Introduction
[1:3] L’apôtre écrit la seconde épître aux Corinthiens sous l’influence des
consolations de Christ, consolations éprouvées au fort de sa détresse en
Asie, [7:6-7] et renouvelées, au moment où il écrit sa lettre, par les
bonnes nouvelles apportées de Corinthe par Tite. [1:4] Maintenant qu’il est
heureux à leur égard, l’apôtre fait part de ces mêmes consolations aux
Corinthiens qui, en dernier lieu, par la grâce, en avaient été la source.
[7:11] La première lettre de Paul avait réveillé la
conscience des Corinthiens et avait rétabli la crainte de Dieu dans leur
coeur et l’intégrité dans leur marche. [7:13] Le coeur angoissé de l’apôtre
se ravivait à l’ouïe de ces bonnes nouvelles. [7:5] L’état dans lequel les
Corinthiens se trouvaient précédemment l’avait abattu, et avait un peu
éloigné de son coeur les sentiments produits par les consolations dont Jésus
le remplissait durant ses épreuves à Éphèse. Combien variés et compliqués
sont les exercices de coeur de celui qui sert Christ et qui veille sur les
âmes ! [7:7] La restauration spirituelle des Corinthiens, en dissipant
l’angoisse de Paul, avait renouvelé en lui la joie de ces consolations que
la nouvelle de leur inconduite avait interrompues. [1:8] Il revient ensuite
au sujet de ses souffrances à Éphèse, et développe d’une manière remarquable
la puissance de la vie dont il vivait en Christ.
Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-7 — La consolation dans les souffrances
Le travail de l’Esprit en Paul
[1:1] L’apôtre s’adresse à tous les saints de l’Achaïe, aussi bien qu’à ceux
de la ville de Corinthe qui était la capitale de cette contrée ; [1:4] et,
conduit par l’Esprit Saint à écrire selon les vrais sentiments que cet
Esprit produisait en lui, il se place immédiatement au milieu des
consolations qui remplissaient son coeur, pour reconnaître en elles le Dieu
qui les versait dans son âme éprouvée et exercée.
Rien de plus touchant que l’oeuvre de l’Esprit dans le
coeur de l’apôtre. Le mélange de reconnaissance et d’adoration envers Dieu,
de joie dans les consolations de Christ et d’affection pour ceux à l’égard
desquels il se réjouissait maintenant, est d’une beauté que l’esprit de
l’homme ne saurait absolument pas imiter. Sa simplicité et sa vérité ne font
que rehausser l’excellence et l’élévation de cette oeuvre divine dans un
coeur humain.
Les consolations de Dieu dans les souffrances pour lui
[1:3-6] « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père
des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console à l’égard
de toute notre affliction, afin que nous soyons capables de consoler ceux
qui sont dans quelque affliction que ce soit, par la consolation dont nous
sommes nous-mêmes consolés de Dieu. Car comme les souffrances du Christ
abondent à notre égard, ainsi, par le Christ, notre consolation aussi
abonde. Et soit que nous soyons affligés, c’est pour votre consolation et
votre salut, qui est opéré en ce que vous endurez les mêmes souffrances que
nous aussi nous souffrons (et notre espérance à votre égard est ferme) ;
soit que nous soyons consolés, c’est pour votre consolation et votre salut
». [1:3] Bénissant Dieu pour les consolations qu’il avait reçues, [1:6]
content de souffrir, parce que sa participation aux souffrances, en leur
montrant le chemin ordonné de Dieu pour les plus excellents, encourageait la
foi des Corinthiens qui souffraient, [1:4] Paul verse dans leur coeur ses
propres consolations dès que l’encouragement lui vient de Dieu. [1:3] Sa
première pensée — et c’est ce qui a toujours lieu dans une âme qui réalise
sa dépendance de Dieu et qui se tient dans sa présence (voyez Gen. 24 [v.
27]) — est de bénir Dieu et de le reconnaître comme la source de toute
consolation. [1:4] Le Christ, qu’il a trouvé, et dans les souffrances, et
dans les consolations, tourne aussitôt son coeur vers les bien-aimés membres
de son corps.
Les souffrances des Corinthiens témoignaient de leur
christianisme, malgré le mal parmi eux
Remarquez en même temps la perversité du coeur de l’homme et la patience de
Dieu. [1:6] Au milieu de leurs souffrances pour le nom de Christ, les
Corinthiens pouvaient prendre leur part du péché qui déshonorait ce nom,
d’un péché inconnu parmi les gentils [(1 Cor. 5:1)]. [1:7] Malgré ce péché,
Dieu ne voulait pas les priver du témoignage que ces souffrances leur
rendaient de la vérité de leur christianisme, souffrances qui assuraient
l’apôtre que les Corinthiens jouiraient des consolations de Christ qui
accompagnent les souffrances endurées pour le nom du Sauveur. [1:6] Il est
beau de voir comment la grâce s’empare du bien, afin d’en conclure que le
mal sera sûrement corrigé au lieu de discréditer le bien à cause du mal.
Paul était près de Christ, la source de la force.
La conséquence des effets de la première épître
La puissance de la vie en Christ, par la mort
[1:9] L’apôtre, après ces paroles encourageantes, présente d’une manière
expérimentale la doctrine de la puissance de la vie en Christ1, qui avait
son déploiement et sa force dans la mort à tout ce qui est temporel, à tout
ce qui nous lie à l’ancienne création, à la vie mortelle elle-même. Ensuite
il touche presque tous les sujets qui l’avaient occupé dans sa première
épître ; mais il y revient avec un coeur soulagé, bien qu’avec une fermeté
qui voulait le bien des fidèles de Corinthe et la gloire de Dieu, quoi qu’il
lui en coûtât à lui-même.
1 Le commencement de cette épître présente la puissance
expérimentale de ce qui est enseigné doctrinalement en Rom. 5:12 à ch. 8, et
est ainsi très instructif sous ce rapport. Cela ne va pas si loin que dans
les Éphésiens et les Colossiens ; là le fruit pratique de la doctrine est la
manifestation du caractère de Dieu. Cependant, dans une mesure, nous avons
l’application de ce qui est enseigné dans les Colossiens.
Les circonstances et le travail du serviteur de Dieu sont
liés
[1:8] Remarquez ici la liaison admirable qu’il y a entre les circonstances
personnelles des ouvriers de Dieu et le travail auquel ils sont appelés, et
même les circonstances de ce travail. [7:9] La première épître avait produit
l’effet salutaire auquel l’apôtre, sous la conduite du Saint Esprit, l’avait
destinée. [7:11] La conscience des Corinthiens avait été réveillée, et ils
s’étaient montrés animés contre le mal d’un zèle proportionné à la
profondeur de leur chute. C’est toujours là l’effet de l’oeuvre de l’Esprit,
lorsque la conscience du chrétien qui a été en chute, est vraiment atteinte.
[7:13] Le coeur de l’apôtre peut maintenant s’ouvrir avec joie à leur
obéissance complète et sincère. [1:8] En attendant il avait passé lui-même
par des épreuves terribles, des épreuves telles, qu’il avait désespéré de sa
vie ; [1:10] mais il avait su réaliser par la grâce la puissance de cette
vie en Christ qui a remporté la victoire sur la mort, [1:4] et il pouvait
verser à pleines mains dans le coeur des Corinthiens les consolations et la
vie qui devaient les relever. Il y a un Dieu qui conduit toutes choses dans
le service de ses saints — les douleurs par lesquelles ils passent, comme
tout le reste.
La consolation convient à l’état des Corinthiens
[1 Cor. 1:2] Remarquez aussi que Paul n’a pas besoin, comme dans la première
épître, de commencer par rappeler aux Corinthiens leur appel et leurs
privilèges comme sanctifiés en Christ. [1:3] Il éclate en actions de grâces
envers le Dieu de toute consolation. On présente la sainteté lorsqu’elle
manque en pratique parmi les saints ; s’ils y marchent, ils jouissent de
Dieu et on parle de Lui. La manière dont les différentes parties de l’oeuvre
de Dieu sont liées ensemble dans l’apôtre et par son moyen, se voit dans les
expressions qui jaillissent de son coeur reconnaissant. [1:4] Dieu le
console dans ses souffrances, et la consolation est telle, qu’elle est
propre à consoler les autres dans quelque affliction que ce soit, car c’est
Dieu lui-même qui est la consolation, en versant dans le coeur son amour et
sa communion, comme on en jouit en Christ.
Les affections de Paul pour les Corinthiens
Les souffrances raniment l’amour et les affections fraternelles
[1:6] Si l’apôtre est affligé, c’est pour consoler les autres par la vue de
souffrances semblables dans ceux qui sont honorés de Dieu, et par la
conscience qu’ils sont à l’unisson dans la même cause bénie, et dans celle
de leur relation avec Dieu (le coeur étant touché et ramené à ces affections
par ce moyen). [1:4] S’il est consolé, c’est pour consoler les autres par
les consolations dont il jouit dans les souffrances. [1:7] Et les
souffrances des Corinthiens lui sont un témoignage, quelque grande qu’ait
été d’ailleurs leur faiblesse morale, qu’ils ont part à ces consolations
dont il jouit lui-même, et qu’il sait si profondes, si réelles, qu’il sait
être de Dieu et un gage de sa faveur. Précieux lien de la grâce ! — et
combien il est vrai que, dans notre petite mesure, les souffrances des
ouvriers de Dieu, d’un côté raniment l’amour à leur égard, et d’un autre
assurent l’ouvrier de la sincérité des objets de son affection chrétienne,
en les lui présentant de nouveau dans l’amour de Christ. [2:4] L’affliction
de l’apôtre lui avait aidé à écrire aux Corinthiens avec la douleur qui
convenait à leur état ; mais quelle foi que celle qui s’occupe du triste
état des autres avec une pareille énergie et un oubli de soi-même si entier,
au milieu de circonstances comme celles dans lesquelles l’apôtre se trouvait
! Sa force était en Christ.
Paul expose les motifs de ses actes, dans la liberté
[1:8] Le coeur de Paul s’épanche envers les Corinthiens ; on voit qu’il y a
chez lui ce libre jeu des affections qui est d’un grand prix. L’apôtre
compte sur l’intérêt qu’ils mettront au récit de ses souffrances ; [1:11] il
est sûr qu’ils se réjouiront de ce que Dieu lui a donné, de même qu’il se
réjouit en eux comme fruit de ses travaux, et qu’ils reconnaîtront ce qu’il
est ; et il est content, à l’égard des dons qui se déployaient en lui,
d’être débiteur à leurs prières, de sorte que son succès dans l’Évangile fût
pour leur coeur comme un intérêt personnel dans une chose qui leur serait
propre. [1:12] Il pouvait en vérité demander leurs prières, car il s’était
conduit avec une sincérité sans mélange, spécialement parmi eux. [1:15-16]
Cela le conduit à expliquer aux Corinthiens les motifs de ses mouvements, ce
dont il ne leur avait pas parlé auparavant, rapportant ces mouvements à ses
propres plans et à ses propres motifs dans la soumission au Seigneur. [1:23]
Paul est toujours maître (sous l’autorité de Christ) de ses mouvements, mais
il peut maintenant parler librement de ce qui l’avait décidé, et des motifs
qu’auparavant l’état des Corinthiens ne lui permettait pas de leur
communiquer. Paul veut les satisfaire, leur expliquer les choses de manière
à démontrer son amour parfait pour eux et à maintenir en même temps son
entière liberté en Christ ; il ne voulait pas se rendre responsable envers
eux de ce qu’il faisait. Il est leur serviteur en affection, mais libre de
l’être, parce qu’il ne relève que de Christ, quoiqu’il veuille, parce qu’il
sert Christ, satisfaire à leur conscience si leur conscience est droite.
[1:12] Au reste, sa conscience à lui était droite, [1:13] et il ne leur
écrivait que ce qu’ils savaient et reconnaissaient, et, comme il l’espérait,
reconnaîtraient jusqu’à la fin : [1:14] de sorte qu’ils pussent se glorifier
en lui, comme lui en eux.
L’autorité de l’apôtre et la délicatesse de son exercice
[1:17] Or y avait-il eu de la légèreté dans ses décisions, parce que, [1:15]
comme il en informait maintenant les Corinthiens, il avait eu l’intention de
les visiter d’abord en allant en Macédoine (où il se trouvait au moment où
il écrivait cette lettre), [1:16] et ensuite une seconde fois à son retour
de ce pays ? [1:17] Nullement : ses intentions n’avaient pas été formées à
la légère, selon la chair, et ensuite abandonnées ; [1:23] c’était son
affection qui l’avait fait tarder, c’était pour les épargner qu’il n’était
pas allé à Corinthe. Il ne pouvait pas supporter l’idée d’aller, avec une
verge, visiter ceux qu’il aimait [(1 Cor. 4:21)]. [1:23] Remarquez de quelle
manière, tout en montrant son affection et sa tendresse, l’apôtre maintient
son autorité ; et comment, en rappelant cette autorité aux fidèles de
Corinthe, il déploie toute sa tendresse. Ils avaient besoin de l’exercice de
cette autorité. [Tite 1:13] Ils n’étaient pas des Crétois, peut-être, qu’il
fallait reprendre sévèrement ; [1:24] mais il y avait chez eux un
relâchement de moralité qui exigeait de la délicatesse et des soins afin
qu’ils ne se cabrassent pas, mais qui demandait aussi de l’autorité et une
bride, de peur qu’en leur laissant la liberté, ils ne tombassent dans toutes
sortes de mauvaises voies. [1:21] Mais Paul revient immédiatement à la
certitude qui est en Christ, base de toute son assurance : il ne fallait pas
trop tendre la corde qu’il avait touchée tout au commencement. [1:23]
L’apôtre fait sentir son autorité comme ayant pu être exercée : et il ne
s’en sert pas. Il fallait le fondement du christianisme pour mettre l’esprit
des Corinthiens dans un état où ils fussent capables de se juger eux-mêmes
sainement. Ils étaient tout disposés, à la suite des menées des faux
docteurs et par leurs habitudes d’écoles de philosophie, à se séparer de
l’apôtre et, en esprit, de Christ. [1:13] Paul les ramène au fondement, à la
doctrine sûre, commune à tous ceux qui avaient travaillé au commencement au
milieu d’eux. Il ne voulait donner à Satan aucune occasion de les détacher
de lui (voyez chap. 2:11).
Ch. 1 v. 18-22 — L’assurance chrétienne
La certitude du chrétien est en Jésus
L’apôtre pose donc ici les grands principes de la joie et de l’assurance
chrétienne. [1:19] Je ne parle pas du sang, seule source de la paix de la
conscience devant Dieu comme juge, mais de la manière selon laquelle nous
sommes placés par la puissance de Dieu en sa présence, dans la position et
dans l’état dans lesquels cette puissance nous introduit d’après les
conseils de sa grâce. [1:20] La simple certitude était en Jésus, selon ce
qui avait été dit. [1:19] Il n’y avait pas là un oui, et puis un non ; le
oui restait toujours oui : principe d’une immense importance, mais pour
l’établissement duquel il faut la puissance et la fermeté et même la
perfection et la sagesse de Dieu, car assurer et rendre stable ce qui n’eût
pas été sage et parfait, n’aurait certes pas été digne de Lui.
Dieu lui-même nous assure de ses promesses immuables en
Christ
[1:17] On remarquera qu’il s’agissait de savoir si Paul avait à la légère
changé de propos. [1:18] L’apôtre dit que non, mais il laisse ce qui le
regardait personnellement, [1:19] pour parler de ce qui préoccupait ses
pensées, savoir de Christ : [Phil. 1:21] et, en effet, pour lui, vivre,
c’était Christ. [1:21] Mais il y avait une difficulté à résoudre à propos de
l’immutabilité des promesses de Dieu : c’est que nous ne sommes pas en état
de profiter de ce qui est immuable, à cause de notre faiblesse et de notre
inconstance. [1:22] L’apôtre résout cette difficulté en montrant la
puissante opération de Dieu en grâce.
L’accomplissement de toutes les promesses en Christ, dont
nous jouissons
Deux points se présentent donc ici : [1:20] l’établissement de toutes les
promesses en Christ, et notre jouissance de l’effet de ces promesses. [1:18]
Il s’agit, comme nous l’avons vu, non pas seulement de dire, de promettre
quelque chose, mais de ne pas changer ses intentions, de ne pas manquer à ce
qui a été dit, et de tenir sa parole. [1:20] Or, il y avait eu des
promesses. Dieu en avait donné, soit à Abraham sans condition, soit à Israël
en Sinaï sous condition d’obéissance ; mais en Christ il y avait, non des
promesses, mais l’amen aux promesses de Dieu, leur vérité et leur
réalisation. Tout autant qu’il y avait eu de promesses de la part de Dieu,
le oui était en Christ et l’amen en Lui. Dieu a établi, déposé, pour ainsi
dire, l’accomplissement de toutes ses promesses dans la personne de Christ :
la vie, la gloire, la justice, le pardon, le don de l’Esprit, tout est en
Lui. C’est en Lui que tout est vrai, « oui et amen ». Nous ne pouvons avoir
l’effet d’aucune promesse, quelle qu’elle soit, hors de Lui. Mais ce n’est
pas tout : nous croyants, nous sommes les objets de ces conseils de Dieu.
Ils sont à la gloire de Dieu par nous.
[1:20] Mais, en premier lieu, la gloire de Dieu est celle
de Celui qui se glorifie toujours Lui-même dans ses voies de grâce
souveraine envers nous ; car c’est dans ces voies qu’il déploie et montre ce
qu’il est. Par conséquent, « le oui et l’amen » des promesses de Dieu,
l’accomplissement et la réalisation des promesses de Dieu, pour sa propre
gloire par nous, tout cela est en Christ.
Dieu nous a établis en Christ en qui les promesses sont
accomplies
Or comment pouvons-nous y participer si tout est à Christ et en Christ ?
C’est ici que l’Esprit Saint présente la seconde partie des voies de la
grâce. [1:21] Nous sommes en Christ, et nous sommes en Lui, non selon
l’instabilité de la volonté de l’homme et la faiblesse qui le caractérise
dans ses oeuvres passagères et muables : Celui qui nous a établis fermement
en Christ, c’est Dieu lui-même. [1:20] L’accomplissement de toutes les
promesses est en Lui. Sous la loi et sous des conditions dont
l’accomplissement dépendait de la stabilité de l’homme, l’effet de la
promesse n’a jamais été atteint ; la chose promise échappait à la poursuite
de l’homme, parce que l’homme devait être dans un état capable de
l’atteindre par la justice, et il n’était pas dans cet état.
L’accomplissement de la promesse restait donc toujours en suspens ; elle
aurait eu son effet si ! — mais le si ne s’accomplissait pas, et le oui et
l’amen n’arrivaient pas. Mais tout ce que Dieu a promis est en Christ. Le
second point, c’est que cette gloire est « par nous », et jusqu’à quel point
nous en jouissons. [1:21] Dieu nous a établis fermement en Christ, en qui
toutes les promesses subsistent, de sorte que tout ce qui est promis, nous
le possédons sûrement en Lui. Mais nous n’en jouissons pas comme si nous le
tenions entre nos propres mains.
Ch. 1 v. 21-22 — Le Saint Esprit qui nous est donné,
sceau divin, onction et arrhes
[1:21] Mais de plus, Dieu lui-même nous a oints. [1:22] Nous avons, par
Jésus, reçu l’Esprit Saint. Dieu a pris soin que nous comprenions par
l’Esprit ce qui nous est gratuitement donné en Christ. Mais l’Esprit nous
est donné, selon les conseils de Dieu, pour d’autres choses que simplement
comprendre ses dons en Christ. Celui qui l’a reçu est scellé. Dieu l’a
marqué de son sceau comme il a marqué Jésus de son sceau quand il l’a oint
après son baptême par Jean [(Matt. 3:16)]. [1:22] En outre l’Esprit devient
dans nos coeurs les arrhes de ce que nous posséderons pleinement en Christ
plus tard. Nous comprenons donc les choses qui nous sont données dans la
gloire ; nous sommes marqués du sceau de Dieu pour en jouir ; nous en avons
les arrhes dans nos coeurs, nos affections y sont engagées. Établis en
Christ, nous avons l’Esprit Saint qui nous scelle quand nous croyons, pour
nous faire jouir déjà ici-bas de ce qui est en Christ.
Chapitre 2
Ch. 2 v. 1-11 — Le pardon envers le coupable sous la discipline
[2:4] Ayant de nouveau rappelé les soins qui manifestaient son affection
pour eux, [2:5] l’apôtre exprime sa conviction que ce qui l’avait peiné,
avait aussi peiné les Corinthiens ; [2:6] ils l’avaient montré par la
manière dont ils avaient traité le transgresseur. [2:8] Paul les exhorte à
recevoir de nouveau [2:7] et à encourager le pauvre coupable en danger
d’être entièrement accablé par la discipline exercée à son égard par la
masse des chrétiens, [2:10] ajoutant que si les chrétiens lui pardonnaient
sa faute, lui aussi la lui pardonnait. [2:11] Il ne voulait pas que Satan
tirât aucun avantage de ce cas de discipline pour mettre du désaccord entre
lui, Paul, et les Corinthiens, car il savait bien à quoi l’Ennemi voulait en
venir, il connaissait le but pour lequel l’Ennemi voulait se servir de cette
affaire.
Ch. 2 v. 12-17 — L’affection de Paul manifestée dans
toutes ses circonstances — L’évangile prêché par Paul
Cela donne à Paul l’occasion de montrer combien il portait toujours sur son
coeur les saints de Corinthe. [2:12] Étant venu dans la Troade pour
l’Évangile et une large porte lui étant ouverte, [2:13] il n’avait cependant
pas pu y rester parce qu’il n’avait pas trouvé Tite, et il avait quitté la
Troade et poursuivi sa route pour se rendre en Macédoine. On se souviendra
qu’au lieu de passer par les côtes occidentales de l’Archipel pour visiter
la Macédoine, traversant ainsi Corinthe pour revenir plus tard par le même
chemin, l’apôtre avait envoyé Tite à Corinthe avec sa première lettre,
prenant lui-même le chemin de l’Asie mineure : cette route qui lui faisait
longer les côtes orientales de l’Archipel le conduisait dans la Troade où
Tite devait venir à sa rencontre. Mais ne l’y ayant pas trouvé, et inquiet
au sujet des Corinthiens, il n’avait pas pu se livrer d’un coeur tranquille
à l’oeuvre qui s’offrait là, et avait passé outre pour rencontrer Tite.
[7:5-6] Il s’était donc rendu en Macédoine, où il l’avait enfin trouvé,
comme nous le verrons plus tard. [2:12] Mais la pensée d’avoir quitté la
Troade affecte Paul, car, en effet, c’est une chose sérieuse et pénible pour
le coeur d’avoir manqué une occasion d’annoncer Christ, et cela d’autant
plus que les hommes sont disposés à le recevoir, ou du moins à entendre
parler de Lui. Avoir quitté la Troade était bien une preuve de l’affection
de Paul pour les Corinthiens, et l’apôtre leur rappelle cette circonstance
comme une forte preuve de cette affection. [2:14] Il se console d’avoir
manqué cette oeuvre d’évangélisation par la pensée qu’après tout Dieu le
menait comme en triomphe (non pas comme on a traduit : « le faisant
triompher »). [2:15] L’Évangile que l’apôtre portait avec lui, le témoignage
de Christ, était comme le parfum des drogues aromatiques qu’on brûlait dans
les processions triomphales, [2:16] signe de mort pour quelques-uns des
captifs, signe de vie pour d’autres : [2:17] et ce parfum de la bonne
nouvelle de Christ était pur dans ses mains. L’apôtre n’était pas comme
quelques-uns qui frelataient le vin qu’ils fournissaient ; il travaillait
dans l’intégrité chrétienne devant Dieu.
Chapitre 3
Ch. 3 v. 1-3 — Les Corinthiens étaient la lettre de recommandation de Paul
[2:17] Ces paroles amènent l’apôtre à faire un exposé de l’Évangile, en
contraste avec la loi que les faux docteurs mêlaient avec l’Évangile. [3:1]
Paul introduit cet exposé par le plus touchant appel au coeur des
Corinthiens convertis par son moyen. Commencera-t-il par parler de son
ministère pour se recommander lui-même de nouveau, ou a-t-il besoin, comme
d’autres, de lettres de recommandation pour eux ou de leur part ? [3:2] Ils
sont, eux, sa lettre de recommandation, la preuve frappante de la puissance
de son ministère, preuve qu’il porte toujours dans son coeur, prêt à la
mettre en avant en toute occasion. Maintenant il peut le dire, heureux qu’il
était de l’obéissance des Corinthiens. [3:3] Et pourquoi servent-ils de
lettre en sa faveur ? Parce qu’ils sont, dans leur foi, l’expression vivante
de sa doctrine. Ils sont la lettre de recommandation de Christ, qui, par le
moyen du ministère de l’apôtre, a été écrite sur les tables de chair du
coeur par la puissance du Saint Esprit, comme la loi avait été gravée sur
des tables de pierre par Dieu lui-même.
Ch. 3 v. 4-17 — Le ministère de la nouvelle alliance et
celui de la loi
Ch. 3 v. 4-7 — La loi est un ministère de mort et de condamnation pour le
pécheur
[3:4] C’était là la confiance de Paul à l’égard de son ministère ; [3:5] sa
capacité pour le ministère de la nouvelle alliance venait de Dieu, [3:6]
ministère non pas de la lettre (pas plus de la lettre de cette alliance que
de la lettre d’autre chose), mais de l’Esprit, la vraie force du dessein de
Dieu, tel que l’Esprit le donnait : car la lettre, comme règle imposée à
l’homme, tue ; mais l’Esprit vivifie, comme puissance de Dieu en grâce ;
c’est le dessein de Dieu communiqué au coeur de l’homme par la puissance de
Dieu, qui lui en fait part afin qu’il en jouisse. Or le sujet de ce
ministère manifestait encore plus fortement sa différence d’avec le
ministère de la loi. [3:7] La loi gravée sur des pierres avait été
introduite avec gloire, quoique cette loi fût une chose qui, comme moyen de
relation entre Dieu et les hommes, devait passer. La loi gravée sur des
pierres était « un ministère de mort », car on ne pouvait vivre qu’en
l’observant, et elle ne pouvait être ordonnée que sur ce principe. Une loi
doit être gardée, mais l’homme étant déjà pécheur par nature et par sa
volonté, ayant des convoitises que la loi défendait, cette loi ainsi ne
pouvait être que la mort pour lui ; c’était un ministère de mort. [3:9]
C’était aussi « un ministère de condamnation », parce que l’autorité de Dieu
intervenait pour donner à la loi la sanction de la condamnation contre toute
âme qui la violerait. C’était un ministère de mort et de condamnation, parce
que l’homme était pécheur.
L’homme ne peut supporter la gloire de la loi, malgré la
grâce — Ex. 32-34
Et remarquez ici que mêler la grâce avec la loi ne change rien à l’effet de
celle-ci, sinon pour aggraver la pénalité qui en résulte, en aggravant la
culpabilité de celui qui la viole, d’autant plus qu’il la viole en dépit de
la bonté et de la grâce : car c’est toujours la loi, et l’homme était appelé
à satisfaire à la responsabilité sous laquelle la loi le plaçait. [Ex.
32:33] « Celui qui aura péché contre moi », dit l’Éternel à Moïse, « je
l’effacerai de mon livre ». [3:7] La figure employée par l’apôtre (v. 7 et
suivants) montre [Ex. 34:29, 35] qu’il parle de la seconde descente de Moïse
de la montagne de Sinaï, lorsqu’il entendit proclamer le nom de l’Éternel,
miséricordieux et faisant grâce (voyez Ex. 34 [v. 6]). [Ex. 32:15, 19] La
première fois que Moïse était descendu du Sinaï, sa figure n’avait pas été
rayonnante ; il avait brisé les tables avant d’entrer dans le camp (Ex. 32).
[Ex. 33:19] La seconde fois, Dieu avait fait passer toute sa bonté devant
lui, [Ex. 34:29] et le visage de Moïse avait reflété la gloire qu’il avait
vue, quelque partielle qu’elle eût été. [3:7] Mais ce reflet même, Israël ne
pouvait le supporter, car comment supporter cette gloire quand, après tout,
elle jugeait les secrets du coeur ? [Ex. 32:14] Car, bien que la grâce se
fût montrée en épargnant le peuple en réponse à l’intercession de Moïse,
[Ex. 34:1] l’exigence de la loi était toujours maintenue, [Ex. 34:7] et
chacun devait subir pour lui-même les conséquences de sa désobéissance.
[3:14] Ainsi le caractère de la loi empêchait Israël de comprendre la gloire
même qui se trouvait dans les ordonnances, comme figure de ce qui était
meilleur et permanent, [3:15] et tout le système ordonné par l’intermédiaire
de Moïse était voilé aux yeux du peuple qui tombait sous la lettre, dans
cette partie même de la loi qui était un témoignage des choses qui devaient
se dire plus tard. C’était selon la sagesse de Dieu qu’il en fût ainsi, car
de cette manière tout l’effet de la loi comme introduite pour agir sur le
coeur et la conscience de l’homme, a été pleinement développé.
Le chrétien peut faire de Christ une loi, en prenant
l’amour pour une obligation
Il y a bien des chrétiens qui font de Christ lui-même une loi, et qui en
pensant à l’amour du Sauveur comme à un nouveau motif pour les obliger à
l’aimer, n’y pensent que comme à une obligation, à un accroissement très
grand de la mesure de l’obligation qui pèse sur eux — obligation à laquelle
ils se sentent tenus de satisfaire. Ils sont ainsi toujours sous la loi, et
par conséquent sous la condamnation.
Le ministère de Paul, ministère de justice et par
l’Esprit
[3:8, 9] Or, le ministère que l’apôtre accomplissait était tout autre ;
c’était le ministère de la justice et de l’Esprit, non pas un ministère
exigeant de l’homme la justice pour qu’il pût se tenir devant Dieu, mais un
ministère qui révélait la justice. Or Christ était cette justice, fait tel
de la part de Dieu pour nous ; et nous sommes faits justice de Dieu en Lui
[(5:21)]. [3:9] L’évangile proclamait la justice de la part de Dieu, au lieu
de l’exiger de 1’homme selon la loi. [3:6] Or le Saint Esprit pouvait être
le sceau de cette justice-là : [Matt. 3:16] il pouvait descendre sur Christ
homme, parce qu’il était parfaitement approuvé de Dieu, parce qu’il était
juste — le Juste. [1:22] Le même Esprit peut descendre sur nous, parce que
nous sommes faits la justice de Dieu en Christ [(5:21)]. [3:8] Ainsi le
ministère de l’apôtre était le ministère de l’Esprit : la puissance de
l’Esprit y agissait. [3:17] L’Esprit était donné lorsqu’on recevait par la
foi ce qui était annoncé : et avec l’Esprit on recevait l’intelligence des
pensées et des desseins de Dieu, comme ils étaient révélés dans la personne
d’un Christ glorifié, en qui la justice de Dieu était révélée et subsistait
éternellement devant Lui.
Ch. 3 v. 17-18 — La contemplation de la gloire de Christ
Le croyant trouve la gloire de Christ dans la Parole de Dieu, comprise par
l’Esprit
[3:5-6] L’apôtre donc, dans ce passage, réunit dans une même notion
complexe, la pensée de Dieu dans la parole comprise selon l’Esprit, la
gloire de Christ qui y avait été cachée sous la lettre, et l’Esprit Saint
lui-même qui lui donnait sa force, qui révélait cette gloire, et qui, en
demeurant et agissant dans le croyant, le rendait capable d’en jouir. [3:17]
C’est pourquoi, là où il y avait l’Esprit, il y avait la liberté : on
n’était plus sous le joug de la loi, de la crainte de la mort et de la
condamnation. [3:18] On était en Christ devant Dieu, en paix devant Lui,
selon l’amour parfait et cette faveur qui est meilleure que la vie, et dont
on jouissait comme elle luisait sur Christ, sans voile ; on était là selon
la grâce qui règne par la justice.
Contempler la gloire de Christ dans le ciel par l’Esprit
[3:17] Quand il est dit au v. 17 : « Or le Seigneur est l’esprit », il est
fait allusion au v. 6 ; les v. 7-16 forment une parenthèse. [3:18] Christ
glorifié est la vraie pensée de l’Esprit laquelle Dieu avait précédemment
cachée sous des figures, et en voici la conséquence pratique : on contemple
le Seigneur à face découverte ; on peut le contempler ainsi. [3:7] La gloire
de la face de Moïse jugeait les pensées et les intentions du coeur, causait
la frayeur, en menaçant de mort et de condamnation le désobéissant et le
pécheur. Qui pouvait se tenir dans la présence de Dieu ? [3:18] Mais la
gloire de la face de Jésus, d’un homme dans le ciel, est la preuve que tous
les péchés de celui qui voit cette gloire sont effacés, car Celui qui est
dans cette gloire, les a tous portés avant de monter en haut, et il a dû les
ôter tous pour entrer dans cette gloire. Nous contemplons cette gloire par
l’Esprit qui nous a été donné en vertu de ce que Christ y est entré. Christ
ne dit pas comme Moïse : « Je monterai… peut-être ferai-je propitiation »
(Ex. 32:30) ? mais il a fait la propitiation, puis il est monté. C’est
pourquoi nous contemplons cette gloire avec joie ; nous aimons à la voir,
chaque rayon que nous en voyons briller est la preuve qu’aux yeux de Dieu
nos péchés ne sont plus. Christ a été fait péché pour nous : il est dans la
gloire. Or en contemplant ainsi la gloire avec affection, avec intelligence,
en y trouvant nos délices, nous sommes changés en la même image, de gloire
en gloire, comme par la puissance de l’Esprit qui nous rend capables de
réaliser ces choses et d’en jouir. En cela est le progrès du chrétien. [3:3]
Ainsi l’Assemblée aussi devient l’épître de Christ.
Ch. 3 v. 14-16 — Le voile demeure pour Israël
[3:14] L’allusion faite aux Juifs à la fin de la parenthèse, où l’apôtre
compare les deux systèmes, est des plus touchantes. [3:16] Le voile, dit-il,
est ôté en Christ. [3:18] Maintenant plus rien n’est voilé. La substance
glorieuse de ce qui était caché sous les figures existe. [3:15] Le voile est
sur le coeur des Juifs, lorsqu’ils lisent l’Ancien Testament. [Ex. 34:34] Or
toutes les fois que Moïse entrait dans le tabernacle pour parler à Dieu ou
pour l’écouter, il ôtait le voile : [3:16] ainsi, dit l’apôtre, quand Israël
se tournera vers le Seigneur, le voile sera ôté.
