Introduction
Les traits caractéristiques des apôtres et de leurs écrits
Le service de Pierre et de Paul
L’Écriture nous montre Pierre, comme l’apôtre de la circoncision, et Paul, comme
celui de l’incirconcision (Gal. 2:7, 8). Pierre et les autres apôtres restèrent
à Jérusalem, lorsque les disciples furent dispersés par la persécution survenue
à l’occasion d’Étienne [(Act.8:1)], et, continuant l’oeuvre de Christ dans le
résidu d’Israël (l’unité étant maintenue par les soins de Dieu), ils
réunissaient en assemblée, sur la terre, les brebis perdues de la maison
d’Israël. Paul, devenu serviteur de l’assemblée, ainsi que de l’évangile prêché
dans toute la création sous le ciel (Col. 1 [v. 23, 25]), posa le fondement
comme un sage architecte [(1 Cor. 3:10)].
Le caractère des
croyants dans les épîtres de Pierre et de Paul
Pierre, dans ses épîtres, représente les chrétiens comme des pèlerins en voyage,
suivant Christ ressuscité vers l’héritage céleste. Paul reconnaît bien cela,
comme on le voit en Phil. 3 [(v. 14)], mais, dans le plein développement de sa
doctrine, il nous montre les saints assis dans les lieux célestes en Christ [(Éph.
2:6)], héritiers de tout ce dont il est héritier lui-même [(Éph. 1:11)].
Le caractère des écrits
de Jean
Tout cela qui a trait aux dispensations est rempli d’instruction. Mais Jean
occupe une place différente. Il n’entre pas dans la question des dispensations
et, bien qu’établissant une fois ou deux le fait (voyez Jean 13:1 ; 14:1-3 ;
17:24 ; 20:17), il ne considère pas le saint, ni même le Seigneur, dans le ciel.
Dans son évangile, il présente Jésus comme une personne divine, la Parole faite
chair, manifestant Dieu son Père, la vie éternelle descendue sur la terre[(Jean
1:1, 4, 14)] ; son épître traite de notre participation à cette vie et montre
quels en sont les caractères.
Jean montre la suite
des voies de Dieu à l’égard de la terre
Mais à la fin de l’évangile, après avoir annoncé l’envoi du Consolateur en vertu
de ce que lui, Christ, s’en allait au Père [(Jean 14:16 ; 16:7)], il dévoile à
ses disciples, bien que d’une manière mystérieuse, la continuation des voies de
Dieu envers la terre. C’est de cela que Jean dans son ministère est le
représentant, rattachant la manifestation de Christ sur la terre lors de sa
première venue, à sa manifestation quand il reviendra. La personne de Christ
avec la vie éternelle en Lui est ainsi la sécurité permanente des saints et la
vivante semence de Dieu, alors que dispensationnellement tout est corrompu, en
confusion et en décadence. Quand bien même tout est en désordre extérieurement,
la vie éternelle reste la même.
L’introduction du
ministère de Jean
La fin du judaïsme, et déjà le déclin du christianisme
La destruction de Jérusalem est, à tous ces égards, un événement de la plus
haute importance, parce qu’alors l’assemblée juive, formée comme telle au jour
de la Pentecôte, prend fin. Elle avait déjà fini, auparavant, mais l’acte
judiciaire fut alors accompli. Les chrétiens avaient été avertis de quitter le
camp [(Héb. 13:13)]. La rupture entre le christianisme et le judaïsme était
consommée. Christ ne pouvait plus prendre l’assemblée, établie dans le résidu
juif, comme le siège de son autorité terrestre1. Mais, hélas ! l’assemblée,
telle que Paul l’avait établie, était déjà déchue de son premier état, et ne
pouvait, en aucun sens, reprendre l’héritage tombé des mains d’Israël. « Tous
cherchent leurs propres intérêts », dit Paul, « et non pas ceux de Jésus Christ
» [(Phil. 2:21)]. Tous ceux d’Asie l’avaient abandonné, dit-il encore [(2 Tim.
1:15)], et cela est frappant quand on se rappelle qu’Éphèse était la scène
bienheureuse où toute l’Asie avait entendu la parole de Dieu de la bouche de
l’apôtre. Ceux qui avaient été spécialement introduits avec une pleine
intelligence dans la position de l’assemblée, n’avaient pu garder cette position
dans la puissance de la foi. De fait, le mystère d’iniquité opérait déjà, et il
doit se poursuivre et grandir jusqu’à ce que soit enlevé ce qui fait obstacle à
la manifestation de l’apostasie finale [(2 Thess. 2:7)].
