qui demandaient l'entrée de leur sanctuaire; le silence de Flavius Josèphe et de Philon s'expliquerait par le
fait même qu'il n'était pas besoin de mentionner quelque chose d'aussi naturel. Il est plus probable
toutefois que le baptême a été emprunté des chrétiens, et qu'il a été introduit obligatoirement après la
destruction du temple, lorsque le règne des offrandes cessant, une nouvelle cérémonie dut remplacer
celle qui venait d'être forcément abolie.
On a cru que «le grand nombre de toutes sortes de gens» qui suivirent les Israélites à leur sortie d'Égypte,
Exode 12:38, étaient des prosélytes de la justice; de même encore Jéthro, Exode 18:10-12. Il est évident
aussi que les Sichémites auxquels Jacob imposa la circoncision, devinrent par ce fait des prosélytes de la
justice, Genèse 34:14-15, bien que l'on ne puisse pas donner à cette expression le sens précis qu'elle eut
plus tard. L'esprit de prosélytisme, qui est inséparable de toute conviction profonde, religieuse ou autre,
ne faisait pas défaut aux Juifs, notamment aux Pharisiens, Matthieu 23:15. Ils étaient autorisés à travailler
dans ce sens par des oracles de Dieu, Ésaïe 9:2; 42:7; 56:6; Michée 4:2, mais comme ils méconnaissaient
l'esprit de leur religion, ils méconnaissaient la mission du prosélytisme, et ils travaillaient avec zèle à
augmenter le nombre des professants, peu scrupuleux sur les moyens qu'ils employaient, peu soucieux
des motifs qui leur amenaient de nouveaux convertis; la ruse ou la violence étaient leurs moyens, la
cupidité, la pauvreté, l'orgueil ou l'intérêt, la nationalité ou des alliances en perspective, l'espérance ou la
peur étaient les mobiles de la conversion de ces nouveaux Juifs, et il n'est pas étonnant qu'après avoir
«couru la mer et la terre pour faire un prosélyte», de pareils convertisseurs ne le rendissent «fils de la
géhenne deux fois plus qu'eux-mêmes;» c'est de l'histoire ancienne et de l'histoire moderne.
— Il est parlé, Néhémie 10:28; Esther 8:17, de quelques conversions isolées; mais depuis l'époque des
Maccabées, le judaïsme, tout à la fois mort spirituellement, et mourant comme théocratie, aspira à faire les
choses plus en grand, pour, essayer de se maintenir comme puissance et comme nationalité. Des tribus
entières furent converties de force, les Iduméens sous Jean Hyrcan, les Ituréens sous Aristobule. Les
femmes, qui n'avaient pas à se soumettre à une opération douloureuse, étaient en général plus accessibles
à l'action du prosélytisme, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 18, 3, 5, cf. Actes 13:50; 16:14. Les païens
qui habitaient au milieu des Juifs avaient assez de raisons pour désirer d'être reçus dans leur assemblée.
C'était d'abord pour eux l'acquisition d'une bourgeoisie. C'était aussi l'échange de l'opprobre contre
l'honneur et le respect. C'était l'exemption du service militaire, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 14,
10, 13. C'était la faculté de se marier avec des femmes du pays. Mais pour plusieurs aussi qui étaient
dégoûtés du paganisme et du scepticisme, c'était un besoin profond d'une foi positive qui satisfit aux
besoins de leur cœur, et souvent de leur intelligence, comme le montre l'exemple de ceux qui, lors de
l'apparition du christianisme, n'hésitèrent pas à se joindre à la nouvelle Église, Actes 6:5; 13:43; 16:14; 17:4.
Cependant dans la pratique, et même devant la loi, il paraît que les prosélytes ne furent jamais mis sur le
même rang que les Juifs de naissance, et, pendant plusieurs générations, les Juifs bien bigots continuaient
de regarder les prosélytes avec le même mépris que les païens, hélas! comme on fait encore de nos jours,
en bien des lieux, à l'égard des Juifs qui se convertissent. On les nommait la lèpre d'Israël, et l'on disait,
par manière de proverbe, qu'il ne fallait pas se fier à un prosélyte avant la vingt-quatrième génération. Ce
mépris n'était, au reste, pas général, et, dans tous les cas, si la position des prosélytes n'était guère
améliorée sur la terre, un grand résultat était obtenu aux yeux de tous, la participation des païens
convertis aux bienfaits de l'alliance divine pour l'éternité.
Avec l'introduction du christianisme, le prosélytisme prit naturellement une direction plus spirituelle; on
ne fit plus de prosélytes pour grossir le nombre des adhérents d'un système, mais pour sauver les
pécheurs, et ceux-là seuls qui sont sauvés sont les vrais prosélytes de l'Évangile.
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PROSTITUTION.
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