Chapitre 8
Ch. 8 v. 1-3 — Dispersion de l’Assemblée par la persécution
Manifestation de la haine du cœur de l’homme, Dieu le permettant pour Ses
desseins
[8:1] À la suite de la mort d’Étienne, la persécution éclate. La victoire
extérieure, remportée ainsi par une haine à laquelle la providence de Dieu
permettait d’accomplir pleinement cet acte de violence et de meurtre, ouvre
l’écluse à la rage des chefs des Juifs, ennemis de l’Évangile. La barrière qui
les retenait une fois rompue, les flots de la passion débordent partout. L’homme
est retenu habituellement par un peu de conscience, par des habitudes, par une
certaine idée des droits des autres ; mais la digue une fois rompue, la haine (l’esprit
de meurtre dans le cœur) s’assouvit, Dieu le permettant, dans des actes qui
montrent ce que c’est que l’homme laissé à lui-même. Mais cette haine accomplit
la volonté de Dieu, à laquelle autrement, peut-être, l’homme aurait fait défaut,
et qu’il n’aurait pas même pu ou dû faire à quelques égards, c’est-à-dire la
volonté de Dieu en jugement souverain. La dispersion de l’Assemblée était le
jugement d’Israël, jugement que les disciples eux-mêmes auraient eu de la peine
à accepter et à mettre à exécution comme faisant suite à la communication d’une
lumière plus grande. Quelles que soient les bénédictions et l’énergie dans la
sphère où l’Esprit de Dieu agit, les voies de Dieu en dirigeant tout, sont entre
ses mains.
Non-accomplissement de
la mission des douze apôtres auprès des Gentils
[8:1] Toute l’Assemblée donc est dispersée, sauf les apôtres ; et encore à
l’égard de ceux-ci la question est de savoir s’ils ont bien fait de rester à
Jérusalem et si une foi plus simple ne les en aurait pas éloignés, et n’aurait
pas épargné à l’Église bien des combats et des difficultés, qui se rattachaient
au fait que Jérusalem restait un centre d’autorité1. Le Seigneur avait dit même
aux apôtres, en vue d’Israël : « Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez
dans l’autre » [(Matt. 10:23)] ; et après sa résurrection il leur avait ordonné
d’aller et de faire disciples toutes les nations [(Matt. 28:19)]. Nous
n’assistons pas à l’exécution de cette mission dans l’histoire des Actes et dans
l’œuvre parmi les Gentils, et comme nous le voyons en Gal. 2 [(v. 9-10)], à la
suite d’une entente spéciale avec les apôtres à Jérusalem, elle tomba entre les
mains de Paul et fut placée sur un pied tout nouveau. La Parole ne nous dit rien
de l’accomplissement de cette mission des douze envers les Gentils. Dieu est
puissant en Pierre envers la circoncision, et en Paul envers les Gentils (voyez
Gal. 2:8). On peut dire que les douze n’ont pas été persécutés : cela est
possible, et je ne décide rien sur ce point ; mais il est certain que les
passages où le Seigneur parle de la mission des douze auprès des Gentils n’ont
pas d’accomplissement dans l’histoire biblique et qu’un autre arrangement a eu
lieu, qu’un autre ordre de choses a surgi et a remplacé ce que le Seigneur avait
d’abord prescrit ; il est certain aussi que les préjugés juifs ont eu de fait, à
la suite de cela, une influence à laquelle Pierre lui-même a eu une peine inouïe
à se soustraire.
1 Ceci n’empêche nullement la manifestation de la souveraine sagesse de Dieu. Le développement de la doctrine de l’Église, une, corps de Christ, telle qu’elle se trouve enseignée par Paul, appelé en dehors du judaïsme par la révélation d’un Christ céleste, n’a été que d’autant plus parfait et sans mélange. Mais ces voies de souveraine sagesse en Dieu ne changent en rien la responsabilité de l’homme non plus. L’unité extérieure de l’Église a été conservée par le maintien des rapports entre les autres lieux et Jérusalem, jusqu’à ce que l’œuvre au milieu des Gentils en dehors du judaïsme ait rendu ces rapports extrêmement difficiles et précaires. La grâce et la sagesse de Dieu, cependant, n’en ont été que d’autant plus évidentes.
