Chapitre 2
Ch. 2 v. 1-5 — Connaissance de l’union avec Christ, pleinement suffisante pour
la foi
Ch. 2 v. 1-2 — Puissance agissant dans Paul comme homme, fruit de l’amour
[2:1] Or, cette puissance opérait dans la faiblesse de l’apôtre, dans un cœur
humain qui sentait comme un homme, quoique selon Dieu, les nécessités des hommes
et les difficultés qui se présentaient sur le chemin ; et cette puissance était
le fruit de l’amour de Dieu. Il voulait que les Colossiens comprennent bien quel
combat il avait pour eux et tous ceux qui ne l’avaient jamais vu, [2:2] afin
qu’ils soient encouragés et bien unis en amour ; en sorte que, dans toute la
richesse d’une pleine assurance, ils comprennent le mystère de Dieu.
Ch. 2 v. 2-3 — Précieux
trésor de la connaissance de l’union avec Christ
[2:2] L’apôtre sentait bien que c’était là ce qu’il leur fallait, ce qui serait
un moyen de bénédiction pour eux. [2:4] Il savait que l’union avec Christ,
connue dans le cœur, était ce qui garantissait des ruses de l’Ennemi, auxquelles
les Colossiens étaient exposés ; [2:3] il savait quel était le prix indicible de
cette union, et même de sa réalisation par la foi. [2:1] Il travaillait,
combattait dans ses prières, car c’est bien un combat, [2:2] pour que la pleine
conscience de cette union avec le glorieux Chef soit opérée dans leurs cœurs,
[1:27] de sorte que le Christ qui est en haut soit en eux par la foi. [2:3] Dans
le mystère étaient renfermés tous les trésors de la sagesse et de la
connaissance. Les fidèles de Colosses n’avaient pas à les chercher ailleurs ;
[2:8] la science faussement ainsi nommée pouvait prétendre leur fournir des
hauteurs, auxquelles la simplicité de la doctrine de Christ n’atteignait pas ;
mais de fait, la sagesse de Dieu, et la profondeur de ses conseils, laissaient
ces nuageux efforts de l’esprit humain à une distance infinie ; aussi
étaient-elles vérité, réalité, au lieu de n’être que les créations de
l’imagination inspirées par l’Ennemi.
Ch. 2 v. 4-5 — Danger
de pensées hors de Christ, ajoutées à la vérité reçue par la foi
C’est pourquoi l’apôtre avait mis en avant ces révélations merveilleuses de Dieu
quant à la double gloire de Christ et quant à sa personne. [2:4] Il en parlait
afin que personne ne séduise les Colossiens par des paroles persuasives ; [2:5]
il se prévalait de l’ordre qui se trouvait parmi eux, de leur foi, pour les
mettre en garde contre les dangers auxquels les auraient exposés des pensées qui
pouvaient se glisser subrepticement, inaperçues, dans leurs esprits, tandis que
tout allait bien, et que la conscience de la foi demeurait encore sans être
atteinte. C’est ce qui arrive souvent : on a la foi en Christ, on marche bien,
on ne s’aperçoit pas que certaines idées renversent cette foi ; on admet ces
idées, en maintenant toujours la profession de la foi à côté d’elles ; mais la
force de la vérité, la conscience de l’union avec Christ et la simplicité qui
est en lui sont perdues. L’Ennemi a, dans cette mesure, atteint son but. Ce
qu’on a reçu n’est pas le développement de Christ, mais quelque chose en dehors
de lui.
