Introduction
Changement du système sur la terre, selon le gouvernement divin
Gouvernement de Dieu sur Israël centre du système des nations, dans Ézéchiel
Nous avons vu dans le livre d’Ézéchiel le gouvernement de Dieu sur la terre
pleinement développé en rapport avec Israël, soit en jugement (le péché qui a
amené ce jugement étant clairement et puissamment démontré), soit dans le
rétablissement de ce peuple sous l’autorité de Christ, le Germe, qui germerait
de la maison de David et qui même, dans le livre de ce prophète, porte le nom de
ce roi, comme vrai bien-aimé de Dieu ; et à la fin, la description du temple
avec toute son organisation. Dans ce développement, nous avons trouvé
Nebucadnetsar, chef des gentils, introduit comme serviteur de l’Éternel,
chapitres 29:20, 30:24, pour le jugement d’Israël devenu méchant, rebelle et
même apostat, adorant de faux dieux. Mais Israël avait été le centre divin d’un
système de nations, de langues et de peuples qui avaient surgi à la suite du
jugement de Babel, et qui subsistaient devant Dieu, indépendamment les uns des
autres, centre bien distinct, sans doute, de tout ce qui l’entourait, comme
peuple connaissant le vrai Dieu et connu de Lui, possédant son temple et son
trône ; mais qui, comme nation, quelque contraste qu’il y eût d’ailleurs entre
son état et celui des autres, était membre du système de nations qui se
trouvaient devant Dieu sur la terre (Deut. 32:8).
Remplacement de ce
système par la domination des Gentils, en Nebucadnetsar
En exécutant le jugement sur Israël, Nebucadnetsar a mis de côté en même temps
tout ce système, qui a été remplacé par la domination absolue et universelle que
Dieu lui a conférée. C’est de ce nouvel ordre de choses et de ses conséquences,
de cette domination du chef des gentils et des rois gentils sous les phases
successives qui l’ont caractérisé, que traite le livre de Daniel, en mettant en
avant un résidu d’Israël au sein de ce système, et assujetti à cette domination.
Le roi de Juda ayant été livré entre les mains du chef des gentils, la semence
royale elle-même se trouve placée dans cette même position. Le résidu devient
l’objet spécial des pensées de Dieu, révélées par son Esprit dans ce livre.
Caractères du résidu
fidèle dans ces temps : esprit de prophétie et d’intelligence, et portion de
Dieu pour lui
Outre le témoignage rendu à l’Éternel par le fait de la fidélité du résidu au
milieu des gentils idolâtres, deux choses importantes caractérisent son
histoire, ainsi qu’elle est développée dans ce livre. L’esprit de prophétie et
d’intelligence des voies de Dieu s’y trouve. C’est ce que nous avons vu surgir
dans Samuel, lorsque tout Israël avait manqué, et traverser toute l’histoire de
ce peuple sous l’ombre de la royauté. Maintenant, il redevient le lien du peuple
avec Dieu, et le seul appui de sa foi dans la ruine qui l’a atteint par le juste
jugement de Dieu. La seconde circonstance qui caractérise les voies de Dieu à
l’égard de ce résidu, c’est que celui-ci, gardé par ses soins à travers tout le
mal où le péché du peuple l’a jeté, participe assurément à la portion que Dieu
donne aux siens selon son gouvernement et selon la fidélité de ses promesses.
C’est ce qui se voit dans le premier et dans le dernier chapitre du livre que
nous étudions.
Plan du livre
Deux parties, avec la position du résidu au début et à la fin
Ce livre se divise en deux parties assez faciles à distinguer : la première se
termine avec le chapitre 6 ; l’autre avec le livre même ; le premier et le
dernier chapitre ayant cependant un caractère à part comme introduction et
conclusion, faisant respectivement connaître la position du résidu auquel le
témoignage de Dieu a été confié au commencement et à la fin, ainsi que nous
l’avons dit.
Ch. 1-6 — Histoire de
la domination des gentils, selon Dieu, et son jugement
Les deux grandes divisions ont un caractère aussi assez distinct. La première
nous présente le tableau de la domination des gentils elle-même, et les
positions qu’elle devait prendre vis-à-vis de Dieu, selon l’orgueil humain qui
en serait le ressort. Ce tableau est composé de traits historiques qui indiquent
assez clairement l’esprit dont la puissance dominante serait animée dans ses
diverses phases, puis le jugement de Dieu. Cette partie ne se compose pas des
révélations directes faites à Daniel, sauf ce qui le met en état de rappeler à
Nebucadnetsar son songe. Ce sont les chefs des gentils qui sont en scène ; c’est
l’histoire générale et extérieure des monarchies qui devaient se succéder, les
traits divers et successifs qui les caractériseraient, ainsi que leur jugement
final, et en particulier le cours et le jugement de celle que Dieu avait
lui-même établie, et qui les représente toutes, en tant qu’elles sont revêtues
de ce caractère d’établissement divin. Les autres n’ont fait qu’hériter
providentiellement du trône confié par Dieu à la première. C’est une question
entre Dieu et Israël qui a donné lieu à la suprématie établie parmi les gentils.
Sa destruction a été amenée par l’esprit d’idolâtrie présomptueuse et de
blasphème contre le Dieu d’Israël. Le chapitre 6 ne nous présente pas l’iniquité
du roi, sinon comme subissant l’influence d’autrui. Ce sont les chefs du peuple
qui veulent qu’on ne reconnaisse personne pour Dieu sinon le roi [(6:7)] , et
qui subissent le jugement qu’ils ont voulu faire tomber sur celui qui était
fidèle au Seigneur [(6:24)].
Ch. 7-12 —
Communications à Daniel sur le caractère des puissances gentiles
La seconde partie du livre consiste dans des communications faites par Dieu à
Daniel, et nous présente le caractère que revêtiraient les chefs des gentils en
rapport avec la terre, leur conduite envers ceux qui reconnaîtraient Dieu, et
enfin, l’établissement du royaume divin, dans la personne du Fils de l’homme,
royaume duquel les saints jouiraient ; des détails sur les voies de Dieu avec
son peuple à la fin étant donnés dans le dernier chapitre. On peut aussi
remarquer que le chapitre 7 donne l’histoire essentiellement de la puissance
occidentale ; le chapitre 8, celle de la puissance orientale, — les deux cornes.
Le chapitre 9, tout en concernant spécialement le centre moral de ces questions,
Jérusalem et le peuple, se rapporte par là même à la puissance occidentale qui
les a envahis. Au chapitre 10, et jusqu’à la fin du chapitre 11, nous sommes de
nouveau dans l’Orient, finissant ainsi par le jugement des nations qui s’y
trouvent, et le rétablissement en bénédiction du résidu d’Israël.
Examinons maintenant la suite des chapitres.
Chapitres 1 et 2
La fidélité à rester pur est le secret de l’intelligence de la pensée de Dieu
[1:2] Le chapitre premier nous présente la royauté de Juda, autrefois établie de
Dieu sur son peuple dans la personne de David, succombant sous la puissance de
Nebucadnetsar ; et le roi, l’oint de l’Éternel, livré par l’Éternel entre les
mains du chef des nations, auxquelles Dieu maintenant remettait la domination.
[1:3-4] Les enfants de la semence royale subissent le sort annoncé par És. 39:7
; mais Dieu agit en leur faveur, [1:9] et spécialement à l’égard de Daniel, dans
le cœur de ceux qui les gardent, et veille sur eux par sa providence. Ces deux
traits du fidèle résidu en captivité, ressortent du récit du chapitre ; [1:8]
fidèles à la volonté de Dieu, quoique loin de son temple, ils ne se souillent
pas au milieu des gentils, [1:17] et, exaucés de Dieu, l’intelligence leur est
donnée de sa part ; et cela, ainsi que le chapitre 2 le montre à l’égard de
Daniel, [2:28] jusqu’à la connaissance de ce que Dieu seul peut révéler, et de
son intention dans cette révélation. [1:19-20] Eux seuls possèdent cette
intelligence, marque de la faveur divine et fruit, par grâce, de leur fidélité.
Ceci est en particulier le cas de Daniel, dont la fidélité ardente et la foi
tracent le chemin de la foi aux autres. Ils n’en sont pas moins soumis aux
nations, dont le pouvoir est établi de Dieu pour le moment. Mais c’est ici un
élément de la plus grande importance : la vraie connaissance de l’intelligence
de la pensée divine, ce qui est appelé le secret de l’Éternel [(Ps. 25:14)],
dans les jours de la corruption et de la puissance babylonienne, se trouve dans
la fidélité à se conserver pur du moindre contact avec ce que donne Babylone,
avec la viande dont elle voudrait nous nourrir.
Nebucadnetsar
dépositaire de tout le plan de Dieu, et Daniel reconnu objet de la faveur divine
D’un autre côté, au chapitre 2, [2:29] nous trouvons le roi puissant des
gentils, dépositaire de la révélation du sort des gentils, de tout le plan de
Dieu, comme vase des communications divines, [2:47] mais de manière à montrer
Daniel, le captif enfant d’Israël, le fidèle qui se tenait séparé au milieu de
Babylone, comme étant celui que l’Éternel reconnaissait et sur lequel il faisait
reposer sa faveur.
Tableau général de la
puissance des gentils
Mais les détails de ce chapitre, comme tableau général de la puissance des
gentils qui commence avec la domination donnée à Nebucadnetsar, doivent occuper
davantage notre attention.
Succession des empires
formant un tout, établi de Dieu comme puissances
[2:31] Premièrement, on peut remarquer que les monarchies des gentils qui se
sont succédé les unes aux autres, font un tout. Ce n’est pas la succession
historique, ni les traits moraux à l’égard de Dieu et des hommes qui nous sont
présentés, mais l’ensemble des monarchies envisagé comme un personnage devant
Dieu, l’homme de la terre, dans sa splendeur publique, glorieux et terrible aux
yeux des hommes. [2:39-40] Quatre puissances impériales devaient se succéder,
[2:37] desquelles Nebucadnetsar lui-même était le grand chef de la part de Dieu.
[2:32] Il y aurait, y apprenons-nous, sous certains rapports, une dégénérescence
progressive, [2:44] et enfin le Dieu du ciel susciterait une autre puissance qui
exécuterait le jugement sur ce qui subsisterait encore, ferait disparaître la
statue de dessus la terre, et la remplacerait par un royaume qui ne serait
jamais renversé. Dans la détérioration successive, en principe et en caractère,
de la puissance impériale, la force matérielle de celle-ci ne diminuerait pas.
[2:40] Le fer qui briserait et écraserait tout, caractérise la quatrième
puissance. [2:37-38] La tête d’or me semble avoir sa force en ce que Dieu
Lui-même lui a formellement donné l’autorité ; son autorité absolue était en
effet fondée sur le don du Dieu du ciel. Les autres ont succédé par des
principes providentiels ; mais Dieu, tel qu’il a été connu comme souverain
conférant l’autorité au chef, en faisant remplacer la sienne sur la terre par
celle du chef des gentils, n’a pas été la source directe de l’autorité des
autres. Babylone était l’autorité établie de Dieu. C’est pourquoi nous avons vu,
en lisant Ézéchiel (et la même chose se trouve ailleurs), que le jugement de
Babylone se lie avec la restauration d’Israël et du trône de Dieu.
Le Dieu des cieux
établit l’homme dominant sur la terre, comme Adam
[2:37] Toutefois remarquez que Dieu ne se présente pas ici comme le Dieu de la
terre, mais des cieux. En Israël il était Dieu de la terre ; il le sera de
nouveau au rétablissement de toutes choses. Ici, il agit souverainement comme
Dieu des cieux, en établissant l’homme dans un certain sens à sa place sur la
terre (voyez les versets 37 et 38). C’est une domination qui, bien que plus
limitée, porte quelques traits de celle d’Adam [(Gen. 1:26)], différant de
celle-ci en ce que les hommes lui sont assujettis ; elle est plus limitée, car
la mer n’est pas renfermée dans les limites de sa souveraineté ; mais elle
s’étend partout où les bêtes et les oiseaux peuvent se trouver. La force humaine
se trouve à la fin de son histoire, mais la puissance subsistante est beaucoup
plus éloignée des relations de Dieu avec le monde.
Caractère mélangé du
quatrième empire, et établissement par Dieu du cinquième
Le mélange de fer et d’argile (v. 33) est une altération qui s’accomplit dans le
caractère primitif de la puissance impériale de Rome, un autre élément y étant
introduit. Ce caractère reste en partie, mais un autre élément est ajouté ;
l’énergique volonté de l’homme ne se trouve pas une et absolue ; c’est
l’introduction dans la puissance impériale romaine d’un élément distinct de ce
qui constituait sa force impériale, c’est-à-dire la volonté de l’homme sans
conscience, la puissance militaire et populaire concentrée dans une seule
personne, et cela, sans qu’elle soit bridée par la conscience. Il y a deux
causes de cette faiblesse : la division et l’incohérence des éléments ; verset
41, le royaume sera divisé ; verset 42, il sera en partie fort, en partie frêle.