Ch. 3 v. 11 — La gloire de Christ, antitype des ombres
juives, demeure
Il ne reste qu’une remarque à faire. [3:11] « Ce qui demeure » est le sujet
dont traite l’Évangile, et non le ministère qui l’annonce ; la gloire de la
personne de Jésus Christ, la substance de ce dont les ordonnances juives
n’étaient que des figures, ne passeront pas.
Chapitre 4
Le ministère et les souffrances
[4:1] L’apôtre en revient maintenant à son ministère [4:8-9] en rapport avec
ses souffrances, [4:10-11] en montrant que cette doctrine d’un Christ
vainqueur de la mort, quand elle est vraiment reçue dans le coeur, nous rend
victorieux de toute crainte de la mort et de toutes les souffrances [4:7]
qui se rattachent au vase de terre dans lequel ce trésor est porté.
Ch. 4 v. 1-6 — L’évangile de la gloire de Christ prêché à
tous
Paul prêchait toute la gloire de Christ, sans voile
[3:9, 8] Ayant reçu le ministère de la justice et de l’Esprit, [3:18] dont
Christ glorifié, contemplé à face découverte, est le fondement, [4:1]
l’apôtre non seulement usait de grande hardiesse de langage, mais il ne se
relâchait pas ; sa foi ne fléchissait pas devant les difficultés. [4:2] De
plus, avec le courage que cette doctrine lui donnait par la grâce, il ne
cachait rien de cette gloire, il n’en affaiblissait rien ; il ne corrompait
pas la doctrine ; il la manifestait aussi pure, aussi brillante de clarté
qu’il l’avait reçue. C’était la parole de Dieu ; on la recevait de l’apôtre
telle qu’il l’avait reçue lui-même, la parole de Dieu inaltérée, l’apôtre se
rendant ainsi approuvé et se recommandant à toute conscience d’homme devant
Dieu. Tous ne pouvaient pas dire cela. [4:4] La gloire du Seigneur Jésus
ressortait de la prédication de l’apôtre dans toute la clarté et la
splendeur dans lesquelles cette gloire lui avait été révélée. [4:3] Si donc
la bonne nouvelle qu’il annonçait était cachée, [3:13] ce n’était pas comme
dans le cas de Moïse : [3:18] non seulement la gloire du Seigneur était
pleinement révélée à face découverte en Christ, [4:3] mais elle était aussi
manifestée sans voile dans la prédication pure de l’apôtre. [4:4] C’est là
la liaison établie entre la gloire accomplie dans la personne de Christ
comme résultat de l’oeuvre de la rédemption, et le ministère qui, par la
puissance de l’Esprit Saint agissant dans l’instrument choisi du Seigneur,
annonçait cette gloire au monde. Ce ministère rendait les hommes
responsables de la réception de la vérité, de la soumission à ce Christ
glorieux qui, du ciel, s’annonçait en grâce comme ayant accompli la justice
pour le pécheur, et l’invitait à venir librement pour jouir de l’amour et de
la bénédiction de Dieu.
La révélation parfaite de Dieu ne se trouve qu’en Christ
[4:6] Or il n’y a pas d’autre moyen de s’approcher de Dieu : en établir un
autre serait mettre de côté et déclarer insuffisant, imparfait, ce que
Christ a fait et ce qu’il est, et vouloir produire quelque chose de meilleur
que Lui. Or cela est impossible : car ce que l’apôtre annonçait, était la
manifestation de la gloire de Dieu dans la personne du Fils, en rapport avec
la révélation de l’amour parfait et de l’accomplissement de la justice
parfaite et divine, de sorte que la pure lumière était l’heureux séjour de
ceux qui y entraient par le moyen annoncé par l’apôtre. Il ne pouvait y
avoir quelque chose de plus, à moins qu’il n’y eût quelque chose de plus que
Dieu dans la plénitude de sa grâce et de sa perfection. [4:3] Si donc cette
révélation était cachée, elle l’était pour ceux qui étaient perdus, [4:4]
desquels le dieu de ce monde avait aveuglé l’entendement pour que la lumière
de la bonne nouvelle de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu, ne
resplendît pas dans leurs coeurs.
Christ homme dans la gloire divine est la base de tout
l’évangile
[4:4] Au lieu de « l’évangile de la gloire du Christ », on traduit
quelquefois : « le glorieux évangile », mais cela n’est pas le sens. [3:18]
Nous avons vu que le fait que Christ est dans la gloire, que la gloire de
Dieu est vue dans sa face, était le sujet spécial du chapitre précédent.
[4:5] L’apôtre ici y fait allusion comme étant ce qui caractérisait
l’Évangile qu’il prêchait. [4:6] C’était la preuve que le péché que Christ
avait porté était entièrement ôté, la preuve de la victoire remportée sur la
mort, et de l’introduction de l’homme dans la présence de Dieu en gloire
selon les conseils de l’amour de Dieu. C’était en même temps le complet
déploiement de la gloire de Dieu dans l’homme selon la grâce, que l’Esprit
Saint nous montre, afin de nous transformer à la même ressemblance. C’était
le glorieux ministère de la justice et de l’Esprit, qui ouvrait à l’homme un
chemin libre vers Dieu, un chemin pour entrer même dans les lieux saints en
toute liberté [(Héb. 10:19)].
La gloire divine brille en Christ par la puissance de
Dieu, ce que souligne la faiblesse du serviteur
[4:4] Lorsque Christ était ainsi annoncé, la conséquence en était
l’acceptation joyeuse de la bonne nouvelle, la soumission du coeur à
l’Évangile — ou bien l’aveuglement par Satan ; [4:5] car Paul ne se prêchait
pas lui-même (comme d’autres ne manquaient pas de faire), mais il prêchait
Jésus Christ le Seigneur, et ne se présentait lui-même à ceux auxquels il
s’adressait, que comme leur serviteur pour l’amour de Jésus. [4:6] En effet,
et c’est ici un autre principe important, le resplendissement de l’Évangile
de la gloire de Christ est l’oeuvre de la puissance de ce même Dieu qui, par
sa seule parole, a fait luire instantanément la lumière du sein des
ténèbres. Dieu avait resplendi dans le coeur de l’apôtre pour faire luire la
connaissance de sa propre gloire dans la face de Jésus Christ. L’Évangile
brillait par une opération divine semblable à celle qui, au commencement,
avait fait briller la lumière du sein des ténèbres par une simple parole. Le
coeur de l’apôtre en était le vase, la lampe où cette lumière avait été
allumée pour luire au milieu du monde devant les yeux des hommes. Ce qui
luisait était la révélation de la gloire qui resplendit dans la personne de
Christ, et qui, par la puissance de l’Esprit de Dieu, agissait dans le coeur
de l’apôtre pour que cette gloire brillât par l’Évangile devant le monde ;
la puissance de Dieu opérait pour la faire briller, comme elle l’a fait par
la parole : « Que la lumière soit, et la lumière fut » [(Gen. 1:3)]. [4:7]
Mais le trésor de cette révélation de la gloire était déposé dans des vases
de terre, afin que la puissance qui agissait dans cette révélation fût de
Dieu seul, et non celle des instruments. [4:8-9] Dans tous les instruments,
la faiblesse qui leur était propre se montrait dans les circonstances
d’épreuve par lesquelles Dieu — dans ce but même, entre autres — faisait
passer le témoignage. [4:7] Toutefois la puissance de Dieu se manifestait
d’une manière d’autant plus évidente que le vase montrait sa faiblesse au
milieu des difficultés qui se rencontraient sur la route. [4:10] Le
témoignage se rendait, l’oeuvre se faisait, le résultat se produisait lors
même que l’homme était abattu et se trouvait sans ressource en présence de
l’opposition suscitée à la vérité.
Ch. 4 v. 7-12 — L’anéantissement complet de ce qui vient
de l’homme, afin d’être conforme à Christ
[4:8] L’homme était affligé par la tribulation — c’était le vase — mais pas
réduit à l’étroit, car Dieu était avec lui ; l’homme était sans moyen de
sortir de la tribulation — c’était le vase — mais pas sans ressource, car
Dieu était là ; [4:9] l’homme était persécuté — c’était le vase — mais pas
abandonné, car Dieu était avec lui ; l’homme était jeté par terre — c’était
le vase — mais pas détruit, car Dieu le gardait. [4:10] Paul portait
toujours dans son corps la mort de Jésus (il était fait semblable à Jésus en
ce que l’homme comme tel était réduit à néant), afin que la vie de Jésus,
que la mort ne saurait toucher et qui a triomphé de la mort, fût manifestée
dans son corps, tout mortel qu’il était. [4:11] Plus l’homme naturel était
anéanti, plus il était évident qu’il y avait là une puissance qui n’était
pas de l’homme. [4:13] C’était là le principe, mais il était moralement
réalisé dans le coeur par la foi. [4:10] Comme serviteur du Seigneur, Paul
réalisait dans son coeur la mort de tout ce qui était vie humaine, [4:7]
afin que la puissance fût purement de Dieu par Jésus ressuscité ; [4:11]
mais à côté de cela Dieu lui faisait réaliser ces choses par les
circonstances par lesquelles il avait à passer ; car, vivant dans ce monde,
il était toujours livré à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie de
Jésus fût manifestée dans sa chair mortelle. [4:12] Ainsi la mort opérait
dans l’apôtre ; ce qui était seulement de l’homme, de la nature, et de la
vie naturelle, disparaissait, afin que la vie en Christ se déployant en lui
de la part de Dieu et par sa puissance, opérât dans les Corinthiens par son
moyen. Quel ministère ! [4:11] Quelle épreuve complète du coeur de l’homme,
quelle vocation glorieuse pour un homme que d’être ainsi assimilé à Christ,
d’être le vase de la puissance de sa vie pure, et par le moyen d’une
abnégation absolue de soi-même, et de la vie même, d’être moralement
semblable à Jésus ! Quelle position par la grâce, quelle conformité à Christ
! Et c’était de telle manière qu’elle passait par un coeur d’homme pour
atteindre le coeur de l’homme (ce qui en fait est de l’essence du
christianisme lui-même), [4:7] non pas certainement par la force de l’homme,
mais par celle de Dieu se manifestant dans la faiblesse de l’homme.
Ch. 4 v. 13-18 — Les souffrances ici-bas et la gloire
céleste
Souffrir et mourir comme Christ pour le témoignage de Dieu est le privilège
du croyant
[4:13] C’est pour cette raison que l’apôtre peut se servir des paroles de
l’Esprit de Christ dans les Psaumes : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé
». C’est-à-dire : « À quel prix que ce soit, en dépit de tout danger, de
toute opposition, j’ai parlé pour Dieu, j’ai rendu mon témoignage ; j’ai eu
assez de confiance en Dieu pour rendre témoignage à Dieu et à sa vérité,
quelles qu’en fussent les conséquences, même si je mourais en le faisant ».
[4:14] C’est-à-dire encore : « J’ai agi comme Christ lui-même l’a fait,
parce que je sais que Celui qui a ressuscité Jésus en fera autant pour moi
et me présentera avec vous devant sa face, dans cette même gloire où Christ
se trouve dans le ciel ; et pour le témoignage que j’ai rendu à cette
gloire, j’ai souffert la mort comme Lui ». Il faut bien distinguer ici entre
les souffrances de Christ pour la justice et pour son oeuvre d’amour, et ses
souffrances pour le péché. Quant aux premières, c’est notre privilège de les
partager avec Lui ; dans les autres, il est seul.
La gloire future assurée par la puissance divine
encourage dans les difficultés ici-bas
[4:14] L’apôtre dit : « Celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous
présentera avec vous », [4:15] car, ajoute-t-il selon le coeur et la pensée
de Christ envers les siens : « Toutes choses sont pour vous, afin que la
grâce, abondant par le moyen de plusieurs, multiplie les actions de grâces à
la gloire de Dieu ». [4:16] C’est pourquoi l’apôtre ne se laissait pas
décourager ; mais au contraire, si l’homme extérieur dépérissait, l’homme
intérieur se renouvelait de jour en jour. [4:17] Car la légère affliction
qui n’était que d’un moment (car il l’estimait telle en vue de la gloire ;
et elle n’était pour lui que l’affliction passagère de ce pauvre corps
mourant), opérait pour lui un poids éternel de gloire qui dépassait toute
expression, même la plus élevée, du langage et des pensées humaines. [4:18]
Et ce renouvellement avait lieu, et le découragement ne s’emparait point de
lui, quoi qu’il en fût, en ce qu’il ne regardait pas aux choses qui se
voient, qui sont temporelles, mais aux choses qui ne se voient pas,
lesquelles sont éternelles. Ainsi, la puissance de la vie divine avec toutes
ses conséquences, se déployait dans l’âme de l’apôtre, par la foi : il
connaissait le résultat de tout de la part de Dieu.
Chapitre 5
Ch. 5 v. 1-5 — L’espérance chrétienne : revêtir la vie divine
La certitude du croyant, et le fardeau de la nature terrestre pour en jouir
[5:1] Ce n’est pas seulement qu’il y a des choses invisibles et glorieuses :
les chrétiens y ont leur part. Nous savons, dit l’apôtre en leur nom, que si
cette maison terrestre — passagère comme elle l’est — est détruite (et peu
s’en était fallu qu’il en eût été ainsi pour Paul), nous avons un édifice de
la part de Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les
cieux. Précieuse certitude ! il le savait. Les chrétiens le savent comme
étant une partie de leur foi. Nous savons1 — certitude qui faisait que cette
gloire qu’il savait lui appartenir, était par la puissance de l’Esprit
Saint, une espérance réelle et pratique dans son coeur, une réalité présente
par la foi. Il voyait cette gloire comme une chose qui lui appartenait, et
dont il devait être revêtu. [5:2] C’est pourquoi aussi il gémissait dans sa
tente, non pas comme tant de gens le font, parce que les désirs de sa chair
ne pouvaient être accomplis, et que la satisfaction du coeur ne se trouve
pas pour l’homme lors même que ces désirs sont accomplis, ni parce qu’il
était incertain de son acceptation, et ne savait si la gloire était sienne
ou non ; mais parce que le corps était une entrave que tendait à affaiblir
la vie divine, et à le priver de la pleine jouissance de cette gloire que la
vie nouvelle voyait et désirait, et que Paul voyait et admirait comme étant
sienne. [5:4] C’était pour l’apôtre un fardeau que la nature humaine
terrestre. Ce n’était pas pour lui une peine de ne pas pouvoir satisfaire
aux désirs de cette nature, mais c’en était une de se trouver encore dans
cette nature mortelle, parce qu’il voyait quelque chose de meilleur.
1 Ce « nous savons » est en fait une expression technique
pour dire ce qu’est la portion des chrétiens. « Nous savons que la loi est
spirituelle » [(Rom. 7:14)] ; « nous savons que le Fils de Dieu est venu »
[(1 Jean 5:20)] ; etc.
Paul désire revêtir la vie de Christ en gloire, ce pour
quoi Dieu nous a formés
[5:4] Ce n’était pas toutefois qu’il désirât d’être dépouillé, car il voyait
dans le Christ glorifié une puissance de vie capable d’absorber et d’annuler
toute trace de mortalité ; et le fait que Christ était là-haut dans la
gloire était le résultat de cette puissance et en même temps la
manifestation de la portion céleste qui appartient aux siens. Ainsi l’apôtre
désirait, non pas d’être dépouillé, mais d’être revêtu, et que ce qui était
mortel en lui fût absorbé par la vie, que la mortalité qui caractérisait sa
nature humaine terrestre disparût devant la puissance de vie qu’il voyait en
Jésus et qui était sa vie. Cette puissance était telle qu’il n’était pas
nécessaire de mourir. Or ce n’était pas une espérance qui n’avait de
fondement que celui que le désir, réveillé par la vue de la gloire, pouvait
produire : [5:5] Dieu avait formé les chrétiens pour cela même. Celui qui
était chrétien était formé dans ce but et non pour autre chose. C’était Dieu
lui-même qui l’avait formé pour cette gloire, dans laquelle Christ, le
dernier Adam, était à la droite de Dieu. Précieuse assurance ! Heureuse
confiance dans la grâce et dans l’oeuvre puissante de Dieu ! Quelle joie
ineffable de pouvoir tout attribuer à Dieu lui-même, d’être ainsi assuré de
son amour, de le glorifier comme le Dieu d’amour, notre Bienfaiteur, de
savoir que c’est son oeuvre, et que nous reposons sur une oeuvre accomplie,
l’oeuvre de Dieu. Ce n’est pas ici se reposer sur une oeuvre faite pour nous
; mais c’est, chose précieuse, la conscience que nous avons que Dieu nous a
faits pour cela : « Nous sommes son ouvrage » [(Éph. 2:10)].
Les arrhes de l’Esprit nous assurent de la gloire future
Une autre chose cependant était nécessaire pour jouir de cette espérance
quand on n’était pas encore glorifié de fait. [5:5] Dieu nous l’a donnée :
ce sont les arrhes de l’Esprit. [5:1] Ainsi nous avons la gloire devant
nous, [5:5] nous sommes formés pour elle par Dieu lui-même, et nous avons
les arrhes de l’Esprit jusqu’à ce que nous soyons dans la gloire, [5:4] et
nous savons que Christ a si complètement vaincu la mort, que si le temps
était venu, nous serions transformés en gloire sans passer par la mort. Ce
qui est mortel serait absorbé par la vie. Telle est par grâce notre portion
dans le dernier Adam, par la puissance de vie dans laquelle Christ a été
ressuscité.
Ch. 5 v. 6-11 — La part de l’homme naturel : la mort et
le jugement
Mais ensuite l’apôtre traite de l’effet de la vie quant à la portion
naturelle du premier homme déchu, la mort et le jugement : car le témoignage
ici est complet.
Ch. 5 v. 6-9 — La mort du corps nous introduits avec le
Seigneur, en attendant la gloire
Quel est donc l’effet de la possession de la vie en Christ appliqué à la
mort et au jugement, les deux objets naturels des craintes de l’homme, le
fruit du péché ? [5:6] Si nos corps ne sont pas encore transformés, [5:4] et
si ce qui est mortel n’est pas encore absorbé par la vie, [5:6] nous sommes
également pleins de confiance, parce que, [5:5] étant formés pour la gloire,
[5:8] et Christ, qui a manifesté la puissance victorieuse qui Lui a ouvert
le chemin du ciel, étant notre vie, si nous quittons cette tente et sommes
absents du corps avant d’être revêtus de la gloire, cette vie que nous
possédons reste intacte ; elle a déjà, en Jésus, triomphé de tous les effets
de la puissance de la mort. Ainsi, si nous mourons, nous serons présents
avec le Seigneur ; [5:7] car nous marchons par la foi, non par la vue des
choses excellentes que nous espérons. [5:8] Ainsi nous préférons être
absents du corps et être présents avec le Seigneur. [5:9] C’est pourquoi
nous cherchons à Lui être agréables, soit que nous soyons trouvés absents de
ce corps, ou présents dans ce corps, lorsque Jésus viendra pour nous prendre
à Lui et nous faire partager sa gloire.
Ch. 5 v. 10 — Le tribunal de Christ
Le jugement manifeste tout dans la lumière de Dieu, et c’est une joie pour
le croyant
Et cela nous conduit au second point — le jugement. [5:10] Car il faut que
nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun
reçoive selon ce qu’il aura fait dans le corps, soit bien, soit mal (v. 9,
10). Pensée heureuse et précieuse après tout, quelque solennelle qu’elle
soit ; car si nous avons réellement compris la grâce, si nous sommes fondés
dans la grâce, si nous savons ce que Dieu est, qu’il est tout amour pour
nous, toute lumière pour nous, nous aimerons à être dans la pleine lumière.
C’est une délivrance précieuse que de s’y trouver. C’est un fardeau, un
poids sur le coeur, que quelque chose de caché ; et quoiqu’il y ait eu en
nous beaucoup de péchés que personne ne connaît ; peut-être même des péchés
que nous avons commis et qu’il ne serait d’aucun profit à personne de
savoir, c’est un soulagement, si nous connaissons l’amour parfait de Dieu,
que de savoir que tout est dans la parfaite lumière devant Lui. C’est ce qui
arrive par la foi, et pour la foi, dans tous les cas où l’on jouit d’une
paix solide ; on est devant Dieu tel qu’il est, et l’on s’y trouve tel que
l’on est, c’est-à-dire en soi-même rien que péché, hélas ! sauf en ce que
Dieu a opéré lui-même en nous vivifiant ; et Dieu est tout amour dans cette
lumière dans laquelle nous sommes placés ; car Dieu est lumière, et il se
révèle Lui-même. Sans la connaissance de la grâce, nous craignons la
lumière, et il ne peut en être autrement ; mais quand nous connaissons la
grâce, quand nous savons que le péché a été ôté pour ce qui regarde la
gloire de Dieu, et que l’offense n’est plus sous ses yeux, nous aimons à
être dans la lumière. C’est une joie pour nous, c’est ce dont le coeur a
besoin ; il ne peut être satisfait s’il n’est pas dans cette lumière,
lorsqu’il est animé de la vie du nouvel homme. La nature du nouvel homme est
d’aimer la lumière, d’aimer la pureté dans toute cette perfection qui
n’admet pas le mal des ténèbres et qui exclut tout ce qui n’est pas
elle-même. Or, être ainsi dans la lumière et « être manifesté », c’est une
seule et même chose, car la lumière manifeste tout.
Tout est lumière devant Dieu
Nous sommes dans la lumière par la foi quand notre conscience est dans la
présence de Dieu ; nous serons selon la perfection de cette lumière quand
nous paraîtrons devant le tribunal du Christ. J’ai dit, et il en est ainsi,
que c’est une chose solennelle, que tout soit jugé selon cette lumière, mais
c’est ce que le coeur aime, parce que, grâces en soient rendues à notre
Dieu, nous sommes lumière dans le Seigneur [(Éph. 5:8)].
Le croyant est manifesté glorifié, sans péché, justifié
en Christ
Mais il y a plus que cela. [5:10] Quand le chrétien est ainsi manifesté, il
est déjà glorifié et parfaitement semblable à Christ, et n’a alors aucun
reste de la mauvaise nature dans laquelle il a péché. Il peut regarder en
arrière sur tout le chemin par lequel Dieu l’a conduit en grâce, l’a aidé,
soutenu, gardé de chute, Lui qui ne retire pas ses yeux de dessus le juste.
Il connaît comme il a été connu [(1 Cor. 13:12)]. Quelle histoire de grâce
et de miséricorde ! Si maintenant je regarde en arrière, mes péchés ne
pèsent pas sur ma conscience, bien que j’en aie horreur : Dieu les a jetés
derrière son dos [(És. 38:17)]. Je suis la justice de Dieu en Christ
[(5:21)] ; mais quel sentiment d’amour et de patience, de bonté et de grâce
! Combien tout apparaîtra plus parfait alors, quand tout sera devant moi.
Assurément il y aura un grand gain quant à la lumière et à l’amour, lorsque
nous rendrons compte de nous-mêmes à Dieu, sans qu’il reste une trace de mal
en nous. Nous serons semblables à Christ. Si quelqu’un craint de voir tout
placé ainsi devant Dieu, je ne pense pas qu’il soit affranchi quant à la
justice — quant à être justice de Dieu en Christ ; il n’est pas pleinement
dans la lumière. Et nous n’avons pas à être jugés pour quelque chose que ce
soit ; Christ a tout ôté.
La rétribution de tous les fruits produits par l’homme
ici-bas
[5:10] Mais il y a une autre idée dans le passage qui nous occupe, savoir
celle de rétribution. L’apôtre ne parle pas d’un jugement sur les personnes,
parce que les saints sont compris parmi elles, et que Christ s’est mis à
leur place pour ce qui regarde le jugement de leurs personnes. « Il n’y a
aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » [(Rom. 8:1)] ;
ils ne viennent pas en jugement [(Jean 5:24)], [5:10] mais chacun sera
manifesté devant le tribunal de Christ, et recevra ce qu’il aura fait dans
son corps. Le bien ne mérite rien : il a reçu ce par quoi il a fait ce qui
est bien ; la grâce l’a produit en lui ; toutefois il en recevra la
récompense : ce qu’il a fait est estimé comme étant de lui. Si, en
négligeant la grâce et le témoignage de l’Esprit en lui, les fruits que le
chrétien aurait dû produire ont été écartés, il en portera les conséquences.
Ce n’est pas que, dans ce cas, Dieu l’ait abandonné, ce n’est pas que le
Saint Esprit n’ait pas agi en lui à l’égard de l’état où il se trouve, mais
cette action s’exercera dans la conscience du croyant, en jugeant la chair
qui l’a empêché de porter le fruit naturel de la présence du Saint Esprit et
de son opération dans le nouvel homme. De sorte que le Saint Esprit aura
fait tout ce qui était nécessaire en rapport avec l’état du coeur où il
demeurait ; et le conseil parfait de Dieu à l’égard de la personne elle-même
aura été accompli, sa patience aura été manifestée, aussi bien que sa
sagesse, ses voies en gouvernement et les soins qu’il daigne prendre de
chaque croyant individuellement dans son amour plein de condescendance.
Chacun aura sa place selon qu’elle lui est préparée du Père. Mais le fruit
naturel de la présence et de l’opération du Saint Esprit dans une âme, qui a
ou qui aurait dû avoir, d’après les avantages dont elle a joui, une certaine
mesure de lumière, ce fruit, dis-je, n’aura pas été produit. Ce qui en a
empêché la production sera manifesté. Tout ce qui était bien et mal en
soi-même sera jugé selon le jugement de Dieu, avec un sentiment solennel de
ce que Dieu est, et une fervente adoration à cause de ce qu’il a été pour
nous. La parfaite lumière sera appréciée, les voies de Dieu seront connues
et comprises dans toute leur perfection, en appliquant la lumière parfaite à
toute la suite de notre vie et des voies de Dieu envers nous, dans
lesquelles nous reconnaîtrons entièrement que l’amour parfait, souverain,
au-dessus de tout, a régné avec une grâce ineffable.
La lumière et l’amour de Dieu agissant envers les hommes
pécheurs
Ainsi la majesté de Dieu aura été maintenue par son jugement, en même temps
que la perfection et la tendresse de ses voies resteront gravées comme
éternel souvenir dans nos âmes. La lumière sans nuages ni ténèbres sera
comprise dans sa propre perfection. La comprendre, c’est y être et en jouir.
Or, la lumière, c’est Dieu lui-même [(1 Jean 1:5)]. [5:10] Quelle chose que
d’être ainsi manifesté ! Quel amour que celui qui, dans sa parfaite sagesse
et dans ses voies merveilleuses, dominant tout le mal, a pu amener des êtres
tels que nous à jouir de cette lumière sans nuages ! Quel amour que celui
qui a pu amener à jouir de cette lumière des êtres ayant la connaissance du
bien et du mal, cette prérogative naturelle de ceux-là seuls dont Dieu peut
dire « l’un de nous » [(Gen. 3:22)] ; des êtres sous le joug du mal qu’ils
connaissaient, et chassés par une mauvaise conscience loin de la présence de
Dieu à qui cette connaissance appartenait ! Oui, quel amour que celui qui a
introduit dans la pure lumière des êtres ayant dans leur conscience un
témoignage assez puissant de ce qu’était le jugement de Dieu, pour leur
faire éviter sa présence et pour être misérables, mais rien pour les attirer
vers Lui qui seul pouvait porter remède à cette misère ! Quel amour et
quelle sainte sagesse se trouvaient en Dieu pour amener de tels êtres à la
source du bien, du pur bonheur, où la puissance du bien repousse absolument
le mal que le bien juge.
La responsabilité des injustes au jugement
Pour ce qui est des injustes, ils auront, au jour du jugement, à répondre
personnellement pour leurs péchés, sous une responsabilité qui pèse tout
entière sur eux-mêmes.
Le sentiment de la majesté divine du juge doit rester
présent à la conscience, lié à la grâce
[5:11] Quel que soit le bonheur de se trouver dans la parfaite lumière, et
ce bonheur est complet et divin dans son caractère, c’est du côté de la
conscience que ce sujet est présenté ici. [5:10] Dieu maintient sa majesté
par le jugement qu’il exécute, comme il est écrit : « L’Éternel s’est fait
connaître par le jugement qu’il a exécuté » (Ps. 9:16) ; là, dans son
gouvernement du monde, ici, dans son jugement éternel, final et personnel ;
et, pour ma part, je crois qu’il est d’un grand profit pour notre âme que
nous ayons le jugement de Dieu présent à nos pensées, et que le sentiment de
l’immuable majesté de Dieu soit maintenu dans notre conscience par ce moyen.
Si l’on n’était pas sous la grâce, ce serait et devrait être insupportable ;
mais le maintien du sentiment de la majesté d’un Dieu juge, ne contredit pas
la grâce ; au contraire, c’est sous la grâce seule qu’il peut exister dans
sa vérité ; car qui autrement, si ce n’est un homme complètement aveugle,
supporterait un instant la pensée de « recevoir ce qu’il a fait dans le
corps » ?
La conscience constante du notre manifestation à Dieu et
ses conséquences pratiques sur la marche
Mais l’autorité, la sainte autorité de Dieu, qui s’affirme elle-même dans le
jugement, est une partie de nos relations avec Lui, et le maintien de ce
sentiment dont nous parlons, associé à la pleine jouissance de la grâce, une
partie de nos saintes affections spirituelles. C’est la crainte du Seigneur
; elle l’est dans ce sens que « bienheureux l’homme qui craint
continuellement » (Prov. 28:14). Si la pensée du jugement affaiblit le
sentiment que l’amour de Dieu repose pleinement, éternellement sur nous,
alors nous quittons le seul terrain possible d’une relation quelconque avec
Dieu, à moins qu’on n’appelle la perdition une relation. Mais dans la douce
et paisible atmosphère de la grâce, la conscience maintient ses droits et
son autorité contre les empiètements subtils de la chair, et elle le fait
par le sentiment du jugement de Dieu en vertu d’une sainteté qui ne saurait
être séparée du caractère de Dieu sans nier qu’il y a un Dieu : car s’il y a
un Dieu, il est saint. [5:10] La conscience que nous devons tous être
manifestés devant le tribunal de Christ engage le coeur du croyant accepté
de Dieu à chercher à plaire au Seigneur à tous égards [(Col. 1:10)] ; [5:11]
et, dans le sentiment de tout ce qu’il y a de solennel pour un pécheur de
paraître devant Dieu, l’amour qui accompagne nécessairement ce sentiment
dans le coeur du croyant, pousse celui-ci à persuader les hommes en vue de
leur salut, tandis qu’il maintient sa propre conscience dans la lumière. Or
celui qui maintenant marche dans la lumière, celui dont la conscience
réfléchit cette lumière, ne la craindra pas au jour où elle paraîtra dans sa
gloire. [5:10] Il nous faut être manifestés ; [5:11] mais marchant dans la
lumière dans le sentiment de la crainte de Dieu, réalisant son jugement du
mal, nous sommes déjà manifestés à Dieu : rien n’empêche le doux et assuré
courant de son amour. En conséquence la marche de celui qui lui-même est
manifesté à Dieu se légitime à la longue dans la conscience des autres ; il
est manifesté comme marchant dans la lumière.
Ch. 5 v. 10-15 — Les conséquences pratiques de la lumière
qui manifeste tout et de l’amour qui sauve
Les principes du ministère, liés à la mort de Christ pour les pécheurs
Nous trouvons donc ici les deux grands principes pratiques du ministère : 1°
[5:10] marcher dans la lumière, dans le sentiment du jugement solennel de
Dieu à l’égard de chacun ; 2° [5:11] la conscience étant ainsi pure dans la
lumière, ce sentiment du jugement (qui ne peut troubler pour elle-même
l’âme, ni obscurcir la vue qu’elle a de l’amour de Dieu) pousse le coeur à
chercher, par amour, les âmes en danger de ce jugement. Cela se rattache à
la doctrine de Christ, le Sauveur, par sa mort sur la croix, [5:14] et
l’amour du Christ nous étreint, parce que nous voyons que si un est mort
pour tous, c’est que tous étaient morts. Tel était l’état universel des âmes
: l’apôtre cherche ces âmes afin qu’elles vivent par Christ à Dieu.
La mort est un gain pour le croyant, et stimule l’amour
pour les hommes morts dans leurs péchés
Mais cela va plus loin. Premièrement, par rapport à ce qui était le lot de
l’homme déchu, la mort, elle est un gain pour le croyant [(Phil. 1:21)].
[5:8] S’il est absent du corps, il est présent avec le Seigneur. [5:10]
Quant au jugement, il en reconnaît la solennité, mais cela ne le fait pas
trembler. Il est en Christ — il sera semblable à Christ, et Christ, devant
qui il doit être manifesté, a ôté tous les péchés pour lesquels il devait
être jugé. L’effet produit, en l’amenant pleinement manifesté en la présence
de Dieu maintenant, est un effet sanctifiant. [5:11] Mais cela stimule son
amour envers les autres. Ce n’est pas seulement par la crainte du jugement à
venir pour eux ; [5:14] l’amour de Christ l’étreint — l’amour manifesté dans
la mort. Et cela prouve plus que les actes de péché qui amènent le jugement
; Christ est mort, parce que tous étaient morts. L’Esprit de Dieu va à la
source et à la racine de leur condition tout entière, de leur état, et ne
considère pas seulement les fruits d’une mauvaise nature — tous étaient
morts. Nous avons le même enseignement important en Jean 5:24 : « Celui qui
entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et
ne vient pas en jugement (celui qui s’applique aux péchés) ; mais il est
passé de la mort à la vie » ; il est sorti, comme un être déjà perdu, de
tout cet état et de cette condition, et a passé dans un autre état et une
autre condition en Christ. Cela est un aspect très important de la vérité.
Et la distinction entre ces deux états, largement développée en Romains, se
trouve en plusieurs passages.
La parfaite manifestation dans la lumière peut être
réalisée dès maintenant
[5:11] L’oeuvre de la manifestation devant Dieu dans la lumière est déjà
vraie, pour autant que nous avons réalisé la lumière. Ne puis-je pas, étant
maintenant en paix, regarder en arrière à ce que j’étais avant ma
conversion, et à tous mes manquements depuis ma conversion, humilié, mais
adorant la grâce de Dieu dans tout ce qu’il a fait pour moi, mais sans une
pensée de crainte ou d’imputation de péché ? Cela n’éveille-t-il pas un très
profond sentiment de tout ce qu’est Dieu en sainte grâce et en amour, en
patience illimitée envers moi, me gardant, m’aidant et me restaurant ? Tel
sera le cas d’une manière parfaite quand nous serons manifestés, quand nous
connaîtrons comme nous avons été connus.