Ch. 2 v. 6-7 —
Suffisance de Christ pour l’homme et pour sa connaissance
Vanité du raisonnement de l’intelligence humaine, sans Christ en qui tout est
[2:6] C’est pourquoi l’apôtre dit : « Comme… vous avez reçu le christ Jésus, le
Seigneur, marchez en lui, enracinés et édifiés en lui, et affermis dans la foi,
selon que vous avez été enseignés » (vers. 6 et 7). Quand on a reçu Christ, tout
le reste n’est qu’un développement de ce qu’il est, et de la gloire que les
conseils de Dieu ont attachée à sa personne. [2:8] Les connaissances, ou
prétendues connaissances en dehors de cela, ne font que nous détourner de lui,
ne font que soustraire nos cœurs à l’influence de sa gloire, nous jettent dans
le faux, et placent nos âmes en rapport avec la création sans Dieu, et sans
posséder la clef de ses desseins. Ainsi, puisque l’homme est incapable de sonder
ce qui existe et de s’en rendre compte, ses efforts pour le faire le poussent à
inventer une masse d’idées sans fondement, et à essayer de remplir le vide qui
se trouve dans ses connaissances à cause de son ignorance de Dieu, par des
spéculations dans lesquelles, parce qu’il est loin de Dieu, Satan, sans qu’il
s’en doute, joue le plus grand rôle.
L’homme veut se faire
centre de tout et s'égare dans ses spéculations
L’homme, enfant d’Adam, n’est pas le centre du système immense des voies de
Dieu. Hors de Christ, et sans Christ, il ne connaît pas ce centre ; [2:18] il
spécule sans fondement et sans fin, pour s’égarer toujours davantage. Sa
connaissance du bien et du mal, l’énergie de ses facultés morales, ne font que
l’égarer davantage, parce qu’il s’occupe de questions plus élevées que celles
qui ont purement trait à l’ordre physique : et elles produisent en lui le besoin
de concilier des principes en apparence incompatibles qui ne se concilient pas
sans Christ. Au reste, la tendance de l’homme est toujours de faire de lui-même,
tel qu’il est, le centre de tout : dès ce moment tout est déjà faux.
Marche et progression
dans la connaissance de Christ, centre de tout
[2:6] Les chrétiens doivent donc marcher avec simplicité dans les voies du
Seigneur, tel qu’ils l’ont reçu, et leurs progrès doivent s’accomplir dans la
connaissance de Christ, vrai centre et plénitude de toutes choses (vers. 6).
Insuffisance des
ressources de l’homme pour connaître sans Dieu
Lorsque l’homme s’occupe philosophiquement de tout, l’insuffisance de ses
propres ressources le jette toujours dans les mains d’un meneur intellectuel et
dans les traditions ; et lorsqu’il s’agit de religion, dans des traditions qui
développent la religion de la chair, et s’adaptent aux forces et aux tendances
de celles-ci.
Ch. 2 v. 8-19 —
Jugement du système judéo-philosophique, par rapport à l’œuvre de Christ
Ch. 2 v. 8 — Opposition de la religion de la chair avec la position chrétienne
Prétentions du judaïsme, allié à la spéculation humaine, contre le christianisme
Au temps où l’apôtre écrivait, le judaïsme avait les prétentions les plus
élevées dans ce genre de religion. [2:8] Il s’alliait avec des spéculations
humaines et les adoptait ; il les poursuivait même assidûment, offrant en même
temps des preuves de son origine divine, que rendaient croyables l’absence des
grossièretés de la mythologie païenne et les besoins qui satisfont la conscience
de l’homme en l’existence d’un être divin. Cette pureté relative tendait à ôter,
pour les esprits éclairés, ce qu’il y avait de dégoûtant dans le système païen.
Le judaïsme avait, par la mort de Jésus, perdu tout droit à la prétention d’être
le vrai culte de Dieu, et ainsi était propre, par les avantages qu’il offrait en
vertu de la pureté comparative de ses dogmes, à servir d’instrument à Satan,
pour s’opposer à la vérité. En tout temps, il avait été adapté à la chair et
avait été fondé sur les éléments de ce monde, parce que, lorsqu’il était reconnu
de Dieu, Dieu éprouvait l’homme par son moyen, dans la position où il se
trouvait. Maintenant Dieu n’était plus avec le judaïsme ; les Juifs, mus par
l’envie, poussaient les Gentils à la persécution, et le judaïsme s’alliait aux
spéculations païennes pour corrompre et miner le christianisme, et pour détruire
son témoignage.
