Histoire de Phaéton

L'identité de Phaéton et de Nernrod est fondée sur bien des raisons, outre l'évidence prima facie basée sur le fait que Phaéton était un Éthiopien ou Cushite, et la ressemblance de son sort (il fut jeté du ciel pendant qu'il conduisait le char du soleil) comme enfant du soleil, avec celui de Molk Gheber, dont le nom, comme dieu du feu, l'identifie à Nemrod.

1° Phaéton, dit Apollodore (vol. I, p. 354), était le fils de Tithonus : mais si on examine le sens de ce nom il devient évident qu'il était Tithonus lui-même. Tithonus était le mari de Aurora (DYMOCK, sub voce). Au sens physique, comme nous l'avons vu, Aurora veut dire celle qui éveille la lumière, et Tithonus, celui qui allume la lumière ou qui met en feu (1). Or Phaéton, fils de Tithon, est en chaldéen Phaéton, Bar Tithon. Mais cela signifie Phaéton le fils qui met en feu (1). L'identité même de Phaéton et de Tithon nous sert donc fortement à identifier Phaéton avec Nemrod ; car Homère (Odyssée, liv. V, p. 127), mentionne le mariage de Aurora avec Orion, le puissant chasseur dont l'identité avec Nemrod est déjà établie. Dès lors le nom du fils célèbre qui naquit de l'union entre Aurora et Tithon montre que Tithon, dans son caractère originaire, doit avoir été le même que le puissant chasseur de l'Écriture, car le nom de ce fils était Memnon (MARTIAL, liv. VIII, 5, 21, p. 440 et OVIDE, Métam. liv. I, vol. II, p. 647), ce qui signifie le fils du tacheté (2), nom qui identifie le père avec Nemrod, dont l'emblème était la peau tachetée du léopard. Ninus ou Nemrod étant adoré comme le fils de sa propre femme, et cette femme étant Aurora, la déesse de l'Aurore, nous voyons comment cela s'accorde exactement avec Phaéton, lorsqu'Ésaïe, parlant du roi de Babylone, qui était son représentant, lui dit : "Comment es-tu tombé du ciel, Lucifer, fils du matin ?" (Ésaïe XIV, 12). Le mariage d'Orion avec Aurora, en d'autres termes, le jour où il s'établit comme le dieu qui allume la lumière, ou encore le jour où il prit le caractère de l'auteur du culte du feu, fut, selon Homère, la cause de sa mort, car il périt sous l'effet de la colère des dieux (Odyssée, liv. V, v. 124).

2° L'histoire ordinaire racontée par Ovide, prouve suffisamment que Phaéton était d'ordinaire représenté comme le fils de Aurora ; tandis que Phaéton prétendait être fils de Phébus ou le Soleil, on lui reprochait de n'être que le fils de Mérops ou du mari mortel de sa mère Clymène (OVIDE, Métam. liv. II, note). L'histoire implique que cette mère se fit passer pour Aurora, non dans le sens physique du mot, mais dans son sens mystique, comme la femme remplie de lumière ; en conséquence, son fils fut regardé comme le grand producteur de la lumière, celui qui devait éclairer le monde, Lucifer, le fils du matin qui était le prétendu illuminateur des âmes (3). Le nom de Lucifer dans Ésaïe, est le nom même d'où vient évidemment un des noms de Bacchus, Eleleus. Ce nom vient de Helel qui veut dire rayonner ou produire de la lumière, et équivaut au nom de Tithon. Or, nous avons la preuve que Lucifer, fils de l'Aurora ou du matin, était adoré sous le caractère de Nemrod, lorsqu'il apparut de nouveau sous la forme d'un petit enfant ; comme l'indique l'inscription : "Bono Deo Puero Phosphore" (WILKINSON, vol. IV, p. 410).

Ce Phaéton ou Lucifer, qui fut précipité du ciel, c'est Janus, nous le prouvons plus loin, car Janus est appelé Pater Matutinus (HORACE, Sat. II, 6, 20, p. 674) ; et nous verrons aussi le sens de ce nom sous l'un de ses aspects quand nous aurons établi la signification du mot Dea Matuta. Dca Matuta signifie la déesse qui allume ou qui produit la lumière (4), aussi est-elle identifiée par Priscien avec l'Aurore : Matuta, quas significat Auroram (PRISCIEN, II, p. 591, dans SIR w. BETHAM, Etruria, vol. II, p. 53). Matutinus est évidemment le correspondant de Matuta, déesse du matin. Janus, donc, comme Matutinus, est Lucifer, fils du matin. Mais de plus, Matuta est identifiée à Ino après qu'elle eut plongé dans la mer, et que, en compagnie de son fils Melicerta, elle fut changée en divinité marine (Gradus ad Parnassum, sub voce Ino). En conséquence, son fils Melikerta roi de la ville fortifiée, est le même que Janus Matutinus, ou Lucifer Phaéton, ou Nemrod. Il y a aussi une autre chaîne par laquelle on peut identifier Melikerta, la divinité marine ou Janus Matutinus avec le dieu primitif des adorateurs du feu. Le nom le plus commun d'Ino, ou Matuta, après qu'elle est passé à travers les eaux était Leucothoé (OVIDE, Métam. liv. IV, 541-542). Or, Leucothoé ou Leu Kothea a un double sens ; il vient soit de Lukhoth, éclairer ou mettre à feu (5), soit de Lukoth, glaner. Dans la médaille de Malte que nous avons donnée (fig. 37, p. 239), le lecteur verra un exemple de ces deux sens. L'épi de blé que la déesse tient ordinairement à la main, se rapporte à son caractère caché, la mère de Bar le fils, et sert aussi à la montrer aux profanes sous le caractère de Spicilega, la Glaneuse, nom populaire (HYDE, De Religione Vet. Pers., p. 392) de la femme à l'épi de blé, représentée dans la constellation Virgo. Dans Bryant (vol. III, p. 245), Cybèle est représentée avec deux ou trois épis de blé à la main, car, comme il y avait trois Bacchus particulièrement distincts, il y avait deux ou trois épis à la main. Mais pour en revenir à la médaille de Malte dont nous venons de parler, les flammes sortant de la tête de Lucothea, la Glaneuse, montrent que tout en passant à travers les eaux, elle est encore Lucothea, celle qui brûle ou qui donne la lumière. Et les rayons qui entourent la mitre du dieu sur le revers s'accordent parfaitement avec le caractère du dieu considéré comme Eleleus, ou Phaéton, en d'autres termes, le brillant Bar. Or, ce Bar brillent, en qualité de Melikerta, roi de la cité fortifiée, occupe la place même d'Ala Mahozim, dont le représentant, nous l'avons ailleurs prouvé, n'est autre que le pape. Mais c'est aussi la divinité du soleil qui à cet égard porte la mitre de Dagon (comparez fig. 37, p. 239 et fig. 48, p. 322, où l'on donne diverses formes de la même divinité Maltaise). La mitre à tête de poisson portée par le pape montre que sous ce caractère aussi, la bête qui monte de la mer, il est incontestablement le représentant de Melikerta.

Appendice

Note P, p. 356