Introduction
Les Actes des Apôtres se divisent, pour le fond, en trois parties: la première
formée du chap. 1; la seconde des chap. 2-12; la troisième depuis le chap. 13 à
la fin. Les chap. 11 et 12 peuvent être appelés de transition, étant fondés sur
l’événement raconté au chap. 10. — Le chap. 1 nous présente ce qui se rattache à
la résurrection du Seigneur; les chap. 2-12, cette œuvre du Saint Esprit, dont
Jérusalem et les Juifs sont le centre, mais qui s’étend par la libre action de
l’Esprit de Dieu, indépendante, mais non séparée des douze et de Jérusalem comme
centre. Les chap. 13 et suivants nous présentent l’œuvre de Paul, ayant Antioche
comme point de départ d’une mission plus distincte; le chap. 15 relie ces deux
premières parties pour conserver l’unité dans la marche de l’œuvre. — Nous
voyons sans doute aussi dans la seconde partie, des Gentils admis comme tels au
milieu des disciples, mais ils se rattachent à l’œuvre qui se faisait parmi les
Juifs. Ceux-ci ont rejeté le témoignage du Saint Esprit à un Christ glorifié,
comme ils avaient rejeté le Fils de Dieu dans son humiliation, et Dieu a préparé
une œuvre en dehors d’eux, dans laquelle l’apôtre des Gentils a posé des bases
qui annulent la distinction entre les Juifs et les Gentils, et les rattachent
les uns et les autres, comme également morts dans leurs fautes et leurs péchés,
à Christ, chef de son corps l’Église, dans le ciel1. Mais passons maintenant à
l’étude même de ces chapitres.
1 Il est triste mais instructif de voir, dans la dernière division de ce livre, comment l’énergie spirituelle d’un apôtre tel que Paul finit à l’ombre d’une prison, quant à son activité extérieure; mais nous pouvons y voir la sagesse de Dieu. Le Romanisme qui se vante d’avoir été fondé par les apôtres n’a jamais vu un apôtre à Rome, sinon comme prisonnier et, suivant l’épître aux Romains, le christianisme y était déjà implanté avant ce moment-là.
Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-14 — Position et mission confiée aux disciples par Jésus
Vie et service des disciples liés à la résurrection de Christ, par l’Esprit
Ce premier chapitre nous fournit le récit de ce qui regarde Jésus ressuscité et
les actes des apôtres avant la descente du Saint Esprit. — Les communications du
Seigneur, que nous y trouvons, présentent plusieurs points très intéressants.
[1:4-5] Jésus, homme ressuscité, agit et parle par le Saint Esprit après sa
résurrection comme il l’avait fait auparavant : précieux gage de notre propre
position, nous rappelant que nous aurons le Saint Esprit après notre
résurrection et que son énergie n’étant plus occupée à restreindre et à
mortifier la chair, pourra être consacrée tout entière à la joie et à
l’adoration éternelles et au service qui nous sera confié de la part de Dieu.
[1:8] Ensuite, le Seigneur ressuscité donne à ses disciples des commandements en
rapport avec la position nouvelle qu’il prend. Leur vie et leur service doivent
être formés et dirigés en vue de sa résurrection, vérité de laquelle ils avaient
des preuves irréfragables. Ils étaient encore sur la terre, mais ils y étaient
pèlerins, ayant devant les yeux de leur foi celui qui, ressuscité d’entre les
morts, les avait devancés : leurs rapports avec lui se rattachent encore à leur
position sur la terre ; [1:7] Jésus leur parle du royaume, et des choses qui
regardent le royaume. [1:8] Jérusalem était le point de départ de leur ministère
plus même que du sien ; car Jésus avait rassemblé les pauvres du troupeau là où
il les avait trouvés, particulièrement en Galilée1 ; mais maintenant la
résurrection ayant fait de Christ, en puissance, le vase des saintetés assurées
de David2, il appelle de nouveau Israël à reconnaître comme Prince et Sauveur
celui qu’il avait rejeté comme Messie arrivant sur la terre. Les épîtres de
Pierre se rattachent à ce point de vue de l’Évangile.
1 La mission donnée aux disciples en Luc 24:47-49 a été accomplie dans les Actes. Les discours de Pierre et ceux de Paul en sont la preuve, particulièrement aux chapitres 2 et 13. Cette mission n’est pas celle de Matthieu 28:19 qui ne s’adresse qu’aux Gentils. La mission de l’évangile de Luc est en rapport avec l’ascension du Seigneur à Béthanie, celle de Matthieu est donnée par un Christ ressuscité, en Galilée, où il avait trouvé « les pauvres du troupeau » (cf. Matthieu 4:15).
2 Notre Bibliquest : ou : « grâces assurées de David » (És. 55:3)
Attente de la réception
de l’Esprit Saint, et témoignage en partant de Jérusalem
[1:4] Cependant pour exercer ce ministère, les disciples devaient attendre
l’accomplissement de la promesse du Père, savoir le Saint Esprit [1:5] duquel
ils devaient être baptisés selon le témoignage de Jean : ce qui, leur assurait
le Seigneur, arriverait dans peu de jours. La venue du Saint Esprit ainsi
promis, faisait en même temps sortir les disciples du champ des idées purement
temporelles des Juifs : [1:4] la promesse du Saint Esprit de la part du Père
était autre chose [1:6] que celle de la restauration du royaume d’Israël par la
puissance de Jéhovah, le Dieu de jugement. [1:7] Ce n’était pas aux disciples de
connaître le temps et la saison de cette restauration dont le Père gardait la
connaissance par devers lui ; [1:8] mais ils recevraient eux-mêmes la puissance
du Saint Esprit qui descendrait sur eux, et ils serviraient à Jésus de témoins
(comme ils l’avaient connu et selon la manifestation de lui-même après sa
résurrection), à Jérusalem, dans toute la Judée, en Samarie et jusqu’aux bouts
de la terre, faisant ainsi de Jérusalem le centre et le point de départ de
l’œuvre qu’ils devaient accomplir selon la mission de Luc 24:47. [1:9] Cependant
leur témoignage était fondé sur le fait qu’ils avaient vu leur Maître et leur
Seigneur ravi d’avec eux, et reçu dans les nuées du ciel qui le cachaient à
leurs yeux. [1:10] Ils regardaient donc, les yeux fixés en haut, lorsque deux
messagers du ciel [1:11] viennent leur annoncer que ce Jésus qui venait d’être
élevé d’avec eux au ciel, devait revenir de la même manière. Il s’agit donc ici
de la manifestation de Jésus dans le monde au-dessous du ciel : Jésus reviendra
ici-bas pour être vu du monde. Nous n’avons pas ici l’enlèvement de l’Église ni
l’association de l’Église avec Lui pendant son absence. [1:12] Avec la
connaissance de Jésus ravi du monde et devant revenir au monde, termes et
éléments de tout leur enseignement, les apôtres s’en retournent à Jérusalem pour
attendre le Saint Esprit qui leur était promis. Ils ne se rendent pas en Galilée
: ils vont être témoins à Jérusalem des droits célestes du Christ rejeté sur la
terre par Jérusalem et les Juifs1.
1 Dans ce sens ce n’est pas une continuation de la mission de Christ sur la terre. Cette dernière est continuée par la mission de Matthieu 28 qui a son point de départ en Galilée.
Ch. 1 v. 15-26 —
Circonstances avant la venue de l’Esprit Saint
Action par l’intelligence de la Parole, sans encore le don de la puissance
divine
Les versets que nous venons d’examiner montrent clairement la position dans
laquelle les disciples étaient placés et la mission qui leur était confiée ;
mais avant qu’ils reçoivent le Saint Esprit pour l’accomplir, quelques autres
circonstances caractéristiques trouvent leur place dans ce même chapitre. Les
disciples, conduits par Pierre dans ce chemin, agissent d’après l’intelligence
de la Parole, avant que d’être doués de la puissance d’en haut. Ainsi ces deux
choses sont distinguées, l’intelligence de la Parole et le don de la puissance
d’en haut.
Choix d’un témoin et
apôtre selon la Parole, avec l’approbation divine
Il paraît que, sans que Pierre ait été directement conduit par le Saint Esprit,
l’Esprit a mis son sceau sur ce qui a été fait ici d’après la parole de l’Ancien
Testament, comprise par l’apôtre. Nous avons déjà vu que Christ, après sa
résurrection, avait ouvert l’intelligence de certains disciples pour comprendre
les Écritures [(Luc 24:45)]. N’ayant pas encore reçu le Saint Esprit, les
apôtres agissent d’après un principe judaïque : [1:26] ils présentent le sort à
l’Éternel pour qu’il décide. [1:23] Cependant le sort n’était pas tout, et il
n’était pas tiré sans faire une distinction. L’autorité apostolique découlait du
fait de la nomination des apôtres par Jésus lui-même ; l’intelligence des
Écritures faisait comprendre aux disciples réunis ce qui devait avoir lieu : le
but que le Seigneur avait assigné à leur service limitait leur choix au petit
cercle de ceux qui possédaient les qualités nécessaires pour atteindre ce but.
[1:21-22] Ils devaient être capables par leurs antécédents, ainsi que l’avait
dit Jésus, d’être ses témoins parce qu’ils avaient été avec lui dès le
commencement, et ils devaient être capables maintenant de témoigner aussi que ce
même Jésus que les Juifs avaient rejeté et crucifié, était bien réellement
ressuscité d’entre les morts. Ici, avant le don du Saint Esprit, l’autorité
apostolique est exercée à Jérusalem sur le principe juif. En cela il n’y avait
ni recherche, ni exercice de l’esprit humain. [1:20] La parole : « Qu’un autre
prenne sa charge de surveillant », guidait leur conduite quant aux
qualifications nécessaires ; ce qui les décidait c’était la capacité d’être les
témoins de la carrière terrestre, puis de la résurrection et de l’ascension de
Jésus. [1:25] Le sort de l’Éternel désignait l’individu qui devait prendre la
place de Judas. [1:23] Deux hommes, Joseph, appelé Barsabbas, et Matthias, sont
choisis comme possédant les qualités exigées, [1:26] et le sort tombe sur
Matthias qui prend place avec les onze apôtres (vers. 26) ; mais la puissance
promise leur manquait encore à tous.
Chapitre 2
Ch. 2 v. 1-13 — La venue du Saint Esprit dans les croyants
Accomplissement de la promesse en réponse à la dépendance
Le récit de ce chapitre, en réponse à l’esprit de dépendance qui se manifestait
dans les communes prières des disciples, nous révèle l’accomplissement de la
promesse qui leur avait été faite.
Venue du Saint Esprit
du ciel pour demeurer ici-bas
L’Esprit vient d’en haut, dans sa propre puissance, posséder et remplir la
demeure qui lui était préparée.
Simplicité de ce fait
important de la venue de la puissance d’en-haut
Ce fait, d’une importance au-dessus de tous les faits, quant à l’état de l’homme
ici-bas, a ici un caractère très simple, parce qu’il ne s’agit pas des causes de
ce don merveilleux, ni de l’œuvre dont il dépend, ni de la gloire avec laquelle
il est en rapport et qu’il a révélée, et de laquelle il a été les arrhes, — mais
ici, nous avons seulement le fait de sa puissance. Les disciples étaient
maintenant, par ce don, « revêtus de la puissance d’en haut » [(Luc 24:49)].
Puissance de Dieu en
témoignage envers tous les hommes
La forme toutefois sous laquelle il est apparu, est caractéristique. Sur Jésus,
l’Esprit saint est descendu sous forme d’une colombe [(Marc 1:10)], parce que
Jésus ne devait pas faire entendre sa voix dans les rues, ni briser le roseau
froissé, ni éteindre le lumignon qui fume [(Matt. 12:19-20)]. [2:3] Mais ici ce
qui descendait, c’était la puissance de Dieu en témoignage, la parole, semblable
au feu consumant qui juge ce qu’il trouve devant lui. Néanmoins la puissance du
Saint Esprit était en grâce, et son action sortait des limites étroites des
ordonnances juives pour annoncer les merveilles de Dieu à toute nation et langue
sous le soleil. L’Esprit est comme un souffle impétueux du ciel qui se manifeste
aux disciples et vient se placer sur eux sous la forme de langues de feu,
chacune divisée en plusieurs. [2:6] Cette merveille attire la foule, [2:8] et la
réalité de cette opération divine est constatée par le fait que des personnes
natives de beaucoup de pays différents, entendent, chacune dans la langue du
pays d’où elle était sortie pour venir à Jérusalem, [2:7] ces pauvres Galiléens
[2:11] leur annoncer les œuvres merveilleuses de Dieu1. [2:12] Les Juifs qui ne
comprenaient pas ce que les disciples disaient, [2:13] se moquent d’eux, [2:14]
et Pierre, dans la langue de ses compatriotes, déclare, [2:16] selon leurs
propres prophéties, le vrai caractère de ce qui était arrivé. [2:24] L’apôtre,
dans son discours se fonde sur la résurrection de Jésus [2:25] prédite par le
prophète-roi, [2:33] et sur son exaltation par la droite de Dieu. Exalté en
haut, ce Jésus qu’ils avaient crucifié, avait reçu la promesse du Père et
répandu ce qui produisait les effets qu’ils entendaient et voyaient. [2:36] Ils
devaient donc savoir que Dieu avait fait Seigneur et Christ, ce Jésus qu’ils
avaient crucifié.
1 L’idée rationaliste que c’était une espèce de baragouin, produit de leurs cerveaux excités (ce que pensaient précisément les assistants juifs incrédules [(2:13)]), est absurde au-delà de toute idée. Représentez-vous Paul, rendant grâces à Dieu de ce qu’il baragouinait plus qu’eux tous [(1 Cor. 14:18)], et Dieu donnant un don pour interpréter ce baragouin [(1 Cor. 12:10)] !
Ch. 2 v. 14-40 —
Témoignage de Pierre par l’Esprit
On peut remarquer ici le caractère de ce témoignage : c’est essentiellement le
témoignage de Pierre. [2:36] Il ne va pas plus loin que d’affirmer le fait que
Celui qui avait été rejeté, a été fait, dans le ciel, Seigneur et Christ. [2:22]
Il commence par Jésus, connu des Juifs sur la terre, [2:32] et établit la vérité
de sa résurrection [2:33] et de son exaltation à la position de Seigneur :
[2:36] Dieu l’a fait tel. Pierre ne le proclame pas même comme fils de Dieu ; et
nous verrons que si Pierre ne le fait pas dans les Actes, Paul, au contraire, le
fait dès l’instant de sa conversion [(9:20)]. Pierre constate le résultat en
puissance à ce moment-là, et ne parle pas du royaume : [2:17] seulement il
rappelle que le Saint Esprit était promis pour les derniers jours ; [2:20] il
fait allusion au terrible jour du jugement qui devait venir et qui serait
précédé par des signes et des prodiges effrayants. Sans parler de
l’accomplissement de la promesse du royaume, duquel le Père gardait l’époque par
devers lui, Pierre met le fait du don du Saint Esprit en rapport avec la
responsabilité d’Israël envers lequel Dieu agissait encore en grâce en lui
annonçant un Christ glorifié et en lui donnant les preuves de sa gloire rendue
maintenant sensible à tous par l’envoi du Saint Esprit. C’est la présence du
Saint Esprit selon les versets 26, 27 du chap. 15 de Jean. Cependant le
témoignage, comme un tout, est fondé sur la mission de Luc 24 [(v. 47-49)] et en
est l’exécution. Seulement en Luc nous n’avons rien du baptême. Voyez Luc
24:47-49 auquel tout ceci correspond pleinement. Le témoignage était adressé aux
Juifs, cependant il ne se bornait pas à eux1 [2:40] et appelait à la séparation
d’avec un peuple qui se hâtait vers le jugement : « Sauvez-vous de cette
génération perverse ». [2:38] Cette séparation se fondait sur une œuvre réelle
et morale : « Repentez-vous » ; tout leur passé devait être jugé ; cela était
démontré publiquement dans leur réception parmi les chrétiens par le baptême, en
vue de recevoir la rémission de leurs péchés et de participer au don céleste du
Saint Esprit. « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de
Jésus Christ, en rémission des péchés : et vous recevrez le don du Saint Esprit
». Cette œuvre est individuelle. Il y avait le jugement sur tout le passé,
l’admission au milieu d’eux par le baptême et, en conséquence, la participation
à l’Esprit Saint qui demeurait là où venaient ceux [2:37] dont le cœur avait été
saisi de componction. Nous voyons d’emblée la différence entre le changement
moral déjà opéré, la repentance produite par une affliction selon Dieu, et la
réception du Saint Esprit. [2:38] Cette réception était la conséquence de la
rémission de leurs péchés à laquelle ils étaient amenés. Le don du Saint Esprit
dépendait d’une manière générale de leur admission parmi les chrétiens, la
maison où Dieu habitait, bâtie au nom de Jésus. [2:39] Ensuite l’apôtre déclare
aux Juifs que la promesse appartient à eux et à leurs enfants — à la maison
d’Israël comme telle — à eux, et à leurs enfants après eux. Mais l’intention de
Dieu dans le don du Saint Esprit, dépassait les limites de l’ancien peuple de
Dieu. La promesse appartenait aussi à ceux qui étaient loin, car elle
s’accomplissait en rapport avec la foi en Christ ; elle s’étendait à tous ceux
qui par grâce entraient dans la nouvelle maison, à tous ceux que le Seigneur, le
Dieu d’Israël, appellerait. L’appel de Dieu caractérisait la bénédiction.
Israël, avec ses enfants, était reconnu ; mais un résidu était appelé d’entre
eux. Les Gentils étant appelés, participaient à la bénédiction.
1 Le témoignage est rendu en des termes qui, tout en s’appliquant aux Juifs de Jérusalem et à ceux de la dispersion, ouvrent cependant la porte aux Gentils, selon la souveraineté de Dieu : « À tous ceux qui sont loin », dit l’apôtre, « autant que le Seigneur, notre Dieu en appellera à Lui ». Dieu est toujours le Dieu de l’homme ; mais il appelle qui il veut.
Ch. 2 v. 41-47 —
Formation de l’Assemblée comme résultat
Puissance agissant dans tous les croyants ensemble, à tous égards
Le résultat de ce don ineffable du Saint Esprit, nous est raconté. [2:44] Ce
n’était pas seulement un changement moral, mais une puissance qui mettait de
côté tous les motifs qui individualisaient ceux qui l’avaient reçue, en unissant
ceux-ci comme une seule âme et dans une seule pensée. [2:42] Ils persévéraient
dans la doctrine des apôtres ; ils étaient en communion ensemble et avec les
apôtres ; ils rompaient le pain, et passaient leur temps en prière. [2:43] Le
sentiment de la présence de Dieu était puissant au milieu d’eux, et des prodiges
et des miracles s’opéraient par les mains des apôtres. [2:44] Les croyants
étaient unis par les liens les plus étroits, ils ne parlaient pas de leurs
droits individuels, [2:45] mais ils partageaient les uns avec les autres et
selon le besoin de chacun, ce qu’ils possédaient. [2:46] Chaque jour ils étaient
dans le temple, lieu où tout Israël accomplissait en public ses services
religieux, et ils avaient leur propre service à part entre eux — rompant le pain
journellement dans leurs maisons. Ils mangeaient avec joie et simplicité de
cœur, [2:47] louant Dieu et attirant sur eux la faveur du peuple qui les
entourait.
Formation de
l’Assemblée, maison de Dieu, d’abord en rapport avec Israël
Ainsi l’Assemblée était formée, [2:47] et le Seigneur y ajoutait chaque jour le
résidu d’Israël que Dieu voulait garder des jugements qui devaient fondre sur un
peuple coupable du rejet du Fils de Dieu, leur Messie, et d’une ruine future
encore plus terrible. Dieu transportait dans l’Assemblée, ainsi reconnue de Lui
par la présence du Saint Esprit, ceux qu’il épargnait en Israël1. Un nouvel
ordre de choses caractérisé par la présence du Saint Esprit avait commencé2.
C’était dans l’Assemblée qui en constatait l’existence, que se trouvait la
présence de Dieu. Cette assemblée formait la maison de Dieu, quoique l’ancien
ordre de choses subsistât toujours jusqu’à ce que le jugement fût exécuté. Elle
était formée jusqu’ici en rapport avec Israël, dans la patience de Dieu, mais
mise à part, en puissance, comme l’habitation de Dieu.
1 C’est la force du mot sôzomenoi.
2 Jamais Dieu n’a demeuré avec l’homme — sans excepter Adam ou Abraham — que sur la base de la rédemption (comp. Ex. 29:46).
Formation et fondement
de l’Assemblée, par le Saint Esprit
L’Assemblée donc était formée par la puissance du Saint Esprit descendu du ciel,
et fondée sur ce témoignage-ci, que Jésus Christ qui avait été rejeté [(2:23)],
était élevé au ciel [(2:32)], étant fait de la part de Dieu Seigneur et Christ
[(2:36)] ; cette assemblée se composait du résidu juif, de ceux qui devaient
être épargnés d’entre ce peuple, sauf à introduire les Gentils quand Dieu en
appellerait.
Chapitre 3
Témoignage de Dieu à Son peuple, en grâce
Ici l’Esprit, par Pierre, adresse son témoignage au peuple. Dieu usait encore de
patience envers son peuple insensé, il usait de plus que de patience : il
agissait en grâce envers son peuple comme tel, en vertu de la mort et de
l’intercession de Jésus ; mais hélas, en vain ! — les chefs du peuple,
incrédules, ont réduit la Parole au silence1.
1 Il est frappant de voir les conseils de Dieu et leur accomplissement en grâce — dans la mesure où cet accomplissement avait lieu alors — si clairement distingués de la responsabilité de ceux auxquels Dieu s’adressait. Au chapitre 2 [(v. 40)], Pierre dit : « Sauvez-vous de cette génération perverse ». Dieu rassemblait les siens, selon Sa connaissance de ce qui allait arriver. Au chapitre 3 [(v. 26)] il dit : « Dieu l’a envoyé pour vous bénir, en détournant chacun de vous de vos méchancetés ». Il l’avait envoyé dans ce but et Sa patience attendait encore, quoiqu’il agît actuellement en grâce, selon le résultat connu de Lui. On rencontre souvent cela chez Jérémie. S’ils s’étaient repentis, Dieu aurait certainement détourné le jugement, comme Jérémie aussi nous l’apprend.
Ch. 3 v. 12-21 — Pierre
prêche Jésus au peuple juif coupable
[3:10] L’attention du peuple est attirée par un miracle qui avait rendu la force
à un pauvre estropié connu de tous ceux qui fréquentaient le temple ; [3:11] et
la foule se précipitant pour voir celui qui venait d’être guéri, Pierre leur
prêche Christ. [3:13] « Le Dieu de nos pères », leur dit-il, « a glorifié son
serviteur Jésus, que vous, vous avez livré et que vous avez renié » ; [3:14] «
vous avez renié le Saint et le Juste » quand Pilate avait décidé de le relâcher.
Ils avaient renié le Saint et le Juste, demandé qu’on leur accordât un
meurtrier, [3:15] mis à mort le Prince de la vie ; mais Dieu l’avait ressuscité
; [3:16] et son nom, par la foi, avait guéri l’homme perclus. [3:17] Or la grâce
pouvait estimer qu’ils l’avaient fait par ignorance, ainsi que leurs chefs. Ici
nous voyons le Saint Esprit répondre à l’intercession de Jésus : « Père,
pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » [(Luc 23:34)]. Débiteurs des
dix mille talents [(Matt. 18:24-27)], le grand roi leur fait grâce en envoyant
le message de miséricorde qui les appelait à la repentance. [3:19] C’est à cela
que Pierre convie les Juifs : « Repentez-vous », dit-il, « et vous convertissez…
en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la face du
Seigneur, et qu’il envoie Jésus Christ, qui vous a été préordonné, lequel il
faut que le ciel reçoive, jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses
dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps » (vers.
19-21). Pierre propose ainsi la repentance aux Juifs, comme nation, en leur
annonçant que s’ils se repentaient, [3:20] Jésus, déjà monté au ciel,
reviendrait, [3:21] et que l’accomplissement de la pleine bénédiction dont les
prophètes avaient parlé aurait lieu en leur faveur. Le retour de Jésus, à cette
fin, dépendait et dépend encore de la repentance des Juifs ; en attendant, Jésus
reste dans le ciel.
Ch. 3 v. 22-26 — Appel
à la repentance du peuple pour jouir des promesses
Héritage par Israël de toutes les prophéties et toutes les promesses
[3:22] Au reste, dit Pierre, Jésus est le prophète que Moïse a annoncé, [3:23]
et quiconque ne l’écoute pas sera exterminé d’entre le peuple (vers. 22, 23). Sa
voix retentit encore, en grâce spéciale, par la bouche de ses disciples ; [3:24]
tous les prophètes ont parlé de ces jours. [3:25] Vous êtes, vous, les enfants
des prophètes, les héritiers naturels des bénédictions que ceux-ci ont annoncées
pour Israël, ainsi que des promesses faites à Abraham d’une semence en laquelle
toutes les nations seront bénies ; [3:26] à vous aussi, par conséquent, Dieu
ayant suscité son serviteur Jésus (*), l’a envoyé pour vous bénir, en détournant
chacun de vous de vos méchancetés (vers. 24-26).
1 Ceci se rapporte au temps de sa vie sur la terre, bien que, sur son intercession, il y eût un renouvellement de grâce en témoignage à un Christ glorifié qui reviendrait s’ils se repentaient.
Appel au peuple pour
revenir vers Dieu, pour la bénédiction des promesses
En un mot, le peuple est invité par Pierre à retourner à Dieu par la repentance,
et à jouir de toutes les promesses faites à Israël : le Messie lui-même
reviendrait du ciel pour faire jouir le peuple de la bénédiction. [3:25]
L’apôtre s’adresse à toute la nation comme aux héritiers naturels des promesses
faites à Abraham.
Chapitre 4
Ch. 4 v. 1-4 — Rejet de la grâce par le peuple, mais salut individuel
[4:1] Mais, comme les apôtres parlaient au peuple, les sacrificateurs et le
commandant du temple et les sadducéens viennent les arrêter, [4:2] étant en
grande peine de ce qu’ils prêchaient la résurrection que leur incrédulité et
leur système dogmatique n’acceptaient pas. [4:3] Les apôtres sont jetés en
prison, car il était déjà tard. L’espérance d’Israël a été mise de côté ; la
grâce de Dieu a parlé en vain, quelque grande, quelque patiente qu’elle fût.
[4:4] Cependant beaucoup d’entre ceux qui avaient ouï la Parole, croient, et
déjà cinq mille hommes confessent le Seigneur Jésus.
Ch. 4 v. 5-22 —
Témoignage devant les chefs du peuple
Ch. 4 v. 5-18 — Opposition conduite par Satan contre la vérité témoignée et
affirmée
Nous avons vu le message que Dieu dans sa grâce envoyait à Israël par la bouche
de Pierre. Nous allons voir maintenant, non seulement l’accueil qu’elle a reçu
de la part des chefs du peuple, accueil déjà signalé, mais la réponse délibérée
du cœur de ceux-ci, si cœur nous pouvons l’appeler. [4:5] Le lendemain, les
chefs, les anciens et les scribes, [4:6] ainsi qu’Anne et ses parents, [4:5] se
rassemblent à Jérusalem ; [4:7] et plaçant les apôtres devant l’assemblée, ils
leur demandent par quelle puissance, et en quel nom, ils ont opéré ce miracle
sur l’homme perclus (vers. 5-7). [4:8] Pierre, rempli du Saint Esprit, déclare
avec la plus grande promptitude et une entière hardiesse à tout Israël [4:10]
que c’était par Jésus, que la nation avait crucifié et que Dieu avait
ressuscité, que cet homme avait été guéri. Voilà la question posée bien
formellement entre Dieu et les chefs d’Israël, et cela par l’Esprit de Dieu.
[4:11] Jésus était la pierre rejetée par les bâtisseurs, qui est devenue la
maîtresse pierre du coin ; [4:12] le salut ne se trouvait nulle part ailleurs.
Avec les adversaires et les chefs, l’apôtre n’use d’aucun ménagement ; il fait
tout pour gagner le peuple ignorant et fourvoyé. [4:13] Le sanhédrin reconnaît
ceux qui sont devant lui pour avoir été les compagnons de Jésus. [4:14] L’homme
guéri était là ; que pouvaient-ils dire ou faire en face du peuple témoin du
miracle ? [4:16] Ils ne savent que montrer une volonté décidée contre le
Seigneur et contre son témoignage, et fléchir devant l’opinion publique
nécessaire à leur propre importance, et à laquelle ils n’osaient pas résister.
[4:17-18] Ils ordonnent aux apôtres de ne plus enseigner au nom de Jésus et leur
font des menaces. On remarquera ici que Satan avait des instruments sadducéens
rangés contre la doctrine de la résurrection, comme il avait eu dans les
pharisiens, des instruments contre un Christ vivant. Il nous faut nous attendre
à l’opposition systématique de Satan contre la vérité.
Ch. 4 v. 19-21 —
Déchéance des chefs du peuple comme témoins de Dieu
[4:19] Or Pierre et Jean ne laissent aucune équivoque quant à leur marche : Dieu
leur avait ordonné de prêcher Jésus, la défense prononcée par l’homme ne pouvait
influer sur eux. [4:20] « Nous ne pouvons pas, disent-ils, ne pas parler des
choses que nous avons vues et entendues » (vers. 19, 20). Quelle position que
celle dans laquelle les chefs du peuple se trouvent ici ! Un tel témoignage
constate clairement que les conducteurs d’Israël sont déchus de la position
d’interprètes de la volonté de Dieu. Les apôtres ne les attaquent pas ; Dieu les
jugera : mais les apôtres agissent directement de la part de Dieu, et quant à
l’œuvre que Dieu leur a confiée, ne tiennent aucun compte de l’autorité de ces
conducteurs d’Israël. Le témoignage de Dieu était avec les apôtres, et non avec
les chefs du temple, et la présence de Dieu était dans l’Assemblée, et non dans
le temple.
Ch. 4 v. 23-37 — Action
de l’Esprit Saint en puissance dans les saints
[4:23] Pierre et Jean reviennent vers les leurs, car il y avait un peuple formé
à part et se connaissant les uns les autres ; [4:24] et tous, mus par le Saint
Esprit (car c’était là, et non dans le temple, que Dieu habitait par son
Esprit), ils élèvent leur voix au Dieu gouverneur de toutes choses, [4:25-26]
pour reconnaître que cette opposition des chefs n’était que l’accomplissement de
la Parole, [4:28] et des desseins et des intentions de Dieu en même temps.
[4:29-30] Les menaces dont ils étaient l’objet, n’étaient que l’occasion de
demander que Dieu manifestât sa puissance en rapport avec le nom de Jésus.
[4:27] En un mot, le monde (y compris les Juifs qui en faisaient partie dans
leur opposition) s’est élevé contre Jésus, serviteur de Dieu, et se montre
opposé au témoignage qui lui est rendu. [4:31] Le Saint Esprit est la force de
ce témoignage, soit dans le courage qui se trouvait chez les témoins (vers. 8),
soit dans sa propre présence au milieu de l’Assemblée (vers. 31), soit dans
l’énergie du service (vers. 33), [4:32] soit dans les fruits produits de nouveau
au milieu des saints avec une énergie qui manifeste que l’Esprit dépasse dans
les cœurs tous les motifs qui influent sur l’homme et les fait marcher par des
motifs dont Lui est la source. C’est l’énergie de l’Esprit en présence de
l’opposition, comme auparavant nous avons vu les fruits naturels de l’Esprit
parmi ceux au milieu desquels il demeurait. [4:34] De nouvelles personnes
vendent leurs biens, [4:35] et en placent le produit aux pieds des apôtres ;
[4:36-37] parmi elles un homme que l’Esprit de Dieu se plaît à distinguer,
savoir Barnabas de l’île de Chypre.
Ch. 2-4 : Première
formation de l’Assemblée et action de l’Esprit en elle
En somme, le chapitre que nous venons de parcourir, constate d’un côté l’état
des Juifs, le rejet qu’ils ont fait du témoignage qui leur a été adressé en
grâce ; et de l’autre, la puissance du Saint Esprit, la présence de Dieu et Sa
direction ailleurs, savoir au milieu des disciples. Ces trois chapitres (2 à 4)
présentent la première formation de l’Assemblée et le précieux caractère que le
Saint Esprit demeurant en elle lui imprime. Ils nous la présentent dans la
fraîcheur de sa première beauté, telle que Dieu l’a formée, et comme son
habitation.
