultivés que plus tard, et n'ont
pu renverser ni égaler la réputation toute faite des premiers. Les pauvres les
mangent avec ou sans pain, et satisfont à la fois leur soif et leur appétit.
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MELTSAR,
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proprement le maître de la cave, ou le préposé au vin,
peut être entendu, soit comme nom propre, soit comme désignation d'un office,
Daniel 1:11. C'était l'officier chargé par Aspénaz de pourvoir à l'entretien de
Daniel et de ses amis à la cour de Nébucadnetsar; il consentit, après une
épreuve de dix jours, à l'abstinence de vins et de viandes dans laquelle les
jeunes Hébreux lui avaient témoigné le désir de vivre, et, spéculant sur la pieuse
sobriété des captifs, il s'empara de leurs portions qui lui furent, pendant
trois ans, une source de malhonnêtes revenus; il se paya lui-même pour sa
complaisance.
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MEMPHIS,
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Première ville égyptienne
très ancienne ville de la Basse Égypte, appelée en
copte Memphi ou Méphis, en hébreu Moph, Osée 9:6, ou Noph, Ésaïe 19:13, Jérémie
46:19. Elle était située dans une étroite vallée, sur la rive gauche du Nil, à
six lieues sud de la pointe du Delta; une forte digue et un large fossé,
destinés à la défendit contre les inondations du fleuve, lui servirent aussi de
défense militaire. Elle avait déjà des rois au temps d'Abraham, et le nom de
Mesr, que lui donnent quelques historiens arabes, peut faire supposer que la
terre de Misraïm qu'occupèrent en Égypte Abraham et ses descendants, était le
territoire de Memphis. Fondée par Uchoréus, cette ville devint, sous
Psammétique, la résidence du maître de l'Égypte et la capitale de tout le pays;
elle s'accrut en même temps que Thèbes s'abaissait. Diodore de Sicile lui donne
150 stades de circuit; outre le château royal, elle renfermait une foule de
magnifiques monuments, le temple de Phtha (Vulcain), la cour d'Apis, etc. Après
la prise de Péluse par Cambyse, Psamménite s'avança contre lui avec une
nombreuse armée qui fut défaite dans un combat sanglant, et, du temps
d'Hérodote, on voyait encore les crânes des Égyptiens, solides et durs, couvrir
la terre à côté de ceux des Perses, si mous qu'on les perçait avec facilité.
Memphis commença à déchoir quand elle cessa d'être la résidence des rois; dans
la suite, lorsque Alexandrie s'éleva, elle perdit encore davantage; mais elle
ne fut démolie, ni par Nébucadnetsar, ni par Cambyse: le premier se contenta
d'en transporter les habitants, le second exerça surtout sa fureur sur les
temples, et fit périr le bœuf Apis. Aux jours de Strabon, Memphis s'en allait
doucement en ruines; plusieurs de ses grands bâtiments étaient dégradés, et,
bien qu'elle fût encore riche et peuplée, on pouvait prévoir sa fin prochaine.
La construction du Caire, dans son voisinage, acheva ce que le temps et la
guerre avaient commencé. Aujourd'hui, l'on ne voit plus que de faibles restes
de cette grande ville, en sorte qu'on a été longtemps incertain sur le lieu
qu'elle avait occupé autrefois. Ce sont les Sarrasins qui l'ont démolie.
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MÉMUCAN ou Méhuman,
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Esther 1:10, etc., l'un des sept conseillers intimes
d'Assuérus, celui qui prit le premier la parole pour condamner la reine Vasti,
soit qu'il fût le plus grand et que le roi l'eût interrogé le premier, soit
qu'il fût le plus Jeune et le plus impétueux, et que, dans sa vivacité, il ait
parlé avant d'y être appelé. Il condamna Vasti, dans la crainte, dit-il, qu'un
exemple de désobéissance impunie venant de si haut, n'encourageât une rébellion
générale de toutes les dames de la Perse et de la Médie contre l'autorité de
leurs maris. On peut croire que son vote était dicté par des motifs, sinon
meilleurs, du moins plus sérieux, et que peut-être il haïssait la favorite, ou
qu'il en était haï. Ces sages, ou conseillers du roi, étaient choisis entre les
grands du royaume, et devaient être versés dans la connaissance des lois et du
droit; c'étaient des politiques, et ils formaient une espèce de conseil d'État
ou conseil des ministres.
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MÉNAHEM,
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seizième roi d'Israël, usurpa une couronne déjà teinte
de sang par l'usurpation de Sallum qui la portait, et qu'il fit assassiner.
Fils de Gadi, il avait été probablement officier de Zacharie. À la mort de son
maître, il accourut, le vengea dans sa capitale, tua le meurtrier et lui succéda
sur le trône. Son règne de dix ans fut fécond en crimes et en cruautés: la
ville de Thiphsa ayant refusé de lui ouvrir ses portes, il s'en empara, tua
tous les habitants jusqu'aux femmes enceintes, et ravagea son territoire.
Idolâtre comme ses prédécesseurs, il vit Pul, roi d'Assyrie, fondre sur Israël,
et dut se reconnaître son tributaire; il lui paya mille talents, et fit peser
cette dette sur les riches du royaume, qu'il taxa à cinquante sicles par tête,
à la décharge du pauvre peuple, dont il sut, par cette mesure, se gagner
l'affection et s'assurer l'appui. Il se maintint ainsi di;c années sur le
trône, et mourut la cinquantième année du règne d'Hozias, roi de Juda. Sa mort
fut naturelle, ce qui était bien rare alors dans le royaume des Dix tribus (770-760)
2 Rois 15. Les prophètes Osée et Amos virent, sous son règne, leurs oracles
dédaignés, mais n'en continuèrent pas moins leurs avertissements et leurs
menaces.
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MÉNI,
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idole, Ésaïe 65:11;
— Voir: Gad #3.
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MÉPHAAT,
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ville lévitique de la tribu de Ruben, non loin de
Kédémoth, Josué 13:18; 21:37; 1 Chroniques 6:79; elle fut plus tard acquise par
les Moabites, Jérémie 48:21. Eusèbe la nomme Méphath et en fait une citadelle
romaine située vers l'Arabie.
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MÉPHIBOSETH.
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1. Fils
de Saül,
— Voir: Armoni.
2. Fils
de Jonathan; il est aussi appelé Méribaal, 2 Samuel 4:4; 1 Chroniques 8:34;
9:40. Fort jeune encore à la mort de son père, il fut recueilli par sa nourrice
qui le laissa tomber dans sa fuite, et il resta boiteux toute sa vie en suite
de cet accident. Il vécut longtemps dans l'obscurité; son épreuve était à cette
époque plus encore qu'aujourd'hui, de nature à l'éloigner de la scène du monde,
et il n'eût plus jamais reparu à la cour si l'ami de son père, si David, aidé
de Tsiba, ne l'eût cherché et découvert dans la maison de Makir. Les biens de
son aïeul lui furent rendus, il s'établit à Jérusalem et fut admis à la table
du roi, 2 Samuel 9. Une incroyable calomnie le perdit, 2 Samuel 16:3. Tsiba
accusa le timide boiteux de se poser en prétendant et d'attendre, pour se décider,
l'issue de la guerre d'Absalon; le calomniateur obtint pour récompense les
biens et la fortune de sa victime. Ab-salon était déjà maître de Jérusalem;
Méphiboseth, fidèle à son roi légitime, ne rendit point hommage au vainqueur et
porta publiquement le deuil, laissant croître sa barbe et ne changeant pas de
vêtements, pour protester de son attachement à la maison de David, 19:24.
Bientôt après, il trouva l'occasion de se justifier devant le roi, il se
contenta d'établir son innocence sans demander aucune réparation, et répondit
par un vœu humble et touchant à la seconde injustice que lui fit David en ne
lui rendant que la moitié de ses biens, et en laissant l'autre au calomniateur.
Son caractère est humble et modeste, et l'on ne saurait douter que l'infirmité
n'ait mûri son âme d'une manière salutaire; il ne réclame qu'une seule chose,
l'affection de David et l'intégrité de sa propre réputation; quant à son
patrimoine il l'abandonne, et il bénit ses ennemis au lieu de s'indigner en les
voyant abuser de leur force contre sa faiblesse. Les désavantages physiques
assouplissent le caractère quand il ne l'aigrissent pas, et c'est une chose
singulière que ce contraste dans les fruits de la difformité; la bonne part
échut à Méphiboseth, et l'esprit se fortifia d'autant que la chair s'affaiblit.
— Lorsque, à la demande des Gabaonites, David leur
livra sept enfants de Saül pour être mis à mort (parmi lesquels se trouvait
l'autre Méphiboseth), le fils de Jonathan fut encore redevable de son salut à
la mémoire de son père et à l'affection de David, 21:7; c'est le dernier fait
de son humble vie raconté dans l'Écriture; il n'est rien dit de sa mort.
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MER.
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1. Méditerranée,
appelée mer intérieure par les Romains; les Hébreux la désignaient par grande
mer, Nombres 34:6-7; Josué 1:4, mer d'occident, Deutéronome 11:24; Zacharie
14:8, mer des Philistins. Exode 23:31, ou simplement la mer, 1 Rois 5:9; elle
formait toute la frontière occidentale de la Palestine. Le rivage de la
Méditerranée est escarpé et souvent à pic de Tyr à Ptolémaïs; vers le sud il
s'abaisse et devient sablonneux après avoir formé près du mont Carmel le grand
golfe d'Acco ou Ptolémaïs, le seul port naturel de toute la côte; des
mouillages artificiels ont été de bonne heure creusés à Césarée, Joppe et Gaza.
La marée, très peu considérable dans la Méditerranée, est presque insensible et
très irrégulière sur les côtes de la Palestine. Un courant qui va du sud au
nord se fait apercevoir, surtout à l'époque des inondations du Nil, et dépose
sur les côtes d'immenses amas de sables et de boue; aussi a-t-on remarqué
depuis quelques siècles que la rive méridionale gagne du terrain sur la mer, un
a découvert entre Gaza et Joppe des bancs de corail, et ces eaux sont très
poissonneuses. Le commerce juif eût trouvé dans la Méditerranée un puissant
auxiliaire, mais déjà l'Égypte et la Phénicie avaient pris possession de
l'empire maritime, et d'ailleurs les empêchements que la loi de Moïse mettait
au commerce extérieur ne permirent pas de longtemps aux Hébreux de profiter des
avantages que la nature leur procurait; les bois du Liban, destinés à la
construction du temple furent cependant transportés par mer à Joppe; c'est
également sur la Méditerranée que Jonas s'embarqua pour échapper à la mission
divine.
2. Mer
Morte; c'est le plus grand des trois lacs de la vallée du Jourdain; elle porte
aussi dans la Bible les noms de mer Salée, merde la Campagne, mer Orientale,
Deutéronome 3:17; 4:49; Genèse 14:3; Josué 3:16; Exode 47:18; Joël 2:20;
Zacharie 14:8. Flavius Josèphe, Diodore de Sicile et Pline l'appellent lac
Asphaltite, et les Arabes lui ont conservé le nom de mer de Lot. Nous
empruntons à Bræm les détails suivants, en les modifiant ou les complétant par
d'autres géographes et par les détails des voyageurs modernes (Raumer,
Chateaubriand, etc.). Le Ghor, ou vallée du Jourdain, conserve sa forme et sa
largeur; les bords en sont des montagnes escarpées et nues; la chaîne orientale
semble être une prodigieuse muraille; on n'y distingue aucun sommet, et l'on
dirait seulement que la main du peintre qui a tracé sur le ciel cette longue
ligne horizontale, a tremblé en quelques endroits; ces montagnes, au dire de
quelques voyageurs, ressemblent, par leur grandeur et leur situation, aux rives
du lac de Genève, vis-à-vis de Lausanne et de Vevey. La chaîne occidentale
n'est ni aussi élevée, ni aussi uniforme; elle présente même des montagnes de
figures extraordinaires et bizarres. Au fond de la vallée, entre ces deux
chaînes, est encaissé un bassin sombre et profond qui a 22 lieues de long sur 5
à 6 de large (Flavius Josèphe compte 580 stades en longueur et 150 en largeur),
et qui est rempli par les eaux claires, lourdes et très salées d'un lac
immobile et mort. Comme ces eaux contiennent une quantité de sel presque égale
à la moitié de leur volume, elles sont si pesantes que le vent ne les agite
qu'avec peine. Arvieux, qui voulut porter à ses lèvres quelques gouttes de ces
eaux, les trouva si amères et si cuisantes, qu'elles lui causèrent une vive
douleur et produisirent de l'enflure; Chateaubriand les compare à une forte
dissolution d'alun; un voyageur anglais, qui s'y baigna avec six de ses amis
(Morgenl. 1840, p. 190), raconte ainsi ses impressions: «Si nous voulions
nager, nous avions de la peine à maintenir nos pieds sous l'eau; si nous
voulions nous tenir perpendiculairement, la moitié du corps surnageait, et nous
avions de la peine à garder l'équilibre, probablement à cause de la plus grande
pesanteur de la tête et des épaules, qui étaient hors de l'eau et qui ne
trouvaient pas dans la partie inférieure du corps un contrepoids suffisant.
L'un d'entre nous qui ne savait pas nager, restait étendu sur l'eau immobile
comme un morceau de liège, et nous avions en général beaucoup de peine à
plonger entièrement. Le goût de l'eau à la bouche est très repoussant, salé,
amer, sulfureux, et si fort que pendant longtemps nos yeux, qui en avaient été
mouillés, en ressentirent une cuisson douloureuse; la peau même en était
affectée, et je suis persuadé que si l'on établissait ici une maison de bains,
ils agiraient puissamment et avantageusement sur les maladies de la peau.»
Ce lac n'a point d'écoulement, mais l'action d'un
soleil ardent y produit une évaporation très active qui dépose une très grande
quantité de sel sur les pierres et sur les chétifs arbrisseaux de ses bords, et
qui, selon quelques auteurs, peut suffire à maintenir le niveau ordinaire; mais
quand on pense que le Jourdain seul charrie journellement en moyenne 6,090,000
tonnes d'eau dans la mer Morte (Shaw), il devient plus probable que ces eaux se
perdent par des communications souterraines, soit avec la mer Rouge, soit avec
la Méditerranée, soit avec l'intérieur du globe. On ne voit aucune plante, aucune
habitation sur ses rives; c'est un désert de sel et de bitume, de l'aspect le
plus triste. Aucun poisson ne peut vivre dans ses eaux, et ceux qui y
descendent avec les flots du Jourdain y périssent bientôt, Ézéchiel 47:8-10. On
n'y voit pas même un coquillage vivant (Seetzen). Les bêtes sauvages, qui n'y
trouvent ni nourriture ni breuvage, l'évitent et semblent le redouter; à peine
y découvre-t-on quelques vautours, des aigles qui ont élevé leur aire sur ses
noirs rochers, et des hirondelles qui font la chasse à quelques insectes près
de ses bords. De légères éruptions volcaniques qui partent de ses profondeurs,
quelques nuages de vapeurs d'une couleur sombre, s'élancent par moments,
surtout vers le milieu du jour, et obscurcissent, mais pour peu de temps
seulement, la pureté naturelle de son atmosphère; sur ses rives orientales on
trouve des sources chaudes contenant du soufre et un asphalte gras et foncé,
qui passe de ces sources dans la mer, sur laquelle il nage en masses parfois
très considérables; on les recueille soit pour médicaments, soit pour la
teinture des laines, soit pour la construction des bâtiments à la place de
chaux; c'est de là que la mer Morte a pris aussi le nom de lac Asphaltite.
La place qu'elle occupe était jadis un pays délicieux comme
un jardin de Dieu. L'ardeur du soleil y était adoucie par des eaux abondantes,
et elle favorisait probablement ici, comme sur les rives du lac de Génésareth,
la production en une même contrée, des fruits les plus variés; la fertilité du
sol y était encore accrue, ainsi que dans la plaine de Babylone et ailleurs,
par sa nature bitumineuse. Mais les habitants de la plaine de Siddim, q.v.,
étaient des hommes méchants, et leurs péchés attirèrent sur eux les jugements
du Seigneur: il les avait en vain avertis, Genèse 14, et il fit pleuvoir du feu
et du souffre sur Sodome, Gomorrhe, Tseboïm et Adama; la fumée monta du pays
comme d'une fournaise. Nulle contrée sur la terre entière n'offre une telle
désolation, et l'état où a été réduite cette vallée jadis si belle, atteste
depuis nombre de siècles que le jour du Seigneur vient sur tous ceux qui se
croient en sûreté, tout en vivant dans l'oubli de Dieu et dans le péché.
— On peut conférer les passages suivants de
l'Écriture, où il est parlé de ce terrible événement, Ésaïe 13:19; 1:9-10;
Jérémie 23:14; 49:18; 50:40; Ézéchiel 16:46; Osée 11:8; Sophonie 2:9;
Deutéronome 29:23; Matthieu 10:15; 11:23-24; 2 Pierre 2:1-10; Jude 7.
— Au temps de notre Seigneur, et de nos jours encore,
quelques voyageurs peut-être un peu faciles à persuader, croient avoir vu près
des bords de cette mer des ruines de murs et de palais dans l'emplacement des
villes détruites.
— Cette contrée doit être un jour renouvelée, Ézéchiel
16:53,55-56; 47:8, sq..
II existe un contraste frappant entre cette mer et le
lac de Génésareth, si riant et si fertile; et l'on recherchait pendant le moyen
âge pourquoi l'eau bénite du Jourdain se versait dans la mer de malédiction,
dans la mer du Diable, La mer Morte est toujours citée dans l'Écriture, comme un
exemple permanent des jugements de Dieu, et elle est mentionnée seulement dans
l'Ancien Testament, qui ne parle qu'en passant du lac de Kinnéreth, tandis que
le lac de Génésareth et ses villes ont été le principal théâtre de la vie de
notre Sauveur.
3. Mer
Rouge (hébreu mer des roseaux); appelée par les Grecs et les Latins golfe
Arabique. On ne sait d'où lui vient son nom de mer Rouge; quelques-uns
l'attribuent à certaines herbes marines abondantes dans ses eaux, et dont les
feuilles sont tachetées de rouge, d'autres à un ancien roi Érythros (rouge), ou
Édom, qui a la même signification, et qui par sa puissance aurait peut-être
bien mérité de donner son nom à cette mer (Calmet); d'autres enfin (Reland et
Rosenmuller), le regardent comme synonyme de mer méridionale, les poètes
appelant quelquefois la zone torride zone rouge à cause de l'ardeur de son
climat. L'ancien nom de mer Rouge servait d'abord à désigner toute la mer qui
sépare l'Afrique et les Indes, et comprenait ainsi les deux golfes principaux, celui
de l'Arabie et celui de Perse; plus tard cependant sa signification s'est
restreinte au seul golfe qui sépare l'Égypte de l'Arabie, l'Afrique de l'Asie:
vers le nord il se divise en deux branches, l'Héroopolitanus, maintenant Bahhr
Assuez ou Baahr el Kolsum, et à l'orient, l'Ælanites ou golfe élanitique,
maintenant Bahhr El Akaba; ces deux branches comprenaient entre elles l'Arabie
Pétrée. La longueur de la mer Rouge depuis le détroit de Babel-Mandeb est de
300 milles géographiques en suivant la rive africaine; la largeur varie
beaucoup et ne dépasse guère 6 milles au détroit; la profondeur est également
très diverse, de 300 pieds en plusieurs endroits, et de 27 seulement près de
Suez (Niebuhr). Le flux et le reflux s'y font sentir sur tous les bords d'une
manière très remarquable, atteignant près de Suez 2 mètres en temps ordinaire,
et 26 décimètres dans le mauvais temps (Dubois-Aymé). Sa surface est, sauf dans
le bras de Suez, couverte d'une espèce d'algue, de mousse ou de roseau appelé
en hébreu souph, d'où elle a tiré son nom;
— Voir: Roseaux.
— Quant à ce qui concerne la description géographique
des côtes de la mer Rouge, nous n'avons pas à nous en occuper ici; on trouvera
ces détails dans tous les livres de géographie, notamment dans Ritter, Erdk. II.
204; 245; etc.; v, aussi Rozière, Description de l'Égypte; Dubois-Aymé; Gobat,
Voyage en Abyssinie, etc.
Le plus célèbre événement auquel se rattache le
souvenir de la mer Rouge, est le passage miraculeux des Israélites, raconté
Exode 14. On a cherché à l'expliquer d'une manière naturelle, et l'on a
substitué la science et la sagesse de Moïse à la puissance de Dieu; il faut
avouer qu'il y a en effet quelque chose de simple et de naturel dans plusieurs
détails de cette explication, et nous la reproduisons d'après les divers
auteurs qui l'ont développée. Moïse, parfaitement au fait des heures de la
marée, connaissant aussi les gués de la mer Rouge, aurait sous ces deux
rapports choisi les circonstances les plus favorables pour effectuer, avec la
plus grande promptitude possible, la traversée que l'approche des Égyptiens
avait rendue nécessaire, et à laquelle il n'aurait peut-être pas pensé sans
cela. Sans rien pouvoir déterminer sur l'endroit qu'il choisit, il est de fait
qu'anciennement le golfe qu'ils passèrent s'étendait beaucoup plus au nord, et
qu'il avait là une largeur beaucoup moins grande que plus bas; près de Suez
encore (Niebuhr), cette largeur ne dépasse guère 1500 pas, ce qui équivaut à
quatre fois seulement la largeur de l'Elbe. En plusieurs endroits il y a des
gués ou des bancs de sable, qui pendant la basse marée sont presque à fleur
d'eau, et très faciles à franchir. Christophe Fürer de Heimendorf, patricien de
Nuremberg, traversa en 1565 ce bras de la mer. Rouge près de Suez, mais non toutefois
sans danger; on en cite d'autres exemples encore. Le fond de l'eau vers le nord
de ce golfe est uni, sans coraux, et presque sans algues ni herbes marines; il
se compose essentiellement de sable. On sait que c'est à peu près là que
passèrent les Hébreux, et Moïse aura choisi le gué le moins profond et le
moment du reflux. Quant à la difficulté de faire traverser ce gué à 600,000
hommes, sans compter les femmes et les petits enfants, pendant les six ou sept
heures seulement que dure la marée basse, elle est levée par la circonstance,
mentionnée verset 21, d'un grand vent d'orient qui retint les eaux, comme cela
se voit souvent en temps d'orage, et Michaélis admet à cause de cette
circonstance, une marée double qui dura douze heures, et dont le retour plus
violent et plus rapide, parce qu'il avait été longtemps arrêté, fut pour les
Égyptiens le messager de mort. Dubois-Aymé fait disparaître encore quelques
autres difficultés en supposant que le passage s'est effectué plus au nord de
Suez, là où l'on voit maintenant, au sud d'Adsherud, un banc de sable qui
paraît s'être formé d'une manière lente et progressive sur un lit peu profond,
par les sables du midi; le lit de Suez aurait aussi été anciennement beaucoup
plus bas qu'il n'est aujourd'hui. Flavius Josèphe compare le miracle du passage
de la mer Rouge avec le passage de la mer de Pamphylie par les Macédoniens sous
Alexandre, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 2, 16, 5, cf. Strabon 14, 458.
Liv. 26, 46; mais dans ces passages il est plutôt question de rives côtoyées
que de bras de mer traversés: cette observation de l'historien juif est
peut-être ce qui a fait croire à quelques anciens pères et rabbins, du reste
peu importants, que les Hébreux n'avaient fait que côtoyer la mer Rouge, mais
elle n'a pas eu grand succès; il en est de même de plusieurs autres essais de
solutions rationalistes, comme aussi de la négation même du fait. L'explication
du passage à gué pendant la marée basse, a en revanche trouvé un grand nombre
de partisans, depuis les prêtres de Memphis, qui, au rapport d'Artapane,
s'étaient prononcés dans ce sens (Eus., Prép. évang. 9, 27, cf. Philon Op., II,
108), jusqu'aux temps modernes où elle a été développée par beaucoup de savants
et de théologiens, Leclerc, Michaélis, Ritter, Paulus, Dœderlein, Winer, etc.
Il n'y a contre elle qu'une seule objection, mais elle est grave; c'est que le
texte sacré, soit de Moïse, soit des auteurs inspirés qui rappellent cet
événement, parle clairement d'un fait miraculeux, d'un passage de la mer Rouge
d'une rive à l'autre dans un lit très vaste, que les eaux retirées leur
laissèrent à sec; que l'on confère seulement Exode 14:16-17; 15:8; Psaumes
78:13; 114:3,5; 77:16; Ésaïe 63:11; Habacuc 3:15;
— Voir: aussi Sapience 10:17-18; 19:7-8.
Ce n'est qu'après avoir maintenu la séparation des
eaux comme miraculeuse, que l'on peut y joindre, mais plus comme secours ou
comme explication, la coïncidence de faits naturels, de bas fonds ou de marée
basse, comme points de contact entre la nature et le surnaturel, entre le connu
et l'inconnu; le verset 21 établit en effet, comme on le voit d'ailleurs par
l'examen de presque tous les miracles, que si Dieu peut créer des moyens
miraculeux, il peut se servir aussi des moyens ordinaires d'une manière
miraculeuse.
4. Mer
de Tibériade,
— Voir: Génésareth.
5. Le
mot de mer est encore employé dans l'Écriture en diverses acceptions moins
étendues, pour désigner une portion de la mer, Ésaïe 11:15, un étang,
— Voir: Jahzer, ou les grands fleuves, le Nil,
l'Euphrate, le Tigre, etc.
Une langue de mer désigne ce que nous appellerions une
langue de terre. Quant à la mer d'airain ou de fonte,
— Voir: Cuve;
quant à la mer de sable,
— Voir: Mirage.
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MÉRAB,
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fille aînée de Saül et d'Ahinoham, 1 Samuel 14:49.
Fiancée d'abord à David, elle fut donnée à Hadriel, sans que l'on sache à quoi
attribuer cette rupture, sinon à l'esprit de jalouse inimitié qui anima
toujours le premier roi d'Israël contre celui qui devait être son successeur,
18:17; sq. C'est par erreur que sa sœur Mical est nommée au lieu d'elle, 2
Samuel 21:8.
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MÉRARI,
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Genèse 46:11; Exode 6:16; Nombres 3:17; 1 Chroniques
6:1, troisième et dernier fils de Lévi, naquit en Canaan, et a donné son nom à
l'une des branches lévitiques, celle qui dans le désert fut chargée de veiller
à l'entretien et au transport de la partie extérieure du tabernacle
d'assignation, piliers du parvis, clous, cordages, etc., Nombres 4:29. Cette
famille comptait alors déjà 3,200 personnes de trente à cinquante ans.
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MERCURE
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(— Voir: Caldéens), divinité bien connue qui représentait
chez les Grecs et les Romains le commerce, l'éloquence et le vol; messager des
dieux, son esprit souple et intrigant le rendait propre aux négociations; il
faisait une espèce de service régulier du ciel à la terre, et accompagnait
presque toujours Jupiter dans ses excursions; aussi les habitants de Lystre
crurent voir dans les personnes de Paul et de Barnabas ces deux divinités
voyageuses, et prirent Paul pour Mercure à cause de son éloquence et de la
puissance de sa parole. Quelquefois il était représenté avec de la barbe,
d'autres fois il était imberbe, mais toujours dans la force de l'âge, comme
l'était aussi saint Paul au commencement de son ministère, lors de son passage
à Lystre.
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MÉRED,
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1 Chroniques 4:17,
— Voir: Pharaon #3.
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MÉRIBAH
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(querelle). C'est un des noms que donna Moïse au
campement de Réphidim, q.v., parce que les Israélites manquant d'eau
s'élevèrent contre lui et voulurent le lapider; il appela aussi ce lieu Massa
(tentation), parce qu'ils tentèrent Dieu, Exode 17, cf. Psaumes 81:8; Hébreux
3:8. Sur la fin du voyage dans le désert, l'eau étant venue de rechef à
manquer, les murmures du peuple éclatèrent de nouveau, et Moïse partagea ce
mécontentement; il parla légèrement de ses lèvres, Psaumes 106:33, et Dieu qui
ne fut pas glorifié par eux, se glorifia en eux, il rendit l'eau au rocher, et
annonça aux chefs mêmes du peuple qu'ils mourraient avant d'avoir vu la terre
promise, Nombres 20. Cet endroit, qui était Kadès dans le désert de Tsin, au
nord-est de Kadès-Barné, fut appelé Méribah-Kadès pour le distinguer de l'autre
Kadès et de l'autre Méribah, cf. encore Nombres 27:14; Ézéchiel 47:49; 48:28,
etc.
— Selon quelques auteurs cependant les deux Méribah ne
seraient qu'un seul et même endroit, et ce serait par manque de coordination
que le même fait est raconté deux fois et avec des circonstances différentes;
cette opinion doit être repoussée par ceux qui regardent l'histoire de Moïse
comme inspirée, et qui respectent l'authenticité et l'intégrité du Pentateuque.
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MÉBIBAAL,
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— Voir: Méphiboseth.
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MÉRODAC-BALADAN ou Bérodac-Baladan,
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fils de Baladan, roi de Babylone, n'est connu que par
l'ambassade qu'il envoya auprès d'Ézéchias pour le féliciter de sa guérison, 2
Rois 20:12; Ésaïe 39:1; cf. 2 Chroniques 32:31. Il s'était rendu indépendant
dans la Babylonie, et cherchait dans l'amitié d'Ézéchias un appui contre
Sanchérib à la puissance duquel il s'était soustrait. C'est ce roi probablement
que l'on trouve dans le canon de Ptolémée sous le nom de Mardoc empad;
cependant, d'après ce canon, Mardoc aurait régné douze ans (721-709), tandis
que Mérodac, d'après un fragment de Bérose cité par Gesenius, ne sut se
maintenir que six mois: Hitzig et Winer lèvent cette difficulté en faisant du
Mérodac de Bérose un personnage différent, et en plaçant son histoire dans
l'interrègne de deux ans qui, selon le canon de Ptolémée, précéda le règne de
Belibus.
— Baladan son père est moins connu, quoique l'histoire
profane en fasse aussi mention sous le nom de Ingœus ou Ilulæus, comme
contemporain d'Achaz et d'Ézéchias; on l'a pris longtemps pour Nabonassar. Il
se ligua avec Arbacès, satrape de Médie, contre Sardanapale roi d'Assyrie, et
ces deux conjurés ne réussirent qu'après plusieurs années de luttes sanglantes,
à faire reconnaître leur indépendance.
D'après Jérémie 50:2. Mérodac était probablement aussi
le nom d'une divinité adorée à Babylone; le prophète la place à côté de Bel et
en parle de la même manière; il est de plus employé dans la composition de
plusieurs noms propres (Évil Mérodac, Mérodac-Baladan, etc.), selon l'usage des
Babyloniens de se servir de noms d'idoles pour noms d'hommes, Beltesatsar
composé de Bel, Nébucadnetsar de Nébo, etc. Gesenius pense que Mérodac était
une personnification de la planète Mars.
Mérodac est un des noms sous lequel Nimrod fut connu.
Son identité avec la planète Mars est fort intéressante, surtout dans le
contexte de l'histoire de la tour de Babel. Un ancien document, les Oracles de
la Cybèle, nous dit que les hommes construisirent cette tour dans le but de
retourner parmi les étoiles. Nimrod se serait-il rendu sur Mars pour y établir
des colonies ? Une ancienne tradition dit qu'il déroba des documents dans
l'arche de Noé qui contenait la science des fils de Dieu d'avant le déluge.
S'il y a une vérité à ceci, cela ouvre la possibilité que Nimrod et
quelques-uns de ses élites se rendirent sur Mars et que des descendants s'y
trouveraient encore de nos jours. Une telle chose expliquerait beaucoup de mystères,
mais nous n'en auront jamais l'assurance à moins de nous y rendre nous même
pour vérifier. Nous savons qu'il y a des ruines d'anciennes civilisations sur
Mars, même sur notre Lune ainsi que sur d'autres planètes et leurs satellites,
mais y aurait-il encore de la vie intelligente qui y habite ? Si oui, sa source
se trouverait ici sur la terre et nul part ailleurs.
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MÉROM,
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lac dont le nom signifie supérieur, parce qu'il est au
nord du lac de Génésareth et par conséquent plus élevé; il est formé par
l'affluent de plusieurs ruisseaux dans le Jourdain, q.v. C'est sur ses bords
que Josué vainquit les rois des Cananéens septentrionaux, Josué 11:5-6.
— Les Grecs l'appelaient lac Samochon, et maintenant
les Arabes Bahrat Hhule, lac de la vallée-plaine. Il est très poissonneux,
quoique ses eaux ne soient pas toujours bonnes.
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MÉROS,
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ville du nord de la Palestine, maudite par Débora pour
s'être tenue à l'écart pendant les combats d'Israël, Juges 5:23. On compare le
Merrus d'Eusèbe et de saint Jérôme, à 12 milles de Sébaste, non loin de
Dothaïm, mais cette dernière ville était au sud du champ de bataille, tandis
que Méros était plus au nord.
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MÉSA,
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une des frontières de la contrée habitée par les
Joctanides, Genèse 10:30. Si l'on peut dire avec quelque certitude que c'est en
Arabie et dans ses environs qu'on doit chercher cette ville, il est difficile
d'en préciser la place davantage. L'opinion de Bochart, soutenue par Gesenius,
savoir qu'il s'agit de Mousa, port de mer au sud de l'Yémen, ne peut guère être
admise, parce que d'un côté l'orthographe des deux noms dans les langues
originales est trop différente, et de l'autre le pays donné comme territoire à
la race nombreuse des descendants de Joktan serait trop petit. Michaélis prend
pour point de départ l'embouchure de l'Euphrate, et la partie inférieure du
cours des deux fleuves réunis, depuis Séleucie jusqu'au golfe Persique; c'est
là que se trouve aujourd'hui Bassora. Les Grecs (Philostorg.) appelaient cette
contrée Mesène, et Abulféda parle de deux villes situées dans la même
direction, sous les noms de Mesan et de Mousan.
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MÉSAC,
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nom caldéen de Misaël, un des trois compagnons de
Daniel choisis par Nébucadnetsar pour le service et l'ornement de sa cour,
Daniel 1:7. À son nom hébreu qui devait lui rappeler la grandeur de l'Éternel
(qui est comme Dieu est?), fut substitué un nom caldéen dont la signification
est incertaine (d'après Calmet: qui tire avec force).
— Sur son histoire,
— Voir: Abed-Négo.
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MÉSAH.
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1. Fils
inconnu de Caleb, et fondateur ou père de Ziph, 1 Chroniques 2:42.
2. Mésah,
roi de Moab, occupé de l'élève des bestiaux, dut payer à Achab, roi d'Israël,
un impôt annuel de cent mille agneaux, et d'autant de moutons (2 Rois 3); mais
après la mort d'Achab, Mésah secoua le joug, 2 Rois 1:1; cf. Ésaïe 16, et Joram
prit les armes contre lui pour le soumettre; il fit alliance avec le roi d'Édom
et avec le pieux Josaphat de Juda. Ces trois rois passèrent par le chemin du
désert d'Édom; mais bientôt l'eau vint à leur manquer, et ils pensèrent périr
de soif dans ces arides solitudes: heureusement un des serviteurs de Joram
découvrit le voisinage d'Élisée, et les trois rois descendirent auprès du
prophète qui consentit, en faveur de Josaphat, à consulter l'Éternel; des
canaux furent ouverts dans la vallée, des fossés furent coupés, et Élisée
annonça qu'au lendemain matin, sans vent ni pluie, les canaux et les fossés
seraient remplis d'eau: il annonça en même temps la défaite du roi de Moab.
Dans l'intervalle, Mésah avait appris l'approche des rois alliés; il s'était
mis en mesure de les recevoir avec toute la partie de sa population habile à
porter les armes, et il s'était avancé à leur rencontre jusqu'à la frontière de
ses états. Ses troupes se levèrent de bon matin, et ignorant les travaux de la
veille et la prophétie d'Élisée, elles virent la vallée pleine d'eaux qui, aux
premiers rayons du soleil, leur parurent rouges comme du sang, et sans
réfléchir davantage sur ce phénomène, concluant que leurs ennemis s'étaient
entr'égorgés, elles s'élancèrent en criant: Maintenant donc, Moabites! au
butin! Mais Israël fondit sur cette armée en désordre, la mit facilement en fuite,
et la poursuivit jusque dans son pays; Moab fut ravagé, ses plantations
détruites, ses fontaines bouchées, ses puits comblés; les fuyards se retirèrent
dans Kir Haréseth qu'ils essayèrent de défendre; Mésah fit contre Édom une
sortie inutile, et rentrant dans ses murs, soit désespoir, soit fanatisme, il
égorgea son fils premier-né, en holocauste, sur la muraille, à la vue des
assiégeants. Indignés de tant d'horreurs, émus d'un si affreux spectacle, les
alliés se retirèrent, et l'on peut croire que ce fut à l'instigation du pieux
et bon Josaphat, plutôt qu'à celle du sanguinaire Joram, pour le compte de qui
cette guerre avait été entreprise.
— Quelques auteurs par une fausse construction de la
phrase, et en comparant Amos 2:1, ont cru que c'est le premier-né du roi d'Édom
que Mésah fit égorger, mais le passage d'Amos n'a aucun rapport avec cette
histoire.
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MÉSEC,
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peuplade nommée Genèse 10:2, parmi les descendants de
Japhet. Ézéchiel, 27:13, nous apprend que ces deux peuples, ainsi que celui de
Tubal, faisaient avec Tyr le commerce d'hommes et de vaisseaux d'airain. Selon
toute apparence on doit penser aux Mosques (Moschi), et comparer les montes
Moschici, chaîne de montagnes qui s'étend depuis le Caucase dans la direction
sud-ouest. Ce nom est souvent réuni à celui de Tubal, Genèse 10:2; Ézéchiel
27:13; 32:26, et l'on voit ordinairement les descendants de Tubal dans les
Tibaréniens des anciens; c'était un peuple voisin des Mosques, et les deux
réunis formèrent une province de la monarchie persane (Hérodote 3, 91; 7, 78).
Plus tard les Tibaréniens furent poussés vers le nord comme les autres
descendants de Japhet qui occupaient les défilés du Caucase, et ils
reparaissent dans l'histoire sous le nom de Turcs. Le commerce qu'Ézéchiel
attribue à Mésec et à Tubal est précisément celui que faisaient ces deux
peuples d'après le témoignage des anciens. Le peuple Ros était aussi en
relation avec Mésec, Ézéchiel 38:2; 39:1, et l'on peut retrouver ces trois noms
anciens dans trois noms modernes, Ros dans Russie, Mésec dans Moscou, Tubal
dans le fleuve Tobol et la ville de Tobolsk en Sibérie.
— Quant au rapprochement de Mésec et de Kédar, Psaumes
120:5, il n'indique pas un voisinage, mais une analogie relativement à la
position de celui qui parle, soit qu'on doive la chercher dans l'idée d'exil,
soit qu'elle rappelle la barbarie de l'un et de l'autre peuple, comme nous
pourrions dire les Turcs et les Hottentots pour désigner des peuples barbares
(De Wette).
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MÉSOBAB,
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et plusieurs autres chefs siméonites, nommés 1
Chroniques 4:34; sq., paraissent avoir quitté l'Égypte déjà avant les jours de
Moïse, lorsque leurs familles se furent accrues; ils se rendirent en Guédor
jusqu'à l'orient de la vallée, cherchant des pâturages pour leurs troupeaux; là
ils trouvèrent un pays spacieux et fertile, dont ils chassèrent les premiers
habitants, descendants de Cam, et où ils s'établirent; plusieurs d'entre eux se
fixèrent même dans le voisinage des montagnes de Séhir, et achevèrent de
détruire ceux qui restaient des Hamalécites.
— Le verset 41 doit se traduire: «Ceux-ci donc qui ont
été écrits par leurs noms du temps d'Ézéchias, vinrent etc.» Il paraît
qu'Ézéchias avait fait recueillir les noms et les hauts faits des anciens héros
d'Israël, et que c'est alors que l'on découvrit cette expédition singulière de
quelques chefs isolés.
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MÉSOPOTAMIE.
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Cette contrée dont le nom signifie un pays entre deux
fleuves (littéralement au milieu des fleuves), apparaît dans l'Ancien Testament
sous les noms de Padan Aram ou campagne de Syrie, Genèse 31:18; sq., de Sadeh
Aram ou plaine de Syrie, Osée 12:13, d'Aram Naharayim ou Syrie des deux
fleuves, Genèse 24:10, d'Aram ou Syrie, Nombres 23:7, et de Padan ou champ,
plaine, Genèse 48:7. Le nom de Mésopotamie dont l'usage ne remonte guère
au-delà des jours d'Alexandre le Grand, se trouve employé dans le Nouveau
Testament, Actes 2:9; 7:2.
— La Mésopotamie comprenait tout le pays entre le
Tigre et l'Euphrate, espèce de grande île, bornée au nord par le Masius
appartenant à la chaîne du Taurus, au sud par la Babylonie, à l'est par le
Tigre qui la séparait de l'Assyrie, à l'ouest par l'Euphrate, la Syrie et
l'Arabie Déserte; elle s'étendait entre les 33°-38° latitude, et les 35° à 61°
longitude. Elle ne formait pas un état à part, et son nom se rapporte plus à
une désignation de géographie naturelle, qu'à une division politique; les
Romains continuèrent de l'employer, bien que sous les empereurs la Mésopotamie
fût administrativement jointe à la Syrie. C'est dans sa partie septentrionale,
dans ce plateau si riche et si fertile, qu'habitèrent d'abord les ancêtres
nomades des Hébreux, Genèse 11, cf. Actes 7:2.
— Voir: Ur:
c'est de là qu'Isaac reçut son épouse Rébecca, Genèse
24:10; 25:20.;c'est dans ces plaines que servit Jacob, qu'il épousa Rachel,
c'est là encore qu'il vit naître presque tous ses fils, 28:2; 35:26; 46:15.
Plusieurs villes, et des villes assez considérables, s'élevaient sur les rives
des deux grands fleuves et de leurs affluents le Chaboras et le Mygdonius,
— Voir: Caran, Carkémis, Édesse et Tsobah;
leurs habitants étaient d'origine syrienne et
parlaient un dialecte araméen. La partie méridionale, depuis Carkémis et
Mossul, est une plaine inculte et déserte, qui contraste singulièrement avec la
richesse et la beauté de la partie supérieure; à l'exception des rives, qui ont
une forte végétation et un sol susceptible de culture, ce ne sont que des
landes sans eau, habitées par des lions, des autruches et des brigands arabes;
autrefois on y trouvait aussi des ânes sauvages. Cependant une route traversait
ce désert, et servait aux caravanes qui faisaient le commerce entre l'Euphrate
et Babylone ou Séleucie; maintenant encore on va d'Anah à Bagdad.
L'histoire de ce pays jusqu'à la domination des Perses
est peu connue; Cusan Rischatajim dont il est parlé, Juges 3:8,10, comme d'un
roi de la Mésopotamie, ne régnait probablement que sur une partie de la contrée
voisine de l'Euphrate; il en est peut-être de même des rois de la Syrie de
Tsoba qui apparaissent sous David, 2 Samuel 8:3.
— Voir: Tsoba.
Huit siècles avant Christ, Salmanassar, roi d'Assyrie,
avait déjà assujetti et réuni les diverses peuplades de cette contrée, 2 Rois
19:13, qui depuis lors partagèrent les destinées des grands empires qui
s'élevèrent pour se détruire et se succéder en Orient, Babylone, la Perse et la
Macédoine. À la mort d'Alexandre la Mésopotamie échut aux Séleucides de Syrie,
puis elle devint un grand champ de bataille où les armes parthes, arméniennes
et romaines se heurtèrent, jusqu'à ce que Trajan victorieux y apporta la paix
avec sa domination.
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MESSULLAM,
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fils du sacrificateur Bérécia, fut un de ceux qui
contribuèrent à la restauration de Jérusalem, Néhémie 3:4; mais plus tard,
ayant donné sa fille au fils de Tobija, on peut croire qu'il s'associa, en
partie du moins, aux complots de ce lâche ennemi de Néhémie, 6:18.
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MESURES.
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Il est parlé assez souvent dans la Bible, mais toujours
en passant, des mesures des Israélites; leurs rapports, leurs grandeurs
relatives, sont quelquefois déterminées, cf. Exode 16:36, mais nous n'avons
aucune donnée sûre et positive sur leur grandeur absolue; l'unité de poids ou
de mesure n'est fixée nulle part, et nous devons pour ce qui concerne ce sujet
nous en tenir aux indications fournies par Flavius Josèphe, l'auteur qui
compare avec le plus de soin les mesures hébraïques avec les mesures en usage
de son temps chez les Grecs et chez les Romains; resterait à savoir si, à cette
époque, les anciennes mesures étaient encore bien connues des Hébreux
eux-mêmes, et si elles n'avaient pas été dénaturées ou oubliées pendant les
jours de l'exil et de la captivité. On verra sous leurs différentes lettres les
détails relatifs à chacune de ces mesures, nous ne faisons que les indiquer ici
avec leurs valeurs relatives, et leur réduction approximative en mesures
françaises décimales. Ajoutons seulement que les Hébreux, peuple agricole,
aimaient à compter ou à mesurer en partant de certaines données naturelles; et
comme les œufs de poule ont une grandeur assez régulièrement la même, ils
l'avaient prise pour unité de mesure; les figues et les olives étaient aussi
des unités de mesure pour des quantités plus petites; la fève du caroubier
était l'unité de pesanteur (un guérah);
— Voir: Mishna Chelim, 17:6-7;
sq. La loi de Moïse avait de même pris dans l'usage
ordinaire, une main pleine, une poignée, comme unité pour la mesure des choses
sèches, Lévitique 2:2; 5:12; 16:12, etc.
Mesures de capacité.
A. Pour
les liquides.
1. Le
bath, 1 Rois 7:26, 35 litres.
2. Le
hin, six fois plus petit, litres 5,83.
3. Le
log, douze fois plus petit que le hin, litre 0,486.
B. Pour
les choses sèches.
1. Le
homer valant dix baths, Ézéchiel 45:11, aussi appelé core, 350 litres.
2. Le
léthek ou demi-core, 175 litres.
3. L'épha,
égal au bath, 35 litres; dix faisaient un homer.
4. Le
gomer ou homer (différent du premier), la dixième partie de l'épha, Exode
16:36, litres 3,50.
5. Le
sat, 2 Rois 7:1; d'après les rabbins c'était le tiers de l'épha, litres 11,70.
6. Le
cab, sixième partie du sat, d'après les rabbins, litre 1,94. Dans le Nouveau
Testament, les évaluations sont faites quelquefois en mesures grecques; ainsi
le chenix, Apocalypse 6:6, et les métrètes de Jean 2:6; cette dernière mesure
qui répondait au bath des Hébreux et à l'amphore attique, était d'une grande
capacité; Eisenschmidt a calculé qu'elle devait contenir environ 72 bouteilles.
Mesures de longueur.
1. Le
doigt ou pouce (pris en largeur), Jérémie 52:21, mètres 0,0225.
2. La
largeur de la main, 1 Rois 7:26.
3. La
paume ou palme valant 12 pouces, Ézéchiel 43:13, 0m,09.
4. La
coudée chez les Hébreux était de 16 pouces, mais Moïse utilisait probablement
la coudée égyptienne de 22 pouces.
— Voir: cet article.
5. La
canne ou verge, Ézéchiel 41:8, de la longueur de six coudées.
6. Le
gomed de Juges 3:16; est, à ce qu'on suppose, un peu plus qu'une coudée,
peut-être une aune.
Mesures de distance.
Le pas était la plus petite, 2 Samuel 6:13; il
équivalait à environ 0m,54. On comptait aussi par journées et par nuits de
voyage, 1 Rois 19:8, mais cette mesure variait naturellement beaucoup et ne
peut être déterminée; il en est de même du kiberath haarets, Genèse 35:16;
48:7; 2 Rois 5:19, qu'on doit traduire vaguement par mesure, petit espace de
pays, station, etc.; la version syriaque et la version perse traduisent
parasange, environ 1 lieue 1/2, 6 kilomètres. Les Septante l'entendent de
l'espace qu'un cheval doit parcourir chaque jour pour conserver ses forces et
son activité, c'est-à-dire au moins une lieue; d'autres pensent au chemin qu'un
cheval peut faire à la course sans s'arrêter, environ 3 lieues, etc.
— Les Juifs comptaient encore par chemin d'un sabbat,
par milles romains, et par stades grecs, q.v.
Mesures de pesanteur.
1. La
plus petite était le guérah, que nos versions ont rendu par obole, q.v.,
grammes 0,58 environ; c'était probablement le grain, la fève du caroubier.
2. Le
békah, Genèse 24:22; Exode 38:26, traduit dans nos versions par demi-sicle (ou
drachme), valait 10 guérahs, grammes 5,83.
3. Le
sicle vingt guérahs, grammes 11, 667. Exode 30:13; Lévitique 27:25; Ézéchiel
45:12.
4. La
mine, 1 Rois 10:17, valait, d'après Winer, cent sicles (grammes 1,100), d'après
la traduction vulgaire de Ézéchiel 45:42, 15 sicles (grammes 175), d'après une
traduction préférable de ce même passage,
— Voir: Mine,
suivie par Mackenzie, la mine valait cent sicles,
environ une livre, ou grammes 583,333.
5. Enfin
le talent valait 30 mines, ou 3,000 sicles, 15 kilos; cf. Exode 38:25; sq..
— Voir: Sicles.
Pour tout cet article, on peut consulter l'appendice
qui est à la fin du dictionnaire de Calmet; il contient la réduction des
mesures juives aux anciennes mesures de France, mais peut-être avec une précision
exagérée, qu'il n'est pas possible de justifier en tous points; il évalue la
coudée juive à 1 pied, 8 pouces 1/2, et le stade à 125 pas géométriques,
— Voir: Mille #2.
Miehaélis, (Mos. Recht § 226), fait remarquer que le
tabernacle fournissait aux Hébreux un état exact et constant des poids et
mesures; en effet, dans la détermination législative des pièces qui entraient
dans sa composition, l'on trouvait la valeur primitive et rigoureuse de toutes
les mesures de longueur, de poids et de capacité en usage chez le peuple. Sans
insister plus qu'il n'est juste sur cette observation, et sans attribuer, ni à
Moïse, ni aux sacrificateurs l'idée que le tabernacle dût servir à déterminer
de pareils détails, il faut avouer que le fait est intéressant, et que
plusieurs fois peut-être le lieu Saint a pu conserver ainsi chez les Israélites
les usages et les coutumes des temps anciens, gages de leur nationalité.
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MÉTAUX.
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Les montagnes de la Palestine renfermaient diverses
espèces de mé taux et particulièrement du cuivre (l'airain était un mélange),
Deutéronome 8:9: cependant il ne paraît nulle part que les Hébreux aient connu
l'art d'une exploitation régulière des mines, et c'est des contrées voisines,
de l'Asie et de l'Europe, d'Ophir ou d'Espagne, qu'ils faisaient venir les
métaux dont ils avaient besoin, précieux ou communs, bruts, en lingots, en
plaques, ou déjà travaillés en objets d'art, d'utilité ou d'agrément.
— Il est parlé dans l'Ancien Testament, du fer, de
l'acier, du cuivre ou de l'airain, de l'argent, de l'or, de l'étain et du
plomb; cf. Nombres 31:22; Ézéchiel 22:18; 27:12, et les différents articles. Le
commerce de ces métaux se trouvait principalement entre les mains des
Phéniciens de Tyr, qui les tiraient soit de leurs colonies, et notamment de
l'Espagne, soit de l'Arabie, soit des contrées voisines du Caucase, Ézéchiel
27:12-13,19; Jérémie 10:9. Ils paraissent n'avoir pas ignoré l'art de fondre
ensemble et de combiner plusieurs espèces de métaux, et l'on a cru voir des
compositions de ce genre dans l'airain brillant d'Apocalypse 1:15, dans le
Hasmal d'Ézéchiel 1:4, et dans le Pouk de Jérémie 4:30. (— Voir: Airain et
Antimoine), comme, dans l'aurichalque des Romains; le cuivre resplendissant
(Muts'hab) d'Esdras 8:27; appartenait probablement aussi à cette classe.
On est surpris de voir avec quelle profusion l'or et
l'argent se trouvaient répandus aux jours de Salomon, non seulement pour les
ornements du temple et du palais royal, mais par tout le pays, au point «que
l'argent n'était rien estimé, que l'or et l'argent n'étaient pas plus prisés
dans Jérusalem que les pierres, tant il y en avait», 1 Rois 10:21; 2 Chroniques
1:15; cf. 1 Chroniques 22:14; 29:4. La même richesse en métaux précieux se
remarquait aussi dans les anciennes cours de l'Orient, particulièrement en
Perse où les vases et les ornements d'or et d'argent abondaient et frappaient
la vue partout où elle s'arrêtait; mais aucun ustensile d'argent ne se trouvait
dans la maison de Salomon, tout y était or, l'argent trop commun servait au
luxe des petits. C'étaient l'Afrique et l'Inde qui pourvoyaient aux délices des
rois, l'argent venait d'Espagne et du nord de l'Asie pour l'usage des peuples.
On travailla de bonne heure les métaux, et nous voyons
dans l'Ancien Testament le fer employé pour la confection de haches, de scies,
de poêlons, de plaques, de chaînes, verrous, couteaux, chariots, etc.; le
cuivre, d'une exploitation plus facile, parce que la terre le livre en masses
plus considérables, et d'un travail de fabrication plus simple, parce qu'il a
besoin d'une moins grande chaleur que le fer pour devenir ductile et malléable,
était aussi d'un usage plus répandu; on en taisait des casques, des boucliers,
des lances, des harnais, des chaînes, des armes, des miroirs, des vases de
toute espèce; lorsque la grandeur de l'objet que l'on voulait faire, ne
permettait pas le travail au marteau, on opérait par la fonte; c'est ainsi que
la grande cuve et les colonnes du temple de Salomon sortirent du creuset, 1
Rois 7; toutefois l'art de mouler n'était encore, aux jours de Salomon, qu'une
importation de la Phénicie, un art étranger aux Hébreux et qui ne se naturalisa
que plus tard, au service de l'idolâtrie, Ésaïe 44:10, etc. Les Grecs et le
monde d'Homère se servaient comme les Hébreux, d'armes de fer et de cuivre,
Hésiod. Trav, et Jours, 134. Lucret. 5, 1285.
— L'or et l'argent servaient principalement à la
fabrication des objets de luxe, boucles, bagues, bracelets, etc.; on en faisait
cependant aussi des vases, des coupes et d'autres ustensiles à l'usage des
grands; c'est ainsi que tous les vaisseaux du temple étaient faits de ces
précieux métaux, Esdras 5:14, et qu'ils tentèrent d'autant plus l'avidité des
conquérants. L'idolâtrie se fit des dieux d'or et d'argent, Exode 20:23; Ésaïe
2:20; Daniel 3:1; Actes 17:29, ou d'autres reliques précieuses, Actes 19:24, et
se borna souvent aussi à plaquer d'or ses amulettes lorsqu'elle ne pouvait
suffire à les faire d'or massif.
— Quant au plomb, moins connu et moins estimé, il
servait comme matière inerte et pesante; on en faisait des poids et on les
suspendait aux fils à plomb, Zacharie 5:8; Amos 7:7; cf. Zacharie 4:10. Il
paraîtrait, d'après Job 19:24, qu'on s'en servait aussi comme de tablettes pour
y écrire, même des ouvrages entiers, cf. Pausan 9:31. Pline 13, 21; cependant
Jarchi, Rosenmuller et Umbreit pensent qu'il ne s'agit là que d'inscriptions
faites dans les rochers et reproduites au moyen de plomb fondu que l'on y versait.
Les instruments nommés comme servant au travail des
métaux, sont l'enclume, le marteau, les tenailles, le soufflet, le creuset et
le fourneau, Ésaïe 41:7; 44:12; Jérémie 6:29; Ézéchiel 22:18; Proverbes 17:3.
La fusion et le travail au marteau étaient, les procédés les plus ordinaires
pour la manipulation des métaux. La fusion n'avait pas seulement pour but la
mise en œuvre et la production d'un objet d'art; quelquefois elle ne se faisait
que pour l'épuration des métaux nobles, pour séparer de l'or et de l'argent
l'alliage qu'ils pouvaient renfermer, l'écume et l'étain, Ésaïe 1:25; Ézéchiel
22:18,20; il paraît que pour faciliter et accélérer cette séparation, l'on se
servait d'ingrédients particuliers que l'on ajoutait dans la masse fondue,
comme ayant avec l'alliage plus d'affinité qu'avec l'or ou l'argent, ainsi du
plomb, Jérémie 6:29, du savon, Ésaïe 1:25 (ce passage doit se traduire «je
refondrai ton écume comme avec du savon, et j'ôterai», etc.). Il n'est jamais
question de la fonte proprement dite qu'en parlant de l'or, de l'argent ou du
cuivre, jamais du fer, Exode 25:12; 26:37; Ésaïe 40:19. Quant au martelage, ou
battage en feuilles, il en est parlé, Nombres 16:38; cf. Ésaïe 44:12, Jérémie
10:4: de soudure, Ésaïe 41:7, de polissage, 1 Rois 7:45, de placage en airain,
or ou argent, Exode 25:11,24; 1 Rois 6:20; sq. 2 Chroniques 3:5; cf. Ésaïe
40:19; enfin de l'épreuve des métaux par le feu ou la pierre de touche,
Proverbes 17:3; 1 Pierre 1:7. Différents corps de métiers s'étaient déjà
distingués en Israël longtemps avant les jours de l'exil: ceux qui
travaillaient le fer, Ésaïe 44:12, ceux qui étaient habiles dans les ouvrages
d'airain, 1 Rois 7:14, et les orfèvres qui ne s'occupaient que des métaux
nobles, Juges 17:4; Malachie 3:2. Le travail des métaux utiles remonte
d'ailleurs aux plus anciens jours du monde, et nous voyons, Genèse 4:22,
Tubalcaïn s'en occuper et forger des instruments de toute espèce. La
construction du tabernacle dans le désert, et plus tard celle du temple de
Salomon, prouvent que les Israélites ne se laissèrent ni devancer, ni
surpasser; aussi leurs vainqueurs surent-ils toujours apprécier leurs
connaissances en ce genre, et nous voyons les serruriers, les maréchaux et les
armuriers, emmenés en captivité chez les ennemis d'Israël, et obligés de mettre
au service des conquérants leurs talents et leurs forces, 2 Rois 24:14,16;
Jérémie 24:1; 29:2; cf. 1 Samuel 13:19; Ésaïe 3:3.
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MÉTHUSÉLAH.
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Genèse 5:21; 1 Chroniques 1:3; Luc 3:37, fils d'Énoch
et père de Lémec; c'est de tous les patriarches dont l'âge nous est rapporté,
celui qui a vécu le plus longtemps, ayant atteint l'âge de neuf cent
soixante-neuf ans, A. M. 687-1636. D'après la chronologie ordinaire il serait
mort l'année même du déluge. Il vécut deux cent quarante-trois ans avec Adam et
six cents ans avec Noé, et fut ainsi contemporain de toutes les générations
depuis la création du monde jusqu'à sa première destruction par les eaux.
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MÉTIERS.
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C'est en Égypte probablement que les Hébreux,
jusqu'alors nomades et pasteurs, apprirent à connaître les arts mécaniques et
les différents métiers; plus tard, le voisinage des Phéniciens leur fut
également utile sous ce rapport, et leur fil faire des progrès; mais, sauf le
cas tout à fait exceptionnel et miraculeux rapporté Exode 31:2,6, il ne faut
pas croire qu'avant la fin de la période des juges, les arts aient atteint un
degré de perfectionnement bien avancé, cf. 1 Samuel 13:20. La division du
travail était peu connue et peu pratiquée; le père de famille devait savoir
faire un peu de tout, même les ouvrages les plus grossiers, et ceux qui de nos
jours seraient le moins estimés, cf. Odyss. 5, 243; les femmes étaient
cependant spécialement chargées de l'ordonnance intérieure de la maison; à
elles le pain, le fil, la toile et les vêtements, même les habits d'hommes,
Exode 35:25; 1 Samuel 2:19; 2 Samuel 13:8; Proverbes 31:21,24; Actes 9:39, etc.
Cependant peu à peu, et à mesure que le besoin d'artisans spéciaux se lit
sentir, surtout pour les travaux d'une exécution difficile et qui demandaient
un exercice habituel et constant, les industries s'établirent, et non seulement
des esclaves, mais des hommes libres devinrent artisans et se livrèrent au
travail des différents métiers. (— Voir: aussi Iliad. 4, 110; 485; 18, 601.
Odyss. 3, 425; 432) Il est parlé dans les livres saints, du fondeur, Juges
17:4; Ésaïe 40:19; Jérémie 10:14, et ailleurs, de l'ouvrier en or et en argent,
spécialement affecté au travail, placage ou fabrication d'idoles, Actes 19:24;
du parfumeur, Exode 30:35; de l'artisan ou de l'ouvrier en général, Exode
35:35; Deutéronome 27:15; 1 Samuel 13:19: ce mot comprend l'ouvrier en fer,
Ésaïe 44:12; 2 Rois 24:14; 1 Samuel 13:19, celui qui travaille l'airain, 1 Rois
7:14; cf. 2 Timothée 4:14, le charpentier et les ouvriers sur bois, 2 Samuel
5:11; Ésaïe 44:13; cf. Matthieu 13:55; Marc 6:3, les maçons et plâtriers, 1
Chroniques 14:1, et les tailleurs de pierre, 2 Rois 12:12. Le potier est aussi
indiqué comme exerçant une profession spéciale, Ésaïe 29:16; cf. Matthieu
27:7,10; de même le serrurier, Jérémie 24:1, le foulon, 2 Rois 18:17; cf. Marc
9:3, le tisserand et le tapissier, Exode 28:32, le fabricant de coton, 1
Chroniques 4:21, et même dans les grandes villes, mais là seulement, le
boulanger, Osée 7:4; Jérémie 37:21; cf. Luc 11:5; plus tard encore on voit le
barbier oriental s'établir aussi comme industriel dans la terre sainte,
Ézéchiel 5:1. (On trouvera sous leurs lettres plus de détails sur quelques-uns
de ces métiers.) Cependant comme une seule personne exerçait souvent plusieurs
de ces professions à la fois, Exode 31:3; 2 Chroniques 2:14, on ne peut pas
croire que les Hébreux soient jamais arrivés à une bien grande habileté dans
tous ces différents travaux, et nous voyons que David et Salomon recherchèrent
pour les grands ouvrages qu'ils firent exécuter au temple et dans leurs palais,
des ouvriers étrangers, et notamment des Phéniciens de Sidon, 1 Rois 5:6; 1
Chroniques 14:1; 2 Chroniques 2:7,14.
Après l'exil, les arts et les métiers furent beaucoup
plus considérés qu'ils ne l'étaient auparavant; des grands et même des savants
se firent artisans, et prirent souvent des noms destinés à rappeler le métier
qu'ils exerçaient,
— Voir: Paul;
et ceux qui ne donnaient pas à leurs enfants une
profession, passaient pour les mal élever; c'est, dit un Targum, comme s'ils
leur apprenaient le métier de voleur.
On trouve encore dans le Nouveau Testament des
corroyeurs et des faiseurs de tentes, Actes 9:43; 10:6,32; 18:3, et dans les
livres apocryphes ainsi que dans Flavius Josèphe, des fromagers, des
cordonniers, des tailleurs, des fraters sachant pratiquer la saignée, des
orfèvres, des crépisseurs, et des orfèvres bijoutiers; toutefois ces métiers
étaient rangés au nombre de ceux qui rendaient inhabiles ceux qui les
exerçaient à pouvoir jamais devenir sacrificateurs.
Les ateliers, boutiques ou magasins, étaient, dans les
grandes villes, réunis sur les places publiques ou dans des rues très
fréquentées, Jérémie 37:21: il y avait aussi des boucheries, un marché aux
viandes, et une vallée où se réunissaient les fabricants de fromages, et qui en
a reçu le nom grec de vallon des Tyropéens.
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MEULE
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(mouture). Dans les premiers temps, lorsque
l'agriculture était encore dans l'enfance, comme l'humanité elle-même, on
rôtissait les grains, puis on les pilait dans un mortier, cf. Nombres 11:8; et
Serv, ad. Æneid. 1, 184. Au dire de Burckhardt, le même usage subsiste encore
chez les Arabes de nos jours, et dans les petits ménages de l'Orient. Cependant
les moulins à bras, sous leur forme la plus simple, ont été connus de très
bonne heure; les Hébreux eux-mêmes en avaient déjà connaissance pendant le
séjour de l'Égypte, Nombres 11:8, et ils continuèrent de tout temps à s'en
servir comme s'en servent encore aujourd'hui les Orientaux. Ces moulins
consistaient en deux meules posées l'une sur l'autre, la supérieure étant
mobile et appelée en conséquence le char ou le coureur, Deutéronome 24:6; 2
Samuel 11:21; Juges 9:53; l'inférieure immobile, Job 41:15, était la borne, on
l'appelait aussi quelquefois l'âne, c'est-à-dire le porteur. Dans les familles
pauvres et peu nombreuses, c'étaient les femmes qui devaient moudre; dans de
grandes familles où ce travail devenait considérable et pénible, il était remis
à des esclaves, soit hommes, soit plus ordinairement femmes, Matthieu 24:41;
Luc 17:35, et en général aux plus méprisés et à ceux qui n'étaient pas capables
d'un travail plus délicat, Exode 11:5; Ésaïe 47:2; Juges 16:21; Ecclésiaste
12:5. C'était surtout comme punition, comme peine corporelle, qu'on infligeait
à des hommes cette occupation, et lorsqu'ils étaient dangereux on les chargeait
de chaînes, même on les aveuglait, ce qui avait le double effet de paralyser
des forces qu'ils auraient pu mal employer en les portant plus loin, et
d'empêcher le vertige que le mouvement de la meule produit naturellement, Juges
16:21; Lamentations 5:13. On trouve, Jérémie 25:10, une allusion au bruit que
la meule fait en tournant, bruit agréable par ses souvenirs, agréable comme
espérance et par liaison d'idées, agréable, parce qu'il promet du pain à la
famille, et parce qu'il rappelle la paix et la tranquillité du chez soi; on
peut comparer à l'impression produite par ce bruit, celle que fait le bruit du
moulin à café: ce bruit cessera comme tant d'autres jouissances, lorsque
s'accompliront les menaces de l'Éternel. Les meules étant regardées comme
objets de première nécessité, ne pouvaient être prises en gage, Deutéronome
24:6.
Il est parlé plus tard, dans le Talmud et dans le
Nouveau Testament,
— Voir: Matthieu 18:6,
de meules d'ânes, c'est-à-dire de meules pour la mise
en mouvement desquelles l'homme étant trop faible, on se servait d'ânes (asini
molarii); les Grecs, les Romains avaient des meules de ce genre, et les
Orientaux de nos jours s'en servent encore, et les font mouvoir par des ânes ou
des mulets, quelquefois par plusieurs esclaves réunis, Ovid. Fast. 6, 318.
— Voir: Burckhardt, et ailleurs.
Sur la coutume d'attacher une meule d'âne au cou de
certains criminels, et de les précipiter dans l'eau pour les noyer,
— Voir: Peines.
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MEURTRE, meurtrier.
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Le droit criminel des Israélites reconnaissait comme
l'ont fait toutes les législations, la distinction entre le meurtre proprement
dit et l'homicide involontaire, quoiqu'elle se servît du même nom pour désigner
l'un et l'autre, cf. Nombres 35:25; sq. Le meurtre entraînait toujours après
lui la peine de mort sans possibilité de commutation, Lévitique 24:17: la loi
n'était ainsi que l'écho de la première institution de cette peine, lorsque
Dieu dit à Noé au sortir de l'arche, «quiconque aura répandu le sang de
l'homme, son sang sera aussi répandu», Genèse 9:5-6. L'homicide involontaire
pouvait aussi quelquefois amener la mort pour le meurtrier, en vertu de l'ancienne
coutume qui abandonnait aux membres de la famille du mort le droit de la
vengeance du sang; le coupable était innocent devant la loi, mais, à cause du
sang et de la terre qui en était souillée, les parents pouvaient poursuivre le
meurtrier; la justice refusait de sévir, mais laissait libre cours aux
ressentiments privés; l'institution des villes de refuge était la seule
garantie que la loi donnât dans ce cas à l'homicide innocent, Nombres 35:25;
Deutéronome 19:5. Quand le meurtre avait été commis par un animal, par un bœuf,
par exemple, l'animal était mis à mort, et son propriétaire, rendu responsable
par la loi, devait une indemnité à la famille du défunt, et si la famille du
défunt ne se contentait pas de cette réparation, elle avait le droit de vengeance
comme dans le cas de l'homicide involontaire, cf. Exode 21:28-30. Mais s'il y
avait eu meurtre volontaire, ou même simplement intention de donner la mort,
accompagnée de voies de fait et de violences sur la personne d'un homme libre,
la peine capitale était inévitablement prononcée, Exode 21:12; Nombres 35:16;
Deutéronome 19:11. Il pouvait même ne pas y avoir intention de donner la mort,
mais coups portés par haine et suivis accidentellement de la mort par un faux
mouvement de celui qui était menacé; la loi par sa sévérité pressentait dans ce
cas cette belle maxime du Messie: «Celui qui hait est un meurtrier;» le
coupable était considéré comme assassin. Le meurtre d'un voleur surpris pendant
la nuit en flagrant délit n'était pas punissable; mais si le soleil était levé,
il était considéré comme un meurtre ordinaire, et puni comme tel, Exode 22:2;
pendant la nuit, en effet, deux circonstances pouvaient excuser l'homicide qui
se trouvait dans ce cas: le soin de sa propre défense, à laquelle il doit pourvoir
seul, puisque chacun dort autour de lui; puis l'incertitude de ses coups, qu'il
ne peut pas diriger comme il le voudrait dans l'obscurité, et du funeste
résultat desquels il ne saurait être justement rendu responsable. La mort d'une
femme enceinte, lorsqu'elle était produite, involontairement sans doute, dans
une rixe entre deux hommes, était cependant vengée par la mort, du meurtrier,
parce que dans ce cas il y avait double meurtre, et que la cause de la mort
n'était pas un accident, mais un esprit de querelle qui en lui-même déjà mérite
un châtiment, et qui doit être responsable du mal dont il est la cause, Exode
21:23. II n'est pas sûr que la peine de mort fût prononcée contre le
propriétaire d'une maison dont le toit, non garni d'une balustrade, aurait
occasionné la chute et la mort d'une personne, Deutéronome 22:8. Michaélis
penche pour l'affirmative, Winer croit, au contraire, que le législateur se
borne à mettre cette responsabilité sur la conscience du propriétaire.
Lorsqu'un esclave frappé par son maître mourait sous les coups, le maître était
puni; rien n'indique de quelle nature était ce châtiment, mais on peut croire
qu'il était sévère, puisque pour une dent ou pour un œil l'esclave était
affranchi; les rabbins pensent que le maître était puni de mort, mais ils ne
s'appuient sur aucune raison suffisante: si cependant l'esclave survivait de
quelques jours à ces mauvais traitements, la loi, tenant compte du droit de
frapper, devenait impuissante, et la perte de l'esclave était considérée comme
une peine assez forte pour qu'il ne fallût pas l'aggraver par une condamnation
spéciale «c'est son argent.» Exode 21:20. Enfin, dans le cas d'un meurtre
inconnu, Deutéronome 21:1-9, le lieu le plus voisin de l'endroit où le délit
avait été commis était chargé de la responsabilité, et les anciens de la ville
sacrifiaient en expiation, dans une vallée solitaire et abrupte, une jeune
génisse à laquelle on coupait le cou comme on l'aurait fait au criminel, au
lieu de la mettre à mort suivant l'usage ordinaire.
La constatation d'un meurtre ne pouvait avoir lieu que
sur la déposition d'au moins deux témoins, Nombres 35:30; le faux témoignage en
pareille matière était puni de mort par la loi du talion, Deutéronome 19:16-20.
Les témoins, dans le cas de lapidation, devaient les premiers jeter la pierre
au condamné; lorsqu'il y avait décapitation, c'était, semble-t-il, au vengeur
du sang de remplir l'office de bourreau, Nombres 35:19,21. On peut voir, 2
Samuel 11:4, l'exemple d'un cas où les rois d'Israël se sont arrogé le droit de
grâce à l'égard de meurtriers reconnus; mais on ne peut pas généraliser la
conclusion tirée de ce cas particulier.
La loi ne renferme aucune disposition relative à
l'infanticide, et ce crime paraît avoir été inconnu des Israélites, les causes
qui l'amènent dans nos sociétés modernes n'existant pas chez eux, où tout
tendait à le prévenir. Il n'est rien dit non plus du parricide. Les Juifs
postérieurs ont appliqué à l'empoisonneuse ce qui est dit de la sorcière, Exode
22:18, et ils punissaient de mort ceux qui préparaient des poisons, alors même
qu'on ne s'en était pas servi.
Enfin, il n'y a rien dans la loi qui soit relatif au
suicide; Flavius Josèphe le condamne dans une digression théologique, et l'on
trouve des exemples de cas de ce genre, 1 Samuel 31:4, où Saül se perce de son
épée ainsi que son écuyer; 2 Samuel 17:23, où Achitophel s'étrangle, et Actes
1:18, où le traître se fait justice à lui-même; cf. aussi 2 Maccabées 14:41.
— Voir: encore les articles spéciaux.
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MICA ou Michée
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(Juges 17 et 18), Israélite de la tribu d'Éphraïm,
vivait probablement pendant l'époque qui s'écoula entre la mort de Josué et
l'institution îles juges, vola à sa mère 1,100 pièces d'argent qu'il ne tarda
cependant pas à lui rendre; une partie de cette somme fut consacrée à l'achat
de deux images, le reste dut subvenir aux frais de ce culte idolâtre. Mica fit
lui-même un éphod et des théraphims, et consacra l'un de ses fils pour prêtre à
l'Éternel, mêlant ainsi dans sa conduite le paganisme et la religion révélée,
et paraissant ne pas s'apercevoir de toutes ses inconséquences. Bientôt un
lévite passe, et Mica l'engage comme prêtre au service de sa maison, dans
l'espoir que l'Éternel lui fera du bien pour ce singulier acte de fidélité;
mais cette espérance est vaine, son lévite le trahit, quelques espions danites
envoyés à la découverte deviennent maîtres de ses secrets, et les livrent avec
ses trésors à la troupe armée qui les accompagne. Il réclame, il poursuit, mais
ses paroles comme ses démarches sont inutiles, on refuse de l'entendre, et il
rentre chez lui, désolé d'avoir perdu des dieux qui n'avaient pourtant pas su
le défendre, et dont au contraire la possession avait été pour lui une cause de
ruine, en attirant l'attention et la convoitise des soldats pillards.
L'histoire de Mica, épisode peu intéressant d'une époque où il n'y avait en
Israël ni état ni gouvernement, reste comme un exemple de l'aveuglement où
l'idolâtrie jette ceux qui abandonnent la droite voie, et du malheur qui
s'attache à ceux qui veulent suivre à la fois Dieu et le monde, les ténèbres et
la lumière. Ce pauvre Juif a été peut-être plein de bonnes intentions par
devers lui, mais un zèle sans connaissance n'a pas de prix aux yeux de
l'Éternel, lorsque c'est par sa faute que le pécheur manque des connaissances
qu'il devrait avoir dans la doctrine de la vérité.
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MICAËL
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(qui est comme Dieu?), un des grands anges ou
archanges dont l'existence et le nom nous sont révélés par l'Écriture. Micaël,
appelé Michel en grec, Jude 9, était regardé comme le représentant du peuple
juif devant Dieu, et en quelque sorte sa personnification. Les rabbins l'opposent
souvent à Sammaël, le prince des ténèbres. C'est comme protecteur d'Israël
qu'il apparaît Daniel 10:13,21; 12:1, et salut Jean nous le montre remportant
aux derniers jours la victoire sur Satan et ses anges, Apocalypse 12:7. Ces
différents passages n'ont pas besoin d'explication, mais le combat rapporté
Jude 9, entre l'archange et le démon, présente de graves difficultés. On a cru
trouver dans ce passage une allusion à Zacharie 3:1-2. (Bèze et Vitringa), mais
pour appuyer cette opinion, il faut changer le texte et lire (au lieu de
Michel) Jésus, Josué, ou Jéhosuah, trois noms qui n'en sont qu'un dans
l'original avec de légères modifications; cette variante n'étant qu'une
hypothèse sans fondement doit être abandonnée, d'autant plus qu'il faudrait encore,
en l'admettant, prendre Micaël pour Jéhovah, et le corps pour la personne.
D'autres théologiens, partageant la même opinion sans accepter les variantes,
pensent que le corps de Moïse représente le judaïsme personnifié dans le grand
sacrificateur Jéhosuah (Wolff, Witsius).
— Une seconde classe de commentateurs, et non
seulement les rationalistes, mais aussi quelques théologiens orthodoxes, par
exemple Ligthfoot, supposent que Jude a cité ici des traditions apocryphes,
comme Paul quelquefois allègue des poètes païens; il ne veut ni confirmer, ni
réfuter, il se borne à employer cet argument contre ceux auxquels il s'adresse,
parce qu'ils ajoutent foi à de pareils récits, tout en faisant parade de leur
prétendue sagesse; il se sert contre eux d'un argument qu'ils accepteront, bien
qu'il ne l'accepte pas lui-même. Mais quand Paul fait des citations de ce
genre, c'est avec plus de précautions, et il est probable que si Jude eût voulu
citer une fable, il se serait exprimé autrement qu'il n'a fait. Troisièmement
enfin, et c'est depuis Calvin l'opinion le plus ordinairement reçue par les
commentateurs chrétiens, il se peut bien que cette tradition se trouvât dans
les livres apocryphes, mais ce n'est pas là que Jude l'a puisée: l'apôtre nous
transmet une tradition qui s'était conservée parmi les Juifs, et dont il
connaissait l'authenticité par une révélation de l'esprit de Dieu qui était en
lui. C'est ainsi qu'on peut trouver, dans des légendes, ou racontés par des
prêtres, beaucoup de faits qui n'en sont pas moins des vérités pour avoir passé
par ces intermédiaires, en général peu dignes de confiance. Jude a fait ici ce
que Paul a fait 2 Timothée 3:8, en citant les noms de Jaunes et de Mambrès; il
a suivi la tradition dans un cas où il savait qu'il pouvait le faire. Bèze
s'est joint à cette manière de faire, ainsi que Buddé, Schœttgen, Witsius, etc.
On prend ordinairement comme motif de cette dispute
l'intention de Satan de pousser les Juifs à l'idolâtrie en leur présentant le
corps de Moïse; mais il vaut mieux avouer son ignorance que d'avancer des
choses sans fondement. S'il y a dans l'Église chrétienne une idolâtrie
relativement aux corps des saints, cette idolâtrie n'existait pas, et ne
pouvait même pas exister pour l'Orient où les corps morts souillent les vivants;
on évite de les approcher, et les Juifs devaient se purifier s'ils n'avaient pu
éviter de toucher un cadavre. D'autres ont modifié cette explication en disant
qu'il est question de nécromancie dans ce passage; mais dans ce but le corps
mort de celui auquel on s'adressait n'était pas nécessaire, cl. 1 Samuel 28, et
25:1.
— Il paraît bien que la circonstance que Moïse a été
enseveli par le Seigneur lui-même, a donné occasion à cette dispute,
Deutéronome 34:6, mais nous n'en savons pas davantage, et lé seul cas un peu
analogue que nous trouvions dans l'Écriture est celui de Zacharie 3:2.
L'opinion qui entend par le corps de Moïse son corps de doctrine, n'est pas
soutenable.
— Les noms de plusieurs autres Micaël se trouvent
Nombres 13:14; 1 Chroniques 5:13; 7:3; 12:20; 2 Chroniques 21:2.
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MICAJA,
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— Voir: Mahaca #2.
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MICAL,
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fille cadette de Saül et d'Ahinoham, 1 Samuel 14:49.
Elle aima David et devint son épouse après que Mérab son aînée, d'abord fiancée
au fils d'Isaï, eut été donné à un autre, 18:20. Saül se réjouit de cet amour,
espérant faire tomber David entre les mains des Philistins en lui demandant une
dot sanglante; mais le jeune berger, trop heureux de mériter par son courage
une épouse qu'il aimait, revint triomphant et déjoua, sans le savoir, des plans
qu'il avait ignorés. La haine de Saül ayant éclaté, Mical fut attentive à
veiller sur les jours de son mari, et le tint autant que possible au courant
des mesures que Saül prenait contre lui; la maison de David ayant été cernée,
Mical le fit évader par une fenêtre, et mit un simulacre avec une hure de poil
de chèvre dans son lit, pour retarder les recherches, en faisant croire aux
guerriers de Saül que David était malade. La ruse ne pouvait rester longtemps
cachée, mais il fallait retourner auprès du roi pour l'interroger sur ce qu'il
y avait à faire dans cette circonstance, et pendant ce temps David put gagner
du terrain et s'échapper. Mical s'excusa auprès de son père en disant que David
l'avait menacée de la tuer si elle essayait de le retenir. C'est probablement
pendant cette absence de David que Mical fut donnée par son perfide père à Palti,
25:44, mais cette séparation, et ce second mariage auquel David n'avait pas
consenti, furent nuls aux yeux de David, qui ne put appliquer à ce cas
l'interdiction prononcée par la loi, Deutéronome 24:4, et qui reprit son épouse
aussitôt qu'il le put, 2 Samuel 3:13. Le dernier trait de la vie de Mical n'est
pas à sa louange; elle aimait son époux, elle n'aimait pas le roi théocratique
et prophète: lorsque l'arche fut transportée de la maison d'Hobed-Édom à
Jérusalem, David, plus joyeux des bénédictions divines que soigneux du décorum
et de l'étiquette, David qui n'avait pas pris des leçons de royauté à la cour
de Saül, s'abandonnait à toute l'allégresse dont son âme était pleine; Mical le
vit sautant de toute sa force devant l'Éternel, et elle le méprisa dans son
cœur: puis à son retour elle l'accueillit avec des paroles ironiques, qui lui
valurent une réponse pleine d'amertume, et qui amenèrent entre ces deux époux
qui se comprenaient pour les choses de la terre, mais qui ne se comprenaient
plus lorsqu'il était question des choses du ciel, un refroidissement qui dura
jusqu'à la mort de Mical (6:16; sq. 1 Chroniques 15:29). Le récit sacré finit
en disant qu'elle n'eut point d'enfants jusqu'au jour de sa mort, ce qui
emporte tout à la fois l'idée d'un châtiment de Dieu sur la fille de Saül, et
de la cessation des rapports entre David et son épouse. La sagesse de Dieu est
souvent folie devant les hommes; le chrétien fidèle peut être un objet de
ridicule pour les bien pensants de ce siècle et pour les Pharisiens du bon ton.
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MICHÉE.
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1. Prophète,
fils de Jimla, 897 avant J.-C., fut, à la demande de Josaphat, consulté par
Achab sur l'issue de la campagne qu'il se proposait d'entreprendre contre la
Syrie, 1 Rois 22; 2 Chroniques 18. Achab le haïssait à cause de plusieurs
oracles qu'il avait déjà prononcés contre lui, et peut-être ce prophète est-il
le même que celui dont il est parlé 1 Rois 20:28,41. Mandé auprès du monarque,
il est averti en chemin que tous les autres prophètes, au nombre de 400, ayant
annoncé l'heureux succès de la guerre, il ait à en faire autant; mais, prophète
de l'Éternel, vrai prophète, il ne dira que ce que Dieu lui dira. Il connaît
les mauvaises dispositions d'Achab, il ne craint pas de les irriter encore par
l'ironique amertume de son début. Achab voit que ses promesses de bonheur ne
sont que dérisoires, et, lorsque le prophète, changeant de langage, lui
annonce, d'une voix solennelle, la confusion de ses armées, la dispersion du
peuple, sa mort à lui-même, il voit murmurer le monarque et ses faux prophètes;
il continue alors, il instruit le procès de chacun, il frappe le roi, il frappe
les messagers de mensonge, il raconte une vision divine, le conseil de Dieu et
de ses anges, l'esprit d'étourdissement envoyé sur Achab, de mensonge sur ses
prophètes-courtisans. En vain l'orgueilleux et violent Tsidkija donne un
soufflet à Miellée; en vain Achab fait jeter le prophète en prison, l'oracle ne
saurait être changé, la vérité demeure, les prédictions s'accomplissent, Israël
est vaincu, Achab est tué.
— L'Histoire sainte s'arrête ici, sans donner aucun
détail ultérieur sur la vie et l'activité de ce prophète; mais, dans ce peu de
détails, on reconnaît partout l'homme ferme, juste, fidèle à son maître comme à
la vérité: rien ne l'émeut, rien ne l'abat, rien ne l'irrite. Il était
contemporain d'Élie, et rappelle, à quelques égards, ce grand caractère plein
de feu, d'énergie, et parfois d'ironie, un se demande pourquoi Josaphat,
désirant entendre un prophète du vrai Dieu, fait chercher Michée plutôt
qu'Élie. C'est peut-être qu'on ignorait où se tenait ce dernier; peut-être
aussi parce que la haine d'Achab contre le grand prophète était trop
implacable; plus probablement et plus simplement enfin parce que Michée était
là, et qu'il avait aussi l'esprit du Seigneur comme Eue.
2. Michée,
le sixième des petits prophètes (758-699). Nous n'avons sur sa personne et sur
sa famille d'autres indices que ceux qu'il nous donne lui-même, 1:1. Il était
de Moréseth, et fut contemporain des rois Jotham, Achaz et Ézéchias,
contemporain, par conséquent, du prophète Ésaïe, d'Osée et d'Amos, et de deux
siècles postérieur au fils de Jimla, dont il a été parlé ci-dessus. Les
royaumes de Juda et d'Éphraïm, ce dernier surtout, étaient dans ces jours de
crise qui préparaient leur ruine: Salmanassar se levait contre Éphraïm,
Sanchérib contre Juda, et, malgré quelques délivrances momentanées et
miraculeuses, le temps était à l'orage. Cependant le peuple n'y prenait pas
garde, et cette fatale sécurité, qui précède les grandes catastrophes, régnait
sur les habitants des deux royaumes et les endormait. Les prophètes seuls
veillaient. Michée déclare tour à tour à Jérusalem et à Samarie, à Juda et à
Éphraïm, les châtiments qui les attendent, et les invite à la repentance et au
salut; mais il sait bien qu'on ne l'écoutera pas; il le dit lui-même: «Un
esprit d'erreur, un prophète de mensonge qui prêcherait le vin et la cervoise,
voilà qui serait un prophète pour ce peuple» (2:11). Son nom et l'amertume de
ses prédictions contribuèrent, cent ans plus tard, à sauver les jours de
Jérémie (26:18, cf. Michée 3:12), que les principaux de Jérusalem voulaient
mettre à mort, parce qu'il avait censuré leur mauvais train, et annoncé la
ruine de la ville sainte.
— Le style de Michée est vif, chaleureux, animé,
pittoresque; il abonde en figures, et revêt, par moments, la forme du dialogue.
Son livre se divise en trois parties:
1. les
chapitres 1-3, qui renferment la description de l'état moral du peuple, et les
châtiments qui l'attendent;
2. les
chapitres 4 et 5 sont une prophétie messianique, un coup d'oeil dans l'avenir,
la perspective de jours meilleurs;
3. retour
à la première partie, 6 et 7. On peut aussi le diviser historiquement en trois
parties, dont la première (1-2:10) renferme les oracles prononcés sous Jotham,
roi de Juda, et sous son contemporain, Pékah d'Israël; la seconde (2:10-4:8) a
été prononcée sous Achaz et sous Ézéchias, qui fut associé à son trône pendant
les dernières années de sa vie, ainsi que pendant la fin du règne de Pékah en
Israël; la troisième enfin appartient au règne d'Ézéchias, dont les six
premières années coïncident avec la plus grande partie du règne d'Osée, le
dernier roi d'Israël (4:9-7). C'est dans cette dernière portion de son livre
que se trouve cet oracle si clair et si connu des Juifs, de la naissance du
Messie en Bethléem de Juda.
— Ésaïe, 2:2-4, a copié presque littéralement Michée
4:1-3; du moins l'opinion inverse qui suppose que c'est Michée qui a copié
Ésaïe se justifie moins bien, de même que celle qui veut que tous les deux
aient emprunté ces versets à un troisième prophète plus ancien.
— Voir: Preiswerk, Morgenl. 1839, p. 129, sq..
4. Fils
de Guémaria, Jérémie 36:11. Ayant entendu lire dans la salle de son père les
oracles de Jérémie contre Jéhojakim, et peut-être ayant vu l'impression que ces
paroles avaient faites sur le peuple, il trouva la chose assez importante, et
courut avertir les princes. Il ne paraît pas qu'il se proposât de nuire au
prophète, et l'on aurait tort de voir en lui un délateur; il a voulu servir les
intérêts de ses maîtres, et n'a pas cru pouvoir mieux les servir qu'en leur
faisant connaître la parole de l'Éternel; il était assez naïf pour croire que
les grands et les chefs des nations désirent d'être éclairés. Si le roi s'est
irrité, si la vie du prophète a été en danger, la faute n'en est point à lui,
mais aux mauvaises dispositions de Jéhojakim et à son inimitié contre la
vérité.
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MICHEL,
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— Voir: Micaël.
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MICHMÉTHA,
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ville située sur les frontières d'Éphraïm et de
Manassé, non loin de Sichem, vers l'est-nord-est, Josué 16:6; 17:7.
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MICMAS,
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ville des Benjamites, Esdras 2:27; Néhémie 11:31; cf.
7:31, au sud de Migron, dans la direction de Jérusalem, Ésaïe 10:28, et à l'est
de Béthaven, 1 Samuel 13:5. C'est dans le défilé de ce nom, situé à l'est de la
vallée d'Ajalon, que Jonathan remporta, par la foi, la victoire sur les
Philistins, après avoir jeté l'épouvante dans leur camp. La position de Micmas
était importante sous le point de vue militaire, à cause des deux rochers qui
fermaient l'entrée du défilé, cf. Ésaïe 10:29; 1 Samuel 14:4; et 1 Maccabées
9:73. Ses environs étaient extrêmement fertiles. On trouve encore quelques
ruines, et même des cabanes habitées, placement de l'ancienne Mien faut les
chercher plus loin qu'Elbir, et moins à l'ouest de Jérusalem.
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MICTAM,
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— Voir: Psaumes.
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MIDDIN,
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ville du désert de Juda, Josué 15:61.
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MIEL,
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substance bien connue, qui a été de tous temps, et qui
est encore de nos jours, un des principaux régals des Orientaux,
— Voir: Genèse 43:11; 1 Samuel 14:27; 2 Samuel 17:29;
Psaumes 19:10 (cf. Sirach 39:31); Cantique 5:1; Proverbes 24:13; Ézéchiel
16:13; Luc 24:42; etc.
Bochart a consacré vingt-huit pages à
l'éclaircissement des passages bibliques où il est parlé du miel, et son
travail doit être consulté.
Les païens avaient coutume d'offrir du miel en
sacrifice à leurs divinités, et c'est peut-être pour éloigner toujours plus les
Israélites des usages païens, que Dieu leur avait défendu de le faire sur ses
autels; d'un autre côté, pour les rattacher cependant à la vie paisible de
l'agriculture, il avait maintenu les prémices du miel avec toutes les autres
offrandes en nature, comme devant être offertes aux prêtres pour servir à leur
entretien; cf. Lévitique 2:11; 2 Chroniques 31:5.
— Quelques auteurs pensent que dans plusieurs passages
de l'Ancien Testament, et notamment Genèse 43:11; Ézéchiel 27:17; Jérémie 41:8,
il ne s'agit pas du miel d'abeilles, mais d'une espèce de liqueur sucrée, de
sirop, qui découle des dattes lorsqu'elle sont en pleine maturité (les docteurs
juifs, Maïmonide, Flavius Josèphe; Hiller, Celsius, Geddes, etc.); ils
s'appuient entre autres sur ce que le mot hébreu debash qui signifie miel, a en
arabe le sens de dattes; d'autres pensent qu'il faut l'entendre d'un miel de
raisins, c'est-à-dire du jus de la vigne, cuit avec ou sans sucre, jusqu'à
épaisseur de sirop (Rosenmuller); cette boisson se fait de nos jours encore en
Syrie et en Palestine (Shaw, Russel, Burckhardt). Trois quintaux de raisins
donnent un quintal de cette liqueur, nommée encore debs (debash). On l'emploie
au lieu de sucre, en la délayant d'eau; pour les pauvres elle remplace aussi le
beurre, et pour les malades le vin. Les Grecs et les Romains connaissaient aussi
le miel du raisin, et ils s'en servaient non seulement avec le vin et le lait,
mais aussi pour l'assaisonnement des fruits cuits (Virgile, Ovid., Pline,
etc.). On fait observer encore que le miel était si commun en Palestine qu'on a
pu appeler cette terre un pays découlant de lait et de miel, Exode 3:8; 13:5;
Deutéronome 32:13; Psaumes 81:16; etc., et que par conséquent un présent de
miel ne pouvait pas être quelque chose de bien rare pour le gouverneur de,
l'Égypte, tandis que du miel de raisin était plus digne de lui être offert, et
plus capable de le bien disposer, Genèse 43:11.
Quoi qu'il en soit de cette question, les abeilles
abondaient en Palestine, et les forêts pleines de leurs essaims, étaient
chargées de rayons dont les cellules, se fondant à l'ardeur du soleil,
laissaient échapper leur miel qui coulait le long des arbres et sur les
rochers, pur de toute espèce d'alliage, de mélange de cire, plus délicat et
plus recherché que le miel des abeilles de jardin: les Hébreux l'appelaient
yaarah, mot que nos versions ont improprement traduit par rayon de miel, 1
Samuel 14:27; Cantique 5:1, au lieu de: miel qui coule, ou de: ce qui distille
des rayons de miel;
— Voir: aussi Matthieu 3:4.
D'après Suidas, Kühnol, Fritsche, ce miel de forêts
désignerait une espèce de manne qui découle des feuilles de certains arbres,
soit naturellement, soit par suites des piqûres d'un insecte; mais cette
opinion ne se justifie que par des analogies éloignées.
— Le mot nopheth employé Psaumes 19:10; Proverbes 5:3;
24:13; 27:7; Cantique 4:11, a paru à Harmer désigner le miel de dattes, mais il
signifie étymologiquement ce qui distille, et le mot noub qui correspond en
arabe à l'hébreu nouph ou nopheth, signifie encore miel sauvage, ce qui
distille des rayons de miel (Forskal, Russel). Hasselquist, Maundrell et Shaw,
ont trouvé dans les plaines émaillées de Jérico des rayons de miel sauvage
aussi gros et aussi soignés que s'ils eussent été dans des ruches.
Le beurre et le miel sont nommés dans l'Écriture parmi
les rafraîchissements les plus délicieux, 2 Samuel 17:29; Cantique 4:11; Job
20:17; Ésaïe 7:15. Dans le passage 1 Samuel 14:27; cf. 30, l'effet produit par
le miel sur les yeux de Jonathan, n'est autre chose que les forces et la clarté
d'esprit que retrouve un homme fatigué et affamé lorsqu'il s'est un peu reposé
et qu'il a pris quelque nourriture. Mais comme de violents désirs ont de
violentes fins, et que la voracité s'engloutit et se tue elle-même dans sa
satisfaction, Salomon a choisi l'exemple du miel pour recommander à l'homme la
sobriété, Proverbes 25:16.
Les Hébreux appelaient bakbuk le vase destiné à
contenir le miel coulé, 1 Rois 14:3: d'après Jérémie 19:1,10, il paraît que
c'étaient des vases de terre, et nos versions ont improprement traduit ce mot
par bouteille, car il est évident que c'est de vaisseaux évasés et non de vases
à longs cous que les Hébreux devaient se servir, pour y mettre une liqueur
sirupeuse aussi facile à se candir que le miel.
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MIGDAL.
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1. Migdal-El,
ville de la tribu de Nephthali, Josué 19:38. L'endroit dont parle Eusèbe sous
le nom de Magdiel, tombe en dehors des limites de cette tribu, et ne doit ainsi
pas être confondu avec cette ville.
2. Migdal-Gad,
dans les plaines de Juda, Josué 15:37.
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MIGDOL,
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ville d'Égypte située non loin du golfe arabique, à la
frontière septentrionale du pays, Exode 14:2; Nombres 33:7; Jérémie 44:1;
46:14; (hébreu, Ézéchiel 29:10; 30:6). La version d'Alexandrie, et Hérodote, la
nomment Magdol, et dans la langue des Égyptiens elle s'appelait Meschtôl au
dire de Champollion. Elle était entre Pelusium et Daphné, à environ 4 lieues
1/2 de Pelusium.
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MIGRON,
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ville au sud-sud-ouest d'Aï, et au nord de Micmas,
Ésaïe 10:28; 1 Samuel 14:2. D'après Rosenmuller il y aurait eu aussi un endroit
de ce nom près de Guibhath-Saül, et c'est de cette place qu'il serait question
dans le dernier passage; il s'appuie sur ce que Saül étant à Guibhath, 13:16,
et les Philistins à Micmas, 13:23, il ne pouvait avoir franchi l'armée ennemie
pour se rendre au-delà, à Migron; mais comme le fait observer Winer, c'est une
difficulté qu'une connaissance plus exacte des lieux et des défilés ferait
peut-être disparaître; il n'est d'ailleurs pas probable que si près de Migron,
se trouvât un endroit du même nom sans désignation spéciale.
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MILET,
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ville de l'Asie Mineure, peu éloignée d'Éphèse;
d'abord appelée Lelégeis elle a pris successivement les noms de Pityusa,
d'Anactoria et de Milet, et ses ruines portent maintenant le nom de Palat ou
Palatsa: Chandler, dernier éditeur des marbre de Paros, paraît du moins avoir
bien établi l'identité de ces deux endroits, car à Palat il a trouvé sur le
côté du théâtre qui avoisine la mer, une inscription en gros caractères,
grossièrement taillée, dans laquelle le nom de la ville de Milet est répété
sept fois.
— Célèbre par la finesse de ses laines et la beauté de
ses étoffes, Milet, capitale de l'Ionie, avait ouvert quatre ports au commerce,
et possédait un grand nombre de colonies: Thaïes, Anaximandre et Cadmus étaient
originaires de cette ville, qui possédait encore beaucoup d'autres citoyens
illustres; mais plus tard des habitudes de luxe et de volupté corrompirent les
mœurs, et avec elles s'évanouit la bonne réputation de sagesse et d'intelligence
qu'avaient longtemps méritée ses habitants. L'apôtre Paul y passa se rendant de
Macédoine à Jérusalem, et il y eut une conférence avec les pasteurs d'Éphèse,
qu'il avait fait venir ne pouvant se rendre auprès d'eux, Actes 20:15; 17; cf.
aussi 2 Timothée 4:20.
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MILLE.
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1. Nombre
qui se prend souvent dans l'Écriture pour exprimer une quantité considérable,
mais indéfinie, Deutéronome 5:10; 7:9; Psaumes 84:10; 105:8; Apocalypse 20:2-4.
C'est sur ce dernier passage que repose toute la doctrine du chiliasme ou du
règne personnel de notre Sauveur sur la terre pendant mille ans, doctrine que
nous ne pouvons examiner ici, qui a été crue des premiers pères comme elle
l'était des Juifs, qui a été condamnée par l'Église à cause des aberrations de
ses sectateurs, et qui, si elle doit être acceptée par le chrétien fidèle et
humble, doit l'être simplement, et sans les additions et les développements
d'une fausse sagesse ou d'une riche imagination, car il y a autant et plus de
danger à la défigurer qu'à la rejeter; dans le premier cas on flatte la chair
en matérialisant l'esprit, dans le second on se prive d'une espérance et d'un
privilège.
2. Mille,
Matthieu 5:41, mesure de distance qui varie beaucoup d'un pays à l'autre; les
Juifs ne connurent que depuis la domination romaine cette mesure qui leur fut
donnée par les conquérants; le milliare ou milliarium comptait mille pas
géométriques, soit 5,000 pieds, soit plus exactement encore 1,800 mètres, ou
bien un tiers de lieue de 25 au degré; c'est le mille anglais, ou le tiers du
mille géographique. Les talmudistes ont conservé à cette mesure le nom de mil,
mais ils la réduisent à 7 1/2 au lieu de 8 stades. Les Romains établirent sur
les grandes routes de la Palestine des pierres milliaires qui indiquaient les
distances des villes les plus rapprochées ou les plus importantes,
— Voir: Villes.
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MILLÉNIUM.
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On est d'accord sur le mot. Les interprètes ne peuvent
faire autrement, en présence du vingtième chapitre de l'Apocalypse, que de
reconnaître clairement un règne de mille ans comme prédit; mais ils sont
extrêmement divisés quant à la manière de le concevoir. Il y a aussi différentes positions qui s’opposent à ce mensonge
grossier d’un millénium terrestre. La
Bible enseigne plutôt un millénium spirituel situé entre les deux venus de
Christ qui correspond au temps de la grâce. Les apostats le présument
terrestre, comme un règne visible et personnel de Christ au milieu de l'Église
et sur le monde vaincu et soumis, qui tentera cependant de se soulever une
dernière fois. C'est proprement la théorie apocalyptique. Il y a quelques
présomptions assez fortes qui soutiennent cette fausse doctrine.
1. L'Église
étant présentée comme plus glorieuse, même extérieurement, que l'ancien Israël,
on ne voit point que cette promesse soit accomplie dans son existence actuelle,
où tout bien est invisible, et où toute gloire est cachée.
2. Les
promesses faites aux Juifs sur le rétablissement de Jérusalem comme métropole
du monde, et où son faux Messie enfin reconnu dominera en étendant sa loi sur
tous les peuples, prophéties qui ont quelque chose de littéral et qui n'ont
jamais eu d'accomplissement encore et n'en ont un possible que dans cette
hypothèse farfelue, Jérémie 32:37-44; 33:20,24-26.
Le seul argument qu'on puisse invoquer contre ce
système est la déclaration de Christ: Mon règne n'est pas de ce monde. Mais
comme d'autre part son règne doit être sur la terre, n'y aurait-il pas quelque
vraisemblance à ce que l'Église eût une période visible, glorieuse, et qui la
rendît supérieure à l'ancienne, à laquelle elle est certainement inférieure
depuis l'éclipsé presque totale des dons miraculeux. Elle n'est plus même ce
qu'elle a été à son origine, et pendant ses beaux jours, où les croyants
étaient comme des dieux sur la terre, et paraissaient manifestement les enfants
du Souverain par l'exercice de cette grande puissance qu'ils déployaient en
défiant même leurs persécuteurs. Aujourd'hui tout est réduit, quant aux
privilèges du peuple de Dieu, à une spiritualité nue, à un mode moral dépouillé
de tout caractère triomphant; et pourtant, avant de le détruire, Christ doit
voir le monde à ses pieds, autrement les promesses nombreuses qui s'y
rapportent semblent n'avoir pas de sens, et n'offrent, pour les saisir, ni
corps, ni substance. Tout le parallèle 2 Corinthiens 3:7; sq., où saint Paul
fait valoir, à fortiori, le second ministère comme infiniment plus glorieux que
le premier, s'en va dans le vide si sa gloire n'est que la gloire à venir, car
la gloire céleste est le but dans l'éternité, et non le moyen dans le temps; et
une fois le but atteint, il n'est plus question d'un ministère qui, en
attendant, n'aura point été glorieux: le ministère, alors sera aboli comme la
foi, l'espérance, le don des langues, et toute cette divine et brillante armure
dont l'Église aura été revêtue au temps de ses combats.
On explique le millénium terrestre par l'idée d'un
grand jour sabbatique, en appliquant à ce jour d'une manière littérale le
principe de saint Pierre: Un jour devant le Seigneur est comme mille ans. Ce
serait le septième jour de l'œuvre entière de Dieu, le jour où cette œuvre
serait pleinement bénie et sanctifiée. On aurait compté deux mille ans avant la
loi, deux mille ans sous la loi, et deux mille ans sous le Messie. Christ, la
lumière du monde, le vrai soleil de justice, venant à la fin du quatrième
millénaire, correspondrait à la création du soleil qui eut lieu le quatrième
jour. Le septième millénaire serait le grand sabbat, le grand repos terrestre
auquel se rapporte cette promesse de l'Épître aux Hébreux, qu'il reste encore
un repos pour le peuple de Dieu, et cet âge d'or décrit par Ésaïe, et cette
déclaration de l'Apocalypse, qui nous représente Satan lié pour mille ans.
Pendant cet âge bienheureux, le Christ régnerait sur
la terre visiblement, c'est-à-dire, selon les uns, par de grandes et fréquentes
manifestations; selon les autres, même personnellement comme roi, après avoir
renversé les pouvoirs établis, les puissances terrestres, les royautés et les
puissances, et concentré dans ses mains les rênes du gouvernement du monde
entier. Les saints alors jugeraient le monde; tel serviteur serait établi sur
cinq villes, tel autre sur dix. Les saints du Souverain posséderaient le
royaume selon l'oracle de Daniel, ce qui n'a jamais eu lieu; les apôtres
seraient assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d'Israël, comme le
dit Jésus, Matthieu 19:28; Luc 22:30. Car, qu'est-ce que peut être ce royaume
promis aux apôtres?
La doctrine du millénium entendu de cette manière,
rend nécessaire le sens littéral des deux résurrections dont parlent Paul, 1
Corinthiens 15:23; 1 Thessaloniciens 4:16, et Jean dans l'Apocalypse, 20:4;
sq.; d'après ce dernier passage, on est cependant forcé de reconnaître que ce
n'est pas toute l'Église qui ressuscitera, mais ceux-là seulement qui ont été
mis à mort pour le témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu, lesquels
n'ont point adoré la Bête ni son image, et n'ont point pris sa marque sur le
front ou sur la main. Tous ceux qui vivront pendant le millénium ne seront pas
des ressuscités.
Les partisans de la doctrine millénaire sont nombreux,
et tendent à le devenir tous les jours davantage; mais ils sont très loin de
s'accorder entre eux pour les détails, et la diversité de leurs sentiments ne
contribue pas peu à en rendre l'exposition difficile; on peut s'en convaincre
par la lecture des ouvrages qui ont paru sur ce sujet, ces dernières années,
depuis Bogue jusqu'aux publications de l'école de Plymouth. Le millénarisme
proprement dit, le chiliasme, a été passé sous silence dans toutes les
confessions de foi, ce qui prouve plutôt les hésitations que l'indifférence de
l'Église à ce sujet. Le chiliasmus dit crassus, représenté par les Montanistes
et par Papias, évêque d'Hiérapolis; le chiliasmus subtilis, qui entendait le
bonheur d'une nature spirituelle, sans écarter l'idée de circonstances
extérieures pleinement favorables, représenté par l'Épître de Barnabas, et,
dans les temps plus modernes, par Bengel; enfin le chiliasmus subtilissimus,
représenté par Spener, Vitringa, etc.; ces différents systèmes, avec toutes
leurs nuances et sub-divisions, forment le champ indéfini de ce qu'on peut
appeler en dogmatique l'eschatologie terrestre. Les difficultés du sujet sont
grandes et commandent la prudence, mais on oublie parfois qu'il faut être
prudent des deux côtés. Spener, par exemple, était plus que prudent lorsque,
interrogé sur ce qu'il pensait du chiliasme, il répondait «que, s'il y avait
des idées fausses et condamnables sur le millénium, il y en avait aussi de
vraies; qu'on ne devait pas, en conséquence, taxer d'hérésie et exclure de
l'Église quiconque admettait un chiliasme: d'autant plus que la confession
d'Augsbourg ne le rejetait pas d'une manière absolue, mais qu'elle condamnait
seulement une certaine manière de le comprendre.» Ailleurs cependant il se
prononce avec plus de clarté: la conversion des Juifs, la ruine de la Rome
anti-chrétienne, et une époque florissante pour l'Église sur la terre, sont les
principaux éléments de son système. Pour les Juifs, il se fonde sur Romains
11:25; et Osée 3:5; si tous les individus ne se convertissent pas, ce sera le
cas au moins de la grande masse, et ainsi tout Israël sera sauvé. Le chapitre
18 de l'Apocalypse: «Elle est tombée, la grande Babylone, etc.», lui semble
prédire la chute de Rome et du pape, et par conséquent la destruction de
l'empire de l'antéchrist, bien qu'il puisse en demeurer encore quelques restes
épars et sans force. Enfin il croyait voir l'annonce de beaux jours pour
l'Église dans le chapitre 20 de l'Apocalypse: sans doute il ne pouvait pénétrer
le sens obscur de ce passage; mais il voyait bien clairement qu'il y était
question d'un règne de mille ans de Christ avec ses saints, règne qui
évidemment n'avait point encore commencé, et qui était tout entier à venir: il
ferait partie du règne de la grâce sur la terre, et se terminerait par le
passage au règne de la gloire. Il n'ose point se prononcer sur la durée précise
de cette époque, ni sur la nature de cette félicité, toutefois ce ne sera point
un règne terrestre et mondain; le règne de Christ n'est point de ce monde, bien
qu'il doive avoir lieu dans ce monde.
— Voir: Spener et son Époque, par Hossbach, traduction
par Clément, p. 268, sq..
Presque toutes les difficultés dans l'examen de cette
question viennent de ce que l'Apocalypse présente, sous une autre forme que le
reste des livres du Nouveau Testament, la doctrine de la fin de toutes choses,
et de ce qu'il répugne au sentiment naturel du chrétien d'associer un règne de
Christ aux misères de ce monde maudit. Il nous semble au contraire que la
terre, qui toujours a suivi parallèlement l'histoire de l'humanité, doit, comme
elle, être en quelque sorte régénérée, convertie avant sa destruction (et elle
le serait par le règne de Christ), pour être rendue digne d'être renouvelée et
de devenir éternelle, et passant, comme l'homme, par la mort de la destruction qui
marquera les derniers temps et le dernier jour.
Il importe de
souligner que le Millénium est strictement la période de la grâce entre les
deux avènements de Christ dans laquelle Il règne comme Roi des rois dans le
cœur de ses élus par la présence de son Saint-Esprit. Le Millénium littéral
d’un royaume terrestre est une fausse doctrine dangereuse qui s’oppose à la
royauté actuelle de Christ. Ceux qui désirent un royaume terrestre seront
retranchés du Royaume Céleste et éternel qui sera manifesté pleinement lors de
la dernière apparition de Christ en ce monde.
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MILLET,
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plante qui doit avoir reçu son nom de son abondante et
facile reproduction, parce qu'elle rend beaucoup plus que toute autre, et qu'un
épi peut porter sinon mille grains, au moins un nombre très considérable
(Martin, Lexic. étym.). Il est encore, selon Niebuhr, très abondant en Égypte
et dans l'Arabie Heureuse, où il forme la nourriture la plus ordinaire des pauvres,
mais il est si désagréable au goût que ce voyageur lui préfère de beaucoup le
pain d'orge; on l'appelle durra. On a cru le reconnaître dans le dochan
d'Ézéchiel 4:9, et dans le nisman d'Ésaïe 28:25. Il est probable, en effet, que
par dochan il faut entendre une espèce de millet (holcus dochna L.) qui atteint
une hauteur de 2 à 3 mètres, et dont les grains, à peu près semblables au riz,
donnent une farine peu délicate; on en fait la moisson au commencement de
novembre. Mais le passage d'Ésaïe est moins facile à comprendre; quelques
auteurs ont voulu lire sésame au lieu de nisman, et l'on a fait plusieurs
hypothèses de ce genre; d'autres, prenant nisman pour un nom de plante, l'ont
un peu au hasard traduit par millet, et lisent à la fin du verset: «ne sème-t-il
pas dans sa terre du froment, de l'orge, du millet et de la vesce, chacun en sa
place;» nos versions sont meilleures, elles regardent nisman comme un adjectif
pris adverbialement, et elles portent «l'orge en son lieu assigné.» Ce verset
rappelle les soins minutieux que les Orientaux donnaient à l'agriculture; le
laboureur met le blé en ligne, l'orge à sa place, et l'épeautre pour bordure.
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MINES.
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1. Bien
que les montagnes de la Palestine fussent riches en divers métaux, il ne paraît
pas que les Hébreux en aient jamais fait une exploitation régulière, et
maintenant encore, on ne trouve aucune trace de mines, anciennes ou modernes
dans ce pays. Les allusions faites à l'art des mines, Job 28:1; sq., prouvent
que cet art a été connu fort anciennement, mais non qu'il ait été connu, et
encore moins qu'il ait été pratiqué des Hébreux. Il est parlé 1 Maccabées 8:3;
des mines d'or et d'argent qui se trouvaient en Espagne; elles étaient célèbres
dans l'antiquité et ont fait une partie de la fortune des Phéniciens, qui en
écoulaient les produits par Tyr dans tous les marchés de l'Asie.
2. Mine,
monnaie grecque-attique, évaluée à cent drachmes, un peu plus de 80 francs de
notre monnaie, Luc 19:13 (dans le texte). La mine paraît avoir été d'abord une
mesure de poids, et c'est comme telle qu'on la trouve mentionnée 1 Maccabées
14:24; cf. 15:18; le bouclier d'or dont il s'agit dans ce passage, aurait pesé,
d'après l'évaluation ordinaire de la mine, plus de 880 livres.
— Les Hébreux avaient une mine différente de celle des
Grecs, tout à la fois mesure de poids pour les vases d'or ou d'argent, 1 Rois
10:17, et monnaie fictive pour l'appréciation de sommes d'argent considérables,
Esdras 2:69; Néhémie 7:71; d'après 2 Chroniques 9:16; cf. 1 Rois 10:17, elle
pesait 100 sicles; Ézéchiel, 45:12, parle d'une mine plus petite, du poids de
60 sicles ou même de 50 seulement, si l'on admet la correction plus probable de
cet obscur verset «Alors (dans le nouveau royaume d'Israël) le sicle vaudra 20
oboles, une pièce de 5 sicles vaudra 5 sicles, une pièce de 10 en vaudra 10, et
la mine en vaudra 50;» c'est-à-dire que les poids et les monnaies une fois
fixés, ne seront pas exposés à perdre de leur valeur par des altérations ou des
dépréciations.
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MINNITH,
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ville située au-delà du Jourdain dans le pays des
Hammonites, entre Hesbon et Rabbath-Ammon, dans une plaine riche en fourrages
et en blés, Juges 11:33; Ézéchiel 27:17. Saint Jérôme l'appelle Mannith, et
Eusèbe Maanith.
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MIRAGE,
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phénomène des sables du désert, apparences trompeuses
produites par l'évaporation forte et continue qui s'élève de la terre au matin,
dans les pays chauds ou la rosée est plus abondante que chez nous; son nom
hébreu est sharab qui emporte une idée de chaleur; il en est parlé Es 35:7, et
l'on peut croire que Jérémie 15:18, y fait allusion, quoiqu'il soit possible
aussi que le prophète ait en vue ces sources éphémères que le voyageur trouve
sur sa route, mais qui ne tardent pas à sécher ou à disparaître sous des
collines de sable, et qu'on ne peut plus retrouver quand on les cherche de
nouveau. Voici comment en parlent MM. Keith, etc. (Les Juifs d'Eur. et de
Palest., p. 35): «Nous vîmes dans l'éloignement le phénomène bien connu du
mirage auquel le prophète Ésaïe fait probablement allusion, etc. Nous vîmes
d'abord ce qui nous semblait une rivière coulant paisiblement, et réfléchissant
sur sa surface unie des arbres qui croissaient sur ses bords, tandis que
quelque objet plus éloigné faisait l'effet d'une belle maison entourée
d'arbres. Puis cette vue se transforma en châteaux entourés de palmiers, sur le
bord d'un beau lac qui s'étendait de notre côté. Ce changement continuel
d'aspect, ainsi que la vapeur répandue dans l'atmosphère, sert à faire
reconnaître l'illusion du mirage.»
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MIROIRS.
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Les miroirs de verre ne sont connus que depuis le
treizième siècle; jusqu'à cette époque, les anciens ne se servaient, comme font
maintenant encore presque tous les peuples de l'Orient, que de miroirs de métal
poli, de cuivre, d'étain, d'argent ou d'un alliage d'étain avec l'un de ces
deux autres métaux; l'usage en était si commun déjà du temps de Pline, que les
domestiques même avaient souvent des miroirs d'argent. Cet objet de luxe et de
propreté était une invention des Sidoniens. Les Hébreux le connaissaient, Job
37:18, et il ressort de Exode 38:8, qu'il n'était point rare du tout, et que
les femmes hébraïques en possédaient un fort grand nombre; c'étaient peut-être
des miroirs portatifs retenus à la ceinture par des agrafes, ou fixés sur les
bagues en guise de chaton. Ces petits miroirs avaient leur rôle dans quelques
cérémonies païennes, et les femmes, en les présentant à leurs déesses,
semblaient leur rendre hommage et se mettre dans leur dépendance; on a voulu
voir dans le passage cité de l'Exode une allusion à cette coutume, mais on ne
l'a ni prouvé, ni même rendu probable (Gesenius). Une autre espèce de petits
miroirs est nommée, Ésaïe 3:23, parmi les objets de luxe que le Seigneur
détruira dans Juda en punition des péchés du peuple;
— Voir: encore Jacques 1:23; 1 Corinthiens 13:12.
L'idée de miroirs se retrouve aussi 2 Corinthiens
3:18, qui serait mieux traduit peut-être: «Nous tous qui faisons rayonner
(comme en un miroir) la gloire du Seigneur», etc.
On comprend que, pour pouvoir être, non seulement
portés, mais achetés facilement, des miroirs de métal devaient être très
petits; leur forme était ordinairement ronde ou ovale. Cependant il paraît
qu'avec le temps, on attacha beaucoup d'importance à ces objets de luxe, et
Sénèque se plaint d'avoir vu des miroirs aussi grands que le corps humain. La
dot offerte par le sénat aux filles de Scipion n'aurait pas suffi, dit-il, à
acheter un miroir à la fille d'un affranchi de son temps.
— Il y avait, chez les païens, une divination par le
miroir, dont nous n'avons pas à nous occuper ici.
— Voir: Pausan. 7, 21; d'Herbelot, Bibl. Orient., p.
392.
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MISAËL.
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1. Misaël
et Eltsaphan, fils de Huziel, dernier fils de Kéhath, étaient ainsi cousins de
Moïse et d'Aaron. Ils furent chargés de conduire le deuil de Nadab et d'Ahibu,
frappés par la vengeance divine pour avoir profané le sanctuaire, et ils
remplacèrent, dans cette triste cérémonie, Aaron et ses fils, qui auraient dû
naturellement y présider, mais dont la présence, dans ce cas particulier, eût
eu l'air de regrets, et presque d'une protestation contre le jugement de Dieu,
Exode 6:22; Lévitique 10:4; Nombres 3:30.
2. —
Voir: Mésac.
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MISÉAL,
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ville lévitique de la tribu d'Aser, Josué 19:26;
21:30; d'après Eusèbe, elle était sur les côtes de la Méditerranée, non loin du
Carmel: c'est probablement la même que Masal, 1 Chroniques 6:74.
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MITHKA,
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un des campements des Israélites dans le désert, entre
Térah et Hasmonah, Nombres 33:28; du reste, inconnu.
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MITHRÉDAT,
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— Voir: Bislam.
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MITSPA,
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nom de ville, qui signifie un signal, une tour
d'observation, un lieu élevé, du haut duquel on surveille toute la contrée;
plusieurs de ces villes portent ce nom.
1. Juges
11:11,34, la résidence de Jephthé, au-delà du Jourdain, différente probablement
de Mitspé de Galaad, verset 29.
2. Mitspa,
appelée aussi Mitspé, Josué 18:26, la frontière militaire de Juda contre
Éphraïm, située en Benjamin: c'était presque le point central des tribus
d'Israël. C'est là que les Israélites se rassemblèrent vers l'Éternel pour
punir Benjamin, Juges 20:1; 21:1. Elle acquit sous Samuel une certaine
importance: Samuel y juge et y sacrifie; il en fait un lieu de prières, 1
Samuel 7:5-17; cf. 1 Maccabées 3:46. Israël, à sa voix, y abandonne ses idoles
et devient vainqueur des Philistins; Saül y est désigné roi par le sort, 1
Samuel 10. Plus tard, le roi de Juda, Asa, la fortifie et en fait le boulevard
de ses états du côté d'Éphraïm, 1 Rois 15:22; 2 Chroniques 16:6. Après la
destruction de Jérusalem, le gouverneur Guédalia établi par Nébucadnetsar sur
la Judée, y fixe sa résidence, Jérémie 40:6; 41:14; 2 Rois 25:22-25. Au retour
de l'exil, quelques Juifs s'y établirent de nouveau, Néhémie 3:7,19.
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MITSPÉ.
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1. Ville
des plaines de Juda, Josué 15:38.
2. Ville
de Moab, 1 Samuel 22:3.
3. Vallée
du Liban, Josué 11:8.
4. et
#5...
5. —
Voir: Mitspa, et Ramoth.
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MITYLÈNE,
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ville maritime de l'île de Lesbos, avec deux ports,
plusieurs canaux, et des ponts de marbre blanc. C'était un séjour agréable et
distingué par l'étude des lettres; Alcée, Eschine et Sapho y naquirent. Saint
Paul y passa, se rendant d'Assos à Samos, Actes 20:14.
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MNASON,
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Cyprien de nation, établi à Jérusalem, donna
l'hospitalité à Paul, à Luc et à leurs compagnons de voyagé, soit qu'il ait
fait le voyage de Césarée à Jérusalem avec l'apôtre, soit, comme on peut le
traduire aussi, que les disciples aient conduit Paul chez lui. Son titre
d'ancien disciple semble indiquer qu'il avait été converti déjà pendant la vie
du Seigneur.
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MOAB, Moabites.
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Moab était le fils de Lot et de sa fille aînée, Genèse
19:37. Ses descendants, riches en troupeaux, occupèrent les contrées situées à
l'orient de la mer Morte et du Jourdain, après qu'ils en eurent chassé la race
géante des Émims, Deutéronome 2:10. Le nom de campagnes de Moab était plus
spécialement affecté aux plaines qui se trouvaient en face de Jérico, Nombres
22:1; Deutéronome 34:1,8; Josué 13:32. L'Arnon, qui se, jette dans le Jourdain,
les séparait de Gad et de Ruben. Les Moabites avaient aussi possédé d'abord la
partie comprise entre l'Arnon et le Jabbok; mais ils en avaient été dépossédés
par les Amorrhéens qui, à leur tour, durent se retirer devant Moïse, et céder
leurs montagnes et leurs pacages aux troupeaux des Rubénites et des Gadites,
Josué 13, Nombres 21:13,26; Juges 11:18. Pendant le voyage du désert, les
Israélites respectèrent le territoire et les frontières de Moab, Deutéronome
2:9; Juges 11:15,18; 2 Chroniques 20:10; ils le devaient, mais ils allèrent
plus loin qu'ils ne devaient, et se souillèrent aux fêtes de ces impurs
idolâtres. Nombres 25:1. Sous les juges, les Moabites s'étaient rendu
tributaires les Israélites, au moins la partie méridionale du pays et les
tribus transjourdaines; mais, au bout de quelque temps, ils furent vaincus à
leur tour, et soumis par Ehud, Juges 3:12,30. Le livre de Ruth semble indiquer
une époque d'alliance, ou, tout au moins, de relations amicales entre les deux
pays. Puis, sous Saül, les hostilités recommencèrent, et David imposa aux
Moabites un tribut en menu bétail (1 Samuel 14:47; 2 Samuel 8:2; 2 Rois 3:4),
qu'ils payèrent dans la suite aux rois d'Israël, jusqu'au jour où ils
trouvèrent le moyen de s'en affranchir, après la mort d'Achab, 2 Rois 1:1,3-4;
sq. cf. Ésaïe 16:2. Le roi Joram leur fit la guerre pour les soumettre de
nouveau: mais, quoiqu'il envahît leur pays après les avoir vaincus, on ne
trouve plus aucune mention d'un tribut qu'ils auraient payé, 2 Rois 3:4; 2
Chroniques 20:1; il paraît qu'ils se relevèrent sous Joas, mais que Jéroboam II
les soumit de nouveau, 2 Rois 13:20; 14:25; Amos 6:14. Après que les tribus
transjourdaines eurent été emmenées en captivité par les Assyriens, les
Moabites s'emparèrent peut-être de toute la contrée qu'elles avaient occupée,
peut-être aussi furent-elles bientôt refoulées au-delà de l'Arnon par
l'invasion de Tiglath-Pilézer, qui eut lieu peu de temps après, 1 Chroniques
5:26. C'est peut-être à cette époque que se rapporte l'oracle d'Ésaïe (18 et
16), ainsi que celui de Jérémie 48. Les Moabites, soumis par l'armée caldéenne,
et rendus tributaires de Nébucadnetsar, conservèrent cependant leurs propres
chefs, et mirent bientôt au service du conquérant des troupes auxiliaires qui
agirent de concert avec lui contre Juda, 2 Rois 24:2; puis, lorsque l'armée
caldéenne eut quitté la Palestine, les princes moabites, avec les chefs de
quelques états voisins, cherchèrent à détourner Sédécias de la fidélité qu'il
avait promise, comme vassal, à Nébucadnetsar, Jérémie 27:3. On ne connaît pas
le résultat de cette démarche; mais on sait qu'après la ruine de Juda, sous son
dernier roi, les Moabites firent éclater, sur les malheurs de ce royaume, une
joie maligne que les prophètes leur reprochent amèrement, Sophonie 2:8;
Ézéchiel 25:8, ce qui n'a pourtant pas empêché quelques Juifs, fuyant la guerre
des Caldéens, de trouver un asile parmi eux, comme on le voit Jérémie 40:11.
L'historien Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 10, 9, 7) rapporte que, cinq
ans après la destruction de Jérusalem, Nébucadnetsar fit la guerre aux
Moabites, et qu'il les subjugua. Cependant la date de cette expédition n'est
pas très sûre; il paraîtrait même qu'elle doit être placée encore onze ans plus
tard, après la prise de Tyr, qui eut lieu seize ans après celle de Jérusalem.
Quand les Juifs furent rentrés dans leur pays, au retour de la captivité, le pays
de Moab était habité comme auparavant, mais la population était mélangée; on
voit même, Esdras 9:1; Néhémie 13:23, que beaucoup de Juifs avaient épousé des
femmes moabites et hammonites. Dès lors, le nom de Moab se perd; il n'en est
plus guère fait mention que Daniel 11:41, et Flavius Josèphe, Antiquités
Judaïques 13, 14, 2; 15 et 4. Guerre des Juifs 3, 3, 3, et il se confond
probablement sous le nom plus général d'Arabes.
Le nom des Moabites apparaît souvent dans les oracles
des prophètes, niais il est toujours accompagné de menaces et de malédictions
qui se rattachent aux rapports politiques et religieux de Moab et d'Israël
depuis les jours de Balaam, Ésaïe 11:14; 15:16; 25:10; Jérémie 48, Amos 2:1;
Sophonie 2:8; cf. Psaumes 60:8; 83:6, etc.
Le pays de Moab, une partie du Kérek de nos jours,
était en général montagneux, mais coupé de riches vallées et de plateaux
fertiles, arrosé par les eaux de l'Arnon, du Séred, et du torrent du désert,
Amos 6:14; Ésaïe 15:7 (mal traduit dans ce dernier passage
ία vallée des Arabes): le blé, la vigne et les arbres
fruitiers y étaient cultivés avec avantage, et le bétail y prospérait, Ruth
1:1; 2 Rois 3:4; Ésaïe 16:8.
La capitale du pays était Har-Moab, ou Rabbath-Moab,
(Aréopolis) située près de l'Arnon, à 6 lieues est de la mer Morte, et à 12
lieues sud-est de Calirrhoé: on remarquait encore la forteresse de Kir-Moab, et
dans la partie méridionale du pays Tsohar et Luhith, Ésaïe 15:5.
Nous avons peu de données sur la constitution
politique et religieuse des Moabites; ils paraissent avoir été régis
monarchiquement, Nombres 22:4; Juges 3:12; 1 Samuel 22:3; Jérémie 27:3, et
avoir conservé leurs rois (vassaux) même sous la domination des Israélites, 2
Rois 3:4; mais à côté de ces rois se trouvaient, comme chez les nations voisines,
les chefs de famille, anciens et seigneurs, espèce d'aristocratie dont les
prérogatives modéraient ce qu'il y avait de trop absolu dans l'exercice de la
royauté, Nombres 22:8,14; 23:6. La religion de Moab était un culte (voluptueux)
de la nature, Nombres 25:1, de Bahal-Péhor, et de Kémos, Nombres 21:29; 25:3;
des sacrifices humains sont aussi mentionnés 2 Rois 3:27.
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MOINEAU.
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Ce désagréable petit oiseau, mi-domestique,
mi-sauvage, au nom duquel Buffon donne la même étymologie qu'au nom de moine, à
cause de son caractère solitaire, et de son isolement habituel, est compris en
grec sous le nom général de
στρουθίον, puis désigné plus spécialement sous celui de
τρωγλίτος: le premier seul apparaît dans l'Écriture, Matthieu
10:29; Luc 12:6, mais peut signifier aussi l'hirondelle, cf. Tobie 2:9; il
correspond à l'hébreu tsippor, qui s'applique aux oiseaux purs dont la chair
n'était pas défendue par la loi, et peut désigner aussi quelquefois le
passereau, le moineau ou l'hirondelle, quoiqu'il y ait pour ce dernier oiseau
un nom particulier. On peut conclure des deux passages du Nouveau Testament
cités plus haut, que la chair du moineau, qui est très abondante en Orient,
servait parfois de nourriture aux pauvres gens.
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MOIS.
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Les mois des Israélites étaient lunaires, et le nom
même de mois était chez eux, comme dans plusieurs langues modernes, le même que
celui de lune; on sait qu'en allemand les deux mots ont beaucoup de rapports,
monat et mond, peut-être en anglais de même, moon et month. Le mois commençait
avec la nouvelle lune, et toute l'organisation des fêtes mosaïques est basée
sur une année lunaire. Pour marcher avec la lune, les mois durent être d'abord
alternativement de 30 et de 29 jours; on appela les premiers pleins, et les
seconds vides: plus tard encore on s'aperçut qu'outre les 29 jours et 12 heures
il y avait un surplus d'environ 3/4 d'heure, tellement qu'au bout de 32
lunaisons on se trouverait en retard d'un jour; on ajouta donc ce jour à chaque
troisième année qui compta ainsi 355 jours au lieu de 354, et qui fut appelée
abondante; mais comme cette quantité était un peu trop forte, on dut retrancher
de temps en temps un jour à l'année qui ne fut ainsi que de 353 jours, et fut
nommée déficiente (Heidegger).
Les Hébreux ne distinguèrent d'abord les mois que par
leur rang dans l'année, le premier, le second, etc.,
— Voir: Genèse 7:11; 8:3-4; 2 Rois 25:27; Jérémie
32:31; Ézéchiel 29:1.
On trouve cependant quelques mois désignés par leurs
caractères: ainsi celui d'abib ou des épis, Exode 13:4; 23:15. Deutéronome
16:1; c'est celui dans lequel tombait la Pâque, et qui fut plus tard le nisan;
le zif, ziv, ou mois de la floraison, 1 Rois 6:1,37; le bul, qui signifie
peut-être le mois des pluies, 1 Rois 6:38; et l'éthanim, ou mois des gros
torrents, 1 Rois 8:2. C'est surtout à l'époque de David et de Salomon que
prirent naissance ces noms appellatifs; nous ne connaissons que ces quatre
appartenant à cette époque. Après le retour de la captivité les Juifs
adoptèrent les noms en usage parmi les peuples chez lesquels ils avaient été
esclaves, noms qui sont évidemment d'origine caldéenne, à l'exception de adar
qui est syrien, 2 Maccabées 15:37: ainsi on lit chez les auteurs postérieurs
les noms de nisan, sivan, kisleu, tebeth, sebat, et elul, Esther 3:7; 2:16;
8:9; Zacharie 1:7; 7:1; Néhémie 6:15; mais l'usage si naturel de désigner les
mois par leur rang dans l'année ne fut point abandonné entièrement, comme on
peut le voir Aggée 1:1; 2:1; Néhémie 8:2; Daniel 10:4; Esdras 3:1; Esther 9:1,
etc. Les Quakers ont conservé ou adopté le même usage.
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MOÏSE,
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chef et législateur des Juifs, descendant de Lévi,
fils d'Hamram et de Jokébed, Exode 6:20; 2:1; sq., naquit en Égypte pendant les
jours de l'esclavage (1571 avant J.-C.); il était divinement beau, dit
l'apôtre, Hébreux 11:23. Il fut adopté par une princesse égyptienne, qui lui
donna, en souvenir de sa naissance et de sa délivrance, le nom qu'il a toujours
porté depuis (en égyptien ma signifie l'eau, et ysès ou oudsché sauvé, d'après
Jablonsky; ou bien selon Renaudot, moou signifie l'eau, et si tiré). L'Histoire
sainte se tait presque entièrement sur les quarante premières années de sa vie;
elle raconte seulement qu'il fut instruit dans toute la science des Égyptiens,
et le Pentateuque qu'il a écrit porte partout l'empreinte des profondes
connaissances qu'il avait acquises; Moïse y apparaît comme un homme versé dans
toutes les spécialités. Entouré de pompes et d'espérances, avec la perspective
peut-être de monter sur le trône des Pharaons, il préféra le ciel à la terre,
et l'opprobre de Christ à la gloire de ce monde: il quitta la cour et voulut
devenir semblable à ses frères qui gémissaient sous l'ignominie et
l'oppression; il voulut les secourir, tua un Égyptien, essaya d'intervenir
comme médiateur entre deux Hébreux, et comprit par la réponse qu'il reçut de
l'un d'eux, que l'heure de la délivrance n'était pas encore arrivée. Menacé de
mort, il s'enfuit en Madian, et, allié d'un prince berger, il acheva de mûrir
pendant quarante années de solitude, en gardant les troupeaux de son beau-père,
les projets qu'il avait formés en faveur de son peuple; l'indépendance de sa
nation pouvait être différée, mais elle ne pouvait être perdue pour toujours;
on peut croire aussi que vieillissant et s'affaiblissant, il en vint à ne plus
former que de simples vœux, renonçant pour lui-même à l'honneur qu'il avait
rêvé plus jeune, d'affranchir son peuple de tant de misères. Une vision
miraculeuse, accompagnée de grands prodiges et de paroles sublimes, vient dans
sa quatre-vingtième année l'arracher aux travaux paisibles dont il avait pris
l'habitude, et faire d'un conducteur de brebis un conducteur d'hommes vivants.
Faible, craintif, irrésolu, se défiant de lui-même, et s'exprimant avec peine,
Moïse avait besoin de miracles pour se décider, et il les obtint: la puissance
de Dieu se manifesta dans son infirmité, et le futur législateur, accompagné de
son frère le futur pontife d'Israël, part et vient sans mystère déclarer au
monarque polythéiste les desseins du seul vrai Dieu. Celui qui est. Les efforts
réunis des deux frères, leurs menaces, leur parole accomplie, dix plaies qui
frappent successivement l'Égypte en épargnant les Hébreux, ouvrent à ceux-ci le
chemin de la liberté, Exode 6-14. Moïse conduit au désert ce peuple d'esclaves,
leur fait passer de pied sec la mer Rouge, leur donne la loi en Sinaï, les
organise en nation, règle leur culte et leurs institutions religieuses et
politiques, ne les entretient que de miracles, ne voit chez eux que murmures et
incrédulité, révoltes et idolâtrie, Exode 11-40; Nombres 10-13. Désespérant
enfin d'un peuple auquel il a tout donné, excepté le cœur et l'amour des
grandes choses, il sème et perd au désert ces hommes qui préfèrent des oignons
à la liberté, laisse éteindre cette lâche génération d'esclaves, forme aux
combats et à la prière des hommes nouveaux et libres, leur promet à eux seuls
et à leurs efforts la possession de la terre sainte, abîme les peuplades
cananéennes situées en dehors des limites de la Palestine, et donne leur
territoire à quelques tribus plus impatientes; puis, à l'âge de cent vingt ans,
il dépose son autorité entre les mains du fidèle Josué, et meurt ou s'endort
sur la montagne du haut de laquelle sa vue encore bonne a pu contempler la
terre après laquelle il avait longtemps soupiré, dont un mouvement
d'incrédulité l'a banni lui-même, et où il n'est entré enfin que deux mille ans
plus tard, lorsque Jésus le reçoit sur le mont Tabor, Matthieu 17:3.
La vie de Moïse embrasse les quatre derniers livres du
Pentateuque, et c'est lui-même qui l'a écrite. Elle est trop connue pour qu'il
soit nécessaire de la raconter ici en détail, et se rattache d'ailleurs à une
quantité de noms et de faits qui tous ont leurs articles spéciaux,
— Voir: Aaron, Balaam, Manne, Coré, Loi. Mer Rouge,
etc., etc.
Nous nous bornerons donc à éclaircir les points
obscurs de son histoire qui ne touchent qu'à lui seul, sans entrer dans
l'examen de questions qui sont résolues ailleurs.
1. On
ne peut ni prouver ni commenter les miracles, et l'histoire de Moïse en est
pleine: la foi seule les admet, l'incrédulité les rejette ou cherche à les
expliquer d'une manière naturelle. Quoiqu'il faille en général se méfier des
explications, il faut cependant éviter aussi de tomber dans l'excès contraire,
qui cherche à multiplier inutilement une intervention du Très-Haut dans les
événements de la nature, lorsque rien dans l'Écriture ne justifie l'idée d'un
miracle proprement dit. C'est ainsi qu'on a voulu voir un miracle dans la
délivrance du jeune Moïse sauvé des eaux par une princesse d'Égypte; à ce
compte-là, toutes les préservations providentielles seraient des miracles, et
si l'on veut en effet donner ce nom à toutes les dispensations divines, à la
bonne heure; mais on doit se rappeler des faits tout semblables dans les
histoires de Sémiramis, de Cyrus, de Romulus, et d'autres personnages
historiques arrachés à la mort contre toute probabilité humaine, mais par des
moyens et des secours tout humains: c'étaient des cas, si l'on veut,
extraordinaires et inattendus, mais nullement miraculeux. La défaite des
Hamalécites appartient à la même classe d'événements; ce fut une prière
exaucée, mais la victoire d'armes terrestres. Il y a dans la vie de Moïse un
second ordre de faits, c'est celui de miracles réels produits par des causes
naturelles; ainsi, le passage de la mer Rouge, cf. Exode 14:21; ainsi,
peut-être, quelques-unes des plaies de l'Égypte, le génie de Betsaléel et
d'Aholiab, les cailles du désert et les maux qui s'y rattachèrent, la plaie de
Sittim, etc. Enfin, l'on doit ranger dans une troisième classe la vision du
buisson ardent, les pouvoirs donnés à Moïse, la plupart des plaies, la manne,
la nuée du tabernacle, l'eau du rocher, l'entretien des vêtements pendant quarante
ans, la mort soudaine de Nadab et d'Abihu, celle de Coré et de ses complices,
le serpent d'airain, etc. Ces distinctions sont permises, mais elles ne sont
justes qu'au point de vue humain; elles sont claires lorsqu'on définit le
miracle une perturbation momentanée des lois ordinaires de la nature; elles
sont inutiles quand on admet l'intervention constante de Dieu dans tous les
phénomènes, ordinaires et extraordinaires, du monde physique, et qu'on se
rappelle que pas un cheveu ne tombe en terre sans la permission de celui qui
dirige les mondes dans leur cours.
2. On
s'est étonné que Jobéked ait pu garder son fils pendant trois mois sans que
rien l'ait trahie; que la princesse ait pu élever le jeune Hébreu à la cour de
celui qui avait porté l'édit de destruction; et enfin que Moïse, malgré ses
relations avec la cour, soit représenté plus tard comme y étant complètement
inconnu et étranger. Mais la première observation montre bien peu de
connaissance du cœur d'une mère, de ce cœur habile à tromper tous les ennemis,
à déjouer toutes les ruses, à écarter tous les dangers; l'on sait d'ailleurs,
par des faits qui se reproduisent continuellement de nos jours encore, et sous
nos yeux, qu'il n'est pas de lois, si sévères qu'elles soient, et souvent même
en proportion de leur sévérité, auxquelles bon nombre d'individus ne
réussissent à se soustraire. La seconde observation prouverait également peu
d'intelligence des rapports d'une fille avec son père; il n'est pas de loi qui
n'ait ses exceptions naturelles, et la prière d'une fille, dans un cas surtout
qui semblait présenter si peu d'importance politique, a dû décider sans peine
le monarque absolu de l'Égypte. On pourrait ajouter aussi que Pharaon étant
sans enfants mâles, et sa fille étant sans enfants, l'adoption du jeune Moïse
aura été facilitée par cette circonstance, et qu'elle aura pu sourire au vieux
roi. D'anciens interprètes ont, en effet, compris Exode 2:10, comme si Moïse
avait été destiné au trône de l'Égypte, et, si cette opinion a été abandonnée,
elle n'est cependant pas absolument sans vraisemblance. Quant à l'objection
tirée de ce que Moïse, reparaissant à la cour, semble ne pas y être reconnu,
elle ne repose que sur le silence de l'Écriture à cet égard, et non sur un
texte quelconque. Rien ne dit que Moïse fut oublié; comme aussi, à cause des
rapports nouveaux de Moïse avec Dieu, rien ne nécessitait la mention de ses
anciennes relations avec la cour: rappelons d'ailleurs qu'entre la fuite de
Moïse en Madian et sa réapparition en Égypte, quarante ans s'étaient écoulés,
et que le souvenir d'un homme avait pu s'effacer dans cet intervalle, plusieurs
rois s'étant peut-être succédé sur le trône, et tout le personnel de la cour
ayant pu être changé.
3. Il
est digne de remarque que Moïse ayant entrepris la délivrance des Hébreux, à
laquelle il était cependant destiné, échoua dans sa première tentative. C'est
que son heure n'était pas encore venue; c'est aussi que, lorsque Dieu veut que
l'homme accomplisse une œuvre, il ne suffit pas que l'homme l'entreprenne, il
faut qu'il l'entreprenne au nom de Dieu, avec son secours, avec le Saint-Esprit
pour guide, pour mobile, pour conseil et pour aide, non point de lui-même et
par lui-même, mais par celui qui l'a envoyé. Dieu, en se servant des homme pour
l'accomplissement de ses desseins, veut toujours manifester sa force dans notre
infirmité, et le jeune, le puissant, le savant Moïse a échoué, quand le
vieillard affaibli, sans enthousiasme, sans courage, sans élan, sans forces, a
réussi. L'Écriture nous présente un grand nombre d'exemples de ce genre, et
toutes les entreprises chrétiennes, individuelles ou générales, feront
l'expérience de leur faiblesse, même dans le bien, quand elles voudront
travailler en dehors des inspirations divines, de leur force, même dans l'infirmité,
quand elles iront en avant par la foi.
4. L'enlèvement
des vases d'or et d'argent que les Israélites empruntèrent aux Égyptiens, et
qu'ils ne leur rendirent pas, Exode 3:22; 11:2; 12:35-36, a servi de thème aux
déclamations de bien des incrédules. C'est un vol, ni plus, ni moins, dès qu'on
veut faire abstraction de tout ce qui l'a accompagné; ce n'en est plus un dès
qu'on se rappelle (11:2) que les Hébreux empruntèrent de bonne foi et avec
l'intention de rendre, et que les circonstances, la guerre étant survenue, ne
le leur ont plus permis; chez les anciens, une déclaration de guerre faisait
considérer comme butin tout ce que l'on possédait appartenant à l'ennemi. Ce
n'est plus un vol quand on se rappelle que les Israélites abandonnaient, entre
les mains des Égyptiens, les cultures de Goscen, et beaucoup d'autres
propriétés dont la valeur était de beaucoup supérieure à celle des vases qu'ils
emportaient. Ce n'était plus un vol enfin, parce que cet enlèvement avait lieu
sur l'ordre de celui à qui toutes choses appartiennent; de celui qui, après
avoir prêté des richesses aux Égyptiens, jugeait à propos de les répartir
autrement, de les donner à son peuple élu, de les faire passer en d'autres
mains, afin que, plus tard encore, elles servissent à l'ornement de sa demeure.
Les commandements que Dieu a donnés ne le lient point lui-même: il peut
commander à Abraham le meurtre de son fils; aux Hébreux, l'extermination des
Cananéens; à Osée, la fréquentation d'une femme de mauvaise vie.
— Voir: Grand-pierre, Essais sur le Pentateuque.
5. La
durée du séjour des Hébreux en Égypte a-t-elle été de 430 années, comme il est
dit Exode 12:40, ou bien ces 430 années doivent-elles être comptées depuis la
promesse qui fut faite à Abraham, Galates 3:17? Dans ce dernier cas, le séjour
de l'Égypte n'aurait duré que 215 ans. C'est une question qu'il n'est pas
possible de résoudre. À moins d'admettre une contradiction entre les historiens
sacrés, il faut admettre une altération dans les chiffres qui nous ont été
laissés.
— Voir: Sardinoux, Commentaire sur Galates 3:17.
6. Le
nombre des hommes de guerre à la sortie d'Égypte étant de 600,000, Exode 12:37,
suppose une population totale d'au moins un million et demi de personnes de
tout âge, chiffre imposant quand on se rappelle que c'était la postérité du
seul Jacob, venu auprès de Pharaon avec ses soixante-dix enfants et petits
enfants, mais dont l'exagération diminue et s'explique facilement, ainsi qu'on
le verra à l'article Nombres.
7. La
grande émigration du peuple juif a été connue des Grecs, et mentionnée par
leurs historiens, ainsi que par les historiens latins (Tacit. Hist. 3, 3.
Justin 36, 2. Diod. de Sicile, 40, 1; 34, 1); mais ils la racontent, d'après
des données égyptiennes, comme une expulsion des Hébreux par les Égyptiens,
nécessitée par une maladie épidémique, peste ou lèpre, qui aurait régné dans
les rangs des Israélites, et menacé la santé publique.
— Voir: Lèpre.
D'après Lysimaque, le roi Bocchoris aurait fait noyer
les malades, et chassé les autres dans le désert. Les plaies envoyées sur les
Égyptiens (Exode 9) peuvent avoir donné naissance à cette tradition
malveillante, et l'on comprend que le peuple païen ait saisi avec empressement
un moyen de dénaturer la vérité, et de rendre suspects les esclaves qui avaient
secoué leur joug. Ce ne serait pas, dans l'histoire, le dernier exemple de ce
genre.
8. On
a essayé de comparer, à la disparition subite de Romulus, la mort de Moïse sur
le mont Nébo; on a voulu la rapprocher aussi de l'enlèvement d'Énoch et de
celui d'ÉIie. Le choix de ces deux derniers exemples aurait, en tout cas, plus
de valeur que le premier; mais tout ce qu'on a voulu voir de merveilleux dans
la mort de Moïse, on a été obligé de l'y mettre. Le texte biblique nous dit
clairement et simplement: «Moïse mourut là, selon le commandement de l'Éternel,
et il l'ensevelit dans la vallée», Deutéronome 34:5-6. Ce qui peut donner lieu
à discussion, ce n'est donc point le fait de sa mort, mais ce qui est dit, Jude
9, de la dispute du démon avec l'archange Michel, au sujet de son corps,
— Voir: ce qui a été dit à l'article Michel.
9. Moïse,
d'après la chronologie ordinaire, à vécu de 1571-1450 avant J.-C., et nous nous
contentons de cette date, faute d'une base chronologique plus sûre; d'autres
placent sa naissance à l'an 1726, d'autres en 1948. La détermination des
dynasties égyptiennes dont le législateur des Hébreux a été contemporain,
serait d'un grand secours pour la fixation des dates, si cette détermination
même était possible, mais à cet égard aucun fait n'est acquis à la science: les
uns placent la fuite des Hébreux sous le neuvième roi de la 18e dynastie, celle
des Pharaons, dans la 16e ou 17e année de ce roi; d'autres la mettent au
commencement de la 19e dynastie; d'autres enfin, mais c'est évidemment erroné, à
l'époque de la 24e dynastie, qui doit avoir été contemporaine de Pékah, roi
d'Israël.
10. On
suppose que Moïse a employé les loisirs des quarante années qu'il passa en
Madian, à la composition de la Genèse, et probablement du livre de Job; il a
écrit les quatre autres livres qui portent son nom, pendant le voyage des
Hébreux dans le désert, à l'exception du dernier chapitre du Deutéronome, que
l'on attribue à Esdras, ou plus probablement encore à Josué son successeur,
— Voir: Pentateuque.
On croit aussi que c'est lui qui a composé le psaume
90.
— Voir: Psaumes.
11. Le
nom de Moïse, le plus grand homme qui ait jamais existé, le chef de l'ancienne
alliance, reparaît constamment dans les Écritures; tout repose sur lui dans
l'Ancien Testament, tout achève son œuvre dans le Nouveau. Josué le rappelle à
chaque page; les Juges, les Rois et les Prophètes, se réclament de son nom et
de son autorité en rendant témoignage à la gloire et à la grandeur de sa
mission:
— Voir: Josué 1:1; 3:7; 8:31; 9:24; etc., 1 Samuel 12:6;
1 Rois 8:53; Néhémie 9:14; Psaumes 77:20; 103:7; 105:26; 106:16; etc., Ésaïe
63:11-12; Jérémie 15:1; Daniel 9:11; Michée 6:4; Malachie 4:4.
— Dans le Nouveau Testament plusieurs de ses
prophéties sont rappelées, Jean 1:45; Actes 3:22; 7:37; Romains 10:19: son nom
sert à désigner non seulement ses ouvrages, mais tous ceux qui furent écrits
dans l'esprit de son économie, Matthieu 8:4; Marc 1:44; Luc 2:22; 20:28; 24:27;
Actes 6:11,13,39; 15:1; Romains 5:14; 1 Corinthiens 9:9; 10:2; Hébreux 3:2;
7:14; et ailleurs. Il serait trop long de citer tous ces passages; notons au
moins encore quelques expressions particulières, telles que celle de disciples
de Moïse, opposée à celle de disciples de Christ, Jean 9:28; celle de chaire de
Moïse, désignant la fonction de l'enseignement mosaïque, Matthieu 23:2; celle
de cantique de Moïse, comme symbole des chants de triomphe des rachetés à leur
entrée dans la gloire, Apocalypse 15:3. L'Épître aux Hébreux est une
comparaison suivie des deux économies et de leurs chefs; d'autres comparaisons
de détail se lisent Jean 6:32; 1 Corinthiens 10:2; 2 Corinthiens 3:7; etc.
— Voir: enfin Jude 9.
________________________________________
MOISSON.
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C'est ordinairement vers le milieu d'avril, ou d'abib,
que tombait et que tombe encore en Palestine, la saison des moissons, Jean
4:35, quoiqu'en plusieurs endroits aussi les épis commencent à mûrir déjà vers
la fin de mars. La moisson était officiellement et solennellement ouverte le
deuxième jour de Pâque, soit le quinzième de nisan, par l'offrande des prémices
dans le sanctuaire de la nation, Lévitique 23:10, et durait depuis ce moment
jusqu'à la Pentecôte, c'est-à-dire sept semaines, comprenant les travaux de
tous genres, depuis la faucille jusqu'à l'aire et au van, Deutéronome 16:9;
Exode 23:16; Lévitique 23:10; sq.; puis on offrait derechef à l'Éternel un
gâteau nouveau. On recueillait d'abord les orges, 2 Samuel 21:9; Ruth 1:22;
2:3, puis vers la fin d'avril ou même plus tard le blé, Genèse 30:14; Juges
15:1; Ruth 2:23; 1 Samuel 6:13; 12:17, et enfin l'épeautre.
Partout on entendait les cris joyeux des moissonneurs,
Ésaïe 9:2; Psaumes 126:6; au milieu du jour ils se reposaient de leurs pénibles
travaux, et se rafraîchissaient avec du pain trempé dans du vinaigre, Ruth
2:14. La faucille était, comme elle l'est encore en beaucoup de lieux,
l'instrument du moissonneur, Deutéronome 16:9; 23:25. Le blé était ensuite lié
en gerbes, que l'on amassait les unes sur les autres jusqu'à ce que la moisson
fut finie, Psaumes 129:7; Ruth 2:16; 3:7; Juges 15:5; Cantique 7:2; Ésaïe 17:5
(?): puis on foulait et on vannait le grain, souvent dans le champ même, Ruth
2:17 (— Voir: cependant Néhémie 13:15), et la récolte était ainsi portée dans
des greniers ou granges, qui étaient le plus ordinairement des trous fabriqués
en terre, des espèces de puits ou de creux, destinés à préserver le grain de la
chaleur et du froid, des vers et des voleurs, Matthieu 3:12; 13:30; Luc 3:17;
Job 5:26;
— Voir: Puits.
Ces puits sont encore en usage dans les pays
méridionaux; on les nomme silos en Algérie, et plus d'une fois ils ont été
vidés par les armées françaises. Les Juifs, surtout les riches, avaient
cependant aussi quelquefois des bâtiments construits exprès pour recueillir le
grain, cf. Luc 12:18.
— La loi renfermait diverses prescriptions d'humanité,
auxquelles les Juifs se sont presque toujours scrupuleusement soumis, et que
leurs docteurs ont déterminées d'une manière plus exacte encore, afin de ne
laisser aucun subterfuge; Moïse voulait qu'on laissât quelques épis debout pour
les pauvres, et les rabbins ont fixé pour cela au moins la soixantième partie
de la moisson, mesure qu'ils étendaient aux fruits des arbres comme aux grains
des champs; en outre, les moissonneurs ne devaient pas faire trop attention aux
épis qui pouvaient tomber des javelles, ni retourner dans les champs pour
chercher une gerbe oubliée par mégarde, Lévitique 19:9; Deutéronome 24:19; Ruth
2:2. De même, pendant que les blés déjà mûrs étaient encore sur pied, chaque
passant pouvait pour son usage du moment en cueillir ce qu'il lui fallait, sans
que les gardes établis pour protéger les champs contre les oiseaux, les bêtes
sauvages et les voleurs, eussent le droit de s'y opposer, Jérémie 4:17;
Deutéronome 23:25; Matthieu 12:1.
________________________________________
MOLADA,
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ville située dans la partie méridionale de la tribu de
Juda, sur la frontière d'Édom, Josué 15:26. Elle avait d'abord appartenu à la
tribu de Siméon, Josué 19:2; 1 Chroniques 4:28. Après l'exil on la retrouve
encore, Néhémie 11:26. Flavius Josèphe parle d'une ville iduméenne nommée
Malatha; il est bien possible que ce soit la même, les limites de Juda ayant pu
être resserrées, et une partie de son territoire conquis par les Iduméens.
________________________________________
MOLOC, ou Molec, Milcom, Malcam.
________________________________________
les Septante traduisent ce nom hébreu en grec archonte
ou roi. C'était une divinité des Hammonites, affreuse idole à laquelle on
sacrifiait de petits enfants; statue creuse, que l'on chauffait intérieurement,
à forme humaine et à tête de bœuf, dont les bras étendus et brûlants recevaient
les innocentes victimes qui étaient ainsi consumées, 1 Rois 11:5,7,33; 2 Rois
16:3; 21:6; 23:10,13; Lévitique 18:21; 20:2-5; Jérémie 2:23; 7:31; 19:5; 32:35;
49:1,3. Salomon, séduit par les femmes de son sérail, introduisit le premier en
Israël ce culte abominable, et il paraît que dès lors, en dépit de la loi qui
punissait de mort une pareille idolâtrie, Lévitique 20:2, les Juifs
continuèrent sans interruption de rendre à cette divinité, dans la vallée de
Hinnom, le culte qu'elle était censée demander, jusqu'à ce que vint Josias qui
en renversa de fond en comble les odieux sanctuaires. Quelques auteurs ont cru
que l'expression «faire passer les enfants par le feu», indiquait simplement
leur consécration à Moloc, et ils pensent qu'on se bornait à faire sauter les
enfants sur un feu, ou à les faire passer entre deux feux consacrés à cette
idole; mais des passages tels que Psaumes 106:38; Ésaïe 57:5; Ézéchiel 16:21;
23:39, ne peuvent laisser aucun doute sur la nature du culte de Moloc.
— Voir: Adrammélec.
— Les Phéniciens, les Carthaginois et les Crétois
sont, au rapport des historiens, les peuples qui dans l'antiquité se
signalèrent le plus par leurs sacrifices humains, et même en Afrique cette
coutume barbare ne fut entièrement abolie qu'au temps de Tibère.
— D'après les caractères connus de l'astrolâtrie
babylonienne, syrienne, et phénicienne, on peut croire que Moloc était le nom
donné par quelques-uns de ces peuples à la planète, réputée malfaisante, de
Saturne, et c'était pour l'apaiser et se la rendre favorable, que tant de
malheureux lui offrirent si longtemps le sacrifice de ce qu'ils avaient de plus
cher. Le vrai Dieu ne demande pas de ses adorateurs un moindre esprit
d'abnégation, un moindre renoncement à soi-même, mais il le demande autrement;
il refuse le sacrifice d'Isaac, et veut celui d'un cœur froissé.
— D'autres ont cru que Moloc était le même que Baal,
et que le soleil.
— Voir: aussi Actes 7:43; cf. Amos 5:26.
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MONNAIE.
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Les Hébreux ne connurent que fort tard l'argent
monnayé; jusqu'aux jours de l'exil, on les voit peser l'argent et l'or, et ne
faire entrer en ligne de compte dans les dons, les échanges ou les ventes que
le poids des métaux, leur nature et leur plus ou moins bon aloi; Abraham pèse
400 sicles pour le tombeau de Sara, Joseph est vendu pour 20 pièces d'argent,
Élihéser donne à Rébecca des bracelets pesant 10 sicles et des boucles
d'oreilles de 2 sicles; Moïse mesure en sicles les doses des divers objets qui
doivent entrer dans la composition du parfum du tabernacle; le poids des
cheveux d'Absalon est de 200 sicles, et toujours l'unité de poids est prise
pour l'évaluation de l'argent, cf. Genèse 23:16; 24:22; 37:28; 43:21; 2 Samuel
18:12; Jérémie 32:9.
— Voir: Mines, Sicle, Talent, etc.
Chez tous les peuples, les monnaies frappées au coin
ne se sont introduites que fort tard, et les Chinois, à l'heure qu'il est, ne
les possèdent pas encore, au dire des voyageurs. L'unité de poids chez les
Hébreux, n'était cependant pas aussi incertaine et flottante qu'on pourrait le
croire, parce que l'étalon en était conservé avec soin dans le sanctuaire,
Exode 30:24, et qu'il devait servir à découvrir les fraudes et à maintenir
immuablement l'unité une fois adoptée; cf. Lévitique 27:25; Ézéchiel 45:12;
Amos 8:5. Il paraît que les Arabes ont eu aussi fort anciennement des poids
fixes destinés à la vérification des contrats; de là cette expression: «un
sicle ayant cours chez les marchands», Genèse 23:16; etc. On s'en servait, sauf
à les vérifier eux-mêmes, comme de nos jours encore, les marchands orientaux
acceptent nos pièces monnayées, et ne les en pèsent pas moins. On se servait,
comme chez nous, de bourses et de sacs pour porter l'argent ou pour l'expédier,
2 Rois 5:23; 12:10. Les Phéniciens, et selon d'autres, les Indiens encore avant
eux, ont eu la première idée de donner une empreinte aux pièces en circulation.
Après l'exil, on trouve d'abord des monnaies perses, les dariques, puis de
l'argent gréco-syrien, des philippes, des archers, des bœufs, etc., suivant que
l'image du roi, d'un archer ou d'un bœuf se trouvait frappée sur le métal;
enfin, après avoir été regardés comme nuls pendant la captivité babylonienne et
sous la domination des Grecs, les Hébreux obtinrent sous Antiochus Sidétès la
permission de frapper des sicles et des demi-sicles à l'image de leur prince
Simon Maccabée; c'est la première monnaie hébraïque connue.
— La pièce d'argent mentionnée Genèse 33:19; Josué
24:32; Job 42:11, sous le nom hébreu de kesitah, n'était qu'un poids déterminé
d'or ou d'argent qui, par la comparaison de Genèse 33:19; avec 23:16, devait
valoir 4 sicles environ; les anciens traducteurs rendent ordinairement ce mot
par mouton, brebis, mais rien ne justifie cette version, quoique Munter essaie
de la maintenir en comparant une monnaie de Chypre qui avait l'empreinte d'un
mouton.
— On trouve encore dans plusieurs cabinets de
médailles des sicles juifs à l'image de Simon, mais ils renferment un bon
huitième d'alliage de plus que les monnaies grecques; on les connaît sous le
nom de monnaies samaritaines; la légende est en vieux caractères hébraïques. Il
ne parait pas, du reste, que ces sicles maccabéens aient joui d'un grand crédit
dans la circulation, et les princes juifs n'étaient pas bien placés pour battre
monnaie avec avantage: l'argent grec n'a jamais été hors de cours chez les
Hébreux, et du temps de Jésus on calculait souvent encore en drachmes, en
didrachmes, et en patères. La pite, ou lepton, était la plus petite de ces
monnaies, Marc 12:42; Luc 12:59; elle valait environ 7 centimes.
— Sous la domination romaine, les Juifs adoptèrent
aussi le système monétaire de leurs vainqueurs, et même il paraît que du temps
de Jésus c'était, sans exclusion des autres, celui qui avait le plus
généralement cours; on trouve mentionnés dans le Nouveau Testament: le denier,
q.v. (0,83 cent.); l'as, Matthieu 10:29; Luc 12:6, à l'effigie de l'empereur;
il était de cuivre et valait d'abord 1/10, puis seule ment 1/18 du denier;
enfin le quadrain de cuivre qui valait 1/4 d'as, Matthieu 5:26; Marc 12:42,
selon d'autres 0,07 cent.
— Pour se faire une idée, non point exacte sans doute,
mais approximative de la valeur relative de l'argent aux différentes époques de
la vie juive, on peut comparer les chiffres suivants: en temps ordinaire le sat
de fine farine valait un sicle, et pour le même prix on pouvait avoir deux sats
d'orge, 2 Rois 7:1; un cheval d'Égypte valait sous Salomon 150 sicles, 1 Rois
10:29; le prix ordinaire d'un esclave était de 30 sicles, Exode 21:32; cf.
Genèse 37:28; Matthieu 26:15; sous les juges un homme donna 10 sicles par an au
sacrificateur de sa maison, Juges 17:10; un bon cep de vigne est évalué à un
sicle, Ésaïe 7:23; David achète pour 50 sicles une aire avec une paire de
bœufs, 2 Samuel 24:24; une vigne doit rapporter à Salomon 1,000 sicles par an,
Cantique 8:11; cf. encore Juges 17:4; 1 Samuel 9:8; Néhémie 5:15. Dans le
Nouveau Testament, nous voyons la journée de travail payée un denier, Matthieu
20:2, et les soins donnés à un malade dans un caravansérail pour plus d'une
journée, rétribués deux deniers, Luc 10:35. Plusieurs de ces chiffres laissent
de l'incertitude dans l'esprit à cause de l'indétermination des poids et des
mesures; il en ressort pourtant d'une manière générale que la vie n'était pas
chère, et que les denrées nécessaires à la vie étaient bon marché aussi bien
que la main d'œuvre.
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MONTAGNES.
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La Palestine est une contrée fort montagneuse,
partagée par le Jourdain du nord au sud en deux parties naturelles d'inégale
grandeur, Deutéronome 11:11; Ézéchiel 34:13; Exode 13:17; 1 Rois 20:23. Les
chaînes qui la traversent se rattachent toutes au mont Liban, et rejoignent au
sud les hauteurs de l'Idumée et de l'Arabie Pétrée. Au delà du Jourdain
l'Anti-Liban se termine par le Djebel Heisch qui s'abaisse par une pente douce
et fertile vers l'orient, tandis que sa face occidentale se précipite en
rochers basaltiques jusqu'au bord du lac de Génésareth. Le fleuve Hiéromax
coupe un instant le terrain de l'est à l'ouest, puis un nouveau plateau
s'élève, riche et varié, fertile, entrecoupé de vallées et de ruisseaux, de
plaines et de grottes, jusqu'à l'Arnon, frontière de l'ancienne Canaan, et
communique, au sud de ce fleuve dont les bords escarpés font la clef de la Palestine,
avec les montagnes iduméennes: vers l'est les montagnes de ce plateau se
perdent dans les plaines fécondes du Hauran, et dans les sables arabes; à
l'ouest elles se jettent en pentes rapides sur les rives du Jourdain. Dans la
Palestine occidentale les chaînes du Liban et de l'Anti-Liban marchent
parallèlement jusqu'au sud-ouest de la Galilée, et se terminent non loin de
Ptolémaïs, en coteaux que le Kison sépare du mont Carmel; mais elles s'élèvent
à l'orient, forment le plateau de Jizréhel, et s'abaissent en terrasses vers
les bords du lac de Génésareth: c'est là que se trouve le cœur de la Palestine,
ses plus fertiles districts, sa nature alpestre la plus bénie, tandis que le
nord-nord-ouest ne présente guère que des rochers sauvages non susceptibles de
culture, et que le sud offre plus de jolies vallées et de gras pâturages, que
de montagnes à forte végétation, à plantations faciles, à fertiles vignobles.
Au milieu de ce plateau s'élève presque isole, et comme frontière entre la
haute et la basse Palestine, le puissant Mont-Tabor. Plus au sud, des montagnes
terminent le plateau, et couvrent dans presque toutes les directions la plus
grande partie de l'ancienne Samarie, escarpées et rocheuses, mais avec quelques
plaines et quelques vallées: elles s'avancent dans la Judée un peu au nord de
Jérusalem, et la couvrent aussi presque entièrement: au sud de la ville sainte
le plateau s'élève davantage, les montagnes courent au sud-sud-est où leurs
flancs escarpés donnent une ceinture à la mer Morte, ou bien se confondent dans
la plaine haute d'El Tyh avec les rochers de l'Arabie Pétrée. À l'ouest les
chaînes du centre et du midi de la Palestine n'arrivent pas au bord de la mer,
mais s'abaissent par degrés, et se terminent par des plaines qui deviennent
toujours plus larges à mesure qu'on avance vers le sud; à l'est elles
s'arrêtent brusquement aux rives du Jourdain, et ne laissent que près de Jérico
se former une petite plaine qu'elles entourent comme en amphithéâtre. La double
chaîne, dans sa plus grande largeur, n'a nulle part plus de 15 à 20 milles
allemands (environ 50 kilomètres), et l'on peut aisément, en trois journées de
voyage, la franchir partout de l'est à l'ouest.
— Ces montagnes sont presque toutes calcaires et de la
même formation que le Jura: on y trouve aussi beaucoup de craies et de silex,
surtout sur les hauteurs; très peu de sommets ont des neiges éternelles, et
leurs formes présentent beaucoup de variétés et d'irrégularités. Le nord-est
offre dans une certaine étendue un terrain basaltique dont les couches et les
ramifications s'avancent jusqu'aux bords du lac de Génésareth.
Les montagnes les plus célèbres dont il est parlé dans
l'Écriture, sont celles de l'Idumée, le mont Horeb, le Hor, le Sinaï, le
Guilboah, le Nébo, le Tabor, le Liban, les monts d'Hen-Guédi, le Calvaire,
Hébal et Guérizim, les montagnes de Galaad, le mont d'Hamalec, Morija,
l'Hermon, le Gahaz, le Paran, le Pisga, le mont des Oliviers, le Carmel, etc.,
les montagnes d'Éphraïm, de Juda, de Nephthali, les monts Abarim, etc. La carte
de la terre sainte est encore à faire pour ce qui concerne les montagnes, leur
direction, leur hauteur et leurs ramifications. Les voyageurs n'en ont guère
étudié et tracé que les sommets et les chaînes principales, et la carte de
Grimm, la meilleure de toutes, laisse encore beaucoup à désirer: si quelque
chose avait pu être fait avec les données actuelles, le génie actif, laborieux
et facile, de Ritter l'aurait fait.
L'Écriture nous apprend à regarder les montagnes comme
aussi anciennes que le monde, Psaumes 90:2; 104:6,8; Proverbes 8:25; en
plusieurs endroits elles sont appelées coteaux d'éternité, ou montagnes
éternelles, parce qu'elles datent des jours de la création, Genèse 49:26;
Deutéronome 33:15. Ailleurs cependant elles sont davantage mises en rapport
avec les terribles phénomènes, avec les bouleversements qui leur ont donné
naissance, Psaumes 18:13-15; 104:6,8; 97:5; 144:5; Zacharie 14:4,8, etc. Le nom
de montagnes de ravage leur est donné Psaumes 76:4, parce qu'elles étaient
souvent des retraites de voleurs.
— On remarque le rôle important que les montagnes ont
joué dans les grandes époques de la religion; le sacrifice d'Isaac, la
promulgation de la loi, la mort du Sauveur, ont lieu sur des hauteurs; c'est
également sur des montagnes que vont se promener les pieds des prophètes, et
Jésus-Christ s'y est souvent entretenu avec son père pendant la nuit; c'est sur
le Tabor qu'il a été transfiguré, c'est du mont des Oliviers qu'il s'est élevé
vers les cieux.
La montagne d'assignation, Ésaïe 14:13, ne désigne pas
la montagne sur laquelle était construit le temple à Jérusalem, comme on l'a
cru quelquefois en comparant Ésaïe 38:20. Si l'on fait attention à la personne
qui parle, on verra que son idée ne pouvait rien avoir de théocratique: ses
vœux et ses espérances lui sont reprochés; il est probable que le prophète
introduit ici les idées babyloniennes sur une ancienne et sainte montagne
située vers les confins du septentrion, et dans laquelle résidaient les sources
de la vie; on peut comparer ici l'Ai Bordsch des Perses, les Kuen-lun des
Chinois, le Mérou des Indiens, et l'Olympe des Grecs: le Nord était regardé
comme le commencement du monde, son origine, son principe, et chaque peuple
mettait ses dieux sur la montagne la plus septentrionale de son territoire.
Les Syriens, après avoir été battus par les Israélites
dans une rencontre, prétendirent que ceux-ci étaient protégés par les dieux des
montagnes, 1 Rois 20:23. On ne sait presque rien de ces espèces de dieux, si ce
n'est qu'ils devaient protéger ceux qui se confiaient en eux, et qu'ils
dirigeaient tout ce qui avait lieu sur leurs flancs: quelques-uns d'entre eux
avaient des noms particuliers: Pan appartenait d'une manière éloignée à cette
catégorie. On se rappelle en tout cas le respect qu'avaient les païens pour les
hauts lieux en général.
Le sermon de Jésus sur la montagne, admiré de tous
ceux qui le lisent, comme un des plus beaux résumés de la morale chrétienne et
de la sainteté évangélique, présente des difficultés de détail, et surtout des
difficultés d'ensemble qu'aucun ouvrage théologique français n'a encore, ni
résolues, ni même posées et constatées. L'ouvrage allemand de Tholuck
(Bergpredigt), traduit en anglais, est le seul travail spécial que nous
connaissions sur ce sujet, et il serait digne d'être reproduit dans notre
langue.
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MONTRES.
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L'Orient, et notamment la Babylonie, a connu de très
bonne heure l'art de mesurer, de diviser et de calculer le temps au moyen
d'horloges à soleil, de cadrans solaires, et par la longueur relative des
ombres aux différentes heures de la journée. De bonne heure aussi, par suite
des nombreux et fréquents rapports qui existaient entre la Babylonie et l'Asie
occidentale, cette connaissance a pu être communiquée aux Hébreux, chez qui
nous en trouvons des traces déjà avant l'exil, 2 Rois 20:9; Ésaïe 38:8;
— Voir: Cadran.
Ces horloges primitives étaient tantôt une colonne qui
projetait son ombre sur un escalier dont chaque degré marquait les heures,
tantôt une colonne divisée en degrés, et qui recevait l'ombre d'un corps
étranger. Les Romains inventèrent plus tard les horloges d'eau ou clepsydres
(158 avant J.-C.), au moyen desquelles on fixait aux orateurs la durée de leurs
discours, aux hommes de garde le temps de leur faction, et les heures où les
sentinelles devaient être relevées: on ne sait pas si les Juifs au temps de
Jésus avaient adopté cette manière de mesurer le temps, mais il ressort de
plusieurs passages qu'ils se servaient d'instruments de ce genre, gnomons,
clepsydres ou autres; les besoins de la vie civilisée, comme les progrès de la
civilisation, en étaient venus chez eux au point qu'une découverte de ce genre
devait être pour eux une nécessité. On se sert de nos jours encore de
clepsydres pour l'usage ordinaire, dans l'Inde et le royaume de Siam.
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MOPH,
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Osée 9:6,
— Voir: Memphis.
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MORE,
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Genèse 12:6; Deutéronome 11:30; Juges 7:1, colline
située dans la vallée de Jizréhel, non loin de Sichem; elle tirait probablement
son nom de son possesseur, qui était un Cananéen.
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MORÉSETH-GATH,
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petite ville de la Palestine, apparemment voisine de
Gath et d'Éleuthéropolis, patrie du prophète Michée, Michée 1:14; Jérémie
26:18. Quelques auteurs pensent que c'est la même que Marésa, ainsi le paraphraste
caldéen; d'autres, sans plus d'indication, disent que ce village était situé
entre Jérusalem et la Méditerranée, et le distinguent de Marésa.
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MORIJA
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(l'Éternel y pourvoira), colline de Jérusalem sur
laquelle le temple fut bâti par Salomon, 2 Chroniques 3:1. Elle était située à
l'est de Sion, et au sud-sud-est d'Akra, dont elle était séparée par une vallée
large et peu profonde, qui fut rehaussée et presque comblée, sous Simon
Maccabée, par les décombres d'une forteresse ennemie que les Syrien savaient
construite sur Akra. Le vallon des faiseurs de fromage séparait Morija de Sion,
et un pont la mettait en communication directe avec la ville haute. Au dire des
anciens auteurs, la colline de Morija, sous le temple, était pleine de
réservoirs souterrains immenses, dont les entrées n'étaient connues que des
prêtres. On a cru, à cause de la signification du nom de Morija, comparée avec
les paroles d'Abraham, Genèse 22:8, que c'était là que devait avoir eu lieu le
sacrifice d'Isaac. Cependant, cette manière de voir présente de grandes
difficultés: les Samaritains, au lieu de Morija, lisent More dans le passage de
la Genèse, et prétendent que ce fut de ces plaines que partit le père des
croyants, et qu'il conduisit son fils sur le mont Guérizim.
— Le nom de Morija était peu usuel; on ne le trouve
pas 1 Rois 6, où on aurait pu l'attendre, et Flavius Josèphe qui parle beaucoup
de Jérusalem et du temple, ne renferme qu'une seule fois le nom de Morija,
Antiquités Judaïques 1, 13, 1, et encore est-ce en parlant de Genèse 22.
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MORT,
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— Voir: articles Meurtre, et Peines.
Conjurer les morts,
— Voir: Python.
Mer Morte,
— Voir: Mer.
Le nom de mort a, dans l'Écriture, différentes
significations que l'on ne doit pas confondre: d'abord le sens simple et
matériel, la séparation du corps et de l'âme, la fin de la vie physique, la
mort qui est entrée dans le monde avec le premier péché, comme un dérangement,
un affaiblissement de la nature primitive qui avait été créée saine et
immortelle. Cette mort n'est point naturelle; c'est, au contraire, un accident
violent dont la nature a été troublée, mais qui a passé dans le cours ordinaire
des choses comme le péché. Puis l'ensemble de la vie actuelle, négation
permanente de la vie primitive, est également désigné dans l'Écriture sous le
nom de mort; l'homme ne vit pas: il est mort dans ses fautes et dans ses péchés,
Éphésiens 2:1. Cette mort est aussi appelée la colère de Dieu, et il faut en
être délivré pour hériter le royaume du bonheur éternel, Éphésiens 2:3. Si
cette mort se consomme, elle est appelée la condamnation: c'est dans ce sens
que la parole de Dieu, qui parle d'une nouvelle naissance, parle aussi de la
conversion comme d'une résurrection, Colossiens 3:1. Enfin, il faut distinguer
le sens mystique du mot, la mort du chrétien au monde et à la vie extérieure,
la mort des sens, dont la mort de Christ a été l'image sans préjudice à sa
propre réalité; elle est appelée une vie cachée avec Christ en Dieu, Colossiens
3:3. Celui qui est mort au monde a cessé d'être sujet à la mort du péché; le
rétablissement de l'être a commencé, il n'attend plus que la résurrection du
corps comme dernière délivrance.
— La mort seconde désigne aussi la damnation
éternelle, Apocalypse 20:6,14.
On trouve dans l'Écriture plusieurs expressions
poétiques et comparaisons particulières pour rendre l'idée de mort; mais elles
se comprennent facilement. La mort est appelée le roi des épouvantements, Job
18:14; les portes de la mort désignent le tombeau, Psaumes 107:18; les
instruments de mort sont des armes meurtrières; un fils de la mort, c'est un
homme condamné à mourir, ou qui a mérité la mort. L'amour est fort comme la
mort, dit Salomon, Cantique 8:6, c'est-à-dire que l'amour triomphe de tout, de
même que rien ne peut résister à la mort. Les Hébreux avaient, pour les corps
morts, un grand respect, autant par l'idée de la souillure légale qui résultait
de leur contact, qu'à cause de leur croyance en la résurrection des corps; ils
regardaient comme un malheur réel la privation de sépulture, 1 Rois 14:11;
16:4; 21:24; Jérémie 7:33; 8:2; 9:22, etc. Ézéchiel 29:5, etc. Psaumes 79:3,
etc, cf. Sophocle, Ajax 1156. Le livre de Tobie 1:21; 2:8, met au nombre des
œuvres de charité la sépulture de cadavres abandonnés. C'était aux plus proches
parents, aux fils, qu'était imposé le devoir d'enterrer leurs pères et leurs
mères, Matthieu 8:21. Si un corps restait exposé ou abandonné, il risquait de
devenir promptement la proie de bandes de chiens affamés et sans maîtres, ou
celle des oiseaux de l'air, 1 Rois 14:11; 16:4, etc., 2 Rois 9:35; cf. Iliad.
22, 41; mais ce cas était rare chez les Juifs, et n'arrivait presque qu'en
temps de guerre, car les criminels eux-mêmes étaient ensevelis après leur
exécution, Deutéronome 21:23; Matthieu 27:58. Il n'en était pas toujours de
même chez les Égyptiens, Genèse 40:19. D'après le Talmud, il y aurait eu à
Jérusalem des sépulcres spécialement destinés aux suppliciés. La sépulture, ou
enterrement, a été chez les Juifs, dès les temps les plus anciens, la manière
ordinaire de faire disparaître les cadavres, Genèse 23:19; 25:9; 35:8,19. Juges
2:9; 1 Samuel 25:1; Jean 11:17, etc. L'usage grec de les brûler n'existait pas,
et le seul exemple que nous en trouvions, 1 Samuel 31:12, se présente avec des
circonstances extraordinaires, qui ont pu justifier ou provoquer cette mesure
également extraordinaire. Saül était rejeté de Dieu: roi d'Israël, il s'était
suicidé, et les usages, comme les nécessités de la guerre, la mutilation, et
peut-être la décomposition des corps, exigeaient qu'il en fût ainsi. On peut
comparer encore Amos 6:10, dont l'idée principale est que le malheur des temps
voudra que les corps soient brûlés (et cela, par les plus proches parents, à
défaut d'autres), comme le seul moyen de s'en défaire sans danger. Après
l'exil, l'usage de brûler les corps n'entra pas davantage dans les mœurs
judaïques: le Talmud en fait exclusivement une coutume païenne, et Tacite (H.
5, 5; 4) dit aussi que les Juifs ne se défaisaient pas de leurs morts autrement
que par l'inhumation.
L'Écriture ne donne pas beaucoup de détails sur les
cérémonies funèbres et sur l'ensemble des funérailles; on peut voir ce que nous
avons dit aux articles Cadavre, Deuil, et Sépulcres. Le corps était
ordinairement enveloppé de linges, Jean 19:40; 11:44, et emporté les pieds
devant. Comme on ne se servait pas toujours de bières, il n'était pas besoin
d'un long temps entre la mort et la sépulture, on le voit par l'exemple
d'Ananias et de Séphirah. Anciennement, des pleureuses à gages et des joueurs
d'instruments accompagnaient le convoi, auquel devaient se joindre, par
respect, tous ceux qui le rencontraient, usage auquel notre Sauveur semble
faire allusion, Luc 7:32, et saint Paul, Romains 12:15.
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MOSEL,
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Ézéchiel 27:19,
— Voir: Uzal.
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MOUCHES, Moucherons, Moustiques.
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On trouve en Orient, et surtout dans les plaines
marécageuses de l'Égypte, un nombre fort considérable d'insectes ailés, aussi
incommodes par leur multitude que dangereux par leurs piqûres, et qui attaquent
indistinctement les hommes et les bestiaux. L'existence d'un Dieu des mouches,
ou Bahalzébub, ne pouvait ainsi manquer d'être inventée par des peuples qui
divinisaient tout ce qu'ils craignaient, tout ce qu'ils haïssaient,
Bahalzébub ou
seigneur des mouches détient aussi la signification de «seigneur de
l’agitation». Il désigne en général une personne fortement agitée pour
différentes raisons, surtout au niveau médical et pshychique. Des personnes
souffrant d’un esprit troublé à cause de dérèglements de conscience étaient
ancinnement considérés comme possédés d’un ou de plusieurs démons. Or dans sa
décomposition, le terme «démon» signifie lui-même «conscience dérèglée»,
abolissant ainsi des millénaires de superstitions.
— Voir: Bahal.
Trois expressions différentes sont employées dans la
Bible pour désigner les insectes, mais l'exacte signification de chacune n'est
pas bien déterminée:
1. Zébub,
Ecclésiaste 10:1; Ésaïe 7:18. C'est probablement le nom général de toute la
classe des insectes ailés.
2. Ken
(ou kinnim), Exode 8:17; cf. Psaumes 105:31. Nos versions l'ont traduit par
poux; mais cette signification est fort peu probable, et la plupart des
voyageurs, comme la plupart des interprètes, la rejettent, sans s'accorder, du
reste, sur l'espèce d'insecte qu'il faut entendre par là. Un simple nom
d'animal ne peut être déterminé, après deux ou trois mille ans, lorsque rien
d'ailleurs ne tend à le faire connaître. Les pères de l'Église, les Septante,
Origène et saint Augustin, disent qu'il s'agit d'un insecte fort petit, presque
invisible à l'œil nu, fort inquiétant, voltigeant toujours, et revenant à
mesure qu'on le chasse. Hasselquist et Maillet parlent aussi de fort petits
insectes dont ils ont été tourmentés en Égypte, et qui pourraient bien être les
mêmes. D'un autre côté, le docteur Clarke pense que l'espèce de poux qui
affligea l'ancienne Égypte est l'acarus sanguisugus, qui se trouve dans cette
contrée, et jusque dans la Cafrerie (— Voir: Voyage d'Arbousset au nord du Cap,
p. 138); il est plus gros que la mouche ordinaire, et d'une forme plate et
presque ronde; il tourmente singulièrement les hommes et les animaux.
Le moucheron de Matthieu 23:24; est-il le même que le
ken de l'Égypte? C'est ce qu'on ignore, puisqu'on ne peut connaître celui-ci;
mais il paraît plutôt que ce doit être le culex vinarius, l'hôte imperceptible
du vinaigre, et les raisons alléguées par Bochart semblent ne laisser aucun
doute sur ce point.
3. Harob.
Nos versions le traduisent: un mélange d'insectes; c'était la quatrième plaie
de l'Égypte, Exode 8:21; cf. Psaumes 78:45; 105:31. Selon quelques auteurs,
c'est le tabanus ou taon. Ruppel pense à de petits insectes qui naissent,
pendant les grandes chaleurs, du limon déposé dans la vallée du Nil. Ils se
précipitent avec fureur sur les hommes et sur les animaux, pénètrent dans les
narines et dans les oreilles, et causent aux yeux des douleurs infinies; mais
ce voyageur n'ayant pas décrit l'insecte dont il parle, on ne sait à quelle
famille il appartient. Œdmann croit qu'il s'agit de la blatta orientalis à, e
Linnée, connue chez nous sous le nom de teigne, animal qui s'attache aux
vêtements comme aux hommes; cette manière de voir souffre aussi de grandes
difficultés. D'autres enfin ont traduit ce mot par loups, mais sans raison.
— Harob dérive, selon les uns, d'un mot arabe qui
signifie manger; selon les autres, du mot hébreu harab, mêler, et c'est de
cette dernière étymologie que sont partis les traducteurs français, Luther,
etc. C'est, dans l'incertitude, la traduction la plus sûre et la moins
compromettante.
Luther a traduit de même le mot tselatsal, Deutéronome
28:42, où nos versions portent hanneton. Il est plus probable,
étymologiquement, qu'il faut entendre par là le grillon, gryllus stridulus de
Linnée.
— Voir: Sauterelles.
Toutes les mouches étaient déclarées impures par la
loi, Lévitique 11:42.
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MOUT,
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— Voir: Vin.
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MOUTARDE,
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Matthieu 13:31; 17:20; Marc 4:31; Luc 13:19; 17:6. La
famille du sénevé compte treize espèces, dont cinq étaient particulières à
l'Égypte. C'est un arbrisseau à siliques qui vient souvent sans culture, mais
dont plusieurs espèces, et notamment la sinapi nigra, et l'alba, sont aussi
cultivées avec soin, comme épices et assaisonnement, soit en Orient, soit même
dans l'Europe méridionale. Les Juifs en cultivaient dans leurs jardins. Les
grains de moutarde, employés déjà par les anciens comme un piquant
assaisonnement, désignaient proverbialement une chose extrêmement petite,
Matthieu 13:32. II paraît aussi, d'après ce passage, que, dans les pays chauds,
le sénevé devenait un arbre véritable, et atteignait une certaine hauteur, non
point seulement par extraordinaire, mais assez habituellement; en Europe, il ne
s'élève guère qu'à 70 centimètres de terre.
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MOUTON,
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— Voir: Brebis.
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MUGUET,
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— Voir: Lys.
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MULET,
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produit stérile de l'âne et du cheval; participe
toujours plus des qualités de son père que de celles de sa mère; l'espèce
inférieure, produit de l'âne et de la jument, est cependant la plus répandue.
On peut croire, à cause de la défense indiquée Lévitique 19:19, que les Hébreux
ne firent point naître de mulets, mais il ne leur était pas défendu d'en
acheter et de s'en servir; nous voyons en effet, surtout depuis les jours de
David, que les mules et les mulets étaient assez communs parmi eux; ils
servaient même de monture aux rois, 1 Rois 1:33,38,44, aux princes, 2 Samuel
18:9; 13:29, etc., et dans les écuries royales ils étaient, aussi bien que les
chevaux, confiés aux soins d'un inspecteur en chef, 1 Rois 18:5. Les mulets
étaient employés comme montures en temps de guerre, 2 Samuel 18:9, cf. Zacharie
14:15., et en Perse, les courriers du gouvernement s'en servaient comme de
chevaux et de dromadaires, Esther 8:10,14. Le transport de fardeaux se faisait
aussi à dos de mulet, 2 Rois 5:17; cf. Ésaïe 66:20; 1 Chroniques 12:40; Esdras
2:66, et la force, comme la marche sûre et ferme de cet animal, le faisait
généralement préférer au cheval et à l'âne, dont il réunissait en lui-même les
différentes qualités. On voit, 1 Rois 10:25, que parmi les tributs que les
peuples voisins payaient annuellement à Salomon, se trouvent des mulets: la
contrée de Thogarma (Arménie), était surtout renommée pour ses beaux produits
en ce genre, Ézéchiel 27:14, qui sont encore admirés de nos jours; un mulet de
Syrie se paie de 750 à 850 ou 900 francs (Burckhardt).
— Le nom hébreu est péred ou pirdah; quelques anciens
interprètes ont cru que les jemim de Genèse 36:24, signifiaient aussi des
mulets, et ils attribuent à Hana l'honneur d'avoir découvert le mélange du
cheval et de l'âne, mais,
— Voir: Hana.
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MURIER,
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Luc 17:6,
— Voir: Sycomore.
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MUSETTE,
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— Voir: Musique.
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MUSIQUE.
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Cet art, presque aussi ancien que le monde, et qui
doit survivre au monde, cet art magique dont la puissance se fait sentir pour
le mal comme pour le bien, qui élève les âmes vers l'Éternel, et qui souvent
divinise la matière et favorise tant de désordres, qui souffle la guerre, qui
inspire la volupté, qui, tour à tour, calme les douleurs ou arrache des larmes
aux cœurs joyeux, puissant dans le Ranz des vaches, puissant dans la
Marseillaise, puissant dans les Te Deum, bienfaisant et malfaisant, religieux
ou impie, cet art, connu des anciens Hébreux, et maintenant encore cultivé avec
tant de succès par leurs descendants, depuis Asapb jusqu'à Mendelsohn, a été
connu dès avant les jours du déluge, et peut-être que le premier homme a
entendu déjà les chants meurtriers des enfants de Caïn. C'est à cette famille,
en effet, que l'Écriture sainte attribue l'invention des instruments de
musique; Jubal, dont le nom rappelle la joie et les jubilations, fut le premier
qui découvrit ou qui inventa les sons éclatants des instruments de cuivre,
Genèse 4:21. En rapportant cette triste origine, l'Écriture ne paraît pas
vouloir jeter de la défaveur sur l'art lui-même, non plus que sur les bergers
en général, sur les nomades comme tels ou sur les ouvriers en fer ou en airain,
dont les premiers furent aussi Caïnites; elle ne paraît pas blâmer ces
découvertes en elles-mêmes, et cependant la mention qu'elle en fait n'est pas
absolument indifférente non plus. L'homme était destiné primitivement à
l'agriculture; c'était le genre de vie le plus facile, le plus agréable, le
plus en rapport avec son organisation, celui aussi qui exigeait le moins de
soucis, qui était le moins de nature à détourner sa pensée des choses de Dieu;
mais la famille de Gain s'étant détachée de celui qui a la vie éternelle, et ne
vivant plus que pour ce monde, elle a pu diriger toutes les pensées vers les
beaux-arts et vers les arts utiles à l'homme; elle a été mise en mesure de bien
mériter de la race humaine, d'autant plus que sa direction était devenue toute
humaine; terrestre, et vivant pour la terre, la famille de Caïn a dû chercher à
orner le séjour qu'elle habitait, et moins elle faisait de progrès dans la
connaissance des mystères divins, plus elle devait en faire dans la
connaissance des arts et des sciences de la terre. Lémec, père de Jubal,
chantait sans doute ses crimes, Genèse 4:23, et l'on regrette que les plus
anciens souvenirs du chant et de la musique se rattachent à des meurtres et à
une famille proscrite de Dieu.
Il est assez probable, que le monde ayant fait
invasion dans l'Église, et la famille de Caïn dans celle de Seth, les arts
passèrent d'une famille dans l'autre, et que c'est ainsi qu'ils survécurent au
déluge, à la race détruite de Caïn. La Bible ne dit pas que la musique ait été
une seconde fois inventée, et l'on peut croire que Noé et ses fils, avertis du
sort réservé à la terre, profitèrent du terme de 120 ans qui leur était donné,
pour recueillir tout ce qui pouvait être conservé d'utile et d'agréable de
l'ancien monde. Quoi qu'il en soit, nous voyons la musique généralement en
usage aux jours de Laban, Genèse 31:27; nous la retrouvons aux jours de Moïse
après l'esclavage d'Égypte, Exode 15:1-22; Nombres 10:2. David organise de
nombreux chœurs de chantres et de musiciens pour le service du temple, et les
choisit parmi les Lévites dont les occupations ont diminué depuis l'érection du
tabernacle, 1 Chroniques 25:1; cf. 2 Chroniques 29:25; 30:21; 35:15;
— Voir: Chantres.
— Il paraît que les rois avaient aussi leur musique
particulière, comme on peut le conclure de 1 Chroniques 25:2; 2 Samuel 19:35;
Ecclésiaste 2:8. Chez les Hébreux, la musique était souvent accompagnée de
danses.
Quant à sa nature il est difficile d'en rien dire, car
elle est perdue, et les conjectures nombreuses que l'on a faites prouvent mieux
que tout le reste, qu'on ne doit pas songer à la retrouver. Il est probable
cependant qu'elle était simple et sérieuse, peut-être même sans connaissance de
l'harmonie, qui est un perfectionnement, ou selon quelques-uns, une détérioration
du goût naturel, une corruption, dans tous les cas la civilisation transportée
dans la musique, par conséquent l'art dans le sens ordinaire de ce mot. Ils
chantaient, à ce qu'on pense, unisono, chacun suivant la force et la portée de
sa voix, et l'on sait que J.-J. Rousseau regardait ce chant comme le plus pur
et le plus beau, tandis que la musique composée n'était, selon lui, qu'une
volupté artificielle réellement inférieure. C'est une affaire de goût sur
laquelle on ne peut disputer, mais il est sûr que de grandes masses chantant à
l'unisson peuvent produire de grands effets, et que plusieurs airs perdent
plutôt qu'ils ne gagnent à un accompagnement. En tout cas, on doit croire que
la musique vocale et instrumentale sur laquelle devaient se chanter de si beaux
psaumes, était elle-même belle, excellente et parfaite. Qu'on se rappelle
l'impression produite par la harpe de David sur la sombre mélancolie de Saül, 1
Samuel 16:23, l'impression produite par les prophètes de Samuel sur les hommes
envoyés par Saul pour prendre David, et sur Saül lui-même, 1 Samuel 19:23-24;
cf. 10:5, la manière dont le prophète Élisée calma l'émotion qui l'agitait, et
se disposa à recevoir les impressions du Saint-Esprit, 2 Rois 3:15, et l'on
comprendra la puissance mystérieuse de cette musique sacrée, simple, sans
recherche, mais profonde.
À côté des chants religieux nous voyons mentionner
aussi la musique des festins qui assaisonne la joie des amis, mais nulle part
elle n'est rappelée comme innocente, Ésaïe 5:42; 14:11; 24:8; Amos 6:5;
Lamentations 5:14: il paraît que les Israélites pieux se contentaient pour leur
intérieur, du chant des saints cantiques, et que les Psaumes fournissaient à
leurs joies domestiques tous les textes qu'ils pouvaient penser et désirer. La
joie publique se manifestait aussi au son des instruments, 1 Rois 1:40, mais
rien ne laisse supposer qu'il s'agisse dans ce passage d'une musique étrangère
à la joie théocratique: en voyant couronner son roi légitime, le peuple pouvait
célébrer son avènement par des chants religieux qui répondaient à ses besoins
intérieurs, et faisaient ressortir le bonheur d'une nation gouvernée par un roi
choisi de Dieu.
Un assez grand nombre d'instruments sont nommés dans
l'Écriture, d'où l'on peut conclure que l'orchestration était connue des
Israélites, mais on ne peut rien affirmer de positif sur leur forme et leur
importance: c'est même là une des parties les plus obscures de l'archéologie
des Israélites. On divise ordinairement ces instruments en trois classes, et
nous rapportons ici les suppositions les plus généralement adoptées.
1. Espèces
de tambours ou tambourins,
a. Le
thoph ou tambourin, cercle de bois ou de métal, recouvert d'une peau tendue, de
8 pouces de diamètre: on le frappait avec le doigt, et il servait surtout à marquer
la mesure: avec l'accompagnement de la cymbale ou des castagnettes il
produisait un effet qui n'était point désagréable. C'étaient ordinairement les
femmes qui battaient le tambourin en Orient, Exode 15:20; Juges 11:34; Psaumes
68:25; Jérémie 31:4, et c'était dans les réjouissances publiques qu'on en
faisait usage,
— Voir: aussi Job 21:12; 2 Samuel 6:5; Ésaïe 5:12;
24:8.
b. Les
tseltselim ou cymbales, q.v.
c. Les
mnahanehim, 2 Samuel 6:5, traduits sistres dans nos versions, d'après la
Vulgate et les interprètes juifs; instrument composé de deux verges qui se
coupent à angle droit, et dont les deux autres extrémités, se rejoignant,
dessinent une figure ovale, ou allongée, en forme de baudrier: des anneaux de
métal attachés à cet instrument produisent, lorsqu'il est secoué, un bruit qui
rappelle de loin les tintements du chapeau chinois. Le sistre était autrefois
fort commun en Égypte, où l'on s'en servait surtout pour le culte d'Isis.
d. Shalishim,
1 Samuel 18:6, probablement, comme l'indique son étymologie, l'instrument
encore connu sous le nom de triangle, soit qu'on en frappe les trois côtés avec
une baguette de fer, soit que ces côtés portent des anneaux métalliques qui
rendent, lorsqu'ils sont agités, le même son aigu que les anneaux du sistre. Le
triangle est, d'après Athénée, une invention syrienne.
2. Instruments
à vent,
a. Le
hougab, que nos versions traduisent orgues, Genèse 4:21; Job 21:12, et qui
d'après saint Jérôme, appuyé des interprètes juifs et caldéens, doit plutôt
s'entendre de la cornemuse.
b. La
soumphonia, Daniel 3:5,10,18, que nos versions rendent par symphonie. C'est
apparemment le même instrument que le hougab, du moins les interprètes juifs le
traduisent ainsi: la cornemuse s'appelle maintenant encore en italien sambuja,
et c'est la langue des traditions musicales. La cornemuse est une espèce de
flûte dont les deux moitiés sont séparées par une grande vessie, ou sac de
cuir, qui reçoit le souffle du joueur, se gonfle, et communique par la pression
l'air au tuyau inférieur: ce dernier tuyau est percé de trous comme une flûte
ordinaire, et rend des sons suivant le jeu des doigts; cet instrument a plutôt
des tons criards, nasillards, et peu harmonieux. Quelques auteurs, dont Calmet,
croient cependant que le hougab désigne la flûte de Pan, ou chalumeau, composé
de roseaux d'inégale longueur.
c. Le
mashrokhita, Daniel 3:5, serait d'après Winer la flûte de Pan: les bergers de
l'Orient s'en servent de nos jours encore, comme ceux de la Suisse et de
l'Italie; c'est le mot que nos versions ont traduit par clairon,
d. Hhalil
ou nehhil, Psaumes 5:1; etc. On est généralement d'accord à penser qu'il s'agit
ici de la flûte. Cet instrument qui servait à célébrer la joie comme le deuil,
1 Rois 1:40; Ésaïe 5:12; 30:29; Matthieu 9:23, était fait de diverses matières;
il y en avait de roseaux, de bois, de corne, et d'os, et l'on en comptait chez
les Israélites, comme chez les Grecs et les Romains, différentes espèces,
suivant le nombre de trous qu'elles portaient; elles étaient loin toutefois de
pouvoir être mises en comparaison avec nos flûtes modernes, si compliquées et
si parfaites,
e. La
hhatsotserah, que nos versions ont traduit par trompette, Nombres 10:2; cf.
31:6; 2 Rois 11:14; 12:13; Osée 5:8. Moïse avait ordonné que deux de ces
instruments, d'argent massif, fussent employés au service du tabernacle, pour
convoquer les chefs ou le peuple, et pour annoncer le moment du départ. La
forme de ces trompettes, telles du moins qu'elles existaient dans le second
temple, a été conservée avec celle de tous les vases du sanctuaire, sur l'arc
de triomphe de Titus: elle rappelle singulièrement celle des Alpenhœrner: c'est
une espèce de long tube qui va en s'évasant vers son extrémité inférieure, et
qui paraît avoir dû rendre un son éclatant, mais un seul: aussi Moïse, en
marquant les divers signaux qui devaient être donnés par ces trompettes,
n'indique pas qu'elles fussent susceptibles d'aucune modulation: leur usage
devait être celui des cloches; suivant que l'on sonnait une ou deux fois,
suivant que les trompettes sonnaient ensemble ou séparément, l'assemblée devait
être avertie, soit de se réunir, soit de prier, soit de partir,
f. Le
shophar, traduit par trompette, Lévitique 25:9; Job 39:28, par cor, Jérémie
4:5; 6:1; Ézéchiel 33:6; Ésaïe 58:1; Exode 19:16,19; Osée 5:8; Josué 6:4, peut
en effet se traduire des deux manières, en réservant l'incertitude où l'on est
sur sa signification véritable. On s'en servait pour annoncer l'année du
jubilé; on s'en servait à la guerre, les sentinelles et les gardes s'en servaient
pour donner des signaux. Le shophar avait un son fort étendu, auquel Moïse
compare le son du tonnerre, lors de la promulgation de la loi sur le Sinaï. Ce
qu'il est permis de supposer sur la forme de cet instrument d'après ce qui est
dit Josué 6:4, c'est que c'était peut-être une corne d'animal, comme les patres
des Alpes s'en servent souvent encore, ou bien que c'était un instrument qui
affectait cette forme, et qui par conséquent ne pouvait, non plus que le
précédent, donner qu'un seul son, mais clair et bruyant. C'est apparemment le
même mot qui se rend en caldéen par kharna, Daniel 3:5, et que Martin a traduit
par cor.
g. Le
susan ou sosannim-héduth, Psaumes 45, 60, 69, et 80. Heidegger en fait un
instrument à (six) cordes: c'était plutôt un instrument à vent, semblable à
notre trompette ou à la clarinette; son nom de susan (lys) fait croire qu'il
avait quelque ressemblance avec cette fleur. Susan héduth signifierait la
trompette du témoignage, ou la trompette destinée aux chants (lyriques).
3. Instruments
à cordes.
Leur nom général était neguinoth.
a. Kinnor
et
b. Nebel,
— Voir: Harpe.
C'était probablement une espèce de lyre ou de guitare
plus ou moins grande,
c. Le
sabeka, Daniel 3:5, traduit saquebute; instrument triangulaire semblable à la
harpe, avec quatre cordes ou même davantage, qui se pinçaient avec les doigts
et rendaient des sons aigus; les bayadères de l'Orient voyageaient avec la
saquebute, et Tite-Live, 39, 6, raconte qu'il en vint jusqu'à Rome (psaltriæ
sambucistriæque).
d. Le
psanther, Daniel 3:5, traduit psaltérion, était également une espèce de harpe,
mais d'une forme qu'on ne peut déterminer,
e. Le
kithros, Daniel 3:5,
— Voir: Harpe.
Les Hébreux connaissaient-ils une manière quelconque
de noter la musique? C'est fort peu probable; la simplicité de leur musique non
composée ne leur faisait pas sentir le besoin de compositions écrites, et la
supposition que les accents ou la ponctuation des Psaumes servaient en même
temps de notes, est dénuée de fondement; les accents ne remontent pas aux beaux
jours de l'antiquité israélitique, et même si cela était, ils n'auraient pu
fournir qu'une notation très incomplète. L'Occident n'a connu les notes de
musique qu'au onzième siècle, et l'Orient moderne ne fait pas remonter les
siennes au-delà du dix-septième. Qu'il y ait eu quelques expressions destinées
à indiquer soit la mesure, soit des changements de ton, c'est possible, mais il
ne faut pas en demander davantage.», les articles Psaumes, Sélah, Séminith,
Halamolh, Guittith, etc.
— Quant au chant des psaumes, il ne faut pas le juger
par la monotone et souvent nasillarde cantillation qu'on entend dans les
synagogues modernes; ce devait être un chant proprement dit, c'est-dire de la
musique; mais si l'on se rappelle que le chant des Grecs même n'a pu être
encore déterminé, on comprendra que pour celui des Juifs il ne soit guère
possible non plus de autre chose que des généralités.
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MYRA,
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ville maritime de la Lycie, Actes 27:5; elle était
située, d'après Strabon, à 20 Milles de la mer, sur une colline.
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MYRRHE,
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parfum végétal qui découle en gomme d'un arbrisseau
commun en Arabie. On la mélangeait quelquefois à a autres parfums, surtout pour
le service du sanctuaire, Exode 30:23; Cantique 3:6; ou bien on l'employait
pour parfumer les vêtements, et les lits, pour embaumer les morts, et pour
oindre les personnes qu'on aimait ou qu'on honorait, Esther 2:12; Psaumes 45:9;
Proverbes 7:17; Jean 19:39; Cantique 5:5. Un peut conclure de Matthieu 2:11,
que la myrrhe ne croissait pas naturellement en Palestine, quoiqu'elle ait pu
être cultivée dans quelques jardins et sur quelques coteaux, Cantique 4:6. Dans
tous ces passages il est question de cette myrrhe si recherchée de l'ancien
monde, qui a été vantée par Pline (13, 2; 21, 18), par Dioscoride (1, 73), par
Athénée (3, 101), par Euripide (Troad. 1064), et par tant d'autres. Al'état
liquide ou à l'état solide, gomme ou huile, elle était l'ingrédient principal
dont on composait les encens ou les parfums les plus précieux; on la mêlait
aussi au vin, non pour le rendre plus fort, mais pour lui donner un goût plus
fin, quelque chose de plus recherché (comme on fait infuser de l'angélique dans
de l'eau-de-vie); peut-être aussi ce mélange communiquait-il au vin une vertu
étourdissante, et l'employait-on à cause de cela pour amortir chez les
suppliciés le sentiment trop vif de la douleur, Marc 15:23.
— La myrrhe découlait, soit naturellement, soit par
des incisions artificielles, de l'écorce d'un arbre ou arbrisseau de l'Arabie
et de l'Éthiopie, que les anciens, qui ne le connaissaient que par ouï-dire,
n'ont pas décrit d'une manière exacte et suffisante. Les naturalistes modernes
eux-mêmes n'ont, pendant longtemps, pu déterminer non plus d'une manière
précise l'arbre de la myrrhe, et l'on s'est contenté de voir et d'apprécier
dans le commerce ces morceaux te parfum, durs, opaques, en forme de larmes, que
les marchands orientaux venaient échanger contre nos produits. Ehrenberg, en
1829, est le premier qui ait décrit l'arbre auquel on donne maintenant le nom
de balsamodendron myrrha; l'écorce en est unie et d'une couleur gris cendré, le
bois est d'un jaune blanchâtre, les feuilles fort nombreuses reposent soit
isolées, soit réunies en faisceaux, sur des pétioles courts et unis; elles se
composent de trois folioles ovées d'inégale grandeur; les fruits reposent
également sur des pétioles; ils sont ovés et se terminent en pointe, leur peau
est brune. La résine d'abord huileuse, puis de la consistance du beurre, est
d'un blanc jaunâtre; elle passe ensuite au jaune doré et devient rougeâtre en
se durcissant. Il est probable que d'autres arbrisseaux donnent cependant aussi
de la myrrhe, et Belon dit avoir trouvé en Palestine près de Rama, un buisson
qui distillait cet encens.
— Ce qui est appelé de la myrrhe franche, Exode 30:23;
Cantique 5:5, ou plutôt de la myrrhe libre, c'est celle qui coule d'elle-même
et sans incisions, c'est l'essence de la résine de l'arbre; elle est encore
connue et recherchée de nos jours sous le nom de myrrha electa.
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MYRTE,
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arbuste de l'Asie qui s'élève quelquefois à une
hauteur de 6 à 7 mètres. Il a l'écorce rougeâtre, des rameaux forts et
flexibles, des feuilles unies, ovées et toujours vertes; des fleurs blanches,
tirant parfois sur le rouge, et entourées d'un calice à trois sépales. Elles
apparaissent au mois de mai, et donnent naissance à des baies ovales, pleines
de pépins blancs et d'un goût très fort; ces baies deviennent noires en
mûrissant. Les feuilles, comme les fleurs, répandent une odeur agréable
(Virgile, Egl. 2, 54), et ont un goût épicé avec une vertu légèrement
astringente. Le myrte choisit de préférence les vallées et le bord des
ruisseaux (amantes littora myrti, dit Virgile), cf. Zacharie 1:8. Virgile,
Géorg. 4, 124. On en trouve cependant aussi sur les hauteurs, Néhémie 8:15.
Pline 16, 30. Les anciens faisaient du myrte un des plus beaux ornements de
leurs jardins, soit à cause de son feuillage toujours vert, soit à cause de son
parfum; ils en connaissaient et en cultivaient plusieurs espèces. Le myrte
d'Égypte passait pour le plus odoriférant. Dans toutes les solennités, dans
toutes les fêtes publiques ou domestiques, on ne manquait jamais de décorer les
maisons et les appartements avec des branches de myrte; des couronnes étaient
tressées pour ceindre la chevelure des jeunes gens et des jeunes filles, et le
front chauve des vieillards, Pline 15, 36. Théophr. Plant. 4, 6. Les Hébreux
ont aussi cultivé le myrte, comme on peut le conclure de Ésaïe 41:19; 55:13.
Cependant, il est possible aussi qu'ils n'aient connu cet arbuste que dans son
état sauvage, le mvrtus sylvestris.
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MYSIE,
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Actes 16:7, province de l'Asie Mineure, voisine de la
Bithynie, au nord de la Troade. Lors du voyage de Paul, ce district appartenait
tout entier à la province romaine de l'Asie, q.v., et le nom de Mysie ne
servait plus que comme ancienne dénomination, facile à comprendre et d'un usage
commode, comme celui des anciennes divisions, de même qu'en France on se sert
encore plus volontiers de la division par provinces que de celle par
départements. On disait la Mysie comme on dit le Languedoc, la Bourgogne; mais
les géographes étaient d'autant plus embarrassés pour donner des limites
exactes à ce district, que les Mysiens et les Phrygiens avaient maintes fois,
par suite de diverses circonstances, occupé une portion du territoire les uns
des autres. La Mysie était, en tout cas, un petit district; sous les empereurs,
il touchait à l'Hellespont et à la Propontide, et comprenait les embouchures de
Æsopus et du Granique. On comptait peut-être encore dans l'origine, comme
appartenant à la Mysie, le district occidental qui longeait la mer Égée
jusqu'au fleuve Caïcus, et qui prit le nom d'Æolide depuis que les Æoliens s'en
furent emparés,
— Voir: Strabon 12, 564.
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-N
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NAAMAN ou Nahaman
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(beau, plaisant),
1. 2
Rois 5, chef des armées de Benhadad, roi de Syrie, jouissait d'un grand crédit
auprès de son maître, parce qu'il avait sauvé son pays; mais cet homme, fort et
vaillant, était lépreux, et n'espérait aucun remède à sa triste maladie. Une
jeune fille d'Israël, qui avait été faite prisonnière, et attachée au service
de l'épouse de Naaman, fut employée de Dieu pour guérir son maître de la lèpre,
et lui faire reconnaître Jéhovah, le Dieu d'Israël, comme le seul vrai Dieu,
Elle parla à sa maîtresse du prophète Élisée, et celle-ci engagea son époux à
lui aller faire une visite en Samarie. Naaman part avec de riches présents pour
le prophète, et des lettres de recommandation du roi de Syrie pour le roi
d'Israël, intimant, en quelque sorte, à Joram l'ordre de pourvoir à la guérison
de son serviteur. Mais les prophètes ne sont pas unis à l'État; ils n'ont rien
à faire avec la diplomatie, souvent les rois ne les connaissent pas, ou les
oublient après s'en être servis, et Joram déchire ses vêtements, protestant
contre l'ordre que lui donne Benhadad, ordre inexécutable pour lui, et qui
n'est, dit-il, qu'un prétexte du roi de Syrie pour rompre avec lui. Élisée
apprend l'arrivée de Naaman, reproche à Joram de l'avoir oublié, et fait venir
le général syrien. Celui-ci se rend à la voix du prophète, arrive avec sa
suite, et s'arrête devant la porte de la maison, soit par respect pour la
mission d'Élisée, soit à cause de la lèpre qui le rend impur. Il espère que le
prophète viendra au-devant de lui, et qu'il fera, en sa faveur, des invocations
et des cérémonies qui le nettoieront de sa lèpre; mais il ne voit paraître
qu'un messager qui lui ordonne, de la part du prophète, de se plonger sept fois
dans les eaux du Jourdain. Il s'irrite d'un pareil manque d'égards et de la
vulgarité du remède qui lui est ordonné: comment le Jourdain le guérira-t-il,
quand les eaux de l'Abana et du Par-par, meilleures que toutes celles d'Israël,
ne l'auraient pas guéri? Il s'en retourne donc; mais, à la voix de ses
serviteurs qui lui conseillent d'essayer, il va se plonger (mouiller) dans le
Jourdain, et le miracle est opéré. Plein de reconnaissance alors, et comprenant
que le Dieu d'Israël est le vrai Dieu, il se rend auprès d'Élisée, renonce,
entre ses mains, au culte des faux dieux, et prie, mais inutilement, le
prophète d'accepter les présents qu'il lui offre. Il lui demande enfin, et
obtient sans difficulté, l'autorisation d'emporter de la terre d'Israël la
charge de deux mulets; car, dit-il, ton serviteur ne fera plus d'holocaustes ni
de sacrifices à d'autres dieux, mais seulement à l'Éternel; cependant,
ajoute-t-il aussi, les devoirs de sa charge l'obligent à accompagner le roi de
Syrie dans le temple de Rimmon, et de se prosterner devant l'idole, en prêtant
au roi son épaule pour appui: «Veuille donc me le pardonner!» Singulière
demande, autorisation plus singulière encore, si les paroles du prophète: «Va
en paix!» constituent une autorisation. Ce passage a embarrassé plus d'un
interprète, et quelques-uns, en assez grand nombre, ont pensé que les mots
traduits par le futur dans nos versions, devaient être rendus par le parfait,
comme si Naaman demandait au prophète de lui pardonner d'avoir jusqu'alors
accompagné le roi dans le temple de l'idole. Peut-être y a-t-il aussi, dans les
paroles du prophète, cette condescendance du fort pour le faible, qui nous est,
dans certaines limites, recommandée par l'apôtre saint Paul, 1 Corinthiens
8:7-13; peut-être la conversion de Naaman n'a-t-elle été qu'une conversion au
monothéisme, et la foi que le seul Dieu était celui d'Israël? En tout cas, nous
ne voyons pas que le prophète ait cherché à l'initier davantage dans les
mystères de l'économie juive et dans la connaissance de la loi: croire au Dieu
d'Israël, c'était déjà beaucoup pour un païen, et sa présence au culte de
Rimmon n'étant plus qu'un acte physique, un devoir de cour, une affaire de
charge civile, Élisée pouvait le lui accorder. Il ne faudrait pas en conclure,
toutefois, que ceux qui ont plus de connaissance que Naaman puissent jouir du
privilège qu'il n'a dû sans doute qu'à son ignorance; la profession franche
nous est imposée, non seulement à cause du baptême d'eau, mais encore, et
surtout à cause du baptême de l'Esprit.
— Le prophète dit adieu au général; mais bientôt
celui-ci est rejoint par Guéhazi, serviteur d'Élisée, qui lui demande, au nom
de son maître, quelques présents pour deux jeunes prophètes, dit-il, qui
viennent d'arriver. Naaman fait plus que ne lui demande l'imposteur: il double
avec empressement la somme que celui-ci réclame, lui donne des serviteurs pour
l'accompagner et porter ces présents; puis il continue sa route. L'Écriture
sainte ne dit plus rien sur l'histoire de cet homme, dont le nom est seulement
rappelé par notre Sauveur, Luc 4:27, comme un exemple des miséricordes de Dieu
envers qui il veut. Heureux les caractères vifs qui, s'ils s'impatientent ou
s'emportent facilement, savent aussi reconnaître promptement leurs torts,
quelle que soit la bouche qui leur envoie la vérité! Heureux surtout ceux qui,
en recevant les bénédictions temporelles de la Providence, savent voir plus
haut que la terre, et remonter à la source de tous les biens pour l'adorer.
2. Un
autre Naaman, ou Nahaman, est compté parmi les fils de Benjamin, Genèse 46:21,
et un
3. parmi
ses petits-fils, 1 Chroniques 8:4,7.
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NAASSON,
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Matthieu 1:4; Luc 3:32, l'un des ancêtres de notre
Sauveur, nommé dans les deux généalogies; il était fils d'Hamminadab, et
beau-frère d'Aaron, Exode 6:23; Ruth 4:20; 1 Chroniques 2:10. Pendant le voyage
du désert, il servit de chef aux enfants de Juda, et conduisit leur tribu,
composée de 74,600 hommes au-dessus de vingt ans. Nombres 1:7; 2:3.
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NABAL,
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1 Samuel 25, descendant de Caleb, riche et grossier
berger de Mahon, près du mont Carmel, méconnaît les services que lui a rendus
David en protégeant ses troupeaux, et lui refuse brutalement quelques vivres
qu'il lui demande pour ses soldats affamés. C'était peut-être un parvenu dont
les richesses avaient desséché le cœur à l'égard du pauvre; mais, en offensant
un guerrier comme David, il fit une faute autant qu'un péché, et mérita bien le
nom de Nabal qu'il portait, et qui signifie fou. Ladre envers le pauvre dans la
plus belle et la plus riche saison de l'année, à l'époque où la tonte des
brebis eût dû, plus que jamais, lui imposer la générosité comme un devoir, il
ne fut point ladre envers lui-même, et ne se refusa aucune des réjouissantes
orgies que la circonstance occasionnait trop souvent. Il fit un festin de roi,
fut joyeux et s'enivra complètement. Mais David avait juré qu'il ne laisserait
rien à Nabal, depuis un homme jusqu'à un chien; il s'avançait avec 400 hommes,
et la vertu, comme la sagesse d'Abigaïl, purent seules empêcher le guerrier
courroucé d'exécuter ses menaces. Nabal désenivré, ayant appris le danger qu'il
avait couru, et dont il avait été délivré par une épouse dont il était indigne,
fut saisi d'effroi: «son cœur mourut au-dedans de lui, et devint comme une
pierre», Il mourut, au bout de dix jours, d'une maladie subite qui l'emporta,
et qui fut, sans doute, causée par le saisissement qu'il avait éprouvé avant
d'être seulement remis de ses débauches. David ne put cacher sa joie en
apprenant que l'ennemi du roi choisi de Dieu avait été châtié d'une manière
aussi prompte et aussi providentielle, non point que la mort de Nabal ait rien
eu de miraculeux en elle-même; l'homme avait été puni par où il avait péché,
par sa débauche, son avarice, sa brutalité; le fruit du péché, c'est la mort.
— Le nom de Nabal n'est plus rappelé que 1 Samuel
27:3; 30:5; 2 Samuel 2:2; 3:3; il est toujours joint à celui de son épouse, qui
était devenue celle de David, comme si l'historien sacré voulait, en rappelant
cet événement, montrer que la main de Dieu était avec David contre ses ennemis,
et contre Saul en particulier, dont la cause était compromise aux yeux des
fidèles par le châtiment de Nabal.
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NABATHÉNIENS,
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— Voir: Nébajoth.
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NABOTH
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(prophéties), 1 Rois 21, de Jizréhel, n'est connu que
pour deux faits; il refusa de vendre ce qui lui appartenait, et il fut lapidé.
Mais ces deux faits, si distincts de leur nature et sans corrélation apparente,
furent unis dans sa vie par un étrange et monstrueux lien. Il possédait une
vigne non loin du palais d'Achab, et fidèle aux souvenirs de ses ancêtres comme
à la loi de Moïse qui avait rendu les héritages inaliénables, Lévitique 25:23;
Nombres 36:7, il refusa de la céder au roi, qui la voulait acheter ou acquérir
par échange. La méchante Jésabel sut en réjouir le cœur de son mari, et bientôt
Naboth, accusé par de faux témoins d'avoir blasphémé contre Dieu, fut traîné
hors de la ville et lapidé selon les prescriptions de la loi, Lévitique 24:16;
Nombres 15:30. Il résulte même de 2 Rois 9:26, que ses enfants furent compris
dans l'accusation et dans le supplice, afin d'assurer aux nouveaux possesseurs
la jouissance sûre et incontestée de la vigne de Naboth. On se demande comment
de pareilles énormités pouvaient se commettre en Israël, comment surtout
c'était au nom de Dieu qu'elles pouvaient être exécutées, mais le nom de
Jésabel répond à tout; Achab n'a connu le crime qu'après qu'il eut été commis,
et s'il en a joui ce n'a pas été sans des remords qui ont fait ajourner pour sa
personne à la génération suivante l'exécution des jugements divins.
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NACHOR ou Nacor.
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1. Fils
de Sérug, père de Taré, et grand-père d'Abraham; il est nommé parmi les
ancêtres de notre Sauveur dans la généalogie de Marie, Genèse 11:22; 1
Chroniques 1:26; Luc 3:34.
2. Fils
de Taré et frère d'Abraham; il épousa Milca, fille de son frère Haran, Genèse
11:26; 22:20; 24:10; 31:53. On ignore s'il quitta Ur pour Canaan avec les
autres membres de sa famille; cela n'est pas dit, mais plus tard on voit son
fils Béthuel établi à Caran avec Laban son petit-fils, 27:43; 29:5; il est bien
possible qu'il ait en effet rejoint Abraham plus tard.
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NACON, ou Kidon,
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2 Samuel 6:6, ou Kidon, 1 Chroniques 13:9, nom de
l'aire près de laquelle Huza fut tué; quelques-uns traduisent simplement l'aire
préparée, d'après la signification de l'hébreu nacon, et l'entendent de l'aire
d'Hobed-Édom, qui avait été en effet disposée pour recevoir ce monument de
l'alliance; d'autres l'entendent d'une des stations préparées le long du chemin
pour le voyage de l'arche; le plus grand nombre enfin voit dans Nacon et Kidon
des noms propres désignant soit une même personne, soit les possesseurs
successifs de l'aire. En tout cas, le lieu désigné était dans Jérusalem, ou du
moins fort près de cette ville.
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NACOR,
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— Voir: Nachor.
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NADAB
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(prince).
1. Fils
d'Aaron.
— Voir: Abihu.
2. Second
roi d'Israël et fils de Jéroboam, 1 Rois 14:20; 15:25. Il fit ce qui déplaît à
l'Éternel, conserva l'idolâtrie de son père, et mourut après un règne de deux
ans, victime d'une conjuration ourdie par Bahasa, qui le frappa devant
Guibbethon pendant qu'il assiégeait les Philistins. Sa famille fut anéantie par
son assassin qui fut en même temps son successeur.
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NAGGÉ
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(clarté), un des ancêtres de notre Sauveur, par Marie,
Luc 3:25; inconnu.
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NAHALAL,
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ville de la tribu de Zabulon, resta cependant encore
longtemps entre les mains des Cananéens, Josué 19:13; Juges 1:30.
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NAHAMA
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(belle).
1. Fille
de Lémec et de Tsilla, nommée peut-être ainsi à cause de sa grande beauté; elle
doit avoir inventé plusieurs arts, de même que son frère Tubal-Caïn.
2. Hammonite
et mère de Roboam, 1 Rois 14:21,31; 2 Chroniques 12:13. On ne peut dire à quel
titre elle a été épouse de Salomon, si elle fut épouse légitime, ou seulement
concubine et du nombre de ces épouses étrangères parmi lesquelles se trouvaient
les Hammonites, 1 Rois 11:1. Puisque ce fils avait quarante et un ans quand il
est monté sur le trône, il était né un an avant l'avènement de Salomon à la
couronne, celui-ci ayant régné quarante ans; par conséquent il était né encore
du vivant de David, et l'on a peine à comprendre que ce roi théocratique ait
permis à son lus si jeune (il avait dix-huit ou dix-neuf ans), de former des
relations ou peut-être une union intime avec une païenne; peut-être était-elle
prosélyte; dans tous les cas, il est fort probable, quoique son fils ait hérité
du royaume, qu'elle n'a été que concubine.
3. Ville
des plaines de Juda, Josué 15:41.
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NAHARAH,
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Josué 16:7, ville des frontières de la tribu
d'Éphraïm, la même qui est appelée Naharan, 1 Chroniques 7:28, située, d'après
Eusèbe, à 5 milles de Jérico.
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NAHARAI
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(nez) de Bééroth, écuyer de Joab, peut-être le chef de
ces dix jeunes gens qui frappèrent Absalon, 2 Samuel 18:15; il appartenait à la
troisième classe des guerriers de David, 23:37; 1 Chroniques 11:39.
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NAHAS
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(serpent, rusé, singe).
1. Père
d'Abigal et de Tséruïa, les sœurs de David. Ce nom ne se trouve que 2 Samuel
17:25, et l'on se demande si ce serait un premier ou un second mari de la mère
de David, ou bien un surnom d'Isaï, ou enfin, ce qui est le moins probable, le
nom de la femme d'Isaï.
2. Nahas,
roi des Hammonites, 1 Samuel 11:1; 12:12; 2 Samuel 17:27, père de Sobi, fit le
siège de Jabès de Galaad pendant que Samuel n'était plus juge et que Saül
n'était pas encore roi. Les agitations d'Israël paraissaient favoriser ses
desseins, et les assiégés allaient capituler honteusement en consentant à se laisser
crever l'œil droit, ce qui les eût rendus pour jamais incapables de tirer de
l'arc; ils obtinrent cependant un délai de sept jours, et pendant ce temps, un
coup vigoureux et inattendu frappé par le roi d'Israël qui apprit ces choses en
revenant du labourage, les sauva; l'armée de Nahas fut taillée en pièces et
dispersée.
— Quarante ans après, nous retrouvons le nom de Nahas
roi de Hammon, et David en parle comme d'un homme qui lui aurait rendu des
services; l'ennemi juré de Saül aurait-il été l'ami de David? c'est possible;
il est plus probable cependant que ce Nahas, père de Hanun, était le fils du
précédent, et peut-être frère ou oncle de Sobi, q.v., 2 Samuel 17:27.
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NAHOMI,
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Ruth 1:2, épouse d'Élimélec de Bethléem, suivit son
mari dans le pays de Moab où leurs fils se marièrent avec des femmes du pays;
mais bientôt elle devint veuve, et ses fils suivirent leur père dans la tombe:
elle resta seule avec ses deux belles-tilles et résolut de retourner en Israël.
Horpa et Ruth ayant manifesté le désir de l'accompagner, elle chercha à les
dissuader de le faire, ébranla la résolution de Horpa, mais dut céder aux
instances de Ruth qui voulait partager avec elle sa misère, sa patrie et son
Dieu. Quand les deux voyageuses furent arrivées à Bethléem, Nahomi depuis
longtemps oubliée, se vit l'objet de l'indifférente curiosité des habitants de
l'endroit, qui se demandèrent avec surprise: «Mais n'est-ce pas là Nahomi
Ρ» Oh! leur répondit-elle, ne m'appelez plus Nahomi
(joie), mais Marah (amertume). Car en se retrouvant comme étrangère dans son
village, veuve et n'ayant plus d'enfants, elle se reportait avec plus de
tristesse vers les temps anciens, et sentait avec plus de vivacité tout ce
qu'elle avait perdu. Mais Ruth était là pour la consoler et lui tenir lieu de
fille: c'était le commencement de la moisson, et Ruth offrit à sa mère d'aller
recueillir pour elle dans les champs le bien des pauvres; elle ne se doutait pas
en entrant dans les champs de Booz, qu'elle était sur les terres d'un parent,
bien moins encore qu'elle pût avoir des droits à la main de ce riche
propriétaire. Nahomi lui fit connaître les privilèges que la loi juive lui
donnait, elle lui enseigna ce qu'elle avait à faire, et lorsque ses soins
maternels eurent obtenu de la bienveillance de Booz ce qu'elle pouvait désirer
de plus heureux pour sa fille, son bonheur n'excita pas l'envie, et les femmes
de Bethléem vinrent la visiter et la féliciter. Elle eut bientôt la joie de
tenir entre ses bras un fils de sa fille bien-aimée, et sa vieillesse fut plus
heureuse que les orages de sa vie n'auraient pu le lui faire espérer.
— Nahomi se distingue par sa foi, son
désintéressement, et sa sagesse; ce n'est qu'avec peine qu'elle permet à Ruth
de la suivre, et dès lors elle l'adopte et fait tout pour elle.
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NAHUM
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(consolation).
1. L'un
des douze petits prophètes; il était d'EIkos, q.v.; mais c'est tout ce que l'on
connaît de sa personne. Son nom signifie consolation. L'argument de son livre
est la charge de Ninive; ce sont des menaces contre Ninive, on plutôt contre
l'empire des Assyriens, dont elle était la capitale. La repentance des
Ninivites en suite des prédications de Jonas, n'ayant été que de courte durée,
Nahum fut chargé de leur annoncer leur ruine finale et inévitable, de la part
d'un Dieu tardif à colère, mais dont la patience a un terme; ils ne pourront,
pas plus que Thèbes en Égypte, résister aux coups de sa vengeance, 3:8. Le
prophète, en même temps, ranime par ses menaces le courage de ses compatriotes
opprimés et leur rend l'espérance; Salmanassar les avait déportés, Sanchérib
son fils les menaçait de plus de maux encore, 2 Rois 18:10,13, mais Dieu les
délivrerait. Il résulte de ces prophéties que l'époque où vécut Nahum, peut
être assez aisément déterminée, et l'on ne se trompera guère en le faisant
contemporain d'Ésaïe et des derniers temps d'Ézéchias, de 720-698 avant J.-C.,
cf. 3:8, avec Ésaïe 20:6; son ministère se place entre la captivité de
l'Assyrie et celle de Babylone. Quelques auteurs cependant le font contemporain
de Manassé (Abarbanel): Clément d'Alexandrie le met après Ézéchiel et les temps
de Jéhojakim; mais ces dates sont fort incertaines. Le style de Nahum est plein
de richesse, de magnificence, et d'indignation: il commence par célébrer la
grandeur, la puissance et la bonté de l'Éternel, puis son amour envers son
peuple; au chapitre 2, il raconte la ruine de Ninive avec de si vives couleurs
qu'on dirait qu'il a sous les yeux le spectacle de la destruction; au 3e il
revient sur ce sujet et dit les causes de la condamnation, les désordres de
Ninive, ses péchés, sa méchanceté. L'accomplissement de cette prophétie a donné
lieu à bien des controverses; d'un côté les paroles relatives au débordement du
fleuve qui amena la prise de la ville, semblent ne pouvoir s'appliquer qu'à la
première prise de Ninive sous Ézar-Haddon; d'un autre côté l'ensemble de la
prophétie parait se rapporter plutôt à la ruine totale et entière de cette
ville qui eut lieu 626 avant J.-C., la 16e année du règne de Josias, et la 3e
du ministère de Jérémie: c'est l'opinion de Prideaux, Calmet, Heidegger, etc.,
c'est celle aussi qui nous semble la mieux justifiée. Quant à la destruction
subite de l'armée de Sanchérib, 2 Rois 19, il est difficile de dire si elle a
eu lieu avant la prophétie et si elle a en quelque sorte déjà réveillé les
espérances de Nahum, ou bien si elle n'a eu lieu qu'après, et si elle est
elle-même comprise dans ces oracles: en tout cas, peu de temps après que la
parole de l'Éternel fut sortie, on vit la puissance assyrienne décroître, et
l'un de ses rois se montrer plus favorablement disposé envers le royaume
d'Éphraïm, dans lequel il envoie des colons pour en relever les ruines.
— Outre le sens littéral des prophéties de Nahum,
elles étaient encore de nature à faire redouter la colère de Dieu à tous les
ennemis de son Oint, et particulièrement aux Juifs, qui devaient un jour mettre
à mort le Dieu manifesté en chair; elles disent aussi à l'église chrétienne
qu'elle doit placer sa confiance en Dieu, qui ne la trompera pas. Une des
paroles de Nahum (1:15) est rappelée Romains 10:15.
2. Nahum,
fils d'Héli, nommé parmi les ancêtres de notre Sauveur par Marie, Luc 3:25;
inconnu.
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NAIN
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(belle, agréable, ou selon d'autres, pâturage), petite
ville de la Galilée, célèbre par un miracle de Jésus, Luc 7:11: elle était
située non loin de Capernaüm, dans une contrée riante et montueuse, près de
Hendor, à 2 milles sud du Tabor, dont elle était séparée par le Kison; quelques
voyageurs, Troïlo, Mariti, disent avoir encore trouvé en cet endroit les ruines
d'anciens bâtiments et un mauvais petit village actuellement habité par des
Juifs, des Turcs et des chrétiens.
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NAJOTH,
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1 Samuel 19:18,23; 20:1, la demeure de David près de
Rama; ce mot signifie en hébreu habitations, et l'on a cru qu'il désignait les
faubourgs ou la banlieue de Rama, peut-être aussi, comme l'indique le Targum,
le bâtiment des écoles de prophètes.
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NAPHIS,
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— Voir: Jétur.
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NAPHTUHIM
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(ouvertures), peuplade nommée, Genèse 10:13; 1
Chroniques 1:11, parmi les descendants de Mitsraïm: on ne la connaît du reste pas.
Si l'on compare avec Bochart, Nephtys, la sœur et l'épouse de Typhon, le génie
féminin et malveillant des déserts de l'Égypte, on peut penser que les
Nephtuhim désignent les habitants de ces déserts qui forment la frontière entre
l'Égypte et l'Asie, près du lac de Sirbon que les Égyptiens nommaient les
exhalations de Typhon; mais ce ne sont que des conjectures.
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NARCISSE.
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1. Romains
16:11, peut-être le célèbre affranchi de l'empereur Claude, celui qui devint
son favori et son secrétaire, et qui obtint à la cour une si grande influence
(Suet., Claude 28, 37. Tacit., Annales 11, 29; 33; 37; 18, 1; 37; 63; etc.).
Cependant il fut exécuté au commencement du règne de Néron, l'an 55 de notre
ère, et il est peu probable que Paul ait écrit aux Romains de son vivant: dans
ce cas il faudrait admettre que son train de maison subsistait encore lorsque
Paul écrivait, ou que «ceux de la maison» désignent ceux qui lui avaient
appartenu. Il résulterait de ce passage, ainsi compris, qu'il se trouvait en
effet des chrétiens à la cour, au nombre des serviteurs, ou des amis, ou même
des parents de Narcisse. Toutefois ce nom était peut-être assez répandu, et il
est fort possible que Narcisse ait été un simple chrétien de Rome, chez qui les
frères se réunissaient. D'après les Grecs Narcisse aurait été l'un des
soixante-dix disciples, aurait vécu quelque temps à Rome, et serait mort évêque
d'Athènes ou de Patras; mais ces données n'ont aucune valeur.
2. Narcisse,
fleur, que nous croyons désignée par l'hébreu hhabatséleth, Ésaïe 35:1;
Cantique 2:1, traduit à tort par rose dans nos versions; la racine hébreu
betsel signifie un oignon, et c'est certainement parmi les fleurs à racine
bulbeuse que nous devons chercher celle-ci. Plusieurs auteurs s'appuyant sur le
sens qu'ils donnent à la traduction syriaque, entendent par là le colchicum
autumnale, vulgairement connu sous le nom de tue-chien, cette plante d'un pied
de hauteur qui porte une fleur rose tendre, mais sans odeur, et que l'on trouve
croissant naturellement en automne dans les prairies de l'Europe (Michaélis,
Gesenius, etc.), et cette traduction n'est pas sans probabilité; mais celle que
nous suivons d'après le Targum et plusieurs commentateurs, paraît plus
recommandée encore par la beauté même de la fleur, et par le contenu des deux
seuls versets où il en est parlé. Chateaubriand a trouvé beaucoup de narcisses
dans la plaine de Saron (Itinér. II, 130), et c'est une présomption de plus,
cf. Cantique 2:1. Il est possible aussi, comme le dit Winer, que les deux
fleurs aient été désignées par le même mot en araméen.
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NARD,
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Marc 14:3; Jean 12:3. Ce parfum était regardé par les
anciens comme le plus précieux et le plus tin de tous; il était par conséquent
aussi un objet de luxe fort recherché des grands, et souvent offert comme
témoignage de respect et d'honneur. C'est dans l'Asie Mineure, et à Tarse
surtout, qu'on savait le mieux le confectionner; on l'expédiait ordinairement
dans de petits flacons, ou dans de petites boîtes d'albâtre; souvent il était
falsifié par un mélange d'huiles étrangères également odoriférantes, mais moins
délicates. Le nard pur paraît avoir été excessivement cher, Marc 14:3; cf.
Pline 12, 26; 13, 2. Horace, Od. 2, 11, 16; 4, 12, 17. Tibull. 2, 2, 7, etc.
— La plante du nard croît dans les contrée les plus
chaudes de l'Inde, où elle porte le nom de jatamansi ou dschatam; quelques
naturalistes la comptent parmi les valérianes: elle sort de terre comme une
céréale encore verte, sa tige est longue et mince, et porte plusieurs épis à
fleur de terre; la racine est grosse mais fort courte, noire et odorante; les
feuilles sont courtes et larges; le nard, aussi nommé spicnard à cause de ses
épis, réussit mieux sur les montagnes que dans les plaines; il est plus odorant
et plus fort que celui qui croît le long des eaux. Il y en a de plusieurs
espèces, qui toutes sont dessiccatives; on croit que le romarin, l'aspic et la
lavande appartiennent à la même famille. Mais le nard indien se distingue à sa
couleur jaune tirant sur le purpurin, et à ses épis allongés, au poil large et
odorant: on l'expédie en bottes de feuilles et d'épis séchés. Le faux nard
indien ou andropogon nardus est souvent difficile à distinguer, et l'on en fait
un commerce considérable. Il ne résulte pas de Cantique 1:11; 4:13-14, que le
vrai nard ait été cultivé en Palestine, car il exige une latitude beaucoup plus
méridionale, un climat beaucoup plus chaud (dans ces passages le mot aspic doit
être traduit par nard), mais on peut les entendre ou du vrai nard qui aurait
été importé, ou de plantes analogues, telle que le nardus syriaca, cretica ou
autre, qui se trouvent facilement en Palestine.
— Les anciens avaient aussi l'habitude de mêler du vin
au nard, et même de boire l'huile de nard;
— Voir: Pline 14, 19, 5. Athen. 15, 689.
L'épithète de pistique,
πιστικής, donnée par Marc et Jean au nard dont notre Sauveur
fut oint, a été dérivée de plusieurs mots; on l'a entendue du spic-nard,
d'autres y ont vu du nard qu'on peut boire, c'est-à-dire liquide, d'autres
enfin, et c'est le plus probable, pensent que cela signifie du nard pur, qui
mérite confiance.
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NATHAN
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(donné),
1. prophète
de l'Éternel, ami et conseiller de David, l'approuva d'abord dans le dessein
qu'il avait conçu de bâtir le temple, puis dut lui annoncer de la part de Dieu
que ce travail devait être réservé à son fils et successeur, 2 Samuel 7:3-17.
Quelques années plus tard, ce fut lui encore qui vint reprocher au monarque son
adultère et son meurtre; par un bel apologue, 2 Samuel 12:1, il amena sagement
le roi coupable à se condamner lui-même, et lorsque David eut dit: «cet homme
est digne de mort», (cf. Exode 22:1; Luc 19:8) le prophète lui répondit: «tu es
cet homme-là;» parole grave et sévère, presque sublime, et d'un effet que rien
ne peut rendre. La tâche des prédicateurs de cour est toujours difficile; les
confesseurs des rois ont pu aller bien loin dans une fidèle sévérité, mais
ont-ils jamais osé prononcer une parole aussi incisive? Et si la vérité est
déguisée, si l'épée s'enveloppe du fourreau, si la sévérité s'adoucit des
précautions oratoires, ne voit-on pas que l'effet produit sera de même
amoindri, amorti, peut-être annulé? Il n'y a d'incisif que ce qui fait mal, et
aussi longtemps que le prophète n'aura pas dit au pécheur, grand, ou petit: je
parle de toi, c'est toi qui es le coupable, le pécheur ne le comprendra pas.
Nathan doit servir de modèle au ministère de la vérité. (On lira sous ce point
de vue de belles pages dans le «Sermon sous Louis XIV» de Bungener.)
— Le roi s'étant humilié, à la voix sévère qui le
condamnait, le prophète put lui annoncer que Dieu lui faisait grâce de la vie,
mais il ajouta que le fils de son crime lui serait enlevé. À la naissance d'un
second fils de Bathsébah, Nathan donna au futur Salomon le nom de Jédidja, il
se chargea peut-être de son éducation, resta toujours fidèle à son maître, et
déjouant les complots d'Adonija, 1 Rois 1:8, réclama pour son élève la couronne
de David, et contribua au sacre de Salomon. Sa vie fut celle d'un vrai prophète
Israélite, et son influence fut grande: il prit part à la réforme du culte sous
David, 2 Chroniques 29:25, composa sur le règne de ce prince et de son fils des
mémoires qui maintenant sont perdus, 1 Chroniques 29:29; 2 Chroniques 9:29, et
vit deux de ses fils remplir sous Salomon les premières charges à la cour, 1
Rois 4:5. On ne connaît du reste rien de sa famille, de sa tribu, de ses
premières années, ni de sa mort: son nom seul le représente, comme il
représente aussi la famille des prophètes, Zacharie 12:12. Il est rappelé
encore Psaumes 51:1.
2. Fils
de David et de Bathsébah, 2 Samuel 5:14; 1 Chroniques 3:5; 14:4, et l'un des
ancêtres de notre Sauveur par Marie, Luc 3:31. C'est à son nom que les deux
généalogies se séparent pour se rejoindre seulement au nom de Salathiel;
Matthieu lait descendre Joseph de Salomon, le frère de Nathan (1:6). Il fut
père de Matthata.
On trouve encore plusieurs personnages de ce nom;
ainsi:
3. —
Voir: 2 Samuel 23:36; cf. 1 Chroniques 11:38.
4. —
Voir: 1 Chroniques 2:36.
5. Esdras
8:16.
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NATHANAËL
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(don de Dieu).
1. Chef
de la tribu d'Issacar pendant le voyage du désert. Nombres 1:8; 7:18-19.
2. Frère
de David, le quatrième des fils d'Isaï, 1 Chroniques 2:14.
3. Fils
d'Hobed-Édom, sonnait de la trompette pendant le transport de l'arche, 1
Chroniques 15:24; 26:4.
4. Docteur
de la loi, chargé par Josaphat de parcourir le pays pour instruire le peuple, 2
Chroniques 17:7.
5. et
#6...
6. Lévites,
1 Chroniques 24:6; 2 Chroniques 35:9.
7. et
#8...
8. Deux
frères des principaux d'entre les Juifs qui revinrent de la captivité, Esdras
10:22; Néhémie 12:21.
9. Véritable
Israélite sans fraude, disciple de Jésus-Christ, Jean, 1:45-49. Il était de
Cana de Galilée, 21:2, et c'est probablement aussi dans cette bourgade que le
Seigneur, rendant à son caractère un honorable témoignage, l'appela à le
suivre. La scène qui se passa entre le maître et son disciple, est racontée
fort brièvement; cependant rien n'y manque, pas même les détails. On voit
Philippe s'entretenir avec Nathanaël sous le figuier, et lui adresser un
premier appel; on entend Nathanaël se rappelant les prophéties relatives au
Messie, Michée 5:2, ou peut-être partageant le mépris général des Juifs contre
ce qui vient de la Galilée, refuser d'abord ses hommages à celui qu'on lui
représente comme étant de Nazareth. Mais sa loyauté est plus forte que ses
scrupules; il veut au moins entendre et voir Jésus, et, cédant aux efforts de
sa toute-science et de sa sainteté, il l'adore comme le fils de Dieu et le roi
d'Israël. Jésus lui annonce alors qu'il verra de plus grandes choses encore, et
Nathanaël, que nous retrouvons plus tard parmi ceux qui assistèrent à la
réintégration de saint Pierre, prend place au nombre des douze apôtres, sous le
nom de Barthélemy, q.v. Saint Jean seul le nomme Nathanaël.
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NATURALISATION.
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Le droit de cité en Israël était héréditaire, mais en
dehors de la naissance, il pouvait encore être acquis à de certaines conditions
et dans de certaines limites. Le titre de citoyen romain, la
πολιτεία de Actes 22:28 (jus civitatis), fut octroyé du temps
des empereurs à des villes et à des provinces entières, comme à des individus
isolés, sans qu'ils eussent besoin, comme de nos jours en quelques pays,
d'appartenir à une commune particulière: les individus étaient naturalisés,
soit par suite de leur affranchissement s'ils étaient esclaves, ou de leur
adoption par un citoyen romain, soit surtout s'ils avaient rendu quelque
service signalé à l'État, à l'empereur, ou à sa famille (Suétone, August. 47);
sous Caracalla et sous Justinien, les empereurs poussèrent encore plus loin la
générosité à cet égard. Ce droit s'acquérait également pour une somme d'argent;
Actes 22:28. Paul, comme on l'a vu ailleurs, était citoyen romain, distinction
qu'il n'avait pas obtenue personnellement, mais qu'il avait héritée de ses
parents. Les droits dont jouissaient les citoyens romains se distinguaient,
dans les temps florissants de la république, en droits politiques ou publics,
et droits civils ou privés; ils n'étaient pas toujours réunis dans la même
concession, et ainsi le droit de cité obtenu par la naturalisation, n'était
souvent que partiel. Le seul de ces droits qui soit mentionné dans le nouveau
Testament c'est que les citoyens romains ne pouvaient être frappés de verges
(virgis, ou flagellis cædi), ni condamnés à mort par aucun tribunal romain,
Actes 16:37, et le seul appel d'un prévenu à son titre de citoyen (civis
romanus sum), suffisait pour faire suspendre le cours des violences
judiciaires,
— Voir: aussi Cicér. Verr. 5, 57, 65.
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NAZARÉEN.
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On a cru trouver dans le nazaréat l'explication de Luc
22:18. On a dit: Israël d'abord, puis les gentils en la personne de Pilate,
ayant répudié l'envoyé du Père, et mis hors de la vigne le grand dépositaire de
toute bénédiction, de toute puissance et de toute autorité, Jésus, dès
l'institution de la cène, a pris en quelque sorte, relativement à la terre, le
signe du nazaréat et l'a gardé jusqu'à ce jour. C'est pourquoi, dans la
dernière pâque qu'il célèbre avec ses disciples, il leur dit: «Je ne boirai
plus du fruit de la vigne jusqu'à ce que le règne de Dieu soit accompli;»
indiquant par là qu'il allait être séparé du monde et n'attendrait plus aucune
joie du présent siècle jusqu'au jour où il recevra le royaume de la main du
Père. Il est le nazaréen par excellence; ses disciples doivent l'imiter
(Guers).
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NAZARETH,
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petite ville de la Basse Galilée, située sur le
territoire de l'ancienne tribu de Zabulon, Matthieu 21:11; Luc 1:26; 2:4, non
loin de Gath-Hépher la patrie de Jonas, à 8 lieues de Tibériade, à 7 d'Acre, et
à 2 du Tabor, dans une petite vallée au milieu des montagnes qui soutiennent la
plaine de Zabulon, et s'abaissent vers celle de Jizréhel. La ville est située
sur le penchant de la montagne, Luc 4:29. Son nom signifie couronne, ou rameau
vert, et vient, soit de l'amphithéâtre des montagnes qui entourent la vallée,
soit (Burckhardt) des nombreux buissons (hébreu nézer) qui la remplissent:
peut-être aussi renferme-t-il une allusion au rejeton du tronc d'Isaï (Ésaïe
11:1).
— Voir: du reste l'article Nazarien.
C'est dans cette contrée isolée et cachée, dit Bræm,
dans cette ville paisible, au milieu d'une nature variée et pittoresque, que le
Sauveur du monde, charpentier comme Joseph, attendit pendant trente ans l'heure
de son père, et il y vécut tellement ignoré que le pieux Nathanaël, qui
demeurait à 2 lieues de Nazareth, à Cana, n'avait jamais entendu parler de lui.
La ville compte aujourd'hui, suivant les divers récits des voyageurs, de 3 à
5,000 habitants, et, d'après Buckingham, seulement 2,000, dont un tiers de
chrétiens. Une église, qui est, avec celle du saint Sépulcre, la plus belle de
la Syrie, renferme une grotte où, suivant la tradition, l'ange apparut à Marie,
et une autre qu'on prétend avoir été la cuisine dans la demeure de la mère de
Jésus. À peu de distance de la ville, dans une vallée, est la fontaine de
Marie, la seule de tous les environs qui ne tarisse jamais, et où maintenant,
comme jadis, les femmes de Nazareth vont puiser de l'eau avec une cruche sur la
tête. Du côté méridional de la ville se voient, dans le rocher, un certain
nombre de grottes très anciennes qui ont servi d'habitations, et plus bas
plusieurs sources. Napoléon, après la bataille du Tabor, passa quelques heures
et dîna à Nazareth, le lieu le plus septentrional qu'il ait touché en Syrie
(traduction Rougemont). Hasselquist et des voyageurs plus modernes disent que
la vallée, dont la forme circulaire rappelle celle des cratères, est fermée, de
tous les côtés, par des montagnes de craie, hautes, blanches, escarpées et
arides; le fond est une plaine inégale, d'un quart de lieue de largeur, bien
cultivée, riante, et très fertile. Burckhardt trouve cette contrée une des plus
délicieuses de tout le district d'Acre. Une gorge étroite et profonde, d'une
lieue de longueur, conduit de la vallée dans la plaine de Jizréhel, et, depuis les
hauteurs, on jouit d'une fort belle vue sur cette plaine, ainsi que sur le
Tabor, le Guilboah, et les montagnes d'Éphraïm qui apparaissent au-dessus de
l'Hermon.
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NAZARIEN,
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Nazaréat (hébreu Nazir)
C'est le nom que la loi de Moïse donnait à
l'Israélite, homme ou femme, qui faisait pour un temps ou pour la vie entière
le vœu du nazaréat, professant la sobriété en toutes choses, et renonçant
complètement au vin, au vinaigre, aux raisins, à tout ce qui tenait de près ou
de loin aux produits de la vigne, naturels, travaillés ou fermentes, laissant
croître ses cheveux sans y toucher, évitant toute souillure cérémonielle ou
réelle, et recommençant toutes les cérémonies de sa consécration au nazaréat,
Juges 13:14, lorsqu'il avait été souillé fortuitement, comme par la vue d'une
personne morte en sa présence, ou dont il aurait trouvé le cadavre sur son
chemin, Nombres 6:1-2; cf. Amos 2:11-12. Si les catholiques ont vu dans cette
institution le germe du monachisme, ils doivent reconnaître que ce germe
renfermait de tout autres éléments que ceux qu'on leur a substitués; la
fainéantise était bien loin de constituer une partie intégrante du nazaréat, et
le mariage était si peu compté parmi les impuretés, même cérémonielles, qu'il
n'en est pas seulement fait mention dans les prescriptions données à ce sujet,
et que Samson, le nazarien à vie, était marié. Lorsque le temps du nazaréat
était accompli, la personne qui avait fait le vœu se présentait au temple,
offrait un mouton en holocauste, une brebis d'un an en sacrifice d'expiation,
un bélier en sacrifice d'actions de grâces, une corbeille pleine de gâteaux
sans levain de fine farine, enfin l'huile et le vin nécessaires à toutes les
libations. Le prêtre alors coupait les cheveux du nazarien, et les brûlait sur
le feu de l'autel; puis il mettait entre les mains du nazarien l'épaule cuite
du bélier, un pain et un gâteau, pour les reprendre ensuite et les offrir à
l'Éternel en offrande tournoyée, Nombres 6:1, et suivant. Plusieurs de ces
cérémonies avaient également lieu lors de la consécration des prêtres,
Lévitique 8:26. Si l'on se rappelle que l'usage du vin et du vinaigre était
presque général en Palestine, que dans ces climats chauds le poids d'une longue
chevelure était fort incommode,; que les cas de souillure cérémonielle étaient;
passablement multipliées, et que l'on tienne compte des frais considérables que
l'accomplissement du vœu entraîne, on comprendra que le nazaréat, même à temps,
était un vœu considérable. Aussi les personnes riches qui ne se trouvaient pas
en état, ou qui n'avaient pas le loisir d'en observer les cérémonies,
cherchaient-elles souvent à s'associer en quelque sorte aux nazariens, en
participant aux frais des sacrifices, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 19,
6, 1. Maïmonid, in Num. 6. Ceux qui faisaient le vœu du nazaréat hors de leur
patrie se contentaient d'observer les abstinences marquées; ils se coupaient
les cheveux au lieu où ils se trouvaient à l'expiration de leur vœu, et les
offraient plus tard, ou les faisaient offrir par d'autres dans le temple, avec
les victimes et les offrandes ordonnées. Samson, Samuel et Jean-Baptiste sont
les seuls exemples de nazaréat à vie que nous présente l'Écriture, Juges 13:4,14;
1 Samuel 1:12; Luc 1:15. Lorsqu'un enfant à naître était ainsi voué au nazaréat
perpétuel, sa mère observait à sa place, jusqu'au moment de sa naissance, les
prescriptions de la loi. Les rabbins opposent au nazaréat perpétuel celui de
Samson qui leur paraît avoir été moins rigoureux que le premier, attendu que
Samson a plusieurs fois vu et touché des corps morts, Juges 14:15, sans qu'il
soit fait mention de sacrifices purificatoires qu'il ait offerts.
— On trouve chez presque tous les anciens peuples quelques
cérémonies semblables à celles du nazaréat, et l'on remarque en particulier que
les Égyptiens, les Syriens, les Grecs et les Romains avaient l'habitude
d'offrir leurs cheveux et leur barbe dans les temples de leurs divinités,
comme, de plus, certaines coutumes d'abstinence étaient imposées aux prêtres de
l'Égypte: quelques auteurs, Porphyre, Spencer, Michaélis, ont cru voir dans le
nazaréat hébreu une tradition de l'Égypte, mais les analogies sont en
elles-mêmes trop vagues pour qu'on puisse en tirer une conclusion pareille, et
l'on doit se rappeler que loin de vouloir établir un lien, Moïse a toujours
creusé un abîme entre les coutumes de son peuple et celles des nations
voisines.
Le nom de nazarien se prenant encore dans plusieurs
sens différents, nous sommes appelés à considérer de plus près les passages
suivants.
1. Genèse
49:26. Joseph est appelé le nazarien d'entre ses frères: les Septante
traduisent ce terme par chef, celui qui est honoré, et si l'on a égard à la
signification primitive de nézer, on comprendra que Joseph ait pu être ainsi
désigné: le nom de nazir ou nezir était d'ailleurs comme il est encore dans
plusieurs cours d'Orient, un nom de dignité, de charge publique, correspondant
aux fonctions de vice-roi que Joseph exerçait en Égypte. Peut-être aussi, et
dans le cantique du vieux Jacob il semble que c'ait été plus naturel, le nom de
nazarien désignait-il simplement que Joseph avait été mis à part, choisi de
Dieu pour lui être saint, et pour être le bienfaiteur de ses frères, celui devant
qui sa famille se prosternerait.
2. Quelques
auteurs ont entendu du nazaréat temporaire le vœu que fit saint Paul en deux
circonstances de sa vie, Actes 18:18; 21:24, mais ce n'est qu'une hypothèse, et
nous en reparlerons aux articles Paul et Vœu.
3. Dans
plusieurs passages du Nouveau Testament, Actes 2:22; 22:8; 24:5, on lit
nazoréen au lieu de nazaréen, et ce simple changement de voyelle donne au mot
une signification comme une étymologie différente, remplaçant la couronne par
le mépris;
— Voir: plus loin.
4. Nazaréen
désigne souvent un homme natif de Nazareth, quel qu'il soit, et sans qu'aucune
idée, autre que celle du fait, s'y rattache, Marc 10:47; Actes 4:10.
5. Matthieu
2:23, cite une prophétie d'après laquelle Jésus devait être appelé Nazaréen. Il
est évident que, selon cet apôtre, il y a un rapport intime entre le séjour de
Jésus à Nazareth et le surnom de Nazaréen qui lui avait été donné; il faut donc
dès l'abord rejeter l'explication de ce nom tirée du nazaréat, Nombres 6:2,
quelque respectables et nombreux que soient les soutiens de cette opinion
(Wettstein, Spanheim, Érasme, Calvin, Bèze, Luther, Zwingle, Grotius, etc.): ce
serait un jeu de mot assez mauvais, et d'autant plus que les prophètes n'ont
jamais annonce Jésus-Christ comme devant être Nazaréen. Il faut donc supposer
que le nom de Nazareth, ou d'habitant de Nazareth, renferme une idée qui,
d'après les prophéties, devait être un attribut de Christ: cette idée peut, ou
bien se trouver dans l'étymologie de ce nom, ou bien se rattacher à l'opinion
publique. On sait qu'une assez mauvaise renommée pesait sur Nazareth, et qu'il
suffisait d'en être Originaire pour être méprisé, Jean 1:46; 7:52. Or ce que
les prophètes annoncent, c'est que le Christ sera méprisé de ses contemporains,
Psaumes 22:7-8; Ésaïe 53:3. Peu importe ce que l'on a dit: que les Nazaréens
n'étaient pas plus méprisés que les autres Galiléens; l'un et l'autre
reviennent au même, les deux noms servent également de termes d'injure;
cependant en examinant Jean 1:47, on trouvera que Nazareth était plus
particulièrement méprisé, puisque le reproche en est fait, dans un entretien
amical, par Nathanaël à Philippe, ces deux hommes étant l'un et l'autre
Galiléens. Il faut ajouter que le nom de Nazaréen prêtait bien plus que celui
de toute autre ville de la Galilée, aux mauvaises plaisanteries auxquelles les
Juifs étaient assez enclins: en changeant nazor en nazor (méprisé), les Juifs
pouvaient exprimer d'une manière très directe et fort simple le mépris qu'ils
avaient pour ces gens-là (— Voir: #3.), et il est bien vraisemblable qu'en
appellent notre Sauveur et ses disciples de ce nom, avec ou sans le jeu de
mots, ils avaient l'intention de jeter sur eux du ridicule; dans ce cas (et
surtout si saint Matthieu a écrit en hébreu ou en syriaque), ces paroles
devaient avoir une très grande force: «on lui a donné le surnom de Nazareth,
ainsi que les prophètes ont annoncé qu'il serait en butte à toutes les
moqueries de Ses ennemis.» On comprend alors aussi la parole de Jésus à Saül:
«Je suis ce Nazaréen que tu persécutes.»
— Quant à l'interprétation tirée de l'étymologie, et
mise en avant par Jérôme, elle se fonde sur le sens de nezer, rejeton, buisson:
saint Matthieu ferait ressortir alors que, de même que les prophètes ont appelé
Jésus un rejeton, Ésaïe 11:1, un germe, Ésaïe 4:2; Zacharie 6:12, de même les
impies, prophétisant sans le savoir, lui ont donné le nom de rejeton, habitant
issu de la ville des rejetons. Cette explication, à notre sens bien moins
satisfaisante que celle qui précède, a été soutenue par Surenhusius, Vitringa,
et dernièrement encore par Hengstenberg, dans une dissertation sur ce sujet,
qui se trouve en tête du 2e volume de sa Christologie.
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NÉAPOLIS,
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Actes 16:11, maintenant la Cavala; ville maritime à 3
lieues sud-est de Philippes: elle a sur les côtes de la mer Égée un port avec
une position avantageuse pour le commerce. Après avoir appartenu à la Thrace,
elle passa, au temps de Vespasien, sous la domination romaine. On raconte que
c'est aux habitants de cette ville qu'on est redevable de l'art de tailler la
vigne, et qu'eux-mêmes l'avaient appris d'un âne: ils remarquèrent que les
vignes mordues par cet animal croissaient mieux et rapportaient plus que les
autres.
