Introduction
Introduction aux livres des Prophètes
Champ de la prophétie
Voies de l’Éternel en rapport envers Israël et le Messie, et les nations
Nous entrons maintenant, cher lecteur, dans le champ de la prophétie, champ si
vaste et si important, soit sous le rapport de l’enseignement moral qui s’y
trouve, soit par les grands événements qui y sont annoncés, soit par le
développement du gouvernement de Dieu, et la révélation, au moyen de son
gouvernement, de ce que Dieu est lui-même dans ses voies envers les hommes.
L’Éternel, ses voies, et le Messie, voilà ce qui brille à travers tout. Israël
forme le cercle intérieur, ou le premier plan sur lequel les voies de Dieu se
développent, et c’est avec lui que le Messie est immédiatement en relation. En
dehors et derrière, se rassemblent les nations, instruments des jugements de
Dieu et, plus tard, objets de son gouvernement universel, quand elles seront
assujetties au Messie, qui toutefois réclamera spécialement Israël pour son
peuple particulier.
La terre et le
gouvernement de Dieu comme sujet, et non l’Église et les chrétiens
Il est évident que l’Église et la place du chrétien individuellement, sont en
dehors de cette scène. Ici, il n’y a ni Juif, ni gentil ; ici, le Père connaît
les objets de son élection éternelle comme ses enfants chéris, et le Christ
glorifié en haut son épouse et son corps. La prophétie traite de la terre et du
gouvernement de Dieu ; car après que la question du salut personnel est réglée,
il reste deux grands sujets dont traitent les Écritures, à savoir le
gouvernement de ce monde, et la grâce souveraine qui s’est occupée de pauvres
pécheurs pour les placer dans la même position que le Fils de Dieu lui-même
comme homme glorifié, et pour les adopter comme fils, — la gloire divine, en
Christ, étant bien entendu le centre de tout. Si nous apprécions les choses, non
selon notre propre importance, mais selon l’importance de la manifestation de
Dieu, nous accorderons une grande valeur à ce qui développe ses voies, déployées
dans son gouvernement. Nul doute que l’Église, et le chrétien considéré comme
individu, ne soient d’un ordre encore plus élevé qu’Israël, parce que Dieu y a
manifesté tous les secrets de son amour éternel et de ses affections divines
actuelles les plus profondes ; mais rappelons-nous qu’il s’agit ici, non
seulement de la sphère d’action, mais aussi et surtout de Celui qui y agit, et
alors les voies de Dieu envers Israël et la terre nous paraîtront revêtues de
leur vraie importance. Ce sont là les sujets de la prophétie. Quant aux autres
sujets, nous les trouverons surtout dans les écrits de Paul et de Jean.
Caractère des
prophéties et époque en rapport avec elles
Prophéties concernant Israël peuple de Dieu, ou concernant le temps des nations
Cette portion de la Parole se divise en deux parties, à savoir : les prophéties
qui se rapportent à Israël pendant le temps qu’il est reconnu de Dieu, et qui,
par conséquent, concernent aussi la gloire à venir, et les prophéties qui
donnent à connaître ce qui aura lieu pendant que Dieu a rejeté son peuple, mais
qui annoncent cette réjection en vue de la bénédiction finale de ce peuple même.
Cette distinction repose sur ce fait, que le trône du Dieu assis entre les
chérubins a été ôté de Jérusalem, et que la domination de la terre a été confiée
aux nations. Le temps de cette domination est appelé « le temps des nations » [(Éz.
30:3)]. Les premières prophéties concernent ce qui précède et ce qui suit cette
époque ; les secondes, cette époque elle-même. Entre celle-ci et les événements
qui suivent, il y a un moment de transition pendant lequel il est question de la
restauration du peuple de Dieu, quand la fin du temps des nations approche. Ce
moment de transition est particulièrement en vue dans les prophéties qui se
rapportent au temps des nations, et c’est à ce moment que les Psaumes font si
abondamment allusion, le rattachant à la première venue du Seigneur et à sa
réjection par les Juifs, comme il dit : « Vous ne me verrez plus désormais,
jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur »
[(Matt. 23:39)]. Mais l’histoire générale de la période elle-même est donnée
sous des formes différentes. L’époque qui s’étend depuis la captivité de
Babylone jusqu’à la venue de Jésus a un caractère spécial, car les nations
dominent, et cependant Juda est à Jérusalem attendant le Christ. Dieu a accordé
à son peuple des témoignages prophétiques qui s’adressent particulièrement à cet
état de choses : les prophètes Aggée, Zacharie et Malachie, ont par conséquent
un caractère spécial en rapport avec la position dans laquelle le peuple s’est
alors trouvé, et avec les voies de Dieu à son égard.
Caractère particulier
de Jonas, s’adressant aux nations
Il y a encore un prophète qui occupe une place distincte ; c’est Jonas : il a
été chargé du dernier témoignage adressé directement aux nations, pour montrer
que Dieu tenait compte d’elles et que son gouvernement s’étendait sur tous d’une
manière suprême, quoiqu’il eût déjà appelé Israël, afin qu’il fût un peuple mis
à part pour Lui1.
1 Nous examinerons plus tard, sous d’autres rapports, le caractère de ce prophète.
Différence de
traitement du peuple d’Israël entre les prophéties
Christ est le centre de toutes les prophéties, quel que soit d’ailleurs le
caractère de chacune d’elles. C’est l’Esprit de Christ qui y parle. Des deux
parties dont elles se composent, l’une est bien plus étendue que l’autre. Daniel
seul, dans l’Ancien Testament, nous donne les détails des « temps des gentils »,
à quelques révélations particulières près, contenues dans Zacharie. Il y a une
différence très frappante entre les deux genres de prophéties. Celles qui
concernent les temps où Israël est reconnu, s’adressent au peuple, à sa
conscience, à son cœur. Celles qui donnent l’histoire des temps des nations,
tout en étant une révélation pour le peuple, ne s’adressent pourtant pas à lui.
Dans les livres des trois prophètes postérieurs à la captivité, ni Israël, ni
Juda, ne sont jamais appelés le peuple de Dieu, si ce n’est à propos des
promesses qui concernent l’avenir, quand le Messie aura rétabli la bénédiction.
Usage des symboles dans
la prophétie, dont le sujet n’est jamais une figure
Je dois encore mentionner un principe, simple mais important pour l’intelligence
des prophéties. Quelles que soient les figures employées par l’Esprit de Dieu
pour dépeindre les voies de Dieu ou celles de l’ennemi, le sujet de la prophétie
n’est jamais une figure. Il n’est pas ici question des prophéties où tout est
symbolique, et auxquelles dès lors cette remarque ne saurait s’appliquer. Du
reste, un symbole n’est pas proprement une figure. C’est la réunion des qualités
morales ou historiques, ou bien des unes et des autres à la fois, appartenant à
un objet prophétique, pour présenter l’idée que Dieu a de cet objet. Si certains
éléments du symbole peuvent être des figures, l’ensemble n’est pas à proprement
parler une figure, mais une image frappante des qualités qui composent l’objet
qui est dépeint. Aussi rien n’est plus instructif qu’un symbole bien compris.
Dieu nous y donne l’idée parfaite de la manière dont il envisage lui-même ce qui
est représenté par le symbole, ce qui, à ses yeux, constitue son caractère
moral.
Abordons maintenant l’étude des livres des prophètes.
Introduction au livre
d'Ésaïe
Contenu et caractères de la prophétie d’Ésaïe
Prophétie la plus complète quant à l’histoire d’Israël
Ésaïe se présente en première ligne, et, en effet, ses écrits sont les plus
complets de ceux qui appartiennent à la prophétie, et peut-être les plus riches
de tous. L’ensemble des pensées de Dieu à l’égard d’Israël nous y est davantage
révélé, tandis que certaines portions de l’histoire de ce peuple forment le
sujet principal des autres prophéties.
Division par sujets et
portée morale
Nous donnerons ici la division du livre par sujets. Une apparence de confusion
règne au commencement ; mais elle aide en même temps à faire sentir la portée
morale du livre.
Aube du jour faisant
pressentir la scène glorieuse future, après la nuit actuelle
Et ici, quelle scène triste d’un côté, et en même temps, douce et glorieuse de
l’autre, se découvre à nos yeux, semblable aux premières lueurs de l’aube du
jour, qui se montre à la fin d’une longue et froide nuit de ténèbres ; elle fait
pressentir le beau jour qui va se lever sur une scène dont on n’aperçoit qu’à
peine encore les beautés et qui ne doit pas tarder à être vivifiée par la
chaleur et à resplendir sous l’éclat du soleil glorieux qui va bientôt
l’éclairer. On se réjouit de cette lumière partielle ; elle parle de la bonté,
de l’énergie et des intentions de Dieu, qui a tout créé pour accomplir ses
desseins de grâce et de gloire. Mais on attend la manifestation de la plénitude
de cet accomplissement, où tout jouira du repos sous l’effet de sa bonté.
La prophétie dévoile le
péché et le cœur d’amour de Dieu annonçant le relèvement
Telle est la prophétie : elle est triste, parce qu’elle dévoile le péché et la
folle ingratitude du peuple de Dieu ; mais elle révèle le cœur de Celui qui est
infatigable en amour, qui aime ce peuple, qui veut son bien, quoiqu’il sente son
péché selon son amour. C’est le cœur de Dieu qui parle. Ces deux caractères de
la prophétie jettent du jour sur le double but qu’elle se propose, et nous
aident à en comprendre la portée. Premièrement elle s’adresse à l’état actuel du
peuple et lui démontre son péché ; elle suppose donc toujours le peuple dans un
état de chute. Lorsqu’il jouit en paix des bénédictions de Dieu, il n’est pas
besoin qu’on vienne lui montrer son état. Mais en second lieu, tant que le
peuple est encore reconnu, elle lui parle d’un relèvement actuel subordonné à sa
repentance, et, pour l’encourager à s’approcher de l’Éternel, elle lui annonce
sa délivrance. Et ici la loi et par conséquent les bénédictions qui s’y
rapportent, trouvent leur place, comme ce à quoi le peuple devait revenir. La
dernière parole prophétique donnée de Dieu, en est un exemple remarquable
(Malachie 4). Toutefois, Dieu savait bien quel était le cœur de son peuple, et
quel serait son refus de se rendre à son appel. Pour soutenir la foi du résidu
fidèle au milieu de cette incrédulité, et pour instruire son peuple dans tous
les temps, il ajoute des promesses qui s’accompliront infailliblement par la
venue du Messie. Ces promesses se lient, tantôt aux circonstances d’une
délivrance prochaine et partielle, tantôt à la consommation du péché du peuple,
par le rejet du Christ venu en humiliation. Il est très important de distinguer
ce qui se rapporte à ces circonstances prochaines, d’avec ce qui a trait à la
pleine délivrance montrée en perspective à travers ces circonstances d’une date
plus rapprochée. C’est la partie difficile de l’interprétation de la prophétie.
Emploi des figures
mêlées avec les expressions littérales, et distinction des deux
J’ajouterai que, quoique le sujet de la prophétie ne soit pas une figure, non
seulement les figures y sont largement employées, mais elles y sont souvent
entremêlées avec des expressions littérales, en sorte qu’il n’y a pas de règle
exacte pour distinguer ce qui est figuré et ce qui est littéral. Ici, comme
toujours, il faut le secours du Saint Esprit, l’intelligence spirituelle, pour
trouver le vrai sens des passages. Ce que je viens de dire, se reproduit
constamment et dans les circonstances les plus solennelles. Le Psaume 22, par
exemple, est un mélange continuel de figures représentant le caractère moral de
certains faits racontés avec une simplicité littérale. Il n’y a aucune
difficulté à le comprendre ; « Des chiens m’ont environné, une assemblée de
méchants m’a entouré ; ils ont percé mes mains et mes pieds » [(Ps. 22:16)]. Le
mot chien donne le caractère de ceux qui sont acteurs dans cette scène. Cette
habitude de locution se retrouve dans toutes les langues. On dira, par exemple :
il a fait un beau tableau de la vertu. Tableau est une figure. Ceci est dit pour
qu’on ne fasse pas une difficulté de ce qui tient à la nature du langage humain.
Plan du livre
Ch. 1-10 — Introduction, puis jugement et délivrance du peuple, et introduction
du Messie
J’arrive maintenant au contenu du livre. En voici la division. Les quatre
premiers chapitres forment une espèce d’introduction et constituent une partie
distincte. Le chapitre 5 également doit être envisagé séparément. Il contient le
jugement du peuple qui n’a tenu aucun compte des soins que Dieu a pris de lui.
Mais nous trouverons ce jugement repris en détail au verset 8 du chapitre 9. Au
chapitre 6, nous trouvons le jugement du peuple en vue de la gloire à venir du
Messie. Il y a par conséquent un résidu reconnu1. Le chapitre 7 introduit
formellement le Messie, Emmanuel, Fils de David, et le jugement de la famille de
ce roi selon la chair ; de sorte qu’il y a une espérance assurée, mais en même
temps un jugement sur le dernier appui humain du peuple. Au chapitre 8, il est
question de l’Assyrien dévastateur qui envahit la terre, mais à la fin Emmanuel
(annoncé au chapitre 7) réduit tous ses projets à néant. En attendant, il y a un
résidu séparé du peuple et attaché à cet Emmanuel2, et il est fait mention des
circonstances angoissantes par lesquelles le peuple doit passer dans son
apostasie, circonstances qui se terminent par la pleine bénédiction attachée à
la présence d’Emmanuel. Ce sujet s’arrête au verset 7 du chapitre 9, de sorte
que nous avons au fond toute l’histoire des Juifs en rapport avec Christ. Au
verset 8 du chapitre 9, l’Esprit reprend l’histoire générale de la nation,
interrompue par l’épisode essentiel d’Emmanuel, introduit dans cette scène. Il
la reprend depuis l’époque de la prophétie en désignant les divers jugements de
l’Éternel, jusqu’à ce qu’il introduise le dernier instrument de ces jugements,
la verge de l’Éternel, l’Assyrien. Et ici, la délivrance prochaine du peuple est
présentée comme un encouragement à la foi et préfigure la destruction finale de
la puissance qui sera la verge de l’Éternel aux derniers jours, quand il
frappera le dévastateur. Ce sujet se termine avec le chapitre 10.
