Chapitre 6
Ch. 6 v. 1-10 — Exhortations pratiques pour la marche
Ch. 6 v. 1-5 — Œuvre du chrétien selon Christ, et vaine gloire des légalistes
[6:1] Si quelqu’un, par négligence, a commis quelque faute, la part du chrétien
est de restaurer ce membre de Christ — cher à Christ et au chrétien selon
l’amour de Christ — et à le faire dans un esprit de douceur, se souvenant que
lui-même aussi peut tomber. [6:2] S’ils désiraient une loi, l’apôtre leur en
propose une, savoir de porter les fardeaux les uns des autres, et ainsi
d’accomplir la loi du Christ, c’est-à-dire ce qui a été la règle de toute sa vie
à Lui ici-bas. [6:3] Ce n’est pas en se vantant quand on n’est rien, qu’on
acquiert de la vraie gloire. On ne fait que se tromper, dit l’apôtre, en termes
qui par leur simplicité jettent un mépris indicible sur ceux qui le faisaient.
Ces légalistes se vantaient beaucoup, imposant des fardeaux aux autres, et se
revêtant de leur gloire judaïque — ce qui était pour les autres un fardeau que
ceux qui le leur imposaient ne leur aidaient pas à porter, était de la vaine
gloire pour eux-mêmes : ils se glorifiaient de leur judaïsme et y
assujettissaient les autres. Mais quelle était leur œuvre ? Avaient-ils
travaillé réellement pour le Seigneur ? Nullement. [6:4] Qu’ils éprouvassent
donc leur propre œuvre : alors ils auraient de quoi se glorifier dans ce qu’ils
avaient fait eux-mêmes, s’il y avait une œuvre chrétienne dont ils eussent été
les instruments. Ce ne serait pas du moins dans ce qu’ils faisaient alors ; car
c’était un autre qui avait fait l’œuvre de Christ en Galatie. Et, après tout,
chacun portera son propre fardeau (v. 5).
Ch. 6 v. 6-10 —
Conséquences de la marche et bien requis du fidèle
L’apôtre ajoute quelques mots pratiques. [6:6] Celui qui est enseigné, doit
secourir temporellement ceux qui l’enseignent. [6:7] Ensuite, bien que la grâce
soit parfaite et la rédemption complète, de sorte que le croyant a reçu le Saint
Esprit comme sceau, Dieu a attaché des conséquences infaillibles à la marche
d’un homme, qu’elle soit selon la chair, ou selon l’Esprit. Les effets suivent
la cause, et l’on ne se moquera pas de Dieu en faisant profession de la grâce ou
du christianisme, si l’on ne marche pas selon son Esprit, en un mot comme
conduit par l’Esprit qui en est la puissance pratique. [6:8] De la chair, on
moissonnera la corruption ; de l’Esprit, la vie éternelle. [6:9] Au reste, comme
chrétien, il faut avoir de la patience afin de moissonner et ne pas se lasser de
faire le bien : la moisson est sûre. [6:10] Les fidèles doivent donc faire du
bien à tous, et spécialement à ceux de la maison de Dieu.
Ch. 6 v. 11-16 —
Jugement du monde et de ses principes par la croix
Ch. 6 v. 11 — Dans sa préoccupation, l’apôtre écrit toute l’épître lui-même
[6:11] Paul a écrit cette lettre de sa propre main, chose inusitée pour lui.
D’ordinaire il employait la main d’un autre (celle de Tertius, par exemple, pour
l’épître aux Romains [(Rom. 16:22)]), en dictant ce qu’il voulait dire, et en y
ajoutant de sa propre main la bénédiction par laquelle il terminait
habituellement ses lettres, comme garantie de l’exactitude de ce qui était écrit
(1 Cor. 16:21 ; 2 Thess. 3:17). Preuve remarquable de l’importance que l’apôtre
attachait à ses écrits, preuve aussi qu’il ne les envoyait pas aux assemblées
comme des lettres ordinaires d’homme à homme, mais comme des écrits munis d’une
autorité qui exigeait l’emploi de pareilles précautions. Ses lettres étaient
investies de l’autorité apostolique. Dans l’épître qui nous occupe, rempli de
chagrin, et sentant que les fondements avaient été renversés, l’apôtre écrit
tout de sa propre main. Après avoir attiré l’attention des Galates sur ce point,
il revient tout de suite au sujet qui avait motivé ce changement dans ses
habitudes ordinaires.
