Couronnement des statues

Le "couronnement des statues" se rattache étroitement à l'habillement des statues des saints. Pendant les deux derniers siècles, dans la communion papiste, on a de plus en plus célébré des fêtes pour le couronnement des statues sacrées. À Florence, il y a quelques années, la statue de la Madone portant l'enfant dans ses bras, était couronnée avec une solennité et une pompe extraordinaires (13). C'était la reproduction des faits rappelés dans l'histoire de Bacchus ou d'Osiris. Comme Nemrod était le Premier roi après le déluge, de même Bacchus fut célébré comme le premier qui ait porté une couronne (14). Cependant lorsqu'il tomba entre les mains de ses ennemis, il fut dépouillé de tout son pouvoir et de toute sa gloire ; il fut dépouillé aussi de sa couronne. La couronne tombant de la tête d'Osiris était célébrée par toute l'Égypte.

Fig. 39


Cette couronne était représentée à diverses époques de différentes manières, mais dans le fameux mythe d'Osiris, elle était représentée par une guirlande de "Mélilot (15)." Le Mélilot est une espèce de trèfle ; et le trèfle dans le système païen était l'un des emblèmes de la Trinité. Aujourd'hui chez les Tractariens, le trèfle est employé dans le même sens symbolique qu'il l'a été longtemps dans la papauté, à laquelle le Puséisme l'a emprunté. Ainsi dans une image blasphématoire du XIVe siècle, on voit Dieu le Père représenté (fig. 39) avec une couronne à trois pointes dont chacune est surmontée d'une feuille de trèfle (16).

Mais longtemps avant qu'on ne connût le Tractarianisme ou le Romanisme, le trèfle était un symbole sacré. La feuille était évidemment un symbole d'une grande importance chez les anciens Persans ; ainsi nous lisons dans Hérodote, à propos de la description des rites des anciens mages : "Si un Persan veut offrir un sacrifice à un dieu, il mène l'animal à un endroit sacré. Alors, partageant la victime en morceaux, il fait bouillir la chair et la dépose sur les herbes les plus tendres, et surtout sur le trèfle. Cela fait, un mage (sans mage on ne peut faire aucun sacrifice) chante un hymne sacré (17)." En Grèce, le trèfle ou luzerne, sous une forme ou une autre, occupait aussi une place importante ; le bâton de Mercure, en effet, le conducteur des âmes, à qui on attribuait tant de puissance, s'appelait "Triptelos", ou le bâton aux trois feuilles (18). Chez les Druides de la Grande-Bretagne, la feuille du trèfle blanc était en grande estime ; c'était l'emblème de leur triple dieu (19) et elle venait de la même origine Babylonienne que le reste de leur religion. Le Mélilot, ou couronne de trèfle qui enveloppait la tête d'Osiris, était donc la couronne de la Trinité (la couronne placée sur sa tête comme représentant l'Éternel), la couronne de toute la terre, d'accord avec la voix divine qui dit à sa naissance : "le Seigneur de la terre est né". Or, comme cette guirlande de Mélilot, cette couronne de la domination universelle, tomba de sa tête avant sa mort, quand il se releva pour vivre de nouveau, la couronne dut lui être remise sur la tête et son pouvoir universel solennellement déclaré. Voilà donc l'origine de ce couronnement solennel des statues du grand dieu, et aussi du dépôt du chapelet sur son autel, comme un trophée de son pouvoir reconquis. Mais si le grand dieu fut couronné, il fallait aussi que la grande déesse reçût le même honneur. Aussi, quand Bacchus emmena dans le ciel sa femme Ariadne, il lui mit, dit-on, une couronne sur la tête (20) en signe de la haute dignité qui lui était conférée, et le souvenir du couronnement de la femme du dieu Babylonien est rappelé par la figure bien connue de la sphère appelée Ariadnasa corona (21) ou couronne d'Ariadne. C'est là, incontestablement, la vraie source de la cérémonie papale du couronnement de la Vierge.

Si la couronne de Mélilot occupait une place si importante dans le mythe d'Osiris, si on posait un chapelet sur son autel, et que sa tombe fut couronnée de fleurs (22), c'est là l'origine de cette coutume si générale dans le paganisme, d'orner les autels des dieux de chapelets et de fleurs de toutes sortes (23).

C'est aussi pour une autre raison qu'on décorait ainsi les autels. Lorsque "dans ce beau champ de l'Enna, Proserpine cueillant des fleurs, elle-même, fleur plus belle encore, fut cueillie par le terrible Pluton", toutes les fleurs qu'elle avait ramassées se perdirent, et, non seulement elle pleura en songeant à la perte qu'elle venait de faire, mais elle fut pleurée, dans les Mystères, comme étant une perte d'une gravité exceptionnelle. C'était une perte qui, non seulement la dépouillait de sa gloire spirituelle, mais encore portait atteinte à la fertilité et à la beauté de la terre elle-même (24). Cependant, cette perte, la femme de Nemrod sous le nom d'Astarté ou Vénus, fit, dit-on, plus que la réparer.

Aussi lorsque le chapelet sacré du dieu découronné fut placé de nouveau en triomphe sur sa tête et sur ses autels, les fleurs perdues par Proserpine furent retrouvées et admises aussi à côté du chapelet sur ses autels, en signe de reconnaissance envers cette mère de grâce et de bonté, pour la beauté et les bénédictions temporelles dont la terre était redevable à sa médiation et à son amour (25).

Cela se faisait particulièrement dans la Rome païenne. Les autels étaient ornés de fleurs à profusion. C'est à cette source que la papauté a emprunté la coutume d'orner l'autel de fleurs ; et, l'empruntant à la papauté, le puséisme, dans l'Angleterre protestante, s'efforce de l'introduire chez nous. Mais si on la considère dans son origine, ceux qui ont le moindre sentiment chrétien doivent rougir à la seule pensée d'une telle impiété. Ce n'est pas seulement opposé au génie de la dispensation de l'Évangile qui demande "que ceux qui adorent le Dieu Esprit l'adorent en Esprit et en vérité (26)" (Jean IV, 24) ; mais il y a là un rapport direct avec ceux qui se réjouissent de la restauration du paganisme en opposition avec le culte du seul Dieu vivant et véritable !

Rites et cérémonies

Article 4

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