1 Remarquez ici les deux grandes manières selon lesquelles Dieu agit sur la conscience afin de la convaincre de péché, telles que nous les voyons dans ces deux chapitres. Premièrement, l’état de bénédiction dans lequel Dieu avait établi la personne de celui qu’il est obligé de juger plus tard à cause de son abandon de cet état (ainsi l’homme dans son innocence) ; puis la rencontre avec le Seigneur dans la gloire. Sommes-nous en état de nous rencontrer ainsi avec Lui ?
2 Ce sujet est largement développé dans l’évangile de Matthieu. Le passage même est cité en Héb. 2. Ce qui nous est présenté en És. 8:13-18, est en fait l’histoire des évangiles entrant sur la scène de ce monde. Pierre cite le verset 14 ; Paul (Rom. 9) parle de la pierre d’achoppement. Matthieu cite És. 9:1-2, quand il raconte l’apparition de Christ en Galilée.
Ch. 11-12 — Caractères
de Christ et effets de Son règne, sans mention de la tribulation
Le chapitre 11 nous présente le rejeton de David, premièrement dans son
caractère moral intrinsèque, et ensuite dans les effets de son règne, par
rapport à la pleine bénédiction et à la présence de l’Éternel de nouveau établi
au milieu de son peuple en Sion. Ainsi nous est présentée, dans ses traits
principaux, l’histoire du peuple, jusqu’à son établissement en bénédiction comme
peuple de Dieu, ayant l’Éternel au milieu de lui. Toutefois il est bon de
remarquer qu’il n’est pas fait mention ici soit de l’antichrist, soit de la
puissance de la bête, ni du temps de la tribulation proprement dite, parce que
cette période est celle pendant laquelle les Juifs ne sont pas reconnus, bien
que Dieu s’occupe d’eux, tandis que notre prophétie parle du temps où ils sont
reconnus. Le prophète déclare en termes généraux que Dieu cacherait sa face de
la maison de Jacob, et que celui dont l’Esprit était droit s’attendrait à Lui.
Ch. 13-35 — Jugement
des nations liées à Israël, puis histoire des Juifs à la fin
Du chapitre 13 jusqu’à la fin du 27, nous trouvons le jugement des nations, de
Babylone comme des autres nations, et spécialement de celles qui ont été en
relation avec Israël en tous temps. Nous y trouvons aussi la position d’Israël,
non seulement au milieu de ces nations, mais aussi au centre de tous les peuples
de la terre aux derniers jours (c’est le sujet du chapitre 18), le jugement du
monde entier (chapitre 24), et enfin aux chapitres 25 à 27, la pleine
bénédiction milléniale d’Israël. Du chapitre 28 au chapitre 35, nous sont
fournis les détails de l’histoire des Juifs dans les derniers temps. Chaque
révélation est terminée par un témoignage à la gloire de Dieu en Israël.
Ch. 36-39 — Base de
l’histoire des Juifs aux derniers jours à travers celle d’Ézéchias
Dans les chapitres 36 à 39, l’Esprit nous fait le récit d’une portion du règne
d’Ézéchias. On y trouve trois sujets principaux : la résurrection du Fils de
David comme de la mort, la destruction de l’Assyrien sans qu’il ait pu attaquer
Jérusalem, et la captivité de Babylone. Ce sont les trois grandes bases de toute
l’histoire des Juifs et de leur état aux derniers jours.
Ch. 40-66 — Plaidoirie
avec le peuple sur l’idolâtrie et le rejet de Christ, et révélation du résidu
Ce qui est contenu depuis le chapitre 40 jusqu’à la fin, forme une partie très
distincte de la prophétie, dans laquelle Dieu révèle la consolation de son
peuple et les rapports moraux de celui-ci avec Lui, ainsi que les deux motifs de
sa controverse avec eux en vue de la position dans laquelle il a placé le
peuple, soit comme serviteur élu, témoin de l’Éternel, le seul vrai Dieu,
vis-à-vis des nations et de leur idolâtrie, soit comme appelé à reconnaître
Christ, seul vrai serviteur élu1 qui a accompli la volonté de Dieu. Ceci donne
lieu à la révélation d’un résidu qui écoute ce vrai serviteur, et au récit des
circonstances par lesquelles passe ce résidu, par conséquent aussi au tableau de
l’état de la nation aux derniers jours, lequel se termine par la manifestation
de l’Éternel en jugement. La position d’Israël vis-à-vis des nations idolâtres a
pour effet d’introduire le sujet de Babylone, de sa destruction, et de la
délivrance, par Cyrus, d’Israël captif. L’idolâtrie est une des questions sur
lesquelles l’Éternel plaide avec son peuple. L’autre question, plus grave
encore, c’est la réjection de Christ. Pour plus de détails, nous renvoyons à
l’examen particulier des chapitres que nous allons entreprendre.
1 Le terme « serviteur » fournit une sorte de clef pour toute cette prophétie : s’appliquant d’abord à Israël ; puis, au chapitre 49, au Seigneur qui remplace Israël ; puis enfin au résidu. Mais nous reprendrons ce sujet plus tard.
Pas de miracles chez
les prophètes écrivains, car la Parole est reconnue
La prophétie suppose que le peuple de Dieu est dans un mauvais état, quoiqu’il
soit reconnu et que l’Éternel lui adresse la parole. Il n’est pas besoin
d’envoyer de puissants témoignages à un peuple qui marche heureusement dans les
voies du Seigneur, ni de soutenir la foi d’un résidu éprouvé par des espérances
fondées sur la fidélité immanquable et les desseins de Dieu, lorsque tous
jouissent en pleine paix des fruits de sa bonté présente attachés comme
conséquence à leur fidélité. La preuve de ce principe, simple et facile à
comprendre, se trouve dans chacun des prophètes. Il ne paraît pas que ceux dont
nous possédons les écrits dans le livre inspiré, aient opéré des miracles1 ; car
la loi était en vigueur, son autorité reconnue extérieurement : il n’y avait
rien à fonder ou à établir, et l’autorité de l’Éternel était la base du système
public de religion dans le pays, selon les institutions qu’il avait lui-même
données en rapport avec le temple. C’était sur le devoir pratique qu’insistaient
les prophètes. Au milieu des dix tribus apostates, Élie et Élisée opèrent des
miracles pour rétablir l’autorité de l’Éternel. Telle est la fidélité de Dieu et
sa patience envers son peuple. Un nouvel objet de foi exige des miracles. Ce qui
est fondé sur la Parole déjà reconnue et qui n’a pas besoin d’être accepté comme
un nouvel objet, n’en exige point pour établir son autorité, quels que soient
d’ailleurs l’accroissement de lumière ou les appels à la conscience qu’un
prophète apporte. La Parole se légitime auprès de la conscience de ceux qui sont
enseignés de Dieu, et s’il y a de nouvelles lumières, elles font la consolation
de ceux qui ont reçu le témoignage pratique, et ainsi reconnu l’autorité de
celui qui parle de la part de Dieu.
1 La seule exception serait le retour en arrière de l’ombre sur le cadran d’Achaz (És. 38:8); mais Achaz avait abandonné Dieu, Juda peut dès lors être mis sur le même pied qu’Israël (cf. És. 1:2-4; 8:14), et le miracle opéré sur le cadran établi par Achaz est en quelque sorte du même ordre que ceux d’Élie et d’Élisée en Israël apostat. Il souligne que le réveil dû au pieux Ézéchias n’introduit qu’un sursis. Il est digne de remarquer que les apôtres n’opéraient jamais de miracles pour leur propre soulagement. «J’ai laissé Trophime malade à Milet», «Épaphrodite a été malade fort près de la mort, mais Dieu a eu pitié de lui, et non seulement de lui, mais aussi de moi».
Examinons maintenant de plus près le contenu de cette prophétie.
Chapitre 1er
Ch. 1er — Témoignage divin à l’état du peuple, et repentance proposée pour la
bénédiction
Le chapitre 1 d’Ésaïe commence par un témoignage du triste état du peuple. [1:6]
Tout était plaie et corruption. [1:5] Inutile de les frapper davantage. [1:13]
Leurs cérémonies faisaient horreur à l’Éternel : [1:17] il voulait la justice.
[1:18] Cependant la repentance est proposée au peuple, [1:19] et la bénédiction
doit suivre la repentance. Telle est la position qui lui est faite par la
prophétie. [1:23] Mais Dieu connaissait le peuple : il était méchant et corrompu
ainsi que ses chefs ; [1:24] Dieu annonce dès lors ce qui aura lieu. Il
exécutera le jugement, [1:25] purifiera de cette manière le peuple, [1:26] et
rétablira la bénédiction. Les deux grands principes sont ainsi posés. [1:19] La
bénédiction est proposée à condition que le peuple se repente ; [1:27] mais de
fait elle est introduite par le jugement.
Chapitres 2 à 4
Ch. 2-4 — Introduction de la bénédiction, après le jugement]
Ch. 2 v. 1-4 — Sion rétablie sera le centre de la bénédiction des nations
Ainsi rétablie, Sion, la montagne de l’Éternel, sera le centre de la bénédiction
et de la paix pour toutes les nations (ch. 2:1-4).
Jugement de l’Éternel
sur Son peuple, purification et bénédiction
[2:5] Ceci met dans la bouche du prophète l’invitation à marcher dans la lumière
de l’Éternel. [2:6] Pourquoi a-t-il abandonné son peuple ? Parce que son peuple
a appris les voies des païens. [2:12] La journée de l’Éternel sera contre toute
la gloire de l’homme [2:18] et toutes les idoles. On cessera de s’appuyer sur
l’homme, car le peuple de Dieu lui-même sur la terre, le lieu de son repos, sera
jugé et frappé par son Dieu (chapitres 3 et 4). [4:2] Mais alors le rejeton de
l’Éternel sera glorieux et la terre bénie. Celui qui frappe bande la plaie en
introduisant le Messie et en bénissant par lui la terre. [4:3] Le résidu sera
saint [4:4] lorsque la purification de Jérusalem aura été effectuée par le
jugement et le feu de l’Éternel ; [4:5-6] Jérusalem sera protégée et glorifiée
par la manifestation de sa présence, comme le fut le tabernacle au désert. Tel
est le cadre dans lequel l’introduction à cette prophétie se présente avec
beaucoup de force et de clarté.
Chapitres 5 et 6
Chapitres 5-6 — Jugement du peuple d’Israël
Ch. 5 — Réponse d’Israël aux soins de l’Éternel, et jugements qui en résultent
Après cela, l’Esprit de Dieu entre en compte avec le peuple, en se plaçant sur
deux terrains différents, savoir : ce que Dieu avait fait pour son peuple, et la
venue de l’Éternel dans la personne du Christ en gloire. Le peuple avait-il
répondu aux soins que l’Éternel lui avait prodigués ? Était-il en état de
recevoir l’Éternel au milieu de lui ? Le chapitre 5 traite la première question,
qui touche à la responsabilité du peuple, au point de vue des soins et du
gouvernement de Dieu. [5:4] Qu’aurait pu faire Dieu pour sa vigne, qu’il n’ait
pas fait ? Cependant elle ne Lui rapporte que du verjus. [5:5] Il annonce ce qui
doit en résulter pour elle, selon son juste gouvernement. Sa haie, la protection
dont il l’avait entourée, sera ôtée, et elle sera laissée en proie aux ravages
des nations. [5:8, 11, 18-23] Dieu, en plaidant contre son peuple, lui montre
ses péchés en détail. Ensuite il étend la main sur lui, et de terribles
châtiments surviennent. [5:25] Cependant sa colère n’est pas détournée : « sa
main est encore étendue ». [5:26] Il fera venir des étrangers pleins de force,
que rien n’arrêtera, [5:29] et qui emmèneront le peuple captif. [5:30] Le deuil
sera sur la terre, et la lumière sera obscurcie dans les cieux. Il s’agit
premièrement ici de Nebucadnetsar et même de Salmanéser, mais bien plus encore
des nations qui viendront contre Jérusalem aux derniers jours, et qui la
prendront après avoir envahi et parcouru tout le pays. Nous aurons plus tard les
détails de ces événements.
Ch. 6 — Manifestation
de la gloire de Christ, et effets sur le peuple souillé
Mais il était dans les desseins de Dieu que sa présence s’établît en gloire au
milieu de son peuple ; c’est ce qui s’accomplira en Christ, à la fin des temps.
C’est pourquoi le témoignage du progrès des jugements est interrompu après le
premier exposé général, et, au chapitre 6, [6:1] le prophète voit cette gloire.
Néanmoins, le premier effet de celle-ci est judiciaire, et opère de manière à
aveugler et à condamner le peuple. Le jugement précédent (chapitre 5:24) avait
eu affaire à la transgression de la loi et au mépris de la parole du Saint
d’Israël. Mais l’inimitié contre Christ et sa réjection sont accompagnés de
l’aveuglement judiciaire du peuple, et de la séparation d’un résidu. Que ce soit
la gloire de Christ qui est manifestée au prophète, c’est ce que Jean nous
enseigne au chapitre 12 de son évangile [(v. 41)]. [6:5] Le prophète sent de
suite que la manifestation de cette gloire est incompatible avec l’état du
peuple. Des lèvres souillées ne sauraient la célébrer. [6:6] Mais un charbon
ardent pris de l’autel [6:7] purifie les siennes, [6:8] et il se consacre au
message de l’Éternel et à ce qui concerne la gloire de Christ. [6:10] Le cœur du
peuple est engraissé, [6:11] et il le sera jusqu’à ce qu’il soit frappé d’une
entière désolation. [6:13] Cependant il y aura un résidu, une sainte semence qui
sera comme la sève d’un arbre qui a perdu ses feuilles1.
1 Une traduction plus exacte jette beaucoup de jour sur cette prophétie. « Mais il y aura encore là un dixième ; et il reviendra, et il sera brouté comme le térébinthe et le chêne, dont le tronc reste quand ils sont abattus ; la semence sainte en sera le tronc » — (chapitre 1:9) ; c’est-à-dire, le résidu même sera assujetti au jugement et à la consomption, lors de son retour ; mais il y aura une sainte semence, d’où la vie poussera comme d’un arbre coupé.
