Chapitre 3
Ch. 3 v. 1-3 — Les Corinthiens étaient la lettre de recommandation de Paul
[2:17] Ces paroles amènent l’apôtre à faire un exposé de l’Évangile, en
contraste avec la loi que les faux docteurs mêlaient avec l’Évangile. [3:1] Paul
introduit cet exposé par le plus touchant appel au coeur des Corinthiens
convertis par son moyen. Commencera-t-il par parler de son ministère pour se
recommander lui-même de nouveau, ou a-t-il besoin, comme d’autres, de lettres de
recommandation pour eux ou de leur part ? [3:2] Ils sont, eux, sa lettre de
recommandation, la preuve frappante de la puissance de son ministère, preuve
qu’il porte toujours dans son coeur, prêt à la mettre en avant en toute
occasion. Maintenant il peut le dire, heureux qu’il était de l’obéissance des
Corinthiens. [3:3] Et pourquoi servent-ils de lettre en sa faveur ? Parce qu’ils
sont, dans leur foi, l’expression vivante de sa doctrine. Ils sont la lettre de
recommandation de Christ, qui, par le moyen du ministère de l’apôtre, a été
écrite sur les tables de chair du coeur par la puissance du Saint Esprit, comme
la loi avait été gravée sur des tables de pierre par Dieu lui-même.
Ch. 3 v. 4-17 — Le
ministère de la nouvelle alliance et celui de la loi
Ch. 3 v. 4-7 — La loi est un ministère de mort et de condamnation pour le
pécheur
[3:4] C’était là la confiance de Paul à l’égard de son ministère ; [3:5] sa
capacité pour le ministère de la nouvelle alliance venait de Dieu, [3:6]
ministère non pas de la lettre (pas plus de la lettre de cette alliance que de
la lettre d’autre chose), mais de l’Esprit, la vraie force du dessein de Dieu,
tel que l’Esprit le donnait : car la lettre, comme règle imposée à l’homme, tue
; mais l’Esprit vivifie, comme puissance de Dieu en grâce ; c’est le dessein de
Dieu communiqué au coeur de l’homme par la puissance de Dieu, qui lui en fait
part afin qu’il en jouisse. Or le sujet de ce ministère manifestait encore plus
fortement sa différence d’avec le ministère de la loi. [3:7] La loi gravée sur
des pierres avait été introduite avec gloire, quoique cette loi fût une chose
qui, comme moyen de relation entre Dieu et les hommes, devait passer. La loi
gravée sur des pierres était « un ministère de mort », car on ne pouvait vivre
qu’en l’observant, et elle ne pouvait être ordonnée que sur ce principe. Une loi
doit être gardée, mais l’homme étant déjà pécheur par nature et par sa volonté,
ayant des convoitises que la loi défendait, cette loi ainsi ne pouvait être que
la mort pour lui ; c’était un ministère de mort. [3:9] C’était aussi « un
ministère de condamnation », parce que l’autorité de Dieu intervenait pour
donner à la loi la sanction de la condamnation contre toute âme qui la violerait.
C’était un ministère de mort et de condamnation, parce que l’homme était pécheur.
L’homme ne peut
supporter la gloire de la loi, malgré la grâce — Ex. 32-34
Et remarquez ici que mêler la grâce avec la loi ne change rien à l’effet de
celle-ci, sinon pour aggraver la pénalité qui en résulte, en aggravant la
culpabilité de celui qui la viole, d’autant plus qu’il la viole en dépit de la
bonté et de la grâce : car c’est toujours la loi, et l’homme était appelé à
satisfaire à la responsabilité sous laquelle la loi le plaçait. [Ex. 32:33] «
Celui qui aura péché contre moi », dit l’Éternel à Moïse, « je l’effacerai de
mon livre ». [3:7] La figure employée par l’apôtre (v. 7 et suivants) montre
[Ex. 34:29, 35] qu’il parle de la seconde descente de Moïse de la montagne de
Sinaï, lorsqu’il entendit proclamer le nom de l’Éternel, miséricordieux et
faisant grâce (voyez Ex. 34 [v. 6]). [Ex. 32:15, 19] La première fois que Moïse
était descendu du Sinaï, sa figure n’avait pas été rayonnante ; il avait brisé
les tables avant d’entrer dans le camp (Ex. 32). [Ex. 33:19] La seconde fois,
Dieu avait fait passer toute sa bonté devant lui, [Ex. 34:29] et le visage de
Moïse avait reflété la gloire qu’il avait vue, quelque partielle qu’elle eût été.