La manifestation amène à se juger soi-même, sans être
sous la condamnation divine
Afin que ce point soit rendu encore plus clair — car il est important —
j’ajouterai ici quelques observations de plus. [5:10] Ce que nous trouvons
dans ce passage, c’est la parfaite manifestation de tout ce qu’une personne
est et a été devant un trône caractérisé par le jugement, sans que la
personne en question soit jugée comme coupable. Sans doute que, quand le
méchant reçoit les choses faites dans le corps, il est condamné. Mais il
n’est pas dit ici « jugé », car alors tous doivent être condamnés. Mais
cette manifestation est précisément ce qui amène moralement tout devant le
coeur, lorsqu’il est capable de juger le mal pour lui-même : s’il était sous
le jugement, il ne le pourrait pas. Affranchi de toute crainte, dans la
parfaite lumière et avec la consolation de l’amour parfait — car là où nous
avons la conscience du péché, sans qu’il nous soit imputé, nous avons le
sentiment, quoique d’une manière qui humilie, de l’amour parfait — et en
même temps avec le sentiment de l’autorité et du gouvernement divin
pleinement démontré dans l’âme, tout est jugé par l’âme elle-même comme Dieu
le juge, et en communion avec Lui. Cela est extrêmement précieux.
Les saints devant le tribunal sont déjà glorifiés
[5:10] Il faut nous rappeler que, quand nous paraissons devant le tribunal
du Christ, nous sommes déjà glorifiés. Christ est venu lui-même dans son
grand amour, nous chercher, et a changé notre corps d’humiliation en la
conformité du corps de sa gloire [(Phil. 3:21)]. Nous sommes glorifiés et
semblables à Christ avant que le jugement ait lieu. [5:11] Et remarquez
l’effet produit sur Paul. Est-ce que la pensée d’être manifesté éveille en
lui l’anxiété ou la crainte ? Nullement. Il réalise toute la solennité d’un
tel moment. Il sait combien le Seigneur doit être craint ; il l’a devant les
yeux, et quelle est la conséquence ? Il se met à persuader d’autres qui ont
besoin de cette crainte.
Nous sommes faits justice de Dieu, et cela agit sur nous
en grâce
Il y a, pour ainsi dire, deux parties dans la nature et dans le caractère de
Dieu : sa justice qui juge tous, et son amour parfait. Les deux sont unis
pour nous en Christ, et sont à nous en Lui. Si vraiment nous réalisons ce
que Dieu est, tous deux auront leur place ; or le croyant est en Christ la
justice que Dieu, sur son trône, d’après sa nature même, doit avoir devant
Lui, si nous devons être avec Lui et jouir de Lui. [5:10] Mais le Christ,
sur le tribunal devant lequel nous sommes, est notre justice. Il juge par la
justice laquelle il est, et nous sommes cette justice, la justice de Dieu en
Lui [(5:21)]. C’est pourquoi ce point (d’être devant le tribunal) ne peut
soulever aucune question dans l’âme ; nous adorons une telle grâce, mais
aucune question n’est soulevée. Cela ne fait qu’exalter le sentiment que
nous avons nous-mêmes de la grâce, nous la fait comprendre comme appropriée
à l’homme tel qu’il est, et nous fait sentir les conséquences solennelles et
terribles de n’y avoir point de part, puisqu’il y a un tel jugement. [5:11]
C’est pourquoi cette autre et essentielle partie de la nature divine —
l’amour — agira en nous envers les autres ; et sachant combien le Seigneur
doit être craint, nous persuaderons les hommes. Ainsi Paul (c’est la
conscience en vue de ce moment très solennel) possédait la justice qu’il
voyait dans le Juge, car ce qui jugeait était sa justice ; mais alors et en
conséquence il cherchait sérieusement et avec ardeur d’autres afin qu’ils
fussent sauvés selon l’oeuvre qui l’avait ainsi amené près de Dieu, et c’est
vers cette oeuvre qu’il se tourne (v. 13, etc.). Mais cette vue du jugement
et de notre complète manifestation dans ce jour, a sur le saint un effet
actuel selon la propre nature du jugement. Il le réalise par la foi. Il est
manifesté. Il ne craint pas de l’être. Toutes les voies passées de Dieu
envers lui se déploieront devant lui quand il sera dans la gloire ; mais il
est manifesté à Dieu maintenant, sa conscience est exercée dans la lumière.
Ainsi la pensée du tribunal a une puissance actuelle sanctifiante.
Les principes du ministère chrétien
Les trois principes du chapitre 5 forment le caractère complet du ministère
Remarquez l’assemblage de puissants motifs, de principes d’une importance
prééminente, que nous trouvons ici : principes en apparence contradictoires,
mais qui, pour une âme marchant dans la lumière, au lieu de se heurter et de
s’entre-détruire, se réunissent pour donner son caractère complet au
ministre et au ministère chrétiens.
Premier principe : La certitude de la vie dans la gloire
[5:4] Premièrement se trouve la gloire, dans une telle puissance de vie que
celui qui la réalise, ne désire pas la mort, parce qu’il voit dans la
puissance de vie en Christ ce qui peut absorber tout ce qui est mortel en
lui ; et il la voit avec la certitude qu’il en jouira. Le chrétien a
tellement la conscience qu’il possède cette vie ([5:5] Dieu l’ayant formé
pour cela et lui ayant donné les arrhes de l’Esprit) [5:8] que la mort, si
elle survient pour lui, n’est qu’une heureuse absence du corps pour être
présent avec le Seigneur.
Deuxième principe : La pensée du jugement de Christ
[5:9] Or la pensée de monter vers Christ donne le désir de Lui être agréable
[5:10] et présente Christ — second motif ou principe qui forme ce ministère
— comme le Juge qui rendra à chacun ce qu’il a fait. [5:11] Ici, la pensée
solennelle de la crainte qu’on doit avoir d’un tel jugement, prend
possession du coeur de l’apôtre. Quelle différence entre cette pensée et
celle de « l’édifice de la part de Dieu » [(5:1)], que l’apôtre attendait
avec assurance ! Cependant, cette pensée ne l’alarmait pas mais, dans le
sentiment solennel de la réalité de ce jugement, elle le poussait à
persuader les autres.
Troisième principe : L’amour de Christ en rapport avec la
mort
[5:14] Mais ici est introduit un troisième principe, savoir, l’amour de
Christ en rapport avec l’état de ceux que Paul cherchait à persuader.
Puisque cet amour de Christ se montrait dans sa mort, elle est le témoignage
que tous étaient déjà morts et perdus.
Ainsi nous trouvons dans ce passage la gloire avec la
certitude personnelle d’en jouir, et la mort, devenant le moyen d’être
présent avec le Seigneur ; puis le tribunal de Christ et la nécessité d’y
être manifesté ; enfin l’amour de Christ dans sa mort, tous étant déjà
morts.
La manifestation à Dieu concilie ces principes
Comment concilier, coordonner dans le coeur ces principes si divers ? [5:11]
C’est que l’apôtre était manifesté à Dieu ; [5:10] c’est pourquoi la pensée
d’être manifesté devant le tribunal ne produisait, en même temps que la
sanctification actuelle, d’autre effet sur lui que celui de la solennité,
car il ne venait pas en jugement ; [5:11] mais c’était pour lui un motif
pressant de prêcher aux autres selon l’amour que Christ avait manifesté dans
sa mort. L’idée du tribunal n’affaiblissait en aucune manière la certitude
qu’il avait de posséder la gloire1. Son âme dans la pleine lumière de Dieu,
reflétait ce qui se trouvait dans cette lumière, savoir, la gloire du Christ
monté en haut comme homme ; et l’amour de ce même Jésus était fortifié dans
son active opération en lui par la vue du tribunal qui attendait tous les
hommes.
1 La vérité est que le tribunal est ce qui fait ressortir
le plus notre assurance devant Dieu ; car « comme il est, lui, nous sommes,
nous aussi, dans ce monde » [(1 Jean 4:17)], et quand Christ apparaîtra,
nous Lui serons semblables [(1 Jean 3:2)].
Une conscience pure donne toute leur force aux motifs du
ministère
Quelle merveilleuse combinaison de motifs nous trouvons dans ce passage pour
la formation d’un ministère que caractérisait le déploiement de tout ce en
quoi Dieu se révèle lui-même, et par quoi il agit sur le coeur et sur la
conscience de l’homme ! [5:11] C’est dans une conscience pure que ces choses
peuvent avoir toutes ensemble leur force. Si la conscience n’était pas pure,
le tribunal obscurcirait la gloire, au moins en tant qu’il s’agirait de soi,
et affaiblirait le sentiment de l’amour de Christ. En tout cas, on serait
occupé de soi-même en rapport avec ces choses, et on devrait l’être. Mais
quand la conscience est pure devant Dieu, elle voit seulement un tribunal
qui n’excite aucun sentiment de malaise personnel et qui, par conséquent, a
tout son effet moral, comme un motif de plus pour une marche sérieuse, et
qui prête une énergie solennelle à l’appel que l’amour connu de Jésus pousse
le serviteur de Dieu à adresser aux hommes.
Ch. 5 v. 13-21 — La réconciliation avec Dieu
La mort et la résurrection de Christ nous introduisent dans une toute
nouvelle sphère
Quant à la mesure dans laquelle nos propres relations avec Dieu entrent dans
le service que nous avons à rendre aux autres, pour le montrer, l’apôtre
ajoute une autre chose qui caractérisait sa marche, et qui était le résultat
de la mort et de la résurrection de Christ. [5:13] Il vivait dans une sphère
complètement nouvelle, dans une nouvelle création qui avait laissé en
arrière, comme dans un autre monde, tout ce qui appartenait à une existence
naturelle dans la chair ici-bas. [5:14] La vérité que Christ était mort pour
tous, démontrait que tous étaient morts, [5:15] et qu’il était mort pour
tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour
celui qui pour eux est mort et a été ressuscité (v. 14, 15). Ils sont en
relation avec ce nouvel ordre de choses dans lequel Christ existe en tant
que ressuscité. [5:14] La mort est prononcée sur tout le reste ; tout est
renfermé sous la mort. [5:17] Si je vis, je vis dans un nouvel ordre de
choses, dans une nouvelle création, dont Christ est le type et le chef.
[5:15] Christ, pour autant qu’en relation avec le monde d’ici-bas, est mort.
[5:16] On avait pu le connaître comme le Messie vivant sur la terre, et en
rapport avec des promesses faites à des hommes vivant dans la chair sur la
terre ; l’apôtre ne le connaissait plus ainsi. [5:17] En effet, Christ, en
tant que portant ce caractère de Messie, était mort ; et maintenant, étant
ressuscité, il a pris un caractère nouveau et céleste.
La nouvelle création, réconciliation de toutes choses
avec Dieu
[5:17] Par conséquent, si quelqu’un est en Christ, il appartient à cette
nouvelle création : il est de la nouvelle création. Il n’appartient plus du
tout à l’ancienne ; les choses vieilles sont passées, toutes choses sont
faites nouvelles (v. 16, 17). Le système auquel il appartient, n’est pas le
fruit de la nature humaine et du péché, comme tout ce qui nous entoure
ici-bas selon la chair. [5:18] Déjà envisagé comme un système existant
moralement devant Dieu, dans cette nouvelle création, toutes choses sont de
Dieu. Tout ce qui s’y trouve est de Dieu, de Celui qui nous a réconciliés
avec Lui-même par Jésus Christ. Nous vivons dans un ordre de choses, dans un
monde, dans une nouvelle création, entièrement de Dieu. Nous y sommes en
paix, parce que Dieu, qui en est le centre et la source, nous a réconciliés
avec Lui-même. [5:17] Nous en jouissons, parce que nous sommes de nouvelles
créatures en Christ, [5:18] et que tout, dans ce monde nouveau, est de Lui
et correspond avec cette nouvelle nature. [5:19] Aussi Dieu avait-il confié
à l’apôtre un ministère de réconciliation selon l’ordre de choses dans
lequel Paul avait été introduit lui-même. [5:20] Étant réconcilié, et le
sachant par la révélation de Dieu qui l’avait accomplie pour lui, Paul
annonçait une réconciliation de l’effet de laquelle il jouissait.
Dieu s’est approché de nous en Christ, et nous a
réconciliés en le faisant péché pour nous
[5:19] Tout cela découlait d’une immense et toute puissante vérité, savoir
que Dieu était en Christ. [5:20] Mais alors, pour que d’autres eussent une
part avec Lui, et que l’apôtre fût le ministre de la réconciliation, [5:21]
il fallait aussi que Christ fût fait péché pour nous ; et de ces deux
vérités, [5:19] l’une présente le caractère sous lequel Dieu s’approche de
nous ; [5:21] l’autre, l’efficacité de ce qui a été opéré pour le croyant.
Le message de la réconciliation, basé sur le sacrifice de
Christ, qui nous justifie
[5:19] La première vérité présentée ici, en rapport avec le ministère de
l’apôtre, qui fait le sujet de ces chapitres, c’est que Dieu était en
Christ, lorsque Christ était ici-bas. Ce n’avait pas été pour le jugement.
Dieu était descendu en amour vers le monde éloigné de Lui. Tel avait été
Christ ; Dieu était en Lui. Trois choses se rattachaient à cette grande et
essentielle vérité et la caractérisaient. Dieu était en Christ, réconciliant
le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes, et mettant dans
l’apôtre la parole de la réconciliation. [5:20] Comme résultat de cette
troisième conséquence de l’incarnation, l’apôtre prend le caractère
d’ambassadeur pour Christ ; comme si Dieu exhortait par son moyen, Paul
suppliait les hommes, au nom de Christ, d’être réconciliés avec Dieu. Mais
cette ambassade de l’apôtre supposait l’absence de Christ ; son ambassadeur
agissait à sa place. [5:21] Le message était de fait fondé sur une autre
vérité d’une importance incommensurable, savoir, que Celui qui n’a pas connu
le péché, Dieu l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice
de Dieu en lui (v. 21). C’était là le vrai moyen de nous réconcilier
pleinement et entièrement avec Dieu, selon la perfection de Dieu pleinement
révélée. En effet Dieu nous avait aimés là où nous étions, donnant son Fils,
qui était sans tache et dans lequel il n’y avait aucun mouvement ou principe
de péché ; et l’a fait (car le Fils s’est offert pour accomplir la volonté
de Dieu) péché pour nous, afin que nous devinssions en Lui — qui, dans cette
condition, l’avait parfaitement glorifié — l’expression de la justice divine
devant les principautés célestes, dans toute l’éternité ; pour faire de nous
ses délices pour ce qui regarde la justice, « afin que nous devinssions
justice de Dieu en Lui ». L’homme n’a pas de justice pour Dieu ; Dieu a fait
les saints, en Jésus, sa justice. C’est en nous que cette justice divine est
vue pleinement établie, naturellement en Christ d’abord, en le plaçant à sa
droite, et en nous comme étant en Lui. Merveilleuse vérité qui, dans son
résultat en nous, produit les actions de grâces et les louanges quand nous
regardons à Jésus, vérité devant laquelle le coeur se tait et s’incline en
adorant, rempli d’étonnement à la vue de ces merveilles de grâce1.
1 On doit remarquer que, dans le verset 20, il faut
omettre les «Vous» ce verset nous expose la manière dont l’apôtre
accomplissait son ministère envers le monde.
Chapitre 6
Ch. 6 v. 1-10 — Le ministère de Dieu dans les circonstances extérieures
[5:20] Paul avait dit que Dieu exhortait par son moyen. [6:1] Dans ce
chapitre nous voyons l’affection de l’apôtre poursuivre par l’Esprit cette
oeuvre divine en suppliant les Corinthiens que ce ne fût pas en vain que,
dans leur cas, cette grâce leur eût été apportée ; [6:2] car « c’était
maintenant le temps agréable, le jour du salut »1. L’apôtre avait parlé des
grands principes et de l’origine de son ministère. [6:4] Il rappelle
maintenant aux Corinthiens la manière dont il l’avait exercé dans les
circonstances variées par lesquelles il avait été conduit. Le point capital
de son service, c’est qu’il était ministre de Dieu, qu’il représentait Dieu
dans son service. Ce fait rendait nécessaires deux choses, [6:3] d’abord que
Paul fût en toutes choses sans reproche ; [6:4] ensuite, qu’il maintînt ce
caractère de ministre de Dieu et l’exercice de son service à travers toute
l’opposition et dans toutes les circonstances par lesquelles l’inimitié du
coeur de l’homme et les ruses mêmes de Satan pouvaient le faire passer.
[6:3] En tout et partout, l’apôtre écartait par sa conduite toute occasion
réelle de lui adresser un reproche — afin que personne n’eût lieu de blâmer
le ministère. Son ministère se légitimait en tout comme celui d’un ministre
de Dieu ; il représentait dignement Celui au nom duquel il s’adressait aux
hommes ; et il faisait cela, au milieu de la persécution et de la
contradiction des pécheurs, avec une patience qui montrait une énergie
intérieure, un sentiment d’obligation vis-à-vis de Dieu et une dépendance de
Lui, que la réalisation de la présence de Dieu et de notre devoir envers
Lui, peuvent seuls maintenir. La conscience de sa position se conservait
chez l’apôtre à travers toutes les circonstances dont il parle, et les
dominait. [6:6] Aussi se montrait-il ministre de Dieu dans tout ce qui
pouvait le mettre à l’épreuve, en pureté, en bonté et en amour, [6:7] comme
vase de puissance — [6:8] honni ou applaudi — [6:9] ignoré du monde, ou
connu et occupant une grande place aux yeux des hommes — extérieurement
foulé aux pieds des hommes et châtié — [6:10] intérieurement victorieux,
joyeux, enrichissant les autres, et en possession de tout ! Ici se termine
la description que nous donne l’apôtre, des sources et du caractère d’un
ministère qui triomphait des circonstances, et où se déployait la puissance
de Dieu dans un vase de faiblesse dont le meilleur partage était la mort.
1 Ce passage est une citation d’És. 49:8, qui parle de la
bénédiction qui devait être apportée aux gentils lorsque Christ serait
rejeté par les Juifs, mais par l’oeuvre de Christ et par la résurrection.
Ch. 6 v. 11-13 — La manifestation des affections entre
Paul et les Corinthiens
[6:11] Le rétablissement des Corinthiens dans un état moral qui convenait à
l’Évangile, se rencontrant avec les circonstances par lesquelles l’apôtre
venait de passer, avait permis à celui-ci d’ouvrir son coeur aux
Corinthiens. Préoccupé jusqu’ici de son sujet, du Christ glorieux qui, ayant
accompli la rédemption, l’envoyait comme messager de la grâce à laquelle
cette rédemption avait donné libre cours, et ayant parlé, avec le coeur au
large, de tout ce qui était compris dans son ministère, Paul revient
maintenant avec affection à ses bien-aimés Corinthiens en leur montrant que
c’était avec eux qu’il avait toute cette ouverture et cet élargissement de
coeur. « Notre bouche est ouverte pour vous, ô Corinthiens ! », dit-il, «
notre coeur s’est élargi : [6:12] vous n’êtes pas à l’étroit en nous », mais
vous l’êtes dans vos propres affections (v. 11, 12). [6:13] En récompense
des affections qui débordaient de son coeur envers eux, l’apôtre ne demande
que l’élargissement de leurs propres coeurs.
Ch. 6 v. 14-18 — La séparation d’avec le monde, et la
relation avec Dieu
Paul détache complètement les croyants de tout ce qui a le caractère du
monde
[6:13] Il leur parlait comme à ses enfants ; [6:14] mais il se sert de cette
tendre relation de père, pour exhorter les Corinthiens à se maintenir dans
la position où Dieu les avait placés. « Ne vous mettez pas sous un joug mal
assorti avec les incrédules ». [6:11] Ayant prise sur leurs affections, et
se réjouissant profondément devant Dieu dans la grâce qui les avait ramenés
à de justes sentiments, [5:13] son coeur, comme hors de lui, est libre de se
livrer à la joie qui lui appartenait en Christ glorifié ; mais de sens
rassis après tout, quand il s’agissait de ses chers enfants dans la foi1,
[6:14] il cherche à les détacher de tout ce qui reconnaissait la chair ou
qui impliquait qu’une relation qui la reconnaissait était possible pour un
chrétien ; — il cherche à les détacher de tout ce qui reniait la position
d’un homme qui a sa vie et ses intérêts dans la nouvelle création dont
Christ est le chef dans la gloire. Un ange peut servir Dieu dans ce monde,
peu lui importe de quelle manière, pourvu que ce soit selon Dieu ; mais
s’associer aux intérêts du monde comme en en faisant partie, s’allier à ceux
qui sont gouvernés par les motifs qui influencent les hommes de ce monde, et
ainsi par une conduite commune montrer les chrétiens et le monde agissant
ensemble d’après les principes qui forment le caractère du monde — ce serait
pour des êtres célestes perdre leur position et leur caractère. Le chrétien
qui a en partage la gloire de Christ, le chrétien qui a son monde, sa vie,
ses vraies associations là où Christ est entré, ne doit pas non plus, et ne
peut pas comme chrétien, se mettre sous le même joug avec ceux qui ne
peuvent avoir que des motifs mondains ; il ne peut pas traîner le char de la
vie dans une marche commune.
1 [5:13] Quelle position bénie que celle d’un homme qui,
lorsqu’il est ravi hors de lui-même et hors d’un état de calme réflexion,
est entièrement absorbé en Dieu ou tourné vers Lui, et qui, lorsqu’il est de
sens rassis, est occupé avec amour à chercher le bien de ses frères, les
membres de Christ ! D’un homme qui, ou bien est ravi dans la contemplation
de Dieu et en communion avec Lui, ou bien qui est rempli de Dieu, de telle
sorte qu’il pense seulement aux autres en amour.
Les chrétiens, temple de Dieu, doivent être séparés du
monde pour lui
[6:15] Quelle communion y a-t-il entre Christ et Bélial, [6:14] entre la
lumière et les ténèbres, [6:15] entre la foi et l’incrédulité ; [6:16] quel
accord entre un temple de Dieu et des idoles ? Les chrétiens sont le temple
du Dieu vivant qui demeure et marche au milieu d’eux. Il est un Dieu pour
eux, ils sont un peuple pour Lui. [6:17] Par conséquent ils doivent se
retirer de toute association avec les mondains et se séparer d’eux. [6:16]
Comme chrétiens, ils doivent se tenir à part, car ils sont le temple de
Dieu. Dieu habite au milieu d’eux et y marche, et il est leur Dieu. [6:17]
Ils ont donc à sortir du monde et à être séparés, et Dieu les reconnaîtra,
[6:18] et sera avec eux dans la relation d’un Père avec ses fils et ses
filles qui Lui sont chers.
Dieu nous place dans la relation de fils et de filles,
étant séparés du monde
[6:18] C’est ici, remarquez-le, la relation spéciale dans laquelle Dieu se
place avec nous. Les deux relations précédentes avec les hommes sous
lesquelles Dieu se révèle sont nommées ici, et il entre dans une troisième.
À Abraham, Dieu s’est révélé comme le Tout-Puissant ; à Israël, comme
Jéhovah ou Seigneur ; ici, le Seigneur Tout-Puissant déclare qu’il sera pour
« Père » aux siens, à ses fils et à ses filles. [6:17] Nous sortons du
milieu des mondains, car c’est précisément cela : non pas qu’on sorte du
monde physiquement, mais on sort du milieu des mondains pendant qu’on est
dans ce monde, [6:18] pour entrer dans la relation de fils et de filles avec
le Dieu tout-puissant. [6:17] On ne réalise pas en pratique cette relation
sans sortir ainsi du milieu du monde. Dieu ne veut pas que des mondains
soient en relation avec Lui comme ses fils et ses filles : ils ne sont pas
entrés dans cette position vis-à-vis de Lui. Dieu ne veut pas reconnaître
comme étant dans cette position, ceux qui restent identifiés avec le monde :
car le monde a rejeté son Fils, et l’amitié du monde est inimitié contre
Dieu ; et celui qui est l’ami du monde est ennemi de Dieu [(Jac. 4:4)].
Rester mondain, ce n’est pas être son enfant dans le sens pratique. Dieu dit
donc : « Sortez du milieu d’eux et soyez séparés, et… vous me serez pour
fils et pour filles ». Remarquez qu’il ne s’agit pas de sortir du monde
(c’est pendant que nous sommes dans le monde que nous entrons en relation
avec Dieu), mais de sortir du milieu des mondains [6:18] pour entrer dans la
relation de fils et de filles, afin d’être pour Dieu des fils et des filles,
afin d’être reconnus de Lui dans cette relation1.
1 On remarquera que le passage nous présente deux choses
: 1° [6:16] Dieu est présent dans l’assemblée de ceux qui sont séparés
d’avec le monde, et il marche au milieu d’eux comme il l’a fait avec Israël
dans le désert, après la sortie d’Egypte ; 2° [6:18] les individus qui
composent l’assemblée entrent dans la relation de fils et de filles.
Chapitre 7
Ch. 7 v. 1 — La sainteté et la pureté conviennent aux enfants de Dieu
[6:18] Mais ce n’est pas seulement ce dont on est séparé pour être dans la
position de fils et de filles, qui engage l’attention de l’apôtre, mais les
conséquences légitimes de pareilles promesses. [7:1] Étant fils et filles du
Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, la sainteté nous est convenable. [6:17] Ce
n’est pas seulement que nous ayons à nous séparer du monde, [7:1] mais,
étant en relation avec Dieu, nous devons nous purifier de toute souillure de
chair et d’esprit : la sainteté dans la marche extérieure, et, ce qui est
tout aussi important, quant à nos relations avec Dieu, la pureté dans les
pensées ; car quoique les hommes ne voient pas ces pensées, le courant de
l’Esprit est arrêté dans le coeur, il n’y a pas élargissement du coeur dans
la communion de Dieu. C’est beaucoup si la présence de Dieu est sentie, si
sa relation avec nous est réalisée : la grâce est connue, mais Dieu ne l’est
guère comme il se fait connaître graduellement dans sa communion.
Ch. 7 v. 2-7 — L’expression des affections ardentes du
coeur du ministre
L’apôtre revient maintenant à ses relations avec les Corinthiens, relations
formées par la parole de son ministère. Ayant développé ce qu’était
réellement ce ministère, il cherche à empêcher que les liens qui avaient été
formés par ce ministère entre les Corinthiens et lui-même, par la puissance
du Saint Esprit, ne soient rompus.
[7:2] « Recevez-nous ; nous n’avons fait tort à personne
», dit-il (v. 2). Il tient à ne pas froisser les sentiments de ceux qui sont
restaurés, qui se retrouvent dans leurs anciennes affections à son égard, et
ainsi dans leur vraie relation avec Dieu. [7:3] « Je ne dis pas ceci pour
vous condamner », ajoute-t-il ; j’ai déjà dit que vous êtes dans mon coeur
pour mourir et pour vivre ensemble. [7:4] « Ma franchise est grande envers
vous ; je me glorifie grandement de vous ; je suis rempli de consolation ;
ma joie surabonde au milieu de toute notre affliction ». L’apôtre ne
développe pas maintenant les principes du ministère, mais il montre le coeur
d’un ministre, tout ce qu’il avait senti à l’égard de l’état des
Corinthiens. [2:13] On se rappelle qu’après avoir quitté Troas, parce qu’il
n’y avait pas trouvé Tite qui devait lui apporter la réponse à sa première
lettre aux Corinthiens, il s’était rendu en Macédoine, sans passer par
Corinthe. [7:5] Mais là non plus sa chair n’a pas eu de repos : il y a été
affligé de toute manière ; au dehors, des combats, au dedans, des craintes.
[7:6] Cependant Dieu qui console ceux qui sont abattus, l’a consolé par
l’arrivée de Tite qu’il avait attendu avec tant d’anxiété ; [7:7] et non
seulement par l’arrivée de Tite, mais par les bonnes nouvelles que celui-ci
a apportées de Corinthe. La joie de l’apôtre a dissipé toute son affliction,
[7:3] car son coeur était à vivre et à mourir avec eux. [7:7] Il a vu les
fruits moraux de l’opération de l’Esprit dans les fidèles de Corinthe, leur
désir, leurs larmes, leur affection envers lui ; [7:8] et son coeur revient
à eux pour panser, par l’expression de son amour, toutes les blessures que
sa première lettre avait pu faire dans leurs coeurs, quelque nécessaires
qu’elles fussent.
Ch. 7 v. 8-10 — La sollicitude de Paul pour les
Corinthiens
La repentance, fruit de la tristesse causée par la première lettre, sujet de
l’anxiété de Paul
[7:8] Rien de plus touchant que le conflit qu’il y a eu dans le coeur de
Paul entre la nécessité qu’il avait sentie, à cause de leur état précédent,
d’écrire sévèrement aux Corinthiens, et en quelque sorte avec une froide
autorité, et les affections qui, maintenant que l’effet avait été produit,
lui dictaient presque une apologie pour la peine qu’il avait pu leur causer.
« Si, dit-il, je vous ai attristés par ma lettre, je n’en ai pas de regret
», lors même qu’il en eût eu et en avait eu en effet un moment, car il
voyait que la lettre les avait attristés, ne fût-ce que pour un temps ;
[7:9] mais maintenant il se réjouissait non pas de ce qu’ils avaient été
attristés, mais de ce qu’ils l’avaient été à repentance. Quelle sollicitude
! Quel coeur pour le bien des saints ! Si les Corinthiens avaient du zèle à
son égard, certes il leur en avait donné l’occasion et le motif. [7:5] Il
n’a point de repos jusqu’à ce qu’il ait de leurs nouvelles ; [2:12-13] rien
n’arrête son anxiété, ni portes ouvertes pour annoncer la parole, ni
détresse. [7:8] Il a peut-être du regret d’avoir écrit la lettre, craignant
de s’être aliéné le coeur des Corinthiens, [7:9] et maintenant encore peiné
à la pensée de les avoir attristés, il se réjouit, non de ce qu’il leur a
causé de la peine, [7:10] mais de ce que leur tristesse selon Dieu a opéré
en eux la repentance.
La lettre écrite par l’Esprit amène de la crainte dans le
coeur de Paul
[7:8] Il leur écrit une lettre selon l’énergie du Saint Esprit. Laissé aux
affections de son coeur, nous le voyons, à cet égard, au-dessous du niveau
de l’énergie de l’inspiration qui avait dicté la lettre que l’homme
spirituel devait reconnaître comme les commandements du Seigneur ; son coeur
tremble à la pensée des conséquences, quand il n’a pas de nouvelles.
La différence entre l’expérience de Paul individu, et
l’auteur inspiré
Il est très intéressant de voir la différence qu’il y a entre
l’individualité de l’apôtre et l’inspiration. [1 Cor. 7:12, 25, 40] Dans la
première épître aux Corinthiens, nous avons remarqué la distinction que fait
Paul entre ce qu’il dit comme résultat de son expérience, [1 Cor. 7:10] et
les commandements du Seigneur communiqués par son moyen. [7:8] Ici, nous
trouvons la différence dans l’expérience elle-même. Paul oublie pour un
moment le caractère de son épître, et tout à ses affections, il craint
d’avoir détruit le lien qui l’unissait aux Corinthiens, par l’effort qu’il a
fait pour les ramener de leur égarement. La forme de l’expression même dont
l’apôtre se sert, montre que ce n’est que pour un moment que ce sentiment
s’est emparé de son coeur ; mais le fait qu’il l’a eu, fait voir clairement
la différence qu’il y a entre Paul l’individu et Paul l’écrivain inspiré.
L’expression des affections profondes fait partie du
ministère
[7:9] Maintenant l’apôtre est satisfait. L’expression de cet intérêt profond
qu’il porte aux Corinthiens est une partie de son ministère, un enseignement
précieux pour nous montrer de quelle manière le coeur entre dans l’exercice
de ce ministère ; on y voit combien la souplesse de cette puissante énergie
de l’amour est grande pour gagner et fléchir les coeurs par l’expression
opportune de ce qui se passe dans le nôtre. Cette expression ne manquera
certainement pas lorsque l’occasion la rendra juste et naturelle, si le
coeur est pénétré d’affection ; car une profonde affection aime à se faire
connaître de celui qui en est l’objet, si cela se peut selon la vérité de
cette affection. [7:10] Il y a une douleur qui ronge le coeur ; mais un
coeur attristé selon Dieu est dans le chemin de la repentance1.
1 La grandeur de coeur ne parle pas volontiers de
sentiments, parce qu’elle pense aux autres, non à elle-même. Mais elle ne
craint pas de le faire quand l’occasion se présente, parce qu’elle pense aux
autres et qu’il y a dans ses affections une profondeur de dessein qui les
fait agir. Le christianisme donne la grandeur de coeur. En outre, de sa
nature, elle est confiante, et c’est ce qui gagne, et donne sans le savoir
l’influence que cette grandeur de coeur ne cherche pas, car elle n’est pas
égoïste. L’apôtre maintenait pour leur bien sa véritable relation avec les
Corinthiens.
Ch. 7 v. 11-16 — La purification du mal, produit du
travail de Paul et source d’affections nouvelles
[7:11] Paul expose donc les fruits de cette douleur selon Dieu ; il montre
quel zèle contre le péché elle avait produit, et comme les coeurs
repoussaient saintement toute association avec le péché. L’apôtre,
maintenant qu’ils s’étaient séparés moralement, sépare aussi ceux qui
n’étaient pas coupables d’avec ceux qui l’étaient : il ne veut plus
confondre les uns avec les autres. Ils s’étaient confondus moralement en
cheminant à leur aise avec ceux qui étaient dans le péché : en ôtant le
péché, ils étaient en dehors du mal, [7:12] et l’apôtre montre que c’était
précisément en vue de leur bien et parce qu’il s’occupait d’eux avec
dévouement, qu’il avait écrit sa première lettre afin de témoigner de sa
préoccupation pleine d’amour pour eux, et de mettre à l’épreuve leur amour
pour lui devant Dieu. [7:14] Quelque triste qu’eût été la marche des
Corinthiens, Paul avait assuré à Tite, en l’encourageant à aller à Corinthe,
que certainement il trouverait des coeurs qui répondraient à cet appel
d’affection apostolique. Il n’avait pas été désappointé, et comme il avait
annoncé la vérité au milieu d’eux, ce qu’il avait dit d’eux à Tite, s’était
trouvé vrai aussi, [7:15] et les affections de Tite lui-même avaient été
puissamment réveillées lorsqu’il avait vu ces fruits de la grâce dans les
Corinthiens.
