Chapitre 6
L’homme veut un dieu pour ses convoitises, non pour sa conscience, et rejette le
vrai Dieu
Une autre forme d’iniquité se trouve en dehors de celle de Babylone (ch. 6).
Personnellement, Cyrus avait de meilleures pensées, et Dieu, qui les lui a
données, s’est servi de lui pour le rétablissement temporaire de son peuple,
afin que le Messie pût se présenter, dernière épreuve à laquelle serait soumis
ce peuple de sa dilection. Ce n’est pas Cyrus donc que nous trouvons ici, au
chapitre 6, comme instrument de l’iniquité qui cherchait à détruire Daniel, de
cette volonté de l’homme qui ne peut jamais supporter la fidélité à Dieu. Ici,
ce n’est pas l’idolâtrie, ce ne sont pas des insultes offertes à l’Éternel,
[6:7] mais c’est l’élévation de l’homme lui-même qui veut exclure toute idée de
Dieu. Il ne veut aucun Dieu. C’est un des traits qui caractérisent le fond du
cœur de l’homme ; il veut bien, en général, un dieu qui lui aide à satisfaire
ses passions et ses convoitises, un dieu commode pour l’unité de son empire et
la consolidation de sa puissance ; la partie religieuse de sa nature se contente
de tels dieux et se livre volontiers à leur culte, quoique celui qui les établit
en souverain ne le fasse que dans des vues politiques. Pauvre monde ! Le vrai
Dieu ne va ni à sa conscience ni à ses convoitises. L’ennemi de nos âmes est
content d’exploiter dans ce sens la religiosité de notre nature. La fausse
religion présente des dieux qui répondent aux désirs du cœur naturel quels
qu’ils soient, mais qui n’appellent jamais à la communion et n’agissent jamais
sur la conscience. Ils peuvent lui imposer des cérémonies et des observances,
car l’homme y tient ; mais ils ne mettent ni ne peuvent mettre une conscience
réveillée en rapport avec eux. Ce que l’homme veut, ce que l’homme craint, voilà
la sphère de leur influence. Ils ne produisent rien dans le cœur, sauf en tant
que des joies ou des craintes naturelles y agissent.
L’orgueil de l’homme
veut exclure tout dieu, pour s’élever lui-même
Mais, d’un autre côté, l’orgueil de l’homme se revêt quelquefois d’un caractère
qui change tout à cet égard. L’homme veut être lui-même Dieu, disposer de tout
d’après sa volonté, et exclure une rivalité que l’orgueil ne supporte pas : une
supériorité incontestable, si Dieu existe, est insupportable à celui qui ne veut
que lui-même. Il faut qu’il se débarrasse de Dieu. Les ennemis des fidèles se
servent de cette disposition. [6:7] La cruauté est moins inventive, sauf qu’en
flattant le pouvoir, elle n’a l’air de blâmer que ce qui lui désobéit et ce qui
méprise sa parole.
Le roi est lié à la
volonté de l’homme, mais reconnaît et respecte Dieu
La guerre étant avec Dieu lui-même, la question avec les hommes est tranchée
avec plus de mépris et moins de passion quant à eux. La passion s’allie moins à
l’orgueil qu’à la volonté de l’homme ; il est esclave de ceux qui lui rendent le
tribut de leur flatterie. La volonté est davantage son maître. [6:15] Dans ce
cas, dupe de sa vanité, le roi se trouve lié par des lois apparemment faites
pour garantir ses sujets de ses caprices, en paraissant attribuer à sa volonté
et à sa sagesse un caractère d’immutabilité qui n’appartient qu’à celles de Dieu.
[6:16] Daniel est jeté dans la fosse aux lions : [6:22] Dieu le garde. C’est ce
qu’il fera pour le résidu d’Israël, en général, à la fin du siècle. [6:24] Le
jugement que les ennemis d’Israël ont voulu faire tomber sur les fidèles d’entre
ce peuple, s’exécutera sur eux-mêmes ; mais l’effet de ce jugement va plus loin
que celui des autres. Nebucadnetsar défendait de dire du mal du Dieu d’Israël
[(3:29)], il a dit du bien du roi des cieux qui l’avait abaissé [(4:37)] ;
[6:26] mais Darius commande que partout on reconnaisse le Dieu de Daniel et
d’Israël pour le seul Dieu vivant, dont le royaume ne saurait être ébranlé,
[6:27] et qui, de fait, a délivré celui qui se confiait en Lui. Historiquement,
il paraît que Darius avait des sentiments de respect pour Dieu et pour la piété
de Daniel. Il n’est pas son Dieu, mais le Dieu de Daniel ; mais il le respecte ;
[6:26] il l’appelle aussi le Dieu vivant.
Idolâtrie, impiété et
orgueil, caractéristiques et causes du jugement des empires gentils
Enfin, l’idolâtrie, l’impiété, l’orgueil, qui s’élèvent au-dessus de tout, voilà
ce qui caractérise les grands empires présentés en Daniel et ce qui amène leur
jugement. L’effet du jugement, [6:26-27] c’est que le Dieu des Juifs est reconnu
comme le Dieu vivant qui délivre, [4:25] le Très-Haut qui domine sur le royaume
des hommes. Les mêmes traits caractériseront les jours de la fin. Ceci termine
la première partie du prophète.