[3:7] Mais ce reflet même, Israël ne pouvait le supporter, car comment supporter
cette gloire quand, après tout, elle jugeait les secrets du coeur ? [Ex. 32:14]
Car, bien que la grâce se fût montrée en épargnant le peuple en réponse à
l’intercession de Moïse, [Ex. 34:1] l’exigence de la loi était toujours
maintenue, [Ex. 34:7] et chacun devait subir pour lui-même les conséquences de
sa désobéissance. [3:14] Ainsi le caractère de la loi empêchait Israël de
comprendre la gloire même qui se trouvait dans les ordonnances, comme figure de
ce qui était meilleur et permanent, [3:15] et tout le système ordonné par
l’intermédiaire de Moïse était voilé aux yeux du peuple qui tombait sous la
lettre, dans cette partie même de la loi qui était un témoignage des choses qui
devaient se dire plus tard. C’était selon la sagesse de Dieu qu’il en fût ainsi,
car de cette manière tout l’effet de la loi comme introduite pour agir sur le
coeur et la conscience de l’homme, a été pleinement développé.
Le chrétien peut faire
de Christ une loi, en prenant l’amour pour une obligation
Il y a bien des chrétiens qui font de Christ lui-même une loi, et qui en pensant
à l’amour du Sauveur comme à un nouveau motif pour les obliger à l’aimer, n’y
pensent que comme à une obligation, à un accroissement très grand de la mesure
de l’obligation qui pèse sur eux — obligation à laquelle ils se sentent tenus de
satisfaire. Ils sont ainsi toujours sous la loi, et par conséquent sous la
condamnation.
Le ministère de Paul,
ministère de justice et par l’Esprit
[3:8, 9] Or, le ministère que l’apôtre accomplissait était tout autre ; c’était
le ministère de la justice et de l’Esprit, non pas un ministère exigeant de
l’homme la justice pour qu’il pût se tenir devant Dieu, mais un ministère qui
révélait la justice. Or Christ était cette justice, fait tel de la part de Dieu
pour nous ; et nous sommes faits justice de Dieu en Lui [(5:21)]. [3:9]
L’évangile proclamait la justice de la part de Dieu, au lieu de l’exiger de
1’homme selon la loi. [3:6] Or le Saint Esprit pouvait être le sceau de cette
justice-là : [Matt. 3:16] il pouvait descendre sur Christ homme, parce qu’il
était parfaitement approuvé de Dieu, parce qu’il était juste — le Juste. [1:22]
Le même Esprit peut descendre sur nous, parce que nous sommes faits la justice
de Dieu en Christ [(5:21)]. [3:8] Ainsi le ministère de l’apôtre était le
ministère de l’Esprit : la puissance de l’Esprit y agissait. [3:17] L’Esprit
était donné lorsqu’on recevait par la foi ce qui était annoncé : et avec
l’Esprit on recevait l’intelligence des pensées et des desseins de Dieu, comme
ils étaient révélés dans la personne d’un Christ glorifié, en qui la justice de
Dieu était révélée et subsistait éternellement devant Lui.
