Chapitre 15
Ch. 15 v. 1-21 — Traitement de la question du respect de la loi
Ch. 15 v. 1-2 — Règlement de la question de la loi à Jérusalem, non par
l’autorité de Paul
[15:1] Des personnes animées d’un esprit d’étroitesse judaïque viennent de
Jérusalem où tout marchait encore en rapport avec les exigences de la loi, et
elles cherchent à imposer ces exigences aux Gentils dans le nouveau centre de
l’œuvre, à Antioche qui servait de point de départ à l’évangélisation des
Gentils. [15:2] Dieu a voulu que cette question se réglât, non pas par
l’autorité apostolique de Paul ou l’action indépendante de l’Esprit divin à
Antioche seulement, ce qui aurait pu diviser l’Église, mais par une conférence à
Jérusalem, de manière à conserver l’union, quels que fussent les préjugés des
Juifs. Les voies de Dieu, à cet égard, sont remarquables, montrant comment Dieu
a tenu la haute main, en grâce, sur l’Église. En lisant l’épître aux Galates, on
voit qu’au fond il s’agit de choses qui touchent au vif du christianisme, à ses
fondements, aux principes profonds de la grâce, des droits de Dieu, de l’état de
péché de l’homme — principes sur lesquels est fondé tout l’édifice des rapports
éternels de l’homme avec Dieu. Si quelqu’un se faisait circoncire, il était sous
la loi ; il avait abandonné la grâce ; il était déchu de Christ [(Gal. 5:2-4)].
Cependant Paul apôtre, Paul plein de foi, d’énergie et d’une ardeur brûlante,
doit se rendre à Jérusalem où il n’avait pas désiré aller, pour y arranger cette
affaire. Paul avait travaillé à Antioche, mais l’œuvre de cette ville n’était
pas son œuvre. Il n’était pas l’apôtre d’Antioche comme il l’était d’Iconium, de
Lystre, et ensuite de la Macédoine et de la Grèce. Il était parti d’Antioche et
du sein de l’Église déjà formée là, pour sa mission au milieu des Gentils. La
question de l’assujettissement des Gentils à la loi de Moïse devait se régler
pour l’Église, mais non pas en rapport avec l’autorité apostolique de Paul :
l’apôtre doit fléchir devant Dieu et ses voies : il dispute avec les hommes
venus de Judée, mais le résultat n’est pas obtenu. L’assemblée d’Antioche se
décide à envoyer à Jérusalem une députation de quelques frères de l’assemblée,
que Paul et Barnabas, si profondément intéressés dans cette question, devaient
accompagner (Gal. 2:2). Au reste, Paul a eu une révélation qui l’a fait monter à
Jérusalem : Dieu dirigeait sa marche. Il est bon, toutefois, pour le fidèle,
quelles que soient sa droiture et son énergie spirituelle, d’être obligé de se
soumettre quelquefois.
Importance de traiter
la question à Jérusalem, pour l’unité de l’Église
La question donc se traite à Jérusalem. C’était déjà beaucoup qu’à Jérusalem on
s’opposât à l’assujettissement des Gentils à la loi, et davantage encore que
dans ce centre du judaïsme, on décidât de ne pas les y assujettir. On voit ici
la sagesse de Dieu, qui a voulu qu’une telle résolution eût son origine à
Jérusalem. S’il n’y avait pas eu là de la bigoterie, la question n’aurait pas
été nécessaire. Mais, hélas ! le bien ne se fait qu’à travers toute la faiblesse
et toutes les traditions des hommes. Une résolution prise à Antioche aurait eu
un tout autre caractère qu’une résolution prise à Jérusalem. L’Église juive
n’aurait pas reconnu la vérité ; l’autorité apostolique des douze n’y aurait pas
mis sa sanction : la marche d’Antioche et des Gentils aurait été une marche à
part ; une lutte sans fin aurait commencé entre deux partis, ayant chacun (en
apparence du moins) trouvé son point d’appui, l’un dans l’autorité de l’Église
primitive et apostolique — et l’autre dans l’énergie et la liberté du Saint
Esprit, avec Paul pour son représentant. La tendance judaïsante de la nature
humaine, toujours prête à abandonner la haute énergie de l’Esprit et à rentrer
dans la manière de voir de la chair, cette tendance, nourrie par des traditions
d’une foi ancienne, avait déjà donné à elle seule assez de peine et de
difficulté à celui qui tout particulièrement travaillait au milieu des Gentils
selon la liberté de l’Esprit, sans qu’il fût nécessaire d’y ajouter ou au moins
de pouvoir alléguer pour affermir cette tendance, la marche des apôtres et de
l’église de Jérusalem.
