Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-8 — Adresse personnelle aux Colossiens
Ch. 1 v. 1-2 — Caractères de ce que Paul écrit aux Colossiens et aux Éphésiens
[1:1-2] Elles commencent à peu près de même1, étant écrites toutes deux de Rome
lorsque l’apôtre y était prisonnier, et envoyées par le même messager et à la
même occasion (comme aussi probablement celle de Philémon), ce dont les noms et
les salutations qu’on y trouve font foi [(Éph. 6:21-22 ; Col. 4:7-8)]. L’adresse
aux Éphésiens met peut-être les saints d’Éphèse plus immédiatement en rapport
avec Dieu lui-même, au lieu de les placer comme ceux de Colosses dans la
communion fraternelle sur la terre ; les saints d’Éphèse ne sont pas appelés
frères (Éph. 1:1) mais seulement « saints et fidèles dans le Christ Jésus ». Ils
sont envisagés dans les Colossiens comme marchant sur la terre, bien que
ressuscités. C’est pourquoi l’on y trouve une longue prière pour leur marche,
bien qu’ils soient sur un terrain saint et élevé en tant que délivrés
[(1:3-23)]. L’épître aux Éphésiens commence par tout le propos et tout le fruit
des conseils de Dieu [(Éph. 1:3-14)]. Dans cette épître, le cœur de l’apôtre
s’épanouit aussitôt, dans le sentiment de la bénédiction dont les Éphésiens
jouissaient. Ils étaient bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux
célestes en Christ [(Éph. 1:3)]. Pour les Colossiens, il y avait une espérance
réservée dans les cieux [(1:5)]. Une préface de plusieurs versets concernant
l’Évangile qu’ils avaient entendu sert d’introduction à sa prière pour leur
marche et leur état ici-bas [(1:6-8)]. Ceci nous amène au même point
qu’Éphésiens 1:7, mais avec un développement beaucoup plus étendu de la gloire
personnelle de Christ ; nous y trouvons aussi davantage l’historique des voies
mêmes de Dieu. Parmi les adresses à des assemblées, celle aux Colossiens a un
caractère plus personnel que celle aux Éphésiens.
1 Le nom de Timothée ne se trouve pas dans l’adresse aux saints d’Éphèse [(Éph. 1:1)].
Présentation de la
gloire de Christ et de notre vie en Lui ici-bas
Mais considérons plus particulièrement ce qui est dit dans celle aux Colossiens.
Ce fleuve de privilèges glorieux dont l’apôtre parle dans le premier chapitre de
l’épître aux Éphésiens (vers. 3-10), et les privilèges de l’héritage (v. 11-14)
manquent ici ; ressuscités mais sur la terre, ils ne sont pas assis dans les
lieux célestes [(Éph. 2:6)], toutes choses devenant ainsi leur héritage. Ici, ce
ne sont pas eux en Christ, mais Christ en eux, l’espérance de la gloire
[(1:27)], et la prière mentionnée plus haut remplit le chapitre jusqu’à ce que
nous arrivions au terrain commun de la gloire de Christ (Col. 1:15) ; et même
ici la gloire divine de Christ est présentée, tandis que, dans les Éphésiens,
c’est le simple fait du propos de Dieu quant à Christ. Non seulement, dans les
Colossiens, nous ne trouvons pas l’héritage de Dieu comme étant à nous, mais il
n’y est pas parlé de l’Esprit comme arrhes [(Éph. 1:14)]. Ceci, comme nous
l’avons vu, est caractéristique des Colossiens. Il n’y est pas parlé de l’Esprit,
mais de la vie. Il y est insisté davantage sur la personne et la gloire divine
de Christ, et sur notre état comme accomplis en lui [(2:10)] ; mais pas de la
même manière sur la position des saints auprès de Dieu. De plus, le saint étant
envisagé comme sur la terre, et non en Christ dans les lieux célestes, il est
question de sa responsabilité (1:23). Le verset 3 du chapitre 1 de l’épître aux
Colossiens répond au verset 16 du chapitre 1 de celle aux Éphésiens ; seulement
on sent qu’il y a plus de plénitude dans la joie d’Éphésiens 1:16. [1:4] La foi
en Christ et l’amour pour tous les saints se retrouvent, comme occasion de la
joie de l’apôtre, dans les deux exordes.
Espérance réservée,
connue par l’évangile, et ses conséquences sur la marche
Prière pour une marche en accord avec l’espérance présentée par l’évangile
Le sujet de la prière de Paul est tout autre dans l’épître aux Éphésiens, où il
avait pu développer les conseils de Dieu à l’égard de l’Assemblée ; l’apôtre
demande que les saints comprennent ces conseils, ainsi que la force par le moyen
de laquelle ils y participaient [(Éph. 1:16-19)]. [1:9-10] Ici, dans l’épître
aux Colossiens, il demande que la marche soit dirigée par l’intelligence divine
; mais ceci tient à une autre cause, savoir au point de vue auquel il envisage
les saints dans son discours. Nous avons vu que dans l’épître aux Éphésiens,
l’apôtre les considère comme assis dans les lieux célestes [(Éph. 2:6)] : leur
héritage par conséquent, c’est « toutes choses », car toutes choses doivent être
réunies sous Christ comme Chef [(Éph. 1:22)]. [1:5] Ici dans l’épître aux
Colossiens, une espérance est réservée pour les saints dans le ciel ; [1:10] la
prière de l’apôtre donc, dans cette épître, s’occupe de la marche des saints,
afin que celle-ci soit en harmonie avec le but qu’ils se proposent. Étant sur la
terre et ne s’étant pas tenus collés à la Tête, les fidèles de Colosses étaient
en danger de s’éloigner de ce but. [1:5] Paul priait donc pour eux en vue de
cette espérance céleste. Ils avaient entendu parler de cette espérance parfaite
et glorieuse : [1:6] l’évangile l’avait annoncée partout.
Ch. 1 v. 6 — Origine
céleste des fruits produits par l’évangile, sans rien de l’homme
[1:5] C’était cet évangile, prêché en vue d’une espérance réservée dans les
cieux, [1:6] qui avait produit des fruits parmi les hommes, des fruits
caractérisés par leur source céleste. La religion des chrétiens, ce qui
gouvernait leur cœur dans ces relations avec Dieu, était céleste. Or les
Colossiens étaient en danger de rentrer dans le courant des ordonnances et des
habitudes religieuses d’hommes vivant dans le monde, et ayant une religion en
rapport avec le monde où ils demeuraient, une religion qui n’était pas éclairée
et remplie de la lumière céleste. Il n’y a que l’union consciente avec Christ
qui puisse nous y tenir en sûreté. Des ordonnances pour parvenir à lui ne
peuvent trouver place là où nous sommes unis à lui ; la philosophie des pensées
humaines, pas davantage, là où par l’énergie de la vie nous sommes en possession
des pensées divines.