La semence humaine est, je le pense, quelque chose en dehors de ce qui
caractérise la force propre de l’empire, mais ces deux éléments ne formeront
jamais un tout. Il me semble que l’élément barbare ou teutonique est
probablement désigné ici, parce qu’il a été ajouté à ce qui constituait
primitivement l’empire romain. Le fait d’une subdivision nous est indiqué d’une
manière générale, verset 43. [2:44] Ensuite, il est annoncé que, dans le temps
de ces derniers rois, Celui qui gouverne d’en haut établirait un royaume que
rien n’ébranlerait, et qui ne passerait jamais en d’autres mains. C’est ici le
seul royaume qui remplace, à proprement parler, de la part de Dieu, le royaume
de Babylone. [2:37-38] Le Dieu des cieux avait établi Nebucadnetsar dans son
royaume et lui avait donné puissance, force et gloire, lui assujettissant tous
les hommes. Sans doute, les trois autres ont suivi, d’après la volonté de Celui
qui dispose de tout ; mais ce n’est que dans le cas du royaume du verset 44,
qu’il est de nouveau dit que le Dieu des cieux établirait un royaume. Le
caractère du quatrième et quelques traits principaux de son histoire nous sont
présentés. Il n’est question de l’existence des deux autres que pour montrer que
le second est inférieur au premier ; de sorte que l’esprit de Dieu nous donne
l’établissement divin du premier, le caractère du quatrième, et l’établissement
divin du cinquième et dernier.
Établissement du
dernier royaume, détruisant d’abord la statue
Nous avons maintenant à faire remarquer comment ce dernier royaume est établi.
Cet établissement est effectué par le moyen d’un acte judiciaire et destructeur,
qui réduit en poudre toute la statue, et en opère la dissolution complète et
totale, n’en laissant pas trace (v. 34 et 35). [2:34] L’instrument qui
l’accomplit n’est pas formé par la sagesse ou par les arrangements humains. Il
est coupé sans main. Il n’agit pas par une influence morale qui change le
caractère de l’objet sur lequel il agit ; il détruit cet objet par la force ;
c’est Dieu qui l’établit et qui lui prête cette force. [2:35] La pierre ne
grandit pas graduellement pour déplacer la statue ; elle la détruit avant de
grandir. Lorsqu’elle a grandi, ce n’est pas seulement un droit donné de Dieu sur
les hommes ; siège éminent d’une autorité universelle, elle remplit toute la
terre. [2:34] C’est sur la dernière forme de puissance présentée dans la statue,
que tombe le coup destructeur de la petite pierre, lorsque l’empire est divisé,
en partie fort et en partie faible, à cause des éléments dont ses membres sont
composés. On peut remarquer aussi, que ce n’est pas Dieu qui détruit la statue
pour établir le royaume, c’est le royaume qu’il établit qui frappe les pieds de
la statue ; c’est son premier acte. Voilà l’histoire générale et extérieure de
ce qui a remplacé de la part de Dieu son trône et son gouvernement à Jérusalem,
qui a graduellement dégénéré dans son caractère public à l’égard de Dieu, et qui
trouve enfin son terme dans le jugement exécuté par le royaume établi de Dieu
sans préparation humaine, par le royaume de Christ qui, tombant sur la dernière
forme de la monarchie autrefois établie de Dieu, détruit toute trace de son
existence ; et lui-même remplit le monde.
Les quatre grands
empires de la prophétie
Je n’ai rien à dire de particulier sur les quatre monarchies : Babylone, la
Perse et la Grèce sont nommées dans le livre comme étant déjà connues des Juifs,
et les Romains sont aussi introduits par le nom que portait leur territoire, les
côtes de Kittim [(11:30)], de sorte que j’accepte sans les mettre en question
les quatre grands empires ordinairement reconnus de tous comme étant dépeints
dans cette prophétie ; il ne me paraît pas que ces prophéties laissent aucun
doute sur ce point.
Nebucadnetsar reconnaît
que Dieu est avec le résidu et lui révèle Ses pensées
[2:47] L’effet de la communication qui montre que Dieu est ainsi avec le résidu,
qui seul a l’intelligence de ses pensées, est que l’orgueilleux gentil reconnaît
le Dieu des Juifs comme suprême dans les cieux et sur la terre. Le caractère du
résidu, ici, c’est que Dieu lui révèle ses pensées.
Traits des empires
montrant leur éloignement de Dieu
À la suite de ce tableau général, les traits historiquement caractéristiques de
ces empires signalent l’état où ils tombent dans leur éloignement de Dieu, et
premièrement et principalement Babylone.
Chapitre 3
Ch. 3 v. 1-7 — L’homme se fait un dieu en rapport avec le pouvoir suprême
Au chapitre 3, nous est présenté le premier trait caractéristique de l’homme
investi du pouvoir impérial, mais dont le cœur est éloigné de Dieu, et qui l’est
d’autant plus qu’il possède le pouvoir même. Il veut avoir un Dieu à lui, un
Dieu qui dépende de la volonté de l’homme, et dans ce cas, de la volonté du
dépositaire du pouvoir impérial. C’est de la sagesse selon l’homme. [3:3] Les
besoins religieux ont leur aliment en rapport avec le pouvoir suprême, et les
influences religieuses s’exercent en liant tous les membres de l’empire dans une
fusion générale autour du chef par le lien le plus fort, sans que l’autorité
paraisse ; car le besoin religieux de l’homme se lie ainsi à sa volonté, et sa
volonté, sans le savoir, au centre que le pouvoir lui a formé. Autrement, la
religion, le plus puissant motif du cœur, devient un dissolvant dans l’empire.
Mais la volonté de l’homme ne peut pas faire un vrai Dieu. Nebucadnetsar, par
conséquent, abandonne le vrai Dieu, quoiqu’il eût même reconnu qu’il n’y en
avait point de pareil à celui des Juifs [(2:47)], et en fait un pour lui-même.
Le gouvernement des gentils rejette le Dieu qui lui avait donné sa puissance ;
et le vrai Dieu n’est reconnu que par un résidu fidèle et souffrant [(dans
l’original : et à l'égard du vrai Dieu, il s’agit d’un résidu fidèle et
souffrant)] ; l’empire est idolâtre : voilà le premier grand trait qui
caractérise la domination de Babylone.
Ch. 3 v. 8-18 — La
fidélité au vrai Dieu contrarie la volonté du roi
Mais la fidélité qui contrarie ce sage système lequel lie à la volonté du chef
le plus puissant mobile de tous les peuples, et fait que ceux-ci entourent le
chef en adorant ce qu’il leur présente [(3:7)], est insupportable à cette
volonté. Une telle fidélité touche au premier ressort de tout le mouvement.
L’idole n’est pas Dieu du tout, et l’homme, quelque puissant qu’il soit, ne peut
pas en créer. [3:18] L’homme qui a la foi, soumis au roi, ainsi que nous l’avons
vu dans les chapitres précédents, puisqu’il est établi de Dieu, ne l’est pas au
faux dieu que le roi établit en reniant Celui qui lui a donné son autorité, et
que le fidèle reconnaît encore. [3:15] Mais le roi dispose de la force, et veut
faire valoir sa volonté.
Ch. 3 v. 19-30 —
Conséquences de la fidélité des trois hébreux, et de Dieu
Épreuve de la fidélité et bonheur de la présence de Dieu
[3:21] Shadrac, Méshac et Abed-Nego sont jetés dans la fournaise ardente. [3:25]
Mais c’est dans les souffrances de son peuple, que Dieu à la fin paraît comme
Dieu. Il permet que leur fidélité soit éprouvée là où le mal subsiste, afin
qu’ils soient avec Lui dans la jouissance du bonheur, là où son caractère et sa
puissance sont pleinement manifestés, soit sur cette terre, soit d’une manière
encore plus excellente, dans le ciel.
Dieu agit et délivre
Ses serviteurs, malgré le roi et devant lui
On peut remarquer que la foi et l’obéissance sont aussi absolues que la volonté
du roi. [3:16] Rien de plus beau, de plus calme, que la réponse des trois
fidèles. [3:17] Dieu peut délivrer et délivrera ; [3:18] mais, quoi qu’il en
soit, ils ne l’abandonneront pas. [3:15] La rage du roi jette le défi à Dieu.
Qui est le Dieu qui délivrera le fidèle de sa main ? [3:19] Dieu lui permet de
faire tout ce qu’il peut. [3:22] Sa rage aveugle a pour effet de détruire les
instruments de sa vengeance par l’ardeur du feu préparé pour les fidèles
Hébreux. [3:21] Ceux-ci y sont jetés et extérieurement la volonté du roi
s’accomplit ; mais ce n’est que pour faire briller la puissance et la fidélité
de Dieu, qui intervient au milieu du feu, pour témoigner l’intérêt qu’il porte à
la fidélité de ses serviteurs. [3:25] L’effet du feu pour eux est que leurs
liens sont brûlés et qu’ils trouvent la présence de Celui qui a la forme de Fils
de Dieu, à la vue même du monarque qui reniait sa toute-puissance. [3:29] La
conséquence, d’un côté, est la défense au monde entier de parler contre le Dieu
des Juifs, [3:30] de l’autre, la gloire du résidu de ce peuple captif et faible.
Principes de la
conduite du résidu fidèle
Fidélité et obéissance, en ne reconnaissant que Dieu seul
Remarquez ici que c’est par la fidélité et l’obéissance que le résidu est
caractérisé. Cette fidélité se manifeste en ce qu’il ne veut que son Dieu à lui
; point de concessions : ç’aurait été le nier ; car, pour reconnaître le vrai
Dieu, il ne faut reconnaître que Lui seul. La vérité n’est que sa pleine
révélation, et ne peut reconnaître qu’elle-même ; la mettre au niveau du
mensonge, serait dire qu’elle n’est pas la vérité.
Trois principes
caractérisant le résidu, et faisant reconnaître Dieu par eux
Ces trois principes nous ont été signalés à l’égard du résidu :
1° Il ne se souille pas en participant à ce que le monde donne, à la viande du roi [(1:8)].
2° Il a l’intelligence des pensées et des révélations de Dieu [(2:21-23)].
3° Il est fidèle, en refusant absolument de reconnaître tout autre dieu que le sien, qui est le vrai [(3:18)]. Le premier est commun à tous ; le second est l’esprit de prophétie dont Daniel est ici le vase ; le troisième est la part de chaque croyant, même alors qu’il n’a pas l’esprit de prophétie. Plus on est près de la puissance du monde, plus on est en danger de souffrir, si l’on est fidèle. On remarquera que tout ceci se lie à la position et aux privilèges des Juifs. Remarquez aussi que Dieu est reconnu, par la volonté et le pouvoir des gentils, de deux manières et par des moyens différents, les deux étant des privilèges accordés au résidu. [2:47] Le premier de ces privilèges consiste dans la possession de l’intelligence de l’Éternel, la révélation de ses pensées et de ses conseils. C’est ce qui porte le gentil à reconnaître le Dieu de Daniel comme le Dieu des dieux et le Seigneur des rois : telle est sa position en rapport avec tout ce qui était exalté au-dessus de la terre. Il était suprême dans les cieux et sur la terre. [3:28-29] Le second de ces privilèges, c’est que Dieu s’intéresse au pauvre résidu de son peuple, ayant la puissance de le délivrer de la tribulation dans laquelle la puissance rebelle et idolâtre (et par conséquent apostate), l’a jeté. Le résultat, ici, est qu’il est reconnu, et que ses fidèles sont délivrés et exaltés. Le premier point est plus général et s’étend aux gentils, qui sont reconnus de Dieu ; le second a pour effet la délivrance de ce résidu juif.
Chapitre 4
Relations propres du pouvoir gentil avec Dieu, reconnu comme dominateur
[3:7] L’établissement de l’unité idolâtre en fait de religion [4:30] et
l’orgueil du pouvoir humain sont ce qui caractérise ici Babylone. [4:25] Cette
folie qui ne connaît pas Dieu, remplit tout le cours du temps assigné à ce
pouvoir, « sept temps ». [4:34] À la fin le gentil reconnaît, pour lui-même, le
Très-Haut, et le loue et le bénit. Ce chapitre, donc, expose les propres
relations du pouvoir gentil avec Dieu, non seulement ses rapports avec le Dieu
et le peuple des Juifs. [4:32] C’est pourquoi Dieu est appelé au chapitre 4, le
Très-Haut qui domine sur le royaume des hommes ; [3:17] au chapitre 3, c’était
pour le cœur du résidu fidèle, « notre Dieu », [3:28] et pour le monde qui avait
vu la délivrance, le Dieu de Shadrac, Méshac et Abed-Nego.
Orgueil de l’homme ne
regardant pas vers Dieu, jugé et abaissé
Au chapitre 4, nous trouvons l’orgueil humain manifesté, [4:30] en ce que le roi
se glorifie dans l’œuvre de ses mains, comme créateur de sa propre gloire.
[4:31] Cet orgueil amène le jugement. [4:32] Le dépositaire du pouvoir est
réduit à l’état des bêtes qui ne connaissent pas Dieu et manquent d’intelligence
humaine. Le seul vrai privilège de l’homme, ce qui l’élève, c’est qu’il peut
regarder en haut vers Dieu et le reconnaître. Autrement, il regarde en bas, il
est dégradé, car il ne peut se suffire seul à lui-même. La dépendance est sa
gloire, car elle le place devant Dieu, lui donne le moyen de le connaître ; son
intelligence est associée avec Dieu, et tire sa mesure et ses connaissances de
Lui. L’orgueil et l’indépendance séparent l’homme de Dieu. Il devient bête,
privé d’intelligence réelle. Or cet état dépeint celui des monarchies dont parle
le prophète, envisagées comme un ensemble devant Dieu, et représentées par le
chef établi de Dieu, par Nebucadnetsar. [4:25] Sept temps ou années passent sur
la tête de Nebucadnetsar privé de sa raison. Il s’est élevé, et il a été
abaissé. Les temps des gentils se caractérisent par l’absence de toute
intelligence qui mette la puissance gouvernementale en rapport avec Dieu. Faire
des idoles, bâtir Babylone et ne pas connaître Dieu, voilà ce qui caractérise
moralement la puissance que Dieu avait établie à la place de son trône à
Jérusalem. Voilà la capacité morale de l’homme, en possession de cette puissance
qui lui a été confiée1.