Chapitre 5
Ch. 5 v. 1-10 — Jugement du mal dans l’Assemblée par l’Esprit présent
Hélas ! le mal se montre là aussi. Si le puissant Esprit de Dieu est dans
l’Assemblée, la chair se trouve aussi en ceux qui la composent : [5:1-2] on veut
avoir le crédit que donne le dévouement produit par le Saint Esprit, et on veut
l’avoir sans la foi en Dieu et sans le renoncement à soi-même, qui font toute la
valeur de ce dévouement, toute sa vérité. Ce n’est là toutefois, qu’une nouvelle
occasion pour manifester la puissance de l’Esprit de Dieu et la présence de Dieu
au dedans de l’Assemblée comme rempart contre le mal, de même que le chapitre
précédent avait montré son énergie au dehors et les fruits précieux de sa grâce.
Quand on ne trouve pas le simple fruit et la puissance du bien, tels que nous
les avons décrits plus haut, on trouve la puissance du bien contre le mal.
L’état actuel de l’Assemblée comme un tout, n’est plus que la puissance du mal
surmontant le bien. Dieu ne supporte pas le mal, là où Il demeure, encore moins
même que là où Il ne demeure pas. Quelle que soit l’énergie du témoignage qu’il
fait rendre envers ceux qui sont au dehors, Dieu use de toute patience jusqu’à
ce qu’il n’y ait point de remède au dedans. Plus sa présence se réalise et se
manifeste (et dans la proportion même dans laquelle cela se fait), plus Dieu se
montre intolérant à l’égard du mal. Il ne peut pas en être autrement. Dieu juge
au milieu des saints ; il y veut la sainteté, et cela dans la mesure de la
manifestation de lui-même. [5:5, 10] Ananias et Sapphira, méconnaissant la
présence du Saint Esprit dont ils prétendaient suivre l’impulsion, tombent morts
devant le Dieu que dans leur aveuglement ils voulaient tromper en l’oubliant
(vers. 1-10). Dieu était dans l’Assemblée.
Ch. 5 v. 11-16 —
Puissance du témoignage à la présence de Dieu
Puissant quoique pénible témoignage rendu à sa présence ! [5:11] La crainte
pénètre dans les cœurs au dedans et au dehors. En effet, c’est une chose
sérieuse que la présence de Dieu, quelle qu’en soit la bénédiction. [5:12]
L’effet de cette manifestation de la présence d’un Dieu demeurant avec les
hommes qu’il reconnaissait comme siens, est très grand : [5:14] des multitudes
se joignent par la foi à la confession du nom du Seigneur, au moins d’entre le
peuple, [5:13] car les autres ne l’osaient pas. Plus la position dans laquelle
on est placé dans le monde est élevée, plus on craint le monde qui nous y a
placé. [5:15] Aussi le témoignage rendu par les miracles à la puissance de Dieu
agissant au milieu des disciples, se montre d’une manière encore plus frappante
qu’auparavant, [5:16] de sorte qu’on venait de loin pour en profiter. [5:12] Les
apôtres se tenaient constamment ensemble dans le portique de Salomon (vers. 12).
Ch. 5 v. 17-42 —
Opposition de Satan au témoignage divin
Ch. 5 v. 17-18 — Manifestation de la puissance du mal par la jalousie des chefs
Mais hélas, ces manifestations de la puissance de Dieu se rattachaient aux
disciples méprisés de Jésus et s’opéraient en dehors de l’ornière dans laquelle
l’importance propre des principaux sacrificateurs des Juifs se trouvait
nécessairement engagée. [5:17] Le progrès que faisait ce qu’ils rejetaient et
l’attention que les miracles attiraient sur les apôtres, excitent leur
opposition et leur jalousie : [5:18] ils jettent les apôtres en prison (vers.
17, 18). Dans ce monde le bien agit toujours en présence de la puissance du mal.
Ch. 5 v. 29-23 —
Intervention de la providence divine, par le moyen des anges
Une puissance autre que celle de l’Esprit dans l’Assemblée se montre ici. La
providence de Dieu, veillant sur son œuvre et s’exerçant par le ministère des
anges, confond tous les plans des chefs incrédules d’Israël qui mettent les
apôtres en prison : [5:19] un ange de l’Éternel leur ouvre la prison [5:20] et
les envoie poursuivre leur tâche habituelle dans le temple. [5:22-23] Les
huissiers envoyés à la prison par le sanhédrin, la trouvent fermée et tout en
bon ordre, mais les apôtres n’y sont point.
Ch. 5 v. 24-40 —
Obéissance à Dieu des témoins, face au sanhédrin opposé à Lui
[5:24] Pendant que les sacrificateurs se livrent à l’inquiétude produite par
cette circonstance inattendue, [5:25] on annonce au sanhédrin que les apôtres
sont dans le temple, enseignant le peuple. [5:26] Le sanhédrin, confondu et
alarmé, les fait chercher, mais avec douceur, craignant le peuple ; car Dieu
quand il veut rendre un témoignage tient la bride de tout jusqu’à ce que ce
témoignage soit rendu. [5:27] Le souverain sacrificateur interroge les apôtres,
[5:28] leur rappelant la prohibition qui leur avait été déjà faite [(4:18)] (v.
27, 28). [5:29] La réponse de Pierre est plus courte cette fois que la
précédente, et annonce un parti pris, plutôt que l’intention de rendre un
témoignage en raisonnant avec ceux qui ne voulaient pas écouter et qui se
montraient adversaires. La substance de sa réponse est la même qu’auparavant :
il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ; — opposés à Dieu, les chefs d’Israël
n’étaient plus que des hommes ; et en les caractérisant ainsi tout était décidé,
leur opposition à Dieu était évidente. [5:30] Le Dieu de leurs pères avait
suscité Jésus que les anciens d’Israël avaient crucifié ; [5:32] les apôtres
étaient ses témoins, ainsi que le Saint Esprit donné à ceux qui se soumettaient
à lui. Tout était dit ; la position relative des chefs d’Israël et des témoins
du Dieu d’Israël clairement annoncée. Pierre, au nom des apôtres, prend
formellement de la part de Dieu, de Jésus, celle de témoin, en accord avec le
Saint Esprit qui, comme sceau donné aux croyants, rendait témoignage au nom du
Sauveur. Cependant il ne se trouve chez Pierre ni orgueil, ni volonté propre :
[5:29] il devait obéir à Dieu ; [5:30] et il prend sa place en Israël encore — «
Le Dieu de nos pères » dit-il ; — [5:32] mais la place du témoignage pour Dieu
en Israël. [5:40] Le conseil de Gamaliel prévaut pour écarter les projets du
sanhédrin (vers. 33 et 35), car Dieu a toujours ses instruments préparés,
peut-être à notre insu, quand nous faisons Sa volonté ; cependant ils font
battre les apôtres, leur défendent de prêcher, et les renvoient ; et ce fait que
leurs persécuteurs n’ont su que faire, ne rend que plus évident que leur volonté
était opposée aux voies de Dieu. Combien, au contraire, le chemin est simple
quand on est envoyé de Dieu et que l’on a conscience de faire Sa volonté !
[5:29] « Il faut obéir à Dieu ».
Ch. 5 v. 41-42 — Soins
de Dieu pour maintenir Son témoignage
L’objet de cette dernière partie du chapitre est de montrer que les soins
providentiels que Dieu déployait, soit miraculeusement par le moyen des anges,
soit en disposant des hommes pour accomplir ses desseins, s’exerçaient en faveur
de l’Assemblée, de même que son Esprit y rendait témoignage et y manifestait sa
puissance. [5:41] Les apôtres, nullement effrayés, reviennent heureux d’être
trouvés dignes de souffrir pour le nom de Jésus ; [5:42] et chaque jour dans le
temple et dans les maisons, ils ne cessaient de prêcher et d’annoncer la bonne
nouvelle de Jésus, le Christ. Quelque faibles qu’ils fussent, Dieu lui-même
maintient son témoignage.
Chapitres 6 et 7
Ch. 6 v. 1-7 — Réponse de l’Esprit aux difficultés faites par la chair
Ch. 6 v. 1-3 — Établissement du service pour les besoins, en réponse aux
murmures charnels
D’autres maux, hélas ! assaillent l’Assemblée ; à travers la puissance de
l’Esprit, la chair commence à poindre à l’égard des circonstances
contradictoires des disciples et dans les choses même dans lesquelles la grâce
s’était particulièrement manifestée, mais du côté où ces choses étaient en
rapport avec la chair. [6:1] Les Hellénistes (Juifs nés dans des contrées
grecques ou païennes), murmuraient contre les Hébreux (natifs de Judée) parce
que les veuves de ceux-ci étaient, à ce qu’ils prétendaient, favorisées dans la
distribution qu’on faisait des biens donnés à l’assemblée par ses membres. [6:3]
Mais ici la sagesse donnée par l’Esprit fait face à la difficulté, en profitant
de l’occasion pour donner un développement à l’œuvre selon les besoins qui
naissaient : sept personnes sont nommées pour entreprendre cette œuvre, [6:2]
car les apôtres ne voulaient pas abandonner leur propre œuvre pour cela. [6:5]
Nous trouvons aussi, dans les cas de Philippe et d’Étienne, la vérité de ce que
dit Paul : « Ceux qui ont bien servi acquièrent un bon degré pour eux et une
grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus » (1 Tim. 3:13).
Ch. 6 v. 4 — Importance
de la prière avant de pouvoir servir Dieu
[6:4] Remarquez ici que les apôtres, dans leur œuvre, mettent la prière avant la
prédication ; le combat des ouvriers du Seigneur avec la puissance du mal, se
livrait tout particulièrement dans ces exercices secrets ; leur réalisation de
la puissance de Dieu s’y opérait aussi pour la force et pour la sagesse qui leur
étaient nécessaires : afin qu’ils pussent agir directement de la part de Dieu,
il fallait que la grâce et l’onction fussent entretenues dans leurs cœurs.
Ch. 6 v. 5-6 — Grâce et
sagesse de l’Esprit dans le choix pour ce service
Remarquez aussi la grâce qui, sous l’influence du Saint Esprit de Dieu, se
décèle dans cette affaire. [6:5] Tous les noms des personnes chargées du soin
des veuves sont des noms hellénistes.
Ch. 6 v. 7 — Progrès de
l’œuvre par la puissance de l’Esprit, malgré le mal
[6:7] L’influence de la Parole s’étendait, et beaucoup de sacrificateurs se
soumettaient à la foi. Ainsi, jusqu’à présent l’opposition du dehors et le mal
qui s’était trouvé au dedans, n’ont fait que fournir une occasion au progrès de
l’œuvre, par la manifestation de la présence de Dieu au milieu de l’Assemblée.
Remarquez bien ce fait. Ce n’est pas seulement que l’Esprit fasse du bien par
son témoignage ; mais, quoique le mal soit là, dehors et dedans, là où la
puissance de l’Esprit se déploie le mal ne fait que rendre témoignage à
l’efficace de la présence de l’Esprit divin. Il y avait du mal, mais il y avait
de la puissance pour s’y opposer. Toutefois cela montrait que même le pain de la
Pentecôte contenait du levain [(Lév. 23:17)].
Ch. 6 v. 8 à 7 v. 53 —
Témoignage de l’Esprit aux Juifs par Étienne
Ch. 6 v. 8-15 — Témoignage de l’Esprit jugeant les Juifs hostiles
[6:8] La puissance de l’Esprit se fait sentir particulièrement en Étienne, homme
plein de grâce et de puissance. [6:9] Les Juifs hellénistes s’opposent à lui et,
[6:10] ne pouvant pas lui répondre, [6:12] l’accusent devant le sanhédrin,
[6:14] lui imputant, en particulier, d’annoncer la destruction du temple et de
la ville au nom de Jésus, ainsi que le changement des coutumes de la loi. Ici,
remarquez-le, nous voyons la libre puissance du Saint Esprit sans que d’autres,
comme les apôtres établis par Christ lui-même, envoient dans l’œuvre ; ce n’est
pas l’autorité dans les apôtres, ni dans les Juifs de Palestine. L’Esprit
distribue à qui il veut : c’est l’Helléniste pieux et dévoué qui rend le dernier
témoignage aux chefs de la nation. [6:7] Si, d’une part, des sacrificateurs
croient, [6:8] d’autre part, des Juifs ayant leur origine hors de Judée rendent
témoignage et fraient le chemin à un témoignage plus étendu encore, mais en même
temps au rejet définitif des Juifs, envisagés moralement comme base et centre du
témoignage et du rassemblement divin qui s’accomplissait dans le monde.
Jusqu’ici Jérusalem était le centre du témoignage et du rassemblement. Pierre
avait rendu témoignage à un Christ glorieux, promettant qu’Il reviendrait s’ils
se repentaient [(3:19-21)], et ils avaient réduit ce témoignage au silence.
[7:51-53] Maintenant le jugement est porté sur eux par l’Esprit, par la bouche
d’Étienne, et ils se montrent ouvertement les adversaires de ce témoignage. Ce
ne sont pas les apôtres qui, en vertu d’une autorité officielle, rompent avec
Jérusalem : la libre action du Saint Esprit anticipe une rupture qui n’a pas
même eu lieu de manière à faire partie du récit scripturaire. Le fait
s’accomplit par la puissance de Dieu. [7:59-60] Le transport dans le ciel du
témoin suscité par l’Esprit pour dénoncer les Juifs comme adversaires et leur
proclamer leur déchéance, a placé le centre de rassemblement, selon l’Esprit,
dans le ciel, dans le ciel où le fidèle témoin qui était rempli de cet Esprit
est monté. [6:15] Déjà sur la terre il avait l’apparence d’un ange aux yeux du
sanhédrin qui le jugeait (chap. 6:15) ; mais l’endurcissement de leurs cœurs ne
permettait pas que ses meurtriers s’arrêtassent dans le chemin de leur hostilité
contre le témoignage rendu à Christ, témoignage qui ressort ici tout
particulièrement comme étant le témoignage du Saint Esprit.
Étienne, instrument de
l’Esprit comme témoin de Christ glorifié, mais non apôtre
Étienne1 n’avait pas, que nous sachions, connu Jésus pendant sa vie d’ici-bas ;
certainement il n’avait pas été établi, comme les apôtres, pour être témoin de
cette vie ; il était simplement l’organe du Saint Esprit qui distribue ses dons
comme il veut.
1 Étienne est l’expression de la puissance du Saint Esprit pour rendre témoignage à Christ glorifié, présenté maintenant sous ce caractère à Israël qui l’avait déjà rejeté dans son humiliation. Depuis la chute d’Adam jusqu’au déluge, quoique Dieu ne laissât pas l’homme sans témoignage, ce dernier était de fait abandonné à lui-même. Il n’y avait à son égard ni voies, ni institutions spéciales de Dieu. Le résultat fut le déluge, destiné, pour ainsi dire, à purifier la terre de son horrible corruption et de sa violence. Le monde, renouvelé par le déluge, devint le théâtre où Dieu commença à manifester ses voies envers l’homme. Avec Noé le gouvernement fut établi ; mais Abraham fut l’objet de l’appel de Dieu par l’élection de grâce et les promesses lui furent données quand le monde s’était tourné vers les démons. Avec Abraham commença l’histoire du peuple de Dieu, mais la question de la justice n’était pas encore posée. Elle le fut par la loi qui réclamait la justice de l’homme. Ensuite les prophètes vinrent rendre témoignage à la patiente grâce de Dieu. Enfin le Fils fut envoyé, dernier appel de Dieu à porter du fruit et dernier témoignage de Sa grâce. Il était maintenant rejeté et à la suite de l’intercession de Christ, le Saint Esprit avait rendu témoignage à Sa gloire par l’apôtre Pierre (chap. 3) pour amener le peuple à la repentance. Maintenant, par la bouche d’Étienne, le Saint Esprit s’occupait de leur attitude vis-à-vis de la gloire de Christ.
Ch. 7 v. 1-53 — Récit
de l’histoire du peuple juif par Étienne
Ch. 7 v. 1-7 — Condamnation des Juifs par leur propre histoire
Étienne trace l’histoire des Juifs depuis le commencement des voies de Dieu,
c’est-à-dire [7:2] depuis Abraham, qui est appelé par la révélation du Dieu de
gloire, [7:4] et qui, lent à obéir, il est vrai, est enfin conduit en Canaan par
la patiente grâce de Dieu. [7:5] Cependant Abraham était étranger dans la terre
de la promesse ; [7:6] et il lui fut annoncé que l’esclavage serait le partage
de ses descendants [7:7] jusqu’à ce que Dieu intervînt en grâce (chap. 7:5 et
suivants). [7:5] Le partage du bienheureux patriarche n’était donc pas d’être en
possession des promesses, mais d’être étranger ; [7:6] et le sort de ses
descendants, celui d’être captifs [7:7] jusqu’à ce que Dieu les délivrât à main
forte. Rien n’est plus frappant que la calme supériorité aux circonstances
déployée par Étienne. Il récite aux Juifs une histoire qu’ils ne pouvaient nier,
une histoire dont ils se glorifiaient, mais qui les condamnait entièrement. Ils
faisaient comme avaient fait leurs pères (v. 51).
Résumé de l’histoire
des Juifs, opposés à l’Esprit et désobéissants à Dieu
Mais deux personnages se détachent du récit d’Étienne en rapport avec la bonté
de Dieu envers Israël à cette époque reculée, savoir Joseph et Moïse. Israël les
avait rejetés tous les deux ; [7:9] il avait livré Joseph aux Gentils, [7:27]
rejeté Moïse comme chef et juge : c’était l’histoire du Christ qui, de fait,
sera dans le temps ordonné de Dieu, le Rédempteur d’Israël. Voilà le fond du
raisonnement d’Étienne, mais il y a deux autres éléments dans son discours.
[7:52] Les Juifs avaient toujours rejeté le témoignage du Saint Esprit dans les
prophètes qui avaient parlé du Christ, lequel ils avaient maintenant trahi et
tué. [7:43] En outre, selon Moïse, ils avaient adoré les faux dieux depuis
l’époque même de leur sortie d’Égypte, et cette faute, quelle qu’ait été la
patience de Dieu, devait les faire transporter, maintenant qu’ils avaient mis le
comble à leur iniquité, plus loin que Babylone qui avait été déjà le lieu de
leur punition1. C’est un résumé des plus frappants de toute leur histoire :
l’histoire de l’homme auquel Dieu fournit tous les moyens de restauration. La
pleine mesure de sa culpabilité est donnée. [7:53] Le peuple avait reçu la loi
et ne l’avait pas gardée ; [7:52] il avait rejeté les prophètes qui avaient
rendu témoignage à Christ ; il avait trahi et tué Christ lui-même. [7:51] Ces
hommes résistaient toujours au Saint Esprit. [7:48] Ce en quoi ils mettaient
leur confiance, le temple, Dieu le rejetait. Dieu lui-même avait été comme
étranger dans la terre de Canaan, [7:47] et si Salomon lui avait bâti une
maison, [7:49] c’était pour que le Saint Esprit déclarât, comme il l’avait déjà
fait par la bouche du prophète, que le ciel était le trône de Dieu et la terre
son marchepied : [7:48] Dieu dont la domination s’étendait partout, ne voulait
pas demeurer dans des maisons de pierre, œuvres de ses mains. Or, l’histoire des
Juifs se résume ici dans une sentence qui ainsi se lie aux derniers jours de ce
peuple et au jugement exécuté contre lui : [7:51] ils résistaient toujours au
Saint Esprit, [7:53] comme ils avaient toujours désobéi à la loi (chap.
7:51-53).
1 Remarquez ici que, quelque longue qu’ait été la patience de Dieu, la repentance n’en étant pas le résultat, la première faute, le premier départ loin de Dieu porte sa peine à la fin.
Jugement de l’homme
pécheur malgré tous les soins de Dieu pour lui
Le Judaïsme était jugé ; la longue patience de Dieu et toutes ses voies de grâce
envers l’homme étaient épuisées ; car Israël c’est l’homme sous le gouvernement
spécial et les soins de Dieu. Maintenant sa culpabilité n’est pas seulement le
péché, mais le péché en dépit de tout ce que Dieu a fait pour l’homme. C’est le
point culminant de son histoire. La loi, les prophètes, Christ, le Saint Esprit,
tout a été tenté, et l’homme est resté l’ennemi de Dieu. La croix avait déjà
réellement prouvé cela, mais ce nouveau fait y ajoutait la réjection du
témoignage rendu par le Saint Esprit à un Christ glorifié. C’en était fait de
l’homme ; tout recommençait avec le second Homme, dans ses rapports permanents
avec le ciel.
Ch. 7 v. 54-60 — Rejet
d’Étienne et du témoignage de l’Esprit
Position du croyant en témoignage ici-bas, par le Saint Esprit
Étienne, rempli de l’Esprit, témoigne de la position du croyant
[7:54] Convaincus dans leur conscience et endurcis de cœur, les membres du
sanhédrin avaient l’esprit plein de rage, ils grinçaient les dents contre
Étienne. Mais si Étienne devait rendre ce témoignage définitif contre Israël, il
ne devait pas tant rendre témoignage, que placer le témoignage dans sa vraie
position par une expression vivante de la position du croyant en vertu de la
présence du Saint Esprit ici-bas demeurant en lui. [7:51] Dans l’histoire des
Juifs nous voyons l’homme résistant toujours à l’Esprit Saint ; [7:55] dans
celle d’Étienne, un homme rempli de l’Esprit comme conséquence de la rédemption.
Ch. 7 v. 55-56 —
L’Esprit fixe les pensées en haut, sur Christ dans la gloire
Voici les éléments de cette touchante et remarquable scène qui fait époque dans
l’histoire de l’Église. [7:54] Les chefs d’Israël sont à grincer les dents de
rage contre le témoignage puissant et convaincant de l’Esprit dont Étienne était
rempli. Ils avaient rejeté un Christ glorifié, comme ils avaient mis à mort un
Christ humilié. Nous allons voir quels ont été les effets de la présence de
l’Esprit pour Étienne. [7:55] Il a les yeux attachés sur le ciel, maintenant
pleinement ouvert à la foi. C’est vers le ciel que l’Esprit dirige les pensées,
en les rendant capables de s’y fixer. L’Esprit révèle à celui qui est ainsi
rempli de Lui, la gloire de Dieu, en haut dans le ciel, [7:56] et Jésus dans
cette gloire, à la droite de Dieu, c’est-à-dire, au siège de la puissance, comme
Fils de l’homme, dans une position beaucoup plus élevée qu’au Psaume 2 [(v.
6-7)], celle du Psaume 8 [(v. 6)], quoique toutes choses ne soient pas encore
mises sous ses pieds (comp. Jean 1:50, 52). [7:59-60] Ensuite l’Esprit donne la
force pour le témoignage en présence de la puissance de Satan, meurtrier dès le
commencement.
Position céleste du
croyant, déjà ici-bas, et dans sa mort
[7:56] « Je vois », dit Étienne, « le ciel ouvert ». Telle est donc la position
du vrai croyant, une position céleste sur la terre, en présence du monde qui a
rejeté le Christ, du monde meurtrier. Le croyant, vivant dans la mort, pénètre,
par la puissance de l’Esprit, dans le ciel, et voit le Fils de l’homme à la
droite de Dieu. Étienne ne dit pas : « Je vois Jésus » ; l’Esprit le caractérise
comme Fils de l’homme. Précieux témoignage pour l’homme ! Ce n’est pas à la
gloire de Dieu qu’Étienne rend témoignage (cette gloire était naturelle au
ciel), mais au Fils de l’homme dans la gloire, le ciel étant ouvert pour
Étienne. [7:59] Ensuite il dit : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ». Il rend
ainsi un témoignage complet à l’état de l’âme du croyant, après la mort, avec un
Christ glorifié et il en est le premier exemple.
Jésus, Fils de l’homme
vu dans le ciel ouvert, nouveau sujet du témoignage
Pour ce qui concerne le progrès que fait le témoignage, le sujet de ce
témoignage n’est plus maintenant que Jésus est le Messie et qu’il reviendra si
le peuple se repent [(3:19-20)] (ce qui d’ailleurs ne cesse pas d’être vrai) ;
[7:56] le sujet du témoignage est maintenant le Fils de l’homme, dans le ciel
ouvert à l’homme rempli du Saint Esprit — dans ce ciel, objet de l’espérance et
du témoignage de ceux qui appartiennent à Dieu, et dans lequel il va transporter
l’âme des siens. La patience de Dieu agissait sans doute encore en Israël, mais
le Saint Esprit ouvrait de nouvelles scènes et de nouvelles espérances devant le
croyant1. Mais remarquez qu’Étienne, comme conséquence du fait qu’il voit Jésus
dans le ciel, ressemble parfaitement à Jésus sur la terre, — fait bien précieux
pour nous en grâce ; sauf que, dans tous les cas, la gloire de sa personne est
maintenue avec le plus grand soin. Jésus, quoique le ciel lui fût ouvert, était
Lui-même l’objet de la contemplation du ciel, publiquement reconnu et scellé par
le Père. Jésus n’avait pas besoin d’une vision qui présentât un objet à sa foi,
et cette vision ne produisait chez lui aucune transformation à la même image,
par la révélation de la gloire [(2 Cor. 3:18)]. [Luc 23:46] Mais le : « Père,
entre tes mains je remets mon esprit », [7:59] se retrouve dans les paroles
d’Étienne : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit » ; [Luc 23:34] et l’affection
pour Israël qui s’exprime dans ces paroles du Sauveur : « Père, pardonne-leur,
car ils ne savent ce qu’ils font », [7:60] se retrouve dans celles d’Étienne : «
Seigneur, ne leur impute pas ce péché », sauf que maintenant le Saint Esprit
n’affirme pas qu’ils sont ignorants. Remarquez encore (et cela fait ressortir
davantage la position spéciale d’Étienne comme vase du témoignage du Saint
Esprit, lorsque ce témoignage était définitivement rejeté par Israël, ainsi que
le caractère divin et la personne de Jésus, même là où son disciple lui
ressemble le plus) que le ciel s’est ouvert à Jésus, que le Saint Esprit est
descendu sur Lui et qu’il a été reconnu fils de Dieu [(Matt. 3:16-17)]. Ensuite
le ciel est ouvert sur Lui et les anges montent et descendent sur le Fils de
l’homme [(Jean 1:52)], seulement il n’y a pas eu d’objet présenté à Jésus ; il
est lui-même l’objet des regards du ciel. Le ciel s’ouvrira à la fin du siècle,
et Jésus lui-même sortira sur le cheval blanc, c’est-à-dire en jugement et en
triomphe [(Apoc. 19:11)]. [7:56] Ici, le ciel est ouvert, mais c’est au disciple
du Seigneur, et le chrétien rempli du Saint Esprit voit dans le ciel ; là il
contemple Jésus à la droite de Dieu. Jésus est toujours l’objet présenté,
d’abord au ciel, ensuite à l’homme croyant rempli du Saint Esprit, de sorte que,
quant à l’objet de la foi et à la position du croyant, la scène qui est devant
nous est définitivement caractéristique. Jésus n’a pas d’objet, mais est l’objet
du ciel quand il s’ouvre ; le croyant a un objet, et c’est Jésus Lui-même dans
le ciel, quand il est ouvert. Rejeté, et rejeté par les Juifs comme Jésus,
partageant les souffrances du Sauveur et rempli de son Esprit de grâce, les
regards du bienheureux martyr sont fixés sur le ciel que le Saint Esprit lui
ouvre, et il voit là le Fils de l’homme, prêt à recevoir son esprit. Le
témoignage de ce qui reste à révéler des conseils de Dieu viendra plus tard.
Mais déjà nous voyons que ce n’est pas Jésus seulement que le ciel doit recevoir
jusqu’au temps du rétablissement des choses dont les prophètes ont parlé
[(3:21)], mais que le ciel doit recevoir aussi les âmes des siens jusqu’au
moment de la résurrection, ainsi que toute l’Église elle-même, en esprit
détachée du monde qui a rejeté le Sauveur et du Judaïsme qui s’oppose au
témoignage du Saint Esprit. Le Judaïsme n’est plus reconnu du tout, ne laisse
plus de lieu à la patience de Dieu. Il est remplacé par le ciel et par l’Église
qui, en tant qu’elle est fidèle, suit son Maître dans le ciel, en Esprit, en
attendant son retour. [7:58] Paul assistait à la mort du témoin du Seigneur
[8:1] et y consentait2.
1 Le Saint Esprit ouvre le ciel à nos regards et nous rend capables de les fixer sur ce qui s’y trouve ; il nous forme sur la terre d’après le caractère de Jésus. Quant au changement qui s’opérait dans le progrès des voies de Dieu, c’était, il me semble, la réalisation par l’Esprit de l’effet du déchirement du voile. [7:56] Jésus est encore debout, parce que jusqu’au rejet du témoignage de l’Esprit par Israël, il ne s’asseyait pas définitivement pour attendre l’époque du jugement de ses ennemis ; il restait plutôt dans la position de souverain sacrificateur debout devant Dieu, le croyant entrant avec Lui par l’Esprit au dedans du voile, et l’âme l’ayant rejoint là-haut ; car maintenant par le sang de Christ, par ce chemin nouveau et vivant, l’âme pouvait entrer au dedans du voile [(Héb. 10:19-22)]. D’un autre côté, les Juifs ayant fait à l’égard du témoignage du Saint Esprit ce qu’ils avaient fait à l’égard de Jésus, ayant pour ainsi dire, dans la personne d’Étienne, envoyé un message après Jésus pour dire : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (Luc 19:14), le Christ prend sa place définitivement, comme assis dans le ciel jusqu’à ce qu’il juge les ennemis qui n’ont pas voulu qu’il régnât sur eux. C’est dans cette dernière position qu’il est envisagé dans l’épître aux Hébreux. Dans cette épître, par conséquent, les Hébreux qui croyaient, sont exhortés à sortir du camp d’Israël, en suivant la victime dont le sang était porté dans le sanctuaire [(Héb. 13:11-13)], anticipant ainsi le jugement qui est tombé médiatement sur Jérusalem par le moyen des Romains pour mettre la nation de côté, comme ce jugement sera exécuté finalement par Jésus lui-même. La position d’Étienne ressemble, par conséquent, à celle de Jésus : son témoignage étant celui que l’Esprit rend à Jésus glorifié. Ceci rend le grand principe de l’épître aux Hébreux très clair.
La doctrine de l’Église annoncée par Paul, après la révélation sur le chemin de Damas, va plus loin : elle déclare l’union des chrétiens avec Jésus dans le ciel, et non pas seulement leur entrée dans le lieu saint à travers le voile déchiré, ce lieu où le souverain sacrificateur seul entrait auparavant au dedans du voile qui cachait Dieu au peuple.
2 On peut remarquer ici que le sanctuaire, pour m’exprimer ainsi, est ouvert maintenant à tous les fidèles. Par la mort de Christ, le voile a bien été déchiré [(Matt. 27:51)], mais la grâce de Dieu agissait encore envers les Juifs comme tels et leur proposait le retour de Jésus sur la terre, c’est-à-dire, en dehors du voile, dans le cas où ils se repentiraient ; en sorte que la bénédiction et les temps de rafraîchissement par la venue de Jésus annoncés par les prophètes, auraient été sur la terre [(3:19)]. Maintenant l’objet présenté à ceux qui avaient des oreilles pour écouter, n’est plus un Messie fils de David, mais un Fils de l’homme dans le ciel : et par le Saint Esprit ici-bas, le ciel ouvert est vu et connu et le grand souverain sacrificateur, qui se tient debout à la droite de Dieu, n’est pas caché au dedans d’un voile. Tout est ouvert au fidèle, qui maintenant voit la gloire et Celui qui y est entré pour les siens. C’est pour cette raison, il me semble, que Jésus est vu debout. Il n’avait pas définitivement pris sa place comme assis sur le trône céleste jusqu’à ce que le témoignage à Son exaltation, rendu à Israël par le Saint Esprit, eût été définitivement rejeté sur la terre. Le libre témoignage de l’Esprit qui se développe ici et par la suite, est d’un grand intérêt, sans toucher, ainsi que nous le verrons, à l’autorité apostolique exercée dans la place que Dieu lui avait donnée. Quant aux Juifs, tant que le Souverain Sacrificateur n’est pas sorti du sanctuaire, ils ne peuvent savoir que son œuvre pour la nation est acceptée ; au jour des expiations ils devaient attendre sa sortie pour le savoir. Mais pour nous le Saint Esprit est sorti, tandis que le Seigneur est encore caché, et nous le savons.
