Chapitres 1 à 10
Position des Juifs dans les livres de Néhémie et d’Esther
Néhémie montre la fin de l’histoire d’Israël jusqu’au Messie
Le livre de Néhémie nous a fait voir Juda réinstallé dans son pays, mais privé
de la présence de Dieu, sauf en bénédiction générale, et non reconnu de Dieu
comme son peuple ; en sorte que, quel que soit le laps de temps, cet état nous
conduit moralement jusqu’au moment où le Messie a dû être présenté pour mettre
le sceau à la prophétie, pour qu’il y eût fin à la transgression et pour
introduire la justice des siècles [(Dan. 9:24)]. Ce livre nous a donc donné le
dernier mot de l’histoire d’Israël, et cela en bonté et en patience de la part
de Dieu, jusqu’à la venue de Christ.
Esther montre la
fidélité de Dieu en providence envers les Juifs hors du pays
Le livre d’Esther nous montre la position d’Israël, ou, plus exactement, la
position des Juifs hors de leur pays, et envisagés comme placés sous la main de
Dieu et comme objets de ses soins. L’existence de ces soins, dont le livre
d’Esther nous fournit les preuves, lorsque les Juifs étaient en dehors de toute
position reconnue de Dieu, et qu’ils avaient pour leur part perdu tout titre
quelconque à Sa protection, est un fait infiniment touchant et important dans
les voies de Dieu. Si, lorsque son peuple est dans un tel état, Dieu ne peut se
révéler à lui — ce qui est de toute évidence — Il ne manque pas néanmoins de
penser à lui. Dieu nous révèle ici, non une intervention ouverte de sa part en
faveur de son peuple, ce qui ne pouvait plus avoir lieu, mais les soins
providentiels qui ont assuré son existence et sa conservation au milieu de ses
ennemis. Ceux qui étaient menacés étaient de la captivité de Juda (2:5, 6), et
n’étaient pas rentrés dans la terre de Canaan. S’il faut voir en cela un manque
de foi et d’énergie, d’affection pour la maison et la cité de Dieu, il faut y
voir une preuve d’autant plus grande de l’absolue et souveraine bonté, de
l’absolue et souveraine fidélité de ce Dieu lui-même.
Intervention de Dieu
pour les siens malgré toutes les circonstances
Soins providentiels de Dieu pour Israël malgré son état et l’absence de relation
avec Lui comme peuple
Nous voyons donc, dans cette histoire, les soins secrets et providentiels que
Dieu prend des Juifs, lorsque, tout en maintenant leur position de Juifs, ils
sont entièrement déchus de toute relation extérieure avec Lui, privés de tous
les droits du peuple de Dieu, et dépouillés des promesses, à l’accomplissement
desquelles (telles que Dieu, dans sa miséricorde, les leur offrait alors à
Jérusalem), ils ne prenaient pas d’intérêt. Même dans cet état, Dieu les garde
et prend soin d’eux — d’un peuple béni et aimé malgré toutes ses infidélités,
car les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance [(Rom. 11:29)]. Cela, quand
on le pèse bien, donne à ce livre un caractère très touchant et instructif : il
est l’expression de la souveraine protection et des soins fidèles dont Dieu
entoure les siens, quelles que soient les circonstances, et nous montre la place
que ce peuple occupe dans ses pensées.
Dieu agit
providentiellement pour faire accomplir Ses desseins, mais ne se montre pas
On a souvent remarqué que le nom de Dieu ne se trouve pas dans le livre
d’Esther. C’est ce qui le caractérise. Dieu ne se montre pas. Mais derrière la
puissance et les égarements de ce trône auquel est échu le gouvernement du
monde, Dieu tient les rênes par Sa Providence ; il veille à l’accomplissement de
ses desseins et à tout ce qui est nécessaire pour que cet accomplissement ait
lieu ; et il a égard à son peuple, quel qu’en soit l’état et quelle que soit la
puissance de ses ennemis. Heureux peuple ! (comp., pour Israël, Jér. 31:20).
Triste position
d’Israël, mais foi dans la protection divine sur Israël
Il est à remarquer qu’on rencontre la foi dans la protection de Dieu [(4:14)],
et que cette dernière est reconnue alors même que les voies de Dieu, à l’égard
de ses promesses, sont ignorées. Nous parlons du gouvernement de Dieu et non pas
du salut. Le salut n’est pas ce dont il s’agit ici. Le Gentil domine et fait ce
qu’il veut, prenant à sa fantaisie, pour femme, une des filles de Benjamin
[(2:17)]. Triste position, en effet, du peuple de Dieu ! position contraire à
toute loi divine, à toute fidélité en d’autres circonstances, mais ne donnant
pas même lieu ici à une réclamation. Ici, Israël est perdu quant à son propre
état. Mais Dieu agit en Souverain, et se sert de cette triste preuve de leur
position, pour les garder de la destruction dont ils étaient menacés.