Deux côtés du jugement
du peuple
Gouvernement de Dieu sur Israël coupable, et gloire de Dieu élisant un résidu
Le prophète nous présente donc ici le jugement du peuple sous deux rapports :
premièrement, celui du gouvernement de Dieu : à ce point de vue le peuple, étant
entièrement coupable, [5:30] est livré aux gentils ; secondement, celui de la
gloire de la présence de l’Éternel selon ses conseils de grâce : [6:5] le peuple
était incapable de la supporter ; mais puisqu’il s’agissait du propos arrêté de
Dieu, [6:13] il y aurait un résidu selon l’élection, en qui la gloire serait
rétablie. Il ne faut pas perdre de vue cette distinction, lorsqu’il est question
du gouvernement de Dieu et de ses voies extérieures.
Jugement d’Israël sous
la première alliance, et action de Dieu pour le résidu de Son peuple
Au chapitre 5, où il s’agit du premier caractère des jugements, il n’y a pas de
résidu, c’est simplement le jugement public et complet de la nation, où tout, à
cet égard, dépendait de la responsabilité du peuple. Dans les évangiles, Dieu
cherche du fruit [(Luc 13:6)]. Christ pouvait déchausser le figuier et y mettre
du fumier [(Luc 13:8)], mais tout en le faisant il cherchait du fruit. C’est
pourquoi le figuier est maudit et ne portera jamais de fruit [(Matt. 21:19)], —
type d’Israël (de l’homme) sous la première alliance. Au chapitre 6, Dieu agit à
l’intérieur, dans ses propres relations avec le peuple, et nous trouvons un
résidu et le rétablissement assuré du peuple ; car les dons et l’appel de Dieu
sont sans repentir [(Rom. 11:29)]. Ici aussi il s’agit de Christ. Dieu ne
rejettera point son peuple pour toujours [(Lam. 3:31)], [6:11] et la foi
prophétique dit : « Jusques à quand ? » — comme ailleurs il est dit : « Il n’y a
personne avec nous qui sache jusques à quand » [(Ps. 74:9)]. Car, « quand le
Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il de la foi sur la terre ? » [(Luc 18:8)].
Mais ceci demande plus de développements.
Chapitres 7 à 9:7
Chapitres 7 à 9:7 — Introduction du Messie, Emmanuel
Ch. 7 — Prophétie sur la maison de David, annonçant Emmanuel et la désolation
par l’Assyrien
Ces développements, la prophétie suivante, comprise dans les chapitres 7, 8 et 9
jusqu’à la fin du verset 7, nous les fournit d’une manière remarquable.
Certaines promesses étaient attachées à la famille de David, dans laquelle,
ainsi que nous l’avons vu en étudiant Samuel, Dieu avait renouvelé les
espérances d’Israël, lorsque les liens par lesquels son peuple lui était uni
avaient été brisés par la prise de l’arche, et qu’il avait abandonné son lieu à
Silo [(1 Sam. 4)]. Or, la famille de David, dernier appui du peuple dans sa
responsabilité, a aussi manqué à sa responsabilité. Achaz a abandonné l’Éternel
et a introduit l’autel d’un dieu étranger, dans le temple du vrai Dieu [(2 Rois
16)]. [7:3] Au chapitre 7, l’Esprit de Dieu dirige le prophète vers le roi et
s’adresse à lui. Ésaïe doit aller à sa rencontre avec Shear-Jashub son fils,
enfant symbolique, dont le nom signifie le résidu reviendra. [7:4] Mais
l’Éternel veut premièrement encourager le rejeton de David à agir par la foi, et
ainsi à glorifier Dieu, comme il avait fait à l’égard du peuple, au chapitre 1 :
[7:7] Il lui déclare que les desseins de Retsin et de Pékakh n’aboutiraient à
rien, [7:11] et même il l’engage à demander un signe. [7:12] Mais Achaz est trop
éloigné du Seigneur pour mettre à profit cette invitation, bien qu’il y réponde
sous une apparence de piété. Alors l’Éternel fait ici ce qu’il avait fait à
l’égard du peuple : il annonce ce qui doit arriver à la famille de David et au
peuple placé sous sa dépendance. Voici les deux points de cette déclaration
prophétique : [7:14] le don d’Emmanuel, Fils de la vierge, [7:20] et la complète
désolation de la terre par l’Assyrien. Ce sont là les clefs de toute la
prophétie. Toutefois, il y aura un résidu ; le verset 16 se rapporte à
Shear-Jashub ; mais la prophétie va plus loin.
Ch. 8 à 9:7 —
Apparition de l’Assyrien et intervention de Dieu pour bénir le résidu
Au chapitre 8, [8:3] le second fils prophétique est annoncé par son nom, [8:4]
qui signifie l’apparition prochaine de cet ennemi et ses ravages. [8:6] Puis, en
conséquence du mépris que le peuple a pour les promesses adressées à la famille
de David, et de son parti pris à se complaire dans la chair, [8:7] l’Éternel
déclare qu’il va prendre les choses en main. Dès lors se trouve citée toute la
suite de l’histoire du peuple, des directions données au résidu, et de
l’intervention de Dieu en puissance pour l’établissement de la pleine
bénédiction dans la personne du Messie.
Image des derniers
jours avec l’Assyrien, le résidu et Emmanuel
Dans le chapitre 7, où il s’agit de la responsabilité de la famille de David,
[7:14] Emmanuel est promis comme signe, [7:20] mais le succès de l’Assyrien doit
être complet, sans revers. Une fois Emmanuel introduit, tout est changé ; la
terre est à lui. [8:8] L’Assyrien inonde le pays, comme un fleuve débordé qui
s’élève jusqu’au cou, [8:6] parce que les eaux de Siloé avaient été méprisées.
Mais Emmanuel sauvegarde tout. Ainsi l’Esprit prophétique passe aux événements
des derniers jours, dont l’histoire de Sankhérib n’était qu’une figure. Il
montre les desseins et les confédérations des peuples mis à néant, parce que
Emmanuel, Dieu est avec nous. C’est la pleine délivrance d’Israël aux derniers
jours (ch. 8:5-10). Et, pour ce qui concerne le résidu, quel chemin doit-il
suivre ? (ch. 8:11 et suivants). Le voici : [8:12] il doit ne pas s’inquiéter de
la frayeur du peuple, ni crier à des confédérations en se fiant ainsi à la force
de la chair, toutes les fois que le peuple le fera ; [8:13] mais plutôt
sanctifier l’Éternel des armées lui-même, lui attribuer dans son cœur toute son
importance. [8:14] L’Éternel sera le sanctuaire du résidu au jour de sa
détresse.
Histoire de la
réjection de Christ et de la bénédiction finale de Dieu pour le résidu
Mais qui est donc cet Emmanuel, cet Éternel des armées ? Nous le savons
parfaitement. Ceci introduit donc toute l’histoire de la réjection de Christ, la
position du résidu et par conséquent de la nation, et l’intervention finale de
la puissance de Dieu. Le passage est trop clair pour exiger de grandes
explications. [8:14] Christ devient une pierre d’achoppement dans sa personne1.
[8:16] Il en résulte comme conséquence, que le témoignage de Dieu est déposé
exclusivement entre les mains et dans le cœur de ses disciples, le résidu choisi
de Dieu qui cache sa face à Jacob. [8:17] Mais selon l’Esprit prophétique, ce
résidu l’attend et le cherche. [8:18] Dans cette attente, lui et le résidu sont
des signes pour les deux maisons d’Israël (comp. Rom. 11:1, 2). [8:22] Ceux qui
ont rejeté la pierre (la nation), sont dans la rébellion et dans l’angoisse sur
la terre d’Emmanuel ; ils sont livrés à la désolation. [9:1] Cependant cette
détresse n’est pas semblable à celle qu’amenèrent autrefois les ravages des
Assyriens, [9:2] parce que le Messie a paru, et qu’il a pris en main la cause de
son peuple selon les conseils de Dieu. L’Esprit prophétique passe directement,
comme c’est souvent le cas, de son apparition comme lumière, aux effets de la
délivrance qu’il opérera aux derniers jours (ch. 9:2, 3) ; car l’Église était un
mystère, caché en Dieu, n’étant pas le sujet de la prophétie ou des promesses.
[9:4] Le joug de l’Assyrien étant brisé, [9:7] tout l’éclat de la gloire de la
personne divine du Messie brille dans la bénédiction de son peuple.
1 Le commencement du verset 17 est cité en Héb. 2 [(v. 13)], avec le verset 18, comme preuve de l’humanité du Seigneur, et pour montrer sa relation avec le résidu.
Le Messie et
l’Assyrien, sujets de la prophétie concernant Israël
Ces deux sujets, le Messie et l’Assyrien, forment les bases de toute la
prophétie qui concerne Israël, lorsque celui-ci est l’objet reconnu des voies de
Dieu. On peut remarquer ici que l’Assyrien parait deux fois ; mais la seconde,
il est en rapport avec le rassemblement des nations. La première fois, au
chapitre 7, [7:20] il est l’instrument des châtiments d’Israël de la part de
l’Éternel, et il accomplit Sa volonté, sans qu’il soit question pour lui d’être
brisé. La seconde fois, au chapitre 8, [8:8] il remplit la terre, [8:9] mais
l’assemblée des nations réunies contre Israël est brisée et anéantie. [8:13]
S’attendre à l’intervention de l’Éternel, [8:12] sans participer à la frayeur du
monde aux derniers jours, ne point chercher dans les confédérations la force que
le monde pense y trouver, mais, au contraire, s’appuyer uniquement sur
l’Éternel, voilà en principe une instruction précieuse pour ces jours-ci.
Chapitres 9:8 à 12
Ch. 9:8 à ch. 12 — Histoire générale finale d’Israël
Ch. 9:8-21 et ch. 10 — Fin de la colère contre Israël et jugement de l’Assyrien
Au chapitre 9, verset 8, l’Esprit, ayant fourni les faits principaux quant au
Messie, Emmanuel, reprend l’histoire générale d’Israël, sans que le Messie y
soit spécialement introduit, si ce n’est à la fin. Cette prophétie se termine
avec le chapitre 12. Bien que l’orgueil d’Éphraïm y soit mentionné [(9:9)],
toutefois Jacob ou Israël est envisagé comme un tout. Les diverses phases du
châtiment ou de la détresse, sont marquées aux versets 8, 12, 13-17, 18-21,
chap. 10:1, 4. [10:5] Enfin, l’Assyrien reparaît comme étant, à proprement
parler, la verge de l’Éternel ; en même temps, [10:12] Dieu annonce que
lorsqu’il aura accompli toute sa pensée à l’égard de Sion (accomplissement qui
n’est pas révélé ici), [10:16-19] il cassera la verge dont il se sera servi,
[10:20] et qu’alors il sera recherché du résidu qui s’appuiera sur lui. Tel est
l’acte final du grand drame des voies de Dieu envers Israël. [10:23] Il y a une
consomption arrêtée de Dieu sur la terre ; [15:12] mais quand à la fin
l’Assyrien lèvera sa main, l’Éternel interviendra et le frappera ; son
indignation et sa colère contre Israël, qui jusqu’alors n’avaient jamais été
détournées, prendront fin dans la destruction de cette verge [10:15] qui osa
s’élever contre Celui qui s’en était servi. Le verset 25 fait contraste avec les
versets 12, 17, 21 du chapitre 9, et le verset 4 du chapitre 10. Sankhérib est
une figure ; mais la vérité prophétique a pour objet la destruction de
l’Assyrien aux derniers jours, lorsque l’indignation cessera contre Israël.
Ch. 11-12 — Règne du
Messie et bénédiction qui l’accompagne
Par conséquent, les chapitres 11 et 12 annoncent le Messie et son règne, source
de la bénédiction milléniale du peuple de Dieu. Les premiers versets du chapitre
11 présentent son caractère, et ensuite viennent les effets de son règne.
Chapitres 13 et 14
Chapitres 13-27 — Jugement des nations
Règne millénial dans la sphère du monde plutôt que d’Israël seul
Avec le chapitre 12, finit toute une portion de la prophétie. Le sujet qui
commence au chapitre 13 continue jusqu’à la fin du chapitre 27, qui nous dépeint
de nouveau le règne millénial, mais dans une sphère plus étendue, parce qu’il y
est question du monde, dont traitent ces chapitres, tandis que les chapitres 5 à
12 se rapportaient spécialement à Israël.
Ch. 13-14 — Jugement de
Babylone, de l’Assyrien et des nations en Palestine
Jugement de Babylone, comme trône des nations, et de l’Assyrien
Ceux dont nous nous occupons actuellement, lient des événements alors
contemporains avec la fin des temps. On ne peut les comprendre que pour autant
qu’on est pénétré de cette pensée. La raison en est simple. Les nations sont
considérées dans leurs rapports avec Israël. Or, le temps compris entre la
captivité de Babylone et les derniers jours, est comme non avenu, au point de
vue de la nation. Nous avons déjà considéré l’introduction du Messie comme
pierre d’achoppement [(8:14)], dans le cours de la prophétie, la période
particulière des soixante-dix semaines étant mentionnée en Daniel, en rapport
avec lui. Mais ce passage dans le prophète, des temps des nations, montre plus
clairement encore que le temps d’après jusqu’à la fin est tenu comme non avenu.