1 Cela est moralement vrai, depuis Actes 3, quand les chefs des Juifs refusent de recevoir le témoignage rendu à un Christ glorifié qui devait revenir, de même qu’ils avaient refusé de recevoir Christ dans l’humiliation. On voit, en Actes 7, Dieu, par la bouche d’Étienne, annoncer la fin de ses voies en témoignage envers eux ; l’assemblée céleste commence, l’esprit d’Étienne étant reçu en haut. La destruction de Jérusalem clôt judiciairement l’histoire des Juifs.
Christ seul ne change
pas
C’est dans cet état de déclin et de ruine universels, qu’est introduit le
ministère de Jean. La stabilité se trouve dans la personne de Christ, d’abord
pour la vie éternelle, mais aussi pour les voies de Dieu sur la terre. Si
l’assemblée doit être vomie de sa bouche [(3:16)], Lui est le fidèle témoin
[(1:5)], le commencement de la création de Dieu [(Apoc. 3:14)].
Les ministères de
Pierre et de Jean, en Jean 21
Voyons, dans l’évangile de Jean, l’enchaînement de ces choses. Ainsi que nous
l’avons montré ailleurs en détail, nous avons, au chapitre 20, un tableau des
voies de Dieu, depuis la résurrection de Christ jusqu’au Résidu d’Israël aux
derniers jours, [Jean 20:26-29] représenté par Thomas qui regarde à Celui qui a
été percé [(cf. Zach. 12:10)], et croit en voyant. Au chapitre 21, outre le
Résidu, nous avons le rassemblement millénaire tout entier. [Jean 21:15-23]
Puis, à la fin du chapitre, le ministère spécial de Pierre et celui de Jean sont
indiqués, bien que d’une manière mystérieuse. [21:15-17] Les brebis de la
circoncision sont confiées à Pierre, [21:18-19] mais son ministère devait se
clore comme celui de Christ. Pas plus qu’Israël, l’assemblée ne devait être
établie sur ce terrain (du ministère de Pierre). Il n’y avait pas à attendre
jusqu’au retour de Christ1. De fait, le ministère de Pierre était clos, et
l’assemblée de la circoncision avait été laissée sans pasteur, avant même que la
destruction de Jérusalem eût mis fin, pour toujours, à toutes les relations
juives. [Jean 21:21] Pierre alors interroge Jésus relativement à ce qui
arriverait à Jean. [Jean 21:22] Le Seigneur, répond, il est vrai,
mystérieusement, mais tout en le faisant envisager à Pierre qui devait le
suivre, comme une chose qui ne le concernait pas : il place plus loin la fin du
ministère de Jean, et indique qu’il pourrait se prolonger jusqu’à son retour.
Or, de fait, l’Époux a tardé, mais le service et le ministère de Jean par la
Parole — seule chose qui devait demeurer, et non les soins personnels de
l’apôtre — vont demeurer jusqu’au retour de Christ.
1 Paul, bien entendu, n’est pas du tout mentionné. Pour lui, l’assemblée appartenait au ciel — elle était le corps de Christ [(Éph. 1:23)], la maison de Dieu [(1 Cor. 3:16)]. Il était lui un architecte [(1 Cor. 3:10)].
Le ministère de Jean
est de témoigner de la personne de Christ à tous, Juifs compris
Jean n’était pas un architecte comme Paul [(1 Cor. 3:10)] : aucune dispensation
ne lui avait été confiée. Comme Pierre, il était lié à l’assemblée dans sa
structure terrestre, non dans la céleste, comme celle qui est présentée dans
l’Épître aux Éphésiens. Il n’était pas ministre de la circoncision, mais
continuait le système terrestre parmi les gentils, tenant seulement ferme la
personne de Christ. Sa place spéciale était le témoignage rendu à la personne de
Christ venu sur la terre avec un droit divin sur elle — l’autorité sur toute
chair. Cela ne brisait pas les liens avec Israël, comme le faisait le ministère
de Paul, mais élevait la puissance qui tenait tout réuni dans la personne de
Christ, à une hauteur qui la portait à travers tous les temps ou tous les
pouvoirs cachés, jusqu’à son établissement final sur le monde. Cela n’excluait
pas Israël comme tel, mais élargissait la scène de l’exercice de la puissance de
Christ, de manière à l’établir sur le monde, non pas en Israël comme sa source,
bien qu’Israël lui-même pût être établi dans sa propre place d’après une source
céleste de puissance.
