Chapitres 1 et 2
Ch. 1 — Vision du trône universel de Dieu
Année 30, Mois 4, Jour 5 — Année 5 Jour 5
[1:1] Au premier chapitre, nous rencontrons une date qui se rapporte à l’année de la Pâque de Josias ; mais dans quel but ? Je ne saurais le dire. On a pensé que les trente ans se rapportent au jubilé : c’est sur quoi je n’ose pas me prononcer. Mais d’autres circonstances mentionnées ici sont bien importantes.

Attributs de Dieu comme supports du trône, tout étant mû par la volonté divine
Le trône de Dieu n’est pas vu à Jérusalem, mais indépendamment de cette ville et en dehors d’elle : C’est le trône souverain et universel de Dieu. Dieu juge la ville même de dessus ce trône. La prophétie commence par la description de ce trône. [1:5] Nous y découvrons les attributs de Dieu, comme supports de ce trône, [1:10] sous la ressemblance des quatre catégories des êtres créés sur la terre, les quatre étant réunies en un, les quatre chefs au moins de ces catégories. Ce sont à peu près les signes employés par les païens inventeurs de l’idolâtrie, pour figurer leurs dieux. L’idolâtrie formelle a commencé par une personnification figurée des attributs de Dieu. Ces attributs sont devenus leurs dieux, les démons poussant les hommes à adorer ces dieux, et les gouvernant par ce moyen, de sorte que c’étaient ces démons que les hommes adoraient. Ce culte a bientôt dégénéré, au point qu’on a trouvé des dieux partout où il y avait quelque chose à souhaiter, ou à craindre, ou qui répondait aux convoitises qui inspiraient ces souhaits ou faisaient éprouver ces craintes, sentiments que le démon cultivait pour s’approprier le culte dû à Dieu seul. Or, ces attributs appartiennent au seul Dieu créateur et chef de toute créature ; [1:26] mais, dans la vision du prophète comme dans le fait, ils ne sont, quelle que soit leur puissance ou leur gloire dans leur exercice, que les soutiens du trône sur lequel le Dieu de vérité s’assied1. C’est la puissante énergie de Dieu qui se manifeste, quels que soient d’ailleurs les instruments qu’ils emploie : l’intelligence, la force, la stabilité, et la rapidité en jugement. [1:21] Avec cela, le mouvement de tout le cours des événements terrestres dépendait du trône. Cette énergie vivante animait le tout. Elle mettait en mouvement les chérubins, soutiens du trône, pleins d’yeux eux-mêmes ; les roues du gouvernement de Dieu allaient chacune droit devant soi, mues par le même Esprit. Tout dépendait de la volonté et du propos de Celui qui, assis sur le trône, jugeait en justice. La majesté, le gouvernement, et la providence s’unissaient pour former le trône de sa gloire. [1:22] Mais tous les instruments de sa gloire étaient au-dessous du firmament ; Celui qui était glorifié était au-dessus. C’est Celui que les païens ignoraient.

1 Les érudits incrédules, qui, ignorant Dieu, sont toujours bien pauvres dans leurs conceptions, attribuent l’origine de la vision d’Ézéchiel aux taureaux et aux lions de Ninive avec leurs têtes humaines et leurs ailes. Ils se trahissent eux-mêmes. Ils ne voient ni ne connaissent Celui qui était assis au-dessus de ces animaux. Je ne doute pas un instant que, essentiellement, ces images ne représentent la même chose que les chérubins ; mais les pauvres païens, comme les incrédules dans leur prétendue sagesse, étaient entraînés par Satan, et ils adoraient ce qui était au-dessous du firmament. Dans la vision d’Ézéchiel, les chérubins n’étaient que des attributs symboliques, et Celui qui était l’objet de l’adoration était au-dessus du firmament. Voilà précisément la différence, sous ce rapport, entre l’idolâtrie et la révélation de Dieu.

Ch. 2 — Communications de Dieu au peuple rejeté, par Son prophète]
Dieu parle à un fils d’homme, sans plus de lien avec le peuple
[1:3] Ce trône du Seigneur Dieu, suprême et souverain sur tout, est vu en Chaldée1, là où était le prophète, parmi les gentils ; mais il n’est plus vu en rapport avec la terre à Jérusalem. Nous n’avons non plus aucune loi incorporée, pour ainsi dire, dans le trône, d’après laquelle un gouvernement est exercé sans intermédiaire. [1:28] La voix de Dieu s’adresse, par conséquent, à Ézéchiel [2:1] comme à un fils de l’homme, titre qui convenait au témoignage d’un Dieu qui parlait en dehors de son peuple, comme n’étant plus au milieu de lui, et qui au contraire le jugeait du haut de son trône souverain. C’est le titre de Christ lui-même considéré comme rejeté et en dehors d’Israël, quoiqu’il ne cesse de penser à la bénédiction du peuple, en grâce. Il met le prophète en rapport avec la position de Christ lui-même. Jésus, ainsi rejeté, ne voulait plus être appelé, par ses disciples, le Christ (Luc 9 [v. 21-22]), car le Fils de l’homme devait souffrir2.

1 J’entends simplement, dans les limites de l’Empire des Chaldéens. C’était sur le fleuve Kebar qui est plus au nord-ouest de la Mésopotamie.

2 Cette distinction, basée sur les Ps. 2 et 8, est toujours maintenue avec soin. Comp. Nathanaël, Jean 1.

Témoignage du prophète à un peuple rebelle, jugé par Dieu
La même chose a lieu dans le cas d’Ézéchiel, quant à ses relations prophétiques dans son témoignage et son exemple. Dieu est rejeté, son prophète prend cette place avec le trône pour juger la nation entière, et Jérusalem en particulier, tout en annonçant (à la foi) leur rétablissement en grâce. [2:3] Il est envoyé de la part de l’Éternel, à un peuple rebelle, [2:4] pour lui dire : l’Éternel a parlé. [2:5] Soit qu’ils écoutassent, soit qu’ils fermassent l’oreille, le jugement ferait savoir qu’un prophète avait été là. [2:10] Son premier témoignage se compose de lamentations, de regrets, et de malédictions. [3:3] Toutefois, la communication de la parole de Dieu est toujours pleine de douceur, considérée comme révélation de sa part, et comme ayant lieu entre Dieu et l’homme (ch. 2).