Nécessité d’un support
pour la religion de la chair, sans l’Esprit
En principe, il en est toujours ainsi. La chair peut paraître, pour un temps,
mépriser les traditions, mais ce qui est purement intellectuel ne se maintiendra
jamais au milieu de l’humanité, sans quelque chose de religieux. La chair n’a
pas la vérité, ni le monde ce qui appartient à la foi ; et pour l’immense
majorité, il faut la superstition et les traditions, c’est-à-dire une religion
que la chair puisse saisir, et qui lui convienne. Dieu peut conserver encore,
par sa puissance, une partie de la vérité, ou laisser tout se corrompre ; mais
dans l’un ou l’autre cas, la vraie position chrétienne et la doctrine de
l’Assemblée sont perdues1.
1 Il y avait dans le système gnostique de très belles légendes contenant des vérités partielles ; mais les gnostiques avaient perdu Dieu et la vérité, ainsi que la réalité de la conscience devant Dieu.
Liens et différence
entre religion de la chair et philosophie
[2:8] On peut bien trouver la philosophie séparée de la religion de la chair, et
celle-ci séparée de la philosophie ; mais dans ce cas la philosophie est
impuissante et athée ; la religion de la chair, étroite, légale, superstitieuse
et, si elle le peut, persécutrice.
Christ, céleste et
pleinement suffisant, contraste avec la chair dans l’homme
[2:8] Dans notre chapitre nous trouvons la philosophie et le vide de la sagesse
humaine, réunis avec la tradition des hommes, caractérisés comme « les éléments
du monde », en opposition avec « le Christ » : car, en effet, nous avons un
Christ céleste, qui forme un parfait contraste avec la chair dans l’homme vivant
sur la terre ; un Christ en qui se trouvent toute sagesse et toute plénitude, et
la réalité de tout ce que la loi prétendait nous donner, ou qu’elle présentait
en figure : et en même temps une réponse à tous nos besoins. C’est ce que
l’apôtre développe ici, en montrant la mort et la résurrection avec le Christ
comme le moyen d’y avoir part.
Ch. 2 v. 9-15 — Portée
de l’œuvre de Christ, avec qui nous sommes identifiés
Ch. 2 v. 9-10 — Dieu dans Sa perfection en Christ, et nous parfaits en Lui
[2:9] Et premièrement, « en lui habite toute la plénitude de la déité
corporellement » (vers. 9). En lieu et place des spéculations nuageuses des
hommes et des éons fantastiques, nous avons la plénitude de Dieu,
corporellement, dans un vrai corps humain, et ainsi efficacement pour nous, dans
la personne de Jésus Christ. [2:10] En second lieu, nous sommes « accomplis en
lui » : nous n’avons besoin de rien qui soit hors de Christ1. [2:9] D’un côté
nous avons, en lui, Dieu parfaitement présenté dans toute sa plénitude ; [2:10]
de l’autre nous possédons en lui la perfection et l’avons complètement devant
Dieu : rien ne nous manque quant à notre position devant Dieu. Quelle vérité !
Quelle position ! [2:9] Dieu, dans sa parfaite plénitude, en Christ homme ;
[2:10] nous en lui devant Dieu dans la perfection de ce qu’il est ; en lui, Chef
de toutes les principautés et autorités, devant lesquelles l’homme, dans son
ignorance, serait disposé à fléchir le genou ! [2:9] Nous en lui, en qui, quant
à sa personne, la plénitude de la déité habite ; [2:10] en lui qui, quant à sa
position et à ses droits comme homme élevé en haut, est au-dessus de toute
autorité et de toute principauté !
1 Ces expressions se rapportent au double caractère de Christ déjà mis devant nos yeux au chapitre 1. Elles nous présentent ce que nous avons en Christ d’une manière positive, comme ce qui suit s’applique à tout ce qui ici-bas peut nous empêcher d’en jouir. [2:9] En Christ est la plénitude de la déité, objet de nos délices aussi, car en lui nous possédons tout. [2:10] Nous avons aussi en lui une position au-dessus de toute créature selon la perfection qui l’a placé dans cette position suprême. Nous sommes accomplis (rendus complets, pleins) en lui, qui est le Chef de toute principauté et de toute autorité. Quant à la phraséologie, le remplacement d’un mot par un autre, qui toutefois n’est pas meilleur en lui-même, fait saisir la pensée de l’apôtre : En lui habite toute la perfection de la déité corporellement, et nous sommes complets en lui.