1 La puissance dans l’obéissance avait caractérisé le trône de David, car le roi devait faire une copie de la loi [(Deut. 17:18)] et observer la loi ; le trône de Nebucadnetsar était un trône de pouvoir absolu, l’homme suprême dans l’exercice de sa propre volonté : ce sont les deux moyens par lesquels l’homme est mis à l’épreuve dans une position d’autorité.
Gloire rendue au Dieu
Très-Haut, dominant sur toute la terre
[4:34] Mais la scène se termine avec le témoignage rendu à la gloire du Dieu
Très-Haut, [4:37] du roi des cieux. Le roi reconnaît sa majesté et le bénit,
maintenant que son jugement est ôté de dessus lui. [4:34] Il le reconnaît comme
Celui qui vit éternellement, [4:37] qui abaisse et élève qui il veut, [4:35]
faisant ce qu’il veut dans les cieux et sur la terre ; tous les hommes étant la
vanité devant sa majesté et sa puissance. Ici, l’effet est produit, non par la
délivrance des fidèles, mais par le jugement tombé sur les gentils eux-mêmes,
qui sont cependant délivrés à la suite du jugement, et rendus intelligents à
l’égard de l’Éternel ; et cela, en rapport avec le témoignage confié au peuple
juif par l’esprit prophétique qui se trouvait de la part de Dieu dans le résidu
de ce peuple. [4:34] Le roi lève ses yeux vers les cieux, au lieu d’être la bête
tournée vers la terre, il devient intelligent, soumis et heureux de bénir le
Dieu Très-Haut. On peut remarquer ce nom de « Très-Haut ». C’est le nom donné à
l’Éternel dans l’entrevue entre Melchisédec et Abraham, Melchisédec ajoutant : «
Possesseur des cieux et de la terre » [(Gen. 14:19)]. Dieu prendra, en effet, ce
caractère, lorsqu’il réunira en un toutes choses en Christ, les choses qui sont
dans les cieux et les choses qui sont sur la terre [(Éph. 1:10)], et que Christ
sera le vrai Melchisédec. Les gentils seront soumis pleinement à Dieu. Ce sera
le rétablissement de toutes choses, dont les prophètes ont parlé.
Détails particuliers de
la scène du chapitre 4
Haute position de l’homme ayant reçu la puissance, et Dieu veillant sur tout
Quelques remarques de détail restent encore à faire. C’est le jugement, puis la
délivrance qui produit cet effet. [4:20-22] On peut remarquer la force du
symbole d’un grand arbre : c’est un puissant de la terre, capable de prendre les
autres sous sa protection. [4:11] Dans ce cas-ci, c’en est un qui est dans la
plus haute position possible pour l’homme. [4:12] Les oiseaux du ciel s’y
nichent, ce qui veut dire que toutes sortes de personnes y cherchent l’abri et
la protection. Nous apprenons aussi que Dieu prend connaissance des principes
qui guident les gouvernements de la terre, envisagés comme dépositaires de cette
puissance qu’ils tiennent de Lui. [4:17] Ici, quoique ce ne soit pas, comme en
Israël, son trône sur la terre, Dieu veille sur tout et juge la puissance à
laquelle il a confié l’autorité. Il ne gouverne pas immédiatement, mais il tient
pour responsable celui à qui il a confié le gouvernement, pour qu’il reconnaisse
l’autorité de Dieu comme suprême dans ce monde.
Les anges comme
instruments exécuteurs et administrateurs du jugement de Dieu
[4:17, 23] À l’égard de l’emploi du mot « veillant », je ne crois pas que
l’intelligence à l’égard de celui qui a porté le décret du jugement, aille plus
loin que l’état religieux de Nebucadnetsar. Daniel l’attribue directement au
Très-Haut. Que les anges en soient les instruments intelligents, et que
l’administration leur soit confiée en quelque sorte, c’est ce qui ne présente
aucune difficulté, et ce de quoi l’épître aux Hébreux [(1:14)] et d’autres
passages font foi. Le monde à venir ne leur sera pas ainsi assujetti [(Héb.
2:5)].
Responsabilité de
Nebucadnetsar soulignée par Daniel
On voit, verset 27, que Daniel rend Nebucadnetsar attentif à cette
responsabilité qui pèse sur lui et l’engage à changer de conduite.
Dieu vu comme roi des
cieux, non pas de la terre, ce qui est lié à Jérusalem
[4:37] On peut encore remarquer ici que c’est le roi des cieux que Nebucadnetsar
reconnaît. C’était nécessairement sa place. Le Dieu de la terre avait son trône
à Jérusalem ; mais Nebucadnetsar n’avait rien à faire là. Daniel ne présente
jamais le trône à Jérusalem, ni moralement, ni prophétiquement ; ses prophéties
s’arrêtent toujours avant d’en venir à ce point. Il est captif entre les mains
des gentils, fidèle à Dieu dans cette position, enseigné de Lui ; mais Dieu ne
peut pas être pour lui le Dieu de la terre1. C’est le Dieu des cieux, suprême
sur tout et partout, qui dispose des cieux et de la terre, mais ne gouverne pas
encore sur la terre comme roi de la terre ; au contraire, il venait d’y renoncer
et de confier la puissance à Nebucadnetsar, tandis qu’il se retire de devant
l’iniquité de son peuple terrestre, pour se renfermer dans sa suprême et
immuable puissance, dont les effets seront manifestés plus tard, mais d’après
laquelle il gouverne déjà, quoique caché aux yeux des hommes.
1 La semence de David ne sera pas captive à Babylone, quand Dieu prendra sa place comme le Dieu de la terre.
Détails dans les
communications directes à Daniel, mais les principes sont déjà là
Le lecteur peut s’attendre à plus de détails peut-être. Ces détails se
trouveront de préférence dans les communications faites directement à Daniel ;
mais s’il a bien saisi les principes que nous venons de constater (et le grand
but de ces chapitres est de les présenter), il aura les éléments les plus
importants pour l’intelligence de toutes les prophéties de ce livre, et, sans
ces principes, jamais il ne saura saisir clairement la portée des révélations
qui y sont contenues. Souvenons-nous que nous sommes sur le terrain des Juifs
captifs parmi les gentils, avec l’intelligence des voies de Dieu à leur égard et
le jugement qu’il porte sur ce qu’ils ont été pendant que la puissance a été
laissée entre leurs mains.
Chapitre 5
Au chapitre 5, l’iniquité du chef des gentils à l’égard du Dieu d’Israël est
montée à son comble, et prend le caractère d’insolence et de mépris, qui n’est
que l’effort que la faiblesse fait pour se cacher. [5:1] Au milieu des orgies
d’un grand festin de courtisans et de gens de cour, [5:2] Belshatsar fait venir,
pour s’en servir dans ce festin, les vaisseaux du temple de Dieu, que
Nebucadnetsar avait emportés de Jérusalem, [5:4] et loue les dieux d’or et
d’argent, de pierre et de bois. La folie du roi pose la question entre les faux
dieux et l’Éternel, le Dieu d’Israël. L’Éternel l’a décidée cette nuit-là, par
la destruction du roi et de toute sa gloire. [5:17] Daniel interprète
l’avertissement que Dieu a donné à Belshatsar ; mais, quoique soumis au roi, il
n’use pas des égards qu’il a eus pour Nebucadnetsar. Belshatsar s’était posé en
ennemi insolent de l’Éternel, [5:23] et Daniel lui répond selon la révélation
que Dieu donnait de son jugement, et d’après la manifestation fastueuse que le
roi faisait de son iniquité, en glorifiant ses dieux et insultant l’Éternel.
[5:26-28] L’avertissement n’avait plus pour objet de corriger, il ne laissait
plus lieu pour la repentance. Il annonçait le jugement, et cette annonce
suffisait pour détruire toute l’insolence du roi impie, [5:22] car le roi avait
négligé les avertissements que l’histoire de Nebucadnetsar lui fournissait. Ce
récit nous présente le dernier caractère de l’iniquité de la puissance
souveraine des gentils contre le Dieu d’Israël, et le jugement qui en résulte
pour la monarchie dont Babylone a été le chef, et à laquelle elle a imprimé son
caractère. Car, quelle qu’ait été la patience de Dieu, ses voies à d’autres
égards envers la monarchie des gentils comme puissance à laquelle il confiait
l’autorité dans le monde, il n’est pas moins vrai que tout était déjà perdu pour
ces empires dans le temps même de Babylone.
Chapitre 6
L’homme veut un dieu pour ses convoitises, non pour sa conscience, et rejette le
vrai Dieu
Une autre forme d’iniquité se trouve en dehors de celle de Babylone (ch. 6).
Personnellement, Cyrus avait de meilleures pensées, et Dieu, qui les lui a
données, s’est servi de lui pour le rétablissement temporaire de son peuple,
afin que le Messie pût se présenter, dernière épreuve à laquelle serait soumis
ce peuple de sa dilection. Ce n’est pas Cyrus donc que nous trouvons ici, au
chapitre 6, comme instrument de l’iniquité qui cherchait à détruire Daniel, de
cette volonté de l’homme qui ne peut jamais supporter la fidélité à Dieu. Ici,
ce n’est pas l’idolâtrie, ce ne sont pas des insultes offertes à l’Éternel,
[6:7] mais c’est l’élévation de l’homme lui-même qui veut exclure toute idée de
Dieu. Il ne veut aucun Dieu. C’est un des traits qui caractérisent le fond du
cœur de l’homme ; il veut bien, en général, un dieu qui lui aide à satisfaire
ses passions et ses convoitises, un dieu commode pour l’unité de son empire et
la consolidation de sa puissance ; la partie religieuse de sa nature se contente
de tels dieux et se livre volontiers à leur culte, quoique celui qui les établit
en souverain ne le fasse que dans des vues politiques. Pauvre monde ! Le vrai
Dieu ne va ni à sa conscience ni à ses convoitises. L’ennemi de nos âmes est
content d’exploiter dans ce sens la religiosité de notre nature. La fausse
religion présente des dieux qui répondent aux désirs du cœur naturel quels
qu’ils soient, mais qui n’appellent jamais à la communion et n’agissent jamais
sur la conscience. Ils peuvent lui imposer des cérémonies et des observances,
car l’homme y tient ; mais ils ne mettent ni ne peuvent mettre une conscience
réveillée en rapport avec eux. Ce que l’homme veut, ce que l’homme craint, voilà
la sphère de leur influence. Ils ne produisent rien dans le cœur, sauf en tant
que des joies ou des craintes naturelles y agissent.
L’orgueil de l’homme
veut exclure tout dieu, pour s’élever lui-même
Mais, d’un autre côté, l’orgueil de l’homme se revêt quelquefois d’un caractère
qui change tout à cet égard. L’homme veut être lui-même Dieu, disposer de tout
d’après sa volonté, et exclure une rivalité que l’orgueil ne supporte pas : une
supériorité incontestable, si Dieu existe, est insupportable à celui qui ne veut
que lui-même. Il faut qu’il se débarrasse de Dieu. Les ennemis des fidèles se
servent de cette disposition. [6:7] La cruauté est moins inventive, sauf qu’en
flattant le pouvoir, elle n’a l’air de blâmer que ce qui lui désobéit et ce qui
méprise sa parole.
Le roi est lié à la
volonté de l’homme, mais reconnaît et respecte Dieu
La guerre étant avec Dieu lui-même, la question avec les hommes est tranchée
avec plus de mépris et moins de passion quant à eux. La passion s’allie moins à
l’orgueil qu’à la volonté de l’homme ; il est esclave de ceux qui lui rendent le
tribut de leur flatterie. La volonté est davantage son maître. [6:15] Dans ce
cas, dupe de sa vanité, le roi se trouve lié par des lois apparemment faites
pour garantir ses sujets de ses caprices, en paraissant attribuer à sa volonté
et à sa sagesse un caractère d’immutabilité qui n’appartient qu’à celles de
Dieu. [6:16] Daniel est jeté dans la fosse aux lions : [6:22] Dieu le garde.
C’est ce qu’il fera pour le résidu d’Israël, en général, à la fin du siècle.
[6:24] Le jugement que les ennemis d’Israël ont voulu faire tomber sur les
fidèles d’entre ce peuple, s’exécutera sur eux-mêmes ; mais l’effet de ce
jugement va plus loin que celui des autres. Nebucadnetsar défendait de dire du
mal du Dieu d’Israël [(3:29)], il a dit du bien du roi des cieux qui l’avait
abaissé [(4:37)] ; [6:26] mais Darius commande que partout on reconnaisse le
Dieu de Daniel et d’Israël pour le seul Dieu vivant, dont le royaume ne saurait
être ébranlé, [6:27] et qui, de fait, a délivré celui qui se confiait en Lui.
Historiquement, il paraît que Darius avait des sentiments de respect pour Dieu
et pour la piété de Daniel. Il n’est pas son Dieu, mais le Dieu de Daniel ; mais
il le respecte ; [6:26] il l’appelle aussi le Dieu vivant.
Idolâtrie, impiété et
orgueil, caractéristiques et causes du jugement des empires gentils
Enfin, l’idolâtrie, l’impiété, l’orgueil, qui s’élèvent au-dessus de tout, voilà
ce qui caractérise les grands empires présentés en Daniel et ce qui amène leur
jugement. L’effet du jugement, [6:26-27] c’est que le Dieu des Juifs est reconnu
comme le Dieu vivant qui délivre, [4:25] le Très-Haut qui domine sur le royaume
des hommes. Les mêmes traits caractériseront les jours de la fin. Ceci termine
la première partie du prophète.
Chapitre 7
Communications directes à Daniel, avec des détails historiques
Nous arrivons maintenant aux communications faites à Daniel lui-même : elles
contiennent non seulement des principes généraux, mais des détails concernant le
peuple de Dieu et les gentils qui l’opprimaient, détails historiques, quoique
donnés d’avance prophétiquement.