Ch. 3 v. 17-18 — La
contemplation de la gloire de Christ
Le croyant trouve la gloire de Christ dans la Parole de Dieu, comprise par
l’Esprit
[3:5-6] L’apôtre donc, dans ce passage, réunit dans une même notion complexe, la
pensée de Dieu dans la parole comprise selon l’Esprit, la gloire de Christ qui y
avait été cachée sous la lettre, et l’Esprit Saint lui-même qui lui donnait sa
force, qui révélait cette gloire, et qui, en demeurant et agissant dans le
croyant, le rendait capable d’en jouir. [3:17] C’est pourquoi, là où il y avait
l’Esprit, il y avait la liberté : on n’était plus sous le joug de la loi, de la
crainte de la mort et de la condamnation. [3:18] On était en Christ devant Dieu,
en paix devant Lui, selon l’amour parfait et cette faveur qui est meilleure que
la vie, et dont on jouissait comme elle luisait sur Christ, sans voile ; on
était là selon la grâce qui règne par la justice.
Contempler la gloire de
Christ dans le ciel par l’Esprit
[3:17] Quand il est dit au v. 17 : « Or le Seigneur est l’esprit », il est fait
allusion au v. 6 ; les v. 7-16 forment une parenthèse. [3:18] Christ glorifié
est la vraie pensée de l’Esprit laquelle Dieu avait précédemment cachée sous des
figures, et en voici la conséquence pratique : on contemple le Seigneur à face
découverte ; on peut le contempler ainsi. [3:7] La gloire de la face de Moïse
jugeait les pensées et les intentions du coeur, causait la frayeur, en menaçant
de mort et de condamnation le désobéissant et le pécheur. Qui pouvait se tenir
dans la présence de Dieu ? [3:18] Mais la gloire de la face de Jésus, d’un homme
dans le ciel, est la preuve que tous les péchés de celui qui voit cette gloire
sont effacés, car Celui qui est dans cette gloire, les a tous portés avant de
monter en haut, et il a dû les ôter tous pour entrer dans cette gloire. Nous
contemplons cette gloire par l’Esprit qui nous a été donné en vertu de ce que
Christ y est entré. Christ ne dit pas comme Moïse : « Je monterai… peut-être
ferai-je propitiation » (Ex. 32:30) ? mais il a fait la propitiation, puis il
est monté. C’est pourquoi nous contemplons cette gloire avec joie ; nous aimons
à la voir, chaque rayon que nous en voyons briller est la preuve qu’aux yeux de
Dieu nos péchés ne sont plus. Christ a été fait péché pour nous : il est dans la
gloire. Or en contemplant ainsi la gloire avec affection, avec intelligence, en
y trouvant nos délices, nous sommes changés en la même image, de gloire en
gloire, comme par la puissance de l’Esprit qui nous rend capables de réaliser
ces choses et d’en jouir. En cela est le progrès du chrétien. [3:3] Ainsi
l’Assemblée aussi devient l’épître de Christ.
Ch. 3 v. 14-16 — Le
voile demeure pour Israël
[3:14] L’allusion faite aux Juifs à la fin de la parenthèse, où l’apôtre compare
les deux systèmes, est des plus touchantes. [3:16] Le voile, dit-il, est ôté en
Christ. [3:18] Maintenant plus rien n’est voilé. La substance glorieuse de ce
qui était caché sous les figures existe. [3:15] Le voile est sur le coeur des
Juifs, lorsqu’ils lisent l’Ancien Testament. [Ex. 34:34] Or toutes les fois que
Moïse entrait dans le tabernacle pour parler à Dieu ou pour l’écouter, il ôtait
le voile : [3:16] ainsi, dit l’apôtre, quand Israël se tournera vers le
Seigneur, le voile sera ôté.
Ch. 3 v. 11 — La gloire
de Christ, antitype des ombres juives, demeure
Il ne reste qu’une remarque à faire. [3:11] « Ce qui demeure » est le sujet dont
traite l’Évangile, et non le ministère qui l’annonce ; la gloire de la personne
de Jésus Christ, la substance de ce dont les ordonnances juives n’étaient que
des figures, ne passeront pas.