Chapitres 8 et 9
La collecte pour les saints de Judée
[8:7] Dans le chap. 8, l’apôtre, en route pour la Judée, engage les
Corinthiens à préparer des secours pour les pauvres d’Israël, [8:6] leur
envoyant Tite afin que tout fût prêt comme fruit de bonne volonté. [9:2]
Dans son voyage, il avait parlé de cette disposition comme existant chez les
chrétiens de Corinthe, de sorte que d’autres avaient été excités à donner,
[8:11] et maintenant, tout en comptant sur le bon vouloir des Corinthiens,
[8:10] et sachant qu’ils avaient commencé une année auparavant, [9:3] il ne
voulait courir aucun risque de voir, démenti par les faits, ce qu’il avait
dit d’eux. [8:13] Ce n’est pas qu’il voulût que les Corinthiens fussent
surchargés afin que ceux de Judée fussent à leur aise, mais il voulait que
les riches vinssent au devant des besoins des frères pauvres, afin que
personne ne fût dans le besoin. [9:7] Si la volonté est là, chacun sera
accepté de Dieu selon ce qu’il a pu faire. Dieu aime qu’on donne
joyeusement, [9:6] mais chacun moissonnera selon ce qu’il a semé. [8:17]
Ensuite l’apôtre dit que Tite, heureux du résultat de sa première visite et
attaché aux Corinthiens, était tout disposé à aller auprès d’eux pour
recueillir cet autre fruit pour leur propre bénédiction. [8:18] Avec lui
étaient allés les messagers des autres assemblées, chargés de la collecte
faite parmi elles dans le même but, savoir un frère connu de toutes les
assemblées, [8:22] et un autre frère d’une diligence éprouvée et qui était
encouragé par la confiance qu’il avait dans les Corinthiens. [8:19] L’apôtre
ne voulait pas se charger de l’argent collecté, sans avoir des compagnons
qui en fussent chargés avec lui, [8:20] évitant ainsi toute possibilité de
reproches dans des affaires de ce genre, [8:21] et prenant soin que tout fût
honnête devant les hommes aussi bien que devant Dieu. [8:8] Au reste, il ne
disait pas tout cela comme un commandement, mais à cause du zèle d’autres
assemblées, et pour démontrer la sincérité de l’amour des Corinthiens.
Dieu seul connaît la portée de toute circonstance
On se souviendra que c’est cette collecte qui a été l’occasion de tout ce
qui est arrivé à Paul à Jérusalem, de ce qui a mis fin à son ministère, et
l’a arrêté dans son chemin vers l’Espagne et peut-être d’autres endroits ;
et que, d’un autre côté, c’est ce qui a fourni l’occasion d’écrire les
épîtres aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, à Philémon,
peut-être encore celle aux Hébreux. Combien peu nous savons la portée des
circonstances dans lesquelles nous nous engageons ! Heureux sommes-nous
d’être conduits par Celui qui connaît la fin depuis le commencement, et qui
fait travailler toutes choses pour le bien de ceux qui l’aiment [(Rom.
8:28)].
Ch. 9 v. 8-15 — La manifestation de la grâce divine entre
les saints
[9:8] En terminant ces exhortations à donner selon leur pouvoir, l’apôtre
recommande les Corinthiens à la riche bonté de Dieu qui pouvait les faire
abonder en toutes choses, [9:10] en sorte qu’ils fussent à même de
multiplier leurs bonnes oeuvres, [9:11] étant enrichis pour toute
libéralité, de manière à produire en d’autres, par le moyen des services de
l’apôtre sous ce rapport, des actions de grâce envers Dieu. [9:12] Car,
ajoute-t-il, l’heureux effet de votre charité pratique, exercée au nom de
Christ, non seulement supplée aux besoins des saints, par mon administration
de la collecte faite à Corinthe, mais abonde aussi en actions de grâces
envers Dieu : [9:13] car ceux qui jouissaient de cette offrande, bénissaient
Dieu de ce que leurs bienfaiteurs avaient été amenés à confesser le nom de
Christ et à agir avec cette libéralité pratique envers eux et envers tous.
[9:14] Cette pensée les stimulait à prier avec un ardent désir pour ceux qui
pourvoyaient à leurs besoins, à cause de la grâce de Dieu manifestée en eux.
Ainsi les liens de l’éternelle charité étaient fortifiés des deux côtés, et
la gloire en revenait à Dieu. [9:15] Grâces soient rendues à Dieu, dit
l’apôtre, pour son don ineffable ! Car quels que soient les fruits de la
grâce, c’est dans ce que Dieu a donné que nous avons la preuve et la
puissance de cette grâce. Ici se termine le sujet proprement dit de
l’épître.
Chapitre 10
Ch. 10 v. 1-10 — L’action de l'autorité apostolique sur les chrétiens de
l’assemblée
Le principe d’action de Paul : amener par grâce à l’obéissance, puis sévir
contre les opposants
L’apôtre revient à ce qui le préoccupait, c’est-à-dire à ses rapports avec
les Corinthiens et à la vérité de son apostolat, mise en question par ceux
qui les séduisaient et jetaient du mépris sur sa personne. [10:10] Il était
faible, disaient-ils, quand il était présent, et sa parole était méprisable,
[10:1] quoique hardi quand il était absent ; [10:10] ses lettres étaient
graves et fortes, mais son apparence personnelle chétive ! [10:1] « Je vous
exhorte par la douceur et la débonnaireté du Christ », dit l’apôtre, en
montrant ainsi le vrai caractère de sa propre douceur et de son humilité
lorsqu’il était au milieu des Corinthiens, [10:2] je vous supplie de ne pas
me forcer d’user de hardiesse au milieu de vous, comme j’entends le faire à
l’égard de quelques-uns qui pensent que je marche selon la chair (v. 1-3).
[10:4] La guerre qu’il faisait au mal trouvait sa force dans les armes
spirituelles [10:5] avec lesquelles il abattait tout ce qui s’élevait contre
la connaissance de Dieu. Voici le principe d’après lequel il agissait : il
cherchait à amener à l’obéissance tous ceux qui écoutaient Dieu ; [10:6]
ensuite il sévirait avec sévérité contre toute désobéissance, une fois que
l’obéissance aurait été pleinement établie, et que ceux qui voudraient
écouter, seraient ramenés à l’ordre. Précieux principe ! [10:5] La puissance
et la direction de l’Esprit agissent en plein et avec toute patience, pour
ramener à l’ordre et à une marche digne de Dieu, allant jusqu’au bout dans
les remontrances de la grâce, jusqu’à ce que tous ceux qui voulaient les
écouter et obéir volontairement à Dieu, fussent ramenés ; [10:6] et ensuite
pour faire valoir l’autorité divine en jugement et en discipline, avec le
poids qu’ajoutaient à l’action apostolique la conscience et l’action commune
de tous ceux qui avaient été ramenés à l’obéissance.
L’autorité apostolique, liée à la conscience de
l’assemblée par l’Esprit
[10:8] Remarquez que l’apôtre s’appuie sur son autorité personnelle comme
apôtre, mais qu’il s’en sert en usant de patience (car il la possédait pour
l’édification et non pour la destruction [(13:10)]), [10:5] afin d’amener à
l’obéissance et à la droiture tous ceux qui voudraient écouter ; [10:7] et
gardant ainsi l’unité chrétienne dans sa sainteté, il revêt l’autorité
apostolique de la puissance de la conscience universelle de l’assemblée
conduite par l’Esprit pour autant qu’il y avait une conscience à l’oeuvre.
Ch. 10 v. 11-18 — L’oeuvre de Paul pour annoncer
l’évangile à ceux qui l’ignoraient
[10:11] Ensuite, il déclare que tel qu’il est dans ses lettres, tel il sera
trouvé lorsqu’il sera présent, [10:15] et il met en contraste avec sa propre
conduite celle de ceux qui tiraient avantage de ses travaux en séduisant,
pour le soulever contre lui, un peuple déjà devenu chrétien. [10:16] Il
allait, lui, là où Christ n’était pas encore connu, pour amener les âmes à
la connaissance d’un Sauveur qu’elles ignoraient ; [10:15] aussi espérait-il
que lorsqu’il visiterait les Corinthiens, son ministère s’agrandirait au
milieu d’eux par l’accroissement de leur foi, [10:16] afin qu’il allât plus
loin évangéliser des lieux qui gisaient encore dans les ténèbres. [10:17] «
Au reste, dit-il, que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur !
»
Chapitre11
Ch. 11 v. 1-23 — Paul parle de lui-même et de son ministère, comme insensé
Dans ce chapitre, l’apôtre jaloux d’une sainte jalousie à l’égard de ses
chers Corinthiens, pousse plus loin ses raisonnements par rapport aux faux
docteurs. [11:1] Il demande aux fidèles qui sont à Corinthe de le supporter
un peu pendant qu’il agit en insensé en parlant de lui-même. [11:2] Il les
avait fiancés au Christ comme une vierge chaste, [11:3] et il craignait
qu’on ne corrompît leurs esprits en les détournant de la simplicité quant au
Christ. [11:4] Si les Corinthiens avaient reçu des docteurs nouvellement
venus parmi eux, un autre Jésus, ou un autre Esprit, ou un autre Évangile,
ils auraient bien pu supporter ce que ces docteurs faisaient. [11:5] Mais,
certes, l’apôtre n’avait été en rien inférieur à d’autres dans ses
enseignements, si même on le comparait aux plus excellents des apôtres.
[11:7] Avait-il fait tort aux Corinthiens en ne recevant rien de leurs mains
(ainsi que les nouveaux docteurs se vantaient de faire) [11:8-9] et en
prenant l’argent d’autres assemblées, sans jamais leur être à charge à eux ?
[11:10] Personne ne le priverait de ce sujet de gloire dans les contrées de
l’Achaïe. [11:11] Est-ce qu’il avait refusé de rien recevoir de leurs mains,
parce qu’il ne les aimait pas ? Dieu le savait ! [11:12] Non ; Paul avait
agi ainsi, afin de priver les faux docteurs d’un moyen de se faire valoir
auprès des Corinthiens en prétendant travailler gratuitement parmi eux,
tandis que l’apôtre aurait pris de l’argent. Il voulait ôter à ces docteurs
la possibilité d’élever cette prétention, [11:13] car ils étaient de faux
apôtres. [11:14] Comme Satan se transforme en ange de lumière, [11:15] ainsi
ses instruments se font ministres de justice. [11:16] Paul demande encore
qu’on le supporte quand il parle en insensé : [11:22] si ces ministres de
Satan cherchaient à s’accréditer comme étant des Juifs, appartenant à
l’ancienne religion de Dieu, consacrée par son antiquité et ses traditions,
il pouvait en faire autant, lui, Hébreu né d’Hébreux, possédant tous les
titres à la gloire dont ceux-là se vantaient. [11:23] Et s’il s’agissait de
service chrétien — pour parler en insensé, dit l’apôtre (v. 23) —
certainement la comparaison ne manquait pas de montrer où avait été le
dévouement.
Ch. 11 v. 23-28 — Le dévouement chrétien manifesté dans
les circonstances de Paul
Les travaux de Paul en contraste avec les prétentions des hommes
[11:23] Ici, en effet, Dieu a permis que cet envahissement dans l’oeuvre de
l’apôtre par ces misérables hommes judaïsants — qui se disaient chrétiens —
nous ait fait connaître quelque chose des infatigables travaux de l’apôtre,
poursuivis au milieu de tant de circonstances dont nous n’avons pas le
récit. Dans les Actes, Dieu nous a donné l’histoire de l’établissement de
l’Assemblée avec les grands principes sur lesquels elle a été fondée, ainsi
que les phases par lesquelles elle a passé en sortant du judaïsme. L’apôtre
aura sa propre récompense dans le royaume de gloire, non en parlant de ses
travaux au milieu des hommes ; toutefois il est profitable pour notre foi
d’avoir quelque connaissance du dévouement chrétien tel qu’il a été
manifesté dans la vie de l’apôtre. La folie des Corinthiens a été le moyen
de nous en donner un petit aperçu.
La vie de dévouement de Paul
[11:26-27] Des peines et des dangers au dehors, des anxiétés incessantes au
dedans, un courage qui ne s’arrêtait devant aucun danger, [11:28] un amour
envers les pauvres pécheurs et envers l’Assemblée que rien ne refroidissait
— ces quelques lignes nous tracent le tableau d’une vie et d’un dévouement
si absolu, qu’il touche le coeur le plus froid ; il nous fait sentir tout
notre égoïsme et nous fait fléchir les genoux devant Celui qui était la
source vivante du dévouement du bienheureux apôtre, devant Celui dont la
gloire inspire ce dévouement.
Ch. 11 v. 29-33 — En toutes circonstances, Paul ne se
glorifie que dans ses infirmités
[11:30] Toutefois, forcé de parler de lui-même, l’apôtre ne veut se
glorifier que dans ses infirmités ; mais il est comme en dehors de son
oeuvre naturelle. Sa vie passée se déroule devant ses yeux ; les Corinthiens
l’ont forcé de penser aux choses qu’il avait laissées derrière lui. Après
avoir terminé son récit et déclaré qu’il se glorifierait seulement dans ses
infirmités, [11:32] une circonstance qu’il avait oubliée lui revient à la
mémoire. Rien de plus naturel, de plus simple que toutes ces communications.
Chapitre 12
Ch. 12 v. 1-6 — La gloire de Paul dans ce qu’il a reçu spécialement dans le
ciel
[12:1] Faut-il qu’il se glorifie ?… — Il n’y trouve aucun profit. Il en
viendrait à parler de ce dont un homme — comme dans la chair — ne pouvait se
glorifier. C’était l’effet de la puissance souveraine de Dieu, dans laquelle
l’homme n’entrait pour rien. [12:2] C’était d’un homme en Christ qu’il
parlait. Un tel homme avait été ravi au troisième ciel, [12:4] dans le
paradis ; [12:2] était-ce dans le corps, ou hors du corps, Paul ne le savait
pas. Le corps n’avait aucune part à ce qu’il avait réalisé. [12:5] D’être un
tel homme, Paul pouvait se glorifier. Ce qui l’élevait sur la terre, il le
laissait de côté ; ce qui le faisait monter dans le ciel, ce qui lui donnait
une part dans le ciel, ce qu’il était « en Christ », était sa gloire, la
joie de son coeur, la portion dont il se glorifiait volontiers. Heureux
serviteur, dont la portion en Christ était telle qu’en y pensant, il était
content d’oublier tout ce qui pouvait l’exalter comme homme, comme il dit
ailleurs à l’égard de son espérance, « afin que je gagne Christ » [(Phil.
3:8)]. [12:4] L’homme, le corps, n’entraient pour rien dans une puissance
qu’on ne pouvait goûter à moins d’être ravi dans le ciel ; [12:5] mais
c’était « d’un tel » que Paul voulait se glorifier : [12:4] là, où Dieu et
sa gloire sont tout, [12:3] séparé de son corps quant à la conscience de son
existence dans ce corps, [12:4] il a entendu des choses dans lesquelles les
hommes dans le corps n’étaient pas capables d’entrer, et qu’il ne convenait
pas à un homme mortel d’énoncer, des choses que le mode d’existence d’un
homme dans le corps ne comportait pas. Ces choses avaient produit
l’impression la plus profonde sur l’apôtre ; elles le fortifiaient pour le
ministère, mais ne pouvaient pas être introduites dans la manière de
comprendre et de communiquer qui tient à la condition de l’homme ici-bas.
Ch. 12 v. 7 — L’orgueil incorrigible de la chair doit
être anéanti
La chair doit être bridée pour ne pas s’enorgueillir d’avoir été dans la
présence de Dieu
Mais bien des leçons pratiques se rattachent à cette grâce merveilleuse qui
a été faite à l’apôtre. Je dis une grâce merveilleuse, car en effet, on sent
quel a dû être le ministère de celui qui tirait d’une telle position sa
force et sa manière de voir et de juger. Quelle mission extraordinaire que
celle de cet apôtre ! [4:7] Mais il avait le trésor dans un vase d’argile.
[12:7] Rien ne corrige la chair. Une fois revenu à la conscience de son
existence humaine sur la terre, la chair de l’apôtre aurait voulu tirer
avantage de la faveur dont il avait joui, pour l’élever à ses propres yeux,
pour dire : « Personne que toi, Paul, n’a été au troisième ciel ». Être près
de Dieu dans la gloire, comme hors du corps, n’élève pas. Tout est Christ et
Christ est tout : le moi est oublié. Y avoir été est une autre chose. La
présence de Dieu nous fait sentir notre néant. La chair peut se prévaloir de
ce que nous avons été là quand nous n’y sommes plus. Hélas ! qu’est-ce que
l’homme ? Mais Dieu veille ; dans sa grâce, il pourvoit au danger où se
trouve son pauvre serviteur. L’avoir ravi jusqu’à un quatrième ciel, pour
parler ainsi, n’aurait fait qu’augmenter le danger. Impossible de corriger
la chair. La présence de Dieu la fait taire ; mais la chair se vantera
d’avoir été dans cette présence lorsqu’elle n’y sera plus. Pour marcher en
sûreté, il faut que la chair soit tenue en échec, telle qu’elle est. Nous
avons à nous tenir pour morts, mais la chair a souvent besoin d’être bridée
pour que le coeur ne soit pas éloigné de Dieu par son moyen, et pour qu’elle
n’entrave pas notre marche, ni ne gâte notre témoignage. Paul a reçu une
écharde dans la chair, de peur qu’il ne s’élevât à cause de l’abondance des
révélations qu’il avait reçues. Nous savons par l’épître aux Galates que
cette écharde était quelque chose qui tendait à rendre l’apôtre méprisable
dans sa prédication [(Gal. 4:13-14)], et était ainsi un contrepoids
intelligible à ces révélations remarquables.
Dieu utilise Satan pour humilier la chair
[12:7] Dieu a laissé à Satan la tâche d’affliger ainsi l’apôtre, de même
qu’il s’est servi de lui pour l’humiliation de Job [(Job 1:12 ; 2:6)].
Quelles que soient les grâces qui nous sont accordées, il faut passer par
les exercices ordinaires de la foi personnelle, exercices dans lesquels
seulement le coeur marche en sûreté, lorsque la chair est bridée et annulée
dans le sens pratique, de sorte que nous n’en ayons pas conscience, comme
active en nous, quand nous voulons être tout à Dieu, et penser à Lui et avec
Lui selon notre mesure.
Ch. 12 v. 7-10 — Le dépouillement de soi-même
Le dépouillement préventif fait réaliser ce qu’est la chair
[12:8] Trois fois, comme le Seigneur à l’égard de la coupe qu’il a dû boire
[(Matt. 26:44)], l’apôtre Lui demande que l’écharde soit ôtée ; [12:9] mais
la vie divine se forme dans le dépouillement de soi-même, et, dans notre
état d’imperfection, ce dépouillement en pratique (comme vérité, il a déjà
eu lieu quand nous regardons à notre position en Christ) s’opère en nous
rendant conscients de l’humiliante vérité que cette chair, que nous aimons à
gratifier, est impropre pour la présence de Dieu et pour le service auquel
nous sommes appelés. Nous sommes heureux si ce dépouillement s’opère par des
voies préventives, et non par l’humiliation d’une chute, ainsi que cela a eu
lieu pour Pierre. La différence est claire. Chez Pierre, la confiance en
soi-même se mêlait avec la volonté propre, malgré les avertissements du
Seigneur. [12:7] Chez Paul, quoique son danger vînt de la chair, les
révélations qui lui avaient été faites en étaient l’occasion. [12:10] Si
nous apprenons, dans la présence de Dieu, à connaître la tendance de la
chair, nous en sortons humbles et nous échappons à l’humiliation ; [12:7]
mais en général (et à quelques égards nous pouvons dire tous) nous avons à
faire l’expérience des révélations qui nous élèvent à Dieu en quelque mesure
que ce soit ; et il faut faire l’expérience de ce qu’est le vase dans lequel
le trésor de ces révélations est contenu, par la peine qu’il nous donne à
cause de la conscience de ce qu’il est — je ne dis pas par des chutes.
La discipline pour annuler la chair se lie aux
souffrances pour Christ
[12:10] Dieu, dans son gouvernement, sait comment réunir les souffrances
pour Christ et la discipline de la chair dans la même circonstance, ce qui
explique Héb. 12:1-11. L’apôtre prêchait ; s’il était méprisé dans sa
prédication, c’était bien pour le Seigneur qu’il souffrait ; [12:7]
toutefois, ce qui le faisait souffrir disciplinait la chair, et empêchait
l’apôtre de s’enorgueillir des révélations dont il jouissait et de la
puissance qui en résultait, et avec laquelle il exposait la vérité. Dans la
présence de Dieu, dans le troisième ciel, Paul sentait bien que l’homme
n’était rien, et Christ tout. [12:9] Il devait acquérir l’expérience
pratique de la même chose ici-bas. Il faut que la chair soit annulée, là où
elle n’est pas nulle, par le sentiment expérimental du mal qui est en elle,
et elle doit devenir ainsi, d’une manière consciente, nulle dans
l’expérience personnelle de ce qu’elle est. Car qu’était la chair de Paul —
qui ne faisait que l’entraver moralement dans son oeuvre en l’éloignant de
Dieu — sinon un compagnon gênant dans son travail ? La suppression de la
chair sentie et jugée était un exercice très profitable pour le coeur.
La puissance divine et l’infirmité de la chair
La gloire est dans ce qui est de Dieu, non de l’homme qui doit être anéanti
[12:2] Remarquez ici l’heureuse position de l’apôtre, comme ravi au
troisième ciel. [12:5] Il pouvait se glorifier d’un tel homme, parce que le
moi était entièrement perdu dans les choses avec lesquelles il était en
relation. Il ne se glorifiait pas simplement dans les choses ; il ne dit pas
non plus : « en moi ». [12:4] Le moi était complètement perdu de vue dans la
jouissance des choses ineffables que l’homme ne pouvait exprimer quand il
rentrait dans la conscience du moi. [12:5] Il se glorifiait d’un tel homme ;
mais en lui-même, vu dans la chair, il ne se glorifiait pas, sinon dans ses
infirmités. D’un autre côté, n’est-il pas humiliant de penser que celui qui
avait joui d’une révélation si glorieuse, a dû faire l’expérience pénible de
ce qu’est la chair, méchante, méprisable et égoïste.
Le contraste entre la perfection de Christ et le
serviteur le plus remarquable
Remarquez aussi la différence qu’il y a entre Christ et quelque homme que ce
soit. Christ a pu se trouver sur la montagne, en gloire, avec Moïse, et être
reconnu Fils par le Père lui-même, et ensuite se trouver dans la plaine en
présence de Satan et de la multitude [(Matt. 17)] ; quoique les scènes
soient différentes, il est également parfait dans toutes deux. On trouve
d’admirables affections dans les apôtres, et en Paul, particulièrement, on
trouve des oeuvres, comme Jésus l’avait dit, plus grandes que les siennes
[(Jean 14:12)] ; on trouve chez Paul des exercices de coeur, et d’étonnantes
hauteurs par grâce ; on voit, en un mot, une puissance merveilleuse
développée par le Saint Esprit dans ce remarquable serviteur de Jésus, mais
on ne trouve pas chez lui cette égalité constante qui était en Christ. Jésus
était le Fils de l’homme qui est dans le ciel. Ceux qui sont tels que Paul
sont des cordes que Dieu touche et sur lesquelles il produit une musique
merveilleuse, mais Christ est la musique elle-même.
Christ déploie sa puissance dans la faiblesse de l’homme
[12:9] Enfin remarquez que Christ se sert de l’humiliation nécessaire pour
réduire la chair rebelle à son vrai néant, afin de déployer sa puissance
dans l’infirmité du vase. Ainsi humilié, nous apprenons notre dépendance.
Tout ce qui est de nous, tout ce qui constitue le moi est une entrave ;
l’infirmité est ce en quoi le moi est abaissé, humilié, et où la faiblesse
est réalisée. La puissance de Christ s’accomplit dans cette infirmité. Cela
est un principe général. Humainement parlant, la croix était la faiblesse ;
la mort est l’opposé de la force de l’homme ; toutefois c’est en elle que la
force de Christ s’est révélée ; c’est en elle qu’il a accompli l’oeuvre
glorieuse du salut.
La force du ministère s’accomplit dans l’infirmité du
serviteur
[12:9] Quand il est question ici d’infirmité, il ne s’agit pas du péché dans
la chair, mais de ce qui est le contraire de la force de l’homme. Christ ne
s’est jamais appuyé un instant sur la force humaine ; il vivait à cause du
Père (voyez Jean 6:57) qui l’avait envoyé. La puissance du Saint Esprit
seule se déployait en Lui. [12:7] Paul avait besoin que sa chair fût réduite
à la faiblesse, afin qu’il n’y eût pas en elle le mouvement du péché qui lui
était naturel. [12:9] Quand la chair a été réduite à sa vraie incapacité
pour ce qui regarde le bien, et cela d’une manière évidente, alors Christ
peut y déployer sa force. Cette force a ainsi son vrai caractère ; et
remarquez-le bien, c’est là toujours son caractère, « la force qui
s’accomplit dans l’infirmité ». [12:5] Le bienheureux apôtre pouvait se
glorifier d’un homme en Christ dans le ciel, jouissant de toute cette
béatitude, de ces choses merveilleuses qui excluent le moi, tant elles sont
au-dessus de ce que nous sommes. [12:2] En en jouissant, Paul n’avait pas la
conscience de l’existence de son corps. [12:4] Lorsqu’il en est de nouveau
conscient, ce qu’il avait entendu ne pouvait se traduire dans ces
communications qui avaient le corps comme instrument et des oreilles
d’homme, comme moyen d’intelligence. [12:5] Paul se glorifiait de cet homme
en Christ dans le ciel. [12:9] Ici-bas, il ne se glorifiait qu’en Christ
lui-même et dans cette infirmité qui était l’occasion que la puissance de
Christ reposât sur lui, et qui était aussi la démonstration que cette
puissance était celle de Christ, que Christ faisait de lui le vase de la
manifestation de la puissance. [12:10] Or cela se réalisait par de pénibles
expériences. [12:2] D’abord il y a l’homme en Christ, [12:9] ensuite la
puissance de Christ reposant sur l’homme. Pour le premier, l’homme quant à
la chair, est néant ; quant au second, la chair est jugée et abaissée —
devenue faiblesse afin que nous apprenions ce qu’elle est, et que la
puissance de Christ soit manifestée. Il y a une impulsion, une ineffable
source de ministère dans le ciel. [12:10] La force est introduite dans
l’humiliation de l’homme tel qu’il est dans ce monde, quand l’homme est
réduit à néant — sa vraie valeur dans les choses divines — et que Christ
déploie en lui cette force qui ne saurait s’associer à celle de l’homme, ni
en dépendre de quelque manière que ce soit. Si l’instrument était faible,
comme on l’alléguait, la puissance qui avait opéré devait avoir été, non la
sienne, mais celle de Christ.
La force pratique du ministère dans l’homme
Ainsi, de même qu’au commencement de l’épître, nous avons eu les vraies
caractéristiques du ministère par rapport aux objets qui lui donnent ces
caractères [(ch. 5)], [12:9] nous trouvons ici sa force pratique, en rapport
avec le vase dans lequel le témoignage et la source de cette force étaient
déposés ; [12:4] nous apprenons comment ce ministère s’exerçait en mettant
un homme mortel en communication avec les sources ineffables dont le
ministère lui-même découlait, [12:9] et en même temps avec l’énergie
vivante, présente et active de Christ, de sorte que l’homme fût capable de
l’exercer, [12:10] et que ce ne fût pas lui, cependant, qui accomplit la
tâche dans sa force charnelle, chose d’ailleurs impossible en soi1.
1 Ce chapitre est tout à fait frappant. Nous y voyons le
chrétien dans la plus haute et dans la plus basse condition ; dans le
troisième ciel [(12:2)], et dans la bassesse du péché effectif. [12:2]
D’abord un homme en Christ (ce qui est vrai de nous tous en position, sinon
en vision), [12:5] l’apôtre se glorifie d’un tel homme, et nous avons le
droit de nous glorifier — c’est-à-dire d’un homme en Christ. [12:7] Quant à
ce qu’il est en lui-même, il doit être réduit à l’absolu néant. [12:5] Mais
se glorifier d’un homme en Christ, [12:7] ou être fait néant dans la chair,
n’est pas la puissance. La dernière chose est le sentier pour y arriver.
[12:9] Mais alors n’étant rien, la puissance de Christ est avec cet homme,
repose sur lui, et là se trouve la force pour le service ; l’homme en Christ
est sa propre place — Christ en l’homme, ou sa puissance sur lui est sa
force pour servir. De sorte que nous avons ce qu’il y a de plus élevé dans
ce que l’on conçoit de l’Esprit, ce qu’il y a de plus bas dans les
manquements de la chair et le chemin de la puissance en réduisant la chair à
néant ; la puissance de Christ étant avec nous, la puissance pratique,
tandis que nous sommes dans le corps. Mais il y a le sentiment de la
faiblesse, le manque de proportion entre ce que nous sommes quant au vase de
terre, et ce qui est administré et dont on jouit. Ce n’est pas simplement ce
qui est mal, mais le vase de terre dans lequel est le trésor [(4:7)].
Ch. 12 v. 11-18 — Paul doit s’abaisser aux pensées
terrestres des Corinthiens
[12:10] L’apôtre donc se glorifiait dans ses infirmités et dans ses
souffrances. [12:11] Il avait dû parler en insensé : ceux qui auraient dû
eux-mêmes proclamer l’excellence de son ministère, l’avaient forcé de le
faire. [12:12] C’était au milieu d’eux que toutes les preuves les plus
frappantes d’un ministère apostolique avaient été données. [12:13] Si, en
quelque chose, ceux auxquels il s’adressait avaient été en arrière d’autres
assemblées à l’égard des preuves de son apostolat, c’est qu’ils n’avaient
contribué en rien à l’entretien de l’apôtre. [12:14] Il allait de nouveau se
rendre au milieu d’eux, et cette preuve manquerait encore. [12:15] Paul
était disposé à se dépenser pour les Corinthiens comme un bon père, lors
même qu’aimant plus, il était moins aimé. [12:16] Pouvait-on dire peut-être
qu’il avait bien gardé les apparences en ne prenant rien lui-même, [12:17]
mais qu’il avait pris soin de se dédommager en se servant de Tite pour
profiter de leur libéralité par son moyen ? [12:18] Mais non ; les
Corinthiens savaient bien que Tite avait marché au milieu d’eux dans le même
esprit que l’apôtre. Triste besogne, quand un coeur au-dessus de ces tristes
motifs et de ces manières de juger et d’estimer les choses et tout pénétré
des motifs divins et glorieux de Christ, est forcé de s’abaisser à ceux qui
occupent les coeurs égoïstes des personnes auxquelles il a à faire, de
coeurs qui sont au niveau des motifs qui animent et gouvernent le monde qui
les entoure ! Mais l’amour doit tout supporter [(1 Cor. 13:7)], et penser
pour les autres, s’il ne peut pas penser avec eux, ni eux avec lui.
Ch. 12 v. 19-21 — Paul craignait que plusieurs
Corinthiens ne marchent encore dans le mal
[12:19] Est-ce donc que l’apôtre prenait les Corinthiens pour juges de sa
conduite ? Il parlait devant Dieu en Christ, [12:20] et craignait seulement
qu’il ne trouvât encore, quand il arriverait, beaucoup de ceux qui
professaient le nom de Christ, marchant comme le monde d’iniquité qui les
entourait ; [12:21] il craignait qu’il ne fût humilié au milieu d’eux, et
qu’il n’eût à s’affliger à l’égard de beaucoup de personnes qui, ayant déjà
péché, ne se seraient pas repenties de leurs péchés.
Chapitre 13
Ch. 13 v. 1-2 — Paul revient à Corinthe
[13:1] Paul venait à Corinthe pour la troisième fois. Il annonce que toute
affaire sera établie par le témoignage de deux ou de trois témoins ; [13:2]
et cette fois-ci, il n’épargnera pas (v. 1, 2). [13:1] Il dit : « C’est ici
la troisième fois que je viens » ; [13:2] cependant il ajoute : « Comme si
j’étais présent pour la seconde fois, et maintenant étant absent » ; car il
avait été à Corinthe une fois, et avait dû y passer en allant en Macédoine,
sans cependant qu’il y fût allé, à cause de l’état des Corinthiens [(1:15,
23)]. [13:1] Mais cette troisième fois maintenant, il venait, [13:2] et il
avait dit d’avance et disait d’avance, comme s’il était allé la seconde fois
— quoique maintenant absent — que s’il venait encore, il n’épargnerait pas.
Ch. 13 v. 3-10 — Le ministère de Paul par rapport aux
Corinthiens
La question du ministère de Paul est liée à la conversion des Corinthiens
[13:3] Ensuite l’apôtre en finit avec le sujet de son ministère, en
présentant une pensée qui devait confondre entièrement ceux qui mettaient en
question son ministère. [13:5] Si Christ n’avait pas parlé par lui, Christ
ne demeurait pas en eux ; si Christ était en eux, Christ avait dû parler par
lui, car il avait été le moyen de leur conversion. [13:3] « Puisque, dit-il,
vous cherchez une preuve que Christ parle en moi, [13:5] examinez-vous
vous-mêmes, et voyez si vous êtes dans la foi… Ne reconnaissez-vous pas à
l’égard de vous-mêmes que Jésus Christ est en vous ? à moins que vous ne
soyez des réprouvés » (v. 5). — Les Corinthiens ne pensaient pas du tout
qu’ils fussent des réprouvés. Ce raisonnement ou plutôt cette suggestion
devait les bouleverser et tourner à leur propre confusion leur sotte et
stupide opposition et leur mépris inconvenant de l’apôtre. Quelle folie pour
eux de se laisser séduire par une pensée qui, sans doute, les élevait à
leurs propres yeux, mais qui, en mettant en question l’apostolat de Paul,
renversait nécessairement en même temps leur propre christianisme ?