Ch. 7 v. 2-6 — Les
quatre bêtes des empires gentils, et caractère des trois premières
Histoire des quatre puissances gentiles surgissant de la mer
Le grand but du chapitre 7 est de nous présenter l’histoire de la quatrième
bête, soit de la dernière forme de l’empire commencé à Babylone parmi les
gentils, de la grande puissance de l’Occident dans laquelle devait se développer
tout ce que l’homme en possession du pouvoir deviendrait à l’égard de Dieu et
des fidèles ; et avec cela, ses relations avec les saints sont données dans
l’interprétation. Mais, pour introduire cette bête occidentale, ce qui l’a
précédé est succinctement exposé. [7:3] Quatre bêtes montent de la mer,
c’est-à-dire s’élèvent au milieu des flots des populations humaines. Ces
puissances ne sont pas envisagées ici comme établies de Dieu, mais à un point de
vue purement historique. Nous avons vu l’empire directement établi de Dieu dans
la personne de Nebucadnetsar ; mais ici, quoique toute puissance qui existe soit
établie de Dieu, elles sont envisagées, non dans leur origine, mais dans leur
histoire. Ces bêtes montent de la mer. Le prophète les voit premièrement toutes
à la fois, sortant de l’agitation des peuples. Cette partie de la vision
présente des traits qui les caractérisent, et ne donne pas de date.
Ch. 7 v. 4 — Babylone,
empire puissant et fort établi de Dieu, puis abaissé
Le verset 4 nous montre Babylone puissante, puis abaissée et soumise ; corps de
lion avec des ailes d’aigle. Ce qu’il y avait de plus énergique et de noble,
humainement parlant, dans la force, ce qui planait sur les nations avec le vol
le plus rapide et le plus élevé, caractérisaient ce premier essor de l’esprit
humain, auquel la volonté divine avait confié l’empire du monde. Cette position,
Babylone la perd.
Ch. 7 v. 5 — L’empire
Médo-Perse, lourd et féroce pour s’approprier les empires
[7:5] La seconde bête dévorait beaucoup de chair, mais elle n’avait ni l’énergie
ni le vol rapide de la première ; elle s’appropriait d’autres empires, plutôt
qu’elle n’en créait un ; double dans sa force au commencement, elle s’est élevée
d’un côté plutôt que de l’autre. Elle est féroce, mais comparativement lourde :
c’est l’empire Médo-Perse.
Ch. 7 v. 6 — L’empire
d’Alexandre, léger, actif et rapide
[7:6] Le chapitre dit peu de chose de la troisième bête ; la légèreté et
l’activité rapide la caractérisent, et puis la domination lui est donnée : c’est
l’empire fondé par Alexandre.
Vision particulière
pour la quatrième bête
La quatrième est réservée pour une vision distincte.
Plan du chapitre
On fera bien de remarquer ici, en passant, que le chapitre se divise en quatre
parties distinctes : les trois visions et l’interprétation donnée ensuite au
prophète de ce qu’il a vu. La première vision contient les quatre bêtes mises
ensemble et les caractères des trois premières brièvement exposés [(v. 1-6)] :
la seconde, celui de la quatrième, avec beaucoup plus de détails [(7:7-12)] ; la
troisième, l’arrivée de celui qui ressemblait à un fils d’homme devant l’ancien
des jours [(7:13-14)]. Elles commencent respectivement aux 1er, 7e et 13e
versets ; puis vient l’interprétation du 15e jusqu’à la fin du chapitre.
Ch. 7 v. 7-12 —
Caractère détaillé de la quatrième bête
Ch. 7 v. 7-8 — Force puissante mais partagée, et élévation d’une intelligence
mauvaise
Les traits de la quatrième bête sont assez nettement dessinés. [7:7] Elle est
excessivement forte ; elle dévore et brise tout, foulant sous ses pieds ce qui
reste. Elle n’avait pas le même caractère que les monarchies précédentes, et
elle avait dix cornes, c’est-à-dire sa force a été partagée entre dix puissances
distinctes. La force, la rapacité n’épargnant et ne respectant rien,
s’appropriant tout en le foulant sous les pieds sans conscience, voilà ce qui
caractériserait la quatrième bête moralement ; une division en dix royaumes la
distinguerait quant à sa forme. La simplicité uniforme pour le fond des autres
monarchies lui manquerait aussi ; [7:8] mais ce n’était pas tout : un autre
élément bien distinctif et spécial attirait l’attention toute particulière du
prophète : en considérant les cornes, il voyait monter une autre petite corne ;
trois des premières tombent devant elle. Cette corne avait la perspicacité et
l’intelligence de l’homme ; elle avait des prétentions énormes. Voilà son
caractère. Une puissance s’élève au milieu des dix, qui en renverse trois. Cette
puissance est clairvoyante et pénétrante dans son intelligence, elle ne possède
pas seulement la force, mais a des pensées, des plans, outre ceux d’ambition et
de gouvernement, une tête qui travaille moralement, qui s’occupe de connaissance
et s’élève avec des prétentions pleines d’orgueil et de hardiesse. Il y avait
chez elle un caractère d’intelligence moral et systématique (en mal), et non
seulement la force d’un conquérant. Cette corne avait des yeux d’homme.
Ch. 7 v. 9-12 —
Jugement et destruction de la quatrième bête
[7:9] Ensuite les trônes sont placés (*), et l’ancien des jours s’assied. C’est
une séance de jugement, le trône de jugement de l’Éternel. Il n’est pas dit où,
mais son effet est sur la terre. [7:11] Les paroles de la petite corne sont la
cause de l’exécution du jugement. Il s’exécute sur la bête, qui est détruite et
livrée aux flammes. [7:12] À l’égard des autres bêtes, leur domination avait été
ôtée, mais leur vie prolongée ; [7:11] mais la quatrième perd sa vie avec son
empire. La scène de jugement fait partie de la vision de la quatrième bête, et
s’y rapporte spécialement.
(*) C’est la traduction reconnue juste à peu près par tous.
Ch. 7 v. 13-14 —
Domination de la terre confiée à l’homme Christ Jésus
Ensuite, verset 13, il y a une nouvelle vision. Quelqu’un, semblable à un fils
d’homme, est amené à l’Ancien des jours [7:14] et reçoit le royaume et la
domination universelle. C’est la domination de l’Éternel confiée à l’homme dans
la personne du Christ, substituée à l’empire de la bête. Faites attention que ce
n’est pas ici l’exécution du jugement dont il a été question, mais la réception
du royaume terrestre, car il s’agit du gouvernement de la terre en tout ceci.
Ch. 7 v. 15-28 —
Interprétation, générale puis détaillée, de la vision
Ajout de ce qui concerne les saints, par rapport à la vision
L’interprétation embrasse deux parties : elle est générale (v. 17, 18), et
détaillée à l’égard de la quatrième bête (v. 19-28). [7:17] La partie générale
déclare que ces quatre bêtes sont quatre rois ou empires qui surgissent de la
terre ; [7:18] mais que les saints des hauts lieux prendront le royaume et le
posséderont pour toujours. Voilà les deux grands faits qui ressortent de cette
histoire : l’empire terrestre et celui des saints des hauts lieux, le premier se
composant de quatre monarchies. Ensuite viennent les détails à l’égard de la
quatrième. On remarquera ici que, dans l’interprétation, il y a un élément
ajouté du plus haut intérêt, qui n’était pas dans la vision à laquelle elle se
rapporte, savoir : ce qui regarde les saints. En communiquant au prophète la
portée de la vision, Dieu ne saurait les omettre. Déjà le verset 18 nous les
présente en contraste avec les empires de la terre. Dans la vision, ces empires
étaient vus dans leur caractère public ou extérieur. Ici, l’Esprit de Dieu
montre ce qui rendait leur conduite intéressante au cœur même de Dieu, qui
voulait témoigner cet intérêt au prophète. Les saints paraissent immédiatement,
mais en souffrance (verset 21). Voilà ce qui caractérise tout premièrement la
petite corne, lorsqu’il est question de ses voies.
Ch. 7 v. 21-22 —
Persécution des saints par la petite corne, avant que jugement et royaume leur
soient donnés
Mais les versets 21 et 22 demandent encore quelques remarques. [7:21] La petite
corne non seulement fait la guerre aux saints, mais elle a le dessus sur eux
jusqu’à une certaine époque, [7:22] c’est-à-dire jusqu’à ce que l’Ancien des
jours vienne. Nous voyons ici quelque chose de plus précis que l’idée générale
du jugement qui doit frapper l’audace des hommes. Nous sommes occupés, non de
l’histoire publique et des principes généraux, mais des explications fournies
aux saints dans la personne du prophète. C’est la venue de l’Ancien des jours
qui met fin à la puissance de la petite corne sur les saints. D’autres
événements importants résultent de ce grand changement, de cette intervention de
Dieu : 1° le jugement est confié aux saints des hauts lieux ; et 2° les saints
prennent le royaume. Remarquez ici la désignation spéciale des hauts lieux.
[7:21] La petite corne persécute les saints sur la terre, et a le dessus [7:22]
jusqu’à ce que l’Ancien des jours vienne ; mais ce n’est qu’aux saints des hauts
lieux que le jugement est confié. Ne savez-vous pas, dit l’apôtre, que les
saints jugeront le monde [(1 Cor. 6:2)] ? Le lecteur ne doit pas aller au-delà
de ce qui est dit, et il n’est pas dit ici à l’Église, idée qui ne se trouve pas
dans ces passages : ce sont les saints qui sont attachés au nom du Dieu
souverain1 dans le ciel, pendant que la terre est entre les mains de ceux qui ne
le reconnaissent pas, et pendant que son gouvernement ne s’exerce pas,
c’est-à-dire n’a pas pour caractère de les garantir des souffrances et de la
malice des méchants. Ceci s’applique, en principe, à tous les temps, depuis la
chute jusqu’à ce que l’Ancien des jours vienne. Mais il y a une période
spécialement caractérisée par cet esprit de rébellion, savoir celle du pouvoir
de la petite corne. [7:27] Il y a une autre catégorie de personnes nommées plus
bas : le peuple des saints des hauts lieux ; le royaume lui est donné ; mais,
dans ce cas, l’Esprit ne dit pas : le jugement.
1 Il y a quatre noms que Dieu s’est donné dans ses relations avec les hommes : « le Tout-Puissant », en rapport avec les patriarches (Gen. 17) ; « l’Éternel », avec Israël (Ex. 6) ; « le Père », avec les chrétiens (Jean 18) ; « le Très-Haut », dans le millénium (Gen. 14), et ici, dans Daniel (comp. Ps. 91). Le nom de Père marque une différence dans la position tout entière, nous associant à Christ, le Fils en qui le Père s’est révélé. C’est ce que l’évangile de Jean fait spécialement ressortir.
Ch. 7 v. 22 — La venue
de l’Ancien des jours change tout pour le monde et les saints
Au verset 22 aussi, lorsqu’il est question du royaume, il n’est pas fait mention
des saints des hauts lieux ; il est dit seulement : « les saints possédèrent le
royaume » ; de sorte que nous voyons la puissance de la petite corne exercée
contre les saints en les surmontant, terminée par l’avènement de l’Ancien des
jours, la terre étant la scène de ce qui s’accomplit. Cet avènement est
accompagné de deux autres faits qui en résultent et qui changent l’aspect du
monde, c’est-à-dire le jugement est mis entre les mains des saints célestes, et
le royaume est donné aux saints. Le premier de ces deux faits se limite aux
saints célestes ; le second est plus général, les saints sur la terre y ayant
part selon leur condition, sans en exclure ceux d’en haut selon la leur.
Ch. 7 v. 23-26 —
Détails historiques de la petite corne
Ch. 7 v. 23-25 — Caractère extérieur général et apparition de la petite corne
s’élevant contre Dieu
Au verset 23, commencent les détails historiques de la petite corne. Le
caractère général de la quatrième bête est mis en relief ; [7:23] elle dévore,
subjugue et écrase tout. Ce n’est pas seulement un empire consolidé d’une telle
ou telle étendue ; elle étend ses ravages, comme de droit, par toute la terre ;
[7:24] puis il y a dix royaumes qui surgissent au sein de l’empire et partagent
sa puissance. C’est son caractère extérieur et général ; mais une autre
puissance surgit, lorsque les dix subsistent déjà, qui est d’un caractère
différent des dix ; elle en assujettit trois. [7:25] Or, cette corne parle
contre le Très-Haut, s’élève en paroles contre Lui, et, dans sa malice, détruit
les saints desquels les cœurs sont liés avec le Dieu des cieux, et qui
reconnaissent son nom et son autorité sur la terre. Elle veut disposer des fêtes
religieuses et de la loi, et elles sont livrées entre ses mains pendant trois
ans et demi. Dans ce dernier fait, nous rencontrons d’une manière assez
distincte l’oppresseur des Juifs : tout leur système est livré entre ses mains.
Ces trois caractères sont suffisamment clairs et distincts ; il s’élève en
paroles contre le Très-Haut ; il persécute ceux qui reconnaissent Dieu dans le
ciel, et dont le cœur s’élève jusque là-haut (comp. Ps. 11:4) ; il efface toute
trace publique de la religion terrestre.
