Introduction
Le contexte extérieur de l’épître
L’épître aux Corinthiens présente des sujets bien différents de ceux qui nous
ont occupés dans l’étude de l’épître aux Romains. Nous y trouvons des détails
moraux et ce qui concerne l’ordre intérieur d’une assemblée. L’Esprit de Dieu
déploie sa sagesse d’une manière directe à l’égard de cet ordre, sans qu’il soit
fait mention d’anciens, ni d’autres fonctionnaires de l’assemblée. Par les
travaux de l’apôtre Paul, une assemblée nombreuse avait été formée à Corinthe
(car Dieu y avait un grand peuple [(Act. 18:10)]), au milieu d’une population
très corrompue, où les richesses et le luxe se joignaient à un désordre moral
tel, que le nom de cette ville en était devenu proverbial. En même temps, là
comme ailleurs, de faux docteurs, en général des Juifs, cherchaient à miner
l’influence de l’apôtre ; tandis que d’un autre côté l’esprit philosophique ne
manquait pas d’exercer sa funeste influence, quoique Corinthe ne fût pas, comme
Athènes, son siège principal. La morale et l’autorité de l’apôtre étaient
compromises tout ensemble, et tout l’état de choses était des plus critiques.
[16:8] L’épître fut écrite à Éphèse et envoyée de cette ville, [5:1] où les
nouvelles de la fâcheuse condition du troupeau de Corinthe étaient parvenues à
Paul, [16:5] à peu près au moment où il s’était décidé à visiter les Corinthiens
en se rendant en Macédoine, [2 Cor. 1:16] au lieu de suivre, comme il l’a fait,
les côtes de l’Asie Mineure, et puis de visiter les Corinthiens une seconde fois
à son retour de ces contrées. [2 Cor. 1:23] Mais les nouvelles que l’apôtre
reçut à Éphèse l’empêchèrent d’exécuter son projet, et au lieu d’aller chez les
Corinthiens pour épancher son coeur au milieu d’eux, il leur écrit d’Éphèse la
lettre qui est devant nous. [2 Cor. 2:13]La seconde épître a été écrite en
Macédoine, lorsque Tite eut rapporté à Paul les bonnes nouvelles de l’heureux
effet de celle-ci.
Plan de l’épître
Les sujets de cette première épître se divisent très facilement dans leur ordre
naturel. [1:4] Avant de blâmer les Corinthiens pour leurs fautes, l’apôtre
reconnaît d’abord, chap. 1:1-9, toute la grâce que Dieu leur avait accordée
[1:8] et qu’il leur continuerait jusqu’à la journée de Christ. [1:10] Paul
traite ensuite (chap. 1:10 à 4:21) la question des divisions, [3:4] des écoles
de doctrine [3:19] et des prétentions de la sagesse humaine, [2:7] en contraste
avec la révélation et la sagesse divine. [5:1] Au chap. 5, il parle de la
corruption des moeurs et de la discipline, [5:5] soit par puissance, [5:13] ou
dans la responsabilité de l’assemblée. [6:1] Au chap. 6, il s’occupe des
affaires temporelles et des procès, [6:18] et il traite de nouveau le sujet de
la fornication, question capitale pour les chrétiens de Corinthe. [7:2] Au chap.
7, l’apôtre considère la question du mariage (devait-on se marier ?), [7:10]
puis l’obligation mutuelle des mariés une fois tels, [7:12] et le cas d’un mari
converti, la femme ne l’étant pas, [7:13] ou d’une femme convertie, le mari ne
l’étant pas. [8:4] Au chap. 8, Paul répond à la question de savoir si on doit
manger des choses offertes aux idoles ; [9:2] au chap. 9, il traite de son
apostolat ; [10:6] au chap. 10, de l’état des Corinthiens en général, du danger
dans lequel ils se trouvaient d’être entraînés, [10:8] soit par la fornication,
[10:7] soit par l’idolâtrie et les festins idolâtres, — [10:20] en même temps il
s’occupe des principes qui se rattachaient à ces questions : [10:16] ce qui
introduit la cène. [11:2] Au chap. 11, nous trouvons les questions qui se
liaient à la conduite des Corinthiens dans les exercices religieux, d’abord
individuellement [11:17] ou bien (v. 17 et suiv.) dans l’assemblée. [12:4]
Ensuite, au chap. 12, il traite de l’exercice des dons, [12:18] de leur vraie
valeur [12:7] et du but de leur emploi, [13:13] et il exalte, au chap. 13, la
valeur comparative de l’amour. [14:26] Jusqu’à la fin du chap. 14, il règle
l’exercice des dons avec lesquels il a comparé l’amour. [15:12] La doctrine de
la résurrection que quelques-uns niaient, est développée dans le chap. 15,
[15:23] et spécialement celle des saints ; [16:1] et enfin, au chap. 16, Paul
parle des collectes pour les pauvres de la Judée, [16:19] en ajoutant quelques
salutations, [16:16] et les principes de subordination envers ceux que le
Seigneur aurait suscités pour le service, même là où il n’y aurait pas d’anciens.
Il est très précieux de tenir ces directions immédiatement de la part du
Seigneur en dehors d’une organisation formelle, de sorte que la conscience
individuelle et celle de l’assemblée comme corps soient engagées.
L’épître adressée à
toute l'église professante — Contraste avec Éphésiens
Mais il y a encore, relativement au caractère et à la structure de l’épître,
quelques considérations que je ne dois pas passer sous silence.
[1 Cor. 1:2] Le lecteur remarquera une différence dans la salutation adressée aux Corinthiens et celle qui commence l’épître aux Éphésiens [Éph. 1:1]. [1 Cor. 1:2] La première est « à l’assemblée de Dieu, etc… avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom du Seigneur Jésus ». C’est l’église professante, les membres en étant supposés fidèles, en tout cas ayant ce caractère jusqu’à ce qu’ils soient mis dehors, et en même temps comprenant chacun de ceux qui reconnaissent Jésus comme Seigneur — c’est la maison. De là les exhortations du chap. 10:1-5. [Éph. 1:1] Dans l’épître aux Éphésiens, l’apôtre écrit « aux saints et fidèles », et là nous avons les privilèges propres au corps. [1 Cor. 1:2] Ce caractère de l’épître aux Corinthiens qui embrasse toute l’église professante, et qui reconnaît une assemblée locale comme la représentant dans l’endroit où elle se trouve, donne à cette épître une grande importance.
L’ordre dans
l’assemblée professante, puis dans le corps
De plus, on voit qu’il est question de l’assemblée professante extérieure
jusqu’au milieu du chap. 10 ; [11:27, 29] après cela la nature de la Cène du
Seigneur introduit le sujet du seul corps de Christ, [12:12] sujet traité au
point de vue des dons de l’Esprit dans le chap. 12. [11:5] Dans les premiers
versets du chap. 11, nous avons ce qui est bienséant à la femme dans son
activité. [11:17] Depuis le v. 17, il est question de ce qui convient lorsqu’on
se réunit en assemblée, [11:20] de ce qui se rapporte à la Cène du Seigneur
[11:30] et au gouvernement de Dieu. Les v. 1 à 16 ne s’appliquent pas à
l’assemblée. De plus, l’ordre dans l’assemblée locale est partout le sujet ;
seulement, du chap. 1 au chap. 10, v. 14, ce qui est en vue, c’est l’assemblée
professante, toutefois supposée sincère, mais pouvant ne pas l’être. Du chap.
10, v. 15, à la fin du chap. 12, il s’agit du corps. Mais reprenons le contenu
de l’épître depuis le commencement.
John Nelson Darby