Chapitre 13
Ch. 13 v. 1-3 — Commencement de l’œuvre nouvelle de Paul
Différence d’avec l’envoi des apôtres : envoi par le Saint Esprit, depuis une
assemblée des Gentils
Nous arrivons maintenant au commencement de l’histoire directe d’une œuvre,
nouvelle sous des rapports importants, de l’œuvre qui se rattache à la mission
de Paul et qui a son point de départ dans l’intervention immédiate du Saint
Esprit. Maintenant, ce n’est plus Christ sur la terre envoyant par son autorité
personnelle les douze, doués plus tard de la puissance du Saint Esprit, venu
d’en haut, pour annoncer l’élévation du Sauveur au ciel et son retour, et pour
rassembler sous le drapeau de la foi ceux qui croiraient en lui [(Matt.
28:18-20)]. Paul a vu Christ en gloire, et il s’est joint, par conséquent, à
l’Église déjà rassemblée ; mais ici nous ne trouvons pas un Christ
personnellement présent pour envoyer celui qu’il a appelé, comme témoin de la
présence du Messie sur la terre, ou du rejet de Celui que ce témoin aurait connu
ainsi. [13:2] Le Saint Esprit lui-même envoie Paul ; [13:1] il l’envoie non de
Jérusalem, mais d’une ville grecque, où Il avait par sa libre et souveraine
puissance, converti et rassemblé des Gentils. Des Juifs aussi, sans doute, se
trouvaient au milieu d’eux, mais les croyants juifs et gentils formaient une
Assemblée dont l’existence a été signalée premièrement par le fait que
l’Évangile avait été annoncé aux Grecs [(11:20-21)].
Action indépendante de
l’Esprit pour envoyer en mission, hors du judaïsme
[13:1] Dans le chapitre qui nous occupe, on se retrouve dans l’Assemblée
d’Antioche, [13:2] et au milieu de l’action indépendante de l’Esprit de Dieu1.
[13:1] Certains prophètes se trouvaient là, entre autres Saul ; [13:2] ils
jeûnaient et vaquaient au service du Seigneur. L’Esprit Saint leur dit de mettre
à part pour Lui Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle Il les avait appelés.
Voilà la source du ministère de ces deux apôtres : assurément ce ministère
rendait témoignage à Celui en qui ils avaient cru et que Saul au moins avait vu
; et ainsi désignés, ils agissent sous l’autorité du Seigneur Jésus ; mais la
source positive de leur mission, apparente à tous, est le Saint Esprit. C’est le
Saint Esprit qui les a appelés à l’œuvre ; ils sont envoyés par le Saint Esprit
(vers. 4), principe de toute importance quant aux voies du Seigneur sur la terre.
Nous sortons de Jérusalem, du Judaïsme, de ce qui était du ressort des apôtres
nommés par le Seigneur pendant son séjour ici-bas. Christ, ainsi que l’exprime
Saul, devenu Paul, n’est plus connu selon la chair [(2 Cor. 5:16)]. Ils ont à
lutter contre l’esprit judaïque, et à ménager cet esprit, en tant qu’il est
sincère ; mais les sources de leur œuvre ne sont plus en rapport avec le système
que cette œuvre ne connaît plus comme point de départ. Un Christ glorieux dans
le ciel, qui reconnaît les disciples comme membres de son propre corps, comme
faisant partie de Lui-même en haut — une mission de la part de l’Esprit sur la
terre, mission qui ne connaît que l’énergie de l’Esprit (rendant témoignage,
bien entendu, à Christ) comme source d’action et d’autorité — telle est l’œuvre
qui commence maintenant et qui est confiée à Barnabas et à Saul. Barnabas, il
est vrai, sert de liaison entre les deux systèmes : il avait fait partie de
l’ancien ordre de choses établi à Jérusalem, mais il était lui-même un
Helléniste de Chypre [(4:36-37)] ; c’était lui qui avait présenté Saul aux
apôtres après la conversion de celui-ci sur le chemin de Damas [(9:27)]. Il
avait le cœur plus large, plus accessible aux témoignages divins de la grâce,
que les apôtres mêmes, et que les autres Juifs nourris dans un étroit Judaïsme,
car Dieu pourvoit à tout dans sa grâce. Il y a toujours des Barnabas, comme des
Nicodème et des Joseph et même des Gamaliel, quand il en faut. L’action de Dieu,
sous ce rapport, est remarquable dans toute l’histoire qui nous occupe. Si
seulement, en faisant sa volonté par l’Esprit, nous savions nous confier plus
entièrement à celui qui dispose de tout !