CProphétie pour la
terre et les Juifs, sans rien à voir avec l’Église
On peut remarquer qu’on se trouve ici en dehors de toute question relative à
l’Église, sauf en des expressions très générales qui peuvent s’appliquer en
principe à tout saint quelconque sur la terre. [7:25] Il est bien aussi de
remarquer que ce ne sont pas les saints, ainsi qu’on l’a supposé, qui sont
livrés entre les mains de la petite corne, mais les formes de la religion
judaïque. Dieu peut permettre et vouloir, pour le bien des saints, qu’il y ait
une persécution ; mais il ne livre jamais les saints entre les mains de leurs
ennemis ; il ne saurait le faire, ni abandonner et délaisser les siens. En un
mot, quels que soient les principes généraux qui puissent trouver une
application dans le courant des siècles, cette prophétie, comme révélation
propre et exacte, se rapporte, ainsi que tout le livre, à la terre, de laquelle
l’Église n’est pas, et aux Juifs, à l’égard desquels Dieu exerce son jugement
sur la terre.
Ch. 7 v. 25-26 —
Domination suprême de la petite corne et jugement qui la détruit
[7:25] Ceci compris, on trouve très clairement ces trois traits : l’élévation de
la petite corne contre le Très-Haut, ses paroles exhalant la fierté contre Lui ;
tous les saints qui s’élèvent en esprit au-dessus de la terre, reconnaissant le
Dieu Très-Haut dans le ciel et attendant leur délivrance de sa main, se
réfugiant de cœur auprès de Lui lorsque la terre sera comme livrée entre les
mains des méchants ; tous ceux qui, ainsi, maintiennent un témoignage de fait
contre l’homme qui s’arroge tout droit sur la terre et ne veut pas du ciel,
persécutés par lui ; enfin, la suppression par lui des fêtes régulières des
Juifs et des ordonnances qu’ils avaient rétablies ; sa tyrannie, qui ne veut
rien que sa propre puissance, effaçant toute trace de ces ordonnances qui,
quelle que soit leur futilité quand elles sont ainsi rétablies dans
l’incrédulité, rendent néanmoins témoignage à un Dieu de la terre. [7:26] Mais
le jugement arrive et s’assied pour prendre connaissance de tout cet orgueil. La
domination de la petite corne est consumée et détruite. On peut remarquer ici
que, de fait, c’est la petite corne qui, à la fin, manie le pouvoir suprême.
C’est sa domination qui est détruite.
Ch. 7 v. 27 —
Domination confiée aux saints, de telle manière que Dieu règne
Dieu règne en rapport avec les saints qui Le reconnaissent et dépendent de Lui
ici-bas
[7:27] Ensuite, le royaume et la domination au-dessus des cieux sont confiés au
peuple des saints des hauts lieux. Il me semble que la portée de ces
expressions, dont la forme est particulière, est cependant assez évidente. Le
Dieu souverain règne, mais il règne en rapport avec le système qui fait savoir :
« que les cieux règnent », ainsi qu’il est dit, à ce sujet, dans le cas de
Nebucadnetsar. L’homme de la terre a voulu régner, jeter le défi au ciel, et,
soustrayant la terre au gouvernement de Celui qui demeure en haut, la posséder
indépendamment de Lui. Or le jugement a démontré sa folie. Le souverain règne
pour toujours ; les saints qui l’ont reconnu ont le jugement et la gloire, et le
peuple, qui en dépend sur la terre, est le peuple suprême et dominateur. Ce sont
les Juifs ; mais, en définitive, c’est Dieu qui règne.
Différence entre le
gouvernement ici et les chrétiens assis dans les hauts lieux
Il y a deux mots traduits par « Très-Haut » et « hauts [lieux] » : l’un au
singulier et l’autre au pluriel, et ce dernier signifiant les « hauts [lieux] ».
Je suis porté à croire que ce mot a amené l’expression de lieux célestes dans
l’épître aux Éphésiens, où cependant sa portée est beaucoup plus grande [(Éph.
1:3)] ; car ici, il ne s’agit que du gouvernement ; là, des choses qui
appartiennent à cette sphère, ou qui s’y trouvent. Cette distinction fait bien
comprendre la différence entre l’Église ou même les chrétiens, et les saints des
hauts [lieux] du chap. 7 de Daniel. Dans le cas des chrétiens, il s’agit de
personnes jouissant, en esprit au moins, des bénédictions qui s’y trouvent,
assis là en Christ et combattant avec les malices spirituelles qu’ils y
rencontrent. Ici, au contraire, il s’agit de reconnaître le gouvernement, qui
appartient de droit aux cieux et à Celui qui y règne, en présence d’une
puissance qui le nie et qui s’élève contre Lui, pour ne reconnaître qu’elle-même
sur la terre. La portée de la prophétie est claire et très facilement
intelligible : reconnaître le droit de gouvernement en haut, ou y être assis
pour jouir des bénédictions qui sont propres à cette place, sont deux choses
bien distinctes. Chaque chose a sa place dans les pensées de Dieu, où l’ordre
parfait règne.
Résumé de la prophétie
du chapitre 7
Caractères particuliers de la quatrième bête, avec abolition temporaire du
système juif
En somme, nous voyons, outre le système des quatre bêtes en général, [7:24] la
puissance de l’Occident partagée en dix, et la domination à la fin entre les
mains de la petite corne qui abat trois des dix cornes, [7:25] s’élève contre
Dieu dans le ciel, persécute et surmonte les saints, détruisant par ses
persécutions ceux qui s’identifient avec le Dieu des cieux, abolit toutes les
ordonnances juives, [7:26] et enfin, est elle-même détruite. [7:25] Cette
abolition du système juif dure trois ans et demi, ou 1260 jours, période qui ne
s’applique qu’à ce dernier point. Les autres sont caractéristiques et non
chronologiques.
Le gouvernement de la
terre échoit aux saints des hauts lieux
Non-rétablissement du trône à Jérusalem, mais caractère céleste des saints
Le gouvernement de la terre, autrefois confié à l’homme dans la personne de
Nebucadnetsar, n’est pas rétabli comme il était auparavant, par un trône
simplement terrestre à Jérusalem. Dans l’intervalle, en présence de la rébellion
de la puissance terrestre contre le Très-Haut, les saints ont pris un caractère
qui découle de ce qu’ils regardent vers les cieux, et vers Celui qui y règne,
Dieu, à l’égard de son gouvernement de la terre, ayant pris ce nom (Dan. 2:37),
position très intelligible, vu qu’il avait abandonné Jérusalem.
Le peuple terrestre
domine sur la terre, mais sous la dépendance de ceux d’en haut
Ce sont ces saints des hauts lieux qui prendront le royaume ; mais à la suite du
jugement de la corne rebelle, le peuple terrestre se retrouve en possession de
la domination au-dessous des cieux, mais sous la dépendance de ceux qui sont
assis là-haut.
Voies du Dieu du ciel
dans le gouvernement terrestre, en lien avec Christ Fils de l’homme
De sorte que nous possédons déjà trois éléments clairs et importants des voies
de Dieu : le trône terrestre de Jérusalem délaissé ; le trône des gentils établi
par l’autorité de Dieu, du Dieu du ciel [(2:37)] ; la rébellion de cette
dernière puissance, c’est-à-dire celle des gentils, contre Celui qui lui avait
confié l’autorité ; [7:25] les saints distingués par ceci, qu’ils reconnaissent
Celui que la puissance terrestre a renié : ils sont des cieux, où Dieu avait sa
place et son trône maintenant, car il n’était plus sur la terre à Jérusalem ;
[7:26] ensuite, le jugement exécuté contre la puissance rebelle ; le jugement
donné à ces saints des hauts lieux ; [7:22] le peuple terrestre établi dans le
royaume sous les cieux en rapport avec eux. C’est là la domination du Dieu du
ciel qui ne passe pas. En rapport avec ceci est le caractère donné à Celui qui
par excellence reçoit le royaume. Ce n’est plus le Messie reconnu roi en Sion,
mais quelqu’un dans la forme de Fils de l’homme [(7:13)], titre d’une portée
bien plus grande et d’une étendue bien plus vaste. C’est le changement qui se
trouve avoir eu lieu quand on passe du Ps. 2 au Ps. 81. Non seulement le Messie
prend le caractère de Fils de l’homme, mais quand les faits s’accomplissent,
[7:22] on trouve que c’est l’Ancien des jours lui-même qui vient, et qui met fin
à la puissance qui tourmentait les saints, et que Christ (comme le montrent si
abondamment les Psaumes et les évangiles) est l’Éternel.
1 Amené là par la réjection du Messie.
Tableau du gouvernement
de l’homme et différentes classes de fidèles
C’est le grand tableau du gouvernement de l’homme qui prend tout son
développement caractéristique à la fin, et sa suppression par le jugement de
Dieu qui établit les fidèles dans l’autorité, et par-dessus tout le Fils de
l’homme lui-même et son peuple sur la terre. Les saints des lieux très-hauts
seraient donc ceux qui lorsque l’Église (dont il n’est pas fait mention ici)
sera enlevée, regardent en haut, reconnaissant que la puissance se trouve là, et
qui, s’ils sont mis à mort par une puissance rebelle, ont leur place en haut.
Nous les retrouvons dans l’Apocalypse, spécialement au chapitre 20 [(v. 4)], et
là deux classes. [7:22] Le peuple des saints est le résidu épargné sur la terre.
Chapitre 8
Événements des empires perse et grec, et puissance issue de ce dernier
Le chapitre 8 nous donne des détails sur les événements qui s’accomplissent
ailleurs, en Judée, et qui concernent les Juifs. [8:20-21] Les deux empires de
Perse et de Grèce, soit ceux de l’Orient après celui de Babylone sous lequel la
prophétie a eu lieu, ne sont mentionnés que pour désigner les contrées où les
événements doivent se passer et les introduire dans leur ordre historique.
L’empire perse est renversé par le roi grec, [8:22] dont l’empire est ensuite
remplacé par quatre monarchies, de l’une desquelles surgit une puissance qui
fait essentiellement le sujet de la prophétie.
Interprétation liée aux
derniers jours, lors de l’indignation contre Israël
[8:19] Dans l’interprétation, nous trouvons la déclaration positive que c’est à
la fin de l’indignation que les événements racontés doivent arriver. Or, il
s’agit de l’indignation contre Israël, chapitre 11:36, de ce livre ; il est
parlé de cette période d’indignation en És. 10:25. Elle se termine par la
destruction de l’Assyrien qui en est l’instrument par excellence (És. 10:5).
Tous ces passages montrent, quand on étudie spécialement leurs contextes, que
c’est tout à fait aux derniers jours que les événements indiqués dans ces
prophéties s’accompliront. Ce sera le temps de l’affliction de Jacob ; mais il
en sera délivré. Le Seigneur lui-même fait allusion à cette époque (Matt. 24 [v.
15]), en invitant ses disciples à faire attention à ce que Daniel en dit
(comparez avec ces paroles Dan. 12:1, 7, 11). Il me semble que la prophétie
elle-même ne se rapporte pas aussi absolument aux derniers jours que
l’interprétation qui en est donnée1. [8:8-9] Ce qui est signalé dans cette
prophétie n’est pas la dernière fin de l’indignation, mais le fait qu’une petite
corne s’élève d’un de ces quatre royaumes qui avaient succédé à Alexandre.
Cependant, le grand but de l’Esprit est de révéler ce qui se passera au temps de
la fin (v. 17).
1 Il en est ainsi, ce me semble, parce que des événements arrivés sous les successeurs de Séleucus, premier roi du Nord, ont servi de type ou d’accomplissement partiel et anticipatif de ce qui arrivera aux derniers jours. Au chapitre 11, et ici, il y a une description ou une allusion assez marquée aux actes d’Antiochus Épiphane. Le chapitre 11, je le crois, le raconte historiquement. Dieu, dans la prophétie, a en vue les événements des derniers jours. C’est tout ce qui se trouve dans l’interprétation.
Il est bien de faire remarquer qu’aucune interprétation d’une parabole ou prophétie obscure de l’Ancien ou du Nouveau Testament, n’est simplement une interprétation : elle ajoute ce qui révèle, par le résultat, la signification des voies de Dieu, ou des faits décrits dans ce qui est obscur, ou par des jugements extérieurs qui justifient le jugement spirituel des siens, ou par quelques traits nouveaux qui donnent la vraie portée des événements pour les saints. En un mot, c’est Dieu qui communique aux siens ce qui donne sa valeur à ce qui précède, ou qui les dirige dans leur pensée à l’égard de ce qui a été dit, par la révélation de ces jugements, ce qui les confirme d’une manière pratique dans ses pensées.
Caractères de la petite
corne
Extension territoriale et élévation de la petite corne
Examinons les traits principaux de la petite corne. [8:9] La puissance désignée
par « la petite corne » s’agrandit territorialement du côté de l’orient, du midi
et de l’ornement (de la terre), c’est-à-dire, il me semble, vers Jérusalem ou
Sion. [8:10] Cette corne s’élève contre l’armée des cieux et en jette une
partie, ainsi qu’une partie des étoiles, par terre et les foule aux pieds.
Système juif rétabli
dans sa position devant Dieu, mais châtié car leur état n’y correspond pas
Quelles sont les personnes désignées sous cette figure : [8:10] l’armée des
cieux et les étoiles ? Il s’agit, souvenons-nous-en, du système juif. Une fois
qu’on a bien saisi cela, l’application n’est pas difficile. Il est question de
ceux qui, par leur profession, entourent le trône de Dieu, et en particulier, de
ceux qui sont éminents au milieu d’eux. Ce ne sont pas les fidèles qui regardent
en haut, desquels parle le chapitre 7 [(v. 25)]. Être l’armée du ciel, dépeint
une position et non pas un état moral : comparez verset 24 ; mais ce passage
suppose que les Juifs ont de nouveau cette position devant Dieu, lors même que
ce serait pour le jugement. Cela veut dire qu’ils sont de nouveau sous les yeux
de Dieu, comme étant en relation avec Lui, comme un objet dont il s’occupe, un
peuple responsable en vue de ses anciennes relations avec Lui, quoique la
puissance des gentils subsiste encore. Or, si leur état ne répond pas à la
position qu’ils reprennent vis-à-vis de Lui, ils sont, par le fait même qu’elle
existe, les objets des châtiments de Dieu.
