Chapitres 27 et 28
Circonstances du voyage et de l’arrivée de Paul à Rome
Ch. 27 — Voyage de Paul en bateau vers Rome
Maintenant que Paul est restauré et que son courage est ranimé par la grâce, il se montre, dans son voyage, maître de la position. C’est lui qui donne des conseils, selon les communications que Dieu lui fait ; c’est lui qui encourage, qui agit, de toute manière, de la part de Dieu, au milieu de la scène. La description pleine de vie et de réalité que Luc, compagnon de l’apôtre, donne de ce voyage n’a pas besoin d’être signalée : elle est admirable comme tableau vivant de toute la scène ; ce qui nous importe, c’est de voir dans ce récit ce que Paul a été, soit au milieu de la fausse confiance, soit au milieu de la détresse de l’équipage.

Ch. 28 v. 1-10 — Paul à Malte, exerçant la puissance de Dieu
[28:8-9] À Malte, nous retrouvons l’apôtre exerçant sa puissance accoutumée au milieu du peuple barbare de cette île ; on reconnaît que Dieu est avec son serviteur. L’évangélisation ne paraît pas cependant dans le récit du séjour de Paul à Malte, ni dans celui de son voyage.

Ch. 28 v. 11-29 — Paul à Rome, et dernier témoignage aux Juifs avant leur jugement
Après que l’apôtre a débarqué en Italie, on le voit dans la tristesse. [28:15] L’affection des frères l’encourage et le ranime. [28:16] Il va jusqu’à Rome, [28:30] où il demeure deux ans dans une maison qu’il a louée, [28:16] avec un soldat pour le garder. Le gouverneur romain en Judée avait probablement fait comprendre que les accusations portées contre Paul n’étaient que les fruits de la jalousie des Juifs, car tout le long du voyage, on use de toutes sortes de prévenances à son égard ; en outre, il était Romain. [28:17] Arrivé à Rome, l’apôtre convoque les Juifs ; et ici, pour la dernière fois, l’état de ceux-ci nous est présenté, [28:25-27] ainsi que le jugement suspendu sur leurs têtes depuis que la prophétie (qui se rattachait particulièrement à la maison de David et à Juda) avait été prononcée par Ésaïe, et avait eu son application au peuple selon le témoignage du Seigneur Jésus lorsqu’il était ici-bas, parce qu’ils l’avaient rejeté — jugement dont la patience de Dieu a suspendu l’exécution jusqu’à ce que le témoignage du Saint Esprit aussi fût rejeté. Ce jugement est rappelé ici par Paul à la fin de la partie historique du Nouveau Testament. Le témoignage de l’apôtre est la déclaration solennelle de l’état définitif des Juifs, par l’envoyé de la grâce souveraine — état qui devait demeurer jusqu’à ce que Dieu intervînt en puissance pour leur donner la repentance, pour les délivrer, et pour se glorifier en eux selon la grâce.

Caractère du livre des Actes
Mise de côté des Juifs comme peuple, rejetant ce que Dieu établit
Nous avons déjà signalé le caractère des Actes, qui ressort ici d’une manière claire et frappante ; nous y voyons la mise de côté des Juifs ou, pour présenter ce point dans son vrai jour, le peuple se mettant lui-même de côté par le rejet du témoignage de Dieu et de l’œuvre de Dieu. Ils se mettent en dehors de ce que Dieu établit ; ils ne veulent pas Le suivre dans le progrès des voies de sa grâce, et ainsi ils sont laissés entièrement en arrière, sans Dieu et sans communication présente avec lui. Sa parole demeure éternellement, ainsi que sa miséricorde, mais les Juifs sont remplacés par d’autres, qui prennent la place de relation positive et actuelle avec Dieu. Individuellement ils peuvent entrer dans cette autre sphère et sur un autre pied, mais Israël disparaît, et pour un temps s’efface de la vue de Dieu.