Ch. 8 v. 4-25 — Annonce
de l’évangile en Samarie
Extension de l’évangile hors de Jérusalem, en Samarie
Ch. 8 v. 4 — Extension de l’œuvre, mais toujours seulement aux Juifs
[8:4] Ceux qui furent dispersés prêchaient partout la Parole ; toutefois,
jusqu’à ce que quelques-uns d’entre eux soient arrivés à Antioche, ils se sont
adressés seulement aux Juifs (11:19).
Ch. 8 v. 5-17 —
Conversion des Samaritains par le ministère de Philippe
[8:5] Philippe cependant descend en Samarie, et leur prêche Christ [8:6] en
opérant des miracles (vers. 5 et suivants). [8:12] Tous lui prêtent attention et
sont baptisés, [8:13] même celui [8:9] qui jusqu’alors les avait ensorcelés par
sa magie, [8:10] en sorte qu’ils le disaient « la grande puissance de Dieu ».
[8:13] Lui aussi se soumet à une puissance qui faisait pâlir ses merveilles
mensongères, puissance qui le convainquait d’autant plus de sa réalité, qu’il
avait conscience de la fausseté de ses propres prétentions. [8:14] Les apôtres
ne font aucune difficulté à l’égard de la Samarie ; ils y envoient Pierre et
Jean [8:17] qui « leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint Esprit » ;
l’histoire de Jésus a dû éclairer les apôtres à cet égard : les Samaritains, au
reste, n’étaient pas des Gentils. Toutefois, c’est un évangéliste Helléniste qui
a travaillé dans ce pays.
Progrès de l’Église,
l’Esprit Saint venant par les apôtres
Une nouvelle vérité ressort ici, en rapport avec les progrès réguliers de
l’Assemblée, savoir, [8:15] que les apôtres conféraient le Saint Esprit par la
prière [8:17] et l’imposition des mains : fait bien important dans l’histoire
des voies de Dieu (vers. 14-19). Du reste, la Samarie était une conquête que
toute l’énergie du judaïsme n’avait jamais pu faire : sa conversion était un
nouveau et éclatant triomphe pour l’Évangile. C’est à l’Église qu’il appartenait
de subjuguer le monde sous le rapport spirituel : Jérusalem était laissée de
côté ; à ce point de vue, son temps était fini.
Ch. 8 v. 18-24 —
Manifestation de l’état moral par la présence de Dieu
[8:21] La présence du Saint Esprit agissant en Pierre, garde encore l’Assemblée
de l’entrée des hypocrites, instruments de Satan. Ce grand et puissant fait — la
présence de Dieu au sein de l’Assemblée et la manifestation de cette présence en
elle, mettait en évidence un état moral que les circonstances avaient caché.
[8:13] Entraîné par la force du courant, Simon s’était soumis par son
intelligence à l’autorité de Jésus dont le nom était glorifié par le ministère
de Philippe ; [8:21-23] mais le véritable état de son cœur, le désir de sa
propre gloire, l’opposition complète entre son état moral et tout principe,
toute lumière de Dieu, se trahit [8:18] en présence du fait qu’un homme peut
conférer la puissance dont il a vu les effets. [8:19] Il veut acheter ce pouvoir
avec de l’argent. C’est ainsi que l’incrédulité de l’homme, qui paraît avoir
reçu la révélation de Dieu et qui a été extérieurement convaincu de la vérité,
se trahit par quelque chose de si grossièrement éloigné de Dieu pour celui qui a
l’Esprit, que le vrai caractère en est manifesté même à un enfant enseigné de
Dieu lui-même.