Signalement de la
transgression, venue à son comble
[8:12] Ici, remarquez de plus, que ce qui est signalé est la transgression (non
pas l’abomination placée par quelqu’un, mais la transgression), qui cause la
désolation, [8:23] et même elle est venue au comble dans l’interprétation.
Châtiment des Juifs en
relation avec l’Éternel par la petite corne
Cette corne est donc l’instrument de châtiment sur les Juifs rentrés, quant à
leur profession, en relation avec l’Éternel et dans leur terre, s’arrogeant le
caractère de Son peuple, mais poussant la transgression contre Lui au plus haut
degré. [8:10] La corne en ruine quelques-uns complètement ; mais ce n’est pas
tout. [8:11] Il (car, ici, le mot n’est plus en accord avec le mot corne,
peut-être pour désigner le roi personnellement) s’élève jusqu’au Chef de l’armée
; il pousse ses prétentions jusqu’à s’opposer à Lui ; il s’élève jusqu’à agir
contre le Christ dans son caractère de chef d’Israël, contre le Juge qui vient,
contre le Chef d’Israël, qui est l’Éternel lui-même ; car c’est l’Ancien des
jours, nous l’avons vu, qui vient [(7:22)]. Ici cependant, tout est envisagé
sous le point de vue judaïque. Il est chef d’Israël. [8:11] On voit que c’est
l’Éternel, parce que c’est son sacrifice qui est ôté, son sanctuaire qui est
renversé. Mais il est présenté comme prince de l’armée1 ; le sacrifice continuel
est ôté à celui-ci non « par celui-ci2 ». Le culte judaïque offert à l’Éternel
est supprimé, son sanctuaire est renversé, [8:12] et un temps de détresse est
assigné au sacrifice continuel (c’est ainsi que je comprends ce verset), à cause
des transgressions ; enfin, la petite corne3 (car ici la forme du mot se
rapporte de nouveau à la corne) renverse la vérité, agit et prospère.
1 J’ai un peu hésité sur la question de savoir si l’armée du ciel ne signifierait pas les puissances de la terre, les Juifs n’y prenant leur place que comme devant être sous le gouvernement de Dieu, et l’étant pour l’Esprit de prophétie. Je ne me refuse pas à cette idée, mais il me semble certain que l’Esprit a en vue spécialement les Juifs. Voyez verset 13. Le verset 24 pourrait donner à croire qu’il détruira d’autres que les Juifs. Christ élevé à la droite de Dieu est chef de toute puissance, mais il est aussi spécialement chef des Juifs. Si l’on veut même appliquer l’expression Prince des princes à cette suprématie sur toutes les puissances, l’analogie de la Parole justifie l’application. Le rapport entre armée et sanctuaire, verset 13, fait voir, ce me semble, que l’Esprit avait particulièrement en vue les Juifs qui entourent le lieu choisi pour trône de l’Éternel.
2 Il n’y a pas de doute que le passage dise que le sacrifice est ôté au Prince de l’armée. Reste encore à savoir par qui ? Le kéri, qui est, en général, je le pense, la meilleure leçon là où il y a des variantes dans l’hébreu, lit : « lui fut ôté », sans dire par qui ; le kétib : « il lui ôta », ce qui attribuerait cet acte à la petite corne.
3 C’est une différence de genres. Celui qui s’élève, verset 11, est au masculin en hébreu, tandis que, à la fin du verset 12, le verbe est de nouveau au féminin, elle renversa, s’accordant avec corne.
Vision et
interprétation liées à la petite corne s’élevant en rapport avec les Juifs
Ch. 8 v. 13-14 — Durée de la vision liée à la transgression et à la désolation
[8:13] La durée de toute la vision en rapport spécial avec la transgression qui
en est la cause, et peut-être, on peut dire, y compris la durée de transgression
qui amène la désolation, en un mot, toute la scène de transgression et de
désolation qui en découle, de sorte que le sanctuaire et l’armée sont foulés aux
pieds, [8:14] est de 2300 soirs et matins.
Ch. 8 v. 23-25 —
Élévation d’un roi puissant et rusé, détruisant les Juifs
Or nous voyons, au verset 19, que l’interprétation se rapporte au temps de la
fin, indication bien importante pour l’intelligence du passage1 ; [8:23] et
voici ce qui doit arriver à la fin de l’indignation (sur Israël), à la fin,
lorsque la transgression des Juifs est comble. Un roi d’une grande fierté, qui
résout les énigmes, se lèvera ; une espèce de docteur ou rabbi, mais fier,
effronté et hardi dans son apparence. [8:24] Il sera puissant, mais ce ne sera
pas par le moyen de sa propre force. Il fera de grands dégâts, prospérera et
opérera, détruira des puissants ou un grand nombre de personnes, et en
particulier le peuple des saints, c’est-à-dire les Juifs (voyez ch. 7:27).
[8:25] Il est subtil et fait réussir toutes ses ruses, il s’exalte dans son cœur
et en corrompt plusieurs par le moyen d’une fausse et irréligieuse sécurité, et
enfin s’élève contre le Prince des princes ; puis il est détruit sans
intervention humaine. [8:23] Cela signifie qu’au temps de la fin, lorsque le
dénouement des conseils de Dieu aura lieu, lorsque son indignation contre Israël
touchera à son terme, la transgression de ce peuple étant déjà venue à son
comble, un roi surgira dans une partie de l’ancien empire grec, dont la
puissance sera caractérisée par son agrandissement à l’orient, au midi, et vers
Jérusalem [(8:9)], c’est-à-dire, sera établie là où est actuellement la Turquie
d’Asie, Jérusalem étant son point de mire. Cette puissance fera beaucoup de
dégâts [8:24] et sa force sera grande, mais ne sera pas la sienne proprement
dite. Ce roi sera sous la dépendance de quelque autre puissance. Il détruira
aussi le peuple juif ; mais la destruction n’est pas son seul caractère. [8:25]
Il a une sagesse semblable sous quelques rapports à celle de Salomon. Il est
très rusé, et il réussit à détruire les Juifs en les berçant d’une sécurité qui
leur fait oublier l’Éternel. On le voit donc s’occupant des Juifs, non seulement
par ses conquêtes, mais comme un docteur, par la ruse et une fausse paix. Enfin,
il s’élève contre Christ envisagé comme Prince des princes ou des rois de la
terre, C’est-à-dire dans son caractère de suprématie terrestre. Il est détruit
par la puissance divine sans intervention humaine.
1 La vision parle spécialement des Séleucides, ou successeurs asiatiques d’Alexandre ; et elle mentionne leurs actes, en particulier ceux d’Antiochus Épiphane, bien que le verset 11 et la première moitié du verset 12 soient distincts, comme nous l’avons fait remarquer. [8:14] Ainsi, les deux mille et trois cents soirs et matins ne se rapportent pas nécessairement à quoi que ce soit d’autre qu’aux actions des Séleucides, ce que le verset 26 confirme. L’interprétation (versets 23-25) s’applique aux derniers jours. Il n’y est pas question du sanctuaire, mais de la destruction du « peuple des saints » (les Juifs), et de la rébellion contre le Prince des princes.
Petite corne opprimant
et désolant en Orient, distincte de celle du chap. 7
Ce roi est distinct de la petite corne du chapitre 7, qui domine la grande bête
occidentale. C’est un roi de l’orient qui surgit, non de l’empire romain, mais
du sein de l’empire grec, établi en Syrie et dans les contrées voisines, et qui
tire sa force d’ailleurs que de ses propres ressources [(8:24)]. Il se mêlera
religieusement des affaires des Juifs, à sa façon ; mais il me semble que ce qui
est dit de lui est plutôt caractéristique du désolateur, que Dieu permet à
l’ennemi de susciter, à cause des transgressions de son peuple, que de celui qui
confirme alliance avec eux pour un temps, dans le but de les ruiner et de les
entraîner, plus tard, dans la fange de l’apostasie. C’est celui qui les
opprimera en orient, ayant là le siège de son action, comme la petite corne du
chapitre 7 domine en occident1. La désolation est mise en relief à l’occasion de
cette petite corne. Le verset 11 est une espèce de parenthèse qui se rapporte en
entier au prince de l’armée, et les deux derniers faits mentionnés dans ce
chapitre, savoir : que le sacrifice lui est ôté, et que son sanctuaire est
renversé, sont introduits en rapport avec le chef de l’armée, comme une partie
de la désolation d’Israël, pour en compléter la description, sans en indiquer,
il me semble, l’auteur. Il n’en est pas question dans l’histoire du roi
lui-même, à la fin du chapitre. C’est une partie de la désolation de ces
temps-là, à laquelle il est fait allusion au verset 11.
1 Le chapitre 7 nous donne la puissance ou corne de l’occident ; le chapitre 8, celle de l’orient ; le chapitre 9, l’état de Jérusalem sous la puissance de l’occident ; les chapitres 10, 11, l’état sous les puissances de l’orient, y compris le roi qui agit selon son bon plaisir [(11:36)].
Chapitre 9
Vision sur Israël et Jérusalem en réponse à la confession et la supplication de
Daniel
Le chapitre 9 nous fournit une vision [9:24] concernant le peuple et la sainte
ville, [9:20] à la suite de la confession et de l’intercession de Daniel. Elle
est, comme nous l’avons déjà observé, en rapport avec l’oppression de la
puissance occidentale, et les détails sont, en effet, relatifs à l’oppression.
[9:2] Le prophète avait compris, non par une révélation directe, mais par
l’étude de la prophétie de Jérémie et par l’emploi des moyens ordinaires mis à
la disposition de l’homme spirituel, que la fin de la captivité, dont la durée
avait été annoncée par ce dernier prophète, était proche. [9:3] L’effet produit
sur l’esprit de Daniel, vrai signe du prophète de Dieu, a été une intercession
ardente [9:17] en faveur du sanctuaire désolé [9:18] et de la ville bien-aimée
de l’Éternel. [9:4] Il fait confession avec effusion devant Dieu, [9:8] et
reconnaît le péché du peuple et des rois, la dureté de leurs cœurs [9:14] et la
justice de Dieu qui avait fait venir le mal sur eux. [9:18] Il en appelle aux
compassions de Dieu [9:17] pour l’amour du Seigneur. [9:23] La prophétie est la
réponse de Dieu à cette prière. [9:24] Soixante et dix semaines sont déterminées
sur le peuple de Daniel et sur sa sainte ville. L’Éternel ne les reconnaît pas
pour siens proprement dits ; mais il accepte l’intercession du prophète, comme
il avait accepté anciennement celle de Moïse, en disant à Daniel : ton peuple et
ta ville. Daniel tient la place de médiateur. Il a les pensées de Dieu, ses
paroles, et ainsi il peut intercéder (comparez sur ce point profondément
intéressant : Gen. 20:7 ; Jér. 27:18 ; Jean 15:7). À la fin de ces soixante et
dix semaines prises d’entre les siècles, arriverait la période arrêtée de Dieu
pour clore la transgression, mettre le sceau sur le péché (c’est-à-dire le
terminer et en disposer), pour pardonner l’iniquité et introduire la justice
éternelle, pour mettre le sceau à (toute) vision et prophétie et pour oindre le
saint des saints ; ceci, faites-y attention, à l’égard du peuple d’Israël et de
la ville. C’est le rétablissement complet du peuple et de la ville, en grâce.
Ch. 9 v. 24-27 — Les
soixante et dix semaines
Ch. 9 v. 25-26 — Division en trois, et les soixante-neuf premières semaines
[9:25] Cette période de soixante et dix semaines est divisée en trois parties :
sept, soixante-deux, et une. Pendant la première partie, ou celle des sept
semaines, la ville désolée et ses murs abattus seraient relevés dans un temps de
détresse, ou à travers les difficultés du temps. [9:26] Après soixante-deux
semaines, c’est-à-dire après soixante-neuf en tout, le Messie serait retranché
et n’aurait rien (c’est le vrai sens des mots). Celui auquel appartenaient le
royaume et la gloire, au lieu de les recevoir, serait retranché et n’aurait
rien. Mais à la suite de cet événement, la ville et le sanctuaire qui avaient
été rebâtis seraient détruits, la fin serait comme un torrent dévastateur, et
jusqu’à la fin de la guerre il y aurait une ordonnance ou décision arrêtée de
désolations. Voilà l’histoire complète des désolations en général. 1°
Soixante-neuf semaines sont accomplies. Après cela, le Messie est retranché sans
que le moment en soit exactement indiqué. Ceci a entièrement interrompu le cours
des soixante et dix semaines. Le retranchement du Messie n’était pas le moment
du rétablissement du peuple et de la ville. Le résultat est clairement annoncé,
savoir une période de désolation jusqu’à la fin. C’est un état dont la durée
n’est pas indiquée. Nous retrouverons, au chapitre 11, la même manière de
traiter une période analogue. Le peuple d’un prince qui devait venir, détruirait
la ville.
Ch. 9 v. 27 — La
dernière semaine, divisée en deux demies
[9:27] Ensuite l’Esprit de Dieu reprend la soixante et dixième semaine, dont les
détails n’étaient pas encore développés. Le prince à venir confirme alliance
avec la masse des Juifs (la forme1 du mot « plusieurs » indique la masse du
peuple), voilà le premier fait qui caractérise la semaine. Les Juifs s’allient
avec le chef du temps d’alors, du peuple qui avait ruiné autrefois leur ville et
leur sanctuaire. Ils forment alliance avec le chef du peuple romain. Ceci se
rapporte à la semaine entière. Mais la moitié2 de la semaine écoulée, l’aspect
des choses change. Le chef fait cesser le sacrifice et l’oblation, et à cause de
la protection des idoles, il y a un désolateur et jusqu’à la consomption
décrétée3, le jugement sera versé sur la désolée.
