Chapitres 17 et 18
Caractère du témoignage d’Élie en Israël, par rapport à Juda
Dieu n’exécute pas un jugement avant d’envoyer un témoignage
Le règne d’Achab est l’occasion du témoignage du prophète Élie. Israël, en ce
temps-là, se hâtait vers son jugement. Mais, quelle que soit son iniquité, Dieu
ne frappe pas un peuple qui a négligé ses voies, avant de lui envoyer un
témoignage. Jusque-là il peut le châtier ; mais il n’exécute pas définitivement
son jugement sur lui.
Le caractère du témoignage est ici digne de toute attention.
Les prophètes en Juda
rappellent la loi et l’ordre établi de Dieu, mais sans miracles
En Juda, les prophètes, qui rendaient témoignage au milieu d’un ordre de choses
que Dieu lui-même avait établi, n’ont point fait de miracles. Ils insistent sur
le péché du peuple, et lui rappellent les lois de l’Éternel, ses ordonnances, et
la fidélité qui lui est due. Ils proclament la venue du Messie et la bénédiction
d’Israël dans les temps à venir ; mais le système au milieu duquel ils rendent
ce témoignage étant encore reconnu de Dieu, ils ne font pas de miracles.
Élie et Élisée, témoins
au milieu d’un peuple infidèle par des miracles
Élie et Élisée, au contraire (témoins de Dieu au milieu d’un peuple que, selon
la grâce, Dieu reconnaît encore pour sien, mais qui, publiquement, a abandonné
Dieu et suivi le culte des veaux d’or [(12:28-30)]), opèrent des miracles
éclatants comme preuve de leur mission divine.
Menaces et
avertissements selon l’autorité divine, ou miracles pour établir le droit de
Dieu
Ils font valoir les droits et la puissance de l’Éternel au milieu d’un peuple
qui le méconnaît ; tandis que les prophètes de Juda, placés au milieu de ceux
qui font publiquement profession de reconnaître l’autorité de l’Éternel,
insistent sur les conséquences de cette position. Dieu a bien envoyé à Israël,
par la bouche de ses prophètes, tels qu’Osée et Amos, des menaces pareilles à
celles adressées à Juda ; mais nous ne voyons pas que des miracles aient été
faits dans Juda par les prophètes qui y ont rendu témoignage.
Caractères des miracles
des prophètes]
Miracles judiciaires sur le peuple, par Élie et Moïse, mais pas par Élisée
Les miracles d’Élisée, dont nous parlerons plus loin, ont un caractère différent
de ceux d’Élie. Ces derniers ont un caractère que les miracles de Moïse
partagent seuls avec eux. Ce sont des miracles judiciaires, à l’égard du peuple
au milieu duquel le prophète demeure. Aussi, Dieu a pris soin de son serviteur
d’une façon miraculeuse. Je ne parle ici que de ce qu’Élie a fait en témoignage
au milieu même du peuple.
Les différents miracles
d’Élie sur un peuple rebelle, et leur portée
Les miracles d’Élie sont en petit nombre et ont un caractère frappant. [17:1] Il
ferme le ciel1 à un peuple rebelle et apostat, en sorte qu’il n’y ait pas de
pluie. [2 Rois 1:10, 12] Il fait descendre le feu du ciel sur les capitaines
envoyés de la part du roi pour le prendre. [18:30-39] Enfin, il montre que
l’Éternel est Dieu et, malgré ce qui était arrivé, le Dieu de toutes les tribus
d’Israël, selon des droits immuables qui dépendent de ses conseils et de ce
qu’Il est en lui-même. [18:40] Lorsque le peuple le reconnaît en exécutant
lui-même le jugement sur les sacrificateurs de Baal, [18:45] l’Éternel accorde
de nouveau sa bénédiction, et le ciel donne de la pluie2. La portée de ces
miracles est évidente.
1 Remarquons ici que ce livre nous présente comme une déclaration solennelle et positive du prophète, ce qui a été, nous le savons par le témoignage de Jacques, une réponse à la prière d’un homme semblable à nous [(Jac. 5:17-18)]. C’est l’histoire de toute vraie énergie spirituelle. Elle se montre aux hommes comme un acte simple, venant avec plus ou moins d’éclat de la part de Dieu, et comme preuve de l’autorité et de la puissance spirituelle de celui qui en est l’instrument. De fait, toutes ces choses découlent de l’énergie de la vie auprès de Dieu, et de la communion avec lui ; elles en sont l’expression et le fruit, mais dans une puissance que Dieu exerce. Voyez, comme exemple, les paroles de Christ au tombeau de Lazare [(Jean 11:41-42)].
Il est profitable d’examiner ces cas, lorsqu’ils se présentent dans la Parole.
Il y en a d’autres aussi qui ont deux aspects. Historiquement, la mission des espions était selon la volonté de Dieu [(Nomb. 13:2-3)] ; elle était néanmoins, quant à son origine, le fruit de l’incrédulité du peuple [(Deut. 1:22)], incrédulité dont les effets se sont bientôt manifestés. Le voyage de Paul à Jérusalem, rapporté au chapitre 15 des Actes, est apparemment le même que celui dont il parle au chapitre 2 des Galates ; mais nous trouvons dans ce dernier passage des éléments et des motifs dont les Actes ne font pas mention du tout.