— Saint Paul y passa en se renflant de Samothrace à
Philippes. C'est le lieu de naissance de Méhémet-Ali.
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NÉBAJOTH,
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fils aîné d'Ismaël, Genèse 25:13, et père des Nébajoth
ou Nabathéens, que nous trouvons à côté de Kédar. Ésaïe 60:7, formant une riche
peuplade renommée par l'excellence de ses moutons. Ils occupaient, selon saint
Jérôme, tout l'espace de pays compris entre l'Euphrate et la mer Rouge, non qu'ils
en fussent les seuls possesseurs, mais ils y étaient en majorité: d'après
quelques auteurs (Diod. de Sicile), la mer Morte appartenait à leur territoire,
et Denys le géographe les fait avancer jusque près du Liban; il est probable en
effet que, s'ils possédaient en propre l'Arabie Pétrée, ils ont empiété aussi,
d'un côté sur l'Arabie Heureuse, de l'autre sur les contrées situées au
nord-est, et qu'à leurs villes de Pétra et de Médaba ils en ont joint d'autres
plus septentrionales, et voisines de Galaad; mais nomades comme ils l'étaient,
libres et indépendants, ils ont recherché l'air et les pâturages plus que les
villes habitées, et leur territoire n'a jamais été limité ni déterminé:
plusieurs d'entre eux s'adonnaient au commerce, et entreprenaient de longs
voyages dans ce but. Ils avaient des rois du nom d'Arétas, et lorsque Pompée
vint en Syrie, il envoya des troupes contre eux et les défit. Il est plusieurs
fois parlé des Nabathéens dans les livres des Maccabées; lorsque tous les
peuples voisins de la Judée se soulevèrent contre les Hébreux, les Nabathéens
seuls leur témoignèrent de l'affection; ils accueillirent fort bien Judas
Maccabée marchant au secours de ses frères en Galaad, mais plus tard ceux de
Médaba en particulier trahirent Jean Maccabée, le tuèrent, et s'emparèrent de
tout le bagage militaire qu'il était venu leur confier, 1 Maccabées 5:24-25;
9:35.
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NÉBO.
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1. La
plus haute cime de la montagne de Pisga, qui appartient à la chaîne des monts
Abarim: elle était sur le territoire des Moabites du temps de Moïse, et était
située en face de Jérico, de l'autre côté du Jourdain. C'est là que mourut
Moïse, Deutéronome 32:49; 34:1.
— Voir: Pisga.
2. ville
de Ruben, dans le voisinage de la montagne de ce nom, Nombres 32:3,38. Elle
avait appartenu d'abord aux Moabites, et plus tard ils s'en rendirent maîtres
de nouveau, Ésaïe 15:2; Jérémie 48:1. Eusèbe en place les ruines à 8 milles sud
de Hesbon.
3. Ville
de Juda, Esdras 2:29; 10:43: elle est appelée Vautre Nébo, Néhémie 7:33, pour
la distinguer de la précédente: c'est de celle-ci que parle Eusèbe, d'après
Calmet.
4. Idole
des Caldéens, dont le nom se retrouve dans la composition de plusieurs noms
propres. Dans le passage Ésaïe 15:2, le prophète parle peut-être d'un temple
consacré à cette idole sur la montagne de Nébo en Moab; mais 46:1; se rapporte
à l'idole caldéenne dont nous avons parlé à l'article Caldée, et dont le culte
fut détruit probablement par Cyrus.
Nébo était un des
noms de Nimrod qui avait été déifié par sa femme Sémiramis. Il fut adoré sous
différents noms à travers les peuples de l'antiquité.
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NÉBUCADNETSAR ou Nabuchodonosor,
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fier et puissant conquérant, fléau dans la main de
Dieu, chargé d'exécuter les vengeances divines et d'accomplir les prophéties;
il était fils, et fut le successeur de Nabopolassar sur le trône de Babylone.
Il porte déjà le titre de roi, Jérémie 25:1; 46:2, quoiqu'il ne fût encore à
cette époque, lors de ses premières expéditions, que l'associé de son père à la
couronne; peut-être aussi les historiens sacrés le nomment-ils ainsi par
anticipation. Son nom se rattache presque exclusivement, dans la mémoire de
chacun, aux grandes scènes qui sont racontées dans les premiers chapitres de
Daniel; cependant son histoire commence longtemps auparavant, et les détails en
sont épars dans les livres des Rois, des Chroniques, de Néhémie, d'Esdras,
d'Ester, de Jérémie, d'Ézéchiel, et de Daniel. On peut la composer en comparant
ainsi 2 Rois 24, 25, 26; 2 Chroniques 36; Néhémie 7; Esdras 1 et 5; Esther 2:6;
Jérémie 21, 22, 24, 25, 27, 29, 34, 37, 39, 43, 44, 46, 49, et 52; Lamentations
4; Ézéchiel 17:21,26-32; et Daniel 1-5.
Sa vie militaire a compté quatre campagnes principales
qui l'ont toutes rapproché de la Palestine, si elles n'ont pas toutes eu pour
premier but de l'envahir et de la réduire. La première est celle dont il est
parlé Daniel 1:1; elle eut lieu la troisième année de Jéhojakim. Pharaon Néco
faisait acte de souveraineté sur Circesium ou Carkémis, et Nébucadnetsar,
chargé par son père de la disputer au roi d'Égypte, obtint sur ses ennemis un
succès facile, et les poursuivit à travers l'Arabie, jusque sur les bords du
Nil; puis, se tournant vers Jéhojakim, le malheureux allié de Néco, il triompha
sans peine de la Judée, prit Jérusalem, et se disposait à emmener son roi
prisonnier lorsque, changeant de caprice ou d'idée, il lui rendit la liberté,
et le fit son vassal tributaire, au lieu de le traiter en esclave; il emmena
seulement quelques otages, au nombre desquels se trouvaient Daniel et ses trois
amis. Il poursuivit quelque temps encore ses conquêtes, et acheva d'affaiblir
les Égyptiens en leur enlevant toutes leurs possessions comprises entre
l'Euphrate et le Nil. C'est pendant ces victoires qu'il apprit la mort de son
père: il retourna précipitamment à Babylone, et monta sur le trône (604 ou 605
avant J.-C.), 2 Rois 24:1-7; 2 Chroniques 36:6-7; Daniel 1:1; sq. 5:2; Esdras
1:7. L'année suivante, il fit son fameux songe des quatre monarchies, qu'il
oublia sans en conserver autre chose qu'une impression de frayeur telle, qu il
voulait faire mettre à mort les mages qui ne pouvaient venir en aide à sa
mémoire troublée: c'est alors qu'il nomma le jeune prophète Israélite chef des
mages, et qu'il lui confia le gouvernement de la Babylonie, parce qu'il avait
vu que Dieu était avec lui, et que Daniel seul avait les secrets de l'Éternel,
Daniel 2:1; sq..
Trois ans après sa première conquête de la Judée,
Nébucadnetsar dut tourner, pour la seconde fois, ses armes contre ce pays:
Jéhojakim s'était soulevé, et avait refusé le tribut. Nébucadnetsar envoie
d'abord contre lui les armées de Syrie, de Moab et de Hammon, qui ravagent la
Judée, et font un grand nombre de prisonniers qui sont envoyés à Babylone,
Jérémie 52:28. Jérusalem est assiégée, Jéhojakim périt lui-même en se
défendant; Jéchonias le remplace sur le trône, et continue à se détendre; mais
Nébucadnetsar arrive en personne au bout de trois mois: il se met à la tête des
troupes, serre la ville de plus près, et ne tarde pas à s'en rendre maître. Il
envoie Jéchonias finir ses jours dans une prison de Babylone, dépouille le
temple et le palais, brise les vases sacrés, emmène l'élite des habitants, et
part en laissant à Sédécias un trône en ruines, en échange d'un serment de
fidélité, 2 Rois 24:10; 2 Chroniques 36:10; Jérémie 22:25; 37:1; Ézéchiel
17:12-13. Sa puissance va se consolidant, rien ne résiste à ses armes, et les
faux prophètes qui annoncent le déclin de son pouvoir sont, frappés et mis à
mort, Jérémie 29:21; cf. 27:6; 28:2.
Cependant Sédécias ne tient pas le serment qu'il a
prêté à l'ennemi de son pays, et, au bout de huit ou neuf ans de soumission, la
seizième année de Nébucadnetsar, il se révolte et refuse sa soumission; son
exemple gagne les peuples qui l'entourent, et l'Égypte paraît les favoriser. Le
roi de Babylone rentre en campagne; c'est sa troisième expédition. Incertain
par quel ennemi il doit commencer, il tire le sort sur les flèches, et se
décide bientôt; c'est Jérusalem qui recevra ses premiers coups, Ézéchiel
21:25-27. En peu de temps, la Judée presque entière est soumise: Jérusalem,
Lakis et Hazéka seules résistent encore, Jérémie 34:7; il marche sur Jérusalem
qu'il a déjà conquise deux fois, et se prépare à la traiter avec plus de
rigueur que jamais. L'approche du roi d'Égypte qui s'avance contre lui,
l'oblige à laisser un instant respirer Sédécias; il envoie ses captifs en
Caldée, et marche sur son nouvel adversaire; mais celui-ci ne l'attend pas
même, et s'enfuit avant d'avoir pu faire sa jonction avec les armées de Juda.
Nébucadnetsar revient alors, continue le siège, et reste un an avant de venir à
bout de la place; la famine désole les habitants de Jérusalem, qui n'en
persistent pas moins à se défendre; enfin, pendant une absence du roi de
Babylone, qui s'était rendu à Ribla, en Syrie, une brèche est faite à la ville,
les principaux officiers des Caldéens y pénètrent, Sédécias et les siens s'enfuient,
mais ne tardent pas à être atteints et faits prisonniers. Nébuzar-Adan, chargé
de la destruction de Jérusalem, s'en acquitte selon les souhaits de son maître,
qui fait venir auprès de lui les principaux captifs, fait mettre à mort, sous
les yeux de Sédécias, ses fils et ses grands, et l'envoie lui-même à Babylone,
après lui avoir fait crever les yeux. Dans l'ivresse de son triomphe, il ménage
encore Jérémie, et le recommande à Nébuzar-Adan, 2 Rois 24:20; 25:1; 2
Chroniques 36:13,17. Jérémie 34:37, et 39, etc. C'est probablement après cette
expédition qu'il fit élever, dans la plaine de Dura, cette fameuse statue d'or
que l'on suppose avoir été comme l'apothéose de son père, et qui faillit coûter
la vie aux jeunes Hébreux qui refusaient de l'adorer. Admirant le prodige que
le Dieu de Daniel avait fait en faveur de ses jeunes amis, Nébucadnetsar
n'hésita pas à décréter la divinité du Dieu des Hébreux, et ordonna qu'on
rendît à Jéhovah les mêmes honneurs qu'il réclamait pour son idole.
C'est après cela, que d'après Flavius Josèphe, car
l'Écriture n'en parle pas, Nébucadnetsar entreprit le siège de la puissante
ville de Tyr, ce siège infructueux de treize laborieuses années si souvent
prédit par les prophètes, mais dont toute l'histoire est encore et restera
toujours obscure. Les passages qu'il importe le plus de consulter sur ce point,
sont: Ésaïe 23 et Ézéchiel 26-28:20. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 10,
11; 1. Contre App. 1, 19; 20. Il paraît, d'après ces données, que Nébucadnetsar
employa treize ans à ce siège, et qu'il ne fut pas payé de sa peine, soit qu'il
n'ait pu venir à bout de son entreprise, soit plutôt que les habitants de la
ville, s'étant retirés dans une île voisine avec toutes leurs richesses, il
n'ait trouvé que des ruines à offrir en pâture à ses soldats exténués (573
avant J.-C.). Honteux de rentrer à vide dans son royaume et voulant se
dédommager de sa triste victoire, il se tourna derechef contre l'Égypte, la
ravagea dans toute son étendue, mêla le sang des hommes aux flots du Nil, et
put ramener son armée glorieuse et chargée d'un riche butin. Ce furent là ses
dernières victoires et sa dernière expédition.
Il n'avait, du reste, plus rien à désirer; il s'était
élevé aussi haut que jamais roi conquérant a pu le faire; tout ce qui peut se
vaincre par des forces humaines, il l'avait vaincu, et ses armes, toujours
victorieuses contre Jérusalem, la ville du vrai Dieu, paraissaient l'élever
au-dessus de ce Dieu qui inspirait Daniel et qui sauvait ses amis: la tête
tournerait à une moins grande hauteur, et le vieux monarque, au milieu d'une
capitale que ses guerres lointaines n'avaient fait qu'enrichir, pouvait être
pris de vertige au souvenir de toutes ses gloires. Un songe divin l'avertit de
prendre garde; il vit un arbre immense renversé par terre à la voix d'un ange
et couché sans rameaux ni verdure pendant sept années. Le chef des mages,
prophète de l'Éternel, lui fit voir dans les détails de ce songe un
avertissement et une menace, mais une année d'intervalle que Dieu lui accordait
pour s'humilier, ne servit qu'à l'endormir dans l'espérance que la parole
divine ne serait pas exécutée, ou peut-être à la lui faire oublier. Son orgueil
s'éleva à la hauteur de sa position terrestre, et comme il se promenait dans le
palais royal de sa capitale, il s'écria dans une ivresse frénétique
d'exaltation: N'est-ce pas ici Babylone la Grande que j'ai bâtie pour être la
demeure royale par le pouvoir de ma force et pour la gloire de ma magnificence!
Mors une voix des cieux lui répondit, lui annonçant que le songe terrible qu'il
avait fait, allait recevoir son exécution; l'orgueilleux monarque fut chassé
d'entre les hommes, il mangea l'herbe comme les bœufs, n'ayant d'autre abri que
le ciel, exposé à toutes les intempéries de l'air comme à la haine de ses
sujets auxquels il n'inspirait plus qu'une horreur mêlée de pitié; son poil
crût comme celui de l'aigle et ses ongles comme ceux des oiseaux. Sept temps se
passèrent ainsi, puis le sens lui revint, il bénit le souverain duquel toutes
les œuvres sont véritables, dont les voies sont justes et qui peut abaisser
ceux qui marchent avec orgueil; et il remonta sur son trône, Daniel 4. II vécut
encore une année et mourut après avoir régné quarante-trois ans, 561 avant
J.-C.
Plusieurs observations sont nécessaires à
l'intelligence de son histoire.
Les historiens grecs ne parlent pas de Nébucadnetsar,
et ce règne à la fois long et glorieux ne nous est connu que par ce qu'en
disent les historiens sacrés, Flavius Josèphe et quelques historiens de
l'Orient; de là plusieurs incertitudes chronologiques et des dates peu sûres et
difficiles à déterminer, d'autant plus que les historiens sacrés comptent
diversement les années de ce prince, suivant qu'ils font commencer son règne à
la mort de son père, comme Daniel et les Babyloniens, ou qu'ils datent du
moment de son association à l'empire avant la bataille de Circesium, comme
Jérémie 25:1; et les autres historiens hébreux. Il y a en outre, dans plusieurs
de ces données, un manque de coïncidence dont il n'est pas facile de se rendre
compte, et quelques divergences, pour lesquelles il faut consulter les ouvrages
spéciaux, notamment Des Vignoles et les commentateurs modernes Dahler sur
Jérémie, Hævernick sur Daniel et Ézéchiel. Les traits de la vie de
Nébucadnetsar étant épars dans plusieurs livres de la Bible, les uns prédits,
les autres racontés, souvent sans suite et sans ordre chronologique, il est
arrivé que plusieurs des faits attribués par les uns à l'une de ses
expéditions, sont d'après d'autres, attribués à une autre, et que l'on ne peut
se faire toujours une idée juste des détails dont chaque cadre doit être
rempli: nous avons suivi l'ordre qui nous a paru le plus probable; Dahler et
Winer arrangent les événements d'une manière différente, et Calmet, par
exemple, place l'histoire de la statue d'or ainsi que le supplice des trois
jeunes Hébreux, à la fin de la vie de Nébucadnetsar et après son retour à la
raison.
Ce qui frappe le plus dans la vie militaire de ce
conquérant, ce sont ses attaques sans cesse renouvelées contre le faible
royaume de Juda, attaques toujours suivies de victoires et toujours plus
douloureuses dans leurs résultats; la première fois, il fait de Jéhojakim son
vassal, et n'emmène avec une partie des trésors du temple que des otages; la
seconde fois, il dépouille le temple, emprisonne le roi infidèle, emmène
l'élite des Juifs, mais laisse encore à ceux qui restent un roi de leur nation;
la troisième fois enfin, il exporte les habitants en masse, fait mettre à mort
les principaux d'entre eux et charge leur roi de chaînes après l'avoir privé de
la vue. Autant de secousses successives devaient faire comprendre aux Juifs que
c'était bien de la part de leur Dieu que Nébucadnetsar ruinait ainsi leurs
forces et leur vie nationale; et véritablement, à lire les écrivains sacrés, il
semble que ce roi de Babylone n'ait eu, en effet, d'autre mission que
d'accomplir les prophéties et les vengeances divines; c'est à cela que se
réduit sa biographie, et ses coups prolongés pendant une carrière de
quarante-trois années devaient faire réfléchir les Juifs plus que n'eussent
fait les coups épars de rois qui se seraient succédé sur le même trône;
Nébucadnetsar devait être pour les Juifs l'homme de la fatalité, et l'on pense
involontairement à la vieille et glorieuse figure de Louis XIV, qui a été
l'épreuve du peuple de Dieu, comme le roi de Babylone en avait été le
châtiment.
La conduite de Nébucadnetsar à l'égard des mages,
n'est autre que celle d'un autocrate oriental; la tête de quelques mages
n'était rien pour lui; satisfaire un caprice au prix de plusieurs vies était
peu de chose. Le songe qu'il avait oublié, ces hommes devaient le lui dire; et
leur charlatanisme spéculateur devait être la cause de leur propre ruine; ils
étaient punis par où ils avaient péché. Un prophète seul pouvait, après avoir
prié son Dieu, connaître ce songe, le rappeler au roi et lui raconter la
succession des quatre monarchies; il est remarquable que Daniel ait eu
lui-même, bien des années après, la même vision céleste, le même songe sous d'autres
symboles, Daniel 7. La première puissance était celle de Nébucadnetsar
lui-même; la seconde était celle des Perses qui vinrent sous Cyrus, 538 avant
J.-C., renverser l'empire de Babylone; après eux vinrent les Grecs conduits par
le puissant et rapide Alexandre, représenté dans le songe de Daniel sous la
figure d'une panthère ailée à quatre têtes, qui signifient les quatre royaumes
qui sortirent de la mort d'Alexandre et se divisèrent en restant unis. La
quatrième puissance enfin, c'est l'empire de Rome. Il y a, pour ainsi dire,
unanimité parmi les interprètes sur la signification de ces deux songes, et
l'on peut consulter presque indifféremment les divers travaux ou commentaires
qui ont paru sur ce sujet;
— Voir: le Morgenland de Preiswerk, I, p. 39, sq., le
Commentaire de Hævernick, Gaussen sur Daniel, etc.
Le second songe de Nébucadnetsar, plus clairement
encore expliqué et accompli, n'a pas besoin d'être développé davantage.
Remarquons seulement que le terme employé pour marquer la durée de sa terrible
maladie, est celui de sept temps; on entend ordinairement par là sept années,
mais on peut l'entendre autrement encore, et sept années de folie ne prennent
pas facilement place dans la vie si occupée de Nébucadnetsar: l'année asiatique
se divisant en six termes de deux mois chacun, on pourrait entendre les sept
temps de sept de ces doubles mois, de sorte que la maladie de Nébucadnetsar
n'aurait duré que quatorze mois; selon d'autres, il aurait été malade trois ans
et demi, selon d'autres encore, seulement sept mois. Quant à la nature de cette
maladie, on pense généralement qu'il s'agit de l'insania canina ou lupina, la
lycanthropie, pendant laquelle l'homme n'a plus de l'homme que les instincts
animaux; se croyant changé en bête, en loup, en chien, en bœuf, il abdique son
cœur et sa raison, et cesse d'être lui-même: c'est un animal. Les absurdes
imaginations des rabbins sur la métamorphose physique de Nébucadnetsar en bœuf,
sont dès longtemps oubliées ou tombées dans le ridicule, et de grossières
illustrations bibliques en conservent seules le souvenir. Lorsque le sens lui
revint, il était guéri de sa folie, et l'on ne peut qu'admirer la touchante et
noble confession de foi par laquelle commence en lui le retour à la raison; il
s'humilia en adorant la main qui l'avait frappé, et son nom se place à côté de
celui des Naaman, des Darius, des Cyrus et de tant d'autres païens pour qui
l'Éternel a fait luire au milieu des ténèbres la foi à un seul Dieu. Plusieurs
de ces grands conquérants, après avoir été des verges dans la main divine, ont
reconnu vers la fin de leurs jours, la main qui les avait conduits, et à côté
de Nébucadnetsar se place naturellement, et sous ce rapport aussi, le nom de
Napoléon le Grand.
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NÉBUZAR-ADAN,
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2 Rois 25:8; Jérémie 39:9; 52:12, général de l'armée
de Nébucadnetsar, attaché au service de la personne royale et l'un de ses
principaux ministres. Il fut chargé par son maître absent, de présider au sac
de Jérusalem, 568 avant J.-C., un mois environ après que cette ville eut été
prise pour la troisième et dernière fois par le roi de Babylone: il s'acquitta
de sa tache en soldat, il dépouilla d'abord la ville et le temple de tous les
trésors qui y restaient, puis il mit le feu à tout ce qui pouvait brûler; les
édifices publics, le temple et toutes les maisons devinrent la proie des
flammes; les remparts furent démolis et il ne resta plus que des cendres et des
ruines sur l'emplacement où florissait naguère la sainte cité. N'ayant plus
rien à faire en Judée, il donna l'ordre du départ, classa les prisonniers,
chargea les riches dépouilles après avoir mis en pièces les ornements du temple
qui ne pouvaient être emportés que par morceaux, partagea les terres entre les
misérables habitants qu'il laissait en arrière sous le gouvernement de
Guédalia, donna la liberté à Jérémie et à Baruc, selon les ordres qu'il avait
reçus, et partit pour la Babylonie.
— Il paraît que plus tard encore, lors du siège de
Tyr, il revint en Judée, et qu'il essaya, peut-être pour venger la mort de
Guédalia, de faire de nouveau la guerre aux Juifs, mais ceux-ci s'étaient déjà
retirés en Égypte, il ne pouvait plus y avoir de guerre; une apparition
suffisait au milieu de ces populations cinq fois décimées, et Nébuzar-Adan ne
put emmener que 745 prisonniers, Jérémie 52:30.
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NÉCO, Nécho ou Néchos,
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l'un des Pharaons, roi d'Égypte, et contemporain de
Josias, 2 Rois 23:29; 2 Chroniques 35:20. Fils de Psamméticus, il était le
sixième roi de la 26e dynastie, celle des Saïtes. Il est connu dans l'histoire
profane par l'entreprise qu'il fit d'un canal de communication entre le Nil et
la mer Rouge, entreprise qu'il dut abandonner après que 20,000 ouvriers eurent
péri dans ce travail gigantesque, et par le voyage de circumnavigation qu'il
fit faire autour de l'Afrique par des Phéniciens qu'il avait à son service;
partis de la mer Rouge, ils revinrent au bout de trois ans par la Méditerranée,
racontant à leur retour qu'en faisant voile autour de l'Afrique, ils avaient vu
le soleil levant à leur droite, ce qui, ajoute Hérodote, ne me parait nullement
probable.
— Voir: Hérodote 2, 158; 4, 42.
— Ce qui est raconté de son histoire dans la Bible,
présente plusieurs petites difficultés chronologiques qui laissent dans le
vague la marche générale de son expédition, et ne permet pas d'en indiquer les
détails d'une manière sûre. Jaloux peut-être de la grandeur naissante du
royaume de Babylone, il résolut de l'affaiblir avant qu'il s'élevât davantage,
et se mit en route pour Circésium sur les bords de l'Euphrate. Deux chemins se
présentaient devant lui; en prenant le plus court, il violait le territoire de
Juda et risquait de trouver sur son passage un obstacle qui l'eût arrêté en
même temps qu'il eût donné l'éveil à son ennemi. La voie plus longue était sous
ce rapport préférable à l'autre; il s'embarque donc pour Ptolémaïs sur la
frontière de Syrie; mais ses calculs de prudence et de ménagements sont
déjoués; Josias, s'oit qu'il crût son territoire violé, soit que tributaire du
roi de Babylone, il crût devoir refuser le passage à son ennemi, marche contre
l'armée égyptienne. Néco cherche à le détourner de son opposition: «Ce n'est
pas à toi que j'en veux, lui dit-il, mais à une maison qui me fait la guerre,
et Dieu m'a dit que je me hâtasse.» Nonobstant ces propositions de paix, il est
forcé de combattre, la bataille s'engage dans la plaine de Méguiddo et le roi
d'Égypte remporte une éclatante victoire, tandis que Josias, blessé à mort,
expire bientôt après. Néco continue sa marche sans se laisser arrêter plus
longtemps, il s'empare de Circesium, y met une garnison et réunit dans ses
intérêts contre les Caldéens, presque toutes les peuplades des environs, la
Syrie, les Hammonites, les Moabites, peut-être aussi les Édomites et quelques
peuplades arabes. À son retour en Palestine, au bout de trois mois, il dépose
et fait prisonnier Jéhoachaz fils de Josias, que les Juifs avaient élu
quoiqu'il ne fût pas l'aîné, le remplace par Éliakim ou Jéhojakim, l'héritier
naturel du trône de son père, impose au pays une contribution en le rendant son
vassal, et retourne en Égypte.
— D'autres auteurs pensent que Néco ne marcha contre
la Caldée qu'après s'être entièrement vengé sur Juda; mais cette manière de
voir présente plus de difficultés que celle que nous adoptons.
— Quoi qu'il en soit, le roi d'Égypte ne jouit pas
longtemps du fruit de ses conquêtes, car nous voyons, Jérémie 46:2, que la
quatrième année de Jéhojakim, Circesium lui fut reprise par Nébucadnetsar,
malgré l'appui que Juda prêta à Néco en cette occasion.
Hérodote parle du conflit qui eut lieu en Méguiddo,
mais il le place à Migdol ou Magdola, sans doute parce qu'il connaissait cette
dernière ville, et qu'il savait qu'elle était située sur le chemin naturel
d'Égypte en Palestine; il a pu se tromper facilement, tandis qu'on ne peut
supposer que les historiens juifs aient commis une erreur de cette nature.
— Quant au message de Dieu que Néco dit avoir reçu,
l'on suppose généralement que c'est par le moyen de Jérémie que la volonté
divine lui a été manifestée; on pourrait croire que ces paroles du roi d'Égypte
n'étaient qu'une ruse pour se débarrasser plus vite du pieux Josias en appelant
à son Dieu, si l'historien sacré n'ajoutait aussitôt, 2 Chroniques 35:22:
«Josias n'écouta point les paroles de Néco qui procédaient de la bouche de
Dieu.» Et quoiqu'il paraisse étrange que les oracles célestes aient été révélés
à un païen, ce fait n'est pas le seul de son espèce dans l'histoire sainte.
La durée de son règne a été de six ans d'après
Manéthon, de seize d'après Hérodote, de quarante-six enfin d'après Gesenius qui
trouve les termes précédents trop courts pour cadrer avec les dates de la
dodécarchie égyptienne contemporaine d'Ézéchias.
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NÉGUINOTH,
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— Voir: Psaumes.
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NÉHÉLAM,
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— Voir: Sémahia #2.
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NÉHÉMIE,
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fils de Hacalia, d'une origine du reste incertaine, de
la race des prêtres selon les uns, selon d'autres de la tribu de Juda et de la
famille royale. Le livre qui porte son nom renferme presque toute son histoire.
Il remplissait auprès d'Artaxercès - Louguemain la charge d'attirsatha ou
d'échanson, et usa dignement de sa position pour le salut de ses frères. Ayant
appris par Hanani et quelques Juifs revenus de Juda, le triste état dans lequel
se trouvait sa patrie, et la misère de ses compatriotes, son cœur fut navré de
leur récit, ses larmes coulèrent, il mena deuil, il jeûna, et recourut par la
prière à celui qui devait bander les plaies de son peuple; il s'humilia, mais
rappela aussi à l'Éternel les promesses qu'il avait faites aux Juifs de les
ramener après les avoir dispersés. Il pria Dieu de vouloir toucher le cœur de
son roi, et sa prière fut exaucée. Artaxercès ayant remarqué la tristesse
inaccoutumée de son serviteur, la lui reprocha d'abord, et peut-être assez
sévèrement, comme une mauvaise disposition d'esprit inconciliable avec le
devoir d'un homme de cour; Néhémie craignit d'avoir déplu à son maître, mais il
lui répondit avec douceur et simplicité: «Comment mon visage ne serait-il pas
défait, puisque la ville qui est le lieu des sépulcres de mes pères demeure
désolée, et que ses portes ont été consumées par le feu.» Et comme le roi lui
demandait ce qu'il pouvait désirer de faire, Néhémie, après avoir invoqué
encore le secours et l'assistance de son Dieu, demanda au roi de le renvoyer en
Judée pour y rebâtir Jérusalem. C'était une demande hardie, mais le roi dont
Dieu avait disposé le cœur, l'accorda à son échanson; il lui donna en outre une
escorte militaire, des lettres pour les gouverneurs des provinces qu'il devait
traverser, le droit de prendre du bois dans les forêts royales, et sa
protection pour tout ce qu'il entreprendrait. Néhémie partit donc avec ses
pleins pouvoirs, et arriva bientôt à Jérusalem. La main de l'Éternel était
bonne pour lui (2:8,19) Il débute par un examen prudent et silencieux de l'état
des choses; les ennemis des Juifs sont trop puissants et trop nombreux pour
qu'il puisse rien tenter avant d'avoir sondé le terrain; le mal est trop grand
pour que Néhémie prenne des mesures avant d'en avoir compris toute l'étendue.
Mais lorsque ses plans sont arrêtés, il rassemble les , magistrats, les
sacrificateurs et les principaux d'entre les Juifs, leur expose le but de sa
mission, ses droits et ses desseins. Quelques étrangers, Samballat, Tobija, et
Gasmu, essaient en vain de contrecarrer son œuvre par de méchantes moqueries et
de perfides insinuations: Néhémie les repousse en leur rappelant qu'ils sont
étrangers au peuple juif, et qu'ils n'ont aucune part dans les affaires de la
ville et de la maison de Dieu. Le peuple qui a retrouvé un chef dont la voix
l'inspire, dont l'exemple l'encourage, se met à l'œuvre; les murs, les portes,
les remparts, sont reconstruits. Jérusalem sort de ses ruines; la ville sainte
se relève malgré les efforts jaloux des peuples voisins, et paraît sur le point
de se rendre indépendante et libre. Mais les Arabes, les Hammonites et les
Samaritains se liguent contre les Juifs, et projettent de fondre sur leur
métropole avant que les remparts achevés ne rendent toute invasion plus
difficile, toute victoire plus incertaine; Néhémie, à qui les machinations de
Samballat et de ses partisans n'ont point échappé, range le peuple en armes le
long des murailles, ranime le courage des faibles, et rappelle à tous qu'ils
ont à combattre pour Dieu, l'honneur, la patrie et leurs familles. Les ennemis
sont déconcertés par cette solennelle manifestation qui leur a montré un chef
vigilant, un général habile, et une armée résolue: les travaux reprennent leur
cours, mais depuis ce moment la moitié seulement des jeunes gens s'occupe des
constructions, tandis que l'autre moitié se tient toujours prête en cas de
surprise; même les travailleurs gardent encore l'épée au côté.
À côté des ennemis extérieurs, Néhémie doit combattre
aussi les ennemis intérieurs, l'usure, et l'abus que les riches avaient fait de
leur position aux dépens du pauvre; le peuple était opprimé, il avait dû mettre
en gages ses champs, ses maisons, ses fils et ses filles. Une mesure héroïque
devait être prise, et pouvait seule sauver Jérusalem d'une révolution: Néhémie
convoqua les grands, les magistrats, et les sacrificateurs; il les censura pour
le trafic infâme, pour la vente qu'ils avaient faite de leurs frères, et après
leur avoir représenté le danger de la situation et l'opprobre dont leur
conduite devait couvrir la nation sainte, il leur proposa la restitution
complète des héritages, et la remise des dettes, se donnant lui-même à eux, et
il en avait le droit, comme un exemple de désintéressement. Sa voix fut
écoutée, l'assemblée dit amen! à la malédiction que Néhémie prononça contre
ceux qui ne tiendraient pas la parole jurée, et Néhémie sauva le peuple d'une
crise qui eût pu être terrible, dans un moment où l'étranger ne demandait pas
mieux qu'un prétexte pour intervenir. Néhémie qui, depuis douze ans qu'il était
gouverneur, avait renoncé à tous les avantages de sa place, engageant sa
fortune particulière au service de Jérusalem, à la reconstruction des murs, aux
frais de représentation exigés par sa position, Néhémie était bien placé pour
demander à ceux pour lesquels ils se sacrifiait, de se sacrifier aussi;
personne mieux que lui ne pouvait s'écrier: «Ο Dieu, souviens-toi de moi en bien, selon tout ce que j'ai fait pour ce peuple.»
Le zèle courageux de cet homme sans peur et sans reproche, fut couronné, et
malgré les intrigues réitérées de Samballat et des siens, malgré l'épouvante
que de faux prophètes cherchaient à répandre parmi le peuple, la ville, ses
murailles et ses portes furent achevées; mais les habitants étaient trop peu
nombreux pour l'enceinte immense de l'ancienne Jérusalem; Néhémie dut songer à
peupler ces murs qu'il venait de construire, et à constater les droits des
anciens habitants propriétaires. Pendant les travaux et les recherches
occasionnées par le dénombrement, Néhémie trouva un ancien registre des
familles, qui lui fut utile pour les reconnaissances généalogiques. (Ce
registre est inséré 7:6-73. Il est probable aussi que les trois chapitres qui
suivent, 8, 9, et 10, sont hors de la place où ils devraient être; nous verrons
plus bas ce qui en est: en tout cas ils renferment l'histoire de la lecture
publique de la loi par Esdras, la célébration de la fête des tabernacles, la
publication d'un jeûne solennel, une magnifique prière d'Esdras, et les
serments prononcés en ce jour solennel, recueillis en forme de traité
d'alliance).
— Après cela nous voyons Néhémie continuer ses travaux
de recensement, de classement, et d'organisation; il ordonne aux principaux du
pays de se fixer dans la ville, et jette le sort sur le reste des habitants,
afin d'en obliger la dixième partie à s'établir dans Jérusalem; puis il célèbre
avec une grande pompe la fête de la dédicace des murailles: tous les Lévites
des villes de Juda et de Benjamin y sont conviés; les prêtres purifient le
peuple et la ville, les princes et les chefs du peuple s'assemblent sur les
murs, et deux chœurs de chantres et d'enfants en font le tour au son des
instruments, et aux chant des cantiques sacrés. L'un de ces chœurs est conduit
par Esdras; l'autre est accompagné par Néhémie, suivi des magistrats, des
prêtres, et d'une partie du peuple. Ils s'arrêtèrent en face du temple, où de
nouveaux chants s'élevèrent en l'honneur de l'Éternel; de nombreuses victimes
furent immolées, le peuple était plongé dans l'allégresse la plus vive, et ses
bruyants cris de joie retentirent au loin: de ce jour datait en effet pour lui
la renaissance de sa patrie, sa restauration comme peuple; 12:27-47.
— Une année avait suffi pour tous ces travaux au zèle
persévérant et sage du réparateur des brèches d'Israël.
Le premier séjour de Néhémie à Jérusalem dura environ
douze ans, 1:1; 2:1; 5:14; 13:6, mais il est probable que dans l'intervalle il
dut retourner une ou plusieurs fois à la cour de Perse: on peut croire même que
le premier voyage qu'il fit à Jérusalem ne fut guère qu'un voyage
d'exploration, et qu'après avoir vu et raconté au roi le triste état de son
pays, il obtint une prolongation de congé indéfinie. Mais après cela, il dut
retourner auprès d'Artaxercès pour y reprendre ses anciennes fonctions, et
quoique l'Écriture ne précise pas la durée de son absence, on suppose qu'elle
fut longue, et qu'il ne revint en Judée que sous le règne de Darius Nothus, 415
avant J.-C. Son retour fut nécessité par le retour de l'impiété, par le
relâchement dans lequel le peuple et ses chefs étaient tombés; ses réformes
étaient oubliées, les sabbats n'étaient plus observés, on se refusait au
payement des dîmes, des mariages défendus étaient contractés, et le désordre en
était venu au point qu'un chef samaritain, Tobija, avait été logé dans les
bâtiments mêmes du temple. Néhémie indigné fit jeter dehors les meubles de cet
appartement ainsi profané, rendit aux Lévites les dîmes, rappela les prescriptions
de la loi, et contraignit ceux qui avaient épousé des femmes étrangères à les
renvoyer: ceux qui refusèrent furent bannis, et dans leur nombre on compte, au
dire de l'historien Flavius Josèphe, Manassé, fils du souverain sacrificateur
et gendre de Samballat; les réfractaires ainsi chassés allèrent s'établir en
Samarie, où ils fondèrent sur le mont Garizim un culte rival de celui de
Jérusalem. Ceux mêmes qui consentirent à rompre leurs alliances étrangères,
furent punis et publiquement déshonorés pour les avoir contractées. «Mon Dieu,
souviens-toi de moi en bien!» s'écrie Néhémie en achevant le récit de cette
nouvelle réformation.
C'est ici que se termine pour nous l'histoire du
gouvernement et de la vie de Néhémie; on ignore où et comment il mourut. Son
nom est grand, et paraît au milieu de l'histoire juive comme celui d'un héros
pacifique; il fit plus que des conquêtes, il releva Jérusalem de ses ruines, et
réorganisa un peuple tout entier qui n'avait plus ni rois, ni lois. Il se
distingua par ses talents, sa prudence, son zèle, sa force, sa sagesse, son
désintéressement et sa persévérance; il se distingua surtout parce qu'il était
animé d'un esprit de prière dont on voit peu d'exemples dans les autres livres
de l'Ancien Testament, et si jamais homme fit de l'Éternel son bras et sou
appui, ce fut Néhémie: il agit, mais il agit par la foi et au nom de Dieu. Il
est un type de l'amour du Sauveur pour son Église, comme les désordres qui se
commettaient au milieu du peuple juif de son temps, étaient un type, triste,
mais trop fidèle, de l'Église chrétienne dont l'histoire ne se compose que de
chutes et de relèvements.
Le livre qui porte le nom de Néhémie est, en grande
partie, son ouvrage; on pourrait presque dire son journal, ses mémoires:
partout où il parle à la première personne, il est impossible de douter que ce
ne soit aussi lui qui raconte. Quelques anciens auteurs et pères de l'Église
avaient cru y voir l'œuvre d'Esdras, non celle de Néhémie, attendu que les
Hébreux réunissaient en un seul cahier ce qu'ils appelaient, ce que les romains
appellent encore les deux livres d'Esdras; mais il y a, entre ces deux livres,
de trop grandes différences de style pour qu'on puisse les attribuer au même
auteur; le style de Néhémie est beaucoup plus facile, plus large, plus
abondant, et l'emploi qu'il fait de la première personne ne se comprendrait pas
dans toute autre supposition. Cependant, il ressort de la lecture même de ce
livre que tout n'est pas de Néhémie; mais, si l'on peut dire où le fragment
intercalé commence, 7:6, il est plus difficile d'établir où il finit; à cet
égard, les interprètes sont aussi divisés que possible. Le fragment le plus
généralement reconnu comme étant d'une main étrangère, est 7:6-73; quelques
auteurs y ajoutent les chapitres 8, 9, et 10; d'autres encore le chapitre 11;
d'autres enfin, comme Eichhorn, en regardant les onze premiers chapitres comme
l'ouvrage de Néhémie, attribuent le 12e et les cinq premiers versets du 13e à
un chef du peuple, qui aurait fait l'histoire de Jérusalem pendant l'absence de
Néhémie. Quelques critiques estiment aussi que des versets ont été intercalés,
par ci, par là, dans le corps du livre, et, si on les en croyait, on n'aurait
qu'à faire de Néhémie une seconde édition revue et corrigée par leurs soins. Au
milieu de toutes ces incertitudes, une chose demeure, c'est que ce livre, tel
qu'il existe, appartient au canon juif, et que l'église chrétienne l'a accepté
comme inspiré. Il importe donc peu qu'Esdras soit l'auteur de plusieurs de ces
fragments, ou que ce soit Néhémie; et, si l'on se rappelle le document que
trouva Néhémie, 7:5, on ne s'étonnera pas qu'il en ait peut-être joint à ses
mémoires quelques extraits généalogiques ou historiques.
— L'examen de ces difficultés a été fait dernièrement,
avec beaucoup de sagesse, par Hævernick, Einl. II, p. 303-317.
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NÉHUSTA,
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fille d'Elnathan, femme de Jéhojakim, mère et tutrice
du jeune Jéchonias, âgé seulement de dix-huit ans lorsqu'il monta sur le trône,
2 Rois 24:8; Jérémie 29:2. Elle eut part sans doute au gouvernement, mais ne
sut pas diriger son fils, et le suivit à Babylone lorsque Nébucadnetsar se fut
emparé de la ville. C'est d'elle qu il est parlé, Jérémie 13:18, comme régente,
et le prophète lui adresse les mêmes reproches et les mêmes exhortations qu'à
son fils.
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NÉHUSTAN
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(objet d'airain). 2 Rois 18:4. C'est le nom dédaigneux
qu'Ézéchias donna au serpent d'airain que Moïse avait fait, soit que les
Israélites l'eussent conservé, ce que le texte sacré rend assez probable, soit
qu'au milieu de leurs autres reliques d'idolâtrie, ils se fussent aussi fait
des images de Dieu à la ressemblance de ce serpent. Le roi de Juda brisa cette
idole en l'appelant, de son vrai nom, un morceau d'airain; ce n'était que cela,
comme les reliques modernes sont des morceaux de cire ou d'os.
— Voir: Serpent.
Cela n'empêche pas que l'original de ce Néhustan ne se
trouve encore, au dire de Calmet, dans l'église de Saint-Ambroise à Milan.
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NEIGE.
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Elle n'était pas aussi rare en Palestine qu'on
pourrait le croire; preuves en soient et les allusions fréquentes qui sont
faites à sa blancheur, Exode 4:6; Nombres 12:10; 2 Rois 5:27; Psaumes 51:7;
Ésaïe 1:18; Lamentations 4:7, et l'habitude avec laquelle on paraissait
l'attendre ou la craindre comme un, des phénomènes ordinaires de l'année, Psaumes
147:16; 148:8; Proverbes 31:21. Il est aussi parlé de neige réellement tombée,
2 Samuel 23:20; 1 Maccabées 13:22. Les voyageurs modernes disent que le mois de
décembre est un mois de pluie, mais qu'il tombe assez ordinairement de la neige
en janvier; s'il en tombe en février, les habitants, au dire de Shaw, la
regardent comme l'indice d'une année abondante. Elle ne reste d'ailleurs pas
longtemps, et Russel dit que, pendant treize hivers qu'il a passés à Alep, il
n'a vu que trois fois la neige rester plus d'un jour sans se fondre.
— Le passage Proverbes 25:13, est probablement une
allusion à l'usage ancien de se rafraîchir, au milieu de l'été, en faisant
fondre de la neige dans les boissons.
— Jérémie 18:14, mal traduit dans nos versions (on a
ajouté sans cause la négation), doit s'en tendre comme s'il y avait: «Un homme
raisonnable abandonnera-t-il pour un rocher ses campagnes, arrosées par les
neiges du Liban?» Le prophète veut faire sentir la folie de ceux qui
abandonnent le Dieu vivant pour servir des idoles.
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NÉMUEL,
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Nombres 26:9, était frère de Dathan et d'Abiram, et
n'a pas pris part à leur révolte; son nom ne se trouve que dans la généalogie
de sa famille, mais il s'y trouve sans tache.
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NEPHTHALI
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(mon combat), le sixième fils de Jacob et le second de
Bilha, Genèse 30:8; 35:25. Le sens de son nom est expliqué dans le texte sacré
à l'occasion de sa naissance. Nous ne connaissons aucune particularité de sa
vie, sinon qu'il eut quatre fils, 46:24. Il fut le chef d'une des tribus
d'Israël, qui comptait, à la sortie d'Égypte, 53,400 hommes en état de porter
les armes, marchant sous la conduite d'Ahirah; ce chiffre était réduit à 45,000
lors de l'entrée en Canaan, comme celui de presque toutes les tribus avait
également été réduit dans une proportion plus ou moins forte, suivant que leurs
péchés dans le désert avaient été plus ou moins grands et obstinés, cf. Nombres
1:43; 2:29; 7:78; 26:50. Son territoire, fertile en huile et en froment,
s'étendait au nord de la Palestine, ayant le Jourdain à l'orient, Aser et
Zabulon au couchant, le Liban au nord, et la tribu d'Issacar au midi; il
descendait jusqu'à la mer de Tibériade, Josué 19:32. Les montagnes de
Nephthali, Josué 20:7, étaient, à ce que l'on croit, les prolongements avancés
du Liban qui portent aujourd'hui le nom de Dschebl-Szaffad, chaîne fort large,
calcaire, avec quelque peu de basalte, et haute d'environ 1,000 mètres, qui
suit la vallée du Jourdain depuis l'Hermon jusque dans le voisinage du lac de
Génésareth, d'où elle se dirige au sud-ouest, s'abaissant brusquement vers le
Jourdain, et descendant, vers la Méditerranée, par une pente douce et longue, à
travers un pays de collines, qui est fertile, en grande partie boisé, et
abondant en eau. Nephthali était ainsi, selon l'oracle de Moïse, Deutéronome
33:23, «rassasié de bienfaits, et rempli de la bénédiction de l'Éternel,
possédant l'Occident et le Midi». Jacob mourant avait caractérisé son fils «une
biche élancée; il donne des paroles qui ont de la grâce», Genèse 49:21.
Quelques interprètes, les Septante, Bochart, etc., traduisent, au lieu de
biche, des chênes élancés, ce qui est moins probable, mais peut se comprendre
également. On a voulu voir dans ce passage, pressé dans un sens trop
prophétique, une allusion à Barac, qui était de la tribu de Nephthali, et qui,
après avoir poursuivi Siséra avec la vitesse du cerf, chanta ensuite sa victoire
en accompagnant les paroles magnifiques de Débora, Juges 4:6,16; 5:1. Tobie
était aussi Nephthalite.
— Placée au nord de la Palestine, et loin du centre
théocratique, cette tribu eut de la peine à se défaire entièrement des
Cananéens, auxquels plusieurs de ses villes restèrent longtemps tributaires,
Juges 1:33; mais elle ne laissa pas, toutes les fois qu'elle y fut appelée, de
prendre une part active aux guerres qu'Israël dut soutenir pour le maintien de
son indépendance, Juges 5:18; 6:35; 7:23. Sous le schisme de la royauté,
Nephthali adhéra au nouveau royaume d'Israël, et eut déjà, sous son troisième
roi, Bahasa, beaucoup à souffrir d'une irruption des Syriens de Damas, 1 Rois
15:20; 2 Chroniques 16:4. Aux jours de Pékach, une partie de ses habitants fut emmenée
captive par les Assyriens, 741 avant J.-C., 2 Rois 15:29; cf. Ésaïe 8:23.
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NEPHTOAH
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(ouverture).
Josué 15:9, fontaine située sur les frontières de Juda
et de Benjamin. On prétend encore en montrer la place aux voyageurs, près d'une
église construite plus tard, et dédiée à Jean-Baptiste, qui doit avoir demeuré
avec ses parents non loin de cette source.
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NER
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(lampe, lumière).
1. Père
de Kis, 1 Chroniques 8:33; 9:39, nommé Abiel 1 Samuel 9:1.
2. Fils
du précédent, frère de Kis, père d'Abner, et oncle de Saül, 1 Samuel 14:51;
26:5; 2 Samuel 2:8; 3:23; 1 Rois 2:5. On le voit 1 Samuel 10:14, s'informer
avec curiosité des démarches de son neveu auprès de Samuel, mais l'on ne sait
pas si ces questions étaient dictées par l'affection ou par la jalousie; ce
dernier cas est rendu plus probable par le secret dans lequel Saül se renferme
à son égard.
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NÉRÉE,
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Romains 16:15, disciple inconnu.
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NERGAL
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(espion), idole des gens de Cuth, 2 Rois 17:30. C'est
sans contredit la planète Mars, que les Sabéens adoraient sous le même nom: les
rêveries rabbiniques lui ont donné la forme d'un coq.
— Voir: Caldée, et Sareétser.
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NÉRI,
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fils de Melchi, l'un des ancêtres de notre Sauveur par
Marie, Luc 3:27, inconnu.
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NÉRON,
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cinquième empereur de Rome, n'est jamais nommé dans
l'Écriture autrement que par son titre d'empereur ou de César, parce que dans
les divers passages où il est question de lui, ce n'est pas de sa personne,
mais de son titre qu'il est parlé. On sait comment dès le commencement de son
règne il fit concevoir à tous les plus belles espérances; doux, vertueux,
modeste, ami de la paix et de la justice, il était fortifié dans ces heureuses
dispositions par Burrhus et Sénèque, les instituteurs de sa jeunesse. Il
annonça au sénat que son désir était de prendre Auguste pour modèle, et dans les
premiers temps on le vit s'efforcer de tenir sa promesse; il diminua les
impôts, fit de grandes largesses au peuple pour se concilier son affection, et
lui donna des jeux splendides. Malheureusement il était faible et passionné; il
prit pour directeur son confident Narcisse, scélérat et fourbe consommé, qui
fit de lui cet atroce Néron dont le souvenir fait frissonner l'histoire. C'est
à l'instigation de Narcisse qu'il fit assassiner Britannicus, son frère
adoptif, puis sa mère, Agrippine, à qui il devait la vie et l'empire (— Voir:
Claude). Ce pas fait, rien ne devait naturellement l'arrêter, il prit un
affreux plaisir à l'odeur du meurtre, et fit massacrer une foule inouïe
d'innocents. Cependant son premier crime ne le laissa jamais tranquille, et ses
remords le poursuivirent partout jusqu'à la mort. Pour s'étourdir, pour
étouffer les cris de sa conscience, en même temps que pour assouvir ses
passions désordonnées, il se livrait aux plus honteuses débauches. Il répudia
sa femme Octavie, sœur de Britannicus, pour épouser l'infâme Poppée, et bientôt
il fit périr à son tour d'un coup de pied cette seconde épouse et l'enfant
qu'elle lui promettait. Avec cela il se piquait d'être artiste, poète et
musicien; il prenait part lui-même aux jeux publics et aux représentations
dramatiques: là il se montrait vêtu en histrion, entouré des histrions qui
faisaient sa société habituelle, jouant du luth ou récitant ses poésies, se
mêlant enfin parmi les lutteurs, et combattant lui-même. Il fit ainsi plusieurs
voyages en Campanie, à Naples, en Grèce, sans autre but que de se donner en
spectacle au peuple, et d'obtenir ses applaudissements.
Sous son règne un immense incendie consuma les plus
beaux quartiers de Rome, et cette capitale fut presque entièrement la proie des
flammes: pendant cette désolation, lui-même du haut d'une tour de laquelle il
pouvait à son aise contempler les ravages et les progrès du feu, il chantait en
s'accompagnant de sa lyre, un poème qu'il avait composé sur l'embrasement de
Troie. Il est incertain s'il fut lui-même l'auteur de cet incendie: du moins il
fit quelque chose pour en soulager les victimes. Quoi qu'il en soit, il imputa
le crime aux chrétiens, et ordonna contre eux une persécution qui fut la
première et la plus violente de toutes. Ce fut sans doute vers cette époque que
l'apôtre Paul reçut à Rome la couronne du martyre.
— La 12e année de son règne une conspiration formée
contre ses jours lui fut découverte par la perfidie d'un esclave; non seulement
tous les conjurés périrent, mais avec eux presque tous leurs alliés, parents ou
amis. Sa fureur ne connaissait pas de bornes: sur un simple soupçon les plus
honnêtes citoyens étaient sacrifiés; Rome fut inondée de sang. Le poète Lucain,
Burrhus, Sénèque, subirent le sort de tant d'autres hommes illustres. Enfin le
châtiment arriva: Néron fut précipité de son trône par une révolte de l'armée,
et se tua au moment où on allait le saisir, âgé de trente-et-un ans, après en
avoir régné quatorze. La nouvelle de sa mort causa une joie inexprimable; ses statues
furent renversées et traînées dans la boue, mais on lui fit des funérailles
magnifiques.
Il ressort de Philippiens 4:22, que quelques personnes
de sa maison avaient embrassé la foi chrétienne. C'est à cet empereur que Paul
en appela du jugement de Festus. Quelques commentateurs ont entendu de Néron le
lion de la gueule duquel Paul avait été délivré, 2 Timothée 4:17. Mosheim pense
que l'apôtre parle dans ce passage sans figure, et qu'il veut dire qu'il a
failli être condamné à combattre les bêtes féroces. Cependant le sens le plus
simple c'est le sens général figuré: «J'ai échappé à un grand danger.»
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NÉTHANMÉLEC
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(don du roi), eunuque, chargé sous Josias de soigner
les chariots et les chevaux du soleil; il demeurait au faubourg de Parvarim ou
Parbar à l'occident du temple, 2 Rois 23:11; 1 Chroniques 26:18.
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NÉTHINIENS,
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1 Chroniques 9:2; Esdras 2:43; 7:7; Néhémie 7:46, etc.
C'est le nom que les auteurs postérieurs donnent aux Gabaonites d'entre les
Cananéens qui conclurent avec Josué une alliance dans laquelle celui-ci fut
joué par eux,
— Voir: Gabaon.
Ils furent donnés, comme l'indique leur nom, aux
lévites pour servir sous leurs ordres aux travaux extérieurs de l'entretien du
temple, Esdras 8:20, et ils sont nommés à côté des serviteurs de Salomon,
Esdras 2:58; Néhémie 7:60; 11:3, qui étaient probablement des prisonniers de
guerre, devenus prosélytes, Néhémie 10:28, et affectés par ce roi au service du
culte public. Ils étaient fort méprisés, et ne pouvaient contracter alliance
avec les filles d'Israël.
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NÉTOPHA,
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Esdras 2:22; Néhémie 7:26, ville probablement située
entre Bethléem et Hanathoth.
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NÉZIB,
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ville des plaines de Juda, Josué 15:43, située,
d'après Eusèbe à 9 milles, d'après Jérôme à 7 milles d'Éleuthéropolis, vers
Hébron.
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NIBCHAZ,
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idole des Haviens, 2 Rois 17:31, nommée aussi parmi
les divinités sabéennes; son nom renferme l'idée d'aboiement, et selon les
interprètes juifs, elle aurait été adorée en effet sous la forme d'un chien. On
trouvait autrefois sur une hauteur, en Syrie, à trois journées de Béryte vers
Tripoli, la statue colossale d'un chien, symbole peut-être de Mercure, qui
était adorée comme la protectrice du pays, et qui a donné son nom à la rivière
voisine.
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NICANOR,
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l'un des premiers diacres de l'Église de Jérusalem,
Actes 6:5. Sa personne est du reste inconnue: selon quelques pères il aurait
été l'un des soixante-dix disciples, et aurait souffert le martyre en même
temps qu'Étienne.
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NICODÈME,
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pharisien et membre du sanhédrin à Jérusalem. Homme
sincère et de bonne foi, il avait reconnu à ses miracles que Jésus était un
prophète venu de Dieu; mais timide, il n'osait avouer ouvertement ses doutes et
peut-être même ses convictions: il vint de nuit à Jésus, et apprit de lui la
nécessité de la régénération ou nouvelle naissance pour obtenir l'entrée dans
le royaume des cieux. Notre Sauveur suivit avec lui cette marche pleine
d'autorité, dont il avait seul le secret; à ses questions incertaines, il
répondait par de nouvelles vérités incompréhensibles à l'homme charnel,
laissant au Saint-Esprit le soin de les expliquer et de les développer, Jean 3.
L'œuvre de l'Esprit se fit lentement en Nicodème; il resta longtemps encore
disciple secret; ce ne fut que d'une manière détournée, en en appelant aux
formes ordinaires de la justice, qu'il essaya de prendre la défense du Messie
au milieu du sanhédrin, et il se laissa réduire au silence par une réponse
aussi dure que mensongère, Jean 7:50; cf. Deutéronome 17:8; 19:16. Mais à la
mort du maître il ne cacha plus qu'il était son disciple; réveillé en quelque
sorte par l'injuste condamnation qui avait frappé le Juste, il se sentit la
force en même temps que le devoir de protester publiquement contre cette
iniquité légale, et d'accord avec Joseph d'Arimathée, il vint en plein jour
enlever en pleurant le corps du supplicié, apportant un mélange des plus riches
parfums pour son embaumement, 19:39; sq..
Le nom de Nicodème réveille au premier abord la double
idée d'une inintelligence des vérités divines, et d'une timidité contraire à
l'esprit du christianisme dans la confession de la foi. Ses trop naïves
questions sur la nouvelle naissance* ne sont plus répétées, et peut-être
vaudrait-il mieux qu'elles le fussent; le mot de régénération a passé dans le
langage chrétien, mais pour plusieurs ce n'est qu'un mot, et il ne réveille pas
toutes les idées qu'il renferme, et dont la profondeur, nouvelle pour Nicodème,
lui paraissait insondable. Heureux ceux qui savent ce que c'est; heureux aussi,
ceux qui, l'ignorant, ne craignent pas de le demander!
* (Nouvelle
Naissance: signifie littéralement «régénéré d'en haut» et «régénéré dès
l'origine». Action de reproduire, de reconstituer, de libérer, de réformer, de
renaître. Changement engendré par la puissance de Dieu et sa Parole inspirée
d'après son décret d'élection pour produire la foi et une nouvelle vie en et
par Jésus-Christ. Une mise à part dans la mort de Christ dans laquelle l'élu
est attribué tous les mérites de son sacrifice parfait, afin de renaître avec
Lui dans une nouvelle vie de résurrection dans laquelle Christ vient habiter
dans son cœur par l'Esprit de sa Sainte Présence. Bref, une résurrection
spirituelle par laquelle l'élu est libéré de la culpabilité du péché et de sa
condamnation.)
— La timidité dans la profession a depuis longtemps
été flétrie du nom de nicodémisme, et il ne se trouve que trop, à toutes les
époques, de ces caractères faibles qui, sous une foule de prétextes, se
contentent de croire dans le fond de leur cœur, et craignent de témoigner,
retenus soit par de faux ménagements pour la religion d'autrui, soit par
l'opprobre qu'ils redoutent, soit par simple paresse ou lâcheté d'esprit. En
disant: j'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé, l'Écriture nous fait apprécier à
sa juste valeur une foi qui ne parle pas. Puissent tous les Nicodèmes en
timidité devenir aussi dans les plus mauvais jours des Nicodèmes en fermeté!
— Ajoutons encore que s'il est important de ne pas
renier Jésus sur la croix, il est important aussi, et peut-être plus difficile,
de le reconnaître et de le professer dans la vie de chaque jour, alors
qu'aucune circonstance extraordinaire ne paraît provoquer une profession. La
profession est un devoir de tous les instants; nous nous la devons à
nous-mêmes, à nos frères, et à Dieu. Savoir se joindre à tous les chrétiens en
tout temps, montrer toujours et partout que l'on est membre du corps de Christ,
marcher non seulement avec les chrétiens dans l'honneur, mais avec les
chrétiens sous l'opprobre, c'est la science difficile, et c'est une épreuve à
laquelle Dieu nous soumet tous les jours.
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NICOLAS,
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prosélyte d'Antioche et l'un des sept diacres de
l'Église de Jérusalem, Actes 6:5. C'est à lui que la plupart des pères de
l'Église depuis Irénée, attribuent l'origine de la secte honteuse des
nicolaïtes, condamnée par saint Jean, Apocalypse 2:6,15. Il ne résulte
cependant pas clairement de leurs paroles que Nicolas ait été coupable
lui-même, et l'on peut croire que des hommes hérétiques et impurs ont pris
occasion de quelques paroles de ce disciple, pour justifier des désordres qu'il
avait plutôt voulu condamner; c'est ainsi que ses paroles «il faut abuser de sa
chair», citées par Clément d'Alexandrie, pouvaient signifier pour lui «il faut
la mater, en réprimer les passions et les mouvements désordonnés», tandis que
ses soi-disant partisans auront pu leur donner un sens tout à fait différent,
«il faut tuer la chair à force de se livrer à ses désirs». Il règne du reste
sur cette secte une telle obscurité, que son existence même n'est pas démontrée
pour tous, que plusieurs ne voient dans les paroles de l'Apocalypse qu'une
prédiction relative aux erreurs gnostiques, que parmi ceux qui reconnaissent
une secte de nicolaïtes, les uns lui donnent pour chef un autre Nicolas que
celui des Actes, que parmi ceux qui pensent qu'il s'agit du diacre Nicolas, les
uns le regardent comme innocent, les autres comme coupable, et enfin que
plusieurs regardent la secte des nicolaïtes comme identique avec celle de
Balaam, verset 14, les deux noms de Balaam et de Nicolas ayant l'un en hébreu,
l'autre en grec la même signification, celle de peuple vainqueur. On peut voir
sur ce sujet, Iren. 2, 27. Clém, d'Al., Strom. 3. Les erreurs que le
Saint-Esprit signale dans la doctrine des nicolaïtes sont au nombre de deux, et
appartiennent à la vie plus directement qu'à la foi.
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NICOPOLIS,
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ville dans laquelle saint Paul passa un hiver, et d'où
il écrivit à Tite qui était en Crète, de le venir trouver, Tite 3:12. Il y
avait plusieurs villes de ce nom, l'une en Épire, l'autre sur le Nessus dans
l'intérieur de la Thrace, l'autre en Cilicie, et l'on a trouvé des raisons pour
faire de chacune de ces villes la résidence de l'apôtre. Cependant c'est entre
les deux premières que l'on hésite ordinairement, et la plupart sont d'accord à
penser que c'est à Nicopolis en Épire que Paul a demeuré. La ville de Cilicie
est celle qui a le moins de preuves en sa faveur, et le plus de témoignages
contre elle.
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NIGER,
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Actes 13:1,
— Voir: Siméon.
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NIL,
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fleuve d'Égypte qui prend sa source dans les montagnes
de l'Abyssinie, coule du sud au nord et se jette dans la Méditerranée après
avoir parcouru l'Abyssinie, les déserts de la Nubie et l'Égypte. Son cours est
de 800 lieues, dont 200 sur le territoire égyptien; il y entre à la hauteur de
l'île de Philé ou d'Éléphantine, et fertilise les déserts arides qu'il
traverse. Ses inondations sont régulières et productives;
— Voir: Égypte.
II y a 150 lieues de l'île d'Éléphantine au Caire, et
cette vallée qu'arrose le Nil, a une largeur moyenne de 5 lieues. Après le
Caire, ce fleuve se divise en deux branches et forme une espèce de triangle, le
Delta, qu'il couvre de ses débordements. Ce triangle, composé d'alluvions, a 60
lieues de base, depuis la tour des Arabes jusqu'à Péluse, et 50 lieues de la
mer au Caire; un de ses bras se jette dans la Méditerranée près de Rosette;
l'autre près de Damiette. Dans des temps plus reculés, il avait sept
embouchures. La digue du Nil se coupe au Caire dans le courant de septembre,
quelquefois dans les premiers jours d'octobre. «Si l'on suppose que tous les
canaux qui saignent le Nil pour en porter les eaux sur les terres soient mal
entretenus ou bouchés, son cours sera beaucoup plus rapide, l'inondation
s'étendra moins, une plus grande masse d'eau arrivera à la mer et la culture
des terres sera fort réduite. Si l'on suppose au contraire, que tous les canaux
d'irrigation soient parfaitement saignés, aussi nombreux, aussi longs et
profonds que possible, et dirigés par l'art de manière à arroser en tout sens
une plus grande étendue de désert, on conçoit que très peu des eaux du Nil se
perdent dans la mer, et que les inondations fertilisant un terrain plus vaste,
la culture s'augmentera dans la même proportion. Il n'est donc aucun pays où
l'administration ait plus d'influence qu'en Égypte sur l'agriculture, et par
conséquent sur la population. Sous une bonne administration, le Nil gagne sur
le désert; sous une mauvaise, le désert gagne sur le Nil. En Égypte, le Nil ou
le génie du bien, le désert ou le génie du mal, sont toujours en présence; et
l'on peut dire que les propriétés y consistent moins dans la possession d'un
champ, que dans le droit fixé par les règlements généraux d'administration,
d'avoir à telles époques de l'année et par tel canal, le bienfait de
l'inondation.» Ainsi parle du Nil et de l'Égypte le grand conquérant de notre
siècle, tout ensemble profond observateur et grand écrivain. À ces extraits de
ses Mémoires, nous ajouterons quelques détails sur le rôle que le Nil occupe
dans l'Écriture. Il y est presque partout désigné par le mot égyptien yeôr qui
signifie le fleuve, nom qui se retrouve sur l'inscription de Rosette, et qui
est conservé dans les dialectes memphitiques et sahidiques (Jaro et Jero): le
Nil était le fleuve par excellence de l'Égypte, comme le Jourdain était celui
de la Palestine, et le nom de fleuve suffisait à le désigner. Ce n'est que
beaucoup plus tard que le nom égyptien ayant passé dans la langue des Hébreux
comme nom commun, servit à désigner, et une seule fois, Daniel 12:5-7, un autre
fleuve que le Nil, le Tigre. Le nom de Sihor désigne évidemment aussi le Mil,
Ésaïe 23:3; Jérémie 2:18, et probablement Josué 13:3; 1 Chroniques 13:5;
— Voir: Sihor.
Les inondations de ce fleuve, qui s'élève de 16 à 22
pieds au-dessus de son niveau ordinaire, lui donnent facilement l'air d'un
grand lac ou d'une mer intérieure, Ésaïe 19:5; cf. le Coran 20:39, sur laquelle
les villes et les villages apparaissent comme des îles au milieu d'une contrée
submergée, Amos 8:8; 9:5. L'eau du Nil, comme celle du Tibre à Rome, est
naturellement trouble, mais se clarifie facilement au moyen du filtrage; elle
jouit alors d'un goût agréable et sain, auquel il est peut-être fait allusion
Jérémie 2:18; de là aussi les louanges que les Égyptiens accordaient à leur
fleuve, les honneurs qu'ils lui rendaient, et les récits exagérés faits de ses
différentes vertus; il donnait la fécondité aux hommes et aux animaux. Le Nil
était, comme il l'est encore, fort poissonneux, Ésaïe 19:8; cf. Nombres 11:5, à
tel point qu'une partie de la population ne se nourrit presque que de poissons
dans les mois d'avril et de mai. Des crocodiles habitent ses rives ombragées,
surtout dans la Haute-Égypte.
— On comprend que les bienfaits des inondations du Nil
aient fait considérer ce fleuve comme le bienfaiteur du pays, et lui aient
mérité des païens les surnoms de bienveillant et de béni; les prophètes aussi,
parmi les maux dont ils menacent l'Égypte, n'oublient pas de compter le dessèchement
de ses marais et de ses canaux, Ésaïe 19:5; Ézéchiel 29:10; 30:12. Le sept
années d'abondance et les sept années de famine qui eurent lieu pendant
l'administration de Joseph, ont dû se rattacher évidemment au plus ou moins
grand accroissement des eaux du Nil, Genèse 41:1; sq..
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NIMRAH, ou Beth-Nimra,
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Nombres 32:3, nommée aussi Beth-Nimra, Nombres 32:36;
Josué 13:27, ville de la tribu de Gad, à 5 milles nord de Beth-Haran ou Livias,
d'après Eusèbe qui l'appelle Bethnabris; Burckhardt croit en avoir vu les
ruines. Les Talmudistes l'appellent Beth-Nimrin ou Beth-Namer. C'est dans ces
environs, et un peu au nord, que Seetzen, dans sa carte, a dessiné une petite
rivière appelée Nahar-Nimrim ou Wadyschoaïb, qui coule vers le Jourdain: il est
probable que c'étaient là les eaux de Nimrim, Ésaïe 15:6; Jérémie 48:34.
Quelques auteurs ont cru que le voisinage de panthères (— Voir: Léopard), avait
fait donner ce nom à cette ville, mais il paraît avec plus de raison, et la
racine namer peut justifier l'un et l'autre sens, que Nimra était ainsi nommée
à cause des eaux claires, transparentes et peut-être minérales qui se
trouvaient dans ses environs. Les prophètes, dans les passages cités plus haut,
rattachent la ruine du pays au dessèchement des eaux et des puits par les
ennemis, cf. 2 Rois 3:25.
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NIMRIM,
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— Voir: Nimrah, ci-dessus.
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NIMROD (OU NEMROD),
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Genèse 10:8-10; 1 Chroniques 1:10, fils de Cus et
petit-fils de Cam. L'historien sacré le dépeint comme un puissant chasseur
devant l'Éternel (lit. un puissant agresseur contre l'Éternel), puissant sur la
terre, et fondateur de Babel au pays de Sinhar: son nom était devenu proverbial
et avait peut-être été chanté par les poètes. Sans que l'on puisse déterminer
exactement la portée de ces expressions dans des temps aussi reculés, elles
indiquent évidemment une grande puissance et une grande gloire. Il est probable
que ce célèbre chasseur ne fut pas un conquérant moins célèbre; il est probable
aussi que, le premier, il substitua un règne au régime patriarcal; il est
possible enfin qu'il ait dirigé la construction impie de la grande tour de
Babylone, Genèse 11:4, et Flavius Josèphe le rend probable. Il fonda Babel,
Érec, Accad, et Calné, autant d'empires et de grandes villes auxquels
l'histoire profane donne d'autres fondateurs, soit qu'elle n'ait pu remonter
plus haut dans cette nuit de l'histoire, soit que le royaume de Nimrod se soit
écroulé sur lui pour renaître plus tard sous d'autres chefs, comme les Gaules
après Charlemagne, soit enfin que les Bélus, les Sémiramis, et les Ninus aient
donné un lustre nouveau, une forme et une vie nouvelles à d'anciens
établissements, à des amas de maisons, à des enclos qui n'avaient servi
jusque-là qu'à des bergers ou à des chasseurs, et qui devaient recevoir les
rois de la guerre et les chefs de la civilisation. Selon plusieurs
commentateurs, Nimrod aurait aussi possédé l'Assyrie, et fondé Ninive sa
capitale: ils s'appuient sur une traduction possible du verset 11, par laquelle
les faits attribués à Assur appartiendraient à Nimrod, et il font la remarque,
assez plausible, que la généalogie de Cam, versets 6-20, se trouve, avec la
traduction ordinaire de nos versions, interrompue, contre l'habitude des
Orientaux, par la mention d'un membre de la famille de Sem, Assur, ce qui est
peu probable. On peut répondre cependant que ce verset épisodique se rattache
intimement au contexte, et qu'il renferme peut-être l'histoire d'une rébellion
heureuse de plusieurs habitants de Sinha contre l'absolutisme du gouvernement
de Nimrod, et leur séparation d'avec lui.
— Voir: Babel
Nimrod le rebel
était un géant de race noir déifié comme le dieu Soleil, le brilliant. Il était
le Lucifer original, chef de l’apostasie sous le gouvernement Noachique, et
constructeur de la Tour de Babel qui selon les anciens écrits de la Cybèle de
Cume était une tentative à l’homme de retourner parmi les étoiles, vers le
monde de Caïn appelé Nod ou astre errant qui se trouvait entre Mars et Jupiter
avant la catastrophe cosmique qui le fit éclater, occasionnant un déséquilibre
universel qui produisit le déluge sur la terre.
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NINIVE, ou Ninus,
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appelée par les Grecs et les Romains Ninus, et dont le
nom hébreu signifie demeure de Ninus, était la célèbre capitale de l'empire
d'Assyrie. Son origine se perd dans les temps les plus reculés de l'histoire,
Genèse 10:11. Elle fut longtemps le séjour des rois, Nahum 3:18; 2 Rois 19:36;
Sophonie 2:13; cf. les auteurs profanes Strab. 2, 84. Hérodote 1, 193; 5, 53.
Ptolém. 6, 1. Diod. de Sicile, 2, 23. Tacit. Ann. 12, 13; etc. Elle était
située sur la rive orientale du Tigre, et, si l'on en croit les historiens, ses
murailles avaient 100 pieds de hauteur, et 15 à 20 lieues de circuit, d'autres
disent même davantage; elles étaient flanquées de quinze cents tours, dont
chacune avait 200 pieds d'élévation. Le fleuve qui la traversait en partie, et
ses solides murailles, la rendaient imprenable. Elle était le centre du
gouvernement, de la richesse, et d'un immense commerce, Nahum 2:10,12; 3:4,16.
Les conséquences de cette prospérité furent l'orgueil et la dissolution, Nahum
3. 1. Sardanapale en fut le triste et vrai représentant: huit siècles avant
Christ, vers l'an 747, au temps d'Achaz, sa capitale fut prise, après un siège
de trois ans, par les Mèdes, conduits par Arbacès. Cette ville recouvra un
moment, sous Ninus, son ancien éclat; elle se releva ainsi que tout l'empire
d'Assyrie, mais elle fut prise une seconde fois, en 625, par Cyaxare roi des
Mèdes et Nabopolassar roi de Babylone. Elle tomba pour ne plus se relever.
Ainsi s'accomplirent, et à la lettre, les prophéties diverses éparses dans le
livre de Nahum, après qu'un repentir momentané, suscité par les prédictions de
Jonas, eut d'abord épargné Ninive, ou plutôt différé sa destruction, cf. Jonas
1-4, Sophonie 2:13; etc. Au moment de la dernière conquête de cette ville, un
grand nombre d'exilés juifs vivaient et végétaient captifs dans l'enceinte de
ses murailles;
— Voir: Tobie 1:11; 11:14; et ailleurs.
Où sont-ils maintenant ces remparts de Ninive? s'écrie
Volney; et plus de vingt siècles en arrière le prophète juif lui répond:
«L'Éternel réduira son lieu à néant.» En effet, l'on a ignoré longtemps
jusqu'au lieu même où cette immense cité s'était enivrée de sa gloire; et si
jusqu'au treizième siècle, Strabon, Tacite et Abulfaradsch semblent nous
indiquer encore quelques vestiges de ses ruines, un village, ou un castellum,
cette trace même s'est perdue depuis lors: vis-à-vis de Mossoul se trouve un
petit hameau que l'on suppose avoir été bâti sur les décombres de Ninive, puis
quelques lieues à la ronde, les villages de N'bih Jouna (le prophète Jonas),
Nimrud, et la colline de Nunia. Cependant des recherches faites dernièrement
par le consul de France, M. Botta, fils de l'historien de ce nom, paraissent
avoir déterminé avec évidence l'emplacement de l'antique Ninive, dont il croit
avoir retrouvé quelques ruines au-dessous du sol, soit à Nunia, soit dans ses
environs, notamment à Khorsabad. Ses lettres, adressées au savant orientaliste
allemand Jules Mohr, à Paris, ont été reproduites en 1842 par presque tous les
journaux français. M. Flandin, dans un article de la Revue des Deux Mondes
(1845), a donné également des détails du plus haut intérêt sur les dernières
découvertes faites à Ninive. Nous lui empruntons ce qui suit, en l'abrégeant.
«Aux bords du Tigre, en face de Mossoul, s'élèvent
deux monticules assez étendus auxquels se relient les extrémités d'une vaste
enceinte, évidemment les restes d'un rempart très épais et encore très élevé.
L'une de ces éminences est factice. L'autre, qui est naturelle, porte un
village arabe appelé Neïniveh ou Nebi-Ounous, prophète (et non tombeau de)
Jonas, à cause d'une pierre ornée de caractères que les Musulmans ne laissent
pas voir, mais qu'ils gardent dans leur mosquée comme la pierre sépulcrale du
prophète. À quatre lieues de Mossoul se trouve le village de Khorsabad, peuplé
de Kurdes demi-sang croisé d'Arabes: il est bâti sur une éminence isolée au
milieu de la plaine, éminence factice de 12 à 13 mètres de hauteur. Sur le
plateau qui forme le sommet étaient bâties une cinquantaine de maisons d'assez
pauvre apparence. C'est en creusant l'emplacement d'une de ces chaumières que
M. Botta découvrit les premières sculptures assyriennes. Bientôt on résolut de
les démolir toutes et de poursuivre les fouilles. Après six mois de travaux
exécutés par des Nestoriens que les Kurdes avaient décimés, on avait mis au
soleil les restes d'un vaste palais, comprenant quinze salles attenantes les
unes aux autres, et formant un plan d'ensemble de 22,000 mètres carrés. La
plupart de ces salles, dont quelques-unes ont de 30 à 35 mètres de longueur,
communiquent entre elles par des portes: d'autres sont isolées, plus petites,
et semblent avoir été réservées pour l'habitation secrète.
Ce palais est élevé sur une terrasse de 12 à 13 mètres
en briques crues, soutenue par un mur en pierres parfaitement taillées et
assemblées, toutes de même grandeur. Le système de construction est celui de
Babylone: il consiste en gros murs de 3 à 6 mètres d'épaisseur, en briques
séchées au soleil, posées à plat et liées par un peu de boue: le bitume est
aussi employé fréquemment, mais sans doute, malgré ce qu'a dit Diodore de sa
source intarissable, celle d'où il provenait n'aurait pu suffire pour ces gros
murs. Ces murs sont revêtus de plaques d'un marbre gypseux, dur et grisâtre,
qui se trouve dans le pays, et dont les bancs énormes gisent à la surface du
sol.
— Les murs ne portant pas trace de fenêtres, et leur
hauteur n'étant que de 4 mètres, il est probable que le palais était couvert
d'une voûte dans laquelle avaient été ménagés des jours.
Le palais de Khorsabad est riche en sculptures. Les
murs des salles et les façades extérieures sont décorés de tableaux taillés
dans la pierre avec une admirable fécondité de ciseau. Rois et visirs, prêtres
et idoles, eunuques et guerriers, combats et fêtes joyeuses, tout est
représenté: la vie des Ninivites vient se dérouler miraculeusement devant nous,
depuis les symboles religieux jusqu'aux usages domestiques, depuis l'orgie du
triomphe jusqu'au supplice des vaincus. Ce palais passe aux yeux des habitants
étonnés pour une création de Satan. Sur les façades sont admirablement
représentés des personnages ailés, coiffés de bonnets à corne ou à tête
d'épervier, présentant une pomme de pin de la main droite, tandis qu'à leur
main gauche est suspendue une corbeille ou un sceau. Un homme les accompagne,
le front orné d'une bandelette, la main élevée, conduisant un bouc;
— sans doute le prêtre assistant la divinité.
Après les dieux et leurs acolytes, vient le roi qui
s'avance vers le chef des mages; puis un cortège immense d'eunuques, de
guerriers, de personnages apportant des tributs. Les costumes, la chevelure et
la barbe, prouvent que la coquetterie la plus raffinée et la recherche la plus
minutieuse, étaient d'étiquette à la cour de Ninive.
On remarque encore sur les façades les gigantesques
taureaux ailés, à tête humaine, coiffés d'une énorme tiare, qui ornent les
portes d'entrée. Ils ont communément 5 mètres de hauteur et autant de longueur;
c'est chez tous les peuples de ces contrées le symbole du créateur. Il paraît
qu'un lion de petite taille, enchaîné, était placé au pied de chaque taureau.
Mais ces lions étant en métal ont été pillés. Les ennemis de Ninive ont exécuté
à la lettre le passage de Nahum, 2:9.
À l'intérieur et sur les murs des salles, des
bas-reliefs très variés représentent soit des combats, soit des festins, où
tous les détails de la vie militaire et de la vie domestique sont reproduits,
soit encore des exercices de chasse, etc.
On ne peut méconnaître sur ces monuments les guerres
des Assyriens contre les Juifs. Un roi, Osée peut-être, se remarque parmi les
vaincus. Ailleurs, on reconnaît des Éthiopiens et des Nubiens, qui sont peut-être
ceux qu'Ézéchias assiégé par Sennachérib avait appelés à son aide, et que le
prince de Ninive poursuivit dans leur pays. Parmi ces prisonniers il en est qui
sont tenus par des chaînes passées dans la lèvre inférieure, ce qui rappelle la
menace, 2 Rois 19:28.
Un détail confirme aussi le témoignage de l'Écriture,
qui dit que les chariots et les chevaux n'étaient pas en usage chez les Syriens
et les Juifs; on n'en voit pas dans les tableaux qui représentent des combats
avec ces peuples.
— En parcourant la plaine immense qui s'étend de
Mossoul ou Neïniveh jusqu'à Khorsabad (distance qui suppose quatre heures de
marche), on rencontre de nombreuses traces de constructions et une quantité
considérable de tumuli hérissés de fragments de pierres et de briques.
Évidemment des habitations, une ville, ont occupé ce vaste territoire à une
seule époque ou à deux époques différentes. Personne ne peut dire si, à l'une
ou à l'autre de ces époques, Ninive a compris tout cet espace: mais on peut le
présumer parce qu'en Orient, dans ces temps reculés, il n'y avait pas plus
qu'aujourd'hui, entre la superficie des villes et leur population, la
proportion qui existe en Europe. On peut donc comprendre que Ninive ait eu
cette étendue, surtout en se rappelant ce que Jonas en a dit.
Il y a cinq princes dont les conquêtes glorieuses
peuvent avoir été figurées sur les murs de Khorsabad: Tigtath-Piléser,
Salmanassar, Sanchérib, Ésarhaddon, et Nébucadnetsar I. On peut attribuer ces
monuments soit à Sanchérib, soit à Ésarhaddon, en supposant dans ce dernier
cas, qu'Ésarhaddon aura voulu reproduire à la fois le souvenir des conquêtes de
son père et celui des siennes propres.»
M. Flandin a dessiné la totalité de ces bas-reliefs,
tandis que M. Botta copiait les inscriptions en lettres cunéiformes qui les
accompagnent. Plusieurs fragments, les plus importants, ont fait le chargement
d'un navire, et ont été transportés à Paris. Quoiqu'il en soit, ajoute M.
Flandin, «la découverte de M. Botta justifiera Hérodote et la Bible aux yeux de
ceux qui les accusaient d'exagération.»
Ce résultat nous a paru assez important pour motiver
les détails qui précèdent. Devant la lumière de la science, tombent les
railleries naguère si puissantes du voltairianisme. Les récits de la Bible ne
sont pas des contes enfantés par l'ignorance d'un petit peuple qui, grossier et
inculte, aurait admiré les moindres choses comme des prodiges. La civilisation,
le luxe, la grandeur de Ninive et de l'Assyrie, étaient en effet prodigieuses.
Grande leçon de réserve et d'humilité qui nous est ici donnée, et qui doit nous
faire sentir le besoin d'entourer de notre respect les faits même qui nous
semblent étranges, lorsqu'ils nous sont attestés par cette parole qui s'affirme
toujours plus comme la vérité.
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NISAN,
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— Voir: Abib.
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NISROC,
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idole des Ninivites, 2 Rois 19:37; Ésaïe 37:38. Elle
est complètement inconnue, et les fables des rabbins ne méritent aucune
confiance: les uns veulent qu'elle ait été faite avec une planche de l'arche,
d'autres lui donnent la forme de la colombe, en souvenir de celle que Noé
envoya pour examiner la terre; d'autres prétendent qu'elle représentait Assur,
le fondateur du royaume des Assyriens; d'autres l'entendent d'un aigle, symbole
d'Ormuzd dans la religion des Perses; d'autres enfin de la planète de Saturne,
divisée en deux moitiés par l'anneau qui l'entoure.'Toutes ces opinions s'appuient,
d'une part, sur l'étymologie du mot qui, suivant les lettres qu'on en prend,
peut signifier à peu près tout ce qu'on veut; d'autre part, sur quelques usages
connus de l'idolâtrie des anciens Perses. C'est en présence de cette idole que
fut commis un affreux parricide: le père ne fut point sauvé de la mort par le
culte qu'il lui rendait, ni les fils du crime. L'idolâtrie ne donne ni le
bonheur, ni la moralité; elle ne garantit ni du péché, ni du malheur.
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NITRE,
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sel qu'on ne trouve dans la nature qu'à l'état de
nitrate. On en distingue deux espèces différentes, l'une minérale, l'autre
végétale: la première, connue des Hébreux sous le nom de néther, est un sel
lixiviel qu'on tire, en grande quantité, de l'eau salée de deux lacs de la
vallée du Nil, et qu'on mêle avec de l'huile pour en faire du savon, de nos
jours encore. Les Égyptiens s'en servaient pour l'embaumement des corps et pour
le lavage des vêtements, Hérodote 2, 87, cf. Jérémie 2, 22. Proverbes 25:20. La
seconde, le borith, que nos versions ont traduit par savon, Malachie 3:2;
Jérémie 2:22, et par pureté. Job 9:30, est un sel alcalin qu'on tire de la
cendre de certaines plantes salées, et qui, mêlé avec de l'huile, est employé à
fouler et à nettoyer les habits: saint Jérôme fait remarquer, dans son
commentaire sur le passage de Jérémie, qu'une espèce de ces plantes salées
portait encore, de son temps, le nom de borith. Le nitre végétal est l'objet
d'un commerce considérable dans les marchés de l'Orient; mais la botanique n'a
pas encore distingué et classé, d'une manière exacte et sûre, les différentes
plantes salées des contrées méridionales. Les émanations animales sont
indispensables à la formation de la plupart des nitrates.
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NO,
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Ézéchiel 30:14-16; Jérémie 46:25; Nahum 3:8. Les
Septante l'ont presque partout traduit par Diospolis. C'était, comme on le voit
par ces passages, une ville considérable de l'Égypte; mais il y avait en Égypte
deux villes de ce nom: l'une, la célèbre Thèbes, située dans la partie
supérieure du pays; l'autre dans la Basse Égypte. Strabon dit de cette dernière
qu'elle est entourée de lacs; c'est d'elle aussi que quelques auteurs, et
notamment Champollion (l'Égypte II, 131), ont cru qu'il était question Nahum
3:8, parce qu'il est dit d'elle qu'elle est située entre les fleuves, et
qu'elle a la mer pour rempart. Cependant cette détermination peut s'appliquer à
l'une comme à l'autre de ces villes, comme à presque toutes celles de l'Égypte,
à cause des canaux nombreux qui, coupant le sol dans toutes les directions,
isolaient, pour ainsi dire, chaque ville, et lui donnaient des eaux pour
murailles. D'ailleurs, le sort de cette ville est cité à Ninive comme exemple;
Ninive et No sont comparées l'une à l'autre, et No doit, par cela même, avoir
été en mesure de supporter la comparaison. On est donc assez généralement
d'accord, ou, pour mieux dire, il est reconnu presque sans contestation, qu'il
s'agit, dans tous ces passages, de la grande Thèbes des anciens. Dans Nahum, No
est accompagné du surnom de Amon ou Ammon (mal traduit la nourricière), qui lui
avait été donné sans doute à cause du magnifique temple de Jupiter Ammon qu'elle
possédait, et c'est peut-être aussi comme allusion à ce culte que, dans
Ézéchiel, elle est précédée d'un mot d'une assonance à peu près semblable,
hamon, qui signifie multitude, et qui pouvait rappeler l'idolâtrie de ses
habitants. Le passage de Jérémie doit être traduit: «Je vais punir Ammon, dieu
de No», et non comme le portent nos versions. Amon était la personnification du
soleil quand il se trouve dans le signe du bélier, et Amoun, dans la langue de
l'ancienne Égypte, désignait celui qui produit, celui qui fait sortir la
lumière des ténèbres. No signifie la possession ou la propriété, la portion, la
résidence. No Amon était ainsi la possession d'Amon, la ville du dieu des
sables, de Jupiter, dont le symbole était le bélier.
— Thèbes était l'une des plus anciennes, et peut-être
la plus ancienne des villes de l'Égypte. Fameuse dans la plus haute antiquité,
elle avait reçu le nom de ville aux cent portes; son circuit était de 9 lieues.
Elle était la résidence des anciens rois d'Égypte, avant qu'ils eussent
transporté leur cour à Memphis. Elle couvrait les deux rives du Nil; ses
maisons avaient de quatre à six étages; elle était ornée de temples nombreux,
parmi lesquels on remarquait surtout celui de Jupiter, dont on admire encore
les ruines colossales. On a dit que son étonnante population et ses richesses
la mettaient en état de faire sortir ensemble 200 chariots et 10,000
combattants par chacune de ses cent portes. Les tombeaux des rois étaient
magnifiques, et se ressentaient souvent de la culture scientifique et des
connaissances astronomiques d'une caste sacerdotale éclairée. Lorsque Cambyse,
à son retour d'Éthiopie, pilla la ville de Thèbes, il enleva le fameux cercle
d'or qui entourait le tombeau du roi Osymandias; ce cercle avait 365 coudées de
circuit, et représentait tous les mouvements des différentes constellations.
Thèbes commença à déchoir lorsque les rois la quittèrent: Cambyse lui porta un
coup fatal et décisif, et, du temps de Strabon, elle n'était plus qu'un grand
souvenir. Cornélius Gallus, premier préfet d'Égypte, l'ayant entièrement
renversée, il se forma, sur son emplacement, plusieurs villages habités, comme
aujourd'hui, par des pâtres. Les restes de quelques édifices qui donnent encore
une idée de sa splendeur, sont répandus en divers lieux, dont les plus connus
sont Axor et Luxor. L'obélisque admiré à Paris appartient à cette grandeur dont
les prophètes ont annoncé la fin.
— On ne sait pas au juste à quelle destruction de
cette ville Nahum fait allusion; la plupart des auteurs pensent que c'est
Salmanassar qui l'aurait détruite, mais il n'est pas établi qu'il se soit
avancé jusqu'au cœur de l'Égypte: Rosenmuller pense au général assyrien Tartan,
sous Sargon, et, dans cette supposition qui n'a rien d'invraisemblable,
l'allusion de Nahum se rattacherait à la prédiction d'Ésaïe 20, contre l'Égypte
et l'Éthiopie.
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NOB,
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ville de la tribu de Benjamin, située sur une colline
rocailleuse du haut de laquelle on embrasse d'un coup d'œil toute la contrée de
Jérusalem, Ésaïe 10:32. Le sanctuaire s'y trouvait du temps de Saül, ainsi que
le souverain sacrificateur Abimélec, 1 Samuel 21:1; 22:9. Flavius Josèphe
l'appelle Noba.
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NOBAH.
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1. Homme.
2. ville,
Nombres 32:42.
— Voir: Kénath.
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NOCES,
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— Voir: Mariage.
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NOD,
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Genèse 4:16, pays situé à l'orient d'Éden. C'est là
que Caïn s'enfuit après son fratricide. D'après l'analogie de tous les anciens
noms il faut combiner ce nom avec son étymologie; il signifie exil; Caïn
s'enfuit dans la terre de l'exil. Mais en même temps, comme le texte hébreu ne
porte point d'article, nous devons y voir un nom propre, et à cet égard on en
est réduit à des conjectures. Michaélis, Bohlen et d'autres veulent trouver
dans Nod le nom des Indes, mais c'est forcé; et si nous supposons que Moïse
parle ici d'un pays encore connu de ses lecteurs, et qui pouvait avoir pour eux
quelque signification, nous regarderons comme assez probable l'hypothèse de
Buttmann que le nom de Nod désigne les vastes landes de la grande Tartarie.
(Le terme «pays»
pour décrire Nod est insuffisant et porte à des fausses notions. Nod, dont le
nom en Grec signifie «planète», était un monde, une civilisation hautement
sophistiqué hors du commun avec son culte et sa société bien spécifique. Le
monde de Nod ou planète Nod se trouvait entre Mars et Jupier, Mars étant une de
ses satellites ou lunes. Nous avons l'indication que Caïn, le carbonisé de Dieu
dont la peau fut transformée en la couleur de son cœur ténébreux pour le meutre
de son frère,ainsi que sa descendance instituèrent un culte opposé à celui de
son frère Abel. Toutes les indications nous permettent de reconnaître que Caïn
inaugura le culte d'adoration du Soleil, c'est à dire le culte de
l'intelligence qui se nomme aussi "le Culte du Moi" ou "le Culte
de l'enchantement de Soi", du mot Hébreu "Nachash" qui signifie
"enchantement" et "raisonnement", et qui fut traduit par
"serpent". Ce terme est relié dans l'Apocalypse à "Dragon",
celui qui admire attentivement, l'Illuminé ou l'Initié, un Souverain. Ceci
identifie Caïn comme le premier Souverain Pontife, c'est à dire "le
premier Antichrist". Il est significatif que nous retrouvions chez les
Hindous une pratique de ce culte qui se nomme "le Kundalini" ou
"l'ascension du serpent de feu vers le soleil intérieur de l'âme".
Cette relation nous indique pourquoi les anciennes civilisations furent
imprégnées de pratiques magiques de toutes sortes.
Par opposition au
Culte à l'Éternel établit par Seth, Caïn fonda le Culte de l'Intelligence; confrontant
la lumière de l'esprit de l'homme, à la Lumière de l'Esprit de Dieu. Caïn fut
celui qui construisit la première Cité et la nomma Hénoc, d'après le nom de son
fils (Gen. 4: 17). Il ne faut pas comprendre ici le mot "Cité" dans
le sens moderne d'une ville. Dans le texte Hébreu, le mot employé est
"Iyr" et vient de "Uwr" qui signifie "ouvrir les
yeux", c'est à dire "un réveil qui contrôle", "une position
élevée". Le théologien, Rousas John Rushdoony (Revolt Against Maturity),
nous dit que ce mot porte une signification démoniaque de "vengeance"
et de "terreur" qui provient d'un démon contrôleur. Tandis que le mot
"Hénoc" signifie "initiation" et "consécration",
et porte la notion de "sacré". Nous trouvons ici tous les éléments
d'une religion organisée qui domina la nouvelle civilisation des Cainites par
la force et la terreur. Elle est consacrée à Caïn qui en est le GRAND-INITIÉ,
le dieu Soleil, et le Souverain Pontife; et son administration est entre les
mains d'Illuminés qui possédaient une science prodigieuse encore inconnue de
nos jours.
L'homme cherchait
ainsi un nouveau commencement, mais Caïn cherchait un nouveau début sans Dieu
et contre Dieu. Cette Cité, imitation de la Cité de Dieu en Éden, fut
construite en réalité comme un défi à Dieu, un acte d'agression contre Dieu, et
un nouveau début désigné uniquement pour usurper le début de Dieu en Éden... En
créant cette nouvelle Cité comme un nouvel Éden, et en ferment les portes à
Dieu, Caïn s'établit comme le nouveau Créateur à la place de Dieu. Ainsi le
monde était pour avoir un nouveau début en Caïn, sous la condition de fermer
les portes à Dieu".
La Cité de Caïn fut
"un royaume", "un empire" qui incorporait tout notre
système planétaire, sauf la Terre; car tout ce qui fut en rapport avec le soleil
était sous sa domination. La location centrale de sa puissance demeure
toutefois énigmatique. Caïn construisit le centre de cette nouvelle
civilisation dans le pays de "Nod"; comme nous avons déjà vue. Nous
savons aussi que le mot "Nod" signifie "errer" et
"exiler", et qu'il correspond en Grec au mot "Plané" d'où
nous avons le mot "planète", un astre errant. Nous avons ainsi
l'indication que "le pays de Nod" fut une planète dans notre système
solaire où Caïn et sa descendance habitèrent après qu'ils furent bannis de
notre Terre (Gen. 4:11,14,16). Les découvertes récentes des Sondes Spatiales de
la N.A.S.A. nous permettent d'identifier la planète de NOD comme étant la
planète perdue du nom d’Astra ou Phaéton dont Mars, qui en fut un satellite,
servait de base à Caïn.
L'ancien texte
gnostique "Sur les Origines du Monde" nous donne une indication où se
trouvait ce nouvel Éden de Caïn: "Alors la Justice créa le Paradis à
l'extérieur de l'orbite de la Lune et de l'orbite du soleil dans le Monde
Perfide situé dans l'Est au milieu des pierres". Les "pierres"
mentionnées dans ce texte correspondent à la Ceinture d'Astéroïdes situé entre
Mars et Jupiter qui, d'après le scientiste Ralph Stair, firent partie d'une
ancienne planète qui explosa en milliers de fragments, et donna naissance aux
météorites qui pénètrent de temps en temps notre atmosphère comme des étoiles
filantes. Cette planète fut l'habitation principale et le centre de la
puissance des anciens Nephilims (les disgraciés) qui tomba sous la domination de
l'autorité temporelle de Caïn. Interdit de revenir sur la terre, les Nodiens
s’allièrent dans d’horribles imprécations et revinrent au temps de Jéred (Gen.
5 :16-20) dont le nom signifie «la descente» afin de se mêler aux enfants
d’Adam, les terriens, en prenant des femmes d’entre-eux comme ils voulaient
pour avoir des enfants et de corrompre la race humaine. Tout ceci dans le but
de détruire la promesse de la venu du Messie (Gen. 3 :15) en forçant Dieu
de les sauver par l’entremise de leurs enfants. Mais cette stratégie fut
déjouée par le fait que Dieu avait désigné un nouveau substitut en Seth, le
fils d’Adam, et le monde de cette époque fut détruit en entier lorsque Dieu
occasionna la destruction de la planète Nod, ce qui produisit un déséquilibre
cosmique dans les sphères célestes détruisant toutes vies et toutes
civilisations qui purent s’y trouvées. Notre terre fut déstabilisée
occasionnant un déluge universel qui détruisit toutes vies, sauf huit personnes
que Dieu avait préservé dans le but de continuer la race humaine et de
maintenir sa fidèlité à sa promesse d’un Messie qui viendrait pour délivrer et
recheter ses élus.)
________________________________________
NODAB,
________________________________________
1 Chroniques 5:19,
— Voir: Jétur.
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NOÉ,
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fils de Lémec, Genèse 5:29, homme juste et intègre
parmi ses contemporains, marchant avec Dieu, 6:9, fut au milieu de la
condamnation générale du monde de son temps, l'objet de la grâce divine. Il fut
épargné, lui et sa famille, lorsque Dieu envoya les eaux du déluge pour couvrir
la terre: seul juste il fut seul sauvé. Sa justice était un témoignage vivant
au milieu des hommes, son salut dut l'être de même. Il construisit l'arche, et
Dieu la peupla des animaux qui devaient être conservés pour la terre future,
6:14; 7:8. Quand les eaux se furent retirées, que l'arche se fut arrêtée sur
l'Ararat et que la terre amollie par le long séjour des eaux eut repris sa
fermeté, 8:4; sq., Noé sortit avec les siens, bâtit un autel, offrit des
holocaustes, et reçut avec l'arc-en-ciel l'assurance qu'un pareil événement ne
se reproduirait plus sur la terre avec les mêmes circonstances, 8:18; sq. Dieu
renouvela avec ce nouveau chef de la création l'alliance qu'il avait faite avec
Adam, il lui remit les clefs du monde, et lui annonça que dès ce moment la
viande des animaux qui lui était auparavant interdite, lui était accordée pour
son usage. Noé s'adonna aux travaux de la terre, planta la vigne, apprit à
connaître par une triste expérience les effets dégradants du jus de ce fruit,
maudit Cam, et mourut à l'âge de neuf cent cinquante ans, après en avoir passé
six cents dans l'ancien monde, un dans l'attente, et trois cent quarante-neuf
sur la terre renouvelée, 9:1-29.
La plupart des observations que nous aurions à
présenter sur son histoire ont été faites à l'article Déluge, q.v., car ce mot
aussi résume sa vie, son caractère et son activité. Disons cependant encore
quelques mots sur sa personne.
1. Son
nom lui fut donné, parce que, dit son père, «celui-ci nous soulagera de notre
œuvre et du travail de nos mains sur la terre que l'Éternel a maudite.» Lémec
exprime ici une espérance qui se rapporte aux promesses faites par Dieu après
la chute de l'homme. C'est une des premières traces de l'espérance messianique.
Lémec voyait que le péché était arrivé à son comble, et que le jugement ne
pouvait guère se faire attendre: il prévoyait que son fils serait un instrument
remarquable dans la main de Dieu, et il paraît que lui aussi, comme tant
d'autres, a rapproché dans la perspective prophétique des faits qui sont
séparés par des siècles, le jugement prochain et le dernier jugement. 5:29.
2. On
a remarqué l'emploi alternatif du nom de Dieu, et de celui d'Éternel, et l'on a
cru pouvoir en conclure que l'histoire de Noé était un composé de deux
documents distincts, dont l'un, (celui d'Éternel), serait exclusivement
israélitique; on ajoute que c'est dans celui-là seulement que se trouve la
distinction établie plus tard par le mosaïsme, des bêtes nettes et des bêtes
impures. Nous renvoyons à ce que nous avons dit sur ce sujet à l'article
Genèse. Quant à la distinction des animaux nous croyons avec plusieurs auteurs,
qu'elle n'est point ici légale, mais naturelle, et que Noé a pris sept paires
des animaux qui sont utiles à l'homme, tels que le bœuf, la brebis, le chameau,
tandis qu'il n'en a pris qu'une des animaux sauvages ou féroces, le tigre, le
lion, le serpent, etc. On comprend qu'avec le droit nouveau donné à l'homme de
se nourrir de chair, il était nécessaire qu'il eût à sa disposition des animaux
purs en nombre suffisant, car leur propagation eût été trop lente pour les
besoins du nouveau monde. Et quant aux carnivores, il suffisait qu'ils pussent
se reproduire, et le genre même de leur nourriture exigeait qu'ils ne fussent
pas trop nombreux dès l'abord.
3. Le
déluge a commencé l'an 600 de la vie de Noé, au dix-septième jour du deuxième
mois; les eaux s'accrurent pendant quarante jours; après ce temps elles commencèrent
à se retirer et l'arche s'arrêta sur la crête de l'Ararat; le déluge avait duré
jusque-là cinq mois ou cent-cinquante jours; ce fut le dix-septième jour du
septième mois. En l'an 601 de la vie de Noé, le premier jour du premier mois
les eaux avaient disparu, mais ce ne fut que le vingt-septième jour du deuxième
mois que Noé sortit de l'arche. Les meilleurs chronologistes sont de l'avis
qu'il faut commencer par l'équinoxe d'automne l'année dont il est question dans
notre texte; l'an 600 de la vie de Noé aurait ainsi commencé vers l'équinoxe
d'automne, l'an 1656 du monde.
4. L'histoire
de Noé s'est conservée dans les traditions de tous les pays et même chez les
sauvages des Antilles et de l'Amérique du nord. On a retrouvé quelques
médailles frappées à Apamée en Phrygie, où l'on croyait que l'arche s'était
arrêtée; elles portent sur une des faces l'effigie soit de l'empereur Philippe,
soit de Septime Sévère Pertinax, et sur l'autre revers une arche flottante, un
vaisseau carré long, dans lequel sont un homme et une femme; sur l'arche est un
oiseau; un autre oiseau s'avance en volant, tenant entre ses pattes une branche
d'olivier; sur l'arche on lit distinctement le nom de No ou Noé; près de là ce
même couple apparaît debout sur la terre ferme, élevant la main droite vers les
cieux. Le seul exposé des traditions du déluge chez les Mahométans, les lndous,
les Chinois, etc, formerait un volume; qu'il suffise de répéter que partout ce
fait est conservé, et qu'il est rare que ce soit avec des détails beaucoup
différents de ceux que la parole de Dieu nous a transmis. Si l'on désire encore
des faits et des exemples, on peut lire l'intéressant ouvrage de Grotius De
Veritate Rel. Christ. I, et les rapports des missionnaires chez les peuples
païens, Kranz au Groenland, Oldendorp aux Antilles, etc.
5. L'ivresse
de Noé fut une faute évidemment involontaire, soit que le fruit de la vigne
avant le déluge n'eût pas encore sa force enivrante, soit plutôt que la vigne
n'eût pas encore été cultivée et que son usage fût alors inconnu. Il est
probable qu'avec l'usage d'une nourriture plus solide et certainement moins
saine que Dieu accorda à l'homme, le besoin d'une boisson plus forte se fit
également sentir; l'un et l'autre de ces aliments auront contribué à
l'exécution de la menace divine quant à la durée de la vie humaine; ils auront
influé lentement sur les générations, et c'est lentement aussi, décroissant de
génération en génération, que la vie des hommes s'est resserrée dans les
limites que nous lui connaissons aujourd'hui et dont la moyenne tend encore à
diminuer. Noé est mort à l'âge de 950 ans, Sem, à l'âge de 600 ans, Arpacsad, à
l'âge de 438, Sélah, à celui de 433, Héber, à 464, Péleg, à 239, Réhu, à 239,
Sérug, à 230, Nacor, à 148, Taré, à 205, Abraham, à 175, Isaac, à 180, Jacob, à
147. L'ivresse était un spectacle entièrement nouveau pour le monde, et il est
à croire que l'irrévérence de Cam se rapportait à l'état de son père en général
et non pas seulement à ce que son corps était découvert,
— Voir: Cam.
6. Si
la grandeur de Noé est dans son sort, ce sort même a dû être le prix de sa
grandeur. Il avait mérité d'être sauvé, il l'avait mérité par sa foi. Au milieu
de la dépravation universelle, il était resté juste devant Dieu, Genèse 7:1.
Son nom est rappelé avec éloge à côté de ceux de Job et de Daniel, Ézéchiel
14:14,20. Son époque, tranquille au milieu des vices, incrédule sous la menace
du déluge, est donnée en exemple au monde nouveau, au monde chrétien, par celui
qui doit revenir pour exercer ses jugements sur la terre, et le Sauveur avertit
les hommes qu'on n'évitera pas la destruction par l'insouciance et
l'incrédulité, Matthieu 24:37-38. Luc 17:26-27. L'apôtre loue la foi de Noé,
Hébreux 11:7, et saint Pierre, en le nommant, l'appelle le prédicateur de la justice,
1 Pierre 3:20; 2 Pierre 2:5. Ésaïe a appelé les eaux du déluge, du nom de celui
qui seul a échappé à cette catastrophe, les eaux de Noé, 54:9.
7. Considéré
comme type, ce second chef de l'humanité annonce le Sauveur du monde:
a. par
son nom, cf. Matthieu 11:29.;
b. comme
héraut de la justice;
c. parce
que l'arche dans laquelle il a sauvé sa famille, est une image de l'église dans
laquelle Christ sauve ses élus, sa parenté spirituelle, sa chair et ses os,
Hébreux 2:14; Éphésiens 5:30;
d. par
le sacrifice qu'il offrit à Dieu et dans lequel celui-ci flaira une odeur
d'apaisement, disant qu'il ne maudirait plus la terre, Genèse 8:21; cf.
Éphésiens 5:2.
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NOHADIA,
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prophétesse inconnue qui avait cherché à épouvanter
Néhémie, et à laquelle celui-ci avait résisté, Néhémie 6:14. Elle s'était sans
doute laissé gagner par les ennemis du gouverneur, et la mention ne permet pas
de décider si elle était une fausse prophétesse ou une prophétesse tombée dans
l'infidélité et abandonnée de Dieu pour un temps.
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NOM.
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Chez les Orientaux et, en particulier, chez les
Hébreux, tous les noms avaient, en règle générale, une signification
appellative plus ou moins claire et simple, comme cela se voit encore assez
souvent chez les peuples modernes, et, en français, dans des noms tels que
Dumoulin, Deschamps, Leroy, Hardy, Agricol, Legendre, etc. C'étaient
ordinairement les mères qui donnaient le nom aux enfants, et ce nom rappelait,
soit les circonstances qui avaient précédé ou accompagné leur naissance, soit
des préoccupations, des craintes ou des désirs, des souvenirs ou des vœux; ils
faisaient ainsi connaître, tantôt un détail de l'histoire de l'enfant, tantôt
les pressentiments de la mère; on peut voir ce que dit l'Écriture au sujet des
noms d'Ève, de Caïn, d'Abel, de Noé, etc., Genèse 3:20; 4:1; 5:29; 29:32, etc.
Tous les noms hébreux commençant ou finissant par El, Éli, Jo, Jéh, tels que
Elkana, Samuel, Éliakim, Josias, Jéhoachaz, etc., ont une signification dont
Dieu est le sujet ou l'objet, cf. Genèse 29:35; 1 Samuel 1:20; 4:21; Ésaïe
7:14; Matthieu 1:23; de même les noms araméens, assyriens ou phéniciens, dans lesquels
se rencontrent les syllabes Bel, Bahal, Nébo et Nébu, ont trait aux faux dieux
de ces nations. En français, nous avons les noms de Louis de Dieu, de
Dieudonné, d'Espérandieu, qui rappellent l'antique usage des Hébreux; en
allemand aussi Gottlieb, Ehregott, etc. D'autres noms, tels que Rachel, Thamar,
Ketsiha, donnés plus généralement à des femmes, rappellent des idées aimables
et gracieuses; ce sont parfois des noms de fleurs ou de jolis animaux, rose,
biche, etc. Plus tard, lorsqu'on eut suffisamment usé du droit d'inventer, on
se mit à donner aux enfants des noms déjà existants, que l'on choisit tantôt
par goût, tantôt parmi ceux des parents les plus rapprochés ou les plus
considérés. Le nom du père passait ordinairement à son fils aîné, Tobie 1:10; Luc
1:61; parfois aussi le préfixe bar, qui signifie fils, s'ajoutait simplement au
nom d'un homme pour désigner son fils, ainsi Barthélemi, Bartimée, Barjona,
peut-être Barrabas; les exemples de ce dernier mode appartiennent surtout aux
derniers temps de la nation juive et à la domination romaine. Les Juifs
postérieurs abrégèrent souvent les anciens noms: ainsi Jésuah pour Jéhosuah,
Lazare pour Éléazar; ils admirent des noms araméens, tels que Marthe, Caïphe,
Tabitha. Sous les Séleucides, les Juifs prirent des noms grecs, ou traduisirent
en grec leurs noms hébreux: Lysimaque, Antipatros, Bérénice, Hérode, se
trouvent, soit dans les Maccabées, soit dans Flavius Josèphe; Dosithée est la
traduction de Sabdiel; Nicolas, de Balaam; Ménélas, de Jonia; d'autres noms
hébreux, enfin, furent grécisés dans leur forme, et Alkimos n'est autre
qu'Éliakim. Ce qui n'était peut-être d'abord qu'une manie ou une obligation
passa bientôt dans les mœurs: on prit des noms grecs par goût, on y joignit
même des noms latins, tels que Justus. Avec le temps, et par suite de ce
mélange des deux langues, il se trouva des hommes qui portaient deux noms: Jean
Marc, Jésus Juste, Colossiens 4:11: si ces cas n'étaient pas très rares, on les
a cependant trop généralisés en voulant y trouver la solution d'un grand nombre
de difficultés historiques ou généalogiques des livres saints. Un homme pouvait
porter, à côté de son nom, celui de son père avec l'affixe Bar, comme Joseph
Barrabas, ou bien tel nom ou surnom de circonstance, Simon Céphas ou Pierre,
Joses Barnabas, Simon Cananite, Simon de Cyrène, ou bien encore pour distinguer
plusieurs personnes de même nom, un nom du lieu d'origine, Marie Magdeleine,
Judas Iscariote, etc. C'était, comme nous l'avons dit, la mère ou, en général,
les plus proches parents qui donnaient le nom à l'enfant, Genèse 29:32; 35:18;
1 Samuel 1:20; 4:21; cf. Odyss. 18, 6; des voisins amis, espèces de parrains, y
contribuaient quelquefois comme chez nous, Ruth 4:17; Luc 1:39.
Il arrivait aussi que le nom d'une personne était
changé dans le cours de sa vie, par suite d'une destination divine nouvelle,
d'une promesse, ou d'un changement de dispositions, soit que le nouveau nom
remplaçât entièrement l'ancien, soit qu'il en prît la place petit à petit, et
que le surnom finît par éclipser le nom véritable, Abraham pour Abram, Israël
pour Jacob, Josué pour Osée, Pierre pour Simon, Barnabas pour Joses, etc. Le
nom des rois changeait souvent à leur avènement, 2 Rois 23:34; 24:17, exemple
que les princes-papes ont imité: il en était de même de personnes subalternes
dans des moments importants de leur vie, Nombres 13:17; cf. Jean 1:42; Actes
4:36, comme les moines, à leur entrée dans le cloître, prennent, pour ensevelir
leur passé, un nom nouveau, qui est censé en faire des hommes nouveaux. Nathan
donne à son royal élève le nom de Jédidja, 2 Samuel 12:25. Éliakim fut nommé
Jéhojakim par Pharaon-Néco qui, par ce changement, voulut rendre sensible la
dépendance du roi de Juda, 2 Rois 23:34.
— Le surnom de Boanergès, que Jésus donna à Jean et à
Jacques, Marc 3:17, ne paraît pas leur être resté; il n'avait trait qu'à une
circonstance bientôt effacée, et ne portait qu'un jugement momentané sur un
caractère parfois trop fougueux. Les exemples cités Genèse 41:45. Daniel 1:7;
5:12, sont des changements de noms nécessités non seulement par un changement
de carrière, mais encore et surtout parce que ces hommes, Joseph et Daniel,
appelés à remplir de hautes fonctions dans une cour étrangère, ne pouvaient pas
continuer d'y porter leurs noms hébreux.
— Voir: encore l'article Paul, et d'autres.
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NOMBRES.
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1. On
ne sait pour ainsi dire rien de tout ce qui concerne les connaissances
arithmétiques des Hébreux, mais il ressort des chiffres et des sommes
considérables mentionnées en plusieurs endroits, et pour lesquels reddition et
la soustraction n'eussent pas suffi, qu'ils devaient connaître au moins les
quatre règles principales et les fractions. Ils se servaient, comme on le voit
entre autres par les médailles samaritaines, de lettres au lieu de chiffres, de
même que presque tous les anciens peuples jusqu'aux Grecs et aux Romains.
Quelques auteurs (Des Vignoles, I, 29), ont cru cependant que les Hébreux
avaient aussi des chiffres particuliers, mais dans tous les cas ces chiffres ne
remonteraient pas au-delà de l'exil. La numération en lettres, et en lettres
dont plusieurs ne différaient que par des caractères presque insensibles,
pouvait amener dans la transcription beaucoup d'erreurs. On s'est attaché à ce
point de vue pour faire ressortir l'apparente exagération qui se trouve dans
plusieurs des chiffres cités dans l'Ancien Testament. Ainsi les chiffres de
600,000 hommes de pied, sans compter les petits enfants, de 603,550 hommes
au-dessus de vingt ans, Exode 12:37; 38:26, qui porteraient à 2 ou 3 millions
la population totale des Israélites au sortir d'Égypte, issue de 70 personnes
après un laps de 430 années au plus, ont paru exagérés, soit quant au fait même
de la reproduction, soit quant au terrain qu'ils occupaient en Égypte, soit
quant à la difficulté que ce peuple aurait eue à se procurer des vivres dans le
désert. Mais qu'on se rappelle l'étonnante fécondité du peuple juif,
l'incertitude qui règne sur la plus ou moins grande durée du séjour d'Égypte,
la longévité des patriarches, et l'absence de guerres ou d'autres sources de
destruction extraordinaires, et l'on arrivera facilement par des calculs très
simples à un chiffre de population plus élevé qu'on ne s'y attendait d'abord;
ces impossibilités matérielles se résoudront comme se sont résolues celles
qu'on avait essayé de faire sur la petitesse de l'arche de Noé*, desquelles on
ne parle plus maintenant.
* (La coudée était la mesure utilisée, elle correspond
à 16 pouces. Mais les historiens ont négligé que chez les Égyptiens il y avait
aussi une coudée sacrée qui correspond à 22 pouces. Considérant que Moïse, qui
écrivit le texte de la Genèse, fut élevé au milieu du peuple Égyptien et qu'il
en possédait toutes les sciences, la construction de l'arche de Noé prend toute
une différente dimension, elle aurait été beaucoup plus énorme que les
historiens le pensent généralement.)
— Plus tard, aux jours de David, nous voyons, 2 Samuel
24:9, qu'on pouvait trouver dans toute l'étendue du royaume 1,300,000
combattants; Abija en oppose 400,000 aux 800,000 de Jéroboam, 2 Chroniques
13:3; et l'armée du seul Josaphat, roi de Juda, se compose de 1,160,000 hommes,
2 Chroniques 17:14-18; chiffres énormes si l'on pense à la conscription française,
ou aux services à court temps des États de l'Allemagne, mais qui ne sont plus
aussi étonnants quand on se rappelle les milices des pays libres, tels que la
Suisse et les États-Unis, et les levées en masse de l'antiquité et du
moyen-âge,
— Voir: Armées.
Ces chiffres ne sont pas pour nous des articles de
foi; nous admettons volontiers que, d'après la notation hébraïque, des erreurs
de chiffres lussent assez faciles, et que les livres des Chroniques
spécialement puissent en renfermer quelques-unes, mais il faut remarquer que
tous les manuscrits sont d'accord sur les mêmes chiffres, et que la traduction
des Septante les maintient également. D'ailleurs ces 12 ou 1,300,000 hommes
supposent une population de 4,800,000 âmes, en admettant quatre personnes par
famille, ou de 6 millions en calculant sur cinq personnes par familles, et ces
nombres ne sont pas exagérés quand on les compare à la densité de population si
prodigieuse qu'on rencontre dans les pays de l'Orient, et notamment dans
quelques provinces de la Chine, il paraît même que plus tard, sous Titus, la
Palestine était beaucoup plus peuplée encore que sous David, et l'historien
Flavius Josèphe assure que la Galilée seule comptait deux cent quatre villes et
bourgs, dont le moins considérable avait 15,000 habitants; ce serait donc plus
de 3 millions d'âmes pour une seule des quatre provinces de la Palestine. On ne
risque donc point de se tromper en admettant les données bibliques, et l'examen
de la science vient encore une fois appuyer et non contredire le récit biblique
sur des points en apparence bien secondaires.
On a remarqué dans l'Écriture la reproduction
fréquente de certains nombres, destinés, soit à exprimer des sommes rondes,
soit à rappeler certaines idées sacramentelles; ainsi les chiffres sept,
soixante-dix, deux, quatre, dix, quarante, trois, douze, etc. Disons un mot de
chacun.
Le chiffre sept, et son multiple soixante-dix, sont
ceux qui se retrouvent le plus souvent: les nations païennes les regardaient
comme des nombres sacrés, et si l'Écriture ne sanctionne pas ce qu'il y a de
superstitieux dans le culte des chiffres, elle en a cependant consacré
quelques-uns en leur rattachant des doctrines ou des lois. Le septième jour de
la semaine, l'année sabbatique, la septième nouvelle lune, les sept semaines de
moissons qui séparaient Pâques de Pentecôte, les sept jours de la Pâque, les
sept agneaux qu'on sacrifiait à chaque jour de cette sainte semaine, en sont
quelques exemples; on peut citer aussi la fête des tabernacles, qui durait sept
jours et tombait sur le septième mois, de même que celle des expiations. Sept
jours étaient la durée légale des purifications cérémonielles; la consécration
des prêtres durait sept jours; dans les sacrifices pour de graves péchés,
l'aspersion du sang se faisait par sept fois, etc. La doctrine postérieure des
anges comptait sept archanges ou anges principaux. On peut voir ces différents
articles. Rappelons encore parmi les exemples de l'Ancien Testament les sept
nations cananéennes, les soixante-dix semaines de Daniel, les soixante-dix
années de la captivité, les soixante-dix anciens d'Israël (les soixante-dix
disciples de Jésus, la lettre aux sept Églises), etc, cf. Genèse 2:2; 7:2;
8:10,12; 29:27,30; 41:2-7; 46:27; Nombres 23:1; Josué 6:4,6,8,13,15; Juges 16:8,13,19;
1 Samuel 10:8; 11:3; 13:8; 1 Rois 8:65; 2 Rois 5:10,14; Ecclésiaste 11:2; puis
dans le langage des prophètes, Ésaïe 4:1; Ézéchiel 39:12,14; 40:22,26; 43:25;
44:26; 45:21,23,25; Zacharie 3:9; 4:2,10; Daniel 4:16,23; 9:24; Michée 5:5, et
dans le Nouveau Testament, Matthieu 15:34,36; Actes 6:3; 21:8; Apocalypse
1:4,12; 8:2,6; 10:3; 11:13; 12:3; 13:1; 15:1.6; 16:1; 17:1; 21:9. Les écrits de
Philon montrent combien les Juifs philosophes de son temps attachaient une
importance mystérieuse à ces chiffres; les pythagoriciens grecs y voyaient de
même bien des choses, et rappelaient les sept couleurs, les sept notes
principales en musique, et les sept planètes. On sait enfin le rôle que ce
chiffre sept joue dans la nature et dans le développement de l'homme. Ce n'est
pas ici le lieu d'entrer dans des détails; avec l'observation et un peu de
bonne volonté, on pourrait multiplier à l'infini des faits et des exemples
analogues. On a abusé du droit d'imagination, mais à l'origine de toutes les
recherches discrètes ou indiscrètes qu'on a faites sur ce nombre, se trouve
évidemment l'œuvre de Dieu aux jours de la création; le septième jour a été un
point d'arrêt, un nœud: il était impossible qu'un début pareil n'exerçât pas
sur l'esprit de tous les hommes une grande influence. Sept a été considéré
comme le chiffre de l'alliance, Dieu s'unissant avec l'homme; les Hébreux l'ont
si bien compris que chez eux le même mot shéba (sieben), signifie également
sept et alliance (— Voir: Béersébah, puits du serment), et l'on sait que les
peuples de l'Orient ont l'habitude de faire intervenir le nombre de sept dans
leurs contrats, et de jurer sur sept pierres. S'il y a là quelque chose de plus
nous le saurons un jour, mais on aurait tort de ne répondre à la superstition
que par l'incrédulité ou la raideur de l'esprit fort. Le livre de la nature ne
nous est pas encore tout ouvert, et s'il renferme des mystères que nous
reconnaissons sans les comprendre, il en renferme d'autres peut-être que nous
pressentons sans les reconnaître.
Le chiffre deux, la dualité, marque habituellement
l'opposition, et par conséquent une imperfection, un état anormal, Dieu et le
diable, le jour et la nuit, une famille sans enfants: c'est aussi l'amitié,
l'association, mais limitée, incapable de se reproduire ou de se continuer.
Trois exprime la plus simple des pluralités complètes;
le plus petit groupe possédant son milieu et ses extrémités; c'est la forme
fondamentale du développement; il est en quelque sorte naturel et se manifeste
en psychologie dans les triples facultés physiques, morales et intellectuelles
de l'homme; il se retrouve dans la notion du passé, du présent et de l'avenir;
le chrétien le voit dans l'unité mystérieuse du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, et dans les trois jours de la sépulture. On le retrouve dans la
constante et significative reproduction de certaines formules: la foi,
l'espérance et la charité; Abraham, Isaac et Jacob; Pierre, Jacques et Jean
(aujourd'hui on dit Liberté, Égalité, Fraternité). Pour les Juifs, il se
trouvait dans l'obligation de célébrer trois fois l'an une fête solennelle, et
de se rendre trois fois à Jérusalem, Exode 23:14; Deutéronome 16:16; dans la
triple bénédiction de l'Éternel qui rappelle l'invocation prononcée sur le
baptême d'eau, Nombres 6:24; cf. Matthieu 28:19; dans la triple sainteté
rappelée par les Chérubins, Ésaïe 6:3, et expliquée Jean 12:41. On peut voir
encore Jérémie 7:4; 22:29; Jonas 2:1; Jean 2:19; 2 Corinthiens 12:8, et un
grand nombre d'autres passages, soit de l'Ancien, soit du Nouveau Testament.
— Les trois heures de prière de Daniel et des Juifs
postérieurs, Daniel 6:10, se rattachent à la division du jour en trois parties
plus qu'à la signification du chiffre trois lui-même.
Quatre est le chiffre du monde; il se trouve dans les
quatre points cardinaux et dans les quatre bras du fleuve d'Éden, de même que
dans le tétragrammaton, les quatre lettres hébraïques du nom de Jéhovah le
Créateur.
Dix est l'addition des chiffres sacramentels trois et
sept; il représente la perfection.
Douze, trois par quatre, c'est le développement du
monde, le monde travaillant à revenir à son état naturel de paix et d'ordre,
Dieu travaillant dans le monde déchu pour le relever en le régénérant: les
douze fils de Jacob, les douze tribus, les douze apôtres, les douze portes et
les douze fondements de la nouvelle Jérusalem. Pressentiment ou science
positive, l'année a toujours été divisée en quatre saisons de trois mois
chacune, ou douze mois, après lesquels la nature se retrouve dans le même état
qu'à son point de départ; ce sont les douze signes du zodiaque qui partagent le
ciel.
Le chiffre quarante, qui se reproduit assez souvent
dans l'Ancien Testament, ne se rattache à aucune loi ni institution; il est en
quelque sorte accidentel, et sert peut-être quelquefois à désigner un nombre
rond. Cependant, comme multiple de quatre (le monde) et de dix (la perfection,
le tout parfait), on a cru qu'il était d'une manière spéciale l'emblème des
actes ou choses qui travaillent à perfectionner le monde, qui servent à le parachever,
bien ou mal, presque toujours l'épreuve dans son sens le plus large. Aux jours
du déluge il plut pendant quarante jours et autant de nuits; Isaac était âgé de
quarante ans quand il se maria; Ésaü de même; la vie de Moïse est partagée en
trois époques de quarante années chacune; Moïse resta quarante jours sur le
Sinaï, l'exploration de Canaan dura quarante jours, le voyage du désert
quarante ans; Hothniel procura aux Israélites un repos de quarante ans, Débora
de même; c'est d'un servage de quarante ans que Gédéon délivra son peuple; Élie
marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'en Horeb; notre Sauveur passa
quarante jours au désert de la tentation, il monta au ciel quarante jours après
sa résurrection;
— Voir: encore Genèse 8:6; 32:15, Josué 14:7; Ézéchiel
29:11; Jonas 3:4; etc.
D'autres nombres reparaissent encore ci et là dans
l'Ancien Testament avec une certaine régularité qui, toutefois, n'était
absolument qu'une affaire d'habitude; ainsi huit précédé de sept désigne une
quantité indéterminée, Michée 5:5; Ecclésiaste 11:2; (— Voir: sur tout ce sujet
les ouvrages allemands de Bæhr, Symb. du culte mos. I, 155, et Schrœder sur la
Genèse).
Le nombre de la bête, ou de son nom, Apocalypse
13:17-18, désigne le chiffre qui s'obtient en calculant la valeur des lettres
qui composent ce nom: ici est la sagesse, dit l'apôtre, et malgré tous les
essais faits jusqu'à ce jour, on n'a pas encore trouvé ce nom mystérieux; on y
a vu tour à tour Néron, César, Mahomet, plusieurs papes, quelques rois de France,
et même Luther, mais pour trouver ce dernier chiffre il faut écrire Loulther,
ce qui change un peu. Nous n'insistons pas sur ce chiffre dont la recherche
appartient à l'étude de la prophétie, et nous ne proposons, ni n'adoptons aucun
nom: la bête ne s'est pas encore pleinement manifestée, et ses efforts pour
abrutir l'humanité et lui ôter sa foi ne sont pas encore arrivés au point
extrême où elle méritera de toute manière le nom que l'Écriture lui donne.
Un vieillard plus qu'octogénaire, et qui depuis longtemps
s'occupe sérieusement de la parole de Dieu, nous a communiqué sur le chiffre de
la bête. Apocalypse 13:18. (— Voir: Nombres, Rome), le résultat de ses
recherches personnelles, et si nous leur donnons une place ici, c'est moins à
cause de leur valeur réelle que parce qu'elles sont curieuses à enregistrer. Il
pense trouver ce chiffre dans nos rois de France, qui, depuis Louis XI, ont
porté le nom blasphématoire de rois très chrétiens. Il estime qu'il en doit
être fini de ce nom comme nom de rois, et que la France contribuera puissamment
à la chute du papisme, comme pour châtier et renverser celui qui, en dotant ses
chefs de ce nom de blasphème, les a poussés à commettre tous les crimes, et à
persécuter les saints de Dieu. Le nom de Louis, en latin Ludovicus, donne en
effet, par la somme de ses lettres considérées comme chiffres, le total de 666.
L
V
D
O
V
I
C
V
S 50
5
500
..
5
1
100
5
..
___
666
Les huit rois, Apocalypse 17:10; sq., qui devaient
donner leur puissance au papisme, sont: Louis XI, Louis XII, Louis XIII, Louis
XIV, Louis XV, Louis XVI, Louis XVII, qui n'a pas régné, mais qui n'en est pas
moins compté dans l'ordre de succession (c'est le septième, celui dont il est
dit: il faut qu'il demeure peu), et enfin Louis XVIII.
— Nous empruntons à un travail de M. J.-B. Rossier sur
l'Apocalypse (journal le Témoignage, publié par le pasteur Recordon de Vevey,
nos de septembre 1848 et février 1849), l'étude suivante sur les nombres
considérés dans leur sens symbolique. Il peut être intéressant de comparer ce
travail avec celui que nous avons fait nous-même; on y trouvera quelques
indications qui ne sont pas dans le nôtre, mais peut-être aussi remarquera-t-on
un peu plus d'arbitraire dans la manière de fixer les rapports, et comme un
parti pris de faire de chaque nombre un emblème.
Un est le signe de la Divinité, en tant que Dieu est
seul. (Romains 3:29; Galates 3:20; Éphésiens 4:3-8; Hébreux 2:11)
Deux est, suivant quelques-uns, le signe naturel de
l'opposition et du combat. «Considère les œuvres du Très-Haut. Deux, deux. Un
contre l'un. Toutes choses sont par couples, un contre un.» (Sirach 33, 16; 42,
25) Dans la magie, le nombre deux était celui des êtres déchus de l'unité, du
téméraire et du méchant. Mais dans l'Écriture il n'en est point ainsi, le
mariage est une véritable communauté, et une parfaite réunion qui complète
chacun des époux par l'autre.
Jésus envoya les douze deux à deux.
— Si deux d'entre vous s'accordent sur la terre.
— Deux tables de la loi.
— Deux témoins.
— Deux prophètes.
— Deux oliviers.
— Deux chandeliers.
— Deux ailes.
— Deux cornes.
— «Deux valent mieux qu'un.» (Ecclésiaste 4:9-12)
Trois est le vrai chiffre de la Divinité, le nombre de
l'union opérée entre l'unité et la diversité. (Apocalypse 1:4,8; 1 Jean 5:7;
cf. Ecclésiaste 4:12)
Quatre. Le nombre du monde entier en tant que créé.
C'est plus particulièrement un nombre des choses qui concernent la terre, mais
surtout celui de l'humanité réconciliée sur la terre.
— Quatre monarchies.
— Quatre vents de la terre.
— Quatre coins de la terre.
— Quatre anges. (Zacharie 2:6; Daniel 7:8; Apocalypse
7)
Ce nombre et le nombre trois offrent deux divisions du
nombre sept, ordinairement assez distinctes dans l'Apocalypse.
Cinq est un nombre relativement petit. (Lévitique
26:8; cf. Josué 23:10; Ésaïe 30:47) Comme suivant le nombre quatre et précédent
le nombre six, il tend à un accomplissement.
Six est un nombre qui, dans deux cas remarquables,
complète le mal extérieur et intérieur avant que la purification ait lieu. (Lévitique
12:5; Apocalypse 13:18) Ce nombre est comme un signal qui annonce ce qui suit
définitivement.
Sept. Ce nombre se rapporte, dans l'Ancien Testament,
à des relations morales: sanctification, salut, paix, joie. Le septième mois
avait trois fêtes; le sabbat était le septième jour; la septième année était
l'année de relâche; le jubilé revenait au bout de sept fois sept ans; les
aspersions par sept fois. Ce nombre se compose de trois et de quatre par
addition, par superposition, et forme ainsi un tout indivisible, composé de
deux chiffres, dont l'un est celui de la Divinité, l'autre celui de la
création. Expression de l'alliance de Dieu avec son peuple. Nombre de la
perfection, de la plénitude intérieure. Dieu et l'humanité réunis en un.
Sept indique, dans le Nouveau Testament, la plénitude,
la perfection, l'harmonie.
Il y a, dans l'Apocalypse, sept épîtres à sept
Églises, sept chandeliers, sept étoiles, sept anges, sept esprits, sept yeux,
sept cornes, sept lampes, sept années, sept attributs dans la louange, sept
tonnerres, sept sceaux, sept trompettes et sept coupes.
Chaque nombre sept, lorsqu'il est détaillé, se divise
en trois et quatre, ou en quatre et trois; le point de division étant toujours
indiqué d'une manière ou de l'autre, sans altérer l'ensemble.
Chaque nombre sept des sceaux et des trompettes offre
ceci de remarquable, qu'il renferme en lui-même un nouveau développement de
sept autre choses. Et c'est par les sept coupes «que s'accomplit la fureur de
Dieu.» Cela donne vingt et une espèce de jugements, ou sept multiplié par
trois. C'est la bénédiction, résultat de l'intervention de Dieu.
Satan emploie ce nombre dans ses contrefaçons. (12:3)
Il y a une très grande différence entre sept et douze.
Sept se compose de trois plus quatre; c'est une addition, une fusion intime.
Douze se compose de quatre multiplié par trois; c'est une multiplication, une
bénédiction de l'inférieur par le supérieur.
Si l'on examine le nombre sept tracé par des lignes
qui forment un triangle superposé à un carré, on verra que l'ensemble ne forme
que six lignes, décrivant un édifice solide, dans lequel les nombres trois et
quatre se confondent.
Huit. Quatre plus quatre. La réunion du nombre
extérieur et intérieur, du monde actuel et corporel; mais en action et en réaction.
La circoncision se faisait le huitième jour. (Luc 2:21) Les fêtes prolongées
étaient généralement de huit jours. Le huitième jour, lendemain du sabbat, est
toujours celui de la résurrection. Le lépreux était réintégré le huitième jour.
(Lévitique 14:23) C'est le premier jour de la nouvelle semaine. Millénium.
Neuf. Ce nombre me paraît n'être jamais employé
symboliquement. Étant un multiple de trois, il signifierait la divinité bénie
par elle-même, ou par quelque chose de supérieur, ce qui ne peut avoir lieu.
(La neuvième heure était celle de la prière, Actes 3:1; 10:30)
Dix est le nombre de la plénitude manifestée dans le
nombre extérieur, de même que sept est le nombre de la plénitude intérieure. (1
Chroniques 28:15; 2 Chroniques 4:7,20-21; 1 Rois 7:49; cf. 43)
— Nombre de la communauté extérieure universelle. En
tant que nombre de l'accomplissement extérieur, Satan l'emploie aussi dans ses
contrefaçons. (Apocalypse 12:3; 13:1; cf. 2:10).
Onze n'a pas d'emploi dans la prophétie. Comme formé
de sept et de quatre, ce dernier chiffre, ajouté à celui de la perfection,
donne un résultat incomplet, car ce n'est pas la bénédiction du nombre douze,
ni la plénitude extérieure du nombre dix. Au point de vue moral, Matthieu 20:6,
donne un sens précis et bien solennel à ce nombre, qui était aussi celui des
apôtres après la fin de Judas. (Actes 1:26)
Douze. Quatre multiplié par trois. Nombre annonçant la
plénitude terrestre. Bénédiction de l'humanité et du monde matériel. Il y a
douze heures au jour (Jean 11:9) Douze tribus. Douze apôtres. La multiplication
est une bénédiction du supérieur à l'inférieur, qui laisse subsister ces
différences, mais qui n'offre pas la fusion intime de l'addition que j'ai
signalée au nombre sept. Les nombres quatre, douze, et ses multiples
vingt-quatre et cent quarante-quatre mille, expriment, pour les choses groupées
sous ces chiffres, un caractère de bénédiction en rapport avec la rédemption du
monde.
2. Livre
des Nombres, ainsi nommé parce que ses trois premiers chapitres contiennent les
dénombrements des Hébreux, qui se firent après la consécration du tabernacle.
Les Hébreux l'appellent Vayedabber (et il parla), d'après les mots par lesquels
il commence, ou Bammidbar (dans le désert), parce qu'il renferme l'histoire des
trente-neuf années que les Hébreux passèrent au désert après la promulgation de
la loi, entre le désert de Sinaï et les plaines de Moab. Il y a peu de chose à
dire sur sa composition: les incrédules ont naturellement cherché à le
morceler, ils y ont vu tout ce qu'ils ont voulu, des intercalations, des
mythes, des fables, des exagérations; le chrétien y voit l'ouvrage de Moïse et
la vérité divine. Nous ne réfuterons pas des erreurs qui n'ont pas de champions
chez nous, et pour ceux qui désireraient connaître ce qu'on a mis en avant et
ce qu'on a répondu, nous renvoyons à Hævernick, Einl. in das alte Test. I.
481-521.
— On divise ce livre en trois parties principales.
1. Ch.
1-11, préparatifs pour le départ, dénombrement, diverses lois et prescriptions.
2. Ch.
11-21, voyage dans le désert, murmures et incrédulité du peuple, châtiments,
exploration du pays, rébellion de Coré, mort de Marie, serpents brûlants, Hog
et Sinon, arrivée dans les plaines de Moab sur les confins de Canaan.
3. Ch.
22-36, dispositions du peuple, histoire de Balaam, recensement, récapitulation,
ordonnances, guerre avec les Madianites, lois sur les héritages.
________________________________________
NOPH,
________________________________________
Ésaïe 19:13,
— Voir: Memphis:
ville royale d'Égypte, avec des temples de faux dieux;
elle comptait des Juifs parmi ses habitants, Jérémie 2:16; 44:1; 46:14;
Ézéchiel 30:13,16.
________________________________________
NOPHAH,
________________________________________
ville moabite située au-delà du Jourdain, Nombres
21:30.
________________________________________
NOURRITURE.
________________________________________
On peut voir aux différents articles quels étaient les
aliments dont, parmi les Hébreux, les riches et les pauvres se servaient le
plus habituellement. La loi avait jusqu'à un certain point réglé sous ce
rapport leur mode de vivre, et leur avait interdit absolument l'usage des
viandes suivantes, soit pour des raisons hygiéniques, soit par des motifs de
gouvernement intérieur, pour attacher les Hébreux à l'agriculture, ou pour
élever entre eux et les peuples païens une barrière infranchissable.
a. Toute
bête morte de mort naturelle, ou trouvée dans les champs déchirée par quelque
animal sauvage. Celui qui en avait mangé devait se baigner et laver ses habits,
et il était regardé jusqu'au soir comme entaché de souillure légale, Exode
22:31; Lévitique 17:15; Deutéronome 14:21; cf. Ézéchiel 4:14. Le Nouveau
Testament appelle ces viandes du nom général de bêtes étouffées, c'est-à-dire
dont la vie ne s'en est pas allée régulièrement avec le sang, mais a été en
quelque sorte comme comprimée et étouffée intérieurement, Actes 15:20,29;
21:25. Le Coran rappelle des préceptes analogues, et le motif en est dans le
dégoût naturel que chacun éprouve pour un cadavre: Moïse le rattache à la
sainteté devant Dieu et à l'isolement dans lequel son peuple doit vivre du
monde et de ses souillures.
b. Le
sang et toute chair sanglante (le poisson peut-être excepté), Lévitique 3:17;
7:26; 17:10-14; 19:26; Deutéronome 12:16,23; cf. 1 Samuel 14:32; Ézéchiel
33:25; Actes 15:20. L'usage en était interdit sous peine de mort, Lévitique
7:27; 17:10; cf. Judith 11:11. Cette défense reposait, soit sur l'idée que
l'âme de la bête est dans son sang, soit aussi sur le fait que le sang des
animaux appartenait à l'Éternel, comme expiation des péchés, Deutéronome 12:23;
Lévitique 17:11; peut-être aussi était-ce une interdiction destinée à faire
ressortir la coutume criminelle des Phéniciens et d'autres peuples païens qui
dans leurs sacrifices mangeaient du sang, ou le mêlaient avec du vin pour le
boire, cf. Psaumes 16:4. Un principe d'humanité s'y rattachait également, et
les Hébreux devaient puiser dans l'horreur du sang l'horreur de la cruauté
envers les animaux.
— Le Coran contient une défense semblable.
c. Certains
morceaux de la graisse du bœuf, de la chèvre et de la brebis, notamment la
queue, ordinairement très fournie de graisse, de ce dernier animal. Ces
morceaux comme plus succulents revenaient de droit au service de l'autel, Lévitique
7:25; cf. 3:14;
— Voir: Offrandes.
Au point de vue de la santé publique, cette défense
était un bienfait, car dans ces climats brûlants où les maladies de la peau
sont si communes, si invétérées, et parfois si dangereuses, il importait
d'empêcher autant que possible l'usage des graisses parmi le peuple: la culture
assidue des olives, dont l'huile était le seul assaisonnement des viandes,
était indirectement encouragée par ce moyen, et les Hébreux, en recherchant les
graisses végétales qui leur étaient seules permises, se tournaient avec courage
vers les travaux des champs.
d. Le
chevreau cuit ou rôti dans le lait ou la graisse de sa mère, Exode 23:19;
34:26; Deutéronome 14:21. Le motif de cette défense n'est pas très clair.
Michaélis pense qu'il s'agit d'une brebis-mère en général, et plus généralement
encore, d'un animal quelconque, de manière que la défense de Moïse reviendrait
à une interdiction absolue de tout assaisonnement animal des viandes; ce serait
alors, soit au point de vue sanitaire, soit sous le rapport agricole, une
mesure du genre de la précédente. D'autres y ont vu une accommodation à un
préjugé existant alors et maintenant inconnu; d'autres, un principe d'humanité
envers les animaux domestiques, et en quelque sorte un symbole de l'amour maternel
qui ne saurait se prêter à servir aux funérailles sanglantes de son fruit;
— Voir: Chèvres.
Je ne sais si peut-être cette loi, qui gênait
certainement les ventes et les achats en mettant les acheteurs dans la crainte
continuelle d'une transgression involontaire, ou dans la laborieuse obligation
d'examiner et la naissance d'un chevreau, et l'origine du lait acheté, ne
devait pas avoir aussi pour résultat, sinon pour but, de favoriser la
consommation intérieure, d'entraver le commerce et d'empêcher ainsi d'une part
une trop grande augmentation de richesses, de l'autre la pauvreté provenant de
l'aliénation des biens: en attendant mieux, je soumets cette explication à ceux
qui voudront bien l'examiner; elle me paraît se recommander autant que les précédentes,
et pouvoir se combiner avec elles dans le système alimentaire de l'économie
hébraïque.
e. Les
viandes sacrifiées aux idoles, Exode 34:15, défense maintenue comme les deux
premières par la loi nouvelle, Actes 15:29; 21:25. Dans les villes païennes ces
viandes étaient, après avoir été présentées, vendues sur la place du marché, et
l'apôtre donne des directions sur la conduite à tenir dans ce cas, 1
Corinthiens 10:25; sq. Les Juifs postérieurs appliquèrent même cette défense au
vin, au pain, et aux gâteaux fournis par les païens, attendu que ces aliments
pouvaient avoir servi dans un sacrifice: quelques auteurs ont voulu, non sans
raison, entendre dans ce sens les répugnances et les refus de Daniel et de ses
trois amis, Daniel 1:8; sq., de Tobie 2:15, et de Judith 12:2.
f. La
cuisse des animaux purs à l'endroit du muscle où la hanche de Jacob fut démise,
Genèse 32:25.
g. La
viande de tous les animaux déclarés impurs, Lévitique 11:1-31; Deutéronome
14:1-19 (leur lait n'était pas compris dans cette défense). Ces animaux
étaient:
1. les
quadrupèdes qui ruminent, sans avoir l'ongle entièrement divisé, dessus et
dessous, comme les lièvres, le porc, le chameau;
2. tous
les serpents et reptiles;
3. les
amphibies et animaux qui vivent dans l'eau sans écailles et nageoires;
4. tous
les insectes, sauf ceux qui ont comme les sauterelles quatre pieds pour
marcher, et deux pour sauter;
h. Une
vingtaine d'espèces d'oiseaux énumérées dans les passages indiqués, mais dont
les noms ne peuvent pas tous être traduits d'une manière sûre: celles que l'on
connaît avec certitude sont l'aigle, le vautour, l'autruche, les chouettes et
le pélican; on peut voir sur ces oiseaux leurs différents articles. Comme il
n'y a ici qu'énumération, sans que les caractères d'impureté soient indiqués,
les Juifs regardent comme purs tous ceux qui ne sont pas expressément défendus;
il paraît cependant par la nature de ceux de ces oiseaux que nous connaissons,
ou que nous croyons connaître, qu'une nourriture animale était le trait
distinctif qui constituait un oiseau impur. Les rabbins ont cherché à définir
ces caractères, et ils en indiquent quatre, Mishna Chollin 3, 6.
Comme fondement et source de toutes ces prescriptions,
se trouvait avant tout le principe théocratique, Lévitique 20:24; mais il s'y
mêlait, ainsi que nous l'avons vu, un grand nombre d'idées secondaires,
hygiéniques, économiques, politiques et autres: c'est leur réunion qui peut le
mieux expliquer le nombre et la nature de ces défenses, quoique tel de ces
points de vue soit peut-être plus évident dans un cas, et tel autre dans un
autre cas. Les Juifs observèrent toujours minutieusement la distinction des
animaux en purs et impurs, et ce ne fut que dans des cas de famine, 2 Rois
6:25, que la nécessité les contraignit à manger des viandes souillées: les
persécutions dont ils furent l'objet plus tard, les trouvèrent inébranlables,
et ils se laissèrent mettre à mort plutôt que de consentir à manger du
pourceau, 1 Maccabées 1:65; 2 Maccabées 6:18; 7:1. Plusieurs rabbins mêmes,
sages au-delà de ce qui est écrit, regardèrent comme un péché de posséder des
animaux impurs, tels que des chiens, tandis que la loi n'en interdisait que la
viande. La loi n'avait pas prononcé de peine contre l'usage illicite d'une
viande souillée, les rabbins établirent la flagellation, alors même qu'on n'en
aurait mangé que la grosseur d'une olive ou d'une lentille.
Plusieurs peuples de l'antiquité ont connu une
distinction des animaux, et avaient admis, mais pour d'autres motifs,
l'interdiction de certaines viandes; ainsi les Égyptiens, qui avaient leurs
animaux sacrés, bœufs, chats, etc., qu'ils adoraient, ne permettaient pas qu'on
s'en nourrît, et c'est peut-être à une raison de ce genre qu'il faut attribuer
l'habitude qu'ils avaient de ne point manger avec des étrangers, Genèse 43:32.
L'école pythagoricienne avait quelques principes analogues; d'autres castes
s'interdisaient l'usage du poisson, par des raisons hygiéniques et presque
morales; les Indous, et leur philosophe Menou, avaient une foule de préceptes
qui rappellent ceux des Hébreux à l'égard des viandes; Mahomet enfin en a
reproduit un certain nombre dans son Coran, et les prêtres du catholicisme,
fidèles à leur moyen âge, ont emprunté au judaïsme aboli, et au paganisme
qu'ils condamnent, des interdictions de viande, déjà annoncées par saint Paul,
qui appelle en conséquence ces docteurs «des révoltés de la foi, adonnés aux
doctrines des démons», 1 Timothée 4:1-3.
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NOYER,
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Cantique 6:11, arbre bien connu, de la famille des
térébinthacées, originaire de la Perse, mais parfaitement accoutumé à nos
climats, où il atteint sans peine une hauteur de 40 à 60 pieds. Il fleurit au
printemps et donne ses fruits en septembre. Ses feuilles sont divisées en
folioles ovées, grandes, unies. Le fruit est composé d'une enveloppe extérieure
et charnue, nommée brou; d'une coque remplie d'anfractuosités et plus ou moins
dure, nommée coquille; et enfin d'une amande de forme irrégulière que l'on
mange, ou dont on extrait une huile fort estimée. La Palestine en possède
encore, et ils croissaient autrefois sans culture sur les bords du lac de
Génésareth. Le jardin des noyers dont il est parlé dans le Cantique est
nécessairement un grand verger, car il y a peu d'arbres plus nuisibles aux
jardins proprement dits que le noyer, par l'étendue du terrain qu'il masque, et
par la longueur de ses racines presque horizontales.
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NUÉE,
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— Voir: Colonne.
— Dans l'Écriture, le mot nuée désigne quelquefois le
brouillard du matin, Ésaïe 18:4. On le retrouve ailleurs et avec plusieurs
significations réelles ou symboliques. Osée, 6:4, compare à une nuée la piété
d'un moment du peuple de Dieu, et l'on connaît le magnifique sermon de Saurin
sur ce texte: Les dévotions passagères. Les nuées sont comme des outres qui
retiennent la pluie au-dessus de la terre, et qui la laissent échapper comme
par une grille d'arrosoir dès que Dieu le commande, Job 26:8; 38:9; 2 Samuel
22:12; Ésaïe 45:8. C'est enfin sur les nuées que le Seigneur de gloire
apparaîtra, et que les chrétiens seront enlevés à sa rencontre, Matthieu 24:30;
Luc 21:27; Apocalypse 14:14-16; 1 Thessaloniciens 4:17.
— La nuée dont le temple de Salomon fut rempli lors de
sa dédicace, 1 Rois 8:10; 2 Chroniques 5:13, fut peut-être une manifestation
semblable à celle dont les Israélites avaient été les témoins, et l'arche de l’alliance,
pendant les quarante années du désert, un symbole visible de la présence de
Dieu; de même encore, Exode 40:34; Ésaïe 6:4; Ézéchiel 10:4. Saint Jean dit
pareillement dans l'Apocalypse, 15:8. «Et le temple fut rempli de la fumée qui
procédait de la majesté de Dieu et de sa puissance.» Une nuée est comme
l'enveloppe extérieure de celui qui ne se montre point à des yeux d'homme, et
qui veut se manifester dans sa gloire et non dans son humanité. Les païens ont
pressenti, ou emprunté au judaïsme, ce symbole, et leurs divinités vont jusqu'à
prêter aux hommes qu'elles protègent la nuée qui doit les soustraire à la vue
des mortels, Virgile Æneid, liv. I.
Ce furent les mêmes
nuées de la présence de Dieu qui enveloppèrent Jésus lors de son ascension au
ciel lorsqu’il retourna à sa gloire première (Ac. 1 :9). Cette exhaltation
divine fut une transformation totale de tout son être, ce qui lui permit de
revenir parmi les siens comme Sainte Présence divine (Saint-Esprit) afin
d’habiter dans leurs cœurs et les transformer en son image du Nouvel Homme lors
de sa dernière apparition en ce monde qui engendrera le jugement dernier. Le
salut est en effet le processus de création d’une nouvelle race céleste et
éternelle dans une gloire indescriptibe réservée aux élus seulement.
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NUIT.
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Chez les anciens Hébreux, elle précédait le jour, et
c'est ainsi que s'explique l'expression ordinaire des jours de la création:
«Ainsi fut le soir, ainsi fut le matin.» Elle se divisait, comme le jour, soit
en douze heures, soit en trois ou quatre parties,
— Voir: Veilles.
La nuit, dans un sens figuré, signifie des jours de
tribulation, d'adversité, Psaumes 17:3; Ésaïe 21:12; cf. Jean 9:4; 1
Thessaloniciens 5:2. Les enfants de la nuit sont, dans le sens moral, les
méchants qui ont besoin des ténèbres pour faire le mal, 1 Thessaloniciens 5:5.
Enfin, se lever la nuit signifie s'occuper d'une chose avec empressement et
sans retard. Dieu même emploie cette expression pour marquer le zèle qu'il a
témoigné pour le bien des hommes, les soins qu'il apporte à l'œuvre de leur
salut, Jérémie 25:3; 26:5; 29:19; 44:4.
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NYMPHAS.
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Saluez les frères qui sont à Laodicée, et Nymphes avec
l'Assemblée qui est en sa maison, dit saint Paul, Colossiens 4:15. Il résulte
de ce passage, ou bien que dans Laodice même, Nymphas avait, on ne sait pour
quelle raison, une réunion particulière à côté des assemblées publiques, ou
bien, comme le soupçonne Grotius, qu'il demeurait à la campagne, non loin de
Laodice, et que sa maison était le lieu ou se rassemblaient les chrétiens des
environs. Ces deux opinions se recommandent également, et la première ne peut
pas être repoussée, car on sait qu'Aquila et Priscille avaient également des
réunions privées à côté du culte public. Romains 16:5; 1 Corinthiens 16:19. Une
troisième explication entendait «l'Église qui est en sa maison» du culte
domestique de Nymphas; mais une famille ne s'assemble pas, elle est toujours
réunie.
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-O
________________________________________
________________________________________
OBED,
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Ruth 4:17; 1 Chroniques 2:12; Matthieu 1:5; Luc 3:32,
fils de Booz et de Ruth, père d'Isaï, et grand-père de David, si toutefois
aucune génération n'est passée sous silence. Il se trouve sur les deux listes
généalogiques de notre Sauveur, mais sa personne ne nous est connue que par la
joie que sa naissance causa à ses pieux parents.
________________________________________
OBLATION,
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nom général qui, dans le gouvernement théocratique de
la Judée, pouvait s'appliquer aux impôts civils, aussi bien qu'aux dons
volontaires des fidèles,
— Voir: Impôts, et Offrandes.
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OBOLE,
________________________________________
signifie littéralement une barre de fer, puis une
monnaie grecque de la valeur de 45 centimes environ, parce que, dans leurs
temps primitifs, les Grecs s'étaient servis de fer en guise de monnaie, comme
les Latins aussi disaient: œs libratum, de l'airain pesé (on en a récemment
découvert un monceau: ce sont des pièces presque cubes d'airain, et qui ne
portent point de coin ni aucune marque, — Voir: Bulletin archéol, de Rome). Six
oboles formaient une drachme, littéralement une poignée (de fer), et 4,000
drachmes, ou à peu près 3,600 fr., un talent, c'est-à-dire un bassin de balance
(plein de fer). Hug fait remarquer (Einl. in die BB. des N. T.) que la mention
de la monnaie grecque, dans la Bible, est une preuve de la véracité et de
l'exactitude de ses auteurs, parce que, en effet, du temps de Jésus-Christ,
trois systèmes monétaires différents avaient cours en Palestine: la monnaie
juive, la grecque et la romaine, systèmes correspondant ainsi aux trois langues
parlées, et employées dans l'inscription de la croix. La monnaie grecque avait
été introduite par les rois de Syrie, successeurs d'Alexandre le Grand, dont le
premier, Antigonus, père de Démétrius Poliorcète, avait été l'un de ses
généraux.
Il n'est pas parlé de l'obole dans le. Nouveau
Testament (— Voir: Monnaie), et nous ne trouvons ce nom que dans l'Ancien,
employé comme mesure de pesanteur, Exode 30:13; Lévitique 27:25; Nombres 3:47.
— Voir: à l'article Gousse,
ce que nous avons dit de l'origine de cette unité de
poids. Le mot guérah, que l'on a traduit par obole dans ces passages, pourrait
être conservé dans nos versions,
— Voir: Mesures.
________________________________________
OBOTH,
________________________________________
l'un des campements des Israélites dans le voyage du
désert, duquel ils partirent pour se rendre aux monts Abarim, Nombres 33:43;
cf. 21:10. Il faut le placer à l'est de l'Idumée, mais sans cherchera le
déterminer davantage, ni à en retrouver le nom.
________________________________________
OFFRANDE.
________________________________________
1. Élevée,
volontaire, ou tournoyée, Exode 29:24.
— Voir: Lever.
2. Offrande
non sanglantes.
— Voir: Libations.
3. Entièrement
consumée.
— Voir: Holocauste.
Pour toutes les autres espèces d'offrandes, fort
nombreuses, qui étaient prescrites aux Hébreux, nous en parlerons d'une manière
générale à l'article Sacrifices.
________________________________________
OIGNON,
________________________________________
Nombres 11:5, l'allium cepa, de la famille des
liliacées, du genre ail. Il est fort abondant en Égypte, où il atteint une
grandeur et une saveur peu communes. On le cultivait aussi sur les côtes de la
Philistée, et notamment près d'Askélon, d'où probablement l'une de ses espèces,
l'échalote, a tiré son nom. Les voyageurs modernes, Arvieux, Hasselquist,
vantent beaucoup le goût prononcé, mais délicat et moelleux, de l'oignon
d'Égypte, et admirent son énorme volume; il se multiplie par le moyen des
soboles que fournit sa tige. Les oignons de l'Asie Mineure sont également
meilleurs et plus gros que ceux de l'Europe. Ils constituent, sur les marchés
orientaux, l'un des principaux objets de consommation.
________________________________________
OISEAUX.
________________________________________
Plusieurs d'entre eux étaient regardés comme impurs,
— Voir: Nourriture, et Aliments.
Sur ceux qui pouvaient ou devaient être offerts devant
l'Éternel,
— Voir: Sacrifices.
La loi de Moïse renfermait plusieurs dispositions
relatives aux oiseaux: si, par exemple, quelqu'un trouvait un nid sur son
chemin, il lui était défendu de le détruire ou de l'enlever entièrement,
Deutéronome 22:6-7; on pouvait s'en approprier les œufs ou les petits
fraîchement éclos, mais on devait laisser le nid et la mère. Cette défense, qui
ne s'appliquait, du reste, qu'aux nids des champs, et non à ceux qu'un
propriétaire pouvait trouver sur sa propriété ou dans sa maison, avait pour but
de préserver d'une extinction totale plusieurs espèces d'oiseaux, utiles soit à
cause de la guerre acharnée qu'ils font aux insectes, soit parce qu'en dévorant
les corps morts qu'ils trouvent dans les champs ou dans les forêts, ils sont de
vrais préservatifs contre la peste et l'empoisonnement de l'air, considération
qui, dans les pays chauds de l'Orient, est d'une importance bien plus grande et
mieux sentie que dans nos climats tempérés. Des motifs d'humanité appuyaient
également cette défense qui, non seulement laissait la vie aux oiseaux déjà
formés, mais tendait encore, par sa nature, à diminuer de beaucoup l'intérêt de
la chasse en lui enlevant son meilleur butin: des œufs ou une couvée sans mère,
et sans nid, restaient presque sans valeur.
— Les Talmudistes avaient borné cette interdiction à
la classe des oiseaux purs, laissant la chasse entièrement libre à l'égard des
autres, mais là encore, en voulant être sages au-delà de ce qui est écrit, ils
avaient à la fois faussé le texte de la loi et trompé le double but qu'elle
devait atteindre.
Les Orientaux aimaient en général à voir les oiseaux
fixer leurs nids dans leurs temples ou lieux de prières, ils y voyaient un
augure favorable et se gardaient avec soin de chasser ou même d'effrayer des
hôtes qui s'étaient mis en quelque sorte sous le patronage de leurs dieux. Chez
les Hébreux, nous ne voyons rien de semblable, quoiqu'on ait cherché à entendre
de cette manière Psaumes 84:3; les Juifs croyaient même avoir découvert dans la
construction du temple de Salomon, des détails destinés à en éloigner les
oiseaux,
— Voir: Temple.
Les Israélites tenaient des pigeons et des poules dans
leurs cours, mais nulle part il n'est fait mention d'oies ni de canards, sauf
peut-être 1 Rois 4:23, mais on ne saurait le prouver. Les oiseaux de passage
sont nommés, Jérémie 8:7, d'une manière générale, avec leur instinct des
saisons: on voit par 1 Rois 10:22. Jérémie 5:27, que les grands personnages
juifs se procuraient, pour l'agrément de leur bassecour, des oiseaux
remarquables par leur plumage ou la beauté de leur chant.
Les oiseaux du ciel sont plusieurs fois employés dans
des paraboles pour désigner les puissances de l'air et des ténèbres, Matthieu
13:4; Marc 4:4, etc. On peut voir aux articles spéciaux ce qui concerne ceux
dont les noms se trouvent dans la Bible.
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OLIVIER,
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arbre fruitier de la famille des jasminées, touffu, à
rameaux cendrés, à feuilles sessiles, lancéolées, entières, coriaces, d'un
vert-foncé en-dessus, blanchâtres en-dessous, persistantes, à petites fleurs
odorantes et disposées en grappes dans les aisselles des feuilles; ses fruits
sont composés d'une amande centrale contenu dans un noyau osseux très dur,
enveloppé d'une pulpe charnue, ferme, très huileuse; toutes les autres parties du
fruit le sont également; les olives se mangent crues ou assaisonnées, et
fournissent en abondance une des meilleures huiles connues. Mal fait, sans
élégance et d'un aspect fort triste, l'olivier est très sensible aux gelées; il
ne donne jamais de fruit lorsqu'il est éloigné de plus de 30 lieues de la mer;
il réussit avec peine dans le midi de la France, et réclame un terrain sec et
des climats chauds tels que ceux de l'Orient. Ses fruits formaient l'une des
branches principales de la richesse des Hébreux, et ils figurent souvent à côté
du blé, de la figue et du vin, parmi les plus excellents produits de la
Palestine, Exode 23:11. Deutéronome 6:11; 8:8; 28:40; 24:20; Josué 24:13; Juges
15:5; 2 Rois 5:26; 18:32; Michée 6:15;
— Voir: aussi quelques prescriptions de charité
publique relatives à la moisson des olives, Deutéronome 24:20.
On cultivait l'olivier dans des jardins et sur le
penchant des montagnes; et il parait, d'après 1 Chroniques 27:28, que la
couronne possédait des parcs d'oliviers assez considérables pour devoir être
confiés à un intendant spécial, chargé en même temps de livrer au commerce
l'huile qu'ils produisaient. Jérémie, 11:16, fait allusion au long âge de cet
arbre et à la générosité avec laquelle il récompense les soins peu nombreux qu'il
demande. Avant que les olives soient mûres on les abat, soit en secouant
l'arbre, soit en frappant avec précaution les branches que l'on veut
dépouiller, Ésaïe 17:6; 24:13; cf. Deutéronome 24:20. On les presse alors et
l'on en retire une huile extrêmement fine, blanche et délicate, l'huile vierge
de Lévitique 24:2; Exode 27:20; 29:40, l'huile toute fraîche de Psaumes 92:10,
l'oleum omphacium de Pline 12, 60; 15, 3. Si au lieu d'une simple pression des
olives, on les foule au pressoir ou dans des cuves, Michée 6:15, l'huile qu'on
obtient est moins pure, plus mélangée, parfois un peu amère; cependant elle
suffit aux usages ordinaires, et les pressoirs d'olives étaient assez nombreux
aux environs de Jérusalem, pour que le jardin de Gethsémané en ait tiré son
nom. Des olives mûres ou charnues ne donnent pas de bonne huile, et sous ce
rapport celles de Palestine avaient sur celles d'Égypte une telle supériorité,
que les Juifs en exportaient et en vendaient beaucoup aux marchands égyptiens,
Osée 12:2. Les Phéniciens en venaient aussi chercher en Judée, Ézéchiel 27:17;
cf. 1 Rois 5:11; Esdras 3:7, et les rois d'Israël, notamment Ézéchias, avaient
de riches magasins destinés à recevoir des huiles qu'on leur payait comme
impôts, 2 Chroniques 32:28. Les meilleures olives croissaient dans les environs
de Tékoah; on les mangeait quelquefois crues ou assaisonnées avec du sel, ou
confites de toute autre manière.
L'olivier sauvage dont il est parlé Romains 11:17,24
(oleaster), fournit des fruits moins savoureux et une huile passablement
mauvaise; on n'en emploie guère que le bois. Ses rameaux sont garnis d'épines à
leurs extrémités; ils portent des feuilles plus courtes et plus larges,
blanchâtres à leur partie inférieure. On greffait quelquefois l'olivier sauvage
sur l'olivier franc, lorsque les branches de ce dernier commençaient à se
dessécher, et cet usage existe encore en Orient. (Je n'ai pu vérifier si ce
mode de greffe, contraire à ce que l'on pratique ordinairement, est réellement
justifié en botanique; plusieurs commentateurs, Winer, Reiche, le contestent
faiblement; d'autres Olshausen, Schulz, affirment que les choses se passent
ainsi, mais ils sont plus forts en théologie qu'en histoire naturelle, et leur
témoignage n'est pas en cette matière d'un fort grand poids. Dans tous les cas,
l'idée est la même). L'idée que saint Paul veut amener ou expliquer par la
similitude tirée de cet arbre, est que les gentils ont pris dans l'organisme de
la synagogue ou de l'Église, la place que les Juifs n'étaient plus propres à occuper;
ils ont été entés à l'endroit même de la blessure, là où finit le tronc et ou
commencent les branches; les païens, pas plus que les Juifs, n'ont en eux-mêmes
la source de la vie, mais ils sont mis à même par la greffe, de participer aux
propriétés du tronc. Les enfants de Japhet sont venus se loger dans les
tabernacles de Sem; pour eux c'est un don tout gratuit, qui leur sera retiré
bien plus facilement qu'il ne l'a été aux Juifs, s'ils s'en rendent indignes.
Les rameaux d'olivier servaient à faire des
tabernacles dans les jours de fêtes solennelles, Néhémie 8:15, et le bois de
l'olivier franc, qui est ferme, dur, et susceptible d'un fort beau poli, était
employé dans la construction des palais ou des temples, 1 Rois 6:23. Le
feuillage et les branches de l'olivier (franc) étaient un symbole de la joie, 2
Maccabées 14:4.
Montagne des Oliviers, Zacharie 14:4. Elle était
située au nord-est de l'ancienne Jérusalem, à un quart de lieue environ de ses
murailles extérieures, et en était séparée par la vallée du Cédron: d'après
Actes 1:12, elle était éloignée de Jérusalem le chemin d'un sabbat. Les
nombreuses plantations d'oliviers qui avaient donné le nom à cette montagne
n'existent plus: le côté oriental est complètement nu; sur le côté occidental,
les arbres sont rares; on y trouve cependant encore de la vigne, des figuiers,
des amandiers et des dattiers; c'est sur ce penchant que se trouvait le jardin
de Gethsémané. Le mont des Oliviers se dirige du nord au sud, et il est
surmonté de trois sommets, dont le septentrional (d'après Maundrell, d'autres
disent celui du milieu) est le plus élevé: la cime méridionale est célèbre par
l'apostasie de Salomon, qui y éleva des autels aux idoles de ses femmes, 1 Rois
11:7; 2 Rois 23:13; elle fut appelée pour cette raison mashchith, c'est-à-dire
montagne de la perdition ou du scandale. C'est sur le penchant oriental que la
tradition place l'ascension de notre Sauveur, non loin de Béthanie, et si ce
n'est pas dit expressément Actes 1:12; Luc, 24:51, cependant toutes les probabilités
appuient cette tradition.
Le mont des Oliviers serait à peine une colline en
Suisse, par exemple; mais il s'élève de beaucoup au-dessus des petites
montagnes qui l'entourent en Juda, et son élévation est double de celle de
Morija et de Sion: de son sommet l'on jouit d'une vue aussi remarquable par sa
beauté que par son étendue, et il n'est sur la terre aucun endroit qui réunisse
un tel spectacle à d'aussi grands souvenirs. De la même place on peut tour à
tour porter ses regards sur la mer Morte ou sur la Méditerranée, sur les
plaines de Moab ou sur les déserts de la Quarantaine, sur les monts Hébal et
Guérizim, ou sur Jérusalem, qui se montre dans toute sa magnificence, et
présente au spectateur ses places, ses rues, ses collines, ses vallées, et
l'édifice musulman bâti sur les ruines du temple de l'Éternel. Le mont des
Oliviers était l'une des promenades ordinaires de Jésus, Matthieu 24:3; Marc
13:3; Luc 19:37-44: c'est de là qu'il pleura sur la ville, et qu'il en annonça
la prochaine et inévitable destruction.
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OLYMPE ou Olympias,
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disciple de Rome, salué par l'apôtre Paul, Romains
16:15; inconnu.
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OMÉGA,
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la dernière lettre de l'alphabet grec, employé
proverbialement pour dire la fin d'une chose, comme l'alpha ou première lettre
désignait le commencement, Apocalypse 1:8,11; 21:6; 22:13;
— Voir: Alpha.
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ON.
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1. Fils
de Péleth, descendant de Ruben, nommé Nombres 16:1, parmi les principaux
membres de la conspiration de Coré; comme il ne reparaît plus dans la suite de
cette histoire, on a cru qu'il avait renoncé, pour sa part, à cette coupable
rébellion, et les anciens interprètes ajoutent que ce fut sur le conseil de sa
femme. On peut supposer aussi qu'il a continué d'y prendre part, mais sans y
jouer un rôle très actif.
2. Ville
d'Égypte, Genèse 41:45; 46:20, et apparemment de la Basse Égypte, Ézéchiel
30:17. Elle est appelée Aven dans ce dernier passage, différence qui, en
hébreu, n'est qu'une affaire de ponctuation, mais qui a, par cela même, une
certaine importance, car alors le nom propre porte en lui la signification de
ville criminelle; la ville porte sa condamnation dans son nom même. Les
Septante ont rendu ce nom, dans ces différents passages, par Héliopolis, ville
du soleil, ce qui est la traduction littérale de On, qui signifie, en égyptien,
lumière, soleil. C'est la même ville aussi qui est traduite par Beth-Sémès, ou
maison du soleil, Jérémie 43:13, que Pline, 5, 11, appelle oppidum solis, et
que les Arabes nomment encore Ain-Shemes, fontaine du soleil. Héliopolis était
une vieille et sainte ville de la Basse Égypte, bâtie sur une digue, et
chef-lieu d'un district situé du côté de l'Arabie. Il s'y trouvait un célèbre
temple du soleil et un clergé nombreux et instruit. Le beau-père du patriarche
Joseph, gouverneur de cette ville, appartenait à la caste sacerdotale. De
riches et vastes bâtiments étaient la demeure des prêtres. Près du temple, on
nourrissait un taureau comme symbole du dieu Mnevis, qu'on y adorait. Jérémie,
43:13, mentionne ce temple du soleil. Au temps de Strabon, Héliopolis était
détruite, les armées perses y avaient passé; cependant l'on y remarquait encore
quelques ruines magnifiques que les siècles ont laissé parvenir jusqu'à nous,
près du village de Matarée, à 2 lieues nord-est du Caire, et à 6 lieues de
l'ancienne Memphis.
Le superbe obélisque qui décore la place du Peuple, à
Rome, fut fait à Héliopolis par ordre de Psamménite, 522 ans avant J.-C. Ce fut
Auguste qui le fit transporter dans la capitale de l'empire.
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ONAGRE,
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— Voir: Âne sauvage.
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ONAN,
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second fils de Juda et de la Cananéenne Suah. Ce
malheureux jeune homme a légué son nom à l'un des actes les plus dégradants de
l'impureté, et l'on peut cependant conclure de son histoire qu'il y avait, dans
ses intentions, moins d'impureté que d'envie et d'égoïsme. Contraint, par son
père et par l'usage, d'épouser la veuve de son frère mort sans enfants, mais
sachant que les enfants qui lui naîtraient de cette femme ne lui
appartiendraient pas, il trompait l'espoir de ce mariage, et commettait une
faute d'autant plus grave qu'il était libre d'épouser en même temps une autre
femme dont les enfants seraient à lui. Le péché d'Onan, qui commençait par la
haine et finissait par la souillure, était, en outre, sans excuse, et ne
pouvait se justifier d'aucune manière, pas même par une prétendue nécessité,
Genèse 38:4; 46:12; Nombres 26:19; 1 Chroniques 2:3. Il mourut d'une mort
prématurée, suite peut-être naturelle de ses désordres, peut-être châtiment
subit et providentiel d'un crime aussi odieux.
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ONCTION.
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Il ne peut être parlé ici de l'onction morale, de ce
trait du caractère, de la parole ou de la vie, mélange de tendresse et de
sévérité, d'amour et de sainteté, qui doit être un des traits principaux, mais
qui est aussi l'un des traits les plus rares, parce qu'il se compose de
qualités contraires, de la personne du chrétien, et du prédicateur en
particulier, caractère si frappant dans tous les enseignements du maître, si
frappant encore chez l'apôtre de la charité qui était, en même temps, un fils
du tonnerre, de même que dans plusieurs épîtres de saint Paul.
Nous ne parlerons que de l'onction matérielle, de
l'onction d'huile, renvoyant, pour plusieurs détails, aux articles spéciaux.
L'habitude de se frotter d'huile, de se répandre de l'huile sur le corps, ou
sur quelques parties du corps, a été de tous temps, comme elle l'est encore de
nos jours, fort connue dans les climats chauds de l'Orient, et chez les peuples
du midi de l'Europe, chez les Grecs et chez les Romains; elle est, en quelque
sorte, une nécessité de ces pays où la chaleur produit sur les corps animaux
une transpiration souvent accompagnée d'une odeur désagréable et malsaine. Si
les pauvres sont obligés de supporter toujours cette incommodité, les personnes
aisées ne pouvaient se dispenser, surtout lorsqu'elles donnaient des repas, on
qu'elles recevaient des personnes de distinction, ou enfin lorsqu'elles
accordaient l'hospitalité à quelqu'un, de fournir des huiles excellentes à
leurs hôtes, et de s'en servir elles-mêmes, Proverbes 27:9; Ézéchiel 16:9; Ruth
3:3; Cantique 1:2; Judith 10:3. Les huiles, les graisses parfumées, les
pommades, appartenaient donc aux objets de luxe, mais de luxe nécessaire, des
Israélites, Ecclésiaste 7:1. Sapience 2, 7. Ce n'était que dans les temps de
deuil, dans les fêtes solennelles, et notamment au grand jour des expiations,
qu'on s'abstenait de toute espèce d'onction, Daniel 10:3; 2 Samuel 14:2; cf.
12:20; Matthieu 6:17, etc. On oignait les cheveux et la barbe (le Psaumes
133:2; montre que cela se faisait quelquefois si richement, que l'huile
répandue ruisselait jusque sur les vêtements); les mains, le visage,
quelquefois les habits et les lits, étaient oints de la même manière, et,
lorsqu'on voulait donner à quelqu'un une grande marque de respect ou
d'affection, l'on allait jusqu'à oindre ses pieds, Psaumes 45:8; Proverbes
7:17; Jean 12:3; Luc 7:38,46;
— Voir: ailleurs, ce qui regarde l'onction des
malades, Marc 6:13; Jacques 5:14, et celle des boucliers, 2 Samuel 1:21.
Les prêtres, quelquefois les prophètes, 1 Rois 19:16,
et les rois, même des rois païens, étaient ordinairement consacrés par l'huile
aux fonctions qui leur étaient conférées. Les ustensiles du lieu saint des
Hébreux avaient été inaugurés de la même manière, avant d'être mis en usage,
Exode 30:26.
Les parfums dont on se servait étaient quelquefois,
mais rarement, simples, tels que l'huile de nard; le plus souvent ils se
composaient d'un mélange d'huile d'olive fine, et de quelque autre produit
odoriférant, indigène ou étranger, huile ou résine, tel que du nard, de la
myrrhe, etc., Michée 6:15; Deutéronome 28:40; Ézéchiel 27:22; 1 Rois 10:10. En
général, de pareils parfums étaient fort chers, Amos 6:6, et prouvaient un
grand luxe et une grande richesse chez leurs possesseurs; les rois avaient des
cabinets de parfumeries, comme ils avaient des garde-robes et des arsenaux,
Ésaïe 39:2. C'étaient surtout les Phéniciens qui faisaient ce genre de
commerce; ils expédiaient presque toujours leurs parfums et leurs huiles dans
des flacons d'albâtre, estimés ceux qui conservent le mieux, le plus purement
et le plus longtemps, les odeurs délicates. La préparation de ces huiles
exigeait une certaine habileté, et l'on trouve de bonne heure des hommes qui
faisaient de ce travail leur métier, Exode 30:25,35; Ecclésiaste 10:1; Cantique
3:6; les riches avaient des esclaves habiles dans l'art de faire des parfums, 1
Samuel 8:13.
De toutes les huiles, la plus précieuse était celle du
sanctuaire, l'huile pour l'onction sainte, dont on oignait les prêtres et les
vases sacrés. Il était interdit de s'en servir pour des usages particuliers; sa
composition est indiquée Exode 30:22, sq. (cf. 35:15; 37:29; Nombres 4:16).
Ézéchiel, 23:41, reproche aux Juifs l'emploi qu'ils ont fait sur leurs tables
des parfums de l'Éternel, et de l'huile sainte du tabernacle.
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ONÉSIME,
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esclave de Philémon. S'étant enfui d'auprès de son
maître, il se rendit à Rome; la curiosité peut-être, ou le repentir, le
conduisit vers saint Paul, qui était alors prisonnier, et il fut converti par
la prédication de la parole. Dès lors, honoré par l'apôtre d'une tendre
affection, Onésime reconnut, par des soins et des services, le bien que saint
Paul lui avait fait; mais ces soins ne pouvaient pas durer longtemps: Onésime,
devenu chrétien, devait retourner auprès de son maître, et reprendre les
chaînes qu'il portait avant sa conversion. C'était s'exposer à de mauvais
traitements, surtout si, comme on peut le conclure de quelques versets,
Philémon 18,19, l'esclave, en s'enfuyant, avait volé son maître (peut-être
aussi ces paroles ne se rapportent-elles qu'au tort que l'absence prolongée
d'un esclave devait causer à son propriétaire). Toutefois, le chrétien
n'examine pas les conséquences que peut avoir la réparation d'un tort; saint
Paul est sans ménagement pour son ami; Onésime lui-même ne regarde pas au
danger, mais au devoir. Il part, accompagné de Tychique, porteur d'une lettre
de l'apôtre à Philémon, dans laquelle saint Paul recommande l'esclave à
l'indulgence du maître. Les deux voyageurs sont en outre chargés de lettres
pour les églises d'Éphèse et de Colosses. On peut croire qu'Onésime obtint
facilement son pardon demandé par saint Paul, et que le fer rouge dont les
anciens marquaient les esclaves fugitifs, ne passa pas sur son front.
Onésime était de Colosses, comme on le voit par la
comparaison des textes Philémon 1,2; Colossiens 4:9,17. (Sermon de Rochât, i.
I.) La tradition ajoute qu'il fut affranchi, que saint Paul le consacra
lui-même évêque de Bérée en Macédoine, et qu'Onésime finit par souffrir le
martyre à Rome. Dans le chapitre 1 de la lettre d'Ignace aux Éphésiens, il est
fait mention d'un Onésime, évêque d'Éphèse et successeur de Timothée, mais rien
n'oblige à croire qu'il s'agisse là de l'esclave de Philémon.
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ONÉSIPHORE,
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Mêle d'Éphèse, ami de saint Paul; étant venu à Rome,
soit pour des affaires de commerce, soit pour d'autres affaires particulières,
il chercha l'apôtre avec grand soin jusqu'à ce qu'il l'eût trouvé. Il ne faut
pas conclure de la peine qu'eut le disciple à trouver l'apôtre, que celui-ci
eût été jeté dans une misérable prison, dans un cachot secret; on peut, sans
cette hypothèse, comprendre qu'en arrivant de l'étranger dans la vaste ville de
Rome, Onésiphore n'ait pu trouver facilement le prisonnier qu'il cherchait, et
dont le délit n'était pas de nature à le faire classer dans une prison d'un
ordre particulier. On a voulu conclure aussi de 2 Timothée 1:16; cf. versets
18, et 4:19, qu'Onésiphore était déjà mort au moment où Paul écrivait sa
lettre: mais il est fort possible qu'Onésiphore ne fût pas encore de retour à
Éphèse, et cela expliquerait pourquoi Paul ne salue que sa famille, en même
temps qu'il lui adresse indirectement des remerciements pour l'affection que
son chef lui a témoignée. À supposer même qu'Onésiphore fût mort, le passage
1:18; ne justifierait ni le droit, ni le devoir de prier pour les morts, tel
que l'enseigne l'Église romaine; car selon les papistes, prier pour les morts,
c'est demander qu'une personne morte dans la foi, mais dont les œuvres n'ont
pas été suffisantes pour la laver entièrement, puisse passer du purgatoire au
ciel, tandis que l'apôtre parle ici d'un homme qui a eu la foi, et qui par ses
œuvres en montre la réalité: ces paroles n'expriment donc que la reconnaissance
de Paul qui, ne pouvant récompenser Onésiphore, prie Dieu de le faire selon sa
promesse, ce qui est tout à fait conforme à la doctrine de Christ et des
apôtres, cf; Matthieu 5:7; 25:36,39-40; Jacques 2:13.
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ΟΝΟ,
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ville bâtie par les Benjamites, 1 Chroniques 8:12, et
habitée par eux après l'exil, Néhémie 11:35. Dans ces deux passages elle est
immédiatement précédée du nom de Lod (Lydde), cf. aussi Esdras 2:33; Néhémie 7:37,
ce qui fait penser qu'elle était située dans son voisinage, et que la vallée
d'Ono était une continuation de la plaine de Saron.
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ONYX.
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1. C'est
ainsi que saint Jérôme, nos versions et beaucoup d'autres, de même que
Michaélis, Eichhorn, etc., traduisent l'hébreu shoham, Genèse 2:12; Exode 28:9;
Job 28:16; Ézéchiel 28:13. Onkélos et les autres targummim le rendent par
béril, de même que les Septante; Reland et Calmet le traduisent par émeraude.
Tout ce qu'on peut dire sur cette pierre n'est qu'incertitude et hypothèse.
L'onyx est une espèce d'agathe rayée de blanc et de noir, et comme le blanc
tire sur l'ongle, on lui a donné le nom d'onyx ou ongle. L'onyx était la onzième
pierre du pectoral du grand-prêtre: sur deux pierres d'onyx étaient gravés
aussi les noms des douze tribus. Par extension, le nom d'onyx a pu signifier un
vase ou flacon de cette matière, comme dans ces paroles si connues d'Horace,
nardi parvus onyx.
2. Le
même mot est employé dans un autre sens, et comme traduction de l'hébreu
shehheleth, Exode 30:34. Saint Jérôme d'après les Septante le rend par ongle
aromatique; d'autres par laudanum; d'autres, comme Bochart, par bdellion.
L'onyx marinus, blatta Byzantia, est un coquillage univalve semblable au
poisson à coquille nommé purpura: le nom d'onyx lui a été donné à cause de la
couleur de sa coquille, qui ressemble à la teinte, rosaire de l'ongle. On le
pêche dans les marais de l'Inde où croît le spica nardi dont cet animal se
nourrit, et c'est ce qui rend son écaille si odorante: on va recueillir ce
coquillage, lorsque la chaleur a desséché les marais: les Indiens, les Perses
et les Arabes en font l'un des ingrédients principaux d'un parfum extrêmement
estimé. Le meilleur onyx se trouve dans la mer Rouge; il est blanc et gros: le
babylonien, au dire de Dioscoride, est moins estimé; il est noir et plus petit.
3. Yahalom,
Exode 39:10; Ézéchiel 28:13;
— Voir: Sardonyx.
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OPHIR,
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pays compté, Genèse 10:29, parmi les Joktanides (qui
habitaient pour la plupart des districts de l'Arabie), et à destination duquel
Salomon faisait partir, des ports édomites, des vaisseaux qui ne revenaient qu'au
bout de trois ans, chargés d'or, de poudre d'or, de pierres précieuses,
d'argent, de singes, de paons, et de bois précieux, 1 Rois 9:28; 10:11; cf.
22:49. L'or d'Ophir était regardé comme le plus pur et le plus fin qui existât,
Job 28:16; Psaumes 45:10; Ésaïe 13:12.
Les interprètes sont loin d'être d'accord sur la
contrée désignée sous le nom d'Ophir, et il est difficile de se prononcer au
milieu des différentes opinions, qui s'appuient toutes sur des arguments
plausibles, mais dont aucune ne peut offrir de preuve décisive.
Quelques-uns ont cherché Ophir en Amérique, et
notamment dans l'île nommée Espagnole (Haïti) par Colomb; on sait qu'en parlant
de l'or de cette île il avait coutume de dire qu'il avait trouvé l'or d'Ophir.
D'autres prennent Ophir pour le Pérou. Cette manière de voir, quelque peu
anticipée, n'a guère pour partisans que les Jésuites ses auteurs, Postel,
Genébrard, Vatabre. Elle s'appuie sur l'abondance de certaines mines d'or de
l'Amérique, et sur la supposition que la flotte qui partait pour Ophir, faisait
en même temps le voyage de Tarsis (Cadix), et franchissait le détroit de la
Méditerranée.
D'autres pensent qu'Ophir désigne l'Arabie, et ils
présentent deux arguments; le premier est tiré du fait qu'Ophir est compté au
milieu des fils de Joktan qui ont occupé l'Arabie, mais il n'y a rien là de
concluant, puisque Genèse 10:4, Tarsis, qui est situé en Espagne, est nommé
parmi des peuplades qui appartiennent évidemment à la Grèce.
La seconde preuve mise en avant, c'est le nom d'Ophir,
El Ophir ou Ophar, que Seetzen a trouvé dans la province d'Oman, au sud-est de
l'Arabie. On peut ajouter que selon Eupolemus dont un fragment nous a été
conservé par Eusèbe (Prép. évang. 9:30), Ouphré (Calmet porte Durphé) serait
une île de la mer Rouge, et cet auteur la regarde comme une partie du pays
d'Ophir.
Selon d'autres commentateurs c'est dans les Indes
qu'il faut aller chercher cette contrée. Ils s'appuient sur ce que les Septante
écrivent toujours Sophir, nom que les Cophtes donnent encore aux Indes; sur ce
que la version arabe traduit Ophir par El Hend; sur ce que dit Flavius Josèphe
(Arch. 8, 20, 4) que Sophira est une contrée de l'Inde; sur ce que les objets
que Salomon tira d'Ophir sont des produits que l'on trouve en effet dans les
Indes; et que les noms donnés aux singes et aux paons sont des noms indiens
(koph est le sanscrit kapi, thukiim est le tokei de Malabar); sur le temps que
prenait ce voyage, puisque le retour n'avait lieu qu'au bout de trois ans, ou
si l'on veut, dans le cours de la troisième année; enfin sur ce qu'il y avait
près de Goa dans l'Inde, un endroit nommé Suppara, et chez les Arabes Souphara,
ce qui expliquerait l'orthographe suivie par les Septante.
D'autres ont cru qu'il s'agissait de l'Afrique, et ils
trouvent Ophir sur la côte orientale, à Sofala, vis-à-vis de l'île de
Madagascar; on assure que les habitants de cette contrée ont des traditions et
même des livres qui portent que Salomon y envoyait une flotte tous les trois
ans pour chercher de l'or; le portugais Jean dos Santos ajoute qu'il y a, non
loin de là, une montagne abondante en minerai d'or et qui porte le nom d'Afura.
Si l'on pouvait se fier à ces données, elles seraient certainement
intéressantes; toutefois le nom de Sofala dans lequel on pourrait, à toute rigueur,
trouver celui d'Ophir, rappelle plutôt dans les langues sémitiques le nom de
shephélah qui signifie côte, rivage; ce serait ainsi une désignation tout à
fait générale, un nom que tous les pays maritimes pourraient revendiquer.
Au milieu de ces incertitudes, il faut commencer par
réduire à leur juste valeur deux données dont on a exagéré l'importance. Ophir
pouvait fort bien n'être qu'une ville, de commerce abondamment pourvue de tous
les produits de l'Orient et du Midi, et dans laquelle Salomon envoyait
régulièrement et à des époques déterminées, des vaisseaux pour approvisionner
sa cour, son harem et son royaume. L'or d'Ophir (évidemment déjà travaillé, ou
tout au moins épuré), pouvait avoir reçu ce nom, sans être un produit du pays,
mais parce que c'était là qu'il était le mieux purifié et le mieux mis en
œuvre. D'ailleurs, comme on l'a vu plus haut, le nombre des pays où l'on trouve
de l'or est assez grand pour que ce caractère doive cesser d'être un guide dans
les recherches.
— En second lieu, la durée du voyage ne peut pas non
plus servir à fixer même d'une manière approximative la distance à laquelle
Ophir devait être de Jérusalem, car l'or arrivait dans le pays chaque année, 1
Rois 10:14; 2 Chroniques 9:13; il n'est pas dit que le voyage de trois ans fût
le voyage d'Ophir, 1 Rois 10:22; quand cela serait encore, cela ne prouverait
rien, attendu l'extrême lenteur de la navigation des temps anciens, les détours
possibles, les séjours plus ou moins prolongés que les vaisseaux pouvaient
faire dans les ports intermédiaires pour attendre soit des vents favorables,
soit des vaisseaux en retard ou n'arrivant qu'une fois par année. Saint Jérôme
nous dit (Ep. 95), que dans le cas le plus favorable, un vaisseau avait besoin
d'au moins six mois pour parcourir le golfe arabique dans sa plus grande
longueur, et de nos jours encore, les vaisseaux marchands ne font qu'une fois
par année le voyage de Suez à Jidda.
— Il résulte de ces observations, que si les produits
retirés d'Ophir ne peuvent servir à faire reconnaître ce pays, sa distance
elle-même reste problématique; il faut donc s'en tenir à son nom et à ce que la
tradition nous donne comme le plus probable. Sous ce rapport, nous nous
rapprocherons volontiers de l'opinion de Bochart, modifiée par Heeren et par
quelques autres modernes. Bochart croit que le nom d'Ophir a été donné à deux
pays dont l'un serait l'Arabie, l'autre les Indes. Heeren prend Ophir comme un
nom général désignant les riches contrées des côtes méridionales de l'Arabie,
de l'Afrique et des Indes; Volney compare l'île d'Ofor à l'entrée du golfe
Persique. Il est possible qu'Ophir, fils de Joktan, se soit établi en Arabie,
et que parmi ses descendants il y ait eu des émigrations et des colonies
fondées par eux dans les Indes, à Ceylan, peut-être plus loin encore. Si l'on
pouvait établir l'authenticité de plusieurs fragments de Sanchoniathon,
découverts il n'y a pas longtemps, la question ferait un grand pas; on y lit,
en effet, le récit d'une expédition faite par Joram (Hiram), roi de Tyr, et Irenius
(Salomon, roi de paix), roi des Juifs, vers une île fort éloignée qui, d'après
les caractères indiqués et la comparaison de Pline 6, 24, ne peut être autre
que Taprobane ou Ceylan; et Heeren, dans un article spécial sur cette île, a
montré quelle a été son importance dans l'histoire du commerce de l'ancien
monde. Dans l'incertitude où l'on est sur l'authenticité de ce morceau, on
s'abstient de s'en servir comme d'un argument, mais si la donnée qu'il renferme
n'a pas beaucoup plus de garanties que les hypothèses qu'on a faites, en tout
cas elle n'en a pas moins.
Notons encore, avant de terminer, l'opinion qui
cherche Ophir en Espagne, celle qui le place à Carthage (qui n'a été fondée que
longtemps après Salomon), et le travail que Calmet se donne pour établir (avec
Eustache d'Antioche), qu'Ophir était dans l'Arménie, dont l'une des quatre
parties s'appelait Sophara sous Justinien; quoi qu'on pense de son point de
vue, on peut lire avec fruit sa dissertation sur ce sujet.
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OR,
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Symbolise la
prospérité.
— Voir: Métal, et Monnaie.
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ORGE,
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hébreu sehorah. Les Égyptiens et les Hébreux
cultivaient en assez grande abondance ce genre de céréales et notamment, l'orge
à six files, Exode 9:31; Lévitique 27:16; Deutéronome 8:8; Ruth 2:17; 2 Samuel
14:30; 2 Chroniques 2:10,15; Ésaïe 28:25; Jérémie 41:8; Joël 1:11. Les orges se
semaient en automne et se moissonnaient au printemps, au mois d'abib (mars,
avril), presque aussitôt après la fête de Pâques; déjà le lendemain de Pâques
on en offrait au temple les prémices qu'on allait cueillir exprès dans les
champs, Lévitique 23:10-12; 2 Samuel 21:9; Ruth 1:22. L'orge est de tous les
grains le premier mûr, et l'on voit que lorsque la grêle tomba sur l'Égypte à
la voix de Moïse, l'orge fut perdu parce qu'il commençait à former son épi,
tandis que le blé et les grains plus tardifs ne furent pas endommagés parce
qu'ils étaient encore en herbe, Exode 9:31. Les rabbins appelaient l'orge la
nourriture des animaux, parce qu'on en nourrissait en effet les chevaux et les
ânes, 1 Rois 4:28, comme on peut le voir aussi dans Homère. C'était, en tout
cas, la nourriture des pauvres, une nourriture commune et peu estimée, citée
Ézéchiel 13:19, comme exemple d'une denrée vile et de petite valeur;
— Voir: encore Ruth 3:15; 1 Rois 4:22; 2 Samuel 17:28;
Jean 6:9,
où l'orge apparaît comme l'un des produits les plus
abondants de la Palestine, l'un de ceux qui se pouvaient exporter le plus
facilement sans danger pour les consommateurs. Chez les Romains, du pain d'orge
était imposé aux soldats comme punition, Tite-Live 27, 13, et ailleurs; les
Arabes du Maroc ne mangent encore que du pain d'orge, et s'il est inférieur au
blé, on ne doit pas non plus exagérer sa grossièreté comparative.
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ORGUES,
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Genèse 4:21.
— Voir: Musique #2
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ORIENT.
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Les Hébreux appelaient ainsi d'une manière spéciale
les districts de l'Arabie qui les avoisinaient à l'est et au sud-est, Genèse
25:6, et dune manière générale les différents peuples ou peuplades situés plus
à l'est, ainsi les Hamalécites et les Madianites, Juges 7:12; il pouvait même
comprendre l'Arabie entière et les districts araméens de la Mésopotamie, 1 Rois
4:30; Genèse 29:1; Matthieu 2:1,9. (Job 23:8, il faut traduire à l'Orient et à
l'Occident au lieu de en avant et arrière). Quelquefois il se prend comme chez
nous, simplement pour exprimer la direction, Genèse 2:8; 12:8; 3:24; Job 23:8.
Les fils de l'Orient, ou Orientaux, désignent assez ordinairement les bédouins
du désert, Job 1:3; Ésaïe 11:14; Jérémie 49:28; Ézéchiel 25:4; 1 Chroniques
5:9; Juges 6:3, etc.; de là les montagnes d'Orient, Genèse 10:30; Nombres 23:7,
peuvent signifier tantôt les montagnes de l'Arabie, tantôt celles de la
Mésopotamie ou d'autres encore.
(Le terme «Orient» signifie littéralement «au soleil
levant». Ce terme porte la notion «d'être au devant» et dans certains cas
«d'être contre».)
— Le sens de ce mot est plus difficile à expliquer,
Ésaïe 2:6: «ils se sont remplis d'Orient.» Le prophète se plaint des
superstitions idolâtres auxquelles se sont adonnés les Juifs, et l'Orient se
rapporte, soit aux superstitions orientales en général, soit plus
particulièrement au culte des astres venu de la Caldée, des Syriens et des
Babyloniens.
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ORION,
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— Voir: Astres.
Les Orientaux se le représentaient comme un géant
enchaîné, comme un fou qui aurait voulu attaquer Dieu, et se serait fait mettre
les ceps aux pieds, cf. Proverbes 7:22. Les Perses ajoutent que ce géant était
Nimrod. Quelques rabbins traduisent par Canopée l'hébreu K'sil, Job 38:31, que
nous rendons par Orion.
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ORME,
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Ésaïe 41:19; 60:13. C'est par ce mot que nos versions
traduisent l'hébreu theashur; on peut voir à l'article Buis, le sens que nous
avons cru devoir lui donner avec Winer, Hævernick, etc. Le passage d'Ézéchiel,
27:6, dans lequel nos versions, trompées par les mots bathashurim, font
intervenir la troupe des Assyriens, doit, en conséquence de ce que nous avons
dit à l'article Buis, se traduire: «Ils ont fait tes rames de chênes de Basan;
ils ont fait tes bancs (ou tes vergues, ta mâture) d'ivoire incrusté dans le
pin des îles de Kittim.»
— L'ashurim rappelle le theashur, avec une nuance qui
se trouve, non seulement dans le mot lui-même, mais surtout dans la
circonstance relevée par Hævernick, que l'ashurim était un arbre étranger à la
Palestine, indigène et abondant dans l'île de Chypre. La traduction de ce mot
par pin de Chypre, est appuyée par ce que dit Théophraste dans son histoire des
Plantes (5:8), que les Syriens et les Phéniciens se servaient de cèdre pour
l'équipement de leurs vaisseaux, parce qu'ils n'avaient pas de pins, tandis que
les habitants de Chypre se servaient des pins qui croissent dans leur île plus
nombreux et meilleurs qu'en terre ferme.
— Il n'est, du reste, pas question d'orme dans la
Bible.
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ORNAN,
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le même que Arauna, q.v.
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OSÉE.
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1. —
Voir: Josué.
2. Dernier
roi d'Israël,
— Voir: Hosée.
3. Le
premier en rang des douze petits prophètes, et aussi l'un des trois plus anciens
dans l'ordre chronologique. Quant à sa personne, tout ce que l'on en sait,
c'est qu'il était fils d'un certain Bééri qui, du reste, est complètement
inconnu. L'ingénieux rapprochement de ce nom avec celui de Bééra, Rubénite, 1
Chroniques 5:6, ne peut rien démontrer. On ignore même si Osée appartenait au
royaume de Juda ou à celui des Dix tribus; les arguments pour ou contre ces
deux hypothèses se contrebalancent à peu près, comme le font remarquer Winer et
De Wette; cependant, l'opinion qui fait d'Osée un sujet du roi d'Israël, se
justifierait plutôt par les considérations suivantes, développées par Hævernick
(Einl. II, § 234). D'abord il est rare qu'un prophète de Juda ait été envoyé
auprès des Dix tribus; les seuls exemples connus sont ceux de 1 Rois 13, Amos
7, et, dans ces deux cas, il y a, en quelque sorte, une justification, une
explication de ce fait, ce qui n'a pas lieu pour Osée. Puis le langage de ses
oracles, un peu rude et semé d'araméismes, semble indiquer que l'auteur
appartenait aux districts septentrionaux de la Palestine. Enfin, la
connaissance détaillée que le prophète possède des diverses localités du
royaume schismatique, 5:1; 6:8-9; 12:12; 14:6., etc., et surtout certaines
expressions, comme le pays, 1:2, notre roi, 7:5, ne s'expliquent guère que dans
la bouche d'un natif du pays, d'un sujet de Jéroboam II.
Le temps auquel vécut Osée est indiqué dans le premier
verset de son livre, qui sert de titre à tout le recueil. Il a prophétisé sous
le règne des rois de Juda, Hozias, Jotham, Achaz et Ézéchias, et du roi
d'Israël Jéroboam II. Les époques extrêmes de son ministère ont donc été
Jéroboam qui mourut 784 avant J.-C., et Ézéchias qui monta sur le trône en 725,
ce qui constitue une activité prophétique d'au moins soixante années; si l'on
prend, au contraire, pour extrêmes l'avènement de Jéroboam et la mort
d'Ézéchias, on atteint le chiffre de cent vingt-deux ans; mais il est clair que
le premier est plus près de la vérité que le second. Sous ce rapport, Osée
rappelle Jérémie et Daniel, qui commencèrent dès leur jeune âge, et
poursuivirent, pendant leur longue carrière, leur laborieuse mission. Osée et
Jérémie apparaissent comme les anges gardiens de leur patrie, se voilant la
face parce que leurs paroles ne peuvent réveiller leurs compatriotes, ni les
sauver de la destruction qui les menace.
Osée vivait pendant l'époque la plus sombre de la
politique d'Israël. Avec Jéroboam, la maison de Jéhu se précipitait vers sa
ruine. Des troubles intérieurs, des attaques du dehors sous Phul et Tiglath-Piléser,
menaçaient l'indépendance et l'existence même du pays. Après la chute de la
maison de Jéhu, sous Zacharie, quelques aventuriers heureux, Sallum, Manahem,
Pékach, réussirent à s'emparer, les uns après les autres, du trône, mais sans
pouvoir tenir les rênes de l'État, qui était réellement livré à l'anarchie sous
l'apparence de la royauté. Au point de vue religieux, les Éphraïmites faisaient
au prophète la position la plus difficile; s'ils eussent été complètement
idolâtres, Osée eût pu directement s'élever en témoignage contre leur abandon
du vrai Dieu; si, tout en se livrant aux désordres de la vie, de la chair et du
péché, ils eussent conservé, pur et sans mélange, le culte de l'Éternel, le
prophète eût pu en appeler de leurs œuvres à leur foi, et les convaincre de
péché par leur propre profession; mais ils avaient adopté un mélange
philosophique de judaïsme et de paganisme, un amalgame du culte de Bahal avec
la religion de leurs pères, qui les relevait à leurs propres yeux, les
endurcissait dans leur demi-erreur, et semblait leur permettre de croire que,
pourvu qu'ils restassent attachés à l'Éternel, il n'était point nécessaire
qu'ils renonçassent au culte de Bahal et des veaux de Dan et de Béthel. Dans la
supposition la plus favorable, Osée ne pouvait leur apparaître que comme un
enthousiaste, un fanatique bien intentionné.
— Les mœurs devaient naturellement se ressentir et de
l'anarchie politique, et de l'apostasie religieuse. La puissance que le royaume
avait un instant recouvrée sous Jéhu, n'avait servi qu'à frayer la voie à tous
les vices: en s'enrichissant, le peuple s'était corrompu; avec le relâchement
des liens civils, les autres liens s'étaient également relâchés; la religion
n'avait plus d'influence sur les cœurs, parce que ceux qui l'avaient faite
l'avaient, comme toujours, modelée sur les passions de la multitude, et
façonnée au gré du grand nombre. La mesure était comble. De là le caractère
particulier des oracles du prophète. S'il rappelle Amos en plusieurs passages
(cf. Osée 4:15; Amos 5:5; Osée 5:5; 7:10; Amos 6:8; Osée 10:4; Amos 6:12; 5:7;
Osée 8:14; Amos 2:5), c'est comme Ésaïe 2, rappelle Michée 4; comme 2 Pierre
rappelle Jude; son individualité, son caractère ne disparaît pas sous ces
rapprochements. Il ne vient pas tant pour consoler son peuple et lui ouvrir des
perspectives de bonheur, que pour l'instruire, l'avertir et le censurer; car
l'homme enflé de sa propre sagesse n'aspire pas vers des temps meilleurs; il
faut surtout chercher à le convaincre de l'immoralité de ses actions, afin d'en
déduire clairement son appauvrissement spirituel sur lequel il se fait
illusion. C'est probablement avec Osée que commence la transition de la
prophétie parlée, à la prophétie écrite, et l'on a tout lieu de croire qu'il
est le premier qui ait rédigé et recueilli ses oracles. Tout chez lui semble
indiquer non le commencement d'une ère nouvelle, mais la fin de l'ancienne. Il
reste éminemment juif; sa mission se borne au royaume d'Éphraïm; ce n'est qu'en
passant qu'il parle de celui de Juda, et, quant aux nations étrangères, il n'a
rien pour elles, pas même des menaces. Des menaces seraient, en effet, déjà un
avertissement, par conséquent une marque d'intérêt, et les prophètes
postérieurs s'occupent des païens sous ce rapport; puis, après les menaces,
viennent aussi peu à peu les promesses. La transition est à la fois naturelle,
intelligible, et bien appropriée aux besoins et aux préjugés des Juifs. Mais
les oracles relatifs aux Gentils ne pouvaient leur être adressés de vive voix;
ils devaient être écrits. Osée, en écrivant ses prophéties pour les Juifs,
prépare ainsi la voie à ceux qui écriront pour Tyr, l'Arabie, et les nations
plus éloignées.
Il embrasse moins l'avenir que le présent, dont il
fait un tableau varié, vivant, et remarquablement coloré. Son style lyrique est
obscur et difficile, composé de phrases sentencieuses, courtes et saccadées,
qui indiquent plutôt qu'elles n'expliquent la pensée du prophète. Il semble
parler parfois en hiéroglyphes, et l'on se surprend souvent à désirer qu'il développe
et coordonne les idées qu'il ne présente que détachées et comme voilées. Le
recueil de ses prophéties se divise en deux parties principales: la première,
chapitres 1-3, est en prose: elle date du commencement de son ministère, 1:2,
et contient l'histoire de ses rapports avec deux femmes, dont l'une, Gomer,
fille de Diblajim, fut son épouse légitime, et lui donna plusieurs fils;
l'autre, femme d'une conduite irrégulière, conclut avec lui un marché par
lequel elle consentait à habiter dans sa maison, mais sans aucun autre rapport
que celui de la protection qu'Osée lui promettait. La signification symbolique
de cette double relation devait rappeler aux Juifs, d'une manière frappante,
les rapports de Dieu avec eux, et leur défection représentée souvent comme un
adultère dans les oracles des prophètes. Un grand nombre d'auteurs, Calvin
entre autres, scandalisés de l'interprétation littérale de ces premiers
chapitres, ont voulu n'y voir qu'une simple parabole. Hengstenberg et Hævernick
vont un peu plus loin, et pensent que ces faits ont dû se passer réellement,
mais pas extérieurement, dans l'esprit et non dans la vie du prophète, qui
raconte ici des expériences intimes, et les développe à l'usage du peuple. II
serait trop long d'entrer ici dans la réfutation de ces systèmes allégoriques;
nous renvoyons aux articles de Preiswerk dans le Morgenland (1841, p. 129 et
suivant, 161 et suivant), et traduits en français sous le titre de: «Les douze
petits prophètes», par la Société de Neuchâtel; nous nous bornerons à faire
remarquer que si le fait lui-même était de toute autre nature, on n'aurait pas
eu l'idée d'en nier la réalité; qu'il s'agit pour Osée d'un mariage réel; que
Gomer peut aussi bien avoir été une femme idolâtre, païenne ou juive, qu'une
femme débauchée; que, dans les rapports d'Osée avec la seconde femme, rien
n'indique qu'il y ait eu commerce intime et illégitime; que les détails donnés
par le prophète sur le nom de la première femme et de son père, le prix de la
seconde, le sexe des enfants, seraient tout à fait oiseux si l'histoire,
n'était qu'une allégorie; qu'enfin un ordre de Dieu enlève à une action
quelconque tout caractère d'immoralité.
— Quant au sens de cette première partie, l'auteur a
pour but de faire considérer les maux d'Israël comme un châtiment de son
schisme et de son idolâtrie; il annonce la ruine de la maison de Jéhu et la
chute des dix tribus, les compassions de Dieu pour le royaume de Juda, les
jours heureux qui recommenceront à luire sur Israël dès qu'il sera revenu pour
toujours à ses rois légitimes et à son Dieu.
La 2e partie du livre comprend les chapitres 4-14: le
style en est poétique et lyrique, et semble préparer le langage prophétique. On
peut dire d'une manière générale que ces onze chapitres appartiennent à la
dernière moitié du ministère d'Osée, mais on n'en fixe pas l'époque; on ignore
même s'ils appartiennent à divers temps, ou s'ils ont été rédigés par le
prophète au même moment: dans ce dernier cas ils seraient postérieurs à la
prise d'Arbélah par Salmanassar (10:14), qui eut lieu sous Hosée roi d'Israël,
et en la sixième année d'Ézéchias, roi de Juda, c'est-à-dire en 719 (ce qui
porte à soixante-cinq ans au moins la vie prophétique d'Osée). Le prophète
développe ici ce qu'il a dit dans ses trois premiers chapitres; sa parole
sévère ne s'adresse qu'au présent, et n'empiète qu'à peine sur les temps
futurs: ce n'est qu'au dernier chapitre qu'il jette comme un regard furtif sur
les jours du salut; alors il ne sera plus question de recourir aux puissances
temporelles de l'Égypte et de l'Assyrie (14:3); l'idolâtrie aura pris fin,
verset 8, Israël converti de cœur se réjouira en l'Éternel seul, 1,2,4. Osée
n'en dit pas davantage sur ce sujet: il annonce des malheurs prochains, mais le
moment n'est pas venu d'annoncer clairement les promesses; d'ailleurs qui les
comprendrait? qui est celui qui est sage? C'est avec cette parole plaintive
qu'il se retire de la scène prophétique, laissant à ses successeurs le bonheur
de faire connaître à un peuple châtié et mieux préparé, les moyens de grâce que
l'Éternel a en réserve pour ceux qui le craignent.
Plusieurs passages d'Osée sont rappelés dans le
Nouveau Testament; ainsi Matthieu 2:15; 9:13; Luc 23:30; 1 Corinthiens 15:55;
etc.: le prophète est nommé Romains 9:25-26.
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OSNAPAR,
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appelé le grand et glorieux Osnapar, Esdras 4:10, dans
un rapport de la chancellerie perse. Il transporta des colons étrangers en
Samarie, et dans les contrées voisines de l'Asie antérieure; toutefois on ne
sait pas qui il était. Quelques-uns, dont Grotius, en comparant 2 Rois 17:24,
ont cru qu'Osnapar était un nom ou surnom de Salmanassar; d'autres, comme
Rosenmuller, l'ont pris pour Ésar-Haddon, Esdras 4:2. Mais il n'est pas appelé
roi, et il est probable que ce n'était qu'un satrape assyrien, qui avait mérité
par sa pacifique expédition le titre de grand et de glorieux; peut-être aussi
(Gesenius) ces épithètes étaient-elles un des titres ordinaires des satrapes.
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OURS,
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animal assez commun en un grand nombre de pays. On en
distingue trois genres ou espèces, suivant que la fourrure est noire, brune ou
blanche. Les ours noirs sont doux de caractère, et ne mangent pas de chair; les
bruns et les blancs sont sauvages, carnivores, et souvent dangereux. Les bruns
habitent seuls les contrées méridionales (sauf peut-être quelques ours blancs
qu'on dit avoir été vus en Perse, mais qui ne seraient alors que des individus
maladifs et exceptionnels, des albinos): dans tous les temps ils ont été
communs en Arabie et en Palestine. Lorsqu'ils sont irrités ou affamés, ils
attaquent des taureaux, des troupeaux entiers, et même des hommes, 1 Samuel
17:34; 2 Rois 2:24: ils deviennent furieux, les femelles surtout, quand on leur
enlève leurs petits, 2 Samuel 17:8; Proverbes 17:12; Osée 13:8: un ours à jeun,
quêtant sa proie, est pris pour emblème de ce qu'il y a de plus terrible,
Proverbes 28:15. La voix de l'ours, dit Buffon, est un grondement, un gros
murmure, souvent mêlé d'un frémissement de dents qu'il fait surtout entendre
lorsqu'on l'irrite. Il faut qu'il y ait quelque chose de plus que ce gros
murmure, pour expliquer le rugissement plaintif dont il est parlé Ésaïe 59:11;
Horace nous dit aussi, Epod. 16 (11), 51:
Nec vespertinus circum gémit ursus ovile.
et Ovide, Métam. 2, 485, rappelle son
gemitus assiduus.
On peut remarquer sur 1 Samuel 17:35, que la tête de
l'ours étant sa partie la plus faible, il est aisé, pourvu qu'on ait force et
courage, comme l'avait David, de tuer cet animal d'un fort coup de bâton
appliqué sur cette partie.
— Ésaïe, 11:7, décrivant le paisible bonheur du règne
du Messie, dit qu'alors on verra le bœuf et l'ours paître ensemble dans les champs,
et leurs petits vivre en paix dans la même étable: Calmet ajoute que l'ours
désigne les païens, et le bœuf les Juifs!
— L'ours figure dans la description des quatre grandes
monarchies, Daniel 7:5, comme représentant l'empire des Perses, et Cyrus en particulier:
et il est dit de la bête de l'Apocalypse. 13:2, qu'elle avait les pieds d'un
ours.
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OUTRE.
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Les Juifs et les Orientaux en général, ne se servaient
pas comme nous de bouteilles de verre, ou de vaisseaux de bois, pour le
transport ou la conservation des liquides, mais de sacs de cuir ou de peau
désignés dans nos versions, tantôt sous les noms de bouteilles, vases ou
vaisseaux, tantôt sous leur nom véritable d'outrés, Genèse 21:14; Josué 9:4,13;
Juges 4:19; 1 Samuel 16:20; 25:18; Matthieu 9:17; cf. Marc 2:22; Luc 5:37. Les
outres étaient faites tantôt avec des peaux de bœufs (les gerba des Arabes
sont, au rapport de Bruce, les plus grandes qui existent; elles contiennent 250
litres), tantôt avec des peaux d'ânes ou de chameaux, le plus ordinairement
avec des peaux de boucs; ces dernières sont petites et servent pour les usages
domestiques: quand la peau est préparée, on la coud solidement à la place
qu'occupaient les jambes de l'animal, et le cou sert d'ouverture. Quelquefois
elles sont enduite de poix à l'intérieur, d'autres fois elles sont ointes de
graisse au dehors, soit pour empêcher l'eau de suinter au travers, soit pour
l'empêcher de s'évaporer par l'effet de la chaleur du soleil. Les outres sont
indispensables aux voyageurs du désert; encore faut-il qu'ils aient bien soin
de les remplir ou d'en renouveler l'eau à chaque source qu'ils rencontrent. Le
passage Psaumes 119:83, marque la fidélité du psalmiste au milieu des épreuves
les plus desséchantes; «comme une outre exposée à la fumée se rétrécit et se
ride, de même mon corps est tout consumé par les chagrins; mais je ne t'ai
point oublié, et je chercherai du secours là où je suis sûr d'en trouver.»
— Élihu se compare, Job 32:19, à une outre de vin
toute neuve, mais près d'éclater à cause de la fermentation du liquide privé
d'air. Bien que le cuir ait jusqu'à un certain point la propriété de s'étendre,
il se rompt lorsque la pression devient trop forte; le Dr Walsh, dans le récit
de son voyage sur les côtes de la Grèce, raconte qu'une outre avait éclaté par
suite de la fermentation du vin nouveau, et parce qu'on avait oublié de la
laisser ouverte: à cela se rapportent ces paroles de notre Sauveur, Luc 5:38,
sur la nécessité de mettre le vin nouveau dans des vaisseaux neufs,
c'est-à-dire d'avoir un cœur nouveau pour saisir la nouvelle doctrine. Lorsque
David s'écrie Psaumes 56:8: «Mets mes larmes dans tes vaisseaux», il veut dire,
«qu'elles soient continuellement devant toi, daigne en conserver le souvenir»,
faisant allusion peut-être à une coutume qui se retrouvait chez les Romains, et
qui existe encore de nos jours en Perse, celle de remplir de larmes de petites
urnes ou bouteilles, de différentes formes et couleurs, et de les placer sur
des tombeaux comme signe d'affliction.
Les Persans ajoutent que ces larmes ont le pouvoir de
guérir des maladies pour lesquelles tous les autres remèdes sont inutiles.
— On se servait quelquefois d'outrés, ou de vessies
remplies d'air, pour faciliter la traversée des fleuves, ou la navigation de
canots qui en étaient entourés, mais on ne trouve aucune trace de cet usage
dans la Bible, et l'allusion qu'on a voulu y voir dans Job 9:26, est non
seulement forcée, mais contraire aux termes mêmes de ce passage.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-P
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PAGHIEL,
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fils de Hocran, et chef de la tribu d'Aser dans le
désert, Nombres 1:13; 2:27;
— Voir: Tribu.
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PAHU,
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Genèse 36:39, ancienne ville d'Édom, et chef-lieu de
tribu: elle est appelée Pahi, 1 Chroniques 1:50.
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PAIN.
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Dans les anciens temps, l'occupation de faire le pain
était presque exclusivement réservée aux femmes, Genèse 18:6; Lévitique 26:26;
1 Samuel 8:13; 28:24; 2 Samuel 13:8; Matthieu 13:33; cf. Jérémie 7:18; 44:19.
Plus tard cependant l'on voit des hommes se livrer à ce travail spécial sous le
nom de fourniers ou boulangers, Osée 7:4,6, et l'on trouve même à Jérusalem une
place ou rue dite des boulangers, Jérémie 37:21. La pâte, de froment, d'orge,
ou d'épeautre, était préparée, aigrie et pétrie dans des huches (maies) de
bois; chaque maison qui faisait son pain possédait la sienne, Exode 8:3.
Lorsqu'on était pressé, l'on ne mettait point de levain dans la pâte, Genèse
19:3; Exode 12:34,39; Juges 6:19; 1 Samuel 28:24. On faisait les pains tantôt
longs, tantôt plus ou moins ronds, de la grandeur d'une assiette et de
l'épaisseur d'un pouce à peu près; leur peu d'épaisseur faisait que pour les
manger, au lieu de les couper comme chez nous, on se bornait à les rompre,
Ésaïe 58:7; Jérémie 16:7; Matthieu 14:19; 26:26; Luc 9:16; Actes 20:11; 1 Cor
10:16. Les fours à cuire le pain, dont on trouve plusieurs qui sont publics
dans les villes orientales, ne différaient pas essentiellement des nôtres. Il
faut mentionner cependant des fours portatifs, des cruches de pierre de 1 mètre
de hauteur, ouvertes par en haut, dans lesquelles on faisait le feu avec du
bois ou de la fiente séchée, Ésaïe 44:15; Ézéchiel 4:12, et dans lesquelles ou
sur lesquelles on faisait ensuite cuire le pain ou les gâteaux, après les avoir
fermées pour empêcher la chaleur de se perdre trop rapidement. D'autres fois on
faisait simplement rougir des cailloux dans une petite fosse d'un demi-pied de
profondeur, puis lorsque la fosse avait été suffisamment chauffée, on en
retirait les cailloux, on y déposait la pâte, et l'on recouvrait le trou: on se
servait aussi du même procédé à l'égard des cruches que l'on chauffait avec des
cailloux rougis au feu, c'est peut-être de ce procédé qu'il est parlé 1 Rois
19:6. Enfin l'on cuisait encore le pain sous des cendres chaudes, Genèse 18:6;
1 Rois 17:13, etc.
Dans le langage de l'Écriture le pain désigne toute
sorte de nourriture, la nourriture en général, Genèse 3:19; 18:5; 28:20; Exode
2:20; Deutéronome 9:9,18; cf. Psaumes 42:3; 80:5; 127:2; Proverbes 4:17; 20:17;
22:9, etc., Matthieu 6:11. La manne est appelée le pain du ciel, Exode 16:4, de
même que Jésus-Christ, Jean 6:31, sq..
On peut voir à l'article Levain ce que nous avons dit
des pains sans levain.
Pains de proposition, proprement pains de la face (de
l'Éternel), appelés aussi pains d'exposition, ou encore pain continuel, Nombres
4:7. C'étaient douze pains, selon le nombre des tribus d'Israël, ou douze
gâteaux faits de fine farine et sans levain, qui étaient placés dans le lieu
saint du temple, en deux rangées, sur une table d'or mobile, comme symbole de
la nourriture ordinaire et quotidienne de l'Éternel. La forme et l'usage de ces
pains sont indiqués Lévitique 24:5-9; ils étaient probablement salés, et
peut-être poudrés d'encens pur, verset 7, à moins qu'on n'entende ce verset
comme Flavius Josèphe, qui dit que l'encens était placé dans des vases
au-dessus des deux rangées,
— Voir: Exode 25:30; 35:13; 39:36; Hébreux 9:2.
On les changeait tous les sabbats. Du moment où ils
avaient été enlevés, ils appartenaient aux sacrificateurs qui seuls avaient le droit
de les manger, mais dans le lieu saint seulement, Exode 29:32; Lévitique
24:8-9. David nous fournit une exception à cette règle justifiée par des
circonstances exceptionnelles, 1 Samuel 21:6; cf. Matthieu 12:4; Luc 6:4, sq.
L'encens était allumé au feu sacré de l'autel des holocaustes, Lévitique 24:7.
Quelques prêtres de la famille des Kéhathites était spécialement chargés du
soin d'apprêter ces pains, 1 Chroniques 9:32, et un Targum ajoute que l'art de
les préparer était devenu un secret de famille chez ceux qui en avaient la
charge. Dans le second temple, la grandeur de ces pains fut fixée, la longueur
à 10 largeurs de mains, la largeur à 5, et l'épaisseur à 7 pouces: ces mesures
sont prises dans la Mishna Menach, 11, 4.
— On peut remarquer que c'était chez plusieurs des
anciens peuples un usage d'offrir à leurs dieux de la nourriture
(lectisternia), Ésaïe 65:11; l'apocryphe de Daniel 14:6; Baruch 6:26. Diod. de
Sicile, 2, 9, etc. Ce pouvait être le symbole de la reconnaissance, comme aussi
un acte d'anthropomorphisme; dans le premier cas, l'idée était bonne, mais
combien elle était rare! combien aussi les prêtres en ont abusé souvent pour
s'engraisser aux dépens du pauvre!
La table des pains de proposition était de bois de
Sittim, couverte et ornée d'or pur, Exode 37:10: sa longueur était de deux
coudées (1 mètre), sa largeur d'une (0m,50), et sa hauteur d'une et demie (0
m,75); elle reposait sur quatre pieds et avait une bordure d'or tout à
l'entour: au-dessous des quatre coins, étaient les anneaux au moyen desquels on
la portait. Flavius Josèphe en donne une description assez détaillée,
Antiquités Judaïques 3, 6; 6.
Salomon en fit faire dix d'or massif, comme il paraît
résulter de 2 Chroniques 4:8; cf. 1 Chroniques 28:16; 1 Rois 7:48. Cependant
Winer croit qu'il continua de n'y en avoir qu'une, cf. 2 Chroniques 29:18, et
il est vrai que dans le passage le plus important de ceux qui précèdent, 2
Chroniques 4:8, il n'est parlé que de dix tables sans indication de l'usage
auquel elles pouvaient être destinées.
Antiochus Épiphanes enleva avec les autres ustensiles
sacrés, la table des pains du second temple, 1 Maccabées 1:23, et lors de la
restauration du temple on dut en taire une nouvelle, 4:49; une tradition, mais
quelque peu apocryphe, porte que la table enlevée par Antiochus avait été
donnée au temple de Jérusalem par Ptolémée Philadelphe, et Flavius Josèphe la
dépeint comme ayant été très riche et magnifiquement travaillée:
Enfin la table qui fut enlevée par Titus au temple des
Hérodes était d'or et du poids de plusieurs talents, dit Flavius Josèphe, mais
il n'ajoute pas d'autres détails. Elle est représentée sur l'arc de Titus dont
l'exécution appartient aux jours de Domitien; elle est haute de 12 à 15 pouces;
ses quatre pieds se terminent en pieds d'animaux; elle est entourée d'une
bordure ciselée, mais qui ne s'élève pas au-dessus du tablier.
Philon, Clément d'Alexandrie, la plupart des pères, et
la plupart des théologiens modernes ont examiné la signification symbolique des
prescriptions relatives à cette table, et des parties dont elle était composée:
on peut voir le Moïse sans voile, de G, des Bergeries, et surtout Bæhr, Symb.
des Mos. Cuit. I, 433, sq..
Disons encore pour en finir sur ce sujet, qu'il est
difficile de déterminer la nature des vases d'or destinés au service de cette
table, Exode 25:29. Quatre mots sont encore employés pour les désigner; on
croit que les deux premiers se rapportaient à des vases, coupes, ou plats dans
lesquels on mettait des objets solides, tandis que les deux derniers
désignaient des vases plus profonds destinés à contenir des liquides, du vin ou
de l'huile odoriférante; l'arc de Titus les représente par deux urnes. En
spécifiant davantage, on croit que sur les premiers de ces ustensiles on
plaçait les pains, dans les seconds, l'encens, dans les troisièmes, le vin qui
accompagne tout festin, et que le quatrième terme désigne les coupes ou
gobelets destinés à recevoir le vin versé des urnes plus grandes.
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PALESTINE.
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Ce nom, qui ne se trouve pas dans l'Écriture sainte, a
été donné à la terre promise par les Grecs et les Romains; il ne désignait
proprement que la côte habitée par les Philistins (nos versions, Exode 15:14;
Psaumes 60:8; Joël 3:4, traduisent à tort par Palestine l'hébreu Pelèshet, qui
désigne le territoire des Philistins). Les païens ne connaissaient que la
partie extérieure de ce pays; l'intérieur, avec tout ce qu'il renfermait
d'excellent, leur était inconnu. Quant à la description de cette contrée bénie,
(Le mot Palestine signifie littéralement: terre des
géants.)
— Voir: Canaan.
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PALMIER,
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— Voir: Dattes.
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PALTI ou Paltiel,
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fils de Laïs, Benjamite de Gallim; pauvre homme à qui
Saül fit épouser sa fille Mical, épouse non divorcée de David. On ne sait si
Mical consentit à cette illicite union, ni si Paltiel lui-même s'y prêta de
bonne grâce, par amour, par ambition, ou par crainte. En tout cas, il finit par
éprouver pour la femme de David un vif attachement, et lorsqu'Abner vint la lui
reprendre au nom d'Is-Boseth et de son maître, il la suivit longtemps en pleurant,
jusqu'à ce qu'Abner impatienté l'eût prié de s'en retourner, 1 Samuel 25:44; 2
Samuel 3:16.
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PAMPHYLIE,
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Actes 2:10; 15:38; 27:5, province de l'Asie Mineure,
située vers la mer, bornée au nord par la province d'Asie et la Phrygie, à
l'orient par la Cilicie, à l'occident par la Lycie: les limites ne peuvent en
être précisées davantage. Le Taurus la séparait probablement de la Cilicie: le
sol en était varié, montagneux, fertile, et bien arrosé: l'on y trouvait
quelques villes assez importantes, Attalie ou Attalée, Perge où Paul et
Barnabas prêchèrent l'Évangile, Actes 13:13; 14:25, Side, où naquit le pieux
Eustathe, évêque d'abord de Bérée, puis d'Antioche, l'un des champions les plus
décidés du concile de Nicée contre l'arianisme.
— Les Pamphyliens tiraient leur origine d'une colonie
composée de différentes nations qui se réunirent après la guerre de Troie sous
deux chefs, Amphiloque et Calchas; une partie resta avec eux, d'autres se
répandirent dans divers cantons, le reste se fixa en Pamphylie. Sous les rois
de Syrie, les bornes de cette province s'étendirent vers le nord, et sous la
domination romaine elle continua tantôt de s'administrer elle-même, tantôt de
partager les soins de son gouvernement intérieur avec la Galatie.
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PANNAG,
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Ézéchiel 27:17. Nos versions parlent du blé de Minnith
et de Pannag, faisant ainsi de ce dernier mot un nom de ville ou de lieu,
tandis qu'il faut lire: «en blé de Minnith, en pannag, en miel», etc. Le pannag
a été expliqué de différentes manières; les rabbins et la Vulgate l'entendent
du baume, mais à tort, puisque cette substance est déjà nommée dans le même verset:
la version syriaque le traduit par millet, suivant l'analogie de sa langue.
Mais il faut avouer que le sens de ce mot ne peut être déterminé, et il faut
s'en tenir à une explication générale telle que celle d'Ewald, qui rend pannag
par douceurs, friandises, conformément à l'analogie de ce terme avec quelques
racines hébraïques (ce serait le même mot qui est traduit délices, ou viandes
délicates, Genèse 49:20; Lamentations 4:5; Jérémie 31:34). Si l'on voulait
quelque chose de plus précis, on pourrait penser avec Hævernick au nue) de
raisins, qui faisait l'un des principaux objets du commerce des Hébreux, et
dont l'omission dans notre verset serait sous ce rapport surprenante.
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PANTHÈRE,
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— Voir: Léopard.
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PAON.
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On est assez d'accord à traduire ainsi l'hébreu
thukiim, 1 Rois 10:22; 2 Chroniques 9:21, et le malabar tokei, qui a la même
signification, peut servir à appuyer cette traduction, admise par les versions
caldéenne, syriaque, arabe, et latine: les Septante ne l'ont pas exprimée.
Salomon, est-il dit dans les passages cités, faisait venir cet oiseau de pays
éloignés, soit d'Ophir, soit de ports intermédiaires, soit de l'Inde, d'où il
paraît être originaire, quoique l'on en trouve aussi de beaux en Babylonie et
même en Afrique. De nos jours, il n'est plus nécessaire de faire de si longs
voyages pour s'en procurer, mais dans les anciens temps le paon était non
seulement un objet digne de la cour de Salomon, mais encore un oiseau
excessivement rare au-delà des tropiques, tellement qu'en Grèce, aux jours de
Périclès, et même sous Alexandre le Grand, il était, à cause de son beau
plumage, d'un prix excessivement élevé par rapport à ce qu'il coûte maintenant,
et que c'était chose fort difficile de s'en procurer.
— Sur Job 39:16;
— Voir: Autruche.
— Quelques auteurs ont voulu rendre thukiim par
singes, ou par perroquets, mais ils ne s'appuient sur aucune raison solide, et
quant aux singes, comme il en est déjà parlé dans les mêmes passages, cette
opinion ne saurait se justifier.
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PAPHOS,
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ville de l'île de Chypre, Actes 13:6,13, vis-à-vis des
côtes de la Pamphylie. Il s'agit là de la nouvelle Paphos (Bafo ou Bafa),
opposée à l'ancienne (Coclia), qui était située à 4 lieues sud-est. Paphos
était un port de mer, chef-lieu et résidence d'un proconsul sous les Romains;
elle possédait, comme l'ancienne, un magnifique temple de Vénus, dans lequel la
déesse était adorée sous la forme d'un cône de marbre blanc; on brûlait
l'encens le plus exquis sur ses autels, qui n'étaient jamais rougis du sang des
animaux. Détruite sous Auguste par un tremblement de terre, elle fut rebâtie
par cet empereur. C'est à Paphos que Paul convertit le proconsul romain Serge
Paul, et qu'il frappa d'aveuglement l'enchanteur juif Élymas.
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PÂQUE,
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l'une des trois grandes fêtes des Juifs: Son nom,
dérivé de l'hébreu pèsach, passer, signifie passage, soit qu'on l'entende du
passage de l'ange exterminateur devant les maisons épargnées des Hébreux, soit
qu'il désigne le passage de la servitude à la liberté, ou la traversée de la
mer Rouge. Quelques auteurs, en le faisant venir du grec souffrir, ont voulu y
voir une allusion anticipée aux souffrances du Messie. Cette grande fête porte
encore dans l'Écriture les noms de fête des pains sans levain, Luc 22:1; jours
des pains sans levain, Actes 12:4; fête des sept jours, 2 Chroniques 30:21;
Ézéchiel 45:21; les pains sans levain, Matthieu 26:17; ou simplement et par
excellence, la fête, Matthieu 26:5; cf. Jean 5:1.
— Le nom de pâque s'applique, soit au passage de
l'ange exterminateur, soit à l'agneau pascal, soit au repas où on le mangeait,
soit à la fête proprement dite, soit aux victimes particulières qui s'offraient
pendant la solennité, soit aux pains sans levain, soit aux différentes cérémonies
qui précédaient ou accompagnaient les sacrifices, soit enfin à Jésus-Christ
lui-même, qui en a été la réalisation, Jean 1:29; 1 Corinthiens 5:7. Quelques
textes peu clairs s'expliqueront facilement, si l'on a soin de se rappeler ces
diverses significations et de les distinguer.
La fête de pâque, dont nous trouvons l'institution
Exode 12; Lévitique 23; Nombres 9; commençait le 15e jour du mois de nisan, le
premier de l'année sainte; elle était destinée à rappeler l'heureuse délivrance
des Israélites de la servitude d'Égypte, Lévitique 23:5-8; Nombres 28:16-25;
Deutéronome 16:1-8; cf. Ézéchiel 45:21. Elle durait sept jours, à dater du soir
du 14 nisan, Josué 5:10; Esdras 6:22. Le 1er et le 7e jour étaient
particulièrement solennels; il y avait alors de saintes congrégations auprès du
sanctuaire, et le peuple devait s'abstenir de tout travail servile. Le second
des sept jours était le jour des prémices, auquel le peuple devait offrir au
sacrificateur une poignée des premiers fruits de la moisson.
Voici quelles étaient les différentes observances dont
la célébration de la pâque se composait ou était accompagnée:
Le soir du 14 nisan, entre les deux vêpres, on
sacrifiait dans le parvis du sanctuaire un agneau (ou un chevreau) mâle et sans
tare, âgé d'un an; on le rôtissait tout entier, et on le mangeait dans la ville
sainte, en famille, ou avec quelques amis du dehors, mais toujours en société,
de manière qu'il n'en restât rien pour le lendemain. On le mangeait avec des
herbes amères, avec des pains sans levain, dans l'attitude et le costume de
voyageurs, afin de rappeler toujours la précipitation de la sortie d'Égypte.
Pendant toute la durée de la fête, il était défendu, sous peine de mort, de
manger d'autre pain que du pain sans levain, appelé aussi pain d'affliction,
Deutéronome 16:3, à cause des souvenirs de servitude qu'il rappelait; il
n'était pas même permis de garder dans la maison, sans usage, ou pour un usage
quelconque, du pain levé ou du levain; et, d'après la tradition, il fallait
même tout consommer ou jeter loin dès la veille. Chaque jour, au nom de la
nation, et pour l'expiation de ses péchés, les prêtres offraient des
holocaustes, deux jeunes taureaux, un bélier, sept agneaux d'un an, avec les
offrandes non sanglantes qui devaient les accompagner, et un bouc en sacrifice
pour le péché, Nombres 28:19; cf. 2 Chroniques 35:1. Quelques Juifs offraient
alors aussi des sacrifices particuliers, en gros ou menu bétail, mâle ou
femelle, Deutéronome 16:2, suivant l'interprétation rabbinique, à moins que ce
passage se rapporte, comme il nous paraît plus probable, aux sacrifices
généraux dont on vient de parler. Le second jour, on apportait la première
gerbe mûre, avec un holocauste à l'Éternel, Lévitique 23:10, et ce n'est
qu'après cette, cérémonie accomplie que la moisson des blés était
officiellement ouverte.
On a voulu voir quelques contradictions dans la
manière dont l'institution ou le but de la fête est raconté, Exode 12, entre
les versets 2-13 et les versets 13-20, parce que les premiers semblent ne la
rapporter qu'au passage de l'ange exterminateur, et les derniers en font un
mémorial de la sortie d'Égypte. Mais c'étaient deux souvenirs qui pouvaient, et
devaient se lier étroitement dans l'esprit des Hébreux; d'ailleurs le sacrifice
de l'agneau, qui est un signe préservateur dans le premier cas, et pour ce seul
as, n'est point annoncé comme devant être reproduit dans ce sens à l'avenir. La
première pâque avait un but spécial, celui de sauver les Israélites dans un
danger particulier; l'institution de la pâque en a eu un second plus général,
dérivé du premier, celui de leur rappeler l'ensemble de leur délivrance. Dans
le premier cas, c'était le moyen de salut; dans le second, ce n'était plus
qu'un mémorial, et un mémorial typique. La première pâque n'a pas été ce qu'ont
été celles qui l'ont suivie: elle n'a duré qu'un soir, et si, dans les jours
suivants, jours de fuite, les Israélites ont encore continué de manger des
pains sans levain, c'a été l'effet de leurs circonstances plutôt que d'un ordre
divin; mais. Moïse a fait de cette circonstance une ordonnance pour les âges
futurs, afin de leur rappeler vivement, par une semaine d'une nourriture
grossière et fade, les tribulations de leurs pères.
— Ce n'est pas ici le lieu de reproduire, encore moins
de réfuter, ces opinions égarées qui ont voulu faire de la fête de pâque une
fête de nouvelle année, parce qu'elle se célébrait vers le milieu du premier
mois, ou une fête de la moisson, ou encore une fête du printemps, une fête
équinoxiale (Volney, et toute cette école). Si l'on voulait abandonner le récit
biblique, on comprendrait, en tout cas, mieux avec Ewald, une fête des
moissons, qu'une fête astronomique chez le peuple agriculteur des Hébreux.
La signification des mots «entre les deux vêpres» a
été depuis fort longtemps contestée. Les Caraïtes et les Samaritains
l'entendent de l'espace de temps compris entre le coucher du soleil et la nuit
close; c'est le dernier crépuscule du jour, le commencement de la nuit. Aben
Esra l'entend également ainsi. Les pharisiens et les rabbanites le comprennent,
au con traire, du temps qui s'écoule entre le moment où le soleil s'incline sur
l'horizon, et celui où il se couche; ce seraient alors les dernières heures du
jour, depuis deux ou trois heures environ. La première opinion est rendue plus
vraisemblable par Deutéronome 16:6, et par l'analogie de Exode 29:39;
cependant, la dernière avait prévalu dans le service du temple, et l'heure de
la mort de Christ, trois heures de l'après-midi, n'a pas été sans influence sur
les théologiens chrétiens pour leur faire admettre aussi le calcul des
pharisiens.
L'extrême fréquentation de cette fête, et le grand
nombre de victimes que l'on y sacrifiait (il y eut, d'après Flavius Josèphe,
256,600 bêtes immolées en une seule fois), faisaient que chacun, pourvu qu'il
fût pur, était autorisé à sacrifier l'animal qu'il présentait; cela résulte
d'ailleurs de 2 Chroniques 30:17. Les prêtres et les lévites, quoique nombreux,
n'auraient pas suffi à ce travail, et leur ministère aurait plutôt fait
oublier, qu'il n'aurait rappelé le repas de: famille primitif. On voit
cependant qu'ils ne restaient pas sans occupation, et qu'une assez grande
partie de l'ouvrage était fait par eux, soit que le nombre de ceux qui avaient
contracté des souillures, volontaires ou involontaires, fut considérable, soit
aussi à cause de l'habitude qu'ils en avaient, soit par d'autres raisons. Le
lieu des sacrifices était dans les parvis du temple; le sang de l'agneau était
reçu par un prêtre qui en faisait aspersion sur l'autel: les parties grasses du
corps étaient consumées; le reste de l'animal paraissait ainsi sur la table,
sans qu'aucun de ses os eût été brisé, Exode 12:46; cf. Jean 19:36, et le 16 du
mois de nisan, tout ce qui n'avait pas été mangé était brûlé. On ne peut donc
être surpris qu'avec de semblables dispositions, la fête de pâque soit appelée
un sacrifice, Exode 12:27; 34:25, etc.
Tous ceux qui étaient circoncis, fussent-ils même
d'origine étrangère, étaient admis au repas solennel pourvu qu'ils fussent purs,
Exode 12:44,48. Chaque père de famille devait célébrer la pâque avec les siens;
lorsqu'ils n'étaient pas assez nombreux pour manger à eux seuls l'agneau tout
entier, ils pouvaient se réunir à d'autres familles; selon une tradition, le
nombre des convives ne pouvait pas être inférieur à dix. Les femmes y prenaient
part également, mais, d'après la Gemara, elles n'y étaient pas obligées comme
les hommes. Les Caraïtes n'y laissent participer que les adultes hommes, à
l'exclusion des enfants et des femmes. Les Israélites qui ne résidaient pas à
Jérusalem, avaient le droit d'y demander gratuitement une chambre préparée pour
y faire la pâque (cf. Matthieu 26:18); ils abandonnaient au propriétaire en
échange de son hospitalité, la peau de l'agneau et les vases de terre dont ils
s'étaient servis. Mais le nombre des visiteurs, pendant la fête, était trop
considérable pour que tous pussent trouver des chambres dans la ville, et la
plupart dressaient leurs tentes et mangeaient la pâque en dehors des murs de
Jérusalem, comme font de nos jours encore les pèlerins mahométans autour de la
Mecque.
L'agneau pascal devait être rôti au feu, et non point
cuit ou bouilli, apparemment parce que c'est la manière la plus expéditive et
la moins compliquée, de préparer la viande, par conséquent celle qui rappelait
le mieux la hâte du premier voyage. Quant à l'assaisonnement d'herbes arrières,
les commentateurs ne sont pas d'accord sur le sens de cette expression; les
Septante et la Vulgate traduisent par laitues sauvages, endives, (lactucæ
agrestes), et les Juifs d'Égypte et d'Arabie confirment de nos jours encore par
leur pratique, cette interprétation. Un Talmud énumère diverses espèces de
plantes, la chicorée, la pariétaire, l'ortie, etc., d'autres l'entendent même
de la moutarde. Il était, du reste, assez ordinaire en Égypte, comme parfois
aussi dans nos contrées, de manger quelques herbes amères et aromatiques avec
le pain ou la viande (Aben Esra).
On trouve dans les Targums quelques détails sur le
service et le rituel du repas, rituel conservé par les Juifs actuels en
beaucoup d'endroits. Quatre coupes de vin, ordinairement de vin rouge, étaient
remplies et faisaient le tour des convives, chaque coupe étant accompagnée
d'une parole d'action de grâces. À la seconde, le père racontait à son fils,
sur sa demande, l'histoire de l'institution primitive de la fête, Exode 12:26;
sq., puis on entonnait le grand Hallel, les Psaumes 113-118. Suivait la
troisième coupe, qui était appelée par excellence la coupe de bénédiction, cf.
1 Corinthiens 10:16; on entamait alors l'agneau pascal, et l'on continuait le
chant de l'Hallel jusqu'à ce que la quatrième coupe fût vidée. Quelquefois on
en remplissait une cinquième, et pendant qu'elle circulait, on chantait encore
les Psaumes 120-137. On peut lire dans Calmet quelques détails de plus,
extraits des ouvrages rabbiniques.
Les pains pouvaient être faits de farine de blé,
d'orge, d'avoine, ou d'épeautre; peut-être étaient-ils le plus ordinairement
pétris de farine d'orge, comme celle qui a été le plus anciennement et le plus
communément en usage; mais on a eu tort d'en faire une règle générale, et
surtout de le conclure du rapport accidentel qui se trouve entre leur nom
hébreu mazzoth et le latin massa.
Lorsque par suite d'une souillure cérémonielle, ou
pour n'être pas arrivés à temps à Jérusalem, quelques Israélites n'avaient pu
célébrer la fête le 14 nisan, ils devaient la célébrer le quatorzième jour du
mois suivant, Nombres 9:11. Les talmudistes appellent cette solennité tardive
la petite pâque, et disent qu'alors il n'était pas défendu d'avoir du levain
dans la maison, et que le chant des Hallels n'était pas absolument nécessaire.
On trouve sous le règne d'Ézéchias un exemple de cette pâque tardive, 2
Chroniques 30:2-15.
C'est au soir du 15 nisan que des délégués du
sanhédrin allaient désigner dans un champ voisin de Jérusalem, la gerbe des
prémices, et dans la nuit du 16 on venait la couper et la porter dans la cour
du temple. Là on battait les grains, on les froissait au moyen d'une meule à bras,
on tamisait treize fois de suite la farine ainsi obtenue, et l'on en faisait
une offrande tournoyée de la dixième partie d'un épha, mêlée d'huile et
d'encens, dont une poignée était jetée sur l'autel, et le reste était consommé
par les prêtres. L'institution primitive, racontée Lévitique 2:14, était un peu
différente de celle que suivirent les Juifs plus tard; les grains étaient rôtis
au feu suivant l'ancienne coutume.
L'usage rappelé Matthieu 27:15; Luc 23:17; Jean 18:39,
de relâcher un prisonnier le jour de la fête, quel que fût celui que le peuple
demandât, n'est prescrit ni même mentionné nulle part ailleurs. Quelques
auteurs, comme Grotius, veulent y voir un usage emprunté des Romains qui, à
certaines fêtes, aux bacchanales, aux lectisternia, etc., avaient l'habitude de
mettre en liberté quelques prisonniers, souvent même tous; les Grecs avaient en
plusieurs de leurs fêtes un usage semblable. Selon d'autres, et Olshausen
paraît pencher vers cette opinion, c'était une coutume juive que l'on cherche à
faire dériver de l'idée primitive de la pâque, qui était un affranchissement.
On peut concilier les deux sentiments en admettant que les Romains, maîtres de
la Palestine, avaient introduit cet usage pour tempérer l'extrême rigueur du
code criminel des Juifs, et qu'ils avaient profité, pour le faire, des
souvenirs nationaux qui s'y rattachaient dans l'esprit des Hébreux. Cette
coutume n'a de surprenant que l'usage qui en a été fait dans cette circonstance
spéciale, car du reste, chez presque toutes les nations, en Orient et en
Occident, il est assez d'usage lors de certaines fêtes, à la naissance d'un
prince, ou à son avènement, de proclamer une amnistie partielle ou entière,
mesure tout ensemble de politique et de générosité.
C'est une question qui n'est point encore résolue que
celle de savoir si notre Sauveur a célébré la pâque légale et judaïque la
dernière année de sa vie. Les trois premiers évangélistes semblent la décider
affirmativement, Matthieu 26:17; Marc 14:12; Luc 22:7, tandis que Jean 13:1; appuie
fortement le sentiment opposé. Sans entrer ici dans l'examen d'une question qui
ne nous a pas paru résolue, nous indiquerons, comme résumant la discussion, les
trois hypothèses principales.
1. L'ancienne
église grecque admettait, de même que plusieurs modernes, entre autres Lamy,
que Jésus, n'avait pas célébré la pâque juive, mais qu'il l'avait comme
anticipée en la faisant dans un repas particulier, pour être offert lui-même le
lendemain, 14 nisan, comme le véritable agneau pascal. Cette opinion, fondée
sur saint Jean, est en contradiction avec les termes des trois autres
évangiles.
2. Selon
d'autres,
— Voir: Calmet, Dict. III, 546,
Jésus a bien fait la pâque, mais il ne l'a pas
célébrée en même temps que les autres Juifs, soit que prévoyant que la méchanceté
de ses ennemis lui enlèverait avant le soir du 14 nisan la liberté de se réunir
avec ses disciples pour manger l'agneau pascal, il ait en sa qualité de Messie,
choisi la veille, le 13, pour faire ce repas; soit au contraire que Jésus,
conformément au texte de la loi, ait célébré la fête le soir du 14 nisan,
tandis que les Juifs l'auraient renvoyée au lendemain soir, 15 du mois,
vendredi, peut-être pour une plus grande exactitude astronomique, et sur les
calculs de leur calendrier; c'est l'opinion de Cyrille d'Alex., Chrysostôme,
Épiphanes, etc. Ils appuient entre autres sur ce qui est dit, Luc 22:7, que
c'était le jour où il fallait sacrifier la pâque, voyant dans ces paroles une
présomption que ce n'était pas le jour où on l'avait fait.
3. Enfin
ceux qui pensent que Jésus a célébré la pâque juive en même temps que les
Juifs, admettent, les uns, que la fête avait été renvoyée du 14 au 15 nisan, et
que le 14 (vendredi), qui commençait la veille au soir (jeudi), n'avait été que
la préparation de la fête dans laquelle on avait mangé l'agneau pascal, Jean
19:14; explication qui est presque généralement rejetée; les autres donnent aux
expressions manger la pâque et préparation de la pâque, Jean 18:28; 19:14, un
autre sens que celui dans lequel on les prend ordinairement, expliquant la
première de l'un ou de l'autre des différents sacrifices journaliers qui se
faisaient dans le courant de la semaine sainte, et la seconde de la préparation
qui se faisait la veille du sabbat de pâque: explications un peu dures et
contraires à l'usage général.
Au milieu de ces incertitudes, il paraît plus
vraisemblable que Jésus n'a pas fait la pâque avec ses disciples, d'autant plus
que s'il l'eût faite, il eût agi contre les observances juives en quittant le
même soir, pendant la nuit, la maison et la ville de Jérusalem, Matthieu 26:30;
Marc 14:26; Luc 22:39.
— Voir: sur cette question le commentaire d'Olshausen
sur la Passion de notre Seigneur, d'après les quatre évangélistes, traduit de
l'allemand par le professeur Chappuis.
Quoi qu'il en soit, du reste, la pâque chrétienne à
succédé à la pâque juive; elle a pris sa place dans l'année et dans le cœur de
ceux qui ne sont plus sous la loi, mais sous la grâce. Il n'importe pas que
Jésus-Christ l'ait célébrée ou indiquée avant sa mort; il l'a fondée par sa
mort, comme cela ressort non seulement de cette parole de l'apôtre: «Christ,
notre pâque, a été sacrifié pour nous», 1 Corinthiens 5:7, mais encore des
rapports évidents et nombreux qui ont fait de son sacrifice l'accomplissement
perpétuel de ceux qui devaient être offerts par les Juifs.
Π serait trop long d'énumérer ici tous ces rapports
entre le Christ et l'agneau pascal, de même que ceux que les auteurs sacrés
font ressortir entre le sacrifice de Christ et la pâque:
— Voir: Moïse sans voile, par Des Bergeries, p. 112;
sq., 219; sq..
Il ressort aussi de l'institution de la Cène, soit
qu'elle ait eu Heu le 14 nisan, ou le 13, qu'elle était destinée à rappeler le
souvenir de la mort de Christ, et qu'elle avait sous ce rapport une
signification pascale, réelle, mais plus étendue et moins cérémonielle que la
fête proprement dite. La Cène est une pâque réitérée et fréquente; elle est la
commémoration de la mort de celui qui est notre pâque, et ce souvenir doit
accompagner la pensée du chrétien, non seulement dans la grande solennité que
l'Église a consacrée, mais dans toutes les occasions où il s'approche de la
table du Seigneur. Il se rappelle alors qu'il a été délivré comme le Juif, mais
d'une servitude plus terrible, mais par un sang plus précieux, mais pour un
avenir de joies plus grandes, plus sûres, plus durables, pour la sainteté et
pour la vie éternelle.
Rappelons encore, en terminant, les querelles qui
éclatèrent dans les premiers siècles de l'établissement du christianisme, entre
les évêques orientaux et les occidentaux, sur le jour auquel il fallait
célébrer la pâque. Les orientaux voulaient s'en tenir à l'usage que leur
avaient légué saint Jean et les apôtres, de la célébrer le quatorzième jour de
la lune de mars; les occidentaux la célébraient le dimanche qui suivait.
Polycarpe et Anicet eurent sur ce point des conférences qui n'aboutirent à
aucun résultat, l'évêque de Rome ne voulant pas se plier à l'usage apostolique,
et Polycarpe ne voulant pas y renoncer. Plus tard, Victor 1er (196) envenima la
discussion, et rompit la communion avec les évêques d'Orient; Irénée, évêque de
Lyon, réussit à faire entendre raison au pape, qui rétracta ses mesures
anti-chrétiennes. Les deux Églises ont dès lors continué d'observer leurs jours
particuliers.
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PARA,
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ville de Benjamin, Josué 18:23.
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PARADIS,
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nom grec du jardin placé en Éden, et dont Dieu avait
fait l'habitation bénie du premier homme, Genèse 2:8; 3:8,23; 4:16. L'Écriture
nous dit qu'un fleuve sortait du pays d'Éden, pour arroser le paradis, et que
de là il se divisait en quatre têtes, le Pison, le Guihon, le Hiddekel et
l'Euphrate: quelques détails généraux sur chacun de ces fleuves, et la
circonstance qu'Éden était en Orient, sont tout ce que nous savons sur ce
jardin, tout ce qui peut diriger les recherches des commentateurs, des
théologiens, et des historiens. Malgré ce peu de données, malgré leur peu de
précision, des travaux immenses et presque inutiles ou sans résultat, ont été
entrepris pour essayer de déterminer avec autant de certitude que possible quel
était le pays d'Éden, ou quel était l'emplacement du paradis, car Ces deux
questions se confondent, et la première est presque toujours absorbée par la
seconde, qui seule a de l'intérêt. Calvin, Huet, Bochart, Morin, Grotius,
Hottinger, Rosenmuller et Gesenius, doivent être comptés au nombre de ceux qui
ont fait sur ce sujet les travaux les plus consciencieux; mais la fréquente
divergence de leurs vues de détail, et les résultats différents auxquels ils
sont arrivés, disent suffisamment qu'une base sûre nous manque, et si l'on
continue de s'occuper de cette recherche, c'est à cause de l'intérêt qui se
rattache à l'examen même de la question, plutôt que dans l'espérance de la
résoudre; le déluge qui nous sépare de l'ancien monde, et qui a doublement
bouleversé la face du globe, est la plus sûre garantie de la complète inutilité
de toutes les recherches.
La recherche d'un
Jardin d'Éden littéral a même préoccupé l'imagination des théologiens aussi
bien que celle des explorateurs et des chercheurs de trésors. F.X. Burque, professeur en Philosophie (Pluralité des Mondes Habités), mentionne une
nouvelle étonnante sur la découverte du paradis terrestre: "En écrivant
ces lignes, nous lisons avec un suprême étonnement, dans les gazettes du jour
(1898), l'étonnante nouvelle que le vrai site du paradis terrestre vient enfin
d'être découvert par un explorateur anglais du nom de W.H. Seton-Karr. En
poursuivant un lion sur la côte du Somali, en Afrique, le célèbre explorateur a
pénétré dans un lieu qui correspond exactement à la description de l'Éden
donnée dans la Genèse. Mr. Seton-Karr est convaincu qu'il a trouvé le berceau
de la race humaine. Un groupe de rivières correspond aussi exactement à la
description biblique. L'explorateur a trouvé au même endroit des milliers
d'instruments en pierre qu'il ne doute pas avoir été fabriqués par Adam
lui-même... Pourrait-on appuyer de quelque preuve solide une telle prétention?
Nous croyons pour notre part, que c'est encore un cas de pure
excentricité". Le Paradis ou Jardin d’Éden n’est pas une localité
géographique mais un état d’être, il symbolise en effet l’Enclos de la Grâce
divine dans laquelle fut le premier homme avant la chute.
Plusieurs systèmes ont été examinés à l'article
Création, q.v., et l'auteur a développé le sien de manière à ne laisser aucun
doute dans l'esprit de ceux qui dans cette question consentiront à se décider,
et à le faire en rompant avec les traditions scientifiques du passé.
Dans le présent article, nous nous bornerons à exposer
brièvement l'opinion généralement admise. Ce qui a été dit aux articles
spéciaux sur les quatre fleuves et sur les pays qu'ils parcourent, a déterminé
en quelque sorte la position du paradis. On ajoute:
1. que
Moïse ne nous présente pas une géographie mythique; il ne parle pas non plus,
comme le voudrait Leclerc, d'une contrée qu'il regarde comme perdue, ou qui ne
puisse être retrouvée: il parle à ses contemporains, et il veut leur faire
connaître la contrée où a été le premier séjour des hommes nouvellement créés;
ainsi que le dit Calvin: Topographiam suam Moses ad suæ ætatis tractum
accommodavit; non seulement il indique des pays et des fleuves connus,
l'Euphrate, l'Assyrie, mais à mesure qu'il parle d'objets plus éloignés, il y
ajoute plus d'attributs pour mieux caractériser la contrée.
2. En
suivant les indications que donne Moïse, l'Euphrate et le Tigre nous renvoient
au plateau de l'Arménie; c'est dans le voisinage du mont Ararat qu'ils prennent
leur source, et c'est dans la même contrée aussi que naît l'Araxe que l'on
prend pour le Guihon, de même que le Phasis ou Pison. Ce pays est très fertile,
et riche sous tous les rapports; il y a plusieurs lacs entre les montagnes, des
cimes couvertes de neiges éternelles, des traces d'éruptions volcaniques. Cette
manière de voir est entièrement celle de Re-land et de Calmet, en grande partie
celle de Jahn, Winer, etc.
3. Si
l'on demande maintenant où est ce pays d'Éden, où ce fleuve qui arrosait le
jardin, où ce jardin lui-même, où la source commune de ces quatre fleuves qui
aujourd'hui sortent bien d'un même plateau, mais non du même bassin, il faut
répondre que ce sont précisément ces choses qui ont été détruites. Moïse
lui-même parle du chérubin qui défend l'entrée du paradis, il nous raconte le
déluge qui a passé par-dessus toutes les hauteurs de la terre; il n'a donc pas
voulu nous dire que le pays puisse encore être trouvé. Le paradis n'existe plus,
les fleuves coulent encore. L'aveu que nous faisons pour l'ensemble de la
question, l'on est obligé de le faire au moins pour les détails, et l'on
compromet ainsi ce qu'on avait cru prouver d'abord.
4. Parmi
un grand nombre d'opinions sur la situation du paradis, dont la plupart ne
méritent pas d'être réfutées, nous mentionnerons cependant encore celle de
Calvin, Grotius, Huet, Bochart, qui le placent dans la Babylonie; les quatre
fleuves sont alors le Tigre, l'Euphrate, et deux sources du Shat-al-Arab.
Les auteurs arabes ont conservé en la modifiant la
tradition biblique; leurs quatre fleuves sont le Tigre, l'Euphrate, le
Dschi-Houn (Oxus des anciens), et le Sinon (Iaxartes): ce sont les quatre plus
grands de l'Asie, l'Indus et le Gange exceptés.
— D'après le Zend Avesta le paradis, la pure Ivan,
serait situé dans ce que nous appelons aujourd'hui Érivan, où coulent encore
les fleuves Khur et Arass: une partie de ce paradis, dans laquelle est né
Zoroastre, s'appelle Éden, qui signifie dans la langue pehlvi lieu de repos.
Les Arméniens sont persuadés que le paradis était situé près de l'Ararat, sinon
même sur son penchant méridional, et le couvent d'Etschmiatsim aurait été,
selon quelques-uns, construit sur le lieu même de son emplacement.
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PARALYSIE,
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maladie assez connue et assez fréquente, qui consiste
dans le relâchement des muscles de certaines parties du corps, et dans
l'incapacité pour le patient de se servir librement et à sa volonté des membres
ainsi attaqués: malgré cette affection musculaire les organes conservent en
général la circulation du sang, la chaleur animale, et leurs sécrétions
particulières. La paralysie frappe les bras, les jambes, la langue, les yeux, etc.,
souvent en suite d'une attaque d'apoplexie. Elle n'est du reste généralement
accompagnée d'aucune douleur autre qu'un léger picotement facile à supporter.
Sa guérison est toujours difficile: les frictions, et les remèdes électriques
sont au nombre des moyens dont on se sert avec le plus de succès.
— Les anciens connaissaient, ou plutôt distinguaient,
une autre espèce de paralysie; les muscles au lieu d'être relâchés, sont
excessivement tendus, et n'obéissent plus à la volonté de leur maître, mais ils
n'en sont pas moins dans une activité constante et convulsive; c'est à cette
classe qu'appartiennent la catalepsie, l'épilepsie, et les différents genres de
tétanos, tous accompagnés de violentes douleurs. Le Nouveau Testament nous
présente plusieurs exemples de ces maladies, et c'est peut-être dans cette
dernière espèce qu'il faut ranger la paralysie dont il est parlé Matthieu 8:6,
ainsi que le font divers auteurs qui l'entendent du tétanos, maladie moins rare
dans les pays chauds que chez nous, et si douloureuse qu'elle précipite
rapidement et presque inévitablement dans le tombeau, tous ceux qu'elle
atteint; le tétanos est cependant moins fréquent encore en Orient que dans
l'Afrique, qui paraît être sa patrie originaire. On a voulu reconnaître aussi
le tétanos emprosthetonus dans la maladie mentionnée Luc 13:11; elle consiste
dans un raidissement des muscles du cou, accompagné d'une courbure générale du
corps d'arrière en avant; d'autres ont cru qu'il s'agissait là d'une autre
espèce de maladie, peut-être de douleurs rhumatismales; les médecins varient
beaucoup sur ce qu'ils entendent par paralysie dans la Bible, mais il est
constant que dans la plupart des cas, il s'agit de véritables paralysies.
— La main sèche de Jéroboam,
1 Rois 13:4, et celle dont il est parlé Matthieu
12:10; Marc 3:1, n'étaient apparemment autre chose que des membres paralysés;
Ackermann pense que dans le cas de Jéroboam il est question d'une affection
tétanique.
