Mais Rome n'a pas seulement son clergé séculier ordinaire, comme on l'appelle ; elle a aussi, tout le monde le sait, d'autres ordres religieux d'une espèce différente. Elle a des armées innombrables de moines et de nonnes tous engagés à son service. Où peut-on trouver dans l'Écriture le moindre témoignage en faveur d'une pareille institution ? Dans la religion du Messie Babylonien, elle existait depuis les temps les plus reculés. Il y avait en abondance dans ce système des moines et des religieuses. Dans le Thibet et le Japon, où le système Chaldéen fut de bonne heure introduit, on peut trouver encore des monastères, et ils y ont produit les mêmes résultats funestes pour la morale que dans l'Europe papale (19). En Scandinavie les prêtresses de Freya, (c'étaient d'ordinaire les filles du roi), qui avaient à veiller sur le feu sacré, et devaient observer une virginité perpétuelle, étaient précisément un ordre de nonnes (20). À Athènes, il y avait
des vierges maintenues aux frais publics, qui étaient strictement vouées au célibat (21). Dans la Rome païenne, les Vierges Vestales qui avaient à remplir le même devoir que les prêtresses de Freya, occupaient une position semblable. Même dans le Pérou, pendant le règne des Incas, le même système prévalait, et cela avec une analogie qui prouve bien que les Vestales de Rome, les nonnes de la papauté et les saintes vierges du Pérou doivent être sorties de la même origine. Voici comment Prescott parle des nonnes Péruviennes : "Les Vierges du soleil, les élues, comme on les appelle, présentent une autre analogie avec les institutions catholiques romaines. Ces jeunes vierges étaient consacrées au service de la déesse ; elles étaient enlevées à leur famille dès l'âge le plus tendre, et mises dans des couvents où on les remettait aux soins de matrones d'un certain âge, mamaconas (22), qui avaient vieilli entre ces murs. Elles devaient veiller sur le feu sacré qu'on allumait à la fête de Raymi. Dès qu'elles entraient dans l'établissement, elles n'avaient plus de communication avec le monde, pas même avec leur famille ou leurs amis. Malheur à la pauvre jeune fille qui était reconnue coupable d'une intrigue ! Elle était condamnée, d'après la terrible loi des Incas, à être enterrée vivante !" C'était exactement le sort de la Vestale romaine qui violait son voeu. Cependant ni dans le Pérou, ni dans la Rome païenne, le devoir de la virginité n'était aussi strict que dans la papauté. Il n'était pas perpétuel, aussi n'était-il pas si profondément démoralisateur. Après un certain temps, les nonnes pouvaient être délivrées de leur solitude, et se marier. Dans l'Église de Rome, elles sont absolument privées de ces espérances. Dans tous ces détails, néanmoins, il est facile de voir que le principe sur lequel reposaient ces institutions est évidemment le même. "On est étonné, dit Prescott, de trouver une pareille ressemblance entre les institutions de l'Inde, de l'Amérique, de la Rome ancienne et de la Rome catholique moderne (23)." Prescott a de la peine à expliquer cette ressemblance ; mais elle s'explique aisément par un petit passage du prophète Jérémie, que nous avons cité au début de ce travail : "Babylone a été dans la main du Seigneur une coupe d'or, qui a enivré toute la terre." (Jérémie LI, 7). C'est là la pierre de Rosette qui a servi déjà à jeter tant de lumière sur les secrètes iniquités de la papauté, et qui est destinée à déchiffrer les sombres mystères de chaque système passé ou présent de la mythologie païenne. Il est facile de prouver la vérité littérale de cette parole : il est facile de prouver que l'idolâtrie de toute la terre est, la même, que le 314
langage sacré de toutes les nations est purement Chaldéen, que les grands dieux de toutes les contrées et de tous les climats sont désignés par des noms Babyloniens, et que tous les paganismes de l'humanité sont la corruption perfide et délibérée, mais cependant singulièrement instructive, du premier évangile annoncé en Éden et transmis plus tard par Noé à toute la race humaine. Le système élaboré d'abord à Babylone, et propagé plus tard jusqu'aux extrémités de la terre, s'est modifié et décomposé à différentes époques et dans divers pays. C'est dans la Rome papale seule qu'on le trouve presque dans toute sa pureté et son intégrité. Mais cependant au fond des apparentes variétés du paganisme, il y a une unité et une identité étonnantes qui témoignent de la vérité de la Parole de Dieu. Nous attendons avec confiance la ruine de toute cette idolâtrie. Mais avant que les idoles païennes ne soient définitivement "jetées aux taupes et aux souris" (Ésaïe II, 20), je suis persuadé qu'elles seront renversées pour adorer "l'Éternel le Roi", pour rendre témoignage à sa glorieuse vérité, et pour attribuer, dans une acclamation unanime, le salut, la gloire, l'honneur, la puissance, à celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau pour l'éternité !
1. MERLE D'AUBIGNÉ, La Réformation, vol. I. B. II, ch. IV, p. 171.
2. MERLE D'AUBIGNÉ, vol. I, p. 171.
3. AMMIANUS MARCELLINUS : "Semiramis teneros mares castravit omnium prima", liv. XIV, ch. 6, p. 26.
4. PAUSANIAS, liv. VII, ch. 17, p. 587 ; KENNETT, liv. II, ch. VII, Les Décemvirs, etc.
5. Voir Lumière de la Prophétie, ch. I, p. 28 et ch. IV ; p. 114 et JEWELL, Les Réformateurs anglais, p. 228.
6. HAMEL, Voyages dans la Corée, Collection de PINKERTON, vol. II, P. 536-537. Voir aussi Description du Thibet dans la même Collection, p. 554, CARON, Le Japonibid. p. 630, et KEMPFER, Le Japon, ibid. p. 747.