Action de l’Esprit pour
étendre l’œuvre, mais en gardant l’unité
Développement de l’Église, réconciliant Samarie et Jérusalem
[8:14] Ainsi la Samarie, où l’œuvre était le fruit de l’action indépendante dont
nous avons parlé, est mise en rapport avec l’ancien centre de l’œuvre qui était
à Jérusalem, où les apôtres se trouvaient encore. [8:17] Mais déjà le fait que
l’Esprit avait été accordé aux Samaritains, était un pas immense dans le
développement de l’Église. Les Samaritains étaient sans doute circoncis et
reconnaissaient la loi, quoique le temple eût perdu son importance dans une
certaine mesure [(Jean 4:20)]. Le corps des fidèles avait pris de la consistance
; et en tant que ceux-ci tenaient encore à Jérusalem, c’était un gain positif,
car en recevant l’Évangile, la Samarie entrait en relation avec son ancienne
rivale et se soumettait à elle : elle le faisait même autant que les apôtres se
trouvaient eux-mêmes en rapport avec elle. Les apôtres, dans ce temps de
persécution, n’allaient probablement pas au temple. Dieu leur a ouvert une large
porte au dehors, et ainsi les a abondamment dédommagés dans leur œuvre (car
l’énergie de l’Esprit était au milieu d’eux) du succès qu’avaient eu les chefs
d’Israël en arrêtant cette œuvre à Jérusalem [(8:1)].
L’Esprit agit librement
hors des apôtres et de Jérusalem, mais en maintenant l’unité
En somme, ce qui est présenté ici, c’est la libre énergie de l’Esprit s’exerçant
en d’autres que les apôtres, [8:1] et hors de Jérusalem qui avait rejeté de son
sein cette action et cette énergie ; on trouve en même temps ici le maintien des
rapports des nouveaux convertis avec les apôtres et Jérusalem par l’action
centrale de ceux-ci et l’autorité et la puissance dont ils étaient revêtus.
Ch. 8 v. 25 — Suite de
l’œuvre, une fois le lien assuré par les apôtres
[8:25] Ayant accompli leur œuvre et évangélisé eux-mêmes plusieurs bourgades des
Samaritains, Pierre et Jean, les deux apôtres qui ont été envoyés en Samarie
s’en retournent à Jérusalem (vers. 25) : l’œuvre continue au dehors et par
d’autres moyens.
Ch. 8 v. 26-40 —
Conversion d’un prosélyte étranger par Philippe
[8:27] Philippe qui nous présente le caractère de cette prompte obéissance en
simplicité de cœur, et qui ne questionne pas, [8:26] est appelé à quitter la
belle œuvre à laquelle toute son importance personnelle se serait rattachée,
s’il l’eût recherchée, et un lieu où le respect et l’affection l’entouraient. «
Lève-toi, et va vers le midi », lui dit l’ange du Seigneur, « sur le chemin qui
descend de Jérusalem à Gaza » (vers. 26). Or, ce lieu était un désert ; [8:27]
la prompte obéissance de Philippe ne pense pas à la différence qu’il y a entre
la Samarie et Gaza, mais à la volonté du Seigneur ; et il s’en va. [8:27]
L’Évangile s’étend maintenant aux prosélytes d’entre les Gentils et fait son
chemin jusqu’au fond de l’Abyssinie. {8:38] Le trésorier de la reine Candace est
admis parmi les disciples du Seigneur par le baptême qui scellait sa foi au
témoignage du prophète Ésaïe ; [8:39] et il s’en va se réjouissant en un salut
[8:27] que d’un pays lointain il était venu chercher avec peine à Jérusalem,
dans les devoirs et les cérémonies légales, mais avec la foi à la parole de Dieu.
Beau tableau de la grâce de l’Évangile ! [8:39] Cet homme porte avec lui et chez
lui ce que la grâce lui avait fourni dans le désert ; il emporte ce que son
pénible voyage à Jérusalem ne lui avait pas procuré. Les pauvres Juifs qui
avaient repoussé l’Évangile qui leur avait été présenté à Jérusalem, sont en
dehors de tout. [8:39] L’Esprit du Seigneur enlève Philippe [8:40] qui est
trouvé à Azot (versets 39, 40) ; car toute la puissance de Dieu est au service
du Fils de l’homme pour l’accomplissement du témoignage de Sa gloire. Philippe
évangélise les villes jusqu’à Césarée.
Une œuvre et un ouvrier d’un autre caractère commencent à se montrer maintenant sur la scène.