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PARAN, ou plutôt Pharan,
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désert situé au sud de la Palestine, Genèse 21:21; cf.
verset 14, entre ce pays et l'Égypte. Les Israélites y passèrent pendant le
voyage du désert, après qu'ils eurent quitté les solitudes du Sinaï, trois
jours après avoir quitté la montagne même sur laquelle la loi leur avait été
donnée, Nombres 10:12,33. C'est peut-être aussi à cause de ce souvenir que le
nom de Paran est resté attaché à celui du Sinaï, Deutéronome 33:2, d'autant
plus que le mont de Paran était, selon toute apparence, attenant à la chaîne du
Sinaï, cf. Habacuc 3:3. On a cru retrouver Paran dans le Wady Feiran, belle et
fertile vallée, arrosée d'un ruisseau qui déborde quelquefois, et renfermée
entre des montagnes hautes et escarpées (Shaw, Niebuhr); mais cette vallée,
proche du Sinaï, est située au nord-ouest, tandis que celle de Paran était
située entre le Sinaï et la Palestine, du côté de la frontière iduméenne, et
Makrizi (— Voir: Burckhardt) distingue positivement le Paran biblique du Wady
Feiran. Il est plus probable qu'une trace de Paran se trouve dans la mention
que font Eusèbe et saint Jérôme d'une ville de Pharan, située à trois journées
nord-est d'Élana.
— Voir: aussi Flavius Josèphe, Guerre de Jud. 4, 9; 4.
— Quant à la ville de Phara, située sur les rives de
la mer Rouge, et mentionnée par Ptolémée, elle se rapporterait plutôt à la
vallée de Feiran qu'au désert de Paran.
Ce désert est fréquemment nommé dans l'Écriture
sainte; ses confins furent ravagés par Kédor-Lahomer. Agar s'y retira, Israël
le traversa, et de là Moïse envoya les espions en Canaan; David y séjourna
quelque temps, Hadad y passa lorsqu'enfant on le conduisit en Égypte.
— Voir: Genèse 14:6; Nombres 13:4,27; 1 Samuel 25:1; 1
Rois 11:18, etc.
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PARENTS.
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Ce nom désigne, en premier lieu, les pères et mères;
il s'applique ensuite à toutes les personnes unies par un même sang, même à des
degrés fort éloignés. En ordonnant aux enfants d'honorer leurs parents, Exode
20:12, l'Écriture leur a imposé non seulement le respect extérieur, ou même
l'obéissance, mais encore le devoir de les nourrir, de pourvoir à leurs
besoins, de les assister dans toutes les circonstances où ce pourra être
nécessaire. Une tradition cléricale avait essayé de détourner cet honneur et
cette assistance au bénéfice des prêtres, en établissant que les dons faits au
clergé pouvaient remplacer, pour les enfants, les devoirs auxquels la loi les
obligeait envers leurs parents; les clergés sont toujours les mêmes: le Sauveur
condamne cette interprétation annihilante de la loi, Matthieu 15:5-6.
— Voir: Corban.
Les mariages entre parents, à un certain degré,
étaient défendus par la loi, Lévitique 18; ainsi un Israélite ne pouvait
épouser ni sa mère, ni sa belle-mère, ni sa sœur de père ou de mère, ni sa
fille, ni sa petite-fille, ni la fille de la femme de son père, ni sa tante, ni
la femme de son oncle paternel, ni sa belle-fille, ni la femme de son frère (à
moins que celui-ci fût mort sans enfants), ni à la fois, ou successivement, une
mère et sa fille ou petite-fille, ni la sœur de sa propre femme pendant la vie
de celle-ci. Les quatre vers suivants renferment tous les degrés prohibés:
Nata, soror, neptis, matertera fratris et uxor,
Et patrui conjux, mater, privigna, noverca,
Uxorisque soror, privigni nata, nurusque,
Atque soror patris, conjungi lege vetantur.
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PARFUMS,
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— Voir: Onction.
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PARJURE,
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— Voir: Serment (faux).
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PARMÉNAS, l'un des sept premiers diacres de l'église
de Jérusalem, Actes 6:5. Épiphanes le compte en nombre des soixante-dix
disciples.
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PARPAR,
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— Voir: Abana.
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PARTHES,
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Actes 2:9. Il s'agit probablement dans ce passage de
Juifs domiciliés chez les Parthes, et momentanément en séjour à Jérusalem.
— La Parthie ou Parthiène était, dans l'origine, sous
les rois de Perse et sous les successeurs d'Alexandre, un canton ou une
province subordonnée à l'Hyrcanie, qui la bornait à l'ouest; la Margiane
faisait la frontière orientale. Les Parthes, chassés de la Scythie (leur nom
même signifie bannis en langue scythique), vinrent s'établir dans les solitudes
voisines de l'Hyrcanie, couvertes de forêts et de montagnes, pays si pauvre
qu'il ne pouvait pas nourrir les plus petites armées. Ces bannis s'accrurent
bientôt à tel point, qu'ils furent en état de s'emparer des plaines les plus
étendues et des vallées les plus profondes. Ils étaient adonnés à l'ivrognerie
et à l'impureté; les mariages incestueux n'étaient pas un scandale dans leurs
mœurs, mais ils avaient horreur du mensonge. Leur manière de tirer de l'arc par
derrière, en se retirant, rendait souvent leur fuite plus dangereuse que
l'attaque. C'est à cheval qu'ils combattaient, à cheval encore qu'ils se
rendaient aux repas où on les invitait; ils ne mangeaient que des viandes de
bêtes prises à la chasse. Par leur élévation à l'empire d'Orient, le canton
resserré qu'ils habitaient prit une plus grande extension, et s'étendit jusqu'aux
Portes Caspiennes, ayant pour capitale Hecaton-Pyles (les cent portes), qui
appartenait à l'ancienne Médie. Après la révolte d'Arsaces, des troubles qui
s'élevèrent dans les autres états du roi de Syrie, laissèrent à l'usurpateur le
temps de s'affermir dans sa nouvelle domination. Séleucus-Callinicus ayant
tenté un dernier effort, fut battu et fait prisonnier dans une grande bataille,
230 avant J.-C. Peu à peu ce grand empire s'étendit dans toute l'Asie, et finit
par se rendre redoutable aux Romains. Il dura plus de quatre siècles sous les
successeurs d'Arsaces, qui prirent le nom d'Arsacides; cette dynastie finit
l'an 223 de l'ère chrétienne, avec Artaban IV, qui fut détrôné par Artaxercès
1er, petit-fils de Sassan, qui donna le nom de Sassanides à la dynastie
nouvelle.
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PARVAÏM,
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2 Chroniques 3:6, contrée qui fournissait un or
particulièrement estimé. Plusieurs auteurs regardent ce nom comme synonyme
d'Ophir, et cette opinion se recommande lé mieux, si l'on n'admet pas celle de
Gesenius, qui, d'après; l'analogie du sanscrit, prend Parvaïm: dans la
signification générale d'Orient, Levant; on disait alors l'or du Levant,: comme
nous disons le fer du Nord, pour dire de bon or, de bon fer.
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PARVARIM,
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2 Rois 23:11, faubourg situé à l'occident du temple,
cf. 1 Chroniques 26:18. Néthanmélec y demeurait près de l'écurie sacrée des
chevaux du soleil.
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PAS,
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2 Samuel 6:13, la plus petite des mesures de distance.
On l'évalue ordinairement à cinq pieds géométriques. Le stade comptait 125 pas,
et la lieue 2,500 ou 3,000.
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PASDAMMIM,
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1 Chroniques 11:13, appelé aussi Éphes Dammim, ou
frontière de Dammim, 1 Samuel 17:1, localité inconnue, de la tribu de Juda;
c'est près de là que David et Goliath se rencontrèrent.
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PASHUR,
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1. Sacrificateur,
et fils ou descendant d'Immer, était sous Jéhojakim prévôt et directeur de la
maison de l'Éternel: cette charge paraît avoir compris entre autres la police
du temple, et le soin de prévenir les désordres parmi la foule qui s'assemblait
dans le parvis, Jérémie 20:1-6. Faux prophète, et de la faction opposée à
Jérémie, il fit enfermer le prophète, qui rendait ses oracles dans le parvis du
temple; Pashur outrepassait les limites de sa compétence, il se faisait juge
quand il n'était qu'inspecteur. Le lendemain, sentant peut-être qu'il s'était
compromis par une mesure trop inique, et par un abus de pouvoir, il rendit la
liberté à Jérémie, qui répondit à ses brutalités par un oracle de châtiments.
«L'Éternel ne te nomme plus Pashur (sûreté de tous côtés), mais Magor-missabib
(frayeur tout à l'entour).» Et il lui annonça la fin de sa prospérité, et des
jours de trouble et de tribulations. Nous ignorons comment cette prédiction
s'accomplit, car son nom ne se retrouve plus, pas même parmi ceux des premiers
sacrificateurs qui furent emmenés à Riblah, où Nébucadnetsar les fit mettre à
mort, 2 Rois 25:18. On présume qu'il fut du nombre de ceux qui furent
transportés à Babylone sous le roi Jéhojachin. Le Guédalia nommé Jérémie 38:1,
était probablement son fils, et partageait sa haine contre le prophète. Ses
descendants (fils d'Immer) revinrent de la captivité, 1 Chroniques 9:12. Malgré
sa charge ecclésiastique, Pashur apparaît essentiellement revêtu d'un caractère
civil, et dans le civil il représente la brutalité d'un absolutisme impie et
incrédule, absolutisme démagogique, aristocratique, ou clérical, peu importe,
car c'est presque partout le même.
2. Fils
de Malkijah, et l'un des serviteurs de Sédécias, Jérémie 21:1; 38:1. Il vint
demander avec Sophonie, au nom de son maître, des oracles à Jérémie, n'obtint
de lui que des réponses de malheur, et se joignit plus tard à ses ennemis. On
peut croire que le Pashur dont un arrière-petit-fils revint de l'exil, Néhémie
11:12, est le même que celui dont nous parlons; cependant le Pashur de Néhémie
était sacrificateur, et Jérémie qui n'omet guère de mentionner la charge
ecclésiastique des personnages dont il parle, ne dit rien de cette
circonstance.
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PASSEREAU,
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Luc 42:6; Matthieu 10:29;
— Voir: Moineau.
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PATARA,
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ville maritime de l'Asie-mineure, à 4 l, sud de
Xanthus, à l'ouest de l'embouchure du fleuve de ce nom. Saint Paul y aborda en
venant de Rhodes, Actes 21:1. Elle appartenait à la Lycie. Apollon y possédait
un temple célèbre dans lequel il rendait des oracles pendant les six mois de
l'hiver, passant l'été à Délos. Patara se rendit à Brutus à discrétion.
Quelques ruines s'en trouvent encore près du bourg de Scamandre.
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PATHROS
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est évidemment, d'après Ézéchiel 29:14; 30:14, une
partie de l'Égypte, et spécialement de la Haute Égypte, la Thébaïde, ou le pays
du midi, comme l'appelle Champollion, l'Ég, sous les Phar. II, 187. La
circonstance que Pathros est cité à côté de Mitsraïm, Jérémie 44:15; Ésaïe
11:11, ne prouve pas que ce soient deux pays distincts, mais établit plutôt, en
réunissant ces noms, qu'ils désignent deux parties séparées du même pays. Cette
opinion est confirmée encore par le fait que les Pathrusim, qui étaient
probablement les habitants de Pathros, sont comptés parmi les descendants de
Mitsraïm.
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PATMOS,
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Apocalypse 1:9, rocher nu et stérile de la mer Égée,
au sud-est d'Icaria: cette île, l'une des Sporades, n'est connue que pour avoir
été le lieu d'exil de l'apôtre saint Jean; on montre encore dans la baie de
Nestia la grotte dans laquelle il doit avoir reçu ses révélations.
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PATRIARCHES.
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Ce nom, dont la signification revient en grec à celle
de chef de famille, est employé dans cette signification générale en parlant de
David et des fils de Jacob dans le Nouveau-Testament, Actes 2:29; 7:8-9. Dans
un sens plus restreint, il désigne les fondateurs de la nation juive, et les
pères du genre humain, ou plutôt parmi eux et d'une manière plus particulière,
ceux qui appartiennent à la ligne directe dans laquelle se sont perpétuées les
promesses, ainsi, parmi les enfants d'Adam, la ligne de Seth, parmi ceux de
Noé, la ligne de Sem, parmi ceux d'Héber, celle des Hébreux, Tharé, Abraham,
Isaac, etc. Ordinairement, et, d'après une espèce de convention tacite mais
universelle, on regarde Jacob comme le dernier des patriarches. Dans ce sens,
le Nouveau Testament ne donne ce nom qu'au seul Abraham, Hébreux 7:4.
Leur histoire, que l'on trouvera sous chaque article
particulier, ne peut nous occuper ici, nous nous bornerons à quelques
observations sur le grand âge auquel ils sont tous parvenus, problème tout
ensemble de physiologie et de chronologie, qu'il ne s'agit du reste pas de
résoudre, mais d'expliquer. La moyenne de leur vie depuis Adam jusqu'à Noé,
Énoch excepté, est de 900 ans; depuis Sem dont les jours ne sont plus que de
600 ans, la vie des patriarches va en diminuant: Joseph meurt à 110 ans.
— Quelques rapprochements ont de l'intérêt: un seul
homme sert de chaînon entre la création et le déluge, entre Adam et Noé, c'est
Méthusélah qui a vu l'un et l'autre, qui a vécu 243 ans avec le premier et 600
ans avec le second; ou bien Énos, petit-fils d'Adam, qui a vécu 695 ans avec
son aïeul, et 84 ans avec Noé; ou bien encore Kénan, Mahalaléel, Jared, qui
tous ont vu le premier et le dernier homme de l'ancien monde, ces trois
derniers ayant vécu avec Noé 179, 264 et 366 ans. Dans le nouveau monde, Noé
vit encore 128 ans avec le père d'Abraham, et ne meurt que 2 ans avant ce
patriarche, de sorte qu'entre Adam le père des hommes, et Abraham le père des
croyants, pour un espace d'environ 21 siècles, nous ne trouvons que trois
chaînons nécessaires, Seth, Noé, et Tharé. De ces longues vies, et de ces
synchronismes si étendus, il résulte évidemment une très grande sûreté pour les
traditions historiques, de grandes garanties pour l'exactitude de l'histoire
des premiers temps.
La longévité des patriarches a trouvé bien des
incrédules, et ceux qui, respectant l'autorité de l'Écriture, désirent n'en
admettre que ce qu'ils veulent croire, ont cherché à concilier leur respect
avec leur raison ou leurs habitudes. De là, quelques-uns ont entendu de
familles entières les chiffres qui indiquent l'âge des patriarches; idée
malheureuse, car on ne peut pas dire que la famille d'Adam se soit éteinte au
bout de neuf cent trente ans; que la famille d'Énoch ait été enlevée tout
entière pour être avec Dieu; que la famille de Noé, outre ses trois fils, soit
entrée dans l'arche, etc. On a donc cru faire quelque chose de plus raisonnable
en diminuant la longueur des années, et on les a prises pour des mois; mais
cette hypothèse arbitraire, que rien ne justifie, amène le résultat ridicule de
Mahalaléel ou de Hénoc, pères de famille à l'âge de cinq ans et demi. Il a donc
fallu allonger un peu ces années d'un mois, et on les a faites de trois mois;
mais, d'après ces calculs, on arrive déjà à des vies de plus de deux siècles,
ce qui répugne moins sans doute, mais toujours un peu, à ceux qui veulent que
ce qui est maintenant ait toujours été; d'ailleurs l'histoire du déluge, avec
ses douze mois de trente jours, Genèse 7:11,24; 8:3-5,13-14, renverse
complètement toute hypothèse de cette nature. On n'a donc que le choix
d'accepter les chiffres avec leur valeur historique, ou de les considérer comme
les rêves mythiques des premiers poètes qui ont composé les origines du monde
et les premiers temps du genre humain.
— La seule objection qu'on élève contre le grand âge
des patriarches, et contre le récit biblique, n'est véritablement pas sérieuse;
on n'arrive plus de nos jours, dit-on, à une pareille vieillesse, on n'y est
donc jamais parvenu. Mais on ne trouve plus maintenant non plus le mammouth, ni
l'iguanodon avec ses 20 mètres de longueur, ni la bête de l'Ohio qui était plus
grande que l'éléphant, et avait des défenses de plus de 4 mètres de longueur,
ni cette espèce de cerfs dont le crâne pesait 40 kilogrammes, et dont le bois,
avec ses ramifications, comptait
ο mètres. Et si le règne animal, avant le déluge, avait des proportions
parfois colossales, et supérieures à celles auxquelles il a été réduit dès
lors, qu'y aurait-il d'étrange à ce que la race humaine elle-même eût participé
à ces proportions plus fortes, à cette constitution plus robuste, à cette vie
plus longue? Ce n'est pas, du reste, que nous voulions rattacher la longévité à
un plus ou moins grand développement physique de la taille de l'homme. Faisant
abstraction de l'action de Dieu, qui a certainement dû intervenir pour
faciliter un rapide accroissement de la population du globe, et le maintien des
vérités traditionnelles, on peut comprendre qu'une vie dont la longueur nous
surprend, fût le partage d'hommes chez qui la sève de la création, si l'on peut
s'exprimer ainsi, avait encore quelque chose de sa force première; d'hommes qui
vivaient dans un milieu plus pur et moins altéré, dans une atmosphère peut-être
moins corrompue; d'hommes dont la vie était sobre, et qui ne connaissaient ni
le vin, ni la viande, dont toutes les occupations étaient saines, et qui
vivaient en plein air, au milieu de leurs champs et de leurs troupeaux. Si
chaque génération perd sur celle qui la précède quelques mois dans la moyenne
de sa durée, cette perte devait être beaucoup plus considérable dans les
premiers temps du monde, alors que l'homme passait de l'immortalité à la mort;
par conséquent aussi, en remontant en arrière, chaque génération devait avoir
une durée plus longue que celle qui la suivait. Et si les désordres des pères
frappent la santé de leurs enfants, cette influence devait être moindre dans un
temps où la sensualité ne se satisfaisait qu'avec peine, dans une famille
surtout dont le caractère était la recherche de la sainteté, et dont un des
membres fut enlevé avant le temps pour être avec Dieu. «Jusqu'au déluge, dit
Bossuet, toute la nature était plus forte et plus vigoureuse; par cette immense
quantité d'eaux que Dieu amena sur la terre, et par le long séjour qu'elles y
firent, les sucs qu'elle enfermait furent altérés; l'air, chargé d'une humidité
excessive, fortifia les principes de la corruption, et la première constitution
de l'univers se trouvant affaiblie, la vie humaine, qui se poussait jusques à
près de mille ans, se diminua peu à peu.»
Cette tradition de longévité, d'ailleurs, n'appartient
pas à la Bible seule; la mémoire en a été conservée chez plusieurs auteurs
païens, Hésiode, etc.
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PATROBAS,
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disciple de Rome, connu seulement par la salutation de
saint Paul, Romains 16:14. Les Grecs l'ont fait évêque de Pouzzoles.
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PAUL,
________________________________________
1. d'abord
nommé Saul, Juif de la tribu de Benjamin, natif de Tarse, en Cilicie, témoin
consentant à la mort d'Étienne, persécuteur de l'Église, puis un des plus
fidèles apôtres de ce Jésus qu'il persécutait, Philippiens 3:5; Actes 9:11;
21:39; 22:3. Un de ses ancêtres était devenu citoyen romain, et c'est à cela
peut-être qu'il faut attribuer le nom latin qu'il prit, assez semblable à son
nom hébreu pour le rappeler, assez différent aussi pour faire reconnaître sa
bourgeoisie romaine; c'est du moins l'hypothèse la plus simple pour expliquer
ce double nom. D'autres ont voulu voir dans Saul le nom du Juif, et dans Paul
celui du chrétien, apôtre des gentils, décidé à rompre radicalement avec toutes
les formes du judaïsme. On ne connaît rien de sa jeunesse: on a voulu conclure
de certains passages qu'il avait acquis la connaissance des lettres grecques,
mais c'est incertain, et les preuves ne sont pas concluantes. Sa forme
d'esprit, sa dialectique, son style et son érudition sont plutôt juives que
grecques. Il est vrai que les lettres florissaient à Tarse comme les arts et
les sciences, et qu'il a pu n'y pas rester étranger; mais, dans tous les cas,
on s'est fait une trop grande idée de ses connaissances profanes, et l'élève de
Gamaliel, le faiseur de tentes, n'aura étudié les lettres et le paganisme que
d'une manière secondaire. Zélé pour le culte de ses pères dès sa jeunesse, plus
que tous ses compagnons d'âge, il écouta Gamaliel, et fut initié dans le
système de la théologie juive.
Sans entrer ici dans les détails d'une vie que le
livre des Actes ne fait que résumer, et qui a suffi à remplir les volumes de
Witsius, de Paley, de Schrœder, de Neander, et d'autres encore, nous en
tracerons rapidement les différentes époques: cette vie est connue, et la
plupart des faits ont été expliqués en leur place:
1. Court
séjour à Damas, et voyage en Arabie, Actes 9:49; Galates 1:17.
2. Retour
à Damas et à Jérusalem au bout de trois ans; il voit Barnabas et Pierre,
Galates 1:18; Actes 9:23-29.
3. Voyage
à Tarse, et séjour dans cette contrée, Actes 9:30.
4. Barnabas
vient le chercher à Tarse, et l'engage à un voyage d'évangélisation; séjour
d'une année à Antioche, capitale de la Syrie, Actes 11:25-26.
5. Second
voyage à Jérusalem pour les intérêts temporels de l'Église, et retour à
Antioche, Actes 11:30; 12:25.
C'est depuis ce moment que Paul commence ses grands
voyages missionnaires.
6. Voyage
avec Barnabas et Jean Marc:
a. Séjour
à Chypre, Actes 13:2-12. Bar-Jésus à Paphos.
b. à
Perge, en Pamphylie, où Marc le quitte, et à Antioche, Actes 13:14.
c. à
Iconie en Lycaonie, à Lystre et à Derbe, Actes 14; à Lystre, on veut leur
sacrifier, et on les lapide.
d. Retour
par Lystre, Iconie, Antioche de Pisidie, Perge, Attalie, à Antioche de Syrie,
où Paul reste quelque temps, Actes 14:21.
7. Troisième
voyage à Jérusalem, occasionné par les discussions sur la loi; concile de
Jérusalem, Actes 15. Retour à Antioche, dispute avec Barnabas.
8. Second
grand voyage missionnaire, toujours depuis Antioche, avec Silas ou Sylvanus.
i. Voyage
par la Syrie et la Cilicie, jusqu'à Derbe et Lystre, d'où Paul se fait encore
accompagner par Timothée, Actes 15:41; 16:1-3.
j. Voyage
par la Phrygie et la Galatie, Actes 16:4-6. Il est vrai que l'apôtre trouva
déjà des Églises en Phrygie, mais ce fut lui qui les fonda en Galatie.
k. Voyage
à travers l'Asie antérieure; court séjour dans la Troade, où Paul s'associe
Luc.
l. Premier
voyage en Europe, dans la Macédoine; séjour à Philippes, où il laisse Timothée
et Luc, Actes 16:6-40.
m. Voyage
et séjour à Thessalonique. Paul et Silas à Bérée. Paul seul quitte la
Macédoine, Actes 17:1-15.
n. Séjour
à Athènes, 17:15-34.
o. Séjour
de dix-huit mois à Corinthe, 18:1-11. Silas et Timothée le rejoignent. Il écrit
de là ses premières Épîtres, celles aux Thessaloniciens.
2. Retour
avec Aquila jusqu'à Éphèse: quatrième voyage à Jérusalem, et séjour à Antioche,
18:18-21.
3. Troisième
grand voyage missionnaire.
. Par la Galatie et la Phrygie,
18:23 (jusqu'à Corinthe?)
a. Séjour
à Éphèse, de presque deux années, 19:1-11: c'est de là qu'il écrit l'Épître aux
Galates, la 1re aux Corinthiens qui est perdue, et la 1re que nous possédons, 1
Corinthiens 16:8. Timothée est de nouveau auprès de lui, et fait, d'après ses
ordres, un nouveau voyage en Europe, 1 Corinthiens 4:17; Actes 19:22.
b. Voyage
d'Éphèse à Troas, 2 Corinthiens 2:12, et dans la Macédoine, où il reste quelque
temps, 2 Corinthiens 2:13; Actes 20:1-2. Ce voyage est fait avec Timothée: Paul
écrit sa 2e aux Corinthiens, 2 Corinthiens 1:1; 2:13; 9:2.
c. Séjour
de 3 mois dans l'Achaïe, à Corinthe, Actes 20:2. C'est de là qu'il écrit son
Épître aux Romains.
4. Retour
de Corinthe par Philippes, où il retrouve Luc, par Troas, Chios, Milet, Rhodes,
Tyr, Ptolémaïs et Césarée, jusqu'à Jérusalem; cinquième et dernier voyage à
cette ville, Actes 20:3-21:17.
5. Paul
est conduit prisonnier à Césarée, où il demeure plus de deux ans en captivité,
Actes 21:17; 23:31-35; 24:27; 26:32.
6. Paul
est amené à Rome, où Luc l'accompagne, et où il reste deux ans encore dans une
custodia mililaris liberior, Actes 27:1; 28:30. On se demande si c'est dans la
captivité de Césarée ou dans celle de Rome que Paul écrivit aux Colossiens, aux
Éphésiens, et à Philémon; mais c'est sans doute vers la fin de la dernière
qu'il écrivit sa lettre aux Philippiens. (C'est de plus dans ce temps qu'il
faut mettre les autres épîtres de Paul, si l'on admet, comme le font quelques
théologiens, que c'est à la fin de cette captivité qu'il a été martyrisé.)
7. Paul
est remis en liberté, nous ne savons ni quand, ni comment, et il voyage, à ce
qu'il paraît résulter de ses dernières épîtres, dites pastorales, à Éphèse où
est Timothée, et dans la Macédoine, d'où il écrit sa 1re à Timothée, 1 Timothée
1:3, puis en Crète, où il fonde une église, et où il laisse Tite, Tite 1:5. Il
retourne en Asie, 2 Timothée 1:15, d'où il écrit vraisemblablement à Tite qu'il
prie de venir le rejoindre à Nicopolis (en Épire?). Enfin, d'après le
témoignage non suspect de Clément de Rome, Paul se rend en Espagne, revient à
Rome, est emprisonné comme un malfaiteur, abandonné de tous, même de Tite, sauf
de Luc, et il attend sa mort ainsi qu'il l'écrit, 2 Timothée 2:9; 4:8-18.
Obéissant à son invitation, Timothée se rend auprès de lui; il est également
mis en prison, mais relâché, Hébreux 13:23.
— Paul est décapité dans une des dernières années de
Néron. D'après une tradition peu certaine, Pierre arrive aussi à Rome, où il
est martyrisé avec Paul; d'après la même tradition, Marc y vient de même, et
vraisemblablement avec Timothée, depuis Éphèse. Nous ne savons ce que devint
Luc; Marc passa en Égypte.
Pour montrer combien les difficultés chronologiques
sont grandes, et les opinions partagées sur la fixation des diverses époques de
la vie de l'apôtre, il suffira de dire que Bengel met la conversion de Paul en
31, Süsskind en 32, Eusèbe et Vogel en 33, Baron et Calvisius en 34, Usserius,
Pearson, Olshausen, Rilliet, et Hug en 35, Schott en 37 (ou 40?), Eichhorn en
37 ou 38, Auger en 38, Schrœder en 39, Kuinœl en 40, Schmidt et Wurm en 41.
— La date de la mort de l'apôtre ne varie qu'entre les
années 64 (Schmidt, Schott, Schrœder), 65 (Eichhorn et Vogel), 66 (Calmet,
Bost), 67 (Bengel, Usserius, Hug, Olshausen, Coquerel), et 68 (Eusèbe, Steiger,
etc.)
— Quant à la suite de ses Épîtres, bien que l'ordre
que nous avons adopté nous paraisse se justifier presque eu tous points, nous rappellerons
ce qui a été dit à l'article Bible, des divergences considérables d'opinions
qui se sont fait jour sur ce point, depuis Marcion, qui met l'Épître aux
Galates en tête, jusqu'à Schrœder, qui la met la dernière de toutes celles qui
ont été écrites par saint Paul.
Le caractère de l'apôtre, ardeur pleine de cœur,
impétuosité pleine de raison, sévérité pleine d'amour, inflexibilité pleine de
support, se manifeste dans ses épîtres comme dans ses exploits. Une lecture
attentive du livre des Actes et l'étude de ses lettres font suffisamment
connaître son génie particulier, ses vues, la manière de sa prédication, sa
position, son activité soit dans l'Église juive, soit dans celle des gentils;
et il faut remarquer que sous tous ces rapports il y a une harmonie parfaite
entre ses actions et ses lettres. Partout c'est le même caractère, jusqu'à tel
point que cet accord fournit une preuve puissante de l'authenticité des
documents. Le grand nombre et la variété des épîtres offrent encore l'avantage
de nous faire connaître l'apôtre sous plusieurs faces; nous le voyons dans des
positions temporelles ou spirituelles très différentes, au milieu, vers la fin,
ou à la fin de ses travaux. Le grand nombre de disciples, ou d'amis et
compagnons d'œuvre ordinairement présents quand Paul écrivait une lettre,
l'habitude qu'il avait d'envoyer ses lettres par des personnes de confiance, et
les tournées fréquentes qu'il toisait dans les Églises ainsi que ses disciples,
tout cela nous met à l'abri des impostures. Une fois cependant on avait tenté
de tromper une Église par une épître écrite en son nom, mais l'apôtre ne tarda
pas à en être averti et à prévenir les fidèles contre de telles tentatives;
c'était au début de sa carrière épistolaire, 2 Thessaloniciens 2:2-3. Dès lors
il prit des mesures propres à rendre de pareilles fraudes impossibles; il
ajoutait, par exemple, à sa lettre dictée, quelques lignes de sa propre main, 1
Corinthiens 16:21; 2 Thessaloniciens 3:17; Colossiens 4:18; d'autres fois cette
précaution n'était pas nécessaire, la lettre étant écrite par des personnes
distinguées, Romains 16:1,22; la 2e aux Corinthiens, 1:1, peut avoir été écrite
par Timothée; celle aux Éphésiens, 6:21, fut envoyée par Tychique. D'autres
épîtres, enfin, étaient écrites tout entières de sa propre main, Galates 6:11;
Philémon 19; il paraît qu'il en fut de même des épîtres pastorales, d'autant
plus que l'apôtre était alors retenu dans une sévère captivité.
— Il nous manque une ou deux lettres de Paul, 1
Corinthiens 5:9; Colossiens 4:16. Une correspondance de Paul avec les
Corinthiens qui n'existe qu'en araméen, a été publiée en partie dans l'Histoire
critique de la république des lettres, Amsterdam, 1714, tome X; puis en entier
par W. Whiston, en appendice à son Historia Armeniæ Mosis chronensis, Lond.
1736. 4e; enfin en 1819, le moine arménien Pascal Aucher du couvent de
Saint-Lazare, près de Venise, en a publié le texte dans sa grammaire
arménienne, Venise, 1819, p. 179. Rink, en donnant une traduction allemande, a
voulu défendre l'authenticité de cette correspondance (Heidelberg, 1823), mais
il n'a pas été difficile à Ullmann de montrer par le silence complet de
l'antiquité chrétienne et par des caractères intérieurs, que ces deux lettres
sont supposées (Heidelberg, Jahrb., 1823); Carpzov l'avait déjà fait avant lui
(Leipsig, 1776). Il en est de même de la correspondance latine de Paul avec
Sénèque, et qui n'est citée par aucun Père plus ancien que Jérôme. La lettre
aux Laodicéens est encore plus moderne.
Quant aux treize épîtres canoniques qui portent le nom
de Paul, elles ont formé une collection, et elles ont été attribuées sans
aucune contestation à Paul par l'Église universelle. L'Épître aux Hébreux est
douteuse, et nous en avons parlé en son lieu. Les treize épîtres doivent avoir
été recueillies assez tôt, et promptement, car nous voyons par les divers
témoignages, qu'elles furent connues et reconnues partout dès l'époque des
Pères apostoliques. Cette collection fut jointe à celle des épîtres
catholiques, mais cette dernière ne fut pendant longtemps pas aussi complète
que la première. Les ébionites, les encratites, les manichéens n'en révoquaient
pas en doute l'authenticité; Marcion, critique arbitraire et dogmatique, en
retrancha les épîtres pastorales, et garda les dix autres après les avoir
mutilées. Les notices historiques qui se trouvent à la fin de chaque épître, ne
font pas partie de l'épître et ne s'appuient pas toujours sur des autorités
fort respectables; les anciens manuscrits ne les contiennent pas, les autres
diffèrent pour le texte; souvent l'épître elle-même accuse l'inexactitude de
ces adjonctions, et les contredit.
Le caractère littéraire des écrits de Paul dépend en
grande partie de son caractère personnel. Pectus est quod facit oratorem; or
Paul était un homme entier, et il se montre tel dans toutes ses épîtres. On
peut sans doute en dire autant de tous les apôtres, mais ce trait est plus
saillant chez lui; il apporte à tout la même ardeur de l'âme et réalise en
lui-même cette parole célèbre: le style, c'est l'homme. De tous les sujets
qu'il traite, aucun ne lui paraît trop petit, aucun ne le laisse froid; il les
mène tous d'une manière très variée. Jacques l'égale quant à l'unité ou à la
continuité de l'ardeur des sentiments, ou de la véhémence oratoire; Pierre a du
rapport avec lui pour la variété du langage, mais aucun des auteurs sacrés ne
semble réunir au même degré les deux qualités indiquées. Paul est plus orateur
que Pierre, moins sentencieux, moins poétique, moins lyrique que Jacques, dont
le style est plus égal et plus soutenu; il n'a pas le calme sublime et même
sévère de Jean, mais par cela même il remue l'âme plus puissamment; il fait
vibrer toutes les cordes du cœur. Il paraît vouloir produire par ses épîtres
les mêmes résultats qu'il produisait de vive voix par ses exhortations,
appropriées chaque fois au besoin du moment, Galates 4:20. Paul était profond
et doué d'un esprit aussi zélé que pénétrant, aussi systématique que délié et
agile; il aperçoit les rapports qui unissent deux objets en apparence très éloignés,
et il les rapproche promptement; en cela il a quelque chose de commun avec les
meilleurs rabbins; mais tandis que ceux-ci sont brefs et ne donnent que des
indications souvent énigmatiques, Paul donne des expositions, des
argumentations souvent prolongées; et tandis que les rabbins, là où Ils veulent
exposer ou prouver, se perdent dans les minuties des sophistes, dans de vieux
et ennuyeux développements, dans des raisonnements peu serrés, Paul ne perd pas
de vue l'idée capitale dont il est dominé, tout en semant son discours de cette
foule d'idées secondaires dont il est toujours rempli lui-même. Ce caractère du
style de Paul est une des causes des difficultés qu'il offre à
l'interprétation; une autre cause de ces difficultés provient de certaines circonstances
extérieures, de ce que tous les écrits de Paul sont des lettres relatives à des
événements ou à des opinions que nous ne pouvons apprendre à connaître que par
ces lettres mêmes, de ce que l'apôtre aussi négligeait son style, peut-être
parce qu'il dictait. Outre que le style n'est ni poli, ni cadencé, les phrases
ne sont ni formées avec précaution, ni revues avec soin, mais faites ou jetées
suivant l'inspiration du moment.
À ces sources d'obscurité ou de difficultés
exégétiques, il faut en ajouter quelques-unes qui sont intérieures, et tiennent
à la pensée même de l'apôtre:
1. Sa
vivacité le portait à des transitions non préparées, à des combinaisons
inattendues, et souvent peu indiquées, de pensées différentes, et lui faisait
saisir et présenter avec une égale promptitude certains arguments de son thème
dont la vérité et la convenance ne sautent point aux yeux, et qu'il faudrait
avoir le temps d'expliquer et d'examiner; enfin cette vivacité lui faisait
souvent abandonner un sujet d'importance secondaire, ou une argumentation avant
d'être arrivé à l'expression de la conclusion, de sorte que pour comprendre
toute la dissertation, il faut en suppléer la fin.
2. L'esprit
de Paul n'était pas moins fertile que prompt. La vivacité de l'esprit ne fixe
pas l'attention si elle n'est accompagnée d'un fonds de pensées; mais chez
Paul, cette richesse de sentiments contribue à l'obscurité du langage de ses
écrits en le rendant profond; il y a des parenthèses, des phrases incidentes
trop prolongées et qui se mêlent insensiblement avec les suivantes, trop
chargées; des constructions diverses, fondues en une seule, parce que les
pensées de Paul se poussaient l'une l'autre comme les ondes d'un fleuve. Mais
ce qui décèle encore plus la profondeur de son esprit, et ce qui requiert le
plus d'attention, c'est la coordination de plusieurs pensées, ou de plusieurs
séries de pensées que Paul entrelace, et qu'il poursuit alternativement
jusqu'en un point où il laisse tomber l'une ou l'autre, ou bien, où les deux
fils du discours se réunissent par un nœud; il arrive aussi qu'une
argumentation ou une exposition disparaît pour reparaître ensuite comme une
rivière qui a passé par-dessous terre. Une autre propriété de son style, moins
étendue que la précédente, consiste, d'une part, dans l'emploi varié des mots
et dans l'accumulation des synonymes, afin de faire connaître tout le contenu
de la notion sous ses diverses formes, et d'autre part, dans des antithèses
tranchantes dont Paul augmente encore quelquefois la pointe par l'emploi antithétique
du même mot, afin de bien exprimer la différence et les contrastes, et de
marquer ainsi avec exactitude les limites des notions. Sous ce rapport, il
arrive que la même qualité par laquelle le style de Paul est obscur et
difficile, le rend clair et précis. C'est le cas de bien des écrits émanés
d'une intuition profonde et d'une intelligence systématique; étudié à fond, ce
qui semblait être dur, obscur, subtil, apparaît lucide et ferme.
3. Agissant
sur le sentiment comme sur l'intelligence, Paul sait être populaire, même
lorsqu'il fait des expositions dogmatiques; or c'est là ce qui fait l'orateur.
Mais cette énergie elle-même exige une attention redoublée. Nous trouvons dans
le tissu de la phrase de Paul des questions, des exclamations, des argumentations
ex concessis, des raisonnements justes, mais qui partent d'un seul point de
vue, et d'une dialectique vigoureuse qui ne finit que par la confusion complète
de l'adversaire dont Paul a fixé et poursuivi les fausses idées et les mauvais
sentiments.
Le langage de Paul exige une étude scrupuleuse, parce
qu'en partie c'est un langage nouveau qu'il a dû créer lui-même ou que le
christianisme a créé. Dans l'exhortation, ce langage est approprié au sujet,
étant tantôt sévère, tantôt touchant. Le grand talent oratoire de Paul, malgré
le peu de soin et d'art qu'il a mis dans ses écrits, est incontestable; il
avait dit lui-même qu'il ne voulait pas faire l'orateur, toutefois il
produisait de tels effets qu'on le prit un jour pour Mercure, le dieu de l'éloquence.
Personne, sous ce rapport, n'a mieux fait l'éloge de Paul que Bossuet; mais
avant lui déjà, Longin, littérateur païen, avait compris la puissance de ce
génie chrétien, et après avoir énuméré les grands orateurs de la Grèce il dit:
«On peut y ajouter Paul de Tarse, le premier qui se soit servi du dogme sans
les preuves», jugement assez juste dans la bouche d'un païen; (on a contesté
l'authenticité de ce passage, mais Hug l'a démontrée dans son Introduction au
Nouveau Testament II, 334)
On peut voir en tête des commentaires de Tholuck et
d'Oltramare sur l'Épître aux Romains, un catalogue raisonné assez complet de
tous les travaux qui ont été faits sur les Épîtres de saint Paul; dans le
nombre, et pour n'indiquer que les plus saillants dans chaque époque, nous
citerons Chrysostôme, l'Ambrosiaster (Hilaire de Rome?), Bède le Vénérable,
Pierre Lombard, Thomas d'Aquin, Nicolas de Lyre, Laurentius Valla, Lefèvre
d'Étaples, Érasme, Luther, qui mérite particulièrement d'être nommé, parce que,
semblable à Paul, il a pénétré profondément dans l'esprit de Paul, Mélanchthon,
Bucer, Bullinger, Calvin, Bèze, et enfin parmi les modernes Jean-Frédéric Flatt
qui, de 1825-1830, a publié des Commentaires sur toutes les Épîtres de Paul, et
Olshausen que la mort seule a empêché d'achever entièrement une œuvre si
heureusement commencée.
Tholuck dans son Commentaire sur les Romains, et
Steiger dans celui sur les Colossiens, renferment ainsi que Hug, dans son
Introduction, II, 331, d'excellentes observations sur le style, le langage et
le caractère de l'apôtre: nous avons notamment emprunté au travail de Steiger
plusieurs des détails qui précèdent.
Ajoutons encore ici quelques réflexions détachées sur
la vie de l'apôtre:
1. Quant
à sa famille, tout ce que nous savons c'est qu'il avait une sœur et un neveu,
et que ce dernier demeurait à Jérusalem, Actes 23:16. Il n'était lui-même pas
marié, 1 Corinthiens 7:7; cf. 9:5, mais il maintient à cet égard la liberté
dont il aurait pu user comme les autres apôtres: la tradition ajoute, mais
d'une manière incertaine, qu'il fut accompagné dans quelques-uns de ses voyages
par Thécla, jeune fille qu'il avait convertie au christianisme. Il exerçait le
métier de faiseur de tentes qu'il avait appris sans doute dans sa jeunesse,
peut-être comme la plupart des rabbins avaient et ont encore l'habitude de
joindre à leurs occupations intellectuelles l'exercice d'un travail manuel: les
tentes étant d'un besoin constant dans les climats chauds, pour les bergers et
les voyageurs, comme pour toutes les personnes exposées à souffrir du soleil ou
de la pluie, la profession de saint Paul lui assurait de l'ouvrage aussi
souvent qu'il pouvait le désirer ou en avoir besoin; en outre elle n'était pas
extrêmement pénible, et l'apôtre aimait mieux en général travailler pour se
procurer sa subsistance, que de recourir aux dons des fidèles, Actes 18:3; 1
Corinthiens 4:12; 1 Thessaloniciens 2:9; 2 Thessaloniciens 3:8.
2. Sa
conversion, dans laquelle les incrédules ont cherché à faire intervenir, comme
toujours, à la place du miracle, les phénomènes de l'électricité, l'éclair, le
tonnerre, la foudre; sa conversion, dont une explication naturelle ne
diminuerait pas l'importance, quoiqu'elle en changeât la nature, nous est
racontée comme l'effet direct de l'intervention divine. On peut supposer que la
douceur et la persévérance de ses victimes avaient déjà produit, sur l'âme
ardente et sensible de l'apôtre, l'impression tout au moins d'une pitié
passagère; en les voyant opposer à l'âpreté du fanatisme la confiance de la foi,
il avait dû être frappé, et la férocité barbare qui est toujours la conséquence
d'une forte conviction lorsqu'elle est erronée, pouvait seule soutenir son cœur
et son bras pendant qu'il allait ajouter de nouvelles victimes à celles qu'il
avait déjà faites. Un zèle sans connaissance est toujours odieusement
persécuteur, et, sur la route de Damas, il ne fallait rien moins en effet que
l'action de Dieu pour dessiller les yeux aveuglés du Juif, ennemi de l'Église.
Mais une fois que Christ se fut fait connaître à Paul d'une manière aussi
extraordinaire, il est hors de doute que toutes ces idées qui étaient restées
chez lui comme étouffées dans l'arrière-plan, se réveillèrent et se
présentèrent de nouveau à son esprit pour n'être plus repoussées. Les soins et
les pieuses directions du sage Ananias achevèrent d'éclairer saint Paul, et de
changer pour lui la vérité pressentie en une vérité sentie, comprise et crue.
De ce moment, l'ardeur de Paul, toujours impétueuse, mais purifiée, s'appliqua
de toutes les forces de son âme à propager le royaume de Celui contre les
aiguillons duquel il avait d'abord regimbé. Pour une mission extraordinaire
comme la sienne, un appel extraordinaire, une vocation miraculeuse, une
consécration comme celle qu'il reçut, n'étaient point de trop; des baptêmes
solennels ont presque toujours inauguré la carrière de ceux qui ont dû être des
lumières dans l'Église, depuis le buisson ardent de Moïse jusqu'à la vision
d'Ésaïe, depuis le chemin de Damas jusqu'à Valdo et Luther.
— Pour un homme comme saint Paul, dit Planck, il ne
pouvait être changé que subitement, ou pas du tout; et, si ce jugement est trop
absolu au point de vue chrétien, il est vrai psychologiquement. Des caractères
comme celui de l'apôtre doivent être puissamment secoués pour être changés, et
ces secousses sont nécessairement subites et inattendues, mais elles n'excluent
pas quelques luttes intérieures, quelques incertitudes, même au plus fort de la
décision, quelques doutes non raisonnes, fugitifs, bien vite repoussés, mais
qu'on se rappelle quand on en vient à reconnaître que ces doutes étaient
justifiés.
— C'est sans doute, soit à la vision du chemin, soit
au séjour de trois jours à Damas, qu'il faut rapporter ce que l'apôtre raconte
avec tant de mystère et d'humilité, 2 Corinthiens 12:1, sur l'extase qui l'a
transporté au troisième ciel, où il a appris des choses qu'il n'est pas permis
de révéler.
3. Son
séjour de trois ans en Arabie n'a pas été une vie d'oisiveté, mais on ignore
comment il l'a employé. L'idée la plus naturelle est sans doute que, ces années
ont été un noviciat, et que l'apôtre a pu, dans sa solitude, repasser et
méditer en son esprit les révélations divines dont il avait été honoré, mûrir
peut-être aussi les connaissances païennes qu'il avait acquises dans sa jeunesse,
les compléter, et comparer entre elles les deux alliances, dont la dernière
était à la fois l'accomplissement et la destruction de la première, la fin d'un
régime caduc, établi de Dieu comme préparation. Aussi, dans la révolution
religieuse dont il devait être l'un des chefs les plus ardents et les plus
dévoués, on le voit plus hardi novateur que tous les autres apôtres, porter une
main radicale sur tout ce que d'autres voulaient encore ménager, et faire table
rase de toute la piété traditionnelle, pour substituer aux cérémonies la vie,
et à la lettre l'esprit. Le zèle avec lequel il poursuit l'esprit juif jusque
dans ses recoins les plus reculés, n'a plus rien de cet esprit persécuteur avec
lequel il attaquait le christianisme; Paul fait la guerre à l'erreur, mais il
ne lapide plus ceux qui se trompent; ce n'est plus le prosélytisme de
l'Inquisition, c'est celui de la vérité, de la raison et de la liberté.
Quelques-uns pensent que l'ange de Satan et l'écharde en la chair, 2
Corinthiens 12:7, doivent s'entendre de ce séjour en Arabie, qui était, de la
part de Dieu, une épreuve pour l'apôtre, destinée à réprimer l'impatience qu'il
pouvait avoir d'entrer dans l'évangélisation, et de communiquer aux hommes le
changement qui s'était opéré en lui, et les dons qu'il avait reçus; mais cette
interprétation est peu naturelle.
4. Parmi
les événements de sa vie qui ne sont pas racontés dans les Actes, et dont il
rappelle, en quelques mots, le souvenir parfois d'une manière obscure, il faut
compter l'allusion faite 1 Corinthiens 15:32: «Si j'ai combattu contre les
bêtes à Éphèse...» Faut-il entendre ce passage à la lettre, ou l'entendre, au
sens figuré, d'une vive contestation dans laquelle Paul aurait couru le danger
de perdre la vie? Faut-il enfin n'y voir qu'un raisonnement hypothétique? C'est
ce que l'on ne peut décider, et les trois opinions offrent presque d'égales
difficultés. Le sens figuré ne se justifie pas par la langue, et, dans tous les
cas, l'image serait trop forte pour toute autre espèce de danger; le sens
littéral ne se justifie pas par l'histoire, les Actes ne racontent rien de
semblable, les Pères ecclésiastiques n'en parlent pas davantage, et saint Paul,
dans l'énumération qu'il fait, 2 Corinthiens 11:23, de tous les dangers qu'il a
courus, n'en dit mot; d'ailleurs, comment aurait-il échappé à la mort dans ce
terrible combat? Ajoutons que ce supplice destiné aux esclaves et aux
prisonniers de guerre ne pouvait être prononcé contre un homme libre et romain,
et que Paul n'aurait pas manqué de faire connaître ses titres et de revendiquer
ses droits en cette occasion, comme il l'a fait en d'autres circonstances moins
critiques. La désignation du lieu, le nom d'Éphèse, ne permettent pas de
supposer qu'il y ait ici un simple raisonnement sans allusion à un fait; quand
on raisonne sur des hypothèses, on ne leur donne pas les caractères du récit
historique.
— La plupart des faits que Paul énumère encore, 2
Corinthiens 11:24, ne peuvent être datés avec certitude; plusieurs
appartiennent sans doute à son séjour à Corinthe; quant aux autres, ils ont eu
lieu dans la première partie de sa carrière, avant qu'il écrivît cette lettre
aux Corinthiens; mais ils ne sont connus que par cette mention rapide et
abrégée.
— On peut remarquer que saint Paul, malgré
l'excommunication générale prononcée contre ceux qui confesseraient le nom de
Christ, Jean 9:22, n'a jamais été excommunié, et qu'il est toujours entré
librement dans les synagogues pour enseigner et discuter, liberté qui
s'explique peut-être par la circonstance que Paul avait été docteur de la loi,
et que, pour ces hommes privilégiés, l'excommunication était toujours une
mesure à laquelle on ne se décidait que difficilement.
5. Son
activité consistait principalement dans la prédication de l'Évangile: il
baptisait quelquefois, 1 Corinthiens 1:14, mais, en général, Il abandonnait
cette fonction à ses compagnons d'œuvre, dont il avait toujours un certain
nombre avec lui, qu'il employait comme aides et émissaires apostoliques, Actes
19:22; 17:16, etc. Après qu'il se fut séparé de Barnabas et de Jean Marc, Actes
15:37, il fut surtout accompagné jusqu'à la fin de sa vie, et tour à tour, par
Silas, Timothée, Luc le médecin, Tite, Démas, Éraste, et d'autres encore qui
travaillèrent avec lui. Ce fut par Barnabas qu'il fut d'abord mis en contact
avec les apôtres immédiats de Jésus, et avec les anciens de l'église-mère de
Jérusalem, 15:25, et il eut souvent, dès lors, l'occasion de cultiver leur
connaissance dans ses voyages-qui le ramenèrent fréquemment au milieu d'eux,
Actes 15:4; 21:18; Galates 2. Ses principes sur les rapports de la loi juive
avec le christianisme n'harmonisaient pas toujours avec ceux des apôtres
judéo-chrétiens, et il eut même une contestation assez vive avec l'apôtre
Pierre sur ce sujet, Galates 2:11. Cette divergence de vues qui ne dura pas
longtemps entre les apôtres, mais qui dura longtemps entre leurs disciples, fut
toujours, dans l'Église de Jérusalem, une source de méfiance contre Paul, Actes
21:21, et maintint sans doute de la froideur dans leurs rapports, ce qui
n'empêcha pas l'apôtre, toutes les fois qu'il le crut nécessaire, de faire où
il se trouvait des collectes pour les pauvres de Jérusalem et de la Judée,
Romains 15:25; 1 Corinthiens 16, 2 Corinthiens 8, Galates 2:10. Son champ de
travail s'étendait depuis la Syrie indéfiniment vers le nord et le nord-ouest;
car il choisissait de préférence l'évangélisation dans les lieux où d'autres
n'avaient pas encore travaillé, Romains 15:20; 2 Corinthiens 10:15; cependant
là même il ne put pas rester à l'abri des intrigues des Juifs de la Palestine,
1 Corinthiens 1:12; 3:32; Galates 2, et 3. En général, on peut dire que sa vie
fut une lutte continuelle contre des ennemis aussi malveillants
qu'infatigables, non seulement contre les Juifs, ses anciens coreligionnaires,
qui le poursuivaient, pour sa conversion au christianisme, avec toute la
violence d'une haine religieuse et nationale, mais encore contre les
judéo-chrétiens, dont les uns, dans le sein même de l'Église, tantôt
ouvertement, tantôt d'une manière indirecte et cachée, cherchaient à faire
dominer leurs tendances judéo-chrétiennes; dont les autres essayaient de mêler
au christianisme pur des spéculations gnostiques orientales; et, pendant qu'il
devait, contre les premiers, empêcher que la liberté de la loi morale du
christianisme ne fût transformée de nouveau en un code légal de prescriptions
morales, il devait, contre les seconds, maintenir l'importance du christianisme
historique, et le sens littéral chrétien des Écritures.
— Au reste, si Paul était décidé et ferme sur la
question des principes à l'égard de la fin du judaïsme, il ne se montrait pas
rigoriste dans ses rapports avec les faibles, 1 Corinthiens 9:20; non seulement
il provoqua la circoncision de Timothée, mais il consentit à faire un vœu pour
ne pas scandaliser les Juifs de Jérusalem, Actes 16:3; 21:24. Ce n'est que
lorsque le parti juif se montrait audacieux, insolent et provocateur, que Paul
lui résistait en face pour l'humilier, Galates 2:4; malgré cela, ses
adversaires ne laissaient pas de déprécier son ministère, même par des
calomnies, et en l'accusant d'hésitation, de faiblesse et de versatilité, 2
Corinthiens 1:17; 10:10, et ils allèrent jusqu'à attribuera l'apôtre de fausses
lettres qu'il n'avait point écrites, 2 Thessaloniciens 2:2, et qu'ils
répandirent sous son nom.
6. En
dehors du livre des Actes et de ses Épîtres, le nom de Paul ne se retrouve
qu'une seule fois. 2 Pierre 3:15, dans un passage dont on a voulu tirer de
singulières conséquences dogmatiques; il suffit de remarquer,
1. que
saint Pierre ne mentionne dans les épîtres de Paul que quelques points
difficiles à entendre;
2. que
la difficulté porte non sur la manière dont Paul présente ces points, mais sur
la profondeur même des sujets qu'il traite;
3. que
malgré ces points difficiles les épîtres avaient été écrites à de simples
fidèles, et que saint Pierre ne cherche pas à les détourner de les lire: il n'y
a que les ignorants et les mal assurés qui puissent en faire un mauvais usage,
mais ceux-là même s'en trouveraient-ils mieux s'ils venaient à ne faire des
lettres de Paul et des autres Écritures aucune espèce d'usage? C'est là la
question: l'Église romaine qui aspire à faire autrement et mieux que les
apôtres, la décide autrement qu'eux; l'Église protestante qui ne reconnaît d'autre
modèle que Christ et les apôtres inspirés, suit leur exemple, et recommande aux
fidèles de lire des épîtres écrites pour les fidèles, et non pour une caste
privilégiée seule.
7. Paul.
— Voir: Serge.
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PAUVRES.
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La loi mosaïque avait sagement et libéralement pourvu,
soit à restreindre autant que possible le nombre des pauvres, soit à entretenir
et secourir ceux qui avaient eu le malheur de tomber dans l'indigence. Elle leur
assurait en effet:
1. À
l'époque de la récolte, un glanage suffisant dans les champs, et d'abondants
grappillages dans les vignes, dans les plantations d'oliviers, et probablement
aussi dans les vergers à fruits, Lévitique 19:9; Deutéronome 24:19; cf. Ruth
2:2. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 4; 8, 21.;
2. Dans
l'année sabbatique une libre participation à tous les produits de la terre,
croissant sans culture dans les vignes, dans les champs, et dans les jardins en
repos, Lévitique 25:5.
3. Tous
les trois ans ils venaient s'asseoir à la table des riches, et célébraient le
repas des dîmes, q.v. Deutéronome 12:12; 14:22; 16:10; 26:12; cf. Luc 14:13.
4. En
l'année jubilaire tous ceux qui avaient été forcés de vendre leurs possessions,
redevenaient de droit, eux ou leurs fils, propriétaires des biens qu'ils
avaient aliénés, de sorte que les terres restaient non seulement dans les mêmes
tribus, mais encore dans les mêmes familles,
— Voir: Année.
En outre, la loi qui recommandait d'une manière
générale la bienveillance et la bienfaisance envers les pauvres, Deutéronome
24:12; Proverbes 14:31; 22:16; 31:9; etc., renfermait aussi des prescriptions
positives, telles que l'ordre de leur prêter sur gage sans intérêt, même à
l'approche de l'année sabbatique, la défense de retenir après le soleil couché
des objets indispensables, et que le pauvre aurait été cependant obligé de
mettre en gage, tels que couverture pour la nuit, meule à moudre le grain,
etc., Deutéronome 24:12-13; 15:7-11; Lévitique 25:35; sq. L'impartialité la
plus entière était recommandée aux juges dans les causes des indigents, Exode
23:3,6; Lévitique 19:15, etc.
Toutefois, il ne paraît pas que ces sages ordonnances
aient été longtemps respectées, et nous voyons les prophètes faire entendre des
plaintes fréquentes sur la dureté des riches à l'égard des pauvres, et sur la
vénalité des juges, Ésaïe 10:2; Amos 2:6; Jérémie 5:28; Ézéchiel 22:29; etc.
La bienfaisance était considérée par les Juifs comme
une des principales vertus, Tobie 2:16; etc. Luc 19:8, et la sainteté
pharisaïque faisait un grand étalage des misères qu'elle soulageait, Matthieu
6:2 (on a voulu rattacher à ce passage l'usage de certains mendiants orientaux
qui soufflent dans une corne pour exprimer leurs besoins, mais c'est trop recherché).
— La constitution mosaïque ne reconnaît pas de
mendiants proprement dits; seule elle avait pu décréter en principe, qu'il n'y
avait point de pauvres dans le pays, parce qu'elle avait pourvu à ce qu'il n'y
en eût point, et que c'était Dieu, et non les hommes, qui avait fait la loi.
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PAVÉ
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(le), Jean 19:13,
— Voir: Gabbatha.
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PÉAGE, Péagers.
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Depuis que les Romains se furent emparés de la
Palestine, ils y établirent, comme dans les provinces voisines de l'Asie, leurs
impôts ou droits d'octroi, qui pesaient essentiellement sur les importations,
parfois aussi sur les exportations. Sous la république déjà c'était l'usage, et
il fut conservé sous les empereurs, d'affermer à bail, ordinairement pour cinq
ans, à des chevaliers, ou à des associations de chevaliers romains,
l'exploitation entière des impôts d'une province. Ces riches et grands publicains
traitaient ensuite en détail avec des particuliers, romains ou provinciaux, de
l'exploitation spéciale de certaines villes frontières, ou ports de mer, et ils
cherchaient naturellement à retirer le plus grand profit possible de ces
espèces de marchés. Ces subordonnés, que les auteurs profanes connaissent sous
les noms d'exacteurs, de visiteurs, percepteurs ou autres, sont appelés dans le
Nouveau Testament des péagers (à Jérico il y avait un chef des péagers, sans
doute à cause du transit considérable de baume, Luc 19:2). Leur nom est souvent
associé à celui des gens de mauvaise vie, des femmes de mauvaise vie, des
méchants, et des païens, Matthieu 9:10; 11:19; 18:17; 21:31; Luc 5:30; 7:34.
Les rabbins même les assimilent aux voleurs de grands chemins et aux
meurtriers, et ceux des Juifs qui embrassaient cette profession étaient
déclarés incapables de témoigner en public, et chassés de la synagogue. Cette
haine profonde qui a toujours poursuivi et qui poursuit encore les péagers, les
douaniers et tous les hommes attachés à ce genre d'occupation, s'explique soit
par l'impatience naturelle avec laquelle on supporte généralement les systèmes
de douanes et toutes les gênes prohibitives de la liberté de circulation, soit
et surtout à cause de la brutalité avec laquelle ces employés bouleversent et
maltraitent les effets des voyageurs ou les marchandises qui passent par leurs
mains, à cause du zèle souvent plus qu'indiscret qu'ils témoignent pour les
intérêts de l'État, à cause de leurs estimations souvent arbitraires, et par
conséquent plus difficiles à supporter et plus équivoques, à cause de leur
rapacité intéressée; enfin, à cause de leurs extorsions, de leurs concussions
et des fraudes dont ils se rendaient fréquemment coupables, et contre
lesquelles il n'y avait d'appel qu'auprès d'un pouvoir qui profitait lui-même
de ces vexations et qui se croyait intéressé à épuiser la fortune particulière
au profit de la fortune publique. D'après Stobæus (Sermon 2, 34), Théocrite
répondit un jour à une personne qui lui demandait quels étaient les animaux les
plus rapaces et les plus redoutables: Dans les montagnes, les ours et les
lions; dans les villes, les péagers et les traîtres (sycophantes).
Matthieu et Zachée étaient péagers avant leur
conversion; ils paraissent s'être enrichis l'un et l'autre, mais si leur
condition antérieure nous est inconnue, on peut dire d'une manière générale que
ce n'étaient jamais que des gens du commun peuple qui s'engageaient dans une
occupation aussi méprisée que haïe, et cette circonstance ne pouvait qu'empirer
avec le temps la haine et le mépris, en y ajoutant le préjugé et l'habitude.
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PECTORAL de jugement,
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— Voir: Prêtres.
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PÉDAJA,
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— Voir: Zorobabel.
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PEINES,
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— Voir: quelques idées générales sur ce sujet à
l'article Châtiments.
Nous détaillerons ici les différentes sortes de peines
qui pouvaient être prononcées d'après la législation hébraïque.
1. Peines
corporelles,
a. De
tous temps les coups ont été chez les Hébreux la peine corporelle la plus
ordinaire, et, d'après Deutéronome 25:2, le magistrat assistait à la
flagellation, notamment lorsqu'elle était ordonnée pour des délits civils. Les
coups devaient être donnés avec un bâton, sur le corps et non sur la plante des
pieds, comme c'était et c'est encore la coutume en Orient, et ils ne pouvaient
dépasser le nombre de quarante; le juge devait être présent. Les fouets ou
écourgées (hak'rabbim) de 1 Rois 12:11,14; 2 Chroniques 10:11,14. étaient
garnis de pointes ou de nœuds; les Latins les appelaient scorpions, à cause du
mal qu'ils faisaient; mais la loi juive ne les reconnaissait pas, et la justice
ne pouvait en ordonner l'application. Plus tard l'usage prévalut de se servir
de lanières de cuir tressées, dont le valet de justice frappait le condamné; le
corps de celui-ci était penché en avant, et recevait, dans les cas les plus
graves, le maximum de trente-neuf coups, c'est-à-dire, un de moins que
quarante, afin qu'il fût bien constant que le chiffre déterminé par la loi
n'avait pas été dépassé, 2 Corinthiens 11:24; cf. Flavius Josèphe, Antiquités
Judaïques 4, 8, 21. Les cas dans lesquels cette peine était appliquée étaient
ordinairement ceux pour lesquels, selon la rigueur de la loi, il y aurait eu
condamnation à mort; c'était donc ainsi une commutation. Il résulte de Matthieu
10:17; 23:34, que la flagellation était quelquefois appliquée dans les
synagogues,
— Voir:Sanhédrin, et de Actes 5:40,
que le grand sanhédrin était compétent pour ordonner
cette peine dans certains cas.
Notre Sauveur, avant sa crucifixion, et les apôtres à
Philippes, furent fouettés à la romaine, avec des lanières de cuir, Jean 19:1;
Matthieu 27:26; Actes 16:22. Saint Paul protesta contre cette discipline et
sut, dans une autre circonstance, s'y soustraire en revendiquant ses droits de
citoyen romain, parce qu'en cette qualité, il ne pouvait être frappé qu'avec
des verges, Actes 16:37; 22:25; cf. Cicér. Verr. 6, 56.
b. Les
blessures faites à un Israélite libre étaient punies par la loi du talion, q.v.
Exode 21:23; sq. Lévitique 24:19; sq..
c. Enfin,
notons ici encore deux peines étrangères, la mutilation du nez ou des oreilles,
d'une main ou des deux, mutilations reconnues en Égypte par les lois, et
appliquées surtout aux organes ou aux membres qui avaient servi à commettre le
délit; les Hébreux acceptèrent assez tard cette barbare innovation, mais n'en
ménagèrent pas beaucoup l'usage, Jos. Vita, 34; 35. La privation de la vue
était chez les Perses la peine spéciale réservée aux princes et à tous les
prétendants dont le gouvernement voulait se débarrasser; on leur faisait passer
devant les yeux, aussi près que possible de la prunelle, un stylet d'acier ou
une plaque de cuivre rougie au feu: la cécité produite de cette manière n'est
pas complète, mais elle suffit pour paralyser la vie d'un homme; il peut encore
distinguer entre la lumière elles ténèbres, mais c'est tout. Jérémie 52:11;
39:7; 2 Rois 25:7. Cette coutume existe encore de nos jours à la cour de Perse,
— Voir: Chardin, Voyages t. 5, p. 243, cf. Hérodote 7,
18.
2. Peine
capitale.
— Les Hébreux ne connaissaient légalement et
officiellement que deux modes d'exécution, la mort par l'épée, et la
lapidation: nous avons parlé de ce dernier mode en son lieu. Quant au premier,
on aurait tort de l'entendre de la décapitation; on passait les condamnés au
fil de l'épée, ou on les taillait en pièces: plus tard cependant, et notamment
dans la période romaine, les rois des Juifs ordonnèrent la décapitation,
Matthieu 14:10, et probablement aussi Actes 12:2. Si l'on croit trouver le même
supplice dans le passage 2 Rois 10:6, il faut remarquer que le cas était
extraordinaire et qu'un usurpateur est en général disposé à innover, surtout en
matière de peines, de sorte qu'on ne saurait tirer de là aucune conclusion sur
la législation des Hébreux; mais il paraît même par la lecture du récit que la
décollation n'eut lieu qu'après la mort de ceux qui furent exécutés. D'après
quelques interprètes le grand panetier de Pharaon aurait eu la tête tranchée,
Genèse 40:19, mais il paraît plutôt d'après les fermes employés qu'il fut pendu
vivant au gibet. On ne saurait douter du reste que la décapitation ne fût
connue des Égyptiens, comme elle l'était des anciens Perses (Xenoph. Anab. 2,
6; 1; 16).
— Les flèches n'étaient substituées aux pierres que
lorsque ceux qui devaient être lapidés se trouvaient hors de portée, et sur un
terrain qu'il n'était pas permis de toucher, Exode 19:13.
— On pouvait encore aggraver la peine en ordonnant que
les cadavres fussent brûlés ou pendus: le premier cas est mentionné Lévitique
20:14; 21:9; Genèse 38:24; Josué 7:15,25; c'est de ce dernier passage qu'on
conclut que ce supplice n'était pas appliqué aux personnes vivantes; d'après la
Mishna au contraire (Sanh. 7, 2) on aurait serré le cou du coupable avec un
linge, de manière à lui faire tenir la bouche ouverte, dans laquelle on aurait
versé du plomb fondu! C'est peu probable, et nous n'en voyons de traces nulle
part. Le second cas, celui de cadavres pendus à un arbre ou à un gibet, est
mentionné Deutéronome 21:22; Nombres 25:4; cf. Josué 10:26; 2 Samuel 4:12; 1
Samuel 31:8,10; c'était la plus grave injure qu'on pût taire à la mémoire du
supplicié; celui qui était pendu était considéré comme maudit, Deutéronome
21:23; cf. Galates 3:13. Son corps ne pouvait rester exposé la nuit, de peur
que venant à se décomposer, il n'empestât l'air et ne nuisit aux vivants,
Deutéronome ibid, cf. Josué 8:29; 10:26; une exception à cette règle est
mentionnée comme un acte d'une dureté particulière, 2 Samuel 21:6,9.
— Quelquefois aussi, comme outrage fait aux corps, on
se bornait à les couvrir d'un grand monceau de pierre au lieu de les enterrer,
Josué 7:26; 8:29; 2 Samuel 18:17, coutume que l'on retrouve encore dans
l'Orient moderne. La peine mentionnée Exode 31:14; Lévitique 17:4; 20:17, «être
retranché du milieu de ses peuples», et qui s'employait ordinairement pour des
péchés contre la loi religieuse, est simplement une désignation générale de la
peine de mort, sans spécification d'un supplice particulier, mais il est
évident qu'il s'agit là en effet de la mort et non d'un exil ou d'une excommunication.
— Il faut observer aussi que les exécutions se
faisaient très expéditivement, Josué 7:24; 1 Samuel 22:16, parle peuple dans
les premiers temps, puis sous les rois par leurs gardes du corps.
L'Écriture mentionne encore comme empruntés à des nations
étrangères, et non reconnus par la loi, les modes suivants d'exécution:
a. La
mort par la scie, q.v., 2 Samuel 12:31.
b. La
dichotomie ou mise en pièces, 1 Samuel 15:33. Elle était habituelle chez les
Babyloniens, Daniel 2:5; 3:29, de même qu'en Égypte, en Perse, et plus ou moins
peut-être chez les Romains, cf. Hérodote 2, 139; 3, 13; 7, 39. Horace, Sat. 1;
1, 99 sq. Matthieu 24:51; Luc 12:46; Coran 20:74; 26:49.
c. On
précipitait le condamné du haut d'un rocher, 2 Chroniques 25:12; cf. Psaumes
141:6; Luc 4:29, etc.: on connaît la roche Tarpéienne des Romains, et les
Athéniens avaient quelque chose de semblable,
d. D'autres
ont été étendus dans le tourment, dit saint Paul, Hébreux 11:35. L'original
porte proprement «ont été tympanisés», mais on ne sait pas au juste de quel
supplice il s'agit: le tympan; 2 Maccabées 6:19,28, était-il le bois avec
lequel on les frappait jusqu'à la mort, ou le billot auquel on les
assujettissait pour les écarteler, ou une espèce de roue sur laquelle on les
étendait comme on étend la peau sur le cadre d'un tambour? c'est ce que l'on ne
saurait décider, et les diverses conjectures de la Vulgate, d'Hésychius et
d'autres, ne jettent pas de lumières sur ce sujet.
Nous voyons enfin rappelés dans l'Écriture quelques
supplices exercés par les nations païennes, et que les Israélites n'ont jamais
connus.
1. Des
hommes jetés vivants dans une fournaise, Daniel 3; peut-être aussi 2 Samuel
12:31, coutume qui, d'après Chardin et Rosenmuller, existe encore en Perse de
nos jours: quelquefois les condamnés étaient brûlés à petit feu, Jérémie 29:22;
2 Maccabées 7:5.
2. La
fosse aux lions, Daniel 6.
3. On
étouffait les victimes au moyen de cendres brûlantes, 2 Maccabées 13:5.
4. On
broyait les enfants contre des rochers, et l'on éventrait des femmes enceintes,
surtout au sac d'une ville, 2 Rois 8:12; 15:16; Ésaïe 13:16,18; Osée 10:14;
13:16; Nahum 3:10; cf. Psaumes 137:9; Amos 1:13.
5. La
crucifixion,
— Voir: Croix.
6. Enfin
les combats contre les bêtes féroces, et la meule d'âne pendue au cou de ceux
que l'on précipitait dans la mer, 1 Corinthiens 15:32; Matthieu 18:6, sont deux
supplices qui ne sont mentionnés qu'en passant: les noyades étaient cependant
connues déjà fort anciennement en Égypte, Exode 1:22, et les Romains avaient
dans l'origine réservé ce genre de mort aux parricides; plus tard, sous les
empereurs, on en généralisa l'emploi davantage, en l'appliquant à tous ceux
qui, par leurs crimes, avaient mérité une peine sévère, une mort cruelle; on
leur pendait alors au col une pierre ou tel autre objet pesant qui assurât leur
destruction et empêchât leur corps de revenir flotter à la surface de l'eau,
cf. Jérémie 51:63. Quant aux combats contre des bêtes féroces,
— Voir: l'article Jeux.
Nous n'avons pas à examiner ici la question dogmatique
de la peine que Dieu a prononcée contre le pécheur, ni la question plus
difficile encore des peines éternelles. Bien des doutes ont été soulevés, bien
des solutions ont été proposées: la raison, le sentiment ont tour à tour élevé
la voix pour adoucir ou changer la révélation: des efforts consciencieux ont
été faits pour conserver le respect dû à l'Écriture, tout en rejetant le sens
ordinaire et littéral de quelques passages souvent invoqués, tels que Daniel
12:2; Matthieu 18:8; 25:41,46; Apocalypse 20:10; 2 Thessaloniciens 1:9, etc.;
mais dans l'examen de cette question, sans doute bien sérieuse, mais qui n'est
que secondaire pour le chrétien qu'elle ne concerne pas directement, on a
souvent oublié qu'il est des vérités que nous ne pouvons ni ne devons
approfondir, notamment toutes celles qui sont relatives à ce qui est éternel ou
infini. Adorons un Dieu de justice et d'amour, et attendons que nous puissions
connaître parfaitement, comme nous avons été connus; bien des choses alors
surprendront nos intelligences bornées, et Dieu sera pour nous sans voile.
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PÉKACH,
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fils de Rémalia; il était capitaine aux gardes de
Pékachia, et devint par le meurtre de son maître le dix-huitième et
avant-dernier roi d'Israël. Vingt années de règne n'ont pu donner à cet
usurpateur une gloire ou une réputation quelconque, et son caractère, par le
fait même qu'il est peu connu, ne paraît pas avoir mérité de l'être. On peut le
caractériser un ambitieux d'un génie médiocre, un homme de guerre dont les vues
ne vont pas plus loin que le poignard qui le mène au trône. Sa vie dont les
fragments sont épars en trois livres différents, 2 Rois 15 et 16, 2 Chroniques
28; Ésaïe 7:1; 8:1-9,6, cf. 17:1-11, ne présente pas un tout bien lié. Idolâtre
comme ses prédécesseurs, il fit alliance avec Retsin roi de Syrie, contre Achaz
roi de Juda, obtint d'abord de grands succès, fit un grand nombre de
prisonniers qui ne durent leur liberté qu'à l'intervention d'Hoded et
d'Hazaria, mais dut renoncer au siège de Jérusalem qu'il avait entrepris, pour
retourner dans ses états menacés par Tiglath-Piléser, qui ne tarda pas à lui
enlever les provinces situées à l'est du Jourdain et au nord de la Palestine.
Il mourut bientôt, assassiné par Hosée, après avoir régné de 758-738 avant
J.-C.
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PÉKACHIA,
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fils et successeur de Ménahem, fut le dix-septième roi
d'Israël; il monta sur le trône 761 ans avant J.-C. et fut assassiné par Pékach
après deux ans d'un règne obscur et idolâtre, 2 Rois 15:22.
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PÉLATJA,
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fils de Bénaja, un des principaux du peuple sous
Sédécias, et complice de l'idolâtre incrédulité de Jaazanja, Ézéchiel 11:1,13,
peut-être en partie adorateur du soleil, cf. 8:16. Pendant qu'Ézéchiel
annonçait à la faction contraire à Jérémie, dont cet homme était l'un des
conducteurs, les vengeances de l'Éternel, Pélatja tomba mort subitement; cette
mort était déjà un échec pour son parti, elle le devenait davantage encore en
ce qu'elle représentait le commencement des jugements de Dieu, et comme le nom
de Pélatja signifie le secours de l'Éternel, chacun put dire «le secours de
l'Éternel a pris fin», il n'y a plus de délivrance à attendre dans les maux
dont nous sommes accablés.
— Les ennemis de Jérémie se moquaient de l'image d'une
chaudière employée par Jérémie, 1:13; cf. Ézéchiel 11:3, Ézéchiel la reprend
pour son compte et la développe de nouveau, 11:7; 24:3, comme pour sanctionner
par son témoignage les paroles d'un prophète persécuté et méprisé.
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PÉLEG,
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Genèse 10:25; 11:16; 1 Chroniques 1:19,25, appelé
Phaleg Luc 3:35. Descendant de Sem, fils d'Héber, et frère de Joktan. Son nom,
qui signifie partage, lui fut donné par son père, parce qu'en son temps la
terre fut partagée*. Il mourut âgé de deux cent trente-neuf ans. Le nom de
Péleg se rapporte sans aucun doute à la confusion des langues qui divisa les
hommes, et les partagea non plus en familles seulement, mais en nations;
* (Selon Alexandre
Hislop (Les Deux Babylones), le nom de Péleg porte un sens de violence extrême,
celui de fragmenter un récipient avec un marteau. En d'autres mots, la Terre,
qui était d'un seul Continent à cet époque, fut fragmentée violemment pour
former les cinq continents que nous connaissons de nos jours.)
— Voir: Babel.
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PÉLÉTHIENS,
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2 Samuel 8:18; 20:23; 1 Rois 1:38; 1 Chroniques 18:17,
soldats célèbres sous le règne de David, de même que les Kéréthiens: comme ces
derniers rappelaient par leur nom les Crétois ou Caphthorim, q.v., de même les
Péléthiens rappelaient les Philistins, et il y avait entre ces divers peuples
ou peuplades d'intimes liens de parenté. Les Péléthiens étaient originairement
de la ville de Gath. Suivant différentes étymologies possibles de leur nom,
quelques auteurs ont voulu voir en eux, soit les membres du grand sanhédrin,
soit des destructeurs, des hommes qui brisent, soit des hommes miraculeux par
leur force et leur courage,
— Voir: Rois.
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PÉLICAN.
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C'est ainsi que doit être traduit l'hébreu kaath,
ainsi qu'on l'a vu à l'article Cormoran. Quant au mot racham, rendu par
pélican, il désigne plutôt le vautour percnoptère qui porte encore le même nom
chez les naturalistes arabes, et que l'on trouve en Arabie, en Syrie, et
surtout en Égypte; sa taille varie entre celle d'une grosse corneille et celle
d'un fort aigle commun. D'une vilaine figure et mal proportionné, cet oiseau
est lourd, paresseux, lâche, se laissant battre par les corbeaux, toujours
criant, lamentant, dit Buffon, toujours affamé, et cherchant les cadavres; il
est en outre dégoûtant par l'écoulement continuel d'une humeur qui sort de ses
narines. On comprend que Moïse l'ait rangé au nombre des oiseaux impurs,
Lévitique 11:18. Deutéronome 14:17; Hasselquist dit de son aspect qu'il est
horridus quantum quis videre potest.
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PELUSIUM,
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— Voir: Sin.
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PÉNIEL,
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— Voir: Jabbok.
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PÉNINNA,
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1 Samuel 1, l'une des épouses d'Elkana, mère de
plusieurs enfants, et jalouse, malgré ce bonheur, des soins et de l'affection
que son mari témoignait à Anne sa stérile rivale. Aigre, dure et méchante,
cette femme devait être pour Elkana une épine continuelle, comme elle était
pour Anne une tracassière persécutrice; elle était dans son temps une
condamnation vivante de la polygamie.
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PENTATEUQUE.
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Les cinq livres de Moïse forment un ouvrage unique,
que nous nommons le Pentateuque (d'après le nom que les Grecs lui donnèrent:
Πεντατεύχος SC.
Βίβλος). Les Juifs le nommaient ordinairement le livre de la
loi (sépher hatthorah), parce que la loi mosaïque en forme pour ainsi dire le
centre. Les Juifs de Palestine désignaient chacun des cinq livres qui le
composent par le mot qui les commence; ainsi Beréschith (la Genèse,
littéralement: au commencement), etc.; mais ceux d'Alexandrie leur donnèrent
des noms en rapport avec leur contenu,
Γένεσις ou Genèse (origine de toutes choses),
Εξοδος; ou Exode (sortie d'Égypte),
Λευίτικος (lois du culte lévitique),
Αρίθμοι ou Nombres (parce que ce livre commence par un
dénombrement), et
Δευτερονδμιον (répétition de la loi); ce sont ces derniers noms qui
ont passé dans notre langue.
Pour nous convaincre que ces cinq livres forment un
tout bien lié, un ouvrage sorti de la plume d'un même auteur, et composé
d'après un plan régulier, et non pas, comme on l'a prétendu, un recueil de
fragments, il suffit de jeter un coup d'oeil sommaire sur son contenu. On peut
y distinguer un certain nombre de sections principales.
Section I.
— Relation primitive de l'homme avec Dieu; rupture de
cette relation par le premier péché; développement et châtiment du péché;
premières promesses d'un Rédempteur (Genèse 1-11,).
Section II.
— Préparation du salut annoncé dans la 1re section,
par le choix d'un peuple qui doit être le dépositaire de la révélation, et
donner naissance au Rédempteur. Cette section laisse pressentir une suite, car,
à la fin, nous trouvons le peuple d'Israël en Égypte, hors du pays qui lui a
été assigné par la promesse (Genèse 12-50,).
Section III.
— Dans cette section nous voyons le commencement de
l'accomplissement de la promesse relative au pays de Canaan. L'auteur, après
avoir montré comment Moïse, qui devait être l'instrument de la délivrance, fut
préparé pour cette mission, raconte les miracles qui précédèrent et
déterminèrent la sortie d'Égypte, l'institution d'un mémorial de ce bienfait
(la pâque), et enfin le voyage jusqu'au mont Sinaï, où le peuple, maintenant
préparé par l'épreuve et la reconnaissance, doit recevoir la loi qui fixe ses
rapports avec son Dieu (Exode 1-18,)
Section IV.
— Cette section, qui a pour sujet la législation,
forme proprement le noyau du Pentateuque. Elle embrasse à peu près les
événements d'une année. L'auteur, après avoir donné la loi fondamentale (Exode
19-24:11), raconte comment Moïse reçut sur la montagne des directions très
détaillées sur la construction de l'édifice qui devait être le centre du culte,
et l'habitation visible du Dieu avec lequel Israël venait de contracter
alliance (Exode 24:12-31,). Ensuite le récit de la révolte du peuple, qui vint
retarder l'exécution de cet ordre (Exode 32-34,), devait naturellement précéder
le morceau qui traite de la construction du tabernacle (Exode 35, jusqu'à la
tin du livre).
— Après la construction du tabernacle, c'était le lieu
de placer les ordonnances relatives au culte qui devait s'y célébrer, et c'est
ce qui forme le sujet du Léoitique, dans lequel, avec un peu d'attention, il ne
sera pas non plus difficile de reconnaître un ordre bien suivi. Après les lois
sur les sacrifices, signes et gages de la grâce divine (1-7,), on devait
attendre celles sur les personnes sacrées chargées de les offrir (8,). La
consécration solennelle du tabernacle accompagnée d'une manifestation sensible
de la divinité, racontée au chapitre 9, justifie en quelque sorte le sévère
châtiment infligé aux deux fils d'Aaron qui manquèrent au respect dû à
l'Éternel (10,). Viennent ensuite les lois sur la pureté, d'après lesquelles
devait se régler l'admission dans l'édifice sacré (11-15,); et à ce morceau se
rattachent très directement le chapitre 16, contenant la description de la
grande fête annuelle, par laquelle devaient être expiées toutes les souillures
du peuple, et le chapitre 17, qui attribue au tabernacle le privilège exclusif
de servir au culte, et défend l'usage alimentaire du sang, à cause de son
emploi dans les expiations. Suit une énumération des péchés dont la souillure
rendrait les Israélites indignes de porter le nom de peuple saint à l'Éternel,
et de posséder au milieu d'eux la demeure du Très-Haut (18-20,); dans les deux
chapitres suivants, les lois sur la pureté, tant morale qu'extérieure, sont
appliquées particulièrement aux personnes chargées du culte (21:22,). Le
chapitre 23 contient le catalogue des fêtes solennelles, qui toutes devaient se
célébrer auprès du tabernacle. Le chapitre 24, après quelques détails sur les
objets sacrés qui devaient se trouver dans le tabernacle, raconte un fait qui
se passa dans ce temps-là, la punition d'un blasphémateur; enfin, les trois
derniers chapitres renferment les lois sur le jubilé, l'année sabbatique, etc.,
qui devaient rappeler aux Israélites les droits de Dieu sur le pays de Canaan
dans lequel ils allaient entrer.
— Après avoir parlé du tabernacle et du culte qui s'y
rattachait, Moïse était conduit à indiquer sa place dans le camp et la manière
de le transporter pendant le voyage (Nombres 1-4,); il raconte comment, en
conséquence des lois sur la pureté mentionnées dans le Lévitique, un certain
nombre de personnes furent en effet exclues du camp (5:1-4,); il énumère
diverses ordonnances qui furent données occasionnellement à cette époque
(5:5-31, 6,); puis, comme les dons faits par les douze chefs de tribus pour le
service du tabernacle, furent alors seulement remis aux lévites pour cet usage,
ils sont inscrits et énumérés (7,); la consécration solennelle des lévites et
leur entrée en charge trouve naturellement ici sa place (8,). Le chapitre 9
contient quelques détails sur la célébration de la pâque et sur la nuée
merveilleuse, et quelques prescriptions amenées par les circonstances; enfin,
comme les Israélites allaient se remettre en route, les dix premiers versets du
chapitre 10 devaient parler des trompettes sacrées. (Cette section va ainsi de
exode 19, à Nombres 10:10)
Section V.
— Les événements qui s'écoulèrent depuis le départ de
Sinaï jusqu'au commencement de la quarantième année du voyage, sont assez
brièvement racontés; le plus saillant est la révolte du peuple, lors du retour
des espions, pour laquelle, après être arrivé à la frontière du pays de Canaan,
il fut condamné à errer encore trente-huit ans dans le désert, et tous les
Israélites âgés de plus de vingt ans exclus du pays promis. (Nombres
10:11-19,).
Section VI.
— Le récit du voyage de la nouvelle génération, depuis
Kadès-Barné jusqu'aux plaines de Moab, occupe le reste du livre. Les deux
premiers chapitres nous montrent que la nouvelle génération, était non moins
que celle qui avait été condamnée à périr peu à peu dans le désert, l'objet des
manifestations de la justice aussi bien que de la grâce de Dieu; eaux
miraculeuses, victoires sur les ennemis, serpent d'airain, etc. (20 et 21,);
l'histoire de Balaam est racontée avec beaucoup de détails pour montrer comment
toutes choses doivent concourir au bien des enfants de Dieu (22-24,), mais
immédiatement après, Moïse doit raconter comment Dieu châtie aussi d'une
manière terrible les péchés de son peuple (25,). Un dénombrement de la nouvelle
génération qui allait entrer en possession du pays de Canaan, devait
naturellement avoir lieu, et se trouve ici à sa place (26,). Il fallait
raconter encore comment, dans la prévision de la prochaine mort de Moïse, Josué
fut désigné et consacré comme son successeur (27,). Les trois chapitres qui
suivent (28-30,), sont consacrés à l'exposé général de tout ce qui concernait
les sacrifices et les vœux, parce que le moment approchait où, étant entrés en
possession de la terre promise, les Israélites pourraient s'acquitter de ces
obligations, là beaucoup plus complètement qu'ils n'avaient pu le faire dans le
désert. Le chapitre 31 rapporte comment le châtiment que les Madianites
méritaient à cause de leurs tentatives de séduction, fut exécuté; le chapitre
32, comment le pays déjà conquis en deçà du Jourdain, fut partagé entre les
tribus de Gad, Ruben, et la moitié de Manassé. Le livre des Nombres se termine
par une énumération sommaire des principales stations du voyage, et quelques
ordres relatifs aux frontières et au partage du pays de Canaan dans lequel on
allait entrer (33-36,).
Section VII.
— L'ouvrage de Moïse aurait été évidemment incomplet,
s'il ne nous avait pas conservé le souvenir des derniers efforts qu'il fit pour
le bien spirituel des Israélites, dans ce moment solennel où ils allaient, après
leur long pèlerinage, voir se réaliser enfin les promesses faites à leurs
pères. C'est aussi là le but et l'objet du Deutéronome.
Les quatre premiers chapitres sont une sorte
d'introduction, et renferment un discours dans lequel Moïse récapitule l'histoire
des quarante dernières années, en déduisant des enseignements et des
applications pour la conduite future du peuple. Nous voyons ensuite, c'est là
le noyau du livre, comment Moïse rappelle les lois déjà données précédemment au
pied du Sinaï, insistant sur leur observation, avec de nouveaux motifs
empruntés à l'histoire et aux circonstances, les appliquant toutes directement
au séjour en Canaan, quelquefois les développant, et ajoutant de nouvelles
directions, ainsi celles des chapitres 13 et 18 sur la prophétie qui devait
continuer l'œuvre de la révélation, et celles du chapitre 17 sur le
gouvernement monarchique dont il fallait prévoir la possibilité (5-27,). Les
trois chapitres suivants contiennent les dernières et touchantes exhortations
du législateur, dans lesquelles, pénétré de l'esprit prophétique, il découvre
au peuple, d'un côté les bénédictions, de l'autre les terribles jugements qui
lui sont réservés dans l'avenir (28-30,). On sent que la fin de Moïse approche
toujours plus; au chapitre 31, il nous raconte comment il transmit
solennellement son office à son successeur Josué, et remit le livre de la loi
entre les mains des prêtres. Le chapitre 32 nous conserve le magnifique
cantique dans lequel il prophétise la chute et le rétablissement final de son
peuple, et dans le chapitre 33, nous lisons les bénédictions qu'il prononça sur
les douze tribus.
Section VIII.
— Le chapitre 34 est un appendice écrit par une main
étrangère, probablement par Josué, et complète les longs mémoires de la vie de
Moïse, par le récit succinct de sa mort.
Les adversaires de la révélation, reconnaissant bien
que le Pentateuque était la pierre angulaire de la Bible, ont mis tout en œuvre
pour l'ébranler. Hobbes et Spinosa avaient déjà dirigé contre lui quelques
attaques partielles; ces attaques devinrent toujours plus hardies vers la fin
du siècle dernier. On trouva que le moyen le plus simple était d'en contester
l'authenticité; c'est ce que firent Bauer, Paulus, Berchtold, encore avec une
certaine modération, et en laissant subsister, comme authentiques, quelques
fragments assez considérables, jusqu'à ce qu'enfin De Wette et de Bohlen
prirent le parti de tout contester à Moïse, et d'attribuer la composition du
Pentateuque à un auteur d'une époque beaucoup postérieure. L'authenticité du
Pentateuque a été, en revanche, défendue par Jahn, Rancke, et surtout d'une
manière victorieuse par le docteur Hengstenberg (Beytræge zur Einleitung in
das. A. T.), et par Hævernick (Einleit, in das. A. T.). Vu la grande importance
de cette controverse, qui n'est, pour ainsi dire, pas connue en France, nous
donnons le résumé des principaux arguments pour et contre.
L'authenticité s'établit par les raisons suivantes:
1. Moïse
se donne lui-même clairement comme l'auteur de ces livres. Cela est évident
d'abord quant à certaines parties de l'ouvrage, Exode 34:27; Nombres 33:2;
Deutéronome 31:22; mais il y a, comme nous l'avons montré, une liaison si
étroite, si intime, entre toutes ses parties, que de ces passages on peut
conclure plus loin. Le passage, Exode 17:14, où il est question du livre, est,
aussi à remarquer.
2. Le
contenu du Pentateuque ne peut s'expliquer qu'en admettant que Moïse en est
l'auteur. En effet, l'auteur montre une si exacte connaissance de l'Égypte, de
son sol, de ses mœurs, qu'il faut supposer qu'il y a fait un séjour plus ou
moins long, comme c'était le cas pour Moïse. La vérité du Pentateuque, sous ce
rapport, a été mise dans tout son jour par les découvertes de Champollion.
— On voit que l'auteur connaissait à fond l'histoire
des douze tribus Israélites, et qui était mieux placé pour cela que Moïse?
— Il y a tellement d'allusions au voyage dans le
désert, tout est tellement basé sur les circonstances de ce temps-là, qu'il est
impossible d'attribuer la composition de ce livre à une époque postérieure.
3. Le
Pentateuque est attribué à Moïse par tous les autres livres de l'Ancien
Testament. Ici, nous pouvons alléguer d'abord un grand nombre de passages
directs, ainsi Josué 1:7; 8:31; 23:6; 2 Rois 14:6; 2 Chroniques 23:18, etc.
Quant aux citations d'Esdras et Néhémie, nous pouvons nous dispenser de les
énumérer, parce que les adversaires nous accordent que le Pentateuque existait
de leur temps. Mais il sera facile de remarquer que tout, dans les livres
postérieurs, lois, usages, jugements moraux, etc., est basé sur le Pentateuque;
sans le Pentateuque, toute l'histoire d'Israël est inexplicable.
4. Notre
Seigneur et les Apôtres attribuent le Pentateuque à Moïse d'une manière si
claire, que l'on ne peut plus attaquer l'authenticité de ce livre, sans porter
atteinte à leur autorité et à leur infaillibilité. Voyez, par exemple, Matthieu
19:8; Jean 3:45-46, etc. Contre l'authenticité, l'on allègue:
1. Que
du temps de Moïse les Hébreux ne connaissaient pas l'écriture. Mais ne pouvaient-ils
pas l'avoir empruntée, comme d'autres connaissances, aux Égyptiens ou à quelque
peuplade sémitique? Des passages prouvent que cet art (— Voir: Écriture) était
non seulement connu du temps de Moïse, mais qu'il avait passé dans la vie
ordinaire, Deutéronome 6:9; 11:20; le passage Deutéronome 24:1, où il est
question des lettres de divorce, l'existence d'une classe d'employés appelés
sopherim, espèce de scribes, etc.
2. Un
trouve que la langue du Pentateuque a trop de rapports avec celle des livres
postérieurs. Mais observons que cette immutabilité de la langue s'explique
d'abord par la structure des langues sémitiques, si différente de celles de
l'Occident; puis, par cette circonstance que les Hébreux restèrent, beaucoup
plus que d'autres peuples, à l'abri des influences étrangères. D'ailleurs,
l'assertion même n'a pas toute la force qu'on lui suppose, témoin le nombre
assez grand d'archaïsmes que l'on peut observer; ainsi le mot kèseb (pour
agneau), ainsi l'expression: «être recueilli vers ses pères», et beaucoup
d'autres encore, de même que certaines formes de langage, ne se trouvent que
dans le Pentateuque (— Voir: la Grammaire d'Ewald).
3. On
a prétendu trouver, dans beaucoup de passages, des traces d'une époque
postérieure; mais quand on y regarde de près, cet argument s'écroule aussi.
Nous en citerons quelques exemples: on a dit qu'en nommant la ville de Dan,
Genèse 14:14, l'auteur postérieur se trahit, puisque cet endroit ne reçut le
nom de Dan que lors de la circonstance mentionnée Juges 18:29; maison n'a pas
fait attention qu'il existait une seconde ville de Dan à peu près dans la même
contrée, comme on peut le conclure de 2 Samuel 24:6, où l'une des deux villes
est appelée Dan-Jahan, pour la distinguer de l'autre.
— On s'est étonné de trouver, Exode 23:19,
l'expression: «maison de l'Éternel», qui semble faire allusion au temple de
Jérusalem; mais ne peut-elle pas s'appliquer tout aussi bien au tabernacle qui
allait se construire?
— On a encore allégué que le chapitre 17 du
Deutéronome ne peut pas avoir existé du temps du prophète Samuel, puisqu'il
déclare la royauté inconciliable avec la théocratie; mais il faut remarquer que
la polémique de Samuel ne se dirige point contre le gouvernement monarchique en
général, mais contre son introduction dans les circonstances d'alors, et les
dispositions qui le faisaient désirer, etc.
4. On
a dit encore que l'état moral du peuple, tel qu'il nous est représenté dans les
livres postérieurs, ne peut se concilier avec la supposition que le Pentateuque
fût connu. Mais la loi s'accorde-t-elle donc tant avec les inclinations de
l'homme naturel, que l'on ne puisse pas comprendre que, tout en étant connue,
elle n'était pas mise en pratique? Avec cet argument-là ne pourrait-on pas
renverser aussi l'authenticité du Nouveau Testament, et prouver que la
chrétienté contemporaine n'en a pas eu connaissance?
5. Enfin,
on a fait grand bruit de cet exemplaire du livre de la loi trouvé dans le
temple sous le roi Josias, 2 Chroniques 34:14, et l'on en a conclu que ce livre
pouvait bien avoir été fabriqué par les prêtres. Mais que le Pentateuque (car
c'est de ce livre tout entier qu'il s'agit dans ce passage) existât du temps de
Josias et avant, c'est ce que prouvent les nombreuses allusions des prophètes,
et en particulier de Jérémie. Il est naturel de supposer que c'était
l'exemplaire sacré, écrit de la main même de Moïse, qui avait été égaré sous
des rois impies, et l'on comprend que sa découverte, surtout dans les
circonstances où se trouvait le royaume, ait dû faire une profonde impression.
Sous le rapport littéraire, nous nous bornerons à
citer ici les paroles d'un écrivain qui, sans négliger peut-être le fond,
s'attache davantage à la forme, et dont le témoignage, en pareille matière, est
intéressant, quoiqu'il ne soit pas neuf: «Il n'est pas nécessaire, dit-il dans
sa Bibliothèque sacrée, d'insister sur l'excellence du Pentateuque, à le
considérer seulement sous le rapport littéraire. On sait que tous les peuples
se sont accordés à y chercher les modèles du sublime, et que l'histoire de
Joseph, qui termine la Genèse, est un chef-d'œuvre de naïveté, d'éloquence et
de sentiment, auquel rien ne peut être comparé dans l'ancienne littérature.»
(Nodier).
M. Grandpierre, dans ses Essais sur le Pentateuque
(que leur titre ne caractérise pas d'une manière très exacte), a examiné la
plupart des questions qui, dans les livres de Moïse, soulèvent des difficultés
morales, historiques ou naturelles. Son travail, sur les points qu'il traite,
est bon à consulter comme commentaire; c'est même à peu près le seul ouvrage
que nous possédions dans ce genre.
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PENTECÔTE.
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C'était la seconde des trois grandes fêtes solennelles
que les Juifs célébraient à Jérusalem. Son nom vient du grec, et signifie
cinquantième: Elle fut dans l'origine instituée en mémoire de la promulgation
de la loi sur le mont Sinaï, qui eut lieu cinquante jours après la sortie
d'Égypte. Elle portait aussi les noms de fête de la moisson, Exode 23:16; fête
des semaines ou des sept semaines, Exode 34:22; Deutéronome 16:16; fête des
prémices ou des premiers fruits, Nombres 28:26, parce que, célébrée cinquante
jours après le commencement de la moisson, ou sept semaines après le lendemain
du sabbat de Pâque, elle était un service public d'actions de grâces pour la
moisson heureusement terminée, Lévitique 23:15; Exode 23:16. Outre les
sacrifices et les oblations ordinaires, les Israélites devaient présenter en ce
jour un gâteau nouveau, deux pains levés, et un bouc pour le péché, Lévitique
23, Nombres 28, Deutéronome 16:10. De joyeux repas égayaient cette fête du
bonheur que les Juifs fréquentèrent toujours avec empressement, même après que
les jours de l'exil eurent détruit plusieurs de leurs habitudes religieuses,
Actes 2:5; 20:16. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 14, 13; 4, et ailleurs.
Un nouveau cinquantième jour, une nouvelle Pentecôte eut lieu après que les
disciples du Sauveur eurent célébré avec la dernière Pâque juive la première
Pâque chrétienne; cette Pentecôte a fait oublier l'ancienne, comme le
Saint-Esprit a remplacé la loi dans le cœur de ceux qui sont devenus de
nouvelles créatures.
— Quelques remarques de détail achèveront de
déterminer le caractère de la Pentecôte juive, ainsi que ses rapports avec
celle des chrétiens.
1. D'après
Lévitique 23:15-16; cf. verset 11, les sept semaines étaient comptées du jour
qui suivait le sabbat de Pâque, c'est-à-dire du 16 nisan, de sorte que la fête
était célébrée un lendemain de sabbat, cinquante jours après la Pâque; c'est
ainsi que les rabbanites l'entendent; les caraïtes comptent au contraire les
sept semaines à dater du jour de Pâque, et célèbrent ainsi la Pentecôte le jour
du sabbat: il est bien probable en effet que l'oblation des premiers pains devait
correspondre à celle des premiers épis, qui avait lieu le jour du sabbat; les
sept semaines intermédiaires étaient consacrées à la moisson, Deutéronome 16:9.
La loi n'avait déterminé qu'un seul jour pour la fête, mais les Juifs depuis
l'exil, et de nos jours encore, célèbrent le lendemain, et donnent deux jours à
la Pentecôte.
2. Les
pains offerts à l'Éternel étaient faits avec du levain, comme les pains dont on
se servait dans l'usage journalier; ils étaient présentés au nom de tout le
peuple avec un dixième d'épha de fine farine, Lévitique 23:17: le Talmud ajoute
que les pains avaient sept pouces de long et quatre large. Les prêtres devaient
les manger de en un seul jour sans en réserver rien pour le lendemain. Ces
différentes offrandes étaient toutes tournoyées devant l'autel, Lévitique
23:17.
3. D'après
Lévitique 23:18, les offrandes consistaient en sept agneaux d'un an, un veau,
deux béliers, avec les aspersions nécessaires, plus un jeune bouc pour le
péché, et deux agneaux en sacrifice de prospérité: d'après Nombres 28:27,
l'holocauste se composait de deux veaux, un bélier, sept agneaux d'un an, et un
jeune bouc de propitiation. Plusieurs auteurs n'ont pas remarqué cette
différence; d'autres, et notamment les Juifs, l'expliquent d'une manière assez
satisfaisante, en regardant les offrandes du Lévitique comme celles qui
devaient accompagner les pains, et celles des Nombres comme addition ou
supplément, de sorte qu'il faudrait additionner le nombre des victimes
mentionnées; c'est ce que fait aussi Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 3,
10, 6) qui compte quatorze brebis, trois veaux et deux boucs; ce dernier
chiffre est probablement mis par erreur au lieu de trois.
4. D'après
Flavius Josèphe, le nom de la Pentecôte était de son temps Asartha, ou
Hatsartha, fête du rassemblement, fête en quelque sorte par excellence; et ce
même nom se retrouve dans le Talmud.
5. La
Pentecôte juive n'est pas directement rattachée dans son origine à la
promulgation de la loi, mais il est aisé de voir, comme le veut la tradition,
qu'elle eut lieu en effet cinquante jours environ après la sortie d'Égypte. Les
Israélites furent affranchis le quinzième jour du premier mois ou nisan, Exode
12:6, sq., et ce fut dans les quatre ou cinq premiers jours du troisième mois
qu'ils reçurent la loi en Sinaï, Exode 19:1,16, etc. Si la parfaite coïncidence
des chiffres ne peut être prouvée, il n'en est pas moins vrai qu'il y a entre
les faits mêmes des rapprochements remarquables à faire. La Pâque juive
représentait une délivrance matérielle, la Pâque chrétienne une délivrance
spirituelle: la Pentecôte juive ou la promulgation de la loi était le fondement
de l'ancienne économie, la Pentecôte chrétienne est celui de la nouvelle.
Cinquante jours après avoir délivré son ancien peuple, Dieu lui donna la loi;
cinquante jours après avoir sauvé l'Église, Jésus lui envoya cet Esprit qui
seul peut faire aimer, comprendre, et observer la loi.
6. Le
but moral de la fête lévitique était de rappeler aux Israélites les grâces d'un
Dieu qui les avait choisis pour être son peuple, et qui leur avait donné en
héritage une terre fertile et bénie. Son but typique était de leur rappeler
qu'ils étaient l'image de l'Israël selon l'esprit, la figure de l'assemblage
des Saints.
7. La
première Pentecôte eut lieu hors de la terre promise et dans un désert, juste
image des suites et de la nature de cette alliance; la seconde eut lieu à
Jérusalem, ville sainte, et sur Sion, montagne de prédilection, Psaumes 87:3;
132:13. La première n'eut pour témoins que des Juifs, la seconde des gens de
toutes nations, Actes 2:9; etc. Celle-là fut accompagnée de scènes effrayantes;
celle-ci, réalisation des prophéties qui annonçaient d'heureux jours, Jérémie
31, Joël 2, est aussi extraordinaire, mais elle n'a rien qui fasse trembler; on
entend bien un son, mais c'est celui de l'Évangile; un vent véhément se fait
bien sentir, mais c'est le Saint-Esprit qui manifeste sa vertu efficace et
bienfaisante; il apparaît bien un feu, mais c'est celui qui éclaire et qui
sanctifie. (— Voir: Girard des Bergeries, Moïse dévoilé.)
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PÉNUEL,
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— Voir: Jéred #2.
— Voir: aussi 1 Chroniques 4:4; 8:25.
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PÉRATSIM,
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montagne de la Judée;
— Voir: Bahal-Pératsim.
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PERDRIX.
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C'est ainsi que l'on traduit ordinairement l'hébreu
khoré, 1 Samuel 26:20; Jérémie 17:11, et non seulement rien ne contredit ce
sens, mais encore il paraît justifié par la signification même du nom (celui
qui appelle), semblable peut-être, sous ce rapport, au nom allemand de Rebhuhn,
où Winer voit Rufhuhn; il est constant que le cri de la perdrix a souvent une intonation
provocatrice ou plaintive, qui ressemble à un appel, et que les chasseurs ont
ainsi désignée. Mais si cette traduction paraît bien établie, comme elle a été
adoptée par les Septante, la Vulgate et tous les anciens commentateurs, elle
est, d'un autre côté, extrêmement vague, les anciens, et même Aristote, ayant
confondu, sous ce nom généralement connu, une quantité d'espèces moins connues
et moins observées. Le passage de Jérémie ne peut servir de guide, car il donne
à cet oiseau un trait de caractère qui n'est pas le sien; il n'est pas prouvé
que la perdrix enlève des œufs à d'autres oiseaux pour les couver; souvent, au
contraire, elle les détruit, mais il suffisait au prophète que l'opinion
populaire attribuât à la perdrix une pareille habitude, pour lui emprunter une
image. Le passage de Samuel renferme déjà une indication de plus, c'est que la
khoré est une habitante des montagnes. Et si l'on tient compte du fait que cet
animal était connu en Palestine, on écartera toutes les espèces qui n'habitent
que les plaines et les climats tempérés; ainsi notre perdrix grise ordinaire,
et la perdrix grise-blanche, qui n'en est qu'une variété; l'une et l'autre sont
inconnues en Asie et n'habitent que les pays à blé, les plaines, et tout au
plus la lisière des forêts. On ne peut donc guère penser qu'à la petite perdrix
grise de Buffon, qu'Aldovrande appelle perdrix de Damas, ou à la perdrix
grecque, dite bartavelle; c'est de cette dernière qu'il s'agit, selon toute
apparence, dans les passages cités; elle habitait les îles de la Méditerranée,
ainsi que les contrées de l'Asie conquises par Alexandre, et recherchait de
préférence les montagnes et les rochers. La perdrix rouge, deux fois aussi
grosse que notre perdrix ordinaire, est fort commune en Grèce, en Crète et
jusqu'en Syrie; elle couve quelquefois d'autres œufs que les siens, mais ce
n'est qu'à défaut de ceux-ci, soit qu'elle n'en ait point pondu, soit qu'ils
lui aient été enlevés. Cette espèce est fort criarde, soit en amour, soit au
combat. On a raconté bien des fables sur la perdrix, mais l'on a aussi rangé au
nombre des fables des faits bien avérés de son merveilleux instinct.
— Quelques auteurs, en petit nombre, ont traduit khoré
autrement que nous ne faisons: outre Faber, qui l'entend de la perdrix de Damas,
d'autres l'ont entendu du coucou, Bochart de la bécasse, Œdmann de la mésange.
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PERDUS
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(objets). Celui qui avait trouvé quelque chose devait
le relever, le ramasser et chercher à en découvrir le propriétaire, Deutéronome
22:1-3. Cet ordre est spécial à l'égard du bétail qui aurait pu s'égarer, et
une disposition de ce genre était d'autant plus nécessaire sur ce point, que
l'entretien et la nourriture des bêtes perdues pouvaient être pour celui qui
les rencontrait un motif d'hésitation. Celui qui, après l'avoir nié, était
convaincu d'avoir trouvé et de s'être approprié quelque chose, devait le
restituer en y ajoutant un cinquième de la valeur; il était tenu, en outre, à offrir
en sacrifice un bélier sans tare pour l'expiation de son péché, Lévitique
6:3,6.
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PERGAME,
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ancienne ville de Mysie, située à 7 lieues d'Élée, sur
le fleuve Caïcus. Capitale d'un royaume fondé par l'eunuque Philétère, elle
avait passé sous la domination romaine par le testament d'Attale III
Philométor. Eumène II, l'un de ses rois, voulant rivaliser avec Ptolémée, roi
d'Égypte, avait substitué le parchemin (pergamentum) au papyrus, et fondé dans
sa capitale une magnifique bibliothèque de 200,000 volumes, dont Marc Antoine
fit plus tard présenta Cléopâtre, après l'incendie de celle d'Alexandrie.
Esculape avait dans cette ville un temple célèbre qu'on venait visiter des parties
les plus éloignées de l'Asie. Pergame devint sous les Romains le chef-lieu
d'une de leurs provinces, et le christianisme ne tarda pas à s'y établir, ainsi
qu'on le voit Apocalypse 1:11; 2:12: elle est appelée, dans ce dernier passage,
le siège ou le trône de Satan, ce que quelques auteurs ont entendu du temple
d'Esculape, qui avait, comme on sait, le serpent pour emblème; cependant il est
plus probable que l'apôtre prophète avait en vue soit l'idolâtrie en général,
soit des persécutions auxquelles les chrétiens auraient été en butte dans cette
ville. L'Église de Pergame est louée pour sa fidélité, mais le Saint-Esprit lui
reproche les égarements de quelques-uns de ses membres;
— Voir: l'article Nicolas, et Voyages de Hartley en
Grèce et dans les sept Églises apocalyptiques.
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PERGE,
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maintenant Karahisar ou Château noir; ville maritime
et métropole de la Pamphylie, située près du Cestrus, à 60 stades de son
embouchure, et à 10 lieues nord-est d'Attalée. Elle possédait un temple célèbre
d'Artémis. Alexandre s'en empara. Saint Paul y annonça la parole de Dieu, Actes
13:13; 14:25.
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PERLES.
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Elles sont sans contestation désignées par le mot
μαργαριτάρι dans le Nouveau Testament, Matthieu 7:6; 13:45; 1
Timothée 2:9; Apocalypse 17:4; 18:12, et selon quelques auteurs, notamment
selon les commentateurs juifs, par l'hébreu peninnim, Proverbes 3:15; 8:11; 20:15;
31:10; Job 28:18; Lamentations 4:7 (où nos versions ont mis pierres
précieuses): plusieurs rabbins entendent aussi des perles l'hébreu dar, d'après
l'étymologie de l'arabe, Esther 1:6.
— Voir: Marbre, et le b'dôlach,
— Voir: Bdellion.
On fait observer le rapport qu'il y a entre l'hébreu
peninnim et le latin pinna, nageoire, poisson, qui désigne aussi par extension
le coquillage qui produit les perles; la circonstance que le nom hébreu est
toujours au pluriel, et le contexte qui met toujours les peninnim à côté des
métaux et des pierres précieuses, sans qu'elles soient ni l'un ni l'autre,
militent en faveur de la traduction adoptée; enfin, le fait que les perles ont
été connues fort anciennement, et notamment dans les contrées voisines de la
mer Rouge et du golfe Persique, où elles sont fort abondantes, mérite d'être
pris en considération. Mais d'un autre côté le passage des Lamentations, qui
donne aux peninnim la couleur vermeille, ne cadre guère avec l'idée qu'il
s'agisse là de perles, à moins qu'on n'admette l'assertion de Calmet, que l'eau
des perles de l'Orient tire sur l'incarnat, ou l'explication de Bochart qui
prend le mot rouge ou vermeil dans le sens d'éclatant, brillant, ainsi que cela
se fait quelquefois en arabe, et comme nous en avons un exemple dans les
purpurei olores d'Horace. Gesenius repousse cette signification secondaire du
mot, et donne avec Michaélis et d'autres à peninnim le sens de corail, q.v. Il
est difficile de décider.
Quant aux perles, elles ont servi au luxe dès la plus
haute antiquité; elles étaient un article de commerce fort important que les
Orientaux tiraient assez ordinairement de l'Arabie, sur les côtes de laquelle
on en péchait en grande abondance; l'île de Tylos était en particulier renommée
pour ses nombreuses et belles pêcheries de perles et de nacre, que des
plongeurs allaient chercher aux pieds des rochers; on en trouvait également en
fort grand nombre dans la mer des Indes, Pline 6, 32; 9, 54. Strabon 16, 767.
Depuis quelques siècles les côtes du Nouveau Monde ont offert de nouvelles
richesses sous ce rapport; leurs perles ont une eau verdâtre, qui les fait
moins rechercher peut-être que les perles gris de lin des mers du Nord, que les
perles rose-rouge de l'Océan des Indes, mais qui n'en est pas moins pure, délicate,
et souvent préférable et préférée. Le coquillage qui les sécrète est le mytilus
margaritiferus de Linnée, long et large parfois de 30 centimètres et de
l'épaisseur d'un doigt; la coquille, sans forme et rude à l'extérieur, est
polie et d'une blancheur éblouissante en dedans. Les naturalistes ne sont pas
d'accord sur le mode de formation des perles; on sait seulement que ce sont des
excrétions de l'animal, soit accidentelles, soit destinées à boucher de petites
cavités formées dans le tissu du coquillage. La grosseur, la forme et la beauté
des perles qu'on trouve dans un même individu varient beaucoup: l'on en trouve
de rondes, d'ovales, d'allongées en poire et d'anguleuses: leur nombre varie
également, et l'on en a découvert jusqu'à cent cinquante dans une seule
mère-perle, mais elles n'étaient pas toutes achevées au même degré. Les plus
grosses appartiennent aux îles de Ceylan, de Sumatra et de Bornéo, les plus
fines au golfe Persique» On en trouve quelques-unes, mais peu appréciées et peu
solides, dans les huîtres communes, et dans les rivières de l'Europe, en Bohême
et en Silésie.
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PERSE.
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Cette contrée, si voisine du berceau du genre humain,
et par conséquent bien connue dès la plus haute antiquité, n'apparaît dans les
premiers écrits de l'Ancien Testament que sous le nom d'Élam, q.v. Plus tard
seulement, et depuis l'exil, elle reçoit le nom de Perse qui désigne alors
(outre la Perse proprement dite, le Persis ou Farsistan) tout l'immense royaume
fondé par Cyrus, qui comprenait la plus grande partie de l'Asie connue, depuis
le voisinage de l'Indus jusqu'à la mer Égée: à la Perse qu'il avait héritée de
ses ancêtres, le conquérant avait joint ce que la domination des Mèdes avait
embrassé jusqu'au fleuve Halys, le royaume de Lydie au-delà de ce fleuve, et
celui de Babylone. Son successeur, Cambyse, y ajouta l'Égypte. Cet empire ne
subsista que deux siècles, et fut conquis par Alexandre. Après la mort du roi
de Macédoine, les provinces de l'Orient tombèrent au pouvoir de Séleucus
Nicator, mais ses successeurs en Syrie perdirent une partie de ces provinces,
qui leur furent enlevées par les Parthes. Sous la domination de ces derniers,
la Perse eut des rois particuliers; on a l'énumération des provinces qui
composaient l'empire des Parthes; la Perse et même la Susiane et la Carmanie
n'y sont pas comprises, et sont ainsi considérées comme indépendantes. Leurs
princes furent néanmoins dans un état de dépendance jusqu'au troisième siècle.
Un Persan, qui prit le nom d'Artaxercès, secoua le joug des Parthes, en
anéantissant leur puissance, la rendit aux Perses qui en jouirent environ
quatre cents ans, jusqu'à l'invasion des Arabes sous les premiers califes
successeurs de Mahomet; dès lors le nom de Perse s'est conservé pour désigner
tout le pays compris depuis les limites de la domination turque jusqu'à
l'Indostan.
La grande Perse était divisée en cinq provinces ou
satrapies, la Susiane,
— Voir: Susan;
la Perse proprement dite, la Carmanie et la Gédrosie
(Kerman et Mékran), l'Arie ou Khorasan, et l'Hyrcanie; on peut y joindre encore
la Margiane, qui a fait partie de l'empire des Parthes. Chacune d'elles avait
une administration complète et la direction de ses colonies; mais elles relevaient
toutes aussi du roi, qui était le centre et le chef du gouvernement.
La Perse proprement dite s'étendait du nord au sud
jusqu'au golfe Persique, entre les 27° et 33° de latitude; elle était séparée
de la Médie au nord par les monts Parachoatras, maintenant Aprassia, touchant
la Susiane à l'ouest par les monts Baktiori pleins de passages et de défilés
étroits et dangereux; à l'est était la Carmanie. Le pays, qui est montueux déjà
dans la partie septentrionale de la Susiane, continue de l'être dans la Perse
et jusqu'au centre de cette province. La contrée maritime a des plaines
marécageuses et stériles où il règne des vents impétueux, une chaleur excessive
et des exhalaisons malsaines. Entre le nord et le milieu du pays, de hautes et
rocheuses montagnes portent des neiges éternelles; le climat est dur, la terre
stérile; on n'y trouve que des bergers, des nomades, des voyageurs, et des
brigands. Des lacs et des rivières arrosent et fertilisent les plaines et les
vallées de la Perse centrale, qui nourrissent beaucoup de bétail,
principalement des chameaux.
C'étaient les habitants de cette province qui
portaient plus spécialement le nom de Perses; ils étaient parents des Mèdes et
se divisaient en plusieurs hordes ou tribus dont trois passaient pour nobles,
les Pasargades, les Maraphiens et les Maspiens; seules elles recevaient une
certaine culture, les autres labouraient les terres, gardaient les troupeaux,
ou étaient confinées dans les montagnes, sauvages et sans instruction. La
famille royale, et Cyrus en particulier, appartenait aux Achéménides, la
famille la plus noble des Pasargades.
La langue perse était proche parente de la langue zend
parlée dans la Médie supérieure, laquelle, à son tour, tirait ses racines du
sanscrit; elle différait complètement des langues sémitiques. Nous ne pouvons
entrer ici dans l'examen des rapports qui ont été remarqués entre le persan, le
sanscrit et l'allemand, soit quant aux mots, soit quant aux constructions et à
la syntaxe; on trouvera sur ce sujet les indications qu'on pourra désirer, dans
l'ouvrage allemand de Wahl, Histoire des langues et de la littérature
orientale, p. 129, et suivant.
La constitution politique de la monarchie perse, comme
état indépendant, ressemblait à celle de la Médie, et en général de tous les
anciens royaumes de l'Asie. La Perse a eu des rois dès les anciens temps; ils
s'intitulaient eux-mêmes rois des rois, et vivaient inabordables pour leurs
sujets dans des palais magnifiques et solidement construits, le printemps à
Ecbatane, l'été à Susan, Néhémie 1:1; Daniel 8:2; Esther 1:2,5, etc., l'hiver à
Babylone, q.v. Ils avaient un harem nombreux et bien choisi, placé sous la
surveillance d'eunuques, Esther 2:11, une femme principale ou sultane, qui
pouvait quelquefois exercer une certaine influence sur les affaires publiques,
Esther 7, Néhémie 2:6, une riche et brillante collection de courtisans, et un
échanson, Néhémie 2:1. Leur table était naturellement abondante et recherchée,
Esther 1:5, et les provinces du royaume, devaient tour à tour pourvoir à son
entretien, Hérodote 1, 192; cf. 1 Rois 4:27. Le mode de gouvernement était
éminemment despotique; la volonté du monarque était la loi suprême, sa parole
était un jugement en dernière instance. S'il y avait quelquefois conseil tenu
entre le roi et ses ministres ou ses courtisans, ce n'était;que dans des
circonstances extrêmement graves, et pendant ou après un repas, Esther 1:10-19;
5:5; 7:2. Une mesure qui avait été érigée en édit avec le sceau du roi, sa
signature et son nom, était réputée irrévocable, Esther 1:19; Daniel 6:8,15.
Les provinces, qui sous Darius Hystaspe s'élevèrent au nombre de vingt (120
sous Darius le Mède, Daniel 6:1). étaient gouvernées par des satrapes, qui
souvent appartenaient à la famille royale; ils tenaient une cour de princes, avaient
sous leurs ordres, pour les districts de leurs provinces, des employés spéciaux
et s'occupaient du gouvernement général et de la perception des impôts en
argent et en nature, Esther 3:12-13; 8:9; Néhémie 2:8,16. Ils n'avaient qu'un
pouvoir administratif et civil, mais des commandants de troupes étaient mis à
leur disposition et répartis entre leurs divers districts. Des courriers (q.v.)
faisaient le service de poste entre le roi et les satrapes. Autour du trône
royal se tenait un conseil de sept princes ou ministres, Esther 1:14; Esdras
7:14, qui étaient probablement les sept juges inamovibles dont parle Hérodote,
3, 31, mais qu'il ne faut pas confondre avec les sept eunuques de Esther
1:10,12; 6:14. L'armée perse, non compris les garnisons, consistait «n
infanterie (notamment en archers), et surtout en cavalerie; elle était équipée
avec ce luxe qui, principalement depuis la conquête des Lydiens, était un des
caractères saillants des mœurs du pays, Hérodote 1, 71; 9, 79.
On n'a pas beaucoup de détails sur la religion des
Perses; on sait seulement d'une manière générale qu'ils adoraient le soleil,
qu'ils ne lui dressaient ni statues, ni autels, et qu'ils lui offraient sur des
lieux élevés, des sacrifices, ainsi qu'à la lune, au feu, etc. Le mage (importation
mède) qui présidait au sacrifice, divisait l'holocauste en cinq parties; les
dieux n'entraient point dans ce partage, parce que, disaient les Perses, la
divinité ne veut que l'âme de la victime. On ne peut déterminer jusqu'à quel
point cette adoration de la lumière et du feu se combinait avec les doctrines
dualistes de Zoroastre, mais il paraît que ces dernières n'ont point été
étrangères aux Perses.
La Perse, après n'avoir été qu'une satrapie sous
Phraortes, roi de Médie, qui vivait quatre-vingt-quatorze ou
quatre-vingt-dix-sept ans avant Cyrus, ne commence à compter comme royaume
indépendant, ayant son histoire, propre, que sous Cyrus, qui fut son premier
roi, au dire de tous les chroniqueurs historiens, qui, au milieu de leurs
divergences, s'accordent cependant sur ce point, Hérodote, Ctésias, Xénophon.
Mais Cyrus a-t-il vaincu le dernier roi des Mèdes, Astyage; ou bien, gendre de
Cambyse II, a-t-il hérité d'une partie de ses États? C'est ce qui ne peut être
décidé.
Quoi qu'il en soit, Cyrus ne tarda pas à joindre la
Babylonie à sa couronne, 539 avant J.-C. Il mourut en 529.
Après lui vinrent Cambyse, 529;
Smerdis, ou plutôt le faux Smerdis, prétendu frère de
Cambyse, 522;
Darius Hystaspe, 521;
Xercès, 485, qui fut égorgé la vingtième année de son
règne par Artaban, qui lui succéda et ne régna que sept mois;
Artaxercès Longue main, 465 ou 464;
Xercès II, son fils, 424, ne régna que deux mois;
Sogdiane, 424, sept mois;
Darius Nothus (Ochus), 424;
Artaxercès II, 404;
Artaxercès Ochus, 364;
Arsès, 338;
Darius Godoman, 335. Ce fut lui qui, après un règne
d'environ six ans, fut vaincu à Arbèles par Alexandre de Macédoine, 330 avant
J.-C. Il vit tomber ainsi la monarchie perse après une existence de deux cent
dix-neuf années.
Ceux des rois perses dont il est parlé dans l'Écriture
sainte, les seuls dont nous ayons à nous occuper, portent quelquefois chez les
auteurs sacrés des noms différents de ceux que leur donnent les historiens
profanes, des noms hébraïsés; d'autres fois leur nom étant donné sans leur
surnom caractéristique, il est difficile de reconnaître toujours avec certitude
duquel des successeurs de Cyrus il est question. Nous avons examiné aux
articles Cyrus, Darius, Artaxercès, etc., ces questions de détail: rappelons
encore ici d'une manière sommaire les rapports de l'histoire des Juifs avec
celle de leurs conquérants.
Cyrus, après la conquête de. Babylone, permet aux
Juifs exilés de retourner dans leur patrie, et contribue à la reconstruction du
temple, Esdras 1:2. Sous Cambyse, après le succès de son expédition d'Égypte,
on cherche à noircir les Juifs dans l'esprit du roi pour les perdre, Esdras
4:6, mais ce n'est que sous son successeur, le faux Smerdis, qu'on obtient
qu'il fasse cesser les travaux commencés à Jérusalem, Esdras 4:7. Darius
Hystaspe, mieux disposé en faveur des Juifs, révoque cet interdit la deuxième
année de son règne, Esdras 5:6: il commence avec gloire la série des guerres
gréco-perses et continue de témoigner de la bienveillance à ses sujets hébreux.
Les folles entreprises de Xercès, accompagnées parfois de sentiments généreux,
sont connues; il ordonne et rétracte aussitôt les cruelles mesures proposées
par Haman et combattues par Ester. Artaxercès Longue-main marche contre
l'Égypte révoltée, et se voit contraint de faire la paix avec les Grecs. La
Palestine se ressent d'une manière fâcheuse des expéditions tentées contre
l'Égypte; la nouvelle colonie juive menace de tomber en ruine; Néhémie obtient
de son maître la permission de rejoindre ses frères pour essayer de relever
leur courage et leur foi, et de réorganiser plus fortement l'ensemble de leur
administration gouvernementale. Sous Darius Nothus, qui a des ennemis à
combattre de tous côtés, la Phénicie, voisine de la terre sainte, devient un
champ de bataille entre les armes perses et celles des Arabes et des Égyptiens
réunis. Artaxercès Mnémon, bien que fort occupé ailleurs, ne perd cependant pas
non plus l'Égypte de vue, et rencontre ses armées dans des plaines également
voisines des frontières des Juifs, qui ont beaucoup à se plaindre de la
conduite du général perse Bagoas. Ochus poursuit les entreprises de son père,
humilie les Phéniciens et se soumet de nouveau l'Égypte. Depuis lors, et
jusqu'à la tin de la monarchie perse, les Juifs restèrent tranquilles de ce
côté.
— Ce fut pendant la durée de cette monarchie que les
Samaritains élevèrent leur temple sur le mont Guérizim.
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PERSÉPOLIS,
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ville perse dont Antiochus Épiphanes essaya vainement
la conquête, 2 Maccabées 9:2. Capitale de la Perse proprement dite, elle était
située à 100 lieues de Suse, et bâtie au pied d'une montagne, non loin du
fleuve Araxe. Xercès y avait fait bâtir un palais magnifique qu'Alexandre,
après la bataille d'Arbèles, fit brûler sur la suggestion de ses courtisans,
pour venger l'incendie de la ville d'Athènes. Malgré ce commencement de
destruction, Persépolis continua de demeurer une ville importante, jusqu'au
moment où elle fut détruite sous le califat d'Ali; ses débris servirent à bâtir
Schiraz. Au sud, mais à une distance qui n'est pas déterminée, se trouvait
l'ancienne capitale de la Perse, Pasargades, avec les tombeaux des rois; Cyrus,
dit-on, l'avait fait construire en mémoire de la défaite d'Astyage. Toute cette
contrée, comprise entre Persépolis et Pasargades, est encore couverte de ruines
magnifiques et monumentales, de colonnes encore entières, de figures d'une
élégance et d'une beauté achevées. Les ruines mêmes de Persépolis, situées sur
une hauteur qui domine la grande plaine de Merdasht, sont appelées
Tschihl-Minar, ou les quarante colonnes: elles sont importantes pour l'histoire
des anciens costumes orientaux.
— Le nom de Pasargades signifiant lieu, ou camp des
Perses, c'est-à-dire presque la même chose que Persépolis, qui en est la
traduction grecque, quelques auteurs, comme Heeren, ont cru que ce n'était sous
deux noms différents qu'une seule et même ville; d'autres les séparent par une
distance de 36 lieues; il y a de la place entre ces deux extrêmes pour d'autres
variantes: c'est assez dire qu'il règne sur ce point une incertitude qu'on ne
peut pas espérer de voir s'éclaircir.
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PERSIDE,
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Romains 16:12, ou Persis, saluée par saint Paul qui la
loue d'avoir beaucoup travaillé en notre Seigneur. Son nom fait supposer
qu'elle était une esclave, ou une affranchie, perse d'origine.
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PERTE de sang,
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— Voir: Hémorrhoïsse.
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PESTE,
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maladie épidémique fréquente en Orient, surtout en
Égypte et en Turquie, plus rare déjà en Syrie et dans les contrées voisines.
Elle se propage d'un endroit à un autre avec une incroyable rapidité, et enlève
des milliers d'hommes avant qu'on ait seulement une conscience claire de sa
présence. En 1610, elle détruisit le quart de la population de la Suisse, 4,000
personnes à Bale, 5,000 à Zurich, 2,000 dans le petit canton de Glaris, 33,584
dans celui de Thurgovie, etc.; en 1714, Constantinople vit mourir 300,000
hommes; en 1760, Saint-Jean-d'Acre perdit en cinq mois 7,000 hommes sur 26,000
habitants; d'autres exemples pourraient être multipliés. On connaît les
effrayantes descriptions qu'en ont faites Thucydide, Manzoni, et d'autres.
L'Égypte est en quelque sorte sa patrie, Exode 9:3:
elle gagne de là les contrées maritimes qui l'avoisinent, la Palestine, la
Syrie, et règne ordinairement depuis décembre jusqu'à la mi-juin. Il est
plusieurs fois parlé de la peste dans l'Écriture, 2 Samuel 24:13,15; 1 Rois
8:37; Jérémie 14:12; 21:6; 24:10; Ézéchiel 5:12; 7:15: elle est dénoncée comme
menace et châtiment, Lévitique 26:23; Nombres 14:12, et fréquemment réunie à
l'épée et à la famine, comme aussi dans la nature ces trois fléaux se
rencontrent souvent ensemble, parce que les uns sont les effets des autres,
Matthieu 24:7; Luc 21:11.
Celui qui est atteint de la peste, par le contact
d'une personne ou d'un objet qui en est infecté, commence par éprouver du
dégoût pour les aliments, des maux de tête et de reins, un violent besoin de
dormir, un affaiblissement physique, souvent aussi moral et intellectuel; les
yeux s'obscurcissent, la langue s'appesantit, quelquefois même elle se paralyse
complètement de même que le sens de l'ouïe; puis viennent les vomissements, la
diarrhée, une lièvre violente et le délire. Dans les premiers jours de
l'épidémie la maladie ne dure guère qu'un instant, et elle est presque aussitôt
suivie de la mort; plus tard le malade vit ordinairement jusqu'à trois jours;
peu à peu le poison perd de sa force, et le nombre de ceux qui se rétablissent
devient de jour en jour plus considérable; mais personne ne se guérit sans
avoir eu des tumeurs de peste, espèces d'ulcères qui sont comme la poussée de
la maladie, son éruption, mais qui ne sont pas toujours un gage de guérison;
car, même dans les cas les plus favorables, les malades restent encore quarante
jours en danger de mort. Ces tumeurs apparaissent surtout sur les parties
délicates et tendres de la peau, sous les aisselles, quelquefois aux oreilles,
aux joues, sur la nuque, etc.; elles sont rondes ou ovales, d'abord rouges,
puis bleues, et très douloureuses: quand elles sont mûres, elles percent
d'elles-mêmes, ou bien on les ouvre, et il en découle une humeur épaisse et
infecte. Quelquefois, mais rarement, elles se dissipent, et se perdent sans
inconvénient pour le malade. Quand la maladie est heureuse et qu'au troisième
jour une abondante transpiration a brisé la force de la fièvre, ces tumeurs et
des taches répandues sur les différentes parties du corps, sont pour ainsi dire
les seuls symptômes qui subsistent encore, les seules traces que la peste ait
laissées de son passage. Une diète sévère est alors, comme pour presque toutes
les maladies, la seule précaution que le malade ait à prendre: les remèdes de
la médecine sont ordinairement sans emploi, sauf un puissant sudorifique qu'on
lui administre dès le commencement de l'attaque. La peste peut frapper à
plusieurs reprises, et l'on a des exemples de personnes qui en ont été
atteintes jusqu'à douze fois.
Le nom de peste, ou pestilentiel, est employé
plusieurs fois d'une manière figurée dans l'Écriture sainte, comme il l'est
chez nous dans le langage ordinaire pour dire quelqu'un ou quelque chose de
dangereux, de redoutable, etc., Osée 13:14; Psaumes 91:3; Actes 24:5.
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PETHOR,
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ville de la Mésopotamie, située sur l'Euphrate, et
patrie de Balaam, Nombres 22:5; Deutéronome 23:4.
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PEUPLIER.
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Nos versions traduisent ainsi l'hébreu libnéh, Genèse
30:37; Osée 4:13, sur l'autorité des Septante (dans le second passage), de
l'arabe, du syriaque, et de l'étymologie; et Celse, dans sa botanique sacrée,
accepte cette traduction comme bonne, d'autant plus que l'on trouve en
Palestine beaucoup de peupliers blancs, et que cet arbre était déjà estimé dans
l'antiquité à cause de son bel ombrage, Théocrit. 7, 8. Ovid. Met. 10, 555,
Horace, Od. 2. 3, 9. Cette opinion peut se soutenir; cependant, dans le passage
de la Genèse, les Septante et Saadias ont traduit ce mot par storax, q.v.; le
rabbin Jona vient encore à l'appui de cette version; l'usage de l'arabe la
recommande, et l'étymologie qui n'emporte que l'idée de blancheur, peut aussi
bien être invoquée en faveur de la résine blanc de lait du storax, qu'en faveur
du peuplier blanc. Entre ces deux traductions il est difficile de prononcer;
nous adopterions plutôt la dernière.
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PHALEG,
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— Voir: Péleg.
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PHANUEL,
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de la tribu d'Aser, Luc 2:36, père d'Anne la
prophétesse; du reste, inconnu.
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PHARAON,
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nom commun de tous les rois de l'ancienne Égypte,
comme Ptolémée fut plus tard le nom des rois égyptiens d'origine grecque
macédonienne. Quelquefois, mais rarement, un nom personnel est joint à celui de
la royauté, comme pour Pharaon Néco, Hophra, Tirhaca, etc. Le nom de Pharaon
signifie roi, ainsi que l'établit déjà Flavius Josèphe, puis Jablonsky, d'après
le copte ouro, et avec l'article Pe-ouro ou Ph'ouro; on ne le trouve
qu'accidentellement dans les historiens grecs. Hérodote 2, 111; en revanche, il
est presque la seule désignation des rois d'Égypte dans l'Histoire sainte; onze
personnages de ce nom apparaissent à différentes époques de la vie du peuple
juif; l'incertitude de la chronologie amenant de l'incertitude dans les
synchronismes, il n'est pas toujours facile de déterminer quels sont, dans
l'Histoire profane, les pharaons nommés dans l'Écriture.
1. Pharaon,
contemporain d'Abraham, Genèse 12:15. Il fit enlever l'épouse du patriarche que
celui-ci donnait pour sa sœur, mais divinement averti de son erreur, il ne
tarda pas à la lui renvoyer. C'est presque la même histoire que nous avons vue
chez Abimélec, roi des Philistins, et si un troisième enlèvement de ce genre a
lieu encore aux jours d'Isaac, la fréquence de ces faits, loin d'en diminuer la
vraisemblance, nous montre combien ils étaient conformes aux mœurs d'alors. On
voit aussi par ces rapports entre les Égyptiens et la famille d'Abraham, que
cette horreur des premiers pour la vie pastorale et nomade n'existait pas
encore, et l'histoire nous montre, en effet, qu'elle n'a commencé que sous la
17e dynastie, sous celle des rois pasteurs, conquérants étrangers dont la vie
et les mœurs devaient, par une sorte de préjugé naturel, devenir un objet de
haine et de mépris pour leurs nouveaux sujets; comme cette aversion paraît déjà
aux temps de Joseph, il ne faut pas remonter bien haut en arrière pour trouver
le Pharaon d'Abraham, et l'on suppose avec bien de la probabilité, qu'il
appartenait à la 16e dynastie, l'une de celles des rois thébains (2272 avant
J.-C.), celle qui précéda immédiatement la conquête de l'Égypte par les rois
pasteurs. Les découvertes modernes ne nous conduisent pas aussi haut dans
l'histoire de l'ancienne Égypte, et ses monuments gigantesques et mystérieux
maintenant expliqués, ne nous font remonter qu'aux règnes de la 17e dynastie.
D'après la chronologie vulgaire que nous suivons ordinairement, Abraham aurait
été contemporain du cinquième et du sixième roi de la dynastie des rois
pasteurs (la 17e), mais on ne s'expliquerait plus bien leurs rapports
réciproques; et le caractère même d'un Pharaon conquérant serait étrange, tel
du moins qu'il se peint dans sa conduite avec Abraham.
2. Pharaon,
contemporain de Joseph, Genèse 37:39, et 40. Il fait mettre en prison Joseph;
puis, plus tard, deux de ses serviteurs, son échanson et son panetier, pour des
crimes qui nous sont inconnus. Sa sévérité, puis sa grâce pour l'un des
captifs, et la peine de mort qu'il prononce contre l'autre, ne furent peut-être
que des caprices, des suites d'intrigues, quelques changements dans la faveur
toujours mobile des cours de l'Orient et de l'antiquité. Deux songes qui le
troublent amènent la grâce et l'élévation de Joseph, qu'il fait son premier
ministre, et qu'il autorise à appeler auprès de lui, en Égypte, toute sa
famille; il leur assigne pour demeure le district de Goscen, pour ménager la
susceptibilité des Égyptiens, peut-être aussi pour mettre la famille de Jacob à
l'abri des conflits continuels qui devaient avoir lieu entre la nouvelle
dynastie et l'ancienne, mécontente, et ambitieuse de reprendre sa place. Deux
opinions sont en présence: la chronologie vulgaire fait Joseph contemporain de
la 18e dynastie; la chronologie de Champollion le fait vivre au commencement de
la 17e de celle des rois pasteurs. Indépendamment des considérations
chronologiques, la première opinion s'appuie sur ce que dit Joseph à ses
frères, que les Égyptiens ont en horreur les bergers, et elle attribue cet
avertissement à la haine profonde que le souvenir de la domination étrangère
avait laissée dans le cœur des Égyptiens. Mais les paroles de Joseph doivent
s'entendre des nomades, et non des bergers, ce qui serait ridicule, puisque les
Égyptiens eux-mêmes étaient bergers, possesseurs de troupeaux. Joseph veut dire
à ses frères: «Ne vivez pas en nomades, mais fixez-vous quelque part, «et il
choisit pour lieu de leur résidence la terre de Goscen, remplissant ainsi le
double but de les soustraire à la haine des Égyptiens, et de les éloigner du
théâtre probable de guerres intestines. La chronologie nouvelle s'appuie sur
des raisons intérieures qui ne sont pas sans force: il est évident que
l'administration de l'Égypte pendant la famine, n'avait rien de national, et
qu'elle ressemblait plutôt à une exploitation qu'à un gouvernement. Il n'y
avait qu'un étranger qui pût, en échange de la vie, demander à ses sujets leur
or, leur argent, leur bétail, puis leurs terres, et enfin leur liberté. Une
vente aussi impitoyable ne pouvait être le fait que d'un avide conquérant, sans
rapports d'origine avec ses administrés; d'ailleurs il faut ajouter qu'un roi
légitime, et véritablement égyptien, n'eût pu acheter la liberté de ses sujets,
puisque ceux-ci, en leur qualité de sujets, eussent été déjà ses esclaves.
Quelques détails encore trahissent un monarque étranger: cette ombrageuse
concentration des Égyptiens dans les villes, mesure peut-être moins générale
que le texte ne paraît l'indiquer, et restreinte à certaines familles, à
certains individus suspects, espèce d'arrêts domestiques destinés à prévenir
des complots, isolement forcé sous la surveillance de la haute police, déplacement
des intelligences et des influences, Genèse 47:21; ces complaisances affectées
et intéressées pour la caste sacerdotale (41:45; 47:22,26); ces relations
suivies et fréquentes, malgré le malheur des temps, des Pharaons avec Canaan,
leur première patrie, celle des Hycsos et des rois pasteurs, Genèse 47:14-15.
La 18e dynastie, Pharaons égyptiens rétablis sur les ruines des étrangers,
n'eut pas mis à la tête de l'État un Joseph étranger, et, jalouse à l'excès de
sa nationalité, elle l'eût conservée en acceptant les conseils, peut-être aussi
les services, mais non la personne d'un prisonnier venu de Canaan.
— C'est ce Pharaon dont le nom se retrouve Actes
7:10,13.
3. Pharaon,
1 Chroniques 4:18, n'est connu que pour avoir donné sa fille en mariage à Méred,
descendant de Juda; mais cette date même est inconnue. Toutefois cette alliance
prouve que les Hébreux n'étaient pas encore esclaves sur la terre égyptienne,
et ce Pharaon a dû être l'un des premiers successeurs du précédent, par
conséquent un roi pasteur; c'est probablement lui aussi qui protégea les
travaux de Hel et de Jokim, 1 Chroniques 4:21-23.
4. Pharaon,
l'un des trois ou quatre rois contemporains de Moïse. On ne peut dire si le
«nouveau roi», Exode 1:8, qui se signala par une oppression si impolitique des
Hébreux, et qui en donna l'exemple, est le même que celui qui donna l'ordre
plus barbare encore de faire périr leurs enfants mâles, Exode 1:16-22, et qui,
sans le savoir, servit de père adoptif à l'un d'entre eux, à Moïse, qu'il
élevait à sa cour, et qui devait affranchir ses frères captifs. Si ce sont deux
personnages distincts, le premier est inconnu; le second serait, d'après la
chronologie nouvelle, Thoutmosis II, cinquième roi de la 18e dynastie, qui est
monté sur le trône l'an 1736 avant J.-C. Son nom se retrouve Actes 7:18;
Hébreux 11:23.
5. Pharaon,
deuxième contemporain de Moïse, celui sous le règne duquel le futur législateur
du peuple juif essaya, pour la première fois, de se faire reconnaître comme tel
à ses frères, en tuant un Égyptien, Exode 2:23; 4:19; Actes 7:23. On pense que
c'est Aménophis II, huitième roi de la 18e dynastie, 1687 avant J.-C. Les
paroles, Exode 4:19: «Tous ceux qui cherchaient ta vie sont morts» se
rapportent aux parents de l'Égyptien tué par Moïse, et non à Aménophis, car
celui-ci était mort depuis bien des années, au moins dix ans, et s'il ne se fût
agi que de lui, Dieu eût pu, longtemps auparavant déjà, faire savoir à Moïse
qu'il pouvait quitter Madian pour l'Égypte.
6. Pharaon,
troisième contemporain de Moïse, Exode 3:10; 4:21; 5:1, régnait depuis
plusieurs années, quand le cri de la liberté vint retentir au sein du peuple
juif, dont il avait rendu plus dure encore la captivité. Sommé par les deux
frères hébreux, mais .appuyé de Jannès et de Jambrès, il voit successivement
dix fléaux ravager son pays, et ne cède enfin que lorsqu'il se voit frappé
lui-même dans la personne de son fils aîné; mais il ne cède qu'à la force, et,
quand sa douleur commence à se calmer, sa politique reprend le dessus, il se
lève avec son armée, et vient périr avec elle dans les flots de la mer Rouge,
en essayant de poursuivre les esclaves que Dieu affranchissait, Exode 14:3. Ce
Pharaon serait, d'après les calculs modernes, Hor ou Horus, neuvième roi de la
18e dynastie; il a commencé à régner 1657 avant J.-C. Son nom se retrouve
fréquemment Exode 15:4; 18:10; Deutéronome 6:21; 7:8; 11:3; 29:2; 34:11;
Psaumes 135:9; 136:15; 2 Rois 17:7; Néhémie 9:10; Hébreux 11:27. Sa vie a été,
en quelque sorte, une lutte continuelle contre Dieu; mais lui-même n'y a voulu
voir qu'une lutte entre ses magiciens et ceux des Hébreux. Il s'est endurci, et
Dieu a ôté les roues de ses chariots dans la mer. Quelques auteurs doutent
qu'il soit mort avec son peuple, et ils s'appuient sur ce que ce n'est pas dit
expressément dans le texte, et sur le silence postérieur des historiens sacrés
sur un si grand événement; mais cette mort résulte de la simple lecture du
texte, faite sans préoccupation chronologique.
7. Pharaon,
contemporain de David, 1 Rois 11:18, et suivant. Il accorda sa protection, et
donna sa belle-sœur en mariage à Hadad, roi d'Idumée, dépossédé par les
Hébreux. Cette protection était un acte d'hostilité contre David; elle dura
pendant toute la vie de ce prince, et prouve combien les Pharaons étaient puissants,
puisqu'ils ne craignaient pas de braver le monarque Israélite aux jours de sa
plus grande prospérité.
— Ce Pharaon a été l'un des rois de la 21e dynastie,
celle des Tanites, qui a duré de 1101 à 971 avant J.-C. On présume qu'il doit
être distingué du suivant, et que plusieurs rois tanites se succédèrent avant
celui qui fit alliance avec Salomon. Hadad était fort jeune quand il s'enfuit
en Égypte, et il avait un fils élevé parmi les fils du roi, lors de la mort de
David.
8. Pharaon,
contemporain de Salomon, 1 Rois 3:1; 7:8; 11:1; Cantique 1:9; 2 Chroniques 8:11
(1001 ou 1013 avant J.-C.). Il fit alliance avec Salomon, lui donna sa fille en
mariage, et donna à celle-ci, pour dot, la ville de Guézer, que ses troupes
avaient prise sur les Philistins, et qu'elles avaient incendiée peut-être par
vengeance. Dernier roi de la dynastie des Tanites, il fut détrôné, et peut-être
tué par Sisac; c'est à lui qu'on pense que Salomon fait allusion, Ecclésiaste
4:14.
9. Pharaon,
— Voir: Tirhaca.
10. —
Voir: Néco.
11. —
Voir: Hophra.
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PHAREZ,
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Genèse 38:29; 46:12, un des jumeaux, fils de Juda et
de Tamar, et l'un des ancêtres de notre Sauveur, Matthieu 1:3; Luc 3:33. Il
n'est connu que par un singulier détail de sa naissance, qui lui assura le
droit d'aînesse quand tout pouvait faire croire que Zara son frère viendrait au
monde avant lui. Partout ailleurs il n'est mentionné de lui que son nom,
Nombres 26:20; Ruth 4:18; 1 Chroniques 2:4; 4:1.
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PHARISIENS.
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Trois classes, ou sectes, qui se retrouvent
continuellement dans l'histoire de l'Église chrétienne sous différents noms,
parce qu'elles correspondent à trois fausses tendances, à trois principes de
corruption du cœur de l'homme, la superstition, l'incrédulité, et le
mysticisme, trois sectes, disons-nous, se distinguaient parmi les Juifs au
moment de l'apparition du christianisme; c'étaient les pharisiens, les sadducéens,
et les esséens ou esséniens: les premiers représentaient la superstition et la
piété cérémonielle, tendance qui se retrouve dans la communion romaine; les
seconds représentaient l'incrédulité rationaliste, et le néologisme est de tous
les temps; les derniers n'étaient sous un autre nom que des mystiques. Les deux
premières classes sont seules nommées dans l'Écriture; il n'est parlé de la
troisième que dans l'ouvrage rabbinique Sepher Jouchasin (liber genealogiæ);
nous en dirons cependant quelques mots.
Le nom d'esséens s'explique de diverses manières, soit
que d'origine syriaque il signifie bon et pieux, soit que d'origine caldéenne
il rappelle les occupations médicales des esséens. Leur origine est tout à fait
inconnue; on pense que dans les guerres des Syriens (Séleucides) contre les
Juifs, des hommes pieux, pour se soustraire à la tyrannie des ennemis, se
retirèrent dans les déserts, et qu'ils y menèrent une vie austère et
religieuse, à laquelle ils prirent goût, et qu'ils ne voulurent plus abandonner,
même après que leurs ennemis se furent retirés D'autres, éprouvant le besoin de
se retirer du monde, se rendirent auprès d'eux pour servir Dieu dans la
retraite. Il est probable qu'ils ne furent pas sans rapports avec les mystiques
juifs des siècles précédents, et qu'ils aspirèrent à imiter, sinon à les
remplacer, les nazariens, les fils des prophètes, les Récabites, et les
Assidéens de 1 Maccabées 7:13; sq. 2 Maccabées 14:6. Nous les trouvons, d'après
le témoignage de Pline l'Ancien, formant une espèce de colonie religieuse, sur
les rives occidentales de la mer Morte; cependant ils ne restèrent pas
longtemps dans ces limites, et s'étendirent de cette partie du pays dans
différents lieux voisins. Ils s'occupaient surtout d'agriculture et de médecine.
Flavius Josèphe et Philon en parlent avec détail, et Flavius Josèphe est
d'autant plus digne de foi qu'il avait lui-même vécu parmi eux. Ils attachaient
un prix excessif à certains usages tout à fait extérieurs: on ne pouvait être
reçu dans leur ordre qu'après un noviciat de trois années, et alors on devait
prêter un serment solennel de ne révéler à personne le nom des anges; c'était
dans ce seul cas qu'ils autorisaient le serment. Ils mettaient aussi une grande
importance à une certaine classification qu'ils avaient établie entre eux.
D'autres détails encore de leur vie particulière, leurs vêtements blancs, leur
haine du mariage, leur mépris des richesses, leur obéissance aveugle aux
supérieurs de leur choix, etc., montrent qu'ils n'étaient pas libres de la
véritable liberté, et qu'ils avaient recherché à plusieurs égards une sagesse
faussement ainsi nommée.
Avant d'en venir à la secte qui fait le sujet de cet
article, disons encore qu'il y avait à côté de ces trois classes d'hommes, une
autre classe, le résidu selon l'élection de grâce, les enfants d'Israël qui
avaient reçu la parole de Dieu, pour qui cette parole était vivante, et qui
marchaient suivant ses préceptes: sous le nom de caraïtes, ils ne formaient
cependant pas une secte particulière, mais se trouvaient mêlés soit au milieu
du peuple, soit quelquefois parmi les pharisiens et les esséens: ils
attendaient la consommation d'Israël; la parole de Dieu nous en offre quelques
exemples, Siméon, Nicodème, Gamaliel, Paul, etc.
Quant aux pharisiens, ils étaient les plus considérés
des théologiens juifs, et représentaient la superstition et la tradition. Leur
nom dérivé de parash, distinguer, séparer, expliquer, signifie selon
quelques-uns, interprètes, explicateurs (de la loi), docteurs; mais la forme du
nom ne favorise pas cette signification, d'autant moins que l'interprétation de
la loi n'occupait pas les pharisiens plus qu'autre chose, et que c'était plutôt
l'affaire des scribes. Il vaut donc mieux entendre par pharisiens, des hommes
qui se séparent, qui se distinguent des autres. Leur origine n'est pas bien
connue; il est probable que bientôt après la captivité babylonienne, des hommes
pieux ou feignant de l'être, commencèrent à se distinguer, surtout alors que la
grande synagogue n'existait plus. Le commandement de la grande synagogue
d'entourer la loi d'une haie (Pirke Aboth. 1), et l'influence de la
civilisation grecque, qui avait gagné du terrain dans l'Asie Antérieure depuis
Alexandre le Grand, ne pouvaient pas manquer de provoquer parmi les Juifs, le
zèle de plusieurs individus qui se crurent appelés à la défense de la vérité
révélée à leurs pères. Il est encore probable que c'étaient au commencement de
vrais fidèles, et les hommes pieux qui dans la guerre des Maccabées se sont mis
en avant pour combattre et mourir en l'honneur de la religion des pères,
appartenaient peut-être à cette secte. Mais en tout temps si une œuvre de Dieu
a grandi, l'orgueil humain et l'hypocrisie la déshonorent ou la remplacent, et
ceux qui étaient dans l'origine des hommes pieux, se présentent plus tard dans
l'histoire comme pharisiens, mettant tous leurs efforts à être distingués des
hommes.
Le caractère principal de leur doctrine était leur
attachement aux traditions de leurs maîtres, à la Kabbala (on peut voir, sur la
Kabbale, un Discours ou dissertation du prof. Pétavel de Neuchâtel, 1838); ils
en faisaient plus de cas que de l'Écriture elle-même: leur système théologique
se composait ainsi de doctrines d'origine juive, et de doctrines d'origine
étrangère, qu'ils savaient, au moyen d'une méthode allégorique, trouver, ou,
pour mieux dire, mettre dans l'Ancien Testament. Ils prétendaient que plusieurs
des faits de l'ancienne alliance n'étaient que des allégories grossières, qui
révélaient à l'homme spirituel une doctrine d'un ordre plus élevé. Ils
enseignaient, contrairement à l'erreur saducéenne, l'immortalité de l'âme, des
rétributions et un jugement après la mort, et la résurrection des corps.
Leur culte était surtout extérieur; c'était une
observation exacte, mais formaliste, de la loi, des exercices ascétiques
minutieux, des espèces de martyres qu'ils s'imposaient. La plupart ne
cherchaient dans la pratique de ces minuties qu'une certaine réputation de
sainteté; quelques-uns cependant étaient sans doute sérieux, et pensaient
mériter de cette manière la faveur divine; mais c'était une erreur, dans un
sens, tout aussi dangereuse que l'hypocrisie des autres, puisqu'elle
introduisait cette idée de mérite, de justification propre, si fatale au salut
comme à la sanctification de l'âme.
Il faut reconnaître que les pharisiens ont formé dans
l'Église juive une opposition absolument nécessaire, d'un côté, contre le bras
séculier, de l'autre, contre l'esprit mondain et la civilisation incrédule des
Grecs; ils ont été les gardiens fidèles de la révélation écrite, et c'est à
leur fermeté, à leur opiniâtreté, que nous devons peut-être en grande partie la
conservation du recueil des auteurs sacrés de l'ancienne alliance.
Leur autorité était grande auprès du peuple, et les
princes étaient obligés de les ménager et de compter avec eux.
On voit sous ces rapports que cette secte occupait au
milieu de l'Église juive la même place que la secte romaine au milieu de
l'Église chrétienne; l'une et l'autre ont eu les mêmes qualités, les mêmes vices,
le même genre d'influence, comme jusqu'à un certain point une origine
semblable, et une même mission.
Le Talmud, à sa manière, donne le tableau suivant des
diverses nuances ou subdivisions du pharisaïsme:
1. Ceux
qui ont les épaules inclinées vers la terre;
2. celui
qui traîne les pieds à force de piété;
3. celui
qui se fait saigner: il ferme toujours les yeux pour ne rien voir qui l'induise
en tentation, et souvent il se heurte et se blesse;
4. le
pilon: celui qui est tout retiré, recroquevillé sur lui-même;
5. le
pharisien sincère, qui ne veut faire autre chose que son devoir;
6. celui
qui fait tout pour être récompensé de Dieu;
7. ceux
qui craignent l'Éternel: c'est la meilleure classe, (— Voir: Wettstein, Nouveau
Testament, 1, 262; 474, Schœttgen, Horæ hebr, etc. 1, 176)
Les pharisiens disparaissent de l'histoire depuis
l'époque de la destruction de Jérusalem par les Romains; leur système et leurs
doctrines, cependant, paraissent avoir été conservés par les talmudistes. Néanmoins le pharisianisme renaît dans la
mouvance évangélique moderne, particulièrement chez les Pentecôtistes et les
Charismatiques.
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PHÉBÉ,
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diaconesse de l'église de Cenchrée près de Corinthe.
Saint Paul, à qui elle avait donné l'hospitalité, la recommande aux chrétiens
de Rome, Romains 16:1, et l'on croit que ce fut elle aussi qui fut chargée,
ainsi que l'indique la souscription de cette lettre, de porter aux Romains
l'épître que l'apôtre leur adressait.
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PHÉNICIE.
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Ce nom dérive, suivant les uns, du mot grec
φοΐνιξ qui signifie palmier; suivant d'autres, de Phénix,
frère de Cadmus, lequel, après avoir en vain cherché sa sœur Europe, que
Jupiter avait enlevée, sous la forme d'un taureau, se fixa sur cette côte à
laquelle il donna son nom. D'autres disent que des Phéniciens, qui habitaient
d'abord sur les bords de la mer Rouge, vinrent former plus tard des
établissements sur un point des côtes de la Méditerranée, auquel ils donnèrent
leur nom.
La Phénicie n'est qu'une langue de terre resserrée
entre la mer et les montagnes; quelques auteurs en prolongent l'étendue
jusqu'aux limites de l'Égypte; mais, depuis la conquête de la Palestine par les
Hébreux, la Phénicie était assez bornée, et ne possédait rien dans le pays des
Philistins: elle avait aussi très peu d'étendue du côté des terres. Avant que
Josué eût fait la conquête de la terre promise, tout ce pays était habité par
les fils de Cam, partagés en onze familles; celle de Canaan, la plus puissante,
reçut des Grecs le nom de Phénicie, à cause des nombreux palmiers qu'ils
trouvèrent chez eux. Ce furent les seuls peuples dont quelques débris
conservèrent leur indépendance sous Josué, les juges et les rois. Plus tard,
sous les Maccabées, la Phénicie devint une province de Syrie, unie à la
Célésyrie, et gouvernée avec cette dernière province par un seul et même chef
ou sous-gouverneur, 2 Maccabées 3:5, etc. Dans le livre des Actes 11:19; 15:3;
21:2,3, elle est unie tantôt à Chypre et à la Syrie, tantôt à la Samarie, et
désignée comme un pays de côtes; elle était alors romaine, et appartenait à la
province de Syrie.
Les limites de la Phénicie étaient peu déterminées;
elle comprenait les îles situées près des côtes, telles que celle d'Aradus. Ses
frontières septentrionales étaient marquées par le fleuve Éleutherus; à l'orient
s'élevait la chaîne du Liban; à l'occident la mer; au sud peut-être la ville de
Dora et les hauteurs du Carmel. Le nom de Phénicie était ainsi pris dans un
sens tantôt plus large, et tantôt plus restreint. Toute la contrée formait une
plaine fertile, bien arrosée, semée de collines, de villes et de campagnes
magnifiques; c'est maintenant encore une des plus belles parties de l'Asie
Mineure. Tyr et Sidon sont les villes les plus connues de la Phénicie; d'autres
sont encore nommées, soit dans l'Écriture sainte, soit dans les apocryphes,
Orthosia (Aradus), Tripolis, Byblos, probablement aussi Bérytus (— Voir:
Bérothaï).
Les Phéniciens surent mettre à profit toutes les
ressources que leur offrait leur étroit territoire: le Liban leur fournissait
en abondance du bois de construction; près de Sarepta, ils trouvaient des mines
de fer et de cuivre; les côtes abondaient en coquillages à pourpre; l'argile et
le sable servaient à la fabrication du verre. Tout se réunissait pour faire des
Phéniciens le peuple le plus industrieux et le plus commerçant de l'ancien
monde; ils eurent, en conséquence, des colonies et des stations de commerce
dans tout l'Orient, dans les îles de la Grèce, en Italie, en Sicile, en
Espagne, sur les côtes d'Afrique, pour l'écoulement, soit de leurs propres
produits en verre, en fin lin, en teintures, soit des produits des nations
qu'ils visitaient, et avec lesquelles ils faisaient des échanges, Ézéchiel
27:12, sq. Ésaïe 23:1. Ils tiraient l'ambre du nord de l'Europe, l'étain de
l'Angleterre, et faisaient, du temps de Salomon, le voyage d'Ophir, 1 Rois
9:27; 10:22. D'après quelques indications de Diodore de Sicile (4, 23; 5, 19),
il paraîtrait même qu'ils poussèrent jusqu'en Amérique. La plus célèbre de
leurs colonies fut celle de Carthage. D'après l'historien Procope, on trouva à
Tingis, en Afrique, deux colonnes de marbre blanc dressées près de la grande
fontaine, où on lisait, en caractères phéniciens:«Nous sommes des peuples qui
avons pris la fuite devant Jésus (Josué), fils de Navé (Nun).» Ils se
distinguaient comme architectes et sculpteurs; on les regarde comme les
inventeurs de la navigation et des voiles de vaisseaux. Ce fut enfin, dit-on,
un Phénicien, Cadmus, qui porta en Grèce la connaissance des lettres de
l'alphabet.
Phœnices primi, fama si creditur, aussi
Mansuram rudibus vocem signare figuris.
(LUCAIN.)
C'est de lui que nous vient cet art ingénieux
De peindre la parole et de parler aux yeux.
Et par des traits divers de figures tracées,
Donner de la couleur et du corps aux pensées.
(BRÉBEUF.)
Les villes phéniciennes issues de Sidon, la
ville-mère, se rendirent promptement indépendantes les unes des autres, et
adoptèrent pour gouvernement une monarchie modérée; cependant Tyr ne tarda pas
à faire sentir sa prépondérance, à grouper les autres villes autour d'elle et à
les dominer. La Phénicie, perdue au milieu des immenses monarchies de l'ancien
monde, fut soumise pas les Assyriens, resta sujette des Babyloniens et des
Perses, passa des Séleucides aux Romains, et fait aujourd'hui partie de
l'empire Ottoman.
Sanchoniathon est le principal auteur connu qui ait
illustré l'ancienne Phénicie, mais ses ouvrages sont perdus; Philon Byblius les
traduisit dans le second siècle de notre ère, et cette traduction est également
perdue; nous n'en possédons qu'un fragment qui nous a été conservé par Eusèbe,
Prép. évang. 1; 10; encore n'est-il peut-être que de troisième ou quatrième
main. On a cru un moment, il y a une dizaine d'années, avoir retrouvé en
Portugal un manuscrit complet de Byblius, mais cette découverte n'a pu soutenir
l'examen de la critique.
— On possède encore quelques inscriptions phéniciennes
en Chypre, à Malte, à Athènes, en Sicile, et ailleurs, soit sur des monuments,
soit sur des médailles; les caractères ne diffèrent pas essentiellement de ceux
que l'on retrouve sur les monnaies samaritaines, et paraissent leur avoir servi
de types.
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PHÉNIX,
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Actes 27:12, port de mer situé sur la côte méridionale
de l'île de Crète; un peu plus loin, vers le sud-est, était la ville du même
nom dont parlent Strabon et Ptolémée.
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PHÉRÉSIENS,
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peuplade cananéenne dont il est déjà parlé aux jours
d'Abraham, Genèse 13:7. Ils occupaient, à cette époque et encore du temps de
Jacob, le centre de la Palestine, 13:7; 34:30; plus tard ils s'avancèrent vers
le nord et se fixèrent sur les montagnes d'Éphraïm, Josué 11:3; 17:15. Il en
restait encore quelques traces au temps de Salomon, 1 Rois 9:20.
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PHILADELPHIE,
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Apocalypse 1:11; 3:7, ville de l'Asie Mineure située
dans la Lydie à 12 lieues sud-est de Sardes. On y trouva de bonne heure une
église chrétienne dont le conducteur est hautement loué et approuvé par
l'apôtre «comme ayant gardé la parole». Cette ville fut bâtie par Attalus
Philadelphe, roi de Pergame; elle avait peu d'habitants à cause des fréquents
tremblements de terre auxquels elle était sujette; les Philadelphiens, livrés
entièrement à l'agriculture, se retiraient dans la campagne dont le sol est
très fertile; elle tomba avec le reste du pays au pouvoir des Romains, 133 ans
avant J.-C.
— On a fait beaucoup de suppositions sur la personne
du pasteur de cette Église, on a cru que c'était saint Quadrat, mais rien ne
l'établit. Dans le système d'interprétation qui voit l'histoire complète de
l'Église chrétienne dans les sept épîtres de l'Apocalypse, l'Église de Philadelphie
représente l'époque de la Réformation et
particulièrement du peuple Vaudois qui à cette époque s’allièrent avec les
Réformés pour la propagation de l’Évangile et pour la diffusion d’une nouvelle traduction de la Bible d’après les
textes originaux Hébreu et Grec.
Philadelphie est aussi le nom que reçut, mais assez
tard, la ville de Rabbath-Hammon, q.v.
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PHILÉMON,
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fidèle de Colosses en Phrygie, converti peut-être à la
foi chrétienne par un des disciples de Paul ou par Paul lui-même dans un de ses
voyages, mais non à Colosses. Sa femme était chrétienne comme lui, et c'est
dans leur maison que les frères se réunissaient pour rendre leur culte au
Seigneur, verset 2. On a voulu conclure de ce que Paul l'appelle son compagnon
d'œuvre, qu'il était ancien ou diacre dans l'Église de Colosses; la tradition
le fait même évêque de cette ville, et rapporte qu'il a souffert le martyre
sous le règne de Néron. D'après le faux Dorothée il aurait été évêque de Gaza.
On montrait encore sa maison à Colosses au cinquième siècle. Philémon serait
probablement tout à fait inconnu sans la lettre que lui écrivit l'apôtre au
sujet d'Onésime son esclave. Cette épître dont l'authenticité n'est pas contestée,
modèle d'onction et d'éloquence persuasive, fut écrite de Rome pendant la
première captivité de l'apôtre, verset 23, et portée par l'esclave repentant
qui, sans cette recommandation, eût pu craindre les transports phrygiens d'un
maître justement irrité, soit que le christianisme n'eût pas encore entièrement
adouci le caractère de Philémon, soit qu'Onésime ne fût pas lui-même assez
avancé pour comprendre les effets de la grâce sur le cœur (Médit, de Rochat, t.
I).
Cette épître qui semble maintenir les droits d'un
maître sur son esclave, est cependant, à la bien considérer, le premier pas
fait vers l'abolition de l'esclavage. Onésime avait eu tort de s'enfuir, et il
en est blâmé; Philémon avait acquis des droits matériels sur cet esclave, et il
ne pouvait en être dépouillé sans être en même temps indemnisé; c'est ce que
l'apôtre paraît indiquer aussi; mais en réalité quels droits un homme peut-il
avoir sur un autre homme? Onésime devenu chrétien n'est plus un esclave, il est
au-dessus d'un esclave, c'est un frère, un frère bien-aimé; l'apôtre le
recommande comme ses entrailles, il demande qu'il soit reçu comme il le serait
lui-même. C'est le langage d'un abolitionniste, et il ne saurait en être
autrement; le christianisme émancipe; aussi partout où la religion chrétienne a
été reçue et comprise, l'esclavage a été flétri comme il devait l'être; c'est
une des gloires du protestantisme d'avoir le premier levé le drapeau de
l'affranchissement, les frères Moraves aux Antilles, le quaker Bénézel (de
Saint-Quentin) en Amérique, Wilberforce, Buxton, Clarkson, partout: le
catholicisme s'est fait traîner à la remorque, et il ne s'est décidé qu'il y a
peu d'années, lorsqu'il a vu que les gouvernements marchaient sans lui vers
l'exécution de cette idée chrétienne; et si quelques missionnaires romains ont
individuellement parlé d'affranchissement au Paraguay ou dans les Indes, ils
l'ont fait parce que leurs liens avec Rome s'étaient desserrés; ils ont été
seuls, leur Église n'a rien fait; on connaît la conduite aux Antilles, de ces
prêtres qui n'étaient pas eux-mêmes affranchis par l'Évangile.
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PHILÈTE.
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On ne sait rien de positif sur sa personne;
— Voir: Hyménée.
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PHILIPPE.
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Les livres apocryphes connaissent trois hommes de ce
nom, que nous ne rappelons ici que pour mémoire, le père d'Alexandre-le-Grand,
1 Maccabées 1:1; 6:2, le roi de Macédoine fils de Démétrius II, vaincu par le
proconsul Quinctius Flaminius; il y est fait allusion 1 Maccabées 8:5; enfin un
favori d'Antiochus Épiphanes qui fut nommé gouverneur de la Judée, 2 Maccabées
5:22.
On trouve dans le Nouveau Testament quatre hommes et
une ville de ce nom.
1. Philippe,
fils d'Hérode le Grand et de Cléopâtre, qui devint à la mort de son père
tétrarque dans la Batanée, la Gaulonite, la Trachonite, la Panéade, l'Auranite
et l'Iturée, Luc 3:1. D'un caractère doux et facile, de beaucoup le meilleur
des fils d'Hérode, il s'occupa avec zèle des affaires publiques, agrandit la
ville de Bethsaïda qu'il nomma Juliade en l'honneur de la fille d'Auguste,
embellit et fortifia la ville de Panéade au pied du Panium, non loin des
sources du Jourdain, la nomma Césarée en l'honneur de Tibère, et vit son nom
réuni à celui de son maître dans la désignation de cette ville qu'il était
nécessaire de distinguer de l'autre Césarée, Matthieu 16:13; Marc 8:27. Il
mourut à Juliade, la vingtième année de Tibère, l'an 33 ou 34 de l'ère
chrétienne, après un règne d'environ trente-cinq ans. Comme il n'avait point
d'enfants, ses possessions passèrent à la province romaine de Syrie.
2. Philippe,
Luc 3:19, connu dans l'histoire sous le nom d'Hérode, paraît avoir, en effet,
porté ces deux noms. Il était frère de père du précédent, fils de Hérode le
Grand et de la seconde Mariamne, fille du grand-prêtre Simon. Déshérité par son
père, il eut une vie obscure, et n'est guère connu que par sa femme et sa
fille. Hérodiade, aigrie peut-être de l'obscurité de son mari, se laissa
séduire par Hérode Antipas, frère de celui-ci, Matthieu 14:3; Marc 6:17. Salomé
sa fille épousa, dit-on, son oncle, Philippe, celui dont il est parlé
ci-dessus,
— Voir: Hérode.
3. Philippe,
apôtre, de Bethsaïda, disciple d'abord de Jean-Baptiste, puis de Jésus,
Matthieu 10:3; Marc 3:18; Luc 6:14; Actes 1:13. Il fut l'un des premiers à qui
le maître dit: Suis-moi. C'est l'Évangile de saint Jean qui nous donne le plus
de détails sur sa vie, sans qu'il y en ait assez cependant pour qu'on puisse
déterminer bien exactement son caractère. Ainsi sa vocation est racontée 1:43;
sq., et d'après les détails qui en accompagnent le récit, d'après la
conversation de Philippe avec Nathanaël, on voit que Jésus avait eu déjà un
entretien particulier avec son nouveau disciple, et qu'il s'était fait
connaître à lui. Les paroles de Philippe à Nathanaël: «Viens et vois» montrent
déjà que l'esprit du christianisme est le prosélytisme, et en outre que c'est
un prosélytisme chrétien qui repose sur la preuve et la persuasion.
— 6:5. Le Seigneur veut éprouver la foi de Philippe,
c'est pour cela qu'il lui dit lors du miracle de la multiplication des pains:
«Où achèterons-nous des pains afin que cette multitude ait à manger?» Il est
inutile de rechercher si Philippe était chargé de quelques fonctions spéciales
dans le collège des apôtres; c'est peu probable, et d'ailleurs ce n'est pas là
qu'on doit chercher pourquoi notre Seigneur s'adresse à Philippe plutôt qu'aux
autres; l'évangéliste nous explique la demande du Seigneur. L'apôtre ne
comprenant pas même que Jésus voulût l'éprouver, lui répond comme ayant oublié
les miracles précédents de son maître: Deux cents deniers de pain ne
suffiraient pas, quand chacun n'en prendrait qu'un petit morceau. Sa foi, comme
celle de ses collègues, avait encore besoin d'être raffermie.
— 12:21. Quelques Grecs prosélytes, ou des Juifs
demeurant parmi les gentils, désirant voir Jésus, s'adressent à Philippe qui
n'ose les présenter seul, consulte André, et se rend avec lui auprès du
Seigneur: la réponse qu'il leur donna permet de croire que ces Grecs
nourrissaient à son sujet quelques-unes des idées alors assez répandues d'une
royauté terrestre, cf. Matthieu 20:20; Marc 10:35; ils avaient peut-être été
témoins de son entrée triomphale à Jérusalem, ils avaient entendu les cris et
les vœux de la multitude, ils désiraient voir pour se le concilier le futur roi
du pays. L'historien sacré ne dit pas si la réponse du Seigneur les attira ou
si elle les repoussa, s'ils se joignirent à lui ou s'ils s'en éloignèrent.
Enfin, 14:8, comme Jésus enseignait ses disciples et qu'il les préparait à une
prochaine séparation en leur disant que quiconque le connaissait connaissait
aussi son père, Philippe, dont la foi n'était pas encore assez simple pour
comprendre le sens naturel des paroles de son maître, ni assez éclairée pour se
rappeler qu'il y a dans les révélations de Dieu des mystères insondables, lui
dit: «Montre-nous le père, et cela nous suffit;» il reçut pour réponse ces
paroles pleines à la fois de douceur et de reproche: Philippe, je suis depuis
si longtemps avec vous, et tu ne m'as point connu! celui qui m'a vu a vu mon
père. Paroles qui résument toute la doctrine chrétienne sur les rapports du
Père et du Fils, en établissant leur inséparable unité sans confusion des deux
personnes, et qui devaient en même temps rappeler au chrétien, encore juif par
ses habitudes et ses souvenirs, que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ne
se manifeste aux yeux de la chair que dans la personne de son fils.
Le caractère de cet apôtre apparaît donc comme un
mélange de promptitude et de timidité, de droiture et de simplicité, de respect
et de confiance.
Depuis le moment où le récit sacré le nomme pour la
dernière fois, Actes 1:13, sa vie est peu connue. La tradition lui donne une
femme et des enfants. Il prêcha l'Évangile en Phrygie, et mourut à Hiérapolis;
on ignore s'il souffrit le martyre. Un évangile apocryphe a été écrit sous son
nom; les gnostiques l'ont reçu comme authentique. On lui a attribué la demande
faite à Jésus qu'il lui fût permis d'ensevelir son père avant de le suivre,
Matthieu 8:21; Luc 9:59; mais rien ne l'établit, et le silence de saint Jean
est une forte présomption contre l'exactitude de cette tradition.
4. Philippe,
Actes 6:5; 21:8, un des sept premiers diacres de Jérusalem, appelé aussi
évangéliste, cf. Éphésiens 4:11; 2 Timothée 4:5, il prêcha l'Évangile avec
succès dans la Samarie; ses paroles, confirmées par ses'miracles, trouvèrent le
chemin de bien des cœurs, et le magicien Simon lui-même vint lui demander
l'entrée de l'Église. Si ce dernier triomphe dura peu, les fruits du ministère
de Philippe furent plus sûrs et plus durables chez un grand nombre de
Samaritains, et le bruit de cette belle mission vint jusqu'à Jérusalem. Au milieu
de ses travaux, l'évangéliste reçoit, pour un instant, l'ordre de les
abandonner; il doit se rendre au midi de la Judée, sur la route (la moins
fréquentée) qui conduit à Gaza, et là il fait la rencontre de cet eunuque
éthiopien dont la conversion est un des récits les plus touchants du livre des
Actes. Il le baptise près d'une source que la tradition nous montre encore à
Bethsur, dans les montagnes de Juda; puis il retourne en arrière, s'arrête à
Azote, où le Saint-Esprit lui a dit de se rendre (Actes 8), et se fixe enfin à
Césarée, où, plus tard, il eut la joie de donner l'hospitalité au grand apôtre
des gentils. Une tradition le fait évêque de Tralles, une autre le fait mourir
en paix à Césarée. Il eut quatre filles douées du don de prophétie, Actes 21:8-9,
circonstance qui est relevée peut-être parce qu'elles rendirent des oracles à
saint Paul, oracles dont il n'est rien dit, du reste, dans le livre des Actes,
mais qui ne seraient point un fait isolé ni extraordinaire, cf. 20:23.
Quelques détails de l'histoire de Philippe ont besoin
d'être éclaircis. Trois fois dans le chapitre 8, versets 26,29,39, le
Saint-Esprit agit directement sur sa conduite, et, dans le troisième de ces
passages, il est dit que «l'esprit l'emporta, et l'eunuque ne le vit plus;» paroles
qui semblent avoir quelque chose de mystérieux, et que l'on comprend
ordinairement en ce sens que le Saint-Esprit transporta Philippe
mystérieusement dans les airs, et que l'eunuque, qui le cherchait des yeux, fut
étonné de sa disparition. On peut les comprendre d'une manière plus simple,
sans faire la moindre violence au texte: cette œuvre achevée, l'Esprit
conduisit Philippe vers un autre champ de travail, et l'eunuque ne le revit
plus, Le Saint-Esprit a agi sur l'esprit de l'évangéliste, et non sur son
corps; l'action, pour être spirituelle, n'en a pas moins été réelle, et c'est
ainsi que le même Esprit agit encore sur nous. Heureux ceux qui le discernent!
Quoique le texte ne dise pas positivement qu'il
s'agisse de l'évangéliste, et non de l'apôtre Philippe, cela ressort de ce qui
est dit 8:1, que tous les membres de l'Église furent dispersés par les
persécutions, excepté les apôtres, qui restèrent à Jérusalem. Le même fait
résulte encore de la comparaison des versets 14 et 16, où nous voyons Philippe
baptiser, mais les apôtres seuls imposer les mains, et prier pour l'effusion du
Saint-Esprit. Il importe de remarquer aussi que, s'il y avait alors un
apostolat, il n'y avait déjà plus de clergé: Philippe le diacre n'était pas ce
qu'on appellerait volontiers un ecclésiastique, et cependant il baptise. Il
baptise, mais le baptême lui-même n'est qu'un signe extérieur, il n'entraîne
pas nécessairement les dons du Saint-Esprit. Le baptême n'est donné qu'à ceux
qui confessent leur foi; il n'est donc donné qu'aux adultes. La profession
exigée est brève; elle se résume en ces mots: «Croire que le Christ est le fils
de Dieu.» Enfin cette profession n'est éprouvée que d'une manière générale, et
le premier simoniaque est au nombre des professants, exception peut-être, mais
cependant baptisé.
À notre point de vue, il peut sembler étonnant que
Philippe soit appelé à quitter une œuvre pleine d'intérêt, un immense champ de
travail, une mission bénie, pour se rendre auprès d'une seule âme travaillée,
lui adresser quelques paroles, l'éclairer, et abandonner de nouveau cette
contrée, témoin d'une conversion isolée. Mais ce récit doit nous être précieux
à plus d'un titre: il nous montre d'abord que Dieu dirige les pas de ses
serviteurs (s'ils l'écoutent) là où leur ministère peut être utile. Ce n'est
donc qu'après de sérieuses prières que chaque pasteur doit chercher une
direction nouvelle à ses travaux, ou plutôt il doit être vigilant à consulter
sans cesse, non la chair, mais l'esprit de Dieu; à épier les signes qu'il lui
donne de sa volonté, de manière à pouvoir dire: l'Esprit m'a enlevé. Les
sociétés religieuses ont des devoirs semblables, et il ne suffit pas toujours
qu'une œuvre soit plus bénie qu'une autre pour qu'on doive y faire affluer les
ouvriers; Philippe devra souvent quitter la Samarie en fleurs pour la route
déserte de Gaza. La communion avec Dieu peut seule nous faire connaître la
volonté de Dieu. D'ailleurs, si la conversion de l'officier éthiopien nous
apparaît comme un fait isolé, elle ne le fut peut-être pas, et nous ne saurons
que dans la vie éternelle les conséquences qu'elle a eues sur la conversion de
cette Éthiopie si anciennement chrétienne, et qui, sur les confins de l'empire
du mahométisme et du paganisme, est encore, à l'heure qu'il est, comme une
oasis de lumière au milieu des ténèbres, lumière bien pâle sans doute, lumignon
fumant, mais non éteint.
5. Philippes,
la première ville d'Europe où saint Paul prêcha l'Évangile, Actes 16:12. Venant
de Troas, il aborda à Néapolis, dans le golfe formé par le Strymon, lequel
servait de port à Philippes. L'ancien nom de cette ville était Crénidès (κρόναι sources), à cause des nombreuses sources d'eau vive
qui jaillissaient de la colline sur laquelle elle était située. Elle avait été
fondée en Thrace par des habitants de l'île de Thasos. Philippe de Macédoine
ayant réuni à son territoire une partie de la Thrace, fortifia Crénidès,
l'agrandit en l'étendant sur toute la hauteur de la colline, et lui donna son
nom, 358 avant J.-C. Son territoire renfermait des mines d'or qui contribuaient
à la rendre importante et riche en toutes choses. Réduite en province romaine,
148 avant J.-C., illustrée par la triste défaite des chefs du parti
républicain, 42 avant J.-C., elle déchut peu à peu de son ancienne grandeur.
Auguste, maître de Rome et du monde, 34 avant J.-C., transporta dans cette
ville un certain nombre de colons d'entre ses ennemis, les punissant par l'exil
de leur attachement à la liberté, et donna à Philippes le droit de bourgeoisie
italique, et le nom de colonie romaine, Actes 16:12. La même chose est attestée
par des monuments historiques et par diverses monnaies qui portent: Colonia
Julia Philippensis. Luc l'appelle la première ville du quartier de Macédoine,
non qu'elle fût la capitale de la Macédoine ou de l'un de ses quatre districts,
mais comme un nom d'honneur qui lui avait été accordé par Auguste (Hug), ou
peut-être parce que ce fut la première ville que Paul toucha dans son voyage,
Néapolis n'étant, en quelque sorte, que le faubourg maritime de Philippes
(Rilliet). L'arrivée des colons italiens fut, pour cette ville, le commencement
d'une ère nouvelle: les circonstances lui étant redevenues favorables, elle se
releva de la décadence que la domination romaine lui avait originairement fait
subir, et certains indices de commerce et de prospérité semblent annoncer
qu'elle avait déjà repris un rang honorable quand saint Paul la visita pour la
première fois. Quoique Félibah ne soit plus maintenant qu'un pauvre village, on
y retrouve encore en ruines les monuments de sa grandeur. Au seizième siècle,
elle était encore la métropole de cent cinquante églises grecques.
Paul vint à Philippes, mû par une apparition: il y
trouva un champ qui promettait beaucoup. Quelques Juifs peu nombreux, et privés
d'une synagogue, s'y réunissaient en dehors de la ville, près d'une rivière
dans un lieu entouré d'un mur mais découvert, et destiné au culte. Lydie,
marchande de pourpre, fut convertie et baptisée avec toute sa famille; il en
fut de même d'une servante pythonisse. Les apôtres, mis en prison, furent
délivrés par l'intervention de la Providence. Paul et Silas quittèrent la ville
après avoir reçu dans l'Église leur geôlier et sa famille, Actes 16, cf. 1
Thessaloniciens 2:2. Il y eut donc simultanément à Philippes les cultes les
plus divers, un culte romain, un grec, un macédonien, un asiatique, les
mystères de Samothrace, une assemblée juive, une église de judéo-chrétiens et
de chrétiens d'entre les gentils. Luc et Timothée restèrent à Philippes, comme
cela ressort de la forme du récit, le dernier moins longtemps que le premier.
Cette église resta en rapports avec l'apôtre et lui envoya des dons pour
subvenir à ses besoins à Thessalonique, Philippiens 4:16, et à Corinthe, 2
Corinthiens 11. Saint Paul fait l'éloge de ses membres, 2 Corinthiens 8:1-2.
Dans son troisième voyage missionnaire, allant d'Éphèse à Corinthe, il passe
pour la seconde fois par la Macédoine; il visite les Philippiens à son retour
et célèbre avec eux la Pâque, Actes 20:3-6; c'est alors seulement que saint Luc
paraît s'être réuni de nouveau à l'apôtre, et avoir quitté Philippes.
Le livre des Actes ne nous dit rien de plus sur cette
église, mais l'Épître aux Philippiens nous montre qu'elle s'était agrandie et
qu'elle avait derechef envoyé des dons à Paul par Épaphrodite, un de ses
membres, 4:18. Paul avait donc reçu directement de ses nouvelles; il lui donne
des siennes dans sa lettre, et annonce à l'Église le prochain retour
d'Épaphrodite et l'arrivée de Timothée, 2:19,25. Les circonstances de cette
Église, le but dans lequel l'épître a été composée, le temps où elle a été
écrite, ne peuvent être compris que par la lettre même;
— Voir: Paul.
Son authenticité est presque incontestée, et dans tous
les cas incontestable; les plus anciens témoignages parlent en sa faveur;
Ignace, Polycarpe, Irénée, Tertullien, Clément d'Alexandrie, Origène et Cyprien
la citent directement ou indirectement; les plus anciens canons la contiennent,
même le recueil de Marcion; enfin elle porte en elle-même l'empreinte de la
spontanéité, le cachet de l'authenticité au plus haut point, repoussant toute
apparence même de falsification motivée par l'intérêt d'une secte. L'esprit
qu'elle respire, c'est surtout celui de l'humilité, de l'amour, et de
l'abnégation chrétienne; l'apôtre y parle à plusieurs reprises de la joie que
lui donne l'état spirituel de ce troupeau. On peut indiquer comme un excellent
commentaire, celui de M. Rilliet (Genève 1841); à la fois savant, clair, et
sobre, il est précédé d'une introduction qui sera lue avec intérêt par des
lecteurs de cultures fort diverses. Un commentaire autographié de Steiger
(Lausanne 1836) publié après la mort de l'auteur et d'après les notes de
quelques-uns de ses meilleurs élèves, se recommande également sous plusieurs
rapports, malgré l'imperfection inséparable d'une publication de ce genre.
Enfin nous avons lu avec bénédiction les Notes sur cette épître, autographiées
à Lausanne 1843, par un frère de l'École de Plymouth. Les ouvrages spéciaux
sont au reste nombreux sur cette épître; on en trouvera la liste à la page 96
du commentaire de Rilliet, nous n'y ajouterons que le nom d'Usteri (Zurich), et
celui de Storr (Tubingue 1783).
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PHILISTINS,
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peuplade des bords de la Méditerranée, Sophonie 2:5
(mer qui est aussi appelée à cause de cela la mer des Philistins, Exode 23:31).
Ils habitaient au sud-ouest de la Judée, Ésaïe 11:14, le ruban compris entre
Hékron et le torrent d'Égypte, le penchant occidental des montagnes de Juda,
touchant aux tribus de Dan, de Siméon et de Juda, Josué 13:3. Le nom hébreu de ce
pays était Pelèsheth, que nos versions ont malheureusement rendu par Palestine,
Exode 15:14; Psaumes 60:8; Joël 3:4; en l'absence d'un autre nom, nous le
rendrions plutôt par Philistée; on l'appelait aussi tout simplement le pays des
Philistins, 1 Samuel 27:1; 29:11; etc. Les Septante traduisent souvent le nom
hébreu par étrangers, non seulement à cause des données historiques de Genèse
10:14; Amos 9:7, mais encore et surtout à cause de sa signification
étymologique, palash signifiant émigrer, comme en éthiopien falasa. D'après
Genèse 10:14, les Philistins seraient les descendants des Chasluhim, tandis que
d'après Jérémie 47:4; Amos 9:7, ils descendraient des Caphthorim; on suppose
que dans le premier de ces passages il y a eu transposition d'un mot, ce qui
serait rendu assez probable par le fait que Moïse lui-même les fait ailleurs
aussi descendre de Caphthor, Deutéronome 2:23; mais s'il y a eu transposition,
l'erreur est fort ancienne, puisqu'elle se trouve, non seulement dans la
version samaritaine, mais encore dans 1 Chroniques 1:12, où le passage de la
Genèse est répété. Une faute de copiste ancienne se comprend, du reste, aussi
bien qu'une faute plus moderne; si l'on veut maintenir la double descendance,
on peut voir, à l'article Caphthor, la solution la plus probable de cette
difficulté. Quoi qu'il en soit, on ne met pas en doute que les Philistins ne
soient aussi descendants de Caphthor, et toute la question est de savoir quel
est le pays ou le peuple ainsi désigné; nous l'avons examinée à l'article Caphthor.
Les Philistins, qu'Abraham trouva déjà dans ces
contrées, constitués en royaume à Guérar, Genèse 21:34; 26:1, etc., sont
célèbres dans l'histoire des Israélites comme leurs ennemis implacables.
Affranchi de la captivité d'Égypte et marchant vers Canaan, le peuple de Dieu
n'osa point aborder le territoire des Philistins, quoique ce fût le chemin le
plus court, celui que suivent encore de nos jours les caravanes qui se rendent
d'Égypte en Judée (— Voir: Journal d'un Voyage au Levant, III), et Dieu les
conduisit par une route plus longue, afin que leurs troupes nombreuses, mais
embarrassées, ne fussent pas exposées aux attaques de cette peuplade forte et
courageuse, Exode 13:17. Sous Josué, les Philistins apparaissent comme une
espèce de confédération d'États réunis sous cinq chefs dont les résidences sont
Gaza, Asdod, Askélon, Gath et Hékron, Josué 13:3, cf. Juges 3:3; leur
territoire comprend d'ailleurs d'autres villes non murées, 1 Samuel 6:18. On ne
voit pas que Josué ait eu des conflits avec eux, et la division du pays telle
que ce général l'ordonna, n'était sans doute qu'un projet dont la réalisation
devait s'effectuer à la longue, au fur et à mesure que quelques tribus seraient
solidement établies, Josué 15:45; 19:43. La lutte commença presque avec le
gouvernement des juges, et parcourut bien des phases diverses; les tribus
méridionales eurent surtout à souffrir de leur belliqueux voisinage, Juges
3:31; les Philistins s'avancèrent assez avant dans le pays,
— Voir: Timna,
et asservirent parfois, pour longtemps les tribus
devenues infidèles au vrai Dieu, Juges 10:7,11; 13:1; 14:1; 15:11. Sous Héli
ils s'emparèrent même de l'arche sainte, mais une défaite sanglante qu'ils
éprouvèrent à Mitspa mit fin à leur domination de quarante ans, que les travaux
de Samson n'avaient pu suffire à repousser complètement, 1 Samuel 4, et 7. Le
règne de Saül n'en eut pas moins à compter avec eux, et il les vit aussi
souvent vainqueurs que vaincus, 1 Samuel 13:17; 23:28; 24:2; le courage
intelligent de Jonathan son fils, et la vaillance de David portèrent de rudes
coups aux agresseurs, 14:1, etc. 17:1; 18:27; 19:8. Ce dernier, même après
s'être séparé de Saül, continua de tenir les Philistins en échec, 23:1,
jusqu'au moment où, contraint de chercher à Gath un refuge, il fut presque
amené à faire cause commune avec les Philistins contre son roi légitime, mais
abandonné de Dieu, 27:1. Vainqueurs dans un dernier combat, les Philistins
mirent à mort les fils du roi vaincu, qui lui-même se tua pour ne point
survivre à son honneur et à sa famille, 31:1. Leurs attaques ne se ralentirent
point sous le règne de David, mais elles furent infructueuses; ils furent
battus à plusieurs reprises et perdirent même leur ville de Gath, 2 Samuel
5:18; et 21; cf. 1 Chroniques 18:1; et 2 Samuel 15:18; des guerriers Israélites
se signalèrent dans ces luttes par des faits d'armes isolés, rapportés 2 Samuel
23:11. Ils furent tranquilles sous Salomon et sous le règne des premiers rois
d'Éphraïm, quoique nous les voyions pendant cette époque résider assez avant
sur le territoire d'Israël, 1 Rois 15:27; 16:15. Tributaires du vaillant
Josaphat, 2 Chroniques 17:11, ils se relèvent sous Joram, se joignent aux
Arabes, marchent contre Jérusalem, pillent les trésors royaux et enlèvent le
sérail et les enfants de la famille royale, 2 Chroniques 21:16; cf. Joël 3:4-6;
mais Gath est menacée sous Joas par la Syrie, qui menace aussi Jérusalem, 2
Rois 12:17; les Philistins sont de nouveau vaincus sous Hozias, 2 Chroniques
26:6, puis vainqueurs sous Achab, à qui ils enlèvent quelques villes de la
Judée occidentale, 2 Chroniques 28:18, cf. peut-être Ésaïe 14:29. Ézéchias,
dans les premières années de son règne, regagne le terrain perdu, et reprend
ses avantages, 2 Rois 18:8. Asdod tombe entre les mains de l'Assyrie qui,
préparant une expédition contre l'Égypte, s'empare de cette place forte, Ésaïe
20:1, et Psamméticus, roi d'Égypte, l'arrache à ses nouveaux possesseurs après
un siège de vingt-neuf ans. La Philistée est en souffrance pendant tout le
temps que durèrent les luttes de l'Égypte avec les conquérants asiatiques, qui
trouvent sur son territoire un chemin commode et sûr; Pharaon Néco, d'abord,
puis Alexandre le Grand s'emparent successivement de Gaza, Jérémie 47:1. Au
retour de l'exil enfin, les haines s'étant apaisées chez les uns, les autres
ayant oublié les défenses de leur Dieu, les Philistins et les Juifs
contractèrent des alliances qui sont vivement reprochées à ces derniers,
Néhémie 13:23.
Les livres des Maccabées nous montrent encore les
Philistins comme sujets de la Syrie; quelques-unes de leurs villes sont
conquises par des rois juifs, Pompée les incorpore à la province romaine de la
Syrie, Auguste les donne à Hérode, et le nom du pays lui-même se perd, ou
plutôt il change de forme et de signification; la Palestine désigne dès lors
toute la contrée située entre le Liban et l'Égypte, la mer et le Jourdain.
Ainsi s'éteignit ce petit peuple de guerriers qui, tantôt vainqueurs
orgueilleux, tantôt vaincus et soumis, mais jamais domptés et abattus,
s'occupèrent toujours de réparer leurs pertes ou d'agrandir leurs conquêtes, et
revinrent à la charge contre Israël aussi longtemps qu'ils existèrent l'un «t
l'autre comme nation, et qu'une occasion favorable leur partit offrir une
chance de succès.
— Nous ne savons que peu de chose de leur vie
intérieure et nationale; ils paraissent avoir été un peuple cultivé et
industrieux, surtout pour ce qui tient à la guerre; une tradition leur attribue
l'invention de l'arc et des flèches; ils s'occupaient d'agriculture et notamment
des vignobles, Juges 15:5; cf. Genèse 26:1; peut-être aussi faisaient-ils un
commerce de transit avec l'Égypte. Aux jours de Saül leurs fabriques fournirent
aux Israélites des armes et des instruments d'agriculture, 1 Samuel 13:20, par
où l'on voit qu'ils connaissaient l'art de travailler le fer. Quant à leur
culte, il ne devait pas être très différent de celui des Phéniciens; Astarté,
et les dieux-poissons de Dagon et d'Atergatis (Derceto) paraissent avoir reçu
leurs hommages;
— Voir: ces articles.
Bahal-Zébub résidait à Hékron. Ils possédaient en
assez grand nombre des prêtres et des devins, 1 Samuel 6:2: leurs enchanteurs
étaient célèbres, Ésaïe 2:6, et quelques-uns de leurs oracles étaient visités
par des gens du dehors, 2 Rois 1:2. On voit par 2 Samuel 5:21, qu'ils avaient
l'habitude de porter à la guerre les images de leurs dieux. La circoncision
leur était étrangère, 1 Samuel 18:25; 2 Samuel 1:20. Leur langue appartenait à
la même famille que le phénicien et l'hébreu, car tous leurs noms propres
s'expliquent par la connaissance de cette dernière langue, mais elle
constituait, ou elle constitua peut-être avec le temps, un dialecte qui en
différait d'une manière assez notable, Néhémie 13:24.
Les prophètes ont dû s'occuper des Philistins dans
leurs oracles; outre les passages déjà cités, nous voyons qu'ils leur
reprochent leur haine, leur cruauté, et leurs superstitions, Ésaïe 2:6; Amos
1:8; Ézéchiel 25:15, et Michée 1:10,14, qui nomme pour la dernière fois Gath
démolie par Hozias. Dans un chant guerrier, Jérémie (47:1) menace les
Philistins de la désolation de leur pays, cf. Sophonie 2:4-7. Ézéchiel annonce
que ces maux leur arriveront à cause des dispositions hostiles qu'ils ont
manifestées lors de la calamité qui renversa Juda, et Sophonie promet à sa
nation la possession du pays des Philistins après leur retour de l'exil; cf.
Abdias 19; Mais Zacharie 9:6; et Psaumes 87:4, donnent l'espérance que les
Philistins se convertiront au vrai Dieu: l'accomplissement de cette prophétie
appartient aux derniers temps.
La maladie qui affligea les Philistins pendant que
l'arche séjournait au milieu d'eux, 1 Samuel 5:6, est difficile à déterminer:
nos versions traduisent l'hébreu par hémorroïdes, ulcères à l'anas, et il est
assez probable en effet que c'est de cette affreuse maladie qu'il est question;
la plupart des anciens auteurs l'entendent ainsi. D'autres cependant traduisent
dysenterie, ténesme, varices, fistules, etc. On a voulu expliquer d'une manière
naturelle comment cette maladie, quelle qu'elle soit, a pu atteindre à la fois
toute une population, ou du moins une fort grande partie d'entre elle.
Lichtenstein y voit une espèce de plaie d'Égypte, la multiplication prodigieuse
d'une sorte d'araignée, la solpuga fatalis, de la grandeur d'une musaraigne, dont
la morsure est extrêmement douloureuse: il regarde en même temps cette plaie
comme identique avec celle des souris qui ravageaient le pays, 6:4; mais outre
que dans ce dernier passage il ne peut être question que de souris proprement
dites, la solpuge fatale n'a été observée qu'au Bengale; l'espèce perse et
asiatique n'est point aussi dangereuse que la première, qui s'en prend surtout
aux parties secrètes, et cause des blessures enflammées, qui occasionnent
souvent la mort. Cette opinion est donc abandonnée, et l'on ne saurait trouver
aucune autre explication naturelle du châtiment divin. Que les Philistins aient
fait et suspendu dans leur temple des représentations des souris et de leurs
hideux ulcères, il n'y a rien là d'étrange: les païens n'en font pas d'autres,
et Diodore de Sicile, 1:22, nous dit que toutes les nations de l'antiquité
offraient dans leurs temples, en ex voto, des images des parties de leur corps
qui avaient été guéries de maladies; on peut voir encore Aristoph. Acharn. 242
(dans le scholiaste), et Hérodote 1, 105, des faits qui rappellent d'une
manière frappante l'histoire de la maladie et de la guérison des Philistins.
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PHILOLOGUE,
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disciple de Rome, inconnu, Romains 16:15. Son nom (ami
de la science), a fait croire que c'était un esclave affranchi et versé dans
les lettres. Une tradition le compte au nombre des soixante-dix disciples, et
le fait consacrer plus tard par André comme évêque de Sinope dans le Pont.
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PHINÉES,
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1. fils
d'Éléazar et petit-fils d'Aaron, Exode 6:25; 1 Chroniques 6:4,50; Esdras 7:5;
8:2; Nombres 25:7. Du vivant de son père il fut nommé chef supérieur des
lévites, Nombres 3:32; 1 Chroniques 9:20, et à sa mort, il lui succéda comme
souverain pontife, Josué 24:33; Juges 20:28. Sa famille perdit depuis Héli
jusqu'à Abiathar, probablement par l'indignité de l'un de ses membres,
l'honneur de fournir des souverains sacrificateurs; elle ne recouvra ce droit
que sous Tsadoc. Deux faits nous font seuls connaître la vie et le caractère de
Phinées: le premier est rapporté Nombres 31:6; sq. Les Madianites avaient
apporté l'impureté dans le camp d'Israël; un ordre divin avait condamné à être
pendus tous ceux qui s'abandonneraient à ces désordres (25:4); seuls, Zimri et
Cosbi, qui peut-être s'étaient absentés, avaient évité l'exécution de la
sentence: ils reviennent dans le camp, ils affrontent à la fois la pudeur et la
religion; Phinées, indigné, pénètre dans leur tente, et frappe de sa lance les
deux coupables; il dut à son zèle l'honneur d'être choisi par Moïse pour être
témoin contre Madian, en accompagnant comme souverain sacrificateur les
guerriers qui vont se partager le butin; il lui dut aussi la sacrificature et
la promesse qu'elle serait héréditaire dans sa famille. Cette action ne peut
être jugée ni par nos mœurs, ni même par nos idées religieuses, elle était
orientale et juive. En frappant les fornicateurs, Phinées exécutait une
sentence de mort déjà prononcée; il n'était point meurtrier mais bourreau, et
cette charge était souvent un honneur en Orient. Il agissait ensuite
conformément à l'esprit de la théocratie, en exterminant deux ennemis de Dieu,
et son zèle pouvait n'avoir rien de charnel. Pour le comprendre il faut se
mettre à la place de Phinées, voir le peuple en deuil, les anciens en prières,
Dieu irrité, la conquête de Canaan compromise, et deux coupables impunis,
braver ce spectacle et rester indifférents à tant de souffrances et de sérieux
appels; l'indignation devait parler, se faire jour, un sang jeune et fidèle ne
pouvait rester froid; la vengeance ne fut point calculée, elle fut inspirée.
— Plus tard, après la conquête, Phinées reparaît. Les
tribus occidentales craignent que celles qui sont de l'autre côté du Jourdain
n'abandonnent le culte de Moïse; un autel qui s'élève justifie leurs craintes,
mais avant de prononcer, elles envoient vers ces frères qui paraissent
s'égarer, une ambassade à la tête de laquelle on place Phinées. Dans un
discours touchant, qui respire le zèle de la maison de Dieu, et l'amour le plus
vrai pour ses frères, Phinées (il est du moins probable que c'est lui) expose
les craintes d'Israël, et appelle les tribus soupçonnées à se justifier. La
réponse qu'il reçoit, calme les inquiétudes qu'il avait conçues, et, plein de
joie, il revient à Silo porter à l'assemblée cette heureuse nouvelle. Partout
dans sa conduite on sent un caractère généreux, une âme ardente, un cœur
aimant; la vivacité et la douceur s'unissent en lui; prompt à craindre le mal,
il est prompt à excuser ses frères et à reconnaître une méprise.
2. Fils
d'Héli.
— Voir: Hophni.
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PHLÉGON,
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disciple de Rome, Romains 16:14, inconnu; probablement
Grec d'origine.
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PHRYGIE,
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Actes 16:6; 18:23, petite province de l'Asie Mineure,
bornée au nord et à l'est par la Galatie, qui lui appartenait avant
l'établissement des Galates: la contrée entière, avant l'époque de ce
démembrement, portait le nom de Grande Phrygie. Au sud le Taurus la sépare de
la Pisidie; à l'ouest et au nord la Phrygie avoisine, sans frontières naturelles
bien marquées, la Carie, la Lydie, la Mysie, et la Bithynie; à l'est est la
Cappadoce ou Leuco-Syrie, et la Lycaonie. On appelait Épictetus ou Phrygie
d'acquisition, une partie de ce pays qui avait d'abord appartenu à la Bithynie
et que les Romains en détachèrent pour la joindre au royaume de Pergame. C'est
là que la mythologie a placé plusieurs de ses héros et de ses fables: Arachné
changée en araignée, Philémon en chêne, Baucis en tilleul, et Tantale connu par
son supplice, non moins que par son crime. La contrée était bien arrosée et
fertile; le bétail, et surtout le menu bétail, y prospérait. Les villes
phrygiennes nommées dans le Nouveau Testament sont Hiérapolis, Colosses, et
Laodicée, q.v.
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PHYGELLE,
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— Voir: Hermogène.
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PHYLACTÈRE,
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Matthieu 23:5, nom d'étymologie grecque, et signifiant
préservatif. Les Juifs postérieurs à l'exil nommaient ainsi des bandelettes de
parchemin sur lesquelles étaient écrits des passages de l'Ancien Testament, et
qu'à l'exemple des païens, ils portaient au front ou au bras en guise
d'amulettes. Cette coutume se fondait sur une interprétation littérale et mal entendue
de Exode 13:9,16, et de Deutéronome 11:18; 6:8. Les Juifs écrivaient sur leurs
phylactères les quatre passages suivants:
1. Deutéronome
11:13-22.
2. lbid.
6:4-10.
3. Exode
13:11-17.
4. Ib.
13:1-10, selon l'ordre qu'ils croyaient en avoir reçu. C'étaient surtout les
hommes, et au moment de prendre leurs repas, qui s'en servaient. On les mettait
au bras gauche, allant du coude jusqu'à l'extrémité du doigt du milieu; c'était
le bras du cœur: on les mettait aussi sur le front, les courroies qui les retenaient
faisant un nœud derrière la tête, et venant se rejoindre sur le front. Après
s'en être servi, on les roulait en pointe, et on les enfermait dans une espèce
d'étui de veau noir (Léon de Modène, Cér. des Juifs 1, 2, 4) Les phylactères
étaient destinés à rappeler solennellement à ceux qui les portaient,
l'observation de la loi, et l'obligation de s'appliquer de tête et de cœur à la
connaissance et à la pratique de la vérité: ils ont fini par n'être plus que de
vains joujoux, comme les chapelets, les rosaires, etc.; l'esprit de
l'institution s'est perdu, la matière est restée; ce ne furent plus des
souvenirs, des aides, mais des pénitences, des ornements, ou des symboles de
l'orgueil spirituel.
— On a voulu voir à tort dans Proverbes 6:21, une
allusion aux phylactères, qui sont d'une invention plus moderne; nous en disons
autant de l'ornement dont il est parlé, Ézéchiel 24:17, ornement de tête (peér)
que nos versions traduisent par bonnet; quelques rabbins ont cru y trouver une
trace de l'usage dont nous parlons (Jarchi, Chald., etc.), mais ce sentiment a
été réfuté et rejeté.
— Il paraît que les phylactères étaient regardés par
quelques-uns comme des préservatifs contre l'influence des démons.
— Les Pères varient du reste beaucoup dans ce qu'ils
disent à ce sujet; les Juifs de leur temps continuaient de porter ces
bandelettes de parchemin; les chrétiens de certains lieux commençaient à imiter
cet usage superstitieux; Gélase, évêque de Rome, l'a condamné pour ce qui le
concernait; il serait à désirer que ses successeurs l'eussent imité en cela; le
dix-neuvième siècle n'eût pas vu naître la miraculeuse médaille-phylactère, qui
a rapporté 70,000 fr, aux jésuites de Fribourg, et n'a pas empêché leurs
troupes d'être battues, leurs soldats d'être tués.
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PIBÉSETH,
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ville nommée Ézéchiel 30:17, à côté de plusieurs
autres villes d'Égypte. D'après les Septante et la Vulgate il s'agit de
Bubaste, chef-lieu du district de ce nom, dans la partie orientale de la
Basse-Égypte, sur un canal dérivé du bras pélusiaque du Nil, à 7 lieues sud-est
de Léontopolis. On y voyait un temple célèbre de la déesse Bubastis, que les
Grecs identifiaient avec leur Artémis (Hérodote 2, 59; 137; 138) Chaque année
de nombreux pèlerinages, environ 700,000 hommes, venaient visiter ce monument;
pendant le voyage, des femmes jouaient des castagnettes, des hommes de la
flûte; le reste battait des mains: quand on passait devant une ville, les
bateaux approchaient du rivage, et l'on criait mille injures aux habitants. Les
chats étaient adorés à Bubaste comme des divinités; on les embaumait et on leur
donnait une sépulture honorable. Le prophète annonce la destruction de cette
ville qui fut en effet prise et démolie par les Perses. Elle existait encore
comme souvenir pendant la période romaine, et l'on en trouve maintenant les
ruines sous le nom de Tell Basta.
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PIERRE, ou Siméon,
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apôtre, appelé d'abord Simon ou Siméon, et souvent de
ses deux noms réunis Simon Pierre, était fils d'un certain Jonas de Bethsaïda,
et s'appelait en conséquence, suivant un usage des Hébreux, Barjona,
c'est-à-dire fils de Jonas, Matthieu 10:2; Marc 3:16; Luc 6:14; Jean 21:15.
Domicilié à Capernaüm, il y vivait de son état de pêcheur, Matthieu 4:18; 8:14;
Marc 1:16; Luc 4:38; 5:3. Sa vocation à l'apostolat semble racontée de trois
manières différentes, mais une lecture attentive, et la comparaison des
passages montre d'abord qu'il y a eu double vocation, puis, qu'entre les deux
autres versions l'une est plus complète que l'autre, mais non contradictoire ou
différente. On voit d'abord, Jean 1:40; sq., que Pierre, disciple de
Jean-Baptiste, fut instruit de bonne heure par André son frère, de la venue et
de l'œuvre du Messie; Jésus pénétra le futur apôtre, et lui prédit les
destinées auxquelles il était réservé; toutefois, il ne l'appela point encore à
le suivre, comme il en avait appelé d'autres. Un second récit, celui de la
vocation proprement dite de Pierre, se lit Matthieu 4:18; Marc 1:16; mais il
est abrégé. Saint Luc 5:1, sq., le développe et l'étend; c'est dans sa
narration qu'on a voulu trouver une troisième version d'un même fait (Winer).
Après l'entrevue de l'apôtre avec le Sauveur, le
premier était retourné en Galilée; il avait repris ses filets. Un jour, sur les
bords du lac, Jésus, pressé par la foule, demande à Simon le secours de sa
nacelle, et se fait conduire à quelque distance du rivage; il parle aux troupes,
il les enseigne, puis son instruction achevée, soit qu'il voulût rendre Simon
témoin de ses œuvres, soit qu'il voulût l'indemniser du temps qu'il avait
perdu, il l'engage à descendre ses filets dans le lac. En répondant que la
pêche de la nuit n'a rien rapporté, Simon fait acte de foi et d'obéissance, car
il jette en même temps ses filets; il veut constater qu'il ne le fait que par
respect pour la parole du maître dont il vient d'entendre les enseignements, et
qu'on lui a déjà fait connaître comme le Messie. Les filets rompent sous le
poids des poissons qu'ils ramènent, et tous les doutes du pêcheur sont
dissipés; il s'écrie à genoux: «Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un
homme pécheur.» Et Jésus se l'attache pour toujours, en lui annonçant que la
pêche qu'il vient de faire n'est que l'emblème de ses succès futurs; il sera
pêcheur d'hommes vivants.
Son nom se trouve dès lors mêlé, avec celui de
quelques autres apôtres, à l'histoire presque entière de notre Sauveur: il est
un de ses compagnons, un de ses disciples les plus assidus et les plus
intelligents; il est témoin de ses miracles, et intervient fréquemment dans ses
conversations avec plus ou moins de bonheur. Sa belle-mère est guérie par
Jésus, qui était devenu son hôte, Matthieu 8:14; Marc 1:29; sq. Luc 4:38. Le
lendemain, il va comme les troupes à la recherche de Jésus qui s'était retiré
pour prier; il a le bonheur d'être le premier à le rejoindre, Marc 1:35; Luc
4:42. Après le premier miracle de la multiplication des pains, la nuit, il voit
le Seigneur marcher sur les eaux, et veut marcher à sa rencontre, mais sa foi
n'est pis à la hauteur d'une épreuve aussi forte, il doute, et les eaux
s'entr'ouvrent sous ses pieds, Matthieu 14:22; Marc 6:45; Jean 6:17.
— À Bethsaïda, il fait une profession éclatante de sa
foi en celui qui a les promesses de la vie éternelle, Jean 6:68: il la réitère
dans une autre circonstance aux environs de Césarée de Philippe, et reçoit en
récompense de sa foi de mémorables oracles; mais pour qu'il ne s'élève point au-dessus
de ses frères, le Seigneur lui fait voir qu'il ne comprend pas encore les
choses qui sont de Dieu, et le repousse en termes sévères comme un tentateur,
Matthieu 16:13; sq. Marc 8:27; Luc 9:18. Témoin de la transfiguration, il ne la
comprend pas et confond le repos des saints avec la douceur du repos et de la
paix terrestres, Matthieu 17:1; Marc 9:2; Luc 9:28; 2 Pierre 1:16.
— À Capernaüm, il consent à payer pour son maître
l'impôt des didrachmes, Exode 30:13; Jésus, en lui faisant comprendre, que maître
de toutes choses, il eût pu s'en dispenser, répond par un miracle, et le
statère se trouve dans la bouche du poisson, Matthieu 17:24. Judas possédait
sans doute cette somme dans la bourse apostolique, mais le Fils de l'homme
devait montrer à tous que l'or et l'argent lui appartiennent, Aggée 2:8, et
que, s'il conteste, c'est sans intérêt; s'il cède, c'est pour accomplir toute
justice et ne point scandaliser les faibles.
— Dans les questions relatives au pardon des offenses,
Matthieu 18:21, et à la récompense que les apôtres pouvaient espérer de leur
fidélité, Matthieu 19:27; Marc 10:28; Luc 18:28, Pierre montre que ses idées
sont encore confuses sur l'a sainteté de la vie nouvelle et sur la spiritualité
du royaume de Christ.
— Il voit et remarque le miracle du figuier séché,
Matthieu 21:20; Marc 11:21; il prend part aux entretiens qui suivent les
oracles de Jésus sur la destruction de Jérusalem, Marc 13:3; il est chargé de
faire avec Jean les préparatifs de la dernière pâque, Matthieu 26:18; Marc 14:13;
Luc 22:8. Et pendant que le maître veut donner à tous une leçon d'humilité,
peut-être pour répondre à leurs contestations sur la place qu'ils occuperaient
dans la vie à venir (Matthieu 18:1; Marc 9:33; Luc 9:46; 22:24), Pierre,
toujours vif, refuse par deux fois de se laisser laver les pieds et ne cède à
une affectueuse injonction, que pour se jeter alors dans un autre extrême, Jean
13:6, etc.
— Il est moins prompt à juger et à interroger quand
Jésus annonce que l'un des douze le trahira: soit que Judas eût réussi à
conserver jusqu'alors la confiance de ses frères, soit que Pierre repoussât des
soupçons qu'il craignait de voir justifiés, soit qu'il désirât voir le traître
démasqué, soit enfin que l'incertitude leur fût plus pénible que la réalité, et
que devant un oracle aussi étrange, aussi solennel et inattendu, ils en fussent
tous venus à se redouter eux-mêmes, à se défier d'eux-mêmes, Pierre, voulant
connaître le nom du traître, mais n'osant le demander à haute voix, fit signe à
Jean, voisin du Seigneur, de l'interroger. Il ne se doutait guère que la peur
lui ferait commettre un crime semblable à celui que la cupidité avait inspiré à
Judas; mais dans la même soirée il reçut par deux fois des avertissements tout
ensemble sinistres et consolants. «Là où je vais, tu ne peux maintenant me
suivre, mais tu me suivras ci-après.»
— «Simon, Simon, voici, Satan a demandé à vous cribler
tous comme le blé (Amos 9:9), et j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne
faiblisse point; toi donc, quand tu seras un jour converti (relevé de ta
chute), fortifie tes frères», Luc 22:31. Et comme le fidèle, mais présomptueux
apôtre, protestait de sa confiance en lui-même, son triple reniement lui fut
prédit, Jean 13. Un peu plus tard, dans la même soirée, comme les apôtres se
rendaient en Gethsémané, Jésus les enveloppant tous dans une même sentence
prophétique, leur dit: Vous serez tous cette nuit scandalisés en moi, selon
qu'il est écrit; je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées; cf.
Zacharie 13:7; et Pierre, que la sentence isolée prononcée contre lui, avait
sans doute humilié et affligé, satisfait de se voir de nouveau réuni à ses
frères, quoique dans la faiblesse, voulut protester encore de sa fidélité, mais
en vain; il ne reçut pour réponse que la confirmation de son triple reniement,
Matthieu 26:31; Marc 14:27, etc.
— Témoin de l'agonie de son maître, il ne peut, non
plus que Jacques et Jean, veiller avec lui; malgré les recommandations de
Jésus, ils s'endorment, et Luc, le médecin, nous dit que c'était de tristesse
qu'ils dormaient, Luc 22:45. La faiblesse de la chair succombait aux émotions,
et l'esprit n'était pas assez fort pour en triompher. Il était plus facile de
se battre que de prier, et Pierre se réveilla quand les soldats vinrent pour
prendre Jésus, Matthieu 26:51; Marc 14:47; Luc 22:49; Jean 18:10. D'un coup
d'épée il blessa Malchus à l'oreille, ayant pris à la lettre quelques
expressions dont le Sauveur s'était servi quelques instants auparavant dans un
sens figuré, Luc 22:36,38. Mais ce n'était pas là le courage que réclamait de
ses disciples celui qui donnait librement sa vie; les soldats entraînèrent le
maître; les disciples s'enfuirent. Pierre, engagé par ses paroles à faire mieux
que les autres, revint cependant en arrière; il voulait tenir sa parole, il
allait réaliser celles de son maître. Arrivé devant la porte de Caïphe, il la
voit s'ouvrir devant lui sur la recommandation de Jean, mais la cour est pleine
de soldats, d'huissiers, de domestiques et de curieux. Pendant le premier
interrogatoire du Seigneur, la portière qui avait ouvert à Pierre, croit
reconnaître en lui un des disciples de l'accusé et l'interpelle. Saisi,
surpris, étonné d'être reconnu, préoccupé d'autres pensées qui lui font à la
fois oublier l'oracle du Christ et désirer de couper court à une conversation
qu'il n'a pas envie de poursuivre, il ment et renie son maître sans trop songer
peut-être a ce qu'il fait. Une question semblable lui est adressée un moment
après, et déjà il a eu le loisir d'examiner sa position; la frayeur l'environne,
et les témoins qui l'entourent de toutes parts, lui semblent autant d'ennemis;
il ment encore et dit: Je ne le connais point. Mais il est inquiet; il voudrait
sortir, il change de place, il entre au vestibule, Marc 14:68, et là, une heure
environ après le second reniement, un parent de Malchus le reconnaît et lui
dit: Ne t'ai-je pas vu au jardin avec lui? Nier n'eût plus suffi devant une
accusation aussi directe, et Pierre, accablé de frayeur, était en outre retenu
par la honte d'avouer enfin son maître, en avouant qu'il l'avait renié deux
fois; il ne lui suffisait plus de reconnaître Jésus, il devait encore
reconnaître sa lâcheté; l'épreuve était trop forte pour l'homme appuyé sur ses
propres forces; il renie encore, en jurant et en prononçant des imprécations.
Mais la mesure était comblée, la tentation était terminée; le disciple pouvait
savoir à quoi s'en tenir sur son courage, sa force, sa fidélité; c'était le
point du jour, le coq chanta; un regard de Jésus tomba sur son disciple,
l'accusant sans le trahir ni le compromettre, et Pierre revint à lui-même;
bouleversé de son crime, touché de l'amour de son maître, il sortit et pleura
amèrement; ces larmes étaient sans doute, quoique amères, les plus douces et
les plus pures qu'il eût encore versées; sa douleur était selon Dieu, elle ne
pouvait qu'être heureuse; pour la première fois peut-être, il avait un
pressentiment de la vie nouvelle, du christianisme.
Trois jours après, averti par Marie Madeleine, il
court au sépulcre avec Jean, n'arrive qu'après lui, mais entre le premier dans
la grotte, examine, admire, sans comprendre encore que son maître est
ressuscité, et retourne à Jérusalem, Luc 24:12; Jean 20:2. On conclut presque
avec certitude, de 1 Corinthiens 15:5; cf. Luc 24:34, que le même jour encore,
avant son entretien sur la route d'Emmaüs, le Christ ressuscité s'est montré à
Pierre, et l'on conjecture qu'il lui a donné, ou réitéré spécialement, l'ordre
de se rendre, avec le reste des apôtres, en Galilée, où il le verrait de
nouveau: Pierre, qui s'était exclu lui-même de la société apostolique, ne
pouvait savoir si le maître le reconnaîtrait encore, ou s'il le renierait à son
tour; il eût hésité peut-être à suivre les apôtres, s'il n'avait été en quelque
sorte personnellement convoqué. Du reste, aucune parole, aucun détail de cet
entretien n'est rapporté dans les Évangiles, et 1 on conçoit qu'il ne concernât
que le chef de l'Église et son disciple relaps; Pierre sans doute versa de
nouvelles larmes, mais il sentit qu'il était réintégré; il allait reprendre sa
place, mais la remplir plus humblement.
Il se rend à Capernaüm on il possédait une maison
(Matthieu 8:14; Marc 1:29; Luc 4:38), et après quelques jours d'une attente
inutile, il dit à ceux des apôtres qui étaient avec lui qu'il s'en allait pêcher,
Jean 21:2. Ils le Suivirent, mais la pêche de la nuit fut inutile. Au matin,
Jésus, qu'ils ne reconnaissaient point, leur demanda du rivage s'ils avaient du
poisson, et sur leur réponse négative, il leur dit de jeter leurs filets du
côté droit de la celle; une pêche abondante vint miraculeusement récompenser
leur obéissance et leur foi. C'étaient les mêmes questions, les mêmes réponses,
les mêmes merveilles que les mêmes hommes, les mêmes rivages, les mêmes
nacelles, avaient entendues et vues quelques années auparavant; il n'en fallait
pas davantage pour parler au cœur de Jean, qui reconnut aussitôt le Sauveur, et
saint Pierre se jetant à la nage vint bientôt aborder aux pieds de son maître;
ils prirent tous ensemble un modeste et silencieux repas, pendant lequel tous
reconnaissaient Jésus sans oser l'interroger. Après le repas, Jésus s'adressant
à Pierre, mais sans lui donner ce nom qui était comme le signe de son
apostolat, lui dit: Simon, fils de Jona, m'aimes-tu plus que ne font ceux-ci?
L'apôtre n'en était plus aux jours où il ne craignait pas de s'élever au-dessus
de ses frères; il répondit humblement: oui, Seigneur, tu sais que je t'aime.
Pais mes agneaux, dit le Seigneur. Une seconde fois, puis une troisième, mais
sans insister sur la comparaison avec les autres apôtres, le Seigneur lui
demande: Simon, fils de Jona, m'aimes-tu? chaque fois la réponse est la même,
et le Seigneur en lui disant: Pais mes brebis, lui annonce le martyre, et se
l'attache de nouveau, après que par sa triple confession, l'apôtre eut expié
aux yeux de son maître son triple reniement. Simon le pêcheur est redevenu
Pierre l'apôtre. Quelle solennité dans cette réintégration, et pourtant quelle
douceur dans le châtiment, si même on peut donner ce nom aux interpellations du
Sauveur. Saint Pierre pardonné reprend bientôt ses anciennes habitudes, et
lorsqu'il eut appris de la bouche du Sauveur le sort qui lui était réservé, il
lui demanda quel serait celui de l'apôtre Jean qui les suivait; mais Jésus
refusa de répondre à cette question d'une vaine curiosité, et il ne permit pas
que Pierre oubliât aussi promptement les avertissements qu'il venait de
recevoir.
Nous retrouvons Pierre dans le livre des Actes; il
attend avec les apôtres l'effusion du Saint-Esprit, et il propose de remplir la
place que Judas a laissé vacante; Matthias est élu par le sort (1:23). La
Pentecôte et l'effusion du Saint-Esprit viennent étonner les habitants de
Jérusalem, et remplir de joie les apôtres: l'inimitié honteuse et jalouse qui
poursuit tout réveil, toute œuvre de l'esprit, s'attache à ternir ce mouvement,
en attribuant à l'ivresse les merveilles dont tous sont témoins, mais Pierre
prend la parole, la puissance d'en haut agit en lui, Christ est glorifié, les
âmes sont touchées, et 3,000 personnes se convertissant à sa prédication
viennent grossir les rangs de l'Église chrétienne, qui ne comptait encore alors
que les apôtres et quelques femmes. En voyant les doctrines du crucifié se
propager avec tant de succès, le sanhédrin résolut de prendre des mesures
répressives; un miracle, un bienfait, lui fournit l'occasion qu'il désirait: un
homme âgé de plus de quarante ans, et boiteux dès sa naissance, avait été guéri
par le ministère des apôtres. Pierre lui avait dit comme le maître, et au nom
de celui-ci: Lève-toi et marche, et l'impotent avait recouvré l'usage de ses
membres. Comme l'apôtre parlait à la foule pour repousser les hommages qu'on
lui adressait, et pour la persuader de rendre à Jésus l'honneur, l'obéissance,
et l'amour qui lui sont dus, des officiers chargés de maintenir l'ordre dans le
temple, survinrent et mirent en prison Pierre et Jean. Traduits devant le
sanhédrin, les apôtres, au lieu de se défendre, accusèrent ce pouvoir prétendu
religieux, d'avoir mis à mort Jésus le Nazarien, s'appuyèrent de l'autorité de
celui que Dieu avait ressuscité des morts, et répondirent à la défense qui leur
fut faite d'annoncer le nom de Christ: Jugez s'il est juste de vous obéir
plutôt qu'à Dieu. Le miracle était évident, le témoin marchait, les apôtres
furent renvoyés absous.
C'est encore Pierre dont la parole foudroie Ananias et
Saphira, Actes 5:1. Son ombre guérit les malades, sa prédication touche les
cœurs; ses succès irritent derechef les sadducéens qui, dirigés par Caïphe, le
livrent une seconde fois au sanhédrin; mais une seconde fois l'apôtre répond:
Il faut plutôt obéir à Dieu qu'aux hommes. Caïphe ne le fait plus trembler.
Les persécutions ayant dispersé les chrétiens, la
Samarie est évangélisée: Philippe baptise, et Pierre vient avec Jean imposer
les mains aux fidèles et leur communiquer les dons du Saint-Esprit, Actes 8. Il
refuse de vendre au magicien Simon le pouvoir de transmettre ces dons
surnaturels, et stigmatise ce premier exemple de vénalité religieuse. Après
avoir évangélisé les bourgades qu'il trouve sur sa route, il revient à
Jérusalem; c'est alors qu'il fait la connaissance de Paul, à qui il donne une
hospitalité de quinze jours, Galates 1:18. Il visite les églises naissantes de
la Judée, de la Samarie et de la Galilée, Actes 9; à Lydde, il guérit un
paralytique; à Joppe, il rend Dorcas aux pauvres qui l'avaient perdue; elle
revient à la vie au milieu de ceux qui la pleuraient. L'apôtre reste quelque
temps dans cette ville: une vision étrange qui se réitère à trois reprises,
Actes 10, lui apprend que le mosaïsme a pris fin, que la paroi mitoyenne est
tombée, Éphésiens 2:14, que la distinction des animaux en purs et impurs
n'existe plus, que le monde n'est plus divisé extérieurement en bénis et en
maudits, et qu'en toute nation ceux qui craignent Dieu et qui s'adonnent à la
justice, lui sont agréables. La démarche et la demande des messagers de
Corneille, centenier romain, achèvent de lui expliquer ce qu'il y a de
mystérieux dans la vision, et il part pour annoncer Christ aux païens. À ses
amis de Jérusalem qui le blâment, il expose la vision céleste, et tous
glorifient Dieu en disant: Dieu a donc donné aux gentils la repentance pour
avoir la vie.
De ce moment l'historien sacré qui s'attache à nous
donner la suite de l'histoire de Paul, ne nous donne celle de Pierre qu'en
passant. Il paraît que l'apôtre visita diverses provinces de l'Asie Mineure,
annonçant Christ aux Juifs et aux païens. On le retrouve à Jérusalem à l'époque
du martyre de Jacques, et lui-même, réservé au supplice par ordre d'Hérode, est
miraculeusement rendu aux prières de ses frères qui n'osaient espérer sa
délivrance, Actes 12. On croit qu'il s'éloigna alors de Jérusalem pour un
temps, mais nous l'y retrouvons lors du concile des apôtres, 15:7; il y revoit
saint Paul. Il y prend la parole, mais sans autre autorité que celle des choses
mêmes qu'il dit: il plaide la cause des gentils, et rappelle les instructions
qu'il a reçues du Seigneur à cet égard. Mais bientôt, infidèle à ses principes,
troublé peut-être par les criailleries de chrétiens judaïsants exaltés, fatigué
de cette lutte, sous l'impression de reproches qui lui avaient été adressés,
craignant de scandaliser les faibles, enclin d'ailleurs au formalisme juif par
sa naissance et son éducation, il en vint à dissimuler, il s'éloigna des
gentils, il en entraîna quelques-uns dans sa chute, et Paul dut le censurer
ouvertement, Galates 2:11; il est probable qu'il reconnut la justesse des
reproches que sa dissimulation lui attira, et qu'il se releva de cette faute
avec la généreuse vivacité de son caractère.
On ne sait plus rien de lui dès lors; l'histoire
sainte se tait, et les Pères ou se taisent aussi, ou se contredisent à tel
point qu'on ne peut rien établir de positif sur leur témoignage: on ne sait ni
où il se rendit, ni ce qu'il fit, ni où, ni comment, ni quand il mourut.
Quelques remarques termineront cette notice, et
achèveront de faire comprendre cette vie et ce caractère.
a. Les
noms de Pierre et de Céphas ont la même signification; Céphas est syriaque ou
araméen, et n'entraînait aucune idée particulière; c'était le nom dont on
l'appelait quand on s'exprimait dans cette langue, et souvent on employait l'un
ou l'autre indistinctement, Galates 2:9,11; 1 Corinthiens 1:12; 9:5. Jusqu'au
moment de l'ascension il est presque toujours désigné sous le nom de Simon (ou
Syméon); c'est ainsi que l'appellent Jésus et les autres apôtres, Matthieu
17:25; Marc 14:37; Luc 7:40; 22:31; 24:34; Jean 21:15: le même nom se retrouve
Actes 15:14, sans doute par un effet de l'habitude prise, cf. 2 Pierre 1:1; le
nom de Pierre emporte l'idée de sa vocation, c'est en quelque sorte son nom
d'honneur: il le porte Actes 10:5,18, et si quelquefois les deux noms de Simon
Pierre sont réunis, celui de Pierre unit par prévaloir, ce qui explique
pourquoi les évangélistes, en parlant de lui, l'appellent le plus souvent
simplement Pierre.
b. Sa
famille est peu connue. Son père, pêcheur comme lui, s'appelait Jonas; la
tradition donne à sa mère le nom de Jeanne; l'apôtre André était son frère,
probablement plus jeune que lui. Il était marié, comme il ressort de Luc 4:38;
1 Corinthiens 9:5: la tradition est unanime à cet égard, et dom Calmet n'a pas
l'air de chercher à s'en cacher. Il avait un fils nommé Marc, 1 Pierre 5:13, et
les Pères lui donnent en outre une fille nommée Pétronille; ils varient sur le
nom de sa femme, que les uns appellent Concorde, les autres Perpétue. Plusieurs
le regardent comme le plus âgé des douze apôtres; les détails qu'ils donnent
sur sa figure et sur son apparence ont peu d'autorité.
c. Nous
avons vu comment il est facile de concilier les apparentes divergences des
évangiles qui racontent l'élévation de Pierre à l'apostolat. Mais la grande
divergence, celle qui frappe le moins, parce que l'on y est habitué, c'est
celle qui se trouve entre la condition de l'appelé, et la charge à laquelle il
est appelé. Un pêcheur de poissons devient pêcheur d'hommes; un batelier
devient apôtre; l'ignorance doit instruire le monde, et passer du banc de sa
nacelle aux chaires de la vérité. Personne n'eût confié à Simon la charge la
moins importante, s'il eût fallu pour la remplir posséder quelques
connaissances, et le maître du monde l'appelle, avec onze autres, à la plus
sublime des vocations, à faire connaître aux hommes la vraie philosophie et la
vraie théologie, le cœur de l'homme et le cœur de Dieu. C'est qu'en effet,
Pour en avoir la connaissance
Il faut être des plus petits,
Laisser là toute autre science,
Devenir de simples brebis.
C'est qu'en effet il a été vrai de tout temps,
Que les sages, les entendus
N'ont point de part dans cette affaire.
C'est que ce sont des choses qu'on ne peut enseigner
que lorsqu'on a été soi-même enseigné de Dieu, et pour en venir là les simples
et les savants ont le même chemin à faire, et ces derniers y répugnent davantage,
embarrassés qu'ils sont du bagage d'une science faussement ainsi nommée. Ce qui
a été vrai aux jours du Seigneur est vrai toujours, c'est que ses vrais
serviteurs sont ceux qu'il a choisis lui-même, quelle que soit du reste
l'estime dont ils jouissent aux yeux de la chair; et l'on est étonné, si l'on
veut y faire attention, de trouver souvent des disciples zélés, fidèles, et
bénis, bien ailleurs que là où l'on penserait à les chercher.
d. Pierre
apparaît dans le collège apostolique revêtu d'une espèce de primauté que les
écrivains protestants ont parfois trop méconnue, et que les auteurs catholiques
romains ont en revanche exagérée jusqu'à en faire une principauté. Non
seulement il était l'un des amis les plus intimes du Seigneur (non le plus
intime), comme on le voit par Matthieu 17:1; Marc 9:2; 14:33; et ailleurs, mais
encore on le voit tantôt parler au nom des douze, tantôt répondre en leur nom
quand ils sont interrogés; Jésus lui-même le nomme quand il s'adresse aux
apôtres. Matthieu 16:16; 19:27; 26:40; Marc 8:29; Luc 12:41. Le passage
Matthieu 17:24, ne prouve du reste pas, comme on a voulu le croire, qu'en
dehors du cercle des douze, Pierre fût considéré comme le chef et le
représentant naturel de ses collègues: ce peut n'avoir été qu'un cas fortuit,
une circonstance accidentelle, et si l'on voulait donner trop de poids à cette
preuve, plusieurs des apôtres, Philippe, André, etc., auraient des titres
semblables à faire valoir, Jean 12:21; sq. Le caractère personnel de l'apôtre a
pu contribuer pour beaucoup à le faire considérer comme un représentant de
tous, non qu'il fût meilleur, mais parce qu'il était plus voyant: il avait été
d'ailleurs l'un des premiers appelés, et il était peut-être l'aîné de tous, ce
qui explique aussi pourquoi dans toutes les listes il est nommé le premier,
sauf Galates 2:9. Après l'ascension, il continue pendant quelque temps de se
produire, d'agir, de parler, avec cette promptitude et cette supériorité
d'intelligence qui lui avaient donné sur ses collègues une espèce d'autorité
morale, que ceux-ci n'avaient jamais contestée parce qu'elle n'avait jamais été
formulée, ni affichée: cf. Actes 1:15; 2:14; 4:8; 5:29. Mais bientôt il cesse
lentement de briller dans l'histoire apostolique, soit que l'âge ait brisé ou
ralenti l'activité de son caractère et l'autorité qui s'y rattachait, soit
qu'un homme plus jeune, plus fort, également bien doué, l'ayant remplacé dans
la vie active, Pierre ait vu passer naturellement dans les mains de saint Paul
une influence qu'ils ne devaient l'un et l'autre qu'aux dons qu'ils avaient
reçus et à l'usage qu'ils eu avaient fait.
e. Ce
n'est pas ici le lieu de discuter les questions controversées entre l'Église de
Rome et l'Église réformée; indiquons-les seulement, et posons quelques
principes. Les théologiens romains estiment que Pierre a été mis au-dessus des
apôtres, ayant autorité sur eux, autorité sur l'Église, en vertu du passage
Matthieu 16:16-18: que le droit de pardonner ou de condamner lui a été
également donné, et à lui seul; que la surveillance et la direction de
l'Église, des évêques et des troupeaux, du clergé et des laïques, lui a été
confiée en vertu des paroles de sa réintégration: «Pais mes agneaux, pais mes
brebis», Jean 21:15; que Pierre a été à Rome, qu'il y a été évêque, évêque pendant
vingt-cinq ans; qu'il a enfin légué sa puissance aux évêques qui sont montés
après lui, quels qu'ils fussent, indépendamment même de leur foi et de la
réalité de leur christianisme.
Il est prouvé hors de tout doute que Pierre n’a jamais
été à Rome, sa tombe fut découverte à Jérusalem en 1959. Toutefois l’histoire
nous confirme qu’un Simon (Siméon) s’était rendu à Rome sous couverture de
chrétien pour influencer l’empereur et les gens de sa cour. Il s’agit de Simon
le Magicien qui est devenu connu sous le nom de Petra Roma ou Pierre de Rome,
le grand interprète des mystères cachés qui sont à la base du catholicisme et
sur lesquels fut érigé la papauté. Par un tour de passe-passe, Simon le
Magicien fut donné l’identité de l’apôtre Pierre, ce qui nous indique que la
base de la papauté est la duplicité et l’hypocrisie.
À quoi il a été répondu: que chacun est le fils de ses
œuvres; qu'il n'y a plus sous le christianisme d'autorité de droit divin que
celle qui prouve sa divinité par sa puissance et par sa sainteté; que,
relativement à saint Pierre, les paroles qui lui furent adressées en suite de
sa confession du nom de Christ, n'impliquent aucune supériorité de droits; que
la pierre sur laquelle l'Église chrétienne devait être bâtie, c'était la
confession de foi elle-même, et non celui qui l'avait faite; que le droit de
lier et de délier, celui de pardonner et de retenir les péchés, a été donné à
tous les chrétiens dans la même mesure qu'à saint Pierre, Jean 20:23,
c'est-à-dire qu'il ne constitue pas un pouvoir, mais qu'il n'emporte que le
simple droit de déclarer, de constater un fait; que les paroles: pasce oves
meos, ou meas, ne sont que la simple réintégration de l'apôtre dans des
fonctions dont il s'était lui-même, en quelque sorte, démis, et que notre Sauveur
n'a pas été appelé à rendre aux autres apôtres des droits que ceux-ci avaient
conservés; que la différence de sexe, meos et meas, ne signifie rien, attendu
que ces mots sont, dans le langage biblique, pris fréquemment l'un pour l'autre
comme signifiant tous les deux le troupeau, observation qui est renforcée par
cette autre, péremptoire, eue sous la nouvelle alliance il n'y a plus la
vieille distinction des hommes en ecclésiastiques et laïques, en clergé et
troupeau, vu que tous les chrétiens sont à la fois hommes du peuple et hommes
de l'Église, laïques et ecclésiastiques; que le Nouveau Testament ne nous
montre nulle part saint Pierre revêtu d'une autorité absolue, que s'il est le
premier souvent, il n'est jamais primat, il cherche à convaincre par des
arguments solides, mais il n'ordonne pas; qu'il ne part jamais de son autorité
comme d'un principe, et qu'au concile de Jérusalem il ne préside pas, il ne
commence pas, il ne clôt pas la discussion; que les frères ne le reconnaissent
nulle part comme ayant une autorité de chef de l'Église, qu'ils se
reconnaissent le droit de l'interroger, de le contrôler, de le blâmer; que
saint Paul en particulier le censure pour sa conduite peu franche à l'égard des
gentils, tellement il est éloigné, et Pierre aussi, d'admettre on ne sait
quelle infaillible autorité;
— relativement au voyage de Rome, qu'il est plus que
contestable, que rien ne le prouve, que tout établit que Pierre n'y a jamais
été; que s'il y a été, ce n'a pas été pendant vingt-cinq ans, mais un moment
seulement; qu'il n'y a jamais été évêque, et que l'eût-il été, il n'eût jamais
transmis à des successeurs des promesses (quelconques) qui n'avaient été faites
qu'à sa personne; que s'il a transmis des droits à l'Église de Rome, cette
Église n'en a rien su dans les commencements; que lorsqu'elle a essayé au
troisième siècle de les faire valoir, la chrétienté toute entière a protes-lé;
qu'au sixième siècle l'évêque de Rome les ignorait encore, ou les repoussait
avec indignation, et que ce n'est qu'au onzième siècle qu'un pape ambitieux les
a solidement conquis; que si Pierre eût légué des dons à l'Église de Rome,
cette Église n'eût pas tardé à les perdre, ayant évidemment prouvé qu'elle
était indigne d'être l'héritière de ce saint apôtre; enfin, que si jamais elle
a eu des droits à cette succession, elle en a toujours fait un mauvais usage,
etc., etc. On ne répond à une erreur raisonnable que par une seule raison; à
des échafaudages d'absurdités, il y a des milliers de réponses à faire, et la
source n'en tarit point; la primauté de saint Pierre, sa papauté, appartient à
cette masse de faits dont l'Église romaine a eu besoin pour établir un pouvoir
spirituel immense; et non contente de cette usurpation, elle y a joint, en
manière de petits profits ignorés des premiers siècles, le droit de disposer
des couronnes, des royaumes et des peuples, droit qu'elle a exercé de la
manière la plus barbare et la plus criminelle, et qu'elle exercerait encore si,
peu à peu, la lumière n'était venue en bien des lieux protester contre ces
ténèbres abrutissantes et rendre à chaque individu les droits qui lui
appartiennent par la grâce de Dieu. Que M. de Chateaubriand nous montre donc
«ce prince d'une espèce nouvelle dont les successeurs étaient appelés à monter
sur le trône des Césars, entrant dans Rome le bâton pastoral à la main», on
comprendra son langage comme celui d'un loyal sujet du Saint-Siège, comme une
fleur de plus jetée au milieu de ses magnifiques Études Historiques, mais l'on
n'y trouvera ni l'exactitude de l'historien, ni l'esprit d'un théologien, ni le
langage et la foi d'un chrétien. M. le comte Joseph de Maistre, avec un sérieux
parfois héroï-comique, a traité dans son livre du Pape plusieurs des questions
relatives à saint Pierre dans ses rapports avec le Saint-Siège; il était
difficile de faire avec autant d'esprit un livre aussi peu intelligent, aussi
bizarre, aussi faux; et le dix-neuvième siècle a été surpris de cette
apparition; c'était comme un revenant du onzième siècle.
— Pour l'examen des prétentions historiques,
théoriques et théologiques de l'Église romaine, nous n'avons rien lu de plus
solide parmi les ouvrages modernes que les deux Dissertations de A. Bost, père,
sur le Droit des Papes, l'Appel à la conscience des catholiques romains du même
auteur, l'Anatomie du papisme par N. Puaux, et un sermon de M. Vinet, intitulé
Simon Pierre.
— Ajoutons seulement, et c'est une observation dans
tous les cas intéressante, que les protestants ont pour saint Pierre un respect
plus réel, plus sincère que les papistes; nous croyons, en effet, avec le grand
apôtre «qu'il n'y a de salut en aucun autre qu'en Christ, et qu'il n'y a sous
le ciel aucun autre nom qui soit donné aux hommes par lequel il nous faille
être sauvés», Actes 4:12; l'Église de Rome pense autrement. Nous disons encore
avec saint Pierre: «Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as estimé que
le don de Dieu s'acquiert avec de l'argent», Actes 8:20; l'Église de Rome, au
contraire, favorise et pratique la simonie. Nous croyons que ce n'est point le
baptême qui sauve, mais la recherche que fait de Dieu une conscience pure, 1
Pierre 3:21; l'Église de Rome refuse l'inhumation aux enfants morts sans
baptême. Pierre refusa l'adoration de Corneille, Actes 10:26; ses prétendus
successeurs la réclament, y compris des baisers pour leurs pantoufles. Nous
croyons enfin avec saint Pierre, que dans le temple de Dieu sur la terre, dans
son Église, il n'y a qu'une pierre fondamentale qui est Christ, et que tous les
chrétiens entrent dans la construction de l'édifice comme autant de pierres
vives, 1 Pierre 2:4-5; Rome, au contraire, estime qu'il n'y a qu'une pierre, et
que cette pierre c'est Pierre.
— Mais assez.
f. D'après
ce qui a été dit plus haut, comme aussi d'après la simple lecture de
l'Évangile, on peut se faire une idée assez exacte du caractère de l'apôtre.
Vif, bouillant, entreprenant, résolu, dévoué, mais se confiant trop en
lui-même, il a trouvé dans ses dispositions naturelles les causes de sa
grandeur et de ses chutes. Ces caractères agissent plus qu'ils ne vivent; ils
sont plus capables de grandes actions que de persévérance, et la vigilance
n'est pas leur côté fort; moins homogène que saint Jean, Pierre a paru
davantage, il a peut-être fait davantage, mais il n'a pas été aimé de son
maître comme l'apôtre de la charité. Dans une circonstance solennelle, dans un
interrogatoire en forme, Pierre n'eût peut-être pas renié son maître; il eût
veillé. Devant un simple interrogatoire, devant une servante dont les questions
importunes ne lui paraissent pas dignes de réponse, il le renie; il le renie
parce qu'il ne veut pas se laisser troubler dans ses tristes pensées par
d'indifférents interlocuteurs; il reste pour ne pas abandonner son maître, et
il le renie encore: il est sans vigilance. Le chant du coq le réveille, et
c'est alors seulement qu'il se rappelle qu'un reniement devant cette foule
indifférente, indiscrète, sans droits à le questionner, est cependant aussi un
reniement; il pleure alors, parce qu'il comprend la grandeur du péché qu'il a
commis, parce qu'il veille. Chrysostôme, Luther, Mélanchthon et Calvin,
renferment de belles et touchantes pages sur ce reniement de l'apôtre, et si
l'on doit éviter d'être à cet égard plus indulgent que saint Pierre ne l'a été
pour lui-même, il ne faut pas non plus se montrer plus sévère que Jésus.
— La conduite de Pierre à Antioche, Galates 2:11,
s'explique plus ou moins de la même manière, quoique la position fût loin
d'être la même: Pierre avait alors déjà reçu les dons du Saint-Esprit, il était
plus éclairé, sa faute était plus grande, et en outre elle était réfléchie.
Sans doute bien des excuses pouvaient se présenter à son esprit, pour motiver
une conduite si peu conforme à ses antécédents et aux ordres qu'il avait reçus
du Seigneur; mais des excuses ne justifient point, et Pierre a passé
condamnation. Plusieurs docteurs catholiques romains ont cherché à sauver
l'infaillibilité du saint siège et la réputation de saint Pierre, en attribuant
cette conduite à un autre Céphas, l'un des soixante-dix disciples, qui doit
avoir été plus tard évêque d'Iconium; mais le sentiment général, c'est qu'il
s'agit bien ici de saint Pierre lui-même. «Saint Pierre, dit dom Calmet, reçut
cette répréhension avec silence et humilité, et ne se prévalut point de sa
primauté pour soutenir ce qu'il avait fait.» Je crois bien; et dans tous les
cas il n'eut garde de parler d'infaillibilité. Et si l'on objecte que ce n'est
là que l'opinion de Calmet, celle d'un particulier, «toute l'Église, dit le
pape Pelage, révère l'humilité avec laquelle il a cédé aux raisons de saint
Paul, et changé de sentiments.» Oui, mais encore Pelage bat l'infaillibilité
dans la personne du premier pape, et il faut avouer qu'alors on n'avait pas
encore connaissance de cette absurde prétention dont on a fait depuis une
véritable incorrigibilité.
g. Le
corps de Pierre est à Rome, moitié dans l'église de Saint-Pierre, moitié en
celle de Saint-Paul; sa tête est encore à Rome, dans l'église de
Saint-Jean-de-Latran, où l'on montre également une dent à part; puis il y a de
ses os partout; à Poitiers, la mâchoire avec la barbe; à Trêves, quelques os;
ailleurs, plusieurs encore; à Genève, lors de la réformation, l'on montrait,
sur le grand autel de la cathédrale, sa cervelle précieusement enchâssée: à
l'examen, on vit que c'était une pierre ponce. Sa chaire épiscopale et sa
chasuble sont à Rome; l'autel devant lequel il chantait la messe se trouve à la
fois à Rome et à Pise; on conserve également le couteau avec lequel il coupa
l'oreille de Malchus; sa crosse se voit à Saint-Étienne-des-Grès, à Paris; son
bourdon est à la fois à Cologne et à Trêves; on montre enfin à Saint-Anastase
(Rome) le pilier sur lequel il fut martyrisé. Sa fille Pétronille a son corps
entier à Rome, en l'église de son père; plus, des reliques à part à
Sainte-Barbe, plus, derechef le corps entier au Mans, dans le couvent des
Jacobins: il guérit des fièvres. Le jour où l'on en finira avec ces pitoyables
absurdités n'est pas loin; le mouvement des Ronge et des Czersky ne fait que de
commencer; ils ont attaqué les reliques, les baïonnettes étrangères attaquent
l'autorité même dont elles sont l'émanation et la raison suprême; c'est le
propre des armes de tuer ce qu'elles touchent.
h. 1re
Épître de saint Pierre. Un voit par 5:13, qu'elle a été écrite de Babylone ou
des environs; mais les auteurs ne sont pas d'accord sur la signification de ce
nom; plusieurs Pères ont pris cette expression comme allégorique,
ιt pensent quelle désigne Rome; c'est, en effet, un
moyen de faire aller saint Pierre à Rome, mais ces exégètes sont précisément
ceux qui repoussent le plus absolument le sens de Rome que l'on veut donner à
la Babylone de l'Apocalypse, et cependant, dans le langage mystique et
nécessairement obscur de ce dernier livre, on comprend beaucoup mieux qu'une
ville soit désignée symboliquement, qu'on ne peut le comprendre dans une épître
où toutes les expressions sont prises dans leur sens ordinaire et naturel; rien
ne pouvait engager Pierre à cacher à ses lecteurs le nom de la ville où il se
trouvait.
— Les chrétiens d'Égypte, jaloux de posséder une trace
du passage de l'apôtre au milieu d'eux, ont à leur tour, et déjà avec plus de
raison, prétendu qu'il s'agissait ici de la petite forteresse de Babylone qui
se trouvait en Égypte; c'était un poste fortifié pour loger une légion romaine;
il avait été construit par Cambyse, roi de Perse, lors de la conquête de
l'Égypte; mais on ne comprend pas pourquoi l'on irait chercher cette petite
station militaire au lieu de la grande Babylone. Celle-ci avait été ruinée en
effet, mais sa destruction n'avait pas été si complète qu'il n'y fût resté un
certain nombre d'habitants. D'après Flavius Josèphe, les chrétiens y avaient
été persécutés, et vingt ans après l'époque fixée pour la composition de cette
lettre, la peste y avait fait encore des ravages terribles, surtout parmi les
Juifs. Suivant plusieurs auteurs (— Voir: Assemani), Babylone était encore
habitée aux temps de Théodose le Grand, 379-395, et selon Abulféda, il y avait
encore au quatorzième siècle un bourg appelé Babel sur la place même de
l'ancienne Babylone. Tout concourt donc à prouver que Pierre, qui avait visité
les Églises nommées au commencement de son épître, et qui avait porté son
activité jusque chez les Parthes, n'a pu désigner sous le nom de Babylone que
la ville généralement connue sous ce nom. («Celle qui est à Babylone, élue avec
vous», désigne, selon quelques-uns, l'Église de cette ville, selon d'autres, et
c'est le plus probable, la femme de l'apôtre, comme «Marc mon fils» se prend
aussi dans son sens simple et littéral: non seulement la tradition nous montre
la femme de Pierre voyageant, avec lui, mais elle rapporte que Pierre lui-même
a conduit sa femme au martyre en lui parlant de la gloire à venir, Clem. Alex.
Strom. 7, 11. § 63. Néander regarde cette question comme décidée).
— Il est difficile de rien fixer sur la date de cette
lettre; elle ne renferme aucun indice suffisant; la seule hypothèse possible
repose sur l'état général des églises auxquelles la lettre est adressée; ces
églises sont représentées comme existant déjà depuis un certain temps, et
l'apôtre cherche à les préparer à de grandes persécutions; on a cru pouvoir en
conclure que la composition de cette lettre doit être placée entre 62 et 65.
— Les lecteurs de l'épître étaient, d'après Michaélis,
des prosélytes juifs passés au christianisme, d'après Steiger, des
pagano-chrétiens, d'après Hensel et d'autres, des judéo-chrétiens; chacune de
ces hypothèses semble s'appuyer sur quelques versets, d'où il résulte que nous
serons plus près, et de la vérité et de la vraisemblance, si nous admettons que
l'épître était adressée aux Églises telles qu'elles existaient, composées des
uns et des autres; il ressort cependant de 1:1, que c'étaient es
judéo-chrétiens que l'apôtre avait plus particulièrement en vue, comme le tronc
sur lequel les autres chrétiens avaient été entés; ni Pierre, ni Jacques ne
regardaient l'alliance de Dieu avec Israël comme dissoute; ils estimaient que
c'était l'alliance fondamentale, et que les païens y entraient par le fait de
leur conversion au christianisme.
— Quant au but et au contenu de l'épître, on voit
qu'elle s'adresse aux chrétiens dans une époque où de graves persécutions
allaient éclater, où l'Église se trouvait à la veille d'événements sérieux, à
la veille des persécutions de Néron, de la destruction de Jérusalem, de la mort
des apôtres. Saint Pierre rappelle aux Églises que leur foi est bien fondée,
que c'est dans la vraie foi qu'ils ont été instruits, 1:25; 5:12, puis, il les
exhorte à persévérer dans la sanctification, à rester fidèles même dans les
persécutions, et à ne pas perdre de vue la félicité à venir. Dans le premier
chapitre, après la salutation et des exhortations qui se rapportent à la vie
intérieure, l'apôtre montre dans la foi en Christ le motif et le mobile de la
sanctification. Chapitre 2e. Exhortations relatives à la vie civile; les motifs
en sont pris dans notre vocation céleste et dans l'exemple de Christ. Les huit
premiers versets du chapitre 3 renferment divers préceptes sur la vie
domestique. Jusqu'à la fin du chapitre 4 viennent des exhortations générales
qui se rapportent à la position des chrétiens vis-à-vis d'un monde persécuteur.
Chapitre 5. La vie dans l'Église, et conclusion.
On a remarqué et exagéré plusieurs rapports qui se
trouvent entre les épîtres de Pierre et celles de Paul et de Jacques, mais il
n'y a rien là qui ne s'explique très naturellement, soit parce que dans leurs
citations les apôtres se servaient souvent des Septante, ce qui est impossible puisque la Septante parue seulement au 3ie siècle
avec Origène d’Alexandrie; soit parce qu'ils ont eu connaissance des
lettres les uns des autres; soit parce que ces hommes de Dieu, intimement liés
par une même foi, avaient eu fréquemment l'occasion de s'entretenir des mêmes
vérités.
L'authenticité de cette épître n'a guère été
contestée; la plupart des Pères la citent, la plupart des canons la renferment.
Les arguments intérieurs et extérieurs de De Wette, qui attaque presque toutes
les authenticités, ont ici encore moins de poids qu'ailleurs. Un passage obscur
du canon de Muratori, l'appui de Théodore de Mopsueste qui rejette toutes les
épîtres catholiques, celui des Pauliciens, sont les seuls témoignages que l'on
puisse invoquer; ils ne sont pas considérables.
Deux commentaires distingués, à citer entre plusieurs
autres, sur cette épître, sont celui de l'archevêque Leighton de Glasgow,
traduit et retouché en français par L. Bonnet, et celui de Steiger, en
allemand,
— Voir: aussi Blunt, Méditations.
i. 2e
Épître de saint Pierre. Adressée aux mêmes églises que la précédente, et dans
les derniers temps de la vie de l'apôtre, en 66 ou 67, cette lettre a pour but
de fortifier les chrétiens contre la tiédeur et le relâchement, contre les
attaques des faux docteurs et contre les doutes qui naissaient chez plusieurs,
de ce que le retour du Seigneur sur la terre n'avait pas encore eu lieu. Au 1er
chapitre l'apôtre exhorte, et confirme la vérité de l'Évangile. Dans le 2e, il
combat directement les faux docteurs, ou pour mieux dire, les faux chrétiens.
Dans le 3e, il parle de la venue de Christ, et exhorte les fidèles à ne pas se
laisser ébranler par des doutes à cause du retard de l'avènement de Christ. Il
y a comme une gradation dans cette épître; ce sont d'abord les doutes eu
général que l'apôtre combat, puis il attaque les faux docteurs qui, en flattant
la chair, usent d'un redoutable moyen de séduction en disposant l'âme à douter;
enfin il combat les doutes sur un point particulier.
— Cette lettre avait une valeur de circonstance;
l'apôtre parlait à ses contemporains d'une manière conforme à leurs besoins et
à leur position. Mais les maux et les périls contre lesquels il cherchait à
armer la foi des fidèles, sont ceux aussi qui ont ravagé l'Église de Christ
dans les siècles suivants, et ses exhortations ont quelque chose de
prophétique. Cette épître est donc pour l'Église un héritage précieux de
l'apôtre mourant; ce sont les dernières paroles d'un homme qui a été l'une des
colonnes de l'Église, de Pierre qui marche au martyre. S'il est triste que des
doutes se soient élevés sur la valeur de ce document, il faut se rappeler que
l'Apocalypse, qui renferme les paroles du Sauveur glorifié, n'a pas eu un
meilleur sort.
Si cette épître n'a pas été écrite par saint Pierre,
dont le nom est inscrit au premier verset, elle est l'ouvrage d'un imposteur;
il ne s'agit donc plus de savoir si elle a été écrite par l'un ou l'autre des
apôtres, mais si elle l'a été par Simon Pierre, ou par un faussaire. La
question est tout autre que celle que nous avons examinée au sujet de l'Épître
aux Hébreux; elle est de la dernière importance, mais on ne saurait ici la
traiter en détail, et nous devons nous borner à quelques observations et à
l'examen des faits principaux.
Il n'y a pas contre cette épître de témoignages
historiques directs, tels que serait celui d'un homme distingué, ou celui de
toute une Église. Personne n'a montré, ni dans les anciens temps, ni de nos
jours, qu'elle renfermât une doctrine ou même une expression contraire à la
vérité, tandis que les Pères de l'Église, en réfutant les écrits apocryphes de
leur temps, ne manquent jamais de relever ce qu'il y a de faux dans ces
compositions supposées. On remarque au contraire, dans toute l'épître, une
parole vraiment apostolique. Et cet argument, déjà fort en lui-même, le devient
davantage encore lorsqu'on réfléchit que si ce n'est pas un apôtre, c'est un
imposteur qui a dû parler ainsi, avec cette onction, cette pureté d'une âme
inspirée de Dieu. Un imposteur n'y aurait-il pas mêlé des erreurs, des hérésies
plus ou moins cachées, mais toujours apparentes. L'auteur de l'épître se donne
à connaître en plusieurs passages, 1:1,16; 3:1,2,15, de la manière la plus
claire, et l'analogie du langage entre la première et la deuxième épître de
Pierre, a toujours été remarquée,
— Voir: les Prolég, de Pott sur cette épître,
l'Introduction de Hug (traduction par Cellérier), et l'opuscule d'Olshausen,
Preuves de l'auth, des écrits du canon du Nouveau Testament, Hambourg 1832.
À ces arguments on oppose:
1. que
cette épître n'a été connue que tard, Eusèbe étant le plus ancien témoignage
direct, la Peschito ne comprenant pas cette épître, Origène et saint Jérôme
exprimant des doutes sur son authenticité. Mais des circonstances, à nous
connues ou inconnues, ont pu en empêcher la circulation; une publicité
retardée, voilà tout ce que l'on peut conclure de ce demi-silence: l'argument
tiré de la Peschito ne prouve pas plus contre 2 Pierre qu'il ne prouve contre
Jude, ni contre 2 et 3 Jean, épîtres qui ont peu circulé et que la version
syriaque n'a pas connues. Écrite peu avant la mort de Pierre, au milieu des
troubles de la persécution de Néron, à des églises de l'Orient, cette épître a
pu être pendant un temps cachée et oubliée: à sa réapparition elle a pu
rencontrer quelques doutes, parce qu'au milieu des nombreux écrits apocryphes
qui se publiaient sous le nom de Pierre, les églises se tenaient sur leurs
gardes pour n'être pas trompées. On peut voir d'ailleurs, par 1 Thessaloniciens
5:27, que la publicité donnée aux lettres des apôtres n'était pas une chose qui
allât sans dire, puisque saint Paul doit conjurer les anciens, au nom du
Seigneur, de faire lire sa lettre à tous les frères.