Fin de l’histoire de
l’Église en rapport avec les Juifs, et suite de l’œuvre
Ici se termine la première phase de l’Église de Dieu, son histoire en rapport
direct avec les Juifs et Jérusalem, comme centre auquel se rapportait le travail
des apôtres, « à commencer par Jérusalem » [(Luc 24:47)], s’accomplissant
pourtant dans un Résidu croyant, au sein duquel Israël est invité à entrer,
comme objet, en tant que peuple, de l’amour et des soins de Dieu — invitation
qu’ils ont refusée. Quelques faits accessoires suivent, qui élargissent la
sphère de l’œuvre et conservent l’unité de l’ensemble, avant la révélation
formelle de la vocation des Gentils proprement dits, comme tels, et celle de
l’Église « un seul corps », œuvre qui s’est accomplie indépendamment de
Jérusalem et en dehors de la terre. Ces faits que la Parole nous présente
maintenant, sont le travail de Philippe [(8:4-13)], la conversion de Samarie
[(8:14-25)], celles de l’Éthiopien [(8:26-40)] et de Corneille, avec la vision
de Pierre [(chap. 10)] qui a lieu après la vocation de Saul [(chap. 9)], admis
lui-même par un Juif estimé de sa nation comme telle ; ce sont encore les
travaux de Pierre dans tout le pays de Canaan [(9:32-43)], et enfin les rapports
établis entre les apôtres à Jérusalem et les Gentils convertis à Antioche
[(chap. 11)]. Nous avons ici également l’opposition d’Hérode, le faux roi des
Juifs, et les soins que Dieu prend encore de Pierre, puis le jugement de Dieu
sur le roi [(chap. 12)]. Ensuite vient l’œuvre directe au milieu des Gentils ;
cette œuvre a Antioche pour point de départ, déjà préparée par la conversion de
Saul, par des moyens et avec une révélation toute particulière. Suivons les
détails de ces chapitres.
Chapitre 8
Ch. 8 v. 1-3 — Dispersion de l’Assemblée par la persécution
Manifestation de la haine du cœur de l’homme, Dieu le permettant pour Ses
desseins
[8:1] À la suite de la mort d’Étienne, la persécution éclate. La victoire
extérieure, remportée ainsi par une haine à laquelle la providence de Dieu
permettait d’accomplir pleinement cet acte de violence et de meurtre, ouvre
l’écluse à la rage des chefs des Juifs, ennemis de l’Évangile. La barrière qui
les retenait une fois rompue, les flots de la passion débordent partout. L’homme
est retenu habituellement par un peu de conscience, par des habitudes, par une
certaine idée des droits des autres ; mais la digue une fois rompue, la haine
(l’esprit de meurtre dans le cœur) s’assouvit, Dieu le permettant, dans des
actes qui montrent ce que c’est que l’homme laissé à lui-même. Mais cette haine
accomplit la volonté de Dieu, à laquelle autrement, peut-être, l’homme aurait
fait défaut, et qu’il n’aurait pas même pu ou dû faire à quelques égards,
c’est-à-dire la volonté de Dieu en jugement souverain. La dispersion de
l’Assemblée était le jugement d’Israël, jugement que les disciples eux-mêmes
auraient eu de la peine à accepter et à mettre à exécution comme faisant suite à
la communication d’une lumière plus grande. Quelles que soient les bénédictions
et l’énergie dans la sphère où l’Esprit de Dieu agit, les voies de Dieu en
dirigeant tout, sont entre ses mains.
Non-accomplissement de
la mission des douze apôtres auprès des Gentils
[8:1] Toute l’Assemblée donc est dispersée, sauf les apôtres ; et encore à
l’égard de ceux-ci la question est de savoir s’ils ont bien fait de rester à
Jérusalem et si une foi plus simple ne les en aurait pas éloignés, et n’aurait
pas épargné à l’Église bien des combats et des difficultés, qui se rattachaient
au fait que Jérusalem restait un centre d’autorité1. Le Seigneur avait dit même
aux apôtres, en vue d’Israël : « Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez
dans l’autre » [(Matt. 10:23)] ; et après sa résurrection il leur avait ordonné
d’aller et de faire disciples toutes les nations [(Matt. 28:19)]. Nous
n’assistons pas à l’exécution de cette mission dans l’histoire des Actes et dans
l’œuvre parmi les Gentils, et comme nous le voyons en Gal. 2 [(v. 9-10)], à la
suite d’une entente spéciale avec les apôtres à Jérusalem, elle tomba entre les
mains de Paul et fut placée sur un pied tout nouveau. La Parole ne nous dit rien
de l’accomplissement de cette mission des douze envers les Gentils. Dieu est
puissant en Pierre envers la circoncision, et en Paul envers les Gentils (voyez
Gal. 2:8). On peut dire que les douze n’ont pas été persécutés : cela est
possible, et je ne décide rien sur ce point ; mais il est certain que les
passages où le Seigneur parle de la mission des douze auprès des Gentils n’ont
pas d’accomplissement dans l’histoire biblique et qu’un autre arrangement a eu
lieu, qu’un autre ordre de choses a surgi et a remplacé ce que le Seigneur avait
d’abord prescrit ; il est certain aussi que les préjugés juifs ont eu de fait, à
la suite de cela, une influence à laquelle Pierre lui-même a eu une peine inouïe
à se soustraire.
1 Ceci n’empêche nullement la manifestation de la souveraine sagesse de Dieu. Le développement de la doctrine de l’Église, une, corps de Christ, telle qu’elle se trouve enseignée par Paul, appelé en dehors du judaïsme par la révélation d’un Christ céleste, n’a été que d’autant plus parfait et sans mélange. Mais ces voies de souveraine sagesse en Dieu ne changent en rien la responsabilité de l’homme non plus. L’unité extérieure de l’Église a été conservée par le maintien des rapports entre les autres lieux et Jérusalem, jusqu’à ce que l’œuvre au milieu des Gentils en dehors du judaïsme ait rendu ces rapports extrêmement difficiles et précaires. La grâce et la sagesse de Dieu, cependant, n’en ont été que d’autant plus évidentes.
Ch. 8 v. 4-25 — Annonce
de l’évangile en Samarie
Extension de l’évangile hors de Jérusalem, en Samarie
Ch. 8 v. 4 — Extension de l’œuvre, mais toujours seulement aux Juifs
[8:4] Ceux qui furent dispersés prêchaient partout la Parole ; toutefois,
jusqu’à ce que quelques-uns d’entre eux soient arrivés à Antioche, ils se sont
adressés seulement aux Juifs (11:19).
Ch. 8 v. 5-17 —
Conversion des Samaritains par le ministère de Philippe
[8:5] Philippe cependant descend en Samarie, et leur prêche Christ [8:6] en
opérant des miracles (vers. 5 et suivants). [8:12] Tous lui prêtent attention et
sont baptisés, [8:13] même celui [8:9] qui jusqu’alors les avait ensorcelés par
sa magie, [8:10] en sorte qu’ils le disaient « la grande puissance de Dieu ».
[8:13] Lui aussi se soumet à une puissance qui faisait pâlir ses merveilles
mensongères, puissance qui le convainquait d’autant plus de sa réalité, qu’il
avait conscience de la fausseté de ses propres prétentions. [8:14] Les apôtres
ne font aucune difficulté à l’égard de la Samarie ; ils y envoient Pierre et
Jean [8:17] qui « leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint Esprit » ;
l’histoire de Jésus a dû éclairer les apôtres à cet égard : les Samaritains, au
reste, n’étaient pas des Gentils. Toutefois, c’est un évangéliste Helléniste qui
a travaillé dans ce pays.
Progrès de l’Église,
l’Esprit Saint venant par les apôtres
Une nouvelle vérité ressort ici, en rapport avec les progrès réguliers de
l’Assemblée, savoir, [8:15] que les apôtres conféraient le Saint Esprit par la
prière [8:17] et l’imposition des mains : fait bien important dans l’histoire
des voies de Dieu (vers. 14-19). Du reste, la Samarie était une conquête que
toute l’énergie du judaïsme n’avait jamais pu faire : sa conversion était un
nouveau et éclatant triomphe pour l’Évangile. C’est à l’Église qu’il appartenait
de subjuguer le monde sous le rapport spirituel : Jérusalem était laissée de
côté ; à ce point de vue, son temps était fini.
Ch. 8 v. 18-24 —
Manifestation de l’état moral par la présence de Dieu
[8:21] La présence du Saint Esprit agissant en Pierre, garde encore l’Assemblée
de l’entrée des hypocrites, instruments de Satan. Ce grand et puissant fait — la
présence de Dieu au sein de l’Assemblée et la manifestation de cette présence en
elle, mettait en évidence un état moral que les circonstances avaient caché.
[8:13] Entraîné par la force du courant, Simon s’était soumis par son
intelligence à l’autorité de Jésus dont le nom était glorifié par le ministère
de Philippe ; [8:21-23] mais le véritable état de son cœur, le désir de sa
propre gloire, l’opposition complète entre son état moral et tout principe,
toute lumière de Dieu, se trahit [8:18] en présence du fait qu’un homme peut
conférer la puissance dont il a vu les effets. [8:19] Il veut acheter ce pouvoir
avec de l’argent. C’est ainsi que l’incrédulité de l’homme, qui paraît avoir
reçu la révélation de Dieu et qui a été extérieurement convaincu de la vérité,
se trahit par quelque chose de si grossièrement éloigné de Dieu pour celui qui a
l’Esprit, que le vrai caractère en est manifesté même à un enfant enseigné de
Dieu lui-même.
Action de l’Esprit pour
étendre l’œuvre, mais en gardant l’unité
Développement de l’Église, réconciliant Samarie et Jérusalem
[8:14] Ainsi la Samarie, où l’œuvre était le fruit de l’action indépendante dont
nous avons parlé, est mise en rapport avec l’ancien centre de l’œuvre qui était
à Jérusalem, où les apôtres se trouvaient encore. [8:17] Mais déjà le fait que
l’Esprit avait été accordé aux Samaritains, était un pas immense dans le
développement de l’Église. Les Samaritains étaient sans doute circoncis et
reconnaissaient la loi, quoique le temple eût perdu son importance dans une
certaine mesure [(Jean 4:20)]. Le corps des fidèles avait pris de la consistance
; et en tant que ceux-ci tenaient encore à Jérusalem, c’était un gain positif,
car en recevant l’Évangile, la Samarie entrait en relation avec son ancienne
rivale et se soumettait à elle : elle le faisait même autant que les apôtres se
trouvaient eux-mêmes en rapport avec elle. Les apôtres, dans ce temps de
persécution, n’allaient probablement pas au temple. Dieu leur a ouvert une large
porte au dehors, et ainsi les a abondamment dédommagés dans leur œuvre (car
l’énergie de l’Esprit était au milieu d’eux) du succès qu’avaient eu les chefs
d’Israël en arrêtant cette œuvre à Jérusalem [(8:1)].
L’Esprit agit librement
hors des apôtres et de Jérusalem, mais en maintenant l’unité
En somme, ce qui est présenté ici, c’est la libre énergie de l’Esprit s’exerçant
en d’autres que les apôtres, [8:1] et hors de Jérusalem qui avait rejeté de son
sein cette action et cette énergie ; on trouve en même temps ici le maintien des
rapports des nouveaux convertis avec les apôtres et Jérusalem par l’action
centrale de ceux-ci et l’autorité et la puissance dont ils étaient revêtus.
Ch. 8 v. 25 — Suite de
l’œuvre, une fois le lien assuré par les apôtres
[8:25] Ayant accompli leur œuvre et évangélisé eux-mêmes plusieurs bourgades des
Samaritains, Pierre et Jean, les deux apôtres qui ont été envoyés en Samarie
s’en retournent à Jérusalem (vers. 25) : l’œuvre continue au dehors et par
d’autres moyens.
Ch. 8 v. 26-40 —
Conversion d’un prosélyte étranger par Philippe
[8:27] Philippe qui nous présente le caractère de cette prompte obéissance en
simplicité de cœur, et qui ne questionne pas, [8:26] est appelé à quitter la
belle œuvre à laquelle toute son importance personnelle se serait rattachée,
s’il l’eût recherchée, et un lieu où le respect et l’affection l’entouraient. «
Lève-toi, et va vers le midi », lui dit l’ange du Seigneur, « sur le chemin qui
descend de Jérusalem à Gaza » (vers. 26). Or, ce lieu était un désert ; [8:27]
la prompte obéissance de Philippe ne pense pas à la différence qu’il y a entre
la Samarie et Gaza, mais à la volonté du Seigneur ; et il s’en va. [8:27]
L’Évangile s’étend maintenant aux prosélytes d’entre les Gentils et fait son
chemin jusqu’au fond de l’Abyssinie. {8:38] Le trésorier de la reine Candace est
admis parmi les disciples du Seigneur par le baptême qui scellait sa foi au
témoignage du prophète Ésaïe ; [8:39] et il s’en va se réjouissant en un salut
[8:27] que d’un pays lointain il était venu chercher avec peine à Jérusalem,
dans les devoirs et les cérémonies légales, mais avec la foi à la parole de
Dieu. Beau tableau de la grâce de l’Évangile ! [8:39] Cet homme porte avec lui
et chez lui ce que la grâce lui avait fourni dans le désert ; il emporte ce que
son pénible voyage à Jérusalem ne lui avait pas procuré. Les pauvres Juifs qui
avaient repoussé l’Évangile qui leur avait été présenté à Jérusalem, sont en
dehors de tout. [8:39] L’Esprit du Seigneur enlève Philippe [8:40] qui est
trouvé à Azot (versets 39, 40) ; car toute la puissance de Dieu est au service
du Fils de l’homme pour l’accomplissement du témoignage de Sa gloire. Philippe
évangélise les villes jusqu’à Césarée.
Une œuvre et un ouvrier d’un autre caractère commencent à se montrer maintenant sur la scène.
Chapitres 9 à 11:18
Ch. 9 v. 1-7 — Vision de Saul sur le chemin de Damas
Ch. 9 v. 1-2 — Acharnement de l’opposition des Juifs contre les fidèles
Nous avons vu l’opposition acharnée des chefs d’Israël contre le témoignage du
Saint Esprit, leur obstination à repousser la grâce patiente de Dieu. Israël
rejetait tout le travail du Dieu de grâce en sa faveur. [8:3] Saul se fait
l’apôtre de la haine des Juifs contre les disciples de Jésus, contre les
serviteurs de Dieu : [9:1-2] non content de les rechercher à Jérusalem, il
demande des lettres du souverain sacrificateur pour aller les arrêter dans les
villes étrangères. Lorsque Israël est en pleine opposition contre Dieu, Saul est
l’ardent missionnaire de sa méchanceté ; par ignorance, sans doute, mais
l’esclave volontaire de ses préjugés judaïques.
Ch. 9 v. 3-5 — Le
Seigneur glorieux arrête Saul dans son chemin de volonté propre
[9:3] Or, occupé ainsi à poursuivre les disciples du Seigneur, Saul approche de
Damas. Là, en pleine carrière d’une volonté non brisée, le Seigneur Jésus
l’arrête : une lumière venant du ciel brille autour de Saul, l’enveloppe de sa
gloire resplendissante. [9:4] Tombé par terre, il entend une voix qui lui dit :
« Saul, Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? » (vers. 4). La gloire qui l’avait
jeté à terre, accompagnée qu’elle était par cette voix, ne laissait aucune
incertitude dans l’esprit de Saul à l’égard de la source de la solennelle
communication qui lui était faite : [9:5] elle était revêtue pour lui de
l’autorité de Dieu. Sa volonté brisée, son orgueil terrassé, son esprit soumis,
il demande : « Qui es-tu Seigneur ? ». L’autorité de Celui qui parlait ne
pouvait être mise en question ; son cœur se soumet à cette autorité ; or le
personnage glorieux d’où elle émanait était Jésus. La carrière de la volonté
propre de Saul était terminée pour toujours. De plus, non seulement il faisait
la découverte que le Seigneur de gloire qui lui apparaissait était Jésus
lui-même, mais que ce Jésus reconnaissait les pauvres disciples que Saul voulait
mener prisonniers à Jérusalem, comme étant Lui-même : « Je suis Jésus que tu
persécutes ».
Ch. 8 v. 5 — Révélation
du Seigneur, et œuvre qui en résulte en Saul
Saul découvre que tout le système religieux juif est opposé au témoignage de
Dieu
Que de choses se révélaient dans ce peu de mots ! [9:5] Le Seigneur de gloire
déclare que c’est lui qui est le Jésus que Saul persécutait, et que ses
disciples étaient un avec lui. Les Juifs étaient en pleine guerre contre le
Seigneur lui-même : tout le système qu’ils soutenaient, toute la loi, toute leur
autorité officielle, toutes les ordonnances de Dieu, ne les avaient pas empêchés
d’être en guerre ouverte contre le Seigneur ; Saul lui-même, armé de leur
autorité, était occupé à détruire le nom et le peuple du Seigneur de dessus la
terre. Terrible découverte qui bouleversait l’âme de Saul de fond en comble,
révélation toute puissante dans ses effets, ne laissant pas un élément moral de
l’âme de cet homme énergique subsister devant sa force. Modifier ses vues
précédentes était inutile ; son zèle pour le judaïsme était du zèle contre le
Seigneur. Sa conscience n’avait fait qu’alimenter ce zèle. Les autorités
établies de Dieu, ces autorités que couvrait l’auréole des siècles et dont la
dignité était rehaussée par les malheurs d’Israël qui n’avait plus rien que sa
religion, ces autorités n’avaient fait que sanctionner et favoriser les efforts
de Saul contre le Seigneur. Ce Jésus qu’elles rejetaient était le Seigneur. Le
témoignage qu’elles cherchaient à supprimer était son témoignage. Quel
changement pour Saul ! Quelle nouvelle position aussi prenait l’œuvre elle-même
dans la pensée des apôtres restés à Jérusalem, quand tous étaient dispersés. Les
apôtres avaient sans doute été fidèles à Jésus, quelle que fût l’opposition des
chefs d’Israël, mais ils étaient, eux-mêmes, en rapport avec la nation.
Brisement complet de
l’homme en Saul, trouvé ennemi de Dieu
Mais, en Saul, l’œuvre est plus profonde encore. Il était égaré, sans doute,
mais sa conscience elle-même (car « il pensait qu’il fallait faire beaucoup
contre le nom de Jésus le Nazaréen » [(Act. 26:9)]) faisait de lui l’ennemi du
Seigneur. Une justice sans reproche selon la loi [(Phil. 3:6)] (d’après la
mesure de l’homme) le laissait plus qu’endurci, en opposition ouverte contre le
Seigneur. Ses supérieurs et les autorités de son ancienne religion, tout ce sur
quoi son âme se basait moralement et religieusement, tout cela était à jamais
mis en pièces dans son âme. L’homme tout entier était brisé devant Dieu. Rien ne
restait en lui, que la découverte de son inimitié contre Dieu et sa propre
volonté brisée — en lui qui, une heure auparavant, était l’homme religieux,
consciencieux, sans reproche ! Comparez (bien que la révélation de Christ l’ait
conduit ensuite beaucoup plus loin) des passages tels que Gal. 2:20 ; Phil. 3 ;
2 Cor. 1:9 ; 4:10 ; et une multitude d’autres.
Saul ne connaît Jésus
que comme glorieux au ciel
D’autres points importants sont mis en évidence ici. Saul n’avait pas connu
Jésus sur la terre : il n’avait pas, comme les douze, à rendre témoignage parce
qu’il avait connu le Seigneur depuis le commencement, en annonçant qu’il était
fait Seigneur et Christ [(Act. 2:36)]. Le Jésus qu’il connaît n’est pas un Jésus
qui monte dans le ciel où on ne le voit plus : le Seigneur lui apparaît pour la
première fois dans le ciel ; [9:5] et comme Seigneur de gloire, il lui déclare
qu’il est le Jésus qu’il persécutait. Un Seigneur glorieux est le seul que Paul
connaisse ; son Évangile, comme il s’exprime [(2 Tim. 2:8)], est l’Évangile de
la gloire ; s’il avait connu le Christ, selon la chair, il ne le connaît plus
ainsi [(2 Cor. 5:16)].
Révélation de l’union
des saints avec un Christ glorifié
Mais un autre principe important se trouve encore ici. Le Seigneur de gloire a
ses membres sur la terre ; il dit à Saul : « Je suis Jésus que tu persécutes »
(vers. 5). Les chrétiens faisaient partie de lui-même, ses pauvres disciples
étaient chair de sa chair, os de ses os ; il les considérait et les chérissait
comme sa propre chair. La gloire et l’unité des saints avec Jésus, leur chef
dans le ciel, telles sont les vérités qui se rattachent à la conversion de Saul,
à la révélation de Jésus à son âme, à la création de la foi dans cet ennemi
avoué du christianisme. Cette création s’est opérée aussi d’une manière qui
renversait le judaïsme de fond en comble et dans toute sa portée, pour l’âme de
Saul, pour cette âme de l’existence de laquelle le judaïsme faisait partie
intégrante, en caractérisant cette existence tout entière. Nous empruntons à un
récit subséquent de cette vision (26:17), un autre point remarquable par ses
rapports avec la carrière de Paul. Le Seigneur lui dit : « Te retirant du milieu
du peuple et des nations vers lesquelles moi je t’envoie ». La fin morale de
Saul le séparait de l’un et des autres ; des Juifs à coup sûr, mais elle ne
faisait pas non plus de lui un Gentil, car il était uni avec un Christ glorifié.
Il n’était ni Juif, ni Gentil, quant à sa position spirituelle. Toute sa vie,
tout son ministère découlaient de son association avec un Christ céleste et
glorifié.
Ch. 9 v. 8-31 —
Introduction de Saul dans l’Assemblée
Ch. 9 v. 8-19 — Jésus envoie son disciple Ananias pour s’occuper de Saul
Cependant Saul entre dans l’Assemblée par des moyens ordinaires — comme Jésus en
Israël — prenant sa place humblement là où la vérité de Dieu se trouvait établie
par sa puissance. [9:9] Aveugle pendant trois jours, et préoccupé,
naturellement, d’une découverte telle que celle qu’il venait de faire, Saul ne
mange, ni ne boit ; ensuite, outre le fait que sa cécité lui fournissait une
preuve continuelle et sans équivoque de la vérité de cet événement, [9:17] sa
foi a dû être confirmée par l’arrivée d’Ananias qui, sans être sorti de la
ville, peut lui déclarer de la part du Seigneur ce qui lui était arrivé ; [9:12]
circonstance d’autant plus frappante que Saul l’avait vu venir dans une vision
lui rendre la vue. [9:17] Ananias, en effet, vient [9:18] et lui fait recouvrer
la vue. Saul voit et il est baptisé (vers. 18) ; [9:19] il prend de la
nourriture, et il est fortifié. L’entretien de Jésus avec Ananias est
remarquable comme montrant avec quelle évidence le Seigneur se révélait dans ces
jours-là, et la sainte liberté et la confiance avec lesquelles le fidèle
disciple s’entretenait avec lui. [9:11] Le Seigneur lui parle comme un homme
avec son ami, lui donnant des détails de lieu et de circonstances ; [9:13-14]
Ananias raisonne avec le Seigneur ouvertement et en toute confiance au sujet de
Saul, [9:15] et Jésus lui répond, non pas avec une autorité sévère, quoique
Ananias eût à obéir, mais par des explications pleines de grâce, en faisant de
lui son confident et en lui déclarant que ce Saul était un vase d’élection, pour
porter son nom devant les nations, les rois, et les enfants d’Israël, [9:16] et
qu’il lui montrerait combien il aurait à souffrir pour son nom.
Ch. 9 v. 20 —
Témoignage de Saul à Jésus comme Fils de Dieu
[9:20] Saul ne tarde pas à confesser et à annoncer sa foi, et ce qu’il dit est
éminemment digne de remarque. Il prêche dans les synagogues que Jésus est le
fils de Dieu. C’est la première fois que Christ a été ainsi annoncé. Il avait
déjà été annoncé comme élevé à la droite de Dieu [(Act. 2:33)], Seigneur et
Christ [(Act. 2:36)] ; le Messie rejeté était exalté en haut. Mais ici la simple
doctrine quant à la gloire personnelle du Sauveur est présentée : Jésus était le
fils de Dieu !
Dernière place des
Juifs dans l’œuvre confiée à Saul
[9:15] Remarquez aussi ici que dans les paroles de Jésus à Ananias, les enfants
d’Israël viennent les derniers.
Ch. 9 v. 21-33 — Action
du Seigneur pour les siens, malgré l’adversité
[9:20] Saul ne commence pas encore son ministère public : [9:21] sa prédication
n’est pour ainsi dire que l’expression de sa fidélité personnelle, de son zèle,
de sa foi au milieu de ceux avec lesquels il était naturellement lié. [9:23]
L’opposition ne tarde pas à se manifester dans la nation qui ne voulait pas
avoir un Christ selon Dieu, [9:25] et les disciples descendent Saul le long du
mur dans un panier. [9:27] Par l’intervention de Barnabas, homme de bien et
plein du Saint Esprit et de foi [(Act. 11:24)], chez qui la grâce avait fait
valoir la vérité quant au nouveau disciple, le redoutable Saul [9:28] trouve sa
place parmi les frères à Jérusalem même (vers. 23-29)1. Merveilleux triomphe du
Seigneur ! Singulière position que celle de Saul dans cette ville, s’il n’eût
pas été absorbé par la pensée de Jésus lui-même. [9:29] À Jérusalem il raisonne
avec les Hellénistes ; il en était un lui-même ; les Hébreux ne sont pas sa
sphère naturelle ; ils veulent tuer le nouveau converti [9:30] qui est mené par
les disciples à Césarée, vers la mer, et envoyé, de là, à Tarse, sa ville
natale. Le triomphe de la grâce a, sous la main de Dieu, réduit l’Adversaire au
silence. [9:31] Les assemblées sont laissées en paix ; elles s’édifient,
marchant dans la crainte de Dieu et dans la consolation du Saint Esprit, les
deux grands éléments de la bénédiction, et elles augmentent en nombre. Les
persécutions accomplissent les intentions de Dieu : la paix qu’Il accorde donne
aux siens l’occasion de mûrir dans Sa connaissance et dans la grâce (vers. 31).
Nous apprenons à connaître les voies et le gouvernement de Dieu au milieu de
l’imperfection de l’homme.
1 Cela eut lieu plus tard, semble-t-il, mais est mentionné ici afin d’assigner à Saul, pour ainsi dire, sa place parmi les chrétiens.
Ch. 9 v. 32 à 11 v. 18
— Puissance de l’Esprit en Pierre et entrée des Gentils dans l’Assemblée
Suite de l’œuvre de Dieu par Pierre, notamment envers les Gentils
Continuation du travail apostolique de Pierre, et introduction des Gentils dans
l’Assemblée
[9:31] La paix étant établie par la bonté de Dieu — seule ressource de ceux qui
s’attendent vraiment à Lui, dans la soumission à sa volonté — [9:32] Pierre
parcourt tout le pays d’Israël. L’Esprit de Dieu nous raconte cette circonstance
ici, entre l’appel de Saul et son travail d’apôtre, pour nous faire voir, je
n’en doute pas, l’énergie apostolique en Pierre, subsistant lors même que
l’appel de Saul devait introduire de nouvelles lumières et une œuvre nouvelle
sous de très importants rapports. Le Saint Esprit met ainsi son sceau sur
l’œuvre qui s’était faite auparavant, comme étant son œuvre à lui, quelque
progrès que fît l’accomplissement de ses conseils. [10:44-45] Il montre, en même
temps, l’introduction des Gentils dans l’Assemblée, telle qu’elle avait été
fondée par la grâce au commencement, conservant ainsi l’unité, et mettant son
sceau sur une œuvre que la grâce céleste avait accomplie.
Préparation à la
révélation de la vérité de l’Église vue comme corps de Christ
L’Église existait. La doctrine de son unité comme corps de Christ en dehors du
monde, n’était pas encore mise en évidence. La réception de Corneille
n’annonçait pas cette unité, mais elle frayait le chemin à sa manifestation.
Continuation de l’œuvre
précédente, accordant aux Gentils les mêmes privilèges qu’aux Juifs
La puissance non diminuée de Pierre, son autorité apostolique au milieu des
fidèles, l’entrée de Corneille dans la maison spirituelle de Dieu en rapport
avec le ministère de cet apôtre, et cela après l’appel de Saul, qui ouvrait une
autre perspective, en un mot, l’ensemble des faits racontés ici confirme ce qui
avait été fait précédemment. L’œuvre déjà accomplie n’était nullement mise de
côté pour faire place à une autre. La vision de Pierre ne révèle cependant pas
l’Église comme corps de Christ, ni l’admission de Corneille non plus, je le
répète. [10:35] Ces deux faits montrent qu’en toute nation celui qui craint Dieu
lui est agréable ; c’est-à-dire, que la faveur de Dieu n’était pas limitée aux
seuls Juifs, et qu’il n’était pas nécessaire de devenir Juif pour participer au
salut en Christ. L’unité du corps, attaché à son Chef dans le ciel, ne
ressortait pas du fait de l’admission des Gentils pieux au nombre des sauvés ;
mais ce fait préparait le chemin pour la promulgation de cette vérité, puisque,
de fait, le Gentil, sans devenir Juif, était admis au milieu des héritiers du
royaume sur la terre. Le fait qui forme le fondement de l’existence de l’Église
sur la terre se réalisait individuellement, quoique la vérité même de l’unité du
corps ne fût pas enseignée. La repentance pour la vie éternelle était accordée
aux Gentils comme tels. [11:15] Le Saint Esprit, sceau de la bénédiction
chrétienne parmi les Juifs, fruit de la rédemption accomplie par Jésus, était
donné aux Gentils comme aux Juifs. Les fidèles de cette nation s’en étonnaient
peut-être, [11:17] mais il n’y avait pas lieu de résister à Dieu : [11:18] ils
pouvaient, par grâce, bénir Dieu du don accordé souverainement aux Gentils.
Acceptation des Gentils
par les Juifs, en soumission à Dieu
Depuis le chap. 9:32 au chap. 11:18, nous trouvons donc la puissance de l’Esprit
de Dieu avec Pierre au milieu d’Israël, et l’admission des Gentils dans
l’Assemblée terrestre, sans que ceux-ci devinssent Juifs ou se soumissent à
l’ancien ordre de choses qui s’en allait : [10:44] le sceau de l’Esprit est mis
sur eux, [11:2] et les chefs de l’assemblée qui était à Jérusalem et les plus
ardents des circoncis [11:18] acceptent le fait comme étant la volonté de Dieu,
et s’y soumettent en louant son nom malgré leurs préjugés. La porte est donc
ouverte aux Gentils, c’était un pas immense. La doctrine précieuse de l’Église
restait encore à mettre en évidence.
L’appel des Gentils
Progrès dans le développement de l’œuvre de Dieu
Pierre avait annoncé l’appel des Gentils dans son premier discours [(2:39)] ;
mais réaliser cet appel et en formuler les conditions en rapport avec ce qui
existait historiquement, c’est ce qui exigeait l’intervention, l’autorité et la
révélation de Dieu. Le progrès qui s’est fait dans le développement de la vérité
par la patiente grâce de Dieu est évident ; car, certes, ce n’est pas la sagesse
de l’homme qui a été la source de ce développement. Toute juive au commencement,
l’œuvre qui s’est faite à Jérusalem était accompagnée de la déclaration faite au
peuple juif que, s’il se repentait, Jésus reviendrait [(3:19-20)]. Ce témoignage
de grâce est rejeté et les prémices de l’Église, dans la personne de l’un de
ceux qui le portait, entrent dans le ciel [(7:59-60)]. L’Esprit, dans sa liberté
souveraine, agit en Samarie et parmi les prosélytes [(chap. 8)]. L’Assemblée
étant dispersée par la persécution [(8:1)], Saul est appelé par la révélation
d’un Christ glorieux, et par un témoignage de la propre bouche de Jésus,
témoignage qui implique l’union des saints sur la terre avec lui, leur Chef,
dans le ciel, comme un seul corps [(9:5)]. Ensuite un Gentil pieux et déjà
converti par la grâce [(10:2)], mais encore Gentil, reçoit la foi en Christ et
l’Esprit [(10:44)] ; en sorte que l’apôtre et les disciples les plus attachés au
judaïsme, le reconnaissent comme désigné par le témoignage de Dieu lui-même, par
la descente du Saint Esprit sur lui comme sceau de sa foi : Pierre reçoit le
nouveau disciple par le baptême [(10:47-48)], les autres, en acceptant l’acte de
Pierre [(11:18)].
Salut de Dieu pour
celui qui a la vie par Lui
Remarquons ici que le salut n’est pas seulement le fait d’être vivifié et d’être
pieux, mais la délivrance complète, que Dieu, pour nous présenter en justice
devant sa face, accorde à celui qui a déjà la vie par l’opération divine. [10:2]
Corneille était pieux et conséquent dans sa piété, [10:43] mais il entend parler
d’une œuvre accomplie en sa faveur, par laquelle il peut être, et comme nous le
savons, était sauvé. [10:44] Enfin, le sceau de l’Esprit placé sur la foi en
Jésus1, [10:45] voilà le témoignage sur lequel on reconnaît ceux que Dieu
accepte ; c’est-à-dire, en voilà la pleine évidence pour l’homme.
