Principes et
application du livre
Affections du cœur pour le Seigneur, et manquements à celles-ci
Il est à remarquer qu’il s’agit, dans ce livre, non de la purification de la
conscience, c’est une question laissée de côté, mais des affections du cœur,
affections qui, lorsque le Seigneur en est l’objet, ne sauraient être trop
ardentes. Et, par conséquent, les fautes qui manifestent l’oubli de Lui et de sa
grâce, ne servent qu’à produire à son sujet de ces exercices de cœur qui font
rappeler tous les attraits de sa Personne et la conscience d’être entièrement à
Lui, — exercices qui forment le cœur à une appréciation beaucoup plus profonde
de ce qu’il est, parce qu’il s’agit, non d’une culpabilité devant un juge, mais
d’une faute de cœur envers un ami ; faute qui, rencontrant un amour trop fort
pour être détourné de son objet, ne fait autre chose que de rendre plus profonde
l’affection de la Bien-Aimée et de rehausser infiniment à ses yeux l’affection
de son Bien-Aimé (formant ainsi son cœur, par des exercices intérieurs, à
l’appréciation de son amour et au développement dans ce cœur d’une capacité
d’aimer et d’estimer tout ce qu’il est). Il est de toute importance que l’état
de notre cœur soit conforme à cette partie de la vie chrétienne. C’est ainsi que
Christ est vraiment connu ; car, quand il est question des personnes divines,
celui qui n’aime pas ne connaît pas. Le cœur, il est vrai, est imparfait ; il ne
sait pas aimer comme il faut ; c’est pourquoi tous ces exercices sont
nécessaires. Je ne dis pas que les fautes le soient ; mais, ainsi qu’on l’a
remarqué, c’est l’amour qui fait sentir la faute quand elle existe, et sa force
qui expose à recevoir les coups du guet [(5:7)] dont le devoir n’est pas de
mesurer cet amour, mais de maintenir l’ordre moral. Il enlève le voile, triste
et pénible discipline qui montre que tout en aimant beaucoup on n’aimait pas
assez, ou au moins que cet amour ardent était déposé dans un vase faible et
traître à lui-même, si on l’écoutait.
Affections entre Christ
et l’Église et les croyants actuellement
Pas d’application à l’Église, mais pour l’affection du cœur des croyants
J’ai dit que, dans son interprétation, ce livre ne s’applique pas à l’Église.
Cependant j’ai parlé de nous et de nos cœurs, et avec raison, parce que si
l’interprétation du livre nous montre qu’Israël en est l’objet, il s’agit du
cœur et de ses sentiments, de sorte que, moralement, il a une application pour
nous. Mais alors, il faut tenir compte de la modification déjà mentionnée. Nous
avons la pleine connaissance d’une rédemption accomplie, nous savons que nous
sommes assis dans les lieux célestes en Christ [(Éph. 2:6)]. Notre conscience
est éternellement purifiée. Dieu ne se souviendra plus de nos péchés ni de nos
iniquités [(Héb. 10:17)]. Mais l’effet de cette œuvre, c’est que nous sommes
entièrement à Lui, selon l’amour montré dans le sacrifice qui l’a accomplie.
Moralement donc, Christ est le tout de nos âmes. Il est évident que s’il nous a
aimés, s’il s’est donné lui-même pour nous, lorsqu’il n’y avait point de bien en
nous, c’est en ayant absolument fini avec nous-mêmes que nous avons la vie, le
bonheur et la connaissance de Dieu. C’est en Lui seul que nous en trouvons la
source, la force et la perfection. Or, pour la justification, cette vérité rend
notre position parfaite. En nous, il n’y a pas de bien. Nous sommes acceptés
dans le Bien-Aimé — parfaitement acceptés dans son acceptation, nos péchés étant
entièrement ôtés par sa mort. Mais alors, pour la vie, Jésus devient le seul
objet, le tout de nos âmes. En Lui seul le cœur trouve ce qui peut être son
objet — en Lui qui nous a tant aimés et s’est donné pour nous — en Lui qui est
toute la perfection pour le cœur. Quant à la conscience, la question est résolue
dans la paix par son sang ; nous sommes justes en Lui devant Dieu, quoique nous
soyons journellement exercés sur ce terrain. Mais le cœur a besoin d’aimer un
tel objet, et, en principe, il ne veut que Lui en qui se trouvent toute grâce,
tout dévouement pour nous, et toutes les grâces qui sont selon le cœur de Dieu
lui-même. C’est ici que le chrétien se rencontre avec le Cantique des Cantiques.