2. On
insiste sur la différence de style qu'on trouve entre les deux épîtres du même
apôtre. À cette différence on peut opposer au contraire beaucoup de
ressemblance, et l'objection se trouve contrebalancée. Mais, en outre, il faut
observer que le langage et le style ne peuvent pas porter un caractère très
prononcé dans une lettre qui n'est pas composée avec un soin rhétorique, écrite
quelques années plus tard, dans un autre endroit, en des circonstances fort
différentes, au milieu de la persécution, avec l'empressement et la hâte que
provoque toujours un danger imminent, dans une langue qui n'était pas la langue
maternelle de l'auteur. La différence de sujet doit surtout être prise en
considération; dans la première lettre on voit des exhortations douces et
paternelles pour engager les chrétiens à supporter patiemment les épreuves;
dans la deuxième, c'est un langage ferme contre les hommes qui corrompent le
christianisme. Olshausen ajoute que l'apôtre a peut-être dicté seulement les
idées de sa lettre, sans en dicter les expressions.
3. On
invoque contre l'authenticité les rapports intimes, et l'affinité remarquable
qui se trouvent entre le 2e chapitre de, notre épître, et l'Épître de Jude.
Cette dernière portant des caractères assez évidents de priorité, on se demande
s'il est possible et probable que Pierre ait fait un emprunt aussi considérable
aux écrits d'un autre apôtre. Il y a plusieurs réponses à faire à cette
objection. Olshausen d'abord ne craint pas de supposer, et cela se rapporte aux
deux épîtres de Pierre, que l'apôtre, âgé, et n'ayant pas beaucoup de facilité
pour s'exprimer en grec, aimait à se servir des phrases et des expressions
allant à son but qui pouvaient se trouver dans d'autres écrits, et cela
d'autant plus que le style chrétien grec était une chose toute nouvelle, qui
n'avait pris naissance qu'à une époque où l'apôtre était déjà avancé en âge, et
où le chemin frayé par saint Paul lui paraissait plus naturel à suivre. Ces
considérations peuvent avoir de la valeur, mais elle ne suffisent cependant pas
pour rendre compte de la connexion de forme et d'idées qu'il y a entre les deux
épîtres qui nous occupent. Il faut supposer qu'avant qu'elles fussent
composées, il y avait eu des rapports intimes soit entre les deux apôtres, soit
entre les lecteurs des deux épîtres, ou peut-être les deux choses ensemble.
Dans le premier cas, Pierre avait parlé à Jude et lui avait communiqué ses
idées avant que ce dernier eût composé son épître; Jude, en écrivant, a
développé les idées qui avaient fait le sujet de leurs entretiens, et Pierre,
en écrivant plus tard sa 2e épître, se sera servi pour rendre ses idées, des
expressions dont Jude les avait revêtues. Dans le second cas, Jude aurait écrit
une lettre qui aurait été mal reçue, et Pierre, écrivant aux mêmes lecteurs,
aurait indirectement soutenu l'autorité de Jude, en faisant passer dans sa
lettre le contenu de celle de son collègue. Et si l'affinité des deux épîtres
est le résultat d'une sympathie et d'une coopération apostolique et
fraternelle, on ne peut voir dans l'emprunt fait de l'un à l'autre, rien qui
soit indigne ni de l'activité, ni de l'humilité d'un apôtre: or cette
coopération non seulement est possible, mais elle est probable, entre des
apôtres qui avaient visité les mêmes Églises.
4. Enfin
l'on tourne contre Pierre lui-même les efforts qu'il fait pour se faire
reconnaître: mais cette preuve n'en est pas une. Vis à vis des faux docteurs et
des faux frères, il était nécessaire de faire valoir l'autorité apostolique, et
saint Paul dans des circonstances semblables n'agissait pas différemment, comme
on peut le voir par les Épîtres aux Corinthiens et aux Galates.
Telles sont les objections les plus importantes. Que
prouvent-elles? Que la composition de cette lettre et les circonstances qui
l'accompagnèrent ne sont pas bien connues, toute l'antiquité apostolique étant
voilée pour nous. Elles ne prouvent pas, comme rien ne prouvera, que l'écrit
d'un imposteur ait pris place dans le canon du Nouveau Testament.
j. Un
Évangile, un livre des Actes, et une Apocalypse apocryphes, ont été attribués à
saint Pierre; nous n'avons pas à nous en occuper.
________________________________________
PIERRES.
________________________________________
Elles abondaient en Palestine, et les Israélites les
employaient suivant leur grosseur, aux différents usages auxquels elles peuvent
servir: on en faisait des murailles, des bâtiments de luxe, des autels, des
meules à moudre le grain, des couteaux pour la circoncision, des portes pour
fermer l'ouverture des tombeaux, des puits, ou des cavernes; elles servaient
aussi, comme chez nous, pour marquer des limites (lapides terminales), et la
loi de Moïse défendait sévèrement de changer la place de ces frontières
artificielles (Deutéronome 19:14; 27:17; cf. Proverbes 22:28; Osée 5:10; Job
24:2) cf. Exode 4:25; Josué 5:2; 10:18,27; 1 Samuel 17:40; Genèse 29:2; 1 Rois
5:17; 6:7; 15:22; 2 Rois 12:12; 22:6; 1 Maccabées 13:27; Matthieu 27:60.
C'était aussi un usage particulier des anciens,
d'élever des pierres monumentales, destinées à conserver le souvenir
d'événements importants, sur la place même qui en avait été le témoin, Genèse
28:18; 35:14; Deutéronome 27:2; Josué 4:3,20; 24:26; 1 Samuel 7:12; cf.
Hérodote 4, 92; ce n'étaient le plus souvent que des pierres brutes,
ordinairement placées à l'ombre d'un chêne ou d'un térébinthe, et rarement
chargées d'une inscription, Deutéronome 27:2. Elles portaient différents noms
qui leur étaient donnés, soit au moment de leur érection, soit plus fard, Josué
15:6; 1 Samuel 7:12; 20:19; 1 Rois 1:9. Lorsqu'elles étaient consacrées à la
divinité, on les oignait d'huile, Genèse 28:18; 35:14; l'antiquité païenne
présente des exemples analogues, Théophr. Caract. 17 (ou 25). On appelait
béthulies (de Beth-El, maison de Dieu, Genèse 28:19), une espèce de
pierres-fétiches que l'on croyait tombées du ciel, et qu'on regardait comme des
images de la divinité, Pline 37, 51; à cette classe appartenaient des pierres
consacrées et conservées dans les temples syriens et phéniciens du soleil et
d'Astarté, comme aussi les pierres noires que les Mahométans adorent dans la
Kaaba de la Mecque. Des pierres étaient entassées aussi comme monument de
honte, sur les cadavres de grands criminels, Josué 7:26; 8:29; 2 Samuel 18:17,
et les Arabes ont conservé l'usage de jeter des pierres en passant, sur les
tombeaux des personnes qu'ils ont haïes ou méprisées. Certains jeux
gymnastiques consistaient chez les Hébreux, comme de nos jours encore chez un
grand nombre de peuples, dans le jet de pierres d'une plus ou moins grande
pesanteur. Quelques-uns voient dans le caillou blanc de Apocalypse 2:17, une
allusion à l'emploi de pierres blanches dans les tribunaux païens comme vote
d'acquittement; d'autres, comme Eichhorn, pensent à l'usage d'offrir aux
vainqueurs olympiques à leur entrée dans leur ville natale, une carte d'honneur
sur laquelle étaient écrits les avantages que la ville garantissait à son enfant
triomphateur; d'autres font un rapprochement entre ce caillou blanc, et l'Urim
et Thummim.
— Quant aux pierres milliaires,
— Voir: Villes.
Pierres précieuses. Les Hébreux, comme tous les
peuples de l'Asie, en faisaient un grand usage; elles étaient l'un des
ornements les plus importants et les plus recherchés de leurs rois, de leurs
sacrificateurs, et des principaux de la nation, Exode 28:17; 2 Samuel 12:30;
Ézéchiel 28:13; Judith 10:4; 12:15. On les enchâssait aussi dans des bagues,
Cantique 5:14. Les Hébreux les tiraient principalement de l'Arabie et de
l'Inde, par l'intermédiaire des Phéniciens qui avaient accaparé le commerce de
terre et de mer, Ézéchiel 27:22; 1 Rois 10:2: sous Salomon, ils les tiraient
directement eux-mêmes du pays d'Ophir, 1 Rois 10:11. L'art de les tailler et
d'y graver des lettres ou autres inscriptions, était fort estimé, et les Juifs
ont eu de bonne heure des hommes habiles dans ce genre de travail. Exode 35:33.
On trouve dix-sept ou dix-huit espèces de pierres précieuses mentionnées dans
la Bible, et un certain nombre d'entre elles réunies collectivement en
plusieurs passages, notamment, Ex, 28:17; 39:10; Ézéchiel 28:13; Apocalypse
21:19; sq. Nous avons parlé de chacune en son lieu et place; nous avons examiné
la signification probable que l'on doit donner aux termes hébreux par lesquels
elles sont désignées: il ne reste qu'aies rappeler ici:
1. la
sardoine;
2. la
topaze;
3. l'émeraude;
4. l'escarboucle;
5. le
saphir;
6. l'onyx;
7. l'hyacinthe
(ou ligure);
8. l'agate;
9. l'améthyste;
10. la
chrysolithe;
11. le
béryl;
12. le
jaspe;
13. et
#14...
14. le
rubis, q.v., dont deux espèces différentes sont mentionnées Ésaïe 54:12;
cf. Ézéchiel 27:16.;
15. la
chrysoprase;
16. la
chalcédoine;
17. le
sardonyx;
18. le
diamant.
Douze de ces pierres figuraient, enchâssées dans de
l'or, sur le pectoral du grand prêtre, douze dans les fondements rie la
nouvelle Jérusalem. Dans le passage d'Ézéchiel, 28:13, le prophète rappelle la
grandeur et la splendeur première du roi de Tyr, une splendeur qui rappelait la
gloire du paradis: «Tu as été scellé (parfait) en proportions, plein de sagesse
et parfait en beauté; lu as été (comme) en Éden, le jardin de Dieu; ta
couverture était de (toutes sortes de) pierres précieuses et d'or; tu as été un
chérubin», etc. Plusieurs auteurs, tels qu'Ewald, Züllig, Bellermann, ont voulu
voir dans ces pierres précieuses une allusion au pectoral du grand prêtre,
comme si le roi de Tyr en avait eu, ou avait prétendu en avoir la dignité; mais
outre que cette interprétation n'aurait pas de sens dans le contexte, il faut
remarquer d'abord que l'ordre dans lequel ces pierres sont nommées est tout
différent de celui du pectoral, qu'au lieu de douze pierres il n'y en a que
neuf, et que l'or y est joint comme un ornement spécial, tandis que dans le
pectoral il ne servait qu'à enchâsser les pierres précieuses: d'ailleurs
l'énumération des pierres n'eût pas été nécessaire, et l'idée que l'on veut y
voir eût mieux ressorti d'une indication plus générale. Il vaut donc mieux avec
Hævernick et Kœster, voir dans cette énumération la continuation de l'idée qui
précède, de la gloire d'Éden dont jouissait le roi de Tyr; l'or et les
pierreries appartenaient en effet aux magnificences du paradis, car si l'on
voit, Genèse 2:10-12, une description géographique, il faut cependant y ajouter
plus que cela; ces versets nous parlent du paradis comme d'une terre modèle qui
renfermait primitivement dans son enceinte tous ces trésors qu'on ne trouve
plus maintenant qu'épars dans les diverses contrées de la terre. On explique
mieux ainsi la gloire du roi de Tyr, le nombre des pierreries, la présence de
l'or, et l'ensemble de cette phrase qui nous peint l'orgueil suivi de
l'écrasement.
— On sait quel était et quel est encore le luxe en
pierreries des rois de l'Orient, et ce n'est pas une chose rare ou inouïe de
voir ces monarques donnant audience, tellement surchargés de joyaux de toutes
espèces, qu'on peut à peine distinguer les différentes parties des vêtements
ainsi déguisés.
________________________________________
PI-HAHIROTH
________________________________________
(passage de la liberté), campement des Israélites à
leur départ de l'Égypte; il était situé entre Migdol et la mer Rouge, Exode
14:2,9. Nombres 33:7; mais on ne peut déterminer davantage sa position. D'après
Shaw, il aurait été dans l'étroite vallée de Bédéah, à 5 milles de Suez;
d'après Pococke, il serait identique avec la ville d'Arsinoë ou Cléopatris. Si
Étham est le Bir-Suez actuel, comme le présume Bois-Aymé dans sa Description de
l'Égypte, VIII, 113, Pi-Hahiroth pourrait être le village de Hadjeroth, situé à
3 milles de là; en le faisant précéder de l'article pi, ce serait en effet
presque le même nom.
________________________________________
PILATE
________________________________________
(Ponce), que Théophylacte croit avoir été originaire
du Pont, à cause de son nom de Pontius, que d'autres font natif du Dauphiné,
d'autres enfin de Rome, ou au moins de l'Italie, fut, selon les uns, le
cinquième, selon d'autres, le sixième procurateur de la Judée; il succéda à
Valérius Gratus vers l'an 25 ou 26 de l'ère chrétienne, gouverna pendant dix
ans sous le règne de Tibère, donna, par des mesures arbitraires et violentes,
naissance à plusieurs émeutes des Juifs, qui crurent voir leur religion menacée
(Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 18, 3, 1; 4, 1. Guerre des Juifs 2, 9;
2), fit massacrer un grand nombre de Samaritains dans le village de Tirabata, à
l'occasion d'un rassemblement du peuple qui, sous la conduite d'un imposteur,
se disposait à monter sur le Guérizim pour y chercher des trésors enfouis;
accusé devant Vitellius, gouverneur de la Syrie, il fut suspendu de ses
fonctions et envoyé à Rome pour y rendre compte de sa conduite à l'empereur; il
n'y arriva qu'après la mort de Tibère, qui eut lieu le 16 mars de l'an 37. Dès
lors on n'a rien de certain sur la fin de sa vie; quelques traditions douteuses
portent qu'il fut envoyé en exil à Vienne, dans les Gaules, et qu'il s'y donna
la mort en se précipitant; d'autres, plus incertaines encore, disent qu'il fut
décapité sous Néron; d'autres enfin portent qu'il se jeta dans un petit lac de
la Suisse, situé sur la montagne à laquelle il a donné son nom.
Parmi les cruautés qui lui furent reprochées,
l'Évangile n'en rapporte, qu'une seule, Luc 13:1, la mort de quelques Galiléens
dont il mêla le sang avec leurs sacrifices. Fut-ce un massacre ou un supplice?
Les termes dont se sert l'historien sacré favorisent plutôt la première
supposition; mais ils sont trop vagues pour pouvoir suppléer au silence de
l'histoire contemporaine, et ils ne peuvent se rapporter ni à l'émeute suscitée
par Judas Gaulonite, qui enseignait que les Juifs ne devaient pas payer le
tribut à des princes étrangers, ni à celle que fit naître Pilate par son projet
de construire un aqueduc aux dépens du trésor du temple, ni au rassemblement de
Guérizim, qui n'eut lieu qu'après la mort de Jésus. Pilate fit tuer des
Galiléens dans le temple pendant qu'ils sacrifiaient, c'est tout ce que nous
apprend l'énergique et belle expression de saint Luc; mais cet acte de violence
s'est perdu au milieu de toutes les autres iniquités de Pilate, dont
l'administration, souvent brutale et tracassière, a continuellement troublé le
repos de la Judée, mais a pu se justifier parfois en présence des préjugés et
de l'esprit opiniâtre et irritable de la nation qu'il gouvernait. Du reste, il
n'a rien fait de grand, et son nom serait resté obscur comme celui de tant
d'autres personnages, sans le rôle qu'il a joué dans l'histoire de la passion
de notre Seigneur. Il habitait Césarée, mais selon l'habitude des magistrats
romains résidant en Palestine, de se rendre à Jérusalem aux époques des fêtes
solennelles, soit pour surveiller les mouvements populaires, soit pour se
procurer le spectacle de ces solennités, soit simplement pour faire acte de
présence, il s'était rendu à Jérusalem pour la fête de Pâque. Il se trouvait au
prétoire au moment ou les sacrificateurs et les anciens, craignant d'entrer
dans sa demeure, lui amenaient Jésus: il sortit au-devant d'eux, leur demanda
quel était le crime de l'accusé, et ne reçut qu'une réponse évasive: il ne s'en
contenta pas, et les anciens, obligés de formuler une accusation, l'accusèrent
d'avoir affecté la royauté, Luc 23, Jean 18, Matthieu 27, Marc 15; les
questions de Pilate à Jésus sur la nature de sa royauté convainquirent le juge
de l'innocence du prévenu, et comme celui-ci ajoutait: Quiconque est de la
vérité entend ma voix, Pilate lui adressa encore cette question pleine
d'indifférence et de mépris: Qu'est-ce que la vérité? et sans attendre la
réponse il revint auprès des Juifs et leur dit: Je ne trouve, aucun crime en
lui. Les Juifs insistèrent de nouveau sur l'accusation de sédition et de crime
de lèse-majesté; mais Jésus refusa par deux fois de répondre à Pilate sur ce
point. Un mot échappé à l'impatience des Juifs apprit à Pilate que Jésus était
Galiléen, et quoique rien ne l'empêchât de poursuivre cette affaire, il résolut
de la renvoyer à Hérode, soit pour s'en débarrasser, ou pour traîner en
longueur, soit pour renouer avec le tétrarque de la Galilée des relations qui
avaient été interrompues ensuite peut-être du massacre des Galiléens; les deux
ennemis se réconcilièrent; mais Hérode renvoya Jésus devant le tribunal de
Pilate. Fort de l'opinion d'Hérode qui confirmait la sienne, il le déclare
derechef innocent, et propose aux Juifs de le faire fouetter; il l'absout et il
le condamne tout ensemble, et par cette concession faite aux Juifs, il leur
prouve que sa conscience de juge a ployé devant les cris de leur multitude, et
les autorise à pousser leurs prétentions jusqu'au bout. Sa faiblesse fait la
force des ennemis du Seigneur.
Cette offre est rejetée, et les historiens sacrés
passent sans transition au choix que Pilate propose à la multitude de leur
relâcher Jésus ou Barrabas, Matthieu 27:15; Marc 15:6; Luc 23:17; Jean 18:39.
Il est évident que dans l'intervalle, effrayé des cris et des menaces d'un
peuple qui l'appelle ennemi de César s'il fait grâce à Jésus, Pilate a cédé, ou
paru céder; mais il tente un nouvel expédient, illusoire à la vérité, pour
procurer la libération de l'innocent; il propose au peuple d'exercer son droit
de grâce annuel en faveur de cet homme dont tant de voix réclament le supplice;
il espère peut-être donner une direction nouvelle aux pensées de quelques-uns,
du courage aux amis de l'accusé qui, n'osant le défendre ouvertement,
appuieraient sans crainte une mesure d'indulgence, du temps à d'autres de
venir, car évidemment il a dû y avoir un intervalle entre la proposition de
grâce et l'espèce de votation qui devait suivre, attendu que les personnes qui
étaient appelées à se prononcer sur ce point n'étaient pas nécessairement
toutes présentes. Mais les cris: Ôte, ôte, crucifie! redoublent avec plus de
force encore. En ce moment, l'épouse de Pilate, Procla, ou Claudia Procula, lui
fait dire de ne point prendre de part à la condamnation de ce juste, car,
dit-elle, j'ai beaucoup souffert aujourd'hui à son sujet dans mes songes,
Matthieu 27:19. Cet avis était trop d'accord avec les sentiments de Pilate pour
qu'il le rejetât; il lutte encore contre la foule; par deux fois il réitère sa
conviction qu'aucune charge ne s'élève contre le prévenu, il demande des
preuves de son crime. On n'y répond que par de nouveaux cris. Las de cette
lutte, il fait fouetter Jésus, espérant satisfaire ainsi à la soif de sang de
cotte multitude sauvage; il reparaît après l'exécution, il voit Jésus couvert
de sang et des insignes de la royauté, il le montre à la multitude, et répète
qu'il n'a trouvé aucun crime en lui. Ce spectacle sanglant porte ses fruits; le
peuple se tait: les sacrificateurs seuls et leurs employés recommencent leurs
vociférations, et comme Pilate indigné s'écrie: Prenez-le vous-mêmes et le
crucifiez, ils persistent à vouloir couvrir leur responsabilité de celle de la
juridiction romaine, et ils articulent un nouveau sujet de plainte: d'après
notre loi il doit mourir, car il s'est fait fils de Dieu, cf. Deutéronome 13:5;
18:20.
C'était en effet là leur grief, le grief du sanhédrin,
mais ce ne pouvait en être un devant une cour romaine: s'ils le formulent, ce
n'est plus pour demander à Pilate un jugement politique, c'est pour vaincre sa
résistance, et réduire son rôle à la confirmation d'un jugement ecclésiastique
déjà rendu par l'autorité compétente. À ce nom de fils de Dieu, qui rappelle au
préteur païen les enseignements de sa mythologie, des pensées se présentent,
des souvenirs se réveillent peut-être dans l'esprit de Pilate: il avait
remarqué la tenue calme et extraordinaire du prévenu, et le songe de sa femme
se joignant à la déclaration des Juifs, il put croire qu'il y avait en effet
quelque chose de surnaturel en Jésus, un demi-dieu peut-être; on sait combien
la superstition s'allie facilement à l'irréligion, et chez les plus grands des
Romains, les deux choses souvent n'en faisaient qu'une. Pilate croit que Jésus
hésite à s'expliquer en public; il va l'interroger en particulier dans le
prétoire; d'où es-tu? lui dit-il. Pilate savait qu'il était de Galilée, cette
question ne pouvait donc se rapporter ni à sa ville, ni à sa patrie; elle se
rapportait à sa naissance, à sa famille, et nous ne pouvons mieux la comprendre
qu'en nous rappelant ces paroles de Jésus: Vous savez d'où je suis, Jean 7:28.
Es-tu vraiment un homme du ciel, comme tant de choses semblent l'indiquer? Tel
est le sens de ces paroles de Pilate, et il faut que l'impression que l'accusé
avait faite sur son juge ait été bien vive et bien profonde pour amener
celui-ci à croire à la possibilité d'une origine divine. Toutefois cette
impression n'était ni sérieuse, ni religieuse, et la preuve s'en trouve, ce
nous semble, dans le silence du Seigneur; il eut répondu à une âme angoissée et
consciencieuse; il ne répondit pas à Pilate, et comme celui-ci voulut essayer
de la menace, car il ne voyait déjà plus un demi-dieu dans cet homme qui se
cachait, Jésus lui répondit, à la fois pour rabattre son orgueil, et pour
l'absoudre d'une portion du crime qu'il allait commettre: «Tu n'aurais aucun
pouvoir sur moi s'il ne t'était donné d'en-haut; c'est pourquoi celui qui m'a
livré entre tes mains a commis un plus grand péché que toi;» paroles qui
évidemment ne se rapportent ni à la puissance impériale de Tibère, ni à celle
de Vitellius, gouverneur de la Syrie, mais d'un côté à Dieu qui a établi Pilate
dans sa charge, de l'autre aux Juifs qui lui ont livré le Sauveur. Il semble
que Pilate ait conservé de cet entretien particulier une impression toujours
plus favorable à Jésus, car il fit de nouveaux efforts pour le délivrer, Jean
19:12. Mais les ennemis du juste redoublent leurs cris: Si lu délivres cet
homme, tu n'es point ami de César! triste et perfide refrain qui devait
ébranler un homme dans un temps où l'on était coupable dès qu'on était suspect
(cf. Tacit. Annal. 3, 28). Il essaie de montrer encore aux Juifs l'absurdité de
leur accusation; par un mouvement d'humeur personnelle, par une ironie dirigée
contre les Juifs, et non contre la victime, il fait monter Jésus près de son
siège judicial, sur un endroit élevé, et s'écrie: Voilà votre roi! Voilà cet
homme que vous accusez de conspirer! Crucifierai-je votre roi? Mais le sort en
est jeté. Pilate va livrer l'innocent au bourreau pour plaire à une foule
fanatisée, pour sauver une réputation qu'une accusai ion pourrait compromettre,
peut-être pour en finir. Mais auparavant il se fait apposer un bassin, se lave
les mains solennellement devant tous, et dit: Je suis innocent du sang de ce
juste, vous y aviserez. La foule accepte la responsabilité de son crime; mais
Pilate n'a pu se décharger de la sienne, et ses mains lavées d'eau n'en sont
pas moins restées tachées de sang, Matthieu 27:24. Se condamnant lui-même en
condamnant les sacrificateurs, il pousse ses protestations jusqu'au bout, et
fait placer sur le haut de la croix un écriteau qui, devant porter, selon l'usage,
le nom et le crime du condamné, ne renfermait que ces mots écrits en trois
langues: Jésus Nazaréen, roi des Juifs. C'était dire assez qu'il était condamné
sans cause, que rien de sérieux n'avait pu lui être reproché, qu'au milieu de
tant de cris et de murmures il n'avait pas été, possible de produire une charge
positive contre lui, et qu'au point de vue romain, c'était la seule accusation
un peu plausible qui pût justifier cette exécution. C'était aussi une ironie
contre les sacrificateurs, et, lorsque ceux-ci réclamèrent contre la rédaction
de l'écriteau, Pilate qui, d'ailleurs, n'aurait rien pu y changer, leur fit
répondre, san., doute avec humeur: Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit. Il permit
ensuite, afin que les corps ne restassent pas exposés le jour du sabbat. Jean
19:31; cf. Deutéronome 21:23, que les soldats abrégeassent le supplice des
condamnés en leur brisant les membres; mais Jésus avait déjà fini de souffrir.
Peu de moments après, comme Joseph d'Arimathée venait
demander le corps de Jésus pour l'ensevelir, Pilate fit venir le centenier pour
s'assurer si Jésus était, en effet, déjà mort; sur sa réponse, il accéda à la
demande de Joseph. Le lendemain, Matthieu 27:62, quelques membres du Sanhédrin
demandèrent encore à Pilate de faire garder le sépulcre jusqu'au troisième
jour, de peur, dirent-ils, que ses disciples ne viennent de nuit enlever le
corps, et ne disent au peuple: Il est ressuscité des morts; car cette dernière
imposture serait pire que la première. Peu importait à Pilate; qu'était-ce que
la vérité pour lui! Vous avez la garde du temple, dit-il, allez, et assurez le
sépulcre comme vous l'entendrez. Ici s'arrête son histoire; son nom est rappelé
Actes 3:13; 4:27; 13:28; 1 Timothée 6:13. Le caractère de Pilate ressort de
tous ces faits assez nettement dessiné, et cependant il a été l'objet des
jugements les plus contradictoires. Les Juifs qu'il avait opprimés, les
chrétiens dont il avait livré le chef, l'exécrèrent, et dans la passion
manquèrent de justice à son égard: en revanche, quelques modernes ont voulu le
réhabiliter plus qu'il n'est possible et juste de le faire. Il est évident
qu'il a regardé Jésus comme innocent, qu'il a vu en lui une déplorable victime
du fanatisme juif, et qu'il a désiré de le sauver; il est impossible d'ailleurs
qu'il n'ait rien su, avant cette époque, de la douce et charitable activité du
ministère de Jésus, et si dans son point de vue il n'a pas fait grand cas de
ses miracles, il aura pu avoir une conviction pleine et entière du peu de
danger politique que présentait l'existence de cet homme. Mais il manquait en
général de fermeté dans son caractère, car l'opiniâtreté qu'il montrait
quelquefois n'est que la force de la faiblesse: les Constitutions apostoliques,
5:14, lui reprochent même la lâcheté. Il manquait de fermeté pour le bien, et
les menaces des Juifs frappaient peut-être d'autant plus fort que sa conscience
n'était pas entièrement à l'aise. Un grand combat, l'a agité pendant la courte
durée de cette inique procédure, et la cruauté a chez lui triomphé de la
justice. Son mot fameux: Qu'est-ce que la vérité? si éloquemment commenté par
M. le professeur Vinet, peint son caractère tout entier: il a eu la vérité
entre ses mains, et il l'a sacrifiée. Jésus avait d'ailleurs répondu à cette
question clans sa prière sacerdotale: Ta parole est la vérité.
— Il est probable que Pilate a adressé à Tibère un
rapport détaillé sur la vie et la mort de Jésus; Justin Martyr, Tertullien,
Eusèbe, et Orose en parlent, et pendant longtemps des Actes de Pilate,
peut-être authentiques, circulèrent parmi les premiers chrétiens: les écrits et
lettres que l'on montre maintenant sous ce nom, sont de fabrique postérieure.
Les commentaires d'Olshausen et de Tholuck, renferment sur le caractère et la
conduite de Pilate de riches et bonnes observations, ainsi que des explications
sur les difficultés que présentent plusieurs des questions qu'il fit aux Juifs
ou à Jésus.
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PILLAGE.
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Comme les Bédouins du désert qui trouvent de nos jours
encore dans le dépouillement des voyageurs et des caravanes leur principale
subsistance, et qui ne se croient pas plus déshonorés par leurs brigandages que
ne l'étaient les chevaliers du moyen âge par leurs aventureux exploits, leurs
ancêtres les Ismaélites, et les Caldéens leurs voisins, cherchaient dans le
pillage leur vie et leur gloire, Genèse 16:12; Job 1:17. Il paraît même que
quelques hordes nomades d'Israélites s'abandonnèrent à des brigandages
analogues pendant l'époque des juges, Juges 9:25; 11:3; cf. 1 Chroniques 7:21;
et plusieurs invasions des Philistins, des Hamalécites, etc., ne furent, à vrai
dire, que des incursions de brigandage et de pillage, 1 Samuel 23:1; 27:8-9. Le
vol ouvert était rare chez les Hébreux, en raison de la constitution agraire du
pays, et les images que leurs prophètes et leurs sages tirent de ce crime
contre la société, Proverbes 23:28, sont généralement empruntées aux mœurs des
nations voisines. Mais après l'exil, particulièrement sous l'oppressive
domination des Romains et en suite des guerres presque continuelles dont l'Asie
Mineure fut le théâtre, les bandes de brigands prirent un essor que ne
favorisèrent que trop les cavernes et les fentes de rochers si nombreuses dans
la Palestine, et dans la Trachonite qui la bordait au nord-est; tellement
qu'Hérode et les procurateurs furent souvent contraints d'envoyer des troupes
armées à la rencontre ou à la recherche de ces pillards, à moins, comme il
arrivait quelquefois, qu'ils ne préférassent les laisser tranquilles, moyennant
une espèce de tribut ou de redevance annuelle, Flavius Josèphe Antiquités
Judaïques 20, 6, 1; 20, 9, 9. Le désert qui sépare Jérusalem de Jérico était
surtout mal famé à cet égard; la route le traversait, mais en longeant dans sa
plus grande partie, une vallée profonde, effrayante, crevassée, caverneuse et
bordée des deux côtés de hauteurs de grès arides et déchirées, propres à servir
de retraites aux brigands dont elles étaient remplies, cf. Luc 10:30. Même
pendant le dernier siège de Jérusalem, cette malheureuse ville fut la victime
de bandes intérieures qui pillèrent souvent impunément les maisons et les
édifices publics;
— Voir: Theudas.
— Kœster a cru dernièrement trouver dans une
explication particulière de Job 24:18, une allusion à la piraterie.
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PIN,
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— Voir: Buis, et Orme.
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PISGA,
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plateau, Nombres 23:14. Deutéronome 3:27, et chaîne de
montagnes, qui se détache du plateau de Galaad, et borde la vallée du Jourdain
et de la mer Morte, à l'orient de la Palestine, Deutéronome 3:17; Josué 12:3.
Le Pisga, situé au nord de l'Arnon, formait la frontière méridionale du royaume
de Sihon, Josué 12:3, qui fut plus tard la tribu de Ruben, Josué 13:20. Le
Nébo, situé à 5 lieues au nord de l'Arnon, en était la cime principale,
— Voir: Nébo #1.
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PISIDIE,
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province de l'Asie Mineure, touchant à la Pamphylie,
et comprenant, dans son territoire, la ville d'Antioche, q.v., Actes 13:14;
14:24. Son nom n'appartenait pas à la statistique, et les limites de la
Pisidie, du côté de la Pamphylie, ne peuvent être déterminées avec précision.
Le peuple libre et courageux des Pisidiens, que les Perses essayèrent vainement
de soumettre, habitait le penchant du mont Taurus, au nord de la Cilicie et des
côtes de la Pamphylie; il conserva son indépendance sous Alexandre et ses
successeurs, et fit de fréquentes et dévastatrices irruptions sur les habitants
des plaines. Avec la chute du royaume de Syrie, ils quittèrent leurs hauteurs,
se répandirent dans les plaines environnantes, s'emparèrent de plusieurs
villes, notamment d'Antioche, et fondèrent, au sein de leur république, de
petits états gouvernés par des tyrans. Les Romains, dans les armées desquels
ils apparaissent souvent comme alliés militaires, ne réussirent pas non plus à
les soumettre, mais ils leur prirent Antioche, où ils fondèrent une colonie de
droit italique, et d'autres villes dans la plaine.
— Quoique montueuse, la Pisidie (maintenant Versak et
Alanieh) avait cependant des cantons fertiles. On y trouvait, au dire de
Strabon, quelques montagnes couvertes d'oliviers et de vignobles,
principalement aux environs de la ville de Serge. Le pays nourrit une grande
quantité de bestiaux. On y voit de belles forêts. Le storax, petit arbre
odoriférant et à tige droite, y vient très bien; son bois sert à faire des javelots
qui acquièrent la dureté de la corne. Il s'engendre, dans le corps de l'arbre,
un ver qui ronge jusqu'à l'écorce; la sciure qui en tombe, s'amassant au pied
de l'arbre, et se mêlant au suc gommeux qui en distille et se coagule,
s'amalgame avec la terre qu'elle entraîne; la résine qui reste sur le tronc se
congèle dans le corps de l'arbre; mêlée avec la terre et la sciure, cette gomme
est plus odoriférante, mais elle perd une partie de ses autres qualités
(Strabon). Ptolémée joint la Pisidie tantôt à la Galatie, tantôt à la
Pamphylie.
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PISTACHE.
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C'est ainsi que le perse et le samaritain, ainsi que
plusieurs auteurs modernes, notamment Winer, traduisent l'hébreu bot'nim, Genèse
43:11, que nos versions ont rendu par dattes, q.v. La plupart et les meilleurs
des anciens interprètes l'entendent des fruits du térébinthe, mais ces fruits
sont à peine mangeables; la confusion peut s'expliquer par la grande
ressemblance du térébinthe avec le pistachier; les deux arbres appartiennent au
même genre dans le système de Linnée (Pentandrie). Le pistachier croît en
Palestine, en Syrie, en Perse; on ne le trouve pas en Égypte (ce qui ajoute une
présomption de plus en faveur de cette traduction dans le passage cité de la
Genèse); ses feuilles, d'un vert sale, sont inégalement ailées, opposées, et
composées de folioles ovées et recourbées; les fleurs sont blanchâtres et
réunies en grappes à l'extrémité des branches; les noix mûrissent en octobre;
elles sont allongées, de la grosseur d'une noisette; la coque, d'un blanc
rougeâtre ou couleur chair, est odorante; l'amande est verte, revêtue d'une
peau rouge, huileuse, très agréable au goût, très saine à l'estomac; elle était
fort recherchée des Orientaux, qui la recommandaient même comme un remède
contre les morsures des serpents, Pline 13, 40; 23, 78. Le tronc a de 4 à 7
mètres de haut, mais n'est pas particulièrement fort.
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PITHOM,
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Exode 1:11, ville forte d'Égypte, à la construction de
laquelle les Israélites esclaves furent appelés à travailler. On pense que
c'est la ville de Patumos dont parle Hérodote, 2, 158, et qu'il place sur le
canal que les rois Néco et Darius avaient fait creuser pour joindre la mer
Rouge au Nil, et par là à la Méditerranée. Le nom de Pithom signifierait,
d'après Jablonsky, celle qui est enfermée, c'est-à-dire la ville forte.
D'autres, comme le traducteur copte, ont pris cette ville pour Héroopolis;
d'autres enfin, Marsham, pour Péluse ou Damiette.
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PLAINES.
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La Palestine étant une contrée montagneuse n'offre que
peu de plaines véritablement dignes de ce nom. Les Hébreux avaient trois mots
pour désigner les plaines, suivant la nature de leur sol, leur étendue, leur
conformation, leur entourage, etc. Harabah désignait, en général, une surface
rase, ardue, et non cultivée, ce que nous appellerions presque un désert;
mishôr une plaine, un plateau, fertile ou non, plutôt fertile cependant, et qui
n'est terminé nulle part par des montagnes; hémèk, une plaine élevée, bornée
par des montagnes, une large vallée, formant une espèce d'arrêt au milieu des
montagnes. Les principales plaines que présente la Palestine sont, en allant du
nord au sud:
a. Celle
de Jizréhel ou d'Esdraelon (hémèk), qui partage le pays de la baie de Ptolémaïs
jusqu'au Jourdain, et sépare les montagnes de la Galilée de celles d'Éphraïm;
elle était bien arrosée et riche en gras pâturages,
— Voir: Jizréhel.
b. Les
côtes de la Méditerranée depuis le mont Carmel jusqu'au fleuve d'Égypte; elles
portaient jusqu'à Joppe le nom de plaine de Saron, et, depuis là, celui de
Sephélah.
— Voir: ces articles.
Cette partie méridionale communiquait avec les plaines
de Juda.
c. La
plaine du Jourdain, les deux rives de ce fleuve depuis le lac de Génésareth
jusqu'à la mer Morte; près de Jérico cette plaine s'élargit, et prend le nom de
harabah de Jérico, désert de Jérico, Josué 4:13; 5:10; 2 Rois 25:5; Jérémie
39:5, comme aussi la mer Morte s'appelle, à cause de cela, la mer du Désert,
Deutéronome 3:17; 4:49.
d. Le
plateau (mishôr) de Ruben, sur lequel se trouvaient les villes de Bézer et de
Médébah, Josué 13:16; 20:8; Deutéronome 4:43; il appartient au grand, mais
stérile plateau qui porte aujourd'hui le nom de Belka.
— Les plaines de Moab tombent en dehors du territoire
d'Israël; d'autres plaines encaissées dans des montagnes seront indiquées à
l'article Vallées.
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PLATANE,
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— Voir: Châtaignier.
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PLOMB,
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— Voir: Métaux.
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PLONGEON,
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Lévitique 11:17,
— Voir: Cormoran.
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PLUIE,
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— Voir: Température.
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POÊLE,
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2 Samuel 13:9, instrumenta frire, dont la forme nous
est inconnue, mais qui ne peut avoir été essentiellement différent des
ustensiles de même nom dont on se sert dans nos cuisines; elle était d'airain,
si l'on en juge par son étymologie (massreth).
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POÉSIE, Poêles.
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Il est peu de sujets sur lesquels on ait plus écrit
que celui de la poésie des Hébreux. Depuis les temps anciens jusqu'à nos jours,
on a écrit les volumes sur la métrique, le rythme et la musique de ces chants;
on les a considérés dans le fond et dans la forme, dans leur contenu et dans la
diction; on a recherché la pensée et son enveloppe; on a distingué les genres
de poésie, et l'on a pesé es phrases, les mots, les syllabes, les lettres. Les
poètes et les commentateurs ont consacré, les uns leurs talents, les autres
leurs travaux, à pénétrer bien des mystères, à signaler bien des beautés. Et
cet ensemble de travaux qui pourrait faire croire soit à des découvertes
intéressantes, soit à une grande difficulté de la matière, n'a à peu près rien
produit, rien expliqué de ce qui eût dû être expliqué.
Ce que l'on connaît généralement sous le nom de poésie
des Hébreux se réduit pour nous au contenu des livres poétiques de l'Ancien
Testament; si nous les divisons d'après les formes de notre esthétique, nous y
trouvons des écrits didactiques et des poésies lyriques, les premiers
s'adressant davantage à la réflexion, les autres au sentiment, au cœur.
Quelques critiques, anciens ou modernes, ont voulu voir dans le livre de Job,
et dans le Cantique des Cantiques, une troisième forme de poésie, un germe de
poésie épique ou dramatique; mais ce point de vue, qui embrassait même le
Pentateuque, ne résiste pas à l'examen, et, réfuté depuis longtemps, il est
presque généralement abandonné.
— Plusieurs oracles des prophètes sont un mélange de
poésie lyrique et de poésie didactique, comme aussi dans les écrits à
proprement parler didactiques, on trouve par intervalles des fragments purement
lyriques.
La poésie a été chez les Hébreux ce qu'eue a été chez
tous les peuples du monde; elle a pris naissance dans de profondes et vives
impressions, et s'est manifestée d'abord sous la forme qui exprime le mieux les
émotions de l'âme, sous la forme lyrique; dans le principe, elle s'unissait
presque toujours à la musique, peut être même à la danse, Juges 16:25; 1 Samuel
18:6. De grands événements nationaux, de grandes victoires, de grandes
délivrances, turent les premiers sujets de ses chants, et comme au point de vue
des Hébreux fidèles, toutes choses procédaient immédiatement de Dieu, la poésie
lyrique prit dès son origine une couleur théocratique, elle eut une tendance
éminemment religieuse, et avec elle cet élan, cette hauteur, cette grandeur
saisissante qui la caractérise. Il semble que des femmes surtout furent dès les
premiers temps remplies de cet esprit lyrique; nous les voyons, en effet, se
produire au milieu du peuple avec tout t'enthousiasme de l'inspiration, Exode
15:20; Juges 5:1; 11:34; 21:21; 1 Samuel 18:7; Psaumes 68:25. La poésie lyrique
atteignit sa plus haute perfection sous David, ce grand maître en qui elle se
personnifia pour ainsi dire, et qui ne fut sans doute pas sous l'influence des
écoles de prophètes autant qu'on a voulu le croire; il l'introduisit avec toute
sa grandeur et sa pompe clans le sanctuaire national, où elle devint un des
ornements les plus beaux et les plus .bénis du culte public. Après David, il
paraît que les prophètes et les lévites continuèrent seuls de la cultiver,
— Voir: Coré;
mais ils le firent dans le même esprit que leur
maître, et avec le même succès, la même force et la même fraîcheur, jusqu'aux
temps qui suivirent l'exil, quoique l'on remarque parmi les grands chantres de
cette époque, ces traces de fatigue ou d'épuisement qui accompagnent toujours
la décomposition d'une nationalité, l'épuisement d'un pays qui va mourir.'On ne
saurait déterminer jusqu'à quel point la poésie lyrique fut appliquée par les
Hébreux à des sujets profanes, à chanter l'amour, la joie ou l'amitié; il n'est
pas même établi qu'elle ait jamais perdu son caractère purement religieux, et
Winer, qui insiste sur l'existence d'une poésie profane lyrique des Hébreux, ne
nous parait pas avoir prouvé que Tholuck, en la niant, soit aveuglé par une
«pédantesque partialité.» Les passages qu'il cite, Ésaïe 9:2; Jérémie 7:34;
25:10; 48:33; Amos 6:5; ne prouvent pas nécessairement ce qu'il croit y voir.
Le recueil des poésies appartenant au genre lyrique
comprend:
a. Des
chants et des hymnes adressés à Dieu, soit comme dominateur du monde, Psaumes 8
et 104, soit comme chef de la nation, Psaumes 47, 66, 67 et 75, soit comme
providence particulière par rapporta quelques événements de l'histoire
nationale, Psaumes 46, 48, 75, etc. Un grand nombre de ces chants étaient
spécialement affectés au culte public, Psaumes 15:24; 68:81, etc., et l'on a
cru pouvoir distinguer, dans plusieurs, des chœurs et des voix seules
s'entre-répondant; le psaume 118 serait à cet égard l'exemple le plus frappant,
et les divers essais qui ont été faits pour retrouver la suite et le caractère
des interlocuteurs (notamment le Cantique de la Victoire, de M. Bost), montrent
que c'est un travail à la fois facile, intéressant, utile et instructif. Il
faut se rappeler, d'ailleurs, que les psaumes se chantaient ordinairement par
le maître-chantre, et que les chœurs, généralement parlant, n'intervenaient que
pour certains répons, comme cela se voit encore dans les synagogues, et comme
pour les prières on en trouve aussi des exemples dans les Églises romaine et
épiscopale.
b. Des
complaintes, élégies, et lamentations, ayant pour objet les malheurs des
individus, ou ceux de la nation, quelque fois l'un et l'autre ensemble, cf. 2
Samuel 1, Lamentations 1-5,; Psaumes 7, 44, 50, 102, 109, etc. Le recueil des
Psaumes peut-être considéré comme une anthologie de la poésie lyrique des
Hébreux; il renferme des morceaux des deux genres que nous venons d'indiquer.
On a voulu voir la trace d'un troisième genre dans
c. Le
Cantique des Cantiques; les rationalistes en ont conclu à l'existence d'une
poésie érotique chez les Hébreux, et Winer répète ici l'un de ses mots favoris,
c'est que la pédanterie dogmatique ou historique peut seule ne pas admirer dans
ce cantique un chant d'amour empreint de toute l'ardeur des passions de
l'Orient.
Quant à la poésie didactique, elle paraît avoir pris
naissance dans les proverbes, les dictons populaires, les sentences profondes,
les énigmes; on a toujours remarqué, en effet, que ces résumés de la sagesse
universelle affectaient volontiers une forme figurée et un certain rythme qui
les fissent ressortir dans la mémoire et dans l'imagination, et nulle part
cette sagesse populaire n'est plus riche, plus ancienne, plus profonde que dans
l'Orient. Le livre de Job est la plus ancienne apparition de ce genre de
poésie; des sages s'entretiennent comme dans le Makemath des Arabes; leurs
paroles ne s'élèvent pas toujours fort haut, mais la conclusion du livre est
l'expression d'une sagesse, peut-être peu étendue, mais sûre, morale, et ferme.
Salomon forme une seconde époque, 1 Rois 10; ses Proverbes réunis en recueil,
avec les sentences de quelques autres sages, l'Ecclésiaste, et un certain
nombre de Psaumes, sont ce qu'il y a de plus caractéristique en ce genre dans
la poésie hébraïque, Psaumes 1, 133, 32, 50, etc.; on trouve quelquefois aussi
dans les prophètes quelques oracles émis en forme de sentences, ou de
paraboles, 2 Samuel 12:1-4. Ésaïe 5:1-6. Les discours de Jésus portent presque
tous le même caractère, et montrent combien ce genre était encore conforme à
l'esprit des Juifs e son temps. Et l'on n'a pas de peine à comprendre que
lorsque la poésie venait donner une forme vivante, brillante, à des pensées
déjà fortes en elles-mêmes, pleines dans leur brièveté, sublimes dans leur
simplicité, elles exaltassent l'enthousiasme religieux, et produisissent des
impressions tout à la fois rapides et durables, sur le génie des Hébreux.
On s'est donné beaucoup de peine pour découvrir dans
la poésie hébraïque un mètre, des pieds, des vers, une rime, un rythme
quelconque, mais tous ces efforts ont échoué; d'une part, parce que la
véritable prononciation de la langue est perdue, parce que nous n'avons plus
que des données incomplètes, souvent inexactes, sur les sons, la ponctuation,
et la longueur des voyelles; de l'autre, parce que ces ornements de la poésie
profane ancienne et moderne, paraissent avoir en effet manqué aux règles de la
poésie des Hébreux. Ce qui la distingue en effet de la prose, c'est ce qu'on
est convenu d'appeler le parallélisme des membres, parallélisme qui réunit pour
les opposer, les comparer, ou les confirmer, plusieurs idées analogues, dans
une seule et même phrase. Ce parallélisme est appelé synonyme quand les membres
de phrases qui se correspondent, expriment une même idée en des termes
différents, Genèse 4:23; Juges 14:14; Psaumes 2:10; Jérémie 2:12,27;
antithétique, lorsque les membres de la phrase opposent deux idées l'une à
l'autre, Psaumes 20:8. Ésaïe 1:3; synthétique, lorsqu'ils expriment une même
idée, mais avec une gradation dans le choix des mots, et d'une manière
progressive, Psaumes 19:8,10; 91:13; dans ce dernier cas il y a identité quand,
les mêmes mots étant reproduits, la force de la pensée ne consiste que dans
l'addition d'images ou de définitions supplémentaires, comme Psaumes 48:11-12;
104:18. Ce parallélisme des idées est souvent accompagné de la répétition des
mêmes mots, Genèse 4:23; Job 6:5; Psaumes 19:8; 20:8; 118:2-3; de la rime,
Genèse 4:23; Job 16:12: souvent aussi, la phrase se compose de plusieurs
membres dont les deux premiers sont opposés au deux derniers, ou plusieurs à un
seul; cf. Psaumes 31:11; 40:16; Michée 1:4; Job 10:1; etc. Pour faire mieux
comprendre l'idée du parallélisme, nous en citerons un exemple; il est tiré de
Jérémie 2:26-27.
De même que le voleur est confus lorsqu'il est
surpris,
Telle devrait être la confusion d'Israël,
De ses rois et de ses princes,
De ses sacrificateurs et de ses prophètes,
De tous ceux qui disent au bois: Tu es mon père!
Et à la pierre: Tu m'as donné la vie.
Les deux premières lignes, dit Dahler, comparent deux
objets l'un à l'autre: l'idée générale, la maison d'Israël, est ensuite
décomposée en cinq espèces, distribuées dans les quatre lignes suivantes; mais
la cinquième espèce est distribuée en deux lignes parallèles, et tout cela
forme un ensemble harmonieux et sans affectation. Ce passage du parallélisme
simple au parallélisme composé, était de nature à prévenir l'uniformité, et
peut-être la monotonie, qui accompagne souvent la poésie lyrique.
On découvre sans peine des strophes distinctes dans
plusieurs psaumes, tels que les 42, 43, 107, etc. Les psaumes mahaloth, q.v.,
ont un rythme plus rapide et plus vif que les autres. Kœster a publié plusieurs
travaux dans lesquels il s'attache à démontrer que le genre strophique est
beaucoup plus ordinaire dans les psaumes, qu'on ne le pense d'ordinaire, et que
si l'on ne découvre pas toujours facilement la division des strophes, c'est que
cette division repose sur le même principe que le parallélisme des phrases, sur
une espèce d'irrégularité calculée qui souvent déjoue les recherches, et qui
introduit plus de variété dans l'ensemble. On trouve assez de strophes variées
dans les poésies lyriques françaises, pour qu'il soit aisé de comprendre qu'il
en ait existé de semblables dans la poésie hébraïque. La version des
Hagiographes de Perret-Gentil, et la Paragraphe-Bible de Londres, font
ressortir le parallélisme, et la distinction des strophes, autant du moins
qu'il est possible de le faire.
Remarquons encore parmi les artifices poétiques des
poètes hébreux, la disposition acrostiche d'un certain nombre de psaumes; dans
quelques-uns le changement des lettres a lieu d'un verset à l'autre; ailleurs
trois versets, ailleurs encore huit, forment des espèces de strophes dont
chacune commence par une des lettres de l'alphabet, depuis la première jusqu'à
la dernière;
— Voir: Psaumes 25, 34, 119, 145; Lamentations 1:2:4;
Proverbes 31:10; et suivants.
Cet artifice était-il destiné à faciliter la
mémorisation de ces vers? était-ce un jeu de l'esprit, une entrave que le poète
s'imposait à lui-même? y avait-il là une signification maintenant perdue? nous
l'ignorons, mais cette dernière supposition est la moins probable.
En plaçant dans le parallélisme des membres la
principale différence qui distingue la poésie de la prose, nous ne contestons
pas qu'il ait pu y avoir encore d'autres différences, un rythme particulier,
des pieds et des rimes; Flavius Josèphe, Origène, Eusèbe et saint Jérôme,
paraissent avoir connu encore toutes les beautés de la poésie hébraïque, et
avoir possédé le secret de ses règles: ils parlent, et leur grande science les
mettait à même de parler en connaissance de cause, de vers héroïques, de
trimètres, et de pentamètres; saint Jérôme va jusqu'aux vers alcaïques,
iambiques, et saphiques pour les Psaumes; et il voit des hexamètres et des
pentamètres dans les cantiques du Deutéronome et d'Ésaïe, dans le livre de Job
et dans ceux de Salomon. Quant à Leclerc (Hist. abrégée de la poésie chez les
Hébreux), il essaie de prouver dans sa dissertation que la poésie des Hébreux
était rimée à peu près comme la poésie française, opinion qui n'a pas manqué de
partisans. D'un autre côté, Scaliger et d'autres, estiment et soutiennent qu'il
n'y a ni mesures, ni pieds, dans les vers hébreux, et que cette langue, non
plus que la plupart des langues sémitiques, n'est pas susceptible de cette
espèce de gêne poétique.
Quoi qu'il en soit de cette question, il faut avouer
que le vrai caractère de la poésie est dans la diction même, et que celle-ci se
distingue par un choix de mots et de locutions qui ne se rencontrent jamais, ou
du moins fort rarement dans les ouvrages en prose, ou qui, lorsqu'ils s'y
trouvent, ont dans la prose une signification et une portée différente que dans
la poésie; la forme grammaticale même des noms, des pronoms suffixes, des
verbes, et les règles de la syntaxe, s'éloignent également de la forme
ordinaire, et des règles qui sont constamment observées dans les ouvrages en
prose. La préférence de certaines expressions est fondée sur la préoccupation
du poète d'éviter les termes et les formes de langage journalières, ordinaires
et communes; souvent celui-ci était conduit à se servir de certaines formes
anciennes comme plus simples, plus grandes, et plus énergiques; peut-être aussi
que son choix était déterminé dans certains cas, par des considérations de
rythme et de mesure. Sous ce rapport on peut considérer les poètes hébreux
comme les poètes classiques de l'antiquité profane, parce que la poésie est la
même partout, ses exigences partout semblables; il a dû y avoir des licences
poétiques chez les uns comme chez les autres.
Le cercle d'idées des poètes hébreux se meut
principalement dans la sphère de l'Orient, il touche à la nature et à
l'histoire de la Palestine, aux époques diverses de la vie nationale, aux
grands événements de l'existence du peuple de Dieu. Un certain nombre d'images
semblables se reproduisent chez les uns et les autres, et si l'on en excepte
quelques-uns, Job, Amos, Habacuc, Ézéchiel, on a la clef de tous quand on a la
clef de l'un d'eux: l'intelligence d'Ésaïe, par exemple, entraîne promptement
l'intelligence des autres prophètes considérés comme poètes. Il serait
intéressant de comparer sous ce rapport la poésie hébraïque à la poésie
orientale et à celle de l'Occident, aux classiques anciens et aux chantres du
moyen âge, à Homère et à Ossian.
L'élévation de la pensée qui atteint chez plusieurs
prophètes la hauteur la plus sublime, cette simplicité pleine d'expression,
cette variété pleine d'unité, ces figures, ces sentiments, cette action, tout
cela réuni, qui pourrait se retrouver chez les poètes profanes, est encore
relevé par l'idée religieuse qui anime, entoure, vivifie tous ces élans, qui
est le centre et le fond de la poésie elle-même chez les Hébreux.
Parmi les auteurs qui ont traité ce sujet nous
n'indiquerons que Carpzov, Lowth, Leclerc, Herder (Esprit de la poésie
hébraïque), et une dissertation spéciale de Calmet dans son Commentaire.
Saint Paul donne aux poètes païens le nom de
prophètes, parce que chez les païens les poètes passaient pour inspirés; il en
cite deux, Aratus, Actes 17:28, peut-être aussi Cléanthe et Épiménide, Tite
1:12. Aratus était natif de Cilicie, comme saint Paul; il avait dit: «Nous
devons commencer par Jupiter, qu'il ne nous est pas permis d'oublier. Tout est
plein de Jupiter, il remplit les rues, les places et les assemblées des hommes:
toute la mer et les ports sont remplis de ce Dieu, et en tous lieux nous avons
tous besoin de Jupiter.» Saint Paul, en faisant un extrait de ce passage lui
donne la vérité qu'il n'a pas; il purifie l'erreur et argue de ces paroles
obscures et fausses, pour démontrer que dans toute conscience d'homme il reste
un sentiment secret, une croyance confuse, mais invincible, à l'existence d'un
Dieu tout-puissant et présent partout. Épiménide jouissait, d'après ce que
rapportent Plutarque et Diogène de Laërte, d'une grande réputation de prophète,
et ils citent de lui plusieurs prédictions qui, si elles sont vraies, ont été
accomplies d'une manière remarquable.
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POIDS.
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Les poids dont les marchands se servaient
ordinairement s'appelaient pierres, parce qu'ils étaient faits de pierre,
matière plus solide et plus durable que tant d'autres, même que le fer qui se
laisse user par la rouille; on les portait dans un sachet, ou bourse, attachée
à la ceinture, cf. Proverbes 16:14, ce qui se fait encore de nos jours en
Perse, et cette habitude était d'autant plus nécessaire qu'aucun échange, ni
achat, ne se faisait autrement qu'au poids; l'argent même était pesé, Jérémie
32:10. De faux poids et de fausses balances étaient sévèrement punis par la
loi, Lévitique 19:35; Deutéronome 25:14; mais il paraît que malgré ces
rigueurs, les facilités que l'on avait de commettre ce délit, l'avaient rendu
fort ordinaire, Proverbes 11:1; 20:10,23, cf. Ézéchiel 45:10; Michée 6:11.
Quant au sicle du sanctuaire, Exode 30:13,24; Lévitique 5:15, etc., appelé
aussi le sicle au poids du roi, 2 Samuel 14:26,
— Voir: Sicle.
Si l'on admet qu'il y avait dans le sanctuaire des
poids spéciaux consacrés à la vérification des poids généralement en usage, et
un lévite chargé de les conserver, comme quelques-uns le voient à la fin de 1
Chroniques 23:29, on se rappellera que les Égyptiens, au dire de Clément
d'Alexandrie, avaient une institution semblable, les Romains également, et que
Justinien, par une loi expresse, ordonna que les poids et mesures seraient gardés
dans les églises des chrétiens;
— Voir: Mesures.
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POIREAU
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(allium porrum), plante potagère bien connue; fleur en
ombelle à six feuilles; feuilles grandes, étroites et aplaties; oignon petit et
membraneux; on le mange en Égypte soit en salade, soit sans assaisonnement avec
du pain; les anciens Égyptiens déjà l'estimaient pour son goût exquis et en
faisaient un assaisonnement recherché pour une quantité de plats, Juvén. 15, 9.
Horace, Epp. 1; 12, 21. Martial 3, 47; 10, 4. Pline 19, 33. Il est nommé,
Nombres 11:5, avec l'ail et l'oignon comme un des aliments que les Israélites
regrettaient le plus dans le désert; son nom hébreu est hhatzir, que nos
versions rendent ailleurs par herbe, Job 8:12; 40:15, etc., sur le témoignage
des Septante, appuyés par d'autres autorités fort anciennes; Ludolph en donne
une explication différente qui n'a pas prévalu, et les commentateurs sont
d'accord sur ce double sens du même mot suivant le contexte dans lequel il se
trouve.
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POISON.
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Il y a en hébreu deux mots différents pour désigner le
poison, l'un plus général, rôsh, qui s'applique au poison animal, Deutéronome
32:33, comme au poison végétal, plus fréquemment cependant à ce dernier;
l'autre, hhemah, qui ne se dit que du poison animal, Deutéronome 32:24. Le mot
rôsh, que les anciens traduisent quelquefois par venin, quelquefois par fiel,
désigne dans quelques passages une espèce de plante vénéneuse qui croît dans
les champs, Osée 10:4, et dont les fruits ressemblent aux grappes de raisin,
Deutéronome 32:32, et sont amers; les uns pensent que c'est la morelle,
d'autres le tithymale, d'autres la coloquinte, d'autres l'ivraie, d'autres
enfin, comme Gesenius, que c'est le pavot, dont le suc finit par devenir un
poison, l'opium; cf. l'eau de fiel, Jérémie 8:14; 9:15; 23:15. Il est souvent
nommé à côté de l'absinthe; ainsi dans les passages indiqués, et Deutéronome
29:18. Quant à son amertume,
— Voir: Psaumes 69:21; Lamentations 3:5.
Des caractères donnés par les livres saints à cette
plante vénéneuse, il est aisé de conclure au rejet de plusieurs des
suppositions que nous avons indiquées; il l'est moins de se prononcer définitivement
pour l'une ou pour l'autre.
— Marc 16:18, renferme une allusion à l'usage
d'adoucir ou d'abréger au moyen du poison les souffrances du condamné.
— 2 Maccabées 10:13, nous offre un cas de suicide par
empoisonnement.
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POISSONS.
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On voit par Nombres 11:8; Ézéchiel 29:4-5, que
l'Égypte, et notamment le Nil, abondait en poissons de toute espèce; cf. Exode
7:18. Hérodote 2, 93. Strabon 17, 823. La Palestine en possédait également
beaucoup dans ses rivières et dans ses lacs, et le lac de Génésareth était sous
ce rapport tout particulièrement renommé, Jean 21:11; cf. Matthieu 14:17;
15:34. Les habitants de ses rivages vivaient de la pêche, Luc 5:2, mais
travaillaient chacun pour son compte sans être réunis en corporation ou en
corps de métier. On se servait pour pêcher, de filets de différentes grandeurs
et de différentes formes, Matthieu 4:18; Jean 21:6, de hameçons, Ésaïe 19:8;
Habacuc 1:15; et de crochets, crocs ou sorte de harpons. Amos 4:2; cf. Job
40:20-21. C'était surtout la nuit, Luc 5:5, ou au matin avant le lever du
soleil, Pline 9:23, que les pêcheurs vaquaient à leur tranquille et silencieuse
occupation. Les Phéniciens firent connaître les poissons de mer à la Jérusalem
restaurée et reconstruite, Néhémie 13:16, du moins il n'en est pas fait mention
plus tôt. Il ressort de plusieurs passages que les Juifs, surtout les Juifs
postérieurs à l'exil, mangeaient volontiers le poisson, en comprenant sous ce
nom tous les animaux aquatiques munis d'écaillés et de nageoires, car les
autres, tels que la murène, le polype, la sèche, étaient déclarés impurs par la
loi, Lévitique 11:9;
— Voir: Nombres 11:5; Néhémie 13:16; Matthieu 14:17;
15:36; Luc 9:13; 24:42; Jean 6:9, etc.;
mais ils n'en faisaient pas, comme les catholiques
romains, une des délicatesses du jeûne. Il y avait à Jérusalem un marché
spécial destiné à la vente de la pêche, et une porte des poissons, 2 Chroniques
33:14. Néhémie 3:3; 12:39. Cette viande ne figure jamais dans les sacrifices,
non qu'elle fût souillée, mais parce qu'elle était considérée comme peu forte,
peu nourrissante, et peu digne d'être offerte à la divinité; d'après Hérodote
2, 37, il était même défendu aux prêtres d'Égypte d'en manger.
Il ne paraît pas que les Hébreux aient su désigner les
différentes espèces de poissons par des noms particuliers; du moins on n'en
trouve aucun exemple nulle part; le poisson même qui engloutit Jonas n'est pas
désigné autrement en son lieu que par l'épithète de grand, Jonas 2:1; il est
appelé baleine dans la mention qui en est faite, Matthieu 12:40, d'après la
traduction des Septante, mais on est presque généralement d'accord à penser
qu'il ne s'agit pas de la baleine dans ce passage: Hare l'entend de l'orque, grand
poisson de l'espèce du dauphin; Bochart et la plupart des commentateurs
actuels, du requin (squamus, ou canis carcharias); ce grand poisson répond
ainsi aux termes employés dans le livre de Jonas: ses quatre cents dents
placées sur six rangées sont aiguës et tranchantes comme des rasoirs; sa gueule
est si large qu'un homme peut à son aise y passer tout entier: on a trouvé
souvent dans son estomac des hommes, des chevaux, d'autres animaux; et dans un
de ces animaux qui ne pesait que 400 livres, on a trouvé jusqu'à dix thons. On
raconte qu'un matelot fut un jour avalé vif par un requin, et que celui-ci
ayant été atteint par un boulet de canon, le rejeta immédiatement, sans qu'il
eût éprouvé le moindre mal.
— Nous avons parlé du poisson de Tobie à l'article Cécité,
et du culte des poissons à l'article Dagon.
— Voir: aussi Béhémoth et Léviathan.
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POITRINE
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de tournoiement,
— Voir: Lever.
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POIX,
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en hébreu zèphèh ou zèpheth, Exode 2:3; Ésaïe 34:9,
substance bien connue, susceptible d'être liquéfiée à une chaleur peu
considérable, et souvent employée comme enduit. On la tire de certaines résines
végétales.
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POLITESSE.
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Cette forme extérieure de bienveillance, cette espèce
de bienveillance de surface, provisoire, transitoire, que son nom caractérise
seul parfaitement, et qui accompagne souvent, et supplée quelquefois, la
bienveillance du cœur, la bonté, l'amitié, a eu de tout temps chez les
Orientaux un développement et des proportions beaucoup plus considérables que
chez les Européens, moins formalistes et plus positifs. Les anciens Hébreux ne
faisaient pas exception sous ce rapport aux usages des peuples au milieu
desquels ils vivaient isolés, et nous trouvons dans l'Écriture la trace de la
plupart de ces coutumes qui se sont perpétuées jusqu'à nos jours en Orient. En
se rencontrant ou en se séparant, 2 Samuel 18:21, les inférieurs saluaient
profondément leurs supérieurs, quelquefois jusqu'à terre suivant la distance
sociale qui les séparait, Genèse 19:1; 23:7; 2 Samuel 9:8, même à plusieurs
reprises, Genèse 33:3; 1 Samuel 20:41: devant des princes, des gouverneurs, des
hommes haut placés, on avait même l'habitude de se jeter par terre, à leurs
pieds, ou de se mettre à genoux, Genèse 42:6; 44:14; 50:18; 1 Samuel 25:23; 2
Samuel 1:2; 14:4; 19:18; 2 Rois 1:13; Matthieu 2:11; 27:29; etc. On ne voit pas
d'exemples de l'usage actuel démettre la main droite sur la poitrine, en
inclinant la tête devant un supérieur. Si un inférieur étant à cheval
rencontrait un de ses supérieurs, il descendait de sa monture pour faire les
révérences d'usage, Genèse 24:64; 1 Samuel 25:23. II n'est pas dit, mais il est
probable qu'en pareil cas les Hébreux de la classe inférieure, comme les
anciens Égyptiens et les Arabes de nos jours, sortaient du chemin pour laisser
un libre passage à la personne plus élevée qu'ils rencontraient. Les formules
de la salutation étaient simples; elles exprimaient des vœux de bénédiction,
Genèse 43:29; 1 Samuel 25:6; Juges 6:12; cf. Ruth 2:4, où nous voyons à la fois
le salut et sa réponse; ou bien c'étaient des informations touchant l'état de
la santé, 2 Samuel 20:9; 2 Rois 4:26; Juges 18:15; 1 Samuel 10:4, et cette
dernière habitude était tellement générale qu'on disait: demander à quelqu'un
comment il se porte, pour: le saluer. Le salamalec des Arabes n'est autre sous
ce rapport que le shalom aléka des Hébreux: paix te soit! On accompagnait les
partants d'un souhait de prospérité, Tobie 5:21. Il arrivait quelquefois aussi
qu'au lieu de se borner à une simple et courte salutation, les Hébreux qui se
rencontraient s'adressaient de longues et verbeuses formules de bienveillance,
1 Samuel 25:6, et c'est à ces longueurs que font allusion les défenses
mentionnées 2 Rois 4:29; Luc 10:4. Les voyageurs modernes, Niebuhr, Arvieux,
Russel, racontent que les Orientaux, et, en général, presque tous les peuples à
moitié civilisés, ont conservé l'usage de ces salutations circonstanciées, qui
sont inutiles et fastidieuses pour des hommes occupés, et plus attachés à la
réalité qu'aux formes de la politesse.
— Dans la conversation, l'inférieur parlait de
lui-même à la troisième personne, en se disant le serviteur de celui à qui il
s'adressait, et en l'appelant mon seigneur, ou même mon maître, si c'était un
prophète ou quelque personnage très distingué par son rang, Genèse 18:3; 19:2;
24:18; 43:28; Juges 19:19; 1 Samuel 26:18; 2 Rois 5:13; 6:21; 13:14, etc.;
parfois même, pour mieux marquer son respect, l'inférieur se rabaissait jusqu'à
se donner des titres injurieux, comme chien, ou chien mort, 2 Samuel 9:8; 2
Rois 8:13. Il paraît que les Juifs postérieurs poussèrent le scrupule dans
leurs rapports avec les païens jusqu'à refuser de les saluer, Matthieu 5:47,
comme, en Égypte et en Syrie, les chrétiens et les mahométans de nos jours
passent encore à côté les uns des autres sans remplir ce devoir de politesse.
Une convention tacite avait, à la même époque, dispensé de répondre à un salut
certaines personnes, et presque certaines classes, notamment les nommes
attachés au clergé, et entourés d'une réputation de vertu et de piété, ce qui
n'empêchait pas ceux-ci de rechercher les salutations avec une petitesse
d'amour-propre et de vanité qui leur a mérité les reproches de notre Sauveur,
Marc 12:38; Luc 11:43; 20:46. La place de droite, à table ou ailleurs, était
déjà, dans l'antiquité hébraïque, la place d'honneur, 1 Rois 2:19. Psaumes
45:9; Matthieu 25:33. Les témoignages du respect, de la joie, ou de la
reconnaissance publique, rendus à un monarque, consistaient dans des cris
d'allégresse, parmi lesquels on distinguait celui de: Vive le roi! Lorsqu'on le
pouvait, on y joignait de la musique (instrumentale), 2 Samuel 16:16; 1 Rois
1:40; 2 Rois 9:13; Judith 3:8; on couvrait le chemin de tapis, de vêtements, et
le peuple qui était trop pauvre, de branches d'arbres ou de fleurs, Æschyl.
Agam. 909. Tacit. Hist. 2, 70. 2 Rois 9:13; Matthieu 21:8; et, si le personnage
qu'on attendait faisait son entrée de nuit, on l'escortait avec des flambeaux,
2 Maccabées 4:22.
On peut voir aux articles Âge, Baiser, Salive,
d'autres préceptes relatifs à la politesse. Quelques autres détails encore sont
conservés par les rabbins, ainsi l'habitude de saluer celui qui éternue, et de
lui souhaiter du bien, l'éternuement étant regardé comme un présage en général
fâcheux. (Dans le texte de 1 Rois 16:11; 21:21, le mot qui a été traduit par
homme, ou, pour mieux dire, qui n'a pas été traduit, fait allusion à un acte
qui dénote une éducation grossière, et peut-être un manque affecté de respect;
il y a dans l'hébreu: «depuis celui qui urine contre la muraille», c'est-à-dire
depuis l'homme le plus commun, ou depuis l'enfant, le gamin, «jusqu'à un
chien.»
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POLYGAMIE.
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Cette plaie de l'Orient, nécessitée, disent les uns,
par l'influence d'un climat ardent sur les hommes, par la grande disproportion,
disent les autres, qui se trouve entre les naissances masculines et les
naissances féminines, mais qui, en réalité, n'est entretenue que par elle-même,
qui produit elle-même ses causes, cette plaie n'a pas été inconnue aux anciens
Hébreux, et elle existait longtemps avant leur constitution comme peuple.
Lémec, de la famille de Caïn, est le premier polygame connu, et son nom, sa
famille, ce qu'on sait de sa vie, n'est pas une recommandation en faveur de la
polygamie, Genèse 4:19-24. On croit encore trouver, Genèse 6:2, dans ces mots:
«de toutes celles qu'ils choisirent», un second indice de ce genre de désordre
avant le déluge. Il paraît certain, en tout cas, malgré l'opinion de quelques
Pères, notamment de Tertullien qui dit qu'avant le déluge personne n'imita
Lémec; il paraît certain, disons-nous, que la polygamie était devenue presque
générale avant Noé; car elle convenait aux maîtres du monde, et nul frein ne
les retenait plus sur la pente où les entraînaient leurs passions.
— La polygamie fut-elle permise aux patriarches? On ne
saurait l'affirmer. Ils la pratiquèrent, mais dans de certaines limites.
Abraham n'eut à la fois qu'une femme et une concubine, croyant devoir réaliser
dans la chair des promesses qui étaient faites à l'esprit; Isaac n'eut qu'une
femme; Jacob eut deux femmes, dont la première lui fut imposée, et deux
concubines qu'il prit pour obéir à ses femmes. Ils ne trouvèrent, ni les uns ni
les autres, le bonheur dans ces demi-désordres. Les lois de Moïse supposent cet
usage, sans l'approuver ni le condamner, Deutéronome 21:16-17; Exode 21:8;
Lévitique 18:18, et plusieurs exemples de polygamie sont rapportés, ou du moins
indiqués, dans les livres saints, principalement sous l'époque des juges, Juges
8:30; 10:4; 12:9,14; 1 Samuel 1:2; 2 Samuel 3:7; 12:8. Le législateur avait
néanmoins gêné, par diverses restrictions et prescriptions, l'exercice de la
polygamie, qu'il n'avait pas combattue directement, peut-être parce qu'elle
était le moindre de plusieurs maux entre lesquels il fallait choisir pour faire
l'éducation du peuple; elle était une forme adoucie de l'esclavage des femmes,
un remède contre des abominations communes chez les peuples orientaux. Les
obstacles que la loi opposait aux excès de la polygamie étaient de trois
sortes:
1. Il
ne devait se trouver aucun eunuque dans le pays, Deutéronome 23:1; or, la
polygamie sans eunuques ne se rencontre nulle part: lorsque les maîtres sont
obligés d'être eux-mêmes les gardiens de leurs harems, ils sont peu tentés de
les agrandir, et, lorsque les femmes peuvent toujours espérer de trouver un
époux, elles sont moins tentées d'aliéner leur liberté pour partager la couche
d'une rivale.
2. La
souillure contractée par l'homme, Lévitique 15:18, devenait, pour celui-ci, une
incommodité et un fardeau insupportable lorsque le nombre de ses femmes se
multipliait.
3. Il
était défendu d'avoir une femme privilégiée; l'homme leur devait à toutes,
ainsi qu'à leurs enfants, la même bienveillance, Exode 21:8, et, comme le cœur d'un
homme ne peut pas facilement flotter entre plusieurs, comme il a besoin de se
fixer, comme, par conséquent, cette prescription de la loi ne pouvait être
observée que rarement et difficilement, les excès de la polygamie étaient
réprimés d'autant.
Ajoutez que les jalouses rivalités des femmes d'un
seul homme, qui sont presque une suite inévitable de la polygamie, cf. 1 Samuel
1:6; 2 Chroniques 11:21, étaient, pour celui-ci une cause de chagrins
domestiques presque continuels, qui devaient lui faire désirer la suppression
de la polygamie elle-même; Elkana en est une preuve frappante. Il résultait de
ces entraves que les Israélites, malgré l'espèce de liberté dont ils
jouissaient, se contentaient, en général, d'une seule femme, Proverbes 12:4;
19:14; 31:10, à laquelle ils adjoignaient tout au plus, et cela contre la loi,
deux concubines. Après l'exil, la monogamie devint générale, et elle tendit à
être toujours mieux comprise dans sa portée et dans son sens moral,
Ecclésiastique 26:1. Quant aux rois, il leur était défendu, par Deutéronome
17:17, d'avoir plusieurs femmes. Cependant, nous voyons que la loi fut
fréquemment éludée, et la plupart des rois, Saül, David, Salomon, Roboam,
Abija, jusqu'à Hérode le Grand, ont eu des sérails, quelques-uns même extrêmement
nombreux, plusieurs femmes, et un beaucoup plus grand nombre encore de
concubines, 2 Samuel 5:13; 12:8; 1 Rois 11:3; 2 Chroniques 11:21; 13:21. Ils
remplaçaient alors par des eunuques étrangers les hommes qu'ils ne pouvaient
pas se procurer en Judée,
— Voir: Eunuque.
— On peut remarquer la sagesse des entraves apportées
par le législateur à une coutume qu'il voulait déraciner sans l'arracher; les
résultats ont été obtenus: Mahomet a combattu les excès de la polygamie de
manière à sanctionner le principe et à enraciner l'usage, lorsqu'il a limité à
quatre (Coran 4:3) le nombre des femmes légitimes qu'il est permis d'avoir,
sans, du reste, rien statuer sur le nombre des concubines.
On appelle, en termes de scolastique, polygamie
successive les secondes noces, et quelques auteurs, d'accord avec l'Église
grecque, ont cru que les passages 1 Timothée 3:2; Tite 1:6, interdisaient
positivement aux évêques et conducteurs d'églises les secondes noces. Au lieu
de: mari d'une seule femme, ils lisent alors: n'ayant été le mari que d'une
seule femme; ils s'appuient sur ce que la polygamie étant interdite aux
chrétiens en général par Jésus, qui a ramené le mariage à son institution
primitive, Matthieu 19:5; cf. 1 Corinthiens 7:2, elle l'était, par conséquent,
aux évêques, sans qu'il fût nécessaire de le spécifier. Mais cette
considération qui est la plus sérieuse de celles qu'on avance, perd de sa
valeur si l'on se rappelle que la polygamie, bien que peu estimée des Grecs et
des Romains, existait cependant encore chez eux comme en Orient; or, nous
pouvons supposer que des hommes qui avaient deux ou plusieurs femmes se soient
convertis; rien ne nous autorise à croire qu'en pareil cas les apôtres aient
contraint le prosélyte à se séparer de ses femmes. Calvin fait observer avec
justesse que cette séparation, ce divorce, aurait été un nouveau crime;
l'Église ne pouvait donc faire autrement que tolérer les conséquences d'un fait
qui s'était passé en dehors de l'Église. Toutefois, et c'est à ces cas que se
rapportent les paroles de l'apôtre, des hommes dans une position semblable, ne
pouvant jouir de la considération dont un évêque doit être entouré, étaient
exclus de l'épiscopat, ainsi que ceux qui s'étaient remariés après un divorce
illégitime, ou ceux qui entretenaient une concubine à côté de leur femme
légitime. Heidenreich, dans son commentaire sur les épîtres pastorales,
1826-1828, a soutenu l'opinion que nous combattons, et la plupart des sociétés
de missions agissent dans le même sens, en contraignant les prosélytes polygames
à renvoyer toutes leurs femmes moins une.
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POMMIER.
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Hébreux thapouach. Cet arbre si connu, de la famille
des rosacées, n'est nommé que Joël 1:12; Cantique 2:3; 8:5, et ses fruits,
Cantique 7:8, où leur agréable odeur est comparée au souffle de la bien-aimée.
Rosenmuller et d'autres ont cru, à cause de cela, qu'il s'agissait dans ces
passages du cognassier et du coing, dont l'odeur est plus forte que celle de la
pomme; mais les pommes de Syrie, au rapport d'Avicenne, ont une odeur plus
forte que les nôtres, quoique fine et délicate, et la comparaison du Cantique
pouvait être facilement comprise. Un argument qui prouverait davantage en
faveur de l'opinion de Rosenmuller, c'est que dans le langage de l'amour
oriental, le coing joue un rôle plus ordinaire qu'il ne fait et ne pourrait
faire chez nous. Il est possible au reste qu'en hébreu comme en grec, un même
mot désignât l'un et l'autre fruit; mais il ressort de plusieurs noms de
villes, Josué 15:34; 17:7, que le thappuah était un arbre assez commun dans
l'ancienne Palestine, et certainement la culture du pommier avec son fruit
légèrement acide, mais doux et rafraîchissant, était plus utile, plus
recherchée, que celle du rude et âpre cognassier. Le Talmud d'ailleurs, par les
détails qu'il donne sur le pommier, appuie suffisamment la traduction
généralement adoptée.
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PONT,
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contrée de l'Asie, nommée à côté de la Cappadoce,
Actes 2:9; 1 Pierre 1:1, et qui, d'après ces passages, était habitée par des
Juifs. Le Pont, dont le nom, qui signifie mer, venait du voisinage du
Pont-Euxin qui baignait au nord ses rivages, était borné au sud par la Cappadoce,
à l'est par la Colchide et la Grande Arménie, à l'ouest par la Galatie et la
Paphlagonie, dont il était séparé par le fleuve Halys. Il était montagneux vers
le sud-est; le reste du pays était plat. Constitué en satrapie par Darius fils
d'Hystaspe, le Pont prit le titre de royaume sous Mithridate qui en fut le
premier roi. L'avant-dernier des Mithridates, Eupator, fit aux Romains pendant
quarante-six ans une guerre acharnée et cruelle; son fils, le parricide
Pharnace, soumit sa personne et ses états aux ennemis de son père (66 avant
J.-C.), qui partagèrent le pays en plusieurs petites provinces ou royaumes
indépendants, connus sous les noms de Pont de Galatie, Pont de Cappadoce, et
Pont Polémoniaque, du nom de plusieurs rois Polémon, dont le dernier fit une cession
volontaire de ses états à Néron. Cet empereur réunit le Pont et la Cappadoce
sous une seule administration.
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PORC.
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La chair de cet animal était mise par la loi de Moïse,
au nombre des viandes impures et défendues, Lévitique 11:7; Deutéronome 14:8,
et les Juifs ont été dans tous les temps fidèles à l'horreur qu'elle leur
inspirait, à tel point que plusieurs d'entre eux aimèrent mieux souffrir le
martyre sous Antiochus Épiphanes, que de consentir à en manger, ou même à faire
semblant d'en manger, 2 Maccabées 6:18; 7:1, etc. L'épithète de mangeurs de
pourceau désignait les idolâtres les plus corrompus et les plus endurcis, Ésaïe
65:4; 66:17. D'après plusieurs rabbins, les Juifs ne pouvaient pas même
posséder des pourceaux, et les troupeaux mentionnés Matthieu 8:30; cf. Luc
15:16, appartenaient sans doute à des étrangers, ou peut-être à des Galiléens,
qui pouvaient bien sous ce rapport, comme ils l'avaient fait sous tant d'autres,
s'être relâchés de la sévérité des prescriptions de leur loi, en nourrissant
des animaux qu'ils ne devaient revendre qu'à des étrangers; d'ailleurs les
Juifs modernes ne se font pas de scrupule à cet égard, et ils vendent des porcs
aussi bien que des vaches. On peut croire qu'en interdisant comme impure
l'usage de cette viande, le législateur avait un but diététique, attendu que
cette nourriture forte et grasse favorise le développement des maladies de la
peau, auxquelles les habitants de l'Orient ne sont déjà que trop sujets; on dit
en particulier que le lait de truie engendre la lèpre. Les habitudes sales de
cet animal, 2 Pierre 2:22, et les boutons dégoûtants dont il est fréquemment
affligé, ne pouvaient qu'augmenter l'horreur des Juifs, en fortifiant la
nécessité de l'interdiction; il fût resté immonde quand il n'aurait pas été
déclaré tel. Les anciens Égyptiens, les Arabes, les Éthiopiens, les Phéniciens,
et peut-être en quelques lieux les Indiens, partageaient le même dégoût, et
Mahomet a imposé à ses sectateurs la même abstinence que Moïse au peuple de
Dieu. Les Égyptiens cependant, et quelques autres peuples, offraient des porcs
en sacrifice à certaines divinités, et les Crétois regardaient cet animal comme
sacré.
Le porc sauvage, ou sanglier, est nommé Psaumes 80:13;
terrible au sol, aux arbres, et aux jardins, il se trouve encore en Syrie et en
Palestine. On a cru aussi que les bêtes sauvages des roseaux, Psaumes 68:30,
désignaient des sangliers, parce que cet animal s'établit volontiers dans les
terrains marécageux, au milieu des joncs; mais la définition est un peu trop
vague pour qu'on puisse en faire un trait caractéristique.
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PORTES, Portiers,
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— Voir: Maisons.
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POSSESSION.
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Le terrain foncier, les biens-fonds, sont la plus
grande richesse d'un peuple adonné à l'agriculture, comme l'étaient les
Israélites. D'après la constitution du pays, chaque individu, à l'exception des
membres de la tribu de Lévi, avait droit à une portion du sol de la terre
sainte, qui était partagée au peuple comme une propriété de l'Éternel, et ce
terrain appartenait à sa famille en propriété inaliénable, Lévitique 25:23. (La
constitution de Lycurgue avait introduit chez les Spartiates une disposition
semblable). Le propriétaire pouvait cesser un moment d'en être le possesseur;
il pouvait la vendre, l'aliéner pour éteindre des dettes, mais il conservait
toujours le droit, lui ou ses plus proches parents, de la racheter quand il le
voulait, Lévitique 25:25; cf. Jérémie 32:7, et en outre elle rentrait de droit
dans sa famille l'année du jubilé, sans qu'il eût à en payer le rachat,
— Voir: Année.
Ce principe prévenait dans le pays, d'un côté la
mendicité, de l'autre l'aristocratie des richesses, la noblesse des terres avec
ses suites économiques et politiques; il maintenait, ou ramenait bientôt
l'égalité des citoyens, il stimulait et favorisait l'agriculture, il détournait
le peuple de l'industrie et du commerce avec les nations voisines. Le trop
grand morcellement des propriétés, qui devait être la suite de leur division et
subdivision entre les descendants du propriétaire primitif, pouvait être
retardé, du moins pour un certain temps, par le fait que lors du premier
partage, il resta dans le pays une quantité de terres encore incultes qui, ne
pouvant être travaillées par une population moins nombreuse, purent être
cultivées plus tard, et partagées entre les descendants des premiers
propriétaires. Cet inconvénient même n'aurait pas existé si, comme Hug le
prétend, les aînés héritaient seuls de la propriété foncière, mais ce n'est
qu'une hypothèse qui ne s'appuie sur aucun texte, et qui semble combattue par
Deutéronome 21:17. Il pouvait arriver aussi des translations forcées d'une
famille à une autre famille, lorsqu'un homme mourait sans enfants, ou ne
laissait que des filles qui en se mariant faisaient nécessairement passer sous
un autre nom, et sans retour, la possession de leurs ancêtres. Et de toute
manière, si l'on tient compte surtout de la fécondité hébraïque, cette
institution devait à la longue entraîner bien des inconvénients, et finir par
tomber en désuétude. Les privilèges accordés au premier né, qui obtenait la
part de deux, Deutéronome 21:17, mesure qui tendait à conserver à la famille sa
possession, allaient d'un autre côté à rencontre du but du législateur en
rompant l'égalité de richesse, et ils contribuèrent pour leur part à l'abandon
du principe constitutif de la propriété. Aussi voit-on déjà dans l'Ancien
Testament des possessions acquises ou abandonnées, la suite des héritiers de
familles rompue, les riches entassant propriété sur propriété, joignant maison
à maison, approchant un champ de l'autre, Ésaïe 5:8; Michée 2:2; cf. Néhémie 5,
et les rois eux-mêmes s'appropriant par des confiscations, judiciaires ou
arbitraires et violentes, les propriétés des particuliers, 1 Rois 21:16; cf. 2
Samuel 16:4; Ézéchiel 45:9; 46:18. Après l'exil, après qu'un grand nombre de
familles eurent par leur séjour prolongé dans la terre de leur captivité,
renoncé de fait à leurs droits sur la terre d'Israël, après que les limites des
tribus elles-mêmes, et bien plus encore celles des héritages de familles,
eurent été effacées, oubliées, transposées, les lois relatives à la fixité des
possessions devinrent en plusieurs lieux impossibles, partout difficiles à
exécuter; elles furent presque généralement abandonnées, des métiers
s'établirent, l'industrie rapportée de Babylone s'éleva à côté de
l'agriculture, et de nombreux mendiants couvrirent le pays.
— Pour plusieurs détails,
— Voir: encore Héritages, Lévirat, Vœux, etc.
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POSSESSIONS, Possédés.
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Ces affections malheureuses, affligeantes,
effrayantes, dont les Évangiles renferment divers exemples, appartiennent au
nombre des faits qui ont suscité le plus de débats dans l'Église chrétienne, et
parmi les théologiens. Il est impossible d'approfondir ici tout ce qu'il y a de
grave dans les questions qui ont été soulevées à ce sujet; l'essentiel, les
traits généraux devront suffire. L'Écriture nous montre partout que la source
du bien et du mal n'est pas dans l'humanité elle-même. Elle montre le bien comme
quelque chose d'absolu, le mal comme étant seulement relatif, quoique réel: le
principe du bien existe seul, le mal n'est pas un principe, mais une position,
une opposition, une négation. La rédemption n'est possible qu'autant que le mal
est en dehors de l'humanité, dans une sphère d'esprits plus élevée; si
l'humanité était elle-même le mal, le péché, la corruption, il n'y aurait plus
lieu à restauration, à rédemption; on ne rachète que ce qui est perdu, mais non
le principe même de la destruction. De même que le principe du bien se
manifeste dans les anges de lumière, le mal s'individualise dans les esprits de
ténèbres, et l'influence pernicieuse de ces forces occultes se révèle dans ceux
que l'Écriture appelle possédés, comme il se manifeste aussi d'une manière plus
spirituelle, plus intérieure dans ceux qui sont appelés d'une manière générale
les méchants. Les représentants du mal dans le monde sont d'une part les faux
prophètes, les anti-Christs, les méchants, qui ne sont jamais appelés des
possédés, quoiqu'il soit dit de Judas Iscariot que Satan entra en lui, Jean
13:27; de l'autre, les possédés. Chez ces derniers le mal moral est toujours
accompagné de certaines affections maladives, principalement de crampes
épileptiques, en même temps que la conscience qu'ils ont d'eux-mêmes est
émoussée ou détruite. Ces affections ne constituent cependant, pas le caractère
exclusif, ni même distinctif, de la possession, car elles peuvent se reproduire
en d'autres circonstances purement accidentelles, sans qu'il s'y joigne aucune
influence morale: un possédé est muet, Luc 11:14, mais il peut se rencontrer
des muets qui ne soient pas possédés, des hommes à qui l'on a coupé la langue,
d'autres encore qui ont cette infirmité de naissance et qui glorifient Dieu
dans leur vie: un possédé est fou, maniaque, mais un autre peut l'être aussi,
peut avoir eu l'esprit dérangé par un accident, une peur, sans qu'on puisse
conclure à une possession chez lui.
Si l'on rassemble les traits communs aux démoniaques
dont parle l'Écriture, on y voit le résultat d'un singulier mélange
d'affections morales, et d'affections physiques antécédentes. La possession
apparaît comme un châtiment.
En premier lieu, elle présuppose toujours un certain
degré de culpabilité morale, de désordre, non que l'âme ait par méchanceté
recherché le mal comme mal, mais asservie à un corps sensuel, elle s'est
adonnée sous son empire aux plaisirs des sens et particulièrement à la volupté,
tout en résistant intérieurement à des péchés qui lui répugnaient, qui la dégoûtaient.
L'étincelle du bien n'était point éteinte; profondément ensevelie, elle fumait
encore et n'attendait pour se rallumer que le moment où l'âme, retrouvant la
conscience de son affreux état, soupirerait après la délivrance.
— Il résultait de cet état moral, et c'est un second
trait caractéristique des démoniaques, un affaiblissement général de
l'organisme et notamment du système nerveux; et plus l'influence des nerfs sur
les facultés est grande, plus cet affaiblissement devait réagir d'une manière fâcheuse
sur l'organisme intellectuel, et sur l'harmonie de la vie intérieure tout
entière. Ce désaccord moral, cette désorganisation, devait se produire avec
d'autant plus de force que le malheureux avait davantage le sentiment qu'il
était la seule cause de son malheur, qu'il était l'auteur de son mal, et que ce
qu'il avait fait, il ne lui était pas possible de le défaire. Le méchant, celui
qui a vécu dans des péchés extérieurs plutôt qu'intérieurs, qui n'a pas ruiné
son corps par le mal, conserve un certain équilibre de ses facultés; il peut,
comme Judas, être poussé au désespoir et au suicide, mais non à la folie qui
suppose de violents combats entre la conscience et l'esprit de ténèbres.
— À côté de cet état de faiblesse morale et physique,
on remarque chez les possédés les maladies qui découlent ordinairement d'un
état semblable: des crampes, des courbatures, Luc 13:11; cf. 16; des attaques
épileptiques, Luc 9:39; Matthieu 17:15; le mutisme et la surdité, Matthieu
9:32; 12:22, provenant, non d'une destruction des organes, mais de la paralysie
continue, ou momentanée, des nerfs ou des muscles qui communiquent à la langue
ou à l'oreille; surtout enfin une mélancolie touchant à la folie et parfois à
la fureur, Matthieu 8:28; Marc 5:2; Luc 8:27: après leur guérison, ils sont
appelés sages, en bon sens, Marc 5:15; Luc 8:35. À ce point de vue, l'opinion
rationaliste qui voit dans les possédés des malades, Matthieu 4:24; 8:16;
15:22; Actes 8:7; Luc 8:2, se justifie parfaitement sans qu'il soit même
nécessaire de recourir à toutes les citations de la médecine ancienne et
moderne; mais elle est fausse en ce qu'elle ne considère que le côté extérieur,
matériel du mal, tandis que l'Écriture va jusqu'à la cause première de la
maladie, la possession du pécheur par un esprit malin, impur.
— En quatrième lieu, tous ces démoniaques semblent
aspirer vers la délivrance, ils semblent attendre même la guérison; ils se
présentent, non comme les plus méchants, mais comme les plus malheureux des
hommes, et s'il n'y a en eux qu'une étincelle de désir, d'espérance ou de foi,
elle suffit à les rendre capables de recevoir les forces d'en haut que Jésus
est venu leur apporter. Chez le méchant endurci, qui a laissé le péché prendre
possession de son âme et de son corps, on ne trouve pas cette réceptivité; le
lieu de la guérison n'existe plus. Chez les possédés, on voit la lutte entre le
bien et le mal sous sa forme la plus hideuse, mais enfin c'est une lutte, et
jusqu'à ce qu'elle soit terminée, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu. La foi reste
donc en germe dans leur cœur, et c'est à ce germe que peut se rattacher leur
guérison.
— Remarquons encore que la conscience individuelle
semble par moments se fondre chez eux sous l'influence ennemie de l'esprit des
ténèbres. Ils parlent du point de vue des démons; le possédé parle comme s'il
était possesseur, ou plutôt celui-ci parle par l'organe du premier, sans
toutefois pouvoir jamais étouffer sans retour la conscience individuelle du
malheureux, qui continue de se faire entendre par moments. Cet état rappelle
l'extase, la plénitude de l'esprit, les langues étrangères de saint Paul, 1
Corinthiens 14, où l'individualité était nécessairement effacée par l'influence
puissante de l'esprit de vérité et de sainteté. On ne doit donc pas se
représenter le possédé comme une espèce d'être double, mais plutôt comme un
individu en la puissance d'un autre, se débattant sous sa main malfaisante et
obtenant quelques moments lucides où il reparaît comme libre avec son
individualité personnelle.
— Sixièmement enfin, la possession est toujours
accompagnée, chez ses victimes, d'une espèce de seconde vue, d'une capacité de
pressentiment plus grande, d'une clairvoyance somnambule, qui leur fait
reconnaître en Jésus l'influence qu'il doit exercer sur le règne des esprits,
Luc 8:38; cf. 8:2; 11:24; ce phénomène concorde avec l'idée que nous avons
admise, que les affections nerveuses sont le fondement, la Base de la
possession en tant que maladie et dans sa partie physique, et l'histoire du
magnétisme animal montre combien la faculté de seconde vue s'unit facilement et
naturellement à une grande surexcitation nerveuse. On comprend aussi de cette
manière les divers langages des possédés, qui tantôt jettent un coup d'oeil vif
et profond dans le sanctuaire de la vérité, tantôt mêlent à leurs paroles de
grossières rêveries, des mots qui n'ont point de sens; ils rappellent, par le
décousu de leurs discours, ces fous dont quelques sentences, pour être
frappantes de vérité, brillantes dans une nuit de ténèbres, n'en sont pas moins,
au milieu de toutes celles qui les entourent, un douloureux témoignage du
désordre affreux qui règne dans leur intelligence.
Les Juifs rapportaient comme Jésus, à l'influence de
mauvais esprits, plusieurs de ces cas de maladie, Actes 5:16; 10:38. Flavius Josèphe,
pour sa part, mais ce n'est qu'une opinion individuelle, pensait que c'étaient
les âmes des méchants qui, craignant de se rendre au lieu de leur supplice,
cherchaient à s'emparer du corps d'un vivant pour y habiter. Chasser les démons
hors du corps des possédés, les exorciser, était le seul remède à ces terribles
affections, cf. Matthieu 12:27; Luc 9:49; Actes 19:13. Jésus, par une parole,
opérait le miracle, mais les Juifs avaient aussi des exorcistes, et ceux-ci, au
dire de Flavius Josèphe, se servaient de formules magiques qu'ils disaient
avoir été données par Salomon, et qui étaient en rapport avec certaines racines
ou certaines pierres. Comme on avait remarqué que les crises de la possession
variaient avec les phases de la lune, au moins chez certaines personnes, et
qu'elles paraissaient se rattacher à la lunaison, l'on avait donné à ces
malheureux le nom de lunatiques, cf. Matthieu 4:24; 17:15.
On distinguait l'obsession de la possession, la
première étant une action extérieure et non intérieure du démon sur le corps ou
sur l'esprit: à peu près, dit Calmet, comme un importun qui suit et fatigue un
homme dont il a résolu de tirer quelque chose. Ainsi Saül, qui était de temps
en temps animé d'un mauvais esprit, était regardé comme obsédé et non comme
possédé, 1 Samuel 16:23; c'est également une obsession du démon Asmodée qui
faisait mourir les maris de Sara, fille de Raguel, Tobie, 3:7-9. Cependant
cette distinction des Juifs est peut-être arbitraire, et les caractères qui
distinguent l'obsession de la possession, ne sont pas tellement définis, qu'on
puisse décider à laquelle de ces deux affections doivent appartenir certains
faits où l'on reconnaît cependant l'influence du mauvais esprit; si
l'intermittence constituait l'obsession, elle se retrouvait pourtant chez des
hommes que l'Évangile appelle possédés, Matthieu 4:24; 17:15.
La frappante analogie qui se présente entre les cas de
possession rapportés par l'Évangile et plusieurs maladies connues, a séduit
bien des théologiens et leur a fait admettre une explication dite naturelle, la
négation de la possession. Les forces prodigieuses de certains fous dans leurs
moments de folie, la misanthropie d'autres individus qui ne veulent se laisser
approcher de personne, tant de gens qui se croient changés en loups, en
chapeaux, en beurre, qui se croient rois ou princes, d'un autre côté, les
épileptiques avec toutes les horreurs de leur mal, toutes ces choses dont on
peut trouver la cause prochaine dans un dérangement physique, un échauffement
des intestins, une irritation de la bile, une lésion du cerveau, une affection
des nerfs, paraissent tenir de si près à l'organisme qu'on en est venu à
méconnaître l'action, plus éloignée parce qu'elle est plus profonde, des
méchants esprits.
D'un autre côté, l'on s'est demandé comment il se fait
qu'il n'y ait plus de possédés. Avant de répondre, posons une question, et
demandons-nous: N'y a-t-il en effet plus de possédés? La question peut
évidemment se poser ainsi, mais nous n'essaierons pas de la résoudre pour le moment;
rappelons seulement que plusieurs médecins distingués renoncent à expliquer,
comme à guérir, certaines maladies qu'ils ne comprennent pas, et dont ils
disent qu'elles ne sont pas naturelles; rappelons une possession racontée par
le missionnaire Rhénius aux Indes Orientales, 1818, et demandons-nous quels
noms les apôtres, s'ils entraient, de nos jours, dans quelques-uns de nos
hospices d'aliénés, donneraient à plusieurs d'entre eux.
— Mais, acceptant la question comme on la pose,
pourquoi n'y a-t-il plus de possédés? l'acceptant avec nos réserves,
c'est-à-dire, pourquoi en voit-on moins maintenant qu'au temps de Jésus, nous
répondrons:
1. Il
est sûr que, sous ce rapport, comme sous tant d'autres, l'esprit de l'Évangile
a exercé une influence bénie sur l'humanité, et que les manifestations du mal,
sous sa forme la plus repoussante, paraissent avoir été adoucies et modifiées:
par une interprétation à la fois fausse et exagérée de 1 Jean 3:8, on a été
jusqu'à prétendre que le diable ne pouvait plus exercer aucune influence sur
l'Église de Christ, ce qui ne pourrait être vrai tout au plus que des vrais
membres de cette Église, et encore! Mais, si l'on repousse l'exagération, la
vérité reste vérité, et, dans la lutte entre le bien et le mal, qui se livre
sur la terre, le mal a perdu du terrain.
2. La
croyance aux mauvais esprits est moins répandue, moins vivante qu'elle ne
l'était aux jours de Jésus, et tel malheureux, épileptique ou fou, sera sous
l'influence d'un démon sans que la pensée lui en vienne, non plus qu'au médecin
qui le soigne. Ce qu'il dira ou fera sera mis sur le compte d'un cerveau
dérangé. Lorsqu'on est sous l'influence de certaines préoccupations, on
rapporte tout à un seul centre, à une même idée, comme, au contraire, on attend
une évidence palpable pour arriver à d'autres idées étrangères à l'esprit,
inconnues ou inattendues. Pendant le règne du choléra, la plus légère
indisposition pouvait être envisagée comme un symptôme de la maladie; en dehors
de son règne, et lorsqu'on n'y pense plus, on attend qu'il soit entièrement
déclaré pour commencer à y croire. Il en est de même des causes de la
possession: dans l'ancienne alliance, on ne voit guère de cas de démoniaques
non qu'ils fussent plus rares peut-être, mais parce que l'idée des esprits infernaux
n'avait pas été mise en aussi grande évidence qu'elle le fut plus tard; les
Juifs y pensaient moins, et ne donnaient pas à la maladie dont ils ne
supposaient pas la cause un nom tiré de cette cause même. Dans la chrétienté
moderne, l'incrédulité a jeté de si profondes racines, l'erreur a prévalu en
tant de lieux, que la croyance aux esprits de ténèbres a été comme voilée, et
ceux mêmes qui en sont possédés n'en ont qu'imparfaitement la conscience; or,
ce n'est pas le méchant esprit lui-même qui se révélera, son triomphe est de
rester ignoré. Nous reconnaissons do ne que le nombre des possessions a
diminué, qu'il est peut-être rare, et nous voyons dans ce fait la salutaire
influence de ce rédempteur qui doit un jour rétablir entièrement l'harmonie dans
le monde moral et dans le monde physique; mais nous ne pensons pas que le mal
ait cessé: il ne cessera que lorsque sa cause même, le péché, aura disparu,
— Voir: Olshausen, Comment, sur Matthieu 8:28.
Meyer, Blætter für
hœhere Wahrheit, VII, 199.
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POSTE,
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— Voir: Courriers.
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POTIPHAR,
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Genèse 37:36; 39:1; 40:3, officier des gardes de
Pharaon, acheta Joseph aux marchands madianites, et, satisfait de ses talents
et de sa fidélité, il lui confia l'administration de ses biens. Avec Joseph, la
bénédiction divine entra dans sa maison; avec elle la prospérité, et la
confiance de Potiphar en son serviteur s'accrut au point, dit l'Écriture, qu'il
n'entrait plus en connaissance d'aucune chose, sinon du pain qu'il mangeait.
Mais, cédant aux suggestions calomnieuses de son infâme épouse, il crut Joseph
coupable, le fit charger de fers, et l'enferma dans la prison d'état dont il
avait la surveillance. Il ne tarda pas cependant à reconnaître que celui qui
avait laissé son manteau entre les mains de son épouse ne pouvait être un
séducteur; il rendit à Joseph sa confiance, mais, au lieu de sa première place
que la prudence ne lui permettait pas de lui rendre, il lui confia le
gouvernement intérieur de la prison. Quelques auteurs croient que Potiphar doit
être distingué du gouverneur de la prison, attendu que ce dernier n'est pas
nommé, et que la double charge d'officier de Pharaon et de geôlier n'aurait pu
être remplie par la même personne. Le fait ne peut être établi d'une manière
positive, et nous avons suivi l'opinion la plus simple, et le plus généralement
admise.
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POTIPHÉRAH,
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gouverneur sacrificateur d'On, et beau-père de Joseph,
Genèse 41:45; 46:20. Ce nom, qui signifie «appartenant au soleil», a été
retrouvé et déchiffré sur un manuscrit funéraire hiéroglyphique. Sa
signification convient parfaitement aux fonctions d'un homme qui était
sacrificateur dans On, ou Héliopolis, la ville du soleil. C'est une preuve
intérieure en faveur de l'antiquité et de l'authenticité des livres de Moïse.
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POULES.
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Il n'est parlé nulle part, dans l'Ancien Testament, de
poules, ni de coqs, bien qu'il semble évident que les Israélites, qui avaient
longtemps habité l'Égypte où elles se trouvent en si grande abondance, dussent
les connaître, et même en posséder. On ne comprend pas surtout que la loi si
détaillée sur les animaux purs et impurs, ne fasse aucune mention du plus connu
de nos animaux domestiques; ce silence, au reste, ne peut être interprété qu'en
faveur de la chair de cet animal. Un grand nombre d'interprètes ont cependant
cru trouver la poule, les uns dans un nom, les autres dans un autre. Ainsi
l'hébreu zarzir, Proverbes 30:31, que nos versions ont traduit par cheval, et
qu'on est d'accord à entendre du cheval de bataille (Bochart, Gesenius, Winer,
Umbreit), a été entendu du coq par les anciens commentateurs; d'autres le
traduisent encore par léopard, abeille, lévrier, zèbre; il signifie proprement
celui qui est ceint, retroussé, préparé.
— Ainsi le mot sèkevi, Job 38:36, que nos versions
rendent par cœur, avec la plupart des interprètes, a été également entendu du
coq, et de son intelligence à marquer, par son chant, les heures de la nuit;
les Septante semblent l'entendre d'une femme habile dans l'art de broder.
— De même Jérémie 17:11, «une perdrix couve et n'a
point pondu», le mot hébreu dagâr, que Jahn, entre autres, paraît prendre pour
le nom d'une espèce de poule, est simplement un verbe.
— Le mot gober, qui signifie vaillant homme, a été
traduit, Ésaïe 22:17, par coq: Voici, l'Éternel te transportera comme on
transporte un coq (au marché). La traduction de nos versions est bonne;
seulement le mol: O homme! doit être entendu d'un vaillant homme, d'un
guerrier.
— Enfin, les barburim de 1 Rois 4:23, qui apparaissent
partout où il y a des difficultés zoologiques, ont été entendues par des
poules, après l'avoir été des canards, des oies, des faisans, etc.; nos
versions, en le traduisant par le terme général de volailles, conservent
jusqu'à un certain point l'incertitude du mot, quoique cette traduction
paraisse indiquer plutôt des poules que d'autres oiseaux; mais, dans le doute,
on ne saurait indiquer aucune expression préférable. Les anciens interprètes ne
connaissaient déjà plus le sens de ce mot, et ils l'entendaient d'oiseaux en
général, d'après l'analogie du syriaque et du samaritain. Mais à côté de ce
silence de l'Écriture qui étonne, sans rien prouver, le Talmud présuppose, en
plusieurs passages, que l'habitude d'élever des poules était fort commune parmi
les Juifs, et le Nouveau Testament parle, en divers endroits, de coqs, Matthieu
26:34 (Marc 14:30; Luc 22:34; Jean 18:27), et de poules, Matthieu 23:37; Luc
13:34. Cependant la Mishna Baba Kama, 7:7, parle d'une exception à cet égard,
et dit que les habitants de Jérusalem, non plus que les prêtres, n'avaient pas
le droit de nourrir des poules, et les interprètes qui ont cru à cette
exception, ou qui admettent qu'elle existait déjà du temps de Jésus, ont
appliqué ce qui est dit du chant du coq lors du reniement de saint Pierre, soit
au cri du guet, soit au cri du héraut chargé de convoquer le peuple pour le
jugement, soit à l'appel des gardiens du temple qui devaient, chaque matin,
réveiller les prêtres en frappant à la porte de Beth-Moked; d'autres encore ont
pensé que la maison de Caïphe était près des murs de la ville, et que de là,
pendant le silence de la nuit, on pouvait facilement entendre le cri du coq
dans la campagne. Mais ces suppositions, d'ailleurs si peu vraisemblables, ne
sont même pas nécessaires; Reland avait émis déjà l'opinion que cette exception
talmudique était postérieure à l'ère chrétienne, et Schulz a prouvé qu'elle
n'avait même probablement jamais existé.
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POURCEAU,
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— Voir: Porc.
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POURPRE,
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belle couleur de teinture que la plus haute antiquité
paraît avoir déjà connue, et dont la légende raconte qu'elle fut découverte par
Hercule Tyrien, dont le chien, ayant mangé d'un poisson à écailles, revint
auprès de son maître les lèvres teintes de pourpre. Mais ici l'histoire remonte
plus haut encore que la légende, et la pourpre fut employée par les Israélites
avant d'avoir été connue des Tyriens. On distingue principalement deux espèces
de pourpre, la rouge et la violette, l'une et l'autre se subdivisant en
plusieurs nuances et qualités différentes. La première, hébreu argaman, se tire
du coquillage à pourpre proprement dit, le
πόρφυρος ou
άροργή des Grecs, le purpura des Latins, qui se prend dans
la mer au moyen d'amorces. La seconde, hébreu thekèleth, est le produit d'une
espèce d'escargot qui s'attache aux rochers, et qui portait chez les Romains le
nom de buccinum, murex, ou conchylium. L'un et l'autre coquillage est tordu en
spirale, mais le premier se termine en pointe; le second est arrondi en
trompette ou en forme de cor. Les naturalistes modernes, et notamment Lamark
dans son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, ont observé et décrit
plusieurs coquillages à pourpre, chez lesquels la sécrétion colorante, située
dans une espèce de sac ou de réservoir, près de l'estomac, est d'abord jaune,
puis verte, et ne devient rouge que lorsqu'elle a été exposée à l'air et au
soleil, circonstance qui ne s'accorderait pas tout à fait avec les observations
des anciens. Mais les classifications des différentes espèces de coquillages
dans les systèmes modernes, chez Lamark et chez Cuvier, varient tellement,
qu'on ne peut encore déterminer exactement quel était le coquillage dont les
anciens tiraient leurs belles couleurs. C'est principalement sur les côtes de
la Phénicie, du Péloponèse et de l'Afrique septentrionale, qu'on faisait la
pêche de la pourpre, et, comme chaque coquillage ne fournissait que quelques
gouttes de couleur, la pêche ne pouvait jamais être fort abondante; aussi la
pourpre se vendait-elle fort cher, à l'égal des métaux les plus précieux, et ce
n'étaient, en thèse générale, que les princes et les statues des dieux qui pouvaient
porter des vêtements de cette couleur, Jérémie 10:9; Ézéchiel 23:6; Cantique
7:5; Jonas 3:6, comme aussi, chez les Hébreux, il entrait beaucoup de pourpre
dans les tapisseries du tabernacle et dans les ornements du grand-prêtre, Exode
25, sq. Les rois donnaient des vêtements de pourpre comme la récompense de
services signalés, Daniel 5:7,16,29, ou comme preuve d'une bienveillance
particulière, 1 Maccabées 10:20,62,64, cf. 11:58. À Rome, une loi impériale
restreignait à certaines classes le droit de porter de semblables vêtements,
Suéton. Ces. 43. Néron 32.
— On teignait de pourpre les étoffes de laine,
quelquefois aussi du lin et du coton, et c'étaient les Phéniciens qui faisaient
ce travail avec le plus de perfection, Ézéchiel 27:16, et qui possédaient les
établissements de teinture les plus importants. Les Lydiens, Actes 16:14,
avaient aussi acquis dans ce genre de travail une réputation méritée.
— On a vu, à l'article Cramoisi, les différentes
espèces de rouge connues des Hébreux; mais, dans le langage ordinaire, on
nommait souvent l'un pour l'autre, lorsqu'il n'importait pas d'apprécier la
nuance; les anciens confondaient surtout fréquemment le pourpre et le cramoisi,
comme on peut le voir encore dans la comparaison de Marc 15:17; Jean 19:2; avec
Matthieu 27:28.
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POUSSINIÈRE,
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— Voir: Astres.
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POUX,
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— Voir: Mouches #2.
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POUZZOLES,
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ville maritime de l'Italie Inférieure, à 4 lieues
sud-ouest de Naples: Saint Paul y descendit en venant de Reggio, et y séjourna
sept jours, Actes 28:13. Elle tirait son nom de Puteoli, soit du grand nombre
de puits qui étaient dans ses environs, soit de la puanteur de ses eaux
sulfureuses. Pouzzoles avait été fondée et peuplée par une colonie de Samiens,
et appartenait à la Campanie; les Romains s'en emparèrent de bonne heure et y
envoyèrent à diverses reprises des colons. Son port était un des plus animés de
l'Italie, et un entrepôt de première classe. C'était là en particulier que
débarquaient et que déchargeaient ordinairement les vaisseaux venant
d'Alexandrie; c'était là aussi que descendaient le plus volontiers les Syriens
qui faisaient le voyage de Rome, car c'était le dernier port parfaitement sûr
où ils pussent aborder jusqu'à l'embouchure du Tibre.
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PRÉMICES.
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De même que la nation d'Israël toute entière offrait
une gerbe et des gâteaux de fine farine en prémices à l'Éternel, comme symbole
de la reconnaissance nationale, Lévitique 23:10, la gerbe à Pâque et les pains
à la Pentecôte, chaque Israélite individuellement était tenu d'offrir à
l'Éternel pour sa part des prémices de tous les produits de la terre, soit
bruts, comme du blé, des fruits, des raisins, soit travaillés, comme du moût,
de l'huile, de la farine, même du levain, avant de pouvoir user du reste de la
récolte, Exode 23:19; Nombres 15:20; 18:12; Deutéronome 26:2; Néhémie 10:38;
cf. Proverbes 3:9; Tobie 1:6. Ces prémices n'étaient cependant pas déposées sur
l'autel, mais remises aux prêtres pour leur usage, Nombres 18:12; Deutéronome
18:4; cf. Ézéchiel 44:30. La quantité de l'offrande n'est déterminée nulle
part, elle était abandonnée à la bonne volonté de chacun; le Talmud fixe pour
les prémices des produits déjà travaillés, la 60e partie comme minimum; donner
le 30e était se montrer libéral.
On distinguait deux espèces de prémices, les
biccourim, et les therouphoth, qui étaient comprises l'une et l'autre sous le
nom général de réshith (commencement). Les biccourim ne se prélevaient que sur
les produits entièrement naturels, nommés Deutéronome 8:8, savoir le blé,
l'orge, les raisins, les figues, les grenades, et les olives, et seulement sur
ceux qui avaient crû dans la Terre Sainte: les Israélites qui habitaient fort
loin de Jérusalem pouvaient envoyer ces prémices sèches, mais elles devaient
toujours être choisies parmi ce qu'il y avait de meilleur (Mishna). On ne les
offrait jamais avant Pentecôte, ni après la fête de la dédicace. Le cérémoniel
qui accompagnait leur perception et leur translation, est décrit Deutéronome
26:2; les Juifs postérieurs y Rajoutèrent quelques formalités, quelques détails
qu'on peut lire, si l'on veut, dans la Mishna Biccour. 3, 2.
— Les therouphoth étaient les prémices des produits
travaillés; destinés aux prêtres, ils n'étaient pas portés au temple, mais
remis aux prêtres eux-mêmes, peut-être dans les villes qui leur étaient
assignées pour demeures; ils se prélevaient sur les produits de toutes les
propriétés juives, qu'elles fussent situées en Égypte, en Syrie, en Moab,
Hammon, ou en Babylonie. Les biccourim qui rappelaient les droits de Dieu sur
la terre, ne pouvaient être perçus que sur cette terre elle-même; les autres
qui étaient destinées à l'entretien des ministres du culte, devaient se payer
partout où il y avait un culte. Les laïques qui mangeaient les prémices avec
intention ou même par inadvertance, étaient soumis à des peines plus ou moins
sévères. On donnait aussi les prémices du miel, et de la laine des moutons, 2
Chroniques 31:5; Deutéronome 18:4, chacun selon ses facultés et sa bonne
volonté. La fête de Pentecôte était appelée fête des prémices, Nombres 28:26,
comme celle des tabernacles fête de la récolte, Exode 23:16.
— Le but politique de cette institution était
l'entretien des sacrificateurs; son but moral était de rappeler aux Israélites
que tous les biens viennent de Dieu seul; son but typique ou mystique, de
tourner les regards des fidèles vers Jésus, les prémices de l'Église, celui en
qui seul nous pouvons être agréables à Dieu, les prémices de ceux qui dorment,
1 Corinthiens 15:20, celui qui nous demande aussi nos premières années, et les
premiers moments de chacune de nos journées, Psaumes 119:147; 57:8; Ecclésiaste
12:3.
L'usage de ces prémices explique des façons de parler
assez communes dans l'Écriture, et qui marquent comme les premiers fruits et
les premières productions d'une chose (g, des Bergeries). Ainsi Paul appelle
prémices de l'Esprit, Romains 8:23, le commencement de joie et de paix qui
donne aux fidèles l'assurance que Dieu achèvera en eux la bonne œuvre qu'il a
commencée; ainsi encore il appelle Épaïnète et Stéphanas les prémices de
l'Achaïe, parce qu'ils avaient été les premiers qui s'y étaient donnés à Dieu,
1 Corinthiens 16:15. Romains 16:5; ainsi encore saint Jean qualifie du titre de
prémices à Dieu et à l'Agneau ceux qui sont déjà glorifiés dans le ciel,
Apocalypse 14:4.
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PRÉPARATION.
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On appelait ainsi le jour, ou tout au moins le soir
qui précédait le sabbat, Matthieu 27:62; Marc 15:42; Luc 23:54; lors de la
passion de notre Seigneur, il coïncidait avec le premier jour de Pâques et des
pains sans levain, Matthieu 26:17. On l'appelait préparation parce qu'il était
tout naturel que la veille du sabbat chacun s'y préparât d'avance, soit en multipliant
ses occupations pour en décharger le jour suivant, soit au contraire, quand on
le pouvait, en donnant déjà quelques moments de plus au recueillement. Il en
était de toutes les autres fêtes comme du sabbat, elles étaient précédées d'une
soirée de préparation, cf. Jean 19:14, alors même qu'elles tombaient sur l'un
des jours ouvrables.
— Voir: Pâques.
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PRÉSENTS,
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— Voir: Dons.
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PRÊT,
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— Voir: Dettes.
Le prêt à intérêt était défendu, et l'usure inspirait
le plus profond mépris, quoique du reste aucune peine civile ne fût portée
contre ce délit, Proverbes 28:8; Ézéchiel 18:8,13,17; 22:12; Psaumes 15:5;
109:14; cf. Luc 7:42, — excepté sans doute la restitution lorsqu'une plainte
était portée (Talmud). Des créances et obligations étaient écrites en pareil
cas, et régulièrement signées par l'emprunteur, depuis les jours de l'exil, Luc
16:6. Le prêteur avait le droit d'exiger un gage, mais avec plusieurs
restrictions, Exode 22:25; Deutéronome 24:6; sq. cf. Ézéchiel 18:7; Job 24:3.
Toutes ces mesures étaient à l'avantage du pauvre, mais malheureusement elles
ne furent pas toujours pratiquées, et souvent le créancier traitait son
débiteur d'autant plus durement que la loi ne statuait rien directement à
l'égard de ceux qui étaient insolvables, Job 22:6; 24:3; elle semblait
seulement impliquer l'esclavage momentané du débiteur trop pauvre, Lévitique
25:39, et c'est de ce passage où la loi recommande au riche l'humanité, qu'ils
se servaient, ainsi que de quelques autres encore, pour dépouiller les
malheureux de leurs biens, de leurs familles, de leur liberté, Proverbes 22:27;
27:13; Job 24:3; 2 Rois 4:1; Néhémie 5:5; Ésaïe 50:1; Matthieu 18:25: ceux qui
avaient cautionné le débiteur étaient poursuivis comme lui, Proverbes 20:16;
22:26; 27:13.
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PRÉTOIRE.
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On nommait ainsi le palais où résidaient et jugeaient
en province les gouverneurs romains: ils y demeuraient avec leurs familles, et
tous les employés de leur administration. C'est au prétoire de Jérusalem que
Jésus fut conduit pour y être jugé par Pilate, Jean 18:28,33; Matthieu 27:27;
Marc 15:16; c'était l'ancien palais des Hérodes, un magnifique bâtiment, au
dire de Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 15, 9; 3, devant lequel était le
siège judicial, orné d'un de ces pavés en mosaïque que l'on trouve presque
partout où les Romains ont passé. Le prétoire avait une vaste cour dans
laquelle se tenait une cohorte de soldats romains, Matthieu 27:27; Marc 15:16;
une espèce de loge ou de vestibule ouvrant sur la rue donnait l'entrée de la
cour; c'est là que les Juifs refusèrent d'entrer, craignant de se souiller; ils
aimaient mieux rester à la rue pour crier: Crucifie, crucifie!
— Le même nom de prétoire est employé dans le sens de
palais, Actes 23:35, où il n'est pas parlé de la demeure officielle du
procurateur romain. Et saint Paul dit, Philippiens 1:13, que ses liens en
Christ ont été rendus célèbres dans tout le prétoire, et partout ailleurs. On a
entendu ce mot diversement dans ce passage.
1. Les
uns, comme Périzonius, Beausobre et Lenfant, pensent qu'il se rapporte au camp
des soldats prétoriens établi par Séjan sous Tibère, en dehors des murs de
Rome, et sous les ordres du préfet du prétoire de cette ville. Paul, pendant sa
captivité, avait un logement particulier dans lequel il était gardé par un
prétorien, Actes 28:16; les soldats alternaient dans cette surveillance, et il
est fort possible que l'Évangile ait ainsi pénétré peu à peu toute la garnison.
2. Œder
l'explique du palais de Gallion à Corinthe, mais on ne saurait plus ce que
signifie la salutation de 4:22.
3. Paulus
de Heidelberg, et Rilliet, entendent le prétoire du palais d'Hérode à Césarée,
où Paul fut écroué sur l'ordre de Félix, Actes 23:35.
4. Enfin
l'on peut entendre par là le palais impérial de Néron; le prétoire signifierait
la même chose que la maison de César, 4:22. C'est l'opinion de Chrysostôme,
Huber, Grotius, Wolff, Steiger. On objecte que cette signification n'est pas
prouvée, que la maison de César s'appelait palais, et non prétoire. Mais les
provinciaux habitués à donner le nom de prétoire au palais des commissaires
impériaux, pouvaient bien, par ignorance ou par habitude, conserver ce nom au
palais de l'empereur lui-même. D'ailleurs il est bien prouvé que le nom de
prétoire commençait dans ce temps à être employé dans le sens plus général de
palais,
— Voir: Juvén. 10, 161. Suet. Oct. 72. Calig. 37.
Paul entendrait alors les habitants de la maison
impériale, et non les soldats qui y faisaient le service; on peut le conclure
des derniers mots du verset, car le prétoire était plus important comme palais
que s'il ne se fût agi que des soldats.
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PRÊTRES.
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Ce fut, pendant la période patriarcale et jusqu'à
Jéthro, le père de famille qui fut prêtre et sacrificateur dans sa maison; Caïn
et Abel les premiers, puis Noé, Abraham, Melchisédec, Abimélec, Laban, Isaac,
Jacob, Job, Jéthro, Moïse même, nous apparaissent les uns après les autres dans
l'histoire, tour à tour princes et pontifes. Mais après que les descendants
d'Abraham eurent pris la consistance d'un peuple, une tribu d'entre les douze
fut choisie de Dieu et mise à part pour le service du sanctuaire, et dans cette
tribu, qui se composait de trois familles principales, une caste sacerdotale
fut choisie d'entre les Kéhathites; tous les autres enfants de la tribu furent
destinés d'une manière générale au service du tabernacle comme aides,
serviteurs, frères laïques (— Voir: Lévi); les Kéhathites, et parmi eux la
famille d'Aaron seulement, Nombres 4:2; Exode 28:1, furent appelés à fournir
des pontifes à la nation, et la peine de mort fut prononcée contre tous ceux
qui, appartenant à une autre famille, tenteraient de remplir les fonctions
sacerdotales, Nombres 3:6,38; 16:40. Hozias, roi de Juda, qui voulut offrir
l'encens à l'Éternel, fut frappé de la lèpre, mis hors de son palais et exclu
des affaires publiques jusqu'à sa mort, 2 Chroniques 26:19. On voit cependant
que dans certaines occasions, mais seulement en rase campagne et toujours hors
du temple, des hommes non prêtres, des juges et des rois d'Israël, surtout
avant que le tabernacle eût été fixé dans Jérusalem, ont offert des sacrifices
à l'Éternel, 1 Samuel 7:9; 9:13; 16:5; 2 Samuel 6:13; 24:24; 1 Rois 18:33; 2
Chroniques 1:5, ou porté l'éphod, consulté le Seigneur et béni le peuple, 2
Samuel 6:14,18; 1 Samuel 23:9; 30:7; 1 Rois 8:55-56. Les interprétations
données pour expliquer ces faits autrement que d'une part active, mais
partielle et momentanée, prise par ces personnages au sacerdoce public, sont
forcées et presque toutes inadmissibles, tandis qu'il est assez naturel de
croire qu'en faveur de quelques élus, tels qu'Élie et David, Dieu ait autorisé
des cérémonies qui étaient peut-être calculées pour préparer les Juifs à l'idée
du sacerdoce universel.
L'Écriture ne fixe pas l'année en laquelle les prêtres
pouvaient entrer en fonctions; d'après les Guémaristes, ce n'était qu'après
l'âge de vingt ans, mais comme plus tard on voit l'exemple d'un jeune homme
déjà souverain sacrificateur (Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 12, 3, 3),
il est évident qu'avec les simples prêtres on avait fini par devenir moins
sévère encore. Ils étaient tenus de prouver leur filiation directe de la
famille sacerdotale, et ils attachaient à cause de cela une grande importance à
leurs registres généalogiques, Esdras 2:62. Néhémie 7:64. La première
consécration des prêtres fut faite par Moïse en la personne d'Aaron et de ses
fils, Exode 29, Lévitique 8; on ignore si une cérémonie semblable se
renouvelait à l'entrée en fonctions de chaque prêtre, ou si elle fut faite une
fois pour toutes, les prêtres n'ayant plus qu'à faire constater leurs droits et
leur aptitude, ou si enfin ils étaient tenus à l'offrande du gâteau, Lévitique
6:12,14, mais à cela seulement. Quant au souverain sacrificateur dont la consécration
était plus solennelle que celle des simples prêtres, on doute qu'elle se
renouvelât à chaque élection nouvelle, telle qu'elle avait eu lieu en la
personne d'Aaron, et l'on croit que l'on se contentait de revêtir le nouveau
pontife des habits de son prédécesseur, comme cela se fit à la mort d'Aaron,
Nombres 20:25-26; cf. 1 Maccabées 10:21.
Les prêtres portaient pendant qu'ils officiaient, et
peut-être toutes les fois qu'ils étaient dans le temple, des vêtements de fin
lin, décrits d'une manière générale Exode 28, cf. Lévitique 6:10. Flavius
Josèphe donne quelques détails sur les diverses pièces de cet habillement,
Antiquités Judaïques 3, 7, 1; 2; 3; sur les caleçons, espèce de large pantalon
comme en portent généralement les Orientaux; sur la tunique, qui était sans
couture; sur la ceinture, de diverses couleurs, tissu fort lâche, large de
trois doigts, creuse comme la peau d'un serpent; sur le bonnet ou turban,
composé de plusieurs tours d'une bande de lin repliée et cousue, avec une toile
qui enveloppe le tout et descend jusque sur le front pour cacher la difformité
des coutures. Les rabbins et saint Jérôme varient sur quelques détails peu
importants.
Le souverain sacrificateur se distinguait des autres
prêtres par plus de richesse dans ses vêtements, et par quelques pièces
accessoires. Le rocket était une robe qui tenait depuis le cou jusqu'aux genoux
tout autour du corps; elle était composée de filets très déliés, de couleur
hyacinthe; au bas étaient des figures de grenades, de lin retors et de pourpre,
entre lesquelles pendaient de petites clochettes d'or afin qu'on en entendît le
son lorsque le sacrificateur entrait dans le sanctuaire ou en sortait; ce qui
signifie que le chrétien, en marchant dans ce monde, doit porter des fruits et
faire entendre le bruit de l'Évangile, joindre la pratique à l'enseignement.
Les fruits marquaient aussi tout ce qu'il y a de doux et de rafraîchissant dans
les paroles de la vie éternelle; les clochettes d'or, le son de la prédication
de l'Évangile qui doit se faire entendre en temps et hors de temps.
— Nous avons parlé de l'éphod en sa place.
— Le pectoral de jugement était un drap doublé, de
même matière et de même travail que l'éphod. Il était carré, de la grandeur
d'une palme (9 centimètres) de chaque côté, ayant à ses coins quatre anneaux
d'or, attachés en haut par deux chaînes d'or et en bas par deux bandes de
pourpre qui tenaient le pectoral lié de tous les côtés. Sur ce pectoral étaient
quatre rangs de pierres précieuses, et a chaque rang trois sortes de pierres
sur chacune desquelles était gravé le nom d'une des tribus d'Israël; il
renfermait l'Urim et le. Thummim, q.v.
— La tiare ou mitre du souverain sacrificateur était
non seulement plus riche et plus façonnée que le bonnet des simples prêtres,
mais elle portait encore une forme de couronne à l'entour, et sur une bande
d'hyacinthe une bande d'or qui ceignait le front, avec ces mots gravés: La
sainteté à l'Éternel! symbole de la sainteté que nous devons toujours
poursuivre, et que nous ne pouvons trouver que dans la justice de Jésus-Christ.
— Il ne paraît pas que les prêtres portassent de
souliers; il n'en est fait mention nulle part, et l'on croyait en général qu'on
ne pouvait fouler que pieds nus une terre sacrée, cf. Exode 3:5; Josué 5:15;
les rabbins, d'ailleurs, affirment positivement que les prêtres officiaient
sans chaussures et ils trouvent dans ce fait une des cause, principales des
maladies d'entrailles auxquelles les prêtres étaient sujets. On sait que chez
les Égyptiens, les prêtres ne pouvaient non plus célébrer leurs mystères que
nu-pieds.
Quant à leurs fonctions, les prêtres étaient appelés à
instruire le peuple dans la loi de Dieu, Lévitique 10:11; Deutéronome 33:10;
Ézéchiel 3:17; à le bénir selon l'ordre du Seigneur, Nombres 6:23; Deutéronome 21:5;
à distinguer suivant l'ordonnance lévitique ce qui est pur et ce qui est impur,
Lévitique 10:10; Deutéronome 17:18, les différentes sortes de lèpres, les
causes de divorce, les souillures légales et cérémonielles; ils administraient
les eaux de jalousie à la demande d'un mari soupçonneux, Lévitique 13 et 14,
Nombres 5:11; sq..
— Dans les parvis du temple ils égorgeaient et
préparaient les victimes pour les offrir en sacrifice selon l'ordre et les
cérémonies que Dieu lui-même avait prescrites, et c'est de cette fonction, qui
était la plus commune et la plus apparente de leur charge, qu'ils avaient reçu
le nom de sacrificateurs.
— Dans le lieu saint ils devaient allumer tous les
jours les lampes, y conserver l'huile, et les faire luire depuis le soir jusqu'au
matin, Lévitique 24:2; faire tous les jours le parfum devant l'Éternel, Exode
30:7; cf. Luc 1:10; poser les pains de proposition sur la table qui y était
dressée, et les changer à chaque sabbat, Lévitique 24:5; 2:9.
— Le souverain sacrificateur qui était appelé à faire
toutes ces choses dans le lieu saint lorsqu'il le pouvait, avait en outre des
fonctions particulières; il devait, une fois l'an, faire une solennelle
expiation pour le sanctuaire, pour lui-même, et pour toute l'assemblée; il
entrait dans le lieu très saint; il priait, il intercédait pour le peuple,
enfin il bénissait solennellement l'assemblée.
— Il est parlé encore de quelques autres occupations
moins spécialement en rapport avec la charge des prêtres; ils devaient en
certains moments déterminés sonner de leurs trompettes d'argent, Nombres 10:8;
2 Chroniques 5:12; 7:6; 29:26; Néhémie 12:41; faire l'estimation des vœux,
Lévitique 27; rendre la justice dans les causes difficiles, Deutéronome 17:8;
19:17; 21:5; 2 Chroniques 17:8; le roi Josaphat établit lui-même à Jérusalem un
tribunal supérieur de prêtres et de lévites, 2 Chroniques 19:8. Quant à leur
rôle dans les armées,
— Voir: Guerre.
Ils avaient aussi quelques occupations particulières à
remplir pour lesquelles ils alternaient, se distribuant parle sort leurs jours
de fonction, la garde du temple pendant la nuit (on en trouve probablement une
trace, Actes 4:1; 5:24; Luc 22:52? peut-être aussi Jérémie 20:1), la
surveillance des trésors du temple, des vases sacrés, du vestiaire, etc.
Pour l'accomplissement de leurs fonctions, les prêtres
devaient être dans les conditions de la pureté légale et cérémonielle, et il
leur était interdit de prendre du vin, ou tout autre breuvage enivrant, quand
ils entraient dans le tabernacle, et pendant qu'ils y officiaient, Lévitique
10:9; Ézéchiel 44:21. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 3, 12, 3. Ils
devaient s'abstenir de mener deuil pour un mort s'il n'était leur proche
parent, et même le souverain sacrificateur ne pouvait le faire pour qui que ce
fût, Lévitique 21:11; 10:6. Il ne devait y avoir en eux aucun défaut corporel,
ni mutilation de membres, comme aussi leur réputation devait être sans tache,
Lévitique 21:17. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 3, 12, 2. Leurs femmes
mêmes devaient répondre à cette idée de sainteté dont toutes les prescriptions
précédentes étaient des conditions; ils ne pouvaient épouser aucune personne de
mauvaise vie, ou répudiée, ou de réputation équivoque, Lévitique 21:7. Les
veuves n'étaient point exclues de leur choix, sinon pour le souverain
sacrificateur, qui devait épouser une vierge, Lévitique 21:13; du reste, ils
avaient le droit de choisir dans toute la nation, sans être limités par des
considérations de famille ou de tribu; les étrangères seules leur étaient
défendues, Esdras 10:18; mais, en général, ils se mariaient plus volontiers
entre eux, et ils épousaient des filles de race sacerdotale, cf. Luc 1:5. Les
préceptes d'une pureté parfaite s'étendaient jusqu'aux filles des prêtres, qui
étaient punies de mort lorsqu'elles manquaient aux lois de la chasteté,
Lévitique 21:9. L'institution du sacerdoce était ainsi recommandée au respect
et à la vénération publique, non seulement par la grandeur même de ses
fonctions, mais encore par l'auréole de sainteté et de pureté qui en entourait
l'exercice et les ministres, cf. Jérémie 18:18; ces derniers, malheureusement,
voulurent allier le sanctuaire et l'esprit du monde: on les vit souvent manquer
à tous leurs devoirs, et opprimer le peuple qu'ils devaient paître; ils recherchèrent
les biens terrestres et la satisfaction de la chair, et compromirent, avec leur
ministère, leur religion, Jérémie 5:31; 6:13; 23:11; Lamentations 4:13;
Ézéchiel 22:26; Osée 6:9; Michée 3:11; Sophonie 3:4; Malachie 2.
Treize villes, d'entre les quarante-huit qui avaient
été données aux Lévites, étaient spécialement destinées à être la résidence des
prêtres; elles étaient réunies dans le voisinage de Jérusalem, dans les tribus
de Juda, de Benjamin et de Siméon, Josué 21:4,10; c'étaient Hébron, Libna,
Jathir, Estemoab, Holon, Débir, Hajin, Jutta, Beth-Sémès, Gabaon, Guébah,
Hanathoth, et Halmon; plusieurs d'entre elles furent encore après l'exil la
demeure de quelques prêtres, Néhémie 7:25, et le sacrificateur de Luc 10:31,
faisait sans doute pour affaires d'office le voyage de sa ville à Jérusalem, ou
le retour; cependant le plus grand nombre des prêtres paraissent, Néhémie
11:10, s'être fixés définitivement à Jérusalem, le centre de leur travaux.
Il était pourvu de diverses manières à l'entretien des
prêtres; les restes des sacrifices, et c'étaient souvent des restes fort
considérables, étaient pour eux, Lévitique 2:3,10; 5:13; 6:16; 7:6; etc.,
10:12; Nombres 6:20; Deutéronome 18:3; les prémices, les offrandes tournoyées,
une portion des dîmes, les pains de proposition, leur appartenaient encore,
Nombres 31:29; Lévitique 24:9; Matthieu 12:4, ainsi que l'argent provenant
d'amendes pour cause de souillure, du prix de rachat des vœux ou des
premiers-nés, Lévitique 27, Nombres 18:14-15. En outre, ils étaient exempts des
impôts et du service militaire, immunités dont ils continuèrent de jouir après
l'exil et sous la domination étrangère, Esdras 7:24. Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques 12, 3, 3.
Ils étaient partagés déjà du temps de David en
vingt-quatre classes ou éphéméries, qui avaient chacune leur chef, et vaquaient
alternativement au service public pendant sept jours, d'un sabbat à l'autre, 1
Chroniques 9:25; 24:3; 2 Chroniques 8:14; 23:4; 35:4; Néhémie 12:7; Esdras
10:5; 2 Rois 11:9; Luc 1:5.
— Après le schisme des dix tribus, ils ne continuèrent
à fonctionner que dans le royaume de Juda, 1 Rois 13:33; 2 Chroniques 11:13.
C'est ainsi que jusqu'à la destruction de Jérusalem et
de son temple par les Romains, cette caste subsista comme un corps respecté et
généralement respectable, exerçant sur le peuple une influence utile, et
dirigeant ses pensées vers la vérité par des rites symboliques, lui rappelant
toujours l'unité de Dieu, la condamnation du péché, et la réconciliation avec
Dieu par l'expiation. S'ils exercèrent parfois une espèce d'influence
politique, si même ils prirent quelque part au gouvernement général du pays, ce
fut comme une conséquence de leur caractère et de leur position, et non un
oubli de leurs fonctions, Nombres 27; 31:12; 32:2; Deutéronome 27:9; Josué
17:4. Sous les rois ils apparaissent comme médiateurs entre le peuple et son
chef, 2 Samuel 19:11; mais plus tard; et lorsque la corruption fut devenue
toujours plus manifeste et plus générale, ils se joignirent aux rois et aux princes
pour essayer de mettre un frein à la liberté de langage du ministère
prophétique, Jérémie 20:1; 26:7, ce qu'ils étaient d'autant plus portés à faire
que leur amour pour la forme et les cérémonies du culte ne pouvait que leur
faire redouter tout ce qui tendait à donner de l'esprit et de la vie à la foi.
La construction du temple avait puissamment contribué
à rendre solide et ferme la constitution et l'organisation sacerdotale.
Jusqu'alors, et malgré les prescriptions positives de la loi, il semble qu'il y
ait eu plus d'arbitraire et d'indécision dans les rapports du peuple avec le
sanctuaire; sous les juges, des maisons particulières louaient des prêtres pour
leur service; après eux, des rois et des prophètes paraissent remplir quelques
fonctions exclusivement réservées aux prêtres; des hommes sans caractère public
offrent des sacrifices; à côté du tabernacle de Silo on se rend sur les
hauteurs et dans les bois pour adorer; David, et même Salomon, empiètent sur
les fonctions des prêtres, sans en être repris ni punis, cf. Juges 6:18; 17:5;
18:27; 1 Samuel 30:7; 2 Samuel 6:18; 1 Rois 9:25. Comme les familles lévitiques
formaient environ la treizième partie de la population totale, leur entretien
par le peuple pourrait être considéré comme ayant dû être pour celui-ci une
charge extrêmement lourde, en admettant même que le sort des Lévites n'ait
jamais rien eu que de bien modeste. Cependant il faut remarquer:
a. d'abord,
que dans une contrée agricole et fertile, la remise des prémices et des dîmes
ne pouvait être onéreuse, là surtout où la propriété du sol était garantie aux
familles propriétaires;
b. que
la plupart des offrandes, vœux, sacrifices de prospérité, etc., n'étaient point
imposées, mais laissées à la libre volonté, à la piété des donateurs;
c. qu'à
l'exception des prêtres et des rois, tous les Israélites étaient producteurs,
et qu'ainsi le nombre des consommateurs non producteurs était extrêmement
restreint; il n'y avait ni milices régulières, ni corporations savantes à
entretenir;
d. que
les redevances en nature ne dépendaient point de l'augmentation de la famille
lévitique, mais qu'elles étaient fixées pour toujours au dixième de la moisson;
e. que
la tribu de Lévi avait les mêmes droits que les autres au partage du sol, et
que si elle en avait été dépouillée, il n'était que juste de l'en dédommager en
lui assurant une partie des produits recueillis; les dîmes étaient donc plus
qu'un salaire, elles étaient un intérêt, une rente.
Il n'est pas facile de donner une suite claire et
complète des souverains sacrificateurs qui se sont succédé en Juda dans
l'exercice de ces hautes fonctions. La facilité avec laquelle on néglige des
noms peu connus, le fréquent usage de deux noms pour un seul personnage,
peut-être des idées différentes sur la nature du sacerdoce, la distinction
entre le droit et le fait, ont pu influer sur les divergences qu'on remarque
entre les différentes listes de ces pontifes. Nous donnons ci-dessous la
succession pontificale, telle qu'elle ressort de différents endroits des livres
sacrés, comparée à celle qui se trouve 1 Chroniques 6:3; sq..
1. Aaron. 1.
Aaron.
2. Éléazar. 2.
Éléazar.
3. Phinées 3.
Phinées.
4. Abisuah sous les juges
d'après Flavius Josèphe, Actes 5:12. 4. Abisuah.
5. Bukki sous les juges
d'après Flavius Josèphe, Actes 5:12. 5. Bukki.
6. Huzi sous les juges
d'après Flavius Josèphe, Actes 5:12. 6. Huzi.
7. Héli. 7.
Zérahja.
8. Ahitub. 8.
Mérajoth
9. Ahija. 9.
Amaria.
10. Abiathar (ou Ahimélec). 10. Ahitub.
11. Abiathar, ou Achimélec,
ou Abimélec.
11. Tsadoc.
12. Tsadoc. 12. Ahimahats.
13. Ahimahats. 13. Hazaria I.
14. Hazaria I. 14. Johanan.
15. Johanan. 15. Hazaria II.
16. Hazaria II. 16. Amaria.
17. Amaria. 17. Ahitub.
18. Ahitub. 18. Tsadoc.
19. Tsadoc. 19. Sallum.
20. Urie. 20. Hilkija.
21. Sallum. 21. Hazaria IV.
22. Hazaria III. 22. Sérajah.
23. Hilkija. 23. Jéhotsadac.
24. Éliakim, ou
Jéhojakim. 24. Jésuah.
25. Hazaria IV.
26. Sérajah.
27. Jéhotsadac.
28. Jésuah. Esdras 2:2.
Dans ces deux listes, on remarque les analogies et les
dissemblances suivantes:
a. Les
six premiers noms sont les mêmes et ne font pas difficulté.
b. Les
#7 à 11 de la première sont les noms des pontifes qui ont exercé, quoiqu'ils
appartinssent à la branche cadette d'Ithamar, tandis que les #7 à 10 de la
seconde disent la suite de la postérité d'Éléazar, quoique ces hommes n'aient
pas fonctionné: les deux listes se rejoignent à Tsadoc, qui réunit la qualité
de pontife à celle de membre de la branche aînée,
c. Les
#12 à 19 de la première liste correspondent exactement aux #11 à 18 de la
seconde,
d. L'omission
du nom d'Urie dans la seconde liste entre 18 et 19, tient peut-être au rôle
honteux qu'il a joué sous Achaz, 2 Rois 16; c'est, une disgrâce: le petit-fils
de Tsadoc est nommé au lieu de son fils; la génération idolâtre n'est pas
comptée comme sacerdotale,
e. L'omission
d'Hazaria III, entre Sallum et Hilkija, dans la seconde liste, ne peut guère
s'expliquer que par le peu d'importance que les généalogies donnent souvent aux
détails, pourvu que l'ensemble et la filiation soient exactes; cependant
Hazaria s'est distingué comme réformateur sous Ézéchias.
f. Éliakim,
le #24 de la première liste, mais inconnu, est également omis dans la seconde,
g. Depuis
Hazaria IV, les deux listes sont les mêmes.
On voit, d'après ce qui précède, que la première est
une liste pontificale, la seconde un tableau généalogique de la famille d'Aaron
par Éléazar: la première était incomplète s'il y manquait un nom; la seconde
reste exacte malgré quelques omissions: celle-là nous dit la suite des grands
prêtres telle qu'elle a eu lieu, celle-ci nous dit ce qu'elle aurait dû être,
ce qu'elle aurait été sans la circonstance qui fit sortir le sacerdoce de la
branche d'Éléazar pendant un temps.
Flavius Josèphe et la Seder Olam des Juifs nous ont
conservé deux autres listes des grands prêtres hébreux depuis Aaron jusqu'à la
captivité; elles diffèrent entre elles et s'éloignent l'une et l'autre des deux
que nous avons rapportées; du reste elles sont sans intérêt.
Quant aux souverains sacrificateurs qui succédèrent à
Jésuah après le retour de la captivité, nous trouvons dans les livres d'Esdras,
de Néhémie et de Flavius Josèphe, les noms suivants, que nous rattachons à la
première de nos listes.
29. Jéhojakim (483 avant J.-C.), Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques 11, 5. Néhémie 12:10.
30. Éliasib (453), Néhémie 12:10; sq..
31. Jojadah (413), ibid.
32. Jonathan (373), ibid.
33. Jadduah (341), ibid.
34. Onias I (321).
35. Simon I, dit le Juste (300).
36. Éléazar (292).
37. Manassé (276).
38. Onias II (250).
39. Simon II (217), père des quatre suivants.
40. Onias III (195).
41. Jason, ou Jésus (175).
42. Ménélas, ou Onias IV (172).
43. Lysimaque, lapidé comme sacrilège.
Tous ceux-ci appartenaient à la famille d'Aaron et
d'Éléazar: ce dernier ne fut pas même pontife; nous le conservons sur la liste,
ainsi que quelques-uns des pontifes illégitimes qui suivirent, pour ne pas
compliquer une succession déjà difficile à débrouiller: nous suivrons en cela
les chiffres donnés par Calmet, quoique la véritable série doive passer de Ménélas
à Judas Maccabée, du #42 au 46, qui serait le 43e.
44. Alcime, ou Éliakim: il n'est pas de la branche
sacerdotale.
45. Onias V, n'exerce pas le pontificat; il se retire
en Égypte.
46. Judas, ou Jadduah Maccabée (166 avant J.-C.).
47. Jonathan son frère (161).
48. Simon (143).
49. Jean Hyrcan (135).
50. Aristobule (107).
51. Alexandre Jannée (106).
— Sa veuve, Alexandre, règne après lui, et donne le
pontificat à son fils.
52. Hyrcan (78), qui est dépossédé par son frère.
53. Aristobule (69); mais après plusieurs combats
— Hyrcan (63) rentre dans l'exercice de ses fonctions.
54. Antigone (40), fils d'Aristobule; usurpateur.
55. Hananéel de Babylone, descendant des anciens
pontifes (36).
56. Aristobule, le dernier des Maccabées; mort subite,
arrangée par Hérode.
— Hananéel rétabli.
57. Jésus fils de Phabis.
58. Simon fils de Boéthus, élevé à cette haute dignité
par Hérode, qui s'est fait son gendre.
59. Matthias, fils de Théophile, remplacé pour un jour
par Ellem.
60. Joatsar, fils de Simon le pontife.
61. Éléazar son frère.
62. Jésus fils de Siah.
— Joatsar rétabli, puis de nouveau destitué.
63. Ananus fils de Seth.
64. Ismaël fils de Phabi.
65. Éléazar fils d'Ananus.
66. Simon fils de Camithe.
67. Caïphe, ou Joseph, témoin et complice de la mort
du Christ.
68. Jonathas fils d'Ananus.
69. Théophile son fils.
70. Simon, dit Canthare, fils de Simon Boéthus.
71. Matthias fils d'Ananus.
72. Élioneus.
— Simon Canthare, rétabli puis déposé.
73. Joseph fils de Canée.
74. Ananias fils de Nébédée.
75. Ismaël fils de Phabée.
76. Joseph, surnommé Cabéï.
77. Ananus fils d'Ananus.
78. Jésus fils d'Ananus.
79. Jésus fils de Gamaliel.
80. Matthias fils de Théophile.
81. Phannias fils de Samuel, établi en 70, l'année de
la ruine du temple de Jérusalem.
L'ancien sacerdoce prend fin quand le nouveau
commence, universel et plus spirituel, celui de la sacrificature royale: Jésus
en est le souverain pontife.
________________________________________
PRÉVÔTS,
________________________________________
— Voir: Baillis. Daniel 3:2-3.
C'étaient dans le sens le plus général du mot, et
autant qu'on peut le conclure de l'étymologie, des hommes de loi, des juges: on
ne saurait rien dire de plus.
________________________________________
PRIÈRE.
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Cet acte tout spirituel, qui forme l'essence du culte,
et qui comprend sous toutes ses formes l'élévation de l'âme vers Dieu, pour
l'adorer, implorer ses grâces, ou le remercier de ses faveurs, cet acte sans
lequel il ne peut y avoir ni piété, ni religion, ce premier besoin de la foi et
de l'amour, cette première aspiration vers le ciel d'une âme qui commence à
sentir qu'elle existe, mais qu'elle n'existe pas pour la terre; la prière que
recommandent, si même ils ne la commandent pas, tous les fondateurs d'une religion,
tous les philosophes qui ont essayé de donner au monde des croyances
religieuses, depuis Confucius jusqu'à Mahomet; la prière qui a sa place dans
tous les systèmes et dans toutes les organisations du culte rendu à la
divinité, n'est ni commandée, ni même, chose presque étrange, recommandée par
Moïse, le législateur des Hébreux, qui a cependant prescrit de la manière la
plus minutieuse et la plus scrupuleuse, jusqu'aux plus petits détails du culte,
public ou particulier. Un seul acte de ce genre parait indiqué, Deutéronome
26:13, comme souvenir d'actions de grâces pour les récoltes, mais ce n'est
qu'en passant, et l'on peut y voir une profession de foi, une reconnaissance
des droits de Dieu comme propriétaire du sol, aussi bien qu'une prière. Cette grave
lacune dans l'organisation du culte juif, cet oubli de Moïse serait étrange, si
par son étrangeté même il ne laissait pas entrevoir une intention bien marquée,
bien positive et réfléchie. On sent que Moïse n'a pu oublier la prière, et il
n'est pas difficile de se rendre compte des motifs qui l'ont empêché de la
prescrire au peuple. C'est précisément parce qu'il savait ce que c'est que la
prière, qu'il n'a pu songer à en faire l'objet d'ordonnances spéciales. La
prière ne se commande pas, et le Juif pieux devait puiser dans son cœur des
actions de grâces pour le Dieu qui l'avait tiré d'Égypte, et cette confiance en
lui qui porte à la prière: la prière ne pouvait être que naturelle chez lui;
elle ne pouvait au contraire exister pour celui qui n'avait ni reconnaissance,
ni amour, ni foi, et la lui imposer, comme on imposait à tous des
purifications, des ablutions, ou des sacrifices, c'eût été n'en faire plus
qu'une formalité, une cérémonie, un opus operatum. Moïse laissa à la prière son
caractère de spontanéité pour le culte particulier comme pour le culte public,
et ne régla rien de ce qui la concernait, parce qu'il n'y avait rien à régler.
Les Israélites récitèrent peut-être moins de prières, mais ils prièrent
davantage. Au dire de quelques rabbins, les sacrifices journaliers qui se
faisaient matin et soir dans le temple, auraient été, même avant l'exil,
accompagnés de prières, et quoiqu'on ne puisse guère regarder cet usage comme
fort ancien, l'on trouve cependant en effet quelques traces de son existence, 1
Chroniques 23:30; cf. Néhémie 11:17. Après l'exil, l'usage semble en être
devenu plus ordinaire; Esdras a composé, dit-on, dix-huit prières, auxquelles
Gamaliel en a joint une dix-neuvième, et toutes célèbrent Dieu, en le
glorifiant et le suppliant: quoi qu'il en soit de l'authenticité de ces prières
plus que douteuses, plusieurs sont belles, et elles firent partie de la
liturgie publique après le retour de la captivité. Le peuple restait dehors en
prière pendant le sacrifice, Luc 1:10, soit en gardant le silence du
recueillement, soit en se joignant aux prières du sacrificateur. Le plus bel
exemple que l'Ancien Testament ait conservé d'une prière officielle, est celle
que prononça le roi Salomon lors de la dédicace du temple, 1 Rois 8:22;
plusieurs des psaumes de David sont également des prières, et ils étaient
destinés au culte public.
L'Ancien Testament, et surtout l'histoire des anciens
temps de la nation juive, ne nous fournit pas beaucoup d'exemples de prières
particulières, et c'est assez facile à comprendre; la vie particulière de
chacun appartient peu à l'histoire. Il résulte cependant de Ésaïe 1:15 (et cela
résulterait déjà de la nature des choses), que la prière était un des actes
ordinaires du culte individuel;
— Voir: aussi 1 Rois 18:42.
Plus tard, vers les temps de l'exil, depuis l'exil, et
aux jours de Jésus-Christ, à mesure que l'histoire des temps et des hommes
prend un caractère plus biographique, et détaillé, on trouve des mentions plus
fréquentes de la prière individuelle; Néhémie en est un exemple frappant, ainsi
que Daniel, David déjà dans plusieurs de ses psaumes, et d'autres encore. La
prière et le jeûne étaient devenus deux des caractères les plus saillants de la
vie religieuse de chacun, Tobie 12:8; Judith 4:12. On invoquait le secours de
Dieu avant de se mettre en voyage, avant une déclaration de guerre, avant une
bataille, en général avant de commencer une entreprise quelconque un peu
importante, 1 Maccabées 5:33; 11:71; 2 Maccabées 15:26; cf. 8:29; Judith 13:7;
Actes 9:40. D'ordinaire on se recueillait trois fois le jour pour adresser à
Dieu une prière spéciale, indépendamment de la prière continuelle d'un cœur
pieux, Daniel 6:10; Psaumes 55:17. Les heures fixées étaient: le moment du
sacrifice du matin dans le temple, la troisième heure du jour, 9 heures d'après
notre manière de calculer le temps; la sixième, ou midi, le milieu du jour; et
la neuvième, ou 3 heures de l'après-midi, lorsqu'on offrait le sacrifice du
soir, Actes 2:15; 3:1; 10:9,30. On prononçait aussi avant et après chaque repas
une prière d'actions de grâces, Matthieu 15:36; Jean 6:11; Actes 27:35. Les
pharisiens et les esséens tenaient beaucoup à la prière, mais les premiers s'y
livraient avec une ostentation qui est sévèrement blâmée par notre Seigneur,
Matthieu 6:5,7, et l'oraison dominicale qu'il donne pour modèle à ses disciples
est, par sa riche brièveté, une censure des longues et vaines redites que les
pharisiens avaient inventées, et qu'ils avaient enseignées à leurs sectateurs.
On voit par Luc 11:1, que Jean-Baptiste avait aussi donné à ses disciples des
modèles de prières toutes faites, et Jésus eut moins dans l'esprit de donner
aux siens une prière à réciter, qu'un exemple de prière chrétienne, et l'idée
de la marche à suivre, des demandes à faire, de l'esprit qui doit régner dans
l'âme lorsqu'elle s'élève à Dieu. L'oraison dominicale est en plusieurs points
l'abrégé d'une prière qui se prononçait dans les synagogues, et qui selon toute
apparence fut composée pendant la captivité; elle commençait ainsi: O Dieu, que
ton nom soit magnifié et sanctifié dans le monde que tu as créé selon ton bon
plaisir; fais régner ton règne; que la rédemption fleurisse, que le Messie
vienne promptement et que son nom soit célébré, etc. Le peuple répondait Amen.
Les Israélites choisissaient, pour prier, des endroits
retirés et solitaires, dans leurs maisons des cabinets particuliers, une
chambre haute, le toit; dans la campagne, ils montaient, lorsque cela pouvait
se faire, sur une petite hauteur; à Jérusalem, ils se rendaient volontiers dans
les parvis du temple; et d'après les rabbins, mais cela a une couleur toute
formaliste, celui que l'heure de la prière surprenait au milieu de son chemin,
s'arrêtait tout court pour remplir son devoir; cf. Matthieu 6:6; 14:23; Marc
6:46; Luc 6:12; 18:10; Actes 1:13; 3:1; 10:9; Daniel 6:11; Judith 8:5; Tobie
3:11; cf. 1 Rois 18:42; Ésaïe 56:7. Il paraît que c'était une habitude assez
ordinaire aux Juifs, quoique ce ne fût point une obligation, de tourner leur
visage vers la sainte montagne où se trouvait le sanctuaire du Dieu qu'ils
invoquaient; on le voit par Daniel 6:10; 2 Chroniques 6:34; 1 Rois 8:44; cf.
Psaumes 5:7; les Samaritains se tournaient vers le mont Guérizim. Quant à la
posture, elle n'importait pas plus que le reste; elle était dictée par les
besoins de l'âme, et ne se commandait pas; on se tenait debout ordinairement, 1
Samuel 1:26; 1 Rois 8:22; Daniel 9:20; Matthieu 6:5; Marc 11:25; Luc 18:11.
Dans l'humiliation, ou dans de plus vifs sentiments de piété et de besoin, on
s'agenouillait, 2 Chroniques 6:13; 1 Rois 8:54; Esdras 9:3; Daniel 6:10; Luc
22:41; Actes 9:40; quelquefois même on se prosternait en terre dans de grandes
douleurs, Néhémie 8:6; Judith 9:1; Matthieu 26:39. Tantôt on élevait vers le
ciel ses mains après les avoir lavées, 1 Rois 8:22; Néhémie 8:6; Lamentations
2:19; 3:41; 2 Maccabées 3:20, et saint Paul, insistant sur la nécessité d'une
purification spirituelle représentée par la purification matérielle, veut que
celui qui prie élève vers Dieu des mains pures, 1 Timothée 2:8. (Quicunque
manibus sordidis orat, mortis reus est, dit un rabbin; cf. aussi Odyss. 2,
261); d'autres fois on étendait les mains, Ésaïe 1:15, ou bien on les croisait
sur la poitrine en se frappant, Luc 18:13; on baissait la tête en signe d'humiliation;
on la plaçait entre ses genoux, ce qui ne se faisait que dans un grand deuil,
ou dans une fervente prière, 1 Rois 18:42.
L'intercession, la prière pour d'autres que pour soi,
étaient fréquentes, et l'on voit souvent des personnes se recommandera d'autres,
notamment à des hommes connus par leur sainteté; on attachait à leurs prières
une importance quelquefois exagérée, cf. Genèse 20:7,17; Exode 32:11; 1 Rois
17:20; 2 Corinthiens 1:11; Philippiens 1:19; 1 Timothée 2:1; 1 Thessaloniciens
5:25; 2 Thessaloniciens 3:1; Hébreux 13:18; Jacques 5:16. Notre Seigneur
lui-même nous a donné l'exemple de l'intercession dans sa prière sacerdotale,
comme nous voyons aussi que l'Esprit prie pour nous par des soupirs qui ne se
peuvent exprimer, Jean 17, Romains 8:25. Deux espèces d'intercessions, en usage
dans l'Église romaine, sont les seules défendues et inutiles, celle des vivants
pour les morts, celle des morts pour les vivants; elles ne reposent sur aucun
précepte de la parole de Dieu, et sont contraires à tout son esprit. La
première cherche à s'appuyer d'un passage apocryphe, 2 Maccabées 12:43, où nous
voyons Judas Maccabée offrir un sacrifice pour des soldats morts, qui avaient
violé la loi par une espèce de sacrilège, en prenant des choses consacrées aux
idoles: cette prière «pour un péché mortel qui ne s'expie pas par ces sortes de
choses», dit Calmet, est déjà fort embarrassante pour l'Église romaine, et
cependant, c'est le seul passage qui puisse un peu servir de point d'appui à
cette fatale doctrine; il ne serait pas étonnant que tous les livres apocryphes
en masse aient été canonisés par le concile de Trente, en faveur de ces
quelques lignes, qui n'en resteront pas moins apocryphes. L'opinion de Judas
Maccabée n'est pas même prouvée, puisque son historien n'est pas une autorité,
mais le fut-elle, à son tour elle ne prouverait rien. Si dom Calmet ajoute:
«Nous n'en demandons pas davantage ici», on peut conclure qu'il n'est pas
difficile en matière de preuves. Il argue encore d'une notice sur la maison
d'Onésiphore, dont nous avons parlé à cet article, et il termine en disant: Si
cela est, voilà la prière des morts bien établie par saint Paul même. Oui, si.
On pourrait se procurer pour toutes les doctrines des preuves de cette force.
La même Église a hérité des pharisiens leurs vaines
redites, et quand on peut croire que, dans la catholicité tout entière, il se
prononce chaque jour des cent millions de Pater incompris, sous toutes les
formes, comme devoirs, comme tâches, comme punitions, par zèle sans connaissance,
par vanité, par crainte, par habitude, on ne peut que penser à ce que disait le
chef de l'Église en parlant de ces vaines redites: Malheur à vous! Qu'attendre,
en effet, de pareilles prières, sinon le sommeil et la mort des âmes, leur
endurcissement. Pourquoi dégrader ainsi l'homme et la prière tout ensemble, et
faire de Dieu même une espèce de teneur de livres qui enregistre en débit et
crédit les prières émises par la bouche des pécheurs? Il est triste, pour la
plus grande secte de la chrétienté, d'être ainsi descendue au-dessous du
judaïsme, au niveau, même au-dessous du mahométisme, et ce reproche qui tombe,
non point sur tous ses prêtres, ni sur tous ses fidèles, mais sur tout son
système, suffit à lui seul pour le caractériser et le stigmatiser.
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PRIMOGÉNITURE.
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Les premiers-nés des hommes et des animaux étaient
saints à l'Éternel; ils lui étaient consacrés, et devaient lui être présentés
dans le temple ou devant le tabernacle, Exode 13:2,15; Nombres 8:17. Les
enfants mâles, premiers-nés des Israélites, et primitivement destinés au
service du sanctuaire, mais dispensés de cette charge par la vocation de la
tribu de Lévi, Nombres 3:12, devaient être présentés à Dieu, un mois après leur
naissance, dans le temple, où ils étaient rachetés d'après une estimation fixée
par les prêtres, et qui ne pouvait pas dépasser cinq sicles, Exode 13:13;
Nombres 18:16; cf. Luc 2:27. Les premiers-nés des animaux impurs qui ne
pouvaient point être offerts en sacrifice, étaient également rachetés, d'après
leur valeur, à laquelle il fallait encore ajouter un cinquième en sus; s'ils
n'étaient pas rachetés, ils étaient vendus par les prêtres, suivant
l'estimation qui en était faite, Nombres 18:15; Lévitique 27:26. Les
premiers-nés, mâles, des animaux purs, lorsqu'ils étaient sans défaut et sans
tache, devaient être sacrifiés dans les huit jours qui suivaient leur
naissance; lorsqu'ils avaient quelque défaut, ils étaient abandonnés aux
prêtres comme leur propriété, Nombres 18:17; Lévitique 27:26; Deutéronome
15:19; sq. Les Targums donnent des directions sur ce qu'il fallait entendre par
des défauts chez un animal nouveau-né, comme sur tout le reste de ces
prescriptions relatives à la primogéniture. Michaélis, Jahn et Rosenmuller, ont
conclu de Deutéronome 15:19; cf. 12:6; 14:23, que, dans ces derniers passages,
il était question d'une seconde offrande des premiers-nés; Winer pense qu'il ne
s'agit là que des animaux offerts dans les festins qui suivaient certains
sacrifices, et dont on mangeait une partie.
Le fils aîné d'un père, quelle que fut sa mère,
jouissait d'une grande considération dans sa famille, et recevait en héritage
une portion double de celle de ses frères et de ses sœurs, sur lesquels il
exerçait, lorsqu'ils n'étaient pas mariés, une espèce de tutelle et d'autorité,
Deutéronome 21:15-17; aussi ce titre d'honneur de premier-né était-il rarement
omis dans les généalogies et les registres de familles, Genèse 22:21; 25:13;
35:23; 46:8; Nombres 3:2; 26:5; 1 Samuel 8:2, etc. C'est également ensuite de
ce privilège que le fils aîné du roi lui succédait ordinairement sur le trône,
— Voir: l'article Rois, et 2 Chroniques 21:3.
Il était défendu à un père de faire passer à un fils
plus jeune, en faveur d'une mère plus aimée, les droits de primogéniture, à
moins de circonstances qui motivassent une substitution d'un frère à son frère
aîné, par suite de l'indignité de celui-ci, comme ce fut le cas pour Ruben, 1
Chroniques 5:1. Isaac a été trompé par Jacob, et lui a donné, par erreur, une
bénédiction qui était irrévocable; d'ailleurs, il y avait eu de la part d'Ésaü
abandon de son droit d'aînesse, Genèse 25:31. Jacob, en assurant à Éphraïm des
droits qui appartenaient à Manassé, l'a fait comme prophète; d'autres motifs
que nous expliquons en leur place, donnèrent également à Jéhoachaz le trône qui
revenait, par droit de naissance, à son frère aîné Jéhojakim; de même encore
probablement Sédécias, q.v., succéda à son frère plus jeune Jéhojachin.
Salomon, enfin, fut substitué à Adonija.
L'expression de premier-né se prend, dans l'Écriture,
en divers sens figurés; elle est appliquée à Jésus, Colossiens 1:15. Apocalypse
1:5, et signifie, dans ces passages, qu'il a été engendré du Père avant
qu'aucune créature eût été produite, et qu'il est le premier qui soit
ressuscité par sa propre vertu. Dans Ésaïe 14:30, les premiers-nés des
misérables (texte hébreu) signifie les plus misérables; et le premier-né de la
mort, Job 18:13, désigne, soit la plus terrible des morts, soit la plus
terrible des maladies.
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PRISCE ou, plus ordinairement, Priscille,
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femme d'Aquilas, qu'elle accompagnait dans ses
voyages, et quelquefois nommée avant lui, mais jamais sans lui, Actes 18:2;
Romains 16:3; 1 Corinthiens 16:19; 2 Timothée 4:19. Quelques-uns croient
qu'elle était diaconesse.
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PRISON.
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Fort connue des Égyptiens, comme on peut s'en
convaincre par l'histoire de Joseph chez Potiphar, la prison était inconnue des
anciens Hébreux; il n'en est pas parlé dans toute la législation de Moïse, et
ce n'est que plus tard qu'elle devint un châtiment assez ordinaire, cf. Esdras
7:26. Quelques passages du livre de Job ne peuvent rien prouver, malgré son
ancienneté, parce qu'il décrit des mœurs étrangères à la Palestine. Deux
exemples d'arrestations préventives, celui d'un Israélite lapidé pour avoir
ramassé du bois le jour du sabbat, Nombres 15:32-36, et celui du fils de
l'Égyptien, lapidé aussi pour avoir blasphémé, Lévitique 24:10-12, non
seulement ne prouvent rien, puisque le mot de prison, employé par quelques
traducteurs, signifie proprement garde, ainsi que l'ont rendu nos versions, et
que rien n'indique qu'il soit question du dépôt dans un lieu spécial, plutôt
que d'un simple état de surveillance et d'arrêt; mais encore, ils ne peuvent
rien prouver si l'on se rappelle que ces deux scènes se passent dans les
campements du désert, où certes on ne supposera pas que les Israélites
traînassent une prison après eux. Lors donc que M. Pastoret (dans son Moïse
considéré comme législateur, p. 342), dit que dès qu'un homme était soupçonné
ou accusé d'un forfait, on s'assurait de lui par l'emprisonnement, et que
l'Écriture en offre plusieurs exemples, il parle d'une manière un peu hasardée,
et M. Cellérier (Espr. de la Lég. Mos. II, 325) n'a fait que justice en lui
reprochant un esprit superficiel. La prison préventive peut toujours être remplacée
par un cautionnement, et la prison, comme peine, par une amende. Or, au milieu
d'un peuple agriculteur, où chacun possédait un bien de terre, chacun pouvait
être puni par une amende; la prison n'était pas indispensable, et, d'un autre
côté, elle eût pu être nuisible en arrachant aux travaux de la terre les hommes
qui devaient la travailler; elle eût été pour eux tout à la fois une privation
de la liberté, et une amende souvent considérable, en occasionnant un temps
plus ou moins long de jachère, et une diminution dans le revenu.
Sous les rois, alors que par l'accumulation des
richesses entre certaines mains, la pauvreté, qui devait être inconnue dans le
pays, avait fini par se montrer, la prison put être aussi substituée à
l'amende, mais ce ne fut pas législativement; ce fut plutôt arbitrairement,
sous de méchants rois, et contre des hommes de Dieu trop libres dans leurs
censures, 2 Chroniques 16:40; Jérémie 20:2; 32:2; 33:1; 37:15. Après l'exil,
elle devint beaucoup plus habituelle, notamment sous la domination étrangère,
Matthieu 11:2; Luc 3:20, et on l'appliqua soit à ce que les Juifs appelaient
des délits religieux, la prédication de l'Évangile, Actes 5:18,21; 8:3; 12:4;
22:4; 26:10, soit à l'insolvabilité des débiteurs, Matthieu 18:30.
Les plus anciennes prisons consistaient simplement
parmi les Juifs en des citernes sans eau, dont la profondeur et l'étroite
ouverture suffisaient pour empêcher les détenus de s'échapper sans un secours
du dehors, Genèse 37:20,22; quelquefois une vase épaisse, comme celle dans
laquelle Jérémie enfonça, 38:6, rendait l'emprisonnement une peine beaucoup
plus grave et plus douloureuse. Il y avait des espèces de prisons d'état
souterraines comme celle de Jérémie 37:16, d'autres aux portes des villes, ou
au-dessus de ces portes, Jérémie 20:2, comme on en trouve de nos jours encore
dans plusieurs de nos villes fortifiées, et qui servent à détenir
préventivement pendant la nuit ceux qui ne justifient pas suffisamment de leurs
personnes ou de leurs intentions; il y en avait d'autres attachées aux palais
des rois, Jérémie 32:2, dans les loges des gardes royaux: d'autres enfin dans
la maison du chef des gardes du roi, qui servait en même temps d'exécuteur des
hautes œuvres, Genèse 39:20; 40:4; Jérémie 37:15,21.
Les prisonniers étaient serrés de chaînes, Juges
16:21; 2 Samuel 3:34; Jérémie 40:1, et sous la domination romaine ils étaient
attachés par une ou par les deux mains, aux soldats chargés de les garder,
Actes 12:4; 21:33; quelquefois leurs pieds étaient enfermés dans des ceps de
bois, quelquefois aussi les pieds et le cou, Job 13:27; 33:11; Actes 16:24,
quelquefois encore les pieds et les mains; ils étaient traités comme le sont
les esclaves dans les colonies où l'émancipation n'a pas encore eu lieu:
Jérémie fut mis aux ceps, 20:2. Une nourriture maigre et rare était une
aggravation de peine, 2 Chroniques 18:26. Simhi est un exemple d'arrêts privés,
1 Rois 2:37.
— On peut conclure de Matthieu 25:36; cf. Jérémie
32:8, que les visites aux prisonniers étaient, en Orient, moins difficiles,
moins entourées de formalités qu'elles ne le sont chez nous.
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PROCHORE
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n'est connu que pour avoir été l'un des sept premiers
diacres, Actes 6:5. D'après Dorothée, après avoir été l'un des soixante-dix
disciples, il serait devenu plus tard évêque de Nicomédie en Bithynie.
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PROCURATEURS.
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Espèce de sous-officiers chargés, dans les provinces,
de l'administration des revenus impériaux, et des cas de justice qui pouvaient
surgir à ce sujet: c'étaient, pour ainsi dire, des chefs d'administration
adjoints aux gouverneurs des provinces impériales ou sénatoriales; (Auguste,
ayant fait un nouveau partage des provinces, avait conservé sous le nom de
sénatoriales celles qui étaient paisibles et peu exposées aux attaques des
ennemis, et s'était attribué le gouvernement des autres sous le nom
d'impériales: sous prétexte de délivrer le sénat et le peuple de soins
importants, il s'était ainsi arrogé le commandement suprême de toutes les
armées de l'empire.) Ces gouverneurs étaient ordinairement des chevaliers. Les
procurateurs remplaçaient même entièrement les gouverneurs dans de petites
provinces, ou dans des districts qui, bien que joints à une province plus
grande, en étaient séparés géo-graphiquement, ou possédaient une administration
à part; ils avaient le commandement des troupes, et rendaient la justice, même
la justice criminelle, quoique en bonne règle le gouverneur en chef de la
province eût la haute main dans toutes ces affaires, et qu'il fût appelé à
examiner, lorsqu'il y avait lieu, les sujets de plaintes contre le procurateur:
les proconsuls pouvaient renvoyer à Rome et casser les procurateurs qui
s'étaient rendus coupables.
Des procurateurs furent envoyés en Palestine après
que, par l'éloignement de l'ethnarque Archélaüs (6 ans avant J.-C.), la Judée
et la Samarie eurent été réunies à la province de Syrie qui existait déjà, et
ils établirent leur résidence ou quartier général à Césarée sur les bords de la
mer. Après Coponius, chevalier romain, Marcus Ambivius, Annius Rufus, et
Valerius Gratus, Ponce Pilate, le seul nommé dans les Évangiles, occupa cette
charge. Puis la Judée et la Samarie ayant été réunies au royaume d'Hérode
Agrippa, ce ne fut que l'an 44, à la mort de ce prince, que de nouveaux
procurateurs furent donnés à la Palestine, Cuspius Fadus, Tibère Alexandre,
Cumanus, Félix, et Festus: ces deux derniers seuls sont nommés dans le livre des
Actes. C'étaient généralement des hommes cruels, arrogants, avides jusqu'au
point de faire des accords avec des chefs de brigands, et de leur assurer
moyennant un tant pour cent une libre carrière. Ils suçaient le pays
systématiquement, et l'irritaient encore par leur justice toute vénale. Leur
avidité et leur arbitraire despotisme ne respectaient pas même la dignité
sacerdotale; les installations, nominations, ou dépositions de souverains
sacrificateurs étaient à l'ordre du jour. Les sujets de plaintes, les griefs,
les accusations même ne manquaient pas contre eux, mais ils savaient en
paralyser les effets, la crainte faisait abandonner les poursuites, et les
appels à Rome ne parvenaient pas à dominer les cris des factions qui se
déchiraient.
Lorsqu'ils venaient à Jérusalem pour y faire un séjour
plus ou moins prolongé, ils descendaient ordinairement au palais d'Hérode, sur
le pavé duquel, en plein air, ils étaient censés rendre la justice;
— Voir: Pavé, Prétoire.
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PRONOSTIQUEURS,
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— Voir: Devins.
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PROPHÈTES.
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Le judaïsme, charnel et matériel, même imparfait,
renfermait cependant, du moins en germe, toute l'idée de la religion divine et
véritable. L'esprit pouvait circuler dans ses formes; elles n'étaient pas
l'esprit, elles ne le supposaient pas, mais elles ne le repoussaient pas non
plus, et plusieurs l'annonçaient. Le sacerdoce était comme la charpente osseuse
du mosaïsme, et le résumé, le dessin de ses formes. Le prophétisme en était le
cœur, le sang qui circule dans les veines, qui vivifie tout sur son passage et
qui laisse dans la mort les organes dont il s'éloigne. Ou si l'on aime mieux, le
sacerdoce était le canal, mais le prophétisme était l'eau qui le remplit et qui
fertilise les champs qu'il parcourt. La mission des prêtres était permanente et
suivie, celle des prophètes était momentanée, temporaire, individuelle; les
premiers enseignaient par leurs actions, les seconds par la parole; les uns
regardaient davantage à l'extérieur, les autres à l'intérieur; la correction
des mœurs était confiée au sacerdoce, les prophètes demandaient le
renouvellement du cœur, Deutéronome 10:16; 30:2, sq. La loi de Moïse n'avait
pas eu pour but unique ou principal de faire d'Israël un État, ni même un État
théocratique, quelque spirituel qu'on se le représente. La loi tendait à la
circoncision du cœur, elle voulait remplir l'âme d'amour pour Dieu, la sanctifier,
la rendre semblable à ce qu'elle était avant la chute, la former ou la reformer
à l'image de Dieu. Cet esprit régénérateur perce à travers toutes les
prescriptions, à travers tous les détails nombreux et variés du mosaïsme, comme
s'il voulait se graver dans les cœurs de tous en traits de vie, et son
expression la plus pure, la plus vraie, la plus fécondante, mais ce n'est pas
la seule, se trouve dans le prophétisme. La loi ne donne pas sans doute aux
prophètes une position absolument et rigoureusement légale; elle n'établit pas
cette institution, mais elle la suppose comme elle-même en émane, comme elle
fut proclamée par l'activité et le ministère prophétique. Moïse apparaît sous
l'ancienne économie comme un prophète qui n'a plus retrouvé son égal jusqu'au
jour où le Christ, son supérieur, est venu accomplir, achever, plutôt que
détruire son œuvre, Deutéronome 34:10. La prophétie existait avant la loi, cf.
Jude 14; et déjà plusieurs manifestations prophétiques avaient eu lieu, Nombres
11:17; 12:6; 23:23; Exode 15:20, lorsque la loi dut intervenir pour fixer les
caractères qui distinguaient les vrais des faux prophètes, Deutéronome 13:2;
18:15. La prophétie est plutôt une des promesses qu'une des prescriptions de la
loi; les prophètes sont annoncés comme un libre don de la grâce divine, comme
une bénédiction promise à la théocratie, comme un instrument de Jéhovah et un
signe de sa bienveillance particulière pour un peuple qu'il veut conduire à la
sainteté. La liberté de l'esprit succède à la servitude de la chair; et quand
des lois minutieuses règlent la naissance, l'extraction, l'onction, la
personne, la vie, le costume des prêtres, rien de pareil ne préside au
ministère des prophètes; leur sexe même n'est pas une des conditions de leur
activité, et des femmes prophétisent, Exode 15:20; Juges 4 et 5, 2 Rois 22:14.
Trois noms différents, ayant chacun une signification
spéciale, désignaient en hébreu la charge des messagers extraordinaires de
l'Éternel, roèh, nâbi et hhosèh; tous les trois sont réunis dans le même
passage, 1 Chroniques 29:29, et appliqués à des individus différents, Samuel,
Gad et Nathan. Celui qui voit, celui qui parle, celui qui a des visions, tel
est le sens littéral des termes hébreux. Le premier et le troisième ne se
distinguent que par des nuances, et le premier semblerait indiquer, si l'on
peut se hasarder sur le terrain des hypothèses, un état prophétique plus
habituel, le dernier, quelque chose de plus temporaire, en quelque sorte de
plus accidentel; l'un est celui qui voit, qui a pour ainsi dire la vue
prophétique, l'autre, c'est celui qui a quelquefois des visions. L'expression
nâbi, celui qui parle, qui se répand en paroles, est celle qui caractérise le
mieux la mission du prophète, et son activité comparée à celle du sacerdoce. En
effet, le prêtre ne parlait pas, ou du moins, chez lui la parole était
subordonnée à l'accomplissement des cérémonies du culte; son ministère était
éminemment symbolique, cf. Lévitique 10:10-11. Le prophète, au contraire,
parlait. Et il se distinguait d'autres hommes de Dieu, pieux, sages et savants,
en ce qu'il ne proposait pas ses propres idées, mais que ce qu'il disait lui
était communiqué immédiatement de Dieu par son saint Esprit. Par la même
raison, les prophètes se distinguaient des magiciens, des enchanteurs, des
diseurs de bonne aventure, des esprits de Python et des autres faux prophètes
païens, dont la mission n'était que de prédire l'avenir et de prêter un secours
surnaturel à des entreprises mondaines et à des intérêts matériels.
Les prophètes de Dieu surgissent surtout dans des
temps où la connaissance du Seigneur a été altérée par des erreurs, et où les
erreurs ont gagné assez de force pour séduire même les élus, si c'était
possible. C'est pour de pareils temps, pour de pareilles ténèbres, que Dieu a
posé les prophètes comme des lumières, avant que les ténèbres aient atteint
assez d'intensité pour ébranler et obscurcir la foi des fidèles, conformément à
ce que notre Seigneur lui-même dit à ses apôtres, Matthieu 24:24. Les prophètes
étaient dans la main de Dieu des moyens extraordinaires, lorsque les moyens
ordinaires ne suffisaient plus. Leur parole était une épée à deux tranchants,
et le chapitre, Deutéronome 18, surtout les versets 15 et 18-22, nous donnent
sur ce point de précieux éclaircissements, dont l'étude n'est pas sans fruit
lorsqu'on veut essayer de lire et de comprendre les prophètes.
C'est à tort qu'on a voulu conclure de Actes 3:24, que
le ministère prophétique ne datait que des jours de Samuel, comme aussi l'on a
donné aux écoles dont ce prophète était le chef, peut-être le fondateur, une
importance qu'elles n'avaient point, et une organisation trop compliquée, dont
les détails ne reposent d'ailleurs que sur des hypothèses: le passage 1 Samuel
2:27, suffit à montrer que, même aux jours de Samuel, on voyait des hommes
inspirés de Dieu, indépendants de l'action de ce prophète, et avant que son
ministère public eût commencé.
La vision et la prophétie dont parle Daniel, 9:24,
remontent aux premiers âges du monde, et si à cause de l'obscurité de leur foi,
l'on veut contester à Énoch, à Noé, à Abraham, à Jacob le titre de prophètes,
on ne pourra du moins pas méconnaître que Moïse et Marie ne l'aient mérité.
Évidemment un esprit et une vie prophétiques ont présidé à la formation du
système théocratique, et pendant cette période cet esprit a soufflé sur
plusieurs, comme l'importance des temps le ferait déjà supposer, et comme le
prouvent des passages tels que Nombres 11, et Deutéronome 13. Sous les juges
quelques voix prophétiques se font entendre encore, mais elles sont isolées, 1
Samuel 3:1. Le cantique de Débora est un écho des beaux temps qui ne sont plus;
les autres oracles ne sont que des annonces de châtiments; les prophètes ne
sont pas nommés, Juges 2:1-5; 6:8; 1 Samuel 2:27. La conquête de Canaan avait
tourné les cœurs vers la possession des biens de la terre; des juges avaient
remplacé les prophètes.
— Une époque nouvelle commence avec Samuel; sa
naissance, son éducation, sa destinée, les grâces que Dieu lui accorde, les
ordres qu'il lui donne, font de lui un nouveau législateur, un second Moïse,
Jérémie 15:1. Psaumes 99:6; il doit montrer que la conduite extérieure du
peuple de l'alliance ne peut reposer que sur une base intérieure et morale. Il
prépare la prospérité que le culte et la royauté atteignent sous David et sous
Salomon. Il rompt en visière avec la sacrificature corrompue de la famille
d'Héli, qui ne tarde pas à être réorganisée en rentrant dans la branche aînée.
Saül mérite par moments le titre de nâbi. Gad et Nathan sont la continuation de
Samuel, et tous ensemble contribuent à remettre la royauté entre des mains
aimées de Dieu.
— Le schisme d'Israël, et la division en deux
royaumes, est une crise dans la vie du peuple, par conséquent une époque
nouvelle dans l'activité prophétique. Les hommes de Dieu ont pour mission de
faire envisager cette catastrophe sous son vrai point de vue. La maison de
David a les promesses, mais une grande partie de son territoire est donnée à
Jéroboam, qui la conservera avec la bénédiction de l'Éternel s'il marche dans
la piété, lui et ses descendants, 1 Rois 11:29-39. Cet oracle d'Ahija est le
thème de tous ceux qui se reproduisent dans le cours de cette période, 1 Rois
12:15; 13:1; sq. 14:7; 2 Chroniques 11:2. Dans le royaume des dix tribus les
prophètes forment presque une corporation, une chaîne non interrompue, comme
s'ils devaient remplacer une sacrificature qui n'existe pas: Élie consacre
solennellement son successeur, 1 Rois 19:16, et c'est sous les yeux des
prophètes que la portion pieuse du peuple célèbre les fêtes de la loi; c'est
entre leurs mains qu'ils déposent les offrandes dues aux prêtres, 2 Rois
4:23,42. Jérico, Béthel, Guilgal, et d'autres lieux qui étaient saints avant
que le tabernacle eût été fixé à Jérusalem, sont leurs demeures habituelles.
Ils sont pour Israël un souvenir des temps passés, et les fonctions qu'ils
remplissent tendent à faire revivre la loi dans les cœurs, et à rappeler
l'image de Dieu. Telle est jusqu'à la fin, et même pendant la captivité, leur
mission de paix et de sainteté, de lumière et de vérité. Mais elle doit
s'étendre au-delà du moment présent; l'impiété gagne du terrain, les cœurs se
durcissent, et les prophètes dont les paroles ne sont plus écoutées de leurs
contemporains, doivent annoncer des châtiments et servir de témoins aux
générations suivantes; leurs oracles sont déposés par écrit; ils serviront de
commentaire à la loi quand le jour sera venu; la littérature prophétique prend
naissance,
— Voir: pour les détails les différents articles.
C'est vers le neuvième siècle avant Christ que
commence ce qu'on peut appeler dans le sens le plus restreint du mot, la
littérature prophétique. Cependant les prophètes écrivaient même avant ce
temps, mais ils s'adonnaient surtout à des ouvrages historiques; comme ils
parlaient pour le présent, ils écrivaient aussi pour le présent. Lorsqu'ils
parlèrent pour l'avenir, leurs écrits prirent un caractère analogue, et il faut
remarquer avec quel soin ils rappellent souvent que c'est par la volonté de
Dieu, d'après son ordre, qu'ils déposent leurs prophéties par écrit, Jérémie
29:4; 30:2-3; 36:1; Ésaïe 8:1-16; 30:8; Daniel 7:1; 12:4,9; leur intention
formelle était donc que leurs oracles fussent soigneusement conservés, et on
les réunit au fur et à mesure qu'ils les prononçaient, au recueil des livres
historiques existants. Il est aisé de reconnaître que la collection des
prophètes, et notamment des douze petits prophètes, est arrangée
chronologiquement, sauf quelques détails (nous parlons de l'ordre des livres
dans le canon hébreu); quant aux différents oracles d'un même prophète, cet
ordre n'existe pas toujours, et Jérémie offre de nombreux exemples de morceaux
transposés; on y reconnaît plutôt un ordre des matières et des sujets, qu'un
ordre des temps; cela se voit pareillement, et d'une manière frappante, chez
les petits prophètes.
La question de l'inspiration des prophètes, du mode et
du degré de cette inspiration, appartient à la dogmatique, de même que la
question, plus grave encore, du degré de cette inspiration chez les saints
hommes de Dieu qui ne sont pas ordinairement considérés comme prophètes. Nous
restons dans les limites de notre travail en rappelant les faits suivants.
1. Toute
l'Écriture est divinement inspirée. 2 Timothée 3:16. (peu importe, quelque traduction
que l'on donne de ce passage).
2. Aucune
prophétie ne procède d'aucun mouvement particulier, mais les saints hommes de
Dieu, étant poussés par le saint Esprit, ont parlé, 2 Pierre 1:20-21.
3. Il
n'est fait nulle part ni réserve, ni restriction, ni exception à l'inspiration
des livres de l'Écriture, ni différence quant à la nature de cette inspiration.
4. Les
difficultés ne sont jamais des objections en présence d'un principe reconnu
juste.
5. L'individualité
qu'on remarque chez les historiens et chez les auteurs dogmatiques, se remarque
également chez les prophètes.
6. Quant
aux prophètes en particulier, comme ils revendiquent pour eux-mêmes une
inspiration pleine et entière, ou plutôt, comme ils ne donnent jamais leurs
paroles comme les leurs, mais comme celles de l'Éternel, on ne peut méconnaître
ce caractère de leur inspiration sans leur refuser en même temps toute créance.
— Voir: la Théopneustie de M. Gaussen.
Quant au nombre des prophètes, comme il y a beaucoup
d'arbitraire dans l'idée qu'on s'est faite de cette charge, il y a eu également
des différences dans les listes qu'on a faites des hommes et des femmes qui
l'ont remplie. Outre les quatre grands et les douze petits prophètes, d'autres,
comme nous l'avons vu, doivent être comptés: Énoch, Noé, Abraham, Isaac, Jacob,
Moïse, Aaron, Josué, Job, Débora, Nathan, David, Gad, Jiddo, Jéduthun, Élie,
Élisée, les apôtres, les évangélistes Philippe, Étienne, Barnabas, etc.,
Clément d'Alexandrie, Strom. I, en a voulu compter dans l'Ancien Testament cinq
avant Moïse, trente-cinq depuis Moïse et cinq prophétesses. Épiphanes en compte
soixante-treize outre dix prophétesses, tant dans l'Ancien que dans le Nouveau
Testament; mais ces calculs sont incomplets et arbitraires.
L'étude des prophéties, bien négligée par beaucoup de
chrétiens, est un devoir; rien ne peut nous en dispenser, ni l'obscurité des
oracles non accomplis, ni la pensée que d'autres parties de l'Écriture nous
offrent une nourriture plus facile et en quelque sorte une lecture plus
édifiante. La meilleure nourriture de l'âme, c'est l'obéissance, c'est de faire
la volonté de Dieu, et plus la tâche est ardue, plus le Seigneur est près de
nous. On exagère d'ailleurs les difficultés de cette étude, et l'on oublie que
trop souvent la première cause de cette obscurité vient de ce qu'on n'étudie
pas, de ce qu'on ne lit pas, ou de ce qu'on lit mal et avec indifférence. Il
faut avouer, qu'en français, nous ne possédons que peu d'ouvrages qui puissent
aider à la lecture des prophètes (dans le nombre, quelques publications de MM.
Digby, Darby, Basset, Vivien, Barbey, Fivaz, Gaussen, Newton, l'histoire
ecclésiastique de M. Guers, etc.), et en outre, que cette portion des études
théologiques est complètement perdue de vue dans l'éducation de ceux qui se destinent
au ministère de la parole; il devrait y avoir des cours de Prophétique comme il
y a des cours d'Apologétique, de Polémique, etc., et s'il est vrai qu'à propos
d'Eschatologie on dise quelques mots de millénium, etc., ce n'est guère, et ce
ne peut être que d'une manière fort superficielle, parce que l'étude de la
prophétie forme tout un ensemble dont il est impossible de traiter un détail
isolément. Mais n'oublions pas que c'est par la prophétie que la prophétie
s'éclaircit, comme la Bible par la Bible, et que la plus ou moins grande
abondance de livres ou de secours humains ne doit ni ne peut augmenter ou
diminuer pour nous le devoir de sonder les prophéties,
— Voir: Apocalypse.
— L'Écriture donne quelquefois le nom de prophètes à
des personnages qui ne le méritent pas dans le sens religieux du mot, à des
imposteurs, à de faux prophètes, à des poètes païens; dans ces cas elle ne fait
que se conformer soit à l'usage, soit aux prétentions de ceux qui
revendiquaient un titre qu'une foule aveuglée leur laissait prendre sans
contestation.
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PROPOSITION
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(pains de),
— Voir: Pain.
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PROSÉLYTES,
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nom grec qui signifie étranger, comme l'hébreu ger.
C'est le nom par lequel les Juifs désignaient les gentils qui s'étaient
convertis au judaïsme. On distinguait, d'après les rabbins, deux espèces, ou
deux degrés de prosélytes: ceux de la porte, et ceux de la justice.
a. Les
prosélytes de la porte étaient ces étrangers, esclaves ou libres, qui, pour
avoir le droit de résider en Palestine au milieu des Israélites, étaient
obligés d'adorer le vrai Dieu et de souscrire aux sept préceptes donnés à Noé,
lesquels comprenaient, au dire des rabbins, le droit naturel commun à tous les
hommes indifféremment. Ces préceptes défendaient le blasphème contre Dieu, le
culte des astres et des divinités étrangères, la désobéissance aux magistrats,
l'inceste et les crimes contre nature, le meurtre, le vol et le manger de
viandes sanglantes ou de bêtes étouffées (cf. Actes 15:20,29; 21:25). Rien ne
prouve que ces préceptes aient été donnés à Noé, et l'on n'en trouve aucune
trace, ni dans l'Ancien, ni dans le Nouveau Testament, ni chez Flavius Josèphe,
ni dans Philon, Onkélos, Origène, Jérôme, ni dans aucun des Pères. Ces
préceptes sont connus d'ancienneté, mais leur origine noachique n'est rien
moins qu'assurée. Quoi qu'il en soit, les prosélytes de la porte étaient tenus
de les observer, et à ces conditions ils pouvaient non seulement habiter dans
le pays, mais encore travailler comme manœuvres pour le service du temple et de
la religion, Exode 12:19; Lévitique 17:12; 24:16; Ézéchiel 14:7. Ils n'étaient
pas considérés comme Juifs, cependant ils n'étaient déjà plus païens; ils
formaient une espèce de classe intermédiaire; ils étaient encore impurs, mais
pas assez pour que des rapports avec eux fussent de nature à souiller les
Juifs. Leur nom venait de ce qu'ils avaient le droit de demeurer dans le pays
et chez les Hébreux; ils étaient appelés: «l'étranger qui est dans tes portes»,
Exode 20:10, etc, cf. Lévitique 25:47. En bornant provisoirement ses exigences
à l'observation des commandements noachiques, la loi avait peut-être pour but de
leur frayer doucement et sans les effaroucher, la voie à l'acceptation pleine
et entière du judaïsme. C'est des prosélytes de la porte qu'il s'agit
probablement lorsqu'il est parlé de prosélytes qui servaient ou qui craignaient
Dieu, Actes 13:43; 16:14; 17:4,17; 18:7, etc.. Le syrien Naaman, le général
Nébuzar Addan, l'eunuque de Candace, le centenier Corneille, et d'autres
encore, appartenaient probablement à cette classe de prosélytes.
b. Les
prosélytes de la justice devenaient de vrais Juifs; ils s'engageaient à
recevoir la circoncision, et à observer tous les usages et toutes les lois de
l'alliance divine: ils étaient solennellement admis dans la théocratie, et on
les appelait de parfaits Israélites. La circoncision, le baptême, et une
offrande (pour les femmes le baptême et l'offrande seulement), étaient les
cérémonies de la réception. Le baptême s'administrait après que la plaie de la
circoncision était guérie; on plongeait tout le corps dans un bassin d'eau en
présence de trois juges appelés comme témoins, car cet acte était considéré
comme appartenant à l'ordre judiciaire: cette cérémonie ne se réitérait jamais
ni à l'égard du prosélyte, lors même qu'il aurait apostasie depuis sa
conversion, ni à l'égard de ses enfants, à moins qu'ils ne fussent nés d'une
mère païenne, auquel cas on les baptisait comme païens de naissance; car on
partait de l'idée, si généralement admise partout, excepté chez les peuples
très civilisés, qui cependant seraient le mieux en position de l'admettre, que
l'enfant suit la condition de sa mère: partus sequitur ventrem. La Gemara, du
reste, est la source la plus ancienne qui parle du baptême des prosélytes;
Philon, Flavius Josèphe, et les plus anciens targumistes qui auraient eu
cependant l'occasion d'en parler, n'en disent mot, de sorte que c'est encore
une question de savoir si la Gemara parle d'un usage antérieur à
l'établissement du christianisme, ou d'un usage qui se serait introduit plus
tard. Mais l'amour des purifications par l'eau était tellement invétéré chez
les Israélites, qu'il est très possible qu'ils aient soumis à des lustrations
de ce genre les païens impurs qui demandaient l'entrée de leur sanctuaire; le
silence de Flavius Josèphe et de Philon s'expliquerait par le fait même qu'il
n'était pas besoin de mentionner quelque chose d'aussi naturel. Il est plus
probable toutefois que le baptême a été emprunté des chrétiens, et qu'il a été
introduit obligatoirement après la destruction du temple, lorsque le règne des
offrandes cessant, une nouvelle cérémonie dut remplacer celle qui venait d'être
forcément abolie.
On a cru que «le grand nombre de toutes sortes de
gens» qui suivirent les Israélites à leur sortie d'Égypte, Exode 12:38, étaient
des prosélytes de la justice; de même encore Jéthro, Exode 18:10-12. Il est
évident aussi que les Sichémites auxquels Jacob imposa la circoncision,
devinrent par ce fait des prosélytes de la justice, Genèse 34:14-15, bien que
l'on ne puisse pas donner à cette expression le sens précis qu'elle eut plus
tard. L'esprit de prosélytisme, qui est inséparable de toute conviction
profonde, religieuse ou autre, ne faisait pas défaut aux Juifs, notamment aux
Pharisiens, Matthieu 23:15. Ils étaient autorisés à travailler dans ce sens par
des oracles de Dieu, Ésaïe 9:2; 42:7; 56:6; Michée 4:2, mais comme ils
méconnaissaient l'esprit de leur religion, ils méconnaissaient la mission du
prosélytisme, et ils travaillaient avec zèle à augmenter le nombre des
professants, peu scrupuleux sur les moyens qu'ils employaient, peu soucieux des
motifs qui leur amenaient de nouveaux convertis; la ruse ou la violence étaient
leurs moyens, la cupidité, la pauvreté, l'orgueil ou l'intérêt, la nationalité
ou des alliances en perspective, l'espérance ou la peur étaient les mobiles de
la conversion de ces nouveaux Juifs, et il n'est pas étonnant qu'après avoir
«couru la mer et la terre pour faire un prosélyte», de pareils convertisseurs
ne le rendissent «fils de la géhenne deux fois plus qu'eux-mêmes;» c'est de
l'histoire ancienne et de l'histoire moderne.
— Il est parlé, Néhémie 10:28; Esther 8:17, de
quelques conversions isolées; mais depuis l'époque des Maccabées, le judaïsme,
tout à la fois mort spirituellement, et mourant comme théocratie, aspira à
faire les choses plus en grand, pour, essayer de se maintenir comme puissance
et comme nationalité. Des tribus entières furent converties de force, les
Iduméens sous Jean Hyrcan, les Ituréens sous Aristobule. Les femmes, qui
n'avaient pas à se soumettre à une opération douloureuse, étaient en général
plus accessibles à l'action du prosélytisme, Flavius Josèphe, Antiquités
Judaïques 18, 3, 5, cf. Actes 13:50; 16:14. Les païens qui habitaient au milieu
des Juifs avaient assez de raisons pour désirer d'être reçus dans leur
assemblée. C'était d'abord pour eux l'acquisition d'une bourgeoisie. C'était
aussi l'échange de l'opprobre contre l'honneur et le respect. C'était
l'exemption du service militaire, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 14, 10,
13. C'était la faculté de se marier avec des femmes du pays. Mais pour
plusieurs aussi qui étaient dégoûtés du paganisme et du scepticisme, c'était un
besoin profond d'une foi positive qui satisfit aux besoins de leur cœur, et
souvent de leur intelligence, comme le montre l'exemple de ceux qui, lors de
l'apparition du christianisme, n'hésitèrent pas à se joindre à la nouvelle
Église, Actes 6:5; 13:43; 16:14; 17:4.
Cependant dans la pratique, et même devant la loi, il
paraît que les prosélytes ne furent jamais mis sur le même rang que les Juifs
de naissance, et, pendant plusieurs générations, les Juifs bien bigots
continuaient de regarder les prosélytes avec le même mépris que les païens,
hélas! comme on fait encore de nos jours, en bien des lieux, à l'égard des
Juifs qui se convertissent. On les nommait la lèpre d'Israël, et l'on disait,
par manière de proverbe, qu'il ne fallait pas se fier à un prosélyte avant la
vingt-quatrième génération. Ce mépris n'était, au reste, pas général, et, dans
tous les cas, si la position des prosélytes n'était guère améliorée sur la
terre, un grand résultat était obtenu aux yeux de tous, la participation des
païens convertis aux bienfaits de l'alliance divine pour l'éternité.
Avec l'introduction du christianisme, le prosélytisme
prit naturellement une direction plus spirituelle; on ne fit plus de prosélytes
pour grossir le nombre des adhérents d'un système, mais pour sauver les
pécheurs, et ceux-là seuls qui sont sauvés sont les vrais prosélytes de
l'Évangile.
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PROSTITUTION.
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Cette lèpre de presque toutes les sociétés, de tous
les temps, et de tous les peuples, était bannie d'Israël par la loi,
— Voir: Deutéronome 23:17-18; Lévitique 19:29; cf.
21:9.
Comme métier, elle était interdite aux femmes et aux
hommes, à ces derniers en vue du voisinage de la Phénicie. Le salaire de la
prostitution ne pouvait même être accepté des prêtres comme offrande pour le
service du sanctuaire, Deutéronome 23:18; Ézéchiel 16:33. Mais la passion ne
reconnaît pas plus de lois que de frein, et certains gouvernements du monde
moderne ont fléchi devant la force du mal; ils ont sanctionné le péché pour
éviter le crime; ils ont légalisé la prostitution, croyant devoir faire le mal
pour qu'il en résulte le bien, ou du moins autorisant un mal pour essayer d'en
conjurer un plus grand. Le législateur des Hébreux, dont la loi devait être la
sainteté à l'Éternel, n'ignorait pas sans doute qu'il est des misères que la
loi ne peut guérir, et des passions que rien n'effraie; mais il n'a pas cru
pouvoir parlementer avec le mal, ni devoir le flatter pour l'adoucir. Il a
défendu la prostitution là où cependant un climat plus ardent et des habitudes
plus libres semblaient la rendre une nécessité publique; mais, en faisant cela,
il n'a pas espéré la détruire et la supprimer. En la défendant, il rendait la
conscience attentive, et pouvait, au besoin, la convaincre de péché; la loi a
fait abonder l'offense, Romains 5:20; elle a été une manifestation, un
témoignage. Peut-être, pour quelques-uns, a-t-elle été davantage, mais, en
général, elle n'a pu être que cela. Aussi Moïse n'a-t-il pas même prononcé de
pénalité contre cette pratique immorale, et des courtisanes Israélites ou
étrangères vivaient notoirement dans la prostitution, sans que la société eût
contre elles d'autre garantie que sa propre moralité, et la réprobation dont
l'opinion publique frappe toujours la femme qui se vend. Les Hébreux eurent,
dans tous les temps, des prostituées ou bayadères, qui vraisemblablement, comme
de nos jours en Perse, en Arabie et dans l'Inde, se faisaient connaître en
dansant et s'accompagnant au son de la musique, Juges 16:1; 1 Rois 3:16;
Proverbes 2:16; 5:3; 6:26; 7:10; 23:27; Amos 2:7; 7:17, etc.; c'étaient
d'ordinaire des étrangères. Elles se promenaient ou s'asseyaient sur les places
publiques ou dans les rues, attirant les passants par des gestes ou des propos
séducteurs, Proverbes 7:11. Parfois elles étaient voilées, Genèse 38:14, et
gardaient l'anonyme que leur complice respectait. Depuis le schisme des deux
royaumes, lorsque l'idolâtrie se fut établie en Israël, la prostitution se fit
souvent, et notamment en Éphraïm, au nom des divinités dont le culte avait
envahi les autels du Dieu vivant, au nom d'Astarté en particulier, Osée 4:14; 1
Rois 14:24; 15:12; 22:47; 2 Rois 23:7.
— Au dire de Flavius Josèphe, tout mariage avec une
prostituée était déclaré contraire à la loi, ce qui était d'autant plus naturel
que les enfants de la prostitution ou du désordre étaient, jusqu'à la dixième
génération, exclus de l'assemblée de l'Éternel, Deutéronome 23:2. Jephthé
semble avoir fait exception devant Dieu, Juges 11:1, puisque son nom est
rappelé avec honneur, Hébreux 11:32; mais la conduite de ses frères à son égard
prouve que cette loi d'exclusion était en vigueur de son temps.
Lors de l'apparition du christianisme, la prostitution
régnait en maîtresse à Rome et en Grèce: elle n'était ni le résultat absolu, ni
le monopole de certaines religions et de certains cultes (Sapience 14, 26),
mais la conséquence de la frivolité et de la corruption qui s'étaient
introduites dans les mœurs publiques avec la prospérité matérielle. La mollesse
est la mère de l'impureté. Les femmes de mauvaise vie étaient légalement
établies à Rome. Plus les principes de la pureté étaient foulés aux pieds, plus
les maximes corruptrices étaient avouées, professées avec audace (— Voir: par
exemple, Térence, Adelph. 1, 2. 21. Eunuq. 3, 5. 34), plus aussi les apôtres
devaient protester avec force contre ce relâchement général qui avait gagné la
société chrétienne, 1 Corinthiens 5:1; 2 Corinthiens 12:21; 1 Thessaloniciens
4:3; 1 Timothée 1:10, et le décret du concile de Jérusalem, Actes 15:20,29; cf.
21:25, s'explique amplement par la nécessité d'opposer une barrière puissante
aux débordements du paganisme. On voit par Romains 2:22; Jean 8:7, que
l'impureté régnait aussi parmi les Juifs, tant dans les basses que dans les
hautes classes;
— Voir: aussi Luc 7:37,
et les fréquentes mentions qui sont faites de gens de
mauvaise vie dans le Nouveau Testament.
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PROVERBES.
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Le livre de l'Ancien Testament qui porte ce nom, ne
renferme pas des proverbes proprement dits, mais plutôt, comme l'indique son
nom hébreu Mischlé, des sentences plus ou moins longues sur la vertu et le
vice, sur le péché en général, des règles et des préceptes divers, applicables
aux différentes circonstances de la vie humaine, des conseils détaillés sur la
conduite et la manière de vivre. C'est un genre d'écrire ou de parler que
Cicéron attribue aux Asiatiques, et qu'il appelle: «Genus dicendi sententiosum
et argutum, sententiis non tam gravibus et severis, quam concinnis et
venustis.» De Clar. Orat. 9. D'autres littératures ont été également riches en
productions du même genre, celle des Arabes, par exemple, et celle des Perses,
dont le Pend-Nameh, ou Livre du Conseil, attribué à Férideddin-Attar, a été
publié en français par Sylv, de Sacy; mais les proverbes hébreux qui, pour la
richesse de la pensée et la finesse de l'expression, ne le cèdent à aucun, se
distinguent en outre par une psychologie profonde, et par un caractère
universel et populaire qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Les sentences
arabes sont ordinairement locales, et ne peuvent être comprises qu'à l'aide de
très bons scholiastes. La vie, telle qu'elle est dépeinte par Salomon, apparaît
comme pénétrée de la religion et des effets de la loi divine.
Les Proverbes se divisent en cinq parties, par les
inscriptions qui indiquent les différents morceaux:
1. Chapitres
1-9; le titre attribue ces neuf chapitres à Salomon, fils de David, roi
d'Israël; ils contiennent une exhortation à la sagesse.
2. 10-24:22.
Chapitres également attribués à Salomon; ils renferment des morceaux assez
longs, bien liés, et très beaux, surtout celui qui traite de la sagesse divine,
depuis 22:17.
3. Un
fragment de douze versets, 24:23-34, recueillis par des sages (et non pour les
sages, comme le traduisent nos versions); la tradition avait probablement
conservé les noms de ces hommes, de sorte qu'ils étaient connus des Hébreux,
mais ils sont perdus pour nous.
4. Chapitres
25-29. Proverbes de Salomon, recueillis par les hommes d'Ézéchias, c'est-à-dire
par une commission qu'Ézéchias avait chargée de ce travail, peut-être par
Éliakim, Sebna et Joach, 2 Rois 18:26.
5. Les
deux derniers chapitres ont été composés par des auteurs inconnus. Le 30e est
attribué à un certain Agur, q.v., et forme une espèce d'entretien, de
discussion, ou de dialogue religieux entre Agur et deux amis, ou disciples,
Ithiel et Ucal; ces personnes étaient peut-être du nombre des sages dont il est
parlé 24:23. Quant au dialogue lui-même, il doit être regardé naturellement
comme une fiction, une invention poétique. Le chapitre 31e renferme des
préceptes qui furent communiqués au roi Lémuel, q.v., par sa mère; dans les
neuf premiers versets, le sage dessine l'idéal d'un roi; dans les derniers,
celui d'une femme vertueuse. Quoi qu'il en soit de la personne de Lémuel, la
forme de ce chapitre paraît être, comme le précédent, une fiction poétique.
L'antiquité tout entière a regardé Salomon comme
l'auteur de la plus grande partie de ce recueil, de toute celle au moins qui
porte son nom, et rien ne contredit cette opinion. Quelques différences de
style et de méthode, quelques répétitions assez nombreuses,
— Voir: par exemple, 17:1; 19:13; 21:9,19; 25:24,
prouveraient tout au plus que Salomon n'a pas publié
lui-même ses maximes dans l'ordre dans lequel elles nous sont parvenues, et
rien n'oblige à le croire. On voit par 25:1, qu'une partie de ces sentences ont
été recueillies au temps d'Ézéchias, et il est probable aussi que le livre
entier a reçu sa forme actuelle à la même époque. Les inscriptions sont trop
précises pour laisser subsister des doutes sur la connaissance exacte que les
auteurs du recueil doivent avoir eue de l'auteur et des auteurs des Proverbes.
L'opinion de Grotius, qui pensait que Salomon, comme plus tard plusieurs
empereurs byzantins, avait fait faire pour son usage une collection ou
compilation des meilleures maximes des auteurs contemporains ou antérieurs, est
abandonnée. Celle de De Wette, qui s'appuie sur Théodore de Mopsueste seul, et
sur le scepticisme le plus radical, n'a guère de partisans: le principal
argument qu'il oppose à l'unanimité de la tradition, se rapporte à la description
de la vie privée et de la vie champêtre que l'on trouve dans plusieurs morceaux
de ce livre, vie que Salomon, dit-il, ne pouvait pas connaître, Einl. § 281.
Mais, outre que les sujets de ses trois mille paraboles et de ses cinq mille
cantiques durent être extrêmement variés, outre que le cœur plein de sagesse et
de génie dont Dieu l'avait doué, devait faire de lui un des hommes les plus
versés dans toutes les connaissances humaines qui furent jamais, il est fait
une mention spéciale de ses études en histoire naturelle, et, dans la pratique,
l'histoire naturelle n'est pas loin de la vie champêtre. Le Cantique des
Cantiques, que nous avons reconnu être de Salomon, est une nouvelle preuve de
la facilité avec laquelle le puissant monarque de Juda savait descendre aux
détails de la vie des champs.
On ne saurait déterminer avec certitude à quelle
époque de sa vie Salomon a prononcé ces sentences. Les Hébreux disent que le
Cantique est l'ouvrage du jeune homme, les Proverbes celui de l'homme fait,
l'Ecclésiaste celui du vieillard. Jérôme et Cyrille veulent que ces deux
derniers ouvrages aient été composés après sa chute et son relèvement. Ce qui
est probable, comme le dit Heidegger, c'est que les Proverbes ne furent
l'ouvrage ni d'un mois, ni d'une année; et peut-être vers la fin de sa vie
mit-il lui-même en ordre de sa propre main les 24 premiers chapitres,
comprenant des maximes qu'il avait énoncées et peut-être écrites en divers
temps.
Luther fait remarquer combien c'était un homme
«excellent, sage et fin, «que ce roi Salomon, qui, au milieu de toutes les
occupations que lui imposaient les affaires de son royaume, ne dédaignait pas
d'entreprendre l'œuvre d'un instituteur de la jeunesse, et de donner à celle-ci
des directions dans l'étude de la plus nécessaire de toutes les sciences. Un
autre homme pieux disait que chaque fois qu'il se trouvait dans quelque
circonstance difficile où son devoir ne lui paraissait pas clairement tracé, il
se mettait à lire les Proverbes d'un bout à l'autre, bien sûr d'y trouver le
conseil dont il avait besoin.
Le livre des Proverbes est fréquemment cité dans Je
Nouveau Testament; plusieurs passages lui sont empruntés, Luc 4:8,10; Romains
12:20; Jean 1:1; Jacques 1:19; 2:1; 4:6,13; 5:1,20; Hébreux 12:5-6; 1 Pierre
4:8,18; 5:5.
Parmi les commentaires à consulter, on peut indiquer
surtout celui de Mélanchthon, et celui d'Umbreit; C. B. Michaélis et
Rosenmuller renferment aussi de bonnes explications. M. Vivien a donné une
traduction française du livre des Proverbes.
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PSAUMES,
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(hébreu Sépher Thehillim, livre des hymnes, ou des
louanges). Cet admirable ouvrage, dont l'éloge épuiserait toutes les épithètes,
si celle d'ouvrage inspiré de Dieu ne faisait pas sa plus grande beauté, et ne
résumait pas tout ce que l'on peut dire et sentir de plus profond, a été dans
tous les siècles l’objet d'un amour et d'un respect tout particulier dans
l'Église. C'est une bibliothèque spirituelle, dit Cassiodore, où l'on rencontre
tout ce qui est nécessaire pour le salut. Il contient un abrégé de tout ce que
l'on trouve dans les autres livres, dit saint Augustin. Et Ambroise: L'histoire
sacrée nous instruit, la prophétie annonce l'avenir, les corrections répriment
les méchants, la morale persuade; mais les Psaumes produisent tous ces effets à
la fois: l'utile et l'agréable y sont partout si sagement mêlés qu'il est
difficile de décider lequel des deux l'emporte sur l'autre. Saint Athanase
écrivant à Marcellin, et lui recommandant la lecture des Psaumes, dit que telle
partie des Écritures nous porte à imiter le bien dont telle autre nous donne
l'exemple ou le précepte, mais qu'en lisant les Psaumes, il semble que ce
soient nos propres prières et nos propres désirs que nous exprimions; ce
volume, ajoute-t-il, est comme un paradis dans lequel on trouve toutes les
espèces d'arbres et de plantes. Saint Basile: Le livre des Psaumes contient
tout; il annonce les choses futures par des oracles non équivoques; il rappelle
l'histoire des temps passés; il sanctionne les lois d'une vie sainte; il
renferme les préceptes et les exhortations les plus admirables, et pour tout
dire en un mot, il abonde en toute bonne doctrine (bonæ omnis doctrinæ
uberrimum quoddam est), rappelant et développant avec un soin plein de grâce et
d'intelligence tout ce qui peut le plus nous conduire au salut. Luther, dans
son langage si simple et si plein, appelle les Psaumes une petite Bible, un
manuel, un abrégé de tout ce qu'il y a de plus beau; et Calvin dit qu'ils sont
comme une anatomie de toutes les parties de l'âme, tellement qu'il n'est aucun
de nos besoins auquel ils ne répondent, aucune de nos dispositions intérieures
qu'ils ne reflètent; de sorte que ce livre peut servir à l'étude de la plus
belle et la plus difficile de toutes les sciences, celle que Socrate résumait
en ces mots: Connais-toi toi-même.
Les Psaumes ne sont pas tous du même auteur, quelque
grande que soit à cet égard l'autorité de saint Augustin, d'Aben Esra,
d'Euthymius, qui les attribuent tous à David. David, l'homme qui composait les
doux cantiques d'Israël, 2 Samuel 23:1, en est, il est vrai, le principal
auteur; c'est lui, dit Athanase, qui reçut le premier le don de psalmodier à
l'Esprit, d'écrire et de composer des psaumes; c'est encore lui qui a composé
le plus grand nombre de ceux qui se trouvent dans le recueil qui porte son nom,
2 Chroniques 7:6; 29:30; Amos 6:5: mais il ressort des inscriptions mêmes de
plusieurs de ces psaumes, qu'ils ont été écrits par d'autres que lui. Cinq auteurs
sont nommés outre David. Le psaume 90 est de Moïse; le 127 de Salomon; le 88 de
Héman, Ezrahite, peut-être un petit-fils de Samuel, 1 Chroniques 6:33; 2
Chroniques 5:12; le 89 est d'Éthan, Ezrahite, et Asaph, un prophète, 1
Chroniques 25:2, a composé le psaume 50, et les psaumes 73 à 83. On a discuté
beaucoup sur le sens de la préposition hébraïque qui sert à désigner l'auteur
(le Lamed auctoris). On peut traduire en effet: psaume d'Asaph, ou psaume pour
Asaph; mais comme c'est la même formule ordinairement employée pour les psaumes
de David, et que d'ailleurs on se sert d'une autre tournure pour indiquer les
cantiques destinés à Asaph, comme fait la tradition qui donne les psaumes 96,
105 et 106 comme devant être chantés par Asaph, sans que les titres indiquent
qu'ils soient d'Asaph, on peut ne pas attacher une grande importance à cette
controverse philologique. Les noms de Jéduthun, et des trois fils de Coré
(Asir, Éléanah, et Abiasaph) sont encore en tête de quelques psaumes, non
qu'ils en soient les auteurs, mais parce qu'ils devaient en être les chantres;
c'est pour eux que ces psaumes avaient été composés, comme d'autres le furent
aussi pour le maître-chantre, c'est-à-dire pour celui qui dirigeait dans le
temple les chœurs des chantres lévites. Vingt-cinq psaumes environ sont sans
aucune inscription; on peut croire qu'ils sont de David, quoique saint Jérôme
pense qu'ils appartiennent plutôt au même auteur que celui ou ceux qui
précèdent; d'autres, et spécialement les commentateurs anglais, attribuent le
psaume 44 à Ézéchias, le 102 à Daniel, le 1 et le 119 à Esdras, le 129 à
Néhémie, le 137 à Aggée ou à Zacharie, etc.; mais, non seulement ce n'est pas
prouvé, c'est encore peu probable.
Les Psaumes n'ont tous été, ni composés dans les mêmes
circonstances, ni destinés au culte public. Souvent le roi-prophète ne chante
que ses propres impressions, celles du moment, l'effet que produit sur lui la
pensée de Dieu contemplé dans ses ouvrages, ou celle des dispensations de Dieu
à l'égard de ses enfants, et de ses ennemis; ailleurs il se réjouit dans
l'attente d'un Sauveur, et dans la perspective du règne messianique. Il a
composé plusieurs de ses psaumes pendant son séjour à la cour de Saül, d'autres
pendant qu'.il fuyait devant ce roi qu'il avait déjà remplacé, d'autres à
Hébron, d'autres à Jérusalem, plusieurs pendant qu'il fuyait devant les troupes
de son fils Absalon; quelques-uns de ses cantiques appartiennent à la partie la
plus agitée de sa carrière, d'autres ont été composés dans le calme et la
tranquillité d'un règne heureux; toute la vie de David est rappelée dans ses
hymnes, et souvent cet homme élu de Dieu, ce type de Jésus-Christ, parle de
lui-même en termes qui annoncent un autre roi d'Israël, un autre règne, un
autre temps, et que le Saint-Esprit rapporte à celui qui devait venir de la
tribu de Juda et de la famille de Jessé; l'image et la réalité se confondent
dans la perspective prophétique; les douleurs et le triomphe de David disent
les douleurs et le triomphe de Jésus.
On a fait différentes tables des psaumes par ordre de
matières, mais la nature même du psaume qui embrasse souvent plusieurs sujets
et passe de l'un à l'autre, ne permet pas toujours d'insister beaucoup sur une
division de ce genre. Quelques psaumes s'y prêtent, d'autres s'y refusent. Une
division générale en prières, actions de grâces, cantiques d'adoration, psaumes
sentencieux, psaumes prophétiques, psaumes historiques, est naturelle; c'est à
peu près la division d'Athanase; Bickersteth subdivise encore chacune de ces
parties en plusieurs autres, et alors sa table n'est plus un guide très sûr.
— On a fait également quelques essais de
classification des psaumes par ordre chronologique, mais comme la date d'un
assez grand nombre est inconnue et fort douteuse, il est inutile de s'y
arrêter; il faut se contenter d'un à peu près. Nous ne reproduirons donc pas
des listes de ce genre; on les trouvera dans l'Introduction de Home, dans
l'ouvrage anglais, Companion to the Bible (traduction par Mme
Rilliet-Constant), et dans plusieurs commentaires français sur les Psaumes. La
Polyglotte française de Bagster, et la Concordance de Mackenzie, indiquent
aussi l'ordre chronologique.
Les Juifs divisaient les Psaumes comme la loi de
Moïse, en cinq livres qui unissaient aux psaumes 41, 72, 86, 106, et 150. Les
quatre premiers se terminent par les mots Amen, Amen, le cinquième par
Alléluia! Épiphanes, en conséquence de cette division, appelait les Psaumes un
second Pentateuque. À ce propos encore, on a voulu parler de tables des
matières, et l'on a dit que le premier de ces cinq livres chantait des sujets
tristes, le second des sujets de joie, le troisième des sujets tristes, le
quatrième des sujets de joie, et le cinquième la tristesse et la joie tout
ensemble: mais il y a une futilité qui saute aux yeux de tout lecteur attentif
dans cette manière de parquer les psaumes. On admettrait plus volontiers le
sentiment d'Augustin qui, divisant les Psaumes en trois cinquantaines, voit
dans la première la vocation, dans la seconde la justification, dans la troisième
la sanctification et la glorification des saints. Au reste la division du
Psautier en cinq livres n'est pas même prouvée; Eusèbe et Ambroise
l'admettaient comme fort ancienne, mais Hilaire, Jérôme et Augustin la
repoussaient comme contraire à l'Écriture qui ne cite jamais les Psaumes que
comme formant un seul livre. Quoi qu'il en soit de cette division, qu'elle
remonte aux auteurs de la collection, ou qu'elle soit d'une date plus moderne,
le recueil des Psaumes n'a jamais compté que comme un seul livre dans
l'énumération des livres canoniques de l'Écriture.
Les versions grecque et romaine ont réuni en un seul
les psaumes 9 et 10, séparés dans le texte hébreu, de sorte qu'à partir de ce
psaume, il y a entre ces versions et les nôtres traduites sur l'original, une
différence dans la manière de noter les psaumes. Pour retrouver les 150, ceux
qui ont réuni deux psaumes en un, ont dû en dédoubler un en deux, et ils ont
choisi le 147e (leur 146e) qu'ils partagent au verset 12. Les catholiques
réunissent encore les Psaumes 114 et 115 en un seul, et partagent le 116e en
deux au verset 10.
Plusieurs psaumes portent en hébreu des inscriptions
qui leur servent de titre, et que nos versions ont quelquefois transcrites,
quelquefois traduites (plus ou moins bien): l'édition française de Bagster les
a même supprimées. Voici les principales.
Mictam. Psaumes 16, 56, 57, 58, 59, 60. On a donné à
ce mot obscur bien des significations. Les Juifs entendent: cantique de David
qui a été humble et intègre; ce sens obtenu à grand'peine par la décomposition
du mot, n'est qu'un expédient rabbinique. D'autres, tels que les Septante et la
Vulgate, traduisent inscription, titre qui ne signifierait rien. D'autres
encore, dont Heidegger, le rendent par cantique d'or, cantique précieux, en
s'appuyant sur un sens possible de son étymologie. Nos savants modernes enfin,
lisant Mictab, comme Ésaïe 38:9, le traduisent simplement par écrit. L'opinion
de Heidegger nous paraîtrait le plus conforme au génie de l'hébreu, et ne
serait pas en désaccord avec le contenu de ces psaumes. La dernière est
cependant plus simple.
Héduth (témoignage), Psaumes 80,
— Voir: Musique #2, g.
Le Lammed. Nos versions le rendent par «propre à
enseigner», Psaumes 60: c'est en effet sa signification, comme celle de Maskil,
Psaumes 32, que nos versions ne traduisent pas.
Mismor, Psaumes 3, 4, 5, 6, 8, 9, que nos versions
traduisent par psaume, et
Siggajon, Psaumes 7, (chant, cantique), cf. Habacuc
3:1; Jérémie 7:16.
— On ne connaît pas la différence qu'il y avait entre
ces deux mots.
Muth-Labben, Psaumes 9; Psaume donné au maître chantre
sur Muth-Labben, littéralement en hébreu: «sur la mort de Labben.» On a voulu
lire Natal au lieu de Labben, par la transposition des lettres; d'autres lisent
Halamoth Labben, ce qui signifierait: pour être chanté par les filles de Ben
(cf. 1 Chroniques 15:18), etc.
— Voir: aussi plus bas.
Altascheth, Guittith.
— Voir: ces mots.
Ajeleth-Hassachar, Psaumes 22, (la biche de l'aurore),
peut-être le commencement d'un ancien cantique sur l'air duquel ce psaume
devait être chanté.
Néhiloth, Psaumes 5, Mahalath, 53 et 88,
— Voir: Musique #2, d. Nehil.
Néguinoth, Psaumes 6,
— Voir: Musique #3.
Le Hannoth, Psaumes 88, Halamoth, 46, Séminith, 6, et
12, désignaient peut-être des modulations de la voix, des modes de chanter, des
voix particulières; le premier de ces mots indiquerait des entre-répons, le
second des voix de jeunes filles, ou de soprano, le dernier des voix grasses,
ou basses. Selon quelques-uns Muth-Labben serait le ténor.
Le maître-chantre, ou Menazéach,
— Voir: Chantres.
Mahaloth, Psaumes 120-134. Cantiques des degrés, ou
des montées. On ne saurait pas dire au juste ce que signifie ce titre, au
milieu de tous les essais d'explication que l'on a mis en avant. Les uns ont
cru que c'étaient les cantiques que l'on chantait sur les quinze degrés du
temple, dont parle Flavius Josèphe, degrés qui conduisaient de l'enclos des
femmes dans le grand parvis; d'autres entendent ces degrés de ceux qui
conduisent du parvis des prêtres au vestibule qui était devant le lieu saint,
mais on ne voit nulle part qu'il y en eût quinze; le contraire ressort de
Ézéchiel 40:22,26,31,37,49. On ne voit d'ailleurs nulle part non plus que les
lévites chantassent sur les degrés du temple.
— D'autres pensent qu'on chantait ces cantiques sur la
tribune de laquelle les lévites faisaient quelquefois la lecture de la loi,
Néhémie 9:4; mais ce n'est qu'une conjecture, et rien ne lui donne un air de
vraisemblance.
— Quelques rabbins, et quelques commentateurs
traduisent mahaloth par cantiques d'élévation, soit qu'on les chantât sur un
ton élevé, soit qu'à chaque psaume on élevât la voix d'un ton.
— Calmet enfin et beaucoup d'autres avec lui,
traduisent cantiques de la montée, ou du retour de la captivité de Babylone: on
voit en effet par plusieurs passages, Esdras 1:3,5; 2:1; 7:6-7; Néhémie 7:5-6;
Jérémie 27:22; Ézéchiel 39:2; Psaumes 122:4, que pour exprimer l'idée du retour
de Babylone, on se servait souvent de l'expression monter, et comme ces quinze psaumes
ont presque tous un rapport direct avec ce grand événement de l'histoire juive,
il est bien possible que ce soit à cette opinion que l'on doive s'arrêter.
Heidegger la spiritualise en l'appliquant à l'Église chrétienne qui s'élève
au-dessus de toutes les autres; il dit que ces psaumes sont ainsi nommés à
cause de l'excellence de l'Église.
Le Hazkir (pour réduire en mémoire), Psaumes 38, et
70. Ce titre peut avoir plusieurs sens, cantique destiné à être appris par
cœur, cantique destiné à rappeler certain événement ou certaine époque de la
vie, etc.
Thephiloth (requête), Psaumes 17, 86, 90, et 102.
Thodah (confession ou action de grâces), Psaumes 100.
Thehillah (louange), Psaumes 145.
Halléluiah (louez l'Éternel), Psaumes 106, 111, 112,
113, 135, etc.
Yedidoth (cantique nuptial), Psaumes 45. D'autres
psaumes enfin ont des inscriptions plus développées, disant les circonstances
dans lesquelles ils ont été composés. On a discuté longuement sur la date, la
valeur et l'autorité de ces inscriptions. Augustin, Hilaire, Théodoret
estiment, que non seulement chaque titre correspond exactement au sujet du
psaume, qu'il en est en quelque sorte la clef, mais encore que ces titres sont
inspirés comme Je reste du psaume, quoiqu'ils aient été ajoutés peut-être après
coup par les auteurs inspirés de la collection, notamment par Esdras; les
Juifs, les Septante, la Vulgate et nombre d'autres traducteurs ou commentateurs
de la Parole divine, ont parlé à peu près de la même manière. Origène parle
autrement; il ne conteste pas l'utilité de ces titres en général, mais il
estime qu'il y a eu diverses transpositions, «que chaque pièce de ce grand
appartement a une clef à sa porte, mais que cette clef n'est pas celle qui
convient, et qu'il faut souvent la chercher ailleurs. Calmet, cherchant un
juste milieu entre les opinions contraires des Pères, dit qu'il faut parler des
titres des psaumes avec beaucoup de respect, quoiqu'on ne puisse pas les
regarder tous comme canoniques. Mais en parlant ainsi, il parle des Septante et
de la Vulgate qui ont souvent ajouté quelques mots, quelques explications aux
paroles du texte hébreu, et sa réserve ne saurait porter sur les titres de
l'original, tels que nous les avons conservés dans nos versions. Nous pouvons
donc nous borner dans cette discussion, à reconnaître comme authentiques et
inspirés les titres hébreux, laissant le champ libre sur l'exactitude des
additions et changements ajoutés par voie de commentaires dans les versions
grecque et latine.
Mentionnons encore, comme se distinguant par un
caractère extérieur, les psaumes acrostiches dont chaque pause, verset ou
demi-verset commence par une des lettres de l'alphabet, rangées selon l'ordre
alphabétique; ce sont les Psaumes 25, 34, 37, 111, 112, 119 et 145. Sur cet
arrangement, qui se reproduit ailleurs encore,
— Voir: ce que nous avons dit à l'article Jérémie
(Lamentations).
Les psaumes sont des poésies, mais dont la forme est
perdue pour nous,
— Voir: à l'article Poésie.
On y reconnaît d'une manière générale des vers,
quelquefois des strophes, un certain parallélisme de pensées et même
d'intonations, mais il faut renoncer à y trouver des pieds et ce qu'on appelle
même la quantité dans les syllabes. Les découvertes que l'on a cru faire sous
ce rapport, n'ont pas résisté à un examen plus approfondi, et si l'on se
rappelle que la véritable prononciation hébraïque est encore un problème, on
comprendra que la versification, le rythme, la prosodie des Hébreux, le soit
également.
L'authenticité et la canonicité du livre des Psaumes
ont toujours été reconnues par les Juifs et par les chrétiens; quelques sectes,
les nicolaïtes, les gnostiques, les manichéens, parfois des anabaptistes, ont
seuls contesté que David ait été prophète, et que les psaumes soient l'ouvrage
du saint Esprit. L'une des raisons que l'on a fait valoir avec une apparence de
solidité contre l'inspiration de quelques psaumes, ce sont les imprécations du
prophète contre ses ennemis et contre les méchants. Les Pères expliquent
ordinairement ces passages comme ne contenant que de simples prédictions des
maux que Dieu réserve à ceux qui font le mal; Chrysostôme dit que le prophète
n'exprime pas ses propres sentiments, mais ceux des autres; Athanase
spiritualise ces ennemis et pense qu'il ne s'agit pas des hommes, mais des démons.
Cette opinion n'est pas un expédient, mais une vérité peut-être trop
spiritualisée; il est probable que David pensait aux hommes visibles et non à
des ennemis invisibles, mais pour le roi théocratique, les ennemis de la
théocratie étaient les ennemis de Dieu, les agents et les représentants du
malin, et celui qui, vivant, pardonnait comme individu à Simhi, prophète, sur
son lit de mort, ne lui pardonnait plus. Au point de vue de la théocratie, et
il importe que l'on s'y place, les paroles du prophète ont, non pas une
signification, mais une portée toute différente de celle qu'elles auraient dans
le langage ordinaire; elles partent de la glorification de Dieu, et lui
subordonnent tout; l'établissement du règne de Dieu a une bien autre importance
que la vie ou la mort de ses ennemis, et d'ailleurs, ce n'est pas de leur mort
qu'il s'agit, mais de leur cessation, de leur destruction, sous quelque forme
qu'elle se présente; ce peut être la mort, ce peut être la conversion, ce doit
être une fin d'opposition et d'antagonisme. Nous n'oublions pas que l'Église
romaine, qui confond habituellement sa cause avec la plus grande gloire de
Dieu, a pris l'habitude aussi, depuis qu'elle s'est manifestée, de vomir la
mort contre ses ennemis et qu'elle conclut facilement de l'usage à l'abus, en
matière d'autorité. Mais Dieu et l'Église romaine sont deux choses distinctes,
et les droits de l'un ne font pas les privilèges de l'autre. Nous ne pouvons
confondre l'Église avec son chef sous aucun rapport, et celui-ci peut, seul mettre
toutes choses sous ses pieds. L'Église chrétienne même ne saurait adopter à son
usage une pareille doctrine, et elle l'a répudiée depuis qu'elle a répudié le
moyen âge, Rome et ses traditions. Il suffirait, d'ailleurs, de voir l'usage
que le papisme a fait de la formule ad majorem Dei gloriam, pour être bien
persuadé que l'Église de Rome n'a rien à démêler avec le sainte indignation du
psalmiste contre ses ennemis.
On trouve des difficultés de plus d'un genre dans
l'étude des psaumes, mais ce n'est pas à ces difficultés qu'il faut attribuer,
comme le fait Calmet, le grand nombre de commentaires qui ont paru sur ce
livre. S'il a mérité de fixer l'attention des théologiens de tous les temps,
c'est, non point à cause de ce qu'on n'en comprend pas, mais à cause de ce
qu'on en comprend. Ce livre est unique, seul de son espèce dans la Parole de
Dieu. Tous les autres nous représentent Dieu parlant à l'homme, celui-ci nous
montre l'homme parlant à Dieu. Les psaumes sont en quelque sorte la réponse de
l'homme aux révélations divines, à la loi, à la grâce, à la sainteté, à
l'amour, à la justice, et à la vérité de Dieu. Et chaque homme peut trouver
dans chaque psaume l'expression de ses sentiments chrétiens, de ses désirs, de
ses actions de grâces. De là vient cette vénération, cet amour universel,
presque exclusif chez quelques-uns, que l'on rencontre pour cette portion de
l'Ancien Testament; et plus le fidèle croît dans la grâce et dans l'expérience,
plus il ajoute de prix à la méditation de ces pensées de Dieu, devenues les
pensées de l'homme régénéré.
Parmi les deux mille commentaires, et plus, qui ont
été faits sur les Psaumes, nous n'indiquerons que ceux d'Ambroise, d'Athanase,
de Basile, entre les Pères, celui de Luther, et ceux de Bucer. Bullinger,
Calvin, Étienne et Zwingle, entre les réformateurs. Les commentaires modernes
les plus estimés sont, en anglais, Henry et Scott, en allemand, Stier et
surtout Hengstenberg. M. A, de Mestral annonce une traduction française de cet
important travail.
On a essayé, à diverses reprises, de mettre les
Psaumes en vers français. Le psautier, tel qu'on le chante maintenant dans nos
églises, a paru, pour la première fois, en 1562, avec privilège du roi,
«traduit selon la vérité hébraïque, et mis en rime française et bonne musique,
comme il a esté veu et cognu par gens doctes en les S. Escriptures et ès dites
langues, et aussi en l'art de musique.» Les cinquante premiers ont été traduits
par Marot, les cent autres par Théodore de Bèze (Crottet, Chronique prot., p.
130). Le dernier essai qui a été fait en ce genre, est la traduction de M.
Malan, publiée sous le titre de Chants d'Israël. La réputation des Chants de
Sion, du même auteur, a jeté de l'ombre sur son dernier recueil.
— On peut recommander aussi les traductions en prose
de Vivien, et de Perret-Gentil.
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PTOLÉMAÏS,
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— Voir: Hacco.
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PUBLIUS,
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gouverneur de Malte, lorsque saint Paul fut jeté sur
les côtes de l'île par un naufrage, Actes 28:7-8. II ne demeurait pas loin du
lieu où le navire avait échoué, et il fut des premiers à pourvoir aux besoins
de Paul et des siens, qui trouvèrent dans sa maison, pendant les trois premiers
jours, une hospitalité que Publius continua sans doute jusqu'à la fin à
l'apôtre qui avait guéri son père d'une maladie, dangereuse.
— Saint Luc donne au gouverneur de Malte le titre de
premier ou de principal, que l'on a retrouvé dans une inscription antique,
comme désignant la charge du magistrat exerçant dans cette île l'autorité
suprême.
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PUDENS,
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2 Timothée 4:21; Inconnu.
— Voir: Claudia.
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PUHA,
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Exode 1:15,
— Voir: Siphra.
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PUITS,
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— Voir: Citernes, et Maisons.
Ils servaient souvent de retraites ou de magasins, et
cet usage s'est conservé chez plusieurs peuples et peuplades de l'Orient. «Les
habitants du Caucase qui, pour la plupart, sont à demi nomades et souvent
exposés aux incursions de leurs voisins, ont toujours, auprès de leurs maisons,
des souterrains dans lesquels ils cachent leurs provisions et leurs effets. Ces
magasins, de la forme d'un puits étroit, sont fermés avec une planche, ou une
large pierre recouverte soigneusement de terre, et sont toujours placés dans
des endroits où le gazon manque, de peur que la couleur de l'herbe ne trahisse
le dépôt. Malgré ces précautions, les soldats russes les découvrent souvent;
ils frappent la terre avec la baguette de leurs fusils, dans les sentiers
battus qui sont près des habitations, et le son leur indique les cavités qu'ils
recherchent. Ivan en découvrit une sous un hangar attenant à la maison, dans
laquelle il trouva des pots de terre, quelques épis de maïs, un morceau de sel
gemme et plusieurs ustensiles de ménage.» Xavier De Maistre, les Prisonniers du
Caucase.
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PUL, ou Phul,
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1. 2
Rois 15:19, le premier roi d'Assyrie dont il soit parlé dans la Bible. Il
envahit Israël sous le règne de Ménahem, peut-être pour venger les revers que
l'Assyrie avait éprouvés sous Jéroboam II; mais un tribut de 1,000 talents, que
Ménahem perçut sur les plus riches de son royaume, apaisa le roi conquérant,
qui l'affermit sur le trône qu'il venait d'usurper par la violence et le
meurtre. Pul devait voir avec joie le renversement de la 5e dynastie, qui
l'avait vaincu, et il croyait laver sa honte en appuyant l'avènement d'une
dynastie nouvelle. Il ne laissa pas cependant que d'emmener en captivité les
habitants des tribus transjourdaines, 1 Chroniques 5:26. On pense que Pul est
l'Anacindaraxès ou Anabaxarès des historiens profanes, le père de Sardanapale,
appelé, selon la coutume des Orientaux, Sardan-Pul, c'est-à-dire Sardan, fils
de Pul (Calmet, Bossuet); cette opinion est peu probable. On ajoute que Pul est
ce roi de Ninive qui fit pénitence avec tout son peuple à la prédication de
Jonas, et si l'on se rappelle que Jonas était contemporain de Jéroboam II, on
peut croire que, dans sa jeunesse, Pul a entendu la voix du prophète. D'autres
croient que Pul est Sardanapale lui-même; d'autres enfin qu'il fut son fils et
successeur, Sardanapale II. Le nom de Sardanapale, en caldéen, signifie encore:
donné de Dieu.
2. Pul,
Ésaïe 66:19, peuplade nommée à côté de Lud, au milieu d'autres contrées éloignées
d'Israël. Bochart pense à la petite île de Philœ située sur le Nil, entre
l'Égypte et l'Éthiopie, au sud d'Éléphantine, et commune aux habitants de ces
deux pays, Strab. 17, 818. Diod. de Sicile, 1, 22. Pline 5, 10. La position de
cette île frontière cadrerait assez bien avec le contexte.
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PUNITIONS,
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— Voir: Peines, et Châtiments.
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PURAH,
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Juges 7:10-11, serviteur de Gédéon, choisi de Dieu
pour accompagner son maître jusqu'aux avant-postes des Madianites, et partager
ses dangers.
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PURETÉ, Purifications.
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La malpropreté du corps est plus commune et plus
dangereuse dans les pays chauds de l'Orient, que dans nos climats froids ou
tempérés, plus ordinaire parce qu'elle résulte de la transpiration, plus
dangereuse parce qu'elle engendre facilement ces maladies de la peau dont la
lèpre est le dernier terme. De là ces nombreux usages et observances des
Orientaux, ces préceptes de leurs lois, cette sanction que leurs religions
donnent aux habitudes de propreté pour leur imprimer un caractère d'impérieuse
nécessité.
— Comme tous les peuples de l'Orient, comme les
Égyptiens en particulier (Hérodote 2, 37), les Israélites ont eu des lois de
propreté qui étaient tout ensemble pour eux, des lois sanitaires et des lois
morales; Mahomet les leur a presque toutes empruntées. Les ablutions et le bain
étaient naturellement au premier rang de ces mesures; on se baignait notamment
lorsqu'on se disposait à visiter un supérieur, Ruth 3:3; Judith 10:3. On fut
particulièrement exact à observer toutes ces formalités dans la période qui
suivit l'exil, et les pharisiens s'étaient fait, à cet égard, une réputation de
minutie qui touchait au ridicule pour les petites choses, et qui était bien
loin d'être méritée pour les plus importantes, Matthieu 15:2; Marc 7:3; Luc
11:38.
La propreté du corps étant le symbole, bien souvent
méconnu, de la pureté intérieure, il en résultait pour le culte, d'abord que
personne ne pouvait se présenter dans le temple ou dans une synagogue, ni
remplir un acte de culte quelconque, prière ou sacrifice, sans s'être auparavant
lavé, ou même baigné, suivant l'importance de ce qu'il allait faire, 1 Samuel
16:5; cf. Josué 3:5; 2 Chroniques 30:17; Exode 19:10. Il en résultait ensuite
que cette pureté extérieure était plus rigoureusement exigée à mesure qu'on
avait le droit d'approcher de plus près de l'Éternel, et que les prêtres, à
leur entrée en fonctions, ou lorsqu'ils étaient sur le point de vaquer à
certains offices, devaient se purifier avec soin, Exode 29:4; Lévitique 8:6;
des cuves spéciales, destinées à ces lustrations, étaient placées dans les
parvis du temple,
— Voir: Prêtres.
Les idées de pureté et de souillure portaient sur les
animaux et sur les choses, aussi bien que sur les personnes. Certains animaux
étaient déclarés impurs par la loi, et il était défendu d'en manger. Les
habits, les maisons, les lits, et quelques ustensiles de ménage, étaient
susceptibles de certaines impuretés, et il était défendu de s'en servir aussi
longtemps qu'ils n'avaient pas été purifiés; on appelait encore impures, d'une
manière générale, toutes les choses dont les Israélites ne pouvaient user ou
s'approcher sans être souillés. Les motifs qui avaient dicté au législateur ces
interdictions étaient, la plupart, fondés sur la nature même des choses; ils
étaient à la fois hygiéniques, politiques, symboliques et religieux, et ne
tenaient, ni les uns ni les autres, exclusivement de l'un de ces caractères
pris à part. Prévenir certaines maladies, isoler le peuple des peuples voisins,
lui rappeler la pureté du cœur, et le maintenir dans la dépendance de
l'Éternel, tel était le but de la loi de Moïse, et chacune de ses prescriptions
sur la pureté légale et sur les purifications, tendait au même résultat. On
peut dire que les défenses sur le toucher ou sur le manger étaient toutes
fondées, sans aucun caractère arbitraire, sur des impuretés réelles, sur une
insalubrité constatée, et sur un dégoût naturel à l'homme pour les objets dont
il avait à s'abstenir; ainsi les cadavres des animaux ou des hommes, Nombres
19:11, les maisons et les vêtements atteints de la lèpre, les lépreux, les
hommes et les femmes souillés de diverses infirmités, dont plusieurs étaient
une suite du péché, Lévitique 11-15, Nombres 19, les femmes nouvellement
accouchées, etc. À l'exception des animaux dont la chair était impure, mais que
l'on pouvait cependant toucher sans en être souillé, le contact avec les
personnes ou objets qui viennent d'être énumérés, suffisait pour procurer une
souillure plus ou moins longue; dans plusieurs cas, celui qui était devenu
impur communiquait son impureté à ceux qui l'approchaient et à ce qu'il
touchait; dans d'autres, sa souillure demeurait individuelle, et n'était pas
contagieuse. On peut voir, aux articles spéciaux, quelques détails sur les
principales causes d'impureté légale; nous rappellerons seulement encore la
souillure que la loi imposait, en les obligeant de la contracter, à ceux qui
sacrifiaient la vache rousse, et qui en répandaient les cendres, Nombres 19, et
à ceux qui devaient conduire au désert le bouc Hazazel, et brûler au feu la
chair des deux victimes pour le péché, dans le jour des expiations, Lévitique
16:26,28. Cette dernière souillure était la moindre de toutes, et il suffisait
de se baigner et de laver ses vêtements pour en être immédiatement purifié.
Dans la plupart des cas, les souillures contractées
duraient, les moindres un jour, c'est-à-dire jusqu'au soir, les autres sept
jours, ou une semaine; les habits devaient être lavés aussitôt, et un bain pris
au troisième jour rendait au septième la pureté légale à celui qui l'avait
perdue. Lorsque les souillures tenant à des causes naturelles, étaient à la
fois plus graves et plus longues, des sacrifices de purification devenaient
nécessaires. Deux tourtereaux sont mentionnés Lévitique 15. Une mère,
trente-trois jours après la naissance d'un fils, soixante-six après celle d'une
fille, devait présenter au sacrificateur un agneau d'un an en holocauste, et un
pigeonneau ou une tourterelle, Lévitique 12:6,8; si elle était trop pauvre,
deux pigeonneaux, l'un pour l'holocauste, l'autre en offrande pour le péché,
pouvaient suffire. Quant aux offrandes du lépreux nettoyé,
— Voir: Lévitique 14.
Sa purification devait se faire en deux fois: la
première il apportait deux passereaux, dont l'un était égorgé au-dessus d'un
vaisseau de terre plein d'eau vive, dont l'autre, trempé dans le sang du
passereau mis à mort, avec un bouquet de cèdre, d'hysope, et de laine écarlate,
servait à faire aspersion par sept fois sur le lépreux, puis était rendu à la
liberté, comme s'il devait emporter la souillure; le lépreux se lavait alors,
rasait tout son poil, était déclaré net, rentrait dans la ville, mais ne
pouvait pas encore habiter sa maison. La seconde fois, au septième jour, il se
lavait et se rasait de nouveau; puis au huitième, après avoir offert deux
agneaux et une brebis d'un an sans tare, avec de l'huile et trois dixièmes de
fine farine, il se présentait devant le sacrificateur, qui le touchait avec du
sang en trois endroits et répandait de l'huile sur sa tête, faisant
propitiation pour lui devant l'Éternel. Un holocauste était offert, et le
lépreux purifié recouvrait toute la pureté légale.
Celui qui était dans un état d'impureté légale était
exclu du culte, des repas eucharistiques, et de la libre communication avec les
autres Hébreux. Son état ne constituait pas un délit, pourvu qu'il fît ce qui
dépendait de lui pour le faire cesser, mais s'il restait volontairement impur,
s'il cachait son état, ou s'il en bravait les conséquences, il devenait
d'autant plus criminel que la loi, plus facile à violer, exigeait davantage le
concours de la conscience pour conserver son action. L'Hébreu, et l'Hébreu
fidèle, étant seul pur devant la loi, tout autre étant nécessairement impur,
les Israélites étaient isolés au milieu des autres peuples, et considéraient
leur pureté comme une décoration extérieure, comme un privilège, comme un titre
de gloire, auquel ils s'attachaient d'autant plus qu'il était comme le signe de
la faveur divine.
— C'en était le signe en effet; le pharisaïsme a voulu
en faire la réalité, et la lettre a tué l'esprit.
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PURIM ou Pur,
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mot persan plutôt qu'hébreu, et qui signifie le sort
ou les sorts. Haman voulant faire périr la nation juive, mais n'ayant pas la
résolution qui parfois mène à bien les projets les plus criminels, s'en remit
au sort pour fixer l'époque de cette horrible exécution, Esther 3:7. Il
ignorait que l'homme met la main au giron, mais que ce qui en sort est de par
l'Éternel, Proverbes 16:33. Le sort jeté au premier mois décida, puisque Dieu
l'avait ainsi décidé, que l'entreprise tentée contre les Juifs ne serait pas
exécutée avant le douzième mois, celui d'adar. Ce long délai permit aux Juifs
de détourner le coup qui les menaçait, et à Ester d'effacer dans l'esprit
d'Assuérus les mauvaises impressions qu'on lui avait données contre Israël.
Haman tomba victime de sa cruelle et trop confiante vanité. Les Juifs, heureux
et reconnaissants de cette délivrance toute miraculeuse, instituèrent la fête
des sorts ou de Purim pour en conserver le souvenir. On la célèbre le 14 adar,
Esther 9:21, et par deux fois si l'année complémentaire compte les deux mois
d'adar et de beadar, mais alors la seconde fêle n'est qu'un souvenir de la
première, et porte le nom de petit Purim par opposition au grand Purim qui est
la fête véritable. La veille on observe un jeune rigoureux, si c'est un jour où
l'on puisse jeûner; si c'est un sabbat ou une veille de sabbat, on anticipe le
jeune; on observe pendant vingt-quatre heures l'abstinence la plus complète, et
les enfants y sont astreints déjà depuis l'âge de treize ans: on fait des
aumônes abondantes pour que les pauvres puissent participer à la joie générale,
et le jour de la fête on leur fait part des biens dont Dieu a couvert les
tables de ceux qui vivent dans l'aisance. Le soir du 13, la veille encore, on
se réunit dans les synagogues, et à la lueur des lampes, au moment où les
étoiles commencent à se montrer, on fait la lecture du livre d'Ester sans en
rien omettre; ce livre ou rouleau de vélin, est appelé le livre par excellence.
Le lendemain matin, jour de la fête, on retourne à la synagogue, où après avoir
lu la déroute d'Hamalec dans l'Exode, on recommence la lecture de l'histoire
d'Ester; puis chacun retourne dans sa maison, et le jour se passe dans le jeu
et dans toutes sortes de réjouissances; la dissolution va jusqu'aux
déguisements les plus sévèrement défendus, Deutéronome 22:5, et les rabbins
enseignent qu'il est permis de boire du vin jusqu'à ne plus pouvoir distinguer
entre maudit soit Haman, et maudit soit Mardochée. Véritables bacchanales! Les
Juifs ajoutaient à la fête l'érection d'une croix ou gibet; on y suspendait un
homme de paille que l'on nommait Haman, et que l'on finissait par brûler. Cette
portion de la fête qui parut plus tard une insulte faite aux chrétiens, fut
supprimée en 408 par ordre de Théodose II, et quelques Juifs ayant non
seulement bravé cette défense, mais attaché au gibet un jeune chrétien qu'ils
fouettèrent jusqu'à la mort, furent punis du dernier supplice.
— La fête qui se célébrait le 14 à Suse, et dans les
villes murées, se célébrait le 15 dans les bourgs et les villes non murées,
Esther 9:18-21,24,26. Elle est appelée le jour de Mardochée, 2 Maccabées 15:37;
et plusieurs commentateurs pensent que la fête des Juifs mentionnée Jean 5:1,
n'est autre que celle des sorts ou de Purim, Lücke, Olshausen, Tholuck.
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PUT ou Phut,
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peuple camite que Moïse place, Genèse 10:6, entre
Mitsraïm et Cus, et qui est nommé encore ailleurs avec Cus, Ludim, et Lubim,
Jérémie 46:9; Ézéchiel 27:10; 30:5; 38:5; Nahum 3:9. Flavius Josèphe
(Antiquités Judaïques 1, 6, 2) pense qu'ils habitaient la Mauritanie (le
Maroc), et il cite un fleuve de cette contrée qui portait le même nom; Pline
appelle ce fleuve Fut, et Ptolémée Phtuth; il se jetait dans l'Atlantique.
Selon l'interprète alexandrin et la Vulgate, Put désignerait les Lybiens
(Dahler, Hævernick). On ne peut rien fixer de précis, mais on peut croire d'une
manière générale que Put avait peuplé le nord, le nord-est, et le centre de
l'Afrique, et que ses descendants sont nègres. Les habitants de Put servaient
comme soldats dans la marine tyrienne, et dans l'armée d'Égypte; ils sont même
indiqués comme faisant partie de l'armée de Gog. On sait que les Mauritaniens
étaient aussi de bons soldats, et qu'ils servaient dans les troupes de
Carthage, Tite-Live 21, 22.
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PYTHON, Pythonisse.
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Apollon, le dieu de la divination, connu aussi sous le
nom de Mithra, avait reçu des Grecs le nom de Python, en souvenir du fameux
serpent qu'il avait tué; ce nom ou surnom fut appliqué plus tard à ceux en qui
l'on croyait reconnaître des dons divinatoires, et qui avaient été nommés
d'abord ventriloques parce qu'on estimait qu'un démon renfermé dans leur corps
parlait par leur bouche, puis eurycléites du nom d'Euryclès, en qui le premier
l'on avait remarqué ce phénomène. Le Nouveau Testament nous parle d'une femme
qui avait l'esprit de Python et qui rapportait un grand profit à ses maîtres,
Actes 16:46-18. Dans l'Ancien Testament nos versions ont traduit l'hébreu oboth
par python, esprit de python, pythonisse, qui ne correspond pas exactement au
sens de l'original, Lévitique 19:31; 20:6; Deutéronome 18:11. Les esprits de
python annonçaient les choses futures, les oboth étaient les âmes des morts
revenant à la surface de la terre; on appelait maîtres et maîtresses des oboth
ceux qui avaient la puissance de les faire revenir, et il est remarquable que
des femmes seules soient mentionnées comme exerçant ce métier. La loi de Moïse
interdisait sous peine de mort de les consulter, mais comme on en trouvait en
Égypte, Ésaïe 19:3, on en trouva toujours aussi dans le royaume d'Israël,
surtout aux époques où des rois idolâtres occupèrent le trône de David, 1
Samuel 28:3; sq. 2 Rois 21:6; 2 Chroniques 33:6; Ésaïe 8:19; 29:4. Saül qui
avait chassé ou exterminé toutes les espèces de sorciers, et qui s'était rendu
redoutable à ces industriels par la guerre qu'il leur avait faite, passa par
une transition naturelle de l'intolérance à la superstition, et se rendit
auprès d'une femme célèbre dans l'art de conjurer et d'évoquer les morts.
Samuel apparut et prédit à Saül sa mort prochaine et la défaite d'Israël. C'est
une controverse déjà bien ancienne que celle qui a été soulevé par ce récit, et
nous ne pouvons pas y entrer. Samuel est-il réellement apparu, ou n'a-ce été
qu'une tromperie de la magicienne, une illusion de Saül? Si Samuel est apparu,
a-ce été en suite de l'évocation de la femme, par la puissance du démon, ou par
la puissance et la volonté de Dieu? Le démon a-t-il de la puissance sur l'âme
des morts, et notamment sur l'âme de ceux qui sont morts au Seigneur? A-t-il eu
cette puissance au moins jusqu'aux jours où notre Seigneur étant descendu aux
enfers a vaincu l'esprit malin? Et si Satan a cette puissance, peut-il la
mettre au service de créatures humaines, de conjureurs et de conjureuses?
Autant de questions, autant de doutes. Il parait cependant par le récit
biblique que l'ombre de Samuel est réellement apparue, et qu'elle a fait
entendre les paroles prophétiques qui renversèrent Saül. Mais quant à la force
qui a fait sortir du tombeau l'âme du prophète, nous repoussons d'abord la
pensée que ce puisse être une force infernale, puis celle que les conjurations
de la femme aient été de nature à produire cet étrange phénomène, et nous
pensons que pour punir Saül de son impie curiosité, Dieu a permis, à l'occasion
des paroles de la magicienne, que l'esprit du vieux prophète, troublé dans la
paix du sépulcre, retrouvât quelque forme et quelques accents pour déclarer
encore une fois la déchéance de celui qu'il avait sacré roi quarante ans auparavant.
— Tous les peuples de l'antiquité étaient d'accord à
attribuer une voix extrêmement faible à ces esprits revenant sur la terre, et
cela est naturel; la voix tient du corps: on peut citer la vocem exiguam de
Virgile, Æneid. 6, 493, cf. 3, 39. Iliad. 23, 101.
— Voir: aussi Ésaïe 8:19; 29:4.
La ventriloquie venait pour cela merveilleusement en
aide aux imposteurs, qui, par un murmure à peine sensible, savaient faire
parler les morts qu'ils prétendaient faire apparaître dans l'ombre, et visibles
seulement pour une imagination déjà frappée.
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PYTHONISSE.
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Le jugement de M. Haldane sur l'évocation de l'ombre
de Samuel, ne diffère de l'opinion que nous avons exprimée que par quelque
chose de plus absolu pour la forme et pour le fond. Il n'est point à supposer,
dit-il, que cette femme eût le pouvoir d'évoquer Samuel, que Saül désirait de
consulter; et cela ne paraît en aucune manière par la narration. Mais avant que
la sorcière eût préparé ses enchantements dans la vue d'adoucir et de flatter
Saül, le prophète Samuel, à qui Dieu en avait donné la commission, apparut, ce
qui la frappa également de surprise et de terreur, et il dénonça son jugement
de mort à Saül. Nous sommes certains que, dans cette circonstance, Samuel fut
envoyé par Dieu-même, parce que le message dont il était chargé regardait un
événement à venir. Il n'appartient qu'à Dieu seul de prévoir ce qui doit
arriver. Ésaïe 41:22-23; 45:21.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-Q
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QUARTUS,
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Romains 16:23; Disciple inconnu, probablement Romain,
dont saint Paul, écrivant de Corinthe, transmet aux fidèles de Rome les
salutations.
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QUIRINUS,
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— Voir: Cyrénius.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-R
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RABBA.
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1. Ville
des montagnes de Juda, Josué 15:60. Ce nom, qui signifie grande, désigne une
ville distinguée, soit par son étendue, soit par son rang comme capitale d'un
pays; il était ainsi commun à plusieurs villes, et pour les distinguer, on
ajoutait à ce nom celui du pays ou du peuple auquel la ville appartenait. C'est
ainsi que nous avons encore
2. Rabbath-Hammon,
capitale des Hammonites, Deutéronome 3:11; Josué 13:25. Après l'injure faite
aux députés d'Israël, elle fut assiégée par Joab et conquise par David, 2
Samuel 11:1; 12:26; cf. 1 Chroniques 20:1, mais elle ne resta pas entre les
mains des Israélites, Jérémie 49:2. À l'époque de la domination macédonienne,
elle reçut de Ptolémée Philadelphe le nom de Philadelphie, et c'est sous ce nom
qu'elle est citée par les écrivains grecs et romains, ainsi que par Flavius
Josèphe en plusieurs endroits; elle est aussi mentionnée sur des médailles
romaines comme ville de l'Arabie, ou plus exactement de la Cœlésyrie et de la
Décapole, et comme chef-lieu du district arabe de Philadelphène. Cependant elle
a conservé sur les lieux son ancien nom, qu'Abulféda donne encore à ses ruines.
Défendue par son assiette naturelle, fortifiée par l'art, située sur les bords
d'une grande rivière et au milieu d'une contrée fertile, elle existait depuis
plusieurs siècles, lorsque 600 ans av. J.-C. Jérémie écrivait: Rabba sera un
monceau de désolation, 49:2. Rien ne faisait prévoir alors l'accomplissement de
cette prophétie, et les Hammonites ne pouvaient imaginer que leur capitale,
leurs forteresses et leurs opulentes cités seraient un jour transformées en
vastes champs découverts où viendraient paître les chèvres et les brebis.
