Chapitre 12
Ch. 12 v. 1-6 — La gloire de Paul dans ce qu’il a reçu spécialement dans le ciel
[12:1] Faut-il qu’il se glorifie ?… — Il n’y trouve aucun profit. Il en
viendrait à parler de ce dont un homme — comme dans la chair — ne pouvait se
glorifier. C’était l’effet de la puissance souveraine de Dieu, dans laquelle
l’homme n’entrait pour rien. [12:2] C’était d’un homme en Christ qu’il parlait.
Un tel homme avait été ravi au troisième ciel, [12:4] dans le paradis ; [12:2]
était-ce dans le corps, ou hors du corps, Paul ne le savait pas. Le corps
n’avait aucune part à ce qu’il avait réalisé. [12:5] D’être un tel homme, Paul
pouvait se glorifier. Ce qui l’élevait sur la terre, il le laissait de côté ; ce
qui le faisait monter dans le ciel, ce qui lui donnait une part dans le ciel, ce
qu’il était « en Christ », était sa gloire, la joie de son coeur, la portion
dont il se glorifiait volontiers. Heureux serviteur, dont la portion en Christ
était telle qu’en y pensant, il était content d’oublier tout ce qui pouvait
l’exalter comme homme, comme il dit ailleurs à l’égard de son espérance, « afin
que je gagne Christ » [(Phil. 3:8)]. [12:4] L’homme, le corps, n’entraient pour
rien dans une puissance qu’on ne pouvait goûter à moins d’être ravi dans le ciel
; [12:5] mais c’était « d’un tel » que Paul voulait se glorifier : [12:4] là, où
Dieu et sa gloire sont tout, [12:3] séparé de son corps quant à la conscience de
son existence dans ce corps, [12:4] il a entendu des choses dans lesquelles les
hommes dans le corps n’étaient pas capables d’entrer, et qu’il ne convenait pas
à un homme mortel d’énoncer, des choses que le mode d’existence d’un homme dans
le corps ne comportait pas. Ces choses avaient produit l’impression la plus
profonde sur l’apôtre ; elles le fortifiaient pour le ministère, mais ne
pouvaient pas être introduites dans la manière de comprendre et de communiquer
qui tient à la condition de l’homme ici-bas.
Ch. 12 v. 7 — L’orgueil
incorrigible de la chair doit être anéanti
La chair doit être bridée pour ne pas s’enorgueillir d’avoir été dans la
présence de Dieu
Mais bien des leçons pratiques se rattachent à cette grâce merveilleuse qui a
été faite à l’apôtre. Je dis une grâce merveilleuse, car en effet, on sent quel
a dû être le ministère de celui qui tirait d’une telle position sa force et sa
manière de voir et de juger. Quelle mission extraordinaire que celle de cet
apôtre ! [4:7] Mais il avait le trésor dans un vase d’argile. [12:7] Rien ne
corrige la chair. Une fois revenu à la conscience de son existence humaine sur
la terre, la chair de l’apôtre aurait voulu tirer avantage de la faveur dont il
avait joui, pour l’élever à ses propres yeux, pour dire : « Personne que toi,
Paul, n’a été au troisième ciel ». Être près de Dieu dans la gloire, comme hors
du corps, n’élève pas. Tout est Christ et Christ est tout : le moi est oublié. Y
avoir été est une autre chose. La présence de Dieu nous fait sentir notre néant.
La chair peut se prévaloir de ce que nous avons été là quand nous n’y sommes
plus. Hélas ! qu’est-ce que l’homme ? Mais Dieu veille ; dans sa grâce, il
pourvoit au danger où se trouve son pauvre serviteur. L’avoir ravi jusqu’à un
quatrième ciel, pour parler ainsi, n’aurait fait qu’augmenter le danger.
Impossible de corriger la chair. La présence de Dieu la fait taire ; mais la
chair se vantera d’avoir été dans cette présence lorsqu’elle n’y sera plus. Pour
marcher en sûreté, il faut que la chair soit tenue en échec, telle qu’elle est.
Nous avons à nous tenir pour morts, mais la chair a souvent besoin d’être bridée
pour que le coeur ne soit pas éloigné de Dieu par son moyen, et pour qu’elle
n’entrave pas notre marche, ni ne gâte notre témoignage. Paul a reçu une écharde
dans la chair, de peur qu’il ne s’élevât à cause de l’abondance des révélations
qu’il avait reçues. Nous savons par l’épître aux Galates que cette écharde était
quelque chose qui tendait à rendre l’apôtre méprisable dans sa prédication
[(Gal. 4:13-14)], et était ainsi un contrepoids intelligible à ces révélations
remarquables.