1 Si nous examinons soigneusement les affirmations et les faits de l’Écriture, nous trouverons, je n’en doute pas, quant au détail, que ce qui est scellé, c’est la foi dans l’œuvre de Jésus pour la rémission des péchés.
Chapitre 11:19-30
Ch. 11 v. 19-24 — Œuvre parmi les Gentils grecs à Antioche
Le verset 19 du chap. 11 commence l’historique du nouvel ordre de choses par
lequel le ministère de Paul se distingue. [11:19] D’entre ceux qui avaient été
dispersés à l’occasion de la mort d’Étienne, des hommes sont allés même jusqu’à
Antioche, prêchant le Seigneur Jésus, [11:20] des hommes qui, étant de Chypre et
de Cyrène, étaient plus habitués que les Juifs de Judée à des rapports avec les
Grecs. Ils s’adressent donc, dans cette ancienne capitale des Séleucides, à des
Grecs : [11:21] beaucoup d’entre ceux-ci reçoivent leur parole et se
convertissent au Seigneur. [11:22] L’Assemblée à Jérusalem, déjà préparée par la
conversion de Corneille, par laquelle Dieu lui avait enseigné l’admission des
Gentils parmi les chrétiens, accepte aussi le fait de l’admission de ces Grecs
d’Antioche, et elle y envoie Barnabas qui était de Chypre [(4:36)], [11:24]
homme de bien et plein du Saint Esprit. [11:23] Le cœur de Barnabas est plein de
joie en voyant l’œuvre de la grâce de Dieu dans cette ville ; [11:24] aussi un
grand nombre de personnes est ajouté au Seigneur (vers. 24).
Ch. 11 v. 25-29 — Tout
est encore lié à Jérusalem comme centre
Tout se lie encore à l’œuvre à Jérusalem, quoique s’étendant maintenant aux
Gentils. [11:25] Ne suffisant plus à l’œuvre, à ce qu’il paraît, et quoi qu’il
en soit, conduit de Dieu, Barnabas va chercher Saul à Tarse, où celui-ci s’était
rendu parce qu’on avait cherché à le tuer à Jérusalem (chap. 9:29) : [11:26] et
ces deux hommes se réunissent avec l’Assemblée d’Antioche et enseignent une
grande foule. Tout se passe encore en liaison avec Jérusalem, je le répète : —
[11:27] des prophètes [11:28] qui annoncent une famine [11:27] descendent de
cette ville à Antioche ; [11:29] les rapports du troupeau d’Antioche avec
Jérusalem comme centre, se montrent et se resserrent par l’envoi de secours à
cette métropole religieuse du Judaïsme, ainsi que du Christianisme, envisagé
comme ayant son commencement dans le Résidu d’Israël qui croyait en Jésus comme
le Christ.
Ch. 11 v. 30 — Secours
envoyé à Jérusalem par Antioche
[11:30] Barnabas et Saul eux-mêmes sont chargés des secours que les chrétiens
d’Antioche envoient à leurs frères nécessiteux et ils montent à Jérusalem pour
accomplir ce service. Cette circonstance nous ramène à Jérusalem, où l’Esprit a
encore quelque côté nouveau des voies de Dieu à nous montrer.
Chapitre 12
Formation des assemblées locales, quoique liées à Jérusalem
[12:3] Hérode, pour plaire aux Juifs, [12:1] se met à persécuter l’Assemblée
dans Jérusalem. On peut remarquer ici que la réunion des chrétiens qui s’était
formée à Antioche, est aussi appelée « Assemblée » (Église) [(11:26)], ce qui
n’a encore eu lieu nulle part ailleurs. Jusque-là tous les croyants étaient
censés faire partie intégrante de l’œuvre dont Jérusalem était le centre1, comme
les Juifs où qu’ils fussent, étaient en relation avec ce même centre de leur
système religieux. Tout Juif, quelque nombreuse que fût l’assemblée de la
synagogue qu’il fréquentait ou quelque grande que fût l’influence du Rabbin,
était comme tel ressortissant de Jérusalem. [11:26] Barnabas et Paul
s’assemblent avec l’assemblée ou église, à Antioche ; — une assemblée locale,
qui, tout en étant liée à Jérusalem, avait la conscience de son existence
distincte, s’est formée, et des assemblées qui ne dépendent d’aucune métropole
commencent à s’établir.
1 La leçon probable qui met assemblée au lieu d’assemblées, au chapitre 9:31, ne modifie pas la pensée générale qu’une assemblée locale, distincte de Jérusalem et composée primitivement de Gentils, était maintenant formée.
Ch. 12 v. 1-17 —
Délivrance de Pierre de l’ennemi, en réponse aux prières
[12:1] Pour en revenir à Jérusalem, Hérode, roi impie, et figure sous certains
rapports du Roi-adversaire qui doit s’élever à la fin, se met à persécuter le
Résidu fidèle à Jérusalem. Ce ne sont pas seulement les Juifs qui persécutent ce
Résidu ; [12:3] le roi que, comme Juifs, ils détestaient, se lie à eux par sa
haine pour le témoignage céleste et cherche à les gagner par ce moyen. [12:2] Il
fait mourir Jacques par l’épée [12:4] et continue en faisant prendre aussi
Pierre pour le mettre en prison. Mais Dieu garde son serviteur ; [12:5] et, en
réponse aux prières des saints, [12:7-10] il le délivre par son ange ; il permet
au monde de tuer quelques-uns de ceux-ci, heureux témoins de leur position
céleste en Jésus, et il en préserve d’autres pour continuer le témoignage sur la
terre, malgré tout le pouvoir en apparence irrésistible de l’Ennemi, pouvoir que
le Seigneur déjoue par la manifestation de la puissance qui lui appartient à Lui
et à Lui seul, et dont il use comme il veut et quand il veut. [12:12] Les
pauvres saints, tout en priant instamment (ils avaient des réunions de prières
en ces jours-là), [12:15-16] ont de la peine à croire que Dieu les a réellement
exaucés quand Pierre arrive à la porte (vers. 12-16). Les désirs sont souvent
présentés à Dieu sincèrement ; mais la foi ne sait guère compter sur lui.
Ch. 12 v. 18-25 — Dieu
gouverne tout, et intervient pour les siens
[12:19] Hérode confondu par la puissance de Celui auquel il résistait, sévit
contre les instruments de sa haine, et s’en va à Césarée, au siège Gentil de sa
puissance. [12:21] Là, tandis qu’il déploie sa gloire, [12:22] et reçoit
l’hommage adulateur du peuple, comme s’il était un dieu, [12:23] Dieu lui-même
le frappe, et montre qu’Il est le gouverneur de ce monde, quelque grand que soit
l’orgueil de l’homme. [12:24] Or la parole de Dieu croissait et se multipliait
par sa grâce, [12:25] et Barnabas et Saul ayant accompli leur ministère, s’en
retournent à Antioche, prenant avec eux Jean, surnommé Marc.
Chapitre 13
Ch. 13 v. 1-3 — Commencement de l’œuvre nouvelle de Paul
Différence d’avec l’envoi des apôtres : envoi par le Saint Esprit, depuis une
assemblée des Gentils
Nous arrivons maintenant au commencement de l’histoire directe d’une œuvre,
nouvelle sous des rapports importants, de l’œuvre qui se rattache à la mission
de Paul et qui a son point de départ dans l’intervention immédiate du Saint
Esprit. Maintenant, ce n’est plus Christ sur la terre envoyant par son autorité
personnelle les douze, doués plus tard de la puissance du Saint Esprit, venu
d’en haut, pour annoncer l’élévation du Sauveur au ciel et son retour, et pour
rassembler sous le drapeau de la foi ceux qui croiraient en lui [(Matt.
28:18-20)]. Paul a vu Christ en gloire, et il s’est joint, par conséquent, à
l’Église déjà rassemblée ; mais ici nous ne trouvons pas un Christ
personnellement présent pour envoyer celui qu’il a appelé, comme témoin de la
présence du Messie sur la terre, ou du rejet de Celui que ce témoin aurait connu
ainsi. [13:2] Le Saint Esprit lui-même envoie Paul ; [13:1] il l’envoie non de
Jérusalem, mais d’une ville grecque, où Il avait par sa libre et souveraine
puissance, converti et rassemblé des Gentils. Des Juifs aussi, sans doute, se
trouvaient au milieu d’eux, mais les croyants juifs et gentils formaient une
Assemblée dont l’existence a été signalée premièrement par le fait que
l’Évangile avait été annoncé aux Grecs [(11:20-21)].
Action indépendante de
l’Esprit pour envoyer en mission, hors du judaïsme
[13:1] Dans le chapitre qui nous occupe, on se retrouve dans l’Assemblée
d’Antioche, [13:2] et au milieu de l’action indépendante de l’Esprit de Dieu1.
[13:1] Certains prophètes se trouvaient là, entre autres Saul ; [13:2] ils
jeûnaient et vaquaient au service du Seigneur. L’Esprit Saint leur dit de mettre
à part pour Lui Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle Il les avait appelés.
Voilà la source du ministère de ces deux apôtres : assurément ce ministère
rendait témoignage à Celui en qui ils avaient cru et que Saul au moins avait vu
; et ainsi désignés, ils agissent sous l’autorité du Seigneur Jésus ; mais la
source positive de leur mission, apparente à tous, est le Saint Esprit. C’est le
Saint Esprit qui les a appelés à l’œuvre ; ils sont envoyés par le Saint Esprit
(vers. 4), principe de toute importance quant aux voies du Seigneur sur la
terre. Nous sortons de Jérusalem, du Judaïsme, de ce qui était du ressort des
apôtres nommés par le Seigneur pendant son séjour ici-bas. Christ, ainsi que
l’exprime Saul, devenu Paul, n’est plus connu selon la chair [(2 Cor. 5:16)].
Ils ont à lutter contre l’esprit judaïque, et à ménager cet esprit, en tant
qu’il est sincère ; mais les sources de leur œuvre ne sont plus en rapport avec
le système que cette œuvre ne connaît plus comme point de départ. Un Christ
glorieux dans le ciel, qui reconnaît les disciples comme membres de son propre
corps, comme faisant partie de Lui-même en haut — une mission de la part de
l’Esprit sur la terre, mission qui ne connaît que l’énergie de l’Esprit (rendant
témoignage, bien entendu, à Christ) comme source d’action et d’autorité — telle
est l’œuvre qui commence maintenant et qui est confiée à Barnabas et à Saul.
Barnabas, il est vrai, sert de liaison entre les deux systèmes : il avait fait
partie de l’ancien ordre de choses établi à Jérusalem, mais il était lui-même un
Helléniste de Chypre [(4:36-37)] ; c’était lui qui avait présenté Saul aux
apôtres après la conversion de celui-ci sur le chemin de Damas [(9:27)]. Il
avait le cœur plus large, plus accessible aux témoignages divins de la grâce,
que les apôtres mêmes, et que les autres Juifs nourris dans un étroit Judaïsme,
car Dieu pourvoit à tout dans sa grâce. Il y a toujours des Barnabas, comme des
Nicodème et des Joseph et même des Gamaliel, quand il en faut. L’action de Dieu,
sous ce rapport, est remarquable dans toute l’histoire qui nous occupe. Si
seulement, en faisant sa volonté par l’Esprit, nous savions nous confier plus
entièrement à celui qui dispose de tout !
1 L’action de l’Esprit est toujours indépendante ; mais je veux parler ici de son action en dehors de l’autorité des Apôtres. Cette autorité n’est pas la source de ce qui se fait, et ce qui se fait ne s’y rapporte pas.
Détachement de tout
lien avec l’ancien système, en Barnabas
Cependant le lien formé entre l’ancienne œuvre et la nouvelle, par la
participation de Barnabas à cette dernière, se rompt bientôt. Barnabas tenait un
peu au vieux drap, aux vieilles outres [(Matt. 9:16-17)], quelque béni qu’il fût
lui-même, lui qui est personnellement l’objet d’un si beau témoignage de la part
du Saint Esprit [(11:24)], et chez qui l’on voit en effet un caractère
délicieux. Plus tard il a voulu reprendre avec lui son parent Marc (Col. 4:10),
qui s’en était retourné à Jérusalem presque dès le commencement de
l’évangélisation qui s’accomplissait au milieu des pays gentils par le moyen de
Saul et Barnabas [(13:13)], et Saul continue son œuvre avec des instruments que
Dieu a formés sous la main de l’apôtre [(15:37-40)], avec un Silas qui avait
voulu rester à Antioche (le service particulier qu’on lui avait confié à
Jérusalem étant achevé [(15:27)]), quand il aurait pu naturellement retourner
dans cette ville avec Judas [(15:32-33)].
Ch. 13 v. 4-52 — Début
de l’œuvre de Paul, envers les Juifs et les Gentils
Ch. 13 v. 4-12 — Relations de l’apôtre avec les Juifs dans son service, vues à
Chypre
Ch. 13 v. 4-5 — Évangile prêché selon les conseils de Dieu, d’abord aux Juifs
Ainsi donc, pour en revenir au point du récit auquel nous étions parvenus,
[13:4] Barnabas et Saul, envoyés par l’Esprit, [13:5] ayant Jean (Marc) pour
leur être en aide par ses services, [13:4] se rendent à Séleucie, puis en Chypre
; [13:5] et étant à Salamine, ville de Chypre, ils prêchent la parole de Dieu
dans les synagogues des Juifs. Quelle que fût donc l’énergie de l’Esprit, il
agit en rapport avec les conseils et les promesses de Dieu et cela avec une
patience parfaite. Jusqu’à la fin de sa vie, quelle qu’ait été l’opposition des
Juifs et toute hargneuse et acharnée qu’elle ait pu être, l’apôtre a continué de
suivre la marche que les voies et les conseils de Dieu en Jésus avaient ordonnée
: il s’adresse aux Juifs premièrement, puis aux Gentils. Lorsque par la foi on
se trouvait « au dedans » dans l’Assemblée de Dieu où la vérité et la grâce
étaient pleinement révélées, il n’y avait aucune différence entre Juif et
Gentil. Dieu est un dans son caractère ; Il est pleinement révélé et le voile
est déchiré ; le péché est un dans son caractère, et il est opposé à Dieu. Le
fond de la vérité ne change pas, et l’unité de l’Église se lie à la hauteur de
la grâce en Dieu lui-même, et descend jusqu’à l’ensemble profond du péché, au
sujet duquel cette grâce s’est manifestée. Mais quant aux voies de Dieu sur la
terre, les Juifs avaient la première place, et l’Esprit qui est au-dessus de
tout, peut se prêter en pleine liberté à toutes les voies souveraines de Dieu,
comme Christ qui s’est fait serviteur en grâce, s’est soumis à toutes, et
maintenant, haut élevé, les réunit toutes en lui-même comme chef et centre.
C’est à cette gloire que le Saint Esprit rend témoignage pour l’accomplir
ici-bas en tant que cet accomplissement se fait par la grâce ; et qu’il s’adapte
ainsi en grâce aux Juifs : cela ne l’empêche pas de porter un jugement clair et
positif sur l’état de ce peuple quand l’occasion le rend nécessaire.
Ch. 13 v. 6-12 —
Opposition et jugement du prophète juif qui s’oppose à l’évangile
Déjà ici, au commencement du ministère de Paul, ces deux choses se présentent
ensemble, savoir, la considération de l’apôtre pour les Juifs selon les voies de
Dieu, et le jugement que l’apôtre prononce sur eux quand ils s’opposent au
témoignage qu’il adresse aux gentils. [13:5] Nous avons déjà fait remarquer que
Saul commence par les Juifs ; [13:6] ayant traversé Chypre, il arrive à Paphos,
le siège du gouvernement ; [13:7] et ici le proconsul, homme prudent et
réfléchi, demande à entendre l’Évangile. [13:6] Obsédé déjà par un faux
prophète, qui exploitait les besoins de son âme ignorante, [13:7] mais avide en
même temps de quelque chose qui pût combler le vide moral qu’il éprouvait dans
le néant des cérémonies païennes et dans la dégoûtante immoralité de la plupart
d’entre elles, Serge Paul fait venir Barnabas et Saul. [13:8] Élymas s’oppose à
leur témoignage : c’était naturel, car l’enchanteur devait perdre son influence
sur le gouverneur, si celui-ci recevait la vérité que prêchait Saul. [13:6] Or
Élymas était Juif. [13:9] Saul, qui est dorénavant appelé Paul1, rempli de
l’Esprit, prononce de la part de Dieu, sur Élymas, [13:11] une sentence qui le
prive de la vue pour un temps, sentence exécutée à l’instant même par la
puissante main de Dieu. [13:12] Le proconsul, frappé de la puissance qui
accompagnait la parole de Paul, se soumet à l’Évangile de Dieu.
1 Je ne sais si le changement de nom qui est signalé à cette occasion, et dont la portée a excité la curiosité des étymologistes, n’est pas réellement une altération par laquelle la forme juive du nom de l’apôtre était perdue, pour revêtir une apparence romaine ou Gentile.
Élymas, image des Juifs
du temps de Paul
Je ne doute pas que dans ce misérable Bar-Jésus, nous ne trouvions le tableau
des Juifs de ce moment-là, frappés de cécité pour un temps [(13:11)], parce que,
jaloux de l’influence de l’Évangile et pour mettre le comble à leurs péchés, ils
s’opposaient à ce que cet Évangile fût prêché aux Gentils. Leur état est jugé,
leur vraie histoire racontée dans la mission de Paul. [13:8] Opposés à la grâce
et cherchant à détruire son effet sur les Gentils, [13:11] ils ont été frappés
d’aveuglement, mais d’un aveuglement qui ne doit être que temporaire.
Ch. 13 v. 13-52 —
Action de Paul en Asie, allant vers les Gentils
Ch. 13 v. 13-46 — Témoignage de Paul aux Juifs d’Asie, mais s’adressant à tous
[13:13] Étant partis de là, Paul et ceux qui étaient avec lui se rendent dans
l’Asie mineure (vers. 13 et suivants) ; et maintenant Paul prend définitivement
sa place aux yeux de l’historien de l’Esprit. Tous ceux qui l’accompagnent ne
sont que « ceux qui étaient avec Paul ». Quand ils sont arrivés à Perge, Jean
(Marc), les quitte pour s’en retourner à Jérusalem. Son départ était une
manifestation, sous une forme bien plus douce et plus modérée que d’autres, de
l’influence judaïque, mais un fait qui montrait que là où cette influence
s’exerçait, si elle ne produisait pas l’opposition, au moins elle ôtait la
vigueur nécessaire pour l’œuvre de Dieu telle qu’elle se déployait maintenant au
milieu des Gentils. Barnabas cependant poursuit sa route et continue encore de
travailler à l’œuvre avec Paul. [13:14] Celui-ci arrivé à Antioche en Pisidie,
s’adresse de nouveau, premièrement aux Juifs (vers. 14). Il se rend le jour du
sabbat dans la synagogue, [13:15] et sur l’invitation des chefs, [13:23] annonce
Jésus [13:27] rejeté des Juifs à Jérusalem [13:28] et crucifié, [13:30] mais
ressuscité par la puissance de Dieu, [13:39] par lequel ils pouvaient être
justifiés de tout ce dont la loi de Moïse ne pouvait les justifier. Ici le
discours de Paul se rapproche beaucoup du témoignage de Pierre et très
particulièrement du commencement de l’épître aux Hébreux, quant au caractère du
témoignage. Ainsi le verset 33 est pareil au témoignage de Pierre que nous
trouvons au chap. 3 des Actes. Paul place au verset 31 les douze distinctement
dans la position de témoins auprès d’Israël, comme étant ceux qui avaient
personnellement accompagné le Seigneur, et qui l’avaient vu après sa
résurrection : « ils sont », dit-il, « ses témoins auprès du peuple ». Mais le
témoignage de l’apôtre (qui rentre dans l’ordre de la prédication de Pierre
quant à l’accomplissement des promesses par la venue de Jésus, et quant à la
déclaration que les grâces assurées de David se trouvent établies dans sa
résurrection), s’en éloigne, toutefois, en un point important. Paul ne touche
pas le sujet que Dieu a fait Jésus Seigneur et Christ [(Act. 2:36)] : [13:38] il
annonce que la rémission des péchés est proclamée au nom de Jésus, [13:40] en
engageant ses auditeurs à ne pas négliger ce grand salut. [13:43] Plusieurs
s’attachent à Paul1 et à Barnabas, à la suite de cette prédication ; et ceux-ci
les exhortent à demeurer dans la grâce qui leur a été annoncée (vers. 42, 43).
[13:44] La masse de la population afflue à la prédication, le sabbat suivant,
[13:42] les Gentils ayant demandé que cet Évangile de grâce leur fût annoncé de
nouveau. Leurs âmes avaient trouvé plus de vérité dans la doctrine du seul vrai
Dieu reconnu des Juifs, que dans le culte insensé des païens : celui-ci
n’offrait plus à l’intelligence réveillée, mais non satisfaite, un aliment qui
la contentât. L’intelligence morale, ainsi réveillée, disait trop pour laisser
l’imagination s’amuser à des cérémonies n’ayant de charme que pour l’ignorance
qui se laissait séduire par le faste des fêtes auxquelles elle s’était habituée
et par lesquelles l’élément religieux de la chair était flatté. Cependant
quoique la vérité froidement reconnue d’un seul vrai Dieu, débarrassât l’esprit
de ce qui le choquait dans la mythologie insensée et immorale du paganisme,
cette vérité ne nourrissait nullement l’âme, comme le faisait le témoignage
puissant d’un Dieu actif en grâce. Or, tel était le témoignage rendu maintenant
par le Saint Esprit par la bouche des messagers qu’il avait envoyés, témoignage
qui, tout en étant fidèle aux promesses faites aux Juifs, s’adressait cependant
comme « une parole de salut » à tous ceux qui craignaient Dieu (vers. 26).
[13:45] Mais les Juifs, jaloux de l’effet de l’Évangile qui répondait ainsi aux
besoins des cœurs, ce que leur système ne faisait pas, s’opposent à Paul et
blasphèment contre la doctrine de Christ (vers. 45). [13:46] Paul donc et
Barnabas se tournent avec hardiesse vers les Gentils.
1 Ici Paul a la première place ; dans le chapitre précédent [(chap. 11)] c’était Barnabas.
Ch. 13 v. 46-47 —
Christ annoncé aux nations, selon le conseil de Dieu
C’était un moment décisif et important. [13:47] Ces deux messagers de l’Esprit
citent un témoignage prophétique de l’Ancien Testament au sujet des desseins de
Dieu en grâce envers les Gentils, portant que Christ devait être la lumière des
Gentils — desseins qu’eux-mêmes accomplissaient par la puissance de l’Esprit et
selon l’intelligence qu’il leur en donnait. Le passage auquel Paul et Barnabas
font allusion se trouve en Ésaïe 49 [(v. 6)], où l’opposition d’Israël, qui
rendait le témoignage de Christ inutile à leur égard, donne occasion à Dieu
d’annoncer que l’œuvre du rassemblement du Résidu d’Israël n’était que peu de
chose, et que Christ serait donné pour lumière aux nations et pour être le salut
de Dieu jusqu’au bout de la terre.
Ch. 13 v. 47 — Lumière
de la parole prophétique, par l’Esprit
Il est utile de noter cette dernière circonstance : l’énergie pour agir,
communiquée par l’intelligence spirituelle, et la manière dont les déclarations
prophétiques deviennent lumière et autorité pour cette action, quand l’Esprit de
Dieu en donne le vrai sens pratique, c’est-à-dire l’application. Peut-être que
d’autres n’en comprendront pas le sens, mais l’homme spirituel a, dans la Parole
qu’il a comprise, une pleine garantie pour sa conscience. Il laisse à Dieu le
reste.
Ch. 13 v. 48-52 —
Opposition des Juifs, mais action de Dieu pour sauver
[13:48] Les Gentils se réjouissent du témoignage, et l’élection croit (vers.
48). [13:49] La Parole se propage dans tout le pays. [13:50] Les Juifs se
montrent maintenant dans leur vrai caractère d’ennemis du Seigneur et de la
vérité, [13:51] et Paul et Barnabas secouent la poussière de leurs pieds contre
eux. [13:52] Les disciples, quelles que fussent les difficultés au milieu
desquelles ils se trouvaient placés, étaient remplis de foi et du Saint Esprit :
c’est ce que les difficultés n’empêchent pas. [13:50] La position prise ici par
les Juifs, et dans laquelle on les retrouve partout, fait comprendre quelle
source d’affliction et de peine ils ont dû être pour l’apôtre.
Chapitre 14
Suite de la mission de Paul en Asie
Ch. 14 v. 1-20 — Suite du service d’évangélisation de Paul, malgré l’opposition
[14:1] Les travaux missionnaires de Paul et de Barnabas continuent à Iconium
[14:2] avec la même opposition des Juifs, qui, incapables eux-mêmes de faire
l’œuvre, excitent les Gentils contre ceux qui la font. [14:3] Mais l’opposition
n’est qu’une raison pour les ouvriers de persévérer, aussi longtemps qu’il ne
s’agit que d’opposition ; [14:6] toutefois avertis à temps qu’une attaque était
méditée contre eux, ils s’en vont à Derbe et à Lystre (vers. 6, 7). [14:10] Là,
ayant guéri un homme estropié, [14:11-12] ils attirent le respect idolâtre de
ces pauvres païens [14:13] qui veulent leur offrir des sacrifices. [14:14] Les
apôtres ayant appris cela, remplis d’horreur et fidèles au témoignage de leur
Dieu, [14:18] détournent la foule de son erreur avec cette énergie que donne la
puissance du Saint Esprit. [14:19] Les Juifs poursuivent les apôtres à Lystre.
Remarquez ici que si l’on ne veut pas s’allier à l’idolâtrie du cœur et accepter
d’être exalté par les hommes, la puissance du témoignage que ceux-ci ont admiré
au commencement (aussi longtemps qu’ils pensaient pouvoir élever l’homme et lui
donner de l’importance s’il acceptait leurs flatteries) devient une source de
haine pour le cœur. Les Juifs mettent cette haine en mouvement et excitent le
peuple ; de sorte qu’ayant lapidé Paul, ils le laissent pour mort. [14:20] Mais
Paul se lève, rentre dans la ville, y reste tranquillement encore un jour, et
s’en va le lendemain avec Barnabas à Derbe.
Ch. 14 v. 21-28 —
Service pour fortifier les fidèles, et fin de cette première mission
[14:21] Ensuite les deux apôtres revisitent ensemble les villes par lesquelles
ils avaient passé ; à Lystre, à Iconium, à Antioche, [14:22] ils confirment les
disciples dans la foi, en leur montrant qu’ils devaient passer par la
tribulation pour hériter du royaume. [14:23] Ils établissent pour eux des
anciens, [14:24-25] et traversant quelques autres villes, arrivent à l’endroit
où ils avaient débarqué ; [14:26] enfin ils retournent à Antioche d’où ils
avaient été recommandés à Dieu pour l’œuvre, [14:27] causant une grande joie aux
disciples en leur annonçant que la porte de la foi était ouverte aux Gentils.
Établissement des
assemblées chez les Gentils
Œuvre dirigée par l’Esprit parmi les Gentils, sans lien direct avec Jérusalem
Le récit que nous venons d’examiner, nous présente la première mission formelle
au milieu des Gentils, par laquelle les assemblées sont formées, des anciens
établis par les apôtres [(14:23)], et l’hostilité des Juifs contre la grâce de
Dieu en dehors de leur nation et indépendamment de leur loi, nettement dessinée.
Par cette mission, l’œuvre a pris un caractère positif au milieu des Gentils, et
l’énergie du Saint Esprit se déploie dans ce but, les constituant et les formant
en assemblées, y établissant des chefs locaux, en dehors et indépendamment de
l’assemblée qui s’était formée à Jérusalem.
Assemblées des Gentils
établies indépendamment du judaïsme et de la loi
La question de savoir si l’établissement des assemblées parmi les Gentils,
entièrement indépendantes du judaïsme et de l’autorité de la loi de Moïse,
pouvait être permis, se pose bientôt à Antioche. Il ne s’agit plus de
l’opposition des Juifs hostiles à l’Évangile, mais de la bigoterie de ceux qui,
ayant embrassé cet Évangile, voulaient imposer la loi aux Gentils convertis.
Mais la grâce de Dieu pourvoit encore à cette difficulté, comme nous allons le
voir dans le chapitre suivant.
Chapitre 15
Ch. 15 v. 1-21 — Traitement de la question du respect de la loi
Ch. 15 v. 1-2 — Règlement de la question de la loi à Jérusalem, non par
l’autorité de Paul
[15:1] Des personnes animées d’un esprit d’étroitesse judaïque viennent de
Jérusalem où tout marchait encore en rapport avec les exigences de la loi, et
elles cherchent à imposer ces exigences aux Gentils dans le nouveau centre de
l’œuvre, à Antioche qui servait de point de départ à l’évangélisation des
Gentils. [15:2] Dieu a voulu que cette question se réglât, non pas par
l’autorité apostolique de Paul ou l’action indépendante de l’Esprit divin à
Antioche seulement, ce qui aurait pu diviser l’Église, mais par une conférence à
Jérusalem, de manière à conserver l’union, quels que fussent les préjugés des
Juifs. Les voies de Dieu, à cet égard, sont remarquables, montrant comment Dieu
a tenu la haute main, en grâce, sur l’Église. En lisant l’épître aux Galates, on
voit qu’au fond il s’agit de choses qui touchent au vif du christianisme, à ses
fondements, aux principes profonds de la grâce, des droits de Dieu, de l’état de
péché de l’homme — principes sur lesquels est fondé tout l’édifice des rapports
éternels de l’homme avec Dieu. Si quelqu’un se faisait circoncire, il était sous
la loi ; il avait abandonné la grâce ; il était déchu de Christ [(Gal. 5:2-4)].
Cependant Paul apôtre, Paul plein de foi, d’énergie et d’une ardeur brûlante,
doit se rendre à Jérusalem où il n’avait pas désiré aller, pour y arranger cette
affaire. Paul avait travaillé à Antioche, mais l’œuvre de cette ville n’était
pas son œuvre. Il n’était pas l’apôtre d’Antioche comme il l’était d’Iconium, de
Lystre, et ensuite de la Macédoine et de la Grèce. Il était parti d’Antioche et
du sein de l’Église déjà formée là, pour sa mission au milieu des Gentils. La
question de l’assujettissement des Gentils à la loi de Moïse devait se régler
pour l’Église, mais non pas en rapport avec l’autorité apostolique de Paul :
l’apôtre doit fléchir devant Dieu et ses voies : il dispute avec les hommes
venus de Judée, mais le résultat n’est pas obtenu. L’assemblée d’Antioche se
décide à envoyer à Jérusalem une députation de quelques frères de l’assemblée,
que Paul et Barnabas, si profondément intéressés dans cette question, devaient
accompagner (Gal. 2:2). Au reste, Paul a eu une révélation qui l’a fait monter à
Jérusalem : Dieu dirigeait sa marche. Il est bon, toutefois, pour le fidèle,
quelles que soient sa droiture et son énergie spirituelle, d’être obligé de se
soumettre quelquefois.
Importance de traiter
la question à Jérusalem, pour l’unité de l’Église
La question donc se traite à Jérusalem. C’était déjà beaucoup qu’à Jérusalem on
s’opposât à l’assujettissement des Gentils à la loi, et davantage encore que
dans ce centre du judaïsme, on décidât de ne pas les y assujettir. On voit ici
la sagesse de Dieu, qui a voulu qu’une telle résolution eût son origine à
Jérusalem. S’il n’y avait pas eu là de la bigoterie, la question n’aurait pas
été nécessaire. Mais, hélas ! le bien ne se fait qu’à travers toute la faiblesse
et toutes les traditions des hommes. Une résolution prise à Antioche aurait eu
un tout autre caractère qu’une résolution prise à Jérusalem. L’Église juive
n’aurait pas reconnu la vérité ; l’autorité apostolique des douze n’y aurait pas
mis sa sanction : la marche d’Antioche et des Gentils aurait été une marche à
part ; une lutte sans fin aurait commencé entre deux partis, ayant chacun (en
apparence du moins) trouvé son point d’appui, l’un dans l’autorité de l’Église
primitive et apostolique — et l’autre dans l’énergie et la liberté du Saint
Esprit, avec Paul pour son représentant. La tendance judaïsante de la nature
humaine, toujours prête à abandonner la haute énergie de l’Esprit et à rentrer
dans la manière de voir de la chair, cette tendance, nourrie par des traditions
d’une foi ancienne, avait déjà donné à elle seule assez de peine et de
difficulté à celui qui tout particulièrement travaillait au milieu des Gentils
selon la liberté de l’Esprit, sans qu’il fût nécessaire d’y ajouter ou au moins
de pouvoir alléguer pour affermir cette tendance, la marche des apôtres et de
l’église de Jérusalem.