Il y a soixante-dix semaines déterminées sur Israël pour amener sa pleine
restauration [(Dan. 9:24)]. L’immense espace de temps, qui a déjà duré depuis
plus de 1900 ans, n’est compté pour rien1. Aux yeux du prophète, Babylone (ou, à
parler plus exactement, son chef, en outre de la corruption idolâtre) représente
le trône impérial du monde, en contraste avec le trône de Dieu à Jérusalem2. —
Babylone sera renversée, Dieu bénira encore Israël. Ce sera le jugement de ce
présent siècle, du monde. La prophétie le fait voir dans la prochaine prise de
Babylone. Mais ce jugement ne sera complet que lorsque le temps des gentils sera
fini et Israël délivré. Le caractère du chef de Babylone nous est dépeint en
termes fort remarquables au chapitre 14, versets 12, 13. L’esprit de Babylone
qui a poussé à construire la tour revit dans Nebucadnetsar lui-même, et plus
particulièrement encore dans son dernier représentant auquel cette prophétie,
dans son plein accomplissement, se rapporte. [14:25] Puis l’Assyrien est détruit
sur la terre de Canaan3 ; [14:29] et quoique la famille de David ait eu son
sceptre brisé, [14:31] la Philistie sera jugée et soumise ; [14:32] l’Éternel
fondera Sion, et les pauvres de son peuple se retireront vers elle. [14:22]
Cette destruction de Babylone, [14:25] et de l’Assyrien après Babylone,
introduite aux chapitres 13-14, forme une scène à part, complète en elle-même,
mais nécessaire à la compréhension de l’ensemble de la prophétie.
1 Le grand espace de temps, qui a duré plus de 1900 années, est compris dans les soixante-dix semaines, ou (si vous voulez) les 490 années, prenant place entre la fin de la quatre cent quatre-vingt-troisième année et la fin de la quatre cent quatre-vingt-dixième, seulement les chrétiens savent que la moitié de la soixante-dixième semaine a été en réalité accomplie lors du ministère de Christ ; c’est pourquoi, dans Daniel 7 [(v. 25)] et dans l’Apocalypse [(12:14)], nous n’avons que la moitié d’une semaine.
2 En dehors de la captivité du peuple de Dieu, Babylone occupe une place très importante dans les voies de Dieu. Jusqu’au règne de Nebucadnetsar, Dieu, dans son gouvernement, tout en ayant pour centre Israël, en vue duquel les bornes des peuples avaient été posées [(Deut. 32:8)], prenait connaissance des nations, en tant que dispersées à l’occasion de Babel. Il les laissait bien suivre leurs propres voies, mais chacune d’elles, devant sa providence, avait une existence individuelle. Une fois que le trône fut ôté de Jérusalem, d’où Dieu gouvernait le monde en vue du peuple qu’il s’était choisi, le monde fut livré à la domination d’un seul trône, qui fut placé en évidence devant Dieu, par cela qu’il était seul à gouverner le monde. Trois autres puissances suivirent successivement, et la dernière existait lors de la venue de Christ dans ce monde ; mais le moment de son jugement n’était pas encore venu. Ces quatre empires constituent « les temps des nations » [(Luc 21:24)]. Dieu reprendra son gouvernement et jugera les nations, encore en vue d’Israël ; et Babylone, ou l’empire un et universel, sera mis de côté dans son état apostat et rebelle. Mais tant qu’il subsiste, l’empire a sa position à lui, unique et absolue devant Dieu. Jérusalem, punie pour son idolâtrie par la captivité de Babylone (l’assujettissement aux idoles), et le transfert du trône aux nations, est néanmoins, en une manière, reconnue de Dieu dans le résidu assujetti aux nations, en sorte que Dieu, dans les livres prophétiques, en tient compte, non pas cependant comme étant alors son peuple, jusqu’à ce que le second grand crime, le rejet de Christ, soit consommé. Mais ceci même était dans le prophète quand ils étaient en captivité. Toutefois ils furent conservés partiellement, pour que le Christ, le Seigneur, leur fût présenté : dès lors ils sont mis de côté, jusqu’à ce que la grâce souveraine leur soit apportée pendant la dernière semaine, pour la foi la dernière moitié. Le temps se compte de nouveau lorsque celle-ci est arrivée.
3 Preuve que la prophétie a trait aux jours de la fin, car autrefois l’Assyrien était tombé devant Babylone, étant vaincu et assujetti par elle. Il est à remarquer que ni la bête, ni l’antichrist ne forment le sujet de cette prophétie. Sous le joug de l’Assyrien, Juda n’était pas Lo-Ammi, non plus que dans cette prophétie. À Babylone, Juda était captif, et Lo-Ammi est écrit sur le peuple [(Os. 1:9)]. Ainsi, l’Assyrien étant ici l’ennemi principal, nous ne devons pas nous attendre à y trouver la bête.
Jugement des nations en
rapport avec Israël, dans les derniers jours
Mais il reste des nations qui sont sur le territoire d’Israël, ou en rapport
avec lui, desquelles il faut que Dieu dispose pour que son peuple jouisse de la
pleine bénédiction et de l’effet des promesses. Babylone, qui forme un vaste
système remplaçant le trône de David, est vue dans son ensemble. Les nations,
dont les jugements sont rapportés ici, bien qu’il soit fait allusion à des
événements voisins de la prophétie, sont considérées comme étant dans les
derniers jours, quand Dieu reprendra son gouvernement en jugement, en vue du
rétablissement de son peuple. Ainsi Nebucadnetsar a pris Tyr, soumis l’Égypte ;
l’Assyrien a renversé Damas et mené Éphraïm en captivité : et ces événements
étaient comparativement rapprochés. Mais l’ensemble de ces faits est représenté
ici en rapport avec les derniers jours. Même dans le chapitre précédent la
destruction de l’Assyrien est placée après la chute du roi de Babylone.
Cependant historiquement, l’Assyrien avait été soumis par Babylone, et
l’histoire de Sankhérib avait eu lieu bien des années avant cette époque. Mais
la prophétie a toujours en vue l’accomplissement des conseils de Dieu.
Généralement, ici il n’est pas donné de détails sur les instruments employés de
Dieu ; on les trouve ailleurs.
Chapitres 15 et 16
Ch. 15-16 — Jugement de Moab
[15:1] Moab est jugé : [16:5] il est averti que le trône de David sera rétabli
[16:4] et que l’oppresseur sera consumé de dessus la terre d’Israël.
Chapitre 17
Ch. 17 — Invasion des armées du nord en Israël aux derniers jours
Le prophète annonce l’invasion des armées venant du nord, le rassemblement des
nations. [17:1] Damas est envahi. [17:6] Israël ne sera que comme quelques
olives au haut des branches. [17:7] Cependant il regardera vers Celui qui l’a
créé, [17:13] et les nations rassemblées périront devant la manifestation de la
puissance de Dieu. L’esquisse de cette dernière invasion dont Israël sera
l’objet, donne lieu à une prophétie brève, mais très claire, de son état aux
derniers jours.
Chapitre 18
Ch. 18 — Début de restauration d’Israël, Dieu restant à l’écart
[18:2] Israël sera restauré par quelque nation puissante en dehors des limites
(les fleuves de Cush, l’Euphrate et le Nil [(18:1)]) de ses relations anciennes
et nationales, [18:4] mais l’Éternel demeure à l’écart bien qu’il dirige tout.
[18:5] Puis, quand le peuple commencera à bourgeonner comme une vigne sur sa
terre, [18:6] il sera livré en proie aux nations. [18:7] Néanmoins, dans ce
temps-là, il sera amené comme une offrande à l’Éternel et lui-même Lui apportera
des offrandes.
Chapitre 19 et 20
Ch. 19-20 — Israël ramené dans sa terre et béni à la fin, lié aux nations
[19:22] L’Égypte sera frappée dans ce jour-là ; mais l’Éternel la guérira.
[19:25] L’Égypte, l’Assyrie et Israël seront ensemble bénis par l’Éternel. Le
chapitre 20 [v. 4] nous apprend que ce sera l’Assyrien qui mènera l’Égypte en
captivité (comp. Daniel 11 à la fin). On remarquera qu’en général, du chapitre
13 au 17, il est question de délivrance. Le sceptre des méchants est brisé,
chapitre 14, verset 5. Le trône de David, doit être rétabli en miséricorde,
chapitre 16, verset 5. L’Assyrien est détruit, les Philistins soumis ; Sion
fondée par l’Éternel, Damas réduite. Ce dernier événement introduit les maux des
derniers jours. Seulement, ainsi que nous l’avons remarqué, le rassemblement des
nations est pour leur destruction (Michée 4:11-13). Le chapitre 18, reprenant le
sujet du 17, montre Israël tel qu’il doit être dans sa terre aux derniers jours,
opprimé par les nations, mais en définitive ramené à Dieu.
Chapitre 21
Ch. 21 — Invasion d’Israël par les nations, puis leur jugement
Ch. 21-24 — Envahissement et destruction des nations, pour établir Sion
Les chapitres suivants ne traitent pas de la délivrance comme ceux qui
précèdent, mais de l’envahissement des nations dont on a parlé, du fléau qui
déborde. L’Égypte est envahie, ainsi que l’Éthiopie en qui Israël s’était confié
; Babylone succombe, Duma et Kédar sont presque réduits à néant ; Jérusalem est
pillée ; Tyr tombe ; c’est un bouleversement universel dont la terre de Canaan
est la scène principale, mais dans lequel le monde entier se trouve compris (ch.
24). Les puissances mêmes des cieux sont renversées, de même que les rois de la
terre le sont sur la terre, et leur destruction donne lieu à l’établissement de
Sion, montagne de l’Éternel, comme centre de puissance et de bénédiction, la
puissance du Serpent, du dragon qui est dans la mer, étant anéantie.
Ch. 21 — Invasion et
chute de Babylone, avant Jérusalem
Après ce résumé, il convient d’attirer l’attention du lecteur sur quelques
détails. On remarquera que [21:9] Babylone et Jérusalem tombent (ch. 21) l’une
après l’autre, et que Jérusalem tombe la dernière. Or, il est de toute évidence
qu’un tel ordre de succession dans les événements est encore à venir. Ce qui est
dit de Babylone et de Jérusalem a pu trouver son occasion dans la prise de
Babylone par Cyrus, et en partie dans l’état de Jérusalem, lorsqu’elle a été
menacée par Sankhérib ; mais il n’y avait ni la même suite, ni la même liaison
d’événements que dans notre prophétie. Or Babylone est nommée de manière à
laisser un vague complet sur son état. [21:1] Le « désert de la mer » est une
singulière description d’une ville. [21:2] Cependant un envahissement affreux
est devant les yeux du prophète, et Babylone tombe. [21:1] L’invasion vient
comme un tourbillon du midi, et la puissance de Babylone finit, sans qu’on sache
comment.
Chapitre 22
Ch. 22 — Chute de Jérusalem, malgré tout le déploiement de la sagesse humaine
[22:1] Jérusalem, la vallée de vision, est pillée. [22:6] Les Mèdes et les
Perses, désignés comme les auteurs de l’invasion dans le chapitre précédent
[(21:2)], sont vus ici abaissant Jérusalem ; [22:2] il n’y a pas de combats
au-dehors, mais la ville est prise et ses habitants sont liés ou tués dans son
enceinte. Il y a dans ce chapitre, outre les révélations prophétiques, une
instruction morale de la plus haute importance. Premièrement, toute la sagesse
de l’homme pour parer au mal est inutile, si la force de Dieu n’agit point.
Lorsqu’il est question de la Cité de Dieu, cette sagesse, mise en œuvre dans
l’oubli de Celui qui avait fait et fondé la ville de sa sainteté, est un péché
impardonnable (ch. 22:11). Encore, ce qui est raconté ici a été fait par
Ézéchias qui a prospéré dans tous ses ouvrages. La bénédiction extérieure
accompagne ses travaux ; mais, en même temps, les dispositions du peuple à
l’égard même de ces travaux étaient telles, que Dieu ne pouvait pas les lui
pardonner. C’est ce qui arrive souvent : foi extérieure dans l’œuvre de Dieu qui
est bénie de sa part ; et à l’intérieur, corruption, cœur éloigné de lui, dans
la chose dont celui-ci s’occupe, et que Dieu jugera certainement ; puis l’oubli
de Dieu lui-même et de toute relation avec Lui. C’est ce qui a lieu lorsque le
peuple de Dieu s’appuie sur des moyens humains. [22:19] On voit encore ici celui
qui tenait une place assurée selon l’homme, dans le gouvernement de la maison de
David, mis de côté avec honte, [22:20] et l’élu de Dieu établi à sa place,
[22:23] toute gloire lui étant donnée : préfiguration remarquable du rejet du
faux Christ et de l’établissement du vrai aux derniers jours. Cette prophétie
tend à faire supposer une attaque des nations contre Jérusalem à l’époque où la
Babylone historique ne sera qu’un désert. Ce qui sera la Babylone de ces
jours-là tombera. Cependant, Jérusalem, objet des prophéties, sera prise, son
gouvernement sera changé, l’usurpateur devra céder la place à l’élu de Dieu.
Chapitre 23
Ch. 23 — Jugement de Tyr
L’oracle sur Tyr, au chapitre 23 nous fait voir tout l’orgueil de la gloire
humaine, et les nobles de la terre rendus honteux et méprisables. L’occasion est
la prise de Tyr par Nebucadnetsar ; mais la prophétie a plus de portée, [23:18]
elle va jusqu’aux jours où ses marchandises seront sanctifiées à l’Éternel (ch.
23).
Chapitre 24
Ch. 24 — Jugement final sur la terre et tout ce qui s’y trouve
Bouleversement de toutes les choses terrestres par le jugement
Le chapitre 24 nous présente le bouleversement de toutes choses sur la terre ;
le pays d’Israël est placé sur le premier plan, mais dans ce lieu, les éléments
de tous les systèmes de ce monde seront rassemblés et jugés. Nous avons déjà
fait remarquer que ceci s’étend au renversement judiciaire des puissances
célestes, des malices spirituelles, ainsi qu’à celui des rois de la terre sur la
terre ; les chapitres suivants nous montrent dans quel but auront lieu ces
jugements. Le mal ne serait ni éloigné, ni arrêté, si ce n’est par le moyen de
ces jugements. C’est pourquoi, lors de l’entrée de Christ à Jérusalem, il est
dit : « Paix au ciel » [(Luc 19:38)] ; car, jusqu’à ce que la puissance du mal
soit mise de côté, toute bénédiction établie sur la terre ne tarde pas à se
corrompre et à se flétrir.