Importance de Christ
comme objet de nos yeux, et de l’union avec Lui
Combien cependant n’est-il pas précieux, si même nous ne sommes pas à toute la
hauteur de notre vocation, qu’un objet, qui nous délivre de ce monde et des
influences qui nous cachent Dieu, soit placé devant nos cœurs. Tel est le but de
l’écrit de l’apôtre : il dirige les yeux des Colossiens vers le ciel pour qu’ils
y voient Christ et retrouvent cette conscience qu’ils avaient un peu perdue ou
étaient en danger de perdre, de leur union avec la Tête. [1:4] Cependant ils
n’avaient pas perdu le fondement, savoir la foi en Jésus et l’amour pour tous
les saints. Il ne leur manquait que la foi pratique de leur union avec le Chef.
Cette foi seule, toutefois, pouvait les maintenir dans l’élément céleste
au-dessus des ordonnances de la religion humaine et terrestre.
Fruit produit par
l’espérance céleste, distinction du christianisme
L’apôtre, dans le but de les relever, prend comme de coutume son point de départ
là où il trouvait du bien chez les saints auxquels il écrit. [1:5] Cette
espérance céleste leur était parvenue [1:6] et avait produit des fruits. C’est
ce qui distingue le christianisme d’avec toute autre religion, et en particulier
d’avec le système judaïque, qui (lors même que, par la grâce, des individus
soupiraient après le ciel), cachait Dieu derrière un voile et enveloppait la
conscience loin de lui dans une série d’ordonnances.
Ch. 1 v. 9-14 —
Privilèges du chrétien dans la marche de la vie divine ici-bas
Ch. 1 v. 9 — Fruit manifesté de la relation du croyant ressuscité avec Dieu
[1:9] Or, fondé sur cette espérance, qui plaçait la vie intérieure du chrétien
en rapport avec le ciel, l’apôtre demande que les Colossiens soient remplis de
la connaissance de la volonté de Dieu en toute sagesse et intelligence
spirituelle. C’est le fruit de la relation avec Dieu d’un homme ressuscité sur
la terre. Ceci est tout autre chose que des commandements et des ordonnances.
C’est le résultat de la communion intime avec Dieu et de la connaissance de son
caractère et de sa nature en vertu de cette communion ; et, bien que les
bénédictions que l’apôtre demande se rapportent toutes à la vie pratique, le
genre d’intelligence qui fait le sujet de sa prière, comme tenant à la vie
intérieure, laisse les ordonnances complètement en arrière. L’apôtre a dû
commencer par ce bout, pour ainsi dire, par la vie chrétienne. Peut-être les
Colossiens, de prime abord, n’ont-ils pas compris la portée de l’instruction,
mais cette instruction renfermait un principe qui, déjà planté et capable d’être
réveillé dans leur cœur, devait les conduire là où l’apôtre désirait en venir,
et était en même temps un très précieux privilège dont ils étaient à même de
saisir la valeur. Telle est la charité. L’apôtre développe, avec force et
clarté, les privilèges des chrétiens, au point de vue qui le préoccupe, et il le
fait comme quelqu’un qui sait ce que c’est qu’une telle marche, au reste avec la
puissance de l’Esprit de Dieu. Ils ne sont pas au ciel mais sur la terre, et
c’est le chemin qui convient à ceux qui sont ressuscités avec Christ et qui ont
les yeux tournés de la terre vers le ciel. C’est la vie divine sur la terre, non
le Saint Esprit plaçant l’âme du croyant au centre des conseils divins, comme en
Éphésiens 3, en vertu de ce que Christ habite par la foi dans le cœur [(Éph.
3:17)].
Ch. 1 v. 9-10 —
Connaissance de la volonté de Dieu selon l’état spirituel, pour marcher
dignement
[1:9] Le premier principe de cette pratique de la vie céleste est la
connaissance de la volonté de Dieu ; c’est d’être rempli de cette connaissance,
non de courir après elle comme après une chose en dehors de nous, ni avec
indécision ou incertitude quant à ce qu’elle est, mais d’en être rempli par un
principe d’intelligence qui vient de Dieu, et qui produit cette intelligence et
la sagesse du chrétien dans l’âme elle-même. Le caractère de Dieu se traduit
ainsi vitalement, dans la manière dont le chrétien apprécie tout ce qu’il fait.
Et remarquons ici que la connaissance de la volonté de Dieu a pour base l’état
spirituel de l’âme — la sagesse et l’intelligence spirituelle. Ceci est de toute
importance dans la pratique. Des commandements humains particuliers quant à la
conduite ne sauraient aucunement le remplacer : tout au plus pourraient-ils nous
empêcher d’éprouver le besoin de l’intelligence spirituelle. Sans nul doute un
esprit plus spirituel peut m’aider à discerner la volonté de Dieu1 ; mais Dieu a
lié la connaissance du sentier qui est selon sa volonté, de son sentier à lui,
avec l’état intérieur de l’âme, et il nous fait traverser des circonstances — la
vie humaine ici-bas — afin de mettre cet état à l’épreuve, de nous révéler à
nous-mêmes quel est cet état et de nous y exercer. Le chrétien doit, par son
état spirituel, connaître les voies de Dieu. Le moyen à employer c’est la Parole
(comp. Jean 17:17, 19). Dieu a un chemin à lui que l’œil de l’aigle n’a pas
aperçu, connu seulement de l’homme spirituel, lié à la connaissance de Dieu,
procédant de cette connaissance et y conduisant (comp. Ex. 33:13). [1:10] Ainsi,
quant à sa conduite, le chrétien marche d’une manière digne du Seigneur ; il
sait ce qui convient au Seigneur2, et il marche ainsi pour Lui plaire en toutes
choses, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance
de Dieu (vers. 10).
1 C’est une des séductions du cœur que, lorsque nous connaissons parfaitement la volonté de Dieu, nous allions demander avis à quelqu’un qui n’est pas plus spirituel que nous.