Ch. 15 v. 7-21 —
Intervention des apôtres pour décider de la chose
[15:7] Après une longue discussion à Jérusalem pour laquelle toute liberté fut
laissée, [15:7-11] Pierre prenant l’initiative, raconte ce qui est arrivé à
l’égard de Corneille. [15:12] Ensuite Paul et Barnabas déclarent quelle a été la
puissante manifestation de Dieu par le Saint Esprit au milieu des Gentils.
[15:14-21] Puis Jacques résume le jugement de l’assemblée dans des paroles qui
obtiennent l’assentiment de tous ; et qui portent que les Gentils ne seront pas
obligés d’être circoncis ou de suivre la loi, mais seulement de s’abstenir du
sang, des bêtes étouffées, de la fornication et des viandes offertes aux idoles.
Ch. 15 v. 22-33 —
Décision prise quant à la loi et communication à tous
Ch. 15 v. 28-29 — Décret rendu quant aux obligations légales des fidèles
Le décret rendu ici demande qu’on examine sa nature et les articles dont il se
compose.
Distinction entre
pratiques à abandonner selon Dieu, et soumission à la loi
C’est une direction qui enseigne, non ce qui est abstraitement bon ou mauvais,
mais ce qui convenait dans le cas qui se présentait. [15:28] Il était nécessaire
(non pas juste aux yeux de Dieu) d’éviter certaines choses. Elles pouvaient être
réellement mauvaises, mais elles ne sont pas envisagées ici de cette manière. Il
y avait de ces pratiques auxquelles les Gentils étaient habitués, auxquelles il
convenait qu’ils renonçassent, afin que l’Assemblée marchât comme elle le
devait, en paix devant Dieu ; aux autres ordonnances de la loi, les Gentils ne
devaient pas être assujettis. [15:21] Moïse avait ceux qui l’enseignaient ;
[15:28] cela suffisait sans qu’on forçât les Gentils à se soumettre à ses lois,
quand ils se joignaient au Seigneur et non pas aux Juifs.
Directions pour
l’intelligence chrétienne quant aux choses selon Dieu, avant même la loi
[15:28] Ainsi le décret que nous examinons ne prononce pas sur la nature des
choses défendues, mais s’occupe de leur opportunité, les Gentils ayant de fait
eu l’habitude de faire toutes ces choses. Il faut remarquer que ces pratiques
n’étaient pas des choses défendues par la loi seulement ; elles étaient ou
contraires à l’ordre établi du Dieu créateur, ou contraires à une défense faite
à Noé quand la viande lui fut donnée à manger. [15:29] La femme ne devait avoir
de rapport avec l’homme que dans la sainteté du mariage et c’est une très grande
bénédiction ; la vie appartenait à Dieu ; toute communion avec les idoles était
un outrage contre l’autorité du vrai Dieu. Que Moïse enseignât ses propres lois
; mais ces choses-ci étaient contraires à la connaissance intelligente du vrai
Dieu. Ce que renferme le décret n’est donc pas une nouvelle loi imposée par le
christianisme, ni un accommodement aux préjugés des Juifs : le décret n’a pas la
même espèce de validité qu’une ordonnance morale, obligatoire en elle-même ;
mais il est l’expression, pour l’intelligence chrétienne, des termes des vraies
relations de l’homme avec Dieu, dans les choses de la nature. Fournie par la
bonté de Dieu, par le moyen des chefs qui étaient à Jérusalem, à des chrétiens
ignorants, cette instruction pratique les affranchissait de la loi, et les
éclairait à l’égard des rapports de Dieu avec l’homme, et à l’égard de ce qui
convenait à l’homme ; choses qu’ils ignoraient, en tant que sortis de
l’idolâtrie païenne. Je dis que ces directions sont adressées à l’intelligence
chrétienne : c’est en bien saisissant le vrai caractère du décret, qu’on voit
qu’il n’y a rien en lui d’inconsistant avec les directions à manger de tout ce
qui est vendu à la boucherie [(1 Cor. 10:25)], car en faisant ceci, je reconnais
Dieu qui a donné ces choses, et non pas une idole. Si l’acte implique communion
avec l’idole, même dans la conscience d’autrui, je provoque Dieu à jalousie, je
pèche contre lui ou contre mon prochain [(1 Cor. 15:28)]. Quand on me présente
la viande, je ne sais si la bête a été étouffée ou non. Si l’on agit de manière
à faire supposer qu’il est indifférent que l’homme reconnaisse que la vie
appartient à Dieu ou le contraire, je pèche encore si j’accepte ou sanctionne
cette manière de faire. Je ne suis pas souillé par la chose que je mange, mais
je manque à l’intelligence chrétienne à l’égard des droits du Dieu créateur.
Quant à la fornication, elle rentre aussi dans la catégorie des offenses contre
la pureté chrétienne, aussi bien que dans celle des offenses contre l’ordre du
Dieu créateur ; de sorte qu’il s’agit directement ici du bien ou du mal et non
pas seulement des droits de Dieu révélés à mon intelligence. Ceci était
important comme principe général, plus que dans le détail des choses
elles-mêmes.
Principes établis par
le décret : Dieu, la vie, l'ordonnance divine pour l’homme
En somme voici les principes établis : [15:29] La pureté par le mariage selon
l’institution de Dieu à l’origine — le fait que la vie appartient à Dieu —
l’unité de Dieu comme seul vrai Dieu. En d’autres mots : Dieu ; la vie ; et
l’ordonnance de Dieu pour l’homme, dès l’origine. [15:28] Il en est de même des
bases que l’assemblée pose pour fondement de son décret : « Il a semblé bon au
Saint Esprit et à nous ».
Autorité de Christ dans
les apôtres, et volonté de l’Esprit
Le Saint Esprit s’était manifesté dans le cas de Corneille et dans celui de la
conversion des Gentils, dont Pierre, et Paul et Barnabas avaient donné le récit
[(15:8, 12)]. Les apôtres étaient, d’un autre côté, les dépositaires de
l’autorité de Christ, dépositaires auxquels le gouvernement de l’Assemblée, en
tant que fondée en rapport avec la vraie foi judaïque avait été confié. Ils
représentaient l’autorité de Christ monté en haut, comme la puissance et la
volonté du Saint Esprit avaient été montrées dans les exemples que je viens de
citer. Cette autorité s’exerçait en rapport avec ce qui, dans un certain sens,
était la continuation d’un judaïsme élargi par de nouvelles révélations, et qui
avait son centre à Jérusalem, tout en reconnaissant Jésus monté en haut, comme
le Messie rejeté du peuple. Christ avait confié aux apôtres l’autorité
nécessaire pour le gouvernement de l’Assemblée : ils avaient aussi été scellés
le jour de la Pentecôte pour exercer cette autorité.
Ch. 15 v. 24-27 — Grâce
et sagesse manifestées dans la manière d’agir
L’esprit de grâce et de sagesse se montre bien dans leur manière de faire.
[15:25-26] Ils mettent leur sceau en plein sur l’œuvre de Paul et de Barnabas,
[15:27] et ils envoient avec eux des personnes influentes de l’assemblée de
Jérusalem, qui, comme cela aurait pu arriver à Paul et à Barnabas, ne pouvaient
être soupçonnées d’apporter une réponse pour appuyer leurs propres prétentions.
Décision de toute
l’assemblée, après délibération des anciens et apôtres
[15:6] Les apôtres et les anciens, comme nous l’avons vu, se rassemblent pour
délibérer, [15:22] mais tout le troupeau agit de concert avec eux.
Communication à
l’assemblée, pour sa consolation et son exhortation
[15:28] Ainsi Jérusalem décide que la loi n’est pas obligatoire pour les Gentils
; [15:31] et ceux-ci, sincères dans leur désir de marcher avec Christ, se
réjouissent beaucoup de leur délivrance de ce joug. [15:32] Judas et Silas qui
étaient prophètes, les exhortent et les affermissent : [15:33] ensuite ils sont
renvoyés en paix. Mais tandis que Judas s’en retourne, Silas, animé par
l’Esprit, trouve bon de rester à Antioche pour son propre compte, préférant, à
Jérusalem, l’œuvre au milieu des Gentils.
Ch. 15 v. 35-41 — Suite
de l’œuvre de Paul
Ch. 15 v. 35 — Continuation de l’œuvre à Antioche, par l’Esprit
Paul aussi et Barnabas et plusieurs autres continuent l’œuvre à Antioche (vers.
35) ; et dans cette ville nous trouvons de nouveau la pleine liberté de
l’Esprit.
Ch. 15 v. 36-41 —
Visite des assemblées d’Asie par Paul
Désaccord et séparation d’avec Barnabas, et accompagnement de Silas
[15:36] Quelque temps après, Paul propose à Barnabas de se mettre en route avec
lui pour visiter les assemblées formées déjà par leur moyen dans l’Asie mineure.
Barnabas y consent, [15:37] mais il voudrait prendre avec eux Marc qui, comme
nous l’avons vu (chap. 13:13), les avait abandonnés auparavant. [15:38] Paul
veut pour compagnon quelqu’un qui n’ait pas reculé devant l’œuvre, ni abandonné,
pour retourner chez lui, son caractère d’étranger par amour pour l’œuvre.
[15:39] Barnabas insiste, et ces deux précieux serviteurs de Dieu se séparent,
Barnabas prenant Marc et s’en allant à Chypre ; or Marc était son parent et
Chypre son pays. [15:40] Paul prend Silas qui avait préféré l’œuvre à Jérusalem,
au lieu de préférer Jérusalem à l’œuvre, et il part. Ce nom de Silas fait croire
que le nouveau compagnon de Paul était Helléniste.
Conservation des
affections de Paul, malgré l’irritation
Il est doux de savoir que plus tard, Paul parle de Barnabas avec une pleine
affection, et veut que Marc vienne le rejoindre parce qu’il lui est utile pour
le ministère [(2 Tim. 4:11)].
L’apostolat et le
ministère de Paul sont caractérisés par l’Esprit
Paul est apôtre par la puissance du Saint Esprit, les douze reconnaissant son
œuvre
[15:40] Au reste Paul est recommandé par les frères à la faveur de Dieu dans son
œuvre. Le titre donné à Paul et à Barnabas par les apôtres [(15:25-26)] montre
la différence entre l’autorité apostolique établie par Christ en personne, et
celle qui a été constituée par la puissance du Saint Esprit. Paul et Barnabas
avaient été envoyés, sans doute, par Christ lui-même ; mais de fait, ils étaient
partis d’Antioche par la direction du Saint Esprit, et légitimaient leur mission
par sa puissance. Pour les douze apôtres, ces deux hommes n’ont de titre que
leur œuvre, ils sont « des hommes qui ont exposé leurs vies pour le nom du
Seigneur Jésus Christ ». Ils sont ce que le Saint Esprit les a faits : les
apôtres, ce sont les douze.
Liberté et puissance de
l’Esprit agissant en Paul et par lui
La liberté et la puissance de l’Esprit caractérisent Paul ; il est ce que
l’Esprit le fait. Si Jésus lui est apparu, bien qu’Ananias puisse en rendre
témoignage [(9:17)], Paul doit au fond le démontrer par la puissance de son
ministère. Les effets de ce ministère, ainsi que son caractère, se trouvent
racontés dans les chap. 16 à 20, qui nous montreront d’une manière frappante
l’action et la liberté du Saint Esprit.
Chapitre 16
Ch. 16 v. 1-15 — Direction de l’Esprit dans le service de Paul
Ch. 16 v. 1-4 — Liberté quant à la circoncision, et affranchissement de la loi
Il n’y a pas peut-être de fait plus remarquable sous ce rapport que ce que Paul
a fait à l’égard de Timothée. [16:3] Il se sert de la circoncision en toute
liberté pour écarter les préjugés des Juifs. Il est fort douteux que, selon la
loi, Timothée dût être circoncis. Esdras et Néhémie nous présentent des femmes
étrangères renvoyées comme profanes [(Esd. 10:18-19 ; Néh. 13:23, 30)] ; [16:1]
mais ici, la mère de Timothée étant juive, [16:3] Paul veut faire suivre à
l’enfant de ce mariage mixte, la règle des Juifs et l’y soumet en effet. La
liberté reconnaît en plein la loi dont elle est affranchie, lorsque la loi est à
sa vraie place, et constate distinctement, pour rassurer les Gentils, l’absence
de toute prétention du côté des chrétiens juifs, de leur imposer la loi. Paul
circoncit Timothée et ne se soumet pas même un moment à ceux qui voulaient
contraindre Tite à se faire circoncire [(Gal. 2:3)]. L’apôtre deviendra Juif
pour les Juifs [(1 Cor. 9:20)], par amour, mais les Juifs même doivent renoncer
à toute prétention d’imposer la loi aux autres. [16:4] Les ordonnances établies
par les apôtres à Jérusalem sont remises dans les Assemblées, réponse claire
pour tout Juif qui voulait assujettir les Gentils au judaïsme ; ces décrets, on
peut le remarquer, sont les décrets « des apôtres et des anciens » (v. 4).
Ch. 16 v. 6-10 —
L’Esprit indique précisément l’endroit où exercer son service
C’est le Saint Esprit seul qui dirige Paul : [16:6] il lui défend de prêcher
dans la province d’Asie [16:7] et ne lui permet pas non plus de passer en
Bithynie. [16:9] Par une vision, pendant la nuit, lui et ses compagnons sont
appelés à aller en Macédoine (vers. 9 et suiv.) ; et ici l’historien de leurs
travaux lui-même se joint à eux. [16:10] C’est le Seigneur qui les appelle en
Macédoine et ils tâchent aussitôt de s’y rendre. Il est bon de noter ici que,
tandis que l’Évangile est envoyé par le ministère de Paul à toute la création
sous le ciel, il n’y a pas moins une direction spéciale quant à l’endroit où
nous devons aller.
Ch. 16 v. 12-15 —
Premiers fruits du service de Paul en Macédoine
[16:12] Arrivé à Philippes, [16:13] l’apôtre va premièrement vers les Juifs,
lors même qu’il ne trouve que quelques femmes qui se réunissaient au bord du
fleuve, lieu ordinaire de prières, à ce qu’il paraît, là où il n’y avait point
de synagogue. [16:14] Une femme grecque qui adorait le Dieu d’Israël, est
convertie par la grâce ; ainsi la porte est ouverte, et d’autres croient (vers.
40).
Ch. 16 v. 16-40 —
Intervention de Satan dans l’œuvre
Ch. 16 v. 16-18 — Paul repousse par l’Esprit le témoignage d’un démon
[16:17] Ici Satan veut intervenir dans l’œuvre qui s’accomplit, en rendant un
témoignage aux ministres de la Parole (vers. 16 et suiv.). Ce n’est pas que cet
esprit, dont il est parlé ici, reconnaisse Jésus ; [16:16] s’il l’eût fait, il
n’aurait pas été un mauvais esprit, il n’aurait pas ainsi possédé cette femme.
[16:17] Il parle des ministres de la Parole pour avoir sa part à la gloire de
l’œuvre comme il parle du Dieu très Haut : il est peut-être forcé par la
présence de l’Esprit, à parler, comme d’autres démons ont été forcés de parler
par la présence de Jésus quand ils étaient en face de la puissance qu’Il
exerçait. Un mauvais esprit ne saurait reconnaître Jésus pour son Seigneur [(1
Cor. 12:3)] ; et si Paul n’avait pas été fidèle, il aurait mêlé l’œuvre de
l’Ennemi avec celle du Seigneur. Mais ce n’était pas un témoignage en faveur de
Paul que Paul cherchait, ni un témoignage rendu par un démon, quelles que
fussent les apparences de son témoignage. [16:18] La preuve que le démon devait
fournir à la présence de la puissance de Dieu, c’était de céder à cette
puissance en sortant de la femme : le démon ne pouvait être à l’appui de l’œuvre
de Dieu. On voit, dans cette circonstance, le désintéressement de l’apôtre, son
discernement spirituel, la puissance de Dieu avec lui, et la foi qui ne veut pas
d’autre appui que celui de Dieu. Il eût été commode pour Paul d’avoir un
témoignage rendu à son ministère ; et le raisonnement de la chair eût pu dire :
« Je ne l’ai pas cherché ». La persécution eût été évitée ; mais Dieu ne veut
avoir d’autre témoignage que celui qu’il rend à Lui-même ; nul autre ne peut
être un témoignage venant de Lui, car Il se révèle Lui-même là où il n’est pas
connu. La foi, pour rendre le témoignage qu’elle est appelée à rendre, ne
s’attend qu’à Lui. Paul a voulu laisser faire, sans se préoccuper de la malice
de l’Ennemi à son égard, et peut-être évitait-il sagement un conflit où il n’y
avait pas de fruit pour le Seigneur, jusqu’à ce que par son insistance
l’Adversaire l’ait forcé à prêter attention à ses efforts. L’Esprit de Dieu ne
souffre pas la présence d’un démon quand celui-ci manifeste activement sa
présence devant Lui ; Il ne se prête pas à ses ruses, en lui donnant de
l’importance par une intervention volontaire, car Il a son œuvre à lui et il ne
s’en détourne pas pour s’occuper de l’Ennemi. Il s’occupe des âmes en amour,
mais si Satan se place sur son chemin de manière à jeter les âmes dans la
confusion, l’Esprit se révèle dans son énergie, et l’Ennemi s’enfuit devant lui.
Ch. 16 v. 19-40 —
Action de l’ennemi contre Paul, que Dieu tourne en bien
Mais Satan n’est pas sans ressources ; le pouvoir qu’il ne peut pas exercer
directement, il l’emploie à soulever les passions et les convoitises des hommes
en opposition à une puissance à laquelle il ne peut résister en face et qui ne
peut pas se joindre à lui ou le reconnaître. Comme Jésus est prié par les
Gadaréniens de quitter leur territoire quand il guérit l’homme appelé Légion
(Matt. 8:34), [16:19] les Philippiens, soulevés par celui qui avait perdu son
gain déshonnête, [16:22] s’ameutent contre Paul et ses compagnons ; mais Dieu
dispose de tout cela pour diriger le progrès de son œuvre, et lui donner la
forme qu’il trouve bonne. [16:33-34] Le geôlier doit être converti [16:39] et
les magistrats eux-mêmes doivent reconnaître leurs torts à l’égard des messagers
de Dieu. [16:40] L’Assemblée un troupeau plein d’amour et d’affection, est
rassemblée, l’épître qui lui a été adressée en est témoin : puis l’apôtre va
travailler ailleurs. On voit ici un témoignage plus actif, plus énergique et une
intervention de Dieu plus éclatante que dans un cas analogue où Pierre était en
scène [(Act. 12)]. Avec Pierre, on est dans la vieille Jérusalem, usée en tout
sauf en haine, et Dieu est fidèle à celui qui se confie en lui : la haine est
désappointée. [16:25] Paul et Silas chantent au lieu de dormir dans la prison ;
[16:26] toutes les portes s’ouvrent avec éclat ; [16:33] le geôlier lui-même est
converti avec sa famille, [16:39] et les magistrats sont obligés de venir comme
des suppliants vers Paul. Tel est l’effet de l’émeute à Philippes. L’Ennemi
s’est trompé ici, et s’il y a arrêté l’œuvre de l’apôtre, [16:40] il l’a envoyé
prêcher ailleurs selon la volonté de Dieu.
Action de l’Esprit sur
des maisons entières, chez les Gentils
On ne doit pas passer ici sous silence non plus cette énergie qui, embrassant
des maisons entières, les soumet à la foi chrétienne, énergie qui ne se montre
du reste que lorsqu’il s’agit de l’introduction des Gentils1 : mais Corneille
[(10:44)], Lydie [(16:15)], le geôlier de Philippes [(16:33)] sont tous témoins
de cette puissance.
1 Cependant nous voyons à Lydde et Saron (le Saron est un district le long de la côte) quelque chose d’analogue à l’introduction d’un peuple (Actes 9:32-35). Tous ceux qui habitent cette contrée, ayant entendu parler du miracle opéré sur Énée, se tournent vers le Seigneur.
Chapitre 17
Ch. 17 v. 1-21 — Progrès de l’œuvre en Grèce, malgré l’adversité
[16:19-22] Dans ce qui est arrivé à Philippes, c’est la puissance qu’exerçait
l’Ennemi sur les passions des Gentils qui a suscité la persécution contre les
apôtres ; [17:5] à Thessalonique nous retrouvons l’ancienne et universelle
inimitié des Juifs contre le témoignage et l’œuvre de Dieu. [17:4] Cependant
beaucoup de Juifs et de prosélytes reçoivent l’Évangile ; — [17:6-8] mais à la
suite d’une émeute [17:10] les apôtres s’en vont à Bérée (vers. 10). [17:11] Ici
les Juifs sont plus nobles : ils examinent d’après la Parole ce qu’ils ont
entendu ; [17:12] c’est pourquoi aussi un grand nombre d’entre eux croient.
[17:13] Mais les Juifs de Thessalonique, jaloux du progrès de l’Évangile, se
rendent à Bérée, [17:14] et les frères se hâtent de faire sortir Paul de la
ville où Silas et Timothée restent cependant pour le moment, Paul étant l’objet
spécial de la poursuite des Juifs. [17:15] L’apôtre se rend à Athènes ; [17:17]
et là, tout en discourant dans la synagogue, [17:16] ému à la vue de l’idolâtrie
universelle de cette ville [17:21] fainéante, [17:18] il dispute tous les jours
sur la place publique avec les philosophes. [17:19] À la suite de ces
entretiens, il annonce le vrai Dieu devant les principaux de cette capitale
intellectuelle du monde d’alors, [17:15] ayant fait dire à Timothée et à Silas
de le rejoindre.
Ch. 17 v. 22-31 — Paul
pose les bases de la vérité, prêchant Jésus et la résurrection
Avec un tel peuple (tel est l’effet de la culture intellectuelle sans Dieu), il
faut que l’apôtre descende au plus bas échelon de la vérité ; [17:24-26] il
démontre l’unité du Dieu Créateur, [17:27-28] et la relation de l’homme avec
lui, [17:31] en déclarant aussi que Jésus jugerait ce monde, Dieu en ayant donné
la preuve en le ressuscitant d’entre les morts (v. 22-31). On croirait ici
entendre Pierre s’adresser aux Juifs, sauf qu’il remplace le jugement de ce
monde par la promesse du retour de Jésus. Il ne faut pas supposer que notre
historien nous ait rapporté tout le discours de Paul ; le Saint Esprit nous
donne seulement ce qui caractérise sa manière d’appliquer la vérité aux
circonstances de ceux auxquels il s’adresse. Ici l’effet produit sur l’esprit
des auditeurs a été que Paul prêchait Jésus et la résurrection. Il paraît même
que quelques-uns prenaient Jésus et la résurrection pour des dieux [(17:18)].
L’apôtre pose bien la base du christianisme qui est fondé sur la personne de
Jésus et sur le fait de sa résurrection, mais il ne fait que poser ce fondement.
Application du discours
aux personnes, comme Pierre en Act. 3
J’ai dit que son discours rappelle la prédication de Pierre [(Act. 3:12-26)], et
en cela j’ai voulu parler du degré d’élévation de la doctrine à l’égard de
Christ. On remarquera, en même temps, combien l’application des faits aux
personnes auxquelles Paul s’adresse, est juste et à propos. Pierre montre le
Christ rejeté, monté en haut et prêt à revenir si les Juifs se repentaient, le
Christ qui devait établir à sa venue tout ce dont les prophètes avaient parlé
[(3:19-21)]. Ici, à Athènes, le jugement du monde — sanction de la vérité pour
la conscience naturelle — est présenté aux savants et au peuple curieux
[(17:31)], mais rien qui ait pu intéresser leur esprit philosophique :
[17:22-23] un témoignage clair et convaincant toutefois de la folie de leur
idolâtrie, [17:28] d’après ce que la conscience naturelle de leurs poètes
elle-même avait reconnu.
Chapitre 18
Ch. 18 v. 1-17 — Travail de Paul à Corinthe
Circonstances particulières rencontrées par l’évangile dans les villes grecques
[16:16-19] Le gain déshonnête auquel Satan fournissait l’occasion, a rencontré
l’Évangile à Philippes ; [17:18-20] à Athènes ce même Évangile se retrouve en
face de la dureté et de l’indifférence morale du savoir qui flattait la vanité
humaine, [17:5] comme il rencontre à Thessalonique les efforts de la jalousie
juive. L’Évangile victorieux sur l’une de ces dispositions hostiles et cédant à
l’effet d’une autre, poursuit son chemin, et après avoir exposé aux Athéniens
instruits tout ce que leur état pouvait supporter, il les quitte pour trouver,
au milieu du luxe et des mœurs dépravées de la riche Corinthe, [18:10] un peuple
nombreux à ajouter à l’Assemblée. Telles sont les voies de Dieu et les exercices
de son serviteur dévoué, conduit par l’Esprit.
Paul travaille pour
tous, sans oublier le peuple de Dieu, qui le rejette
[18:4] On remarquera que cette énergie qui cherche les Gentils [18:5] ne perd
jamais de vue la faveur de Dieu envers le peuple de son choix, faveur qui
cherchait ce peuple [18:6] jusqu’à ce que lui-même la rejetât.
Ch. 18 v. 1-6 —
Attitude de Paul adaptée à la situation de Corinthe
[Phil. 4:16] À Thessalonique Paul reçoit deux fois des secours de Philippes ;
[18:3] à Corinthe où l’argent et le commerce abondaient, il travaille
paisiblement [18:2] avec deux de ses compatriotes [18:3] qui sont du même métier
que lui. [18:5] Ici encore l’apôtre commence par s’adresser aux Juifs ; [18:6]
ils s’opposent à sa doctrine et blasphèment. L’apôtre prend son parti avec la
hardiesse et la décision d’un homme vraiment conduit de Dieu, avec calme et
connaissance, de manière à ne pas s’en laisser détourner : il secoue ses
vêtements, en déclarant qu’il est pur de leur sang, et qu’il se tourne vers les
Gentils selon Ésaïe 49 [(v. 6)], prenant cette prophétie comme un commandement
de Dieu.
Travail de Dieu, malgré
l’opposition des adversaires
[18:10] Ici, à Corinthe, Dieu a « un grand peuple », [18:15] aussi emploie-t-il
l’indifférence incrédule de Gallion pour déjouer les projets et la malice des
Juifs, jaloux comme toujours d’une religion qui annulait leur importance quelle
que fût d’ailleurs la grâce de Dieu envers eux.
Ch. 18 v. 18-23 — Fin
du voyage de Paul, avec ses travaux
Ch. 18 v. 18-21 — Liens restants de Paul avec l’ancien système juif, par
attachement
[18:18] Paul après avoir longtemps travaillé à Corinthe, s’en va en paix ; ses
amis juifs, Priscilla et Aquilas, s’en vont avec lui (vers. 18) : il se rendait
à Jérusalem, ayant fait un vœu. L’opposition des Juifs n’ôtait pas à Paul son
attachement pour sa nation, ni sa fidélité à lui prêcher tout premièrement
l’Évangile et à lui reconnaître tout ce qui lui appartenait en grâce devant Dieu
; il se soumet même aux ordonnances juives. Peut-être les habitudes
avaient-elles encore sur lui quelque influence qui n’était pas de l’Esprit :
mais quoi qu’il en fût, il n’avait, selon l’Esprit, aucune pensée de méconnaître
ce que la patiente grâce de Dieu accordait au peuple. [18:19] Il s’adresse aux
Juifs à Éphèse ; [18:20] ceux-ci sont disposés à l’écouter, [18:21] mais il veut
célébrer la fête à Jérusalem. Ici il est encore Juif avec ses fêtes et ses vœux.
L’Esprit a évidemment introduit ces circonstances pour nous donner un tableau
vrai et complet des relations entre le système juif et celui dont Paul était le
ministre, le degré d’affranchissement de l’influence de l’un, aussi bien que
l’énergie qui établissait l’autre. Un ancien système qui se lie à la chair,
retient souvent son influence dans une certaine mesure, lorsque l’énergie pour
agir d’après un autre système qui est spirituel, existe à un très haut degré. La
liberté qui condescend aux préjugés et aux habitudes n’est pas
l’assujettissement à ces préjugés dans notre propre personne. Les deux choses se
mêlent dans notre faiblesse ; mais elles sont de fait opposées l’une à l’autre.
Respecter ce que Dieu respecte, quand on est appelé à agir en rapport avec un
système, lors même que ce qu’on respecte n’est plus réellement qu’une
superstition et une faiblesse, et que le système même a perdu toute force et
toute valeur réelle, est autre chose que se placer sous le joug de la
superstition et de la faiblesse. La première manière d’agir est l’effet de
l’Esprit, la dernière celle de la chair. En nous, hélas ! l’une se confond
souvent avec l’autre ; la charité devient la faiblesse qui jette de
l’incertitude dans notre témoignage.
Ch. 18 v. 22-23 —
Influence des circonstances sur la liberté de l’Esprit
[18:22] Paul continue son voyage, monte à Jérusalem et salue l’assemblée (vers.
22) ; [18:23] puis il descend à Antioche et visite de nouveau toutes les
premières assemblées qu’il avait formées, reliant ainsi toute son œuvre,
Antioche et Jérusalem. Jusqu’à quel point ses anciennes habitudes
exerçaient-elles de l’influence sur lui dans sa manière de faire, c’est ce que
je laisse au lecteur à juger. Il était Juif. Le Saint Esprit a voulu nous faire
voir que l’apôtre était aussi loin que possible de tout mépris envers l’ancien
peuple de Dieu pour lequel la faveur divine ne changera jamais. Le sentiment de
Paul à ce sujet était sûrement juste : la Parole nous montre que, dans un autre
cas, il a dépassé les limites que l’Esprit et la spiritualité auraient mis à ce
sentiment. La Parole ne nous donne ici que les faits, et l’apôtre peut avoir eu
quelque raison particulière et valable, à cause de la position dans laquelle il
était. On peut se trouver dans des circonstances qui contredisent la liberté du
Saint Esprit, et qui cependant lorsqu’on y est, ont un certain droit sur nous ou
exercent une influence qui affaiblit nécessairement dans l’âme l’énergie de
cette liberté ; on a tort de s’y placer, mais une fois qu’on s’y trouve, les
droits se font valoir et l’influence s’exerce. Un homme appelé de Dieu à le
servir, chassé de la maison de son père, marche dans la liberté de l’Esprit.
Plus tard, sans que son père soit changé, il rentre dans la maison paternelle :
les droits de son père renaissent : où est sa liberté ? Un homme ayant une
intelligence spirituelle beaucoup plus claire que quelques-uns de ses amis, se
place au milieu d’eux : il est presque impossible qu’il conserve un jugement
spirituel. Quoi qu’il en soit ici, c’est du côté de celui qui jouissait de la
liberté et de la plénitude de la grâce que le lien est formé volontairement avec
un système qui était encore sous le joug de la loi. Les chrétiens à Jérusalem
restent au niveau de leurs premiers préjugés, réclamant la patience et
l’indulgence de celui qui était le vase et le témoin de la liberté de l’Esprit
de Dieu.
Travail actif de
l’apôtre par l’Esprit, dans l’évangile
Ceci, avec le supplément de l’œuvre de Paul à Éphèse [(chap. 19)], forme le
cercle des travaux actifs de l’apôtre, pour nous montrer en lui les voies de
l’Esprit envers les hommes dans l’Évangile.
Ch. 18 v. 24-28 —
Progrès de la doctrine de Christ, avec la puissance de l’Esprit
Apollos, instrument utilisé par l’Esprit avec puissance, sans lien avec
l’autorité apostolique
Du verset 24 du chapitre 18 jusqu’au verset 7 du chapitre 19 nous trouvons une
espèce de résumé des progrès de la doctrine de Christ, et de la puissance qui
l’accompagnait. [18:25] Apollos ne connaissait que les enseignements de Jean ;
mais d’un cœur droit, il confessait devant tous ce qu’il savait, et l’annonçait
publiquement : il y avait chez lui la foi d’une âme régénérée. [18:26] Aquilas
et Priscilla l’éclairent pleinement sur les faits de l’Évangile et sur la
doctrine d’un Christ mort et glorifié. [18:27] Quand il arrive à Corinthe,
Apollos est devenu déjà un puissant docteur de l’évangile du Seigneur, au milieu
des Juifs, confirmant ainsi la foi des disciples. [18:28] L’énergie du Saint
Esprit se manifeste en lui sans aucune intervention de Paul ou des douze. Il
agit indépendamment ; c’est-à-dire, l’Esprit agit en lui indépendamment de
l’autorité déjà conférée à d’autres ; certaines personnes pouvaient dire : je
suis « d’Apollos » (1 Cor. 1:12). Il est intéressant de voir ces diverses
manifestations de la puissance et de la liberté du Saint Esprit et de se
souvenir que le Seigneur est au-dessus de tout, et que s’il agit beaucoup par un
Paul, il agit aussi en qui il veut.