Ch. 13-24 — Classement
moral des objets du jugement
Mais avant d’en faire l’examen, retraçons les objets de jugement dont nous
venons de parler ; retraçons-les dans leur classement moral. Il y a Babylone, la
puissance de la corruption organisée, où le peuple de Dieu est captif [(ch. 13)]
; l’ennemi public et ouvert de Dieu, l’Assyrien [(14:24-27)] ; l’ennemi
intérieur, le Philistin [(14:29-32)] ; puis Moab, l’orgueil de l’homme [(ch.
15-16)] ; Damas, qui a été ennemie du peuple de Dieu, mais qui s’est alliée avec
la partie apostate de ce peuple, contre la partie fidèle [(ch. 17)]. Le peuple
est délivré de ces ennemis. Puis après, on voit sous le jugement, l’Égypte, ou
le monde dans son état de nature, dont la sagesse disparaît dans la confusion
[(ch. 19)] ; Babylone maintenant déserte au milieu des peuples [(21:1-10)] ;
Duma, la liberté, l’indépendance de l’homme [(21:11-12)] ; Jérusalem, le peuple
professant [(ch. 22)] ; Tyr, la gloire du monde [(ch. 23)] ; et enfin tout ce
qui est sur la terre, les malices spirituelles dans les lieux célestes, et les
rois de la terre sur la terre [(ch. 24)].
Chapitre 25
Ch. 25 — Cantique célébrant l’intervention divine en tout
Les chapitres 25 et 26 prennent la forme d’un cantique, qui célèbre l’effet de
l’intervention de Dieu. Remarquons ces principaux points : [25:1] Dieu est
fidèle ; il accomplit ses conseils ; [25:2] dans sa puissance, il a réduit à
néant la cité de l’orgueil humain. Toute la forte organisation de l’homme a été
détruite. [25:4] L’Éternel a été la force des pauvres de son peuple au jour de
sa détresse, [25:5] et la puissance de ses ennemis est abaissée. Il fera justice
en Sion pour tous les peuples ; [25:7] il ôtera le voile qui est sur leur cœur.
[25:8] La résurrection des fidèles aura lieu. Je dis des fidèles, car la mort
est engloutie par la victoire. Au reste, 1 Cor. 15 [(v. 54)] applique cette
déclaration dans ce sens. L’opprobre qui s’attachait au peuple de Dieu, à
Israël, sera entièrement ôté. Aux versets 9-12, le résidu célèbre sa délivrance
; il attend Dieu, et la puissance de l’Éternel se déplacera pour lui. [25:10]
Moab, le voisin orgueilleux de Jacob, sera soumis1.
1 Le lecteur fera bien d’observer que nous avons ici tous les résultats de ce jugement de Dieu et de ce qui s’y rapporte. [25:8] Les saints sont ressuscités, la puissance du mal est précipitée des cieux, [25:8] l’opprobre d’Israël est ôté, [25:7] et la face du voile qui couvre tous les peuples est détruite.
Chapitre 26
Ch. 26 — Célébration de la délivrance
Au chapitre 26, [26:1] le résidu chante le caractère de cette délivrance. Il a
une ville forte, mais c’est le salut de Dieu qui fait ses remparts. Il ne s’agit
pas de la force de l’homme ; [26:6] le pauvre la foulera. Il s’agit du jugement
que le Dieu juste exécute lui-même. [26:8] Le résidu l’a attendu dans la voie de
ses jugements. Le support de la grâce avait été inutile ; [26:9] ce n’est que
lorsque les jugements de Dieu seront sur la terre1, que les habitants du monde
apprendront la justice. [26:11] La main de l’Éternel serait-elle levée pour
frapper, qu’ils ne l’apercevraient pas. Mais un jour viendra où ils la verront
malgré eux, et ils auront honte. Le feu de la jalousie de l’Éternel les dévorera
; [26:14] ils ne se relèveront point. [26:19] Mais Israël sera comme ressuscité
par la puissance de l’Éternel.
1 Je présume que « la terre » est une sphère plus restreinte que « le monde », la distinction consistant surtout dans le fait qu’en elle, les voies de Dieu et son gouvernement ont été mis en évidence devant les hommes. Quand ceci aura eu lieu dans le monde entier, ce dernier devient la terre. Le mot « terre » est employé pour la terre d’Israël, ainsi que pour la terre dans le sens que nous venons d’exposer, et pour la terre entière comme scène du gouvernement de Dieu. Ainsi, quand la scène où Dieu agit actuellement aura été jugée, le monde dans toute son étendue apprendra à connaître la justice ; et non pas, quoique la chose eût dû y être introduite, tandis que le système actuel de la grâce prévaut.
Chapitre 27
Ch. 27 — Intervention finale de l’Éternel en jugement et pour Son peuple
[26:20] Enfin l’Éternel invite son peuple à se cacher pour un court moment,
[26:21] tandis qu’il sort de sa place pour exécuter la vengeance (ch. 27). La
puissance de Satan dans ce monde et parmi les hommes sera détruite, [27:3]
Israël gardé et arrosé comme la vigne de l’Éternel. [27:7] Il avait frappé
Israël, [27:8] mais par mesure. [27:11] Cependant le peuple sera pleinement
jugé, [27:12] puis l’Éternel rassemblera ses dispersés un à un.
Chapitre 28
Chapitres 28-35 — Détail de ce qui arrivera à Israël aux derniers jours
Dans les chapitres suivants sont donnés les détails de ce qui arrivera à Israël
dans sa terre, soumise aux envahissements des gentils aux derniers jours. Nous y
trouvons une complète et glorieuse délivrance du résidu au milieu des jugements
les plus terribles.
Ch. 28 — Envahissement
d’Éphraïm et Jérusalem par le fléau du nord
Le chapitre 28 nous présente les premiers éléments des scènes finales de
l’histoire de ce peuple merveilleux. Le fléau vient du Nord. [28:2] Éphraïm est
envahi comme par un torrent débordant, par une grêle qui frappe et qui détruit ;
[28:3] il est foulé aux pieds. [28:5] Mais, en ce jour-là, l’Éternel sera pour
une couronne de gloire au résidu de son peuple. [28:12] Le peuple abruti
moralement n’écoute pas. [28:14] Et voici la sentence de l’Éternel qui se tourne
vers Jérusalem en la prononçant. [28:15] On s’était mis là d’accord avec la mort
et la puissance des ténèbres1, pour éviter le torrent qui déborde ; [28:18] mais
l’accord sera annulé : le fléau les atteindra, ils seront foulés et frappés par
la terrible verge. Nous avons donc cette révélation que, lorsque Éphraïm sera
envahi par ce terrible fléau, les chefs de Jérusalem chercheront à s’en garantir
en faisant accord avec la puissance du mal. Mais cela n’aboutira à rien ;
[28:17] les eaux déborderont et atteindront le refuge du mensonge. Jérusalem
subira comme Éphraïm les conséquences de l’attaque de l’ennemi. [28:16] Mais le
Messie est la pierre élue, le fondement pour le résidu ; celui qui croira en lui
ne sera pas confus. Éphraïm est donc envahi et Jérusalem prise. [18:22] Il y a
une consomption arrêtée2 de la part de l’Éternel pour toute la terre.
1 Ils disent, dans leur insolence, [28:15] qu’ils ont fait une alliance avec la mort, de sorte que, quand le fléau qui inonde passerait, il n’arriverait pas jusqu’à eux. Impossible de concevoir un défi plus audacieux de Dieu et de ses jugements. Historiquement, ils auront accompli cette alliance quand ils se ligueront avec l’homme de péché, l’antichrist, duquel la venue est selon l’opération de Satan [(2 Thess. 2:9)] ; mais ici on voit un défi contre Dieu.
2 Cette expression est employée ailleurs aussi, dans Daniel par exemple [(9:27)], comme une sorte de formule technique de la manière dont le Seigneur agit au dernier jour ; il consomme et abrège l’affaire en justice [(Rom. 9:28)]. Il juge complètement ; il consomme l’affaire, mais il l’abrège, pour que le résidu (les élus) soit épargné.
Chapitre 29
Ch. 29 — Jérusalem, tombée bien bas, est délivrée par l’Éternel
[29:4] Jérusalem est réduite à la dernière détresse ; [29:6] mais, cette
fois-ci, l’Éternel paraît pour sa délivrance [29:7] et la multitude de ses
ennemis disparaît comme un rêve de la nuit. [29:10] Tout est ténèbres et
obscurité au sein du peuple ; tout est moralement renversé[29:14] , et bientôt
Dieu renversera tout par sa puissance, [29:17] et changera la forêt en Carmel,
c’est-à-dire en un champ fertile. [29:22] Désormais Jacob ne sera plus faible et
languissant ; [29:19] le débonnaire sera béni ; [29:18] le sourd entendra la
Parole ; [29:20] l’homme terrible et le blasphémateur seront détruits de devant
la face de l’Éternel. Il y a donc deux parties dans cette histoire, deux
attaques. La première réussit contre Éphraïm et contre Jérusalem. La seconde ne
réussit pas ; Jérusalem est bien bas ; mais l’Éternel paraît et elle est
délivrée. L’esprit moqueur et l’incrédulité ont été signalés, chapitre 28 ;
l’esprit d’aveuglement, chapitre 29.
Chapitre 30
Ch. 30 — Dieu attend la fin du châtiment pour faire grâce à son peuple
L’effet de l’incrédulité se manifeste au chapitre 30. On s’appuie sur l’homme
selon la sagesse de l’homme. [30:7] Le peuple demande du secours à l’Égypte,
mais en vain. Ce mépris de l’Éternel, le refus obstiné de l’écouter, [30:15]
quand il presse son peuple de se reposer en paix sur Lui, ajoute encore à ses
iniquités. [30:17] Dieu permet donc que le mal atteigne ses dernières limites,
mais afin de donner alors un libre cours à sa grâce. Le verset 18 est un
témoignage merveilleux des voies de l’Éternel. Il a attendu que le châtiment fût
pleinement accompli, pour qu’il ne lui restât qu’à faire grâce. [30:26] La grâce
et la gloire seront en abondance, lorsque l’Éternel réparera la brèche faite à
son peuple et bandera sa plaie. La fin du chapitre annonce l’intervention de
l’Éternel contre le dernier instrument de ses châtiments, la verge du chapitre
10 [(v. 5)]. [30:32] L’Assyrien est détruit, et là où la verge descend sur lui,
il n’y a que chant de triomphe. [30:33] Mais Topheth, le feu de l’Éternel, est
aussi préparé pour un autre : le Roi, celui qui a pris ce titre en Israël, est
aussi consumé par l’indignation de l’Éternel.
Chapitre 31
Ch. 31 — L’Éternel seul garde et délivre Jérusalem des nations
[31:1] Le prophète signale la folie qu’il y a à se confier dans le bras de la
chair ; [31:5] il recommande surtout le vrai moyen d’être délivré, savoir
l’Éternel déployant sa puissance à Jérusalem. [31:4]L’Éternel sera au milieu des
nations comme un lion au milieu des bergers, [31:5] et garantira sa ville,
planant au-dessus d’elle comme des oiseaux qui voleraient. [31:8] Sa présence
renversera et mettra en fuite l’Assyrien, [31:9] car son feu sera en Sion et sa
fournaise à Jérusalem.
Chapitre 32
Ch. 32 — Règne du Messie en justice et ses effets sur la terre
[32:1] Puis viendra le règne du Messie en justice, qui mettra tout en ordre
moralement. [32:14] Sion sera, en effet, un désert, [32:15] jusqu’à ce que
l’Esprit soit versé d’en haut, et ce désert deviendra alors un Carmel, et ce qui
auparavant avait passé pour un Carmel ne sera comparativement qu’un désert.
[32:16] La justice sera en tout lieu, [32:17] avec la paix fruit de la justice,
[32:19] quand la grêle tombera sur les hautains qui ne portent pas de fruit, et
que la cité, l’organisation de l’orgueil humain, sera entièrement abaissée.
[32:20] Il me paraît que le dernier verset parle de la béatitude de la pleine
paix terrestre.
Chapitre 33
Ch. 33 — Destruction du dernier ennemi par l’Éternel et paix dans le pays
Les chapitres 33 et 34 nous annoncent les deux grands derniers actes du
jugement. [33:5] Au moment où Dieu s’établit en Sion et la remplit de justice,
[33:1] un dernier et puissant ennemi (le même, à ce que je crois, que le Gog
d’Ézéchiel [(ch. 38-39)]) monte pour piller le pays. [33:2] Mais il y a des
fidèles qui s’attendent à l’Éternel ; [33:3] l’Éternel se lève et l’ennemi est
mis en fuite. [33:4] Israël butine celui qui pensait le butiner. Aux versets 14
et 16, le résidu fidèle est distingué du reste du peuple. [33:17] Le Messie se
manifeste dans sa beauté ; [33:20] tout est en paix après la destruction de
l’ennemi. Les parties les plus éloignées du pays sont ouvertes aux habitants de
Sion, qui est établie en sûreté pour toujours.
Chapitre 34
Ch. 34 — Jugement sur les nations coalisées dans le pays d’Édom
[34:2] Le chapitre 34 nous révèle le terrible jugement qui fond sur les autres
nations [34:5] dans le pays d’Édom (comp. ch. 63 et aussi le Ps. 83, ainsi que
Abdias). [34:8] Ici, ce sont ceux qui ont opprimé Sion qui sont frappés ; Dieu
tire vengeance des oppresseurs. [34:9] L’Idumée est particulièrement atteinte ;
mais en même temps, sur son territoire, tous les ennemis d’Israël qui s’étaient
coalisés avec elle, les armées des nations qui s’étaient rassemblées contre
Jérusalem, périssent par le jugement de l’Éternel.
Chapitre 35
Ch. 35 — Bénédiction sur Israël à la suite du jugement
Le chapitre 35 nous présente le tableau de la bénédiction qui suit le jugement ;
[35:2] elle s’étend jusqu’au désert même, dont l’état florissant dépend de la
bénédiction dont Israël sera l’objet. [35:10] Les rachetés de l’Éternel en
pleine sécurité monteront à Sion avec joie ; tout deuil cessera à jamais.