Ch. 2 v. 12-15 —
Détails d'application de tout ce que nous avons en Christ
Ensuite l’apôtre entre dans des détails d’application, pour démontrer que les
fidèles ont tout en Christ, envisagé selon la position qu’il avait prise, sans
avoir rien à chercher ici-bas.
Ch. 2 v. 11 — Réalité
de la circoncision, dépouillement de la chair
[2:11] La circoncision, signe divin de l’alliance de Dieu avec les Juifs et du
dépouillement de la chair, exigée pour faire partie du peuple de Dieu, avait sa
réalité en Lui. Les chrétiens, rendus participants de l’efficace de sa mort, par
la puissance de la vie qui est en lui, et qui est la leur, se tiennent pour
morts, et ont dépouillé le corps du péché par la foi. C’est la vraie
circoncision de Christ, faite sans main. La circoncision faite de main n’était
que le signe de ce dépouillement du corps de la chair, qui est le privilège du
chrétien en Christ. Ayant une nouvelle vie en Christ, il a dépouillé
efficacement le vieil homme.
Ch. 2 v. 12-13 —
Résurrection avec Christ dans Sa vie, étant pardonnés et délivrés du péché
[2:12] Nous sommes ensevelis avec Christ par le baptême (car c’est la
signification de cette cérémonie), dans lequel aussi nous sommes ressuscités
avec lui, par la foi dans cette opération de la puissance de Dieu, par laquelle
il a été ressuscité d’entre les morts. Le baptême était le signe et l’expression
de cela1 ; la foi dans l’opération de Dieu qui l’a ressuscité, le moyen par
lequel s’effectue en nous cette merveilleuse résurrection avec Christ pour
entrer dans un nouvel état et une nouvelle scène — cette heureuse mort, ou
plutôt cette précieuse participation à la mort de Celui qui a tout accompli pour
nous. Et quand je dis « la foi », c’est la puissance de l’Esprit de Dieu opérant
en nous. Mais c’est la puissance de Dieu lui-même, telle qu’elle a agi en
Christ, qui opère en nous, pour nous donner la nouvelle position dans la vie.
[2:13] Considérée en rapport avec notre résurrection avec Christ, cette vie
implique, par le fait même que nous la recevons, que nous sommes pardonnés
parfaitement et pour toujours. Nous étions sous le poids de nos péchés, et morts
dans nos péchés : Christ s’est placé sous ce poids, et il est mort pour nous,
accomplissant l’œuvre qui a ôté nos péchés par le fait qu’il est descendu dans
la mort. Ressuscités avec lui, en tant que participants de la vie dont il jouit
comme ressuscité d’entre les morts, nous avons, comme lui et avec lui, laissé
tout ce poids de péchés et de condamnation derrière nous, avec la mort dont nous
avons été délivrés. C’est pourquoi l’apôtre dit : « Vous ayant pardonné toutes
vos fautes ».
1 Quelques-uns ne lient pas « ressuscités » avec le baptême. Dans ce cas, il me semble que le passage doit se lire : « En qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ », ayant été ensevelis avec lui dans le baptême, en qui aussi vous avez été ressuscités ensemble (dans le sens de : avec Christ) par la foi, etc. Le baptême signifie clairement la mort ; et ce n’est pas le fait d’être baptisé, mais celui de sortir de l’eau qui peut s’appliquer à la résurrection. Le sens du baptême, même comme figure, n’est aucunement le don de la vie, mais le fait de quitter la vie d’Adam par la mort (la mort de Christ) et d’entrer par cette porte dans une position entièrement nouvelle.