Ch. 6 v. 12 — Opprobre
de la croix, jugeant le monde et les Juifs dans la chair
[6:12] Ceux qui recherchaient une belle apparence selon la chair, contraignaient
les gentils à être circoncis afin d’éviter la persécution qui se rattachait à la
doctrine de la croix, au salut gratuit par Christ. Les circoncis étaient des
Juifs faisant partie d’une religion reconnue et reçue même dans le monde ; mais
devenir les disciples d’un homme crucifié, d’un homme qui avait été pendu comme
malfaiteur, et le confesser comme le seul Sauveur, comment espérer que le monde
reçoive cela ? Mais l’opprobre de la croix était la vie du christianisme. Le
monde était jugé, il était mort dans son péché ; — le prince de ce monde était
jugé ; il n’avait l’empire que de la mort, — il était (avec ceux qui le
suivaient) l’impuissant ennemi de Dieu. En présence d’un tel jugement, le
judaïsme était de la sagesse honorable pour le monde. Satan se fera partisan de
la doctrine d’un seul Dieu, et ceux qui y croient se joindront à leurs anciens
adversaires, les adorateurs des démons, pour s’opposer à ce nouvel ennemi qui
jette l’opprobre sur l’humanité déchue tout entière en la dénonçant comme
rebelle à Dieu et comme privée de la vie qui se manifeste en Jésus seul. La
croix était la sentence de mort prononcée sur la nature ; et le Juif dans la
chair en était blessé même plus que le gentil, car par elle il perdait la gloire
dont il avait été revêtu vis-à-vis des autres hommes à cause de la connaissance
qu’il possédait d’un seul vrai Dieu.
Le monde et la chair
veulent une religion où ils ont leur place et qui les épargne
Le cœur charnel n’aime pas à souffrir et à perdre la bonne opinion du monde. Un
certain degré de lumière est agréé ou toléré par des gens sensés (et par des
hommes sincères lorsqu’on ne peut avoir une plus grande lumière), pourvu qu’on
n’arbore pas des prétentions qui condamnent tout le monde, et qui jugent tout ce
que la chair désire et à quoi elle tient pour son importance. Le monde voudra
bien d’un compromis qui accepte plus ou moins la chair, qui ne la juge pas comme
morte et perdue, qui reconnaît, si peu que ce soit, que le monde et la chair
sont les bases de sa marche. Le monde ne peut pas espérer de lutter contre la
vérité qui juge la conscience tout entière, et il acceptera une religion qui
tolère son esprit et qui s’adapte à la chair qu’il veut épargner, lors même
qu’il faille se soumettre à des sacrifices pénibles, pourvu seulement que la
chair elle-même ne soit pas entièrement mise de côté. On se fera fakir, on
sacrifiera sa vie, on supportera toutes les privations, toutes les macérations
imaginables, pourvu que ce soit le moi qui le fasse, et que Dieu n’ait pas tout
fait en grâce, condamnant la chair comme incapable du bien, comme n’ayant rien
de bon en elle.
Ch. 6 v. 13-14 — La
croix révèle ce qu’est le monde, et dépouille le fidèle de lui-même
[6:13] Les circoncis n’observaient pas la loi ; cela aurait été trop fatigant ;
mais ils désiraient se glorifier par les prosélytes qu’ils gagnaient à leur
religion. L’apôtre n’avait vu dans le monde que vanité, péché et mort ; l’esprit
du monde, l’esprit de l’homme charnel, était moralement dégradé, corrompu et
coupable, se vantant en lui-même parce qu’il ignorait Dieu. Ailleurs Paul avait
vu la grâce, l’amour, la pureté, l’obéissance, le dévouement à la gloire du Père
et au bonheur des pauvres pécheurs. La croix lui révélait les deux choses : elle
disait ce qu’était l’homme, elle disait ce qu’était Dieu, et ce qu’étaient la
sainteté et l’amour. Mais cela était, aux yeux du monde, la plus entière
dégradation, et mettait à bas tout son orgueil. C’était un autre qui, aux dépens
de sa propre vie et en supportant toutes les souffrances possibles, avait
accompli l’œuvre qui met en évidence l’état de l’homme et ce que Dieu est, de
sorte que l’apôtre pouvait donner libre cours à toutes les affections de son
cœur sans se vanter de rien, en s’oubliant au contraire lui-même. [6:14] Ce
n’est pas soi-même qu’on glorifie en regardant à la croix de Christ : on est
ainsi dépouillé de soi-même. C’est celui qui a été suspendu à la croix qui était
grand aux yeux de Paul . Le monde qui l’a crucifié a par là été vu par l’apôtre
dans son vrai caractère ; le Christ qui avait souffert sur la croix, s’était
aussi montré à lui dans le sien. C’est dans cette croix que l’apôtre veut se
glorifier, heureux d’être par ce moyen, mort au monde, heureux que le monde ait
pris fin, ait été jugé, crucifié et mis à sa place de honte, pour son cœur,
comme ce monde le méritait. La foi au Fils de Dieu crucifié vainc le monde.