2 Il est donné trois mesures de la marche du chrétien. Elle est ainsi qualifiée : digne de Dieu qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire [(1 Thess. 2:12)] ; digne du Seigneur, ici ; et digne de l’appel dont nous avons été appelés, c’est-à-dire du Saint Esprit habitant dans l’Église (Éph. 4 [v. 1]), thème qui est ensuite développé à la fin du chapitre 3.
Ch. 1 v. 10-11 — Force
du chrétien dans la vie de Christ, et joie réalisée en elle
[1:10] Ce n’est toutefois pas tout que la vie ait ce caractère ; elle porte du
fruit à mesure qu’elle croît, et cela en rapport avec la connaissance croissante
de Dieu. Mais cette relation du chrétien avec Dieu nous conduit à une autre bien
précieuse considération. Non seulement le caractère et l’énergie vitale du
chrétien se rattachent à la connaissance de Dieu, [1:11] mais la force du
Seigneur1 s’y développe aussi. On puise de la force en lui. Il en donne aux
fidèles pour marcher ainsi — « fortifiés, dit-il, en toute force, selon la
puissance de sa gloire ». Telle est la mesure de la force du chrétien, pour une
vie en harmonie avec le caractère de Dieu ; ainsi le caractère de cette vie est
révélé dans la gloire céleste en haut, en Jésus Christ ; sur la terre sa
manifestation, ainsi que cela a eu lieu en Jésus Christ, se réalise en toute
patience et constance avec joie, au milieu des peines et des afflictions de la
vie de Dieu dans ce monde. Cette forme de la vie est aussi très frappante :
toute force divine, selon la gloire de Dieu, est accordée en sorte que le
chrétien soit patient et endure. Quel caractère sa vie revêt ainsi dans ce monde
! De plus, il y a un généreux support des autres que ce caractère nous met à
même de montrer en tout temps. Aucun fruit de la puissance n’est plus évident
que celui-ci. La volonté se trouve aussi vaincue. Ainsi, malgré tout ce que nous
avons à endurer, nous jouissons d’une joie constante devant Dieu. C’est un
tableau précieux de la manière dont la vie divine se manifeste.
1 L’antécédent est, je crois, ici le Seigneur ; mais la pensée du Seigneur et celle de Dieu n’en forment guère qu’une ici.
Ch. 1 v. 11-12 — Saints
établis dans la lumière, caractère de Dieu, dans cette vie
[1:11] Or ici l’apôtre rattache cette vie de patience à ce qui est sa source,
son but, et à ce qu’elle possède actuellement par la foi. Nous sommes pleins de
joie en marchant ainsi, [1:12] et nous rendons grâces au Père, qui nous a rendus
capables1 de participer au lot des saints dans la lumière (vers. 11, 12). Voilà
les saints établis dans leurs relations propres avec Dieu (leur Père), dans le
ciel — dans la lumière : or Dieu est lumière [(1 Jean 1:5)] et il habite en elle
[(1 Tim. 6:16)]. Nous avons donc ici l’état de l’âme, le caractère de la marche
et la force par laquelle nous marchons. Quant à la capacité d’être reçus devant
Dieu dans la lumière, nous la possédons. [1:13] En outre, nous sommes
transportés dans le royaume du Fils de son amour.
1 Remarquez bien ici que Paul ne dit pas : « nous rendra capables », comme d’une chose à accomplir et dans laquelle on ferait du progrès.
Ch. 1 v. 12-13 —
Introduction dans la lumière, comme délivrance
Conseils de Dieu pour nous placer dans la lumière, d’une manière pratique
[1:13] Le moyen employé pour nous placer dans la lumière, et le caractère
pratique de l’œuvre qui nous y introduit, sont ensuite présentés, nous faisant
connaître (dans les limites de cette épître) les conseils de Dieu, mais d’une
manière pratique — dans leurs résultats à venir ou actuels — non point dans sa
pensée ou comme étant le mystère de sa volonté.
Opération de la
puissance de Dieu, mais non position comme en Éph. 1
[1:13] Le Père nous a délivrés de la puissance des ténèbres, et nous a
transportés dans le royaume du Fils de son amour. Ce n’est point au moyen d’une
règle judaïque pour un homme : c’est une opération de la puissance de Dieu, qui
nous traite comme étant tous ensemble, et, par nature, esclaves de Satan et des
ténèbres, et nous place, par un effet de cette puissance, dans une toute
nouvelle relation avec lui-même. On retrouve bien ici, si l’on examine les
principes à leur origine, ce qui est exprimé dans Éphésiens 1:4-5 et 2:1-6,
quant à notre position précédente ; mais il est évident que la plénitude et la
netteté d’une nouvelle création manquent1. [1:12] Le « lot des saints dans la
lumière », [1:13] et « le royaume du Fils de son amour », nous rappellent
Éphésiens 1:4, 5 ; [1:12] mais il n’y a pas ici la chose même, telle qu’elle est
dans la pensée de Dieu, mais le fait que déjà ici-bas nous avons été rendus
capables d’y participer ; on n’y trouve pas non plus par conséquent le
développement d’une position avec laquelle on est familier, comme étant celle
dans laquelle on se trouve. La puissance et l’amour du Père nous ont donné le
droit d’y être. [1:13] Le caractère de Dieu, comme lumière et amour, se trouve
nécessairement révélé dans cette grâce, selon sa relation avec son Fils ;
toutefois, ce qui est dit dans ces versets ne se rapporte pas à notre relation
avec Dieu lui-même, en laissant de côté la question de l’état dont il nous a
tirés, mais à l’œuvre en général qui nous place dans cette relation en contraste
avec notre position précédente. Il nous a délivrés du pouvoir des ténèbres et
transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé ; [1:12] nous avons part au
lot des saints dans la lumière ; mais où est le « saints et irréprochables
devant lui en amour » [(Éph. 1:4)] ? Où est notre relation avec Dieu, selon les
conseils de Celui qui ne voyait que le bien qu’il se proposait dans son propre
cœur — ou l’adoption pour lui par Jésus Christ, par sa prédestination éternelle
dès les temps des siècles [(Éph. 1:5)] ?
1 Nous verrons aussi plus bas que la base ou point de départ de l’épître aux Colossiens est un peu différente et, bien qu’il y ait quelque allusion aux vérités fondamentales de celle aux Éphésiens, se rapporte davantage à l’homme tel qu’il est trouvé de fait vivant dans le péché, et moins absolument aux pensées de Dieu lui-même, qui trouve l’homme déjà mort dans ses péchés, et le forme de nouveau d’après Ses propres conseils. Mais de ceci nous parlerons plus tard. En outre, en Éphésiens 1:6, notre position est la grâce parfaite en Christ ; en Colossiens 1, nous sommes déjà réellement délivrés du pouvoir des ténèbres et transportés dans le royaume du Fils de son amour ; on n’y trouve pas cariV (grâce) ou caritwsiV en tv hgaphmenv (acceptation dans le Bien-aimé).