Mort au péché et
vivification par la résurrection — Comparaison avec Éph. 2
Christ, en ressuscitant, a laissé derrière lui la mort et le poids de la
condamnation sous laquelle nous étions ; [2:12] nous aussi, nous avons été
ressuscités avec lui. Il est de toute évidence que Dieu, en nous ressuscitant
ainsi de l’état où nous étions, ne nous a pas ressuscités pour nous condamner,
ou nous laisser sous une condamnation attachée à cette nouvelle vie qui est
Christ même. [2:13] Car il avait déjà porté la condamnation, satisfait à la
justice de Dieu et aboli le péché dans sa mort, avant de nous communiquer la
vie. Il nous fait sortir de la mort et de la condamnation, avec Christ qui l’a
portée pour nous. Mais ceci se lie à un autre aspect de cette œuvre de grâce
dont il est parlé ici, comme aussi dans les Éphésiens et même en Jean 5 et 2
Corinthiens 5. Celui qui est vivant dans les péchés est, devant Dieu, mort dans
les péchés. Si je le considère comme vivant dans les péchés, il faut que la mort
intervienne, et elle est intervenue à la croix (voir Rom. 6). Ce côté n’est pas
mis en avant dans les Éphésiens [(Éph. 2:5)] ; la mort seule l’est dans les
Romains ; dans les Colossiens, la mort et la résurrection en Christ, dont nous
avons parlé. Il n’en est nullement question dans les Éphésiens ; nous y sommes
envisagés comme morts dans nos péchés, morts devant Dieu, et tout ce qu’il y a
de bon c’est une nouvelle création selon les conseils de Dieu. Nous sommes
vivifiés ensemble avec Christ lorsque nous étions morts dans nos péchés [(Éph.
2:5)]. Ceci est aussi présenté dans les Colossiens, mais n’est pas mentionné
comme étant une nouvelle création. Toutefois, dans les deux épîtres, il y a une
nouvelle vie donnée lorsque nous étions morts ; seulement les Éphésiens
commencent par cette vie en Christ ressuscité et exalté, et par la même
puissance en nous. Dans les Colossiens elle est présentée comme complément à
l’enseignement sur l’administration de cette doctrine de notre mort dans le
baptême et de notre résurrection par la foi dans l’opération de Dieu en Christ.
Dans les Éphésiens, la grâce nous trouve morts et nous vivifie avec Christ. Dans
les Colossiens, elle nous trouve vivants dans nos péchés, introduit la mort et
la résurrection, et complète cette œuvre en nous vivifiant avec Christ.
Ch. 2 v. 14 — Liberté
donnée par l’effacement des ordonnances assujettissant l’homme
[2:14] De même toutes les ordonnances, qui appartenaient aux éléments de ce
monde et s’appliquaient à l’homme dans la chair, et pesaient comme un joug
insupportable sur les Juifs (ordonnances auxquelles ils voulaient assujettir les
autres), ces ordonnances — qui plaçaient la conscience sous le poids continuel
d’un service non accompli par l’homme, d’une justice non satisfaite en Dieu —
étaient effacées. Le Juif, dans ces ordonnances, avait, pour ainsi dire, apposé
sa signature à sa culpabilité ; mais l’obligation a été détruite et clouée à la
croix du Christ. La liberté nous est donnée, comme la vie et le pardon.
