Chapitre 9
Vision sur Israël et Jérusalem en réponse à la confession et la supplication de Daniel
Le chapitre 9 nous fournit une vision [9:24] concernant le peuple et la sainte ville, [9:20] à la suite de la confession et de l’intercession de Daniel. Elle est, comme nous l’avons déjà observé, en rapport avec l’oppression de la puissance occidentale, et les détails sont, en effet, relatifs à l’oppression. [9:2] Le prophète avait compris, non par une révélation directe, mais par l’étude de la prophétie de Jérémie et par l’emploi des moyens ordinaires mis à la disposition de l’homme spirituel, que la fin de la captivité, dont la durée avait été annoncée par ce dernier prophète, était proche. [9:3] L’effet produit sur l’esprit de Daniel, vrai signe du prophète de Dieu, a été une intercession ardente [9:17] en faveur du sanctuaire désolé [9:18] et de la ville bien-aimée de l’Éternel. [9:4] Il fait confession avec effusion devant Dieu, [9:8] et reconnaît le péché du peuple et des rois, la dureté de leurs cœurs [9:14] et la justice de Dieu qui avait fait venir le mal sur eux. [9:18] Il en appelle aux compassions de Dieu [9:17] pour l’amour du Seigneur. [9:23] La prophétie est la réponse de Dieu à cette prière. [9:24] Soixante et dix semaines sont déterminées sur le peuple de Daniel et sur sa sainte ville. L’Éternel ne les reconnaît pas pour siens proprement dits ; mais il accepte l’intercession du prophète, comme il avait accepté anciennement celle de Moïse, en disant à Daniel : ton peuple et ta ville. Daniel tient la place de médiateur. Il a les pensées de Dieu, ses paroles, et ainsi il peut intercéder (comparez sur ce point profondément intéressant : Gen. 20:7 ; Jér. 27:18 ; Jean 15:7). À la fin de ces soixante et dix semaines prises d’entre les siècles, arriverait la période arrêtée de Dieu pour clore la transgression, mettre le sceau sur le péché (c’est-à-dire le terminer et en disposer), pour pardonner l’iniquité et introduire la justice éternelle, pour mettre le sceau à (toute) vision et prophétie et pour oindre le saint des saints ; ceci, faites-y attention, à l’égard du peuple d’Israël et de la ville. C’est le rétablissement complet du peuple et de la ville, en grâce.

Ch. 9 v. 24-27 — Les soixante et dix semaines
Ch. 9 v. 25-26 — Division en trois, et les soixante-neuf premières semaines
[9:25] Cette période de soixante et dix semaines est divisée en trois parties : sept, soixante-deux, et une. Pendant la première partie, ou celle des sept semaines, la ville désolée et ses murs abattus seraient relevés dans un temps de détresse, ou à travers les difficultés du temps. [9:26] Après soixante-deux semaines, c’est-à-dire après soixante-neuf en tout, le Messie serait retranché et n’aurait rien (c’est le vrai sens des mots). Celui auquel appartenaient le royaume et la gloire, au lieu de les recevoir, serait retranché et n’aurait rien. Mais à la suite de cet événement, la ville et le sanctuaire qui avaient été rebâtis seraient détruits, la fin serait comme un torrent dévastateur, et jusqu’à la fin de la guerre il y aurait une ordonnance ou décision arrêtée de désolations. Voilà l’histoire complète des désolations en général. 1° Soixante-neuf semaines sont accomplies. Après cela, le Messie est retranché sans que le moment en soit exactement indiqué. Ceci a entièrement interrompu le cours des soixante et dix semaines. Le retranchement du Messie n’était pas le moment du rétablissement du peuple et de la ville. Le résultat est clairement annoncé, savoir une période de désolation jusqu’à la fin. C’est un état dont la durée n’est pas indiquée. Nous retrouverons, au chapitre 11, la même manière de traiter une période analogue. Le peuple d’un prince qui devait venir, détruirait la ville.

Ch. 9 v. 27 — La dernière semaine, divisée en deux demies
[9:27] Ensuite l’Esprit de Dieu reprend la soixante et dixième semaine, dont les détails n’étaient pas encore développés. Le prince à venir confirme alliance avec la masse des Juifs (la forme1 du mot « plusieurs » indique la masse du peuple), voilà le premier fait qui caractérise la semaine. Les Juifs s’allient avec le chef du temps d’alors, du peuple qui avait ruiné autrefois leur ville et leur sanctuaire. Ils forment alliance avec le chef du peuple romain. Ceci se rapporte à la semaine entière. Mais la moitié2 de la semaine écoulée, l’aspect des choses change. Le chef fait cesser le sacrifice et l’oblation, et à cause de la protection des idoles, il y a un désolateur et jusqu’à la consomption décrétée3, le jugement sera versé sur la désolée.

1 Le mot plusieurs a l’article en hébreu. La même chose a lieu pour d’autres passages dans Daniel, sur lesquels j’attirerai l’attention du lecteur, et qui démontrent clairement qu’il s’agit de la masse du peuple, des plusieurs. La même forme de phrase se trouve dans le grec.