Délivrance par grâce,
pour jouir de la position que Dieu nous a faite en Christ
Dans l’épître aux Éphésiens la délivrance est introduite comme une conséquence
de la position dans laquelle se trouvent les héritiers, objets des conseils
éternels de Dieu1. Ici la délivrance est le sujet principal. Qu’il est
dangereux, désastreux, de s’éloigner de la Tête, et de perdre la pleine
conscience, dans la lumière, de notre union avec Lui ! Qu’elle est parfaite et
précieuse, cette grâce qui s’adapte à notre état, pour nous ramener à Dieu et
nous faire jouir, selon sa puissance et sa grâce, de la position inestimable
qu’il nous a faite en Christ !
1 Ceci tient au principe mentionné plus haut. Dans l’épître aux Éphésiens, tout est envisagé au point de vue des conseils éternels de Dieu, avant qu’il y eût du mal, au point de vue du bien qu’il se proposait en lui-même, quoique la rédemption fût nécessaire quand une fois le mal était entré, et qu’elle fût aussi à la gloire de Dieu lui-même et fût la base de notre gloire dans l’accomplissement de ses conseils. Dans l’épître aux Colossiens l’homme dans le mal est l’objet de la grâce.
La gloire du Seigneur,
moyen pour accomplir l’œuvre de la grâce
[1:13] Le moyen que l’Esprit emploie ici pour accomplir cette œuvre de grâce,
c’est le développement de la gloire du Seigneur, « du Fils de son amour ».
Ch. 1 v. 13-14 —
Royaume du Fils comme centre de tout, dans son caractère actuel pour nous
[1:13] Ici seulement, à ma connaissance, le royaume est appelé « le royaume du
Fils », et ce n’est, je le crois, que parce que ce passage introduit la personne
du Fils, comme centre de tout, et nous donne la mesure de la grandeur de notre
bénédiction. C’est le royaume de Celui à qui appartient cette place, le royaume
du Fils de son amour, dans lequel nous sommes introduits. C’est bien son royaume
; et pour que nous saisissions le caractère actuel de ce royaume pour nous, et
notre relation intime avec Dieu comme y ayant part, il est appelé le royaume du
« Fils de son amour ». Ce titre constitue maintenant le fondement de la relation
avec Dieu de ceux qui sont vraiment dans le royaume et y appartiennent, et il
caractérise cette relation. Le royaume du Fils de l’homme est la manifestation
de ce même royaume plus tard, en gloire et en gouvernement. Ici il est
caractérisé par la relation personnelle du Fils lui-même avec le Père, [1:14] en
ajoutant ce qui nous donne plein droit d’y avoir part, savoir « la rédemption
par son sang, la rémission des péchés ».
Ch. 1 v. 15-19 —
Primautés de Jésus, Fils du Père et centre de tout
Développement de la gloire diverse du Fils
[1:13] Maintenant l’apôtre, ayant introduit le Fils dans sa relation avec le
Père, comme l’objet central et puissant qui devait attirer le cœur des
Colossiens et les affranchir du joug des ordonnances, développe les diverses
parties de la gloire de cette personne du Fils. Si la gloire propre de l’Église
manque donc ici, celle de Jésus est d’autant plus en relief à nos yeux. C’est
ainsi que Dieu tire le bien du mal et nourrit de toute manière ses bien-aimés.
Deux sphères du
déploiement de la gloire de Dieu en Christ
Ch. 1 v. 15-17 — Gloire de la personne de Christ, dans la création
Ch. 1 v. 15 — Image et révélation parfaite de Dieu, préfiguré par Adam
[1:15] Le Seigneur Jésus est « l’image du Dieu invisible ». C’est dans le Fils
de son amour [(1:13)] que nous voyons ce que Dieu est (comp. Jean 1:18, et aussi
1 Jean 1:2). C’est le premier caractère de la gloire personnelle du Sauveur et
le centre essentiel de tout le reste. Or, à la suite de ce caractère propre de
sa personne, le Christ prend de droit une position qui lui est propre dans la
création, comme représentant Dieu. Adam était créé en quelque sorte à l’image de
Dieu [(Gen. 1:27)], et placé comme centre d’une création qui lui était
assujettie [(Gen. 1:28)] ; mais il n’était après tout qu’une image du Christ, de
Celui qui devait venir. Le Fils, dans sa personne même, dans sa nature (et pour
nous comme dans le sein du Père), est Celui qui fait connaître Dieu [(Jean
1:18)], parce qu’il le présente dans sa propre personne, et dans une pleine
révélation de son être et de son caractère, devant les hommes et dans tout
l’univers, car toute la plénitude de la déité habite en lui corporellement
[(2:9)]. Toutefois il est homme ; c’est sous cette forme qu’il est vu des anges
[(1 Tim. 3:16)]. Nous, nous l’avons vu des yeux ou par la foi. Ainsi il est
l’image du Dieu invisible. On a vu le parfait caractère et la présentation
vivante du Dieu invisible en lui. Merveilleuse vérité pour nous, eu égard à la
personne de notre Sauveur !
Ch. 1 v. 15 —
Suprématie sur toute la création, selon Ses droit
[1:15] Mais alors quelle place donc doit-il avoir dans la création, quand il y
est entré selon les conseils éternels de Dieu ? Il ne peut y en avoir qu’une
seule, savoir celle d’une suprématie sans contestation et sans controverse : il
est « le premier-né de toute la création » ; c’est là pour lui un nom de
relation et non pas de date à l’égard du temps. Il est dit de Salomon : « Je
ferai de lui le premier-né, le plus élevé des rois de la terre » [(Ps. 89:27)].
Ainsi le Créateur, quand il prend place dans la création, est nécessairement le
Chef de celle-ci. Il n’a pas encore fait valoir ses droits, parce que, en grâce,
il voulait accomplir la rédemption : mais nous parlons ici de ses droits, droits
que la foi reconnaît.