Ch. 15 v. 7-21 —
Intervention des apôtres pour décider de la chose
[15:7] Après une longue discussion à Jérusalem pour laquelle toute liberté fut
laissée, [15:7-11] Pierre prenant l’initiative, raconte ce qui est arrivé à
l’égard de Corneille. [15:12] Ensuite Paul et Barnabas déclarent quelle a été la
puissante manifestation de Dieu par le Saint Esprit au milieu des Gentils.
[15:14-21] Puis Jacques résume le jugement de l’assemblée dans des paroles qui
obtiennent l’assentiment de tous ; et qui portent que les Gentils ne seront pas
obligés d’être circoncis ou de suivre la loi, mais seulement de s’abstenir du
sang, des bêtes étouffées, de la fornication et des viandes offertes aux idoles.
Ch. 15 v. 22-33 —
Décision prise quant à la loi et communication à tous
Ch. 15 v. 28-29 — Décret rendu quant aux obligations légales des fidèles
Le décret rendu ici demande qu’on examine sa nature et les articles dont il se
compose.
Distinction entre
pratiques à abandonner selon Dieu, et soumission à la loi
C’est une direction qui enseigne, non ce qui est abstraitement bon ou mauvais,
mais ce qui convenait dans le cas qui se présentait. [15:28] Il était nécessaire
(non pas juste aux yeux de Dieu) d’éviter certaines choses. Elles pouvaient être
réellement mauvaises, mais elles ne sont pas envisagées ici de cette manière. Il
y avait de ces pratiques auxquelles les Gentils étaient habitués, auxquelles il
convenait qu’ils renonçassent, afin que l’Assemblée marchât comme elle le
devait, en paix devant Dieu ; aux autres ordonnances de la loi, les Gentils ne
devaient pas être assujettis. [15:21] Moïse avait ceux qui l’enseignaient ;
[15:28] cela suffisait sans qu’on forçât les Gentils à se soumettre à ses lois,
quand ils se joignaient au Seigneur et non pas aux Juifs.
Directions pour
l’intelligence chrétienne quant aux choses selon Dieu, avant même la loi
[15:28] Ainsi le décret que nous examinons ne prononce pas sur la nature des
choses défendues, mais s’occupe de leur opportunité, les Gentils ayant de fait
eu l’habitude de faire toutes ces choses. Il faut remarquer que ces pratiques
n’étaient pas des choses défendues par la loi seulement ; elles étaient ou
contraires à l’ordre établi du Dieu créateur, ou contraires à une défense faite
à Noé quand la viande lui fut donnée à manger. [15:29] La femme ne devait avoir
de rapport avec l’homme que dans la sainteté du mariage et c’est une très grande
bénédiction ; la vie appartenait à Dieu ; toute communion avec les idoles était
un outrage contre l’autorité du vrai Dieu. Que Moïse enseignât ses propres lois
; mais ces choses-ci étaient contraires à la connaissance intelligente du vrai
Dieu. Ce que renferme le décret n’est donc pas une nouvelle loi imposée par le
christianisme, ni un accommodement aux préjugés des Juifs : le décret n’a pas la
même espèce de validité qu’une ordonnance morale, obligatoire en elle-même ;
mais il est l’expression, pour l’intelligence chrétienne, des termes des vraies
relations de l’homme avec Dieu, dans les choses de la nature. Fournie par la
bonté de Dieu, par le moyen des chefs qui étaient à Jérusalem, à des chrétiens
ignorants, cette instruction pratique les affranchissait de la loi, et les
éclairait à l’égard des rapports de Dieu avec l’homme, et à l’égard de ce qui
convenait à l’homme ; choses qu’ils ignoraient, en tant que sortis de
l’idolâtrie païenne. Je dis que ces directions sont adressées à l’intelligence