Manifestation de la
puissance apostolique de Paul
D’un autre côté, dans ce qui suit, nous trouvons le progrès de la révélation
divine liée à la puissance apostolique de Paul ; [19:6] la présence de cette
puissance dans l’apôtre est fortement dessinée et constatée par le pouvoir de
communiquer le Saint Esprit.
Chapitre 19
Ch. 19 v. 1-20 — Travail de Paul à Éphèse, dans la puissance apostolique
Ch. 19 v. 1-7 — Enseignement et baptême de Jean, par rapport au christianisme
[19:1] Pendant qu’Apollos était à Corinthe, Paul trouve à Éphèse [19:7] douze
personnes [19:2] qui croyaient, [19:3] mais qui n’avaient pas d’autre
instruction que celle de Jean. [19:4] Leur baptême se rapportait à
l’enseignement de Jean : c’était un Christ à venir qu’ils attendaient et un
Saint Esprit qui devait être communiqué par Lui [(Luc 3:16)]. Or, le baptême de
Jean exigeait la repentance, mais ne sortait nullement du giron judaïque [(Luc
3:3)], tout en ouvrant une perspective de choses plus excellentes qui
découlaient de la souveraineté de Dieu et seraient l’effet de la venue de
Christ. Mais ce baptême de Jean était un baptême de repentance pour l’homme sur
la terre, et ne signifiait pas la mort et la résurrection. La grâce agissait
dans un Résidu, mais dans un Résidu dont Jésus était le compagnon sur la terre.
Le christianisme (car le péché de l’homme a été mis pleinement en évidence) se
base sur la mort et sur la résurrection, d’abord sur celle de Christ, par
laquelle la rédemption est accomplie ; ensuite sur notre mort et notre
résurrection avec Christ, de manière à nous placer en lui et tels que lui,
devant Dieu dans une vie sans péché, ayant une vie dont Sa vie est la source, et
étant lavés de tous nos péchés dans son sang. Le baptême de Jean n’enseignait,
de fait, que la repentance ici-bas, pour préparer les Juifs à recevoir le Christ
; le christianisme, par contre, enseigne l’efficace de la mort et de la
résurrection d’un Christ rejeté, en vertu de laquelle on recevait le Saint
Esprit, le Paraclet descendu du ciel. [19:2] Les douze hommes d’Éphèse savaient
bien que Jean avait annoncé que par l’intervention du Christ on serait baptisé
du Saint Esprit [(Luc 3:16)], mais ils ne savaient pas si ce Saint Esprit
existait déjà1, preuve claire qu’ils n’étaient pas encore entrés dans la maison
de Dieu où l’Esprit demeurait. [19:4] Paul leur explique cela [19:5] et ils sont
baptisés au nom de Jésus. [19:6] Paul, dans sa capacité d’apôtre, leur impose
les mains et ils reçoivent le Saint Esprit ; ils parlent en langues et
prophétisent (vers. 6).
1 Littéralement : « Si l’Esprit saint est ». Cette expression, la même qu’en Jean 7:39, est un témoignage très frappant à l’importance et à la présence distincte du Saint Esprit sur la terre. Cette présence est appelée « le Saint Esprit », bien que nous sachions tous qu’Il était de tout temps. Mais ce qui est appelé « le Saint Esprit », c’est-à-dire sa présence ici-bas, n’avait jamais été auparavant.
Manifestation et
établissement de la puissance de l’Esprit en grâce
Il faut que cette puissance de l’Esprit et celui qui en est l’instrument se
dessinent nettement devant nos yeux. La capitale de l’Asie (c’est-à-dire de la
province romaine de ce nom) est la scène où cette action de l’Esprit est mise en
évidence. Dans cette ville nous verrons se déployer une puissance qui agit
indépendamment de toutes les formes traditionnelles, et domine tout ce qui
l’entoure, l’homme, l’Ennemi, la conscience — une puissance organisatrice qui
forme d’elle-même et pour elle-même, les institutions et le corps qui lui
conviennent. La puissance de la grâce agissante avait été déployée dans l’œuvre
de Paul depuis Antioche, et s’était montrée de diverses manières : maintenant,
ici à Éphèse, nous avons des détails sur l’établissement formel de l’œuvre de
cette grâce dans un grand centre.
Ch. 19 v. 8 — Annonce
de l’évangile d’abord aux Juifs
[19:8] Pendant trois mois de patience l’apôtre annonce Jésus dans la synagogue
et discute avec les Juifs, conscient de la force divine et de la vérité. Il
accorde la préséance, comme sphère de témoignage, à ceux qui avaient été
l’instrument et le peuple de Dieu ; « au Juif premièrement » [(Rom. 1:16)]. On
ne peut plus dire : « Le salut vient des Juifs » [(Jean 4:23)] ; mais ce salut
est annoncé à eux premièrement.
Ch. 19 v. 8-20 — Œuvre
et témoignage de Paul par la puissance de l’Esprit
[19:8] Cependant l’œuvre que l’apôtre faisait au milieu d’eux ayant eu son
développement, [19:9] et plusieurs se montrant adversaires, Paul agit comme
fondateur de ce qui convenait à Dieu, et de la part de Dieu : il sépare les
disciples et discourt sur le christianisme dans la salle d’un Grec qui tenait
une classe publique. [19:10] Il continue ainsi pendant deux ans, en sorte que la
doctrine a été répandue dans tout le pays, soit parmi les Juifs, soit parmi les
Grecs. [19:11] Dieu ne manque pas de rendre témoignage à la parole de sa grâce,
et sa puissance est déployée d’une manière remarquable en rapport avec la
personne de l’apôtre qui rend le témoignage. [19:12] Les manifestations de la
puissance de l’Ennemi disparaissent devant l’action de cette puissance
libératrice du Seigneur, et le nom de Jésus est glorifié. Or la réalité de cette
action divine confiée aux mains de l’apôtre, a été démontrée d’une manière
frappante : d’un côté la source de la délivrance divine, accordée à l’homme dans
l’action personnelle, positive et réelle du Seigneur, et de l’autre, la mission
de Paul, et la foi comme moyen par lequel cette force surnaturelle opérait, ont
été publiquement mises en évidence. [19:13] Certains Juifs veulent se servir des
noms de Jésus et de Paul comme d’instruments de puissance dans leur intérêt
propre (vers. 13 et suiv.) ; et, sans la foi, ils emploient le nom de Jésus que
Paul prêchait, comme si ce nom renfermait une espèce de charme. [19:15] Or le
mauvais esprit, dont la puissance était aussi vraie et réelle dans son genre que
celle du Seigneur qu’il était forcé de reconnaître lorsqu’elle était en
exercice, savait très bien qu’il en était autrement, qu’il n’y avait ici ni foi,
ni puissance. « Je connais Jésus », dit-il aux fils de Scéva, « et je sais qui
est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ? » [19:16] et l’homme possédé se jette sur
eux et les maltraite ; — éclatant témoignage rendu à l’action de l’Ennemi,
éclatant témoignage rendu aussi, en même temps, et à la force supérieure qui
arrêtait celui-ci quand elle le trouvait bon, et à la réalité de l’intervention
de Dieu qui opérait par le moyen de Paul. Or quand Dieu se montre, la conscience
se montre toujours, et l’influence de l’Ennemi sur elle se manifeste et est
abolie. [19:17] La frayeur s’empare des esprits des Juifs et des Grecs, [19:18]
et plusieurs de ceux qui avaient cru [19:19] apportent les preuves de leurs
sorcelleries passées et brûlent leurs livres. La puissante action de l’Esprit se
montre dans la décision qu’elle a produite, dans la réalisation immédiate et
sans hésitation des pensées et des résolutions engendrées dans les cœurs : il ne
s’agissait pas de longs raisonnements avec soi-même ; la présence et la
puissance de Dieu avaient produit les effets qui leur étaient propres.
Ch. 19 v. 21-41 —
Opposition de l’ennemi agitant les passions des hommes
Les ressources de l’Ennemi n’étaient cependant pas épuisées. L’œuvre de Dieu
était faite dans le sens de l’établissement du témoignage par l’œuvre
apostolique ; [19:21] et Dieu envoyait son serviteur ailleurs (vers. 21 et
suiv.). [19:23] L’Ennemi, maintenant, ainsi qu’il le fait habituellement,
suscite du tumulte, excite les passions des hommes contre les instruments du
témoignage de Dieu. [19:21] Déjà Paul avait le dessein de quitter l’Asie,
quoique un peu plus tard seulement : [19:22] il avait donc envoyé devant lui en
Macédoine, Timothée et Éraste, [19:21] ayant lui-même l’intention de visiter la
Macédoine et l’Achaïe pour se rendre ainsi à Jérusalem, et ensuite à Rome :
[19:22] l’apôtre demeure donc quelque temps encore en Asie. Or après le départ
de ces deux frères qui devaient le précéder, [19:24-25] Démétrius ameute le
peuple contre les chrétiens. [19:25-27] Acharné contre l’Évangile qui ébranlait
tout le système en rapport avec lequel il faisait sa fortune, et qui était lié à
tout ce qui lui donnait de l’importance, cet instrument de l’Ennemi sait agir
sur les passions des ouvriers qui travaillaient au métier dont il s’occupait
lui-même, [19:24] car il faisait de petits sanctuaires portatifs de Diane, en
argent. Son travail se rattachait à ce que tout le monde admirait, à un objet de
culte qui était en possession des esprits, à ce qui avait longtemps donné sa
couleur aux habitudes religieuses du pays ; or c’est un grand soulagement pour
l’homme qu’il y ait un objet de culte ayant ce caractère. [19:28] Une grande
partie de l’influence qu’exerçait cette idole sur les masses était non pas : «
Grande est Diane », mais : « Grande est la Diane des Éphésiens ». Outre les
motifs qui gouvernaient Démétrius, il y avait dans tout ce qui se passait à
Éphèse la puissance de l’Ennemi parmi les Gentils. [19:33] Les Juifs, à ce qu’il
paraît, ayant voulu profiter de la disposition des esprits, poussent en avant un
certain Alexandre, peut-être celui qui s’était opposé à Paul, et qu’ils
supposaient par conséquent devoir être écouté par le peuple ; [19:34] mais
c’était le démon d’idolâtrie qui agitait les foules, et les Juifs ont été déçus
dans leur espoir. [19:30-31] Soit les frères, soit quelques-uns des Asiarques1
empêchent Paul de se montrer dans le théâtre ; [19:35, 41] l’assemblée est
dissoute par les autorités de la ville, [20:1] et Paul ayant vu les disciples,
s’en va en paix2. Son œuvre était achevée là ; et l’Évangile planté dans la
capitale de la province d’Asie, et même dans toute la province : la Grèce et la
Macédoine l’avaient déjà reçu.
1 Les Asiarques étaient des magistrats honoraires, pris parmi les notables, et chargés de présider à la célébration des fêtes religieuses.
2 Il peut être intéressant pour le lecteur que j’indique l’époque à laquelle Paul a écrit quelques-unes de ses épîtres ; et ces observations ne seront pas sans utilité pour aider à comprendre cette partie de l’histoire du Nouveau Testament. Paul a écrit d’Éphèse, la première aux Corinthiens et la leur a fait passer par les mains de Tite. Il a envoyé Timothée par la Macédoine, et nous voyons que celui-ci devait peut-être aller en Grèce : « s’il vient » dit l’apôtre aux Corinthiens [(1 Cor. 16:10)]. L’émeute dans laquelle la vie de l’apôtre a été en grand danger à Éphèse arrive ; il ne pensait pas qu’il conserverait sa vie. [19:21] Il s’était proposé de passer par la Grèce, en Macédoine, et de revenir ensuite en Grèce ; mais l’état de Corinthe l’en a empêché, [20:1-3] et il passe par la Macédoine. [20:6] Il se rend d’abord à Troas, mais ne s’y arrête pas ; il est beaucoup exercé en Macédoine et n’a pas de repos, parce que Tite n’avait encore apporté aucune nouvelle des Corinthiens [(2 Cor. 2:13)]. Tite cependant le trouve là, et l’apôtre est consolé dans son affliction par la bonne nouvelle du retour des Corinthiens à des sentiments plus saints et plus chrétiens [(2 Cor. 7:5-7)]. Là-dessus, il écrit à ceux-ci la seconde lettre, et après avoir visité les églises, il continue sa route vers Corinthe. De là il écrit son épître aux Romains. Je ne m’occupe ici que de ce qui se rapporte à cette partie de l’histoire de l’apôtre et jette de la clarté sur ses travaux.
Fin du service de
l’apôtre Paul en liberté et en activité
Vie de Paul pour Dieu, et fruits produits par elle malgré toute l’opposition
Rome restait encore à visiter ; de quelle manière Paul doit-il s’y rendre ?
C’est la question qui reste maintenant. La vie libre et active de l’apôtre, en
tant qu’elle nous a été donnée par le Saint Esprit, se termine ici ; vie bénie
d’une foi presque sans égale, d’une énergie qui a dépassé tout ce qu’on a vu
dans les hommes ; — vie qui, par la puissance divine qui y travaillait, a
produit les effets voulus de Dieu à travers des obstacles en apparence
insurmontables et malgré toutes sortes d’oppositions, dans le mépris et le
dénuement ; — vie enfin qui, comme instrument entre les mains de Dieu, a imprimé
son caractère sur l’Église en lui donnant son existence. Cette vie a produit ces
effets malgré deux religions hostiles qui partageaient le monde civilisé ;
malgré un système religieux qui possédait la vérité, mais cherchait toujours à
la retenir dans les limites des traditions qui accordaient quelque place à la
chair — système qui pouvait invoquer la priorité et l’appui des habitudes des
apôtres nommés par le Seigneur lui-même.
Action de l’Esprit dans
toute la vie de Paul, en contraste avec la chair
L’Église, comme Paul l’a prévu, a bientôt, sans doute, repris ses allures
judaïques, quand l’énergie de l’apôtre lui a manqué. Il faut la puissance de
l’Esprit pour monter plus haut que la religiosité de la chair : la piété ne sort
pas nécessairement de celle-ci, et la puissance n’est jamais une tradition. La
puissance est toujours la puissance, et partant, elle est indépendante de
l’homme et de ses traditions, lors même qu’elle les supporte par amour. La chair
reprend donc toujours le chemin des traditions et des formes, car elle n’est
jamais puissance dans les choses de Dieu, quoiqu’elle puisse reconnaître le
devoir. Elle ne monte par conséquent pas au ciel ; elle ne comprend pas la grâce
; elle peut voir ce que l’homme devrait être pour Dieu (sans en voir cependant
toutes les conséquences si Dieu est révélé), mais elle ne peut voir en aucune
façon ce que Dieu est pour l’homme dans sa grâce souveraine. Là où l’Esprit a
agi, la chair gardera peut-être la doctrine de la grâce comme orthodoxie ; mais
elle ne placera jamais l’âme dans la jouissance de cette grâce. C’est ce retour
charnel à un esprit légal et traditionnel, plus que les violences des païens ou
la haine des Juifs, qui a navré le cœur de l’apôtre béni et fidèle et qui a été
la source de ses angoisses. Il a eu, par grâce, un caractère ou plutôt une
position plus semblable à Christ qu’aucun autre sur la terre. Ses épîtres nous
montrent combien ont été grands les combats auxquels cette position l’a exposé,
et quelle a été cette âme ardente qui — embrassant dans ses pensées tous les
conseils révélés de Dieu, mettant chaque partie à sa place, et étendant ses
affections à tout l’ensemble de l’œuvre et de l’Assemblée de Dieu — savait en
même temps concentrer toute l’énergie de sa pensée sur un seul point important,
et toute l’énergie de son affection sur un pauvre esclave que la grâce lui avait
donné dans ses chaînes. Comme instrument de l’Esprit, il brille d’une clarté
céleste au milieu de tout ce qui l’entourait dans l’œuvre de l’Évangile. Il
condescend à la faiblesse de la foi de ses frères à Jérusalem, élève sa voix
avec force en Galatie quand on pervertit les âmes, amène les apôtres à décider
que la liberté des Gentils sera maintenue, et use de toute liberté pour se faire
comme Juif aux Juifs, et comme sans loi à ceux qui n’avaient point de loi [(1
Cor. 9:20)] — mais toujours soumis à Christ. Mais combien était grande la
difficulté de maintenir la hauteur de la vie et de la révélation spirituelle au
milieu de tant de tendances contraires ! Aussi était-il « sans reproche » [(Act.
24:16)] : rien au dedans de lui n’empêchait la communion avec Dieu, cette
communion dans laquelle il puisait sa force pour être fidèle au milieu des
hommes. Lui pouvait dire, et personne que lui : « Soyez mes imitateurs, comme
moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11:1) ; il pouvait dire : « J’endure
tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans
le Christ Jésus, avec la gloire éternelle » (2 Tim. 2:10). Ces paroles ne
seraient hors de place dans la bouche du Sauveur lui-même, quoique dans un sens
plus élevé sans doute, car le Sauveur a porté pour Paul lui-même la colère qui
aurait été la condamnation éternelle de celui-ci ; mais elles font ressortir la
position remarquable de Paul comme vase de l’Esprit qui se servait de lui. «
J’accomplis dans ma chair », dit-il, « ce qui reste1 encore à souffrir des
afflictions du Christ pour son corps qui est l’Assemblée, de laquelle moi je
suis devenu serviteur… pour compléter la parole de Dieu » (Col. 1:24, 25).
1 Le lecteur doit distinguer les souffrances du Seigneur pour le péché, de la part de Dieu agissant en justice — et Ses souffrances pour la justice, de la part des hommes pécheurs. Nous avons part à ces dernières, tandis que Christ nous a sauvés des premières. Il ne s’agit nullement pour nous de participer aux premières, mais de la substitution de Christ pour nous quand nous avions mérité la condamnation due au péché.
Services de Paul et de
Jean, pour propager ou maintenir la vérité
Jean, par sa connaissance intime de la personne de Christ, né sur la terre et
fils de Dieu, a pu maintenir cette vérité essentielle et individuellement
vitale, dans le champ même où Paul a travaillé ; mais c’était la part de Paul
d’être l’instrument actif de la propagation de la vérité qui sauve l’âme et qui
met l’homme ruiné en rapport avec Dieu par la foi, en communiquant tous les
conseils de Dieu en grâce.
Relation entre l’homme
et la loi, et principe de la grâce
Paul était homme cependant, tout en étant un homme merveilleusement béni. La
force intrinsèque du judaïsme en rapport avec la relation de celui-ci avec la
chair est étonnante. En effet, pour ce qui regarde le résultat, si l’homme
descend au-dessous de la grâce, c’est-à-dire, au-dessous de Dieu, il est mieux,
dans un certain sens, qu’il soit homme sous la loi, qu’homme sans loi : il sera
l’un ou l’autre, mais en entrant dans l’idée exclusive du devoir, l’homme oublie
Dieu tel qu’il est, car Dieu est amour [(1 Jean 4:16)] et il oublie trop souvent
aussi l’homme tel qu’il est, car il est péché. Si l’homme réunit les idées de
devoir et de péché, un esclavage continuel en est la conséquence ; et c’est à
cette idée de péché et de devoir, en y ajoutant des ordonnances pour soulager la
conscience chargée, que le christianisme a été généralement réduit. On a établi
des formes pour créer la piété là où la communion manque ; on a revêtu du nom de
Christ et de l’autorité de la soi-disant Église, l’existence réelle de ce qui,
dans sa réalité, s’identifie avec le principe de la grâce souveraine (Voyez Éph.
5:24).
Chapitre 20
Mais reprenons l’histoire de Paul.
Ch. 20 v. 1-16 — Suite
du voyage de Paul avant Jérusalem
Ch. 20 v. 1-9 — Service de Paul dans les divers endroits visités
[20:1] Lorsque le calme est rétabli à Éphèse, Paul fait venir les disciples, les
embrasse et part pour la Macédoine ; [20:2] il visite tout ce pays et se rend en
Grèce. Le commencement de la seconde épître aux Corinthiens donne les détails de
cette partie de l’histoire de l’apôtre. [20:3] Il reste trois mois en Grèce ;
puis, à la suite des embûches qui lui sont dressées par les Juifs, il reprend la
route de Macédoine au lieu de se rendre directement en Syrie. [20:6] À Troas, où
une porte lui avait été ouverte lors de son voyage vers la Grèce, mais où son
affection pour les Corinthiens ne lui avait pas permis de rester [(2 Cor.
2:12-13)], il passe le premier jour de la semaine, et même toute la semaine afin
de voir les frères. [20:7] On voit ici le but habituel de la réunion des fidèles
: « ils s’assemblent pour rompre le pain » ; on voit encore que cela se fait
ordinairement « le premier jour de la semaine ». Paul profite de cette occasion
pour parler toute la nuit à l’assemblée, mais l’occasion était extraordinaire.
[20:9] La présence et les exhortations d’un apôtre n’ont pas empêché le sommeil
de l’un au moins des assistants ; [20:8] cependant on n’était pas réuni en
cachette ou dans les ténèbres : il y avait beaucoup de lampes pour éclairer la
chambre haute où les fidèles se réunissaient. On peut voir par la nature du
local où se tenait cette assemblée que les assemblées ne se composaient pas de
beaucoup de monde : la chambre haute à Jérusalem recevait cent vingt personnes
peut-être. Nous pouvons juger par diverses salutations que nous trouvons dans
les épîtres, qu’on se réunissait dans des maisons particulières, et probablement
dans plusieurs, si le nombre des croyants l’exigeait ; seulement il n’y avait
qu’une Église ou Assemblée.
Ch. 20 v. 9-12 —
Intervention de Paul en faveur d’Eutyche
[20:9] Eutyche porte la peine de son inattention ; mais en le relevant d’un état
de mort, Dieu rend témoignage à sa propre bonté et à la puissance dont il avait
doué l’apôtre. [20:10] Paul étant descendu, se penche sur le jeune homme,
l’embrasse, et dit que son âme est encore en lui ; il ne s’agissait que de
renouer la relation entre elle et l’organisme physique. Dans d’autres cas
semblables l’âme a été rappelée dans le corps.
Ch. 20 v. 13 — Pouvoir
de Paul sur le service de ses compagnons, par l’Esprit
[20:13] Paul, continuant sa route, veut se rendre seul de Troas jusqu’à Assos.
Dans toute l’histoire qui nous occupe, on voit que l’apôtre, par ce pouvoir que
l’Esprit lui donnait sur ses compagnons, disposait de leurs services
volontaires, non pas en maître sans doute, mais plus absolument que s’il eût été
leur maître : il est (sous Christ) le centre du système dans lequel il
travaille, le centre d’énergie. Christ seul peut être, de droit, centre quant au
salut et à la foi : Paul n’était le centre de cette énergie même, qu’en tant
qu’il était rempli de l’Esprit de Dieu, et ceci, ainsi que nous l’avons vu, en
ne contristant pas l’Esprit, en s’exerçant à avoir une conscience sans reproche,
soit à l’égard de Dieu, soit à l’égard des hommes.
Ch. 20 v. 16 — Paul
évite ce qui pourrait lui imposer un droit moral
[20:16] L’apôtre ne veut pas s’arrêter à Éphèse parce que, dans un tel centre,
il aurait dû demeurer quelque temps. Ce n’était pas manque d’affection pour les
chers Éphésiens, ni la pensée de les négliger ; mais il faut éviter ce qui a un
certain droit moral sur nous, si nous ne voulons et ne devons pas être retenus
par l’obligation que nous impose ce droit. [20:17] Paul fait venir les anciens
d’Éphèse, et leur adresse un discours qu’il faut examiner un peu comme nous
présentant la position dans laquelle se trouvait maintenant l’Église et l’œuvre
de l’Évangile parmi les nations.
Ch. 20 v. 17-38 —
Position de l’Église et œuvre de l’évangile
Ch. 20 v. 17-25 — Ministère achevé de Paul envers les Gentils, pour
l’évangélisation
Les Assemblées étaient consolidées sur une assez vaste étendue de pays et, en
divers lieux au moins, elles avaient pris la forme d’une institution
régulièrement ordonnée. Des anciens avaient été établis et reconnus : [20:17]
l’apôtre peut les faire venir auprès de lui ; son autorité aussi était reconnue
de leur part. [20:18] Il leur parle de son ministère comme d’une chose passée
(pensée solennelle !), les prenant à témoin non seulement de ce qu’il leur a
prêché la vérité, mais une vérité qui s’adressait à leur conscience : [20:21]
d’un côté les plaçant devant Dieu, et de l’autre leur présentant Celui en qui
Dieu se faisait connaître, et en qui Il communiquait toute la plénitude de la
grâce, savoir Jésus, objet de leur foi et Sauveur de leurs âmes. [20:19] Il leur
avait annoncé ces choses à travers les peines et les difficultés, en présence de
l’opposition sans conscience des Juifs qui avaient rejeté le Christ. L’apôtre
avait accompli sa pénible tâche selon la grâce qui l’élevait au-dessus de ce
mal, [20:21] annonçant aux Juifs le salut et dépassant les limites de ce peuple,
parce qu’il s’agissait de la grâce, s’adressant aux Gentils, à tout homme
pécheur et responsable ; [20:19] enfin, il avait fait tout cela, non avec
l’orgueil d’un docteur, mais avec l’humilité et la persévérance de l’amour.
Aussi désirait-il achever son ministère et ne manquer en rien à ce que Jésus lui
avait confié ; [20:22] et maintenant il allait à Jérusalem, se sentant lié dans
son esprit à le faire, ne sachant ce qui devait lui arriver, [20:23] mais averti
par l’Esprit que des liens et de la tribulation l’attendaient. [20:25] Quant aux
fidèles d’Éphèse, Paul savait que son ministère était terminé à leur égard, et
qu’il ne devait plus voir leur face. Dorénavant, la responsabilité pèserait sur
eux.
Fin des travaux
apostoliques, et responsabilité de se maintenir dans la position établie
Ainsi ce que le Saint Esprit nous présente dans ce touchant passage, c’est que
là où le récit détaillé du travail de l’apôtre au milieu des Gentils pour
planter l’Évangile, nous présente un tableau complet du résultat de ses travaux,
soit à l’égard des Juifs qui se trouvaient sur les lieux, soit à l’égard des
Gentils eux-mêmes — là, il fait ses adieux à l’œuvre, pour laisser ceux qu’il
avait rassemblés dans une position nouvelle, et dans un certain sens à
eux-mêmes1. Ce discours marque la fin de l’une des phases de l’Église, savoir de
la période des travaux apostoliques, et son entrée dans une autre phase, celle
de la responsabilité des chrétiens à se maintenir dans la position dans laquelle
les travaux des apôtres les avaient placés, maintenant que ces travaux avaient
cessé ; il nous montre le service des anciens qui étaient « établis par le Saint
Esprit comme surveillants » [(20:28)], et en même temps les dangers et les
difficultés qui signaleraient la cessation des travaux apostoliques et
compliqueraient l’œuvre des anciens auxquels la responsabilité serait maintenant
plus particulièrement dévolue.
1 Si Paul a jamais été mis en liberté et est retourné dans cette contrée (non pas nécessairement à Éphèse) comme les épîtres aux Philippiens, à Philémon, et peut-être la seconde à Timothée le feraient supposer, nous n’avons pas de récit scripturaire à ce sujet.
Ch. 20 v. 28-32 —
Absence de succession apostolique, pour affronter les difficultés
Ch. 20 v. 29-30 — Difficultés survenant une fois les apôtres disparus
Une première remarque importante à faire au sujet de ce discours, c’est que la
succession apostolique y est entièrement niée. [20:29] L’absence de l’apôtre,
suivant son propre témoignage, serait la cause de diverses difficultés ; et Paul
lui-même nous fait voir que personne ne serait là, à sa place, pour répondre à
ces difficultés ou les empêcher de surgir. Le discours de l’apôtre annonce en
second lieu, qu’une fois l’énergie apostolique loin, énergie qui bridait
l’esprit du mal, des loups ravisseurs du dehors [20:30] et des docteurs du
dedans enseignant des choses perverses, lèveraient la tête et s’occuperaient à
corrompre la simplicité de l’Assemblée et à détruire son bonheur : l’Assemblée
serait tourmentée par les efforts de Satan, sans posséder l’énergie apostolique
pour faire face à ces efforts.
Les anciens ont à
veiller et à paître, en comptant sur Dieu seul
Ce témoignage de l’apôtre est de la plus haute importance à l’égard de tout le
système ecclésiastique. [20:31] L’attention des anciens auxquels le soin de
veiller est confié, est dirigée ailleurs (maintenant que l’Église n’a plus la
ressource des soins apostoliques, ni rien qui prît officiellement leur place)
pour être gardée en paix et garantie du mal. C’était à eux de soigner
l’Assemblée dans de telles circonstances. [20:28] Ensuite ce qu’ils avaient
principalement à faire pour prévenir le mal, c’était de paître le troupeau en
veillant dans ce but, soit sur eux-mêmes, soit sur le troupeau. [20:31] Pour
qu’ils le fissent avec succès, Paul leur rappelle comment il les avait exhortés
lui-même jour et nuit avec larmes : — qu’ils veillassent donc ! [20:32] Puis
l’apôtre ne les recommande ni à Timothée, ni à un évêque, mais, et cela d’une
manière qui met de côté toute ressource officielle, à Dieu et à la parole de sa
grâce qui suffisait pour les édifier et pour leur assurer l’héritage. C’est donc
là que Paul a laissé l’Église : ce qu’elle a fait depuis n’est pas mon sujet
ici. Si Jean est venu plus tard travailler dans ces contrées, c’était une grande
faveur de Dieu ; mais cela ne changeait rien officiellement à la situation. Les
travaux de Jean (sauf ses avertissements aux églises dans l’Apocalypse, où il
s’agit du jugement), avaient en vue la vie individuelle, son caractère et ce qui
la nourrissait.
Ch. 20 v. 33-38 —
Séparation de l’apôtre et de l’Assemblée, comme instrument libre
Fin du travail de Paul pour fonder l’Assemblée, fidèlement devant Dieu
Avec une profonde et touchante affection, Paul se sépare de l’Assemblée à
Éphèse. Qui donc a comblé le vide que son absence a laissé ? [20:33] L’apôtre en
appelle en même temps à la conscience de ses auditeurs, comme témoins de
l’intégrité de sa marche pendant son séjour au milieu d’eux. [20:34] Les libres
travaux de l’apôtre des Gentils étaient terminés, pensée solennelle et touchante
! Dieu l’avait choisi comme instrument pour communiquer au monde ses conseils à
l’égard de l’Église, et pour fonder au milieu du monde cet objet précieux de ses
affections uni à Christ à sa droite. Que deviendra-t-elle ici-bas ?
Reste, pour l’apôtre
prisonnier, le témoignage devant les autorités
Dorénavant l’apôtre doit rendre compte de lui-même et accomplir d’une manière
frappante les prédictions du Seigneur. Amené par la méchanceté des Juifs devant
les tribunaux, livré par leur haine entre les mains des Gentils, tout cela
allait devenir un témoignage : les rois et les gouverneurs entendront
l’Évangile, mais l’amour de beaucoup se refroidira. Telle était, en général, la
situation ; mais il y avait aussi des détails qui étaient plus personnels à
l’apôtre.
Développement de
l’inimitié des Juifs responsables, jusqu’à leur rejet
On peut remarquer à cette occasion un trait principal du livre qui nous occupe
et qu’on n’a guère observé, savoir le développement de l’inimitié des Juifs
amenant leur rejet final, en tant que placés sur le pied de leur propre
responsabilité. Les Actes se terminent par le dernier exemple de leur
obstination qui se présente dans l’histoire apostolique [(28:29)]. Dans le cours
de cette histoire, l’œuvre au milieu des Juifs est laissée dans l’oubli, et
celle de Paul occupe toute la scène dans le récit historique donné par l’Esprit.