Formation de l’Église, peuple de Dieu remplaçant les Juifs, unissant tous ses membres
C’est ce qui est montré dans les Actes. Au commencement de l’œuvre, la patience de Dieu agit envers les Juifs dans la prédication de l’Évangile et dans la mission apostolique. Leur hostilité se déploie peu à peu, et arrive à son comble dans le cas d’Étienne. Paul est suscité, témoin, dans sa propre personne, car lui-même était d’Israël, de la grâce envers eux, au moins dans l’appel d’un Résidu élu, mais Paul introduit, en rapport avec un Christ céleste, quelque chose d’entièrement nouveau, comme doctrine, savoir l’Église, corps de Christ dans le ciel, l’Église abolissant toute distinction entre Juif et Gentil, envisagés soit comme pécheurs, soit comme ayant leur place dans l’unité de ce corps. Pour conserver l’unité et le rapport avec les promesses, le développement de cette doctrine se lie historiquement à ce qui avait été établi à Jérusalem ; mais en soi, comme doctrine, l’Église était une chose cachée en Dieu dans tous les siècles, ayant été dans les desseins de la grâce avant que le monde fût. L’hostilité des Juifs contre cette vérité ne s’est jamais démentie ; ils ont tout mis en jeu pour exciter les Gentils contre ceux qui propageaient la doctrine, et pour empêcher la formation de l’Église elle-même. Dieu ayant agi avec une patience et une grâce parfaite jusqu’au bout, remplace les Juifs par l’Église, comme Sa maison et le vase de Ses promesses sur la terre, en faisant de cette Église son habitation par l’Esprit. Les Juifs sont mis de côté comme peuple, quoique leur esprit, hélas ! n’ait pas tardé à s’emparer de l’Église elle-même. L’Église est révélée, et la doctrine claire et positive qu’il n’y a aucune différence entre Juif et Gentil (tous étant de nature des enfants de colère), et que leurs privilèges en tant qu’ils sont membres d’un seul corps, sont communs et égaux, constitue la base de toute relation avec Dieu d’une âme en qui la foi se trouve. C’est la doctrine de l’apôtre dans l’épître aux Romains, et dans celle aux Éphésiens1. En même temps, le don de la vie éternelle, comme promise avant que le monde fût, a été mis en évidence par la régénération2 (commencement d’une nouvelle existence, ayant un caractère divin) et la participation à une justice divine. La puissance de la vie divine et l’excellence de la justice divine sont réunies dans notre résurrection avec Christ, par laquelle, nos péchés ayant été pardonnés, nous sommes placés devant Dieu comme Christ, qui est à la fois notre vie, et notre justice. Cette vie se manifeste en conformité avec la marche de Christ sur la terre : il nous a laissé un exemple pour que nous marchions sur ses traces [(1 Pier. 2:21)] ; c’est la vie divine manifestée dans l’homme ; en Christ comme objet, en nous comme témoignage.

1 Dans les Romains nous trouvons la position personnelle, dans les Éphésiens la position comme corps.

2 Le mot « Régénération » ne s’applique pas, dans l’Écriture, à la nouvelle naissance : c’est un changement de position en nous, se rapportant au fait que nous sommes morts avec Christ, et à la résurrection. On rencontre cette expression deux fois : En Matthieu 19:28, où il est question du Royaume à venir de Christ, et en Tite 3:5, où il s’agit du lavage ou baptême de la régénération, comme étant, en type, ce qui nous sort de l’état du premier Adam, pour nous introduire dans l’état chrétien, mais en le distinguant du « renouvellement de l’Esprit saint ».

La croix de Christ, base de tout ce qui se lie aux relations entre Dieu et l’homme
La croix de Jésus est la base et le centre fondamental de toutes les vérités qui se rattachent aux relations de l’homme avec Dieu. Les rapports de Dieu avec l’homme, tel qu’il était ; la responsabilité de celui-ci ; la grâce, l’expiation ; la fin de la vie de l’homme, en tant qu’en rapport avec le péché, la loi, et le monde ; l’abolition du péché par la mort de Christ et ses conséquences en nous : toutes ces choses sont démontrées ou accomplies dans la croix ; elles donnent lieu, par la puissance de vie qui était en Jésus (qui sur cette croix a parfaitement glorifié Dieu), à cette nouvelle existence dans laquelle ce Jésus est entré comme homme auprès du Père, par la gloire duquel, ainsi que par sa propre puissance divine, et par l’énergie du Saint Esprit, il a été ressuscité.

Après cela viendra la restauration d’Israël et le jugement des Gentils
Cette nouvelle existence de Christ et de l’Église n’empêche pas que, quand l’Église sera complète et montée en haut, Dieu ne reprenne ses voies en gouvernement avec les Juifs sur la terre : et c’est ce qu’il fera selon ses promesses et la déclaration des prophètes. C’est aussi ce que l’apôtre explique dans l’épître aux Romains [(chap. 11)], mais ce sujet appartient à l’étude de cette épître. L’Apocalypse nous montrera les voies de Dieu en jugement envers les Gentils, à la même époque, ainsi que le feront d’autres passages des épîtres qui se rapportent à la venue de Jésus ; elle nous montrera même les voies de Dieu dans son gouvernement du monde en général, du commencement jusqu’à la fin, avec les avertissements nécessaires pour l’Église, quand les temps d’incrédulité commencent à poindre et à se développer moralement dans la ruine de l’Église, envisagée comme témoin de Dieu dans le monde.

Ch. 28 v. 30-31 — Fin de l’histoire de Paul, à Rome opposée à l’évangile
[28:28] Amené à Rome notre apôtre déclare (en suite de la manifestation d’incrédulité parmi les Juifs, signalée plus haut), que le salut de Dieu est envoyé aux Gentils ; [28:30] et il demeure deux années entières dans la maison qu’il avait louée, recevant tous ceux qui venaient vers lui (car il n’était pas libre d’aller vers eux), [28:31] annonçant avec toute hardiesse le royaume de Dieu et ce qui regardait le Seigneur Jésus, personne n’y mettant obstacle (28:30, 31). Ici se termine l’histoire de ce précieux serviteur de Dieu, aimé et honoré de son Maître, prisonnier dans cette Rome qui, chef du quatrième empire, devait être le siège de l’opposition à la vérité parmi les Gentils, de leur opposition au règne et à la gloire de Christ, comme Jérusalem de cette opposition parmi les Juifs. Le temps pour la pleine révélation de cette opposition n’était pas encore arrivé, mais le ministre de l’Église et de l’Évangile de la gloire est prisonnier, à Rome : c’est ainsi que Rome commence son histoire en rapport avec l’Évangile que l’apôtre a prêché ; toutefois Dieu était avec son serviteur.