Cependant la prophétie s'est accomplie, Seetzen et Burckhardt décrivent avec
détails ce qu'ils ont vu sur l'emplacement de l'ancienne Rabba; l'on y trouve
encore des ruines remarquables qui attestent une splendeur qui n'est plus, des
palais, des temples, des débris de murailles, les restes d'un amphithéâtre, de
majestueuses colonnades, un pont dont les arches sont élevées, un château qui a
dû être très fort, une plaine jonchée de ruines d'édifices particuliers,
— Voir: Keith, chapitre IV. Ammon.
3. Rabbath-Moab,
capitale des Moabites.
— Voir: Har.
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RABBI
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(mon maître), et Rabboni, titre d'honneur des docteurs
de la loi juive au temps de Jésus, comme de nos jours les titres de magister,
de docteur, de maître ès-arts ou ès-sciences. Le peuple, et en particulier
leurs élèves, donnaient cette qualification à ceux qui remplissaient au milieu
d'eux ces fonctions, Matthieu 23:7. Jésus l'a de même reçue de ses disciples et
de ses adhérents, Matthieu 26:25,49; Marc 9:5; 10:51; 11:21; Jean 1:38; 4:31;
20:16. Il y avait une hiérarchie doctorale, et l'on disait que le rabbi est
plus grand que le rab, mais le rabban est plus que le rabbi. Les Juifs ne
comptaient que sept rabbans, dont le principal est Siméon, fils de Hillel, à
peu près contemporain de Jésus. On ignore l'époque précise à laquelle ces noms
et leurs nuances ont pris naissance.
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RABMAG,
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Jérémie 39:13, doit être traduit par chef des mages;
c'était le titre de Nergal-Saréetzer.
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RABSAKÉ,
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2 Rois 18:17; Ésaïe 36:2, général des troupes de Sanchérib,
envoyé de Lakis par son maître pour assiéger Jérusalem, 712 avant J.-C. Arrivé
près de la ville vers le torrent de Cédron, il conféra avec Éliakim et d'autres
délégués d'Ézéchias, qu'il étonna et qu'il effraya par l'audace de ses
éloquentes bravades. Parlant aux envoyés du roi de Juda, il voulait être
entendu du peuple et des soldats, et c'est à eux bien plus qu'à Éliakim qu'il
s'adresse réellement. II insiste sur tous les motifs qui doivent engager
Ézéchias à se soumettre; il fait ressortir la faiblesse du royaume de Juda,
divisé et mécontent des réformes religieuses, la faiblesse de l'Égypte dont on
songeait à réclamer le secours, les horreurs d'un long siège qui finirait
cependant par une capitulation, la protection divine acquise à l'Assyrie. Mais ses
menaces comme ses promesses furent inutiles, et après avoir probablement laissé
Tarta et Rabsaris devant les murs de Jérusalem, il retourna auprès de son
maître au camp de Libna.
— Rabsaké, qui signifie en caldéen échanson, est
plutôt un titre qu'un nom propre. Les officiers de la maison royale en Orient,
servent aussi comme officiers militaires du plus haut rang.
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RABSARIS,
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2 Rois 18:17, officier de Sanchérib, qui fut envoyé,
avec Rabsaké, sommer Jérusalem de se rendre, et qui resta sous les murs de la
ville, après que Rabsaké fut retourné auprès de Sanchérib. Le nom de Rabsaris
qui signifie chef des eunuques, se retrouve encore Jérémie 39:13, où il doit
être traduit comme désignant la charge de Nébusazban et non comme le nom d'un
personnage nouveau. Il est possible aussi que dans le passage 2 Rois 18:17, il
désigne un office plutôt qu'un nom propre.
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RACAL,
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ville de la tribu de Juda, 1 Samuel 30:29.
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RACHAB ou Rahab,
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femme chez laquelle les envoyés de Josué entrèrent à
Jérico, et dans la maison de laquelle ils trouvèrent un asile assuré contre les
poursuites des gouverneurs de la ville, Josué 2:1; 6:17. Elle reçut en échange
de son hospitalité sa grâce et celle de sa famille, lorsque les Israélites se
furent rendus maîtres de Jérico; un fil écarlate, probablement une pièce
d'étoffe de cette couleur pendue à sa fenêtre, servit à désigner aux vainqueurs
la maison qu'ils devaient épargner, comme dans la dernière nuit de la captivité
égyptienne, les poteaux des portes, teints de sang, arrêtèrent le bras de
l'ange exterminateur qui se promenait sur le pays. Elle avait cru au Dieu
d'Israël et fut reçue comme prosélyte par la nation sainte, qui l'adopta; elle
épousa Salmon, et donna le jour à Booz, Ruth 4:21; Matthieu 1:5.
— Le livre de Josué la désigne comme une femme de
mauvaise vie. Le Nouveau Testament, Hébreux 11:31; Jacques 2:25, tout en
paraissant lui conserver le même titre, rend hommage à sa foi et à ses œuvres.
Répugnant à l'idée de compter une débauchée parmi les ancêtres de David et du
Sauveur, les Juifs et les chrétiens ont essayé de donner au mot grec et au mot
hébreu, qui tous les deux désignent une courtisane, mais qui, étymologiquement,
peuvent aussi signifier une hôtelière, cette dernière signification. C'est ce
qu'ont fait en particulier les Targums et Chrysostôme. Mais il n'y avait pas
d'auberges proprement dites dans les anciens temps, comme dans l'Orient moderne
on n'en rencontre pas partout non plus. Il faut remarquer ensuite que Rahab
était établie, qu'elle avait sa maison à elle, et que, dans l'énumération de
ses parents, elle ne fait cependant mention ni de mari, ni d'enfants; or, soit
qu'elle ait été hôtelière, ou qu'elle ne l'ait pas été, l'établissement d'une
fille indépendante de ses parents est significatif, surtout si l'on tient
compte de la sévérité des mœurs orientales à l'égard des femmes honnêtes et de
la facilité avec laquelle la liberté des mœurs était interprétée en mauvaise
part. L'usage de la langue est positif, et l'on ne voit nulle part, quoi qu'il
en soit de l'étymologie, les mots qui désignent Rahab désigner autre chose
qu'une femme perdue, mais il faut se rappeler aussi que les malheureuses qui
avaient une fois mérité ce nom, le conservaient alors même qu'elles ne vivaient
plus dans la pratique du mal, cf. Matthieu 21:31-32. Rahab doit donc être
considérée comme une femme qui a exercé le métier de prostituée, mais qui,
touchée par la grâce de Dieu, frappée à l'ouïe des miracles que le Dieu
d'Israël avait faits en faveur de son peuple, a renoncé à sa mauvaise conduite
et à son idolâtre incrédulité. En recevant les espions, en les favorisant
contre son propre peuple, en demandant miséricorde pour elle et pour sa
famille, au lieu d'arrêter les projets d'Israël dès leur premier essai
d'accomplissement, et de trahir ceux qui cherchaient la ruine de Jérico, elle a
montré sa foi par ses œuvres; elle a reconnu que l'on ne pouvait rien contre
Dieu, mais tout pour Dieu. Le langage des apôtres nous montre dans la conduite
de Rahab une conversion du mal au bien, et en joignant son nom à celui d'Abraham,
celui de la courtisane à côté de celui du père des croyants, ils ont voulu
faire ressortir que devant Dieu, ni la circoncision, ni l'incirconcision n'ont
aucune efficace, mais la foi agissant par la charité.
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RACHEL,
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fille cadette de Laban, Genèse 29:6; 46:19. Elle fut
la première personne que rencontra Jacob lorsque, fuyant la colère d'un frère,
il se rendit en Mésopotamie. La beauté de la jeune fille frappa Jacob, alors
âgé de soixante-dix-sept ans; cousin de Rachel, il songea à une alliance plus
intime avec elle, et sept années de service furent le prix auquel Laban la céda
à son neveu. Elle n'épousa cependant Jacob qu'après que celui-ci eut épousé
d'abord sa sœur Léa, moins belle, et moins aimée; comme elle ne donnait point
d'enfants à son mari, elle essaya de faire à sa sœur, plus heureuse, une
étrange concurrence; Bilha, sa servante, devint la concubine de Jacob, et
Rachel adopta les enfants issus de ce commerce illégitime. Les deux sœurs,
souvent aigries l'une contre l'autre, finirent cependant par se rapprocher; dés
mandragores cimentèrent la paix, et la naissance de Joseph, fils de Rachel,
finit par ôter à l'épouse préférée tout sujet de jalousie et d'irritation. Lors
du départ de Caldée, voyant son mari en butte à de sourdes inimitiés de la part
de sa famille, elle n'hésita pas à le suivre, déroba les marmousets ou
théraphims de Laban, et les cacha sous le bât de son chameau, quand Laban, pour
les retrouver, vint fouiller les tentes de Jacob. Fort avancée dans sa dernière
grossesse, elle marchait la dernière avec Joseph, lorsque Jacob attendait avec
crainte la rencontre d'Ésaü, et bientôt après, non loin de Bethléem, elle
mourut en donnant le jour à Benjamin, 35:16; 48:7. Jacob éleva sur son sépulcre
un monument qui prit son nom, et que l'on connaissait encore aux jours de Saül,
1 Samuel 10:2. Le térébinthe dit de Tabor, qui se trouvait non loin de ce
tombeau, porte maintenant, d'après Troïlo, le nom de térébinthe de la sainte
Vierge. Le caractère de Rachel n'est pas assez connu pour pouvoir être apprécié
bien exactement: Niemeyer la met au-dessous de Léa quant à la bonté du cœur, et
il faut avouer qu'elle se montre jalouse, et vive dans la manifestation de sa
jalousie; mais, d'un autre côté, l'offense première était venue de l'intrigante
ou trop obéissante Léa, et Rachel pouvait à bon droit n'être pas contente.
Quant au reste, elle se montre sous un jour aimable, fille et femme docile, peu
riche en ruses, et maladroite quand elle essaie de l'intrigue. On ne comprend
pas, en particulier, à quelle intention elle a dérobé les idoles de son père;
ce ne pouvait être pour empêcher Laban de les consulter sur la route de Jacob,
car une fois découverte, elle refuse encore de les rendre: il est difficile de
supposer que ce soit par cupidité, car, ces marmousets eussent-ils été d'or ou
d'argent, ce qui n'est pas prouvé, ces métaux n'avaient pas alors le prix
qu'ils ont de nos jours, et n'eussent ajouté que bien peu de chose à l'immense
fortune des fugitifs. Pour se venger de l'artifice qui lui avait substitué sa
sœur? mais la faute était vieille de treize ou quatorze ans, et Rachel avait eu
bien du temps pour se venger ou pour oublier son offense. Pour détacher son
père d'une pratique superstitieuse, en lui enlevant les objets de son culte
intérieur? mais le vol serait un singulier moyen de prosélytisme. Nous croyons
plutôt que Rachel ne s'est pas rendu compte de son action, et qu'elle a dérobé
les théraphims, cédant à un attachement instinctif et non réfléchi pour les
dieux de sa jeunesse, aussi bien qu'à une de ces envies si fréquentes chez les
femmes dans sa position. Quant au prétexte qu'elle donne, 31:35, pour ne pas se
lever, la manière dont on l'entend ordinairement n'aurait pas même eu
l'apparence de la plausibilité, et il faut le rapporter plutôt à la grande
fatigue du voyage pour une femme qui devait bientôt mourir en donnant la vie à
un fils.
— Le nom de Rachel est rappelé avec celui de sa sœur
dans les vœux que Booz reçut des habitants de Bethléem, Ruth, 4:11. Dans le
passage Jérémie 31:15, Rachel pleure ses enfants, et refuse d'être consolée: ce
morceau prophétique fut inspiré à l'occasion du séjour de Jérémie à Rama, parmi
les captifs que Nébuzar-Adan y faisait passer en revue, 40:1. La voix est
isolée, mais elle exprime la douleur de bien des mères, de toutes les mères de
Bethléem dont les fils sont conduits dans l'exil, de toutes les mères de
Benjamin dont Rachel est l'aïeule, et par extension, des deux tribus que Rachel
représente pleurant à Rama sur son tombeau, parce que les Juifs de ce royaume
sont arrachés du sol que Dieu leur avait donné. Saint Matthieu, 2:18, applique
ce passage au massacre des enfants de Bethléem, et l'on peut croire que Jérémie
lui-même, au milieu des souffrances du moment, pensait aux souffrances de
l'avenir, et aux promesses de l'Éternel, quand il s'écrie quelques versets plus
loin: «Jusques à quand seras-tu agitée, fille rebelle? car l'Éternel a créé une
chose nouvelle sur la terre, une femme environnant un homme puissant (comme la
mère entoure l'enfant qui est dans son sein).»
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RAGAU,
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Luc 3:35, appelé Réhu ou Réhhu, Genèse 11:18; 1
Chroniques 1:25, fils de Péleg, et père de Sarug, mourut à l'âge de trois cent
trente-neuf ans. Il est nommé parmi les ancêtres de Marie dans la généalogie du
Sauveur.
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RAHAB,
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— Voir: Rachab.
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RAHMA,
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descendant de Cam par Cus, Genèse 10:7; 1 Chroniques
1:9, nommé à côté de Seba dans le premier de ces passages, et Ézéchiel 27:22,
où l'on voit que le pays où il se fixa avec ses descendants, abondait en
encens, en or et en pierres précieuses, et qu'il trafiquait avec Tyr et la
Syrie. Les Septante rendent ce nom par Rhegma, ville qui, selon Ptolémée 6, 7,
était située dans la Caramanie, sur les bords du golfe Persique. D'autres placent
Rahma en Afrique, mais cette opinion ne repose sur aucune base solide.
Braunschweig, enfin, voit dans Rahma le père des Indous, et les idées obscènes
de ce peuple sur la religion rendent assez probable sa filiation de Cam; on
peut aussi comparer avec Rahma, le héros des Indous devenu dieu sous le nom de
Brahma.
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RAHMÉSÈS.
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1. District
de la Basse Égypte, qui comprenait le territoire de Goscen; peut-être aussi la
contrée de Goscen tout entière, sous un autre nom que Jablonsky dérive des deux
mots coptes: rem ou romi, homme, et shos, berger; Remshos ou Rahmésès
désignerait donc un pays de bergers.
2. Rahmésès,
ville de la Basse Égypte, que les Hébreux durent fortifier, et qui fut aussi
leur première station dans leur fuite, Exode 1:11; 12:37; Nombres 33:3,5. Tous
les anciens interprètes ont conservé ce nom, excepté le Pseudo-Jonathan, qui le
traduit par Pélusium, évidemment à tort, et Saadias, qui le rend par
Héliopolis; Jablonsky a essayé, par des raisons étymologiques, de soutenir
cette dernière opinion; ré signifie soleil, et méésè champ; champ du soleil ne
diffère que peu de ville du soleil ou Héliopolis; mais cette dernière ville est
généralement désignée sous le nom d'On, et eue est positivement distinguée de
Rahmésès, Exode 1:11. On a pensé encore à Héroopolis, à Avaris, que Salatis,
roi des Hycsos, fit fortifier; à Amris, à l'ouest du bras du Nil de Rosette;
mais ce ne sont que des hypothèses, et presque toutes invraisemblables ou
impossibles.
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RAISIN,
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— Voir: Vignes.
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RAMA.
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1. On
donnait ce nom, d'une manière générale, à toute la contrée qui entourait
Bethléem, Matthieu 2:18: c'est une montagne de vignobles, entourée de toutes
parts de vallées qui sont, du côté oriental, très profondes et très escarpées,
et qui seraient d'une très grande fertilité si elles étaient mieux cultivées.
Le sol de toute la contrée est excellent; on y voit de gras pâturages, des
champs fertiles, des plantations d'oliviers, des grenadiers, des amandiers, et
surtout des figuiers.
2. Rama,
ville de la tribu de Benjamin, située sur les montagnes d'Éphraïm, non loin de
Guibha, Josué 18:25; Juges 4:5; 19:13; Ésaïe 10:29; Osée 5:8. Elle appartint
plus tard au royaume d'Israël, comme ville frontière entre ce royaume et celui
de Juda, et sa position était telle qu'elle pouvait interrompre toute
communication entre les deux états, ce qui engagea un roi d'Israël à en faire
une ville forte, 1 Rois 15:17-22; 2 Chroniques 16:1; Jérémie 40:1. C'est dans
son voisinage que Rachel fut ensevelie, Jérémie 31:15, cf. 1 Samuel 10:2, et,
d'après cet indice, saint Jérôme la place à 6 milles, Flavius Josèphe à 40
stades au nord de Jérusalem, sur le chemin de Béthel. Rama signifie la hauteur:
elle est nommée aussi Ramatha; Ramoth, les hauteurs, à cause des montagnes
voisines; Ramathajim, ou les deux hauteurs, peut-être à cause de sa situation
sur deux collines; Ramathajim-Tsephim, c'est-à-dire Rama dans le pays de
Tsouph, ou du miel, 1 Samuel 1:1; 7:17; 9:5. Plusieurs villes ont porté ce nom,
ou un nom semblable, à cause de leur position; on bâtissait en effet plus
volontiers sur les hauteurs, qui présentent le double avantage d'un air plus
sain que celui des vallées, et d'une meilleure position militaire. La ville
dont nous parlons ici fut la patrie de Samuel; il y naquit, y demeura, y
mourut, 1 Samuel 1:1; 2:11; 7:17; 15:34; 16:13; 25:1. On trouve encore un
village nommé Samuële, ou Nebi-Sahamiel, et, près de là, de fort belles ruines
en marbre qui occupent un espace de deux lieues de circuit; l'on y montre, dans
une mosquée, un tombeau que les chrétiens, les Juifs et les mahométans,
s'accordent à désigner du nom de Samuel. Rama est appelée Ramathem, 1 Maccabées
11:34, Arimathée dans les Évangiles, Armathem chez Eusèbe. Quelques essais
tendant à prouver la non identité de ces endroits n'ont pas réussi.
3. Ville
de Nephthali, Josué 19:36, probablement la même qui est désignée comme
frontière au verset 29.
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RAMATH.
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1. —
Voir: Léhi.
2. Ramath-Mitspé,
— Voir: Ramoth.
3. Ramath-Nègeb,
ou Rama du midi, ville de la tribu de Siméon, Josué 19:8. Elle est appelée
Ramoth-Nègeb, ou du midi, 1 Samuel 30:27.
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RAMOTH.
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Ramoth de Galaad, ou Ramath-Mitspé, ville lévitique,
et ville de refuge, située en Galaad, sur le territoire de la tribu de Gad,
Deutéronome 4:43; Josué 13:26; 20:8; 21:38, probablement la même qui est
appelée Mitspé de Galaad, Juges 11:29;
— Voir: Mitspa.
1. Sous
Salomon, elle fut la résidence d'un des pourvoyeurs de la maison royale, 1 Rois
4:13. Plus tard, elle tomba entre les mains des Syriens, auxquels Achat) essaya
inutilement de la reprendre, 1 Rois 22. Elle finit cependant par être rendue à
Israël, 2 Rois 9:1; cf. 8:28, et 2 Chroniques 18. Eusèbe la place à 15 milles
ouest de Philadelphie. Elle était située sur une montagne qui domine la vallée
du Jabbok et le plateau de Galaad. On y trouve aujourd'hui une ville dont les
valeureux habitants sont presque indépendants des pachas turcs; placée entre des
sommets escarpés, elle est défendue par une grande forteresse qui occupe la
pointe rocheuse d'une de ces hauteurs; aux environs, sont un grand nombre de
jardins et de vergers, et ses vignes en terrasses produisent en abondance des
raisins, qu'on sèche pour les vendre. La vue, depuis les cimes de la montagne,
est très étendue.
2. Ramoth,
ville lévitique d'Issacar, 1 Chroniques 6:73, probablement la même que Rémeth,
Josué 19:21, et Jarmuth, q.v.
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RAPHA,
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2 Samuel 21:16; 1 Chroniques 20:4, chef de tribu qui
paraît avoir été, comme Arbah et Hanak, d'une taille et d'une force
remarquable. On ne sait à quelle époque il a vécu; ses descendants furent
nommés, de son nom, Réphaïms, et c'est sous ce nom qu'ils apparaissent, à
diverses reprises, dans l'histoire. Une branche de cette famille, celle qui
régna en Basan, et qui est mentionnée déjà du temps d'Abraham, paraît s'être
éteinte, en partie dans ses luttes contre les Moabites et les Hammonites, en
partie dans les guerres d'extermination de Josué, Genèse 14:5; 15:20;
Deutéronome 3:11; Josué 12:4; 13:12. Leur territoire fut donné à la tribu de
Manassé. Une autre branche subsistait encore aux jours de Saül et de David,
mais peu nombreuse, et, pour ainsi dire, fondue avec la race des Philistins, de
telle sorte que ce n'est qu'accidentellement, et pour des hommes
extraordinaires, que cette ancienne origine est rappelée. Les Réphaïms
désignaient aussi, dans un sens plus général, toutes les peuplades géantes qui
habitaient l'ancienne Canaan, les Émins, q.v., les Zamzummims et les Hanakins,
Deutéronome 2:11,20, ce qui favoriserait assez l'opinion de ceux qui prétendent
que le mot Rapha ou Réphaïm n'était pas un nom propre, mais signifiait géant
dans la langue de ces peuples.
La Vallée des Réphaïms, qui se trouvait dans le
voisinage de Jérusalem, sur les frontières de Juda et de Benjamin, 2 Samuel
5:18,22; 1 Chroniques 14:9,13; 11:15; Ésaïe 17:5, semblerait indiquer que des
Réphaïms s'étaient, dans des temps fort anciens, établis en deçà du Jourdain.
Psaumes 88:10; «Les trépassés se relèveront-ils pour
te célébrer? Nos traductions sont exactes. Le terme hébreu Réphaïm peut
désigner les morts; c'est dans ce sens qu'il est pris en plusieurs passages, et
le sens de la phrase exige qu'il en soit de même ici. La Vulgate l'a traduit
par médecins, ce qui se justifie par la langue, mais non par l'esprit.
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RÉBECCA,
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Genèse 22-27, fille du nomade araméen Béthuel. Abraham
la lit demander, par Élihézer, en mariage pour son fils Isaac; elle lui fut
accordée avec empressement par cette famille, dont tous les membres paraissent
avoir eu une tendance plus ou moins prononcée à la cupidité. Après vingt ans
d'une union stérile, pendant laquelle, à Guérar, elle avait couru le même
danger que Sara, elle donna le jour à deux jumeaux, Jacob et Ésaü. Elle avait
déjà pressenti leurs discordes futures; par ses prières (car on ne peut entendre
autrement les dernières paroles de 25:22), elle avait consulté l'Éternel, qui
lui avait annoncé que des intérêts contraires diviseraient les enfants qu'elle
portait dans son sein, et que le premier-né serait assujetti au plus jeune.
Soit inintelligence de ses devoirs de mère, soit affection naturelle d'une mère
pour celui de ses enfants qui lui ressemble le plus, soit sympathie pour celui
qui se présentait le plus jeune, le plus faible, le plus féminin, soit caprice,
soit désir de se concilier d'avance les bonnes grâces de celui dont elle savait
bien qu'il finirait par triompher, soit esprit de foi, et confiance en Dieu qui
lui avait fait les promesses, et, dans tous les cas, il y a eu de la foi dans
sa conduite, sans qu'il soit facile de dire en quelle proportion sa foi se
combina avec ces autres éléments terrestres, elle témoigna, dès l'abord, pour
Jacob, une préférence coupable et imprudente qui, à elle seule, eût suffi pour
diviser la famille, et qui fut pour tous la source de longues épreuves. Forte des
promesses divines qui semblaient annoncer que le droit d'aînesse serait
transmis à Jacob, la faible créature voulut seconder les desseins du souverain,
et, par une suite d'intrigues dont le plat de lentilles fut peut-être le
premier anneau, et le faux gibier le dernier, de tromperie en tromperie, elle
finit par soutirer à Isaac la bénédiction de son cher Jacob. Elle n'avait rien
obtenu qu'elle ne dût obtenir; mais elle avait péché pour l'obtenir, et elle
fut punie par où elle avait péché. La juste colère d'Ésaü menaçait la vie de
Jacob; Rébecca dut se séparer du fils qu'elle aimait tant; elle cache son
véritable motif derrière une nouvelle accusation qu'elle dirige contre Ésaü;
Isaac éloigne Jacob, et Rébecca ne revoit plus ce fils pour lequel elle s'était
rendue si coupable. Lorsqu'au bout de vingt ans Jacob revint de Mésopotamie,
Rébecca n'existait plus; elle reposait dans la caverne de Macpélah, 49:31.
Aimable et complaisante dans ses premiers jours, comme
le sont d'ordinaire les jeunes ambitieux, Rébecca, en séchant avec l'âge, avait
perdu cette grâce qui cache ou fait pardonner l'esprit d'intrigue; on n'aime en
elle ni l'épouse, ni la mère, ni la femme, car on n'aime pas les fourberies
méditées pendant des années, et, si la ruse qui fit donner à Jacob la
bénédiction paternelle fut ourdie en un instant, elle se rattachait cependant à
tout un ensemble de projets et d'espérances qu'elle croyait ne pouvoir réaliser
que par de mauvais moyens, oubliant que l'Éternel règne. Saint Paul, en
paraissant légitimer sa conduite, Romains 9:10, ne parle que du résultat qui
était conforme à la volonté de Dieu, mais non de ces stratagèmes que la
conscience humaine réprouve, que les lois divines condamnent, et que Dieu n'a
pas tardé à punir de la manière la plus cruelle pour le cœur d'une mère. Dieu
qui dicta à Jacob les bénédictions qu'il avait à prononcer sur la tête de ses
petits-fils, aurait su dicter aussi à Isaac ses volontés; Rébecca a voulu
prendre sa place, mais elle a eu le temps de s'en repentir. Meyer (dans ses Blætter
fur hœh. Wahrheit) a exagéré ce qu'il y a eu de foi chez Rébecca; d'autres ont
essayé de lui ôter tout caractère de foi, et ils n'ont pas moins exagéré;
Rébecca savait ce que c'est que consulter l'Éternel.
— Elle devait être âgée de cent vingt ans au moins au
départ de Jacob, qui en avait alors soixante-dix-sept. (Isaac en avait alors
cent trente sept.)
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RÉCA,
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un des chefs de la tribu de Juda parmi les descendants
de Pharez, 1 Chroniques 4:12. Son nom est mentionné sans doute à cause de
quelque illustration particulière, peut être comme chef d'une expédition qui
pendant le séjour d'Égypte sera venue se fixer en Canaan. D'autres pensent que
Réca est le nom d'une ville dont il ne serait parlé qu'ici, et qui aurait été
l'un des premiers établissements des Hébreux, mais l'expression «hommes de
Réca» indique plutôt la descendance que l'établissement.
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RÉCAB, ou Réchab.
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1. —
Voir: Bahana.
2. Récab,
ou Réchab; Récabites. Cette grande famille dont il est parlé Jérémie 35,
descendait de Jéhonadab, ou Jonadab, q.v. Elle avait pris le nom du père de son
fondateur, Récab, qui ne nous est connu que comme fils de Hamath, Kénien, et
descendant de Hobab beau-frère de Moïse, 1 Chroniques 2:55; 2 Rois 10:15, qui
avait suivi les Israélites dans leur voyage par le désert de l'Arabie, et
s'était établi ensuite dans la tribu de Juda, apparemment dans le désert, puisqu'il
était nomade. Les préceptes que Jona-dab donna à sa famille furent observés
avec plus de piété que la loi de Dieu ne le fut par les Juifs, Jérémie 35:14,
elles Récabites en furent bénis, 35:18-19. La promesse que Dieu leur fit alors:
«Il n'arrivera jamais qu'il n'y ait quelqu'un de cette famille qui assiste
devant moi tous les jours», phrase qui se prend soit pour marquer le service du
roi, soit pour indiquer le service du temple, semblerait confirmer
l'explication que les interprètes hébreux donnent de ce passage, savoir que les
Récabites étaient admis aux fonctions de lévites dans le temple. Mais d'un
autre côté la loi est trop positive, qui fait de ces fonctions le partage
exclusif des enfants de Lévi, pour que l'on puisse admettre cette explication.
Celle de Vatable, adoptée par Dahler, qui compare Psaumes 102:28, nous paraît
donc devoir être préférée. «Ils jouiront constamment de ma bonne grâce; je ne
cesserai jamais de m'en souvenir; ils seront sous mes yeux et je les protégerai
toujours.» Jérémie, du reste, ne dit pas comment cette promesse fut accomplie.
On cite l'inscription qui est en tête du Psaumes 71, dans la version
d'Alexandrie: «Des fils de Jonadab et des premiers qui ont été emmenés en
captivité;» mais outre que ces additions étrangères n'ont aucune autorité,
cette inscription ne prouverait pas qu'il s'agit ici des Récabites. Grotius et
d'autres supposent, d'après 1 Chroniques 2:55, que les Récabites sont revenus
de l'exil de Babylone avec ceux de Juda; mais le texte ne l'indique pas, et
l'auteur se borne à recueillir les restes des généalogies de la tribu de Juda
avant l'exil sans jamais descendre au-delà. Une tradition rapportée par
Hégésippe, relativement à un prêtre de la race des Récabites qui aurait assisté
au supplice de saint Jacques, paraît ne reposer que sur un malentendu
qu'Épiphane relève et corrige. Le témoignage de Benjamin de Tudéla (douzième
siècle), qui prétend avoir trouvé des Juifs qui se disaient fils de Réchap,
dans le pays de Théima, n'a pas convaincu D. Calmet, parce que Tudéla n'est pas
toujours exact, et que le pays qu'il décrit est inconnu à tous les géographes
postérieurs. Les découvertes du missionnaire Wolff, les informations qu'il a
prises à Jérusalem sur les René Kaïbr, fils de Héber, dont parle Niebuhr, la rencontre
qu'il a faite de quelques individus qui se réclament du nom de Récab, et qui
vivent de la vie des Récabites, permettent de croire que cette famille existe
encore; cela n'aurait rien d'improbable, mais il faut attendre de posséder des
documents plus précis et plus détaillés.
Diodore de Sicile raconte des Nabathéens, peuplade de
l'Arabie, des faits semblables à ceux qui concernent la constitution des
Récabites, 19:94. Afin de maintenir leur liberté ils se sont imposé la loi de
ne pas semer de blé, de ne planter aucune espèce d'arbres à fruit, de ne point
boire de vin, de ne point bâtir de maison, et de punir de mort celui d'entre
eux qui ferait l'une ou l'autre de ces choses.
On pourrait terminer cet article sans parler de
l'opinion du père Boulduc; cependant elle se recommande par un côté si
extraordinaire, si original, qu'on ne regrettera pas d'en avoir pris
connaissance. C'est, selon lui, une espèce de secte, ou d'ordre religieux, qui
date d'Énos avant le déluge; depuis cette époque, ils ont été connus
successivement sous les noms de Kéniens, Kéniziens, nazariens, enfants des
prophètes, Récabites, et pharisiens. Jusque-là c'est un système comme un autre,
faux et sans preuve. Mais ce qui en fait un système hors ligne, c'est
l'étymologie qu'il donne à ces deux derniers mots; il la découvre, 2 Rois 2:12;
cf. 13:14: «Mon père, mon père, chariot d'Israël et sa cavalerie!» s'écriait
Élisée en voyant Élie monter au ciel dans un char de feu; et c'est dans ce
chariot (rekeb) qu'il voit l'institution des Récabites, dans cette cavalerie
(pharashim) celle des pharisiens.
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RECEVEUR,
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Daniel 3:3,
— Voir: Bailli.
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REFUGE.
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De même que l'antiquité grecque et romaine, le
mosaïsme reconnaissait en général des lieux ayant droit d'asile, mais ces lieux
n'étaient pas aussi nombreux, leur protection n'était pas aussi efficace, aussi
absolue, qu'elle l'était chez les païens, qu'elle le fut plus tard chez les
romanistes. L'autel, dont le coupable empoignait les cornes, dans le tabernacle
d'abord, puis dans le temple, fut le premier asile que les Hébreux reconnurent
comme tel, Exode 21:14, sans doute parce que le regardant comme siège de la
divinité, ils ne pensaient pas que la justice humaine pût intervenir là où
celle de Dieu se taisait. Mais cette protection se bornait au seul cas
d'homicide involontaire. Dans la suite, lorsque les Israélites furent établis
en Canaan, la loi, pour concilier les droits du sang répandu avec l'équité qui
ne permet pas d'assimiler un crime à un malheur ou à une imprudence, permit au
parent du mort de poursuivre le meurtrier, mais accorda à celui-ci le droit de
fuir, et lui assura un asile pour le cas où il saurait atteindre une ville de
refuge avant d'avoir été frappé. Six villes jouissaient du droit d'asile, trois
à l'occident du Jourdain, Kadès, Sichem, et Hébron, trois à l'orient, Betser,
Ramoth de Galaad, et Golan, Josué 20:7-8; cf. Nombres 35:6; Deutéronome 19:3;
Exode 21:13. C'étaient des villes sacerdotales ou lévitiques. Elles devaient
être d'un accès facile, avec des routes partout bien entretenues, et des ponts
là où il en était besoin: là où le chemin se bifurquait, on avait soin d'y
mettre un écriteau indiquant la direction de la ville de refuge. Chaque année
les magistrats faisaient la visite des chemins pour vs'assurer que leur
entretien était bien ce qu'il devait être. Le meurtrier, si l'enquête
démontrait que son crime avait été involontaire, devait, pour échapper aux
vengeurs du sang, rester dans la ville où il avait trouvé un refuge, jusqu'à la
mort du souverain sacrificateur sous le règne duquel le crime avait été commis.
Ces arrêts forcés étaient réellement une peine, comme l'exil dont les Athéniens
frappaient celui qui s'était rendu coupable du même crime; et il est
remarquable que toutes les législations, même les plus douces, aient senti la
nécessité de condamner l'homicide involontaire comme un délit contre Ta société.
Si le meurtrier sortait de la ville de refuge avant la mort du grand prêtre, il
pouvait être tué impunément par la famille du défunt, Nombres 35:28. Lorsque
c'était un assassin qui se réfugiait dans la ville, et que l'enquête
établissait que le meurtre avait été volontaire, il était remis entre les mains
des juges ordinaires, qui le condamnaient à mort, Nombres 35:21.
L'antiquité païenne qui avait accordé le droit d'asile
aux autels, aux temples, à leurs parvis, à certaines villes et à leur banlieue,
y protégeait non seulement les meurtriers involontaires, mais encore les
débiteurs insolvables, et les pauvres esclaves fuyant la barbare cruauté de
leurs maîtres. Daphné près d'Antioche, 2 Maccabées 4:33, et le temple de Diane
à Éphèse, étaient les lieux de refuge les plus renommés de l'antiquité', et
leurs droits d'asile s'étaient considérablement accrus avec la suite des
siècles.
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RÉGUEMMÉLEC et Saretser.
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Deux Juifs qui pendant la captivité de Babylone, ou
peu de temps après le retour, furent envoyés, probablement de Béthel à
Jérusalem, pour s'informer auprès des sacrificateurs de la maison de l'Éternel,
et savoir si certains jours de jeûne solennel établis et célébrés en mémoire de
leurs'désastres, de la destruction du temple, de la mort de Guédalia, de la
prise de (Jérusalem, etc., devaient continuer d'être célébrés, Zacharie 7:2;
sq. Le prophète, en répondant que ces jours étaient d'institution humaine,
ajouta qu'ils seraient; changés en des jours de joie, d'allégresse et de
réjouissances, 8:19.
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RÉHABIA,
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petit-fils de Moïse, par Élihézer son fils, qui du
reste n'eut point d'autres enfants; mais, ajoute l'auteur sacré, 1 Chroniques
23:17; cf. 24:21; 26:25, les enfants de Réhabia multiplièrent merveilleusement:
remarque dont la portée échappe si l'on oublie qu'une descendance nombreuse
était considérée comme une bénédiction divine. Un fils de Moïse n'ayant eu
qu'un enfant, c'était presque une tache pour la mémoire du législateur: cette
tache est effacée par la postérité nombreuse de cet unique enfant.
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RÉHI,
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un des principaux officiers de David, lequel ne prit
aucune part à la conspiration d'Adonija, 1 Rois 1:8. On a remarqué que son nom
ne se trouve dans aucune liste des guerriers de ce temps, non plus que
d'autres, tels que Jonathan, que l'on se fût attendu à y rencontrer, 2 Samuel
23:24; 1 Chroniques 11:26. Sa jeunesse peut-être, lorsque ces listes furent
dressées, peut-être aussi un changement de nom expliquent cette lacune ou cette
omission.
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REHOB
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(rue, place). Deux villes de la tribu d'Aser, dont
l'une était échue en partage aux Lévites, portaient ce nom, Josué 19:28,30; cf.
21:31. L'une des deux cependant ne fut pas conquise, et continua de rester au
pouvoir des Cananéens, Josué 19:28; Juges 1:31. C'est probablement la même qui
est mentionnée, Nombres 13:22, comme étant à l'entrée de Hamath, et formant la
frontière extrême de la Palestine vers le nord, par opposition au désert de
Tsin qui était au midi. C'est probablement aussi la même que Beth-Réhob, Juges
18:28; elle était située à quelque distance de Kidon, dans une vallée de
l'Anti-Liban, près de Laïs ou Dan, et non loin des sources du Jourdain
(Rosenmuller). On la comptait comme faisant partie de la Syrie ou Aram, et
l'état d'Aram-Beth-Réhob (la Syrie dans la contrée du passage), 2 Samuel 10:6,
avait encore ses rois indépendants aux jours de David.
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RÉHOBOTH,
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nom qui indique proprement des rues ou une grande
place.
1. Isaac
appela ainsi un puits qu'il avait creusé, et pour lequel il n'y eut pas de
contestation, Genèse 26:22.
2. Réhoboth-Hir,
que nos versions traduisent littéralement par «les rues de la ville», Genèse
10:11, comme Platée en Béotie pourrait se traduire d'une manière analogue.
C'était une ville d'Assyrie au sujet de laquelle les anciens interprètes
varient; selon les uns ce serait Sittacé au sud de l'Assyrie, différente d'une
autre Sittacé près du Tigre, sur l'emplacement de l'ancienne Bagdad; selon
Éphrem ce serait la province d'Adiabène; Schulthess pense à Rahaba, ville de
Mésopotamie à l'est de l'Euphrate, Bochart cherche autre chose encore, de sorte
qu'en définitive cette ville est complètement inconnue.
3. Réhoboth-Hannahar,
ou du fleuve, Genèse 36:37; 1 Chroniques 1:48, lieu de naissance du roi édomite
Saül; du reste inconnu. Cette ville était sur l'Euphrate, peut-être là où
s'élève maintenant le bourg de Bachabath-Malik-Ibn-Tauk.
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RÉHU,
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— Voir: Ragau.
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RÉHUEL,
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— Voir: Jéthro.
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RÉHUM,
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Esdras 4:8, officier du roi de Perse, et l'un des plus
violents ennemis des Juifs à l'époque de la reconstruction du temple. Il obtint
d'Artaxercès, par une lettre insidieuse, un édit qui interdisait la
continuation des travaux commencés, et de concert avec quelques amis de son
espèce, il pourvut lui-même à ce que cet ordre fût exécuté. D'après le titre de
la lettre on peut croire que c'étaient des Babyloniens, mais la haine jalouse
qu'ils témoignent contre la ville sainte, et la connaissance qu'ils paraissent
avoir de son histoire indiquerait plutôt une origine samaritaine.
— Réhum est appelé président du conseil, et l'on croit
que ses amis et lui formaient une administration spéciale, une espèce de
conseil des colonies, ou des affaires étrangères.
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REMPHAN,
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Actes 7:43;
(Le mot Remphan
signifie «Saturne», son symbole est l'étoile à six pointes (Hexagram), symbole
cosmologique et occulte de l'ancienne Babylone que le peuple Hébreu adorait
dans le désert, et qui se retrouve présentement sur le drapeau de l'Israël
moderne, nous indiquant que cette République est le peuple de Satan, le peuple
dieu et non pas le peuple de Dieu comme plusieurs se l'imaginent.)
— Voir: Caldée.
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RENARD
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(hébreu Shou'hal). Cet animal était autrefois plus
connu en Palestine qu'il ne l'est de nos jours, cf. Matthieu 8:20; Ézéchiel
13:4. Il dévastait les vignobles, Cantique 2:15; cf. Aristoph. Chev. 1076.
Théocrite 5, 112. Notre Seigneur en fait le symbole de la ruse cruelle, et de
la perfidie, Luc 13:33. Le passage Néhémie 4:3, désigne d'une manière ironique
la faiblesse des murailles de Jérusalem, qui sont telles qu'un renard peut les
renverser en essayant de les franchir. Le terme hébreu peut aussi désigner le
chacal dans les passages Juges 15:4; Psaumes 63:10, mais cette signification
n'est pas nécessairement prouvée, tandis que Lamentations 5:18, il s'agit
évidemment de renards. Il y a d'ailleurs en hébreu un terme spécial pour
marquer le chacal, q.v.
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REPAS.
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Les festins proprement dits avaient lieu dans la
soirée, comme de nos jours encore le repas principal, chez les Perses et chez
les Orientaux, se fait habituellement vers les six ou sept heures du soir,
souvent même, plus tard. Mais cette coutume n'eût pu convenir à un peuple
agriculteur, tel que les Hébreux, et il résulte de divers passages, 1 Rois
20:16; Genèse 43:25; Actes 10:9-10; cf. Susan. 7, 13, que midi était l'heure
ordinaire de leur dîner. Dans la matinée ils prenaient un repas plus léger, un
déjeuner, qui ne se faisait généralement qu'après la première prière de la
journée, Luc 14:12; Jean 21:12; Actes 2:15, et l'on croit que les jours de
sabbat, à cause de l'heure de la synagogue, les Juifs postérieurs ne mangeaient
rien avant midi (Flavius Josèphe, Vita 54). On se lavait soigneusement avant le
repas, surtout lorsque, après l'exil, les Pharisiens eurent mis en vogue leurs
traditions, Matthieu 15:2; Marc 7:2; Luc 11:38, puis le père de famille, ou la
personne la plus respectée de celles qui étaient à table, prononçait la
bénédiction sur les aliments, au-dessus desquels il étendait les mains, Luc
9:16; Jean 6:11; Matthieu 14:19; 15:36; 26:26; cf. 1 Timothée 4:3. Dans
quelques maisons juives, c'est encore un usage de réciter le psaume 23; en se
mettant à table. La prière terminée, on apportait la viande coupée en morceaux,
et quelques légumes, servis dans un plat large et profond où chacun se servait
à sa fantaisie, prenant avec les doigts pour le mettre sur son pain, le morceau
qu'il avait choisi, et le mangeant sans couteau ni fourchette, cf. Proverbes
19:24, comme les paysans de beaucoup de pays. S'il y avait du jus ou de la
sauce, on y trempait son pain, Matthieu 26:23. Quelquefois aussi le père de
famille mettait devant chacun la portion qui lui revenait, et donnait aux uns
plus qu'aux autres suivant l'honneur qu'il croyait devoir leur faire, mais
toujours de façon à ce que ceux qui avaient le moins eussent encore du
superflu, 1 Samuel 1:4; Jean 13:26; Genèse 43:31. En plusieurs endroits on
trouve encore des gens qui croient vous faire honneur en vous pressant de
manger.
— Il paraît que primitivement les Hébreux étaient
assis à table comme on l'est chez nous, Genèse 27:19; Juges 19:6; 1 Samuel
20:24; cf. Iliad. 10, 578; plus tard seulement ils suivirent l'usage oriental
et mangèrent couchés sur des lits de table, ou espèces de divans; on en trouve
diverses traces dans les écrits postérieurs, Proverbes 23:1; Amos 6:4,6;
Ézéchiel 23:41; Esther 1:6; 7:8, et dans le Nouveau Testament, Matthieu 26:7;
9:10; Marc 14:3; Luc 5:29; 7:36; 14:10; Jean 13:23,25. Trois personnes
prenaient place d'ordinaire sur chaque divan; appuyées sur le bras gauche, elle
retiraient en arrière leurs pieds déchaussés. Le convive de droite avait la
tête sur le sein de son voisin de gauche; de là les paroles de Jean 13:23;
21:20; c'était par conséquent la place de l'épouse préférée, ou de l'intime
ami. La place d'honneur était au milieu. Les tables étaient basses.
— La plupart de ces usages existent encore en Perse et
à la table des rois orientaux. On buvait du vin pendant et après le repas, mais
surtout après. Une prière d'actions de grâces et des ablutions d'eau sur les
mains terminaient non seulement les festins, mais les repas ordinaires.
Les anciens Hébreux étaient aussi réservés dans le
choix de leurs compagnies, que peu délicats sur le choix des aliments. Du temps
de Joseph, ils ne mangeaient pas avec les Égyptiens, Genèse 43:32; du temps de
Jésus, ils ne mangeaient pas avec les Samaritains, Jean 4:9, et, non contents
de cette séparation religieuse et nationale, on les voit, parmi leurs propres
concitoyens, dédaigner la table de leurs inférieurs, et blâmer le Seigneur qui
mange avec des péagers et des gens de mauvaise vie, Matthieu 9:11. À l'égard
des vivres, la quantité importait plus que la qualité, comme on le voit par le
veau et l'énorme pain qu'Abraham sert aux trois anges, Genèse 18:6-7, et, en
général, partout où une civilisation avancée ne vient pas encore au secours de
la sensualité ou de l'appétit. Les héros d'Homère rôtissent des bœufs et des
porcs tout entiers; les soldats dans leurs bivouacs en font presque autant de
nos jours, et, dans plusieurs contrées, les riches habitants des campagnes,
agrestes dans leurs habitudes, font consister la splendeur de leurs repas dans
l'énormité des quartiers de viande.
Comme assaisonnement, les Hébreux employaient le sel, le
beurre, l'huile, le miel, l'anis, le safran, le gingembre, et quelques autres
herbes souvent nommées dans l'Écriture, et qui servaient à des sauces; la
plupart de nos épiceries leur étaient inconnues.
— La musique et les parfums accompagnaient ordinairement
leurs repas de réjouissances,
— Voir: Festins.
Le sang, certaines graisses, et le muscle de la
cuisse, étaient prohibés par la loi, Lévitique 3, ainsi que la viande de
certains animaux, Lévitique 11,
— Voir: Animaux;
et les Hébreux furent fidèles à observer cette
défense. Quelques rabbins avaient même défendu l'usage de la chair et du
poisson dans le même repas; mais cette tradition a eu le sort que doivent avoir
toutes les traditions humaines, et les Juifs de nos jours se sont mis au-dessus
de ce règlement pharisaïque.
Des repas de deuil sont mentionnés Osée 9:4; Ézéchiel
24:17; Jérémie 16:7, et ailleurs, notamment dans les apocryphes, Baruc 6:31;
Tobie 4:18; Siracide 30:18. Il s'en faisait pendant les funérailles, et ceux
qui y prenaient part étaient regardés comme souillés à cause des obsèques du
mort, ou après les funérailles, et on les considérait comme un honneur rendu au
défunt. Le passage Jérémie 16:7, se rapporte à ces repas funèbres que les amis
du mort donnaient à ceux qui étaient en deuil, pour les distraire de leur
tristesse, cf. Deutéronome 26:14; 2 Samuel 3:35. Mais ces repas, dit le
prophète, n'auront plus lieu à cause du grand nombre de morts dans chaque
famille, et parce que la famine obligera tout le monde à se borner au strict nécessaire.
— Les païens avaient, en outre, l'habitude de faire un
petit repas sur le tombeau du mort, et de laisser sur les sépulcres quelque
nourriture réservée aux âmes errantes; Trivia, la déesse des rues et des
carrefours, était censée venir chercher elle-même ces aliments; mais, en
réalité, c'étaient les pauvres qui venaient les prendre pendant la nuit.
— Voir: encore Sacrifices, Festins, Dîmes, Nourriture,
etc.
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RÉPHAIMS,
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— Voir: Rapha.
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RÉPHIDIM,
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station et campement des Israélites dans le désert.
Exode 17:1, située, d'après Nombres 33:14, entre Alus et le mont Sinaï. Elle
est célèbre par le combat de Josué contre Hamalec, et plus encore parle miracle
du rocher de Horeb. La position de Réphidim n'est pas facile à déterminer, et
la pierre de Moïse, que l'on montre au pied du mont Sérieh, avec les douze
bouches desquelles l'eau découlait, n'est pas très authentique; un ruisseau
coule au pied de la montagne. Nous n'avons à examiner ici ni la réalité du
miracle qui ne saurait être contestée, ni son mode d'action. Le rocher
suivait-il les Israélites? Était-il porté à la suite du camp? Son eau seule les
suivait-elle dans le cours de leurs voyages? Était-ce un ruisseau qui avait
jailli, et dont les Israélites suivaient le courant? Était-ce une fontaine
permanente à laquelle les Israélites avaient recours lorsque leur provision
d'eau était épuisée, et à laquelle ils s'approvisionnaient de nouveau pour un
certain temps? C'est au lecteur de se décider; mais quelques-unes de ces
suppositions seraient non seulement contraires aux lois de la nature, mais
encore contraires au bon sens. Le passage 1 Corinthiens 10:4: «La pierre
spirituelle qui les suivait était Christ», a été si lourdement expliqué par
divers interprètes, et notamment par les rabbins, qu'il n'est pas nécessaire de
leur répondre: l'apôtre, d'ailleurs, répond assez en parlant d'une pierre spirituelle;
il veut dire évidemment que cette même grâce de Christ, qui 1 eur fournit de
l'eau en Réphidim, les suivit dans tout leur voyage (Calvin, Olshausen). Si
plus tard l'eau vint à manquer de nouveau, ce fut une épreuve de leur foi, et
ils se montrèrent plus faibles que l'épreuve; Dieu leur rendit de nouveau le
témoignage de sa fidèle présence, mais il châtia leur incrédulité,
— Voir: Méribah.
L'historien Tacite (Hist. 5, 3), a conservé le
souvenir de cette tradition, et il l'explique d'une manière naturelle: des ânes
sauvages s'étant dirigés vers un rocher garni d'arbres verdoyants, Moïse les
suivit, et reconnut, à la fraîcheur de l'herbe, l'existence de sources
intérieures qu'il mit à découvert.
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RÉSEN,
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grande ville placée, d'après Genèse 10:12, entre
Ninive et Calah; son nom signifie bride, et si cette étymologie a un sens pour
ce cas particulier, Résen aurait été peut-être une ville construite pour tenir
en bridé des peuples assujettis. On n'a, du reste, aucune autre trace de son
existence et de sa situation. Bochart pense au Larisse de Xénophon, sur la rive
est du Tigre; Éphrem lit Rosaine, village assyrien situé, d'après Assemann,
au-delà du Tigre, dans la contrée de Mossoul;. Schulthess pense à une autre
Resaina placée par Ptolémée entre Charres et Nisibis, mais comme cette dernière
ville appartenait, non à l'Assyrie, mais à la Mésopotamie, cette supposition ne
peut être admise.
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RÉSERVOIRS,
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— Voir: Étangs.
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RÉSURRECTION,
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— Voir: plus haut les articles Âme, Chair, Ciel,
Enfer, Éternité, Immortalité.
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RETSIN,
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roi de la Syrie de Damas, 2 Rois 15:37. Hostile
d'abord à Jotham, il finit par s'allier avec son successeur, Pékach, roi
d'Israël, contre Achaz, roi de Juda (740 avant J.-C.), obtint de grands
avantages, fit des prisonniers, mais échoua devant Jérusalem, 2 Rois 16:5;
Ésaïe 7:1. Renonçant à cette entreprise qui, si elle eût réussi, lui eût
facilement assujetti tout le reste de la Judée, il se tourna contre Édom et fut
plus heureux; il s'empara du port d'Élath qui appartenait alors à Juda, et
devint ainsi le maître du commerce de l'Idumée et des contrées voisines.
Cependant il ne jouit pas longtemps de son triomphe; l'année suivante, selon
qu'Ésaïe l'avait annoncé, 8:6; 9:10.; Tiglath-Piléser devint maître de Damas,
réduisit ses habitants en esclavage, fit mettre Retsin à mort, et la Syrie
finit avec son dernier roi.
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REVENANTS.
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Tous les peuples de l'antiquité, et notamment les
Orientaux, sans en excepter les Israélites avant l'exil, ont cru à des
revenants, à des esprits habitant particulièrement les lieux déserts, et les
sépulcres, cf. Ésaïe 13:21; 34:14; et Tobie 8:4. L'hébreu lilith de Ésaïe 34:14,
que nos versions rendent par orfraie, désigne proprement un spectre nocturne du
sexe féminin, les lamiœ et les striges des Romains, les goules des contes
arabes. L'Écriture n'en parle pas ailleurs, mais les talmudistes prétendent que
ces belles liliths tourmentent les petits enfants et les hommes pendant la
nuit, les rabbins racontent des choses plus absurdes encore, et les Juifs
faisaient porter aux enfants nouveau-nés des amulettes préservatrices. Les
seirim de Ésaïe 13:21; 34:14; cf. Lévitique 17:7; 2 Chroniques 11:15, seraient
des hommes-boucs, espèces de revenants semblables aux satyres des Grecs et des
Romains, dénions dansant dans les lieux sauvages, conformément à l'opinion
générale des anciens habitants de l'Égypte et de l'Asie,
— Voir: Matthieu 12:43; et Apocalypse 18:2.
Les shedim (idoles, ou démons) de Deutéronome 32:17;
Psaumes 106:37, étaient des démons du même genre, et le bouc Hazazel lui-même,
avec une signification tout à fait particulière, devait rappeler au peuple les
démons du désert, Lévitique 16:10,21.
(Le bouc Hazazel
était une figure de Christ qui était rejeté par son peuple, et non un démon
chimérique.)
— Voir: au reste ce que nous avons dit à l'article
Possédés.
— Quant à ce que l'on appelle proprement chez nous des
revenants, l'exemple de la pythonisse évoquant l'ombre de Samuel, est le seul
qui nous fournisse l'occasion d'en parler,
— Voir: Saul, et Pythonisse.
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RÉZEPH,
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ville araméenne qui fut soumise par les Assyriens, 2
Rois 19:12; Ésaïe 37:12. Abulféda mentionne plusieurs villes de ce nom: la
Résapha de Ptolémée (5, 15), était située dans la Syrie Palmyréné, c'est
peut-être la même que la Résapha Heschami d'Abulféda, située à environ une journée
à l'ouest de l'Euphrate; il est probable que c'est celle dont parle le texte
sacré. Une autre Rézeph était située sur les bords de l'Euphrate, plus au midi,
dans la contrée où est aujourd'hui Bagdad.
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RÉZON,
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fondateur et premier maître du royaume de Syrie, au
temps de David et de Salomon, 1 Rois 11:23. Fils d'Eljadah, il avait été
d'abord comme officier au service de Hadadhézer, mais il ne lui fut pas plus
fidèle que la fortune; il l'abandonna lorsqu'il le vit vaincu, se mit avec
quelques aventuriers à vivre de brigandage, enleva Damas au roi d'Israël, et
rétablit l'ancien royaume de Syrie (d'après une autre manière d'entendre le
texte, ce serait Hadad et non Rézon qui aurait conquis Damas).
— Cette biographie, qui embrasse un espace d'une
soixantaine d'années et qui se termine par un trait d'énergie et par un succès
tel que les cheveux blancs n'en voient guère, paraît devoir se partager entre
le père et le fils. Le père, Eljadah, aurait été l'officier déserteur et
l'aventureux brigand; le fils aurait été le maître de Damas. Rézon est
peut-être le même que Hezjon, peut-être son père. Tout est bref dans ce récit.
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RHÈGE,
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ville de l'Italie méridionale, dans laquelle Paul
passa en se rendant de Syracuse à Pouzzoles, Actes 28:13. C'est le Reggio
actuel, la capitale de la Calabre ultérieure, située, dit Pline, comme sur
l'épaule de l'Italie, et tirant son nom, dit-on, d'un verbe grec qui signifie
séparer, parce qu'on était dans l'opinion que c'est en cet endroit que la
Sicile avait été séparée de l'Italie. Fondée par des Chalcidiens, elle fit
partie plus tard du territoire des Bruttiens, bergers révoltés dont les mœurs
ont donné à l'épithète de brute la signification qu'elle a reçue depuis.
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RHÉSA,
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Luc 3:27, fils ou petit-fils de Zorobabel, q.v., et
ancêtre de notre Seigneur par Marie; du reste, inconnu. C'est à son nom que les
deux listes se séparent pour la seconde fois.
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RHODE.
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1. Servante
de Marie mère de Marc, Actes 12:13, et peut-être portière de la maison, car ces
doubles fonctions étaient souvent réunies (Jean 18:16-17). Son nom correspond à
celui de Rose. Elle n'est connue que par la joie qu'elle éprouva en
reconnaissant la voix de Pierre, heurtant dans la rue, et par le singulier effet
de cette joie presque enfantine qui lui fit oublier d'ouvrir à l'apôtre, le
laissant exposé au danger d'être arrêté, pour courir annoncer cette heureuse
nouvelle aux frères réunis en prières au milieu des persécutions de ce temps.
2. Rhodes,
île bien connue, située près des côtes de l'Asie-Mineure, vis-à-vis de la
Carie, et au nord-est de la Crète: saint Paul s'y rendit en venant de Cos,
Actes 21:1. Elle a 70 kilomètres de long, sur 23 de largeur moyenne, et 1,100
kilomètres carrés. Elle porta successivement les noms d'Ophiusa, à cause des
serpents qu'on y trouvait; de Stadia, à cause de sa forme allongée, semblable
au stade des athlètes de Macaira, bienheureuse; de Telchinis, à cause des
Telchiniens qui, après avoir quitté la Crète pour l'île de Cypre, finirent par
se rendre dans l'île qui plus tard prit le nom de Rhodes. A-t-elle reçu ce
dernier nom comme la rose de la Méditerranée, ou à cause de l'abondance de ses
roses? Quoi qu'il en soit, l'air en est si pur et si serein, qu'il ne se passe
pas un jour de l'année, dit-on, sans qu'on y voie le soleil. Elle était si
fertile, et dans une position si favorable pour le commerce, qu'elle fut de
bonne heure extrêmement peuplée. Après avoir appartenu aux Romains, elle passa
sous la domination des empereurs grecs; puis Foulques de Villaret, grand maître
des Hospitaliers, s'en empara le 15 août 1310. Enfin sous Villiers de
l'Île-Adam, elle tomba au pouvoir de Soliman II, le 1er janvier 1523, après un
siège long et meurtrier, et dès lors elle est restée aux Turcs. Elle porte
maintenant le nom de Rhodis, et compte 30,000 habitants. Sa capitale, Rhodes,
au nord de l'île sur la côte est, se distinguait par son commerce, sa
puissance, la magnificence de ses édifices, ses statues sorties des mains des
plus habiles sculpteurs, et surtout par son colosse dont les pieds étaient
placés à l'entrée du port sur deux roches, mais non point, comme on le dit
souvent, sur les deux môles qui formaient l'entrée. Il fut commencé par Charès
de Linde, et achevé par Lâchés de la même ville (300-288 avant J.-C.); douze
ans furent consacrés à cet ouvrage, et soixante-six ans après (222 avant J.-C.)
le colosse (il avait 70 coudées, 33 mètres de haut) fut abattu par un
tremblement de terre; huit cent soixante-quinze ans se passèrent avant qu'on
touchât à ses ruines, et neuf cents chameaux furent chargés de ses débris en
635.
— Les autres villes de l'île de Rhodes étaient Linde,
Jalyse et Camire.
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RIBLA,
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ville située près des frontières nord de la Palestine,
Nombres 34:11, dans la province de Hamath, sur la route qui conduit de Babylone
en Palestine, 2 Rois 23:33; Jérémie 39:5. C'est là que Jéhoachaz fut pris par
Pharaon Néco, et que plus tard Nébucadnetsar établit son quartier général dans
la guerre des Caldéens contre la Judée, 2 Rois 23:6,20-21; Jérémie 52:10. Cette
ville n'est pas nommée ailleurs que dans la Bible. Les interprètes juifs ont
voulu à tort la confondre avec Antioche, ou avec Daphné, qui toutes deux sont
trop éloignées de la Palestine et de Hamath.
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RIMMON.
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1. Ville
de la Palestine, donnée d'abord à la tribu de Juda, puis à celle de Siméon,
Josué 15:32; 19:7; cf. 1 Chroniques 4:32, touchant à la frontière d'Édom, cf.
Josué 15:32; avec 21, et désignée à cause de cela comme la frontière
méridionale du royaume de Juda, Zacharie 14:10. Eusèbe, sous le nom d'Érembon,
la place à 16 milles sud d'Éleuthéropolis.
2. Rocher
situé non loin de Guibha dans le désert, Juges 20:45,47, peut-être aussi 1
Samuel 14:2.
3. Rimmon-Méthoar,
ville de Zabulon, Josué 19:13, peut-être identique avec Rimmono, 1 Chroniques
6:77.
4. Rimmon-Pérets,
campement des Israélites dans le désert entre Rithma et Libna, Nombres 33:19:
position inconnue.
5. Divinité
des Syriens: Leclerc, Selden, Vitringa, Rosenmuller dérivent son nom de la
racine ram qui désigne une hauteur, une élévation, et ils en font le Dieu
suprême; d'autres comparent la racine rimmon, grenade, et ils pensent à Vénus à
qui la pomme de grenade était consacrée.
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RIMMONO,
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— Voir: Rimmon #3.
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RIPHATH,
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Genèse 10:3, descendant de Gomer, nommé avec Askénas
et Thogarma. On ne peut rien dire de positif sur cette famille; il paraît même
que déjà dans les anciens temps il y avait de l'incertitude sur ce nom, car, 1
Chroniques 1:6, il est écrit Diphath, mais sous cette forme il n'est pas
davantage connu. Flavius Josèphe pensait aux Paphlagoniens, et Bochart qui
préfère la leçon Diphath se prononce dans le même sens, en pensant au fleuve
Rhebæus de la Bithynie, lequel se jette dans la mer Noire près de Tobata. Le
seul nom que l'on puisse réellement comparer à Riphath, ce sont les monts
Riphéens, qui, d'après Sickler, auraient formé la continuation des monts Ourals
vers l'Occident; Braunschweig fait descendre de Riphath plusieurs nations qui
occupèrent autrefois les montagnes et les plaines de la Russie actuelle, entre
autres les habitants de la Finlande, et les autres tribus de cette race, les
Huns, et les Madschars ou Magyares, les aïeux des Hongrois. Hasse se prononce
pour les Karpathes, Schulthess, et Schrœder pour les Rhibiens de la mer
Caspienne, etc.
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RISSA,
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campement des Israélites au désert, Nombres 33:21,
peut-être le même endroit que le Rasa que l'on trouve sur quelques cartes, à 32
milles romains d'Élana, mais différent du Ressa que Flavius Josèphe place près
de Mesada.
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RITSPA,
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2 Samuel 3:7; 21:8, concubine de Saül, qui passa,
après sa mort, entre les bras d'Abner. Is-Boseth, fils de Saül, ayant reproché
cet acte à Abner comme une trahison, le général s'en vengea en passant au parti
de David. Après la mort d'Abner, Ritspa n'ayant plus l'appui de son nom se vit
poursuivie comme une veuve de Saül; ses enfants, Armoni et Méphiboseth, furent
mis à mort par les Gabaonites à qui David les abandonna. Elle n'avait pas
compris ses devoirs de femme, elle comprit ses devoirs de mère, et veilla
depuis les premiers jours de la moisson jusqu'au commencement des pluies, de
mars en automne, sur les cadavres crucifiés de ses fils et des autres enfants
de Saül, éloignant le jour les oiseaux des cieux, et la nuit les bêtes des
champs, du corps de ces infortunés. Elle avait eu le douloureux courage de
faire dresser, sur un rocher voisin, une tente de deuil de laquelle elle
pouvait contempler et protéger encore ses enfants; David, ému de cette preuve
d'amour maternel, la récompensa de la seule récompense qu'il pût offrir à la
mère sans enfants; il fit détacher les corps de la croix, et les fit ensevelir
dans les sépulcres de leurs ancêtres.
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ROBE,
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— Voir: Vêtements.
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ROBOAM,
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fils de Salomon par l'Hammonite Nahama, et son
successeur au trône de Jérusalem, 1 Rois 11:43; 14:21,31. Il fut le premier roi
de Juda. La prospérité du règne de son père ne permettait pas de prévoir la
division du royaume qui devait éclater sous son règne, et l'affaiblissement qui
en serait la suite. Il avait quarante et un ans lors de son avènement. Il se
hâta de réunir les tribus, mais au lieu de les convoquera Jérusalem, il choisit
Sichem comme lieu de rendez-vous, peut-être à l'instigation de ses ennemis non
encore déclarés. Ce fut une faute de sa politique, et il l'expia. Le peuple
parla librement, il demanda la diminution des impôts; les mécontentements
comprimés sous le règne précédent éclatèrent, les jalousies se firent jour;
Roboam, fort comme le sont les faibles, demanda un délai avant de répondre, et
prêtant l'oreille à des conseils de jeunes gens, il voulut faire de l'énergie,
repoussa brutalement les légitimes demandes de ses sujets, et mit le feu à la
révolution. Éphraïm et les tribus qui marchaient avec lui, ne voulaient pas
d'un roi de Juda; l'occasion était bonne, le prétexte honnête, la division
éclata, et dix tribus se séparèrent de Roboam, de Juda, de Jérusalem, et du
temple. Elles choisirent pour roi Jéroboam. Le fils de Salomon voulut courir
aux armes, mais le prophète Sémahja, déclarant la séparation consommée, le fait
accompli, fit renvoyer les troupes, 1 Rois 12:21; 2 Chroniques 11:1. Roboam
songea dès lors à fortifier le peu qui lui restait de l'héritage paternel, il
bâtit des forteresses et les approvisionna: il donna asile aux prêtres et aux
lévites fidèles des dix tribus qui, chassés par les veaux d'or, se réfugiaient
en Judée, en protestant contre la révolution et contre ses conséquences. Les Israélites
fidèles des dix tribus, Église libre aussi quoique tenue en suspicion,
continuaient de venir sacrifier à Jérusalem, et le pouvoir de Roboam se
fortifiait de ces adhésions morales. Il continua de rattacher par des alliances
tout ce qui restait de la maison de David, choisit Abija pour son successeur,
et donna à ses autres fils des postes importants dans ses villes fortes. Mais
après trois années de sagesse, il se fatigua du culte de l'Éternel et de ses
bénédictions; le péché et l'idolâtrie reprirent le dessus, et en la cinquième
année de ce règne, Sisak roi d'Égypte, l'ancien protecteur de Jéroboam, monta
contre Jérusalem, ravagea le pays, et ne cessa de triompher que lorsque le
peuple, averti par Sémahja, cessa de pécher. Roboam ne racheta la paix qu'au
prix des trésors du temple et du palais, et il dut remplacer par des boucliers
d'airain les magnifiques boucliers d'or que l'on portait en pompe devant
Salomon. Il régna douze ans encore, sans gloire, ennemi de Jéroboam et sujet de
Sisak, puis il mourut à l'âge de cinquante-huit ans, après en avoir régné
dix-sept, et fut enseveli avec ses pères en la cité de David. Les prophètes
Hiddo et Sémahja ont écrit des mémoires de ce règne si grand par les résultats
que produisit la nullité de celui qui lui donna son nom. Abija lui-même méprisa
son père, l'appelant «un enfant, et de peu de courage, qui ne sut pas tenir
ferme», 2 Chroniques 13:7; si ces paroles ne sont pas respectueuses, elles
caractérisent du moins parfaitement l'esprit et le système de Roboam.
— On peut conclure de 1 Rois 14:30; 2 Chroniques
12:15, que, s'il n'y eut pas guerre proprement dite entre les deux royaumes, il
n'y eut pas de paix non plus, et que des hostilités de détail continuèrent de
donner issue à la vieille rivalité d'Éphraïm et de Juda.
— Voir: ce qui a été dit à l'article de ces deux
tribus.
— Quant aux femmes et aux enfants de Roboam,
— Voir: 2 Chroniques 11:18.
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ROCHET,
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— Voir: Prêtres.
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ROGLIM,
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ville de Galaad, peut-être sur le territoire de la
tribu de Gad, 2 Samuel 17:27; 19:31.
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ROGUEL,
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fontaine située près de Jérusalem, dans la vallée de
Josaphat, sur la frontière de Juda et de Benjamin, 2 Samuel 17:17; 1 Rois 1:9;
Josué 15:7; 18:16. Elle communiquait autrefois sous terre avec Siloé, mais elle
n'a plus aujourd'hui qu'une eau de médiocre qualité.
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ROI, Royauté, Royaume.
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Dieu fut toujours le roi réel des Juifs sous les
diverses formes de leur gouvernement, sous Moïse qui, avec l'empire le plus
absolu, rappelait cependant un régime républicain, le régime des doges, sous le
commandement militaire de Josué, sous la dictature des juges, et même après
l'établissement de la royauté. L'état normal d'Israël était la liberté dans la
théocratie; Israël devait être un état libre et indépendant, gouverné de Dieu
par l'intermédiaire des prêtres et des prophètes. Cet idéal ne fut jamais
réalisé, et, si quelques époques de la vie de ce peuple rappelèrent de loin cet
idéal, ce fut dans la période des juges, et sous sa forme la plus repoussante,
celle de l'anarchie. Le législateur avait prévu cependant qu'un jour ou
l'autre, le peuple dégoûté de l'anarchie, de la liberté, ou de la théocratie,
se laisserait entraîner à demander un roi, et il avait tracé, Deutéronome
17:44-20, les règles dont le peuple et le roi devraient se souvenir lorsque le
moment serait venu où ce désir que Moïse blâme, sans l'interdire, recevrait son
accomplissement. On a voulu voir, dans ces préceptes relatifs à la royauté, une
interpolation postérieure, soit parce que ni le peuple, ni Samuel, ne font
d'allusion à ce passage lors de l'établissement de la royauté, 1 Samuel 8, soit
à cause de certains détails qui paraissent être, une allusion au règne de
Salomon (Winer, De Wette); Staüdlin et Hævernick ont maintenu l'intégrité du
texte du Deutéronome, et ne laissent aucun doute sur ce sujet.
— Les pleins pouvoirs temporaires des juges étaient
une espèce de royauté temporaire; en offrant à Gédéon l'hérédité de cette
charge dans sa famille (Juges 8:22), les Israélites montraient déjà cet
impérieux besoin de ressembler aux autres nations, dans leur constitution
civile, comme dans leurs mœurs et dans leur religion; Gédéon, en refusant la
royauté, paraît la regarder comme antinationale, et contraire à l'esprit de la
loi mosaïque. Le jour vint néanmoins où le vœu populaire ne permit plus à
Samuel de reculer. On voulut avoir un roi «comme les autres peuples», paroles
qui renferment en elles-mêmes leur condamnation. Dieu accéda à ce vœu dans sa
colère, jusqu'à ce que, dans sa fureur, il brisa de nouveau cette unité
factice. Saül fut sacré par Samuel, le premier des rois par le dernier des
grands hommes de la république d'Israël. Le droit du royaume, 1 Samuel 10:25,
n'est pas mentionné dans le Deutéronome; on peut supposer qu'il n'était que le
développement des droits du peuple et des droits du roi, énumérés Deutéronome
17, et 1 Samuel 8. Le roi, malgré son titre, n'avait rien d'absolu; régnant
sous une constitution théocratique, il ne devait être que le premier représentant
de l'Éternel, du roi céleste, lié par sa loi souveraine, et chargé de la faire
observer; il conservait le caractère de roi théocratique, et, dans certains
cas, l'Urim et le Thummim, un prophète, ou un autre intermédiaire choisi de
Dieu, décidaient des choses que le roi devait considérer et exécuter comme la
volonté suprême du Roi des rois, 1 Samuel 28:6; 30:7; 2 Samuel 2:1; 1 Rois
22:7, etc. Dieu continuait donc de se manifester et d'agir directement. En
réalité, cependant, cette intervention immédiate finit par n'être plus que
nominale; les rois d'Israël s'arrogèrent l'omnipotence; ils prirent sur eux de
déclarer la guerre ou de faire la paix, 1 Samuel 11:5; ils jugèrent en dernière
instance, et s'attribuèrent le droit de grâce, 2 Samuel 14; 15:2; 1 Rois 3:16.
Ils se considérèrent comme les protecteurs et les chefs suprêmes du culte, 1
Rois 8; 2 Rois 12:4; 18:4; 23:1, et conduisirent, en général, eux-mêmes leurs
troupes à la bataille, 1 Samuel 8:20. Un contrepoids au despotisme se trouvait,
soit dans les capitulations que les rois devaient souscrire avant leur
élection, soit dans la constitution des tribus, dont les chefs réunis formaient
une sorte de représentation nationale, 1 Samuel 10:25; 2 Samuel 5:3; 1 Rois
12:4; 2 Rois 11:17; 1 Chroniques 4:42; cf. 13:2; 29:1; quelquefois aussi le
peuple intervenait directement contre certains actes, et se faisait écouter, 1
Samuel 14:45. Enfin, les prophètes que Samuel avait établis comme les
conservateurs vigilants du régime théocratique, et dont il avait fait un ordre
que Dieu renouvelait toutes les fois que cela devenait nécessaire, les
prophètes s'opposaient aux envahissements de l'arbitraire et du despotisme, les
uns en profitant de leur position à la cour comme conseillers intimes, Nathan,
Ésaïe, les autres en se procurant des audiences spéciales, 1 Rois 20:22,38; 2
Rois 1:15; d'autres fois enfin, en flétrissant publiquement des mesures
illégales, et en s'opposant à leur exécution. Mais ces moyens de détail, ces
garanties de circonstance, n'empêchèrent pas toujours les empiétements et les
excès du despotisme; on vit des règnes entiers se soustraire à l'influence
théocratique.
La légitimité de la famille de Saül commença avec lui
et finit avant lui. Avant la mort de Saül, David commençait déjà une nouvelle
légitimité qui ne devait cesser qu'avec le royaume. Le fils aine paraît presque
toujours avoir succédé de droit à son père, 2 Chroniques 21:3, et avoir pris
les rênes de l'État même avant l'âge de majorité, 2 Rois 11:21. On ne voit
nulle part exprimée l'idée d'une régence à l'égard d'un roi mineur, à moins
qu'on ne veuille donner ce nom aux soins paternels dont Joas, le roi de sept
ans, fut entouré pendant la vie de celui qui l'avait soustrait aux fureurs
d'Hatalie. Parfois cependant, en dépit du droit d'aînesse, le roi choisissait
librement parmi plusieurs fils celui qui devait régner après lui, 1 Rois
1:17,20; 2 Chroniques 11:22. Plus tard, à l'époque de la décadence, la volonté
du peuple, ou l'influence étrangère des puissances voisines, contribuèrent à faire
des rois en modifiant la ligne de succession sans toutefois sortir de la
descendance directe, 2 Rois 21:24; 23:30,34; 24:17. Dans le royaume d'Israël,
le premier roi, Jéroboam, fut choisi et annoncé par un prophète, 1 Rois 11:31;
mais le trône devait être héréditaire dans sa famille et passer soit au fils,
s'il en avait, soit au frère du monarque, 2 Rois 3:1; mais les continuels
changements de dynastie laissent à peine apercevoir la succession naturelle, et
le choix du peuple intervint de bonne heure dans les élections, 1 Rois 16:21.
Dans l'antiquité, l'on regardait à la taille et à la beauté du roi qu'on
choisissait, 1 Samuel 10:23; Ézéchiel 28:12; cf. Psaumes 45:2. Iliad. 3, 106.
Il fallait en outre, chez les Hébreux, que le roi appartint à la nation, Deutéronome
17:15. Ceux qui ouvraient une nouvelle dynastie cherchaient souvent à la
consolider par l'entière destruction de la famille déchue, 1 Rois 16:11; 2 Rois
10:11,17; 11:1 (Les nations modernes ont remplacé la mort par le bannissement;
on a banni les familles de Charles X, de Napoléon, de Louis-Philippe;
l'exécution du duc d'Enghien, et la lente mort du duc de Reichstadt, pourraient
peut-être seules rappeler ces anciennes exterminations). Les premiers rois,
Saül, David et Salomon furent solennellement sacrés par des prophètes ou des
souverains sacrificateurs, 1 Samuel 9:14; 10:1; 15:1,17; 16:12; 2 Samuel 2:4;
5:3; 1 Rois 1:34,39; 5:1; les seuls dont plus tard le sacre soit également
mentionné, sont Joas, après l'usurpatrice Hatalie, Joachaz, fils de Josias, que
le peuple fit monter sur le trône, et en Israël, Jéhu, le chef d'une nouvelle
dynastie, 2 Rois 11:12; 23:30; 9:1; le sacre paraît donc n'avoir été renouvelé
que pour ceux dont la succession n'était pas tout à fait régulière et légitime;
il sanctionnait une élection qui avait besoin de se faire reconnaître. Le nom
d'oint du Seigneur, ou simplement oint, était, dans le style élevé, donné à
tous les rois légitimes, alors même que la cérémonie du sacre n'avait pas été
nécessaire pour valider leur couronnement, 1 Samuel 2:10,35; 16:6; 24:7;
26:16,23; 2 Samuel 19:21; 22:51; Psaumes 2:2; Lamentations 4:20. On ne voit pas
qu'il y eût d'autres cérémonies prescrites pour célébrer un avènement au trône;
le peuple témoignait sa joie par des cris, de la musique et des sacrifices; le
roi montait sur sa monture, et les acclamations l'accompagnaient à sa sortie, 1
Rois 1:25,38,40; 1 Samuel 10:24; 2 Rois 9:13; 11:14; 2 Chroniques 23:11.
Quant au costume du roi, outre la magnificence de ses
vêtements, et les ornements, bracelets (2 Samuel 1:10) etc., dont il était
couvert, on distinguait comme les attributs de sa charge le diadème, 2 Samuel
1:10; 2 Rois 11:12, la couronne ornée de pierre précieuses, 2 Samuel 12:30;
Cantique 3:11; Ézéchiel 21:34; 1 Maccabées 10:20, le sceptre, Ézéchiel 19:11
(il était de bois; ceux d'Homère sont d'or ou dorés), et le trône, Proverbes
16:12; on trouve la description du trône de Salomon, 1 Rois 10:18; 2 Chroniques
9:17. Chez les Perses, le trône était un siège garni d'or, et si élevé qu'un
marchepied était nécessaire pour y monter; on peut supposer que celui de Esther
5:1, avait cette forme. Plus tard le manteau de pourpre fut ajouté aux
vêtements royaux, 1 Maccabées 6:15; cf. Matthieu 27:28; Actes 12:21.
Les revenus des rois d'Israël, qui servaient
indifféremment à l'entretien de leur cour et aux besoins du service public,
provenaient, soit des dons volontaires et fréquents de leurs sujets, 1 Samuel
10:27; 16:20; 2 Samuel 8:11; 1 Rois 10:25, soit de domaines, champs, jardins,
vignobles, appartenant à l'État, 1 Samuel 8:14; 1 Chroniques 27:26; 2
Chroniques 26:10, soit des confiscations, 1 Rois 21:16; cf. Ézéchiel 46:18; 2
Samuel 16:4, soit de régies, 1 Rois 10:11,26; Amos 7:1, soit de corvées, 1 Rois
5:13; 9:21; cf. 1 Samuel 8:13, soit d'impôts en nature perçus régulièrement sur
le peuple, ou sur les pays conquis, 1 Samuel 8:15; 17:25; Ésaïe 16:4. Il est
parlé encore d'une espèce d'impôt foncier levé dans des moments de besoins
extraordinaires, 2 Rois 23:35; le roi, enfin, s'appropriait toujours dans les
guerres heureuses une notable portion des dépouilles ennemies, 2 Samuel 8:2;
— Voir: Butin, et Impôts.
— Avec de pareilles sources de revenus on s'explique
ces trésors royaux parfois si considérables, ces riches garde-robes, ces
monuments, ces palais, ces jardins de plaisance, et ces riches et somptueuses
tables auxquelles c'était un si grand honneur d'être invité comme convive
ordinaire, 1 Rois 2:7; 4:22; 7:1; 10:21; 14:26; 2 Samuel 9:7; 2 Rois 14:14;
10:22; 21:18; 25:4; Jérémie 39:4; 52:7; Daniel 5:1; Esther 1:3. Un harem
nombreux ne tarda pas à faire partie des plaisirs des rois, 2 Samuel 5:13;
12:8; 2 Chroniques 11:21; 1 Rois 11:1; 20:3; gardé par des eunuques, il
appartenait à l'héritage du successeur; celui qui s'en approchait et qui s'appropriait
une des femmes du monarque, se posait en prétendant; la déclaration d'amour
devenait une déclaration de guerre; Abner contre la famille de Saül, Absalon
contre son père, Adonija contre son frère Salomon, manifestèrent de cette
manière leurs prétentions à la couronne; 2 Samuel 16:22; 1 Rois 2:17.
Les rois témoignaient leur bienveillance par de riches
présents en argent, en armes ou en vêtements; c'était une distinction
particulière s'ils faisaient asseoir quelqu'un à leur droite, 1 Rois 2:19. Le
respect qu'on leur devait était très grand, Proverbes 24:21; on se jetait à
terre devant eux, de telle sorte que le front touchât la poussière, 1 Samuel
24:9; 25:23; 2 Samuel 9:6; 19:18; les femmes du roi elles-mêmes étaient
obligées à de pareilles démonstrations, 1 Rois 1:16: celui qui se trouvait sur
le passage du roi, devait descendre de sa monture, 1 Samuel 25:23. On
embrassait les rois, et dans les rues ou dans les audiences, on leur criait des
vivats et des vœux de prospérité, 1 Samuel 10:24, Psaumes 2:12; Daniel 2:4;
3:9. Jos. Bell. Jud. 2, 1; 1. On se faisait une haute idée de leur intelligence
et de leurs facultés, et l'on cherchait à capter leur bienveillance quand on se
l'était aliénée, 2 Samuel 19:18,20. À leur entrée dans les villes ils étaient
reçus avec grande pompe, 2 Rois 9:13; 1 Samuel 18:6. Les offenses à la majesté
royale étaient punies de mort, 1 Rois 21:10; si le coupable appartenait à la
famille même du roi, on se contentait de l'éloigner de la cour, 2 Samuel
14:24,28. Les rois hébreux étaient d'ailleurs beaucoup plus populaires que tous
les autres monarques de l'Orient; ils se montraient fréquemment au milieu de
leurs sujets, et se laissaient facilement aborder par eux, 2 Samuel 19:8; 1
Rois 3:16; 20:39; 2 Rois 6:26; 8:3; Jérémie 38:7. À leur mort ils étaient
déposés dans les sépulcres royaux, les rois de Juda étaient enterrés à
Jérusalem, 1 Rois 2:10; 11:43; 14:31; quelques rois vicieux furent cependant
privés de cet honneur, 2 Chroniques 28:27, ce qui ne va pas jusqu'à établir que
les Israélites eussent, comme les Égyptiens, la coutume de juger les rois après
leur mort; ce pouvait fort bien n'être que l'explosion momentanée et spontanée
de l'irritation publique. Entre eux, les rois s'honoraient par de riches
présents, 1 Rois 10:2, et par des ambassades n'ayant d'ordinaire qu'une mission
spéciale de félicitations ou de condoléances, 2 Samuel 10:2; 2 Rois 20:12.
Les principales charges de la cour étaient:
1. celle
de grand-maître, 1 Rois 4:6; 18:3; 2 Rois 18:18; 19:2; Ésaïe 22:15; les portiers
du palais, 2 Rois 7:11, lui étaient subordonnés, et il avait l'inspection
générale de tout ce qui concernait la maison royale;
2. le
percepteur des impôts, commis sur les tributs, 2 Samuel 20:24; 1 Rois 4:6;
12:18; cf. 11:28.
3. Le
maître de la garde-robe, inspecteur du vestiaire, 2 Rois 10:22.
4. Le
ministre ou commis des finances, intendant des villes, châteaux, vignobles,
jardins de la couronne, 1 Chroniques 27:5; il y avait douze directeurs des
domaines dans les douze cercles du pays, 1 Rois 4:7, et il est à croire que
Chuzas et l'officier de Candace, Luc 8:3; Actes 8:27, remplissaient des
fonctions de ce genre, à la fois inspecteurs, percepteurs, et payeurs. Les
serviteurs du roi étaient en général des eunuques, 2 Rois 8:6; Jérémie 52:25,
de même que l'échanson, 1 Rois 10:5; Esther 1:10. Ceux qui se tenaient près de
la personne du roi, et dont parle Jérémie, étaient peut-être une classe
spéciale de serviteurs; peut-être aussi ces mots désignent-ils simplement les
plus hauts fonctionnaires de la cour, ceux qui avaient l'honneur d'approcher le
roi de plus près.
— Il faut nommer encore les gardes du corps, chargés
de pourvoira la sûreté du château et du palais, 2 Rois 11:5, de remplir
l'office de bourreaux à l'occasion, et de faire exécuter les édits dans les
provinces. Ce n'est que par exception que les princes du sang avaient
quelquefois une garde, 2 Samuel 15:1. Les Kéréthiens et les Péléthiens
mentionnés 2 Samuel 1 5:18; 20:7; 1 Rois 1:38,44, et réunis sous les ordres de
Bénaja, 2 Samuel 8:18, comme gardes du corps de David, étaient peut-être des
soldats appartenant à des tribus parentes des Crétois et des Philistins; mais
leur nom a aussi une signification particulière, et l'on peut traduire les
exécuteurs et les courriers (karath signifiant tuer, et palath s'enfuir, se
hâter, courir). On voit par 1 Rois 2:25,34, que les soldats du roi étaient
souvent chargés des hautes-oeuvres, de même qu'en Égypte et en Babylonie,
Genèse 37:36; 40:3; 41:10; Daniel 2:14, et par 2 Chroniques 30:6, qu'ils faisaient
l'office de messagers estafettes. Cette traduction est préférable à celle qui
ferait de ces noms des noms propres; on comprendrait difficilement en effet,
que David se fût fait une garde de soldats étrangers et païens; c'eût été une
mesure anti-théocratique et impopulaire au dernier point, et de nos jours, les
quelques monarques qui se font garder encore, ou restaurer par des soldats
étrangers, ont pu comprendre que c'est un danger plutôt qu'un secours.
— Voir: Gouvernement, Israël, Juda, etc.
Livres des Rois.
Composés d'après un grand nombre de sources qui sont
indiquées au fur et à mesure, et qui ont presque toutes pour auteurs des
prophètes, Nathan, Ahija, Hiddo, Sémaja, Jéhu, etc., ces deux livres racontent
l'histoire d'Israël et de Juda, depuis Salomon jusqu'à Sédécias et Jéhojachin,
qui fut tiré de prison la trente-septième année de sa captivité, et vécut en
liberté jusqu'au jour de sa mort, sous Évilmérodac, roi de Babylone, qui lui
accorda une pension. Ce dernier trait sert à fixer l'époque de la rédaction
définitive de ces livres. On assiste à la mort de Jéhojachin; il meurt sous
Évilmérodac, et, au dire de Bérose, rapporté par Flavius Josèphe, Évilmérodac
n'a régné que deux ans. La date est précise, ou à peu près. Or, sauf une
mention incidente faite d'Urie (— Voir: Jérémie 26:20), Jérémie est le seul
prophète de cette époque, où les oracles de Dieu étaient rares. Jérémie paraît
donc avoir été le collecteur-rédacteur de ces deux livres qui conduisent
jusqu'à son temps, et le témoignage talmudique (Baba Bathra), qui n'est jamais
complètement à mépriser, reçoit, dans ce cas particulier, la sanction de la
vraisemblance et de toutes les probabilités réunies. Les Livres des Rois sont
placés, dans le canon hébreu, parmi les livres prophétiques (N'biim), ce qui
suppose qu'au point de vue des Juifs ils jouissaient d'un haut caractère
d'inspiration. Le style a beaucoup d'analogie avec celui de Jérémie, et les
rapports sont souvent frappants, quelquefois textuels, cf. par exemple 2 Rois
17:10; Jérémie 2:20; 2 Rois 25:1; Jérémie 39:1. — 2 Rois 47:14; Jérémie 7:26.
— Quelques idées reviennent avec fréquence dans les
Rois et dans Jérémie, notamment celle de la permanence de la maison de David
sur le trône, cf. 1 Rois 2:4; 8:25; 9:5; Jérémie 33:17; 13:13; 17:25; 22:4, et
l'auteur des deux ouvrages affecte de rechercher volontiers des expressions
empruntées à la loi de Moïse, les appliquant d'une manière tantôt historique,
tantôt prophétique, suivant le but qu'il poursuit, cf. Deutéronome 13:17; 2
Rois 23:26; Jérémie 4:8. Quant au rapport qu'il y a entre Jérémie 52, et 2 Rois
24:18; sq., on peut voir que ce morceau, tout à fait conforme à l'ensemble de
l'histoire des Rois, et sorti de la même plume, se présente isolé à la lin des
prophéties, et il est évident que le collecteur des prophéties de Jérémie ne
l'a placé à la fin de ce recueil que parce qu'il ne pouvait y avoir aucun doute
sur la personne de son auteur; en outre, comme ce morceau, dans Jérémie, est
plus développé qu'il ne l'est dans le Livre des Rois, il y avait de l'intérêt à
ce qu'il ne fût pas retranché et laissé de côté. Le prophète avait écrit les
mémoires de son temps comme d'autres l'avaient fait avant lui, et ce sont ces
mémoires qui terminent à la fois ses oracles et son histoire des rois. L'opinion
qui fait d'Esdras ou d'Ézéchiel l'auteur de cette collection, se justifie
difficilement, et n'a pour elle ni la tradition, ni des raisons suffisantes.
Le but que s'est proposé l'auteur de l'histoire des
rois est à la fois didactique et prophétique; il a moins en vue de raconter et
de décrire, que d'instruire et de rendre attentif. Il apprend aux peuples et
aux rois que le principal de la sagesse, c'est la crainte de l'Éternel; il leur
rappelle les avantages de la piété, les maux de l'idolâtrie, l'incertitude des
choses humaines; il met enfin devant leurs yeux l'unique et véritable roi de
Juda selon l'Esprit, Jésus le descendant des rois selon la chair, dont la
sainteté, les perfections, la justice, doivent être prises d'avance pour
modèles par ceux qui occupent le trône que le Messie doit occuper un jour. Il
met en relief aussi les rapports du prophétisme avec la royauté, faisant
pénétrer l'un dans l'autre, et montrant combien la royauté est essentiellement
théocratique, puisqu'elle succombe toutes les fois qu'elle méconnaît les
enseignements transmis de Dieu par la bouche des prophètes. Les oracles et la
vie de ceux-ci occupent une aussi grande place dans ces deux livres que les
actions des rois, et se combinent avec elles de manière à n'offrir aux lecteurs
qu'un ensemble d'enseignements éminemment religieux et pratiques. Le premier
livre renferme l'histoire de 118 ans; le second raconte les faits des 320
dernières années de la vie nationale d'Israël et de Juda. On peut voir, à ces
deux articles, ce que nous avons dit sur les difficultés chronologiques qui
résultent de la comparaison de ces livres avec les Chroniques.
________________________________________
ROME
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1. (Empire
de Rome). Sans nous arrêter ici à faire une histoire même fort abrégée de ce
vaste empire, si puissant qu'il n'a fini par mourir que pour renaître bientôt
après avec d'autres noms, et sous une autre forme; sans essayer non plus de
rappeler comment les différents commentateurs ont voulu trouver l'empire romain
tour à tour dans les Kittim de Nombres 24:24, et dans le Tubal d'Ésaïe 66:19, à
côté d'explications,
— Voir: Édom,
et de contradictions plus bizarres encore, nous nous
bornerons à rappeler les rapports de l'histoire romaine avec l'histoire juive,
tels que nous les indiquent les livres canoniques du Nouveau Testament et les
apocryphes de l'Ancien. Les prophètes déjà, et Daniel en particulier, ont parlé
de cet empire, mais d'une manière trop obscure, et dans un but trop spécial,
pour que l'examen de leurs oracles appartienne à notre travail.
Ce fut l'an 161 avant J.-C. que les Juifs entrèrent,
pour la première fois, en rapport avec les Romains comme nation. Judas Maccabée
conclut avec eux une alliance défensive, qui devait mettre son pays à l'abri
des tentatives, toujours renouvelées, de Démétrius, roi de Syrie, 1 Maccabées
8. Ce furent cependant moins ces alliances que les querelles de succession au
trône de Syrie, qui procurèrent aux Juifs le repos, et qui donnèrent à leurs
princes un certain poids et une certaine indépendance dans les questions de la
politique de l'Orient, 1 Maccabées 10, et 11. Jonathan, en 144, puis Simon,
l'un et l'autre frères de Judas Maccabée, renouvelèrent successivement encore
l'alliance avec le sénat romain, 1 Maccabées 12:1-16; 14:24, et Simon, ayant
envoyé Numénius avec un grand bouclier d'or, eut l'avantage de voir son
ambassadeur très bien reçu, et son peuple appelé l'ami, l'allié, le frère du
peuple romain, dangereux honneur qui ne lui valut jamais rien de bon. Jean
Hyrcan, son successeur, sut se maintenir, seul et sans secours étranger, au
milieu des agitations continuelles de la Syrie, et ne sentit qu'une fois, à
propos de quelques déprédations occasionnées par Antiochus Sidétès, l'utilité
de l'alliance romaine (Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 13; 9, 2).
Les Romains acquirent une influence et une
prépondérance plus décisive sur les affaires juives, lors des luttes qui
s'élevèrent entre Hyrcan II et Aristobule II, à propos du trône. Les deux
partis sollicitèrent l'intervention du général Scaurus, que Pompée envoyait
contre Tigrane, puis celle de Pompée lui-même, qui venait d'arriver à Damas;
celui-ci marcha contre Jérusalem, la prit d'assaut, et nomma Hyrcan souverain
pontife et prince des Juifs, en réduisant son territoire à ses anciennes
limites, et sous la condition qu'il paierait aux Romains un tribut annuel. Dès
lors les Juifs furent soumis à l'administration militaire du président de la
Syrie, de l'avidité duquel ils eurent maintes fois à se plaindre, et la
monarchie dégénéra peu à peu en une aristocratie. Jules César, qui porta en
Orient la politique modifiée de l'empire romain, ramena la monarchie, et se
montra, par plusieurs décrets, assez favorable aux Juifs; mais il donna comme
adjoint à Hyrcan, un Iduméen nommé Antipater, qui, en réalité, exerçait seul
les droits et les fonctions de la royauté. Les Juifs furent de nouveau déclarés
les amis du peuple romain, quoiqu'ils ne fussent que ses sujets, et ils
restèrent tels assez longtemps, sauf un moment d'indépendance que leur procura
une irruption des Parthes sur les possessions romaines. L'an 40 avant J.-C., le
sénat de Rome nomma Hérode comme roi (mais roi vassal) des Juifs; on a vu, à
l'article des Hérodes, ce que devint le peuple sous la domination de cette
famille. Après qu'Archélaüs eut été détrôné, une partie du pays passa
directement sous la domination et l'administration romaine, tandis que la Judée
et la Samarie, annexées à la Syrie, furent soumises à l'administration de
procurateurs, dont la résidence habituelle fut fixée à Césarée; la Batanée et
la Gaulonite éprouvèrent le même sort, l'an 33 de Christ. En 38 et en 42,
Hérode Agrippa devint roi de la Galilée et de la Pérée, puis de la Judée et de
la Samarie; mais il mourut en 44, et dès lors la Palestine tout entière demeura
romaine, à l'exception de la Batanée et de quelques villes de la Galilée, qui
furent données, en 52, au tétrarque Agrippa II.
La religion juive et l'exercice du culte restèrent
libres, même sous la domination la plus immédiate de la politique romaine qui,
par indifférence ou par principe, sut toujours respecter la foi des provinces
conquises. L'administration de la justice civile fut de même abandonnée aux
autorités municipales des Juifs, et le sanhédrin paraît n'avoir eu à s'occuper
en général que des causes essentiellement criminelles. Les procurateurs étaient
chargés de l'exécution des sentences, mais les chefs provinciaux paraissent
avoir eu aussi le droit de grâce.
Les Romains prélevaient des impôts fonciers et
personnels, parfois même des droits de douane ou d'octroi, qu'ils affermaient
assez habituellement à des chevaliers romains. Des cohortes étaient mises à la
disposition des procurateurs en Judée, même au temps des Hérodes, et une
division militaire occupait, spécialement lorsque la pâque attirait un grand
concours de peuple dans la ville sainte, la citadelle Antonia, d'où elle
pouvait dominer à la fois le temple et le peuple, Actes 21:31. Le quartier
général était à Césarée, Actes 10, et 27:1. Une cohorte italique est nommée
Actes 10:1. Elle portait ce nom, sans doute parce qu'elle se composait de
soldats venus d'Italie, tandis que la plupart des troupes qui se trouvaient en
Syrie et en Judée, étaient composées de soldats indigènes. On a vu tour à tour,
dans les archers de Actes 23:23, des archers, des licteurs, des huissiers, des
gardes du corps, etc., sans qu'il soit possible de déterminer exactement ce que
signifie le terme grec, qui ne se trouve que dans ce seul passage.
— Les poids, les mesures et les monnaies romaines
furent reçues des Juifs pendant toute la durée de la domination, et la langue
latine paraît même n'avoir pas été étrangère, du moins aux classes élevées de
la Palestine, d'autant plus qu'elle était régulièrement employée dans les
débats judiciaires et dans les publications officielles, cf. Jean 19:20;
quelques latinismes, quoique peu nombreux, se sont même glissés dans la langue
grecque des écrivains inspirés.
— Dans les autres provinces de l'empire, les Juifs,
non seulement continuèrent de jouir de leur pleine et entière liberté
religieuse, mais ils étaient même exempts du service militaire; les nombreux
Juifs d'Alexandrie étaient en particulier, depuis les Ptolémées, les objets de
faveurs tout à fait spéciales; au dire d'Alabarque, ils avaient même une espèce
de représentation nationale. On peut en dire autant des Juifs d'Antioche.
2. Rome
(la ville). Cette vieille capitale du paganisme, sise sur sept collines aux
bords du Tibre, avec ses trente-sept portes et une circonférence de treize
mille pas, est nommée pour la première fois dans le premier livre des
Maccabées, où elle désigne d'une manière générale tout l'empire, puis plusieurs
fois dans les Actes, et enfin dans l'Apocalypse, mais en termes prophétiques.
La ville éternelle et toujours la même, était habitée au commencement de l'ère
chrétienne par un grand nombre de Juifs qui s'étaient établis dans un quartier
spécial au-delà du Tibre, où ils pratiquaient leur culte en toute liberté,
faisant même à ce qu'il paraît, beaucoup de prosélytes. C'étaient pour la
plupart des affranchis, des descendants de ceux que Pompée avait emmenés en
captivité. L'empereur Tibère, et Claude après lui, les chassèrent de la ville,
Suétone ne dit pas en quelle année; d'après Orose, ce serait en la neuvième de
ce dernier règne; le nom de Chrestus, mêlé à ce décret comme celui d'un
agitateur dont les désordres auraient provoqué l'expulsion des Juifs, n'est
peut-être que la corruption du nom de Christ; peut-être aussi qu'un fait
spécial dont un Chrestus (nom assez général et qui reparaît sur plusieurs
inscriptions), aurait été le promoteur, a provoqué une mesure sur les causes de
laquelle les détails nous manquent.
Une Église composée de Juifs, de prosélytes et de
païens convertis, n'avait pas tardé à se former à Rome, à la suite de la
prédication de l'Évangile, que des voyageurs venus de Palestine avaient
occasionnellement fait connaître à leurs amis de la métropole; en 58, à
l'époque où nous découvrons par l'Épître aux Romains la première trace de cette
Église, on voit qu'elle était déjà assez nombreuse, quoiqu'elle n'eût encore eu
aucun ministère régulier, et que le grand apôtre des gentils ne l'eût pas
encore visitée. Saint Paul, cependant, déjà dès son troisième voyage
missionnaire, s'était proposé d'aller visiter ces chrétiens, Actes 19:21;
Romains 15:23; il s'y rendit en effet, mais comme prisonnier, Actes 28:16.
— Voir: Paul.
Dans l'Apocalypse, Rome est clairement désignée sous
le nom symbolique de Babylone, 14:8; 16:19; 17:5; 18:2; etc. Siège du
paganisme, elle est opposée à Jérusalem, le siège du judaïsme, et le lieu de
naissance du christianisme: la corruption est opposée à la sainteté, les
ténèbres sont mises en présence de la lumière. Déjà les Juifs avaient
l'habitude de désigner sous le nom fatal de Babylone, cette Rome qu'ils
haïssaient, et les prophètes en regardant l'avenir y voyaient le paganisme
ressuscitant toujours aussi païen, mais avec des dehors chrétiens, avec- un nom
chrétien. Les sept collines et la domination du monde, 17:9; et 18, ne peuvent
laisser aucun doute sur la ville que saint Jean avait en vue. Elle est appelée
la Bête, et son chiffre est 666; on a trouvé de ce chiffre diverses solutions,
grecques, latines, hébraïques, arabes, allemandes, françaises, etc. Le mot
latin en grec,
Λατείνος, dont toutes les lettres ont une valeur en chiffres,
donne par l'addition 666;
Λ
= 30
α
= 1
τ
= 300
ε
= 5
ί
= 10
ν
= 50
ο
= 70
σ
= 200
Xξστ
= 666
3. Il
en est de même du mot romain en hébreu; on l'a vu encore dans la fameuse
inscription PAULO V. VICEDEO, qui se trouvait en tête des thèses dédiées au
pape Paul V, et dont les lettres, celles qui ont une valeur en chiffres
(VLVVICD), représentent le même nombre. C'est Irénée, évêque de Lyon, qui, dès
le second siècle, a découvert dans
Λατείνος le chiffre de la Bête; la solution est ingénieuse et
probable; si nous étions moliniste, ou partisan des traditions, nous
n'hésiterions pas à l'accepter. La curiosité peut être engagée dans ces
recherches, et elle l'est ordinairement plus que la foi; le nom de Mahomet a fourni
son contingent d'explications, et il n'y a pas jusqu'au nom de Luther dans
lequel on n'ait trouvé le chiffre 666, à la condition toutefois qu'on l'écrive
Loulthr, en lettres et chiffres hébraïques.
— Au reste, ces mystères trouvent mieux leur place dans
un commentaire qu'ici.
4. Épître
aux Romains. Dictée par l'apôtre à un certain Tertius, et portée aux chrétiens
de Rome par la diaconesse Phébé (Romains 16:1; sq.), cette épître renferme, sur
le lieu et l'époque de sa rédaction, des indices si positifs, que les opinions
n'ont jamais beaucoup varié sur l'un et sur l'autre point. Ce fut après avoir
été chassé d'Athènes, et pendant son séjour en Macédoine, que Paul, étant à
Corinthe, écrivit cette lettre. On voit par 1 Corinthiens 16:3-4, que l'apôtre
se proposait de faire un voyage à Jérusalem pour assister les saints, après
qu'il aurait été recueillir à Corinthe les dons de la libéralité chrétienne;
or, d'après Romains 15:25, il est sur le point d'entreprendre ce voyage; il
était donc à Corinthe en écrivant ces lignes. Aquila et Priscille, qui étaient
encore à Éphèse lorsque saint Paul écrivait, 1 Corinthiens 16:19; cf. Actes
18:18,26, étaient arrivés à Rome, Romains 16:3; Enfin le voyage que Paul avait
résolu de faire à Rome après celui de Jérusalem, Actes 19:21, il annonce qu'il
va le faire, Romains 15:28, se proposant même de se rendre jusqu'en Espagne.
D'autres détails confirment encore l'opinion généralement reçue; il salue les
chrétiens de Rome de la part de Caïus, 16:23, or Caïus était à Corinthe, 1 Corinthiens
1:14: il les salue de la part d'Éraste, et celui-ci demeurait à Corinthe, 2
Timothée 4:20; Phébé la diaconesse était de Cenchrée, port de Corinthe, etc.
D'après ce que nous avons dit ailleurs, ce serait donc vers l'an 58 ou 59 que
cette lettre aurait été écrite.
Bolten et Berthold, prenant toujours le parti de
l'invraisemblance, ont essayé de prouver que l'Épître aux Romains avait d'abord
été écrite en araméen; le P. Hardouin soutient en revanche que saint Paul l'a
écrite en latin, telle qu'elle se trouve dans la Vulgate, et il a un certain
intérêt à l'établir; mais sauf ces deux tentatives désespérées, l'ancienne
tradition est restée généralement admise, que saint Paul a écrit en grec. La
circonstance que l'apôtre écrivait en Grèce, dans une ville entièrement
grecque, et l'examen du texte dont le style trahit un travail original,
seraient, lors même qu'il n'y aurait pas de tradition, des arguments suffisants
pour répondre à toutes les inductions contraires. La langue grecque était
d'ailleurs parfaitement connue à Rome, et chacun la comprenait (Suet., Claude,
4. Dial, des Orat. c. 29. Juvénal, Sat. IV, 185)
Si l'on se rappelle que cette épître a été écrite
avant le voyage de Paul à Rome, on s'étonnera que, lors de son arrivée, les
Juifs parlent à l'apôtre comme ne sachant rien de cette secte, sinon qu'on la
contredit partout, Actes 28:22. Comment les chrétiens de Rome qui avaient
attiré l'attention de l'apôtre-missionnaire absent, et qui étaient assez
nombreux pour avoir plusieurs lieux de culte, qui s'étaient même avancés jusque
près des marches du trône, comment pouvaient-ils n'être pas connus, surtout des
principaux d'entre les Juifs? L'Église n'était-elle composée que de païens
convertis? même dans ce cas elle n'eût pu rester cachée. Ce n'est d'ailleurs
pas probable, et l'Épître aux Romains semble indiquer que parmi ceux auxquels
l'apôtre s'adresse, il y avait sinon des divisions et des divergences de vues,
tout au moins des positions et des origines différentes, des païens et des
Juifs. L'ignorance des chefs de la synagogue à leur égard, a donc lieu de
surprendre, et les théologiens ont essayé de l'expliquer de diverses manières;
Tholuck et Reiche pensent que les Juifs feignaient seulement de n'en avoir pas
entendu parler; d'autres, comme Olshausen dans sa première édition, croient que
par suite des persécutions de Claude, la petite Église avait été dispersée et
presque anéantie; mais on ne comprend pas les motifs qui auraient pu porter les
Juifs à feindre, et quanta la persécution de Claude, comme elle avait eu lieu
avant la rédaction de l'Épître aux Romains, et qu'à cette époque l'Église
paraît de nouveau constituée, elle ne peut non plus expliquer l'ignorance des
principaux des Juifs. Il vaut donc mieux admettre avec Olshausen, dans son
Introduction à l'Épître aux Romains (1835), que les Juifs ne connaissaient pas
l'existence des chrétiens, parce que ceux-ci avaient cru devoir, peut-être par
des motifs politiques, se séparer entièrement et catégoriquement du parti juif,
afin d'échapper aux mesures de proscription auxquelles ceux-ci étaient exposés
sous Claude: les chrétiens, même les judéo-chrétiens, ne voulaient pas être
confondus avec les Juifs, comme plus tard aussi, lors du siège de Jérusalem,
ils durent se séparer d'eux d'une manière ostensible, pour pouvoir se réfugier
dans la citadelle d'Ælia, cette séparation qui leur était dictée par leur
intérêt, fut peut-être facilitée au point de vue dogmatique, par l'influence de
quelques disciples de saint Paul qui enseignaient la complète rupture avec les
traditions juives.
En admettant cette explication, l'on comprend aussi
que les questions qui s'agitaient ailleurs, et les divisions entre judéo et
pagano-chrétiens, ne fussent pas à l'ordre du jour dans l'Église de Rome.
L'apôtre, en écrivant aux frères, reste donc sur le terrain abstrait de
l'exposition, et ne parle de la position que l'Évangile fait aux Juifs et aux
païens que d'une manière générale, sans que rien dans les circonstances de
l'Église ait provoqué ces observations. Les rapports de la loi et de l'Évangile
sont le sujet de sa lettre. Dans les dix-sept premiers versets il introduit et
expose son sujet, savoir que l'Évangile est la puissance de Dieu, en salut à
tout croyant, et que la justice de Dieu se révèle en lui pleinement de foi en foi.
La seconde partie va de 1:18; à 41:36; elle est consacrée aux développements
dogmatiques, et forme comme le noyau de l'épître. Dans la troisième
(12:1-15:33), Paul examine les conséquences morales et pratiques de la
justification par la foi. Le chapitre 16 enfin est un épilogue qui renferme les
vœux de l'apôtre, et de nombreuses salutations.
L'importance de l'Épître aux Romains a été sentie de
tout temps; c'est ce qui lui a valu d'être placée en tête des autres épîtres,
quoiqu'elle ne soit pas la première en date. La grandeur du sujet, la
profondeur des pensées, l'énergie du langage, la puissance du raisonnement, la
clarté et la précision de la doctrine, font de cette lettre une lettre à part,
et lui assignent aux yeux des chrétiens, une place spéciale dans le canon du
Nouveau Testament; et si le sermon sur la montagne a été considéré comme le
commencement de l'Évangile, on peut dire que l'Épître aux Romains en est le
dernier mot. L'apôtre a cru, c'est pourquoi il a parlé, et jusque dans les plus
petits détails, on reconnaît que l'inspiration divine n'a parlé qu'à travers
l'expérience intime et personnelle de l'apôtre. On ne peut le comprendre aussi
que lorsqu'on a fait les mêmes expériences que lui; il faut avoir reconnu
d'abord qu'au milieu des œuvres de la loi, l'on se trouvait encore faire la
guerre à Dieu et persécuter le Sauveur, pour renoncer entièrement au salut par
les œuvres et ne plus chercher d'autre justice que celle qui est par la foi.
Il n'est peut-être pas d'ouvrage qui ait été l'objet
de plus de recherches et de travaux dans la Bible que l'Épître aux Romains; le
nombre des commentateurs qui l'ont expliquée est considérable; on en trouve la
liste dans Reiche, page 95 et suivant, et dans le commentaire d'Oltramare,
quoique cette dernière ne soit pas complète. Il est à remarquer que saint
Augustin et Luther n'ont pas abordé ce travail de front; le premier n'a
commenté que quelques «propositions» de l'épître; le second a pu, en commentant
les Galates, examiner la doctrine de saint Paul sur la justification par la
foi, sans rencontrer aussi directement sur son chemin la doctrine de la
prédestination. Parmi les pères, Chrysostôme et Théodoret, nous ont laissé des
commentaires homilétiques sur les Romains; nous ne possédons le travail
d'Origène que dans la traduction de Rufin; Jérôme et Cassiodore nous ont
conservé un commentaire de Pelage; Œcumenius et Théophylacte n'ont rien laissé
de bien saillant dans leurs travaux sur cette épître; en général les Pères
grecs ne la comprenaient pas bien, et les latins, sauf l'Ambrosiaster, ont
évité de se prononcer clairement. Le travail de Mélanchthon, et surtout celui
de Calvin, sont les véritables ouvrages patristiques sur la matière, et l'on y
trouve tout le génie de la réformation. Parmi les modernes, nous ne
mentionnerons que le commentaire de Tholuck qui se distingue au point de vue
scientifique, celui de Stier qui est plus pratique, celui d'Olshausen, le plus
dogmatique, le plus profond des commentaires allemands, et dans tous les cas
celui qui se lit avec le plus d'entraînement; en anglais, celui de Hodges et
celui de Haldane, tous deux traduits en français, le premier plus intéressant,
le second plus dogmatique et plus profond; en français, celui de Moulinié, l'un
des meilleurs ouvrages de ce vénérable champion de la vérité à Genève, et celui
d'Oltramare qui n'est pas encore achevé, savant, grammatical, intéressant comme
étude, mais manqué au point de vue dogmatique. Les noms de Zwingle,
d'Œcolampade, de Grotius, de Flatt, de Ruckert, de Reiche, de Néander, de
Glœckler, d'Usteri, de Meyer, de Moses Stewart, et d'Erskine, doivent également
être rappelés; nous n'avons d'ailleurs pas nommé les commentateurs qui, ayant
expliqué tout le Nouveau Testament, ont par conséquent aussi publié des travaux
sur l'Épître aux Romains.
Les questions spéciales relatives à cette épître sont
traitées aux articles spéciaux, Paul, etc., si elles sont historiques: quant
aux difficultés dogmatiques, ce n'est pas ici qu'elles doivent être résolues.
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ROS ou Rosh.
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1. Fils
de Benjamin, Genèse 46:21.
2. Ézéchiel
38:2-3; 39:1. Nos versions ont traduit «prince des chefs» au lieu de prince de
Ros, de Mésec, etc.; mais l'analogie de la langue hébraïque n'autorise pas une
semblable traduction; il faudrait l'article hébreu, et cela d'autant plus que
le mot prince se rapporte au nom de Gog qui ne précède pas immédiatement. Ros,
ou Rosh, doit donc être pris comme un nom de peuple, aussi bien que Tubal, et
la circonstance qu'il n'est parlé de ce peuple nulle part ailleurs dans
l'Ancien Testament, cesse d'être une objection dès qu'on se rappelle la
position particulière du prophète. Il était en Babylonie, et par conséquent en
rapports plus faciles avec les peuples païens du Nord, ou du moins avec leur
géographie, que les écrivains de la Palestine. Il est du reste difficile de
préciser la position de Ros, et ce que nous avons dit à l'article Mésec peut
suffire. Les Ras dont il est parlé dans le Coran (Sur 25, 40 et 30) comme d'un
peuple qui a cessé d'être, ne sont probablement pas sans analogie avec le Ros
d'Ézéchiel; les commentateurs les placent au Nord, sur les bords de l'Araxe.
Les écrivains byzantins parlent souvent des Ros, ce qui indiquerait qu'ils n'en
étaient pas fort éloignés; et si l'analogie de ce nom avec celui de Russie
n'est peut-être qu'accidentelle, il n'en est pas moins frappant de voir Ros,
Tubal, et Mésec réunis autrefois sous le sceptre d'un seul prince, comme le
sont maintenant la Russie, Tobolsk et Moscou.
Il y a la forte possibilité que le peuple de Rosh fut
l’ancien empire des Khazars qui se convertirent tous au Judaïme.
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ROSE.
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C'est par ce mot que Luther a traduit, Cantique 2:1;
4:5, l'hébreu shoshan que nos versions, également à tort, ont rendu par muguet;
— Voir: Lys.
Nos versions ont traduit de même par rose, Cantique
2:1, le terme hébreu que nous avons vu désigner le narcisse, q.v. Il ne paraît
pas qu'il soit nulle part question des roses dans l'Écriture, mais il en est
quelquefois parlé dans les apocryphes, comme de belles fleurs dont on se
servait volontiers pour faire les guirlandes, Siracide 39:16; 50:8; Sap. 2, 8.
L'espèce dite de Jérico était particulièrement estimée, Siracide 24:18, et le
climat fertile de ce district pouvait en effet faciliter la culture de diverses
espèces rares et remarquables. Les roses de Cyrène passaient dans l'antiquité
pour les plus odoriférantes, Pline, 21, 10.
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ROSEAU.
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On distingue ordinairement trois espèces de roseaux
dans l'Écriture:
1. Le
roseau d'eau que l'on trouve dans les marais, dans les étangs, au bord des
fleuves, du Nil, du Jourdain, etc., Exode 2:3; 1 Rois 14:15; Job 8:11; Ésaïe
19:6; 35:7. Ses sous-espèces les plus connues sont l'arundo phragmites, et le
calamogrostris.
2. Une
espèce plus forte dont on fait des bâtons et des cannes, 2 Rois 18:21; Ézéchiel
29:6; Matthieu 27:29, parfois aussi une mesure de longueur, Ézéchiel 40:3;
Apocalypse 11:1; 21:15. C'est l'arundo donax, dont le tronc dur et ligneux,
atteint la hauteur de 3 mètres, et l'épaisseur de 3 décimètres. Il est aussi
très abondant sur les bords du Nil.
3. Le
roseau à écrire, arundo scriptoria, 3 Jean 13, que les Arabes nomment kalam
(calamus). Il croît dans les marais de la Mésopotamie, entre le Tigre et
l'Euphrate, près d'Hellah, dans le golfe Persique, etc. Lorsque le tuyau, qui
est rempli de moelle, a été d'abord amolli, puis séché, on le fend et on le
taille, à peu près comme nos plumes, et c'est après cette préparation que l'on
s'en sert. Il manque du reste une description exacte et complète de cette
plante, qui croissait autrefois dans l'Asie Mineure, en Égypte, et même en
Italie, Pline 16, 35. Toutes ces espèces sont connues en hébreu sous le nom
général de kanneh, cannes, Le terme agmon employé Ésaïe 9:13; 19:15, comme
faisant opposition au rameau (de palmier), désigne peut-être aussi bien le jonc
que le roseau; on en faisait des cordelettes, Job 40:21, comme on en fait
maintenant encore avec le jonc et le roseau. Le mot achou, d'origine
égyptienne, Genèse 41:2,18, est assez bien traduit dans nos versions par herbe
des marais, Job 8:11; il désigne en effet la laîche, ou le carex, et saint
Jérôme l'explique par tout ce qui est verdure dans les marais. Le gomé, Ésaïe
35:7; Job 8:11, traduit par joncs, est le papyrus si célèbre des anciens; il
n'appartient pas à la famille des roseaux, c'est le cyperus papyrus de Linnée:
on le trouvait autrefois dans tous les marais de l'Égypte et sur les bords du
Nil, mais il y est maintenant fort rare, et au dire de Minutoli ce n'est plus
qu'aux environs de Damiette qu'on le trouve; sa tige triangulaire, garnie de
longues feuilles qui se recouvrent par le bas, atteint une hauteur de 3 mètres
et plus, et se termine par un bouquet de feuilles rougeâtres au milieu
desquelles se trouve une touffe de filets qui forment l'effet d'une chevelure.
La racine a l'épaisseur du bras, et l'on s'en servait au lieu de bois; de la
tige on fabriquait de petites et légères embarcations, Exode 2:3; Ésaïe 18:2.
(papyraceæ naves, Pline 6, 24, etc.), qui, au dire d'Héliodore, étaient fort
rapides: la pellicule et les parties membraneuses de la plante, d'un vert-clair,
et ressemblant assez à la couche la plus fine de l'écorce d'arbre, servait à
divers usages; on en faisait des voiles, des matelas, des souliers, des cordes,
des cribles, des mèches, et surtout du papier. Le nom de cette plante est berd,
ou berdi, en arabe.
— Quant à la canne odoriférante, ou roseau aromatique,
dont il est parlé Exode 30:23; Jérémie 6:20; Ésaïe 43:24; Ézéchiel 27:19;
Cantique 4:14, c'est l'acorus calamus de Linnée, plante dont la racine surtout
se distingue par son odeur agréable et sa forte saveur, et qui croissait, selon
Pline, en Arabie, en Syrie et aux Indes; selon Théophraste, on trouvait aussi
la canne dans les vallées du mont Liban: elle n'était peut-être pas étrangère
non plus aux contrées méridionales de l'Europe, mais la meilleure était celle
des Indes et celle de l'Arabie. C'était un des ingrédients dont on composait
l'huile sacrée, et l'on en faisait des encensements.
— Les roseaux de mer dont il est parlé Jonas 2:6,
désignent une espèce d'algues marines (fucus natans de Linnée) que l'on trouve
en quantité près des rivages de la Méditerranée, de l'Hellespont, et de la mer
Rouge; cette dernière en a même tiré son nom de Yam Souph, ou mer des Algues.
La tige en est noueuse, rameuse et filamenteuse; les feuilles sont longues, pointues,
et dentées en forme de scies. On en trouve différentes espèces dans la mer
Rouge; le latifolius est le plus commun.
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ROSÉE.
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Elle est si abondante en Orient pendant les chaudes
nuits d'été, qu'elle fait l'effet d'une petite pluie, Daniel 4:15,23; Cantique
5:2. Elle tempère les violentes ardeurs du jour et rafraîchit les plantes qui,
sans elle, périraient de sécheresse; sans la rosée on ne peut attendre aucune
végétation, aucune récolte, tout est stérile, Genèse 27:28; Zacharie 8:12;
Aggée 1:10; Job 29:19, et elle est toujours nommée à côté de la pluie comme une
des plus grandes bénédictions que Dieu accorde à la terre, Deutéronome 33:28.
Elle a fourni aux poètes de belles et gracieuses images, soit qu'ils décrivent
le bonheur et la fertilité, soit qu'ils en fassent le symbole de la rapidité
avec laquelle disparaissent les jouissances de la vie, ou les bonnes
dispositions de ceux qui ne sont pas fondés en Christ, 2 Samuel 17:12; Psaumes
110:3; Proverbes 19:12; Osée 6:4; 13:3; 14:5; Michée 5:7; Ésaïe 18:4; 26:19,
etc.
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ROTIS.
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Cette manière d'apprêter les viandes, la plus ancienne
peut-être, et dans tous les cas la plus ordinaire encore dans l'Orient moderne,
n'est mentionnée qu'en passant dans l'Écriture, 1 Samuel 2:15; Ésaïe 44:16;
Exode 12:8.
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ROUTES.
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Les grandes routes de la Palestine devaient être,
d'après la nature du terrain, les unes montueuses et rocheuses, les autres
planes et sablonneuses; les premières étaient les plus difficiles, et dans les
temps de pluies, lorsque les eaux découlaient en abondance des montagnes,
improvisaient des ruisseaux et grossissaient des rivières, le passage de ces
routes était dangereux, parfois même impraticable; elles avaient d'un autre
côté l'avantage d'être solides, fermes, dures, ce qui est considérable dans un
pays où l'on n'est pas, comme dans l'ancien Orient, bien avancé dans l'art des
ponts et chaussées. Le passage Deutéronome 19:3, relatif à l'entretien des
routes conduisant aux villes de refuge, est tout à fait isolé dans l'Écriture;
et si Flavius Josèphe semble indiquer que les routes à l'entour de Jérusalem
avaient été pavées par Salomon, c'est le seul indice que nous en ayons. On voit
au reste, par l'analogie de Ésaïe 40:3, que lorsque les rois se mettaient en
voyage on préparait la route devant eux, en rendant praticable et sans danger
le chemin qu'ils devaient suivre. Les Romains furent les premiers qui
construisirent en Orient des routes régulières, et en organisèrent un réseau
dans les pays soumis à leurs armes; ils élevèrent aussi, mais seulement sous
les derniers empereurs, des pierres milliaires en Palestine.
Il est naturel que des moyens de communication plus ou
moins parfaits aient relié entre elles les différentes villes, entre eux les
différents villages de la Palestine; la liste de ces petites routes serait sans
valeur et resterait nécessairement incomplète. Nous n'avons à nous occuper ici
que des routes principales du pays, lesquelles servaient en même temps à mettre
Israël en communication avec les contrées voisines; elles sont restées jusqu'à
aujourd'hui à peu près les mêmes que ce qu'elles étaient autrefois.
— La configuration de la Palestine donne à ses routes
deux directions principales; les unes sont longitudinales et courent du nord au
sud, les autres sont transversales et vont de l'est à l'ouest. Parmi les
premières, on remarque:
1. la
route maritime, qui conduit de Sidon en Égypte, en suivant les côtes de la
Méditerranée; elle passe par Tyr; sa première station en Palestine est Acre ou
Acco; longeant de près le rivage, et souvent taillée dans le roc, elle passe au
pied du Carmel, traverse Césarée, Joppe, les villes principales des Philistins,
Askélon, Gaza, où de fertiles gradins commencent à faire place à un terrain
inculte et sablonneux; près d'El-Arish on trouve le vrai désert de Sur, puis
Pélusium et l'Égypte.
2. Sur
l'étroit plateau du haut pays occidental est une seconde route longitudinale
qui, de Jérusalem, conduit vers le sud à Hébron et relie les principales villes
de la Judée, et vers le nord s'avance jusqu'en Galilée, et sert de communication
entre les trois provinces, puisqu'elle traverse la Samarie en entier. Une forte
journée conduit de Jérusalem à Sichem; la route touche à Samarie, traverse la
plaine de Jizréhel, et aboutit à Nazareth.
3. La
vallée du Jourdain n'a jamais offert une route régulière et facile; les
Galiléens, qui voulaient éviter la Samarie en se rendant à Jérusalem,
traversaient le fleuve au midi près de Bethséan, et le repassaient de nouveau
au nord près de Jérico; cette roule défectueuse s'arrêtait là, et ne longeait
la mer Morte ni à droite, ni à gauche.
Parmi les routes transversales, on distinguait surtout
celle d'Acco à Nazareth, au nord, et celle de Joppe à Jérico par Jérusalem, au
sud. La première, partant d'Acco et se dirigeant vers le sud pour éviter les
montagnes, touchait presque, à la plaine de Jizréhel, remontait vers le
nord-est à Tibérias, longeait la mer à Génésareth jusqu'à Capernaüm, traversait
le Jourdain près du puits de Jacob (?), et se dirigeait de là au nord-est, en
franchissant les hauteurs peu escarpées de l'Anti-Liban jusqu'à Damas. C'était
là le chemin de la mer, qui vient d'au-delà du Jourdain, Ésaïe 8:23; Matthieu
4:15; les Romains y avaient établi un péage important, Matthieu 9:9, et,
jusqu'à l'époque des croisades, ce fut la route la plus fréquentée de toute la
Palestine, et la principale par laquelle les caravanes arrivaient de
l'intérieur de l'Asie jusqu'aux ports des Phéniciens.
— La route de Joppe (Jaffa) à Jérusalem est tortueuse,
et compte 15 lieues de longueur; après avoir traversé la plaine de Saron, on
arrive à Ramlé, la station principale, qui n'a été fondée qu'au huitième
siècle; puis, au milieu de collines variées, on entre dans les gorges des
montagnes de Juda, on longe la vallée des Térébinthes, on passe le mont Guihon,
d'où l'on aperçoit, dans le lointain, les montagnes qui forment la rive
orientale de la mer Morte, et l'on ne tarde pas à entrer dans Jérusalem.
— Le chemin de Jérico, mentionné Matthieu 20:29; 21:1;
Luc 10:29-37, est aujourd'hui fréquenté par les pèlerins qui viennent célébrer,
dans le Jourdain, la mémoire du baptême de Jésus-Christ. On descend dans la
vallée de Josaphat; on traverse la partie sud du mont des Oliviers, sur la
pente duquel est Béthanie; les montagnes deviennent escarpées et arides; les
rochers sont de plus déchirés et affreux; c'est là, dit-on, le désert de la
Quarantaine, où eurent lieu les scènes de la tentation du Sauveur. Le sentier
est suspendu sur d'effrayants précipices; çà et là on trouve quelques ruines
d'aqueducs et de réservoirs, ou les restes d'antiques terrasses, et une
multitude de cavernes jadis habitées par des ermites. En sept heures, on arrive
dans la plaine de Jérico. La route se partage alors; un bras poursuit à l'est,
et conduit, en deux heures, au Jourdain: c'est le chemin que prirent les
Israélites après le voyage du désert; l'autre suit le pied des rochers, et se
dirige vers le nord, pendant trois heures, jusqu'à l'endroit où la rivière
présente un gué sûr et facile; c'est le chemin que suivent les pèlerins qui
viennent de la Galilée.
On pourrait mentionner aussi la route d'Hébron à Gaza,
celle de Jérusalem à Gaza, Actes 8:26, celle d'Hébron à la mer Morte, celle de
Sichem à Jérico, celle de Cana à Tibériade, etc.
— Voir: Bræm, traduction Rougemont, 77-94.
La contrée la plus dépourvue de routes était la
Samarie, vrai pays de montagnes, que ne traversent ni des caravanes de
marchands, ni des caravanes de pèlerins, et qui fut toujours assez riche pour
se suffire à lui-même.
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RUBEN,
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fils aîné de Jacob et de Léa, Genèse 29:32; 35:23;
46:8, souilla la couche de son père, et perdit ainsi, avec son droit d'aînesse,
toute prééminence en Israël, 35:22; 49:3-4. Sa conduite à l'égard de Joseph fut
plus modérée que celle de ses frères, soit caractère ou affection naturelle,
soit qu'il voulût essayer de rentrer en grâce auprès de son père, soit enfin
que sa responsabilité, comme aîné, fût plus engagée que celle des autres; il
s'opposa au meurtre, et ne consentit à la descente dans le puits que parce
qu'il espérait faire évader Joseph, mais le marché se conclut pendant qu'il
s'était un moment éloigné: «L'enfant ne se trouve point, s'écria-t-il alors
devant la fosse vide, et moi, moi, où irai-je?» Genèse 37:30. Cette cruelle
expérience lui apprit peut-être pour la vie, qu'il ne sert de rien, quand on se
propose le bien, de proposer un compromis aux méchants, et que toute
demi-mesure, que tout accommodement, que toute concession est fatale: le
demi-mal est autant que le mal, et celui qui veut le bien doit le réclamer tout
entier. Ruben put cependant rappeler plus tard son infructueuse tentative, et
il fut le premier à presser Jacob de laisser Benjamin partir avec eux pour
l'Égypte.
Il suffit souvent d'un instant pour briser une
carrière, d'une tache pour ternir toute une vie; Ruben en est un exemple. La
tribu dont il fut le père, Exode 6:14; Nombres 1:5,20; 2:10; 7:30; 10:18, forte
de 46,500 hommes lors du dénombrement de Sinaï, Nombres 1:20; ne comptait plus
que 43,730 hommes à l'époque de l'entrée en Canaan, Nombres 26:7. Elle
n'ambitionna pas même l'honneur d'avoir son lot dans la terre promise, et se
choisit sur les confins des Moabites et des Arabes nomades, sans aucun contact
avec les tribus occidentales, une contrée de peu d'étendue, les plaines
septentrionales des districts de l'Arnon, ce fleuve la bornant au sud, et la
tribu de Gad au nord, Nombres 32:1; 34:14. Josué 1 et 18. Deutéronome 3:12,16.
Ces limites n'étaient cependant pas toujours bien rigoureusement fixées, et
l'on voit les villes d'Hesbon et de Dibon attribuées successivement à l'une et
à l'autre tribu, Josué 13:17,26; 21:39. Ruben fut toujours une tribu médiocre,
un peuple de bergers, qui ne produisit aucun homme célèbre, et qui ne paraît
pas, dans son isolement, avoir exercé jamais une grande influence; on le vit
même se refuser à prendre part à une guerre nationale, et sa prudente lâcheté
fut chantée par Débora, Juges 5:15-16. Ainsi s'est accomplie la prophétie de
Jacob, Genèse 49:3-4, et Moïse, dans ses bénédictions, ne dit de Ruben que ce
peu de mots: «Que Ruben vive, et qu'il ne meure point; que ses hommes soient un
nombre» (c'est-à-dire que l'on puisse compter, peu considérable), Deutéronome
33:6. Lors de la séparation des deux royaumes, Ruben, fidèle à la majorité,
passa au royaume d'Israël; il vit, sous Jéhu, son beau territoire ravagé par
les Syriens. 2 Rois 10:33, et, plus tard, lors de la destruction de Samarie et
de la déportation de ses principaux habitants, ses beaux pâturages devinrent la
proie des Moabites. On trouve maintenant encore quelques ruines assez
importantes des anciennes villes de cette tribu.
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RUBIS.
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C'est probablement par ce mot que l'on doit traduire,
ou le mot hébreu cadcod, Ésaïe 54:12; Ézéchiel 27:16, ou le terme ekdach, Ésaïe
54:12. L'un et l'autre, d'après leur étymologie, doivent signifier une pierre
précieuse du plus beau rouge, ou couleur de feu; mais l'on est réduit à des
conjectures sur leur véritable signification. Le premier de ces mots a été
rendu par agate, le second par rubis. Il faudrait au moins donner au premier
une épithète qui rappelât sa signification hébraïque, comme rouge, éclatante,
brillante; peut-être l'un des termes hébreux désigne-t-il le grenat.
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RUE.
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1. Villes.
2. Herbe
domestique assez connue, que l'on trouve même chez nous, et qui se distingue,
par son agréable odeur, Luc 11:42. Ses feuilles, presque triangulaires, sont
épaisses, lisses et glauques; ses fleurs sont jaunes et en panicules terminaux.
On en compte plusieurs espèces. Cette plante, exempte de la dîme, selon
quelques-uns, chez les Juifs, mais assujettie à cet impôt lorsqu'elle était
cultivée dans les jardins, ainsi que tous les autres herbages, est choisie à
cause de sa petitesse par notre Seigneur, qui reproche aux pharisiens leur soin
minutieux à s'acquitter de devoirs qui n'en valent, pour ainsi dire, pas la
peine, ou qui ne coûtent rien à remplir, lorsqu'ils négligent sciemment des
devoirs plus importants, mais plus pénibles.
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RUFUS,
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Marc 15:21; Romains 16:13, fils de Simon le Cyrénéen,
probablement le même individu dans les deux passages, mais on ne peut
l'affirmer, car ce nom était assez ordinaire. D'après Dorothée, qui distingue
les deux personnages, le dernier aurait été l'un des soixante-dix disciples, et
serait mort évêque de Thèbes. Si dans les deux passages il est question du même
homme, on peut croire que la charge imposée à Simon de porter la croix du
Seigneur, n'a pas été sans bénédiction pour lui et pour les siens; en suivant
l'agneau que l'on menait à la boucherie, il aura pu se convaincre de
l'accomplissement des prophéties messianiques; un pareil spectacle n'aura pu
sortir de sa mémoire, et cette muette prédication de la victime aura touché son
cœur; on voit en effet, par la salutation de saint Paul, que les deux fils et
l'épouse de Simon auraient été amenés à la foi, et étaient distingués parmi les
disciples de Rome. II y aurait lieu à de riches réflexions pratiques sur le
bonheur de l'homme qui porte la croix de Jésus, et sur les bénédictions qui
sont promises à sa famille et à sa postérité.
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RUISSEAUX.
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C'est le nom que l'Écriture donne, comme nous, aux
petites rivières qui coulent au fond des vallées, et qui proviennent de sources
intérieures, comme l'Arnon, le Cédron, le Jabbok, le Kison, le Sorek, etc.; les
vallées elles-mêmes portent souvent aussi le nom de ruisseaux, comme la vallée
des Arabes, Ésaïe 15:7 (ou ruisseau des Saules), On appelait aussi ruisseaux,
ces torrents formés pendant la saison des pluies et desséchés en été, Job 6:15;
c'est à cette classe qu'appartient, par exemple, le torrent d'Égypte à la
frontière méridionale de la Palestine. Nombres 34:5; Josué 15:4,47; 2 Rois
24:7; 2 Chroniques 7:8; Ésaïe 27:12, et qui, à une lieue et demie de la
Méditerranée, se retrouve maintenant encore sous le nom d'El-Arish près de
Rhinocolure.
(On voit dans Jean
3:23 que Jean le Baptiste baptisait à Énon, terme qui signifie «plusieurs
ruisseaux». Le baptême de Jean demandait de l'eau pure, et à ce temps
particulier les eaux du Jourdain étaient brouillées et le seul endroit où il
s'en trouvait était à Énon. En cela Jean obéissait au Seigneur notre Dieu qui
avait dit par la bouche du prophète Ézéchiel: «Je verserai sur vous des eaux
pures, et vous serez purifiés...». Ces paroles du prophète nous indiquent aussi
que la forme du baptême était par effusion (verser de l'eau), et non par
immersion comme l'enseignent plusieurs sectes d'hérétiques.)
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RUMA,
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2 Rois 23:36, ville inconnue, située dans le village
de Sichem; peut-être la même qu'Anima, q.v.
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RUTH.
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femme païenne, de Moab, qui nous rappelle déjà sous
l'ancienne économie, qu'en toute nation, celui qui craint Dieu et qui s'adonne
à la justice, lui est agréable, Actes 10:35. Veuve d'un Juif qui était venu,
pressé par la disette, l'épouser en terre païenne, elle accompagne sa
belle-mère lorsque celle-ci se décide à retourner dans son pays, et elle
s'établit avec elle à Bethléem. Sa modestie et sa piété filiale la font
remarquer des habitants, et Booz, l'un des proches parents de son mari,
l'épouse, conformément à la loi du lévirat, q.v.; leur fils compte parmi les
ancêtres de David et du Sauveur. On doit croire que Ruth était déjà prosélyte
avant d'épouser son premier mari. Son histoire, avec les diverses réflexions
qu'elle suggère, est rapportée en détail dans mon Histoire des Juges d'Israël,
73-82.
L'époque à laquelle s'est passé ce charmant épisode,
n'est pas clairement désignée; ce fut sous les juges, Ruth, 1:1, pendant une
famine dont la date n'est pas indiquée et dont il n'est pas parlé dans le livre
des Juges. Le passage 4:17, en faisant du fils de Ruth le grand père de David,
si aucune génération n'est omise, indiquerait les derniers siècles de la
période des juges comme la date probable de cette histoire, que Flavius Josèphe
place peut-être un peu trop tard, après Samson, sous Héli.
Le Livre de Ruth, écrit par un auteur inconnu, plus
tard que David, mais à une époque où l'intérêt pour sa famille, pour son
origine et pour son histoire, existait encore pleinement, probablement dans le
temps de la belle littérature classique des Hébreux, comble la lacune que
présentent les livres historiques relativement aux ancêtres de David le
fondateur de la dynastie juive. Il valait certainement la peine d'exhumer ces
vieilles origines avec leur antique fraîcheur, et si celui qui les a rédigées
n'était pas un prophète dans le sens ordinaire du mot, son œuvre n'en a pas
moins été jugée digne de prendre place dans le canon sacré parmi les
hagiographes; en l'insérant entre les Juges et le premier livre de Samuel, les
interprètes d'Alexandrie ont eu égard au contenu et à la date plutôt qu'à son
auteur. Mais à côté de sa valeur historique, le livre de Ruth a une
signification théocratique sans laquelle il ne serait, en définitive, qu'un
document quant au fond, une idylle quant à la forme. Le nœud de cette histoire,
la pensée du livre se trouve exprimée, 1:16, puis plus clairement encore,
2:11-12. Ruth a quitté son pays, sa famille et ses dieux pour le Dieu d'Israël,
et par cet acte de foi, elle a obtenu ce qu'elle attendait, et plus qu'elle
n'attendait; sa conversion a fait son bonheur; elle a vu que la piété a des
promesses pour la vie présente et pour celle qui est à venir; elle est devenue
la mère des rois de Juda.
— Ce petit livre a plus été lu et admiré que commenté;
les différentes questions que sa lecture peut soulever sont examinées dans
l'Introduction de Hævernick, notamment celles qui concernent le caractère
historique du fait raconté. Chateaubriand en a fait une imitation qu'il
reconnaît d'ailleurs, malgré son talent, être de beaucoup inférieure à la pure
simplicité de l'original.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-S
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SABBATS (shabbat et
shabbathon),
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le septième jour de la semaine hébraïque; il
commençait le vendredi soir et finissait le samedi soir, Lévitique 23:32. Les
Juifs étaient obligés de le consacrer à Dieu par le repos et la sanctification,
de même que leurs esclaves et tous les étrangers qui habitaient dans le pays;
le bétail même était compris dans la loi du repos, Exode 20:10; 31:13; 34:21;
35:2; Deutéronome 5:14; cf. Jérémie 17:24, etc. Deux agneaux d'un an, sans
tare, devaient être offerts dans le temple avec les offrandes non sanglantes
qui accompagnaient toujours cet holocauste, Nombres 28:9; cf. 2 Chroniques
31:3; Néhémie 10:33. C'était un jour de repos et un jour de joie, Ésaïe 58:13;
cf. Osée 2:11. Les pains de proposition étaient renouvelés, Lévitique 24:5; 1
Chroniques 9:32, et les tours de semaine commençaient pour les prêtres avec les
jours du sabbat, 2 Rois 11:5,7,9; 2 Chroniques 23:4; Les travaux relatifs au
culte, n'étaient naturellement pas comptés comme une profanation du saint jour,
Matthieu 12:5; La peine de mort, notamment la lapidation, était prononcée
contre ceux qui contrevenaient à cette loi divine, Exode 31:14; 35:2; Nombres
15:32; Les Juifs cependant se relâchèrent souvent à cet égard, et les prophètes
font entendre des plaintes amères sur l'oubli et le mépris dans lequel était
tombé le jour du repos, Ésaïe 56:2; 58:13; Ézéchiel 20,16; 22:8; Lamentations
2:6; Néhémie 13:15; ce n'est que depuis l'exil que le sabbat fut observé en
Israël avec un scrupuleux respect; on chercha même à compenser par de rigoureuses
minuties les négligences du temps passé, et l'on fit un sabbat judaïque du jour
qui devait être un sabbat divin. On voulut préciser les choses que le
législateur avait désignées sous le nom de travail alors que le législateur
n'avait pas cru devoir le faire, laissant à l'opinion publique et à la
conscience individuelle le soin de déterminer ce qui constitue un travail, et
de résoudre les cas douteux. Une seule chose était positivement défendue dans
la loi, c'était de faire du feu dans les maisons pour cuire les aliments, Exode
16:23; 35:3, de sorte qu'il fallait cuire et préparer d'avance la nourriture du
sabbat. La sagesse humaine voulut aller plus loin que ce qui était écrit, et
l'on vit surgir une véritable casuistique à propos du quatrième commandement.
La défense de vendre et d'acheter, même des aliments, allait sans dire, Néhémie
10:31; 13:15-16, et si Néhémie, 13:19, fit fermer les portes de Jérusalem pour
empêcher le commerce avec les Tyriens, ce ne fut ni un nouveau commandement, ni
un raffinement de l'ancien, mais une simple mesure de police tendant à
l'exécution de la loi. Que l'on s'interdît de voyager le jour du sabbat (—
Voir: Chemin), c'était encore conforme à l'esprit de la loi, Exode 16:29; cf.
Actes 1:12; Matthieu 24:20. Mais l'on a de la peine à distinguer entre le
fanatisme et la foi dans le courage avec lequel des armées juives se laissèrent
massacrer le jour du sabbat sans se croire permis de recourir à la défense, 1
Maccabées 2:32; sq. cf. 2 Maccabées 5:25; 6:11, etc. Comprenant le facile
avantage que l'ennemi devait trouver dans cette attitude passive, les chefs ne
voulurent observer le sabbat qu'en ne prenant pas l'offensive, mais ils se
réservaient le droit de se défendre au besoin, 1 Maccabées 2:40; sq. 9:34,43,
etc.; cependant, vers la fin ils se montrèrent, même à cet égard, moins
scrupuleux (Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 2, 19, 2). Et qui peut dire que
cela leur ait porté bonheur?
Le Nouveau Testament nous montre par plusieurs
exemples, jusqu'à quel point les pharisiens avaient poussé la fatuité et le
microscopisme. Cueillir des épis en se promenant, guérir un malade, même par
une simple parole, et pour le malade, charger son petit lit après sa guérison
et s'en aller, étaient pour les pharisiens et leurs adhérents autant de profanations
du saint jour, tandis que l'on ne se faisait aucun scrupule, en cas de besoin
pressant, de vaquer à des occupations domestiques parfaitement contraires à la
lettre et à l'esprit de la loi, Matthieu 12:11; Luc 14:5. Un traité spécial de
la Mishna sur le sabbat, compte trente-neuf occupations défendues, plus leurs
subdivisons; d'autres écrits vont plus loin encore dans leurs subtilités; les
secours médicaux ne doivent être administrés que là où il y aurait péril pour
la vie à renvoyer au jour suivant; pour une jambe cassée il faut remettre au
lendemain, on peut attendre, etc.
Le sabbat devait être consacré à la méditation de la
loi, et c'est en ce jour que le culte se célébrait presque généralement dans
les synagogues, par la prière, la lecture, et l'explication des saints livres,
2 Rois 4:23; Marc 1:21; 6:2; Luc 4:31; 6:6; 13:10; Actes 13:27,44; 16:13; 17:2;
18:4. On célébrait de joyeux festins, Luc 14:1; on revêtait ses plus beaux
habits; on ne jeûnait jamais, Judith 8:6.
À l'exception d'Antiochus Épiphanes, toutes les
puissances étrangères qui dominèrent sur Israël laissèrent aux Juifs la liberté
de fêter le jour du sabbat à leur manière, 1 Maccabées 1:45,48; 10:34; 2
Maccabées 6:6, et dans leurs institutions judiciaires elles surent tenir compte
des us et coutumes des Hébreux, mais sans les respecter ni les observer pour
leur propre usage: les Romains en particulier se moquaient des Juifs comme de
paresseux, Juvén. 14, 105, et ailleurs.
Il paraît, d'après Genèse 2:2-3, que le sabbat fut
observé sous toutes les dispensations, et même avant la promulgation de la loi:
nous ne pouvons examiner ici cette question qui ressort des commentaires et des
ouvrages spéciaux auxquels nous renvoyons (sept Sermons de Wilson, Haldane,
Comment, de Schrœder, Victor Mellet, le Narrateur, etc.); mais il ressort
évidemment de l'histoire de la création elle-même, que la célébration du
septième jour était dans l'ordre naturel des choses, de telle sorte que le
sabbat n'eût-il été imposé aux Juifs que sur le Sinaï, il n'en existait pas
moins pour les hommes depuis qu'Adam l'avait vu solenniser par le repos de
l'Éternel. Ce jour appartient en quelque sorte à la loi naturelle, et si les
lois ne furent articulées et déclarées telles que par Moïse, elles n'en
subsistaient pas moins avant lui, écrites dans les cœurs, et elles subsistent
encore après l'écroulement de l'échafaudage judaïque, non plus sur des tables
de pierre, mais sur les tables du cœur des chrétiens, 2 Corinthiens 3:3. Il est
arrivé de ce commandement comme des autres, que lorsque les prophètes le
rappellent, ils ne peuvent le rattacher qu'au jour de sa promulgation, Ézéchiel
20:12; Néhémie 9:14; cf. Deutéronome 5:14, quoiqu'il existât auparavant déjà,
cf. Exode 16:23; c'est à un texte positif, à la lettre bien connue, qu'ils en
appellent, et cette lettre ne date que de Moïse.
— Il est évident que cette fête religieuse si
caractéristique ne pouvait être empruntée ni à des religions étrangères, ni par
des religions étrangères, et qu'entre les Juifs et leurs voisins païens à qui
ils étaient en horreur, il ne pouvait se trouver aucun lien commun à cet égard,
aucune communication religieuse. Or le cycle hebdomadaire, parfaitement connu
des Égyptiens et commençant au jour de Chronus (le temps), le septième jour
consacré à Saturne par les Romains (samedi), et les saturnales qui, rappelant
l'âge d'or, rendaient pour un jour la liberté aux esclaves, démontrent que la
tradition d'un septième jour était connue des païens dès l'antiquité la plus
reculée. Prétendre que les Juifs auraient emprunté cette coutume aux Égyptiens,
serait un simple non sens théologique et historique, qui n'aurait pas même
l'avantage de résoudre la question, car il faudrait toujours se demander
comment les habitants de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe, se seraient
trouvés d'accord à mettre à part un des jours de la semaine, et partout le
même: l'universalité, ou la presque généralité de cette observance, ne peut
s'expliquer que par l'unité et l'antiquité de son origine. Il serait difficile
de comprendre d'ailleurs que Dieu, en imposant à l'homme le travail rude et la
fatigue, n'eût pas dès le commencement annoncé qu'il levait cette malédiction à
des intervalles déterminés; l'homme n'eût pu la supportera la longue, et neuf
cents années d'un travail non interrompu ne se peuvent concevoir; d'un autre
côté, le travail interrompu sans autorisation divine fût devenu un péché
nécessaire, et nulle part, même dans les plus sévères de ses lois, Dieu n'a
demandé à l'homme des choses impossibles à ses forces physiques. De même que le
repos, la sanctification et la mise à part d'un jour sur sept appartient aux
lois éternelles, et la phase juive qui a été la manifestation la plus éclatante
de la volonté divine se traduisant en paroles humaines, n'a été qu'une des phases
de l'histoire du septième jour. Les chrétiens, en substituant le dimanche au
samedi, l'ont fait à l'imitation des apôtres, qui n'ont pu être amenés à ce
changement que sous l'influence de l'inspiration du Saint-Esprit: cette
substitution qui consacrait pour eux le souvenir de la résurrection du Sauveur,
avait aussi l'avantage de les séparer d'une manière plus complète,
dogmatiquement, historiquement, et politiquement, des Juifs avec lesquels les
ennemis du peuple de Dieu pouvaient être tentés de les confondre.
La controverse qui a été quelquefois soulevée entre
les chrétiens sur le maintien ou la suppression du quatrième commandement dans
la loi nouvelle, ne peut que contribuer à faire toujours plus apprécier le
bienfait de cette vieille institution, et si le dimanche nous était retiré,
tous seraient bien vite d'accord à le redemander à Dieu pour la chrétienté et
la pauvre humanité.
Le sabbat avait un sens et un usage typique; il était
un signe, une alliance entre Dieu et son peuple, une grâce, un privilège
particulier octroyé aux enfants d'Israël, Exode 31:16-17; un mémorial du repos
de Dieu, et de la délivrance qui suivit la captivité d'Égypte, Deutéronome
5:15; un type du repos que Dieu donnerait aux Israélites dans la terre de
Canaan, qui est appelée pour cela un lieu de repos, Deutéronome 12:9. Il
figurait le repos que l'Évangile procure à tous ceux qui le reçoivent dans
leurs cœurs, Matthieu 11:29; Romains 5:1; enfin et surtout il figurait ce repos
entier et parfait, ce repos éternel des saints qui est réservé au peuple de
Dieu, Hébreux 4:9.
Ce jour n'était pas le seul temps de repos qui fût
accordé aux Juifs, et outre leurs fêtes solennelles, d'autres sabbats se
présentaient pour eux à la fin de chaque mois, à la fin de chaque septaine
d'années, puis, derechef, après sept fois sept années;
— Voir: Année, Chemin, Jubilé, Lune, etc.
Le sabbat second-premier, Luc 6:1, était, d'après
l'opinion de Scaliger généralement adoptée maintenant, le sabbat qui suivait le
second jour de la fête de pâque, autrement dit jour des prémices.
— Voir: Pâque;
Olshausen pencherait vers une autre supposition;
admettant que tous les jours de fête portassent le nom général de sabbat, il
pouvait arriver facilement qu'un de ces jours fût immédiatement précédé ou
suivi d'un sabbat ordinaire, aux nouvelles lunes, etc.; le premier de ces deux
jours solennels consécutifs serait d'après cet auteur le sabbat second-premier,
ou plutôt le premier des deux: Olshausen ne donne d'ailleurs cette hypothèse
que comme une hypothèse, et il admet ce qu'a d'ingénieux celle de Scaliger.
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SABTHA,
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Genèse 10:7; 1 Chroniques 1:9, peuplade camite de la
famille de Cus. Les uns (Winer) comparent Sabatha, ville située au sud-ouest
dans l'Arabie Heureuse, non loin de la mer Rouge, peut-être la même que Sabota
dont parle Pline: résidence d'un roi de la tribu des Sabéens, cette ville
faisait un grand commerce d'encens; elle était riche, très grande, et comptait
soixante temples. D'autres (Gesenius), en suivant le Pseudo-Jonathan, pensent à
Sabat ville d'Éthiopie, située sous le 18e degré de latitude. D'autres enfin
(Braunschweig, et d'après lui Preiswerk dans le Morgenland), font descendre de
Sabtha plusieurs nations de l'Asie postérieure, les habitants primitifs du
Thibet, les Chinois, les Malais, et quelques insulaires de l'archipel de
l'Océan Pacifique.
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SABTHECA,
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Genèse 10:7; 1 Chroniques 1:9, descendant de Cam par
Cus, comme Sabtha, divise comme lui les interprètes, et paraît avoir suivi de
près son sort. Les uns comparent la ville de Satacos, située selon Ptolémée
dans le golfe Persique; les autres suivent le Targum de Jonathan, qui rend ce nom
par Zangueï, peuple d'Afrique qui habitait les côtes de Zanguebar; d'autres
enfin, Braunschweig et Preiswerk, pensent aux îles orientales de l'Asie,
Ceylan, Guzurate, Décan, etc. Ce ne sont que des présomptions.
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SAC.
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Ce mot désigne le plus souvent un grossier vêtement de
deuil, presque sans couture et sans ouverture, d'une étoffe très commune, qui
couvrait presque entiers ceux qui le revêtaient, Genèse 37:34; 2 Samuel 3:31; 1
Rois 20:31; 21:27; 2 Rois 19:1; Joël 1:8; Jonas 3:6; Ézéchiel 7:18; Matthieu
11:21; Luc 10:13; Apocalypse 6:12; etc. On se l'attachait avec une corde en
guise de ceinture, Ésaïe 3:24. La couleur en était foncée, quoique ce soit en
chercher la preuve un peu trop loin que de la trouver Ésaïe 50:3. Les
prophètes, en se revêtant de sacs, rappelaient aux yeux de tous le sérieux de
leur vocation, Ésaïe 20:2; cf. Matthieu 3:4, mais ce qui était utile au peuple
charnel de Dieu ne l'est pas à son peuple spirituel, et le Seigneur ni ses
apôtres n'ont recouru à de semblables distinctions. Les capucins ne
ressusciteront pas Jean-Baptiste.
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SACRIFICATEURS,
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— Voir: Prêtres.
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SACRIFICES.
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Les offrandes diverses, les sacrifices sanglants ou
non sanglants, dont il est parlé dans la législation mosaïque, et qui faisaient
à quelques égards le fonds et l'esprit de cette économie, étaient si
multipliés, qu'il s'introduit nécessairement une sorte de confusion dans l'idée
que l'on peut s'en former, lorsqu'on ne vit pas au milieu de la pratique de ces
sacrifices, et que l'on a le bonheur d'appartenir à une alliance qu'un seul
sacrifice a faite et consommée. En lisant le Pentateuque, on est frappé des
nombreux détails qui déterminent la forme et la nature des offrandes que, tour
à tour, le peuple collectivement, elles individus pris à part, devaient
présenter à l'Éternel; et le petit nombre de mots que nous avons dans notre
langue pour exprimer l'idée ou la nature de ces sacrifices, contraste
singulièrement avec la richesse de la langue hébraïque à cet égard, et
contribue à entretenir une confusion qui n'existait pas pour les Hébreux, où
chaque sacrifice spécial avait son nom qui le distinguait aisément de tous les
autres; chaque sacrifice était ainsi une chose à part, un acte distinct, qui ne
se rangeait pas, comme chez nous, dans la même catégorie, et sous le même nom,
que tels autres sacrifices que nous ne pouvons distinguer que par de plus ou
moins longues adjonctions et circonlocutions.
Essayons d'établir un peu d'ordre dans tout ce qu'il y
a à dire sur ce sujet, et que la lecture de cet article laisse au moins dans
l'esprit une idée claire, nette, et complète du système mosaïque.
Le mot corban (cf. Marc 7:11) était le plus vague et
le plus général; il pouvait s'appliquer chez les Hébreux à tous les sacrifices,
sans en désigner aucun en particulier.
Les sacrifices ont fait de tout temps, même chez les
nations les plus reculées, une des parties les plus importantes du culte rendu
à la Divinité; ils remontent aux premiers jours du monde; Abel, Caïn, Noé,
Melchisédec, Abraham, Jacob, nous apparaissent déjà comme sacrificateurs,
Genèse 4:3; 8:20; 14:18; 15:9; 31:54; 46:1. On ne saurait affirmer qu'ils se
fissent une idée bien claire du but du sacrifice; ils lui attribuaient
peut-être une valeur, tantôt subjective, tantôt objective; ils pouvaient y
voir, tantôt un moyen de plaire à la Divinité, tantôt une simple manifestation
de leur désir de se rendre la Divinité favorable; quelquefois, assimilant Dieu
à l'homme, ils pensaient faire bien en lui apportant de la nourriture pour ses
besoins; d'autres fois, à mesure que l'intelligence de Dieu se développait en
eux, et qu'ils avaient davantage aussi l'idée de leur indignité, les sacrifices
qu'ils offraient n'étaient plus que des emblèmes par lesquels ils manifestaient
leurs besoins, leurs actions de grâces, leurs désirs ou leur repentir. Les dons
appartenaient presque toujours à l'ordre alimentaire; chacun offrait ce qui lui
paraissait à lui-même particulièrement bon, rare, ou précieux en fait de
nourriture, 1 Samuel 15:15; Psaumes 66:15; l'offrande, apprêtée ou non, était
bonne à manger, et l'usage du sel, q.v., devait, ne fût-ce que par cette
considération, être général et ordinaire. Dans l'origine, et lorsqu'on ne
comprenait pas le vrai sens du sacrifice, on offrait des fruits de la terre, et
des produits animaux non sanglants, du lait, du miel, etc. Les animaux ne
furent offerts d'abord que par ceux dont la foi devançait les siècles, et
traversait le nuage épais des 4000 ans qui cachaient à la vue la victime sans
défaut et sans tache: le doux Abel sacrifia un agneau. Les païens n'en vinrent
à l'idée des offrandes sanglantes que lorsqu'ils eurent eux-mêmes commencé à se
nourrir de la chair des animaux, et Noé, sacrifiant au sortir de l'arche, donna
à ses fils et à ses petits-fils un exemple, une impulsion qui devait être
suivie d'autant plus facilement que la chair allait devenir partie intégrante
de la vie et de la nourriture des hommes: c'est peut-être à cette introduction
des sacrifices sanglants que remonte aussi l'usage d'allumer le bois du bûcher,
et d'embraser l'autel. Que Dieu ait le premier donné aux hommes l'ordre ou même
la seule idée de lui offrir des sacrifices, c'est ce qu'il n'est pas facile de
prouver; mais que ces sacrifices aient eu dans l'esprit de ceux qui les
offraient une signification dogmatique, confuse si l'on veut, mais réelle et
positive, c'est ce qu'il est impossible de nier. Le sacrifice était évidemment
un rapport que l'homme voulait établir (ou maintenir) avec Dieu; c'était en
outre un acte d'humiliation; il renfermait l'idée que l'homme n'est pas aussi près
de Dieu qu'il le devrait, que cette séparation doit cesser, que cet intervalle
doit être comblé, qu'il peut l'être, mais qu'une offrande est nécessaire: un
sentiment religieux quelconque présidait par conséquent à tout sacrifice, et la
foi fit voir à Abel ce que les autres ne faisaient que pressentir et entrevoir
confusément, Hébreux 11:4.
Ce que les Israélites avaient reçu par tradition, leur
législation le fixa et le compléta, en déterminant la nature et le mode des
sacrifices, le rituel, et tout ce qui s'y rapportait:
1. L'objet
de l'offrande, animal ou végétal, déposé sur l'autel de Jéhovah, devait
appartenir au nombre des aliments purs dont les Hébreux étaient appelés ou
autorisés à faire eux-mêmes usage. On distinguait les menachoth et les zebachim,
ces dernières étant des victimes sanglantes, par opposition aux premières, 1
Samuel 2:29; 3:14; Psaumes 40:6; Hébreux 8:3. Une substance minérale soluble,
le sel, servait d'assaisonnement aux offrandes de ces deux classes. Les
offrandes végétales étaient ou sèches, ou liquides: sèches (mincha), comme la
fine farine, des grains rôtis, du pain, des gâteaux, de l'encens; liquides
(nèsek), comme l'huile et le vin. Les offrandes animales consistaient en
animaux purs, cf. Genèse 8:20, taureaux, chevreaux, brebis, tourterelles, etc.;
aucun poisson ne pouvait être offert. Ces animaux devaient être nets de toute
tache et sans défaut physique; leur âge même est l'objet de l'attention de
Moïse; à l'exception des tourterelles, ils ne devaient pas avoir moins de huit
jours, Lévitique 22:27, la chair trop jeune étant déjà par elle-même une chose
malsaine et souvent dégoûtante. Le sexe des victimes était indifférent dans les
offrandes pour le péché, et dans les sacrifices d'actions de grâces, Lévitique
3:1, etc. 5:6; mais, comme holocauste, on ne pouvait offrir que des victimes du
sexe le plus parfait. Le choix des victimes était, dans la plupart des cas,
laissé à la volonté de celui qui faisait le sacrifice, Lévitique 1:3, mais il
est déterminé dans les sacrifices pour le péché, etc., Lévitique 4:3; des boucs
sont souvent ordonnés pour ce dernier cas.
— Les Israélites professaient la plus grande horreur
pour les sacrifices humains, Psaumes 106:37; Ésaïe 66:3; Ézéchiel 20:26,31, non
seulement parce qu'ils étaient d'origine païenne, Lévitique 18:21; 20:2;
Deutéronome 12:31, mais parce qu'ils sont contraires à tous les sentiments de
la nature et de l'humanité. L'exemple d'Abraham sacrifiant Isaac ne peut rien
prouver contre ce fait, non plus que le sacrifice de Jephthé: le premier
obéissait à un ordre spécial et positif de Dieu, qui n'en permit pas même
l'exécution; le second obéissait à un vœu irréfléchi qu'il ne se croyait plus
le maître de ne pas accomplir.
2. Le
lieu où les sacrifices seraient offerts fut déterminé; il ne pouvait y en avoir
qu'un: ce fut le tabernacle dans le désert, puis le temple à Jérusalem. Ce lieu
devait être unique pour rappeler l'unité de Dieu, puis pour maintenir l'unité
du peuple, et faciliter la fusion des tribus rivales en les réunissant autour
d'un seul et même sanctuaire. Tout sacrifice offert ailleurs qu'au lieu désigné
était considéré comme un acte d'idolâtrie et puni de mort, Lévitique 17:4;
Deutéronome 12:5; 1 Rois 12:27. La loi ne fut cependant pas toujours
rigoureusement observée, au moins pendant la période des juges, et jusque sous
David, 1 Rois 3:2-3; on sacrifiait ailleurs, particulièrement sur des collines,
des hauts lieux; Samuel même l'a fait, et David l'a souffert, Juges 2:5; 6:26;
13:19; 1 Samuel 7:17. Les sacrifices sur les hauts lieux continuèrent même
après Salomon, et sous les rois les plus pieux, qui ne purent souvent que
pallier le mal sans réussir à le détruire. Il va sans dire qu'en Israël cet
article de la loi cérémonielle fut traité comme les autres; les rois se séparèrent,
et séparèrent leur peuple du sanctuaire de Jéhovah, et ceux qui voulurent
rester fidèles à la religion de leurs pères durent quitter le royaume pour
adorer à Jérusalem.
— On s'explique difficilement comment la loi étant là,
positive, des infractions aussi flagrantes ont pu avoir lieu, et être, pour
ainsi dire, autorisées par l'exemple même de quelques hommes de Dieu:
l'éloignement géographique des tribus, leurs querelles intestines, les luttes à
l'extérieur, les difficultés de communication, l'absence de fixité dans la
résidence de l'arche, peuvent avoir contribué à amener la transgression de la
loi; mais toutes ces causes réunies ne suffisent pas pour l'excuser, bien moins
encore pour expliquer la conduite illégale du légal Samuel. Il faut croire qu'en
général les prescriptions cérémonielles de la loi n'étaient considérées que
comme des détails dont on se croyait obligé de tenir compte autant que
possible, sans cependant les regarder comme indispensables; peut-être que les
Juifs pieux étaient plus spiritualistes qu'on ne se plaît généralement à le
croire; les impies et les indifférents auront mis, dans un même vaisseau, le
fond et la forme, comme ils le font encore de nos jours, et, négligeant l'amour
de Dieu et du prochain, ils auront su trouver de bonnes raisons pour se
dispenser des cérémonies extérieures de leur loi. Samuel et les hommes fidèles
de ces temps, pénétrés de douleur à la vue de l'incrédulité qui avait envahi le
pays, guidés par l'Esprit de Dieu, forts de l'inspiration qui était en eux, et
sachant bien que ce n'était pas l'unité de Dieu, mais Dieu lui-même qu'on
oubliait, auront songé à relever ses autels, à ramener la religion, à
reconstituer l'unité au moyen de ses fractions, et, sans analyser peut-être les
motifs de leur conduite, ils auront sacrifié au vrai Dieu là où ils se
trouvaient, sachant qu'il y était avec eux. Il est peu probable que les
prescriptions cérémonielles de la loi mosaïque aient toutes été observées, ou
même connues de tous les Israélites; elles tendaient à rendre le péché
excessivement péchant; mais les hommes pieux savaient que Dieu regarde au cœur,
les autres ne s'inquiétaient pas de la loi.
3. Quant
au but du sacrifice, à l'intention dans laquelle il était offert, ce pouvait
être le désir, la reconnaissance ou la repentance; un sacrifice pouvait être
une prière, une action de grâces, ou une expiation; il portait alors des noms
différents, ainsi qu'on le verra plus loin. Les holocaustes avaient un
caractère plus général. Ensuite des divers sentiments qui se manifestaient de
cette manière, les sacrifices étaient nombreux, à peu près comme les messes
papistes; les uns étaient publics, les autres particuliers; les uns généraux,
les autres spéciaux; les uns obligatoires, les autres volontaires; ces derniers
étaient souvent des sacrifices de famille, et se répétaient, soit annuellement,
soit à des époques plus rapprochées et déterminées, 1 Samuel 1:3,21; 20:6. Les
païens étaient admis, comme les Juifs, à présenter des sacrifices, Nombres
15:14; 2 Maccabées 3:35; 13:23, et l'on voit même des Juifs offrir des
sacrifices pour des princes païens, 1 Maccabées 7:33.
4. Celui
qui offrait un sacrifice sanglant pouvait, après s'être purifié et sanctifié,
conduire lui-même l'animal à l'autel; il lui posait solennellement la main sur
la tête, comme pour s'identifier avec lui, ou pour le consacrer à Jéhovah, puis
il regorgeait, mais il ne touchait pas le sang. Plus tard, cependant, on voit
que les prêtres et les lévites eux-mêmes furent assez ordinairement chargés
d'égorger la victime, 2 Chroniques 29:24. Le sang de l'animal était reçu par
les prêtres, et, suivant la nature du sacrifice, répandu ou employé en
aspersions. Celui qui offrait la bête du sacrifice l'écorchait ensuite, lui
était la peau (cependant — Voir: 2 Chroniques 29:34), et dépeçait l'animal en
morceaux qui, suivant la nature des cas, étaient tous, ou en partie, brûlés sur
l'autel; le reste des viandes, lorsqu'il en restait, appartenait, soit aux
prêtres, soit à celui qui avait présenté le sacrifice; d'autres fois encore ce reste
devait être consumé hors de la ville sainte. Les morceaux brûlés sur l'autel
devaient toujours être de ceux qui étaient réputés les meilleurs et les plus
succulents, cf. Ésaïe 1:11.
— Voir: sur cet article, Lévitique 1, 3, 4, 8, et 17;
1 Samuel 16:5, et les articles spéciaux Festins, Holocaustes, etc.
Quant à l'offrande des pigeons,
— Voir: Lévitique 1:14; 5:8,
— Voir: aussi Lever sur la cérémonie du lever et du
tournoiement, qui accompagnait quelques sacrifices.
5. Les
sacrifices étaient nombreux, continuels, ils devaient nécessairement entraîner
avec eux de grandes dépenses annuelles, mais les matières du sacrifice, fruits
ou animaux, étaient en quelque sorte sous la main de chaque père de famille, et
faciles à se procurer; les jardins, les pâturages et les bois de la Palestine,
suffisaient amplement à cette partie des besoins du culte hébreu. Lorsque les
richesses naturelles du pays eurent commencé à diminuer, par suite du manque de
culture, de la guerre, ou de l'accroissement de la population, des princes
étrangers qui voulaient se rendre les Juifs favorables, ou leur donner des
preuves de leur amitié, leur fournirent, en nature ou en argent, une, partie de
ce qui leur était nécessaire pour la célébration du culte public, Esdras 6:9; 1
Maccabées 10:39; 2 Maccabées 3:3; 9:16; etc.;
— Voir: aussi les articles Temple, et Impôts.
6. Comme
acte d'humiliation ou de reconnaissance envers l'Éternel (Psaumes 66:15;
116:17; cf. Matthieu 8:4; Actes 21:26), les sacrifices particuliers furent
toujours nombreux en Israël, et celui qui s'abstenait d'en offrir passait pour
un homme impie et irréligieux, Ecclésiaste 9:2; cf. Ésaïe 43:23. On jurait en
conséquence par les autels et les sacrifices, Matthieu 23:18, et, dans les
descriptions qui sont faites de la restauration du monde, le culte des
sacrifices est relevé comme devant faire une des gloires de cette époque, de
même que l'absence des sacrifices constitue l'une des calamités qui résulteront
de l'exil, Osée 3:4; cf. Ésaïe 19:21; 60:7; 61:6; Zacharie 14:21; Jérémie
17:26; 33:18. Il faut ajouter que bien des fois cependant les Israélites,
oubliant la signification des sacrifices, n'en firent qu'un opus operatum, et
crurent se rendre agréables à Dieu, peut-être même laver leurs péchés, par le
seul fait qu'ils offraient sur l'autel quelques pièces de bétail, ou quelque
produits de leurs champs. Les prophètes ne cessent de protester contre cette
fausse, et orgueilleuse pensée, et de rappeler que c'est l'intention, que c'est
le cœur, un cœur pur, humilié, froissé, qui seul peut donner au sacrifice une
valeur réelle aux yeux de Dieu, Ésaïe 1:11; Jérémie 6:20; 7:21; Osée 6:6; Amos
5:22; Michée 6:6; Psaumes 40:6; 51:17; Proverbes 21:3; Matthieu 5:23; etc. Les
esséniens après l'exil, comprenant que la réalité du culte n'est pas dans sa
matérialité, mais voulant être sages au-delà de ce qui était écrit dans leur
loi, ne gardèrent du culte extérieur que les lustrations et les ablutions, et
supprimèrent entièrement les sacrifices. On peut voir sur ce sujet dans la
Mishna les traités Sebachim, Menachoth et Temura, qui renferment les
principales dispositions de la tradition juive sur les sacrifices.
Après ces observations générales, nous avons à
examiner en détail ce qui est dit des sacrifices propitiatoires. Deux mots sont
employés en hébreu pour indiquer en quelque sorte deux nuances du péché: l'un,
asham, désignait les sacrifices pour le délit; l'autre, hhatath, se disait des
sacrifices pour le péché. Il n'est pas facile de les distinguer clairement l'un
de l'autre quant à leur nature et à leur importance; le dernier avait une
signification plus profonde et plus générale, le premier n'était peut-être que
l'expiation de péchés considérés comme peu graves, accidentels, ou cérémoniels.
Nos versions n'établissant aucune différence dans la traduction des deux mots
hébreux, nous indiquerons quelques-uns des principaux passages où l'un et
l'autre sont employés; ce sera la meilleure manière d'en préciser la valeur.
On offrait le asham pour le délit:
1. Quand
on avait détourné ou retenu par mégarde des choses sanctifiées à l'Éternel,
Lévitique 5:15.
2. Quand
on avait par ignorance fait quelque chose de con traire à la volonté de Dieu,
Lévitique 5:17; cf. Esdras 10:19; 1 Samuel 6:3.
3. Quand
on avait nié un dépôt, ou gardé un objet perdu par un autre, ou dérobé quelque
chose, ou prêté un faux serment, Lévitique 6:2.3.
4. Dans
le cas de séduction exercée sur une esclave fiancée à un homme, et non encore
rachetée, Lévitique 19:20.
5. Un
lépreux après sa guérison, un nazarien qui s'était souillé par la vue ou le
contact d'un cadavre, devaient également offrir un sacrifice pour le délit,
Lévitique 14:12; Nombres 6:12.
— La peine, car le sacrifice en était une, variait
suivant les cas; dans les quatre premiers il fallait offrir un bélier, dans le
dernier un agneau,; en cas de vol il fallait restituer l'objet détourné et y
ajouter un cinquième de la valeur, qui revenait de droit soit au prêtre (#1.),
soit au propriétaire (#3.). L'animal était égorgé du côté septentrional de
l'autel, son sang était répandu tout à l'entour, les graisses étaient brûlées,
le reste des viandes appartenaient aux prêtres, Lévitique 7:1-6. Des cérémonies
spéciales, notamment quant à l'emploi symbolique du sang, étaient prescrites
pour la purification du lépreux, Lévitique 14:14.
Quant aux sacrifices pour le péché (hhatath) il y en
avait d'ordinaires, et d'extraordinaires ou spéciaux. On offrait les premiers:
a. pour
tout le peuple, aux jours de nouvelle lune, à Pâque, à Pentecôte, aux fêtes des
trompettes et des tabernacles, au grand jour des expiations, Nombres 28, et 29,
Lévitique 16;
b. pour
les prêtres et les lévites lors de leur consécration, Nombres 8:8; Exode 29;
c. pour
le souverain sacrificateur au grand jour des expiations.
— Les sacrifices extraordinaires et non réguliers
étaient offerts en diverses occasions:
a. pour
les relevailles d'une femme nouvellement accouchée, Lévitique 12:6,8.;
b. pour
la purification d'un lépreux ou d'une maison attaquée de la lèpre, q.v.,
Lévitique 14;
c. pour
la purification d'un homme guéri de la gonorrhée, Lévitique 15:15.;
d. pour
la purification d'une femme longtemps souffrante d'une perte de sang, Lévitique
15:29.;
e. lorsqu'un
nazarien avait été souillé par la présence d'un corps mort subitement près de
lui, ou lorsque le temps de son vœu était expiré, Nombres 6:10,14.;
f. quand
l'assemblée, ou un prêtre, ou un simple Israélite avait par mégarde transgressé
un des commandements de Dieu, Lévitique 4, Nombres 15:24; cf. 2 Chroniques
29:21.;
g. quand
un homme appelé à témoigner par serment, d'une chose qu'il avait vue ou
entendue, refusait de le faire, lorsqu'il avait touché un homme ou une chose
impure, lorsqu'il avait juré à la légère de faire une chose, bonne ou mauvaise,
et qu'il oubliait son serment, Lévitique 5:1-5.;
h. —
Voir: enfin à l'article Vache rousse,
une dernière espèce de sacrifices pour le péché
(hhatath).
— Pour tous ces cas l'objet du sacrifice était, selon
le degré et la nature du mal commis, un jeune taureau, un bouc, une brebis ou
une chèvre, un pigeon, ou un tourtereau, et dans un cas spécial des oiseaux
quelconques, dont l'espèce n'était pas déterminée, mais qui devaient être purs.
C'étaient des taureaux lorsque le sacrifice était offert pour l'assemblée ou
pour un prêtre, un bouc lorsque le pécheur était nazarien, un bélier pour la
consécration des prêtres, deux oiseaux pour la purification d'une maison
lépreuse, etc. Tous ces détails sont marqués aux passages cités.
Les parties grasses des animaux à quatre pieds étaient
toujours consumées sur l'autel; les autres parties étaient,
1. ou
bien brûlées hors de la ville, pour les sacrifices ordinaires, Exode 29:14;
Lévitique 4 et 16,
2. ou
dans les cas spéciaux, abandonnées aux prêtres pour servir à leur nourriture
dans le parvis du sanctuaire, Lévitique 6:25; 4:25.
Quant au sang, on en faisait un usage différent
suivant les différents cas. Celui de la grande victime expiatoire était tout
entier porté dans le lieu très saint, on en arrosait l'arche de l'alliance et
l'on en frottait les cornes de l'autel, Lévitique 16:14,18. Dans les sacrifices
ordinaires pour le péché on en portait une partie dans le lieu saint, on le
versait en aspersions près du voile qui servait d'entrée au lieu très saint, et
l'on en oignait les cornes de l'autel des parfums; le reste était répandu au
pied de l'autel des holocaustes, Lévitique 4:5,16. Enfin, dans les sacrifices
spéciaux pour le péché, l'on en mettait une partie sur les cornes de l'autel
des holocaustes, et le reste était répandu au pied de cet autel, Lévitique
4:25,30,34; cf. 2 Chroniques 29:22. D'après Exode 29:12, il semblerait que
cette dernière manipulation du sang fût également en usage pour les sacrifices
ordinaires et réguliers, ce qui ne s'accorderait pas avec Lévitique 6:30; mais
au milieu de tous ces détails, et presque à cause de ces détails mêmes, il est
difficile de se représenter d'une manière exacte l'ensemble de ces cérémonies,
qui variaient si souvent et à propos des plus petites nuances. D'autres
détails, le bouc Hazazel, etc., sont encore mentionnés,
— Voir: Lévitique 5:8; 14:49,53; Exode 29:19.
D'après ce qui précède on voit que les offrandes pour
le délit et celles pour le péché (asham et hhatath, en allemand Schuldopfer et
Sundopfer), analogues par leur nature et leur objet sous bien des rapports,
constituaient cependant deux espèces de sacrifices, distinctes l'une de l'autre
aux yeux des Hébreux et dans l'esprit de la législation de Moïse, comme cela
ressort non seulement du fait qu'il est parlé de chacune séparément, Lévitique
4:6,25; cf. 5:15; 7:1-10, mais encore des passages où elles sont nommées l'une
à la suite de l'autre, et des cas de souillure ou de culpabilité où elles sont
prescrites comme devant être offertes l'une et l'autre. Le rituel en était
différent, notamment en ce qui concerne la manipulation du sang: la destruction
des viandes hors de la ville, prescrite dans certains cas de sacrifices pour le
péché, ne l'est pas dans les offrandes pour le délit, et quant à ces dernières,
le choix des victimes était bien plus facile, bien moins embarrassé de
restrictions et d'ordonnances que pour les sacrifices pour le péché.
Mais si l'on doit tenir ces deux ordres de sacrifices
pour distincts, il n'est pas facile de dire en quoi consistait la différence
morale qui les séparait, le principe spécial qui les caractérisait l'un et
l'autre.
À première vue on peut dire que les délits paraissent
avoir été d'une moins grande importance que les péchés, les asham que les
hhatath; les offrandes sont en général moins considérables, le rituel moins
sévère dans le premier cas que dans le second; et sauf le passage Lévitique
5:1-13, qui présente quelques obscurités, on peut dire que les offrandes pour
le délit étaient réclamées pour des fautes commises par erreur, par négligence,
dont la commission était en quelque sorte regardée comme involontaire, ou comme
inévitable, pour l'ensemble des péchés, pour la souillure publique ou
sacerdotale qui trouvait son expiation dans les sacrifices annuels, dans les
sacrifices de consécration, enfin pour la purification de la lèpre qui dans la
symbolique juive représentait la souillure du péché. Le point de vue de cette
sorte de sacrifice était pour ainsi dire objectif, et celui qui le présentait
semblait s'accuser d'une faute positive, mais involontaire et dont il n'était
pas coupable: il semblait dire: Je suis innocent, mais la loi a été violée.
Dans l'autre cas, au contraire, dans celui des sacrifices pour le péché, la
faute était non seulement positive, mais précise, et volontaire: le point de
vue du sacrifice était plutôt subjectif; celui qui apportait son offrande le
faisait dans le sentiment d'une transgression volontaire d'un commandement
spécial de Dieu: il s'accusait d'une faute qu'il aurait pu éviter, il était
coupable parce qu'il l'avait bien voulu, cf. aussi Lévitique 19:20.
Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 3, 9, 3, a
reconnu et établi cette distinction. Cependant elle n'est pas toujours
maintenue dans la loi, et le principe du législateur n'apparaît pas toujours
d'une manière claire: quelques répétitions du livre des Nombres semblent
destinées à interpréter ou à compléter, peut-être même à modifier les règles
posées dans le Lévitique, et à les modifier dans un sens qui ne s'explique que
par le but téléologique de la législation mosaïque. Ainsi nous voyons, Nombres
6:12, que la mort d'un homme dans le voisinage du nazarien, souillait celui-ci,
alors même qu'il en était innocent, de telle sorte qu'il était obligé d'offrir
pour sa purification un sacrifice pour le péché, hhatath: l'intention du
législateur était évidemment de faire ressortir ce fait que le nazarien était
un homme à part, et que ce qui n'était pas péché pour les autres, le devenait
pour lui. Quant aux prescriptions relatives aux maladies des femmes, Lévitique
15:25, elles se concilient fort bien avec ce que nous avons dit plus haut, et
avec les idées que la loi devait donner aux Juifs sur le pur et l'impur.
Reland, Baur, et Winer, partagent avec nous l'opinion
de Flavius Josèphe sur la caractéristique de ces sacrifices, telle qu'elle peut
être saisie et que nous l'avons exposée.
— Le passage Lévitique 5:1-13, semblerait cependant
faire objection à ce point de vue. Les expressions asham et hhatath s'y
confondent en effet tellement, et paraissent si souvent se substituer l'une à
l'autre, que l'on ne sait parfois de quel sacrifice il est question; on peut se
demander même s'il y a entre les deux offrandes, une distinction établie.
Cependant, comme le mot hhatath est formellement employé, en parlant de
l'offrande, aux versets 6,7,8,9,11,12, nous n'avons pas hésité à ranger ces
sacrifices au nombre des sacrifices pour le péché; mais il faut avouer que la
distinction faite sur la nature des deux offrandes est ébranlée, ou que, cette
distinction existant, Moïse n'a pas cru devoir la maintenir ou l'observer dans
tous les cas, ou enfin que les détails de cette distinction nous échappent, et
que nous avons perdu la clef de ces nuances, qui ne sont plus pour nous que de
fines subtilités, alors même qu'elles pouvaient avoir pour les Hébreux une
importance considérable, relativement à l'ensemble de l'économie mosaïque; Nous
n'en maintenons donc pas moins l'explication que nous avons donnée ci-dessus,
et cela d'autant plus que les essais que l'on a faits d'une interprétation
différente, sont loin de nous satisfaire au même degré. Cramer, par exemple, et
d'autres, ont voulu voir dans les asham (délits) la violation d'un contrat
tacite fait avec des hommes, concitoyens, prêtres, époux, etc., et, dans le
sacrifice, la manifestation du remords et le cri de la conscience; c'est trop raffiné,
et, d'ailleurs, le détournement des choses consacrées à l'Éternel, qui
appartient à cette sorte de délits, ne se rangerait pas à cette explication, à
moins d'étendre l'idée de la violation aux contrats, à l'alliance faite avec
Dieu; mais alors l'explication irait trop loin, car elle s'étendrait jusqu'aux
péchés (hhatath), et ne serait plus caractéristique. D'autres, comme Michaélis,
ont vu dans les asham les péchés d'omission, et dans les hhatath les péchés de
commission expiés; mais les passages Lévitique 5:17; 15:25, réfutent à eux
seuls cette interprétation. Grotius a vu le contraire, qui se réfute également
par Lévitique 4:2; 13:27. L'opinion de Saubert est encore moins soutenable: il
voit dans les asham la réparation de péchés faits avec mauvaise intention et
par méchanceté, et dans les hhatath, celle de péchés commis par ignorance;
l'appui que donne à cette opinion l'autorité de Philon et d'Aben Esra (du moins
en partie) est plus que renversé par l'examen même des textes. Notons enfin
l'explication d'Abarbanel, qui pense que les sacrifices pour le péché étaient
offerts dans les cas d'une violation positive et intentionnelle d'un
commandement de Dieu, les sacrifices pour le délit dans les cas douteux; c'est
de l'esprit rabbinique tout pur.
Nous avons maintenant à nous demander quelle idée les
Juifs attachaient à la mort des victimes offertes en sacrifice, s'ils n'y
voyaient qu'un présent fait à la divinité offensée, ou, comme le veut
Michaélis, une amende exigée comme châtiment, comme peine, ou enfin, dans
l'acte du sacrifice, une substitution, et dans la victime un suppléant, un
remplaçant destiné à souffrir pour eux la mort qu'ils avaient méritée. Cette
dernière opinion est celle de plusieurs rabbins, et, parmi les théologiens
modernes, celle de Bauer, De Wette, Gesenius, Scholl, Tholuck, Cœlln, Winer,
Schrœder, etc. Elle a été combattue, avec plus de force que d'arguments, par
Klaiber, qui a été plus négatif que positif, et qui prouve fort bien que cette
doctrine des Juifs ne se trouve pas dans certains passages, sans avoir prouvé
qu'elle ne se trouve pas dans d'autres. Nous n'insisterons pas sur les
formules: «Le sacrificateur fera ainsi propitiation pour eux, et il neur sera
pardonné», ou «il fera propitiation pour son péché», etc., formules qui se
retrouvent fréquemment, Lévitique 4:20,26; 5:10,13,18, et qui ne sont cependant
pas sans importance; l'acte de poser la main sur la tête de la victime, acte
qui, au grand jour des expiations, indiquait positivement la transmission des
péchés, Lévitique 16:21, pourrait ne pas avoir eu, dans les autres sacrifices,
la même signification, et notre conviction qu'il en était cependant ainsi,
n'aurait pas la valeur d'une preuve; enfin la circonstance que, dans certains
cas, la victime était regardée comme souillée, ce qui suppose nécessairement
qu'elle était chargée des péchés de celui qui l'offrait, n'est pas prouvée pour
tous les cas, Exode 29:14. Lévitique 13:46; 16:28, et semblerait même
contredite par des passages tels que Lévitique 4:12; 6:27. Nous renonçons à
faire usage de ces divers textes, quelque forts qu'ils puissent paraître, et
qu'ils soient en effet, parce qu'ils ne sont convaincants que lorsqu'on est
déjà convaincu par les déclarations et les faits plus explicites qui suivent,
et que nous allons examiner:
Lévitique 17:11. «L'âme de la chair est dans le sang;
c'est pourquoi je vous ai ordonné qu'il soit mis sur l'autel, afin de faire
propitiation pour vos âmes, car c'est le sang qui fera propitiation pour
l'âme.» On ne peut entendre ces paroles de deux manières: elles disent
clairement que l'âme de la bête, qui est répandue avec son sang, est offerte au
lieu de l'âme du pécheur en propitiation. Il n'est pas même besoin d'insister
sur le sens de kipper, expier; le seul parallèle entre l'âme de la chair et vos
âmes implique l'idée de substitution, par conséquent d'expiation.
L'effusion du sang de la victime et l'usage qu'on en
faisait, prouve que la mort de l'animal n'était pas la seule chose à considérer
dans ces sacrifices, comme dans d'autres offrandes où la combustion dés viandes
sur l'autel était la chose principale. Or, que pouvaient signifier ces
aspersions de sang, sinon que la vie elle-même était dispersée, perdue, jetée
loin, et entièrement détruite? l'effusion du sang n'était pas un moyen, celui,
par exemple, de tuer l'animal, mais un but; or, elle ne peut avoir été un but
que si l'on se représente la vie du pécheur mystiquement unie à celle de
l'animal, et anéantie avec elle.
L'idée d'une substitution, la pensée qu'un être pût
souffrir et être puni de Dieu à la place d'un autre, se retrouve fréquemment
dans l'ancienne alliance, non seulement 2 Samuel 12:15; 24:10; Ésaïe 53:4;
Daniel 11:35, surtout 9:26, mais déjà dans la loi de Moïse, à l'occasion du
meurtre dont l'auteur restait inconnu, Deutéronome 21:6,8, etc.; puis encore
dans la signification symbolique du sacrifice de l'alliance, Jérémie 34:18,
dans le rituel du sacrifice du bouc expiatoire, Lévitique 16:21; enfin, Ésaïe
43:3, où le mot de rançon est exprimé par l'hébreu kopher, qui s'emploie si
fréquemment lorsqu'il est parlé des sacrifices expiatoires. Le mot hhitteh
(expier) est employé avec le régime direct, Genèse 31:39, dans le sens de
remplacer, expier une chose, supporter une perte, et c'est le même mot, au même
temps, mode et régime, qui est traduit par offrir, Lévitique 6:26 (19) 9:15.
D'autres peuples de l'antiquité étaient encore
familiers avec l'idée d'une expiation, que nous estimons avoir été celle que
les Hébreux attachaient à leurs sacrifices; Hérodote, Jules César, Ovide,
Porphyre, parlent des Égyptiens, des Gaulois, et d'autres nations chez qui une
victime, homme ou bête, était censée expier les péchés, et prendre la place de
celui qui l'offrait en sacrifice. La même idée se retrouve chez plusieurs
peuples sauvages de nos jours, et paraît profondément enracinée dans le cœur
humain. Elle a presque partout, et presque toujours, marché de pair avec l'idée
de Dieu. On peut consulter, pour les citations, Tholuck, dans Guido et Julius,
et pour l'exposition, les sermons de M. Martin sur la Rédemption. Au reste, il
est peu de questions qui aient été plus souvent examinées, et qui aient eu
l'honneur d'un examen plus profond et plus sérieux, de sorte que la liste des
ouvrages à consulter, si nous voulions la donner, serait considérable.
Remarquons enfin que toutes les autres explications
qu'on voudra donner du principe et de l'idée des sacrifices sont forcées,
obscures et peu naturelles, ainsi que le remarque Winer lui-même, qui ne se
pique pourtant guère d'orthodoxie. Michaélis voit dans le sang le principe de
la vie, de la sensualité, du péché: l'effusion du sang lui paraît un symbole de
la destruction du péché; mais ni l'Ancien ni même le Nouveau Testament, ne
justifient une pareille hypothèse. La supposition de Steudel est encore moins
soute-nable, et n'aurait pas suffi à faire la réputation de son auteur. Il
admet que le principal, dans ces sacrifices, était la réconciliation du pécheur
avec Dieu, par le moyen d'une offrande, et que les cérémonies qui entouraient
le sacrifice, n'avaient d'autre but que de témoigner le repentir du coupable,
et son horreur pour la transgression qu'il avait commise de la loi divine.
Klaiber, enfin, est encore au-dessous de ses prédécesseurs: il ne considère que
la pureté nécessaire à la bête du sacrifice, et pense que l'offrande d'un
animal, sans défaut et sans tache, devait rappeler au pécheur la pureté que la
loi exigeait de lui. Ce point de vue, qui s'appliquerait aussi bien à tous les
autres sacrifices qu'aux sacrifices pour le péché, a, en outre, le grave
inconvénient de ne tenir aucun compte du sacrifice en lui-même, et du rituel
qui l'entourait. L'idée d'expiation, de substitution, ne peut donc pas nous
paraître devoir être sacrifiée à d'aussi insignifiantes théories, et les
passages cités qui l'appuient, puisent, dans le Nouveau Testament, leur
dernière et complète justification. Un sacrifice expiatoire, une victime sans
tache, offerte en lieu et place des pécheurs, est venue prouver à ceux qui
doutaient, que les sacrifices symboliques et typiques de l'ancienne alliance
avaient, en effet, une signification expiatoire, et que les victimes
représentaient la mort d'une victime, à la place de ceux qui avaient mérité et
encouru la condamnation divine.
Les sacrifices du matin et du soir mentionnés Exode
29:38-42; Nombres 28:3-8; Esdras 3:5, étaient un holocauste journalier de deux
agneaux d'un an qui étaient offerts, l'un le matin, l'autre le soir, au nom du
peuple entier; ce sacrifice était continuel, et n'était supprimé ni les jours
de sabbat, ni les jours de grandes fêtes; lorsque d'autres sacrifices étaient
présentés, celui-ci prenait place avant eux. Les rabbins ont fixé et multiplié
les cérémonies qui accompagnaient ce symbole important du culte juif, et ont
fini par n'en plus faire qu'une cérémonie; on voit même (Tamid. 3, 3) que dans
le second temple une place particulière était réservée à la partie nord-ouest
du bâtiment comme étable des brebis destinées à ces sacrifices.
Quant aux offrandes de purifications, on en a parlé à
l'article Pureté. Nous renvoyons de même aux articles spéciaux sus-mentionnés,
pour tout ce qu'il y aurait à dire encore sur les sacrifices hébreux, les
aspersions, libations, holocaustes, festins, etc.
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SADDUCÉENS,
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secte juive fréquemment mise en scène dans le Nouveau
Testament comme hostile aux pharisiens, mais se liguant avec eux dans une
commune hostilité contre l'ennemi commun, Jésus-Christ, qui venait renverser
les superstitions des uns et l'incrédulité des autres, Matthieu 3:7; 16:1,6,12;
22:23; Luc 20:27; Actes 4:1; 5:47; 23:7. Ils faisaient dériver leur nom de
Tsadoc, disciple d'Antigone de Socho, et l'on prétend que c'est la doctrine de
ce dernier qui avait engagé Tsadoc à quitter son école et à se faire chef de
secte. Antigone, par un excès de spiritualité, en était venu à exagérer l'amour
pur, ou du moins, s'il ne l'avait pas exagéré, il l'avait présenté sous un faux
jour: Travaillez, disait-il à ses disciples, travaillez non point comme des
serviteurs en vue des récompenses, mais obéissez à Dieu sans vue d'intérêt et
sans espérer aucune récompense de vos travaux; que la crainte du Seigneur soit
sur vous. Tsadoc, dit-on, en conclut fort à tort, qu'il n'y aurait pas de
rétributions dans l'autre monde, par conséquent aussi pas de vie future. Ce
qu'on sait des rapports d'Antigone et de Tsadoc est au reste fort confus et ne
semble pas justifier cette origine des sadducéens; il est plus probable que ces
sectaires, qui se seraient réunis d'une manière beaucoup plus simple et par la
seule sympathie de l'incrédulité, auront fini lorsqu'ils auront eu l'idée de se
constituer en confrérie, par rechercher un nom célèbre auquel ils pussent se
rattacher, et qui pût leur servir de base et de point d'appui; une parole de
Tsadoc, interprétée d'une manière favorable à leur système, aura servi de
transition entre les fils et le père supposé.
— Les rabbins nous apprennent déjà dans le Talmud
qu'Esdras avait ordonné que toutes les prières faites au temple, finissent par
la formule «aux siècles des siècles;» il l'aurait fait pour exprimer la foi
dans la parole divine qui nous enseigne qu'il y a un monde à venir, et pour
protester ainsi publiquement contre certaines doctrines qui tendaient à se
glisser dans l'Église juive, renversant l'espérance d'un monde futur et de
l'éternité.
— Le mot hébreu tsaddik signifiant juste, quelques-uns
ont pensé aussi que le nom de sadducéens pouvait en dériver, et qu'ils avaient
choisi les idées morales au lieu des idées religieuses pour leur drapeau. Quoi
qu'il en soit, il est probable que les sadducéens ont emprunté leurs principes
aux idées philosophiques qui se sont fait jour dans l'Asie antérieure depuis
les conquêtes d'Alexandre le Grand; l'existence de la secte des pharisiens a
peut-être aussi contribué à provoquer celle des sadducéens; un extrême en
provoque un autre; le bigotisme engendre l'incrédulité, et la foi est au
milieu, au-dessus de l'un et de l'autre.
Quant à leur doctrine, elle n'avait rien de positif.
Ils rejetaient les traditions, ils niaient l'immortalité de l'âme, la
résurrection, les rétributions finales, l'existence des esprits, des anges, des
démons, etc. Selon eux, la providence divine n'entre pas dans tous les détails
de la vie humaine, l'homme ne dépend que de lui-même; on voit que c'est une
irréligion complète que représentait cette secte. Le passage de Flavius
Josèphe, Archéol. 18, 1, 4, a fait croire qu'ils ne s'attachaient qu'aux cinq
livres de Moïse, et qu'ils rejetaient tous les autres livres de l'Ancien
Testament; mais comme dans ce passage la foi est opposée aux traditions, il est
probable que Flavius Josèphe a voulu désigner tout l'Ancien Testament, la
parole écrite, par opposition à la tradition orale; c'est l'opinion d'Olshausen
et de Winer, q.v. Il serait difficile, en effet, de comprendre qu'en rejetant
des livres aussi respectés des Juifs, et en se plaçant au niveau des
Samaritains quant à leur canon, ils eussent été admis à siéger au sanhédrin
comme ils le faisaient, Actes 23:6, etc.
Les sadducéens étaient peu nombreux; ils se trouvaient
presque exclusivement dans les hautes classes de la société; c'étaient les
riches et les puissants, ceux qui étaient contents de ce monde et qui n'en
voulaient pas d'autre; c'étaient les esprits forts, les incrédules, qui
appartiennent à tous les temps, qui ont été représentés au dernier siècle par
l'Encyclopédie, et qui sont représentés de nos jours par les rationalistes de
cœur, dans toutes les classes et dans toutes les communions chrétiennes, par
ces hommes incrédules, légers, se moquant de tout, tels que toutes les
paroisses en présentent un nombre plus ou moins grand. Il est probable que la
parabole de Lazare et du mauvais riche, Luc 16:19-31, avait spécialement cette
secte en vue. Les sadducéens, du reste, ne formaient pas un corps organisé
comme les pharisiens; le bigotisme peut avoir ses confréries, mais il n'y a pas
de lien pour les incrédules; ils n'étaient unis que par une identité de
principes et de sentiments. Ils disparaissent de l'histoire après la
destruction de Jérusalem.
Les ouvrages de Flavius Josèphe, Philon, Reland,
Prideaux, Jahn, etc, renferment de nombreux détails sur les sectes juives des
pharisiens, des sadducéens et des esséens, et doivent être lus si l'on veut se
faire une idée exacte et complète de leurs doctrines et de leur histoire.
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SADOC,
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un des ancêtres de Joseph, nommé dans la généalogie de
Matthieu 1:14; inconnu.
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SADRAC,
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Daniel 1:7, etc. Un des compagnons de Daniel. Son nom
hébreu Hanania (grâce de Dieu, ou donné de Dieu), fut changé en celui de Sadrac
qui signifie, selon Bohlen, joyeux sur son chemin. Il eut de la joie en ses
voies, parce qu'il marcha fidèlement dans les commandements de Dieu. Son
histoire est racontée à l'article Abed-Négo.
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SAFRAN.
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C'est par ce mot que nos versions, et presque toutes
les autres, ont traduit l'hébreu karkom, nommé avec le nard et d'autres plantes
aromatiques, Cantique 4:14. On a cru pouvoir entendre le karkom du curcuma ou
souchet, sorte de safran indien qui se divise en deux espèces, la longue et la
ronde: l'analogie du nom hébreu militerait en faveur de cette traduction. Les
feuilles du curcuma sont lancéolées, d'un vert de mer: la corolle a quatre
feuilles; des cinq étamines quatre sont stériles; les racines sont charnues,
genouillées, intérieurement d'un jaune rouge, et bonnes pour la teinture: la
graine est renfermée dans une espèce de capsule à trois loges, à peu près
ronde. Cette plante originaire des Indes pouvait être connue en Palestine.
Cependant il est hors de doute que le nom de karkom comprenait aussi, à cause
de la grande ressemblance des couleurs, la famille du véritable safran, du
crocus sativus, et comme cette plante était tout à la fois plus belle et plus
connue, c'est elle que tous les anciens interprètes, les Septante, la Vulgate,
la version arabe, ont vue dans le passage du Cantique. Le crocus vient
naturellement et sans culture en Orient; il abondait dans la vieille Cilicie;
on le cultive dans l'Europe méridionale. C'est une plante bulbeuse dont les
feuilles sont comme celles de l'herbe; en automne on voit sortir presque
immédiatement de l'oignon, une fleur d'un violet mat, de la forme d'un lys, et
de la grandeur d'une petite tulipe. Le pistil, qui se trouve au milieu de la
fleur, se termine par trois stigmates filandreux très odoriférants, d'une
couleur qui varie de l'orange à l'écarlate. Ce sont ces stigmates qui, étant
séchés, forment le safran du commerce. Les anciens faisaient un très grand
usage de ce produit; ils en composaient des eaux de senteur dont on arrosait
les théâtres et les grandes salles, que l'on faisait entrer comme
assaisonnement dans certaines nourritures, gâteaux, compotes, etc.: on en
faisait même, au dire de Lucain 9, 809, de petites fontaines artificielles. Les
parfumeurs en composaient des huiles, des onguents, des pommades; les
cuisiniers employaient vigoureusement cette plante dans leurs sauces, les
médecins enfin s'en servaient pour leurs malades,
— Voir: Pline 21, 81, etc.
— La Vulgate a traduit aussi par safran l'hébreu
tholah de Lamentations 4:5, mais,
— Voir: Cramoisi.
________________________________________
SAGAN,
________________________________________
Jérémie 52:24,
— Voir: Sophonie #3.
________________________________________
SAHALBIM, ou Sahalabbim,
________________________________________
ville de la tribu de Dan, mais qui au commencement de
la période des juges, était encore au pouvoir des Amorrhéens, Juges 1:35. Sous
Salomon elle apparaît comme appartenant aux Israélites. Eusèbe, et Jérôme qui
l'appelle un grand bourg, pensaient en retrouver les restes dans la Salaba de
Sébaste.
________________________________________
SAHAPH,
________________________________________
fils de Jadaï, n'est connu que comme fondateur de
Madmanna, 1 Chroniques 2:47,49; cf. Josué 15:31.
________________________________________
SAHARAJIM.
________________________________________
1. Benjamite,
descendant d'Ehud; il s'établit sur le territoire de Moab, sans doute après
quelques victoires, et y épousa plusieurs femmes, 1 Chroniques 8:8. S'il compte
parmi ses ancêtres le juge d'Israël on peut croire que les conquêtes de son
aïeul favorisèrent son émigration. La mention qui en est faite est obscure; il
paraît qu'il avait répudié deux femmes avant de partir.
2. Ville
des plaines de Juda, sur l'histoire et la position de laquelle Eusèbe déjà
déclare ne rien savoir; Josué 15:36; 1 Samuel 17:52; 1 Chroniques 4:31.
________________________________________
SAHASGAS,
________________________________________
Esther 2:14, officier du sérail d'Assuérus, chargé de
surveiller, dans le second harem, celles des femmes que le monarque avait
renvoyées; son service l'appelait ainsi auprès des mécontentes, et de celles
qui n'avaient point trouvé de faveur ou dont la faveur était passée; Hégaï, son
collègue, était plus heureux, chargé de garder celles qui espéraient encore.
________________________________________
SALA ou Séla,
________________________________________
fils de Caïnan, et petit-fils d'Arpacsad; à l'âge de
cent trente, ans il devint père d'Héber, et mourut âgé de quatre cent soixante
ans. Il est nommé parmi les ancêtres de notre Seigneur, Luc 3:35; cf. 1
Chroniques 1:18,24; Genèse 10:24; 11:12.
________________________________________
SALAMINE,
________________________________________
Actes 13:5, ville maritime située dans la partie
orientale de l'île de Chypre. Elle possédait un bon port, et fut autrefois la
résidence de rois puissants. Ruinée par un tremblement de terre, elle fut
rétablie au quatrième siècle sous le nom de Constantia, maintenant Constanza.
Cette ville n'a de commun que le nom avec l'île de Salamine, qui rappelle la
gloire de Thémistocle; cette dernière, patrie de Teucer, le chassa pour n'avoir
pas vengé la mort de son frère Ajax, et Teucer, conservant dans l'exil le
souvenir de sa patrie, donna le nom de Salamine à la ville nouvelle qu'il fonda
en Chypre, et que ses descendants possédèrent pendant plus de huit cents ans.
Paul vint à Salamine avec Barnabas, et y convertit Serge Paul.
________________________________________
SALATHIEL,
________________________________________
un des ancêtres de notre Seigneur, nommé dans les deux
généalogies de Joseph et de Marie, fils de Jéchonias selon saint Matthieu 1:12,
et descendant de David par Salomon; fils de Néri, selon saint Luc 3:27, et
descendant de David par Nathan. D'après la manière dont nos versions traduisent
1 Chroniques 3:17, ce passage ne présente pas de difficultés; mais les mots
«qui fut emmené en captivité (en hébreu assir), ne peuvent pas être considérés
comme un qualificatif de Jéchonias, parce que assir n'est pas lié par l'article
au nom propre qui le précède; assir doit être pris comme nom propre, et la
tradition des rabbins confirme cette traduction: verset 17. «Et les enfants de
Jésonias, Assir; son fils fut Salathiel, verset 18, et Makiram», etc. Assir
formerait donc un chaînon de plus dans la généalogie. Une autre raison qui
milite en faveur de cette explication, c'est Jérémie 22:30, qui annonce à
Jéchonias qu'il n'aura point d'enfants; or, s'il avait eu plusieurs fils, cette
prophétie aurait été fausse, tandis qu'elle peut être véritable en lui
reconnaissant un seul fils: Jéchonias fut emmené captif dans sa dix-huitième
année, avant d'avoir des enfants, 2 Rois 24:15; il resta en prison pendant
trente-sept ans, et mourut sans laisser de postérité. Mais ne peut-on pas
supposer qu'un de ses parents, Néri de la branche de Nathan, en épousant une de
ses femmes, lui ait engendré un fils qui serait Assir, père de Salathiel? Cette
hypothèse, si conforme à l'esprit du judaïsme, cf. Deutéronome 25:6, cadrerait
parfaitement avec le caractère des deux généalogies, et concilierait leur
divergence en ce point, saint Matthieu attribuant toujours le fils à son père
légal, même Jésus à Joseph, comme il le fallait pour convaincre les Hébreux, et
saint Luc donnant au fils son père réel. Le nom de Salathiel qui se trouve
encore Esdras 3:2; Néhémie 12:1; Aggée 1:1, parcourt toute la période de la
captivité, depuis Jéchonias avec qui elle commença, jusqu'à Zorobabel sous qui
elle finit, et sert à combler le vide que son absence aurait laissé dans les
généalogies.
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SALCA,
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ville, probablement frontière, du royaume de Basan,
mais conquise avec le reste du pays par les Israélites, et adjugée à la tribu
de Manassé, Deutéronome 3:10,13; Josué 12:5; 13:11. D'après 1 Chroniques 5:11,
on pourrait supposer que Salca passa plus tard aux Gadites, mais il est
possible aussi que Salca dans ce passage soit entendu exclusivement et non
inclusivement. Cette ville existe encore à 7 lieues de Botsra, à la frontière
sud-est du Hauran vers le désert, sous le nom de Salkhat, ou Sarkhad; elle est
protégée par un fort, bâti sur des rochers de basalte.
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SALEM,
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un des premiers noms de Jérusalem, la capitale du
royaume de Melchisédec,
— Voir: ces deux articles.
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SALIM,
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près d'Énon, Jean 3:23. Plusieurs croient que Salim
est l'ancienne Salem où Melchisédec avait régné, et où l'on voyait alors un
palais en ruines, qu'on prétendait avoir été celui de ce roi de paix; mais
comme on l'a vu ailleurs, Salem est Jérusalem, et Salim ne saurait être
confondu avec son presque homonyme. Il est difficile de déterminer où cette
ville a dû exister; le voisinage d'Énon, lieu également inconnu, ne peut donner
aucune lumière à cet égard: ce devait être à l'ouest du Jourdain, et selon
Tholuck, très probablement dans la Judée, ou dans le Ghor supérieur. Eusèbe et
Jérôme placent Salim et Énon à environ 8 milles sud de Scythopolis; peut-être
est-ce le même endroit dont il est parlé Judith 4:3. Il y avait là beaucoup
d'eau (plusieurs ruisseaux).
— Plusieurs noms à peu près semblables sont rapportés
dans l'Ancien Testament, l'un comme appartenant à la tribu d'Éphraïm, 1 Samuel
9:4, l'autre comme étant de Juda, Josué 15:32; le nom de Hajin qui le suit
pourrait être le Énon du Nouveau Testament.
— Simon Zélotes doit avoir été originaire de Salim.
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SALIVE.
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Cracher contre quelqu'un, ou à propos de quelqu'un,
était déjà, dans la plus haute antiquité, considéré comme une insulte grave,
Deutéronome 25:9; Nombres 12:14; Ésaïe 50:6; Matthieu 26:67; le simple acte de
cracher en présence de quelqu'un était considéré comme une malhonnêteté, Job
30:10, et un Oriental de nos jours, comme du temps d'Hérodote, (1, 99) ne se
permettra jamais une action pareille en présence d'un supérieur, Niebuhr, B.
26, 29; ce n'est point seulement comme le pense Jahn, à cause des beaux tapis
qui couvrent la terre ou le plancher, mais par cette pudeur naturelle qui dit à
chacun l'inconvenance qu'il y a à se purger d'une sécrétion quelconque en
présence de personnes respectées; il pourrait, d'ailleurs, arriver qu'un peu de
salive vînt à tomber sur les vêtements et même sur la barbe du voisin, ce qui
est pour les Orientaux un affront suprême. La salive d'un homme ayant une
maladie impure, rendait impur celui sur qui elle tombait par hasard, Lévitique
15:8, et l'on doit voir dans cette prescription morale une précaution médicale.
— La salive a certaines vertus adoucissantes, surtout
celle d'un homme à jeun, qui n'est pas gâtée par le mélange d'odeurs diverses
et de particules alimentaires; les animaux guérissent ordinairement leurs
plaies en les léchant; la morsure des serpents et des scorpions a été souvent
guérie par la salive d'homme à jeun; d'autres maladies, notamment certaines
ophthalmies, ont été traitées avec succès au moyen de ce remède si simple et si
facile,
— Voir: Pline 28, 7, etc.;
mais il ne paraît pas que la salive ait pu guérir de
véritables cécités, des maux ayant affecté l'organe visuel dans ce qui
constitue sa propriété de vision. Ce que Tacite et Suétone racontent en effet
de l'empereur Vespasien (Hist. 4, 81. Vesp. 7), se rapporte probablement à des
yeux affectés extérieurement et non point au fond, et quelques faits de ce
genre qu'on a découverts plus tard, portent un caractère légendaire qui ne
permet pas d'en tirer des conclusions positives. Jésus en guérissant un
aveugle-né au moyen de salive mêlée de boue, Jean 9:6, évidemment a fait un
miracle, et en a voulu faire un; mais pourquoi s'est-il servi d'un moyen, et
d'un moyen qui ne pouvait pas atteindre le but? On a diversement répondu à
cette question, et l'on peut comprendre dans le bénéfice de la même réponse
d'autres faits analogues, où des moyens extérieurs sont employés pour des
guérisons miraculeuses, 2 Rois 4:41; Ésaïe 38:21; Marc 6:13; 7:33. Ces moyens,
selon Passavant, auraient été les conducteurs physiques de la force
surnaturelle qui agissait. Chrysostôme, Mélanchthon, Calvin, pensent, dans le
cas particulier, que le Seigneur voulait éprouver la foi du malade, et voir si,
après ce traitement en apparence peu efficace, l'aveugle aurait assez de
confiance en lui pour se rendre de la ville à la fontaine de Siloé où sa
guérison devait être accomplie; peut-être aussi l'emploi d'un moyen quelconque
était-il un point d'appui pour une foi faible encore. Winer enfin pense que
Jésus voulait, par cette action, protester une fois de plus contre le légalisme
absurde des pharisiens qui défendaient de guérir le jour du sabbat, même au
moyen de la salive. Toutes ces explications ont de la valeur, et nous les
acceptons, mais nous ne repoussons point aussi absolument que Winer, et comme
une absurdité, l'opinion de Johren (de Christo medico) que puisque le corps de
Christ était entièrement sain et parfait, les facultés qui dorment ou qui sont
émoussées en nous, devaient exister en lui dans toute la plénitude de leur
perfection, et que si la salive humaine et animale a quelques vertus médicales,
celle du Seigneur devait les posséder toutes, et non altérées.
Luc 16:21. Les chiens ont un grand penchant à lécher
les plaies, même les plus dégoûtantes; ils sont représentés léchant les ulcères
de Lazare, et, comme la langue du chien est très-fine, son action produit
toujours une impression agréable sur le malade, et peut procurer sa guérison.
On ne s'étonne pas de trouver un détail de ce genre dans les récits de Luc le
médecin.
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SALLUM.
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1. Quinzième
roi d'Israël, 2 Rois 15:10. Fils de Jabès, il conspira contre Zacharie, le tua,
éteignit la dynastie de Jéhu, ceignit sa tête de la couronne, la garda un mois,
et la perdit comme il l'avait gagnée: Ménahem le tua, vengea son ancien maître,
et lui succéda à son tour. Sallum, pour avoir osé assassiner son prédécesseur en
présence de tout le peuple, devait avoir un grand nombre de complices, et avoir
préparé de longue main son complot.
2. Mari
de Hulda, et garde du vestiaire royal sous Josias, 2 Rois 22:14. Il était
peut-être mort lorsque son épouse parut sur la scène.
3. Grand-prêtre
de la famille d'Aaron, 1 Chroniques 6:12-13.
— Ce nom était fort commun.
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SALMA, ou Salmon.
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1. Arrière-petit-fils
d'Éphrata, et père ou prince de Bethléem, 1 Chroniques 2:51.
2. Salma,
1 Chroniques 2:11, appelé aussi Salmon, Matthieu 1:4; Luc 3:32; Ruth 4:20,
était fils de Nahasson; il épousa Rachab de Jérico. Son nom se trouve dans les
deux généalogies du Seigneur.
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SALMAN, ou Salmanéser,
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Osée 10:14, ou Salmanéser, 2 Rois 17:3; 18:9, roi
d'Assyrie, successeur de Tiglath-Piléser, et prédécesseur de Sanchérib,
contemporain de So, roi d'Égypte, 17:4, fondit sur Israël au temps de Hosée,
729 avant J.-C., le soumit, et se le rendit tributaire; mais Hosée s'étant
allié avec l'Égypte, et ayant cru, au bout d'un certain temps, être assez fort
pour pouvoir se soustraire au paiement du tribut, Salmanéser revint, assiégea
Samarie, la prit au bout de trois ans, dans la neuvième année de Hosée,
s'empara de la personne du roi, l'emmena en esclavage avec la plus grande
partie de son peuple qu'il dispersa en Assyrie, et mit fin au royaume des Dix
tribus. C'est cette catastrophe que prédit Ésaïe, 10:9. Les chapitres 15 et 16
du même prophète, sur les Moabites, et notamment le dernier verset de cet
oracle, paraissent également annoncer les combats et les victoires de
Salmanéser; Moab était sur le chemin du guerrier qui marchait d'Assyrie en
Éphraïm, et tout rend probable que ce fut lui que Dieu chargea d'exécuter ses
menaces, et d'accomplir ses prophéties; on n'a, du reste, pas d'autres détails
sur ces campagnes. Salmanéser, d'après Ménandre, s'empara encore de la
Phénicie, mais échoua contre l'île de Tyr. L'histoire profane a conservé son
nom; Osée, 10:14, l'a abrégé.
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SALMON,
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— Voir: Salma.
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SALMONE,
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Actes 27:7, promontoire de l'île de Crète, au
nord-est, vis-à-vis de Gnide ou Rhodes, Strabon 10, 474; aujourd'hui cap
Sidéro.
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SALOMÉ,
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femme de Galilée qui accompagnait, avec d'autres,
notre Seigneur dans ses voyages, Marc 15:40; 16:1. Il ressort de la comparaison
de ces passages avec Matthieu 27:56, qu'elle était mère de Jacques et de Jean,
par conséquent épouse de Zébédée. Les anciens en font une fille de Joseph, le
père légal de Jésus; d'autres la tiennent pour l'épouse de ce Joseph auquel
elle donna deux filles; d'autres, enfin, la font fille d'un frère du
sacrificateur Zacharie, le père de Jean-Baptiste; mais tout cela est incertain.
Quoi qu'il en soit de ces dernières données, la première est sûre; elle était
mère de Jacques et de Jean; c'est elle qui, avec l'idée d'un règne terrestre du
Messie, et voyant les adhérents du roi futur se multiplier autour de lui, douze
apôtres d'abord, puis soixante-dix disciples, et d'autres encore, s'empressa de
recommander ses deux enfants à la protection particulière du maître, en
demandant pour eux les deux meilleures places dans son royaume. D'un mot, Jésus
renversa l'échafaudage d'espérances charnelles qu'elle avait élevé dans son
cœur, et, lorsqu'elle suivit le Seigneur au lieu du supplice, elle put se
convaincre mieux encore qu'en effet son règne n'était pas de ce monde; sa
résurrection, dont elle fut témoin lorsqu'elle vint avec ses compagnes pour
embaumer le corps, acheva de l'éclairer sur la nature du maître de ses fils,
sur son royaume, et sur sa gloire.
— Les prétentions de Salomé, pour n'être pas
repoussées comme ridicules, devaient être fondées sur une position sociale plus
relevée que celle des autres apôtres, et ce fait tendrait à prouver que Zébédée
n'appartenait pas aux classes inférieures de la société. Le secret de cet
entretien ne fut pas gardé; car, peu après, on voit les apôtres irrités contre
les deux frères, qui avaient assisté à la présomptueuse demande de leur mère,
et qui paraissent si bien l'avoir appuyée, que saint Marc, 10:35, la leur
attribue, comme si c'étaient eux qui eussent porté la parole. On voit, par
l'histoire de Salomé, combien l'amour maternel peut égarer les meilleurs
esprits: heureux si l'on peut apprendre avec elle que, pour être grand dans le
royaume des cieux, il faut se faire petit à ses yeux!
— Salomé était aussi le nom de la fille d'Hérodias,
q.v.
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SALOMON,
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fils de David et de Bathsébah, le dixième fils de
David selon la liste de 1 Chroniques 3:5, et son successeur sur le trône de
Juda. Son règne de quarante années va de 1015 à 975 avant J.-C. Son histoire
est renfermée dans les onze premiers chapitres du premier livre des Rois, et
racontée de nouveau sous un autre point de vue, et avec quelques omissions
importantes, 2 Chroniques 1-9. Élève de Nathan, il était appelé au trône par
les promesses que Dieu avait faites à David, son père, 2 Samuel 7:12; 1 Chroniques
17:11; Psaumes 132:11; 1 Rois 8:20. Une conspiration ayant pour but de le
renverser hâta son couronnement. Il fut présenté au peuple par Nathan, Tsadoc
et Bénaja, reçut avec modestie les applaudissements de la multitude, déjoua,
par son élévation, le complot qui devait lui ravir la couronne avant qu'elle
fût posée sur sa tête, et pardonna à son imprudent et malheureux frère Adonija,
n'exigeant de lui qu'un avenir de fidélité pour expiation d'une révolte passée.
On suppose que c'est à l'âge d'environ vingt ans qu'il monta sur le trône;
Flavius Josèphe ne lui donne que quatorze ans, d'autres encore moins, à cette
époque de sa vie.
Des révoltes à peine étouffées, des guerres à peine
finies, l'habitude de l'agitation chez le peuple, des haines de famille, des
rivalités sacerdotales, voilà ce que le jeune roi trouvait sur le trône à un
âge où l'on n'a pas encore d'expérience, et après une éducation qui, en
l'éloignant du tourbillon de la vie publique, n'avait pu remplacer pour lui
l'expérience. Des troubles politiques et des troubles religieux! Mais le ciel
ne resta pas longtemps sombre: les nuages se dissipèrent, et le soleil parut.
Quelques actes énergiques commandés par une sage
politique, et par le testament de David, firent connaître au peuple que Salomon
régnerait avec justice et fermeté. Joab fut mis à mort comme meurtrier d'Abner
et d'Hamasa; Adonija, qui renouvela sous une forme détournée ses prétentions à
la couronne, fut puni de mort; Simhi, qui avait enfreint la condition de son
salut, fut puni de mort; Abiathar, qui avait trempé dans la conspiration
d'Adonija, vit la peine de mort commuée en celle de l'exil, en considération
des services qu'il avait rendus à son père; Barzillaï et ses enfants reçurent
la récompense de leur fidélité.
— En exerçant ainsi la justice, en montrant qu'il ne
s'arrêtait pas au rang du criminel, mais qu'il frappait le crime, quel qu'en
fût l'auteur, Salomon affermit le sceptre entre ses mains. Jusque là il n'avait
fait que suivre les inspirations de son père, et il avait réussi; il devait
apprendre à régner seul. Il assembla le peuple à Gabaon, où était encore le
tabernacle, et il y offrit mille holocaustes à la fois, splendide inauguration
d'un règne qui devait rétablir et achever de régler le culte. La nuit suivante,
Dieu lui apparut en songe, et lui demanda de choisir ce qu'il désirait, grave
et solennelle épreuve pour le cœur d'un jeune homme! (On se rappelle
involontairement l'épreuve de Paris sur le mont Ida). Salomon répondit par une
prière touchante et pleine d'humilité, et, sage, il demanda la sagesse. Il
éprouva ce que l'homme a tant de peine à croire, que toutes choses sont données
par dessus à celui qui cherche premièrement le royaume des cieux et sa justice,
Matthieu 6:33. Dieu lui accorda la sagesse qu'il avait demandée, les richesses
et la gloire qu'il n'avait pas demandées. Plein de joie, il revint à Jérusalem
achever devant l'arche sainte les sacrifices qu'il avait commencés devant le
tabernacle à Gabaon. Il fut bientôt appelé à donner publiquement une preuve de
sa sagesse, et l'histoire des deux femmes réclamant l'une et l'autre, comme le
leur, un même enfant, est un des plus beaux épisodes de sa vie, une des plus
belles et des plus naïves peintures de la vie et des mœurs judiciaires de
l'ancien Orient. Bientôt la gloire de Salomon se répandit au dehors; sa
puissance s'affermit sur tous les pays compris entre l'Euphrate et le torrent
d'Égypte; les trésors affluèrent à Jérusalem. En paix avec tous ses voisins, il
vit tout prospérer à l'intérieur: le commerce par terre et par mer se développa
considérablement; des vallées furent comblées; Jérusalem fut ceinte de
remparts; des palais furent construits; des villes et des villages s'élevèrent
et s'agrandirent; Palmyre fut fondée au milieu des déserts vaincus et peuplés;
de glorieuses alliances le mirent en contact avec tous les princes de son
temps, qui vinrent le visiter et admirer sa sagesse autant que ses trésors;
l'argent enfin, et l'or, nous dit l'historien, pour résumer en un mot la
splendeur de ce règne, n'étaient pas plus estimés à Jérusalem que les pierres,
ni les cèdres du Liban que les figuiers de la plaine.
Le culte de l'Éternel ne pouvait rester oublié au
milieu de la prospérité générale; le temple dont David avait conçu le dessein
et dont Dieu avait promis l'exécution à Salomon, ne pouvait pas tarder à
s'élever et devait éclipser en splendeur tout ce qui avait été fait
jusqu'alors. Le moment était venu de fixer l'arche et le tabernacle qui, depuis
des siècles, avaient été errants de Silo à Nob, puis à Bahalé, puis à Gabaon,
puis à Jérusalem, d'abord chez Hobed-Édom, puis sous une tente élevée par
David; le moment était venu de réunir d'une manière stable les divers objets du
culte jusqu'alors dispersés, et de donner à la religion juive un centre où le peuple
vînt adorer une magnificence qui répondît aux charnelles objections des
idolâtres, qui excitât l'esprit charnel des Hébreux indifférents. David avait
déjà assemblé les premiers matériaux, 1 Chroniques 22:3; Salomon continua; ses
rapports avec le roi de Tyr lui rendirent la tâche plus facile; des ouvriers
tyriens et les bois du Liban furent mis à sa disposition; plus de 150,000
hommes travaillèrent à ce grand ouvrage qui, entrepris dans la quatrième année
du règne de Salomon, fut entièrement achevé en sept ans et demi. La dédicace du
temple eut lieu l'année suivante et dura sept jours, puis vint se confondre
avec la fête des tabernacles qui commençait. Une foule immense était venue de
toutes les parties du royaume; l'arche fut conduite avec pompe, accompagnée de
tous les chefs d'Israël, et déposée solennellement dans le lieu très saint; au
moment où le voile qui devait la cacher aux yeux du peuple fut abaissé, la nuée
de l'Éternel remplit le temple, et Salomon prononça la magnifique prière de
consécration que l'Écriture nous a conservée; après s'être levé il bénit le
peuple, le feu du ciel tombe et consume les premiers holocaustes; la nuée
sainte se répand dans le temple, et le peuple entier se prosterne comme un seul
homme. Pendant cette double fête qui dura deux semaines, les sacrifices, les
holocaustes, les chants sacrés continuèrent sans interruption; Jérusalem, ornée
de feuillage, embellie par ses nouveaux bâtiments, animée par la présence de
ses innombrables hôtes, fut ce jour-là la reine du monde et devait présenter un
coup d'œil enchanteur; la chair de 22,000 bœufs et de 120,000 brebis offerts en
sacrifices par Salomon, servit aux festins de ces nombreux convives qui
remportèrent dans leurs tribus, dans leurs villes et dans leurs campagnes, bien
des joies et de bien beaux souvenirs.
L'Éternel apparut alors une seconde fois à Salomon; en
lui rappelant les promesses de Gabaon, il lui rappela aussi que sa prospérité
dépendrait de sa fidélité. Cet avertissement était nécessaire à ce roi de
trente-deux ou trente-trois ans; il était à craindre que tant d'élévation ne
lui donnât le vertige. Salomon ne répondit rien. Quelques années heureuses et
pures s'écoulèrent encore. Le fils de David avait épousé une Pharaon, convertie
sans doute au Dieu d'Israël, mais toujours considérée par le peuple comme une
étrangère, et ce fut probablement pour céder à l'opinion publique, peut-être
aussi par un scrupule personnel, que Salomon ne permit pas qu'elle habitât la
maison de David où l'arche était restée quelque temps. Cette Égyptienne était
la reine de l'empire, de préférence aux autres épouses de Salomon, parmi
lesquelles on trouve encore plusieurs païennes d'origine, Hammonites, Moabites,
Héthiennes, Sidoniennes, etc. Si l'on se rappelle les paroles de Moïse,
Deutéronome 23:7, on ne peut s'empêcher de trouver un excès de susceptibilité
religieuse soit chez le peuple, soit chez le roi, dans le refus de la laisser
habiter la maison de David; et si cet excès vaut mieux que l'excès contraire,
il faut avouer aussi que bien souvent l'un sert à cacher l'autre.
La visite de la reine de Séba est la dernière gloire
de ce règne, et servit peut-être de transition aux désordres qui en
déshonorèrent la fin. On voudrait presque ne lire l'histoire de Salomon que
dans le livre des Chroniques qui la termine ici. La prospérité, l'achèvement de
ses travaux, le repos perdirent le plus sage des rois; des femmes égarèrent son
cœur; il se forma un immense harem, et l'impureté poussa à l'idolâtrie le fils
de David, le constructeur du temple, le restaurateur du culte; il consacra aux
idoles des hauts lieux que Josias détruisit plus tard, 2 Rois 23:13; ses
concubines voulurent rester fidèles à la religion de leurs pères, et chacune
sut entraîner le grand roi dans son idolâtrie. Une troisième fois l'Éternel lui
apparut, mais ce fut pour lui annoncer la division qui déchirerait son royaume
après sa mort; le châtiment ne frappa que lorsque l'heure eut sonné, mais il se
fit pressentir; le tonnerre gronda longtemps avant qu'on ne vît tomber la
foudre; la révolte bientôt étouffée de Hamath, 2 Chroniques 8:3, appartient
sans doute à ces signes qui devaient annoncer la fin d'une paix de quarante
années; le retour de Hadad en Idumée, les courses de Rézon en Syrie, 1 Rois
11:14, les oracles d'Ahija, les sourdes menées de Jéroboam, tout grondait, et
Salomon dut comprendre que sa gloire était passée. Sa vie ne fut point
prolongée ainsi que Dieu le lui avait promis; il mourut âgé d'environ soixante
ans, laissant une immense réputation dans tout l'Orient, et rappelant à tous
les Israélites pieux que celui qui est debout doit prendre garde qu'il ne
tombe.
Quelques observations détachées achèveront de faire
comprendre son règne et son histoire.
1. Le
nom de Salomon qui signifie le paisible, le pacifique, était, comme les noms de
David et de Saül, parfaitement d'accord avec le caractère et la vie de celui
qui le portait; il correspond à l'allemand Friederich. Salomon paraît avoir été
d'un naturel tranquille et doux, plus ami de l'éclat que du bruit, des fêtes
religieuses que des réjouissances politiques, des études paisibles que des
glorieuses aventures; plutôt porté à la clémence qu'à la sévérité; modeste,
mais sage et ferme, ayant toutes les qualités qui peuvent assurer à un monarque
la conservation de ses frontières, et le calme à l'intérieur. Ses études et ses
travaux littéraires furent immenses; outre les Proverbes, l'Ecclésiaste et le
Cantique, dont il est parlé en leur place, il a écrit des ouvrages d'histoire
naturelle dont la science plus que la foi peut regretter la perte, cinq mille
cantiques, ou chants lyriques destinés au culte, dont le psaume 127 et
peut-être le 45 ont seuls survécu, enfin trois mille paraboles, fables,
apologues ou sentences, dont les unes ont été conservées sans doute dans le
recueil des Proverbes, les autres peut-être dans les fables orientales
auxquelles Pilpay, puis Ésope, ont plus tard donné leur nom, 1 Rois 4:32. Sa
sagesse se montra encore dans ses jugements, et son esprit, ami des luttes
pacifiques, dans les jeux d'énigmes auxquels il se livrait avec les rois
voisins, comme on le voit par l'histoire de la reine de Séba: la tradition veut
même que des correspondances de ce genre entre Hiram et Salomon aient longtemps
été conservées dans les archives de la ville de Tyr, et Flavius Josèphe cite à
cet égard les assertions de Dion et de Ménandre.
2. La
sagesse que Dieu accorda à la demande de Salomon, et qui ne l'empêcha pas de
succomber aux plus déplorables tentations, n'était point cette sagesse dont il
est parlé Jacques 1:5, c'était purement et simplement la sagesse administrative
et gouvernementale; Salomon n'en avait pas demandé davantage, 1 Rois 3:9:
c'était une sagesse terrestre qui pouvait être sensuelle et diabolique, Jacques
3:15. Le roi était sage, l'esprit de l'homme pouvait l'être aussi; le cœur ne
l'était pas nécessairement, et la splendide histoire de ce règne de quarante
ans ne le prouve que trop: Dieu éclaira son esprit, agrandit ses vues,
développa son intelligence, remplaça pour lui l'expérience par une profonde
sagesse et par une connaissance instinctive des affaires, mais laissa son cœur
libre, et ne contraignit sa volonté ni vers le bien, ni vers le mal. On
comprend dès lors que le plus sage des rois ait pu devenir le plus faible des
hommes, et que l'idolâtrie ait pu s'y glisser pour un temps à la faveur de la
volupté. À la sagesse politique Salomon joignait des talents particuliers, et
sa facilité naturelle pour apprendre trouva de grands avantages dans les
loisirs de la paix, dans les découvertes des voyageurs, dans les rapports qui
l'unissaient avec les rois des contrées voisines, dans les produits étrangers
que lui apportaient d'année en année ses navires de commerce, et dans les
impôts en nature ou dans les cadeaux que les pays tributaires faisaient affluer
à sa cour. La richesse vint en aide à la science.
3. Quant
au commerce de Salomon, quant aux pays d'Ophir, de Tarsis, et aux produits ou
aux objets de ce commerce, on trouvera aux articles spéciaux les détails et
éclaircissements nécessaires. Nous croyons seulement que toutes ces belles
entreprises furent plus conformes à la sagesse humaine qu'à la sagesse divine;
plusieurs étaient positivement contraires au texte de la loi, notamment les
amas de chevaux que Salomon faisait venir d'Égypte, et si l'administration
sembla d'abord y trouver une source de prospérité, le royaume ne tarda pas à
apprendre que ce n'est pas impunément qu'on transgresse les ordres de Dieu.
L'industrie vint à la suite du commerce, les arts et métiers fleurirent; les
constructions nombreuses entreprises par Salomon favorisèrent le développement
de l'architecture, de la sculpture, de l'ébénisterie, de l'orfèvrerie, de la
bijouterie, et si les travaux les plus fins et les plus délicats furent d'abord
confiés à des étrangers, il est bien probable que ceux-ci laissèrent des
élèves, et que l'industrie devint nationale en Israël.
4. Mais
l'industrie et le commerce amenèrent le luxe à leur suite, avec le luxe la
pauvreté, et des germes de mécontentement: le peuple, destiné à la culture de
la terre, voulut imiter la pompe de la cour et du culte; la simplicité des
moeurs avait disparu, l'orgueil avait pris sa place, et les murmures de la
nation ne furent étouffés que par la grandeur et la puissance d'un roi qui
n'avait rien à redouter: à sa mort ils éclatèrent, et les successeurs de
Salomon durent comprendre que la sagesse dans l'obéissance eût mieux valu que
la simple science de la royauté. Le grand commerce de Salomon ne fut que le
prélude de ses autres infidélités, et le commencement de la fin.
5. On
a beaucoup discuté, et même plaisanté, à propos des immenses richesses de
Salomon, et vraiment il n'en valait pas la peine. Dieu lui avait promis les
richesses, il les lui a données par les voies les plus naturelles. Les guerres
victorieuses de David avaient rapporté au trésor de riches butins; d'immenses
contrées tributaires apportaient chaque année leur offrande à Jérusalem; Israël
en paix fécondait ses champs et ses montagnes; aucun fléau, ni guerre, ni
armée, ni sécheresse, ni famine, ne forçait une année à nourrir l'année
suivante, et chacun jouissait en plein de son revenu du moment; tous les bras
étaient occupés; les travaux étant nombreux, le salaire était suffisant, les
vivres étaient à la portée de tous, et il n'en faudrait pas davantage à nos
nations modernes pour qu'elles s'estimassent heureuses et prospères. Or Salomon
avait davantage encore; et le commerce qui fit seul la richesse de l'Espagne et
du Portugal il y a quelques siècles, le commerce qui place l'Angleterre et les
États-Unis à la tête des peuples modernes, le commerce vint faire regorger de
ses riches produits les coffres déjà pleins de Jérusalem. Toutes ces causes de
prospérité font paraître, non point ordinaire sans doute, mais bien naturel, un
état de choses qui paraît au premier abord presque merveilleux, et la seule
chose dont on s'étonne, c'est qu'on ait pu être étonné de cet assemblage de
richesses dont l'absence seule, en d'aussi propices circonstances, aurait le
droit de surprendre. Ajoutons, et ce sera peut-être une restriction, que c'est
le roi et non point le royaume qui profitait directement de ces richesses; les
sujets n'en subissaient, que l'heureux contre-coup, leur abondance n'était que
le reflet de la prospérité du monarque. Salomon avait le bénéfice de tous les
transits, le monopole de tous les commerces; rien ne se faisait qu'en régie, et
l'Orient ancien n'est à cet égard encore que le frère aîné de l'Orient moderne,
où la cour est plus que l'État. La liste civile en provisions de bouche pour
chaque jour était considérable, 1 Rois 4:22, et douze commissaires, établis sur
autant de districts, avaient tour-à-tour à pourvoir aux besoins de la table
royale; la vaisselle d'or abondait, et absorbait une partie des capitaux
nationaux; le vestiaire ne le cédait en rien en magnificence aux splendeurs de
la table et à la richesse des appartements et du trône; un sérail, composé en
grande partie de femmes étrangères, représentait au sein de l'État un État
privilégié qui dépensait sans rien produire. Le peuple, de son côté,
contribuait à donner de l'éclat au trône, et s'il en recevait quelque bien, il
lui donnait cependant davantage; les impôts et les corvées fournissaient à bien
des besoins, mais n'enrichissaient que le roi; le peuple était épuisé, 1
Chroniques 29:6, et il finit par le montrer.
— S'il restait encore des doutes sur les énormes
richesses dont pouvait disposer le fils de David, ils devront céder devant une
considération qui n'est pas une preuve, et qui peut être davantage: ces
richesses sont de notoriété publique; Salomon a laissé dans tout l'Orient la
réputation du plus riche des rois, et des réputations de ce genre ne s'usurpent
jamais.
6. On
verra, à l'article Temple, ce qu'il y a à dire sur le matériel de cette
construction. Bornons-nous pour le moment à une observation. Le temple qui dans
l'idée de David devait être un hommage de plus rendu à l'Éternel, qui pour
Salomon était tout à la fois un acte de piété et un acte de splendeur, n'a pas
rendu de grands services à la religion; il l'a plus centralisée, il l'a rendue
encore plus nationale qu'elle n'était auparavant, mais il l'a matérialisée,
fixée, figée; il en a fait un opus operatum; on a rendu À ses ornements plus
d'honneur qu'à la simplicité du tabernacle du désert, et plusieurs se sont fiés
sur des paroles trompeuses, en disant: C'est ici le temple de l'Éternel, le
temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel! Jérémie 7:4. Il semble que le
judaïsme déjà, et par les deux plus grands de ses rois, ait dû protester contre
le culte des formes. Les Juifs avançaient assez lentement dans les voies de la
piété, retenus qu'ils étaient par la pesanteur de leur sensualisme, sans qu'il
fût nécessaire de les rattacher encore à la matière, et ce que Salomon fit pour
l'extérieur du culte, il le fit au détriment du culte intérieur; il ne fut pas
le dernier à en faire l'expérience personnelle. L'autorisation que Dieu donna à
l'érection d'un temple n'est pas une approbation, c'est à peine un
consentement; il dit à David: je n'en ai pas besoin, ton fils me bâtira une
maison. Il semble protester pour sa part, constater un fait, et en laisser
l'auteur entièrement responsable.
7. La
visite de la reine de Séba est mentionnée avec une sorte d'éclat au milieu de
toutes les autres visites qui furent faites à Salomon. Les offrandes qu'elle
apportait, la beauté et la grandeur de son cortège, son admiration pour la
science et l'esprit du roi hébreu, sont rapportés avec complaisance; ses
discours semblent annoncer qu'elle était digne de l'hôte qu'elle venait
admirer. Notre Seigneur, en la louant de ce qu'elle avait fait, Matthieu 12:42;
Luc 11:31, blâme les Juifs de ne pas pressentir le roi de gloire, la sagesse
éternelle qui est au milieu d'eux.
— Une tradition éthiopienne porte que la reine de Séba
eut de Salomon un fils, Méniléhek, duquel les rois actuels d'Abyssinie
prétendent encore descendre en ligne directe,
— Voir: Sheba.
8. La
relation des Chroniques est en général plus courte que celle des Rois, et elle
supprime certains détails qui ne manquent pas d'importance, notamment la chute
et l'idolâtrie de Salomon, et les exécutions qui inaugurèrent son règne. Le
plan particulier de ces deux livres explique ces différences, et en explique
d'autres encore: les Rois racontent, ainsi que leur litre l'indique, l'histoire
des rois; les Chroniques racontent davantage l'histoire du royaume
théocratique. Plusieurs actes de Salomon, sa chute entre autres, furent des
actes personnels, et c'est moins pour ménager sa gloire que pour s'en tenir à
ce qu'exigeait leur plan, que les Chroniques ont passé sous silence des faits,
instructifs sans doute comme histoire d'un individu, mais presque sans relation
avec l'histoire du royaume. Si l'on se rappelle ensuite que les Rois sont
l'histoire des prophètes et, pour ainsi dire, du culte libre, et que les
Chroniques nous racontent l'histoire dans ses rapports avec le culte lévitique,
national, on comprendra certaines autres variantes, omissions, ou additions,
telles que 2 Chroniques 2:17; cf. 1 Rois 5:13; 2 Chroniques 5:11-14; cf. 1 Rois
8:10; 2 Chroniques 8:12; cf. 1 Rois 9:25. La conciliation de quelques autres
différences, ou le jugement à porter sur leur nature, n'appartient pas à notre
travail; c'est l'affaire des commentaires.
9. Que
Salomon soit revenu de ses égarements avant de mourir, c'est ce qui ne nous
laisse pas l'ombre d'un doute, mais le récit biblique se tait sur ce point. Le
fils de David, le constructeur du temple, l'auteur de trois des livres du
canon, ne saurait être un réprouvé; il a pu tomber, mais il a dû se relever, et
si la réprobation pesait sur lui le livre des Chroniques ne nous laisserait pas
sous l'impression de sa fidélité: ce n'est même que parce qu'il s'est repenti
que l'auteur des Chroniques a pu passer sa chute sous silence. Une Chute
n'était qu'un fait, une apostasie finale eût modifié, ou plutôt changé
complètement le jugement que l'histoire doit porter sur ce monarque; et si Dieu
l'a jugé digne de lui dénoncer lui-même les châtiments qui fondraient sur son
royaume, c'est que Dieu ne le rejetait point; il est d'ailleurs probable que
cette vision, et les troubles de ses derniers jours, furent le moyen dont Dieu
se servit pour le ramener à lui.
10. La
tradition et les légendes se sont emparées de cette vie si riche et si grande,
et l'Orient chante encore Salomon: nous n'avons pas à nous en occuper; le seul
fait à signaler est la durée de quatre-vingts ans que Flavius Josèphe donne à
ce règne; en faisant mourir Salomon à quatre-vingt-quatorze ans, il en fait une
sorte de Louis XIV, moins les guerres et les persécutions religieuses.
11. Le
nom de Salomon est souvent rappelé dans l'histoire de ses successeurs, ou à
propos du temple et du culte. En dehors des livres historiques de l'Ancien
Testament, on le trouve Psaumes 72:1; Jérémie 52:20; Néhémie 13:26; Matthieu
6:29; 12:42; Luc 11:31; 12:27; Jean 10:23; Actes 3:11; 5:12; 7:47, et il est à
remarquer que dans tous ceux de ces passages où il sert de terme de
comparaison, il est nommé avec défaveur et comme terme inférieur.
Le parallèle suivant complétera ce qui a été dit
ailleurs du caractère de ce monarque, et contribuera à jeter du jour sur sa
vie, sa philosophie et ses récits. Une étude profonde du sujet, et une
intelligence parfaite du sens hébreu, ont seules pu inspirer à M. F. de
Rougemont ce remarquable fragment. «David et Salomon s'expliquent l'un l'autre
par l'opposition de leurs caractères. Le premier est un homme pratique dont la
vie agitée est pleine de faits intéressants; Le second est un homme théorique,
et ses jours s'écoulent uniformes et tranquilles en un temps de paix. Le
premier a la conscience très délicate et le cœur droit et sincère, il sent
vivement et ses péchés et les grâces que Dieu lui a faites, et il exprime avec
une extrême vérité toutes ses impressions personnelles; le second a plus
d'intelligence que de sens moral, il généralise ses expériences intimes, et
trouve une vérité et une sentence où son père n'aurait vu qu'un sentiment
individuel. David parle dans ses Psaumes au nom de tous les fidèles et même du
Messie, parce qu'il est par son cœur intimement lié au grand corps de l'Église;
Salomon reste plus en dehors de cette sainte communauté, et lui apporte bien
moins son cœur que ses écrits, où il a consigné des vérités générales. La foi
et la sainteté sont le tout de David; Salomon est en outre savant, philosophe,
poète, il est le seul artiste et le seul littérateur du peuple hébreu. David
possède les choses seules nécessaires et concentre sur elles toute son âme;
Salomon embrasse par sa pensée une sphère beaucoup plus vaste, il aime tout ce
qui est profond, sublime, mystérieux, grandiose. Ce contraste entre David et
son fils se reproduit fréquemment dans l'histoire; un prince d'un génie
excentrique remplace sur le trône son père, homme pratique et sage; à Philippe
de Macédoine succède Alexandre le Grand; à Pépin, Charles le Grand; à Henri
l'Oiseleur, Otton le Grand; à Louis XIII, Louis le Grand.
«La Bible nous donne elle-même la clef du caractère de
Salomon, comme elle le fait au reste pour la plupart de ses principaux
personnages. Hénoch (ou Énoch) marchait avec Dieu, Genèse 5:22, nous dit-elle;
Élie se tenait devant le Seigneur, 1 Rois 17:1; Abraham croyait en l'Éternel,
Genèse 15, Romains 4:3; David était un homme selon le cœur de Dieu, Actes
13:22; le cœur d'Assa était droit devant l'Éternel, 1 Rois 15:14. De Salomon,
que l'Éternel aima dès son enfance, 2 Samuel 12:24-25, il est dit qu'il aimait
l'Éternel, 1 Rois 3:3; nul autre homme n'a reçu dans l'Ancien Testament un
semblable témoignage.
Salomon se place près de saint Jean, comme David près
de saint Paul. Saint Jean est le représentant de la vraie mystique chrétienne,
et les notions de la vie, de l'amour et de la parole occupent chez lui une
place beaucoup plus grande que chez les autres auteurs du Nouveau Testament.
Ainsi Salomon donne au mot de vie (ζωή) le même sens profond que l'Apôtre; il a, le premier, exposé les
relations de l'âme avec Dieu sous celles de l'épouse avec son époux, et c'est
lui qui, seul d'entre tous les écrivains de l'Ancienne Alliance, nous parle de
la sagesse qui est de toute éternité auprès de Dieu.
Mais Salomon ne fut pas dans sa vie tout ce qu'il est
dans ses écrits inspirés, et nous ne devons pas entendre par cet amour qu'il
avait pour Dieu dès le commencement de son règne, celui qui s'appuie sur
l'expérience du pardon et du salut, et qui procède tout entier de l'esprit de
Dieu, Psaumes 116; 18:1. Il y avait certainement dans ce sentiment de Salomon
un élément naturel et terrestre, et nous le compterions parmi ces âmes qu'un
penchant inné entraîne vers les choses invisibles, et qui, si Dieu ne les garde,
se précipitent dans ce faux mysticisme qui est de toutes les contrées et de
tous les siècles. Salomon aura été préservé de cet écueil par le caractère
éminemment pratique et positif de la religion mosaïque et du peuple hébreu, et
par l'éducation pieuse qu'enfant, il avait reçue de son père et de sa mère,
Proverbes 4:3.
Mais le fanatisme n'est point l'unique écueil contre
lequel viennent se briser ces âmes exaltées; elles doivent se tenir en garde de
la volupté autant que de l'exaltation; et Salomon, dans sa longue prospérité,
se laissa séduire par ses femmes, auxquelles il s'était attaché avec passion, 1
Rois 11:2; l'amour terrestre lui fit oublier l'amour divin et le plongea dans
l'idolâtrie...
Aimer Dieu, c'est le connaître, et la science
religieuse est sœur de l'amour divin; dans l'histoire des religions, les
mystiques donnent la main aux gnostiques. Ainsi, Salomon pénètre plus avant que
ne l'a fait aucun autre Israélite, dans les mystères divins, et Dieu lui
accorde de nouvelles révélations qu'il nous a laissées par écrit. Ses regards
d'aigle ont entrevu, comme à travers un voile épais, le Dieu un et triple, qui
a laissé pénétrer dans son âme un rayon de sa gloire, Proverbes 8. Les scènes
énigmatiques d'Éden ont occupé longtemps sa haute intelligence; il a reconnu
que le péché ne vient pas de Dieu et qu'il ne régnera pas toujours dans le
monde, Ecclésiaste 3:11; 7:29, et l'expression figurée de l'arbre de vie lui
est familière, Proverbes 3:18; 11:30; 13:12; 15:4, tandis qu'elle ne se
retrouve nulle part ailleurs dans l'Ancien Testament et qu'elle ne reparaît que
dans un écrit de saint Jean, l'Apocalypse. Salomon a saisi la vie spirituelle
du fidèle comme un progrès lent et régulier, et il la compare tantôt à un
chemin qu'on parcourt avec plus ou moins de rapidité, tantôt à la lumière du
jour qui, pale et faible d'abord, grandit et brille d'un éclat toujours plus
vif et plus pur jusqu'à sa perfection, Proverbes 4:18. La nature-même a été
l'objet de ses méditations religieuses.
Cependant la science des choses divines n'exclut point
chez le fidèle celle de l'homme; saint Jean le prouve aussi bien que Salomon.
Dans les écrits du premier, la communion habituelle de l'âme avec Dieu est
inséparable d'une vie sainte et d'une charité active, et les hommes se divisent
en deux classes uniques: les enfants de Dieu et les enfants du diable. Le
second ne s'élève sans doute pas à une telle hauteur, mais il sait poursuivre
la sagesse dans ses applications les plus diverses, et ce qui nous a été
conservé de ses trois milles sentences ou proverbes, atteste une profonde étude
du cœur humain...
«Poète de premier ordre, théologien mystique,
moraliste ingénieux, savant naturaliste, habile homme d'État, même heureux
guerrier, tel était Salomon, l'un de ces rares génies qui excellent dans les
choses les plus diverses et embrassent toutes les sphères de l'activité
humaine.»
________________________________________
SALUT, salutation,
________________________________________
— Voir: Politesse.
________________________________________
SAMARIE,
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en hébreu Schomrôn, en caldéen Schomraym.
1. Ville
du centre de la Palestine, située sur le plateau d'une colline et entourée de
montagnes plus élevées, 1 Rois 16:24, noble situation pour une ville royale:
isolée, la colline de Sa-marie, haute de 135 mètres environ, ressemble à une
citadelle qu'entoure un large fossé; escarpée, elle est cependant pourvue
d'eau, et dut sans doute, aux avantages de sa situation, l'honneur d'être
choisie pour capitale d'Israël et de le rester malgré plusieurs changements de
dynastie. Samarie, conservant le nom de Semer son premier possesseur, fut bâtie
par Homri roi d'Israël (928 avant J.-C.) qui, après avoir encore habité six ans
la ville de Tirtsa, après que le palais en eut été brûlé, changea de résidence,
et passa les six dernières années de son règne à Samarie, cf. 1 Rois 16:29;
20:1,43; 21:1; 22:10,37. Cette ville fut à diverses reprises le siège principal
du culte de Bahal en Éphraïm, 1 Rois 16:31; cf. 2 Rois 10:18; Jérémie 23:13.
Comme capitale du royaume des dix tribus, elle est souvent opposée à Jérusalem
dans les oracles des prophètes, Ézéchiel 16:46; Amos 6:1; Michée 1:1. Elle fut
assiégée par les Syriens sous Achab et sous Joram, et prise enfin par les
Assyriens sous la conduite de Salmanéser, après un siège de trois ans, 1 Rois
20, 2 Rois 6:7, 17 et 18, (721 ou 722 avant J.-C.), puis peuplée comme les
autres villes d'Israël par des colons étrangers, 2 Rois 17:24; Esdras 4:10.
Dans les temps qui suivirent l'exil, Samarie était encore une ville forte; Jean
Hyrcan la prit après un blocus d'un an, et la détruisit. Son territoire, au
temps d'Alexandre, appartenait encore aux Juifs: le général romain Gabinius
releva la ville, Pompée la donna à la Syrie, et Gabinius acheva de la
fortifier; l'empereur Auguste la donna à Hérode le Grand, qui l'embellit, y mit
une garnison de vétérans, la fortifia encore, et lui donna en l'honneur de son
maître le nom de Sébaste (Augusta), qu'elle a conservé dans ses ruines sous la
forme altérée de Subuste (Maundrell, Buckingham, Keith, p. 214, etc.). La
prospérité naissante de Sichem (Néapolis) porta le dernier coup à l'existence
de Sébaste qui ne fit que dépérir; on ne trouve plus sur l'emplacement de
l'ancienne capitale des dix tribus qu'un petit village tout à fait
insignifiant, auquel Clarke et d'autres voyageurs refusent même l'honneur
d'occuper la place de l'ancienne Samarie, qu'ils croient être à quelques lieues
delà, à Santorri ou Sanhûr, où l'on voit encore les ruines d'un vieux château.
— Les prophéties sont accomplies, et lorsque tant
d'autres villes conservent encore quelque chose d'imposant dans leurs ruines,
Samarie n'est plus qu'un monceau de pierres dans les champs, Michée 1:6; ses
ruines mêmes ont été démolies dans l'intérêt de l'agriculture, ses pierres ont
été précipitées dans la vallée et entourent le tronc des oliviers; ses
fondements ont été découverts, et les débris d'une église grecque s'élèvent sur
les fondements ruinés et découverts d'un des monuments de l'ancienne Samarie.
— Une vieille tradition fort incertaine, portant que
Jean-Baptiste a été décapité (!) ou du moins enterré à Samarie, il va sans dire
qu'on lui a fait un tombeau et une église; vingt et une marches conduisent le
voyageur dans le caveau qui contient cinq niches funéraires.
2. Comme
capitale du pays, Samarie donna bientôt son nom à la contrée qui l'environnait;
on dit: les montagnes et les villes de Samarie, avant de penser à faire de
Samarie le nom de la contrée, et les prophètes, considérant la capitale comme
le représentant de l'idolâtrie qui avait envahi Israël, contribuèrent pour leur
part à étendre le nom de Samarie au pays tout entier, 1 Rois 13:32; 2 Rois
17:26; 23:19; Jérémie 31:5; Ézéchiel 16:51; 23:4; Osée 7:1; 8:5; Amos 3:9;
Michée 1:5. L'expression: champs de Samarie, ou territoire de Samarie, se
présente pour la première fois Abdias 19, comme désignant d'une manière
positive et claire, le pays sous le nom de sa capitale; plus tard cet usage
gagna naturellement du terrain, d'autant plus qu'il n'y avait pas d'autre nom
convenable pour désigner cette contrée, les anciens noms ayant perdu leur
valeur, ou ne rappelant plus que de tristes souvenirs. C'est dans les
apocryphes, 1 Maccabées 10:30; 11:28, que le nom de Samarie commence à être
employé pour désigner le pays habité par les Samaritains, en opposition à la
Judée et à la Galilée; ce pays intermédiaire qui s'étendait de la mer au
Jourdain et qui était l'un des plus riches de la Palestine, fut constitué en
province par les rois de Syrie, et comprenait le territoire d'Éphraïm, celui de
Manassé occidental et la partie sud-est d'Issacar; ses villes principales
étaient Samarie, Sichem, Sunem, Éphraïm, Timnath-Sérah, Silo, etc. Césarée, qui
appartenait au territoire de Samarie, était cependant une résidence des
gouverneurs de la Judée,
— Voir: Flavius Josèphe, G, des Juifs 3, 3; 4.
Le nom de cette province apparaît fréquemment dans le
Nouveau Testament. Jésus la visita, et l'Évangile y fut annoncé par Philippe,
Luc 17:11; Jean 4:4; Actes 1:8; 8:1; 9:31; 15:3.
________________________________________
SAMARITAINS.
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Nom sous lequel furent généralement désignés, après
l'exil, les habitants du centre de la Palestine, de la Samarie, soit qu'ils
fussent entièrement d'origine païenne, comme le pense Hengstenberg, soit qu'ils
descendissent, par des mariages mixtes, des colons assyriens transplantés sur
le sol d'Israël, et des misérables Juifs que Salmanéser avait laissés dans leur
pays, ne jugeant pas qu'il valût la peine de les transporter, 2 Rois 17:24-29.
Au fond, et quels que fussent leurs rapports de consanguinité avec les Juifs,
les Samaritains furent païens dès le principe, et le restèrent longtemps;
l'historien sacré pense si peu à en faire des Juifs, ou même des demi-Juifs,
qu'il insiste sur la nature et la spécialité des dieux qu'ils adoraient,
distinguant leurs dieux les uns des autres: Jéhovah, qu'ils adorèrent aussi, ne
fut pour eux qu'un dieu de plus, le dieu du pays, et ils n'eurent garde de lui
manquer, mais voilà tout. Lorsque les Juifs revinrent de la captivité, les
Samaritains leur offrirent de rebâtir le temple, la ville et les murs de
Jérusalem, de concert avec eux; mais Zorobabel et Jésuah, se souvenant que Dieu
n'aime pas les cœurs partagés, rejetèrent leur demande; irrités et blessés de
ce refus, ils s'opposèrent dès lors, de toutes leurs forces, à la construction
du nouveau temple, et réussirent, par leurs délations et leurs calomnies, à
faire interrompre les travaux jusqu'en la deuxième année de Darius Hystape, 250
avant J.-C., Esdras 4, Néhémie 4. Néhémie sut briser les obstacles qu'ils
accumulèrent sur sa route. Mais ces luttes eurent pour résultat d'aigrir
toujours plus l'une contre l'autre deux populations qui n'avaient déjà pas trop
déraisons pour se voir d'un bon œil, et l'irritation finit par une scission
complète, politique et religieuse. Les Samaritains élevèrent sur le mont
Guérizim, près de Sichem, un temple rival de celui de Jérusalem, et y
établirent leur culte: ce fut au temps d'Alexandre le Grand. Manassé, frère du
souverain sacrificateur Jaddæus, ayant épousé la fille de Samballat, le
gouverneur persan, se retira dans la Samarie avec un grand nombre de Juifs qui
avaient, comme lui, épousé des femmes païennes au mépris de la loi de Moïse, et
qui refusaient de s'en séparer; avec la permission d'Alexandre, ils bâtirent
leur temple, et Manassé en devint le premier prêtre; c'est peut-être de lui
qu'il est question Néhémie 13:28, quoique son nom ne soit pas indiqué. Dès lors
la haine nationale s'accrut au point qu'il n'y eut plus, entre les Juifs et les
Samaritains, aucune communication, Ecclésiastique 80:26-27. Une malédiction
prononcée publiquement à Jérusalem contre ces derniers, interdit aux Juifs
toute relation avec eux, déclara aussi impures que la chair du porc toutes les
productions de leur pays (nam quicumque comedit buccellam samaritanam, est ac
si comedat carnem porcinam), et leur refusa même le droit dont jouissaient tous
les autres peuples païens, d'embrasser, en qualité de prosélytes, la religion
judaïque.
— Voir: Jean 4:9:27.
Le nom de Samaritain devint, parmi les Juifs, une
injure (8:48), et l'on voit des Samaritains refuser de recevoir Jésus, parce
qu'il se rendait à Jérusalem pour y faire la pâque, Luc 9:52-56. Notre Seigneur,
par ses actes, a protesté contre ces haines nationales, quelque justifiées
qu'elles pussent paraître, et, non seulement il a accepté l'hospitalité que lui
offrirent des Samaritains dont la foi le reconnaissait pour le Sauveur du
monde, Jean 4:40,42, mais il avait auparavant envoyé chez eux ses disciples
pour acheter des vivres, verset 8.
— Sous Alexandre, les Samaritains, avec Sichem, leur
capitale, furent sujets macédoniens; à sa mort, ils partagèrent le sort du
reste de la Palestine, mais esquivèrent, sous Antiochus Épiphanes, les mauvais
traitements de la domination syrienne, en consacrant leur temple à Jupiter
Hellénius. Plus tard, le roi juif Jean Hyrcan s'empara de la Samarie, prit
Sichem, détruisit le temple qui subsistait depuis deux siècles, et finit par
démolir la ville même de Samarie. Sous le roi juif Alexandre, la Samarie fut de
nouveau le théâtre de la guerre: elle retomba au pouvoir des Juifs jusqu'au
moment où Pompée vint rétablir l'indépendance des Samaritains. Cette période
romaine ne fut pas plus favorable à l'une qu'à l'autre des deux nationalités;
la Samarie devint une province du royaume d'Hérode, qui en rétablit la
capitale, et la peupla de soldats. Pendant les dix années suivantes, elle
appartint à Archélaüs, puis fut donnée à la Syrie. Sujets immédiats de Rome,
les Samaritains eurent quelquefois l'occasion d'éprouver la dureté de leurs
chefs provinciaux; mais il faut avouer aussi qu'ils surent la mériter. Claude
ne fit des Juifs et des Samaritains qu'un lot, qu'il adjugea à Hérode Agrippa,
que Caligula avait déjà établi roi sur le nord de la Palestine. Ces rapports ne
durèrent que peu d'années, et la Samarie, séparée de la Judée, fut associée
dans son histoire aux autres provinces romaines de l'Asie antérieure.
