de la mort à une vie précédente, à laquelle succède une résurrection, l'immersion totale représente mieux
la chose. Mais l'Évangile n'est pas si matériel qu'il s'asservisse à représenter à ce point-là les idées qu'il
veut figurer. Il donne quelques signes, et celui qui a de l'intelligence comprend.
Nous venons de dire quel est le sens du baptême, du moins du baptême chrétien; et pour nous borner à
ce qui regarde l'Écriture sainte, il nous semble que c'était même la signification de toutes les espèces de
baptêmes religieux dont nous parle la Bible; car elle en indique plusieurs à différentes époques de la vie
théocratique, et différents peut-être dans les cérémonies qui en accompagnaient l'application. Jacob et sa
famille se lavèrent avant de s'approcher de Dieu à Béthel, Genèse 35:2. Les Hébreux en firent autant avant
d'entrer dans l'alliance de l'Éternel en Sinaï, Exode 19:14; 1 Corinthiens 10:2. Aaron et ses fils se lavèrent
également lorsqu'ils furent initiés à la sacrificature, Exode 29:4. Enfin, sous le ministère de saint Jean,
même avant le baptême chrétien proprement dit, le baptême devint le sceau de la nouvelle alliance, ayant
alors déjà la même signification qu'il eut plus tard, bien qu'il n'annonçât pas aussi clairement la doctrine
du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Actes 19:3.
— Dans ces différents cas, et quel que soit le sens spécial que pourraient donner à la chose ceux qui
étaient lavés, le baptême était toujours un rite d'initiation.
Quant au baptême chrétien, la belle signification dont nous venons de parler est positivement indiquée
par saint Paul, Romains 6:3-11; elle est pleine de grandeur et correspond exactement aux idées que se
faisaient déjà les esséniens, et que se sont faites, après eux, les moines catholiques romains, du
renoncement au monde qui doit caractériser toute âme vraiment pieuse. Seulement les deux sectes que
nous indiquons ici bornaient ce renoncement à quelques individus dont elles faisaient une sorte d'élite,
tandis que Jésus et son Évangile imposent cette sainte et douce obligation à tout fidèle. Dans ce sens-là, le
baptême d'un homme qui embrasse la foi correspond presque en tout point à ce qu'est la prise du voile
chez une religieuse, l'endossement de l'uniforme chez un militaire, la robe virile chez les Romains. Ce
n'est qu'un type, un symbole, mais un symbole parlant. Et c'est par ces considérations qu'on doit
expliquer ce qui est dit dans l'endroit de l'épître aux Romains, indiqué plus haut, «que nous sommes
ensevelis avec Christ par le baptême:» c'est évidemment par la foi en Christ, et par le don que nous lui
faisons de nous-mêmes, que nous sommes ensevelis avec lui, et non par la cérémonie même. Mais comme
le symbole se liait étroitement, pour ceux à qui Paul écrivait, à la foi dont il s'agit, l'apôtre argumente de
l'un comme de l'autre. Cela se lait tous les jours: il n'est pas un militaire à qui l'on ne puisse dire: Tes
épaulettes, ta cocarde, ton uniforme t'ont fait renoncer à ton père et à ta mère, au foyer de ta famille, et à
ses douceurs; tu es mort à la vie civile, tu né vis plus que pour défendre ta patrie et pour obéir à tes
nouveaux supérieurs.
Sans doute cette signification symbolique du baptême s'applique bien plus naturellement et plus
réellement à ceux qui ont reçu le baptême après avoir embrassé l'Évangile par conviction, qu'à ceux qui
l'ont reçu enfants. Mais, dans les deux cas, elle reste pourtant. Et peut-être, ce qu'on peut dire de plus
sage en faveur du baptême des enfants (la Bible laissant cette question pour le moins indécise), c'est que
la foi étant un devoir aussi bien que le moyen du salut, l'enfant du chrétien peut être consacré au
Seigneur, même avant son consentement, comme on voit un enfant né dans la troupe, porter dès ses plus
jeunes années le costume de soldat, quitte à lui de refuser plus tard, ou même de déserter. Ce n'est du
reste pas ici le lieu d'examiner la question difficile et délicate du baptême des enfants.
Puisque les enfants étaient considérés comme faisant partis de l’Ancienne Alliance avec ses rites de purifications
baptismaux, il n’existe aucune raison pour les exclure de la Nouvelle. L’exclusion des enfants dans le rituel du
baptême est généralement la position de ceux qui pratiquent l’immersion, la raison donnée étant qu’ils ne sont pas
encore assez mature pour avoir la foi, ce qui indique que pour eux la foi est une facultée humaine et non un don de
Dieu comme les Écritures indiquent qu’elle l’est.
146