Ch. 2 v. 15 —Tout ce
que Christ a fait exposé pour ramener à Lui, et non la position en Lui
Ce n’est pas tout. [2:15] Nous avions contre nous la force des principautés et
des autorités — la puissance spirituelle de méchanceté [(Éph. 6:12)] : Christ
les a vaincues et dépouillées sur la croix, ayant triomphé sur elles. [2:14] Il
a mis de côté tout ce qui était contre nous, afin de nous introduire
parfaitement délivrés de tout, dans notre nouvelle position. Ici on remarquera
que l’apôtre, dans ce qu’il dit de l’œuvre de Christ, ne va pas au-delà de ce
que Christ a fait pour nous délivrer, et dans le but de nous placer dans les
lieux célestes. Il parle au vers. 10 des droits de Christ, mais non comme assis
dans les lieux célestes ; ni comme ayant mené captifs les ennemis [(Éph. 4:8)] ;
il ne nous voit pas assis en lui dans les lieux célestes [(Éph. 2:6)]. Christ a
fait tout ce qui était nécessaire pour nous y introduire, [2:8] mais les
Colossiens sont envisagés comme étant sur la terre, bien que ressuscités, et
comme, pour le moins, en danger de perdre le sentiment de leur position en vertu
de leur union avec Christ, et de retomber sous les éléments du monde et de la
chair, de l’homme vivant dans la chair, qui n’est ni mort ni ressuscité avec
Christ. [2:14] L’apôtre cherche à les ramener en leur montrant comment Christ
avait accompli tout ce qui était exigé, et avait ôté du chemin tout ce qui les
empêchait d’arriver : mais il ne peut leur parler de la position elle-même ; les
Colossiens n’y étaient pas d’une manière consciente. Dans les choses de Dieu on
ne comprend pas une position sans y être. Dieu peut la révéler et nous en
montrer le chemin. L’apôtre le fait ici pour ce qui est de la personne de Christ
: cela seul pouvait y rappeler les Colossiens. En même temps il développe
l’efficace de son œuvre pour affranchir les saints des liens qui les retenaient,
et leur montrer que tout obstacle était ôté. Mais, en détail, il est obligé
d’appliquer sa doctrine aux dangers dans lesquels les Colossiens se trouvaient,
plutôt que d’en développer les glorieux effets dans le ciel.
Ch. 2 v. 16-19 —
Réalité du lien avec Christ, Tête du corps, face aux erreurs de l’homme
[2:17] Les ordonnances juives n’étaient que des ombres ; Christ était le corps
(vers. 17). [2:18] En introduisant les anges comme objets d’hommage, et en les
plaçant ainsi entre Christ et eux, [2:19] on séparait les membres du corps de la
Tête qui était au-dessus de toute principauté. La simplicité de la foi
chrétienne retenait ferme la Tête, de laquelle tout le corps tirait directement
sa nourriture, et ainsi croissait de l’accroissement de Dieu. [2:18] Il pouvait
sembler que c’était de l’humilité que de se placer ainsi en rapport avec les
anges, comme avec des êtres supérieurs et élevés, et qui pouvaient servir de
médiateurs ; mais il y avait deux vices d’une immense portée dans cette
apparente humilité. 1° C’était un véritable orgueil que la prétention de
pénétrer dans les secrets du ciel, dont on ne sait rien. Que savaient-ils d’une
position des anges, qui rendrait ceux-ci les objets d’un pareil hommage ?
C’était la prétention de monter au ciel pour mesurer, par eux-mêmes, leur
relation avec les créatures de Dieu sans Christ et se placer même à son propre
gré en relation avec elles. [2:19] 2° C’était renier leur union avec Christ.
S’ils étaient un avec lui, il ne pouvait rien y avoir entre eux et lui ; s’il y
avait quelque chose entre eux et lui, ils étaient morts et deux fois morts. De
plus, par leur union avec Christ, ils étaient un avec lui, qui est au-dessus des
anges. Unis à lui, ils recevaient, ainsi que nous avons vu, la communication par
le moyen de tous les membres du corps, des trésors de grâce et de vie qui
étaient dans la Tête. Les liens mutuels entre les membres du corps même étaient
partant fortifiés, et ainsi le corps prenait son accroissement.
Ch. 2 v. 20-23 —
Jugement du système humain d’après notre position actuelle
Application de la mort et de la résurrection avec Christ, après la portée de Son
œuvre
Mort aux ordonnances et au rejet du corps, et élévation par la résurrection
Deux applications de la doctrine qu’ils étaient morts avec Christ et ressuscités
avec lui suivent (chap. 2:20). [2:20] L’apôtre applique le principe de la mort à
toutes les ordonnances, [2:23] et à l’ascétisme qui traitait le corps comme une
chose vile en elle-même, et qu’on devait rejeter. Au chap. 3, vers. 3, il
emploie la résurrection pour élever les cœurs des Colossiens dans une sphère
plus élevée et les ramener à Christ, en les poussant à regarder en haut,
eux-mêmes étant morts quant au vieil homme1.