Depuis la destruction du temple des Samaritains, la
montagne de Guérizim, sur laquelle ils l'avaient bâti, continua d'être pour eux
un lieu saint, le centre de leur culte, bien qu'ils possédassent, en d'autres
endroits, des maisons de prières: ils avaient abandonné le culte des faux
dieux, ils adoraient l'Éternel, mais ils ne le connaissaient pas. Comme les
Juifs, ils attendaient le Messie, et Jésus a trouvé parmi eux beaucoup de
personnes bien disposées, Jean 4, Luc 17:11-20. On pourrait presque conclure de
quelques-uns de ces passages,
— Voir: surtout Luc 10:33,
que la haine nationale était moins forte chez eux que
chez les Juifs, et que les intolérantes mesures de ces derniers continuaient
seules à maintenir entre les deux peuples une barrière que les Samaritains
auraient aimé à voir tomber. La principale erreur théologique que les Juifs
leur reprochaient, c'était le rejet de tous les livres canoniques de l'Ancien
Testament, à l'exception de la loi. Les Samaritains ne recevaient, en effet,
que le Pentateuque; ils rejetaient tout le reste, et surtout, ce que les
pharisiens ne pouvaient leur pardonner, ils rejetaient les traditions
rabbiniques. En tout cas, ils s'attachaient avec conscience à l'observation de
ce qu'ils connaissaient de la loi divine, et ce qu'ils y ajoutèrent quelquefois
ne peut être considéré que comme une interprétation spirituelle des passages de
leur livre. Ils furent les premiers, après les Juifs, à recevoir l'Évangile, et
l'on reconnaît en eux, à l'époque de Jésus, un peuple qui, dans le sentiment de
sa misère, éprouvant le besoin d'un réparateur, cherche le remède à ses maux
auprès des magiciens et des faux prophètes, avant que de le trouver auprès de
celui qui est la vraie puissance de Dieu, Actes 8, et 9.
Les Samaritains prirent les armes avec les Juifs
contre Vespasien. Sous Justinien, ils persécutèrent les chrétiens de la manière
la plus cruelle. Plus tard, ils furent dispersés dans plusieurs villes de la
Palestine. De nos jours, ils sont fort peu nombreux; leur secte compte environ
cent cinquante adhérents à Sichem, quelques familles à Jaffa, qui se
distinguent par une vie paisible et exemplaire. Ils observent la loi mosaïque
plus fidèlement même que les Juifs, célèbrent annuellement le sacrifice de la
pâque dans leur temple ou sur le mont Guérizim, et ont un souverain pontife qui
descend, à ce qu'ils assurent, de Manassé. Leur physionomie n'est pas juive.
Autour d'eux, des mahométans sont établis comme maîtres du territoire; protégés
par leurs montagnes escarpées et leurs étroits défilés, vivant dans des bourgs
situés comme des forteresses sur le sommet des collines, ils sont plus à l'abri
des incursions des Arabes que les habitants d'aucune autre partie de la
Palestine, et ils jouissent, ainsi que les Druzes et les Maronites dans les
hautes vallées du Liban, d'une grande liberté politique. Ils se distinguent par
leur amour de l'indépendance, sont toujours armés dans les campagnes,
n'obéissent qu'à la force, et sont constamment prêts à se révolter contre les
pachas. Sichem, en particulier, forme, avec une centaine de villages voisins,
un petit état qui est gouverné par ses propres chefs, et qui peut mettre sur
pied une armée de 6,000 hommes. Leur riante et fertile contrée est trois fois
plus peuplée que la Judée; elle possède 900 habitants par lieue carrée, autant
que le Liban. Enfin, ils sont aussi intolérants que l'étaient leurs
prédécesseurs au temps de Jésus-Christ, et ils ne souffrent pas aisément des
Juifs et des chrétiens parmi eux (Bræm, traduction Rougemont). On trouve dans
les Juifs d'Europe et de Palestine, par Keith, Black, etc., pag. 197-214,
d'intéressants détails sur la Samarie et ses habitants; la visite des pieux
voyageurs à la synagogue de Sichem, et quelques détails sur le Pentateuque
samaritain qui leur fut montré, et qu'on leur dit avoir été écrit, il y a 3,600
ans, par Abisuah, fils de Phinées, méritent particulièrement d'être lus. La
langue dans laquelle est écrit ce vieux monument de leur foi, est un dialecte
qui tient le milieu entre l'hébreu et l'araméen, et qui trahit par la présence
de mots assyriens que les grammairiens désignent sous le nom de cuthéens, une
origine moins ancienne que celle qu'on se plaît à leur assigner. Ce
Pentateuque, quelle que soit son antiquité, ne saurait être plus ancien que les
Samaritains eux-mêmes, et remonte tout au plus au retour de l'exil.
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SAMBALLAT,
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Néhémie 2, 4, 6, 13; païen moabite, natif d'Horonajim,
un des chefs des colonies samaritaines. II s'est fait connaître des Juifs par
tout le mal qu'il a cherché à leur faire sans y réussir, et par le courage
qu'il a eu de contracter une alliance de famille avec ceux qu'il avait essayé
de persécuter. Il a joué, sous Néhémie, le même rôle que Réhum sous Zorobabel.
Il a voulu s'opposer à la reconstruction des murailles de Jérusalem; menaces,
ruses, diplomatie, tentative de meurtre sur la personne de Néhémie,
rodomontades, conseils, levée de troupes, il a tout essayé, mais il a toujours
échoué contre la sagesse, la fermeté, la prudence, et la vigilance du
prophète-gouverneur. Pour en finir, il donna sa fille en mariage à un
petit-fils du grand prêtre Éliasib, ne doutant pas qu'une union aussi mal
assortie ne causât de la peine à son triomphant ennemi. La ressemblance du nom,
et quelques détails de son histoire, ont fait croire que ce Samballat est le
même qui obtint d'Alexandre le droit de faire bâtir un temple pour les
Samaritains; il n'y a qu'une objection contre cette identité de personne, mais
elle est sérieuse: c'est qu'il est peu probable que l'ennemi de Néhémie ait
vécu jusqu'aux jours d'Alexandre le Grand.
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SAMGAR,
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Juges 3:31; 5:6 (1305 avant J.-C.), troisième juge
d'Israël, n'exerça probablement son ministère que dans la partie occidentale et
méridionale du pays; il n'est connu que par le seul fait qu'il tua ou défit 600
Philistins avec un aiguillon à bœufs. Débora rappelle l'état déplorable du pays
au temps où Samgar se leva.
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SAMMA,
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un des trois plus illustres guerriers de David,
partagea la gloire et les dangers de Jasobham et d'Éléazar, 2 Samuel 23:11; cf.
1 Chroniques 11:11; sq..
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SAMOS,
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île de la mer Égée qui porte, près de là, le nom de
mer Icarienne; elle est séparée par un canal étroit de Pryène, de Mycale, et de
Pan-Ionium, non loin des côtes de l'Ionie, à 40 stades du cap Trogyle. Elle est
célèbre comme patrie de Junon, qui y avait un temple magnifique. Pythagore y
naquit 608 avant J.-C., et y mourut à l'âge de quatre-vingt-dix-huit ans. Elle
avait porté anciennement le nom de Parthénie, et s'appelle aujourd'hui Sussam-Adassi.
L'air y est sain et le sol fertile; les figuiers, les pommiers, et la vigne
même, selon Athénée, y portent des fruits deux fois par an, mais le raisin n'y
est pas aussi bon que celui des îles voisines, de Chios, par exemple. La terre
y est excellente pour la poterie, et l'on attribue aux Samiens l'invention de
ces sortes d'ouvrages: la Vulgate a inséré le nom de Samos dans le passage
Ésaïe 45:9, à propos d'argile et de pots de terre, liberté de traduction qui
s'explique par la réputation de cette île en cette matière. Il paraît que la
prédication de l'Évangile n'avait pas été vaine à Samos; saint Paul y ayant
passé dans un de ses voyages, s'arrêta à Trogyle, Actes 20:15.
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SAMOTHRACE,
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Actes 16:11, île de la mer Égée, située au nord de
Lemnos, vis-à-vis de l'embouchure du fleuve Lissus, a porté d'abord le nom de
Leucosia, puis celui de Samos; la proximité de la Thrace a fait joindre le nom
de ce pays à son nom d'île, et maintenant elle s'appelle encore Samotraki, ou
selon d'autres Samandrachi. Elle avait une ville du même nom, avec un temple où
l'on célébrait en l'honneur des dieux Cabires, des mystères aussi fameux que
ceux d'Éleusis: le temple de ces divinités était un asile sacré et inviolable,
et l'on avait pour elles un si grand respect que de les nommer passait pour un
crime.
— Cette île ne compte plus aujourd'hui qu'un seul
village, et fort peu d'habitants. C'est la patrie d'Aristarque.
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SAMSON,
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Israélite de la tribu de Dan, et juge d'Israël pendant
vingt ans (Juges 13, à 16,), apparaît dans l'histoire comme un homme à part. Sa
naissance miraculeuse est presque la moindre des merveilles de sa vie.
Nazarien, et béni de Dieu, il fut la Providence des tribus méridionales, qu'il
protégea par divers exploits contre les brigandages des Philistins; mais elles
lui surent si peu gré d'être l'ennemi de leurs ennemis, qu'elles essayèrent une
fois de le livrer entre leurs mains. Vif et bouillant de caractère, emporté,
mais gai, ironique, presque bouffon, il se fait un jeu des travaux les plus
gigantesques, et dépense parfois ses forces en pure perte, pour étonner plutôt
que pour nuire, avec ironie et malice. C'est presque toujours à l'improviste,
d'une manière inattendue qu'il apparaît, et ses vengeances particulières
servent souvent la vengeance nationale. Sans armes il tue un lion, et n'en tire
d'autre profit que de proposer une énigme à ses amis de noce, et de manger le
miel que les abeilles ont déposé dans la carcasse. Trompé au jeu, il tue trente
Philistins pour avoir les trente robes de rechange qu'il doit payer. Trompé par
son beau-père, qui donne sa femme à un autre, il prend trois cents chacals qu'il
attache deux à deux avec un flambeau entre les deux queues, les lâche au milieu
des blés et des plantations des Philistins et détruit en un jour les récoltes
de l'année. Livré aux Philistins par les hommes de Juda qui trouvent qu'il les
défend trop bien (fidèle image de ces protestants relâchés qui marchent plutôt
contre leurs conducteurs avec leurs ennemis, que contre leurs ennemis avec
leurs conducteurs), il se laisse conduire par 3,000 hommes jusqu'en présence de
l'ennemi; les cordes neuves qui l'enchaînent tombent alors de ses bras, et
d'une mâchoire d'âne il abat mille Philistins qui ne s'y attendaient pas; il
célèbre sa victoire par ses chants, mais il oublie que sa force lui vient de
Dieu: Dieu doit lui rappeler sa faiblesse,
— Voir: Léhi.
Enfermé à Gaza, il n'essaie point de fuir en cachette;
il sort par la porte de la ville, qu'il enlève en passant et qu'il va placer, à
quelque distance de là, sur une colline qui se trouve sur la route d'Hébron. Il
plaisante Délila sur sa curiosité, mais finit par céder à la persistance de ses
intrigues féminines; il lui livre son secret, il est nazarien, et la marque de
son nazaréat, son énorme chevelure, tombe sous les ciseaux philistins: à son
réveil, sentant sa tête dégarnie, il sent qu'il n'est plus nazarien, il
comprend que Dieu s'est retiré de lui, et il va faire dans la prison de Gaza de
sérieuses réflexions sur sa coupable et malheureuse légèreté. Mais pendant que
ses ennemis s'affaiblissent par leur orgueil, il se fortifie par son
humiliation: privé de la vue et tournant la meule, il sent flotter de nouveau
sur ses épaules le symbole du nazaréat; la paix est rentrée dans son cœur et
avec elle le sentiment de sa force. Les Philistins, en un jour de fête, le font
venir pour se réjouir de sa honte; ils dansent, mais ils ne savent pas que
c'est sur un volcan; Samson aveugle les amuse, mais quel jeu! Ses bras
puissants saisissent les piliers sur lesquels la maison est appuyée, et trois
mille Philistins périssent ensevelis avec lui sous les décombres de ce vaste
bâtiment. Sa mort fut pour ses ennemis un coup fatal qui les affaiblit
considérablement, et permit à sa famille de venir sans crainte réclamer son
corps; il fut enseveli dans le sépulcre de son père, entre Estaol et Tsorah.
De nombreuses difficultés sont à résoudre dans cette
vie; de nombreuses réflexions se pressent dans l'esprit lorsqu'on la lit avec
sérieux, et en se rappelant que Samson fut un juge choisi de Dieu; on a vu
ailleurs la solution de quelques difficultés, la réponse à quelques questions, c.
Léhi, Nazarien, Manoah, Lion, Abeille, etc. Nous résumerons ce qui reste à dire
sur ce sujet.
1. Samson,
dont le nom signifie petit soleil, était le type du soleil de justice: il n'a
pas été le libérateur d'Israël, il n'a fait que préparer, commencer sa
délivrance et sa restauration, que Samuel au point de vue juif, Jésus-Christ au
point de vue chrétien, ont achevée entièrement.
2. Comment
a-t-il pu, malgré son vœu de nazaréat, s'approcher du cadavre du lion, et
manger le miel qu'il y a trouvé? On peut répondre de deux manières. Il est
presque sûr, d'abord, que ce cadavre n'était plus un cadavre, mais un squelette
désinfecté; autrement les abeilles n'y seraient pas venues; or un squelette ne
pouvait pas le rendre impur. Puis, il faut le dire, et plusieurs détails de la
vie du héros nous y autorisent, Samson n'y regardait pas de très près, et après
avoir avalé le chameau il avait du moins la droiture et le bon esprit de ne pas
couler le moucheron.
3. Le
mariage de Samson avec une Philistine, ses désordres à Gaza, ses relations
illicites avec Délila, sont une preuve évidente des passions voluptueuses du
juge d'Israël, et pèsent sur lui beaucoup plus que le contact du lion décharné.
Il est impossible de l'absoudre, car Dieu lui-même l'a condamné; des tromperies,
la prison, le supplice, la mort ont été la suite de son péché, et il a pu
comprendre que les pieds de la femme débauchée conduisent à la mort, Proverbes
5:5; 7:27. Mais nous ne devons pas non plus nous montrer plus sévère que Dieu
même; Samson, comme notre Seigneur, a été seul à fouler au pressoir; seul
pendant toute sa carrière, sans secours, sans sympathie chez ses compatriotes,
isolé comme un prophète, combattant pour la vérité, mais abandonné de ceux qui
l'auraient dû défendre, il a souffert en son Âme de son isolement, et ses
faiblesses s'expliquent sans l'excuser. Si Dieu ne lui a jamais fait défaut,
c'est que le juge d'Israël n'a jamais manqué; l'homme a péri, le juge a
triomphé. La foi de Samson brille en quelque sorte d'un éclat d'autant plus vif
que ses fautes comme individu ont été plus grandes, et si l'apôtre Paul le
compte au nombre des héros de la foi, Hébreux 11:32, ce n'est bien sûrement pas
à cause de ses fautes, mais parce que malgré ses fautes il n'a jamais désespéré
des promesses et de la fidélité divines. La foi du chrétien, c'est de croire
que Dieu est toujours fidèle, alors même que nous cessons de l'être.
4. La
chute si prompte et si complète du temple de Dagon, occasionnée par le seul
ébranlement de deux piliers, peut à juste titre causer une surprise mêlée de
doute, lorsqu'on se représente ce bâtiment construit dans les conditions
ordinaires de l'architecture moderne. Mais il est facile de se représenter une
construction et une architecture différente: le voyageur Shaw raconte qu'il a
vu, à Alger et ailleurs, des maisons et même de grands édifices construits de
telle sorte que le tout croulait si les colonnes du centre étaient enlevées;
l'architecte Christophe Wren a décrit la manière dont une pareille construction
pouvait se faire, et Pline mentionne un théâtre immense construit à Rome par
Curion partisan de César, et dont toute la solidité dépendait de celle d'une
simple charnière. (— Voir: mes Juges d'Israël, page 96-112)
5. Les
cheveux de Samson ne faisaient pas sa force; ils en étaient l'emblème naturel,
car la force de l'homme est presque toujours accompagnée d'un grand
développement chevelu; ils en étaient en outre le sceau divin, car ils étaient
le signe de son nazaréat, de la mission dont il était revêtu, et de
l'assistance que Dieu devait lui prêter: en perdant ses cheveux, Samson n'a
perdu ses forces que parce qu'il sentait qu'il avait mérité d'être abandonné de
Dieu; il n'avait plus de foi en Dieu, ni peut-être de foi en lui-même, et l'on
sait que la foi en soi-même double et triple les forces.
6. Il
est dit, à plusieurs reprises, que l'Esprit de Dieu fut sur Samson quand il
s'apprêtait à faire le mal, ou que ses inclinations vicieuses venaient de
l'Éternel: la réponse à cette difficulté est du ressort de la dogmatique; disons
seulement que si l'Éternel dirige le cœur de l'homme comme des ruisseaux d'eau,
il ne lui enlève point sa liberté. L'homme, esclave naturel du péché, suivait
les désirs de la chair, et Dieu le laissait faire, sachant qu'il tirerait le
bien du mal.
7. La
force miraculeuse du fils de Manoah, a été regardée par plusieurs comme une
force fabuleuse, et peu s'en faut que les rationalistes n'aient fait de Samson
un être imaginaire, un héros fantastique, un mythe, comme on dit de nos jours.
De ce que presque toutes les nations ont conservé le souvenir d'un homme aux
exploits prodigieux, on a failli conclure qu'il n'y a jamais eu de Samson, ou
tout au moins, et c'est alors une critique et une exégèse à part (on pourrait
dire rétroactive), que le Samson des Juges a été emprunté à l'Ovide des
Romains, aux traditions grecques sur Hercule, ou au Rama des Indiens. Le lion
de Némée, en effet, la biche de Diane, le taureau crétois, la défaite de
l'armée d'Ergine par Hercule et sa massue, la naissance miraculeuse d'Hercule,
Hercule aux pieds d'Omphale, le Crotoniate Milon, les exploits de Thésée qui
charge sur ses épaules un taureau vivant et le porte à Athènes, l'histoire du
roi Nisus de Mégare qui perd ses forces avec les boucles rouges de son
éclatante chevelure, la source d'Aganippe qui jaillit sous les pieds de Pégase,
les énigmes que Rama propose à ses amis de noce, la source miraculeuse qui
jaillit à ses côtés pour apaiser son ardente soif, les renards sauvages qu'on
avait l'habitude de lâcher à Rome, au milieu du théâtre, avec des brandons
attachés à la queue pour célébrer la fête d'Hercule, tous ces détails, et
d'autres encore que nous racontent les anciens poètes, rappellent à divers
titres l'histoire de Samson, et quant aux usages dont Ovide dit qu'il n'en
connaît pas l'origine, il aurait pu la trouver dans les livres sacrés des
Hébreux. Si l'on veut nier absolument la possibilité des faits, à la bonne
heure; c'est un système, et Vatke a pu démontrer comme quoi Samson n'avait
jamais existé, comme quoi Samson est une allégorie, un type du soleil, comme
Napoléon. Mais si l'on admet la possibilité de la chose, qu'on en laisse au
moins, avec l'histoire, l'initiative au peuple hébreu; qu'on reconnaisse que ce
ne sont pas les plus anciens qui ont emprunté leurs traditions aux plus
modernes, les Juifs aux Romains, les Juges à Diodore de Sicile.
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SAMUEL,
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fils d'Anne et d'Elkana (1 Samuel 1-16, et 25). Il
était Lévite, 1 Chroniques 6:28, et sa famille habitait Rama dans la montagne
d'Éphraïm. Fils d'une mère pieuse, il fut nommé Samuel, c'est-à-dire exaucé de
Dieu, parce qu'il fut accordé aux prières de l'épouse stérile d'Elkana, et sa
vie fut consacrée à l'Éternel dès ses plus jeunes années. Nazarien par le vœu
de sa mère, il fut élevé à Silo par les soins du grand-prêtre Héli, qui
l'initia à ses futures fonctions de prophète et de juge, mais Dieu veilla mieux
encore que les hommes à son éducation prophétique, et le jeune homme apparut
comme prophète et comme juge devant le pontife dont Dieu lui avait révélé les
faiblesses et le châtiment. Bientôt il se mit publiquement à la tête du peuple,
et conserva pendant toute sa vie des fonctions dont il ne déposa entre les
mains de ses indignes fils que la partie extérieure, formelle, et matérielle;
le crédit, l'autorité, il la conserva jusqu'à la fin, même sous le régime de la
royauté. Son lieu de naissance, Rama, fut aussi le lieu dont il fit son
domicile ordinaire; cependant d'autres villes, Guilgal, Mitspa, Béthel,
choisies peut-être moins à cause de leur position que parce qu'elles avaient
été précédemment des lieux de culte et d'adoration, furent des centres
réguliers d'activité pour Samuel, qui chaque année s'y rendait pour réunir le
peuple, l'exhorter, ou exercer la justice.
Son influence sur les affaires publiques et sur l'état
et la reconstitution d'Israël fut immense; il renversa l'idolâtrie, réveilla,
par ses actes comme par ses paroles, la crainte de l'Éternel, ranima l'esprit
national, apaisa les rivalités de tribus, établit conformément au vœu populaire
la royauté, qu'il renferma, par une charte réciproquement jurée, dans des
limites destinées à garantir l'indépendance et la liberté de la nation contre
les excès possibles du pouvoir; il appuya le roi par ses conseils fondés sur la
sagesse, la modération, la justice et l'esprit théocratique, qui devait
présider à tous les actes du peuple juif; il pourvut à ce que la nation fût
heureuse après sa mort, et sacra roi David, qui devait mieux que Saül justifier
la confiance dont on l'avait jugé digne; il dirigea des écoles de prophètes et
organisa cette institution, autant du moins qu'un ordre reposant sur
l'inspiration divine peut être organisé par la main des hommes, et les
prophètes furent dès lors un contre-poids donné aux empiétements de la royauté,
comme au besoin une protestation vivante contre le relâchement et l'infidélité
du sacerdoce régulier. Le sacre de David fut en quelque sorte le dernier acte
politique de Samuel, qui mourut en paix dans un âge fort avancé, et fut pleuré
de tout Israël, 1 Samuel 25:1.
Le gouvernement de Samuel nous apparaît dans
l'histoire des Hébreux comme un moment de calme entre deux orages, entre la
judicature du faible Héli et le règne de l'infidèle Saül; il reçoit l'héritage
vermoulu d'un pontife sans force, et il n'a pas eu le temps d'en réparer les
brèches qu'il doit déjà le transmettre à un roi sans obéissance, dont il ne
peut prévenir les fautes; il accepte la conduite d'un peuple négligé par son
prédécesseur, et dévoué d'avance à son successeur, et pourtant il se charge
avec joie de la tâche qui lui est confiée, et se consacre à une œuvre dont il
sait qu'il ne recueillera pas les fruits.
Samuel doit être placé auprès de Moïse, Jérémie 15:1;
Psaumes 99:6, et de David; ces trois hommes sont les astres les plus brillants
du ciel historique des Israélites; les miracles et les exploits de Moïse, de
même que les guerres de David et la majesté de son trône, entourent peut-être
ces deux derniers d'une plus belle auréole, mais l'influence de Samuel et son
activité, pour n'avoir été que d'une nature religieuse, normale, civile, n'en a
pas moins été puissante en Israël. Moïse avait donné les préceptes de la loi,
Samuel les fit pénétrer dans la vie du peuple. Moïse avait donné les formes,
Samuel donna l'esprit, sans lequel la forme conduit à la superstition; David
comprit l'un et l'autre, et fut à la fois législateur et prophète d'Israël,
vrai roi théocratique et bien aimé de Dieu. C'est à Samuel que les Hébreux
doivent d'avoir été constitués en nation, d'avoir été élevés au rang de nation
civilisée; car on ne saurait donner ce nom aux tribus telles qu'elles
existaient avant lui sous les juges. Avec Samuel, le peuple commence à se
reconnaître, à avoir la conscience de lui-même, et les tribus s'unissent pour
ne .former qu'un seul corps; l'isolement politique des diverses parties du pays
disparaît. La loi divine, comme nous avons eu souvent l'occasion de le voir,
n'avait pas encore pénétré les esprits; Samuel fait ce qu'il peut pour les
nationaliser, si l'on peut s'exprimer ainsi, et ses efforts sont couronnés; des
écoles de prophètes sont établies, et leurs élèves deviennent pour le corps
social et ecclésiastique de la nation ce que sont pour le corps humain les
nerfs qui conduisent les esprits vitaux. Pendant l'espace de sept siècles, il
en sort une succession, non interrompue de prophètes jusqu'à Malachie, et saint
Pierre voit en Samuel le chef de ce divin ministère, Actes 3:24.
Il commença sa carrière dans le temps de la plus grande
décadence, et l'on ne peut savoir ce que le peuple serait devenu sans lui. Les
Philistins étaient les maîtres de la plus grande partie du pays; les Hébreux,
découragés, étaient dans un profond abaissement; le sort de Samson prouvait que
la régénération d'Israël ne pouvait être opérée par un homme semblable aux
autres juges, mais qu'on avait besoin d'un remède plus général, plus profond,
plus intérieur, et que la restauration nationale devait être basée sur une
réformation religieuse. C'est qu'aussi la religion même semblait ne plus se
trouver nulle part en Israël. Le mal, comme une gangrène, avait envahi jusqu'au
sanctuaire; la parole de l'Éternel était rare en ces jours-là, et il n'y avait
point d'apparition, ni de vision; Héli sans doute reconnaissait encore la voix
de Dieu, mais ses fils faisaient mépriser le culte du Seigneur, qui déjà ne
consistait plus que dans le matériel de quelques cérémonies. La mort du
pontife, la défaite des Israélites, la perte de l'arche, furent le comble du
malheur, et c'est aussi dès ce moment que date la renaissance; l'activité de
Samuel commence dès lors à se déployer et à s'accroître, tranquille mais
profonde, lente mais toujours égale. Une seule victoire lui suffit pour
humilier les Philistins pendant toute sa vie.
Ses voyages, ses visites dans toutes les parties du
pays, les soins qu'il donnait avec tant de zèle au peuple qu'il voulait
relever, amenèrent enfin Israël à un certain degré de prospérité nationale et
de développement intellectuel et religieux; mais Samuel était âgé, ses fils ne
suivaient pas ses voies, et l'on s'en servit comme prétexte pour demander un
roi. Il est vrai que les, craintes des Israélites n'étaient pas sans fondement;
on pouvait prévoir qu'après la mort de Samuel les Philistins reprendraient courage,
et que les tribus réunies par sa puissante autorité, se dissoudraient ou se
désuniraient de nouveau lorsque les unes ou les autres auraient été attaquées
par l'ennemi. Il était nécessaire de prendre des mesures pour éviter que tous
les avantages obtenus par Samuel ne fussent pas perdus en peu de temps. Mais il
ne fallait pas pour cela un roi «comme en ont les autres nations;» on n'avait
qu'à s'attacher sincèrement à la constitution théocratique donnée par Moïse,
dans laquelle la sagesse de son auteur avait assez eu égard à l'union des
forces nationales et à leur facile concentration sans l'intervention de la
royauté. L'organisation nationale, qui jusqu'alors avait été patriarcale,
devait être remplacée par une organisation plus civilisée; mais celui qui
s'était manifesté d'abord comme Père suprême, pouvait également, pour une
nation plus avancée dans son développement, se manifester comme seul et vrai
roi. Les Hébreux montrèrent donc dans cette occasion combien peu ils étaient
pénétrés de l'esprit de la révélation divine; ils voulaient un roi en dépit de
la volonté et de la miséricorde célestes, qui leur avaient donné un esprit
directeur et organisateur, se manifestant dans le sanctuaire de son tabernacle.
Samuel dut céder à leur obstination: Dieu leur donnait un roi dans sa colère,
Osée 13:11.
Maintenant que le vœu du peuple est exaucé; maintenant
que, selon ses désirs, une royauté politique a remplacé la royauté
théocratique, nous verrons si des jours plus heureux se lèveront pour cette
pauvre nation tourmentée depuis des siècles. Dieu continuera d'en être le vrai
souverain, le pays sera toujours le royaume de l'Éternel, 1 Chroniques 28:5; la
révolution s'est faite avec la permission divine, et c'est le grand Samuel qui
a sacré les deux premiers rois de la jeune monarchie. Celui qui se manifestait
par les prophètes, les pontifes ou les juges, se manifestera toujours, mais par
l'intermédiaire des rois; la théocratie subsistera toujours, mais sous une
autre forme dont le peuple s'est promis des avantages merveilleux; l'histoire
montrera si cette nouvelle forme sera favorable à la nation, si la prospérité
sera plus grande, la piété plus sincère. Dieu est toujours le même, il ne s'est
pas opposé au changement voulu par les Israélites; il a même promis de les
bénir s'ils sont fidèles, il ne leur demande pas autre chose; de beaux jours
peuvent commencer. Si l'histoire du royaume est moins glorieuse, moins heureuse
que l'histoire ancienne d'Israël, ce n'est point parce que c'est un royaume,
c'est parce que le cœur s'est corrompu, parce que Dieu a été oublié.
Nous avons donné les détails de cette belle vie, et
présenté les observations qu'elle suggère, à la fin de l'Histoire des Juges
d'Israël, p. 114-142; nous n'avons plus à présenter ici que les réflexions les
plus importantes, et celles qui n'ont pu trouver place dans notre précédent
travail.
1. La
vie de Samuel a été une crise perpétuelle depuis les malheurs de la maison
d'Héli, jusqu'à la chute de la maison de Saül. En politique, la royauté se
substituait a la république aristocratique; en religion, l'arche était déposée
chez Abinadab, le tabernacle était tour à tour à Silo, à Nob, à Gabaon;
Ahimélec était souverain sacrificateur, et Samuel offrait le sacrifice, sacrait
deux rois, jugeait le pays, opposait le prophétisme au sacerdoce, et méritait
d'être nommé à côté de Moïse et d'Aaron, Psaumes 99:6. La splendeur du culte
auquel il présidait, mais d'une manière extra-légale, est rappelée 2 Chroniques
35:18.
2. Accusé
d'égoïsme par bien des commentateurs, Samuel se lave de ce reproche, par ses
actes. On a voulu voir dans les objections qu'il fait à l'établissement de la
royauté, dans son opposition à Saül, dans l'élection de David, autant de
preuves d'égoïsme, d'amour-propre et de recherche de soi-même. Mais si l'on se
rappelle le temps où il a vécu; si l'on tient compte des circonstances
extraordinaires qu'il a traversées et qui nécessitaient des mesures
extraordinaires; si l'on réfléchit que les tribus, divisées entre elles,
n'étaient unies par aucun lien commun, et que leurs dissensions maintenaient le
pays dans un état de continuelle agitation; si l'on oppose le courage
tranquille, l'esprit de sagesse et de courageuse persévérance, les grandes
vues, et la fermeté d'exécution des plans de Samuel, à la fougue brutale et à
l'orgueilleux arbitraire de la conduite de Saül; si l'on réfléchit combien la
déchéance de Saül et son remplacement par David ont été merveilleusement
justifiés par leurs conséquences; si l'on reconnaît enfin que Samuel n'avait
rien à gagner à l'élection de David qui ne devait monter sur le trône qu'après
sa mort, et qu'il compromettait au contraire la paix de ses vieux jours par cet
acte solennel d'opposition, on se fera une idée de ce que vaut le reproche fait
à Samuel d'avoir été dur, barbare, arbitraire, égoïste, intéressé, on
comprendra ce que valent les jugements du rationalisme extrême dont l'Allemagne
semble avoir seule le monopole. Le peuple, et c'est beaucoup dire, rendit à
Samuel un tout autre témoignage que cette espèce de savants théologiens, 1
Samuel 12:3, et ce peuple avait connu le joug de Samuel; il jugeait en
connaissance de cause.
3. Samuel
est le même depuis sa naissance jusqu'à sa mort; il semble qu'au milieu de tous
les changements dont il est témoin, seul il ne change pas; calme et tranquille,
ferme, prudent, il se montre un homme de foi jusque dans les plus petits
détails de sa conduite; il annonce les oracles de Dieu, mais il ne fait rien
pour en procurer l'accomplissement; il communique à Héli les menaces divines,
mais il ne change rien à ses rapports avec son vieux maître; il rejette Saül
devant les anciens du peuple, mais il évite de l'humilier; il oint David pour
succéder à Saül, mais il se retire en sa ville, laissant à Dieu le soin de
faire triompher le jeune berger; actif pour ce qu'il doit faire, passif pour le
reste, il se montre sans fraude et réalise le type du chrétien. Les luttes
politiques ne l'intéressent pas; il défend la république pied à pied;
lorsqu'elle est renversée, il soutient la monarchie dont il sacre le premier
roi; il passe de Saül à David, se bornant à constater ce changement de
dynastie, cette révolution, et ne reconnaît de légitime que le roi
théocratique, obéissant et fidèle. La forme du gouvernement lui importe peu, il
les sert tous, mais il les veut tous soumis au roi des rois, le maître de tous.
C'est le principe évangélique, Romains 13:1.
4. Sur
l'évocation de l'ombre de Samuel,
— Voir: Pythonisse.
5. On
lui attribue la composition des livres de Ruth, Juges, et 1 Samuel 1-6, ou
1-13,
— Voir: les différents articles.
6. Son
nom est rappelé, outre les passages cités, par Jérémie, saint Pierre et saint
Paul qui le citent à l'égal de Moïse, le placent parmi les plus grands hommes
d'Israël et caractérisent par son nom toute une époque, Jérémie 15:1; Actes
3:24; 13:20. Hébreux 11:32.
Livres de Samuel, Les deux livres connus sous le nom
du juge-prophète n'en formaient qu'un dans le canon juif; ce sont les Septante
qui les partagèrent en deux parties; la Vulgate suivit cet exemple, qui fut
depuis, à cause de la division plus commode en chapitres et versets, adopté
même pour nos versions hébraïques, mais seulement depuis Bomberg. Les Septante
appelèrent ces livres premier et second livre des Rois; la Vulgate latine imita
son original grec, mais le nom primitif, le nom par lequel les Hébreux
désignaient ce livre, est celui de Samuel, non qu'il se rapporte à l'auteur, ou
qu'il caractérise tout le contenu du livre et qu'il en épuise la matière, mais
parce qu'il commençait par l'histoire de Samuel, et que Samuel en était le
principal personnage, celui dont le rôle était le plus important; cf. 1
Chroniques 29:29.
— Les livres de Samuel reprennent l'histoire là où
celui des Juges s'arrête, et la poursuivent jusqu'au point où ceux des Rois la
continuent. Diverses sources ont été consultées pour la composition de ces
livres, des recueils de poésies, des ouvrages prophétiques, et les annales du
royaume. On est assez d'accord à penser que plusieurs auteurs ont travaillé à
la rédaction du premier livre de Samuel. Selon Grégoire le Grand, Théodoret et
Procope, Samuel aurait composé lui-même les vingt-cinq chapitres qui racontent
sa vie, mais les éloges nombreux qui lui sont donnés ne seraient guère bien
placés dans sa bouche ou sous sa plume. Quant à ceux qui attribuent à David la
composition des chapitres suivants, Isidore, etc., la formule fréquemment
employée «jusqu'à ce jour», semble s'opposer à leur opinion, dans les passages
surtout où certains actes de David sont racontés comme ayant laissé un long
souvenir qui ne pouvait évidemment pas s'éteindre de son vivant, 1 Samuel 27:6;
30:24-25. Il semble qu'en faisant allusion aux livres de Samuel le passage 1
Chroniques 29:29, doive nous mettre sur la voie, et l'on ne risquera pas
beaucoup de se tromper en admettant que Samuel a écrit les choses qui se sont
passées sous Héli et sous son propre gouvernement, que Gad et Nathan ont écrit
celles qui ont eu lieu dans les règnes de Saül et de David, et qu'un homme
pieux et inspiré, Jérémie ou Esdras, en travaillant à conserver les souvenirs
de l'histoire d'Israël, a rédigé, mis en ordre, peut-être annoté, les ouvrages
des prophètes, historiens des temps passés.
— Bien que trois biographies forment le fond des deux
livres de Samuel, il est aisé de voir que ce n'est pas dans un intérêt
biographique qu'ils ont été composés: les noms de Samuel, de Saül et de David
appartiennent à l'histoire théocratique; leur prospérité et leurs revers
renferment des enseignements publics qui ne se comprennent qu'au point de vue
théocratique. Dieu est le roi. David commet de plus grandes fautes à nos yeux
que Saül, et il en est puni par de grands malheurs (concatenata infortunia, dit
très bien Heidegger), mais ces malheurs sont individuels comme sa faute: Saül
perd son trône, parce que son péché est un acte de rébellion contre son Roi,
contre Dieu. Saül a péché comme roi, et c'est comme tel qu'il est puni; David
pèche comme homme, et n'est puni qu'en cette qualité. Les livres de Samuel ne
sont bien compris que si l'on se rappelle la royauté de celui qui est le maître
de toutes choses, et qui avait spécialement voulu être le maître d'Israël. Ils
sont riches en détails, et leur lecture offre à tous les esprits l'intérêt le
plus grand et le plus soutenu.
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SANCHÉRIB,
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2 Rois 18:13; 2 Chroniques 32:1; Ésaïe 36:1, etc., roi
d'Assyrie, fils et successeur de Salmanéser. Voulant se venger d'Ézéchias qui
refusait de payer le tribut annuel, il marcha contre le royaume de Juda dans la
quatorzième année du règne d'Ézéchias (711 ou 712 avant J.-C.); une forte
contribution de guerre qui lui est payée à condition qu'il retirera ses
troupes, ne fait qu'encourager son humeur conquérante et faciliter ses succès;
il met le siège devant Jérusalem, ne voulant pas sans doute laisser entre les
mains d'un vassal peu sûr une place de guerre aussi importante sur le chemin de
l'Égypte, car Tirhaca, roi d'Égypte, venait à sa rencontre. Les sommations
qu'il fait adresser à Ézéchias restent sans effet, les prières du roi de Juda
sont exaucées, les oracles d'Ésaïe s'accomplissent, un pouvoir surnaturel
détruit en une seule nuit l'armée des assiégeants; 185,000 hommes succombent,
et le général, sans armée, se hâte de regagner Ninive sa capitale; deux de ses fils
l'assassinent aux pieds des autels, et le troisième Ésar-Haddon, monte sur le
trône à sa place. On trouve dans les prophètes diverses allusions et
prédictions relatives aux luttes victorieuses de Sanchérib contre l'Égypte,
mais ces guerres ne sont pas racontées, Ésaïe 10:24; 20:4; 30:31, etc., Nahum
3:8.
— La destruction de l'armée de Sanchérib est un fait
miraculeux qu'une cause tout à fait naturelle a pu produire, le vent empoisonné
du désert, la peste dont l'armée avait peut-être apporté le germe d'Égypte ou
de son contact avec une armée égyptienne, une tempête peut-être et les coups de
la foudre; aucun détail ne permet de décider cette question; l'ange de
l'Éternel avait passé, il ne laissait plus derrière lui qu'une armée de corps
morts; cette délivrance extraordinaire venait sauver Juda après que le royaume
d'Israël avait succombé, ne laissant que des débris à la place de ses villes;
c'était un dernier avertissement que Dieu donnait à ce royaume endurci, lui
rappelant par un même prodige son amour, sa puissance, et sa sévérité.
L'histoire profane contient différentes mentions de
Sanchérib: au dire d'Hérodote, il aurait attaqué l'Égypte près de Pelusium, au
temps du roi Séthos, prêtre de Vulcain; mais il aurait été repoussé. Cet
événement, qui aurait eu lieu vers l'an 718 avant J.-C., et qui aurait été
précédé déjà, ou suivi, par un autre échec, l'abandon du siège de Tyr, aurait
engagé Sanchérib à laver sa honte dans une victoire remportée sur le faible
royaume de Juda; selon d'autres, une partie de son armée aurait envahi l'Égypte
pendant que le reste assiégeait Jérusalem. Il y a, du reste, d'autres
difficultés chronologiques dans l'histoire de Sanchérib, comme dans toute celle
des rois d'Assyrie, q.v.
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SANG,
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— Voir: Sacrifices.
— Perte de sang,
— Voir: Hémorroïsse.
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SANGLIER,
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— Voir: Porc.
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SANGSUE.
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Le mot hébreu haloukah, qui ne se trouve que Proverbes
30:15, a été rendu par les Septante, la Vulgate et nos versions, par sangsue,
d'après l'analogie de la racine arabe, qui signifie se pendre S, et dont les dérivés
consacrent et rendent probable la traduction adoptée. Comme il ne s'agit dans
le passage cité que d'un terme de comparaison, et que le mot ne se trouve
qu'une seule fois dans l'Écriture, l'imagination a pu se donner libre carrière
pour la détermination de ce mot; les uns y ont vu le vampire avec tout le
prestige que lui prête la fabuleuse poésie de l'Orient; d'autres y ont vu la
goule si célèbre des contes arabes; d'autres y ont vu autre chose encore, mais
toujours un être aussi insatiable que la cupidité dont il est l'emblème, un
être dont les deux filles, l'avarice et l'ambition, ne se rassasient jamais, et
disent toujours: apporte, apporte; en hébreu, hab, hab, onomatopée bien digne
de la chose. Bochart croit qu'il s'agit ici du Destin, dont les deux filles, la
Mort et l'Enfer, ne disent jamais: c'est assez! Il suffit que l'on comprenne
l'image employée par le philosophe prophète, et ces différentes explications
peuvent être choisies, ou même cumulées.
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SANHÉDRIN.
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1. C'était,
vers le temps de Jésus, le tribunal suprême des Juifs, celui qui jugeait en
dernier ressort. Il siégeait à Jérusalem, et se composait de soixante et onze
membres, sacrificateurs ou anciens, pharisiens, sadducéens, scribes, qui se
réunissaient sur la convocation et sous la direction d'un président, lequel
pouvait être, et était ordinairement, le souverain sacrificateur. Un
vice-président et deux ou trois secrétaires complétaient le bureau du tribunal,
Matthieu 26:57; Marc 15:1; Luc 22:4; Actes 5:21,27,34; 23:6. À la droite du
président (hannasi, le prince), siégeait le vice-président; à sa gauche, selon
quelques auteurs, siégeait un membre du conseil qui portait le nom de sage par
excellence, et Vitringa pense que c'est à cette fonction que notre Seigneur
fait allusion lors qu'il appelle Nicodème un maître en Israël, magister; mais
rien ne confirme ou ne justifie cette tradition. On peut en dire autant des
soixante-dix langues que chaque membre du sanhédrin était, dit-on, obligé de
comprendre (Gem. Sanhedr); cette vaste science se réduisait évidemment à des
proportions plus humaines, et doit s'entendre soit, en général, de
connaissances solides et étendues, soit surtout de l'intelligence du texte sacré
(Hartmann). Dans des cas pressants, le conseil s'assemblait dans la maison de
son président, Matthieu 26:3; mais, hors de là, il se réunissait journellement
dans une salle des sessions, située aux alentours du temple, du côté du midi.
Plus tard, dans les quarante années qui précédèrent la chute de Jérusalem, il
se réunit à Hanoth, dans certaines demeures (tabernæ) situées, selon les
rabbins, sur la montagne du temple en descendant; de là, il descendit plus bas
encore dans la ville de Jérusalem, et, s'éloignant toujours plus du temple, il
se fixa à Jérico, puis à Usa, puis ailleurs, et enfin à Tibériade, où il
demeura jusqu'à son entière extinction.
Ce tribunal décidait seul des questions de droit qui
pouvaient s'élever entre tribus; les rois, les grands-prêtres, les faux
prophètes, les cas de guerre volontaire et de blasphème, appartenaient
également à la connaissance de ce tribunal, et de lui seul. Les accusés et les
témoins étaient entendus, et, suivant les cas, le sanhédrin prononçait, soit
l'une des quatre peines capitales, le feu, la corde, la décapitation et la
lapidation, ou la peine du fouet, Matthieu 26:60; Actes 4:7; 5:40; 6:13. Jésus
comparut devant ce tribunal comme faux prophète et faux Messie; Pierre, comme
thaumaturge, s'attribuant des forces divines; Jean, comme faux prophète et
séducteur du peuple; Étienne, comme blasphémateur; Paul, comme enseignant de
fausses doctrines, Jean 11:47; Actes 4:8, etc. Le droit d'arrestation était
naturellement dans les attributions de ce conseil, et l'on voit, par Actes 9:2,
qu'il s'étendait au-delà des limites de la Palestine. Relativement à l'exercice
de la justice criminelle, on a trouvé dans Jean 18:31, le texte de nombreuses
difficultés; malgré la précision des termes, portant que les Juifs (le
sanhédrin) n'avaient pas le droit d'appliquer la peine de mort, plusieurs
interprètes ont contesté ce fait, et n'y ont voulu voir qu'un échappatoire des
Juifs pour se soustraire à la responsabilité du crime qu'ils voulaient pouvoir
rejeter sur Pilate. Le passage Matthieu 10:17, ne prouve rien dans cette
question, ni pour, ni contre, et, quanta la condamnation d'Étienne, elle porte
les caractères d'une vengeance populaire plutôt que ceux d'un jugement
régulier. La tradition rabbinique est unanime à dire que, quarante ans avant la
destruction de Jérusalem, le sanhédrin avait été dépouillé par les procurateurs
du droit de vie et de mort, et Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 20, 9, 1)
raconte que lors de l'exécution de Jacques le Juste, quelques-uns des meilleurs
membres de ce corps accusèrent le souverain pontife Anne auprès du procurateur
Albinus, comme ayant outrepassé ses pouvoirs et sa compétence, en prononçant la
peine de mort. Ajoutons que si les paroles, Jean 18:31, n'ont pas le sens qu'on
leur donne ordinairement, elles n'en ont aucun; que si elles expriment une idée
fausse, on ne comprend pas que ceux qui les ont prononcées aient osé le faire,
et enfin que le silence de Pilate, en présence de cette réponse des Juifs,
serait inexplicable si les Juifs avaient avancé un fait faux, lorsqu'il avait
lui-même le plus grand intérêt à se débarrasser d'une affaire qui engageait sa
responsabilité sans lui rapporter ni profit ni honneur. Il faut donc admettre
que, du temps de notre Seigneur, le sanhédrin était dépouillé du droit de
prononcer une condamnation à mort, quoique les causes qui pouvaient la
provoquer fussent encore de son ressort, et qu'il fût chargé de l'instruction
du procès pour les délits ou les crimes ecclésiastiques qui devaient être jugés
d'après les principes de la loi mosaïque. Au reste, le grand sanhédrin n'était
pas seulement une cour de justice, mais encore le pouvoir suprême en matière de
législation et d'administration ecclésiastique; il fixait le commencement des
nouvelles lunes, et veillait, d'une manière générale, à tout ce qui concernait
les besoins et l'exercice du culte.
Les Talmudistes font remonter l'origine du grand
sanhédrin à Moïse, qui, dans le voyage du désert, Nombres 11:16, nomma un
collège de soixante-dix anciens chargés de le seconder dans l'administration de
la justice, et dans l'application des règlements de la police juive; ils
prétendent qu'Esdras, après le retour de l'exil, pourvut à la réorganisation de
cette assemblée. Mais il est probable que les fonctions de ce collège cessèrent
avec l'entrée des Israélites en Canaan; il n'en est plus reparlé dans les
saints livres, et l'on ne comprend pas, en effet, quel rôle il eût joué sous
les juges et sous les rois, qui avaient un état civil bien organisé, des juges,
des préfets, etc. La tradition rabbinique ne vient sans doute, comme tant
d'autres, que du désir de donner à une institution nationale le lustre d'une
haute antiquité. C'est au temps d'Antipater et d'Hérode que se rapporte la
première mention qui est faite du sanhédrin, Flavius Josèphe, Antiquités
Judaïques 14, 9, 4; il était cependant plus ancien, et l'on doit convenir que
le collège des anciens de Moïse a pu fréquemment être pris pour modèle d'une
institution de ce genre; car, avant l'exil déjà, le roi Josapbat avait établi à
Jérusalem un tribunal supérieur de soixante-dix juges, composé de prêtres et de
lévites, 2 Chroniques 19:8. Les livres des Maccabées (2 Maccabées 1:10; 4:44; 3
Maccabées 1:8) l'appellent le sénat (la vieillesse), et le font remonter aux
temps de la domination séleucide, peut-être avec raison; mais il n'est guère
probable que les anciens mentionnés 1 Maccabées 7:33; 12:35; 13:36, aient eu,
comme le pensent quelques-uns, aucun rapport avec le sanhédrin.
2. De
plus petits collèges du même nom, de petits sanhédrins de vingt-trois membres,
doivent, d'après Sanhedr. 1, 6, avoir été établis dans toutes les villes de la
Judée qui comptaient plus de cent vingt habitants (ou familles?), pour juger
tous les cas de blessures, d'homicides etc.; il y en avait deux à Jérusalem
même. Toutefois Flavius Josèphe n'en parle pas, non plus que du tribunal des
trois, qui était chargé de s'occuper des petites causes, de régler les affaires
d'argent, de statuer sur les dommages causés, etc. Il parle plutôt d'un
tribunal de sept membres, dont deux au moins de la tribu de Lévi, établi dans
les villes de province, et auquel il serait fait allusion Matthieu 5:22; 10:17;
Marc 13:9; 14:55, etc. Ces petits sanhédrins ne pouvaient prononcer au-delà de
quarante coups de fouet.
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SANOAH.
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Deux villes de la tribu de Juda, situées l'une dans la
plaine, Josué 15:34, l'autre dans les montagnes, 15:56. C'est de la première
sans doute qu'il est parlé, Néhémie 11:30; cf. 3:13. Eusèbe et Jérôme ne
s'accordent pas sur son emplacement.
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SANSANNA,
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ville de la partie méridionale de la tribu de Juda,
Josué 15:31.
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SAPH,
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géant de la race de Rapha, tué à Guéser par Sibbécaï
de Huza, 2 Samuel 21:18. Il est nommé Sippaï 1 Chroniques 20:4. C'est peut-être
par une erreur de copiste qu'on lit Gob au lieu de Guéser dans le premier
passage;
— Voir: Gob.
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SAPHAN, ou shaphan.
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1. Fils
d'Atsalia, et secrétaire de Josias; occupé à recueillir les fonds offerts pour
les réparations du temple, il reçut d'Hilkija l'exemplaire autographe de la loi
de Moïse, retrouvé contre toute attente; il le porta au roi et lui en lut ces
fragments qui produisirent sur le monarque une si profonde impression: il dut
se rendre alors avec son fils et le souverain sacrificateur auprès de la
prophétesse Hulda, qui confirma les menaces de la loi à l'égard des
transgresseurs, rendit à Josias un témoignage de droiture et de justice, et lui
annonça une fin tranquille,
— Voir: Hilkija, Hulda, etc.
On ne peut déterminer quel est le morceau que Saphan
lut au roi: quelques-uns ont pensé à Deutéronome 28:15, etc., mais c'est un jeu
d'esprit que de faire de pareilles recherches; Saphan a lu peut-être à rouleau
ouvert, et dans tous les cas, s'il a choisi, il a dû faire un autre choix que celui
qu'on lui prête et qui ne convenait pas du tout au caractère et à la vie du
roi.
— Fils d'un père inconnu, Saphan est devenu le chef
d'une famille illustre qui sous les derniers rois a su résister au torrent de
la corruption, et seconder le ministère de Jérémie; son fils Ahikam, et son
petit-fils Guédalia sont souvent cités avec le nom de leur père, Jérémie 39:14,
etc. C'est peut-être le même Saphan qui fut père d'Élhasa, Jérémie 29:3, et de
Guémaria, Jérémie 36:12; ce dernier, dans ce cas, serait frère d'Ahikam.
2. Le
saphan, ou shaphan, est un animal nommé par Moïse à côté du lièvre et du
chameau, Lévitique 11:5; Deutéronome 14:7, et déclaré impur, quoiqu'il rumine,
parce qu'il n'a pas l'ongle fendu: on y a vu tour à tour le lapin, la marmotte,
et la gerboise; mais il paraît plutôt que c'est un habitant spécial des déserts
de l'Idumée, nommé oueber par les indigènes, retrouvé, décrit, et dessiné par
L, de Laborde, une espèce de gros rat, moins gros que l'écureuil, de couleur
grisâtre, avec les pieds de devant et la queue du rat; il a les jambes de
derrière plus longues que celles de devant; il rumine, il aime la demeure des
rochers, et marche par troupes, caractères qui conviennent au saphan de
l'Écriture, cf. Proverbes 30:26; Psaumes 104:18.
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SAPHIR,
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pierre précieuse qui porte le même nom en hébreu,
Exode 24:10; 28:18; 39:11; Ézéchiel 28:13. D'un bleu céleste et d'un bel azur,
cf. Ézéchiel 1:26, le saphir est dans les prophètes la couleur du trône de
Dieu: il est transparent, et plus dur que le rubis. Les anciens paraissent
avoir aussi appelé de ce nom la substance du lapis lazuli, également bleue,
mais opaque, tournant sur le bleu foncé ou le violet, et semé de taches d'un
jaune d'or, Pline 37:39; mais comme cette pierre n'est pas assez précieuse pour
avoir mérité d'être nommée Job 28:6,16, et que d'ailleurs elle ne se travaille
pas bien, ce qui ne concorderait pas avec Exode 28, il est probable que c'est
du véritable saphir qu'il est question dans ces passages, quoique la version
perse l'ait traduit une fois par lazurad, lapis lazuli.
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SAPHIRA,
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Actes 5:1, femme d'Ananias, et sa complice dans le
mensonge par lequel ils ont tenté le Saint-Esprit. Interrogée à part, elle
répondit comme son mari, et fut frappée comme lui d'une mort subite; une même
tombe recueillit à quelques heures de distance les deux coupables, bien dignes
de mourir ensemble. Ce serait aller plus loin que l'Écriture, si l'on affirmait
qu'ils sont morts réprouvés, de Dieu; un grand exemple devait être donné à
l'Église naissante, et ce malheureux couple l'a donné; peut-être que rachetés
de Dieu, ils n'ont été frappés de mort subite pour leur dernier péché qu'afin
de servir d'enseignement à l'Église. Leur déplorable chute n'était peut-être
qu'une chute, grave sans doute, mais qui n'eût pas exclu le repentir, et leur
prompt châtiment ne prouve pas qu'ils soient morts dans l'impénitence finale;
autrement il faudrait dire que tout chrétien qui est surpris par la mort dans
l'accomplissement d'un acte coupable, perd par là-même le bénéfice de la grâce
divine,
— Voir: Ananias.
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SAPIN.
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C'est par ce mot que nos versions françaises et
allemandes, à l'exemple de la Vulgate, ont traduit l'hébreu b'rôsh, Ésaïe 14:8;
37:24; 55:13; 60:13; Cantique 1:16; Zacharie 11:2; Ézéchiel 27:5; Nahum 2:3; 2
Samuel 6:5; 1 Rois 5:8; 6:15,34, etc. Cette traduction est démentie par le rôle
même que cet arbre et son bois jouent dans les passages cités; nous la
remplaçons, avec la plupart des auteurs modernes (Gesenius, Rosenmuller, etc.),
par cyprès, q.v. D'autres ont pensé au pin, mais les objections restent les
mêmes.
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SARA ou Saraï,
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femme d'Abraham, mère d'Isaac, Genèse 11:29; 12:5;
sq., était probablement fille de Taré comme son mari, mais d'une autre mère,
Genèse 20:12, quoique un grand nombre de commentateurs, Flavius Josèphe,
Jérôme, Augustin, l'identifient avec Jisca, fille de Haran, petite-fille de
Taré, et nièce d'Abraham, 11:29. Elle naquit en Caldée, suivit son mari d'abord
à Caran, puis en Palestine et en Égypte, où Dieu la délivra une première fois
des dangers auxquels sa beauté et la faiblesse d'Abraham l'avaient exposée.
Privée d'enfants et sans espérance d'en avoir, elle donna sa servante Agar pour
concubine à son mari, ne se doutant pas de tous les maux dont cette concession
aux usages d'alors serait la source: elle fut mère en effet par Agar, mais
cette maternité usurpée porta des fruits amers; Agar méprisa maîtresse, qui se
vengea d'autant mieux qu'Abraham consentit à sa vengeance. Dieu, cependant, se
rappelait les promesses qu'il avait faites à son serviteur, et n'oubliait pas
Sara, dont le premier nom Saraï signifiait noblesse, et dont le second signifie
princesse, changement qui indiquait sans doute que, noble par l'alliance du
grand Abraham, elle s'élèverait à un rang plus haut encore en donnant une
postérité au père des croyants. Ces promesses furent répétées avec plus de
précision lors de la visite des anges au patriarche, et Sara qui les entendit
fixer l'époque de la naissance de son fils ne put pas réprimer un sourire dans
un premier moment d'incrédulité: ce sourire fut le nom de son fils et dut lui
rappeler à la fois sa joie et son manque de foi. Pour éviter un même danger,
elle commit à Guérar le même péché de ruse et de mensonge qu'elle avait commis
en Égypte, et l'intervention divine put seule la préserver de ses terribles
conséquences. Enfin les promesses se réalisèrent à son égard; elle donna le
jour à un fils, et le nourrit elle-même, 21:7. Mais les épouses rivales furent
aussi des mères jalouses, et comme les mères, les enfants se haïrent, Galates
4:29; Sara demanda le renvoi de sa servante et de son fils, et le patriarche,
cédant à un ordre de Dieu, dut y consentir: il fournit aux exilés les vivres
nécessaires à leur voyage, et adoucit sans doute par de riches présents la
dureté d'une séparation qui lui était imposée par une volonté qui n'était pas
la sienne: confiant dans les promesses divines, 16:10; 17:26; 21:13, il
abandonna son fils entre les mains de celui qui devait valoir mieux pour lui
que sa marâtre. Sara ignora sans doute le projet du sacrifice d'Isaac, qui
peut-être même n'eut lieu qu'après sa mort; les précautions et le silence du
patriarche prouvent assez que dans cette circonstance le combat ne fut connu
que de Dieu et de lui. Sara mourut à Hébron, âgée de cent vingt-sept ans, de
dix ans plus jeune que son mari, et fut ensevelie dans la caverne de Macpéla;
23:1; 49:31.
— Belle jusque dans l'âge le plus avancé, Sara montre
plutôt des instincts que du caractère: simple et soumise, elle aime son mari,
et obéit à ses ordres les plus étranges, sans seulement paraître les avoir
discutés; sa docilité est rappelée avec éloge, 1 Pierre 3:6; saint Paul loue sa
foi, Hébreux 11:11. Son nom se retrouve encore Ésaïe 51:2; Romains 4:19; 9:9
(Sermon de Gaussen).
Origène et Chrysostôme blâment Abraham et Sara de leur
conduite envers Pharaon et Abimélec; le patriarche a exposé sa femme à
l'adultère, et celle-ci y a consenti. Augustin fait au contraire l'apologie
d'Abraham, en disant:
1. Qu'il
n'a pas menti en disant que Sara était sa sœur, et qu'il s'est borné à taire
une vérité qu'il n'était pas obligé de découvrir.
2. Qu'il
était exposé à la mort et au déshonneur de sa femme, s'il parlait, et qu'il ne
pouvait éviter ni l'un ni l'autre; qu'en se taisant, il avait au moins la
chance d'éviter la mort.
3. Qu'il
laissait à Dieu le soin de conserver l'honneur de Sara, et qu'il agissait en
cela par la foi.
4. Que
dans la pire supposition, l'adultère ayant été involontaire, il aurait été sans
crime et sans infamie. Mais on a beau expliquer, et invoquer peut-être les
mœurs brutales de cette époque, ce double épisode forme une double tache dans
l'histoire d'Abraham et de Sara, et c'est se tacher soi-même que de l'excuser.
Le père des croyants a manqué de foi là même où l'honneur seul aurait pu lui en
tenir lieu.
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SARDES,
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ancienne capitale de la Lydie, splendide résidence de
ses rois, était située au pied septentrional du mont Tmolus, à 30 lieues
sud-est de Pergame, dans une plaine fertile arrosée par le Pactole. Elle fut
prise par Cyrus, sous Crésus, 545 avant J.-C.; plus tard, au temps d'Antiochus,
elle passa sous la domination romaine, mais elle ne tarda pas à décliner. Un
tremblement de terre la détruisit sous Tibère, mais les empereurs la firent
rebâtir, et elle conserva sa grandeur et sa dignité jusqu'à sa prise par
Tamerlan, vers 1402. Ce n'est plus maintenant qu'un pauvre petit village nommé
Sart, où l'on distingue les ruines de deux anciennes églises, qui sont
peut-être les restes des édifices dans lesquels se réunissaient ces chrétiens
qui avaient le bruit de vivre, mais qui étaient morts.
— Les habitants de Sardes étaient fort méprisés à
cause de leur mauvaise foi et de leur passion pour le libertinage et la bonne
chère; ils représentent parfaitement, Apocalypse 3:1, l'Église dans les temps
qui précédèrent la réformation, cette Église corrompue où il ne se trouvait
plus que peu de personnes qui n'eussent pas souillé leurs vêtements, et qui
s'illustra par Wicleff, Jean Huss et Jérôme de Prague. Le livre de M. de
Bonnechose, les Réformateurs avant la Réforme, est le meilleur commentaire de
la lettre que le Saint-Esprit fil écrire à l'ange de l'Église de Sardes.
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SARDOINE,
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en hébreu odem, qui signifie rougeur, Exode 28:17;
39:10. C'est une pierre précieuse couleur de chair, à moitié transparente,
estimée pour la fraîcheur de sa couleur et pour sa dureté; elle se laisse
cependant travailler. La plus belle vient de l'Arabie. Elle a quelques rapports
avec la chalcédoine. Saint Jean la nomme, Apocalypse 21:20, à côté du sardonyx.
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SARDONYX,
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Apocalypse 21:20, espèce intermédiaire entre la
sardoine et l'onyx, et désignée probablement par l'hébreu yahalom, Exode 39:11;
Ézéchiel 28:13. Si par onyx on entend la cornaline, le sardonyx sera une pierre
semblable, mais plus claire, comme la couleur de l'ongle posé sur la chair
vive;
— Voir: Onyx.
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SARÉETSER,
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— Voir: Adrammélec #2.
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SAREPTA,
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Luc 4:26, ville phénicienne, située entre Tyr et
Sidon, à 3 lieues de cette dernière ville, 1 Rois 17:9; Abdias 20. Elle
produisait, au dire de quelques auteurs, un vin si fumeux que les plus hardis
buveurs n'en auraient su boire une pinte en un mois. On a cru que son nom
venait des fonderies de verre et de métaux qui se trouvaient dans son
voisinage; tsaraph signifie fondre; et la mythologie dit que c'est à Sarepta
que Jupiter, déguisé en taureau, ravit Europe à ses compagnes. Cette ville a de
plus beaux souvenirs; elle fut le séjour d'Élie, le théâtre de quelques-uns de
ses miracles, et la patrie de cette pieuse veuve qui crut avant que les païens
eussent été appelés à la foi. La plaine fertile qui l'avoisine est peut-être
désignée dans l'Évangile sous le nom de frontières de Tyr et de Sidon, et l'on
suppose que le Seigneur se dirigeait de ces côtés lorsque la syrophénicienne
vint lui demander la guérison de sa fille, Matthieu 15:21. Sarepta était encore
au moyen âge une place forte, maintenant elle s'appelle Sarfend. Jadis elle
s'étendait vers le rivage, là peut-être où l'on voit le village de Aïn-Teen,
mais aujourd'hui elle est sur une hauteur à environ vingt minutes de la mer,
dominant une vallée étroite, où les oliviers ont remplacé les célèbres
vignobles. Une mosquée est bâtie, dit-on, sur le lieu même de la maison de la
veuve qui logeait Élie, et la cave, toujours éclairée, de ce bâtiment, doit
avoir produit des cures merveilleuses.
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SARGON,
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roi d'Assyrie, qui envoya Tartan, l'un de ses
généraux, pour faire le siège d'Asdod, ville des Philistins et la clef de
l'Égypte: il fut heureux dans une expédition contre ce dernier pays, et en ramena
un grand nombre de prisonniers, Ésaïe 20:1; etc. Son nom n'appartient pas à
l'histoire profane, et ne se trouve que dans le seul passage cité; on a voulu y
voir tour à tour Salmanéser, Sanchérib, et Ésar-Haddon, et à la rigueur on
pourrait l'entendre des deux premiers; mais il paraît plutôt que Sargon fut le
prédécesseur immédiat de Sanchérib, et que ses succès en Égypte eurent lieu
sous le règne de So.
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SARON,
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belle et vaste plaine du bas pays de Canaan, longue
d'environ 18 lieues, et d'une largeur irrégulière, qui va en diminuant du sud
au nord; elle était jadis peuplée, fertile, et cultivée,
— Voir: saint Jérôme, ad Ésaïe 65:10.
Les sables et les dunes, les espaces rocailleux, les
champs, les pâturages, y alternent, 1 Chroniques 27:29; Ésaïe 65:10. La partie
qui portait proprement le nom de Saron, et qui était la plus célèbre par sa
beauté, Ésaïe 35:2; Cantique 2:1, est la contrée qui traverse la route de Jaffa
à Jérusalem. Le chemin est aujourd'hui bordé de haies de cactus qui entourent
des jardins d'orangers, et la multitude des roses blanches et rouges, des
narcisses, des anémones, des lys blancs et jaunes, des tulipes, surprend et
récrée le voyageur. Les villages nombreux qui vivifient cette plaine, et dont
l'un portait autrefois aussi le nom de Saron, Actes 9:35, sont entourés
d'oliviers et de sycomores; ce terrain, fertile quoique sablonneux, serait
couvert des plus belles récoltes si le despotisme des Turcs ne détruisait toute
agriculture, mais les champs demeurent incultes, et les villages sent pleins de
ruines: ainsi s'accomplissent les justes jugements de Dieu, Ésaïe 33:9
(Chateaubriand, Raumer, Bræm, etc.). La ville de Saron mentionnée Josué 12:18,
comme résidence d'un roi cananéen, est peut-être la même dont il a été parlé
ci-dessus; les faubourgs de Saron, 1 Chroniques 5:16, paraîtraient se rapporter
à une ville située au-delà du Jourdain, si l'on n'était autorisé à croire que
les tribus transjourdaines, occupées de bestiaux, possédaient aussi des
établissements et des pâturages en dehors des limites de leur territoire.
Enfin, une ville de ce nom, Saronas, était située, d'après Eusèbe, au nord de
la Palestine, entre le mont Tabor et le lac de Tibériade.
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SARUG,
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Luc 3:35, ou Sérug, fils de Réhu, père de Nacor,
mourut à l'âge de trois cent trente ans. II est nommé dans la généalogie de
Marie. La tradition fait de lui un des apôtres de l'idolâtrie.
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SAT,
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— Voir: Mesures.
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SATAN,
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mot hébreu qui signifie ennemi, accusateur, calomniateur,
et qui est parfaitement traduit par le mot grec diable. Il est employé en
parlant de David, 1 Samuel 29:4, où l'original porte: «pour qu'il ne devienne
pas pour nous un satan;» en parlant de Hadad et de Rézon, 1 Rois 11:14; 23:25,
où nos versions l'ont rendu par ennemi; de saint Pierre, Matthieu 16:23; Marc
8:33. Son sens le plus ordinaire est cependant celui de diable, de démon, de
chef des démons, Job 1:6-7; 2:1,7; Psaumes 109:6; Zacharie 3:2; 1 Rois 22:21;
Jude 9; Matthieu 12:26; Marc 3:23; Apocalypse 2:9,13; 12:9; 20:2; etc. On peut
voir aux articles Anges, et Diable, ce qu'il y a à dire en général sur ce
sujet; il n'y a que peu de choses à ajouter sur ce mot spécial.
Matthieu 12:26. Satan est représenté comme un roi qui
a sous ses ordres une armée dont la discipline fait la force, cf. Marc 3:23;
Luc 11:18. Jésus accusé par les pharisiens (qui du reste ne croyaient pas un
mot de ce qu'ils disaient) de chasser les démons par Béelzébul, prince des
démons, fait ressortir l'absurdité de cette accusation, en montrant que, de la
part de Satan, ce serait se faire la guerre à lui-même.
Actes 26:18. Saint Paul montre qu'il n'y a pas de
milieu entre Dieu et Satan; on est de l'un ou de l'autre, sous l'influence de
l'un ou sous celle de l'autre, vérité qui ressort de toutes les déclarations de
l'Évangile, et qui reste telle devant Dieu, quoique à nos faibles yeux il
puisse paraître qu'il y a toutes sortes de gens, et des degrés infiniment
divers dans la piété et dans l'impiété; cf. 2 Corinthiens 6:14; sq. 1 Jean
3:10; Jean 8:44, etc.
Luc 10:18. Jésus contemple Satan tombant du ciel comme
un éclair; il le dit aux soixante-dix disciples qui, après leur mission,
viennent lui rendre compte de leurs travaux et de leurs succès. Les démons
mêmes leur sont assujettis, et le Sauveur, rappelant en son coeur les visions
qu'il a eues, répond à la joie de ses envoyés par cette déclaration, que le
chef même des démons a été vaincu; il l'a vu tomber, comme ailleurs il est dit
d'Abraham qu'il a vu la journée de Christ; c'est la vue de la foi, Jean 8:56.
Jésus, en prononçant ces paroles, a sans doute eu présentes à l'esprit celles
d'Ésaïe 14:12, où le roi de Babylone, symbole de l'ennemi de Dieu, est comparé
à l'étoile du matin qui tombe des cieux.
Luc 13:16. Satan est considéré comme l'auteur, sinon
de toutes les maladies, du moins d'un certain nombre des affections qui
affligent l'humanité. Avec ce passage on n'a pas de peine à comprendre ce qui
est dit d'Hyménée, d'Alexandre, et de l'incestueux de Corinthe, livrés à Satan
pour leur salut, 1 Timothée 1:20; 1 Corinthiens 5:5. Si quelques auteurs, et
spécialement ceux de l'Église romaine, pensent qu'il ne s'agit ici que de
l'excommunication, il est évident cependant que saint Paul a en vue quelque
chose de plus grave qu'une pénitence ecclésiastique; il s'agit d'un châtiment
réel qui devait détruire la chair, et tout en reconnaissant que ces pécheurs
étaient excommuniés, nous sommes contraints d'admettre que la sentence de
l'apôtre entraînait avec elle une peine corporelle, une maladie grave, fruit du
péché et infligée par Satan.
Apocalypse 2:9. La synagogue de Satan se rapporte dans
ce passage aux Juifs incrédules, qui n'avaient de juif que le nom et les
traditions, mais qui, en repoussant Jésus, prouvaient qu'ils repoussaient
l'esprit de Moïse et de tout l'Ancien Testament. La même expression est
employée 3:9, où il est question de l'Église chrétienne, et elle désigne les
chrétiens de nom qui mentent en s'appelant chrétiens, parce qu'ils n'ont pas
gardé la parole de Dieu; c'est dire que ce nom désigne l'Église de Rome, déjà
désignée 2:13, comme le siège et l'habitation de Satan; les mystères de cette
église, ses ruses pour séduire et corrompre les consciences, sont désignées,
2:24, sous le nom de profondeurs de Satan.
Apocalypse 20:1; sq. Satan est lié pour mille ans,
puis délié pour un peu de temps après le millénium; après cela, vaincu par
l'armée céleste, il sera de nouveau saisi et jeté avec les siens dans l'étang
ardent de feu et de soufre, où ils seront tourmentés jour et nuit aux siècles
des siècles.
Luc 22:31. Satan est représenté, de même que dans le
prologue de Job, comme cherchant à séduire les élus de Dieu; la prière,
l'intercession de Jésus est le seul moyen de sortir victorieux de cette lutte.
Tous les apôtres étaient menacés par les manœuvres de Satan; saint Pierre était
par son caractère le plus exposé à succomber, Jésus prie pour lui; Judas était
dans ces dispositions intérieures pour lesquelles il n'y a plus de prières, cf.
1 Jean 5:16; il restait sans défense entre les mains de celui à qui il s'était
livré.
La foi aux démons est aussi ancienne que la foi en
Dieu, et ceux qui ont conçu l'idée du bien n'ont pu le faire qu'en admettant la
notion contraire, l'idée du mal. Chez les Hébreux l'idée de Dieu prédominait
cependant, et c'est l'idée capitale; Dieu était admis comme thèse, la notion
contraire appartenait plutôt à la controverse; la loi de Moïse établissait le
bien plutôt qu'elle ne combattait le mal. Mais conclure de là que l'existence
des démons était inconnue aux Hébreux, c'est aller un peu loin (— Voir:
Diable); le bouc Hazazel serait déjà une antique protestation contre cette
hypothèse, et depuis la Genèse, depuis Job, jusqu'à Zacharie, nous trouvons des
traces même assez positives de l'universalité de cette croyance. Les paroles de
notre Sauveur prouvent surabondamment que les Juifs de son temps croyaient à la
personnalité des mauvais esprits, et l'on aurait d'autant plus mauvaise grâce à
dire qu'il s'accommodait aux superstitions et aux préjugés populaires, que dans
la plupart des cas il aurait pu tout au moins s'abstenir, que ses déclarations
n'étaient nullement provoquées, et que celui qui était venu apporter la vérité
sur la terre, ne saurait être soupçonné d'y avoir au contraire entretenu le
mensonge et l'erreur.
Satan sous ses divers noms de Diable, de Malin, de
Béelzébul, Belsébub, ou Belsébuth, de Bélial, ou Béliar, 2 Corinthiens 6:15,
est représenté dans l'Écriture comme la source de tous les maux, Luc 10:19;
13:16; 22:31, comme l'ennemi du règne de Dieu, Matthieu 13:39; Luc 10:18; Jean
12:31; 14:30; 16:11, comme le tentateur et séducteur des croyants, 1
Corinthiens 7:5; 1 Thessaloniciens 3:5; 1 Pierre 5:8, lequel avait essayé même
de tenter le fils de Dieu, Matthieu 4:1. La première manifestation de son
influence malfaisante remonte aux jours de la création, au jardin d'Éden,
— Voir: Hébreux 2:14; 2 Corinthiens 11:3; cf.
Apocalypse 12:9,
et par le péché il est devenu le père de la mort, 1
Corinthiens 15:26; Hébreux 2:14. Il avait été créé droit, de même que les
démons qui le servent, mais par leur propre faute, par leur orgueilleuse
rébellion, ils sont tombés, ils ont été chassés du ciel, Jean 8:44; 2 Pierre
2:4; Jude 6, et maintenant ils règnent sur les ténèbres, ils sont dans l'air,
ils pèsent sur l'humanité déchue, Éphésiens 2:2; 6:12; cf. Colossiens 1:13;
Jean 13:2; sq. 2 Corinthiens 4:4, et finiront par éprouver un terrible
jugement, car Christ est apparu pour renverser et détruire l'empire de Satan, 1
Jean 3:8.
— Voir: aussi Apocalypse 20.
Noter encore les passages Zacharie 3:1, et surtout 1
Rois 22:21.
— Il est probable que Milton, dont le génie ne
regardait pas de très près à l'exactitude historique (son sujet, d'ailleurs, ne
le comportait pas), a puisé dans Apocalypse 12:4, sq., l'idée de Satan
entraînant avec lui dans sa révolte la troisième partie du ciel. Peut-être
aussi n'y a-t-il eu que simple réminiscence, car cette idée était naturelle et
simple; Satan ne pouvait être ni égal, ni trop inférieur à Dieu. Égal, c'eût
été le placer trop haut; trop inférieur, c'eût été rendre la lutte illusoire et
nuire à l'intérêt de l'action.
(Le nom grec de l'ennemi du genre humain,
διαβοίος, de
διαβαλλω, qu'on traduit ordinairement par adversaire, ne
serait-il pas mieux rendu par le vieux mot français traversier, celui qui
traverse? Il y aurait, pour cette traduction, l'analogie du serpent traversant
de nos versions.)
La notion populaire
que Satan était un ange du nom de Lucifer qui se rebella contre Dieu et fut
jeté du ciel, est un mythe qui n’a aucun soutient biblique réel. Satan est en
réalité l’esprit de la chair en l’homme, son intelligence, son raisonnement
rebel qui s’oppose à la révélation de Dieu, à sa souveraineté absolue et à sa
grâce dans le plan du salut. Malheureusement la mythologie chrétient retient
encore un grand nombre de crédules sous son influence et sa servitude.
Dérivant d'un verbe
hébreu «satân», signifie «adversaire, ennemi, s'opposer, résister», le terme
«satan» désigne d'abord, dans l'Ancien Testament, un adversaire, et, plus
particulièrement, celui qui exerce devant un tribunal la fonction d'accusateur.
Il ne sert jamais pour désigner un être surnaturel, adversaire des hommes et de
Dieu. Notons enfin que pour traduire l'hébreu «satân», les Grecs l'ont utilisé
en conjonction avec le mot diabolos. Dans le Nouveau Testament, Satan et le
Diable sont deux mots synonymes qui détiennent toutefois des caractéristiques
propres à chacun d'eux.
Dans l'Ancien Testament, le mot «satan» désigne une
personne qui se pose en adversaire de quelqu'un d'autre. Salomon, après avoir
fait échec à ceux qui contestaient son accession au trône, déclare:
«Maintenant, Yahvé m'a donné la tranquillité alentour: je n'ai ni adversaire
(satan) ni contrariété du sort.» (1 Rois 5:4) Le satan désigne plus
particulièrement celui qui exerce au tribunal le rôle d'accusateur, ce qu'on
nomme aujourd'hui «l'avocat du Diable». Dans un psaume, un homme, faussement
accusé, demande à Dieu de punir ceux qui lui ont causé du tort: «Tel soit, de
par Yahvé, le salaire de mes accusateurs (mes satans) qui profèrent le mal
contre moi. [...] Qu'ils soient vêtus d'infamie, ceux qui m'accusent,
enveloppés de leur honte comme d'un manteau! » (Psaume 109:20,29)
Le Manichéisme apporte quelques notions similaires
mais les présente sous différents aspects dans lesquelles nous voyons les
premières tentatives d'intégrer une mythologie de Satan et d'anges déchus au
sein d'une croyance dite chrétienne. Le manichéisme est une religion,
aujourd'hui disparue, dont le fondateur fut le perse Mani au IIIe siècle. C'est
un syncrétisme du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme. Par
dérivation et simplification du terme, on qualifie aujourd'hui de manichéenne
une pensée ou une action sans nuances, voire simpliste, où le bien et le mal
sont clairement définis et séparés. Dans la littérature Manichéenne, Satan est
«Sathanaël», terme qui vient de la racine sémitique «stanah» et qui signifie
«ennemi, adversaire, opposant». Sa description est toutefois contraire à celle
que nous voyons dans l'Ancien Testament. Pour les Manichéens, «Sathanaël était
le premier-né de Dieu, plus puissant que le Logos; mais Dieu le précipita, à
cause de son orgueil, avec les complices de sa faute, sur la terre invisible.
Doué de la vertu créatrice et dominatrice, Sathanaël créa un second ciel.
Sathanaël forma alors l'homme d'eau et de terre et chercha à animer son œuvre;
mais, comme il n'y put réussir, il pria Dieu de lui inspirer la vie. Dieu ayant
exaucé sa prière, l'homme devint l'œuvre de deux créateurs. Dans la suite,
(c'est ainsi que les Manichéens expliquent le péché originel), Sathanaël
cohabita avec Ève, sous la forme d'un serpent, et elle enfanta Caïn et sa sœur
jumelle Calomena. C'est pour ce motif que Dieu enleva à Sathanaël la puissance
créatrice, mais non la puissance sur les créatures. Dieu, pour sauver
l'humanité déchue, engendra le Logos ou Jésus-Christ, nommé aussi l'archange
Michel. Le Logos entra dans le corps de la Vierge Marie par son oreille droite,
y puisa un corps apparent, et accomplit tout ce qui est raconté dans les quatre
Évangiles. Ses souffrances ne furent qu'apparentes. Après sa résurrection il
fit Sathanaël prisonnier et le précipita au fond du Tartare; lui-même remonta
au ciel, et c'est par lui que les hommes obtiennent l'assistance nécessaire
pour parvenir jusqu'au Père. — Il faut honorer les mauvais esprits; il y en a
un dans tous les hommes; il reste dans leur dépouille mortelle jusqu'au jour de
la résurrection; il sera condamné alors à souffrir avec les méchants».
En regardant les nuances ou synonymes du mot «Satan»,
nous voyons que ce terme signifie: «adversaire, adversité, ennemi,
contradicteur, contradiction, concurrent, concurrence, rival, rivalité». Ce mot
se rapporte à un grand nombre d'applications à travers le texte des Écritures,
surtout à l'esprit de la chair qui est en opposition (contraire) à l'Esprit de
Dieu et aux Juifs qui s'opposent à l'Évangile avec véhémence dans la
persistance à se justifier par les œuvres de la loi (efforts personnels ou
justification par le choix). Ne se rapporte aucunement à la fausse notion d'une
chute des anges fictives dans laquelle un certain Lucifer fut rejeté du ciel et
devint l'ange déchue imaginaire du nom de Satan. Dans le Nouveau Testament ce
mot s'applique généralement aux ministres de la loi et à ceux qui se justifient
par les œuvres, contrariant la justification par la foi et la grâce de Dieu. Il
se rapporte aussi, du fait que «l'œuvre de la loi est écrit dans leurs cœurs»
de tous les hommes, à la principauté, l'essence même des mauvais esprits ou
raisonnements fallacieux de la nature humaine déchue, l'intellect, la raison,
l'intelligence, l'instigateur de la rébellion, l'adversaire invétéré de Dieu et
de Christ que nous retrouvons surtout dans les Juifs, ennemis de l'Évangile et
de tous les hommes.
Souvent les mots originaux Hébreu ou Grec de la Bible
sont laissé non traduit. «Mammon», par exemple, dans Matthieu 6:24, est le mot
original araméen qui signifie «richesse». Il n'est pas un nom propre mais un
qualificatif. Il n'existe aucun être surnaturel nommé «Mammon», il indique
plutôt le caractère qui renferme une abondance de biens, de produits ou de
valeurs. Ainsi il serait complètement absurde de dire qu'un être surnaturel
nommé Mammon est celui qui tente les gens à posséder des richesses. Une telle
interprétation serait un viol de la Parole de Dieu, pourtant c'est bien cela
que les gens font avec les mots «Satan, Diable, et démons».
Dans l'Écriture, nous voyons Satan surgir sur la scène
où se déroule le drame humain, pour entraver les bonnes relations entre Dieu et
les hommes. Son nom désigne sa fonction: La racine STN veut dire adversaire,
opposant, celui qui se met en travers... Dans le Nouveau Testament il est
appelé: l'adversaire, le diable, le traître, le malin, le prince des puissances
de l'air, le prince des ténèbres, le dieu de ce monde mauvais, Béelzébul,
Bélial, le tentateur, le vieux serpent et enfin le dragon... Satan est
véritablement le destructeur dans le monde de la nature, dans celui, des
activités politiques, dans les sphères de l'esprit et de la réflexion
intellectuelle, dans l'exécution de la justice, dans les rapports sociaux. Tout
ce qui entre en contact avec lui subit son effet destructeur... Sa présence
maléfique est également discernée dans d'autres existences frappées par le
malheur physique ou moral». Le malin habite donc dans l'organisme humain comme
esprit de sa nature déchue d'où il s'est frayé un chemin de destruction qui
ravage le monde entier. Là où la raison humaine s'impose comme critère de toute
vérité et de toute réalité, sachons qu'il y a de sûres traces d'une action
satanique. L'activité de Satan est une activité principalement intellectuelle,
une action entreprise après mûre réflexion spirituelle, le rebours de la
religion véritable». Un scribe sage a déjà dit: «Vous désirez voir le Diable ou
Satan, vous n'avez qu'à vous regarder dans un miroir. Même que dans sa
collectivité depuis le début des temps jusqu'à la fin des temps, la race
humaine est le Satan universel.
A maintes reprises la Bible nous indique que le mot
«Satan» est un nom commun qui désigne tous les représentants d'un même genre,
plutôt que d'un nom propre qui s'applique à un ange mythique issu de la
spéculation d'un raisonnement erroné. Dans son sens «d'adversaire», l'Écriture
nous indique qu'il est même possible d'employer le mot «Satan» dans un double
sens: l'Égypte est l'adversaire (le Satan) d'Israël, tout comme Israël est l'adversaire
(le Satan) de l'Égypte; le monde est l'adversaire (le Satan) du Chrétien, tout
comme le Chrétien est l'adversaire (le Satan) du monde; la chair est
l'adversaire (le Satan) de l'Esprit, tout comme l'Esprit est l'adversaire (le
Satan) de la chair.
Le Satan mentionné par l'apôtre Paul dans 2 Cor.11:14,
qui «se déguise en ange de lumière», n'est pas un ange mythique qui aurait
chuté au début des temps, mais la secte Judéo-chrétienne qui niait la divinité
de Jésus-Christ et enseignait le salut par les œuvres, en particulier les
œuvres du ritualisme de la loi tout comme dans nos églises modernes avec leur
salut par décision personnelle. Selon J.M. Nicole (Historique de l'Église
Primitive), «les principaux groupements des Judéo-chrétiens étaient les Nazaréens,
assez modérés; les Ébionites, plus virulents; et les Elkesaites, porté aux
spéculations. Nous avons amplement d'évidences scripturaires qui nous montrent
que la secte Judéo-chrétienne fut le Satan ou l'Adversaire de Paul, et lui
causa plusieurs difficultés dans son ministère, comme nous voyons dans 2 Cor.
11:12-26; Gal. 1:6-9; Phil. 3:2,3,18,19; 1 Thes. 2:15-18.» Dans ces derniers
passages de 1 Thes. 2:15-18, le Satan ou l'Adversaire qui empêche Paul de se
rendre à l'Église des Thessaloniciens, est nul autre que le groupe de Juifs
mentionné dans les v.15 et 16 du même chapitre; «qui ont fait mourir le
Seigneur Jésus», «qui ne plaisent point à Dieu, et qui sont les ennemis de tous
les hommes, nous empêchant de parler aux païens pour qu'ils soient sauvés».
Nous retrouvons aussi ce double sens du mot «Satan»
dans l'Ancien Testament:
«Mais la colère de Dieu s'enflamma, parce qu'il s'en
allait; et l'ange de l'Éternel se tint dans le chemin comme un Satan contre
lui» (Nom.22:22);
... et qu'il ne descende point avec nous dans la
bataille; de peur qu'il soit un Satan contre nous dans la bataille» (l
Sam.29:4);
«Et David dit: Qu'ai-je à faire avec vous, fils de
Tseruja? car vous m'êtes aujourd'hui des Satans» (2 Sam. 19:22);
«Et maintenant l'Éternel, mon Dieu, m'a donné du repos
tout alentour, et je n'ai point de Satans» (1 Roi 5:4);
«L'Éternel donc suscita un Satan à Salomon, Hadad,
Iduméen, qui était de la race royale d'Edom» (1 Roi 11:14);
«Dieu suscita aussi un autre Satan à Salomon; savoir
Rézon, fils d'Eljadah» (1 Roi 11:23);
«Rézon donc fut Satan d'Israël tout le temps de
Salomon» (1 Roi 11:25);
«... et ceux qui me rendent le mal pour le bien, sont
mes Satans, parce que je recherche le bien» (Psm. 38:20);
«Que ceux qui sont les Satans de mon âme, soient
honteux et défaits» (Psm. 71:13);
«Au lieu que je les aimais, ils ont été mes Satans;
mais moi, je n'ai fait que prier en leur faveur» (Psm. 109:4);
«Telle soit la part de l'Éternel, la récompense de mes
Satans, et de ceux qui parlent mal de moi» (Psm. 109:20);
«Que mes Satans soient revêtu de confusion, et couvert
de leur honte comme d'un manteau» (Psm. 109:29).
Comme nous venons de voir dans un des passages plus
haut, 1 Rois 11:14 nous raconte que «Le Seigneur agitait un adversaire (satan
en hébreu) contre Salomon, Hadad l’Édomite». «Dieu agitait un autre adversaire
(satan en hébreu)... Rézon... il était un adversaire (satan en hébreu) contre
l’Israël.» (1 Rois 11:23,25). Cela ne voulait pas dire que Dieu soulevait une
personne surnaturelle ou un ange comme adversaire (ou satan) contre Salomon; au
contraire, ce sont des hommes ordinaires que Dieu agitait contre lui. Matthieu
16:22-23 nous fournit un autre exemple. Pierre avait essayé de dissuader Jésus
d’aller à Jérusalem afin de ne pas mourir sur la croix. Jésus se tournait et
disait à Pierre: «...Arrière de moi, satan (contradicteur)! tu m'es en
scandale; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des
hommes.» Jésus appelait donc Pierre un satan. Il est bien clair que Jésus ne s’adressait
pas à un ange ou à un monstre mythologique lorsqu’il exprimait ces paroles,
c’était à Pierre qu’il s’adressait. Il indique en plus l'identité de Satan
comme étant «les pensées des hommes» qui s'opposent à la vérité. Comme le mot
"satan" ne veut dire qu’adversaire, n’importe qui peut être appelé
ainsi – par exemple, une bonne personne, ou même Dieu. On pourrait dire ainsi
que l'Esprit de Dieu est l'adversaire de l'esprit de la chair, et que l'esprit
de la chair est l'adversaire de l'Esprit de Dieu. Essentiellement, il n’y a
rien de mal dans le mot lui-même. Les connotations négatives ou vilaines
attribuées au mot «satan» viennent en partie de l'imagination fertile de
mythomanes, et du fait que notre propre nature pécheresse est notre plus grand
adversaire, ou «satan», et aussi à notre habitude d’associer le mot à la
mythologie lorsqu'il se rapporte à l'esprit d'opposition en l'homme. Dieu
Lui-même peut être notre adversaire, ou un «satan», lorsqu’Il nous éprouve ou
essaie de nous ramener dans la bonne voie. Mais le fait que Dieu peut être
appelé un «satan» ne veut certainement pas dire qu’Il est Lui-même un pécheur.
Les livres de Samuel et des Chroniques sont des récits
parallèles des mêmes incidents, tout comme les 4 récits évangéliques sont des
exposés des mêmes événements mais sous des aspects différents. Dans 2 Samuel
24:1 on dit donc ceci: «Le Seigneur... incitait David contre l’Israël» en
l’induisant à faire un recensement. Le récit parallèle dans 1 Chroniques 21:1
nous dit que «Satan s’opposait à l’Israël, et provoquait David» à faire le
recensement. Dans le premier passage, c’est Dieu qui est le provocateur, dans
l’autre, c’est Satan. Il faut donc conclure ici que Dieu agissait en «satan»,
ou comme adversaire, contre David. Il faisait de même contre Job en lui
emmenant des épreuves, de sorte que Job disait à Dieu: «Tu es devenu cruel pour
moi; tu t'opposes à moi avec toute la force de ton bras.» (Job 30:21); ce que
Job disait vraiment est ceci: «Tu agis comme un satan envers moi». Comme nous
avons déjà vu, il est mention aussi dans Job du «satan» qui se présente devant
l'Éternel: «Or, il arriva un jour que les fils de Dieu étant venus se présenter
devant l'Éternel, Satan vint aussi au milieu d'eux; Et l'Éternel dit à Satan:
D'où viens-tu? Et Satan répondit à l'Éternel, et dit: De courir çà et là sur la
terre et de m'y promener.» (Job 1:6,7). La notion populaire est que
l'expression «fils de Dieu» dans ce passage signifie «les anges» et que ce
«satan» serait donc un des «fils de Dieu» qui s'est rebellé contre à Dieu et
rejeté du ciel lors d'une supposée guerre angélique. Cette position est
insoutenable pour plusieurs raison:
1- Si Satan est un ange déchu rejeté du ciel dans un
abîme sans fin dès le début de l'histoire de la race humaine, comment ce fait-il
qu'il se retrouverait dans le Jardin d'Éden sous la forme d'un serpent ? et que
fait-il dans la présence de Dieu au début du livre de Job ?
2- Dans la langue hébraïque, le terme pour «fils de
Dieu» est «ben ah Elohim» et celui pour «ange» est «malak». Nous avons ici deux
mots différents qui signifie deux différentes choses. À moins que le rédacteur
du livre de Job était un ignorant et ne connaissais pas de quoi il parlait, et
cela est impensable, il est évident qu'un «fils de Dieu», un «ben ah Elohim»
n'est pas un ange, un «malak», autrement le même terme serait utilisé pour les
deux, ce qui n'est pas le cas. En d'autres mots les «fils de Dieu» sont des
êtres humains et non des entités mythiques.
En donnant le sens original «d'accusateur» au mot
satan dans le premier chapitre de Job, on comprend mieux l’enjeu de l'histoire
qui s'y déroule. Que «les fils de Dieu vinrent se présenter devant l'Éternel»
nous indique tout simplement une réunion d'enfants de Dieu tout comme nous
voyons dans un culte d'adoration. Le peuple Hébreu se réunissait sous Moïse
pour adorer l'Éternel tout comme les vrais chrétiens se réunissent souvent dans
un même but. Dans les deux cas on y voit parfois des «accusateurs» qui se
donnent de tout cœur à fustiger leurs semblables, et c'est exactement ce qui se
produisit ici. On y voit que certains étaient jaloux de la position de Job et
se plaignirent à Dieu à cause qu'il le protégeait et le bénissait (Job 1:9-11).
Certains diront: «Mais on voit que Satan avait la puissance d'amener des malheurs
sur Job». Il faut vraiment que les gens apprennent à lire attentivement, le
«satan» dans Job n'avait aucunement une telle puissance et ont voit clairement
que Dieu lui interdit de «porter la main sur lui» (Job 1:12). Le seul qui
détient une telle puissance est Dieu lui-même et non pas un ange déchu mythique
qui est le fruit d'une imagination débridée d'un grand nombre.
Dans la théologie
mythique du christianisme moderne, le mot Satan est associé aussi aux termes de
«Lucifer» et de «Roi de Tyr» avec lesquels ont construit la doctrine de Satan
comme étant un ange déchu.
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SATRAPES,
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— Voir: Perse.
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SATURNE,
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— Voir: Kijun, Caldée, Caldéens.
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SAÜL,
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— Voir: Paul.
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SAÜL.
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1. Fils
de Siméon et d'une Cananéenne, Nombres 26:13; 1 Chroniques 4:24; Genèse 46:10;
Exode 6:15. La mention spéciale qui est faite de sa mère est un blâme contre
ces unions mixtes avec des femmes païennes.
2. Saül,
premier roi des Hébreux, était fils de Kis, de la tribu de Benjamin, et régna
quarante ans, 1 Samuel 9, et suivant; 1 Chroniques 8:33; 9:39. Distingué par sa
beauté et par la grandeur de sa taille, il avait ce qu'il fallait pour plaire
au peuple sur lequel il devait régner; il fut choisi par Samuel, oint d'huile,
puis solennellement présenté aux Israélites à Mitspa, après que le sort, dirigé
de Dieu, eut ratifié le choix que le dernier des juges avait fait du premier
des rois; Saül dut octroyer préalablement une espèce de charte
constitutionnelle à son peuple, qui le salua par des acclamations de joie que
le mécontentement de quelques-uns ne réussit pas à troubler; Saül fit le sourd
aux murmures des mécontents, et resta d'abord modestement dans la vie privée,
pour laisser aux animosités le temps de se calmer, et pour ne pas alimenter par
sa présence et l'exercice de ses droits, l'aigreur qu'avait produite chez
quelques-uns sa subite élévation. Sa première expédition fut dirigée contre les
Hammonites; elle réussit, et ce succès ramena les mécontents, 1 Samuel 11. Dès
lors Saül dut mettre tous ses soins à protéger le pays contre les attaques
incessantes des Philistins, 13:1; mais le peu d'esprit militaire des
Israélites, et le manque d'armes, 13:6,19, auraient suffi à paralyser ses
efforts, si Jonathan son fils, par un acte héroïque, n'eût mis en fuite l'armée
des Philistins qui ne tarda pas à être complètement défaite, 1 Samuel 14. Les
Philistins revinrent cependant à la charge, ainsi que d'autres peuples du
voisinage, les Moabites, les Édomites, les Syriens de Tsoba, etc. Saül
triomphait parce que Dieu était avec lui, mais il perdit ce secours par sa
faute dans une guerre d'extermination dirigée contre les Hamalécites, il
désobéit aux expresses injonctions de Samuel, il épargna le roi et les bêtes
grasses (15), et le prophète irrité prononça sa déchéance, et nomma pour lui
succéder un jeune homme de la tribu de Juda, David, qui fut placé à la cour,
jouit, de la faveur particulière du roi pendant quelque temps, mais finit par
être l'objet de sa jalousie et de sa haine. Les exploits du jeune guerrier, que
Saül exposait aux plus grands dangers, et qui se tirait avec honneur des plus
mauvais pas, méritèrent à David la faveur populaire, et cette faveur causa sa
disgrâce (16). Accablé d'une noire mélancolie, Saül essayait de se distraire en
écoutant de la musique, ou en poursuivant ce David qu'il croyait son ennemi
(17-20), mais rien ne pouvait rendre la paix à son cœur ulcéré; deux fois ses
jours furent épargnés par David, et il s'attendrit un moment à la vue de tant
de générosité, mais ses remords sans repentance ne suffirent pas à retenir ses
poursuites, et Saül fut malheureux jusqu'à la fin sous le poids de la colère
divine. Il finit par perdre les traces du prétendant réfugié à Gath (27), et
les Philistins s'étant de nouveau levés contre Israël, Saül marcha à leur
rencontre, consulta une devineresse la veille de la bataille, reçut d'elle un
déplorable oracle que le lendemain devait voir s'accomplir: la bataille fut
perdue, ses fils furent tués, et lui-même fatigué de la vie se jeta sur son
épée, et termina par le suicide une vie commencée sous de meilleurs auspices,
un règne que l'obéissance à Dieu eût rendu à la fois glorieux et tranquille
(28-31).
C'est une étrange histoire que celle de Saül; l'homme
et le roi sont étranges, et l'on ne saurait dire lequel l'est le plus. Le début
de la royauté devait la compromettre dans l'esprit du peuple dont elle fil le
malheur; Dieu donnait à Israël un roi dans sa colère. Et cependant Samuel avait
pris toutes les précautions destinées à prévenir ou à diminuer les maux
qu'Israël amassait sur sa tête: non seulement il avait cherché à détourner le
peuple du caprice qui le portait à demander un roi, mais une fois la chose
décidée, il avait posé des limites à la puissance et aux prétentions du
monarque; il l'avait choisi membre d'une tribu qui, par sa petitesse, n'avait
pas de rivales; il l'avait choisi beau de visage et de haute stature, afin que,
sans éveiller les jalousies, il sût captiver l'attention et les regards
bienveillants de ses futurs sujets; il l'avait choisi vaillant et courageux
afin que, bon capitaine, il offrît au peuple la seule qualité dont le besoin se
fît sentir, la garantie nécessaire au maintien de l'intégrité du territoire; il
l'avait choisi après que Saül, ayant prophétisé, eut donné à tout Israël le
spectacle d'un jeune homme qui se laisse diriger par les conseils de la sagesse
divine; il lui avait imposé enfin une constitution qui devait mettre le peuple
à l'abri des empiétements du pouvoir royal. Tout cela ne servit de rien; Saül
ayant atteint à une hauteur qu'il ne rêvait peut-être pas lorsqu'il cherchait
les ânesses de son père, fut saisi de ce vertige qui tourne les têtes trop
faibles à une certaine élévation; il oublia qu'il était le serviteur de Dieu,
pour se rappeler seulement qu'il était le roi du pays, et sans s'en rendre
compte, mais entraîné par le manque de foi, il secoua le joug de l'Éternel et
voulut régner par lui-même. Au sacrifice de Guilgal, sa déchéance fut annoncée,
elle fut arrêtée et décidée après que, par ses ménagements envers Agag, il eut
prouvé que la parole de l'Éternel ne lui était pas sacrée. Ce ne sont pas les
détails, ce n'est pas même l'ensemble des faits que le prophète lui reproche;
c'est le manque de foi, le manque de respect pour un ordre divin, le manque de
confiance en celui qui peut d'un mot remplacer les troupes qui désertent, la
désobéissance à celui qui aime mieux obéissance que sacrifice. La dynastie de
Saül est déshéritée du trône parce que Saül a oublié qu'il n'était pour ainsi
dire roi qu'en second. Et si l'on regrette que l'aimable et généreux Jonathan
porte la peine des fautes de son père, il faut se rappeler que cette solidarité
du péché était générale à cette époque et dans ces pays, qu'elle a été
longtemps sanctionnée de Dieu d'une manière générale, et que dans l'espèce le
péché de Saül entraînait nécessairement cet ordre de châtiment; c'est moins
l'homme que le roi qui a péché, et la peine que Dieu inflige, comme les
peuples, aux rois coupables, c'est la déchéance de leur dynastie. Saül aurait
eu les qualités d'un bon capitaine, il a de la grandeur, il ne manque pas de
générosité, il est courageux, prompt, mais il n'a pas les qualités d'un roi,
bien moins encore celles d'un roi d'Israël.
Quelques détails de sa vie nécessitent des
observations spéciales.
1. Les
circonstances de son élection sont d'une simplicité tout à fait antique et
patriarcale, bien en rapport avec la vie presque idyllique de ces temps
reculés. Le but de son voyage, sa visite à Samuel, les signes qu'il reçoit, sa
rentrée dans la vie privée, tout porte le cachet de l'époque, et pour se moquer
de ces détails, il faut, comme dit Winer, ne pas connaître l'antiquité et ne
pas savoir s'y reporter en esprit. L'élection de Saül est racontée de deux
manières; Gramberg y a naturellement vu la preuve de deux documents compilés
par l'auteur; il eût été facile cependant de se rendre compte de cette double
élection sans recourir à une hypothèse aussi dénuée de vraisemblance. La
première fois Samuel oint Saül et lui déclare, mais en secret, les desseins de
Dieu à son égard; évidemment cela ne pouvait pas suffire; le choix devait être
rendu public, et Samuel, pour écarter toute idée de préoccupation personnelle,
en appelle publiquement à la voie du sort, persuadé que le résultat était entre
les mains de l'Éternel; le sort se prononce en faveur de Saül. Ce n'est pas une
seconde relation, c'est un second fait.
2. L'âge
de Saül n'est indiqué nulle part, non plus que la durée de son règne. Flavius
Josèphe le fait régner quarante ans, d'après une fausse traduction de 2 Samuel
2:10; cependant le chiffre en lui-même n'a rien d'invraisemblable. Quant à son
âge, on peut remarquer seulement que, dès les premières années de son règne, il
avait déjà un fils en état de porter les armes et même de commander, 1 Samuel
13:2, de sorte qu'on ne pouvait pas lui donner, à l'époque de son avènement,
moins de trente ou trente-cinq ans. Le passage 1 Samuel 13:1, omis dans les
Septante, doit se traduire littéralement: «Saül était fils de — an, quant à son
règne;» les uns suppléent le chiffre, et disent: Saül avait régné un an (nos
versions); d'autres traduisent par:
— chargé d'ans, âgé; d'autres enfin (Heine) supposent
que l'écrivain sacré a laissé en blanc le chiffre de l'âge de Saul qu'il
ignorait et qu'il se proposait d'intercaler plus tard, et que cette lacune n'a
jamais été comblée. Quoi qu'il en soit, si l'on admet la traduction de nos
versions, il faut en changer la ponctuation, autrement le verset n'aurait aucun
sens; la première partie du verset se reporterait à ce qui précède, la seconde
à ce qui suit immédiatement.
3. Saül
a prophétisé à plusieurs reprises, non seulement à son avènement, mais encore
après sa déchéance, 10:11; 11:6; 19:24. Il a été nâbi (— Voir: Prophètes), et
quoi que l'on veuille entendre par ce genre de prophétie, on est contraint
d'avouer que c'était plus que le langage ordinaire des hommes pieux d'Israël.
L'étonnement public, lorsqu'on apprend que Saül est aussi au nombre des
prophètes, prouve surabondamment que ce n'était pas une chose commune, et si
l'on ne veut pas admettre cette inspiration accompagnée de visions qui
caractérisait les prophètes d'un ordre supérieur (hhosé), on doit admettre au
moins que Saül était animé de l'esprit de Dieu, plongé dans une extase surnaturelle,
ravi hors de lui-même, dans un état d'exaltation involontaire, dans laquelle il
parlait et enseignait, louait et bénissait Dieu, avec une force et une effusion
intérieure que l'Esprit d'en haut pouvait seul produire. Son esprit, son cœur,
sa conscience étaient réveillés; Saül n'était plus Saül, il était un autre
homme, l'intermédiaire de la pensée divine qui se révélait à lui, et qu'il ne
pouvait méconnaître. Alors il s'oubliait lui-même, et son ravissement était tel
qu'il fut une fois, une nuit et un jour entier, couché sur la terre et
dépouillé de ses vêtements. Mais on se demande comment un homme, animé de
pareilles dispositions, a pu être en même temps un homme sans foi et rejeté de
Dieu. La réponse est aisée: sa piété s'évanouissait avec les circonstances
extraordinaires qui en avait provoqué les mystérieux élans, Osée 6:4; au lieu
de retenir dans son cœur les enseignements qu'une faveur singulière de Dieu lui
envoyait par intervalles, il laissait s'éteindre le lumignon qui fume, il
contristait, il repoussait le Saint-Esprit; et notre Seigneur, en parlant de
ceux qui ont prophétisé en son nom, quoiqu'il ne les ait jamais connus,
Matthieu 7:22, nous montre la possibilité de cette existence du caractère
prophétique chez des hommes voués à la réprobation. C'est une grâce extérieure
que Dieu leur accorde, ils la repoussent en faisant usage de leur liberté
morale; ils se montrent des exemples vivants et terribles de ce mystérieux
antagonisme entre la volonté de Dieu et celle de l'homme, dans lequel la
volonté de l'homme peut encore triomphera force d'endurcissement. Saül rejeté,
et cependant prophétisant en la présence de Samuel, c'est le remords se
réveillant dans le cœur à la vue d'un homme qui lui rappelle de beaux jours et
de grandes grâces; mais les passions, l'envie, la haine sont plus fortes, et
elles étouffent les semences du bien.
4. La
mélancolie de Saül est la suite naturelle de sa réjection. Il y avait là en
effet de quoi troubler le cœur et l'esprit d'un homme. C'est la tristesse du
remords. Il n'est pas nécessaire d'y voir autre chose. Abandonné de Dieu,
abandonné de Samuel, contraint de s'avouer que c'est par sa faute, il sent
trembler dans ses mains le sceptre qui déjà n'est plus à lui; l'image de David
le poursuit partout comme une ombre; il veut la frapper et la faire
disparaître; l'amitié de Jonathan pour son rival lui paraît une révolte
dénaturée, l'enthousiasme du peuple pour le jeune guerrier lui paraît une
rébellion, les succès d'autrui lui semblent une injure, l'asile donné par un
sacrificateur au capitaine qui se dit envoyé de sa part, lui apparaît comme une
conjuration; il voit un complot dans l'absence de David, une ruse de guerre
dans sa fuite, peut-être même une insulte dans sa pitié. Son esprit est perdu,
son jugement est égaré, sa vue se trouble, les faits les plus simples sont
grossis et dénaturés, les objets ne lui apparaissent plus sous leur aspect
ordinaire; alors on le voit tour à tour se faire le bourreau de son fils que le
peuple lui arrache, l'assassin de son gendre que sa fille lui dérobe, le
meurtrier des sacrificateurs de Nob que Doëg lui livre et met à mort, le
meurtrier des Gabaonites que Dieu venge plus tard, l'insensé conjureur d'une
pythonisse, et enfin le suicidé de Guilboah. Rien dans sa conduite ne trahit une
folie proprement dite, mais depuis sa désobéissance, tout en lui porte le
caractère d'une mélancolie noire; il est sombre comme Charles IX après la Saint
Barthélemy; c'est un phénomène physiologique fréquemment observé, et les moyens
employés pour calmer le malheureux sont plutôt destinés à le distraire qu'à
l'exorciser; l'emploi de la musique dans des cas de ce genre est général, et
ses heureux succès ont été constatés toutes les fois qu'il en a été fait usage.
Le terme de malin esprit envoyé par l'Éternel, 1 Samuel 19:9, ne contredit en
rien cette explication, car nous ne nions nullement que cette maladie noire ne
fût l'œuvre d'un malin esprit, et qu'elle ne le soit en général, comme nous
admettons que les bonnes dispositions du cœur sont l'œuvre du bon esprit de
Dieu.
5. —
Voir: à l'article Samuel
ce que nous avons dit sur les mobiles de la conduite
du prophète à l'égard du roi déchu.
6. Quant
à la consultation de la pythonisse d'Endor,
— Voir: Pythonisse.
7. La
mort de Saül est racontée de deux manières différentes, 1 Samuel 31, 2 Samuel
1. Dans le premier passage, Saül se tue, dans le second, il est tué par un
jeune Hamalécite; Gramberg y trouve une nouvelle preuve à l'appui de son
hypothèse des deux documents. Le récit prouve que le jeune Hamalécite a fait un
conte dont il espérait une autre récompense que celle qu'il a reçue, de sorte
qu'un second document n'a rien à faire ici; dans le cas où cette explication ne
suffirait pas entièrement, rien de plus simple que d'admettre avec Flavius
Josèphe une fusion des deux récits; Saül a essayé de se tuer, et comme il
n'avait plus la force d'achever son crime, il a prié le jeune Hamalécite qui
passait de mettre un terme à ses souffrances.
8. L'extermination
des Gabaonites n'est connue que par l'allusion renfermée 2 Samuel 21:1. Les uns
supposent que Saül fit égorger avec les prêtres de Nob les Gabaonites employés
au service du temple; d'autres pensent que les Gabaonites, n'ayant rien à
perdre et tout à gagner à une révolution, prirent le parti de David contre Saül,
ce dont celui-ci se serait vengé par leur complète extermination. L'on ne peut
rien affirmer à cet égard si ce n'est que Saül a commis le crime, et que ses
enfants l'ont expié.
9. Le
nom de Saül est rappelé plusieurs fois dans les livres historiques et dans les
Psaumes de David;
— Voir: en particulier 2 Samuel 1:17; 2:4; 5:2; 7:15;
12:7; 16:8; 22:1; 1 Chroniques 26:28; Psaumes 18, 32, 54, 57, 59, (suscr.).
Sa résidence est quelquefois désignée par son nom, 1
Samuel 15:34; Ésaïe 10:29. Le seul passage du Nouveau Testament qui en fasse
mention est Actes 13:21.
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SAULES
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(Sauces). C'est la traduction généralement admise de
l'hébreu érèb, ou arab. Il en est parlé Lévitique 23:40; Job 40:17, comme d'un
arbre touffu et d'un ombrage agréable, Ésaïe 44:4, et ailleurs, comme d'un
arbre croissant le long des eaux (amnicolæ salices, Ovid. Met. 10, 96, umbrosæ,
Fast. 3, 17). C'est du saule pleureur qu'il est sans doute question Psaumes 137:2;
il vient naturellement en Babylonie et a reçu le nom technique de salix
babylonica. Le zaphzepha de Ézéchiel 17:5, désigne aussi une espèce
particulière de saule différente de celle qui précède; mais les descriptions
qu'ont données du safsaf les rabbins et les voyageurs modernes ne s'accordent
pas assez pour qu'on ait pu le classer d'une manière définitive; d'après
Rauwolf cet arbre aurait même beaucoup de rapport avec le bouleau par la
longueur, la finesse, et le jaune mat de ses feuilles; les descriptions des
talmudistes se rapporteraient au salix caprea.
— Le torrent des Saules que nos versions ont, d'après
les Septante, traduit par torrent des Arabes, Ésaïe 15:7, est le Wady el Ahsa
qui arrose la frontière méridionale du pays des Moabites: il prend sa source
près du château d'El Ahsa sur le chemin de la Syrie, et coulant au nord-ouest,
va se jeter à l'extrémité sud de la mer Morte. Hitzig a traduit le torrent de
la plaine (ou du désert) en comparant le passage Amos 6:14. Dans ce dernier
passage quelques commentateurs, notamment Rosenmuller, pensent qu'il s'agit du
Cédron, parce que le nom de plaine s'appliquait spécialement à la contrée des
environs de Jérico; mais comme il est opposé à Hamath la frontière
septentrionale, il doit nécessairement signifier la frontière méridionale, et
désigner le même torrent que celui dont il est parlé dans le passage d'Ésaïe.
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SAUTERELLES.
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Leur incroyable fécondité fait de ces insectes un des
fléaux les plus redoutés et les plus terribles des pays chauds, de l'Orient en
particulier, Exode 10:4; 1 Rois 8:37; 2 Chroniques 6:28; 7:13. Elles sortent de
terre au printemps, surtout dans les années dont la sécheresse a favorisé la
maturité des innombrables œufs qu'elles déposent toujours dans la terre; c'est
de l'Arabie qu'elles sortent en plus grand nombre, et portées sur les ailes des
vents, elles viennent s'abattre en tourbillonnant et comme d'épais nuages sur
les plaines de l'Égypte, de la Palestine ou de la Syrie. Ces nuages ont
quelquefois de 4 à 6 lieues de longueur, de 2 à 3 lieues de largeur. Elles sont
encore loin que déjà le bleu sec du ciel se nuance d'un jaune fade et mat;
lorsqu'elles approchent elles voilent le ciel, couvrent la terre de leur ombre,
et font entendre le dur et assourdissant frôlement d'un million d'ailes et de
pieds. Où elles s'arrêtent, et on chercherait vainement à les en empêcher,
elles forment sur la terre qu'elles cachent, une couche épaisse qui parfois
dépasse la hauteur d'un mètre; elles rongent alors en un clin d'œil, de leurs
dents aiguës, et avec un bruit qui, au dire de Volney, rappelle la marche
rapide de la cavalerie, l'herbe, les feuilles, les fruits, surtout les raisins,
et jusqu'à l'écorce et à la racine des arbres; leurs goûts et leur nourriture
varient; chez les unes le goût est plus fin, chez les autres il est plus
grossier; cf. Joël 1:4. Lorsqu'elles ont tout dévasté, elles se remettent en
marche, ne laissant derrière elles que leurs œufs, leurs excréments, et
quelques cadavres qui produisent une odeur d'une telle infection, que la peste
se déclare souvent après leur passage; cf. Juges 6:5; Joël 1, et 2; Jérémie
46:23; 51:14; Nahum 3:17; Psaumes 109:23; 78:46; 105:34; Ésaïe 33:4. Leur
marche est très régulière, Proverbes 30:27; Joël 2:8,25; elles volent par
colonnes, de jour seulement, et avec des intervalles de repos; le soir elles
s'établissent sur la terre, repartent le matin si elles n'ont rien à manger,
volent, ou marchent si la rosée de la nuit a mouillé leurs ailes, Nahum 3:17;
elles vont droit devant elles, et presque toujours du sud au nord. Aucun mur,
aucune haie, aucun fossé, ne les arrête; c'est en vain qu'on met le feu aux
herbes et aux broussailles, c'est en vain même qu'on envoie contre elles des
troupes de soldats (Pline 11, 35); elles évitent tous les dangers, et ne
sauraient être évitées. Elles pénètrent jusque dans les habitations, et en
rongent non seulement les ustensiles de bois, mais encore les boiseries, les
planches et les poutres, Pline 11, 29. Exode 10:6; Joël 2. Quelques oiseaux
leur font une guerre redoutable, qui en fait périr un grand nombre, mais c'est
surtout la mer qui est chargée de leur donner la mort. Fatiguées de leur vol,
elles s'abattent sur les eaux comme sur la terre, Exode 10:19; Joël 2, et leurs
légers cadavres, entraînés vers les rivages, viennent bientôt y apporter la
peste, et les désoler par leur mort, après les avoir désolés par leur vie.
On a remarqué que les sauterelles dépouillées de leurs
accessoires, avaient en petit une forme assez semblable à celle des chevaux,
Joël 2:4; Apocalypse 9:7. Leurs ailes sont d'ordinaire vertes ou jaunâtres,
quelquefois rouges ou brunes. Leur longueur varie entre 3 et 15 centimètres.
Il était permis aux Hébreux de s'en nourrir, Lévitique
11:22. (Oken prétend à tort que ce sont quatre espèces d'oiseaux qui sont
désignées dans ce passage); cependant elles ne passaient guère pour un aliment
délicat, Matthieu 3:4; Marc 1:6. D'autres peuples de l'ancien Orient les
mangeaient de même, au rapport de Strabon, de Diodore de Sicile, de Pline,
etc., et de nos jours encore on les porte par voitures sur les marchés de
l'Arabie (Tavernier, Niebuhr, Joliffe, Burckhardt; d'après Gobât, Voyage en
Abyssinie, p. 392, on les entasse dans des tonneaux). On les fait bouillir dans
de l'eau, quelquefois on les rôtit, après leur avoir arraché les pieds et les
ailes, on les saupoudre de sel, et on les mange. Elles doivent être meilleures
que des pigeonneaux, et aussi bonnes que des écrevisses.
Il est parlé dans la Bible de plusieurs espèces de
sauterelles; les principales sont l'arbéh, le solham, l'hargol, le kagab (ou
hhagab), le tsaltsal, le yélèk, le hhasil, et le gazam, Lévitique 11:22; Joël
1:4. L'arbéh est l'espèce la plus connue et le plus souvent mentionnée; c'est
le gryllus gregarius de Linnée: le poitrail vert et fortement bombé, une tête
aplatie, des yeux rouge-brun, des antennes de 3 centimètres de long, des ailes
supérieures d'un jaune gris et tachetées de jaune à la partie inférieure, et
des ailes de dessous vertes et très larges, caractérisent cette espèce. Ce sont
les ailes supérieures, et les pattes de derrière, qui produisent le bruit
qu'elles font en volant. Le hhargol est peut-être la jeune sauterelle qui ne
vole pas encore; les Septante traduisent chenille. Quant aux autres espèces, il
n'est pas possible de les déterminer exactement; les termes hébreux sont
diversement traduits par les anciens interprètes, qui seuls auraient pu fixer
leur signification, et les indices étymologiques sont trop vagues pour qu'on
essaie d'en tirer parti. La sauterelle à tête pelue (Dahler), le gryllus
cristatus, ou Kammheuschrecke, qui se rencontre souvent en Orient, et qui est
mangeable, doit être l'une de ces espèces, cf. Apocalypse 9:8, et Œdmann la voit
dans le yélèk à cause de Jérémie 51:27, où l'épithète de samar qui signifie
chevelue lui est donnée: le tsaltsal, d'après Tychsen, serait le gryllus
stridulus. Le nom de gob, Amos 7:1; Nahum 3:17, semble être le nom générique de
l'espèce entière.
L'examen de Apocalypse 9:3; et suivant appartient aux
commentaires;
— Voir: Ewald, Vivien, Digby, etc.
Les passages Apocalypse 9:3-12; et Joël 2:4, ont été
cités à l'article Sauterelles comme ne se rapportant qu'à l'insecte proprement
dit, mais il est bien évident, et tous les commentateurs sont d'accord sur ce
point, qu'on doit les entendre d'une manière figurée. «Je pense, dit Newton
(Pensées), que comme les chérubins, les sauterelles qui sortent de l'abîme sont
des représentations symboliques d'un caractère de pouvoir dont certains agents
vivants vont être revêtus. Ceux-ci paraissent avoir le même rapport à l'abîme
que les chérubins au ciel. Les chérubins représentent le pouvoir qui est sous
le contrôle suprême de Christ, et dont les serviteurs de Dieu et de Christ
seront revêtus pour tout ce qui appartient à la vie, à la gloire, et à la
bénédiction. Les sauterelles, semblables à des scorpions, et dont la forme est
plus compliquée que celle des chérubins mêmes, sont sous la direction
d'Apollyon leur chef, et elles représentent, à mon avis, le pouvoir dont ses
serviteurs seront revêtus pour l'œuvre qui leur est assignée, de tourmenter
d'un tourment infernal.»
— Vivien va plus loin (Essai): «Évidemment nous avons
ici l'emblème d'une armée qui envahit la Palestine sous la conduite du
Destructeur. Nous trouvons dans Joël une prophétie tout à fait parallèle, et
par conséquent bien propre à confirmer notre interprétation. Au chapitre 1:2-7,
le prophète prédit un jugement terrible qui doit tomber sur la nation juive; il
l'annonce sous l'emblème des sauterelles, et il dit que cette nation a des
dents comme des dents de lion, 1:6; cf. Apocalypse 9:7-8. Après avoir exhorté
le peuple au jeûne et au deuil, il décrit ce jugement 2,1-11. Qu'on lise
attentivement cette description, et l'on ne pourra s'empêcher de remarquer
l'analogie frappante qui existe entre la prophétie de Joël et la première
trompette de malheur (la cinquième). Le texte même de cette prophétie suffit de
plus pour prouver qu'elle n'a point encore été accomplie. Il suit de là que
cette cinquième trompette, comme les quatre premières, ne concerne directement
que la nation juive, conclusion qui se déduit naturellement de la transaction
qui a précédé l'ouverture du septième sceau, et de ce qui est dit ici de l'ordre
donné aux sauterelles de ne nuire qu'aux hommes qui n'ont pas le sceau de Dieu
sur le front.»
Ceux qui regardent la plus grande partie des
prophéties apocalyptiques comme accomplies, voient dans les sauterelles de la
cinquième trompette les Sarrasins du septième siècle, et si, à d'autres égards,
on peut avoir des doutes légitimes quant à la valeur de leur système
d'interprétation, il faut avouer que sur ce point, du moins, leurs raisons ne
manquent pas de vraisemblance. Les sauterelles sont originaires de l'Arabie;
sur leur tête, est-il dit, sont des couronnes semblables à de l'or (les turbans
jaunes des Sarrasins); à les voir il semble qu'on voie des chevaux (et ils
courent comme des cavaliers), des visages comme des visages d'hommes, des
cheveux comme des cheveux de femmes, des dents comme des dents de lions, des
cuirasses comme des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes est comme un
bruit de chariots à plusieurs chevaux qui courent au combat; leur puissance de
nuire est dans leur queue, et Ésaïe nous dit: La queue, c'est le prophète qui
enseigne le mensonge, 9:14. Ces sauterelles ne feront de mal ni à l'herbe, ni à
la verdure, ni aux arbres, mais aux hommes, et à ceux-là seulement qui n'ont
point la marque de Dieu sur leurs fronts. Gibbon, et ce n'est pas une autorité
suspecte, rapporte qu'Abubeker, successeur de Mahomet, donna à ses sectateurs
cet ordre remarquable: «Ne faites aucun mal à l'herbe de la terre, ni aux
arbres, au-delà de ce qui est nécessaire; et quand vous trouverez des hommes qui,
comme simples chrétiens, adorent Dieu, laissez-les et ne leur faites aucune
violence. Mais quant à ceux qui ont la tête rasée, qui se prosternent devant
les saints et les idoles, ayez soin de leur fendre la tête, et ne les laissez
vivre qu'à condition qu'ils se soumettent et qu'ils paient le tribut.»
— Cette nuée de sauterelles couvrit et ravagea pendant
un siècle et demi la chrétienté tout entière, soit en Orient, soit en Occident;
mais deux pays, ceux dans lesquels étaient cachées les vraies Églises du moyen
âge, les Albigeois et les Vaudois, furent presque exemptés de cette plaie, et
si les Sarrasins, ayant franchi les Pyrénées, s'abattirent un moment sur le
centre de la France, les Pauvres de Lyon sauvèrent le royaume par leurs prières
et leur fidélité. Charles-Martel, suscité de Dieu, remporta sur les Sarrasins
une victoire décisive sous les murs de Poitiers. Digby fait observer encore
«qu'il ne fut pas permis à ces sauterelles de tuer les hommes, mais seulement
de les tourmenter», et qu'en effet, après avoir tourmenté pendant longtemps les
états de la chrétienté qui étaient tombés dans l'apostasie, ils finirent par se
retirer sans avoir pu, ni renverser l'empire romain, ni établir (comme les
Turcs le firent plus tard) un empire mahométan sur les ruines d'un empire
chrétien. La durée du pouvoir de ces sauterelles symboliques devait être de
cinq mois prophétiques, c'est-à-dire de cent cinquante ans, et l'histoire nous
apprend que cent cinquante ans après le commencement de la carrière de Mahomet
(612), les Sarrasins, fatigués de la guerre et las d'errer depuis si longtemps,
se tournèrent vers l'agriculture, et bâtirent sur les bords du Tigre, en 762,
la ville de Bagdad, à laquelle ils donnèrent le nom de Cite de la Paix, en
témoignage de leur nouvelle résolution. Quant au roi de ces sauterelles, Digby
le voit naturellement dans Mahomet lui-même.
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SAVON,
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— Voir: Nitre.
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SCEAU,
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— Voir: Cachet.
Les sceaux de l'Apocalypse 5:9; sq., qui tiennent
fermé le livre de l'avenir, désignent le mystère dont les choses futures sont
encore enveloppées, et que Jésus-Christ seul a acquis le droit de connaître et de
pénétrer.
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SCEAUX.
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L'explication suivante des sept sceaux apocalyptiques
a de l'intérêt comme résumé des vues d'une école, l'école allégorique ou école
des prophéties accomplies. Nous ignorons si son auteur, M. Guers, persiste dans
ce point de vue qui, à bien des égards, nous paraît trop spirituel. La deuxième
édition de son histoire de l'Église, qui est annoncée, nous dira ce qui en est.
Dans tous les cas, l'auteur ferait bien de justifier par une introduction sur
l'étude de la prophétie, un système qui a été bien des fois attaqué et qui n'a
pas encore été solidement défendu.
Les sceaux apocalyptiques, dit-il, paraissent se
rapporter à de grands jugements que Dieu déploie, dès les premiers siècles de
l'Église, contre Rome idolâtre et persécutrice, et les autres ennemis de sa
parole et de son nom. Au milieu de ces jugements, l'Église a beaucoup à
souffrir; mais les justes fléaux qui châtient le monde, servent à la purifier.
Le premier sceau:
Jésus, vainqueur miséricordieux, étend partout sa
domination spirituelle. Rome païenne voit ainsi se miner le ténébreux empire de
l'idolâtrie. Bientôt elle recevra des échecs d'un autre genre.
Le deuxième sceau:
le cheval rouge, emblème de l'effusion du sang. Jésus,
Don plus dans sa grâce, mais dans sa providence, frappe Rome persécutrice.
— Insurrections, batailles sanglantes, massacres
affreux, dévastations inouïes entre l'an 100 et l'an 138 de notre ère.
Cinq-cent quatre-vingt mille Juifs sont exterminés par les gentils; un plus
grand nombre de gentils le sont par les Juifs.
Le troisième sceau:
le cheval noir, emblème de deuil et de calamité. La
balance, signe de la rareté des vivres. On pèsera à chacun sa nourriture
exactement, comme cela se fait dans une compagnie réduite à l'extrémité. Le
denier était la journée de l'esclave, et le chénix, ce qu'il lui fallait, à lui
seul, de pain pour un jour; à présent, qu'aura sa famille?
— Grande famine de 138 à 193.
Le quatrième sceau:
le cheval fauve porte la mort, suivie de l'enfer ou
sépulcre (hadès).
— De 193 à 270, l'empire a plus de vingt chefs qui,
pour la plupart, le gouvernent avec une tyrannie révoltante. En outre, plus de
trente usurpateurs périssent dans le même intervalle avec des multitudes de
leurs partisans. La guerre est suivie de la famine et la famine de la
mortalité, qui règne pendant quinze ans avec une fureur presque sans exemple.
Les bêtes sauvages désolent les terres, les hommes se battent avec des lions,
des loups et des tigres.
Le cinquième sceau:
grande persécution dioclétienne. Le sang des âmes sous
l'autel crie vengeance: «Jusques à quand, Seigneur, supporteras-tu ces crimes?
jusques à quand tarderas-tu de venger le sang de tes élus, coulant à flots dans
tout l'empire?»
Encore un peu de temps, le sixième sceau sera brisé,
Rome idolâtre tombera. Enfin, le septième sceau, renfermant les sept trompettes
et les sept fioles, ou sept plaies, comprend tous les fléaux qui doivent
châtier le monde et toutes les épreuves paternelles qui doivent épurer
l'Église, depuis la chute de Rome idolâtre jusqu'à la grande délivrance des
élus, c'est-à-dire jusqu'au millénium.
(Il faut veiller pour ne pas tomber dans l'hérésie des
sectes millénaristes. Le millénium est spirituel et se rapporte au temps de la
grâce entre les deux avènements de Christ, et non à un règne littéral de mille
ans sur la terre.)
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SCÉBA, ou Sheba.
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1. Descendant
de Cam et de Cus par Rahma, nommé à côté de Dedan, Genèse 10:7; cf. 1
Chroniques 1:9.
2. Descendant
de Sem et de Héber par Joktan, Genèse 10:28; cf. 1 Chroniques 1:22. La
tradition arabe a conservé cette origine pour une de ses peuplades.
3. Fils
de Joksan, et petit-fils d'Abraham et de Kétura, Genèse 25:3. Il est également
nommé à côté de Dédan. (Quant à Séba, fils aîné de Cus, — Voir: Séba.) Ces
trois hommes du nom de Sheba sont-ils différents? sont-ils des chefs d'autant
de peuplades différentes? Rosenmüller le pense, et il retrouve la troisième
famille Job 1:15, où cependant il est plus naturel de l'entendre des Arabes en
général, de troupes d'Arabes. L'identité de nom des deux frères pourrait faire
penser à une identité des individus, #1 et #3, si la descendance n'était pas
différente, la première étant camite et la troisième sémite. Quant aux deux
premiers chefs, Michaélis essaie de les fondre en une seule famille, ou plutôt
en une alliance de familles, tellement que le pays de Sheba aurait été habité
en partie par des Cusi-tes, en partie par des Joktanides; Vater et Bohlen y
voient au contraire deux traditions différentes sur l'origine d'une même
peuplade; Schrœder tient le milieu entre ces deux opinions, mais inclinant
davantage vers la première: les Sabéens, dit-il, ont dans cette table
généalogique, un double élément d'origine, ils remontent par une fusion de
races à Cam et à Sem, et peut-être les uns à Cam, les autres à Sem, mais
habitant le même territoire et ne formant plus qu'un seul peuple, sinon une
même famille. On ne doute pas qu'il ne s'agisse sous le nom de Sheba, des
célèbres Sabéens de l'Arabie Heureuse, habitant le nord de l'Yémen actuel,
selon d'autres une partie de l'Arabie méridionale, Joël 3:8; Psaumes 72:10;
Jérémie 6:20. Leurs caravanes traversaient les déserts, et portaient jusqu'aux
ports marchands de la Méditerranée, les trésors de leur riche végétation et de
leurs précieuses mines, de l'or, des pierreries, des épices, de l'encens, de la
casse, etc. Ézéchiel 27:22; 38:13; Job 6:19; Ésaïe 60:6. Cette peuplade riche
et belle, la plus grande de l'Arabie, devait à ses richesses la considération
générale dont elle était entourée, et les parfums aromatiques de ses rivages
donnaient lieu aux récits les plus exagérés, aux légendes les plus fabuleuses.
Ils faisaient le commerce de transit entre l'Asie et l'Europe, et leurs
caravanes allaient jusqu'en Syrie et en Mésopotamie; ils paraissent même avoir
été en relations d'affaires avec les Indes. Leur capitale, bâtie sur une
colline, portait le nom de Sabas, et resplendissait de palais et de temples aux
colonnes plaquées d'or; des travaux d'art, gigantesques, et de la plus haute
antiquité, réunissaient au-dessus de la ville les eaux des montagnes voisines,
et formaient un lac artificiel dont les eaux, en s'écoulant par un nombre
considérable de petits canaux, assuraient aux jardins, aux prairies, et aux
plantations d'arbres, une fertilité digne du paradis. Descendants de Cus, les
Sabéens, déjà grands, trouvèrent un nouvel élément de grandeur et de puissance
dans leur fusion avec les Sabéens joktanides, auxquels se joignirent plus tard
encore, comme troisième élément d'une nationalité qui grandissait en se
mélangeant, les Sabéens issus d'Abraham et de Kétura. Ils paraissent avoir fait
un commerce d'esclaves, Joël 3:8.
La reine de Sheba qui visita Salomon, 1 Rois 10, était
selon toute apparence originaire de cette contrée, et c'est à tort que Flavius
Josèphe la fait venir d'Éthiopie; les détails qui accompagnent le récit de sa
visite s'accordent mieux avec la première supposition qu'avec la seconde. Les
Abyssins, du reste, ont accepté la tradition de Flavius Josèphe comme donnant
un certain lustre a leur histoire; ils ajoutent qu'elle se nommait Maqueda, et
qu'elle eut de Salomon un fils qui ressemblait tellement à son père que
celui-ci, jaloux, le renvoya; le jeune Menihélec emporta l'arche de l'alliance,
qui l'aida un jour de sabbat à traverser une rivière, et ce miracle le
convertit (Gobât, p. 322); la reine elle-même aurait aussi embrassé le
judaïsme.
Preiswerk, dans le cinquième volume du Morgenland, p.
50, voit dans Sheba et Dedan, les deux familles principales de l'Inde, unies ou
séparées par le Gange, et place Sheba à l'orient; cette opinion ne peut guère
se soutenir, quoiqu'elle ait aussi pour elle l'appui de Bohlen.
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SCEPTRE,
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bâton de bois de la hauteur d'un homme, que déjà les
rois de l'antiquité portaient comme les insignes de leur autorité, Amos 1:5;
Zacharie 10:11; Ézéchiel 19:11; cf. Genèse 49:10; Nombres 24:17; Ésaïe 14:5, et
Iliad. 1, 234; 2, 183. D'après Flavius Josèphe ils emportaient même leur
sceptre dans la tombe, vrai symbole de la vanité des gloires et des puissances
de ce monde, qui sont enterrées avec ceux qui en ont joui sur la terre. La
houlette du berger a peut-être donné naissance à l'idée du sceptre royal, car
les premiers rois ne furent que des princes nomades, cf. Psaumes 2:9, et le
sceptre ne devait être en effet qu'une houlette, l'emblème du gouvernement, de la
direction. Il n'a pas lardé à devenir une verge. D'après Diodore de Sicile, le
sceptre des rois d'Égypte aurait rappelé par sa forme un instrument
d'agriculture, le grand bras de la charrue. Le sceptre d'Assuérus était d'or,
ou plaqué d'or, Esther 4:11, ainsi que celui de plusieurs rois absolus de
l'antiquité, Iliad. 1, 15. Cyrop. 8, 7, 13. Strabon parle des autres ornements
dont le sceptre est susceptible, et qui étaient particulièrement recherchés des
Orientaux. Abaisser son sceptre était de la part d'un roi un acte de grâce, un
signe de pardon; en baiser l'extrémité était de la part d'un sujet, un acte de
soumission et de dévouement, Esther 5:2. Saül, roi militaire, paraît avoir
porté avec lui sa hallebarde en guise de sceptre, 1 Samuel 18:10; 22:6, et
Justin raconte qu'aux premiers temps de la fondation de Rome, les rois
portaient des lances au lieu de diadème, comme signe caractéristique de leur
dignité, et que les Grecs donnèrent à ces lances le nom de sceptre (43:3).
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SCÉVA,
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principal sacrificateur, ou plutôt rabbin principal
d'Éphèse, et père de sept jeunes gens qui faisaient de ville en ville le métier
d'exorcistes, Actes 19:14. Jaloux de saint Paul qui faisait plus de miracles
qu'eux, et ne voyant en lui qu'un concurrent plus heureux, ils essayèrent de
lui emprunter sa formule, et invoquèrent contre le malin esprit dont un homme
était possédé, le nom «de ce Jésus que Paul prêche.» Mais cette invocation du
nom de Jésus n'étant pour eux qu'une formule, elle ne servit qu'à provoquer
encore plus le malin esprit, qui ne leur reconnaissait aucune puissance; il se
jeta sur eux, les maltraita et les chassa honteusement. Nous ne reviendrons pas
sur ce que nous avons dit ailleurs des possessions, et par conséquent des
exorcismes: que toutes les maladies, ou qu'un certain nombre d'entre elles
seulement soient produites par l'habitation d'un malin esprit, et deviennent
susceptibles d'être guéries par des prières pleines de foi, par des secrets
diaboliques, ou par des influences humaines d'un ordre surnaturel, peu importe;
l'histoire des fils de Scéva nous montre un homme malade, dont la maladie a
résisté aux paroles sans foi de quelques charlatans, et qui a reconnu la
puissance de Paul par Jésus.
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SCHIBBOLETH,
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mot hébreu qui signifie fleuve, ou épi de blé. Il a
pris dans notre langue le sens de «signe de reconnaissance», à cause du rôle
qu'il a joué à la suite d'une bataille entre Jephthé et les hommes d'Éphraïm,
Juges 12:6; sq. Les Éphraïmites avaient été défaits, et Jephthé qui s'était
emparé des gués du Jourdain, coupa le passage à tous ceux qui furent reconnus
comme membres de cette tribu. Les Éphraïmites avaient à ce qu'il paraît, un
défaut de prononciation; ils ne pouvaient pas dire schibboleth, mais sibboleth,
et comme ce mot, à cause de sa signification, devait se reproduire
naturellement dans la conversation de gens en fuite qui ont un fleuve devant
eux, qu'il s'agit de traverser pour sauver sa vie, ils se trahissaient
involontairement, sans qu'il soit nécessaire de supposer que leurs ennemis les
obligeassent à le prononcer, comme un signe spécial de reconnaissance.
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SCIE.
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Les Hébreux connaissaient l'usage des scies à marbre,
1 Rois 7:9. Malheureusement ils paraissent avoir fait de cet instrument un
usage dont rien ne justifie la cruauté; à l'instar des Égyptiens, des Perses,
des Thraces, et même des Romains, ils ont pratiqué à l'égard de leurs
prisonniers de guerre, et notamment des chefs, le supplice de la scie, 2 Samuel
12:31; 1 Chroniques 20:3, et l'allusion de Hébreux 11, 37, semble se rapporter
au genre de mort qu'Ésaïe selon la tradition, souffrit sous Manassé; cf.
Hérodote 2, 137. Val. Max. 9, 2. Sueton. Calig. 27, etc. On regrette que le nom
du roi David soit taché du souvenir d'aussi atroces barbaries, et l'on ne peut
comprendre de pareils actes qu'en se rappelant qu'ils furent contemporains de
ses crimes et de ses remords, antérieurs à sa réconciliation avec Dieu. Il se
vengea par des cruautés nouvelles, des cruautés que lui avait fait commettre
son coupable amour, et il s'en vengea sur ceux-là même qui en avaient été la
cause certes fort innocente, sur les habitants de la ville qu'assiégeait le
généreux Une, trop confiant pour prendre garde à sa femme, et se méfier de son
roi.
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SCILO,
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Genèse 49:10;
— Voir: Silo.
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SCORPION,
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mauvais petit insecte des climats chauds, particulier
à l'Orient, mais bien connu partout pour le danger mortel que présentent ses
piqûres. Il en est parlé dans la Bible, tantôt dans le sens matériel du mot,
tantôt d'une manière figurée pour représenter les méchants, Deutéronome 8:15;
Ézéchiel 2:6; Luc 10:19; 11:12; Apocalypse 9:3, etc. Le scorpion a beaucoup de
rapports avec l'écrevisse des rivières, et n'est guère plus petit; il se tient
volontiers dans les lieux humides, sous les pierres, dans des caves, dans des
trous de murailles; dans les nuits d'été il se promène sur les escaliers et
dans les rues. Sa tête et sa poitrine semblent ne faire qu'un; son front est
orné de deux grosses pinces, et de six ou huit yeux; de sa poitrine, sortent
huit jambes qui se divisent en six parties couvertes de poils, dont la dernière
est munie d'un petit ongle. Son ventre est une grosse queue composée de six
anneaux qui sont liés comme des grains de chapelet (Calmet); du dernier,
sortent un et quelquefois deux aiguillons creux qui laissent échapper, d'une
glande sise à leur origine, un venin froid très acre qui pénètre dans la partie
blessée; à moins d'un prompt secours, une fièvre ardente conduit rapidement le
malade à la mort. On dit que le meilleur remède consiste à écraser
immédiatement le scorpion sur la plaie; c'est qu'entre la piqûre et l'injection
du venin il se passe toujours un instant, quelque court qu'il soit, et la mort
immédiate de l'animal peut souvent l'empêcher de consommer ce dernier acte. On
sait que les orties, froissées avec force, ne font aucun mal, parce que la
glande ne peut s'ouvrir; c'est peut-être le même fait qui se produit, quoique
sous une autre forme, dans ce qu'on appelle l'application du scorpion en
emplâtre. Les scorpions d'Europe (Italie) sont du reste innocents en
comparaison du scorpion oriental, qu'on a appelé scorpio afer à cause de sa
couleur noir-suie. Il y avait beaucoup de scorpions en Palestine, notamment
dans les montagnes de Juda et dans les plaines du Jourdain, et c'est à leur
abondance sans doute que cette contrée (de Sichem à Sephna) a reçu le nom
d'Acrabatène (de l'hébreu hakkrab) Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 2, 12,
etc.: de même l'Acrabatène d'Idumée, 1 Maccabées 5:3, et enfin la montée des
Scorpions, ou des Hakkrabbim, q.v., à la frontière sud de la Palestine, Nombres
34:4; Josué 15:3; Juges 1:36.
— Les scorpions que nos versions ont rendus par écourgées,
1 Rois 12:11; 14:2 Chroniques 10:11; 14; étaient une espèce de fouet ou de
knout armé de pointes.
— L'instrument désigné 1 Maccabées 6:51; sous le nom
de scorpion, était une machine de guerre avec laquelle on lançait des flèches;
elle est décrite par Tertullien.
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SCRIBE,
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en hébreu sopher, en grec
γραμματεύς, littéralement écrivain. C'était, comme le doctorat
de nos jours, une espèce de titre d'honneur qui impliquait certaines
connaissances, celle de la loi en particulier, mais qui n'était pas
incompatible avec d'autres fonctions d'une nature toute différente, et qui
laissait les opinions religieuses et la position ecclésiastique presque
entièrement libres. Esdras est appelé scribe, Esdras 7:6,11. Néhémie 8:4,9,13,
Tsadoc de même, Néhémie 13:13. Ce mot se trouve deux fois Ésaïe 33:18; la
première fois, il désigne celui qui écrit (les impôts); la seconde, celui qui
fait le compte des châteaux du pays, espèce de commissaire des guerres.
L'officier, chef de l'armée, qui tenait les rôles des soldats du pays, Jérémie
52:25, est aussi un écrivain, un scribe, un sopher; quelques-uns ont pris ce
nom de sopher pour le nom propre de cet officier (Luther). Le titre de scribe
donné à Esdras signifie un homme versé dans la connaissance de la loi; c'était
la philosophie de cette époque; depuis l'exil, tout le culte se réduisait à
l'observation de la loi, la conscience se mesurait à la loi pour le peuple;
l'esprit s'en allait, les prophètes s'en allaient, le canon se fermait, le
culte perdait le prestige d'une splendeur terrestre, la nationalité ne se
rattachait plus au territoire, et tout concourait à relever la loi, à lui
rendre sa majesté, à en faire l'objet exclusif du respect des Juifs pieux; son
étude fixa l'attention des sages, et la science remplaça la sagesse, l'élude
remplaça la philosophie. Cette science tourna, chez le grand nombre, à un
puéril scolasticisme; chez quelques-uns, elle resta une science selon Dieu.
Quelque défaveur qui s'attache au nom de scribe, il y eut des scribes pieux et
respectables; ils se mirent à enseigner le peuple, et l'on trouve déjà,
Ecclésiaste 12:11, une allusion à des écoles de ce genre. La sagesse se
manifestait sous la forme de proverbes, d'énigmes, Proverbes 1:6, de poèmes
sentencieux, tels que Job, les Proverbes, l'Ecclésiaste, et un certain nombre
de Psaumes; ce sont des considérations générales sur la vie, les leçons de
l'expérience reproduites par l'imagination, d'une manière courte, saillante et
facile à retenir. La crainte de l'Éternel était le principal de la sagesse;
mais, peu à peu, le principal se déplaça, et les sages commencèrent à faire de
l'esprit en épiloguant sur la lettre. On les reconnaît toujours là.
Du temps de Jésus, les scribes portaient aussi le
titre de docteurs de la loi: c'est même le nom que leur donnent le plus
ordinairement Luc et Paul. Ils sont fréquemment nommés à côté des pharisiens,
Matthieu 5:20; 12:38; 15:1; 23:2. Quelques-uns d'entre eux étaient réellement
pharisiens, Actes 23:9; d'autres étaient sadducéens, Marc 12:28, et il ressort
de la comparaison de ces deux passages que les scribes étaient les savants des
partis, mais qu'ils n'en constituaient pas un à eux seuls. On les voit en
relation avec le souverain sacrificateur, Matthieu 21:15; 27:41,
— Voir: aussi Sanhédrin.
Ce corps célèbre se composait du souverain
sacrificateur et de pharisiens, au nombre desquels on comptait des scribes. Ces
trois puissances étaient liguées contre le Sauveur du monde; les scribes, pour
leur part, l'observaient pour avoir l'occasion de l'accuser et de le faire
condamner, Luc 6:7; 11:54, commentaient publiquement ses discours, blâmaient
ses actes, décriaient ses mœurs, cherchaient à le surprendre par des questions
artificieusement posées, et à le mettre dans l'embarras, Matthieu 9:3; 12:38;
22:38; Luc 5:30; 10:25,11,53; 15:2; 20:21, mais le Seigneur leur fermait la
bouche, et sa pure intelligence, la divinité de sa morale, lui dictaient des
réponses qui les contraignaient de se retirer contus. Les scribes, plus aigris
sans doute du ridicule qui rejaillissait sur eux dans ces luttes inutiles, que
zélés pour la défense des dogmes juifs ou de leur propre incrédulité, jurèrent
sa mort, Luc 20:19; ce fut le seul argument qui leur réussit. Quant à leur
position officielle, on voit, par plusieurs passages, que Jésus même leur
reconnaissait une sorte d'autorité légale, Matthieu 23:2; ils veillaient de
concert avec les pharisiens et les principaux sacrificateurs, aux observances
de la loi, faisaient la police du temple et des synagogues, Matthieu 15:1; Luc
20:1; Actes 6:11, et réclamaient du peuple de grandes marques de respect, Luc
20:46. On trouvait des scribes jusqu'en Galilée, Luc 5:17, d'où il ressort que
leur activité ne se bornait pas à Jérusalem seulement, mais s'étendait à tout
le pays; d'après Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 18, 3, 5, il y avait des
docteurs de la loi même à Rome.
Les scribes étaient ainsi les savants du judaïsme, les
docteurs, les professeurs de théologie, et en cette qualité ils formaient une
espèce de caste avec des intérêts communs. La loi de Dieu étant le centre de
toute science juive, le trésor de la vérité, le palladium de leur nationalité,
surtout depuis l'exil, c'est comme docteurs de la loi que les scribes se
distinguaient surtout, et c'est dans ce sens qu'Esdras est appelé scribe. La
loi ayant un côté religieux et un côté civil ou politique, l'éducation des
scribes était à moitié théologique, à moitié juridique, et l'étude théorique et
pratique de la loi était le champ, le vaste champ, sur lequel ils s'exerçaient
avec leurs interprétations allégoriques ou les élucubrations de leur
casuistique appropriée à tous les cas et à tous les besoins de la vie. Mais si
l'on se rappelle les observances nombreuses et diverses, et les traditions
nouvelles qui surgirent après l'exil, et qui, du temps de notre Seigneur,
étaient généralement crues et admises même des savants, on comprendra quelle a
dû être l'élasticité de leur exégèse, et par quel procédé ils réussirent à
trouver dans la loi ce qui ne s'y trouvait pas. Ils surent de cette manière se
rendre précieux, non seulement à cause de la profondeur de leurs aperçus
théologiques, mais aussi par le droit qu'ils avaient de résoudre les
difficultés pratiques, et de décider des cas de conscience.
Ils pouvaient se diviser en trois classes d'après la
nature de leur activité. Les uns appartenaient au sanhédrin avec les
sacrificateurs; les autres étaient voués à l'enseignement public, et
s'occupaient surtout des jeunes gens qui voulaient devenir rabbins; les autres
enfin se livraient à l'enseignement privé, servaient parfois de suppléants aux
précédents, ou enseignaient pour leur compte d'une manière non officielle, et
dirigeaient les jeunes élèves-rabbins dans certains actes particuliers de leur
vie, dans le choix d'une vocation, par exemple, car tout rabbin qui se
respectait devait apprendre un état qui le mil à même de gagner sa vie. Le
célèbre Gamaliel appartenait à la seconde classe, et il est connu sous le nom
de docteur de la loi, Actes 5:34. Deux autres scribes de la seconde classe sont
nommés Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 17, 6, 2, et le nom plus grec de
sophistes paraît avoir été réservé aux membres enseignants de cette caste. On a
du reste fort peu de détails sur la nature de leurs écoles. Dans les parvis du
temple se trouvaient plusieurs salles qui servaient d'auditoires, et c'est
apparemment dans l'une d'elles que Jésus, âgé de douze ans, enseignait les
sages qui l'entouraient, et les étonnait par ses réponses, Luc 2:46. Maîtres et
élèves étaient assis, Actes 22:3; Luc 2:46. On suppose que l'enseignement se
composait moins de discours suivis, que de questions et de discussions, et dans
tous les cas il n'est pas douteux que les disciples n'eussent le droit d'interroger
leurs maîtres et de leur poser des questions. Ces écoles, du reste, n'acquirent
toute leur importance qu'après la ruine de Jérusalem, et la plupart des données
historiques qui se rapportent à leur organisation, la promotion des rabbins,
etc., sont postérieures à l'époque du Nouveau Testament, et n'ont pas à nous
occuper.
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SCYTHES.
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Chez les anciens géographes, la Scythie était un
immense pays aux limites passablement indéterminées, et l'on paraît avoir
successivement désigné sous ce nom tous les pays compris entre la mer Noire, la
mer Caspienne et la Grande Tatarie actuelle. Peuple nomade, les Scythes
n'eurent longtemps qu'une histoire confuse: on les perd au milieu de leurs
migrations continuelles; on les voit naître au centre de l'Asie; on les
retrouve ensuite à l'orient de l'Europe, près du Palus-Méotide, puis en Syrie,
en Égypte; puis, vainqueurs des Mèdes et de Cyrus, ils s'emparent de l'empire
de la Haute Asie, le laissent échapper au bout de vingt-huit ans, et finissent
par se retrouver dans les montagnes qui furent le berceau de leurs pères. Leur
nom ne se rencontre pas dans l'Ancien Testament. Quelques auteurs pensent que
le nom de Magog, q.v., désigne les Scythes et la Scythie. Dans le Nouveau
Testament, Colossiens 3, 11, cf. 3 Maccabées 7:5, le nom de Scythes désigne
simplement un barbare, sans acception de lieu.
— L'invasion des Scythes en Égypte, au temps de
Psamméticus, 656-617 avant J.-C., est suffisamment connue par le récit
d'Hérodote 1, 103. Il est probable qu'ils touchèrent en passant la Palestine,
aussi bien que les côtes des Philistins, et qu'ils y laissèrent des traces de
leur passage. Scythopolis, nom donné plus lard à Bethséan, en serait une preuve;
mais les historiens sacrés n'en font aucune mention. L'idée que Joël ou
Sophonie auraient fait une allusion à cet événement est une malheureuse
hypothèse de Cramer; il serait plus vraisemblable d'admettre avec Eichhorn,
Bohlen, Dahler, que l'oracle de Jérémie 4:5-6:30, se rapporte à cette invasion,
quoique Rosenmuller hésite même à se prononcer dans ce sens.
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SÉARJASUB
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(ce qui reste se convertira, ou retournera), nom d'un
fils du prophète Ésaïe, 7:3; cf. 10:21. Il accompagna son père auprès d'Achaz,
lorsqu'Ésaïe vint annoncer au roi qu'il n'eût rien à craindre de la ligue des
rois d'Israël et de Syrie; ce jeune homme devait être, en quelque sorte, le
témoin du prophète au nom des fidèles.
— Il n'est pas dit que le nom de Séarjasub fût
symbolique, et, dans la seule circonstance où nous le voyons figurer, la
signification de ce nom n'est pas mise en saillie; mais on sait qu'Ésaïe
donnait volontiers à ses fils des noms symboliques en rapport avec ses idées,
cf. Lemahersalal 8:3, et le verset 18. Or, l'idée qu'il n'y en aurait qu'un
petit nombre de sauvés, un résidu, est fondamentale chez ce prophète, et
Séarjasub le caractérise sous ce rapport; le fils rappelle le père.
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SÉBAH.
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1. Fils
de Bicri, Benjamite, 2 Samuel 20:1. Il succéda à Absalon dans le commandement
des rebelles qui s'étaient levés contre David, et, comme Absalon, il paya de sa
tête sa criminelle entreprise. Une jalousie de tribus fut peut-être encore à la
base de ce mouvement: David avait passé le Jourdain avec la tribu de Juda, et
le Benjamite profita de la jalousie que cette préférence apparente avait
réveillée chez les autres tribus; mais le temps n'était pas mûr encore. Assiégé
dans Abel par Joab, Sébah allait être la cause de bien des souffrances pour la
ville qui l'avait reçu: une femme inconnue excita le peuple à livrer le
traître, et la tête de Sébah, jetée par dessus la muraille, fut le gage de paix
donné aux troupes de David.
2. Séba,
ou Sébah, Genèse 10:7, fils aîné de Cus. Son nom s'écrit différemment en hébreu
que les trois autres auxquels nos versions donnent la même orthographe,
— Voir: Scéba.
La racine de ce nom, saba, signifie homme en
éthiopien; plusieurs des noms de la liste généalogique de Genèse 10 commencent
par le même mot seb ou sab, et l'on trouve de fréquentes traces de noms
semblables dans les noms propres de l'Arabie et de l'Éthiopie, de sorte que les
hypothèses relatives à la direction qu'auraient prise les descendants de Sébah
sont douteuses. Cependant, celle qui porte le plus de caractères de
probabilité, et qui est le plus généralement admise (Schrœder), c'est que les
Sabéens, dont il est ici question, auraient occupé une grande presqu'île formée
par le Nil et l'Astaboras, sous le 16° ou 17° de latitude, à laquelle Cambyse
aurait donné plus tard le nom de sa sœur, d,'autres disent de sa femme, Méroé
(Flavius Josèphe, Strabon, Diod. de Sicile, etc.) Les anciens, qui n'en
connaissaient que le nord, pensaient que c'était une île, et Winer est tombé
dans la même erreur. Sébah était le centre d'un grand commerce qui se faisait
entre l'Éthiopie, l'Égypte, l'Arabie, l'Afrique septentrionale et l'Inde,
— Voir: Heeren, Idées sur la politique et le commerce
des anciens, II, 371.
Hérodote dit que les Éthiopiens (et les Sabéens
appartenaient à ce peuple) étaient célèbres par leur haute stature, et par la
longue durée de leur vie (120 ans); ils avaient même reçu, pour cette dernière
qualité, le nom de Macrobiotes. Leur taille était évaluée à 12 pieds: Ethiopes
duodecim pedes longi (Solinus 30). Inutile d'ajouter que l'imagination de
l'auteur était fort grande, ou que les pieds étaient fort petits. Il y a de
même de l'exagération dans ce que dit Hérodote, que les captifs mêmes portaient
des chaînes d'or, parce qu'on n'avait pas d'autre métal; mais cette tradition
prouve au moins que les Sabéens étaient fort riches, et qu'ils avaient la
réputation de l'être.
— La capitale du pays portait aussi le nom de Méroé;
le trône était électif; il était donné au plus riche, à celui qui se
distinguait le plus par la manière d'élever les troupeaux. Les prêtres tenaient
le premier rang dans l'État; leur pouvoir était si grand qu'on les a vus
ordonner la mort d'un roi et désigner son successeur. Ergamène, par la suite,
leur résista, mais ne trouva moyen de se soustraire à leur despotisme qu'en
détruisant le temple, et les prêtres qui furent égorgés, environ 300 ans avant
J.-C., sous Ptolémée II.
— Les passages, Ésaïe 43:3; 45:14. Psaumes 72:10, qui
nous montrent les descendants de Séba en rapport avec les Égyptiens et les
Arabes, et distingués par leur stature, permettent d'adopter l'opinion que nous
venons d'émettre, et la confirment plutôt qu'ils ne la contrediraient.
— Méroé, dont il reste de belles ruines, porte
maintenant le nom d'Atbarah.
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SEBNA,
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trésorier du palais sous Ézéchias, n'est connu que par
les reproches du prophète, Ésaïe 22:15. La destitution et l'exil lui sont
annoncés, comme châtiment de ses malversations, de son orgueil, peut-être aussi
d'autres faits plus graves encore qui ne sont pas racontés. On ignore si c'est
le même dont il est parlé, Ésaïe 36:3; 37:2; 2 Rois 18:18; dans ce cas, son
remplacement aurait déjà eu lieu, son exil serait terminé, et il ne serait
rentré en grâce que pour remplir la place plus modeste de secrétaire. Il fut
député avec Éliakim qui l'avait remplacé, pour entendre les propositions de
Rabsaké.
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SÉCANIA.
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1. Fils
de Jéhiel, de la famille d'Hélam, une des plus distinguées de Jérusalem du
temps d'Esdras, 10:2. Il seconda avec énergie les mesures du chef d'Israël
contre les mariages mixtes, et montra dans cette circonstance autant de
résolution que d'intelligence; sa parole porta coup. On ignore s'il était
lui-même au nombre des coupables; il semble s'humilier avec les autres, 10:2;
peut-être s'humiliait-il au nom des autres, car son nom ne se trouve pas dans
la liste de ceux qui renvoyèrent leurs femmes étrangères, 10:26.
2. Fils
d'Arah, Néhémie 6:18; 7:10; Esdras 2:5. Beau-père de Tobija, il trempa dans la
trahison de son gendre et dans les complots de Samballat contre Néhémie; qui se
ressemble s'assemble. On ne sait si le gardien de la porte orientale, Néhémie
3:29, était fils de celui-ci ou du précédent.
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SECOND,
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de Thessalonique, compagnon de saint Paul dans
quelques-uns de ses voyages, n'est connu que par la mention qui en est faite
Actes 20:4.
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SÉDÉCIAS
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(jugement, ou justice de l'Éternel).
1. Vingtième
et dernier roi de Juda, fils de Josias et d'Hamutal, Jérémie 37:1; 52:1. Il
s'appelait d'abord Matthania (don de Dieu), mais son nom fut changé par
Nébucadnetsar, lorsqu'en 598, il l'éleva sur le trône vassal de Juda, à la place
de Jéojachin (— Voir: Jéchonias), qui l'avait précédé contrairement à l'ordre
naturel de la succession. Les rapports de parenté, du reste, ne sont pas
nettement établis, Sédécias, étant tour à tour appelé oncle, frère et fils de
Jéchonias, 2 Rois 24:17; 2 Chroniques 36:10; 1 Chroniques 3:16; quant au mot
fils, il signifie quelquefois successeur, ou bien l'on pourrait admettre dans
ce dernier passage, qu'il est parlé d'un Sédécias, fils inconnu de Jéchonias,
ce qui est peu probable; les noms de frère, ou d'oncle (frère du père), se
prenaient quelquefois l'un pour l'autre, et les relations de neveu et d'oncle
paraissent les plus vraisemblables entre Sédécias et son prédécesseur.
Sédécias, que Flavius Josèphe nous dépeint comme un homme qui ne manquait pas d'une
certaine bonté naturelle, fut un des plus mauvais rois de Juda; pour mieux
dire, il ne régna pas lui-même, il n'eut de roi que le nom, et encore pas
toujours; des intrigants gouvernèrent pour lui: les grands du royaume tenaient
en mains les rênes de l'État, Jérémie 38:5. De faux prophètes, des piètres
oublieux de leurs devoirs, des sujets rebelles étaient ligués avec les grands,
pour troubler le pays, le corrompre et le jeter dans le précipice, Jérémie 28
et 34. Nul n'osait parler ouvertement, et Jérémie, aux jours de la catastrophe,
expia par la prison le tort d'avoir dit la vérité. Le roi lui-même était gêné;
il tenait secrètes ses convictions et ses démarches, 38:25,27. Cependant les
événements marchaient; se fiant sur l'assistance de l'Égypte, Sédécias crut
pouvoir secouer le joug des Caldéens à l'instigation de ses courtisans, et
malgré les remontrances de Jérémie, 37:5; Ézéchiel 17:15; cf. 2 Chroniques
36:13. Les Caldéens s'avancèrent alors contre le pays, et après divers succès
ils mirent le siège devant Jérusalem; averti de l'approche des Égyptiens, ils
marchèrent à leur rencontre, les battirent (sous Hophra), et revinrent assiéger
Jérusalem, Jérémie 37:11; cf. 8; et 34:21. C'était au dixième mois de la
neuvième année de ce règne. Après dix-huit mois de siège, au quatrième mois de
la onzième année, les Caldéens entrèrent dans la ville sainte (588 avant
J.-C.), Jérémie 39:2; 52:5. Sédécias s'enfuit du côté de Jérico, mais il ne
tarda pas à être arrêté; traduit devant un conseil de guerre, il fut jugé et
chargé de fers; il vit mettre à mort sous ses yeux ses fils et ses principaux
officiers, puis il ne vit plus rien; on lui creva les yeux, il fut conduit à
Babylone et jeté en prison où il resta jusqu'à sa mort. Nébucadnetsar lui fit
faire des obsèques royales, sans doute afin de relever sa gloire de toute celle
de son illustre prisonnier, 2 Rois 25, Ézéchiel 19, Jérémie 39 et 52. Bientôt
Jérusalem ne fut plus qu'un monceau de ruines. Tous ces événements, jusqu'aux
plus petits détails, cf. Ézéchiel 12:13; Jérémie 34:4, avaient été prédits
parles prophètes.
— Sédécias ne fut pas un roi théocratique; il fit ce
qui déplaît à l'Éternel, et sans atteindre à la perversité de ses
prédécesseurs, il combla la mesure; il laissa faire le mal; son trône, son
sceptre, ses conseillers, son peuple, tout était vermoulu; Jérémie était une
pièce de drap neuf à un vieux habit; il ne servait qu'à faire ressortir le mal.
Sédécias ne causa pas la chute du trône de David, mais il le laissa tomber et
tomba avec lui.
2. Sédécias,
faux prophète, Jérémie 29:21;
— Voir: Achab, #2.
3. Fils
de Hanania, Jérémie 36:12.
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SÉÉRA,
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fille de Béhira et petite-fille d'Éphraïm, n'est
connue que par la mention qui en est faite, 1 Chroniques 7:24. Elle fonda des
établissements en Israël avant que le peuple entier s'y fût établi.
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SÉGUB,
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second fils d'Hiel, q.v.
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SÉHALIM,
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1 Samuel 9:4, probablement un district du centre de la
Palestine,
— Voir: Salim.
Eusèbe parle d'un bourg de ce nom, situé à 7 milles
ouest d'Éleuthéropolis.
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SÉHIR,
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Genèse 36:20; 1 Chroniques 1:38, chef des Horiens,
antérieur sans doute à Abraham, et le premier habitant de l'Idumée. La contrée,
connue dans l'histoire sous le nom de monts de Séhir, Genèse 33:14; 36:30;
Ézéchiel 35:3, etc., était située dans la partie méridionale de la Palestine,
non loin de la vallée du Sel, et voisine des Amorrhéens, Josué 11:17;
Deutéronome 1:44; 2 Chroniques 25:11. Primitivement habitée par les Horiens,
qui laissèrent à ses montagnes le nom de leur chef Séhir, Nombres 24:18, elle
fit ensuite partie du territoire des enfants d'Ésaü, ou Iduméens, Genèse 32:3;
33:14; 36:8; Deutéronome 2:29; cf. 2 Chroniques 25:14. Le district que la
vallée d'EI Ahsa sépare de la province de Kérek, au sud-est de la Palestine,
porte aujourd'hui le nom de Dshebal (la regio Gebalena des anciens); toutefois
l'ancien Séhir embrassait encore les monts d'El Sherah, qui se prolongent
jusqu'au golfe élanitique, et qu'un simple wady sépare du Dshebal (Burkhardt).
Il importe de se rappeler pour l'intelligence de Nombres 20, et suivant, que
cette chaîne, la demeure des Édomites, se jetait à l'ouest dans les sables du
Ghor, et à l'est dans les déserts de l'Arabie. On comprend aussi que les monts
de Séhir soient nommés dans un même contexte avec les monts de Paran et de
Sinaï, également situés dans l'intérieur de l'Arabie Pétrée, Deutéronome 33:2;
Juges 5:4. Le nom de Séhir (roux, sauvage, velu) est aussi bien justifié par la
désolante sécheresse de la contrée, que par le nom de ses fondateurs, Séhir, ou
Ésaü.
— La montagne de Halak, ou montagne chauve, pelée, de
Josué 11:17; 12:7, qui semble être désignée comme l'avant-poste des monts de
Séhir, serait, d'après Rosenmuller, le mont Madare, que Seetzen a vu sur le
chemin d'Hébron à Sinaï, à une journée sud-ouest environ de la mer Morte; mais
rien n'est plus arbitraire que de semblables suppositions; ce peut être
celle-là, ce peut en être une autre.
Le mot dshebal ou djebel, noté dans cet article ainsi
que dans plusieurs autres, signifie en arabe montagne, et entre dans la
composition d'un grand nombre de noms propres, même en Europe où il est resté
comme un souvenir du passage des Sarrasins; Gibr-al-Tar n'est autre chose que
Djebel-al-Tharik, montagne de Tharik; de même Gibraléon en Espagne, etc. L'Etna
porte aussi le nom de Gibel.
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SÉHIRA,
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Juges 3:26, bourg ou village des montagnes d'Éphraïm.
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SEL.
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Ce savoureux minéral, cet assaisonnement cristallin
était fort connu des Hébreux qui le recueillaient en abondance sur les rives
desséchées de la mer Morte, dont les eaux débordées chaque année, laissaient,
en se retirant, des flaques qu'une rapide évaporation ne tardait pas à réduire
en lits de sel, cf. Sophonie 2:9; Ézéchiel 47:11. Ils en trouvaient aussi
beaucoup dans la vallée du Ghor (ou du sel), et sur les flancs d'une montagne
longue de 3 lieues qui en forme le flanc occidental. Ces deux mines sont loin
d'être épuisées; c'est là que les Arabes vont de nos jours encore chercher le
sel nécessaire à leurs besoins personnels, et ils font de cette denrée un
article de commerce fort lucratif qu'ils exportent principalement en Syrie.
Le sel ne servait pas seulement d'assaisonnement pour
les mets, Job 6:6, mais toutes les offrandes végétales offertes à l'Éternel
devaient en être saupoudrées, Lévitique 2:13, soit que, par un
anthropomorphisme un peu fort, le législateur voulût dire aux Juifs qu'ils ne
devaient offrir à Dieu que ce qu'ils pourraient eux-mêmes manger avec plaisir,
des plats, des gâteaux tout apprêtés, soit que l'idée de la pureté, de
l'incorruptibilité, de la durée, dont le sel était un emblème, eût dicté ce
détail des prescriptions mosaïques; on ne risque rien d'adopter, avec Meyer et
Tholuck, une partie au moins de cette explication, malgré les persiflages de
Winer sur la profondeur de cette symbolique. Il n'est pas dit expressément que
les pains de proposition fussent aussi offerts avec du sel, mais cela ressort
de l'analogie. Le sel entrait donc pour une grande part dans les besoins du
culte, Esdras 6:9; 7:22, et il se vendait sur le marché du temple, où l'on en
trouvait toujours une abondante provision; il paraîtrait même qu'il y aurait eu
dans le second temple une place spéciale appelée la chambre du sel. Le sel de
Sodome (de la mer Morte) que plusieurs pensent à tort être de l'asphalte, était
généralement employé dans le sanctuaire.
D'après une tradition juive qui semble confirmée par
Ézéchiel 43:24; Marc 9:49; cf. Lévitique 2:13, les offrandes animales étaient
aussi présentées avec du sel, comme chez les Grecs et les Romains. Il y avait
aussi du sel jusque dans le parfum aromatique, Exode 30:35.
Le sel était le symbole:
1. De
la durée, de la perpétuité, de la sincérité, car le sel préserve de la
corruption et de la dissolution; ainsi l'on disait une alliance de sel, Nombres
18:19; 2 Chroniques 13:5; cf. Lévitique 2:13, soit que les contractants missent
quelques grains de sel dans leur bouche en gage de leur sincérité, soit que cet
acte extérieur n'eût pas lieu.
2. De
l'hospitalité. Il y avait un engagement moral contracté entre ceux qui avaient
mangé le même sel, maîtres et serviteurs, hôtes et voyageurs, cf. Esdras 4:14,
et les Arabes modernes ont conservé la même tradition d'inviolable dévouement à
ceux qui ont mangé leur sel ou leur pain (Niebuhr, Rosenmuller, Lamarline,
Voyage en Orient, etc.)
3. De
la sagesse, de la pureté dans la vie et dans la conversation, Marc 9:49;
Colossiens 4:6.
4. De
la stérilité; on saupoudrait de sel les terrains maudits et condamnés à rester
toujours déserts et stériles, Juges 9:45; Sophonie 2:9; cf. Deutéronome 29:23;
Psaumes 107:34 (Job 39:9; l'hébreu porte salée au lieu d'inhabitée);
— Voir: aussi Pline, H. N. 31, 7, 39. Virgile, Géorg.
2, 238-240.
Ces passages semblent ainsi offrir une contradiction
avec Matthieu 5:13, où les fidèles sont appelés le sel de la terre. Calmet
résout cette difficulté en changeant la signification du mot; il pense qu'il
s'agit là de la marne avec laquelle on fume les terres dans certains pays. On
peut l'expliquer aussi dune manière peut-être plus simple en donnant au mot
terre le sens de monde, cf. verset 14: le sel serait alors le symbole de la
pureté; c'est aux fidèles de préserver le inonde de la corruption.
Quant à la statue de sel de la femme de Lot,
— Voir: Lot.
Mer de sel, ou mer Salée, Genèse 14:3.
— Voir: mer Morte.
D'après le Dr Daubeny, les eaux de la mer Morte ne
contiennent d'autres substances que le sel muriatique, circonstance en harmonie
avec l'origine volcanique du pays environnant.
Ézéchiel 16:4. Sur l'usage de frotter de sel les
enfants nouveau-nés,
— Voir: le commentaire de Hævernick.
Cet usage reposait sur des considérations médicales
(saint Jérôme, Gallien, etc.), mais il s'y rattachait sans doute aussi une
pensée symbolique, celle de la pureté à laquelle nous sommes appelés, peut-être
celle de l'incorruptibilité, de l'immortalité, de l'éternelle durée de l'homme.
La salis sparsio qui accompagne le baptême dans l'Église romaine, se rattache
peut-être, comme tant d'autres cérémonies, à cette coutume des Juifs, que
d'autres peuples de l'antiquité connaissaient du reste également.
Le sel que le prophète Élisée jette dans la fontaine
de Jérico pour adoucir l'amertume de ses eaux, 2 Rois 2:21, ne peut avoir été
un moyen naturel d'assainissement; les eaux de Jérico se ressentaient du
voisinage de la mer Morte, et le moyen employé par Élisée allait plutôt à
rencontre du but qu'il se proposait: ce moyen devait faire ressortir avec
d'autant plus d'évidence la mission divine du prophète.
Vallée du Sel.
Célèbre par une victoire de David sur les Syriens, 2
Samuel 8:13; 1 Chroniques 18:12; cf. Psaumes 60, (suscr.), cette vallée, large
d'environ 3 kilomètres, est située à l'extrémité sud de la mer Morte; elle ne
présente pas le moindre vestige de végétation, mais abonde en couches salines.
Maundrell, dans ses voyages, cite un fait qui sert à
nous faire comprendre ce que c'est que le sel qui a perdu sa saveur, Matthieu
5:13. Dans la vallée du Sel, près de Gebul (à environ 4 journées d'Alep), il y
a un petit précipice causé par de continuels éboulements de sel. J'en brisai un
morceau, dit-il, dont la partie qui avait été exposée à la pluie, au soleil et
à l'air, quoiqu'elle eût le brillant du sel et des particules salines, en avait
cependant complètement perdu la saveur. L'intérieur, qui tenait au roc,
conservait le goût salé, comme j'en fis l'épreuve. Dans un des historiens byzantins,
on trouve un commentaire vivant et frappant de ce texte. Échabolius avait fait
profession d'être chrétien sous le règne de l'empereur Constantin, mais sous
celui de Julien l'Apostat il était retombé dans le paganisme. Poussé plus tard
à la repentance, il se déclara de nouveau chrétien, et se prosternant sur le
seuil de l'église, il s'écria: Foulez-moi aux pieds, car je suis du sel qui a
perdu sa saveur.
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SÉLA.
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1. Ancêtre
de notre Seigneur par Marie,
— Voir: Sala.
2. Fils
de Juda et d'une Cananéenne, Genèse 38:5; 1 Chroniques 2:3. Il ne contracta
probablement jamais l'union dont il est parlé Genèse 38:11; cf. 26. Il est
nommé Nombres 26:20, et sa famille fut une des plus industrieuses d'Israël, 1
Chroniques 4:21.
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SÉLAH
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(rocher, petra), ville édomite, située au midi de la
vallée du Sel; le roi Amatsia la conquit, 2 Rois 14:7, mais plus tard il paraît
que les Moabites s'en emparèrent à leur tour, Ésaïe 16:1. Elle est bien connue
sous le nom de Pétra, comme capitale des Nabathéens, dans l'Arabie Pétrée. Elle
est située à 40 lieues de Jérusalem, dans une petite vallée, fertile, bien
arrosée, et entourée de rochers escarpés. Sa position était aussi avantageuse
au point de vue militaire que sous le rapport du commerce: deux roules
principales s'y croisaient, et la ville renfermait des dépôts considérables à
l'usage des caravanes, et les trésors d'or et d'argent qu'elles y déposaient en
échange de leurs marchandises. Les rocs infranchissables qui l'entouraient en
faisaient une place forte, et le désert qui séparait Pétra de la Judée en
rendait, de ce côté du moins, l'abord presque impossible pour une armée.
Pendant la période romaine Pétra fut une résidence royale; elle fut en
particulier la demeure d'Arétas, roi de l'Arabie Pétrée. Trajan la soumit,
ainsi que la contrée environnante, et Adrien paraît, d'après quelques
médailles, l'avoir honorée de son nom. Burckhardt a retrouvé ses ruines dans le
Wady Mousa, à deux journées nord-est d'Akaba. Un passage très étroit, arrosé
d'un ruisseau qui coule entre des rochers de 80 pieds de hauteur, semés de
tombeaux et de monuments, conduit, à l'ouest, dans une plaine qui va en
s'élargissant, et où l'on trouve les ruines nombreuses et imposantes de
l'ancienne Pétra; à l'ouest et au nord, des rochers à pic semblent les
protecteurs naturels de cette solitude; deux cents hommes pourraient défendre,
à l'est, le passage qui conduisait dans la ville.
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SÉLAH
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(l'orthographe de ce nom n'est pas la même en hébreu
que celle du nom qui précède). Terme hébreu qui se rencontre soixante-treize fois
dans les Psaumes, et trois fois dans Habacuc. Les anciens interprètes, les
Septante, Théodotion, le, traduisent par pause. De Wette et Winer pensent qu'il
indiquait un changement de mesure, ou la répétition de l'air sur un ton plus
élevé, da capo (Suidas, Hesychius). D'autres, et quelques-unes des plus
anciennes versions, Aquila, Symmaque, le Targ, de Jonathan, traduisent, mais
sans justifier étymologiquement leur traduction, par: toujours, éternellement,
aux siècles des siècles. Il est difficile de se décider lorsqu'on a perdu tous
les éléments d'une décision, la connaissance des secrets de la langue et celle
de la musique hébraïque. Herder n'éprouve aucun embarras: le mot sélah, dit-il,
ne saurait être ni une pause, ni un signe de répétition, mais un avertissement
pour changer de ton, changement qui se manifestait par une augmentation de
force, ou par le passage d'un mouvement, d'un mode, à un autre mouvement, à un
autre mode. (Les Orientaux aiment encore aujourd'hui une musique monotone que
les Européens trouvent triste, et qui, à certains passages des paroles, change
tout à coup de mesure et de mode. Le mot sélah indiquerait ces brusques
variations). Quand le contenu ou l'expression du chant se modifiait, on se
servait sans doute de ce signe pour avertir le musicien qu'à cette place, il
fallait varier la mélodie, qui n'était jamais définitivement arrêtée. Cette
opinion paraît d'autant plus fondée que le mot sélah se trouve souvent dans les
chants passionnés, et jamais dans les psaumes didactiques. Quand il se trouvait
à la fin d'un psaume, c'était pour avertir qu'il fallait y en ajouter un autre,
car il est certain qu'on aimait ces sortes d'additions et d'enchaînements.
Cette opinion qui est aussi, plus ou moins, celle d'Ewald, a été combattue par
Gesenius au point de vue de la langue, et par Hengstenberg quant au sens.
L'étymologie la plus simple et la plus naturelle de ce mot se trouve dans le
verbe syriaque shala, qui a aussi, en hébreu, la signification de reposer;
sélah serait alors ou un substantif, repos, pause, ou un impératif, arrête,
repose-toi. Cette pause, se rapportant aux paroles, était en même temps un
signe musical, parce que la musique s'accordant avec les paroles doit
s'arrêter, et rester, en quelque sorte, suspendue, là où le sens de la phrase
fixe l'esprit, provoque la méditation, et demande un moment de repos. L'examen
des différents passages où sélah est employé, rend cette explication très
vraisemblable, et nous l'adoptons comme la plus probable et la mieux justifiée
de toutes les hypothèses et opinions produites jusqu'ici.
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SÉLAH,
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fils d'Arpacsad et petit-fils de Sem, Genèse 10:24.
Inconnu.
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SÉLEPH,
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Genèse 10:26; 1 Chroniques 1:20, peuplade arabe dont
le chef est compté parmi les descendants de Joktan. Bochart pense que cette
peuplade pourrait désigner les Salapéniens qui, selon Ptolémée 6:8, étaient une
des tribus habitant l'intérieur de l'Yémen.
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SÉLEUCIE.
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Il y avait plusieurs villes de ce nom dans l'Orient
ancien. Celle dont il est parlé dans le Nouveau Testament, Actes 13:4,
appartenait à la Syrie: elle était située sur la Méditerranée près de
l'embouchure de l'Oronte, à 7 lieues sud-ouest d'Antioche à qui elle servait de
port. Elle était très forte et passait pour imprenable. Fondée par
Séleucus-Nicanor, capitaine d'Alexandre, qui devint après la mort de ce prince
roi de Syrie et fut le chef de la dynastie des Séleucides, elle fut la capitale
de la province de Séleucie sous les rois de Syrie, et fut déclarée ville libre
sous Pompée. Elle portait le surnom de Pieria, du mont Pierius au pied duquel
elle était bâtie; on l'appelait aussi Séleucie près la mer (ad mare) pour la
distinguer d'autres villes du même nom qui se trouvaient en Syrie. Séleucus y
fut enseveli. On en retrouve aujourd'hui les ruines près d'un village nommé
Kapse.
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SÉLOMITH,
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mère d'un homme Israélite qui fut lapidé pour avoir
blasphémé, Lévitique 24:11,14. Elle avait épousé quelqu'un de ces Égyptiens qui
avaient quitté Israël avec le peuple de Dieu; peut-être même que cet homme ne
s'était décidé à ce voyage que parce qu'ils étaient déjà mariés, Exode 12:38.
Il ne paraît pas que Moïse énonce un blâme contre Sélomith en rappelant cette
union avec un étranger; de pareils mariages dans les premiers temps de
l'existence du peuple juif n'étaient peut-être pas encore flétris, et l'on voit
Deutéronome 23:7, que des relations intimes avec les Égyptiens sont moins
sévèrement interdites qu'avec d'autres nations païennes. Le nom du
blasphémateur n'est pas prononcé; le crime en ces temps reculés n'avait pas le
privilège de faire des réputations: le blasphème lui-même n'est pas rapporté,
parce que c'eût été un appel indirect à l'imitation, tant est grande la force
provocatrice du mal: d'ailleurs, s'il est des choses qui ne doivent pas être
nommées, un blasphème, une malédiction lancée contre l'Éternel, ne pouvait
passer sous la plume d'un écrivain inspiré.
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SÉLUMIEL,
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préposé de la tribu de Siméon pour faire avec Moïse et
Aaron le premier dénombrement d'Israël, Nombres 1:6; 2:12; du reste inconnu.
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SEM,
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Père de la race
brune…
second fils de Noé, Genèse 5:32; 6:10; 7:13; 9:23; 1
Chroniques 1:4; Luc 3:36. Sauvé du déluge, il montra du respect pour son père
plongé dans l'ivresse, et fut béni avec Japhet au nom de «l'Éternel, Dieu de
Sem»; le nom de Jéhovah, l'Éternel, indiquait une protection plus tendre, plus
paternelle que le seul nom de Dieu, d'Élohim, et ce titre annonçait des grâces
toutes particulières pour ses descendants. Deux ans après le déluge, Sem, âgé
de cent ans, eut un fils, Arpacsad, le premier enfant peut-être du nouveau
monde. Il mourut âgé de six cents ans (2446—1846 avant J.-C.).
Voici, d'après Genèse 10, le tableau de sa postérité:
Sem
1
Hélam 2
Assur 3
Arpacsad
|
Sélah
|
Héber 4
Lud 5
Aram
1 Hus
2 Hul
3 Guéther
4 Mas
|
________________________________________
|
Péleg
|
Réhu
|
Sérug
|
Nacor
|
Taré
|
ABRAHAM |
Joktan
|
Almodad
Séleph
Hatsarmaveth
Jérah
Hadoram
Uzal
Dikla
Hobal
Abimaël
Séba
Ophir
Havila
Jobab
Ses descendants s'établirent ainsi dans les plus
belles provinces de l'Orient, ils dépossédèrent les enfants de Cam et s'emparèrent
de la Palestine; ils furent la famille bénie de laquelle devait naître le
Christ selon la chair, et leurs tabernacles furent le berceau du judaïsme
d'abord, puis du christianisme: les prophéties étaient accomplies au-delà de ce
qu'elles semblaient promettre.
Cinq peuples célèbres appartenaient ainsi à la
postérité de Sem, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Élamites
(Perses), et les Lydiens;
— Voir: ces articles.
On s'étonne que les langues de ces cinq peuples
n'aient pas un caractère commun qui permette de les rattacher à une même
famille, et d'un autre côté, que parmi les peuples issus de Cam il s'en trouve
plusieurs dont les langues ne sont pas sans rapports avec les langues
sémitiques, celle des Phéniciens et des Cananéens, par exemple. La difficulté,
car c'en est une dans l'état actuel de la science, n'est pas encore résolue,
mais on ne saurait rien en conclure.
Sem est ordinairement nommé avant Japhet, comme Isaac
avant Ismaël, Jacob avant Ésaü, parce qu'il était le chef de la famille théocratique.
Il portait le nom de la famille (Sem signifie nom), et c'était aussi parmi ses
descendants que Dieu voulait faire demeurer son nom; les enfants de Sem
devaient porter le témoignage du vrai Dieu, et c'est parce que cette charge
passa d'une manière spéciale dans la famille d'Héber que Sem est aussi appelé
le père de tous les enfants d'Héber, 10:21.
Une foule de traditions, les unes curieuses et
intéressantes, les autres absurdes, se rattachent au nom de Sem; les uns voient
en lui Typhon, le géant de la fable, d'autres Pluton, d'autres Uranus (Shem,
pluriel Shamayim, les cieux): d'autres se bornent à le retrouver au temps
d'Abraham, sous le nom de Melchisédec, donnant au patriarche les leçons qu'il
avait lui-même reçues de Méthusélah, sur la tradition historique, et la
doctrine de Dieu. Sem aurait aussi reçu de Noé le testament et le corps d'Adam.
D'autres en font un roi, ou un prophète, ou un fondateur de villes.
Quelques-uns lui attribuent le Psaumes 110, et un vieux livre hébreu sur la
médecine, qui se trouvait en manuscrit dans la bibliothèque de l'électeur de
Bavière. Il paraît qu'il fit des observations astronomiques, qu'il remarqua le
premier certains mouvements des astres, et qu'il enseigna la manière de compter
les mois et les années, avec les mois intercalaires.
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SÉMAH,
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— Voir: Bériha.
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SÉMAHIA
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(obéissant à l'Éternel).
1. Lévite,
chargé sous David d'enregistrer la division des vingt-quatre familles
sacerdotales, 1 Chroniques 24:6. Son nom est inscrit en tête de la liste, comme
garantie d'authenticité.
2. Faux
prophète, transporté à Babylone probablement avec Jéchonias, et qui, irrité des
oracles de Jérémie sur la durée de la captivité, le dénonça comme imposteur aux
Juifs de Jérusalem par une lettre écrite en son propre nom, et reçut pour
réponse un nouvel oracle, annonçant que ni lui, ni personne de sa famille, ne
verrait la fin de cette captivité, Jérémie 29:24-32. Il est appelé Néhélamite,
soit que ce nom désigne le village d'où il était originaire (Jérôme), mais on
ne connaît aucun village, de ce nom, soit que ce fût un nom de famille, mais il
serait également inconnu. Quelques Hébreux voient dans ce surnom un appellatif,
signifiant le rêveur, et pensent qu'il l'aurait reçu à cause des rêveries qu'il
avait coutume de débiter pour des oracles.
3. Faux
prophète, à la solde de Samballat et de Tobija, Néhémie 6:10-14; retenu dans sa
maison, il tendit à Néhémie un piège dans lequel un lâche seul pouvait tomber;
le noble courage du gouverneur le sauva du danger. Si, pour fuir les assassins,
Néhémie avait cherché un refuge dans les parvis du temple, lui qui n'était pas
sacrificateur, on pouvait ensuite lui faire son procès et le faire mourir
légalement, cf. Nombres 3:38; le bourreau remplaçait les assassins. Sémahia ne
laissait que le choix à Néhémie; Néhémie ne choisit ni l'un ni l'autre;
méfiance ou courage, il refusa le secours, et évita le piège.
— On n'est pas d'accord sur le sens du mot retenu,
employé en parlant de Sémahia,
— Voir: 10.
Était-il retenu par quelque infirmité ou maladie?
Vivait-il habituellement dans la retraite, pour se faire une réputation de
sainteté? Ou bien voulait-il, en restant caché dans sa maison et s'enveloppant
de mystères, frapper l'imagination de Néhémie, et le mieux persuader.
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SÉMAHJA,
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prophète contemporain de Roboam. Il eut le bonheur de
prévenir la guerre civile entre les deux royaumes, 1 Rois 12:22; 2 Chroniques
11. Plus tard, lors de l'invasion de Sisak roi d'Égypte, il eut une mission
pénible à remplir auprès de Juda; il vint lui dire au nom de l'Éternel: Vous m'avez
abandonné, et je vous abandonne au roi d'Égypte. Le peuple et le roi se
repentirent alors, et détournèrent une partie des menaces divines: Jérusalem
fut épargnée, mais le reste du royaume fut asservi pour un temps, 2 Chroniques
12:5. Sémahja est nommé, 2 Chroniques 12:15, comme auteur d'une vie de Roboam.
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SEMAILLES,
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— Voir: Semence.
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SEMAINE
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(hébreu Shebouah, sept, une septaine). Pour les juifs
comme pour les chrétiens, la division de l'année et des mois en semaines est
d'origine divine; elle remonte à la création. Dieu créa l'univers en six jours,
et non seulement il se reposa le septième, mais encore il le bénit pour qu'il
fût célébré d'âge en âge. Les Hébreux comptèrent par semaines longtemps avant
Moïse; et sans parler de plusieurs passages de la Genèse, 4:3 (— Voir: les
commentaires); 8:10; 29:27, on pourrait le déduire du décalogue, dans lequel
Dieu ne prescrit pas l'observation du sabbat comme une loi nouvelle, mais comme
une loi ancienne qu'il confirme. Cette ancienne loi fut d'abord respectée dans
tout l'Orient. Les rois de la Chine faisaient au septième jour, appelé le grand
jour, fermer les portes des maisons; on ne faisait en ce jour-là aucun
commerce, et les magistrats ne jugeaient aucune affaire. Les Perses avaient
donné un nom spécial aux premier, huitième, quinzième et vingt-deuxième jours
du mois, etc. Mais lorsque les peuples de l'Orient eurent oublié l'origine du
monde, et qu'abandonnant le culte du vrai Dieu ils furent tombés dans
l'idolâtrie, ils oublièrent la cause de la division du temps en sept jours, et
s'imaginèrent que ce nombre avait été indiqué à leurs ancêtres par le cours de
la lune, dont chaque quartier ne dure qu'environ sept jours (7 et 3/8). Ideler,
et après lui Winer, adoptèrent volontiers cette origine naturelle de la
semaine. Dion Cassius prétend que les Égyptiens furent les premiers qui
divisèrent les mois en semaines, et que les sept planètes leur en donnèrent
l'idée, et Blondel cherche à expliquer par un calcul fait d'après les planètes
dominantes de chaque jour et de chaque heure, pourquoi les noms des jours ne
sont pas rangés dans l'ordre des planètes considérées par rapport à leurs
distances. Court de Gébelin établit que le nom des jours est indiqué dans
l'ordre harmonique des différentes planètes. Quoi qu'il en soit du plus ou
moins grand degré d'antiquité de la semaine chez les Égyptiens, ils professaient
une grande vénération pour le nombre sept et ses multiples. Quant aux Grecs,
ils divisaient le mois en trois décades; cependant ils regardaient chaque
septième jour comme un jour saint, et dans Hésiode, le premier, le septième et
le quatorzième jour du mois sont indiqués comme des jours heureux.
La semaine s'appelle, en hébreu, une septaine et
quelquefois aussi un sabbat: Je jeûne deux fois par sabbat, dit le pharisien
orgueilleux, Luc 18:12. Les Juifs n'ont aucun nom particulier pour désigner les
jours de la semaine, à l'exception du mercredi qu'ils appelaient meoroth (les
luminaires), en souvenir du quatrième jour de la création; quant aux autres,
ils les désignent par la place qu'ils occupent relativement au sabbat passé ou
prochain, comme font les quakers. Les auteurs du Nouveau Testament font de
même, Marc 16:2; etc. (— Voir: Bridel, de l'Année juive.)
Les Hébreux avaient, outre la semaine de sept jours,
la semaine prophétique qui était de sept ans, qui allait d'une année sabbatique
à une autre année sabbatique, cf. Genèse 29:27, et la semaine jubilaire qui
était de sept fois sept années, et allait d'un jubilé à l'autre. (Les Romains
connaissaient aussi des annorum hebdomades, Gell. 3, 10; etc.) C'est dans cette
catégorie que se rangent les fameuses semaines de Daniel, 9:24-27.
Sans entrer dans des détails qui ressortent des
commentaires, il suffira de dire que, dans notre opinion, le commencement des
soixante-dix semaines doit être daté du moment où Esdras a commencé son œuvre
réformatrice, la vraie reconstruction de la vraie Jérusalem, de la Jérusalem
spirituelle et théocratique (457 avant J.-C., 483 ans avant la prédication de
Jean-Baptiste). Les travaux préparatoires du rétablissement de Jérusalem,
l'ordre de Cyrus, 536 avant J.-C., l'ordre de Darius Hystaspe, 520 avant J.-C.,
le secours accordé par Artaxercès à Esdras, vers 457, l'autorisation de partir
accordée par le même monarque à Néhémie vers 445, sont des faits extérieurs qui
ne concernaient que la Jérusalem matérielle, le berceau de la Jérusalem
vivante, de la Sion sainte; le prophète a plutôt en vue une restauration
spirituelle, non celle des rues et des murailles, mais celle du culte; ce
rétablissement spirituel coïncide d'ailleurs avec le départ d'Esdras sous
Artaxercès, et à peu près avec celui de Néhémie. Le verset 25 parle de la
sortie de la parole, d'un ordre donné: par qui? Plusieurs interprètes ont pensé
à quelque roi perse; mais la comparaison du verset 23 prouve que c'est de Dieu
qu'il s'agit. Ces soixante-dix semaines sont divisées en trois termes de sept,
soixante-deux, et une semaines. Pendant les sept premières, c'est-à-dire
pendant une cinquantaine d'années à peu près, Dieu continua de se manifester
encore par les saints hommes qu'il avait choisis, les Esdras, les Néhémie, les Malachie;
puis vint une longue et sombre période de soixante semaines, où la parole
écrite remplaça la parole parlée, et où se forma la triste théologie des
scribes et des pharisiens; ces soixante-neuf semaines finissent avec l'arrivée
de Jean-Baptiste, l'an 26 ou 28 de notre ère, l'an 30 de Jésus, et alors
commence la dernière semaine à la fin de laquelle l'alliance doit être
confirmée à plusieurs; c'est au milieu de cette semaine que, par la mort de
Christ, cesse le régime des sacrifices et des oblations. Après cela (la date
n'est pas indiquée d'une manière précise) vient la ruine de Jérusalem et du
temple: sous les ailes de l'horreur (est) celui qui désole; (mais) la
destruction et la fin (l'extermination) atteindra le dévastateur. Verset 27.
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SÉMED,
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Benjamite, fondateur de deux villes situées non loin
du Jourdain, 1 Chroniques 8:12. Du reste inconnu.
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SÉMÉI,
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inconnu; l'un des ancêtres de Jésus par Marie, Luc
3:26.
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SEMENCE.
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La loi défendait de semer dans un même champ deux
sortes de graines, Lévitique 19:19. Les uns ont vu dans cette interdiction une
mesure tout à fait théologique,
— Voir: Accouplements;
les autres n'y ont vu qu'un précepte agricole, et
s'appuient sur l'expérience d'anciens agronomes, cf. Virgile, Géorg. 1, 193.
Varron, R. Rust. 1, 52: ils pensent que Moïse avait pour but d'engager les
Israélites à trier soigneusement leurs grains avant de les confier à la terre,
et qu'il rendait ainsi indirectement impossible l'introduction des mauvaises
herbes, de l'ivraie, du lolium temulentum en particulier. D'après Lévitique
11:37, un corps mort qui tombait par accident sur des graines destinées à être
semées ne les souillait pas, à moins que ces graines ne fussent mouillées,
parce que l'humidité absorbe beaucoup plus facilement les gaz et les particules
impures que ne font les corps secs.
— Il paraîtrait, d'après les Targums, que les Hébreux
avaient déjà découvert une espèce de semoir, ou de machine à semer, et que
l'honneur de l'invention n'appartient pas à notre siècle.
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SEMER,
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possesseur de la montagne de Samarie, la vendit pour
deux talents d'argent à Homri roi d'Israël, qui y bâtit sa capitale, et lui
conserva le nom de son ancien propriétaire, 1 Rois 16:24. Comme la vente des héritages
de famille était défendue aux Israélites, Lévitique 25:23, on a supposé que
Semer était un descendant de ces Cananéens qui n'avaient pas été dépossédés
lors de l'entrée de Josué dans le pays, d'autant plus que son nom,
contrairement à l'usage, n'est accompagné d'aucune notice généalogique. D'un
autre côté, les lois de Moïse étaient assez oubliées et violées en Israël, pour
que l'on puisse admettre aussi que la loi des héritages n'ait pas été respectée
par Semer et Homri dans le contrat de vente.
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SÉMINITH.
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Ce mot qui est traduit par octave, 1 Chroniques 15:21,
signifie le huitième, ou les huit. Il est employé dans l'inscription des
Psaumes 6 et 12, et a été diversement interprété: les uns y ont vu un
instrument à huit cordes, une espèce de lyre ou de guitare, ce qui est d'autant
moins probable qu'un autre instrument, le néguinoth, est indiqué comme devant
accompagner le Psaumes 6. D'autres, comme Hengstenberg, pensent que c'est
l'indication du ton.
— Voir: Musique, et Psaumes.
On pourrait traduire l'inscription du Psaumes 6:
«Psaume de David, donné au maître chantre, air de basse, avec accompagnement
d'un instrument à cordes.»
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SÉNEVÉ,
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— Voir: Moutarde, et dans cet article, Sinapi, lisez:
Sinapis.
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SÉNIR,
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— Voir: Hermon.
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SENNACHÉRIB,
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— Voir: Sanchérib.
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SÉPHAR,
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montagne, ou plutôt ville, qui servait de frontière
orientale aux Joktanides, Genèse 10:30. Selon quelques-uns, Bochart, Gesenius,
ce serait Taphar, ou Dâfar, située sur les frontières de Hadramaouth. Il est
plus probable cependant (Winer, Preiswerk), qu'il s'agit de la ville désignée
par Pline et Ptolémée, sous le nom de Saphar, à l'extrémité sud de l'Arabie
Heureuse,-à quelque distance de la mer. Le mot montagne d'orient est
probablement une indication générale de la contrée, comme le nom d'un
département ajouté à la suite d'un nom de ville ou de village. On suppose qu'il
s'agit ici de la chaîne qui traverse l'Arabie depuis les environs de la Mecque
jusqu'au golfe Persique. Les deux noms de ville marqueraient les limites nord
et sud du pays; les montagnes indiqueraient la position de Testa l'ouest: c'est
aussi plus ou moins ce que la tradition nous a laissé sur le pays de Joktan.
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SÉPHARAD.
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Cette ville ou contrée était habitée par des Juifs
exilés, Abdias 20, mais elle est inconnue, et les commentateurs sont loin de
s'entendre sur la valeur de ce nom, qui ne se trouve qu'ici. Les Septante et la
version arabe portent Éphrata; le syriaque et le caldéen ont Ispania,
l'Espagne, ce qui est très improbable. Saint Jérôme pense au Bosphore en
suivant une étymologie assyrienne; Hardt à Sipphara en Mésopotamie, mais cette
ville avait un autre nom en hébreu,
— Voir: l'article suivant.;
d'autres enfin pensent à Sparte, q.v.
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SÉPHARVAJIM.
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District d'abord indépendant, 2 Rois 19:13, puis
assujetti à la domination syrienne, et d'où une colonie fut envoyée en Israël
pour repeupler le territoire de Samarie, 2 Rois 17:24; cf. 18:34; Ésaïe 36:19.
D'après Rosenmuller, ce serait la Sipphara de Ptolémée, située au sud de la
Mésopotamie sur la rive orientale de l'Euphrate, la même que la ville des
Sipparéniens d'Eusèbe, et peut-être que l'Hipparenum de Pline. Vitringa et
d'autres, concluent au contraire de ce que, dans Ésaïe 36:19, cette ville est
nommée avec deux autres villes syriennes, qu'elle doit être cherchée en Syrie
même, mais ils pensent que la place exacte ne saurait en être déterminée.
Schulthess la voit dans le Seidenaïa du pachalik de Damas. Mais la ville de
Hénah mentionnée Ésaïe 37:13. à côté de Sépharvajim, nous ramène en
Mésopotamie, et probablement à l'explication de Rosenmuller.
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SÉPHATIA,
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Jérémie 38:1;
— Voir: Guédalia #2.
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SÉPHÉLAH,
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mot hébreu qui est traduit par plaine, Josué 9:1;
10:40; 11:16; Jérémie 32:44; 33:13; Zacharie 7:7, et par plat pays, 1 Maccabées
12:38. On suppose généralement que ce nom désignait tout le littoral de la
Palestine, ou du moins une partie des côtes baignées par la Méditerranée, et le
plus souvent d'une manière spéciale la partie des côtes possédée par les
Philistins, depuis la plaine de Saron.
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SÉPHORA,
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Madianite, fille de Jéthro, et femme de Moïse, Exode
2:21; 4:25; etc. La scène mystérieuse de l'hôtellerie a beaucoup tourmenté les
interprètes; de toutes les explications, la plus simple nous paraît être celle
qui est aussi le plus généralement admise. Moïse tombe gravement malade dans
une hôtellerie (l'Éternel cherche à le faire mourir); cette maladie peut n'être
que la suite naturelle de ses fatigues et de ses travaux; sa femme,
conformément à l'idée alors généralement répandue, que les épreuves sont des
châtiments (Genèse 42:21-22; Job), se demande avec inquiétude quel crime ou
quelle faute a pu attirer sur eux la colère divine; elle se rappelle que son
second fils n'a pas encore revêtu le sceau de la famille d'Abraham, elle le
circoncit, et à la vue du sang qu'elle fait couler, elle jette avec dépit ou
frayeur son couteau aux pieds de Moïse, et s'écrie: Tu m'es un époux de sang.
Moïse se rétablit, et à tort ou à raison, elle établit entre son obéissance et
la guérison une relation qui pouvait exister dans la pensée de Dieu, ou n'être
qu'accidentelle. Peut-être Séphora s'était elle opposée à la circoncision de
son fils, peut-être trahit-elle trop de vivacité dans cette circonstance; elle
dut se séparer de son époux qui continua seul son voyage: plus tard elle vint
le rejoindre en Horeb, Exode 18:2, et le suivit avec ses fils dans les
campements du désert. On ignore quand elle mourut. On ignore également si c'est
d'elle qu'il est question Nombres 12:1, mais c'est probable: le sujet de la
querelle n'est pas indiqué; peut-être sa qualité d'étrangère faisait-elle
l'objet du débat, mais après quarante ans et plus, c'eût été s'y prendre bien
tard pour critiquer la convenance de ce mariage; peut-être Séphora s'était-elle
glorifiée des faveurs que Dieu accordait à Moïse, et Aaron en avait-il été
blessé? La réponse de Marie et d'Aaron infirmerait qu'il y avait quelque chose
de semblable, mais Séphora eût été blâmable dans ce cas, et l'on ne s'explique
pas la Condamnation dont Marie fut frappée. Il est plus probable qu'Aaron et
Marie eurent les premiers torts envers elle,
— Voir: Marie.
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SEPT,
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— Voir: Nombres.
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SEPTANTE,
Bible des soixante-dix
La
"Septante" – traduction de l’Ancien Testament en Grec.
On nous dit que la
version des Septante (souvent désignée par LXX) fut en usage chez les juifs et
les chrétiens de langue grecque, en Égypte ou ailleurs. Selon le récit raconté,
les travaux de traduction auraient commencé en Égypte à l’époque de Ptolémée
Philadelphe (285-246 av. n. è.), quand, selon la tradition, le Pentateuque qui
en fait partie fut traduit en grec par 72 érudits juifs. Par la suite, c’est le
nombre 70 qui vint à être utilisé pour une raison obscure, et la version du
Pentateuque fut appelée Septante, ce qui signifie " Soixante-dix ".
On prétend que les autres livres des Écritures hébraïques (œuvre de divers
traducteurs, dont le style variait entre grande littéralité et traduction
plutôt libre) furent progressivement ajoutés jusqu’à ce que soit achevée la
traduction des Écritures hébraïques dans leur intégralité, au cours du IIème
siècle av. J.C. et peut-être vers 150 av. J.C.. L’ouvrage tout entier en vint
ensuite à être désigné sous le nom de Septante. Supposément cette version est
souvent citée par les rédacteurs des Écritures grecques chrétiennes. Des écrits
apocryphes furent sans doute insérés dans la Septante quelque temps après son
achèvement.
Toutes religions a
ces mythes ou légendes contenant des récits relatant des faits imaginaires
transmis par la tradition. Le christianisme n’en est pas l'exception, au
contraire il en est rempli plus que toutes autres. Il n'y a pas de complication
avec cela, de telles histoires amusent l'imagination, mais lorsqu'on ne peut
plus différencier la réalité de la fiction et qu'on prend de telles fables pour
la vérité même, il y a un sérieux problème. La Septante ou traduction grecque
de l'Ancien Testament fait partie de ces fables fantaisistes remplies de
contrevérités mensongères qui perturbent l'esprit et déstabilisent la foi
chrétienne et biblique. Non seulement qu'il n'a jamais existée une telle Bible,
mais que les mythomanes en ont créés une pour répondre aux besoins de leurs
fabulations afin de ne pas perdre face devant les gens lucides et intelligents
qui ne se laissent pas prendre au piège si facilement que cela.
Si la Septante est
repoussée par plusieurs cela est du à ce que son origine est basée sur un mythe
qui provient d’un livre apocryphe. Que certains fragments d’une traduction de
la loi en Grec faite par des Juifs apostats fussent découverts, n’est aucune
preuve de l’existence d’une traduction complète de la Bible qui se nommait la
Septante. La légende de sa composition en Alexandrie est exactement cela, une
légende, elle n’a aucun soutient historique. On prétend que la traduction des
Septante est originaire d’Alexandrie en Égypte et a été traduite entre les
années 300 et 200 av. J.-C.. On veut nous faire croire qu’elle était largement
utilisée par les Juifs hellénisants, et qu’elle a été faite parce que beaucoup
de Juifs dispersés à travers tout l’empire commençaient à perdre l’usage de la
langue hébraïque, ce qui est un non-sens et complètement faux. On ajoute à
cette fable la spéculation insensée que le processus de traduction entre
l’hébreu et le grec a aussi permis à de nombreuses personnes qui n’étaient pas
juives d’avoir un aperçu du Judaïsme. On ajoute à cette abomination que les
écrivains du Nouveau Testament s’appuyaient également largement sur la
traduction des Septante, et certains disent même que Jésus et ses disciples
utilisèrent cette Bible mythique. Remarquons que ceux qui supportent cette
perversion des Saintes-Écritures, cachent le fait que son origine est basée sur
un apocryphe appelé « La Lettre d’Aristeas », une supercherie que l’on
dissimule sous l’expression « ancien document » pour lui donner quelques
crédibilités illusoires aux yeux des crédules et des ignorants. Cet apocryphe
contient la fabulation la plus grossière qui prétend que durant le règne de
Ptolémée Philadelphus, entre 70 et 72 érudits Juifs de chaque tribu ont été
chargés de réaliser ce travail de traduction en exactement 72 jours. Le terme «
septante » signifie soixante-dix en latin et non soixante-douze. La « Lettre
d’Aristeas » fut composée par un Juif hellénisant vers l’an 272 de notre ère,
il n’est donc pas étonnant de voir que plusieurs passages de la Septante
s’accordent avec le Nouveau Testament puisqu’elle lui est ultérieure. La
première analyse philologique s'est avérée que la lettre était une contrefaçon.
En 1684, Humphrey Hody, qui rédigea l’œuvre «Contre le historiam Aristeae de
LXX. dissertatio d'interpretibus», démontra clairement que la prétendue
"lettre d'Aristeas" était la contrefaçon d'un juif hélléniste de
notre ère, qui à l'origine la circula pour donner du poids à une Septante qui
prédatait le temps du Christ et de ses apôtres. La dissertation a été
généralement considérée comme concluante par les spécialistes de la Suède.
La réalité est que
la Septante provient du 3ie siècle après J.C., elle est l’œuvre d’Origène
d’Alexandrie retrouvée dans la cinquième colonne de son Hexaple ou Bible à six
versions. Origène est reconnu comme celui qui donna une direction aux forces de
l’apostasie à travers les siècles. L’Hexaple d’Origène contenait aussi les
traductions en Grec d’Aquila, de Symmachus, et de Théodotion, trois Ébionites
qui altérèrent le texte de l’Ancien Testament pour enlever toutes mentions qui
supporteraient la divinité de Christ. La Septante originale contenait les
livres du Nouveau Testament dans lequel un grand nombre de passages furent
retranchés et d’autres altérés, elle contenait aussi plusieurs apocryphes dans
l’Ancien comme dans le Nouveau Testament où nous trouvons « le Pasteur d’Hermas
et l’Épître de Barnabé ». Ce travail sordide d’Origène fut utilisé par le lâche
et le traître Eusèbe de Césarée qui renia Christ lors des persécutions pour
sauver sa vie. Il rédiga, à partir des manuscrits d’Origène, les 50 bibles
œcuméniques pour l’empereur Constantin, dont deux sont parvenus jusqu’à nous et
que nous connaissons aujourd’hui sous les noms de Codex Vaticanus et Codex
Sinaïticus, les manuscrits les plus corrompus de la Bible que nous avons en
existence.
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SÉPULCRES, Sépultures.
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Les Hébreux, comme de nos jours encore les Orientaux,
avaient l'habitude d'enterrer leurs morts hors des villes, et loin des
habitations, Genèse 23:9; Josué 24:33; Luc 7:12; Jean 11:30. Les rois seuls, et
les prophètes, paraissent avoir eu quelquefois le privilège d'avoir leurs
tombeaux dans des villes, 1 Samuel 25:1; 28:3; 1 Rois 2:10; 2 Rois 10:35;
12:21; 2 Chroniques 16:14; 28:27. D'ordinaire ces tombeaux étaient des grottes
ou des cavernes, et l'on choisissait de préférence des endroits ombragés, des
jardins entourés d'arbres, Genèse 23:17; 35:8; 1 Samuel 31:13; 2 Rois 21:18,26;
Jean 19:41; la Palestine contient beaucoup de grottes naturelles, cependant on
aimait mieux en général en construire d'artificielles, faire creuser dans un
rocher une chambre, ou un caveau régulier, parfois très étendu, comprenant
plusieurs compartiments réunis par des galeries, et destiné soit à une famille
entière, soit à des personnes privilégiées. Ésaïe 22:16; 2 Chroniques 16:14;
Matthieu 27:60; Jean 11:38; Luc 23:53. Quelquefois aussi ces tombeaux étaient
placés sur des montagnes, 2 Rois 23:16; cf. Virgile Æneid. 11, 849. On voit par
Ésaïe 14:18; 1 Rois 2:34; 2 Chroniques 33:20, que des personnes pouvaient
obtenir l'autorisation de se faire enterrer dans leurs maisons, c'est-à-dire
sur leur propriété, dans le jardin attenant à leur maison. Les princes et les
grands n'étaient pas seuls à posséder des tombeaux de famille, 2 Rois 9:28; 2
Chroniques 32:33; 35:24, mais on en trouvait dans presque toutes les familles
aisées et respectables, Genèse 23:20; Juges 8:32; 2 Samuel 2:32; 1 Rois 13:22;
Tobie 14:13, et c'était un vœu naturel des mourants d'être ensevelis dans les
sépulcres de leurs pères, Néhémie 2:3; Genèse 47:29; 50:5; 2 Samuel 19:37; 1
Rois 13:22,31, et l'on voit par Jérémie 26:23, que c'était pour les grands une
grave peine que d'être ensevelis dans le cimetière commun. Ceux qui n'avaient
pas de tombeaux de famille, désiraient au moins d'être ensevelis dans leur
patrie, en terre sainte. On fermait les sépulcres avec de grosses portes, ou en
roulant une pierre à leur ouverture, surtout pour les préserver du carnassier
chacal, Matthieu 27:60; 28:2. On les reblanchissait à neuf après la saison des
pluies, au mois de mars, Matthieu 23:27, et les rabbins ajoutent que c'était
pour prévenir les nombreux voyageurs qui se rendaient à Jérusalem pour la
pâque, de ne pas se souiller en s'arrêtant trop près de la demeure des morts.
La Palestine, la Syrie, et le vieux Édom, renferment encore un grand nombre de
ces monuments: les uns sont creusés perpendiculairement dans la terre, et l'on
y descend par des degrés; les autres sont placés horizontalement, et l'on y
entre de plain-pied: à l'intérieur on trouve le plus souvent deux ou trois
pièces ou divisions, dont la seconde est plus basse que la première: la plupart
ont dans la muraille des niches ou enfoncements de 6 à 7 pieds de long, dans
lesquels on déposait les cadavres.
Parmi les tombeaux qui entourent Jérusalem, les plus
remarquables sont les sépulcres des rois, 2 Chroniques 21:20; 28:27; Néhémie
3:16. Ils sont situés au nord de la ville, se composent d'un vestibule et de
sept chambres, et paraissent réellement être des tombeaux de rois; mais il est
peu probable que ce soient ceux des anciens rois de Juda. Les tombeaux des
juges (des membres du sanhédrin), au nord-ouest de Jérusalem, sont moins
remarquables et encore plus entourés de mystère quant à leur authenticité.
De bonne heure l'usage s'introduisit d'élever des
monuments sur les tombeaux: ce ne furent d'abord que des pierres brutes ou
grossièrement travaillées, cf. Job 21:33. Iliad. 23, 255. Virgile Æneid. 6,
365; plus tard, ce furent de magnifiques mausolées, souvent enrichis
d'inscriptions, de sculptures ou de bas-reliefs symboliques, 2 Samuel 18:18; 1
Maccabées 13:27-28. La violation des sépulcres, le vol des ornements, des
armes, Ézéchiel 32:27, et, en général, de ce qu'on pouvait avoir déposé avec
les morts dans la tombe, la sacrilège exhumation des ossements, passait déjà,
dans l'antiquité, pour une honteuse et barbare profanation, Jérémie 8:1; Baruc
2:24. Quelquefois on dérobait les cadavres pour les employer à des sortilèges,
et l'on a cru voir Ésaïe 65:4, une allusion à cette coutume; mais il est plus
probable qu'il s'agit, dans ce passage, ou de sacrifices superstitieux offerts
sur les tombeaux pour apaiser les mânes des morts, ou d'une espèce de
nécromancie qu'on pratiquait la nuit sur les tombeaux. Après l'exil, on
rechercha soigneusement les tombeaux des prophètes et des saints hommes de
l'ancienne alliance, on rétablit ceux qui tombaient en ruines, et on les
embellit de divers ornements, Matthieu 23:29, signe de respect que l'antiquité
grecque connut aussi, mais qui ne sauva pas les Juifs des accusations méritées
de Notre Seigneur et du reproche de persécuter les prophètes vivants et de les
honorer morts.
— Voir: Mort, Synagogues, etc.
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SÉRAH,
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fille d'Aser, et petite-fille de Jacob, nommée on ne
sait pourquoi, et contre l'habitude des généalogistes juifs, dans le
recensement de Nombres 26:46. Les rabbins n'ont pas manqué de raconter un tissu
de fables plus ou moins merveilleuses sur son compte, mais on ne sait
réellement pas à quel fait elle doit son illustration et la place qu'elle
occupe dans le dénombrement.
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SÉRAÏA.
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1. Le
dernier grand-prêtre d'Israël avant la captivité, 1 Chroniques 6:14; 2 Rois
25:18; Jérémie 52:24; Esdras 7:1. Le roi de Babylone le fit égorger à Ribla,
c'est tout ce que nous savons de lui, mais la mort d'un martyr permet de
soupçonner sa vie, et la conduite qu'il a tenue au milieu des troubles de son
pays.
2. Fils
de Nérija et frère de Baruc, Jérémie 51:59. La charge qu'il occupait à la cour
de Sédécias est diversement expliquée par les interprètes: chef de la prophétie
(Vulgate), maréchal des voyages (syriaque), chef des largesses ou présents
(alexandrin et caldéen), grand chambellan (Dahler); cette dernière explication
est la plus probable. Envoyé à Babylone par Sédécias, il reçut de Jérémie
l'ordre de faire connaître aux Juifs les oracles écrits du prophète contre
Babylone, et il remplit ainsi à la fois deux missions opposées, l'une de
dépendance au nom de son roi, l'autre d'espérance et de liberté au nom de
l'Éternel.
3. Complice
d'Ismaël, 2 Rois 25:23; Jérémie 40:8.
4. Fils
de Hazriel, chargé d'arrêter Baruc et Jérémie, Jérémie 36:26.
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SÉRAPHINS.
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Êtres mystérieux qui ne sont nommés que Ésaïe 6:2-6.
Ils entourent l'Éternel et célèbrent ses louanges; ils ont la forme humaine, et
six ailes; de deux ils couvrent leur face en témoignage de respect, de deux ils
couvrent leurs pieds, de deux ils volent. Des nombreuses hypothèses qui ont été
faites pour expliquer leur nature, voici les trois plus importantes:
1. On
déduit le mot de l'hébreu saraph, qui signifie brûler; ce seraient des êtres
brillants, et comme de feu (Gesenius); il est bien possible qu'ils aient été
nommés ainsi comme les serviteurs de celui qui est un feu consumant,
Deutéronome 4:24. Hébreux 12:29.
2. On
compare le titre arabe de shérif, qui désigne un noble, un chef de tribu, et
comme tels les séraphins seraient les puissances des cieux.
3. Les
serpents brûlants (et volants) du désert, Nombres 21:6, ont été aussi pris
comme terme d'analogie et de comparaison (Valke); on allègue ensuite le culte
rendu aux serpents dans plusieurs religions orientales, et la divinité
égyptienne Sérapis (Hitzig), et l'on en conclut que les séraphins étaient des
figures qui avaient quelque ressemblance avec les serpents par leur forme, avec
l'homme par leur figure, avec les oiseaux par leurs ailes; d'autres pensent que
c'étaient des corps d'homme, avec des têtes de serpents. D'autres supposent que
les séraphins ne sont qu'un autre nom des chérubins. D'après Michaélis enfin,
ce seraient des prêtres célestes offrant l'encens sous la forme des chérubins.
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SÉRÉBIA,
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fils de Mahli, lévite, homme intelligent, établi à
Casiphia pendant la captivité, se décida, à l'instigation de Iddo, à retourner
à Jérusalem avec Esdras et sa caravane; les ustensiles sacrés et les présents
qu'Esdras emportait, furent, pendant le voyage, confiés à ses soins et à ceux
de ses amis, Hasabia et Ésaïe, Esdras 8:18,24. On le retrouve encore, sous
Néhémie, parmi les prêtres qui font dans le temple l'explication de la loi et
les prières solennelles, Néhémie 8:7; 9:5.
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SERGE-PAUL,
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Actes 13:7, sénateur romain, préteur de l'île de
Cypre. Homme intelligent, dégoûté des erreurs du paganisme, désireux de
connaître la vérité, il avait admis auprès de lui Bar-Jésu, l'enchanteur,
espérant que peut-être sa doctrine satisferait les besoins de son âme.
L'arrivée de l'apôtre Paul excita de nouveau sa religieuse curiosité; Serge
assista à une entrevue qui eut lieu entre l'apôtre et le magicien, et, plein
d'admiration pour la doctrine chrétienne, qu'un éclatant miracle confirma en sa
présence, il crut et embrassa l'Évangile.
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SERMENT.
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Moyen assez ordinaire chez les Hébreux d'établir, soit
dans les affaires publiques, soit dans la vie privée, soit en présence des
tribunaux, la vérité de ses paroles passées ou présentes, Genèse 24:37; 50:5;
Exode 22:11; Lévitique 6:3-5; Juges 21:5; 1 Samuel 19:6; 20:17; 2 Samuel 19:23;
15:21; 1 Rois 18:10; Esdras 10:5; Matthieu 26:74. Nous voyons confirmés par
serment un traité d'alliance, Genèse 31:53; Josué 9:15; 2 Rois 11:4, et une
promesse de secours et d'assistance à la vie et à la mort, 2 Samuel 15:21. Le
serment reposait sur une idée éminemment religieuse; son nom hébreu (une
septaine) indique déjà qu'une pensée de perfection dans la vérité présidait à
son usage; c'était dire sept fois la vérité. Quant à sa valeur juridique et à
sa forme, la législation mosaïque ne nous a donné aucun détail, et ce fait
semble en faire une œuvre de conscience et de bonne foi, échappant aux
prescriptions légales. Le plus souvent, on jurait par l'Éternel, Juges 21:7;
Deutéronome 6:13; 1 Samuel 24:7; 2 Samuel 19:7; 1 Rois 1:29; 2:23; Ésaïe 19:18;
65:6; Jérémie 38:16, etc.; les Israélites idolâtres juraient par de faux dieux,
Jérémie 5:7; 12:16; Amos 8:14; Sophonie 1:5. On jurait aussi par la vie de la
personne à laquelle on s'adressait, 2 Rois 2:2; 1 Samuel 1:26; 20:3; par la vie
du roi, 1 Samuel 17:55; 25:26; 2 Samuel 11:11; plus rarement par sa propre vie,
Matthieu 5:36; quelquefois, chez les païens, par un des membres les plus
précieux du corps, par ses yeux, Ovid. Amor. 3, 3, 13; par la terre, Matthieu
5:35; par le ciel ou le soleil, Matthieu 5:34. Virgile Æneid. 12, 176; par les
anges, par le temple, ou par quelqu'une de ses parties, Matthieu 23:16; par
Jérusalem enfin, la sainte ville, Matthieu 5:35, cf. encore l'adjuration de
Cantique 2:7. Quant aux cérémonies qui accompagnaient la prestation du serment,
elles étaient simples et peu nombreuses; dans l'époque patriarcale, il paraît
que l'on plaçait sa main sous la cuisse de celui à qui l'on prêtait serment, Genèse
24:2; 47:29; plus ordinairement, on étendait sa main vers le ciel, Genèse
14:22-23; cf. Deutéronome 32:40; Exode 6:8; Ézéchiel 20:5. Plus tard, à ce que
dit Maïmonides, mais on ne saurait préciser à quelle époque remonte cette
coutume, les Juifs jurèrent en touchant les phylactères. Devant la justice, le
serment consistait à répondre amen! à une formule d'adjuration qui était lue à
celui qui devait jurer, 1 Rois 22:16; cf. Nombres 5:19; Matthieu 26:63. Les
femmes et les esclaves n'étaient pas admis à prêter serment. Les principes
relâchés des pharisiens, à l'endroit du serment, sont relevés Matthieu 23:16,
et les Juifs paraissent avoir eu généralement une assez mauvaise réputation
sous ce rapport, Martial 11, 95; 7. D'après Philon, quelques docteurs luttaient
contre cette tendance à jurer toujours, pour peu de chose, et, par conséquent
aussi, sans respect pour le serment prêté. Philon lui-même désirait la
suppression du serment, cf. Matthieu 5:34, et les esséens l'avaient réellement
supprimé, comme les quakers l'ont fait de nos jours.
— Le parjure était défendu au point de vue religieux,
puisque c'est sur ce point de vue que reposait le serment, Exode 20:7;
Lévitique 19:12; cf. Matthieu 5:33; Zacharie 8:17. On ne voit, du reste, que
deux espèces de faux serments mentionnés, l'un relatif au témoignage, l'autre à
la négation d'un dépôt ou d'une trouvaille, Lévitique 5:1; Proverbes 6:2;
29:24. Pour les deux cas, un sacrifice expiatoire est ordonné, et de plus, pour
le dernier cas, une restitution supérieure à la valeur reçue ou dérobée. La
peine paraît légère, parce que les traditions papales nous ont habitué à toute
autre chose; mais la législation juive, plus avancée que celle du moyen âge
qu'on a essayé de ressusciter sous Charles X, mais sans succès, ne punissait
que le délit humain, et laissait à Dieu le soin de venger son nom faussement
invoqué. L'ancienne Rome, la ville païenne, l'avait aussi compris, Cicer. Legg.
2, 9; aux dieux seuls appartenait la peine du faux serment, le censeur se
bornait à noter les parjures. Plus tard, à mesure qu'elle perdait l'esprit et
devenait charnelle, la synagogue introduisit des peines corporelles, le fouet
et l'amende, pour punir ce péché contre Dieu.
— Jésus-Christ paraît avoir défendu le serment,
Matthieu 5:33-37; du moins, s'il eût voulu le défendre, il n'eût pu se servir
d'expressions plus claires et plus positives.
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SERPENT.
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La Palestine et les contrées qui l'avoisinent, surtout
les lieux déserts de l'Égypte et de l'Arabie, étaient, dans les temps anciens,
fort riches en serpents, gros et venimeux. Forskal a distingué, en Égypte et en
Arabie seulement, huit espèces de couleuvres. Les serpents de Syrie ont,
d'après Russel, la réputation de n'être que peu ou point malfaisants. Toute
cette espèce d'animaux fut naturellement classée parmi les viandes dont l'usage
était interdit aux Israélites, Lévitique 11:10,41. On compte au moins huit noms
hébreux pour désigner différentes sortes de serpents. Calmet va jusqu'à onze;
mais il met dans cette catégorie le képhir, qui signifie jeune lion, Ézéchiel
19:2-3, le tsabouah, c'est-à-dire la hyène, ou des bêtes sauvages en général,
Jérémie 12:9, le tsimmaôn, un lieu désert et aride, Ésaïe 35:7, et le shachal,
qui est encore un lion. II convient, du reste, pour ces quatre mots, que la
traduction de sa Vulgate est fort loin d'être sûre. Quant à une désignation
bien claire des sept ou huit espèces mentionnées dans la Bible, on ne saurait
la donner, et l'on doit se borner à des présomptions, les noms de ces espèces
n'étant généralement pas accompagnés de détails qui les fassent reconnaître;
cependant, lorsqu'à ces détails qui mettent sur la voie, se joint une analogie
du nom dans les langues voisines, l'arabe surtout, la présomption devient
vraisemblable, et la possibilité devient probabilité.
1. Le
tsèphah ou tsiphehoni, et
2. Le
shephiphon, désignent le céraste ou couleuvre cornue, q.v.
3. Le
péthen,
— Voir: Aspic.
4. Le
kippoz, que le prophète représente comme pondant des œufs et les couvant, Ésaïe
34:15. On a cru d'abord que c'était une espèce d'hirondelles; nos versions même
l'ont traduit par martinet. On est d'accord maintenant à penser qu'il s'agit du
serpent que les Grecs nommaient
άκοντιάς (le dard), et les Latins anguis jaculus: il est très
commun en Arabie et en Afrique; il se jette sur sa proie avec la rapidité de la
flèche. Les Septante, le caldéen et saint Jérôme, traduisent par hérisson.
5. Le
haksoub, Psaumes 140:3, serpent venimeux, dont l'espèce ne saurait être
déterminée de plus près.
6. Le
ephehéh, serpent venimeux, Job 20:16; Ésaïe 30:6; 59:5. On le trouve, entre
autres, en Égypte. D'après Avicenne, le mot arabe correspondant désigne la
vipère à tête plate, au col étroit, à la queue émoussée, qui fait du bruit en
rampant, et fait entendre un léger sifflement; c'est le coluber vipera
d'Égypte, de Hasselquist, et l'animal nommé dans le Nouveau Testament, Matthieu
3:7; 12:34; 23:33; Luc 3:7; Actes 28:3.
7. Le
nachash, Genèse 3:1; Exode 4:3; 7:15; d'après l'étymologie, ce serait un
serpent qui siffle; d'après le contexte des divers passages où il est nommé, ce
serait un serpent en général, sans désignation spéciale; il est probable que
c'était en effet le nom de l'espèce et non celui d'un genre en particulier. Il
rappelait cependant l'idée de grandeur, et a donné son nom à la constellation
du serpent. Toutefois, l’étymologie du
mot «nachas» nous indique qu’il s’agit du serpent dans la conscience de
l’homme, c'est-à-dire son intelligence, sa faculté de raisonner. Ce terme porte
les nuances d’être brillant, attrayant, captivant, célèbre, distingué,
fastueux, flamboyant, illustre, luisant (Lucifer), prestigieux, remarquable,
séduisant, somptueux, trompeur. Tous des caractéristiques qui se rapportent à
l’esprit de la chair en l’homme. Jésus lui-même se compare au serpent dans le
désert Jean 3 :14, nous indiquant que l’esprit de la chair, qui est le
même que l’esprit de la loi, a été crucifié sur la croix et que sa puissance
était désormais rendu inactive pour condamner ses élus.
— Voir: Astres. Cf. aussi Ésaïe 27:1,
et ce qui en sera dit plus loin.
8. Le
saraph, ou serpent brûlant, que les Israélites rencontrèrent dans les déserts
de l'Arabie, Nombres 21:6,8; Deutéronome 8,15. Le même saraph est désigné comme
un animal qui vole, Ésaïe 14:29; 30:6, mais par le contexte même, on doit
reconnaître dans ces mots une image poétique plutôt qu'une description
zoologique; car, bien que plusieurs auteurs, les anciens surtout, Hérodote,
Élien, et même quelques modernes, aient soutenu l'existence de serpents volants
en Arabie et en Égypte, cet animal n'a pas été vu de ceux en l'assertion
desquels on pourrait avoir le plus de confiance; et comme les plus dignes de
foi de ces témoins ajoutent expressément que ces serpents ailés ont des pieds,
il est fort à croire qu'ils auront confondu des serpents avec des lézards. Il
paraît, en effet, que dans certaines parties du sud de l'Asie, on trouve une
espèce de lézards volants, dont les pattes parallèles sont unies par une fine
membrane semblable à celle des ailes de la chauve-souris. Les théologiens ne
sont pas d'accord sur l'espèce de serpents désignée sous le nom de serpents
brûlants. Le voyageur Laborde pense que les Israélites furent mordus par des
scorpions, fort abondants dans cette contrée, où ils ont même donné leur nom à
la vallée d'Hakrabbim, et que ces scorpions furent nommés brûlants (saraph), à
cause de la douleur cuisante que causaient leurs morsures; mais cette
explication est inadmissible, et l'on doit se contenter de l'idée générale
exprimée par saraph, de serpents très venimeux.
Le serpent d'airain, que sur l'ordre de Dieu, Moïse
dressa à la vue de tout le camp, afin que ceux qui le regarderaient fussent
guéris, a naturellement fort préoccupé les interprètes. Les uns ont mis la
force curative du remède dans la force d'imagination du malade, aidée de
quelques herbes ou potions administrées conjointement avec la foi au serpent;
d'autres ont pensé que c'était un échantillon, un modèle destiné à faire
connaître aux Israélites la forme de l'animal, de manière à ce qu'ils pussent
le distinguer et l'éviter; pour d'autres, le mouvement que se donnaient les
Israélites mordus dans la campagne pour arriver au plus tôt en présence de
l'image, était le véritable remède; la course faisait transpirer, et le venin
sortait avec la sueur, comme on dit en Italie que le mouvement de la danse
guérit de la tarentule celui que la piqûre de cette araignée a affligé de la
rage de la danse. D'autres, beaucoup plus simplement encore, prétendent que le
serpent d'airain était l'enseigne de l'hôpital général où ceux qui avaient été
mordus, étaient sûrs de trouver tout ce dont ils avaient besoin, médecins,
médecines, infirmiers, etc. On voit que ces explications sont tout à fait
naturelles et passablement ridicules. Quelques Juifs en ont donné de plus
recherchées, et ils expliquent la vertu du serpent d'airain par l'influence des
constellations sous lesquelles il avait été fondu et travaillé. Mais la vraie
vertu du remède, le vrai sens dans lequel doivent être prises les paroles de
Moïse, nous est indiqué dans le chapitre même; le peuple s'était repenti, Moïse
avait supplié l'Éternel, et Dieu, pour guérir des blessures inguérissables,
devait intervenir miraculeusement; il ne mettait à la guérison de tous qu'une
condition, la foi; il guérissait par sa puissance tous ceux qui, en faisant
acte de confiance, montraient qu'ils regrettaient leurs rébellions et leurs
murmures passés. Le serpent d'airain n'était qu'une image, un signe visible;
mais comme il a plu à Dieu, même sous la nouvelle alliance, de rattacher à des
signes visibles des grâces réelles, de même, la contemplation de ce signe, acte
d'obéissance et de foi, procurait aux malades croyants la guérison de leurs
corps. Le signe n'était rien en lui-même, et les Juifs, en s'en faisant une
relique,
— Voir: Néhuslan,
se sont montrés infidèles à leur foi; Ézéchias a brisé
la relique, Rome l'a raccommodée.
Saint Jean, 3:14-15, nous apprend, quant à ce détail
de l'histoire juive, ce que saint Paul nous dit de l'histoire juive tout
entière, 1 Corinthiens 10:11. Hébreux 3:4, que le serpent d'airain était un
type de Jésus-Christ. Le venin est le symbole du péché qui donne la mort; les
serpents brûlants rappellent le serpent ancien qui est Satan, et Jésus, comme
le serpent d'airain, de même forme et non de même nature, a dû être élevé,
crucifié pour être vu de tous, et guérir tous ceux qui auraient confiance en
lui;
— Voir: Moïse dévoilé, et le sermon de Gaussen sur ce
sujet.
Ajoutons encore ici quelques observations détachées.
1. Satan
est appelé le serpent ancien, le dragon, Apocalypse 20:2, parce qu'il prit la
forme d'un serpent pour séduire nos premiers parents. La condamnation qui
frappa l'animal est-elle juste? Quelle est-elle? Le serpent avait-il des pieds
avant cette époque? Le serpent se nourrit-il réellement de terre, etc.? Bien
des questions curieuses ont été faites, et il n'est pas nécessaire d'y
répondre. Quant à la justice de la condamnation, l'on ne discute pas avec Dieu;
pourtant on peut dire que la complicité la plus indirecte établit déjà parmi
les hommes une solidarité, et que Satan choisit le serpent, parce qu'il était
le plus rusé des animaux; être distingué par le diable, c'est une condamnation,
comme être reconnu de Dieu c'est une grâce. Quant à la nature de la peine, il
est probable que le serpent avait avant cette époque ses quatre pieds, dont on
peut encore reconnaître les rudiments sous sa peau; il ne paraît pas, quoique
ce fût une opinion répandue chez les Grecs et les Romains, qu'aucun serpent
mange de la terre; dans sa condamnation, Genèse 3:14; Michée 7:17; cf. Ésaïe
65:25, il n'est pas dit qu'il mangera volontiers de la terre; on peut entendre,
au contraire, que la privation de ses pieds, le forçant de ramper, l'obligera
souvent à avaler de la poussière malgré lui; il y a cependant aussi une terre
grasse et argileuse que certaines espèces de serpents aiment à manger.
2. La
ruse et la prudence du serpent sont indiquées dans l'Écriture comme des
qualités qui le distinguent de tous les autres animaux, Genèse 3:1; Matthieu
10:16, et l'ancien Orient a développé cette même idée sous toutes les formes;
il n'est sorte de fables qu'on n'ait inventées: le serpent a l'art de se
rajeunir; quand il boit, il jette sa première gorgée de peur de s'empoisonner;
il se bouche les oreilles pour ne pas entendre la voix de l'enchanteur, cf.
Psaumes 58:4-5, etc. Dans ce dernier passage, le psalmiste fait allusion aux
préjugés reçus, sans entendre ni les partager, ni les confirmer.
— La docilité du serpent entre les mains des
enchanteurs de l'Orient, aura aussi contribué à lui donner cette merveilleuse
réputation de prudence et d'habileté.
3. Le
serpent a été autrefois l'un des principaux objets du culte et des
superstitions païennes; les Égyptiens l'employaient dans tous leurs symboles,
dans la coiffure d'Osiris, autour de son sceptre, dans leurs représentations de
l'Être suprême, etc. De même, chez les Grecs et les Romains, Anchise, devenu
dieu, envoie un serpent goûter aux oblations mortuaires que lui offre son fils,
le pieux Énée; et deux serpents annoncent la ruine de Troie, puis se retirent
sous le bouclier de Minerve après la mort de Laocoon. Esculape, le dieu de la
médecine, était représenté sous la forme d'un serpent; et le caducée, emblème
de la paix, était un bâton, ou une croix, autour de laquelle deux serpents
entrelaçaient leurs corps annelés. On a voulu faire intervenir la fable du dieu
de la médecine dans l'explication des motifs qui dictèrent à Moïse le symbole
destiné à guérir les Israélites mordus par les serpents du désert. Trop de gens
sont encore tentés d'expliquer la Bible par la mythologie plutôt que par la
Bible elle-même.
4. La
secte des ophites, ou serpentiniens, qui parut vers l'an 150 après Christ,
adoraient Christ dans le serpent qui avait le premier affranchi l'humanité. Le
Dzaldabaoth avait créé l'homme pour l'aider dans sa lutte contre les puissances
supérieures; mais il ne voulut pas que l'homme s'émancipât, il voulait le
maintenir sous tutelle et lui avait interdit le fruit de l'arbre de la science;
l'âme du monde, Christ, se servit du serpent pour pousser l'homme à secouer le
joug d'un créateur indigne, et le Dzaldabaoth irrité renferma l'homme dans une
écorce terrestre qui devait, en gênant ses mouvements, lui ravir les dons
précieux de l'esprit. Le Christ céleste, ne voulant pas laisser incomplète son
œuvre d'affranchissement, redescend sur la terre, et se sert pour son
incarnation de l'homme Jésus. Cette secte avait donc entrepris l'œuvre immense
d'unir Christ et Bélial, et le démon, qui avait séduit nos premiers parents, a
réussi à faire diviniser, comme un trophée de sa victoire, l'animal maudit sous
la forme duquel il a triomphé des hommes et de Dieu pour un temps.
5. Le
passage Ésaïe 27:1; est traduit d'une manière peu claire et peu littérale dans
nos versions, qui ont ajouté les mots dis-je pour donner de la clarté au sens,
et n'ont fait que l'obscurcir. L'Éternel, y est-il dit, punira de sa forte épée
trois nations qui, selon l'usage prophétique, sont représentées par autant
d'animaux, le léviathan, serpent traversant (le crocodile qui désigne
l'Égypte), le léviathan, serpent tortu (le serpent en général, qui paraît
désigner l'Assyrie ou la Babylonie), et il tuera la baleine qui est dans la mer
(ou à l'Occident, car le même mot désigne les deux choses; ce serait l'empire
d'Occident, la Rome païenne, et la Rome papale). Le mot léviathan est pris ici
dans son sens le plus général, puis, il est déterminé deux fois par le mot
serpent avec deux épithètes dont la seconde est facile à comprendre, mais dont
la première n'a pas toujours été bien saisie: l'hébreu bariach signifie selon
les uns s'enfuir, s'étendre, et on a traduit serpent fugitif, ou droit, ou
encore traversant: selon d'autres il se rapporte au mot verrou qui marque en
général la raideur et l'inflexibilité, et il renfermerait une allusion aux
mouvements gênés et raides du crocodile.
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SÉRUG,
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— Voir: Sarug.
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SÉSAÏ,
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fils de Hanak, q.v.
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SÉSAK,
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Jérémie 25:26;
— Voir: Babylone.
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SÉSAN,
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— Voir: Jarhah.
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SESBATSAR,
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— Voir: Zorobabel.
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SETH,
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Lit. le substitut…
Genèse 4:25; 5:3,6-7, etc.; 1 Chroniques 1:1; Luc
3:38. Troisième fils d'Adam, il compte parmi les ancêtres de Jésus, et parmi
les nôtres, puisque Noé qui était de sa race, échappa seul au déluge. Il fut
père d'Énos, et vécut neuf cent douze ans. Ses descendants sont comptés comme
une famille élue qui conserve la connaissance et le service du vrai Dieu: ils
eurent avec Adam cette ressemblance en bien, 5:3, comme la famille de Caïn
représenta les péchés de ses premiers parents. Quelques-uns des descendants de
Seth se détournèrent cependant de la foi pour suivre les voies des voluptés
charnelles, 6:2,
— Voir: Géants.
Un grand nombre de fables rayonnent autour de
l'antique figure de ce patriarche; on lui a attribué des révélations, une ascension
au ciel, des visions, des prophéties, plusieurs écrits, entre autres un sur
l'astronomie, un autre encore dans lequel il serait parlé de l'étoile qui
apparut aux mages de l'Orient, etc. La tradition la moins invraisemblable,
quoiqu'elle le soit encore un peu, est celle que rapporte Flavius Josèphe, de
deux colonnes, l'une de briques, l'autre de pierres, sur lesquelles auraient
été consignées certaines observations astronomiques et peut-être aussi quelques
lois morales.
La secte des séthiens qui parut au deuxième siècle,
prétendait que deux couples primitifs avaient été créés, l'un par les anges de
ténèbres, Caïn en descendait, l'autre par le démiurge; ce dernier couple fut
vaincu en la personne d'Abel: la sagesse aurait alors créé, pour le remplacer,
Seth, qui serait le père des spirituels, par opposition aux charnels; mais la
lutte aurait continué entre ces deux races, et Seth, pour assurer le triomphe
de sa postérité, aurait cru devoir paraître de nouveau dans la personne du
Messie.
— La secte opposée avait pour héros Caïn dans l'Ancien
Testament, et Judas Iscariot dans le Nouveau. Telles sont les ruses de l'enfer
que des hommes tordent les Écritures à leur propre perdition.
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SÉTHARBOZNAÏ,
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— Voir: Tattenaï.
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SÉVA,
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fils de Sahaph, continua ses travaux, et fut nommé
père ou prince de Macbéna et de Guibba, en Juda, Josué 15:57; 1 Chroniques 2:49.
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SHÉIKH.
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C'est ainsi que doit être traduit, d'après Schrœder,
l'hébreu alouph, Genèse 36:15; sq. que nos versions ont rendu par le mot si
ridicule de duc, q.v. Le mot chef serait, dans notre langue, celui qui rendrait
le mieux l'idée exprimée par le terme hébreu. Aleph est la première lettre, la
tête, le chef de l'alphabet; alouph, non point comme simple assonance, mais
comme dérivé, renferme la même idée. D'autres (Court de Gébelin, par exemple),
ont été chercher leurs analogies plus loin; du mot arabe alaph, s'accoutumer,
on a fait dériver éleph, bœuf bétail apprivoisé, puis le taureau par
excellence, le chef du troupeau. Mais c'est trop recherché.
— Outre le passage cité plus haut, alouph est employé
dans le sens de chef, en parlant des Édomites, Exode 15:15, où nos versions
l'ont rendu par princes, 1 Chroniques 1:51; sq., où nous retrouvons le titre de
ducs; rarement il se dit des chefs des familles Israélites;
— Voir: cependant Zacharie 9:7; 12:5-6, où nos
versions l'ont rendu une fois par chef et deux fois par conducteurs. (Il y a
ainsi quatre mots français pour la traduction de ce seul mot hébreu).
L'idée de filiation est d'ailleurs toujours censée
unir le chef de la tribu avec ses administrés; c'est l'aïeul, ce n'est point un
conquérant.
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SIBBOLETH,
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— Voir: Schibboleth.
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SIBBÉCAÏ
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de Husa, l'un des chevaliers de l'ordre de Jasobham,
chef lui-même de 24,000 hommes, n'est connu que par sa victoire sur Saph ou
Sippaï, géant philistin, 2 Samuel 21:18; 1 Chroniques 11:29; 20:4; 27:11.
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SIBHA,
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Genèse 26:33, puits que les serviteurs d'Isaac
creusèrent, et qu'ils appelèrent sept ou serment, shibeah. La ville porta le
nom de Béersébah, ou puits du serment, q.v.
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SIBMA,
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ville de Ruben, située au-delà du Jourdain, Nombres
32:38; Josué 13:19. On y cultivait la vigne, Ésaïe 16:8. Après la destruction
du royaume d'Israël, les Moabites s'en emparèrent et l'habitèrent, Jérémie
48:32. D'après saint Jérôme, elle n'aurait guère été éloignée d'Hesbon que de
cinq cents pas.
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SIBRAJIM,
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ville qui n'est nommée que Ézéchiel 47:16, entre Damas
et Hamath, et dont on ne trouve d'ailleurs aucune trace; la version syriaque
l'a confondue avec Sépharvajim.
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SICHEM.
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1. Fils
d'Hémor, enleva Dina, fille de Jacob, la fit ensuite demander en mariage à son
père, et périt victime de la violence et de la perfidie de Siméon et de Lévi,
Genèse 34, cf. Actes 7:16. La ville de Sichem existait probablement déjà, et
l'on suppose que les noms d'Hémor et de Sichem s'étaient conservés dans cette
famille.
2. Sichem,
hébreu Shekem, ville d'Éphraïm, située entre l'Hébal et le Guérizim, dans une
étroite vallée, au milieu d'une belle et fertile contrée. La vallée, avec ses
nombreux jardins qu'arrosent des sources abondantes, apparaît au voyageur comme
une épaisse forêt d'arbres fruitiers: elle s'ouvre tout près de la ville, sur
la campagne de Jacob, qui forme une plaine agréable et fertile, arrosée par un
ruisseau limpide, et entourée de toutes parts de collines verdoyantes. C'est là
probablement la plaine où Abraham habitait dans le bois de More, où Jacob fut
troublé en voyant ses fils attaquer et piller Sichem, où il fut affligé à cause
de l'idolâtrie de sa famille, Genèse 34, et 35. Le champ qu'il y avait acheté
resta sa propriété, 33:18-20; ses fils y paissaient leurs troupeaux, 37:12-13.
Plus tard, il le reconquit sur les Amorrhéens avec l'arc et l'épée, et, près de
mourir, en Égypte, il le donna, plein de foi, à son fils Joseph, en demandant
d'y être enseveli, 48:21-22. La dépouille de Joseph y rejoignit plus tard celle
de ses pères, Josué 24:32; cf. Genèse 50:25. Sous Josué, Sichem entendit les
bénédictions et les malédictions solennellement prononcées du haut des monts,
Deutéronome 27:12; puis elle fut déclarée ville de refuge et ville lévitique,
Josué 20:7; 21:21, et servit, pendant sa vie, de centre aux douze tribus,
24:1,25. Pendant la période des juges, elle fut quelque temps la résidence de
la royauté improvisée par Abimélec, qui, après avoir perdu sa couronne,
détruisit la ville qui lui avait donné une assistance passagère, Juges 9;
ainsi, la méchanceté des hommes de Sichem, Dieu la fit retourner sur leurs
têtes. Du reste, elle ne tarda pas à être rebâtie, cf. Psaumes 60:6. Roboam y
convoqua cette assemblée populaire qui fut si fatalement décisive pour le
royaume, 1 Rois 12:1, et la scission s'étant opérée, Sichem passa avec sa tribu
à Jéroboam, qui en fit longtemps sa résidence royale, 1 Rois 12:25; 14:17. Elle
échappa aux désolations de l'exil, Jérémie 41:5, et fut, après le retour, le
centre principal du culte samaritain, cf. Jean 4:20. Jean Hyrcan la conquit, et
en détruisit le temple situé sur le mont Guérizim. Depuis les temps
apostoliques, le nom de Sichem est remplacé par celui de Naplouse ou Néapolis,
et l'on trouve sur des médailles ce dernier nom, et le nom plus complet de
Flavia Néapolis, qui lui fut donné en l'honneur de Flavius Vespa-sien, qui la
rétablit après qu'elle eut été presque détruite pendant la guerre des Juifs.
Elle ne paraît pas, du reste, avoir été reconstruite à la même place, ou du
moins elle n'occupe plus tout l'espace qu'elle occupait anciennement; Flavius
Josèphe même donne à la nouvelle ville le nom de Mabortha, et Pline celui de
Mamortha, qu'on essaie de rattacher au nom du val More, qui était près de là. Elle
était située à 12 milles nord de Silo, à 28 milles de Béthel, à 390 stades de
Jérusalem. Mieux protégée par sa situation contre les attaques imprévues des
Arabes que beaucoup d'autres villes de la Palestine, Sichem, aujourd'hui
Nablus, a conservé jusqu'à nos jours une assez grande importance; entourée de
toutes parts d'arbres fruitiers, au-dessus desquels brillent ses dômes et ses
minarets, elle fait un commerce assez actif; on y trouve encore une soixantaine
de Samaritains, qui vivent tranquilles et sans bruit. D'après Keith (les Juifs
d'Eur., etc., p. 205), leur nombre s'élèverait à 150.
On a beaucoup discuté sur le nom de Sichar, ou Sychar,
que Jean, 4:5, donne à cette ville. Les uns pensent que ce sont les Samaritains
eux-mêmes qui ont occasionné ce changement de lettre en substituant l'r à l'm,
comme on cite d'autres changements analogues entre les lettres liquides, Béliar
pour Bélial, Nébucadretsar, Jérémie 46:13, etc. D'autres pensent que ce sont
les Juifs qui ont changé le nom de Sichem en Sychar, soit pour rappeler
l'hébreu sheker, qui signifie menteur, ville idolâtre, apostate, soit en
souvenir de Ésaïe 28:1., ou les habitants d'Éphraïm sont appelés des ivrognes
(hébreu shikkor); les Juifs se seraient ainsi vengés des Samaritains, qui
donnaient à Jérusalem la sainte (mik'dash) le nom de Mik'thash, ville de
percussion, de meurtriers (Lightfoot, Reland, etc.). Hengstenberg pense que
c'est Jean lui-même qui, en passant, aura cru devoir protester par ce nom
ironique contre l'ensemble trompeur du culte samaritain; c'est peu probable.
— Voir: encore Jacob, Samarie, etc.
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SICLE.
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Le sicle a été, dès les plus anciens temps, l'unité de
poids des Hébreux, comme chez nous la livre d'abord, puis, aujourd'hui, le
gramme. C'est au poids qu'ils mesurèrent longtemps la valeur des objets, des
marchandises, du blé, des épices, mais surtout des métaux, de l'or, de l'argent
et du fer, Genèse 24:22; Exode 38:24; Nombres 31:52; Josué 7:21; Juges 8:26; 2
Samuel 14:26; Ézéchiel 4:10. Ce poids déterminé, et qui variait peu, ce poids
ordinairement d'argent, ne tarda pas à acquérir une valeur courante, et il
finit par devenir également une unité monétaire, avant même que la monnaie
existât, et le même mot servit à désigner deux unités différentes, comme chez
nous aussi la livre a longtemps servi d'unité de poids et de valeur tout à la
fois; le mot pound en anglais, et quelquefois pfund en allemand, réunissent
encore les deux significations. On ne pesa plus seulement, on compta en sicles.
Les prestations des Israélites pour le sanctuaire, les amendes, les
dédommagements, les estimations sacerdotales, les impôts civils, les
marchandises, tout fut évalué en sicles, Exode 30:13; Lévitique 5:15; 27:3; Nombres
18:16; Néhémie 5:15; 2 Samuel 24:24; 2 Rois 7:1; etc. Toutefois, même avec la
valeur reconnue du sicle, on continua de peser, comme on pèse encore
quelquefois certaines monnaies d'or, Genèse 23:16. Jérémie 32:9, quoiqu'il
paraisse que, pour le commerce de détail, de petites pièces d'argent de la
valeur d'un sicle, et ses fractions, peut-être frappées, aient été mises en
circulation. Outre le sicle vulgaire, on comptait encore le sicle du
sanctuaire, d'après lequel étaient perçus les impôts ecclésiastiques, Exode
30:13; Lévitique 5:15, etc., et, sous David, le sicle royal, 2 Samuel 14:26,
qui servait de mesure pour la perception des impôts civils. On suppose que ces
deux derniers ne faisaient qu'un seul et même poids, et qu'ils ne se
distinguaient du sicle ordinaire que par un peu plus de pesanteur, et par
conséquent de valeur; ils étaient la mesure officielle, normale, qui est
toujours un peu plus élevée que la valeur courante,
— Voir: Mesures, et Poids.
Ce serait se donner une peine inutile que d'essayer de
déterminer plus exactement la valeur relative des différents sicles, comme
aussi de traduire en valeurs modernes la valeur exacte de l'ancien sicle.
Calmet l'évalue à 32 sous 1/2 de notre monnaie; Winer, Eisenmenger, à 7 gros;
De Wette à 8 gros; dans le système philétérien (— Voir: Concordance de
Mackenzie), le poids du sicle serait de grammes 11,667. On ne peut décider non
plus si le sicle d'or avait la même valeur ou le même poids que le sicle
d'argent; dans le premier cas, il aurait été plus petit; dans le second, il
aurait valu davantage. La dernière supposition paraît plus vraisemblable,
d'autant plus que le sicle d'or n'est employé que comme mesure de pesanteur, et
l'on peut parfaitement comprendre une cuillère d'or pesant 10 sicles, Nombres 7:14,
et une couronne d'or en pesant 3,000, 2 Samuel 12:30, sans admettre un sicle
plus petit.
— Le mot sicle est souvent omis, précisément parce
qu'il était l'unité courante, comme on omet en français le mot francs quand on
dit: cet homme possède plusieurs millions.
Après l'exil, le prince Simon ayant obtenu de la Syrie
le droit de battre monnaie, l'an 173 ou 174 de l'ère des Séleucides, donna aux
Juifs leur première monnaie proprement dite, 1 Maccabées 15:6, et fit frapper
des sicles, des demi-sicles, et des quarts de sicles en argent, Matthieu 26:15;
27:3; on trouve encore plusieurs de ces pièces dans nos cabinets de
numismatique. Les légendes sont écrites en hébreu avec les vieux caractères
samaritains, et portent la valeur de la pièce, l'année de l'émission, parfois
le nom du prince, et pour empreinte tantôt une coupe, tantôt une palme, ou
l'urne où la manne était renfermée. Les successeurs de Simon et les Hérodes
firent faire toutes les inscriptions en grec.
Quanta Ézéchiel 45:12,
— Voir: Mine.
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SIDDIM,
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charmante vallée du sud-est de la Palestine, qui
faisait autrefois la gloire et les délices de ses habitants, et que Dieu
détruisit en la recouvrant des lourdes eaux de la mer Morte. Genèse 14, et 19.
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SIDON,
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ancienne et célèbre ville des Phéniciens, fondée par
Sidon, le fils aîné de Canaan, Genèse 10:15. Son nom, qui signifie la pêche, ou
la pêcheuse, se rattachait sans doute à l'abondance de poissons (sid, sidôn)
que l'on trouve dans ses eaux jusqu'à nos jours. Située au bord de la
Méditerranée, dans une plaine étroite, à 3 lieues nord de Tyr, à 12 de Béryte
(Baïruth), à 22 de Damas, avec un bon port naturel, elle ne tarda pas à mériter
le premier rang parmi les villes de la Phénicie, et fonda des colonies au près
et au loin. Le nom de Sidon la grande lui est déjà donné Josué 11:8; 19:28. On
croit même que Tyr, qui effaça bientôt la gloire de sa rivale, était
primitivement une colonie sidonienne. Lors de la conquête de Canaan elle échut
en partage à la tribu d'Aser, et dut servir de limite septentrionale à la terre
promise, Josué 19:28; mais cette tribu ne sut ni la conquérir, ni la conserver,
Juges 1:31; 3:3, et l'on serait plutôt en droit de conclure, de 10:12, que les
Sidoniens opprimèrent pendant un temps les habitants de cette tribu, ou du
moins, qu'ils eurent le dessus dans une rencontre. Ce passage est d'ailleurs le
seul qui nous montre cette paisible cité en lutte avec le royaume d'Israël. Les
habitants de Sidon avaient un commerce fort étendu par terre et par mer, comme
en général les Phéniciens, q.v., Ésaïe 23:2; Ézéchiel 27:8; cf. Diod. de
Sicile, 16, 41; 45. Leurs fabriques de verre, leurs manufactures en tous
genres, en lin, étoffes précieuses, objets d'art, etc., étaient renommées dans
l'antiquité païenne,
— Voir: Iliade 6, 289; 23, 743. Æneid., 4, 75.
Leurs architectes étaient fort recherchés, 1 Rois 5:6;
1 Chroniques 22:4; Esdras 3:7,
— Voir: Temple.
— Aux jours de David, cette peuplade industrieuse
paraît être sous la dépendance de Tyr (1015 avant J.-C.), mais elle secoue le
joug de sa rivale lors de l'invasion de Salmanéser, et elle se soumet au
vainqueur: il paraît cependant qu'elle conserva ses rois nationaux sous la
domination des Syriens, comme plus tard sous celle des Caldéens et des Perses,
Jérémie 25:22; 27:3. Sous cette dernière, sa marine paraît avoir pris un
développement considérable. Elle s'émancipe sous Artaxercès Ochus, qui la
reprend malgré une opiniâtre résistance, et la détruit. Ses habitants la
relèvent de ses ruines; après la bataille d'Issus, les Sidoniens se placent
sous le protectorat, c'est-à-dire sous la dépendance d'Alexandre, qui dépose
Straton, offre inutilement la couronne à deux jeunes frères, et la place enfin
sur la tête d'Abdolonyme, qu'il retire de son obscurité, pauvre, et vivant du
travail de ses mains: en récompense de ses vertus il augmente même ses états
d'une partie des dépouilles des Perses. Ce petit royaume partage néanmoins les
vicissitudes de la Syrie, et finit par tomber avec elle sous la domination
romaine.
— Il n'en est parlé qu'incidemment dans l'Évangile, et
toujours conjointement avec Tyr, Matthieu 11:21; Marc 3:8; Luc 4:26, etc. Dans
les Actes 12:20; 27:3, nous voyons la communauté d'intérêt des Tyriens et des
Sidoniens, menacés par Hérode, et une visite de Paul aux chrétiens de Sidon, ce
qui montre que l'Évangile y avait pénétré.
— C'était encore une ville importante du temps de
Méla. Aujourd'hui Saïda ou Seyde, peuplée de 8000 habitants, appartient au
pachalik turc d'Acre; elle n'est pas tout à fait sans importance pour le
commerce, bien que son port, recouvert de sable, n'offre plus de grande
garantie aux vaisseaux: du côté de l'est ses fortifications subsistent encore;
deux mosquées aux minarets élancés, sont les seuls édifices qui dominent ses
autres constructions; un pont de neuf arches, souvenir des croisades, unit la
ville à la forteresse, bâtie sur un rocher dans le port: derrière la ville,
jusqu'au pied des montagnes, il y a des jardins magnifiques et très productifs,
arrosés par une rivière considérable qui descend du Liban et se jette dans la
mer. L'ancienne magnificence de Sidon a disparu, conformément aux prophéties, Ézéchiel
28:21,23, et ses marchands ont cessé de sillonner les mers, Ésaïe 23:4.
Le nom de Sidon a continué de désigner la Phénicie
tout entière, dont cette ville fut si longtemps le plus glorieux représentant
sous le rapport des arts et du commerce, même après qu'elle eut perdu sa
prépondérance et sa richesse; et c'est dans ce sens qu'on doit entendre ce qui
est dit des marchands de Sidon, Ésaïe 23:2, des dieux de Sidon, 1 Rois 11:5,33;
16:31; 2 Rois 23:13, des femmes de Sidon, 1 Rois 11:1, de la langue sidonienne,
Deutéronome 3:9. Quant au nom de roi de Sidon qui est donné à Ethbahal roi de
Tyr, 1 Rois 16:31, il s'explique par le fait que ces deux villes n'étaient
régies que par un seul et même roi. Les poètes grecs employaient de même dans
son sens le plus absolu l'épithète et le nom de sidonien.
— Voir: encore les articles Tyr et Phénicie.
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SIHON,
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roi des Amorrhéens, refusa à Moïse le passage sur son
territoire, mais fut complètement défait, et vit sa capitale réduite en
cendres, Nombres 21:21; 32:33. Deutéronome 1:4, etc. Cette victoire célébrée
par un chant de triomphe, est rappelée en plusieurs passages des Écritures et
plus souvent que son importance apparente ne semblerait le comporter, ce qui
tient sans doute à ce qu'elle est un des premiers exploits du peuple devenu
libre, Josué 2:10; 9:10; 12:2; 13:10; 1 Rois 4:19; Psaumes 135:11; 136:19;
Néhémie 9:22. Le nom de Sihon est toujours joint à celui de Hog son contemporain,
sauf Juges 11:19.
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SIHOR.
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1. Le
fleuve ainsi nommé Ésaïe 23:3; Jérémie 2:18, est, de l'accord de tous les
interprètes, le Nil, de même que 1 Chroniques 13:5; et Josué 13:3, où sont
indiquées non les limites historiques de la Palestine, cf. Nombres 34:5, mais
les limites qui lui avaient été promises, Genèse 15:18. L'hébreu sichor
signifie noir (trouble) et se rapporte au limon noirâtre (nigra arena, Virgile)
que le Nil en se retirant laisse déposé sur ses bords; les Grecs appelaient ce
fleuve Mêlas, le Noir, et d'après Bohlen le mot Nil aurait en sanscrit la même
signification, celle de noir ou de bleu foncé.