L’opposition des Juifs à la manifestation de l’Église qui remplaçait ce peuple
et dans laquelle s’effaçait la distinction entre les Juifs et les Gentils, se
retrouve à chaque pas de la carrière de l’apôtre ; cette distinction s’effaçait
par l’introduction du ciel et de la grâce pleine et souveraine — en contraste
avec la loi qui, tout en étant universelle dans ses directions, était donnée à
un peuple distinct — et tout pécheur profitait de cette grâce par la foi. Bien
que l’apôtre usât de tous les ménagements possibles envers les Juifs qu’il
aimait comme son peuple, la haine que son œuvre lui a value de leur part et qui
l’a poursuivi à chaque pas de sa carrière, réveille cette opposition dans toute
son intensité à Jérusalem qui en était le centre naturel : elle se manifeste
dans les violences de la foule et dans les efforts faits auprès des Gentils,
efforts qui avaient pour but d’ôter un tel homme de dessus la face de la terre
[(Act. 22:22)]. C’est ce qui rendait très sérieuse la position de l’apôtre à
Jérusalem à l’égard des Gentils ; dans cette ville, d’autant plus jalouse de son
importance religieuse, qu’elle en avait réellement perdu la réalité sous
l’esclavage romain, en transformant cette importance en un esprit de rébellion
contre l’autorité qui la gênait.
Chapitre 21
Montée de Paul à Jérusalem, et pensée divine à cet égard
Différentes positions de Paul
Condescendance aux sentiments juifs, et primauté aux Juifs dans l’évangélisation
Après l’histoire du christianisme envisagé comme se rattachant au judaïsme (en
rapport avec les promesses et leur accomplissement dans le Messie), nous
trouvons Paul dans trois positions différentes. Nous le voyons premièrement
condescendre aux sentiments juifs et à la conscience que les Juifs avaient de
leurs anciennes relations avec Dieu, dans un but de conciliation et pour tenir
compte de ce qui existait à Jérusalem ; il s’adresse même partout aux Juifs dans
leurs synagogues, comme à ceux qui avaient administrativement le premier droit à
entendre l’Évangile : « Au Juif premièrement, puis au Grec » [(Rom. 1:16)], car
Jésus était ministre de la circoncision pour la vérité de Dieu pour accomplir
les promesses faites aux pères. Paul n’a jamais manqué à cette déférence aux
voies de Dieu, et il constate clairement et dogmatiquement, dans l’épître aux
Romains, les principes sur lesquels cette marche était fondée.
Liberté de la grâce
selon Dieu, dans une vraie élévation spirituelle
Ensuite on trouve l’apôtre dans toute la liberté de la pleine vérité de la grâce
et des desseins de Dieu : cette liberté, découlant de la plénitude de la grâce,
se déploie dans l’œuvre qui était propre à Paul, elle caractérise la vraie
élévation spirituelle de son ministère, élévation de laquelle il descendait par
grâce. Ceci est enseigné dans l’épître aux Éphésiens. Dans ces deux positions,
Paul agit sous la conduite du Saint Esprit, accomplissant la volonté du
Seigneur.
Confrontation à
l’hostilité du judaïsme légal
En troisième lieu enfin, nous voyons l’apôtre aux prises lui-même avec
l’hostilité du Judaïsme légal dont il rencontrait constamment les émissaires, et
dans le foyer même duquel — dans la partie de son histoire que nous considérons
actuellement — il se jette à la fin, en se rendant à Jérusalem. Nous avons aussi
à considérer dans cette histoire ce qui était de Dieu et ce qui était la suite
des démarches de Paul lui-même. Que la main de Dieu ait été dans tout ce qui est
arrivé à l’apôtre, c’est ce qui est hors de doute, comme aussi que Dieu, en
résultat, ait tout dirigé pour le bien de l’Église et de son bien-aimé
serviteur. Il ne reste qu’à chercher jusqu’à quel point la volonté et les
pensées de Paul sont entrées, comme moyens dont Dieu s’est servi, dans la
production du résultat que Dieu a voulu amener soit pour l’Église, soit pour son
serviteur, soit pour les Juifs eux-mêmes. Ces considérations sont du plus haut
intérêt et exigent un humble examen de ce que Dieu, pour nous instruire à cet
égard, nous a présenté dans le récit qui nous est donné par l’Esprit lui-même
des derniers événements de la vie de Paul.
Volonté de Paul et
pensée de l’Esprit
Ch. 21 v. 4 — L’Esprit dit à Paul de ne pas monter à Jérusalem, alors qu’il s’y
sent lié
[21:4] La première chose qui nous arrête à l’entrée de ce récit, c’est que le
Saint Esprit dit à Paul de ne pas aller à Jérusalem (vers. 4) ; et cette parole
a une importance évidente. L’apôtre se sentait lié à monter à Jérusalem
[(20:22)] ; il y avait dans son esprit à lui quelque chose qui le poussait là,
un sentiment qui le dominait intérieurement et l’engageait dans ce chemin ; mais
l’Esprit dans son témoignage positif et extérieur lui dit de ne pas monter à
Jérusalem.
Motifs de monter à
Jérusalem, liés à l’affection charnelle pour le peuple juif
[19:21] L’intention de l’apôtre avait été d’aller à Rome ; et Paul étant apôtre
des Gentils, envoyé pour prêcher l’Évangile à toute créature, il n’y avait rien
en soi dans son projet qui ne fût selon la grâce (Rom. 1:13-15) ; cependant Dieu
ne lui avait jamais permis de se rendre à Rome et il dut écrire aux Romains son
Épître sans les avoir vus. Le ciel est la capitale du christianisme : Rome et
Jérusalem ne devaient avoir aucune importance pour Paul, sauf à ce qu’il
supportât avec affection l’une, et fût disposé, quand cela se pourrait, à
évangéliser l’autre. Le passage des Actes (chap. 19:21) qui est souvent traduit
: « Paul s’était proposé par l’Esprit » ou : « par un mouvement de l’Esprit »,
ne se rapporte réellement qu’à l’esprit de Paul. L’apôtre se proposait ces
choses « dans son esprit », c’est-à-dire dans sa pensée à lui, disant : « Après
que j’aurai été là, il faut que je voie Rome aussi ». [Rom. 15:25-28] Puis nous
le voyons se charger des offrandes des saints en Achaïe et en Macédoine : il
désirait prouver son affection pour les pauvres de son peuple (Gal. 2:10).
C’était très bien ; mais je ne sais si c’était là une fonction apostolique.
C’était un sentiment évidemment juif qui faisait un cas particulier des pauvres
de Jérusalem, et partant de Jérusalem même. Un Juif préférait être pauvre à
Jérusalem que riche parmi les Gentils. De pauvres chrétiens se trouvaient, sans
doute, déjà dans cette ville lors de leur conversion ; mais l’affection pour
Jérusalem, naturelle à un Juif, et même louable chez lui, était l’origine de ces
rapports des autres Juifs avec ceux qui demeuraient à Jérusalem (comp. Néh. 11:2
et Actes 24:17). Ce sentiment qui subsistait chez eux, tenait à leurs relations
avec le Judaïsme (Rom. 15:25-28). L’attachement du cœur de Paul à la nation à
laquelle il appartenait selon la chair, qui avait été le peuple chéri de Dieu,
et l’était encore, quoique rejetée pour un temps, avait son côté vrai et
profondément touchant. Le Résidu devait entrer dans le royaume de Dieu par le
christianisme, toutefois Israël demeurait toujours le bien-aimé de Dieu. Mais ce
sentiment d’affection de l’apôtre pour Israël touchait, d’un autre côté, à la
chair. L’apôtre — le messager de la gloire céleste qui a fait ressortir la
doctrine de l’Église composée de Juifs et de Gentils, unis sans distinction dans
le corps de Christ, doctrine qui effaçait le judaïsme — a été jeté par ce
sentiment dans le sein du judaïsme hostile, du judaïsme furieux contre cette
égalité spirituelle.
Dieu maintient Sa
suprématie en toutes choses, quoique fasse Son serviteur
Dieu exerce Paul, mais est avec lui, manifestant sa fidélité
Cependant la main de Dieu a maintenu, sans doute, sa suprématie dans tout ce qui
est arrivé. Paul, individuellement, a trouvé son niveau. Comme instrument de la
révélation de Dieu, il avait annoncé dans toute leur étendue et toute leur force
les conseils de la grâce souveraine de Dieu : le vin n’était pas frelaté ; il
était pur, comme l’apôtre l’avait reçu. Il marche aussi lui-même et d’une
manière remarquable à la hauteur de la révélation qui lui avait été confiée
(comp. 2 Cor. 2:17 ; 4:1-4) ; mais Paul individuellement est un homme : il faut
qu’il soit exercé et manifesté. Or dans les exercices auxquels Dieu nous
assujettit, il arrive que là où la chair a trouvé son plaisir et dans la sphère
où elle s’est complue à elle-même, elle trouve son affliction quand Dieu agit.
Toutefois, si Dieu a trouvé bon d’éprouver son serviteur et de lui manifester
quel était son état sous ce rapport, il s’est tenu près de lui et l’a béni à
travers l’épreuve même qu’il a fait servir au témoignage de l’apôtre, et il a
rafraîchi le cœur de son bien-aimé et fidèle serviteur. La manifestation de ce
qui, dans celui-ci, n’était pas selon l’Esprit et selon la hauteur de sa
vocation apostolique, était en amour pour sa bénédiction et pour celle de
l’Église. Heureux celui qui pourra marcher aussi fidèlement, et se maintenir au
même degré, par la grâce, dans le chemin de la grâce ! Toutefois, Christ est le
seul modèle. Je ne vois personne qui (dans une autre carrière) ait ressemblé au
Seigneur lui-même dans sa vie publique autant que Paul. Plus on suit la marche
de l’apôtre, plus on verra cette ressemblance ; seulement Christ était le modèle
de la perfection en obéissance, tandis que dans son précieux serviteur la chair
se trouvait : celui-ci aurait été le premier à reconnaître que la perfection ne
devait être attribuée qu’à Jésus seul.
Action de la main
divine, même si c’est par l’affection humaine de Paul
Je crois donc que la main de Dieu était dans ce voyage de Paul ; je crois qu’il
voulait dans sa souveraine sagesse faire passer son serviteur par ce chemin et
l’y bénir aussi, mais que le moyen employé selon cette sagesse souveraine, pour
y introduire l’apôtre, a été son affection humaine pour le peuple de sa parenté
selon la chair, et non pas le Saint Esprit agissant de la part de Christ dans
l’Assemblée. Cet attachement à son peuple, cette affection humaine a rencontré
dans le peuple ce qui la mettait à sa place. Humainement parlant, le sentiment
de l’apôtre était un sentiment aimable, mais il n’était pas le fruit propre de
la puissance de l’Esprit, fondée sur la mort et la résurrection de Christ. Dans
le résultat de cette œuvre divine, dans les pensées qui y dominaient, il n’y
avait plus de Juifs ni de Gentils. Dans le Christ, vivant ici-bas, ce sentiment
de liaison avec Jérusalem était juste : Christ, à la fin de sa vie, allait à
Jérusalem pour mourir ; il était venu dans ce but.
L’activité de Paul
était loin de Jérusalem, étant envoyé vers les nations
L’affection de Paul était bonne, mais, comme source d’activité, elle n’était pas
selon la hauteur de l’œuvre de l’Esprit qui, de la part d’un Christ glorifié,
avait envoyé Paul loin de Jérusalem vers les Gentils [(22:21)] pour révéler
l’Église, unie à Christ dans le ciel comme un corps à sa tête. [22:22] Aussi les
Juifs ont-ils écouté l’apôtre jusqu’au moment où il a parlé de cette mission ;
[22:23-24] et alors ils ont poussé les cris qui ont amené son emprisonnement1.
L’apôtre a souffert pour la vérité, mais en un lieu où cette vérité n’avait
aucun accès, selon le témoignage de Christ lui-même. Cependant les Juifs ont dû
manifester leur haine contre l’Évangile et donner cette dernière preuve de leur
opposition obstinée aux voies de Dieu en grâce.
1 Il est digne de remarque que la volonté de Christ était que Paul allât vers les Gentils. Ajoutons à cela qu’Il avait jadis fait connaître cette volonté par la déclaration suivante : « Sors au plus tôt de Jérusalem, parce qu’ils ne recevront pas ton témoignage à mon égard » (22:18). En sorte que cette déclaration de Paul que son témoignage ne serait pas reçu à Jérusalem a été l’occasion de sa capture. La parole de Christ et celle de Paul, montraient que son service n’était pas à Jérusalem, mais autre part.
Fin des travaux de
Paul, et conformité à Christ dans son service et son rejet
En même temps, quels qu’aient pu être les travaux ultérieurs de l’apôtre (s’il y
en eût), le Saint Esprit n’en fait pas mention. [28:23] Paul voit les Juifs dans
sa maison à Rome [28:30] et reçoit ceux qui veulent venir le voir ; mais la page
du récit tracé par l’Esprit se ferme là. Cette histoire est terminée : la
mission apostolique au milieu des Gentils, en rapport avec la fondation de
l’Église, est close. Rome n’est que la prison de l’apôtre de la vérité.
Jérusalem le rejette, et Rome l’emprisonne et le met à mort, comme elles
l’avaient fait à Jésus, à qui le bienheureux apôtre a dû ressembler en cela
aussi, d’après le vœu qu’il exprime au chapitre 3 de l’épître aux Philippiens
[(v. 10-11)], car Christ et la conformité à lui étaient son seul objet. Il a été
donné à Paul de trouver cette conformité avec son maître dans son service, comme
elle existait déjà si puissamment dans son cœur et dans son âme, avec la
différence nécessaire entre un ministère qui ne devait ni briser le roseau
froissé, ni élever sa voix dans les rues [(Matt. 12:19-20)] — et un ministère
qui, en témoignage, devait montrer le jugement aux Gentils.
Mise de côté des
centres de l’homme, l’Église selon Dieu étant manifestée
La mission des douze aux Gentils, ayant Jérusalem pour point de départ, selon
Matthieu 28 [(v. 19)], n’a jamais reçu d’exécution1, le Saint Esprit ne
rapportant pas ce fait. Jérusalem a retenu les douze : ils n’ont pas même
parcouru toutes les villes d’Israël. Pierre a reçu le ministère de la
circoncision [(Gal. 2:7)] ; le ministère des Gentils a été confié à Paul, en
rapport avec la doctrine de l’Église et d’un Christ glorieux, d’un Christ que
l’apôtre ne connaissait plus selon la chair. Jérusalem, où il a été attiré par
son affection, a rejeté Paul ainsi que sa mission : son ministère envers les
Gentils en tant que libre effet de la puissance de l’Esprit, a eu aussi son
terme. L’histoire ecclésiastique peut nous dire davantage, peut-être, sur
l’œuvre de l’évangélisation du monde ; mais Dieu a pris soin d’ensevelir
l’histoire de cette œuvre dans une profonde obscurité. L’Esprit ne reconnaît
rien de cette œuvre : on n’entend plus parler des apôtres à Jérusalem — et Rome,
ainsi que nous l’avons vu, n’a pas eu d’apôtres pour fonder une église dans ses
murs (pour autant que le Saint Esprit reconnaît l’œuvre accomplie là, dans le
récit qu’il nous en donne), si ce n’est que l’apôtre des Gentils y a été
prisonnier et finalement mis à mort. L’homme a manqué partout sur la terre ; les
centres, religieux et politique, du monde, centres que Dieu avait établis dans
ses voies envers la terre, ont rejeté le témoignage, ont mis à mort le témoin.
Mais le résultat a été que le ciel a maintenu ses droits intacts et dans leur
pureté absolue. L’Église, la vraie capitale céleste et éternelle de la gloire et
des voies de Dieu ; l’Église qui avait sa place dans les conseils de Dieu avant
que le monde fût ; l’Église qui répond au cœur de Dieu en grâce, comme unie à
Christ dans la gloire ; l’Église reste l’objet de la foi. Elle est révélée selon
les pensées de Dieu et parfaitement telle qu’elle est dans ses pensées, jusqu’à
ce que — Jérusalem céleste — elle soit manifestée en gloire, en rapport avec
l’accomplissement des voies de Dieu sur la terre, lorsque Jérusalem sera
rétablie comme centre de ses voies terrestres en grâce, comme Son trône, comme
sa capitale, même au milieu des nations, et que la puissance des Gentils dont
Rome était le centre et le siège aura disparu.
1 Marc 16:20 est le seul passage qui pourrait sembler faire allusion à l’accomplissement de cette mission et il n’en donne pas même le caractère, car, comme Colossiens 1:6, il se rapporte au monde entier et est fondé sur l’ascension de Christ. Ce n’est pas une mission aux Gentils fondée sur la résurrection seule.
Pensées de Paul et
déroulement historique, entre Rome et Jérusalem
Liens de Paul avec les croyants de Rome
Rome, capitale du monde, a une assemblée sans que l’apôtre y soit passé
Examinons maintenant les pensées de l’apôtre et ce qui, historiquement, s’est
passé : l’apôtre écrit de Corinthe aux Romains quand il avait en vue son voyage
à Rome. Le christianisme avait pris racine dans ce centre du monde sans qu’un
apôtre quelconque l’y eût planté : Paul le suit ; la capitale de l’empire est
comme une partie de son territoire apostolique qui lui échappe (voyez Rom.
1:13-15 et ch. 15 [(v. 22-29)], où il revient au même sujet). S’il n’a pas pu
aller à Rome, car Dieu ne veut pas commencer par la capitale du monde (comparez
la destruction de la capitale cananéenne Hatsor en Josué 11:10-13), il écrira au
moins aux chrétiens à Rome en se fondant sur son apostolat universel envers les
Gentils. Des chrétiens étaient déjà établis à Rome ; Dieu l’a voulu ainsi ; mais
ces chrétiens étaient en quelque sorte du ressort de l’apôtre et beaucoup de
personnes qui avaient été personnellement en relation avec lui se trouvaient
dans cette ville. Le nombre et le caractère des salutations qui se trouvent à la
fin de l’épître aux Romains sont remarquables et ont un cachet particulier,
faisant voir que les chrétiens de Rome étaient en grande partie les enfants en
la foi de Paul.
Position apostolique de
Paul quant à Rome et aux Gentils
Au chapitre 15:14-29, de cette même épître, Paul développe sa position
apostolique vis-à-vis des Romains et des autres Gentils. Il veut aussi aller en
Espagne, quand il aura un peu vu ses frères de Rome ; il veut communiquer à
ceux-ci des grâces (Rom. 1 [v. 11]), mais être consolé par leur foi mutuelle
[(Rom. 1:12)] ; il veut jouir un peu de leur compagnie. Ils sont en rapport avec
lui, mais ils existent sans lui à Rome ; quand donc il les aura vus un peu, il
se propose d’aller en Espagne. Mais il a été désappointé à l’égard de ses
projets ; et tout ce que le Saint Esprit nous raconte, c’est qu’il a été
prisonnier à Rome : — silence profond quant à l’Espagne. Au lieu de passer
outre, après avoir vu ses frères de Rome et leur avoir communiqué ses dons,
l’apôtre reste deux ans prisonnier à Rome [(Act. 28:30)] et on ne sait s’il a
jamais été libéré ; — les uns disent oui, les autres disent non — la Parole ne
dit rien1.
1 Note Bibliquest : sur ce sujet, voir A.L., les derniers jours de l’apôtre Paul.
Jérusalem intercepte
les pensées et le service de Paul, avant Rome
Paul part à Jérusalem quand un grand champ d’évangélisation est ouvert à
l’occident
C’est dans le moment où, à son passage à Corinthe, l’apôtre a exposé son
intention d’aller à Rome et le caractère de ses relations selon l’Esprit avec
cette ville, un vaste champ à l’occident s’ouvrant devant lui, que ses anciennes
affections pour son peuple et Jérusalem interviennent : « Mais à présent je vais
à Jérusalem, étant occupé au service des saints » (Rom. 15:25-28). Pourquoi ne
pas aller à Rome selon l’énergie de l’Esprit quand son œuvre était achevée en
Grèce (Rom. 15:23) ? Dieu a voulu sans doute que tout ce qui était arrivé à Paul
à Jérusalem eût lieu, et que Rome et les Romains prissent, à l’égard du
témoignage d’un Christ glorieux et de l’Église, le triste caractère d’une prison
; mais, quant à Paul, pourquoi placer Jérusalem entre son désir évangélique et
son œuvre ? L’affection était louable — le service bon pour un serviteur
(diacre) ou un messager des assemblées, mais pour Paul qui avait tout l’occident
ouvert à ses pensées pour y prêcher l’Évangile… ?
Danger pressenti à
Jérusalem, indiqué par l’Esprit, et venue à Rome comme prisonnier
Jérusalem a intercepté sa vue pour le moment, aussi le Saint Esprit (chap.
21:41) l’avertit en chemin et lui dit, comme nous l’avons vu, de ne pas aller
dans cette ville. L’apôtre lui-même pressentait le danger qu’il courait en y
allant ; il était sûr de venir à Rome dans la plénitude de la bénédiction de
l’Évangile, mais il n’était rien moins que sûr qu’il viendrait avec joie (Rom.
15:29-32). La chose pour laquelle il demandait les prières des Romains, a tourné
tout autrement qu’il ne l’avait désiré. Il a été délivré des mains des Juifs à
Jérusalem, mais comme prisonnier : [28:15] quand il est arrivé en Italie, il a
pris courage lorsqu’il a vu ses frères au Forum d’Appius et aux Trois-Tavernes.
Il n’y avait pas pour lui non plus de voyage en Espagne.
Action de la grâce
divine, et accomplissement des voies de Dieu
Dieu est avec Paul, pour le discipliner et le soutenir, et agissant pour Sa
gloire
Tout ceci me semble très solennel. Le Seigneur plein de grâce et de tendresse a
été avec son pauvre, mais bien-aimé serviteur. Un pareil récit, et un récit où
il s’agit d’une personne telle que Paul, est du plus touchant intérêt ; les
voies du Seigneur y sont adorables et parfaites en bonté. La réalité de la foi
se trouve en plein chez Paul ; les voies de grâce de Dieu envers lui sont
parfaites, et parfaites en tendresse aussi chez le Seigneur. Dieu se tient avec
son serviteur pour l’encourager et pour le fortifier dans l’épreuve même où il
se trouve. En même temps, à l’égard de ce désir d’aller à Jérusalem, [21:4]
l’apôtre est averti par l’Esprit [21:11] et les conséquences de ce voyage lui
sont déclarées ; ne se détournant pas de son projet, il subit la discipline qui
met son âme à sa place, mais dans une place de pleine bénédiction devant Dieu :
sa marche trouve son niveau quant à la puissance spirituelle. Il subit
extérieurement la puissance de ce qui avait exercé de l’influence sur lui
moralement, cherchant à entraver son ministère ; et un joug sur sa chair répond
à la liberté qu’il lui avait accordée. Il y avait de la justice dans les voies
de Dieu ; son serviteur lui était trop précieux pour qu’il permît qu’il en fût
autrement. En même temps, quant au résultat et au témoignage, Dieu a tout
ordonné pour sa propre gloire, et dans une parfaite sagesse à l’égard de
l’avenir de l’Église.
Rejet définitif de la
grâce par Jérusalem, et témoignage du Seigneur pour tous
Jérusalem, ainsi que nous l’avons vu, repousse définitivement la pensée qu’un
témoignage soit adressé aux Gentils, et ainsi la grâce qui l’envoyait — en un
mot, les voies de Dieu dans l’Église (comp. 1 Thess. 2:14-16) ; et Rome devient
la prison de ce témoignage, tandis que, selon la promesse du Seigneur, le
témoignage est porté devant les gouverneurs et les rois [(Act. 9:15)], et devant
César lui-même.
Même position pour
Jésus et pour Paul, mais pas comme dans la même place devant Dieu
J’ai dit que la grâce mettait Paul dans la position où avait été Jésus, livré
aux Gentils par la haine des Juifs : c’était une grande grâce ! La différence
entre l’amour infini du Seigneur qui se livrait lui-même à la mort, et la
relation dans laquelle Paul se trouvait avec les Juifs, était celle-ci que Jésus
était en butte à leur haine comme étant à sa vraie place devant Dieu. Jésus
était venu aux Juifs ; qu’il fût livré, c’était réellement de sa part mettre le
comble à son dévouement et à son service ; c’était au fond s’offrir par l’Esprit
éternel [(Héb. 9:14)]. C’était la sphère propre de son service, comme envoyé de
Dieu. Paul, lui, rentrait dans cette sphère judaïque d’où l’énergie du Saint
Esprit l’avait tiré. « Te retirant », dit le Seigneur, « du milieu du peuple et
des nations, vers lesquelles moi je t’envoie pour ouvrir leurs yeux » (Actes
26:17). Paul avait été pris par Jésus qui l’avait établi, en dehors des Juifs et
des Gentils, pour exercer un ministère qui les liait tous les deux en un seul
corps dans le ciel, avec Christ qui l’avait ainsi envoyé. Paul ne connaissait
personne selon la chair ; il n’y avait dans le Christ Jésus ni Juif, ni Grec.
Ch. 21 : Montée de Paul
à Jérusalem et arrestation
Ch. 21 v. 1-14 — Chemin de Paul vers Jérusalem et avertissements de l’Esprit
Ch. 21 v. 1-11 — Avertissement de ne pas aller à Jérusalem, et des dangers
Mais reprenons l’histoire de notre apôtre. [21:4] Il est averti par le Saint
Esprit de ne pas monter à Jérusalem, ainsi que nous l’avons vu (chap. 21:4) ;
[21:5] cependant il continue son chemin. [21:10] À Césarée un prophète, nommé
Agabus, descend de Judée [21:11] et lui annonce qu’il sera lié et livré aux
Gentils (vers. 10, 11). On peut dire qu’il n’y avait rien là qui interdît à
l’apôtre de monter à Jérusalem : cela est vrai, mais venant après l’ordre qu’il
avait reçu, cet avertissement renforçait la direction déjà donnée par l’Esprit
de n’y pas aller. Quand Paul marchait dans la liberté de l’Esprit, et qu’il
était averti d’un danger, il s’enfuyait, tout en sachant braver aussi tous les
périls quand le témoignage l’exigeait : à Éphèse il s’est laissé persuader de ne
pas entrer au théâtre [(19:30-31)].
Ch. 21 v. 12-14 —
Détermination de Paul et volonté du Seigneur
Le Saint Esprit n’avertit pas en général les croyants des dangers qui peuvent
les menacer ; il conduit dans le chemin du Seigneur, et si la persécution
arrive, il donne la force pour la supporter. Ici Paul était constamment averti :
[21:12] ses amis aussi l’engagent à ne pas monter à Jérusalem ; [21:14] mais il
ne veut pas se laisser persuader. Ils se taisent, peu satisfaits, en disant : «
La volonté du Seigneur soit faite » (vers. 14) ; et c’était, je n’en doute pas,
la volonté du Seigneur, mais pour l’accomplissement de desseins que Paul ne
connaissait pas par l’intelligence donnée par le Saint Esprit. Il se sentait
seulement pressé d’aller à Jérusalem, [21:13] prêt à tout souffrir pour le
Seigneur.
Ch. 21 v. 15-29 — Paul
se place sous l’influence des chrétiens juifs judaïsants
Ch. 21 v. 15-25 — Paul est soumis aux préjugés des Juifs vers qui il est venu
[21:15] Paul monte donc à Jérusalem ; [21:18] et là, il va chez Jacques ; les
anciens s’y réunissent (vers. 17, 18). [21:19] Il leur raconte l’œuvre de Dieu
parmi les Gentils ; [21:20] eux invoquent le Judaïsme dont la multitude était
remplie, et, tout en se réjouissant du bien que Dieu avait opéré par l’Esprit,
[21:21] ils désirent que Paul se montre obéissant à la loi. [21:22] Il faut que
les croyants de Jérusalem se réunissent à l’occasion de l’arrivée de Paul,
[21:24] et il faut satisfaire à leurs préjugés à l’égard de la loi. Paul s’est
placé dans la présence des exigences des hommes : refuser d’y obtempérer, c’eût
été déclarer que leurs pensées étaient fondées à son égard ; agir selon leur
désir, c’eût été faire une règle, non de la direction de l’Esprit, en toute
liberté d’amour, mais de l’état de préjugé et d’ignorance où se trouvaient ceux
qui l’entouraient. La cause de la difficulté pour l’apôtre était qu’il se
trouvait à Jérusalem, non selon l’Esprit, mais selon son attachement à ses
anciennes liaisons avec le judaïsme. Il faut être au-dessus des préjugés des
autres, et libre de leur influence pour pouvoir condescendre en amour à ces
préjugés.
Ch. 21 v. 26-29 — Paul
est livrée ainsi à ses ennemis, les Juifs opposés à l’évangile
[21:26] Une fois à Jérusalem, Paul n’a guère pu faire autre chose que de
satisfaire aux demandes des chrétiens judaïsants. Or, la main de Dieu y est. En
cherchant à plaire aux Juifs croyants, l’acte de Paul le jette au pouvoir de ses
ennemis ; il se trouve dans la gueule du lion, entre les mains des Juifs
adversaires de l’Évangile. Ajoutons qu’à dater de ce moment on n’entend plus
parler des chrétiens de Jérusalem : ils avaient fait leur œuvre. Ils ont bien
accepté, sans doute, l’aumône des Gentils.
Ch. 21 v. 30-40 — Paul
délivré des Juifs et arrêté par les Romains
[21:30] Toute la ville était en émoi et le temple fermé (vers. 30). [21:32] Le
commandant de la place vient délivrer Paul des mains des Juifs [21:31] qui
voulaient le tuer, [21:33] en l’arrêtant cependant lui-même, car les Romains
étaient habitués à ces violences et méprisaient cordialement le peuple bien-aimé
de Dieu, mais également fier et dégradé quant à son état. [21:37-39] Paul,
néanmoins, commande le respect du commandant par sa manière de l’interpeller,
[21:40] et celui-ci lui permet de parler au peuple.
Chapitre 22
Ch. 22 v. 1-22 — Discours de Paul au peuple
Paul expose son appel et sa mission vers les nations, les Juifs le rejetant
[21:37] Paul s’était adressé en grec au commandant ; [21:40] mais toujours prêt
à gagner les autres par les attentions que l’amour suggère pour les sentiments
d’autrui — et particulièrement puisqu’il s’agissait du peuple bien-aimé, quoique
rebelle — l’apôtre parle au peuple en hébreu (c’est-à-dire dans leur langage
ordinaire, appelé hébreu). Il ne raconte pas ici ce que le Seigneur lui a dit en
se révélant à lui, [22:12] mais il fait particulièrement le récit de son
entrevue avec Ananias, Juif fidèle et estimé de tous. [22:18] Ensuite il aborde
le point qui caractérisait nécessairement sa position et sa défense. Christ lui
est apparu en lui disant : « Ils ne recevront pas ton témoignage à mon égard » à
Jérusalem, [22:21] et : « Je t’enverrai au loin vers les nations » (vers.
18-21). Béni soit Dieu, c’était la vérité ; mais à quoi bon rappeler ces paroles
du Seigneur à ceux-là même qui, d’après ce que Paul leur disait lui-même, ne
voulaient pas recevoir ce témoignage ? La seule chose qui donnât de l’autorité à
cette mission envers les Gentils c’était la personne de Jésus, et les Juifs n’y
croyaient pas.
Paul s’appuie sur le
témoignage d’Ananias seul
[22:12] L’apôtre avait beau s’appuyer sur la piété juive d’Ananias, toute vraie
qu’elle fût, elle n’était qu’un roseau cassé dans le témoignage que Paul rendait
au peuple ; cependant le témoignage d’Ananias était tout ce que l’apôtre
alléguait, le sien propre excepté. [22:22] Son discours ne servait qu’à une
chose, à faire ressortir la haine violente et incorrigible de ce pauvre peuple
contre toute pensée de grâce en Dieu, et son orgueil effréné qui allait, comme
il est dit, « devant la ruine » (Prov. 16:18).
Ch. 22 v. 23-30 — Paul
délivré mais lié par le commandant romain
[22:23] Le commandant, voyant la violence du peuple, [22:24] et ne comprenant
rien à ce qui se passait, ordonne avec le mépris orgueilleux d’un Romain, qu’on
lie Paul et qu’on le fouette pour qu’il dise quelle est la cause de la violence
de la foule contre lui. [22:27-28] Or, Paul lui-même était citoyen romain, et né
tel, tandis que le commandant avait acheté cette bourgeoisie. [22:25] Paul fait
savoir avec douceur qu’il jouit de ce droit, [22:29] et ceux qui allaient le
fouetter se retirent : le commandant avait peur, parce qu’il avait lié Paul,
mais son autorité y étant engagée, il le laisse lié. [22:30] Le lendemain
seulement, il délie l’apôtre et le fait comparaître devant le concile ou
sanhédrin des Juifs.
