John Nelson Darby

 

Introduction
Contenu, période et grands sujets des livres de Samuel
Place du livre de Ruth, entre deux époques pour le peuple d’Israël
Nous avons vu que le livre de Ruth occupe une place intermédiaire entre la fin de l’époque où Israël était placé sous le gouvernement immédiat de Dieu, qui intervenait de temps en temps par le moyen des juges, et l’établissement du roi qu’il lui choisit. Cette fin, hélas ! était amenée par la chute du peuple, et son incapacité à profiter, par la foi, de ses privilèges.

Rejet du gouvernement direct de Dieu, intervention par la prophétie et établissement d’un roi
Les livres de Samuel contiennent 1° la cessation des relations originelles d’Israël avec Dieu, fondées sur l’obéissance du peuple aux termes de l’ancienne alliance et aux prescriptions spéciales du Deutéronome ; 2° l’intervention souveraine de Dieu par la prophétie, et 3° l’établissement du roi que Dieu lui-même avait préparé, et les circonstances qui précédèrent cet établissement. Ce n’est pas seulement qu’Israël ait manqué sous le gouvernement de Dieu ; il a rejeté ce gouvernement.

Israël en relation directe avec Dieu, sous la sacrificature
Incapacité de la sacrificature, quand l’arche, trône de Dieu, est prise par l’ennemi

Placé sous la sacrificature, il s’approchait de Dieu, dans la jouissance des privilèges qui lui étaient accordés, comme peuple reconnu de l’Éternel. Nous verrons l’Arche (le premier, le plus immédiat et le plus précieux lien entre le Dieu souverain et le peuple), tomber aux mains de l’ennemi [(4:11)]. Que pouvait un sacrificateur, quand ce qui donnait à sa sacrificature toute son importance était dans les mains de l’ennemi, et quand le lieu où il s’approchait de l’Éternel, le trône de Dieu au milieu d’Israël, — la place de propitiation par laquelle, en grâce, la relation d’Israël avec Dieu était maintenue, — n’y était plus ?

Changement de circonstances, suite à la rupture du lien extérieur entre Dieu et le peuple

Ce n’était plus là simplement l’infidélité d’Israël dans les circonstances où Dieu l’avait placé. Ces circonstances mêmes étaient complètement changées par suite du jugement de Dieu. Le lien extérieur des relations de Dieu avec le peuple était rompu ; l’Arche de l’alliance, centre et base de ces relations, avait été livrée par la colère de Dieu aux mains de leurs ennemis. La sacrificature était le moyen naturel et normal de maintenir ces relations entre Dieu et le peuple. Qu’en faire à cette fin maintenant ?

Dieu suscite un prophète, pour maintenir le lien direct avec le peuple infidèle
Toutefois Dieu, agissant en souverain, pouvait se mettre en communication avec son peuple, en vertu de sa grâce et de sa fidélité immuable, d’après lesquelles ses liens avec les siens subsistaient de son côté, lors même que toute relation reconnue entre lui et le peuple fût interrompue par l’infidélité de ce dernier. C’est ce qu’Il a fait en suscitant un prophète [(3:20)]. Par son moyen, Dieu communiquait encore directement avec son peuple, lors même que le peuple n’avait pas maintenu ses relations avec lui dans leur état normal. La fonction du sacrificateur était en rapport avec l’intégrité de ces relations ; le peuple avait besoin de lui dans ses infirmités. Toutefois, sous la sacrificature, le peuple lui-même s’approchait de Dieu par l’intermédiaire du sacrificateur, selon les relations que Dieu avait établies et qu’il reconnaissait. Mais le prophète agissait de la part de Dieu, en dehors de ces relations, ou plutôt au-dessus, lorsque le peuple n’était plus fidèle.

La royauté, puissance intermédiaire établie de Dieu entre Lui et le peuple
Le roi est responsable devant Dieu pour le peuple sur lequel il est établi

L’établissement du roi avait une plus grande portée. C’était un nouvel ordre de relation qui impliquait des principes de toute importance ; Dieu n’était plus en relation immédiate avec le peuple. Il y avait une puissance établie sur Israël. Dieu attendait la fidélité de la part du roi. Le sort du peuple dépendait de la conduite de celui qui était responsable devant l’Éternel, pour l’observation de cette fidélité.

