Chapitre 14
Ch. 14 v. 1-19 — L’amour désire l’édification de l’assemblée par les dons
Ch. 14 v. 1-5 — La prophétie est un don plus excellent, car elle édifie
[14:1] Les chrétiens sont donc exhortés à poursuivre et à rechercher l’amour,
tout en désirant les dons de l’Esprit, mais en particulier celui de prophétiser,
[14:4] parce qu’ainsi l’on édifie l’assemblée : et c’est l’édification de
l’assemblée qu’on doit chercher ; c’est ce que l’amour désire et cherche, et ce
que l’intelligence voudrait ; or l’amour et l’intelligence sont les deux
caractères d’un homme en Christ, de celui pour lequel Christ est tout.
Ch. 14 v. 3 — Le
caractère du prophète
Deux versets de ce chapitre 14 exigent un peu d’attention : ce sont les versets
3 et 6. [14:3] Le premier nous présente l’effet ou plutôt la qualité de ce qu’un
prophète dit : ce n’est pas une définition. Le prophète « édifie, exhorte,
console » en parlant. Ces paroles montrent cependant le caractère de ce que le
prophète dit. La prophétie en elle-même n’est en aucune manière simplement la
révélation des événements à venir, quoique les prophètes aient révélé ces
événements, comme revêtus du caractère de prophètes. Un « prophète » est un
homme qui est assez en communication avec Dieu pour pouvoir communiquer les
pensées de Dieu ; un « docteur » enseignait d’après ce qui avait été déjà écrit
et ainsi en expliquait la portée ; mais le prophète, en communiquant les pensées
de Dieu aux âmes qui étaient sous la grâce, les encourageait et les édifiait.
Parler en langues
n’apporte aucun profit à l’assemblée
[14:6] Par rapport au v. 6, il est clair qu’en parlant en langues ([14:20] et
nous voyons que les Corinthiens, comme des enfants, aimaient à briller dans
l’assemblée par l’exercice de ce don), [14:4] celui qui parlait ainsi n’édifiait
personne : [14:2] on ne le comprenait pas. [14:28] Peut-être ne se comprenait-il
pas lui-même [14:14] et n’était-il que l’organe inintelligent de l’Esprit, tout
en ayant la puissante impression du fait que Dieu parlait par son moyen, de
sorte que, selon l’Esprit, il sentait qu’il était en communication avec Dieu ;
mais son intelligence n’en retirait aucun fruit. [14:5] En tout cas, on ne
saurait parler pour le profit de l’assemblée à moins de communiquer à celle-ci
les pensées de Dieu.
Ch. 14 v. 6 — Les
communications divines : la révélation et la connaissance — Les moyens de les
communiquer : la prophétie et la doctrine
[14:6] L’apôtre distingue deux genres de communications ayant ce caractère : la
révélation et la connaissance. La dernière suppose une révélation déjà faite, et
que quelqu’un met à profit par l’Esprit pour le bien du troupeau. Ensuite
l’apôtre indique les dons, savoir la prophétie et la doctrine qui étaient,
respectivement, les moyens d’édifier de ces deux manières, c’est-à-dire par la
révélation et par la connaissance. Ce n’est pas que ces deux derniers termes, la
prophétie et la doctrine, soient les équivalents des deux premiers, mais les
deux modes d’édification déjà indiqués s’accomplissaient par le moyen de ces
deux dons. On pouvait prophétiser sans que ce qu’on annonçait fût absolument une
nouvelle révélation, quoiqu’il y eût plus que de la connaissance. Il pouvait y
avoir une application des pensées de Dieu, un appel spécial de la part de Dieu
aux âmes, à la conscience, qui était plus que la connaissance, mais qui n’était
pas une nouvelle révélation. Dieu agit en cela sans révéler une nouvelle vérité
ou un nouveau fait. Une communication prend le caractère de prophétie en faisant
ressortir de la Parole, par la puissance de l’Esprit de Dieu, ce qui était caché
en elle et ce qui, en s’appliquant au moment même, se légitime dans les
consciences et dans les coeurs de ceux qui sont spirituels ou atteints par la
puissance du témoignage. La connaissance ou la doctrine enseigne des vérités ou
explique la Parole, choses très utiles à l’assemblée ; mais il n’y a pas
nécessairement, lorsqu’on enseigne, une action directe de l’Esprit en
application aux assistants et aux circonstances du moment, et ainsi il n’y a pas
la manifestation directe de la présence de Dieu aux hommes dans leur propre
conscience et leur propre coeur. Quand on enseigne, celui qui est spirituel
profite de ce qui est dit : [14:24] quand on prophétise, celui-là même qui n’est
pas spirituel pourra sentir la force de la Parole ; il est atteint et jugé, et
il en est ainsi de la conscience du chrétien. Diviser ces communications à
l’assemblée en révélation et en connaissance est une division parfaite qui
embrasse tout. La prophétie et la doctrine sont en intime relation avec les deux
; mais la prophétie embrasse d’autres idées que celle de révélation, de sorte
que cette seconde division de moyens positifs de communications (la prophétie et
la doctrine), ne répond pas exactement aux deux premiers termes de révélation et
de connaissance.
