Chapitre 20
Mais reprenons l’histoire de Paul.
Ch. 20 v. 1-16 — Suite
du voyage de Paul avant Jérusalem
Ch. 20 v. 1-9 — Service de Paul dans les divers endroits visités
[20:1] Lorsque le calme est rétabli à Éphèse, Paul fait venir les disciples, les
embrasse et part pour la Macédoine ; [20:2] il visite tout ce pays et se rend en
Grèce. Le commencement de la seconde épître aux Corinthiens donne les détails de
cette partie de l’histoire de l’apôtre. [20:3] Il reste trois mois en Grèce ;
puis, à la suite des embûches qui lui sont dressées par les Juifs, il reprend la
route de Macédoine au lieu de se rendre directement en Syrie. [20:6] À Troas, où
une porte lui avait été ouverte lors de son voyage vers la Grèce, mais où son
affection pour les Corinthiens ne lui avait pas permis de rester [(2 Cor.
2:12-13)], il passe le premier jour de la semaine, et même toute la semaine afin
de voir les frères. [20:7] On voit ici le but habituel de la réunion des fidèles
: « ils s’assemblent pour rompre le pain » ; on voit encore que cela se fait
ordinairement « le premier jour de la semaine ». Paul profite de cette occasion
pour parler toute la nuit à l’assemblée, mais l’occasion était extraordinaire.
[20:9] La présence et les exhortations d’un apôtre n’ont pas empêché le sommeil
de l’un au moins des assistants ; [20:8] cependant on n’était pas réuni en
cachette ou dans les ténèbres : il y avait beaucoup de lampes pour éclairer la
chambre haute où les fidèles se réunissaient. On peut voir par la nature du
local où se tenait cette assemblée que les assemblées ne se composaient pas de
beaucoup de monde : la chambre haute à Jérusalem recevait cent vingt personnes
peut-être. Nous pouvons juger par diverses salutations que nous trouvons dans
les épîtres, qu’on se réunissait dans des maisons particulières, et probablement
dans plusieurs, si le nombre des croyants l’exigeait ; seulement il n’y avait
qu’une Église ou Assemblée.
Ch. 20 v. 9-12 —
Intervention de Paul en faveur d’Eutyche
[20:9] Eutyche porte la peine de son inattention ; mais en le relevant d’un état
de mort, Dieu rend témoignage à sa propre bonté et à la puissance dont il avait
doué l’apôtre. [20:10] Paul étant descendu, se penche sur le jeune homme,
l’embrasse, et dit que son âme est encore en lui ; il ne s’agissait que de
renouer la relation entre elle et l’organisme physique. Dans d’autres cas
semblables l’âme a été rappelée dans le corps.
Ch. 20 v. 13 — Pouvoir
de Paul sur le service de ses compagnons, par l’Esprit
[20:13] Paul, continuant sa route, veut se rendre seul de Troas jusqu’à Assos.
Dans toute l’histoire qui nous occupe, on voit que l’apôtre, par ce pouvoir que
l’Esprit lui donnait sur ses compagnons, disposait de leurs services volontaires,
non pas en maître sans doute, mais plus absolument que s’il eût été leur maître
: il est (sous Christ) le centre du système dans lequel il travaille, le centre
d’énergie. Christ seul peut être, de droit, centre quant au salut et à la foi :
Paul n’était le centre de cette énergie même, qu’en tant qu’il était rempli de
l’Esprit de Dieu, et ceci, ainsi que nous l’avons vu, en ne contristant pas
l’Esprit, en s’exerçant à avoir une conscience sans reproche, soit à l’égard de
Dieu, soit à l’égard des hommes.
Ch. 20 v. 16 — Paul
évite ce qui pourrait lui imposer un droit moral
[20:16] L’apôtre ne veut pas s’arrêter à Éphèse parce que, dans un tel centre,
il aurait dû demeurer quelque temps. Ce n’était pas manque d’affection pour les
chers Éphésiens, ni la pensée de les négliger ; mais il faut éviter ce qui a un
certain droit moral sur nous, si nous ne voulons et ne devons pas être retenus
par l’obligation que nous impose ce droit. [20:17] Paul fait venir les anciens
d’Éphèse, et leur adresse un discours qu’il faut examiner un peu comme nous
présentant la position dans laquelle se trouvait maintenant l’Église et l’œuvre
de l’Évangile parmi les nations.