1 L’action de l’Esprit est toujours indépendante ; mais je veux parler ici de son action en dehors de l’autorité des Apôtres. Cette autorité n’est pas la source de ce qui se fait, et ce qui se fait ne s’y rapporte pas.
Détachement de tout
lien avec l’ancien système, en Barnabas
Cependant le lien formé entre l’ancienne œuvre et la nouvelle, par la
participation de Barnabas à cette dernière, se rompt bientôt. Barnabas tenait un
peu au vieux drap, aux vieilles outres [(Matt. 9:16-17)], quelque béni qu’il fût
lui-même, lui qui est personnellement l’objet d’un si beau témoignage de la part
du Saint Esprit [(11:24)], et chez qui l’on voit en effet un caractère délicieux.
Plus tard il a voulu reprendre avec lui son parent Marc (Col. 4:10), qui s’en
était retourné à Jérusalem presque dès le commencement de l’évangélisation qui
s’accomplissait au milieu des pays gentils par le moyen de Saul et Barnabas
[(13:13)], et Saul continue son œuvre avec des instruments que Dieu a formés
sous la main de l’apôtre [(15:37-40)], avec un Silas qui avait voulu rester à
Antioche (le service particulier qu’on lui avait confié à Jérusalem étant achevé
[(15:27)]), quand il aurait pu naturellement retourner dans cette ville avec
Judas [(15:32-33)].
Ch. 13 v. 4-52 — Début
de l’œuvre de Paul, envers les Juifs et les Gentils
Ch. 13 v. 4-12 — Relations de l’apôtre avec les Juifs dans son service, vues à
Chypre
Ch. 13 v. 4-5 — Évangile prêché selon les conseils de Dieu, d’abord aux Juifs
Ainsi donc, pour en revenir au point du récit auquel nous étions parvenus,
[13:4] Barnabas et Saul, envoyés par l’Esprit, [13:5] ayant Jean (Marc) pour
leur être en aide par ses services, [13:4] se rendent à Séleucie, puis en Chypre
; [13:5] et étant à Salamine, ville de Chypre, ils prêchent la parole de Dieu
dans les synagogues des Juifs. Quelle que fût donc l’énergie de l’Esprit, il
agit en rapport avec les conseils et les promesses de Dieu et cela avec une
patience parfaite. Jusqu’à la fin de sa vie, quelle qu’ait été l’opposition des
Juifs et toute hargneuse et acharnée qu’elle ait pu être, l’apôtre a continué de
suivre la marche que les voies et les conseils de Dieu en Jésus avaient ordonnée
: il s’adresse aux Juifs premièrement, puis aux Gentils. Lorsque par la foi on
se trouvait « au dedans » dans l’Assemblée de Dieu où la vérité et la grâce
étaient pleinement révélées, il n’y avait aucune différence entre Juif et
Gentil. Dieu est un dans son caractère ; Il est pleinement révélé et le voile
est déchiré ; le péché est un dans son caractère, et il est opposé à Dieu. Le
fond de la vérité ne change pas, et l’unité de l’Église se lie à la hauteur de
la grâce en Dieu lui-même, et descend jusqu’à l’ensemble profond du péché, au
sujet duquel cette grâce s’est manifestée. Mais quant aux voies de Dieu sur la
terre, les Juifs avaient la première place, et l’Esprit qui est au-dessus de
tout, peut se prêter en pleine liberté à toutes les voies souveraines de Dieu,
comme Christ qui s’est fait serviteur en grâce, s’est soumis à toutes, et
maintenant, haut élevé, les réunit toutes en lui-même comme chef et centre.
C’est à cette gloire que le Saint Esprit rend témoignage pour l’accomplir
ici-bas en tant que cet accomplissement se fait par la grâce ; et qu’il s’adapte
ainsi en grâce aux Juifs : cela ne l’empêche pas de porter un jugement clair et
positif sur l’état de ce peuple quand l’occasion le rend nécessaire.