chrétienne : c’est en bien saisissant le vrai caractère du décret, qu’on voit
qu’il n’y a rien en lui d’inconsistant avec les directions à manger de tout ce
qui est vendu à la boucherie [(1 Cor. 10:25)], car en faisant ceci, je reconnais
Dieu qui a donné ces choses, et non pas une idole. Si l’acte implique communion
avec l’idole, même dans la conscience d’autrui, je provoque Dieu à jalousie, je
pèche contre lui ou contre mon prochain [(1 Cor. 15:28)]. Quand on me présente
la viande, je ne sais si la bête a été étouffée ou non. Si l’on agit de manière
à faire supposer qu’il est indifférent que l’homme reconnaisse que la vie
appartient à Dieu ou le contraire, je pèche encore si j’accepte ou sanctionne
cette manière de faire. Je ne suis pas souillé par la chose que je mange, mais
je manque à l’intelligence chrétienne à l’égard des droits du Dieu créateur.
Quant à la fornication, elle rentre aussi dans la catégorie des offenses contre
la pureté chrétienne, aussi bien que dans celle des offenses contre l’ordre du
Dieu créateur ; de sorte qu’il s’agit directement ici du bien ou du mal et non
pas seulement des droits de Dieu révélés à mon intelligence. Ceci était
important comme principe général, plus que dans le détail des choses
elles-mêmes.
Principes établis par
le décret : Dieu, la vie, l'ordonnance divine pour l’homme
En somme voici les principes établis : [15:29] La pureté par le mariage selon
l’institution de Dieu à l’origine — le fait que la vie appartient à Dieu —
l’unité de Dieu comme seul vrai Dieu. En d’autres mots : Dieu ; la vie ; et
l’ordonnance de Dieu pour l’homme, dès l’origine. [15:28] Il en est de même des
bases que l’assemblée pose pour fondement de son décret : « Il a semblé bon au
Saint Esprit et à nous ».
Autorité de Christ dans
les apôtres, et volonté de l’Esprit
Le Saint Esprit s’était manifesté dans le cas de Corneille et dans celui de la
conversion des Gentils, dont Pierre, et Paul et Barnabas avaient donné le récit
[(15:8, 12)]. Les apôtres étaient, d’un autre côté, les dépositaires de
l’autorité de Christ, dépositaires auxquels le gouvernement de l’Assemblée, en
tant que fondée en rapport avec la vraie foi judaïque avait été confié. Ils
représentaient l’autorité de Christ monté en haut, comme la puissance et la
volonté du Saint Esprit avaient été montrées dans les exemples que je viens de
citer. Cette autorité s’exerçait en rapport avec ce qui, dans un certain sens,
était la continuation d’un judaïsme élargi par de nouvelles révélations, et qui
avait son centre à Jérusalem, tout en reconnaissant Jésus monté en haut, comme
le Messie rejeté du peuple. Christ avait confié aux apôtres l’autorité
nécessaire pour le gouvernement de l’Assemblée : ils avaient aussi été scellés
le jour de la Pentecôte pour exercer cette autorité.
Ch. 15 v. 24-27 — Grâce
et sagesse manifestées dans la manière d’agir
L’esprit de grâce et de sagesse se montre bien dans leur manière de faire.
[15:25-26] Ils mettent leur sceau en plein sur l’œuvre de Paul et de Barnabas,
[15:27] et ils envoient avec eux des personnes influentes de l’assemblée de
Jérusalem, qui, comme cela aurait pu arriver à Paul et à Barnabas, ne pouvaient
être soupçonnées d’apporter une réponse pour appuyer leurs propres prétentions.
Décision de toute
l’assemblée, après délibération des anciens et apôtres
[15:6] Les apôtres et les anciens, comme nous l’avons vu, se rassemblent pour
délibérer, [15:22] mais tout le troupeau agit de concert avec eux.