1 Ces applications sont la conséquence du chapitre 2:11, 12. Il est bon de remarquer que l’épître aux Romains, depuis le chapitre 5:12, traite de la mort au péché dans laquelle l’homme, comme enfant d’Adam, était vivant. Dans les Éphésiens, l’homme est envisagé comme mort dans ses péchés devant Dieu [(Éph. 2:1)]. Les Colossiens traitent les deux sujets ; le chapitre 2:11, 12, ajoute la résurrection avec Christ. Le verset 13 fait suite à la doctrine des Éphésiens. Les chapitres 2:20 et 3:1, font suite au chapitre 2:11, 12, et nous présentent les exhortations en rapport avec le fait que le vieil homme a été dépouillé et le nouvel homme revêtu.
Enchaînement des
instructions des versets 9 à 23
Pour rendre ces instructions plus claires, en montrant leur suite, nous pouvons
remarquer que l’apôtre signale le double danger, savoir la philosophie et les
traditions humaines, en contraste avec Christ (chap. 2:3 ; voir versets 9 à 15).
Tout en nous identifiant avec Christ, il parle de la portée de l’œuvre de Christ
lui-même plutôt que de cette identification. Dans les vers. 16 à 19, il applique
cette œuvre : 1° au vers. 16, à l’assujettissement aux ordonnances,
c’est-à-dire, au côté juif de leur danger ; 2° au vers. 18, à la philosophie
gnostique1 la science « faussement ainsi nommée », qui se liait au judaïsme (ou
à laquelle le judaïsme s’alliait) au sein duquel elle se reproduisait sous une
nouvelle forme. Depuis le verset 20, l’apôtre applique notre mort et notre
résurrection avec Christ, aux principes dont nous venons de parler, ou à la
délivrance des Colossiens, en élevant leurs pensées en haut.
1 Bien que ce mot ait l’apparence du savoir et ne paraisse peut-être pas scripturaire, il n’en est pas ainsi. La science, faussement ainsi nommée, dont l’apôtre parle ailleurs [(1 Tim. 6:20)], est appelée en grec gnôsis et de là vient le nom de « gnostique », qu’on a donné à cette philosophie présomptueuse et corruptrice ; et de « gnostiques » qu’on a donné à ses sectateurs. Ce système joue un immense rôle dans l’histoire de l’Église, avec laquelle je n’ai rien à faire ici — mais ses principes se retrouvent constamment dans le Nouveau Testament, mis en avant par les apôtres pour les combattre. Les Juifs s’étaient beaucoup laissés aller à croire à la médiation des anges, quoique pas exactement sous la même forme que la philosophie gnostique.
Danger constant de ces
principes légaux et gnostiques
Mais les Colossiens ne sont pas les seuls qui aient à courir ce danger. Au fond
ces mêmes principes ont été la ruine de l’Église en tout temps, ce sont ceux du
mystère d’iniquité [(2 Thess. 2:7)]1 qui a tant mûri dès lors et a produit des
effets si variés, avec des modifications si diverses par suite d’autres
principes qui y ont aussi agi, et sous la Providence souveraine de Dieu. Dans
les versets qui suivent, nous verrons le principe profond, simple et décisif,
qui se trouve engagé dans le raisonnement de l’apôtre sur la question qui nous
occupe.
1 Ce mystère d’iniquité était à l’œuvre aux jours des apôtres. Paul y résista avec l’énergie du Saint Esprit. Après son départ, cette puissance fit défaut. L’Église historique n’a jamais eu les deux grands principes fondamentaux du christianisme : la perfection en Christ (« par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité » [(Héb. 10:14)]), et la présence et la puissance directrice du Saint Esprit ici-bas. Ces principes ont été supplantés par les sacrements et le clergé.
Jugement du système
judéo-philosophique
Jugement par l’œuvre et la résurrection de Christ, et l’union avec Lui
Les versets déjà cités, jusqu’au 20e, avaient jugé tout ce système
judéo-philosophique, au point de vue de l’œuvre de Christ et de sa résurrection,
ainsi que de l’union des croyants avec Lui, dans sa position céleste.