Ch. 13 v. 6-12 —
Opposition et jugement du prophète juif qui s’oppose à l’évangile
Déjà ici, au commencement du ministère de Paul, ces deux choses se présentent
ensemble, savoir, la considération de l’apôtre pour les Juifs selon les voies de
Dieu, et le jugement que l’apôtre prononce sur eux quand ils s’opposent au
témoignage qu’il adresse aux gentils. [13:5] Nous avons déjà fait remarquer que
Saul commence par les Juifs ; [13:6] ayant traversé Chypre, il arrive à Paphos,
le siège du gouvernement ; [13:7] et ici le proconsul, homme prudent et
réfléchi, demande à entendre l’Évangile. [13:6] Obsédé déjà par un faux
prophète, qui exploitait les besoins de son âme ignorante, [13:7] mais avide en
même temps de quelque chose qui pût combler le vide moral qu’il éprouvait dans
le néant des cérémonies païennes et dans la dégoûtante immoralité de la plupart
d’entre elles, Serge Paul fait venir Barnabas et Saul. [13:8] Élymas s’oppose à
leur témoignage : c’était naturel, car l’enchanteur devait perdre son influence
sur le gouverneur, si celui-ci recevait la vérité que prêchait Saul. [13:6] Or
Élymas était Juif. [13:9] Saul, qui est dorénavant appelé Paul1, rempli de
l’Esprit, prononce de la part de Dieu, sur Élymas, [13:11] une sentence qui le
prive de la vue pour un temps, sentence exécutée à l’instant même par la
puissante main de Dieu. [13:12] Le proconsul, frappé de la puissance qui
accompagnait la parole de Paul, se soumet à l’Évangile de Dieu.
1 Je ne sais si le changement de nom qui est signalé à cette occasion, et dont la portée a excité la curiosité des étymologistes, n’est pas réellement une altération par laquelle la forme juive du nom de l’apôtre était perdue, pour revêtir une apparence romaine ou Gentile.
Élymas, image des Juifs
du temps de Paul
Je ne doute pas que dans ce misérable Bar-Jésus, nous ne trouvions le tableau
des Juifs de ce moment-là, frappés de cécité pour un temps [(13:11)], parce que,
jaloux de l’influence de l’Évangile et pour mettre le comble à leurs péchés, ils
s’opposaient à ce que cet Évangile fût prêché aux Gentils. Leur état est jugé,
leur vraie histoire racontée dans la mission de Paul. [13:8] Opposés à la grâce
et cherchant à détruire son effet sur les Gentils, [13:11] ils ont été frappés
d’aveuglement, mais d’un aveuglement qui ne doit être que temporaire.
Ch. 13 v. 13-52 —
Action de Paul en Asie, allant vers les Gentils
Ch. 13 v. 13-46 — Témoignage de Paul aux Juifs d’Asie, mais s’adressant à tous
[13:13] Étant partis de là, Paul et ceux qui étaient avec lui se rendent dans
l’Asie mineure (vers. 13 et suivants) ; et maintenant Paul prend définitivement
sa place aux yeux de l’historien de l’Esprit. Tous ceux qui l’accompagnent ne
sont que « ceux qui étaient avec Paul ». Quand ils sont arrivés à Perge, Jean
(Marc), les quitte pour s’en retourner à Jérusalem. Son départ était une
manifestation, sous une forme bien plus douce et plus modérée que d’autres, de
l’influence judaïque, mais un fait qui montrait que là où cette influence
s’exerçait, si elle ne produisait pas l’opposition, au moins elle ôtait la
vigueur nécessaire pour l’œuvre de Dieu telle qu’elle se déployait maintenant au
milieu des Gentils. Barnabas cependant poursuit sa route et continue encore de
travailler à l’œuvre avec Paul. [13:14] Celui-ci arrivé à Antioche en Pisidie,
s’adresse de nouveau, premièrement aux Juifs (vers. 14). Il se rend le jour du
sabbat dans la synagogue, [13:15] et sur l’invitation des chefs, [13:23] annonce
Jésus [13:27] rejeté des Juifs à Jérusalem [13:28] et crucifié, [13:30] mais
ressuscité par la puissance de Dieu, [13:39] par lequel ils pouvaient être
justifiés de tout ce dont la loi de Moïse ne pouvait les justifier. Ici le
discours de Paul se rapproche beaucoup du témoignage de Pierre et très
particulièrement du commencement de l’épître aux Hébreux, quant au caractère du
témoignage. Ainsi le verset 33 est pareil au témoignage de Pierre que nous
trouvons au chap. 3 des Actes. Paul place au verset 31 les douze distinctement
dans la position de témoins auprès d’Israël, comme étant ceux qui avaient
personnellement accompagné le Seigneur, et qui l’avaient vu après sa
résurrection : « ils sont », dit-il, « ses témoins auprès du peuple ». Mais le
témoignage de l’apôtre (qui rentre dans l’ordre de la prédication de Pierre
quant à l’accomplissement des promesses par la venue de Jésus, et quant à la
déclaration que les grâces assurées de David se trouvent établies dans sa
résurrection), s’en éloigne, toutefois, en un point important. Paul ne touche
pas le sujet que Dieu a fait Jésus Seigneur et Christ [(Act. 2:36)] : [13:38] il
annonce que la rémission des péchés est proclamée au nom de Jésus, [13:40] en
engageant ses auditeurs à ne pas négliger ce grand salut. [13:43] Plusieurs
s’attachent à Paul1 et à Barnabas, à la suite de cette prédication ; et ceux-ci
les exhortent à demeurer dans la grâce qui leur a été annoncée (vers. 42, 43).