Intervention de Dieu
pour les Juifs de manière cachée
Dieu garde les Juifs hors de toute relation, mais sans se montrer
Néhémie nous révèle la dernière relation de Dieu avec le peuple, avant la venue
du Messie ; relation de long support, dans laquelle Dieu ne reconnaît pas le
peuple comme sien ; relation provisoire et imparfaite. Le livre d’Esther nous
apprend que Dieu garde souverainement les Juifs dispersés, veillant sur eux,
même en dehors de toute relation ; et que, sans révoquer en rien le jugement qui
les a atteints, Dieu les protège sans se montrer, et, par conséquent, par des
moyens cachés.
Dernière intervention
de Dieu avant la venue du Messie
C’est ce que, historiquement, il restait à faire connaître avant l’intervention
publique de Dieu à la fin dans la personne du Messie, que la prophétie seule
pouvait révéler.
Intervention divine vue
dans les circonstances de l’histoire d’Esther
Cette intervention est, ce me semble, indiquée dans les circonstances de cette
histoire ; vaguement, il est vrai, mais d’une manière assez claire pour celui
qui a suivi les voies de Dieu révélées dans la Parole. Nous voyons l’épouse
Gentile, mise de côté à cause de sa désobéissance [(1:19)] et pour avoir manqué
à montrer sa beauté au monde [(1:11-12)] ; elle est remplacée par une épouse
juive qui possède l’affection du roi [(2:17)]. Nous voyons la puissance
audacieuse de Haman le Gentil, oppresseur des Juifs, détruite [(7:10)], et le
Juif, protecteur d’Esther, Mardochée, auparavant méprisé et honni, élevé à la
gloire et aux honneurs, à la place du Gentil [(8:2)]. Tout ceci, il faut s’en
souvenir, se rapporte à la terre.
Moyens providentiels de
Dieu pour accomplir Sa volonté malgré tout
Enfin il y a, dans les détails de ce livre, un point très intéressant, savoir,
les moyens providentiels que Dieu emploie ; l’opportunité du moment auquel
toutes choses arrivent — jusqu’à l’insomnie du roi [(6:1)] ; montrant, de la
manière la plus intéressante, comment la main cachée de Dieu prépare et dirige
tout, et de quelle manière ceux qui cherchent Sa volonté peuvent, quoi qu’il en
soit, compter sur Lui en tout temps, même quand la délivrance paraît impossible,
et malgré toutes les machinations de l’ennemi et leur succès apparent.
Domination des Gentils
et voies de Dieu
Faits caractéristiques de la domination gentile, et Mardochée, type de Christ
La fin du livre présente, historiquement, les grands faits caractéristiques de
la domination des Gentils ; mais on ne peut guère manquer d’y voir typiquement,
dans la situation de Mardochée, le Seigneur lui-même, comme Chef des Juifs, dans
la relation la plus étroite avec le trône qui a domination sur tout.
Préservation d’Israël
quand tout semble contraire
Les circonstances mêmes au milieu desquelles ce livre nous introduit sont
appropriées à ce but. Quand une relation reconnue existe, les voies de Dieu sont
selon la conduite de ceux qui se trouvent dans cette relation ; mais ici nous ne
trouvons aucune relation pareille. La scène est remplie, justement remplie, de
circonstances païennes et de mœurs païennes. Israël est comme perdu au milieu
des païens. Sa conduite n’apparaît pas, mais bien sa préservation, quand pour
l’œil de l’homme le paganisme est tout et que les ennemis d’Israël sont en
apparence tout-puissants. Tout cela est à sa place : tout autre tableau n’eût
pas été la vérité, n’eût pas donné la vraie représentation de l’état des choses,
ni mis en évidence dans leur vrai caractère les voies de Dieu.
Fin des livres
historiques
On comprendra facilement que ce livre termine la suite profondément intéressante
des livres historiques, que, par la bonté de notre Dieu, nous venons de
parcourir, en exposant, autant que nous l’avons pu, leurs traits principaux. Que
l’Esprit, qui nous a fait jouir de ce que Dieu a daigné nous y révéler, continue
de nous instruire en méditant ceux qu’il nous reste à examiner !
Commentaire entier
John Nelson Darby