Ch. 6 v. 15-16 —
Marcher comme mort au monde est le caractère de l’Israël de Dieu
Pour le croyant, le monde a son vrai caractère ; [6:15] car, de fait, dans le
Christ Jésus, ni la circoncision, ni l’incirconcision n’ont aucune valeur (tout
cela a passé avec un Christ mort), mais ce qui vaut c’est une nouvelle création
selon laquelle on estime toutes choses comme Dieu les estime. [6:16] C’est à
ceux qui marchent d’après les principes de cette nouvelle création, c’est aux
vrais enfants de Dieu, que l’apôtre souhaite la paix. Ce n’était pas l’Israël
circoncis selon la chair qui était l’Israël de Dieu. S’il y en avait de ce
peuple qui fussent circoncis de cœur, qui se glorifiassent dans la croix, selon
les sentiments qui sont de la nouvelle création, ils étaient l’Israël de Dieu.
Au reste, tout vrai chrétien en était quant à l’esprit de sa marche.
Ch. 6 v. 17-18 —
Conclusion finale de l’épître
Ch. 6 v. 17 — Marques sur Paul le signalant comme serviteur du Seigneur
[6:17] L’apôtre demande finalement qu’on ne le trouble pas à l’égard de son
ministère : il portait les stigmates du Seigneur. On sait qu’on marquait un
esclave au moyen d’un fer chaud, pour indiquer à quelle personne il appartenait.
Les blessures qu’avait reçues l’apôtre montraient clairement et entièrement qui
était son Maître. Qu’on ne mît donc plus en question son droit de se dire
serviteur de Christ. Touchant appel de celui dont le cœur se sentait blessé de
voir mis en question son service envers le Maître qu’il aimait. Au reste, Satan
qui avait imprimé ces marques, devait bien les reconnaître, ces belles initiales
de Jésus.
Ch. 6 v. 18 —
Salutation sans épanchement de cœur, Jésus étant déshonoré
[6:18] L’apôtre enfin, selon l’amour divin qui l’animait, souhaite que la grâce
soit avec les Galates, comme étant des âmes chères à Jésus, quel que fût leur
état. Mais nous ne trouvons ici aucun épanchement du cœur, comme ailleurs, dans
des salutations affectueusement adressées à des chrétiens. C’était un devoir, un
devoir d’amour, que Paul accomplissait, mais quels liens de cœur pouvait-il
avoir avec des personnes qui cherchaient leur gloire dans la chair, et qui
acceptaient ce qui déshonorait Jésus, et affaiblissait et annulait même la
gloire de sa croix ? Sans qu’il le voulût, le courant de l’affection était
arrêté. Son cœur se tournait vers le Christ déshonoré, bien qu’il aimât tous les
siens en Lui. C’est là le vrai sentiment renfermé dans les derniers versets de
notre épître.
L'épître présente le
jugement du retour à la loi et à la chair, mais non la position chrétienne
Dans l’épître aux Galates, nous avons sans doute Christ vivant en nous, en
contraste avec la chair ou le moi vivant dans la chair. Mais comme vérité
systématique, nous n’avons ni le croyant en Christ, ni Christ dans le croyant. À
la fin du chap. 2 [(v. 20)], on a l’état pratique du chrétien. Autrement
l’épître tout entière est le jugement de tout retour au judaïsme comme identique
à l’idolâtrie païenne. La loi et l’homme dans la chair étaient en corrélation.
La loi est intervenue entre la promesse et Christ, la semence. Elle était une
chose très utile pour éprouver l’homme, mais réellement connue, elle le condamne
et le met à mort. Or il a été pleinement fait face à cela en grâce par la croix
; la fin dans la mort de l’homme dans la chair, la fin du péché, en Christ fait
péché. Tout retour à la loi était l’abandon de la promesse et de l’œuvre de
grâce en Christ ; c’était retourner à la chair comme étant le péché et perdue,
c’était retourner à elle comme s’il pouvait y avoir aucune relation entre elle
et Dieu ; c’était nier la grâce et même le vrai effet de la loi, et nier aussi
le réel état de l’homme prouvé par la croix. C’était le paganisme. Observer les
jours, etc. [(4:10)], supposait l’homme vivant dans la chair, et n’était pas la
fin du vieil homme par grâce dans la croix. Ensuite nous avons Christ comme
notre vie, ou sans cela la mort nous laisserait naturellement sans espérance.
Mais nous n’avons pas dans l’épître la position chrétienne, nous en Christ et
Christ en nous. C’est la discussion de l’œuvre qui nous amène là et où l’homme
est, et sous ce rapport, c’est d’une importance vitale. L’homme dans la chair
est totalement en dehors de toute relation avec Dieu, et il ne peut en être
formé aucune. Il faut qu’il y ait une nouvelle création.