Page 736 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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transjourdaines élevèrent, sur les bords du Jourdain, un autel destiné à témoigner en leur faveur, ou
même, au besoin, contre elles, et à les relier ainsi aux neuf autres tribus, Josué 22:10; sq..
— La seconde demi-tribu, dont le territoire fut placé à côté de celui d'Éphraïm, était comprise entre le
ruisseau de Cana, la Méditerranée, la chaîne du Carmel, et à l'est les montagnes d'Éphraïm, Josué 16:9;
17:1. Elle avait aussi pour voisins Aser et Issacar, sur le territoire desquels elle paraît même avoir eu
quelques parcelles enclavées, 17:11, qu'elle ne put, sous les juges, défendre entièrement contre les
Cananéens, Josué 17:12. Juges 1:27.
— Après la mort de Salomon, les deux demi-tribus, sous la puissante main d'Éphraïm, passèrent au
royaume des Dix tribus, dont elles suivirent les destinées. Le nom de Manassé se trouve, Apocalypse
7:6,8, avec celui de la tribu de Joseph, qui, dans ce cas, désigne Éphraïm.
2.
Manassé, père de Guersom, et grand-père de Jonathan, Juges 18:30. Peut-être faut-il lire Moïse (—
Voir: Guersom); peut-être aussi les noms de Moïse et de Guersom se trouvaient-ils parmi les Lévites.
Dans tous les cas, il ne faut pas confondre ce nom avec celui du fils de Joseph; car Jonathan descendait de
Lévi, 17:7,12; il était Lévite, et non Manas-site.
3.
Manassé, quatorzième roi de Juda, fils indigne et successeur d'Ézéchias, régna cinquante-cinq ans
(698-643), 2 Chroniques 33, 2 Rois 21. À douze ans il perdit son père et monta sur le trône; mais le parti
anti-théocratique s'empara de son esprit, l'entoura et régna par lui; ce fut le triomphe de l'impiété et de
l'idolâtrie; le jeune roi suivit fidèlement les principes de ses conseillers; il rétablit les hauts lieux que son
père avait détruits, adora les idoles païennes, dressa des autels à Bahal et à tous les astres jusque dans les
parvis du temple de l'Éternel, consulta les devins, et opposa des imposteurs aux prophètes que Dieu lui
envoyait et dont il fit verser à Jérusalem le sang innocent: Ésaïe, selon la tradition juive, mourut victime
de ses fureurs, et c'est peut-être à cette mort que l'apôtre fait allusion, Hébreux 11:37 (ils ont été sciés);
enfin, pour n'oublier aucune abomination, il brûla ses propres enfants devant les faux dieux! Les menaces
divines étaient méprisées, elles s'accomplirent, et l'Éternel prononça cette terrible sentence: «J'étendrai sur
Jérusalem le cordeau de Samarie et le niveau de la maison d'Achab; je torcherai Jérusalem comme une
écuelle qu'on essuie et qu'on renverse sur son fond.» Manassé tomba entre les mains des Assyriens, peut-
être lorsque Ézar-Haddon transportait ses colons dans le royaume d'Éphraïm, Esdras 4:2; il fut, malgré
l'appui de l'Égypte qu'il avait recherché, saisi dans les halliers, chargé de chaînes, et conduit à Babylone la
vingt-deuxième année de son règne: ce fut la fin de la première partie de sa vie, de son idolâtrie et de ses
malheurs (Seder-Olam). Dans la détresse et dans l'angoisse, il s'humilia, se repentit de ses crimes, et
supplia l'Éternel avec larmes; il obtint son pardon, et fut bientôt rétabli sur son trône, peut-être à la
condition de rester vassal assyrien; c'est ce que rendent probable les événements qui eurent lieu dans les
derniers jours de Josias son petit-fils.
— Sa conversion était sincère: il le prouva en faisant son possible pour remédier aux maux dont il était
lui-même l'auteur: il rétablit le culte du vrai Dieu, purifia le temple, renversa les bocages et détruisit les
autels. La fin de son long règne fut consacrée à en taire oublier le commencement, et il vit prospérer son
activité et son administration intérieure; il releva les murs de Jérusalem à l'occident de Guihon, ceignit
Hophel d'ouvrages élevés, rétablit l'ordre dans l'armée, et lui donna une discipline et des chefs. Il mourut
à l'âge de soixante-sept ans, et fut enseveli dans un sépulcre qu'il s'était préparé au milieu de ses jardins.
On croit que Joël prophétisa sous son règne; c'est à la même époque aussi que quelques auteurs (Bossuet,
Calmet, Bonnechose) placent l'histoire de Judith et d'Holopherne. La tradition a conservé, sous le nom de
prière de Manassé dans l'angoisse, un chapitre qui a été ajouté dans quelques exemplaires grecs et latins à
la fin du second livre des Chroniques; cette prière est belle, mais sa forme liturgique suffirait pour la faire
reconnaître comme apocryphe.
Le second livre des Rois ne parle que des crimes et des malheurs de Manassé; il ne dit mot de sa
repentance, mais indique en passant qu'à sa mort il n'était plus prisonnier: ce dernier détail montre qu'il
n'y a pas contradiction entre le récit des Rois et celui des Chroniques, mais l'omission d'une partie aussi
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