Chapitres 23 à 26
Ch. 23 — Manifestation de l’état du peuple, et providence de Dieu pour Paul
Non seulement les conducteurs avaient rejeté la grâce, mais le peuple l’avait
rejetée aussi. [23:1] Paul s’adresse au sanhédrin avec le sérieux et l’esprit
élevé d’un homme de bonne foi, habitué à marcher avec Dieu. Son discours n’est
pas un témoignage qui leur est rendu pour leur bien, mais l’appel d’une bonne
conscience à leurs consciences s’ils en avaient encore. [23:2] La réponse
immédiate que reçoit l’apôtre est un outrage de la part du juge ou du chef du
sanhédrin : [23:3] Paul, indigné de ce procédé, déclare à Ananias que Dieu le
frappera ; [23:4] mais averti qu’Ananias était le souverain sacrificateur,
[23:5] il s’excuse par son ignorance de ce fait, le souverain sacrificateur
n’étant sans doute pas vêtu de manière à se faire reconnaître, et il rappelle
que la loi défend formellement de dire du mal du chef du peuple (23:5).Tout ceci
était juste et à sa place vis-à-vis des hommes ; mais le Saint Esprit ne pouvait
dire : « Je ne savais pas ». Le discours de l’apôtre n’est pas le résultat de
l’activité du Saint Esprit faisant l’œuvre de la grâce et du témoignage, mais il
est le moyen du jugement final de Dieu sur le peuple. C’est sous ce caractère,
en ce qui concerne les Juifs, que Paul paraît ici. La conduite de Paul brille
vis-à-vis de celle de ses juges, qui se déshonoraient complètement et montraient
leur affreux état ; mais l’apôtre ne paraît pas pour Dieu devant eux : [23:6] il
profite ensuite de la composition du sanhédrin pour y jeter un désordre complet,
en s’annonçant comme pharisien, fils de pharisien et tiré en cause pour un dogme
de cette secte (23:6). Le fait était vrai, mais une démarche pareille n’était
pas à la hauteur de la parole de l’apôtre : « Les choses qui pour moi étaient un
gain, je les ai regardées, à cause du Christ, comme une perte » [(Phil. 3:7)].
[23:10] Cependant les Juifs montrent à nu leur état : ce que Paul leur dit
suscite un tumulte ; et le commandant, craignant que l’apôtre ne fût mis en
pièces, le retire du milieu d’eux. — Dieu a tout à sa disposition. — [23:16] Un
neveu de Paul, dont nous n’entendons plus parler ailleurs, est informé d’une
embûche qu’on prépare pour l’apôtre ; il en avertit Paul ; [23:17] celui-ci
envoie le jeune homme au commandant [23:31-33] qui expédie l’apôtre sous escorte
à Césarée. Dieu a veillé sur son serviteur, mais tout est au niveau des voies
humaines et providentielles. Il n’y a pas ici l’ange de Pierre, ni le
tremblement de terre de Philippes ; on sent bien qu’on est sur un autre terrain.
Comparution de Paul
devant les gouverneurs
Caractère et comportement des divers dirigeants devant qui Paul comparaît
Paul comparaît devant tous les gouverneurs successivement : le sanhédrin
[(22:30)], Félix [(24:24)], Festus [(25:6)], Agrippa [(25:23)] et ensuite César
[(25:12)]. Quand il est devant eux, il adresse de beaux appels à leur conscience
lorsque l’occasion se présente ; quand il s’agit de sa défense, les déclarations
mâles et honnêtes d’une bonne conscience, s’élèvent au-dessus des passions et
des intérêts qui l’entouraient. Je passe sous silence l’égoïsme mondain de
Lysias [(23:27-30)] et de Festus [(25:14-21)] qui s’attribuent toutes sortes de
bonnes qualités et de bons procédés ; je passe également sous silence le mélange
de réveil de conscience et d’absence de principe que nous voyons en Félix
[(24:25-26)], le désir des gouverneurs de plaire aux Juifs pour leur propre
importance ou pour faciliter le gouvernement d’un peuple rebelle s’il y en eût
[(24:27 ; 25:9)], ainsi que le mépris de ceux qui n’étaient pas responsables de
la tranquillité publique autant que Lysias. La position d’Agrippa et tous les
détails de l’histoire de cette période, ont un cachet de vérité remarquable, et
présentent les caractères des différentes personnes d’une manière si vivante
qu’on se trouve comme transporté dans la scène qui est dépeinte : on voit les
personnes qui s’y meuvent. Au reste, les récits de Luc sont frappants sous ce
rapport.
Dieu conduit toutes
choses, malgré l’injustice de l’homme
D’autres choses se présentent ici à notre attention. [25:9] Festus voulait mener
Paul à Jérusalem pour gagner les Juifs, mais Rome devait avoir sa part dans le
rejet de l’Évangile de grâce et du témoignage de l’Église, [25:11] et Paul en
appelle à César. [25:25] Festus est obligé d’envoyer l’apôtre à Rome, [25:26-27]
mais il est embarrassé de savoir quel crime lui imputer en l’y envoyant. Triste
tableau de l’injustice de l’homme ! Mais tout accomplit les desseins de Dieu.
Par son appel à César, Paul ici n’a guère mieux réussi que dans l’effort qu’il
avait fait pour contenter les Juifs. Cet appel était peut-être aux yeux des
hommes la seule ressource qui lui restât dans ces circonstances, [26:32] mais il
aurait pu (le Saint Esprit prend soin de nous le dire) être mis en liberté, s’il
n’en eût pas appelé à César.
Attitude d’Agrippa,
curieux mais fermé quant à sa conscience
[25:22] Chez Agrippa il y a, me semble-t-il, plus de curiosité que de
conscience, quoiqu’il pût avoir quelque désir de profiter de l’occasion pour
connaître plus à fond cette doctrine qui révolutionnait les esprits, et cette
disposition de s’en rendre compte pouvait dépasser la simple curiosité. [26:28]
On interprète en général ces paroles : « Tu me persuaderas bientôt d’être
chrétien » (26:28) comme s’il n’était pas loin d’être convaincu de la vérité du
christianisme. Peut-être l’aurait-il été, si ses passions n’y avaient pas mis
obstacle. Mais on peut se demander si telle est la force du grec, comme on le
suppose généralement, et si ce n’est pas plutôt : « Sous peu tu vas faire de moi
un chrétien », [26:27] couvrant son malaise devant l’appel à sa profession
judaïque, en présence de Festus, par une remarque affectée et méprisante. Pour
moi, je pense que tel était le cas. La notion : « être presque un chrétien » est
une erreur manifeste, bien qu’il soit vrai que l’esprit d’un homme puisse être
sous des influences qui devraient l’y conduire et que cependant il rejette.
[26:32] Agrippa aurait été content que Paul fût mis en liberté. Il exprime la
conviction que Paul aurait pu l’être, s’il n’en avait pas appelé à César. Il
donne son opinion à Festus, comme un homme sage et raisonnable ; mais au fond sa
conscience dictait ses paroles, paroles qu’il osait dire [26:31] quand Festus et
tout le monde étaient d’accord que Paul n’avait rien fait qui méritât la mort ou
les liens.
Discours de Paul pour
justifier sa carrière et interpeller Agrippa et sa conscience
[26:31] Dieu a voulu constater en face du monde l’innocence de son bien-aimé
serviteur. Le discours de Paul a ce but. Il va plus loin, [26:4] mais le but de
l’apôtre est de rendre compte de sa conduite : [26:13-18] sa conversion
miraculeuse est racontée [26:19] en vue de justifier sa carrière subséquente,
mais elle est racontée de manière à agir sur la conscience d’Agrippa, qui avait
des connaissances juives et avait évidemment le désir d’apprendre quelque chose
du christianisme, qu’il soupçonnait d’être la vérité. Aussi le roi saisit-il
avec avidité l’occasion qui se présente d’entendre l’apôtre expliquer la
doctrine nouvelle ; [26:28] mais il en reste à être à peu près convaincu.
[26:29] Cet état d’âme d’Agrippa ouvre cependant la bouche de Paul, et il
s’adresse directement et particulièrement au roi qui, du reste, l’interpellait,
préoccupé évidemment du sujet que Paul allait traiter ; [26:24] quant à Festus,
ce que Paul disait n’était pour lui que des rapsodies.
Dignité de Paul,
convenable dans toutes les circonstances
La dignité de Paul devant tous ces gouverneurs est parfaite : il s’adresse à
leur conscience avec un oubli de lui-même qui montre un homme en qui la
communion avec Dieu et la conscience de ses relations avec lui, maintenaient
l’esprit au-dessus de l’effet des circonstances. Il agit de la part de Dieu et
avec une déférence parfaite pour la position de ceux auxquels il s’adresse :
moralement il est entièrement élevé au-dessus d’eux. Plus les circonstances
étaient humiliantes, plus cette supériorité se revêt de beauté. Devant les
Gentils, Paul est missionnaire de la part de Dieu ; il se retrouve lui-même,
Dieu en soit béni. Tout ce qu’il dit aux Juifs était juste et mérité ; mais
pourquoi lui, qui avait été délivré du peuple, était-il maintenant assujetti au
manque total de conscience et aux aveugles passions de celui-ci, chez qui il n’y
avait pas place pour un témoignage ? Cependant, comme nous l’avons vu, il devait
en être ainsi pour que les Juifs missent, de toute manière, le comble à leur
iniquité et que l’apôtre bien-aimé pût suivre les traces de son Maître.
Ch. 26 — Paul et
Agrippa
Ch. 26 v. 1-23 — Discours de Paul, exposant sa position
Tableau de toute la position complète de Paul
Le discours de Paul au roi Agrippa nous fournit le tableau le plus complet de
l’ensemble de la position de l’apôtre, comme il l’envisageait lui-même quand son
long service, et la lumière de l’Esprit, éclairaient pour lui tout son passé.
Histoire de Paul et
mission qui lui a été confiée par le Seigneur
Il ne parle pas de l’Église : c’était là une doctrine pour l’enseignement, et
non pas une partie de son histoire ; mais il donne en détail tout ce qui regarde
son histoire personnelle en rapport avec son ministère. [26:5] Il avait été un
strict Pharisien ; [26:6-7] et ici l’apôtre lie la doctrine de Christ à
l’espérance des Juifs ; il était lié « pour l’espérance de la promesse faite par
Dieu à nos pères », dans laquelle entrait sans doute la résurrection. [26:8]
Pourquoi le roi jugerait-il qu’une résurrection était impossible, pourquoi
croirait-il que Dieu ne pouvait pas ressusciter des morts ? Ceci amène l’apôtre
à un autre point. [26:9] Il avait lui-même pensé qu’il fallait faire beaucoup
contre le nom de Jésus de Nazareth, [26:10-11] et il avait mis sa pensée à
exécution avec toute l’énergie de son caractère et avec la bigoterie d’un Juif
dévot. [26:22] Sa position actuelle comme témoin au milieu des Gentils,
dépendait du changement opéré en lui par la révélation du Seigneur, lorsqu’il
était occupé à détruire Son nom. [26:12-13] Près de Damas une lumière plus
brillante que le soleil l’avait jeté par terre, ainsi que tous ceux qui
l’accompagnaient ; [26:14] lui seul avait entendu la voix du Juste, [26:15] en
sorte qu’il savait de la propre bouche du Seigneur que c’était Jésus, et que ce
Jésus considérait ceux qui croyaient en lui comme étant lui-même. [26:19]
L’apôtre ne pouvait résister à un tel témoignage ; [26:17-18] mais comme sa
mission au milieu des Gentils était le grand grief des Juifs, Paul montre que
cette position lui avait été formellement désignée par le Seigneur lui-même.
[26:16] Il était appelé à rendre témoignage de la gloire de Jésus qu’il avait
vue lui-même, ou plutôt de Jésus dans cette gloire, et d’autres « choses pour la
révélation desquelles Jésus lui apparaîtrait » encore. Un Christ glorieux, connu
(personnellement) seulement dans le ciel, était le sujet du témoignage qui était
confié à Paul. [26:17] Dans ce but, Jésus l’avait mis à part en le séparant des
Juifs autant que des Gentils, la mission de Paul tenant directement au ciel et
ayant là sa source ; [26:18] l’apôtre avait été formellement envoyé aux Gentils
par le Seigneur de gloire pour changer leur position vis-à-vis de Dieu par la
foi en ce Jésus glorieux, pour ouvrir leurs yeux, pour les transporter des
ténèbres à la lumière, de la puissance de Satan à Dieu, et leur donner un
héritage parmi les sanctifiés. C’était là une œuvre bien définie. [26:19]
L’apôtre n’avait pas été désobéissant à la vision céleste : [26:20] il avait
enseigné aux Gentils à se tourner vers Dieu et à agir comme tels. [26:21] Voilà
pourquoi les Juifs cherchaient à le tuer.
Ch. 26 v. 24-32 —
Réactions au discours de Paul
Ch. 26 v. 24-26 — Incompréhension de Festus, et appel à la connaissance
d’Agrippa
Rien de plus simple et de plus vrai que cette histoire ; elle mettait la
position de Paul et la conduite des Juifs dans le jour le plus clair. [26:24]
Sur l’interpellation de Festus (26:24), qui ne voyait naturellement dans les
paroles de Paul qu’un enthousiasme déraisonnable, [26:26] l’apôtre, avec une
admirable dignité et avec le tact le plus parfait, en appelle à la connaissance
qu’Agrippa avait des faits sur lesquels tout son récit était basé, car ce dont
il parlait n’avait pas été fait en secret.
Ch. 26 v. 28-30 —
Réalité morale de la position de chacun, malgré l’effet produit
[26:28] Agrippa n’était pas loin d’être convaincu, mais son cœur n’était pas
changé. [26:29] Le souhait de Paul ramène les choses à leur réalité morale :
[26:30] la séance est levée, le roi reprend sa place de roi, il redevient
courtois et condescendant, et le disciple du Seigneur reprend sa place de
prisonnier ; mais quelle que fût d’ailleurs sa position, on voit dans l’apôtre
un cœur foncièrement heureux et rempli de l’Esprit de Dieu. Deux ans de prison
n’avaient pas été pour lui une cause d’affaissement de cœur et de foi ; son
emprisonnement l’avait seulement éloigné de ses rapports pénibles avec les
Juifs, pour lui donner des moments qu’il avait passés avec Dieu.
Ch. 26 v. 29 — Position
heureuse de Paul, ayant tout en Jésus
Paul prisonnier est plein de bonheur, son service étant fini
[26:28] Agrippa, le cœur surpris et entraîné par le récit clair et plein de
droiture de Paul, déclare qu’il est à peu près persuadé d’être chrétien (26:28).
[26:29] La charité aurait pu dire : « Plût à Dieu que tu le fusses » mais il y a
dans le cœur de Paul une source qui ne s’arrête pas là. « Plût à Dieu », dit-il,
« que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, vous
devinssiez de toutes manières tels que je suis, hormis ces liens » (26:29). Quel
bonheur et quel amour (et, en Dieu, ces deux choses vont ensemble) s’expriment
dans ces paroles ! Pauvre prisonnier, déjà âgé et rejeté, à la fin de sa
carrière il est riche en Dieu !… Heureuses années celles qu’il avait passées en
prison ! L’apôtre pouvait se donner comme un modèle de bonheur, car son cœur en
était plein : il est des états d’âme qui s’expriment sans qu’on puisse s’y
méprendre. Et pourquoi l’apôtre ne serait-il pas heureux ? Ses fatigues étaient
terminées, son travail dans un certain sens fini : il possédait Jésus, et en lui
toutes choses. Le Jésus glorieux qui l’avait fait entrer dans les peines et le
labeur du témoignage, était maintenant sa possession et sa couronne. Tel est
toujours le cas. La croix qu’il faut charger dans le service, en vertu de ce que
Jésus est, devient pour l’âme la jouissance de tout ce qu’Il est quand le
service est fini, et en quelque sorte la mesure de cette jouissance. Ce même
changement a eu lieu en Jésus lui-même dans toute sa plénitude. Il en est de
même pour nous dans notre mesure, selon la grâce souveraine de Dieu ; seulement
l’expression de Paul suppose que le Saint Esprit agit puissamment dans le cœur,
afin qu’il soit libre d’entrer pleinement dans cette jouissance ; elle suppose
que le Saint Esprit n’est pas contristé.
Joie dans la jouissance
de Jésus et de Son amour
Un Jésus glorieux, un Jésus qui l’aimait, un Jésus qui mettait le sceau de son
approbation et de son amour sur son service, un Jésus qui le prendrait à lui
dans la gloire et avec qui il était un (connu par lui selon l’abondante
puissance du Saint Esprit, selon la justice divine), un Jésus qui révélait le
Père [(Matt. 11:27)] et par lequel Paul avait reçu l’adoption [(Gal. 4:5)],
était la source infinie de sa joie, l’objet glorieux de son cœur et de sa foi ;
et, connu en amour, remplissait son cœur de cet amour qui débordait envers tous
les hommes. [26:29] Que pouvait-il souhaiter de mieux à ses auditeurs que d’être
ce qu’il était, hormis ses liens ? Comment, jouissant d’un tel amour, pouvait-il
ne pas souhaiter cela ou ne pas être rempli de cette large affection ? Jésus en
était la mesure.
Ch. 26 v. 31-32 —
Accomplissement des desseins de Dieu pour Paul
Perfection de Jésus, comparé à Paul dans son service
[26:31] L’innocence de l’apôtre ayant été pleinement établie et reconnue par ses
juges, les desseins de Dieu ne doivent pas moins s’accomplir. [26:32] Son appel
à César le conduira à Rome pour y rendre aussi témoignage [(23:11)]. De nouveau,
dans sa position, l’apôtre ressemble à Jésus ; mais en même temps, quand on les
compare, le serviteur tout béni qu’il soit, pâlit et s’éclipse devant le Maître,
en sorte qu’on ne pense plus au serviteur. Jésus s’offrait lui-même en grâce ;
il n’en appelait qu’à Dieu ; il ne répondait que pour rendre témoignage à la
vérité, et cette vérité c’était la gloire de sa personne, ses propres droits,
quelque humilié qu’il fût. Sa personne brille à travers les sombres nuages des
violences humaines qui n’eussent eu aucun pouvoir sur lui, si ce n’eût été le
moment pour accomplir la volonté de Dieu [(Jean 19:11)]. C’est dans ce but qu’il
se soumet à la puissance de ses ennemis, comme leur étant donnée d’en haut.
[25:11] Paul, lui, en appelle à César : il est Romain, il possède une dignité
humaine conférée par l’homme et profitable devant les hommes ; il se sert de ce
privilège pour lui-même et Dieu accomplit ainsi ses desseins. Paul est béni,
ainsi que son service ; Jésus est parfait, le sujet parfait du témoignage
lui-même.
Joie de l’apôtre même
dans ses liens, par l’Esprit Saint
Cependant si nous ne voyons plus pour Paul le libre service du Saint Esprit, si
l’apôtre est prisonnier entre les mains des Romains, son âme au moins est
remplie de l’Esprit ; entre lui et Dieu, tout est liberté et joie. Tout ce qui
lui arrive lui tournera à salut [(Phil. 1:19)], c’est-à-dire à sa victoire
définitive dans sa lutte avec Satan. Quel bonheur de pouvoir le dire ! Par les
communications de l’Esprit de Jésus Christ, la parole de Dieu ne sera pas liée
[(2 Tim. 2:9)]. D’autres acquerront plus de force et de liberté par les liens de
l’apôtre [(Phil. 1:14)], lors même que dans le bas état de l’Église quelques-uns
en prendront avantage, mais Christ sera annoncé et magnifié, et Paul est
satisfait de cela [(Phil. 1:15-18)]. Oh ! combien il est vrai que cela contente
le cœur, quoi qu’il en soit, et le satisfait pleinement ! Nous sommes les objets
de la grâce, Dieu en soit béni, aussi bien qu’instruments de grâce pour le
service : Christ seul en est l’objet, et Dieu garantit Sa gloire. C’est tout ce
qui est nécessaire ; cela même est notre part et notre joie parfaite.
Ch. 23 v. 11 —
Encouragement de Paul par le Seigneur, au moment opportun
On remarquera dans cet intéressant récit qu’au moment où Paul aurait pu être le
plus troublé, au moment où sa marche a été, semble-t-il, le moins évidemment
selon la puissance de l’Esprit, [23:6-7] et où il a mis le désordre dans le
sanhédrin par des arguments qu’il hésite lui-même peut-être à justifier ensuite
entièrement, [23:11] le Seigneur, plein de grâce, lui apparaît pour l’encourager
et le fortifier. [22:18] Le Seigneur qui, autrefois, lui avait dit de sortir au
plus tôt de Jérusalem, parce qu’on n’y recevrait pas son témoignage — [21:4, 11]
le Seigneur qui lui avait envoyé des avertissements de n’y pas monter, mais qui
accomplissait, toutefois, ses desseins de grâce dans l’infirmité, à travers les
affections humaines de son serviteur, et même par leur moyen (tout en exerçant
par ces mêmes moyens, selon Sa sagesse divine, une discipline salutaire) ;
[23:11] Jésus apparaît à Paul pour lui dire que, comme il lui a rendu témoignage
à Jérusalem, il devra aussi rendre témoignage à Rome. Voilà comment le Seigneur
interprète en grâce tout ce qui est arrivé à l’apôtre et toute sa conduite, au
moment où il aurait pu sentir ce qu’il y avait de pénible dans sa position, et
être accablé peut-être en se souvenant que l’Esprit lui avait dit de ne pas
monter à Jérusalem [(21:4)], car le doute est un tourment au moment de
l’épreuve. Le fidèle et bon Sauveur intervient donc pour encourager Paul, pour
mettre sa propre interprétation sur la position de son pauvre serviteur et faire
ressortir le caractère de Son propre amour. Si le Seigneur a dû exercer la
discipline pour le bien de Paul, à cause de l’état de son serviteur et pour lui
faire faire des progrès vers la perfection, il a été avec lui dans la
discipline. Rien de plus touchant que la tendresse et l’opportunité de cette
grâce. Au reste, comme nous avons dit, tout cela accomplissait les desseins de
Dieu à l’égard des Juifs, à l’égard des Gentils, à l’égard du monde ; car Dieu
sait réunir dans une seule dispensation les buts les plus divers.
Chapitres 27 et 28
Circonstances du voyage et de l’arrivée de Paul à Rome
Ch. 27 — Voyage de Paul en bateau vers Rome
Maintenant que Paul est restauré et que son courage est ranimé par la grâce, il
se montre, dans son voyage, maître de la position. C’est lui qui donne des
conseils, selon les communications que Dieu lui fait ; c’est lui qui encourage,
qui agit, de toute manière, de la part de Dieu, au milieu de la scène. La
description pleine de vie et de réalité que Luc, compagnon de l’apôtre, donne de
ce voyage n’a pas besoin d’être signalée : elle est admirable comme tableau
vivant de toute la scène ; ce qui nous importe, c’est de voir dans ce récit ce
que Paul a été, soit au milieu de la fausse confiance, soit au milieu de la
détresse de l’équipage.
Ch. 28 v. 1-10 — Paul à
Malte, exerçant la puissance de Dieu
[28:8-9] À Malte, nous retrouvons l’apôtre exerçant sa puissance accoutumée au
milieu du peuple barbare de cette île ; on reconnaît que Dieu est avec son
serviteur. L’évangélisation ne paraît pas cependant dans le récit du séjour de
Paul à Malte, ni dans celui de son voyage.
Ch. 28 v. 11-29 — Paul
à Rome, et dernier témoignage aux Juifs avant leur jugement
Après que l’apôtre a débarqué en Italie, on le voit dans la tristesse. [28:15]
L’affection des frères l’encourage et le ranime. [28:16] Il va jusqu’à Rome,
[28:30] où il demeure deux ans dans une maison qu’il a louée, [28:16] avec un
soldat pour le garder. Le gouverneur romain en Judée avait probablement fait
comprendre que les accusations portées contre Paul n’étaient que les fruits de
la jalousie des Juifs, car tout le long du voyage, on use de toutes sortes de
prévenances à son égard ; en outre, il était Romain. [28:17] Arrivé à Rome,
l’apôtre convoque les Juifs ; et ici, pour la dernière fois, l’état de ceux-ci
nous est présenté, [28:25-27] ainsi que le jugement suspendu sur leurs têtes
depuis que la prophétie (qui se rattachait particulièrement à la maison de David
et à Juda) avait été prononcée par Ésaïe, et avait eu son application au peuple
selon le témoignage du Seigneur Jésus lorsqu’il était ici-bas, parce qu’ils
l’avaient rejeté — jugement dont la patience de Dieu a suspendu l’exécution
jusqu’à ce que le témoignage du Saint Esprit aussi fût rejeté. Ce jugement est
rappelé ici par Paul à la fin de la partie historique du Nouveau Testament. Le
témoignage de l’apôtre est la déclaration solennelle de l’état définitif des
Juifs, par l’envoyé de la grâce souveraine — état qui devait demeurer jusqu’à ce
que Dieu intervînt en puissance pour leur donner la repentance, pour les
délivrer, et pour se glorifier en eux selon la grâce.
Caractère du livre des
Actes
Mise de côté des Juifs comme peuple, rejetant ce que Dieu établit
Nous avons déjà signalé le caractère des Actes, qui ressort ici d’une manière
claire et frappante ; nous y voyons la mise de côté des Juifs ou, pour présenter
ce point dans son vrai jour, le peuple se mettant lui-même de côté par le rejet
du témoignage de Dieu et de l’œuvre de Dieu. Ils se mettent en dehors de ce que
Dieu établit ; ils ne veulent pas Le suivre dans le progrès des voies de sa
grâce, et ainsi ils sont laissés entièrement en arrière, sans Dieu et sans
communication présente avec lui. Sa parole demeure éternellement, ainsi que sa
miséricorde, mais les Juifs sont remplacés par d’autres, qui prennent la place
de relation positive et actuelle avec Dieu. Individuellement ils peuvent entrer
dans cette autre sphère et sur un autre pied, mais Israël disparaît, et pour un
temps s’efface de la vue de Dieu.
Formation de l’Église,
peuple de Dieu remplaçant les Juifs, unissant tous ses membres
C’est ce qui est montré dans les Actes. Au commencement de l’œuvre, la patience
de Dieu agit envers les Juifs dans la prédication de l’Évangile et dans la
mission apostolique. Leur hostilité se déploie peu à peu, et arrive à son comble
dans le cas d’Étienne. Paul est suscité, témoin, dans sa propre personne, car
lui-même était d’Israël, de la grâce envers eux, au moins dans l’appel d’un
Résidu élu, mais Paul introduit, en rapport avec un Christ céleste, quelque
chose d’entièrement nouveau, comme doctrine, savoir l’Église, corps de Christ
dans le ciel, l’Église abolissant toute distinction entre Juif et Gentil,
envisagés soit comme pécheurs, soit comme ayant leur place dans l’unité de ce
corps. Pour conserver l’unité et le rapport avec les promesses, le développement
de cette doctrine se lie historiquement à ce qui avait été établi à Jérusalem ;
mais en soi, comme doctrine, l’Église était une chose cachée en Dieu dans tous
les siècles, ayant été dans les desseins de la grâce avant que le monde fût.
L’hostilité des Juifs contre cette vérité ne s’est jamais démentie ; ils ont
tout mis en jeu pour exciter les Gentils contre ceux qui propageaient la
doctrine, et pour empêcher la formation de l’Église elle-même. Dieu ayant agi
avec une patience et une grâce parfaite jusqu’au bout, remplace les Juifs par
l’Église, comme Sa maison et le vase de Ses promesses sur la terre, en faisant
de cette Église son habitation par l’Esprit. Les Juifs sont mis de côté comme
peuple, quoique leur esprit, hélas ! n’ait pas tardé à s’emparer de l’Église
elle-même. L’Église est révélée, et la doctrine claire et positive qu’il n’y a
aucune différence entre Juif et Gentil (tous étant de nature des enfants de
colère), et que leurs privilèges en tant qu’ils sont membres d’un seul corps,
sont communs et égaux, constitue la base de toute relation avec Dieu d’une âme
en qui la foi se trouve. C’est la doctrine de l’apôtre dans l’épître aux
Romains, et dans celle aux Éphésiens1. En même temps, le don de la vie
éternelle, comme promise avant que le monde fût, a été mis en évidence par la
régénération2 (commencement d’une nouvelle existence, ayant un caractère divin)
et la participation à une justice divine. La puissance de la vie divine et
l’excellence de la justice divine sont réunies dans notre résurrection avec
Christ, par laquelle, nos péchés ayant été pardonnés, nous sommes placés devant
Dieu comme Christ, qui est à la fois notre vie, et notre justice. Cette vie se
manifeste en conformité avec la marche de Christ sur la terre : il nous a laissé
un exemple pour que nous marchions sur ses traces [(1 Pier. 2:21)] ; c’est la
vie divine manifestée dans l’homme ; en Christ comme objet, en nous comme
témoignage.
1 Dans les Romains nous trouvons la position personnelle, dans les Éphésiens la position comme corps.
2 Le mot « Régénération » ne s’applique pas, dans l’Écriture, à la nouvelle naissance : c’est un changement de position en nous, se rapportant au fait que nous sommes morts avec Christ, et à la résurrection. On rencontre cette expression deux fois : En Matthieu 19:28, où il est question du Royaume à venir de Christ, et en Tite 3:5, où il s’agit du lavage ou baptême de la régénération, comme étant, en type, ce qui nous sort de l’état du premier Adam, pour nous introduire dans l’état chrétien, mais en le distinguant du « renouvellement de l’Esprit saint ».
La croix de Christ,
base de tout ce qui se lie aux relations entre Dieu et l’homme
La croix de Jésus est la base et le centre fondamental de toutes les vérités qui
se rattachent aux relations de l’homme avec Dieu. Les rapports de Dieu avec
l’homme, tel qu’il était ; la responsabilité de celui-ci ; la grâce, l’expiation
; la fin de la vie de l’homme, en tant qu’en rapport avec le péché, la loi, et
le monde ; l’abolition du péché par la mort de Christ et ses conséquences en
nous : toutes ces choses sont démontrées ou accomplies dans la croix ; elles
donnent lieu, par la puissance de vie qui était en Jésus (qui sur cette croix a
parfaitement glorifié Dieu), à cette nouvelle existence dans laquelle ce Jésus
est entré comme homme auprès du Père, par la gloire duquel, ainsi que par sa
propre puissance divine, et par l’énergie du Saint Esprit, il a été ressuscité.
Après cela viendra la
restauration d’Israël et le jugement des Gentils
Cette nouvelle existence de Christ et de l’Église n’empêche pas que, quand
l’Église sera complète et montée en haut, Dieu ne reprenne ses voies en
gouvernement avec les Juifs sur la terre : et c’est ce qu’il fera selon ses
promesses et la déclaration des prophètes. C’est aussi ce que l’apôtre explique
dans l’épître aux Romains [(chap. 11)], mais ce sujet appartient à l’étude de
cette épître. L’Apocalypse nous montrera les voies de Dieu en jugement envers
les Gentils, à la même époque, ainsi que le feront d’autres passages des épîtres
qui se rapportent à la venue de Jésus ; elle nous montrera même les voies de
Dieu dans son gouvernement du monde en général, du commencement jusqu’à la fin,
avec les avertissements nécessaires pour l’Église, quand les temps d’incrédulité
commencent à poindre et à se développer moralement dans la ruine de l’Église,
envisagée comme témoin de Dieu dans le monde.
Ch. 28 v. 30-31 — Fin
de l’histoire de Paul, à Rome opposée à l’évangile
[28:28] Amené à Rome notre apôtre déclare (en suite de la manifestation
d’incrédulité parmi les Juifs, signalée plus haut), que le salut de Dieu est
envoyé aux Gentils ; [28:30] et il demeure deux années entières dans la maison
qu’il avait louée, recevant tous ceux qui venaient vers lui (car il n’était pas
libre d’aller vers eux), [28:31] annonçant avec toute hardiesse le royaume de
Dieu et ce qui regardait le Seigneur Jésus, personne n’y mettant obstacle
(28:30, 31). Ici se termine l’histoire de ce précieux serviteur de Dieu, aimé et
honoré de son Maître, prisonnier dans cette Rome qui, chef du quatrième empire,
devait être le siège de l’opposition à la vérité parmi les Gentils, de leur
opposition au règne et à la gloire de Christ, comme Jérusalem de cette
opposition parmi les Juifs. Le temps pour la pleine révélation de cette
opposition n’était pas encore arrivé, mais le ministre de l’Église et de
l’Évangile de la gloire est prisonnier, à Rome : c’est ainsi que Rome commence
son histoire en rapport avec l’Évangile que l’apôtre a prêché ; toutefois Dieu
était avec son serviteur.
Commentaire entier
John Nelson Darby