2 On peut remarquer que le Seigneur, dans les évangiles, ne parle d’une manière expresse que de la dernière moitié de la semaine, du temps de tribulation qui est à la suite de l’introduction dans le lieu saint de l’idole qui cause la désolation. Quelques personnes ont pensé qu’il ne reste à venir que cette demi-semaine, le Christ ayant été, selon eux, retranché au milieu de la semaine. D’autres ont pensé que la soixante et dixième semaine elle-même s’est écoulée tout entière avant la mort de Jésus, mais qu’elle n’est pas comptée, Jésus ayant été rejeté, et que cette semaine se retrouve du temps des rapports des Juifs avec le Méchant. Ce que le passage nous dit, c’est, en premier lieu, qu’aux temps de la fin, le prince, le chef de l’empire romain fait une alliance qui se rapporte à une semaine entière ; et de l’autre côté, la dernière moitié de la semaine est annoncée par le Seigneur comme encore à venir, devant prendre place immédiatement avant son arrivée, cette demi-semaine étant le temps de tribulation sans parallèle qui la précède. S’il n’y avait que cela, l’histoire précédente du prince à venir qui fait une alliance, rentrerait dans l’histoire générale de l’état des choses. Je réserve, pour l’Apocalypse (quant à son plein développement), la question de savoir s’il reste une ou deux demi-semaines à accomplir, ainsi que la manière dont aura lieu leur accomplissement pendant la manifestation de la puissance du mal, me bornant à observer que le Messie est retranché après la fin des soixante-neuf semaines. Nous savons par le Nouveau Testament, que son ministère a duré juste la moitié de la semaine. Il est évident que ni le prince, ni le peuple juif, avec qui le prince fait alliance, ne font aucun cas de cela. L’interprétation de ce passage est claire, l’alliance d’une semaine avec le prince à venir, comme si soixante-neuf semaines seulement étaient écoulées, le Messie et son retranchement étant ignorés, et une demi-semaine de complète oppression à cause de la protection des idoles, jusqu’à la consomption décrétée.

3 Ce mot : consomption décrétée, est une expression usitée pour les derniers jugements qui fondent sur les Juifs (voyez És. 10:22 ; 28:22). Le verset 2 de ce dernier chapitre compare le désolateur à un torrent, comme ici, verset 26. Le lecteur attentif remarquera que ces passages se rapportent aussi aux événements de ces derniers jours. Remarquez aussi l’alliance, dans És. 28:18.

Quelque doute pourrait être jeté sur la traduction : « la désolée » ; quelques-uns traduisent : « le désolateur », disant : « jusqu’à ce que la destruction décrétée soit versée sur le désolateur ». À une personne qui n’est pas très familière avec la parole de Dieu, cela a l’air de mieux terminer la phrase ; mais il me semble que celui qui est familier avec le contenu de la Bible et sa phraséologie, reconnaîtra que le sens que j’ai donné à ce passage est plus vrai. La portée de la prophétie est la même dans les deux cas ; l’une des traductions dit que la désolation continuera jusqu’à la fin du jugement déterminé d’avance par Dieu ; l’autre, qu’elle ne s’arrêtera que par la destruction du désolateur, ce qui revient au même. La traduction que je donne me semble plus exacte et plus selon la Parole. La traduction anglaise porte « désolée », en donnant « désolateur » en note. Dans l’original, le mot n’a pas la même forme que celui rendu par « désolateur » dans des cas où le sens en est certain.

J’ai traduit : « à cause de la protection des abominations (idoles) ». Le mot est littéralement « aile » : « sur », ou « à cause de l’aile des abominations » ; or on sait que ce mot « aile » est employé habituellement pour protection.

Relations de Dieu avec Son peuple par rapport à la foi d’un résidu
[9:24] Ce qui nous est donc annoncé ici, c’est que soixante et dix semaines sont mises à part pour l’histoire de la ville et du peuple de Daniel. Pendant ces soixante et dix semaines, Dieu est en relation avec Israël1, non pas cependant immédiatement, mais en rapport avec la foi d’un résidu fidèle, d’un Daniel, d’une intercession qui, se liant à l’existence d’un résidu, sert de lien entre Dieu et le peuple, intercession sans laquelle le peuple serait rejeté. C’est le même principe que celui qui a régi les relations de Dieu avec le peuple par le moyen de Moïse, après le veau d’or, le peuple étant appelé peuple de Daniel comme autrefois peuple de Moïse. Cette position est remarquable, envisagée comme arrivant après l’établissement de l’autorité des gentils. Les Juifs sont à Jérusalem, mais les gentils règnent, quoique l’empire de Babylone soit renversé. Dans cette position anormale, la foi prophétique cherche le rétablissement complet de la ville, siège du gouvernement de Dieu et de son peuple. C’est à cela que la réponse de Dieu se rapporte. Une histoire brève, mais complète, nous est donnée de la période qui s’écoulerait jusqu’à ce que le jugement sur les Juifs fût accompli et terminé, en introduisant un élément nouveau d’une haute importance : [9:26] le Messie serait retranché. Il n’aurait rien de ce qui lui appartenait de droit. La conséquence serait la destruction de la cité et du sanctuaire, la désolation et la guerre.