Dieu utilise Satan pour
humilier la chair
[12:7] Dieu a laissé à Satan la tâche d’affliger ainsi l’apôtre, de même qu’il
s’est servi de lui pour l’humiliation de Job [(Job 1:12 ; 2:6)]. Quelles que
soient les grâces qui nous sont accordées, il faut passer par les exercices
ordinaires de la foi personnelle, exercices dans lesquels seulement le coeur
marche en sûreté, lorsque la chair est bridée et annulée dans le sens pratique,
de sorte que nous n’en ayons pas conscience, comme active en nous, quand nous
voulons être tout à Dieu, et penser à Lui et avec Lui selon notre mesure.
Ch. 12 v. 7-10 — Le
dépouillement de soi-même
Le dépouillement préventif fait réaliser ce qu’est la chair
[12:8] Trois fois, comme le Seigneur à l’égard de la coupe qu’il a dû boire
[(Matt. 26:44)], l’apôtre Lui demande que l’écharde soit ôtée ; [12:9] mais la
vie divine se forme dans le dépouillement de soi-même, et, dans notre état
d’imperfection, ce dépouillement en pratique (comme vérité, il a déjà eu lieu
quand nous regardons à notre position en Christ) s’opère en nous rendant
conscients de l’humiliante vérité que cette chair, que nous aimons à gratifier,
est impropre pour la présence de Dieu et pour le service auquel nous sommes
appelés. Nous sommes heureux si ce dépouillement s’opère par des voies
préventives, et non par l’humiliation d’une chute, ainsi que cela a eu lieu pour
Pierre. La différence est claire. Chez Pierre, la confiance en soi-même se
mêlait avec la volonté propre, malgré les avertissements du Seigneur. [12:7]
Chez Paul, quoique son danger vînt de la chair, les révélations qui lui avaient
été faites en étaient l’occasion. [12:10] Si nous apprenons, dans la présence de
Dieu, à connaître la tendance de la chair, nous en sortons humbles et nous
échappons à l’humiliation ; [12:7] mais en général (et à quelques égards nous
pouvons dire tous) nous avons à faire l’expérience des révélations qui nous
élèvent à Dieu en quelque mesure que ce soit ; et il faut faire l’expérience de
ce qu’est le vase dans lequel le trésor de ces révélations est contenu, par la
peine qu’il nous donne à cause de la conscience de ce qu’il est — je ne dis pas
par des chutes.
La discipline pour
annuler la chair se lie aux souffrances pour Christ
[12:10] Dieu, dans son gouvernement, sait comment réunir les souffrances pour
Christ et la discipline de la chair dans la même circonstance, ce qui explique
Héb. 12:1-11. L’apôtre prêchait ; s’il était méprisé dans sa prédication,
c’était bien pour le Seigneur qu’il souffrait ; [12:7] toutefois, ce qui le
faisait souffrir disciplinait la chair, et empêchait l’apôtre de s’enorgueillir
des révélations dont il jouissait et de la puissance qui en résultait, et avec
laquelle il exposait la vérité. Dans la présence de Dieu, dans le troisième
ciel, Paul sentait bien que l’homme n’était rien, et Christ tout. [12:9] Il
devait acquérir l’expérience pratique de la même chose ici-bas. Il faut que la
chair soit annulée, là où elle n’est pas nulle, par le sentiment expérimental du
mal qui est en elle, et elle doit devenir ainsi, d’une manière consciente, nulle
dans l’expérience personnelle de ce qu’elle est. Car qu’était la chair de Paul —
qui ne faisait que l’entraver moralement dans son oeuvre en l’éloignant de Dieu
— sinon un compagnon gênant dans son travail ? La suppression de la chair sentie
et jugée était un exercice très profitable pour le coeur.
La puissance divine et
l’infirmité de la chair
La gloire est dans ce qui est de Dieu, non de l’homme qui doit être anéanti
[12:2] Remarquez ici l’heureuse position de l’apôtre, comme ravi au troisième
ciel. [12:5] Il pouvait se glorifier d’un tel homme, parce que le moi était
entièrement perdu dans les choses avec lesquelles il était en relation. Il ne se
glorifiait pas simplement dans les choses ; il ne dit pas non plus : « en moi ».
[12:4] Le moi était complètement perdu de vue dans la jouissance des choses
ineffables que l’homme ne pouvait exprimer quand il rentrait dans la conscience
du moi. [12:5] Il se glorifiait d’un tel homme ; mais en lui-même, vu dans la
chair, il ne se glorifiait pas, sinon dans ses infirmités. D’un autre côté,
n’est-il pas humiliant de penser que celui qui avait joui d’une révélation si
glorieuse, a dû faire l’expérience pénible de ce qu’est la chair, méchante,
méprisable et égoïste.