2. Sihor,
Josué 19:26,
— Voir: Libnah.
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SIKRON
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(ivresse), Josué 15:11, ville frontière septentrionale
de la tribu de Juda.
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SILAS
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(hébreu trois), Actes 15:22; sq., appelé Silvain dans
les épîtres de Paul, fut le compagnon des voyages de l'apôtre depuis le concile
de Jérusalem. Citoyen romain comme lui, et exerçant le ministère prophétique
dans l'église de Jérusalem, il le suivit dans son second voyage missionnaire en
Asie Mineure, passa avec lui en Macédoine, partagea sa prison à Philippes,
resta quelque temps seul à Bérée, et ne rejoignit Paul qu'à Corinthe, où il se
distingua par son zèle évangélique, Actes 15:18; 1 Thessaloniciens 1:1; 2
Thessaloniciens 1:1; 2 Corinthiens 1:19. C'est probablement le même dont il est
parlé 1 Pierre 5:12. La tradition grecque le fait évêque de Corinthe sous le
nom de Silas, et de Thessalonique sous celui de Silvain.
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SILO ou plutôt Shilôh,
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Genèse 49:10, mot difficile, et sur la signification
duquel les interprètes ont beaucoup varié (— Voir: Grandpierre, Essais, etc.).
Voici les principales explications qu'on en a données. Le sceptre, est-il dit,
ne se départira pas de Juda, jusqu'à ce que le Shilôh vienne, et que les
peuples lui obéissent.
1. Quelques
commentateurs, les plus anciens, lisent shélôh, qui d'après un caldaïsme
signifie à qui il (c'est-à-dire appartient); ils traduisent en conséquence: Le
sceptre ne se départira point de Juda jusqu'à ce que vienne celui à gui il
(appartient): selon les uns le Messie, ce serait alors une prophétie
messianique, et le Messie appartenant à la tribu de Juda, la phrase reviendrait
à dire que le sceptre ne sortira jamais de cette tribu; selon les autres,
Salomon, et alors la promesse ne s'étendrait que jusqu'à ce monarque, le
sceptre ayant été brisé sous son successeur.
— Cette explication, sous cette forme du moins, est
presque généralement abandonnée.
2. Shilôh
signifierait dans ce passage, le seul où il aurait ce sens, repos. C'est ainsi
que l'entendent Herder, Gesenius, Hofman, etc., mais avec des nuances dans
leurs interprétations. Le bâton de conducteur en chef ne quittera jamais Juda,
le bâton de héros le suivra dans tous ses voyages (ses pieds), jusqu'à ce qu'il
soit arrivé au lieu de repos, etc. (Herder); ce dernier mot, le même que Silo,
paraît une allusion à l'arrivée des Israélites en Canaan, à Silo, mais on peut
objecter avec raison que jusqu'à cette époque Juda n'a pas eu le bâton de
commandement, et qu'il n'eût pu par conséquent le déposer en mettant le pied
sur la terre promise. Gesenius entend que Juda ayant la prééminence sur les
autres tribus, fera respecter son droit d'aînesse, et n'abaissera son sceptre
qu'après avoir obtenu d'une manière générale la paix et le repos. Dans ce sens,
et quoique ce ne soit pas l'intention de Gesenius, les paroles de Jacob sont
encore une prophétie messianique.
3. Tuch
traduit librement: Le sceptre restera entre les mains de Juda jusqu'à ce que la
conquête de Canaan soit achevée et que le sanctuaire national soit élevé à
Silo; littéralement, jusqu'à ce qu'on soit venu à Silo. Shilôh n'est donc pour
lui qu'un nom géographique. Mais le motif allégué ci-dessus contre la simple
allusion à Silo, reste le même quand l'allusion se change en affirmation
directe; Juda n'a pas eu la conduite du peuple jusqu'à ce moment; ni Moïse, ni
Aaron, ni Josué n'appartenaient à cette tribu. D'ailleurs, comme le fait
remarquer Hengstenberg, Silo ne nous apparaît, Josué 16:6; 18:1, que comme un
lieu de campement et non comme une ville; ce n'est que peu à peu que Silo
grandit et paraît dans l'histoire; aux jours de Jacob, il n'était rien encore,
et rien ne pouvait faire présager au patriarche que l'arrivée de ses
descendants en cet endroit serait pour eux une époque décisive. On peut même se
demander avec Hofman, si en effet Silo a jamais été pour Israël, et pour Juda
en particulier, une époque décisive, quand et comment?
4. En
laissant à Silo le sens de repos, Bengstenberg, Hævernick et Schrœder, qui
varient pour les détails, s'accordent à lui donner une signification
appellative et personnelle; «jusqu'à ce que vienne le repos, c'est-à-dire,
celui qui donnera le repos, le pacificateur, le prince de paix.» L'abstrait est
employé pour le concret, ce qui est parfaitement autorisé par le génie de la
langue hébraïque. On peut rapprocher de ce passage, Ézéchiel 21:32, où des
calamités sont annoncées jusqu'à ce que vienne celui à qui appartient le gouvernement
(le droit), c'est-à-dire, le Messie à qui appartient le droit de juger sur la
terre, le véritable réparateur et dispensateur de la justice dans le monde,
Ésaïe 9:6; 42:1; Jérémie 23:5; Psaumes 72:11. Les idées de droit et de repos
sont corrélatives; celui qui amène l'un, amène l'autre, et l'on est d'autant
plus fondé à croire qu'Ézéchiel a en vue le passage de la Genèse, qu'il fait de
fréquentes allusions à la prophétie de Jacob sur Juda, 19:2,10; 21:15. Cette
analogie nous montre en outre comment Ézéchiel expliquait le Silo;
non-seulement il nous donne la plus ancienne explication de ce mot dans le sens
messianique, mais encore il nous y fait voir l'idée d'un Messie personnelle, et
l'idée abstraite de repos exprimée par Jacob est traduite par Ézéchiel en
l'idée personnelle d'un individu ayant des droits et exerçant le gouvernement.
Le sceptre restera dans la tribu de Juda jusqu'à ce que soit venu le (prince
du) repos, issu de Juda, mais élevé au-dessus de toute tribu et de tout peuple;
alors ce ne sera plus à Juda, mais à son enfant comme souche d'un nouveau
pouvoir, que sera due l'obéissance des peuples. Il n'y a rien d'étonnant à ce
qu'au moment de mourir, le patriarche ait jeté un regard prophétique sur
l'avenir, et qu'il ait entrevu l'objet des promesses faites à ses pères. II
serait surprenant, au contraire, qu'un fait aussi important que celui de la
venue d'un réparateur, eût été omis au milieu des autres événements que Jacob
entrevoit. Abraham, en léguant à Isaac, Isaac à Jacob, le droit de primogéniture,
avaient tracé la ligne de leur postérité dans laquelle le Christ apparaîtrait;
Jacob fait de même, il désigne Juda comme le premier-né de droit, c'est à Juda
qu'appartiendra l'autorité jusqu'au moment où la nation, cessant d'exister
comme théocratique, verra son sceptre devenir un pouvoir spirituel et passer
entre les mains de celui qui donne la paix en faisant régner le droit. La paix,
qui est le triomphe du Messie, est aussi le triomphe de l'humanité; le monde
cessera d'être travaillé et tourmenté; il aura trouvé le repos.
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SILO,
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ville d'Éphraïm, située sur une hauteur au nord de
Béthel, au sud de Libona, Juges 21:19, à 4 lieues de Sichem, presque au centre
du pays, ce qui lui valut d'être considérée sous Josué comme l'endroit le plus
favorable pour les con vocations du peuple, et en fit pendant trois siècles,
depuis Josué jusqu'à Héli et Samuel, le siège du tabernacle, Josué 18:1,9;
19:51; 21:2; 22:9,12; 1 Samuel 1:3, etc.; 2:14; 3:21; 4:3; 14:3; cf. Psaumes
78:60; Jérémie 7:12. Silo apparaît encore aux jours de Jéroboam comme ville
d'Israël, 1 Rois 11:29; 14:2,4, mais paraît avoir souffert lors de la
destruction de ce royaume, Jérémie 7:12,14; 26:6,9. Elle subsistait cependant
encore pendant l'exil, Jérémie 41:5. Saint Jérôme y trouva les restes d'un
autel, et de nos jours encore Schubert croit en avoir vu les ruines.
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SILOÉ
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(envoyé),
village, réservoir, et source célèbre des environs de
Jérusalem, Jean 9:7. Le village est situé à droite quand on remonte la vallée
de Josaphat, et il est comme suspendu sur le sommet escarpé du mont du
Scandale, sur lequel Salomon avait bâti un temple à ses dieux étrangers. La
source, appelée aussi fontaine de la Vierge, jaillit au fond d'une vaste
caverne taillée en partie par la main des hommes dans les flancs rocailleux du
mont Morija, dans la vallée de Josaphat; deux rampes de degrés, aussi unis et aussi
blancs que du marbre, conduisent à la source, dont les eaux qui coulent
doucement, Ésaïe 8:6, se réunissent par une pente presque imperceptible dans un
canal souterrain qui, après avoir traversé toute la colline, reparaît dans la
vallée des Tyropéens, et dépose ses eaux dans le réservoir du même nom. Ce
réservoir a la forme d'un parallélogramme, les murs en sont de pierres de
taille; après avoir grimpé un moment dans une grotte taillée dans le roc, on
descend quelques degrés pour arriver à l'endroit où l'eau se jette dans le
réservoir; elle y arrive, non point en se versant par-dessus l'ouverture de la
grotte, mais en filtrant secrètement par dessous: une grande abondance de
fleurs sauvages croissent sur ses bords. De là, par un petit canal creusé dans
le rocher, l'eau du réservoir va arroser les jardins situés plus bas sur des
terrasses (cf. Cantique 4:15), et connus sous le nom de jardins du roi, Néhémie
3:15. En ne distinguant pas toujours la source de son réservoir, on est arrivé,
soit à confondre la source de Siloé avec la fontaine du Foulon,
— Voir: Roguel,
soit à voir des contradictions dans les données
bibliques, soit à changer la position du réservoir; Gesenius, Tholuck, Hitsig,
d'après quelques anciens, placent cette source à l'angle sud-ouest de Sion;
Winer la confond avec le bassin inférieur du Guihon.
Il faut remarquer que la source de Siloé, qui n'est
nommée qu'une ou deux fois dans l'Ancien Testament, et trois fois dans le
Nouveau, n'est jamais accompagnée du moindre renseignement topographique, de
sorte que c'est à la tradition seule qu'on doit en appeler pour la fixation de
son emplacement, comme nous l'avons fait. Il en résulte aussi que la grande
réputation que ces eaux ont acquise, n'est qu'une renommée légendaire et
traditionnelle, qui n'a rien de biblique; le doux murmure d'une source
tranquille, ornée d'un beau nom, et quelques moines intéressés à la faire
valoir, ont fait de Siloé un poste important, que les anciens habitants de
Jérusalem seraient étonnés de voir si grandement apprécié.
Abandonnée pendant la captivité, la porte de Siloé (?)
fut reconstruite ou réparée par Sallum, Néhémie 3:15. Il y avait une tour
au-dessus de la source, dans le village de Siloé, et son écroulement, qui
écrasa dix-huit personnes, donna lieu à Jésus de redresser les fausses idées
des Juifs sur la relation des châtiments avec le péché, Luc 13:4. C'est au
réservoir de Siloé que Jésus envoya l'aveugle-né laver ses yeux qu'il avait
guéris avec de la boue, un jour de sabbat, Jean 9:7.
— Voir: Salive.
Sans qu'il y ait intermittence complète, les eaux de
cette source sont par moments, et tour à tour, beaucoup plus rares et beaucoup
plus abondantes; Robinson a constaté ce phénomène, qui avait déjà été attesté
par Chateaubriand et par d'autres; l'eau est troublée subitement par les eaux
nouvelles qui se précipitent, et peut-être que la vertu du réservoir de
Béthesda, Jean 5:7, provenait d'un fait analogue qui mettait en mouvement des
matières ayant des propriétés curatives spéciales. L'eau de Siloé a été goûtée
et diversement appréciée par presque tous les voyageurs; Chateaubriand l'a
trouvée saumâtre; Lamartine, limpide et savoureuse; Richter, bonne; Robinson
lui a trouvé un goût un peu salé, mais point du tout désagréable; du reste il
avoue qu'en de certaines saisons, elle a un mauvais goût. De nos jours encore,
les plus incrédules ne manquent pas de s'y laver les yeux pour se préserver
d'ophthalmies. Winer pense que le fons perennis aquæ de Tacite, Hist. 5, 12,
est le même que Siloé.
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SILYAIN,
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— Voir: Silas.
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SIMÉON
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(exaucement).
1. Fils
de Jacob et de Léa, Genèse 29:33; Exode 6:15; 1 Chroniques 2:1 (1757 avant
J.-C.). D'accord avec Lévi, il vengea par la violence et fa perfidie l'injure
faite à Dina sa sœur, que Sichem le ravisseur voulait réparer d'une manière
plus douce et plus naturelle. La religion servit de prétexte et de moyen à leur
vengeance, et le pillage couronna dignement cette œuvre sanglante. Ce crime fit
tache sur toute la vie de Siméon, et sur l'avenir de sa postérité, Genèse
34:25; 49:5,7. Plus tard, il fut choisi comme otage par Joseph en Égypte, et ne
fut délivré qu'au retour de ses frères ramenant avec eux Benjamin, 42:24;
43:23. On a voulu voir dans le choix que fit Joseph de cet otage, un indice que
Siméon avait été le plus coupable dans la vente de Joseph, qu'il en avait pris
peut-être l'initiative; mais ce n'est pas prouvé. Joseph voulait s'assurer de
la personne d'un des aînés, mais laisser l'aîné à la tête de la famille; l'aîné
était pour lui une personne sacrée; d'ailleurs Ruben lui avait sauvé la vie: il
prend le second.
Siméon fut le chef d'une des douze tribus, mais d'une
tribu «divisée en Jacob, et dispersée en Israël», Genèse 49:5-7. Depuis le
dénombrement de Sinaï jusqu'à la fin des voyages du désert, elle avait diminué
de plus de moitié; de 59,300 hommes elle était descendue à 22,200, Nombres
1:23; 26:14. Elle ne reçut que dix-sept villes (dont deux lévitiques), éparses
au milieu du territoire de Juda, vers les frontières de l'Idumée et du désert
d'Arabie, et en majeure partie dans les montagnes, Josué 19. Elle ne fait la
guerre que de concert avec Juda son frère, quand les autres tribus la font
séparément, Juges 1, et lors du partage des douze tribus en deux royaumes, elle
paraît s'être unie au royaume de Juda, sous la dépendance et sur le territoire
duquel elle se trouvait; ainsi Béersébah et Tsiklag sont nommées, 1 Rois 19:3;
1 Samuel 27:6, comme appartenant à Juda; cf. 1 Samuel 30:30; et Josué 19:4.
Elle possédait de nombreux troupeaux, et du temps d'Ézéchias, comme elle
s'était beaucoup multipliée, grâce peut-être à l'air salubre de ses montagnes,
et que ses limites primitives n'étaient plus assez grandes pour la contenir,
une colonie s'avança vers l'est, traversa la vallée du Sel, et trouva de gras
pâturages dans les montagnes de Séhir, où elle s'établit après avoir détruit
les Hamalécites qui y demeuraient, 1 Chroniques 4:34-48. L'accroissement de
Juda avait peut-être aussi empiété sur le territoire de Siméon, et motivé cette
émigration. Le nom de Siméon est omis dans la bénédiction de Moïse, Deutéronome
33; le législateur du peuple ne connaît pas, ou du moins ne veut pas
reconnaître, cette faible tribu que le péché de son fondateur a flétrie et
réduite à presque rien: ce silence est une sentence de destitution. Son nom est
cependant rappelé Ézéchiel 48:24. Apocalypse 7:7, parce que l'Éternel ne tient
point à toujours sa colère; le fils de Jacob est rentré en possession des
promesses; sa place lui est rendue en Israël.
2. Siméon,
ancêtre de Marie et de Jésus, Luc 3:30; inconnu.
3. Siméon,
le pieux témoin de la présentation de Jésus dans le temple, Luc 2:25. Une révélation
intérieure lui fit reconnaître dans ses langes et dans son humilité celui qui
devait être la gloire d'Israël; son cantique, sa prière, les paroles qu'il
adresse prophétiquement au Messie et à sa mère, fixent l'attention sur cette
scène imposante et simple qui se dessine comme au frontispice de la vie de
Jésus; on aime et l'on vénère cet homme si plein de foi qui, ayant vu la
journée de l'Éternel, est prêt à s'endormir en paix, avant d'avoir vu se
réaliser toutes les espérances que la venue de Christ devait faire naître en
lui pour la terre. Les Juifs attendaient le Messie depuis bien des années, et
sa venue faisait sans doute l'objet de leurs conversations quand ils se
réunissaient chaque jour dans les parvis du temple; mais ils l'attendaient sous
une forme glorieuse. Le témoignage d'un pharisien, d'un homme pieux, d'un homme
universellement estimé, devait contribuer à renverser ce funeste préjugé, et
Jésus fut dès sa naissance proclamé roi sauveur dans le temple de Jérusalem,
par la voix d'un Israélite non suspect et qui savait fixer l'attention: cet
événement ne put rester secret, et la ville put apprendre que le libérateur
était venu.
— On a voulu honorer Siméon en le faisant fils du
célèbre Hillel, et père de Gamaliel, mais la tradition ne nous fournit que son
assertion. L'âge de Siméon ne peut même être déterminé, et l'on a tort
peut-être d'en faire un vieillard.
4. Siméon,
ou Syméon, 2 Pierre 1:1, ou Simon, surnom de Pierre, q.v.
5. Siméon,
prophète et docteur de l'Église d'Antioche, Actes 13:1. Le surnom de Niger
qu'il avait reçu, semble indiquer qu'il avait de fréquents rapports avec Rome
et l'Italie.
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SIMHI.
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1. Benjamite,
fils de Guéra et parent de Saül, n'est guère connu que par les lâches insultes
dont il poursuivit David fugitif, et par les lâches excuses qu'il lui fit après
la défaite d'Absalon, 2 Samuel 16:5; 19:16. David légua à Salomon par son
testament, le soin de venger une injure qu'il avait laissé impunie, 1 Rois 2:8;
etc., et Simhi fut consigné dans l'enceinte de Jérusalem; il savait que la mort
punirait la rupture de son ban, et pendant trois ans il fut fidèle à son
serment; mais soit imprudence, soit sécurité, soit cupidité, il se mit à la
poursuite de deux de ses esclaves qui s'étaient enfuis à Gath, et à son retour
il périt d'une mort violente, selon la sentence de David. Simhi est une âme
basse, qui s'attache au vainqueur, qui fait le brave en présence d'un ennemi
faible ou désarmé, et qui rachète par la violence de ses injures la lâcheté de
ses procédés. Mais lâche, il était redoutable, parce que son honneur perdu
n'avait plus rien à perdre, et Salomon crut devoir Je garder sous sa
surveillance à Jérusalem, au lieu de lui permettre de vivre sur ses terres.
Lorsqu'il maudissait David, il jetait de la poussière en l'air, selon l'usage
des Orientaux actuels qui, lorsqu'ils maudissent un homme, lui crient encore:
Tu seras bientôt comme cette poussière. David lui pardonna de son vivant comme
homme et comme roi; il le fit punir comme roi théocratique après sa mort,
lorsqu'il n'avait plus de vengeance à savourer, de rancune à garder: ce point
de vue est essentiel à rappeler pour tout l'ensemble du testament de David.
2. Officier
de David, 1 Rois 1:8. II ne prit point de part à la révolte d'Adonija.
Quelques-uns l'ont confondu avec le précédent. Il est plus probable que c'est
le même, fils d'Éla, qui fut chargé sous Salomon d'administrer les revenus de
Benjamin, 1 Rois 4:18.
3. La
famille de Simhi, nommée Zacharie 12:13, représente selon les uns les familles
des docteurs de la loi, selon d'autres les premières familles de Jérusalem à
cette époque. La tradition montre qu'un grand nombre de docteurs célèbres ont
porté ce nom.
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SIMON.
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1. Père
de Judas Iscariot, n'est nommé que dans saint Jean 6:71; 12:4; 13:2,26, sans
doute après sa mort. Il est du reste inconnu.
2. Simon
Pierre,
— Voir: Pierre.
3. Simon
Cananéen, surnommé aussi Zélotes, fils de Cléopas et de Marie, frère de
Jacques, de Jude, et de Joses, l'un des douze apôtres, Matthieu 10:4; 13:55;
Marc 3:18; 6:3; Luc 6:15; Actes 1:13. On ne connaît rien de lui, ni action, ni
parole. Le surnom de Zélotes qui lui était donné, le même que Cananéen qui
dérive de l'hébreu kana (avoir du zèle), prouve qu'il avait appartenu à cette
secte des zélotes dont parle Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, 3. 9,
laquelle se distinguait par son zèle pour la patrie et la religion. Ce zèle de
libéralisme, Simon l'appliqua plus tard à son propre affranchissement
spirituel. Quelques-uns dérivent le nom de Cananéen de Cana, et font Simon
combourgeois de Nathanaël. D'autres distinguent Simon Zélotes de Simon de Cana,
et en font deux individus. Les traditions varient: les unes le font évêque de
Jérusalem, et martyr sous Trajan; d'autres disent qu'après avoir évangélisé
l'Égypte, la Cyrènaïque, la Mauritanie, et la Libye, il finit par se rendre en
Angleterre où il fut crucifié; d'autres enfin le font voyager en Perse et en
Babylonie, et mourir à Suanyr (Sunir).
4. Simon
le pharisien, Luc 7:40, de Naïn. Il invite Jésus à prendre un repas chez lui,
soit pour lui donner un témoignage de respect, soit pour satisfaire sa
curiosité. On ne peut soupçonner ses intentions d'être mauvaises, mais la
réception qu'il fait à son hôte est digne de l'orgueil pharisaïque; croyant
avoir assez fait en l'invitant à sa table, il se dispense non seulement de
toute bienveillance, mais encore de toute politesse à son égard. Une femme, une
ancienne pécheresse, entre dans la salle, et fait avec amour et dévouement ce
que Simon n'a pas voulu faire; Simon comprend cette leçon plus qu'indirecte,
mais elle est pour lui une offense, et comme les orgueilleux, il élude la leçon
et ne cherche à s'excuser qu'en accusant intérieurement, et la femme, et Jésus
dont ce contact doit, selon lui, compromettre la dignité prophétique. Jésus
alors prend la parole, et par une comparaison claire, mais embarrassante,
oblige Simon à reconnaître que cette femme, beaucoup pardonnée, aime plus que
lui dont les vertus n'ont pas demandé de pardon. La femme se retire avec
l'assurance de son salut, et Simon reste avec le désagrément d'une scène qui
l'a pris à l'improviste et dont l'issue n'a pas tourné à l'avantage de son
amour-propre. On ne sait pas si Jésus avait eu des rapports antérieurs avec
Simon; on ne sait pas davantage si la leçon que Jésus lui donne était d'une
manière générale une leçon d'humilité, ou si elle se rapportait à quelque
circonstance secrète de la vie de Simon; on ignore enfin si cette leçon a
produit de l'effet, ou si au contraire le pharisien, enfoui dans son orgueil,
n'aura pas profité de l'évidente supériorité que la parabole lui accordait sur
la pécheresse, pour s'endurcir dans son impénitence, (— Voir: Sermon de
Saurin.)
— C'est à tort qu'on a voulu le confondre avec le
suivant.
5. Simon
de Béthanie, Matthieu 26:6; Marc 14:3; cf. Jean 12:1. Il était surnommé le
lépreux, à ce qu'on croit, parce que Jésus l'avait guéri de cette maladie.
C'est dans sa maison qu'eut lieu, peu après la résurrection de Lazare, et
quelques jours avant Pâque, le repas qui devait célébrer le retour de Lazare à
la vie. Marthe servait, ce qui semble indiquer des rapports de parenté ou
d'intimité entre sa famille et celle de Simon; la liberté d'action de Marie, la
présence de Lazare, confirmeraient cette idée. Quelques traditions font en
effet de Simon le père de Lazare, d'autres le font le mari de Marthe; c'est
possible, mais ce n'est pas prouvé. Ce n'était peut-être qu'un ami de la
famille. La présence de Lazare au festin devait témoigner de sa complète
guérison. (Sermons de Bonnet.)
6. Simon
le Cyrénéen, Matthieu 27:32; Marc 15:21; Luc 23:26, était originaire de Cyrène
où se trouvaient un grand nombre de Juifs. On pense qu'il était déjà disciple
de Christ, quant des soldats brutaux, prophétisant sans le savoir, le
contraignirent, par un acte arbitraire que rien ne justifiait, à porter la
croix de Jésus, cf. Matthieu 10:38, etc. Simon devait éprouver autant de joie à
soulager son maître, que de douleur à porter l'instrument de son supplice, et
sa famille tout entière fut bénie avec lui; ses fils, et sa femme, que Paul
chérissait comme sa mère, Romains 16:13, durent conserver longtemps le souvenir
de cet épisode déplorable, et ils comprirent dans toute son étendue la portée
de cette parole de Jésus que les bourreaux avaient matérialisée avec tant
d'ironie: Celui qui veut me suivre doit porter ma croix.
7. Simon
le magicien, Actes 8:9; etc. Il était suivant la tradition natif de Gitta ou
Gittim en Samarie, selon d'autres de l'île de Chypre. Il étudia de bonne heure
la philosophie platonicienne, et les sciences qui d'après les Orientaux
conduisaient à la philosophie; un peu d'astronomie, de médecine, de physique,
et beaucoup d'adresse, en firent un célèbre charlatan prestidigitateur. Il se
faisait passer pour un grand personnage, et le peuple disait de lui qu'il était
la grande vertu de Dieu. Mais une vertu plus grande et plus vraie vint le
confondre. Il entendit Philippe, il vit ses miracles, et mieux que personne il
fut à même de reconnaître dans les apôtres la puissance de Dieu; il fut
baptisé, et demanda pour de l'argent les dons du Saint-Esprit; Pierre lui
répondit par une foudroyante apostrophe, et flétrit en Simon la simonie que
celui-ci a léguée à une secte célèbre, qui prétend compter au nombre des siens
celui qui l'a le plus vigoureusement condamnée. Sous l'empire d'une émotion
pleine de honte, Simon se recommande aux prières des apôtres, mais il ne paraît
pas qu'il comprît lui-même la portée de ses paroles et de ses vœux; il a peur,
et la peur n'a jamais été de la piété. Dès ce moment, la tradition ne nous le
montre plus qu'au nombre des ennemis du christianisme. Il se rend de la Samarie
à Antioche, où il épouse une femme nommée Hélène; il passe avec elle à Rome, où
une inscription mal comprise par Justin martyr a fait croire qu'il avait été
reçu au nombre des dieux. Il renverse tous les esprits par ses sortilèges; il
se fait fort de s'élever dans les cieux; il monte au Capitule, se jette dans
les airs, vole un moment avec des ailes factices, mais à la prière de saint
Pierre ses ailes se détachent, et le malheureux se précipite et meurt. Cette
tradition peut avoir quelque chose de vrai, mais elle est compromise par le nom
de Pierre, qu'on y fait intervenir si mal à propos, et la plupart des
historiens se montrent un peu incrédules sur cette fable. Ce qui est plus
probable, c'est que Simon, nommé aussi dans les religions de mystères, Petra
Roma (Pierre de Rome), a voulu fonder une religion nouvelle qui aurait été,
comme celle de Mahomet, un mélange de judaïsme, de christianisme, et de
paganisme. Irénée lui fait dire qu'il avait paru parmi les Samaritains comme
Père, parmi les Juifs comme Fils (Messie; c'est peu probable), et parmi les
païens comme Saint-Esprit. Il prétendait que son corps était uni à l'un des
plus nobles et des plus sublimes Éons, et que Dieu l'avait envoyé dans le monde
pour amener les hommes à la vérité; il ajoutait que sa femme avait également en
elle un Éon femelle, appelé Ennoga, qui avait enfanté les esprits, et qui avait
précédemment habité plusieurs corps, notamment celui de la fameuse Hélène de
Troie.
— Ses disciples s'adonnèrent à l'impureté.
8. Simon
le corroyeur, hôte de saint Pierre à Joppe, probablement disciple, Actes 9:43;
10:6. Un voyageur raconte qu'il a logé à Jaffa dans une maison que l'on assure
être bâtie sur les ruines de celle du corroyeur; on montre même un vieux pan de
mur qui en faisait partie, dit-on.
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SIMRI
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(ma vigne).
1. Lévite
de la branche de Mérari, fut nommé chef de la famille par son père, quoiqu'il
ne fût pas l'aîné, 1 Chroniques 26:10. On ignore les motifs de cette infraction
à la loi, Deutéronome 21:17.
2. Roi
d'Israël,
— Voir: Zimri #2.
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SIMSAÏ,
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secrétaire de Réhum, q.v.
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SIN
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(boue).
1. Ville
d'Égypte nommée Ézéchiel 30:15, avec Thèbes et Memphis, et surnommée à bon
droit, à cause de sa position, la force, le rempart de l'Égypte: c'est Péluse,
dont le nom copte, Ph-er-omi, a, comme en hébreu, le sens de ville boueuse, ou
marécageuse; elle était située sur le bras oriental de l'embouchure du Nil, et
sur la rive orientale, à 20 milles de la Méditerranée. Les marais dont elle
était entourée en faisaient, autant que ses puissants remparts, la clef de
l'Égypte vers l'orient, et toutes les armées d'invasion qui essayèrent de
pénétrer en Égypte de ce côté commencèrent en effet par l'assiéger et la
réduire. Non loin de son emplacement se trouve encore le village de Tinèh (ou
Sinèh), appelé en Égypte Pérémoun, ou Péromi, d'après son ancien surnom.
2. Sin,
désert situé entre Élim et le mont Sinaï, ou plus exactement entre la mer Rouge
et Daphka, Exode 16:1; 17:1. Nombres 33:12. On suppose que c'est le Whadi
Gharendel, et c'est à tort que l'on dérive son nom de la ville de Sin située à
1,500 stades de l'extrémité nord de la mer Rouge. D'après Rosenmuller, ce
serait le wadi Esscheickh, c'est-à-dire, la partie sud du Gharendel, que les
Israélites auraient traversé, et l'on y trouve une quantité d'arbustes dont le
suc abondant et aromatique donne une espèce de manne, cf. Exode 16.
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SINAÏ
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(Tur Sina; pleine de broussailles). C'est le nom
général que l'Écriture donne au désert et au massif de montagnes, formant une
espèce de triangle compris entre le désert de Tsin ou Paran (El Tyh) au nord,
et les deux bras de la mer Rouge. Au sud du plateau El Tyh, commencent à
s'élever ces montagnes si célèbres de l'ancien monde juif. La crête des hauts
sommets court du nord au sud dans la même direction que le Liban; le Sinaï
n'est en quelque sorte que le prolongement de la longue chaîne du Soristan, se
précipitant dans la mer Rouge pour y former une presqu'île, et reprenant la
hauteur de ses cimes les plus élevées. Ce massif granitique et schisteux a de
16 à 20 lieues de circonférence; il comprend au pied de ses sommets escarpés de
hautes plaines et des vallées d'une belle végétation, qui produisent des arbres
à fruits, orangers, citronniers, amandiers, mûriers, abricotiers, pêchers,
oliviers, ainsi que toute espèce de légumes et de plantes odoriférantes. Sur
les hauteurs vivent des chèvres et du gibier. Les côtes sont en plusieurs
districts ombragées par de nombreux palmiers. Des sources d'eau vive
jaillissent des rochers, même dans les étés les plus chauds, et le versant est,
qui descend vers le golfe d'Akaba, et qui est le plus rapide et le plus aride,
présente des vallées dont les voyageurs ne peuvent assez louer la beauté,
— Voir: F. Strauss,
Sinaï und Golgotha.
Cependant ce pays a évidemment été plus fertile qu'il
ne l'est aujourd'hui, et il devient de plus en plus aride à mesure que les
hommes en font disparaître les arbres. Les hauts sommets sont fréquemment
entourés de nuages, et le tonnerre retentit d'une manière terrible entre les parois
des rochers et dans les vallées profondes (Brœm).
— Deux ou trois sommets principaux dominent tout le
massif, l'Horeb, le Sinaï, et le mont Sainte-Catherine. Le mont Horeb à l'est,
faisant face à l'Arabie, est comme le premier étage du groupe; sur son sommet
se trouve le couvent d'Élie, bâti au milieu d'une petite plaine. On y monte en
un quart d'heure. De là, après une courte descente, on commence à monter de
nouveau pendant une demi-heure (Burckhardt), et l'on atteint un sommet plus
élevé, le Djebel Musa, ou mont de Moïse, qui est le Sinaï proprement dit; son
sommet n'a guère que 60 pieds de tour. En face du Sinaï se trouve le mont
Sainte-Catherine, ainsi nommé d'un couvent voisin qui est à 3,500 pieds
au-dessus de la mer; son sommet, chauve et nu, est le plus élevé des trois;
pour y arriver, on prend, en redescendant par l'Horeb, une vallée à l'ouest
dans laquelle s'élève le monastère d'El Erbaïn. Ruppel a, pour la première fois
en 1831, mesuré avec un baromètre la hauteur de ces montagnes: le mont
Saint-Catherine a 2,814 mètres de haut, le Djebel Musa environ 2,470. C'est
dans la vallée que domine l'Horeb (Réphidim) que Moïse vit le buisson ardent,
qu'il garda les troupeaux de Jéthro, et qu'il fit jaillir l'eau du rocher,
Exode 3:1-2; 17:6; cf. 19:2. On prétend encore montrer près de là ce rocher
miraculeux, un bloc granitique de 4m,48 carrés, avec une rigole et quelques
stries ou coupures formées par l'écoulement des eaux. C'est peut-être sur
l'Horeb aussi que Moïse pria pour le succès des armes de Josué, lors de
l'attaque des Hamalécites, 17:8. D'après la tradition, ce serait également sur
l'Horeb, et non sur le Sinaï, que la loi aurait été promulguée, Exode 20; mais
divers auteurs chrétiens, d'accord à repousser cette tradition, pensent que ce
doit avoir été sur l'un ou l'autre des deux sommets plus élevés, sans que rien
puisse trancher la question d'une manière absolue. Aujourd'hui, le nom de Sinaï
s'applique d'une manière générale à tout le groupe, et il est possible qu'il en
fût de même dans l'antiquité; Horeb serait alors le nom de la moins élevée des
trois cimes principales.
Le nom de Sinaï est rappelé Juges 5:5; Psaumes
68:8,17; Néhémie 9:13; cf. Hébreux 12:18, comme ayant été le théâtre d'une des
manifestations les plus solennelles et les plus redoutables de la grandeur
divine. La mention faite de cette montagne, Galates 4:25, la circonstance que
le Sinaï était appelé Hagar par les descendants mêmes de la servante d'Abraham,
ce que Paul pouvait avoir appris pendant son long séjour en Arabie, et l'usage
que fait l'apôtre de cette circonstance, offrent des difficultés qu'il
n'appartient qu'aux commentaires de résoudre,
— Voir: Olshausen, Sardinoux, etc.
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SINGES.
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Il n'en est parlé que 1 Rois 10:22; 2 Chroniques 9:21.
Les anciens en connaissaient plusieurs espèces et les avaient classés d'après
divers caractères, singes à queue, singes sans queue, etc. On les tirait
surtout des Indes et de l'Éthiopie, parfois aussi de la Mauritanie. De leur nom
indien kapi est venu leur nom hébreu koph, qui se retrouve aussi presque sous
la même forme en grec.
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SINHAR,
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nom primitif de la plaine de Babylone, Genèse 10:10;
11:2; 14:1; Josué 7:21; Daniel 1:2. On y trouvait, non seulement Babylone, mais
encore Érek, Akad, Calné: d'où il résulte que cette contrée désignait, non
seulement l'ancienne Babylonie, mais encore une partie de la Mésopotamie
orientale. Le nom actuel de Sinsjara, ou Singara, est le seul souvenir qui
reste de cet ancien nom si célèbre; il désigne, d'après Niebuhr, une chaîne de
montagnes qui s'élève au sud de la route de Mossoul à Merdin, au milieu d'une
plaine fertile, et qui est la seule chaîne un peu importante qui se trouve sur
toute l'étendue de l'ancien territoire de Sinhar.
Contrairement à
cette opinion, le mot est plus précisément «Shinear», terme qui, selon
Alexandre Hislop, signifie «terre régénérée des eaux». Il ne s’agit pas de la
Mésopotamie mais des terres de l’ancienne Égypte qui au début n’était qu’un
vaste marais, et qui furent assèchée par Mitsraïm, fils de Cham, fils de Noé,
lorsqu’il dérouta les eaux du Nil en construisant des digues, d’où son nom qui
signifie «constructeur de digues». Il se développa ainsi en Égypte la doctrine
de la régénération par les eaux sacrée d’un baptême mystique, enseignée
particulièrement par Chush et son fils Nimrod qui construisirent la tour de
Babel, c'est-à-dire la pyramide de Chéop. Dans l’ancienne langue Chaldéenne, le
nom de Chush devint Chaos qui, traduit en Égyptien devint Chéop, le père des
dieux. Ces choses nous indiquent qu’il y a une différence entre Babel et
Babylone, il s’agirait de deux villes ou territoires différents.
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SINIENS,
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Sinim, deux pays ou peuplades dont l'orthographe est
la même en hébreu, sont nommées, l'une Genèse 10:17, où il s'agit d'une race
cananéenne habitant le Liban, probablement le sud-ouest, et où l'on retrouve
encore un bourg Sinnas (Syn), déjà mentionné par Strabon et par saint Jérôme;
— l'autre, Ésaïe 49:12. Il ressort du contexte même
que ce peuple ne saurait être confondu avec la peuplade cananéenne; les Siniens
y sont représentés comme les habitants d'une contrée fort éloignée qui doit
être cherchée à l'orient; les commentateurs, depuis Arias Montanus, sont
presque tous d'accord à reconnaître qu'il est question de la Chine dans ce
passage. Les Chinois portent un nom semblable déjà dans Abulféda, et il n'est
pas étonnant que le nom de ce peuple immobile se retrouve partout et toujours
le même, comme celui des Indous; dans les livres saints des bouddhistes, la
Chine est appelée Dschina; en chinois, dschin signifie homme. L'opinion de
Bochart, ressuscitée des anciens qui faisaient des Siniens les habitants de Sin
(Pelusium), q.v., est généralement abandonnée, de même que celle qui confond
les Siniens avec la peuplade issue de Canaan; cette dernière était au nord,
Péluse au sud, et c'est à l'orient qu'il faut chercher les Siniens de la
prophétie. Le règne de Dieu est venu jusqu'à eux.
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SION,
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dont le nom signifie un lieu sec et haut, ou exposé au
soleil, était la plus élevée des quatre collines sur lesquelles était
construite l'ancienne Jérusalem; Robinson lui donne 2,360 pieds au-dessus de la
mer; d'autres 2,475. Elle était située au sud-sud-ouest de la ville; la vallée
des Tyropéens la séparait de Morija, d'Ophel et d'Acra. Le mont de Sion
s'abaisse rapidement à l'ouest et au sud vers les profondes vallées de Gihon et
de Ben-Hinnom; son sol, comme celui des trois autres collines, est calcaire et
blanchâtre. La montagne, du reste, est rarement citée comme telle; sa position
n'est indiquée nulle part d'une manière positive, et Flavius Josèphe, on ne
sait pourquoi, non seulement ne donne aucun détail précis sur la situation de
la colline, mais semble même éviter de prononcer son nom. L'incertitude qui règne
sur l'identité des noms actuels avec les lieux anciennement désignés par les
mêmes noms, n'a pas épargné la montagne de Sion, et Lightfoot (de même que
Calmet), suivant les traces d'Aben Esra, et s'appuyant sur une fausse
interprétation de Psaumes 48:2; Ézéchiel 40:2, l'a placée au nord de Jérusalem.
Mais sauf cet essai malheureux, l'on est d'accord à reconnaître que la Sion
actuelle est bien la même que l'ancienne.
— Après que Jérusalem eut été conquise par les
Jébusiens, la citadelle de Sion, élevée sur la colline de ce nom, fut fortifiée
davantage encore, et devint le principal boulevard de la terre sainte, 2 Samuel
5:7; 1 Chroniques 11:5. Jérusalem, située au nord-est, fut appelée la fille de
Sion, et ce nom, dans le langage des prophètes désigne souvent la ville sainte
tout entière; on dit aussi la montagne de Sion, 2 Rois 19:31; Psaumes 48:2;
78:68; 133:3; Ésaïe 4:5; 29:8; Abdias 17, Hébreux 12:22;
— la montagne sainte, Psaumes 2:6; Joël 3:47;
— la demeure du Dieu d'Israël, Psaumes 9:11; 74:2; Ésaïe
8:18; 24:23; Jérémie 8:19, etc.; et le nom du mont Morija sur lequel le temple
était construit, disparaît ainsi devant le nom plus solennel de la Sion sainte.
Plusieurs auteurs, Olshausen entre autres, étonnés de ce fait, en sont venus à
conclure contre toute la tradition que les deux noms de Sion et de Morija ne
désignaient qu'une seule et même colline, celle du temple.
— Des caveaux creusés dans les flancs du mont de Sion
renfermaient les sépulcres de David et de plusieurs de ses successeurs, dont il
est écrit qu'ils furent ensevelis dans la cité de David, 1 Rois 2:10; 14:43,
etc. Jean Hyrcan, puis plus tard Hérode le Grand, firent ouvrir ces tombeaux et
en arrachèrent tout ce qu'ils renfermaient de précieux; au dire de Dion
Cassius, une partie du tombeau de Salomon s'écroula, sous Adrien, pendant le
second siège de Jérusalem. Quoi qu'il en soit, ces monuments existaient encore
au temps des apôtres, Actes 2:29, et il est probable que des fouilles faites
dans le mont de Sion les feront découvrir et reconnaître tôt ou tard; une
petite mosquée est aujourd'hui bâtie sur la place où la tradition prétend que
se trouve le tombeau de David.
— Sion, dont la moitié seule est encore comprise dans
les murailles de la Jérusalem moderne, est véritablement désolée; ses tours et
ses forteresses sont détruites, sauf la tour d'Hippicus qui s'élève sur la
place même du fort de David, et en présence de tant de ruines, quand la
montagne reste seule debout, on comprend l'exclamation du psalmiste, 125:1; la
charrue se promène sur ces mêmes terrains où s'agitaient jadis les bannières
des guerriers, et la prophétie s'est accomplie, Michée 3:12.
Sion est aussi le nom d'une ville d'Issachar, Josué
19:19, que l'on trouvait encore au temps d'Eusèbe et de Jérôme sous le nom de
Séon.
— Il résulterait enfin de Deutéronome 4:48; cf.
Psaumes 133:3, que le mont Hermon était quelquefois appelé Sion.
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SIPHRA
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(éclat, beauté), et Puah (la brillante, d'après Simonis;
sifflante, d'après Mackensie), sages-femmes qui, ayant reçu l'ordre de Pharaon
de mettre à mort tous les fils qui naîtraient aux Hébreux, éludèrent cet ordre
et répondirent par un mensonge aux reproches qui leur furent faits par le roi
au sujet de leur désobéissance. Elles craignaient le Dieu d'Israël, et Dieu les
récompensa, non pour leur mensonge, mais pour leur foi; Dieu leur donna des
maisons, Exode 1:15, etc.
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SIPPAÏ,
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— Voir: Saph.
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SIRA,
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2 Samuel 3:26, citerne située près d'Hébron.
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SIRJON,
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— Voir: Hermon.
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SISAK,
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roi d'Égypte, contemporain des dernières années de
Salomon et des premières de Roboam, 1 Rois 11:40; 14:25 (environ 980 avant
J.-C.). Il fournit un asile à Jéroboam compromis, et favorisa plus tard
l'établissement de son protégé, comme roi des dix tribus, en faisant, autant
par calcul que par amitié, une invasion dans le royaume de Juda (vers 970); à
la tête d'une nombreuse armée, il s'empara de plusieurs places fortes, et ne se
retira qu'après avoir contraint le monarque hébreu de capituler et de se
reconnaître son tributaire.
— Sisak est le Sesonchis, ou Sesonchusis de l'histoire
profane, le premier roi de la 22e dynastie égyptienne (les Bubastides), quoique
Eusèbe fasse de Sesonchis le contemporain de Joas, et que d'autres fassent de
Sisak le Psusennes de la 21e dynastie (tanitique), qui régna quarante-un ans,
ou le Psosennus qui régna trente-cinq ans; quelques nouveaux chronologistes ont
même confondu Sisak avec Sésostris.
Dans le palais de Karnak, à Thèbes, se trouve un
immense bas-relief qui représente Sesonchis traînant aux pieds des dieux les
chefs des nations vaincues; le royaume de Juda y est distinctement représenté
par un personnage à barbe longue et pointue: ce bas-relief a trois mille ans.
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SISÉRA,
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chef des troupes du roi cananéen Jabin, Juges 4:2,
etc. Vaincu par Barac, il dut s'enfuir; il implora l'hospitalité de Jahel, se
cacha dans sa tente, et en reçut le coup de mort. Son nom est rappelé dans le
cantique de Débora, Juges 5:20,26, puis par Samuel et par Asaph, 1 Samuel 12:9;
Psaumes 83:9.
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SITHRI,
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fils d'Huziel et cousin d'Aaron, Exode 6:22. Son nom
n'est pas rappelé avec ceux de ses frères lors de la sépulture de Nadab et
d'Abihu, Lévitique 10:4, soit qu'il fût mort, soit pour tout autre motif.
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SITNAH,
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Genèse 26:21. Ce nom, dérivé de satan, discuter,
quereller, fut donné par les bergers d'Isaac à un puits dont les bergers
cananéens leur disputèrent la possession.
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SITTIM.
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1. Campement
des Israélites, connu par de grands péchés et de grandes plaies, Nombres 25:1;
33:49; cf. Michée 6:5. Il était situé dans les plaines de Moab, à l'est de la
mer Morte. Josué envoya de là des espions à Jérico, Josué 2:1. Une journée
suffit à l'armée pour se rendre de Sittim aux bords du Jourdain, 3:1. D'après
Flavius Josèphe, la distance ne serait que de 60 stades. La vallée de Sittim
nommée Joël 4:18, est un nom appellatif qui doit être traduit par vallée des
acacias, c'est-à-dire vallée aride et stérile, parce que l'acacia préfère, en
général, un terrain sec à un terrain humide. C'est en deçà du Jourdain qu'il
faut chercher cette vallée qui, du reste, ne peut être déterminée de plus près;
quelques-uns la placent dans les environs de Jérusalem; peut-être est-ce une
partie de la vallée de Cédron.
2. Il
est souvent parlé dans l'Écriture du bois de sittim (shitta, shittim), employé
pour la construction du tabernacle, de l'arche de l'alliance, de la table des
pains de proposition, etc., Exode 25:5; sq. 26:15; sq. 27:1; 30:1; 35:7,24;
37:1; 38:1; Deutéronome 10:3. Le mot sittim est d'origine égyptienne; mais,
sauf Luther qui le traduit par pin (Fœhrenholz), on est généralement d'accord à
l'entendre de l'acacia. Il y en a plusieurs espèces, sans compter l'acacia de
nos contrées, qui n'a rien à faire avec l'acacia véritable, et qui est connu
sous le nom de faux acacia, ou robinia pseudoacacia. Les espèces principales
sont originaires de l'Égypte et de l'Arabie, et l'on ne peut pas déterminer de
laquelle il est plus spécialement question dans les livres de Moïse,
a. L'acacia
véritable (vera, ou mimosa nilotica de Linnée), est un grand arbre
dicotylédone, à forts et nombreux rameaux, à écorce rougeâtre, dont les épines
sont noires, longues d'un demi-doigt, et unies par paires; les feuilles sont
divisées en folioles qui se terminent en pointes; les fleurs sont jaunâtres,
odorantes, formées en épis; elles donnent une cosse d'un brun-noirâtre. La
gomme qui découle de cet arbre est bien connue sous le nom de gomme arabique.
b. L'acacia
arabica ressemble beaucoup au précédent; il a, comme lui, des épines, une
écorce brunâtre, des feuilles disposées par paires, et une cosse de la grosseur
d'une groseille.
— Le bois de l'acacia est extrêmement dur, et résiste
même à l'action de l'eau; il est en même temps fort léger, et brunit avec le
temps; lorsqu'il est vieux, il est presque aussi noir que de l'ébène; aussi
était-il très estimé des anciens, et l'on s'en servait en particulier pour la
construction des vaisseaux.
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SMYRNE,
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ville de l'Ionie, célèbre surtout comme place de
commerce. Elle était située à 15 lieues nord d'Éphèse, à l'embouchure du Mélès,
sur un golfe de la mer Égée, à laquelle elle avait donné son nom. Fondée,
dit-on, par l'amazone Smyrna, elle était peu de chose dans les commencements;
détruite par les Lydiens, elle resta presque déserte pendant quatre cents ans,
se releva sous Alexandre le Grand, ou, d'après Strabon, sous Antigone (à 20
stades de son ancien emplacement), fut renversée par un tremblement de terre en
178 ou 180, fut restaurée par Marc Aurèle, et atteignit sous les empereurs
romains le plus haut degré de prospérité; ses rues étaient pavées et coupées à
angle droit. Le christianisme y fut annoncé de bonne heure, et une église s'y
fonda, Apocalypse 1:11; 2:8. La Smyrne actuelle est encore la place la plus
commerçante de l'Asie Mineure; elle compte environ 120,000 habitants, dont
9,000 Juifs, 1,000 Européens, 8,000 Arméniens, et 20,000 Grecs.
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SO,
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roi d'Égypte, dont Osée rechercha l'alliance, mais qui
ne sut pas défendre son protégé contre Salmanéser, roi d'Assyrie, 2 Rois 17:4.
On peut même conclure de Ésaïe 20, que Sargon, l'un des princes assyriens,
aurait remporté sur lui de grands avantages. So est ou le Sabacon de l'histoire
profane, de race éthiopienne, chef de la 25e dynastie, ou Sévéchus, son fils,
ou, selon Hitzig, Set ou Séthon, de la 23e dynastie, dite tanitique. La seconde
opinion serait rendue plus vraisemblable par l'orthographe orientale des noms.
________________________________________
SOBAC, ou Sophach,
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2 Samuel 10:16, ou Sophach, 1 Chroniques 19:16, chef
des armées d'Hadadhéser, marcha contre David jusqu'à Hélam, où il fut défait;
il mourut sur le champ de bataille, tué peut-être de la main même de David.
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SOBAL,
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père ou prince de Kiriath-Jéharim, où l'arche fut
longtemps déposée, 1 Chroniques 2:50. On trouve aussi ce nom répété parmi les
descendants d'Ésaü, Genèse 36:20,23,29, etc., et l'histoire des croisades nous
parle d'une Syrie de Sobal, située au sud de la Palestine, dans l'Arabie
Pétrée, et d'une ville forte de ce nom.
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SOBI,
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fils de Nahas, et frère ou neveu du dernier roi des
Hammonites, désapprouva sans doute l'outrage fait aux ambassadeurs de David, et
contribua à soutenir, en lui envoyant des provisions, le monarque hébreu fuyant
devant son fils. Sobi continua de vivre paisiblement à Rabba, où il exerça
peut-être même quelque autorité sur les débris soumis de son peuple, 2 Samuel
17:27.
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SODOME,
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ville de la vallée de Siddim, dans laquelle Lot
s'était établi, attiré par la beauté et la fertilité de ses environs, plus sans
doute que par l'hospitalité et les mœurs de ses habitants, Genèse 13:12; 14:12;
19:1. Elle était gouvernée par ses propres rois, Genèse 14:2,8, etc. Elle
partagea le sort de Gomorrhe et des autres villes de la plaine, Genèse 18, et
19; le feu du ciel embrasa son sol bitumineux, qui se fondit, s'abîma dans les
eaux souterraines qu'il recouvrait, et la mer Morte occupe depuis cette époque
la place d'une vallée qui avait la réputation d'être une espèce de paradis
terrestre.
— Flavius Josèphe, et depuis lui quelques voyageurs,
parlent d'une espèce de fruit auquel ils donnent le nom de pomme de Sodome,
beau à voir, et en apparence bon à manger, mais qui se réduit en cendres quand
on le touche pour l'ouvrir. Il serait difficile de contester d'une manière
absolue l'existence de produits analogues à celui dont on parle, mais c'est à
l'histoire naturelle d'en établir et surtout d'en expliquer la nature et
l'existence.
— Les auteurs sacrés rappellent souvent le nom de
Sodome pour montrer que, de tout temps, le jour du Seigneur vient sur ceux qui
se croient en sûreté dans l'oubli de Dieu et au sein de leurs péchés, Ésaïe
1:9; 13:19; Jérémie 49:18; 50:40; Sophonie 2:9; Ézéchiel 16:46; Deutéronome
29:23; Matthieu 10:15, etc. Au temps de notre Seigneur, et même à une époque
moins ancienne, on doit avoir vu, près des bords de la mer Morte, des ruines de
murs et de palais dans l'emplacement des villes détruites; plusieurs notices
parlent même de Sodome comme d'une ville épiscopale, et c'est un Sévère, évêque
de Sodome, qui souscrivit l'un des premiers au symbole du synode de Nicée.
— Cette contrée doit être un jour renouvelée, Ézéchiel
16:53; 47:8, etc.
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SOIE.
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Cette substance précieuse que l'Orient vendait aux
Grecs et aux Romains au poids de l'or, et qui paraît originaire de la Chine et
du Thibet, où du moins on commença de la travailler, n'est nommée d'une manière
positive et incontestée que Apocalypse 18:12. On n'oserait affirmer qu'elle
soit nommée dans l'Ancien Testament, quoique Luther, Calmet et d'autres
auteurs, aient cru la trouver dans certains passages, tels que Exode 25:4;
Esther 1:6; 8:15; Ésaïe 19:9; Lamentations 4:5; Ézéchiel 16:10,13; 27:16. Il serait
possible cependant qu'elle fût désignée par le meshi de Ézéchiel 16:10,13.
(Gesenius, Hævernick). Au temps des Ptolémée, la soie était l'un des articles
les plus importants du commerce alexandrin, et les Israélites peuvent l'avoir
reçue d'eux, soit directement, soit par l'intermédiaire des Phéniciens.
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SOLEIL,
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— Voir: Création.
Ce grand luminaire, dont la lumière et la chaleur
répandent sur le monde entier tant de bienfaits, est l'une des créations qui
ont été l'une des premières, et bien naturellement, substituées au créateur
dans le culte impur d'une humanité remplie de ténèbres, Hérodote 1, 212. 216,
etc. Ce culte du soleil, familier aux Sabéens, aux Égyptiens, aux Perses, aux
Grecs et aux Romains, qui l'adoraient sous les noms d'Apollon, Osiris, On,
Mithra, etc., ne fut pas étranger aux Cananéens, quoique l'identification de
Bahal et du soleil, affirmée par quelques auteurs, ne puisse pas être prouvée;
mais les fêtes d'Adonis, et les célèbres temples du soleil élevés à Héliopolis,
Émèse, Palmyre, Hiérapolis, sont des preuves du culte que les Syriens, les
Phéniciens, et sans doute aussi d'autres peuplades cananéennes, rendaient à cet
agent vivificateur de la nature. Les tribus égarées loin du vrai Dieu
glissèrent au bord du précipice, et diverses traces nous montrent qu'au milieu
de leurs autres idolâtries, elles surent donner une place au culte du soleil.
Nous voyons en effet, 2 Rois 23:11, le char d'Apollon et les quatre chevaux
blancs que les Perses attelaient au blanc chariot du soleil; ce furent des rois
de Juda qui se rendirent coupables de ce crime. Ailleurs, Jérémie 19:13;
Sophonie 1:5; cf. 2 Rois 23:5, c'est une allusion à la coutume d'offrir à
l'armée des cieux, aux astres, des parfums du haut des toits, coutume empruntée
aux Nabathéens. Les paroles d'Ézéchiel 8:17: «Ils mettent une écharde à leurs
nez», ont aussi été, par quelques commentateurs, rapportées au culte du soleil.
Winer, par exemple, en modifiant la traduction et en lisant: «Ils tiennent des
épines devant eux», voit dans ce passage une allusion à la coutume des Perses
de saluer le soleil en tenant à la main un barsom, un faisceau de branches de
palmiers ou de grenadiers; mais cette explication est forcée, et il vaut mieux
entendre la phrase, soit proverbialement avec Lightfoot, dans le sens de: ils
jettent de l'huile sur le feu, soit avec Hævernick comme une allusion à la
coutume païenne de se déchirer le visage dans le deuil,
— Voir: encore Deutéronome 4:49; 17:3; Job 31:26; sq.
Ézéchiel 8:16;
enfin Lévitique 26:30, et Ésaïe 17:8, où le mot
hammanim, traduit par tabernacles, signifie probablement statues du soleil; le
dieu du soleil est appelé Bahal Hamman sur des inscriptions phéniciennes.
Il importe de
mentionner aussi l’existence de l’ancien culte du Soleil qui fut adoré par
différents peuples à travers l’histoire. L’ancien culte du Soleil avait deux
facades dont une existe encore de nos jours. Son apparence externe étant plus
évidente fut réservée au commun du peuple pour mieux les contrôler avec des
symboles, des rituels, des cérémonies, et des superstitions. Tandis que la
forme interne, nommée aussi «Culte de l’Intelligence» était réservé aux élites de
la société qui profitaient de leurs connaissances et de leurs puissances pour
manipuler les peuples. Anciennement ils étaient reconnus comme des dieux, de
nos jours ils sont reconnus comme des politiciens au niveau de l’administration
d’une nation, et comme des pasteurs au niveau de l’administration d’une
religion.
— Le soleil sert, dans les écrivains sacrés. à la
plupart des plus nobles similitudes, Ésaïe 13:10; 24:23; Jérémie 15:9; Ézéchiel
32:7; Joël 2:31; Amos 8:9. Trois miracles extraordinaires dont cet astre fut
l'objet, sont rapportés dans l'histoire sainte: le soleil s'arrête à la voix de
Josué, son ombre recule sur le cadran d'Achaz, il perd sa lumière à la mort du
Sauveur, Josué 10:12; 2 Rois 20:11; Matthieu 27:45; on verra, aux articles
spéciaux, les essais d'explication qui en ont été donnés. Jésus est appelé le
soleil de justice, Malachie 4:2. (Un beau sermon de M. Laget sur ce texte
mérite d'échapper à l'oubli). Le soleil est considéré comme l'emblème de
l'éternité, Psaumes 72:5; 89:36; cf. Ésaïe 30:26. La femme revêtue du soleil,
Apocalypse 12:1, c'est l'Église personnifiée.
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SOLHAM,
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Lévitique 11:22,
— Voir: Sauterelles.
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SONGES.
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Indépendamment de ces rêveries sans valeur, qui
peuvent provenir d'un état maladif, ou d'un accident quelconque, et qui sont le
symbole du néant, Job 20:8; Ésaïe 29:7; Ecclésiaste 5:3; Psaumes 73:20, les
Hébreux, comme tous les peuples de l'antiquité, et comme les Orientaux en
particulier, comptaient des songes significatifs et prophétiques. Ces songes,
songes du matin surtout, ne seraient autre chose que le développement d'une
faculté que personne ne pense à méconnaître entièrement, celle du pressentiment;
elle se développerait d'une manière plus active, lorsque le corps ayant cessé
ses fonctions laisse le système nerveux, et l'âme, plus libres d'agir.
L'Écriture, Job 33:15, et l'observation se réunissent pour lever un coin du
voile qui recouvre les mystères du sommeil, et les explications les plus
naturelles n'empêcheront pas que les songes ne soient dans certaines
circonstances ce qu'ils ont déjà été, des instructions et des avertissements.
Les païens, vivant sans Dieu, mais ne pouvant se passer de directions
supérieures, avaient multiplié les signes et symboles de, l'avenir; tout
servait à des divinations; les songes ne furent pas négligés, et les auteurs
profanes sont remplis d'allusions à ces légères divinités que les dieux
envoyaient aux hommes pour les sauver ou pour les perdre, cf. Cic. Divin. 1,
43, etc.; des hommes spéciaux étaient chargés d'expliquer les songes dans les
cas difficiles, et nous voyons cet usage régner déjà chez les Égyptiens, Genèse
40:5,8. 41:8,15. Joseph seul comprend des avertissements envoyés de Dieu, et
que les habiles du pays se sont déclarés incapables d'expliquer. Les rois
cananéens, les patriarches, les juges, offrent aussi de fréquents exemples de
ce mode de révélation, Genèse 20:3; 31:10,24; 37:5; Juges 7:13; 1 Samuel 28:6;
1 Rois 3:5; cf. Matthieu 27:19. Chez les prophètes, les songes étaient souvent
accompagnés de visions, Nombres 12:6; Joël 2:28, et pendant la période de la
captivité babylonienne, ce fut surtout par des songes que Dieu découvrit
l'avenir, soit à ses prophètes, soit aux rois païens victimes de leur vain
orgueil, Daniel 2:2,4-5; 5:12; 7:1, etc. C'était tantôt une manifestation
claire et parlée de la volonté divine, Genèse 20:3; 1 Samuel 28:15; Matthieu
1:20; 2:12,19, tantôt une image symbolique dont il fallait rechercher la
signification, Genèse 37:7; Juges 7:13. Dans ce dernier cas, l'on s'adressait à
ceux qui faisaient profession d'expliquer les songes, et qui étaient en général
des personnages très recherchés et très considérés, Genèse 41, Daniel 1. Les
mages de la Caldée s'étaient en particulier acquis dans ce genre d'exercice une
grande réputation, comme les esséens parmi les Juifs. Mais s'il est vrai qu'il
y ait, ou qu'il puisse y avoir dans les songes des indices des choses futures,
le chrétien ne saurait leur accorder qu'une faible et prudente attention; plus
que le Juif, il est à même de consulter le grand prophète suscité de Dieu,
Deutéronome 18:15-18. La loi et le témoignage doivent lui suffire, et il n'est
aucun de nos intérêts, comme aucun de nos devoirs, que la sagesse éternelle
n'ait parfaitement prévu, cf. Lévitique 19:26; Deutéronome 18:10. Les faux
prophètes avaient aussi leurs songes, et ils en abusaient pour séduire le
peuple, Jérémie 23:25,27; le succès même et la réussite de leur divination
étaient un piège de plus tendu aux simples, et la peine de mort était prononcée
contre ceux qui, s'appuyant sur l'accomplissement de leurs prédictions,
cherchaient à semer l'idolâtrie en Israël, Deutéronome 13:1-3. Satan fait aussi
des miracles.
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SONNETTES des chevaux.
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On a parlé, à l'article Prêtre, des sonnettes d'or
(72, disent les Juifs) que les prêtres portaient à la frange inférieure de leur
rochet, Exode 28:33; 39:25. Il résulte aussi de Zacharie 14:20, que les
chevaux, comme dans l'Orient moderne, étaient souvent ornés de petites
clochettes. Ce sont les seuls cas où l'Ancien Testament en fasse mention.
Quand il est dit, Zacharie 14, «En ce temps-là, il
sera écrit sur les sonnettes des chevaux: Sainteté à l'Éternel», cela signifie
que, dans le monde à venir, toutes choses, jusqu'aux plus modestes, seront
consacrées à Dieu. (Guers)
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SOPATER,
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Actes 20:4, probablement le même que Sosipater,
Romains 16:21, était parent de saint Paul, natif de Bérée, et, selon la
tradition, fils d'un nommé Pyrrhus. Il suivit l'apôtre de Grèce en Asie
Mineure.
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SOPHACH,
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— Voir: Sobac.
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SOPHONIE
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(Tsephanyah; celui que l'Éternel a caché, ou, celui à
qui l'Éternel a révélé les choses cachées, ou encore, guérite de l'Éternel).
1. Le
neuvième des petits prophètes, fils de Cusi, appartenait à une grande famille,
et remontait par quatre générations au roi Ézéchias: il prophétisa sous Josias,
après Habacuc, et avant la destruction de Ninive, 2:13-15, deux dates bien
vagues qu'indique le livre lui-même, probablement avant la dix-huitième année
de Josias, et l'achèvement des réformes opérées par ce prince, cf. 1:4; 3:4; 2
Rois 23:4-5. Il a concentré dans la courte prophétie qui nous reste de lui, le
résumé des prophéties qu'il dut prononcer pendant l'époque de son ministère
publie, la censure des vices de son temps, des avertissements aux pécheurs
endurcis qui marchent sans crainte à la rencontre d'une vie qu'ils ignorent,
des avertissements à ceux dont la conscience n'est pas encore endurcie aux
appels de Dieu, l'assurance donnée aux justes qu'ils seront épargnés au jour de
la vengeance, et l'espérance glorieuse réservée à la fille de Sion. La promesse
succède à la menace, la grâce vient après la justice, ou pour mieux dire, là,
comme partout, en petit comme en grand, l'Évangile succède à la loi. Il n'est
pas nécessaire d'admettre pour cela, comme le font la plupart des modernes, que
le livre se divise en deux oracles distincts; car d'abord, la limite qui sépare
les deux oracles, n'est pas bien déterminée, puisque ceux qui l'admettent,
diffèrent sur l'endroit où commence le second, puis il est très naturel que
dans le même oracle, le prophète, après avoir censuré les pécheurs, console les
justes, et encourage ceux qui s'amendent.
— Il y a peu de commentaires spéciaux sur ce livre;
l'un des meilleurs parmi les modernes, est l'ouvrage latin de Strauss (F.
Α.), Berlin 1843.
2. Sophonie,
Zacharie 6:10,14, père de Josias, inconnu.
3. Sophonie,
fils de Mahaséja, sagan ou second sacrificateur (vicaire, Jérémie 52:24, c'est
le seul passage de l'Écriture, où cette charge soit mentionnée; le sagan
suppléait le souverain sacrificateur dans les cas où celui-ci était empêché de
fonctionner.) Sophonie, vicaire de Séraja, paraît avoir été au nombre des
ennemis cachés de Jérémie; ayant reçu de Sémahja de Babylone une lettre où
Jérémie lui était dénoncé comme faux prophète, il en fit publiquement la
lecture en présence du prophète, qui n'hésita pas à répondre immédiatement par
une lettre dans le sens de ses précédents oracles, Jérémie 29:25. II avait été
deux fois chargé par Sédécias d'aller demander les conseils de Jérémie, 21:1;
37:3, mais on n'a aucun détail sur la manière dont il remplit son message. Il
fut mis à mort à Ribla par ordre de Nébucadnetsar, 2 Rois 25:18; Jérémie 52:24.
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SOREK,
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vallée située entre Askélon et Gaza, et traversée par
un torrent du même nom, le plus grand de toute la côte jusqu'au Carmel, le
Bésor excepté; les auteurs ne sont cependant pas d'accord sur le torrent
désigné parce nom; les uns disent qu'il se jette dans la mer près d'Askélon,
les autres entre Asdod et Hékron. Délila, maîtresse de Samson, était native
d'un petit bourg situé près de là, Juges 16:4, et Eusèbe dit que de son temps
on voyait au nord d'Éleuthéropolis un village nommé Kaphar Sorek (village de
Sorek) où la tradition portait que Samson avait vécu habituellement. Il n'y a
nul doute que ce bassin auquel appartenaient la vallée des Térébinthes et celle
d'Escol ou des Raisins, n'ait reçu son nom des belles vignes qui croissaient
sur son terroir; c'était une petite espèce de raisins fort doux, et dont la
graine est si molle qu'on a dit quelquefois qu'ils n'avaient pas de pépins; ce
plant originaire de Syrie, où il porte encore le nom de serki, serait nommé
Ésaïe 5:2; Jérémie 2:21; Genèse 49:11.
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SORT.
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L'usage du sort est fort ancien chez les peuples
orientaux, comme chez tous les peuples primitifs dont l'intelligence n'a pas
encore été développée par la connaissance. Non seulement il plaît à
l'imagination en lui fournissant une préoccupation vive et facile, mais encore
il ne fatigue pas le jugement, il le laisse reposer, et décharge de toute
responsabilité celui qui s'abandonne en aveugle à l'aveugle destin, ou le
fidèle qui dévotement pense avoir le droit de s'en remettre à Dieu seul pour
les décisions importantes de sa vie. L'Ancien Testament nous fournit plusieurs
exemples de païens consultant le sort; Haman le consulte, Esther 3:7, pour
fixer le jour où les Juifs devront être exterminés; les nautonniers
l'interrogent, Jonas 1:7, pour connaître quel est au milieu d'eux le coupable
que poursuit sur la mer la vengeance céleste; Nébucadnetsar le jette sur deux
flèches pour savoir le chemin qu'il doit prendre, Ézéchiel 21:26, etc. Les
Hébreux aussi le consultent, d'après l'ordre de Dieu, pour le partage de Canaan
conquis, Nombres 26:55; 33:54; 34:13; 36:2; Josué 14:2; 18:6; 19:51. C'est le
sort qui assigne à chaque famille son héritage, et aux Lévites les villes de
leur possession; de même au retour de l'exil, Néhémie 11:1. Le sort décide, au
temps de David, de l'ordre dans lequel les vingt-quatre classes de prêtres
doivent servir dans le temple, 1 Chroniques 6:54,61; cf. Néhémie 10:34; Luc
1:9. Il désigne ceux des hommes du pays, dix sur cent, qui doivent prendre part
à l'expédition contre les Benjamites, Juges 20:10. Il préside au partage du
butin, 1 Chroniques 24, et 25, et les vêtements de notre Sauveur sont jetés au
sort, Matthieu 27:35; Jean 19:24; cf. Psaumes 22:18. Dans les enquêtes
criminelles, et en l'absence de témoins suffisants, on procède de la même
manière: Hacan, Jonathan, Jonas sont découverts, Josué 7:14; 1 Samuel 14:42;
Jonas 1:7. Saül enfin est nommé roi, et Matthias apôtre par le sort, 1 Samuel
10:20; Actes 1:26.
— La législation mosaïque ne fournit qu'un seul
exemple où l'emploi du sort soit commandé, c'est celui de la mise en liberté
d'un des boucs offerts pour le peuple en expiation de ses péchés, Lévitique
16:8-10, et les passages Proverbes 16:33; 18:18, sont les seuls où la sagesse
divine semble accorder une espèce d'approbation à cette manière hasardée de
trancher les questions difficiles, Dieu lui-même décidant toujours des
événements, quels que soient les moyens qu'on emploie. La Bible ne donne pas de
détails sur la manière dont le sort était jeté; on suppose que c'était de dés
(une fois de flèches) qu'on se servait habituellement; quelques-uns pensent
aussi, mais à tort, que l'Urim et le Thummim était une espèce de sort.
— Quant à la fête des sorts,
— Voir: Purim.
Les chrétiens ne sont pas d'accord sur la légitimité
actuelle de l'emploi du sort; quelques-uns, les frères Moraves surtout (— Voir:
Bost, Hist. des Moraves, II, p. 74, et ailleurs) l'emploient sans scrupule, et
peut-être trop souvent, là même où les directions ordinaires de l'Évangile
devraient suffire; d'autres regardent comme un péché d'y avoir recours: c'est
un point sur lequel nous croyons que la conscience chrétienne doit rester
libre, Le sort n'est pas défendu, et nous voyons le collège apostolique nous
donner le premier l'exemple non seulement de la tolérance, mais de l'usage
même. Il peut se présenter des cas décidément douteux, et dans ces cas s'en
remettre au sort avec un esprit de prière, c'est s'en remettre au Seigneur.
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SOSANNIM,
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— Voir: Musique.
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SOSIPATER,
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— Voir: Sopater.
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SOSTHÈNES.
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Successeur de Crispus comme chef de la synagogue de
Corinthe, à l'époque de Gallion et du second voyage missionnaire de Paul, Actes
18:17. Compromis dans l'émeute provoquée par son troupeau contre les chrétiens,
et le tribunal ayant décliné sa compétence en matière de controverses
religieuses, il fut battu par les Grecs, qui voulaient peut-être faire leur
cour au président du tribunal, en protestant de cette manière contre l'appel au
bras séculier que les Juifs avaient inutilement tenté. D'autres leçons, moins
probables, portent que ce furent les Juifs qui battirent leur chef, soupçonné
d'être favorable à l'apôtre. Il paraît en effet, qu'à l'exemple de son
prédécesseur, il se joignit plus tard aux disciples, 1 Corinthiens 1:1.
(Michaélis, Winer, etc., pensent qu'il ne s'agit pas de la même personne dans
ce dernier passage). Eusèbe le range au nombre des soixante-dix disciples, et
le fait devenir évoque de Colophon.
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SOULIERS.
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Les Grecs, les Romains et les Orientaux de tous les
temps, portaient, au lieu de souliers, des sandales, ou simples semelles de
cuir ou de bois, rattachées sur le coude-pied par des courroies, Genèse 14:23;
Ésaïe 5:27; cf. Luc 3:16, et plusieurs bas-reliefs ou sculptures de Persépolis
nous ont conservé l'image de cette ancienne chaussure aussi simple que conforme
aux besoins des climats méridionaux. Les sandales des femmes étaient en général
ornées avec beaucoup de luxe, Judith 16:11; Ézéchiel 16:10; cf. Cantique 7:1.
Virgile Æneid. 1, 335, etc.; elles étaient teintes en pourpre ou de plusieurs
couleurs, soit que cet ornement ne fût donné qu'aux courroies, soit qu'elles
eussent déjà un léger rebord qui en aurait fait des espèces de pantoufles et
aurait servi d'acheminement aux souliers proprement dits, que les riches et les
nobles d'entre les Perses ne tardèrent pas à substituer aux simples semelles du
soulier primitif. Les derniers des esclaves avaient à s'occuper de la chaussure
de leurs maîtres, pour la lier, la détacher ou la porter, Matthieu 3:11; Marc
1:7; Jean 1:27; Actes 13:25. On ne portait pas de souliers dans les
appartements; aussi, lorsqu'on rendait une visite, avait-on soin de se
déchausser avant d'entrer. Ce n'était qu'au festin pascal, par exception, que
les Israélites gardaient leur chaussure, afin de mieux figurer les préparatifs
du voyage que ce repas leur rappelait, Exode 12:11, car en voyage, tous ceux
qui en avaient les moyens marchaient chaussés, Actes 12:8. C'est les pieds nus
que de bonne heure on aborda les lieux consacrés à la divinité, Exode 3:5;
Actes 7:33; Josué 5:15, et la tradition juive porte que c'est aussi nu-pieds
que les prêtres remplissaient leurs saintes fondions, soit qu'il s'y mêlât une
idée de macération, soit que ce fût par une idée de pureté, soit enfin qu'il
n'y eût là qu'une marque conventionnelle de respect, comme dans la mode
européenne de se découvrir la tête; Dans un grand deuil, on marchait aussi
déchaussé, 2 Samuel 15:30; Ézéchiel 24:17,23; Ésaïe 20:2. La coutume juridique,
d'ôter le soulier de celui qui refusait d'épouser sa proche parente, veuve sans
enfants, Deutéronome 25:9,10; Ruth 4:7, s'explique peut-être par l'idée assez
naturelle, que toucher la terre de son soulier, c'est en prendre possession,
que ce que l'on lient sous son pied, sous sa pantoufle, on le possède; le refus
de posséder se constaterait alors par le dépouillement de la chaussure; on a
rattaché à cet usage les passages Psaumes 60:8; 108:9, et l'on se rappelle que
les rois d'Orient jetaient leur soulier sur un objet comme signe de leur
souveraineté; quoique ces passages soient obscurs, et que d'autres explications
aient encore été essayées, c'est cependant autour de cette idée que leur vraie
signification doit être cherchée.
— Quant aux mesures de propreté nécessitées par
l'usage d'une chaussure qui laissait une partie du pied exposée à la poussière,
— Voir: Purification.
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SOURCES,
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— Voir: Ruisseaux, Puits, Fontaines.
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SOURIS.
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La famille entière des souris, les rats y compris,
était déclarée impure dans la loi de Moïse, Lévitique 11:29. Quelques-unes des
espèces ont cependant été regardées comme un mets délicat par les Arabes, et
par les Romains mêmes, qui élevaient des loirs pour leurs tables. Le nom hébreu
hak'bar (mange-champ, ou mange-blé), désignerait plus spécialement le rat des
champs, si tristement célèbre dans les campagnes; c'est l'espèce mentionnée 1
Samuel 6:4; sq., parmi les tributs que les Israélites imposèrent aux
Philistins, et Ésaïe 66:17, parmi les objets d'un culte impur. On ne voit nulle
part que les souris aient été réellement adorées, ni même offertes en
sacrifices, mais comme c'est un animal qui demeure sous terre et dans l'obscurité,
il n'y a rien d'étrange à ce que son nom soit mêlé aux cérémonies de magie
nocturne censurées par le prophète. Quant à Ésaïe 2:20,
— Voir: Taupes.
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SPARTE.
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Cette célèbre capitale de la Laconie, au sud-est du
Péloponèse, cette capitale de la république lacédémonienne, cette ville si
irrégulièrement bâtie sur plusieurs collines, qui n'eut jamais d'autres
remparts que sa situation et le courage de ses habitants, et dont il ne reste
plus maintenant que des ruines, n'est nommée nulle part dans l'Écriture sainte.
Elle ne trouve de place ici que parce que quelques auteurs ont voulu
l'identifier avec Sépharad, Abdias 20, et parce que une tradition juive fait
descendre les Spartiates d'Abraham, 1 Maccabées 12:21. Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques 13, 5; 8; 12, 14; 9. Grotius et Calmet, sont parmi les
modernes, les plus fortes autorités qui aient pris cette parenté sous leur
patronage; Bochart, Huet et Michaélis, se donnent en revanche beaucoup de peine
pour expliquer comment un malentendu a pu donner lieu à cette tradition. Quant
au fond de la question, nous n'avons pas à l'examiner.
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STACHYS,
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disciple de Rome, ami de Paul, Romains 16:9,
probablement Grec d'origine; du reste, inconnu. La tradition le fait évêque de
Constantinople.
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STACTE,
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gomme odoriférante qui découle naturellement de
l'arbre de myrrhe, et à laquelle aucune autre ne saurait être préférée, Pline
12, 75. On a cru, d'après les Septante, qu'elle était désignée par l'hébreu
nataph, Exode 30:34, et nos versions ont suivi cette traduction. Mais la myrrhe
a déjà un autre nom hébreu, et d'ailleurs il ne paraît pas qu'elle fût employée
sèche et froide, tandis que c'est après avoir été pilée que la substance
mentionnée dans l'Exode, entrait dans la composition du parfum du sanctuaire.
On croit plutôt que le nataph désignait la plus fine gomme du storax, et que
l'arbre lui-même est désigné Genèse 30:37. Osée 4:13, sous le nom de libneh (le
blanc), que nos versions ont rendu par peuplier, q.v. Le storax croît en Syrie,
en Arabie, dans l'Asie Mineure, en Éthiopie, et même dans les contrées
méridionales de l'Europe; il atteint une hauteur de 4 à 7 mètres et ressemble
sous quelques rapports au cognassier; il jette une quantité de petites
branches; ses feuilles, ovées et pétiolées, ont 6 à 8 centimètres de long, sur
4 à 5 de large; ses fleurs sont d'un blanc de neige et terminent en bouquet
l'extrémité des branches; elles répandent une odeur fort agréable; le fruit est
une espèce de petite noix qui contient deux graines, dures, lisses et d'un goût
très acre. Une résine transparente, blanchâtre ou d'un rouge brun, tendre, plus
agréable à l'odorat qu'au goût, découle de cet arbre, soit naturellement, soit
par le moyen d'incisions qui, en rendant le produit plus abondant, nuisent
cependant au développement et à la vie de l'arbre.
— On a cri aussi que l'hébreu nekoth, traduit par
drogues, Genèse 37:25; 43:11, désignait le stacte ou le storax; les Septante
l'ont rendu par aromates en général; le sens n'en est pas exactement déterminé;
l'analogie de l'arabe fait supposer qu'il s'agit d'une espèce d'astragale, le
tragacanthe, qui produit une gomme blanche et dure, sans goût ni odeur, que
l'on trouve sous ce nom dans nos pharmacies.
— C'est aussi par stacte que Luther a traduit à tort
l'hébreu shehheleth.
— Voir: Onyx.
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STADE.
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1. Mesure
de chemin, grecque d'origine, et qui depuis Alexandre le Grand, fut
généralement admise en Orient; elle est souvent employée dans les Apocryphes,
régulièrement dans Flavius Josèphe, et quelquefois dans le Nouveau Testament,
Luc 24:13; Jean 6:19; 11:18; Apocalypse 14:20; 21:16. Le stade olympique
comptait 600 pieds grecs, ou 125 pas romains (625 pieds), environ 220 mètres; 8
stades faisaient un mille, soit la 4e partie d'une lieue géographique, ou la
60e partie d'un degré.
2. Le
mot lice, 1 Corinthiens 9:24; cf. Hébreux 12:1, devrait proprement se traduire
par stade. On appelait ainsi le lieu où se faisaient les exercices publics de
la course, parce que la longueur était précisément d'un stade. Celui qui
arrivait le premier, recevait du juge des jeux le prix de la course, une
couronne, 1 Corinthiens 9:25; de verdure. Chaque ville un peu considérable de
la Grèce, et des colonies grecques de l'Asie, avait un Heu destiné à ces
exercices, indépendant ou agrégé au gymnase. Le Nouveau Testament renferme
plusieurs allusions aux jeux publics, et à celui-là en particulier.
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STATÈRE,
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Matthieu 17:27, pièce de monnaie de la valeur d'un
sicle, q.v.
— v, aussi Monnaie.
— Le statère d'or valait près de 20 fr. (19 fr. 82
c.); le statère d'argent, Matthieu 17:24, valait 1 fr. 66 c.
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STÉPHANAS,
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disciple de Corinthe, dont Paul avait baptisé la
famille, la première de l'Achaïe qui se fût convertie au christianisme, 1
Corinthiens 1:16; 16:15. Cette famille se distingua par sa piété et son
hospitalité, et Paul en recommande l'exemple aux fidèles de Corinthe;
quelques-uns de ses membres remplissaient, à ce qu'on suppose, des charges
importantes dans l'Église. On croit que Stéphanas était mort lorsque saint Paul
écrivait aux Corinthiens.
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STOÏCIENS.
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Cette secte que l'Évangile rencontra de bonne heure
sur son chemin, et contre laquelle Paul fut appelé à lutter à Athènes, Actes
17:18; cf. versets 22-31, représentait la propre justice, et correspondait ainsi
aux pharisiens d'entre les Juifs, comme les épicuriens (ibid.) répondaient aux
sadducéens par le sensualisme et le matérialisme de leurs doctrines. La
philosophie avait alors rempli le cercle de la pensée humaine livrée à
elle-même, et tout ce qu'elle a enseigné depuis ne sont que les mêmes idées
sous d'autres formules avec des lambeaux de vérité arrachés au christianisme
(Gerlach); elle oscille sans cesse, et ne connaît que deux pôles extrêmes. La
vérité ne peut être saisie que par l'esprit de vérité.
Zénon fut le fondateur de cette secte. Né en Chypre
vers 340 ans avant J.-C. (la même année qu'Épicure, d'autres disent en 362), il
se retira du commerce après y avoir éprouvé des pertes considérables. À
Athènes, il se mit en relation avec le cynique Cratès, le mégarique Stilpon, et
d'autres philosophes, et ne tarda pas à se vouer lui-même à la philosophie. Il
s'établit dans un local nommé
Στόα
ποικιλή c'est de là que son école fut nommée le Portique, et
ses partisans stoïciens. Il réunit autour de lui un grand nombre de disciples,
et captiva même le roi de Macédoine, Antigone Gonatas, qui l'honora toujours
d'une estime particulière. Son but était de rendre à l'homme Sa vigueur
première qui tendait à s'énerver par le luxe et la mollesse. Il parvint à un âge
très avancé, et ayant fait une chute, il pensa que la terre le rappelait, et il
donna l'exemple du suicide. Il était matérialiste. La nature, qui dicte à
l'homme ses devoirs, était pour lui un enchaînement de lois immuables qui
régissent l'homme invariablement; le fatalisme en devait découler, et, comme
Zénon maintenait le fait de la volonté individuelle, il ne pouvait se tirer de
cette contradiction entre ses dogmes que par un sophisme. Sa logique était trop
subtile; Sénèque, qui était lui-même stoïcien, blâmait leur genre de
dialectique, et l'a parodiée dans le raisonnement bien connu: Mus est animal,
sed mus etiam syllaba, igitur animal est syllaba. La théologie de Zénon était
le panthéisme, sans que peut-être il s'en rendît bien compte à lui-même. En morale,
et c'était la partie principale de sa philosophie, Zénon voulait que la vertu
(sequi naturam) fût le seul mobile de la conduite de l'homme. Il n'admet
d'autre bien que la vertu, d'autre mal que le vice, et trace du vrai sage un
tableau idéal qui le place bien au-dessus de l'humanité; il condamne toutes les
passions comme autant de faiblesses et de maladies de l'âme, et donne ainsi à
sa morale quelque chose de paradoxal et de farouche.
M. Vinet, dans ses Essais de Philosophie, p. 30 et
suivant, tout en reconnaissant qu'on peut «s'humilier devant le stoïcisme, et
l'admirer, mais avec effroi, avec compassion», le juge et le condamne en ces
termes: Le stoïcisme, c'est l'homme qui, pour avoir un Dieu, se fait dieu
lui-même. Le stoïcien, à la vérité, parle quelquefois des dieux, mais dans un
sens sur lequel il ne faut pas se tromper. Ils sont un autre nom de son idéal,
non la règle ni la raison première de sa volonté. Le stoïcien a conçu la vertu
sous la notion de la force, non sous celle de l'obéissance. Elle ne se présente
pas à lui sous l'aspect du devoir, mais sous celui de la dignité, soit
personnelle, soit collective. Sans doute que dans le lointain, le sentiment
obscur du devoir se décèle comme la source de cette notion de la vertu; mais le
stoïcien se cache à lui-même cette origine; et si, dans cette religion de
l'orgueil, le mot devoir se prononce encore, c'est d'un devoir envers soi-même
qu'il est question, et le respect envers soi-même est le motif et la substance
de tout bien. Il y a dans cette religion les apparences d'une hostilité
permanente, d'une guerre à mort contre la volonté, mais seulement les
apparences; car s'obéir à soi-même ce n'est pas obéir, et des devoirs dont on
est le premier et le dernier terme, ne sont pas des devoirs. Encore ici, la
volonté propre est déifiée; on l'exalte, à la vérité, on l'élève en quelque
manière au-dessus d'elle-même, afin de pouvoir plus convenablement l'adorer; on
la rend presque inaccessible, afin de pouvoir se figurer, dans la volonté,
quelque chose d'autre et de plus grand que la volonté; mais tous ces artifices
involontaires sont inutiles; et voici ce qui arrive: ou l'on rabaisse enfin
jusqu'à soi la règle afin de pouvoir y atteindre; ou bien on la maintient à sa
première hauteur, et l'orgueil, sévèrement averti de son impuissance, devient
du désespoir. On s'avoue que Dieu n'aurait pas mis la règle si haut qu'on l'a
mise; que Dieu qui a fait la nature, n'aurait pas tué la nature: il n'en avait
pas besoin; le sacrifice implicite de la volonté est tout ce qu'il aurait
demandé; dès lors plus de tension, plus d'efforts démesurés; une disposition
tranquille et sereine, fondée sur la confiance en Dieu et sur la promesse de
son secours; et, dans les grandes occasions, la certitude que la force viendra,
l'humble appel au donateur de cette force, l'amour, dont le ressort n'a point
de limites connues, l'amour qui transforme toutes choses, jusqu'à se faire de
la souffrance un aliment exquis, l'amour enfin, qui veut un objet hors de
l'âme, et qui, par conséquent, est étranger au principe d'action du stoïcien,
dont la vertu n'est qu'un mouvement de rotation sur son axe. Quelle que soit la
valeur rationnelle et morale du stoïcisme, il a ses hommes, et, dans chacun
d'eux, son domaine et son temps, Il est moins un système et une foi que le
tempérament de quelques âmes fortes; et dans ces âmes, il ne s'applique pas à
tout, comme fait l'amour; il ne cultive qu'une portion du champ de l'âme; il
est ordinairement obligé de se faire dur pour être fort; et surtout, viennent
des moments inattendus, il apprend enfin à se mesurer; après avoir brisé des
rochers, il se brise contre un grain de sable; il n'avait pas recouvert
uniformément et également l'âme entière; sa cuirasse d'airain, son æs triplex,
fait toujours défaut quelque part; il se donne de terribles démentis; il ne
plie pas peut-être, mais il rompt; il ne se courbe jamais, mais il tombe, et
ses chutes sont d'autant plus éclatantes qu'il tombe de plus haut; car le
stoïcisme est la forme la plus spirituelle de l'orgueil: et l'orgueil, dit
l'éternelle sagesse, marche devant l'écrasement.»
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STORAX,
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— Voir: Stacte.
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STRYMON.
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La plupart des commentateurs voient dans le Strymon
qui coule à 14 lieues de Philippes, le fleuve désigné Actes 16:13, mais il est
évident que c'est l'aller chercher beaucoup trop loin. Rilliet pense, avec
beaucoup plus de vraisemblance, qu'il s'agit dans ce passage, d'un courant
d'eau formé par la réunion des sources qui s'échappaient du pied de la colline
sur laquelle Philippes était bâtie, ou de la rivière Gangitès, qui n'était qu'à
18 stades (3 kilomètres) de la ville; Comment., p. 12.
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SUAH,
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fils d'Abraham par Kéturah, Genèse 25:2. Bildad était
originaire du lieu peuplé par les descendants de Suah, Job 2:11; 8:1; 25:1,
c'est-à-dire de la Saccaïa à l'est de la Batanée, ou plutôt (Raumer) de Szychan
dans les monts de Séhir, au sud de Dhana;
— Voir: Huz.
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SUCCOTH
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(tentes, cabanes).
1. Premier
campement des Israélites dans le désert, Nombres 33:5; Exode 12:37. C'était un
campement, ou un village nomade, et l'on ne saurait par conséquent en
déterminer la position.
2. Ville
de la tribu de Gad située au-delà du Jourdain dans une vallée, Josué 13:27;
Psaumes 60:6; Juges 8:5; 1 Rois 7:46; cf. Genèse 33:17. Elle existait encore du
temps de Jérôme dans la Scythopole, et Burckhardt croit en avoir retrouvé les
ruines au sud de Bysan.
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SUCCOTH-BÉNOTH,
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2 Rois 17:30. Ce nom hébreu qui signifie tentes des
filles, est donné à l'un des objets du culte idolâtre des Babyloniens, que les
colons de Babylone transportèrent en Samarie. Comme les mots parallèles sont
des noms de faux dieux, on a cru que ce mot devait être aussi le nom d'une
divinité païenne, et les rabbins le rendant par la poule et ses poussins,
l'entendent de la Poussinière (ou des Pléiades), de sorte que nous aurions ici
le nom, conforme à la théologie de Babel, d'une divinité astrologique. Winer,
d'après Selden et Grolius, pense qu'il s'agit de tentes dans lesquelles les
filles se prostituaient en l'honneur de la Vénus babylonienne, Milytta, et le
parallélisme ne combat pas d'une manière absolue cette interprétation, que
recommandent d'ailleurs plusieurs autorités, et notamment Hérodote 1, 199.
Hengstenberg traduit par: petits temples des filles (de Bel et de Milytta).
Gesenius enfin modifie le texte, et lit: les tentes des hauteurs, ou des hauts
lieux.
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SUKIENS,
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2 Chroniques 12:3, peuplade africaine qui, avec les
Libyens et les Cusites, prit part à l'expédition de Sisak; elle est du reste
inconnue. Les Septante et la Vulgate traduisent par Troglodytes, et pensent
sans doute à ces Troglodytes éthiopiens qui habitaient la côte occidentale de
la mer Rouge, et étaient célèbres par la rapidité de leur course et leur
habileté à manier la fronde. D'après Pline 6:29, il y aurait eu dans cette
contrée une ville nommé Suché, peut-être le Suaken d'aujourd'hui.
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SULAMITHE.
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Selon quelques-uns, nom propre; selon d'autres,
désignation du lieu d'origine de la bien-aimée que Salomon célèbre dans son
Cantique, 5:13; l'article favorise davantage cette dernière opinion. Sunem,
q.v., portait aussi le nom de Sulem. (La citation des Sermons de Krummacher est
mal placée, II, p. 374; elle doit l'être plus bas; ces Sermons ont pour objet
l'épouse du Cantique.)
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SUNEM,
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Sunamite. Ville d'Issacar, située sur le chemin de
Guilgal au Carmel, non loin de Guilboah, Josué 19:18; 1 Samuel 28:4; 1 Rois
1:3; etc., 4:8. C'est surtout par l'histoire de l'heureuse et pieuse Sunamite
(Sermons de Krummacher) que cet endroit a été rendu célèbre. L'épouse du
Cantique, à cause d'une fausse leçon, a aussi été nommée la Sunamite, au lieu
de la Sulamite. D'après Eusèbe, Sunem ou Sulem aurait été située à 5 milles sud
du Tabor; il y avait encore une autre Sonam dans l'Acrabatène, aux environs de
Samarie.
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SUPPLICES,
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— Voir: Peines.
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SUR,
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Genèse 16:7; 25:18; Exode 15:22; 1 Samuel 15:7; 27:8.
Désert qui va depuis le sud de la Palestine (El Arisch), jusqu'au golfe de Suez
et au Nil, et qui sur une étendue de trente-six heures de route ne présente ni
terres labourables, ni pâturages, ni habitations: c'est le désert avec ses
sables mouvants et tout ce qu'il a d'effrayant. Des dunes bordent la côte de la
Méditerranée, et le sol est tellement bas que les vents du nord font avancer
les eaux de la mer de plusieurs lieues dans les terres. Cependant, comme cette
contrée présente la communication par terre la plus directe entre l'Égypte et
la Palestine, elle a été traversée depuis les temps les plus anciens jusqu'à
nos jours, par les caravanes, les armées et les peuples.
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SUSAN,
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ville principale de la province de la Susiane, située
entre la Babylonie et la Perse, résidence des rois perses, qui au printemps
venaient y faire un séjour dans le château-fort qu'ils y avaient fait
construire, Néhémie 1:1; Daniel 8:2; Esther 1:2,5. On en attribuait la
fondation à Memnon. La ville était située au bord du fleuve Choaspes, ou Eulæus
(— Voir: Ulaï, Daniel 8:2), à 450 milles romains d'Ecbatane, et à la même distance
environ de Séleucie: elle était ornée de magnifique monuments, et c'était le
dépôt central des trésors des rois perses. Il n'en reste plus que des ruines, à
2 milles ouest de Desphul. Elle est célèbre par les révélations de Daniel,
l'histoire d'Ester, et ledit de Darius autorisant le rétablissement du temple.
— Les chaleurs y étaient fort grandes en été, l'hiver
y était doux, et le printemps délicieux.
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SUZANNE
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(lys), une des saintes femmes qui accompagnaient notre
Seigneur, n'est connue que par la mention de Luc 8:3.
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SYCHAR,
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— Voir: Sichem.
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SYCOMORE
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(ficus egyptia, ou ficus sycomores, hébreu shikemim).
Cet arbre appartient à la famille du figuier, mais ressemble plutôt au mûrier
blanc par son feuillage et son apparence extérieure. L'Égypte est sa patrie, on
le trouvait cependant en Palestine et sous des climats plus doux, Psaumes
78:47; 1 Rois 10:27; 1 Chroniques 27:28; Amos 7:14; Ésaïe 9:9; Luc 19:4. Il
croît volontiers dans les plaines et dans les vallées, mais demande un sol sec.
Son tronc est très noueux, et atteint une grande hauteur, il pousse un grand
nombre de branches qui s'étendent au loin, et forment une masse épaisse de
feuillage qui a souvent jusqu'à 40 pieds de diamètre: les feuilles sont
taillées en cœur, et garnies de petits poils par-dessous; le fruit, sans noyau,
ne vient ni en graines, ni à l'extrémité des rameaux, mais attaché par le
pétiole au tronc et aux plus grosses branches; il est jaunâtre, et ressemble
aux figues sauvages pour la forme et l'odeur. Le goût en est doux, et assez
agréable, quoiqu'il n'approche pas du goût des figues, et ce ne sont en général
que les pauvres gens qui s'en nourrissent. Ce fruit ne mûrit que si on le pique
ou l'égratigne avec des peignes de fer: cette occupation était une des
industrie d'Amos, 7:14. Quatre ou cinq jours après cette opération, la figue
est mangeable. L'arbre lui-même est rendu plus fécond lorsqu'on en incise
l'écorce; de chaque incision découle une espèce de lait qui se coagule, et
finit par former un rameau; l'on peut y recueillir en son temps de quatre à
sept figues; mais l'arbre s'épuise. À la place de chaque fruit que l'on cueille
il en naît un nouveau, et l'arbre toujours vert peut donner quelquefois jusqu'à
sept récoltes dans l'année. Le bois du sycomore est léger, mais solide et
presque indestructible; aussi les Israélites le recherchaient-ils de préférence
comme bois de construction. Ésaïe 9:9.
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SYÉNE,
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la ville la plus méridionale de l'Égypte, située dans
la Thébaïde, non loin de l'Éthiopie, sur la rive est du Nil, ou suivant Pline,
sur une presqu'île formée par ce fleuve, à égale distance d'Alexandrie et de
Méroé, Ézéchiel 29:10; 30:6. Les anciens avaient déjà remarqué que dans les
longs jours, le soleil y tombait perpendiculairement, et que les corps droits
ne donnaient pas d'ombre. On croit en reconnaître les ruines, au nord-est
desquelles s'élève maintenant Assvan ou Assouan, qui était au moyen âge une
ville assez importante. La contrée est riche en rochers de granit. Juvénal y
fut exilé. Davoust y battit les Mamelouks en 1799.
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SYMÉON,
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— Voir: Pierre.
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SYNAGOGUES,
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mot grec signifiant réunions, assemblées, par
conséquent aussi églises. C'est le nom que l'on donna depuis l'exil aux lieux
où les Juifs se rassemblaient pour l'exercice public de leur culte. La
tradition assignait à l'origine des synagogues une très haute antiquité, cf.
Actes 15:21, et les rabbins allaient même jusqu'à en faire une institution
patriarcale; les tentes de Jacob, Genèse 25:27, leur faisaient l'effet de
synagogues. On s'appuyait surtout sur Deutéronome 31:11, et Psaumes 74:8, pour
prouver cette ancienneté de l'institution; mais l'un de ces passages ne se
rapporte qu'à la lecture de la loi, l'autre aux lieux saints où l'Éternel
s'était manifesté, sans que l'idée de synagogue y soit même exprimée (nos
versions ont traduit le général par le particulier). C'est surtout pendant
l'exil, alors qu'Israël n'avait plus de centre religieux, plus de terre sainte,
plus de sanctuaire, que le besoin de réunions d'édification se fit sentir plus
vivement aux Juifs; il est fort probable que ce fut alors que prit naissance
l'institution des synagogues, ce culte sans sacrifices, dont ils durent se
contenter, et auquel ils finirent par s'attacher tellement qu'ils en
transportèrent l'idée dans leur patrie dès qu'il leur fut permis d'y retourner,
cf. Néhémie 8:1. Au temps de Jésus, on trouve au moins une synagogue dans
toutes les villes un peu importantes de la Palestine, à Nazareth, Luc 4:16, à
Capernaüm, Marc 1:21; Luc 7:5; Jean 6:59, ainsi que dans les villes de la
Syrie, de la Grèce, ou de l'Asie Mineure, Actes 9:2; 13:5; etc., 14:1; 17:1;
18:4; 19:8. Dans les villes plus considérables on trouvait un plus grand nombre
de synagogues, proportionnellement aux besoins de la population, et Jérusalem
en eut jusqu'à 460, ou 480; chaque corporation, chaque nationalité, paraît
avoir eu la sienne, cf. Actes 6:9. Les proseuques, maisons de prière, ou
oratoires, ne doivent pas être confondus avec les synagogues (— Voir: Rilliet,
Comment, sur l'Épître aux Philippiens, Introduction p. 12, sq.); c'étaient des
lieux de réunion, ordinairement non couverts, et situés près d'une eau
courante, à cause de l'habitude des Juifs de se laver avant de faire leur
prière, Actes 16:13. Il est probable que ces proseuques, premier et modeste
essai de culte des Juifs dispersés dans les centres païens, prirent souvent une
consistance plus forte, et se changèrent avec le temps en de véritables
synagogues, tout en conservant leur nom primitif. Les synagogues étaient le
plus souvent bâties dans l'intérieur des villes, et presque toujours en un lieu
élevé; ce n'est que plus tard qu'on en éleva aussi dans le voisinage des
cimetières. Les frais de construction et d'entretien étaient à la charge de la
communauté, mais on voit aussi que souvent de simples particuliers, parfois
même des païens, Luc 7:5, contribuaient pour une forte part à ces dépenses, qui
n'eussent pu être couvertes par les contributions volontaires de l'assemblée.
Les Juifs se faisaient une très haute idée de la sainteté de ces lieux de
culte, et ils en respectaient la place alors même que le culte avait été
transféré ailleurs. On se réunissait dans les synagogues les sabbats, les jours
de fêle, et plus tard le deuxième et le cinquième jour de chaque semaine, les
femmes ayant des places séparées, et fermées par des jalousies. Ces réunions
étaient consacrées à la prière en commun, et à la lecture d'une portion de la
loi ou d'un livre quelconque de l'Ancien Testament, Actes 13:15; 15:21, faite
par un des membres de l'assemblée, Luc 4:16, par un prêtre ou par un ancien,
d'après Philon: quelques paroles d'édification, simples et libres, sur la
lecture qui venait d'être faite, complétaient ce genre de culte, qui se
rapproche à tant d'égards des habitudes religieuses de nos Églises. Un passage
de Philon fait supposer que le lecteur et celui qui expliquait la lecture
n'étaient pas ordinairement la même personne. L'assemblée se retirait ensuite
après avoir répondu par un amen solennel à la bénédiction donnée par un prêtre,
1 Corinthiens 14:16.
Les employés de la synagogue (officiers du culte)
étaient:
1. le
chef, ou
κρχισυναγωγος, qui exerçait en général les fonctions de président,
veillant à l'ordre, dirigeant l'assemblée, et s'occupant de tout ce qui
concernait le culte, Luc 8:49; 13:14. Marc 5:35. Actes 13:15. 18:8,17. C'était
lui qui donnait la parole à ceux qu'il en jugeait capables, et aux étrangers
dont on pouvait attendre de l'édification.
2. Les
anciens, Luc 7:3, appelés aussi les principaux, Marc 5:22; Actes 13:15, et en
hébreu les pasteurs, ou les présidents. Ils formaient, sous la présidence du
chef, un conseil de délibération, une espèce de consistoire.
3. Le
légat de l'Église, son envoyé, qui faisait les prières, servait de secrétaire,
et parfois de messager au conseil des anciens; sa charge n'est pas bien
défraie.
4. Le
bedeau ou marguillier, Luc 4:20, qui ouvrait et fermait la synagogue,
pourvoyait à la propreté du local, prenait soin des livres du culte, et
peut-être quelquefois entonnait et dirigeait le chant. Il y avait peut-être
aussi des collecteurs, chargés de réunir les aumônes de la congrégation en
faveur des pauvres, mais ce n'est pas Matthieu 6:2, qui suffirait à le prouver,
et ce que les rabbins nous disent des synagogues en général ne doit pas être
entendu d'une manière absolue quant à l'antiquité des usages; les synagogues
dont ils parlent ne sont pas celles que l'on trouvait du temps de Jésus, et
dans les jours des apôtres; et sous le rapport des ornements matériels, la
beauté des descriptions qu'ils en donnent, contraste singulièrement avec la
simplicité qui caractérisait les lieux de culte, dans les âges plus anciens et
dans les dernières années de Jérusalem. Ainsi l'on ne voit mentionnés, Matthieu
23:6; Jacques 2:3, que des sièges; c'était en quelque sorte la partie
constituante du matériel de la synagogue; les premiers étaient réservés aux anciens
et aux scribes; on peut croire cependant que même à cette époque il y avait en
outre une espèce de tribune, ou de siège plus élevé pour le président, et une
armoire pour les saints rouleaux de la loi.
— Certaines peines disciplinaires, et pour ainsi dire
ecclésiastiques, étaient subies dans les synagogues, en particulier la
flagellation, Matthieu 10:17; 23:34; Marc 13:9; Luc 12:11; cf. 21:12; Actes
22:19; 26:11; 2 Corinthiens 11:24. Mais autant le fait est constaté, autant les
motifs et les circonstances qui l'accompagnaient restent obscurs pour nous;
selon quelques auteurs, la flagellation, quarante coups moins un, était une
commutation de la peine capitale; selon d'autres, elle remplaçait
l'excommunication pour les savants et les étudiants; elle s'appliquait dans les
cas d'hérésie, ou de péché scandaleux,
— Voir: Peines;
l'un des fonctionnaires de la synagogue remplissait
les fonctions d'exécuteur,
— Voir: Fouet.
Le mot grec synagogue est employé dans son sens
étymologique pour désigner des assemblées chrétiennes, Hébreux 10:25; Jacques
2:2.
— Voir: encore les articles Écoles, Libertins, Satan,
etc.
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SYMTICHE,
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— Voir: Évodie.
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SYRACUSE,
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Actes 28:12, célèbre ville de la côte orientale de la
Sicile: fondée par Archias de Corinthe, elle comprenait primitivement cinq
villes qui, avec le temps, ne formèrent plus que cinq quartiers réunis par un
mur d'enceinte de 180 stades de longueur (Strabon). Célèbre comme berceau de
Théocrite et comme tombeau d'Archimède, elle finit sous Auguste par n'être plus
qu'une colonie romaine. Saint Paul y aborda dans son voyage en Italie, et y
demeura trois jours, Actes 28:12. Siragossa n'est plus maintenant,
comparativement à son ancienne grandeur, qu'un bourg qui s'honore de quelques
ruines qu'où trouve dans son voisinage; il compte 14,500 habitants, et ne
possède aucun monument moderne.
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SYRIE.
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Hérodote dit que c'est le nom d'Assyrie, abrégé par
les Grecs (7:63); d'autres pensent que c'est une corruption de l'hébreu Tsor,
Tyr. Quoi qu'il en soit, la Syrie est l'ancien Aram, passé entre les mains des
Grecs et des Romains, avec ses incertitudes géographiques. Dans les Apocryphes,
ce nom désigne essentiellement le royaume des Séleucides, dont Antioche était
la capitale; dans le Nouveau Testament, la Syrie est une province romaine, qui
comprenait la Phénicie, Actes 21:3, et à laquelle, sauf de courts intervalles,
la Judée se rattachait depuis six ans avant la naissance de Christ. Si ce nom
se rencontre quelquefois dans nos traductions de l'Ancien Testament, il n'y a
été introduit que par la substitution des noms nouveaux aux noms anciens, car
l'original désigne uniformément la Syrie et ses subdivisions par le nom d'Aram,
q.v. Les données des anciens géographes sur les limites de la Syrie, varient
considérablement. Les limites les plus probables et les plus constantes
seraient au nord le Taurus, à l'ouest la Méditerranée, au sud l'Égypte et les
déserts de l'Arabie, à l'est des plaines arides et monotones s'étendant jusqu'à
l'Euphrate, la Phénicie et la Judée étant exceptées, et demeurant indépendantes
à côté de ce puissant et redoutable voisinage. Au nord du Liban, des chaînes de
montagnes couvrent en se ramifiant la partie haute du pays, et vont s'abaissant
d'un côté vers l'étroite côte de la Phénicie, de l'autre vers les vastes déserts
qui se maintiennent longtemps à une hauteur considérable avant de s'incliner
vers l'Euphrate. Une vallée profonde sépare la Syrie occidentale et maritime de
la Syrie orientale et intérieure; elle est arrosée par l'Oronte qui, prenant sa
source dans la contrée du Liban, court au nord-ouest et se jette dans la
Méditerranée un peu au-dessous de Séleucie, après avoir baigné les murs
d'Antioche; le Chrysorrhoas fertilise les environs de Damas, et ces deux
fleuves, fécondant les prairies et les rendant propres à l'élève des bestiaux,
tempèrent en même temps l'ardeur du climat, qui est doux et salubre. Les
tremblements de terre et les nuées de sauterelles sont malheureusement deux
plaies qui, tour à tour, visitent la Syrie, et mettent à néant les espérances
que ce beau pays serait par lui-même de nature à faire concevoir.
La Syrie a été de tout temps la grande voie de
communication entre l'Orient et l'Occident, et Damas, le principal entrepôt du
commerce entre les deux mondes.
Strabon divise la Syrie en un certain nombre de
provinces, qui sont, en venant du nord, la Comagène, la Séleucie, la Cœlésyrie,
la Phénicie et la Judée; Ptolémée en compte davantage, mais omet les deux
dernières. La Bible mentionne les subdivisions suivantes, sans que rien indique
qu'elles forment un tout complet: Aram-Mahaca, c'est-à-dire les contrées
voisines de l'Hermon, 2 Samuel 10:6-8; Deutéronome 3:14; Aram-Dammések (la
Syrie de Damas), 2 Samuel 8:5-6; Aram-Beth-Réhob, ou la Syrie dans la contrée
du passage (qui conduit à Hamath), 2 Samuel 10:6-8; Aram-Tsoba, ibid.; etc.
Quant à l'histoire de ce royaume jusqu'à Alexandre le
Grand,
— Voir: Aram, et Damas.
Après la domination caldéenne, la Syrie passa avec la
Judée et la Phénicie sous la domination perse, puis sous celle des Grecs au temps
d'Alexandre, 330 avant J.-C. On se rappelle comment la mort soudaine de ce
conquérant, 323 avant J.-C., fut l'occasion de luttes acharnées entre ses
généraux, comment la possession de la Syrie fut longtemps disputée, comment
enfin, après la bataille d'Ipsus (301 avant J.-C.), elle passa, moins la
Cœlésyrie et la Palestine, sous le sceptre de Séleucus Nicator, qui l'occupait
déjà depuis vingt ans comme gouverneur, avec la Mésopotamie, la Babylonie, et
toutes les conquêtes orientales des armes macédoniennes. La Syrie proprement
dite fut dès lors, pendant une période assez longue, le noyau d'une grande
monarchie, qui reçut le nom des Séleucides ses maîtres, et eut Antioche pour
capitale. Les puissants et rapides progrès de ce royaume (qui ne tarda pas à former
des relations avec la Judée), et les premiers symptômes de sa décadence, sont
compris entre Séleucus, son fondateur, et Antiochus III, dit le Grand (301-187
avant J.-C.). Antiochus II avait déjà perdu les Parthes (256), qui s'étaient
constitués en un royaume séparé; Antiochus III, après avoir donné la Palestine
et la Cœlésyrie en dot à sa fille Cléopâtre, épouse de Ptolémée V roi d'Égypte,
succomba dans la bataille de Magnésie (189), sous les armes romaines qu'il
avait inconsidérément provoquées, et dut abandonner toutes les provinces
situées en deçà du Taurus. Un grand nombre de Juifs s'étaient déjà établis en
Syrie, notamment à Antioche, où ils éprouvèrent, comme en Palestine, la
protection des maîtres du pays.
La seconde période de l'histoire de ce royaume va de
Séleucus Philopator à Démétrius Soter (187-151): la Cœlésyrie et la Palestine
sont de nouveau provinces syriennes; le cruel Antiochus Épiphanes (175) opprime
les Juifs, et les pousse à cette résistance désespérée dont les Apocryphes ont
essayé d'esquisser le tableau. La guerre de succession qui commence à sa mort,
finit par assurer la victoire aux patriotes juifs, qui érigent leur pays en une
principauté libre, 1 Maccabées 13. Les rois de Syrie la flattent et cherchent à
se la rendre favorable. L'influence croissante de la politique romaine, des
luttes intérieures sans cesse renouvelées, la couronne toujours disputée,
toujours des prétendants en présence pour recueillir la couronne au moment où
elle tombera, des conflits continuels et sans résultats avec l'Égypte, tels
sont les traits principaux qui caractérisent cette période de la domination
séleucide. Le royaume marchait à sa ruine, mais son agonie fut longue.
La troisième période, depuis 151, nous montre dans un
jour plus vif encore ces déchirements intérieurs, cette agonie politique; aucun
roi qui n'ait son compétiteur, et souvent des prétendants divers, ayant chacun
leurs partisans, occupent des lambeaux de territoire, et se livrent des guerres
d'escarmouches; le pays s'affaiblit, et la Judée y trouve son compte, Flavius
Josèphe, Antiquités Judaïques 13, 11; 3. Las enfin de toutes ces dissensions,
le peuple appelle à son secours Tigrane d'Arménie, qui monte sur le trône,
règne quatorze (ou dix-huit) ans, s'embarrasse dans une guerre avec les Romains,
et doit abandonner la Syrie à ses vainqueurs; Pompée déclare le pays une
province romaine, 64 ou 63 avant J.-C. Les proconsuls, gouverneurs de la Syrie,
intervinrent dès lors assez fréquemment dans les affaires de la Palestine, et
surtout dans celles de la dynastie régnante de Judée. La Palestine eut beaucoup
à souffrir des guerres qui se livraient ainsi dans son voisinage avec tant de
chances diverses, et ce fut presque un bonheur pour ce pauvre pays qu'Hérode le
Grand, protégé par Auguste, pût occuper le trône en paix, pendant un certain
temps, et libre de toute dépendance à l'égard des provinces voisines (37-4
avant J.-C.). Mais, peu après sa mort, 6 ans avant J.-C., la Judée et la
Samarie furent formellement annexées à la Syrie, et des procurateurs romains,
sous la direction des proconsuls de la Syrie, furent chargés de
l'administration dans ces fragments de province. La Batanée, la Gaulonite et la
Trachonite subirent le même sort, l'an 33. Hérode Agrippa, par une faveur
spéciale de Caligula et de Claude, réunit pendant quelque temps, sous son
sceptre, tout le pays qui avait appartenu à Hérode le Grand; mais, déjà en 44,
la Judée vit recommencer le régime des procurateurs et de leurs concussions,
qui dura jusqu'à la tin du siècle, sauf pour quelques parties de la Palestine
transjourdaine, qui furent données à Hérode Agrippa II (52-99).
Les dialectes parlés en Syrie, le syrien ou syriaque,
le syrocaldéen, le samaritain et le phénicien, avaient beaucoup de rapports
entre eux, et appartenaient à la famille sémitique. Le syriaque lui-même, une
branche de l'araméen, était parlé dans la Syrie proprement dite et dans la
Mésopotamie; le grec cependant prévalut à la cour des Séleucides et dans les
villes les plus importantes, de sorte que plusieurs termes grecs, et même des
tournures de phrases, s'introduisirent dans la langue syriaque, comme
précédemment sous la domination perse des mots persans y avaient également
pénétré. Le syriaque est maintenant une langue morte, car on ne saurait
accorder une grande créance aux récits de quelques voyageurs incompétents, qui
racontent qu'à deux journées de Médine, en Mésopotamie, ils ont trouvé cent
mille Syriens qui parlent encore la langue de leurs pères.
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SYROP,
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— Voir: Miel.
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SYROPHÉNICIE.
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C'est le nom qui, dans la période romaine, fut donné à
la Phénicie, réunie à la Syrie, pour la distinguer de la Syrie propre. La femme
nommée Cananéenne, Matthieu 15:22, parce que la Phénicie faisait partie de
l'ancien territoire des Cananéens, est nommée de son nouveau nom, Marc 7:26.
Elle avait droit aux deux: Jésus lui en donna un plus beau.
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SYRTES.
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C'est le nom qu'on donne à deux golfes de la côte
septentrionale d'Afrique, entre Cyrène et Carthage, et qui, l'un et l'autre, la
grande et la petite Syrte, le golfe de Sidra et celui de Gabès, tirent leur nom
du grec
συρώ, traîner, non seulement parce que la mer y jette sans
cesse une grande quantité de limon, de sable et de pierres, mais encore parce
que les vagues semblent y entraîner les vaisseaux qui, une fois engagés dans
ces bancs de sable, courent risque d'y périr. Ce sont des bas-fonds qui ne
peuvent recevoir que des chaloupes. Le danger est encore augmenté par les
atterrissements qui changent de place, et par les écueils dont le milieu du
golfe est semé, comme la côte qui le borne. C'est dans la petite Syrte que le
vent d'est poussa les vaisseaux d'Énée,
— Voir: aussi Horace, Od. I, 22, 5.
On pense que c'est de la grande Syrte qu'il est
question Actes 27:17 (où nos versions ont traduit par bancs de sables), attendu
que le navire de Paul étant dans le voisinage de la Crète, pouvait craindre
d'être entraîné par le vent du nord vers ces dangereux bas-fonds.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-T
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TABBAT,
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ville de Palestine, qui fut le terme de la fuite des
Madianites, Juges 7:22. Elle n'est connue que par cette mention.
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TABÉAL,
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Ésaïe 7:6, père de l'homme à qui les rois alliés de
Syrie et d'Israël se proposaient de donner la couronne de Juda, après avoir
détrôné Achaz. On suppose, à cause du verset 5, et à cause des prétentions bien
connues d'Éphraïm, que Tabéal était Éphraïmite, et quelques auteurs pensent que
son fils était l'ambitieux Zicri.
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TABÉEL,
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— Voir: Bislam.
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TABERNACLE.
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Ce mot qui a fini par prendre, dans notre langue, une
signification, ou, pour ainsi dire, une couleur particulière, n'est autre que
le mot latin qui signifie tente, et nous réunissons, dans un même article, ce
qu'il y a à dire sur les tentes des Hébreux, et sur les divers tabernacles dont
il est parlé dans l'Écriture.
Les tentes sont le plus ancien système d'habitations
que la civilisation ait donné aux hommes; comparées aux cavernes des hommes
primitifs, elles sont le premier pas vers le progrès, et les peuplades nomades,
les Arabes en particulier, en conservèrent l'usage longtemps après
l'introduction d'un mode d'habitation plus solide, Habacuc 3:7. Les soldats,
les bergers et les voyageurs de l'Orient, continuèrent également de s'en
servir, et ces derniers, au temps de Jésus, portaient souvent avec eux des
tentes légères et faciles à transporter, n'étant pas toujours assurés de
trouver pour la nuit un abri ou un gîte hospitalier. Les patriarches
demeuraient dans des tentes, Genèse 13:3,12; 18:1; 26:25, et plusieurs
expressions du Pentateuque, qui n'ont pas dans nos traductions la même valeur,
sont empruntées à la manière de planter, de dresser ou d'enlever les tentes.
Elles étaient d'abord couvertes de, peaux; plus tard on y substitua des
couvertures de laine ou de poil de chameau, ordinairement noires, ou du moins
foncées, Cantique 1:4; celles qui étaient tissées avec du poil de chèvre
passaient pour les meilleures contre la pluie; les chèvres de Cilicie
fournissaient, sous ce rapport, les matières les plus estimées, et l'on croit
que c'est à faire des étoffes de ce genre que s'occupait l'apôtre Paul de
Tarse. La couverture, supportée par une ou plusieurs perches, était assujettie
dans la terre par des pieux, et fortement tendue. La forme des tentes de
l'Orient moderne, est ronde, ou ovale comme la coque renversée d'un vaisseau;
l'intérieur est divisé, par des rideaux ou tapis, en trois compartiments, dont
le premier est réservé aux animaux délicats (les autres restent dehors), le second
aux hommes, le troisième aux femmes. Les riches avaient même pour les femmes,
et spécialement pour les veuves, des tentes séparées, Genèse 24:67,31,33, comme
les émirs de nos jours en Arabie. La première division même, au lieu d'être
affectée au bétail, sert quelquefois de vestibule chez les grands personnages,
et de chambre pour les gens de service. Le sol est garni de tapis ou de nattes,
qui font, la nuit, l'office de lits. L'ameublement de ces tentes est toujours
fort simple: une lampe pour éclairer l'intérieur, et un tapis de cuir, coupé en
rond, pour servir de nappe à l'occasion. Les villages nomades campent ayant
leurs tentes disposées circulairement, et gardées par de gros et mauvais chiens
(Arvieux). Il est parlé de villages semblables, Genèse 25:16; Ésaïe 42:11: ce
sont plutôt des campements.
Le tabernacle d'assignation, appelé aussi tabernacle
de l'assemblée, ou tabernacle de Dieu, parce que c'était là qu'Israël
s'assemblait dans le désert pour le service divin, était une grande tente
mobile, garantie des injures du temps par plusieurs couvertures que Moïse
construisit d'après le modèle que Dieu lui-même lui en avait donné sur le
Sinaï, Hébreux 8:5; Exode 25-27, surtout 26:15-30; et 36:3; sq..
Le tabernacle était un rectangle dont la largeur et la
longueur étaient entre elles comme 8 à 20; il était fermé de trois côtés, au
nord, au sud, et à l'ouest, par des ais d'acacia couverts de lames d'or, avec
des bases d'airain, hauts de 10 coudées, larges de 1 coudée 1/2, emboîtés l'un
dans l'autre par deux tenons, l'un en haut, l'autre en bas, et portés par deux
bases l'une supérieure, l'autre inférieure, où il y avait deux mortaises dans
lesquelles ils s'emboîtaient: pour soutenir le tout, comme le tabernacle devait
être souvent démonté et remonté, il y avait à chaque ais cinq anneaux d'or à
égales distances, dans lesquels on passait cinq bâtons de bois d'acacia,
plaqués en or. La longueur du tabernacle était de 30 coudées (vingt ais de 1
coudée 1/2) 16m,20; sa largeur de 12 (huit ais de 1 1/2) 6m,48: l'intérieur
n'avait que 10 coudées de large, 15m,40, soit que l'on admette avec Bæhr que
l'épaisseur des ais fut de 1 coudée, ce qui n'aurait pas rendu le tabernacle
très portatif, soit que les ais du plus petit côté fussent posés
horizontalement, et protégeassent par une saillie de 1 coudée de chaque côté
les coins du tabernacle,
— Voir: Exode 26:24.
L'entrée, tournée vers l'orient, se fermait par un
magnifique voile ou tapis de tin lin, teint en pourpre, et brodé, attaché par
des anneaux d'or à cinq colonnes de bois plaquées d'or.
Le tabernacle n'avait aucun jour; d'épaisses tentures
le recouvraient de toutes parts; la première de ces draperies, celle de
dessous, était la plus précieuse; c'était un tapis de fin coton retors, bleu
foncé, pourpre, et cramoisi, semé de figures de chérubins; il garnissait
l'intérieur du tabernacle, et retombait des deux côtés jusqu'à environ une
coudée du sol; il n'était visible au dehors que du côté de l'orient, fermant
l'entrée du sanctuaire; sa longueur était de 28 coudées (15m,12), sa largeur de
40 (21m,60). Par dessus ce premier voile s'étendait, pour le préserver de la
pluie, une tenture en poils de chèvre, ayant 30 coudées de long, et 44 de
large; puis une troisième couverture en peaux de moutons teintes en rouge, et enfin
une quatrième, couleur de terre, de peaux de blaireaux, ou taissons, q.v. Les
deux premiers tapis étaient fixés au tabernacle par des crochets ou agrafes
d'or; les autres couvertures étaient superposées, et n'avaient d'autre but que
de protéger les premières contre les intempéries de l'air. On y a vu cependant
un type, la protection dont Christ couvre son Église, Christ aux enfers, Christ
sur la croix, et Christ dans la gloire, successivement figuré par la couleur de
terre, par le rouge, et par le bleu; ou encore Christ (le rouge) servant
d'intermédiaire entre Dieu et la terre, le bleu et le tais-son. L'intérieur du
tabernacle était divisé en deux compartiments, le lieu saint, long de 20
coudées, et au fond Je saint des saints, long, large, et haut de 10 (5m,40),
séparé du lieu saint par un voile de pourpre, orné de figures de chérubins,
supporté par quatre piliers d'acacia plaqués en or. Le lieu saint contenait la
table des pains de proposition, le chandelier d'or, et l'autel des parfums;
dans le saint des saints était l'arche de l'alliance. (Mon frère, le pasteur J.
Bost, de La Force, a reconstruit d'après les données bibliques, et en réduisant
la coudée à 1 centimètre, le plan complet du tabernacle, avec tous ses
accessoires, couleurs, boiseries, tentures, etc. C'est la meilleure manière de
se former une idée exacte et précise de ce monument du mosaïsme il serait utile
de le reproduire, et peut-être sur une échelle un peu plus grande. Je crois
qu'on pourrait, malgré quelques difficultés d'exécution, faire un travail
analogue pour le temple de Salomon.)
Le tabernacle était entouré d'une grande cour, le
parvis des lévites et des sacrificateurs, qui seuls avaient le droit d'y
entrer. Ce parvis avait 100 coudées de long, et 50 de large; il était fermé par
des courtines de fin coton retors, attachées à des colonnes, 20 dans la
longueur, 15 dans le fond: quatre piliers avec leurs soubassements d'airain
servaient de porte sur le devant, et supportaient une tapisserie plus fine que
le reste, Exode 27:9-18. Dans cette cour étaient la mer d'airain, les cuviers,
l'autel des holocaustes, et quelques ustensiles destinés aux sacrifices,
— Voir: la gravure qui est en tête des Méditations de
Rochat sur les Chroniques.
On appelait enfin parvis du peuple tout l'espace environnant
le parvis des prêtres, parce qu'il était permis au peuple d'aller jusque-là.
Dans les campements, la tribu de Lévi entourait de tous côtés le parvis qui
était son apanage, Moïse, Aaron et ses fils étant près de l'entrée, les
Mérarites, les Guersonites, et les Kéhathites occupant les trois autres côtés.
Les douze tribus avaient chacune leur place déterminée; Juda était vis-à-vis de
l'entrée; les enfants de Rachel étaient derrière, etc, les Lévites étaient
chargés d'assembler, de désassembler et de transporter les diverses pièces du
tabernacle, Nombres 3:21; 10:17: nul autre qu'eux seuls n'eût osé y toucher.
Après que les Israélites furent établis en Palestine,
le tabernacle fut d'abord fixé à Silo, Josué 18:1; 19:51, jusqu'au temps de
Saül, Juges 18:31; cf. 20:18; 21:2; 1 Samuel 1:3; 2:14; 3:3; 4:3; 14:3.
Cependant il n'était pas considéré comme unique sanctuaire, et d'autres lieux,
tels que Nob et Sichem, Josué 24:26; 1 Samuel 21; Juges 17:5, servirent
successivement ou simultanément de lieux de culte. Dès ce moment, l'arche
paraît seule; elle est portée à Kirjath-Jéharim, puis à Jérusalem, sans que les
historiens sacrés nous disent positivement ce qu'est devenu le tabernacle.
Peut-être était-il encore sous Saül à Nob dans la tribu de Benjamin, et fut-il
transporté à Gabaon lors de la destruction de cette ville, 1 Samuel 22. Il
ressort en effet de 1 Chroniques 16:39; 21:29, qu'aux jours de David le
pavillon de l'Éternel était encore à Gabaon; d'après 1 Rois 8:4, il aurait été
déposé dans le temple de Jérusalem; c'est la dernière notice biblique sur le
sort de ce célèbre monument du désert.
Le rationalisme a voulu voir dans la description
biblique du tabernacle une description faite après coup, ornée et embellie dans
un temps où les pièces du procès avaient disparu, et où l'on ne pouvait plus en
vérifier l'exactitude; on s'appuie pour cela sur la magnificence de cette
construction, la masse de métaux précieux qu'elle eût dû absorber, la rareté de
plusieurs substances qu'on y a employées, la pourpre en particulier, et la
difficulté de se les procurer dans le désert, le peu de temps employé à
l'achèvement de tous ces travaux, neuf ou dix mois, les difficultés enfin du
transport, si le tabernacle était tel qu'il est décrit. Il est aisé de répondre
à toutes ces objections: le génie des chefs de travaux, l'or et l'argent
emporté d'Égypte, les caravanes du désert, le grand nombre d'ouvriers mis en
œuvre, toute une tribu employée au service matériel de transport et
d'assemblement, font disparaître la plupart des difficultés, et Winer lui-même,
qui les explique d'une manière naturelle et en faisant abstraction de Dieu, les
trouve exagérées,
— Voir: aussi Hævernick, Introduction II, 460 et
suivant, g, des Bergeries, p. 180 et suivant, Grandpierre, Essais sur le Pentateuque,
E. Guers, le Camp et le Tabernacle, etc.
Fête des Tabernacles. C'était l'une des trois grandes
fêtes des Hébreux, l'une de celles que les Israélites devaient célébrer par
leur présence personnelle à Jérusalem, Deutéronome 16:15; 31:10; cf. Zacharie
14:16; Jean 7:2. C'était aussi la plus réjouissante de ces fêtes annuelles.
Comme elle était instituée en mémoire du voyage dans le désert, les Israélites
quittaient leurs maisons, et s'établissaient pendant sept jours, le huitième
était un sabbat, sous des tentes de feuillage et de peaux, qu'ils dressaient
soit hors de la ville, soit dans les rues, dans les cours, ou même sur les
toits, Lévitique 23:42; Néhémie 8:15. C'était aussi la fête de la récolte,
parce qu'elle venait après que les Israélites avaient heureusement recueilli
les fruits de leurs jardins, de leurs vignes, et de leurs champs; on la
célébrait en conséquence par des actions de grâces publiques, et des
réjouissances auxquelles étaient invités les pauvres, les étrangers, les
serviteurs et les orphelins, Deutéronome 16:14; Exode 23:16; Nombres 29:12.
Outre les sacrifices ordinaires qui sont indiqués dans les passages ci-dessus,
on devait prendre des fruits des plus beaux arbres, des branches de
citronniers, de palmiers ou de saules (d'où son nom de fête des palmes), des
rameaux d'arbres branchus, et les porter en signe de réjouissance, Lévitique
23:40. Les Juifs du temps de notre Seigneur chantaient aussi dans ces jours-là,
des cantiques entremêlés d'Hosannas (sauve, je te prie!). La tradition ajoute
que, depuis l'exil, les Juifs allaient, pendant les jours de cette fête, puiser
de l'eau à la fontaine de Siloé, et qu'ils venaient en faire aspersion dans le
temple, en chantant les paroles de Ésaïe 12: Vous puiserez de l'eau avec joie
des sources de cette délivrance; peut-être le passage Jean 7:37, renferme-t-il
une allusion à cette coutume.
— La fête commençait au milieu du septième mois
(tisri), le quinzième jour après la nouvelle lune de septembre; les travaux de
la campagne étaient finis, et la fraîcheur de la saison n'était pas encore
assez sensible pour rendre incommode ou désagréable le séjour des pavillons de
feuillage.
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TABITHA,
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— Voir: Dorcas.
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TABLES
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de proposition,
— Voir: Pain.
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TABOR, ou Thabor,
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aujourd'hui Djebel-Tor, belle et grande montagne
calcaire, entièrement isolée, qui s'élève comme un cône tronqué, à environ
1,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, et à 366 mètres au-dessus du niveau
de la plaine de Jizréhel, au nord-est de laquelle elle est située. Ses flancs
uniformes et rapides sont, grâces à d'abondantes rosées, fertiles jusqu'au
sommet, et sont aujourd'hui couverts en partie de bois de chênes et de
pistachiers, en partie de bons pâturages, semés de mille fleurs. Le sommet,
souvent garni de nuages au matin, est plat et a une demi-lieue de
circonférence; on y trouve les ruines d'une muraille qui en faisait le tour,
d'une forteresse, et de deux églises, constructions qui datent probablement du
temps des croisades. La vue s'étend au loin sur les montagnes de la Samarie; on
voit le Carmel, les monts de Guilboah, Basan, l'Hermon, et les montagnes de la
Galilée, la Méditerranée, le Kison, la plaine de Jizréhel, et selon quelques
auteurs, le lac de Tibériade. Au pied du Tabor, entre les collines qui
l'entourent, sont plusieurs vallons boisés où se tiennent des panthères et des
sangliers: non loin de là, vers le sud, s'élève le petit Hermon. Le Tabor
formait la limite des tribus d'Issacar et de Zabulon, Josué 19:22; cf. Juges
4:6,12,14. Il s'élevait au centre de la Galilée, entre la plaine de Jizréhel et
Scythopolis, à 5 stades du Jourdain, à deux journées de Jérusalem, à 11
kilomètres sud-est de Nazareth. Les voyageurs s'accordent dans les éloges
qu'ils font de son aspect enchanteur, de la magnificence du spectacle que l'on
découvre de son sommet. Il en est parlé plusieurs fois dans l'Ancien Testament,
Jérémie 46:18; Osée 5:1; Psaumes 89:12. La tradition ajoute que c'est la
montagne sainte, 2 Pierre 1:18, sur laquelle a eu lieu la transfiguration,
Matthieu 17, Marc 9. Les catholiques et les Grecs y célèbrent encore
aujourd'hui une espèce d'anniversaire de ce merveilleux événement; mais cette
tradition ne repose sur aucun fondement sérieux.
— La ville de Tabor, ou Kisloth-Tabor, 1 Chroniques
6:77; Josué 19:12,22, appartenait à Zabulon, et fut donnée aux Mérarites; on ne
la connaît pas autrement.
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TABRIMON,
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1 Rois 15:18;
— Voir: Hezjon.
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TACHPÉNÈS,
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reine d'Égypte, femme de Pharaon, contemporaine de
David, n'est connue que pour avoir élevé un fils de sa sœur, femme de Hadad
l'Iduméen. On ignore si cette adoption, qui rappelle celle de Moïse, fut dictée
par l'amour d'une tante, ou par la politique: ce dernier cas serait beaucoup
plus probable, par le fait même que cette mention n'aurait aucune importance
s'il ne s'agissait que d'une affaire de famille; 1 Rois 11:19.
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TADMOR, ou Thadmor
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ou Thadmor (palmier), en grec Palmyre, ville du désert
syrien, que Salomon fit bâtir (ou agrandir) et fortifier, comme un boulevard
contre les invasions des Syriens et des Arabes, 2 Chroniques 8:4; 1 Rois 9:18.
Elle était située dans une oasis, qui devint dès lors non seulement un lieu de
repos, mais un lieu de protection pour les marchands qui se rendaient d'Orient
à Damas par la grande route des caravanes. Ses ruines, à 268 kilomètres
nord-est de Damas, sont au nombre des plus vastes et des plus magnifiques que
l'on connaisse; elles ont été éloquemment décrites par Volney.
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TANANAK,
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ville cananéenne située en-deçà du Jourdain, non loin
de Méguiddo; elle fut donnée à la tribu de Manassé, qui à son tour dut la céder
aux Lévites, Josué 12:21; 17:11; 21:25; Juges 5:19. Les Cananéens continuèrent
de l'habiter pendant la période des juges (1:27); mais elle apparaît sous
Salomon comme entièrement conquise, 1 Rois 4:12.
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TAHANATH-SILO,
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Josué 16:6, ville des frontières d'Éphraïm, située,
d'après Eusèbe, à 10 milles est de Sichem, vers le Jourdain.
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TAISSON.
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C'est le mot par lequel Martin a rendu dans nos
versions l'hébreu thachash, Exode 25:5; 26:14; 35:23; 36:19; 39:34. Ostervald
traduit, avec les Septante, par peaux de couleur hyacinthe; Sacy, par violet;
Luther a peaux de blaireau; les versions varient beaucoup, et l'on a peu de
chances de trouver la signification exacte de ce mot. Le contexte n'est pas
d'un grand secours; il s'agit de la quatrième couverture du tabernacle, de
celle qui recouvrait et cachait les autres: si l'on s'attache à l'idée qu'elle
devait servir à protéger les autres contre les intempéries de l'air, on penche
vers l'opinion qui fait de cette couverture quelque chose de grossier, mais'de
solide: si l'on s'attache au contraire à l'idée que c'était une couverture
extérieure, et par conséquent, la seule visible, du tabernacle, on penche vers
l'opinion qui en fait un ornement, un objet de luxe. D'après Nombres 4:6,8,10,
où l'on voit les vases sacrés enveloppés pour le voyage dans des peaux de
thachash, il semble de nouveau que ce ne devaient être que des couvertures
solides; puis, Ézéchiel 16:10 (ou Martin a adopté la traduction hyacinthe), on
voit qu'on en faisait des chaussures précieuses.
— La plupart des anciens interprètes voient dans
thachash une couleur, les Septante l'hyacinthe, le syriaque et le caldéen une
nuance entre le pourpre et l'écarlate, l'arabe le noir ou le bleu foncé,
couleur du dauphin; Niebuhr raconte qu'un juif d'Arabie lui a dit que le
thachash n'était autre chose qu'une peau de mouton teinte en rouge. D'autres
interprètes entendent ce mot d'un animal, et l'emploi du pluriel le rendrait
vraisemblable, mais ils ne sont pas d'accord sur la nature de cet animal. La
traduction du rabbin Salomon, adoptée par Luther, et appuyée par une
ressemblance de nom (allemand, Dachs), doit être abandonnée: quelques-uns
pensent à une espèce de syrène, le trichechus manatus de Linnée, d'autres à une
espèce de chien marin, le phoca vitulina, très abondant dans la mer Rouge, et
dont la peau, qui passait pour écarter la foudre, servait souvent à faire des
tentes; mais cette peau est trop rude pour qu'on puisse en offrir des souliers
de luxe à une femme; d'autres pensent à une espèce de rat (Iltis, — Voir:
Bochart); d'autres enfin, sur les traces de Rüppel, à un animal nommé dugong,
qu'il a trouvé en Afrique, et auquel, dans la persuasion où était ce savant que
c'est là le vrai thachash, il a donné le nom de halicorus tabernaculi: mais il
faut attendre de nouveaux renseignements avant de se prononcer sur l'identité
de cet animal qui doit appartenir à l'espèce syrène.
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TALION.
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Les lois égyptiennes, comme les lois de tous les
anciens peuples, jusqu'aux Grecs et aux Romains, jusqu'aux lois ecclésiastiques
et canoniques, admettaient la loi du talion, au moins en principe, et très
souvent dans l'application. Moïse l'a également conservée dans sa législation,
mais en l'adoucissant, en la restreignant au meurtre, aux lésions corporelles
des hommes libres, et au cas de faux témoignage, et en plaçant l'exercice entre
les mains, non de l'offensé, mais des juges. Cette loi, dit saint Augustin, est
la justice d'hommes injustes. Notre Seigneur l'a solennellement condamnée,
Matthieu 5:38, et le christianisme seul pouvait venir à bout de remplacer la
vengeance par le pardon; car si le talion, quant à l'offenseur, n'est que la
justice sous sa forme la plus simple, quant à l'offensé, ce n'est autre chose
que la vengeance sous sa forme la plus hideuse; ce n'est pas une peine
moralisante, ce n'est pas une garantie pour la sécurité publique, ce n'est pas
une satisfaction donnée à la morale ou à l'opinion publique, c'est la
jouissance de se venger octroyée à l'offensé, le droit de faire du mal à celui
qui a fait du mal. Le maintien de cette peine dans la législation mosaïque,
Exode 21:23-25; Lévitique 24:19-20; Deutéronome 19:19, n'est donc, malgré
toutes ses restrictions, qu'une concession faite à des mœurs et à des opinions
à demi-barbares, qui ne pouvaient s'élever d'un seul bond à la perfection
chrétienne; le mosaïsme tout entier n'était qu'un premier pas vers Christ, le
pédagogue qui devait lentement conduire les Juifs à l'Évangile, Galates 3:24,
d'un côté en les convainquant de péché, de l'autre en leur apprenant à mieux
faire,
— Voir: Cellérier, Espr. de la Lég, mos. II, 89.
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TALMAÏ.
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1. —
Voir: Hanak.
2. Roi
de Guésur, fils d'Dammihud. Sa fille Mahaca devint l'épouse de David, soit que
le roi d'Israël ait, par politique, recherché cette alliance, soit que la fille
de Talmaï, faite prisonnière à la guerre, et devenue prosélyte pendant son
séjour à Jérusalem, ait réussi à captiver le cœur du monarque, 2 Samuel 3:3; 1
Chroniques 3:2. Elle devint mère de Tamar et d'Absalon, et, lorsque ce jeune
homme, après le meurtre d'Amnon, son frère, dut fuir la colère paternelle, ce
fut à la cour de son aïeul Talmaï qu'il se retira pendant trois années.
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TAMAR.
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1. Cananéenne;
selon les Juifs, fille de Melchisédec; deux fois belle-fille de Juda, et deux
fois veuve sans enfants; frustrée injustement de l'espoir d'épouser celui que
la loi lui donnait pour époux, elle se fit justice elle-même par un stratagème
où il y avait plus d'impudeur que d'impureté, et eut de Juda, son beau-père,
deux jumeaux, Pharez et Zara, dont le premier compte parmi les ancêtres de
Jésus, Genèse 38, 1 Chroniques 2:4; Ruth 4:12; Matthieu 1:3. Son nom signifie
palmier, et Schrœder pense qu'il lui fut donné à cause de la grandeur et de
l'élégance de sa taille. Quant aux réflexions que suggère ce honteux épisode,
— Voir: Schrœder, Comment., et Grandpierre, Essais,
etc.
2. Tamar,
fille de David et de Mahaca, violée par Amnon, son frère de père, et vengée par
Absalon, n'est connue que par cette mention; aucun blâme ne pèse sur sa
mémoire, 2 Samuel 13, 1 Chroniques 3:9.
3. Tamar,
fille d'Absalon, 2 Samuel 14:27. On s'étonne qu'Absalon ait donné à sa fille le
nom de sa sœur; peut-être était-ce une protestation?
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TAMBOUR,
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— Voir: Musique.
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TAPHATH,
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— Voir: Basémah.
(La Concordance porte par erreur Taphaph).
Cette fille de Salomon avait épousé un des douze
pourvoyeurs de vivres de la maison de son père.
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TAPHNÈS, ou plutôt Tachpanchès,
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ville d'Égypte, dans laquelle s'était réfugiée une
colonie de Juifs; elle possédait un palais royal, et paraît, en général, avoir
été une ville assez considérable, Jérémie 2:16. On ne doute pas que ce ne soit
la ville que les Grecs appellent Daphné, située sur la frontière de l'Égypte,
vers la Syrie, à 16 lieues romaines (6 lieues) sud-ouest de Pélusium, parce que
c'était une des premières villes de l'Égypte où arrivèrent les Juifs qui émigrèrent
après la prise de Jérusalem, Jérémie 43:7,9; 44:1; 46:14; Ézéchiel 30:18. Ce
n'est plus qu'une ruine.
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TAPPUAH, et Hen-Tappuah,
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deux villes appartenant, l'une aux frontières
d'Éphraïm et de Manassé, l'autre, ancienne cité royale des Cananéens, aux
plaines de Juda, Josué 17:8; 12:17; 15:34.
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TARÉ
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(odoriférant), fils de Nacor, et père d'Abraham, voit
mourir un de ses fils au lieu de sa naissance, prend ensuite avec lui Abram,
Lot et Sara, quitte la Caldée pour se rendre en Canaan, s'arrête à Caran, en
Mésopotamie, et y meurt, âgé de deux cent cinq ans, Genèse 11:24; 1 Chroniques
1:26; Luc 3:34. Bien que le récit semble supposer qu'il émigra de son propre
mouvement et comme chef, les passages Genèse 12:1; Actes 7:2, montrent qu'il ne
se mit en route que pour accompagner son fils à qui Dieu s'était révélé, et à
qui il se manifesta de nouveau après le séjour de Caran. Taré, comme presque
tous les hommes de son temps, était idolâtre, Josué 24:2,14; il est probable
cependant, puisqu'il suivit son fils, qu'il accepta ses motifs, et qu'il se
convertit de l'idolâtrie au culte du vrai Dieu. Lorsqu'il mourut, il avait à
peine parcouru le quart de la carrière de ses pères, et la vie qu'il légua à
ses fils ne tarda pas à être encore abrégée de moitié.
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TARPÉLIENS
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(violateurs), Esdras 4:9, colons assyriens qui furent
transportés en Samarie pour y remplacer les Éphraïmites emmenés en captivité.
Ptolémée parle de Tapuriens, et Strabon de Tapyriens, peuple grossier de la
Médie; mais ces deux noms ne peuvent être rapprochés de celui des Tarpéliens
que par une ressemblance peu marquée, et qui ne prouve rien.
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TARSE,
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grande et populeuse ville de la Cilicie, capitale de
cette province pendant la période romaine, située dans une plaine fertile, sur
les rives du Cydnus, et fondée, les uns disent par les Syriens, d'autres par
Persée, d'autres par Sardanapale. Elle est célèbre par un séjour de Cyrus, par
la première entrevue de Marc-Antoine et de Cléopâtre, et plus encore comme lieu
de naissance et première résidence de l'apôtre Paul, Actes 9:11; 11:25; 21:39;
22:3. Ses habitants, descendants d'une colonie grecque, n'oublièrent pas leur
origine, et, tout en s'adonnant avec succès au commerce, ils continuèrent de cultiver
les lettres et les sciences. Les écoles de Tarse pouvaient être comparées aux
plus célèbres écoles d'Athènes et d'Alexandrie. Le luxe régnait partout, et,
pour l'éclipser, il fallut que Cléopâtre avalât, dissoute dans du vinaigre, une
perle estimée un million. Tarse était une ville libre en ce sens que, tout en
appartenant à l'empire romain, elle s'administrait par ses propres lois, et
élisait elle-même ses magistrats, faveur qui lui avait été octroyée par
Antoine, mais qui n'emportait pas plus le droit de cité qu'il n'imposait les
charges de colons; ce n'est donc pas comme natif de Tarse que Paul pouvait se
dire Romain de naissance. Tarse compte encore aujourd'hui 7 à 8,000 habitants,
pendant l'hiver environ 30,000, mais renferme beaucoup de ruines.
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TARSIS
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(pierre précieuse, ou selon d'autres, et plus
probablement, soumission, vasselage, pays conquis). Les notices bibliques sur
cette ville, ou contrée, sont de deux sortes: les unes sont générales, telles
que Genèse 10:4; Psaumes 72:10; Ésaïe 66:19, et dirigent les recherches vers
les côtes et les îles éloignées du nord et de l'ouest de la Palestine; les
autres sont spéciales, précises, telles que Ézéchiel 27:12,25, où l'on voit Tyr
s'approvisionner à Tarsis d'argent, de fer, d'étain, de plomb, etc. (cf. 38:13;
Jérémie 10:9); Ésaïe 23:10, où Tarsis paraît placée sous la domination
tyrienne, et Jonas 1:3; 4:2, où l'on voit un vaisseau partir de Joppe pour
Tarsis. Il ressort enfin de 1 Rois 10:22; cf. 22:49, que Tarsis était une place
de commerce très fréquentée par les Phéniciens; car les vaisseaux qui, sous
Salomon et Josaphat, faisaient le service d'Hetsjon-Guéber à Ophir, portent le
nom de vaisseaux de Tarsis, comme une espèce de litre d'honneur désignant de
grands bâtiments de commerce. Cependant, les Phéniciens ayant eu de tous côtés
des établissements maritimes, les notices qui précèdent ne suffisent pas pour
déterminer l'emplacement de Tarsis, et les opinions les plus divergentes se
sont fait jour. Les uns, sur les traces de Flavius Josèphe, ont confondu cette
ville avec Tarse de Cilicie, ou avec la Cilicie elle-même; mais Tarse n'a pas
été une place de commerce assez importante pour justifier une aussi grande
célébrité, et Jonas, fuyant Ninive, n'aurait pas pris le chemin de la Cilicie
pour s'en éloigner. D'autres, surtout à cause de 2 Chroniques 9:21; 20:36, ont
placé Tarsis en Éthiopie. Le besoin de trouver un pays produisant les divers
objets énumérés, a fait oublier le moyen de s'y rendre; car, à moins de
supposer que la flotte tyrienne fît le tour de l'Afrique en doublant le Cap, il
faut renoncer à cette hypothèse: la seule force de cette opinion se trouve dans
les deux passages indiqués des Chroniques; mais les passages parallèles, 1 Rois
10:22; 22:49, peuvent expliquer une méprise de l'auteur des Chroniques, qui
aura pris pour vaisseaux partant de Tarsis des vaisseaux qui n'en avaient que
le nom, et se rendaient en Ophir (cf; 9:28; 10:11). D'autres auteurs mettent Tarsis
sur la côte septentrionale de l'Afrique, baignée par la Méditerranée, à
Carthage, par exemple, toujours par rapport aux produits présumés du pays.
Cette hypothèse, plus vraisemblable que la précédente, est cependant, comme
elle, combattue par la table des peuples de Genèse 10, qui se distingue par une
grande précision et un grand ordre géographique, et qui, après avoir compté
Tarsis parmi les peuples de l'Europe descendants de Japhet, ne passe aux
Africains descendants de Cam qu'au verset 6.
— D'autres, également à cause du passage des
Chroniques, ont pensé aux Indes Orientales, et ils s'appuient sur son
rapprochement de Scéba, Psaumes 72:10; mais, outre que dans ce verset le
rapprochement peut n'établir qu'un contraste, ce que le texte rend assez probable,
l'embarquement de Jouas à Joppe, Jonas 1:3, suffit à renverser cette opinion.
L'hypothèse la plus généralement admise, parce que c'est celle qui présente le
plus de preuves et soulève le moins d'objections, voit dans la Cadix moderne,
dans le Tartessus des anciens, le Tarsis des Hébreux et des Phéniciens. Le
vieux Emporium Tartessus, situé au-delà des colonnes d'Hercule, dans la partie
sud-ouest de l'Espagne, non loin de l'embouchure du Bétis (Guadalquivir, le
grand fleuve), offrait dans son voisinage d'abondantes mines d'argent, et,
comme le nom de Tartessus désignait l'ensemble des colonies phéniciennes de
cette contrée, il est probable que le nom de Tarsis avait aussi, pour les
Hébreux, une signification générale. Cette identité de lieu est appuyée d'abord
sur l'identité de nom, plus frappante en hébreu avec la prononciation
araméenne; puis, sur le fait bien connu que la partie sud-sud-ouest de
l'Espagne, particulièrement Tartessus, était le principal lieu de commerce des
Phéniciens, qui en rapportaient à chaque voyage de riches trésors; enfin, sur
ce que tous les produits mentionnés dans Ézéchiel et Jérémie s'y rencontraient.
L'Espagne renfermait d'abondantes mines d'or et d'argent, ces dernières dans le
voisinage de Tartessus; on y trouvait du plomb, au dire de Pline, et l'airain y
était apporté des Îles Britanniques, pour être de là transporté sur les marchés
de l'Asie par les vaisseaux de Tyr; il parait même que la contrée renfermait de
l'airain, et ce métal y était si abondant qu'on s'en servait pour les
constructions.
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TARTA, 2 Rois 18:17, lieutenant de Sanchérib, et l'un
de ceux qui accompagnèrent Rabsaké à Jérusalem. On ignore si c'est le même que
Tartan qui, sous le règne de Sargon, assiégea et prit Asdod pour le compte de
son maître, Ésaïe 20:1. Gesenius l'affirme.
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TARTAC
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(Tharthak), 2 Rois 17:31, idole des Haviens. D'après
les rabbins, elle aurait eu la figure d'un âne. On suppose que c'était un
mauvais génie, le dieu des ténèbres, qui, dans le système de l'astrologie
assyrienne, serait représenté par les planètes de malheur, Mars ou Saturne. Son
nom même, en langue pehlvi, signifie épaisses ténèbres, ou héros des ténèbres.
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TARTAN,
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— Voir: Tarta.
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TATOUAGE.
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On en trouve quelques traces dans l'antiquité; quelquefois
les esclaves portaient, gravé sur le corps, le nom de leurs maîtres; les
soldats, celui de leurs chefs, ou tel autre signe caractéristique; les
idolâtres, le nom ou l'image de leur idole, et quelques auteurs ont cru voir
des allusions à cet usage dans Ésaïe 44:5; Zacharie 13:6; (?) Galates 6:17;
Apocalypse 13:16; 14:1. II ne faut pas confondre avec le tatouage proprement
dit les signes de reconnaissance ordinairement imprimés par le feu aux
criminels, aux prisonniers de guerre, aux esclaves, ni les incisions que les
anciens se faisaient en signe de deuil, Jérémie 16:6; 41:5; 47:5,8,37, et qui
étaient sévèrement interdites aux Israélites, comme un acheminement à
l'idolâtrie, Lévitique 19:28; Deutéronome 14:1. Quant aux incisions des
prophètes de Baal, 1 Rois 18:28, elles appartenaient à leur culte, et
constituaient un moyen apparent de contraindre la divinité à se montrer.
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TATTENAÏ
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(offrande, présent?), successeur de Réhum dans
l'administration des provinces samaritaines du nord de la Judée, se montra par
sa justice, plus favorable aux Juifs que son prédécesseur. Cependant lorsque,
sous la direction de Zorobabel, ceux-ci voulurent poursuivre la construction du
temple, il intervint avec ses collègues, et fit momentanément interrompre les
travaux, dans l'incertitude où il était sur la portée de l'autorisation
accordée aux Juifs. Il écrivit en conséquence à Darius pour connaître sa
volonté; son rapport est exact et modéré: la réponse ayant été favorable, il
n'hésita pas à laisser les Juifs reprendre leurs travaux, et mérita la
réputation d'un sujet fidèle, d'un magistrat intègre, d'un administrateur
bienveillant; Esdras 5, et 6.
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TAUPE.
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Cet animal paraît désigné par le nom de hholed, il est
rangé, Lévitique 11:30, au nombre des animaux impurs. Il ne s'agit pas là
cependant de notre taupe européenne, quoique celle-ci se trouve aussi en Syrie,
mais de la taupe asiatique, spalax microphthalmus, qui a les paupières
entièrement fermées. Elle creuse dans la terre des galeries horizontales,
rejette au-dehors des taupinières, comme nos taupes, et se nourrit surtout de
plantes aromatiques à fortes odeurs.
— Luther et d'autres commentateurs ont encore traduit
par taupes les mots thinshèmeth, Lévitique 11:30.
— Voir: Lézard., et hheparpéroth, Ésaïe 2:20 (d'après
Jérôme et Théodotion);
Gesenius entend par ce dernier mot, des rats, Hitzig,
des moineaux; Winer, d'après l'étymologie, traduirait d'une manière générale:
des animaux qui creusent la terre (pour y chercher leur nourriture); la
traduction qui donnerait le meilleur sens, est celle qui s'attache à la langue
arabe: «dans des trous de souris.»
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TÉBETS,
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ville du centre de la Palestine, située non loin de
Sichem, Juges 9:50; 2 Samuel 11:21. On en trouvait encore les restes au temps
d'Eusèbe.
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TÉHINNA,
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de la tribu de Juda, descendant de Pharez, n'est connu
que comme fondateur de Hirnahas en Juda, 1 Chroniques 4:12.
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TEIGNE,
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Luc 12:33. L'hébreu et le grec désignent souvent le
même insecte, que nos versions traduisent tantôt par teigne, tantôt par ver ou
par vermisseau, Job 4:19; 13:28; Ésaïe 50:9; 51:8; cf. Matthieu 6:19. Il s'agit
probablement dans ces passages de la phalæna tinea sarticella, de ce ver qui
ronge les vêtements de laine, et qui est si universellement connu et redouté.
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TÉKOAH
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(son de la trompette), ville située au sud-est de Bethléem,
sur le sommet d'une montagne (Jérémie 6:1) allongée, sur laquelle se voient
encore des ruines considérables, et qui produit des olives et du miel. Amos, le
berger de Tékoah, promenait ses troupeaux dans la grande et solitaire contrée
de pâturages qui s'étend de là au sud du Cédron, Amos 1:1; 7:14; 2 Chroniques
20:20. Roboam fit fortifier la ville, 2 Chroniques 11:6.
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TÉLABIB
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(du blé nouveau), sur le Chaboras en Mésopotamie: une
colonie de Juifs y était établie, Ézéchiel 3:15. C'est peut-être le Thalaban de
la carte de d'Anville.
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TÉLAJIM
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(agneaux), 1 Samuel 15:4, non loin de la frontière hamalécite,
peut-être le même endroit que Télem, Josué 15:24, qui appartenait à Juda vers
Édom.
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TÉLAZAR, ou Thélassar,
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2 Rois 19:12; Ésaïe 37:12, province inconnue, placée
sous la domination assyrienne. On compare ce nom avec celui d'Ellasar, Genèse
14:1,9, qui se trouve en connexion avec Élam et Sinhar, et que le Targum de
Jonathan a rendu par Thélassar; la version arabe le rend par Arménie. Dans la
version de Luther, Judith 1:6, le roi Arioc Ellasar est fait seigneur de Ragau
(Rages), dans les Septante, il est roi des Élyméens (Élam), et dans la Vulgate,
rex Élicorum. Toutes les notices indiquent donc d'une manière générale un pays
situé vers la mer Caspienne, au nord de la Médie.
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TÉLHARSA et Telmélah,
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Esdras 2:52,59; Néhémie 7:61, villes inconnues de la
Babylonie.
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TÉMOINS.
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La loi de Moïse avait consacré et reconnu l'importance
et la nécessité du témoignage oculaire en matière pénale ou criminelle, et dans
la pratique de la vie ordinaire (des témoins étaient fréquemment appelés dans
les cas où chez nous la signature et le cachet suffisent. La condamnation d'un
homme accusé de meurtre ne pouvait avoir lieu que sur l'accusation de deux ou
de trois témoins, Nombres 35:30; Deutéronome 17:6; cf. Hébreux 10:28. Et en
général pour tout crime ou délit, ce nombre de témoins devaient être entendus,
Deutéronome 19:15; cf. Matthieu 18:16; 1 Timothée 5:19; Jean 8:17. Les témoins
devaient être Israélites, hommes, et libres: les femmes, les enfants, les
étrangers, les esclaves ne pouvaient témoigner. Les témoins, cités devant le juge,
étaient assermentés, et ne pouvaient se refusera porter témoignage, Lévitique
5:1; et afin qu'ils sentissent dans tous les cas la gravité de leurs paroles,
pour qu'ils fussent solennellement responsables du sang versé sur leur
déclaration, ils devaient mettre la main sur la tête de l'accusé, et lui jeter
la première pierre s'il était condamné, Deutéronome 17:7; cf. Jean 8:7; Actes
7:58. Celui qui avait sciemment porté un faux témoignage, et chargé un
innocent, était puni avec toute la rigueur du talion, et subissait la peine
qu'avait encourue et peut-être subie sa victime, Deutéronome 19:16. Ces
précautions, le serment, l'exécution, le talion, cf. encore Exode 23:1,
n'étaient que des mesures extérieures; elles n'avaient de garantie que dans la
conscience des individus; là où cette conscience manquait, les mesures étaient
inefficaces, et dès les temps de la royauté, lorsque la piété était sur son
déclin, on vit souvent les témoins se faire un jeu de leur parole et de leur
serment, Proverbes 6:19; 12:17; 14:5; 19:5; 24:28; Psaumes 27:12. On voit enfin
par Ruth 4:9; Jérémie 32:10, que même en dehors des questions judiciaires, le
témoignage était employé pour la conclusion d'affaires particulières, contrats,
ventes, etc. Le Talmud renferme encore beaucoup de détails secondaires qui ne
sont pas mentionnés dans la Bible, sur la qualité des témoins, les peines des
faux témoins, les épreuves auxquelles ceux-ci étaient soumis, etc.
Les deux témoins de l'Apocalypse, 11:3-10, sont
expliqués dans chaque système d'après l'analogie du système. Il y en a deux,
parce que le Seigneur envoie toujours ses serviteurs deux à deux pour se
fortifier mutuellement, Moïse et Aaron, Eue et Élisée, Zorobabel et Jéhosuah,
etc.; et aussi parce que toute parole sera confirmée par la bouche de deux ou
de trois témoins. Ils représentent l'Église fidèle en général, pendant les 1260
ans du règne de l'Anti-Christ (Guers), et spécialement les Vaudois et les
Albigeois (Digby): ce seront deux individus (Newton, Pensées), et probablement
Moïse et Eue, ou Énoch et Élie. Les deux systèmes, ainsi qu'il a été dit
ailleurs, nous paraissent devoir être conciliés; l'Église rendra témoignage
pendant toute la durée de la lutte, et quand l'Anti-Christ personnel viendra
résumer toute la haine du monde contre Christ, deux témoins, personnels aussi,
résumeront par leur mort la fidélité de l'Église, et par leur résurrection, la
puissance et la fidélité de Jésus, le chef de l'Église.
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TEMPÉRATURE.
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Le climat de la Palestine, comme celui de tous les
pays qui s'étendent sur plusieurs degrés de latitude, et qui renferment des
hauteurs et des vallées, des montagnes et des côtes maritimes, est extrêmement
varié; dans les vallons et les plaines, il est chaud en été, doux en hiver; sur
les montagnes, il est doux en été, rude en hiver. En général, cependant, on
peut dire que la température est modérée, et plus régulière que chez nous.
Arago, dans l'annuaire du Bureau des Longitudes de 1834, compte que la
température moyenne du Caire étant de 22°, celle de Jérusalem qui est située à
2° plus au nord doit être de 21° environ, et les observations la portent en
effet à 21 1/2°. Il en résulterait que depuis trois mille trois cents ans le
climat de la Palestine n'a pas beaucoup changé, car la culture de l'orge ne
comporterait pas une chaleur de plus de 23°-25° en moyenne, et la limite
inférieure est fixée par la production de l'arbre à baume, qu'on trouvait à
Jérico, et qui exige une température d'au moins 21°-22°. En outre les Juifs
célébraient la fête des Tabernacles après la vendange, en octobre, et de nos
jours c'est encore à la fin de septembre, ou au commencement d'octobre, qu'on
cueille le raisin dans la contrée de Jérusalem. La moisson se faisait anciennement
entre la mi-avril et la fin de mai, et des voyageurs modernes ont vu les épis
déjà mûrs en avril dans le midi de la Palestine, le 13 mai aux environs de
Saint-Jean-d'Acre. En Égypte, où le climat est un peu plus chaud, on coupe les
blés vers la fin d'avril et au commencement de mai. La chaleur qui devrait être
insupportable en été, d'après la latitude de la Palestine, puisqu'en juin, à
midi, le soleil n'est qu'à 9° ou 10° du zénith, est considérablement combattue
par la brièveté des jours. Le plus long jour d'été n'a que 14 heures 12
minutes, le soleil se levant vers 5 heures, et se couchant déjà vers 7 heures
du soir. Le plus court jour d'hiver a encore 9 heures 48 minutes. L'année se
divise en deux saisons, la pluie et le beau temps, l'hiver et l'été. L'hiver
commence en octobre et finit en avril: des pluies presque continuelles le
caractérisent, parfois aussi de la grêle, ou de la neige pendant les plus
grands froids, en janvier et en février; mais cette neige, comme les glaces de
la nuit, se fond ordinairement pendant le jour; cf. Esdras 10:9. Le froid n'est
jamais excessif, mais il est suffisant pour que les personnes qui le peuvent,
s'en garantissent encore quelquefois par des feux de cheminée, ou des brasiers,
Jérémie 36:22.
La mention faite de l'hiver, Matthieu 24:20, se
rapporte plus au mauvais état des chemins qu'à l'idée du froid. L'hiver légal,
tel qu'on pouvait l'entendre pour les contrats, loyers, etc., allait, d'après
le Talmud, depuis la fête des Tabernacles jusqu'à Pâques. L'été comprenait le
reste de l'année; une chaleur toujours croissante, un ciel pur et sans nuages,
d'abondantes rosées pendant la nuit, des orages, mais très rares, cf. Proverbes
26:1; 1 Samuel 12:17, sont dans tout l'Orient, et dans la Palestine en
particulier, les caractères de la bonne saison. C'est à la fin d'octobre,
lorsque les jours étant encore agréables, les nuits commencent à devenir
froides, que surviennent les pluies de la première saison, Deutéronome 11:14;
Jérémie 3:3; 5:24; elles augmentent en novembre, le mois des semailles, et, en
décembre, elles deviennent toujours plus fortes et plus abondantes, se changent
quelquefois en neige dans le mois de janvier, mais laissent apercevoir déjà en
février l'approche du printemps. Dès lors, jusqu'à la mi-avril, c'est la pluie
dite de la dernière saison, cf. Jacques 5:7, qui vient féconder la terre; la
chaleur devient plus sensible, mais les nuits sont encore froides, cf. Jean
18:18. Quelques orages épurent l'atmosphère. Vers la fin d'avril, le ciel
achève de se découvrir presque entièrement; l'air devient sec et chaud, les
rosées commencent. C'est le temps de la moisson. Le tonnerre et la grêle ne
sont pas rares en mai. Dans les trois mois suivants, la chaleur devient souvent
insupportable, les nuits même sont ardentes, et beaucoup de ruisseaux
tarissent. Septembre prépare le retour de l'hiver.
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TEMPLE.
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Ce mot qui, dans le Nouveau Testament et dans quelques
passages de l'Ancien, se prend dans un sens spirituel, pour désigner tantôt
l'Église de Jésus-Christ, 2 Thessaloniciens 2:4, Apocalypse 3:12, tantôt le
ciel, Psaumes 11:4 (mal traduit palais), Apocalypse 7:15, tantôt l'âme du
croyant, 1 Corinthiens 3:16; 6:19, signifie généralement un lieu de culte
consacré au service d'une divinité quelconque. On trouve mentionnés dans
l'Écriture les temples païens, de Dagon à Gaza, Juges 16:23; de Dagon à Asdod,
1 Samuel 5:1-2; cf. 1 Maccabées 10:84; de Bahal à Samarie, 1 Rois 16:32; le
temple de Hastaroth, 1 Samuel 31:10; celui de Rimmon, 2 Rois 5:18; celui de
Nisroc à Ninive, Ésaïe 37:38; ceux de Kémos et de Molec, 1 Rois 11:7; le temple
de Babylone, Daniel 1:2; ceux du veau d'or à Dan et à Béthel, 1 Rois 12:28; sq.
(d'après Flavius Josèphe, on aurait encore trouvé les restes du temple de Dan
près du petit Jourdain); le temple de Diane à Éphèse, Actes 19:27; enfin le
temple des Samaritains à Guérizim, 2 Maccabées 6:2; cf. 5:23; celui de Nanéa, 2
Maccabées 1:13, et celui de Bel, Histoire de Bel et du dragon, 1:9. Mais le
plus célèbre de tous, sans contredit, celui dont le nom revient le plus souvent
dans les Écritures, celui dont nous avons aussi plus spécialement à nous
occuper, c'est le temple de Jérusalem, ordinairement désigné sous le nom de temple
de Salomon, son premier fondateur. Dans l'Écriture, il est aussi appelé maison
de Dieu, Esdras 5:13,16; Ecclésiaste 5:1; maison de l'Éternel, sanctuaire, 1
Chroniques 22:19; temple de l'Éternel, Esdras 3:6; Jérémie 7:4; tabernacle du
Seigneur, Apocalypse 21:3; cf. Psaumes 76:2; palais de la sainteté de
l'Éternel, Psaumes 5:7; 138:2; cf. Jonas 2:8. (Le mot de temple, ou maison de
l'Éternel, est même employé par les auteurs sacrés pour désigner le tabernacle
à une époque où les Hébreux n'avaient pas encore de temple à Jérusalem, Exode
23:19; Josué 6:24, 1 Samuel 1:24)
Avant d'en essayer la description, il convient de
retracer rapidement les différentes phases de son histoire; les faits étant à
leur place, on pourra mieux se rendre compte de la valeur des témoignages qui
se rapportent à l'architecture du temple, on ne confondra pas, comme l'ont fait
quelques auteurs, le passé, le présent et le futur, et l'on trouvera la clef
des différences, et même des contradictions apparentes, qui se trouvent dans
les récits des historiens sacrés, relativement aux ornements, à la disposition,
et aux dimensions du temple.
David en eut la première idée, mais il ne lui fut pas
donné de l'exécuter: Dieu lui permit seulement de tout préparer pour cette
construction, matériaux et ouvriers, 2 Samuel 7; 1 Chroniques 17; 18:1-8; quel
que fût le rôle que Dieu avait assigné à la guerre dans les rapports d'Israël
avec les autres peuples, il la déclarait cependant lui-même inconciliable avec
l'édification de son Église. Un prince pacifique pouvait seul ériger un temple
au Dieu de paix: ce fut l'œuvre de Salomon. Il jeta les fondements du temple
1012 ans avant J.-C., l'an 2994 du monde, au second mois (zif); l'ouvrage fut
achevé l'an 1006, et la dédicace eut lieu l'année suivante, 1005 avant J.-C.,
après sept années de travail, 1 Rois 6:38, la onzième année du règne de
Salomon. Des ouvriers étrangers, spécialement des Phéniciens fournis par le roi
Hiram de Tyr, furent presque exclusivement chargés de cette construction; ils
apportèrent avec eux du bois du Liban, 1 Rois 5:18.
Depuis sa solennelle consécration, le temple eut à
subir diverses révolutions: en 971 avant J.-C., Sisak, roi d'Égypte, enlève les
trésors qui y sont renfermés, 1 Rois 14:26; 2 Chroniques 12:9.;
— de 858 à 856, Joas le répare et y fait de nouveau
amasser de l'argent, 2 Rois 12:7; 2 Chroniques 24:8 (Hatalie et la famille
d'Achab avaient achevé l'oeuvre de Sisak, 2 Chroniques 24:7);
— en 740, Achaz dépouille le temple, pour payer des
alliés païens, le roi d'Assyrie, qui le, trompe; il y place un autel sur le
modèle de celui de Damas; il fait reculer l'autel d'airain, il ôte la mer
d'airain de dessus les bœufs qui la supportent, il enlève les cuviers d'airain,
brise les vases sacrés, supprime la tribune du roi, et finit par faire fermer
le temple, 726 avant J.-C., 2 Chroniques 28:21; 2 Rois 16:10;
— en 726, Ézéchias rouvre le temple et le répare, 2
Chroniques 29:3; puis, en 713, pour payer Sanchérib, il le dépouille de
nouveau, 2 Rois 18:15; on croit qu'il le rétablit plus tard;
— Menasse profane le temple et y met des idoles, 2
Rois 21, sq. 2 Chroniques 33:5-15; mais, à son retour de la captivité (676), il
répare le mal qu'il a fait, et retourne au culte du vrai Dieu;
— en 624, Josias travaille à rétablir et à restaurer
le temple, 2 Rois 22, 2 Chroniques 34 et 35;
— Nébucadnetsar le pille, le dépouille, en fait
enlever les vases et les trésors, d'abord sous Jéhojakim, puis sous Jéhojachin,
et enfin le ruine complètement sous Sédécias, en 588, 2 Chroniques 36:6,10,18;
2 Rois 25.;
— le temple reste abandonné et en ruines pendant
cinquante-deux ans, jusqu'à la première année de Cyrus, qui en autorise la
reconstruction (536), 2 Chroniques 36:23; Esdras 1:2; c'est dans cet
intervalle, entre la ruine du premier temple et l'édification du second, que se
place la description prophétique d'Ézéchiel, 40-48;
— en 535, Jésuah et Zorobabel jettent les fondements
du second temple, mais l'année suivante, 534, les travaux sont interrompus par
ordre supérieur, Esdras 3 et 4;
— en 519, sous Darius fils d'Hystaspe, les travaux de
reconstruction sont repris; le, second temple, ou temple de Zorobabel, est
achevé et consacré en 515, Esdras 6:15;
— il est profané par Antiochus Épiphanes qui le pille
et le consacre aux idoles, 1 Maccabées 1:23:49; 4:38; 2 Maccabées 6:2-5
(175-163); Judas Maccabée, après l'expulsion des Syriens, l'an 165, le
rétablit, le purifie, le restaure, et y ajoute un grand nombre d'ornements
nouveaux, 1 Maccabées 4:43; 2 Maccabées 1:18; 10:3; le temple est même fortifié
de divers côtés pour être mis à l'abri de nouvelles attaques et de profanations
ultérieures, 1 Maccabées 4:60; 6:7; cf. 13:53;
— plus tard, Alexandre Jannée, 106 avant J.-C., sépare
le parvis des prêtres du parvis extérieur;
— Pompée, 63, arrose de sang les parvis, profane le
saint lieu, pénètre même dans le lieu très saint, mais laisse intact le trésor;
— en 37, lorsque Hérode le Grand s'empare de
Jérusalem, le temple éprouve de nombreux dommages; quelques-unes de ses cours
et de ses galeries sont dévastées;
— Hérode, qui veut plaire aux Juifs et qui trouve le
temple de Zorobabel trop mesquin pour sa royale résidence, le rebâtit à neuf,
au moins dans quelques-unes de ses parties; les travaux sont commencés 13 ans
avant Christ, selon d'autres 20 ou 21 ans avant l'ère chrétienne, 46 ans avant
la première pâque de Christ, Jean 2:20. Le temple fut achevé en un an et demi,
les parvis en huit ans; mais on continua d'y travailler pour l'embellir et en
mieux terminer les détails. Le temple d'Hérode, ou troisième temple, subsista
soixante-dix-sept ans, jusqu'en l'an 73 de Jésus-Christ; Flavius Josèphe en a
laissé une description détaillée.
On connaît les nombreux essais que l'on a faits pour
reconstruire, au moyen des indications que nous ont données les historiens
sacrés et Flavius Josèphe, le plan du célèbre temple de Jérusalem; on connaît
les travaux du doyen Prideaux, et les trois in-folio du savant jésuite
Villalpande (mort le 22 mai 1608) sur ce sujet; il est peu d'auteurs qui
n'aient essayé de jeter quelques lumières sur ce point enveloppé de tant
d'obscurités, et avec les mêmes données on est arrivé aux résultats les plus
différents: soit parce que l'imagination a dû suppléer à plusieurs lacunes, et
que chacun s'est cru libre d'imaginer quelque chose de neuf (Villalpande
surtout s'est distingué à cet égard comme inventeur et comme architecte); soit
parce que l'on n'a pas suffisamment distingué, non seulement les trois temples
différents, mais encore les restaurations successives de chacun d'eux; soit enfin
parce qu'on a voulu donner à la vision d'Ézéchiel une valeur matérielle et
monumentale que la simple lecture de ces huit ou neuf chapitres condamne et
réfute cependant de la manière la plus péremptoire; nous reviendrons plus loin
sur le caractère de cette vision; pour le moment, nous nous bornerons à
rassembler les détails historiques qui peuvent servir de guide pour la
construction du plan de ces trois temples.
TEMPLE DE SALOMON.
Il s'élevait sur le haut de la colline de Morija, 2
Chroniques 3:1: cela n'est dit expressément que dans ce seul passage, tandis
qu'en plusieurs autres il est parlé, mais d'une manière, ou vague, ou poétique,
du mont de Sion comme étant la montagne de l'Éternel; le passage cité est, dans
tous les cas, formel, et il a pour but spécial de désigner l'emplacement. Vu la
grandeur du temple et de ses abords, il fallut commencer par déblayer et
niveler le terrain; lorsqu'on eut ainsi créé sur le sommet de la montagne une
plaine artificielle, on dut, pour la maintenir et la rendre capable de
supporter le poids énorme dont elle devait être chargée, l'entourer d'épaisses
murailles de revêtement, faites avec les pierres de taille que l'on trouvait en
abondance dans la vallée; ces travaux furent surtout importants sur le côté
oriental; Flavius Josèphe dit même que Salomon ne fit fortifier ainsi que le
flanc est de Morija, et que les autres côtés ne furent construits qu'au fur et
à mesure que le besoin s'en fit sentir, Guerre des Juifs 5, 5, 1; mais dans un
autre passage il attribue tous ces travaux à Salomon, Antiquités Judaïques 15,
11, 3. L'Écriture se tait entièrement sur ce point.
Les chapitres qui seuls renferment une description
proprement dite du temple, quoiqu'on trouve ailleurs encore quelques détails
épars, sont: 1 Rois 6 et 7; 2 Chroniques 3 et 4. Ces chapitres disent fort peu
de chose sur le plan général; ils s'attachent en revanche beaucoup à décrire
certains détails, et varient ou se contredisent sur le chiffre de quelques
dimensions, erreurs qui s'expliquent aisément par la méthode défectueuse de la
numération écrite chez les Hébreux,
— Voir: Nombres;
les deux relations renferment beaucoup de termes
obscurs, beaucoup de lacunes; et celle des Chroniques, en outre, en qualité de
relation postérieure, et peut-être aussi de relation sacerdotale, contient des
détails étrangers à la première, et fait mention d'ornements et de dorures qui
n'appartenaient peut-être pas aux premières années de l'existence du temple,
mais qui y furent ajoutés plus tard par la piété des fidèles, ou par la libéralité
des rois qui, appelés à restaurer un édifice pillé à diverses reprises, ne se
bornèrent pas à ramener les choses dans leur ancien état, mais profitèrent de
l'occasion pour faire mieux. L'historien Flavius Josèphe, qui a ajouté à la
description biblique des détails nouveaux, quoiqu'il n'eût pas plus que nous le
temple de Salomon sous les yeux, Antiquités Judaïques 8, 3, est souvent en
contradiction avec la Bible; et lorsqu'il en supplée les lacunes, il parait le
faire par de simples conjectures architectoniques, ou en puisant ses
renseignements dans Ézéchiel, ce qui ôte à son travail descriptif une partie de
sa valeur.
On distingue dans le temple de Salomon plusieurs
parties principales, concentriques, indépendantes: le temple proprement dit,
les bâtiments du temple, le parvis des prêtres, et le parvis d'Israël. De
grands murs ou des galeries couvertes séparaient ces divers compartiments.
a. Le
temple proprement dit se divisait lui-même en trois parties, le vestibule, le
lieu saint, et le lieu très saint; il avait 60 coudées (32m,40) de long, 20
(10m,80) de large, et 30 (16m,20) de haut, 1 Rois 6; 2 Chroniques 3.
— Le portique, porche, ou vestibule, était à l'orient;
il avait ainsi 20 coudées de long; sa profondeur était de 10 coudées (5m,40);
d'après 2 Chroniques 3:4, suivi par Flavius Josèphe, sa hauteur était de 120
coudées (64m,80), ce qui aurait formé une tour non seulement fort considérable,
mais encore hors de proportion avec les autres dimensions du bâtiment.
Stieglitz y a vu deux tours de 60 coudées chacune (32m,40), mais cette manière
de résoudre la difficulté n'a pas trouvé de partisans; d'autres voient dans ce
chiffre une exagération ou une erreur; Hirt supprime le chiffre 100, et ne
laisse subsister que 20 coudées, mais comme les deux colonnes qui sont devant
le portique, Jakin et Boaz, ont avec leurs chapiteaux, 23 coudées de hauteur,
on ne saurait raisonnablement supposer le portique moins élevé; Winer pense
arbitrairement que le porche avait 25 coudées de hauteur; Meyer, que le temple était
bâti sur un terre-plein à 3 coudées au-dessus du sol, que le portique avait
comme le reste du temple, 20 coudées de hauteur, plus les 3 coudées du remblai,
et que les colonnes situées sur le sol même, n'atteignaient avec leurs 23
coudées que le niveau même de la hauteur du temple. On ne saurait choisir entre
ces diverses hypothèses; les anciens connaissaient, comme nous, l'usage des
tours s'élevant au-dessus des temples, comme on le voit par les médailles du
temple de Paphos, mais le chiffre paraît cependant trop considérable, et le
livre des Chroniques renferme sous ce rapport plus d'une difficulté, l'on peut
dire plus d'une erreur de chiffres. Le porche était garni dans sa partie
intérieure de nombreuses dorures (de pur or, 2 Chroniques 3:4).
— Le lieu saint avait 40 coudées (21m,60) de long, 20
(10m,80) de large, et probablement 30 (16m,20) de haut, (1 Rois 6:2); les
murailles et la voûte étaient lambrissées intérieurement d'ais de cèdre; le sol
était planchéié de lattes de cyprès,
— Voir: Sapin;
l'extérieur était tout bâti de pierres fines,
semblables au marbre blanc: les lambris intérieurs étaient ornés de diverses
figures en relief, couvertes de lames d'or jusqu'à la hauteur de 20 coudées.
Dans le lieu saint se trouvaient l'autel du parfum, les tables des pains de
proposition, les chandeliers d'or et quelques autres ustensiles, Hébreux 9:2.
— Le lieu très saint, appelé aussi le saint des
saints, le sanctuaire, et l'oracle, avait 20 coudées dans toutes ses
dimensions; il avait ainsi 10 coudées de moins en hauteur que le lieu saint,
mais on ignore si cette différence se faisait apercevoir par l'abaissement de
la toiture (comme dans les temples égyptiens), ou si, avec un toit d'égal
niveau, il y avait au-dessus du lieu très saint un espace vide de 10 coudées
formant une espèce de grenier; mais dans ce dernier cas, la hauteur de la
muraille qui séparait le lieu saint du très saint n'étant que de 20 coudées, 1
Rois 6:16, ce vide aurait été visible à l'intérieur et n'aurait été dissimulé
que par les chaînettes d'or et le voile, ou réseau, dont il est parlé verset
21. Quelques auteurs pensent que la hauteur intérieure du lieu saint n'était
que de 20 coudées (6:16) comme celle du très saint, et que au-dessus de l'un et
de l'autre se trouvait un espace vide de 10 coudées; le toit, dans ce cas,
serait supposé incliné, et il aurait recouvert également, et sans différence de
niveau, les deux bâtiments intérieurs du temple. La hauteur de 30 coudées
serait la hauteur du temple vu de dehors (Hirt pense que l'espace de 10 coudées
compris entre le toit et le lieu très saint contenait une machine électrique,
destinée aux opérations divines; Winer trouve cette idée malheureuse; il y a là
en effet de quoi compromettre un homme et un parti). Le lieu saint et le saint
des saints étaient séparés par une porte à deux battants de bois d'olivier,
chacun des battants se pliant lui-même en deux, et étant orné de diverses
figures en relief, 1 Rois 6:31; on ne sait pas au juste ce qu'était ce voile de
l'oracle, ni quel était son usage, si c'était un simple ornement, ou un réseau
à larges mailles étendu au-dessus de la porte pour laisser s'échapper la fumée
du sacrifice.
— Quant aux deux colonnes, il en a été parlé à
l'article Boaz; on n'est pas d'accord sur leur position; elles étaient devant
le portique, mais s'élevaient-elles indépendantes? c'est ce qui semblerait le
mieux justifier la solennelle importance que leur donne l'écrivain sacré; ou
supportaient-elles une espèce de toit plat, à l'ombre et à l'abri duquel on
pouvait se réfugier (Meyer)? d'autres enfin les placent à l'entrée même du
temple, derrière la porte, et adossées aux murailles latérales.
Les murs du temple étaient, selon toute apparence, de
pierres massives, comme ceux du palais de Salomon, 1 Rois 7:10. C'est à tort,
et par suite de fausses interprétations ou de vagues conjectures, que quelques
auteurs ont pensé que les fondements seuls étaient de pierre, et que le corps
de l'édifice était en bois. La toiture seule, comme les parois intérieures,
étaient faites de bois de cèdre, 1 Rois 6:9,15, la charpente de même; rien
n'indique si le toit était plat ou incliné. La porte d'entrée, dont la largeur
ni la hauteur ne sont marquées, était en cyprès plaqué d'or, avec diverses
figures en relief, des fleurs, des palmes, des chérubins; d'après le passage
correspondant, Ézéchiel 41:2-3, la porte du lieu saint aurait eu 10 coudées de
large, celle du lieu très saint 6 coudées. Le saint des saints ne contenait que
l'arche de l'alliance.
b. Les
bâtiments du temple étaient trois étages de chambres qui entouraient le temple
au sud, à l'ouest et au nord, communiquant ensemble par des portes, et
destinées aux provisions, aux vases sacrés et aux trésors du lieu saint, 1 Rois
7:51; 15:15; 2 Rois 11:10; La hauteur de ces chambres, ou appentis, étaient
uniformément de 5 coudées (2m,70), leur profondeur augmentait d'une coudée par
étage, de 5 coudées au premier, de 6 au second, de 7 au troisième, l'épaisseur
des murs diminuant à mesure qu'ils s'élevaient et qu'ils avaient une moindre
charge à supporter, 1 Rois 6:6. Les rétrécissements dont il est parlé dans ce
passage (mig'raoth) s'expliquent d'une manière à la fois claire et simple par
le passage correspondant de Ézéchiel 41:6; il en résulte que pour que le lieu
saint ne servît pas en quelque sorte d'appui matériel aux bâtiments qui
l'entouraient, un contre-mur était adossé à la muraille du temple, et que les
soliveaux des chambres entraient dans cette muraille extérieure sans toucher
les murs mêmes du temple. D'autres, cependant, entendent que le mur du temple
était, à l'extérieur, construit en forme d'escalier (trois différences
d'épaisseur), et que les solives des chambres s'appuyaient sur ces espèces de
degrés extérieurs, sans qu'il eût été nécessaire de faire des trous dans la
muraille pour y faire entrer les solives. La longueur des chambres n'est pas
déterminée; Ézéchiel parle de trente chambres, dix par étage, ce qui ferait
quatre pour chaque côté de la longueur, et deux pour la largeur derrière le
lieu très saint; avec les dimensions admises plus haut, ces chambres auraient
eu ainsi, les plus grandes, 15 coudées (8m,10) de long, les deux autres, 10
coudées.
— L'entrée de ces chambres était au côté droit sud de
la maison; l'on montait par une vis, ou escalier tournant, au deuxième étage,
et de là au troisième.
— La hauteur de ces bâtiments était de 15 coudées; il
restait ainsi de la place pour les fenêtres du temple, même dans la
supposition, peu admissible, que le temple n'eût que 20 coudées de hauteur
au-dedans. Les fenêtres étaient larges à l'intérieur, et rétrécies par dehors,
comme les fenêtres de nos vieux châteaux, et les meurtrières de nos
forteresses. On n'en connaît au reste ni la grandeur, ni le nombre, ni la forme
(peut-être étaient-elles treillissées?); elles servaient plutôt à rafraîchir
l'air qu'à donner du jour. Le lieu très saint n'en avait point.
c. Immédiatement
autour du temple était le parvis intérieur, 1 Rois 6:36, qui est appelé parvis
des prêtres, 2 Chroniques 4:9, parce qu'il n'était accessible qu'à eux et aux
lévites. C'est là qu'ils offraient les sacrifices et accomplissaient la plupart
de leurs fonctions; c'est là qu'étaient l'autel des holocaustes, la mer
d'airain, les cuves et les deux colonnes. C'était un carré de, 100 coudées
(54m) de côté; il avait trois portes, une à l'orient, une au sud, une au nord.
On descendait de là par huit marches dans l'enceinte extérieure, appelée:
d. Le
parvis d'Israël ou parvis du peuple; il avait 500 coudées de côté (270m), et
quatre portes d'airain aux quatre vents; il était sans toiture, et pavé de
marbres de différentes couleurs.
Ces deux parvis étaient séparés par une muraille de
trois rangées de pierres polies, et d'une rangée de poutres de cèdre, 1 Rois
6:36. Flavius Josèphe dit que sa hauteur n'était que de 3 coudées (1m,62), afin
que le peuple, de son parvis, pût voir ce qui se faisait dans celui des
sacrificateurs, Antiquités Judaïques 8, 2 (détail qui ne s'accorderait pas avec
une différence de niveau marquée par les huit marches). De chaque côté de la
muraille étaient des portiques et des loges pour les lévites et les
sacrificateurs, des réduits pour divers ustensiles, pour le bois et pour les
provisions nécessaires, 1 Chroniques 28:12. Le mur extérieur du parvis du
peuple était en outre bordé de galeries magnifiques, soutenues par deux ou
trois rangs de colonnes, sous lesquels on pouvait s'abriter et se promener.
— On ne saurait nier que ces deux parvis ne fussent
l'œuvre de Salomon, 2 Rois 21:5; 23:12; Ézéchiel 9:7; mais il est plus
difficile de déterminer jusqu'à quel point leurs ornements et leurs
dépendances, bâtiments, chambres, réduits, et autres, dont quelques-unes furent
assez considérables pour avoir un nom spécial, appartiennent à son règne;
— Voir: Jérémie 38:2,4; 36:10,20,21; 2 Rois 23:11; cf.
11:19,6; 15:35; 2 Chroniques 24:8; 35:15; Jérémie 20:2; 26:10; Ézéchiel 8:3,5;
9:2; 10:19; 11:1.
Il ressort même de plusieurs de ces passages que des
changements et des modifications eurent lieu sous les rois suivants, et
l'histoire du temple nous a montré en quelles circonstances ces adjonctions ont
pu être nécessitées, et quelles causes les ont produites.
D'après ce qui précède, on peut se faire une idée
assez juste, peut-être assez claire, de ce qu'était le temple de Salomon: plus
riche que majestueux, plus magnifique que grandiose, fait pour Dieu plutôt que
pour les hommes, bien proportionné dans son ensemble, mais petit en comparaison
de la multitude de peuple qui ne devait avoir que ce seul sanctuaire;
sacerdotal et non populaire, puisque les simples Israélites ne pouvaient pas
même pénétrer jusqu'au parvis qui l'entourait immédiatement. Son espèce de
clocher, ses appentis latéraux et la dépression de la partie occidentale du
bâtiment, ont été sinon copiés, du moins imités dans la construction de
plusieurs temples catholiques, et l'église de Dresde est citée par Winer, comme
répondant assez exactement à l'idée qu'on doit se faire du temple de Salomon
par les récits bibliques.
À peine le temple fut-il achevé que Salomon y fit
transporter l'arche de l'alliance, et qu'il le consacra lui-même d'une manière
solennelle, comme le temple de tout le peuple. Mais peu d'années après la mort
de son fondateur, les changements politiques qui survinrent, détachèrent du
temple de Jérusalem la plus grande partie des ressortissants des dix tribus
schismatiques, et le temple de Salomon ne fut plus que le centre religieux du
petit royaume de Juda; encore fut-il à plusieurs reprises profané et consacré
aux idoles par des rois de la famille de David, 2 Rois 21:4; 23:4, etc. Lorsque
Nébucadnetsar le détruisit et le brûla, il comptait environ quatre cent
dix-huit années d'existence.
Dom Calmet, dans son dictionnaire, entasse sur un seul
temple tous les détails relatifs aux trois temples qui se succédèrent, et au
temple d'Ézéchiel. De là des contradictions sans nombre. C'est la science du
pèle mêle. Mentionnons que le temple
d’Ézéchiel est figuratif et se rapporte à Christ, Temple du Dieu vivant, de
même qu’à tous les élus qui sont membres de son Corps.
VISION D'ÉZÉCHIEL.
Avant de passer à la description du temple de
Zorobabel, c'est ici le lieu de dire quelques mots de la vision renfermée dans
les neuf derniers chapitres d'Ézéchiel, et spécialement des chapitres
40:1-43:12. Le prophète, qui, malgré les malheurs de sa patrie, attend la restauration
d'Israël, et qui termine son livre par ce long cri d'espérance, de joie et de
triomphe, voit en vision le saint lieu rétabli, le sacerdoce réintégré dans ses
fonctions, le culte renouvelé, Jérusalem restaurée, une source de bénédictions
nouvelles descendre sur un peuple longtemps coupable, mais puni et pardonné, et
l'Église sortie de ces ruines, se partager de nouveau Canaan pour y servir à
toujours l'Éternel. Si l'on oublie le sens de cette vision, l'on tombe aussitôt
dans le non sens; Villalpande, en voyant dans ce temple symbolique une
réminiscence du temple de Salomon (ce qui est cependant contredit par la
différence des détails), Grotius, en y voyant une réminiscence du temple tel
qu'il était lorsqu'il fut détruit par Nébucadnetsar, méconnaissent le caractère
spirituel de la prophétie. Dœderlein, au contraire, en ne voyant que le côté
idéal de cette vision, en n'y voyant qu'une description poétique, une œuvre de
fantaisie, un élan d'imagination, ou bien encore une œuvre d'art, un plan
médité à loisir, méconnaît la mission religieuse du prophète et de la prophétie
en général, mission positive, pratique, féconde, messianique. Herder, Eichhorn
et d'autres n'ont ni mieux compris, ni mieux réussi en cherchant à réunir ces
deux points de vue différents, et en disant qu'Ézéchiel voulait laisser à la
génération nouvelle le modèle d'un temple à reconstruire lorsqu'ils seraient
rentrés dans leur patrie, et qu'il a fait ce plan moitié de souvenir, moitié
d'imagination. Les commentateurs juifs se rapprochent de l'idée messianique,
mais ils la présentent, comme toujours, sous un point de vue charnel; Ézéchiel
a vu le temple tel qu'il existera matériellement lors de la venue du Messie.
Ewald, qui partage en quelque sorte cette manière de voir, ajoute que si le prophète
décrit si minutieusement certaines parties du temple et de l'autel, maintenant
détruits et perdus, c'est pour que du moins le souvenir en reste, et qu'on
puisse les reproduire et les reconstruire lorsqu'Israël sera délivré et
rétabli. La conscience chrétienne a si formellement protesté contre cette
interprétation judaïque, que par réaction sans doute, et par un excès de
spiritualisme, on en est venu à appliquer généralement et exclusivement toute
cette vision à l'Église du Nouveau Testament. Quelques théologiens ont essayé
de tempérer cette vue exagérée, en admettant qu'Ézéchiel a bien voulu faire la
description d'un temple matériel que les Juifs devraient bâtir un jour, mais
que ce temple serait l'image et la représentation de, l'Église. Il y a dans
toutes ces interprétations quelque chose de trop arbitraire ou de trop
dogmatique. La vision d'Ézéchiel ne peut être prise ni comme une description
matérielle, ni comme un travail d'imagination, ni comme un composé de l'une et
de l'autre, ni comme un simple type; elle est un symbole. Il importe en effet,
de remarquer:
a. que
le temple de Zorobabel n'a pas été construit d'après les données d'Ézéchiel,
quoique les contemporains du prophète fussent encore vivants; preuve qu'on
n'estimait pas qu'il eût voulu imposer de la part de Dieu la forme du nouveau
temple,
b. Plusieurs
détails de la description étaient d'une exécution matériellement impossible,
n'ayant qu'une valeur symbolique; ainsi, l'étendue de l'enclos autour du
temple, 500 cannes de côté (1800 mètres), 42:16; sq.; la gloire de Dieu qui se
manifeste, 43:2; les eaux qui sortent de dessous le seuil de la maison, qui
augmentent en volume jusqu'à devenir un torrent que le prophète traverse à la
nage, quoiqu'elles n'aient point d'affluent, qui finissent par se jeter dans la
mer d'Orient, la mer Morte, et qui en assainissent les eaux, 47:2; sq.; le
nouveau partage du pays entre les douze tribus, partage qui n'a jamais eu lieu,
47:13, etc.
c. Ézéchiel,
le lévite, avec son caractère sacerdotal et mosaïque, si attaché à la loi de
l'Éternel, d'ordinaire si attaché à la lettre du Pentateuque, l'abandonne ici à
plusieurs reprises, n'en conservant que l'esprit, et semble entrer dans une
voie nouvelle de développement, comme s'il pressentait celui qui n'est pas venu
abolir la loi, mais l'accomplir; comme s'il pressentait l'ère nouvelle de la
loi parfaite, Moïse remplacé par Jésus, la synagogue par l'Église,
d. La
prophétie est présentée sous la forme d'une vision, et c'est le propre d'une
vision de présenter des idées abstraites sous des formes concrètes,
matérielles, physiques; le prophète se voit lui-même transporté dans un temps
nouveau, il participe aux bénédictions que la vision lui montre; il ne pouvait
pas voir l'ère de Christ sous une forme spirituelle,
e. Le
prophète lui-même en plusieurs autres passages, notamment 20:40 (cf. aussi
11:19; 36:26, et surtout 37:26-28), semble déjà fixer notre attention sur une
époque ou le culte sera esprit et vie, où Dieu sera le sanctuaire de son peuple
comme il l'a déjà été, 11:16.
f. L'analogie
des autres prophètes appuie le sens symbolique de ce passage; ainsi Jérémie,
31:38, représente la restauration du culte et de la théocratie sous l'emblème
de la reconstruction de Jérusalem;
— Voir: aussi 33:17; cf. encore Aggée, 2:7; Ésaïe
60:10; Zacharie 2:2; sq.; 4; 6:13; 14.
g. Le
Nouveau Testament, et spécialement les deux derniers chapitres de l'Apocalypse,
confirme pleinement et péremptoirement l'explication symbolique de la vision
d'Ézéchiel, comme étant la seule juste, la seule conforme à l'analogie de la
foi.
h. La
lecture enfin de cette prophétie reste obscure à quelque point de vue qu'on se
place, mais elle acquiert une entière clarté si l'on abandonne le sens
matériel, ou simplement poétique et prophétique, pour ne voir dans ces
magnifiques descriptions que le langage symbolique du chrétien à qui Dieu
révèle une économie nouvelle, une dispensation nouvelle de grâces, de
bénédictions, de joie, de paix et de fidélité.
Il appartient aux commentaires d'entrer à cet égard
dans des développements; ce qui précède suffit pour montrer que le temple
symbolique du prophète ne peut servir que par d'incertaines analogies à la
reconstruction du temple de Salomon ou du temple de Zorobabel. On peut lire
dans l'excellent commentaire de Hævernick les détails exégétiques que notre
travail ne comporte pas.
TEMPLE DE ZOROBABEL.
On n'a pas de détails sur la forme, la grandeur et
l'architecture de ce temple; on suppose qu'il était construit à l'instar du
premier, sur l'emplacement duquel il s'élevait; mais il n'en égala ni la
richesse, ni la splendeur, Esdras 3:12; Aggée 2:3. Il avait des parvis, des
portiques, et quelques bâtiments ou cellules dans leur enceinte, 1 Maccabées
4:38,48. Les vieillards qui avaient vu le premier temple pleurèrent en voyant
combien le second lui était inférieur; mais Aggée les consola en prophétisant
que la gloire de cette seconde maison serait plus grande que celle de la
première, car le maître de cette maison devait un jour l'honorer de sa
présence, Aggée 2:9; cf. Malachie 3:1. (Les Juifs ne savent comment expliquer
cette supériorité, puisqu'ils n'admettent pas que la présence de Jésus en a été
le plus bel ornement.) Les docteurs juifs disent qu'il manquait à ce temple
cinq choses qui étaient dans celui de Salomon: l'esprit de prophétie, l'oracle,
le feu sacré qui devait brûler continuellement sur l'autel, l'Urim et le
Thummim. Dieu voulait que, peu à peu, ces types fissent place à la réalité,
Jérémie 4:4.
TEMPLE D'HÉRODE.
Il est quelquefois appelé second, quelquefois troisième
temple; ceux qui lui donnent ce dernier nom veulent faire mentir la prophétie
d'Aggée relative à la gloire du temple de Zorobabel; c'est donc plutôt une
question dogmatique qu'une affaire de chiffres qui distingue ces deux titres,
l'un et l'autre, du reste, également justifiés. Hérode fit faire au temple de
Zorobabel de tels changements, que l'on put l'appeler un nouveau temple; mais
ces changements qui ne détruisirent à peu près rien de ce qui existait déjà, ne
furent, dans un autre sens, que la continuation des travaux commencés au retour
de l'exil. Le nom importe peu, pourvu qu'on se rappelle que le temple d'Hérode
ne fut que celui de Zorobabel enrichi et augmenté. Flavius Josèphe, dans la
Guerre des Juifs 5, 5, et dans ses Antiquités 15, 11, 3, le Talmud dans le
traité de Middoth (Mishna 5, 10), nous en ont conservé la description; cette
dernière autorité est moins sûre, et quelquefois suspecte.
Le temple, avec ses abords, avait quatre stades de
tour (864m), un stade (216m) par côté. Il s'élevait par une suite de terrasses,
chaque parvis intérieur étant plus élevé que celui qui l'entourait
immédiatement, et le temple couronnant et dominant ses parvis et la ville tout
entière. Le parvis extérieur avait plusieurs portes, quatre à l'ouest, une à
chaque autre côté (selon d'autres, deux au sud); ce parvis était entouré, au
moins de trois côtés, d'un double rang de galeries en bois de cèdre, larges de
30 coudées, et soutenues par des colonnes de marbre hautes de 25 coudées: là se
trouvait, à ce qu'on pense, le portique de Salomon, Jean 10:23; Actes 3:11. La
porte surnommée la Belle, Actes 3:2,10, était probablement la porte orientale,
dite porte de Susan, parce qu'un tableau de la ville de ce nom y était
représenté. Une synagogue, Luc 2:46, des chambres pour les lévites, une maison
de change et un marché s'abritaient sous les colonnes de cette galerie; là on
vendait les objets nécessaires aux sacrifices sanglants et non sanglants, de la
farine, de l'huile et des animaux. Le marché était naturellement plus fréquenté
à certaines époques de l'année; à Pâques, par exemple, une hausse artificielle
pouvait se faire sentir dans le prix des marchandises, et les cris des
acheteurs, des vendeurs et des animaux ne pouvaient que troubler la dévotion
des Israélites pieux qui visitaient le temple, cf. Matthieu 21:12; Jean 2:14.
C'est sur ce portique, bâti au bord d'un précipice, que quelques auteurs
pensent que Jésus fut mené par le diable (De Wette); d'autres croient que ce
fut sur le portique du roi, d'autres, enfin, sur le temple même, construit en
plateforme et garni d'une balustrade. Le sol de ce parvis était pavé de pierres
plates de différentes couleurs; une balustrade de fer, avec des colonnes de
distance en distance et des inscriptions grecques et latines, marquait le point
au-delà duquel il était défendu aux gentils, sous peine de mort, de pénétrer.
Ce premier parvis est appelé, par les archéologues chrétiens, le parvis des
Gentils, d'après l'analogie de Apocalypse 11:2.
On montait de là, par quatorze degrés, à une espèce de
petite terrasse large de 10 coudées, que l'on traversait pour arriver au parvis
proprement dit. La muraille qui l'entourait, avait 40 coudées de haut; mais
elle paraissait moins élevée à cause des degrés, qui en dissimulaient une
partie, un entrait dans ce parvis par neuf portes (quatre au sud, quatre au
nord et une à l'est), auxquelles conduisaient cinq degrés. À lest était le
parvis des femmes, séparé par une muraille du parvis des hommes, et moins
élevé. Quinze degrés conduisaient dans le parvis des Israélites par la porte
orientale, qui formait l'entrée principale. Cinq degrés seulement, mais plus
élevés, aboutissaient du parvis des hommes à la même entrée. Des appartements
étaient construits au-dessus des portes, jusqu'à la hauteur de 40 coudées; deux
colonnes de 4 coudées de diamètre étaient placées comme ornement devant chacun
de ces vastes bâtiments. Les portes proprement dites étaient à deux battants;
elles avaient 30 coudées de haut et 15 de large; l'or et l'argent les
recouvraient du haut en bas. Une simple galerie supportée par de hautes et
belles colonnes, courait le long des murs intérieurs du parvis. C'était le
parvis d'Israël.
Le mur qui le séparait du parvis des prêtres, n'avait
qu'une coudée de hauteur. Ce dernier entourait immédiatement le temple de tous
les côtés. L'un et l'autre étaient pavés de dalles plates, et comme les prêtres
devaient remplir leurs fonctions nu-pieds, ils étaient assez fréquemment
exposés à des indispositions plus ou moins graves; un ou plusieurs médecins étaient,
en conséquence, attachés au service du temple. Dans le parvis des prêtres était
l'autel des holocaustes; c'est là qu'on sacrifiait, qu'on priait, qu'on
bénissait, et que les lévites chantaient les doux cantiques d'Israël.
Enfin, à 12 coudées au-dessus du parvis, s'élevait le
temple lui-même, ayant 100 coudées de haut, autant de long, et autant de large
par devant, son immense portique faisant saillie des deux côtés, et s'avançant
de 15 à 20 coudées à droite et à gauche. Ce portique avait également 100
coudées de haut; le fronton en était couvert de dorures; un cep de vigne
colossal, d'or ou doré, s'élevait au côté de la porte, et laissait retomber à
profusion des grappes d'or de hauteur d'homme, symboles du bonheur promis par
les prophètes, Jérémie 2:21; Ézéchiel 19:10; cf. Joël 1:7; occasion peut-être
du discours de Jésus. Jean 15; (c'est à ce fait qu'il faut probablement
rattacher la tradition qui porte que les Juifs adoraient Bacchus). Sous le
portique on trouvait deux tables, l'une de marbre, l'autre d'or, sur lesquelles
le sacrificateur déposait, en entrant dans le temple et en en sortant, les
pains de proposition. Deux portes d'or à deux battants, hautes de 55 coudées et
larges de 16, devant lesquelles pendait, à l'intérieur, un riche rideau de
broderie, ouvraient sur le lieu saint, haut de soixante coudées, large de 20,
long de 40; il renfermait le chandelier d'or à sept branches, la table d'or des
pains de proposition, et l'autel d'or des parfums, un rideau magnifique, celui
qui se déchira à la mort du Sauveur, Matthieu 27:51, (les rabbins disent deux
rideaux éloignés d'une coudée l'un de l'autre) conduisait au lieu très saint,
qui était vide, l'arche ayant disparu lors de la captivité de Babylone; au dire
des Juifs, une pierre massive en occupait la place. Le saint des saints avait
20 coudées de long, 20 de large et 60 de haut. Le toit était probablement plat,
quoique Flavius Josèphe n'en dise rien, et que De Wette pense le contraire. Il
était garni de flèches d'or ou dorées (d'une coudée de haut), qui devaient
empêcher les oiseaux de s'y établir, et qui purent aussi faire l'effet de
paratonnerres à l'insu de ceux qui les avaient imaginées. L'espace compris
entre le toit et la hauteur du temple était occupé par des appartements et des
chambres pour les prêtres, les provisions et les vaisseaux du temple. De même
que l'intérieur, l'extérieur du bâtiment était couvert d'or, et brillait au
soleil du plus vif éclat; tout ce qui n'était pas dorure était marbre, et ces
énormes blocs d'une blancheur éclatante donnaient de loin au temple l'apparence
d'un monticule couvert de neige.
Ce temple, dans les parvis duquel notre Seigneur se
promenait ordinairement pendant ses séjours à Jérusalem, et où il prononça
quelques-uns de ses plus beaux discours aux nombreux rassemblements de peuple
qui s'y formaient naturellement chaque jour, était en contact immédiat avec la
basse ville, et il se reliait à la haute ville bâtie sur Sion, au moyen d'un
pont à plusieurs arches. Il était lui-même dominé par le fort Antonia, qu'Hé-rode
fit construire au commencement de son règne, à l'extrémité nord-ouest de la
montagne du temple, et qui communiquait avec ce bâtiment par le moyen de
souterrains inconnus. De l'une des tours de la forteresse on pouvait voir tout
ce qui se passait dans le temple, et une garnison romaine l'occupait
habituellement, pour comprimer de là toute espèce de tentative que pourraient
faire les Juifs pour procurer leur émancipation. Plusieurs mouvements eurent
lieu en effet, mais ils restèrent infructueux et ne produisirent que des
dévastations partielles. Le lieu saint resta intact sous Hérode et sous ses
fils; on songeait même, sous Hérode Agrippa II, à reprendre quelques
réparations; mais le dernier soulèvement qui eut lieu, et la manière dont les
Romains s'en rendirent maîtres, rendirent inutile ce projet; la dernière heure
avait sonné. Des troupes juives furent caser-nées dans les parvis du temple, et
leurs armes furent suspendues aux portes mêmes du saint lieu; c'était là le
dernier boulevard de l'indépendance nationale. Les Romains (l'an 70), sous
Titus, s'y précipitèrent du fort Antonia; les Juifs, au désespoir, mirent le
feu au parvis; un soldat romain jeta un tison ardent contre les bâtiments qui
tenaient au temple vers le nord; la flamme s'élança, Titus essaya en vain
d'arrêter les progrès de l'incendie, et tout fut dit. Les vainqueurs n'eurent
plus qu'à réunir sur un char de triomphe, les débris qu'ils purent arracher à
l'incendie, la table des pains de proposition, le chandelier d'or, le livre de
la loi, et deux trompettes; ces insignes de la victoire furent plus tard
représentés en relief sous la voûte de l'arc de Titus, et l'on en possède
plusieurs copies.
Les fondements du temple avaient été épargnés;
quelques murailles sans doute restaient encore debout, et pouvaient servir de
centre de ralliement aux Juifs fanatisés. Adrien (136), en élevant sur la place
de l'ancienne Jérusalem la ville nouvelle d'Ælia Capitolina, construisit un
temple de Jupiter sur la place et avec les débris du temple de l'Éternel, et
interdit aux Juifs l'entrée de la ville. Quelques tentatives malheureuses de
ces derniers méritent à peine d'être mentionnées, et lorsque Julien, en 368,
voulut essayer lui-même cette œuvre d'hostilité contre Dieu, des flammes
sorties des fondements découverts, le forcèrent d'abandonner cette entreprise.
Aujourd'hui c'est une mosquée magnifique, l'une des trois plus belles des
mahométans, qui s'élève au sommet de la ville sainte; elle fut construite en
636 par le calife Omar, avec les débris d'une église chrétienne.
Quant au sicle du sanctuaire,
— Voir: Impôt, et Sicle.
La perception de cet impôt était proclamée le 1er
adar; les bureaux des changeurs s'ouvraient le 15 dans les provinces, et le 25
à Jérusalem. Il fallait en effet que les Juifs sujets à l'impôt, pussent se
procurer au lieu, de la monnaie courante, la monnaie ancienne dans laquelle
l'impôt était perçu, et le change se faisait contre un certain agio. Il y avait
une amende pour celui qui ne s'était pas acquitté au 25. Les villes éloignées
envoyaient leur recette en or pour la facilité du transport. Un évalue à près
de 2 millions de francs le produit annuel de cet impôt, du temps de Christ. Les
sommes reçues étaient déposées dans deux troncs du parvis des femmes; dans l'un
on mettait le produit de l'année, dans l'autre les paiements arriérés de
l'année précédente. Ces richesses accumulées, et parfois exagérées, attirèrent
souvent l'attention des généraux et des princes qui s'emparèrent de Jérusalem,
1 Maccabées 1:24, etc. Les chambres du trésor furent brûlées par l'armée
romaine, mais Titus ne put se rendre maître des richesses qu'elles
renfermaient.
On infère de plusieurs passages, Deutéronome 31:26; 2
Rois 22:8; 2 Maccabées 2:13, qu'il y avait dans le temple, ou plutôt dans un
des bâtiments voisins, des archives ecclésiastiques et nationales; mais ces
passages ne suffisent pas à le prouver, quoique le fait n'ait en lui-même rien
d'invraisemblable; 1 Maccabées 14:49, et Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques
5, 1. 17. Guerre des Juifs 7, 5, 5, ne sont pas davantage des témoignages
péremptoires.
Ce fut toujours une coutume, dès la plus haute
antiquité, chez les Juifs comme chez les païens, d'offrir au temple des
présents, soit de prières, soit d'actions de grâces, lorsqu'on partait pour une
expédition, ou qu'on en revenait. Les Philistins firent une offrande de ce
genre lorsqu'ils renvoyèrent l'arche de l'alliance, 1 Samuel 6. Les livres
apocryphes citent d'autres exemples de princes païens, ou de riches prosélytes
qui prirent plaisir à orner le temple. Ces sortes d'ex voto qui n'étaient pas
en numéraire, étaient publiquement exposés, soit dans l'intérieur du temple,
soit dans le portique ou dans les parvis, et leur nombre était si considérable
qu'il ne pouvait manquer d'attirer l'attention des promeneurs, cf. Luc 21:5.
Ptolémée Philadelphie en particulier, témoigna par la richesse de ses dons, sa
reconnaissance pour la traduction grecque des Septante qui lui fut envoyée.
Quelques trophées se trouvaient aussi mêlés aux ornements du temple, 2 Rois
11:10; cf. 1 Samuel 21:9.
Un nombreux personnel était naturellement attaché au
service de bâtiments aussi vastes et aussi nombreux. La police du temple avant
l'exil était spécialement confiée aux lévites, q.v.; cf. aussi 2 Chroniques
23:19; cependant nous n'avons aucun détail sur l'organisation de ces services.
Après l'exil, au dire de Flavius Josèphe, les gardiens
du temple furent placés sous les ordres d'un chef spécial; l'ouverture et la
fermeture des portes exigeait le travail de vingt hommes, et se faisait par les
soins des prêtres. Le chef des gardiens est quelquefois cité à côté du
souverain sacrificateur; il avait un secrétaire, et veillait à l'ordre, à la
propreté, et à la tranquillité des parvis: on suppose qu'il était choisi parmi
les prêtres du premier rang. Les prêtres avaient trois postes autour du temple,
les lévites en avaient vingt-un aux portes des parvis; ils devaient veiller à
ce qu'aucun homme impur, ou femme souillée, ne dépassât les limites qui lui
étaient posées; on ne pouvait aborder le temple avec un bâton à la main, ni
avec des souliers, ni avec des pieds non lavés; on ne pouvait non plus, comme
cela se pratique de nos jours encore en plusieurs lieux, traverser avec une
charge, corbeille ou autre, les parvis du temple pour abréger son chemin.
Un temple juif avait été construit, 180-145 avant
J.-C., à Léontopolis, en Égypte, par le souverain sacrificateur Onias, sous le
règne de Ptolémée Philométor, sur le modèle de celui de Jérusalem, mais en
petit. Le décrire serait sortir des limites de notre plan. Il fut détruit sous
Vespasien.
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TENTES,
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— Voir: Tabernacle.
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TÉRÉBINTHE,
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le pistacia terebinthus de Linnée, probablement
désigné par les mots hébreux allah et élah, bel arbre au tronc vigoureux, aux
branches nombreuses et fortes (Sirach 24, 22), originaire du Levant, et que
l'on trouve dans presque toute l'Asie Mineure, mais particulièrement dans les
îles de Chypre et de Chios: il paraît être devenu rare en Palestine, quoiqu'on
l'y rencontre encore, de même qu'en Syrie. Son écorce est grisâtre, gercée; ses
feuilles, roides, d'un vert lustré, longues de 1 pouce et 1/2 à 2 pouces,
ressemblent à celles de l'olivier, et persistent en hiver. Ses fleurs se
montrent à la fin d'avril, au bout des branches, et ressemblent à celles de
l'olivier; les fruits, groupés en forme de grappes ou de bouquets, sont durs,
résineux, gros comme les grains du genièvre, et renferment une petite amande
blanche et charnue, mangeable, mais d'une digestion difficile. Le bois de
l'arbre est blanc et dur. Le tronc donne une espèce de résine que l'on rend
plus abondante au moyen d'incisions artificielles; mais l'on n'en retire jamais
une bien grande quantité: quatre térébinthes de soixante ans donnent environ 1
kilogramme 1/2 à 2 kilogrammes, et l'île de Chios tout entière n'en rapporte
guère annuellement que 600. La vraie térébenthine était en conséquence comptée
au nombre des essences les plus précieuses de l'Orient; la médecine en tirait
un grand parti. On dit que le térébinthe atteint un âge fort avancé, environ
mille ans, cf. Ésaïe 6:13, et Flavius Josèphe raconte que l'on en montrait de
son temps à Hébron un aussi vieux que le monde! C'est le cas, ou jamais, de
passer au moins au déluge.
Les voyageurs s'arrêtaient volontiers sous l'ombrage
touffu et bienveillant de cet arbre, Juges 6:11,19; 1 Rois 13:14; on y adorait
des idoles, Ézéchiel 6:13; Osée 4:13: on y élevait des monuments, Josué 24:26,
on y enterrait ses morts, 1 Chroniques 10:12.
— Nos versions, à l'imitation des anciennes, et sans
doute à cause de la ressemblance des noms hébreux, ont presque toujours
confondu le térébinthe avec le chêne, q.v.
— Voir: aussi Vallée.
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TÉRÈS,
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— Voir: Bigthan.
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TERRE.
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Fermeté, solidité, stabilité.
Ce mot a dans l'Écriture, comme dans le langage
ordinaire, plusieurs significations différentes: il désigne le sol sur lequel
nous marchons, Genèse 1:10: toute la matière grossière qui fut créée au
commencement, Genèse 1,1; le globe terrestre avec tout ce qu'il contient,
hommes, animaux, plantes, métaux, etc., Psaumes 24:1; 115:15-16; Genèse 8:17;
il désigne aussi les habitants de la terre, Genèse 6:13; 11:1. Quelquefois il
se dit d'une contrée particulière, le plus souvent de la Palestine, à moins
qu'un autre pays ne soit spécialement désigné, la terre d'Égypte, d'Assyrie, de
Moab; il s'applique à tout l'empire de Caldée et d'Assyrie, Esdras 1:2. Dans
les Psaumes, la terre signifie en premier lieu le pays d'Israël, et ensuite
prophétiquement le monde entier, Psaumes 33:8,14; 45:16; 48:2; 57:5,11, etc. La
terre des vivants marquait dans l'esprit des Juifs, soit la Palestine, par
opposition aux lieux de leur captivité, soit la vie à venir, par opposition à
la vie présente, Psaumes 27:13; 52:5; Ésaïe 38:11; 53:8. La terre d'oubli,
c'est le tombeau, Psaumes 88:42; Job 10:21,22. Dans Je sens moral, la terre est
opposée à l'esprit, elle est l'emblème de la matière, le mot terrestre est
opposé à céleste, Jean 3:34; Colossiens 3:5; 1 Corinthiens 15:47-48; 2
Corinthiens 5:4; la terre représente la corruption, la décomposition, Psaumes
103:14. Dans le langage prophétique, dans Daniel, et dans l'Apocalypse en
particulier, le mot terre désigne encore d'une manière spéciale le territoire
des quatre monarchies, l'Asie Mineure, et toute la portion de l'Europe comprise
entre la Méditerranée au sud, le Rhin et le Danube au nord (— Voir: Gaussen).
Newton y ajoute encore l'Angleterre. On multiplierait à l'infini l'énumération
des acceptions diverses dans lesquelles ce même mot est pris dans la Bible; ce
travail n'est pas nécessaire.
Quant à la terre proprement dite, il a été parlé aux
articles Genèse et Création de ce qui concerne son origine et du récit que nous
en font les historiens sacrés; de l'aveu même des théologiens les moins
suspects d'enthousiasme, de Winer, par exemple, le récit biblique de Genèse 1,
est si sage, si bien conçu, si naturel, et raconté dans un style si beau, si
élevé, qu'il n'est aucune autre cosmogonie de l'ancien monde qui puisse lui
être comparée sous ce rapport,
— Voir: aussi Cuvier, Discours, etc.; Chaubard,
Éléments de Géologie, etc.
Il est difficile de se former une idée des opinions
des Hébreux relativement à la structure de la terre; il est probable même
qu'ils ne s'étaient pas posé la question. Les descriptions poétiques de Psaumes
104:5; Job 9:6; 38:6; Psaumes 75:3, qui nous parlent des bases et des piliers
de la terre, ou de Psaumes 24:2; 136:6, qui nous représentent la terre comme
fondée sur l'Océan, ne doivent pas plus être prises à la lettre que celle de
Ésaïe 11:12, qui semble indiquer une terre carrée (Gesenius); de Job 26:7, qui
la représente planant dans l'espace, soutenue par la puissante main de Dieu, ou
de Proverbes 8:27; Job 26:10; Ésaïe 40:22, qui la représentent comme une
sphère, ou comme une circonférence, dont Jérusalem serait le centre, Ézéchiel
5:5; cf. 38:12.
(Le mot «terre» ou «ERETS» en Hébreu signifie
proprement «ce qui est stable ou fixe», nous indiquant que la Terre n'est pas
en motion, elle ne tourne pas sur elle-même ni ne tourne-t-elle autour du
soleil. Elle est le centre même de l'univers et tout est en rotation
perpétuelle autour d'elle.)
Avant l'exil, les Juifs ne connurent guère que les
pays qui les avoisinaient immédiatement, et avec lesquels ils avaient des
occasions de contact, l'Égypte, l'Arabie, la Syrie et la Phénicie; niais leurs
connaissances géographiques s'étendirent avec la captivité; ils apprirent à
connaître l'Assyrie, la Médie, la Babylonie, et peut-être leurs rapports avec
les Phéniciens leur firent-ils connaître aussi les îles, les pays de l'ouest,
et même le nord de l'Asie, Gog et Magog, Ézéchiel 27, Jérémie 51:27; cf. Ésaïe
14:13. Les premiers essais d'une géographie datent de cette époque, et Flavius
Josèphe (Antiquités Judaïques 1, 6) nous fait part des travaux de celui qui, le
premier sans doute, essaya de résoudre les difficultés et les obscurités
généalogiques de Genèse 10, par les traditions des peuples sur leurs origines.
Depuis les Maccabées, les Juifs entrèrent en rapport avec la Grèce et l'Italie;
lé commerce et la politique agrandirent de ce côté leur horizon.
— On a cru trouver, Josué 18:9, la première trace de
cartes géographiques, mais on peut l'entendre aussi d'une description des
lieux, d'une topographie; en Égypte, cependant, Sésostris aurait eu, d'après la
tradition, la première idée de planés et de cartes du pays.
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TERTIUS
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n'est connu que parce qu'il servit de secrétaire à
saint Paul, lorsque celui-ci écrivit son épître aux Romains, Romains 16:22,
soit qu'il ait recopié la lettre autographe de l'apôtre, soit plutôt qu'il ait
écrit sous sa dictée. Lightfoot suppose que Tertius est le même que Silas, ce
dernier nom pouvant signifier, en hébreu, le troisième. Quelques éditions
grecques portent Térentius. On ne sait, du reste, rien de positif sur sa vie.
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TERTULLE,
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orateur, rhéteur ou avocat, dont le nom signifie
imposteur. II ne doit sa réputation qu'à son plaidoyer contre saint Paul à
Césarée, devant Ananias et le gouverneur Félix, Actes 24:1. Quoique son
discours ne nous soit rapporté qu'en extrait, on y reconnaît, soit pour le
fond, soit pour la forme, tout ce qui caractérise les époques de décadence, des
précautions oratoires stéréotypées, de la violence et de l'exagération dans la
plainte, et ce système d'intimidation qui provient de la peur que causent à
ceux qui gouvernent les moindres innovations, et surtout les mouvements de la
piété. C'est au nom de la tranquillité publique qu'il combat la liberté des
cultes; c'est au nom de l'ordre qu'il demande le châtiment d'un apôtre. Il n'y
a rien de nouveau sous le soleil.
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TESTAMENT,
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— Voir: Alliance, et Bible.
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TÉTRARQUE,
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nom sous lequel régnèrent en Palestine, et dans son
voisinage, plusieurs princes vassaux de Rome, notamment Hérode Antipas, fils
d'Hérode le Grand, tétrarque de Pérée et de Galilée, Luc 3:1, qui fit trancher
la tête de Jean-Baptiste; Philippe, également fils d'Hérode le Grand, et
tétrarque de la Trachonite, Luc 3:1, de la Batanée et de la Gaulonite; enfin
Lysanias, prince d'Abilène.
— Voir: leurs articles.
Le premier est nommé roi, Matthieu 14:9; cf. 2:22, par
suite de l'extension donnée à la signification primitive de tétrarque, ou, pour
mieux dire, ce mot qui signifiait d'abord chef d'un quart du pays, avait
complètement perdu sa signification pour ce qui concerne les princes de la
famille d'Hérode, comme chez nous plusieurs titres subsistent encore, qui n'ont
plus de réalité, duc de Dalmatie, prince de la Moskowa, duc d'My, comte de
Montebello, etc. C'est au démembrement de la Thessalie en quatre tétrarchies,
par Philippe de Macédoine, qu'il faut remonter pour trouver l'origine de ce mot
et son véritable sens. Puis trois tribus galliques ayant émigré de Thrace en
Galatie, partagèrent chacune leur territoire en quatre cercles ou districts,
dont les chefs reçurent le nom de tétrarques. Dès lors ce titre s'est conservé
jusque dans la période romaine, quoiqu'il n'y eût plus à cette époque qu'un
seul tétrarque, Déjotarus. En Palestine, ce furent d'abord les fils
d'Antipater, Hérode et Phasaël qui, après avoir été longtemps à la tête des
provinces, reçurent d'Antoine moins les fonctions que le nom de tétrarques.
Plus tard Hérode, devenu chef de toute la Palestine et de l'Idumée, reçut le
titre de roi. Mais, après sa mort, le royaume fut de nouveau partagé entre deux
de ses fils, Antipas et Philippe, qui furent appelés tétrarques, tandis que le
troisième, Archélaüs, régna sous le nom d'ethnarque. Avec eux s'éteignit pour
la famille d'Hérode la charge du tétrarchat; mais elle reparut dans la personne
de Lysanias. D'après Flavius Josèphe et Pline, il y avait encore des
tétrarchies aux environs du Liban et dans la Cœlésyrie, comme, en général,
pendant la fin de la république et sous les empereurs, le nom de tétrarque fut
donné à de petits princes vassaux, auxquels on ne voulait pas laisser le titre
de rois.
— Voir: Sallust. Catil. 20, 7. Tacit. Ann. 15, 25.
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THABOR,
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— Voir: Tabor.
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THADDÉE,
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— Voir: Jude.
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THADMOR,
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Thamar, etc.
— Voir: Tadmor, Tamar, etc.
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THAMMUS, Thammuz.
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Ce mot ne se trouve que Ézéchiel 8:14. Au milieu des
visions qui lui montrent l'idolâtrie ravageant le pays et souillant l'autel du
Seigneur, le prophète voit des femmes assises qui pleurent Thammus. C'était le
dieu du deuil, une divinité qu'adoraient les femmes dans les larmes de leur
douleur, l'Adonis des Phéniciens; tous les commentateurs sont d'accord à cet
égard. Thammus était Nimrod qui fut condamné en Égypte par un concile de 72
juges sous la direction de Sem, fils de Noé. Son corps fut décapité en douze
sections, chacune d’elle envoyée à tous les coins de la terre comme
avertissement. En Égypte il était connu sous le nom d’Osiris. Son culte
principal se célébrait à Byblos; il était aussi adoré en Syrie et en Chypre, et
de bonne heure, quoique avec des modifications, ce culte passa en Grèce.
L'Adonis de nos mythologies ne doit donc pas être confondu avec l'Adonis de
l'Orient. Chez les Phéniciens, la fête d'Adonis se célébrait au mois de juin,
qui fut peut-être, à cause de cela, nommé Thammuz par les Israélites après le
retour de l'exil; elle commençait par le deuil, et finissait par la joie. Les
femmes poussaient des cris plaintifs, se rasaient la tête, et allaient jusqu'à
offrir leur virginité dans le temple en l'honneur du dieu qu'elles avaient
perdu; l'on enterrait ensuite solennellement l'idole, avec toutes les
cérémonies en usage. Alors venait la seconde partie de la fête: le dieu était
retrouvé, ressuscité, et des réjouissances sans nombre succédaient aux
lamentations et au désespoir. Le sens de cette fête était clair et simple.
Adonis était le symbole du soleil, tour à tour perdu et retrouvé, et, sous ce
rapport, il n'est autre que l'Osiris des Égyptiens. Il résulte de la vision
d'Ézéchiel que cette idolâtrie avait aussi ses sectateurs à Jérusalem; mais on
se demande d'où vient ce nom de Thammus qui, nulle part ailleurs, n'est employé
dans ce sens. Hævernick est peut-être le seul commentateur qui ait
convenablement résolu cette question: selon lui, le prophète évite de prononcer
le nom d'Adonis, qui a trop de rapport avec le nom de l'Éternel, Adonaï, et il
le remplace par un mot appellatif composé, qui rappelle l'idole d'une manière
assez claire pour être comprise. Thammus qui, selon saint Jérôme, signifie
abstrus, caché, conviendrait assez au secret dont on enveloppait les mystères
de ce dieu; mais une autre étymologie, développée par Hævernick, semble
meilleure encore: Thammus serait une contraction de Tham'sus ou de Thanmus, qui
signifie celui qui s'en va, qui s'évanouit, qui meurt.
(Thammuz est un des
noms de Nimrod sous lequel il fut adoré. Sa mort violente fut pleurée par les
anciens qui virent en lui un bienfaiteur et un sauveur. En fait, Nimrod était
le premier Antichrist après le Déluge.)
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THÉÂTRE,
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— Voir: Jeux.
Il n'en est parlé qu'une seule fois dans l'Écriture, à
l'occasion du tumulte d'Éphèse, Actes 19:29.
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THÉMAN
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(parfait, sud).
1. Chef
édomite, fils d'Éliphas et petit-fils d'Ésaü, Genèse 36:11,15,42.
2. Ville
et district de l'Idumée, Jérémie 49:7,20; Ézéchiel 25:13 (opposé à Dédan), Amos
1:12; Habacuc 3:3; Abdias 9. Au temps d'Eusèbe et de Jérôme, Théman avait
encore une garnison romaine. Les Thémanites, Genèse 36:34, partageaient avec
les autres Iduméens la réputation d'une grande sagesse, et passaient pour ne
s'exprimer qu'en un langage sentencieux, Abdias 8; Jérémie 49:7; le plus sage
des trois consolateurs de Job, Éliphas, est Thémanite, 2:11; 4:1.
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THÉOPHILE
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(ami de Dieu), personnage qui n'est absolument connu
que par la mention qu'en fait saint Luc en lui dédiant ses deux ouvrages, Luc
1:3; Actes 1:1. On suppose, par le titre de très excellent, qui lui est donné
dans l'Évangile, qu'il était un homme de distinction, cf. Actes 23:26; 24:3;
26:25, où cette épithète n'est donnée qu'à de hauts personnages; peut-être
occupait-il un poste éminent a cette époque, et le perdit-il plus tard;
peut-être l'intimité qui s'établit entre lui et Luc permit-elle à celui-ci de
supprimer dans son second ouvrage un titre que l'étiquette lui imposait dans le
premier. On n'en sait rien; on ignore si Théophile était païen ou juif
d'origine, gouverneur romain ou souverain sacrificateur juif, quand, comment et
par qui il fut converti; on ignore tout, et l'on n'a pas même quelque vague tradition
à invoquer. Cependant, comme il est dans la nature des interprètes de vouloir
tout savoir, et il faut le leur pardonner, les suppositions se sont multipliées
autour de ce personnage; Morus en fait un Athénien, Hase un Alexandrin,
Eichhorn un Italien, etc. D'autres pensent que Luc désigne par un faux nom un
homme qu'il ne veut pas nommer, gouverneur ou autre, qui penchait vers le
christianisme, que son Évangile décida, et qui dès lors se lia d'une amitié
intime avec lui; d'autres enfin croient que le nom de Théophile, ami de Dieu,
désigne d'une manière générale tous les chrétiens. L'opinion qui se recommande
le plus au milieu de toutes ces hypothèses, est celle d'Eichhorn, que Théophile
habitait l'Italie, elle se fonde sur ce que Luc, ordinairement si exact dans
ses détails géographiques, pour la Palestine, l'Asie et la Grèce, se borne pour
la Sicile et l'Italie à la simple mention des noms, comme si Théophile devait
suffisamment connaître ces contrées; la fin subite du livre des Actes qui
s'arrête en quelque sorte au moment le plus intéressant, aux luttes de Paul
avec les puissances de Rome, fortifie ce sentiment; Luc ne dit plus rien, parce
que Théophile était là qui pouvait suivre par lui-même l'histoire de l'apôtre.
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THÉRAPHIMS,
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sans doute des dieux domestiques, une espèce de
pénates, que les premières générations de la famille d'Abraham paraissent avoir
hérités de leurs ancêtres, Genèse 31:19,34; cf. Ézéchiel 21:26, et qu'ils
consultaient comme des oracles, Juges 18:5; cf. 17:5; Zacharie 10:2. Pour les
croyants, ce culte était une idolâtrie, 2 Rois 23:24; Osée 3:4. Il y avait des
théraphims de toute grandeur, depuis ceux que Rachel déroba et cacha, jusqu'à
celui que Mical plaça dans le lit de David, 1 Samuel 19:13,16. Ils avaient des
visages humains. Quelques auteurs ont cru que c'étaient des cadrans solaires,
des anneaux constellés, des espèces de silènes, etc.; il n'est naturellement
pas d'absurdités que les rabbins n'aient accueillies ou du moins recueillies
sur ce sujet.
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THESSALONIQUE
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(victoire des Thessaliens), ville importante, qui
était au temps des Romains la capitale du second district de la Macédoine, et
la résidence du præses et du questeur, les deux premiers magistrats romains.
Appelée d'abord Émathia, puis Halia, puis Therma, elle reçut, à ce qu'il
paraît, son nouveau nom de Philippe, père d'Alexandre (les anciens géographes
et scoliastes varient cependant sur ce point), ou de son gendre Cassandre, soit
en l'honneur de Thessalonique, fille de Philippe, épouse de Cassandre, soit en
l'honneur d'une victoire remportée sur les Thessaliens. Située au fond du golfe
qui porte son nom, sinus Thermæus, la ville faisait un grand commerce par
lequel elle s'enrichissait de plus en plus; au temps de Pline, elle avait le
titre de ville libre, plus tard elle devint métropole; au cinquième siècle,
grande, populeuse, riche, elle était la capitale d'un pays d'une très grande
étendue; maintenant elle s'appelle Salonichi, et compte environ 70,000
habitants, qui vivent en grande partie du commerce. D'après le récit de
Strabon, Philippe, en renouvelant la ville, y fit entrer les habitants des
petites villes voisines, ce qui augmenta singulièrement sa population; plus
tard, un assez grand nombre de Romains vinrent s'y fixer aussi, comme dans
toutes les villes considérables de l'empire; enfin, le commerce y attira encore
des Juifs. Le nombre paraît en avoir été assez considérable, car ils y
possédaient même une synagogue, ou plutôt, pour rendre précisément l'expression
des Actes, la synagogue, ce qui implique que c'était la synagogue, non
seulement de la ville, mais encore des environs, la synagogue dont la proseuque
de Philippes pourrait n'avoir été qu'une simple annexe. C'est dans cette
synagogue que Paul commença à prêcher, lorsque après avoir passé pour la
première fois par la Phrygie et la Galatie, il eut été poussé par l'Esprit à
porter l'Évangile en Europe. Forcé de quitter Philippes, il avait pris la
grande route le long de la côte, et il était arrivé à Thessalonique par
Amphi-polis et Apollonia. Il prêcha pendant trois sabbats consécutifs, et gagna
à Christ quelques Juifs et un grand nombre de païens attachés au culte juif,
Actes 17:1-4; mais les Juifs incrédules, qu'on voit avoir été nombreux, riches
et influents, causèrent un tumulte en se servant, comme de juste, des hommes
oisifs et fainéants qu'ils trouvèrent sur la place publique; le mot de saint Luc,
αγοραίοι, devrait proprement se traduire par flâneurs
(Steiger, notes manuscrites); ils rassemblèrent la populace, en grande partie
sans doute composée de leurs débiteurs, et qui, par ce motif, était d'autant
mieux préparée à suivre l'impulsion qu'ils leur donneraient; suivis de cette
foule, ils cherchèrent Paul et Silas dans le dessein de les faire paraître en
jugement devant l'assemblée populaire, Actes 17:5. Ne les ayant pas trouvés,
ils s'en prirent à Jason et à ses amis, tous hommes de distinction, qu'ils
n'osèrent pas juger sommairement et qu'ils traduisirent devant le sénat en
formulant une accusation bien propre à effrayer une autorité municipale soumise
au joug des Romains. Jason et les siens ne furent point incarcérés, mais durent
fournir un cautionnement. Saint Paul dut fuir; il se retira d'abord à Bérée,
puis à Athènes, et enfin à Corinthe. C'est de là, qu'après avoir travaillé avec
bien du succès, il écrivit sa
1re aux Thessaloniciens,
— Voir: 1 Thessaloniciens 1:8; 3:6.
L'occasion de cette lettre se trouve dans l'arrivée de
Timothée auprès de saint Paul; il lui apporte des nouvelles du beau réveil de
la Macédoine, de ce réveil dont Paul n'avait vu que les premiers moments, mais
qui s'était développé après son départ sous la direction de Silas et de
Timothée, non seulement dans la ville même de Thessalonique, mais aussi dans
les environs, parmi les Juifs et au milieu des païens, réveil qui fournit plus
tard à l'apôtre des collaborateurs et des aides, Actes 20:4. Paul loue les
Thessaloniciens pour leur foi et leur charité, il les exhorte à la
persévérance, leur donne quelques préceptes généraux, et s'attache à combattre
des vues fausses qui s'étaient introduites dans l'Église sur divers points,
spécialement sur le retour du Seigneur et le jugement dernier. On peut diviser
cette épître en cinq parties:
a. 1-2:16.
Paul rappelle aux Thessaloniciens leur histoire spirituelle, la manière dont
l'Évangile fut reçu dans leur ville, l'impression qu'a produite sur d'autres
leur conversion, etc.
b. L'amour
de l'apôtre pour cette Église, et sa sollicitude pour les fidèles depuis son
départ, 2:17-3:13.
c. 4:1-12.
Exhortations morales, de la conduite des chrétiens en général, et de l'amour
fraternel,
d. 4:13-5:11
. Réponse aux doutes, aux erreurs, et aux préoccupations des Thessaloniciens
sur le second avènement de Christ, consolations, et exhortations à la
vigilance,
e. 5:12-24.
Exhortations relatives à l'Église et à la morale.
2e aux Thessaloniciens.
Elle fut écrite également de Corinthe, et peu de temps
après la première, pour rassurer ses amis qu'une fausse interprétation de sa
première lettre, ou qu'une lettre supposée, et exploitée dans de mauvaises
intentions, avait alarmés et troublés. Il censure avec plus de force encore
ceux qui vivent dans l'oisiveté et dans une curiosité inquiète; il exhorte
l'Église à s'attacher toujours plus à la saine doctrine, et à surmonter avec
constance les persécutions présentes ou futures, 1:1-12; il leur annonce
l'homme de péché, le mystère d'iniquité, 2:1-12, et les engage à se garder de
toute séduction, 2:13-3:1-6, et à éviter tous ceux qui ne se conduisent pas
d'une manière régulière, 3:7-18.
L'authenticité de ces deux épîtres, prouvée par les
témoignages des Pères, Polycarpe, Justin martyr, Irénée, Tertullien, Clément
d'Alexandrie, n'a guère été révoquée en doute que par quelques savants tout à
fait modernes, qui n'ont pas même trouvé du crédit auprès de leurs collègues,
les autres rationalistes. La seconde épître a en sa faveur des témoignages
encore plus anciens que la première. Quant aux commentaires, on peut citer
celui de Turretin (1739), ceux de Koppe, Flatt, Pelt, Schott, et surtout celui
d'Olshausen.
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THÉUDAS ou Théodas,
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(ou Théodas, contracté de Théodore), célèbre émeutier
juif, nommé dans le discours de Gamaliel, Actes 5:36, comme ayant réussi à se
mettre à la tête de 400 hommes, qui du reste ne tardèrent pas à être défaits.
Son histoire se place donc avant Gamaliel qui la raconte, et avant celle de
Judas le Galiléen, ainsi qu'il résulte du verset 37, par conséquent avant
Tibère, ou au plus tôt sous son règne. C'est donc à tort qu'on a voulu le
confondre avec un autre factieux du même nom dont la révolte, arrivée sous le
règne de Claude, et sous le gouvernement de Cuspius Fadus, vers 44, est
racontée par Flavius Josèphe. Pour les confondre on est obligé de recourir à
trop de subterfuges, jusqu'à supposer que Luc met dans la bouche de Gamaliel un
anachronisme, et lui prête un discours qui n'a pu sans doute être prononcé à
cette époque, mais qui du moins renfermait pour les lecteurs des Actes une
allusion facile à comprendre. L'interrègne qui suivit la mort d'Hérode le Grand
fut fécond en émeutes, moitié politiques, moitié religieuses, et le nom de
Theudas était assez commun pour qu'on puisse admettre, à quelques années
d'intervalle, deux chefs de ce nom.
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THOMAS,
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surnommé Didyme, deux noms qui, l'un en hébreu,
l'autre en grec, signifient jumeau; (d'après la tradition, sa sœur jumelle
s'appelait Lysia): apôtre de Jésus, Matthieu 10:3; Marc 3:18; Luc 6:15; Actes
1:13, que l'on suppose avoir été originaire de la Judée, cf. Jean 21:2.
L'Évangile de saint Jean est celui qui nous le fait le mieux connaître,
quoiqu'il ne mentionne que des faits relatifs aux derniers temps de la vie de
Jésus, et l'on peut dire qu'il est peu d'apôtres dont le caractère soit
généralement plus mal connu et plus faussement apprécié. Thomas est presque
toujours pris pour le symbole du doute, du manque de foi; et si une
circonstance de sa vie, Jean 20:24; cf. 14:5, semble indiquer en lui un homme
positif, qui ne se paie pas de paroles, il faut ajouter que ses doutes furent
partagés par tous les disciples, que ses doutes ne forment pas non plus
l'unique trait, ni le trait distinctif de son caractère. C'est lui qui, voyant
Jésus partir pour la Judée où l'attendait la famille de Lazare, s'écrie en
songeant aux dangers que son maître allait courir: Allons-y aussi, et mourons,
avec lui, Jean 11:46: ce fait seul montre que Thomas était dévoué, chaleureux,
mais d'une vivacité d'esprit semblable à celle de Pierre, souvent peu
réfléchie; comme Pierre l'aurait fait, il interrompt Jésus, qui préparait ses
disciples à sa fin prochaine, par cette exclamation: Seigneur nous ne savons où
tu vas, comment pourrions-nous en savoir le chemin? Jean 14:5. Et lorsque le
berger eut été frappé, lorsque les brebis se trouvèrent dispersées, Thomas
éloigné des autres apôtres par un motif quelconque, ayant quitté peut-être,
comme les disciples d'Emmaüs, un théâtre de deuil et d'amers souvenirs, ne put
assister à la première apparition du Sauveur à ses disciples. Ceux-ci n'avaient
pas cru à la parole des femmes qui étaient venues leur annoncer la résurrection
du maître; ils rie crurent que lorsqu'ils l'eurent vu. Thomas n'eut pas plus de
foi qu'eux, mais il n'en eut pas moins, et lorsqu'il eut entendu leur récit, il
s'écria comme, eux, mais dans un langage plus expressif: «Si je ne, vois les
marques de ses clous en ses mains, et si je ne mets mon doigt dans la plaie des
clous, et si je ne mets la main dans son côté, je rie croirai point.» te
dimanche suivant il obtint la preuve qu'il demandait, et Jésus faisant allusion
à ses paroles, l'engagea à vérifier par lui-même la réalité de sa résurrection.
Thomas, confus, et transporté, ne put que s'écrier dans l'élan de sa joie: Mon
Seigneur et mon Dieu (MON YEHOVAH ET MON ELOHIM)! Jésus n'ajouta pas un mot de
blâme, et tes paroles: «Ne sois pas incrédule, mais fidèle,» sont plus une
exhortation qu'une censure. De même les paroles qui suivent: «Bienheureux ceux,
qui n'ont pas vu mais qui ont cru», sont à, l'adresse des disciples de tous les
temps; ce qu'elles avaient d'actualité se rapportait aux autres apôtres comme à
Thomas, et ce qu'elles avaient de général n'est qu'une déclaration des
promesses faites à tous ceux qui ont dû croire sans voir, depuis les
patriarches qui ont dû espérer, jusqu'aux futurs membres de cette Église chrétienne
qui ne pouvait reposer que sur la foi.
— Si quelque chose distingue Thomas de saint Pierre,
c'est plus de modestie, moins de confiance en lui-même; il a moins promis, et
sa chute n'a été que celle des autres disciples; à cela près on trouvé eh lui la
même droiture et la même chaleur.
Il assista à la réintégration de saint Pierre, Jean
21:2, et aux assemblées qui suivirent l'Ascension, Actes 1:43; dès lors on perd
ses traces, et l'on en est réduit aux traditions qui le font, les unes
évangéliser les Parthes et mourir à Édesse, les autres passer aux Indes et y
mourir martyr. L'existence des chrétiens de Saint-Thomas, sur la côte de
Malabar, a donné à cette dernière opinion quelque probabilité, et elle est
presque généralement admise. En revanche son Évangile et ses Actes, mentionnés
par les Pères et déjà condamnés par Gélase, sont rejetés comme apocryphes.
— (Sermon de Saurin.)
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THRACE.
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On suppose que cette contrée, à peu près la Turquie
actuelle, anciennement si fertile, si populeuse et si riche, est désignée par
le mot Thiras ou Tiras, q.v., Genèse 10:2. Il n'en est, du reste, parlé nulle
autre part dans l'Écriture, et aucune de ses nombreuses villes n'y est
mentionnée,
— Voir: 2 Maccabées 12:35.
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THUMMIM,
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— Voir: Urim.
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THYATIRE,
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Actes 16:14; Apocalypse 1:11; 2:18. Ville de la
province de Lydie, plus anciennement nommée Pélopia, et Évippia, située sur le
Lycus, à 33 milles nord de Sardes, frétait une colonie macédonienne, assez
importante sous le double point de, vue militaire et commercial. Ses habitants
s'occupaient surtout de fabriquer des étoffes de pourpre. Il se trouvait dans
cette ville une petite communauté chrétienne à laquelle saint Jean reproche de
s'être laissée envahir par les mœurs païennes.
— C'est maintenant un bourg nommé Akhissar, où, l'on trouve
encore quelques vieilles ruines, et des monuments grecs.
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TIBÈRE,
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Luc 3:1, fils adoptif de l'empereur Auguste, et second
empereur de Rome. D'abord juste et modéré, comme le sont presque toujours les
monarques au début de leur règne, il ne tarda pas à donner essor à son
caractère sombre, égoïste, défiant et cruel. Il supprima les assemblées du
peuple romain, et réduisit le sénat au rôle d'exécuteur servile de ses volontés.
Toute plainte était un crime que la mort devait expier. La délation était
encouragée par la protection et les récompenses du tyran. Il fit empoisonner
Germanicus son neveu, jeune guerrier qui s'était signalé par de nombreuses et
brillantes victoires en Germanie; la jalousie lui dicta cet arrêt, qui
enveloppa la famille presque entière de cette noble victime. L'infâme Séjan
était son favori et le docile exécuteur des hautes œuvres: après avoir versé
des flots de sang, Séjan eut soif du sang de son maître, porta ses vues
jusqu'au trône et fut mis à mort. Tibère, devenu vieux, quitta le monde, et se
retira dans l'île de Caprée, d'où chaque jour il envoyait au sénat la liste des
victimes qui devaient lui être immolées. Saint Luc fixe à la quinzième année de
son règne le commencement du ministère de Jean-Baptise. Ce fut également sous
son règne que le Christ souffrit. C'est de lui qu'il est parlé, Matthieu 22:17;
Marc 12:14; Luc 20:22;; 23:2; Jean 19:12. Il mourut âgé de soixante-dix-huit
ans, le 16 mars de l'an 37; Néron seul a pu briguer l'honneur de l'égaler en
cruautés.
— Tertullien raconte que Tibère ayant entendu parler
des miracles de Jésus, aurait conçu l'idée de le faire admettre au nombre des
dieux; ce fait qui n'est du reste pas prouvé, serait en opposition avec ce que
rapporte Tacite, que Tibère fit chasser de Rome 4,000 Juifs, et proscrivit les
cultes venus d'Égypte et de Judée. II est vrai que Tibère n'était pas homme à
reculer devant une contradiction.
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TIBÉRIADE.
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Il a été parlé du lac de ce nom à l'article
Génésareth. Quant à la ville de Tibériade, elle était bâtie sur la rive
occidentale du lac, vers le midi, resserrée entre l'eau et la montagne: elle
possédait un palais et un stade assez remarquables. Hérode Antipas, son
fondateur, l'avait nommée Tibériade en l'honneur de l'empereur Tibère; elle fut
la capitale de la Galilée avant Diocésarée. Si c'est la même que Kinnéreth,
Josué 19:35, elle avait appartenu primitivement à la tribu de Nephthali, mais
c'est peu probable, le lot de cette tribu commençant à Capernaüm, Matthieu
4:13; Josué 19:34. La contrée environnante, qu'entourent de hautes montagnes,
est très chaude et très fertile, mais malsaine et fiévreuse; il y existe
plusieurs sources thermales qui contiennent du soufre, du sel et du fer, et
forment un dépôt tantôt blanc, tantôt jaune. Jésus-Christ n'est jamais entré
dans cette ville, dans la demeure du renard, Luc 13:32, du meurtrier de
Jean-Baptiste. La pêche, et le service du lac, formaient la principale
occupation de cette population, presque tout entière grecque et païenne. Néron
donna Tibériade à Hérode Agrippa II, et pendant la dernière guerre des Juifs,
elle joua un rôle important; sa défense fut longue et désespérée; Vespasien,
pour la punir, fit abattre une partie de ses murailles. Dès lors elle devint,
et pour assez longtemps, une ville de savants: ce fut là que se rassemblèrent,
après la ruine de Jérusalem, quelques Juifs et quelques-uns de leurs prêtres
les plus distingués; ils y jetèrent les fondements d'une académie, qui devint
célèbre par la composition de la Mishna, la fixation des points-voyelles, et la
réputation des docteurs qui y professèrent: elle passait avec Saphet, Hébron et
Jérusalem, pour l'une dés quatre villes où, d'après les traditions talmudiques,
le Messie devait séjourner et régner. Elle porte le nom de Claudia Tiberias sur
plusieurs médailles; sur d'autres qui datent du règne de Trajan, elle
représente, à cause de ses sources, la déesse de la santé, ceinte d'un serpent,
et assise sur une montagne d'où sort une grande abondance d'eaux; sur d'autres
enfin une barque lui sert d'exergue. Tabarié n'est plus aujourd'hui qu'un gros
bourg de 4,000 habitants, dont un quart de Juifs; il paraît ne pas occuper tout
à fait la même place que la Tibériade historique, dont on trouve encore des
ruines assez considérables près de là. Tabarié fut presque détruite par un
tremblement de terre le 1er janvier 1837; les murailles et une partie de
l'ancienne ville résistèrent seules à cette catastrophe; les habitants se sont
en hâte rebâti des maisons ou des huttes de bois. Les sources sont à
trente-cinq minutes de là, et à vingt pas du lac.
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TIBNI
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(foin, paille), 1 Rois 16:21, fils de Guinath,
convoita le trône d'Israël que la mort d'Éla rendait vaquant; il le disputa
trois ans à Homri avec un succès partagé, mais il finit par être vaincu, et sa
mort, en laissant les siens sans chef, assura le succès de son rival.
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TIDHAL,
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Genèse 14:1, l'un des rois alliés de Kédor-Lahomer qui
furent défaits par Abraham; il est appelé roi de Gojim (des nations), soit que
ce fût le nom de sa peuplade et de sa ville, soit que, par suite de victoires,
il se fût mis à la tête de quelques peuplades, dont la réunion lui aurait
assuré une certaine prépondérance.
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TIGLATH-PILÉSER (ou Tillegath-Pilnéeser dans les
Chroniques),
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2 Rois 16:7; 15:29; 1 Chroniques 5:26; 2 Chroniques
28:20, 747 avant J.-C., roi d'Assyrie, fit alliance avec Achaz, roi de Juda,
lui prit son or et son argent, jusqu'à dépouiller le temple, s'en servit pour
envahir la Syrie et le royaume d'Israël, mit à mort Retsin après avoir pris
Damas, et conduisit en Assyrie les dix tribus vaincues, accomplissant sans le
savoir les oracles d'Ésaïe, 7:17; 8:4. Il se montra diplomate habile; sous le
nom de protecteur, il fit payer à Juda les frais de ses campagnes, et
s'enrichit avec l'argent d'autrui, se délivrant de ses ennemis et peuplant ses
états de sujets industrieux. On croit qu'il est désigné, Osée 5:13; 10:6, sous
l'épithète de Jareb. On ignore sous quel nom il est connu dans l'histoire
profane, mais il paraît que c'est à peu près à l'époque du démembrement de
l'ancien royaume assyrien, sous Sardanapale, qu'il faut placer ces événements,
alors que des ruines de l'empire surgissaient les trois monarchies nouvelles
des Assyriens, des Babyloniens et des Mèdes.
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TIGRE.
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1. Fleuve,
le Hiddekel du paradis, q.v. Genèse 2:14; Daniel 10:4.
2. Animal
qui n'est pas mentionné dans l'Ancien Testament, quoique quelques versions
aient cru le trouver dans l'hébreu laïsh, Job 4:11, qui signifie lion, q.v.
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TILLÉGATH-PILNÉESER
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(celui qui délivre les captifs),
— Voir: Tiglath-Piléser.
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TILLEUL.
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Luther a cru que le élon de Ésaïe 6:13, et le libneh
de Osée 4:13, signifiaient le tilleul, mais,
— Voir: Chêne, et Stacte.
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TIMÉE
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(honorable), père du célèbre aveugle de Jérico, Marc
10:46, est inconnu.
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TIMNA
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(défendu), ville de Juda, située à la frontière
septentrionale, mais conquise sous Achaz, par les Philistins, Josué 15:40,57; 2
Chroniques 28:18. On la distingue peut-être à tort de Timnatha, Genèse 38:12,
qui est indiquée, Josué 19:43, comme appartenant à la tribu de Dan; plusieurs
villes qui avaient été d'abord données à Juda, passèrent, dans une seconde
répartition à la tribu voisine. Timna est connue surtout par les exploits de
Samson, Juges 14:1, et l'on voit qu'à cette époque déjà les Philistins s'en étaient
emparés. Eusèbe mentionne un bourg de ce nom, Tamna, qui existait encore de son
temps entre Jérusalem et Diospolis; il paraît n'avoir pas été sans importance
sous les Romains, 1 Maccabées 9:50. Jos. Guerre des Juifs 3, 3, 5. Pline 5, 15.
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TIMNATH-HÉRÈS, et Timnath-Sérah,
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ville des montagnes d'Éphraïm, où demeurait et où fut
enseveli Josué, 19:50; 24:30; Juges 2:9.
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TIMON
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(honorable), Actes 6:5, un des sept premiers diacres
de l'Église de Jérusalem, inconnu. Les uns le font évêque de Bostra en Arabie,
les autres de Bérée, ou de Tyr et Sidon.
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TIMOTHÉE,
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(craignant Dieu), évangéliste, et l'un des plus
fidèles compagnons de Paul, 2 Timothée 4:5, était probablement Lycaonien, natif
de Derbe, fils d'une femme juive, Eunice, et d'un père païen, Actes 16:1,3;
20:4; 2 Timothée 1:5. Sa Mère; et son aïeule Lois, furent probablement
converties lors du second séjour de Paul en Lycaonie, et peut-être que
lui-même, quoique fort jeune, reçut à cette époque, des impressions sérieuses
que les soins pieux de sa famille n'eurent pas de peine à développer, 2
Timothée 1:5; 3:15. Les passages 1 Timothée 1:2; 2 Timothée 1:2; 1 Corinthiens
4:17, n'indiquent pas nécessairement que Paul ait été l'instrument de la
conversion de son jeune ami; elles peuvent se rapporter à l'influence qu'il exerça
sur lui en le formant à l'évangélisation. Timothée justifiait, par une bonne
réputation, sans doute aussi par des dons naturels, les prophéties positives
qui avaient été faites à son sujet, 1 Timothée 1:18; 4:14, et il se
recommandait ainsi à l'attention de l'apôtre qui n'hésita pas à se l'attacher.
Après l'avoir circoncis et lui avoir donné l'imposition des mains (l'an 52),
Paul le prit avec lui pour se rendre par Troas en Macédoine, Actes 16:1,3; 1
Timothée 4:14; 6:12; 2 Timothée 1:6. Il le laissa d'abord à Bérée, l'envoya peu
de temps après à Athènes, puis à Thessalonique pour avoir des nouvelles de
cette Église, au sujet de laquelle il était inquiet, Actes 17:14,15; 1
Thessaloniciens 3:2. Timothée, apportant des nouvelles de Thessalonique,
rejoint Paul à Corinthe (52 ou 53), et signe, avec lui, ses deux lettres aux
Thessaloniciens, 1 Thessaloniciens 1:1; 3:6; cf. Actes 18:5; 2 Thessaloniciens
1:1. Ici nous perdons de vue Timothée; la narration des Actes est interrompue
quant à ce qui le concerne, et ce n'est qu'après un certain temps que nous le
retrouvons; il est à Éphèse, Actes 19:22. Paul l'envoie de là en Macédoine et à
Corinthe, Actes 19:22; 1 Corinthiens 4:17; 16:10 (l'an 56 ou 57); cependant, en
écrivant sa première lettre aux Corinthiens (16:10), Paul ne sait encore rien
de l'arrivée de Timothée au milieu d'eux; les résultats de ce voyage, comme en
général plusieurs points de la vie de Timothée, restent assez obscurs, et l'on
a de la peine à découvrir comment cadrent ensemble les récits des Actes et des
Épîtres, la vie de Paul et celle de Timothée. Nous trouvons de nouveau ce
dernier en Macédoine, auprès de Paul, lors de l'envoi de la seconde aux
Corinthiens, 1:1, et l'on suppose que retenu par diverses occupations, Timothée
n'a pu aller jusqu'à Corinthe, ce qui expliquerait le silence que garde
l'apôtre, 2 Corinthiens, sur la présence et l'activité de Timothée dans cette
ville. Mais lorsque, plus tard, Paul écrit de Corinthe aux chrétiens de Rome
(58), Timothée paraît être auprès de lui, Romains 16:21. Paul, revenant par la
Macédoine, envoie Timothée à Troas, Actes 20:4, et nous le perdons de vue
encore une fois. Puis vient la captivité de Paul à Rome, et dès lors il devient
toujours plus difficile de raconter la vie de Timothée; des faits sont indiqués
çà et là, mais aucune date ne les lie; peut-être est-il à Rome avec son maître.