L’intelligence doit
être en exercice dans l’assemblée
[14:9] L’apôtre insiste longuement sur la nécessité de se faire comprendre, soit
qu’on parle, [14:15] soit qu’on prie ou qu’on chante. Il veut (et la remarque
est de toute importance pour juger les prétentions que peuvent avoir les hommes
d’enseigner par l’Esprit) que l’intelligence soit en exercice. [14:14] Paul ne
niait pas qu’on pût parler des langues sans que l’intelligence y fût pour
quelque chose ; [14:11] et le don des langues était d’une puissance et d’une
utilité évidentes quand étaient présentes des personnes qui ne comprenaient que
la langue qu’on parlait, ou qu’il y en avait dont elle était la langue
maternelle. [14:14] Mais en général c’était une chose inférieure quand l’Esprit
n’agissait pas sur l’intelligence en celui qui parlait, [14:9] et par conséquent
par son moyen sur d’autres. [14:16] La communion des âmes, dans un sujet commun
à tous par l’unité de l’Esprit, n’existait pas quand celui qui parlait ne
comprenait pas ce qu’il disait. [14:14] L’individu qui parlait ne jouissait pas,
comme venant de Dieu, de ce qu’il communiquait à d’autres. [14:9] Si les autres
ne le comprenaient pas, c’était un enfantillage que de prononcer des paroles
sans signification pour les auditeurs. [14:19] Mais l’apôtre tenait à comprendre
lui-même ce qu’il disait, [14:18] tout en parlant beaucoup de langues, ce qui
démontrait d’ailleurs que ce n’était pas jalousie de sa part s’il parlait contre
l’emploi des langues quand personne ne les comprenait. Il parlait plus de
langues étrangères, par le don du Saint Esprit, qu’eux tous ; [14:19] mais son
coeur aimait les choses de Dieu, aimait à recevoir de Lui la vérité d’une
manière intelligente, aimait à s’entretenir intelligemment avec les autres, et
Paul préférait dire cinq paroles avec son intelligence que dix mille sans
celle-ci dans une langue inconnue (v. 18, 19).
Ch. 14 v. 20-25 —
L’amour dirige l’exercice des dons
[14:25] Quelle puissance merveilleuse, quelle manifestation de la présence de
Dieu et — chose digne de la plus profonde attention — en même temps, quelle
supériorité à toute vanité charnelle et à l’éclat qui rejaillit sur un homme par
le moyen des dons ; [14:1] quelle puissance morale de l’Esprit de Dieu dans cet
amour qui ne trouvait dans ces manifestations de puissance que des instruments à
être employés pour le bien de l’Assemblée et des âmes ! [12:31] C’était la force
pratique de cet amour à l’exercice duquel, comme à une grâce supérieure aux
dons, l’apôtre exhortait les fidèles ; [14:19] c’était l’amour et la sagesse de
Dieu dirigeant l’exercice de la puissance divine pour le bien de ceux que Dieu
aimait. Quelle position pour un homme ! Quelle simplicité la grâce de Dieu donne
à celui qui s’oublie dans l’humilité et dans l’amour, et quelle puissance dans
cette humilité ! [14:23] L’apôtre confirme son raisonnement par l’effet que
produiraient sur les étrangers qui entreraient dans l’assemblée ou sur les
chrétiens non éclairés, des paroles prononcées en des langues que personne ne
comprenait : on les prendrait pour des insensés. [14:24] La prophétie, au
contraire, en atteignant leur conscience, [14:25] leur ferait sentir que Dieu
était là, qu’il était présent dans l’Assemblée de Dieu.
Ch. 14 v. 26-33 —
L’ordre dans l’exercice des dons dans l’assemblée
[1:7] Les dons spirituels étaient abondants à Corinthe. Après avoir réglé ce qui
concernait les questions morales, l’apôtre règle l’exercice de ces dons. [14:26]
Chacun venait à l’assemblée avec quelque manifestation de la puissance de
l’Esprit Saint, à laquelle on pensait évidemment plus qu’à la conformité à
Christ. Cependant l’apôtre reconnaît dans cette manifestation la puissance de
l’Esprit de Dieu ; il donne des règles pour son exercice. [14:27] Deux ou trois
peuvent parler en langues, pourvu qu’il y ait un interprète, afin que
l’assemblée en soit édifiée, et Paul veut qu’il n’y en ait qu’un seul à la fois
qui parle, car il paraît qu’ils parlaient même plusieurs en même temps. [14:29]
De même quant aux prophètes : deux ou trois pouvaient parler, et les autres
devaient juger si ce qui était dit venait vraiment de Dieu ; [14:31] car, si
Dieu en donnait la capacité à tous, tous pouvaient prophétiser, un seul à la
fois cependant, afin que tous apprissent et que tous fussent encouragés. [14:30]
La dépendance est toujours bonne pour les prophètes les plus doués. [14:32] Les
esprits des prophètes, c’est-à-dire le mouvement de la puissance dans l’exercice
des dons, étaient soumis à la direction de l’intelligence morale que l’Esprit
donnait aux prophètes. Ceux-ci étaient de la part de Dieu maîtres d’eux-mêmes
dans l’emploi de ces dons, dans l’exercice de cette puissance merveilleuse qui
agissait en eux. [14:33] Ce n’était pas une fureur divine, comme le disaient les
païens de l’inspiration diabolique qui les emportait, car Dieu ne pouvait pas
être un auteur de confusion dans l’assemblée, mais de paix. [14:32] En un mot,
l’on voit que la puissance spirituelle était confiée à l’homme sous sa
responsabilité morale : principe important et invariable dans les voies de Dieu.