Le contraste entre la
perfection de Christ et le serviteur le plus remarquable
Remarquez aussi la différence qu’il y a entre Christ et quelque homme que ce
soit. Christ a pu se trouver sur la montagne, en gloire, avec Moïse, et être
reconnu Fils par le Père lui-même, et ensuite se trouver dans la plaine en
présence de Satan et de la multitude [(Matt. 17)] ; quoique les scènes soient
différentes, il est également parfait dans toutes deux. On trouve d’admirables
affections dans les apôtres, et en Paul, particulièrement, on trouve des
oeuvres, comme Jésus l’avait dit, plus grandes que les siennes [(Jean 14:12)] ;
on trouve chez Paul des exercices de coeur, et d’étonnantes hauteurs par grâce ;
on voit, en un mot, une puissance merveilleuse développée par le Saint Esprit
dans ce remarquable serviteur de Jésus, mais on ne trouve pas chez lui cette
égalité constante qui était en Christ. Jésus était le Fils de l’homme qui est
dans le ciel. Ceux qui sont tels que Paul sont des cordes que Dieu touche et sur
lesquelles il produit une musique merveilleuse, mais Christ est la musique
elle-même.
Christ déploie sa
puissance dans la faiblesse de l’homme
[12:9] Enfin remarquez que Christ se sert de l’humiliation nécessaire pour
réduire la chair rebelle à son vrai néant, afin de déployer sa puissance dans
l’infirmité du vase. Ainsi humilié, nous apprenons notre dépendance. Tout ce qui
est de nous, tout ce qui constitue le moi est une entrave ; l’infirmité est ce
en quoi le moi est abaissé, humilié, et où la faiblesse est réalisée. La
puissance de Christ s’accomplit dans cette infirmité. Cela est un principe
général. Humainement parlant, la croix était la faiblesse ; la mort est l’opposé
de la force de l’homme ; toutefois c’est en elle que la force de Christ s’est
révélée ; c’est en elle qu’il a accompli l’oeuvre glorieuse du salut.
La force du ministère
s’accomplit dans l’infirmité du serviteur
[12:9] Quand il est question ici d’infirmité, il ne s’agit pas du péché dans la
chair, mais de ce qui est le contraire de la force de l’homme. Christ ne s’est
jamais appuyé un instant sur la force humaine ; il vivait à cause du Père (voyez
Jean 6:57) qui l’avait envoyé. La puissance du Saint Esprit seule se déployait
en Lui. [12:7] Paul avait besoin que sa chair fût réduite à la faiblesse, afin
qu’il n’y eût pas en elle le mouvement du péché qui lui était naturel. [12:9]
Quand la chair a été réduite à sa vraie incapacité pour ce qui regarde le bien,
et cela d’une manière évidente, alors Christ peut y déployer sa force. Cette
force a ainsi son vrai caractère ; et remarquez-le bien, c’est là toujours son
caractère, « la force qui s’accomplit dans l’infirmité ». [12:5] Le bienheureux
apôtre pouvait se glorifier d’un homme en Christ dans le ciel, jouissant de
toute cette béatitude, de ces choses merveilleuses qui excluent le moi, tant
elles sont au-dessus de ce que nous sommes. [12:2] En en jouissant, Paul n’avait
pas la conscience de l’existence de son corps. [12:4] Lorsqu’il en est de
nouveau conscient, ce qu’il avait entendu ne pouvait se traduire dans ces
communications qui avaient le corps comme instrument et des oreilles d’homme,
comme moyen d’intelligence. [12:5] Paul se glorifiait de cet homme en Christ
dans le ciel. [12:9] Ici-bas, il ne se glorifiait qu’en Christ lui-même et dans
cette infirmité qui était l’occasion que la puissance de Christ reposât sur lui,
et qui était aussi la démonstration que cette puissance était celle de Christ,
que Christ faisait de lui le vase de la manifestation de la puissance. [12:10]
Or cela se réalisait par de pénibles expériences. [12:2] D’abord il y a l’homme
en Christ, [12:9] ensuite la puissance de Christ reposant sur l’homme. Pour le
premier, l’homme quant à la chair, est néant ; quant au second, la chair est
jugée et abaissée — devenue faiblesse afin que nous apprenions ce qu’elle est,
et que la puissance de Christ soit manifestée. Il y a une impulsion, une
ineffable source de ministère dans le ciel. [12:10] La force est introduite dans
l’humiliation de l’homme tel qu’il est dans ce monde, quand l’homme est réduit à
néant — sa vraie valeur dans les choses divines — et que Christ déploie en lui
cette force qui ne saurait s’associer à celle de l’homme, ni en dépendre de
quelque manière que ce soit. Si l’instrument était faible, comme on l’alléguait,
la puissance qui avait opéré devait avoir été, non la sienne, mais celle de
Christ.