[13:44] La masse de la population afflue à la prédication, le sabbat suivant,
[13:42] les Gentils ayant demandé que cet Évangile de grâce leur fût annoncé de
nouveau. Leurs âmes avaient trouvé plus de vérité dans la doctrine du seul vrai
Dieu reconnu des Juifs, que dans le culte insensé des païens : celui-ci
n’offrait plus à l’intelligence réveillée, mais non satisfaite, un aliment qui
la contentât. L’intelligence morale, ainsi réveillée, disait trop pour laisser
l’imagination s’amuser à des cérémonies n’ayant de charme que pour l’ignorance
qui se laissait séduire par le faste des fêtes auxquelles elle s’était habituée
et par lesquelles l’élément religieux de la chair était flatté. Cependant
quoique la vérité froidement reconnue d’un seul vrai Dieu, débarrassât l’esprit
de ce qui le choquait dans la mythologie insensée et immorale du paganisme,
cette vérité ne nourrissait nullement l’âme, comme le faisait le témoignage
puissant d’un Dieu actif en grâce. Or, tel était le témoignage rendu maintenant
par le Saint Esprit par la bouche des messagers qu’il avait envoyés, témoignage
qui, tout en étant fidèle aux promesses faites aux Juifs, s’adressait cependant
comme « une parole de salut » à tous ceux qui craignaient Dieu (vers. 26).
[13:45] Mais les Juifs, jaloux de l’effet de l’Évangile qui répondait ainsi aux
besoins des cœurs, ce que leur système ne faisait pas, s’opposent à Paul et
blasphèment contre la doctrine de Christ (vers. 45). [13:46] Paul donc et
Barnabas se tournent avec hardiesse vers les Gentils.
1 Ici Paul a la première place ; dans le chapitre précédent [(chap. 11)] c’était Barnabas.
Ch. 13 v. 46-47 —
Christ annoncé aux nations, selon le conseil de Dieu
C’était un moment décisif et important. [13:47] Ces deux messagers de l’Esprit
citent un témoignage prophétique de l’Ancien Testament au sujet des desseins de
Dieu en grâce envers les Gentils, portant que Christ devait être la lumière des
Gentils — desseins qu’eux-mêmes accomplissaient par la puissance de l’Esprit et
selon l’intelligence qu’il leur en donnait. Le passage auquel Paul et Barnabas
font allusion se trouve en Ésaïe 49 [(v. 6)], où l’opposition d’Israël, qui
rendait le témoignage de Christ inutile à leur égard, donne occasion à Dieu
d’annoncer que l’œuvre du rassemblement du Résidu d’Israël n’était que peu de
chose, et que Christ serait donné pour lumière aux nations et pour être le salut
de Dieu jusqu’au bout de la terre.
Ch. 13 v. 47 — Lumière
de la parole prophétique, par l’Esprit
Il est utile de noter cette dernière circonstance : l’énergie pour agir,
communiquée par l’intelligence spirituelle, et la manière dont les déclarations
prophétiques deviennent lumière et autorité pour cette action, quand l’Esprit de
Dieu en donne le vrai sens pratique, c’est-à-dire l’application. Peut-être que
d’autres n’en comprendront pas le sens, mais l’homme spirituel a, dans la Parole
qu’il a comprise, une pleine garantie pour sa conscience. Il laisse à Dieu le
reste.
Ch. 13 v. 48-52 —
Opposition des Juifs, mais action de Dieu pour sauver
[13:48] Les Gentils se réjouissent du témoignage, et l’élection croit (vers.
48). [13:49] La Parole se propage dans tout le pays. [13:50] Les Juifs se
montrent maintenant dans leur vrai caractère d’ennemis du Seigneur et de la
vérité, [13:51] et Paul et Barnabas secouent la poussière de leurs pieds contre
eux. [13:52] Les disciples, quelles que fussent les difficultés au milieu
desquelles ils se trouvaient placés, étaient remplis de foi et du Saint Esprit :
c’est ce que les difficultés n’empêchent pas. [13:50] La position prise ici par
les Juifs, et dans laquelle on les retrouve partout, fait comprendre quelle
source d’affliction et de peine ils ont dû être pour l’apôtre.