7. TITE-LIVE, XXXIX, 8 et 18, vol. V, p. 196-207.
8. Apocalypse XVII, 5. Le Révérend M. H. Seymour montre qu'en 1836 sur un nombre total de 4373 naissances à Rome, 3160 enfants étaient des enfants trouvés ! Quelle dépravation ce chiffre ne dévoile-t-il pas ! Résultats moraux du système romain, p. XLIX, dans Les soirées avec les disciples de Rome.
9. THUANUS, Histoires, liv. XXXIX, ch. 3, vol. II, p. 483.
10. BÈDE, liv. V, ch. 21, p. 216.
11. ibid.
12. MERLE D'AUBIGNÉ, vol. V. p. 55
13. HÉRODOTE, liv. III, ch. 8, p. 185. C.
14. Gheza veut dire tondre et aussi raser.
15. MACROBE, liv. I, ch. 23. p. 189.
16. TERTULLIEN, vol. II, Carmina, p. 1105-1106.
17. Col. KENNEDY, Bouddha, dans la Mythologie Hindoue, p. 263-264.
18. Nous avons déjà montré (note 1, p. 33) que chez les Chaldéens l'expression Zéro signifiait "un cercle" et la "semence". Suro, la semence, dans l'Inde, était la divinité du soleil incarné. Quand cette semence était représentée sous une forme humaine, pour l'identifier avec le soleil, on la représentait avec un cercle, l'emblème bien connu de l'orbite du soleil, sur une partie de son corps. Ainsi le dieu anglais Thor était dépeint avec un cercle flamboyant sur la poitrine (WILSON, La religion des Parsis, p. 31). Dans la Perse et dans l'Assyrie, le cercle était tantôt sur la poitrine, tantôt autour de la taille, tantôt dans la main de la divinité (BRYANT, vol. II, planches p. 216, 406-407 et LAYARD, Ninive et Babylone, p. 160). Dans l'Inde, il est placé au bout du doigt (MOOR, Le Panthéon, planche XIII, Vichnou). Aussi le cercle devint-il l'emblème de Tammuz ressuscité ou la semence. La tonsure circulaire de Bacchus était évidemment destinée à l'indiquer comme Zéro, ou la semence, le grand Libérateur. Le cercle de lumière qui entoure la tête des prétendus portraits de Christ était évidemment une forme différente du même objet et venait de la même source. "La cérémonie de la tonsure, dit Maurice, parlant de cette cérémonie chez les Hindous, était une ancienne coutume des prètres de Mithra : ils imitaient par leur tonsure le disque du soleil" (Antiquités, vol. VIIp. 851, Londres, 1800). Comme le dieu soleil était le grand dieu si regretté, comme il avait les cheveux coupés en forme circulaire, et que les prêtres qui pleuraient sa perte avaient les cheveux coupés de la même manière, ainsi dans divers pays ceux qui se lamentaient sur les morts et qui coupaient leurs cheveux en leur honneur, les coupaient en forme circulaire.
Cette coutume existait en Grèce, Hérodote en parle comme d'un usage pratiqué chez les Scythes ; il raconte les funérailles d'un roi de ce peuple et dit : "Le corps est entouré de cire. On le met sur un char et on l'emmène dans un autre district, où les personnes qui le reçoivent, à l'exemple des personnes royales, se coupent un morceau de l'oreille, et se rasent la tête en forme de cercle" (Hist, liv. IV, ch. 71, p. 279). Or, de même que le pape avait lui-même une tonsure circulaire, ainsi ses prêtres, pour s'identifier à ce même système, doivent avoir la même tonsure circulaire, afin d'être, dans leur mesure et dans leur rang, les vrais représentants du même faux Messie.
19. Voir note 4 p. 330, et aussi Hist. du Tonkin, PINKERTON, vol. IX, p. 766. Il en est, même chez les protestants, qui commencent à parler de ce qu'ils appellent les bienfaits des couvents dans des temps difficiles, comme si les couvents n'étaient nuisibles que lorsqu'ils tombent dans la décrépitude et la corruption ! Le célibat obligatoire, qui fait la base du système monastique, est de la véritable essence d'apostasie, qui est divinement caractérisée comme étant "le Mystère d'iniquité" (II Thessaloniciens II, 7). Que ces protestants lisent I Timothée IV, 1-3, et ils ne diront plus que les abominations des couvents viennent uniquement de leur décrépitude.
20. MALLET, vol. I, p. 141.
21. POTTER, Antiquités, vol. I, p. 369.
22. Mama-cona, mère-prêtresse, est presque de l'hébreu pur, et vient de Am, mère et Cohn, prêtre, avec une terminaison féminine. Notre nom Maman, comme celui du Pérou, n'est autre chose que Am redoublé, Il est extraordinaire que le titre imaginaire de la dame abbesse en Irlande soit "Révérende Mère". Le mot "nonne" lui-même est un mot chaldéen. Ninus, le Fils, est Nin ou Non en Chaldéen. Or, le féminin de Non, un fils, est Nonna, une fille, ce qui est précisément le nom canonique pour désigner une nonne, et Nonnus de même, était primitivement l'expression consacrée en Orient pour désigner un moine (GIESELER, vol, II, p. 14, note).
23. PRESCOTT, Le Pérou, vol. I, p. 103.
Chapitre 7
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