1 Le mot plusieurs a l’article en hébreu. La même chose a lieu pour d’autres passages dans Daniel, sur lesquels j’attirerai l’attention du lecteur, et qui démontrent clairement qu’il s’agit de la masse du peuple, des plusieurs. La même forme de phrase se trouve dans le grec.
2 On peut remarquer que le Seigneur, dans les évangiles, ne parle d’une manière expresse que de la dernière moitié de la semaine, du temps de tribulation qui est à la suite de l’introduction dans le lieu saint de l’idole qui cause la désolation. Quelques personnes ont pensé qu’il ne reste à venir que cette demi-semaine, le Christ ayant été, selon eux, retranché au milieu de la semaine. D’autres ont pensé que la soixante et dixième semaine elle-même s’est écoulée tout entière avant la mort de Jésus, mais qu’elle n’est pas comptée, Jésus ayant été rejeté, et que cette semaine se retrouve du temps des rapports des Juifs avec le Méchant. Ce que le passage nous dit, c’est, en premier lieu, qu’aux temps de la fin, le prince, le chef de l’empire romain fait une alliance qui se rapporte à une semaine entière ; et de l’autre côté, la dernière moitié de la semaine est annoncée par le Seigneur comme encore à venir, devant prendre place immédiatement avant son arrivée, cette demi-semaine étant le temps de tribulation sans parallèle qui la précède. S’il n’y avait que cela, l’histoire précédente du prince à venir qui fait une alliance, rentrerait dans l’histoire générale de l’état des choses. Je réserve, pour l’Apocalypse (quant à son plein développement), la question de savoir s’il reste une ou deux demi-semaines à accomplir, ainsi que la manière dont aura lieu leur accomplissement pendant la manifestation de la puissance du mal, me bornant à observer que le Messie est retranché après la fin des soixante-neuf semaines. Nous savons par le Nouveau Testament, que son ministère a duré juste la moitié de la semaine. Il est évident que ni le prince, ni le peuple juif, avec qui le prince fait alliance, ne font aucun cas de cela. L’interprétation de ce passage est claire, l’alliance d’une semaine avec le prince à venir, comme si soixante-neuf semaines seulement étaient écoulées, le Messie et son retranchement étant ignorés, et une demi-semaine de complète oppression à cause de la protection des idoles, jusqu’à la consomption décrétée.
3 Ce mot : consomption décrétée, est une expression usitée pour les derniers jugements qui fondent sur les Juifs (voyez És. 10:22 ; 28:22). Le verset 2 de ce dernier chapitre compare le désolateur à un torrent, comme ici, verset 26. Le lecteur attentif remarquera que ces passages se rapportent aussi aux événements de ces derniers jours. Remarquez aussi l’alliance, dans És. 28:18.
Quelque doute pourrait être jeté sur la traduction : « la désolée » ; quelques-uns traduisent : « le désolateur », disant : « jusqu’à ce que la destruction décrétée soit versée sur le désolateur ». À une personne qui n’est pas très familière avec la parole de Dieu, cela a l’air de mieux terminer la phrase ; mais il me semble que celui qui est familier avec le contenu de la Bible et sa phraséologie, reconnaîtra que le sens que j’ai donné à ce passage est plus vrai. La portée de la prophétie est la même dans les deux cas ; l’une des traductions dit que la désolation continuera jusqu’à la fin du jugement déterminé d’avance par Dieu ; l’autre, qu’elle ne s’arrêtera que par la destruction du désolateur, ce qui revient au même. La traduction que je donne me semble plus exacte et plus selon la Parole. La traduction anglaise porte « désolée », en donnant « désolateur » en note. Dans l’original, le mot n’a pas la même forme que celui rendu par « désolateur » dans des cas où le sens en est certain.
J’ai traduit : « à cause de la protection des abominations (idoles) ». Le mot est littéralement « aile » : « sur », ou « à cause de l’aile des abominations » ; or on sait que ce mot « aile » est employé habituellement pour protection.
Relations de Dieu avec
Son peuple par rapport à la foi d’un résidu
[9:24] Ce qui nous est donc annoncé ici, c’est que soixante et dix semaines sont
mises à part pour l’histoire de la ville et du peuple de Daniel. Pendant ces
soixante et dix semaines, Dieu est en relation avec Israël1, non pas cependant
immédiatement, mais en rapport avec la foi d’un résidu fidèle, d’un Daniel,
d’une intercession qui, se liant à l’existence d’un résidu, sert de lien entre
Dieu et le peuple, intercession sans laquelle le peuple serait rejeté. C’est le
même principe que celui qui a régi les relations de Dieu avec le peuple par le
moyen de Moïse, après le veau d’or, le peuple étant appelé peuple de Daniel
comme autrefois peuple de Moïse. Cette position est remarquable, envisagée comme
arrivant après l’établissement de l’autorité des gentils. Les Juifs sont à
Jérusalem, mais les gentils règnent, quoique l’empire de Babylone soit renversé.
Dans cette position anormale, la foi prophétique cherche le rétablissement
complet de la ville, siège du gouvernement de Dieu et de son peuple. C’est à
cela que la réponse de Dieu se rapporte. Une histoire brève, mais complète, nous
est donnée de la période qui s’écoulerait jusqu’à ce que le jugement sur les
Juifs fût accompli et terminé, en introduisant un élément nouveau d’une haute
importance : [9:26] le Messie serait retranché. Il n’aurait rien de ce qui lui
appartenait de droit. La conséquence serait la destruction de la cité et du
sanctuaire, la désolation et la guerre.
1 La puissance des gentils subsistant en même temps. Nous savons, par l’Écriture, que la restauration de Jérusalem a eu lieu sous l’empire des gentils, ainsi que le cours entier des 69 semaines qui sont certainement écoulées. Les 70 semaines ont toutes un même caractère sous ce rapport. Ce n’est qu’à la fin des 70 que le pardon est accordé. Quel que soit l’instrument de l’alliance, la quatrième bête sera, dans ce temps-là, la puissance dominatrice des gentils auxquels Dieu avait confié l’empire. Cet état de choses, les Juifs restaurés, la ville rebâtie, les gentils dominant encore sur le trône du monde, est très important à remarquer, si l’on veut comprendre les 70 semaines. Les 70 semaines n’ont cours que sous ces conditions. Il faut bien comprendre qu’il s’agit du peuple de Daniel et de sa ville, qui doivent être réintégrés dans la faveur de Dieu. La patience de Dieu attend maintenant. La puissance des gentils avait manqué déjà à la fidélité ; Babylone était renversée ; les Juifs, par l’intercession, provisoirement rétablis, et le temple rebâti. Les 70 semaines étaient, à bien peu de chose près, écoulées, quand Christ les a visités. Si les Juifs s’étaient repentis, et que Jérusalem, dans cette sienne journée, eût reconnu ce qui était pour sa paix [(Luc 19:42)], tout était prêt pour son rétablissement en gloire. Abraham, Isaac et Jacob auraient pu être ressuscités comme Lazare. Mais elle n’a pas connu le jour de sa visitation [(Luc 19:44)] et l’accomplissement des 70 semaines, et le bonheur qui devait s’ensuivre, a dû être ajourné. Nous savons bien, par la grâce, que Dieu avait des pensées et des desseins bien plus excellents encore, et que l’état de l’homme était tel, que cette bénédiction n’aurait pu s’accomplir, comme l’événement l’a prouvé. Aussi tout est ici annoncé d’avance (comp. És. 49:4-6).
Interruption des
relations entre Dieu et le peuple par le rejet de Christ
[9:26] Ce serait le chef d’un autre empire non encore existant, qui détruirait
ainsi la ville et le sanctuaire. Alors, et pour le moment, il y avait
interruption complète des relations entre Dieu et le peuple, même pour ce qui
concerne un résidu croyant. La foi de Daniel serait repoussée par le peuple dans
la personne de Christ prophète, et dans le reniement de Christ, exprimé par ces
paroles : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » [(Jean 19:15)] ; et le
peuple et la ville ont été livrés à la désolation.
Alliance et idolâtrie
du peuple la dernière semaine, et jugement soudain
Mais une semaine restait encore à accomplir en rapport avec cette race incrédule
et perverse, avant que son iniquité fût pardonnée, la justice éternelle
introduite, la vision et la prophétie closes par leur accomplissement. [9:27]
Cette semaine serait distinguée par une alliance que le prince ou conducteur
ferait avec le peuple juif (sauf le résidu), puis par la cessation forcée de
leur culte, causée par l’intervention du prince ; ensuite, les Juifs s’étant
placés sous la protection des idoles (ce mauvais esprit longtemps chassé du
peuple étant rentré avec sept autres plus mauvais encore [(Matt. 12:45)]), le
désolateur arrive et le dernier jugement fond sur le peuple, jugement terrible,
mais dont l’étendue est définitivement déterminée de Dieu et qui sera arrêté
lorsque la mesure en sera accomplie. Ainsi, nous possédons une réponse bien
précise à la demande du prophète, une réponse qui développe très exactement la
suite des relations du peuple de Daniel avec la puissance des gentils ; sa
position est clairement constatée pendant que la relation avec Dieu, en rapport
avec l’intercession du prophète, subsiste.
Annonces de la
prophétie pour les Juifs, comme réponse à Daniel
La prophétie annonce en même temps le fait général de la désolation du peuple
(avec un moment de calme apparent par la faveur de la bête), dans l’intervalle
entre les soixante-neuvième et soixante et dixième semaines, désolation
occasionnée par le rejet du Messie, effectué au moment où la promesse attachée à
la prophétie aurait dû bientôt s’accomplir. Le rejet du Messie (venant au nom de
son Père) a eu pour effet de laisser les Juifs longtemps dispersés, pour
devenir, lors de leur rassemblement, la proie de l’iniquité du chef des gentils,
— le temps, de fait, où ils sont tombés entre les mains de celui qui devait
venir en son propre nom, triste état développé pendant la dernière semaine, mais
auquel Dieu avait posé des limites qu’aucune malice de l’ennemi ne saurait
outrepasser.
Chapitres 10 et 11
Prophétie des chap. 10-12, clôturant l’histoire des gentils et du résidu
Au chapitre 10, nous revenons à l’Orient1. Les chapitres 10, 11 et 12 ne forment
qu’une prophétie. Seulement, le chapitre 11 clôt l’histoire des gentils, et le
chapitre 12, ainsi que nous l’avons remarqué au commencement, s’occupe de l’état
du résidu pendant la dernière période de la puissance des gentils et de sa
délivrance, terminant ainsi la révélation des pensées de Dieu à l’égard du
résidu gardé au milieu des nations.
1 On fera bien d’observer que, les deux fois, la révélation donnée à Daniel quant à son peuple, est une réponse aux exercices de son cœur dans l’intercession ou le jeûne : les révélations, aux chapitres 7 et 8, quant aux puissances destructives occidentale ou orientale ne le sont pas. Dieu les donne quand il lui semble bon : celles-ci le furent au temps de Belshatsar [(7:1 ; 8:1)] ; les premières, après la prise de Babylone, alors que les Juifs étaient réellement dans une nouvelle position, jusqu’à la réjection de Christ, et alors vient le grand abandon, pendant lequel le temps n’est pas compté jusqu’à ce qu’ils aient été ramenés dans leur pays, et que Dieu recommence à agir de nouveau parmi eux. Ensuite, après avoir manifesté leur incrédulité dans la réception de la puissance du mal et dans l’idolâtrie, vient la dernière grande tribulation, et puis le jugement dans la personne du Seigneur venant des cieux.
Ch. 10 v. 1 à 11 v. 35
— Vision adressée à Daniel et histoire liée aux Juifs
Ch. 10 v. 1 à 11 v. 28 — Vision répondant à l’état de Daniel, montrant
l’histoire des rois du nord et du midi
Le cœur de Daniel, toujours occupé du bien du peuple d’Israël (v. 2, 3, 12),
s’adressait à Dieu dans un esprit d’attente humble et persévérante, pour
comprendre ses voies. [10:2] Après trois semaines de jeûne et de prières,
[10:12] un ange lui est envoyé, [10:13] faisant voir les combats que les ennemis
de la gloire de Dieu livraient aux instruments de l’accomplissement de ses
desseins en faveur de son peuple, et les obstacles qu’ils opposaient à la
communication de ses desseins pour les encourager. Mais si la foi est exercée,
Dieu est fidèle, et la persévérance de Daniel le met moralement en état
d’apprécier les communications de Dieu, comme elle était la preuve que, par la
grâce, il en était moralement digne. L’ange lui annonce que la vision regarde
les Juifs et qu’elle est pour les derniers jours (ch. 10:14). [10:19] La force
qui lui est donnée, seule le rend capable d’en recevoir, de fait, la
communication. [11:2] Les rois des Perses, sous le règne desquels il a reçu la
vision [(10:1)], sont énumérés, et l’attaque de l’un d’entre eux contre la Grèce
est racontée ; [11:3] elle a donné lieu à une attaque de la Grèce contre la
Perse, et l’empire grec a été établi, [11:4] mais ensuite partagé en quatre.
Deux de ces quatre monarchies étaient plus puissantes que les autres ; elles
étaient aussi territorialement en relation avec les Juifs. C’est sur le
territoire de ces derniers qu’elles se sont livré combat. [11:5-28] L’histoire
des rois de ces deux puissances, ainsi en conflit sur le territoire d’Israël,
nous est donnée d’une manière assez détaillée sous les noms de roi du nord et
roi du midi. Je n’entre pas dans ces détails.