Chapitres 36 à 39
Ch. 36-39 — Délivrance de l’Assyrien et guérison d’Ézéchias
Les chapitres 36 à 39 contiennent le récit historique de l’invasion de
Sankhérib, son résultat [(ch. 36-37)], et la maladie à mort d’Ézéchias suivie de
sa guérison [(ch. 38)]. Ce récit est une instruction pour le résidu, afin qu’il
sache comment il doit s’attendre à l’Éternel, la délivrance accordée à Jérusalem
étant une figure de la délivrance de l’Assyrien dont il sera l’objet aux
derniers jours. La maladie d’Ézéchias nous fournit la figure du Fils de David
comme ressuscité, et également celle de la puissance de Christ s’accomplissant
dans un Israël ressuscité aussi moralement, tous ses péchés lui ayant été
pardonnés. C’est la délivrance extérieure et intérieure du peuple, sa
résurrection quant à la puissance pratique, et sa délivrance des mains de
l’Assyrien. En attendant, la captivité de Juda à Babylone est annoncée
[(39:6-7)].
Chapitre 40
Ch. 40-48 — Question entre l’Éternel et les idoles
Ch. 40 — Consolation de Dieu pour Israël, une fois son état reconnu
Jusqu’à présent, il s’est agi plutôt de l’histoire extérieure d’Israël ;
maintenant, c’est son histoire morale ou intérieure qui nous est présentée.
Israël est vu dans sa position de témoin contre l’idolâtrie et dans ses rapports
avec Christ ; on voit aussi la séparation d’un résidu1. La première partie de ce
qu’on peut appeler le second livre d’Ésaïe, s’étend du chapitre 40 jusqu’à la
fin du 48. Il y est comparativement peu parlé du Messie. C’est la grande
question entre l’Éternel et les idoles qui y est présentée, et qui se résout
premièrement par les succès de Cyrus et la prise de Babylone [(45:1)]. Car il y
a l’Éternel et son oint, bien que l’on ne puisse séparer la gloire de l’un de la
gloire de l’autre. Ceci se lie en grâce d’une manière évidente avec la
délivrance d’Israël, témoin de Dieu sur la terre, quelque indigne d’ailleurs
qu’il en ait été. En même temps, ces dispensations de Dieu ont montré qu’il n’y
avait pas de paix pour le méchant en Israël [(48:22)]. Cette grande vérité est
deux fois répétée, s’appliquant aux deux grandes controverses de Dieu avec
Israël. Signalons quelques détails pour mettre ces vérités en évidence. Les huit
premiers versets du chapitre 40 posent d’une manière fort remarquable les
principes d’après lesquels Dieu agit, la grâce qui découle de son propre cœur,
alors que les châtiments auront été pleinement infligés. [40:1] Dieu veut
consoler son peuple, et parle au cœur de Jérusalem en lui disant que ses combats
sont finis ; [40:3] le héraut proclame l’arrivée de l’Éternel. Il s’agit de sa
délivrance qu’il opère ; il n’est pas question de sa réjection. Ce dernier sujet
est traité plus tard dans les chapitres 51 à 53. Mais à l’égard du peuple, que
doit dire le prophète ? [40:6] Toute chair est comme l’herbe ! [40:5] Si toute
chair doit voir la gloire de l’Éternel, s’il plaide en vengeance avec toute
chair, c’est par cette vérité que le témoignage doit commencer. [40:6] Toute
chair est comme l’herbe ! [40:7] l’Éternel souffle dessus. En est-il seulement
ainsi des gentils ? Non, le peuple est comme l’herbe. Voilà par où il faut
commencer, pour qu’il y ait consolation. [40:8] L’herbe se fane, et où s’appuyer
? Dieu a parlé : la Parole de notre Dieu, dit la foi du résidu, dit l’Esprit de
prophétie, demeure éternellement. [40:9] Puis vient le témoignage prophétique du
bonheur de Sion délivrée, qui annonce aux villes de Juda [40:10] la présence de
l’Éternel, le Sauveur, [40:11] dont les soins sont dépeints d’une manière
touchante. Jusqu’au verset 26, la gloire divine de sa majesté est mise en
contraste avec les idoles. [40:27] Puis Dieu interpelle Israël à cause de son
incrédulité. [40:28] Celui qui est l’Éternel ne se lasse pas ; sa force ne fait
pas défaut ; les voies de sa sagesse ne sauraient être sondées. [40:31] Mais
ceux qui s’attendent à Lui renouvellent leurs forces et ne se lasseront point.
1 Voyez la note suivante.
Chapitre 41
Ch. 41 — Début des détails historiques, et Dieu agissant pour Israël
Le chapitre 41 commence les détails historiques qui sont les preuves de ces
déclarations. [41:2] Qui a suscité Cyrus pour renverser l’idolâtrie ? Mais au
milieu des dégâts qu’il en fait, [41:8-9] Israël demeure le serviteur élu de
Dieu, la semence d’Abraham (*) (Ce titre de « serviteur » donne la clef du reste
de ce livre). [41:10] Il ne doit pas craindre ; Dieu le soutiendra, [41:11-12]
et ceux qui s’opposent à lui périront. [41:17] Le Dieu d’Israël écoutera ses
pauvres, et les soulagera. Les nations idolâtres, dénuées d’intelligence, ne
savent rien de ce que Dieu va faire en jugement et pour la délivrance de son
peuple.
1 Nous voyons que, bien que le péché d’Israël soit mis à découvert, ces chapitres sont cependant l’expression de la grâce et de la bonté souveraine, et de la mise à part d’un résidu; il n’y est pas question de la responsabilité d’Israël, ni de son jugement.
Chapitre 42
Ch. 42 — Venue annoncée du Messie, et résultat de Son œuvre
Mais quoique Cyrus soit l’instrument de l’Éternel pour faire éclater ses
jugements et délivrer son peuple, la mission qui lui est confiée n’est qu’une
chose passagère et partielle. [42:1] Il y a par-dessus tout un serviteur de
Dieu, [42:2] qui viendra sans prétention et humblement, [42:4] mais qui ne se
lassera pas et ne se découragera pas jusqu’à ce qu’il ait établi le jugement sur
la terre ; les îles des gentils reconnaîtront sa domination (ch. 42). Ce
témoignage était nécessaire, et, par la grâce et le propos arrêté de Dieu,
garantit la bénédiction d’Israël. Mais c’est tout ce qui est dit du Messie dans
cette partie de la prophétie. [42:10-12] Le résultat de l’introduction de
l’œuvre du Messie est la gloire de l’Éternel, qui seul, en effet, sera glorifié
jusqu’aux bouts de la terre. Dans la manifestation de cette gloire, [42:14] Lui
qui s’est tu longtemps, [42:16] délivrera Israël aveugle et sourd, Israël qui
n’a pas compris ses voies. [42:21] Il glorifiera sa loi. [42:24] Mais pourquoi
donc le peuple est-il butiné et pillé ? L’Éternel l’a livré à cause de sa
désobéissance.
Chapitre 43
Ch. 43 — Pardon et délivrance d’Israël pour la gloire de Dieu
[43:1] Mais maintenant il le délivre et le sauve (ch. 43). [43:7] Il l’a formé
pour la gloire ; [43:8] l’aveugle a des yeux, le sourd des oreilles ; [43:10-11]
ils sont témoins que l’Éternel seul est Dieu. [43:14] Les jugements sur
Babylone, commencement et figure de ceux (c’est-à-dire des jugements terrestres)
que Dieu exécutera à la fin, en font foi. [43:21] Il a formé ce peuple pour Lui
; [43:24] le peuple s’était fatigué de son Dieu, et l’avait comme asservi par
ses péchés ; [43:25] mais maintenant, pour sa propre gloire, il lui pardonne
tout. Témoignage glorieux et frappant de Celui qui, en grâce envers le pécheur,
lorsque le péché devient insupportable, ôte le péché au lieu de retrancher le
pécheur ! C’est là ce que Dieu a fait par Christ.
Chapitre 44
Ch. 44 — Promesses de l’Éternel à Israël restauré, faisant tout pour lui
[44:2] L’Éternel raisonne ensuite avec son peuple, qu’il a formé dès le ventre,
[44:3] l’encourage et lui promet son Esprit : [44:4] ses enfants surgiront comme
des saules le long des eaux. [44:5] Ils seront ses témoins à Lui, [44:6]
l’Éternel, le Rédempteur, le Roi d’Israël. [44:9-20] Il fait voir la folie de
l’idolâtrie, [44:21] rappelle à son peuple qu’il est son serviteur qu’il
n’oubliera pas, [44:22] et l’assure du pardon complet de tous ses péchés,
[44:24] Lui qui dispose de tout, [44:28] et appelle Cyrus par son nom pour
rétablir Jérusalem.
Chapitre 45
Le chapitre 45 s’étend sur ces mêmes sujets, en insistant sur la délivrance
finale d’Israël, dont l’effet ne sera jamais renversé.
Chapitres 46 et 47
Ch. 46-47 — Jugement gouvernemental sur Babylone, et délivrance d’Israël
bien-aimé
Les chapitres 46 et 47 en font une application particulière à Babylone et à ses
idoles, mais encore comme plaidant pour Israël le bien-aimé de Dieu ; car le
jugement gouvernemental est toujours la délivrance des justes, bien-aimés.
[47:1] Babylone avec toute sa fierté et toutes ses idoles, sera abaissée et
s’assiéra dans la poussière.
Chapitre 48
Ch. 48 — L’Éternel plaide avec Israël contre l’idolâtrie
Dans le chapitre 48, l’Éternel plaide tout au long avec Israël. [48:1] Il
désigne spécialement Israël par son nom, ce nom de relation avec Lui, l’Éternel,
que portent et réclament ceux avec qui il plaide, tout en notant qu’ils étaient
descendus de Juda, — en un mot, les Juifs, [48:2] qui occupaient la place
d’Israël et invoquaient le nom du Dieu d’Israël ; [48:4] mais il dénonce leur
méchanceté et leur obstination. [48:5] Il avait annoncé à Israël les choses
longtemps d’avance, [48:6] il lui avait fait connaître des choses qui n’avaient
jamais été révélées, afin qu’il comprît que l’Éternel était Dieu. [48:8] Mais
Israël n’avait pas écouté ; il n’avait pas compris. [48:9] Cependant, pour la
gloire de son nom, l’Éternel ne le retranchera pas ; [48:10] mais il l’affinera
comme l’argent. [48:18-19] Il rappelle d’une manière touchante la bénédiction
dont Israël aurait joui s’il eût gardé ses commandements. [48:20] Toutefois, il
lui est annoncé que l’Éternel a racheté son peuple. [48:22] Mais il n’y a point
de paix pour le méchant. Ce plaidoyer continuel contre l’idolâtrie, tout en
étant un enseignement pour le temps d’alors, donne à croire que, jusqu’à la fin,
la question d’Israël, témoin contre l’idolâtrie ou y participant, aura une place
principale dans le gouvernement du monde : c’est une question capitale. Le dieu
de ce monde gouverne par les idoles ; l’Éternel, par son nom à Lui. Israël
aurait dû être son témoin, il Lui sera infidèle aux derniers jours. C’est
pourquoi les témoignages sur ce sujet sont ici accumulés.
Chapitre 49
Ch. 49-57 — Introduction du Messie et culpabilité du peuple envers Lui
Ch. 49 — Christ substitué à Israël comme serviteur, et délivrance du peuple
Le Messie est introduit, car c’est lui qui délivre. Mais il fait en quelque
sorte question à part. Le sujet du Christ et de la culpabilité du peuple à son
égard, commence avec le chapitre 49, et se continue jusqu’à la fin du chapitre
57. Si l’on ose parler ainsi, Christ remplace Israël comme vrai serviteur de
Dieu, ainsi qu’il est dit : « Je suis le vrai cep1 » [(Jean 15:1)]. Cette
substitution donne lieu à une difficulté apparente ; mais donne le vrai sens du
chapitre 49. Israël est le vase de la gloire de Dieu sur la terre, [49:1] et
l’Esprit de prophétie en Lui, choisi à cet effet par l’Éternel, appelle les îles
des gentils ; verset 3 : « Tu es mon serviteur, Israël, en qui je me glorifierai
». [49:4] Alors le Christ, par le même Esprit prophétique, dit : J’ai donc
travaillé en vain ; car nous savons qu’Israël n’a pas voulu de Lui. Le verset 5
contient la réponse : Tu seras glorieux. [49:6] Ce serait peu de chose que de
relever le résidu d’Israël : tu seras le salut de l’Éternel jusqu’aux bouts de
la terre. Ici se trouve un principe applicable à l’œuvre de Christ, même dans le
temps de l’Évangile. Mais pour ce qui concerne l’accomplissement des conseils de
Dieu, les versets qui suivent nous conduisent jusqu’au millénium. Verset 7,
Christ est exalté ; verset 8, Christ est établi l’alliance du peuple (Israël),
et assure le rétablissement de la terre de Canaan et des héritages longtemps
désolés ; [49:9] puis vient la délivrance des captifs. [49:13] Enfin, Dieu a
consolé son peuple. [49:14] Sion, en apparence abandonnée, [49:15] doit
reconnaître que la fidélité de l’Éternel est plus grande que celle de la mère
envers son nourrisson. [49:17] Ceux qui l’ont détruite ne sont plus ; [49:20]
ses enfants viennent en troupe remplir ses lieux déserts qui dégorgent une
multitude inattendue [49:21] devant les yeux étonnés de la mère si longtemps
désolée. [49:23] Les rois seront comme ses nourriciers et se prosterneront
devant elle. [49:25] Bien qu’elle ait été captive dans les mains de puissants
adversaires, elle sera délivrée ; [49:26] ses oppresseurs seront foulés aux
pieds et toute chair saura que l’Éternel est son Sauveur. C’est le résultat en
grâce de l’introduction du vrai Serviteur.
1 C’est ainsi, je n’en doute pas, que Matthieu cite la parole du prophète: «J’ai appelé mon fils hors d’Égypte». — Christ remplace le premier Adam devant Dieu, tout en bénissant dans cette nouvelle position beaucoup de ses enfants. — Il prend aussi la place d’Israël, tout en bénissant le résidu et en faisant de lui la nation.