Communication à
l’assemblée, pour sa consolation et son exhortation
[15:28] Ainsi Jérusalem décide que la loi n’est pas obligatoire pour les Gentils
; [15:31] et ceux-ci, sincères dans leur désir de marcher avec Christ, se
réjouissent beaucoup de leur délivrance de ce joug. [15:32] Judas et Silas qui
étaient prophètes, les exhortent et les affermissent : [15:33] ensuite ils sont
renvoyés en paix. Mais tandis que Judas s’en retourne, Silas, animé par l’Esprit,
trouve bon de rester à Antioche pour son propre compte, préférant, à Jérusalem,
l’œuvre au milieu des Gentils.
Ch. 15 v. 35-41 — Suite
de l’œuvre de Paul
Ch. 15 v. 35 — Continuation de l’œuvre à Antioche, par l’Esprit
Paul aussi et Barnabas et plusieurs autres continuent l’œuvre à Antioche (vers.
35) ; et dans cette ville nous trouvons de nouveau la pleine liberté de l’Esprit.
Ch. 15 v. 36-41 —
Visite des assemblées d’Asie par Paul
Désaccord et séparation d’avec Barnabas, et accompagnement de Silas
[15:36] Quelque temps après, Paul propose à Barnabas de se mettre en route avec
lui pour visiter les assemblées formées déjà par leur moyen dans l’Asie mineure.
Barnabas y consent, [15:37] mais il voudrait prendre avec eux Marc qui, comme
nous l’avons vu (chap. 13:13), les avait abandonnés auparavant. [15:38] Paul
veut pour compagnon quelqu’un qui n’ait pas reculé devant l’œuvre, ni abandonné,
pour retourner chez lui, son caractère d’étranger par amour pour l’œuvre.
[15:39] Barnabas insiste, et ces deux précieux serviteurs de Dieu se séparent,
Barnabas prenant Marc et s’en allant à Chypre ; or Marc était son parent et
Chypre son pays. [15:40] Paul prend Silas qui avait préféré l’œuvre à Jérusalem,
au lieu de préférer Jérusalem à l’œuvre, et il part. Ce nom de Silas fait croire
que le nouveau compagnon de Paul était Helléniste.
Conservation des
affections de Paul, malgré l’irritation
Il est doux de savoir que plus tard, Paul parle de Barnabas avec une pleine
affection, et veut que Marc vienne le rejoindre parce qu’il lui est utile pour
le ministère [(2 Tim. 4:11)].
L’apostolat et le
ministère de Paul sont caractérisés par l’Esprit
Paul est apôtre par la puissance du Saint Esprit, les douze reconnaissant son
œuvre
[15:40] Au reste Paul est recommandé par les frères à la faveur de Dieu dans son
œuvre. Le titre donné à Paul et à Barnabas par les apôtres [(15:25-26)] montre
la différence entre l’autorité apostolique établie par Christ en personne, et
celle qui a été constituée par la puissance du Saint Esprit. Paul et Barnabas
avaient été envoyés, sans doute, par Christ lui-même ; mais de fait, ils étaient
partis d’Antioche par la direction du Saint Esprit, et légitimaient leur mission
par sa puissance. Pour les douze apôtres, ces deux hommes n’ont de titre que
leur œuvre, ils sont « des hommes qui ont exposé leurs vies pour le nom du
Seigneur Jésus Christ ». Ils sont ce que le Saint Esprit les a faits : les
apôtres, ce sont les douze.
Liberté et puissance de
l’Esprit agissant en Paul et par lui
La liberté et la puissance de l’Esprit caractérisent Paul ; il est ce que
l’Esprit le fait. Si Jésus lui est apparu, bien qu’Ananias puisse en rendre
témoignage [(9:17)], Paul doit au fond le démontrer par la puissance de son
ministère. Les effets de ce ministère, ainsi que son caractère, se trouvent
racontés dans les chap. 16 à 20, qui nous montreront d’une manière frappante
l’action et la liberté du Saint Esprit.