1 La puissance des gentils subsistant en même temps. Nous savons, par l’Écriture, que la restauration de Jérusalem a eu lieu sous l’empire des gentils, ainsi que le cours entier des 69 semaines qui sont certainement écoulées. Les 70 semaines ont toutes un même caractère sous ce rapport. Ce n’est qu’à la fin des 70 que le pardon est accordé. Quel que soit l’instrument de l’alliance, la quatrième bête sera, dans ce temps-là, la puissance dominatrice des gentils auxquels Dieu avait confié l’empire. Cet état de choses, les Juifs restaurés, la ville rebâtie, les gentils dominant encore sur le trône du monde, est très important à remarquer, si l’on veut comprendre les 70 semaines. Les 70 semaines n’ont cours que sous ces conditions. Il faut bien comprendre qu’il s’agit du peuple de Daniel et de sa ville, qui doivent être réintégrés dans la faveur de Dieu. La patience de Dieu attend maintenant. La puissance des gentils avait manqué déjà à la fidélité ; Babylone était renversée ; les Juifs, par l’intercession, provisoirement rétablis, et le temple rebâti. Les 70 semaines étaient, à bien peu de chose près, écoulées, quand Christ les a visités. Si les Juifs s’étaient repentis, et que Jérusalem, dans cette sienne journée, eût reconnu ce qui était pour sa paix [(Luc 19:42)], tout était prêt pour son rétablissement en gloire. Abraham, Isaac et Jacob auraient pu être ressuscités comme Lazare. Mais elle n’a pas connu le jour de sa visitation [(Luc 19:44)] et l’accomplissement des 70 semaines, et le bonheur qui devait s’ensuivre, a dû être ajourné. Nous savons bien, par la grâce, que Dieu avait des pensées et des desseins bien plus excellents encore, et que l’état de l’homme était tel, que cette bénédiction n’aurait pu s’accomplir, comme l’événement l’a prouvé. Aussi tout est ici annoncé d’avance (comp. És. 49:4-6).

Interruption des relations entre Dieu et le peuple par le rejet de Christ
[9:26] Ce serait le chef d’un autre empire non encore existant, qui détruirait ainsi la ville et le sanctuaire. Alors, et pour le moment, il y avait interruption complète des relations entre Dieu et le peuple, même pour ce qui concerne un résidu croyant. La foi de Daniel serait repoussée par le peuple dans la personne de Christ prophète, et dans le reniement de Christ, exprimé par ces paroles : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » [(Jean 19:15)] ; et le peuple et la ville ont été livrés à la désolation.

Alliance et idolâtrie du peuple la dernière semaine, et jugement soudain
Mais une semaine restait encore à accomplir en rapport avec cette race incrédule et perverse, avant que son iniquité fût pardonnée, la justice éternelle introduite, la vision et la prophétie closes par leur accomplissement. [9:27] Cette semaine serait distinguée par une alliance que le prince ou conducteur ferait avec le peuple juif (sauf le résidu), puis par la cessation forcée de leur culte, causée par l’intervention du prince ; ensuite, les Juifs s’étant placés sous la protection des idoles (ce mauvais esprit longtemps chassé du peuple étant rentré avec sept autres plus mauvais encore [(Matt. 12:45)]), le désolateur arrive et le dernier jugement fond sur le peuple, jugement terrible, mais dont l’étendue est définitivement déterminée de Dieu et qui sera arrêté lorsque la mesure en sera accomplie. Ainsi, nous possédons une réponse bien précise à la demande du prophète, une réponse qui développe très exactement la suite des relations du peuple de Daniel avec la puissance des gentils ; sa position est clairement constatée pendant que la relation avec Dieu, en rapport avec l’intercession du prophète, subsiste.

Annonces de la prophétie pour les Juifs, comme réponse à Daniel
La prophétie annonce en même temps le fait général de la désolation du peuple (avec un moment de calme apparent par la faveur de la bête), dans l’intervalle entre les soixante-neuvième et soixante et dixième semaines, désolation occasionnée par le rejet du Messie, effectué au moment où la promesse attachée à la prophétie aurait dû bientôt s’accomplir. Le rejet du Messie (venant au nom de son Père) a eu pour effet de laisser les Juifs longtemps dispersés, pour devenir, lors de leur rassemblement, la proie de l’iniquité du chef des gentils, — le temps, de fait, où ils sont tombés entre les mains de celui qui devait venir en son propre nom, triste état développé pendant la dernière semaine, mais auquel Dieu avait posé des limites qu’aucune malice de l’ennemi ne saurait outrepasser.