Quoi qu'il en soit, après cette première captivité, l'on peut supposer (tous
les interprètes en sont réduits à des suppositions sur ce point) que Paul,
passant à Éphèse ou près de là, y laissa Timothée muni de quelques instructions
qui cependant n'étaient point suffisantes, 1 Timothée 1:3; qu'il poursuit son
voyage par Philippes, jusqu'à Troas, 2 Timothée 4:13; qu'il revient de la
Macédoine dans l'Asie-Mineure pour y voir Timothée, ainsi qu'il le lui avait
promis dans sa première épître; qu'il lui fait des adieux solennels, 2 Timothée
1:4, comme s'il allait entreprendre un voyage long et dangereux; que dans ce
voyage il laisse Trophyme malade à Milet, et Éraste à Corinthe, 2 Timothée
4:20; qu'il pousse peut-être jusqu'en Espagne, et qu'enfin il arrive à Rome,
soit libre, soit prisonnier; qu'il envoie de là quelques-uns de ses compagnons
comme missionnaires, 2 Timothée 4:10; qu'il fait peut-être prévenir verbalement
Timothée de venir le joindre (supposition nécessaire pour expliquer sa seconde
Épître, où il s'adresse à Timothée comme si celui-ci connaissait déjà son
emprisonnement); qu'ayant été entendu par le juge, et n'espérant plus recouvrer
sa liberté, Paul presse Timothée de venir le voir avant l'hiver, et d'amener
Marc avec lui, 2 Timothée 4:11,21. La seconde Épître à Timothée aurait donc été
écrite de Rome en 67, et adressée au disciple à Éphèse. Quant à la première,
elle se place naturellement pendant le voyage que fit Paul en Macédoine après
qu'il eut établi Timothée à Éphèse, de sorte que la notice ajoutée dans les
éditions ordinaires à la fin de l'épître est fausse, comme d'autres qui font
dater la lettre d'Athènes. L'Épître à Tite fut écrite à la même époque, ainsi que
cela résulte de sa grande ressemblance avec la première à Timothée. La
tradition ajoute à ces données du récit biblique, que Timothée fut évêque
d'Éphèse, et qu'il souffrit le martyre sous Domitien (81-96 avant J.-C.). On
suppose que le Timothée de Hébreux 13, est le même que le disciple de Paul,
mais ou ne sait à quel événement de sa vie l'apôtre fait allusion en parlant de
sa mise en liberté, si toutefois cette traduction doit être admise, ce qui est
contesté par plusieurs commentateurs.
— Le caractère de Timothée est assez relevé parla
confiance et l'amitié de saint Paul; on peut dire qu'il est sans tache; pur,
égal, aimant et doux pour les autres, il ne se ménageait pas assez lui- même,
et l'apôtre ne lui reproche que trop de sobriété, un ascétisme trop rigoureux
et trop austère, 1 Timothée 5:23. Heureux les pasteurs qui ne méritent pas
d'autre censure! Le ministère si fécond de Timothée n'est connu que par les
lettres qu'il a reçues d'un apôtre; sa carrière si importante serait
entièrement oubliée sans cette circonstance, et l'on-peut se faire une idée,
par ce seul exemple, de ce que doit avoir été l'activité des premiers apôtres
et missionnaires, sur la vie desquels nous n'avons aucun détail. Il semble
aussi qu'on doive se réjouir de ce qu'au milieu de toutes les peines de sa vie,
Paul ait eu la douceur de rencontrer un ami comme Timothée, qui pouvait si bien
le comprendre et sympathiser avec lui, 2 Timothée 3:10. Dépareilles amitiés ne
peuvent s'établir qu'entre chrétiens; elles sont durables et parfaites, parce
qu'elles unissent la connaissance et le sentiment, la vérité et la charité; cf.
2 Jean 2.
Épîtres pastorales.
On désigne sous ce nom les deux Épîtres à Timothée, et
l'Épître à Tite. Elles se distinguent de toutes les lettres de Paul qui nous
sont parvenues, en ce qu'elles sont les seules qu'il ait adressées à des
compagnons de service; elles se distinguent aussi par là de l'Épître à
Philémon, qui n'est qu'une simple lettre de particulier, et qui ne traite que
d'un seul objet de la plus grande simplicité, d'une demande pour laquelle une
exposition longue et variée était moins nécessaire qu'une manière persuasive de
la présenter. Dans les épîtres pastorales, au contraire, Paul est convaincu
d'avance que son lecteur est disposé à recevoir les préceptes qu'il lui donne.
Ce sont des lettres d'amitié, mais ce sont aussi des lettres d'affaires; elles
ont ce double caractère, et il est évident qu'elles étaient destinées à
recevoir une certaine publicité. Ce qui a été dit plus haut sert à fixer les dates
de ces lettres, les lieux d'où elles furent écrites et leurs circonstances: il
faudrait un livre spécial pour résoudre les doutes et prouver les assertions;
ce n'est point ici notre tâche.
Il n'est aucune épître dont l'authenticité ait éprouvé
de plus rudes attaques que la première Épître à Timothée; c'est Schleiermacher
qui lui a porté les premiers coups, s'appuyant de la logique, de la philologie
et de l'histoire. On lui prouva (Planck) que la plupart de ses arguments
s'appliquaient avec la même force aux deux autres épîtres pastorales, et
Eichhorn, profitant de la leçon, ne tarda pas à attaquer les trois épîtres
ensemble; d'autres ont suivi leurs traces, mais Ils ont été; réfutés à
plusieurs, reprises par Bœhm, Heidenreich, Schneckenburger, etc. La violence
des attaques a fait faire des recherches consciencieuses qui ne sont pas
restées sans résultat.
Il est difficile de donner une analyse de ces épîtres,
surtout de la première à Timothée, où il y a plus d'abondance que d'ordre, où
toute disposition oratoire est négligée, plus encore que dans les autres
épîtres de Paul, et où l'apôtre semble avoir jeté, au fur et à mesure qu'ils se
présentaient à lut, les préceptes, les sentences, les souvenirs, l'expression
de ses sentiments personnels, des directions générales, des détails intimes,
les conseils de l'apôtre et les conseils de l'ami. Les docteurs et les
doctrines que Paul s'attache à combattre, ou qu'il signale à l'attention du
pasteur d'Éphèse, sont les mêmes tendances qu'on a vu combattues dans les Épîtres
aux Éphésiens et aux Colossiens; il lui recommande de les combattre surtout en
proclamant l'Évangile, en opposant aux erreurs les vérités Contraires,
l'autorité de son ministère au charlatanisme des faux docteurs.
La seconde à Timothée parle également des faux
docteurs, mais d?une manière plus vague, moins circonstanciée, 3:1-5; 4:3;
etc.; c'est, en quelque sorte, un supplément d'instructions; elle est, du
reste, plus personnelle, plus intime, et, comme on l'a dit, elle reflète les
dispositions de l'âme de l'apôtre, qui s'attendait à un prochain délogement, et
qui fait son testament avant de mourir, instituant, en quelque sorte, Timothée
pour son héritier et exécuteur testamentaire.
L'Épître à Tite ne traite, pour ainsi dire, qu'un seul
sujet, la nécessité de nommer des anciens dans les villes de l'île de Crète; il
ne s'agit pas, comme dans les précédentes, de redresser ou de compléter un
ordre de choses déjà existant, mais en partie affaibli ou corrompu; il ne
s'agit, par conséquent, pas de combattre: aussi les préceptes donnés par Paul
sont-ils tout à fait simples. Le reste de l'épître traite de la doctrine et de
l'enseignement. L'Évangile avait pénétré en Crète d'assez bonne heure, mais
d'une manière en quelque sorte privée; on y voyait des croyants, on n'y
trouvait pas d'Église, et Tite fut chargé d'organiser ces troupeaux. L'absence
de conducteurs spirituels et le contact des idées juives avaient pu favoriser
l'action du principe judaïsant, et l'antique mauvaise renommée des Crétois,
justifiée par leur immoralité, continua de subsister même après l'établissement
partiel du christianisme dans cette île.
Chacune des trois épîtres pastorales a donc son
caractère, chacune forme un ensemble dont les différentes parties se lient,
d'une manière conforme au but particulier de l'apôtre, et aux circonstances
dans lesquelles elle a été composée.
— Comment. Heidenreich.
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TIPHSAH,
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1 Rois 4:24, ville frontière du royaume de Salomon,
vers le nord-est. Son nom signifie passage, et elle était, en effet, la clef
militaire et commerciale de l'Euphrate. C'est le Thapsacus des anciens, grande
et populeuse cité, bâtie sur la rive occidentale de l'Euphrate, à une forte
journée à l'est de Palmyre. Elle reçut, depuis Séleucus Nicator, le nom
d'Amphipolis, et s'appelle maintenant El-Déir.
— Il ne faut pas la confondre avec la ville nommée 2
Rois 15:16; car, à cette époque, la frontière du désert n'appartenait plus aux
successeurs de Salomon, et, vu sa signification, le même nom a pu être donné à
bien des villes différentes.
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TIRAS,
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Genèse 10:2. Depuis les Targumistes, tous les
interprètes croient retrouver les descendants de Tiras dans les Thraces, les
habitants actuels de l'Albanie. Tyras était l'ancien nom du Dniester, et
l'affinité de nom devient plus frappante encore quand on se rappelle que le
ξ des Grecs (Thrax) se trouve dans l'alphabet à la
place de l's des Hébreux,
— Voir: Thrace.
— Il y avait aussi une ville de Thyrée dans le
Péloponèse, et, comme Tiras était frère de Javan, cette parenté pourrait
établir le voisinage de leurs descendants. Schrœder, enfin, pense aux
Tyrrhéniens (Tyrséniens est probablement une faute d'impression), qui étaient
unis ou identiques aux Pélasges, et célèbres comme navigateurs et comme
pirates. Les noms de Toersha (Tiras), et de Mashoach (Mésec), se retrouvent à
côté l'un de l'autre sur diverses inscriptions égyptiennes, comme les noms de
peuples ou peuplades qui ont été en guerre avec l'Égypte.
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TIRHACA,
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le Taracus de Manéthon, le Téarcon de Strabon, le
troisième roi de la 25e dynastie égyptienne (l'éthiopienne), dont le nom est
confirmé par les monuments et les inscriptions de l'Égypte, n'est connu que par
l'alarme qu'il jeta dans le camp de Sanchérib, et l'heureuse diversion qu'elle
fit en faveur d'Ézéchias, 2 Rois 19:9; Ésaïe 37:9 (714 ou 712 avant J.-C.). On
ignore si ce fut une panique imaginaire, ou si Tirhaca porta réellement ses
armes en Assyrie. D'après Strabon, ce prince, plus fort que ses prédécesseurs,
aurait, dans ses expéditions, poussé jusqu'aux colonnes d'Hercule. Il doit
avoir régné dix-huit ans, de 714-696. C'est peut-être lui qui est désigné Ésaïe
30:2, si ces oracles se rapportent à Ézéchias, et l'on croit que Ésaïe, 19,
annonce les événements qui suivirent sa mort, et l'avènement d'une dynastie
nouvelle.
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TIRTSA
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(grâce, beauté), ville cananéenne et résidence royale,
Josué 12:24, devint, par la suite, la capitale du royaume d'Israël, depuis
Jéroboam jusqu'à Homri, 1 Rois 14:17; 15:21,33; 16:8. Son palais fut brûlé dans
une des dernières guerres de succession, 1 Rois 16:15,17,23, et Homri choisit
Samarie pour sa résidence. Tirtsa est célébrée à cause de la beauté de ses
environs, Cantique 6:4, mais on ne connaît plus au juste son emplacement; on
croit qu'elle était située au nord-est de Sichem, sur le plateau d'une belle
montagne. Quelques voyageurs du treizième et du quinzième siècle pensent en
avoir trouvé les ruines, sous le nom de Tersa, à 3 lieues est de Samarie.
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TISBÉ,
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ville de la tribu de Nephthali, en Galilée, Tobie 1:2;
d'autres, à cause de 1 Rois 17:1, croient que Tisbé était en Galaad. Elle n'est
connue que comme patrie d'Élie; mais il suffit de cette mention pour réfuter
l'assertion des pharisiens, Jean 7:52, car il n'est pas de ville aussi petite
qui puisse revendiquer l'honneur d'avoir donné le jour à un prophète plus grand
qu'Eue le Tisbite.
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TISSERAND.
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L'art de faire des tissus est fort ancien. On peut
croire qu'il fut l'une des premières découvertes de l'esprit humain, car il
était pour l'homme une nécessité, et s'il est compliqué dans son exécution, il
est du moins tellement simple dans son idée première, que cette idée, fécondée
par le besoin, ne dut pas tarder à porter ses fruits et à donner aux hommes,
avec un art nouveau, des ressources nouvelles. Hérodote nous montre déjà les
Égyptiens travaillant le lin et le coton; la Bible, confirmant les assertions
de l'histoire profane, parle de magnifiques tissus blancs de fin lin travaillés
en Égypte, Genèse 41:42; Ésaïe 19:9, et plus tard de tapis de fin lin moires ou
semés de dessins, dont l'Égypte faisait le commerce, Ézéchiel 27:7; cf.
Proverbes 7:16. C'est là probablement que les Israélites avaient fait leur
apprentissage, puisque dans le désert ils avaient déjà des ouvriers assez
habiles pour confectionner tous les tapis et tentures du tabernacle, Exode
35:35. Chez eux cependant, c'étaient plutôt les femmes, même les princesses, et
souvent les esclaves, qui s'occupaient de tisser comme de filer, Proverbes
31:13,19; cf. 21,22,24. Exode 35:25; 2 Rois 23:7. Cependant cette règle avait
ses exceptions, Exode 35:35; cf. 1 Chroniques 4:21. En Égypte au contraire,
c'étaient les hommes qui tissaient, Hérodote 2, 35, cf. Ésaïe 19, 9. Le métier
du tisserand était chez les anciens assez élevé, de telle sorte que l'ouvrier
travaillait debout.
Les diverses pièces nommées dans l'Écriture sont la navette,
Job 7:6; l'ensuble, 1 Samuel 17:7; 2 Samuel 21:19; la cheville du métier avec
la chaîne, Juges 16:14 (mal traduit dans Martin, l'attache de la tissure avec
l'ensuble); la chaîne et la trame, Lévitique 13:48; les pesnes, Ésaïe 38:12,
etc. La fréquence de ces expressions et l'usage qu'en font les prophètes dans
leurs poétiques comparaisons, montrent que le métier du tisserand était assez
général parmi les Israélites, quoique l'on puisse conclure de Proverbes 7:16,
qu'ils continuèrent de tirer d'Égypte leurs tissus les plus estimés. Ils
travaillaient surtout le coton, le lin et la laine, peu ou point la soie; ils
faisaient entre autres des étoffes grossières de poil de chèvre et de poil de
chameau qui servaient d'habits de deuil, de vêtements pour les pauvres, ou de
garnitures de tentes, Matthieu 3:4; Exode 26:7; 35:6; Cantique 1:5. On sait
qu'il n'entrait jamais deux matières différentes dans un même tissu, Lévitique
19:19. Il est difficile de déterminer exactement la nature des diverses étoffes
mentionnées dans l'Écriture; on voit seulement qu'il y en avait de plusieurs
sortes, des quadrillés, des croisés, des espèces de damas avec des dessins
symboliques en broderies, etc. La robe sans couture, Jean 19:23, quelque simple
qu'on l'imagine, montre à quel haut degré de développement ils avaient déjà
porté le travail de la fabrication.
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ΤΙΤΕ,
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aide et compagnon de Paul, était païen d'origine, et
ne revêtit point, même après sa conversion, le signe de la nationalité juive,
Tite 1:4; Galates 2:3. Les Actes ne le nomment nulle part, et il n'est un peu
connu que par l'épître qu'il a reçue de Paul, et par la mention qui est faite
de lui à plusieurs reprises dans la 2e aux Corinthiens. C'est à Antioche que
nous le trouvons d'abord; député par cette église au concile de Jérusalem, il
s'y rend avec Paul, son père spirituel, Galates 2:3; cf. Actes 15. Paul
l'envoie plus tard d'Éphèse à Corinthe sur les traces de Timothée, pour
travailler à rétablir l'ordre troublé dans cette Église. Tite y est bien reçu,
remplit avec succès la mission qu'il a acceptée, et refuse toute espèce de don
ou de récompense, 2 Corinthiens 7:13; 12:18. Il rejoint en Macédoine, peut-être
à Philippes, son maître, qui l'a vainement attendu à Troas, 2 Corinthiens
2:12-13; 7:6. Paul le renvoie de nouveau à Corinthe pour y organiser ou y
presser des collectes, 2 Corinthiens 8:6, etc. On croit que ce fut lui qui
porta la seconde lettre de Paul aux Corinthiens. Dès lors on a plus de peine à
suivre sou histoire. Après sa première captivité. Paul laisse Tite en Crète
avec la mission spéciale d'organiser les troupeaux en mettant des anciens à
leur tête; là, Tite reçoit la lettre de l'apôtre qui lui demande de venir le
trouver à Nicopolis, Tite 1:5; 3:12. II accompagne Paul dans son second voyage
à Rome, mais le quitte au bout de quelque temps pour se rendre en Dalmatie, 2
Timothée 4:10. Les plaintes de l'apôtre qui, après avoir dit: Tous m'ont
abandonné, mentionne spécialement l'absence de Tite, peuvent être aussi bien un
regret qu'un reproche, et rien, ni dans les paroles de Paul, ni dans la vie de
Tite, ne permet de croire que le voyage de Dalmatie fût pour Tite une affaire
d'intérêt ou de peur. La tradition ajoute que Tite devint évêque de Crète et
qu'il mourut dans cette île à un âge fort avancé.
— Quant à son épître, voyez Timothée.
________________________________________
TOB,
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district situé au-delà du Jourdain, dans le voisinage
d'Hammon et de la Syrie, Juges 11:3; 2 Samuel 10:6, peut-être le même que le
Tubin ou Tubius de 1 Maccabées 5:13. Ptolémée compare Thauba dans l'Arabie
Déserte, d'autres pensent à Tabaï en Pérée.
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TOBIJA.
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1. vil
intrigant hammonite qui, d'esclave affranchi, était devenu chef d'une tribu
samaritaine, et n'usa de son influence que pour se faire le complice de
Samballat et son agent dans toutes ses perfidies contre les Juifs et contre
Néhémie en particulier. Il avait épousé la fille de Sécania, son fils était
gendre de Messullam, et par ces relations avec deux des premières familles de
Jérusalem, il pouvait se tenir facilement au courant de tout ce qui se faisait.
Longtemps la présence de Néhémie déjoua ses projets; une absence de ce
gouverneur l'enhardit, il s'établit à Jérusalem, et profita de son intimité
avec le souverain sacrificateur Éliasib pour se faire concéder l'usage d'un des
appartements du temple. Néhémie, de retour, le fit honteusement chasser et
jeter ses meubles hors des parvis: ce fut là sans doute ce qui lui fut le plus
sensible. Cette âme basse et inconséquente ne connaissait que deux passions,
l'envie et la cupidité, Néhémie 2:10; 4:3; 6:1; 13:4.
2. contemporain
d'Esdras,
— Voir: Heldaï.
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TOGARMA,
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Genèse 10:3. D'après une ancienne tradition qui s'est
conservée en Arménie, Togarma serait le père des Arméniens. Comme les Septante
traduisent constamment Togarma par Thorgama, d'autres ont cru voir dans ces
peuples les Turcomans ou les Turcs. Les deux opinions peuvent être vraies, et
il est difficile de décider entre elles. La mention de Ézéchiel 38:6; 27:14,
montre que cette peuplade ou nation s'occupait surtout de l'élève des chevaux,
des mulets, et par conséquent des ânes. La tradition arménienne nomme, comme
souche de ce peuple, Haïk, fils de Thorgom, petit-fils de Gamer (Schrœder).
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TOHI,
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2 Samuel 8:9; 1 Chroniques 18:9, roi de Hamath, ville
de Syrie, fut heureusement débarrassé par David de Hadadhéser, son puissant
voisin, avec lequel il était toujours en guerre. Il envoya son fils Joram
féliciter le vainqueur et lui porter des présents, démarche qui doit être
placée non après la première victoire de ce prince, mais après la seconde, qui
consomma sans retour la ruine totale de son adversaire; il eût été imprudent,
en effet, de se réjouir avec trop d'éclat lorsque toute chance de salut n'était
pas encore perdue pour le roi de Syrie.
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TOIT.
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On sait que les toits de l'Orient sont plats, comme
ils l'ont toujours été: la sécheresse habituelle du climat permet ce genre de
construction, qui chez nous compromettrait la solidité des maisons par le long
et fréquent séjour de pluies sans écoulement. Il était du reste pourvu, par une
légère inclinaison du plancher, partant du milieu ou de l'un des côtés, à ce
que l'eau, pendant la saison des pluies, pût s'écouler facilement; elle était
conduite de là par des tuyaux dans les citernes destinées à la recevoir. Un
parapet peu élevé courait autour du toit, servant de barrière et d'appui,
Deutéronome 22:8; 2 Rois 1:2 (?). Le toit était fait d'une espèce de bousillage
à peu près imperméable, sur lequel on trouvait quelquefois, comme sur nos
toits, une espèce d'herbe qui, presque sans racines, ne tardait pas à sécher,
Psaumes 129:6; 2 Rois 19:26; Ésaïe 37:27. Parfois aussi, mais rarement, le toit
était formé de dalles de pierres. Il servait à différents usages: on s'y
rendait pour se reposer, pour se distraire, pour prendre l'air frais du soir, 2
Samuel 11:2; Daniel 4:29; on y dormait l'été; on s'y retirait pour des
entretiens intimes, ou pour s'abandonner librement à sa douleur, 1 Samuel
9:25,26; Ésaïe 15:3; Jérémie 48:38; on y dressait des tentes, on y célébrait la
fête des Tabernacles et d'autres solennités religieuses, 2 Rois 23:12; Jérémie
19:13; Sophonie 1:5; Actes 10:9, comme si l'on y était plus près de Dieu; on y
faisait aussi des choses que l'on désirait voir connues du public, 2 Samuel
16:22, telles que des proclamations, Matthieu 10:27; Luc 12:3; on observait ce
qui se passait au dehors, Juges 16:27; Ésaïe 22:1; on s'y défendait contre des
attaques, Juges 9:51; 2 Maccabées 5:12; on y exposait les ustensiles et objets
de ménage que l'on voulait sécher, etc., Josué 2:6; en un mot, l'on s'en
servait comme de véritables terrasses, pour tous les usages possibles; mais
l'on n'y demeurait pas d'habitude, et l'image de Proverbes 21:9; cf. 25:24, dit
assez combien c'eût été une triste existence que de vivre sur un toit et exposé
aux intempéries de l'air.
On montait sur le toit par deux escaliers, l'un intérieur,
l'autre extérieur; il était en outre facile d'enjamber d'un toit sur le toit
voisin et d'aller ainsi d'un bout de la rue à l'autre, Matthieu 24:17; Marc
13:15; Luc 17:31.
D'après ce qui précède, on comprend comment les amis
du paralytique purent porter leur malade sur le toit quand la foule les
empêchait d'entrer par la porte, Marc 2:3-4.
Quelques observations du révérend Hartley compléteront
ce qu'il y a à dire sur ce sujet: Quand j'étais à Égine, dit-il, j'étais
souvent occupé à regarder le toit au-dessus de ma tête, et j'admirais combien
l'action des amis du paralytique était facile. Au-dessus des poutres était une
couche de grands roseaux; ces roseaux étaient couverts de broussailles, et par
dessus tout cela était une couche de terre, battue au point de former une masse
solide. Il leur fut très aisé de remuer la terre, puis les broussailles, et
enfin les roseaux; cela ne leur eût pas été plus difficile lors même que la
terre eût été couverte de tuiles, cf. Luc 5:19; ils ne pouvaient incommoder en
aucune manière les personnes qui étaient au-dessous dans la maison en enlevant
les tuiles et la terre, ces personnes étant garanties par les broussailles et
les roseaux qui devaient être remués les derniers.
— Le même missionnaire explique encore Ésaïe 22:4, par
la coutume turque de monter sur tes toits quand on entend crier au feu! pour
voir de quel côté l'incendie s'est déclaré.
— Voir: Maisons.
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TOKEN,
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Tolad, villes inconnues, de Siméon, 1 Chroniques
4:29,32.
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TOLAH.
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1. Fils
aîné d'Issacar, Genèse 46:13; Nombres 26:23; 1 Chroniques 7:1.
2. Le
septième des juges d'Israël, de la tribu d'Issacar, peut-être d'une famille
distinguée; il gouverna le pays pendant vingt-trois ans après la mort
d'Abimélec, et profita sans doute des douceurs de la paix pour réparer le mal
qu'avaient fait les guerres précédentes, et l'usurpation d'Abimélec, Juges 10:1.
Il mourut à Samir, lieu de sa résidence.
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TOMBEAUX,
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— Voir: Sépulcres.
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TOPAZE,
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hébreu pitdah, Exode 28:17; Ézéchiel 13:28, Job 28:19.
Les traducteurs sont en général d'accord sur la traduction du mot, mais ils ne
s'entendent plus sur la couleur de la topaze; les Grecs disent qu'elle est d'un
jaune d'or, Pline la fait verte, ce qui a porté les modernes à penser que
l'ancienne topaze est la chryso-lithe d'à présent; la mention de Job est, du
reste, d'accord avec celle de Pline, Job cherche la belle topaze en Éthiopie,
Pline la trouve dans une île de la mer Rouge. Ce qu'on appelle aujourd'hui topaze,
est une pierre transparente d'un jaune citron, ou tirant sur la couleur du vin;
on en connaît aussi de Manches.
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TOPHETH
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(horreur), entrée de la partie inférieure de la vallée
de Hinnom, près de Jérusalem,
— Voir: Hacel-Dama et Hinnom.
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TORRENTS,
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— Voir: Ruisseaux.
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TOURNOIEMENT,
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— Voir: Lever.
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TOURTERELLE,
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— Voir: Colombe.
La tourterelle proprement dite, Jérémie 8:7. (Septante
τρυγών), est un oiseau de passage qui apparaît en Palestine
avec le printemps, Cantique 2:12, et qui devait être offert par les pauvres en
holocauste et dans les sacrifices d'actions de grâces, Lévitique 1:14; 5:7. Il
était offert aussi comme sacrifice de purification, Lévitique 12:6,8; cf. Luc
2:24, et par le nazarien après une violation de son vœu, Nombres 6:10. D'après
Sonnini, il y a en Égypte une espèce de tourterelle qui y habite toute l'année,
dont l'espèce est très nombreuse, et qui peut être celle dont parle Moïse dans
ses préceptes de purifications; cf. encore Lévitique 14:22; 15:14,29. La
tourterelle, columba turtur de Linnée, est un peu plus petite que le pigeon, le
dos gris, le poitrail rose-chair, des taches noires avec des raies blanches au
cou, et pareillement à la queue, dont les extrémités sont blanches. Cet animal,
au dire de Buckingham, est encore très commun en Palestine. Dans le second
temple il y avait toujours une très grande provision de tourterelles, que
chacun pouvait acheter pour les sacrifices; elles étaient confiées aux soins d'un
præfectus turturum; Mishna Shekal. 7, 7.
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TRACHONITE,
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Luc 3:1, district qui, après avoir appartenu d'abord à
Hérode le Grand, passa à la tétrarchie de Philippe son fils, puis à Hérode
Agrippa. Elle était située entre l'Anti-Liban et les montagnes de l'Arabie, à
l'est de la Batanée et un peu au sud de Damas, entre la Déca-pole et Bostra,
sans que ses limites fussent bien définies. Le nom même de Trachonite, qui est
grec, exprime l'âpreté d'un pays montagneux, qu'habitaient les Trachones,
excellents tireurs adonnés au brigandage, qui se retiraient dans des cavernes
profondes où ils passaient leur vie comme des bêtes. L'entrée en était si
étroite qu'il n'y pouvait passer qu'une personne à la fois. Ils se volaient
entre eux, lorsqu'ils ne trouvaient pas à piller les étrangers;
— Voir: Flavius Josèphe Antiquités Judaïques 15, 10, 1
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TRAÎNEAU,
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— Voir: Char.
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TREMBLEMENTS de terre.
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La Palestine, comme presque tous les pays de montagnes
bordés par la mer, était exposée à des tremblements de terre. Il en est
mentionné deux dans l'Ancien Testament, l'un qui arriva sous Achab (918-897
avant J.-C.) 1 Rois 19:11, l'autre sous Hozias (811-759), Amos 1:1; Zacharie
14:5. Flavius Josèphe fait de ce dernier une description effrayante et sans
doute exagérée, lorsqu'il dit que la moitié de la montagne qui était à
l'occident de Jérusalem se détacha, roula l'espace de 4 stades, 500 pas, et ne
fut arrêtée que par la muraille qui est à l'orient de Jérusalem, qu'elle combla
le chemin et couvrit les jardins du roi. La destruction de Sodome et Gomorrhe,
Genèse 19:24; sq., fut probablement aussi accompagnée de phénomènes de ce
genre.
Des tremblements de terre, au reste, sont souvent
annoncés lorsqu'il est parlé de la venue du Seigneur, et il semble qu'ils
fassent partie intégrante de toutes les théophanies, Psaumes 18:7; 104:32;
Habacuc 3:6; cf. Nahum 1:5; Ésaïe 5:25; 6:4. La destruction du globe par le
feu, 2 Pierre 3:7; sq., peut fort bien, lorsqu'on a quelques idées sur la
constitution actuelle de la terre, être regardée comme devant être produite par
des causes naturelles, surtout si l'on se rappelle que des tremblements de
terre isolés, mais nombreux, préluderont à cette dernière catastrophe, Matthieu
24:7-8. Il est évident que dans tous les cas, la mention de ce phénomène a pour
but de faire d'autant mieux sentir la grandeur, la puissance et la majesté de
celui qui tient dans sa main les forces les plus redoutables de la terre, et si
ces expressions ne sont quelquefois qu'une image, cette image est belle parce
qu'elle est simple et naturelle.
Plusieurs interprètes ont inutilement multiplié les
tremblements de terre, et c'est par des phénomènes de ce genre, qu'ils essaient
d'expliquer un grand nombre de miracles, les scènes de Sinaï, la traversée de
la mer Rouge, la prise de Jérico, etc, cf. aussi 1 Rois 20:30. Le seul
tremblement de terre qui soit indiqué dans le Nouveau Testament, est celui qui
arriva à la mort de Jésus, Matthieu 27:51. Il fut accompagné d'épaisses
ténèbres, comme cela arrive souvent lors des éruptions volcaniques, sans que l'on
puisse dire cependant que ces deux faits aient été nécessairement liés l'un à
l'autre. Flavius Josèphe raconte encore un autre tremblement de terre qui
ravagea la Judée à l'époque de la bataille d'Actium; des accidents semblables
ont continué jusqu'à nos jours de désoler de siècle en siècle un pays du reste
si favorisé; Jérusalem doit à sa position physique d'avoir presque toujours été
épargnée.
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TRIBUS.
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C'est le nom sous lequel on désigne ordinairement les
familles descendues de Jacob par ses douze fils, et, dans ce sens, on compte
douze tribus, savoir: celles de Juda, Ruben, Gad, Aser, Nephthali, Dan, Siméon,
Lévi, Issacar, Zabulon, Joseph, et Benjamin. Cette division est, en quelque
sorte, la division de famille, une liste généalogique et historique; on la
trouve indiquée Genèse 49. Cette division était naturelle, conforme aux usages
de tous les anciens peuples nomades: des Édomites, Genèse 36; des Ismaélites,
Genèse 25:12; cf. 17:20; des Perses, cf. Hérodote 1, 125. On la retrouve encore
chez les Bédouins arabes de nos jours, et les voyageurs modernes en font foi.
Elle ne fut cependant pas acceptée au point de vue théocratique, ou, pour mieux
dire, elle fut modifiée et restreinte, comme si l'esprit de Dieu eût voulu
maintenir et constater, dès les temps les plus anciens, sa liberté d'action, et
rappeler, au sein de la postérité d'Abraham, que les dons de Dieu ne sont pas
des accidents de la naissance, mais des bienfaits de sa grâce. Dans la nation
constituée, une tribu fut mise à part, l'aînée perdit son droit de
primogéniture, une des plus jeunes obtint deux portions, la sixième partie de
l'héritage général. Lévi fut supprimé dans la répartition du territoire conquis
en Canaan, et Joseph fut chef de deux tribus, celles de ses deux fils, Éphraïm
et Manassé, qui furent elles-mêmes des plus considérables (Genèse 48). La
division territoriale, au moyen de cette double modification, conserva encore
le chiffre de douze tribus; on trouve dans le livre de Josué les détails de la
répartition, et les limites des territoires. En refusant à la tribu sacerdotale
une part dans le pays, Dieu rappelait même, sous cette économie visible et
charnelle, que ceux qui s'occupent des choses de son règne ne doivent pas être
tentés d'y mêler des préoccupations politiques et temporelles; il repoussait,
en principe, les États de l'Église; d'un autre côté, en assurant aux Lévites
des villes, des villages, des habitations sur le territoire de leurs frères, il
pourvoyait aux besoins légitimes des uns et des autres, aux besoins temporels
de ceux qui travaillaient pour l'autel, aux besoins spirituels des tribus, et
de tous les Israélites qui devaient avoir à leur portée l'instruction et les
secours religieux nécessaires, Josué 21. Il résulte de ces changements opérés
que les noms des douze tribus varient suivant le point de vue auquel on se
place; ils varient encore par le fréquent échange des noms de Joseph, d'Éphraïm
et de Manassé, qui sont presque indistinctement mis à la place les uns des
autres, et par suite de l'omission intentionnelle tantôt d'un nom, tantôt d'un
autre. C'est ainsi que, sur les treize ou quatorze noms (les douze noms des
fils de Jacob, et les deux des fils de Joseph) qui sont employés pour désigner
les tribus, il n'y en a que huit qui se trouvent régulièrement sur toutes les
listes; ce sont les noms de Ruben, Juda, Gad, Aser, Issacar, Nephthali, Zabulon
et Benjamin;Dan manque, Apocalypse 7:5; Siméon, Deutéronome 33; Lévi, Nombres
1, et 13, et, en général, partout où l'énumération se fait, en quelque sorte,
dans un point de vue temporel; 1 Chroniques 12, il y a treize noms parce qu'il
s'agit du pays réel, et non pas du pays territorial, et les Lévites sont nommés
au milieu des autres sans avoir une place à part; ils sont portés comme hommes,
tandis que Nombres 26, où l'on trouve également treize noms, ils sont relégués
à la fin et comme en appendice; dans ce dénombrement des plaines de Moab, ils
ne sont pas comptés avec les autres tribus comme hommes d'armes, mais leur
chiffre est indiqué comme faisant partie du peuple, ou comme prêtres; de même
Ézéchiel 48, les sacrificateurs et les lévites sont nommés au milieu des douze
tribus, non comme tribu, mais comme prêtres,
— Voir: 10 et 11.
Éphraïm est appelé Joseph, Apocalypse 7:8, tandis que
c'est au contraire Manassé qui porte le nom de son père, Nombres 13:12. Les
deux frères sont nommés, Nombres 1, comme chefs de deux tribus, et Joseph n'est
rappelé que pour mémoire; mais Genèse 49, Joseph seul est nommé; il remplace
ses deux fils; de même Ézéchiel 48:32. Quant aux détails, on les trouvera à
chaque article.
La famille araméenne de l'illustre Abraham se
constitua donc en tribus à la quatrième génération, et ces tribus parentes
restèrent distinctes, et formèrent comme des corporations les unes à côté des
autres. Chaque tribu se divisa en outre elle-même en groupes moins nombreux,
qui sont appelés familles et maisons (des pères), comme on dit chez nous aussi
une maison pour désigner une branche d'une race, la maison de Lorraine, la
maison de Bourgogne; Nombres 1:2,18; Josué 7:14; 1 Samuel 10:19,21; cf. Tobie
5:12 (17). La maison des pères comprenait toutes les familles fondées par les
fils du chef de la tribu; les familles elles-mêmes étaient une subdivision des
maisons, et présentaient une idée moins étendue; elles ne comprenaient, en
quelque sorte, que les parents à un degré reconnaissable, cf. Nombres 1:2;
Josué 7:14; 1 Chroniques 6:4; 24:4, et le registre généalogique de 1 Chroniques
8. Au reste, ces deux subdivisions sont quelquefois prises l'une pour l'autre;
parfois elles sont identiques, Exode 6:14; ailleurs la famille est plus grande
que la maison. Le mot de millier quelquefois employé, Michée 5:2, l'est, en
général, comme synonyme de familles, Juges 6:15; 1 Samuel 10:19; cf. verset 21.
À la tête de chaque tribu était son chef naturel, le chef de la maison de ses
pères, et au-dessous de lui, sur chaque millier, le chef de ce millier, Nombres
1:4,16,44; 2:3; 10:4; 1 Chroniques 27:16; Esdras 1:8; cf. Exode 6:14; 1
Chroniques 5:15,24; 2 Chroniques 5:2. Les tribus étaient représentées tantôt
par leurs douze chefs, Nombres 1:44; 7:2, tantôt par les chefs des milliers,
Josué 22:21,30, tantôt par les chefs des maisons des pères, Josué 14:1; 2 Chroniques
1:2; 1 Rois 8:1, tantôt enfin par là réunion des anciens, q.v., librement élus
par le peuple; ce dernier mode représenterait une chambre des députés par
opposition aux trois premiers systèmes qui, reposant sur l'hérédité,
rappelleraient nos anciennes chambres des pairs ou la chambre des lords. Cette
organisation de la nation juive, que Diodore de Sicile attribue à tort à Moïse,
existait déjà en Égypte; elle était simple et naturelle: Moïse n'eut qu'à
l'accepter et à la mettre en harmonie avec la constitution qu'il donna au
peuple. Pendant la période des juges, le lien qui unissait les tribus, la
religion de leurs pères, s'étant excessivement relâché, les tribus cessèrent,
en quelque sorte, de former une confédération, et non seulement elles pourvurent
isolément à leur sûreté personnelle, mais encore elles en vinrent à des
hostilités ouvertes, dans lesquelles la jalousie politique des grandes tribus
se déploya sans réserve, Juges 8:1-2; 12:4; 20:11. L'établissement de la
monarchie semblait devoir fondre tous les intérêts en un seul; mais la
constitution ancienne ne se laissa pas absorber par la nouvelle forme du
gouvernement: les représentants des tribus continuèrent de se réunir comme les
États de la nation, et intervinrent parfois avec une grande énergie dans les
affaires du pays, 1 Samuel 10:20; 2 Samuel 3:17; 5:1; 1 Rois 12, 2 Chroniques
24:17. Il paraîtrait même, d'après 1 Chroniques 5:19-20, que, pendant le règne
de Saül, une tribu fit, tout à fait isolée, et pour son propre compte, la
guerre à un état voisin; de même pendant le règne d'Ézéchias, 1 Chroniques
4:41. L'influence de l'esprit de tribu était surtout évidente dans les
élections des rois, et cet esprit surexcité à la mort de Salomon, sans que rien
le retint, perdit à la fois le royaume et les tribus; il n'y eut plus un
royaume, il n'y eut plus douze tribus, il y eut deux royaumes, représentant
chacun le principal fragment dont ils étaient composés, Éphraïm et Juda; c'est
à ce dernier que se réunirent les Lévites; ils suivirent la légitimité, et dans
une théocratie, ils eurent raison, 2 Chroniques 11:13; cf. 1 Rois 12:31.
La séparation des tribus parait être demeurée entière
pendant l'exil, et les Israélites pieux semblent avoir désiré ne contracter
d'alliances qu'avec des membres de leurs tribus, Tobie 1:9; 4:13; 6:12; 7:14;
cependant cf. 3:15. En l'absence d'un territoire qui garantissait l'existence
et l'intégrité de la tribu, la pureté des mariages pouvait suppléera cette
lacune et amener un résultat semblable. L'attachement à cette antique
séparation était si profond en Israël, que dans les premières années de l'exil,
un prophète annonçant la restauration du pays et le rétablissement de sa
nationalité, pose la division du nouveau territoire en douze portions comme un
des faits fondamentaux de ce nouvel ordre de choses, Ézéchiel 47 et 48. Mais
lorsque le décret royal eut été promulgué, il n'y eut guère, outre les Lévites,
que des hommes de Juda et de Benjamin qui en profitèrent, Néhémie 11:4: ce
furent eux qui restèrent chargés du poids de la nationalité tout entière, et
comme ils ne représentaient pas les douze tribus, l'idée même de la tribu
commença à déchoir, d'autant plus que depuis longtemps les Benjamites avaient
dû s'habituer à n'être traités que comme une fraction de la tribu de Juda;
c'est de là que vint, pour désigner le peuple entier, le nom de Judéen ou de
Juif. Dès lors aussi, les familles et non plus la tribu, devinrent la base des
généalogies, Esdras 8, Néhémie 7, et les chefs de ces familles furent
nécessairement considérés comme des représentants du peuple, Néhémie 10.
Cependant les familles conservèrent encore, soit par leurs anciennes tables
généalogiques, soit par la tradition, le souvenir des tribus dont elles étaient
originaires, cf. Luc 2:36; Actes 13:21; Romains 11:1; Philippiens 3:5, et les
espérances d'Israël se rattachent encore comme à une base nécessaire, au type
primitif des douze tribus, Apocalypse 5:5,9; 7:4.
Quant aux dix tribus dont le retour en Palestine n'est
pas raconté par les historiens sacrés, leur sort est inconnu, mais les
hypothèses pour le découvrir, n'ont pas manqué. Les uns pensent qu'elles ont
Uni, petit à petit et lentement, par rentrer clans leur pays, tellement qu'aux
jours de saint Pierre, 1 Pierre 1:1, il n'en restait plus qu'un petit nombre dispersés
dans l'exil; d'autres croient qu'elles ont fini par se fondre dans les familles
des vainqueurs; d'autres, qu'elles habitent encore les montagnes de la Perse,
ou qu'elles se sont répandues dans l'Inde, dans la Chine, qu'elles ont passé en
Amérique où l'on peut retrouver leurs traces chez les Indiens du Nord et chez
les Mexicains. Ces suppositions auxquelles Calmet a consacré un article
intitulé Transmigrations, et que plusieurs auteurs modernes ont développées
avec plus ou moins de talent, et souvent dans un but dogmatique, ne sont que
des hypothèses, et ne valent pas une sincère déclaration d'ignorance.
Les registres généalogiques avaient pour les tribus
juives une plus haute importance que pour tous les autres peuples de l'Orient;
ce n'était pas seulement un souvenir historique, une filiation qu'ils étaient
destinés à maintenir, c'était l'intégrité des territoires, à cause du droit
d'héritage qui, chez eux, se rattachait essentiellement à la propriété
foncière. Les terres restaient, ou devaient rester, dans les familles; celui
qui prouvait sa filiation était par cela même propriétaire. En vertu de la
constitution du pays, les tribus furent également intéressées à tenir en ordre
des registres qui leur assuraient des hommes et des terres, et à ne se laisser
entamer d'aucun côté. Il y eut donc des généalogies de familles et des
généalogies de tribus faites ensuite de dénombrements authentiques. Aux unes et
aux autres on ajoutait quelquefois, comme commentaire historique, le récit de
certains faits remarquables, cf. Genèse 4:17,20; 1 Chroniques 2:3,7;
4:9-10,14,38, et peu à peu, ces additions devenant plus considérables ou plus
détaillées, changèrent les registres en de véritables chroniques. L'auteur de 1
Chroniques, suivant l'usage de son temps, fait précéder son histoire proprement
dite d'un coup d'oeil généalogique ou d'un extrait du registre des familles
(1-8,). Dans le Pentateuque, les généalogies forment les jalons de l'histoire,
et comme des espèces de sommaires, Genèse 4:17; 5:3; 9:18, etc. Exode 6:14;
Nombres 3:17, et outre tous ces tableaux de détail relatifs à la famille juive
et aux branches collatérales descendues d'Abraham, l'auteur sacré présente en
raccourci le registre généalogique de tous les peuples issus de Noé et répandus
autour de lui dans le monde. Pour les Juifs, en tant que nation, les tableaux
les plus importants étaient naturellement ceux qui concernaient les
sacrificateurs et la famille royale; les premiers même furent rapportés de
l'exil, Esdras 2:62; Néhémie 7:64, soigneusement conservés et continués, car
les Lévites qui désiraient devenir prêtres, devaient avant tout, prouver leur
filiation, Esdras 2:61; Néhémie 7:64. Quant aux listes royales, nous en
trouvons deux fragments, Ruth 4:17; Matthieu 1, Luc 3, qui ont pour but d'établir
la généalogie de Jésus, comme issu de la famille de David.
L'exil de Babylone a dû jeter bien de la perturbation
dans l'état civil des Hébreux, et comme on l'a dit, il n'y eut que les familles
vraiment attachées à la foi de leurs pères, qui se donnèrent de la peine pour
maintenir intacts et complets leurs arbres généalogiques, la pureté de leur
race et de leur tribu.
On n'insérait en général, sur ces registres, que les
noms des descendants mâles, de ceux qui perpétuaient le nom et le souvenir de
la famille (mâle et souvenir s'expriment en hébreu par le même mot, zacar); il
n'y avait, à cette règle, d'exception que pour les héritières, quand il n'y
avait pas d'héritiers, ou pour les femmes qu'un fait spécial signalait à
l'attention de la postérité, Matthieu 1:3. Les premières tables n'étant point
écrites, mais confiées à la mémoire des fils et transmises de bouche en bouche,
il put arriver dans plusieurs familles, que plusieurs chaînons intermédiaires
furent oubliés, et que lors de la première confection de listes écrites, on dut
se contenter des ancêtres dont le noms vivaient encore, en unissant par les
rapports de père et de fils des hommes séparés par une ou deux générations;
d'autres fois, comme chez les Arabes, on condamna expressément à l'oubli des noms
mal famés, et ils furent rayés des registres; d'autres fois encore, dans
l'intérêt d'une mémorisation facile, ou pour procurer une régularité factice,
on omit quelques noms moins célèbres, comme Matthieu 1, où la généalogie de
Jésus est réduite en trois périodes de quatorze membres chacune. D'autres noms
ont été omis sans qu'on en sache le motif; par exemple, Zorobabel, fils de
Salathiel, d'après Aggée 1:1; Esdras 5:2, n'était que son petit-fils, d'après
la liste plus détaillée de 1 Chroniques 3:17,19; cf. aussi 1 Chroniques 7:14;
avec Nombres 26:29-30, etc. Enfin, certaines familles remontant par deux
branches à une source primitive, pouvaient, suivant les cas, se rattacher à
l'une ou à l'autre de ces branches, ou confirmer péremptoirement par cette double
généalogie une filiation importante ou contestée. Plusieurs de ces explications
jetteront du jour sur les deux listes de Matthieu 1, et Luc 3, sans que nous
puissions entrer dans des détails qui sont du ressort d'un commentaire;
— Voir: aussi les différents articles.
Les généalogies, à la recherche desquelles
s'adonnaient les Juifs d'Éphèse et de Crète, 1 Timothée 1:4; Tite 3:9, sont: ou
bien une filiation que, dans un orgueil de judaïsants, les Juifs convertis
cherchaient encore à établir entre eux et Abraham pour bien démontrer qu'ils
étaient Juifs pur sang, par opposition aux païens, recherche que Paul condamne
comme impossible ou comme oiseuse, même en cas de réussite;
— ou bien, plus probablement, il est question dans ces
passages de la doctrine gnostique des émanations, des Éons, des vertus célestes
qui s'engendrent les unes les autres (Irénée, Tertullien), recherche absurde et
fastidieuse, comme le savent tous ceux qui s'en sont occupés, et de laquelle
Paul pouvait bien dire qu'elle était de nature à produire des disputes plutôt
que l'édification de Dieu.
Les douze tribus d'Israël doivent être un jour
rétablies de Dieu dans le pays qui fut promis à leur père Abraham. Cette
doctrine a été professée de tout temps dans l'Église chrétienne; elle fut celle
de tous les Pères, soit grecs, soit latins. Elle est de la plus haute
importance pour l'Église des gentils, comme pour celle des Juifs; car elle se
lie d'une manière intime et nécessaire à toutes les espérances des enfants de
Dieu sur le règne de Jésus-Christ, sur la résurrection des saints, sur
l'avènement du Sauveur; en un mot, elle se rattache à toutes les gloires
futures du peuple de Dieu. S'il fallait en venir à des témoignages pour la
justifier, nous aurions bientôt cité: dans l'Ancien Testament, le 30e chapitre
du Deutéronome, le 11e, le 43e et 49e d'Ésaïe; le 23e, le 31e, le 33e de
Jérémie; le 1er et le 3e d'Osée; le 12e de Daniel; les déclarations d'Ésaïe
dans son 28e chapitre et dans les onze suivants; et dans le Nouveau Testament,
le 23e de Matthieu, le 1er des Actes, le 11e des Romains. Cependant toute la
force de l'argument qu'on lire de ces nombreux passages en faveur d'un retour,
encore à venir, des Israélites au pays de leurs pères, est dans le double fait
que voici: «Les dix tribus d'Israël ne furent jamais rétablies, et elles
existent encore quelque part.»
Il faut donc établir:
1. Que
le retour des Juifs à Jérusalem, après les soixante-dix ans de captivité à
Babylone, ne les a point concernées; et
2. qu'elles
vivent encore en quelque contrée du globe sous des conditions telles qu'on
puisse y reconnaître un jour leur identité nationale.
Le fait de la restauration future de toute la maison
d'Israël (y compris Éphraïm, aussi bien que Juda), est attesté par les
prophéties les plus claires (— Voir: plus particulièrement Jérémie 3:18,23;
Ézéchiel 39:25,40; Osée 1:14). Et ce qui prouve incontestablement que cette
prédiction n'eut point son accomplissement alors que les Juifs des deux tribus
revinrent de Babylone, c'est
1. que
le prophète Zacharie, qui n'écrivit qu'après ce retour des Juifs à Jérusalem,
prédit lui-même une restauration de la maison de Joseph (père d'Éphraïm) avec
celle de Juda (chapitre 10).
2. C'est
qu'Ézéchiel a soin de mentionner ce petit nombre d'Israélites des dix tribus,
qui se joignirent aux Juifs revenant de Babylone, et de nous dire qu'il s'agira
de bien autre chose dans la restauration dernière. Il prend un bâton, et il
écrit dessus: «Pour Juda, et pour les enfants d'Israël, ses compagnons.» Voilà
pour le premier. Mais il reçoit l'ordre aussi d'en prendre un autre, et
d'écrire dessus: Pour Joseph le bâton d'Éphraïm, et pour toute la maison
d'Israël, ses compagnons.» Voilà donc les deux nations qui, dans l'avenir,
doivent ne former qu'un seul et même peuple; c'est, d'un côté, Juda, avec le
petit nombre des Éphraïmites qui se joignirent à lui; c'est, de l'autre,
Éphraïm, avec tout le reste des dix tribus.
— «Ils ne seront plus deux nations; ils ne se
souilleront plus par leurs infamies; je les retirerai de toutes les demeures
dans lesquels ils ont péché» (verset 22), dit l'Éternel. Ézéchiel 37:16.
3. Enfin,
c'est que les Israélites rétablis n'auront alors qu'un seul et même roi de la
maison de David (Ézéchiel 37:22,24; Jérémie 30:3,9; Ézéchiel 34, Osée 3:4-5;
Zacharie 12:10). Ce fait n'a jamais eu lieu depuis le temps de Cyrus jusqu'à
celui de Titus: il est donc encore à venir. Et que penser de Christ ?
Mais, si les dix tribus doivent être rétablies dans
les derniers temps, et si leur identité nationale doit être alors reconnue, où
sont-elles aujourd'hui? Voilà la grande question.
Nous croyons que le livre de Grant vient y donner une
réponse satisfaisante, et c'est une des principales considérations qui nous ont
inspiré le désir de le faire connaître aux Églises de notre langue.
Jérôme (qui mourut vers l'an 420) disait les dix
tribus encore établies de son temps aux régions où le roi d'Assyrie les avait
transportées.
Nous apprenons aussi par divers témoignages qu'elles y
étaient nombreuses encore au moyen âge, au onzième siècle, au douzième et même
au quatorzième.
Où sont-elles aujourd'hui?
On avait répondu jusqu'ici par des conjectures de deux
espèces. Les premières désignaient, comme originairement descendues des dix
tribus, des nations ou des races d'hommes qui ne s'en doutaient plus, les
Américains, les Welches ou Bretons, et les Irlandais; les autres alléguaient
des peuples dont certaines traditions, et peut-être des tables généalogiques,
paraissent attester une origine éphraïmite, les Juifs blancs de Cochin, les Afghans
surtout, (— Voir: sir H. Jones, Asiatic Researches, vol. I, p. 336).
D'autres contrées, telles que le Cachemire et
l'intérieur de l'Afrique, avaient été désignées comme le séjour actuel des dix
tribus; mais nous avons l'espérance que les découvertes de Grant vont enfin
jeter un grand jour sur cette intéressante question.
Cependant, il importe encore de faire observer que
l'obscurité répandue depuis plusieurs siècles sur l'existence de ce peuple
prophétique ne devait nullement ébranler notre foi sur l'accomplissement
littéral des prédictions qui le concernent, il fallait plutôt y voir, au
contraire, une confirmation de leur vérité. Les Écritures elles-mêmes nous
parlent de la nuit où seront cachées ces populations miraculeuses jusqu'au jour
de leur restauration. C'est une observation de M. Brooks, dans ses «Éléments
d'interprétation prophétique» (p. 267-277), (— Voir: dans Ésaïe, chapitre 11,
qu'il a soin de distinguer les rejetés d'Israël d'avec les dispersés de Juda. —
Voir: Ésaïe 49:21-22; 16:3-4; — Voir: enfin les observations de M. Keith sur
Daniel, 11:41).
Le livre du docteur Grant (les Nestoriens, ou les
Tribus perdues), à la préface duquel nous avons emprunté les lignes qui
précèdent, établit l'identité des dix Tribus et des Nestoriens par des preuves
plutôt morales et traditionnelles, que positives et écrites. Cependant, elles
ne manquent pas d'une certaine force, surtout si l'on réfléchit que chez ces
pauvres Nestoriens l'instruction est nulle; que, par conséquent, des documents
écrits ne sauraient avoir pour eux une grande valeur, et si l'on se rappelle
ensuite qu'ils sont d'autant moins intéressés à revendiquer une communauté
d'origine avec les Juifs, qu'ils ne sont pas, en général, en très bons termes
les uns avec les autres. Les Juifs qui sont au milieu d'eux ne nient point le
fait de leur parenté avec les Nestoriens; mais ils sont profondément humiliés
de voir une pareille apostasie au sein de leur nation, et ils évitent, le plus
qu'ils peuvent, d'avoir à se prononcer sur ce point.
Voici comment Grant (p. 102 et suivant) établit
l'identité, depuis longtemps soupçonnée, de ces deux peuples si distincts
maintenant:
1. Je
remarque d'abord, dit-il, que cette tradition est généralement répandue et
reçue parmi les Nestoriens de l'Assyrie et de la Médie. Ils en parlent
volontiers en tout lieu et en toute occasion. Smith et Dwhigt, dans leur courte
visite aux Nestoriens, furent frappés de les entendre affirmer qu'ils étaient
les descendants des dix tribus. Ils reconnaissent ce fait dans leurs conversations
entre eux, aussi bien que vis-à-vis des étrangers. Un de leurs prêtres
reprochait à son peuple les fautes et la responsabilité qui se trouvaient
accumulées sur eux à cause de leur étroite relation avec ceux «à qui
appartiennent l'alliance et les promesses», et son langage était celui de la
réprimande, bien plus que celui de la flatterie. Souvent j'ai entendu leurs
ecclésiastiques faire la remarque qu'ils étaient un peuple de col roide, comme
leurs pères de l'Ancien Testament. Ces allusions accidentelles à leurs ancêtres
hébreux, prouvent d'une manière victorieuse que leur tradition est généralement
reçue comme une vérité. Quoique cela tourne à leur confusion, pas un d'entre
eux ne nie qu'il ne soit enfant d'Israël. Le savant et l'ignorant, le jeune homme
et le vieillard, tous reconnaissent cette relation.
2. La
haine qui existe entre les Nestoriens et les Juifs écarte toute idée d'une
tradition fabriquée. Quel motif pourrait les conduire à vouloir s'affilier à
leurs plus implacables ennemis? Est-il croyable qu'une tradition, dénuée de
fondement, et prétendant les lier à un peuple avec lequel ils ne veulent pas
même manger, eût été universellement adoptée parmi les diverses tribus des
Nestoriens? Par qui, et À quelle époque de leur histoire, leur aurait-elle été
imposée? Comment aucune réclamation ne se serait-elle élevée au milieu d'une
nation si nombreuse? Là, comme partout ailleurs, les Juifs sont les plus
méprisés et les plus persécutés de tous les peuples: la haine est donc attachée
à tout ce qui s'allie à eux. Par crainte de cette haine, j'ai vu des Nestoriens
hésiter à répondre quand on les interrogeait sur leurs ancêtres, et cependant
ils finissaient tous par convenir de leur origine juive.
3. Leur
ignorance des prophéties ne permet pas non plus de supposer que cette tradition
ait pris sa source chez les conducteurs religieux, en vue des grandes
bénédictions temporelles promises aux Juifs. Ils n'ont aucune idée de
bénédictions de ce genre pour les Israélites en particulier; ils croient au
triomphe final du christianisme dans le monde, mais ne réclament pour eux-mêmes
aucune prééminence sur les autres chrétiens. Ils lisent peu les prophètes, et
les comprennent encore moins; leur interprétation des écrits prophétiques est,
en général, mystique et confuse.
4. La
situation écartée du grand corps de l'Église nestorienne s'oppose presque
entièrement à ce que l'idée de leur origine juive leur ait pu être suggérée par
les nations voisines. Ils habitent principalement des montagnes presque
inaccessibles, dans lesquelles ils sont tenus à l'abri de toute influence du
dehors. Les étrangers n'ont que bien rarement pénétré jusqu'à eux, et je ne
connais aucun peuple qui entretienne aussi peu de rapports avec ceux qui
l'entourent; bien plus, si leurs voisins les avaient assimilés aux Juifs,
n'auraient-ils pas repoussé jusqu'à la pensée d'une semblable connexion? Est-il
croyable qu'ils l'eussent reçue comme base d'une tradition générale? et, quand
il serait probable qu'une pareille falsification se fût introduite en quelque
localité, comment aurait-on pu induire la nation tout entière à admettre une
imposture contre laquelle se révoltaient tous leurs sentiments naturels?
Plus loin, au chapitre 12, page 110 et suivant, M.
Grant s'attache à prouver que les lieux habités aujourd'hui par les Nestoriens,
sont précisément ceux dans lesquels les dix tribus furent transportées, et
c'est une chose assez remarquable que, quoique emmenées captives par différents
conquérants, et à quatre-vingt-dix ans d'intervalle, toutes les tribus furent
établies dans la même contrée; rien ne prouve ou ne fait même supposer qu'elles
aient été déplacées; au cinquième siècle, dans tous les cas, elles habitaient
encore la terre de la captivité.
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TRIBUT,
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tributaires,
— Voir: Impôts.
Le tribut, qui implique la reconnaissance d'une
souveraineté, se dit ordinairement de l'impôt payé à une puissance étrangère;
cependant le mot s'emploie quelquefois aussi des impôts payés au maître
légitime. Dieu étant le vrai souverain d'Israël, avait la première part dans
les tributs prélevés sur le pays; les rois eurent la seconde, et ils se la
firent large, au point que les murmures du peuple, après le règne do Salomon,
finirent par provoquer la scission du royaume. On fait souvent une révolution
pour obtenir une réduction dans les impôts, et l'on est souvent trompé. Les dix
tribus en firent l'expérience. Quant aux tributs étrangers, les Israélites tour
à tour les imposèrent et durent les payer. Sous Salomon, les Cananéens furent
rendus tributaires, 1 Rois 9:21-23. 2 Chroniques 8:8; sous d'autres princes, et
surtout vers les temps qui précédèrent l'exil, ce furent au contraire les
Israélites qui, tantôt à la suite d'une conquête, tantôt en vue dune alliance à
obtenir, payèrent des tributs aux rois étrangers, d'Égypte, de Syrie ou
d'Assyrie. Les Romains furent les derniers auxquels ils furent tributaires, et
l'on trouve, Luc 2:1-2, la mention d'un dénombrement qui eut lieu sous Auguste
par Cyrénius (Quirinius), dans le but de baser le tribut sur un nouveau
recensement des personnes et une nouvelle estimation des biens. Les passages
Matthieu 22:17; 17:24-27, renferment les déclarations les plus positives de
notre Seigneur sur le paiement du tribut: les gens de ce siècle le doivent à
ceux qu'ils reconnaissent pour légitimes souverains; les enfants de Dieu, les
fils du vrai roi de la terre, ne le doivent pas à des rois qui ne sont rois que
par un malentendu; mais ils sont tenus de le payer, pour ne pas scandaliser un
monde qui pourrait les accuser de cupidité ou de rébellion, ne comprenant pas
la grandeur de leurs motifs;
— Voir: encore Jean 8:33; Romains 13:1-8; 1 Pierre
2:13.
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TROAS,
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ville de Phrygie ou de Mysie, sur l'Hellespont, à 6
lieues sud-ouest de l'ancienne Troie et à 7 lieues nord-ouest d'Assos, entre
les promontoires de Rhœtée, où fut enterré Ajax, et de Sigée, le tombeau
d'Achille. Antigone l'avait surnommée de son nom, Lysimaque lui donna plus tard
le nom d'Alexandrie, en l'honneur d'Alexandre le Grand; Auguste lui accorda le
titre de colonie de droit italien (juris italici). Saint Paul y passa au moins
deux fois, et c'est là qu'il eut sa vision d'un homme macédonien (l'ange de la
Macédoine, d'après Calmet), Actes 16:8,11; 20:5; cf. 2 Corinthiens 2:12. Dans
un de ses voyages, il y laissa, chez Carpe, son manteau, ses livres et ses
parchemins, 2 Timothée 4:13. Elle s'appelle maintenant Eski Stamboul, et ses
ruines, que l'on regarde à tort comme celles de Troie, sont assez considérables
pour établir l'ancienne importance de cette colonie italienne.
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TROËNE.
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C'est ainsi que nos versions traduisent l'hébreu
kopher, Cantique 1:13; 4:13. Luther, dans le premier passage, a conservé le mot
hébreu; dans le second, il l'a rendu par cypre, la fleur de Chypre, Cyperblume,
et la plupart des commentateurs, depuis les Septante, sont d'accord à le
traduire ainsi; c'est l'alhenna des Arabes. Cet arbrisseau est fort abondant en
Chypre; on prétend même que c'est la plante qui a donné le nom à l'île. On en
trouve cependant aussi en Égypte et en Palestine, particulièrement aux environs
d'Askélon et d'Hen-Guédi. Il atteint, quand on ne le coupe pas, une hauteur de
3 ou 4 mètres; ses feuilles sont lancéolées, courtes, lisses, semblables à
celles de l'olivier, réunies en touffes autour des rameaux. Ses fleurs, très
odoriférantes et réunies en grappes, Cantique 1:13, s'ouvrent en mai et durent
jusqu'au mois d'août; elles sont d'un blanc jaunâtre et sont d'une forme très
gracieuse. Les femmes égyptiennes en font des bouquets et les portent sur leur
cœur. Délayées dans de l'eau, les feuilles de cet arbre séchées et réduites en
poudre, font une espèce de teinture jaune-orange dont le goût oriental se sert
pour orner les ongles, les pieds, les lèvres et les cheveux de ses beautés;
avec une décoction de séné, cette teinture est d'un brun foncé; l'on s'en sert
pour se noircir les cheveux et la barbe. Les fruits sont renfermés dans des
capsules d'abord vertes, puis rougeâtres, à quatre loges; les grains sont
bruns, durs et triangulaires. Calmet appelle cet arbuste souchet. C'est la
lawsonia spinosa inermis de Linnée.
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TROGYLE,
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Actes 20:15, ville et promontoire de l'Ionie, située
entre Éphèse et l'embouchure du Méandre, au pied du mont Mycale.
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TROIS-BOUTIQUES,
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— Voir: Forum d'Appius.
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TROMPETTES,
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— Voir: Musique.
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TRÔNE,
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le siège officiel sur lequel, revêtus de vêtements
magnifiques, s'asseyaient les rois, soit à leur avènement, soit dans des
audiences solennelles, ou lorsqu'ils rendaient la justice, 1 Rois 2:19; 22:10;
2 Rois 11:19; Esther 5:1; Proverbes 20:8. C'était un grand fauteuil avec un
marchepied, parfois aussi avec plusieurs degrés, Ésaïe 6:1. Le trône de Salomon
est célébré dans l'Écriture comme une merveille, 1 Rois 10:18, et les rois de
l'Orient en général ont toujours attaché une grande importance à la beauté et
au luxe des ornements de ce siège; le trône des Hérodes était d'or ou doré,
Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 2, 1, 1;
— Voir: aussi Odyss., 1, 130; 4, 136, la description
que fait Homère des trônes de ses princes.
Le trône était l'un des signes distinctifs du pouvoir
royal, Genèse 41:40; les expressions: être assis sur le trône, ou s'asseoir sur
le trône de quelqu'un, sont souvent prises dans un sens figuré, pour régner ou
succéder à un roi, Deutéronome 17:18; 1 Rois 1:13; 16:11; 2 Rois 10:30.
L'Écriture contient un grand nombre d'images empruntées à cet emblème de la
royauté: les cieux sont le trône de l'Éternel, et la terre est le marchepied de
ses pieds, Ésaïe 66:1; cf. Psaumes 89:14; 110:1; Luc 22:69; Actes 7:49. Jésus lui-même
et les vieillards de l'Apocalypse sont assis sur des trônes pour juger le
monde, Apocalypse 3:21; 4:4.
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TROPHIME,
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disciple d'Éphèse, païen de naissance, qui accompagna
Paul dans son troisième voyage missionnaire, d'abord de Troas en Macédoine,
puis à Jérusalem où il fut l'occasion des persécutions qu'éprouva l'apôtre et
qui le conduisirent à Rome, Actes 20:4; 21:29. On ne le retrouve plus dès lors
que malade à Milet, 2 Timothée 4:20, et ceux qui, comme Winer, n'admettent pas
deux captivités de Paul à Rome, avouent qu'ils ne peuvent expliquer ce détail;
Trophime ne fut laissé malade à Milet par l'apôtre que lorsqu'ils y passèrent
une seconde fois, c'est-à-dire après la délivrance de la première captivité,
puisqu'après y avoir passé une première fois ils continuèrent ensemble leur
voyage jusqu'en Judée. La tradition porte qu'il souffrit le martyre à Rome avec
saint Paul. Incertain.
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TRYPHÈNE et Tryphose,
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Romains 16:12, peut-être deux sœurs, disciples de
Rome, qui travaillaient pour le service du Seigneur; elles ne sont connues que
par cette honorable mention, et par des traditions sans valeur.
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TSAANAN,
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Michée 1:11, ville de Palestine que Bochart et
Michaélis identifient avec le Tsénan de Josué 15:37.
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TSADOC,
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fils d'Ahitub, descendant d'Ithamar, 1 Chroniques 6:8;
18:16; 2 Samuel 8:17; 20:25, connu par sa fidélité à David. Il régla, de
concert avec Abiathar, tout ce qui concernait le transport de l'arche à
Jérusalem, 1 Chroniques 15:11, obéit à David lors de la révolte d'Absalon,
resta dans la ville sainte auprès du traître, et fit passer à David par
l'intermédiaire de son fils, de sages et précieux avis, 2 Samuel 15:24; 17:15.
Il calma l'effervescence populaire après la mort d'Absalon, 2 Samuel 19:11,
prit parti contre Adonija, et sacra Salomon roi d'Israël pendant que la
conspiration se tramait. Ses services furent récompensés par la collation de la
souveraine sacrificature, qui fut enlevée à Abiathar exilé, et qui rentra ainsi
dans la branche aînée, 1 Rois 1:8; 2:35; 4:4 (sans que l'on sache comment elle
en était sortie). Quelques auteurs pensent qu'Abiathar et Tsadoc avaient exercé
simultanément la sacrificature, l'un à Jérusalem, l'autre à Gabaon, 1
Chroniques 16:39; d'autres, que Tsadoc était sagan ou vicaire d'Abiathar; mais
la déposition de ce dernier et son remplacement par Tsadoc, montre évidemment
qu'ils se sont succédé, et l'historien sacré a pu dire, sans se contredire,
qu'ils avaient tous deux exercé la sacrificature de leur temps.
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TSAHANNAJIM,
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Juges 4:11, et Tsahanannim, Josué 19:33 (par erreur
Tsahannim dans quelques éditions françaises), une des villes frontières de
Nephthali, probablement vers le nord; quelques auteurs ont traduit le Alôn de
Tsahanannim de Josué 19:33, par le chêne des nomades,
— Voir: Rosenmuller;
mais si cette traduction est possible, il est
cependant peu vraisemblable que, dans une délimitation de frontières, un chêne
serve de limites, et que deux noms soient ainsi pris dans un sens appellatif.
— On a cru que cette ville est le Saana de Ptolémée,
entre Abila et Ina (?).
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TSALMUNAH
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(ombre),
— Voir: Zébah.
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TSARTHAN
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(détresse), en deçà du Jourdain, Josué 3:16, et non
loin de ses rives, vis-à-vis de Succoth, 1 Rois 7:46; probablement le même
endroit que Tsarthana, 1 Rois 4:12, ou Tseredatha, 2 Chroniques 4:17 (dans
l'hébreu), ou Tséréra, Juges 7:22, ou Tséréda, 1 Rois 11:26 (lieu de naissance
de Jéroboam): dans ce cas elle aurait appartenu à la tribu d'Éphraïm. Presque
toutes ces légères différences ne proviennent que de la facile confusion des
lettres hébraïques r et d, et des finales locales.
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TSÉBOIM
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(chèvres, biches).
1. Ville
de Benjamin située dans une vallée, Néhémie 11:34; 1 Samuel 13:18.
2. Une
des villes de la plaine, qui furent détruites avec Sodome et Gomorrhe, dans la
vallée de Siddim, Genèse 10:19; 14:2,8; Deutéronome 29:23; Osée 11:8.
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TSÉLAH
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(côte), ville de Benjamin, dans laquelle furent
enterrés Saül et son père, 2 Samuel 21:14; Josué 18:28.
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TSÉLOPHCAD
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(ombre de la crainte), 1 Chroniques 7:15; Nombres 26:33;
27:1; Josué 17:3, était fils d'Hépher, de la tribu de Manassé, resta en dehors
de la conspiration de Coré, mais mourut au désert conformément à la
condamnation divine prononcée contre la génération du désert. Il ne laissait
après lui que cinq filles, qui se trouvèrent déshéritées en vertu de la loi des
héritages qui n'accordait de terres qu'aux enfants mâles; le nom de leur père
allait s'éteindre, celui de leur aïeul périssait, si l'on n'établissait qu'en
l'absence d'enfants mâles les filles devenaient aptes à hériter. Leur
réclamation, portée devant Moïse, fut trouvée juste, et elles eurent un
territoire assuré. Mais la tribu de Manassé réclama à son tour, craignant que
le mariage de ces filles avec des hommes d'une autre tribu ne diminuât son
territoire, et un second décret statua qu'une fille, après avoir hérité des
biens de son père, ne pourrait se marier que dans sa tribu, Nombres 36:6. Les
filles de Tsélophcad s'v conformèrent.
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TSÉMARAJIM.
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1. Ville
de Benjamin, Josué 18:22.
2. Une
des montagnes d'Éphraïm, 2 Chroniques 13:4, peut-être celle sur laquelle fut
bâtie la ville de ce nom.
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TSÉMARIENS,
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Genèse 10:18, peuplade cananéenne, nommée entre les
Arvadiens et les Hamathiens: on croit en retrouver les traces (Schrœder) dans
la ville phénicienne de Simyra, située au pied du Liban, sur le fleuve
Éleutherus, Ptolém. 5, 15. Pline 5, 17. Shaw en a vu les ruines à environ 8 ou
10 lieues sud-est de Tortosa. L'opinion de Hamaker qui place les Tsemariens sur
les bords du Tamyras entre Béryte et Sidon, ne s'appuie que sur cette analogie
de nom; et les rabbins, suivis par Jérôme, qui pensent à la ville d'Émesa ou
Émissa, magnifique ville située sur l'Oronte en Syrie, avec un temple du
soleil, nous transportent trop loin, et oublient que cette ville ne fut
construite que beaucoup plus tard.
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TSÉRÉRA,
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— Voir: Tsarthan.
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TSÉRUIA,
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sœur de David, fille de sa mère, d'un premier mari
nommé Nahas, n'est connue que par ses trois fils Joab, Abisaï, et Hazaël, 2
Samuel 2:18; 17:25; 1 Chroniques 2:16. Elle est souvent nommée avec eux; son
mari est complètement inconnu.
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TSIBA
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(soldat, guerrier), 2 Samuel 9:2, ancien serviteur de
Saül, se distingua plus sous le nouveau régime par son habileté, que par sa
fidélité. Nommé par David intendant des domaines restitués à Méphiboseth, il
goûta les douceurs de l'indépendance, et ne rêva rien moins que de devenir le
propriétaire des biens qu'il administrait; lors de la révolte d'Absalon, il
vint au-devant de David sur le mont des Oliviers, lui offrit quelques
provisions, et fut naturellement interrogé sur ce qu'il savait; il dénonça son
maître, Méphiboseth, comme aspirant à la couronne, et cette infâme calomnie,
quoique mal inventée et mal racontée, lui assura la possession de ces domaines
qu'il convoitait, 2 Samuel 16. Lorsque la victoire fut assurée à David, et
qu'il eut repris le chemin de Jérusalem, Tsiba, craignant que la lumière ne se
fît jour pendant la paix, vint avec ses quinze enfants et vingt serviteurs, se
mit à la suite de Simhi qui sollicitait son pardon, ne vit ses intrigues qu'à
moitié déroulées, et n'eut à restituer que la moitié des biens qu'il avait si
honteusement acquis. Il eut tous les dons qu'il faut pour réussir par le mal,
et n'eut aucune des qualités qui font une bonne réputation; de l'esprit, mais
point de cœur.
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TSIDKIJA
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(justice de l'Éternel), fils de Kénahana, 1 Rois
22:11; 2 Chroniques 18:10, imposteur et chef d'une école de faux prophètes. Le
front armé de cornes de fer, symboles d'une puissance extraordinaire, Michée
4:13, il se présenta devant Achab qui le consultait sur la guerre qu'il allait
porter en Ramoth de Galaad, et flattant ses désirs, il lui annonça une victoire
éclatante, au nom de l'Éternel. Le prophète Michée ayant osé lui répondre par
des oracles plus vrais, Tsidkija s'emporta violemment contre lui jusqu'à le
frapper; Michée en appela à l'accomplissement, et annonça à cet imposteur une
honte et une fuite prochaine. L'accomplissement de cet oracle ne nous est pas
raconté. Tsidkija et les siens paraissent n'avoir pas été compris dans
l'exécution des faux prophètes ordonnée par Élie, cette dernière n'ayant porté
apparemment que sur les prêtres de Banal, 1 Rois 22:6; cf. 18:19. Il fallait
que l'imposteur jouît à la cour d'Achab d'une bien grande faveur pour avoir osé
s'emporter devant le roi, et cette colère qui à elle seule eût suffi pour
prouver l'imposture, prouve aussi que la majesté d'Achab était complice des
fourberies du faux prophète.
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TSIHOR
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(petit), Josué 15:54, ville des montagnes de Juda,
située, d'après Eusèbe qui croit en avoir retrouvé les restes, entre Jérusalem
et Éleuthéropolis.
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TSIKLAG
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(mesure pressée), ville cananéenne, qui, après avoir
appartenu successivement aux tribus de Juda et de Siméon, Josué 15:31; 19:5,
était retombée entre les mains des Philistins, et se trouvait, aux jours de
David, sous la dépendance du roi de Gath, 1 Samuel 27:6. Elle fut assignée pour
demeure à David qui en fit le centre de ses expéditions militaires, 1 Samuel
30:1,14,26; 2 Samuel 1:1; 4:10. Dès cette époque, elle redevint Israélite, et
après l'exil on la retrouve habitée par des Juifs, Néhémie 11:28. Elle était
située au sud du pays, au pied des montagnes de Juda, et sur un torrent qui se
jette dans le Bésor.
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TSIN
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(bouclier), désert de l'Arabie Pétrée. Les Israélites
du désert y arrivèrent de Hetsjon-Guéber, Nombres 33:36, espérant de là
pénétrer en Canaan en traversant le pays des Édomites qui l'avoisine, Nombres
34:3. C'est un plateau dont la partie la plus élevée (1,500 à 2,000 pieds
au-dessus de la mer) est située vers le sud et vers l'est, et qui s'abaisse au
nord vers les montagnes de Juda, et surtout à l'ouest vers la Méditerranée,
Nombres 13:22; Josué 20:1. Le sol est d'une extrême aridité; à peu près aucune
source; rien que des réservoirs et des puits taillés dans le rocher; pas un
seul ruisseau qui atteigne la mer; des rochers nus et inhabités; des serpents
et des scorpions. Kadès est la seule ville nommée comme appartenant à cette
solitude désolée, Nombres 20:1; 27:14. Le désert de Tsin et celui de Paran qui
le touche, portent aujourd'hui le nom de Djebel el Tyh Beni Israjël, la
montagne des errements des fils d'Israël. Il ne faut pas le confondre avec le
désert de Sin, q.v.
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TSINNA,
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ville de Juda, située probablement au midi, Nombres
34:4; Josué 13:3.
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TSOBA, ou plus complètement Aram Tsoba,
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la Syrie de Tsoba, 2 Samuel 10:6; Psaumes 60, petite
monarchie syrienne dont les rois, sous Saül d'abord, puis sous David, s'unirent
fréquemment avec des puissances voisines, les Araméens, les Hammonites, pour
faire la guerre à Israël, mais furent défaits par David en deux rencontres, 1
Samuel 14:47; 2 Samuel 8 et 10. D'après le nombre de leurs troupes, et la
richesse du butin qu'ils laissèrent entre les mains des Israélites, on peut
conclure qu'ils étaient assez puissants, et le pays paraît leur avoir offert
assez de ressources pour que bientôt après une défaite importante ils aient pu
de nouveau se remettre en campagne, 2 Samuel 8:3; 10:6. Peut-être avaient-ils
au-dessous d'eux des rois vassaux, 2 Rois 10:6. Le nom d'Hadadhéser, q.v.,
était commun, probablement héréditaire chez les Rois de Tsoba. Malgré l'espèce
d'importance de ce petit pays, ou ne sait au juste ou il était situé; d'après 1
Samuel 14:47, il aurait été proche voisin de la Palestine, tandis que 2 Samuel
8:3; 10:6, le renvoie aux rives de l'Euphrate, et que 2 Samuel 8:5,9, le place
dans le voisinage de Hamath et de Damas: les deux noms Bétah et Bérothaï, 2
Samuel 8:8, sont trop peu connus pour fournir une indication, et l'on peut
supposer que David n'aura pas poussé beaucoup plus loin que les villes
frontières. Le plus probable c'est que la Syrie de Tsoba s'étendait au nord-est
de Damas, entre l'Oronte et l'Euphrate, peut-être jusqu'à ce dernier fleuve.
Les rabbins pensent qu'il s'agit de la contrée d'Alep, d'autres à Accad, Genèse
10:10, d'autres au pays de Nisibis, Bochart enfin à la partie de l'Arabie la
plus voisine de Damas vers le sud.
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TSOHAN,
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ville d'Égypte, Nombres 13:23, de la Basse-Égypte,
Psaumes 78:12,43, qui paraît être devenue une des capitales de ce pays aux
jours d'Ésaïe, 19:11,13; 30:4, et d'Ézéchiel 30:14. Elle porte dans les
Septante et dans les historiens profanes le nom de Tanis, et paraît avoir été,
avant Psammétique, le siège d'une dynastie royale. Elle était située au milieu
du lac Manzalé ou Tanis, formé par trois bouches du Nil, et l'on en trouve
encore sous le nom de Zôn ou Tsôn des ruines assez considérables sur le bord
oriental du bras tanitique de ce fleuve, à quelques lieues de Manzalé
(Diospolis).
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TSOHAR,
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d'abord nommée Bélah, Genèse 14:2; cf. 19:22, ville
située à l'extrémité sud de la mer Morte, Genèse 13:10; cf. Deutéronome 34:3;
Ésaïe 15:5; Jérémie 48:34, dans une plaine fertile et très large. Elle était
gouvernée par ses rois propres au temps d'Abraham, Genèse 14:2, et fut épargnée
lors de la catastrophe qui abîma les autres villes de la plaine, Genèse 19:22.
Elle n'appartint jamais aux Israélites; les Moabites la possédèrent, Jérémie
48:34. Après l'exil, ce furent les Arabes qui s'en emparèrent, et ce sont
encore eux qui la possèdent aujourd'hui; elle est habitée par 300 pauvres
familles de paysans, qui montrent aux voyageurs, pour de l'argent, les
prétendus restes de la statue de la femme de Lot. D'après Eusèbe, les Romains y
auraient eu une garnison, et la contrée environnante aurait produit du baume.
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TSOPHAR,
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Job 2:11, Nahamathite, soit que ce nom désigne sa
famille ou sa patrie, est le plus obscur des trois amis de Job; il est à la
fois le plus violent et le plus faible; il parle dans un langage affecté, et, à
la fin de son discours, il ne sait que se répéter lui-même. Ses reproches
roulent surtout sur la prétention de Job d'être innocent. En ne parlant que
deux fois, il se rend justice, Job 11:1; 20:1. Il assiste au sacrifice qui
termine le livre Job 42:9, et, selon le système de quelques commentateurs, il
est lui-même la victime expiatoire.
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TSORHA,
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ville située dans les plaines de Juda, dans la partie
septentrionale de Sephéla, Josué 15:33, mais appartenant à la tribu de Dan,
Josué 19:41. Voisine d'Estaol, elle est célèbre comme lieu de naissance, et
comme séjour habituel de Samson, Juges 13:25; cf. 18:2,8,11. Dans la suite,
elle devint forteresse frontière du royaume de Juda, 2 Chroniques 11:10, et
fut, après l'exil, encore habitée par des Juifs, Néhémie 11:29.
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TSUR,
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l'un des cinq rois de Madian, sans doute le chef d'une
des cinq branches de cette famille (Genèse 25:4) Nombres 31:8. Père de
l'impudique Cozbi, il périt dans la guerre qui suivit les désordres de sa
fille, Nombres 25:15; 31:8.
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TUBÂL ou Thoubal
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(la terre, le monde), l'un des descendants de Japhet,
nommé Genèse 10:2, entre Javan et Mésec; et il est encore nommé avec ces deux
peuplades Ézéchiel 27:13, avec Mésec seulement, Ézéchiel 32:26; 38:2-3; 39:1,
avec Javan seul, Ésaïe 66:19. La peuplade à laquelle il donna son nom était
représentée dans ces passages comme une race belliqueuse, soumise à Gog, et qui
amenait sur le marché de Tyr du cuivre et des esclaves, Ézéchiel 27:13. On a vu
à l'article Mésec que ce sont probablement les Tibaréniens qui représentent
l'ancienne race de Tubal; c'est l'opinion de Bochart et de Michaélis, et elle
s'accorde parfaitement avec ce que l'Écriture nous dit des produits de Tubal,
car on sait que dès les plus anciens temps les montagnes de l'Arménie et du
Caucase ont été riches en métaux, surtout en cuivre, et que, de nos jours
encore, les esclaves de la Mingrélie et de la Géorgie sont très recherchés. Les
Tibaréniens et les Méséchiens étaient administrativement et militairement unis
au temps des Perses.
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TUBAL-CAÏN,
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fils de Lémec et de Tsilla, inventa l'art de
travailler les métaux, Genèse 4:22, comme semble même l'indiquer, d'après
l'étymologie perse et arabe, son nom, dont la forme hébraïque primitive est
Twalkan ou Twalkin. C'est le dernier rejeton de la famille de Caïn dont la
Bible fasse mention, et elle s'arrête sur son nom, comme s'il devait
essentiellement caractériser la famille entière. Son nom, qui, d'après les uns,
signifie possession terrestre, et, d'après les autres, forgeron, ouvrier en
métaux, doit rappeler, d'après Schrœder, une sorte de restauration de Caïn,
l'éloge du premier fratricide. Quoi qu'il en soit du sens, ce nom a été
conservé, avec peu de modifications, dans presque toutes les traditions
profanes: Vulcain, Telchines, chez les Grecs, Dvalinn dans la mythologie du
Nord, passent pour les premiers forgerons, et des armes sortirent de leurs
ateliers en même temps que les instruments pacifiques de l'agriculture. L'art
de forger les métaux est si précieux, qu'il n'est pas étonnant que le nom du
premier inventeur ait échappé à l'oubli, et que la plupart des peuples païens
l'aient divinisé.
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TUNIQUE,
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— Voir: Vêtements.
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TURBAN.
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C'était la coiffure ordinaire des anciens Hébreux des
deux sexes; mais on ne saurait en déterminer la forme qui, d'ailleurs, devait
varier beaucoup suivant les goûts des individus. Quatre noms différents sont
employés dans l'Écriture:
1. Tsaniph
paraît avoir désigné la coiffure en général, celle des hommes, Job 29:14; des
femmes, Ésaïe 3:23, et du souverain sacrificateur, Zacharie 3:5. Nos versions
l'ont traduit par tiare, un peu au hasard.
2. Mitsnépheth,
également traduit par tiare, était la coiffure du souverain sacrificateur,
Exode 28:4,37,39; 29:6; Lévitique 16:4. Il n'est employé que Ézéchiel 21:31, en
parlant d'une coiffure royale.
3. Le
migbahah (calottes), la coiffure des simples prêtres, Exode 28:40; 29:9;
Lévitique 8:13.
4. Le
peér, traduit par magnificence, Ésaïe 61:10; par bonnet, Ézéchiel 24:17, et par
atours, Ésaïe 3:20, était une coiffure de luxe pour les hommes (les époux) et
les femmes; selon Schrœder, un turban dressé sur la tête comme une petite tour,
et qui servait de décoration. Ces deux derniers noms sont employés Exode 39:28,
en parlant des prêtres (les ornements des calottes), cf. Ézéchiel 44:18.
Le tsephira de Ésaïe 28:5, signifiant une couronne,
n'appartient pas ici.
Les Arabes et les Persans de nos jours portent des
turbans souvent magnifiques, ordinairement entourés d'une large pièce de
mousseline; mais il ne paraît pas que ces turbans modernes aient été connus des
anciens; on ne voit sur les ruines de Persépolis que des espèces de bonnets
plats ou pointus, et des turbans formés de bandelettes entrelacées, qui se
terminent en pointe. C'est probablement cette dernière coiffure qui faisait
l'ornement des riches Israélites. Quant aux pauvres, ils se bornaient à
rattacher leurs cheveux avec un ruban, ou même une ficelle, pendant leur
travail, ou bien ils les retenaient avec un linge, un mouchoir quelconque, noué
sur la tête.
— On croit trouver les turbans des Caldéens mentionnés
Ézéchiel 23:15, et ceux des Perses, Esther 8:15; Daniel 3:21; d'autres pensent
qu'il s'agit là de manteaux.
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TYCHIQUE,
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chrétien de l'Asie Mineure, et l'un de ses disciples à
qui saint Paul témoigna le plus de confiance; il accompagna l'apôtre dans son
cinquième voyage, de Troas à Jérusalem, en passant par la Macédoine, Actes
20:4, le rejoignit ou l'accompagna à Rome, ou Paul le chargea de porter à
Éphèse, à Laodicée et aux Églises des environs, l'Épître aux Éphésiens,
Éphésiens 6:21, pendant qu'Onésime en portait une autre à peu près semblable
aux fidèles de Colosses, Colossiens 4:7. Tychique n'arriva dans cette dernière
ville qu'après Onésime. Puis il rejoignit Paul, qui l'envoya d'abord en Crète
remplacer Tite qu'il rappelait, Tite 3:12; puis à Éphèse, 2 Timothée 4:12. Sa
vie, si bien remplie, fut, jusqu'à la fin, honorée de la confiance de l'apôtre.
La tradition fait de Tychique un évêque de Chalcédoine en Bithynie.
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TYPE.
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Ce mot grec,
τύπος, dérivé du verbe
τύπτω qui signifie frapper, est employé dans divers sens
par les auteurs du Nouveau Testament. Il désigne:
1. L'effigie,
l'empreinte, l'impression que fait une chose dure sur une autre qui l'est
moins, par exemple l'empreinte d'un cachet sur la cire; Jean 20:25, les marques
des clous sur les pieds et sur les mains du Sauveur.
2. Toute
ressemblance entre deux objets, modèle, image, simulacre, plan, Philippiens
3:17; 1 Thessaloniciens 1:7; 1 Corinthiens 10:11; Actes 7:43, contenu exact
(d'une lettre), Actes 23:25.
3. Un
modèle à suivre, un exemple dont nous devons tirer des leçons, 2
Thessaloniciens 3:9; Tite 2:7, etc.
4. Ce
mot désigne encore dans l'Écriture certaines choses qui appartenaient à
l'économie de l'Ancien Testament, lesquelles en figuraient d'autres qui
devaient se réaliser dans le Nouveau. C'est en ce sens qu'il est dit, par
exemple, qu'Adam était le type de celui qui devait venir, savoir de
Jésus-Christ, Romains 5:14. (Les mots ombre et figure,
σκιά
ύπόδειγμα, sont quelquefois synonymes du mot type, Colossiens
2:17; Hébreux 10:1, et l'accomplissement du type, sa réalisation, est appelée
anti-type, ou Corps,
τό
άντίτυπον,
σώμα.)
C'est ce dernier sens que la théologie dogmatique
donne le plus habituellement au mot type, et ce sens étant convenu, il reste
encore à s'accorder sur ce qu'il signifie; car, bien que l'on soit d'accord
d'une manière générale, on ne l'est plus quand on en vient aux détails. La
doctrine, la théorie, et à certaines époques la manie des types a pris des
développements si considérables, qu'on a fini par tomber, d'un côté dans les
jeux d'esprit, de l'autre dans la négation même des types, et dans leur rejet
absolu.
Il est extrêmement difficile, si même c'est possible,
de donner une définition exacte des types, de manière à les distinguer
nettement des symboles, des allégories, et même des rapports accidentels. Où
commencer? ou s'arrêter? Quel sera le juste-milieu entre ceux qui, avec
quelques théologiens modernes, ne voient de types que dans les sacrifices,
l'agneau pascal, et la grande fête des expiations, et ceux qui prétendent, avec
Philon, que laver le ventre de la victime signifiait se nettoyer de toute
souillure, que laver les pieds des victimes c'était se détacher de la terre et
tendre vers les cieux, et avec Augustin, que le serpent d'airain a été fait,
non de pierre ou de bois, mais de métal travaillé au feu, parce que
Jésus-Christ n'a pas été, comme les autres hommes, le fruit d'une union
conjugale, mais a dû la naissance au feu du Saint-Esprit. Les définitions les
plus simples, comme les plus compliquées, laissent à l'arbitraire une marge
considérable.
On peut se borner à dire avec M. Guers que: «nul type
ne doit être reçu que sur l'autorité de la parole de Dieu; tout symbole qu'elle
ne sanctionne pas doit être rejeté; tout symbole qu'elle admet doit être reçu
avec une entière soumission de foi; ainsi, par exemple, celui du tabernacle.»
On peut avec g, des Bergeries, réduire à quatre les
marques d'un véritable type. La première, si l'Écriture prononce quelque part
que telle chose charnelle est le type, le signe ou l'ombre d'une chose
spirituelle. La seconde, si le nom ou la description d'une chose décrite,
prédite ou instituée sous l'Ancien Testament, est appropriée à une chose
spirituelle sous le Nouveau. La troisième, si l'on ne peut apercevoir aucune
raison pour laquelle une chose est instituée, si ce n'est en ayant recours à
quelque mystère de type. La quatrième, si la chose instituée dans le Vieux
Testament a une belle et naturelle analogie avec une autre chose spirituelle
qui appartienne à l'Évangile.
Malgré la forme, tout cela est singulièrement vague.
On peut encore dire avec le ministre Reymond, éditeur
du livre de Bergeries: «Sans être de ceux qui voient des types partout, qui
poussent la manie des types jusqu'à la licence, nous pensons cependant que nous
pouvons et devons chercher un sens mystique et figuratif dans bien des faits,
dans bien des récits et dans maintes circonstances où nous ne soupçonnons pas
de sens caché. Qui aurait vu et trouvé, avant l'apôtre Paul, une institution
typique dans la défense d'emmuseler le bœuf qui foule le grain? Il en est de
même de l'allégorie qu'il tire d'Agar et de Sara: le plus spirituel des
chrétiens n'aurait osé voir dans ces deux femmes l'alliance des œuvres, et
l'alliance de grâce. Nous ne nous serions pas avisés davantage de chercher des
types dans ce qui arriva aux enfants d'Israël au désert, et cependant le même
apôtre nous apprend que «ces choses leur arrivaient en figures, et qu'elles
sont écrites pour notre instruction (1 Corinthiens 10).» Les types de Jonas, de
Jérusalem et de son temple, ne se seraient pas d'abord présentés à notre
esprit, et cependant le Nouveau Testament ne laisse pas la moindre incertitude
à cet égard.»
Toutes ces assertions, car on ne saurait les appeler
autrement, ne font pas avancer la question, et ces définitions ne définissent
rien.
On peut, comme on le fait habituellement, distinguer
les types en personnels, sacramentels, rituels, lévitiques, dogmatiques,
locaux, etc., ou bien admettre avec Bickersteth des personnes typiques (Adam,
Melchisédec), des choses typiques (l'arche de Noé, la manne), des institutions
(la circoncision), des lieux (les villes de refuge), des instruments (le
chandelier d'or), des offrandes et sacrifices (presque tous), des époques (la
pâque, la pentecôte), et enfin des purifications typiques (la purification de
la lèpre); l'admission ou le rejet de tous ces types dépendra évidemment de la
définition même qu'on donnera du mot pour commencer. Car tout est là.
Ce sont les Pères de l'Église qui, les premiers, et
par une fausse spiritualité dont ils ont donné d'autres preuves encore, ont
ouvert cette abondante carrière de types; c'était dans leur caractère et dans
la nature de leur foi. Leur maxime était que «les paroles des livres saints
signifient tout ce qu'elles peuvent signifier», et Augustin ne s'est pas
rappelé cette autre maxime si sage, qu'il avait lui-même formulée: «En pressant
le raisin, on obtient du vin, mais en le pressant trop, on obtient une piquette
amère. «Ils ont voulu aller au-delà de ce qu'avaient fait les apôtres, et pour
les imiter et perfectionner leur ouvrage, ils ont cherché et trouvé partout des
sens typiques et allégoriques.
Ainsi le pressoir où Gédéon battait son blé, le blé
qu'il battait, l'ange qui lui apparaît, l'arbre sous lequel se fit cette
apparition, tout enfin, dans l'Ancien Testament, est devenu pour eux des types.
Justin et Clément d'Alexandrie ont frayé cette voie dans laquelle se sont jetés
plus ou moins Chrysostôme, Bernard, Ambroise, Grégoire, Jérôme même, et
pardessus tous Augustin et Origène. «Le fils de Dieu, dit Augustin, est appelé
la vigne, car c'est lui qui était figuré par la grappe de raisin que les deux
espions rapportèrent de Canaan, suspendue à un bâton, pour marquer le Sauveur
suspendu à la croix. Les deux hommes qui portaient la grappe représentaient les
Juifs et les païens; celui qui allait le premier tournant le dos au raisin, est
l'emblème des Juifs qui ont précédé Jésus-Christ, et lui ont tourné le dos et
non le visage, comme Dieu s'en plaint, Jérémie 2:27; les païens, au contraire,
qui ont embrassé le christianisme, sont figurés par celui qui marchait le
second en regardant la grappe.» Il serait aisé de citer un grand nombre
d'exemples de ce genre, les écrits de ce père en fourmillent. Pour Origène, se
fondant sur ce que le culte lévitique était une figure du christianisme, il a
voulu voir des types jusque dans les moindres ustensiles employés au service du
temple.
Après les Pères sont venus les scholastiques qui,
appliquant cette méthode aux sentences de Moïse et des prophètes, ont ainsi
tâché de justifier des cérémonies et des dogmes qui n'avaient point de
fondement dans la Bible; c'est ainsi qu'ils ont fondé le pouvoir temporel et
spirituel du pape sur les deux épées que Pierre présente au Sauveur: les
sandales et souliers que l'on voit aux pieds des prélats chantant la messe, n'y
sont que parce qu'il est écrit au Psaumes 60: «Je jetterai mes souliers contre
Édom»; leurs gants viennent de ce qu'il est écrit: «Que votre main droite ne
sache pas ce que fait votre main gauche» (Matthieu 6:3); et ces gants sont de
peau, et non pas de soie ou de filoselle, parce que Jacob avait les mains
couvertes de peaux quand il surprit la bénédiction d'Isaac (Innocent III, liv.
I des Myst., chapitre 41 et 57, — Voir: Puaux, Anat. du Papisme, p. 265)
De pareilles aberrations font naturellement réfléchir.
On aurait tort sans doute de conclure de l'abus contre l'usage, mais on est
conduit à examiner les titres mêmes de l'usage, et la question se pose encore
ici: que faut-il entendre par un type?
Lorsque nous examinons nos saints livres, nous
trouvons un assez grand nombre de comparaisons que Jésus-Christ et les apôtres
ont établies entre certains objets des deux alliances, qui paraissent renfermer
des figures de Christ et de ses bienfaits. C'est ainsi que par rapport à la
personne de Jésus-Christ, on voit expliqués typiquement: Jonas (Matthieu
12:39),
— le serpent d'airain (Jean 3:14), Adam (Romains
5:14), Melchisédec (Hébreux 7,) auquel plusieurs veulent qu'on ajoute Salomon
(Matthieu 12:42; Hébreux 1:8-9),
— David (Romains 1:4; Hébreux 1:5), ainsi que les
rois, les sacrificateurs et les prophètes. Par rapport aux bienfaits du Messie,
on trouve l'agneau pascal (1 Corinthiens 5:7; Jean 19:36),
— tout l'appareil des sacrifices, et, en particulier,
la fête des Expiations (Hébreux 9, et 10,),
— l'arche de Noé (1 Pierre 3:20),
— la terre de Canaan (Hébreux 4),
— Sara et Agar (Galates 4:22),
— Jacob et Ésaü (Romains 9:10),
— l'union d'Adam et d'Ève (Éphésiens 5:31).
Tous ces objets sont liés avec leurs analogues par des
rapports plus ou moins étroits. Les uns, tels que l'agneau pascal, la fête des
Expiations, nous offrent des analogies si belles et si frappantes avec la
doctrine chrétienne, leur qualité typique rend si bien raison de leur
institution, que nous ne pouvons nous empêcher d'y voir l'empreinte de
l'intervention divine, et qu'il ne nous paraîtrait point étrange qu'on classât
ces objets parmi les types, fussent-ils dépourvus de tout témoignage biblique.
Les autres, au contraire, malgré ces témoignages, n'inspirent que des doutes
sur leur nature emblématique. Ils offrent, avec les objets chrétiens, des
ressemblances tellement accidentelles, qu'ils donnent naissance à une forte
objection, non seulement contre leur qualité de types, mais encore contre celle
des objets de la première classe, par la difficulté apparente de poser entre
eux une ligne de démarcation.
Si l'on savait mieux distinguer entre types et
comparaisons, on limiterait rapidement le nombre des premiers, et l'on serait
plus libre de donner, en bonne conscience, carrière à son imagination pour ce
qui concerne les autres. Le Nouveau Testament lui-même, qu'on invoque, serait
interprété d'une manière plus judicieuse et plus simple, et l'on ne se
heurterait plus contre certaines comparaisons que les plus intrépides
défenseurs des types reconnaissent qu'ils n'auraient eux-mêmes pas eu le
courage de considérer comme tels; ainsi Galates 4,
— Voir: plus haut.
La Bible ne donne pas des directions très précises sur
le sujet des types, qui est bien loin de jouer chez elle le même rôle que dans
quelques-uns des ouvrages de notre littérature religieuse, ancienne et moderne.
L'Ancien Testament garde sur ce point un silence complet (sauf peut-être
Deutéronome 10:16; Jérémie 4:4, qui donnent un sens figuré à la circoncision,
et Psaumes 110, où le sacerdoce de Jésus-Christ est comparé avec celui de
Melchisédec). Quant au Nouveau Testament, il renferme quelques passages peu
nombreux qu'on a l'habitude d'invoquer, et qui méritent d'être examinés sous ce
point de vue.
Le passage classique, fondamental, est 1 Corinthiens
10:6: «Ces choses ont été des exemples (grec, types) pour nous.» Il s'agit des
Corinthiens, dont la vie n'était pas en harmonie avec la doctrine chrétienne,
et qui pensaient qu'après avoir reçu le baptême et la sainte cène, ils étaient
enfants de Dieu, indépendamment de la réalité de leur foi. Saint Paul leur
rappelle des faits analogues de l'Ancien Testament, la traversée de la mer
Rouge, le séjour sous la nuée, la manne du désert, l'eau du rocher, et il
conclut: «Malgré ces grâces signalées, nos pères n'en ont pas moins péri à
cause de leurs péchés... Ces choses sont pour nous des exemples (types), afin
que nous ne nous abandonnions pas à nos mauvais désirs, comme ils firent.»
L'idée d'exemple domine évidemment: les types regardent l'avenir et
l'annoncent. Paul, ici du moins, ne considère pas les faits sous ce rapport; il
voit dans le passé des souvenirs qui doivent être utilisés dans le présent. Le
mot type importe peu.
Colossiens 2:17. La loi est appelée par l'apôtre
l'ombre, la figure des choses à venir. De même encore Hébreux 10:1. (σκία
τών
μελλοντων). Mais la simple lecture de ces deux passages prouve
que, si l'idée de ressemblance entre pour quelque chose dans la pensée de
l'apôtre, cependant c'est l'idée d'infériorité surtout à laquelle il s'attache.
La circoncision, la distinction des mets, différents jours de fêtes institués
par Moïse, sont les faibles et pauvres rudiments de Galates 4:9, une ombre en
comparaison du corps, de la réalité qui est Christ, cf. encore Tite 3:9;
Hébreux 7:18; 8:6. Paul rabaisse évidemment la loi de Moïse pour relever celle
de Christ.
Hébreux 8:5; 9:23. Le tabernacle et les objets du
culte sont appelés une image et une ombre des choses du ciel. La fin du premier
de ces deux versets (le second n'est qu'un parallèle du premier) explique le
sens de l'image: le tabernacle n'est pas appelé l'ombre de quelque chose à
venir, mais la simple et grossière copie du modèle que Moïse avait vu,
l'imparfaite imitation de quelque chose de plus relevé: c'est donc moins un
type qu'une copie, un souvenir, et ces passages ne sauraient suffire à fonder
une doctrine.
Nous ne prétendons pas que l'économie juive n'ait
aucun rapport avec le christianisme, car presque partout leurs rapports
généraux sont indiqués d'une manière générale; mais ces rapports, selon nous,
tiennent plus à la nature des choses qu'à une institution, ou intention
proprement dite, et sont tels qu'on doit les attendre de deux révélations
données par le même Dieu, et qui ne diffèrent qu'en ce que l'une est plus
étendue et plus parfaite que l'autre. Il y a d'ailleurs une similitude générale
dans toutes les opérations de la Providence, et une analogie des choses, dans
le monde moral aussi bien que dans l'ordre naturel, d'où il est aisé
d'argumenter par forme de parité, et il est même très commun de le faire. Ainsi
la chenille, tour à tour ver, chrysalide et papillon, peut très bien
représenter la vie, la mort, et la résurrection de l'homme, sans qu'on veuille
affirmer, pour cela, que les chenilles ont été créées spécialement pour
préfigurer notre destinée. De même encore les livres saints comparent la
fragilité de la vie et de la gloire de l'homme aux fleurs qui se fanent, sans
qu'on imagine de voir là autre chose qu'une comparaison pure et simple.
Les deux révélations, qui ont la même origine et qui
tendent vers un même but, ne sauraient autrement que d'avoir de nombreux points
communs; mais vouloir que chaque détail de l'une soit l'annonce d'un détail
analogue dans l'autre, c'est à la fois puéril et dangereux.
Les types, comme on l'a dit plus haut, ne peuvent exister
pour nous que s'ils existaient déjà pour ceux à qui ils étaient nécessaires. À
nous, ils ne nous importent, non plus que les prophéties, que comme les détails
de ce vaste ensemble préparatoire qu'on appelle le mosaïsme; les types ne nous
annoncent rien, les prophéties déjà accomplies ne nous annoncent rien. Pour les
Juifs au contraire, les types, comme les prophéties, devaient être une
révélation de l'avenir dans un sens spécial; c'était là leur but; ils n'avaient
par conséquent pas le droit de se cacher: c'était une des conditions de leur
existence. M. Robert Haldane, dans un de ses meilleurs ouvrages (Évid. de la
div. Rév., p. 227 et suivant), a pressenti, sans la formuler, une règle qu'il
n'a pas suivie lui-même, et qui renferme le germe de la doctrine sur ce point:
«Le plan préparatoire de la venue du Messie, dit-il, était amené à sa fin...
par une série de phénomènes typiques et paraboliques qui frappaient les sens,
par lesquels l'œuvre de la rédemption était figurée et restait sous les yeux
des hommes.» C'est en effet l'idée de la rédemption que nous devons surtout
rechercher dans les types; mais il ne faut pas oublier, et cela ressort de ce
que dit M. Haldane, que c'est en nous plaçant au point de vue des Juifs que
nous devons faire cette recherche. Ce qui peut être frappant pour nous ne
l'était pas nécessairement pour eux; ce que nous découvrons, ils ne pouvaient
pas toujours le comprendre; et il est impossible qu'il ne se soit pas trouvé
entre le Fils de l'homme et les hommes pieux qui ont été avant lui, une foule
de rapports de vie, de position, de naissance, de caractère, de souffrance,
etc., qui peuvent parler à notre esprit, mais qui ne disaient rien à l'esprit
des Juifs. Après l'accomplissement, on remarque toujours des coïncidences que
l'on ne pouvait pas soupçonner auparavant, et qui doivent prendre alors le nom
de rapports, de ressemblances, d'analogies, et non celui de types, de présages,
de prédictions.
À moins qu'on ne veuille dire que rien n'arrive sans
la volonté de Dieu, ce qui est vrai, et conclure que tout ce qui ressemble, de
près ou de loin, à l'un des traits de la vie de Jésus, fut destiné à
l'annoncer, ce qui serait faux, et d'ailleurs prouverait trop.
Deux grands caractères doivent donc être réunis pour
qu'il y ail type: il faut
1. que
le symbole annonce Jésus-Christ, et
2. qu'il
l'annonce assez clairement pour que les Juifs aient pu le comprendre.
C'est presque dire: il faut que les types aient été
utiles. Avec cette définition sur la rédaction de laquelle nous ne voulons pas
insister, mais qui nous paraît tout comprendre, on n'acceptera guère comme
types véritables que
a. les
sacrifices en général,
b. l'agneau
pascal,
c. la
grande fête des Expiations, et peut-être
d. la
vache rousse,
e. le
sabbat,
f. le
tabernacle dans son sens le plus général.
(M. Guers qui, dans son ouvrage Le Camp et le
Tabernacle, paraît avoir eu pour but de combattre les exagérations des frères
de Plymouth, a lui-même encore poussé le figurisme un peu loin; par exemple,
dans ses réflexions sur «la position du propitiatoire entre le coffre de
l'arche et la gloire de Dieu», p. 286, sq. Et nous-mêmes, dans le cours de ce
long ouvrage, nous avons fait bien des concessions à l'habitude, mais on verra
plus bas dans quel sens.)
On objectera peut-être, la Bible à la main, les
longues énumérations de types indiqués dans le Nouveau Testament;
— Voir: G, des Bergeries, qui en énumère environ
quatre-vingts sans les détails, et Haldane, Évid., etc. À ces catalogues, nous
répondrons:
a. qu'il
faut en retrancher d'abord un certain nombre d'individus, tels que Abel, Énoch,
Noé, Joseph, Samson, etc., qui ne sont nulle part cités comme types;
b. quant
aux autres (auxquels nous ajouterions Daniel, si nous acceptions ce point de
vue), que ce sont des comparaisons frappantes de justesse, mais qui n'ont pu
avoir de signification typique au moment où les événements se passaient. Pour
les mariniers qui jetèrent Jonas à l'eau, pas plus que pour Jonas lui-même, cet
événement ne pouvait annoncer la mort et la sépulture du Seigneur; et
Jésus-Christ, en s'adressant aux pharisiens, se borne à les comparer aux
Ninivites, en annonçant que le seul miracle qu'il fera pour eux sera celui de
Jonas le prophète: «Car, dit-il, comme Jonas fut dans le ventre de la baleine
trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l'homme sera dans le sein de la
terre trois jours et trois nuits.» De même l'histoire de Sara et d'Agar,
d'Isaac et d'Ismaël, n'était point une action destinée à en figurer une autre,
et saint Paul appelle allégorique, Galates 4:24, l'application qu'il en fait à
l'ancienne et à la nouvelle alliance. Qu'est-ce que l'Écriture nous dit de
Melchisédec, Genèse 14:18; sq.? Qu'il était roi de Salem, en même temps que
souverain pontife, suivant la coutume de ce temps; il va au-devant d'Abraham
victorieux, suivant la même coutume, et donne quelque nourriture à ses troupes,
en reconnaissance de quoi le patriarche lui offre la dîme du butin, et reçoit
la bénédiction de ce vieillard, adorateur du Très-Haut. Rien de plus simple,
rien de plus concis; la famille même de Melchisédec est passée sous silence,
parce qu'il n'appartenait pas à la race élue. Dans l'Épître aux Hébreux, au
contraire (chapitre 7), tout revêt une autre couleur, tout devient emblème et
mystère: le sacerdoce lévitique, qui n'existait point encore, est béni
cependant en la personne d'Abraham, parce qu'il était en germe dans les reins
du patriarche; Melchisédec est sans père, sans mère, sans commencement de jours
et sans fin de vie, etc. Les contemporains de Melchisédec n'ont évidemment pas
pu voir en lui un type du Sauveur; pour eux il avait père et mère, pour eux il
est né et il est mort: pour eux aussi Abraham ne pouvait supposer Lévi; mais
l'étrange et pieuse sacrificature du roi de Salem avait quelque chose d'assez
frappant, elle était assez hors ligne pour que le souvenir s'en fût conservé
parmi les descendants d'Abraham, et pour que David, voulant caractériser une
sacrificature nouvelle, d'un ordre nouveau, non lévitique, lui donnât le nom du
premier prince et pontife de Salem, Psaumes 110.
c. Quant
aux instruments, ustensiles, vases, couleurs, etc., nulle part l'Ancien
Testament ne fait la plus petite allusion à une signification, même symbolique,
de ces objets; bien moins encore les présente-t-elle comme des types ou
institutions; et c'est à peine si, sur quelques points, le Nouveau Testament
laisse apercevoir quelques rapports éloignés entre quelques objets du culte
mosaïque, et quelques faits du christianisme.
d. La
comparaison rend aussi bien compte que le type de la pensée du Sauveur et des
apôtres, dans tous les passages indiqués. Nous ne voudrions pas froisser le
sentiment chrétien par tout ce qui précède; nous ne voudrions pas surtout
paraître innover, car nous n'avons aucune vocation pour cela; mais il nous a
paru que, par plusieurs points, l'esprit humain avait cherché à se mettre à la
place de l'esprit de Dieu parmi les pères du dernier réveil religieux aussi
bien que parmi les Pères de l'Église; que le figurisme a quelque chose de faux,
qui devient quelquefois bizarre et même ridicule, et qu'il a donné lieu à bien
des accusations contre le christianisme; bien des gens, en effet, ne jugeant
que sur les apparences, ont été jusqu'à dire que le christianisme n'avait
d'autre fondement qu'une explication allégorique et mystique des prophéties;
les incrédules du siècle dernier sont partis de cette doctrine pour soutenir
que les miracles de Jésus-Christ n'étaient pas réels, mais de simples emblèmes
des effets spirituels que l'Évangile produit dans les âmes; Strauss lui-même,
le célèbre Strauss, n'est parvenu à d'étranges conséquences que par la
rigoureuse application du système des types, système qui aboutit bien vite aux
mythes, et qui peut sublimer tout ce qui est forme, éthériser tout ce qui est
matière, vaporiser, en quelque sorte, toute une existence, et ne laisser après
lui que de l'air. Napoléon a été annoncé longtemps à l'avance par le soleil,
qui en est, dans l'histoire, le type le plus exact et le plus circonstancié.
Rappelons encore que les théologiens réformés, Calvin,
Leclerc, etc., ont attaqué avec vigueur cette manière d'interpréter l'Écriture,
et qu'ils ont posé cette maxime: Ultra scripturam sapere non licet: «Ne pensez
pas, dit Calvin, dans son Commentaire sur 1 Corinthiens 9:9, où il s'agit de
l'allégorie du bœuf qui foule le grain, ne pensez pas que saint Paul dise que
ce passage du Deutéronome soit un précepte allégorique,
quemadmodumnonnullivertiginosi spiritus occasionem hinc arripiunt omnia ad
allegorias transferendi; ces esprits voient des allégories partout; pour eux,
des chiens sont des hommes; ils changent les arbres en anges, et ils
pervertissent toute l'Écriture avec leurs jeux.» Ailleurs ses expressions sont
plus fortes encore: ad 1 Corinthiens 10:11. «Putare, dit-il, quicquid Deus
promisit vel prœstitit Israelitis, tantum prœfigurasse quod reverà post
adventum Christi impleri debebat, pestilentissimum est delirium.»
— Et Saurin: «Ceux qui ont fait attention à l'origine
des hérésies dans la théologie et la morale, reconnaîtront sans peine que ce
même esprit, qui a porté à établir la religion sur de faux arguments, fournit
des armes pour la combattre, et que l'erreur reprend insensiblement sur la
vérité par cette façon de raisonner, plus que la vérité n'avait pris sur
l'erreur.»
Mais si l'on doit rejeter, comme n'étant pas
d'institution divine, la plupart des rapprochements auxquels on a donné le nom
de types dans le sens qu'on attache d'ordinaire à ce mot, on n'en a pas moins
le droit de faire, pour son usage personnel, des rapprochements et des comparaisons
qui, souvent, peuvent être utiles à la foi et développer la piété, pourvu que
là encore on évite l'exagération. Il est évident que l'Ancien Testament, qui
était une économie charnelle, renferme bien des choses, des faits, des récits,
des exemples, qui étaient de nature à élever l'esprit des Juifs vers un ordre
d'idées plus spirituel. À cet égard, nous accepterions volontiers une théorie
qui, en classifiant les types d'après leur degré, ferait ressortir ce qu'il y
avait de caché, de symbolique, dans l'ensemble de la législation et de
l'histoire des Hébreux. Aux types sacramentels qui, outre les deux caractères
indiqués plus haut, emportaient encore l'idée d'obligation, de devoir, tels que
le sabbat, les sacrifices, nous joindrions, comme formant une seconde
catégorie, les types spirituels destinés à élever l'âme au-dessus de la loi
vers l'idée de la foi; le serpent d'airain serait au premier rang de cette
classe; peut-être aussi la manne, le tabernacle, le nazaréat; et les types
libres, ou accidentels, dont la signification, peut-être nulle dans le moment,
a été mise en évidence après que Jésus fut venu tout résumer en sa personne.
Les premiers représenteraient la morale, les œuvres; les seconds la foi, la
doctrine; les derniers l'histoire, le témoignage.
C'est ainsi, mais de cette manière seulement, que nous
pouvons comprendre l'extension donnée au système des types; c'est dans ce sens
que nous y avons adhéré en plusieurs endroits, et que nous pouvons accorder à
la typologie une certaine influence sur la vie religieuse. L'étude en est
intéressante, et, puisque l'histoire juive a été écrite pour nous, afin qu'elle
nous fournît des exemples (la seule histoire, sans doute, qui ait été écrite
dans ce but), nous ne pouvons pas trop l'étudier sous ce rapport. Le Nouveau
Testament, d'ailleurs, nous y convie; ce qui était le premier n'était pas ce
qui est spirituel, 1 Corinthiens 15:46. Le développement successif de la même
vérité sous diverses formes, les résultats divers des divers états de
développement, les nombreuses comparaisons de l'Ancien Testament avec le
Nouveau, tout nous montre d'abord un but immédiat d'instruction, puis
l'acheminement graduel à un ordre de choses supérieur, et enfin un plan unique,
profondément médité, et parfaitement d'accord avec lui-même. L'histoire, les
hommes, les institutions du judaïsme, sollicitent notre attention autant que
les prophéties, et prouvent que ce qui a fini par être, Jésus-Christ, n'était
que la grande consommation de ce qui avait été longtemps préfiguré d'avance, le
corps de l'ombre, l'accomplissement parfait de pressentiments imparfaits, la
concentration de tant de rayons épars, la clef de tant d'énigmes, l'explication
et la réalisation de faits isolés, qui n'eussent, sans ce grand fait, jamais
été compris, jamais été dignes de l'être.
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TYR,
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la plus méridionale, la plus grande, la plus puissante
des villes phéniciennes, déjà nommée Josué 19:29; cf. 2 Samuel 24:7; 1 Rois
9:12; Ésaïe 23:1; Osée 9:13. Les déclarations de l'Écriture à son égard sont
remarquables: quelques-unes de ses prophéties sont obscures, et le rôle de
cette célèbre cité a été assez important pour que Hengstenberg ait consacré à
son histoire un ouvrage spécial.
II y avait, à proprement parler, deux villes de ce
nom: Tyr ou Turza, Turos, en hébreu Tsor (rocher, Sarranus, dans Virgile,
désigne un Tyrien, Géorg. 2, 506; le changement de l's en t étant facile et
fréquent chez les Arméniens). L'ancienne Tyr, ou Palæo-Tyrus, était à une lieue
environ de la nouvelle. Elle fut bâtie par les Sidoniens, ce que rappelle Ésaïe
23:12, en l'appelant fille de Sidon; mais elle devait éclipser sa mère.
Construite sur le continent, au sommet d'un rocher de 50 pieds de hauteur et
dans une position très forte, elle était la première ville de commerce et la
plus grande ville maritime de l'ancien monde. Elle s'enrichissait par le négoce
et par ses fabriques, dont les principales étaient celles de verre, de fin lin
et d'étoffes teintes en pourpre; elle était puissante par ses nombreuses
colonies; elle était le marché des productions d'Israël. Ses ouvriers étaient
habiles dans l'art de tailler les pierres, de travailler le bois, et de mettre
en œuvre les métaux. David et Salomon eurent des rapports d'amitié avec Hiram,
roi de Tyr, qui contribua directement à la construction du palais royal et du
temple de Jérusalem, ainsi qu'à l'extension de la marine juive, 2 Samuel 5:11;
1 Rois 9:11,27; 10:22; 2 Chroniques 2:3,11. Cinquante ans plus tard, Achab, roi
d'Israël, épousa une princesse tyrienne, Jésabel, qui est appelée sidonienne, 1
Rois 16:31, parce que Ethbahal, son père, régnait à la fois sur Tyr et sur
Sidon (Ménandre). Après plusieurs siècles de prospérité, la cupidité tyrienne,
ne connaissant plus de bornes, s'imposa d'une manière intolérable aux
Israélites eux-mêmes: Tyr se mit à acheter et à revendre des prisonniers
Israélites faits par d'autres peuples, et s'attira par là la colère du Dieu
d'Abraham, qui lui fit adresser de sévères avertissements, Amos 1:9; Joël
3:4-8, et finit par la frapper; Nébucadnetsar marcha contre elle et l'assiégea;
le siège dura treize ans, et l'ancienne Tyr fut détruite. Mais ses habitants,
avant d'être réduits à la dernière extrémité, s'étaient retirés dans une île voisine
de la côte: le manque d'espace les obligea de donner aux habitations une
hauteur considérable; ce fut Tyr la nouvelle; l'ancienne, rasée jusqu'aux
fondements, ne présenta plus qu'un village. La jeune ville qui s'élevait du
milieu des flots, raide et fière, riche et populeuse, avait atteint au même
degré de puissance et de gloire que la première ville, quand Alexandre le Grand
vint, à son tour, en faire le siège. Désespérant de l'atteindre par mer, il
résolut de la réunir à la terre, et se servit des matériaux de l'ancienne Tyr
pour construire un môle ou une chaussée, qui donnât passage à ses troupes. Au
bout de sept mois la ville fut prise. Cependant elle redevint encore
florissante, et fut pendant longtemps une ville chrétienne. Mais les oracles de
Dieu sont accomplis: la domination destructive des Turcs a exécuté les
jugements annoncés par les prophètes, Ésaïe 23, Jérémie 25 et 27, Ézéchiel
26-28.
On a suivi dans ce qui précède l'opinion la plus
répandue et la plus généralement reçue; mais il y a des contradicteurs
importants sur presque tous les points de cette grande existence si
mystérieusement détruite. Sans les discuter, nous indiquerons, en terminant,
les opinions divergentes. Hengstenberg, Hævernick, et d'autres, soutiennent que
l'ancienne Tyr fut bâtie dans l'île; son nom, quelques détails, l'antiquité du
temple d'Hercule qui s'y trouvait, une correspondance de Hiram et de Salomon,
quelques passages de Flavius Josèphe, de Ménandre et de Bius, sont les
autorités dont ils s'appuient: l'ancienne Tyr, ou Paléotyr, le Tsor de Josué
19:29, qui marque la frontière septentrionale d'Israël, remonterait également à
des temps fort recules, soit comme ville indépendante, soit comme annexe ou
banlieue de la ville insulaire: leurs destinées auraient été différentes; l'île
aurait été vainement assiégée pendant cinq ans par Salmanéser, qui, en
définitive, aurait été obligé de se contenter de Paléotyr. Les difficultés de
cette opinion ont amené Hitzig, et presque Hævernick, à reconnaître que
Paléotyr est plus ancienne, mais qu'une ville ayant ensuite été bâtie sur
l'île, et ayant reçu de cette île le nom de Tsor, rocher, Paléotyr aurait pris
le même nom; d'où il résulterait que Paléotyr serait la vieille ville, mais que
la ville insulaire aurait eu la première et le plus anciennement le nom de Tyr.
Une seconde divergence porte sur la formation de la
digue; les uns pensant, comme Hengstenberg, que ce sont les Tyriens eux-mêmes
qui l'ont formée pour se mettre en rapport direct avec la terre ferme, les
autres estimant avec les plus anciennes données historiques que cette digue fut
une oeuvre ennemie; d'autres enfin pensant
— ou que l'œuvre ennemie d'Alexandre étant pour les
Tyriens un précédent indestructible, ils n'avaient qu'à en tirer le meilleur
parti possible, soit pour leurs relations avec le continent, soit au point de
vue militaire,
— ou qu'une digue naturelle ayant été formée avec le
temps par les flots de la mer, Alexandre n'eut qu'à profiter de cette facilité
inattendue pour achever un travail si bien commencé.
Une troisième divergence se rapporte à
l'accomplissement des prophéties. Nous avons vu l'ancienne Tyr frappée par
Nébucadnetsar à la suite des oracles de Joël et d'Amos, et la nouvelle par
Alexandre et par les siècles à la suite des prophéties d'Ésaïe, de Jérémie et
d'Ézéchiel. D'autres pensent que Salmanéser accomplit les premières prophéties
(Grotius et Gesenius), et Nébucadnetsar les secondes. Ces deux opinions sont
également erronées: les oracles sont accomplis aujourd'hui, mais ils ne le furent
à aucune de ces deux ou trois époques. Le siège de Salmanéser, qui dura cinq
ans, ne fut pas couronné de succès; ce fut un blocus qui n'eut d'autre résultat
que d'entraver quelque temps le commerce tyrien, comme le blocus général de
Napoléon gêna le commerce de l'Angleterre. Le siège de Nébucadnetsar dura
treize ans, mais le résultat ne paraît pas en avoir été fort satisfaisant,
Ézéchiel 29:18. Tyr ne fut pas détruite; car après la mort du roi Ithabal, qui
mourut la dernière année du siège, l'histoire énumère encore des rois et des
juges de Tyr. Sans doute Nébucadnetsar n'était pas homme à se retirer après des
efforts de treize années, n'emportant que la honte de son expédition; sans
doute il obtint quelque satisfaction; sans doute il avait gravement compromis
la prospérité tyrienne: mais enfin Tyr était encore là, debout, et elle sut si
bien reconquérir tout ce qu'elle avait perdu, qu'à l'approche d'Alexandre le
Grand elle osa résister seule au conquérant de l'Asie, et ne fut prise qu'après
un siège de sept mois, en 332. Alors encore elle ne fut pas détruite; elle ne
perdit son importance commerciale que peu à peu, surtout par suite de la
concurrence d'Alexandrie en Égypte; elle n'entassa plus de trésors, elle ne
fonda plus de colonies; elle déclina lentement, pour mourir de vieillesse.
On voit par Actes 21:3, qu'il s'y forma de bonne heure
une Église chrétienne. Guillaume, archevêque de Tyr vers 1180, auteur d'un
ouvrage historique sur les Croisades, dépeint Tyr comme une ville encore riche
et florissante. Ce ne fut qu'après la défaite des chrétiens dans l'Orient
qu'elle tomba entre les mains des mahométans et qu'elle fut définitivement
détruite. Cette histoire peut se lire presque entière, verset par verset, Ésaïe
23. Ce n'est plus aujourd'hui, sous le nom de Sour, qu'un misérable village de
1500 habitants, vivant de la pêche et du cabotage; et encore à peine est-on sûr
qu'il soit bien situé sur l'emplacement de l'ancienne reine des mers.
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TYRANNUS,
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Actes 19:9, Éphésien qui, pendant deux ans, prêta ou
loua à Paul une salle d'école dans laquelle celui-ci continua ses instructions
après s'être retiré de la synagogue. On ne sait n'en de sa personne.
Quelques-uns ont même cru que ce n'était pas un nom propre, mais un vrai tyran
(prince) ou seigneur qui avait de l'attachement pour Paul ou pour sa doctrine:
c'est peu probable; le nom de Tyrannus n'est pas rare comme nom propre; c'est
en particulier celui d'un rhéteur ou sophiste qui a écrit un ouvrage de
rhétorique et de logique en dix livres (date inconnue). On ne sait s'il était
païen, juif (rabbin), ou disciple, et si l'hospitalité qu'il accorda à l'apôtre
fut le fruit de son indépendance d'esprit, de son indifférence, ou de son attachement
à l'Évangile; ce dernier cas est le plus probable, car la tolérance du monde
pour Christ ne dure guère deux ans; elle se change en amour si elle ne devient
pas de la haine.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-U
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UCAL,
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— Voir: Ithiel.
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ULAI,
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fleuve près duquel était située la ville de Suse, en
Babylonie. Daniel 8:2. C'est l'Eulæus, qui se jette dans le golfe Persique: il
est appelé Choaspes, Hérodote 5, 49, et aujourd'hui Kérah.
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ULCÈRES,
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— Voir: Maladies.
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UPHAZ,
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contrée nommée Jérémie 10:9. Daniel 10:5, comme
fournissant du fin or, mais sans autre indication sur sa situation. On pense
que c'est le même endroit qu'Ophir, ou une place dans le pays d'Ophir, ou l'île
de Taprobane (Ceylan), qui, d'après Ptolémée, renfermait un fleuve et un port
du nom de Phasis.
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UR
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des Caldéens, patrie et première demeure de Taré et
d'Abraham, Genèse 11:28,31; 15:7; cf. Néhémie 9:7. Bochart et Michaélis pensent
en retrouver le souvenir dans le château d'Ur de la Mésopotamie septentrionale,
à deux journées de Nisibis, au pied des monts Gordiens, contrée propice aux
nomades, mais qui ne pouvait pas tarder à devenir insuffisante pour une riche
et nombreuse famille, ce qui contribua sans doute à faciliter l'émigration de
Taré.
________________________________________
URBAIN,
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Romains 16:9, disciple et compagnon de Paul,
probablement un Romain; du reste, inconnu. L'un des soixante-dix disciples,
selon les Grecs, il serait devenu évêque de Macédoine selon les Latins.
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URIE.
1. Guerrier
de David, le dernier nommé dans la première liste, le malheureux époux de
Bathsébah, était Héthien d'origine, 2 Samuel 11:3; 12:9; 23:39; 1 Chroniques
11:41; 1 Rois 15:5; Matthieu 1:6. Il est aussi connu par sa fidélité militaire
que par son malheur; la première fut récompensée, le second fut effacé par sa
mort. Il porta lui-même à Joab son arrêt dans une lettre, la première dont
l'histoire fasse mention.
2. Souverain
sacrificateur sous Achaz, 2 Rois 16:10, reçut de ce jeune prince, alors à
Damas, le modèle d'un autel idolâtre, et poussa jusqu'à l'empressement la
lâcheté d'obéir, en faisant élever un semblable dans le temple de l'Éternel; il
offrit même sur cet autel nouveau les sacrifices mosaïques, mais sa mémoire fut
flétrie pour cet acte coupable, et son nom n'est pas rappelé 1 Chroniques 6:12.
Ésaïe, qui le choisit comme témoin de ses oracles, avant ou après cette chute
(Ésaïe 8:2), ne le choisit pas comme un prêtre fidèle, mais comme un homme
agréable au roi, et dont le témoignage ne pouvait manquer d'être reçu avec
confiance. Urie, c'est le prêtre du gouvernement; ce n'est pas un impie, c'est
un serviteur.
3. Urie,
fils de Sémahia, de Kiriath-Jéharim, prononça contre Jérusalem et contre Juda
des oracles semblables à ceux de Jérémie. Poursuivi pour ce fait, il s'enfuit
en Égypte, mais sa retraite fut découverte, son extradition fut demandée, et
Néco l'abandonna entre les mains de ses ennemis, qui le firent périr par
l'épée, Jérémie 26:20; 2 Rois 24:4. Cet exemple, et celui de Michée, sont
invoqués par les anciens du pays qui demandaient la mort de Jérémie,
contrairement aux principaux et au peuple, qui, croyant que Jérémie avait parlé
au nom de Dieu, ne voulaient pas qu'il fût mis à mort. L'exemple, heureusement,
ne servit de rien.
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URIM et Thummim,
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proprement, lumière et intégrité (Vulg. doctrina et
Veritas); une fois on trouve Thummim et Urim, Deutéronome 33:8, ou par
abréviation seulement Urim, Nombres 27:21; 1 Samuel 28:6. C'était, pour les
Juifs, le saint oracle qui, placé sur la poitrine du souverain sacrificateur,
Exode 28:30; Lévitique 8:8; cf. 1 Samuel 23:9, révélait à celui qui
l'interrogeait la volonté du Dieu fort, Nombres 27:21; 1 Samuel 28:6, cf.
Esdras 2:63; Néhémie 7:65. C'est à l'Urim qu'on avait recours toutes les fois
qu'il est parlé de consulter l'Éternel, 1 Samuel 22:10; 2 Samuel 2:1. Voilà
tout ce que l'on connaît de précis relativement à cette pièce importante du
pectoral, et ce que l'on peut ajouter ne repose que sur des traditions
contraires, et sur des hypothèses. Deux écrivains juifs de la race sacerdotale,
mais qui paraissent n'avoir pas vu ce dont ils parlent, diffèrent beaucoup dans
les détails de leur exposition. D'après Flavius Josèphe, l'Urim et le Thummim
n'était autre chose que les douze pierres précieuses du pectoral, qui, par leur
éclat extraordinaire, rendaient une réponse affirmative. D'autres pensent que
l'Urim et le Thummim était quelque chose d'ajouté au pectoral, soit dessus,
soit à côté, dans une bourse très riche, soit dedans; Philon croit que
c'étaient deux figures brodées sur le pectoral, représentant l'une la vérité,
l'autre l'intégrité; Cyrille pense que ces deux mots étaient simplement gravés
sur deux pierres précieuses, ou sur une lame d'or, ou brodés sur le pectoral
entre les rangs des pierres précieuses: quelques rabbins pensent que c'était le
vrai, mais indéchiffrable nom de Jéhovah, le saint tétragrammaton, qui était
écrit sur une lame d'or, ou un collier de pierreries descendant sur la poitrine
du grand prêtre, ou trois pierres précieuses, l'une portant le mot oui, l'autre
non, et la troisième s;ms inscription (Michaélis). Il y a plus de divergence
encore sur la manière d'interroger cet oracle, et sur les circonstances dans
lesquelles il était permis de le consulter. Quelques rabbins enfin, suivis par
Spencer, mais contredits par Flavius Josèphe et Philon, pensent que l'usage de
consulter l'Urim, en Israël, ne subsista que sous le tabernacle, et qu'il cessa
avec la construction du temple et l'avènement de la royauté, l'Urim appartenant
à la théocratie, ou gouvernement direct de Dieu, qui prit fin lorsque la
royauté héréditaire eut été établie en Israël: ce qui confirmerait ce
sentiment, c'est que l'on ne trouve dans l'histoire sainte aucune trace de
l'Urim depuis Salomon jusqu'à la destruction du temple.
Au milieu de toutes ces incertitudes, voici ce que
l'on peut reconnaître comme prouvé, ou comme probable:
1. L'Urim
était différent du pectoral, mais intimement lié avec lui, Exode 28:30; cf.
Lévitique 8:8. Le texte ne décide pas s'il était dessus ou dedans.
2. Il
était différent des pierres précieuses elles-mêmes, puisque dans ce même
chapitre, Exode 28:17, Moïse a déjà ordonné qu'elles fussent placées sur le
pectoral. On peut supposer aussi qu'il était caché dans la doublure du
pectoral, car on ne comprendrait pas qu'un saint mystère eût été exposé à la
vue de tous, et que dans ce cas on n'eût pas des renseignements plus clairs et
plus précis sur sa nature.
3. Le
sort était quelquefois employé en même temps que l'Urim était consulté, 1
Samuel 10:20; 14:36,42, ce qui n'implique point, comme le croit M. Coquerel
(Biogr. sacr. 176), que l'Urim lui-même fût employé pour le tirage au sort.
4. Ce
serait conclure sans prémisses suffisantes que de conclure de 1 Samuel 28:6,
que l'Urim était une espèce de voix intérieure, comparable aux songes ou à
l'inspiration des prophètes. La même observation s'applique à la conclusion
qu'on a voulu tirer du silence de l'oracle, 1 Samuel 14:37; 28:6; car il y a
bien d'autres oracles, témoin la baguette divinatoire, qui ne répondent pas
toujours quand on les interroge. Il faudrait savoir au juste ce que c'était que
l'Urim, avant de pouvoir se prononcer sur le sens réel de ces passages.
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USURE,
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— Voir: Prêt.
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UZAL,
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fils de Joktan, et souche d'une peuplade arabe, Genèse
10:27. Depuis Bochart, et sur le témoignage d'un astronome juif portugais du
dix-septième siècle, nommé Abraham Zachuth, on croit que c'est l'ancien nom de
la capitale actuelle de l'Arabie Heureuse, Sanaa, autrefois résidence des rois
de l'Yémen, et qui a maintenant pour gouverneur des imans, dont l'un fit, en
1807, et par cupidité, empoisonner le célèbre Seetzen. Le village d'Oezar, près
de Sanaa, conserverait peut-être la racine de l'ancien nom.
— Le Mosel de Ézéchiel 27:19, ou plutôt Méouzal (d'Uzal),
signifierait, avec une meilleure traduction, que d'Uzal on faisait le commerce
avec Tyr par des Javaniens. (— Voir: Javan.)
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-V
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VACHE,
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— Voir: Bœuf.
Elles sont le symbole des femmes riches, délicates,
voluptueuses qui font de leur plaisir leur dieu, Osée 4:16; Amos 4:1.
Le sacrifice de la vache rousse, était l'un des plus
remarquables sacrifices expiatoires, Nombres 19. Cette vache, ou génisse,
devait être prise du bétail des Israélites et amenée au sacrificateur; elle
devait être rousse, entière, sans tare, et n'ayant jamais porté le joug,
Deutéronome 21:3; il fallait qu'elle fût égorgée par le peuple hors du camp,
que le sacrificateur prît du sang avec le doigt, et en jetât par sept fois
contre l'entrée du tabernacle; qu'on brûlât sous ses yeux sa peau, sa chair,
son sang, tout ce qui lui appartenait; qu'après cela le sacrificateur prît du
bois de cèdre, de l'hysope et de l'écarlate, et jetât le tout au milieu du feu
qui avait consumé la génisse; qu'un homme net ramassât les cendres de la
génisse pour les mettre en réserve hors du camp, dans un lieu pur; enfin, que
de ces cendres, mêlées avec de l'eau, on fit une eau appelée eau de séparation,
et dont on se servait, avec de l'hysope qu'on y trempait, pour arroser la
tente, les ustensiles, les vêtements et le corps de ceux qui avaient été
souillés, afin de les purifier et de les mettre en état d'assister à la sainte
congrégation avec le reste du peuple. Ceux qui avaient pris part à ce sacrifice
étaient souillés jusqu'au soir, et ils devaient laver leurs vêtements et leur
chair, avant de rentrer dans le camp. La vache rousse était un type de
Jésus-Christ, Hébreux 9:13, et les analogies sont nombreuses et faciles à
trouver;
— Voir: G. Des Bergeries, p. 143 etc., E. Guers, Le
Camp etc., p. 56 et suivant.
Selon Spencer, ce sacrifice aurait été établi par
opposition aux superstitions des Égyptiens qui ne tuaient jamais d'animaux
femelles, et qui avaient le poil roux en horreur; Reland croit au contraire que
les vaches rousses étaient plus rares et plus estimées. On ignore si ce
sacrifice était annuel, c'est peu probable; quelques auteurs juifs prétendent
même qu'on ne brûla qu'une vache rousse depuis Moïse jusqu'à Esdras, et
seulement six à neuf jusqu'à la destruction du temple par les Romains.
— Les Malabares, les Perses, les Grecs et les Romains
avaient aussi une espèce d'eau sainte faite avec de la fiente pulvérisée d'une
vache sainte, ou avec l'urine d'un taureau.
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VAISSEAUX,
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flotte, marine. La position de la Palestine, baignée
par les flots d'une mer aussi fréquentée que la Méditerranée, et la
circonstance qu'elle possédait encore sur son territoire un lac navigable, le
lac de Tibériade, sont deux causes qui expliquent la fréquente mention de
vaisseaux et de flottes dans l'Ancien Testament. Il n'y est du reste question
que de la navigation extérieure, et des vaisseaux qui faisaient le service de
la Palestine et des côtes voisines, car dès les temps les plus anciens, Joppe
de la contrée des Philistins, et Tyr de Phénicie, étaient des ports célèbres
desquels partaient des vaisseaux de long cours, 2 Chroniques 2:16; Jonas 1:3;
cf. 2 Maccabées 12:3; Ésaïe 23:1; Ézéchiel 27, Actes 21:7. Leur marine mit de
bonne heure les Tyriens en communication avec le pays d'Israël, et l'on peut
conclure de Genèse 49:13, que la tribu de Zabulon ne fut pas des dernières à
entrer dans la marine marchande. Lorsque les ports d'Élath et de Hetsjon-Guéber
eurent été conquis par les armes, et annexés au royaume d'Israël, Salomon
établit aux frais de la couronne, et avec le concours des mariniers de
Phénicie, un service de navigation, qui cependant ne lui survécut pas, et que
Josaphat essaya en vain quelques années plus tard de relever, 1 Rois 9:26;
10:22; 22:49-50. À l'époque des Maccabées, Joppe était un port juif, 1
Maccabées 14:5, mais Hérode le Grand en fit construire un beaucoup plus
considérable à Césarée, quoique le commerce maritime juif ne fût pas assez
florissant pour pouvoir le demander; c'est dans ce port que Paul mit à la voile
pour Rome, Actes 27:2. On considérait la voie par Alexandrie comme plus sûre et
même plus courte que le trajet direct par Brindes, pour se rendre de Syrie ou
de Palestine en Italie; Pouzzoles était le lieu de débarquement. Il n'est parlé
qu'en passant de la flotte marchande de Babylone Ésaïe 43:14. Quant aux
vaisseaux de Tarsis, du Nil, etc.
— Voir: ces articles.
Dans le Nouveau Testament, outre les voyages de Paul,
qui tant de fois sillonna les eaux de la Méditerranée, nous voyons les rives
romantiques du lac de Génésareth, et ses eaux claires, mais orageuses, devenir
le théâtre de scènes entièrement nouvelles, ou la tribune de laquelle
descendent les paroles d'une sagesse et d'une doctrine jusqu'alors inconnue.
Tour à tour Jésus monte sur une nacelle de pêcheurs pour enseigner le peuple
qui l'écoute du rivage, Matthieu 13:2; Luc 5:3, ou pour traverser ce lac, seul,
ou dans la compagnie de ses amis, Matthieu 8:23; 9:1; 14:13; Jean 6:17. Des
souvenirs l'attachaient à ces rives sur lesquelles il avait trouvé ses premiers
disciples, péchant ou raccommodant leurs filets, Matthieu 4:21; Jean 21:3; Luc
5:5.
Les vaisseaux tyriens étaient les mieux construits et
le plus richement ornés, les boiseries étaient en cyprès, la mâture en cèdre,
les voiles en fin lin d'Égypte brodé, les rames en chêne, tenues par des
rameurs assis sur des bancs ornés d'ivoire. Ézéchiel 27:1-7. Il n'est parlé
expressément ni des cordages, ni du gouvernail, quoique Umbreit ait cru voir ce
dernier désigné Proverbes 23:34 (traduction qui offre des difficultés étymologiques,
mais qui irait bien pour le sens). Le gouvernail est nommé dans le Nouveau
Testament, Actes 27:40; il y en avait quelquefois deux, ou même quatre, pour
les gros bâtiments, à la poupe, à la proue, et aux deux côtés (Tacit. Annal. 2,
6). Les chapitres 27 et 28 des Actes, renferment au reste presque tous les
détails relatifs à la construction, aux agrès, et à la manœuvre d'un vaisseau
marchand, pendant la période romaine. Les vaisseaux marchands étaient plus
profonds et moins allongés que les vaisseaux de guerre; ils allaient plutôt à
la voile qu'à la rame, tandis que ceux-ci comptaient souvent de deux à cinq
rangs de rameurs (birèmes, trirèmes, etc.). À la proue était l'enseigne qui
donnait son nom au bâtiment, Actes 28:11: l'effigie de la divinité tutélaire
était à la poupe (Virgile Æneid. 10, 11); quelquefois les deux images n'en
faisaient qu'une seule, et le navire portait le nom de son dieu protecteur.
Chaque vaisseau avait un canot de sauvetage, plusieurs ancres, et une sonde,
Actes 27:16-40. La voile d'artimon, ou selon d'autres du perroquet, est
nommément désignée Actes 27:40; on la déployait pour modérer la violence du
vent. L'opération de Actes 27:17, qui consistait à lier le vaisseau par-dessous
comme avec une ceinture, pour l'empêcher de s'entr'ouvrir s'il venait à heurter
contre un écueil, est souvent mentionnée chez les anciens (Horace, Od. 1, 14,
6). En cas de danger, on jetait à la mer la charge du navire pour l'alléger, et
si l'on échouait, on essayait de gagner le rivage à la nage ou en canot. Chaque
vaisseau avait un capitaine et un pilote; c'est du premier qu'il est question
Jonas 1:6. Les anciens suivaient en général les côtes autant que possible
(comme le font encore aujourd'hui les vaisseaux de la mer Rouge), ce qui
rendait les navigations très longues, 1 Rois 10:22. S'ils étaient obligés de
gagner la pleine mer, ils se dirigeaient en l'absence de boussole, d'après les
étoiles, les Pléiades, les deux Ourses, Orion, etc. Les Dioscures, q.v.,
étaient les divinités privilégiées qu'ils invoquaient dans le danger. Les
tempêtes étant plus fréquentes ou plus redoutables en hiver, les anciens, Grecs
et Romains, ne naviguaient guère que l'été; la saison marine commençait en mars
et finissait en novembre; un vaisseau retardé, et surpris par les vents au
milieu d'une navigation un peu longue, cherchait un port pour y passer l'hiver,
Actes 27:12.
On a cru trouver une trace de la piraterie dans une
traduction nouvelle de Job 24:18.
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VALLÉES.
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Une contrée aussi montagneuse que la Palestine, aussi
accidentée, devait renfermer un nombre considérable de vallées, de bas-fonds,
de ravins, et s'il en est nommé quelques-unes dans la Bible, il en existait
certainement un beaucoup plus grand nombre encore.
Les Hébreux avaient, pour exprimer ces enfoncements de
terrain, quatre expressions différentes: nachal, gaye ou gué, hémek, et
bik'hah, qui exprimaient autant de nuances différentes que nous ne pouvons
cependant saisir que d'une manière approximative. Nachal semble désigner une
vallée arrosée par un ruisseau, gaye un bas-fond sans irrigation régulière,
hémek une plaine basse pouvant servir de campement ou même de champ de
bataille, 1 Samuel 17:2; 2 Samuel 23:13, bik'hah une plaine entourée d'une
couronne de montagnes. La plupart des vallées nommées dans l'Écriture ne
peuvent pas être décrites d'une manière exacte, soit parce que le terrain n'a
pas été exploré dans toutes les directions, les voyageurs suivant en général
les routes tracées, et ne visitant que les lieux célèbres déjà explorés avant
eux, soit parce que les bourgs et les localités qui donnaient leur noms à la
vallée, ayant été détruits, il n'est pas toujours possible de constater à
quelle vallée se rapporte l'ancien nom des Écritures. Nous nous bornerons donc
à nommer, en allant du sud au nord, les principales vallées auxquelles se
rattachent des souvenirs bibliques:
1. Au
sud-est, la vallée d'Hébron (hémek), près de la ville du même nom, célèbre par
le séjour de Jacob, Genèse 37:14. La moderne Hébron est adossée à une montagne
ou colline, mais aucun voyageur n'a donné une description exacte de la contrée
qui l'entoure.
2. Non
loin de là, le nachal Escol, probablement à l'ouest de la ville; le torrent ne
pouvait se jeter que dans la mer Morte; cette vallée était célèbre par ses
vignobles, Nombres 13:24; 32:9; Deutéronome 1:24; cf. Hen-Guédi.
3. Au
sud-ouest, le gué Tsiphthah, près de Marésa, vallée assez spacieuse qui fut le
témoin d'un engagement meurtrier; elle aboutissait du côté de Guérar, et ouvrit
à une armée égyptienne le chemin de la Judée, 2 Chroniques 14:9.
4. À
peu près dans la même contrée, au nord d'Éleuthéropolis, était le nachal Sorek,
Juges 16:4.
5. Le
hémek Élah, ou vallée des Térébinthes, n'était pas éloignée de la précédente,
au nord-ouest de la route de Ramla à Jérusalem, au sud-ouest de cette ville,
entre Soco et Azéka, avec un ruisseau qu'un pont traverse aujourd'hui.
6. Autour
de Jérusalem, et communiquant l'une avec l'autre, la vallée du Cédron, le gué
Hinnom et le hémek Réphaïm; cette dernière, très fertile, était sur les
frontières de Juda, Josué 15:8; 18:16, non loin de Banal Pératsim, 2 Samuel
5:20, et de Bethléem, 2 Samuel 23:13; elle s'ouvrait du côté du pays des
Philistins et était assez vaste pour renfermer tout un camp, 2 Samuel 23. On la
montre aujourd'hui au sud-ouest de Jérusalem, à gauche du chemin qui mène à
Bethléem.
7. Au
nord de Jérusalem on trouve la vallée royale, ou vallée du roi (hémek), Genèse
14:17; 2 Samuel 18:18.
8. Au
nord-est de Jérusalem, la vallée de Hacor, sur la frontière de Juda vers
Benjamin, Josué 7:26; 15:7.
9. Dans
la tribu de Benjamin, au nord-ouest de la précédente, près de Micmas et
probablement à l'est, était la vallée des Hyènes ou de Tsébohim, Néhémie 11:34.
C'est également près de là que devait être la vallée des Harashim, ouvriers ou
manœuvres, Néhémie 11:35; cf. 1 Chroniques 4:14, où se trouvait une colonie
d'artisans fondée par Joab.
10. Près
de Haï, vers la frontière nord de Benjamin, était un gué, qui probablement
portait le nom de la ville, Josué 8:11.
11. La
vallée de Gabaon, près de la ville de ce nom, à la frontière ouest de Benjamin,
Ésaïe 28:21, assez spacieuse pour qu'une armée pût la traverser et se rendre
par Bethléem dans la vallée d'Ajalon, Josué 10:12.
12. Au
centre de la Palestine on trouvait la célèbre vallée de Jizréhel, q.v.
13. Au
nord, sur la frontière d'Aser et de Zabulon, la vallée de Jiphtahel, Josué
19:14,27.
14. Au-delà
du Jourdain, la vallée de Succoth (hémek), près de la ville du même nom, dans
la vallée de Gad, Josué 13:27, probablement celle que parcourt le Jabbok, cf.
Genèse 33:17; Psaumes 60:6.
15. La
vallée des Passants, Ézéchiel 39:11, à l'est du lac de Génésareth; on croit que
c'est la vallée située au sud de ce lac, près du village actuel de Szammagh, où
la rivière est guéable.
Il est parlé avec plus de détails, à chaque article,
de celles de ces vallées qui sont le plus connues;
— Voir: aussi Méguiddo, Liban, etc.
En dehors du territoire de la terre sainte, il est
parlé de la vallée du Sel, de celle de Sittim, et d'une vallée en Moab;
— Voir: ces articles et Netopha.
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VASIN,
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— Voir: Abija #1.
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VASTI,
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reine perse, sultane favorite d'Assuérus (Xercès), qui
fut disgraciée pour avoir noblement résisté à une sotte et honteuse prétention
de son époux exalté par les vapeurs du vin, Esther 1. Elle donnait un festin à
ses femmes pendant qu'Assuérus avait réuni ses gentilshommes, et le dernier
jour, le tyran ivre, ayant voulu montrer son épouse aux hommes de sa cour pour
leur faire admirer sa beauté, elle refusa de paraître, ne doutant pas
qu'Assuérus à jeun ne lui sût gré de sa conduite et ne se repentît lui-même
d'avoir oublié à ce point l'étiquette orientale et l'honneur de sa femme. Mais
les seigneurs prirent, séance tenante, contre elle, une résolution extrême à
laquelle Assuérus adhéra; elle fut déclarée rebelle à son mari, et indigne
d'être plus longtemps son épouse. Assuérus ne tarda pas à la regretter, Esther
2:1, mais il était déjà trop tard pour revenir en arrière, et des ordres furent
donnés pour le choix d'une nouvelle sultane. La juive Ester succéda à la
généreuse Vasti.
— Flavius Josèphe et Justinien l'absolvent en
s'appuyant sur les coutumes de l'Orient; Rosenmuller et d'autres, s'appuyant
d'un passage d'Hérodote, 5, 18, pensent au contraire, qu'elle a violé ces
coutumes et qu'elle eût dû paraître pour faire honneur aux assistants. Chacun
cependant se sent pressé de l'absoudre intérieurement: on admire sa conduite,
et si l'on en croit quelques interprètes juifs, tout ce qui pourrait excuser
Vasti n'est pas consigné dans le livre d'Ester; l'antiquité profane offre
d'autres exemples de fantaisies pareilles, et des abominations ou des cruautés
qui en ont été les suites.
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VAUTOUR.
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La nombreuse famille des oiseaux de proie semble
désignée en hébreu sous le nom général de nésher, qui cependant s'applique le
plus habituellement à l'aigle, parce que c'en est l'espèce la plus répandue et
la mieux connue. Les Hébreux avaient en outre, pour chaque espèce, des noms
particuliers, et l'on croit que le mot daïah désigne une espèce de vautour. Cet
oiseau est classé, Deutéronome 14:13, au nombre des viandes impures; Ésaïe,
34:15, le distingue d'autres oiseaux d'une espèce voisine, et le dépeint comme
vivant par troupes. Les anciennes versions, qui, du reste, ne sont pas d'accord
entre elles, ne favorisent guère cette interprétation, mais leur témoignage sur
ce point n'a pas une grande portée, et ce qui appuierait la traduction du daïah
par vautour, c'est ce fait, déjà remarqué par Aristote (Anim. 6, 5; 9, 31), que
le vautour est de tous les oiseaux de proie le seul qui se distingue par des
habitudes un peu sociables; il ne lui faut pas à lui seul, comme à l'aigle, un
grand espace de terrain à exploiter; il vole par bandes, et quelques
naturalistes modernes ont relevé ce trait particulier dont ils font même un des
caractères distinctifs de l'espèce. Quant au genre il y a naturellement plus
d'incertitude encore; on pense, et c'est le plus probable, qu'il s'agit du
vautour commun, ou cendré (vultur cinereus), oiseau plus gros que l'aigle
ordinaire, au plumage brun foncé, dont les grosses plumes seules sont
entièrement noires. Au bas de la nuque, il a comme une large tache bleuâtre,
presque dégarnie; autour du col, une espèce de collier de plumes grisâtres qui
s'avancent jusque sur la poitrine.
D'après les Septante et Saadias, le daah de Lévitique
11:14, désignerait aussi le vautour, mais ce n'est pas probable.
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VEAU,
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— Voir: Bœuf.
Le veau d'or, adoré par les Israélites, au pied même
du Sinaï, et peu de jours après la promulgation de la loi, Exode 32:4;
Deutéronome 9:21; cf. Néhémie 9:18; Psaumes 106:19; Actes 7:41, et dont le
culte fut renouvelé par Jéroboam après son retour d'Égypte et son avènement au
trône d'Israël, 1 Rois 12:28,32; 2 Rois 10:29; cf. 17:16; Osée 8:5; 10:5; Tobie
1:5, fut véritablement une importation égyptienne, une imitation du bœuf Apis,
symbole d'Osiris, ou du bœuf Mnévis, symbole du soleil, dont l'un était adoré à
Memphis, l'autre à Héliopolis. Ce fut sans doute l'image d'un de ces bœufs,
probablement celle d'Apis, qui servit de modèle au veau d'or, quoique Philon
estime, par des raisons théologiques plutôt qu'historiques, que le veau
représentait le Typhon égyptien. On a fait de vains efforts pour disculper
Aaron de sa participation à ce dieu de fonte; on a dit qu'il avait voulu faire
l'image (théocratique) des chérubins, et que le peuple, se méprenant à cette
ressemblance, crut retrouver ses souvenirs d'Égypte et l'adora; d'autres
estiment qu'Aaron, ayant voulu fondre en lingot l'or apporté par les
Israélites, ce lingot se trouve accidentellement avoir une forme de veau, que
le peuple y vit un miracle, et adora; d'autres encore disent qu'Aaron, voyant
le peuple entraîné par ses souvenirs, réclamer le culte d'Apis, le trompa en
lui faisant de fausses concessions, qu'il lui donna une apparence de veau, mais
qu'il prit soin de bien rappeler que c'était l'Éternel qu'il fallait adorer.
Concession ou non, ce qui est sûr, c'est qu'Aaron fut coupable, et que cette
idolâtrie, qui poussait l'impudence jusqu'à s'étaler devant le Sinaï, fut, non
seulement blâmée, mais sévèrement punie par la mort de 3,000 hommes; Aaron
lui-même reconnut son crime, et n'échappa que par l'intercession de Moïse, à
cette juste exécution.
La plus grande difficulté de toute cette histoire se
trouve Exode 32:20, dans la pulvérisation du veau d'or (massif), qui fut brûlé
au feu, moulu jusqu'à ce qu'il fût réduit en poudre, puis cette poudre répandue
dans de l'eau, et donnée à boire au peuple. On ne peut guère s'expliquer ce
fait qu'en supposant à Moïse des connaissances chimiques très étendues, qu'il
pouvait avoir puisées dans l'étude des mystères et des sciences de l'Égypte. On
connaît, en effet, plusieurs moyens d'obtenir ce résultat, soit la calcination
de l'or par le natron, soit sa dissolution par trois parties de sel de tartre
et deux parties de soufre, soit sa fusion qui s'obtient à 32° du pyromètre de
Wedgwood, soit sa dissolution provoquée par du chlore dissous dans de l'eau. On
peut le dissoudre encore en versant dans un matras deux parties d'acide
hydrochlorique et une partie d'acide azotique, et en plongeant de l'or solide
dans le produit ainsi obtenu; la présence du métal détermine aussitôt un
dégagement d'oxyde d'azote, et le produit de la réaction est un chlorure d'or
ou la liquéfaction du métal (Berzélius). Selon M. Orfila, 8 parties d'acide
hydrochlorique à 22° de concentration, et 2 parties d'acide azotique à 4°,
ajoutées l'une à l'autre, peuvent dissoudre, à l'aide d'une légère chaleur, 1,9
partie d'or (Traité de chimie, II, 273).
— Voir: encore Lettres de quelques Juifs portugais, I,
p. 80; Grandpierre, Essais sur le Pentat., p. 410 et suivant.
— L'or, rendu potable par le soufre ou le natron, est
détestable au goût, et, en faisant boire aux coupables ces débris du veau d'or,
Moïse associait, en quelque sorte, à la condamnation de l'idolâtrie des
souvenirs désagréables qui, par liaison d'idées, devaient rendre odieuse toute
réminiscence de ce culte. L'amère libation couronnait dignement des fêtes
impies.
Le culte du veau d'or est fréquemment rappelé dans
Osée, et sous différentes formes, 8:5-6; 10:5; 13:2; 14:2, etc. Plusieurs de
ces passages ont même exercé la sagacité des interprètes, qui y ont vu des sens
nouveaux et des choses nouvelles,
— Voir: les Commentaires.
Jérémie 34:18-19, renferme une allusion à un usage
dont nous trouvons déjà les traces Genèse 15:9-17. En passant par les deux
moitiés des victimes placées l'une vis-à-vis de l'autre, les parties
contractantes déclaraient leur intention de perdre la vie comme la victime, si
elles violaient leur foi.
— Voir: Alliance.
On ne sait quand fut jurée l'alliance dont il est
parlé dans ce passage; mais elle n'était pas fort ancienne, puisque ceux qui
l'avaient contractée étaient encore vivants.
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VEILLES de la nuit.
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Les Hébreux, comme les Grecs et les Romains,
partageaient les nuits en veilles de plusieurs heures, d'après les moments de
relevée des gardes de nuit. Avant l'exil, les Hébreux ne comptaient que trois
veilles, dont la première est nommée le commencement des veilles, Lamentations
2:19; la seconde est appelée la seconde garde, Juges 7:19, et la troisième la
veille du matin, Exode 14:24; 1 Samuel 11:11. Pendant la période romaine, les
Juifs reçurent de leurs maîtres la division de la nuit en quatre veilles
égales, indiquées Marc 13:35, par ces mots: le soir, minuit, l'heure que le coq
chante, et le matin. Les rabbins ont continué de n'admettre que trois
divisions, et ils regardent la quatrième comme appartenant au jour; mais il
ressort de Actes 12:4, que le système romain était admis, au moins
militairement, par les Hérodes. La nuit étant tantôt plus courte, tantôt plus
longue, et les veilles s'adaptant par quarts à sa longueur, elles étaient
elles-mêmes plus ou moins longues, suivant la saison, quoique toujours elles
fussent divisées en trois heures.
— Il est parlé, Cantique 3:3; 5:7; cf. Psaumes 127:1,
de gardes de nuit faisant le guet; cette institution, d'ailleurs, est si
naturelle chez un peuple policé, qu'on l'aurait devinée en l'absence de tout
témoignage.
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VENGEANCE.
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C'est sous ce nom qu'il est parlé, Actes 28:4, de la
déesse grecque et romaine de la Justice (Δίκς), fille de Jupiter et de Thémis, presque égale au
premier, à la puissance (c'est, en germe, la distinction des pouvoirs, la
justice indépendante de l'État). Comme puissance vengeresse, elle est souvent
confondue avec Némésis; on lui attribuait spécialement la punition du meurtre,
Eurip., Médée, 1390. Sophoc., Œdip. à Col., 1384. Les Hébreux et les chrétiens
ne connaissent pas cette divinité; ils se rappellent qu'elle n'est qu'un
attribut de Dieu, que c'est à Dieu seul que la vengeance appartient, que
l'homme ne saurait se faire justice à lui-même. Le chrétien reconnaît cette
vérité sans restriction, le Juif l'admettait comme règle générale, à deux
exceptions près: le talion légal qui reconnaît le droit de vengeance, mais pour
le modérer, et le droit du goël, ou vengeur, q.v.
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VENGEUR du sang.
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C'est ainsi que l'on désignait (en hébreu, goël) le
plus proche parent d'un homme assassiné, parce que la loi lui accordait le
droit de venger la mort du défunt dans le sang du meurtrier partout où il le
rencontrerait, sauf dans les lieux consacrés sous le nom de villes de refuge,
q.v., 2 Samuel 14:7,11. La justice restait inerte dans ces cas; elle se
taisait, et laissait faire; le vengeur tâchait de venger, le coupable tâchait
de fuir; l'un et l'autre étaient protégés, ou, pour mieux dire, abandonnés à
eux-mêmes. Cette coutume, déjà fort ancienne parmi les Hébreux, Genèse 27:45;
cf. 4:14, et maintenant encore en usage chez un grand nombre de peuples de
l'Orient, les Arabes, les Perses, les Abyssins, les Druses, les Circassiens,
présente de trop graves inconvénients, et donne trop de facilités aux
vengeances particulières pour que Moïse ne sentît pas le besoin de restreindre
considérablement l'exercice d'un pareil droit. C'est ce qu'il fit par
l'établissement des villes de refuge. Le meurtrier qui pouvait en atteindre une
avant d'avoir été frappé, retombait sous le pouvoir de la justice ordinaire;
coupable d'un meurtre commis avec intention, il était puni par les lois;
coupable d'inadvertance ou d'imprudence, il échappait encore au vengeur aussi
longtemps qu'il restait dans la ville, Exode 21:13; Nombres 35:9; Deutéronome
19:1. Mais le vengeur conservait ses droits jusqu'au moment où le meurtrier
entrait dans la ville, et il les recouvrait si le coupable quittait la ville
avant la mort du souverain sacrificateur.
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VENIN,
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— Voir: Poison.
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VENT.
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Dans un pays situé comme la Palestine, entre la mer et
le désert, garni de montagnes et de vallées, les vents jouent un rôle assez
considérable, soit par leurs rapports avec la température en général, soit par
leur influence sur l'agriculture, pour qu'on ait examiné de bonne heure leurs
caractères, et recherché leur périodicité. Bien qu'on puisse compter en
Palestine des vents venant de plusieurs directions différentes, les Israélites,
s'en tenant à une division facile et grossière, n'ont jamais compté que quatre
espèces de vents différents, correspondant aux quatre points cardinaux, Jérémie
49:36; Daniel 7:2; 8:8; Zacharie 2:6; Matthieu 24:31; Apocalypse 7:1, d'où l'on
aurait tort cependant de conclure, comme l'ont fait assez légèrement quelques
théologiens, qu'ils aient regardé la terre comme carrée, puisque nous-mêmes qui
admettons sa rotondité, nous tenons un langage semblable au leur. Les vents
sont assez réguliers en Palestine quant à leur direction, leur durée et leur
influence, quoique l'on ne possède pas encore d'observations météorologiques
suffisantes qui permettent d'indiquer, mois par mois, l'ordre de leur
succession. Lèvent d'ouest, ou sud-ouest, qui souffle de la Méditerranée, est
humide et amène ordinairement la pluie, 1 Rois 18:44; Luc 12:54; il règne de
novembre en mars, et préside à l'hiver. Lèvent du sud, ou sud-est (théman),
apporte les chaleurs du désert d'Arabie qu'il vient de traverser, et donne à
l'équinoxe du printemps une chaleur de 16°-36°; il souffle d'ordinaire en mars
pendant trois jours, et s'affaiblit à mesure qu'il s'avance vers le nord ou
qu'il s'élève sur les montagnes. Le vent d'est (kadim) sort des steppes de
l'Arabie déserte et des sables de la Syrie, Jérémie 13:24; il est
particulièrement violent, Job 1:19; 27:21; Ésaïe 27:8; cf. Psaumes 48:7;
Ézéchiel 27:26, et, par sa sécheresse, exerce une action délétère sur la
végétation, Ézéchiel 17:10; 19:12; Osée 13:15; Jacques 1:11; cf. Jonas 4:8. Il
n'est pas sans quelques rapports avec le terrible simoun de l'Arabie, et
quoique celui-ci ne souffle pas d'ordinaire en Palestine, quelques auteurs
croient qu'il est indiqué Psaumes 11:6; 91:6; Nombres 11:1. Le vent d'orient
règne pendant les mois d'été jusqu'en juin. La bise, ou vent du nord (tsaphôn),
ou nord-ouest, apporte avec elle la fraîcheur, Cantique 4:16, et même le froid,
Siracide 43:22; elle chasse la pluie, Proverbes 25:23, et dessèche la terre et
la végétation; c'est souvent à l'équinoxe d'automne qu'elle se lève, et elle
règne d'ordinaire pendant trois jours consécutifs. L'Écriture mentionne encore
la brise du matin et du soir, qui vient assez régulièrement tempérer les trop
grandes chaleurs des jours de l'Orient, Genèse 3:8; Cantique 2:17, et les
tourbillons de la Palestine (soupha), qui soulèvent des nuages de poussière, et
obscurcissent l'atmosphère, Ésaïe 17:13; Job 21:18. Le lac de Tibériade est exposé
à de fréquents orages qui semblent sortir des montagnes, et qui, parleur
violence, ne déjouent que trop souvent les efforts et les prévisions des
mariniers, Jean 6:18; Matthieu 8:26; 14:24. La soudaineté de ces orages, que
rien n'a pu expliquer encore, est un phénomène que l'on remarque sur un grand
nombre de lacs entourés de hautes montagnes; il est frappant à l'extrémité
orientale du lac de Genève, et sur le lac des Quatre-Cantons en Suisse. Les
deux vents nommés Actes 27:12 (en grec
λίψ et
χώρος), sont ceux du sud-ouest et du nord-ouest.
L'Euroclydon de Actes 27:14, n'est pas un vent régulier, mais une espèce de
vent orageux soufflant du sud-est (et non du nord-est, comme le portent
quelques versions),
— Voir: Pline 2, 48.
Un vent du sud-ouest poussa le vaisseau de Paul de
Reggio à Pouzzoles.
Un même mot, rouach, désigne, en hébreu, l'esprit et
le vent (le souffle); dans la plupart des passages, le sens de la phrase
explique suffisamment le sens du mot; dans d'autres, comme Genèse 1:2. (— Voir:
Schrœder), Ésaïe 40:7; cf. 1 Pierre 1:24; Jacques 1:11, les interprètes ne sont
pas d'accord s'il s'agit de l'Esprit de l'Éternel ou d'un vent violent envoyé
de Dieu.
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VÉNUS,
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— Voir: Méni.
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VER, vermisseau.
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Image de ce qu'il y a de plus chétif et de plus
misérable; c'est l'image de l'homme et du fils de l'homme, Psaumes 22:6; Job
25:6. Ce fut aussi l'image des Hébreux menacés et envahis par l'étranger, Ésaïe
41:14. C'est enfin l'une des images employées pour dépeindre les peines à
venir, Ésaïe 66:24; Marc 9:44,46, Origène et Ambroise pensent que ce ver n'est
qu'une métaphore qui représente les remords de la conscience; Augustin,
Chrysostôme, Cyrille, Théophylacte, Anselme, etc., sans condamner l'opinion
contraire, se prononcent pour un ver physique, corporel; Bernard hésite, ou
plutôt favorise alternativement l'une et l'autre manière de voir.
Actes 12:23. Hérode Agrippa I meurt rongé des vers.
Pareille chose était arrivée à Antiochus Épiphanes, 2 Maccabées 9:5, et arriva
plus tard, selon Lactance, à l'empereur romain Maximin. Au dire de Flavius
Josèphe, la dernière maladie d'Hérode le Grand aurait présenté des caractères
analogues. Enfin il est parlé dans Hérodote 4, 205, d'une princesse africaine
qui mourut de la même manière. Il est difficile d'expliquer ce genre de mort,
car il est complètement inconnu de la médecine moderne, et les anciens n'en font
pas davantage mention. On ne saurait voir dans les prodiges qui frappèrent
Hérode un simple développement en nombre et en grosseur, des vers intestinaux
qui, dans certains cas, pourraient aller jusqu'à ronger les entrailles, ce que
quelques médecins regardent tout au plus comme possible, et d'autres comme fort
douteux. On n'a jamais vu ces vers intestinaux ronger les muscles et paraître
du dedans au dehors; ils n'ont jamais traversé une charpente humaine vivante.
Il serait plus simple peut-être de rapprocher la maladie d'Hérode d'un
phénomène qui a déjà été remarqué. À la suite d'ulcères et d'abcès fort
douloureux, on a vu quelquefois des vers très petits se former en fort grand
nombre et ronger la peau et les chairs tout à l'entour; d'autres fois des animalcules
se sont engendrés dans un sang fort corrompu et se sont fait jour par toutes
les ouvertures, par le nez, les yeux, la vessie, etc.: ce dernier cas est
toujours mortel. Mais ce ne sont là que des analogies dont on ne peut rien
tirer de certain pour le passage des Actes. L'entendre de la maladie
pédiculaire, c'est substituer une hypothèse à une incertitude. Nous hésitons
d'autant moins à regarder ces cas de maladie comme des phénomènes
providentiels, que l'on compte parmi les victimes de cette maladie un grand
nombre de ceux qui ont persécuté l'Église, notamment parmi les bourreaux des
réformés en France, entre le règne de François 1er et celui de Henri IV.
— Voir: Jurieu, Apol, pour la Réforme. T. I.
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VERGE,
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mesure de longueur, q.v.
— On a beaucoup parlé de la verge de Moïse qu'on a
voulu retrouver clans le caducée de Mercure, et de la verge d'Aaron que des
savants, guidés par un mot d'Euripide, ont cru être devenue le thyrse de
Bacchus. La verge de Moïse, instrument de ses premiers miracles, Exode 4:2;
14:16; 17:5, n'a pas laissé de traces historiques; dom Calmet lui-même, tout en
supposant que Moïse l'a léguée à Josué, reconnaît qu'on n'en a pas de preuves,
et la regarde comme perdue. La verge d'Aaron, qui fleurit miraculeusement lors
de la rébellion de Coré, Nombres 17:8, fut placée dans le tabernacle, peut-être
dans l'arche, en souvenir de cet événement, Nombres 17:10; Hébreux 9:4; cf. 1
Rois 8:9. On l'adore à Rome dans Saint-Jean-de-Latran comme une précieuse
relique; mais elle ne porte plus ni feuilles, ni fleurs, ni boutons; les
Égyptiens ont également prétendu en posséder les restes dans le temple d'Isis,
et lui ont pareillement rendu un culte religieux.
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VERRE.
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Il n'est pas douteux que les Israélites n'aient appris
de bonne heure à connaître ce produit de l'industrie phénicienne; leurs
relations de voisinage et de commerce ne purent leur laisser ignorer longtemps
une découverte aussi remarquable qu'utile, et nous voyons déjà le verre
mentionné dans Job 28:17, sous le nom de zekoukith, quoique quelques
interprètes pensent que ce nom désigne le cristal de roche, et que nos versions
(et Luther) l'aient rendu par diamant. Les Arabes actuels n'ont qu'un mot pour
désigner le cristal et le verre, et il est possible qu'il en ait été de même
des Hébreux. D'après le Targum de Jonathan, c'est aussi au verre que Moïse fait
allusion dans la bénédiction de Zabulon et d'Issacar, lorsqu'il dit qu'ils
suceront l'abondance de la mer, et les choses les plus cachées dans le sable,
Deutéronome 33:19. Il est enfin parlé de verre dans le Nouveau Testament,
Apocalypse 21:18,21; cf. 4:6; 15:2. Les anciens ne s'en servirent pendant
longtemps que pour faire des vaisseaux à boire et des vases à liqueur: l'usage
des fenêtres et des miroirs ne fut introduit que plus tard.
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VESCE,
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plante traînante dont les feuilles sont longuettes et
étroites, les fleurs rougeâtres et quelquefois blanches, les gousses semblables
à celles des pois, mais plus courtes et plus grêles; ses grains ronds et
noirâtres servent à la nourriture des pigeons. C'est par ce mot que nos
versions ont traduit l'hébreu kètsach, Ésaïe 28:25,27; mais il est plus
probable que ce mot désigne la nielle, le nigella melanthium.
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VÊTEMENTS.
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On peut voir les articles spéciaux pour les détails;
ici quelques remarques générales suffiront. L'Écriture qui nomme diverses
pièces de vêtements, ne parle nulle part de leur forme et de leur coupe, à
l'exception de ce qui concerne les prêtres et le souverain sacrificateur; mais
on peut conclure de l'usage général de l'Orient ancien et moderne, et des
besoins du climat, que les vêtements des Juifs étaient amples et à larges
replis: les modes changent peu, lorsqu'elles sont indiquées ou commandées par
la nature; et quelques bas-reliefs retrouvés à Babylone, à Persépolis, et dans
les nécropoles de Thèbes, confirment ce que l'induction fait soupçonner. Le
costume des femmes ne différait pas essentiellement de celui des hommes;
quelques pièces de plus, quelques ornements, peut-être une étoffe plus fine et
plus riche, servaient à distinguer les deux sexes, et la défense faite aux
hommes de se déguiser en femmes, ou l'inverse, Deutéronome 22:5, ne porte que
sur ces quelques caractères extérieurs, et non sur un costume complet: cette
défense n'avait d'autre but que de prévenir les désordres que provoquent si
souvent les méprises et les quiproquos des mascarades.
La confection des habits fut dans presque tous les
temps l'une des occupations des femmes, et même des plus distinguées par leur
rang, 1 Samuel 2:19; Proverbes 31:21; Actes 9:39. L'exemple de Pénélope montre
qu'il en était de même chez d'autres peuples de l'ancien monde. Chez les Juifs,
l'ensemble du costume se composait de deux parties principales:
1. le
vêtement de dessous, espèce de robe ou de tunique, nommée en hébreu k'toneth,
que l'on retenait autour du corps au moyen d'une ceinture, et qui recouvrait
quelquefois une chemise de lin (hébreu, sadin), Juges 14:12; Proverbes 31:24;
Ésaïe 3:23, passages qui sont les uns et les autres traduits dans nos versions
de manière à écarter ce dernier mot; les riches n'étaient pas seuls à posséder
ce vêtement nécessaire: la classe ouvrière, les pêcheurs en particulier,
portaient aussi des chemises, de manière à pouvoir au besoin jeter la tunique
en arrière pour faciliter les mouvements, sans être tout à, fait nus; dans ce
dernier cas, cependant, lorsqu'un homme n'avait plus que sa chemise, on disait
souvent qu'il était nu, 1 Samuel 19:24; 2 Samuel 6:20; Ésaïe 20:2; Jean 21:7.
Les grands et les hommes en voyage portaient quelquefois aussi deux tuniques,
dont l'une supérieure et avec des manches (mahatapha) était toujours plus
grande que celle de dessous, qui était sans manches (mehil), 1 Samuel 15:27;
18:4; 24:5; Ésaïe 3:22; mais cette habitude fut toujours considérée comme une
affaire de luxe, Matthieu 10:10; Marc 6:9; Luc 3:11; 9:3.
2. Un
vêtement de dessus, ou manteau (simla, bèged, etc.). Cette pièce, qui était la
plus apparente, variait aussi le plus dans sa forme, et avait différents noms
suivant sa coupe, sa finesse, le sexe qui devait s'en servir, etc. En général,
c'était un vêtement très ample, mais qu'on a eu tort de croire régulièrement
doublé de fourrures, d'après Genèse 25:25; Zacharie 13:4, quoique aujourd'hui
encore, même en été, les Orientaux, et notamment les Turcs, aiment à se couvrir
de riches pelisses. Ces deux passages citent un vêlement particulier qui, bien
loin de faire règle, semble précisément n'être indiqué que comme exception.
L'ampleur du manteau pouvait, à l'occasion, servir de poche ou de sac, Ruth
3:15; Psaumes 79:12; Luc 6:38. La robe qui fut donnée à Joseph par son père, et
celle que portait Tamar, Genèse 37:3; 2 Samuel 13:18 (hébreu passim), étaient
probablement des manteaux bigarrés de diverses couleurs et de broderies; ils
étaient extrêmement recherchés, Juges 5:28; 8:26; 2 Samuel 1:24; Proverbes
31:22; Esther 8:15; Ézéchiel 16:10. On les faisait, en partie, venir du dehors,
Sophonie 1:8. Les vêtements blancs, de lin ou de coton, étaient également considérés
comme très précieux, et cette couleur, le symbole de l'innocence, est
recommandée par Salomon, dans un sens figuré, à celui qui veut vivre justement,
Ecclésiaste 9:8. Le vêtement du Christ transfiguré devint tout blanc, Luc 9:29,
et les anges qui apparurent aux femmes, après la résurrection, sont représentés
comme vêtus de robes blanches, Matthieu 28:3; mais, dans ces deux cas, la
couleur exprime plutôt la splendeur, le rayonnement de la pure lumière du ciel,
cf. Luc 24:4. D'après la loi de Moïse, les prêtres seuls pouvaient être vêtus
de blanc. Il paraît que, sous les derniers rois, un luxe dévergondé
s'introduisit dans l'habillement, Jérémie 4:30; Lamentations 4:5; Sophonie 1:8;
c'est un caractère de toutes les époques de décadence, et il durait encore
parmi les Juifs au temps des apôtres, 1 Timothée 2:9; 1 Pierre 3:3; Jacques
2:2. Des personnes soi-disant pieu ses suivaient la mode à cet égard, et ne
faisaient disparate que par leur mise recherchée, Luc 20:46; cf. Matthieu 23:5.
Les Orientaux ont toujours aimé changer fréquemment
d'habits, Genèse 41:14; 1 Samuel 28:8; 2 Samuel 12:20; les riches Hébreux
avaient ordinairement une garde-robe bien montée et un grand nombre de
vêtements de rechange, Ésaïe 3:6-7; Job 27:16; Luc 15:22. Les rois, en particulier,
avaient, comme ils ont encore aujourd'hui, des provisions d'habits de cérémonie
destinés à être offerts en cadeaux, 1 Samuel 18:4; 2 Rois 5:5; Esther 4:4;
6:8,11. La souillure légale motivait un changement de vêtements, Lévitique
6:11,27; 11:25; 15:13; cf. Genèse 35:2.
Pendant le deuil, les Juifs s'habillaient de vêtements
grossiers, de couleur foncée et sans ampleur. Les prophètes portaient un
costume analogue, à cause du sérieux de leur vie, 2 Rois 1:7-8; Matthieu 3:4.
— Voir: encore Accouplement, Lèpre (des étoffes),
Rois, Soulier, Turban, etc.
Deutéronome 8:4, peut s'entendre littéralement d'une
miraculeuse préservation des vêtements des Israélites dans le désert, ou, d'une
manière plus simple, du soin merveilleux avec lequel Dieu pourvut à cette
partie des besoins d'Israël. La première interprétation, quoique plus simple en
apparence, offre plusieurs difficultés de détail: les vêtements
grandissaient-ils, grossissaient-ils avec ceux qui les portaient? Comment les
enfants nouveau-nés étaient-ils vêtus? Que devenaient les habits de ceux qui
mouraient? etc. La seconde opinion n'est pas contraire au texte, et se
rapproche davantage, quant à l'esprit, de ce qu'on remarque dans la conduite
ordinaire de Dieu envers son peuple.
Jean 19:23. La robe sans couture a beaucoup préoccupé
les interprètes, mais à tort; elle avait été faite au métier, et l'art du
tisserand était déjà assez perfectionné anciennement pour que de pareils
travaux qui, aujourd'hui, ne sont qu'un jeu, pussent être exécutés. Flavius Josèphe
décrit, comme étant sans couture, la robe du souverain sacrificateur
(Antiquités Judaïques 3, 6), et l'on en connaissait de diverses espèces, les
unes n'ayant d'ouverture que pour passer la tête, d'autres en ayant aussi pour
les bras.
— Cette fameuse robe, que Calvin appelle saye ou
hoqueton, est présentement à Trêves et à Argenteuil: le premier de ces deux
exemplaires a déchiré la grave Allemagne, et le nom de Ronge lui est associé
pour toujours par contraste. La robe de Trêves n'est d'ailleurs pas une
tunique, mais une chasuble, ce qui ajouterait à l'invraisemblance de
l'imposture s'il était nécessaire d'y ajouter quelque chose.
En fait de vêtements grecs et romains, nous ne
trouvons mentionné dans les Apocryphes, que la chlamys, vaste manteau dont se
servaient les chasseurs, les soldats, et surtout les cavaliers, 2 Maccabées
12:35; dans le Nouveau Testament, un manteau de voyage, 2 Timothée 4:13, que
les Romains mettaient par dessus la tunique, et qui était garni d'un capuchon
pour préserver la tête de la pluie ou du froid, et le manteau d'écarlate,
Matthieu 27:28, manteau de laine teinte que portaient ordinairement les
généraux et les officiers romains, et même les empereurs jusqu'au temps de
Dioclétien.
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VEUVES.
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Outre l'obligation pour un frère d'épouser la veuve de
son frère mort sans enfants,
— Voir: Lévirat,
la loi de Moïse renfermait encore en faveur des veuves
les prescriptions suivantes:
1. Comme
les étrangers et les orphelins, les veuves devaient être invitées aux festins
d'actions de grâces et au repas des dîmes, Deutéronome 16:11; 12:18; 26:12.
2. Il
leur revenait de droit quelques glanures de la moisson, Deutéronome 24:19.
3. Leur
vêtement, comme aucun ustensile nécessaire, ne pouvait être pris pour gage,
Deutéronome 24:17; cf. Job 24:3,21.
Le veuvage, de même que la stérilité, étaient peu
estimés en Israël, Ésaïe 54:4, à moins d'être volontaire et de provenir de
l'affection d'une veuve pour la mémoire de son époux décédé. On supposait
qu'une femme qui ne trouvait pas un second mari, avait quelque défaut secret,
ou une réputation équivoque. La loi cependant recommandait les veuves au
respect public, et à la justice des magistrats, Exode 22:22; Deutéronome 10:18;
27:19; Zacharie 7:10. Mais les Juifs ne tinrent pas longtemps compte d'une
recommandation qui froissait leurs préjugés, et ils méritèrent plus d'une fois
les reproches des prophètes, Job 22:9; 24:3,21; Ésaïe 10:2; Jérémie 7:6; 22:3;
Ézéchiel 22:7; Malachie 3:5; Matthieu 23:14; cf. Luc 18:3; sq..
Il était défendu au souverain sacrificateur d'épouser
une veuve, Lévitique 21:14, parce qu'une idée de pureté et de virginité devait
l'entourer dans sa personne et dans tous ses actes. Il semblerait même résulter
de Ézéchiel 44:22, que par la suite cette interdiction s'étendit également aux
simples prêtres, ce qui n'est pas absolument prouvé, mais ce qui cadrerait
assez avec l'esprit généralement rigoriste des Juifs des derniers temps. La
tradition tendait à remplacer la loi.
On ne saurait conclure de Genèse 38:24, comme on l'a
voulu faire, que les veuves qui tombaient sous la loi du lévirat, mais qui,
n'en admettant pas les bénéfices, se livraient à un autre homme que leur
beau-frère, fussent condamnées au feu comme adultères, et que la loi de Moïse
ait, par son silence, sanctionné cette barbare coutume. Il est vrai qu'en
renonçant aux avantages du lévirat, elles ne remplissaient pas le but de la
loi, et qu'elles méritaient un châtiment sévère en anéantissant ainsi le nom de
leur époux, mais c'était aux parents de ce dernier qu'était donné l'ordre de
veiller à perpétuer la race de leur frère; la veuve était, pour ainsi dire,
hors de cause, elle était passive, et quand la loi ne la frappe pas
solennellement, on ne peut supposer qu'elle la frappe sans l'avertir, et de la
peine la plus cruelle.
Les veuves des rois ne pouvaient pas se remarier, et
ceux qui aspiraient à les épouser passaient pour candidats au trône, et
risquaient leur tête, 1 Rois 2:13-17; cf. 2 Samuel 16:21; 20:3.
Job 27:15; et Psaumes 78:64, représentent comme un
grand malheur pour un homme de mourir sans être pleuré par sa femme; on sait
que les lamentations des veuves faisaient une partie importante des funérailles
chez les anciens.
Le Nouveau Testament perpétue les traditions de
l'Ancien quant au soin à prendre des veuves, 1 Timothée 5:3-9. Celles qui sont
vraiment veuves doivent être assistées par l'Église; elles doivent en même
temps se rendre utiles par leurs conseils, et faire participer les jeunes
femmes aux fruits de leur expérience, cf. Tite 2:3-4.
Il a été dit quelques mots, à l'article Mariage, du
veuvage et des secondes noces. Toutes les questions morales qui se rattachent à
ce sujet sont traitées de main de maître, et avec un tact parfait, dans
l'ouvrage intitulé Veuvage et Célibat (Genève, 1848); c'est, malgré son intérêt
comme lecture, un bon traité de théologie sur la matière.
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VIANDE,
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— Voir: Chair.
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VIGNES.
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La vigne était l'un des principaux objets de la
culture Israélite, comme on trouvait également, dans les contrées
environnantes, des vignobles estimés: dans le pays des Philistins, Juges 14:5;
15:5; en Édom, Nombres 20:17; 21:22; en Moab, Nombres 22:24; cf. Ésaïe 16:8; en
Hammon, Juges 11:33; en Égypte, Nombres 20:5; en Phénicie, Pline 14, 9; en
Syrie, Strabon 13, 735. Le sol de la Palestine, ses coteaux tournés vers le
soleil, son climat, étaient particulièrement favorables à la culture de la
vigne, dont le fruit se distinguait autant par la douceur et la qualité, que
par l'abondance et la grosseur des grains. La vigne est en conséquence nommée
très souvent au nombre des principaux produits de la Palestine, Genèse 49:11;
Deutéronome 6:11; 8:8; Nombres 16:14; Josué 24:13; 1 Samuel 8:14, à côté du
figuier, Jérémie 5:17; Osée 2:12; 2 Rois 18:32, et de l'olivier, Josué 24:13; 1
Samuel 8:14; 2 Rois 5:26; elle ne manque presque jamais d'être mentionnée dans
les prophéties qui promettent le bonheur au pays, ou qui le menacent d'être
désolé;
— Voir: encore Ésaïe 7:23; 61:5; Zacharie 8:12;
Malachie 3:11.
L'expression être assis sous sa vigne, ou manger du
fruit de sa vigne, est l'image de la paix et de la prospérité, 1 Rois 4:25;
Michée 4:4; Zacharie 3:10.
On comptait un grand nombre de vignobles dont
quelques-uns ont conservé jusqu'à nos jours des droits à une bonne réputation;
les plus célèbres étaient ceux de Hen-Guédi, ceux d'Hébron situés dans la
vallée des Raisins, ceux de Sichem, de Carmel, du Liban, ceux de la contrée
transjourdaine, Ésaïe 16:8; Jérémie 48:32, ceux des rives du lac de Génésareth,
etc.
— Voir: ces différents articles; cf. encore 1 Samuel
8:14; Jérémie 39:10; 2 Rois 25:12; Néhémie 5:3-5,11.
Plusieurs villes avaient même tiré leur nom des
vignobles (kérem) qui les entouraient, Abelkeramim, Rethkérem, etc. C'était
ordinairement sur des hauteurs que l'on plantait la vigne, Ésaïe 5:1; Jérémie
31:5; Amos 9:13. Virgile, Géorg. 2, 113; quelquefois cependant on en trouvait
aussi dans les plaines. Chaque vignoble était entouré d'une haie ou même d'un
mur destiné à le protéger contre les animaux des champs, sauvages ou non,
renards, lièvres, chèvres, chacals, etc., Cantique 2:15; Ésaïe 5:5; Matthieu
21:33; Nombres 22:24; Proverbes 24:31; Psaumes 80:12; cf. Virgile, Géorg. 2,
371; 380. Theocrit. 1, 48; 5, 112. Une ou plusieurs tours servaient de logement
soit aux vignerons, soit aux maîtres, Ésaïe 1:8; 5:2; Matthieu 21:33; on
veillait de là à ce qu'il ne se fît aucun dégât dans la vigne, Cantique 1:6,
mais on n'avait pas le droit d'empêcher les passants de cueillir autant de
raisin qu'ils en pouvaient manger, Deutéronome 23:24. Les ceps de la Palestine
se distinguaient, et se distinguent encore aujourd'hui par leur hauteur et leur
force, Psaumes 80:11; un voyageur moderne trouva sur le versant méridional du
Liban, un cep de vigne qui avait 10 mètres de hauteur, et 0m,50 de diamètre;
ses rameaux s'étendaient tout autour, et couvraient de leur ombre un espace de
16 à 18 mètres de terrain en longueur et en largeur. Les ceps de la Cœlésyrie
atteignent, d'après Belon, une hauteur moyenne de 4 mètres. Ils portent pour la
plupart des grappes rouges, Proverbes 23:31; cf. Genèse 49:11; Deutéronome
32:14, et en général fort grosses, Nombres 13:24; on en voit même encore qui
ont jusqu'à 1 mètre de longueur, qui pèsent 6 kilogrammes, et dont les grains
sont comme de petites prunes; Schulz raconte que quelquefois, surtout vers le
sud, on coupe une grappe, qu'on la pose sur une planchette, et que les amis,
assis autour, en cueillent les fruits, qu'ils mangent avec un peu de pain pour
leur repas. L'espèce de raisin le plus estimé paraît avoir été le sorek ou
soreka, Genèse 49:11; Ésaïe 5:2; Jérémie 2:21. Kimhi, dans son livre des
racines, dit que c'est une espèce de raisin dont les grains sont fort petits et
fort doux; on assure même qu'ils ne contiennent point de pépins, ce qui doit
être entendu en ce sens que ces pépins sont si petits et si tendres qu'on ne
les aperçoit pas. C'est apparemment la même espèce qui porte encore aujourd'hui
au Maroc le nom de serki; on la trouve également en Syrie et en Arabie sons un
nom semblable. On a fort peu de détails sur la manière dont les Hébreux cultivaient
la vigne, comment ils en augmentaient et multipliaient les plants, s'ils la
laissaient traîner à terre comme cela se fait dans presque tout l'Orient, s'ils
la dressaient en huttins ou cordons, ou s'ils la soutenaient par des appuis
donnés à chaque cep. Il résulterait de Ézéchiel 17:7; Psaumes 80:11, que la
vigne était souvent soutenue, soit par un échalas, soit par un arbre autour
duquel elle entrelaçait ses sarments, comme cela se voit encore parfois en
Palestine, et au sud de l'Europe. On émondait les ceps avec une serpe, on
retournait la terre, on l'épierrait, Jean 15:2; Luc 13:8; Ésaïe 5:2. La
vendange commençait en septembre et finissait en octobre, et donnait lieu,
comme dans tous les pays de vignobles, à de grandes réjouissances, Juges 9:27; Ésaïe
16:10; Jérémie 25:30. On cueillait les raisins, que l'on déposait d'abord dans
des corbeilles; puis on les portait au pressoir, avec des chants et des cris de
jubilation, Jérémie 6:9. On prélevait les prémices et la dîme sur le moût,
Deutéronome 18:4; Néhémie 10:37; 13:5,12, que l'on enfermait dans des outres de
peaux, Job 32:19; Matthieu 9:17; Marc 2:22, ou dans de grandes cruches de grès,
dont on se sert encore en Orient; on l'y laissait fermenter, quelquefois on le
cuisait en sirop;
— Voir: Miel.
On buvait aussi le moût avant qu'il eût fermenté, Osée
4:11; Joël 1:5. Quand le vin était bien cuit, on avait l'habitude de le
transvaser pour le purifier et l'améliorer; Jérémie 48:11, renferme une
allusion à cet usage.
La loi contenait, au sujet de la vigne, les
prescriptions suivantes:
1. Tout
vignoble était soumis au repos de l'année sabbatique, Exode 23:11; Lévitique
25:3.
2. Il
était défendu de semer aucune espèce de grain au milieu d'un vignoble, soit
qu'il s'agisse, dans ce passage, d'un enclos de blé renfermé dans un plant de
vigne, soit plutôt qu'il soit question d'épuiser la terre en semant du blé dans
les chemins de la vigne, entre les lignes des huttins, comme cela se fait en
diverses contrées, Deutéronome 22:9. La confiscation de la récolte punissait
tout délit de cette nature. Outre l'idée générale du législateur, qui voulait
prévenir des mélanges hétérogènes,
— Voir: Accouplements,
le but de cette défense était de ménager le sol, de ne
pas l'épuiser, de ne pas nuire non plus à l'un des produits en détournant une
partie des sucs de la terre vers un autre travail. Spencer croit, d'après un
passage de Maïmonides, que Moïse voulait prémunir les Juifs contre l'idolâtrie,
les Sabéens, et les Arabes ayant coutume de mêler ainsi dans leurs champs la vigne
et le blé, pour les mettre sous le patronage réuni de Cérès et de Bacchus; mais
c'est une supposition aussi hasardée qu'inutile.
3. Le
propriétaire n'avait pas le droit de faire une vendange minutieuse, il devait
abandonner les grappillages aux pauvres et aux étrangers, Lévitique 19:10;
Deutéronome 24:21.
4. Les
passants avaient le droit de cueillir pour leur usage et pour les consommer en
chemin, les fruits qui bordaient la route, Deutéronome 23:24.
5. Celui
qui avait planté une vigne, mais qui n'en avait pas encore recueilli du fruit,
était dispensé du service militaire, Deutéronome 20:6; cf. 1 Maccabées 3:56.
Or, d'après Lévitique 19:23, il était défendu de manger du fruit des trois
premières années d'un plant, verger ou autre, probablement aussi de la vigne,
et il eût été trop dur d'enlever pour le service celui qui, après quatre années
d'un travail inutile, pouvait espérer enfin de recueillir quelque fruit de ses
peines; la législation mosaïque tenait compte du droit individuel comme du
droit public.
La vigne fournit, non seulement des détails à bien des
comparaisons, Juges 8:2; Ésaïe 1:8; 34:4; Jérémie 6:9; Osée 14:7, mais souvent
le thème même d'une parabole tout entière, d'une allégorie, d'une fable ou d'un
apologue, Matthieu 20:1; 21:28; Jean 15; Juges 9:12. C'est surtout le peuple de
Dieu qui est habituellement représenté sous l'image d'une vigne que Dieu a
tirée d'Égypte, établie en Palestine, entourée d'une barrière (la loi, et aussi
l'isolement produit par les frontières naturelles); une vigne dont il espérait
de bons fruits, et qui n'a produit que des grappes sauvages, Ésaïe 5, cf. 3:14;
Psaumes 80:8; Jérémie 2:21; Ézéchiel 17:6; Osée 10:1; Matthieu 20:1.
Jésus-Christ lui-même se compare à un cep, dont les sarments sont les hommes,
les uns sont émondés, les autres rejetés, Jean 15.
Le plant de Sodome, Deutéronome 32:32, était connu
pour son amertume, comme tous les autres fruits qui s'aventuraient à croître
sur les bords maudits de la mer Morte; ses grappes étaient de fiel et son vin
un venin de dragon. Que tous ces fruits tombassent en poussière quand on les
ouvrait, c'est ce qu'on ne saurait garantir, malgré le témoignage de Tacite,
Hist. 5.
On appelle lambrusques une espèce de raisins sauvages
qui croissent sans culture le long des chemins, au bord des haies ou dans les
champs en friche; leurs grains sont petits, et deviennent noirs lorsqu'ils
mûrissent, ce qui est rare;
— Voir: Ésaïe 5:2,4.
La vigne de Naboth est devenue l'image de tout bien
enlevé au pauvre par la puissante méchanceté du riche, 1 Rois 21:1.
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VILLES.
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C'est de ce nom, trop pompeux dans l'origine, qu'on
décora d'abord, dès les temps des patriarches, les établissements fixes des
familles agricoles, par opposition aux camps volants des nomades. Ces
établissements étaient entourés de murailles ou de murs, et chaque ville était
une forteresse, Nombres 32:17, ce qui explique les sièges nombreux dont il est
parlé dans le livre de Josué. On choisissait d'ordinaire une hauteur, une
montagne, ou tout au moins un mamelon, pour y fonder une ville; la place était
plus facile à défendre, et d'ailleurs, en beaucoup de cas, il n'était guère
possible de faire autrement, car, à cause des mouvements du terrain, on n'avait
de choix qu'entre la hauteur et le ravin. C'est à peu près là tout ce qu'on
sait sur la construction des villes de la Palestine, Jérusalem seule, q.v.,
étant exceptée.
Les villes modernes de l'Orient sont bâties largement,
sans économie de terrain, et renferment dans leur intérieur de grandes places
et de vastes jardins; un voyageur à cheval a besoin d'une journée pour faire le
tour d'Ispahan. Il est probable qu'il en était de même des villes de l'ancienne
Asie, dont l'étendue, d'après le témoignage des historiens les plus dignes de
foi, était presque fabuleuse,
— Voir: Babylone, Ninive, etc.
Les portes des villes étaient des lieux de
rendez-vous; on s'y entretenait des affaires publiques et particulières, et
l'on y rendait la justice; elles donnaient ordinairement sur une place plus ou
moins grande qui servait aussi de marché, Néhémie 8:1,16; Job 29:7; Cantique
3:2; Esdras 10:9; 2 Samuel 21:12; 2 Rois 7:1; 2 Chroniques 32:6. Les rues
n'étaient sans doute pas aussi étroites qu'elles le sont aujourd'hui (à
Saint-Jean-d'Acre, deux chameaux chargés ne sauraient passer l'un à côté de
l'autre, même dans les rues les plus larges). Elles avaient souvent, surtout
dans les grandes villes, des noms empruntés aux denrées, marchandises, objets
quelconques qui s'y fabriquaient ou s'y vendaient, Jérémie 37:21, car chaque
rue avait souvent sa spécialité, comme à Londres Paternosterrow est la rue des
libraires, comme en Orient les rues larges (ou bazars), ne sont souvent
occupées que par un seul genre d'industrie ou de négoce. Les rues de Jérusalem
étaient pavées dans la dernière période de son existence, probablement déjà
avant Hérode Agrippa II, puisque celui-ci fit paver une grande rue à Antioche,
dans une ville qui lui était étrangère, ce qu'il n'eût pas fait sans doute si
Jérusalem n'avait pas joui du même avantage; mais il est probable que les
autres villes de la Palestine n'étaient pas pavées, ce qui, d'ailleurs, était
peu nécessaire dans un pays où plusieurs d'entre elles étaient bâties sur le
roc, et d'autres, surtout au nord-est, sur du basalte. La mention la plus
ancienne qui soit faite d'une espèce de pavé, est celle des dalles dont Salomon
fit garnir le parvis du temple.
— 1 Rois 20:34, nous montre des concessions de terrain
faites dans des villes étrangères, comme conditions de la paix.
Jérusalem avait déjà des aqueducs avant l'exil, Ésaïe
7:3; 22:9; 2 Rois 20:20, tandis que les autres villes se contentaient de puits
et de citernes construites à grands frais.
On n'a que des données incertaines et incomplètes sur
la statistique des villes de Canaan jusqu'à l'exil. Plusieurs de ces villes
furent détruites au temps d'Abraham, Genèse 19:24. D'autres furent renversées
sous Josué, lors de la prise de possession du pays, et mises à l'interdit,
Josué 6:24,26; 11:11, puis en partie reconstruites plus tard; et dans presque
tous les passages où il est parlé de villes fondées par des Israélites, il faut
l'entendre plutôt de villes rétablies, agrandies, embellies et surtout
fortifiées, Juges 1:26; 18:28; 1 Rois 12:25; 15:17,21; 16:24; cf. 2 Chroniques
8:5. Les invasions successives des Caldéens détruisirent un grand nombre de
villes, d'autres tombèrent en ruines pendant l'exil, et les rois de Syrie, dans
leurs luttes avec les Maccabées, ne firent que continuer cette œuvre de
désolation, 1 Maccabées 5:65; 9:62. En même temps, à cause des terreurs de la
guerre, on se mit à fortifier celles des villes encore existantes qui
semblaient avoir le plus de chances de pouvoir se défendre. Jérusalem en
particulier, devint une place de guerre, et l'on bâtit même des tours et des
forts isolés, 1 Maccabées 9:50; 12:36,38. Pendant la période romaine, et
surtout par les soins des Hérodes, des villes nouvelles s'élevèrent en
Palestine, d'autres furent agrandies et embellies; les maîtres donnèrent des
théâtres, des gymnases, des stades, des temples et d'autres monuments à leurs
sujets, pour adoucir le joug de leur esclavage; les citadelles, les forts de
montagnes furent également multipliés, comme on le voit par divers passages de
Flavius Josèphe; et la topographie nouvelle de la Palestine compta un grand
nombre de lieux qui ne sont pas mentionnés dans l'Ancien Testament; tandis que
d'autres lieux, anciennement célèbres, avaient complètement disparu. La Galilée
était particulièrement riche en villes et villages; elle en comptait, au
rapport de Flavius Josèphe, environ 204.
Les noms des villes de la Palestine avaient presque
tous, comme dans tous les pays primitifs, une signification particulière, tirée
de leur situation, de leurs alentours, ou de leur histoire; Rama, Gabaon,
Jérico, Bethléem, etc.
— Voir: ces articles.
Plusieurs étaient composés, commençant par beth
(maison), hir ou kiriath (ville), hatsar (la terminaison correspondante, cour,
est très fréquente en France, notamment en Picardie, Hargicourt, Achicourt,
Jancourt, etc.), hémek (vallée, vallon), abel (pré, prairie), beér (puits,
comme en français Fontainebleau), hen (source), — et après l'exil, surtout par
kephar, ou capher (village, Capernaüm). Les noms commençant par bahal
trahissent une origine cananéenne, comme on trouve dans tous les pays quelques
restes de leurs anciens habitants païens (Templeux, Templum Esi, etc.).
Quelques noms affectaient la terminaison du duel, d'autres celle du pluriel;
ailleurs,
— Voir: Bethhoron,
on distinguait par supérieure et inférieure deux
villes voisines du même nom (chez nous Aizecourt-le-Haut, Aizecourt-le-Bas): si
ces villes du même nom étaient éloignées l'une de l'autre, on les distinguait
par le nom de tribu, ou par tel autre caractère distinctif, comme on dit
Châlons-sur-Saône ou Châlons-sur-Marne, Francfort-sur-le-Mein, ou
Francfort-sur-l'Oder. Les Hérodes changèrent plusieurs noms anciens, et les
remplacèrent par des noms romains en l'honneur des maîtres du pays, Césarée,
Sébaste, Néapolis, Diospolis, mais il n'est que peu de ces noms qui aient
réussi à déposséder l'ancien; Neapolis ou Naplouse est presque le seul que l'on
connaisse généralement, mais on n'a pas oublié Sichem, et les habitants du pays
ont jusqu'à nos jours conservé en partie les noms primitifs des lieux qu'ils
occupent.
On ne sait que fort peu de chose de la population des
villes Israélites,
— Voir: Jérusalem,
et les chiffres épars desquels on pourrait essayer de
tirer une conclusion, sont si rares qu'on ne saurait s'y attacher. La
différence entre les villes (fortifiées), et les bourgs ou villages (sans
murailles), n'est pas marquée dans l'Ancien Testament; ce n'est que vers la fin
que l'on commence à l'apercevoir, Ézéchiel 38:11; Néhémie 11:25. Le Nouveau
Testament distingue en revanche les villes des bourgs ou bourgades, Matthieu
10:11; Marc 1:38; 6:56; 8:27; Luc 8:1; 13:22; Actes 8:25. Les bourgs sont par
exemple Bethphagé, Emmaüs, Bethléem. Cependant cette différence n'est pas
toujours rigoureusement maintenue, ni dans le Nouveau Testament (— Voir:
Bethsaïda), ni dans Flavius Josèphe, qui donne une fois le nom de bourg à une
ville très peuplée et entourée de murailles. La plupart des endroits dont le
nom commence par Caper étaient des bourgs, quoique Caper signifie village, et
l'on doit supposer qu'après n'avoir été d'abord que des villages, ils s'étaient
petit à petit agrandis, comme tant de villes en Allemagne dont le nom se
termine par dorf (village).
Nous n'avons pas de détails non plus sur les autorités
locales, ou municipales, si l'on peut employer ces mots en parlant de la nation
juive. Il est parlé de juges Deutéronome 16:18; (shôterim), mais l'expression
est douteuse, et Hengstenberg y verrait plutôt une espèce de greffier ou
d'écrivain public: les anciens paraissent avoir été les conseillers de ville,
comme juges et comme administrateurs, et avoir formé un véritable conseil
municipal, sans le nom. Depuis l'exil, il est parlé de magistrats présidés ou
dirigés par un archonte, ou chef (Flavius Josèphe), et de chefs, surveillants,
ou commissaires de districts, dont les attributions ne sont pas déterminées;
— Voir: aussi Sanhédrin.
Aux portes des villes se tenaient des sentinelles qui
faisaient le guet, et donnaient des avertissements, soit en criant, soit au
moyen d'une trompette ou d'un cor, 2 Samuel 18:24; 2 Rois 9:17; cf. Ésaïe
21:11; Psaumes 127:1; Jérémie 6:17; Ézéchiel 33:6. Des gardes de nuit sont
mentionnés Cantique 3:3.
Quant aux communications des villes entre elles,
— Voir: Routes.
Des pierres milliaires marquant la distance qui les
séparait furent posées pendant la période romaine. On n'a presque pas de
données, soit sur la distance, soit sur la position respective des différentes
villes; les indications ne sont qu'approximatives, et se rapportent au cours du
soleil, Genèse 12:8; Juges 21:19. Les travaux de Flavius Josèphe, d'Eusèbe,
surtout de Jérôme, les vieux itinéraires, les tables d'Abulféda, sont
particulièrement précieux à consulter. Les travaux modernes, en revanche, ne
peuvent être lus qu'avec beaucoup de précautions, la manie de l'ignorance étant
de deviner, le danger des hypothèses étant de flatter l'amour-propre, et de
convaincre leur auteur plus que ne ferait souvent la certitude, et l'Orient
ancien ne pouvant plus guère être que deviné. Le Voyage de Schubert est parmi
ceux qui renferment le plus d'observations importantes, et le moins
d'hypothèses affirmées. Les Français sont restés bien en arrière des Allemands
sous le rapport des recherches consciencieuses, et sauf l'Itinéraire de
Chateaubriand, leurs ouvrages sont plutôt des affaires de poésie ou
d'impressions.
Pour ce qui concerne les villes de refuge et les
villes des Lévites,
— Voir: ces articles.
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VIN.
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Quant à sa fabrication,
— Voir: Vignes.
Quant à son usage dans les festins et dans les
sacrifices,
— Voir: ces articles et Libations.
— Actes 2:13, mentionne une espèce particulière de
vin, renommée par sa douceur, et non du vin nouveau, car ce n'était pas la
saison; il est possible que chez les Juifs ce nom s'appliquât par excellence au
vin de sorek (ci-dessus, p. 442).
On ignore si les Juifs avaient, comme les Grecs et les
Romains, l'habitude de mettre de l'eau dans leur vin; Ésaïe 1:22; 2 Corinthiens
2:17, parlent de vin frelaté. Les Orientaux modernes boivent le vin à part, et
l'eau à part. Quoique le Talmud parle de vin mêlé d'eau, il est probable que
les anciens Israélites cherchaient plutôt à augmenter la force du vin au moyen
de diverses épices, de la myrrhe, de l'opium, etc. Ésaïe 5:22; Psaumes 75:8;
Cantique 7:9. D'après Hitsig cependant, Ésaïe parlerait d'un mélange du vin
avec de l'eau, mais avec de l'eau chaude. Le vice de l'ivrognerie était commun
chez les Hébreux, et soit que Noé connût déjà l'usage du vin, soit qu'il l'ait
inventé ou expérimenté le premier (ce qui n'est pas constant), il en a légué
les dangers à tous ceux à qui il a légué le vin; les prophètes en parlent
fréquemment, Ésaïe 5:22; 19:14; 28:1; Osée 7:5; Jérémie 23:9; cf. Proverbes
23:20, et les livres historiques en rapportent quelques exemples, 1 Samuel
25:36; 1 Rois 16:9. La loi même y fait une allusion, Deutéronome 21:20.
— Le vin était défendu aux nazariens et aux prêtres,
pendant tout le temps qu'ils étaient occupés au service de l'autel, Nombres
6:3; Lévitique 10:9. Les Récabites avaient reçu et accepté de leur père la même
défense, Jérémie 35.
Genèse 49:14, annonce que la tribu de Juda sera une
terre abondante en bon vin, et c'est sur son territoire, en effet, qu'on
remarque les meilleurs vignobles.
Ézéchiel 27:18, parle d'un vin de Helbon (ou gras,
onctueux), que l'on vendait aux foires de Tyr, et qui était particulièrement
recherché. Le vin du Liban, Osée 14:7 (mal traduit dans Martin, celle du
Liban), était célèbre par son arôme (ou bouquet); peut-être était-il fabriqué.
On s'est beaucoup trop préoccupé du passage Juges
9:13, où il est parlé du vin qui réjouit Dieu et les hommes. Outre qu'on
pourrait l'expliquer des libations qui sont faites en l'honneur de Dieu, il
faut remarquer que, dans ce passage, c'est la vigne qui parle, un être
imaginaire, mythologique, sans aucune prétention à devenir une autorité
dogmatique. Sa déclaration n'est pas plus bonne à croire que son égoïsme à
imiter.
Proverbes 31:4-6, parle d'un vin que l'on donnait à
ceux qui étaient affligés, et, selon les rabbins, il s'agirait dans ce passage
d'un vin falsifié, ou d'une liqueur forte, qu'on faisait boire à ceux qui
étaient condamnés au dernier supplice pour les étourdir moralement, ou même
pour les engourdir physiquement, et provoquer une sorte d'insensibilité
semblable à celle que produit l'éther ou le chloroforme. C'est de ce vin qu'on
aurait offert à Jésus sur le lieu de son supplice, Marc 15:23, et quelques-uns
le distinguent du vinaigre mêlé de fiel qu'on lui aurait offert d'abord, et
qu'il aurait également refusé, Matthieu 27:34; Luc 23:36. Cependant, il ne
s'agit dans ces passages que dune seule et même boisson, dont l'amertume était
le caractère principal, Psaumes 69:21. Jésus la refusa, non parce qu'elle était
amère, mais parce qu'il voulait mourir avec la conscience du supplice et de la
mort, et vider la coupe jusqu'au bout. Il ne faut pas confondre ce vin amer
avec le vinaigre qu'on approcha plus tard de ses lèvres, Marc 15:36, soit pour
le soulager, soit pour raviver ses douleurs en ranimant ses forces.
Vin artificiel,
— Voir: Cervoise.
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VINAIGRE.
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Il y en avait apparemment de deux sortes: l'une dont
les gens du peuple buvaient ordinairement pour se désaltérer, en le mélangeant
d'eau ou d'huile, Ruth 2:14, l'eau ne pouvant désaltérer à la longue sous ce
soleil ardent: c'était une espèce de piquette, ou de petit vin, que les
nazariens devaient s'interdire comme le vin véritable, Nombres 6:3.;
— l'autre était plus acide, et ne se buvait que
difficilement, Psaumes 69:21; Proverbes 10:26; 25:20. On faisait du vinaigre
avec du vin, de la bière, du cidre, et même avec de l'eau; le vin de palmier
s'aigrit si on le garde trois ou quatre jours. Les Orientaux, jusqu'à nos
jours, aiment à se rafraîchir avec de bon vinaigre étendu d'eau, et les soldats
romains ne buvaient guère autre chose dans leurs expéditions. Si le vinaigre
qu'on offrit à Jésus sur la croix, Matthieu 27:48, est le même que celui qu'on
lui avait offert avant le supplice, on peut voir ce qui a été dit à l'article
Vin. On y faisait dissoudre du fiel ou de la myrrhe, qui en augmentaient
l'amertume. Dissoute dans de bon vin, la myrrhe lui donnait un fort goût
aromatique (laudatissima); le vin de myrrhe était exquis, et il n'est guère
probable qu'au milieu de tant d'ignominie, ce soit du vin qu'on ait offert au
Sauveur; il a goûté le vinaigre amer.
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VIOLON,
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— Voir: Musique.
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VIPÈRE,
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serpent vivipare,
— Voir: Serpent.
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VISIONS,
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— Voir: Prophètes.
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VISITES.
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La Bible ne donne que peu de détails sur le cérémonial
des visites que les Israélites se faisaient entre eux. Le lavage des pieds
paraît avoir été l'une des parties les plus essentielles et les plus ordinaires
de ce cérémonial, Genèse 18:4; 24:32; Juges 19:21; 1 Samuel 25:41; Luc 7:44. De
nos jours encore, ce devoir subsiste. On brûle de l'encens devant son hôte,
Daniel 2:46, ou l'on arrose sa barbe d'une huile odoriférante, cf. Luc 7. Après
ces témoignages d'affection, l'on se hâte de lui fournir de la nourriture, et
l'on prend soin de sa monture, s'il y a lieu, cf. Genèse 18:4; 24:32; Juges
19:21. Des présents réciproques étaient également chose ordinaire dans les
visites faites ou reçues.
Les épreuves et les afflictions sont souvent appelées
des visites ou visitations de Dieu, Exode 20:5; 32:34; Lévitique 18:25,
expression bien surprenante dans un livre qui nous parle d'un Dieu d'amour;
mais c'est aussi un Dieu de justice, et le même mot se prend ailleurs en bonne
part, Genèse 21:1; Exode 3:16; 1 Samuel 2:21; Luc 1:68. L'idée fondamentale qui
justifie l'emploi de ce mot, c'est que rien ne se fait sans la volonté de Dieu;
tout ce qui arrive, bien ou mal, doit rappeler à l'homme que Dieu a passé par
là, que Dieu est là, qu'il se manifeste; ce qui nous paraît douloureux ne l'est
que d'une manière relative; l'action de Dieu sur l'homme a pour objet, non le
temps qui nous échappe, mais l'éternité qu'il nous offre, et les épreuves sont
des appels au bonheur; l'affligé est rappelé tout ensemble au sérieux et à
l'espérance; l'homme heureux, est appelé à la reconnaissance et à la foi.
________________________________________
VŒUX.
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On en distinguait de deux sortes chez les Hébreux: les
vœux positifs, et les vœux négatifs, ou la promesse faite à Dieu de s'abstenir
de certaines choses; le nazaréat était le plus important de ces derniers, parmi
lesquels on peut compter aussi l'interdit, q.v. Quant aux vœux positifs,
c'est-à-dire la promesse de faire une chose à l'honneur de l'Éternel, on en
retrouve la trace dès les temps les plus anciens: Jacob promet à Dieu la dîme
de ses biens, si Dieu bénit son voyage en Mésopotamie, Genèse 28:20. Tous les
peuples de l'antiquité ont connu cette espèce d'engagement de l'homme vis-à-vis
de Dieu (Iliad. 6, 308. Odyss. 3, 382. Virgile, Enéid. 5, 234, etc.), et la
cause s'en trouve dans les idées anthropomorphiques et anthropopathiques qu'on
se faisait de Dieu, comme s'il ne consentait à accorder certaines choses que
sous condition, et en réclamant pour sa part quelques avantages correspondants.
Ce point de vue n'est pas contraire à la piété, mais il est contraire à la
vérité, et des idées saines sur Dieu et sur l'homme ne s'accorderont jamais
avec une théorie des vœux, souvent fatale, toujours inintelligente. On faisait
des vœux lorsqu'on se trouvait dans une position pénible ou désespérée, Juges
11:30. Jonas 1:16, quelquefois pour obtenir la possession d'une chose désirée,
1 Samuel 1:11; 2 Samuel 15:8, et leur accomplissement était considéré comme un
des plus impérieux devoirs, Juges 11:39; Ecclésiaste 5:4; cf. Psaumes 66:13;
76:11; 116:18. Moïse ne combattit pas les vœux en théorie, quoiqu'il ne les
recommandât pas non plus; mais, comme toujours, il en restreignit l'usage par
des prescriptions de nature à prévenir, autant que possible, les inconvénients
domestiques ou publics qui pouvaient en résulter. Un vœu devait immanquablement
et entièrement être rempli, Deutéronome 23:21; Nombres 30:3; aussi Salomon
recommande-t-il de n'en faire jamais qu'avec circonspection, Proverbes 20:25.
Des personnes non indépendantes, telles que des
esclaves, des femmes, des filles (il n'est pas parlé des fils qui, cependant,
ne sauraient être absolument exceptés), n'avaient pas le droit de faire un vœu
sans le consentement formel de leurs supérieurs, maîtres, parents ou tuteurs,
Nombres 30:4. Un vœu fait intérieurement ne suffisait pas: pour lier, il devait
avoir été fait à haute voix, Deutéronome 23:23. Il va sans dire qu'on ne
pouvait pas vouer à Dieu quelque chose d'imparfait, lorsqu'on était en état de
faire mieux; mais il résulte de Malachie 1:14, que la lésinerie s'en était
mêlée, et qu'avec le temps les vœux ne comportaient plus un bien grand
renoncement; c'était un moyen de se débarrasser pieusement de ce dont on ne
pouvait plus faire usage soi-même.
Tout ce qui avait été voué pouvait se racheter,
moyennant un certain prix fixé d'avance, même les personnes (les enfants par
exemple) qui s'étaient vouées, ou avaient été vouées à l'Éternel par leurs
parents, pour le service du tabernacle, Lévitique 27, cf. 1 Samuel 1:11. Des
animaux impurs, des maisons, des héritages pouvaient être rachetés;
l'estimation en était faite par le prêtre, et il fallait payer un cinquième en
sus de leur valeur. Celui qui ne rachetait pas son champ en était légitimement
et pour toujours dépossédé; en l'année jubilaire ce champ était réuni aux
domaines du temple, si celui qui l'avait voué en était le vrai possesseur par
héritage; s'il n'en était propriétaire que par achat, ce champ retournait à son
maître primitif, pour que la succession des héritages ne fût pas interrompue,.
On ne voit du reste aucun exemple de vœux pareils, et il paraît que les
réserves et les restrictions imposées par la loi étaient assez gênantes pour
équivaloir dans ces cas à une interdiction réelle.
— Il n'était pas permis de vouer à l'Éternel ce qui
lui appartenait naturellement, comme les premiers-nés. Le salaire de la
débauche ne pouvait non plus être affecté aux choses saintes, qu'il s'agît
d'une femme ou d'un homme, Deutéronome 23:18 (dans ce passage le mot chien a le
même sens que Apocalypse 22:15; cf. Romains 1:24): cette défense était une
condamnation formelle des mœurs païennes, notamment de celles des Phéniciens,
qui déposaient dans les temples de leurs dieux le prix de la prostitution.
— L'accomplissement d'un vœu était souvent accompagné
de sacrifices et de festins, comme aussi un sacrifice pouvait avoir été
lui-même l'objet d'un vœu, Lévitique 7:16; 22:18; 21; Nombres 15:3; Deutéronome
12:17; 1 Samuel 1:21; 2 Samuel 15:7.
Quant au vœu de Jephthé,
— Voir: cet
article.
Dans le Nouveau Testament il n'est parlé de vœux que
deux fois, et, chose singulière, c'est à propos de l'apôtre des gentils, de
Paul, de celui qu'on accusait de renverser la loi. On ne sait à quelle occasion
il fit son premier vœu, Actes 18:18: on suppose qu'il avait couru quelque grand
danger, et que selon l'usage juif il fit un vœu, non point de nazaréat
proprement dit, comme le pensent certains auteurs, mais de purification ou
d'actions de grâce, de nazaréat temporaire. Ce vœu consistait à promettre un
sacrifice, à s'abstenir de vin trente jours à l'avance, et à se faire couper
les cheveux. On s'explique ainsi la hâte avec laquelle, venant de Cenchrée,
Paul traversa Éphèse pour se rendre à Jérusalem. Il n'est pas probable que ce
vœu ait aucun rapport avec celui dont il est parlé plus tard, Actes 21:24; ce
dernier fut fait à l'instigation de Jacques et des chrétiens de Jérusalem, qui
désiraient que Paul prouvât par un acte public, qu'il était encore attaché aux
formes et aux habitudes du judaïsme; la cérémonie qu'on lui demandait, était de
ces choses qu'il pouvait faire sans mentir à ses principes; en contribuant à la
dépense de la purification de quatre chrétiens juifs, il montrait sa largeur
d'esprit et sa tolérance pour les formes. Ce vœu néanmoins laisse quelque
trouble dans l'esprit; Dieu ne le bénit point; une émeute éclata, Paul fut
arrêté, incarcéré, conduit à Rome, et s'il eut l'occasion d'y rendre témoignage
à l'Évangile, ce fut au prix de sa vie.
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VOILE,
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— Voir: Tabernacle.
Dans l'Orient, ancien et moderne, le voile a toujours
été l'une des parties les plus importantes de la toilette d'une femme; les
esclaves seules, et les danseuses qui étaient en même temps filles publiques,
faisaient exception à cette règle, quelquefois aussi les femmes de la dernière
classe. Le même usage régnait également parmi les Juifs, quoique chez eux,
notamment à l'époque patriarcale, l'étiquette fût en général moins sévère. On
voit chez leurs familles nomades, des filles, et même des femmes, sortir sans
voile; mais la fiancée se voilait devant son époux (nubere viro), Genèse 12:14;
20:16; 24:65. Le voile dont s'enveloppa Tamar, Genèse 38:15, était plutôt un
déguisement que l'enseigne d'une prostituée. Ésaïe 3:22; Cantique 5:7, montrent
combien les voiles étaient recherchés; ils étaient à la fois l'ornement de la
pudeur et celui de la beauté; les femmes de distinction en portaient souvent
plusieurs les uns sur les autres. Les différents noms sous lesquels ils sont
désignés, ne peuvent suffire à caractériser leur nature ou leurs différences;
l'étymologie même, dans des affaires de mode, n'est presque jamais un guide
auquel on puisse se fier, ou dont on puisse attendre des éclaircissements. Le
rahal était probablement une espèce de voile composé de deux pièces réunies
près des yeux, de manière à les laisser libres; lune des pièces était rejetée
en arrière sur le dos, l'autre retombait en avant sur la poitrine, Ésaïe 3:19.
Le radid, Ésaïe 3:23; Cantique 5:7, était un grand voile de gaze qui
enveloppait la tête entière, et redescendait assez bas de tous les côtés, comme
les voiles des mariées ou des catéchumènes. On trouve encore en Syrie et en
Égypte, une troisième espèce de voile qui part des yeux, et ne couvre que le
bas du visage, le cou et la poitrine; il est probable qu'il était connu des
Israélites, et quelques bas-reliefs des ruines de Persépolis prouvent qu'il est
fort ancien; mais ce serait trop hasarder que de prétendre, comme on l'a fait,
le retrouver dans le tsahiph de Genèse 24:65; 38:14, ou dans le tsamma de
Cantique 4:1; Ésaïe 47:2, la signification de ce dernier mot n'étant même pas
assurée.
Voiles de vaisseau,
— Voir: Vaisseau.
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VOL.
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Les lois de Moïse sur le vol, Exode 20:15, avaient
pour le moins autant pour objet d'indemniser le volé que de punir le voleur;
elles étaient basées sur le principe de la restitution, et de cette manière
elles agissaient aussi efficacement que des mesures plus répressives. La constitution
du pays, où chaque individu était propriétaire foncier, rendait ce système plus
applicable qu'il ne le serait dans nos sociétés modernes, où une partie de la
fortune consiste souvent dans des créances insaisissables.
— Le vol simple était puni d'une restitution double,
si l'objet volé n'avait été ni dénaturé, ni vendu; dans le cas contraire, la
restitution était quintuple pour un vol de bœufs, quadruple pour un vol de
brebis, Exode 22:1,4,7,9. (Les bœufs et les brebis expriment ici des objets
d'une valeur plus ou moins considérable; le concret est mis pour l'abstrait,
selon l'habitude de la loi; le juge devait suivre l'esprit et ne pas s'en tenir
à la lettre). Le vol du bétail était puni plus sévèrement que celui d'autres
objets, soit à cause de son importance chez les Hébreux, soit à cause des
facilités qu'on avait pour en détourner quelques pièces. Celui qui ne pouvait
payer l'amende devenait l'esclave de son créancier, si toutefois l'amende
équivalait au prix d'un esclave, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 16, 1,
1. D'après Proverbes 6:31, la restitution aurait été portée au septuple au
temps de Salomon, modification qui, d'après Michaélis et Cellérier,
s'expliquerait par l'insuffisance de la règle ancienne quand le luxe et le
commerce vinrent, sous les rois, changer la nature de la propriété: toutefois
ce passage est susceptible d'une interprétation plus large, et le chiffre
indiqué serait un nombre rond souvent employé. Le voleur de nuit pouvait être
tué s'il était surpris en flagrant délit, Exode 22:2-3, soit parce qu'on était
censé ne pas connaître ses intentions et sa force, soit parce que la difficulté
de le reconnaître diminuait les chances d'une restitution.
— Les lois de Solon et des anciens Romains avaient
plus d'un rapport avec celle des Juifs sur le vol; elles admettaient la
restitution multiple, et le droit de tuer un voleur nocturne.
— Le vol d'hommes était impitoyablement puni de mort,
Exode 21:16; Deutéronome 24:7; cf. 1 Timothée 1:10. C'était une espèce de
traite fort facile dans un pays dont presque la moitié des frontières étaient
maritimes; on pouvait aisément se débarrasser de celui dont on faisait un
esclave, et le séparer pour toujours des siens: la peine ne pouvait être trop
sévère; les rabbins disent que le coupable était étranglé.
Le vol ne paraît pas avoir emporté chez les Hébreux
une infamie particulière; c'était un acte coupable, mais pas honteux, surtout
lorsqu'il se faisait en grand. Il semble qu'on le considérât comme une
industrie chanceuse pour celui qui l'exerçait, préjudiciable à celui contre qui
on l'exerçait, mais comme une industrie. C'était bien l'idée païenne, et dans
tous les temps, on a plus ou moins respecté le vol heureux; de nos jours
encore, on respecte la contrebande et l'agiotage, pourvu qu'ils réussissent.
Jephthé était plus ou moins chef de voleurs, Juges 11:3. Les gens de David en
fuite n'avaient guère d'autre métier, 2 Samuel 3:22, et les pillages nombreux
qu'on trouve dans sa vie, touchent de plus près au brigandage qu'à la guerre, 1
Samuel 30:8,23; cf. 2 Samuel 4:2; 1 Rois 11:23-24. Job 1:17.
— Il semblerait que Salomon excuse le vol commis par
besoin, Proverbes 6:30; il ne le dispense pas de la peine, mais il l'affranchit
de la honte, et en fait dans tous les cas une chose à part, un vol d'une nature
particulière. «On ne méprise point un larron s'il dérobe pour remplir son âme
quand il a faim.» Ce passage, d'ailleurs, n'a pas un caractère législatif,
ainsi que le prouve le verset suivant; il exprime simplement ce qui est dans le
cœur de chacun, c'est qu'il y a une différence morale énorme entre celui qui
vole par cupidité et celui qui dérobe un pain pour satisfaire sa faim et celle
de ses enfants. Dans ce dernier cas, la société a sa part de responsabilité.
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VOLAILLES,
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— Voir: Poules.
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VOYAGES.
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Les Orientaux ont toujours beaucoup moins voyagé que
les peuples de l'Europe, et ils ne le font jamais que pour affaires. Ils ne
voyagent pas pour leur plaisir, leur plus grande jouissance consistant à rester
tranquilles chez eux.
Outre le caractère souvent mou des Orientaux, diverses
raisons contribuent à rendre les voyages difficiles dans ces contrées, l'ardeur
du climat, les déserts à traverser, le mauvais état des chemins, le manque
d'hôtelleries, la crainte des bandes de voleurs, etc. Ceux qui sont obligés de
se mettre en route, se réunissent ordinairement en caravanes, souvent aussi
nombreuses qu'une petite armée, et pourvues de toutes les provisions
nécessaires. Une avant-garde et une arrière-garde armées, protègent la marche.
Dans les déserts on prend volontiers un guide qui puisse, à de vagues indices,
reconnaître le chemin, cf. Nombres 10:31. Dans les pays habités, comme la
Palestine, on peut se hasarder à voyager seul. Les riches voyageaient en
voiture, les autres sur des ânes ou à pied; ceux-ci portaient ordinairement
avec eux, dans des sacs, leurs provisions de route, Matthieu 10:10, et souvent
une tente légère, sous laquelle ils campaient quand ils ne pouvaient atteindre
une hôtellerie. Lors des grandes fêtes, les Juifs de toutes les parties du pays
montaient à Jérusalem, réunis en caravanes, et poussant des cris d'allégresse,
Luc 2:42. Les voyageurs trouvaient partout une hospitalité affectueuse (à
l'exception de Juifs chez les Samaritains, ou l'inverse); cependant, il paraît
que dans les derniers temps, des espèces d'auberges, tenues par des étrangers
et non destinées aux Juifs, s'établirent sur quelques-unes des routes les plus
fréquentées de la Palestine. Lorsqu'on savait l'arrivée d'étrangers de
distinction, on allait à leur rencontre, et on les recevait avec toutes sortes
d'égards, 2 Maccabées 4:22.
— Voir: Hospitalité.
On faisait de même la conduite aux hôtes qui
partaient, Actes 13:13; 20:38; 21:5; Romains 15:24, etc. Lorsque les Juifs de
la Galilée se rendaient aux fêtes de Jérusalem, ils passaient par la Pérée,
pour éviter la Samarie; cependant, comme c'était un détour considérable, ils
étaient quelquefois obligés de prendre ce dernier chemin, Luc 17:11; Jean 4:4;
mais ils se munissaient alors de provisions suffisantes pour n'être pas obligés
de rien demander aux Samaritains, ce qui ne les empêchait pas d'avoir
quelquefois des difficultés et des altercations avec ceux-ci.
— Voir: Routes. Hôtelleries, etc.
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-W
________________________________________
Aucun mot ni article pour cette lettre de l'alphabet.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-X
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XERCÈS,
________________________________________
— Voir: Assuérus.
________________________________________
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-Y
________________________________________
________________________________________
YaHWeH
L’invariable, l’immuable, l’autosuffisant,
l'Admirable.
Le nom de Dieu révélé à Abraham puis à Moïse, souvent
traduit par YeHoVaH ou par l’Éternel. Le Nouveau Testament traduit ce nom par «
Seigneur ». L’expression JE SUIS est reliée à ce nom et signifie la même chose
(Gen. 15:7; Ex. 3 :14,15; Jean 8 :24,58).
Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-Z
________________________________________
ZABAD,
________________________________________
— Voir: Jozabad.
Le premier de ces noms signifie simplement donné, le
second, donné par l'Éternel.
________________________________________
ZABDI
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(douaire),
— Voir: Zimri.
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ZABUD, ou Zabul,
________________________________________
(donné), ou Zabul, fils de Nathan le prophète,
occupait à la cour de Salomon le rang de favori ou d'ami, 1 Rois 4:5, charge
(ou honneur) que Cusaï avait remplie à la cour de David, 1 Chroniques 27:33,
qu'Elkana remplit plus tard auprès d'Achaz, 2 Chroniques 28:7. Il devait sans
doute cette dignité au souvenir du prophète qui avait dirigé l'enfance du
monarque.
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ZABULON
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(Zebuloûn, dot, demeure).
1. Fils
de Jacob et de Léa, Genèse 30:19; 35:23; 1 Chroniques 2:1, cadet et frère
propre d'Issacar avec lequel il est presque toujours nommé, Deutéronome 33:18;
Ézéchiel 48:26. Il devint chef de l'une des douze tribus d'Israël, qui déjà,
lors du voyage du désert, était assez nombreuse, Nombres 1:30; 26:26. Le
territoire qui lui échut, était'situé au nord-est de la Palestine, 2 Chroniques
30:10, dans la Galilée méridionale, près des tribus de Nephthali au nord, Josué
19:34, et d'Aser à l'ouest, Josué 19:27. C'est à cause de ce voisinage que la
tribu de Zabulon est souvent nommée avec celle de Nephthali, Juges 4:6,10;
5:18; 6:35; Psaumes 68:27; Ésaïe 8:23. Son territoire touchait à l'est au lac
de Génésareth, vers l'ouest au Carmel, à la Méditerranée, à la Phénicie; selon
la prophétie de Jacob, Genèse 49:13, il touchait au port des mers. Ce devait
être une tribu très commerçante, cf. Josué 19:11, et sa position la rendait
propre à faire connaître la vérité aux païens, à appeler les nations sur la
montagne de Sion, Deutéronome 33:19. Elle paraît avoir acquis par le commerce
une culture scientifique plus grande que d'autres tribus, Juges 5:14. Pendant
la période des juges, elle dut souffrir sur son territoire des villes cananéennes
tout entières, Juges 1:30; des Phéniciens s'y fixèrent plus tard, et Salomon
alla jusqu'à céder une portion même de ce territoire à Hiram roi de Tyr, 1 Rois
9:11. Les Zabulonites se distinguèrent dans les premières campagnes d'Israël en
Canaan, Juges 4 et 5:14,18; 6:35. Le juge Élon appartenait à cette tribu, Juges
12:11.
2. Ville
des frontières d'Aser, Josué 19:27, mais qui fut probablement donnée à la tribu
de Zabulon. Elle était voisine de Ptolémaïs, et Flavius Josèphe en parle comme
d'une ville forte et très peuplée.
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ZACHARIE
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(que l'Éternel s'est rappelé). On connaît six
personnages de ce nom.
1. Le
souverain sacrificateur, fils (de Barachie?) de Jéhojadah et de Jéhosébah, 2
Chroniques 24:20,22. Il exerçait ses fonctions sous le règne de Joas, l'élève
de son père, et voyant le peuple retourner à l'idolâtrie, il profita d'une fête
solennelle pour reprocher aux Juifs leur endurcissement et leurs infidélités
toujours renouvelées. Le peuple et l'ingrat Joas, irrités, punirent par la mort
un zèle qui les menaçait, et le pontife fut lapidé dans les saints parvis,
entre le temple et l'autel (840 avant J.-C.). C'est à ce meurtre infâme que
Jésus fait allusion, Matthieu 23:35; Luc 11:51 (dans ce premier passage, il
est, par erreur, appelé fils de Barachie, soit que ces mots soient interpolés,
ou que Matthieu se soit trompé, et ait confondu le père du prophète, — Voir:
#5., avec celui du pontife).
2. Prophète
ou ministre qui dirigea les heureux commencements du règne d'Hozias, 2
Chroniques 26:5. On ignore s'il était lévite. Il est appelé intelligent dans
les visions de Dieu (ou habile pour voir Dieu), ce qui peut s'appliquer à ses
dons ou à sa piété, en faire un prophète, ou un docteur. Quelques-uns pensent
avec assez de raison que c'est le même dont la fille épousa Achaz et devint
mère d'Ézéchias, 2 Rois 16:20; 2 Chroniques 29:1.
3. Zacharie,
fils de Jéroboam II, succéda à son père dans la trente-huitième année d'Hozias
(772 avant J.-C.), et devint ainsi le quatorzième roi d'Israël; mais il marcha
sur les traces impies de ses prédécesseurs, et périt au bout de six mois,
assassiné par Sallum qui convoitait son trône. Sa dynastie périt avec lui,
n'ayant compté que cinq rois, selon la prophétie prononcée contre Jéhu, 2 Rois
15:12. Un suppose qu'après la mort de Jéroboam et avant l'avènement de
Zacharie, il y eut un interrègne plus ou moins long, causé par les troubles du
pays; en tout cas, l'accord des chronologies rend nécessaire une supposition de
ce genre.
4. Fils
de Jérébecja, choisi par Ésaïe comme témoin de son mariage et du nom symbolique
de Lemahersalal-Hasbas donné d'avance à l'enfant qui devait naître de cette
union, 2 Chroniques 29:13; Ésaïe 8:2. C'était sans doute un homme distingué par
son rang, appartenant à l'une des familles les plus considérables de Jérusalem;
on a cru que c'était le même que le conseiller d'Hazaria (— Voir: ci-dessus
#2), mais il faudrait, vu la distance des temps, supposer que ce prophète avait
atteint un âge fort avancé.
5. Le
onzième des petits prophètes, Zacharie, était fils de Barachie, et petit-fils
de Hiddo, Zacharie 1:1,7; il est appelé fils de Hiddo, Esdras 5:1,6,14, selon
l'habitude des généalogies d'omettre les générations peu importantes, ce qui
prouverait que le grand-père de Zacharie était plus célèbre que son père,
supposition confirmée par Néhémie 12:4,12,16; dans ce dernier passage, Zacharie
est marqué comme successeur de son aïeul dans les fonctions sacerdotales, mais
l'époque précise n'en est pas indiquée; on voit seulement que ce fut sous le
successeur de Jéhosuah, sous le souverain sacrificateur Jojakim, qu'il entra en
fonctions. Dès lors on ne retrouve plus le, titre de prophète rattaché à son
nom, ce qui ferait croire qu'après avoir prophétisé pendant sa jeunesse, il se
serait spécialement consacré, dans son âge mûr, aux fonctions de son ministère
sacerdotal. Son livre, tout empreint de l'abondance et du feu de la jeunesse
(Ewald), confirmerait assez cette idée, et comme il fut écrit dans la seconde
année de Darius Hystaspe, dix-huit ans après le retour de l'exil, on doit
croire que Zacharie était fort jeune quand il quitta Babylone. Peut-être même
n'est-ce qu'à cette époque qu'il revint en Judée, ou du moins à Jérusalem. Ses
prophéties font toute son histoire. Elles ont, pour le style, beaucoup de
rapports avec celles d'Ézéchiel et d'Aggée, et ne sont, pour ainsi dire, qu'un
commentaire de ces dernières, un développement d'Aggée. Les circonstances dans
lesquelles vécurent Aggée et Zacharie et dans lesquelles ils prophétisèrent,
sont les mêmes; deux mois seulement les séparent. Le livre de Zacharie se
divise en trois parties bien distinctes. La première, chapitres 1-6, se compose
d'une série de visions, introduites par les six premiers versets du livre, qui
sont pour ainsi dire l'inauguration, la consécration du prophète. Toutes ces
visions, le prophète les a eues dans une seule nuit; elles sont en rapport
intime quant à leur contenu, les premières étant plus générales, les dernières
étant plus précises et plus détaillées; elles annoncent la restauration de
Jérusalem et la nouvelle théocratie, et ont pour but immédiat d'encourager le
peuple à reprendre les travaux de la construction du temple.
— La seconde partie (7 et 8) nous montre le prophète
dans son activité pratique; elle renferme des exhortations, des promesses, et
fut prononcée deux ans après les visions qui précèdent.
— La troisième partie comprend la fin du livre (9-14).
On n'y retrouve plus cette préoccupation des besoins présents et temporels
qu'on remarque dans les deux premières. Le prophète s'occupe des destinées
futures du peuple juif et des espérances messianiques (qui sont d'ailleurs le
thème du livre entier): c'est un chant prophétique; et après avoir éveillé dans
le peuple la haine du mal et l'esprit de la repentance, il lui montre le
Sauveur, tantôt sous l'image d'un roi, tantôt sous celle d'un prophète, tantôt
comme l'idéal de l'homme de douleur, mis à mort pour les péchés de tous, et le
livre se termine par l'annonce du dernier jugement et de la victoire complète
du royaume de Dieu.
La troisième partie de ces oracles a, depuis deux
siècles, éprouvé des attaques de divers genres; on l'a d'abord attribuée à
Jérémie, surtout à cause de la citation de Matthieu 27:9; cf. Zacharie
11:12-13. (— Voir: l'article Jérémie); puis on en a complètement nié
l'authenticité; d'autres l'ont partagée en deux parties dont on a attribué l'une
(9-11) au Zacharie contemporain d'Achas, dont il est parlé Ésaïe 8:2, l'autre à
un prophète postérieur à Josias, mais antérieur à l'exil: Rosenmuller enfin
rapporte toute cette dernière partie au temps d'Hozias. La multitude de ces
hypothèses si différentes est déjà une forte présomption contre leur valeur;
les doutes d'abord avancés, puis rétractés, par Eichhorn, et de nos jours par
De Wette, sont également de nature à invalider l'autorité d'une critique
toujours démolissante. Les attaques ayant eu si peu de succès, il n'est pas
nécessaire de faire autre chose ici que de les constater, et en renvoyant à
l'Einleitung de Hævernick, et au travail spécial de Burger (Strasbourg, 1841),
nous nous bornerons à citer quelques mots de ce dernier (p. 126), sur les
rapports frappants qui se trouvent entre la dernière partie du livre et celles
qui précèdent. «Ces ressemblances, dit-il, sont l'inégalité constante du style,
flottant entre la prose et la poésie; la similitude du contenu, qui dépeint
dans les deux fragments des guerres imaginaires, avec parité des figures, qui
souvent vont jusqu'au grotesque; les images empruntées à la vie pastorale, et
qui se trouvent dans les deux fragments; quelques autres particularités, par
exemple, les idoles et les devins, les idoles et les faux prophètes, chapitre
13, etc.»
6. Zacharie,
sacrificateur de la classe d'Abia, mari d'Élisabeth et père de Jean-Baptiste,
Luc 3:2; 1:5; cf. 1 Chroniques 24:10, n'est connu que par la vision qu'il eut
dans le temple, ses doutes en entendant les paroles de l'ange Gabriel, son
châtiment, sa soumission, et le sublime cantique d'actions de grâces qu'il
prononça, et probablement qu'il écrivit, après la naissance de son miraculeux
enfant. Son histoire est simple pour celui qui l'accepte avec foi; elle se
complique inutilement pour celui qui veut l'expliquer d'une manière naturelle.
Une tradition porte qu'il fut tué près du temple par les ordres d'Hérode, et
c'est à ce fait que quelques Pères de l'Église pensent que Jésus fait allusion,
Matthieu 23:35.
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ZACHÉE,
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chef des péagers de Jérico, désirant vivement de voir
Jésus, et ne pouvant y réussir à cause de la foule, parce qu'il était petit,
monta sur un sycomore, et fut distingué par Jésus, qui savait et appréciait ce
qui se passait au dedans de lui. Jésus entra dans sa maison malgré les murmures
du peuple, lui annonça le salut, et produisit sur lui une impression si
profonde, que, repentant de ses actions, le riche publicain s'engagea non
seulement selon les prescriptions de la loi, Exode 22:1, à rendre le quadruple
de ce qu'il avait dérobé en abusant de sa position, mais encore à donner la
moitié de ses biens aux pauvres, Luc 19:2; etc. Zachée était Juif, comme le
prouvent son nom (le même que Ziccaï, Esdras 2:9; Néhémie 7:14, signifiant
juste; on croit aussi que le Zabbaï de Esdras 10:28, et Néhémie 3:20, où nos
versions portent à tort Zaccaï, n'est qu'une faute de copiste pour Ziccaï; ce
nom aurait été fort répandu), sa connaissance de la loi dans son offre de
restitution, et le témoignage que lui rend Jésus d'être aussi un enfant
d'Abraham. Les Juifs n'étaient pas exclus des fonctions de péagers, q.v., mais
ils y perdaient leur réputation, et passaient pour des traîtres aux yeux de
leurs compatriotes, qui haïssaient naturellement les vexations d'une douane
étrangère, et ne pouvaient que haïr davantage ceux des leurs qui consentaient à
se faire les instruments de cette odieuse administration. Les paroles de
Zachée, quoique au présent, indiquent non pas des habitudes d'intégrité qu'il
aurait eues jusqu'alors dans sa profession, mais sa ferme résolution de
renoncer pour l'avenir au péché, et de le réparer pour le passé. La réponse de
Jésus le réhabilite, et humilie ses ennemis, en lui laissant le titre d'enfant
d'Abraham; elle encourage la famille du publicain à le suivre dans le chemin
nouveau de la vérité, en annonçant que le salut est venu dans sa maison; elle
renferme enfin une allusion à la vie passée du péager, en disant que le Fils de
l'homme est venu sauver ce qui était perdu. (Sermon de Bouvier.)
— La tradition ajoute que Zachée devint plus tard
évêque de Césarée en Palestine; mais cette manière de relever la gloire de tous
les hommes dont il est parlé dans le Nouveau Testament, rappelle trop la
canonisation accidentelle du mauvais riche, dont on avait fait saint Dives
d'après un exemplaire de la Vulgate.
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ZAMZUMMIMS,
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géants de la race des Hanakins, q.v. Ils habitaient à
l'est de la Palestine, entre l'Arnon et le Jabbok, mais ils furent détruits par
les Hammonites, Deutéronome 2:20.
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ZANOAH,
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— Voir: Sanoah.
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ZARA,
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Genèse 38:30, frère de Pharez, fils de Juda par Tamar,
est nommé dans la généalogie de Joseph, Matthieu 1:3.
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ZÉBADIA
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(don de l'Éternel), 2 Chroniques 19:11, fils d'un
certain Ismaël de la tribu de Juda, fut établi par Josaphat prince ou chef de
la maison de jugement, tribunal supérieur créé par ce monarque. Cette charge,
qui n'avait au-dessus d'elle que la souveraine sacrificature, embrassait toutes
les affaires civiles et contentieuses, et décidait des conflits où les intérêts
du roi et ceux du gouvernement étaient en présence, lorsque la jurisprudence
fixée par Moïse ne suffisait pas. On a cru que Ésaïe 10:1-4, renfermait une
allusion aux-membres de ce tribunal.
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ZÉBAH, et Tsalmuna,
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(victime) et Tsalmuna (ombre), Juges 8:5; cf. Psaumes
83:11. Chefs madianites qui, après avoir été battus par Gédéon, se retirèrent
sur l'autre rive du Jourdain, acceptèrent de nouveau le combat avec leurs
15,000 hommes, mais furent définitivement vaincus, et emmenés captifs. Loin de
chercher à adoucir celui qui tient leur vie entre ses mains, ils le provoquent,
se vantent d'avoir fait périr ses frères, et méprisant Jéther, le fils de leur
vainqueur, qui hésite à les tuer, ils engagent Gédéon lui-même à se jeter sur
eux. Ils meurent ainsi des mains d'un des juges d'Israël, égalant dans leur
mort tout ce qu'on sait de l'intrépidité des sauvages attachés au poteau fatal;
ils meurent comme meurent les Mohicans et les Peaux Rouges, insoucieux, et
ignorant la mort, comme ils ont ignoré la vie.
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ZÉBÉDÉE,
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époux de Salomé, père de Jean et de Jacques le Majeur,
exerçait l'état de pêcheur sur les rives du lac de Génésareth (à Capernaüm?),
et fut présent à la vocation de ses deux fils, Matthieu 4:21; Marc 1:19; Luc
5:9: il n'opposa aucune objection à leur obéissance, et continua seul et sans
murmurer de raccommoder ses filets dans sa nacelle. On suppose qu'il était
disciple de Jean-Baptiste, et ainsi déjà disposé à reconnaître l'autorité de
Jésus. Les ouvriers qu'il avait sous ses ordres, Marc 1:20, son épouse
contribuant aux besoins de Jésus, Jean son fils chargé par le Sauveur mourant
de prendre soin de Marie, enfin les relations personnelles de Jean et de
Caïphe, Jean 18:16, prouvent que la famille de Zébédée n'était pas une famille
ordinaire de pêcheurs, mais qu'elle jouissait d'une certaine aisance et de
quelque considération.
— Son nom n'est guère rappelé qu'avec ceux de ses
fils, Matthieu 10:2; 20:20; 26:37, etc.
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ZÉBUL
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(demeure), Juges 9:28, officier d'Abimélec, rendit à
son maître un service signalé, lors de la rébellion et des menées de Gahal.
Confident de ce dernier, et n'osant lui résister ouvertement, il feignit
d'entrer dans ses vues, mais fit avertir Abimélec en secret, lui conseillant
d'attaquer Sichem au lever du soleil. Avant de lever le masque, il amuse Gahal,
le persuade que ce qu'il prend pour des hommes n'est que l'ombre des montagnes,
laisse à Abimélec le temps d'approcher, puis le temps venu, il rappelle à Gahal
ses bravades de la veille, et lui coupe le chemin de Sichem. On admirerait
cette fidélité à un méchant, si ce n'était pas une complicité.
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ZÉEB,
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— Voir: Horeb.
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ZÉNAS,
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disciple qui paraît avoir rempli en Crète les
fonctions d'évangéliste, Tite 3:13, et qui probablement porta à Tite la lettre
dans laquelle saint Paul le recommandait. Il est appelé docteur de la loi, ce
qui peut tout aussi bien désigner un jurisconsulte romain, qu'un sage instruit
dans les saintes lettres. Son nom indique une origine grecque. On l'a compté
parmi les soixante-dix disciples, et on lui a donné l'évêché de Diospolis.
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ZÉRACH,
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général ou roi cusite, qui marcha contre Asa, roi de
Juda (955-914 avant J.-C.), à la tête d'une immense armée, en partie composée
de Libyens, mais qui fut battu à Marésa dans la tribu de Siméon, et poursuivi
jusqu'à Guérar, 2 Chroniques 14:9; 16:8. Le chiffre d'un million appliqué à son
armée, est ou une erreur de manuscrit, ou une manière de parler pour désigner
un nombre très considérable; aucune vallée en Juda n'eût été assez vaste pour
que deux armées de cette taille eussent pu s'y développer. On est d'accord,
depuis Des Vignoles, à penser que Zérach est l'Osorchon (ou Osoroth, ou
Osorthos) des légendes égyptiennes, le successeur de Sisac ou Sesonchis, le
second roi de la 22e dynastie, dite bubaste, mais pendant longtemps l'épithète
de cusite, ou éthiopien, a embarrassé les interprètes; on a cherché en Arabie,
en Madian, en Éthiopie, un roi de ce nom, et maintenant qu'on sait qui est
Zérach, on a encore à se demander comment il a pu être appelé Cusite, ou
Éthiopien; les uns pensent que cette désignation se rapporte à l'origine de sa
dynastie, d'autres pensent qu'elle s'expliquerait si nous avions plus de
lumières sur les rapports géographiques et politiques de l'ancienne Égypte avec
l'Éthiopie.
— C'est par erreur que quelques versions lisent Zéraph
au lieu de Zérach (de même M. Coquerel).
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ZÉRED,
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torrent situé à l'est de la mer Morte, au sud de
l'Arnon, dans le pays des Moabites, Nombres 21:12; Deutéronome 2:13, c'est
probablement le Kérek ou le Wadi Karrak actuel.
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ZÉRÈS,
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femme d'Haman, Esther 5:10, oubliant que l'orgueil
marche devant l'écrasement, donna à son époux des conseils de vengeance
arbitraire, imagina le gibet qui devait mettre fin aux insolences de Mardochée,
mais pressentit ensuite aux premiers mots le discrédit d'Haman, et comprit que
tout était perdu. Comme, en Orient surtout, il n'y a jamais de demi-disgrâces,
la faveur dont commençaient à jouir Ester et Mardochée fut un trait de lumière
pour elle. Deux Juifs se relevaient: c'est que la nation était par-donnée,
c'est qu'une politique nouvelle succédait à celle d'Haman; la ruine d'Haman
était certaine, Esther 6:13. Les paroles de Zérès et des mages n'emportent pas
qu'ils eussent confiance en la protection spéciale de Dieu pour les enfants
d'Abraham, comme l'ont cru quelques auteurs: elles signifient simplement que la
situation changeait du tout au tout.
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ZICRI
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(mon souvenir), 2 Chroniques 28:7, puissant chef
d'Éphraïm, qui profita de la victoire de son maître Pékach, roi d'Israël, sur
le royaume de Juda, pour entrer dans Jérusalem, et mettre à mort un des fils du
roi, l'intendant des biens royaux, et le favori ou premier ministre d'Achaz; on
ignore si ces morts furent des assassinats, ou des accidents de la guerre.
— Quelques-uns le font fils de Tabéal, q.v.
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ZILPA
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(bouche dédaigneuse), servante de Laban, fut donnée à
Léa lors de son mariage avec Jacob. Sur l'ordre de sa maîtresse elle devint
concubine de son maître, et lui donna deux fils, Gad et Aser, Genèse 29:24;
30:9; 35:26; 37:2; 46:18. Elle est du reste inconnue, ce qui vaut mieux pour
elle que la triste célébrité de sa compagne Bilha.
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ZIMRI ou Simri
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(mon champ, ma vigne).
1. Siméonite,
fils de Salu, Nombres 25:14, afficha avec hardiesse son impudicité, et
conduisit Cosbi dans sa tente, lorsque déjà les principaux coupables payaient
de leur vie leur obéissance aux infâmes conseils de Balaam. Son impudence ne le
préserva pas du châtiment; il périt à l'instant même, tué par Phinées.
2. Zimri,
1 Chroniques 2:6, ou Zabdi (doté), Josué 7:1, fils de Zara, petit-fils de Juda,
n'est pas compris dans l'éloge qui est fait de ses quatre frères, dont la
sagesse est comparée à celle de Salomon, 1 Rois 4:31, soit qu'en effet il ne
les ait pas égalés, soit plutôt qu'il fût leur père, et fils unique de Zara, ce
que la méthode des généalogies permet de supposer, et ce qui s'accorderait
mieux avec la chronologie.
3. Zimri
ou Simri, cinquième roi d'Israël, 1 Rois 16:9, n'était d'abord que général, ou
officier dans l'armée de son prédécesseur Éla; il ourdit une conspiration
contre son jeune maître, le surprit à Tirtsa, le tua, et jouit pendant sept
jours du fruit de ses crimes (928 avant J.-C.). Il n'eut que le temps
d'exterminer la famille de Bahasa, selon la prophétie de Jéhu, et bientôt
assiégé dans Tirtsa par l'armée, qui refusait de le reconnaître, il mit le feu
à son palais, et périt au milieu des flammes, après un songe d'une semaine.
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ZIPH
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(bouche).
1. Fils
de Jéhallélel, de la tribu de Juda, de la famille de Caleb.
2. Ville
de Juda, peut-être fondée par Ziph, et entourée d'un désert dans lequel David
demeura caché quelque temps, 1 Samuel 23:14-15; cf. 26:1.
3. Autre
ville du même nom, Josué 15:55, située probablement aux environs de Mahon et du
Carmel de Juda.
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ZODIAQUE
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(les douze signes du). C'est ainsi qu'il faut traduire
l'hébreu Mazzaloth, 2 Rois 23:5, que nos versions ont rendu par astres. Le mot
hébreu signifie proprement les demeures, et rappelle l'expression cycle des
palais par laquelle les Arabes désignent les douze signes du zodiaque, comme
les splendides habitations qui sont successivement choisies par le dieu du
jour. Le mot Mazzaroth, traduit par signes du zodiaque, Job 38:32 (dans la
Vulgate, Lucifer), est le même mot, avec la seule différence du changement
assez ordinaire des lettres r et
Ι.
υ. Astres.
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ZOROBABEL
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(étrangère Babylone), ou Sesbatsar (joie dans la
tribulation), Esdras 1:8,11; 5:14, fils de Salathiel, ou son petit-fils, 1
Chroniques 3:17, appartenait à la famille royale de David, 1 Chroniques 3, et
était prince de Juda. Il fut le chef de la colonie juive qui retourna la
première de Babylone à Jérusalem, sous Cyrus (536 avant J.-C.), Aggée 1:1;
Esdras 1:8, et il remplit en Judée les fonctions de gouverneur sous le titre
perse de Pécha (pacha), du moins sous Darius Hystape, Aggée 1:1,14; 2:2,21; Esdras
6:7. Après avoir rétabli l'autel des holocaustes, il fit célébrer
solennellement la fête des tabernacles, qui se faisait en plein air; puis il
commença la reconstruction de Jérusalem en posant la première pierre du temple
devant une foule immense, où les cris de joie de la jeunesse étaient presque
couverts par les lamentations des vieillards, qui se rappelaient avec douleur
la gloire incomparable du temple de Salomon. Les Samaritains ayant essayé, mais
sans succès, de faire reconnaître leur nationalité juive, en demandant de
prendre part aux travaux du temple, se tournèrent dès lors contre Zorobabel,
dont ils tentèrent à diverses reprises, parla violence ou la perfidie,
d'entraver les travaux, et de faire avorter l'œuvre. Des obstacles sans nombre
amenèrent de l'incertitude; les travaux souvent interrompus pendant les
dernières années de Cyrus, et sous le règne de Cambyse, furent entièrement
suspendus sous le faux Smerdis (Artaxercès), par suite des menées de Réhum.
Zorobabel, pendant ce temps, disparaît de l'histoire, découragé, ou vaincu par
les circonstances. Mais dans la seconde année de Darius fils d'Hystape, il
reparaît, soutenu par la voix puissante d'Aggée et de Zacharie; les
machinations des Samaritains tournent à leur confusion, les travaux continuent,
et au bout de quatre ans, le temple, reconstruit, est publiquement rendu au
culte par une dédicace dont l'humble pompe contraste avec la splendide
inauguration du premier temple. Douze jeunes boucs offerts en expiation des
péchés, selon le nombre des tribus d'Israël, montrent, ou que les Juifs de
retour entendaient représenter la nation dans son intégrité, ou qu'en effet un
certain nombre de Juifs des dix tribus avaient profité, avec les deux autres,
du bénéfice du retour. Dès lors le culte continua d'être célébré régulièrement,
et la pâque réunit à Jérusalem tous les fidèles qui avaient conservé le
souvenir et la sainteté des beaux jours de leur patrie. On ignore quand et
comment Zorobabel mourut; il laissa sept fils et une fille, 1 Chroniques 3:19.
Sa généalogie offre quelques difficultés: il est
appelé fils de Salathiel, Esdras 3:2; Matthieu 1:12; Luc 3:27, fils de Pédaja
et petit-fils de Salathiel, 1 Chroniques 3:19. Les noms de ses enfants sont
indiqués dans ce dernier passage, mais on n'y trouve ni celui d'Abiud, Matthieu
1:13, ni celui de Rhésa, Luc 3:27, qui sont comptés pour ses fils, si toutefois
le Zorobabel de la généalogie de Joseph est le même que celui de la généalogie
de Marie, et si l'un et l'autre sont identiques avec le restaurateur de
Jérusalem et avec celui de 1 Chroniques 3:19, ce qui a été contesté;
— Voir: Salathiel.
On ne peut, dans tous les cas, rien conclure au sujet
de ces généalogies; d'un côté il est évident que les Chroniques ne nomment pas
individuellement chacun des petits-fils de Zorobabel, dont la famille était
très nombreuse, de l'autre que Matthieu, en ne nommant que dix descendants de
Zorobabel jusqu'à et y compris Joseph, n'a pu énumérer tous les membres de
cette lignée qui remplit l'espace de cinq cent trente ans. Les hypothèses n'ont
pas manqué, depuis Jérôme, jusqu'à Jansénius, Kuinoel et Paulus, mais elles
n'ont pas fait avancer la question.
Le caractère de Zorobabel est peu dessiné: il brille
plus par sa position et sa mission, que par les faits; il serait imprudent
cependant d'en rien conclure contre ses talents ou son activité; les meilleurs
administrateurs ne sont pas toujours ceux dont on parle le plus. Il apparaît
dans une des visions de Zacharie, 4:6; sq., où les promesses les plus
encourageantes lui sont faites sous la forme la plus poétique! «Qui es-tu,
grande montagne, devant Zorobabel? Une plaine!» Tous les obstacles seront
aplanis sur son chemin; sa force sera «non point une armée, mais l'esprit de
l'Éternel.»
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ZUZINS,
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peuplade inconnue, de Canaan, au temps d'Abraham,
Genèse 14:5; d'après Calmet, qui en a fait des géants, et le contexte autorise
cette supposition, ce seraient les mêmes que les Zamzummims, Deutéronome 2:20.
Leur territoire, au dire de Schrœder, devait s'étendre jusqu'à l'Arnon, entre
celui des Réphaïms au nord, et celui des Émims au sud.
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A CHRIST SEUL SOIT LA GLOIRE