Page 1068 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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deviennent pour le corps social et ecclésiastique de la nation ce que sont pour le corps humain les nerfs
qui conduisent les esprits vitaux. Pendant l'espace de sept siècles, il en sort une succession, non
interrompue de prophètes jusqu'à Malachie, et saint Pierre voit en Samuel le chef de ce divin ministère,
Actes 3:24.
Il commença sa carrière dans le temps de la plus grande décadence, et l'on ne peut savoir ce que le peuple
serait devenu sans lui. Les Philistins étaient les maîtres de la plus grande partie du pays; les Hébreux,
découragés, étaient dans un profond abaissement; le sort de Samson prouvait que la régénération d'Israël
ne pouvait être opérée par un homme semblable aux autres juges, mais qu'on avait besoin d'un remède
plus général, plus profond, plus intérieur, et que la restauration nationale devait être basée sur une
réformation religieuse. C'est qu'aussi la religion même semblait ne plus se trouver nulle part en Israël. Le
mal, comme une gangrène, avait envahi jusqu'au sanctuaire; la parole de l'Éternel était rare en ces jours-
là, et il n'y avait point d'apparition, ni de vision; Héli sans doute reconnaissait encore la voix de Dieu,
mais ses fils faisaient mépriser le culte du Seigneur, qui déjà ne consistait plus que dans le matériel de
quelques cérémonies. La mort du pontife, la défaite des Israélites, la perte de l'arche, furent le comble du
malheur, et c'est aussi dès ce moment que date la renaissance; l'activité de Samuel commence dès lors à se
déployer et à s'accroître, tranquille mais profonde, lente mais toujours égale. Une seule victoire lui suffit
pour humilier les Philistins pendant toute sa vie.
Ses voyages, ses visites dans toutes les parties du pays, les soins qu'il donnait avec tant de zèle au peuple
qu'il voulait relever, amenèrent enfin Israël à un certain degré de prospérité nationale et de
développement intellectuel et religieux; mais Samuel était âgé, ses fils ne suivaient pas ses voies, et l'on
s'en servit comme prétexte pour demander un roi. Il est vrai que les, craintes des Israélites n'étaient pas
sans fondement; on pouvait prévoir qu'après la mort de Samuel les Philistins reprendraient courage, et
que les tribus réunies par sa puissante autorité, se dissoudraient ou se désuniraient de nouveau lorsque
les unes ou les autres auraient été attaquées par l'ennemi. Il était nécessaire de prendre des mesures pour
éviter que tous les avantages obtenus par Samuel ne fussent pas perdus en peu de temps. Mais il ne fallait
pas pour cela un roi «comme en ont les autres nations;» on n'avait qu'à s'attacher sincèrement à la
constitution théocratique donnée par Moïse, dans laquelle la sagesse de son auteur avait assez eu égard à
l'union des forces nationales et à leur facile concentration sans l'intervention de la royauté. L'organisation
nationale, qui jusqu'alors avait été patriarcale, devait être remplacée par une organisation plus civilisée;
mais celui qui s'était manifesté d'abord comme Père suprême, pouvait également, pour une nation plus
avancée dans son développement, se manifester comme seul et vrai roi. Les Hébreux montrèrent donc
dans cette occasion combien peu ils étaient pénétrés de l'esprit de la révélation divine; ils voulaient un roi
en dépit de la volonté et de la miséricorde célestes, qui leur avaient donné un esprit directeur et
organisateur, se manifestant dans le sanctuaire de son tabernacle. Samuel dut céder à leur obstination:
Dieu leur donnait un roi dans sa colère, Osée 13:11.
Maintenant que le vœu du peuple est exaucé; maintenant que, selon ses désirs, une royauté politique a
remplacé la royauté théocratique, nous verrons si des jours plus heureux se lèveront pour cette pauvre
nation tourmentée depuis des siècles. Dieu continuera d'en être le vrai souverain, le pays sera toujours le
royaume de l'Éternel, 1 Chroniques 28:5; la révolution s'est faite avec la permission divine, et c'est le
grand Samuel qui a sacré les deux premiers rois de la jeune monarchie. Celui qui se manifestait par les
prophètes, les pontifes ou les juges, se manifestera toujours, mais par l'intermédiaire des rois; la théocratie
subsistera toujours, mais sous une autre forme dont le peuple s'est promis des avantages merveilleux;
l'histoire montrera si cette nouvelle forme sera favorable à la nation, si la prospérité sera plus grande, la
piété plus sincère. Dieu est toujours le même, il ne s'est pas opposé au changement voulu par les
Israélites; il a même promis de les bénir s'ils sont fidèles, il ne leur demande pas autre chose; de beaux
jours peuvent commencer. Si l'histoire du royaume est moins glorieuse, moins heureuse que l'histoire
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