Ch. 1 v. 16 — Christ,
Créateur de toutes choses
[1:15] Il est donc l’image du Dieu invisible et le premier-né de toute la
création, quand il prend sa place dans celle-ci ; [1:16] et la raison pour cela
mérite qu’on y fasse attention : elle est simple, mais merveilleuse : Il l’a
créée ! C’est dans la personne du Fils que Dieu a agi, quand par sa puissance il
a créé toutes choses, soit dans les cieux, soit sur la terre, visibles,
invisibles. Tout ce qui est puissant et élevé n’est que l’œuvre de sa main ;
tout a été créé par lui (le Fils) et pour lui. Ainsi quand il prend ce tout, il
le prend comme son héritage de droit. Merveilleuse vérité que celle-ci : Celui
qui nous a rachetés, qui s’est fait homme, l’un de nous quant à la nature, pour
accomplir ce rachat, c’est le Créateur ! Mais telle est la vérité.
Christ homme a
domination sur toutes choses comme héritage — voir Héb. 2
En rapport avec cette admirable vérité, c’était une partie des conseils de Dieu,
que l’homme domine sur toutes les œuvres de ses mains [(Ps. 8:6)] ; ainsi Christ
homme possède de droit cette domination, et de fait en prendra possession plus
tard. Cette partie de la vérité dont nous parlons est traitée dans le chapitre 2
de l’épître aux Hébreux ; nous y reviendrons plus en détail en nous occupant de
cette épître ; mais je l’introduis ici seulement, pour que nous comprenions les
circonstances dans lesquelles le Fils prend possession de son héritage. L’Esprit
parle de Celui qui est homme, mais de Celui qui est, en même temps, le Créateur
de toutes choses, le Fils de Dieu. [1:16] Toutes choses ont été créées par Lui ;
elles ont donc aussi été nécessairement créées pour Lui.
Gloire de Christ dans
la création, image de Dieu dans Sa personne
Jusqu’ici donc nous avons trouvé la gloire de la personne de Christ, et sa
gloire dans la création, en rapport avec sa personne : [1:15] en lui on voit
l’image du Dieu invisible ; [1:16] il a tout créé, tout est pour lui, et il est
premier-né de tout ce qui est créé.
Ch. 1 v. 18-20 — Gloire
dans la résurrection, acquise par Sa victoire sur la mort
Un autre genre de gloire, une autre primauté se présente maintenant : [1:18] il
prend une place spéciale en relation avec l’Assemblée dans la puissance de la
résurrection. C’est l’introduction de la puissance divine, non pas dans la
création, mais dans le domaine de la mort, pour que d’autres participent à la
gloire du Christ, par la rédemption et par la puissance de la vie en lui. La
première gloire était, pour ainsi dire, naturelle — celle-ci spéciale, et
acquise (quoiqu’en vertu de la gloire de sa personne) en traversant la mort et
toute la puissance de l’Ennemi dans la mort : aussi se lie-t-elle, ainsi que
nous venons de le dire, à la rédemption, et à l’introduction d’autres personnes
dans la participation aux mêmes privilèges. Il est le Chef (Tête) du corps qui
est l’Assemblée, le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’en
toutes choses il ait la première place. Il est premier-né de la création ; il
est premier-né1, selon la puissance de sa résurrection, dans ce nouvel ordre de
choses selon lequel l’homme est prédestiné à une position toute nouvelle,
acquise par la rédemption, et dans laquelle il participe à la gloire de Dieu
(autant que ce qui est créé le peut) et cela, en participant à la vie divine en
Jésus Christ, le Fils de Dieu et la vie éternelle — et pour ce qui regarde
l’Assemblée, comme membre de son corps. [1:15] Le Christ est premier-né de la
création, [1:18] premier-né d’entre les morts, [1:16] Créateur, [1:18] et
victorieux sur la mort et la puissance de l’Ennemi : ce sont là les deux sphères
du déploiement de la gloire de Dieu. La position spéciale de l’Assemblée, corps
de Christ, fait partie de la dernière. Christ doit avoir cette gloire de
résurrection, la primauté et la supériorité universelles aussi (comme étant
homme), [1:19] car toute la plénitude (la plénitude de la déité, voyez 2:9)
s’est plu à habiter en lui. [1:18] Quelle autre place pouvait-il avoir que la
première, en toutes choses ? Mais avant de nous occuper de ce qui suit, quelques
remarques importantes restent à faire sur ce que nous avons déjà parcouru.
1 L’une de ces primautés dépend de ses droits divins comme Créateur ; l’autre de son œuvre et de la puissance déployée dans son humanité, dans l’acte de la résurrection. Il possède tout comme homme et tout par la puissance divine, mais on peut dire, en quelque sorte, qu’une partie de sa gloire dépend de sa divinité, l’autre de sa victoire comme homme.
Aspects de la gloire de
Jésus comme Dieu et comme homme
Ch. 1 v. 16 — Le Fils vu comme Créateur, en relation avec Dieu
[1:16] Le Fils nous est ici présenté comme Créateur ; non pas sans doute en
excluant la puissance du Père, ou l’opération de l’Esprit : les trois sont un ;
mais c’est le Fils qui nous est présenté ici. Au chapitre 1 de l’évangile de
Jean, c’est la Parole, le Verbe, qui crée tout [(Jean 1:3)]. Ici, et dans
l’épître aux Hébreux, chapitre 1, c’est sous le nom de Fils que Celui qui est
aussi la Parole nous est révélé. Il est la Parole de Dieu, l’expression de la
pensée de Dieu et de sa puissance ; c’est par lui que Dieu opère et se révèle.
Il est aussi le Fils de Dieu, et en particulier le Fils du Père. Il révèle Dieu,
et celui qui l’a vu a vu le Père [(Jean 14:9)]. En tant que né dans ce monde par
l’opération de Dieu, par le Saint Esprit, il est Fils de Dieu (Ps. 2:7 ; Luc
1:35) ; mais ceci est dans le temps, quand la création est déjà la scène de la
manifestation des voies et des conseils de Dieu. Mais le nom de Fils est aussi
le nom qui exprime la relation propre de sa glorieuse personne avec le Père,
avant que le monde fut. C’est dans ce caractère qu’il a créé toutes choses. Le
Fils doit être glorifié comme le Père. S’il s’humilie lui-même, ainsi qu’il l’a
fait pour nous, tout doit être remis entre ses mains [(Jean 3:35)], afin que sa
gloire soit manifestée dans la même nature qu’il a prise, s’étant abaissé
jusqu’à la prendre [(Phil. 2:7)]. Déjà, la puissance de la vie et de Dieu en lui
a été manifestée par la résurrection ; de sorte qu’il est déterminé Fils de Dieu
en puissance par la résurrection [(Rom. 1:4)]. C’est là la preuve de cette
puissance.