Paul, faible selon l’homme, recherche le bien des
Corinthiens selon Dieu
[13:3] Les mots « lequel n’est pas faible, etc. », du v. 3, jusqu’à la fin
du v. 4, sont une parenthèse qui se rapporte au caractère du ministère de
Paul, d’après les principes présentés dans le chapitre précédent,
c’est-à-dire la faiblesse et ce qui tendait au mépris du côté de l’homme ;
la puissance de la part de Dieu : [13:4] de même que Christ avait été
crucifié en faiblesse, et avait été ressuscité par la puissance divine. Si
l’apôtre lui-même était faible, c’était en Christ ; et il vivait en Christ
par la puissance de Dieu envers les Corinthiens. [13:6] Quoiqu’il en fût
d’eux, il avait la confiance qu’ils savaient que lui n’était pas réprouvé,
[13:7] et il demandait seulement à Dieu qu’eux ne fissent pas de mal ; non
pas afin que lui ne fût pas réprouvé, c’est-à-dire indigne dans son
ministère, car il s’agit ici de ministère, mais afin qu’ils fissent du bien,
même s’il était réprouvé ; [13:8] car il ne pouvait rien contre la vérité,
mais seulement pour la vérité. [13:9] Il n’était pas le maître des
Corinthiens dans son intérêt propre, mais il était content d’être faible,
afin qu’eux fussent forts. Car ce qu’il désirait, c’était leur perfection
(v. 9). [13:10] Mais, comme il l’avait dit, il écrivait, étant absent, afin
que lorsqu’il serait présent, il ne fût pas forcé d’agir avec sévérité,
selon l’autorité que le Seigneur lui avait donnée pour l’édification et non
pour la destruction.
Ch. 13 v. 11-13 — Les exhortations finales et le souhait
de l’apôtre pour les Corinthiens
Il avait écrit ce que son coeur rempli et dirigé par le Saint Esprit le
poussait à dire. Il avait vidé son coeur, et maintenant, fatigué pour ainsi
dire de l’effort, il clôt l’épître par quelques brèves paroles. [13:11] «
Réjouissez-vous ; perfectionnez-vous ; soyez consolés ; ayez un même
sentiment ; vivez en paix » (v. 11). Quoi qu’il en fût, c’est ce qu’il
désirait pour eux, et aussi que le Dieu d’amour et de paix fût avec eux. Il
reste sur ce souhait, [13:12] en les exhortant à se saluer l’un l’autre avec
affection, [13:13] de même que tous les saints, et lui aussi, les saluaient,
et il prie pour que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu, et
la communion du Saint Esprit fussent avec eux tous.
Commentaire entier
John Nelson Darby
Introduction
[1:3] L’apôtre écrit la seconde épître aux Corinthiens sous l’influence des consolations de Christ, consolations éprouvées au fort de sa détresse en Asie, [7:6-7] et renouvelées, au moment où il écrit sa lettre, par les bonnes nouvelles apportées de Corinthe par Tite. [1:4] Maintenant qu’il est heureux à leur égard, l’apôtre fait part de ces mêmes consolations aux Corinthiens qui, en dernier lieu, par la grâce, en avaient été la source.
[7:11] La première lettre de Paul avait réveillé la conscience des Corinthiens et avait rétabli la crainte de Dieu dans leur coeur et l’intégrité dans leur marche. [7:13] Le coeur angoissé de l’apôtre se ravivait à l’ouïe de ces bonnes nouvelles. [7:5] L’état dans lequel les Corinthiens se trouvaient précédemment l’avait abattu, et avait un peu éloigné de son coeur les sentiments produits par les consolations dont Jésus le remplissait durant ses épreuves à Éphèse. Combien variés et compliqués sont les exercices de coeur de celui qui sert Christ et qui veille sur les âmes ! [7:7] La restauration spirituelle des Corinthiens, en dissipant l’angoisse de Paul, avait renouvelé en lui la joie de ces consolations que la nouvelle de leur inconduite avait interrompues. [1:8] Il revient ensuite au sujet de ses souffrances à Éphèse, et développe d’une manière remarquable la puissance de la vie dont il vivait en Christ.
Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-7 — La consolation dans les souffrances
Le travail de l’Esprit en Paul
[1:1] L’apôtre s’adresse à tous les saints de l’Achaïe, aussi bien qu’à ceux de la ville de Corinthe qui était la capitale de cette contrée ; [1:4] et, conduit par l’Esprit Saint à écrire selon les vrais sentiments que cet Esprit produisait en lui, il se place immédiatement au milieu des consolations qui remplissaient son coeur, pour reconnaître en elles le Dieu qui les versait dans son âme éprouvée et exercée.
Rien de plus touchant que l’oeuvre de l’Esprit dans le coeur de l’apôtre. Le mélange de reconnaissance et d’adoration envers Dieu, de joie dans les consolations de Christ et d’affection pour ceux à l’égard desquels il se réjouissait maintenant, est d’une beauté que l’esprit de l’homme ne saurait absolument pas imiter. Sa simplicité et sa vérité ne font que rehausser l’excellence et l’élévation de cette oeuvre divine dans un coeur humain.
Les consolations de Dieu dans les souffrances pour lui
[1:3-6] « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console à l’égard de toute notre affliction, afin que nous soyons capables de consoler ceux qui sont dans quelque affliction que ce soit, par la consolation dont nous sommes nous-mêmes consolés de Dieu. Car comme les souffrances du Christ abondent à notre égard, ainsi, par le Christ, notre consolation aussi abonde. Et soit que nous soyons affligés, c’est pour votre consolation et votre salut, qui est opéré en ce que vous endurez les mêmes souffrances que nous aussi nous souffrons (et notre espérance à votre égard est ferme) ; soit que nous soyons consolés, c’est pour votre consolation et votre salut ». [1:3] Bénissant Dieu pour les consolations qu’il avait reçues, [1:6] content de souffrir, parce que sa participation aux souffrances, en leur montrant le chemin ordonné de Dieu pour les plus excellents, encourageait la foi des Corinthiens qui souffraient, [1:4] Paul verse dans leur coeur ses propres consolations dès que l’encouragement lui vient de Dieu. [1:3] Sa première pensée — et c’est ce qui a toujours lieu dans une âme qui réalise sa dépendance de Dieu et qui se tient dans sa présence (voyez Gen. 24 [v. 27]) — est de bénir Dieu et de le reconnaître comme la source de toute consolation. [1:4] Le Christ, qu’il a trouvé, et dans les souffrances, et dans les consolations, tourne aussitôt son coeur vers les bien-aimés membres de son corps.
Les souffrances des Corinthiens témoignaient de leur christianisme, malgré le mal parmi eux
Remarquez en même temps la perversité du coeur de l’homme et la patience de Dieu. [1:6] Au milieu de leurs souffrances pour le nom de Christ, les Corinthiens pouvaient prendre leur part du péché qui déshonorait ce nom, d’un péché inconnu parmi les gentils [(1 Cor. 5:1)]. [1:7] Malgré ce péché, Dieu ne voulait pas les priver du témoignage que ces souffrances leur rendaient de la vérité de leur christianisme, souffrances qui assuraient l’apôtre que les Corinthiens jouiraient des consolations de Christ qui accompagnent les souffrances endurées pour le nom du Sauveur. [1:6] Il est beau de voir comment la grâce s’empare du bien, afin d’en conclure que le mal sera sûrement corrigé au lieu de discréditer le bien à cause du mal. Paul était près de Christ, la source de la force.
La conséquence des effets de la première épître
La puissance de la vie en Christ, par la mort
[1:9] L’apôtre, après ces paroles encourageantes, présente d’une manière expérimentale la doctrine de la puissance de la vie en Christ1, qui avait son déploiement et sa force dans la mort à tout ce qui est temporel, à tout ce qui nous lie à l’ancienne création, à la vie mortelle elle-même. Ensuite il touche presque tous les sujets qui l’avaient occupé dans sa première épître ; mais il y revient avec un coeur soulagé, bien qu’avec une fermeté qui voulait le bien des fidèles de Corinthe et la gloire de Dieu, quoi qu’il lui en coûtât à lui-même.
1 Le commencement de cette épître présente la puissance expérimentale de ce qui est enseigné doctrinalement en Rom. 5:12 à ch. 8, et est ainsi très instructif sous ce rapport. Cela ne va pas si loin que dans les Éphésiens et les Colossiens ; là le fruit pratique de la doctrine est la manifestation du caractère de Dieu. Cependant, dans une mesure, nous avons l’application de ce qui est enseigné dans les Colossiens.
Les circonstances et le travail du serviteur de Dieu sont liés
[1:8] Remarquez ici la liaison admirable qu’il y a entre les circonstances personnelles des ouvriers de Dieu et le travail auquel ils sont appelés, et même les circonstances de ce travail. [7:9] La première épître avait produit l’effet salutaire auquel l’apôtre, sous la conduite du Saint Esprit, l’avait destinée. [7:11] La conscience des Corinthiens avait été réveillée, et ils s’étaient montrés animés contre le mal d’un zèle proportionné à la profondeur de leur chute. C’est toujours là l’effet de l’oeuvre de l’Esprit, lorsque la conscience du chrétien qui a été en chute, est vraiment atteinte. [7:13] Le coeur de l’apôtre peut maintenant s’ouvrir avec joie à leur obéissance complète et sincère. [1:8] En attendant il avait passé lui-même par des épreuves terribles, des épreuves telles, qu’il avait désespéré de sa vie ; [1:10] mais il avait su réaliser par la grâce la puissance de cette vie en Christ qui a remporté la victoire sur la mort, [1:4] et il pouvait verser à pleines mains dans le coeur des Corinthiens les consolations et la vie qui devaient les relever. Il y a un Dieu qui conduit toutes choses dans le service de ses saints — les douleurs par lesquelles ils passent, comme tout le reste.
La consolation convient à l’état des Corinthiens
[1 Cor. 1:2] Remarquez aussi que Paul n’a pas besoin, comme dans la première épître, de commencer par rappeler aux Corinthiens leur appel et leurs privilèges comme sanctifiés en Christ. [1:3] Il éclate en actions de grâces envers le Dieu de toute consolation. On présente la sainteté lorsqu’elle manque en pratique parmi les saints ; s’ils y marchent, ils jouissent de Dieu et on parle de Lui. La manière dont les différentes parties de l’oeuvre de Dieu sont liées ensemble dans l’apôtre et par son moyen, se voit dans les expressions qui jaillissent de son coeur reconnaissant. [1:4] Dieu le console dans ses souffrances, et la consolation est telle, qu’elle est propre à consoler les autres dans quelque affliction que ce soit, car c’est Dieu lui-même qui est la consolation, en versant dans le coeur son amour et sa communion, comme on en jouit en Christ.
Les affections de Paul pour les Corinthiens
Les souffrances raniment l’amour et les affections fraternelles
[1:6] Si l’apôtre est affligé, c’est pour consoler les autres par la vue de souffrances semblables dans ceux qui sont honorés de Dieu, et par la conscience qu’ils sont à l’unisson dans la même cause bénie, et dans celle de leur relation avec Dieu (le coeur étant touché et ramené à ces affections par ce moyen). [1:4] S’il est consolé, c’est pour consoler les autres par les consolations dont il jouit dans les souffrances. [1:7] Et les souffrances des Corinthiens lui sont un témoignage, quelque grande qu’ait été d’ailleurs leur faiblesse morale, qu’ils ont part à ces consolations dont il jouit lui-même, et qu’il sait si profondes, si réelles, qu’il sait être de Dieu et un gage de sa faveur. Précieux lien de la grâce ! — et combien il est vrai que, dans notre petite mesure, les souffrances des ouvriers de Dieu, d’un côté raniment l’amour à leur égard, et d’un autre assurent l’ouvrier de la sincérité des objets de son affection chrétienne, en les lui présentant de nouveau dans l’amour de Christ. [2:4] L’affliction de l’apôtre lui avait aidé à écrire aux Corinthiens avec la douleur qui convenait à leur état ; mais quelle foi que celle qui s’occupe du triste état des autres avec une pareille énergie et un oubli de soi-même si entier, au milieu de circonstances comme celles dans lesquelles l’apôtre se trouvait ! Sa force était en Christ.
Paul expose les motifs de ses actes, dans la liberté
[1:8] Le coeur de Paul s’épanche envers les Corinthiens ; on voit qu’il y a chez lui ce libre jeu des affections qui est d’un grand prix. L’apôtre compte sur l’intérêt qu’ils mettront au récit de ses souffrances ; [1:11] il est sûr qu’ils se réjouiront de ce que Dieu lui a donné, de même qu’il se réjouit en eux comme fruit de ses travaux, et qu’ils reconnaîtront ce qu’il est ; et il est content, à l’égard des dons qui se déployaient en lui, d’être débiteur à leurs prières, de sorte que son succès dans l’Évangile fût pour leur coeur comme un intérêt personnel dans une chose qui leur serait propre. [1:12] Il pouvait en vérité demander leurs prières, car il s’était conduit avec une sincérité sans mélange, spécialement parmi eux. [1:15-16] Cela le conduit à expliquer aux Corinthiens les motifs de ses mouvements, ce dont il ne leur avait pas parlé auparavant, rapportant ces mouvements à ses propres plans et à ses propres motifs dans la soumission au Seigneur. [1:23] Paul est toujours maître (sous l’autorité de Christ) de ses mouvements, mais il peut maintenant parler librement de ce qui l’avait décidé, et des motifs qu’auparavant l’état des Corinthiens ne lui permettait pas de leur communiquer. Paul veut les satisfaire, leur expliquer les choses de manière à démontrer son amour parfait pour eux et à maintenir en même temps son entière liberté en Christ ; il ne voulait pas se rendre responsable envers eux de ce qu’il faisait. Il est leur serviteur en affection, mais libre de l’être, parce qu’il ne relève que de Christ, quoiqu’il veuille, parce qu’il sert Christ, satisfaire à leur conscience si leur conscience est droite. [1:12] Au reste, sa conscience à lui était droite, [1:13] et il ne leur écrivait que ce qu’ils savaient et reconnaissaient, et, comme il l’espérait, reconnaîtraient jusqu’à la fin : [1:14] de sorte qu’ils pussent se glorifier en lui, comme lui en eux.
L’autorité de l’apôtre et la délicatesse de son exercice
[1:17] Or y avait-il eu de la légèreté dans ses décisions, parce que, [1:15] comme il en informait maintenant les Corinthiens, il avait eu l’intention de les visiter d’abord en allant en Macédoine (où il se trouvait au moment où il écrivait cette lettre), [1:16] et ensuite une seconde fois à son retour de ce pays ? [1:17] Nullement : ses intentions n’avaient pas été formées à la légère, selon la chair, et ensuite abandonnées ; [1:23] c’était son affection qui l’avait fait tarder, c’était pour les épargner qu’il n’était pas allé à Corinthe. Il ne pouvait pas supporter l’idée d’aller, avec une verge, visiter ceux qu’il aimait [(1 Cor. 4:21)]. [1:23] Remarquez de quelle manière, tout en montrant son affection et sa tendresse, l’apôtre maintient son autorité ; et comment, en rappelant cette autorité aux fidèles de Corinthe, il déploie toute sa tendresse. Ils avaient besoin de l’exercice de cette autorité. [Tite 1:13] Ils n’étaient pas des Crétois, peut-être, qu’il fallait reprendre sévèrement ; [1:24] mais il y avait chez eux un relâchement de moralité qui exigeait de la délicatesse et des soins afin qu’ils ne se cabrassent pas, mais qui demandait aussi de l’autorité et une bride, de peur qu’en leur laissant la liberté, ils ne tombassent dans toutes sortes de mauvaises voies. [1:21] Mais Paul revient immédiatement à la certitude qui est en Christ, base de toute son assurance : il ne fallait pas trop tendre la corde qu’il avait touchée tout au commencement. [1:23] L’apôtre fait sentir son autorité comme ayant pu être exercée : et il ne s’en sert pas. Il fallait le fondement du christianisme pour mettre l’esprit des Corinthiens dans un état où ils fussent capables de se juger eux-mêmes sainement. Ils étaient tout disposés, à la suite des menées des faux docteurs et par leurs habitudes d’écoles de philosophie, à se séparer de l’apôtre et, en esprit, de Christ. [1:13] Paul les ramène au fondement, à la doctrine sûre, commune à tous ceux qui avaient travaillé au commencement au milieu d’eux. Il ne voulait donner à Satan aucune occasion de les détacher de lui (voyez chap. 2:11).
Ch. 1 v. 18-22 — L’assurance chrétienne
La certitude du chrétien est en Jésus
L’apôtre pose donc ici les grands principes de la joie et de l’assurance chrétienne. [1:19] Je ne parle pas du sang, seule source de la paix de la conscience devant Dieu comme juge, mais de la manière selon laquelle nous sommes placés par la puissance de Dieu en sa présence, dans la position et dans l’état dans lesquels cette puissance nous introduit d’après les conseils de sa grâce. [1:20] La simple certitude était en Jésus, selon ce qui avait été dit. [1:19] Il n’y avait pas là un oui, et puis un non ; le oui restait toujours oui : principe d’une immense importance, mais pour l’établissement duquel il faut la puissance et la fermeté et même la perfection et la sagesse de Dieu, car assurer et rendre stable ce qui n’eût pas été sage et parfait, n’aurait certes pas été digne de Lui.
Dieu lui-même nous assure de ses promesses immuables en Christ
[1:17] On remarquera qu’il s’agissait de savoir si Paul avait à la légère changé de propos. [1:18] L’apôtre dit que non, mais il laisse ce qui le regardait personnellement, [1:19] pour parler de ce qui préoccupait ses pensées, savoir de Christ : [Phil. 1:21] et, en effet, pour lui, vivre, c’était Christ. [1:21] Mais il y avait une difficulté à résoudre à propos de l’immutabilité des promesses de Dieu : c’est que nous ne sommes pas en état de profiter de ce qui est immuable, à cause de notre faiblesse et de notre inconstance. [1:22] L’apôtre résout cette difficulté en montrant la puissante opération de Dieu en grâce.
L’accomplissement de toutes les promesses en Christ, dont nous jouissons
Deux points se présentent donc ici : [1:20] l’établissement de toutes les promesses en Christ, et notre jouissance de l’effet de ces promesses. [1:18] Il s’agit, comme nous l’avons vu, non pas seulement de dire, de promettre quelque chose, mais de ne pas changer ses intentions, de ne pas manquer à ce qui a été dit, et de tenir sa parole. [1:20] Or, il y avait eu des promesses. Dieu en avait donné, soit à Abraham sans condition, soit à Israël en Sinaï sous condition d’obéissance ; mais en Christ il y avait, non des promesses, mais l’amen aux promesses de Dieu, leur vérité et leur réalisation. Tout autant qu’il y avait eu de promesses de la part de Dieu, le oui était en Christ et l’amen en Lui. Dieu a établi, déposé, pour ainsi dire, l’accomplissement de toutes ses promesses dans la personne de Christ : la vie, la gloire, la justice, le pardon, le don de l’Esprit, tout est en Lui. C’est en Lui que tout est vrai, « oui et amen ». Nous ne pouvons avoir l’effet d’aucune promesse, quelle qu’elle soit, hors de Lui. Mais ce n’est pas tout : nous croyants, nous sommes les objets de ces conseils de Dieu. Ils sont à la gloire de Dieu par nous.
[1:20] Mais, en premier lieu, la gloire de Dieu est celle de Celui qui se glorifie toujours Lui-même dans ses voies de grâce souveraine envers nous ; car c’est dans ces voies qu’il déploie et montre ce qu’il est. Par conséquent, « le oui et l’amen » des promesses de Dieu, l’accomplissement et la réalisation des promesses de Dieu, pour sa propre gloire par nous, tout cela est en Christ.
Dieu nous a établis en Christ en qui les promesses sont accomplies
Or comment pouvons-nous y participer si tout est à Christ et en Christ ? C’est ici que l’Esprit Saint présente la seconde partie des voies de la grâce. [1:21] Nous sommes en Christ, et nous sommes en Lui, non selon l’instabilité de la volonté de l’homme et la faiblesse qui le caractérise dans ses oeuvres passagères et muables : Celui qui nous a établis fermement en Christ, c’est Dieu lui-même. [1:20] L’accomplissement de toutes les promesses est en Lui. Sous la loi et sous des conditions dont l’accomplissement dépendait de la stabilité de l’homme, l’effet de la promesse n’a jamais été atteint ; la chose promise échappait à la poursuite de l’homme, parce que l’homme devait être dans un état capable de l’atteindre par la justice, et il n’était pas dans cet état. L’accomplissement de la promesse restait donc toujours en suspens ; elle aurait eu son effet si ! — mais le si ne s’accomplissait pas, et le oui et l’amen n’arrivaient pas. Mais tout ce que Dieu a promis est en Christ. Le second point, c’est que cette gloire est « par nous », et jusqu’à quel point nous en jouissons. [1:21] Dieu nous a établis fermement en Christ, en qui toutes les promesses subsistent, de sorte que tout ce qui est promis, nous le possédons sûrement en Lui. Mais nous n’en jouissons pas comme si nous le tenions entre nos propres mains.
Ch. 1 v. 21-22 — Le Saint Esprit qui nous est donné, sceau divin, onction et arrhes
[1:21] Mais de plus, Dieu lui-même nous a oints. [1:22] Nous avons, par Jésus, reçu l’Esprit Saint. Dieu a pris soin que nous comprenions par l’Esprit ce qui nous est gratuitement donné en Christ. Mais l’Esprit nous est donné, selon les conseils de Dieu, pour d’autres choses que simplement comprendre ses dons en Christ. Celui qui l’a reçu est scellé. Dieu l’a marqué de son sceau comme il a marqué Jésus de son sceau quand il l’a oint après son baptême par Jean [(Matt. 3:16)]. [1:22] En outre l’Esprit devient dans nos coeurs les arrhes de ce que nous posséderons pleinement en Christ plus tard. Nous comprenons donc les choses qui nous sont données dans la gloire ; nous sommes marqués du sceau de Dieu pour en jouir ; nous en avons les arrhes dans nos coeurs, nos affections y sont engagées. Établis en Christ, nous avons l’Esprit Saint qui nous scelle quand nous croyons, pour nous faire jouir déjà ici-bas de ce qui est en Christ.
Chapitre 2
Ch. 2 v. 1-11 — Le pardon envers le coupable sous la discipline
[2:4] Ayant de nouveau rappelé les soins qui manifestaient son affection pour eux, [2:5] l’apôtre exprime sa conviction que ce qui l’avait peiné, avait aussi peiné les Corinthiens ; [2:6] ils l’avaient montré par la manière dont ils avaient traité le transgresseur. [2:8] Paul les exhorte à recevoir de nouveau [2:7] et à encourager le pauvre coupable en danger d’être entièrement accablé par la discipline exercée à son égard par la masse des chrétiens, [2:10] ajoutant que si les chrétiens lui pardonnaient sa faute, lui aussi la lui pardonnait. [2:11] Il ne voulait pas que Satan tirât aucun avantage de ce cas de discipline pour mettre du désaccord entre lui, Paul, et les Corinthiens, car il savait bien à quoi l’Ennemi voulait en venir, il connaissait le but pour lequel l’Ennemi voulait se servir de cette affaire.
Ch. 2 v. 12-17 — L’affection de Paul manifestée dans toutes ses circonstances — L’évangile prêché par Paul
Cela donne à Paul l’occasion de montrer combien il portait toujours sur son coeur les saints de Corinthe. [2:12] Étant venu dans la Troade pour l’Évangile et une large porte lui étant ouverte, [2:13] il n’avait cependant pas pu y rester parce qu’il n’avait pas trouvé Tite, et il avait quitté la Troade et poursuivi sa route pour se rendre en Macédoine. On se souviendra qu’au lieu de passer par les côtes occidentales de l’Archipel pour visiter la Macédoine, traversant ainsi Corinthe pour revenir plus tard par le même chemin, l’apôtre avait envoyé Tite à Corinthe avec sa première lettre, prenant lui-même le chemin de l’Asie mineure : cette route qui lui faisait longer les côtes orientales de l’Archipel le conduisait dans la Troade où Tite devait venir à sa rencontre. Mais ne l’y ayant pas trouvé, et inquiet au sujet des Corinthiens, il n’avait pas pu se livrer d’un coeur tranquille à l’oeuvre qui s’offrait là, et avait passé outre pour rencontrer Tite. [7:5-6] Il s’était donc rendu en Macédoine, où il l’avait enfin trouvé, comme nous le verrons plus tard. [2:12] Mais la pensée d’avoir quitté la Troade affecte Paul, car, en effet, c’est une chose sérieuse et pénible pour le coeur d’avoir manqué une occasion d’annoncer Christ, et cela d’autant plus que les hommes sont disposés à le recevoir, ou du moins à entendre parler de Lui. Avoir quitté la Troade était bien une preuve de l’affection de Paul pour les Corinthiens, et l’apôtre leur rappelle cette circonstance comme une forte preuve de cette affection. [2:14] Il se console d’avoir manqué cette oeuvre d’évangélisation par la pensée qu’après tout Dieu le menait comme en triomphe (non pas comme on a traduit : « le faisant triompher »). [2:15] L’Évangile que l’apôtre portait avec lui, le témoignage de Christ, était comme le parfum des drogues aromatiques qu’on brûlait dans les processions triomphales, [2:16] signe de mort pour quelques-uns des captifs, signe de vie pour d’autres : [2:17] et ce parfum de la bonne nouvelle de Christ était pur dans ses mains. L’apôtre n’était pas comme quelques-uns qui frelataient le vin qu’ils fournissaient ; il travaillait dans l’intégrité chrétienne devant Dieu.
Chapitre 3
Ch. 3 v. 1-3 — Les Corinthiens étaient la lettre de recommandation de Paul
[2:17] Ces paroles amènent l’apôtre à faire un exposé de l’Évangile, en contraste avec la loi que les faux docteurs mêlaient avec l’Évangile. [3:1] Paul introduit cet exposé par le plus touchant appel au coeur des Corinthiens convertis par son moyen. Commencera-t-il par parler de son ministère pour se recommander lui-même de nouveau, ou a-t-il besoin, comme d’autres, de lettres de recommandation pour eux ou de leur part ? [3:2] Ils sont, eux, sa lettre de recommandation, la preuve frappante de la puissance de son ministère, preuve qu’il porte toujours dans son coeur, prêt à la mettre en avant en toute occasion. Maintenant il peut le dire, heureux qu’il était de l’obéissance des Corinthiens. [3:3] Et pourquoi servent-ils de lettre en sa faveur ? Parce qu’ils sont, dans leur foi, l’expression vivante de sa doctrine. Ils sont la lettre de recommandation de Christ, qui, par le moyen du ministère de l’apôtre, a été écrite sur les tables de chair du coeur par la puissance du Saint Esprit, comme la loi avait été gravée sur des tables de pierre par Dieu lui-même.
Ch. 3 v. 4-17 — Le ministère de la nouvelle alliance et celui de la loi
Ch. 3 v. 4-7 — La loi est un ministère de mort et de condamnation pour le pécheur
[3:4] C’était là la confiance de Paul à l’égard de son ministère ; [3:5] sa capacité pour le ministère de la nouvelle alliance venait de Dieu, [3:6] ministère non pas de la lettre (pas plus de la lettre de cette alliance que de la lettre d’autre chose), mais de l’Esprit, la vraie force du dessein de Dieu, tel que l’Esprit le donnait : car la lettre, comme règle imposée à l’homme, tue ; mais l’Esprit vivifie, comme puissance de Dieu en grâce ; c’est le dessein de Dieu communiqué au coeur de l’homme par la puissance de Dieu, qui lui en fait part afin qu’il en jouisse. Or le sujet de ce ministère manifestait encore plus fortement sa différence d’avec le ministère de la loi. [3:7] La loi gravée sur des pierres avait été introduite avec gloire, quoique cette loi fût une chose qui, comme moyen de relation entre Dieu et les hommes, devait passer. La loi gravée sur des pierres était « un ministère de mort », car on ne pouvait vivre qu’en l’observant, et elle ne pouvait être ordonnée que sur ce principe. Une loi doit être gardée, mais l’homme étant déjà pécheur par nature et par sa volonté, ayant des convoitises que la loi défendait, cette loi ainsi ne pouvait être que la mort pour lui ; c’était un ministère de mort. [3:9] C’était aussi « un ministère de condamnation », parce que l’autorité de Dieu intervenait pour donner à la loi la sanction de la condamnation contre toute âme qui la violerait. C’était un ministère de mort et de condamnation, parce que l’homme était pécheur.
L’homme ne peut supporter la gloire de la loi, malgré la grâce — Ex. 32-34
Et remarquez ici que mêler la grâce avec la loi ne change rien à l’effet de celle-ci, sinon pour aggraver la pénalité qui en résulte, en aggravant la culpabilité de celui qui la viole, d’autant plus qu’il la viole en dépit de la bonté et de la grâce : car c’est toujours la loi, et l’homme était appelé à satisfaire à la responsabilité sous laquelle la loi le plaçait. [Ex. 32:33] « Celui qui aura péché contre moi », dit l’Éternel à Moïse, « je l’effacerai de mon livre ». [3:7] La figure employée par l’apôtre (v. 7 et suivants) montre [Ex. 34:29, 35] qu’il parle de la seconde descente de Moïse de la montagne de Sinaï, lorsqu’il entendit proclamer le nom de l’Éternel, miséricordieux et faisant grâce (voyez Ex. 34 [v. 6]). [Ex. 32:15, 19] La première fois que Moïse était descendu du Sinaï, sa figure n’avait pas été rayonnante ; il avait brisé les tables avant d’entrer dans le camp (Ex. 32). [Ex. 33:19] La seconde fois, Dieu avait fait passer toute sa bonté devant lui, [Ex. 34:29] et le visage de Moïse avait reflété la gloire qu’il avait vue, quelque partielle qu’elle eût été. [3:7] Mais ce reflet même, Israël ne pouvait le supporter, car comment supporter cette gloire quand, après tout, elle jugeait les secrets du coeur ? [Ex. 32:14] Car, bien que la grâce se fût montrée en épargnant le peuple en réponse à l’intercession de Moïse, [Ex. 34:1] l’exigence de la loi était toujours maintenue, [Ex. 34:7] et chacun devait subir pour lui-même les conséquences de sa désobéissance. [3:14] Ainsi le caractère de la loi empêchait Israël de comprendre la gloire même qui se trouvait dans les ordonnances, comme figure de ce qui était meilleur et permanent, [3:15] et tout le système ordonné par l’intermédiaire de Moïse était voilé aux yeux du peuple qui tombait sous la lettre, dans cette partie même de la loi qui était un témoignage des choses qui devaient se dire plus tard. C’était selon la sagesse de Dieu qu’il en fût ainsi, car de cette manière tout l’effet de la loi comme introduite pour agir sur le coeur et la conscience de l’homme, a été pleinement développé.
Le chrétien peut faire de Christ une loi, en prenant l’amour pour une obligation
Il y a bien des chrétiens qui font de Christ lui-même une loi, et qui en pensant à l’amour du Sauveur comme à un nouveau motif pour les obliger à l’aimer, n’y pensent que comme à une obligation, à un accroissement très grand de la mesure de l’obligation qui pèse sur eux — obligation à laquelle ils se sentent tenus de satisfaire. Ils sont ainsi toujours sous la loi, et par conséquent sous la condamnation.
Le ministère de Paul, ministère de justice et par l’Esprit
[3:8, 9] Or, le ministère que l’apôtre accomplissait était tout autre ; c’était le ministère de la justice et de l’Esprit, non pas un ministère exigeant de l’homme la justice pour qu’il pût se tenir devant Dieu, mais un ministère qui révélait la justice. Or Christ était cette justice, fait tel de la part de Dieu pour nous ; et nous sommes faits justice de Dieu en Lui [(5:21)]. [3:9] L’évangile proclamait la justice de la part de Dieu, au lieu de l’exiger de 1’homme selon la loi. [3:6] Or le Saint Esprit pouvait être le sceau de cette justice-là : [Matt. 3:16] il pouvait descendre sur Christ homme, parce qu’il était parfaitement approuvé de Dieu, parce qu’il était juste — le Juste. [1:22] Le même Esprit peut descendre sur nous, parce que nous sommes faits la justice de Dieu en Christ [(5:21)]. [3:8] Ainsi le ministère de l’apôtre était le ministère de l’Esprit : la puissance de l’Esprit y agissait. [3:17] L’Esprit était donné lorsqu’on recevait par la foi ce qui était annoncé : et avec l’Esprit on recevait l’intelligence des pensées et des desseins de Dieu, comme ils étaient révélés dans la personne d’un Christ glorifié, en qui la justice de Dieu était révélée et subsistait éternellement devant Lui.
Ch. 3 v. 17-18 — La contemplation de la gloire de Christ
Le croyant trouve la gloire de Christ dans la Parole de Dieu, comprise par l’Esprit
[3:5-6] L’apôtre donc, dans ce passage, réunit dans une même notion complexe, la pensée de Dieu dans la parole comprise selon l’Esprit, la gloire de Christ qui y avait été cachée sous la lettre, et l’Esprit Saint lui-même qui lui donnait sa force, qui révélait cette gloire, et qui, en demeurant et agissant dans le croyant, le rendait capable d’en jouir. [3:17] C’est pourquoi, là où il y avait l’Esprit, il y avait la liberté : on n’était plus sous le joug de la loi, de la crainte de la mort et de la condamnation. [3:18] On était en Christ devant Dieu, en paix devant Lui, selon l’amour parfait et cette faveur qui est meilleure que la vie, et dont on jouissait comme elle luisait sur Christ, sans voile ; on était là selon la grâce qui règne par la justice.
Contempler la gloire de Christ dans le ciel par l’Esprit
[3:17] Quand il est dit au v. 17 : « Or le Seigneur est l’esprit », il est fait allusion au v. 6 ; les v. 7-16 forment une parenthèse. [3:18] Christ glorifié est la vraie pensée de l’Esprit laquelle Dieu avait précédemment cachée sous des figures, et en voici la conséquence pratique : on contemple le Seigneur à face découverte ; on peut le contempler ainsi. [3:7] La gloire de la face de Moïse jugeait les pensées et les intentions du coeur, causait la frayeur, en menaçant de mort et de condamnation le désobéissant et le pécheur. Qui pouvait se tenir dans la présence de Dieu ? [3:18] Mais la gloire de la face de Jésus, d’un homme dans le ciel, est la preuve que tous les péchés de celui qui voit cette gloire sont effacés, car Celui qui est dans cette gloire, les a tous portés avant de monter en haut, et il a dû les ôter tous pour entrer dans cette gloire. Nous contemplons cette gloire par l’Esprit qui nous a été donné en vertu de ce que Christ y est entré. Christ ne dit pas comme Moïse : « Je monterai… peut-être ferai-je propitiation » (Ex. 32:30) ? mais il a fait la propitiation, puis il est monté. C’est pourquoi nous contemplons cette gloire avec joie ; nous aimons à la voir, chaque rayon que nous en voyons briller est la preuve qu’aux yeux de Dieu nos péchés ne sont plus. Christ a été fait péché pour nous : il est dans la gloire. Or en contemplant ainsi la gloire avec affection, avec intelligence, en y trouvant nos délices, nous sommes changés en la même image, de gloire en gloire, comme par la puissance de l’Esprit qui nous rend capables de réaliser ces choses et d’en jouir. En cela est le progrès du chrétien. [3:3] Ainsi l’Assemblée aussi devient l’épître de Christ.