Dieu établit le roi en ayant la gloire de Christ en vue, malgré la faute du peuple

Dieu avait l’intention d’établir ce principe pour la gloire de Christ. Je parle de sa royauté sur les Juifs et sur les nations, sur le monde entier. Cette royauté a été préfigurée en David et en Salomon. Demander l’établissement d’un roi en rejetant le gouvernement immédiat de Dieu lui-même, c’était folie et rébellion de la part du peuple [(8:7)]. Combien de fois nos folies et nos fautes sont-elles l’occasion du déploiement de la grâce et de la sagesse de Dieu, et de l’accomplissement de ses conseils jusqu’alors cachés au monde ! Nos péchés et nos fautes ont seuls pris part à leur accomplissement glorieux en Christ.

Sujets des livres de Samuel, jusqu’à l’établissement de la royauté selon Dieu
Voilà les sujets importants qui sont traités dans les livres de Samuel, au moins jusqu’à l’établissement de la royauté. L’état glorieux de cette royauté et sa chute sont racontés dans les deux livres des Rois.

Chute d’Israël et de la sacrificature, et établissement d’un roi selon Dieu
C’est la chute d’Israël qui met fin à ses premières relations avec Dieu. L’Arche est prise [(4:11)] ; le sacrificateur meurt [(4:18)]. La prophétie introduit le roi, un roi méprisé et rejeté, l’homme en ayant établi un autre ; mais un roi que Dieu établit selon l’efficace de sa puissance ; tels sont les grands principes développés dans les livres de Samuel.

Comme partout, un seul reste fidèle, ce qui humilie l’homme
L’histoire nous fait voir, ici comme partout, qu’il n’y en a qu’un seul qui ait gardé sa fidélité ; résultat humiliant pour nous, de l’épreuve à laquelle Dieu nous a soumis, mais bien propre à nous garder dans l’humilité.

Nécessité et rôle de la sacrificature, et manquement à sa position
Sacrificature intervenant dans les relations avec Dieu, mais non comme base pour le peuple entier
Si nous avons parlé de la chute de la sacrificature, il ne faut pas en induire que la sacrificature eût cessé d’exister. Elle était toujours nécessaire à un peuple rempli d’infirmités (ainsi qu’à nous-mêmes sur la terre) ; elle intervenait dans les choses de Dieu, pour y maintenir les relations individuelles avec lui, mais elle cessa d’être la base des relations du peuple tout entier avec Dieu. Le peuple n’était plus capable de jouir de ces relations par ce moyen seul, et la sacrificature elle-même avait trop manqué à sa position pour pouvoir y suffire. Nous ferons bien de nous arrêter un peu sur ce point, qui est le pivot des vérités qui nous occupent en ce moment.

Responsabilité du maintien de la relation entre le peuple et Dieu
Le souverain sacrificateur représentait le peuple devant Dieu
Dans l’état primitif d’Israël établi dans la terre qui lui avait été donnée, et en général dans sa constitution, la sacrificature était la base de ses relations avec Dieu, c’est ce qui les caractérisait et les maintenait (voyez Hébr. 7:11). Le souverain sacrificateur était leur chef et représentant devant Dieu, comme peuple d’adorateurs ; et dans cette relation (je ne parle ici ni de la délivrance d’Égypte, ni des conquêtes, mais d’un peuple devant Dieu et en relation avec lui), au grand jour des expiations, il confessait leurs péchés sur Azazel [(Lév. 16:21)]. Ce n’était pas seulement l’intercession ; il se trouvait là comme chef et représentant du peuple qui était, pour ainsi dire, résumé en lui devant l’Éternel. Le peuple était reconnu, quoique fautif. Il se présentait dans la personne du souverain sacrificateur pour pouvoir être en relation avec un Dieu, qui, après tout, se cachait à ses yeux derrière le voile. Le peuple présentait tout au sacrificateur ; le souverain sacrificateur se tenait devant Dieu : cette relation ne supposait pas l’innocence. L’homme innocent aurait dû se tenir lui-même devant Dieu. « Adam, où es-tu ? » [(Gen. 3:9)] Cette question décèle sa chute.

Abandon de cette position par le peuple et le sacerdoce lui-même
Mais le peuple n’était pas chassé non plus, quoique le voile fût entre lui et Dieu ; et le souverain sacrificateur qui sympathisait avec les infirmités du peuple, comme en faisant partie, maintenait la relation avec Dieu. C’était un peuple bien imparfait, il est vrai, mais qui, par ce moyen, entrait lui-même en rapport avec le Saint. Mais Israël n’a pas su se maintenir dans cette position ; non seulement il y avait du péché (le souverain sacrificateur aurait pu y porter remède), mais il péchait contre l’Éternel, se détournait de lui et cela dans ses chefs mêmes. Le sacerdoce qui aurait dû maintenir la relation, travaillait lui-même à la détruire, en déshonorant Dieu, et repoussant de son culte le peuple qu’il aurait dû y attirer.