La place de
l’Assemblée, sur la terre, dans le ministère de Jean
Quelle place tient donc, dans le ministère de Jean, l’Assemblée, telle que nous
la trouvons dans l’Apocalypse ? Nous ne l’y voyons pas sous le caractère que
Paul lui donne, sauf dans une phrase qui vient après que la révélation est
close, et où sa vraie place, en l’absence de Christ, est indiquée (chapitre
22:17). Les saints y sont envisagés dans le temps, jouissant, d’une manière
consciente, de leur relation propre avec Christ, en rapport aussi avec leur
place de rois et sacrificateurs pour son Dieu et Père [(1:6)], place dans
laquelle ils sont associés avec Lui. Mais Jean, dans son ministère et son
témoignage, considère l’assemblée, sous son aspect extérieur sur la terre1, dans
son état de déclin d’abord (Christ le jugeant) [(Apoc. 2 et 3)], puis à la fin,
mais en gloire et en grâce, comme la vraie assemblée, la métropole de l’univers
et le siège du gouvernement de Dieu sur le monde [(21:2-3)]. [21:22] C’est une
demeure dans laquelle Dieu et l’Agneau habitent. Ces considérations facilitent,
pour nous, l’intelligence de l’objet et de la portée du livre de l’Apocalypse.
L’assemblée a manqué ; les gentils, entés, par la foi, sur l’olivier franc,
n’ont pas persévéré dans la bonté de Dieu [(Rom. 11:16-24)]. [2:4] L’assemblée
d’Éphèse, le vase intelligent et l’expression de ce que l’assemblée de Dieu
était, avait abandonné son premier amour, [2:5] et à moins qu’elle ne se
repentît, le chandelier devait être ôté de son lieu. L’Éphèse de Paul devient le
témoignage, sur la terre, du déclin et du fait que Dieu rejette de sa présence
ce qui n’a pas été fidèle, comme cela avait été le cas pour Israël. La patience
de Dieu se montre envers l’Assemblée, comme autrefois envers Israël, mais
l’Assemblée, pas plus qu’Israël, ne maintient le témoignage de Dieu dans le
monde. Jean maintient ce témoignage montrant, selon son ministère, le jugement
des assemblées par la parole de Christ2, et ensuite, le jugement du monde par le
trône (l’autorité et la puissance divines), jusqu’à ce que Christ vienne, prenne
sa grande puissance, et entre dans son règne. Pendant cette période de
transition où le trône agit, les saints célestes sont vus en haut. Quand Christ
vient, ils viennent avec Lui.
1 Et c’est pourquoi il considère des assemblées locales qui pouvaient être jugées et d’où le chandelier pouvait être ôté [(2:5)]. Il y a ici une autre preuve de la sagesse divine. Quoique nous ayons, je n’en doute pas, l’histoire complète de l’assemblée dans ce monde jusqu’à la fin, elle est donnée par des faits alors présents, de manière à ce que l’on ne pût y voir un délai pour la venue du Seigneur. Ainsi, dans les paraboles, les vierges qui s’endorment sont aussi celles qui s’éveillent [(Matt. 25:5, 7)] ; les serviteurs qui reçoivent les talents sont ceux que l’on trouve au retour du Seigneur [(Matt. 25:14, 19)] ; bien que nous sachions que des siècles ont passé et que la mort du Seigneur est intervenue.
2 Remarquons ce principe d’une immense importance : l’Église jugée par la Parole, et non pas l’Église juge ; et le chrétien, comme individu, appelé à faire attention à ce jugement. L’Église (j’emploie ici ce mot à dessein, parce qu’on s’en sert pour réclamer cette autorité) ne peut avoir d’autorité quand le Seigneur m’appelle — si j’ai des oreilles pour entendre — à écouter et à recevoir le jugement qu’il prononce sur elle. Je juge son état par les paroles de l’Esprit, je suis tenu de le faire ; dans cet état, elle ne peut donc être une autorité sur moi, au nom du Seigneur. Il n’est pas question de discipline, mais de l’Église comme prétendant à l’autorité.
Les différents écrits
de Jean
Ainsi, la première épître de Jean est la continuation, pour ainsi dire, de
l’évangile, excepté les deux derniers chapitres de celui-ci, lesquels ont trait
aux dispensations ; l’Apocalypse, au contraire, est la continuation de ces deux
derniers chapitres (20 et 21), où Christ étant ressuscité, mais sans que
l’ascension soit mentionnée, les grands traits des voies dispensationnelles de
Dieu se laissent entrevoir dans les circonstances rapportées. En même temps, il
est montré que Christ ne pouvait alors personnellement établir le royaume. Il
devait d’abord monter au ciel. [2 Jean 1-2, 4-6] Les deux courtes épîtres qui
suivent la première nous enseignent que la vérité (la vérité quant à Sa
personne) était la pierre de touche du vrai amour, et devait être tenue ferme [2
Jean 7] quand s’introduisait ce qui était antichrétien ; [3 Jean 8] de plus, la
pleine liberté de l’administration de la vérité devait être maintenue contre la
prétention à l’autorité ecclésiastique ou cléricale, en contraste avec
l’Assemblée. [3 Jean 9-10] L’apôtre avait écrit à l’assemblée : Diotrèphe
rejetait le ministère libre.
John Nelson Darby