Ch. 3 v. 14-16 — Le voile demeure pour Israël
[3:14] L’allusion faite aux Juifs à la fin de la parenthèse, où l’apôtre compare les deux systèmes, est des plus touchantes. [3:16] Le voile, dit-il, est ôté en Christ. [3:18] Maintenant plus rien n’est voilé. La substance glorieuse de ce qui était caché sous les figures existe. [3:15] Le voile est sur le coeur des Juifs, lorsqu’ils lisent l’Ancien Testament. [Ex. 34:34] Or toutes les fois que Moïse entrait dans le tabernacle pour parler à Dieu ou pour l’écouter, il ôtait le voile : [3:16] ainsi, dit l’apôtre, quand Israël se tournera vers le Seigneur, le voile sera ôté.
Ch. 3 v. 11 — La gloire de Christ, antitype des ombres juives, demeure
Il ne reste qu’une remarque à faire. [3:11] « Ce qui demeure » est le sujet dont traite l’Évangile, et non le ministère qui l’annonce ; la gloire de la personne de Jésus Christ, la substance de ce dont les ordonnances juives n’étaient que des figures, ne passeront pas.
Chapitre 4
Le ministère et les souffrances
[4:1] L’apôtre en revient maintenant à son ministère [4:8-9] en rapport avec ses souffrances, [4:10-11] en montrant que cette doctrine d’un Christ vainqueur de la mort, quand elle est vraiment reçue dans le coeur, nous rend victorieux de toute crainte de la mort et de toutes les souffrances [4:7] qui se rattachent au vase de terre dans lequel ce trésor est porté.
Ch. 4 v. 1-6 — L’évangile de la gloire de Christ prêché à tous
Paul prêchait toute la gloire de Christ, sans voile
[3:9, 8] Ayant reçu le ministère de la justice et de l’Esprit, [3:18] dont Christ glorifié, contemplé à face découverte, est le fondement, [4:1] l’apôtre non seulement usait de grande hardiesse de langage, mais il ne se relâchait pas ; sa foi ne fléchissait pas devant les difficultés. [4:2] De plus, avec le courage que cette doctrine lui donnait par la grâce, il ne cachait rien de cette gloire, il n’en affaiblissait rien ; il ne corrompait pas la doctrine ; il la manifestait aussi pure, aussi brillante de clarté qu’il l’avait reçue. C’était la parole de Dieu ; on la recevait de l’apôtre telle qu’il l’avait reçue lui-même, la parole de Dieu inaltérée, l’apôtre se rendant ainsi approuvé et se recommandant à toute conscience d’homme devant Dieu. Tous ne pouvaient pas dire cela. [4:4] La gloire du Seigneur Jésus ressortait de la prédication de l’apôtre dans toute la clarté et la splendeur dans lesquelles cette gloire lui avait été révélée. [4:3] Si donc la bonne nouvelle qu’il annonçait était cachée, [3:13] ce n’était pas comme dans le cas de Moïse : [3:18] non seulement la gloire du Seigneur était pleinement révélée à face découverte en Christ, [4:3] mais elle était aussi manifestée sans voile dans la prédication pure de l’apôtre. [4:4] C’est là la liaison établie entre la gloire accomplie dans la personne de Christ comme résultat de l’oeuvre de la rédemption, et le ministère qui, par la puissance de l’Esprit Saint agissant dans l’instrument choisi du Seigneur, annonçait cette gloire au monde. Ce ministère rendait les hommes responsables de la réception de la vérité, de la soumission à ce Christ glorieux qui, du ciel, s’annonçait en grâce comme ayant accompli la justice pour le pécheur, et l’invitait à venir librement pour jouir de l’amour et de la bénédiction de Dieu.
La révélation parfaite de Dieu ne se trouve qu’en Christ
[4:6] Or il n’y a pas d’autre moyen de s’approcher de Dieu : en établir un autre serait mettre de côté et déclarer insuffisant, imparfait, ce que Christ a fait et ce qu’il est, et vouloir produire quelque chose de meilleur que Lui. Or cela est impossible : car ce que l’apôtre annonçait, était la manifestation de la gloire de Dieu dans la personne du Fils, en rapport avec la révélation de l’amour parfait et de l’accomplissement de la justice parfaite et divine, de sorte que la pure lumière était l’heureux séjour de ceux qui y entraient par le moyen annoncé par l’apôtre. Il ne pouvait y avoir quelque chose de plus, à moins qu’il n’y eût quelque chose de plus que Dieu dans la plénitude de sa grâce et de sa perfection. [4:3] Si donc cette révélation était cachée, elle l’était pour ceux qui étaient perdus, [4:4] desquels le dieu de ce monde avait aveuglé l’entendement pour que la lumière de la bonne nouvelle de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu, ne resplendît pas dans leurs coeurs.
Christ homme dans la gloire divine est la base de tout l’évangile
[4:4] Au lieu de « l’évangile de la gloire du Christ », on traduit quelquefois : « le glorieux évangile », mais cela n’est pas le sens. [3:18] Nous avons vu que le fait que Christ est dans la gloire, que la gloire de Dieu est vue dans sa face, était le sujet spécial du chapitre précédent. [4:5] L’apôtre ici y fait allusion comme étant ce qui caractérisait l’Évangile qu’il prêchait. [4:6] C’était la preuve que le péché que Christ avait porté était entièrement ôté, la preuve de la victoire remportée sur la mort, et de l’introduction de l’homme dans la présence de Dieu en gloire selon les conseils de l’amour de Dieu. C’était en même temps le complet déploiement de la gloire de Dieu dans l’homme selon la grâce, que l’Esprit Saint nous montre, afin de nous transformer à la même ressemblance. C’était le glorieux ministère de la justice et de l’Esprit, qui ouvrait à l’homme un chemin libre vers Dieu, un chemin pour entrer même dans les lieux saints en toute liberté [(Héb. 10:19)].
La gloire divine brille en Christ par la puissance de Dieu, ce que souligne la faiblesse du serviteur
[4:4] Lorsque Christ était ainsi annoncé, la conséquence en était l’acceptation joyeuse de la bonne nouvelle, la soumission du coeur à l’Évangile — ou bien l’aveuglement par Satan ; [4:5] car Paul ne se prêchait pas lui-même (comme d’autres ne manquaient pas de faire), mais il prêchait Jésus Christ le Seigneur, et ne se présentait lui-même à ceux auxquels il s’adressait, que comme leur serviteur pour l’amour de Jésus. [4:6] En effet, et c’est ici un autre principe important, le resplendissement de l’Évangile de la gloire de Christ est l’oeuvre de la puissance de ce même Dieu qui, par sa seule parole, a fait luire instantanément la lumière du sein des ténèbres. Dieu avait resplendi dans le coeur de l’apôtre pour faire luire la connaissance de sa propre gloire dans la face de Jésus Christ. L’Évangile brillait par une opération divine semblable à celle qui, au commencement, avait fait briller la lumière du sein des ténèbres par une simple parole. Le coeur de l’apôtre en était le vase, la lampe où cette lumière avait été allumée pour luire au milieu du monde devant les yeux des hommes. Ce qui luisait était la révélation de la gloire qui resplendit dans la personne de Christ, et qui, par la puissance de l’Esprit de Dieu, agissait dans le coeur de l’apôtre pour que cette gloire brillât par l’Évangile devant le monde ; la puissance de Dieu opérait pour la faire briller, comme elle l’a fait par la parole : « Que la lumière soit, et la lumière fut » [(Gen. 1:3)]. [4:7] Mais le trésor de cette révélation de la gloire était déposé dans des vases de terre, afin que la puissance qui agissait dans cette révélation fût de Dieu seul, et non celle des instruments. [4:8-9] Dans tous les instruments, la faiblesse qui leur était propre se montrait dans les circonstances d’épreuve par lesquelles Dieu — dans ce but même, entre autres — faisait passer le témoignage. [4:7] Toutefois la puissance de Dieu se manifestait d’une manière d’autant plus évidente que le vase montrait sa faiblesse au milieu des difficultés qui se rencontraient sur la route. [4:10] Le témoignage se rendait, l’oeuvre se faisait, le résultat se produisait lors même que l’homme était abattu et se trouvait sans ressource en présence de l’opposition suscitée à la vérité.
Ch. 4 v. 7-12 — L’anéantissement complet de ce qui vient de l’homme, afin d’être conforme à Christ
[4:8] L’homme était affligé par la tribulation — c’était le vase — mais pas réduit à l’étroit, car Dieu était avec lui ; l’homme était sans moyen de sortir de la tribulation — c’était le vase — mais pas sans ressource, car Dieu était là ; [4:9] l’homme était persécuté — c’était le vase — mais pas abandonné, car Dieu était avec lui ; l’homme était jeté par terre — c’était le vase — mais pas détruit, car Dieu le gardait. [4:10] Paul portait toujours dans son corps la mort de Jésus (il était fait semblable à Jésus en ce que l’homme comme tel était réduit à néant), afin que la vie de Jésus, que la mort ne saurait toucher et qui a triomphé de la mort, fût manifestée dans son corps, tout mortel qu’il était. [4:11] Plus l’homme naturel était anéanti, plus il était évident qu’il y avait là une puissance qui n’était pas de l’homme. [4:13] C’était là le principe, mais il était moralement réalisé dans le coeur par la foi. [4:10] Comme serviteur du Seigneur, Paul réalisait dans son coeur la mort de tout ce qui était vie humaine, [4:7] afin que la puissance fût purement de Dieu par Jésus ressuscité ; [4:11] mais à côté de cela Dieu lui faisait réaliser ces choses par les circonstances par lesquelles il avait à passer ; car, vivant dans ce monde, il était toujours livré à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie de Jésus fût manifestée dans sa chair mortelle. [4:12] Ainsi la mort opérait dans l’apôtre ; ce qui était seulement de l’homme, de la nature, et de la vie naturelle, disparaissait, afin que la vie en Christ se déployant en lui de la part de Dieu et par sa puissance, opérât dans les Corinthiens par son moyen. Quel ministère ! [4:11] Quelle épreuve complète du coeur de l’homme, quelle vocation glorieuse pour un homme que d’être ainsi assimilé à Christ, d’être le vase de la puissance de sa vie pure, et par le moyen d’une abnégation absolue de soi-même, et de la vie même, d’être moralement semblable à Jésus ! Quelle position par la grâce, quelle conformité à Christ ! Et c’était de telle manière qu’elle passait par un coeur d’homme pour atteindre le coeur de l’homme (ce qui en fait est de l’essence du christianisme lui-même), [4:7] non pas certainement par la force de l’homme, mais par celle de Dieu se manifestant dans la faiblesse de l’homme.
Ch. 4 v. 13-18 — Les souffrances ici-bas et la gloire céleste
Souffrir et mourir comme Christ pour le témoignage de Dieu est le privilège du croyant
[4:13] C’est pour cette raison que l’apôtre peut se servir des paroles de l’Esprit de Christ dans les Psaumes : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ». C’est-à-dire : « À quel prix que ce soit, en dépit de tout danger, de toute opposition, j’ai parlé pour Dieu, j’ai rendu mon témoignage ; j’ai eu assez de confiance en Dieu pour rendre témoignage à Dieu et à sa vérité, quelles qu’en fussent les conséquences, même si je mourais en le faisant ». [4:14] C’est-à-dire encore : « J’ai agi comme Christ lui-même l’a fait, parce que je sais que Celui qui a ressuscité Jésus en fera autant pour moi et me présentera avec vous devant sa face, dans cette même gloire où Christ se trouve dans le ciel ; et pour le témoignage que j’ai rendu à cette gloire, j’ai souffert la mort comme Lui ». Il faut bien distinguer ici entre les souffrances de Christ pour la justice et pour son oeuvre d’amour, et ses souffrances pour le péché. Quant aux premières, c’est notre privilège de les partager avec Lui ; dans les autres, il est seul.
La gloire future assurée par la puissance divine encourage dans les difficultés ici-bas
[4:14] L’apôtre dit : « Celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous présentera avec vous », [4:15] car, ajoute-t-il selon le coeur et la pensée de Christ envers les siens : « Toutes choses sont pour vous, afin que la grâce, abondant par le moyen de plusieurs, multiplie les actions de grâces à la gloire de Dieu ». [4:16] C’est pourquoi l’apôtre ne se laissait pas décourager ; mais au contraire, si l’homme extérieur dépérissait, l’homme intérieur se renouvelait de jour en jour. [4:17] Car la légère affliction qui n’était que d’un moment (car il l’estimait telle en vue de la gloire ; et elle n’était pour lui que l’affliction passagère de ce pauvre corps mourant), opérait pour lui un poids éternel de gloire qui dépassait toute expression, même la plus élevée, du langage et des pensées humaines. [4:18] Et ce renouvellement avait lieu, et le découragement ne s’emparait point de lui, quoi qu’il en fût, en ce qu’il ne regardait pas aux choses qui se voient, qui sont temporelles, mais aux choses qui ne se voient pas, lesquelles sont éternelles. Ainsi, la puissance de la vie divine avec toutes ses conséquences, se déployait dans l’âme de l’apôtre, par la foi : il connaissait le résultat de tout de la part de Dieu.
Chapitre 5
Ch. 5 v. 1-5 — L’espérance chrétienne : revêtir la vie divine
La certitude du croyant, et le fardeau de la nature terrestre pour en jouir
[5:1] Ce n’est pas seulement qu’il y a des choses invisibles et glorieuses : les chrétiens y ont leur part. Nous savons, dit l’apôtre en leur nom, que si cette maison terrestre — passagère comme elle l’est — est détruite (et peu s’en était fallu qu’il en eût été ainsi pour Paul), nous avons un édifice de la part de Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux. Précieuse certitude ! il le savait. Les chrétiens le savent comme étant une partie de leur foi. Nous savons1 — certitude qui faisait que cette gloire qu’il savait lui appartenir, était par la puissance de l’Esprit Saint, une espérance réelle et pratique dans son coeur, une réalité présente par la foi. Il voyait cette gloire comme une chose qui lui appartenait, et dont il devait être revêtu. [5:2] C’est pourquoi aussi il gémissait dans sa tente, non pas comme tant de gens le font, parce que les désirs de sa chair ne pouvaient être accomplis, et que la satisfaction du coeur ne se trouve pas pour l’homme lors même que ces désirs sont accomplis, ni parce qu’il était incertain de son acceptation, et ne savait si la gloire était sienne ou non ; mais parce que le corps était une entrave que tendait à affaiblir la vie divine, et à le priver de la pleine jouissance de cette gloire que la vie nouvelle voyait et désirait, et que Paul voyait et admirait comme étant sienne. [5:4] C’était pour l’apôtre un fardeau que la nature humaine terrestre. Ce n’était pas pour lui une peine de ne pas pouvoir satisfaire aux désirs de cette nature, mais c’en était une de se trouver encore dans cette nature mortelle, parce qu’il voyait quelque chose de meilleur.
1 Ce « nous savons » est en fait une expression technique pour dire ce qu’est la portion des chrétiens. « Nous savons que la loi est spirituelle » [(Rom. 7:14)] ; « nous savons que le Fils de Dieu est venu » [(1 Jean 5:20)] ; etc.
Paul désire revêtir la vie de Christ en gloire, ce pour quoi Dieu nous a formés
[5:4] Ce n’était pas toutefois qu’il désirât d’être dépouillé, car il voyait dans le Christ glorifié une puissance de vie capable d’absorber et d’annuler toute trace de mortalité ; et le fait que Christ était là-haut dans la gloire était le résultat de cette puissance et en même temps la manifestation de la portion céleste qui appartient aux siens. Ainsi l’apôtre désirait, non pas d’être dépouillé, mais d’être revêtu, et que ce qui était mortel en lui fût absorbé par la vie, que la mortalité qui caractérisait sa nature humaine terrestre disparût devant la puissance de vie qu’il voyait en Jésus et qui était sa vie. Cette puissance était telle qu’il n’était pas nécessaire de mourir. Or ce n’était pas une espérance qui n’avait de fondement que celui que le désir, réveillé par la vue de la gloire, pouvait produire : [5:5] Dieu avait formé les chrétiens pour cela même. Celui qui était chrétien était formé dans ce but et non pour autre chose. C’était Dieu lui-même qui l’avait formé pour cette gloire, dans laquelle Christ, le dernier Adam, était à la droite de Dieu. Précieuse assurance ! Heureuse confiance dans la grâce et dans l’oeuvre puissante de Dieu ! Quelle joie ineffable de pouvoir tout attribuer à Dieu lui-même, d’être ainsi assuré de son amour, de le glorifier comme le Dieu d’amour, notre Bienfaiteur, de savoir que c’est son oeuvre, et que nous reposons sur une oeuvre accomplie, l’oeuvre de Dieu. Ce n’est pas ici se reposer sur une oeuvre faite pour nous ; mais c’est, chose précieuse, la conscience que nous avons que Dieu nous a faits pour cela : « Nous sommes son ouvrage » [(Éph. 2:10)].
Les arrhes de l’Esprit nous assurent de la gloire future
Une autre chose cependant était nécessaire pour jouir de cette espérance quand on n’était pas encore glorifié de fait. [5:5] Dieu nous l’a donnée : ce sont les arrhes de l’Esprit. [5:1] Ainsi nous avons la gloire devant nous, [5:5] nous sommes formés pour elle par Dieu lui-même, et nous avons les arrhes de l’Esprit jusqu’à ce que nous soyons dans la gloire, [5:4] et nous savons que Christ a si complètement vaincu la mort, que si le temps était venu, nous serions transformés en gloire sans passer par la mort. Ce qui est mortel serait absorbé par la vie. Telle est par grâce notre portion dans le dernier Adam, par la puissance de vie dans laquelle Christ a été ressuscité.
Ch. 5 v. 6-11 — La part de l’homme naturel : la mort et le jugement
Mais ensuite l’apôtre traite de l’effet de la vie quant à la portion naturelle du premier homme déchu, la mort et le jugement : car le témoignage ici est complet.
Ch. 5 v. 6-9 — La mort du corps nous introduits avec le Seigneur, en attendant la gloire
Quel est donc l’effet de la possession de la vie en Christ appliqué à la mort et au jugement, les deux objets naturels des craintes de l’homme, le fruit du péché ? [5:6] Si nos corps ne sont pas encore transformés, [5:4] et si ce qui est mortel n’est pas encore absorbé par la vie, [5:6] nous sommes également pleins de confiance, parce que, [5:5] étant formés pour la gloire, [5:8] et Christ, qui a manifesté la puissance victorieuse qui Lui a ouvert le chemin du ciel, étant notre vie, si nous quittons cette tente et sommes absents du corps avant d’être revêtus de la gloire, cette vie que nous possédons reste intacte ; elle a déjà, en Jésus, triomphé de tous les effets de la puissance de la mort. Ainsi, si nous mourons, nous serons présents avec le Seigneur ; [5:7] car nous marchons par la foi, non par la vue des choses excellentes que nous espérons. [5:8] Ainsi nous préférons être absents du corps et être présents avec le Seigneur. [5:9] C’est pourquoi nous cherchons à Lui être agréables, soit que nous soyons trouvés absents de ce corps, ou présents dans ce corps, lorsque Jésus viendra pour nous prendre à Lui et nous faire partager sa gloire.
Ch. 5 v. 10 — Le tribunal de Christ
Le jugement manifeste tout dans la lumière de Dieu, et c’est une joie pour le croyant
Et cela nous conduit au second point — le jugement. [5:10] Car il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive selon ce qu’il aura fait dans le corps, soit bien, soit mal (v. 9, 10). Pensée heureuse et précieuse après tout, quelque solennelle qu’elle soit ; car si nous avons réellement compris la grâce, si nous sommes fondés dans la grâce, si nous savons ce que Dieu est, qu’il est tout amour pour nous, toute lumière pour nous, nous aimerons à être dans la pleine lumière. C’est une délivrance précieuse que de s’y trouver. C’est un fardeau, un poids sur le coeur, que quelque chose de caché ; et quoiqu’il y ait eu en nous beaucoup de péchés que personne ne connaît ; peut-être même des péchés que nous avons commis et qu’il ne serait d’aucun profit à personne de savoir, c’est un soulagement, si nous connaissons l’amour parfait de Dieu, que de savoir que tout est dans la parfaite lumière devant Lui. C’est ce qui arrive par la foi, et pour la foi, dans tous les cas où l’on jouit d’une paix solide ; on est devant Dieu tel qu’il est, et l’on s’y trouve tel que l’on est, c’est-à-dire en soi-même rien que péché, hélas ! sauf en ce que Dieu a opéré lui-même en nous vivifiant ; et Dieu est tout amour dans cette lumière dans laquelle nous sommes placés ; car Dieu est lumière, et il se révèle Lui-même. Sans la connaissance de la grâce, nous craignons la lumière, et il ne peut en être autrement ; mais quand nous connaissons la grâce, quand nous savons que le péché a été ôté pour ce qui regarde la gloire de Dieu, et que l’offense n’est plus sous ses yeux, nous aimons à être dans la lumière. C’est une joie pour nous, c’est ce dont le coeur a besoin ; il ne peut être satisfait s’il n’est pas dans cette lumière, lorsqu’il est animé de la vie du nouvel homme. La nature du nouvel homme est d’aimer la lumière, d’aimer la pureté dans toute cette perfection qui n’admet pas le mal des ténèbres et qui exclut tout ce qui n’est pas elle-même. Or, être ainsi dans la lumière et « être manifesté », c’est une seule et même chose, car la lumière manifeste tout.
Tout est lumière devant Dieu
Nous sommes dans la lumière par la foi quand notre conscience est dans la présence de Dieu ; nous serons selon la perfection de cette lumière quand nous paraîtrons devant le tribunal du Christ. J’ai dit, et il en est ainsi, que c’est une chose solennelle, que tout soit jugé selon cette lumière, mais c’est ce que le coeur aime, parce que, grâces en soient rendues à notre Dieu, nous sommes lumière dans le Seigneur [(Éph. 5:8)].
Le croyant est manifesté glorifié, sans péché, justifié en Christ
Mais il y a plus que cela. [5:10] Quand le chrétien est ainsi manifesté, il est déjà glorifié et parfaitement semblable à Christ, et n’a alors aucun reste de la mauvaise nature dans laquelle il a péché. Il peut regarder en arrière sur tout le chemin par lequel Dieu l’a conduit en grâce, l’a aidé, soutenu, gardé de chute, Lui qui ne retire pas ses yeux de dessus le juste. Il connaît comme il a été connu [(1 Cor. 13:12)]. Quelle histoire de grâce et de miséricorde ! Si maintenant je regarde en arrière, mes péchés ne pèsent pas sur ma conscience, bien que j’en aie horreur : Dieu les a jetés derrière son dos [(És. 38:17)]. Je suis la justice de Dieu en Christ [(5:21)] ; mais quel sentiment d’amour et de patience, de bonté et de grâce ! Combien tout apparaîtra plus parfait alors, quand tout sera devant moi. Assurément il y aura un grand gain quant à la lumière et à l’amour, lorsque nous rendrons compte de nous-mêmes à Dieu, sans qu’il reste une trace de mal en nous. Nous serons semblables à Christ. Si quelqu’un craint de voir tout placé ainsi devant Dieu, je ne pense pas qu’il soit affranchi quant à la justice — quant à être justice de Dieu en Christ ; il n’est pas pleinement dans la lumière. Et nous n’avons pas à être jugés pour quelque chose que ce soit ; Christ a tout ôté.
La rétribution de tous les fruits produits par l’homme ici-bas
[5:10] Mais il y a une autre idée dans le passage qui nous occupe, savoir celle de rétribution. L’apôtre ne parle pas d’un jugement sur les personnes, parce que les saints sont compris parmi elles, et que Christ s’est mis à leur place pour ce qui regarde le jugement de leurs personnes. « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » [(Rom. 8:1)] ; ils ne viennent pas en jugement [(Jean 5:24)], [5:10] mais chacun sera manifesté devant le tribunal de Christ, et recevra ce qu’il aura fait dans son corps. Le bien ne mérite rien : il a reçu ce par quoi il a fait ce qui est bien ; la grâce l’a produit en lui ; toutefois il en recevra la récompense : ce qu’il a fait est estimé comme étant de lui. Si, en négligeant la grâce et le témoignage de l’Esprit en lui, les fruits que le chrétien aurait dû produire ont été écartés, il en portera les conséquences. Ce n’est pas que, dans ce cas, Dieu l’ait abandonné, ce n’est pas que le Saint Esprit n’ait pas agi en lui à l’égard de l’état où il se trouve, mais cette action s’exercera dans la conscience du croyant, en jugeant la chair qui l’a empêché de porter le fruit naturel de la présence du Saint Esprit et de son opération dans le nouvel homme. De sorte que le Saint Esprit aura fait tout ce qui était nécessaire en rapport avec l’état du coeur où il demeurait ; et le conseil parfait de Dieu à l’égard de la personne elle-même aura été accompli, sa patience aura été manifestée, aussi bien que sa sagesse, ses voies en gouvernement et les soins qu’il daigne prendre de chaque croyant individuellement dans son amour plein de condescendance. Chacun aura sa place selon qu’elle lui est préparée du Père. Mais le fruit naturel de la présence et de l’opération du Saint Esprit dans une âme, qui a ou qui aurait dû avoir, d’après les avantages dont elle a joui, une certaine mesure de lumière, ce fruit, dis-je, n’aura pas été produit. Ce qui en a empêché la production sera manifesté. Tout ce qui était bien et mal en soi-même sera jugé selon le jugement de Dieu, avec un sentiment solennel de ce que Dieu est, et une fervente adoration à cause de ce qu’il a été pour nous. La parfaite lumière sera appréciée, les voies de Dieu seront connues et comprises dans toute leur perfection, en appliquant la lumière parfaite à toute la suite de notre vie et des voies de Dieu envers nous, dans lesquelles nous reconnaîtrons entièrement que l’amour parfait, souverain, au-dessus de tout, a régné avec une grâce ineffable.
La lumière et l’amour de Dieu agissant envers les hommes pécheurs
Ainsi la majesté de Dieu aura été maintenue par son jugement, en même temps que la perfection et la tendresse de ses voies resteront gravées comme éternel souvenir dans nos âmes. La lumière sans nuages ni ténèbres sera comprise dans sa propre perfection. La comprendre, c’est y être et en jouir. Or, la lumière, c’est Dieu lui-même [(1 Jean 1:5)]. [5:10] Quelle chose que d’être ainsi manifesté ! Quel amour que celui qui, dans sa parfaite sagesse et dans ses voies merveilleuses, dominant tout le mal, a pu amener des êtres tels que nous à jouir de cette lumière sans nuages ! Quel amour que celui qui a pu amener à jouir de cette lumière des êtres ayant la connaissance du bien et du mal, cette prérogative naturelle de ceux-là seuls dont Dieu peut dire « l’un de nous » [(Gen. 3:22)] ; des êtres sous le joug du mal qu’ils connaissaient, et chassés par une mauvaise conscience loin de la présence de Dieu à qui cette connaissance appartenait ! Oui, quel amour que celui qui a introduit dans la pure lumière des êtres ayant dans leur conscience un témoignage assez puissant de ce qu’était le jugement de Dieu, pour leur faire éviter sa présence et pour être misérables, mais rien pour les attirer vers Lui qui seul pouvait porter remède à cette misère ! Quel amour et quelle sainte sagesse se trouvaient en Dieu pour amener de tels êtres à la source du bien, du pur bonheur, où la puissance du bien repousse absolument le mal que le bien juge.
La responsabilité des injustes au jugement
Pour ce qui est des injustes, ils auront, au jour du jugement, à répondre personnellement pour leurs péchés, sous une responsabilité qui pèse tout entière sur eux-mêmes.
Le sentiment de la majesté divine du juge doit rester présent à la conscience, lié à la grâce
[5:11] Quel que soit le bonheur de se trouver dans la parfaite lumière, et ce bonheur est complet et divin dans son caractère, c’est du côté de la conscience que ce sujet est présenté ici. [5:10] Dieu maintient sa majesté par le jugement qu’il exécute, comme il est écrit : « L’Éternel s’est fait connaître par le jugement qu’il a exécuté » (Ps. 9:16) ; là, dans son gouvernement du monde, ici, dans son jugement éternel, final et personnel ; et, pour ma part, je crois qu’il est d’un grand profit pour notre âme que nous ayons le jugement de Dieu présent à nos pensées, et que le sentiment de l’immuable majesté de Dieu soit maintenu dans notre conscience par ce moyen. Si l’on n’était pas sous la grâce, ce serait et devrait être insupportable ; mais le maintien du sentiment de la majesté d’un Dieu juge, ne contredit pas la grâce ; au contraire, c’est sous la grâce seule qu’il peut exister dans sa vérité ; car qui autrement, si ce n’est un homme complètement aveugle, supporterait un instant la pensée de « recevoir ce qu’il a fait dans le corps » ?
La conscience constante du notre manifestation à Dieu et ses conséquences pratiques sur la marche
Mais l’autorité, la sainte autorité de Dieu, qui s’affirme elle-même dans le jugement, est une partie de nos relations avec Lui, et le maintien de ce sentiment dont nous parlons, associé à la pleine jouissance de la grâce, une partie de nos saintes affections spirituelles. C’est la crainte du Seigneur ; elle l’est dans ce sens que « bienheureux l’homme qui craint continuellement » (Prov. 28:14). Si la pensée du jugement affaiblit le sentiment que l’amour de Dieu repose pleinement, éternellement sur nous, alors nous quittons le seul terrain possible d’une relation quelconque avec Dieu, à moins qu’on n’appelle la perdition une relation. Mais dans la douce et paisible atmosphère de la grâce, la conscience maintient ses droits et son autorité contre les empiètements subtils de la chair, et elle le fait par le sentiment du jugement de Dieu en vertu d’une sainteté qui ne saurait être séparée du caractère de Dieu sans nier qu’il y a un Dieu : car s’il y a un Dieu, il est saint. [5:10] La conscience que nous devons tous être manifestés devant le tribunal de Christ engage le coeur du croyant accepté de Dieu à chercher à plaire au Seigneur à tous égards [(Col. 1:10)] ; [5:11] et, dans le sentiment de tout ce qu’il y a de solennel pour un pécheur de paraître devant Dieu, l’amour qui accompagne nécessairement ce sentiment dans le coeur du croyant, pousse celui-ci à persuader les hommes en vue de leur salut, tandis qu’il maintient sa propre conscience dans la lumière. Or celui qui maintenant marche dans la lumière, celui dont la conscience réfléchit cette lumière, ne la craindra pas au jour où elle paraîtra dans sa gloire. [5:10] Il nous faut être manifestés ; [5:11] mais marchant dans la lumière dans le sentiment de la crainte de Dieu, réalisant son jugement du mal, nous sommes déjà manifestés à Dieu : rien n’empêche le doux et assuré courant de son amour. En conséquence la marche de celui qui lui-même est manifesté à Dieu se légitime à la longue dans la conscience des autres ; il est manifesté comme marchant dans la lumière.
Ch. 5 v. 10-15 — Les conséquences pratiques de la lumière qui manifeste tout et de l’amour qui sauve
Les principes du ministère, liés à la mort de Christ pour les pécheurs
Nous trouvons donc ici les deux grands principes pratiques du ministère : 1° [5:10] marcher dans la lumière, dans le sentiment du jugement solennel de Dieu à l’égard de chacun ; 2° [5:11] la conscience étant ainsi pure dans la lumière, ce sentiment du jugement (qui ne peut troubler pour elle-même l’âme, ni obscurcir la vue qu’elle a de l’amour de Dieu) pousse le coeur à chercher, par amour, les âmes en danger de ce jugement. Cela se rattache à la doctrine de Christ, le Sauveur, par sa mort sur la croix, [5:14] et l’amour du Christ nous étreint, parce que nous voyons que si un est mort pour tous, c’est que tous étaient morts. Tel était l’état universel des âmes : l’apôtre cherche ces âmes afin qu’elles vivent par Christ à Dieu.
La mort est un gain pour le croyant, et stimule l’amour pour les hommes morts dans leurs péchés
Mais cela va plus loin. Premièrement, par rapport à ce qui était le lot de l’homme déchu, la mort, elle est un gain pour le croyant [(Phil. 1:21)]. [5:8] S’il est absent du corps, il est présent avec le Seigneur. [5:10] Quant au jugement, il en reconnaît la solennité, mais cela ne le fait pas trembler. Il est en Christ — il sera semblable à Christ, et Christ, devant qui il doit être manifesté, a ôté tous les péchés pour lesquels il devait être jugé. L’effet produit, en l’amenant pleinement manifesté en la présence de Dieu maintenant, est un effet sanctifiant. [5:11] Mais cela stimule son amour envers les autres. Ce n’est pas seulement par la crainte du jugement à venir pour eux ; [5:14] l’amour de Christ l’étreint — l’amour manifesté dans la mort. Et cela prouve plus que les actes de péché qui amènent le jugement ; Christ est mort, parce que tous étaient morts. L’Esprit de Dieu va à la source et à la racine de leur condition tout entière, de leur état, et ne considère pas seulement les fruits d’une mauvaise nature — tous étaient morts. Nous avons le même enseignement important en Jean 5:24 : « Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement (celui qui s’applique aux péchés) ; mais il est passé de la mort à la vie » ; il est sorti, comme un être déjà perdu, de tout cet état et de cette condition, et a passé dans un autre état et une autre condition en Christ. Cela est un aspect très important de la vérité. Et la distinction entre ces deux états, largement développée en Romains, se trouve en plusieurs passages.