Ch. 20 v. 17-38 —
Position de l’Église et œuvre de l’évangile
Ch. 20 v. 17-25 — Ministère achevé de Paul envers les Gentils, pour
l’évangélisation
Les Assemblées étaient consolidées sur une assez vaste étendue de pays et, en
divers lieux au moins, elles avaient pris la forme d’une institution
régulièrement ordonnée. Des anciens avaient été établis et reconnus : [20:17]
l’apôtre peut les faire venir auprès de lui ; son autorité aussi était reconnue
de leur part. [20:18] Il leur parle de son ministère comme d’une chose passée (pensée
solennelle !), les prenant à témoin non seulement de ce qu’il leur a prêché la
vérité, mais une vérité qui s’adressait à leur conscience : [20:21] d’un côté
les plaçant devant Dieu, et de l’autre leur présentant Celui en qui Dieu se
faisait connaître, et en qui Il communiquait toute la plénitude de la grâce,
savoir Jésus, objet de leur foi et Sauveur de leurs âmes. [20:19] Il leur avait
annoncé ces choses à travers les peines et les difficultés, en présence de
l’opposition sans conscience des Juifs qui avaient rejeté le Christ. L’apôtre
avait accompli sa pénible tâche selon la grâce qui l’élevait au-dessus de ce
mal, [20:21] annonçant aux Juifs le salut et dépassant les limites de ce peuple,
parce qu’il s’agissait de la grâce, s’adressant aux Gentils, à tout homme
pécheur et responsable ; [20:19] enfin, il avait fait tout cela, non avec
l’orgueil d’un docteur, mais avec l’humilité et la persévérance de l’amour.
Aussi désirait-il achever son ministère et ne manquer en rien à ce que Jésus lui
avait confié ; [20:22] et maintenant il allait à Jérusalem, se sentant lié dans
son esprit à le faire, ne sachant ce qui devait lui arriver, [20:23] mais averti
par l’Esprit que des liens et de la tribulation l’attendaient. [20:25] Quant aux
fidèles d’Éphèse, Paul savait que son ministère était terminé à leur égard, et
qu’il ne devait plus voir leur face. Dorénavant, la responsabilité pèserait sur
eux.
Fin des travaux
apostoliques, et responsabilité de se maintenir dans la position établie
Ainsi ce que le Saint Esprit nous présente dans ce touchant passage, c’est que
là où le récit détaillé du travail de l’apôtre au milieu des Gentils pour
planter l’Évangile, nous présente un tableau complet du résultat de ses travaux,
soit à l’égard des Juifs qui se trouvaient sur les lieux, soit à l’égard des
Gentils eux-mêmes — là, il fait ses adieux à l’œuvre, pour laisser ceux qu’il
avait rassemblés dans une position nouvelle, et dans un certain sens à
eux-mêmes1. Ce discours marque la fin de l’une des phases de l’Église, savoir de
la période des travaux apostoliques, et son entrée dans une autre phase, celle
de la responsabilité des chrétiens à se maintenir dans la position dans laquelle
les travaux des apôtres les avaient placés, maintenant que ces travaux avaient
cessé ; il nous montre le service des anciens qui étaient « établis par le Saint
Esprit comme surveillants » [(20:28)], et en même temps les dangers et les
difficultés qui signaleraient la cessation des travaux apostoliques et
compliqueraient l’œuvre des anciens auxquels la responsabilité serait maintenant
plus particulièrement dévolue.
1 Si Paul a jamais été mis en liberté et est retourné dans cette contrée (non pas nécessairement à Éphèse) comme les épîtres aux Philippiens, à Philémon, et peut-être la seconde à Timothée le feraient supposer, nous n’avons pas de récit scripturaire à ce sujet.
Ch. 20 v. 28-32 —
Absence de succession apostolique, pour affronter les difficultés
Ch. 20 v. 29-30 — Difficultés survenant une fois les apôtres disparus
Une première remarque importante à faire au sujet de ce discours, c’est que la
succession apostolique y est entièrement niée. [20:29] L’absence de l’apôtre,
suivant son propre témoignage, serait la cause de diverses difficultés ; et Paul
lui-même nous fait voir que personne ne serait là, à sa place, pour répondre à
ces difficultés ou les empêcher de surgir. Le discours de l’apôtre annonce en
second lieu, qu’une fois l’énergie apostolique loin, énergie qui bridait
l’esprit du mal, des loups ravisseurs du dehors [20:30] et des docteurs du
dedans enseignant des choses perverses, lèveraient la tête et s’occuperaient à
corrompre la simplicité de l’Assemblée et à détruire son bonheur : l’Assemblée
serait tourmentée par les efforts de Satan, sans posséder l’énergie apostolique
pour faire face à ces efforts.