Chapitre 50
Ch. 50 — Cause de la réjection d’Israël de la part de Dieu
Venue du Sauveur en grâce ici-bas, et rejet par l’homme
Le chapitre 50 entre dans le détail du jugement que Dieu porte sur Israël, et de
la vraie cause de sa réjection1. Rien de plus touchant, de plus merveilleux, que
la manière dont la personne et la première venue du Sauveur nous sont présentées
dans ce chapitre remarquable, qui n’exige pas d’interprétation, mais réclame
l’étude approfondie du cœur enseigné de Dieu. L’Éternel, qui dispose des cieux
et de la terre, [50:4] a appris à soutenir par une parole celui qui est las, se
plaçant Lui-même dans l’abaissement et l’humiliation. L’homme, triste et
affreuse vérité, a saisi cette occasion pour l’insulter et le honnir. Nul n’a
voulu de Lui. Le cœur s’arrête devant une telle vérité, et se juge lui-même.
Mais aussi, grâce à Dieu, il se fond bientôt devant cet amour qui a trouvé
l’occasion d’introduire l’homme dans la perfection de Dieu lui-même, et dans
celle de l’homme dans les conseils divins, et de s’adapter en même temps à tous
les besoins de sa créature, pour lui faire sentir qu’il a fait l’expérience de
toutes ses misères. Mais, quelles que fussent les tristesses et les peines qui
accompagnaient un pareil ministère, le Christ, homme, comptait sur Dieu en
toutes ces choses, et n’a pas reculé.
1 Il est touchant de voir que, dans les deux plaidoyers avec le peuple quant à l’idolâtrie et quant à la réjection de Christ, l’amour et la fidélité de l’Éternel et leurs conséquences, sont introduits avant que l’Esprit de Dieu parle des manquements du peuple sous ces deux rapports, la bénédiction finale d’abord, ensuite le mal humain ; Dieu d’abord, ensuite l’homme. Il en a été ainsi dans les conseils de Dieu avant la fondation du monde.
Christ rejeté par son
peuple, le chrétien vu en Lui, et le résidu écoutant Dieu
C’est ici donc, prophétiquement, la cause de la réjection d’Israël, ou plus
spécifiquement de Juda : — [50:2] l’Éternel était venu, et il n’y avait
personne. En même temps, aidés par le Nouveau Testament, nous trouvons la place
du chrétien indiquée de la manière la plus claire et la plus frappante. Cette
place est celle de Christ lui-même. [50:8-9] Ce que le Christ dit ici, l’apôtre
l’adopte et le met dans la bouche du croyant (Rom. 8:32, 331). Le croyant est
identifié avec Jésus dans sa position devant Dieu. Dieu donc, c’est ainsi que la
foi juge, a reconnu celui qui a été rejeté par le peuple, [50:1] qui a forcé,
pour ainsi dire, Dieu à lui donner sa lettre de divorce. Voilà donc ce qui
distingue le résidu, et c’est un principe nouveau et important ; [50:10] il
écoute la voix du serviteur, du Messie, la parole prophétique. Nous avons vu
l’Église cachée dans la personne de Christ lui-même : ici, c’est le résidu
fidèle d’Israël au dernier jour, qui est désigné (verset 10). [50:11] Les autres
qui cherchent des ressources en eux-mêmes, dans l’homme et dans la chair, seront
gisants dans le malheur.
Esquisse générale des
chap. 40-50
1 Il faut diviser les versets 33 à 35 de Rom. 8, ainsi: «C’est Dieu qui
justifie; qui est celui qui condamne? C’est Christ qui est mort, mais plutôt qui
est aussi ressuscité; ... qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ?»;
Il a passé en amour par toutes les choses qui pouvaient nous faire craindre
d’être séparés de Lui; elles sont devenues les preuves de son amour. Au reste,
c’est l’amour de Dieu; la créature ne peut nous en séparer. J’ajoute une courte
esquisse synoptique de tous ces chapitres d’Ésaïe, pour aider le lecteur à
saisir l’ensemble de leur contenu. Les chapitres 40-48, s’occupent de la
question de l’idolâtrie d’Israël vis-à-vis de Dieu; aux chapitres 49-57, il
s’agit de Christ. Le chapitre 49 nous donne un exposé succinct des desseins et
des voies de Dieu quant à Israël et au Messie. Dieu sera glorifié en Israël,
versets 1-3. Donc Christ a travaillé en vain: toutefois son œuvre est par devers
Dieu. D’abord il sera glorifié aux yeux de l’Éternel. En second lieu, c’est peu
de chose que de ramener les «préservés» d’Israël: Il est salut jusqu’au bout de
la terre. En troisième lieu, ayant été exaucé en un temps agréé, il est donné
pour être une alliance du peuple: Sion est rétablie. Au chapitre 50, Israël est
répudié, parce que quand l’Éternel est venu, il ne s’est trouvé personne. Il
était venu comme homme dans l’humiliation, afin de sympathiser parfaitement avec
l’homme dans son affliction. Livré aux opprobres, Dieu le justifie, versets 5-9.
La justification de Christ qui nous est présentée ici, constitue celle de
l’Église, comme nous l’avons déjà fait remarquer: aux versets 10 et 11, nous
avons le résidu juif de l’Église. Le chapitre 50 nous donne les souffrances de
Christ de la part de l’homme; au chapitre 53, il s’agit de l’expiation. Le
chapitre 49 nous montre Christ prenant la place d’Israël, et la gloire qui en
résulte comme fruit de son travail. Au chapitre 50, nous voyons les conséquences
de sa réjection par Israël, conséquences qui se résument en grâce quant à
l’Église non encore révélée, et au résidu dont il est positivement parlé. Le
chapitre 49 a plus affaire avec le gouvernement de Dieu.
Chapitres 51 et 52
Ch. 51-52 — Appels à écouter, puis à se réveiller, pour le résidu ; puis
position du Messie
L’application, au résidu d’Israël, de ce qui vient d’être dit, trouve sa place
dans les chapitres 51 et 52, jusqu’à la fin du verset 12. Au verset 13, commence
une nouvelle partie de la prophétie. Le résidu aux derniers jours est exhorté à
avoir confiance. Ceux qui cherchent la justice forment un petit troupeau, [51:2]
mais Dieu avait appelé Abraham seul, et avait su le bénir et le multiplier. Il
pouvait agir de la même manière pour son résidu. Comparez Ézéchiel 33:24, où
l’on voit de quelle manière la confiance charnelle, marchant dans l’injustice,
peut imiter la foi divine. [51:3] L’Éternel consolera Sion. Verset 4, deuxième
exhortation. Le résidu est reconnu peuple de l’Éternel. [51:5] La justice de
l’Éternel est proche ; le salut et la délivrance sont déjà sortis d’auprès de
Lui, [51:6] et seront pour toujours. Verset 7, troisième exhortation ; ce verset
marque un nouveau progrès. Il s’agit d’un peuple qui connaît la justice, qui a
la loi dans son cœur, et est exhorté à ne pas craindre les hommes, [51:8] qui
seront consumés par les jugements de Dieu. Sa justice et son salut seront
éternels. Le résidu mis ainsi à sa place est révélé par l’Esprit prophétique
comme reconnu de l’Éternel. Ce même Esprit parle par la bouche du résidu pour
réclamer l’intervention de la puissance de l’Éternel, verset 9, et invoquer sa
parfaite bonté et le salut assuré de ses rachetés, [51:11] ainsi que le
rétablissement de Sion en joie éternelle. Le résidu une fois encouragé, [51:17]
l’Esprit se tourne maintenant vers Sion, et de même que « Réveille-toi » avait
été adressé au bras de l’Éternel [(51:9)], cet appel est maintenant adressé à
Sion elle-même, opprimée et foulée aux pieds des étrangers, comme si c’était
Sion, non le Seigneur, qui avait besoin de se réveiller, le salut étant déjà là.
[51:23] C’est à ceux-ci qui l’avaient opprimé à boire maintenant la coupe.
[52:1] Enfin, « Réveille-toi » est encore une fois adressé à Sion pour qu’elle
se redresse et qu’elle se revête de force et de gloire. [52:10] Car l’Éternel a
découvert le bras de sa sainteté devant toutes les nations, et tous les bouts de
la terre ont vu la délivrance opérée par le Dieu d’Israël. Ces trois « Écoutez »
des versets 1, 4, 7, suivis des trois « Réveille-toi », sont de toute beauté.
Les versets 11 et 12 du chapitre 52 montrent que, dans ces jours-là, Israël sera
captif parmi les gentils apostats, comme dans les jours de Babylone. Le verset
13 se lie intimement avec ce qui précède ; c’est la position du Christ dans ces
temps de gloire et de délivrance opérée par l’Éternel. Cependant on peut
considérer ce verset séparément de ceux qui précèdent, et comme le commencement
d’un nouveau sujet, parce que nous trouvons ici un ensemble relativement au
Seigneur Jésus lui-même. Le Christ sera haut élevé dans ces jours-là. Mais
quelle a été sa position ? C’est sur quoi s’étend l’Esprit prophétique. [52:15]
Les rois seront étonnés de sa gloire, — [52:14] Lui dont la figure a été
meurtrie plus que celle d’aucun homme.
Chapitre 53
Ch. 53 — Affliction du résidu d’Israël d’avoir rejeté Christ, et foi en son
œuvre
[53:1] L’incrédulité d’Israël est déclarée. Voici la forme de ce chapitre, qui
est de tout intérêt. Ainsi que nous l’avons vu dans les Psaumes et ailleurs, la
vraie repentance d’Israël vient après sa délivrance, c’est-à-dire après que le
jugement auquel il sera soumis en tant que jugé de l’Éternel aura pris fin. La
manifestation glorieuse du Christ comme son libérateur, produit le sentiment
profond du péché qu’il a commis quand il l’a rejeté. C’est le sujet du Ps. 130,
l’affliction du jour des expiations. Cette affliction, le chapitre 53 l’exprime.
À partir du second verset, l’Esprit parle par la bouche du résidu des réchappés
d’Israël, [53:3] lesquels confessent leur péché de l’avoir méprisé. Cependant
ils expriment en même temps leur foi dans l’efficacité de son œuvre, vers. 5. Le
premier verset fait voir que le témoignage de Christ, adressé à la foi, avait
été rejeté ; ils croient quand ils voient. Il n’est pas nécessaire que je
commente ce chapitre, gravé dans le cœur de tout vrai chrétien. Nous avons, par
l’œuvre du Saint Esprit envoyé des cieux, anticipé et plus qu’anticipé la foi du
résidu en la valeur de l’œuvre dont il est ici parlé, et leur péché aussi qu’ils
confessent, pour autant qu’il concerne la nation. [53:4] Ils l’avaient estimé «
battu, frappé de Dieu », parole dont la portée est maintenant comprise. J’ai la
conviction qu’au verset 11, les deux parties de l’œuvre de Christ sont
distinguées. Par sa connaissance, il amènera plusieurs à la justice, ou
enseignera la justice à plusieurs, et il portera leurs iniquités.
Chapitre 54
Ch. 54 — Conséquences pour Jérusalem en grâce
Le chapitre 54, présente la conséquence de ces événements pour Jérusalem, en ces
jours-là. [54:1] Jérusalem est considérée comme stérile et désolée, ayant rejeté
celui [54:5] qui était venu pour être son mari ; [54:2] mais maintenant, par la
grâce qui a fait de l’Éternel sa justice [(54:17)], elle est appelée à élargir
le lieu de sa tente, et à étendre les tentures de ses tabernacles. Cette grâce,
en effet, compte comme étant ses enfants tous ceux qui ont été rassemblés
pendant le temps de sa désolation. Christ, étant reconnu comme le fils né
d’elle, tous y entrent sous Lui (voyez Ps. 87:5-6). [54:6-7] Pendant un petit
moment, Dieu l’avait traitée comme une femme rejetée ; [54:8] mais maintenant,
avec une bonté éternelle, il la console.
Chapitres 55 à 57
Ch. 55-57 — Instruction morale se rapportant au jour futur de la bénédiction sur
la terre
Les chapitres 55, 56, 57, contiennent des exhortations adressées en vue de ces
choses. Le chapitre 55 proclame la pleine grâce gratuite, qui conséquemment
embrasse les gentils. C’est pourquoi on peut en principe en faire l’application
à l’évangile. Son accomplissement aura lieu au temps de la bénédiction de la
terre par la présence du Seigneur. Le chapitre 56 fait connaître quel est le
caractère moral nécessaire pour qu’on puisse jouir de la bénédiction, qui n’est
plus selon les étroits principes légaux d’autrefois. [56:7] Le temple est en
effet une maison de prière pour tous ceux dont le cœur est vraiment tourné vers
le Dieu d’Israël ; ils jouiront de la bénédiction. Le chapitre 57 continue, on
peut dire, sur le même principe ; il dénonce ceux qui, fussent-ils Israël même,
marcheront moralement d’une manière contraire à la volonté de l’Éternel. [57:1]
Le juste peut périr, mais la mort n’a pour effet que de l’ôter de devant les
mauvais jours. [57:21] Mais il n’y aura pas de paix pour le méchant, qu’il soit
Israélite ou non. Ces trois chapitres fournissent donc l’instruction morale qui
se rapporte à ces jours-là. Le fidèle et le débonnaire, quels qu’ils soient,
seront bénis ; le méchant jugé, qu’il soit Israélite ou non. Avec le chapitre
57, se termine, comme je l’ai dit, la seconde subdivision de cette partie de la
prophétie.
Chapitres 58 et 59
Chapitres 58-66 — État d’Israël aux derniers jours et manifestation du résidu
Ch. 58-59 — Dénonciation de l’état d’Israël et obéissance comme condition de
bénédiction
Ces considérations morales réveillent l’indignation de l’Esprit contre l’état
actuel d’Israël, son péché et son hypocrisie en ce qu’il prétend servir
l’Éternel ; et, aux chapitres 58 et 59, il dénonce la confiance dans les formes
extérieures, et pose l’obéissance comme condition à la bénédiction. [59:1] Ce
n’est pas que le bras de l’Éternel soit raccourci, ni que son oreille devienne
pesante. [59:2] L’iniquité du peuple empêche la bénédiction, et amènera le
jugement. [59:16] Mais quand tout aura manqué, et qu’il n’y aura eu personne
pour maintenir la justice, [59:17] l’Éternel lui-même interviendra
souverainement dans sa puissance, [59:18] écrasera ses adversaires, jugera les
îles. [59:19] Ainsi partout son nom sera craint. [59:20] Le Rédempteur viendra à
Sion, et vers ceux qui, en Jacob, reviennent de leur rébellion. [59:21] Alors la
bénédiction sera permanente, et le Saint Esprit sera présent au sein de la
semence de Jacob pour toujours.