La parfaite manifestation dans la lumière peut être réalisée dès maintenant
[5:11] L’oeuvre de la manifestation devant Dieu dans la lumière est déjà vraie, pour autant que nous avons réalisé la lumière. Ne puis-je pas, étant maintenant en paix, regarder en arrière à ce que j’étais avant ma conversion, et à tous mes manquements depuis ma conversion, humilié, mais adorant la grâce de Dieu dans tout ce qu’il a fait pour moi, mais sans une pensée de crainte ou d’imputation de péché ? Cela n’éveille-t-il pas un très profond sentiment de tout ce qu’est Dieu en sainte grâce et en amour, en patience illimitée envers moi, me gardant, m’aidant et me restaurant ? Tel sera le cas d’une manière parfaite quand nous serons manifestés, quand nous connaîtrons comme nous avons été connus.
La manifestation amène à se juger soi-même, sans être sous la condamnation divine
Afin que ce point soit rendu encore plus clair — car il est important — j’ajouterai ici quelques observations de plus. [5:10] Ce que nous trouvons dans ce passage, c’est la parfaite manifestation de tout ce qu’une personne est et a été devant un trône caractérisé par le jugement, sans que la personne en question soit jugée comme coupable. Sans doute que, quand le méchant reçoit les choses faites dans le corps, il est condamné. Mais il n’est pas dit ici « jugé », car alors tous doivent être condamnés. Mais cette manifestation est précisément ce qui amène moralement tout devant le coeur, lorsqu’il est capable de juger le mal pour lui-même : s’il était sous le jugement, il ne le pourrait pas. Affranchi de toute crainte, dans la parfaite lumière et avec la consolation de l’amour parfait — car là où nous avons la conscience du péché, sans qu’il nous soit imputé, nous avons le sentiment, quoique d’une manière qui humilie, de l’amour parfait — et en même temps avec le sentiment de l’autorité et du gouvernement divin pleinement démontré dans l’âme, tout est jugé par l’âme elle-même comme Dieu le juge, et en communion avec Lui. Cela est extrêmement précieux.
Les saints devant le tribunal sont déjà glorifiés
[5:10] Il faut nous rappeler que, quand nous paraissons devant le tribunal du Christ, nous sommes déjà glorifiés. Christ est venu lui-même dans son grand amour, nous chercher, et a changé notre corps d’humiliation en la conformité du corps de sa gloire [(Phil. 3:21)]. Nous sommes glorifiés et semblables à Christ avant que le jugement ait lieu. [5:11] Et remarquez l’effet produit sur Paul. Est-ce que la pensée d’être manifesté éveille en lui l’anxiété ou la crainte ? Nullement. Il réalise toute la solennité d’un tel moment. Il sait combien le Seigneur doit être craint ; il l’a devant les yeux, et quelle est la conséquence ? Il se met à persuader d’autres qui ont besoin de cette crainte.
Nous sommes faits justice de Dieu, et cela agit sur nous en grâce
Il y a, pour ainsi dire, deux parties dans la nature et dans le caractère de Dieu : sa justice qui juge tous, et son amour parfait. Les deux sont unis pour nous en Christ, et sont à nous en Lui. Si vraiment nous réalisons ce que Dieu est, tous deux auront leur place ; or le croyant est en Christ la justice que Dieu, sur son trône, d’après sa nature même, doit avoir devant Lui, si nous devons être avec Lui et jouir de Lui. [5:10] Mais le Christ, sur le tribunal devant lequel nous sommes, est notre justice. Il juge par la justice laquelle il est, et nous sommes cette justice, la justice de Dieu en Lui [(5:21)]. C’est pourquoi ce point (d’être devant le tribunal) ne peut soulever aucune question dans l’âme ; nous adorons une telle grâce, mais aucune question n’est soulevée. Cela ne fait qu’exalter le sentiment que nous avons nous-mêmes de la grâce, nous la fait comprendre comme appropriée à l’homme tel qu’il est, et nous fait sentir les conséquences solennelles et terribles de n’y avoir point de part, puisqu’il y a un tel jugement. [5:11] C’est pourquoi cette autre et essentielle partie de la nature divine — l’amour — agira en nous envers les autres ; et sachant combien le Seigneur doit être craint, nous persuaderons les hommes. Ainsi Paul (c’est la conscience en vue de ce moment très solennel) possédait la justice qu’il voyait dans le Juge, car ce qui jugeait était sa justice ; mais alors et en conséquence il cherchait sérieusement et avec ardeur d’autres afin qu’ils fussent sauvés selon l’oeuvre qui l’avait ainsi amené près de Dieu, et c’est vers cette oeuvre qu’il se tourne (v. 13, etc.). Mais cette vue du jugement et de notre complète manifestation dans ce jour, a sur le saint un effet actuel selon la propre nature du jugement. Il le réalise par la foi. Il est manifesté. Il ne craint pas de l’être. Toutes les voies passées de Dieu envers lui se déploieront devant lui quand il sera dans la gloire ; mais il est manifesté à Dieu maintenant, sa conscience est exercée dans la lumière. Ainsi la pensée du tribunal a une puissance actuelle sanctifiante.
Les principes du ministère chrétien
Les trois principes du chapitre 5 forment le caractère complet du ministère
Remarquez l’assemblage de puissants motifs, de principes d’une importance prééminente, que nous trouvons ici : principes en apparence contradictoires, mais qui, pour une âme marchant dans la lumière, au lieu de se heurter et de s’entre-détruire, se réunissent pour donner son caractère complet au ministre et au ministère chrétiens.
Premier principe : La certitude de la vie dans la gloire
[5:4] Premièrement se trouve la gloire, dans une telle puissance de vie que celui qui la réalise, ne désire pas la mort, parce qu’il voit dans la puissance de vie en Christ ce qui peut absorber tout ce qui est mortel en lui ; et il la voit avec la certitude qu’il en jouira. Le chrétien a tellement la conscience qu’il possède cette vie ([5:5] Dieu l’ayant formé pour cela et lui ayant donné les arrhes de l’Esprit) [5:8] que la mort, si elle survient pour lui, n’est qu’une heureuse absence du corps pour être présent avec le Seigneur.
Deuxième principe : La pensée du jugement de Christ
[5:9] Or la pensée de monter vers Christ donne le désir de Lui être agréable [5:10] et présente Christ — second motif ou principe qui forme ce ministère — comme le Juge qui rendra à chacun ce qu’il a fait. [5:11] Ici, la pensée solennelle de la crainte qu’on doit avoir d’un tel jugement, prend possession du coeur de l’apôtre. Quelle différence entre cette pensée et celle de « l’édifice de la part de Dieu » [(5:1)], que l’apôtre attendait avec assurance ! Cependant, cette pensée ne l’alarmait pas mais, dans le sentiment solennel de la réalité de ce jugement, elle le poussait à persuader les autres.
Troisième principe : L’amour de Christ en rapport avec la mort
[5:14] Mais ici est introduit un troisième principe, savoir, l’amour de Christ en rapport avec l’état de ceux que Paul cherchait à persuader. Puisque cet amour de Christ se montrait dans sa mort, elle est le témoignage que tous étaient déjà morts et perdus.
Ainsi nous trouvons dans ce passage la gloire avec la certitude personnelle d’en jouir, et la mort, devenant le moyen d’être présent avec le Seigneur ; puis le tribunal de Christ et la nécessité d’y être manifesté ; enfin l’amour de Christ dans sa mort, tous étant déjà morts.
La manifestation à Dieu concilie ces principes
Comment concilier, coordonner dans le coeur ces principes si divers ? [5:11] C’est que l’apôtre était manifesté à Dieu ; [5:10] c’est pourquoi la pensée d’être manifesté devant le tribunal ne produisait, en même temps que la sanctification actuelle, d’autre effet sur lui que celui de la solennité, car il ne venait pas en jugement ; [5:11] mais c’était pour lui un motif pressant de prêcher aux autres selon l’amour que Christ avait manifesté dans sa mort. L’idée du tribunal n’affaiblissait en aucune manière la certitude qu’il avait de posséder la gloire1. Son âme dans la pleine lumière de Dieu, reflétait ce qui se trouvait dans cette lumière, savoir, la gloire du Christ monté en haut comme homme ; et l’amour de ce même Jésus était fortifié dans son active opération en lui par la vue du tribunal qui attendait tous les hommes.
1 La vérité est que le tribunal est ce qui fait ressortir le plus notre assurance devant Dieu ; car « comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde » [(1 Jean 4:17)], et quand Christ apparaîtra, nous Lui serons semblables [(1 Jean 3:2)].
Une conscience pure donne toute leur force aux motifs du ministère
Quelle merveilleuse combinaison de motifs nous trouvons dans ce passage pour la formation d’un ministère que caractérisait le déploiement de tout ce en quoi Dieu se révèle lui-même, et par quoi il agit sur le coeur et sur la conscience de l’homme ! [5:11] C’est dans une conscience pure que ces choses peuvent avoir toutes ensemble leur force. Si la conscience n’était pas pure, le tribunal obscurcirait la gloire, au moins en tant qu’il s’agirait de soi, et affaiblirait le sentiment de l’amour de Christ. En tout cas, on serait occupé de soi-même en rapport avec ces choses, et on devrait l’être. Mais quand la conscience est pure devant Dieu, elle voit seulement un tribunal qui n’excite aucun sentiment de malaise personnel et qui, par conséquent, a tout son effet moral, comme un motif de plus pour une marche sérieuse, et qui prête une énergie solennelle à l’appel que l’amour connu de Jésus pousse le serviteur de Dieu à adresser aux hommes.
Ch. 5 v. 13-21 — La réconciliation avec Dieu
La mort et la résurrection de Christ nous introduisent dans une toute nouvelle sphère
Quant à la mesure dans laquelle nos propres relations avec Dieu entrent dans le service que nous avons à rendre aux autres, pour le montrer, l’apôtre ajoute une autre chose qui caractérisait sa marche, et qui était le résultat de la mort et de la résurrection de Christ. [5:13] Il vivait dans une sphère complètement nouvelle, dans une nouvelle création qui avait laissé en arrière, comme dans un autre monde, tout ce qui appartenait à une existence naturelle dans la chair ici-bas. [5:14] La vérité que Christ était mort pour tous, démontrait que tous étaient morts, [5:15] et qu’il était mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité (v. 14, 15). Ils sont en relation avec ce nouvel ordre de choses dans lequel Christ existe en tant que ressuscité. [5:14] La mort est prononcée sur tout le reste ; tout est renfermé sous la mort. [5:17] Si je vis, je vis dans un nouvel ordre de choses, dans une nouvelle création, dont Christ est le type et le chef. [5:15] Christ, pour autant qu’en relation avec le monde d’ici-bas, est mort. [5:16] On avait pu le connaître comme le Messie vivant sur la terre, et en rapport avec des promesses faites à des hommes vivant dans la chair sur la terre ; l’apôtre ne le connaissait plus ainsi. [5:17] En effet, Christ, en tant que portant ce caractère de Messie, était mort ; et maintenant, étant ressuscité, il a pris un caractère nouveau et céleste.
La nouvelle création, réconciliation de toutes choses avec Dieu
[5:17] Par conséquent, si quelqu’un est en Christ, il appartient à cette nouvelle création : il est de la nouvelle création. Il n’appartient plus du tout à l’ancienne ; les choses vieilles sont passées, toutes choses sont faites nouvelles (v. 16, 17). Le système auquel il appartient, n’est pas le fruit de la nature humaine et du péché, comme tout ce qui nous entoure ici-bas selon la chair. [5:18] Déjà envisagé comme un système existant moralement devant Dieu, dans cette nouvelle création, toutes choses sont de Dieu. Tout ce qui s’y trouve est de Dieu, de Celui qui nous a réconciliés avec Lui-même par Jésus Christ. Nous vivons dans un ordre de choses, dans un monde, dans une nouvelle création, entièrement de Dieu. Nous y sommes en paix, parce que Dieu, qui en est le centre et la source, nous a réconciliés avec Lui-même. [5:17] Nous en jouissons, parce que nous sommes de nouvelles créatures en Christ, [5:18] et que tout, dans ce monde nouveau, est de Lui et correspond avec cette nouvelle nature. [5:19] Aussi Dieu avait-il confié à l’apôtre un ministère de réconciliation selon l’ordre de choses dans lequel Paul avait été introduit lui-même. [5:20] Étant réconcilié, et le sachant par la révélation de Dieu qui l’avait accomplie pour lui, Paul annonçait une réconciliation de l’effet de laquelle il jouissait.
Dieu s’est approché de nous en Christ, et nous a réconciliés en le faisant péché pour nous
[5:19] Tout cela découlait d’une immense et toute puissante vérité, savoir que Dieu était en Christ. [5:20] Mais alors, pour que d’autres eussent une part avec Lui, et que l’apôtre fût le ministre de la réconciliation, [5:21] il fallait aussi que Christ fût fait péché pour nous ; et de ces deux vérités, [5:19] l’une présente le caractère sous lequel Dieu s’approche de nous ; [5:21] l’autre, l’efficacité de ce qui a été opéré pour le croyant.
Le message de la réconciliation, basé sur le sacrifice de Christ, qui nous justifie
[5:19] La première vérité présentée ici, en rapport avec le ministère de l’apôtre, qui fait le sujet de ces chapitres, c’est que Dieu était en Christ, lorsque Christ était ici-bas. Ce n’avait pas été pour le jugement. Dieu était descendu en amour vers le monde éloigné de Lui. Tel avait été Christ ; Dieu était en Lui. Trois choses se rattachaient à cette grande et essentielle vérité et la caractérisaient. Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes, et mettant dans l’apôtre la parole de la réconciliation. [5:20] Comme résultat de cette troisième conséquence de l’incarnation, l’apôtre prend le caractère d’ambassadeur pour Christ ; comme si Dieu exhortait par son moyen, Paul suppliait les hommes, au nom de Christ, d’être réconciliés avec Dieu. Mais cette ambassade de l’apôtre supposait l’absence de Christ ; son ambassadeur agissait à sa place. [5:21] Le message était de fait fondé sur une autre vérité d’une importance incommensurable, savoir, que Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui (v. 21). C’était là le vrai moyen de nous réconcilier pleinement et entièrement avec Dieu, selon la perfection de Dieu pleinement révélée. En effet Dieu nous avait aimés là où nous étions, donnant son Fils, qui était sans tache et dans lequel il n’y avait aucun mouvement ou principe de péché ; et l’a fait (car le Fils s’est offert pour accomplir la volonté de Dieu) péché pour nous, afin que nous devinssions en Lui — qui, dans cette condition, l’avait parfaitement glorifié — l’expression de la justice divine devant les principautés célestes, dans toute l’éternité ; pour faire de nous ses délices pour ce qui regarde la justice, « afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui ». L’homme n’a pas de justice pour Dieu ; Dieu a fait les saints, en Jésus, sa justice. C’est en nous que cette justice divine est vue pleinement établie, naturellement en Christ d’abord, en le plaçant à sa droite, et en nous comme étant en Lui. Merveilleuse vérité qui, dans son résultat en nous, produit les actions de grâces et les louanges quand nous regardons à Jésus, vérité devant laquelle le coeur se tait et s’incline en adorant, rempli d’étonnement à la vue de ces merveilles de grâce1.
1 On doit remarquer que, dans le verset 20, il faut omettre les «Vous» ce verset nous expose la manière dont l’apôtre accomplissait son ministère envers le monde.
Chapitre 6
Ch. 6 v. 1-10 — Le ministère de Dieu dans les circonstances extérieures
[5:20] Paul avait dit que Dieu exhortait par son moyen. [6:1] Dans ce chapitre nous voyons l’affection de l’apôtre poursuivre par l’Esprit cette oeuvre divine en suppliant les Corinthiens que ce ne fût pas en vain que, dans leur cas, cette grâce leur eût été apportée ; [6:2] car « c’était maintenant le temps agréable, le jour du salut »1. L’apôtre avait parlé des grands principes et de l’origine de son ministère. [6:4] Il rappelle maintenant aux Corinthiens la manière dont il l’avait exercé dans les circonstances variées par lesquelles il avait été conduit. Le point capital de son service, c’est qu’il était ministre de Dieu, qu’il représentait Dieu dans son service. Ce fait rendait nécessaires deux choses, [6:3] d’abord que Paul fût en toutes choses sans reproche ; [6:4] ensuite, qu’il maintînt ce caractère de ministre de Dieu et l’exercice de son service à travers toute l’opposition et dans toutes les circonstances par lesquelles l’inimitié du coeur de l’homme et les ruses mêmes de Satan pouvaient le faire passer. [6:3] En tout et partout, l’apôtre écartait par sa conduite toute occasion réelle de lui adresser un reproche — afin que personne n’eût lieu de blâmer le ministère. Son ministère se légitimait en tout comme celui d’un ministre de Dieu ; il représentait dignement Celui au nom duquel il s’adressait aux hommes ; et il faisait cela, au milieu de la persécution et de la contradiction des pécheurs, avec une patience qui montrait une énergie intérieure, un sentiment d’obligation vis-à-vis de Dieu et une dépendance de Lui, que la réalisation de la présence de Dieu et de notre devoir envers Lui, peuvent seuls maintenir. La conscience de sa position se conservait chez l’apôtre à travers toutes les circonstances dont il parle, et les dominait. [6:6] Aussi se montrait-il ministre de Dieu dans tout ce qui pouvait le mettre à l’épreuve, en pureté, en bonté et en amour, [6:7] comme vase de puissance — [6:8] honni ou applaudi — [6:9] ignoré du monde, ou connu et occupant une grande place aux yeux des hommes — extérieurement foulé aux pieds des hommes et châtié — [6:10] intérieurement victorieux, joyeux, enrichissant les autres, et en possession de tout ! Ici se termine la description que nous donne l’apôtre, des sources et du caractère d’un ministère qui triomphait des circonstances, et où se déployait la puissance de Dieu dans un vase de faiblesse dont le meilleur partage était la mort.
1 Ce passage est une citation d’És. 49:8, qui parle de la bénédiction qui devait être apportée aux gentils lorsque Christ serait rejeté par les Juifs, mais par l’oeuvre de Christ et par la résurrection.
Ch. 6 v. 11-13 — La manifestation des affections entre Paul et les Corinthiens
[6:11] Le rétablissement des Corinthiens dans un état moral qui convenait à l’Évangile, se rencontrant avec les circonstances par lesquelles l’apôtre venait de passer, avait permis à celui-ci d’ouvrir son coeur aux Corinthiens. Préoccupé jusqu’ici de son sujet, du Christ glorieux qui, ayant accompli la rédemption, l’envoyait comme messager de la grâce à laquelle cette rédemption avait donné libre cours, et ayant parlé, avec le coeur au large, de tout ce qui était compris dans son ministère, Paul revient maintenant avec affection à ses bien-aimés Corinthiens en leur montrant que c’était avec eux qu’il avait toute cette ouverture et cet élargissement de coeur. « Notre bouche est ouverte pour vous, ô Corinthiens ! », dit-il, « notre coeur s’est élargi : [6:12] vous n’êtes pas à l’étroit en nous », mais vous l’êtes dans vos propres affections (v. 11, 12). [6:13] En récompense des affections qui débordaient de son coeur envers eux, l’apôtre ne demande que l’élargissement de leurs propres coeurs.
Ch. 6 v. 14-18 — La séparation d’avec le monde, et la relation avec Dieu
Paul détache complètement les croyants de tout ce qui a le caractère du monde
[6:13] Il leur parlait comme à ses enfants ; [6:14] mais il se sert de cette tendre relation de père, pour exhorter les Corinthiens à se maintenir dans la position où Dieu les avait placés. « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ». [6:11] Ayant prise sur leurs affections, et se réjouissant profondément devant Dieu dans la grâce qui les avait ramenés à de justes sentiments, [5:13] son coeur, comme hors de lui, est libre de se livrer à la joie qui lui appartenait en Christ glorifié ; mais de sens rassis après tout, quand il s’agissait de ses chers enfants dans la foi1, [6:14] il cherche à les détacher de tout ce qui reconnaissait la chair ou qui impliquait qu’une relation qui la reconnaissait était possible pour un chrétien ; — il cherche à les détacher de tout ce qui reniait la position d’un homme qui a sa vie et ses intérêts dans la nouvelle création dont Christ est le chef dans la gloire. Un ange peut servir Dieu dans ce monde, peu lui importe de quelle manière, pourvu que ce soit selon Dieu ; mais s’associer aux intérêts du monde comme en en faisant partie, s’allier à ceux qui sont gouvernés par les motifs qui influencent les hommes de ce monde, et ainsi par une conduite commune montrer les chrétiens et le monde agissant ensemble d’après les principes qui forment le caractère du monde — ce serait pour des êtres célestes perdre leur position et leur caractère. Le chrétien qui a en partage la gloire de Christ, le chrétien qui a son monde, sa vie, ses vraies associations là où Christ est entré, ne doit pas non plus, et ne peut pas comme chrétien, se mettre sous le même joug avec ceux qui ne peuvent avoir que des motifs mondains ; il ne peut pas traîner le char de la vie dans une marche commune.
1 [5:13] Quelle position bénie que celle d’un homme qui, lorsqu’il est ravi hors de lui-même et hors d’un état de calme réflexion, est entièrement absorbé en Dieu ou tourné vers Lui, et qui, lorsqu’il est de sens rassis, est occupé avec amour à chercher le bien de ses frères, les membres de Christ ! D’un homme qui, ou bien est ravi dans la contemplation de Dieu et en communion avec Lui, ou bien qui est rempli de Dieu, de telle sorte qu’il pense seulement aux autres en amour.
Les chrétiens, temple de Dieu, doivent être séparés du monde pour lui
[6:15] Quelle communion y a-t-il entre Christ et Bélial, [6:14] entre la lumière et les ténèbres, [6:15] entre la foi et l’incrédulité ; [6:16] quel accord entre un temple de Dieu et des idoles ? Les chrétiens sont le temple du Dieu vivant qui demeure et marche au milieu d’eux. Il est un Dieu pour eux, ils sont un peuple pour Lui. [6:17] Par conséquent ils doivent se retirer de toute association avec les mondains et se séparer d’eux. [6:16] Comme chrétiens, ils doivent se tenir à part, car ils sont le temple de Dieu. Dieu habite au milieu d’eux et y marche, et il est leur Dieu. [6:17] Ils ont donc à sortir du monde et à être séparés, et Dieu les reconnaîtra, [6:18] et sera avec eux dans la relation d’un Père avec ses fils et ses filles qui Lui sont chers.
Dieu nous place dans la relation de fils et de filles, étant séparés du monde
[6:18] C’est ici, remarquez-le, la relation spéciale dans laquelle Dieu se place avec nous. Les deux relations précédentes avec les hommes sous lesquelles Dieu se révèle sont nommées ici, et il entre dans une troisième. À Abraham, Dieu s’est révélé comme le Tout-Puissant ; à Israël, comme Jéhovah ou Seigneur ; ici, le Seigneur Tout-Puissant déclare qu’il sera pour « Père » aux siens, à ses fils et à ses filles. [6:17] Nous sortons du milieu des mondains, car c’est précisément cela : non pas qu’on sorte du monde physiquement, mais on sort du milieu des mondains pendant qu’on est dans ce monde, [6:18] pour entrer dans la relation de fils et de filles avec le Dieu tout-puissant. [6:17] On ne réalise pas en pratique cette relation sans sortir ainsi du milieu du monde. Dieu ne veut pas que des mondains soient en relation avec Lui comme ses fils et ses filles : ils ne sont pas entrés dans cette position vis-à-vis de Lui. Dieu ne veut pas reconnaître comme étant dans cette position, ceux qui restent identifiés avec le monde : car le monde a rejeté son Fils, et l’amitié du monde est inimitié contre Dieu ; et celui qui est l’ami du monde est ennemi de Dieu [(Jac. 4:4)]. Rester mondain, ce n’est pas être son enfant dans le sens pratique. Dieu dit donc : « Sortez du milieu d’eux et soyez séparés, et… vous me serez pour fils et pour filles ». Remarquez qu’il ne s’agit pas de sortir du monde (c’est pendant que nous sommes dans le monde que nous entrons en relation avec Dieu), mais de sortir du milieu des mondains [6:18] pour entrer dans la relation de fils et de filles, afin d’être pour Dieu des fils et des filles, afin d’être reconnus de Lui dans cette relation1.
1 On remarquera que le passage nous présente deux choses : 1° [6:16] Dieu est présent dans l’assemblée de ceux qui sont séparés d’avec le monde, et il marche au milieu d’eux comme il l’a fait avec Israël dans le désert, après la sortie d’Egypte ; 2° [6:18] les individus qui composent l’assemblée entrent dans la relation de fils et de filles.
Chapitre 7
Ch. 7 v. 1 — La sainteté et la pureté conviennent aux enfants de Dieu
[6:18] Mais ce n’est pas seulement ce dont on est séparé pour être dans la position de fils et de filles, qui engage l’attention de l’apôtre, mais les conséquences légitimes de pareilles promesses. [7:1] Étant fils et filles du Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, la sainteté nous est convenable. [6:17] Ce n’est pas seulement que nous ayons à nous séparer du monde, [7:1] mais, étant en relation avec Dieu, nous devons nous purifier de toute souillure de chair et d’esprit : la sainteté dans la marche extérieure, et, ce qui est tout aussi important, quant à nos relations avec Dieu, la pureté dans les pensées ; car quoique les hommes ne voient pas ces pensées, le courant de l’Esprit est arrêté dans le coeur, il n’y a pas élargissement du coeur dans la communion de Dieu. C’est beaucoup si la présence de Dieu est sentie, si sa relation avec nous est réalisée : la grâce est connue, mais Dieu ne l’est guère comme il se fait connaître graduellement dans sa communion.
Ch. 7 v. 2-7 — L’expression des affections ardentes du coeur du ministre
L’apôtre revient maintenant à ses relations avec les Corinthiens, relations formées par la parole de son ministère. Ayant développé ce qu’était réellement ce ministère, il cherche à empêcher que les liens qui avaient été formés par ce ministère entre les Corinthiens et lui-même, par la puissance du Saint Esprit, ne soient rompus.
[7:2] « Recevez-nous ; nous n’avons fait tort à personne », dit-il (v. 2). Il tient à ne pas froisser les sentiments de ceux qui sont restaurés, qui se retrouvent dans leurs anciennes affections à son égard, et ainsi dans leur vraie relation avec Dieu. [7:3] « Je ne dis pas ceci pour vous condamner », ajoute-t-il ; j’ai déjà dit que vous êtes dans mon coeur pour mourir et pour vivre ensemble. [7:4] « Ma franchise est grande envers vous ; je me glorifie grandement de vous ; je suis rempli de consolation ; ma joie surabonde au milieu de toute notre affliction ». L’apôtre ne développe pas maintenant les principes du ministère, mais il montre le coeur d’un ministre, tout ce qu’il avait senti à l’égard de l’état des Corinthiens. [2:13] On se rappelle qu’après avoir quitté Troas, parce qu’il n’y avait pas trouvé Tite qui devait lui apporter la réponse à sa première lettre aux Corinthiens, il s’était rendu en Macédoine, sans passer par Corinthe. [7:5] Mais là non plus sa chair n’a pas eu de repos : il y a été affligé de toute manière ; au dehors, des combats, au dedans, des craintes. [7:6] Cependant Dieu qui console ceux qui sont abattus, l’a consolé par l’arrivée de Tite qu’il avait attendu avec tant d’anxiété ; [7:7] et non seulement par l’arrivée de Tite, mais par les bonnes nouvelles que celui-ci a apportées de Corinthe. La joie de l’apôtre a dissipé toute son affliction, [7:3] car son coeur était à vivre et à mourir avec eux. [7:7] Il a vu les fruits moraux de l’opération de l’Esprit dans les fidèles de Corinthe, leur désir, leurs larmes, leur affection envers lui ; [7:8] et son coeur revient à eux pour panser, par l’expression de son amour, toutes les blessures que sa première lettre avait pu faire dans leurs coeurs, quelque nécessaires qu’elles fussent.
Ch. 7 v. 8-10 — La sollicitude de Paul pour les Corinthiens
La repentance, fruit de la tristesse causée par la première lettre, sujet de l’anxiété de Paul
[7:8] Rien de plus touchant que le conflit qu’il y a eu dans le coeur de Paul entre la nécessité qu’il avait sentie, à cause de leur état précédent, d’écrire sévèrement aux Corinthiens, et en quelque sorte avec une froide autorité, et les affections qui, maintenant que l’effet avait été produit, lui dictaient presque une apologie pour la peine qu’il avait pu leur causer. « Si, dit-il, je vous ai attristés par ma lettre, je n’en ai pas de regret », lors même qu’il en eût eu et en avait eu en effet un moment, car il voyait que la lettre les avait attristés, ne fût-ce que pour un temps ; [7:9] mais maintenant il se réjouissait non pas de ce qu’ils avaient été attristés, mais de ce qu’ils l’avaient été à repentance. Quelle sollicitude ! Quel coeur pour le bien des saints ! Si les Corinthiens avaient du zèle à son égard, certes il leur en avait donné l’occasion et le motif. [7:5] Il n’a point de repos jusqu’à ce qu’il ait de leurs nouvelles ; [2:12-13] rien n’arrête son anxiété, ni portes ouvertes pour annoncer la parole, ni détresse. [7:8] Il a peut-être du regret d’avoir écrit la lettre, craignant de s’être aliéné le coeur des Corinthiens, [7:9] et maintenant encore peiné à la pensée de les avoir attristés, il se réjouit, non de ce qu’il leur a causé de la peine, [7:10] mais de ce que leur tristesse selon Dieu a opéré en eux la repentance.
La lettre écrite par l’Esprit amène de la crainte dans le coeur de Paul
[7:8] Il leur écrit une lettre selon l’énergie du Saint Esprit. Laissé aux affections de son coeur, nous le voyons, à cet égard, au-dessous du niveau de l’énergie de l’inspiration qui avait dicté la lettre que l’homme spirituel devait reconnaître comme les commandements du Seigneur ; son coeur tremble à la pensée des conséquences, quand il n’a pas de nouvelles.
La différence entre l’expérience de Paul individu, et l’auteur inspiré
Il est très intéressant de voir la différence qu’il y a entre l’individualité de l’apôtre et l’inspiration. [1 Cor. 7:12, 25, 40] Dans la première épître aux Corinthiens, nous avons remarqué la distinction que fait Paul entre ce qu’il dit comme résultat de son expérience, [1 Cor. 7:10] et les commandements du Seigneur communiqués par son moyen. [7:8] Ici, nous trouvons la différence dans l’expérience elle-même. Paul oublie pour un moment le caractère de son épître, et tout à ses affections, il craint d’avoir détruit le lien qui l’unissait aux Corinthiens, par l’effort qu’il a fait pour les ramener de leur égarement. La forme de l’expression même dont l’apôtre se sert, montre que ce n’est que pour un moment que ce sentiment s’est emparé de son coeur ; mais le fait qu’il l’a eu, fait voir clairement la différence qu’il y a entre Paul l’individu et Paul l’écrivain inspiré.
L’expression des affections profondes fait partie du ministère
[7:9] Maintenant l’apôtre est satisfait. L’expression de cet intérêt profond qu’il porte aux Corinthiens est une partie de son ministère, un enseignement précieux pour nous montrer de quelle manière le coeur entre dans l’exercice de ce ministère ; on y voit combien la souplesse de cette puissante énergie de l’amour est grande pour gagner et fléchir les coeurs par l’expression opportune de ce qui se passe dans le nôtre. Cette expression ne manquera certainement pas lorsque l’occasion la rendra juste et naturelle, si le coeur est pénétré d’affection ; car une profonde affection aime à se faire connaître de celui qui en est l’objet, si cela se peut selon la vérité de cette affection. [7:10] Il y a une douleur qui ronge le coeur ; mais un coeur attristé selon Dieu est dans le chemin de la repentance1.
1 La grandeur de coeur ne parle pas volontiers de sentiments, parce qu’elle pense aux autres, non à elle-même. Mais elle ne craint pas de le faire quand l’occasion se présente, parce qu’elle pense aux autres et qu’il y a dans ses affections une profondeur de dessein qui les fait agir. Le christianisme donne la grandeur de coeur. En outre, de sa nature, elle est confiante, et c’est ce qui gagne, et donne sans le savoir l’influence que cette grandeur de coeur ne cherche pas, car elle n’est pas égoïste. L’apôtre maintenait pour leur bien sa véritable relation avec les Corinthiens.
Ch. 7 v. 11-16 — La purification du mal, produit du travail de Paul et source d’affections nouvelles
[7:11] Paul expose donc les fruits de cette douleur selon Dieu ; il montre quel zèle contre le péché elle avait produit, et comme les coeurs repoussaient saintement toute association avec le péché. L’apôtre, maintenant qu’ils s’étaient séparés moralement, sépare aussi ceux qui n’étaient pas coupables d’avec ceux qui l’étaient : il ne veut plus confondre les uns avec les autres. Ils s’étaient confondus moralement en cheminant à leur aise avec ceux qui étaient dans le péché : en ôtant le péché, ils étaient en dehors du mal, [7:12] et l’apôtre montre que c’était précisément en vue de leur bien et parce qu’il s’occupait d’eux avec dévouement, qu’il avait écrit sa première lettre afin de témoigner de sa préoccupation pleine d’amour pour eux, et de mettre à l’épreuve leur amour pour lui devant Dieu. [7:14] Quelque triste qu’eût été la marche des Corinthiens, Paul avait assuré à Tite, en l’encourageant à aller à Corinthe, que certainement il trouverait des coeurs qui répondraient à cet appel d’affection apostolique. Il n’avait pas été désappointé, et comme il avait annoncé la vérité au milieu d’eux, ce qu’il avait dit d’eux à Tite, s’était trouvé vrai aussi, [7:15] et les affections de Tite lui-même avaient été puissamment réveillées lorsqu’il avait vu ces fruits de la grâce dans les Corinthiens.