Gloire de Christ dans
Sa personne ici-bas comme homme
[1:15] Ici, dans l’épître aux Colossiens, ce qui nous est présenté, c’est la
gloire propre de sa personne comme Fils avant que le monde fut. [1:16] Il est
Créateur comme Fils : il est important de le remarquer. Ensuite l’Écriture ne
sépare pas les Personnes dans leur manifestation. Si le Fils a opéré des
miracles sur la terre, il a chassé les démons par l’Esprit [(Matt. 12:28)], et
le Père qui demeurait en lui (Christ) a fait les œuvres [(Jean 14:10)]. [1:19]
Il faut aussi se souvenir que ce qui est dit de Christ dans le Nouveau Testament
est dit de lui lorsqu’il a été manifesté en chair ; de sa personne complète, de
lui, homme sur la terre ; non pas que nous ne séparions la divinité et
l’humanité en pensée ; mais même en les séparant, nous avons à penser à la seule
personne, à l’égard de laquelle nous faisons ainsi. Nous disons : Christ est
Dieu, Christ est homme, mais c’est Christ qui est l’un et l’autre. Je dis cela
ici, non pour faire de la théologie, mais pour attirer l’attention du lecteur
sur l’expression remarquable : « En lui, toute la plénitude s’est plu à habiter
» (vers. 19). Toute la plénitude de la déité se trouvait dans le Christ. Les
gnostiques, qui plus tard tourmentèrent tant l’Église, employaient ce mot de «
plénitude » dans un sens mystique et particulier, pour donner l’idée de la somme
et source (tant soit peu locale cependant, car elle avait un oroV des bornes,
qui la séparaient de toutes autres choses) de divinité, qui se développait dans
quatre paires d’êtres (ou émanations) dont Christ n’était que l’un1. Il n’est
pas nécessaire d’entrer plus avant dans ces rêveries, à moins que ce ne soit
pour faire remarquer qu’avec diverses nuances de vues, ces gnostiques
attribuaient la création à un dieu soit inférieur, soit mauvais, qui était aussi
l’auteur de l’Ancien Testament ; la matière, disaient-ils, ne procédait pas du
Dieu suprême. Ils ne mangeaient pas de viande, ni ne se mariaient ; en même
temps ils se livraient à toutes sortes de turpitudes et à la dissolution, et
chose étrange, s’associaient avec le judaïsme, pratiquaient le culte des anges,
etc.
1 Ajouté même aux quatre, comme supplémentaire.
Ch. 1 v. 19 — Jésus,
pleine et parfaite révélation de tout ce qu’est Dieu
Révélation de la plénitude de Dieu en Jésus
L’apôtre était souvent en lutte avec ces instruments du diable dont Pierre aussi
parle : [1:19] ici il constate par la parole de Dieu la toute plénitude de la
déité de Jésus Christ. Loin d’être quelque chose d’inférieur, une émanation ;
loin de tenir une place dans ces généalogies sans fin, quelque élevée que fût
cette place, toute la plénitude elle-même habitait en lui. Glorieuse vérité à
l’égard de la personne du Seigneur notre Sauveur ! Nous pouvons laisser dans
l’ombre toutes les folles rêveries des hommes, pour jouir de la parfaite lumière
de cette glorieuse plénitude de Dieu dans notre Chef et Seigneur. Toute la
plénitude se trouvait en lui. Nous connaissons bien Dieu le Père, mais révélé
par lui [(Matt. 11:27)] — nous possédons bien l’Esprit, mais la plénitude en
était en lui : et parce que, ayant accompli notre rédemption et notre
purification, il a reçu cet Esprit pour nous. Et Dieu lui-même dans toute sa
plénitude a été, sans réserve aucune, révélé dans la personne du Christ — et ce
Christ est le nôtre, notre Sauveur, notre Seigneur. Il a été manifesté à nous et
pour nous. Quelle glorieuse vérité !
Révélation de la
plénitude de la déité, en rapport avec nous
C’est pour sa propre gloire, sans doute, qu’il doit être connu tel qu’il est,
comme amour ; mais il n’en est pas moins vrai que cette révélation a été faite
en rapport avec nous. Ce n’est pas seulement le Fils révélant le Père, quelque
doux et précieux que soit ce fait ; [1:19] c’est la plénitude de la déité comme
telle, qui se trouve révélée et mise en évidence en Christ. Le bon plaisir de la
plénitude était de demeurer là.
Ch. 1 v. 20-23 —
Réconciliations accomplies par Christ
Ch. 1 v. 20 — Réconciliation de toutes choses par l’œuvre de Christ accomplie
[1:16] Or Christ n’était pas seulement Chef de la création en vertu de la gloire
divine de sa personne, [1:18] et Chef de l’Assemblée comme ressuscité d’entre
les morts et vainqueur de la puissance de l’Ennemi. La création, et tous ceux
qui devaient former l’Assemblée étaient également éloignés de Dieu, et ces
derniers dans leur volonté même : pour être en relation avec Dieu, ils devaient
être réconciliés avec lui. [1:20] Cette œuvre de réconciliation est la seconde
partie de la gloire de Christ. [1:19] Ce n’était pas seulement le bon plaisir de
la plénitude de la déité d’habiter en lui, [1:20] mais de tout réconcilier avec
elle par lui, ayant fait la paix par le sang de la croix. Cette réconciliation
de toutes choses, tant dans les cieux que sur la terre, n’est pas encore
accomplie : la paix est bien faite par le sang, mais la puissance n’est pas
encore intervenue pour faire tout rentrer, de fait, en relation effective avec
Dieu, selon la valeur de ce sang.
Ch. 1 v. 20-22 —
Réconciliation future de la création, et actuelle des croyants
Ainsi en Israël le sang était mis sur le propitiatoire, et l’expiation, la paix,
était faite [(Lév. 16:15)] ; mais outre cela, on faisait aspersion du sang sur
tout [(Lév. 16:16-19)], et les péchés du peuple étaient confessés [(Lév.