Dieu a sauvé l’homme par la grâce, quand l’homme avait manqué à la
responsabilité, mais dans tout ce que Dieu confie à l’homme quelle que soit la
divine énergie du don, l’homme est tenu pour responsable de se servir de ce qui
lui a été confié pour la gloire de Dieu, et par conséquent pour le bien d’autrui
et en particulier pour celui de l’Assemblée.
Ch. 14 v. 34-38 —
L’ordre de l’Esprit dans l’assemblée
[14:34] Les femmes doivent se taire dans l’assemblée ; il ne leur est pas permis
de parler ; elles doivent rester dans l’obéissance, et non pas diriger les
autres (v. 34, 35). La loi d’ailleurs tient le même langage. [14:35] Il serait
honteux d’entendre les femmes parler en public, et si elles ont des questions à
faire, elles peuvent questionner leurs maris dans leurs maisons. [14:36] Au
reste, quelque nombreux que fussent les dons que possédaient les Corinthiens, la
parole cependant n’était pas sortie du milieu d’eux et n’était pas venue à eux
seuls : [14:37] ils devaient se soumettre à l’ordre universel de l’Esprit dans
l’Assemblée. S’ils prétendaient être conduits par l’Esprit, ils devaient
reconnaître — et ce serait la preuve qu’ils étaient ainsi conduits — que les
choses que l’apôtre leur écrivait étaient « le commandement du Seigneur » :
assertion de la plus haute importance ; position responsable et bien sérieuse de
cet admirable serviteur de Dieu.
Ch. 14 v. 37-38 —
Reconnaître l’autorité et la sagesse de Dieu
[14:37] Quel mélange de tendresse, de patience et d’autorité dans Paul. Il
désire que les fidèles viennent à la vérité et à l’ordre, conduits par leurs
propres affections ; ne craignant pas, si cela était nécessaire pour leur bien,
de se prévaloir d’une autorité sans appel, comme parlant directement de la part
de Dieu, autorité que Dieu légitimerait, si l’apôtre était forcé malgré lui de
s’en servir. [14:38] Si quelqu’un ignorait qu’il écrivait par l’Esprit et avec
l’autorité de Dieu, c’était bien de l’ignorance, et rien d’autre : que celui qui
était ainsi ignorant fût abandonné à son ignorance ! [14:37] Les hommes
spirituels et simples seraient délivrés de telles prétentions. Car ceux qui
étaient vraiment remplis de l’Esprit reconnaîtraient que ce que l’apôtre
écrivait, venait directement de Dieu et était l’expression de la sagesse de Dieu,
l’expression de ce qui répondait à son caractère, car souvent on peut
reconnaître la sagesse divine, ou même humaine, quand elle a été trouvée,
quoiqu’on n’ait pas su trouver soi-même le chemin de cette sagesse, ou que, si
on l’avait aperçue en partie, on n’ait pas su la produire avec autorité. [14:38]
En attendant l’homme prétentieux n’ayant aux yeux de tous que ce caractère
d’ignorance manifestée et jugée, trouverait dans son humiliation son profit et
ce dont il avait besoin.
L’inspiration des
épîtres comme commandement de Dieu
[14:37] On remarquera aussi l’importance de ce que l’apôtre affirme ici, pour ce
qui concerne l’inspiration des épîtres. Ce qu’il enseigne quant aux détails
mêmes de l’ordre de l’Assemblée, était si réellement donné de Dieu, venait si
entièrement de Dieu, que c’était « le commandement du Seigneur ». [Rom. 16:26]
Pour la doctrine, nous avons à la fin de l’épître aux Romains la même
déclaration, que c’était par des écrits prophétiques que l’Évangile était
disséminé parmi les nations.
Ch. 14 v. 39-40 —
Résumé des instructions du chapitre
[14:39] L’apôtre résume ses instructions en disant qu’on devait désirer de
prophétiser, ne pas défendre de parler des langues, [14:40] et que tout devait
se faire avec ordre et convenance (v. 39, 40).