Chapitre 3
Ch. 3 v. 1-7 — L’homme se fait un dieu en rapport avec le pouvoir suprême
Au chapitre 3, nous est présenté le premier trait caractéristique de l’homme investi du pouvoir impérial, mais dont le cœur est éloigné de Dieu, et qui l’est d’autant plus qu’il possède le pouvoir même. Il veut avoir un Dieu à lui, un Dieu qui dépende de la volonté de l’homme, et dans ce cas, de la volonté du dépositaire du pouvoir impérial. C’est de la sagesse selon l’homme. [3:3] Les besoins religieux ont leur aliment en rapport avec le pouvoir suprême, et les influences religieuses s’exercent en liant tous les membres de l’empire dans une fusion générale autour du chef par le lien le plus fort, sans que l’autorité paraisse ; car le besoin religieux de l’homme se lie ainsi à sa volonté, et sa volonté, sans le savoir, au centre que le pouvoir lui a formé. Autrement, la religion, le plus puissant motif du cœur, devient un dissolvant dans l’empire. Mais la volonté de l’homme ne peut pas faire un vrai Dieu. Nebucadnetsar, par conséquent, abandonne le vrai Dieu, quoiqu’il eût même reconnu qu’il n’y en avait point de pareil à celui des Juifs [(2:47)], et en fait un pour lui-même. Le gouvernement des gentils rejette le Dieu qui lui avait donné sa puissance ; et le vrai Dieu n’est reconnu que par un résidu fidèle et souffrant [(dans l’original : et à l'égard du vrai Dieu, il s’agit d’un résidu fidèle et souffrant)] ; l’empire est idolâtre : voilà le premier grand trait qui caractérise la domination de Babylone.

Ch. 3 v. 8-18 — La fidélité au vrai Dieu contrarie la volonté du roi
Mais la fidélité qui contrarie ce sage système lequel lie à la volonté du chef le plus puissant mobile de tous les peuples, et fait que ceux-ci entourent le chef en adorant ce qu’il leur présente [(3:7)], est insupportable à cette volonté. Une telle fidélité touche au premier ressort de tout le mouvement. L’idole n’est pas Dieu du tout, et l’homme, quelque puissant qu’il soit, ne peut pas en créer. [3:18] L’homme qui a la foi, soumis au roi, ainsi que nous l’avons vu dans les chapitres précédents, puisqu’il est établi de Dieu, ne l’est pas au faux dieu que le roi établit en reniant Celui qui lui a donné son autorité, et que le fidèle reconnaît encore. [3:15] Mais le roi dispose de la force, et veut faire valoir sa volonté.

Ch. 3 v. 19-30 — Conséquences de la fidélité des trois hébreux, et de Dieu
Épreuve de la fidélité et bonheur de la présence de Dieu
[3:21] Shadrac, Méshac et Abed-Nego sont jetés dans la fournaise ardente. [3:25] Mais c’est dans les souffrances de son peuple, que Dieu à la fin paraît comme Dieu. Il permet que leur fidélité soit éprouvée là où le mal subsiste, afin qu’ils soient avec Lui dans la jouissance du bonheur, là où son caractère et sa puissance sont pleinement manifestés, soit sur cette terre, soit d’une manière encore plus excellente, dans le ciel.

Dieu agit et délivre Ses serviteurs, malgré le roi et devant lui
On peut remarquer que la foi et l’obéissance sont aussi absolues que la volonté du roi. [3:16] Rien de plus beau, de plus calme, que la réponse des trois fidèles. [3:17] Dieu peut délivrer et délivrera ; [3:18] mais, quoi qu’il en soit, ils ne l’abandonneront pas. [3:15] La rage du roi jette le défi à Dieu. Qui est le Dieu qui délivrera le fidèle de sa main ? [3:19] Dieu lui permet de faire tout ce qu’il peut. [3:22] Sa rage aveugle a pour effet de détruire les instruments de sa vengeance par l’ardeur du feu préparé pour les fidèles Hébreux. [3:21] Ceux-ci y sont jetés et extérieurement la volonté du roi s’accomplit ; mais ce n’est que pour faire briller la puissance et la fidélité de Dieu, qui intervient au milieu du feu, pour témoigner l’intérêt qu’il porte à la fidélité de ses serviteurs. [3:25] L’effet du feu pour eux est que leurs liens sont brûlés et qu’ils trouvent la présence de Celui qui a la forme de Fils de Dieu, à la vue même du monarque qui reniait sa toute-puissance. [3:29] La conséquence, d’un côté, est la défense au monde entier de parler contre le Dieu des Juifs, [3:30] de l’autre, la gloire du résidu de ce peuple captif et faible.

Principes de la conduite du résidu fidèle
Fidélité et obéissance, en ne reconnaissant que Dieu seul
Remarquez ici que c’est par la fidélité et l’obéissance que le résidu est caractérisé. Cette fidélité se manifeste en ce qu’il ne veut que son Dieu à lui ; point de concessions : ç’aurait été le nier ; car, pour reconnaître le vrai Dieu, il ne faut reconnaître que Lui seul. La vérité n’est que sa pleine révélation, et ne peut reconnaître qu’elle-même ; la mettre au niveau du mensonge, serait dire qu’elle n’est pas la vérité.

Trois principes caractérisant le résidu, et faisant reconnaître Dieu par eux
Ces trois principes nous ont été signalés à l’égard du résidu :

1° Il ne se souille pas en participant à ce que le monde donne, à la viande du roi [(1:8)].

2° Il a l’intelligence des pensées et des révélations de Dieu [(2:21-23)].

3° Il est fidèle, en refusant absolument de reconnaître tout autre dieu que le sien, qui est le vrai [(3:18)]. Le premier est commun à tous ; le second est l’esprit de prophétie dont Daniel est ici le vase ; le troisième est la part de chaque croyant, même alors qu’il n’a pas l’esprit de prophétie. Plus on est près de la puissance du monde, plus on est en danger de souffrir, si l’on est fidèle. On remarquera que tout ceci se lie à la position et aux privilèges des Juifs. Remarquez aussi que Dieu est reconnu, par la volonté et le pouvoir des gentils, de deux manières et par des moyens différents, les deux étant des privilèges accordés au résidu. [2:47] Le premier de ces privilèges consiste dans la possession de l’intelligence de l’Éternel, la révélation de ses pensées et de ses conseils. C’est ce qui porte le gentil à reconnaître le Dieu de Daniel comme le Dieu des dieux et le Seigneur des rois : telle est sa position en rapport avec tout ce qui était exalté au-dessus de la terre. Il était suprême dans les cieux et sur la terre. [3:28-29] Le second de ces privilèges, c’est que Dieu s’intéresse au pauvre résidu de son peuple, ayant la puissance de le délivrer de la tribulation dans laquelle la puissance rebelle et idolâtre (et par conséquent apostate), l’a jeté. Le résultat, ici, est qu’il est reconnu, et que ses fidèles sont délivrés et exaltés. Le premier point est plus général et s’étend aux gentils, qui sont reconnus de Dieu ; le second a pour effet la délivrance de ce résidu juif.