Jugement d'après la
position actuelle des croyants
Ce qui suit juge ce même système d’après notre position actuelle. Les versets
qui précèdent le verset 20 avaient démontré que le système était faux, parce que
Christ et son œuvre étaient tels qu’ils sont dépeints dans ces versets ; ce que
nous allons étudier montre que ce système est absurde et ne peut s’appliquer à
nous d’aucune manière, à cause de notre position. D’un côté ce système est faux
et nul dans toutes ses parties, si Christ est vrai et s’il est dans le ciel
[(2:11-12)] ; d’un autre, le système est absurde dans son application à nous, si
nous sommes chrétiens ; et voici pourquoi : [2:20] ce système suppose la vie
dans ce monde et des relations avec Dieu à acquérir, relations qui auraient leur
fondement dans cette vie, tout en prétendant mortifier la chair ; et néanmoins
il s’adresse à des personnes qui, pour la foi, sont des morts. Nous sommes, dit
l’apôtre, morts aux éléments de ce monde, à tous les principes selon lesquels la
vie de ce monde se dirige ; pourquoi donc, comme si nous y vivions encore, comme
si nous étions encore en vie dans ce monde, nous assujettissons-nous à des
ordonnances qui s’adressent à cette vie et la supposent, à des ordonnances
[2:22] qui s’occupent des choses qui périssent tandis que nous nous en servons,
et n’ont aucun rapport avec ce qui est céleste et éternel ? [2:23] Elles ont, il
est vrai, une apparence d’humilité et d’abnégation, pour ce qui regarde le
corps, mais elles n’ont aucun lien avec le ciel, sphère de la nouvelle vie, de
tous ses motifs, et de tout son développement ; de plus, elles ne reconnaissent
pas l’honneur de la créature comme sortie de la main de Dieu, et qui, comme
telle, a toujours sa place et son honneur à elle. Elles placent l’homme dans la
chair et sous la chair, tout en prétendant le délivrer de la chair, et elles
séparent le chrétien de Christ en plaçant les anges entre l’âme, sa position et
sa bénédiction célestes, tandis que nous sommes unis à Christ, qui est au-dessus
de toutes ces puissances et nous sommes en lui [(2:10)]. Ces ordonnances
s’occupaient des choses purement corruptibles ; elles ne se rattachaient pas à
la nouvelle vie, mais à l’homme vivant de sa vie charnelle sur la terre, vie à
laquelle le chrétien est mort moralement ; et pour ce qui regardait cette vie,
elles ne reconnaissaient pas le corps comme créature de Dieu, comme cela doit se
faire.
Opposition du système
de l’homme avec tout ce qui est de Christ et de Dieu
Ainsi ce système d’ordonnances ne possédait pas Christ, qui en était la
substance. [2:18] Il se rattachait à l’orgueil qui prétendait pénétrer dans le
ciel, pour se mettre en relation avec des êtres qu’on ne connaît pas de manière
à pouvoir entrer en relation avec eux — [2:19] orgueil qui, en faisant ainsi, se
séparait de la Tête du corps, de Christ, et reniait ainsi toute relation avec la
source de la vie, et la seule vraie position de l’âme devant Dieu. [2:20] Ce
système faussait également la position du chrétien sur la terre, en le traitant
comme vivant de la vie du vieil homme, tandis que le chrétien est mort ; [2:23]
et il déshonorait la créature comme telle, au lieu de la reconnaître, en tant
que sortant de la main de Dieu.
Position du chrétien
comme protection contre ces dangers
Ce qui était un danger pour les chrétiens du temps de l’apôtre caractérise la
chrétienté du temps où nous vivons.
[2:20] Ainsi la position du chrétien est constatée ici, mais en appliquant la vérité de cette position plutôt à écarter les dangers qu’à développer les privilèges célestes du chrétien. Mais ainsi la grâce nous a pourvus de tout ce dont nos âmes ont besoin. Elle s’étend sur nos privilèges, en se servant de la foi des uns ; elle nous fournit des avertissements et des instructions inappréciables, en mettant à profit les fautes des autres.