Établissement d’un roi pour assurer les relations avec Dieu, image de Christ
Je passe par-dessus les circonstances préparatoires pour les considérer en détail à mesure que l’occasion s’en présentera. Dieu établit donc un roi, chargé de maintenir l’ordre et d’assurer les relations de Dieu avec ce peuple, par sa fidélité à Dieu et son gouvernement du peuple. C’est ce que Christ accomplira dans le siècle à venir ; il est l’Oint. Lorsque le roi est établi, le sacrificateur marche devant lui [(2:35)]. C’est une institution nouvelle, seule capable de maintenir les rapports du peuple avec Dieu. La sacrificature n’est plus, ici, une relation immédiate. Elle pourvoit aux besoins du peuple, il est vrai, dans ses fonctions à elle. Le roi y veille et assure l’ordre et la bénédiction.

Position en contraste de l’Église
Union de l’Église à Christ et faveur de Dieu sur les membres de Son corps
Or, l’Église est dans une position tout autre. Outre la sacrificature qui s’exerce pour les saints sur la terre, afin de les maintenir pendant leur marche et dans la jouissance de leurs privilèges, elle est unie à l’Oint ; il n’y a plus de voile. Nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ [(Éph. 2:6)], rendus agréables dans le Bien-aimé [(Éph. 1:6)]. La faveur de Dieu est sur nous, membres du corps de Christ, comme sur Christ lui-même. Ce qui a dévoilé la sainteté de Dieu, a découvert tout le péché de l’homme et l’a ôté1.

1 Bien entendu à l’égard de son peuple croyant.

Christ, sacrificateur pour nous maintenir dans la réalisation de notre position, et avocat pour nos souillures
Ainsi en Christ, membres de son corps, nous sommes devant Dieu parfaits et parfaitement agréables. Le sacrificateur ne cherche pas à nous donner une telle position, ni à maintenir avec Dieu les relations de ceux qui ne sont pas dans cette position. L’œuvre de Christ nous y a placés. Comment intercéder pour la perfection ? L’intercession rend-elle la personne et l’œuvre de Christ plus parfaites aux yeux de Dieu ? Certainement pas. Or, nous sommes en lui. De quelle manière cette sacrificature s’exerce-t-elle donc pour nous ? En maintenant des êtres faibles et trop souvent souillés, dans la réalisation de leurs relations avec Dieu1. Le chrétien entre de fait dans une relation avec Dieu encore bien plus absolue ; il est dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière [(1 Jean 1:7)]. Nous sommes assis dans les lieux célestes [(Éph. 2:6)], rendus agréables dans le Bien-Aimé [(Éph. 1:6)], aimés comme Il est aimé, la justice de Dieu en Lui [(2 Cor. 5:21)]. Il est notre vie, Il nous a donné la gloire qui lui a été donnée [(Jean 17:22)]. Or, le Saint Esprit, qui est descendu d’en haut après la glorification du Seigneur Jésus, nous a introduits en union avec Lui, dans la présence de Dieu sans voile. Cependant, quoique nous soyons sans excuse, nous manquons de plusieurs manières [(Jac. 3:2)] et contractons de la souillure ici-bas. L’office d’Avocat, de Celui qui est dans la présence de Dieu pour nous, nous lave les pieds par l’Esprit et la Parole, et nous rend capables de maintenir avec cette lumière la communion à laquelle les ténèbres sont étrangères. Plus tard, dans la présence de Jésus Roi, la sacrificature sans doute maintiendra les relations du peuple avec lui, tandis que Lui portera le fardeau du gouvernement et de la bénédiction du peuple, sous tous les rapports.

1 Il y a une légère différence entre la sacrificature de Christ et son office d’Avocat (1 Jean 2). La sacrificature consiste en la présence de Christ devant Dieu pour nous; mais cette présence est la perfection quant à notre position devant Dieu. La sacrificature, dans son exercice journalier, ne se rapporte donc pas au péché, mais à la miséricorde et à la grâce pour que nous ayons du secours au moment opportun. Nous entrons en pleine liberté dans le lieu très saint. L’office d’Avocat s’exerce à notre égard quand nous avons péché, parce qu’il est question en 1 Jean de communion et que celle-ci est complètement interrompue par le péché.