Chapitres 60 à 62
Ch. 60 — État glorieux de Jérusalem dans la bénédiction
Le chapitre 60 nous présente l’état et la gloire de Jérusalem dans ce temps de
bénédiction. Tout le peuple qui aura été épargné sera juste.
Ch. 61-62 —
Introduction du Messie après l’intervention de l’Éternel pour Israël
Christ introduit, et progrès du peuple pour se repentir et revenir
De même que les chapitres 50 et 53 dépeignent les souffrances du Christ, le
chapitre 61 nous le présente dans la pleine grâce de sa personne, s’intéressant
à la bénédiction d’Israël. Les trois chapitres précédents avaient révélé le
jugement et l’intervention de l’Éternel, et signalé en même temps le Rédempteur.
Nous avons vu la même chose du chapitre 40 à la fin du chapitre 48 ; et au
chapitre 49, le Messie est spécialement introduit. Il en est de même ici, depuis
le commencement du chapitre 61 jusqu’au chapitre 63, vers. 6. Mais il y a un
progrès accompagnant nécessairement l’introduction de la personne du Christ,
dans cette dernière série de chapitres comme sujet principal des plaidoiries de
l’Éternel. On voit bien que c’est l’Éternel qui est Christ, et le Christ qui est
l’Éternel. « Pourquoi », demande-t-il, « n’y avait-il personne quand je suis
venu ? ». Mais il y a de la différence entre les péchés moraux d’Israël contre
l’Éternel, et le rejet dont il est coupable à l’égard de l’Éternel lui-même dans
la personne du Christ, ainsi que cela est signalé d’une manière si remarquable
au chapitre 50. Aussi, pour ce qui concerne la repentance des Juifs. Dans les
chapitres précédents, la loi est écrite dans leurs cœurs, ils se détournent de
l’iniquité, ils s’appuient sur l’Éternel, ils écoutent l’Esprit de prophétie, le
serviteur de l’Éternel, ils sont délivrés. Mais quand ils verront leur
Rédempteur en gloire, c’est alors qu’ils ressentiront la vraie repentance, une
profonde affliction, à la vue de celui qu’ils ont méprisé et rejeté, et qui,
dans sa grâce, a porté leurs iniquités.
Accomplissement partiel
lors de la venue passée de Christ ici-bas
Les chapitres 61 et 62 me paraissent assez clairs pour n’avoir pas besoin de
beaucoup de remarques. On observera dans l’évangile de Luc, chapitre 4 [(v.
18-19)], la manière dont le Seigneur s’est arrêté au milieu du verset 2, le
temps de l’accomplissement de la seconde moitié du verset n’étant pas encore
venu. Mais il pouvait leur présenter ce qui s’appliquait à sa personne en grâce.
Chapitres 63 et 64
Ch. 63-64 — Expression des sentiments d’un cœur fidèle se confiant en Dieu
[63:1-6] Nous retrouvons le terrible jugement du chapitre 34, qu’exécute
l’Éternel, ou plutôt qu’il a déjà exécuté, car il en revient. Le résultat de ce
jugement est la paix et la bénédiction, dont nous venons de lire la description,
chapitre 62. À partir du verset 7, nous lisons le raisonnement de l’Esprit
prophétique dans la bouche du résidu, ou si l’on veut celui du prophète lui-même
se plaçant dans cette position ; aux chapitres 65 et 66, se trouve la réponse de
l’Éternel. Rien de plus touchant que la manière dont l’Esprit se prête à
l’expression de tous les sentiments d’un cœur fidèle d’entre les Israélites, ou
plutôt dont il formule les sentiments d’un cœur angoissé mais confiant, [63:7]
se rappelant les bontés passées, [63:9] accablé de la détresse actuelle, [63:10]
reconnaissant la dureté et la rébellion dont le peuple avait été coupable, mais
en appelant à la fidélité remarquable de l’amour de Dieu contre l’aveuglement et
l’endurcissement judiciaires sous lesquels il reconnaît que le peuple se trouve
placé. [63:16] Lors même qu’Abraham ne les reconnaîtrait pas, Dieu demeure leur
père. [63:15] Où est sa force, où, sa tendresse ; où sont ses compassions ?
Sont-elles retenues ? [63:16] La foi du cœur saisit, à travers toutes les
circonstances extérieures, le lien qui existe entre le peuple et Dieu ; [64:4]
elle reconnaît que Dieu prépare, pour celui qui s’attend à Lui, des choses qui
ne se seraient pas présentées à la pensée de l’homme1, [64:5] qu’il vient à la
rencontre de celui qui se réjouit et se comporte justement ; [64:6] mais elle
reconnaît aussi qu’Israël est loin d’agir de cette manière, qu’il est pécheur,
ne cherchant pas la face de Dieu. Mais le malheur du peuple, l’état désastreux
où l’avait placé le péché, est, pour la foi, un motif d’intercession auprès de
Dieu. [64:8] Le peuple est comme l’argile, et l’Éternel est le potier que la foi
distingue à travers tout. [64:9] C’était le peuple de Dieu ; [64:10] leurs cités
étaient les villes de l’Éternel ; [64:11] la maison où leurs pères l’avaient
adoré était brûlée, et tout était en désolation.
1 La différence est frappante entre ceci et la connaissance qu’apporte l’évangile, comme Paul l’exprime (1 Cor. 2). On entend citer souvent ce passage, pour exprimer tout juste le contraire. L’apôtre dit: «Ces choses ne sont pas montées au cœur de l’homme, mais Dieu nous les a révélées», c’est-à-dire à nous, chrétiens, par son Esprit; de même, à la fin du chapitre, il dit: «Mais nous, nous avons la pensée de Christ».
Chapitre 65
Ch. 65 — Grâce de Dieu pour les nations et nouvel état millénial pour le résidu
Les deux chapitres qui suivent nous donnent une pleine révélation des voies de
Dieu en réponse à cet appel. [65:1] Premièrement Dieu, par un effet de sa grâce,
s’était fait trouver par d’autres que par son peuple ; il s’était annoncé à ceux
qui ne s’appelaient pas de son nom. La grâce infinie et souveraine de Dieu était
allée chercher les pauvres gentils. [65:2] En même temps, avec une patience
infinie, il avait tendu les bras à un peuple qui le repoussait [65:3] et le
provoquait continuellement de la manière la plus insultante. Et maintenant voici
sa réponse : ce peuple qui l’abandonnait serait jugé. [65:12] Il les compterait
avec l’épée ; ils seraient courbés pour être égorgés. [65:9] Mais il y aurait un
résidu élu par la grâce, les serviteurs de l’Éternel, qui seraient épargnés et
bénis, versets 11, 12 ; 8, 9 ; 13-15. [65:17] Puis l’Éternel allait introduire
un ordre de choses tout nouveau, où la vérité de ses promesses serait reconnue
et les anciennes choses même entièrement oubliées. Il y aurait de nouveaux cieux
et une nouvelle terre ; non pas qu’il dût encore s’accomplir un changement
physique ; mais il se ferait un ordre moral entièrement nouveau. Ce ne serait
pas seulement sur la terre que s’établirait ce nouvel ordre de choses,
susceptible d’être altéré, comme par le passé, par la puissance du mal dans les
cieux ; l’état des cieux eux-mêmes serait nouveau. Nous apprenons ailleurs que
Satan aura été chassé, et sa puissance ôtée à jamais des cieux [(Apoc. 12:8-9)]1
; les dernières et terribles tribulations à Jérusalem en auront été, en effet,
la conséquence. [65:18] Mais maintenant, Jérusalem serait bénie sur la terre,
[65:20] et son peuple jouirait des bienfaits de l’Éternel jusqu’à un âge aussi
avancé qu’aux temps qui précédèrent le déluge. Un homme de cent ans serait un
enfant, et si quelqu’un mourait à cet âge, il serait considéré comme ayant été
retranché par la malédiction de Dieu. [65:24] Dieu exaucerait toujours son
peuple, [65:25] la paix serait établie, et il n’y aurait pas de mal sur la
montagne de sa sainteté. C’est l’état du millénium pour les Juifs.
1 C’est pourquoi, quand le Seigneur entre comme l’Éternel, le Messie, dans Jérusalem, il est dit: «Paix au ciel» (Luc 19:38).
Chapitre 66
Ch. 66 — Jugement introduisant le millénium, et distinction du résidu
Ch. 6 v. 1-14 — Apparition de l’Éternel pour confondre les ennemis et bénir les
siens
Le chapitre 66 parle du jugement qui introduit ce millénium, et par conséquent
nous donne plus de détails historiques. Le temple est rebâti à Jérusalem, verset
6. Mais, étant rebâti de la part des hommes, l’Éternel ne le reconnaît [66:3]
pas plus qu’il ne reconnaît les sacrifices qu’on veut y offrir. [66:2] Il
regarde au cœur débonnaire et brisé. [66:5] L’espérance d’un cœur pareil
excitait la risée de plusieurs, qui disaient : Que l’Éternel montre sa gloire.
[66:15] Mais il paraîtra à leur confusion et pour la bénédiction de ceux qui
s’attendaient à Lui. [66:10-11] Sion sera comme la mère d’un peuple béni de
l’Éternel et heureux. La distinction du résidu est ainsi faite dans ces deux
chapitres, de la manière la plus formelle et la plus frappante.
Ch. 66 v. 15-24 —
Introduction de la bénédiction par le jugement, en particulier sur Israël
apostat
Ici retraçons l’application du mot serviteur. Il est appliqué premièrement à
Israël, puis à Christ lui-même, seul vrai serviteur au milieu du peuple, et
enfin au résidu qui écoute les paroles du Christ comme serviteur ; elles sont
l’Esprit prophétique, car l’Esprit de prophétie est le témoignage de Jésus [(Apoc.
19:10)] . Ce sont ceux du résidu qui sont ici serviteurs. [66:13] Ils seront
consolés dans Jérusalem, comme quand une mère caresse son enfant pour l’apaiser
; la main de l’Éternel se fera connaître envers ses serviteurs, et son
indignation envers ses ennemis. [66:15] Car IL VIENDRA, [66:16] et il exécutera
le jugement contre toute chair ; à toute chair aussi avait été annoncé le salut.
[66:17] Les Israélites infidèles et idolâtres sont là, confondus avec les
nations ; [66:18] Dieu les rassemblera toutes ; elles viendront et verront sa
gloire. [66:16] Dieu exercera le jugement sur la multitude par l’épée et par le
feu. [66:19] Mais il y en aura qui, par grâce, échapperont. Dieu les enverra
vers les nations lointaines qui n’ont jamais vu sa gloire ni entendu sa
renommée. Il ne s’agit pas ici de l’élection de la grâce pour le ciel. Ils
annonceront non cette grâce, mais la gloire qu’ils auront vue. [66:20] Les
nations amèneront les dispersés d’Israël comme une offrande à l’Éternel en la
montagne de sa sainteté ; [66:21] la race de Jacob et les sacrificateurs que
l’Éternel en aura choisis, [66:22] seront comme les nouveaux cieux et la
nouvelle terre devant l’Éternel ; [66:23] toute chair viendra se prosterner
devant Lui. [66:24] Ceux qui auront été les objets du jugement de l’Éternel, les
pécheurs contre Lui, et spécialement, à ce qu’il me paraît, les Juifs apostats,
seront un témoignage permanent du terrible jugement de l’Éternel. Car si la
pleine bénédiction de sa présence doit luire sur son peuple, elle sera
introduite et conservée par le jugement, qui est dans ces temps le principe de
ses voies.
Existence depuis
longtemps de l’état de péché, et jugement en attente quoique décrété
Il est une remarque générale qu’il convient de faire ici. L’état de péché qui
est ici jugé existait déjà du temps du prophète. La patience de Dieu usait de
support, mais le principe qui devait amener le jugement était agissant, témoin
le chapitre 6. Jusqu’à la réjection du Christ, et dans un certain sens jusqu’à
l’acceptation de l’antichrist venant en son propre nom, le mal n’était pas
absolument consommé, ni le jugement final exécuté. Mais Achaz avait déjà fourni
l’occasion de le prononcer. Ainsi l’état entier d’Israël, la grâce qui recevait
les gentils, le néant des formes et des cérémonies, en un mot tous les grands
principes moraux de la vérité sont constatés dans cette partie de la prophétie ;
et nous voyons Étienne, Paul, le Seigneur lui-même, citer les passages qui les
proclament, en les appliquant aux temps dans lesquels ils vivaient. Le Seigneur
en fait l’application à l’endurcissement du peuple ; Étienne à l’inutilité d’un
système de formes déjà jugé ; Paul à l’état de condamnation des Juifs et à la
grâce envers les gentils. Ce qui reste à venir, c’est l’accomplissement du grand
résultat où ces choses seront mises en évidence devant le monde par le jugement
et la bénédiction souveraine de Dieu.
Révélation claire de la
venue de Christ abaissé ici-bas
Quant à la venue de Jésus en abaissement, nous l’avons vue aussi clairement
révélée que sa venue en gloire. Somme toute, les voies de Dieu dans le
gouvernement de son peuple, eu égard à sa conduite sous la loi, aux promesses
faites à la famille de David, et enfin à sa conduite envers Christ, l’Éternel,
abaissé et venu au milieu du peuple ; le gouvernement, dis-je, et les voies de
Dieu à l’égard d’Israël sous tous ces rapports, sont développés de la manière la
plus claire et la plus merveilleuse dans le cours de cette prophétie. Le
jugement que le prophète prononce ici, fut suspendu par la patience de Dieu
pendant près de huit cents ans ; il ne fut accompli que lors de la réjection de
Christ.
Commentaire entier
John Nelson Darby