Prêtres, moines et nonnes

Si la tête est corrompue, les membres doivent l'être aussi. Si le pape est essentiellement païen, son clergé peut-il avoir un autre caractère ? Si ce clergé a emprunté ses ordres à une source entièrement corrompue, ces ordres doivent participer à la corruption de leur source. On peut le conclure en dehors de toute preuve spéciale ; mais l'évidence sera aussi complète pour le caractère païen du clergé que pour ce qui regarde le pape lui-même. Sous quelque aspect que nous regardions le sujet, cette conclusion s'impose.

Il y a un contraste frappant entre le caractère des ministres du Christ, et celui du clergé papal. Lorsque Christ a envoyé ses disciples, c'était "pour paître son troupeau, pour paître ses agneaux", et cela, avec la Parole de Dieu, qui lui rend témoignage, et contient les paroles de la vie éternelle. Lorsque le pape ordonne son clergé, il lui commande de défendre, sauf dans certaines circonstances, la lecture de la parole de Dieu en langue vulgaire, c'est-à-dire dans une langue que le peuple peut comprendre. Il leur donne bien une mission, mais laquelle ? Elle est indiquée dans ces étonnantes paroles : "Recevez le pouvoir de sacrifier pour les vivants et pour les morts (1) !" Peut-il y avoir un plus grand blasphème ? Quoi de plus opposé au seul sacrifice de Christ "par lequel il a amené pour toujours à la perfection ceux qui sont sanctifiés" (Hébreux X, 14). C'est la vraie fonction caractéristique du clergé de la papauté ! Lorsqu'il se souvenait que ce pouvoir lui avait été conféré dans ces propres termes au moment où on l'ordonna pour la prêtrise, Luther exprimait en frissonnant son indignation : "Comment la terre ne s'est-elle pas entrouverte, comment n'a-t-elle pas englouti celui qui prononçait ces paroles et celui à qui elles s'adressaient ?" (2) Le sacrifice que le clergé papal a le pouvoir d'offrir, comme un "vrai sacrifice propitiatoire" pour les péchés des morts et des vivants, est exactement le sacrifice non-sanglant de la messe, qu'on offrait à Babylone longtemps avant qu'il n'en fût question à Rome.

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