16:21)]. [1:20] Pour ce qui est de la création et d’Israël cela n’est pas encore
accompli : tout ce qui est en dehors de la vie spirituelle reste encore loin de
Dieu, quoique la paix soit faite. Nous savons que le bon plaisir de Dieu est de
réconcilier avec lui-même toutes choses, dans les cieux et sur la terre, par la
vertu de ce sang. Tout rentrera dans l’ordre, sous un nouveau régime. Les
coupables, restés dans leurs péchés, seront en dehors de cette scène de
bénédiction ; mais les cieux et la terre seront complètement libérés de la
puissance du mal, et, durant le millénium, délivrés de toute manifestation
extérieure du mal — plus tard, absolument de sa présence même. Le mal sera exclu
par la vertu de ce sang, qui a tranché entre le bien et le mal, selon le
caractère de Dieu lui-même, et a glorifié Dieu de telle sorte que la paix est
faite. Dieu peut agir librement pour bénir. Mais ici l’œuvre de réconciliation
est double, comme aussi la gloire de la personne de Christ, et en relation avec
les mêmes objets que cette gloire. Il est dans les conseils de Dieu de
réconcilier toutes choses avec lui-même, dans les cieux et sur la terre, par
Christ ; [1:21] mais il a déjà réconcilié les chrétiens. Ceux-ci, autrefois, non
seulement souillés comme la créature, mais ennemis dans leur entendement, il les
a déjà réconciliés [1:22] dans le corps de sa chair, par la mort. L’œuvre
parfaite que Christ a accomplie dans son corps, en effaçant nos péchés, et en
glorifiant parfaitement Dieu son Père, nous a mis en relation avec Dieu dans sa
sainteté, selon l’efficace de cette œuvre ; c’est-à-dire que cette œuvre est
efficace pour nous présenter parfaitement réconciliés, saints, sans tache, et
sans reproche devant sa face, ayant conscience de tout cela, ainsi que de
l’amour qui l’a opéré et de la faveur dans laquelle nous sommes introduits, de
sorte que dans le sentiment de ces choses le cœur est ramené à Dieu : [1:21]
nous sommes réconciliés avec Dieu. [1:23] Cela suppose qu’on demeure ferme dans
la foi jusqu’au bout.
Réalisation de cette
réconciliation pour la marche ici-bas
La position des Colossiens donnait lieu à cet avertissement, car ils sont
considérés comme marchant sur la terre1. Nous avons vu qu’ils s’étaient un peu
éloignés ou étaient en danger de s’éloigner en perdant la conscience de leur
union avec Christ.
1 Lorsque le chrétien est considéré comme étant en Christ, il n’y a point de « si » : nous sommes en Lui [(1 Jean 2:5)]. Lorsqu’il est considéré comme pèlerin ici-bas, il est en route pour la gloire même, et doit tendre vers le but [(Phil. 3:14)] : [2:23] alors viennent des « si » et des dangers, et le besoin d’être gardé. Mais alors le chrétien a la plus entière assurance qu’il sera gardé et ne périra jamais, qu’il sera fortifié jusqu’au bout et que la bonne œuvre sera achevée [(Phil. 1:6)]. L’âme sauvée est ainsi maintenue dans la dépendance de Dieu et dans la confiance en sa fidélité.
Ch. 1 v. 23 —
Dépassement des limites du judaïsme par l'évangile
[1:23] On remarquera aussi que l’apôtre parle de son évangile, comme répandu
dans tout le monde. La grâce avait dépassé les étroites limites du judaïsme et
de l’attente du Messie, pour répandre le témoignage du parfait amour de Dieu,
dans toute la création sous le ciel, ce dont Paul était l’instrument comme
apôtre des Gentils1.
1 Remarquez comme tout est ici clairement dit et richement développé : verset 14, la rédemption et le pardon ; verset 21, la réconciliation avec Dieu ; verset 13, la délivrance et l’introduction dans le royaume ; verset 12, nous sommes rendus capables d’avoir part au lot des saints dans la lumière. Tout cela nous l’avons et en conséquence nous sommes appelés à marcher d’une manière digne du Seigneur [(1:10)].
Ch. 1 v. 23-29 — Double
caractère du ministère de Paul
Ch. 1 v. 23, 25 — Annonce partout de l’évangile, et complétude de la Parole de
Dieu
Jusqu’ici donc, l’Esprit de Dieu nous a présenté les deux primautés de Christ :
[1:15] sur la création [1:18] et sur l’Assemblée : et les deux réconciliations
qui leur correspondent, savoir : [1:20] 1° la réconciliation des choses
au-dessus desquelles Christ est placé, comme Chef de tout dans les cieux et sur
la terre ; [1:21] 2° celle des chrétiens eux-mêmes : celle-ci déjà effectuée ;
la première, encore à venir. [1:23] Or, maintenant le ministère de l’apôtre a le
même double caractère. Sans doute il n’a pas à prêcher dans le ciel, mais son
ministère s’exerce en tous lieux, sous le ciel, où il y a une âme pour entendre
: il est serviteur de cet évangile-là ; [1:25] puis il est serviteur de
l’Assemblée, service ou ministère distinct, qui fait connaître la vraie position
de celle-ci et ses privilèges, service lié d’ailleurs avec l’autre, en ce que
l’Évangile a aussi été porté aux Gentils pour les faire entrer (vers. 23 et 25).
Par cette seconde partie de son enseignement, l’apôtre complétait la Parole de
Dieu — principe important pour ce qui concerne l’autorité exclusive de la Parole
écrite, et qui montre que la totalité de cette Parole est déjà devant nous,
totalité démontrée par les sujets qu’elle renferme. Tous les sujets que Dieu a
voulu traiter dans sa Parole sont entièrement complétés, à l’exclusion de tout
autre sujet qu’on pourrait prétendre y introduire. Le cercle des vérités que
Dieu avait à traiter, pour nous révéler la gloire de Christ, et nous donner un
enseignement parfait selon sa sagesse, est complet lorsque la doctrine de
l’Assemblée est révélée : il n’y en a pas d’autres à ajouter1.
1 Il ne s’agit pas ici des dates des livres, mais du cercle des sujets. La loi, le royaume, la personne du Christ, la rédemption et les voies de Dieu avaient déjà été mis en avant. Il restait à révéler la doctrine de l’Assemblée pour rendre les communications de Dieu complètes en ce qui concerne les sujets auxquels ces communications se rapportaient.
