Page 113 - LES DEUX BABYLONES

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Babylone une statue, représentant la reine dans l'attitude où elle les avait tant
fasciné
Cette reine n'était pas seulement analogue par ses charmes à
l'Aphrodite de Grèce et à la Vénus de Rome, mais elle était, en réalité, l'original
historique de cette déesse que l'antiquité regardait comme la personnification
même de tout ce que la femme a de séduisant, et comme la perfection de la
beauté féminine. Sanchoniaton nous affirme en effet qu'Aphrodite ou Vénus était
identique à Astarté
et le nom d'Astarté signifie
:
"la femme qui fait des
tours ou des murs d'enceinte"
c'est-à-dire Sémiramis. – La Vénus romaine, on le
sait, était la Vénus de Chypre, et on peut démontrer, l'histoire à la main, que la
Vénus de Chypre est dérivée de Babylone (voir
. Or, il arriva ce
qu'on pouvait prévoir en pareille circonstance. Si l'enfant avait des droits à
l'adoration, la mère en avait bien davantage. C'est elle qui devint en conséquence
l'objet favori du culte
– Pour justifier ce culte, la mère fut divinisée aussi
bien que son fils, et on la regarda comme destinée à achever d'écraser la tête du
serpent ; car il était facile au besoin de trouver des raisons nombreuses et
plausibles pour démontrer que Ninus, ou Nemrod, le grand fils, n'avait fait dans
sa vie mortelle que commencer ce travail.
L'Église de Rome prétend que ce n'était pas tellement la postérité de la femme
que la femme elle-même qui devait écraser la tête du serpent. Bravant toute règle
de grammaire, elle traduit ainsi la parole divine :
"Elle t'écrasera la tête, et tu lui
blesseras le talon."
. – Cette croyance était partagée par les
anciens Babyloniens, et représentée symboliquement dans leurs temples. Dans
l'étage supérieur de la tour de Babel ou temple de Bélus, il y avait, nous dit
Diodore de Sicile, trois images des grandes divinités de Babylone ; l'une d'elles
était une femme tenant la tête d'un serpent
– Chez les Grecs, on retrouve le
même symbole. Diane, qui avait à l'origine le même caractère que la grande
déesse de Babylone, était représentée tenant à la main un serpent sans tête
Avec le temps, et à mesure que les traits de l'histoire de Sémiramis devenaient
plus obscurs, en déclara audacieusement que la naissance de son fils était
miraculeuse ; aussi fut-elle appelée
"Aima Mater
, la Vierge Mère.