Chapitres 8 et 9
La collecte pour les saints de Judée
[8:7] Dans le chap. 8, l’apôtre, en route pour la Judée, engage les Corinthiens à préparer des secours pour les pauvres d’Israël, [8:6] leur envoyant Tite afin que tout fût prêt comme fruit de bonne volonté. [9:2] Dans son voyage, il avait parlé de cette disposition comme existant chez les chrétiens de Corinthe, de sorte que d’autres avaient été excités à donner, [8:11] et maintenant, tout en comptant sur le bon vouloir des Corinthiens, [8:10] et sachant qu’ils avaient commencé une année auparavant, [9:3] il ne voulait courir aucun risque de voir, démenti par les faits, ce qu’il avait dit d’eux. [8:13] Ce n’est pas qu’il voulût que les Corinthiens fussent surchargés afin que ceux de Judée fussent à leur aise, mais il voulait que les riches vinssent au devant des besoins des frères pauvres, afin que personne ne fût dans le besoin. [9:7] Si la volonté est là, chacun sera accepté de Dieu selon ce qu’il a pu faire. Dieu aime qu’on donne joyeusement, [9:6] mais chacun moissonnera selon ce qu’il a semé. [8:17] Ensuite l’apôtre dit que Tite, heureux du résultat de sa première visite et attaché aux Corinthiens, était tout disposé à aller auprès d’eux pour recueillir cet autre fruit pour leur propre bénédiction. [8:18] Avec lui étaient allés les messagers des autres assemblées, chargés de la collecte faite parmi elles dans le même but, savoir un frère connu de toutes les assemblées, [8:22] et un autre frère d’une diligence éprouvée et qui était encouragé par la confiance qu’il avait dans les Corinthiens. [8:19] L’apôtre ne voulait pas se charger de l’argent collecté, sans avoir des compagnons qui en fussent chargés avec lui, [8:20] évitant ainsi toute possibilité de reproches dans des affaires de ce genre, [8:21] et prenant soin que tout fût honnête devant les hommes aussi bien que devant Dieu. [8:8] Au reste, il ne disait pas tout cela comme un commandement, mais à cause du zèle d’autres assemblées, et pour démontrer la sincérité de l’amour des Corinthiens.
Dieu seul connaît la portée de toute circonstance
On se souviendra que c’est cette collecte qui a été l’occasion de tout ce qui est arrivé à Paul à Jérusalem, de ce qui a mis fin à son ministère, et l’a arrêté dans son chemin vers l’Espagne et peut-être d’autres endroits ; et que, d’un autre côté, c’est ce qui a fourni l’occasion d’écrire les épîtres aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, à Philémon, peut-être encore celle aux Hébreux. Combien peu nous savons la portée des circonstances dans lesquelles nous nous engageons ! Heureux sommes-nous d’être conduits par Celui qui connaît la fin depuis le commencement, et qui fait travailler toutes choses pour le bien de ceux qui l’aiment [(Rom. 8:28)].
Ch. 9 v. 8-15 — La manifestation de la grâce divine entre les saints
[9:8] En terminant ces exhortations à donner selon leur pouvoir, l’apôtre recommande les Corinthiens à la riche bonté de Dieu qui pouvait les faire abonder en toutes choses, [9:10] en sorte qu’ils fussent à même de multiplier leurs bonnes oeuvres, [9:11] étant enrichis pour toute libéralité, de manière à produire en d’autres, par le moyen des services de l’apôtre sous ce rapport, des actions de grâce envers Dieu. [9:12] Car, ajoute-t-il, l’heureux effet de votre charité pratique, exercée au nom de Christ, non seulement supplée aux besoins des saints, par mon administration de la collecte faite à Corinthe, mais abonde aussi en actions de grâces envers Dieu : [9:13] car ceux qui jouissaient de cette offrande, bénissaient Dieu de ce que leurs bienfaiteurs avaient été amenés à confesser le nom de Christ et à agir avec cette libéralité pratique envers eux et envers tous. [9:14] Cette pensée les stimulait à prier avec un ardent désir pour ceux qui pourvoyaient à leurs besoins, à cause de la grâce de Dieu manifestée en eux. Ainsi les liens de l’éternelle charité étaient fortifiés des deux côtés, et la gloire en revenait à Dieu. [9:15] Grâces soient rendues à Dieu, dit l’apôtre, pour son don ineffable ! Car quels que soient les fruits de la grâce, c’est dans ce que Dieu a donné que nous avons la preuve et la puissance de cette grâce. Ici se termine le sujet proprement dit de l’épître.
Chapitre 10
Ch. 10 v. 1-10 — L’action de l'autorité apostolique sur les chrétiens de l’assemblée
Le principe d’action de Paul : amener par grâce à l’obéissance, puis sévir contre les opposants
L’apôtre revient à ce qui le préoccupait, c’est-à-dire à ses rapports avec les Corinthiens et à la vérité de son apostolat, mise en question par ceux qui les séduisaient et jetaient du mépris sur sa personne. [10:10] Il était faible, disaient-ils, quand il était présent, et sa parole était méprisable, [10:1] quoique hardi quand il était absent ; [10:10] ses lettres étaient graves et fortes, mais son apparence personnelle chétive ! [10:1] « Je vous exhorte par la douceur et la débonnaireté du Christ », dit l’apôtre, en montrant ainsi le vrai caractère de sa propre douceur et de son humilité lorsqu’il était au milieu des Corinthiens, [10:2] je vous supplie de ne pas me forcer d’user de hardiesse au milieu de vous, comme j’entends le faire à l’égard de quelques-uns qui pensent que je marche selon la chair (v. 1-3). [10:4] La guerre qu’il faisait au mal trouvait sa force dans les armes spirituelles [10:5] avec lesquelles il abattait tout ce qui s’élevait contre la connaissance de Dieu. Voici le principe d’après lequel il agissait : il cherchait à amener à l’obéissance tous ceux qui écoutaient Dieu ; [10:6] ensuite il sévirait avec sévérité contre toute désobéissance, une fois que l’obéissance aurait été pleinement établie, et que ceux qui voudraient écouter, seraient ramenés à l’ordre. Précieux principe ! [10:5] La puissance et la direction de l’Esprit agissent en plein et avec toute patience, pour ramener à l’ordre et à une marche digne de Dieu, allant jusqu’au bout dans les remontrances de la grâce, jusqu’à ce que tous ceux qui voulaient les écouter et obéir volontairement à Dieu, fussent ramenés ; [10:6] et ensuite pour faire valoir l’autorité divine en jugement et en discipline, avec le poids qu’ajoutaient à l’action apostolique la conscience et l’action commune de tous ceux qui avaient été ramenés à l’obéissance.
L’autorité apostolique, liée à la conscience de l’assemblée par l’Esprit
[10:8] Remarquez que l’apôtre s’appuie sur son autorité personnelle comme apôtre, mais qu’il s’en sert en usant de patience (car il la possédait pour l’édification et non pour la destruction [(13:10)]), [10:5] afin d’amener à l’obéissance et à la droiture tous ceux qui voudraient écouter ; [10:7] et gardant ainsi l’unité chrétienne dans sa sainteté, il revêt l’autorité apostolique de la puissance de la conscience universelle de l’assemblée conduite par l’Esprit pour autant qu’il y avait une conscience à l’oeuvre.
Ch. 10 v. 11-18 — L’oeuvre de Paul pour annoncer l’évangile à ceux qui l’ignoraient
[10:11] Ensuite, il déclare que tel qu’il est dans ses lettres, tel il sera trouvé lorsqu’il sera présent, [10:15] et il met en contraste avec sa propre conduite celle de ceux qui tiraient avantage de ses travaux en séduisant, pour le soulever contre lui, un peuple déjà devenu chrétien. [10:16] Il allait, lui, là où Christ n’était pas encore connu, pour amener les âmes à la connaissance d’un Sauveur qu’elles ignoraient ; [10:15] aussi espérait-il que lorsqu’il visiterait les Corinthiens, son ministère s’agrandirait au milieu d’eux par l’accroissement de leur foi, [10:16] afin qu’il allât plus loin évangéliser des lieux qui gisaient encore dans les ténèbres. [10:17] « Au reste, dit-il, que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur ! »
Chapitre11
Ch. 11 v. 1-23 — Paul parle de lui-même et de son ministère, comme insensé
Dans ce chapitre, l’apôtre jaloux d’une sainte jalousie à l’égard de ses chers Corinthiens, pousse plus loin ses raisonnements par rapport aux faux docteurs. [11:1] Il demande aux fidèles qui sont à Corinthe de le supporter un peu pendant qu’il agit en insensé en parlant de lui-même. [11:2] Il les avait fiancés au Christ comme une vierge chaste, [11:3] et il craignait qu’on ne corrompît leurs esprits en les détournant de la simplicité quant au Christ. [11:4] Si les Corinthiens avaient reçu des docteurs nouvellement venus parmi eux, un autre Jésus, ou un autre Esprit, ou un autre Évangile, ils auraient bien pu supporter ce que ces docteurs faisaient. [11:5] Mais, certes, l’apôtre n’avait été en rien inférieur à d’autres dans ses enseignements, si même on le comparait aux plus excellents des apôtres. [11:7] Avait-il fait tort aux Corinthiens en ne recevant rien de leurs mains (ainsi que les nouveaux docteurs se vantaient de faire) [11:8-9] et en prenant l’argent d’autres assemblées, sans jamais leur être à charge à eux ? [11:10] Personne ne le priverait de ce sujet de gloire dans les contrées de l’Achaïe. [11:11] Est-ce qu’il avait refusé de rien recevoir de leurs mains, parce qu’il ne les aimait pas ? Dieu le savait ! [11:12] Non ; Paul avait agi ainsi, afin de priver les faux docteurs d’un moyen de se faire valoir auprès des Corinthiens en prétendant travailler gratuitement parmi eux, tandis que l’apôtre aurait pris de l’argent. Il voulait ôter à ces docteurs la possibilité d’élever cette prétention, [11:13] car ils étaient de faux apôtres. [11:14] Comme Satan se transforme en ange de lumière, [11:15] ainsi ses instruments se font ministres de justice. [11:16] Paul demande encore qu’on le supporte quand il parle en insensé : [11:22] si ces ministres de Satan cherchaient à s’accréditer comme étant des Juifs, appartenant à l’ancienne religion de Dieu, consacrée par son antiquité et ses traditions, il pouvait en faire autant, lui, Hébreu né d’Hébreux, possédant tous les titres à la gloire dont ceux-là se vantaient. [11:23] Et s’il s’agissait de service chrétien — pour parler en insensé, dit l’apôtre (v. 23) — certainement la comparaison ne manquait pas de montrer où avait été le dévouement.
Ch. 11 v. 23-28 — Le dévouement chrétien manifesté dans les circonstances de Paul
Les travaux de Paul en contraste avec les prétentions des hommes
[11:23] Ici, en effet, Dieu a permis que cet envahissement dans l’oeuvre de l’apôtre par ces misérables hommes judaïsants — qui se disaient chrétiens — nous ait fait connaître quelque chose des infatigables travaux de l’apôtre, poursuivis au milieu de tant de circonstances dont nous n’avons pas le récit. Dans les Actes, Dieu nous a donné l’histoire de l’établissement de l’Assemblée avec les grands principes sur lesquels elle a été fondée, ainsi que les phases par lesquelles elle a passé en sortant du judaïsme. L’apôtre aura sa propre récompense dans le royaume de gloire, non en parlant de ses travaux au milieu des hommes ; toutefois il est profitable pour notre foi d’avoir quelque connaissance du dévouement chrétien tel qu’il a été manifesté dans la vie de l’apôtre. La folie des Corinthiens a été le moyen de nous en donner un petit aperçu.
La vie de dévouement de Paul
[11:26-27] Des peines et des dangers au dehors, des anxiétés incessantes au dedans, un courage qui ne s’arrêtait devant aucun danger, [11:28] un amour envers les pauvres pécheurs et envers l’Assemblée que rien ne refroidissait — ces quelques lignes nous tracent le tableau d’une vie et d’un dévouement si absolu, qu’il touche le coeur le plus froid ; il nous fait sentir tout notre égoïsme et nous fait fléchir les genoux devant Celui qui était la source vivante du dévouement du bienheureux apôtre, devant Celui dont la gloire inspire ce dévouement.
Ch. 11 v. 29-33 — En toutes circonstances, Paul ne se glorifie que dans ses infirmités
[11:30] Toutefois, forcé de parler de lui-même, l’apôtre ne veut se glorifier que dans ses infirmités ; mais il est comme en dehors de son oeuvre naturelle. Sa vie passée se déroule devant ses yeux ; les Corinthiens l’ont forcé de penser aux choses qu’il avait laissées derrière lui. Après avoir terminé son récit et déclaré qu’il se glorifierait seulement dans ses infirmités, [11:32] une circonstance qu’il avait oubliée lui revient à la mémoire. Rien de plus naturel, de plus simple que toutes ces communications.
Chapitre 12
Ch. 12 v. 1-6 — La gloire de Paul dans ce qu’il a reçu spécialement dans le ciel
[12:1] Faut-il qu’il se glorifie ?… — Il n’y trouve aucun profit. Il en viendrait à parler de ce dont un homme — comme dans la chair — ne pouvait se glorifier. C’était l’effet de la puissance souveraine de Dieu, dans laquelle l’homme n’entrait pour rien. [12:2] C’était d’un homme en Christ qu’il parlait. Un tel homme avait été ravi au troisième ciel, [12:4] dans le paradis ; [12:2] était-ce dans le corps, ou hors du corps, Paul ne le savait pas. Le corps n’avait aucune part à ce qu’il avait réalisé. [12:5] D’être un tel homme, Paul pouvait se glorifier. Ce qui l’élevait sur la terre, il le laissait de côté ; ce qui le faisait monter dans le ciel, ce qui lui donnait une part dans le ciel, ce qu’il était « en Christ », était sa gloire, la joie de son coeur, la portion dont il se glorifiait volontiers. Heureux serviteur, dont la portion en Christ était telle qu’en y pensant, il était content d’oublier tout ce qui pouvait l’exalter comme homme, comme il dit ailleurs à l’égard de son espérance, « afin que je gagne Christ » [(Phil. 3:8)]. [12:4] L’homme, le corps, n’entraient pour rien dans une puissance qu’on ne pouvait goûter à moins d’être ravi dans le ciel ; [12:5] mais c’était « d’un tel » que Paul voulait se glorifier : [12:4] là, où Dieu et sa gloire sont tout, [12:3] séparé de son corps quant à la conscience de son existence dans ce corps, [12:4] il a entendu des choses dans lesquelles les hommes dans le corps n’étaient pas capables d’entrer, et qu’il ne convenait pas à un homme mortel d’énoncer, des choses que le mode d’existence d’un homme dans le corps ne comportait pas. Ces choses avaient produit l’impression la plus profonde sur l’apôtre ; elles le fortifiaient pour le ministère, mais ne pouvaient pas être introduites dans la manière de comprendre et de communiquer qui tient à la condition de l’homme ici-bas.
Ch. 12 v. 7 — L’orgueil incorrigible de la chair doit être anéanti
La chair doit être bridée pour ne pas s’enorgueillir d’avoir été dans la présence de Dieu
Mais bien des leçons pratiques se rattachent à cette grâce merveilleuse qui a été faite à l’apôtre. Je dis une grâce merveilleuse, car en effet, on sent quel a dû être le ministère de celui qui tirait d’une telle position sa force et sa manière de voir et de juger. Quelle mission extraordinaire que celle de cet apôtre ! [4:7] Mais il avait le trésor dans un vase d’argile. [12:7] Rien ne corrige la chair. Une fois revenu à la conscience de son existence humaine sur la terre, la chair de l’apôtre aurait voulu tirer avantage de la faveur dont il avait joui, pour l’élever à ses propres yeux, pour dire : « Personne que toi, Paul, n’a été au troisième ciel ». Être près de Dieu dans la gloire, comme hors du corps, n’élève pas. Tout est Christ et Christ est tout : le moi est oublié. Y avoir été est une autre chose. La présence de Dieu nous fait sentir notre néant. La chair peut se prévaloir de ce que nous avons été là quand nous n’y sommes plus. Hélas ! qu’est-ce que l’homme ? Mais Dieu veille ; dans sa grâce, il pourvoit au danger où se trouve son pauvre serviteur. L’avoir ravi jusqu’à un quatrième ciel, pour parler ainsi, n’aurait fait qu’augmenter le danger. Impossible de corriger la chair. La présence de Dieu la fait taire ; mais la chair se vantera d’avoir été dans cette présence lorsqu’elle n’y sera plus. Pour marcher en sûreté, il faut que la chair soit tenue en échec, telle qu’elle est. Nous avons à nous tenir pour morts, mais la chair a souvent besoin d’être bridée pour que le coeur ne soit pas éloigné de Dieu par son moyen, et pour qu’elle n’entrave pas notre marche, ni ne gâte notre témoignage. Paul a reçu une écharde dans la chair, de peur qu’il ne s’élevât à cause de l’abondance des révélations qu’il avait reçues. Nous savons par l’épître aux Galates que cette écharde était quelque chose qui tendait à rendre l’apôtre méprisable dans sa prédication [(Gal. 4:13-14)], et était ainsi un contrepoids intelligible à ces révélations remarquables.
Dieu utilise Satan pour humilier la chair
[12:7] Dieu a laissé à Satan la tâche d’affliger ainsi l’apôtre, de même qu’il s’est servi de lui pour l’humiliation de Job [(Job 1:12 ; 2:6)]. Quelles que soient les grâces qui nous sont accordées, il faut passer par les exercices ordinaires de la foi personnelle, exercices dans lesquels seulement le coeur marche en sûreté, lorsque la chair est bridée et annulée dans le sens pratique, de sorte que nous n’en ayons pas conscience, comme active en nous, quand nous voulons être tout à Dieu, et penser à Lui et avec Lui selon notre mesure.
Ch. 12 v. 7-10 — Le dépouillement de soi-même
Le dépouillement préventif fait réaliser ce qu’est la chair
[12:8] Trois fois, comme le Seigneur à l’égard de la coupe qu’il a dû boire [(Matt. 26:44)], l’apôtre Lui demande que l’écharde soit ôtée ; [12:9] mais la vie divine se forme dans le dépouillement de soi-même, et, dans notre état d’imperfection, ce dépouillement en pratique (comme vérité, il a déjà eu lieu quand nous regardons à notre position en Christ) s’opère en nous rendant conscients de l’humiliante vérité que cette chair, que nous aimons à gratifier, est impropre pour la présence de Dieu et pour le service auquel nous sommes appelés. Nous sommes heureux si ce dépouillement s’opère par des voies préventives, et non par l’humiliation d’une chute, ainsi que cela a eu lieu pour Pierre. La différence est claire. Chez Pierre, la confiance en soi-même se mêlait avec la volonté propre, malgré les avertissements du Seigneur. [12:7] Chez Paul, quoique son danger vînt de la chair, les révélations qui lui avaient été faites en étaient l’occasion. [12:10] Si nous apprenons, dans la présence de Dieu, à connaître la tendance de la chair, nous en sortons humbles et nous échappons à l’humiliation ; [12:7] mais en général (et à quelques égards nous pouvons dire tous) nous avons à faire l’expérience des révélations qui nous élèvent à Dieu en quelque mesure que ce soit ; et il faut faire l’expérience de ce qu’est le vase dans lequel le trésor de ces révélations est contenu, par la peine qu’il nous donne à cause de la conscience de ce qu’il est — je ne dis pas par des chutes.
La discipline pour annuler la chair se lie aux souffrances pour Christ
[12:10] Dieu, dans son gouvernement, sait comment réunir les souffrances pour Christ et la discipline de la chair dans la même circonstance, ce qui explique Héb. 12:1-11. L’apôtre prêchait ; s’il était méprisé dans sa prédication, c’était bien pour le Seigneur qu’il souffrait ; [12:7] toutefois, ce qui le faisait souffrir disciplinait la chair, et empêchait l’apôtre de s’enorgueillir des révélations dont il jouissait et de la puissance qui en résultait, et avec laquelle il exposait la vérité. Dans la présence de Dieu, dans le troisième ciel, Paul sentait bien que l’homme n’était rien, et Christ tout. [12:9] Il devait acquérir l’expérience pratique de la même chose ici-bas. Il faut que la chair soit annulée, là où elle n’est pas nulle, par le sentiment expérimental du mal qui est en elle, et elle doit devenir ainsi, d’une manière consciente, nulle dans l’expérience personnelle de ce qu’elle est. Car qu’était la chair de Paul — qui ne faisait que l’entraver moralement dans son oeuvre en l’éloignant de Dieu — sinon un compagnon gênant dans son travail ? La suppression de la chair sentie et jugée était un exercice très profitable pour le coeur.
La puissance divine et l’infirmité de la chair
La gloire est dans ce qui est de Dieu, non de l’homme qui doit être anéanti
[12:2] Remarquez ici l’heureuse position de l’apôtre, comme ravi au troisième ciel. [12:5] Il pouvait se glorifier d’un tel homme, parce que le moi était entièrement perdu dans les choses avec lesquelles il était en relation. Il ne se glorifiait pas simplement dans les choses ; il ne dit pas non plus : « en moi ». [12:4] Le moi était complètement perdu de vue dans la jouissance des choses ineffables que l’homme ne pouvait exprimer quand il rentrait dans la conscience du moi. [12:5] Il se glorifiait d’un tel homme ; mais en lui-même, vu dans la chair, il ne se glorifiait pas, sinon dans ses infirmités. D’un autre côté, n’est-il pas humiliant de penser que celui qui avait joui d’une révélation si glorieuse, a dû faire l’expérience pénible de ce qu’est la chair, méchante, méprisable et égoïste.
Le contraste entre la perfection de Christ et le serviteur le plus remarquable
Remarquez aussi la différence qu’il y a entre Christ et quelque homme que ce soit. Christ a pu se trouver sur la montagne, en gloire, avec Moïse, et être reconnu Fils par le Père lui-même, et ensuite se trouver dans la plaine en présence de Satan et de la multitude [(Matt. 17)] ; quoique les scènes soient différentes, il est également parfait dans toutes deux. On trouve d’admirables affections dans les apôtres, et en Paul, particulièrement, on trouve des oeuvres, comme Jésus l’avait dit, plus grandes que les siennes [(Jean 14:12)] ; on trouve chez Paul des exercices de coeur, et d’étonnantes hauteurs par grâce ; on voit, en un mot, une puissance merveilleuse développée par le Saint Esprit dans ce remarquable serviteur de Jésus, mais on ne trouve pas chez lui cette égalité constante qui était en Christ. Jésus était le Fils de l’homme qui est dans le ciel. Ceux qui sont tels que Paul sont des cordes que Dieu touche et sur lesquelles il produit une musique merveilleuse, mais Christ est la musique elle-même.
Christ déploie sa puissance dans la faiblesse de l’homme
[12:9] Enfin remarquez que Christ se sert de l’humiliation nécessaire pour réduire la chair rebelle à son vrai néant, afin de déployer sa puissance dans l’infirmité du vase. Ainsi humilié, nous apprenons notre dépendance. Tout ce qui est de nous, tout ce qui constitue le moi est une entrave ; l’infirmité est ce en quoi le moi est abaissé, humilié, et où la faiblesse est réalisée. La puissance de Christ s’accomplit dans cette infirmité. Cela est un principe général. Humainement parlant, la croix était la faiblesse ; la mort est l’opposé de la force de l’homme ; toutefois c’est en elle que la force de Christ s’est révélée ; c’est en elle qu’il a accompli l’oeuvre glorieuse du salut.
La force du ministère s’accomplit dans l’infirmité du serviteur
[12:9] Quand il est question ici d’infirmité, il ne s’agit pas du péché dans la chair, mais de ce qui est le contraire de la force de l’homme. Christ ne s’est jamais appuyé un instant sur la force humaine ; il vivait à cause du Père (voyez Jean 6:57) qui l’avait envoyé. La puissance du Saint Esprit seule se déployait en Lui. [12:7] Paul avait besoin que sa chair fût réduite à la faiblesse, afin qu’il n’y eût pas en elle le mouvement du péché qui lui était naturel. [12:9] Quand la chair a été réduite à sa vraie incapacité pour ce qui regarde le bien, et cela d’une manière évidente, alors Christ peut y déployer sa force. Cette force a ainsi son vrai caractère ; et remarquez-le bien, c’est là toujours son caractère, « la force qui s’accomplit dans l’infirmité ». [12:5] Le bienheureux apôtre pouvait se glorifier d’un homme en Christ dans le ciel, jouissant de toute cette béatitude, de ces choses merveilleuses qui excluent le moi, tant elles sont au-dessus de ce que nous sommes. [12:2] En en jouissant, Paul n’avait pas la conscience de l’existence de son corps. [12:4] Lorsqu’il en est de nouveau conscient, ce qu’il avait entendu ne pouvait se traduire dans ces communications qui avaient le corps comme instrument et des oreilles d’homme, comme moyen d’intelligence. [12:5] Paul se glorifiait de cet homme en Christ dans le ciel. [12:9] Ici-bas, il ne se glorifiait qu’en Christ lui-même et dans cette infirmité qui était l’occasion que la puissance de Christ reposât sur lui, et qui était aussi la démonstration que cette puissance était celle de Christ, que Christ faisait de lui le vase de la manifestation de la puissance. [12:10] Or cela se réalisait par de pénibles expériences. [12:2] D’abord il y a l’homme en Christ, [12:9] ensuite la puissance de Christ reposant sur l’homme. Pour le premier, l’homme quant à la chair, est néant ; quant au second, la chair est jugée et abaissée — devenue faiblesse afin que nous apprenions ce qu’elle est, et que la puissance de Christ soit manifestée. Il y a une impulsion, une ineffable source de ministère dans le ciel. [12:10] La force est introduite dans l’humiliation de l’homme tel qu’il est dans ce monde, quand l’homme est réduit à néant — sa vraie valeur dans les choses divines — et que Christ déploie en lui cette force qui ne saurait s’associer à celle de l’homme, ni en dépendre de quelque manière que ce soit. Si l’instrument était faible, comme on l’alléguait, la puissance qui avait opéré devait avoir été, non la sienne, mais celle de Christ.
La force pratique du ministère dans l’homme
Ainsi, de même qu’au commencement de l’épître, nous avons eu les vraies caractéristiques du ministère par rapport aux objets qui lui donnent ces caractères [(ch. 5)], [12:9] nous trouvons ici sa force pratique, en rapport avec le vase dans lequel le témoignage et la source de cette force étaient déposés ; [12:4] nous apprenons comment ce ministère s’exerçait en mettant un homme mortel en communication avec les sources ineffables dont le ministère lui-même découlait, [12:9] et en même temps avec l’énergie vivante, présente et active de Christ, de sorte que l’homme fût capable de l’exercer, [12:10] et que ce ne fût pas lui, cependant, qui accomplit la tâche dans sa force charnelle, chose d’ailleurs impossible en soi1.
1 Ce chapitre est tout à fait frappant. Nous y voyons le chrétien dans la plus haute et dans la plus basse condition ; dans le troisième ciel [(12:2)], et dans la bassesse du péché effectif. [12:2] D’abord un homme en Christ (ce qui est vrai de nous tous en position, sinon en vision), [12:5] l’apôtre se glorifie d’un tel homme, et nous avons le droit de nous glorifier — c’est-à-dire d’un homme en Christ. [12:7] Quant à ce qu’il est en lui-même, il doit être réduit à l’absolu néant. [12:5] Mais se glorifier d’un homme en Christ, [12:7] ou être fait néant dans la chair, n’est pas la puissance. La dernière chose est le sentier pour y arriver. [12:9] Mais alors n’étant rien, la puissance de Christ est avec cet homme, repose sur lui, et là se trouve la force pour le service ; l’homme en Christ est sa propre place — Christ en l’homme, ou sa puissance sur lui est sa force pour servir. De sorte que nous avons ce qu’il y a de plus élevé dans ce que l’on conçoit de l’Esprit, ce qu’il y a de plus bas dans les manquements de la chair et le chemin de la puissance en réduisant la chair à néant ; la puissance de Christ étant avec nous, la puissance pratique, tandis que nous sommes dans le corps. Mais il y a le sentiment de la faiblesse, le manque de proportion entre ce que nous sommes quant au vase de terre, et ce qui est administré et dont on jouit. Ce n’est pas simplement ce qui est mal, mais le vase de terre dans lequel est le trésor [(4:7)].
Ch. 12 v. 11-18 — Paul doit s’abaisser aux pensées terrestres des Corinthiens
[12:10] L’apôtre donc se glorifiait dans ses infirmités et dans ses souffrances. [12:11] Il avait dû parler en insensé : ceux qui auraient dû eux-mêmes proclamer l’excellence de son ministère, l’avaient forcé de le faire. [12:12] C’était au milieu d’eux que toutes les preuves les plus frappantes d’un ministère apostolique avaient été données. [12:13] Si, en quelque chose, ceux auxquels il s’adressait avaient été en arrière d’autres assemblées à l’égard des preuves de son apostolat, c’est qu’ils n’avaient contribué en rien à l’entretien de l’apôtre. [12:14] Il allait de nouveau se rendre au milieu d’eux, et cette preuve manquerait encore. [12:15] Paul était disposé à se dépenser pour les Corinthiens comme un bon père, lors même qu’aimant plus, il était moins aimé. [12:16] Pouvait-on dire peut-être qu’il avait bien gardé les apparences en ne prenant rien lui-même, [12:17] mais qu’il avait pris soin de se dédommager en se servant de Tite pour profiter de leur libéralité par son moyen ? [12:18] Mais non ; les Corinthiens savaient bien que Tite avait marché au milieu d’eux dans le même esprit que l’apôtre. Triste besogne, quand un coeur au-dessus de ces tristes motifs et de ces manières de juger et d’estimer les choses et tout pénétré des motifs divins et glorieux de Christ, est forcé de s’abaisser à ceux qui occupent les coeurs égoïstes des personnes auxquelles il a à faire, de coeurs qui sont au niveau des motifs qui animent et gouvernent le monde qui les entoure ! Mais l’amour doit tout supporter [(1 Cor. 13:7)], et penser pour les autres, s’il ne peut pas penser avec eux, ni eux avec lui.
Ch. 12 v. 19-21 — Paul craignait que plusieurs Corinthiens ne marchent encore dans le mal
[12:19] Est-ce donc que l’apôtre prenait les Corinthiens pour juges de sa conduite ? Il parlait devant Dieu en Christ, [12:20] et craignait seulement qu’il ne trouvât encore, quand il arriverait, beaucoup de ceux qui professaient le nom de Christ, marchant comme le monde d’iniquité qui les entourait ; [12:21] il craignait qu’il ne fût humilié au milieu d’eux, et qu’il n’eût à s’affliger à l’égard de beaucoup de personnes qui, ayant déjà péché, ne se seraient pas repenties de leurs péchés.
Chapitre 13
Ch. 13 v. 1-2 — Paul revient à Corinthe
[13:1] Paul venait à Corinthe pour la troisième fois. Il annonce que toute affaire sera établie par le témoignage de deux ou de trois témoins ; [13:2] et cette fois-ci, il n’épargnera pas (v. 1, 2). [13:1] Il dit : « C’est ici la troisième fois que je viens » ; [13:2] cependant il ajoute : « Comme si j’étais présent pour la seconde fois, et maintenant étant absent » ; car il avait été à Corinthe une fois, et avait dû y passer en allant en Macédoine, sans cependant qu’il y fût allé, à cause de l’état des Corinthiens [(1:15, 23)]. [13:1] Mais cette troisième fois maintenant, il venait, [13:2] et il avait dit d’avance et disait d’avance, comme s’il était allé la seconde fois — quoique maintenant absent — que s’il venait encore, il n’épargnerait pas.
Ch. 13 v. 3-10 — Le ministère de Paul par rapport aux Corinthiens
La question du ministère de Paul est liée à la conversion des Corinthiens
[13:3] Ensuite l’apôtre en finit avec le sujet de son ministère, en présentant une pensée qui devait confondre entièrement ceux qui mettaient en question son ministère. [13:5] Si Christ n’avait pas parlé par lui, Christ ne demeurait pas en eux ; si Christ était en eux, Christ avait dû parler par lui, car il avait été le moyen de leur conversion. [13:3] « Puisque, dit-il, vous cherchez une preuve que Christ parle en moi, [13:5] examinez-vous vous-mêmes, et voyez si vous êtes dans la foi… Ne reconnaissez-vous pas à l’égard de vous-mêmes que Jésus Christ est en vous ? à moins que vous ne soyez des réprouvés » (v. 5). — Les Corinthiens ne pensaient pas du tout qu’ils fussent des réprouvés. Ce raisonnement ou plutôt cette suggestion devait les bouleverser et tourner à leur propre confusion leur sotte et stupide opposition et leur mépris inconvenant de l’apôtre. Quelle folie pour eux de se laisser séduire par une pensée qui, sans doute, les élevait à leurs propres yeux, mais qui, en mettant en question l’apostolat de Paul, renversait nécessairement en même temps leur propre christianisme ?
Paul, faible selon l’homme, recherche le bien des Corinthiens selon Dieu
[13:3] Les mots « lequel n’est pas faible, etc. », du v. 3, jusqu’à la fin du v. 4, sont une parenthèse qui se rapporte au caractère du ministère de Paul, d’après les principes présentés dans le chapitre précédent, c’est-à-dire la faiblesse et ce qui tendait au mépris du côté de l’homme ; la puissance de la part de Dieu : [13:4] de même que Christ avait été crucifié en faiblesse, et avait été ressuscité par la puissance divine. Si l’apôtre lui-même était faible, c’était en Christ ; et il vivait en Christ par la puissance de Dieu envers les Corinthiens. [13:6] Quoiqu’il en fût d’eux, il avait la confiance qu’ils savaient que lui n’était pas réprouvé, [13:7] et il demandait seulement à Dieu qu’eux ne fissent pas de mal ; non pas afin que lui ne fût pas réprouvé, c’est-à-dire indigne dans son ministère, car il s’agit ici de ministère, mais afin qu’ils fissent du bien, même s’il était réprouvé ; [13:8] car il ne pouvait rien contre la vérité, mais seulement pour la vérité. [13:9] Il n’était pas le maître des Corinthiens dans son intérêt propre, mais il était content d’être faible, afin qu’eux fussent forts. Car ce qu’il désirait, c’était leur perfection (v. 9). [13:10] Mais, comme il l’avait dit, il écrivait, étant absent, afin que lorsqu’il serait présent, il ne fût pas forcé d’agir avec sévérité, selon l’autorité que le Seigneur lui avait donnée pour l’édification et non pour la destruction.
Ch. 13 v. 11-13 — Les exhortations finales et le souhait de l’apôtre pour les Corinthiens
Il avait écrit ce que son coeur rempli et dirigé par le Saint Esprit le poussait à dire. Il avait vidé son coeur, et maintenant, fatigué pour ainsi dire de l’effort, il clôt l’épître par quelques brèves paroles. [13:11] « Réjouissez-vous ; perfectionnez-vous ; soyez consolés ; ayez un même sentiment ; vivez en paix » (v. 11). Quoi qu’il en fût, c’est ce qu’il désirait pour eux, et aussi que le Dieu d’amour et de paix fût avec eux. Il reste sur ce souhait, [13:12] en les exhortant à se saluer l’un l’autre avec affection, [13:13] de même que tous les saints, et lui aussi, les saluaient, et il prie pour que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint Esprit fussent avec eux tous.