La force pratique du
ministère dans l’homme
Ainsi, de même qu’au commencement de l’épître, nous avons eu les vraies
caractéristiques du ministère par rapport aux objets qui lui donnent ces
caractères [(ch. 5)], [12:9] nous trouvons ici sa force pratique, en rapport
avec le vase dans lequel le témoignage et la source de cette force étaient
déposés ; [12:4] nous apprenons comment ce ministère s’exerçait en mettant un
homme mortel en communication avec les sources ineffables dont le ministère
lui-même découlait, [12:9] et en même temps avec l’énergie vivante, présente et
active de Christ, de sorte que l’homme fût capable de l’exercer, [12:10] et que
ce ne fût pas lui, cependant, qui accomplit la tâche dans sa force charnelle,
chose d’ailleurs impossible en soi1.
1 Ce chapitre est tout à fait frappant. Nous y voyons le chrétien dans la plus haute et dans la plus basse condition ; dans le troisième ciel [(12:2)], et dans la bassesse du péché effectif. [12:2] D’abord un homme en Christ (ce qui est vrai de nous tous en position, sinon en vision), [12:5] l’apôtre se glorifie d’un tel homme, et nous avons le droit de nous glorifier — c’est-à-dire d’un homme en Christ. [12:7] Quant à ce qu’il est en lui-même, il doit être réduit à l’absolu néant. [12:5] Mais se glorifier d’un homme en Christ, [12:7] ou être fait néant dans la chair, n’est pas la puissance. La dernière chose est le sentier pour y arriver. [12:9] Mais alors n’étant rien, la puissance de Christ est avec cet homme, repose sur lui, et là se trouve la force pour le service ; l’homme en Christ est sa propre place — Christ en l’homme, ou sa puissance sur lui est sa force pour servir. De sorte que nous avons ce qu’il y a de plus élevé dans ce que l’on conçoit de l’Esprit, ce qu’il y a de plus bas dans les manquements de la chair et le chemin de la puissance en réduisant la chair à néant ; la puissance de Christ étant avec nous, la puissance pratique, tandis que nous sommes dans le corps. Mais il y a le sentiment de la faiblesse, le manque de proportion entre ce que nous sommes quant au vase de terre, et ce qui est administré et dont on jouit. Ce n’est pas simplement ce qui est mal, mais le vase de terre dans lequel est le trésor [(4:7)].
Ch. 12 v. 11-18 — Paul
doit s’abaisser aux pensées terrestres des Corinthiens
[12:10] L’apôtre donc se glorifiait dans ses infirmités et dans ses souffrances.
[12:11] Il avait dû parler en insensé : ceux qui auraient dû eux-mêmes proclamer
l’excellence de son ministère, l’avaient forcé de le faire. [12:12] C’était au
milieu d’eux que toutes les preuves les plus frappantes d’un ministère
apostolique avaient été données. [12:13] Si, en quelque chose, ceux auxquels il
s’adressait avaient été en arrière d’autres assemblées à l’égard des preuves de
son apostolat, c’est qu’ils n’avaient contribué en rien à l’entretien de
l’apôtre. [12:14] Il allait de nouveau se rendre au milieu d’eux, et cette
preuve manquerait encore. [12:15] Paul était disposé à se dépenser pour les
Corinthiens comme un bon père, lors même qu’aimant plus, il était moins aimé.
[12:16] Pouvait-on dire peut-être qu’il avait bien gardé les apparences en ne
prenant rien lui-même, [12:17] mais qu’il avait pris soin de se dédommager en se
servant de Tite pour profiter de leur libéralité par son moyen ? [12:18] Mais
non ; les Corinthiens savaient bien que Tite avait marché au milieu d’eux dans
le même esprit que l’apôtre. Triste besogne, quand un coeur au-dessus de ces
tristes motifs et de ces manières de juger et d’estimer les choses et tout
pénétré des motifs divins et glorieux de Christ, est forcé de s’abaisser à ceux
qui occupent les coeurs égoïstes des personnes auxquelles il a à faire, de
coeurs qui sont au niveau des motifs qui animent et gouvernent le monde qui les
entoure ! Mais l’amour doit tout supporter [(1 Cor. 13:7)], et penser pour les
autres, s’il ne peut pas penser avec eux, ni eux avec lui.
Ch. 12 v. 19-21 — Paul
craignait que plusieurs Corinthiens ne marchent encore dans le mal
[12:19] Est-ce donc que l’apôtre prenait les Corinthiens pour juges de sa
conduite ? Il parlait devant Dieu en Christ, [12:20] et craignait seulement
qu’il ne trouvât encore, quand il arriverait, beaucoup de ceux qui professaient
le nom de Christ, marchant comme le monde d’iniquité qui les entourait ; [12:21]
il craignait qu’il ne fût humilié au milieu d’eux, et qu’il n’eût à s’affliger à
l’égard de beaucoup de personnes qui, ayant déjà péché, ne se seraient pas
repenties de leurs péchés.