Affections de l’Église,
préparée pour voir Christ et apprenant à Le connaître
L’Église aimée, rachetée, l’Église qui est à Lui, ayant compris ses perfections
par l’Esprit, l’ayant connu dans l’œuvre de son amour, ne le possède pas encore
tel qu’elle le connaît. Elle soupire après le jour où elle le verra tel qu’il
est. En attendant, il se manifeste à elle, réveille ses affections et veut
posséder son amour en lui témoignant toute sa joie en elle. Elle fait aussi
l’expérience de ce qui est en elle-même, de cette paresse de cœur qui perd les
occasions d’avoir communion avec Lui. Mais cela lui apprend à juger tout ce qui,
en elle, affaiblit dans son cœur l’effet des perfections de son Bien-Aimé. Ainsi
elle est moralement préparée, et a la capacité d’une pleine jouissance de
communion avec Lui. Lorsqu’elle le verra tel qu’il est, elle Lui sera semblable.
Ce n’est pas un effort pour l’avoir ; mais nous cherchons à saisir tout ce pour
quoi nous avons été saisis par Christ. Nous avons un objet que nous ne possédons
pas pleinement encore, mais qui seul peut satisfaire tous nos désirs — objet
dont nous avons besoin de réaliser l’affection dans nos cœurs — but que, dans sa
grâce, il poursuit par le témoignage de son amour parfait envers nous, en
cultivant par là même le nôtre pour Lui, nous encourageant même par le sentiment
de notre faiblesse et par la révélation de sa propre perfection, nous montrant
ainsi tout ce qui dans nos cœurs nous empêche de jouir de Lui. Il nous en
délivre en nous en faisant faire la découverte en présence de son amour.
Importance de cultiver
les affections attachant à Christ et Le faisant connaître
Ce n’est pas ici mon but de tracer en détail le mouvement de ces affections dans
le cœur, parce que j’interprète et que je n’exhorte pas ; mais il était
nécessaire d’en dire cela pour l’intelligence du livre. Du reste on ne peut pas
exagérer l’importance qu’il y a pour nous à cultiver les saintes affections qui
nous attachent à Christ, qui nous font connaître son amour et nous le font
connaître lui-même. Car, je le répète, quand il s’agit de Dieu et des voies de
Dieu à notre égard, celui qui n’aime pas ne connaît pas.
Manifestation de
l’amour de Jésus pour ses bien-aimés
Perfection vue dans la Bien-aimée et prix qu’elle a pour Lui
Remarquons seulement avec quel empressement, avec quelle tendresse il dit à sa
Bien-Aimée tout le prix qu’elle a à ses yeux et la perfection qu’il découvre en
elle. Si Jésus voit de la perfection en nous, nous n’avons besoin de rien
d’autre. [6:4] Il rassure le cœur de sa Bien-Aimée en lui en parlant, [5:7]
après qu’elle a été justement reprise et disciplinée par le guet, [5:16] et que
son cœur a été forcé de se soulager en déclarant à d’autres, à ses amies, tout
ce qu’il était pour elle. [6:9] Il ne lui reproche rien, mais il lui fait sentir
qu’elle est parfaite à ses yeux.
Amour manifesté de
Jésus pour Pierre qui L’a renié
En pratique, quelle profonde perfection d’amour dans ce regard de Jésus à Pierre
qui venait de le renier [(Luc 22:61)] ! Quel moment que celui où, sans reproche,
tout en l’enseignant, il atteste sa confiance en Pierre, en lui remettant, alors
même qu’il venait de le renier, les brebis et les agneaux si chers à son cœur,
pour lesquels il venait de donner sa vie [(Jean 21:15-17)] !
Reproduction de l’amour
de Christ dans les siens
Or, cet amour de Christ, dans sa supériorité au mal — supériorité qui en montre
la nature divine — se reproduit, comme une nouvelle création, dans le cœur de
celui qui en reçoit le témoignage, en le liant au Seigneur qui l’a ainsi aimé.
Appréciation de l’amour
de Jésus et connaissance de Lui dans les exercices
Le Seigneur est-il autre chose pour nous ? Non, mes frères ; nous apprécions son
amour, et nous apprenons, dans ces exercices de cœur, à le connaître lui-même.