Ch. 11 v. 29-32 —
Attaques du roi du nord contre les Juifs et le temple, allié aux apostats
[11:30] L’histoire est poursuivie jusqu’à l’intervention des Romains, les
navires de Kittim1, [11:31] et aux attaques faites contre les Juifs et le
temple, [11:30] et la sainte alliance. [11:32] Le roi du nord s’allie avec les
Juifs apostats ; [11:31] il profane le sanctuaire, y place une idole et fait
cesser le sacrifice continuel. [11:32] Il entraîne les méchants dans l’apostasie
(c’est la force de l’expression du verset 32). Mais ceux qui connaissent Dieu,
dit l’ange au prophète, seront forts et agiront avec énergie. [11:33] Les
intelligents, instruits de Dieu, enseigneront les masses.
1 L’intervention de ceux-ci en faveur du jeune roi d’Égypte vaincu par Antiochus Épiphane, amena le retour de ce dernier à Jérusalem et le déploiement de sa fureur contre les juifs ; il profana le temple et prohiba le culte juif.
Ch. 11 v. 33-35 — État
des Juifs, opprimés et relevés, jusqu’aux derniers jours
Jusqu’ici, nous avons trouvé la succession des premiers rois et l’histoire du
temps des Macchabées et d’Antiochus Épiphane. [11:35] Le résultat jusqu’à la fin
est alors annoncé d’une manière générale, la dernière partie de l’histoire
précédente que nous venons de parcourir, étant le type de ce qui arrivera aux
derniers jours. [11:33] Le peuple tombe de nouveau sous l’oppression de ses
ennemis pour un temps ; [11:34] il sera relevé dans une certaine mesure ;
quelques-uns s’attacheront à lui en le flattant. [11:35] Un petit nombre même
des intelligents, qu’on aurait pu supposer être providentiellement gardés de
Dieu, tomberont aussi par la violence, pour éprouver la foi de tous et pour les
purifier jusqu’au temps de la fin ; car cet état doit continuer jusqu’à l’époque
ordonnée de Dieu. C’est l’état des Juifs dans ces jours-là, jusqu’aux derniers
jours, mais spécialement dans les temps des Séleucides et des Lagides, rois du
nord et du sud, et en général.
Contraste entre la
masse des plusieurs et les sages, enseignés de Dieu
Quelques remarques sur les détails aideront le lecteur à comprendre ceci. Dans
les passages des chapitres 9:27 ; 11:33 ; 12:3 ; le mot traduit par la «
multitude » a l’article, en hébreu « les plusieurs », et signifie la masse du
peuple, ce qui rend le sens de ces versets beaucoup plus simple. Le lecteur
remarquera aussi (ch. 11:33), en contraste avec les masses : « les Maskilim »,
c’est-à-dire les intelligents, mot qui se retrouve dans les titres d’un grand
nombre de Psaumes. Les sages, ceux enseignés de Dieu, enseigneront les masses.
Il y aura l’activité de l’amour de la vérité dans ces temps d’épreuve. Chapitre
12:3, nous trouvons de nouveau ces sages associés avec ceux qui instruisent les
masses dans la justice. Comparez 11:33 ; ils se retrouveront victimes de la
violence, au verset 35. La portée de ce dernier verset, nous l’avons vu, s’étend
jusqu’à la fin de l’histoire de ce peuple, vu sous la puissance des gentils ;
mais des détails plus positifs sont donnés à l’égard de la fin.
Ch. 11 v. 36-45 — Les
événements de la fin en Israël : le roi et les ennemis
Ch. 11 v. 36-39 — Introduction du roi impie et idolâtre, dominant sur Israël
[11:36] Le roi1 est introduit, le méchant, qui exercera la puissance en Judée à
la fin du siècle et prospérera jusqu’à ce que l’indignation (époque dont nous
avons déjà parlé) prenne fin. C’est un roi qui agit dans le pays d’Israël, d’un
caractère impie et faisant sa volonté, sans frein, s’élevant au-dessus de tout,
[11:37] abandonnant la religion de ses pères, ne se souciant pas du Christ ni
d’aucun dieu, mais blasphémant contre le Dieu des dieux [11:38] et établissant
l’idolâtrie à sa manière. [11:39] Cependant, il les fera dominer sur les masses
et partagera la terre en récompense. Il est un peu difficile de dire qui il veut
faire dominer ; — je présume que ce sont ceux qui l’ont suivi ; — mais le
caractère de ce roi sans frein, impie et idolâtre, qui s’élève au-dessus de
tout, est assez clair.
1 Comparez És. 30:33 (en lisant : « pour le roi aussi »), et chapitre 57:9. Il a le caractère propre « du roi » aux yeux des Juifs, caractère qui n’appartient de droit qu’au Seigneur Jésus, vrai Messie et roi d’Israël.
Ch. 11 v. 40-45 —
Attaque et destruction finale du roi du nord
[11:40] Le roi du midi (nous nous retrouvons ici dans la suite d’idées que
présente le chapitre en général) se heurte contre lui, et le roi du nord vient
contre lui comme un tourbillon ; il déborde et passe outre, [11:41] et entre
dans le pays d’ornement, en Judée ; mais Édom, Moab et Ammon échappent à sa
puissance, étant réservés (És. 11:14) pour être subjugués par Israël même.
[11:42] Il étend ses mains sur les pays, pille tout : l’Égypte n’échappe pas,
[11:43] les contrées orientales de l’Afrique sont à ses pieds ; [11:44] mais,
troublé par des nouvelles du nord et de l’orient, [11:45] il va planter ses
tentes entre Jérusalem1 et la mer, et trouve sa fin sans être secouru. La fin du
roi ne nous est pas présentée dans ce récit. Ce que nous reproduisons ici est la
fin du roi du nord ; car il s’agit des nations et du pays d’Israël, et de ce qui
arrivera au peuple de Daniel dans les derniers jours. Dans la terre, il y aura
ce roi méchant et impie, qui sera attaqué par le roi du midi ; plus tard, le roi
du nord envahira à son tour toutes ces contrées, à l’exception de trois, puis il
périra dans la terre d’Israël.
1 C’est la force régulière de l’hébreu; c’est ainsi que traduit de Wette.
Chapitre 12
Histoire du peuple d’Israël aux temps de la fin et de la tribulation
Ch. 12 v. 1-4 — Temps de détresse et délivrance du peuple juif, au-delà même du
pays
Le chapitre 12 traite plus particulièrement de l’histoire d’Israël même. [12:1]
Au milieu de tous ces événements, Michel l’archange s’emploie en faveur du
peuple de Daniel. Il y a un temps de trouble, tel qu’il n’y en a jamais eu et
qu’il n’y en aura jamais de semblable. Le peuple, cependant, sera délivré,
c’est-à-dire ceux qui sont écrits dans le Livre, le résidu de Dieu. Jérémie nous
a déjà parlé de ce temps, et de la délivrance, chapitre 30:7. Le Seigneur en
parle aussi (Matt. 24), en attirant l’attention des disciples sur l’abomination
de la désolation dont il est question dans ce chapitre, nous montrant clairement
qu’il parle de Jérusalem, des Juifs et des derniers jours, lorsque les Juifs
seront délivrés. Il montre aussi comment les fidèles échapperont pendant la
durée de la tribulation. Ces passages, pris ensemble, rendent l’intelligence de
chacun d’eux assez facile. [12:2] Le second verset s’étend au-delà du pays
d’Israël qui, jusqu’ici, avait été la scène de la prophétie. Mais la condition
de ceux dont le verset parle, est exposée de manière qu’on ne reconnaisse pas
les pays de leur dispersion. Plusieurs de la race d’Israël se réveillent de leur
long abaissement, quelques-uns pour la vie éternelle, mais d’autres pour
l’infamie perpétuelle. [12:3] Les sages brilleront comme la splendeur de
l’étendue, ceux qui ont enseigné la justice à la multitude comme les étoiles ;
(comp. l’armée des cieux et les étoiles, ch. 8 [(v. 10)]). Dieu revêtira de
l’éclat de sa faveur ceux qui auront été fidèles pendant ce temps de rébellion
et de détresse.
Ch. 12 v. 5-10 — Fin
déterminée de la tribulation, mais oracle encore scellé
[12:6] Ensuite, un des messagers de Dieu demande à celui qui se tenait sur le
fleuve combien de temps s’écoulerait pour arriver à la fin de ces merveilles
(savoir de la tribulation), par l’intervention de Dieu en délivrance en faveur
d’Israël ? [12:7] La réponse est, trois ans et demi, soit douze cent soixante
jours, et que, lorsque Dieu aurait mis fin à la dispersion du peuple saint,
toutes ces choses seraient finies. [12:8] Daniel veut quelque chose de plus
pleinement révélé à l’égard de la fin ; [12:9] mais jusqu’au temps de la fin
l’oracle est scellé ; [12:10] il y en aurait plusieurs qui seraient purifiés,
éprouvés et blanchis, et les méchants agiraient méchamment. Hélas ! il faut s’y
attendre, aucun des méchants ne comprendrait, mais les intelligents
comprendraient, c’est-à-dire ces « maskilim », ceux dont l’Esprit nous a parlé.
Ch. 12 v. 11-13 —
Intervalles de temps jusqu’à la bénédiction finale
[12:11] Or, depuis le temps que le sacrifice perpétuel serait ôté et que
l’abomination qui causerait la désolation serait placée, il y aurait douze cent
soixante jours ; [12:12] puis, pour celui qui attendrait l’accomplissement de
mille trois cent trente-cinq jours1, il y aurait pleine bénédiction. [12:13]
Daniel lui-même aurait sa part dans ce temps glorieux.
1 J’ai cru possible que cette supputation pouvait provenir de ceci : un mois intercalé, ajouté aux douze cent soixante jours, ou trois années et demie, puis quarante-cinq jours, si les années étaient des années ecclésiastiques, nous amèneraient à la fête des tabernacles : mais je ne prétends pas avoir une opinion sur ce point. Quoi qu’il en soit, il nous est positivement dit que, alors, le sanctuaire de Dieu à Jérusalem sera purifié.
Daniel présente le
temps des gentils jusqu’à la délivrance d’Israël, mais pas au-delà
Il est à remarquer que Daniel ne dépeint jamais le temps qui succède à celui des
gentils ; il présente l’histoire de ces monarchies, les oppresseurs et
séducteurs des Juifs aux derniers jours, la délivrance du peuple, mais là il
s’arrête : il est le prophète des temps des gentils jusqu’à la délivrance.
Points saillants de la
prophétie de Daniel
Explication du livre de Daniel, et non système de prophéties
Il se peut que le lecteur, pour avoir une intelligence plus complète du sujet,
ait la pensée de combiner l’action des instruments que la prophétie de Daniel
nous présente comme agissant dans le pays d’Israël aux derniers jours, et de les
identifier, s’il y avait lieu, avec d’autres instruments nommés par d’autres
prophètes. Mais ce serait faire un système de prophétie et non expliquer Daniel.
L’Esprit de Dieu ne le fait pas dans ce prophète, et je me borne à l’étudier ;
je ne ferai donc qu’indiquer quelques points saillants.
Les différentes
puissances présentées dans les chap. 7-11
Le chapitre 7 nous donne le caractère de l’empire romain, spécialement sous son
dernier chef ; c’est la fin de l’histoire de la puissance des gentils. Le
chapitre 8 (quoique j’aie souvent pensé que le roi qui y est dépeint pourrait
être l’instrument de l’empire de l’Occident dans le pays d’Israël) me semble, en
bien pesant ce qui en est dit, donner à la corne un caractère différent1 de
celui que revêt, dans ses actes, la puissance occidentale, soit comme petite
corne, soit par quelque instrument local ; c’est une puissance orientale
s’élevant d’un des quatre royaumes en lesquels l’empire d’Alexandre s’était
divisé. Il tire cependant sa force d’autrui ; c’est une puissance à part
agissant en Syrie. Dans le chapitre 9, nous trouvons celui qui agit au milieu
des Juifs, à Jérusalem même, en rapport, à ce qu’il paraît, avec l’empire
romain, quel que soit l’instrument de cette puissance pour l’accomplir.
Peut-être cet instrument est-il ce roi du chapitre 11, qui se trouve placé entre
les rois du midi et du nord ? Il est très possible que la petite corne du
chapitre 7 agisse elle-même ; cependant il y a une autre puissance qui dépend
d’elle, qui agit au moins religieusement sur les Juifs qu’il entraîne dans
l’apostasie, un personnage qui ne vient pas en son propre nom, et qui ne se
soucie point du Dieu de ses pères [(11:27)].
1 On peut comparer les Psaumes 74 et 83, qui confirment la pensée qu’il y aura une destruction à Jérusalem, outre la cessation forcée du sacrifice continuel accompli d’une manière religieuse par le prince à venir, le Romain du chapitre 9, qui se trouve au milieu des Juifs, et qui jusqu’alors s’est comporté au milieu d’eux en ami.
Le roi en Judée de
11:36-39
Le roi du chapitre 11 est un roi en Judée, [11:37] méprisant la religion de ses
pères, agissant dans le pays sans frein moral, rétablissant l’idolâtrie [11:39]
et partageant le territoire entre ceux qu’il favorise. [11:40] Le roi du midi et
celui du nord sont l’Égypte et l’Assyrie aux derniers jours, qui attaquent le
roi qui s’est établi dans la terre sainte. Je suppose que le roi répond à la
seconde bête de l’Apocalypse, sous un autre point de vue, comme la première à la
petite corne du chapitre 7.
Commentaire entier
John Nelson Darby