Les anciens ont à
veiller et à paître, en comptant sur Dieu seul
Ce témoignage de l’apôtre est de la plus haute importance à l’égard de tout le
système ecclésiastique. [20:31] L’attention des anciens auxquels le soin de
veiller est confié, est dirigée ailleurs (maintenant que l’Église n’a plus la
ressource des soins apostoliques, ni rien qui prît officiellement leur place)
pour être gardée en paix et garantie du mal. C’était à eux de soigner
l’Assemblée dans de telles circonstances. [20:28] Ensuite ce qu’ils avaient
principalement à faire pour prévenir le mal, c’était de paître le troupeau en
veillant dans ce but, soit sur eux-mêmes, soit sur le troupeau. [20:31] Pour
qu’ils le fissent avec succès, Paul leur rappelle comment il les avait exhortés
lui-même jour et nuit avec larmes : — qu’ils veillassent donc ! [20:32] Puis
l’apôtre ne les recommande ni à Timothée, ni à un évêque, mais, et cela d’une
manière qui met de côté toute ressource officielle, à Dieu et à la parole de sa
grâce qui suffisait pour les édifier et pour leur assurer l’héritage. C’est donc
là que Paul a laissé l’Église : ce qu’elle a fait depuis n’est pas mon sujet ici.
Si Jean est venu plus tard travailler dans ces contrées, c’était une grande
faveur de Dieu ; mais cela ne changeait rien officiellement à la situation. Les
travaux de Jean (sauf ses avertissements aux églises dans l’Apocalypse, où il
s’agit du jugement), avaient en vue la vie individuelle, son caractère et ce qui
la nourrissait.
Ch. 20 v. 33-38 —
Séparation de l’apôtre et de l’Assemblée, comme instrument libre
Fin du travail de Paul pour fonder l’Assemblée, fidèlement devant Dieu
Avec une profonde et touchante affection, Paul se sépare de l’Assemblée à Éphèse.
Qui donc a comblé le vide que son absence a laissé ? [20:33] L’apôtre en appelle
en même temps à la conscience de ses auditeurs, comme témoins de l’intégrité de
sa marche pendant son séjour au milieu d’eux. [20:34] Les libres travaux de
l’apôtre des Gentils étaient terminés, pensée solennelle et touchante ! Dieu
l’avait choisi comme instrument pour communiquer au monde ses conseils à l’égard
de l’Église, et pour fonder au milieu du monde cet objet précieux de ses
affections uni à Christ à sa droite. Que deviendra-t-elle ici-bas ?
Reste, pour l’apôtre
prisonnier, le témoignage devant les autorités
Dorénavant l’apôtre doit rendre compte de lui-même et accomplir d’une manière
frappante les prédictions du Seigneur. Amené par la méchanceté des Juifs devant
les tribunaux, livré par leur haine entre les mains des Gentils, tout cela
allait devenir un témoignage : les rois et les gouverneurs entendront l’Évangile,
mais l’amour de beaucoup se refroidira. Telle était, en général, la situation ;
mais il y avait aussi des détails qui étaient plus personnels à l’apôtre.
Développement de
l’inimitié des Juifs responsables, jusqu’à leur rejet
On peut remarquer à cette occasion un trait principal du livre qui nous occupe
et qu’on n’a guère observé, savoir le développement de l’inimitié des Juifs
amenant leur rejet final, en tant que placés sur le pied de leur propre
responsabilité. Les Actes se terminent par le dernier exemple de leur
obstination qui se présente dans l’histoire apostolique [(28:29)]. Dans le cours
de cette histoire, l’œuvre au milieu des Juifs est laissée dans l’oubli, et
celle de Paul occupe toute la scène dans le récit historique donné par l’Esprit.
L’opposition des Juifs à la manifestation de l’Église qui remplaçait ce peuple
et dans laquelle s’effaçait la distinction entre les Juifs et les Gentils, se
retrouve à chaque pas de la carrière de l’apôtre ; cette distinction s’effaçait
par l’introduction du ciel et de la grâce pleine et souveraine — en contraste
avec la loi qui, tout en étant universelle dans ses directions, était donnée à
un peuple distinct — et tout pécheur profitait de cette grâce par la foi. Bien
que l’apôtre usât de tous les ménagements possibles envers les Juifs qu’il
aimait comme son peuple, la haine que son œuvre lui a value de leur part et qui
l’a poursuivi à chaque pas de sa carrière, réveille cette opposition dans toute
son intensité à Jérusalem qui en était le centre naturel : elle se manifeste
dans les violences de la foule et dans les efforts faits auprès des Gentils,
efforts qui avaient pour but d’ôter un tel homme de dessus la face de la terre
[(Act. 22:22)]. C’est ce qui rendait très sérieuse la position de l’apôtre à
Jérusalem à l’égard des Gentils ; dans cette ville, d’autant plus jalouse de son
importance religieuse, qu’elle en avait réellement perdu la réalité sous
l’esclavage romain, en transformant cette importance en un esprit de rébellion
contre l’autorité qui la gênait.