2 Élie avait dit : « Sinon à ma parole » [(17:1)] ; toutefois la pluie est accordée quand Dieu est glorifié ; car Élie était, comme témoin, le témoin du gouvernement de l’Éternel Dieu d’Israël, méprisé par Israël. Ainsi la vérité et la réalité de l’autorité de l’Éternel, et les principes de son gouvernement étaient tous deux manifestés.
Pour Moïse, plaies sur
ceux qui oppriment le peuple de Dieu captif
Moïse était dans une position différente. Le peuple de Dieu était en captivité,
non en révolte, et le jugement tombe sur leurs oppresseurs. Ce n’est ni le ciel
devenu ciel d’airain, fermé sur le peuple, ni le ciel source d’un jugement qui
en descend. La terre, donnée aux enfants des hommes et possédée par ceux qui ne
veulent pas reconnaître que l’Éternel en est le Dieu, ni reconnaître les droits
divins sur ses habitants, est frappée de toutes sortes de plaies. La terre,
l’eau, les fruits de la terre, le bétail, l’air, et enfin l’homme lui-même dans
son premier-né, tout est frappé par la verge de Dieu, selon la parole puissante
de son témoin. Les Égyptiens, jouissant des bontés providentielles d’un Créateur
miséricordieux, ne subissent le jugement qu’après avoir refusé de laisser aller
le peuple de Dieu, et de reconnaître les droits de Celui qui réclame ce peuple
comme sien. Après avoir refusé d’écouter, ils sont premièrement frappés dans la
jouissance des bénédictions terrestres qu’ils tiennent de Lui, et ensuite le
peuple lui-même est frappé dans la personne de ses premiers-nés.
Témoignage de Moïse et
d’Élie dans les deux témoins d’Apocalypse 11
On peut remarquer ici que la puissance des deux témoins, dans l’Apocalypse
[(Apoc. 11:3)], se manifeste dans ces deux genres de signes. [Apoc. 11:6] Ils
ferment les cieux, afin qu’il ne pleuve pas ; [Apoc. 11:5] ils font descendre le
feu du ciel, et si quelqu’un veut leur nuire, il faut qu’il soit ainsi mis à
mort. C’est Élie. [Apoc. 11:6] Ils frappent, quand ils le veulent, la terre de
toutes sortes de plaies. C’est Moïse. Leur témoignage sera aussi rendu, sans
aucun doute, au milieu d’un peuple portant le double caractère d’un peuple
rebelle et d’un peuple en captivité, opprimé du monde qui ne veut pas écouter le
Dieu de la terre, dont ce témoignage proclame les droits.
Grâce de Dieu dépassant
le peuple, et bénédiction après le jugement
Si, dans le cas d’Élie, Dieu ferme les cieux sur son peuple rebelle, il prend
soin du Résidu selon la grâce, dépassant, dans cette grâce, les limites de
l’alliance de la loi. Il y avait plusieurs veuves en Israël aux jours d’Élie le
prophète ; cependant Élie ne fut envoyé vers aucune d’elles, sinon vers une
veuve de Sarepta, de Sidon [(Luc 4:25-26)], [17:15] veuve qui écouta la voix du
témoignage de Dieu, et qui, par la foi, agit selon ce témoignage dans un cas qui
exigeait l’abnégation de soi-même ; et sa vie est conservée. Cette grâce, chose
dure pour le cœur des Juifs, mais révélation du cœur de Celui qu’ils ne
connaissent pas, [17:22] se révèle dans une puissance qui égale le besoin, et le
mort est rendu à la vie. [17:24] La pauvre veuve reçoit son fils par une
puissance qui est celle de la résurrection, et sa foi est pleinement établie en
la parole de Dieu1. [18:45] Ensuite, Dieu bénit Israël de nouveau, [18:39] après
l’avoir ramené à la confession de son nom [18:38] par une manifestation
éclatante de sa puissance, qui confond les sacrificateurs de Baal. [18:40]
Ceux-ci sont exterminés par le peuple, convaincu maintenant de la folie de
l’idolâtrie, et devenu l’exécuteur du jugement de Dieu. C’est ici qu’au fond, en
tant qu’expression générale des pensées de Dieu, la mission d’Élie se termine,
quoique son ministère ait encore été prolongé pendant quelque temps.
1 Cette allusion aux droits souverains et à l’exercice du pouvoir de Dieu en grâce, en dehors des limites d’Israël, est fréquente et pleine d’intérêt; elle est très frappante ici, où elle est suivie par un renouvellement de la bénédiction d’Israël envisagé comme composé des douze tribus. On se rappelle que le Seigneur y fait allusion dans l’évangile de Luc, qui est le témoin de ce grand principe, et qu’Il excite ainsi la colère des Juifs. L’orgueil ravale les plus vils et les plus mauvais quand il se revêt d’un caractère religieux.