Ch. 1 v. 24 —
Souffrances pour l’amour de l’Assemblée, corps de Christ formé par Dieu
[1:24] Mais cette doctrine de l’Assemblée, en particulier, exposait l’apôtre à
des persécutions et à des souffrances, que les Juifs par-dessus tout, et
l’Ennemi de toute manière, cherchaient à lui faire subir ; mais il s’en
réjouissait comme d’un privilège, parce que Christ avait souffert à cause de son
amour pour l’Assemblée, pour les siens. L’apôtre parle ici, non de l’efficace de
la mort du Sauveur, mais de l’amour qui l’a porté à souffrir. À ce point de vue,
l’apôtre peut avoir part à ces souffrances, et dans notre petite mesure, nous
aussi, mais l’apôtre le pouvait d’une manière particulière, comme témoin spécial
de cette vérité. Si Christ avait voulu accepter la position du Messie selon
l’homme, il aurait été bien reçu ; si Paul avait prêché la circoncision, le
scandale de la croix aurait cessé [(Gal. 5:11)] : si la religion de Dieu avait
reconnu l’homme, dans la chair, l’homme aurait pu avoir sa part à lui dans la
religion de Dieu. Mais si Dieu est révélé, si sa grâce s’étend aux Gentils, et
si, sans tenir plus compte du Juif que du Gentil, Dieu forme, par cette grâce,
une Assemblée, corps de Christ, qui partage la gloire céleste de son Fils —
voilà ce que la chair ne saurait supporter. Être ainsi exclue comme ne valant
rien devant Dieu, même dans sa religion, quelle que soit la peine qu’elle se
donne, est insupportable à la chair. Dans ce fait se trouve la source de
l’inimitié de l’esprit judaïque qui est fondé sur la chair, sur l’homme, et qui
reparaît constamment dans l’histoire de l’apôtre, soit comme excitant la haine
des païens, soit comme corrompant la doctrine de Christ et la simplicité de
l’évangile. La religion de la chair se glorifie de ses privilèges particuliers (voir
Phil. 3).
Double caractère de
Christ chef sur toute la création, et sur l’Assemblée
Ainsi nous avons trouvé un double ministère, comme une double primauté de
Christ, et une double réconciliation, dans chacun desquels se retrouvent les
deux mêmes sujets, qui correspondent mutuellement l’un à l’autre : [1:16] Christ
Chef de toutes choses dans les cieux et sur la terre, [1:18] Chef de l’Assemblée
; [1:20] toutes choses dans les cieux et sur la terre doivent être réconciliées
: [1:21] les chrétiens sont réconciliés ; [1:23] Paul exerce son ministère dans
toute la création sous le ciel ; [1:25] il est serviteur de l’Assemblée.
Naturellement le ministère de Paul se bornait à la terre ; sous tous les
rapports, l’étendue et la portée de la gloire de Christ et du ministère
dépassaient les limites du judaïsme et contrastaient avec ce système tout entier.
Ch. 1 v. 25-26 —
Révélation du mystère de l’Assemblée, caché jusque-là
L’apôtre insiste ensuite sur la seconde partie de son ministère dont il vient de
parler, en s’arrêtant cependant plus particulièrement sur ce qui répondait aux
besoins des Colossiens, et en le développant, pour affermir les cœurs de ceux-ci
dans la jouissance de l’ensemble de ces précieuses vérités. [1:25] Il complétait
la Parole de Dieu en annonçant ce mystère, [1:26] qui avait été caché dès tous
les siècles et dès toutes les générations, mais était maintenant manifesté aux
saints. Aucun déploiement des voies de Dieu depuis la création, eu égard aux
vérités sur lesquelles il était fondé, dans la révélation de Dieu — de sa
puissance ou de ses pensées (qui en formaient la base et lui donnaient son
caractère), n’avait renfermé le mystère contenu dans la doctrine de l’Assemblée
: il n’avait été communiqué à aucun de ceux qui faisaient partie des systèmes
qui l’avaient précédé, ou qui éclairaient les autres comme instruments de la
révélation de la lumière de Dieu. Les anges, les hommes, Israël, les prophètes
l’ignoraient tous également. L’Assemblée, ce corps uni au Fils de Dieu fait
homme et glorifié, et l’appel des Gentils à cette unité leur restaient cachés à
tous.
Ch. 1 v. 27-29 — Christ
dans les croyants ici-bas, mystère révélé à Paul
[1:18] Maintenant que Christ, Chef de l’Assemblée, Tête du corps, était glorifié,
[1:26] le mystère de ce corps était mis en évidence. L’apôtre insiste ici sur un
côté particulier de ce sujet, qui, après la personne de Christ, forme le centre
de toutes les voies de Dieu : [1:27] ce côté, c’est Christ en nous (surtout en
tant que Gentils), l’espérance de la gloire. Et en ceci encore nous voyons que
les croyants sont considérés, comme étant sur la terre, bien que dans la
puissance de la résurrection. L’aspect du mystère est ici Christ en nous ici-bas,
non pas l’union avec lui dans la gloire, quoiqu’on ne puisse séparer les deux
choses. De fait, ce mystère était de toute manière une pensée nouvelle, une
vérité nouvelle. On avait bien la connaissance d’un Messie qui devait être
manifesté parmi les Juifs, l’accomplissement de la gloire au milieu d’eux, les
Gentils tout au plus ayant part à la bénédiction comme subordonnés au peuple de
Dieu. Mais selon la doctrine de l’Assemblée, Christ d’une manière invisible
demeurait au milieu des Gentils (*), et même en eux : et quant à la gloire, il
n’était que l’espérance de celle-ci. Un Christ demeurant dans le cœur des hommes,
d’hommes autrefois rejetés et étrangers aux promesses [(Éph. 2:12)], et
remplissant ce cœur de joie et de gloire, dans la conscience de leur union avec
Lui, voilà le mystère merveilleux préparé de Dieu pour la bénédiction des
Gentils. [1:28] C’était ce Christ, un tel Christ, que Paul prêchait, exhortant
tout homme, et enseignant chacun, selon le plein développement de la sagesse de
Dieu. [1:29] Cette sagesse opérait avec puissance par l’Esprit dans l’apôtre,
[1:28] pour présenter tout homme dans un état spirituel qui répondît à cette
révélation du Christ, comme en étant aussi le fruit. Ce n’est pas que chacun
voulût le recevoir, mais il n’y avait plus de limite à la sphère du témoignage ;
toute distinction était effacée également par le péché et par la grâce : il n’y
avait qu’une chose à faire et à chercher, savoir que tout homme, par la
puissance de la Parole et de l’Esprit, reflétât Christ et crût jusqu’à la
stature de sa plénitude [(Éph. 4:13)], révélée dans la doctrine confiée à
l’apôtre. [1:29] Paul travaillait à atteindre ce but, selon le travail de Christ
en lui ; car Christ n’était pas seulement l’objet, mais la puissance qui
agissait pour former les âmes d’après son image.
1 J’ai déjà fait remarquer que dans les Colossiens les Gentils sont surtout en vue, non pas l’union du Juif et du Gentil en un seul corps.